TRAITÉ D E L
MALADIE VENERIENNE»
Et des Remedes qui conviennent à fa guerifon,
De Charles Mujîtan Médecin de Naples. Nouvellement traduit AVEC
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REMARQUES»'
P^r A ir. D. V. * * *. M aure Chirurgien juré de Paris. TOME
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SECOND.
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A P A R I S, sel » 7 11 N N E , G A N e A XJ Libraire , me _ Jaques, vis a vis la Fontaine Sr. Severin, aux Armes de D ombes.
dvêü_ Privilege ^ “ /îpf/rol/adm . [7 XX,
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Suite
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SECOND.
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r o i s i e 'm e .
C hap .Y. T~ v V Bubon venerien. Page i I / Des fignes du Bubon ve nerien. p. 2 Remarques. p. 8 Les caufes du Bubon venerien. p. 1 7 Le pronoftique du Bubon venerien. p. 20 Remarques. p. 2 2 Ln eure du bubon venerien. p. 24. Remarques. p. 44 C h a p . V I. Du bubon illegitime, p. 48 Les fignes du faux bubon venerien. p. j o Les caufes du faux bubon venerien. p. 5 1
/ £ L e pronoflique du faux bubon venerien.
:
Page
51
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L a eure du fau x bubon.
ibidp. ^ 8
Remarques. C h a p .VII. Des pußules veneriennes.p.G p
'« Les fignes des pußules veneriennes. p. G j Remarques. p. 68 : La. taufe des pußules veneriennes. p, cp.
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T A B L E . Le pronofîlque des pufiules venerîennes„ page 7o Remarques.
L a cure des pufiules venerîennes.
,p. 72. p. 7 3 p. 78
Remarques. C ha p . V I I I . Des caries venerîennes qui attaquent les parties molles, p. 8 1 Lesfîgnes de caries. p. 8 2 L es caufes des caries. p. 8 3 Le pronojlique des caries. p. 8 4
L a cure des caries venerîennes des parties molles. ibid'. Remarques p. 9 1 C h a p . I X . Des ulceres veneriens du pré-
puce. Les fîgnes de ces ulceres. Leurs caufes. Leur pronoftique. Remarques.
P- 93 ibid. p .9 4 P- 9 S P-97
La cure des ulceres veneriens du prépuce.
page 99 Remarques. p. 10 4 C h a p . X. ‘D e la véfîcule cryfîalline. page 10 j Remarques. p. 1 0 7 Ç h a p . X I. Des ulceres veneriens■ qui ont
■
T A B L E .
coutume d’arriver fur toute la fur face de la peau■ p»1 1 Les figues de ces ulcérés. p. 1 1 r Leurs caufes. ibid. Leur pronoflique. p- 1 1 ? Leur curation. ibid1. Remarques. p- r i 7 C h a p . X I I . De l’ulcéré venerien des na. rines. P- 119 Remarques. p .n z Les fignes des ulcérés du nez..p- 1 1 J Leurs caufes. p- i M-
L e pronoflique des ulcérés venenens des narines. p- 1 1 6 La cure des ulcérés venenens du nez. page 1-17 Remarques, ' 1 34 C h a p . X I I I . Des ulcérés veneriens de la bouche. p- 1 3 5 Leurs fignes* p- 1 3 6 Leurs caufes.. ibid. Le pronoflique de ces ulcérésa p. 1 ? 9 Remarques. p. 1 4 1
La cure des ulcérés veneriens de la bou~ che. p. 145; Remarques.
-
jJ a
p, 148'
T A B L E . C h a p . X IV . Des ulceres des Amygàalts. page IfO Leurs figues. p. I J £
Leurs caufes. p -1; * Leur pronoflque. p .i;4 L a cure des ulceres veneriens des Amygdales. p -1 ; * Remarques. p. i j S C h a p . X V . D e Vulcera tm de la luette, page i ; ì> Ses fgnes. p. 1 6o Ses caufes. p. 1 6 1 San pronof i Ique. p. i6 z Remarques p. 16 } L a cure de iulceratìon de la luette» page i 6f Remarques. p. 16 8 C h a p . X V I . De t alopecie. p. 17 0 Ses fgnes. p. 1 7 1 Ses caufes. ibid*
Son pronoflìque. P' 1 7 4 L a cure de ìalopecie vtnerìenne ■ P' 17 J Remarques. p. 1 8 1 C h a p . X V II. Des rhagadesvenerienner. page 182. Leurs fgnes. P. 18 5
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leurs caufes p. 1 8 4 Leur pronoflique. p- 1 8 & La cure des rhagades vtnerîemts. ibid. Remarques. p. i 8 ÿ> C h a p .X V 1 1 1. Des mures, des crêtes
des‘verrues & des autres excroiffances caufées par le virus . p- * 9 ° Leurs fignes. P- 1 9 1 Leurs caufes•„ p- 19 5 Leur pronojlique. P- 195 Remarques.
P- * 9 ^
L a cure des excroijfances vénériennes. page 197 Remarques. P'z o 9 C h a p . X I X . Des douleurs noüurnes cau fées par le virus. P' 2 1 E Leurs fignes. p. i 1 z Leurs caufes. P -2 1 5 ^ Leur pronofllque. P- 2 1 5 La cure des douteurs veneriennes. ibid^ Remarques. p- 29 5 X X . Destumeurs gommeufes. page 5 15 »Leurs fignes_ ibid.. Leurs caufesv p- ? 1 4 Leur pronofHqîte, f- j r j; C
H A p.
T A B L E .
Leur curation.
p. . j
Remarques. p. j 2 3 C hap . X X I . De la cotte des os caufée par le virus. p. 3 z <>
Les Jignes. Les caufes. Le pronoJHque. L a cure. Remarques. L
iv re
p. 3Z7
L•
P' 3 z 9 P- 33° P- 3 3 1 p .3 4 0
Q jT A T R I E 'M E,
G h II t'jl traite de la phtyjîe venerienne. Page 343 C h a p . I. T>es noms que l'on croit fynonymes à la phtyjîe. p. 346 C h a p . II. De ladifpojîtion habituelle des corps vivons en general. P- 3 1 o C h a p . I'll. Des differences de 1‘affectionhabituelle. p. 3,56 C h a p . I V.De l’indication generale en la cure de la phtyjîe. p. 3 75 Remarques. C h a p . V. Des moyens deJe preferver de
la verole.
p. ^
Remarques.
p.42Q
Fin de la Table du Tome fécond1;
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DE
LA
MALADIE I VENERIENNE. S U IT E DU L IV R E T R O I S I E M E
C
h a p i t r e
V.
D u bubon ^venerien. L eft ordinaire au bubon ve~ nerien de fucceder à un con grès impur exercé avec une femme gâtée. C ’efl: un tuber cule très-petit & difficile à connoître dans fon commencement, qui contient la virulence la plus maligne. On l'appelle venerien , à la differenTome I I , A
2.
Traité de la Maladie
ce des autres bubons qui ne font pas de ce caractère ; & il eft nommé bubon à caufe de lJaîne où il cil fitué le plus fouVent. Il eft divifé en bubon fimple, & en bubon malin ; & ce dernier fe fubdivifo encore en peftilent & en venerien. Le fimple bubon arrive fouvent aux enfans, &m êm e jufqu’à radolefoence ; ce qui fait qu’on l’appelle croiflance à cet âgelà j comme s’il étoit une marque de l’accroillement du corps. Le bubon peftilent eft un fymptôme de la peftilence , & il n’arrive que lors que cette maladie régné & exerce fa ty rannie dans quelque climat. Le bubon venerien eft une production du virus verolique. O r nous avons traité du bu bon fimple & du peftilent dans la pre mière partie de nôtre Chirurgie, & il ne nous refte préfentement à parler que du bubon venerien.
Des Jîgnes du bubon venerien. Après avoir exercé le congrès avec une femme verolée, ou du moins foupçonnée de ce m a l, & particulièrement-
ruenerietine. L i y . I I I ,
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lors qu’il n’a paru aucune autre caufe ex térieure 5 comme feroit par exemple j une carie , un ulcéré virulent, ou une gonorrhée vqjerienne mal guérie ou iupprimée prématurément , il paroit dans l’aîne une petite tumeur qui aug mente de jour en jour , auffi-bien que la douleur & la rougeur ; & le malade relient vers le foir une grande douleur à la tête accompagnée de frilTon & d’ une grande laiïïtude qui eft fuivie de fievre ; & tous ces accidens s'appaifent le matin à l'exception de la tum eur, & s’évanoüiiTent en même tems. De mal-habiles Ghirurgiens font quel« quefois trompez en examinant les her nies des aînés qu’ils prennent pour des bubons ; comme il arriva il y a quelque tems à un particulier, lequel après avoir fait une courfe extraordinaire, fut atta qué d un catharre accompagné d’une toux violente & d’une petite tumeur dans 1 aine , laquelle s’élevoit quand il etoit debout avec une douleur poignan,te ^ pulfative , & qui rentroit lors qu il étoit couché. C e malade appella à fon lecours un i Médecin d urine & deux Chirurgiens^
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Truité de la Maladie
lefquels après avoir examiné cette tu meur j aflurérent que c’étoit un bubon venerien fur le foupçon d'une gonor rhée mal guerie, que <M malade avoir eue quatre ans auparavant. Après avoir conféré enfemble, ils le purgèrent avec la manne, & appliquèrent pendant trois mois des maturadfs fur cette tumeur, & ces remedes n’ayant produit aucun effe t, ils conclurent que c’étoit une tu meur que fa malignité rendoit égale ment rebelle aux maturatifs & aux réfolutifs. Ils firent après cela une fécondé confultation , dans laquelle ils conclurent à ouvrir la tumeur : ce qu’ayant fait il n’en fortit autre chofe que du fang. Il y a des Médecins aiTez iemblables à ces Crieurs publics qui reclament une cho ie perdue , & qui après l’avoir défignée par toutes les marques qui peuvent la faire connoître , ne la reconnoiifent pourtant pas lors qu'ils l’ont fous leurs yeux. Audi ce Médecin & ces Chirur giens appercevant un trou à côté de la glande inguinale , le prirent pour un grand finus qu’ils couppérent: mais après cette feétion ce malade ainfi bourrelé f
rvenerienne. Li v. III.
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commença d’avoir une forte fièvre, la langue feche, une io if extrême , de reCSentir à la partie que l’on avoit fi cruel lement maltraitée les douleurs les plus «violentes -, de vomir fréquemment de differentes matières ; de rendre des uri nes fort chargées > de n’avoir pas un moment de repos , & d’être atteint d’u ne infinité de violens fymptômes qui le .menaçoient du dernier defaftre. Pendant un tel orage les parens du ■ malade inquiets du danger où il fe trou. voit , appellerait en confultation un Chirurgien fage & expérimenté , lequel ^ après avoir été informé de tout ce qui s’étoit pâlie , tanfa rudement ce Méde cin & ces Chirurgiens, d’avoir ouvert j une rupture & non pas un bubon com me ils fe l’étoient imaginez. Il blâma fort l’incifion qui avoit été propofée, & pour réparer autant qu’il fe pouvoit la faute commife, il confeilla de panfer la playe avec le baume de foufre de R u land. L ’ignorance de ces Chirurgiens ainii I découverte ne les déconcerta pourtant j f pas abfolument, & pour couvrir autant * qu’ils pouvoient leur imperitie , ils ap-
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Traité de la Maladie
pellerent à leur fecours deux autres Chirurgiens affidez : O r comme les chiens ne fe mangent point d’ordinaire, ces nouveaux confultans a(Titrèrent avec ferment que la maladie n^étoit point une rupture , mais un bubon venerien : puis donnant abiolument dans le fentiment de leurs Collègues, ils firent faire une troifiéme incifion très - profonde , par laquelle les mufcles pyramidaux fe trouvèrent non-feulement coupez, mais aniïi f extrémité inferieure des mufcles droits. Après quoi les fymptômes les plus fâcheux redoublèrent : & le mal heureux malade dénué de forces, ayant encore lutté contre la mort durant quelques jours, mourut ttripe pour ainiï dire. Il n’eft que trop ordinaire aux C hi rurgiens de fe méprendre : après quoi ils n'ont d’autre reflource pour fe dis culper de l'erreur où ils font tom bez, que de former entre eux de longues & ennuyeufes conteftations , qui ne fin it fent qu’en appellant uni tiers pour les mettre d’accord. Sur quoi l’on peut dire avec raifon » qu’ un malade encre les mains de la plu-
»venerienne. Liv.III.
7
part de ees gens-là, eft comme une bre bis dans la gueule du loup. Leurs confultations fe font plutôt dans la vue du ■ gain , que dans le deiTein de guérir les malades : d’où il faut conclurre que les fuppôts de la Medecine font une efpece d’ animaux qui crevent d’avarice : & ee qui eft de plus merveilleux , eft qu il y en a parmi eux, qui n’ayant plus qu’une heure à vivre , & que leur état devrait obliger à garder le lit fans en fortir me me pour leurs neceifitez ; ne laiiîent pas cependant de fe traîner ou d’être traî nez par la V ille , & de fe vanter haute ment de pouvoir donner par leurs pré ceptes la fanté qu’ils auraient plus de beloin de fe donner à eux-mêmes,qu’aux malades qu’ils vifitent avec tant d’in commodité. Mais ce n’eft jamais gratuitement qu’ils regardent l’urine & les excremens , qu’ils examinent le fan g tiré , & qu’ils rendent une feule vifite à un pau vre malade. Ils reifemblent à la vermine qui s’engraiiTedu fang des malheureux ; & pour gagner de l’argent il n’y a point de fraude & de fourberie qu’ils ne met tent en ufage.
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Traité de la Maladie
Ils s attachent avec obftination à fuivre ^es moyens qui peuvent les mener a cette unique fin qu’ils fe propofent ; & n’hefitent jamais, pour y arriver plutôt, a fubftituer le menionge à la vé rité'. ° Un procédé fi injufte nous porte à concilier aux malades, de fe laiifer plutôt tuer par leurs maladies, que par ces lottes de Médecins ; parce que la mort toute cruelle qu’elle eft , leur doit paroitre beaucoup plus douce, que ne font a leur egard ces loups dévorans , qui les traitent avec tant d’inhumanité. R E M A R Q U E S . Outre les Chirurgiens m al-habiles qui font connus pour tels, il y en a beau coup d autres qui fçavent cacher leur ignorance avec tant d adreile en payant d’effronterie quand il le fau t, en par lant d.un ton haut en certaines occafions , en rampant quand il eft néceiTair e , & en fe fervant en d’autres rencon tres d’un patelinage doux & in fin uan t, q u ’ils ne laiflent pas de s’attirer l’eftime 8 c la confiance d une infinité de gens credulçs & faciles à dupper*
vjenerlenne. LIV. III.
9
Parmi plufieurs de ce cara&ére que Je pourrais marquer ic i, j’en ai connu, un qui mourut il y a quelques années » après s’être fait traîner durant un allez, long-tems dans un demi-carolïè par un . | animal qui valoir bien mieux dans ion 1 efpece, qu’une figure d’homme tel qu il éto it, ne valoit dans la ilenne. C e Chirurgien malgré l’ignorance la plus grolïiere dont il étoit richement partagé , n avoir pas lailTe de fe faire une certaine réputation en traitant les maux veneriens par des. décodions , qui fans enlever & détruire entièrement le virus» ne font que l’énerver » & le faire dégé nérer en d’autres maux qui mènent înfenfiblement les malades jufqiîaufepulcre. Trente ans de pratique dans le trai tement de ces, maux auraient dû lu i avoir appris à di'ftinguer le bubonvenerien du bubonocele : cependant cette longue pratique- ne l’empêcha pas deprendre l’un pour l’autre » & de tuer, ainfi le fils unique d’une riche veuve, Car quelques raifons que ce jeune, homme lui pût alléguer ,. pour lui faire entendre que fou mal ne procedoit au cune mentde caufe vénérienne» n y ayant A v
i o Traite de la Maladie jamais donne !a moindre occafion , il ne laiiTa pas après s’erre fervi des cataplâmes^ cmolliens & maturatifs , croyant fentirfous fes doigts l'inondation d’une matière fuppurée, de donner un grand coup de lancette dans cette tumeur, qui lui fournit des matières fécales au lieu de pus. U n autre Chirurgien plus ha bile mandé après cette mal-heureufe ou verture , eut la charité de couvrir du mieux qu’il put cette faute énorme qui fit mourir le bleffé le jour fuivant. Mais ce qui m’a paru de plus furpreaiant dans la conduite de ce déteftable Operateur, a été ce que j’ai fçu depuis quelque tems , que ce premier homici de , loin de l’avoir rendu plus circonf. peét dans l’ouverture des tumeurs in guinales , ne ravoir pas empêché de tuer encore par une méprife toute femblable une jeune fille , après l’avoir dés honorée dans fa famille , en faifant croi re à fes parens que la tumeur qu’elle avoit à l’aîne, étoit un accident de mal venerien quelle avoit contra été par un mauvais commerce. Il y en a un autre d’un pareil calibre encore vivant * qui ne différé du pre-
•Venerïenne.
Liv.III. i t
mier quen ce qu’il eft traîné par deux chevaux , qu’il fe porte à lui-même un plus grand refpeét, qu’il méprife plus infolemment tous ceux de Ton état, &C qu’il fait encore mieux fon chemin > bien qu’il ne foit pas plus habile. Apres tout cela quelqu’un ne lai liera pas de dire , que ceux qui palTent pour les plus experts dans toutes fortes d’Arts & de Profeffions ne font pas infaillibles; & qu’ainii les mépriiès de ce particu lier Chirurgien pouvoient être excufables. On demeure d’accord de la failli bilité des plus expérimentez dans la pra tique de tous les Arts ; & on avoue mê me que les Chirurgiens font plus failli bles que les autres Artifans , parce que le fujet fur lequel ils travaillent leur eft moins connu & eft moins en leur pou voir , que ne font ceux des autres Arts entre les mains de leurs Artiftes , qui ont pour la plupart la matière fur la quelle ils travaillent en leur pleine & en tière difpofition. Cependant s’il y a des fautes excufables dans la pratique de la Chirurgie , il y en a auffi qui ne le font pas. Par exemple , les fautes que les ChiA v)
11
Traité de la Maladie
rurgiens font dans la pratique de la faignée font fouvent excuiàbles , parce qu il n y en a points quelque bien verfez clu Soient dans l'Anatomie, aulli-bien que dans la théorie & dans la pratique Chirurgicale, qui foient fürs de n’y pas .tomber , a moins qu’ils ne le bornent à faigner feulement des perfonnes qui ont des vaiflèaux fort gros & fort appareils j, parce qu’on ne peut réülïïr dans les daignées difficiles „ fans s’expofer en ouvrant des vaillèaux profonds & embaraiîéz » à toucher des partiesjdont les at teintes font fouvent fuivies de fâcheux accidens : en forte qu’il eft très-vrai, que fi les Chirurgiens même les plus éclairez ne vouloient abfolument rien ri fqvier dans la pratique de la. laignée, il y auroit la moitié des faignées qu’ils ont à faire tous les jours, qu’ils feroient obligez d’abandonnerOn n’a. pas auffi toujours,lieu d’impu ter aux Chirurgiens la mauvaife configurationdes.parties,& l’impuilïànce d’a gir qui relie à,quelques blelïèz après les fraétures. les dillocations des os ; par ce que ces bleifores ont fouvent de li fàcheufes complications , qu’il eft alors.
rvenerlenne. L i t .III. très-difficile de connoitre la maladie de .'os ; 2c quand elle feroit connue , il eft Sfouvent impoffible de les rétablir dans leur première difpofition , fur tout lors que les Chirurgiens ne font appeliez que long-tems après que ces bleiïùres font ar rivéesMais il n'en eft pas ainfi de l'imperîtie d’ un Chirurgien qui eft allez peu inftruît ou alfez imprudent * pour prendre un bubonocele pour un bubon venerien,no tamment lors qu un Praticien, comme celui dont on prétend parler ici, a vieilli dans le traitement des maux veneriens r car ces deux fortes de tumeurs „à leur fituation prés , font diftinguées par des circonftanees fi vifibles, qu’il n’y a que des Chirurgiens confirmez dans la plus profonde ignorance qui puiflent y être trompez. Après tout fi quelqu’un furpris d’une impéritie fi peu excufable venoit à de mander, comment il fe peut faire qu’un Chirurgien auiïï mal-habile fe faftè une réputation & gagne du bien dans l’exer cice d’un Art où il ne s’agit pas mains, que de la vie des hommes ? On lui dira four répanlè qu’en, toutes fortes ¿.'états,
1 4 Traité de la Maladie & de profeffions, ce ne (ont pas toujours les plus habiles qui y font la meilleure figure, & qui fçavent mieux l’art de cap tiver la fortune. Que les gens d’honneur qui embraf. fentla Medecïne ou la Chirurgie, préve nus qu’une longue & ferieufe applica tion à acquérir les connoillances qui leur font neceilaires, pour exercer dignement des Arts fi nobles & fi utiles, eftle meil leur moyen qu’ils puiiFent prendre pour fe distinguer des autres, relient longtems ignorez : a moins qu’ils ne fe jettent à corps perdu dans la foule de ceux qui fuyant le travail & la peine , cherchent à s’élever par les baffeffes les plus indi gnes y&c a moins qu ils ne le donnent de terribles mouvemens pour faire briller un mérite, dont une infinité de lâches 8c de pareflfeux ne peuvent fe prévaloir. Q u’un patelinage bien entendu , de vaines promelfes, & une effronterie ou trée , font une route que foivent avec fuccès ceux qui veulent fe rendre en peu de tems recommandables en abufant de la crédulité du peuple ; que c’eit auiîi pour cette raifon que les Empyriques font mieux leurs affaires que les véritables
rvenerlenne. Liy .III-
i$
Médecins,qui ne fçavent point mettre en œuvre les tours de fouplelfe dont uient les Charlatans pour Te foire valoir ; 8c que pour preuve de l’injufte preference du public en fait de Medecine, il fuffit de voir avec combien de fureur & d'aveu glement toutes fortes de gens „ & ceux même que l'on croiroit capables de foire un bon choix, courent après des femmes, des moines , des payfans , & les plus odieux fujets de la populace , qui ont l'effronterie de fe dire Médecins , 6e de promettre impudemment de guérir les maladies les moins gueriiÎables. Et il ne faut pas dire que ce font les merveilleufes cures de ces gens-là qui préviennent les malades en leur faveur , puifque leurs prétendues gu cri ions étant fuivies de près,ne font en effet que de véritables. împoftures,& que de mille malades qui les confultent il n'y en a pas unfeul qui en tire le moindre fecours ; toute la re nommée de ces fourbes n'étant fondée que fur le caprice du peuple, qui s'efforce de trouver du merveilleux partout où iL n'y en doit point avoir, & où il ne s’en trouve point effectivement. Enfin que s'il eft facile de dupper la
16 ? raitê de la Maladie
public généralement fur tout ce qui eft du reflort de la Medecine, il eft encore plus aile d en faire accroire à ceux qui lont attaquez du mal venerien : car étant j y . z e J e cacber avec foin , de peur de déclarer leur turpitude, il fuffit qu'un particulier cÆonte, & grand prôneur de ion lçavoir-faire , Toit muni de quelque recepte contre ce mal , & faire préco1 . r Par quelques Courtifannes du pre mier rang quelques cures de fa façon vrayes ou fauiTes , pour fe donner un nom diftingue dans tout le régné de Ve nus & pour engager dans fies filets un grand nombre de malheureux efclaves de cette divinité , qui ont prefque tou jours moins de fujet de fefoüer de fes faveurs, que d'être confternez de fes dilgraces. Et comme ceux qui Portent mal contens des mains de ces prétendus E culapes, n ofent fe plaindre de la dou ble perte qu'ils font de leur famé & de leur argent ; cela n’empêche pas que beaucoup d autres ne tombent dans les memes pieges, & n’y laiiTent allés de teins plumes pour dédommager avec rfure ces affronteurs , t e f t f i , „ „ ‘ils prennent depallier leur m ain ^ u an
'Venerienne. Liv. I I I . , 17 font légers > de les leurrer par de vaines promelfes » ou de les guérir tout d'un coup par une mort prématurée quand ccs maux font confiderables.
Les caufes du bubon ruenerien. ■
Pour expliquer la caufe du bubon ¡jreneriçn , les Vulgaires ont recours aux Montes ridicules qu'ils font du foye, pré tendant que ce bubon, n'arrive jamais que le foye n’y prenne part. Ils fuppofent pour cela que le virus pénétré d'abord les pores de la verge & des parties génitales * & qu’il fe gliffe enfuite dans les veines les plus proches, de-là dans les plus grandes , & enfin jufiques dans le foye dont il gâte & bielle la fubftance : ce qui fait que ce vifcere au lieu de produire un fang îoiiable, n’enendre que de mauvais fucs j & que ien que la nature puifTe fe décharger de ces humeurs peccantes fur differentes parties, elle en dépofe néanmoins pour 1 ordinaire la plus grande portion fur les ' glandes dès aînés qui font les émonétoii res du foye. Or s’il arrive, que le foye ne chafïè
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i 8 Traité de la Maladie pas ces mauvaises humeurs vers les par* nés extérieures , étant retenues dans les veines , elles y excitent difFerens lymp« tomes très-fâcheux , comme par exem* P e des fièvres longues , putrides, & malignes, qui jettent le plus fouvent les malades dans la phtyfie : ou bien elles pouflent à toute la furface du corps une infinité de pullules , d’exanthemes, & d ulcérés qui couvrent toute la peau , & qui font fuivis de tous les autres accidens de la verole. • Ceux donc fur qui le virus a fait impreJion , ont une grande obligation au foye de leur procurer cette décharge, puis qu'*autrement ce mauvais levain fe feroit cantonné fur les parties intérieu res & fin* les principaux vifceres , où il auroit caufe des deiordres irréparables. Auilï paroit-il bien que c’eft par une grâce toute particulière, que le foye en ufe ainfi ; puifque s’il lui arrive d’être troublé & interrompu dans le mouvement qu’il tente pour chalfer ces mau vaifes humeurs fur les glandes des aînés, & s il n’eft pas même aidé dans cette tentative par un Médecin qui y donne toutefon attention, il s’en chagrine tel*
nienerleme. L i v .I I I .
ï9
lement , que la matière du bubon re" tourne au dedans : ce qui donne lieu à «ne longue fuite de mauvais accidens. Mais n’infiftons pas davantage fur les fots raifonnemens de ces Médecins, que nous avons réfutez plus au long au 4 e. chap. du fécond livre de ce T ra ité, où nous avons parlé du iïege de la maladie yenerienne. La véritable caufe du bubon vene nen, eft un acide très-acre qui exhale du ius qui fort des ulceres virulens, dont es parties génitales des femmes publi ques font in fe û é e s, & qui étant reçu dans Turetre d’un homme qui en appro che , pénétré les tuniques des vaiiTeaux fanguins de ce conduit, & fè mêle ainfi dans la maife de ion fang. Car il faut confiderer que dans le congrès , les pores du conduit urinaire auffi-bien que tous ceux des parties gé nitales étant fort ouverts, la vapeur ma ligne qui s'élève des ulceres, les pénétré aifément, & que les particules de ces mauvaifes exhalaifons s'étant introdui « tes dans les vaiffeaux fanguins , elles I I parcourent au moyen de la circulation , jufqu’aux plus petits conduits qui les
Ï
I
i O Traité de la ¿Maladie engagent dans les tuniques des glandes inguinales , où elles s'arrêtent, iè coa gulent, & forment l’apoftheme que l’on nomme bubon venerien. Cet apoftheme que l’on peut appeller vrai bubon , fe forme entre les tuniques qui enveloppent les glandes , & non pas dans la fubitance glanduleufe : car ce ièroit un faux bubon dont nous parlerons dans le Chapitre fuivant. Il arrive auiîl des bubons par la fupreffion iubite d’une gonorrhée viru lente, quand cette fuppreiïïon n’a été caufée par l’ufage d’aucun médicament capable de repouirer le virus , mais qu elle fe fait d’elle-même , ou bien parce que les remedcs dont on s’eft ferv i , n’ont pas été aifez forts pour furmonter la virulence ; comme font le bain , la purgation, la faignée, Sc d’au tres femblables.
Le pronojlique du bubon •venerien. C e que l’on peut juger du bubon veaenen eu égard à fa luppuration , eft qu’il s’y difpofe quelquefois vers le 4 e .
'Venerienne. L iv . I I I . four, quelquefois vers le 7 e. quelquefois ^ers le 1 1 e. vers le 1 4 e. & juiqu’au 1 1 e. félon les forces du malade , & la quan-, tiré ou la qualité de la matière dont il tft formé ; & que plutôt il fe montre au pehors, plus il fe tuméfié , 8c plutôt il fu p p u re.t’eft toujours le mieux pour prelîerv e r le malade de laverole generale: ' au lieu qu’un bubon qui fe tuméfié lente ment, & qui s’endurcit, a befoin de tout ;? le fecours de l’Art pour venir à fuppu4 ration. On peut prévoir l’ifiuë des bubons
perimenté , ils ont une heureufe iiTuc , au lieu qu’étant mal-traitez, ils font fuivis de gangrené , mortification, d’ ulcé rés corrofifs aux mufcles du bas-ventre, & peuvent caufer la mort au malade, ou dégénérer en fiftules , 8c même apres leur guéri fon apparente, fi l’on ne fe >récautionne par des remedes intérieurs agement preferits & adminiftrez , il leur furvient dans la fuite des puftules, des ulcérés virulens, des tumeurs gomm eufes, des douleurs infupportables ,
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z z Traité de la Maladie caulees par le virus qui a palTé du dehors au dedans. R
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L Auteur outre un peu les chofes en diianr, que les bubons veneriens maltiaitez degenerein en gangrené , en mortification , & caufenc la mort aux malades. C eft tout ce que Ton pourroit due des bubons peftilens dont le progies eft auiîi prompt en bien ou en mal, que celui des veneriens eft lent & tardif. Au furplus je ne prétends pas inferer de-la que la capacité & l’application de ceux qui traitent des bubons veneriens ne puiilent beaucoup aider à leur don ner une bonne terminaiion. Cependant quelque expérience que ■ °n dans le traitement de la verole & des bubons veneriens , il eft toujours vrai de dire que s’il y a plufieurs de ces fortes de bubons qui font traitables , & difpofez par eux-mêmes à fe terminer avantageufement pour les malades ; il s ^n trouve beaucoup plus encore qui font abfolument intraitables , & que toute la Science des Médecins & des
fvenerienne. Liv.III. z 5 Chirurgiens ne peut jamais conduire à une bonne fuppuration. On les appelle bubons avortifs ou dépôts fymptomatiques , qui marquent bien que la maffè des humeurs eft chargée d'un mauvais levain qu'elle tâche de pouffer au de hors , mais que toutes Tes tentatives ne fe terminent qu’à de vains efforts inca pables de procurer un dépôt critique de toute la virulence dont le fan g eft infeété. Un bubon venerien critique fe manifefte par tous les fignes du phlegmon qui augmentent à vue d’œ il, pour peu que la tumeur foit méthodiquement traitée ; & tous ces fymptômes font bien-tôt fuivis d'une abondante fupputation. L’on voit très-peu de ces bubons critiques où la nature eft abfolumcnt tnaîtreffe de fes operations depuis leur commencement jufqu’à leur terminai» f°n : Ce font là néanmoins les feuls qui foient tout à fait falutaires par eux-mêBaes, fans le fecours des autres remedes. L ’on en voit d’autres qui fuppurent difficilement, foit à caufe de la profon deur du lieu où la matière eft formée , foit à eaufe de l’épaiffeur & de la vifco-
¿4 ? raité de la Maladie fité de rhumeur qui les produit. Loin
que ces fortes d'abcès fuppurent d'euxm êraes, il faut toujours les y difpofer pendant un long-tems par les cataplâmes émolliens & fuppuratifs, & ache ver même après cela de dfgerer cette matière lente & tardive par l'application d'un caufèique , que l’on eft fbuvent obligé de réitérer pour le faire agir plus profondément : de manière qu'après 1 application d’un premier cautere , il en faut appliquer un fécond après la chute de la première efearre, qui détruife les glandes inguinales fous lefquelles il faut chercher la matière fuppurée. Dans le traitement de ces derniers bu bons infiltrez profondément, il ne faut pas fe contenter de traiter l'abfcès, il faut encore au moyen des fpecifiques donnez intérieurement , empêcher le progrès que le virus ne manqueroit pas de faire dans toute l'habitude.
La cure du bubon •uenerien.
Dans la cure du bubon venerien les Médecins Vulgaires, & les Barbiers mê me qui font affez cemeraires pour entre prends
ktenerienne.
L i v. III. i $
prendre de traiter ces tumeurs, ne fe ièrvant jamais de medicamens réfolutifs, $c leur vûë principale tend bien plutôt à les faire iuppurer , parce qu'ils eftiment qu en procurant la fuppuration de ces iortes d'abcès , le foye dans l’émonétoire duquel ils fe form ent, & même tout le corps , font mieux purgez de leurs excremens ; ce qui leur fait d'abord tout mettre en ufage, pour attirer vers l'aînc 1 humeur maligne qui forme la tu meur ; parce qu'ayant commencé à fe jhanifefter en cet endroit , ils eftiment | uc c'eft dans ce même lieu qu'il en faut procurer la fuppuration, S 1 • En fécond lieu ils banniflènt ab solument la faignée du bras, de peur qoe la mauvaife qualité de la matière «c lou portée aux parties principales-; . 11 j hubon après fa première appari tion demeure au meme état fans au», menter ni diminuer, & fans donner au| ll1i , ?!le de fuppuration , & qlle le malade leur paroiife fort pléthorique, ils P laignent au pied du même côté, & ^itèrent même cette faignée, afin d’atçrer la matière vers l’aîne , comme fit ! T°f»t i l B
i C Traité de la Maladie tout le fang ne circuloit pas , comme fi tout le corps n’étoic pas raffraichi par la faignée , & comme fi cette évacuation n empêchoit pas la fuppuration. De plus dés que le bubon commence à paraître ils font fur la tumeur une ondion de quatre huiles differentes; c’eft à fçavoir des deux fortes d’huiles de l i s , d’amandes douces , & de camo mille ; &c mettent par deffus la laine graiTe, laquelle en relâchant les parties, fait félon eux defcendre avec plus de fa cilité la matière maligne fur l’endroit où l’abccs fe forme ; outre qu’en prépa rant cette même matière , elle la difipofe à la fuppuration. Mais ces huiles font plus propres à falir le linge du malade, qu’à faire fuppurer le bubon. Quand ces ondions ne font aucun effet, ils appliquent fur la tumeur une ventoufe bien enflammée ; & cet épouventail paife chez eux pour un grand remede ; peut-être à caufe qu’il paroit par-là , que Vulcain menace l’adultere Venus. Ils ordonnent de plus au malade de boire & de manger avec excès , fans
*ilenerienne, L i y . I I L 1 7 peu fer que plus on nourrit les corps im purs , & plus on les bleife. Ils lui confei lient auffi de faire beaucoup d'exer cice, comme de jouer à la paume, de fai re des armes, de lutter , de ie fatiguer P*1’ toutes fortes d’aétions violentes ; > difcnt-ils , que la matière du bu bon étant émue dans le foye par ces; mouvemens extraordinaires , puiife cou ler plus aifément vers fon émonéfcoire. Mais qui eft-ce qui pourra répondre que la matière virulente émue fera plutôt poullée vers les aînés que vers d'autres a it roi ts? ■ C o m m e tous ces remedes n ’ont pas ordinairement beaucoup d'effet, ils ont COutume d appliquer après cela fur la tu. Wèur , un emplâtre de grand dîachilou avec les gommes ; & quand apres ces applications le bubon n'augmente ni diminue, ils en viennent à la purgation, prétendant que la cacochymie étant otee , & la matière morbifique étant diminuée , ce qui en refte fera facilement régi par la nature. Sur ce fonde ment ils commencent à préparer les hufuiventPar
dCS tr° iS fyr° pS
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Traité de la Maladie
(Des Jyrops de fumet erre, J De houblon , & de chicorée, de chac. demie once ; * •1 [D e l‘eau de houblon, 3 onces. Mêlez-les enfemble pour une potion. Après cela ils donnent la purgation fuivante.
[Des feuilles de fenné de levant, 1 once ; Dupolypode de chêne, 1 onces ; A \fDes fleurs cordiales une pincée. Faites en une décoifcion, & dans ce qu’il faut de la colature dilfolvez-y. f Des Jyrops defleurs de pêcher, &
de rofes folutifs , de chacun
; ■I[flDe3laonces confi hamec, 3 drach.
Mêlez le tout pour une potion purgarive. Ou bien ils fe fervent des pilules fuivantes.
"Des pilules de tribus , 1 drach■ & demie ; Avec lefyrop de rofes folutiffoT“ H mez.-enfix pilules, & couvrez/ ^ les de feuilles d‘or. Ou bien ils purgent le malade en bol de la maniéré qui fuit.
'Venerienne. Liv.III.
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De la cajfe nouvellement mondée» i ow ;
De la confec. hamec, demie once ; De la poudre de fenné de levant , i drach. Mêlez tout cela pour en faire un bol. ' ■ Trois heures après ils donnent un apofème fait avec le fyrop de rofes folutif dans une décodion legere.Mais toutes ces maniérés de purger conviennent à toutes les maladies où l'on prétend tirer les humeurs de la circonférence au centre, & non pas du centre à la circonférence ; forte que ces purgations font plus pro pres à concentrer le virus, qu'à le pouffer ^ers les aînés. S'il arrive qu'après avoir purgé le malade la tumeur augmente , ils fe fer vent alors de maturatifs, & ils comptent beaucoup fur le remedc fuivant. Des racines des deux fortes de lis , & d’althea de chac. i onces ; Des feuilles de mauves ; jy.' De guimauves ; I De violiers , & de fcabieufes , de L chac. une poignée. '^ z -le s groiïtérement , & les faites I •oüillir. Enfuice adjoutez-y. B iij
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Traité de la Maladie ÇDc r axonge de fore putride , & beurre nouvellement la v é, V de chac. 4 onces ; TXV/ graijfes de canard, d’oye, & I de poule, de chac. 1 once ; » l'huile des deuxfortes de lis , s d’amandes douces , & de caI momille, de chac. demie once ; | 2)« levain, 1 onces -, KT)ix brins de fafran. ■S
Faîtes de tout cela un cataplâme. Quand ce remede ne produit pas l’ef fet qu ils en attendent, ils ufent d’ordi naire de l’emplâtre de grand diachilon avec les gommes de la maniéré qui fuit.
ÇDe l’emplâtre diachilon gommé, I . 1 once -y < Des gommes ammoniac , Bdel| Hum, & Sagapenum, de chac. ^ demie once. Mêlez tout cela pour un emplâtre. Le bubon e'tant venu à maturité, ils en font l’ouverture avec le fer par une inciiion cruciale 5 dont ils coupent les angles pour éviter la fiftule ; & pour ar rêter le fang ils rempliiTent la cavité de plumaceaux enduits de blancs d’œufs battus qu’ils y laiiTent pendant ¿ 4 heures
"Venerienne. LiV.III.
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fans les lever , & ils tiennent 1’ulcere ouvert depuis 40 jours jufqu’à 60 , 8c plus s'ils le jugent à propos : car ils eftimentque pendant cette longue fuppurafio n , ils évacuent non-feulement la viru lence qui coule vers l’émonétoire, mais B u iü que cét ulcere efteomme un aiguilj| I o n , qui excite la nature à chafler de plus en plus la matière virulente vers le même endroit , au moyen de quoi le foye 8c même tout le corps font plus . heureufement déchargez de toutes fortes d’immondices. Ils panfent au commencement le buuon ouvert avec un digeftifeompofé de jaune d’œuf, de terebenthine, 8c d’huile rofat ; 8c pour empêcher l’inflammaItion, ils font autour de l’ ulcere uneonc- tion avec la même huile ; ils fe fervent enfuite de mondificatifs, d’incarnatifs , 8c enfin de defficcatifs. Lors que le bubon ouvert a bien fuppuré, ils ré itèrent les mêmes purgations dont ils ont ufé avant l’ouverture, 8c ils le font d’autant plutôt qu'ils apperçoivent le pus moins louable : après quoi ppur purifier entièrement la malle du fang 1 éc toute la virulence , 8c faire en forte B iiij
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Traité de U Maladie
qu'il ne refte pas dans le foye la moindre particule du levain verolique , ils font prendre au malade pendant un certain tems des décoctions fudorifiques. Ce font là les remedes dont les ChiTurgiens & les Barbiers fe fervent pour guérir le bubon : mais pour fçavoir il ces fortes de remedes font de vrais anti dotes capables d'éteindre le virus , c’eit à ceux qui font tombez entre les mains de ces gens-là à dire ce qu'ils en penfent. C ’eft un grand mal que la verole , difent les Vulgaires , & par conlequent il faut un grand remede pour la guérir : ce la s’accorde-t'il avec les remedes inutiles, ridicules, & pernicieux, qu'ils employeur dans les cures, qu’ils ofent entreprendre? au moins devroient-ils après les plain tes , les cris, & les gemiifemens de ceux qui font tous les jours attaquez de dou leurs infupportables, de tumeurs gomrneufes, de caries aux os, & d’autres fâ cheux accidens, qui fuccedent aux mau vais traitemens qu'ils ont eiTiiyez par leur méthode, venir à réilpifcence , & abandonner cette mauvaife manœuvre pour en fuivre une plus régulière ,*celle
<-venerïenne. Liv.III. s i qu’ils fuivent n’étant qu’une vraye bar ane , loin d’être une vraye méthode e guérir. Or la véritable caufe de tant de plaintes ue l’on fait contre la Medecine,vient de e qu’une infinité de gens de néant, fans alens & fans genie , embrafïènt cete profeffion : ce qui fait qu’il n’y en point au tems où nous fommes , qui oit plus méprifable , excepté l’état de 'oîne r non pas que la Medecine ne foit ar elle-même très-eftimable , mais pare qu’entre ceux qui l’exercent il y en a ne infinité, qui réduits dans l’indigen te par leurs déreglemens, fe jettent dans exercice de cet Art comme dans un iyle : ce qui eft caufe qu’il y a mainteant dans notre Ville plus de Médecins que de malades. Mais il n’appartient pas à tout le monde d’exercer dignement un miniCîere fi relevé. C ela n’eit pas même dbn*ié a tons les fages, mais feulement à Ceux qui font allez éclairez pour conce pir que la Medecine eft un don de ieu , qui n’eft pas accordé à tous ceux uî voudroiem le poffeder. Il ne faut pas s’étonner après cela que
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Traite de la Maladie
ceux qui Fexercent félon la méthode vul gaire,le faifant à un très-bas prix,elle foir, comme ces femmes publiques , foumife à tous ceux qui en veulent faire quelque ufage , parce qu’elle ne peut pas autrement fubfifter. Après tout cela , comme il eft rare d’acheter à vil prix de bonnes marchandifes , nous blâmons encore moins les Vulgaires qui en ufent ainfi , que nous ne faifons les malades de leur facilité à iè livrer entre les mains de ces mauvais xniniftres. Il s’en faut bien néanmoins que nous ayons la moindre eftime pour ceux qui donnent des remedes pour deux fo u s, quoi qu’il y ait de l’induftrie à fai re la Medecine à fi peu de frais : mais ils auroient bien de la peine à faire autre ment quand ils feroient plus habiles, vu le mépris où la Medecine eft tombée dans ces derniers terns , par la facilité qu’ont les Médecins de fe jetter pour ainfi dire à la tête des malades. Cependant ils prétendent agir avec équité » & il ièroit bon pour eux qu’une fi legere reconnnoiftànee leur fut faite régulièrement.. En un mot qu’ils s’infuuifent mieux d’un Art fi difficile , &
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qu’ils s’attachent enfuite à l’exercer avec honneur. Enfin nous ne fçaurions nous empe ller de déclamer hautement contre la auvaife foi des Chirurgiens Vulgaires, ui employent tous les jours pour ganer de 1 argent, la rufe & la trómpe le , qui font chez la plupart d’entre eux unique fondement de leur fçavoiraire. A 1exemple des Peintres qui font paade de leurs pinceaux chargez de diffeentes couleurs, on les voit étaler avec mphafes leurs boîtiers de cuivre paragez en differentes cellules, pour mieux iftinguer les differentes couleurs des nguens qu’ils achettent à bas prix chez es Apoticaires : & pas unfeul de ces reedes ne tend à une bonne fin. Je ne parle point de ceux qui mettent dans des phioles les liqueurs les plus communes, qu’ils vantent comme des fu m e s très-précieux pour tirer l’argent aes malades. Il faut remedier à tous ces V bus > & jetter par les fenêtres ces onguens gâtez qu’ils ofent vendre pour des remedes très-excellens : tout leur but K tant que de s’élever beaucoup, d’im B vj
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Traité de la Maladie
pofer au peuple par des menfonges, en publiant qu’ils ont des remedes merveil leux ,. (ans néanmoins pouvoir guérir le moindre m aLC e qu'ils fçavent le mieux eft de vuider la bourfe des malades fans les guérir > &c li quelques-uns gueriffent, c’ell à l'Art feul que ces cures font dues , Ôc non à ces charlatans, qui n’ont as la moindre notion des réeles de Art. Difons au furplus que la cure des bu bons vénériens réiiffit fort bien , quand le Chirurgien avant de faire l’ouverture de la t u m e u r a pris foin de l’amener à une bonne fuppuration ,. par le moyen des remedes qui peuvent exciter une fer mentation intérieure -, &c ces remedes font ceux qui par le mouvement de leurs particules volatiles fort- addoucies, peu vent échauffer & exciter doucement les fîtes,qu'Un- mauvais acide avoir coagulez &c mis hors d’état deiè mouvoir : ce qui fait que les tuyaux avec les fues qu’ils contiennent , les tuniques & les fibres font coupez , rongez, déchirez , & dé génèrent en pus qui fe traçant une rou te vers la peau, forment un bubon élevé, mou,, &z dont la matière flotte fous les
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doigts. Lecataplâme fuivant peut pro duire cet effet. cDe la fiente de pigeon pulverifée ,
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\ D u fafiran pilé , & de la graijfs v de pmle à diferetion.
Mèlez-les avec de la pâte levée s & forinez-en un cataplâme, que vous renou vellerez de douze en douze heures. * Ou bien fervez-vous pour produire le même effet des medicamens greffiers , ira s, mucilagi lieux , qui bouchent les res & empêchent La tranfpiration u moyen de quoi ils mettent en mouement la matière contenue dans la tuîeur., la font fermenter , ’& la changent n pus. C ’eft-là l'effet que l'emplâtre fu iant peut produire.
'D e 1‘emplâtre de mucilage , & decelui du fils de Zacharie, dechac. 1 once. êlez-les& les appliquez fur la tumeur; Mais il vaut mieux encore y appliquer ’emplâtre feul du fils de Zacharie , & fi près fon application le bubon eft enco re lent à fuppurer, il faut l’animer avec1 huile de briques , & renouveller ce to pique de douze en douze heures , puisouvrir 1 ahcès non pas. avec le fer- x mais
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Traite de la Maladie
avec le ruptoire mercuriel» parce qu'en ouvrant la tumeur , il réfifte en même tems à l’aèHvité du virus. C e ruptoire cft ainfi préparé. c Du mercure fublîmé , i drach. ¿Tte la farine d’orge, 3 drach. M êlez-les, & avec la falive formez-en une malïè , en les agitant avec une fpatule de bois » & de cette maiTe formezen des trochifques en forme de pignons» & les laiiTez fecher. Quand ces trochiiques feront fècs ap pliquez-les ainll : Etendez fur un cuir délié de rem plâtre de minium » puis mettez le rrochifque au milieu de l'emplâtre fur le bubon » & l’appliquez de telle for te que l’ouverture fe falfe en la partie déclive. Levez l’emplâtre douze heures après y&C pour lors vous trouverez le îmbon ouvert, & vous en ferez fortir la matière en le comprimant. Mais, parce que les malades appré hendent prefque également le fer & le eauftique , particuliérement lors que l’ignorance du Chirurgien leur foit dou ter qu’il puiife faire l’indilon comme il ià u t » la charité C h r é tie n n e nous porte
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rvenerienne.
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à enrichir la Medecine d’un emplâtre irès-excellent , dont la feule application; peut mûrir & ouvrir non-feulement le bubon venerien , mais aufli les tumeurs ■j fcrophuleufes pour lefquelles nous en ufons particulièrement > & toutes les tu meurs tant chaudes que froides, auilïbien que les tophes des gouteux qu’i l amene à fuppuration, & qu’il guérit enfuite jufqu’à la cicatrice. Voici fa compofition que nous donnons fans aucunereferve. ~De rhuile commune, 3 livres y De la racine de rofeau, a onces y < De celle de Us bleu , 3 onces, Et de celle d'althea , 1 once &
demie. Qriand l’huile, commencera à bouil lir , jettez-y les racines bien nettoyées & coupées en menues parties. Cuifez-les In fui te jufqu'à ce quelles noirçiffènt ; ^uis otez- les du feu & jettez-y peu à peu C De la c e r u f e 3 onces y < De la tuthie préparée, demie ancey, VDe la cire jaune , 3 onces. Remuez toujours avec la fpatule, Sc uifez le tout en confidence d'emplâtrenfqu a ce qu il devienne noir. Ajoutez-y 'f i a
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Traité de la Maladie
l ’D u baume noir , deux drach. Alors tirez-le du feu & le gardez pour Pufage. z. On ne içauroît croire combien cet emplâtre eft convenable à mûrir, ouvrir, & guérir toutes fortes d'apoftemes ; & 1"expérience en dira beaucoup plus à cet égard que nos paroles : car avec ce remede tout malade peut être à lui-même fon Chirurgien. Vous pouvez cependant introduire dans la cavité du bubon ouvert des plumaceaux couverts de nôtre onguent magiftral que nous préparons ainfi. ' De la litarge d’or, 8 onces ; 1 De lacerufe , 4 onces j Du plomb brûlé , j Once ;
Du mercure doux, & de l’anti moine crud , de chae. démit once ; Du cinnabre , 1 onces $ De la cire, 6 onces ; De l’huile rofat, 2 livres. Faîtes de tout cela un onguent felotî 1 Art* Ou bien mettez-y des pîumaceaux enduits d'onguent blanc & d*aureuffl qui contienne le grand calciné de Para-
*venerienne. L i v . I I I .
