Scherwiller-Kientzville, Am Bach entlang

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Scherwiller Kientzville

àm Bàch entlàng


Chapitre 6 L’ artisanat et le commerce à Scherwiller aux XVIIIe et XIXe siècles

J

usqu’à la première moitié du XXe siècle, petits artisans et commerçants sont nombreux à Scher­willer. Ce monde actif et industrieux pourvoit quasiment à tous les besoins de la communauté, qui vit encore fortement en autarcie. Outillage, habillement, denrées alimentaires (farine, huile), tout ou presque est produit sur place. Les marchands ambulants, les marchés, les foires, contribuent au reste. Cependant, un grand nombre ne pouvaient vivre de leur seul métier. Ils étaient également vignerons, agriculteurs, éleveurs, pluriactifs en somme.

Emblème du maréchalferrant, au 42 place de la Libération.

Uf ’em Zimmerplàtz, devant la forge du maréchal-ferrant Bernard Frey (à droite), Schmiedemeister. Vers 1915.

Les premiers documents

U

n document de 1751, relatif au vingtième d’industrie, nous donne la liste des artisans exerçant à Scherwillé. Cet impôt, établi sur les biensfonds, représentait la vingtième partie des revenus

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(une taxe professionnelle en quelque sorte). Le rôle a été dressé sous l’autorité de l’intendant d’Alsace, de Sérilly, “en présence des prévôts et officiers de la Justice de la Communauté de Scherwillé ”.


L’artisanat et le commerce

Sont répertoriés, avec le montant de l’impôt, 58 artisans, répartis dans seize corps de métiers différents. Voici la liste : • Les meuniers : Jean Kretz, Jean Michel Müller, Jacques Weisensé, Chrétien Werthmüller, Jean Stadler (?), Joseph Gerstner. • Les maréchaux-ferrants : Jean Georges Bimböss, Léonard Kempp, Jean Georges Deutsch. • Les charrons :

André Hähn, Nicolas Adrian.

• Les baquetiers :

Joseph Fehry, Antoine Fehry.

• Les tonneliers : Antoine Delon, Conrad Hirn, Martin Linther, Jean Mämel, François Zäpffel, Sébastien Zäpffel, Étienne Zepffel, Joseph Delon, Mathieu Sicminger, Jean Georges Vogel, Antoine Winz, Chrétien Hag, Antoine Hirn, Gall Miller. • Les cabaretiers :

Jean Georges Kuen, Joseph Antoine, Jean Nicolas Wilhelm, Jean Georges Gottelmann, sans indication professionnelle, mais très probablement aubergiste.

• Les charpentiers :

François Aubry, Martin Stöckel, François Ringenbach.

• Les cordonniers : Nicolas Zepffel le jeune, Jean Georges Birling, Joseph Diehlbohrer, Joseph Baumann, Jacques Sick. • Le cloutier :

Dominique Jacquemin.

• Les maçons : Jean Adam Conrad, Barthélémy Riether, Jean Werly, Jean Bernard, Jean Georges Fischer. • Le tuilier :

Michel Peter.

• Les tisserands :

Jacques Hirstel, Joseph Ebel, François Peter, Joseph Baur.

• Les tailleurs :

Jean Brunz, Jean Pfeiffer, Dominique Spirgel.

• Les boulangers :

Laurent Begert, André Mitschler, la veuve de Jean Muller.

• Le boucher :

André Stirnling.

• Les marchands :

Jean Georges Bohn, Joseph Schreffel.

Ce document amène plusieurs observations. Tout d’abord, l’importance et la diversité de l’artisanat local. Le métier le plus représentatif (en nombre) est la tonnellerie. Quatorze tonneliers sont actifs, signe que le vin est un facteur essentiel de la vie économique. D’ailleurs, à Scherwiller, plusieurs maisons des XVII e et XVIII e siècles portent l’emblème de ce métier qui loge le vin : maillet à double tête en pal et daviers en croix. On l’observe sur l’oriel du corps de garde de 1700 (aujourd’hui office de tourisme), sur celui du restaurant À la Couronne

(1706) ou encore, rue de la mairie, au n° 35, sur l’allège d’une fenêtre à l’étage, demeure datée de 1700 et dont le poteau cornier, admirablement sculpté, représente un tonnelier tenant le maillet et un verre à pied. Un peu plus loin, sur la place Foch, au n° 3, le poteau d’angle est également décoré du même

Dans la cour familiale, rue de l’Ortenbourg, le tonnelier Joseph Vonfelt, en compagnie de son épouse Joséphine et de ses enfants, Marcel et Jeanne. Vers 1935.