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cclfe, ou le mercure précipité incarnat, C cil à dire fur lequel on ait fait brûler elprit de vin deux ou trois fois ; & peu le jours apres vous verrez le bubon par faitement bien mondifié. Procédez en fuite à la régénération des »airs félon les réglés de l’Art. Après -cia fervez-vous de nôtre emplâtre bé ait ou de celui de m inium, qui formeiont une bonne cicatrice , laquelle étant laite, il faudra donner au malade les piules de mercure doux qui ont été ci-de vant décrites. 3- Mais parce qu’il y a bien des gens 1U1 ne veulent pas que leurs bubons uppurent, &c qui veulent dès qu’ils paroiflent qu’on les détourne par des re mèdes intérieurs , en ce cas-là voici :omme nous procédons. r Piemierement nous obiervons fi la aippuration n’a point commencé à iè !.re i car lors qu’il y a de la matière eja iuppurée , il eft impoflible de ré? u ie ‘ e bubon par des remedes inté rieurs. Nous obfervons en fécond lien 1 e malade eft d’une complexion forte robufte , & s’il vomit avec facilité : « « s u eft d’une confticution délicate 8c
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Traité de la Maladie
s il a oeaucoup de peine à vomir , nous lui donnons trois prifos de nos pilules de mercure doux , 6c nous n’entreprenons point de le traiter par la méthode fuivante : mais quand la tumeur n’a Point e^core commencé à fuppitrer, que le malade eft fort & robufte, & qu’il vomit aifément , nous mettons l’em plâtre fuivant fur le bubon des qu’il commence à paroître , & nous l’y b if fons pendant 1 4 heures. çDe l'emplâtre de vigo , triple de l merc. ce qu’il en faut. Etendez-le fur du cu ir, & l’appliquez fur la tumeur. il faut après cela que le malade gar de le l i t , & pendant ce tems-là nous lui donnons iîx grains de turbith minerai addouci , que nous lui faifons avaller dans un jaune d’œ u f, ce qui ne manque pas de le faire vom ir>& nous lui en fai fons prendre trois fois, biffant un jour d intervalle. Nous lui fàifons cependant obferver une diète très - exaéte , fans néanmoins le priver du vin ; & durant tout le traitement il doit faire en forte de ne point refpirer un air froid & hu mide. En fuivant ces régies le bubon fe
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«itenerienne. LIV. III. 45 réfout peu à peu fans qu'on ait lieu d'en appréhender aucune mauvaife fuite. Cette maniéré de réfoudre le bubon fans expofer le malade au fer ni au feu potentiel , eft fort commode & trèsagréable ; & fi nous nous en raportons à Hippocrate & à Galien , la réfolution des tumeurs eft plus fùre , plus avantageufe j 8c plus courte , que la fuppuration : mais elle n'a pas toûjours tout le fuccès qu'on pourroit defirer : car nous avons obfervé plus d'une fois 5 qu’après Tufage de ces remedes la matière étant diminuée, le bubon n’a pas laiffé de vs*nir à fuppuration. Que s’ilfe réfout abfolument, le ma lade a été bien-tôt après atteint de tous les fymptômes d'une verole bien confir mée , à moins qu’on ne lui ait fait ufer pendant un long-tems des remedes qui font les plus efficaces pour guérir la ve role. D’où il faut conclurre que la réfo lution eft à la vérité plus fure & plus avantageufe dans le traitement des tu meurs dont la matière ne participe d’au cune malignité : au lieu que les bubons veneriens contenant une matière trèsm.aligne , il eft plus fur & plus avanta
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Traité de la Maladie
geux aux malades de les faire fuppurer; parce que l’abcès ouvert cil un émilTaire par lequel tout le corps eft purgé du virus. 4. Auffi la pratique de la réfolution de ce bubon ne convient gueres que,dans le traitement des femmes mariées, qui fe font abandonnées par foibleile à quel que particulier qui leur a communiqué ce mal ; & nous avons par ce moyen mis à couvert pluiîeurs de ces malheureufes de la fureur de leurs époux. R E M A R Q^U E S. 1. En fécond lie u ........... Il eft bien vrai que la faignée par elle même ne convient pas dans le traitement du bu bon venerienjparce que cette évacuation caufe toujours une diiïipation d’efprits confiderable , dont la nature a befoin comme de fes principaux inftrumens, dans l’effort qu’elle eft obligée de faire pour féqueftrer la virulence de toute la malTe des humeurs, & en former un dé pôt fur les aînés. Cependant quand les malades font extrêmement fanguins & pléthoriques , la faignée peut metcre la
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nJenerietme. LI v. 111. 4 5 feature furchargée par le poids des hu meurs, en état d'agir plus utilement pour pouffer du dedans au dehors l'abcès cri tique ; & tout ce qu'il y a de judicieux Praticiens ne font aucune difficulté de la pratiquer dans un cas pareil. Pour ce qui eft des excès dans le boire & dans le manger , auffi-bien que des violens exercices , que des Chirurgiens imprudens confeillent à leurs malades, pour avancer la fuppuration du bubon venerien ; il n'y a ni Médecins ni Chirur giens tant foit peu fenfez, qui donnent leur approbation à un confeil fi peu raifonnable. Car outre que les cruditez fournies par l’intemperance font capa bles de multiplier le virus , elles retar dent encore la circulation du fang , &C peuventcaufer des dépôts furies parties principales. A l’égard des violens exer cices , ils font plus propres à accabler la nature qu’à la mettre en état de mieux faire fes fondions ; joint à ce que les a¿lions violentes en échauffant beau coup tout le corps , peuvent bien faire trànfpirer ce qu’il y a de plus fubtil dans la virulence , mais elles peuvent auilï concentrer ce qu’il y a de plus greffier
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au grand dommage des malades. Les cordiaux prudemment adminiftrez produifentun meilleur effet. 2.. On ne fçauroit c r o i r e -U ng faut pas beaucoup compter fur tout ce que 1Auteur promet de cet emplâtre : C ar de s imaginer que quelques raci nes emollientes jointes à l'huile commune» \a «ré» la cerufe, & la tuthie,puiffent m ûrir, ouvrir, & guérir toutes fortes de tumeurs & d abcès : c'eft ce que ne feront pas tous ceux qui fçavent tant par raifon que par expérience l'effet que peuvent produire les remedes ufuels dans la Chirurgie des tumeurs. Les cataplâmes émolliens & maturatîfs, & les emplâtres chargez de gommes font plus convenables en ces occaiïons. 3 • M ais parce cju‘11 y a bien des gens..... La méthode d’empêcher la flippuration des bubons veneriens eft ap prouvée & fuivie de plufieurs Praticiens, fondez fur ce qu’il y a très-peu de ces bubons qui foient feuls capables de ter miner la vcroie par une bonne crife : car quoi que les bubons veneriens fuppuient parfaitement bien & fort longceras , les malades ne lailferoient pas le
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*venerienne.
L iv.III.
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plus fouvenr, d'avoir la verole , fi on ne leur faifoit prendre intérieurement les ipécifiques propres à guérir ce mal. Auffi l'Auteur obferve-t’il que cette méthode ne réüffit pas toûjours, & que malgré toutes les mefures qu'on peut prendre pour la faire réüffir , ces tu meurs ne laillent pas de fuppurer, Sc que quand elles fe réfolvent abfolument, les malades font bien-tôt porteurs de tous les fignes de la verole, à moins qu on ne leur fafle ufeù pendant un long-tems des antiveneriens. Après tout cela il faut convenir que cette méthode de réfoudre les bubons veneriens au lieu de les faire fuppurer , eft contraire au mouvement de la nature > que tout Médecin méthodique doit fuivre avec application dans toute fa pra tique ; & bien que cette réfolution foit comme dit l'Auteur très - agréable ôc tres-commode aux malades , elle n'eft jamais à fuivre, tant que l'on a lieu d'efperer que la nature aidée des remedes , pourra pouffer cet abcès avec vigueur jufqu’à une parfaite fuppuration. 4. nsfufli la pratique.....Ce que l’Au teur témoigné ici de compaiîiou pour
Traité de la Maladie
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les femmes mariées , marque non-feu*^ lement fa charité , mais aulîi un cœur ! compatiifant aux foiblcifes du fexe , ce ■ qui eft bien-féant à un Ecclefiaftique j Italien qui fe mêle de traiter les maux veneriens. Cette tendreiTe de cœur ne feroit peut-être pas interprétée favora- ■ blement en d'autres pays , où l'on eftime que les Ecclefiaftiques font mieux de 1 s'occuper à quelque exercice plus cou- ! forme à leur état. Mais comme l'Auteur,. ainfi qu'il eft rapporté dans fa vie, étoitj autorifé dans ces fortes de traitemens 1 par une permiffion Pontificale des plus! authentiques, il eft là-deifus à l’abri de î toute cenfure.
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h a p i t r e
V I.
Du bubon illégitime. L y a encore un bubon venerien plus fâcheux que celui dont nous venons de parler, que l’on appelle faux bubon & illégitime , qui fuccede aux ulcérés ron geais & chancreux du prépuce qui ont été mal-traitez : car ce n’eft pas par le
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%ienensnni. L i y. î11.
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fan g, dont le virus a ralenti le mouve ment , que les tuniques des glandes in guinales font tuméfiées ; mais c’eit par la relation qu'elles ont avec les parties fpermatiques que l’ulcéré a gâtées , que le corps de quelques unes de ces glan des fe gonfle & reçoit l'impreflîon du virus. C ’efl: ainiï que la main ou même la feule extrémité d'un doigt étant bleflèz» il fe fait des tumeurs au bras & même jufques fous l’ aixelle ; ou que le pied, la jambe , ou la cuiiïe étant bleifez , il ar rive des tumeurs aux aînés, & que de mis la blefliire jufqu'à ces tumeurs , 'on voit une longue fufée par où le mal e communique jufqu’à une diftance ort éloignée. C'eft auffi à peu-prés de la même fa on qu’une matière maligne 8c fubtile épofée en quelque endroit du corps que e fo it , fe communique furtivement au erveau par les nerfs, comme nous oyons arriver dans l'épilepiîe , qu'une apeur m aligne, fans caufer beaucoup e douleur dans tout fon partage , mone des extremitez du corps jufqu'à la tête u cette maladie a fon fiége principal. Tome U . C
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Traité de la Maladie
Les Jtgties du faux bubon fvenerien. La tumeur circonfcrite aux glandes inguinales eft le premier ligne de ce bu bon qui s’augmente infenfiblement , mais dont le volume n’eft jamais bien coniiderable. Cette tumeur eft accom pagnée d’ une durete qui ne cede point aux ém olliens, que les fuppuratifs ne peuvent point mener à fuppuration , & fur laquelle les réfolutifs ne produifent aucun effet. Au contraire une première glande infeûée du virus le communique fucceilivcment à plufieurs autres , com me il arrive aux fcrophules qui atta quent les glandes du cou. Ce bubon n eft point accompagné de fièvre , de douleur , ni d’inflammation } j parce qu’il n’eft point caufé par le fan g; & la tumeur eft de la couleur de la peau. ; Le malade fuë quelquefois vers ^le ma- i tin ; parce que les glandes des aînés ou bien donnent naiflance à beaucoup de vaifleaux lymphatiques , ou bien font les refervoirs où fe terminent ces mêmes vaifleaux , c o m m e il arrive aux autre?
*uenerienne. L i y. 111.
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endroits da corps où il y a des glandes. aLe virus leur étant communiqué em pêche la fermentation de la lymphe 8c fa diftribution :ce qui fait qu'elle regor ge , qu elle s épanché , ou quelle fort par les trous de la peau en forme de fueur.
Les caufes du faux bubon rvenerien. Nous avons déjà infinite que le faux bubon eft caufé par les ulcérés rongeans de la peau qu'on nomme caries, & par les ulcérés chancreux du prépuce , du gland , de la courbnne , & du filet qui ont été mal-traitez en y appliquant des medicamens trop corrofifs & trop dou loureux : car pourlors les particules aci des les plus fubtiles qui s’échappent de ces caries ou de ces chancres, font fourdement portées le long des fibres fpermatiques qui fe terminent aux glandes aes aines ; elles s'y attachent, elles gâtent la lym phe, elles la coagulent, & empêchent de fe mouvoir. Elles ne Manquent pas de former un tubercule» aPrcs le virus ne tarde gueres k
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Traité de la Maladie
palier d’une glande à l’autre par l’entré-* mife des fibres fpermatiques , de cor rompre la lymphe dans ces glandes , & par ce moyen de multiplier le virus.
L e pronoflique du faux bubon •venerien. Ces faux bubons font d’un très-mau vais cara&ére, & la Nature auflî-bien que l’Art font inutilement tous leurs efforts pour les mener à fuppuration. Ils font bien-tôt fuivis de douleurs veneriennnes , de tumeurs gommeufes , & des plus fâcheux iymptômes de la verole confirmée : & s’il leur arrive quelque fois de fuppurer , ils dégénèrent en ul cérés putrides, m alins, fiftuleux, & fort douloureux.
L a cure du faux bubon. i. Les mauvais Chirurgiens pren nent fouvent le change dans la cure des faux bubons : car après l’ application des remedes fuppurans, un peu de molleiTe fe faifant fentir fous la peau*, ils y font ouverture, & n’ en tirent qu’un fang noir
'vênerienne. Liv. III. 5V qui fore de la glande, & ;ils mettent pai-la le malade dans un grand danger. parce que la glande ouverte ne fe fond jamais , & il en arrive toujours de fâch eux accidens. Quand vous aurez donc de ces bubons a traiter, obfervez d'abord il les ulcérés rongeans & chancreux fubüCtent encore au prépuce , au gland , ou dus . en ce cas-là faites en forte de guérir ces ulcérés ; puifque fans cette guenfon il eft inutile de tenter la réfo■ Uition de la glande. Après avoir guéri ces ulcérés vous ous appliquerez à traiter la glande tuefiee par le moyen des emplâtres, afin q n refolvant la matière dont elle eft gorgée , elle puiffe reprendre fiadïfPO_ que de Mynfioht corrigé comme il fuit Cft fon Propre à produire cet effet. ÇDe la gomme ammoniac, z onces ; W De la gomme élerni, i once & de! mie j tv J
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la &ommeH apenum, i once.
bon V-CZ • CS dans Ce ‘î 111* Palldra de ajoute !lnai§re . Cn forme de b°üillie : ¿ u r r e at 7goutte. ^ P£U à PeU &ç co» goutte ^ m e'
Traité de la Maladie’
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ÇDe la cire jaune, 1 livre ; j De la terebenthine bien claire , & « de la colopbone , de chac. 4 _ onces. Les ayant fait fondre féparément dans «ne poêle fur un petit feu , verfez-les fans être trop chaudes3infenfiblement Sc l’une après Vautre en les remuant tou jours fur les autres gommes : après quoi vous y jetterez auiîi peu à peu 3 & l’une après l’autre, les poudres luivantes. fD e la gomme bdellium fulver. 4 1 onces y j De la foudre defuccin jaune, 3 onces\
De celle d'olibans , & de majlic, de chac. 1 once ; \.De celle de fandaraqtie , 3 drach.
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Rem uez le tout fur un petit feu 3 jufqu’à ce que les poudres foient bien mêlées & incorporées avec tout le refte 3 & formez-en un emplâtre. Etendez enfuite cet emplâtre fur du cuir y puis appliquez-le fur la tumeur > & la renouveliez de deux en deux jours. Après cela vous verrez quinfenilblement cette glande fe réioudra par trantpiration > & reviendra dans fon état naturel. Cette application n’ a pour tan".
'venerïenne. Liv.III.
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pas toujours tout le fuccès qu’on en pourrait deiirer. D autres appliquent d’ordinaire fuf ces fortes de glandes* l’emplâtre de vigo triple de mercure : mais ce remede n’a pas autant de fuccès qu’ils le publient. / nous* nous avons toûjours trou ve nôtre emplâtre bénit très-efficace, & nous n avons gueres manqué de menei à une louable fuppuration & quel quefois meme a une parfaite réfolution* tant les bubons vrais que faux * aufli bien que les tumeurs fcrophuleufes fur lelquelies nous l’éprouvons tous les jours. Lorfque la glande a été réfoluë , le meilleur remede dont on fe puiil'e fervir , eft 1 eau anti - venericnne * ou les décodions fudorifiques qui doivent être precedees par les purgatifs. Au refte il arrive quelquefois & mê me allez fouvent, qu après l’ufage des meilleurs remedes * le faux bubon ne peut être guéri : mais il ne faut pas le laitier en cet état, & il faut avoir re cours à notre méthode de guérir la vé role. _ Ces fortes de glandes gonflées fe deC iiij
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Truité de la Maladie
gonflent quelquefois par la force delà chaleur naturelle dans les fujets jeunes, forts , & robuftes : mais dans le déclin de l’âge lorfque leurs forces diminuent, le levain vérolique qui s’étoit tenu ca ché & concentré , reprend à fon tour de nouvelles forces , & produit alors autant de iymptômes differens , pour ainfi dire, qu’il fort de Soldats du cheval de Troye , à moins que l’on ne s’oppofe au plûtôt à fon progrès par l’ufage des véritables remedes. Nous avons ¡ ’expérience d’un trèsbon remede pour guérir le faux bubon -, c eft de l’ouvrir, & de confumer enfuice la glande abreuvée du virus : car le faux bubon produit le même effet que le bu bon peftilent , qui n’étant pas ouvert gâte & infecte tout le corps de fa ma lignité : mais cette ouverture ne doit pas être faite avec le fer , comme nous i avons déjà dit : il faut la faire avec le cauftique ; & celui qui f u i t , dont on fe fert en forme liquide , nous a toûjours très-bien réiiilï. CDe la lejfive defavon i livre ; j Du fel ammoniac, i once j < Du vitriol Romain , a dracb. & vI demie 5
a m e n e n m . L i v. III.
57 | De l’opium de Thebes , i demiç drach. Faites boüillir cette décoétion jufqu’à la diminution des deux tiers , & après 1 avoir coulée, vous aurez une liqueur cauftique fort excellente pour ouvrir toutes fortes de tumeurs. Ou bien, r De la lejjive de favon, z livres ; à De la chaux vive , i livreJettez defïus de l’eau bouillante , brouil lez les enfemble deux fois : lors qu’el le s’éclaircit jettez-la dans la poêle >puis ajoutez-y, { Du fel ammoniac, demie once. Faites boüillir enfuite cette décoétion jufqu’à la diminution du tiers ; puis la coulez. Si vous faites boüillir tant la prenneic que la féconde de ces décoctions cauftiques , jufqu à ce quelles fe chan gent en pierre , on les appellera pierres infernales. Trempez un plumaceau de charpie proportionné au bubon dans Tune ou dans l’autre de ces décodions ; puis appliquez-le fur le bubon dans l’ouverture d un emplâtre p ercé , dont le cercle préc
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T raité de la M alad ie
i'erve les parties vol fines de l’atteinte de la liqueur cauftique qui pourroic couler fur les parties faines. L ’efcarre étant faite procurez fachûte par des médicamens humides & relâchans , com me font le beurre ou l'onguent d’althca. Après cela extirpez la glande non. pas avec le fer , mais avec le mercure précipité , le grand calciné de Paracelfe , ou la pierre infernale faite avec l ’argent de coupelle diifout dans l’efprit de nitre » le mercure doux, ou l’arcane corallin. Sa glande & même plufieurs * s ’il eft befoin , étant confumée » il faut «fer des incarnatifs , ôc enfin des cicaïrifans. N ’oubliez pas dans le cours de cette cure de faire prendre au malade ayant ion fouper * des pilules avec la cerufe d'antimoine & la gomme naturelle de gayac * & enfîiite de lui faire ufer de nôtre eau antivenerienne > ou de nos dé codions fudorifiques 5 après l’avoir fufÎtfammcnt purgé. R E M A R Q U E S . . i . Les marnais Chirurgiens..... C eu x
•venerienne. L i y. 1 1 1 .
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que l’Auteur défigne ici fous ce nom » font un grand peuple dans la Chirurgie. Il s’en trouve une grande quantité mê me parmi ceux qui portent le tître de Maîtres , c’eft à d ire, dans les grandes Villes auffi-bien qu’ailleurs. Ces mau vais Miniftres d’un art qu’ils ignorent, confondent aifément le faux bubon avec le véritable ; mais l’Auteur a judicieufement cara&e'rizé dans ce chapi tre cette tumeur illégitime, par fes lignes les plus elfentiels. Les fuppuratifs & les cauftiques queces ignorans appliquent fur le faux bubon , loin de les avancer dans la cure de cette tumeur, ne fervent qu’à caufer aux ma lades un furcroît de peines , particuliément quand après l’ ufage des émolliens & des fuppuratifs , croyant fentir l’inon dation d’une matière fuppurée , ils ont la témérité d’ouvrir cette tumeur avec le fe r, dont ils ne tirent qu’un fang noir & gro flîer , la glande incifée ne pou vant pas fe fondre par les fuppuratifs , comme l’ Auteur remarque , & ne pou vant être enlevée qu’au moyen des cauf tiques qui la confument & qui la déîxuifcau Ainii ces ouvertures impruC y)
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T raité de la M aladie
demment faites avec le fer » dégenerenc en ulcérés putrides , malins , fiftuleux, ôc fort douloureux , Sc ne fervent par confequent qu’à tourmenter plus cruel lement les malades, au lieu de les foulager. On ne peut donc mieux faire pour guérir promptement & finement les malades qui font attaquez de ces faux bubons , que de les traiter de la verole, non pas comme dit l’Auteur, par fou eau anti-venerienne , & par des décoc tions fudorifiques , qui ne feroient ail plus que pallier la maladie, comme nous l ’éprouvons tous les jours dans nôtre climat , mais par un flux de bouche fagement conduit , & continué plus ou moins par rapport à l’ancienneté & la grandeur de la maladie , comme le pra tiquent en France les Chirurgiens les. mieux ienfez & les mieux verfez dans le traitement de ces fortes, de maladies. Car il faut convenir qu’il en eft du flux de bouche à l’égard de la verole, comme il en eft de la faignée , par rap port aux maladies, aiguës. Car comme tous ceux qui veulent fe diftinguer dans la cure des maladies aiguës par leurs
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élixirs, par leurs fébrifuges, leurs quinteiTences cordiales , leur or potable, & par une infinité dJautres arcanes, capa bles , difent-ils, de purifier le fang fins le répandre avec profufion , comme ces gens-là, dis-je, déclament fans ceffe con tre la faignée , & da regardent comme un remede qui tend par lui - même à Tépuifement du trefor de la vie , & à l’extinélion de la chaleur naturelle j ceux auffi qui prétendent fe fingularifer dans la cure des maux veneriens, ne ceifent de publier que le flux de bouche eft une invention déteftable , qui met les malades à la torture, 8c qui les jette dans un pitoyable état, apres leur avoir fait fournir des maux inexplicables, fouvent fans les conduire au port de la guerifon : au lieu qu’ils fê vantent d’être furs de guérir ces malades avec tout l’agré ment poffible par leurs anti-veneriens, qui ont la merveiileufe propriété d’at taquer le virus dans tous fes retranchemens , de le détruire, & de l’exterminer, fans expofer ceux qu’ils traitent aux moindres fouffrances , & fans altérée en quoi que ce foit leur conflitution naturelle. Mais comme tous ces faux Médecins qui
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% Traite de la Maladie
déclament fi fortement contre lafaîgnce dans le traitement des maladies aiguës,ne font que des forfans & des impofteurs » qui font périr malheureufement avec tout leur fang la plupart des malades,qui font allez imprudens pour fe fier à le«rs fauifes oromeifes ; tous ceux auflï qui condamnent avec plus d'emportement le flux de bouche dans la cure de la véro le , ne font que d’effrontez menteurs » qui n’ont jamais guéri à fond un feul malade , &c qui cherchent bien plutôt à fe tirer eux-mêmes d’une extrême indi gence , qu’à guérir ceux qui ont la faci lité de fe livrer à leurs menfonges. Or la preuve la plus convaincante que l’on ait de la forfanterie de ces charlatans» eft que la fortune de la plus-part de ces gens-là,ne répond point à l’excellence prétendue de leurs remedes.En eifetquand les cures veroliques que deux Ecrivains des plus modernes fe vantent d’avoir faites dans leurs L iv re s, ou plutôt dans leurs affiches raifonnées qui ont paru depuis très-peu de tems, l’une à Amfterdam fous le nom du Sieur de Heins » & l’autre à Paris , fous un nom connu dans la Médecine » feroient la moi-.
rvenerienne. Liv. i 11. G$
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•le moins furprenantes q u ils ne les pu blient , fuppofé qu’elles fuilent vrayes , rien n’auroit pû empêcher qu’ils n’euffent été regardez comme les Efculapes » les Podalyres , 8c les Machaéns de leur Cécle » 8c qu’ils n enflent été en fort peu de tems comblez de plus de biens & d’honneurs qu’ils n’en auraient pu defirer : ce que l’on ne voit pourtant point qu’ils ayent acquis,, depuis un nombre d’années conilderable qu’ils font une profeffion particulière de traiter cette maladie. De plus , loin de les voir courus de tous les endroits de l’Europe par les. malades les plus déplorez, on leur voit fi peu d’em ploi, que l’on a de la peine à croire qu’ils en puiflènt tirer les frais de leurs affiches. Et c’eft vainement qu’ils ofent avancer que les traverfes de leurs envieux les empêchent de re cueillir de leurs merveilleux arcanes, les. avantages qu’ils auroient lieu de s’ers promettre puifque l’envie la plus enve nimée ne peut jamais long-tems préva loir au préjudice d’une vérité établie fur de folides fondemens, & contre l’ex périence.
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Traité de la Maladie
Nous avons vu de nos jours deux ré-i medes d’une véritable efficacité, produi re en peu de tems à leurs diftributeurs , toutes les gratifications & tous les hon neurs qu’ils pouvoient en attendre, mal gré la jaloufie de ceux qui fe croyent d’abord intereffiez à les traverfer ; parce que les véritables guerifons parlent d’el les mêmes , & n’ont pas befoin d’affi ches raifonnées pour les vanter & les exagérer. Nous avons auffi vu d’un autre côté la réputation mal fondée d’un grand nombre de charlatans , & celle entre autres d’un payfan que l’on alloit coniiilter à une journée de cette V ille , avec une fureur qui n’avoit point encore eù d’exemple , tomber d’elle même en moins d’une année: tant il eftvrai que la vérité & l’illufion produifent à l’égard de leurs Auteurs des effets tout à^ fait contraires , & tels abfolument qu’elles doivent les produire dans l’ordre natu rel malgré l’envie & les envieux. Enfin pour venir aux topiques que l’Auteur propofe , tant pour réfoudre s’il eft poffible le faux bubon , que pour l’ouvrir & confumer les glandes abreu vées du virus , ils nous parodient très-
nienerterne. Liv.III.
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convenables, à l’exceprion de Ton emplâ tre bénit», qui ne nous paroît pas doué de toutes les vertus qu’il lui attribue. Les épreuves qui en ont été faites, n ayant pas eu tout le fuceès dont il flat te ceux qu’il exhorte à s’en fervir.
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V II.
Des yufinies 'venertennes. Ntre les accidens de la verole les pullules font reconnues pour atta quer le prépuce dans le commencement de cette maladie : mais dans la veroLe confirmée elles femanifèftent à la tête, au cartilage qui fépare les narines , & en beaucoup d’autres endroits du corps. Les accidens qui ont de l’affinité avec ces pullules font les phliélenes, les épiniétides , la gale , les exanthèmes , la petite verole , les demangeaifons écailleufes & furfureufes , & d’autres mala dies de la peau à peu près de même na ture , qui font quelquefois en petit nombre , 8c qui d’une caufe maligne
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6 6 Traité de la Maladie intérieurement contraétée s’élèvent fur la furface du corps, & qui font quelque fois plus frequentes & en plus grande quantité , & quelquefois même le mul tiplient de telle forte, qu’elles couvrent toute 1 habitude, & ne couvrent auflï quelquefois qu’une feule partie comme la tete, le viiage , les mains , les cuilles» & les pieds. De plus elles font tantôt plus larges & tantôt plus petites ; quelquefois ron des, élevées, ou déprimées ; femblables quelquefois quant à leur forme à une chofe , & quelquefois à une autre. Enfin elles font tantôt dures & lè ches , ne rendant aucune fanie, mais une efpece de fon & d’écailles ; & quelque fois elles font molles & déprimées , & quand elles s’ouvrent elles jettent une ianie ou un pus fort puant. Pour ce qui eft de la couleur, on les voit quelquefois livides , brunes , cendreufes, ou rougeâtres i & quelquefois elles font fort douloureufes & accom pagnées d’un prurit fort incommode plutôt durant la nuit que pendant le jour.
vjenerienne. LI v. III. ¿ 7 Jjts Jîgnes des pitjlules veneviennes. I l eft aifé de déduire les lignes des pullules de ce que nous avons déjà cidevant allégué : car quand on s’appro che d’une femme gâtée , on voit s^elever fur le prépuce de petites bubes femblables à des grains de millet, qui caufent de la démangeaifon , qui rongent la peau & l’ épiderme , & qui jettent une ferofité fanieufc. Lorlque la verole eft confirmée , il paroit des pullules 8c les autres affec tions cutanées qui ont avec elle de 1 affi nité, à la tête, au vifage, aux narines, aux m ains, aux parties naturelles , aux cuiffes , aux pieds , 8c quelquefois fur tout le corps j tantôt plus & tantôt moins larges, le plus fouvent rondes ; quelque fois élevées, & quelque fois déprimées ; quelquefois molles , humides, & jettant beaucoup de fanie lors qu’elles s ouvrent* & quelque fois dures, feches, & écailleufes. i . Mais parce que la verole ne fe ren ferme par elle même dans aucun genre de maladie, 8c qu’elle produit toujours
*»8 Traité de la Maladie fous les apparences de quelque autre c’eft.P0llr cela q u il faut établir quelque diftinâàon entre les fini pies pullules & les veneriennes. r Ces dernieres font diftinguées de cel les qui font fans malignité , parce qu’el les luccedent toujours à un congrès im p u r, ou à des ulcérés rongeans & chancreux mal traitez , ou à une gonorrhée iubitement fupprimée, ou à"des dou leurs de tète , & à des laffitudes qui fe lont évanouies lors qu’on y penfoit le monis ; car ces pullules ne paroilfent jamais qu’elles n’ayent été précédées de quelques unes de ces affedions , qui Ics^acccmip.ignent aduellement ou qui De plus les pullules veneriennes, loin de ceder aux remedes ordinaires, ne font qu’augmenter par leur ufage ; ces remedes ne contrariant point la caufe particulière qui les produit & qui les entretient; & à moins que cette caufe n eio it détruite il eft impoffible de les guérir. R E M A R Q U E S . Il cil d une grande confequence de
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nyenerienne. LlV.III.
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fçavoir bien diftinguer les pullules veroliques des autres éruptions , avec les quelles elles ont beaucoup de rdïcm blance ; afin de ne pas engager inçonllderément comme les Chirurgiens mal habiles , ou malignement connues les Charlatans , beaucoup de malades à prendre des remedes dont ils n’ont pas Deioin.
La caufe des puflules ‘venertermes. Ceux qui raifonnent félon les princi pes vulgaires, établirent pour caufe im médiate des pullules veneriennes , les fucs virulens qui font de leur nature en partie compofez d’une bile brûlée , & d’une portion de pituite acre & falée, que le foye infeélé du virus verolique engendre abondamment , & qu’il en voyé aux parties génitales & à toute la, furface du corps. Ces gens - la regardent le foye* avec refpeét comme le patron de toutes les maladies , & il n’arrive félon eux aucu ne indilpofition en quelque endroit du corps que ce foit, dont ce yifcere ne foit
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Traité de la Maladie
A nôtre egard , nous difons qu'il ar rive très-fouvent que les vapeurs mali gnes qui exhalent d'une matrice gâtée , n entrent point dans l'uretre,mais qu’el les s'attachent au prépuce,& qu'en le penetrant, elles mfeétent le Tue nourricier qui circule dans le tilFu de cet organe , &- ce lue ainh dégénéré produit quel ques bubettes blanchâtres ; de manié ré que ce hic nourricier une fois em preint du virus, étant porté dans les au tres parties du corps , produit çà & là de ces memes pullules, ou d’autres affeétions cutanées qui font à peu près du même caractère. r
Le pronoflique des pujlules 'veneriennes, i • Il n eit pas mal aile de guérir ces pullules quand elles commencent à pai oitre, parce qu'elles font fort fuperfîCielles ; & 1 on ne manque point d’arrê ter leur progrès , quand on y applique un bon remede dans les 2 4 heures: car après cela elles deviennent corrofivps & font un progrès continuel, qui “ “ bleu-tôt palfer le virus delà fuper-
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ficie jufques dans la profondeur du tiifu des parties qu'elles attaquent, auxquel les il fe forme en peu de tems des ulcé rés fort étendus. Il faut donc loin de négliger ces pullules , s’appliquer à les traiter avec toute l’attention poilible. A u ffi a v o n s - n o u s r e m a r q u é , q u e p o u r p e u q u e l’o n d iffé r é à le s tr a ite r le r ie u fe m e n t , e lle s c r e u fe n t la p eau , & e lle s d é g e n e r e n t e n d es u lc é ré s a m b u la tifs , fin u e u x , & c o r r o fifs , q u i p a r le u r é r o lio n p é n é tre n t fo u v e n t & e n fo r t p e u d e te m s ju fq u e s a u x o s . S’il vient enfuite de femblables pu£ tules en d’autres endroits du corps, elles font un ligne fur & certain d’une verole confirmée , & ne cedant point aux to piques ordinaires elles dégenerent en des ulcérés malins. Il faut enfin conve nir que les pullules vencriennes font toûjours malignes & fort incommodes, fur tout quand elles attaquent le vifage j& que celles qui font inveterées, dures, calleufes , & virulentes , outre qu’elles font les lignes d’un plus grand mal, fonc très-difficiles à guérir, mettent les ma lades dans un grand danger , & les mè nent iouvent à la pluylie.
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Traité de la Maladie R E M A R Q U E S .
S'il eft vrai comme l’Auteur le dit ici , qu’il ne faut pas palier 24 heures fans remedier à la première imprellion que le virus fait fur le prépuce , pour en arrêter le cours ; il faut en même tems demeurer d’acord , qu’il eft trèsrare de pouvoir s’y oppofer , parceque cette première imprellîon. eft peu fenlible. Une petite bube dont on s’apperçoit à peine , & qui ne caufe qu’une legere demangeailon deux ou trois jours après un congrès impur , n’ eft pas un ligne allez convaincant du mal venerien, pour engager le malade à courir au remedc : & quand il confulteroit là-delïus un ha bile Médecin , ou un Chirurgien bien verfé dans le traitement des maux vé nériens , ce leger fymptôme ne feroit regardé que comme un ligne très-équi voque } parce qu’il y a Bien des gens qui font fujets à un leger prurit en cette partie qui ne participe d’aucune malignité : cnforte qu’il s’écoule ordi nairement pluiieurs jours avant que les malades
«venenenne. L iv. III. 7 * ftialades foient bien perfuadez d’avoir contraélé quelque virulence : ce qui fait qu’il ell très - difficile d’y remédier dans les ¿ 4 heures, comme l’Auteur le demande. Auflï ne faut-il pas prendre cet avis tout-à-fait à la lettre ; d’autant plus qu’il fe peut bien faire que l’impreffion du virus fa île en peu de tems plus de progrès en Italie à caufe de la chaleur du climat > qu’elle n’en fait en France. Au relie il efb toujours vrai de dire que l’on ne fçauroit y remedier trop tôt.
L a cure despuflules veneriemes. Les Médecins & Chirurgiens vulgai res le fervent communément pour gué rir les pullules , d’un onguent fait avec la tuthie , le minium, & la cerufe , mais avec peu de fuccès ; quoique cet on guent foit chargé des minéraux qui ont la vertu de guérir les pullules veneriennes : mais comme ces minéraux s’y trouvent mêlez avec des grailles , ils ne peuvent pas pénétrer jufques dans le till'u de la peau, pour y détruire la virulence : ce qui ell caufe que par l’u. Tome I I . I>
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7 6 Traité de la Maladie q u en jettant deux fois par jour de cet te poudre fur le prépuce , elle efface en, moins de deux jours toutes les pullules. Il faut auparavant d’y jetter la poudre , les humeéter légèrement avec du vin tiède , 8c enlever la première poudre appliquée avant d’en remettre de nou velle. z. Cette poudre elt encore très-bon ne pour prévenir les petites ulcérations ; parce qu’elle imbibe toutes les particu les acres & acides, qui peuvent fe trou ver aux endroits où on l’applique , 8c quelle émouffe toutes les pointes des corrofifs , les change , 8c les addoucit. C ’eft auffi ce qui arrive dans la fabrique du mercure doux, du toutes les pointes corroiïves du fublimé font brifées , émouiTées , & addoucies fur le corps du mercure. L ’on peut encore ufer avec fuccès de la liqueur fuivante : ç De l'eau de rofes, i choplne ; fy- c Du mercure doux, i o grains. Faites-en la dilïolution dans la liqueur , 8c lavez les pullules trois ou quatre fois par jour ; 8c elles feront gueries. L ’eau anti-venericnne & la pierre met
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Hjenerlenne. Liv. III.
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dicamenteufe produiront le même effet, & feront peut-être plus efficaces, fi après les avoir lavées on met delfus un petit linge trempé dans ces liqueurs. Les puftules étant guéries , donnez au malade trois prifes de pilules de mer cure doux , de la maniéré que nous l’a vons dit en parlant de la gonorrhée. 3. Dans le traitement des puftules qui fuccedent à la verole confirmée, ces remedes ne font pas fuffifans , pareeque ces puftules font des rejettons qui pu blient d’une mauvaile racine qu’il faut extirper abfolument pour être fur de leur guérifon. Il faut donc pour y réiiffir fe fervir non-feulement de medicamens topi ques , mais auffi de remedes intérieurs ; & il faut pour cela commencer par pur ger le malade avec des purgatifs qui admettent dans leur compofition des fpécifiques contre la verole, telle qu’eft par exemple , l’eau folutive magiftrale in ventée par Paul Emilie Fervillo , dans laquelle entre la falfepareille & la râpure de gayac. Il faut la prendre à jeun pendant cinq ou ftx jours. Ou bien il faut ufer de medicamens qui extermiD iij
7 8 Traité de la Maladie nent la verole, comme font les pilules
de tribus de Galien , ou l'extrait panchimagogue dans lequel on fait entrer le mercure doux. Apres cela on fait boire au malade la décoction des bois & des racines leIon nos defcriptions } & pendant ce îems-là » jfi les pullules & les autres af fections cutanées ne fe diffipent infeniîblement , frottez-les légèrement avec une pommade où l'argent v if foit mêle, de telle forte que l’on n’y en voye pas la moindre particule. Enfin quand tout le corps fe trouve couvert de pullules l’on peut donner un parfum au malade, & les pullules feront bien-tot effacees : ou bien on peut lui donner l’eau anti-venerienne , & fans aucun autre remede elles fe delfechent d elles memes , comme nous l’avons éprouvé plus d’une fois. r
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t . Ainfi pour effacer les pufiules. . . . . Je crois être obligé de repeter i c i , mais pour la derniere fois , que s’il elt vrai que les Vulgaires, comme l’Auteur les.
'venerlenne. LI y. III. 79 appelle , fuiTent encore en Italie dans le tems qu'il écrivoit, affez infatuez des anciennes erreurs pour s'imaginer que le foye étoit le fiége du virus , & la partie qui en étoit premièrement affec tée , il n’en eft pas de même ailleurs ôC particuliérement en France , où les Mé decins & les Chirurgiens les moins éclairez dans la théorie Medecinale 8c Chirurgicale , font trop bien inftruits des véritables ufages du foye, pour croi re avec les Anciens que le virus attaque plutôt ce vifcere qu'aucune autre partie du corps. Ils conviennent tous préfentement que le virus ayant une fois pénétré le tiilu de la peau en quelque endroit du corps que cefoit,il s’infinuë d’abord dans quelques vailfeaux capillaires , puis en fuivant le torrent de la circulation , il pâlie bien-tôt dans toute la maiTe du fang & des humeurs, jufqu’à ce que s’y étant multiplié autant qu’il faut pour engager la nature à s'en décharger com me d'un levain nuifible , il s’en fait un dépôt tantôt fur les glandes inguinales , que l’on appelle bubon vrai ou faux ; quelquefois fur les chairs , où il produit D iiij
S o Traité de la ¿Maladie des^ ulcérés rongeans que Ton nomme caries ÿou bien au tour des jointures, où il forme des abfcés que l’on nomme turneurs gommeufes , jufqu’à ce qu’enfin il vienne à fe gliiTer fous le periofte , & meme dans le tilfu des o s , où il caufe des tophes, des nodus, des caries , & des exoliofes. i . Cette foudre efi encore........... Les premiers remedes propofez par l’Auteur pour guérir les pullules, pourraient con venir aux legeres ulcérations de la peau qm n’ont que très-peu de malignité : mais comme les pullules veroliques bien caraétérizées font des lymptômcs de la verole ; il faut alors traiter la maladie principale fans faire beaucoup d’atten tion à l’accident qui difparoit de luimeme quand fa caufe elt détruite , fans que 1 on fort obligé d’y appliquer au cun topique. ?• Dans le traitement........... On ne doit regarder que comme de fimples palliatifs les remedes qui font ici proj>ofez contre les pullules qui fuccedent a la verole confirmée , à moins que l’on en fit untres-long-ufage : car par exem ple l’eau folutive magiftrale de Paul
'Venerlenne. Liv. III.
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Emilie Fervillo , les pilules de tribus , ou l’extrait panchimagogue chargez de mercure doux, la friétion d’une pom made où l’argent v if foit mêlé , un par fum donné au malade , & l’eau anti-venerienne , dont l’Auteur dit des mer veilles y font des remedes qui peuvent bien effacer les pullules pour quelque tems , lorfque les malades ne peuvent pas fe faire traiter à fond : mais comme ces medicamens n’ont pas aiTez de vertu pour détruire entièrement la virulence, de nouvelles puitules renaill'ent peu de tems après leur ufage , ou bien de nou veaux accidens font voir que les mala des ne font pas guéris.
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h a p i t r e
V I I L
T) es Caries njenerienncs qui at taquent les parties molles. Uand on a traité négligemment les puitules veneriennes, certains ul cérés ronds & malins qui rongent la chair fous l’épiderme , font produits D v
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Traité de la Maladie
par une humeur acre & virulente Ç & on leur a donné le nom de caries, parceque cette humeur maligne ronge la chair comme les vers rongent le bois. O r bien que le nom de carie femble appartenir proprement & par préférence aux érofions des os félon l'ulàge étab li, elle s'étend néanmoins jufqu'aux chairs, par une efpece d'analogie. Ces fortes de petits ulcérés fe manifeftent non-feulement aux parties géni tales , comme au prépuce , au gland , à. la couronne , au frein de la verge, à la vu lve, mais auiïï au mammelon , aux lèvres, à la langue, & au palais.
Les Jignes des caries,. On appcrçoit d'abord de très-petites pullules aux parties génitales qui reflèmblent à des grains de millet ; & quand elles ont été négligées ou mal traitées , elles taillent après leur éruption un pe tit ulcéré accompagné de prurit , qui a dans ion milieu un petit trou blanchi* tre, & tantôt cet ulcéré eft feul , tantôt ils y en a plusieurs, & quelquefois toute la couronne du gland en eft entourée.:
ztenerieme.
LI v. III. 8 $
puis de tous ces 'petits ulcérés aifemblez il ne s’ en fait qu’un feul , qui fournit une fanie ichoreufe & fubtile. Ces fortes d’uleeres ont fouvenr une apparence trompeüfe , en ce que leur furface ne montre rien d’ulceré pendant que leur racine pénétré profondément la chair , cependant un peu plus ou fnoins, félon le degré d’acrimonie & de malignité de l’humeur qui les produit» On connoit cela à l’attouchement par la» dureté profonde que l’on apperçoit tout au tour , & par la douleur que le mala de relfent quand on comprime l’endroit ulcéré.
Les caufes des caries* Tous ceux qui font leur idole du foye , prétendent que ces petits ulcérés corrofifs font eaufez par un excrement malin & fubtil, que Ce vifcere infeété du virus produit & envoyé aux parties géni tales , où cet excrement ne manque point de faire des éroiîons conformément à fa nature, & à fon véritable caraétére. Mais ce fcntiment eft peu judicieux ; car fi. «ela étoit les caries ne fe gueriroieut C v}
84 Truité de la Maladie qu apres que le foye auroit été guéri. Les pullules négligées font les véri tables caufes des caries : car pour lors à mefure qu'elles s’étendent en largeur » leur venin pénétré dans la profondeur , où il produit une dureté calleufe qui tend toujours à devenir plus profonde ; &C elles jettent une fanie ichoreufe fi mar ligne, qu’elle excite des caries femblables par tout où elle s’attache.
Le pronojliqae des caries. La carie venerienne des parties molles eft un des plus mauvais fymptômes de la vcrole : car les ignorans ne peuvent la guérir , &. elle dégénéré fort aifémenc en d’horribles ulcérés corrofifs & gan greneux ; outre quelle caufe fouvent de faux bubons , qui font plus rebelles & plus dangereux que les véritables.
La cure des caries njeneriennes des parties molles. Pour bien guérir les cariés, il faut déterger le fond de ces ulcérés , puis les confolider. La troupe des Barbiers qui
'vmerienne. Liv.III.
S*
c o m p r e n d a u jo u r d ’ h u i p re fq u e to u s c e u x q u i fe m ê le n t d e la C h ir u r g ie , n e fe fe r t p o u r g u é r ir c e s u lc é ré s q u e d ’ u n e fim p le a b lu tio n fa ite a v e c l’ e a u d e r o fe s , d e p la n ta in , o u d e p o u r p ie r , o u b ie n a v e c le v in b la n c d a n s le q u e l ils fo n t b o u illir le s ro fe s fe c h e s -yo u b ie n ils fe fe r v e n t d e l ’ u r in e , &C d e l à p o u d re à c a n o n . Mais ces remedes ne font pas feule ment ridicules & impuitfans pour guérir un fi grand mal ; ils le rendent encore plus fâcheux : ce qui fait que l’on voit les caries fe multiplier par un femblable traitement, & ronger toujours les chairs de plus en plus ; enforte qu’elle3 dégé nèrent bien-tôt en des ulcérés malins & corrofifs , qui caufent en peu de tems des defordres irréparables dans tous les endroits qu’ils attaquent. D ’ a u tre s M é d e c in s & C h ir u r g ie n s q u i fo n t d ’u n o r d r e fu p e rie u r p a rm i le s V u l g a ire s , fe fe r v e n t d e d iffe r e n s o n g iie n s c h a c u n fé lo n le u r id é e , c o m m e fo n t c e u x d e m i n i u m , d e lith a r g e , d e c e ru fe , d e t u t h ie , d e s a p ô tre s , d ’ e g y p tia C , & d ’ a u tr e s S e m b la b le s ; & ils n e le fo n t p as e n c o r e a p p e r c û s , q u e to u s c e s re m e d e s nés f^ au ro ieixc p é n é tre r ju f q u ’ à la g r o fo n -
§6 Traite de la Maladie deur de la carie , & qu’ils font par con-» fequent inutiles. x. Le point de cette guerifon confite a connoitre que la carie a été entière ment pénétrée & extirpée. On en fera certain quand après l'application des re medes y le fond de 1'ulcere ne paroîtra plus blanchâtre » mais rouge & verm e if & quand l’ulcere donnera du fang au ^lieu de fanie , 8c que la dureté dont îl étoit environné fera diiïipée. L ’ulcere étant en cet état 3 on pourra le confolider fans fcrupule : finon ce fo ra en vain que l’on travaillera à le fer mer. Il faut pendant la cure empêcher que la finie qui fort de ces ulceres rongeans , ne s’attache aux parties voifnes, en appliquant délias de petits linges: puis pour guérir la carie jufques dans fon fond y on fo fervira des poudres fuivantes. çDu mercure -précipité , i once ;
*De Vefprit de v in , i onces. Mêlez-les dans un même vailfoau 3 puis mettez le feu à l’efprit de v i n , & lailfozte brûler jufqu à ce qu’il n’en, relie plus : enfuite remettez-en de nouveaux * SC laites trois fois la même choie.
ruenerienne. L i t .HI.
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Ceq:e preparation addoucit le préci pité ,, & le met en état d'extirper les ca ries fans douleur & fans inflammation ce qui eft un rare fecret qui n eft connu que de peu de gens. Ou bien. J)n mercure précipité, 1 onces $. 3^' lD e l’efprit de vin , 4 onces. Mettez l'un & l’autre dans une reïorte j puis diftillez l’efprit de vin & le feparez par ce moyen du précipité , en telle forte qu'il fe trouve feul dans le re cipient : gardez foigneuièment cet efp r i t , parce que fa feule impreffion gué rit en fort peu de tems les excroiflances. charnues , les fungus, les durerez & callofitez , les mûres , les crêtes , & les au tres exuberances qui procèdent du vi rus ; & cela fans douleur & fans inflam mation. Heureux celui qui fçait lui-mê me préparer ces fortes de remedes , qui en connoit la vertu , & qui fçait bien la, manière de s'en fervir ; car il fera des cures merveilleufes. Du mercure bîey purifié , 1 once >
Î De l’ eau forte , 1
onces.
D ilf o lv e z - le 3 p u is jetttezi fu r cetted ilF o lu tio n d e l’e a u c o m m u n e , & a jo u t e z - j e n fu ite p e u à p e u q u e lq u e s
8 8 Truité de la Maladie gouttes de la meilleure huile de tertre i ôc pour lors le mercure fe précipitera en poudre jaune que vous addoucirez par faitement par le moyen de l'eau fim pie. On appelle ce mercure ainfi préparé précipité jaune , & quelques-uns le nomment le grand calciné de Paracelfe. O r il faut bien prendre garde lors que Ton applique des medicamens qui font érofion, de défendre les parties voifines du mal avec des linges chargea d'onguens ou d'emplâtres propres à borner leur aélivité ; afin qu'ils n’agiffent pas fur les parties faines. Il eft encore à propos de remarquer» qu'après avoir éteint le virus des pullu les des caries ôc des ulcérés par le moyen des remedes mercuriels » & de quelques autres qui ont été ci-devant preicrits 3 il faut travailler au plûtôt à les confolider entièrement, ce que l’on a quelquefois de la pein£ à faire ; & pour cela dès que la malignité de ces .ulcérations a été cor rigée j il faut fe fervir du baume de pro priété que je vais décrire. Ce remede les confolidera toutes en 24 heures quel que étendues qu’elles foient.
n)enerïenne.
Lrv. III.
> 2 ) ? l1aloes , < De la myrrhe , & du faffr an , de V, chac. i once. Mettez ces trois drogues en poudre » puis les ayant mifes dans un vailleau de verre , verfez par deil'us une chopine d’efprit de vin. Laillcz le tout en infufion pendant deux jours. Verfez enfuite l’efprit de vin feul par inclination » & le gardez, dans un vaiiïeau bien bouche. Après cela baffinez-en 1'ulcere trois ou quatre fois dans la journée > & il fera bien-tôt confolidéMais le baffinement de ce baume fpiritueux caufe une douleur confiderable ; & comme il peut même y relier quel que portion de virus, il vaut mieux pour fatisfaire à l’une & à l’autre de ces vues conlolider ces ulcérations avec les reme des vulgaires , comme font les onguent de tuthie , de plom b, & autres femblables -r en y joignant l’afperfion des pou dres qui ont été ci-devant propolées : car quoi que cette cure fort allez lente & tardive, elle eil cependant la plus fure. 2. Après la confolidation des ulceres» le malade fera fort bien d’ufer des pilu les mercur. dont nous avons donné La defcription.
<)o Traité de la Maladie Au relie ces fortes d’ulceres font allez fouvent'cachez fous le prépuce gonflé & fort ferré 3 en forte qu’on ne peut pas les voir : au quel cas il faut les déterger par le moyen des injedions , pour le t quelles les Vulgaires fe fervent de miel rofat dilfout dans l’eau d’orge , à quoi ils ajoutent, lors que les accidens preflént quelque peu d’egyptiac & de décodion de gayac. Pour nous , nous faifons injedion fous le prépuce avec nôtre eau ancivenerienne, ou avec la pierre medicamenteufe ; & nous obfervons de ne point tenir le gland découvert quand le pré puce le peut couvrir, ce que nos Bar biers négligent de faire aflez fouvent : d’où il. arrive que la peau du prépuce venant à fe deifecher au-dellus du gland, elle s’y trouve tellement ferrée, qu’elle ne le peut plus couvrir ; & lors que le mal empire entre les mains de ces genslà , & que cet étranglement du prépuce menace le gland de gangrené, ils en viennent à Pincifion. Mais quand ces ulcérations arrivent dans le conduit urinaire, elles font fort difficiles à gu érir, tant parce quêtant}
*venerieme. Liv.III. 9* hors de la portée des yeux , on n’y peut pas précifëment appliquer les remedes , q u à caufe quelles font fort difpofées à fournir des excroilïànces. On connoit cependant qu’il y a dans l’uretre de ces fortes d’ulcérations , par la fanie qui en fort , par les grandes, douleurs que le malade fouffre en uri nant , & par l’inflammation qui fe manifefte à l’extremité du gland. On guérit ces caries de l’üretre par l’injeclion de nôtre eau anti-venerienne , ou par celle du mercure doux dillbut dans 1 eau de plantain. R E M A R Q^U E S.
i. L e point de cette guérifon..... L'A u teur apres avoir propofé de fort bons to piques pour la guerifon des caries veneriennes qui arrivent aux parties molles > déclare fort judideufement les mar ques auxquelles on connoit la bonne confolîdation de ces ulcérés r cependant il eft certain que ce n’eft là d’ordinaire qu’une cure palliative par rapport à tout le corps ; parce que pour peu qtae ces caries pénètrent dans le tilîu de la peau
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Traité de la Maladie
& dans les chairs , elles font des lignes certains d'une verole confirmée : or il ne fuffit pas pour guérir radicalement la ve role d'appaifer le fymptôme qui la déiigne : il faut encore purifier toute la malle des humeurs par une évacuation generale , telle que peuvent être d'a bondantes fuëurs, un grand flux d'uri ne 3 un flux de ventre copieux , ou le flux de bouche fagement procuré , qui eft fans doute la plus falutaire de toutes les évacuations pour la guéri (on fùre & ceitaine de cette maladie : au lieu que les caries gueries par de Amples topi ques , font fujettes à de prompts & à de fâcheux retours.
i . Apres la confolidatïon de ces ulcé rés.... Il paroit bien que l'Auteur ne fe fie point trop aux topiques qu'il a propofez pour la guerifon des caries ; puis qu' après la confolidation des ulcérés, il confeille aux malades l’ufage des pilules mercurielles : mais qui efi-ce, pour peu qu il foit verie dans le traitement des maux veneriens , qui ne fçait pas que ces fortes de pilules ne fontfpropres qu'à calmer les fymptômes les plus appareils de la verole, & qu’elles font incapables
«Venerlenne.
L 1 v. 111. 9$
de guérir à fond cette maladie quand le virus a eu le tems d'altérer notablement la malle entière des humeurs. Il n’eft donc pas fur de s’en tenir alors à de fim» iles palliations ; mais la dépuration paraite de la maife du fang ne fe peut faire que par un traitement conduit avec beaucoup de méthode & d’exa&itude.
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a p i t r e
IX .
Des ulcérés -venerlenî du prépuce.
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L n’y a point d’endroit où il arrive
plus fréquemment des ulcérés qu’au gland & au prépuce, quand les pullules contra&ées par un congrès impur ne font pas promptement gueries : car elles ne manquent point alors de dégénérer en des caries, & fuccelfivement en des’ ulcérés corrofifs.
Les fîgnes de ces ulcérés. Ces fortes d’ulceres ne paroiiTent pas tout d’un coup , mais ils font toujours
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Traité de la Maladie
précédez par des pullules, dont la fanî® n'étant pas nettoyée produit des ulcérés adez étendus , & qui n’étant pas d’abord traitez avec méthode , deviennent bien tôt fordides, livides, profonds, doulou reux , calleux , & particuliérement en leur circonférence , & qui font malins & difficiles à guérir.
Leurs caufes. Nos Vulgaires toujours opiniâtre ment prévenus de leur anciennes idées , foutiennent que ces ulcérés font caufez par le vice du foye gâté par le virus , &c dans lequel ils prétendent que les mauvaifes humeurs font engendrées comme dans leur propre réfervoir,d’où étant enfuite châtiées par la force de la faculté expultrice, elles font tranfmifes à l’extré mité de la verge ; comme fi cette partie étoit l’émonéfcoire du foye difpofé à rece v o ir toutes fes excretions. Mais fi la chofe étoit comme ces genslà fe l’imaginent, que ces ulceresferoient difficiles à guérir ! puis qu’il faudroit au paravant guérir le foye, & que fi le virus étoit une fois fortement attaché à un
hlenerienne.
L i v. 111 .
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VÎfcere fi confiderable , on peut con cevoir qu’il feroit non-feulement trèsdifficile , mais même impoffible de l’en délivrer.
Leur ÿronoflique. On doit bien fe donner de garde de négliger les ulcérés du prépuce , parce que cette partie eft douée d’un fentiment très-delicat, étant elle-même l’organe de la fenfation venerienne : ce qui fait que l ’on ne peut fe fervir des remedes même les plus convenables à leur guerifon, fans s’expofer à caufer de la douleur & de l’inflammation à cet organe qui eft doué d’un fentiment très-vif & très-exquis. De plus les remedes que l’on applique fur cette partie y féjournent difficile ment , à ‘caufe qu’elle eft pendante, 8c qu’elle varie dans fes dimenfions félon les differentes pallions qui agitent les malades. Enfin les ulcérés de la verge qui n’ont point de caufecontagieufe étant toujours rebelles & m alins, il eft hors de doute que ceux qui font caufez par le virus iètont encore moins traitables.
2 6 T ¿ / ê la Maladie Outre celà ces fortes d’ulceres onf beaucoup de difpofition à devenir fordides dans leur furface , 6c l'humeur qui gâte leur fuperficie ne manque pas de ronger la chair qui eft au-deifous fans que l’on s’en apperçoive : ce qui donne lieu à de faux bubons qui ne viennent jamais à fuppuration , 6c qui ne fe diflipent pas ailément par réfolution » enforte qu’on les doit toujours enviiager comme les préludes d’un plus grand mal. Or s’il arrive que ces ulcérés ne ioient pas traitez d’abord avec toute l’attention poiîîble , le virus qu’ils contiennent de vient tellement corrofif, qu’il eft capa ble de gangrener la verge en tout ou en partie : ce qui diminue enfuite confiderablement dans ces infortunez malades l'éguillon de la volupté venerienne , & même le déprave , ou l’éteint abfolum ent, comme il arrive à ceux que l’on prive pour de juftes raifons de cet orga ne iî neceifaire à la génération. Et ce qu'il y a encore de plus fâcheux, eft que ces maux dégenerent en des ulcé rés d’une extrême malignité , profonds 6c chancreux , qui menacent l’organe d’une telle mortification 6c putrefadion, qu’on
»venerieme. L i v. 11 1. 97 quon ne peut les guérir fans y employer les derniers reraedes qui font le fer 8c le feu, & enfin l’extirpation de la verge qui jette les malades dans un péril émi nent. R E M A R Q U E S . Comme l’experience apprend à tous ceux qui traitent les maux veneriens, que les ulcérés du prépuce, 8c particu liérement ceux du filet de la verge font plus fujets à caufer la vérole univerlelle , que ceux qui arrivent au gland & autour de la couronne , les Auteurs ont tâché d’en alléguer quelques raifons plus ou moins plauiibles. Ce que les modernes ont dit de plus recevable à cet égard fe trouve dans le fécond chapitre de la fécondé partie d’un Livre intitulé , l’Art de guérir les maladies veneriennes compofé par le feu fieur de B . . & dans la folution du douzième Problème qu’à propofé feu Mr. Urai Médecin de Toulouze dans fon Traité de la Mal. vener. Or ces deux Auteurs attribuent la £aure de cet évenemeut tant à la ftruétuTome I L JB
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Traité de la Maladie
re du prépuce,qu'à fa fenfibilite. Le pré puce , diient-ils, étant formé de la reduplicature de la peau qui couvre la v erge, il fuffit que l’impreffion faite fur ce repli ait donné lieu au virus de péné trer la moitié cfe fon tilïu , pour pou voir s’iniînuer enfuite avec beaucoup de facilité dans les vaiiTeaux qui arrofent le milieu de cette membrane repliée , qui eft privée de l'humidité gluante qui rend les parties charnues moins fufceptibles de l'impreffion des mauvais acides. Joint à cela que la fenfibilité du pré puce produit la douleur qui déterminé les efprits & les humeurs à couler vers le lieu ulcéré pour atténuer & fubtilifer le v iru s, & le rendre par confequent plus a d if & plus pénétrant ; enforte que ['irritation qu’il caufe aux fibres nerveufes par fon acrimonie les engageant à fe contrader vers leur origine , ce qu’il y a de plus volatile dans' le virus , eft ex primé vers l’endroit où fe fait cette contrad io n , c’eft à dire vers 1 intérieur du corps , au lieu que le gland étant plus charnu contient plus de cette humidité gluante qui refifte à l’impreffion du vi rus , ce qui diminue la douleur & 1 ¡rri-
*Vtnmenm. L i v.III. 99 tâtion ; outre que la fuppuration qui fe fait aifément dans les parties charnues , peut entraîner la virulence du dedans au dehors, A l’égard du filet de la verge, étant l’aflem blage de toutes les fibres du pré puce j & comme une efpece de tendon, il eft manifefte qu’il eft encore plus expofé qu’aucun autre organe, à fe con tracter à l’approche du virus, & à l’en traîner vers l’interieur du corps : outre que la petite finuofité que le filet forme de côté & d’autre} eft fort propre à rete nir une bonne quantité de ianie viru lente j qui a tout le tems qu’il lui faut pour fe fermenter pendant fon fe'jour j Ce qui la rendant plus acre & plus fubtile , la difpofe aulu à continuer plus aifement ion progrès du dehors au de dans,
La cure des ulcérés <■Veneriens du prépuce. Les onguens de plomb & de tuthie font les remedes dont les Vulgaires iè fervent pour guérir les ulcérés du préE ij
Tô o
Traité de la Maladie
avec
puce ; après quoi ils les cicatrifent la charpie feche. Quand ces remedes n’ont pas le luccès qu’ils s’en promettent, ils badinent la partie ulcerée avec le vin blanc le plus auftere qu’ ils peuvent trouver, dans le quel ils font bouillir le bois d’inde 8c les rofes 5 8c après ce baflinement ils ré pandent la litharge fur l’ulcere. C e remede ne leur donnant pas une entière fatisfaélion , ils ont recours au miel rofat iîmple, à l’onguent Egyptiac, à l’alun 3 au calchantum brûle \ 8c d a.utres le fervent de l’onguent rotat mêle avec un peu de précipité. Fallope fe fert de l’eau allumineufe magiftrale , c eft a dire , de l’eau mercurielle qu il a décrite en fon Traité de la vero le , chapitre 9 }. où il traite des pullules. f Des eaux de plantain & de rofes, J de chac. 1 chopine -, 1 De l’alun de roche, & du menu*
^ re ftibl. de chac. 1 drach. Reduifez 1 alun 8c le lublime en pou dre très-fubtile , & mêlez le tout dans, une phiole de verre : puis faitcs-le bôüillir jufqu'à diminution de la moitié. Après cela lailTez repofer le vaideau pen-<
fuenerienne.
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dant cinq jours , afin que l'alun & le fublimé le précipitent, & verfez enfin par inclination la liqueur qui fera trèsclaire. Tous les remedes vulgaires ont fi peu de vertu qu’ils font le plus iouvent in utiles , ou qu’ils ne fervent qu’à aug menter le nombre des ulcérés , ou à ex citer de faux bubons , & bien-tôt après les plus fâcheux fymptômes de la vé role. La véritable cure des ulcérés du •prépuce regarde les deux fortes d’ulceres dont cette partie eft fulceptiblc : car les uns font fuperficiels, & font trèsdouloureux ; & les autres ont une fordicie en leur furface, qui diminue beau coup leur fenfibilité, ou qui la leur ôte entièrement. Quand ces ulcérés font fort doulou reux , c’eft ainfi qu’on les traite. Laiffant à part les onguens de tuthie } de plom b, de cerufe, & tous les autres re medes dont nous avons parlé dans le cha pitre des pullules, on couvre l’ulcéré de mercure doux réduit en poudre impal pable , & l’on réitéré cette application trois fois dans la journée, après avoir E iij
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Traité de la Maladie
ibaffiné Pulcere avec du vin blanc tiède» Pou^ enlever la poudre premièrement appliquée ; & en faifant cela ex a m inent » 1 ulcéré fera coniolidé en moins de trois jours. O u bien fervez-vous» iî vous voulez, de la pierre medicamenteufe diifoute dans quelque liqueur : mais nôtre eau anti-veneriennne eft le plus excellent remede que vous puiffiez employer , en 'trempant des plumaceaux dans cette li gu eur, & le s appliquant enfuite fur Pul cere. Après quelque tems vous trouverez le plumaceau fec, & un peu de fanie qui y fera adhérente. Il faut réitérer cette application trois fois le jo u r, jufquéà la guerîion parfaite du mal, Mais lors que les ulcérés font îndoîens , parce que la fordicie dont ils font couverts émouife leur fenfibilité, il faut les détergeravec des medicamens plus efficaces. Servez-vous pour cela du mer cure précipité doux, ou du précipité jau ne autrement dit le grand calciné de Paracelfe. Ou b ie n , ç T)f l efprit de vin, demie once ; ^ “d Du mercure doux , y grains. Touchez Pulcere fréquemment avec
•venerienne. L i y. 111. i o 3 cette eau , qui enlevera en peu de tems toute la fordicie. Ou bien, « Le jaune à!un œuf dur , & du ' ' * meilleur m iel, i once. Faites fondre le miel doucement , avec lequel vous mêlerez enfuite le jaune d'œuf dans un mortier, juiqu’à le réduire en onguent d'une bonne confidence, Ajoutez-y après cela. { Du précipité blanc , i ferup. Gardez-le pour l’ufage. Que fi les ulcérés font puans, malins, chancreux, & rebelles à toutes fortes de remedes ; touchez-les doucement avec 1 eau de perficaire imprégnée d’efprit de mercure. Il n’y a point d’ulcérés au pré puce de quelque nature qu’ils foient, qui ne cedent aux remedes que nous venons de propofer. Les ulcérés étant détergez & mondifie z, ce que vous connnoitrez par leur fenfibilité , par la rougeur de lachair, & par l’égalité de leurs bords exemts de toute dureté & callofité , fervez-vous pour les confolider de nôtre onguent magiftral, & faites prendre au malade de nos pilules mercurielles.
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Traité de U Maladie R E M A R Q^U E S.
L a véritable cure........... C ’eft auec raifon que l'Auteur diftingue ici deux fortes d’ulcérés par rapport à leur cure j puis quon a lieu d’en faire auiïï un diffé rent pronoftique. Les premiers qu’il dit être fuperficiels & très-douloureux, fon caufez par un virus très-çhaud & très-aétif, qui fe fermentant avec facili té j caufe fouvent de grands dépôts & inflammations fur la partie ulcerée, pour peu que ces ulcérés loient négligez 5 & ces inflammations font un tel progrès, q u ’elles font en peu de tems fum es de gangrené & de putréfaéHon. Cependant ces premiers ulcérés ne font pas trop fujets à caufer la verole univerfelle, parce que la fougue de ces accidens étant calmée par des remedes convenables, il fe fait une fi grande fon te , 8c une fi abondante fuppuration à la partie ulcerée , que toute la virulence en eft enlevée fi parfaitement , qu’il n ’eft pas befoin de donner au malade des préfèrvatifs contre la verole. Les féconds ulcérés que l’Auteur dit
hienerienne. Liv. III. 1 0 f avoir en leur furface «ne fordicie qui leur ôte toute feniibilité , font produit» par une virulence plus lente & plus grofiîcre, & par confequent plus propre à Ce cacher & à fe concentrer dans l’endroit qu’elle attaque ; d’où il arrive que ces ul cérés négligez dans le commencement, ne manquent guère de donner la verole univerfelle ; enforte qu’il faut non-feu lement traiter le lieu ulcéré avec les to piques les plus convenables , mais auiïi faire prendre au malade, pendant un tems fuffifant les fpécifiques propres à empê cher le progrès du virus dans l’inteneur.
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X.
De la 'véjtcule cryjlaüine. Ntre les plus cruels fymptômes de la verole, la cryftalline eft en même tems le plus nouveau & le plus fâcheux. Elle a fon iiége au gland de la verge, quelquefois à la couronne , & quelque fois au prépuce ; & comme ce gonfle ment eu kùfans & tïajafparent comme
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i o 6 Traite de la Maladie du cryftal , cela a donné lieu aux Mede», cins de lui donner ce nom. Bien que ce fymptôme de la verole ne fut pas ordinaire » j’en avois pourtant déjà guéri plufieurs : mais depuis que la ilote d’Efpagne vint dans nos Ports pour l'expédition de Meifine , tous les lieux de débauche en furent remplis ; mais fon progrès fut bien-tot arrêté par l’ufage de ion véritable fpécifique. C e fymptôme eft mortel quand il ne cede pas aux rcmedes les mieux indi quez ; parce que le feu n’a point d’acîion fur ce mal, & que la partie affeélée ne fe confolide pas quoiqu’on y appli que les medicamens les plus efficaces contre les ulcérations veneriennes. Le feul efptit de tabac emporte le prix. On le préparé fans diftillation» en faifant in fluer iimplement les feuilles vertes du tabac dans le vin d’EfpagneQuand cette véficule aura été morti fiée avec le mercure fublimé ou préci pite,il faudrala toucher cinq fois au plus avec cet eip rit, au moyen de quoi elle s évanpijit d’elle-même làns qu’il foie beioin d’aucun autre remede : mais il faut que le malade iòle couché lors
i.
Vénérienne. L 1 v. III. i o7 qu’on lui fait cet attouchement, autre ment au premier attouchement de cer efprit il fe trouverait foible , & il tom berait en convulilon. R E M A R Q _ U E S. Quoique ceux qui ont écrit les pre miers de la verole n’ayent pas mis la cryftalline venerienne au nombre des accidens qui fuccedent à cette maladie , elle a néanmoins été connue de quel ques-uns fous un autre nom. Quelques Auteurs ayant nommé côlet d’Efpagne cette efpece de bourlet froncé qui en toure le gland lors que la lymphe coa gulée dans le tiiTu du prépuce par l’aci de venerien > produit cette maladie que les Grecs ont nommée paraphymofîs. Ainii quoique nôtre Auteur ait re gardé cette tumeur aqueufe comme un iÿmptôme tout nouveau de la verole, il eft probable que les gonorrhées viru lentes & les ulcérés veneriens du prépu ce , ont de tout tcms caufé cet accident, toutes les fois que le virus pénétrant le tillu du prépuce, a été aiTez malin pour intercepter le cours de la lym phe, & la E v)
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Traitê de la Maladie
faire regorger dans tous les efpaces de cette membrane redoublée. Quant au mauvais pronoftique qu’il fait de la cryftalline , en difant que ce fymptôme eft fouvent mortel quand il ne cede pas aux remedes ordinaires, nous difons qu’il eft très-rare- que cet acci dent ait une terminaifon ii funefte ; puis qu’en cas qu’il ne cede pas aux remedes réfolutifs, 8c que cette partie tendue à l ’exccs menace d’ une mortification pro chaine , fans néanmoins marquer beau coup d’inflammation, on peut alors em ployer le fecours de la Chirurgie pour dégonfler le prépuce, en faifaar des fcarifications ou des incifions aux endroits où l’étranglement eft mieux marqué, au moyen de quoi la tendon diminue, 8c le prépuce reprend fon état naturel, du moins lorfque la cryftalline eft produite par une caufe vénérienne toute récente : car il eft bien vrai que lors que la cryf talline eft une fuite de la veffie ulcérés & gangrenée, elle ne cedè ni au fecours de la Pharmacie ni de la C h irurgie, comme Je l’ai vu arriver il n’y a pas lougtems en deux differentes, occadons. Au furplus, il fe peut bien faire que
'Venerienne. Liv.III. i c * les cryftallînes dont la flore d’Efpagne étoit infeétée lors qu’elle aborda à Na ples , avoient une contagion particuliè re qui les rendoit plus fâeheules qu’elles lie le font ordinairement : ce qui donna lieu à l’Auteur d’en faire un pronoftique tout à fait mauvais. Il paroit du moins par le récit qu’il fait de ces cryftallines ^ que la plupart des foldats de cette flore étoient amplement partagez d'un virus des plus actifs & des plus pénetrans. Enfin quoique le tabac foit un trèsbon réfolutif, je ne fçai fi la teinture de fes feuilles vertes tirée avec le vin d’ E f pagne , feroît un remede aufli puiifant que l’Auteur le dit contre toutes fortes de ctyftallraes* & fi la feule fomentation de cette teinture réïteréeeinq à fix fois, les guerîroit à coup fùr , & beaucoup mieux que tous les autres réfolutifs donc on pourroit fe fèrvir dans la même Vue. A l’égard de la foudaine foiblefle où il prétend que le Ample baffinement de cette liqueur j ette les m a la d e s je la regarde auffi comme un de ces phéno mènes dont on peut douter ju iq u à ce que l’on en aitfait plufieurs expériences»
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Des ulctrefueneriem qui ont coutume d’arriver fur toute la furface de la peau. E n’eft pas feulement aux parties génitales que la contagion du vi rus produit des ulcérés , mais il arrive airez iouvent qu'une gonorrhée mal traitée , un bubon * une pullule, ou une carie, donne lieu à ce mauvais levain de le communiquer des premiers en droits qui en ont été infeétez à toute l'ha bitude du corps , félon la diverfe conftitution des iujets qu'il attaque, c’ell à dire , félon la differente condition des fols qu’il rencontre dans le fuc nourri cier auquel il fe communique : ce qui lui fait faire fur la peau des impreilîons differentes , comme font les pullules , les gales, les dartres , le feu volage, les ulcérés, & une infinité {d'autres érup tions qui paroilfent à l’exterieur , & qui fe rendent quelquefois û rebelles }
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que l’on a bien de la peine à les effacer par l’ufage des meilleurs remedes.
Les Jîgnes de ces ulcérés. On s’apperçoit que ces ulcérés ont une caufe verolique par la douleur qui les accompagne » par la démangeai fon înfupportable qu’ils caufent aux malades, particuliérement vers le foir , par la fa cilité qu’ils ont à fe multiplier , & par la réimance qu’ils font aux remedes qui ont coutume de guérir les Amples ulcé rations avec facilité..
Leurs caufes. Ces ulcérés procèdent félon les Vul gaires de l’imprefïïon que le virus fait fur le foye > lors que la fbiblefle de la faculté expultrice ne lui permet pas de lerepoulTér fur les vai Beaux fpermatiques qui fè diftribuent à la verge, ou aux aînés comme fur ion propre émonétoirc „ où il lui eft naturel de cbafler le virus », afin de s’en déliver : car le foye , difentils , qui eft la boutique où* fe fabrique le fang » ne manque pas. d’en engendrer de
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1 Traité de la Ma ladie
mauvais lors q u il eft empreint du virus J &i.ce fang corrompu produit de mauvais fucs que la nature fépare & rejette à la circonférence du corps comme lui étant à charge, & où ces mauvais fucs produifent une infinité d’ulceres. Le virus s’étant infinüc dans la mafle du fâng par quelqu’un des cinq moyens que nous avons ci-devant mar quez, s’il arrive que le fuc nouricier n’en ait pas été tout à fait purgé par la vertu des remedes intérieurement pris à cet effet, quoi que les gonorrhées, les bu bons , les pullules, les caries, & les ul cérés des parties génitales ayentété gué ris , ce même virus ne lai Ile pas quelque tems après, un peu plutôt ou plus tard, félon la difpofition du fujet où il fe trou ve , de fe montrer de nouveau par diffe rentes éruptions , qui font caufées par des fels acres ou acides > qui fe gliffant par to u t, font tranfportez avec le ferum ou le fuc nourricier jufqu’aux glandes cutanées qui fervent à la tranfpiration., & venant à s’exalter dans ces glandes, ils en rongent le tiifu auffi-bien que celui de la peau , & y caufent des ulcérés diffèrens, félon la differente difpoiition des
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parties qu'ils attaquent , mais toujours avec prurit ; après quoi ils fe multiplient & gagnent d'un lieu à un autre ,enforte que tout le corps s’en trouve couvert , & particuliérement le fcrotwn > les lè vres , *le vifage, le cou , le fro n t, les oreilles, la peau de la tête , les bras, les cuiffes, & tout le refte du corps.
Leur yronojlique. Amoinsque l’on ne guéri (Te au plu* tôt ces ulcérés , ils font très-difpofez à dégénérer en éftiomenes , ou en ulcérés chancreux & putrides,
Leur curation. L a première vûë que les Vulgaires fè propofent de remplir en traitant ces ul cérés , eft de guérir d’abord le foye , où ils prétendent que leur caufe a fon pre mier fiége. C ’eft pour cela que dès qu’un malade qui a des ulcérés vénériens tombe entre leurs mains , ils commencent, après avoir préalablement confulté plufieurs Anciens , à lui ordonner un régime de
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Traite de la, Maladie
vie qui tende à ficcité fans beaucoup échauffer le corps. Ils lui font prendre enfuite les trois fyrops & le médicament purgatif propre à toutes les maladies, >ar exemple le fyrop de fumeterre , avec a confection hamec, & la poudre de vi pères. Mais parce quJils s'imaginent que le foye & la maffe du fang font particuliè rement infeCtez du virus , ils lui font ufer pendant trente jours & plus, d’une décoCtion faite avec le bois de gayac, la falfepareille, & les fantaux , le purgeant au lurplus de cinq en cinq jours avec le fyrop de fumeterre propre à temperer la grande chaleur du fo y e , & à corriger fôn intempérie : ou bien ils lui font rendre les étuves fans craindre de brûer le foye , au moyen d'une onCtion qu'ils lui font quand il en fort avec le cerat fantalin . ou l’onguent réfrigérant de Galien. Après lui avoir fait ufer de ces décoc-' tions & des étuves pendant un longtems j ils baflinent fes ulcérés avec un petit linge trempé dans la décoCtion de gayac trois ou quatre fois dans la jour née j afin de les deffecher.
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n/enerieme. LI y. 111 . 11 5 Ou bien pour tempérer la grande chaleur qui le manifefteaux parties ul cérées , ils content beaucoup fur les lo tions faites avec la décoétion de feuilles de plantain, d’orge , de lupins, de râpure de bois d’inde, de feuilles de myrthe, de pimprenelle, & d’alun de fuccre : enfin ils y, appliquent des plumaceaux trempez dans l’eau alumineufe magiitrale. Quand ils ont détergé les ulcérés avec ces lortes de medicamens, ils les confo ndent avec l’onguent de minium , de litharge , ou de tuthie. Mais pour traiter ces mêmes ulcérés avec fuccès , il faut remplir trois indi cations. Premièrement il faut chaffer le virus hors du corps par le moyen des anti-veneriens prudemment adminiftrez. Il faut en fécond lieu déterger les ulcé rés y & enfin les confolider. C ’eft un grand point pour réüffir dans ce traite ment de décharger d’abord toute l’habi tude du corps des humeurs groiTieres par l’ufage du remede fuivant. r f De l'eau purgative que nous avons: j décrite au 3. liv . de ce traité L
chap.i. en parlant de la ga~ mrrhée » i chopine ,
1 1 6 Traité de la Maladie Faites-la prendre au malade le matin à jeun avec des anis confits, & continuez la même dofe pendant quatre jours de fuite. Le corps étant ainfi déchargé ; atta quez le virus par des remedes mercu riels y en lui faifant prendre de rems en tems les pilules de mercure doux cidevant décrites. Ou bien vous lui don nerez comme un remede très-éprouvé nôtre eau anti-venerienne par l’ufage de laquelle vous ne manquerez point d’exterminer la caufede la verole : après quoi les ulcérés fe delTechem fans le fecours d’aucun topique. Ap rès l’ufage de ces premiers remedes. Du mercure fublimé, z drach. & demie ; De l'eau defontaine , i pinte. Faites chauffer l’eau dans un vaiileau de verre : puis jettez-y le mercure , & gar dez cette eau pour Tufage. Il faut laver les ulcérés avec cette eau une fois le jour ; & ioyez perfuadé qu’ils feront guéris avant quatre jours. La pierre medicamenteufe diffoute dans une eau appropriée, eft auffi d’un ^ort bon ufage, auln-bien que nôtre eau
fyeyiehenne. Liv. III. 1i j ç e n è r ie n n e , Ou l'e a u d e p e rfic a ire im p r é g n é e d e l'e fp r it , o u d e l'h u ile b la n c h e d e m e rc u re . Les femmes publiques & les enfans abandonnez à la plus fale lubricité, font fujets à avoir des ulcérés veneriens dans le fondement 8c aux environs. Vous les guérirez après l'ufage des remcdes ge neraux ci-devant prefcrits , en y faifant injeétion avec la teinture de myrrhe ÔC d'aloës tirée dans le v in , qu’il faut paffer enfuite & ufer feulement de la colature. Après cela vous aurez recours à nôtre eau venerienne. R E M A R Q U E S , Comme il n’y a point lieu de douter qu’un malade qui a le corps tout cou vert d’ulceres veneriens , ne foit bien 8c dûment atteint de la verole, il ne faut point alors héiiter à le traiter de cette maladie, fans trop faire d’attention aux ulcérés qui fe guériront necelfairemenc en guerillant la maladie generale. Auili * eft-ce le confeil que l’Auteur nous don ne : mais je ne répondrais pas que fon eau anti-venerienne , qu’il vante beau»
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Traité de la Maladie
coup dans tout le cours de ce Traité» fait (afiliante pour guérir radicalement une verole bien confirmée ; fans vouloir neanmoins contredire l’Auteur abfolum ent, parce que les décodions fudorifiques peuvent être plus efficaces en Ita lie , ou la tranfpiration eft plus abon dante , qu’elle ne le font dans nôtre cli mat , où l’on n’eft point fur d’ètre guéri à fond de la verole dans un pareil degré, qu’après avoir effuyé un flux de bouche revêtu de toutes lès formes. On n'a pas lieu d’avoir une meilleure opinion de la teinture de Myrrhe & d’aloës , dont il propofe de faire injec tion dans l’anus pour guérir les ulceres qui fuccedcnt à l’abominable congrès contre nature *, puis que l’on eft oblige d ’y appliquer le feu aduel dans les Hô pitaux où l’on traite ces fortes de mala des , notamment à Rome dans l’Hôpital de Saint Jacques le majeur.
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X II.
De ïulcéré <-uenerien des narines. Uoique le nez n’ait point de part au congrès, il ne lame pas d’être îujec aux atteintes du virus ; & bien qu’il n’ait aucun rapport avec les orga nes qui fervent à la génération , cepen dant les Phyfionomiftes moins fondez en raifon que fur de vaines idées , pré tendent juger des dimenfions du mem bre v iril, fur la grandeur de cet organe. Mais fans faire aucun fond fur un art fi incertain , il eft néanmoins d’experience , que ceux qui ont ,1e nez fort grand, ont auffi beaucoup de penchant vers les plaifirs de l’amour. Auffi lifonsnous que l’Empereur Héliogabale fort enclin à toutes fortes de lafcivetez» avoir aifemblé des troupes d’hommes avantageufement partagez de cet orga ne, dans l’efperance d’en être mieux fervi dans les laies voluptez.
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to Traité de la Maladie
L expérience que l'on a de cette véri té dans les hommes , ne le vérifié pas* moins dans les femmes, qui font d'or dinaire d’autant plus lubriques, qu elles ont le nez plus long. Ainfi comme le nez donne occafion au péché de luxure, il ne faut pas s’étonner qu’il foi^ fujet à en porter la peine. On peut dire cependant que le nez eft d un grand ulage à tout nôtre corps, & qu il lui procure de grands avantages. C eft par ion moyen que les corps odoransy font introduits, il donne pailàge à l’air que nous refpirons, ce qui fait qu en fermant la bouche l’air peut en core fe communiquer au poumon , 8c forcir de la poitrine avec facilité. Enfin il contribue beaucoup à la beauté du vifage , d’où il arrive , que s’il eft trop grand ou trop petit , s’il eft camus ou trop aquitain , s’il eft d’une grandeur exccilivc ou d’une groftèur énorm e, s’il eft ulcéré ou coupé en tout ou en partie, il caufe à tout le vifage une grande dif formité. Cet organe fert auilî à l’écoulement de beaucoup d’excrémens, ce qui a'fait croire aux Anciens qu’il étoit l’émonctoirç
hrenenenne. Liv.IIL u t toire du cerveau, & que la mucofité que l’on rend par le nez étoit un excrement qui s’échappoit de ce vifcere ; &C c’eft auffi pour évacuer les humeurs pituiteufes qui s’échappent du cerveau que les Anciens ont inventé de certains me* dicamens qu’ils ont appeliez errhines, & que pour attirer cette même humeur du cerveau, ils fe font fervi de fternutatoires. Il faut pourtant convenir que la mucofité du nez n'eil point un excrement du cerveau , mais une portion du fuc • alimentaire des parties intérieures de cet organe qui a dégénéré avant de pouvoir fervir à leur nutrition. Les narines ne font point bleffées par cet excrement, comme l’œil n’eft point blefle par l’eau des larmes , les inteilins par les excremens greffiers, la vefeie par l’urine j par ce que ces organes font des décharges deftinées à l’expuliion des ex** cremens. Cependant il arrive quelquefois que la mucolîté fait de fâcheufes impreffioirs dans les conduits du nez ; & cela arrive lors qu’il s’y mêle quelque chofe d’étran ger , comme par exemple lors que le viTome I L F
f 2,2,
Traite de la Maladie
rus s’y jo in t, qui y caufe un ulceie.^ O r cet ulcéré eft de deux fortes , ou il ne fait que de commencer , & nous 1 appel ions iimplement ulcéré ; ou il eft invé téré, & en ce cas-là on le nomme ozene*. r e m
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C e que l’Auteur allégué au commen cement de ce chapitre de la grandeur du nez par rapport à celle de la verge de l'hom m e, ou par rapport à la lafciveté des femmes, n’étant fonde n y en raifon .jn’y en expérience,ne meritoit pas 1 atten tion d’un Médecin aulli fenlé & auifi judicieux qu’il paroit en d autres occafions -, Sc fans attribuer la caufe de la lafciveté des deux fexes a un organe qui en eft tout à fait innocent, il auroit pu fe contenter au fujet des ulcérés veneriens qui arrivent fréquemment au nez > d en rapporter la caufe comme il a fait dans la fuite à la mucoiité chargée du viru s, la quelle en paflànt dans les conduits qui fervent à fa décharge , ne peut manquer d’y faire des impreifions capables deproduire des ulcérés conformes a la nature du mauvais fuc dont elle eft empreinte.
njmmeme. Liv.III. u s Les Jîgnes des ulcérés ^véné riens du neZf Quand la contagion de la verole s’eft communiquée par les cinq moyens que nous avons ci-devant marquez , & que le fuc nourricier n’en a pas été entière ment purifié par les vemedes les plus convenables, quoi qu’elle paroi fie gué rie , il ne laifie pas d'arriver quelque tems après un petit ulcéré dans le n ez, qui ne caufe d’abord qu’une douleur très-lcgere, qui jette un peu de fanie » & qui fe couvre d’une croûte feche 8c noirâtre , laquelle étant fréquemment & violemment touchée, ou arrachée de force, ou chafiee par l’effort de l’émonction, caufe un nouveau flux de fang qui eft fuivi d’une croûte encore plus forte & plus endurcie ; & fi on la laifle trop longtems , la fanie qu’elle retient ronge la chair qui eft au-deffous,& par-là l’ulcere s’augmente confiderablement. Si l’on tarde beaucoup à traiter cet ul céré , il devient toujours plus malin jufqu’à ce qu’il dégénéré en ozene, qui eft vm ulcéré plus douloureux que le préoe-
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1 1 4 Traité de la Maladie d en t, fordide & putride, couvert d’und vilaine croûte qui eft beaucoup plus hu mide que celle du premier , & qui eft iï infeét que la mucofité & la fanie de l’ulcere rendent une odeur infupportable. L'haleine du malade eft 11 puante» qu'elle infedte non-feulement ceux qu'il approche, mais qu'elle le jette lui-même dans un état à ne fe pouvoir fouffrir -, de forte que la puanteur qui exhale de cet organe, fufht pour faire connoitre à tout le monde les mauvais ulcérés dont il eft attaqué.
Leurs caufes. Les caufes des ulcérés du nez font at tribuées par les Vulgaires àdes humeurs acres, putrides, & empreintes de la ma lignité du virus, qui des parties inferieu res & particuliérement du foye , font tranfportées à la tête,& de la tête fur les narines en maniéré de catharre , qui rongent la peau par leur acrimonie , & ulcèrent l'interieur du nez -, & dans l’ozeneils eftimem que les humeurs font non-feulement putrides , mais viru lente?.
<-utnerienne. Liv.III. i z * Cependant ils fe trompent beaucoup dans l'explication de cette caufe préten due, parce qu'il eft impoffible que cette humeur acre montât du foye juqu’a la tête, fans ulcerer toutes les parties qu’el le toucheroit dans fon paifage , & fans ulcerer le cerveau même avant d’ulcerer les narines. Voici la caufe de ces ulcérés telle qu’on fe la peut plus aifément figurer. Les gonorrhées , les pullules , les caries, & les autres fymptômes du maji venerien ayant été mal traitez aux par ties génitales , où ils fe manifeilent d’a bord , certaines particules pointues aci des & falines qui relient dans la malfe du fang fe mêlant lentement & fe diffolvant avec le fuc nourricier , parvien nent jufqu’à l’épiderme des narines , où elles font puiiTamment exaltées & déve loppées avec les excremens du nez ; & parceque le virus eft de la nature des fels corrofifs, il ronge & corrompt les fi bres du nez , &c y caufe un ulcéré qui devient en peu de tems fordide, croûteux , putride , & de mauvaife odeur. Auili ne tardc-t'il guere à ronger les os du nez auffi-bien que les autres parties
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i G Traité de la Maladie
de cet organe , de l ’érofion defquelles ïl exhale une puanteur infupportable.
Le pronostique des ulcérés vé nériens des narines. On n a pas beaucoup de peine à gué rir les ulcérés du nez dans leur com mencement;, notamment lors qu’ils font extérieurs , fuperficiels, que Pon y em ployé de bons remedes , & que la fanie qui en fort n’eft pas d’une mauvaifo qualité : mais parce que ces ulcérés font toujours accompagnez de virulence , ils iônt toujours fuipeéls, ils dégenerent prefque toûjours de mal en pis , 8c ils iont ordinairement fuivis de fymptômes très-fâcheux» Les croûtes de ces ulcérés bouchent les narines, & empêchent les malades de refpirer avec facilité. Ce fens de l’odorat fe perd à mefure qu’ils augmentent, 8c ils dégenerent en polypes. Ils caufent iouvent des hémorragies , & rongent les vailfeaux qui fe rencontrent dans leur progrès ; & ceux qui ont duré longtem s, font croûteux, occultes > pro fonds , fiftuleux, & trèsrdifliciles à gue»
yvenerienne. Liv.III. 1 1 7 rir , parce qu’ils pénètrent infenfiblement dans la profondeur des parties, q u ils rongent & percent les ailes du nez, & l’intervalle qui fépare les nari nes ; après quoi ils s’attachent aux os délicats de cet organe , & confurnent fes cartilages : ce qui caufe une notable dif formité au vifage 3 8c rend la voix défagreable. Enfin le palais fe trouve percé , la mauvaife odeur qui s’échappe de ces ul cérés fe communique jufqu’au cerveau ; & ces corpufcules corrompus attaquent d’abord les o s ,& enfuite la chair ; après quoi il n’y a plus de fàlut à efperer.
L a cure des ulcérés veneriens du n e \. Dans la cure de ces ulcérés, ceux qui fuivent l’ancienne routine commencent par ordonner aux malades un régime de vie propre à temperer l’acrimonie des humeurs & à empêcher que le mauvais levain qui s’y trouve m êlé, ne s’y multi plie. Pour cela ils purgent leurs malades, avec des medicamens qu’ils croyent pro pres à entraîner le virus dont le foye eiü F iiij
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Traité de la Maladie
infedé ; & fi le fang eft trop abondant ils confeillent la faignée. Après cela regardant la tête comme la iource de toutes les fluxions, ils ie mettent en devoir de la deflècher & de la fortifier , de crainte quelle ne déchar ge ailleurs la matière virulente qui em>êche la guerifon de l’ulcéré. Ils travailent enfin à deflècher l'ulcéré même & à le confolider. Pour remplir cette derniere vue ils ont recours aux topiques , & ils fe fer vent d’abord de ceux qui font propres à hum eder les croûtes & à les enlever. Pour produire cet effet ils content beau coup fur un certain onguent fait avec la moelle de bœ uf, la cire neuve , les hui les de nénuphar, ou de rofes. Ou bien ils fe fervent du beurre nouveau , de la graille d oye ou de poule lavée dans l ’eau de rofes : ils fe fervent aulli d’huile d’amendes douces , ou d’autres remedes de même qualité. La croûte étant ramollie , ils atten dent qu’elle tombe d’elle-même , ou bien ils avancent fa chûte en excitant l’érernument ; puis lors qu’elle eft tom bée , ils lavent l’ulcère avec la décodion
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rvenerienne. Liv.III. 119 de gayac 5 ou avec la Cm pic écume de cette décoétion , & ils y appliquent enfuite l’onguent de tuthie, ou l’onguent blanc de rhaiîs ; Si fi ces premiers remedes ne réüiïïiTent pas , ils y appliquent deux, trois , & quatre fois , l’onguent égyptiac diifout dans l’eau d’orge. Ou bien ils compofent un médicament avec le miel rofat, la farine d’orge, la terebenthine, la poudre d’alun de fuccre, auxquels ils ajoutent quelques grains, de mercurè précipité. Après avoir ainii détergé l’ulcere, ils approuvent fort pour le dellecher le parfum de Rondelet pré paré de la maniéré fuivante. "Du ladamm pur ; De l'hypociftis ; Du maftic , & de la myrrhe >de chac. 3 drach. JjiX Du jlyrax calamite ;
cD u fang-dragon , de l’ orpiment rouge, de chac. 1 drach. De la fandaraque » x drach. demie. Incorporez le tout avec la terebenthine > & formez-en des trochifques. Il faut pourtant convenir que ce par fum eft un véritable poifon , à caufe du F v
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Traité de la, Maladie
mélange de l'orpiment & de la fanda* raque. Ils recommandent encore beau* coup l’eau verte du même Auteur qui cft ainfl préparée.. Du vert de gris , i drach. d De l'orpiment, i drach. & demie„ R éduifez-les en poudre très-fubtile » puis faites-les bouillir dans quatre onces de vin jufqu’à diminution de moitié : quand la décoétion fera refroidie ajou* tez-y , rD e s eaux de rofes, & de falarum, c de chac. i once & demie. Ils fe fervent encore de la décoéb'on de gayac dans laquelle ils didoivent de l’onguent égyptiac. Mais cet onguent à caule du verdet & du fort vinaigre a une acreté qui eft ennemie des ulcérés „ principalement lors qu’il y a carie à l’os qu’il ne manque point de noircir : auili les Chirurgiens bien fenfez ont-ils aban donné cet onguent aux Maréchaux. L ’ulcéré venerien du nez eft difficile à guérir 5 & demande par confequent des remedes mercuriels. C ’eft pourquoi après avoir fait prendre aux malades des pilules mercurielles, ci-devant décrites * il faut fe fervîï des décodions des bois
'Uenerieme. L i v.
111. 13 1
& des racines , & après cela de certains medicamens capables de corriger les particules acides & falines qui iè font exaltées dans le fuc nourricier de la par tie malade, & de les réduire dans leur état naturel : comme font la gomme na turelle de gayac , l’antimoine diaphoretique , la cerufe d'antimoine , ou le mercure diaphonique , qu’il faut leur faire prendre de tems en tems en pilules. Pendant ce tems-là il ne faut pas né gliger les topiques dont le plus efficace eft nôtre onguent magiftral , tel que nous l’avons décrit au 5 e. chapitre de ce Traité en parlant du bubon. On ne fçauroit aftez vanter l’excellence de ce remede dans la cure de tous les ulcérés mê me des plus récens, &c particuliérement dans celle des ulcérés veneriens , putri des, malins, inveterez, & corrofifs ; car il les mondifie , il produit une bonne chair, il les confolide, empêche la pour riture , s’oppofe aux excroillances de chair , & les guérit mieux dans l’efpace de huit jours , qu’un autre médicament ne feroit dans un mois entier. Le baume qui fuit eft un remede qui manque r a rement. ï vj
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'Traité de la Maladie Des yeux d’écriviffès , & de la nature de baleine } de chac. i fcrup. Du cinnabre naturel, 6 grains ; Dufuccre de faturne, 3 grains ‘D u camfre , 3 grains 5. Du baume du Pérou , ce qu’il en faudra pour faire un baurne, dont an enduira fouvent la partie affligée.
L on peut auifi fe fervîr du Uniment fuivant qui eft d’une grande vertu. rDe l’onguent bafilic, 1 once ; De l huile de gayac :
Du baume du Pérou ; <l De l'huile de fajfafras-,
De la gomme élemi, & de la gom me ammoniac diffoutes , de chac. 1 fcrup. .Du précipité blanc, 1 grains. Mêlez le tout pour un Uniment. Q ue fi l’ulcere ne fe peut appcrcevoir, il faut ufer d’un médicament en forme liquide, comme eft l’eau verte d’hartmam que nous avons décrite ailleurs , dont vous toucherez l’ulcere en y trempant, après l’avoir fait chauffer, gu un pinceau au une tente de charpiç,0u en faifant in-
'Denerienne. L i v. 1 11. 135 jc&ion dans la narine. Au refte cette eau mondifie l’ulcere & le confolîde abfolument. On peut encore ufer de la mixtion fuivante. f De l’eau de plantain, & de fetj reau, de chac. demie once ; J Du miel rofat, 6 drachmes ; J De l’efprit de vin rectifié * | 3 drachmes ;
iD u mercure doux, j grains. Mêlez tout cela, & degouttez-en dans Ta narine, ou pouffez-y un petit linge qui ait été trempé dans cette liqueur & preffé enfuite. Ou bien faites-en linjeérion dans le nez avec une petite ieringue. Vous pourrez encore vous fervir du parfum que je vais décrire qui eft fore excellent.