65 Rabots de tonnelier ayant appartenu aux Delon.


Scherwiller • Kientzville - àm Bàch entlàng

em­blème, accompagné d’une sentence en allemand : “Kein Mensch lebt auf diser Welt der bauen kan das iedem gfällt”, “Aucun homme sur cette terre ne peut construire (une maison) qui plaise à tout un chacun”, manière originale de répondre à toute critique. À ces fabricants de tonneaux, on peut rajouter les deux baquetiers. Tous les contenants sont alors en bois, que ce soit les tonneaux, les cuviers, les saloirs, les seaux, etc., constitués de douves ou de douelles cerclées d’éclisses de châtaignier, ou, mieux, de fer. Les artisans les plus assujettis sont les meuniers, entre 4 livres 5 sols et 7 livres 15 sols, selon l’impor­ tance du moulin. Le moulin, également appelé usine sous l’Ancien Régime, est indispensable à la vie d’une collectivité. La farine et l’huile sont en effet deux composants essentiels de l’alimentation humaine.

• celui établi en 1422 est la Obermühle, situé rue du Moulin et dont ne subsiste aujourd’hui que la grange, à l’angle des rues Joffre et du Moulin ; il verse comme redevance 20 sols en argent à l’abbaye d’Andlau (rente foncière), 4 livres en argent à la communauté de Scher­ willer et 1 livre de cire à la fabrique de l’église ; • le moulin de 1744 est celui de la Hühnelmühle, appelé aussi Ramsteinmühle ; il paye une rente foncière de 3 sacs de seigle et 4 livres en argent à la seigneurie, 6 livres en argent à la communauté et 1 livre de cire à la fabrique du lieu ; • q uant à l’attribution de la Waldmühl (moulin de Gabriel Martin ?), en amont de la Hühnelmühle, de la Odilienmühl (près de la chapelle Sainte-Odile) et de la Untermühl (ancienne usine Kientz), les recherches restent à poursuivre.

Comme pour les autres moulins, l’état de 1773 nous en indique cependant les charges : Dans le ban de Scherwiller, l’état du 9 mars 1773 • l e moulin de Gabriel Martin s’acquitte d’une des moulins et autres usines, établis sur l’Aubach, rente foncière à la seigneurie de 2 sacs de seigle nous donne les indications suivantes : et 4 livres en argent, paye Nombre de Nombre Date d’établissement Nom du propriétaire 1 sac de seigle et 4 livres en du moulin ou du fermier moulins de tournants* argent à la communauté et 1 livre de cire à la fabrique 1 Quatre dont trois à farine er du lieu ; Gabriel Martin et un à huile 1 mars 1708 • Joseph Spiegel paye une 1 Un tournant à farine 8 juin 1662 Joseph Spiegel rente foncière à l’abbaye 1 Un tournant à farine 20 août 1662 François Joseph Conrad d’Andlau de 7 sols en argent, à la commu­nauté 1 livre en 1 Deux tournants à farine 4 mars 1332 Henry Rosenberger argent et à la fabrique du lieu 1 Deux tournants à farine 24 avril 1422 Jean Michel Sitter 1 livre de cire ; • François Joseph Conrad 1 Deux tournants à farine 2 juin 1744 Joseph Gerstner verse à l’abbaye d’Andlau * Un tournant équivaut à une paire de meules. une rente foncière de 7 sols en argent, 1 livre en argent à Malheureusement, les noms des moulins ne sont la communauté et 1 livre de pas mentionnés, et les propriétaires ou fermiers cire à la fabrique du lieu. ont souvent changé. Cependant, l’un ou l’autre document de la même époque nous permet d’attri­ buer l’une ou l’autre dénomination : • concernant le moulin le plus ancien (1332), il s’agit de la Mittelmühl, dénommé aussi Johansenmühl, sis sur l’Aubach vis-à-vis du restaurant À la Couronne ; en 1773, il n’a aucune charge ;

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Emblème de meunier-vigneron avec roue à godets, serpette et soc de charrue, au 54 rue de la Gare.


L’artisanat et le commerce

Plan de la Mittelmühle, anciennement Johansenmühle. © Archives départementales du Bas-Rhin.

Situation et plan de la Mittelmühle en 1844. © Archives départementales du Bas-Rhin.

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Scherwiller • Kientzville - àm Bàch entlàng

Situation et plan de la Obermühle en 1844.