ÇDe. F encens , & de la gomme fy. < animé, de chac. i drach-, \Du cinnahre, i drach. Mêlez-les pour une poudre que vous jet terez fur les charbons ardens, & dont la perfonne malade recevra la vapeur dans la narine affedée au moyen d'un enton noir.
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T ra ité de la M a la d ie R e m a r q u e s .
Les ulcérés veneriens qui arrivent dans les conduits du nez > font toujours les produirions d'une verole qui a jette de profondes racines : ainfi Ton ne doit pas fe promettre du moins en France,que fes pilules mercurielles & les décoctions que 1 Auteur confèille pour guérir ces ulcérés, puiiïènt tirer d'afïàire un mala de, & lui procurer une guerifon radicale. Lexperience de tous ceux qui ont eû 8c qui ont encore plus d'intelligence dans le traitement des maux veneriens, a de tout tems juftifié le contraire » & le jufîifie encore tous les jours. Il n y a que le flux de bouche métho diquement procuré qui puiïTe guérir la verole radicalement 8c iàns retour , lors q uelle attaque ces fortes de parties le traitement qui fut fait il y a quelques années avec tout le iuccés poiîible, a une perfonne du premier rang après avoir inutilement tenté toutes les autres voyes de guerifon , en efl: une preuve au thentique 8c tout à fait convaincante. Du refte les topiques propoiez dans ce
'Venerienm. Liv.III. 155 chapitre font d’un très-bon ufage fur les lieux ulcerez , pourvu que l’on tra vaille en même tems à détruire le virus dans toute l’habitude-
C hapitre
XI IL
Des ulcérés, njeneriens de Ict bouche* L arriveaiTez fouventde certains ul cérés à la bouche que Ton nomme des aphtes» particuliérement aux. enftins qui font à la mamelle., il s’y fait auffi. des ulcérations iuperficielles au palais » aux: Ê encives , aux cotez & à la racine de lai ingue, qui s’étendent enfuite à toutes les parties, & qui devenant quelquefois plus profondes , rongent le palais &c La chair de la langue » que l’on, nomme alors des ulcérés abfolument parlantMais nous n’entendons pas parler ici de ces deux fortes d’ulcérations,parce qu'el les nefont que de fimplesulceres »quoi que les aphtes qui arrivent à. la bouche des enfans foient quelquefois fi fiche u-
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ï $ 6 Traité de la Maladie fes 3 qu elles rongent & confument pro fondément la chair de cet organe qui eft fort tendre & fort délicate. Nous traitons préfentementdes ulcé rés qui doivent leur origine au virus , & qui ne rongent pas feulement la furface intérieure de la bouche , les cotez de la langue & fa racine 3 mais qui fe gliifent auffi en fort peu de tems dans la pro fondeur de ces parties 3 & qui en con fument & rongent les chairs.
Leurs Jtgnes. Quand les ulcérés de la bouche réfiftent aux remedes ordinaires , on a lieu de regarder ceux qui en font atteints comme autant de foldats enrôlez fous Tétendart de V en us, & ces ulcérés font allez vifibles. Ils font d’abord fuperficiels ; après celà ils deviennent plus pro fonds , & leur fond paraît ou blanchâ tre , ou de couleur cendrée 3 ou même noir & livide.
Leurs caufes. Nos Vulgaires imputent les ulcérés de la bouche à 1 humeur bilieufe , pitui-
venerienne. L i y. III.
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teufe, ou mélancholique , participantes du virus. Mais ces humeurs en font in fectées avant qu’elles viennent à la bou che 3 ou bien elles fe chargent de cette virulence dans la bouche même. Si elles lont gâtées avant de parvenir à la bouche , elles doivent communi quer , leur mauvaife qualité aux en droits qui leur donnent paflage : fi c'eft dans la bouche même qu’elles contrac tent le virus , il faut fçavoir comment cela peut arriver. Ces Médecins prelfez de s’expliquer là-deifus j diient que ces humeurs tom bent de la tête immédiatement dans la bouche par diftillation, ou per defcenfum, comme parlent les Chymiftes. Mais nous avons fuffifamment réfuté ces fa bles dans nôtre examen de Med. livre premier chap.8. en traitant du catharre. Cependant ils attribuent au foye feul infeété du virus la caufe immédiate de ces ulcérés , ce que l’on peut dire être l’afyle de l’ignorance : car ils peuvent im puter fur ce même principe toutes les maladies qui arrivent depuis la tête juf-
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Traité de la Maladie
Les enfans contractent ces fortes cTulceres veneriens en fucçant le lait de leurs nourrices qui en font infectées. Ainii ces innocentes victimes en cher chant de quoi foutenir leur vie trou vent la caufe de leur m ort, que ces ma râtres leur fournilfent comme furtive ment dans une boilfon agréable. On peut auffi contracter ces ulcérés par les baifers de certaines femmes pu bliques qui ont la bouche fort gâtée, ou par la refpiration d’une haleine in fectée ^ par la converfation & par la boiilon. C ’cft pour cela qu’il eft fort dan gereux que pluiîeurs buveurs afTemblez boivent tous dans le même verre , com me il arrive quelquefois j parce qu’il y en peut avoir un ou plusieurs qui ont du mal à la bouche , aux levres, aux genci ves ^à la langue , Sc ailleurs ; or la fanie qui fort de ces ulcérés venant à fe diffoudre dans la boiifon , laiife toujours des particules infectées fur le bord du verre ou dans fon fond , qui peuvent fo glilfer au travers des pores dans la bou che des autres buveurs. Il vient encore des ulcérés à la bou che , quand après avoir contracté du
menerlenne. L i v . I I I .
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mal vencricn dans un autre tem s, le fuc nourricier qui en avoir été infecte , n a pas été bien purifié de ce mauvais le vain y. lequel faifant dans la fuite un pro grès confiderable dans la malle des hu meurs » fe porte à la bouche comme à un émonétoirc du corps , & fait fes imprefïions fur les fibres des levres , des gencives , du palais » de la langue, & des autres endroits de la bouche , & gâ te leur fuc nourricier le plus prochain.» après quoi il s'exalte, & fe rendant tou jours plus m alin, il y produit des ulcé rés corrofifs.
Le ÿronojiique de ces ulcérés. i . On guérit aifez facilement les ul cérés veneriens qui arrivent à la bouche des enfans, quand ces ulcérés font ré cens & fuperficiels > au lieu que ceux qui font profonds & înveterez font trespernicieux tant à caufe de la délicateile des chairs qu’il leur eft facile de ronger & de confùmer , qu’à caufe qu'ils n’ont pas beaucoup de chemin à faire pour gagner le palais , la luette, & le gofier j & pour lors ils demandent de plus forts
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Traité de la Maladie
remedes, que la molleiïe & la tiiïare des parties, auffi-bien que l’àge des malades ne leur permettent pas de {¡apporter ; outre que les enfans ayant la bouche fort humide , ces medicamens font aifement diifouts & entraînez par la ialive j & que les parties de leur bouche étant fort fenfibles, elles font facilement irritées par l’acreté des remedes dont il faut feiervir pour guérir ces ulcérés; & qu enfin il effc à craindre , qu'en ufant de ces medicamens très-acres , il n’en tombe une partie dans le gofier de ces enfans : ce qui mettroit leur vie dans un danger encore plus prochain. Il s enfuit de tout cela, qu’il eft prefqu impoffible que ces ulcérés ne fallent en peu de tems un progrès confiderable dans la bouche des enfans, qui eft d’une nature chaude & humide , & qu’ils ne confument en peu de tems des fujets fi délicats, qui ne peuvent le plus fouvent fupporter fans mourir la violence de ces medicamens acres & corrofifs. 2. Les ulcérés veneriens qui arrivent à la bouche des adultes n’étant pas gué ris d’abord par l’application des medicaniens convenables , & dégénérant en
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putréfaction , partent fort aifément des gencives par le palais & par toute la bouche , juiqu’à la luette & au gofier , & font regardez comme un fymptôme trèsfacheux, que l’on ne peut combattre que par des remedes très-violens : & ii ces remedes ne les gueriflent pas , ils font mortels , particulièrement s’ils font corrofifs , & fi les malades font foibles. Quand ces fortes d’ulceres font livides, Hoirs, & croûteux, ils jettent les malades dans un péril éminent. R E M A R Q U E S . r. On guérit ajfez* facilement.........Il eft vrai comme l’Auteur le marque , que l’on guérit quelquefois aifez aifément les enfans qui ont pris du mal à la bou che par la fuéHon du lait d’une nourrice gâtée : mais outre qu’il faut pour cela que les ulceres ioîent récens & fuperficiels,comme il ledit fort judicieufement, il eft encore neceifaire que l’on traite en même tems la nourrice infeétée , afin que l'enfant ne foit pas privé de la nour riture qui lui convient le mieux pendant ce traitement.
142- Traité delà Maladie C ’eft cependant ce que l’on ne fait pas d’ordinaire à caufe des altercations qui fe forment entre la nourrice & les parens de l’enfant, pour connoitre l’ori gine du mal qui eft fouvent affez diffi cile à débrouiller ; enforte que l’enfant fequeftré de ià nourrice , & ne pouvant être misentre les mains d’une autre qu’il infectcroit , eft prefque toujours la vic time innocente d’un crime qu’il n'a pas commis : tant eft terrible le progrès que fait dans fon corps tendre & délicat le vi rus veroliqne , pendant que des conten tions litigieufes occupent des gens, que l ’intérêt plutôt que l’humanité fait agit aux dépens de fa vie. 1 . Les ulcérés veneriens........ Le fâ cheux progrès que font dans la bouche des adultes les ulcérés veneriens, doit engager les Médecins & les Chirurgiens non pas comme dit l’Auteur, à s’oppofer à ce progrès par des topiques trèsviolens ; mais comme ces ulcérés font les effets d’une verole univerfelle, il faut au plutôt traiter la maladie generale par le flux de bouche : ce fera un moyen auffi fur d’empêcher qu’ils ne devien nent mortels, que l’ufage des topiques
*venerienne. L i y. III. 145 les plus puiiTans feroir incertain , pour ne pas dire inutile , tant pour la cure palliative que pour l'éradicative.
L a cure des ulcérés vem riens de la bouche. C ’eft ainfi que nos Vulgaires com mencent à traiter les ulcérés veneriens de la bouche aux enfans. Ils prefcrivent d'abord à leurs nourrices un régime de vie tendant à les rafFraichir & à les déf ic h e r : mais il n'y a pas d'apparence que ces deux vues puiilent leur réülïïr ; parce que le froid eft mordicant aux ul cérés ; & s’il eft vrai comme ils le di rent , que tout ulcéré pour être guéri a befoin d’être defteché , comment la con tinuelle humidité de la bouche leur perm etra -t’elle d'accomplir cette indica tion. Ils ufent enfuite des plus doux topi ques que l'on puifle employer pour la bouche, comme font les eaux de plan tain , de rofes, de violettes, avec les fyrops de rofes feches, de mauves, de pour pier , & de myrtilles ; & quand la livi dité des ulcérés donne lieud’appréhen-
144 Traité de la Maladie der la pourriture , ils ufent de la lotiott fuivante. De Veau de plantain, i demie once ; <{ Du miel rofat, z dracb. Du diamorurn, 3 dracb. J De Valun , 6 grains. Ces Médecins traitent les mêmes ulcérés aux adultes avec les mêmes remedes dont ils fe fervent pour les enfans , fi ce n’eft qu’ils les rendent plus ou moins forts félon la conftiturion de leurs malades. Ils leur font ufer par exemple , d’une décoêtion d’orge & de bois de gayac avec les mêmes fyrops, le miel rofat, & le relie. Cette première lotion ne faifanr pas beaucoup d’effet , ils en viennent à l’onguent égyptiac difl'out dans l’eau de plantain avec un peu de vinaigre & de miel. Mais ces medicamens qui font corrofifs venant à tomber dans le gofier, peuvent caufer plus de mal que les ul cérés mêmes. Ils s’avifent aulfi quelquefois de tou cher légèrement ces ulcérés avec l’efprit de vitriol , ou l’eau forte : mais ces rejnedes rongent les chairs, & augmen
ten t
wenerlenne. L I v . 1 1 î .
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tcnt plutôt le mal par leur grande acri monie qu ils ne le ioulagent. Quand ces ulcérés tendent à la patréfadion , & qu'il y a même des chairs déjà corrompues , ils commencent par les couper ; & ils y appliquent enfuite la poudre de précipité fur des plumaceaux trempez dans l'eau de plantain : mais c eft bien inutilement qu'ils font cette application ; puifque les humiditez de la bouche empêchent ce remede d y relier autant qu’il faudrait pour le pouvoir mondifier. A nôtre egard , c’eft ainfi que nous tiaitons les ulcérés veneriens qui arri vent à la bouche des enfans. Si c'eft leur niere & leur nourrice qui les leur ont communiquez , nous purgeons la mere ou la nourrice avec nos pilules mercunellès, & nous leur ordonnons de donner à tetter à leur enfant malade pen dant l'adion de ce purgatif, afin qu'il lait purgé en même tems. Nous leur preferivons l’ufage des aitmens, de bon fuc , & d’éviter les choies acides, falées, auffi-bien que les aroma tes. Après cela nous faiions prendre à la nourrice nôtre eau anti-venerienne , ÎC Tome / / . G
x 4 6 T ra ité de la M a la d ie en même tems nous faifons laver les ul cérés avec l'eau d'orge & le miel rofat fim ple, ou bien avec la décoétion de véronique , à laquelle on ajoute quel ques gouttes d’ efprit de vitriol ou de ioufre tirez par la campane. Au refte nous avons éprouve que le remede fuivant eft encore d’une plus grande vertu. '<De Veau de plantain , i once ; D m miel rofat fimple, demie onces J De l’efprit de vitriol philofophi-
que , ce qu’il en faudra pour donner a la lotion une agréable acidité. Touchez-en les ulcérés qui ne refiftetont point félon toute apparence a cet attouchement ; ou bien touchez-les avec l’eau verte mêlée dans 1 eau de perficaire. Lorfque les ulcérés veneriens qui ar rivent à la bouche ne font point invetcrez , ils cedent aifément aux remedes que nous venons de propofer pour gué rir les enfans : ou bien nous les tou* chons doucement avec l’efprit de vitriol ou de foufre mêlez avec le miel rofat * afin que l’acidité de l’efprit foit encore plus fenfible. On peut encore les cou-
Vénérienne. L i v. ï 1 1 .
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cher avec la teinture de miel rofar, ou avec la diilolution de la pierre medicamenteuic. Que 11 ces ^ulcérés font inveterez & fort rebelles, il faut les traiter d’une au tre maniéré ; & la première vue que l’on doit avoir , eft de vuider la plénitude par le moyen de nos pilules mercuriel les : apres quoi il faut les toucher avec les memes rcmedes que nous avons déjà, propofez, que l’on rendra néanmoins plus forts & plus a6 tifsi& quand ils ré liftent à ces remedes , parce qu’ils font putrides & calleux, il n’y a rien de meil leur que de les toucher fréquemment avec l’eau bleue, ou avec le miel roiàt imprégné de fel ammoniac , ou avec 1 efprit de fel ammoniac mêlé avec l’eau de perficairc jufqu'à une fenfible acidité. Abftenez-vous fur tout de les tou cher comme font quelques-uns des Vul gaires avec l’eau forte qu'ils appellent fécondé quand elle a agi fur les mé taux ; parce qu’elle n’eft pas encore tout a fait dépouillée de fon venin corrofif. Quand ces ulcérés deviennent rongeans , on fixe leur érofion avec la leffivc des feces du régule : mais ils font G ij
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Traité de la Maladie
bien-tôt guerîs , quand on les touche légèrement avec nôtre eau mercurielle, & quand on fe fert du gargarifme fait avec la décoétion de perficaire & le mer cure doux ; remede dont nous nous fommes toujours fervi avec beaucoup de jfuccès. Cependant ces ulceres deviennent quelquefois il malins qu’ils réliftent aux meilleurs remedes , fur tout lors qu’ils font profonds ; & pour lors en les lavant & en les touchant profondément avec l'eau verte d’hartman , on les mondifie, & on les guérit heureufement. Lorfque ces remedes n’ont pas tout l'effet qu’on en peut attendre , il faut engager le m a' lade à recevoir le parfum par la bouche qui eft le dernier remede. R E M A R Q U E S . Il y a deux chofes à obferver dans ce chapitre ; fçavoir , 1 °. La mauvaife vo lonté de l’Auteur à l’égard de ceux qui fuivent la méthode ordinaire, qui le por te à imputer également aux plus éclai rez de ces gens-là comme aux plus ignó ralas , l’application abfurde du mercure
*Vénerienne.
L 1 v. 1 1 1 . 1 4 9
précipité fur un plumaceau trempé dans l’eau de plantain ; ce qui ne pourroit arriver qu'à desapprentifs de deux jours, qui n’auroient encore aucun ufage dans la Chirurgie pratique : faute qui ne mé riterait pas même d’être relevée avec aigreur chez ces pauvres ignorans, qu’il fuffiroit d’avertir charitablement de leur bevûê , leur en faifant connoitre humai nement la confequence. i ° . Quoi que les remedes propoiez par l’Auteur pour guérir les ulcérés vé nériens de la bouche, tant aux enfans qu aux adultes , foient fagement p rê t crits & bien indiquez , ce ferait en vain, au moins dans nôtre climat , que l’on s’en ferviroit aux uns & aux autres pour guérir radicalement ces ulcérés lors qu’ils font invétérez, fi l’on n’attaquoit en même rems la caufe du mal par le feul moyen propre à la détruire, qui eil le flux de bouche excité parles friélions mercurielles , qui eft fans contredit la meilleure maniéré de le procurer. Le parfum reçû dans la bouche , au quel 1 Auteur confeille d’avoir recours , lorlque les autres moyens qu’il enfeigne n ont pas eu une heureufe re'üilïte , G iij
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Traité de la Maladie
ne feroit que blanchir en ces occafioro, auili bien que les fudorifiques & les pur gatifs 3 malgré ce que peuvent dire au contraire ceux qui font mal-prévenus en faveur de la falivation.
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h a p i t r e
XIV,
D e s ulcérés des amygdales , L y a deux caroncules naturellement placées au fond de la bouche à côté de la langue,un peu au dellus du larynx & aux deux cotez de la luëte, lefquelles étant rondes & alfez femblables aux noyaux des amandes , ont été nommées amygdales par rapport à leur configu ration. Les Latins les ont appellées tonfilU, les Grecs parifthtmia, parce qu'elles reffemblent à un Ifthme,qui eft une langue de terre que la mer bat des deux cotez. Elles font encore nommées antîades , parce qu elles frappent d'abord les yeux quand on regarde le gofier. Ces glandes ont été naturellement compofées d'une fubftancc fpongieufe,, afin
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h>enemme. Liv.III. i 5 1 qu’ elles hurae&aflent le go fier, le larynx, la langue, & l’œfophage,par le moyen de la falive qu’elles féparent , afin d’humeéter auiïi les alimens fees Sc folîdes * & d’en rendre par ce moyen la dégluti tion plus aifée , auffi-bien que pour arrofer le larynx , & rendre fes cartilages plus propres à fe mouvoir. Ceux qui humedent leurs flûtes pour en addoucir le fo n , imitent en cela la nature. Quoi que ces glandes foient aflez pe tites, elles ne laillent pas de donner fouvent beaucoup de peine aux Médecins , & encore plus aux malades : car elles fe gonflent quelquefois fans inflamma tion , fans ardeur , fans douleur, & fans qu’il arrive aucun changement à leur couleur naturelle ; & quelquefois au lit elles font attaquées d’inflammation,d’ar deur, d’une grande douleur : les malades font tourmentez de la foif, & d’une dif ficulté de refpirer & d’avaller. Après quoi cette inflammation dégénéré en abfcès, le pus fe répand dans le gofier , & cette fuppuration eft fuivie d’un ul cere fordide & puant. Quelquefois ces glandes gonflées ne fuppurent point, & leur gonflement déG iîij
1 5 z Traité de la Maladie genere en fchirre ou en icrophules. Il arrive aulït quelquefois à ces glandes des ulcérés corrofifs qui ne font point précédez d’inflammation ; & ces ulcé rés font ordinairement produits par le levain verolique ; & ce font ceux dont nous parlons préfentement.
Ils font quelquefois la fuite d’une vé role mal-traitée , & quelquefois ils fe communiquent aux enfans par le lait de leur nourrice, par les baifers & par la boilfon. On voit alors les amygdales plus grofl’es qu’elles ne doivent être, tant à la vûë qu’à l’attouchement ; l’on fent in térieurement comme un morceau de chair attaché au gofier , dont le volume comprime les parties adjacentes, & eft caufe que le malade a beaucoup de pei ne à avaller , qu’il relient au gofier une ardeur & une douleur fort incommodes, une foif inextinguible , une grande fécherelfe , & peu à peu il s’y forme des ulcérés qui font ou blanchâtres & femblables à des taches, ou de couleur cen drée , & allez femblables aux efcharres
yenerieme. L i y.
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qui font faites par le fer brûlant.
Leurs caufes. Les Galeniftes foutiennent que ces ulcérés font caufez par des humeurs bilieufes & picuiteufes qui ont été gâtées par le virus dans la fubftance du foye , dont il fe fait un tranfport à la tête, & qui retombent enfuite fur les glandes du gofier. Mais il y a bien plus de lieu de penfer que ces ulcérés font les fuites d'une verole mal-traitée , ou que la virulence qui la caufe peut avoir été contraétée par ralaitement aux enfans , par les baifers, par la boiffon , ou par le congrès aux adultes ; & qu’alors les particules acides & falines féjournant dans l’hu meur par laquelle elles étoient aupara vant diiloutes & entraînées, font enfuite dépofées dans la fubftance fpongieufe & poreufe des amygdales , d’où elles ne peuvent s’échapper avec la falive , mais où elles font tellement exaltées , & où elles acquièrent un tel degré d’érofion , quelles n’en confument pas feulement ^épiderme , mais qu’elles rongent a u ®
1 5 4 Traité delà Maladie leur iubftance molle jufqu’au point de les détruire abiolument.
L e u r ÿronojlique. On guérit aifément ces ulcérés quand on les traite d’abord , au lieu que fi on les négligé ,de petits qu’ils étoient dans leur commencement & allez vermeils » ils deviennent ibrdides, profonds & fort étendus dans la fuite par la coagulation d’une humeur blanchâtre ou noirâtre „ & il iè forme quelquefois plufieurs pe tits ulcérés difperfcz çà & là , & ces ul cérés venant à fe multiplier , fe réunif ient bien - tôt en un feul fort large & fort étendu. Lorfque les ulcérés en rongeant les. parties ambulent & s’étendent de tous cotez » ils corrodent la lu’ete » la langue» le palais, les gencives » &c ils fe glilîent enfuite dans les alvéolés des dents, qui fe gâtent bientôt après » fe noirciiTent , s’ébranlent » & tombent enfin toutes entières en pourriture : ce qui eft caufe que les malades confirmez de langueur» & étouffez par la mauvaife odeur de ces ulcérés, perillènt iniferablement, ,
hfentrienne. Liv.IIL i s i Que fi ces ulcérés gagnent la trachée artere comme le poumon , & le cœur ne peuvent fupporter ni la mauvaife odeur , ni l'ulcération , ni la virulence de la fanie j la toux cruelle & la grande difficulté de refpirer dont ils font tour mentez , les fait bien-tôt périr comme fuffoquez.
La cure des ulcérés njcnerlem des amygdales' Nos venerables Anciens commen cent la cure de ces ulcérés par la faignée , par la- purgation, & par d'au tres diverfions femblaBles ; & comme ces ulcérés toujours abreuvez par la falive deviennent toujours de plus en plus humides, ils ufent enfuite de medicamens aftringens & déficcatifs. Apres quoi fi les ulcérés font fuperficiels 3 ils en viennent aux remedes propres à les confolider & à les cicatrifer. Ils ufent par exemple des lotions fai tes avec la décoétion de balauites , de grenades , de noix de galles vertes, de feuilles de myrthes & d'olivier , & de iiimaç bouillis dans le vin , & un peu G vj
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Traité de la Maladie
d'alun. Ou bien il ufenc des gargaris mes fui vans. cDe l’hydromel, i chopine ^ ¿Du diamorum, i once & demie. Mêlez-les pour un gargariime. Ou bien [D e l’eau de plantain , j denÿ,,1 fetiers ; J DuJj/rop de mures , x onces ; i D u miel rofat, i once j t De f alun , i fcrup.
[D u vinaigre rofat, tant foit pett. Mêlez le tout pour un gargarifme. Mais on ne peut pas dire que ces for tes de remedes Soient plus propres à deifecher qu'à humeéter. Ils font enco re laver la bouche des malades avec du vin dans lequel il diifolvent le bol d’Arm enie, & quand l’ulcere elt fordide, ils k u r font ufer de la déco ¿lion de bois de gayac avec l'alun & le miel , & ils touchent de tems en tems les ulcérés avec un pinceau trempé dans l’efprit de vitriol & de foufre >ou dans l’eau alumineufe dç Fallope afin de les ulcerer en core davantage. Pour nous * dans le traitement des ulcérés vénériens des amygdales, nous, donnons d’abord nos pilules mercuriel
ruenerienne.
Liy.III. 157
les , juiqu’à deux & trois fois pour vui» der la plénitude y & cependant nous faifons uièr au malade du gargarifme de tabac, ou pour mieux faire, de celui que nous allons décrire.
~De la décoélionfaite avec la farriete , le perficaire , & le plan~ tain, r chopine y * 1 *Z>« miel rofatfimple, i onces y Du fel ammoniac, demie drach. Mêlez tout cela pour un gargarifme» Quand ces ulcérés font fordides, nous les mondifions & confolidons avec l’infufion de pierre medicamenteufe , & la teinture de miel rofat fimple , ou bien avec le gargarifme fuivant.
Des racines de tormentille , & de falfepareille , de chac. demie once y Des feuilles de véronique , & de _ chêne, de chac. demie poignée. Faites bouillir ces racines & ces feuilles; dans une décoâion de grande confoude, jufqu'à la réduction d’une chopine y puis diifolvcz-y, S Du mercure doux bien pulverifé , ^ 1 drach. Si ces ulcérés font corrofifs touchez»
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Traite de la Maladie
les avec la lcifive des feces du régule > mais l'eau verte d'hartman vaut encore m ieux, étant chauffée & appliquée avec un pinceau ; & c'eft là le remede dont nous nous fervons le plus fréquemment dans le traitement des ulcérés de la bou che 3 des amygdales, & de la luette : ce qui nous réliffit fort bien pour l'ordi naire. Mais s'il leur arrive quelquefois de réfifter à ces remedes , nous avons re cours au parfum de cinnabre & d’encensJ& nous ne manquons point de gué rir nos malades comme nous l’avons conftamment éprouvé plus de millefois ; & nous en avons même guéri un grand nombre par ce parfum , que nos Galeniftes avoient abandonnez comme incurables , après les avoir cruellement tourmentez en differentes manières. R E M A R Q U E S . Les guerifons de plus de mille mala des attaquez d’ulceres veneriens à la bouche , à la luette 3 & aux amygdales, que l'Auteur prétend avoir faites par l'ufage de l’eau verte d'hartman , & da
»
•venerietme. Liy. III. 159 parfum de cin n a b re fo n t fort douteuies : aulli ne dit-il point qu’elles ayent été fans récidive ;» & je croirois bien qu’elles n'en ont pas été exemtes,.quand même il nous aflureroit du contraire > parceque ces fortes d’ulcérés font des lignes certains de la verole, qui ne peut être iîkement guerie que par le flux de bouche ; fans quoi ces ulcérés guéris par de Amples topiques y font en état de renaître bien-tôt , ou d'être fuivis d’autres fymptômes encore plus fâ cheux.
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a p i t r e
X V ..
T>e l’ulcération de la luette Ne caroncule ronde & longuette formée dit repli de la membrane du palais , defcend dans le fond de la. bouche près l'ouverture du nez » au dellîis de la fente du larynx, & entre les amygdales : on l’appelle la luette i & i on juge qu’elle n’eft pas dans fon état naturel quand elle reÆemble à un grain de raifia,
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Truité de la ¿Maladie
Le nom qui lui convient le mi cm? eft celui que les Latins lui ont donné en la nommant columella , petite colomne , qu'elle ne repréfente pas mal par fa longueur & fa rondeur. Ils l'ont encore nom me e gurgnllo , ou gargareon, à caufe du bruit que l'on fait en gargarizant. Sa fubftance eft glanduleufe , molle, fpongieufe , & d’une couleur rouge. Elle eft enveloppée dans la tunique de la bouche. Sa figure eft comme nous l'avons déjà défignée, ronde, longuette, plus groflè en fa partie fuperieure , fe terminant dans une pointe émoulfée. Cette caroncule a fes affections par ticulières, comme font fon relâchement, fon gonflem ent, fon inflammation, & fon atrophie , dont il ne s'agit pas ici préientement, mais feulement de l'ulceration venerienne à laquelle elle eft expofée.
Les Agnes de cette ulcération font fort évidens , & il ne faut que faire ou vrir la bouche au malade & abaiifer fa
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*tknerîenne. L i y. I IL 1 6 1
langue avec le doigt pour l’appercevoir '■ elle paroit flafque & fort [allongée , en duite d'une mucofité blanchâtre, & elle eft quelquefois d'une rougeur cendrée avec une fordicie qui rend l’haleine de fort mauvaife odeur.
Nos Anciens attribuent l'ulcération de la luette à une humeur acre & Talée infeétée du levain verolique , qu'ils font defeendre du cerveau fur cette partie. Mais ces prétendues fluxions des Galeniftes reffemblent au tourment du fyfiphe de la fable, que les Poètes préten dent être contraint de pouffer fans celfe une groife pierre du bas vers le haut d’une montagne, & qui retombe auffîtôt que ce malheureux a pris beaucoup de peine pour l'y élever. Les ulcérés de la luette lont contraétez ou'par le virus du fondement , ou par quelqu’un des cinq moyens que nous avons ci-devant propofez, pour n’avoir pas bien purifié le fuc nourricier du viras par les remedes intérieurs, comme nous 1 avons déjà dit en parlant des ulcérés de la bouche & des amygdales.
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Traité de la M aladie Son ÿronoflique.
Cette ulcération demande un prompt fecours , autrement elle dégénéré dans un très-mauvais uicere , qui ronge & >ton fume entièrement cette caro .e'ule ; & ceux a qui ce malheur arrive ne peu vent boire, que la boillon ne le ,r rejailliilè dans le nez ; outre qu ils ne peu vent parler clairement & prononcer les mots bien articulez , pareeque cette ca roncule fert beaucoup à rendre la voix harmonieufe ; & c'eft ce qui a donné lieu aux Anatomiftes de la regarder com me l'archet de la voix. Mais le plus grand mal qui réfulte encore de la perte de cette partie , eft de eau 1er la phtyiîe : car la luette contri bué beaucoup à modérer la froideur de 1 a ir , & à empêcher qu'il ne faife une trop prompte irruption dans le poumon & qu'il ne le blelfe. Cependant nous avons guéri un jeu ne homme & une femme publique, auxquels le virus avoir conlumé toute la luette , qui ne laiilènt pas d'avoir la voix claire, fonore, 8c fort libre , parce-
rvenenem e . L î v. 111.
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que les parties voifines de cette caron cule qui contribuent auffi à former la voix j n avoient pas été interelfees dans le même mal. Nous avons encore traité une autre femme de la verole dont la luette n avoit pas été tout-à-fait rongée j mais à qui elle étoit reliée comme pendante à un filet après fon traitement : & parce qu’elle en étoit fort incommodée , tant en parlant * qu’en buvant, & en man geant , pour la délivrer de ces incommoditez après l’avoir faille avec une pincette , nous la coupâmes , &c nous lui arrêtâmes le fang à l’heure même avec la tête morte de vitriol. Mais parceque les parties voifines de la luëtte avaient été întereiTees dans I erofion , la voix eft devenue rauque & bruyante. Enfin on ne fçauroit aflèz dé plorer le fort de ceux qui font privez de cette caroncule, puis qu ils font tou jours en danger de mourir pkyfiques. R E M A R Q U E S . L ’avis que l’Auteur nous donne ân danger prochain où font les malades de
ï ¿4 Traité de la Maladie tomber dans la phtyfie , lorfqu’ils ofit quelque ulcéré venerien à la luette , eft trop ferieux & trop pofitif pour n’y pas faire toute l’attention qu’il mérité. En effet quand on ne feroit pas con vaincu par expérience du péril où les malades font expofez à cet égard, lors qu’on a traité beaucoup de maux véné riens j il ne faudroit pas avoir trop de pénétration , pour concevoir que la ianie de cet ulcéré étant toujours difpofée à couler fur le larynx, il peut fort aiiement s en gliller quelque portion dans l’âpre artere, & de là dans le poumon , ou elle ne peut manquer de faire une impreiîion très-fâcheuie , ulcération en confequence , & caufer la phtyfie par une fuite neceifaire. Auffi a-t on bien plus de lieu de penfer que ceux qui deviennent phtyiîques , après avoir eu des ulcérés vénériens à la luette , tombent plutôt dans ce fâ cheux état par le depot qui le fait fur le poumon de la fanie virulente de l’ulcere, que faute de refpirer un air fuffifamment préparé par cette caroncule ¡joint à cela que nous avons 1 expérience de pluiîeurs fujets qui ont été privez de
njenerienne.
L 1 v. I I I . i * j
la luette par des ulcérés veneriens, qui loin d’être tombez dans la phtyiîe,ont la poitrine auiR bonne qu’on la puilfe defirer , parceque le virus ne s’eft point jette fur leur poumon ; mais il leur reite feu lement une voix rauque & fort éteinte.
La cure de l3ulcération de lu luette. L ’ ancienne routine veut qu’on fe ferv e , pour traiter cet ulcéré, du Uniment qui fu it, dont on le touche plufieurs fois. çOe l’onguent égjiptiac, demie once} ^ c Du miel rofat, \ once & demie. Mêlez tout cela pour un Uniment. Mais c’eft mal à propos que l’on era-i ployé l’égyptiac dans ce médicament, à caufe du vert de gris qui entre en fa eompofition : car c’eft plutôt en ron geant qu’en féparant que ce remede agit : outre que l’égyptiac noircit la par tie malade, ce qu’il faut fur tout éviter. Quand cette ulcération fe rend re belle , ils fe fervent de l’eau forte bien corrigée , ou de l’eau dans laquelle ils font bouillir du mercure fublimé : mai a
i 6 6 Traitè de la Maladie l'eau force quoiqu’affaiblie ne laifTe pas de conferver la qualité venimeufe j enforte que (I par elle même elle eft ca pable de ronger les m étaux, étant cor rigée elle pourra bien encore ronger les chairs, & encore plutôt la luette qui eft d’une tifliire molle &c délicate. Le mercure fublimé bouilli dans l’eau ne laifTe pas d’avoir auifi une ver tu corrofîve , empoifonnée , Sc cauftique ; de maniéré qu’il ne caufera pas feulement à la luette & aux parties voifines une ulcération venimeufe & corrofîve, mais s’i 1 arrive par malheur qu’il en tombe quelque goutte dans l’âpreartere & dans l’œfophage , le malade fe trouvera dans un très-grand danger de fa vie. De plus cette mauvaife drogue enflamme le fang ; ce qui donne lieu à des crachats fanglans , & à d’autres lymptômes très-fâcheux, & qui caufent louvent la mort aux malades. Pour nous, c'eft par la gtierifon de la verole entière que nous guéridons tant les ulcérés de la luette , que tous les au tres ulcérés ; & par ce moyen les ulcérés qui commencent à paroitre dans tous ces endroits, fe diflipentbientôt à me-
1
merienne. L i y. 111.
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fure que toute la maire du fang eft pur gée du levain verolique. Que fi l'on veut néanmoins les faire difparoitre avant la cure entière de la verole, il faut avoir recours à l'eau medicamenteufe, à nôtre eau venerienne, à la teinture de miel , & à l’eau verte d’hartman : car on peut détruire par-là toute ulcération putrédinale, & en pro duire une prompte confolidation : outre que l'on en peut venir à l’ ufage du par fum qui guérit tous ces maux avec une promptitude furprenante. Quand on fe iervira des remedcs cidevant preicrits pour guérir ces ulcérés fans vouloir guérir en même tems la ve role entière , on ne manquera jamais de réüffir ; & nous avons éprouvé tant de fois la vertu de ces remedes , qu’il nous eft impoflïble d’en douter. Mais après cette cure palliative , il ne s’écoule pas beaucoup de tems fans que les mêmes accidens fe manifeftent de nouveau , ou que les malades foient attaquez des plus fâcheux fymptômes de la verole. C ’eft pour cela qu’après la guerifon de ces fortes d’ ulceres, ayant donné au
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Traité de la Maladie
malade un léger purgatif, il faut lui fai re ufer de nôtre eau anti - venerienne , ■ qui à la vertu de chalïer abfolument le virus hors du corps, & tous les accidens qu'il y peut produire , fans en appréhen der le moindre retour. Nous avons traité plus au long de toutes les maladies qui peuvent attaquer íes levres , les dents, les gencives, le gofier, le palais, le larynx , l’œfophage, les amygdales , la luette , la langue, & le nez ; auffi- bien que de la grenoüillette, du begayement , & des autres virus qui peuvent nuire a la parole, dans nôtre Grammaire fpeculative , au chapitre du Barbarifme. R E M A R
Q _U E S.
L ’Auteur convient dans ce dernieC article, qu’en traitant la verole entière tous les ulceres du gofier & de la bou che gueriiTent aifément, à mefure que la malfe du fang eft épurée du virus , par des remedes propres à le détruire , à l’exterminer ; que l’on peut à la véri té faire difparoitre ces ulceres par des moyens plus faciles tels que font les re medes
njemnenne. L i v. 111. 1 6 9 medes qu’il propofc ; mais qu'ils renaiffent bien-tôt après accompagnez d’au tres fymptômes encore plus fâcheux. Tout ce que l’Auteur dit à cet égard eft bien véritable ; mais pour ce qui eft de fon eau anti - venerienne à laquelle il donne la vertu de chalfer abfolument le virus hors du corps , & tous les fymp tômes qu’il peut produire fans crainte de re'cidive, tout ce que j'en puis croi re pour ne le pas contredire abfolu-. m ent, eft que cette eau qui n’eft autre chofe qu’une décoébion fudorifique, >eut être beaucoup plus efficace en I ta ie qu’en nôtre clim at, où ces fortes de décodions ne font que pallier la vero,1e , & que lorique nous ferons parvenus à l’endroit où il en donne ladefcription, nous examinerons fi les ingrediens qui entrent en fa compofition font en état de produire les merveilleux effets qu’il lui attribué.
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Tome I I ,
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170 Traité de la Maladie C
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XV I.
Ve Talopecie. L arrive fouvent que ceux qui font atteints de la vérole perdent en fort peu de tem s, non-feulement tous leurs cheveux , mais auifi leur barbe & leurs fourcils. On donne à cette maladie le nom d’alopecie , dont il y a plufieurs efpeces , auxquelles les Latins ont donné differens noms fçavoir, Ophiajis, Area,
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Calvitmm. La premiere efpece eft nommée Area, lorfque les poils qui tombent lailfent une place nette au milieu d’un grand efpace bien garni de poil- L ’alopecie défigne une dépilation totale & parfaite, foit qu'elle arrive à la tête , au menton, ou en d’autres endroits du corps : & l’ Ophlafe , eft ainfi nommée lorfque la chu te des cheveux laille des places vuides , qui ont une figure déterminée femblable à celle que l’on remarque fur le corps des ferpens quand ils fe dépouil lent de leur peau ; & quand une partie
kfeneritme. L i v. î 11. 171 des cheveux tombe de tous cotez , on donne à cette chute de poil le nom ge neral d’alopecie ou de Calvitie.
Ce mal efl: facile à connoitre tant de ce que nous venons de dire , que de cc que nous dirons encore dans la fuite.
Nos Galeniftes attribuent la caufe de l’alopecie vénérienne à l’érofion du virus dont les fucs fontinfedez, qui dé truit la racine des poils ; & ils croyenc que ces fucs font très - fubtils & de la nature d’une exhalaiion : mais ces genslà n'ont jamais fi bien raiionné qu’ils font à cet egard ; parce qu’ils ne difent rien , ne s’expliquant point fur la na ture de ces fucs 8c de ces exhalaifons. Les poils tombant dans la verole quand les particules acides & falines qui conftituent le virus, au lieu de parvenir au deifus de la peau pour y former des ulcérés, attaquent les glandules cuta nées qui foumUTent la matière des che-
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'Traité de la Maladie
veux , & dont les racines font fichées dans ces glandules ; de maniéré que ces racines étant rongées par le virus, il faut neceiîairement que les cheveux tom bent. La cfiverfité de l’alopecie procédé de la diverfité des particules du virus qui n’agiiTent pas par tout également : mais celles qui font les plus fubtiles étant embarraiïees par les plus groffieres, elles ne peuvent pas fuivre dans leur progrès une direction bien reguliere ; mais étant arrêtée dans leur courfe, & les che veux tombant obliquement , donnent lieu à cette efpece d’alopécie nommée
Ophiafe. Ou bien l’alopecie eft caufée par une grande quantité de particules corroiives qui fe portent plutôt d'un côté que de l'autre ; & pour lors les cheveux qui tombent laiffent diverfes places vuides, qui font nommer cette efpece d'alopé cie Area. Ou bien enfin ces particules acres & falines , s’attachent à diveriès glandules qui foumiifent les cheveux, où elles rongent les racines de ditferens poils , qui Le détachant infenfiblement tantôt d’une glandule, Ôc tantôt d’une
rvenerienne. L i v. ni. 173 "autre, donnent lieu à la véritable alope cie,, on chûte de poil. Il eft aiie de fe convaincre que les ra cines des cheveux font rongées par des particules acres, falines Sc fulphureufes, & que cette éroiion caufe leur chûte , par les preuves iuivantes. Premièrement cette maladie eft ordì-* naire à tous ceux qui ont beaucoup d'a crimonie dans la malle de leurs humeurs, après les fièvres & particuliérement après les fièvres continués & malignes. Les cheveux tombent alors , pareeque les particules acres & malignes dont la malle du fan-g eft chargée, font poulTées vers les glandules du cuir chevelu,& ron gent les racines des poils. On voit encore tomber les cheveux dans la phtyfie, à caufe que le fang des phtyfiques étant fort acre, gâte le fuc nourricier, qui devenant toujours plus corrofif, ronge & confume la racine des poils. C ’eft par la même raifon que l’ap plication de l’huile de vitriol , de l’eau forte , de l’arfenic , & de la chaux v iv e , fait tomber le poil. Enfin l’onguent dont fe fervent les Baigneurs pour enlever les poils qui H üj
1 74 Traité de la Maladie Baillent autour des parties génitales, & qui eft compofé d'orpiment & de chaux vive incorporez dans l'huile commune > agit de la même maniéré 5 & les poifons corrofifs pris intérieurement produifcnt k même effet.
Son pronofiique. On peut guérir avec facilité lalopecie Venerienne dans fon commencement : au lieu qu'étant négligée elle caufe la calvitie, qui dégénéré iouvent en une lèpre horrible & incurable, qui défigure tellement les malades & les rend fi ri dicules, qu'on ne les reconnoit plus. Mais à préfent la calvitie , la chute des poils , l’alopecie & l'ophiafe, ne caufent aucune honte ni difformité confidérable : car prefque tout ce qu'il y a de gens Ce font comme les Moines , rafer deux fois la femaine les cheveux , le menton , les lèvres & les jo u es, & portent des perruques , dont il nous paxoit que l’uiage a été introduit pour cacher ces fortes de maladies. Nous liions que l’Empereur jules Cefar fut fi chagrin d’être chauve, qu'a»
<tYenerienne. Liy. III- 1 75 près toutes fortes deremedes inutilement tentez, pour remedier à cette maladie , il obtint du Sénat la permiilion de por ter en tout rems une couronne de lau rier. Si cet Empereur avoir ve'cu de nô tre tems , il auroit été ravi de pouvoir cacher la perte de fes cheveux par l’ufage d’une chevelure empruntée , com me on le pratique aujourd’hui commu nément : ce qui ne contribue pas peu particuliérement dans cette V ille , à ra jeunir les vieillards , qui fe faifant rafer le menton , les joues & levres deux fois la femaine , ne paroiilènt pas à beau coup près auflî âgez qu’ils font.
L a cure de l alopécie yenerienne. Les Partiiàns de l’ancienne Médecine commencent la cure de l’alopecie , par purger la malle fanguinaire des mau vais fîtes donc elle eft infeétéc après quoi fi quelque hémorragie habituelle a été fupprimée , ils ouvrent les vei nes inferieures, & enfuite ils rafent le poil. Nous ne difeonvenons pas que le râ lement du poil ne convienne à l’alopeH iiij
ï 7 6 Traité de Ia Maladie cie } & que certe maladie n’ait donné heu à l’uiage des perruques , aufli bien *]ii à celui de fe raier la barbe à la manié ré des Efpagnols. Mais ce remede ne convient pas éga lement a toutes fortes de gen s, & parti culièrement aux Religieux que la bienfeance engage à cacher leurs maux avec encore plus de foin que les perfonnes d un autre état ; & comme les remedes relâchans ne conviennent pas au traite ment de cette maladie qu’ils ne feraient qu augmenter , ils fe fervent des décoc tions aftringentes pour fe laver la tête, ik apres cette lotion , il approuvent fort i ufage du fuc de ladanum épaifîi & macéré enfuite dans les huiles de myrtiles & de rofes tirées par l'expreffion de ces plantes verres , dont on leur fait une on£cion deux fois par jour. Ces remedes néanmoins augmentent piutot le mal, qu ils ne le ioulac ent : car les ulcérés , les douleurs, & les nodus, font produits par la rétention des mau vais fucs. ^Cependant ils preicrivent des maiiicatoires , afin de tirer d’ailleurs des mauvais fucs , & ils les compoient avec Jçs racines de pyrethre & d’angelique , le m aftic,, & lç gérofle.
'njener terme.
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Quand ces premiers fecours font inuti les , ils en viennent aux décodions fudorifiques & aux purgatifs ; & s’ils réo pèrent rien par leur moyen , ils ont re cours aux parfums particuliers de la tê te & du vifage ; & lors que ces parfums particuliers n’ont pas l’effet qu’ils en atr tendent, ils donnent au malade un par fum general tel que celui qui fuit,
f De l’aloés, j De l encens , Dm benjoin, & du camfre , de chac. 3 drach. Du cinnabre, De l’orpiment, & de la marcaf^ fite d’or j de chac. i once.
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Mêlez tout celaqrour une poudre , dont on jettera une portion fur les charbons ardens , pour parfumer tout le corps. Voila un fot remede ordonné par de fots Médecins, qui s’imaginent que les aromates ont une vertu alexitere contre le mal venerien „ qui peut pénétrer le corps au travers des pores ; ce qui eft très-faux. Us s’imaginent encore que l’orpiment cft un antidote contre le virus , quoi <fue cette drogue foit reconnue pour un
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1 7 8 Traité de la Maladie poifon ; à moins qu’ ils ne veuillent dire q uun poifon en chaile un autre > quoi que celui - ci doive l’augmenter parce qu’ils font tous deux corrofifs , & fans. rendre garde qu’un parfum où entre orpiment refpiré par le malade le tue ra très-certainement. Enfin ils croyentque la marcafîîte qui eft un roc métallique, fe convertit en fu mée par l’aélion du fe u , & peut détrui re le virus. Ces indolens fectatcurs des. Anciens font auiïï lourdement trompez , qu’ils trompent les autres groffiérement; parce qu’au lieu d’examiner par eux-mêmes la ïiature de leurs remedes » ils ne font que fuivre les autres , comme des bêtes qui vont par tout où on les mene. Or iî ce grand afïèmblage de drogues ’eut produire quelque bon effet contre a verole , ce n’eft qu’à raifon du cinnabre qui contient le fpécifique de cette maladie, & toutes les autres drogues qui y font jointes font abiolument inutiles» Quand les cheveux ou les poils de la barbe font tombez ils lavent la tête ôc levifage avec differentes leilîves 1 après quoi ils frottent ces parties avec un lin*
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•venerienne. L i v. III. 179 ge rude jufqu’à ce que la peau rougille. Enfin pour faire renaître les cheveux ou les autres poils , ils lavent plufieurs fois la tête & le vifage avec de l'urine. La véritable méthode de traiter l’alopecie confifte à purger d’abord le mala de par le moyen de l’eau folutive magis trale , & enfuite avec le mercure doux » comme nous l'avons dit il n’y a pas longtems. Après cela il faut faire fiier le ma lade dans l'étuve pendant un bon quart d'heure , après lui avoir donné le reniede fuivant. f De la linntre de bois de gayac, 3 drach. ^ ^ De la raclure de corne de cerf, 1 1 drach. & demie , i Du fafran, demi fcrup.
\^Dufaut al rouge broyé , 1 drach. Mettez tout cela dans un vaiiïcau de verre avec une chopine d'eau de fontai ne ; fermez le vailfeau exactement ; puis faites boiiillirle tout au bain-marie pen dant trois heures. Après cela laiffez re froidir le vaifieau, & feparez l'eau d’avec les poudres. Donnez à vôtre malade quatre onces de cette eau avant qu’il entre dans l’étuH ' vÿ
i 8o Traité de la Maladie ve , puis apres avoir eifùyé la Tueur frottez lui la tête avec Teau fuivante. ^ ' meilleure eau de vie, 1 cha-
cure fub limé y 4 grains. Puis arroiez la tête avec cette eau. Enfin pour faire revenir promptement les cheveux , faites une onétion fur la tête avec Thuile de crapaux que nous ayons décrite ailleurs , ou avec Thuile d œufs * ou bien avec Thuile de miel que nous préparons de la maniere fui vante.
v . $D es feces de miel après fon exA ¿ preffion, ce qu’il en faudra. Mettcz-les fur le feu dans une terrine,& les rnelez avec une fuffilante quantité de iabie , après quoi vous en formerez de petites boules que vous mettrez dans une m orte de verre , à laquelle vous ajou terez Ton récipient : vous poufferez enuiite la distillation , qui vous fournira une huile jaune. ^ Obfervez de ne pas frotter la tête de votie malade avec, la graillé d’ours, parce qu’il lui reviendrait des cheveux blancs. Au relie fi vous lui frottez la tête avec ce Uniment , íes cheycux renaîtront en abondante.
1v enerienne.
L i v. 111.
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ÇDes chairs de limaçans & de fangfuès -, ^ ’ 1 Des guejpes , & du fel bien L brûlé , de chac. parues égales, J
Mettez tout cela dans unvaiireaude verre dont le fond fera percé comme un crible, puis au delfous de ce premier vaifleau pla cez en un autre pour recevoir la liqueur qui diftillera de la mixtion fuperieure pendant plufieurs jours qu'elle fera à fc diifoudre : puis vous en ferez une onélion fur 1°endroit ou le poil doit renaître > après en avoir rougi la peau par une Lon gue frîétion. J ’ay en mon particulier l’expcrienced’un excellent remede pour faire revenir les cheveux. C ’efl: du fuc de limons dans lequel on dilfout du nitre , dont on frotte enfuite plufieurs fois l’endroit dénué de poil. Lors que les glandes cuta~. nées qui fournilfent les poils ont été confumées, ou que les pores qui leur don nent paifage font tout à fait bouchez Sc eifacez, l’alopecie eft incurable. R E M A R Q_U E SSur ce qui concerne la cure de l’alctpecie venerienne , nous ne ^aurions, que répéter ici ce que nous avons
i 81 Traitè de la Maladie déjà dit plufieurs fois à i'occafion dit traitement de plufieurs ulcérés de même genre , dont il a été parlé dans les cha pitres precedens ; c’eft à fçavoir que pour remedier avec fuccès à ce fymptôme de la verole, il faut traiter la mala die dont il dépend dans toutes les for mes.
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XVII.
Des Khagades veneriennes. N n e une infinité de fâcheux accidens que le virus produit, les Rhagades , fentes ou fiflhres, qui arrivent aux paumes des mains & aux plantes des pieds, tiennent un rang confiderable. Ce font de petits ulcérés femblables a des fentes , ou à des rides , & il y a des ulcérés tout femblables qui arrivent fouvent aux levres de la bouche tant fuperieure qu’inferieure , auffi-bien qu’aux mammelons. Les Rhagades veneriennes n’arrivent pas leukment aux paumes des mains Si
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»venerienne. LI v. 111. i &S aux plantes des pieds , mais encore a l’anus & à la vulve ; & ees ulcérations font tantôt humides & fanieufes» & tan tôt feches & calleufes. Mais nous parlons feulement ici des Rhagades qui procèdent du virus , par ce qu’elles peuvent être caufees par des humeurs qui ne font pas virulentes > comme font celles dont les Anciens ont parlé dans leurs Ecrits avant que la vé role fut connue.
Leurs fignes. Ces fortes d’ulceres ont leurs fîgnes très-manifeftes, même du peu que nous venons d’en dire -, puifqu'il fuffit d appercevoir de petits ulcérés oblongs en. maniéré de fente , accompagnez d’une grande démangeaifon , qui rendent une fanie virulente d’une mauvaife odeur, & d’une couleur verte 3 citrine, ou noirâ tre , pour être perfuadé que ce font des. • rhagades. Quelquefois néanmoins il ne fort rien de ces ulcérés » ils font fecs &C calleux, & il ne paroit que des fentes otfc filfures.
184 Traité de la Maladie Lears caufes, Les Vulgaires croyent ridiculement que le foye gâte' par le virus , engendre des humeurs phlegmatiques, & que ces mauvaiies humeurs fe déchargent fur les paumes des mains & fur les plantes des pieds comme fur leurs émonétoires , & que ces mêmes humeurs fondent la peau à l'endroit où elles font leur plus forte impreflïon. Mais qui feroit l'homme affez llupide parmi le bas peuple , pour ne pas de venir en moins d’une heure un très-ha bile Médecin , s’il 11e s’agiiîoit que de raiionner ainiî de toutes les maladies par rapport au foye î Rien fans doute 11 plus aifé que de devenir Maître paiféjans étude & fans travail „ dans cet te Médecine hépatique que tous nos Vulgaires profeifent ; & la fable du foye luffit pour obtenir une place entre les principaux Galeniftes ; pour être en droit de faire des affaires à tous ceux qui ofent les contredire ; & pour caufcr avec une effronterie outrée plus que qui que ce foit , fans rien dire que dç ridicule. .......................... ' • * - -
ruenerienne. Liv.IIÏ. i«J C e ft fur ce beau principe que ces mêmes Médecins prétendent que ^cs paumes des mains font le miroir du foye : comme fi en regardant les paumes des mains à la mode des Chiroman ciens , on pouvoir juger de la bonne ou de la mauvaife difpofition de ce vil— Si cette idée étoit tant Toit peu foutenable , nous accorderions encore plu tôt ce privilège à la paume de la main droite qui correfpondau fo ye, qu’a la gauche qui en eft beaucoup plus éloi gnée , & qui a par confequent beaucoup plus d’affinité avec la rate. Nous croirions volontiers avec ces Vulgaires que les rhagades qui arri veraient tant aux paumes des mains» qu’aux plantes des pieds , aux levres » a la vulve & au fondement procéde raient du foye i fi nous tenions comme, eux nôtre jugement dans 1 eidavage , ou fi nous regardions le foye comme le fouverain de tourle corps, qu il gouver nerait comme un tyran plutôt félon fort caprice & félon les fuggeftions de la cruauté , que félon Les réglés de la jufo tice.
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Traité de la Maladie
Les rhagades font caufées par le virus contraélé depuis long-tems , & dont la virulence n a pas été détruite dans le lue nourricier par des remedes conve nables : ce qui a été caufe que dans la iuite du tems les particules acres , acides lalees , fe multipliant fourdement, parviennent jufqu’aux paumes des mains, & aux plantes des pieds avec toute leur malignité : après quoi elles s'exaltent, mfeétent le fuc nourricier, & produiient des ulcérés corrofifs qui fuîvent les rides de la peau.
Leur yronoflique. Quand ces fortes de fontes font ac compagnées de prurit, elles font fort incommodes , & fi Ion négligé de les traiter , elles font fujettes a durer plu sieurs années , & à dégénérer en des ul cérés corrofifs.
La cure des rhagades njeneriennes. Ceux qui fuivent la méthode com mune , commencent le traitement des
*ventrienne. L IV* III*
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rhagades par la purgation , Si ils fe fer vent enfuite de la décodion de lallepareille pendant plufieurs jours ; apres quoi ils ont recours aux topiques. Pour cela ils lavent les pieds & les mains des malades matin & foirdan» une décoction faite avec 1 ecorce de gayac, la fcabieufe , & la qumtefemlle ; & lors qu'il y a de la dureté , ils leurs font tremper les mains & les pieds ma tin & foir dans une décodion du meme eayac, avec les racines d’althea, les feuil les de mauves, de vioiiers , de plantain , & l'orbe dans l’eau de poulet : apres quoi ils ajoutent les aftringens » & enfin ils. font une ondion aux paumes des mains & aux plantes des pieds avec la graille d’oye, ou de poule, avec le beurre, avec la pommade , l’onguent blanc camfre » celui de plomb , ou de ccrufe. Ou bien ils les touchent avec l’eau alummeule magiftrale. , Hercules de Saxe rapporte qu il avoir connu une femme qui avoit eu des rhagades pendant huit ans , & qui avoit inutilement éprouvé tous les remedes qui lui avoient été propofez par les Mé decins de Venife & de Padoüe , qui fut
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T'faite delà Maladie
enfuite fort aifément guerie par le fuc une herbe que les uns appellent ar-
e l É f kr Sm aeS thana*fie , dont elle
enduiïoit fréquemment toutes fes fiiTures avec un petit pinceau , fans fe fervir « aucune autre lotion. Mais il n y a pas beaucoup à compter l i ! v T -CS medicamcns piopofez par les Vulgaires^ -, & quoi que bon en ufc pendant un long-tems , tout le fruit Cli eed ^ prolonger le mal de ne le pas guérir. Pour nous c'eil ainfi que nous procédons dans le traitement des rhagades. Notre indication tend à fondfe, ad douar , & entraîner les particules cres , acides & falées qui conftituent e virus ; & pour y parvenir nous pur geons d abord le malade deux ou trois fois avec les pilules de mercure douxapres quoi nous touchons les ulcères" matin ôc foir avec nôtre eau mercurielj » , n° ? s otons la dureté par l’ufage des emolhens , comme font les mucila ges de femenccs de coins & d e pfilüum, auxquels nous ajoutons un peu de mercure doux. Ou bien nous nous fervons manu & fou- de Ponction fuivance.
*Venerïenne. L i v . 1 11. ï S $ yDe l’axonge de porc , ce que Vous * voudrez.. Mêlez-la avec de l’huile de tartre tirée par défaillance , jufqu à ce qu’il s’en falfe un onguent. Cependant les rhagades font quel quefois fi rebelles qu’elles réfiilent aux meilleurs topiques ; & pour lors il faut donner aux mains & aux pieds un par fum mercuriel , ou bien y faire une friction mercurielle 3 ou bien il faut mêler le mercure fi étroitement avec la pommade qu’il n’en paroilfe pas la moindre atome , puis en frotter les par ties malades , & dans ce tems-là il faut que le malade s’ abftienne de fe laver les mains & les pieds, il faut enfin qu’il ufe de nôtre eau anti-venerienne , & pour lors les rhagades fe guerilfent fans l’ufage d’aucun topique , comme l’experience nous l’a fait voir nombre de fois. R E M A R Q U E S . Nousdifons au fujetdes rhagades veîieriennes , ce que nous avons dit & ré pété plufieurs fois dans nos remarques
x 9 o Traité de la Maladie precedentes , que les effets qui procè dent de la verole comme de leur caufe originelle , celfent bien - tôt lorfque la caufe qui les entretenoic n’eft plus en état de les faire iubfifier. En un mot trai tons la verole univerièlle , & les rhagades veneriennes feront bien-tôt gueries.
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X V III.
Des mûres, des crêtes 3 des 'ver rues3 O* des autres excroif-« fances caufees par le nairus. L n’y a point de champ fi fertile que celui delà verole : car le virus y ayant une fois répandu ion propre ferment, il l’y fait vegeter, germer, croître, fruc tifier , & produire une moiflon abon dante , après une longue fuite de géné rations. Mais on peut dire, que ces fruits font les productions d’une mete mal-faine, qui n ’engendre rien de meilleur que le guy que la grive produit , à ce qu’on prétend, fur les arbres lorfqu’elle
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*venerienne. Liv. III.
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y fait fon ordure. Ces excroiflànces font les mûres , les crêtes , les verrues , les fies, les condilomes, les thymus, & quel ques autres que l’on voit paraître fur le membre v ir il, dans le vagin , & autour du fondement à ceux qui font atteints de laverole.
Leurs Jîgn es. On connoit ces excroiiTances aux marques fuivantes. Les mûres font des excroiiTances qui relTemblent aux fruits que portent les arbres qu’on nomme mûriers. ^ Les crêtes font des caroncules qui le manifeftent au tour de l’anus , qui font allez femblables quant a leur figure aux crêtes des poules , & qui font ordinai rement caufées par cet infâme congres qui fait horreur à la nature. Les verrues que Ton nomme ordi nairement pourreaux , font des excroiifances charnues qui ont au dehors^ des radicules femblables à celles des légu mes qui portent ce nom : ce qui arrive à caufe de leur trop grande fécherelTe. Les fies font des excroiiTances qui
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Traité de la Maladie
fe forment autour de l'anus , du mem bre v iril, & de la vulve, où iè terminent les veines licmorrhoïdales & menftruale s, qui ont une bafe étroite & leur ex trémité plus large , enforte qu’ils ne reiTemblent pas mal à des figues dont ils ont pris leur nom. Les Latins les nom ment auiïï marifcdt. Les condilonies font des tumeurs qui arrivent au vagin, ou à la marge de l’a nus qui reilemblent aux doigts repliez , aux mures qui font venues à maturité , aux fies, ou à un grain de raifin noir. Les acrochordons (ont des efpeces de verrues pendantes, dont la figure eft ronde & la bafe étroite , qui font ainfi nommées, parce quelles femblent être fuipenduës au noeud d’une corde. Il n’en paroît jamais pour une feule, il y en a toujours plufieurs qui ont en viron la groiTeur d'un pois , ou tout au plus celle d'une fève. Son extrémité eft plus large que fa bafe, de forte qu’elparoit être foutenuë par un pédicule. Elle eft dure, inégalé , & de la couleur de la peau. Le thymus , eft une excroiflance iné gale , rougeâtre , & oblongue , qui a la couleur
ntcnerienne. Liv.III. 195 couleur des fommicez de thim, mais qui eft un peu plus grofte , qui paroit au tour du fiége & des parties génitales, &c qui rend beaucoup de fang quand elle eft coupée. Les excroiflances que les Latins nom ment myrmec'mt, , font des verrues moins élevées que les précédentes , dont la bafe eft plus large que la tête , qui font dures , & dont les racines pénètrent profondément le tiflu de la peau : elles font douloureufes , & leur couleur eft noirâtre , le nom qu'elles portent mar que qu'étant touchées, elles caufent une douleur aflez femblable à celle de la morfure des fourmis, & leur grandeur n'excede pas d'ordinaire celle d’un lupin.
Leurs caufes. On regarde dans l'opinion commune les humeurs lentes, vifqueufes , & pituiteufes comme caufes de ces fortes d'excroiflances , & les SeéUteurs de cet te opinion prétendent que ces humeurs étant expulfées avec le fang , vers la vulve, l'anus, ou le membre v ir il, par le foye infeété du virus , elles s’y couTome I I . I
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TrAitè de la Maladie
verdilent en excroiifances telles que nous les voyons. Mais ces gens-là fe trompent groffiéïement : car ces humeurs lentes & pituiteufes mêlées avec le fang ne peuvent pas caufer ces maux , & ce qu'ils répè tent Continuellement du foye par rap port à Tes émonéloires prétendus , doir être écouté comme des châtiions & des contes de vieilles. Ces excroiifances procèdent de la portion vifqueufe du fuc nourricier im prégné du virus qui fi coagule & s'en durcit lorfqu'il cil extravafé hors des tuyaux qui le contiennent, & qui fe change en excroiiTances charnues au deiïus du difu de la partie dont il s'é chappe. Quelquefois auiïï ces excroiiTances font produites de l’excrement greffier des ulcérés qui féjourne long-tems fur la peau, ou par les ordures des onguens qui relient au tour de ces ulcérés, com me on le voit fouvent arriver même aux environs de ceux qui ne font poinc veneriens : ce qui iè fait à peu près de la même façon que la fiente des grives engendre, à ce qu'on croit, le gui fur les
menerienne. LI v.
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ambres, C ’eft pour cela que la verole contractée par l’anus , eft fort fu jette à produire ces excroi fiances. Ainfi cette chair étrangère vit aux dépens du corps, comme l’arbriflèau du gui vit aux déF ns de l’arbre fur lequel il s’engendre.
Leur fronoftique. Les excroilfances dont nous venons «e parler font très-fréquentes dans toute Italie, parce qu’il y a tant de gens ad onnez à 1 infâme congrès , qu’il y a Peu de femmes publiques & de jeunes proihtuez, qui n’ayent au fondement de ces excroillances, qu’ils cachent fous le nom d’hemorroïdes. Elles font rarement feules & il v en aprefque toûjours plufieurs, parce qu elles rendent une mauvaife fanie qui s attache aux parties voifines , & nUî ç multiplier avec une démanaeai„ fi importune , que les malades ne
’ comme il arrive pour l'ordinaire-
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Traité de la Maladie
la vcL'ûle fait beaucoup de progrès ; Sc fi l'on manque à les détruire radicale ment dès qu'ils fe montrent , ils dégé nèrent en carcinomes. Ces caroncules fe manifeftent quel quefois à l’entrée de l’anus & de la vul ve , & quelquefois auffi elles font fituées fi profondément & dans l’anus 8c dans le vagin , qu’on ne les peut attein dre : or on ne peut les guérir qu’autant que l’inftrument propre à dilater ces conduits j les peut rendre vifibles ; & l'on peut dire du moins qu’elles font fans cela d’une très-difficile curation. Celles qui ont leurs bafes fort étroites font bien plus faciles à guérir, que celles dont les racines font fort étendues , 8C qui ont des adhérences très-profondes. Cependant lors qu’on les coupe fans lailler aucune de leurs racines, elles ne reviennent plus , mais pour peu qu'il en refte elles ne manquent pas de renaî tre bien-tôt. R E M A R Q U E S . Bien que l’Auteur faife un afiez mau vais pronoitique des excroifiances ve-
venerienne. L I
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neriennes , en difant que lors qu’on a négligé de les détruire au commence ment de leur apparition , elles dégénè rent en carcinome , il eft encore à pro pos par rapport à celles qui procèdent de l’infame congrès contre nature, d’a vertir les Chirurgiens qui n’ont pas d’occafion d’en traiter fréquemment comme l’on fait en Italie, que ces excroiiiances ainfi dégénérées ne cedent à aucun remede anti-venerien, ni même au traitement de la verole, quelque bien conduit qu’il purifie être ; & que l’ap plication du feu aétuel eft le feul moyen capable de les guérir, quand on le peut porter jufqu’a leurs racines ; au lieu que fi la profondeur des ulcérés qui les produifent ne permet pas cette applica tion , elles font abfolument incurables.
La cure des excroijfances vé nériennes. Nos Vulgaires guerilfent les excroiffances charnues dont la bafe eft étroite, en les liant avec un fil qu’ ils ferrent peu a peu j jufqu'à ce que le malade fe plai gne de la douleur qu’il en relient -, &
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î 9 8 Traité de la Maladie ces excroilTances e'rant ainfi privées de leur fuc nourricier, fe deilcchem & tom bent d’elles-mêmes. Mais toutes ces excroilTances ne peu vent pas etre liées, parce que leur baie «il alTez fouvent large & calleufe. De plus nous n approuvons pas la ligature quand même elle s’y pourroit' toujours pratiquer, parce qu’elle caufe de violen tes douleurs qui ne manquent point de caufer tumeur &c inflammation j outre qu étant gueries par ce moyen , elles font fujettes à revenir bien-tôt après. Quelquefois ils les coupent avec des ciieaux : ce qui ne caufe pas aux ma lades beaucoup de douleur, parce qu’el les ne font pas fort fcnlïbles : mais les malades craignent toûjours beaucoup 1 action des inftrumens tranchans, & ces initrumens ne détruifent pas toutes les racines auxquelles ces excroilTances font attachées ; ce qui fait qu’elles renaiffent ; joint à ce que ces fortes de fections font toûjours fuivies d’enflûre & d’inflammation, qui font un obilacle à la guerifon ; enforte qu’en voulant guérir une maladie , le Chirurgien peut en caufer une plus grande, plus difficile &
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guérir, & qui n’eft point tout à fait fans danger. Il y en a quelques - uns qui brûlent ces excroilïances lors qu'elles font com pliquées ou multipliées ; mais les ma lades ont une terrible horreur de ce remede qui les jette dans un grand danger : car quoi que ces excroilïances foient des chairs étrangères , elles ne laiiTent pas d'être fort fenfibles , parce qu'elles vivent de la même vie que le corps, &C qu'elles tiennent à des parties dont la fenfation eft très-délicate , comme font le membre viril , le fondement &c la vulve , qui îae manquent jamais de fe tuméfier fi terriblement par l’applica tion du feu, que le malade fe trouve dans un très-grand péril. Plufieurs redoutant l’aéfion du fer & du feu , ne fe fervent ni de l'un ni de l'autre dans la cure de ces excroilfances : mais rejettant le feu aétuel, ils ont recours au potentiel, comme eft l’arfenis cryftallin & l ’orpiment , fans pren dre garde que ce font là deuxpoifons des plus mortels, dont ils fe fervent contre des produirions empoifonnées. Ces deux drogues font fi fort contraires au
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ioo Traité de la Maladie baume de nôtre vie 3 que foit qu’on les prenne intérieurement ou qu’on les applique au dehors, elles cauient chez nous d’horribles fymptômes fur les quels je me fuis beaucoup étendu dans notre pyrotechnie , & dans notre exame^ de Medecine , où j’ai traité des poifons à l’occafion de l’i&eritie caufée par le poifon. Il y en a d’autres qui confument ces excroiflances avec l’eau forte ordinaire ; mais il faut l’appliquer avec beaucoup de circonfpeétion , parceque c’eft un cauftique fort Spiritueux, & qui par con séquent s’étend fort loin , outre qu’il ex cite une démangeaiSon infuportable, ronge les chairs , & cauSe la tumeur & l’inflammation. En un mot ceremede n’eft pas en bonne odeur parmi les Chi rurgiens bien fenfez. Enfin tous les Chirurgiens de ce tems Se fervent pour guérir les excroilSances veneriennes qui ont une bafe large, de l’onguent égyptiac , ou de la poudre de précipité incorporée avec l’onguent aureum , ou bien de la poudre de Sabine , de 1 alun brûlé , de l’eau alumineufe de Fallope. Mais ces remedes communs
TJenerienne. Li v.III. 101 il‘ont pas aifez devenu pour confumer ces excroiiTances, & ne font pas de vrais remedes anti-veneriens. Nôtre maniéré de traiter les mûres, les crêtes , les verrues , les condilomes, & toutes les autres excroiiTances veneriennes, afin de les guérir radicalement, confifte non feulement dans l’applica tion des topiques les plus efficaces * parceque ce font des maladies extérieures ; niais encore à combattre le virus par fes fpecifiques donnez intérieurement : de forte qu’ après avoir évacué toute l’habitude par nos pilules mercurielles que nous avons plufieurs fois décrites , nous les confirmions par les topiques fui vans.
¿D e l'alun de roche brûlé , & du vert de gris, de chac. i once.
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Faites les bouillir dans trois chopines d’eau de rofes jufqu’à diminution du tiers, puis filtrez la liqueur pour Tufage, Lavez de cette eau les excroiiTances trois fois dans la journée, & vous les verrez fe diiliper infenfiblement. , Les poudres d’alun brûlé &c de fabine egalement mêlées , font auifi fort bonnes pour les confumer , comme nous
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lo t Traité de la Maladie lavo n s éprouvé cent & cent fois tou jours avec fatisfaélion > & le vitriol (im pie ment pulvérifé ne mondifie pas leuîement toutes fortes d’ulcérés, mais coniiime auffi toutes les chairs fuperfluës. L huile de vert de gris eft encore un fort bon remede contre ces maux. C ’eft ainfi qu’on le prépare.
ÇDu vert de arts ce me vota vaudrez. ; \Du mtr e , une fois autant.
iSi. S
Pulveriiez les, & les mêlez exaélementj puis mettez la poudre dans une terrine & l’allumez avec un charbon ardent jufq u a ce quelle s’enflamme, & faites fon dre à la cave ce qui reliera, ou dans une veille de porc bien fermée qui feraplongée dans l’eau. Mais l’huile de fouffre ou de vitriol l'ont encore plus efficaces. Cependant il faut les appliquer avec beaucoup de pré caution , de peur qu’elles ne s’étendent fur la partie faine. L ’efpric blanc de mercure les furpalfe encore, & je l’ai îoûjours employé avec fuccès : car tou chant feulement deux ou trois fois ces chairs étrangères avec ce remede , je les guéris fort heureufement & fans réci dive. En yoici la préparation.
•Vencrienne. Liv.III. i o i f Du mercure fublimé réduit en a-. ^ poudre ftbtile ce que vous vou~ L-Dc l’argile rouge trois fois autant. Mêlez - lez exactement, & fonnez-en avec l'eau commune de petites boules que vous ferez fécher à l'ombre. Diftillez les enfuite dans une rétorte de verre fur le fable,à un feu de fuppreffion néan moins gradué , pendant deux heures, 8c vous en tirerez un efprit bien pur que vous garderez ; & s’il le fublime quel que peu de mercure dans cette diftillati°n , mêlez-le avec de nouvelle argile , & procédez comme la première fois. L ’eau de fel ammoniac eft auiïi fore excellente pour guérir ces maux. Elle fe fait ainfi. ^ $ Du tartre crud pulverifé,i oncesj ■ ¿Dufel ammoniacpulverifé, 1 once. M êlez les & les fu b lim e z dans u n v a ifl je au c o n v e n a b le , 8c ré ité re z ce tte f u b lim atio n a vec le m ê m e tartre ju fq u ’ à q u atre fo is . A p rè s v o u s m e ttrez ce fe l iu b h m é dans u n lie u h u m id e , oii il f e re lo u d ra en liq u e u r.
Cette eau confume ces excroiilances lails douleur 8c ■ fans’retour.
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’2 04 Traité de la Maladie Mais le plus puifïànt remede dont on puille fe fervir, eft i’efprit de fel ammo niac ainfi préparé. cDu fel ammoniac , ce que vous ’1 voudrez.. Mêlez-le avec de l’argille humide ; puis formez-en des boulettes, que vous diftillerez félon l'art. Le fel ammoniac eft tellement volati le qu'il ne peut fe diftiller : car il eft d'u ne nature mercurielle ; il contient quan tité de foufre qui fe fublime avec beau coup de facilité ; cependant l'argille in tervenant entre les particules de ce fe l, empêche fa fublimation ; & il eft ainfi plus aifément réduit en efprit par l'aéfcivité du feu. Plufieurs Chymiftes faute d'en ufer ainfi , ont perdu leur teins & leur peine : car le fel ammoniac étant très-volatile, on le trouve en fel volatile au haut de la rétorte , au lieu de trouver ion efprit dans le récipient. Mais par la diftillation bien faite on en tire l’elïènce , & il en acquiert une plus grande perfection , étant ainfi quintefleacié 5 & fa grande fubtilité le rend pénetrable en tout fens. Si quelqu'un paroit furpris de ce que
hjenerienne.
Liv.III.
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nous vantons fi fort le fel ammoniac pour confirmer les excroilfances char nues , qu’il fçache que c’eft un remede trés-exçellent contre les ulcérés putri des , & pour confirmer les chairs pour ries dafis la gangrené. De plus ce fel fublimé eft très-propre à réduire les métaux en mercure fluide. L ’eaifrcgale qui dillbut l’or, ne peut être faite fans fel ammoniac. Il peut auffi beaucoup contribuer à la fublimation de plufieurs métaux &c minéraux nés-fixes , & à leur faire changer de natureC ’eft ce qui a engagé Paracelfe au li vre 7 e. de la tranfmirtation des chofes naturelles, à parler ainfi : il eft, dit-il, à obferver ic i, que quelque métal que ce ioit qui eft mis en fublimation par le fel ammoniac, fe réfout après cela en huile quand il eft expofé au froid ou à l’a ir, & qu’au contraire il fe pétrifie au feu. Or ce n’eft pas la raifon feule qui nous perfuade que le fel ammoniac con firme les chairs fuperfluës ; mais l’expé rience nous en a encore convaincu plus folidement &c plus fortement : car ayant falé avec le fel ammoniac un os de bœuf entouré de chairs a nous avons uquvc
x o 6 T'mité de la Maladie après 48 heures la chair confirmée 8C Vos entièrement dénué- De plus nous avons mêlé exactement du fel ammo niac avec de la terre, & nous avons en terré dans cette terre Talée un os confidérablement chargé de chair , & nous Ten avons trouvé tout dénué quelques jours après. Ces expériences donnent lieu de ren dre raifon pourquoi la terre qu'ils ap pellent fainte, confume les chairs des ca davres que Ton y enterre , & en lailîe les os tout dénüéz. Il y a eu dans cette terre des milliers de Martyrs enterrez, après avoir verie leur fimg comme de l'eau pour la Religion Chrétienne ; & comme cette terre a été farcie de fang, il s’y trouve aufli beaucoup de fel am moniac , parce que le fang humain en eft beaucoup chargé : ce qu'il eft aile d inferer de la fabrique du Tel ammo niac qui eft telle. f Du fang humain , j livre ; 1 Du fang de bœuf, ou d’un autre
"s, animal, v livres. ( De l ’eau de puits , 6 livres. Mêlez-les enfcmble & filtrez es mélan ge ; puis expofez au feu la liqueur fil-
'venerlenne. L i y. 111 . i oy trée : faites la bouillir enfuite jufqu’à fon entière confomption, ¡k vous trou verez au fond du vaiiTeau le fel ammo niac. De plus nous fçavons que cette terre fainte eft remplie de fel ammoniac, par Texperience que nous avons faite en pre nant trois livres de cette terre que nous avons mêlée avec dix livres d'eau de puits dans un vaiiTeau de terre. Nous l'a vons fait boiiillir fur le feu , & après, avoir refroidi le vaiiTeau, nous l'avons verfée par inclination & nous l'avons filtrée. Nous avons enfiiite verfé fur la terre reftée au fond du vaiiTeau par trois on quatre fois, la même quantité d’eau que nous avons toujours fait boiiillir de mê me i en forte que nous l'avons abfolument dépoiiiltée de tout f e l , de maniéré que de terre iàinte qu'elle étoit, nous l’avons réduite à la nature de celle qucr les Chymiftes appellent terre damnée. Apres cela nous avons expofe au feu tou tes les filtrations des eaux que nous, avions réiervées jufqu’à Tenticre con fomption du liquide , & nous avoirs trouvé au fond une grande quantité de fel ammoniac.
i o 8 Traité de la Maladie Le doigt d’un cadavre inhumé enfuitç dans cette terre damnée dépouillée de tout Tel, nous avons vu que la chair de ce doigt n’ y a pu être confumée. C ’eft pour cela que cette terre fainte eft religieufement couverte & confervée, tant à caufe du refpeét dù au fang des Mar tyrs dont elle eft imbue , que pour em pêcher les pluyes de diflbudre ion fel qui ferait entraîné ailleurs 3 d’où il arrive rait que cette terre ne confumeroir plus les chairs des cadavres. Cette terre eft appellée fainte parce qu’elle a été arrofée du fang des Martyrs, ôc non pas parce qu’elle confume les chairs des cadavres ; & cet effet qui eft naturel n’a pas été regardé par la Sainte Eglife comme un miracle , félon que le peuple grailler fe l’imagine : car toute terre qui eft imbuë d’une grande quan tité de fang humain , comme un champ de bataille où plufieurs milliers de foldats auront été tiiez, a la vertu de confumer les chairs des cadavres qui y font inhumez. Mais revenons aux excroiifances veneriennes. Quelques-uns enduifent légèrement ces excroiilanccs de l’écume envenimée
nienerienne. Li v. III. 209 de deux dragons re&ifiée , & les gueriffent ainfi radicalement : car c’eft un mé dicament cauftique qui détruit ces chairs fuperfluës , par cet enduit une feule fois réitéré : mais en le faifant il faut éviter avec foin de toucher d'autres parties,que celles que l’on veut confirmer. Lors que ces chairs fuperfluës ne fe montrent pas 3 parce quelles font li mées dans la profondeur du vagin ou du boyau droit, il faut élargir ces conduits avec les dilatatoires qui leur font pro pres j & les toucher avec les remedes que nous avons ci-devant propofez : ce qui en procurera une confomption radi cale. Après quoi il faut de nouveau pur ger les malades avec nos pilules mercu rielles , afin que leur corps foit exempt de toute virulence. R E M A R Q U E S . L'avis de l’Auteur eft tout à fait judi cieux , quand il dit dans ce chapitre aux Chirurgiens de ne pas compter tout à fait fur les topiques pour guérir radica lement les excroiflances veneriennes ; mais qu’il faut pour les guérir fans crain-
1 1o Traité de la Maladie te de récidive traiter la verole univerièlle dont elles font une production. Ce pendant (I l’on s’en tenoit en France à l'ulage des pilules mercurielles , qui eft le feui moyen qu’il propofe pour operer cette cure generale, je doute fort quon pût l’obtenir par un fi foible remede, telle qu’on pourroit la delirer, c’eft à dire , Aire, certaine, & fans crainte de récidivé. Le flux de bouche prudem ment adminiftré eft le feu! moyen de guérir à coup fur cette maladie, comme nous l’avons dit & répété plus d’une fois. Pour ce qui eft des topiques qu’il pro pofe , je ne doute point qu’ils ne (oient très-propres à confumer les excroiflances veneriennes qui n’ont point encore dégénéré en carcinome , & qui ne pro cèdent point de cet abominable con grès que Ton n’ofe nommer ; parce qu’en ce cas-là , quelque terrible & perilleufe que foit l’application du feu ac tuel , c’eft pourtant le remede le plus fur & le plus efficace pour guérir radica lement les excroiflances de ce caractère.
•venerienne. Liv .r u. i n C
h a p i t r e
X IX .
Des douleurs noSîurnes caufées far le •virus. Ntre tous les accidens de la verole il n’y en a point qui tourmentent les malades fi cruellement,que certaines douleurs queTon relient le plus fouveat ou à toute la tête , ou feulement à la moitié , autour des jointures, ou feule ment au milieu des membres. Certainement ces douleurs font fi violentes , que ni les douleurs d’aucune forte de queftion,ni même celles du che valet , ne lui font point comparables. Ces douleurs veneriennes font bien moins fupportables, que celles de la né phrétique &c de la goutte ; & pour tout dire en un mot , ce font des douleurs infernales, que ni les forces de la Natu re , ni les prières les plus ferventes, ni les voeux les plus ardens , ni les Divinitez le plus puillàntes, à l’exception du Dieu mercure, ne peuvent appaifer.
E
2.11 Traité de la Maladie Leurs (ignés. Les douleurs veneriennes font vagues
6c fe font fentir tantôt à la tête , tantôt aux épaules , tantôt aux bras & tantôt en d’autres parties : ce qui fait que les îgnorans prétendent qu’elles font cauiees par des vents. Elles commencent fur le foir * & elles continuent pendant la nuit à tourmen ter cruellement les malades ; & dans la fuite du rems elles attaquent tous les membres les uns après les autres,caufant par tout des diileniîons , des dilacéra tions , 8c des ébranlemens terribles ; & comme cela arrive bien plus ordinaire ment la nuit que le jour , c’eft pour cela que nous appelions ces fortes de dou leurs veneriennes , le tourment de la nuit ; parceque l’on ne s’en relfent prefque plus vers le matin , qu’elles revien nent tout de nouveau dès que le ioleil commence à bailler , & qu’elles conti nuent à tourmenter les malades de plus en plus jufqu’au milieu de la nuit & au delà. Ainfi nous n’avons point de ligne plus
«ïfenerienne. L iv. III. 115 certain pour nous marquer que ces dou leurs procèdent d’une caufe venerienne, que leur retour vers le fo ir, 5c leur aug mentation pendant la nuit. Mais tous les malades ne font pas tourmentez de la même maniéré : car quand ces douleurs font fixes 5c permanentes,les uns font atteints d’une douleur de tête très-violente, les autres d’une migraine,d’autresles reffentent aux épaules , d’autres aux han ches , d’autres aux genoux, d’autres aux malléoles , d’autres au milieu des jam bes, des cuilfes, & des bras, d’autres en fin en bien d’autres endroits du corps.
Leurs caufes. L ’ancienne opinion veut que ces douleurs veneriennes foient caufées par des humeurs mélancoliques Ôc pituiteuf e adultes, que le foye infeété du virus rejette fur les extremitez par voye de congeftïon, 5c dont l’acrimonie contrac t e , ou par leur mauvaife nature, ou par putrefaétion ou par leur qualité mali gne , caufe une folution de continuité, ou une intempérie , 5c par ce moyen des tourmens terribles. Ce qui fait croire à ceux qui fuivent
2. ï 4 'Traitè de la Maladie cetce opinion , que les humeurs mélan coliques & picuiteufes font les caufes de ces douleurs cruelles , c’eft que ces mêmes douleurs n'arrivent q u à ceux qui ont la verole depuis long-tems , & qu ils eftiment que la mélancolie do mine le foir, & la pituite pendant la nuit ; & c'eft pour cela , félon eux, que les douleurs veneriennes commencent le loir & qu'elles s’aigrilîent de plus en plus durant la nuit. Quand le virus après avoir fuivi le fuc nourricier dans les plus petits con duits qui fervent à la nourriture des parties, rentre de nouveau dans la malle du fan g , il y repréfente les feenes les plus horribles ; car il eft plus falé que le fang & toutes les fois que le fel du fang eft exalté ou fixé par le virus, il devient corrofif & caufc les douleurs les plus aigues. Les douleurs veneriennes attaquent d’ordinaire le crâne & la furface des os plûtot que les jointures, peut-être pareeque les arteres & les veines capil laires dépofent fur le periofte le fang prefqueentièrement grumelé par le vi rus, dont le fel ne pouvant être diifout ni rendu tranipirablc par la chaleur, fe cuit
•Venerieme. L i v . I I I . t t S à l'endroit de Ton dépôt, s’y fixe , & s’y exalte enfuite , & ronge alors le periofte qui eft d une grande lenfibilité „ le pique, l’irrite , & le déchire, & caufe de violentes diftenfions & convulfions aux parties contenantes ; ce qui eft cau le que les douleurs deviennent toûjours de plus en plus atroces & cruelles.
Leur ÿronojllque. Si les douleurs veneriennes ne (ont pas t(c*tCeS ^ akord Far ^es reraedes les plus cff{caces, elles caulent des tumeurs gommeufes, ou une cachexie generale qui mènent les malades en peu de tems vers une déplorable hydropifie.
Lu cure des douleurs njeneriennes. Le commun des Médecins le ièrt de tro' s moyens pour guérir les douleurs Veneriennes , qui font la purgation , les ecoétions, & la Tueur excitée par une chaleur extérieure. C eft vainement que l’on prétend enCVcr les mauvais Tues que le virus pro-
1 1 G Traité de la ¿Maladie d u it p a r le s p u r g a tifs o r d in a ir e s & e n c o r e m o in s d e le d é tr u ir e lu i- m ê m e , p a r c e q u ’ ils n e p a r v ie n n e n t p o in t ju fq u ’a u fié g e d u m a l. L e s d é c o d io n s d e la m a n ié r é d o n t ils le s p ré p a re n t fo n t in u t ile s ; & b ie n q u ’ ils fa ile n t o b iè r v e r à le u rs m a la d e s u n je u n e d e 4 0 jo u r s , ils n e g u e r ilïè n t ja m a is ra d ic a le m e n t. L a fu e u r q u ’ils e x c ite n t n e fa it q u e p a llie r le m a l , p a rc e q u ’e lle n ’ e n tra în e q u e c e q u e le v ir u s p r o d u it ,& n o n p as le v ir u s m ê m e , d ’o ù il a r r iv e q u e le s d o u le u r s r e v ie n n e n t a v a n t q u ’ u n m o is fe f o it é c o u lé . Quelques-uns s’appercevant de l’infuffifance de ces remedes pour guérir ces douleurs , ont recours à cet électuaire.
"Des feuilles de fenné de levant 1 once ; Du meilleur turbith, 7 drach. De la falfepareille , fy. < De l'efquine choifie,& de la limwrt degayac. de chac,demie once j Du fajfafras , Des bermodattes , & de la canelle de chac. demie once. Réduifcz tous ces ingrédiens en poudre iubtiiej
rutnerienne. Liv. III. 1 1 7 fu b tile ; p u is a v e c d u fu c c r e c u it e n f y r o p , 8 c a u ta n t q u ’ il fa u d ra d e d é c o & io n d e fa lfe p a r e ille 8 c d ’ e fq u in e , fo r m e z -e n u n é le è tu a ir e e n fo r m e d ’o p ia te . L a d o fe eft u n e o n c e le m a tin c in q h e u re s a v a n t m a n g e r , & a u ta n t le fo ir p e n d a n t h u it jo u r s. D’autres fe fervent de la décoéfcion fuivante. f J)e la falfepareille coupée en meI nues parties, & de la racine | d’efquine coupée par trenches
fort minces, de chac. i once. ¡y, J Du turbith, demie drach. J De la régliffe, i once ; | De l’aigremoine , & des capiU j laires. de chac. i poignée ; [D e la coriandre , i once. L a iflè z in fu fe r to u te s c e s d r o g u e s p e n dant z 4 h e u r e s d a n s fe p t p in te s d ’ e au d e fo n ta in e ; a p rè s c e la fa ite s le s b o u illir ju fq u ’ à la d im in u t io n d u tie r s : a jo u te z y e n fu ite le s fe u ille s d e fe n n é , 8c les f a i tCs b o u illir e n c o r e u n p e u : a p rè s c e la c o u v re z le v a ille a u & le tir e z d u fe u . j a lle z e n fu ite c e tte d é c o è tio n , & g a r d e z a p o u r l’ u fa g e . S a d o fe fe r a d e fix o n ces m a t in & fo ir , a p rè s a v o ir b ie n p u r g é Tome I I K
11 8
Traité de la Maladie
le c o r p s , i l fä llt p e n d a n t c e te m s -la q u e l e m a la d e o b fe r v e u n e d iè te U 'è s-e x a d te , q u e fa v ia n d e fo it r ô t ie p lû tô t q u e b o u il lie , & p o u r fa b o iilb n o r d in a ir e , il fa u t v e r fe r d e n o u v e lle e a u c o m m u n e fu r le m a r c d e la d é c o é lio n p re c e d e n te . Q u e lq u e s - u n s o r d o n n e n t l'in fu fio n fu iv a n te c o n tr e le s d o u le u r s v e n e r ie n n e s c o m m e u n g r a n d fe c re t. ■
'D es feuilles de ferme, D e la limure de gayac , & de fou écorce, de chac. 3 onces -, De la femence de fenouil, De la meilleure rhubarbe, & du galanga , de chac. demie once-. De la Coloquinte, & du chardon bénit , de chacun z drach. ô j demie ; j De l'antimoine , demie once ; \^Du vin grec , 4 pintes. F a ite s d e to u t c e la u n e in fu fio n fé lo n l ’a rt. L a d o fe cft u n d e m i-fe tie r , m a is u fa u t ô te r l ’a n tim o in e d e c e tte in fu iio n > p a rc e q u ’ é ta n t m ê lé a v e c le v in il c a u le d e te r r ib le s v o m ifle m e n s q u i m e ttro ie n le m a la d e d a n s u n g r a n d d a n g e r en le v u id a n t p a r h a u t & p a r b a s. _ Mais toutes ces drogues font mutue
•venerieme.
L i v. 111. 1 1
9
pour calmer ces douleurs, dont elles ne font qu'éflcurer la caufe , fans l'enlever ni la détruire. Nous avons éprouvé plufieurs fois la grande vertu de la décoétion fuivante pour appaifer ces fortes de douleurs, & nous la communiquons fans aucune referve. f De la falfeparellle coupée en me~ j niéesparties , 4 onces ; J Des hermodattes concajfées , &
}
mondées de leur écorce exte~
j rieure 3 1 onces ; ^ De Vanis , à chferetion. Laiffez infufer ces drogues dans dix pintes d'eau de fontaine pendant 1 4 heures dans un lieu chaud : enfuite bou chez le vaiifeau,& les faites bouillir pen dant trois heures : ouvrez après cela le vaiifeau , & jettez-y,
je Des feuilles de fenné de levant, c 4 onces. Apres une legerc ébulition couvrez le vaidèau , tirez-le du feu , & quand il iera refroidi coulez l’infuiion , & que le »ialade en ufe pour fa boiflon ordinaire en gardant une diète defficcative. Us appliquent fur les parties doulouK ij
iio
Traité de U Maladie
reufes des remedes attenuans & digeftifs , comme par exemple un fachec rempli de io n , de m illet, & de fel ; & comme ces remedes ont peu d'effet, ils en viennent aux fomentations faites avec la décodion de gayac & de falfepareille , les feuilles de bétoine, de fauge, de romarin, & de poiiillot, les fleurs de camomille , de melilot & c. Pour calmer ces douleurs il font enco re des ondions avec les huiles de lis blancs, de rhuc, & de gayac ; mais ces huiles bouchent les pores, & augmen tent les douleurs au lieu de les dimi nuer. Quand les douleurs font exceiïïves,ils ont recours aux foporatifs ; mais ils ne iont pas d'un bon ufage dans les affec tions veneriennes , parce qu'ils rendent le virus plus crud , plus fixé , & plus en état par confequent de tourmenter les malades : outre que nous avons obferve que les anodins n'ont jamais foulagé ces fortes de malades , & qu'ils ne leur ont jamais procuré le fommeil. C e qui a été caufe que nous les avons rayez de la lifte des remedes que l'on peut employée avec fuccès contre les douleurs vene riennes.
rvenerienne. Li y. III. zxi Si ces fortes de douleurs réfiftent à ce? foibles remedes, & que leur violence augmente de jour en jour , ils tirent du fang au malade fuivant cette m axime, que la faignée eft d'un grand fecours contre toutes fortes de douleurs violen tes. Ils appliquent enfuite des cautères aux bras & aux jambes. Enfin tous ces remedes n’ayant aucun fuccès, ils onr recours aux emplâtres, aux p a rfu m s& aux fri fiions mercurielles ; & tout cela étant inutile, ils biffent les malades com me incurables. Parmi lesVulgaires il y en a dont la con duite eft encore plus blâmable : car ils n'a bandonnent ces mal-heureux comme in curables, qu'après avoir eu grand foin pen dant cinq ou fix mois d'alterer également leur bourfe & leur fanté par de mauvais remedes ; & quelques-uns apreseela font encore pis en publiant que leurs maux font humainement parlant hors d'état de guérir, parce qu’ils leur o n t, difent-ils , preferit & adminiftré felont outes les ré glés de l'Art tous les medicamens capa bles de contribuer à leur guerifon ; qu’ils leur ont donné les purgations les plus •exquifes, des lavemens fans nombre > K iij
1 1 1 Traitè delà Maladie qu’ils leur ont fait des faignées de toute elpece , leur ont appliqué des fangfucs au liège , leur ont fait prendre des iyrops magiftraux,des dccoétionsidc falfepareille , & d e gayac pendant pîulîeurs m ois, qu’ils leur ont appliqué des cautères, donné des parfums, & fait des onétions mercurielles ;& que ces malades n’étant pas guéris après tant de remedes , il faut qu’il y ait quelque chofe de furnaturel dans leurs maladies. Ainfi après les avoir mis entre les mains des Prêtres, ils fe re tirent comme bien difculpez. Que fi quelqu’ un veut fuivre une meilleure méthode , il doit ufcr des re mèdes fuivans préparez avec foin com me ils font ordonnez:car l’avantage qui en reviendra aux malades fournira la meilleure preuve que l’on puilfe avoir de l’ignorance des autres Médecins Lors que vous aurez à traiter un ma lade attaqué de douleurs veneriennes, confeillez-lui d’abord de garder le lit, & de prendre toutes les précautions poffibles pour fe préferver du froid & de l'hu midité. Faites-lui obferver une dicte exade ; après quoi vous lui donnerez la potion qui fuit pour vuider les première? voyes.