Rue du Moulin, la Obermühle, aujourd’hui disparue. Ne subsiste plus que la grange (à gauche) où s’effectuait le battage.

© Archives départementales du Bas-Rhin.

Rôle des patentes de l’an XII 1802 La liste des artisans et commerçants évolue dans le temps et reste un indicateur de la vie économique et sociale du village. Le rôle des patentes de l’an XII (1802) mentionne 73 artisans-commerçants. En effet, la Révolution de 1789 est passée et les juifs, jadis exclus des corporations et soumis à un régime spécial, sont désormais des citoyens français jouissant des mêmes droits que les autres. Ils figurent par conséquent dans le rôle. Parmi eux, treize ferrail­leurs : Itzig Auscher, Veyl Auscher, Isaac Arron, Feist Hemmerdenger, Simon Gugenheim, Levi Ischen, Israel Meyer, Levy Kohchel, Kiffen Salomon, Moihsi Weil, Simon Meyer, Franck Schollen et Wolff Salomon. Ferrailleurs qui recyclaient également les chiffons, les peaux de lapins, etc. À cette époque, le fer, très prisé, reste cher. Dans les campagnes, beaucoup 68

d’outils sont encore en bois. Les fers à cheval, fers de hache, socs de charrue, etc., abîmés ou usés, sont remis au feu par le forgeron pour un nouvel usage. Pas de perte, pas de gaspi ! Les pièces ou articles en fer d’importance, comme le frein (d’Sperrkett) pour bloquer les roues des charrois dans les chemins difficiles et pentus, sont souvent marqués des initiales du propriétaire, parfois datés, pour prévenir la perte ou le vol. L’ activité économique de la communauté juive est loin d’être négligeable. Outre les marchands de ferraille, il y a le colporteur Abraham Ache, les marchands de bestiaux Salomon Feist, Levy Leobott, Nathan Hirsch, Salomon Seligman le vieux, Salomon Seligman le jeune et Levy Safel, les bouchers Itzig Weil et Max Comber, boucher de la dernière classe. En 1818, on dénombre également, parmi les juifs, des marchands d’étoffes, de draps, de cuir, de fer au détail.


L’artisanat et le commerce

Une dynastie de menuisiers-ébénistes : les Meyer. Dans l’atelier familial, rue de Dambach. De gauche à droite : le père, Émile, et ses trois fils, Fortuné, Marcel, père du fondateur des établissements Cuisines MM, et René.

Charles Oehler fut le dernier charron de Scherwiller à exercer, rue du Giessen.

Concernant la profession du vin, le nombre de tonneliers, par rapport à 1751, a considérablement chuté, on n’en compte plus que quatre : Jacob Baetty, Antoine et Joseph Delon, Martin Linter, et un cuvetier, François Joseph Faehri. Les autres ontils fermé boutique, ou bien ne sont-ils pas soumis à la patente, au vu de leurs revenus trop faibles ? Les prestations au sein de cette profession sont diverses : le tonnelier répare surtout, procède aux soutira­ ges, au transport du vin, etc. Mais à Scher­willer, où le vignoble supplante la culture des champs, la tonnellerie se maintient. Les maréchaux-ferrants quant à eux ont doublé. Y a-t-il davantage d’animaux à ferrer ? La traction animale est primordiale : la ferrure à clous, associée au collier d’épaule ou au joug (système développé au Moyen Âge), ont permis d’augmenter les capacités de transport. Ce sont Jean George et Clément Bimbes, François Antoine Claude, Jean Halbwax, Ignace Heim et François Joseph Schneiter.

Pour la fabrication des clous, forgés à l’unité et dont il existe une grande variété de formes, il y a les cloutiers Joseph Bächel et François Litschgi. La confection des manches d’outils, la fabrication des roues et tout ce qui a trait aux chariots sont du ressort du charron Joseph Schäck. Le bourrelier Jean-Baptiste Bastien fabrique, répare, vend harnais, sacs et courroies. Toujours bien présents, les cordonniers, sept au total. Le principal moyen de locomotion reste la marche. Les chaussures sont souvent ressemelées et les enfants vont pieds nus en été.

Jean Meyer, cordonnier, dans son atelier.

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Chapitre 9 Kientzville

Robert Kientz visionnaire, utopiste, mégalomane et humaniste

N

é le 15 juin 1907 à Muttersholtz, fils des époux Émile Kientz et Marie-Anne Schandene. Frère aîné d’Émilie, née en 1908, et de Paul, né en 1913. Collégien à Matzenheim, Robert Kientz passe son baccalauréat commercial à Strasbourg. Puis il fait un stage de deux ans à la Banque du Rhin, à Sélestat. Dans les années 1930, il fait son service militaire à Oran, en Algérie. À son retour en Alsace, il se lance dans les affaires en reprenant l’usine textile de son père à Muttersholtz.