*l>enerjeune. L1v. 111. 123’ f Du fyrop d’épine pontique , 3
onces j De rélecluaire de fine rofat, 5 j drach. j Du fyrop violât, 1 once ; [ Du vin grec , ce qu’il enfaudra’. Que le malade prenne cette potion avant font dîner ; & fi Tes forces le per mettent , il faudra la réitérer le jour fuivant , & enfuite lui préparer cette décoétion. çDe la limùre de gayac , 3 drach•
De la falfepareille concajfée, 1 drach. De la hétoine, D e la marjolaine , & delà limita ^ < re de corne de cerf, de chac. 1 drach. De la cannelle concajfée, demie drach. De l’eau de chardon bénit, 3 demi fetiers. Mettez tout cela dans un grand vaifTeau de verre qui foit bien bouché avec du Üege & du parchemin, afin que rien ne s en échappe. Faites le bouillir enfuite au bain-marie pendant 4 heures. LaiiTèz après cela refroidir levailfeau , puis l'ou ït iiij
%1 4 Traité de la Maladie vrcZj coulez la décoûion, & l'exprimez légèrement. Faites prendre an malade 4 onces de cette décoûion un quart d'heure avant d’entrer dans l’étuve 3 où il fe tiendra jufqu’à ce que les fiieurs viennent abon damment de toutes parts , & pour lors il iè mettra au lit où il iiierafortement, il continuera ce manege pendant 1 1 ou 15 jours ; & s’il eft conftipé faites lui pren dre le 4 c.ou 5 e. jour les pilules fui vantes. cD u mtrcure doux , 1 o grains ; c Des pilules de tribus , z fcrup. Mêlez cela , & formez-en trois pilules que le malade prendra immédiatement avant fon fouper. Si vôtre malade a de la répugnance pour l’étuve , après l’ avoir fuffifamment purgé 3 vous appaiferez fes douleurs par l’ufage de cette déco&ion. f De la falfepareille coupée en mtj nues parties, 1 once ; j Du bois de gui de chêne , 1 once j & demie ; ] De la raclure d’y voire & de corne j de cerfdechac.i drach.&dern 1 De l‘eau de chardon bénit, $ derme
fetiers.
njenerlenne. Liy.III. x i $ Mettez tout cela dans un grand vailfeaiï de verre que vous boucherez de telle forte , que rien ne s'en puiife exhaler. Laiifez cette infuiîon dans un lieu chaud pendant 1 4 heures , & faites la bouillir enfuiteau feu de fable durant 3 heures. Après cela tirez le vailfeau du feu , & le laiifez refroidir , ouvrez-le enfuite, puis coulez la décoétion , & l'exprimez foiblement. Donnez au malade un demi-fetier de cette déco ¿lion 4 heures avant fon diner, & autant le foir avant fon fouper. Il faut après l’avoir prife qu’il relie au Ht bien couvert, pour y attendre une fiieur abon dante , & qu’il continue d’en prendre ainfi pendant i o jours , & avant que ce tems foit expire, il fera exemt de douleur fans crainte de récidive. S’il n’a pas le ventre libre, qu’il pren ne de cinq en cinq jours des pilules detribus, ci-devant décrites avec le mercuïedoux. Faites-lui obferver une diète deiliccative, & qu’il farte fa boillbn or dinaire d’une fécondé décoétion faite fur k marc de la première,que l’on doit aullï faire bouillir dans un vailf eau bien bouché ». Mais pour guérir radicalement les
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y
zz 6 Traité de la Maladie douleurs caufées par le v iru s, il n'y a pas au monde un meilleur rernede que nôtre eau Anti-venerienne, qui furpafle en ver tu tous les antidotes dont on ufe contre la vérole, & qui doit inconteftablement tenir le premier lieu entre les medicamens qui peuvent fervir à la guerifon de cette maladie fàcheufe. Elle eft en un mot d’une telle excellence qu’il n’y a rien dans tout ce que la nature com prend qui lui foit comparable. Avec cette eau l’on peut fe paiTer desdécodions vulnéraires , les étuves font bannies , & les malades qui n’ont pas été guéris par les parfums , & par les ondions mercurielles , le font fouvent par fou ufage ; & nous l’avons trouvé d’autant plus infaillible contre ce m al> qu’un bon nombre de malheureux que toute la troupe des Yulgaires avoir aban donnez comme incurables , après l’ ufage des décodions , des parfums , & des fridions , ont été en prenant de cette eau ious nôtre conduite, tirez d en tre les bras de la mort qui leur étoit in évitable. Eu voici la tecepte & la prépa ration.
rvenerienne. L i v . l I L i t y ~De la falfepareille coupée en me nues parties , i onces ; Du bois de gui de chêne, i once & demie -y De la raclure d’yvoire & de cor ne de cerf, de chac. demie once; J De l’antimoine cnidpulverlfé, & | de la pierre de ponce, de chac. 3 onces. Enfermez ces deux dernieres drogues dans un nouer de lin ge, & les laiiTez infufer avec les autres îngrediens dans 4 pintes d'eau de fontaine pendant 1 4 heures ; & faites la bouillir enfuite à pe tit feu jufqu'à la diminution de moitié : ajoutez-y fur la fin , 4 De la cannelle, z drach. On mêle la pierre de ponce dans cette décoétion comme un correétif de l'anti-' naoine, fans quoi il exciteroit des vomifhemens terribles. Auiïi fe fert-on de la pierre de ponce bien pulvérifée & bûë dans du vin blanc , pour arrêter les vomiifemens exceffifs , qu elle appaife comme par enchantement, comme nous avons marqué dans nôtre Examen de Medecine liv.4. chap. 8. où nous avons' traité de la naufée ôc du vomilfement. K vj
z z 8 Traité de la Maladie Mais pour dire la choie comme elle eft , ce mélange de la pierre ponce avec l'antimoine eft inutile : car 1‘expérience nous a convaincus & bien d'autres au lli, que l'on peut prendre la décoction d’an timoine fans aucun corred if * & fans qu'elle purge par haut ni par bas. Aulïï Z u elfer& Borelli font-ils ufer aux verolez de la décodion fuivante.
"De la racine de falfepareille, 6 onces ; Du faut al blanc , & du bois de lemifcjue , de chac. i onces ; De la raclure d’y voire, & de cor ne de cerf, de chac. 6 drach, De l’antimoine crud enfermé dans un no'ùet,. 4 onces. Faites Doiiillir ces ingrediens dans huit pintes d’eau jufqu'à rédudion de moi tié , & gardez la coulure, pour l'ufage. Nous avons raillé ci-devant les Méde cins Vulgaires,& nous avons rejetté leurs décodions tant au fécond livre de ce Traité, qu'en nôtre Pyrotechnie ; parce qu’ils les préparent dans des vai ileaux ouverts ; & nous confeillons préfentemenî de foire coniùmer la moitié de la décodion précédente à vaiflcau otv*
venerienne.
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vert. mais en cela nous ne nous écartons point des bonnes réglés , parce que les mgrediens qui abondent en fel fixe , out qui n*eft pas du moins beaucoup volatiMe , peuvent entrer dans les décodions que 1 on fait à vailTcau ouvert , comme iqnt ceux qui entrent en cette décocnon j qui foin tous végétaux durs & compades qui peuvent ioutenir une ongue codion. Mais les drogues qui ç °ndent en fel volatile, qui font poreu ses , humides , aromatiques , & dont foute la vertu confifte dans leur furface , emandent une lente codion faite dans unvaiiïeau bien bouché. A nôtre égard , noits recommandons toujours pour le mieux » de faire toutes s décodions dans des vailîèaux bien quehez ; & nous préparons pour celà notre eau anti-venerienne dans un vaifau bien clos : & c'eft furquoi nous ne ^aurions nous taire préfentement ; <Sc quiconque la préparera de cette maniéré J ra ^es miracles : car il guérira radica‘>nent laverole très-promtement ^ &c avec tout l'agrément poffible* L avarice & la mauvaife foi de quelPharmaciens a pourtant quelque-
1 3o Traité de la Maladie fois empêché nôtre eau de produire les bons effets que nous en attendions, par ce qu'au lien de falfepareille , ils fubftituoient la plante que Ton nomme Stnilax afpera : mais ce qui eft encore plus blâmable,eft que pour s'épargner les fi ais & la peine , ils donnoient une fécondé décoction faite fur le marc de la premiè re. Or pour éviter ces tromperies , il feroit fort à propos que ces décoctions fuffent toûjours faites dans les maifons des malades. Nous avons encore une autre maniéré de faire nôtre eau anti-venerienne , quand nous avons à traiter des perfonnes d'une qualité diftinguée, & qui font fort délicates fur le fait des remedes, que nous vous communiquons ici fort vo lontiers. Cette maniéré confifte à diftiller par l'alembic avec fon récipient bien luté les drogues'qui entrent en la compofition de cette eau , après les avoir lamé infufer tendant 2.4 heures, & à ne pas pouffer a diftillation jufqu'à la fechereffe , de peur qu'elle ne fente le feu. On peut à une feule fois diftiller de cette eau autant qu'il en faut pour guerk
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un malade j, parce qu’on la peut garder pendant plufieurs mois & même une an née entière , & que l’on peut même la tranfporter pilleurs pour guérir ce malElle ne caufe point de naufée , elle ne trouble point" l’œconomie de l’eftomac * elle ne caufe point de raports comme il arrive quelquefois lors que l’on en ufe en décoétion. 2. Etant diffcillée - elle acquiert plus de perfeétion qu’elle n’en ayoît, elle de vient très-pure & fa fubtilité la met en état de palier par tout : ce qui fait qu’elle guérit en peu de tems finement & agréablement le mal vénérien,fans crain te de récidive ; parce que les fels volati les de ces drogues ne fe diffipent pas■> tomme il arrive dans la décoétion , 8ç les fels fixes font atténuez par la diftillation , & palfent dans le récipient. Le malade boit tous les jours une pinte de cette eau pour fa boifl'on ordinaire & fen ufage ne convient pas feulement pour; guérir les douleurs veneriennes quelleaPpaîfe en dix joins de tems , mais auffi. four guérir les bubons tant vrais que faux , pour réfoudre les tumeurs gom-. «aeufes, & produire bien d’autres effets
¿32.
Traite de la Maladie
que l'experience juftifie pourvu que ce remede foie bien préparé. Il faut en prenant de cette eau que le malade fe nourrifle de viande rôtie, qu'il évite les alimens cruds, acides , & falez : il faut de plus q u il ait été bien
? m è é-
, . Cette eau opéré p r la tranipiration , par les Tueurs, par les urines , & tresîégerement par les Telles. Mais Ti la diar rhée Turvient au malade , il faut en ceTTer l’ufage , qui mettrait le malade en danger étant continué plus long-tems, comme on le Tçait par des expériences réitérées. Le malade en doit prendre pendant un mois : car quoi que les douleurs Toient appaiTées en dix jours , cependant autre choTe eft d'appaifer les douleurs , & de guérir radicalement la maladie. De plus on peut en uTer en tout tems ? même pendant le froid le plus rigou reux durant les chaleurs les plus excefllves. Cette maniéré de prendre nôtre eau eft très-bonne; cependant elle opéré en core plus efficacement quand le malade en p u t pendre un verre le matin ciüa:
nuenerienne. L i
v.III.
2-3 3
tre ut heures avant de manger ; oc & un autre le ioir, lors qu'étant bien couvert dans fon lit il peut attendre la fiieur3 & quand il veut bien s'ailuiettir à boire à fon ordinaire d'une féconde décoction faite fur le marc de la première dans un vaifléau bien clos. Car en tenant cette conduite vous Verrez en dix jours un changement mer veilleux ^ comme nous le voyons tous les jours en traitant nos malades. La mar que évidente du bon effet de ce rcmede fera le repos que le malade commencera d avoir pendant la nuit. 3- Q jle fi l'état du malade, la necefl uté de fes affaires 3 & la rigueur de la laifon 3 ne lui permettent pas cTufcr de « remede avec toute l'exactitude requie » il faudra avoir recours à nôtre Pyro technie 3 qui fournit encore des remedes plus efficaces contre ces fortes de dou U leurs. 11 faut donc commencer par les plus aciles a préparer. Ainiî quand vous aurez un malade cruellement tourmenté e douleurs veneriennes, faites lui pren dre de ce vin. *
13
Traité de la Maladie
4
rD u fafran des métaux , i démit drachme ; \D u vin ordinaire , x onces.
<
LaiiTez les infufer pendant 24 heures. Après cela verfez le vin par inclination, enforte qu’il ne foit aucunement chargé de la poudre. Puis faites le prendre au malade. Ce remede procurera un douxvomiffement &c quelques Telles : ré'iterez-le de deux jours l’un jufqu’à quatre fo is, & même jufqu’à fix , s’il eft necelfaire , & les douleurs s'évanouiront peu à peu. Ou bien , c Vu mercure de vie , 6 grains ; ' c Du vin , x onces. Lai liez cela en infufion pendant douze heures, après quoi paflèz le vin & Ie donnez. Vous produirez par le moyen de c:tte infufion le même effet que celui du fafran des métaux , & même avec un peu plus de violence ; mais il diffipera auffi les douleurs plus promtement. Il faut reiterer ce remede troij ou quatre fois de deux en deux jours ; ou bien donner de la même façon nôtre hypocras émetiq u e, comme il eft décrit dans nôtre Exa*
•venerienne. Liv.III.
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men de Medecine au chap. de l’apo plexie. Ou bien , ç D u turbith ruinerai addottei , 4 i grains. Dont vous augmenterez peu à peu la dofe 3& que vous ferez prendre au malade, mêlé a^ec quelques pilules purgatives, ou avec quelque confeéfcion cordiale. Il purge fort doucement par haut & par b as, & donne ordinairement le flux de bouche après trois prifes,-; & il 11e manque point d’appaîfer toutes les dou leurs , On ne fçauroit croire combien le tur bith eft efficace pour appaifer toutes les douleurs qui procèdent du virus , &C pour réfoudre les tumeurs gommeufes : car nous l’avons éprouvé nous-mêmes on gu enflant parfaitement plufieurs ma ndes 3 que nos vieux routiers avoient abandonnez, après leur avoir donné inu tilement leurs décoéfcions , leurs par fums , & leurs fri étions mercurielles. Après tout cela les douleurs venettennes font quelquefois fi opiniâtres, flu elles ne cedent ni aux medicamens Vulgaires, ni aux remedes chymiques j & quelles n’en font même que plus
1 36
Traité de la Maladie
Cruelles & plus violentes. Alors il faut avoir recours aux parfums & aux onc tions mercurielles, comme aux derniers remedes & aux plus efficaces. Or quand vous vous trouverez dans l'obligation d’employer ces remedes,il ne faut pas vous laiffer aller aux terreurs paniques que certains Médecins peu exjerimentez pourroient vous infpirer à eur occafion ; parce qu’ils ont eux-mê mes le mercure tellement en horreur, que fon nom feul fuffit pour les décon certer. Car outre que je puis vous adurer, que j’ai traité plus de mille malades atta quez de douleurs veroliques par le moyen de ce remede , fans qu’aucun d’eux ait manqué de recouvrer une fanté parfaite , ou du moins une exemption de toutes douleurs pendant plufieurs années -, il eft encore vrai que Fallope, Quercetan , Epiphanius, Ferdinandus, & la plupart des plus fameux Médecins, eftiment que le mercure feul eft le véri table & infaillible alexipharmaque de la verole : ce qu’ils prouvent par les exem ples qu’ils allèguent d’une infinité malades, qui n’ayant pu guérir par l ula*
Î
•Vénérienne. Liv. III. 137 ge de tous les autresremedes, avoient été neureufement guéri par la vertu de cet excellent ipécifique:& mêmeEpiphanius a(Ture que de plus de 90 Auteurs dont il avoit lù les Ecrits fur la verole, il n'en av°it trouvé que quatre qui l’euifent rejetté. A nôtre égard , nous convenons bien Volontiers que l’application de ce médi cament produit quelquefois d’horribles fymptômes ; maïs ces accidens-là quoi que terribles ne doivent pas effrayer un Médecin fçavant & experimenté , pour vu que dans l’ufage du remede le malade lui-mcme veuille bien éviter les choies qui lui font nuifibles , & faire exaéfce'Uent ce qui dépend de lui pour contri buer au bon fuccès de cette applicationTout ce grand appareil d’accidens ne 101t point épouvanter les malades , en leur faifant croire qu’ils font en danger l perdre la vie ou du moins leurs dents, eurs cheveux, ou quelques autres raemres ' car pourvu qu’ils ibient conduits ails ce traitement par un Médecin fage ^prudent , ils n’en doivent attendre qu une fauté parfaite, & la guerifon ra‘cale de tous leurs maux.
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Traité de la Maladie
Au refte c’eft dans un traitement tel que celui-là, qu'un Médecin a befoinde toute fa prudence pour avertir le mala de de tout ce qui lui doit arriver, afin que ces accidens furvenant dans la fuite, il n’en foit point trop effrayé, non plus que ceux qui s’interelfent dans l’évenement de fa maladie ; mais qu'ils foient au contraire tous difpofez à attendre fans beaucoup d’inquietude, que la fou gue de ces accidens fe calme. Avant que d’enfeigner la bonne ma niéré de donner le mercure, il 11’eft pas hors de propos d’examiner ce que c’eft que ce remede , quelles font fes proprietez, & ce qu’en ont dit ou penfé tant les anciens Médecins que les modernes. Nous ne prétendons pas parler ici du mercure qui eft un des trois principes qui entrent en la compoiition de tous les mixtes , mais du mercure vulgaire que l’on appelle autrement argent-vifArgent, parce qu’il a la blancheur de U Luire , vif, à caufe de fa grande mobi lité , qui ne lui permet aucun repos, & qui le fait regarder comme un anima* qui court toujours fans avoir des piedsOn appelle ce minerai mercure, 3
'Venerienne. Li v. III. i 3? Caufe de fa volubilité & de ion inconitance , toute femblable à celle que les Poètes ont attribuée au Dieu des An ciens qui porte ce nom. H eft encore nommé hydrargirum , comme qui dir°it eau argentée, à caufe de fa fluidité} & dans le fond le mercure eft un eau qui ne mouille point. Il eft hors de doute que l'argent-vif comme tous les autres corps naturels , eft compofé de foufre , de fel , & de mercure. Il y a une grande quantité de loufre, & il y a un mercure qui eft exac tement mêlé avec le fel, de maniéré que e naercure eft 'arrêté par ion fel. A l’égaid du ioufre il eft tellement mêlé avec c mercure & le fel , qu’il ne marque ?,Ucun penchant ni pour l’un ni pour autre, ayant une égale liaiion avec tous les deux. C eft pour cela qu’à raifon du foufre * eft en perpétuelle fuiîon, & qu’étant 111 Une furface plane , il eft toûjours en gouvernent, fans que les particules qui °mpofent fa iubftance adherent les cn^r 3 pX aurres ’ ^ ^ caufe qu’il abonde A oufre, il eft toûjours en mouvement 1 ne s arrête point, & parce que fon
z 40 Traité de la Maladie mercure eft fi intimement mêlé avec Ie fel , qu’il eft arrêté par fon fel, il n’eft point mouillé & ne mouille point. Les Anciens n’ont eu du mercure qu’une notion très-fupcrfiçielle, comme on le peut inferer de Diofcorides en Ton e. chap. 1 2e. & d’Avicenne en fou liv.z\traité fécond. Galien au liv-9e. des fimples medicamens a prononcé trop hardiment, que l’argent-vif n’eft pas du nombre ^des corps que la nature produit» mais c ceux que l’on prépare comme la cerulc. le verdet , la litharge ; après quoi 1 avoiie qu’il n’a jamais fait aucune epreu ve de ce minerai, & qu’il ne ÎÇa^c s 1 eft mortel étant pris intérieurement ou appliqué en forme topique. Dans les derniers fiécles l’ufagedi' mercure eft devenu fort commun,& 0I* s’en eft fervi contre les maladies les p 11 rebelles : ce qui a caufé de grandes conreftatiens entre les Médecins au lujet a propriecez de ce remede. Quelques-u ontafliiré qu’il étoit chaud.d autresqu étoit froid de fa nature,& d autres u nature temperée. , <t Quelques-uns ont avancé que c et
rüenerienne. Liy.III. 141 un poifon très-pernicieux , dont il fal loir abfoluraent interdire l'nfage dans la Médecine ; d'autres l’ont li fort exalté , & l’ont regardé comme un remette II excellent, qu'ils l'ont nommé angéli que , étant d’une nature il admirable , qu’il femble comme un Prothée pren dre toutes fortes de formes fans quitter U fienne propre : car foit qu’on le iubli1T>e, qu'on le précipite , qu’on le mor tifie , qu’on le fixe, ou qu’on le change en quelque maniéré que ce foit ; il con serve toûjours fon eflence , &c fa propre Nature ; en forte qu’il eft aifé de le ré duire en fa première forme. Fallope dit que ce minerai eft une Nuage de la réfurreétion qui eft un mi racle réfervé à Dieu fe u l, & que nous pouvons par fon exemple confirmer les Nacredules dans la croyance des miracles, auffi-bien que par la parole de Dieu, qui nous apprend que nous relfufciter°ns de nôtre cendre ; puifque le mer cure précipité redevient argent-vif. Car ce minerai retient toûjours fon c° rps , & ne contracte aucune alteration ni corruption j parce qu’il eft homogene > & n’a point de parties di fferentes : Tome I I . L
¿42,
Traité de U Maladie
¿ f c ’eft cette homogénéité qu il commu nique à Ton fils qui eft l'or. D’où vient cette grande familiarité & cette fympathie fi intime qui fe rencontre entie l’un ôc l’autre ; enforte qu’il l’embralle avec affection , qu’il l’accompagne d’a bord , qu’ il s’y amalgame , & qu’il s y unit avec beaucoup de facilité comme à ion véritable menftruë , & celui qui lm eft le plus conforme : & comme il eft plus aifé de faire de l’or que de le détrui re , il eft auili plus facile de faire du mercure que de le détruire radicalement, A l’égard de fes qualitez, A v i c e n n e prétend qu’il eft froid & humide au econd degré. Averroës eft du même le'1' tim ent, & Fernel en fon liv. des c a u l e s des choies occultes l’cftime froid & nu* mide au 4 e. degré , ce qui eft confirme par Mathiole. . D ’autres foutiennent qu’il eft chaua & très-fec. Fallope embraflè cette pre mière opinion en fon liv. des métaux e des corps foffiles chap.37. Ils enr°.i lent Galien dans la fécondé ; parce qu1 dit au 4 e. liv. des fimples medic. cbap18 . que le mercure eft cauftique, & ces fortes de medicamens font chau
*■vsnerienne. Liv.III. ¿43 au 4 e. degré , quoi q u il allure au 19 e. liv. qu'il eft contraire à la nature humai ne de toute fa fubftance , & à la fin du même liv. qu'il n’en connoît pas l’ufage comme nous l'avons déjà dit. Quelques-uns prétendent qu'il eft chaud & humide. Amat Portuguais veut qu’il foie froid & fec. Mathias Untzetus dans fon Anatomie fpargyrique du mercure le prétend temperé 3 & compo^ de parties chaudes & froides , mais qu'il eft très - chaud lors qu’il eft pré paré. Hercules de Saxe eft de même fentiment dans fon Traité de la verole ; & il Cn parle comme d'un mixte imparfait dont la froideur fe diffipe dans la calClnation , cn forte qu'il devient trèschaud. Semcrt condamne cette opinion en °n T raité de la verole chap. a i . & prou' e_qu’il eft chaud & fec : mais il faudrait •ure un gros Livre pour examiner les mndemens de ces opinions contraires , autant plus que Fallope & Sennert en 0nt Hit une fi longue difcuiïïon , qu’on ne les peut lire fans un ennui mortel. Mais après avoir fuffifamment parle L ij
z 44 Traité de la Maladie des badineries & des faulfetez allegueeS par ces Médecins timides, qui n'ont ja mais ofé toucher le mercure du bout du doigt, il eft tems de dire ce que nous ont appris de ce minerai ceux qui n’ont pas jugé de Tes proprietez fur fes qualitez premières. Entre ces derniers il y en a quelques-uns qui ont dit que le mer cure eft un poifon, & d’autres ont foutenu la négative. Mathias Untzerus prouve d’une ma niéré fort étendue qu’il ne doit pas paffer pour tel , & s’appuye de l'autorité d’Avicenne, qui dit en fon 4-liv. fen.6e. que l'argent-vif pris par la bouche ne fait aucun m al, & fort du corps comme il y eft entré avec les déjeftions ordinai res. Et Haly-Abbas dans le premier livre de fa pratique chap.43. & Rhafis en fon 9 e. livre à Almanzor difent la meme chofe. . Braflavolus dit que l’on peut en avaller fans aucun danger, puifque les ma réchaux en donnent aux chevaux qui ont des vers, & qu’ils les gueriftent ainii fans autre inconvénient ; & cet Auteur rapporte qu’ il en a donné avec fucces la quantité de deux grains à des enfans quC
Denerienne. Liv.III. 145 les vers avoient réduit dans un état dé plorable , & à qui tous les autres reme* des avoient été inutiles. En mon particulier j’en ai donné plus de cent fois jufqu’à un fcrupule à des enfans moribonds * qui ont été guéris bien-tôt après , le mercure ayant dans le moment tué les vers ; & rien n’eft plus ordinaire par toute la France , que d’ordonner aux enfans contre les vers l’eau de mercure ainii préparée. - Du mercure crud , i once ; "Z De l’eau bouillante , 3 chopines. Jet tez le mercure dans cette eau , & l’y lailfez bouillir pendant un demi quart d’heure : verfez-la enfuite par inclina tion , & la gardez pour la bâillon ordi naire de l’enfant. Cette eau tue non feulement les vers fur le champ, mais elle empêche encore qu’il ne s’en engendre ; elle maintient le corps dans fa bonne conftitution, & en chalfe toute forte de venin. Mais ce qu’il y a de plus merveilleux, eft que la même once de mercure , après avoir commu niqué à cette eau une fi grande ver tu , n’a rien perdu de fon poids , comnae nous l’expliquerons bien - tôt en L iij
2,46 Traité de la Maladie parlant de cette infinie vertu du mer cure. Mathiole rapporte quune femme ayant pris beaucoup de remedes pour fe procurer l'avortement, avalla une livre entière d’argent-vif croyant venir plus facilement à font but par ce moyen que par tous ceux quelle avoir inutilement tentez ; & j’ai été témoin qu’une autre femme en avoit avallé une demi livre dans la même vue , fans en recevoir d’autre incommodité que celle de ne point obtenir la fin qu’elle s’étoit promife, c’eft à dire l’avortement. Les fages femmes ont auffi coutume de donner dans les accouchemens la borieux un fcrupule d’argent-vif , ce qui leur réülïït le plus fouvent : & l’on a obfervé que les malades qui etoient tourmentez durant la nuit d’une grande f o i f , ont avallé des bouteilles entières d’argent-vif, croyant boire quelque li queur , défaltérante ; & qu’ils 1 ont ren du par l’anus, fans qu’il leur en foit arri vé rien de fâcheux. On fçait auifiquedes femmes liberti nes ont quelquefois tenté de fe défaire de leuts maris jaloux, en leur donnant de
nienerìenne. L i v. IlI.
2,47
i’argent-vif ; mais que ce minerai plus humain que n écoient celles qui le donnoient, ne remplifloit aucunement leur attente 3 comme on le voit dans cette epigramma d’Aufonne.
ToxlcaZelotypo dédit uxor mœchamarito, Nec fatis ad mortem credidit effe da tura. Mifcult Argenti letbalia pondera v i v i , Cogeret ut celerem vis geminata necem. Dividat hœc f i quis , faciunt difcreta ve nenum , zAntidotum fum et, qui fociata bibet. Ergo interfie fie dum noxia pocula certant, Cefiit lethalis noxa falutifera. f rotinus ut vacuos alvi petiêre recejfus , Lubrica dejetìis qua via nota cibis. Quam pia cura Deurn, prodefi crudelior uxor, Et cumfata volunt bina venenajuvant. Voici comme l’on peut traduire ces
Vers. Vue femme infidelle ayant donné du poifon à fon mari jaloux , & craignant de ne lui en avoir pas alfez donné , elle y mela une doie confiderable de vifargent, afin de le faire perir plus promp-
L
iiij
2.48 Traité de U Maladie tement. Chacune des ces drogues à part eft un poifon , & les deux enfemble font un conrre-poifon excellent. Ain fi le combat de ces poifons iauva la vie au m ari, en le purgeant par les voyes ordi naires. Digne effet delà providence des Dieux l L'exccs de la cruauté d'une fem me devient falutaire à fon mari dont el le veut fe défaire ; & quand il leur plait un double poifon devient un remede. L'on fçait auiïi que ceux qui ramaffent l’argent-vif dans les m inières, en avallent fouvent une allez grande quan tité pour frauder leurs maîtres, & qu’après l’avoir rendupar les Telles, ils le nettoyent , & le vendent en cachette. Enfin nous éprouvons tous les jours que l’ufage du mercure en forme topi que , n’eft aucunement préjudiciable. Nous nous en fervons par exemple pour tuer les poux, les puces, & les punaifes, & quand un habit eft farci de cette ver mine , en répandant dellus de l’argentv if , ces infectes meurent tous de boufiflure, & il fuffit enfui te de fccoiier l’habit pour les faire tomber ; & lors que ces animaux fe mettent dans les cheveux, comme il arrive d’ordinaire aux enfânSj alors.
*■venerienne. L I v. 1 1 1 . %4 9 { Du mercure crud , i dracb. Metrez-le dans un mortier, & l’éteignez avec la falive. Après cela ajoutez-y. { De /’onguent blanc, i once. Agitez-le de nouveau avec le pilon» afin qa’il s’en faife un onguent noir. Frottez la tête de cet onguent une fois 0u deux feulement en trois oit quatre endroits, & tous les poux tomberont niorts & confiez. Cet onguent eft aulïï fort convenable aux hémorroïdes qui finit fort tuméfiées & fort douloureules. Il ne faut pas oublier ici que certains petits poux qui s’attachent aux poils des parties génitales , & qui font tellement adhérens à la peau de ce sp rties , qu’ils cmblent y être fichez, fe communi quent aifément d’un fujet à un autre par contagion. Car s’il arrive à quelqu’un e coucher une fois feulement dans le lit , Un uutre particulier qui foit attaqué cette verm ine, il ne manquera pas eu avoir une ample provifion,qui s’atta.| eront à fa peau aulïï fortement que 5 us choient nez avec elle. Ces fortes de Pct‘ts poux , s’appellent en François é p io n s . L y
t$o Traité de la Maladie c De l’onguent rofat, i once j c De l ’argent-vif, i drach. Broyez-les dans un mortier de pierre, il bien 8c Ci long-tems , qu'il ne parodie plus aucun veftige du mercure. Tous les Auteurs que nous avons ci tez , 8c toutes les expériences que nous avons alléguées , nous font conclurre très-iurement & très-évidemment, que l'argent-vif pur , crud, 8c qui n’a enco re reçu aucune préparation , non feule ment n’eft point un poifon , mais peut même être pris intérieurement fans au-1 cun danger. Il y a eu cependant un bon nombre de Médecins qui non-feulement n ' o n t jamais manié le mercure, mais qui ne l'ayant même jamais v u , n'ont pas laiffé de le croire un poifon mortel, & qu1 ont infpiré par leurs Ecrits la même opi nion à une infinité de Leéteurs c r é d u les. Galien, Aece, le Conciliateur, Car dan fFernel, ont été de ce caractère aufiibien que beaucoup d'autres qui ont avancé fans aucun fondement folide, que l’argent-vif caufe la ftupeur , Ie tremblement, la convulfion, la paraly s e , l’epilepfie , l’apoplexie, la iypotlu* m ie 8 c q u e lq u e fo is la m o rt.
'Venerienne. L
iv. III.
2,;r
Mais Quercetan dans fes confeils fur la vende fait bien voir dans quelle igno rance étoienr ces gens-là fur la nature de 1 argent-vif ; & cette controverfe a ete bien décidée par Sennert &c par ¿août, r Après tout ce que nous venons de di re du mercure , qui contient à peu-près ee qu en ont dit & penfé les vulgaires dpnts, il ne relie plus qu a examiner iî argent-vif a été communément reçu four le ipécifique de la verole. Quercetan le ioutient tel dans les en droits que nous avons déjà citez. Epipoame Ferdinand dans la 1 7 e. de fes «dtoires alfure qu'il a guéri cent cin quante verolez tous differens d'âge , de f Xe * .^e P ^ s > de tempéramentt & en es iaifons toutes differentes, par Pulà8e du mercure > & il fe reffouvient en rrK'me tems de Du-Lattrens, oui dit er»
1 5 2.
Traite de la Maladie
Ceux au contraire qui nient que ^ar g e n t-v if foit le veritable antidote de la vérole , font ceux-la même qui regar dent ce remede comme un poifon. Au refte 1“experience nous apprend tous les jours , comme elle nous l'a toûjours ap pris, que ces efpeces de verole qui n'ont point cédé à l'ufage des végétaux antiveneriens , & à celui des fudori tiques ont été gueries radicalement & fans au cun danger par l’ufage du mercure. Nous allons maintenant communiquer fans aucune réferve nos obfervations fur l'argent-vif, & les principes fur lefquels nous fondons nôtre doctrine à cet égard. Il faut donc premièrement fçavoir que l’argent-vif,eft un corps métallique,dans la production duquel la Nature a épu»e toute fou induftrie, pour l'affranchir du joug qu'elle a impofé à tous les autres mixtes : car on fçait par experience que tous les autres corps mixtes font fujets a l’altération, à la corruption, à la divifton, & à la tranfmutation ; &Cqu'il n’y a quc le mercure feul qui foit incorruptible > inalterable , indivifible , & immuable,. non feulement par les forces ordinaires des agens naturels , mais auiïï par 1 &r
menevienne.
L i y. 111. 2. 5 3
tion des agens les plus forts , des li queurs les plus actives , & de tous les diiTolvans que l’induftrie des Artiftes a jufqu’à prefent inventez , & de tous ceux qu'elle pourra inventer à l’avenir. D’où il eft aiféd’appercevoir , com bien ceux qui donnent des qualitez pre mières à ce minerai , ou dans un degré extrême, ou dans un degré plus modéré * font éloignez de connoître fa nature r car la qualité qui procédé de tout le mixte peut abandonner fon corps & fe communiquer à un autre : au lien que l’argent-vif qui eft un corps indivifible & inaltérable , ne peut rien communi quer à un autre de ce qui lui appartient -, f^tee que s’il perdoit quelque choie de fa propre fubftance , il ne ferait plus tel qu’il étoit auparavant : ce qui n’arrive jamais au mercure , comme on le peut: prouver par une infinité d’expericnces. Ceux qui. ont crû que l’argent-vif «ou un poifon,n’ont pas mieux raifonné Par rapport à fon indivifiblité. Car ce qm eft un poifon doit necelfairemenc. rranfmettre quelque chpfe de lui-même ans un autre corps, pour attaquer fa vie. pour la détruire •, ce qui eft impofli-
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Traité de la Maladie
bledans l’argent-vif : il eft donc par conféquent impoifible q u il foie un poifon. De-là il finit conduire que l’argent-vif ne pouvant être ni un poifon, ni un ali ment, il doit être regardé comme un remede. Cf eft pourquoi il ne le faut ap pliquer au dehors ni le donner au de dans fans une grande neceflïté, & feule ment lors que la maladie le demande abfolument:& nousfommes perfuadezqu’il agit pour guérir une maladie,comme tous les autres mcdicamens ont coutume d agir : au lieu qu’étant pris fans neceffite, s ’il ne tue pas comme un poiion, du moins il peut être nuifibie , tant a caufe de fa merveilleufe pénétration, qu à cau fe de ion poids exceiïif, étant le plus pr iant de tous les métaux après l’or. Il faut fçavoir en fécond lieu , qlIC comme l’argent-vif conferve toujours en lui-même fon égalité % ion indivihb ilité , & fon inaltérabilité, & qu’il elt incapable de tout changement ; i l tue auffi & détruit immanquablement tout ce qui étant âcre , falin & fulphureuX* femble avoir du penchant a agir contre lui & à le contrarier dans fes operations: & il le change en toute autre chofe «U*6
•Venericnne. LI y. III. t s s ce qu’il étoît auparavant, pendant qu'il refte toujours lui-même dans le meme, état ; bien qu'il paroi il e comme mafqué & allez different en fa iurface. On ne peut difeonvenir que le mer cure ne foit exemt de toute mauvaiie qualité lors qu’il eft (impie, pur, & fans mélange d’aucun autre corps : au lieu que venant à être mêlé avec des li queurs acres, falées , & fulphureufes, il devient fi pernicieux, qu’en moins d un quart d’heure il peut tuer l’homme le plus robufte , ce que l’ on ne voit que trop iouvent arriver par fon fublime. Mais il faut obièrver que ce n’eft pas. alors le mercure qui iè change en poîfon , mais que ce font les ièls des li queurs acres , qui ie difpofent a atta quer vlgoureufèinent le corps du mer cure pour l’ouvrir & le ronger, & qui ie trouvant trop foibles pour l’entamer & le divifer, font eux-mêmes changez fur le corps du mercure, à la fermete du quel fis ne peuvent donner aucune at teinte , en forte que réagiffant fiir euxmêmes , pour ainfi d ire , faute de pou voir mordre fur ce minerai dont la ni b P tance eft indillbluble ils s’exaltent &
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Truité de la Maladie
acquièrent les proprietez d’un venin . .corroiîf j en forte que le prétendu venin ’du mercure ainfi mafqué 3 n’eft pas at taché au mercure même , mais eft pro duit & coagulé fur fon corps : car dès que le corps du mercure après fa calci nation venimeufe3eft féparé des fels qu’il a contraétez par cette calcination 3 il redevient précifément tel qu’il étoit au paravant : ce qui n’arriveroit pas il quel que partie du mercure avoir été chan gée en venin ; d’autant que le retour delà privation à l’habitude eft impoflible. C ’eft donc en deux maniérés que le mercure change en poifon les corps auxquels ils fe joint 3 ou par fublimation, ou par précipitation. Par exemple le fel de vitriol eft changé par le mer cure dans une nature corrolive & com me ignée. Car c’eft par la force du feu qui l’éieve avec lui, & que ce fel fe trou vant mêlé avec fes particules , il aug mente leur acrimonie. Or voici com ment on fublime le mercure. f T>h mercure bien purifié,
J Du vitriol rougi , & du fielprépttJ ré 3 de chac. i livre ; L Du fiel nitre, 4 oneet,
njenerienne. Liv.III.
2.57
Broyez-les, & les mettez enfemble dans un mortier de pierre avec un peu de vinaigre , jufqu'à ce qu'il ne paroiiTe pas la moindre parcelle d’argcnt-vif. Toutes ces chofes étant bien-mèlées fe ront mifes dans une cucurbite bien la vée, fur laquelle vous mettrez un Alembic a bec. Donnez le feu par degrez fé lon l'Art pendant huit ou dix heures , ôc recevez l'eau forte qui dégouttera par le bec de Talembic, & vous aurez un mer cure fublimé blanc comme la neige ; & afin que vous l'ayez encore plus parfait, vous pouvez le fublimer une fécondé fois ajoutant pour chaque livre de mercure fublimé une autre livre de fel préparé, & quatre onces de vitriol,& vousle fublitoerez une troifiéme fois avec le fel feul. Mais afin que vous connoiffiez la confiance immuable du mercure après 1 avoir mafqué fous cette apparence de , 1 > vous verrez cependant par l’operatlQn fuivante qu’il n'eft changé en aucune nianiere.
ÇDe la pim forte leffive commune que vous pourrez, avoir , deux pintes j mercure fublimé, demi livre.
jç, 1 1
i 58
Traité de la Maladie
Mettez le mercure en poudre & le jettez dans cette leiïïve tiède, & avant qu’ une heure fe Toit écoulée le Tel vola tile du vitriol , & les autres fels feront diifouts;& pour lors l’argent-vif fe trou vera au fond du vaifleau en forme flui de, & le fel de vitriol & les autres fels s’alïbcieront au fel lixiviél. Cette mécanique vous fait voir pre mièrement la vérité de ce que nous avons dit de la confiance & indiviiïbilité du mercure. Vous voyez en fécond lieu que les efprits acres & falez , font changez fur le corps du mercure qui agit fur ces fels , fans qu’ils ayent aucune réa&ion à fon égard. Troifiémement il eft manifefte que l’argent-vif n’eft pas un venin par lui-même -, mais que ce font les fels qui fe joignent à lui qui s’exaltent & aquiérent de nouvelles proprietez, & qui font par conséquent chan gez en quelque chofo de corrolif , de corruptif & de pourrilïant. L ’argent-vif eft précipité par des li queurs fortes qui ont été auparavant exaltées par le feu , comme font l’eau forte , l’huile de foufre, l’efprit de vi triol exprimé par le feu de réverbere,
•Venerieme. Liy.III. 159 l’efprit de nitre, & par d'autres liqueurs femblables que Ton peut préparer par art chymique , & au moyen defqueîles il faut pour préparer ce précipité pro céder comme il mit. f De l’eau forte , ou des autres ef-
4
prits dont nous avons p a rlé, i onces -, { Du mercure coulant, 1 once.
Mettez-les dans un vaiifeau de verre en telle Forte, que le mercure fe trouve entièrement diüout dans l'eau. Cette dilTolution étant faite mettez le vaifTeau fur un petit feu , afin que l'humidité de l’eau s’exhale en vapeurs, & qu’il fe coa gule au fond une matière jaune : alors augmentez un peu le feu , & cette ma tière jaune en fe delfechant fe changera en une poudre très-rouge ; & pour lors l’argent-vif eft nommé précipité , & eft un remede corrofif & cauterifant trèspuiflamment. Cependant fon aétion eft un peu moins violente que celle du fublimé corrofif. La précipitation du mercure vient de ce que le fel exalté dans ces liqueurs diftülées qui font très-fortes, venant à at taquer l’argent-vif , fe coagule fur fon
z 6 o Traité de la •¿Maladie corp s, & abandonne l’humidité aqueufe qui le tenoit en diiTolution. Alors ce fel mêlé avec les particules du mercure, & dépouillé de toute humidité, acquiert une pénétration égale à celle du feu , SC au moyen du mercure prend la nature d’ un venin corrofif , pendant que le mercure relie immuable fous l’enduit de ce fel. En effet il le mercure précipité eil for tement macéré dans l’eau commune, il fe dégage du fel qu’il a emprunté de ces liqueurs fortes , & ce fel fe trouve enfuite dans l’eau même fous la forme d’a lun de Roche , pendant que le mercure coulant fe trouve aifemblé dans le fond du vailfeau en même quantité qu’avant d’être précipité. Outre ces deux maniérés de fublimer ëc de précipiter le mercure par lefquelles il eil mortifié , & dont il ne faut ja mais prendre intérieurement , parce qu’elles cauferoient infailliblement la mort aux malades , la Chymie pratique en a découvert une troiiîéme qui m01' tifie le mercure fans lui communiquer aucune qualité plus mauvaife que n en a le corps qui fert à le mortifier : ce qul
'Vânerienne. L i y. 111. z g i arrive ainfi parce que ce corps n’efl: point d'une nature faline, c’eft le foufre commun que la nature a mis en état de Pénétrer les corps métalliques, fans qu'il d?Cf
°in qUe l iUC lexalce Par lc moyen
y- { B u foufre v i f commun, i livre. «tes-le fondre au feu dans un vaiiTeau ,c terre, & jettez-y enfuite peu a peu “« mercure crud une livre. Remuez toujours cette matière avec l’efpatule, )« qu à ce que le foufre foit parfaitement «de. Réduifez après cela cette malle en Poudre, & la mettez dans un vailleau u «matoire , & tenez-la pendant iîx jures à un feu gradué : & le mercure outeraavec leioufre en cinnabre tout | i « celui que l'on vend dans les bouques. Il s’attache aux cotez du vailfeau " j Y coagule en forme de rayes, fie < i niercure amfi fubliméavec le iouainr maucui1 8°ot n’y aucune activité : Vc 1 » peut-être pris en telle dofe qu’on J ’ car »’ayant aucune aétion , il parfafi1C t0l,te k i°ng»eur des inteftins fans , e aucun mal. Ce cinnabre a pourtant fll/^ v eilleu x effets étant pris en parah comme nous le dirons cy-aprcs.
i 6 i Traité de la Maladie
à
bien
Il eft cependant remarquer que des gens qui fe fervent de ce remede par pure empyrie, fans en connoître la natu re lle fçachant pas que le cinnabre eft fait avec le mercure, promettent aux malades avec ferment de ne fe point fervir de mercure dans leur traitement ; mais feulement d’une poudre qui leur eft par ticulière. Le mercure ainfi converti en cinnabre iè remet auili dans fon premier état par l'operation qui fuit. f Du cinnabre bien pulverifé, * J livre. l De la chaux vive pulverife'e, J C livres. Mêlez-les enfemble exactement & jettezles enfuite dans une retorte de verre » a laquelle vous joindrez fon récipient Donnez après cela à ce mélange le feu par degrez ; & vous verrez que le mercure tombera tout coulant dans le récipient» abandonnant fon mafque de foufre à la chaux à laquelle le foufre fe joindraC e mercure ainfi revivifié du cinn®' bre eft très-pur, & nous devons nous eu fervir pour toutes nos préparations met' curielles, afin d’éviter les tromperies de* Apoticaires.
xvenerienne.
L iv .III. 163
L’argent-vif Ce mêle auifi & Ce morti fie en quelque façon avec les chofes gialles, & pour lors étant appliqué fur le corps, il eft attiré du dehors au de dans à caufe de l’analogie qu’il a avec la ^e animale, & pénétré ^ aores de tous les endroits fur lefquels il a ft é étendu, dedélivre le corps qu’il a pénétré de toute contagion. On mortifie l’argent-vif en pluficurs panières ; car félon la commune opi'Uon > la mortification de ce minerai ne ‘gnifie autre chofe que ia réduéh’on en Rendes parties , & toutes les fois qu’il j '’'ah réduit, il Ce mêle avec beaucoup e facilité avec les corps gras & onctl1eux- Ce fera donc ainfi que vous pro fé r e z à fa mortification. fy- {Du mercure crud , 1 onces. , iettez-le dans un mortier de pierre, & |ettez far deifus de la falivc humaine ¡^utc récente : agitez-les enfemble avec CP^0 11, & peu à peu vous le diviferez 11 des atomes imperceptibles. Ou bien , ^ c Du mercure crud , 1 onces j ^ d Du fuc de limons, 1 once. ^ettez l’un & l’autre dans un mortier ^pterre ; puis agitez-les avec le pilon,
2,64 Traité de la Maladie Qc par ce moyen le mercure ic diviièra en atomes trcs-déliez. Ou bien ,
cDu mercure crud, i onces ; i De l’urine humaine , i once. Agitez-les de même dans un mortier; & vous aureziiy^ rcure bien divifé. Après * o i r fait connoître les proprierez du mercure, comment les fels Ie joignent à lui , & comment ces fels en déployant contre lui toutes leurs forces pour le détruire, dégenerent eux-mémes en des poifons corrolîfs , le mercure confervant toujours fa fubftance immua ble. Il s’agit maintenant d’examiner fi_ e mercure guérit la verole par une manié ré d’agir abfolument impénétrable, 011 fi l’on peut après une recherche curieufe pénétrer la mécanique d’une opéra* tion fi furprenante. Nôtre penfée eft que la r a i f o n qlJ| fait agir l’argent-vif contre le virus e très-évidente ; & voici là-deifus notre raifonnemenr. Les préparations de 1‘argent-vif que nous avons ci-devant rapportées >0'ir voir clairement que les fels acres 2 le z , & les liqueurs exaltées par l’aèh011 du feu , agi lfenc de toutes leurs foicys
'Venerlenne.
L i v. 111.
z6$
furie corps du mercure, & l'attaquent *vec toute la vigueur imaginable ; 8c que bien que ces liqueurs acres femblent avoir changé ce minerai par leur J &ion, nous avons neanmoins fait voir en le reduiiànt dans ion premier état, qu elles ont au contraire été elles-me. nies changées & mortifiées autour de ion corps , qui eft de fa parc toujours refte immuable & permanent. H eft de plus certain par toutes les preuves que nous en avons données, que le mercure crud & fluide n eft point l,n poifon dans les corps vivans, au connaire qu'étant pris intérieurement il peut remedier à certaines maladies ; ■nais qu’il devient un poifon très-funef. te ors que les liqueurs acres fe chan gent elles-mêmes au tour de ion corps , °nt elles s'efforcent inutilement d’entamer le tiflu. Ces principes ainfi pofèz fur des ex périences inconteftables, nous revenons ux théorèmes fur lefquels nous avons mbli l’eflence de la verole. ] ., 0lls avons dit que l’effencede la male venerienne confifte dans la dége^ration du fuc nourricier, lequel en fe IL M
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Traité de la Maladie
fixant devient acre & corroiif, ce qui cil fuffifamment marqué par Tes effets les plus ordinaires ;puis que les ulcérés, les caries, les douleurs cruelles, les érofions des amygdales, les corruptions des par ties fpermatiques, des cartilages , & des o s , font les effets que produifent neceffairement les liqueurs corroilves : d ou nous avons lieu d’inferer très-certaine ment , que le virus exalte le fel du fuc nourricier , & le rend acre & corrofif. Suppofons maintenant que l’argentv if entre dans un corps infeété du virus, & qu’étant infiniment pénétrant, il s m* iînuë dans toutes les porofitez de ce corps ; il eft certain que le fel du fuc nourricier exalté faifant aéfcuellement un ulcéré, une érofion, une corruption, ou caufant une violente douleur en que*' qu’endroit du corps que ce fo it, venant enfuite à rencontrer le Corps du mercu re , il fc met aufli-tôt en état d’agir con tre lui : ce qui l’oblige à fe féparer des parties auxquelles il s'étoit attaché, pont le joindre tellement à ce minerai, que le virus & le mercure ne faifent plus q u ’un feul corps, comme il arrive à 1 eau
*Vinerienne. L i v .