Photo de famille… Émile et Marie-Anne Kientz avec leur fils Robert.

Maximin Né le 13-11-1949 à Colmar

André Né le 14-8-1946 à Colmar Époux de Michèle Meyer (née en 1949)

Christiane Née et décédée en 1942

Arbre généalogique de Robert Kientz 106

Robert Kientz (15-6-1907 - 27-8-1967)

Émile Kientz (1879-1957)

Yves Né le 14-4-1970

Agnès Née le 14-4-1970

Igor Né le 22-7-1966 Sylvia Née le 29-7-1943 à Colmar Épouse de Gilles Jeanpierre (1940-2004)

Adèle Beysang (2-8-1910 - 8-3-1993)

Marie-Anne Schandene (1877-1959)


Kientzville Mariage de Robert Kientz et d’Adèle Beysang.

Le 30 avril 1934, il se marie avec Adèle Beysang, originaire de Guémar. De cette union sont issus quatre enfants : • Christiane, née en 1942 et décédée quelques jours après, • Sylvia, née en 1943, mariée avec Gilles Jeanpierre, médecin général, • André, né en 1946, marié avec Michèle Meyer, • Maximin, né en 1949.

Sylvia, André et Max Kientz.

Bald­en­heim, Muttersholtz, et Kientz­ville, président d’honneur ra­ les Sainte-Cécile de des cho­ Scher­willer et de Muttersholtz. Président pendant quinze ans du groupement de l’arron­ dissement de Sélestat de l’ACMAL (Association des Chefs de Musique d’Alsa­ce et de Lorraine), il en devient, en 1960, le président d’honneur.

Après avoir géré le tissage familial à Muttersholtz, Robert Kientz achète aux enchères, en 1936, l’usine de tissage de Scherwiller à M. Hartmann. Très vite, il se rend compte que les machines anglaises sont trop sophistiquées, et décide alors de les remplacer par des dizaines de métiers à tisser.

Robert Kientz est récompensé des nombreux services rendus par sa nomination au grade d’offi­cier des palmes académiques et d’offi­cier de l’encouragement artisanal. Il est également titulaire de la médaille d’or de l’académie du dévouement national et du dévouement social.

Il procure, pendant de nombreuses années, travail et salaire à une grande partie de la population de Scherwiller.

Après la guerre, Robert Kientz reçoit le diplôme de soldat sans uniforme des Forces Françaises Combattantes, pour avoir aidé la Résistance.

Il est l’un des premiers en France à œuvrer, à partir de 1947, dans le domaine de la construction, en donnant la possibilité à ses salariés de se loger à moindres frais et de subvenir à leurs besoins nourriciers en cultivant leurs potagers.

En 1965, il est élu conseiller municipal de Scher­willer. Il fait partie du conseil d’administration du syndicat d’initiative de Châtenois-Scherwiller.

Dès son enfance, Robert Kientz est passionné par le chant et la musique. Il est organiste et directeur des chorales Sainte-Cécile de Bindern­heim,

Le 27 août 1967, Robert Kientz décède subitement à son domicile à Scherwiller. De nombreuses personnalités assistent à ses obsèques, le 31 août 1967, en l’église paroissiale Saints-Pierre-et-Paul de Scherwiller. Le général de Gaulle exprime ses condoléances en adressant une lettre manuscrite à son épouse.

Diplôme de soldat sans uniforme des Forces Françaises Combattantes.

Discours officiel de Robert Kientz.


Scherwiller • Kientzville - àm Bàch entlàng

La création de Kientzville à partir de 1947

L

a grande aventure de Kientzville commence à la naissance d’André Kientz, en août 1946. Robert Kientz déclare, lors d’une fête organisée pour la naissance de son premier fils : “Je construirai un village, avec une maison pour chaque famille, avec un parc public, une piscine en plein air, une école, un terrain de sports”.

Au sortir de la guerre, l’économie reprend son souffle. Telle est aussi la situation des usines Kientz établies, entre autres, à Scherwiller. Il faut reconstruire et panser les plaies. La population aspire à une vie nouvelle. De nombreuses familles cherchent à se loger, car les conditions matérielles de vie et d’hygiène sont difficiles et précaires. Voyant ses ouvriers vivre à plus de sept dans une même chambre, pour ne pas dire une mansarde,

Robert Kientz décide de réagir. Après des tentatives infructueuses de lotissement autour de son usine de Scherwiller, on lui suggère un terrain de 54 hectares appelé Rain Buckel, à un kilomètre de Scherwiller. L’ ambition de Robert Kientz est grande et noble. Il veut faire de Kientzville un lieu où chaque famille aura une habitation à loyer modéré. Ces maisons seront implantées sur de grands terrains permettant de cultiver un potager. Il a pour projet de construire : un restaurant, un hôtel, un théâtre de plein air, un bâtiment d’administration, un dispensaire, une salle de réunion, une station de pompage avec réservoir, une ferme modèle, un terrain de sports et une piscine en plein air.

Carte de Cassini datant du XVIIIe siècle.

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Kientzville

Extrait du conseil municipal du 6 septembre 1946 “ M. Kientz Robert, fabricant de tissus en ville, a fait une demande en vue d’obtenir l’acquisition du terrain communal Rain afin de l’utiliser pour y faire construire des maisons d’habitation pour ouvriers, avec les dépendances nécessaires telles que jardins, terrain de sport et un parc. Le demandeur estime pouvoir réaliser le projet dans l’espace de 10 ans environ. […] Le projet présente dans son ensemble un grand avantage pour notre commune, car la construction de plus de 100 maisons d’habitation aura pour conséquence un accroissement de la population ; ses ouvriers permettront à M. Kientz d’agrandir son entreprise à Scherwiller et le rendement en impôt en faveur de la commune augmentera sensiblement. […] Après délibération, le conseil décide la vente du terrain communal au canton Rain à M. Robert Kientz, industriel à Scherwiller. Comme prix de vente le conseil fixe la somme globale de 200 000 francs (deux cent mille francs) pour l’ensemble du terrain. Cette somme ne représente pas la vraie valeur du terrain ; elle est fixée en dessous de la valeur réelle, parce que la construction de maisons sur le terrain augmentera les revenus de la commune sous forme d’impôt et compensera à l’avenir largement la différence entre le prix exigé et la valeur réelle.”

Robert Kientz peut dès lors passer à l’exécution de son projet, mais à plusieurs conditions, notamment celle de construire cinquante maisons en quinze ans.

à partir d’aujourd’hui, au moins cinquante maisons d’habitation devront être construites.” L’installation en eau potable et en électricité est à la charge de Robert Kientz. Le compte à rebours est lancé.

Extrait de l’acte de vente, signé le 20 mai 1947 : “Monsieur Kientz s’oblige […] à faire construire sur le terrain acheté une cité ouvrière d’après le projet soumis à la commune. Dans un délai de quinze ans

Robert Kientz fait appel à un architecte de renom, Gustave Stoskopf, prix de Rome, pour élaborer les plans de la nouvelle cité où chaque rue sera orientée vers le château de l’Ortenbourg.

Projet de l’architecte Gustave Stoskopf.

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Scherwiller • Kientzville - àm Bàch entlàng

Les différents modèles de chalets acquis lors de la construction de Kientzville • le type Baden-Baden

5 exemplaires

• le type Sophie

7 exemplaires

• le type Sibylle

10 exemplaires

• le type Émilie • le type Gernsbach • le type Hollig

Chalet Sophie.

3 exemplaires 15 exemplaires 8 exemplaires Chalet Sibylle.

Chalet Baden Baden.

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Chalet Gernsbach.


Kientzville

Arrivée des premiers chalets en gare de Scherwiller.

En guise de réparation de dommages de guerre, Robert Kientz se voit proposer, par le sous-préfet de Sélestat de l’époque, la possibilité d’acquérir des chalets préfabriqués d’origine autrichienne. Il en achète cinquante exemplaires qu’il paye avec une partie des dommages de guerre professionnels. Les premiers chalets sont livrés à la gare de Scherwiller en mars 1947, en provenance de Baden-Baden.

La maison préfabriquée : une nouvelle technique de construction de chalets à ossature et lattis bois, sur fondations de pierre de taille et sur murs de béton.

Les travaux de terrassement et la construction des chalets sont effectués, sous la direction de Robert Kientz et de son architecte, par des prisonniers allemands dont l’effectif atteint jusqu’à 200 hommes. Des contrats de travail pour travailleurs étrangers sont établis pour une durée d’un an par les établissements Kientz.

Contrat de travail de Wilhelm Koenig datant du 13 octobre 1947.

Des prisonniers allemands ayant participé aux travaux de construction de Kientzville.

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