III.
iC j
forte & au mercure qu'elle diiTout, de rte plus paroître qu'une meme chofe. . l>ar ce moyen le fuc nourricier que le v!lus_avoit exalté & fait dégénérer de ià conftitution naturelle , étant féparé des parties auxquétles il s'étoit attaché de la maniéré que nous venons de dire, & s étant précipité fur le corps du mercule » arrive que la nature des parties <lui e'toit auparavant opprimée par le vi rus, recouvre fa liberté , & lé met en revoir de chalfer hors du corps ce pré cipité mercuriel . s’en déchargeant le plus fouvent par les conduits excréteurs es glandes du gofier dont l’épiderme fe ucchire: ce qui donne lieu au flux d’une lalive très-puante. * Elle s’en décharge aulïï quelquefois Par les urines, quelquefois par les felles, & quelquefois par les füeurs ; & cette ccharge étant achevée , la nature fatiSuce du combat qu'elle a foutenu re vend de nouvelles forces, & donne lieu a tout le corps affoibli tant par la malale que par le remede, de fe rétablir ÔC le fortifier. Après cela l’on n’a plus à appréhender que la récidive , en cas que l’argent-vif M ij
i 68
Traité de la Maladie
n’ait pas entraîné avec lui toute la ma tière virulente. Or tout ce que nous ve nons d'alléguer, montr# niffifamment que le mercure eft le feul vrai & fpécifique remede capable de guérir la vé role. il ne nous relie donc préfentement qu’à faire voir quelles font les meilleu res préparations de ce minerai que la chymie a inventées , & au moyen des quelles étant dépouillé de toute fa ma lignité , on en peut ufer fans craindre qu’il caufe aucun delordre. Mais comme nous avons fait voir cidevant que le mercure fublimé eft un poifon corrofifdes plus puilfans, en lui raifant fubir ft. préparation f u i v a n t e vous lui ôterez toute fa corrofion ; & vous en ferez un médicament fort doux, que l’on nomme aulfi pour cela mercu re doux, ou dragon addouci.
mercure JM im é , & du mer { Ducure coulant, de chac. 1 ô w f & demie. Mettez-les tous deux dans un mortier de, pierre & broyez-les avec un pilon, jUlf qu’ à ce qu’il ne relie aucun veftige de l'argent-vif, de qu’il n’en réfulte qu'une
njenenenne. Li y. 111. 16 9 ttialfe noirâtre. Mettez alors cette maffè dans un aludel au feu de fable pendant fix heures ; après quoi le mercure le trouvera fublimé. Le vaiifeau étant re froidi calfez-le, & vous trouverez autour de ce vaiifeau le mercure doux fublimé & cryltallizé , donc les feces relieront au fond du vaiifeau , que vous rejetterez avec la matière noirâtre qui fera atta chée au col du vaiifeau. Et il vous fubliniez ainli lix fois de fuite le mercure doux, vous aurez le calomelan du Turquet. La dofe de ce mercure ainfi préparé ift depuis un icrupule jufqu’à une drach me & demie , félon l'état & la conftitutution des fujets ; & on le peut mêler avec des pilules ou des conferves purga tives , avec la theriaque, la confection d hyacinthe , & d’alkermes , ou avec d autres lëmblables compolltions, fui e n t l'idée du M édecin, & le befoin du malade. Ce remede eft très-efficace pour ch at y r Ie virus hors du corps avant que les douleurs , les tumeurs gommeufes, &C cs Symptômes les plus fâcheux de la vetolq ayent paru : car quand ces accidens M iij
%7 0 Traité de la Maladie fe font une fois déclarez , il donne véri tablement aux malades quelque foulagement ; mais il ne les guérit pas entiérement. La qualité du mercure n’eft pas tou jours égale, car il eft plus ou moins bon, félon l’endroit d’où il eft tiré. C ’eft pour cela que celui que l’on tire des minières voifines de l’or & de l’argent eft eftimé le meilleur j & pour cette même raifon l’on fait beaucoup de cas de celui qui vient d’Efpagne ou de Hongrie. Il y a encore de l’argent-vif qui eft gâté dans la terre même par le mélange des mauvaifes matières qu’il y trouve, comme font l’arcenic, l’antimoine, le plomb , la cadmie. De plus le mercure peut encore être altéré par certains Sophiftiqueurs qui entendent fi bien à y mêler le plomb , qu’étant ainfi mélan gé , il ne lai lie pas de palier au travers du chamois , ce qui fait qu’il eft trèsdifficile d’en connoitre l’alteration. Voici néanmoins les marques aux quelles on peut connoitre le bon & 1e" gitime argent-vif. Premièrement l’ar gent-vif eft eftimé bon quand étant pouffé au feu dans une rétorte il ne lait'*
<
njeneriem e.
Liv.III. 2.71
fe aucun excrément. Secondement lors qu’étant évaporé dans une cuillère d ar gent lur les charbons ardens,il laiiïe une marque jaune ou blanchâtre à la cuillè re., ôc quand il y en la! lie une brune ou noirâtre il a beloin d’être purifie, itf. en le faifant palier au travers du chamois fur lequel il laiiïe quelques çxcrémens groffiers : mais cette purification n eft pas bien fùre, comme nous 1 avons déjà marqué. On peut encore purifier le mercure par la lotion avec le vinaigre ie u l, ou avec la leifive de chaux vive & de cendres gravellées , ou avec la leiïive de favon , en l’agitant fortement avec ces liqueurs, & en&ie féparant foigneufement des or dures qu’il y laiiïe. On le purifie encore en l’agitant fortement avec l’efprit de vin dans un vaifleau de verre, & l’on voit un excrément noirâtre aux cotez du Vaiifeau. Ce minerai peut encore être purifié par la diftillation qu’on en fait dans une rétorte fur un feu allez v if (ans addition ou avec l’addition du fel de tartre, de la chaux v iv e , ou de quelqu’ autre matière femblable -, & il eft encore très-bien puM iüj
272
Traité delà Maladie
rifié en l’amalgamant avec des métaux parfaits , & en retirant enfuite le corps amalgamé par la rétorte. Mais là purifi cation la plus parfaite confifte à le revi vifier du cinnabre, comme nous l’avons dit cf-devant. Or le mercure précipité que nous avons dit n’aguere être un poifon corrofif, eft changé par la préparation fuivante dans un turbith minerai qui eft un re mede excellent. rDu mercure précipité, 1 onces ; $0 s De l'huile de foufre tirée par la \ campane , 4 onces. Mettez l’un & l’autre dans une ré torte de verre fur les cendres chaudes pendant deux jours, diftillez-les enfuite, 6c les cohobez trois fois, Sc à la derniere fois pouflez le feu fortement ; & alors vous aurez dans la rétorte le turbith mi nerai que vous réduirez en poudre , SC que vous laverez enfuite trois^fois dans l’eau chaude , & quand la poudre fera bien feche , vous verferez enfuite l’e f prit de vin deftlis que vous ferez brûler entièrement par trois fois : après quoi vous aurez une poudre fort addoucie, d o n t v o u s donnerez depuis cinq grains
Denerienne.
L i y. III. 173
jufqu’à huit, félon la force Si la conftitution des fuj ets que vous aurez à traiter. Vous pourrez mêler ce mercure avec les pilules purgatives, les conferves , Si les confe&ions cordiales. Il purge dou cement les malades par haut & par bas, & caufe aufli quelquefois un leger flux de bouche. Il calme tellement tous les fymptômes de la verole , que les mala des paroiifent parfaitement guéris : mais après le mal ne manque gueres à fe pro duire de nouveau. Comme le cinnabre que nous avons dit être fait par la calcination du foufre commun avec l’a rg e n t-v if, après fa fublimation , ne produit aucun effet bon ni mauvais , étant pris intérieure ment en quelque dofe que ce foit , il doit être regardé , comme une drogue mutile contre toute efpece de verole-; d où fl s’enfuit que l’on n’en doit ufer quen forme de parfum capable de pe s t e r tout le corps par fes parofitez du dehors au dedans. En effet le cinnabre réduit en poudre, puis jette fur les charbons ardens s’en flamme & s’exhale dans une fumée épaiCfe <3c grofliexe ; & cette fumée n’eit auM. v
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Traité de la Maladie
tre choie que le mercure mêlé avec le ioufre par la fublimation & par la calci nation , 8c dilïout avec le ioufre par le moyen du feu. Cette fumée a une telle Sympathie avec la vie humaine , qu’il Suffit qu elle s’élève au tour d’un corps làin ou malade, pour être engagée à en trer dans les porofitcz de ce corps, & à le penetrer juiques dans les os mêmes 8c juiques dans leur moelle la plus in time. C e parfum mercuriel a une fi grande vertu qu’étant donné par un habile Mé decin j il n y a point de fi petites par ties dans le corps qu’il ne pénétré, & de Toutes fi étroites & fi écartées où il ne ie glifle, & où il n’entraîne 8c nechaiFe absolument tout ce qui peut fe rencon trer de virulence venerienne. Auffi arrivc-t’il fouvent qu’un mala de cruellement tourmenté de douleurs veroliques , en eil parfaitement délivré après trois ou quatre parfums , ce qui lui donnant lieu de ie croire guéri , le porte a ce lier le remede ; mais parce <lu il nc Suffit pas pour une parfaite gueriion d’avoir calmé ce iymptôme , mais qu’il faut encore détruire radicalement
Uenerleme. Liv.III. 175 & totalement fa caufe , il fe peut bien faire que ce malade retombe dans le même accident, à caufe que la virulence refte'e dans la malle de fes humeurs s’y exalte de nouveau quelque tems après, & produit de nouvelles douleurs toutes femblables aux precedentes. On peut dire au furplus que ce par fum m ercuriel, eft un remede uni verfel très propre à guérir la verole de toute efpece &.dans tous fes degrés , pourvu qu’il foit bien donné & adminiftré ; iuifqu'il guérit efficacement les ulcérés, es pullules, les douleurs, les durerez , les tumeurs gommeufes , les nodus, les galles , les chûtes de p o il, la phtyfie, fhydropifie, & tout ce que le virus peut caufer au corps humain de plus fâcheux fymptômes. Mais ii d’une part ce parfum a toute l’efficace & toute l'énergie que l’on peut defirer pour guérir toutes fortes de vé roles, il eft d’ailleurs bien fatiguant pour les malades & bien difficile à fupporter , à caufe des fâcheux accidens qu’il produit ordinairement en combattant le Virus. Ç ’eft pourquoi il eft de la prudence M vj
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I y 6 Traité de la Maladie du Médecin, d’avertir fes malades des maux cruels qu’ils auront à fouffrir du rant Ton operation, & même de les leur repréfenter encore plus grands qu’ils ne feront, afin que tant le malade que les aififtans ne foient pas épouvantez quand ils verront arriver ces iymptômes ÎÏ ter ribles , & afin que la violence de ces accidens ne les porte pas à croire que le malade ait été empoifonné 3 fur tout fi l ’on venoit à mander un autre Médecin qui ne fçachant pas que l’on eût donné ce remede , ne manqueroit pas de les confirmer dans cette fâcheufe idée : au lieu que fi le Médecin qui traite le malade a fait un jufte pronoftique de tous ces accidens ; îl délivre fon malade & ceux qui s’intereifent pour lui de toute apprehenfion, & fe fait regarder comme un Prophète. Car quoi qu’il furvienne fouvent de terribles accidens quand ce remede a été donné fort à prop ' r' malade eft patient Médecin eft expérimenté , foigneux 3 & attentif à remedier comme il doit à tous ces lymptômes 3 qui mettent le malade dans un grand danger, l’heureufe guéri*
venerlenne. L i v. 111. 2 .7 7 fon qui fuccedera à routes ces allarmes, jettera tout le monde dans l’admira tion. Il s’agit maintenant de faire connoitre quels font ces horribles accidens » d’où ils procèdent , pourquoi ils arri vent, & pour rendre tout cela plus pal pable, de faire une courte répétition de ce que nous avons ci-devant établi dans nôtre théorie, c’eft à fçavoir que le vini 3 étant un fel corrofif exalté, de la nature de F eau forte & des autres liqueurs exaltées par le feu , lorfque ce felcorrolîf exalté exerce fa violence contre le corps humain, la fumée du mercure ve nant à le joindre , elle le faiiît comme l’eau forte jettée fur le mercure, 5c il ne fe fait qu’un même corps de l’u n & de l’autre : 5c c’eft ainii que le mercure s’empare du virus qui tourmentoit cruellement les parties du corps fur l e t quelles, il a g illo it, 5c qu’ill’en fépare Si l’en détache. Mais parce que la nature du corps ne peut pas fouffrir long-tems ce qu’il y a d’étranger dans la folidité de fes parties, elle fait tous fes efforts patur eiraffer au plutôt cette matière virulente
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Traité de la Maladie
dont le mercure s'eft chargé , & elle fe fert pour cela des voyes qu'elle trou ve les plus propres pour arriver à fon but. C ’eft la raifon pour laquelle cette dé charge ne fe fait pas toûjours de la mê me maniéré après l’ufage du parfum mercuriel , & quelle fe fait quelque fois par la bouchej quelquefois parles urines , quelquefois par les Tueurs, & quelquefois par les Telles. Toutes chofes bien confiderées, il eft fâcheux que cette matière virulente s'é chappe par la bouche :car pour lorsla lan gue, le goiier, les gencives, le palais, les lèvres, & l'interieur des joues Te tumé fient extraordinairement, & jufqu'à un tel point que la langue ne peut être contenue dans la bouche , & que les malades ne peuvent ni boire ni mangerAprès cela ces mêmes parties s'ulcè rent , & fournilïènt une grande quan tité de falive fanieufe, vifqueufe, & trèspuante , qui leur caufe en Tortant une douleur mordicante & très-vive \ & c'eftlà ce qu'il faut que le Médecin prédile d'abord au malade , & la violence de ces accidens loin d'étonner le Médecin, doit
•venerienne. L i y. III. 1 7 9 au contraire lui donner un bon augure du fuccès de fon traitement : car s'il conduit la barque comme il faut ,1a ma tière la plus maligne étant évacuée dans l'efpace de dix jours , l'orage ceiTera bien-tôt après , 6c le malade ie trouvera quitte de ia maladie. Quelquefois comme nous 1avons dit» la matière virulente qui doit etre éva cuée n'enfile pas la route du gofier » mais le portant vers le mefentere , elle caufe d’abord une diarrhée, puis la dyfïenterie avec de legeres tranchées : ces accidens ne doivent étonner ni le malade , ni le Médecin , car ces accidens celleront d'eux mêmes après trois jours fans 1 ufage d'aucun remede, 6c le malade le trouvera guéri. Cette même matière virulente enfile affeziouvent lavoye des urines» & ne produit alors d’autre accident, que celui de l’écoulement extraordinaire d une très-grande quantité d’urine blanchâtre 8c g roiîiere , T qui fera après quelques jours le préfage de la guerifon du ma lade. Enfin ce virus s’ouvre fouvent lé chemin de fa décharge par les pores
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Traité de la Maladie
de la peauj, ce qui lui donne lieu de s’é chapper tant pat les lueurs,que par l’infeniible tranfpiration ; 8c cette voye eft encore plus iùre & plus agréable que toutes les autres, & ne laide pas le moin dre fuj|t de crainte. Après avoir foigneufement obfervé tous les accidens qui ont coutume de fucceder au parfum mercuriel , il nous relie à examiner ce que le Médecin doit faire pour empêcher que ces accidens ne foient funeiles aux malades. 4. U faut pour cela leur interdire d’a bord l’ufage de l’eau commune, comme un poifon, paxxeque en les refroidiflànt & en les humeélant trop , l’évacuation de la matière morbifique eft fupprimée. Il eft donc bien plus à propos^qu’il boive de bon vin dans une quantité modérée. En fécond lieu l’air qui environne le malade ne doit point être fro id , mais au contraire actuellement chaud, afin que fes pores ioient ouverts. Troifiémement il doit éviter tous les alimens qui peuvent fournir des cruditez , 8c comme il n’en peut prendre qu’en petite quantité , il eiHaon qu’ils foienc fort nourriiTaiis.
*ztenerienne. Liv.III. x81 y II faut en quatrième lieu regarder les faignées , les purgations , & toutes les évacuations qui peuvent affoiblir la nature , comme des chofes qui lui lont trcs-préjudiciables. Enfin l’aéte venerien eft un venin mor tel pour ces fortes de malades , parce qu’il abbat les forces > & qu’il diilïpe beaucoup d’efprits. Cependant ces for tes de malades ont en ce tems-là beau coup de penchant vers l’amour , parceque les remedes qui combattent le virus ont une fi grande relation avec les par ties génitales, qu’en fe portant vers ces organes avec impetuofité, ils les irritent, les picotent, & y réveillent puilïàmtnen la fenfation particulière qui y réfide. Ayant fuffifamment infifté fur les ré glés qu’il faut fuivre dans la pratique du parfum , il eft tems d’en venir aux formules de ce remede qui font les meil leures. Sur quoi il eft necertaire d’obferver d’abord, qu’il ne faut point ache ter le cinnabre pulverifé , parceque les Dtoguiftes , pour gagner davantage , y Relent du minium , qui ne fe réfout Point en fumée ; & ainfi le Mcdecin fe
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Traité de la Maladie
trouve fruftré de Ton attente : achetezle donc en gros moceaux fillonnez, puis réduifez - le en poudre j ou pour mieux faire faites en vous même la pré paration. La première formule du parfum dont les Médecins ignoraient autrefois la composition 3 conftoit à mêler le cinnabre dans des pilules compoféesde beau coup d îïîgrediens, & comme ils ne connoiflbient pas la véritable énergie de ce remede , les Charlatans leur en impofoient à cet égard , en mêlant confuSément beaucoup de drogues plus pernîcieules qu’utiles aux malades. La mix tion Suivante a été ici regardée comme un grand Secret dans l’hôpital des incu rables de Naples.
(D e la lycharge, $ onces, De l’antimoine , & du cinnabre > de chac. 1 once ; Du po'ypode de chêne, & du rkdpontic, de chac. 5 onces ; Du calamus aromatique, De la cannelle, ‘D u macis, De la noix mufcade , De l’alun,
weneriéme. L i v. I IL 2.8 3 Du vert de gris, & de r aidés , de chac. 3 drach. Du minium , & de la fandaraque des Grecs , de chac. 1 once. Pulverifez tous ces ingrediens & les in corporez enfuite avec la terebenthine pour en pouvoir former des pilules, que l’on jettera fur les charbons ardens. On nè péut ■ allez admirer la {Impli cite de l’Auteur de cette recepte, de s’ê tre imaginé que la lytharge & l’antimoi ne jettez au feu pcuvoient donner quel que effumation , vu que ce font des corps très-fixes , fur lefquels le feu ne peut avoir aucune a¿lion ; & fa {Impli cite a été encore plus grande depenfer , que la fumée des autres fimples végé taux qu’il a fait entrer dans la même re cepte j pouvoît pénétrer les porofitez du corps. Cela étant, toute ta vertu de cette cotnpoiltion dépend du cinnabre fe u l, lequel étant mêlé avec tant de drogues Inutiles, perd lui-même beaucoup de fa Vertu. Fallope s’eft fervi d’une autre formule qui s’éloigne moins de l’intention qu’on doit avoir , bien qu'elle ne foit pas en core auffi{Impie quelle devroit l’ctrc.
Traite de la Maladie
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ÇDu clnnabre, 3 onces ; I De la fandaraque des Grecs , 1 j drach. & demie -, De la myrrhe, j De l ’encens, | Du bois d’aloes , & de la gomme l_ ammoniac, de chac. 1 once. Pilez ces drogues grolfierement, & for mez en des pilules avec la terebenthine, pour les jetter fur les charbons ardens dans le befoin. Cetre formule ayant le cinnabre pour ià baie , 11e doit pas être abiolument rejettée ; mais comme les autres drogues quoique pretieufes font inutiles , com me par exemple le bois d’aloës ; que le cinnabre n'a pas befoin d'être corrigé, car il n'y a que fa feule fumée qui°penétre le corps , il eft beaucoup mieux de lailfer ces fuperfluirez ; & de n'em ployer que le cinnabre feul avec un peu d’encens , tant pour corriger la rnaiivaife odeur du cinnabre,que pour le déguifer afin que le vulgaire ne le méprife p as, comme il fait allez volontiers les drogues qui lui font connues.
S ^‘ é
Du cinnabre , & de l’encens fri* ver i f é , d e c h a c . 1 once.
hjenerienne L i v . I I I .
z8f
Mêlez les enfemble exactement , puis partagez cette dofe en dix portions éga les en cas que le malade loit fbible , en huit portions iï les forces font médio cres , & en fix portions s’il eftfort 8c robufte , & lui en faites uiér comme nous l'allons dire. Purgez premièrement le malade de fes humeurs groffieres 8c fuperfluës avec le fyrop de nerprun , ou avec les pilu les de tribus, 8c le mercure doux. Après cela faites le couvrir , & mettez auprès de fon lit un tonneau de bois mince comme celui de Naples qui n’ait aucun fond , 8c un petit liège en fon milieu for lequel le malade fe puiiTe alFeoir commodément. RemplilTez enfuite un rechaud de charbon bien allumé 8c laiffoz-le dans le tonneau ou dans l’étuVe alfez long - tems pour les beaucoup échauffer , les ayant 'préalablement couvert avec une bonne couverture de laine. Faites alors entrer le malade nud dans 1 étuve ainfi préparée, 8c le faites affeoir for le fiége. Otez enfuite le grand feu du rechaud enforte qu’il n’y relie que trois ou quatre charbons. Après cela
z 8G
Traité de la Maladie
donnez au malade une portion de U poudre fumigatoire, & dites lui de jetter lui - même cecte poudre iur les char bons quand il commencera d'entrer en Tueur. De cette maniéré la fume'e de la pou dre vemphlfant le tonneau ou l'étuve, SC environnant tout le corps du malade, engagez-le d y relier pendant un quart d'heure s'il lui elt puiiible, après quoi forçant de l’étuve, il s'enveloppera d'un drap bien chaud , & le jettera dans Ton l i t , où étant bien couvert , il luera du rant une heure entière très-abondam ment. On l'clïuyera enfuite , & on lui fera prendre un bouillon bien reftaura n t, & il gardera ainii la chambre pen dant 20 jours. Le tems propre à donner ce parfum eft plutôt avant le fouper, qu’avant le dî ner , parceque le virus eft plus en mou vement le foir, que le matin, & par con, féquent plus difpofé à ceder au remede. En cas que le malade Toit foible , on ne lui donnera le parfum que de trois en trois jours. Une once de cinnabre fuffit pour guérir toutes fortes de malades. Si c’eft du cinnabre d’antimoine , uns
rvenerienne. L i v .
III. 18 7
demie once fuffira, & fi c eft du cinnabre naturel, deux drachmes luffiront. Or comme les onftions mercurielles font encore fort en ufage particulière ment en Efpagne , & qu e^es deman dent les mêmes égards que le parfum mercuriel, il eft maintenant fort à pro pos de donner quelques formules de ces onétions. Il faut remarquer d’abord qu’il n y a d’autre différence entre le parfum SC l’onction mercurielle , fi ce n’eft qu en donnant le parfum à un malade , le mer cure entre dans fon corps en forme de fumée , & qu’en lui faifant l’onétion, le mercure y entre fous fa propre forme. Au furplus dans l’adminiftration de 1un & de l'autre, on a toujours la même indi cation. G. Cependant il eft plus fur de le don ner en fumée qu’en onétion , parcequ’étant donné en onétion , il entre en plus grande quantité & plus impetueufement dans le corps du malade , y caufe par conféquent des fymptomeS' plus prompts & plus fâcheux : outre qu’en donnant le mercure en furnee , le Médecin eft beaucoup plus fur de la dole
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Traité de U Maladie
quJil en donne au malade, que lors qu’il le donne en on d ion : ians compter qu’il eft encore plus maître de ccÏÏer d’en donner,lors qu’il craint qu’il ne failè du defordre. C ’eft pourtant une vérité confiante qu’aux tumeurs gommeufes fort obitin ées, aux nodus, & même aux douleurs veneriennes qui ne cedent pas au par fum , l’ondion mercurielle produit d'or dinaire de très - bons effets. Ainfi après avoir préparé le malade de la même ma niéré que nous l’avons enfeigné avant de lui donner le parfum , il faut obferver dans l’ondion mercurielle les me mes circonilances ; fi ce n’elt qu’avant d ’entrer dans l’étuve l’ondion doit lui avoir été faite , enforte que l’étuve ou il entre enfuite, & où il relie pendant un quart d’heure, ne fert qu'a faire péné trer plus aifément & plus promptement Pondion qu’ il a reçue. Les formules des ondions mercuriel les font fi differentes à raifon des ingrediens qui y font ajoutez inutilement, ou fimplement pour le faite , quand on a de Grands Seigneurs à traiter , qu’il fejroit ennuyeux de les rapporter toutes.^
*venenenne.
L iv .I I I . 189
Voici celle qui cil la plus ufitée dans la Ville de Naples. 'D m mercure , & de la graiffe de porc nouvelle , de chac. 8 onces : Ve l'huile de laurier, une once ;
De l’huile de bois de gayac diflil lé e , 1 once & demie ; D mfiyrax, 1 once que l’on dijfoudra dans 1 once & demie de terebentbitte, pour en faire utt onguent félon l'art. ]eanZvel fer dans fes remarques fur la Pharmacie d'Auibourg, donne cette re cepte.
{D u mercure crud bien purifié, & de la vieille axonge , de chac. 1 livre ; Ve la lytharge d'argent, & de U cerufe , de chac. z onces ; Ve la myrrhe, De l’encens m ale, Des gommes bdellium , & am moniac, de chac. 1 once ; Ve la thériaque d’Androm. & du mithridates de Vamoc. de chac. me once ; De l’onguent d'althea, z onces demie i Tome 1 1 .
N
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Traité de la Maladie i De l'huile de laurier, 4 onces ; ] ‘D e la gratjfe de viper es,1 onces 5 J D e la réfine de pin , z onces &
demie. DilPolvez les gommes dans l’efprit de vin j puis les ayant mêlées avec le relie, formez-en un onguent félon 1 art. Mais l’airemblage de tant de drogues ou à caufe de leur vifcolîté , de leur épailPeur , & de leur on&uoiîté , ou à caufe des chaux du plomb , comme font la lytharge, 8c la cerufe, diminue l'effi cace du mercure , ferme les pores, bou che la peau , 8c l'empêche de pénétrer intimement la fubltance des parties : SC il ne faut pas dire que cet amas de dro gues corrige fa m alignité, puis qu elles fervent plutôt à le lie r , à l’empêcher d’agir , 8c à former des obltacles à fon palPage, eniorte qu'il n’en palTe pas une alPez grande quantité , 8c que ce qu U en pâlie loin d’être aétif & animé , relie engourdi 8c lans énergie dans le tillu des premières parties qui le reçoivent : ce qui fait qu’il n’y excite pas de grands defordres ; & c'eft pour cela même que les malades qui paroilPent parfaitement guéris par les ondions, retombent bien tôt après.
uenerienne. L iv. III. 2.91 D’où il faut conclurre que les onc tions mercurielles les plus limples font auflî les plus efficaces': au lieu qu'étant embarrauees d’un grand nombre d ingrediens , il arrive que dans un tel fa tras , il y en a beaucoup plus de nuifibles que de profitables. Voici la formule dont nous nous fervons. [7)e /’argent-vif éteint avec lefuc i de limons , z onces ; J De Vaxonge de porc lavée avec de bon vin, ponces ; j De l'onguent de noix mufcade , ï ^ once. Mêlez tout cela pour un onguent félon l’art. Il fuffit de frotter avec cet onguent les paumes des mains & les plantes des pieds i & le mercure ainfi adminiftré pé nétré auffi aifément toutes les parties du corps que le parfum. S’il y a en quel que endroit du corps que ce foit quel que tumeur gommeuie rebelle & opi niâtre 3 on la guérira en frottant fimplement l’endroit tuméfié avec cet on guent mercuriel. Quand un malade efl robufte on peut lui faire l’onétion plufieurs jours de fuiN ij
l ) t Traité de la Maladie te : mais on ne doit la faire que de deux en deux jours à un fujet foible. On pourra aufîi employer jufqu’à une once d onguent pour un fujet fort , au lieu qu’une demie once fuffira pour un fujet débile. Avant de faire fonction , il faut frot ter fortement les parties douloureufes avec un linge , puis l'onétion étant faite il faut que le malade entre dans l’ étuve , l’envelopper d'un linge bien chaud quand il en fort, puis le jetter dans un lit & l’y bien couvrir, & qu’il y relie pendant une heure pour y fuér ; après quoi on l’elfuyera <Sc on le mettra enfuite dans un lit bien chaud. On ne peut pas facilement détermi ner le nombre des onctions que l’on doit faire à chaque malade, parce qu’on leur en doit faire plus ou moins félon la diverfité des temperamens, & félon le degré de la maladie : cependant il eft allez naturel de les continuer jufqu’a ce que les gencives fe tuméfient, ce qui effc la marque d’un flux de bouche prochain; ou bien on les continué jufqu’à ce que le corps foit fuffifamment évacué , juf qu’à c e que les ulcérés de la bouche
venerienne. Li v . I I I . 193 foient guéris , ou pour mieux faire jufqu' à ce que les douleurs rebelles & les tumeurs gommeufes fe foient diffipées. Ce font là toutes les préparations mer curielles, tant intérieures qu'extérieures, que l'on peut employer dans le traite ment de la verole, la maniéré d'en u(er, & les moyens de remedier aux accidens qui peuvent furvenir durant leur ufage. Mais quoique ces préparations foient fort exquifes,, elles ne font pourtant pas fort eftimées des véritables Philofophes qui en ont encore de plus excellentes, & par lefquelles l'argent - v if fe trouve abfolument fixé, enforte que trois grains d'une telle préparation fuffifcnt pour guérir les veroles les plus rebelles fans aucune évacuation fenfible. Tel eft le mercure diaphoretique de Paracelfe &C é'Helmont, donc j’ai donné la prépara tion dans nôtre Pyrotechnie philofophique livre quatrième chap. 3. article 4. R E M A R Q U E S . 1. M a is pourguérir radicalement....'? L'Auteur après s'être déterminé adon ner la compolition de fon eau anti-veN üj
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traité de la Maladie
s
nerienne, qu'il avoir deja beaucoup van tée dans les chapitres précedens , re cueille ici toutes les forces de fon élo quence pour combler fon éloge , en diiant que les malades qui n’ont pas été guéris par les décodions, les parfums, & les ondions mercurielles, le font fouvent par fon ufage. Qui ne s'attendrait après cela à voir entrer dans la compoiition de cette eau des drogues rares & inconnues 5 Et quel le peut être la furprife des Praticiens, de lui entendre dire que la faliepareille, le gui-dechêne , la raclure d’y voire & de corne de cerf , l'antimoine crud & la canelle, n’ayant que des vertus médio cres entre les mains de ceux qui les em ployeur tous les jours , ayent entre les iîennes une lï merveilleufe efficacité qu’il n ’y ait rien félon lu i , dans tout ce que la Nature a produit, qui foie compara ble à ce remede. Il faut avoir une bonne proviiion de crédulité , pour ajouter foi à des chofes fi peu croyables , fur tout fi l’on joint à cela la contradidion où tombe l’Au teur , quand après avoir dit qu’il n’y a point de meilleur remede au monde
rQenenenne. Liv.III. *95 pour guérir radicalement ces fortes de douleurs , il dit bien-tôt apres qu il y en a de ii opiniâtres qu'elles ne cedent ni aux remedes vulgaires, ni aux remedes chymiques ; & qu’alors il faut avoir re cours aux parfums & aux onétions mer curielles , comme aux derniers remedes & aux plus efficaces. On ne fçauroit gueres chanter la palinodie fur un meilleur ton dans un même chapitre. i . Etant dijiillée elle acquiert...... Les perfe&ions attribuées à l’eau anti-venerienne diftillée paroitront fort équi voques à tous ceux qui connoiilent les remedes , & qui fçavent juger de leur effet ; la diftillation étant autant propre à diminuer la vertu de certaines drogues, qu’à augmenter celle de quelques au tres. Or il n’y a pas lieu de croire que la fimple diftillation foit plus propre à exalter la vertu des drogues qui entrent en la compofition de l’eau anti-venerienne en queftion qui font toutes fort compa&es, que l’élixation qu on en peut faire dans un vaifTeaubien clos. 3. Qite fi l'état des m alades ......... S i ceux qui font un peu veriez dans le trai tement des maux veneriens, & qui con'N iüj
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Traité de la Maladie
noiflent un peu les remedes , ont lieu d’être furpris d’entendre l’Auteur van ter Ton eau anti-venerienne , qui n’eft compofée que d’ingrediens fort com muns & dont la vertu eft bien bornée, comme un remede capable de tirer d’en tre les bras de la mort les malades que les Vulgaires abandonnent comme in curables -, ils ne doivent pas l’être moins bien-tôt après, de lui entendre dire qu’il faut avoir recours à fa Pyrothecnie, pour avoir des remedes encore plus efficaces contre les douleurs veneriennes. Car quel remede pourroit être plus efficace contre ces douleurs, qu’une eau qui les calme en dix jours de tem s, & qui ne convient pas feulement pour appaifer ces fortes de douleurs, mais qui eft également propre à guérir les bubons vénériens tant vrais que faux, à dilfoUdre les tumeurs gommeufes , & à gué rir même la verole univerfellc dans tous fes degrez, quand elle eft bien pré parée & adminiftrée ? Cependant les remedes qu’il propofe comme plus efficaces que fon eau antivenerienne, & qui l’obligent à fe rétrac ter & à fe dédire des grands éloges qu’il
Uenerlenne. L
i V.
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lu i a v o ir d o n n e z , fo n t le fa f r a n d e s m é tau x & le m e r c u r e d e v ie m fu le z d a n s le v in o r d in a ir e , Se e n fu it e le t u r b ith m i n e r a i. . , L e s d e u x p re m ie rs re m e d e s o n t d e s v o m it ifs , q u i p e u v e n t ê tre d ’ u n b o n u f a e e e n b ie n d e s re n c o n tr e s q u a n d ils lo n t b ie n p la c e z ; & le t u r b it h m in e r a i e ft u n fo rt b o n re m e d e p o u r g u é r ir les v é ro le s p a r t ic u liè r e s & m ê m e la v e r o le e n tiè re q u a n d e lle e ft ré c e n te , m a is i l n ’ eft p as fu ffifa n t p o u r g u é r ir r a d ic a le m e n t u n e v e r o le in v e t e r é e , n o n p lu s q u e les d o u le u rs v e n e r ie n n e s o p in iâ tr e s SC fo rt a ig u e s , q u i en fo n t le s fu it e s , e flu x d e b o u c h e e x c ité p a r le p a r f u m , o u par le s f r ic t io n s m e r c u r ie lle s e ft u n r e m ed e b e a u c o u p p lu s fù r & p lu s c e r t a i n , c o m m e l ’ A u t e u r e n c o n v ie n t p r e lq u e auiïi-tôt. .. .. 4 . Il faut pour cela lui interdire.. .. .. Quand l’ A u te u r n o u s d it ic i q u ’i l fa u t in te rd ire l’ u fa g e d e l’ e au c o m m u n e c o m m e u n p o ifo n dans le tr a ite m e n t d e la v e r o le , c ’ e ft o u tr e r la c h o fe t e r r ib le m e n t j p a rc e q u ’ il e ft c e r ta in q u e 1 e a u c o m m u n e n ’ a p o in t e n e lle m ê m e d e qualitéz , q u i p u ilfe n t la re n d re u n p o t K y
1 9 8 Traité de la Maladie i o n d a n s le tr a ite m e n t d e c e tte m a la d ie . E t à l’ é g a r d d e la r a ifo n q u ’ il e n allé g u é , e n d ifa n t q u ’ e lle p e u t fu p p r im e r l ’ é v a c u a t io n d e la m a t iè r e m o r b i f iq u e , e n r a fr a ic h iflà n t 8c e n h u m e d a n t tr o p l e c o rp s d u m a la d e , i l y a q u e lq u e d ift i n d i o n à fa ir e ; p a rc e q u ’i l e ft c e r ta in q u ’ il y a d e s m a la d e s q u i n e p e u v e n t ê t r e tr o p r a fr a îc h is & t r o p h u m e d e z p e n d a n t c e tte c u r e , c o m m e fo n t les » c o rp s q u e l’ o n d it ê tre d ’ u n te m p é ra m e n t b ilie u x , fo r t m a ig r e s & fo r t fecs» à q u i l ’ o n p e u t fo r t b ie n fa ir e u fè r p e n d a n t t o u t le c o u r s d u t r a ite m e n t d ’ u n e iim p le t ifa n n e h u m e d a n t e & r a fr a ic h ifià n t e : m a is à l ’é g a r d d e s c o r p s fo r t g pas 8 c fo r t h u m id e s , il e n fa u t u fe r d ’ u n e au t r e m a n ié r é , & le u r d o n n e r p o u r b o iffo n o r d in a ir e la d é c o d i o n d e g a y a c q u i e ft a b fo r b a n te 8c d e flic c a t iv e , a fin d ’ em p ê c h e r le tro p g r a n d e n g o r g e m e n t d es g la n d e s d u g o f ie r & d e la b o u c h e , q u i lu p p r im e r o it la fa liv a t io n a u lie u d e U fa v o r ife r . A u re fte il fa u t o b iè r v e r p a r ra p p o rt a u x c o r p s m a i g r e s q u e f i la d é c o d i o n d e g a y a c d e fte c h e le s g r a s d a n s le tra ite m e n t d e la v e r o le * c e lle d e fa lfe p a r e ilie \
<venerlenne. Liv.IH* fo u tie n t le s m a ig r e s d a n s c e m ê m e t r a i tem en t , & le s e m p ê c h e d e to m b e r d a n s u n e e n tiè r e e x té n u a tio n , c e q u e I o n n a u r a it p as lie u d e p e n fe r Ci l'o n n e n é to it c e r ta in p a r e x p é rie n c e , v û la q u a lité d e ffic c a tiv e q u e T o n a ttrib u é v u lg a i re m e n t à c e tte d r o g u e . Q u a n t à l ’ u fa g e m o d é r é d u v in q u e l’A u te u r p r é fé r é ic i à c e lu i d e 1 e a u c o m m u n e j i l n ’ a u r a p a s d e fo n c o te le s P ia tic ie n s d e F r a n c e , o ù la v e r o le e lt lu re m e n t m ie u x tr a ité e q u e n a u c u n a u tre e n d r o it d e l’ E u r o p e _ j p a rc e q u ’ ils fo n t p e rfu a d e z p a r e x p é rie n c e , q u e l u » fag e d u v in d é te r g e t r o p p r o m te m e n t le s u lcérés d e la b o u c h e , & n e le u r p e r m e t pas d e d u re r a lle z lo n g - t e m s p o u r fo u r n ir à u n flu x d e b o u c h e d e j o , 4 0 jo u r s» & q u e lq u e fo is p lu s lo n g , lo r fq u e la m a la d ie le d e m a n d e . A u f f i l’ A u t e u r p r é te n d -il q u e d ix jo u r s d e flu x d e b o u c h e fu ffifen t p o u r g u é r ir la v e r o le : c e q t t o n n e lu i a c c o rd e ra p a s , p u ifq u i l le fa u t a u m o in s d e v in g t jo u r s p o u r u n e v é r o le trè s -ré c e n te , 8c d e 3 5 , 4 0 , & 5 o jo u r s q u a n d la m a la d ie e ft fo r t a n c ie n n e ôc fo r t c o m p liq u é e . Je ne p r é t e n s p a s p o u r cela que 1 o is
î i vi
3 0 0 Traitê de la Maladie n e p uiiT e d o n n e r u n p e u d e v in a u x m at a d e s d a n s c e tra ite m e n t , q u a n d ils fe r o u v e n t e x tr ê m e m e n t a ffo ib lis , Toit par la fa t ig u e d u t r a it e m e n t , fo it p a r l'a b o n d a n c e d e l'é v a c u a t io n : m a is il fa u t le d o n n e r a lo r s fe u le m e n t p o u r re m e d e , & n o n p as c o m m e b o ilfo n o r d in a ir e . 5. // faut en quatrième lieu regarder.... L 'A u t e u r e n c o n d a m n a n t ic i le s fa ig n é e s , le s p u r g a t io n s , & to u te s le s é v a c u a t io n s q u i a ffo ib lilT e n t la n a tu re & q u i d iffip e n t le s e f p r i t s , c o m m e trèsp r é ju d ic ia b le s d a n s le tr a ite m e n t d e la v e r o l e , n e s 'é lo ig n e p a s d u fe n tim e n t d u c é lé b r é S y d e n h a m & d u S ie u r J u n q k e n , q u i p ré te n d e n t n o n -fe u le m e n t q u e le te m s q u e l'o n e m p lo y é à p ré p a re r les m a la d e s p o u r le p a r fu m o u p o u r les on éfcion s m e r c u r ie lle s , e ft u n te m s p e rd u p o u r e u x ; m a is a u ffi q u e c e s p ré p a r a tio n ^ le u r fo n t n u ifib le s , p a rc e q u e les é v a c u a t io n s q u ’o n le u r p ro c u r e p e n d a n t c e t e m s - là n e fe r v e n t q u 'à le s a ff a ib li r , & q u ’il f e r o it a lo r s b ie n p lu s à p ro p o s d e le u r d o n n e r d e s fo r c e s q u e d e le s d i m in u e r , p o u r les m e ttr e e n é ta t d e fo u t e n ir l'a c t io n d ’ u n r e m e d e q u i le s d iffip e b e a u c o u p , q n p r o c u r a i t u n e fo n t e
'venerienne. Li v.III.
3
or
g e n e ra le d e to u te s le s h u m e u r s u tile s & in u tile s . Audi S y d e n h a m n h é fite p o in t à d ir e q u e le s fa ig n é e s , le s p u r g a t io n s , & le s b ain s q u e T o n a d m in iftr e a u x m a la d e s p o u r le s p ré p a r e r à l’ u fa g e d u m e rc u re » fo n t à le u r é g a r d u n e ffe t à p e u p rè s p a reil à c e lu i q u e la p r iv a t io n d e le u rs a r m es o ffe n iiv e s & d é fe n fiv e s , fe r o it a u m o m e n t d u c o m b a t à d e s S o ld a ts q u i fe ro ie n t m e n a c e z d ’u n e fu r ie u fe a tta q u e . M u fita n q u i é c r iv o it d a n s u n c lim a t fo rt ch au d » n o u s p a ro it e n rem ettant c e s p ré p a ra tio n s p lu s e x c u fa b le , q u e S y d en h am q u i e x e r ç o it la M e d e c in e d a n s u n c lim a t t o u t c o n tra ire . L e s c o rp s d e s Ita lie n s n a tu r e lle m e n t d é b ilite z p a r u n e fo rte t r a n fp ir a t io n ,n ’ o n t p as u n fi g r a n d b e fo in d e c e s é v a c u a tio n s p r é p a r a tiv e s q u e les A n " l o i s , q u i r e fp ir a n t d a n s u n p a is fr o id & v o ilin d e la m e r , u n a i r g ro d ie r & fo r t h u m id e , o n t b e fo in q u e leu rs c o rp s fo ie n t a m o llis , o u v e r ts , & ren d u s p e r fp ir a b le s , a fin q u e le m e r c u re e n p u iffe a ifé m e n t p é n é tre r t o u t e s les p o r o fite z : & fi c e q u e c e t A u t e u r d it lu i- m ê m e à la fin d e fa D ilF e m t io n fu r la v e r o le c i l v é r it a b le » q u e l’ a ir d Ara-
301 Traité de la Maladie g le t e r r e n e p e r m e t p a s q u e le s v e r o le î in v é t é r é e s g u e r ille n t p a r fa ite m e n t e n ce p a is - là , p a r c e q u e l'a ir y e ft tro p g r o flîe r & tr o p h u m id e , & q u e c e u x q u i e n fo n t a tta q u e z fo n t fo u v e n t o b lig e z d e p a ife r e n F r a n c e , p o u r r e ip ir e r u n a ir q u i leur f o it p lu s fa lu b r e , i l p e u t ê tre b ie n vrai a u i ï ï , q u o iq u e S y d e n h a m n 'e n c o n v ie n n e p a s , q u e la m é th o d e q u e fu iv e n t les M é d e c in s & le s C h ir u r g ie n s F ra n ç o is , d ’u fe r d e iu ffiia n te s p ré p a r a tio n s avan t d e d o n n e r le m e r c u r e , c o n t r ib u e autan t e n F r a n c e q u e le b o n a ir d u c l i m a t , à la p a r fa it e g u e r iio n d e c e tte m alad ie q u i n e p e u t fo u v e n t g u é r ir e n A n g le te r r e , p a r c e q u e le s m a la d e s o n t é té d'au ta n t p lu s m a l p é p a r e z à r e c e v o ir le m er c u r e ,q u ’ ils e n a v o ie n t u n p lu s g r a n d bef o i n , ta n t à r a ifo n d e la g r o lîié r e t é & de 1 h u m id it é d e l ’a ir , q u ’ à c a u fe d e s o b ft r u c lio n s q u i fa ifo ie n t d a n s to u te l’h a b i t u d e d e le u r c o r p s u n g r a n d o b fta c le à l a p é n é tr a tio n d u m e r c u r e . C e la p ô l e , n ’ a u r o it - o n p a s lie u d e c ro i r e q u e le s M é d e c in s & C h ir u r g ie n s F r a n ç o is e n te n d e n t m ie u x l ’a r t d e g u é r i r le s m a u x v e n e r ie n s , q u e le s M é d e c in s & C h ir u r g ie n s A n g lo is . I P u ifq u e iç s
venerïenne. LlV.III.
5°Î
p re m ie rs fc a v e n t m ie u x d ifp o fc r le u r s m alad es p a r u n e b o n n e p ré p a r a tio n , à p ro fiter d e h i f a g e d u n ie r c u r e d a n s te tra ite m e n t d e s v e r o le s in v e te r e e s ». q u e ne fo n t le s A n g l o i s q u i le s g u e r ir o ie n t p e u t-ê tre a u fli- b ie n q u ’ o n le s g u é r it e n F r a n c e , s’ ils n o m e t t o ie n t p a s c e t a r tic le q u i e ft e ffe n tie l > & q u e c e u x d ’ e n tre c e s m alad es q u i fo n t o b lig e z d e p a lie r e n F ra n c e , y tr o u v e n t p a r e o n f é q u e n t ,n o n » fe u le m en t u n a ir p lu s fa lu b r e , m a is a u u î ' des M é d e c in s &C d e s C h ir u r g ie n s p us, j ju d ic ie u x & p lu s e x p e r t s , q u e lq u e c l i o fe q u ’ e n d ife S y d e n h a m d a n s 1 e n d r o it cité, Mais fans, v o u lo ir co m p ro m e ttre la. | capacité des M é d e c in s Se C h ir u r g ie n s de ces deux N a tio n s e n ee q u i c o n c e rn e ) le traitem en t d e la v e r o le , & n o ta m ment le m é rité de S y d e n h a m q u e t o u I te l’E u ro p e re g a rd e c o m m e u n des p lu s
h a b ile s M é d e c in s d e Ton te m s > les O u v r a g e s fo n t g é n é r a le m e n t e (li m ez , d fio n s h a r d im e n t q u e n o u s fo in — tues é g a le m e n t b ie n fo n d e z n o n fe u le m e n t en r a ifo n , m a is a u i ïï e n a u to r ité & e n e x p é rie n c e -, à a v a n c e r q u e le s p r é p aratio n s te lle s q u ’ o n le s f a i t e n F r a n c o *
3°4 Traité de la Maladie a v a n t d e m e ttr e le s v e r o le z à l ’u fa g e du m e r c u r e ,fo n t to u jo u r s d ’ u n e trè s-g ra n d e u t ilit é : m a is q u e l ’o n p e u t ce p e n d a n t le s e te n d r e p lu s o u m o in s fé lo n la d iffé re n c e d u c l i m a t , la d iffe r e n te c o n ftitu t io n d es f u j e t s , & le s d iv e r s d e g r e z de la m a la d ie ; q u ’ a in fî i l fa u t m o in s d e pré p a r a tio n s d a n s u n p a y s c h a u d , q u e dans u n p a y s fr o id ; d e m o in d re s é v a c u a tio n s a u x fu je ts d ’ u n e fo ib le c o n ffit u t io n , q u ’à d e s c o r p s • fo r t s & ro b u fte s ; m o in s dans le tr a ite m e n t d ’u n e v e r o le r é c e n t e , que d a n s c e lu i d ’ u n e m a la d ie in v é té ré e . S u r c e p r in c ip e n ô t r e A u te u r a pû fe d ifp e n fe r d e fa ir e à fe s m a la d e s d e lon g u e s p ré p a r a tio n s a v a n t d e le u r d o n n er le flu x d e b o u c h e ; p a r c e q u ’il le s traito ic d a n s u n c lim a t fo r t c h a u d . C e u x q u i le s t r a it e n t a P a r is d o n t le c lim a t eft b e a u c o u p p lu s t e m p e r é , o n t r a ifo n de le u r fa ir e d e s p r é p a r a tio n s p lu s lo n g u e s ; & le S ie u r G a r n ie r M é d e c in d e L y o n p r e n d u n p a r ti fo r t ju d ic ie u x d a n s le T r a i t e p r a t iq u e d e l à v e r o le q u ’il a jo in t a fe s f o r m u le s , & q u i e ft c e rta in e m e n t c e q u i a é t é é c r it e n F r a n ç o is d e p lu s in ftr u & if p o u r ceu x q u i co m m en cen t à tr a ite r le s m a u x v é n é r i e n s , p a r ra p p o r t
rvenerienne.Liy. III. 305 à la p ra tiq u e d u flu x d e b o u c h e , en fa ifant à fes m a la d e s d e m o y e n n e s p ré p a ratio n s j p a rc e q u 'i l le s tra ite d a n s u n clim at m o y e n e n tre l’ I t a lie & c e lu i d e P aris. L ’a u to r ité d ’ H ip p o c r a te cft p r é c i f e , pour n o u s m a r q u e r la n e c e flïté d e c e s p ré p a ra tio n s , q u a n d il n o u s e n fe ig n e de re n d re flu id e s le s c o r p s d e c e u x q u e n ou s p ré te n d o n s p u r g e r ; & la r a ifo n s’acco rd e p a rfa ite m e n t à l’ a u to r ité d e c e gran d M é d e c in , en c e q u i re g a rd e le tra ite m e n t d e la v e r o le p a r la ih liv a tio n : car a y a n t à d o n n e r u n re m e d e q u i d o it s’in fin ü e r d a n s les c o n d u its d u c o r p s le s m o in s p e n é tra b le s , o n n e p e u t m ie u x fa c ilite r fo n p a rta g e , q u ’ e n v u id a n t le s V aifleaux q u i p e u v e n t ê tre tro p r e m p lis , & en é v a c u a n t le s h u m e u rs g r o flïé r e s q u i p o u r r a ie n t l’ e m b a r r a ife r d a n s la ro u te q u ’ il a à p a r c o u r ir . E n fin l’o n f ç a i t p a r e x p é r ie n c e , q u ’ u n e v e ro le q u i a fa it b e a u c o u p d e p r o g r è s d an s les p a rtie s f o l i d e s , & q u i a b e fo in d ’ u n lo n g flu x d e b o u c h e p o u r ê tre g u é rie ra d ic a le m e n t , n ’ e ft ja m a is tr a ité e avec p lu s d e fu c c è s , q u e lo r s q u e le c o rp s du m a la d e a é té fù ffifa m m e n t p r é p a r é ,
3 o 6 Traité de la Maladie
Î>ares plesu r gcalytioften res sr é3itpé ar ér eles s, pfaaigr nlecse sb>o uparil lo n s a lt e r a n s , & m ê m e p a r l ’u fa g e du la it lo rs q u e le s fu je t s fo n t e x te n u e z ÔC fo r t a fF o ib lis p a r d e lo n g u e s d o u le u r s , & q u e le tr a ite m e n t d e c e tte m alad ie m a n q u e fo u v e n t d e r é u ffir , p a r l’ o m ifiio n d e to u te s c e s p r é c a u tio n s . A u r e lie q u e lq u e r é p u g n a n c e q u ’ ait S y d e n h a m à p u r g e r le s m a la d e s d an s le t r a it e m e n t d e la v e r o le 3 il c o n v ie n t n é a n m o in s q u e la p u r g a t io n e ft d ’ un g r a n d fe c o u r s , lo rs q u e le m e rc u re m al a d m in iilr é fe p o r te a v e c ta n t d ’im p é tu o iït é v e r s le s p a rtie s iu p e r ie u r e s , q u ’il je t t e le s m a la d e s d a n s u n p é ril é m in e n t: c a r la p u r g a t io n , d it c e t A u t e u r , eft tr è s - p r o p r e à r é d u ir e le flu x d e b o u ch e a u d e g r é d e m o d é r a tio n o ù il d o it être p o u r n e p o in t b le lfe r le m a la d e . I l a u r o it p u d ir e q u e la fa ig n é e n ’eft p a s m o in s c o n v e n a b le q u e la p u rg a tio n , p o u r r e m é d ie r à to u s le s d e fo r d r e s q u e p e u t e a u 1e r le m e r c u r e lo r s q u ’ il eft p o u fle a v e c tro p d e v io le n c e -, & l ’exp cr ie n c e fa it v o ir to u s le s jo u r s q u e les fa ig n c e s d u b ra s , d u p i e d , &c d es ju g u * la ir e s r é p r im e n t e n fo r t p e u d e te m s ia
*vtnerienne.Lrv.III. 307 fo u g u e d e to u s c e s a c c id e n s . I l eft b ie n vra i n é a n m o in s q u e la fa ig n é e 6c le s forts p u r g a t ifs n e c o n v ie n n e n t p a s , l o r s q u 'o n a d e s m a la d e s à tra ite r q u i f o n t e x té n u e z & tr è s - fo ib le s : m a is l’ u fa g e des m e ille u rs re m e d e s p ré fu p p o fe to u jo u rs l’ in d ic a tio n p r ife d e s fo rc e s d e s m alad es. L 'a v is d e S y d e n h a m n ’ e ft p as à fu iv r e lors q u ’il d é fe n d d e p u r g e r le s m a la d e s , p ou r a rrê te r le flu x d e b o u c h e , q u a n d il a d u ré a u ta n t q u ’ il fa u t p o u r g u é r ir la m alad ie ; c a r o n n e p e u t d o u te r q u e to u te é v a c u a tio n t r o p lo n g -r e m s c o n tin u é e ne fo it p r é ju d ic ia b le à c e u x q u i la io u ff r e n t , & n e p u ifie le s je tte r d a n s V é p u ifem en t. E t q u a n d c e t A u t e u r d it q u ’ a u lieu de d é to u r n e r le flu x d e b o u c h e p a r la p u rg a tio n , il fe r o it e n c o re p lu s à pro-* p os d ’e n tr e te n ir p e n d a n t t r o is m o is après le tra ite m e n t f i n i , u n e le g e r e fa liv a tio n , p a r q u e lq u e s d o fe s d e m e r c u r e d o u x p rife s d e h u it e n h u it jo u r s ; il n e fa it pas u n e p r o p o fitio n d ig n e d 'u n M é d e c in e x p é rim e n té d a n s le tr a ite m e n t d e la v e r o le : c a r le flu x d e b o u c h e n ’ e ft p a s Une é v a c u a tio n q u e l'o n p u iflè p r o c u r e r , e n tre te n ir , 6c fa ir e c e llc r c o m m e o n le
3o 8 Traité de la Maladie v e u t ; & q u a n d c e la p o u rro ic fe fa ir e a u ffi a ifé m e n t q u e c e t A u te u r le p r o p o fe , c e la n e c o n v ie n d r a it q u 'a c e u x q u e q u e lq u e a ffa ir e d e la d e rn ie r e im p o r ta n c e a u r a it o b lig e z f t ’a b r e g e r le u r t r a i t e m e n t , & n u lle m e n t a u x m a la d e s q u i o n t d o n n é t o u t le te m s n e c e lfa ir e a u n tra ite m e n t p o u r ê tre c o n d u it d a n s to u te s le s fo r m es. 6 . Il efi cependant plus fu r .... C ’eft p r e n d r e le c h a n g e d e d ir e , c o m m e fait i c i l'A u t e u r , q u e le m e r c u r e d o n n é en o n é t io n e n tre en p lu s g r a n d e q u a n tité & p lu s im p e tu e u fe m e n t d a n s le c o r p s du m a l a d e , q u e lo rs q u ’ il e ft d o n n é en fu m é e : c a r il e ft é v id e n t q u ’ u n e m a tiè re r é d u it e e n v a p e u r , e ft to u jo u r s p lu s fu b t ile q u e lo r s q u ’ e lle eft A m p le m e n t d iv if é e , q u e lq u e s fin e s & d é lié e s q u e p u iffe n t ê tre le s p a rtic u le s d e fa d iv ifio n ; d ’o ù il s ’ e n fu it q u e la v a p e u r d o it tou jo u r s a v o ir p lu s d e fa c ilit é à p é n é tre r les p o r e s , q u e le s p a rtic u le s A m p le m e n t div i f é e s , & c o n fé q u e m m e n t q u e la va p e u r d u m e r c u r e d o it e n tr e r e n plus g r a n d e q u a n t it é , p lu s p ro m te m e n t , & a v e c p lu s d e v ig u e u r d a n s le corps d ’un m a la d e , q u e le s p a r tic u le s le s p lu s fines & le s p lu s d é lié e s .
rvenerienne. Liv.III. 3 09 A u d i u n A u te u r m o d e rn e * q u i p ré fé r é a u x p a r fu m s les o n é H o n s m e r c u r ie l les d a n s la c u re d e la v e r o l e , c o m m e fo n t la p lu p a rt d e s p lu s h a b ile s M é d e c in s Sc C h ir u r g ie n s F r a n ç o is , a lle g u e t'il p o u r r a ifo n d e c e tte p r é fé r e n c e , q u il eft to u jo u rs d a n g e r e u x d e fa ir e m o n te r le m e rc u re e n fu m é e , p a rc e q u 'il f c p o r te p a r c e m o y e n p lu s fa c ile m e n t à la te te , o ù i l c a u fc fo u v e n t d e tre s -fu n e fte s a c c id e n s . L e m ê m e A u te u r a v o u e n é a n m o in s q u e l'u fa g e d e s p a r fu m s d o it ê tre p ré fé ré p o u r c e u x à q u i la v e r o le eft à fo n d e rn ie r d e g r é , p a rc e q u 'ils fo n t p lu s p ro p res q u e le s o n g u e n s & les e m p lâ tres à fa ir e e n tr e r le m e r c u r e p r o fo n d é m en t d a n s le c o r p s d es m a la d e s . A u re fte c e q u e d it l'A u t e u r e ft v é r i tab le q u a n d il a v a n c e , q u e l ’ o n e ft p lu s fu r d e la q u a n tité d u m e r c u r e q u e 1 0 11 d o n n e a u m a la d e q u a n d o n le d o n n e e tl p a rfu m , q u e lo r s q u e l ’ o n fa it d es o n c tio n s m e r c u r ie lle s , p a rc e q u e c e lu i q u i fa it ces o n é t io n s en p re n d fa b o n n e p a r t . M a is n o u s n e le c r o y o n s p as a u fli- b ie n fo n d é , lo rs q u 'i l p ré te n d q u e l ’o n e ft p lu s *
Hit. De Elegny.
3 i o Traité de la Maladie le m a ît r e d e c e lïe r d ’e n d o n n e r , lo r s q u e l ’o n c r a in t q u ’ il n e fa ire d u d e fo r d r e , p a r c e q u 'o n n e v o it p a s b ie n fu r q u e lle r a ifo n c e fe n t im e n t p e u t ê tre a p p u y é . Il y a m a in t e n a n t b e a u c o u p d e M é d e c in s & d e C h ir u r g ie n s q u i d o n n e n t le flux d e b o u c h e p a r l’ u fa g e d ’u n m e r c u r e fu b lim é , d o u z e , q u in z e & d ix - h u it f o i s , q u e l ’o n a p p e lle p a n a c é e m e r c u r ie lle . C e r e m e d e f u t m is e n c r é d it i l y a v in g tc i n q a n s o u e n v ir o n p a r u n n o m m é la B r u n e M é d e c in e m p y r i q u e ,q u i e n d o n n a la r e c e p t e à fe u M r . le M a r q u is de L o u v o i s , le q u e l o r d o n n a q u e l’ o n e n fit d e s é p r e u v e s a u x in v a lid e s q u i eu ren t u n a ire z b o n fu c c è s . A p r è s q u o i c e M in ift r e v o u lu t b ie n q u e l ’o n r e n d it cette a r a tio n p u b liq u e p a r d e s im p rim e z .
K
ut p o u rta n t c o n v e n ir q u e b ie n que c e tte p ré p a ra tio n d u m e rc u re d o iv e paffe r p o u r u n b o n re m ed e dan s le traite m e n t des v e ro le s r é c e n t e s , ce n ’ eft pas u n m o y e n fu r p o u r g u é rir celles q u i font in v é té ré e s , c o m m e la p lu part des P rati c ie n s les m ie u x fe n fè z n ’en io n t que t r o p c o n v a in c u s p ar u n gra n d n o m b re d e x p é rien c es : ce q u i n ’ em p êch e pas c e p e n d a n t , q u e l ’o n n e p u illè s’ en ter-
‘Venerienne. Li v. III. 311 v ir u tile m e n t p o u r fé c o n d e r le s on éfcion s m e r c u r ie lle s d a n s d e s fu ie ts q u i fo n t d i f ficiles à é m o u v o i r , a u in -b ie n q u e p o u r p r o lo n g e r le flu x d e b o u c h e q u a n d la m a la d ie d e m a n d e q u ’ il fo it c o n t in u é a u d e-là d e fo n te m s o r d in a ir e . M a is il fa u t o b fe rv e r d e c o m m e n c e r d ’ e n d o n n e r d e p etites d o f e s , & d e le s a u g m e n t e r p e u à peu , ju f q u ’ à c e q u e le r e m e d c a it à p eu -p rès p r o d u it l’ e ffe t q u ’o n e n a t tend ; c a r q u e lq u e a d d o u c ie q u ’ a it é t é cette p r é p a r a tio n m e r c u r ie lle p a r u n gran d n o m b r e d e ( u b lim a t io n s , & p a r des lo t io n s r é it é r é e s , e lle e ft e n c o r e fu ffifa m m e n t c h a r g é e d e fe ls c o r r o fifs c a p ables d e fa ir e d e s im p r e iïïo n s fâ c h e u les fu r le s v ife e r e s , & d e c a u fe r à la b o u ch e d es u lc é ré s g a n g r e n e u x , q u a n d o n o u tre les d o f e s , o u q u ’o n le s r é it é r é in c o n fid e ré m e n t , c o m m e o n le fç a it p a r des e x p é rie n c e s q u i o n t é té & fo n t e n core tr è s - fr é q u e m m e n t fu n e fte s à b e a u co u p d e m a la d e s . Nous convenons au furplus que la théorie que l’Auteur a débitée dans ce chapitre, tant fur les proprietez du iner t e que fur fa maniéré d’agir contre le levain verolique, eft établie fur de foli-
3 i i 'Traité de la Maladie d e s fo n d e m e n s , & m a r q u e é g a le m e n t le s c o n n o iir a n c e s q u 'il a d e la v e rita b le P h y f i q u e ,& Ton e x p e r ie n c e d a n s la C h y m ie p r a t iq u e , p a r le s o p e ra tio n s q u 'il p r o p o fe p o u r les d iv c r fe s p ré p a ra tio n s d u m e r c u r e a v e c to u te fo r t e d e r é g u la r i té & d e p ré c ifio n ; & c 'e ft e n c o r e avec b e a u c o u p d e r a ifo n q u 'i l c o n d a m n e les fo r m u le s t r o p c h a r g é e s d e d r o g u e s , tant io u r le s p a r fu m s m e r c u r ie ls , q u e pour es o n é t io n s d e m ê m e n a tu re ; parce q u ’ e lle s fo n t p lu s c a p a b le s d e d im in u e r l'e ffe t d u re m e d e q u e d e l'a u g m e n te r . E n u n m o t le s r e g ie s q u 'i l prefcrit p o u r l'a d m in ift r a t io n d e c e s r e m e d e s , a u flî- b ie n q u e la p r é fé r e n c e q u ’il d o n n e a u x o n é tio n s m e r c u r ie lle s d a n s la cure d e s m a la d ie s v e n e r ie n n e s le s p lu s in v é té ré e s & le s p lu s re b e lle s , m a rq u e n t un P r a t ic ie n c o n fo m m é d a n s ces fo rte s de tr a ite m e n s .
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C hapxT ^
*venerieme. L i v. 111. 315 C
h a p i t r e
X X .
Des tumeurs gommeufes.
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E s douleurs veneriennes font des fymptômes très-fâcheux ; mais les tumeurs gommeufes font encore pires. Toute la violence des douleurs noéturnes ne leur eft pas comparable ; & l'on peut dire que ces tumeurs font plus douloureufes que la douleur même. Elles ont coûtume de iè manifefter pendant ou apres les douleurs veneriennes. On les nomme tumeurs gom meufes, parce qu’elles contiennent une matière épaiflè & gluante qui reifemble aiTez à une gomme liquéfiée & diiToute.
Leurs jîgnes. Elles font fituées au tour des jointures ées o s , & le plus fouvent à la tête 3 au j °nt 3 aux parties extérieures des jam, S.’ ^ en d'autres endroits dénuez de ouair. On juge que les tumeurs qui arriTome J J . O
3^ 4 Traite de la Maladie vent en ces endroits (ont de ce caiade-^ r e , quand le malade a etc' attaque longtems auparavant de quelque accident verolique , & quand elles ne tourmen tent les malades que pendant la nuit. Ces tumeurs font tantôt plus grandes & tantôt plus petites , & font auffî plus ou moins dures. Elles font ordinairement de la nature des fteatomes d des ateromes, & rarement de celle des melliceris ; & cependant elles ne font point enxiftées. Elles font au (fi quelquefois de la nature des tophes , & quelquefois beaucoup pierreufes ; en forte que 1 on ne croit fentir autre chofc que 1 os en les touchant.
Leurs caufes. Les Vulgaires pretenden», que ces tu meurs gommeufes lont caufées par un phlegme & une melancholie tenace, mauvaife , & degeneree , a laquelle la Nature ne peut donner une codion par faite , à caufe que les vifcercs font mal affedez & particuliérement le foye, qul communique fa mauvaife difpoùtion aux parties où s’engendrent ces tophes
Hjenencnne. L i v. 1 1 1 . 315 & ces tumeurs. Mais ce raifonnemcnt trivial n’a rien qui fatisfaife davantage que tout le refte du fyfteme des Anciens, n'expliquant point la maniéré dont s'en gendrent ces tumeurs , & ne nous dé couvrant point la véritable matière dont elles font formées. Nous avons dit que les douleurs veneriennes étoient caufées par le virus que le lue nourricier des parties com munique au fang : car le fang eft plus chargé de Tels que le fuc nourricier. Que fi ce fel du fang qui eft porté par les arteriolles capillaires s'embarralïc dans le tilfu du périofte, étant empreint du viru s, il s’y exalte & devient corrofif : ce qui fait qu’il y excite d’abord des douleurs exceiïives : s’il s’épanche entre le périofte & l’o s , & qu’il y refte fans mouvement , il y caille des douleurs fixes infupportables , & enfuite des tu meurs gom m eufes, dont la douleur ne fe peut exprimer, & enfin des tophes & des nœuds.
Leur pronojîique. Ces fortes de tumeurs font d’abord de Amples dépôts, mais pour peu qu'on
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V)
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Traité de la Maladie
les négligé , la matière qui les forme ronge les os fous le périofte , les cor rompt, & les carie.
Leur curation. Pour réfoudre les tumeurs gommeuf e s , les Vulgaires commencent par pur ger les malades avec les purgatifs les plus com m uns, & en viennent enfuite à une décoétion de falfepareille, comme à une boiifon capable de tempérer le foye : car ils eftiment la falfepareille beaucoup plus efficace, que le bois & l'é corce du gayac. Cependant nous avons obfervé , que la falfepareille n’a jamais eu le pouvoir non pas de diifiper les tumeurs gommeufes , mais même les fimples douleurs veneriennes , tant à caufe de la mauvais fe maniéré dont ils la préparent, qu’à caufe que ce foible fecours eft impuiffant contre des fymptômes fi violens, qui demandent des remedes plus éner giques. Auffi appliquent-ils enfuite fur ces tumeurs l'emplâtre de Figo , double ou triple de mercure ; ou bien ils y font des
'-venerienne. Liv. III. 317 onétions mercurielles : mais quoi que ces emplâtres & ces onélions fondent quelquefois ces tumeurs , il en arrive encore de plus grands accidens, à moins que l'on ne guerifTe en même tems la verole radicalement : car cette matière gommeufè étant fondue paiTe dans la malle des humeurs , où elle caufe une verole generale. J'eus lieu il y a quelques années de faire cette obfervation iur une pauvre femme , laquelle ayant une tumeur gommeufe des plus douloureufes au vertex j qui l'obligeoit à pafler les jours 8c les nuits dans des plaintes & des cris ter ribles , vint enfin me confulter fur fa maladie : mais parce quelle avoit enco re une maladie plus fâcheufe qui eft la pauvreté , à laquelle il n’y a point de remede , à peine pût-elle avoir de l’em plâtre de Figo double tel que je l’ai dé crit ailleurs, dont l’application appaiià fes douleurs , & diilïpa fa tumeur gom meufe en huit jours de tems. Mais bien tôt apres la matière de cette tumeur paffa de la tête , dans toute l’habitude de fon corps ; en forte que toute la furface de fa peau fe trouva couverte de pullules O iij
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Traité de LaMaladie
veroliques, & cette verole univerfelle la fît périr faute de moyens pour s'en faire traiter dans les formes. Sennert propofe F emplâtre fuivant comme un remede éprouvé.
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De l emplâtre diachilon gommé, I once ; De l emplâtre diachilon Jîmple, demie once ; Du mercure éteint avec la falive y i once ; De l'huile de gayac , ce qu’il en f faut pour former un emplâtre.
Cet emplâtre ne différé pas beau coup de l'emplâtre de Ranis, c'eit pour quoi l'on n'en doit attendre que les mê mes effets. On fait encore l'onéfion d'huile de gayac fur les tumeurs gommeufes ; mais fans en tirer aucun avantage : car loin que nous ayons jamais vû cette onétion foudre ces tumeurs, nous ne lui avons jamais vû appaifer-les fimples douleurs veneriennes : auffi loin de répondre aux éloges que les Chymiftes lui ont donnez, elle n'a fait que nous convaincre de la vanité de leurs promelfes, & nous don ner lieu de la rayer de la lifte des bons
re m e d e s.
m/enerterme. Liv.III. 319 D’autres tâchent à diiloudre ces mê mes tumeurs par l’ufage de l’efprit de vin j mais fans aucun iuccès ; cet efprit étant un foible réfolutif dans un cas pa reil , & quand même il en feroit quel que réfolution , elle ne ferviroit qu a augmenter le mal , & à le rendre plus fâcheux : car la matière la plus fubtile étant réfoluë , les nœuds &i les tophes fubfilferoient toujours , la portion groffiere réfiftant à l’aftion du remede. ^ Quand ces tumeurs fe trouvent inca pables de réfolution , ils font ce qu ils peuvent pour les mener à fuppuration , bien qu’elles n’y tendent point par ellesmêmes ; & ils fe fervent pour cela de differentes huiles , comme font celles d’amandes douces, de lis , & de camo mille ; & de differentes graiifes, comme font celles de poule, de porc, & d autres de même qualité , encore veulent - ils qu’elles foient rances &c fort vieilles. Ou bien ils fe fervent de l’emplatre de Ga lien. Du jambon falé , rance , & fort
vieux : Faites-le cuire & gardez-en le bouillon, dans lequel vous ferez cuire du fromage O iiij
3 2. o Traité de la Maladie auiïï fort vieux & fort pourri en coniîftence d’emplâtre. Ils appliquent cet emplâtre fur les toplies j fur les nœuds & fur les tumeurs gommeufes. Quelques-uns fe fervent aulïi des emplâtres de mucilages & dut fils de Zacharie. Les Vulgaires mettent les tumeurs gommeufes au rang des tumeurs froides., comme font les ateromes, les ftéatomes, & les melliceris , qui contiennent tou tes une matière tenace , groiliere, rebel le à la maturation , & qui eft enfermée dans un thifte : mais ce qui nous furprend davantage , eft que ces gens-là veuillent tenter la fuppuration des tu meurs de ce caractère, par le moyen de ces huiles, de ces grailles, & de ces mu cilages , qui font toutes matières aulïi peu capables d’agir fur des tumeurs de cette qualité, que le font les onguens pour guérir les hernies. i . Cependant apres une longue ap plication des fuppuratifs fur ces tumeurs gommeufes , il femble en touchant la peau qu’elles fe font conlidérablement am ollies, ce qui trompant les Chirur giens , les porte à en faire l’ouverture »&
venerieme. L i v . I I I .
311
lors qu'ils trouvent l'os carié fous les chairs , ils le ruginent pour enlever la carie , ou bien ils y appliquent le feu pour la détruire. Après cela ils font fuppurer les levres de l'ulcere , l'incarnent enfuite & le cicatrifent. Mais l'ouverture faite par le fer à ces fortes de tumeurs eft très-douloureufe , & caufe dans la fuite de terribles accidens qui mettent les malades dans un très-grand p éril, particuliérement lors qu’on la fait aux jointures & aux par ties nerveufes & tendineufes. Ces mêmes Médecins fe fervent en core fur les tophes & fur les nœuds de plus forts émolliens , comme font les racines de brione» de concombre fauvag e , d’althea » cuites dans l’eau de vie. ils ufent auifi de la gomme ammoniac diffouce dans le vinaigre j ou bien ils y ap pliquent une plaque de plomb enduite du mercure. a- Mais c'eft ainfi qu'il faut procéder pour bien guérir ces fortes de tumeurs. Appliquez d’abord fur la partie malade »emplâtre de Vïgo triple de mercure» que vous y laiilerez pendant 1 4 heures» & quatre jours après faites prendre au O y
3 2 2.
Traité de la ¿Maladie
malade le turbich minerai addoucî * comme je 1 ai marqué dans le traitement des douleurs veneriennes. Ou bien purgez-le avec l’extrait univerfel & le mer cure doux. Mettez-le enfuite à l’ufage des onc tions mercurielles ou du parfum , avec les précautions que nous avons mar quées : mais parce que le parfum Si les quêtions cauient fouvent de terribles lymptômes>& que les malades femblent ctre dans un grand danger durant l’ac tion de ces remedes , c’elt avec rai fou que nous les rejetions, ayant d’ailleurs des moyens plus lurs pour réiiffir dans: ce traitement. •Auffi n’y en a-t’il point de plus certain & d e plus efficace que nôtre eau anti-venerienne qui guérit ces tumeurs promtement , finement , & agréablement;, lors qu’on la prépare comme nous faiions j & qu’on la donne félon nôtre ma niéré : car tous ces maux s’évaiaoidi fient bien-tôt par l’ ufage de ce remede, auflibien que la verole generale dont ces malades font atteints * Si fans qu’il foie befoin d’uler d’aucun topique. S’il arri ve neanmoins que ces tumeurs ne fe
•Venerienne. L i v . I I I .
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fondent pas entièrement, l’on pourra fe fervir de quelque on ¿lion mercurielle. 3. Nous tâchons quelquefois d’avan cer la fuppuration des tumeurs gommeufes, quand nous y voyons beaucoup de difpofition ; & nous nous fervons pour en procurer en peu de tems la matura tion parfaite & même l’ouverture, de nô tre emplâtre bénit qui eil le plus excel lent de tous les remedes de ce genre 3 après quoi nous ufons de nôtre onguent niagiftral pour les mener jufqu’à la ci catrice, & cela avant de donner aux ma lades nôtre eau anti-venerienne , ou nô tre mercure diaphonique que nous avons décrit ailleurs ; qui font deux remedes par lefquels nous güerilTons la Vcrole radicalement & fans retour. Lors que les tophes & les noeuds font produits par un acide coagulant, nous les ouvrons avec le cauflique mercuriel-, que nous avons donné au chapitre du bubon , & apres avoir vuidé la matière, nous procédons comme nous venons de le dire ci-devant. R E M A R Q U E S . ï . Cependant après me tangue appttr O yi
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Traité de la Maladie
cation..... On ne fçauroit trop faire d’at tention a I avis qui eft ici donné aux Chirurgiens, de ne point ouvrir avec le fer les tumeurs gommeufes , à caufe, comme dit 1A uteur, des terribles accidens que cette ouverture produit, & du danger auquel elle expofe les malades, ainii que nous 1 avons vu arriver pluiïeurs fo is, particuliérement comme il le marque fort b ien , lors que ces tu meurs font aux jointures 8c aux parties nerveufes & tendineufes.
M ais c’ejl ainji qu il faut procé der..^. Le traitement que l’Auteur propofe ici pour guérir les, tumeurs gommeufes ne nous paroit pas fur. Nous eftimons que 1’ulage du turbith , du mercure doux, & de ion eau anti-venerienne , font de foibles iècours pour la guéri ion radicale d’un fi violent fymp» tome , & que l’on ne fçauroit trop-tot mettre dans l’ufage du flux de bouche ceux qui en font atteints, pour les guérir de la vérole generale dont ces tumeurs font un ligne convainquant & très.» ¡univoque j & cela eft fi vrai , que l’Au teur lui-même eft obligé d’ avotier que lors que ces tumeurs ne fe fondent, pas
'venerïenne. L i v . I I I .
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entièrement par l’application des topi ques , il faut avoir recours au parfum ou aux onéfcions mercurielles. 3. Nous tachons quelquefois..... L ’on doit non-feulement avancer , comme dit l’Auteur, la fuppuration des tumeurs gommeufes, mais on eft même forcé de la procurer de tout fon pouvoir, lors que la nature s’y porte d’elle-même, 8c celà par des emplâtres convenables, plu tôt que par le fer & par des cauftiques , à caufe des excefltves douleurs 8c des depots énormes que peut caufer la vio lence de ces ouvertures. L ’emplâtre bénit de l’Auteur ne nous paroît pas dans la compoiïtion qu’iî nous en donne , un auûr puiiTant remedç qu’il le prétend pour ouvrir & mû rir ces tum eurs, non plus que fonon;uent magiftral , pour les mener jufqu’à a cicatrice , avant de donner aux mala des fon eau anti - venerienne „ ou fon mercure diapKorétique. Car s’il eft vrai , comme il n’en faut pas douter , que l’on ne peut mener ces Uimeurs fuppurées jufqu’à la cicatrice, fans traiter la verole generale qui en eft; la. caufe immédiate , cette ean & ce mer-
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3 ¿6 Traite de la Maladie cure diaphorétique étant ielon l'Auteur, des remedes infaillibles pour guérir la verole , il feroit bien plus à propos de les donner aux malades dans le tems mê me que 1 on applique des topiques fur ces tumeurs , que d'attendre vainement la guerifon du Îymptôme avant de trai ter la maladie.
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De la carie des os caufee par le asirus. L n y a point de îymptôme par le quel le virus marque fi bien fon caraétere que la carie des os , où il îèmble qu apres avoir quitté tout dégnifement > il fe montre à découvert & tel qu'il eft aux yeux de tout le monde , infultant par-là aux Médecins Vulgaires qui pré tendent qu'il agit par une qualité occul te j fa maniéré d’agir ne pouvant être plus manifefte que dans la produétioB de cet accident. I l cil donc fore aiie d’appercevoir eue
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venerienne.
L i v . III. 3 1 7
le virus eft un venin corroiif de la natu re du fel exalté : ce qui paroit fenlîblement dans les caries > les ulcérés, & mê me par les douleurs dont les malades font tourmentez ; tous ces fymptômes. n étant que des effets d’érolîon : tk lors que ce fel eft au plus haut degré d'exal tation où il puifle parvenir , il devient un trcs-puillant corroûf capable de ron ger les os dans toute leur profondeur.
Quand les tumeurs gomraeufes ne le réfolvent pas par l'ufage des meilleur^ remedes , c’eft un figne certain que les, os qui font au-deffous font cariez : auffi ceux qui ont de longues douleurs de tetc caufées par le virus , & qui n ont pu; être appaifées par aucun remede , n e manquent pas d'avoir le crâne-carie audcffoüs, quoi que les tégumens reftent en leur entier. C ’eft encore un ligne certain de la ca rie de l’o s , quand les tumeurs gomtneufes qui ont été ouvertes ont dc^ lai peine à fe cicatrifer, ou que 1 ayant ete; elles, s’ouvrent de nouveau t car il paroit
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Traité de la Maladie
par-là que la fanie qui fort del 'os carié pénétré les chairs , ronge la cicatrice., & renouvelle 1 ulcéré } d’où il s’enfuit trèscertainement , que toutes les fois qu'un ulcéré fe forme & fe r’ouvre plufieurs °is j on a un jufte fujet d’apprehender que l’os ne foit carié. Il eft très-ordinaire au virus de carier les os du palais & du nez , lorfque les ulcérés de ces parties ont duré quel que tems. La fanie corrofîve & pourriffante attaque d abord ces o s , qui lui ré/iftent d avantage à caufe de leur tiflure denfe & ferrée > & enfuite la chair qui eft plus rare & plus poreufc. Ôr la carie de l’os eft arfément con nue par 1 écoulement de la fanie qui eft plus abondant, que l’ulcere n’en devroit fournir par rapport à fon étendue. De plus cette fanie eft fubtile , puante » & livide : la chair qui couvre l’os eft mol le , flafque » & de mauvaife couleur ; parceque la fanie altéré & pénétré fou tiflu de toutes parts. Qiiand la carie de l’os n’eft pas vifible? elle fe fait fencir quand on introduit la fonde jufques fur l’os an travers des mauvaifes chairs qui le couvrent > Sc
’Venerienne. L i v . I I I . 32.9 quand on le lent fous la fonde âpre , mou , & inégal , on ne doit pas douter quJil ne foit carié. Si la fonde n'entre pas bien avant, la carie eft fuperficielle , & quand on la pouffe profondément fans faire de violence, elle doit être cenfée tres-pr ; fonde.
Lapenfée des Vulgaires eft de croi re , que les os font cariez dans la verole par une propriété occulte du virus. Au refte cette prétendue propriété eft à leur égard , occulte dans là caufe , & manifefte dans fes effets : ce qui fait que la laiffant en fon entier ils remédient à fon effet ; ou bien ils donnent à leurs mala des des medicamens qui les guériffent par une propriété occulte. Mais fi cette maladie a une caufe , ils ne peuvent la connoitre que par fes effets.: & c’eft ainfi qu’ils expliquent toujours une cho ie occulte, par une chofe encore plus cachée, & ce qui n’eft point connu, par ce qui l’eft encore moins. Les os fe carient dans la verole , lorfque les ulcérés , les douleurs vénérien-
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Traité de la Maladie
n é s , & les tumeurs gommeufes, n'étant pas traitées d’abord méthodiquement, ces corps durs qui font au deffous re1 çoivent peu à peu l’impreffion du Tel corroltf exalté à ion fupreme degré , qui fait enfuite un progrès continuel dans leur fubftance, d'où il arrive qu’ils s’al tèrent , fe carient, fe pourrillent, & fe mortifient.
L e pronoftique. C ’eft quelque chofe de très - perni cieux que la carie des os dans la véro le : mais elle eft encore plus cruelle quand elle arrive en des endroits où la Chirurgie n'a pas lieu d'exercer fes operations pour la détruire, comme par exemple aux jointures, aux apophyfes des grands os, aux attaches des mufcles , aux nerfs , & aux tendons ; & la corruption & la pourriture de ces par ties eft tout à fait terrible. La carie des os eft un obftacle invin cible à la guerifon des ulcérés, & jamais on n’a vu un ulcéré parfaitement guéri fur un os carié. La chair livide fur un os carié eft d’un mauvais préfage ; parc«
uenerlenne. L iv. III. 331 qu’elle marque une corruption entière &: parfaite tant de l’os que de la chair. Quand l’os du palais eft carie le ma lade parle d’une façon dès-agréable , parce que l’air qui devroit fe briier con tre le palais comme contre une voûte . pour former le ion , patTe dans les con duits du nez par le trou de la carie , &C fort par les narines , au lieu de fortir par la bouche : d’où il arrive aufîl que les alimens liquides que les malades prennent par la bouche , fortent par les narines.
L a Cure. Pour guérir la carie de l’o s , les V ul gaires confirment d’abord les chairs qui font au defl'us avec l’alun brûlé , ou en appliquant détins la poudre de fabine, le calchantum brûlé, ou l’eau alumineufe : ou bien ils coupent & enlevent tout d’un coup cette chair corrompue, ou en fin ils la brûlent avec le eautere aéhiël ou potentiel. Quand cette mauvaife chair fe trouve ouverte en quelque endroit, comme elle l’eft prefque toûjours , ils dilatent
332-
Traité de la Maladie
cette ouverture en y introduifant une tente faite avec la racine de gentiane ou avec l’éponge préparée ; apres quoi ils ruginent l’os carié , ou bien ils enlè vent la carie & réduifent l’os à l’uni avec la poudre d’euphorbe 3 & de queiie de pourceau , & il guerilTent l’ulcere avec les farcotiques. Si l’os eft entièrement corrompu , ils attendent que la nature le fépare , mais comme la nature agit fort lentement dans cette féparation , & quelle eft des 4 o, JO , & 8o jours à féparer les por tions d’os gâtées de la totalité , durant ce long intervalle la virulence qui s’é chappe de l’os carié gâte la partie faine, & l’on peut dire que de s’en remettre à la nature feule pour la féparation de la carie venerienne , c’eft abandonner le malade à fon mauvais fort. Aufli ceux d’entre les Vulgaires qui font un peu expérimentez , aiment bien mieux en venir à l’emportement de l’os carié 3 que d’abandonner ainfi leurs ma lades ; & pour enlever la portion cariée, ils fe fervent du cizeau & du marteau, de la même maniéré que font les Sculp teurs pour enlever la portion inutile de
nienerienne.
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la matière dont ils font leurs ftatuës ; & apres avoir ainfi enlevé tout ce qu’il y a de livide & de noirâtre à l’os carié , ils appliquent fur l’os fain les poudres de myrrhe &c d’ariftoloche. Lorfque l’os eft tout à fait corrompu , ils l’enlevent , puis ils appliquent delfus pour lui ôter fon premier aliment, des medicamens fort defficcatifs , comme font les feuilles de jufquiame, les racines de queue de porceau , des deux ariftoloches, & d’iris , la gomme oppopanax , l’écaille d’airin , le verdet, & d’autres femblables remedes : ou bien ils y ap pliquent le feu aéfcuël, & cet os ainfi pri vé de fa nourriture eft facilement em'orté , ou tombe de lui-même , comme es feuilles des arbres tombent en au tomne étant privées de leur humide ra dical. Si quelques os du crâne eft découvert, carié , ou corrompu, ils coupent la peau, tuginent l’os , & féparent ainfi la por tion corrompue' de la partie faine : mais lorfque la carie eft plus profonde , ils 1 enlèvent toute entière avec le trépan ; après quoi ils font une on&ion fur la peau des environs avec l’huile rofat pour
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^aité de la Maladie
prévenir l'inflammation. Ils appliquent par deflus durant 24 heures des plumaceaux trempez dans le blanc d'œuf bat tu. Ils humeétent le cercle de l'os tré pané d'eau alumineufe affoiblie avec l’eau «le rofes , & ils mettent par de (fus l’em plâtre de bétoinc & de gomme élemi. Quelquefois ils baiiinent la partie malade avec une décoétion aftringente faite avec les rofes, la bétoine, le bois de gayac, dans le gros vin, & ils y ajou tent un peu d’alun : enfin ils cicatrifent l’ulcere avec l'onguent de plomb. Les os du palais & du nez étant cariez, ils humeétent la partie malade deux fois le jour avec l’eau alumineufe magiftrale imbibée dans du cotton, & quelquefois ils fe fervent du miel rofat pour procu rer l’ilfuë de la fanie : & iis détergent après cela l’ulccre avec l’eau alumineu fe , ordonnant cependant au malade de le laver fouvent avec la décoétion de fcabieufe , de plantain , d’aigremoine, & de rofos ; ou bien avec celle de bois de gayac & de falfepareille faite dans l'eau de plantain ; & ils font pren dre au malade des décoétions durait tout le cours du traitement.
'Venerienne. Liv.III. 335 Pour nous, félon les differentes circonftances qui accompagnent la carie des os , nous la traitons différemment; & pour cela après avoir vuidé la pléni tude , ii l’os carié ne paroit pas , parce qu’il eft couvert de mauvaifes chairs,l’ulcere nous guide dans fa découverte, & l’introduction de la fonde nous en rend certains ; & s’il nous paroit que la carie n’eft pas fort profonde, nous confumons toute la chair qui eft au defliis avec le précipité , ou avec nôtre eau de (cl am moniac, ou avec fon efprit, ou avec I’ etprit de mercure , jufqu’à ce que ia ca rie fo montre dans toute fon étendue. Nous mettons enfuite l’os à l’uni avec la rugine : nous le touchons enfuite avec le baume de gerofle , dans lequel on a infufé l’euphorbe , la queue de pour ceau , & la racine d’ariftoloche ronde, ou bien nous y appliquons la bryone conciliée. Que fi la carie eft un peu profonde, nous enlevons l’os carié jufqu’à la par tie faine. Enfuite nous ufons de farcotiques,& de nôtre onguent magiftral pour cicatrifer l’ulcere. En cas que la chair paroiife molle »
^ ^ 3 Traite de la JVLaladie qui abforbent les fuperfluitcz qui s’en gendrent dans l’os corrompu , & qui préferve la partie faine de putréfaction , comme par exemple l’huile de fouflre tirée par défaillance en la maniéré qui fuit.
K. i Dufoufre jaune, i livre ; Faites le fondre fur un petit'feu ; ajoutez-y en fui te. r Du tartre brnle & pulvenje, deC mie livre. Mêlez-les enfemble jufqu’à ce qu ils foient entièrement refroidis. Après cela pulverifez-les , & les laiiTez dans un lieu humide jufqu’ à ce qu ils fe chan gent en huile. Mettez cette huile lot les os cariez & corrompus. Le vinai gre diftillé eft fort propre pour leparer les os cariez , aufii bien que cette teinture d’ euphorbe. çDe la queue' de pourceau , De l’euphorbe , Des racines des deux anfioloche. , D'iris, & de brione, de chac. deA mie once ; .. . I De la myrrhe & de l aloes h I chac. i drach. , : 1 De l’efprit de vin,ce qu’il e n f* * 1
<venerïenne. Li v. 111. 339 Î
& tirez.- ch me teinture félon Vart.
Que fi la corruption de l'os eft fi confiderable qu'elle ne puiiïe être enlevée par ces medicamens,ou par d'autres tendans à la même fin , & que la carie ne Toit pas trop profonde, il la faut enlever avec la rugine ou le cifeau ; il elle cil très profonde, il faut fe fervir du tré pan ; & cette operation eft faite quand toute la portion noire eft enlevée. Enfin fi l'os eft carié dans fon entier, il le faut emporter totalement. Quand l'os du crâne eft carié, il faut couper les régumens qui le couvrent ; & fi cette incifion excite un grand flux de fann; . Jl [e faut arrêter par le moyen de hüCl'c eau artérielle décrite dans nôtre »yrotechnie, ou au premier tome de nôtle Chirurgie qui concerne les tumeurs chapitre 13 . où il eft traité de l’aneunfmè. Après cela il faut ruginer l'o s , ou y appliquer la teinture d’euphorbe, ou de Vlttiol, ou l'efprit defel ammoniac, jufClu a ce que la carie foie détruite , oblérpHtdc préferver les bords de l’ulcere de atteinte de ces mcdicamcns, en les cou1> ij
34 °
Traité de la Maladie
vrant deplumaceaux enduits de, remè des qui leur conviennent , mettant par deifiis l’emplâtre de minium , 6c les cicatrifant par le moyen de nôtre onguent magiftral. Lôrfque la corruption de l’os eft pro fonde , ou qu’il eft gâté dans toute fou épaifleur il faut emporter la portion ca riée avec le trépan , puis penfer 1 ulcéré avec la teinture de géroflejôc appliquer par de (fus l'emplâtre de minium , puis le mener peu à peu à cicatrice, au moyen de nôtre onguent magiftral. Ce traite ment eft long & fâcheux : c eft pouiquoi il faut exhorter le malade à une longue patience , & cependant lui fane ufer de nôtre eau antivenerienne. R E M A R Q U E S . Quand la carie de l’os du palais a etc allez confiderable, pour y laitier une ou verture qui engage le malade à feteryir de l’obturateur ; en cas que le premier traitement n’ait pas guéri la verole ra dicalement, ou pareeque le remede n y pas é t é fuffifamment pouffé, ou parCt^ que le flux de bouche n’a pas é t é c o n t i n u é alfez long-tems ; il eft fort d a n g e
nuenerienne. L i v. III. 3 4 i reux de l'expofer à un fécond flux de bouche , parceque le tranfport que le virus détermine vers la bouche , pourroit aifément caufer une nouvelle carie , qui cauferoit une il grande perte defubftance , que l'obturateur ne feroit plus en état d'y fuppiéer :ce qui jetteroit le malade dans une aphonie incurable. Il vaut mieux en ces occaiions traiter les malades avec les dccoétions 8c avec les étuves , 8c même réitérer félon le befoin ce traitement à diverfes reprifes, jufqu’à ce qu'on ait lieu de croire que le virus a été entièrement enlevé par les Aieurs , ou du moins tellement énervé qu'il donnera aux malades de longues *treves. ' 0 Obfervons de plus que lorfque l’on donne le flux de bouche pour les gran des , anciennes 8c profondes caries qui font aux grands os , outre que le flux de bouche doit durer long-tems, 8c même etre réitéré, il eft encore d’une neceiïité abfoluë de traiter avec foin l’endroit ca ne jufqu’à parfaite guerifon ; fans quoi apres la verole generale guerie , il refleroit encore une verole particulière au lieu carié , la nature feule ne pouvant P iij
342-
Traité de la Maladie
pas détacher de tout le corps de l’os , les grandes portions altérées qui doivent s’en féparerj à moins que 1 art ne vienne à ion iecours : 6c c eft en ces occafions qu’il faut félon le eonfeil de l’Auteur, ie fervir non - feulement des medicamens , mais auiïi du fer & du feu pour enlever la carie, S>i ne point quitter pen dant tout ce tems-là l’ufage des anti-veneriens, de peur que cette verole partiticuliere ne reproduife de nouveau une verole generale, ôc ne perpétué à 1 infini, pour ainfi parler , la cure de la ma ladie.
u e n e r ie n n e .
DE
L I V. IV.
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LA
MALADIE VENERIENNE. E*î-£®3'«K'£*S-'»v4St<3§>)€®-
LIVRE QUATRIEM E. Oïi il ejî traité de la phtyjîe cvenerienne. r s nous fommes efforcez ]iià préfent de faire connoil’effence & le cara&ére du us, qui confifte comme nous l’avons fuffifamment prouvé,dans la fixa tion des liqueurs volatiles qui circulent dans les corps vivans : car ceux qui connoiffent les autres fixations volatiles qui P iiij
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Traité de la Maladie
fe font dans des corps qui en approchent» & à qui il arrive des changemens femblables , en réfiftant comme elles à l’ac tion de la chaleur vitale , n’ont pas de peine à fe former une idée précife du caractère effentiel de cette virulence. Nous avons de plus enfeigné en quoi confident les différences des affections particulières que ce virus produit , pour tourmenter ceux qu’il attaque en diverfes maniérés ; & nous avons fait voir que ces différences dépendent prin cipalement de la diverfité des parties fur lefquelles ce mauvais levain exerce fa violence ; que lorfque le virus agit fur les liqueurs, &: qu’il fe mêle intimement avec lesfucs qui roulent dans toute l’ha bitude, il produit le premier degré de la verole , qui comprend un grand nom bre d’accidens qui manifeftent diverfement la léfion de ces fucs ; que's’il atta que les parties molles du corps , le fé cond degré du mal venerien fe montre par des lymptômes qui dépendent de la léfion de ces organes ; & qu’enfin lorfqu’il s’attache aux parties folides, il produit les effets du dernier degré de cette maladie.
•venerienne. L i y. IV. 345 Toutes les affrétions qui dépendent de ces trois degrez ont étéexpliquées avec Beaucoup d’exaétîtude , en les faifant connoitre par leurs propres figues , en faifant obferver ce qui nous peut por ter à en juger en bien ou en m al, & en déclarant quels font les remedes les plus convenables pour en obtenir une guerifon parfaite. Mais parceque la phtyfie venerienne peut également fucceder aux affrétions des trois principaux degrez du mal venerienqefpere que l'on me fçaura bon gré, fi pour rendre ce Traité plus, complet, & pour empêcher les jeunes Médecins dffrefiter dans le traitement de cette fâcheufe maladie, j’en donne ici une explication un peu étendue', & fi je donne en même tems les moyens de procéder méthodi quement dans fa curation.
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I.
'D es noms que l'on croit fynon y-
Ous les Auteurs tant Anciens que Modernes ont toujours beaucoup infifté fur les n om s, afin qu’ayant bien fait entendre à leurs Lecteurs ce qu ils prétendoient leur défigner précifément par ces appellations > ils ne leur laiifaffent l’efprit embarrallé d’aucunes notions équivoques & incertaines. Mais la plupart de ceux qui font profcfïion des Sciences Sc des A rts, ne fe donnant pas ta peine de fe bien inftruire de ces dénominations differentes , con fondent bien des choies, en leur don nant des noms qui ne leur font point du tout convenables. Cet abus concernant les noms eft eaufe qu’il y a bien des obfcuritez dans la Medecine,& que ceux qui commencent à étudier cet Art* font rebutez par la pei ne qu’ils ont à comprendre une infinité
T
•venerïenne. L i y. r v . 547 de choies dont la lignification leur paroit douteufe , comme il arrive dans la maladie dont il s’agit , qui eft fouvent défignée fous les noms de corruption, d'hectique, de marafme, d’atrophie , de cachexie , & de phtyfie : ce qui fait que l’on croit tous ces noms fynonymes,bien que ceux qui ont une véritable érudition ne foient pas de ce lentiment. Avant donc que de parler exprelfément de cet te maladie,il eft bon de s’expliquer fur la véritable lignification de tous ces termes. Le mot Latin tabes , ou tabidité , lignifie précifément l’exténuation du corps vivant qui procédé de chdgrin &c de trifteife , & qui s’eft étendue dans la fuite à toutes les affrétions qui réduifent le corps dans une extreme fécherelfe , & qui le corrompent en peu de tems. Le terme marcor , eft encore un mot* Latin qui lignifie à peu près la même chofe que la tabidité, linon qu’il eft en core plus general parce qu’il s’étend à toutes les affrétions qui tendent à la deiliccatîon du corps , fans qu’il s’y joi— ‘ gne une caufe de corruption , comme' tout l’extreiue vieilkife & le dernier peP vi
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Traité de la Maladie
ïiode de la végétation , que nous efti1110ns plutôt corruption que tabidité,qut marque une corruption qui doit arri ver dans fan teins. Le marafme répond à la corruption & à la rabidité ; & les Anciens en ont fait trois efpeces. La première eft lorfque l'aliment ne parvient pas aux parties qui doivent être nourries : ce qui leur caufe une extrême maigreur ; & c’eft cette efpeee de marafme que les Grecs ont nommé atro phie. La fécondé efpeee de marafme arrive quand à caufe de la mauvaife difpofition de tout le corps , le fuc nourricier qui s y diftribuë , fe corrompt auifi-tôt, & cette efpeee de marafme a été nomme des Grecs cachexie. La troiliéme efpeee fuccede à l ulccre qui attaque les parties contenues dans la poitrine i & c'eft proprement celle que les Grecs ont nommé phtyfie. L ’heétique eft encore un nom Grec qui lignifie une mauvaife difpofition de toute l'habitude du corps, qui eft im primée en particulier à chacune des parties foiides qui entrent en fa coropo-
rvenenenne. L i v. I V . 349 fitîon ; enforte q u i! n’y a aucune partie folide dans le corps, qui ne foit atteinte en particulier de la maladie qui eft com mune à toutes les autres parties qui le compofent : ce qui a donné lieu à Ga lien de parler en beaucoup d’endroits d’une chaleur hectique , d’un poulx liedique, d’une fièvre hedique, &c d’ap pliquer cette façon de parler à bien des choies qui marquent une mauvaîfe difpofition habituelle de tout le corps. D’où il faut conclurre que la diipolîtion hedique précédé la phtyfie dans tous les iùjets qui en font atteints , auili bien que la corruption & le marafme » & par conféqucnt ces trois fortes de marafme qui font l’atrophie, la cachexie, & la plityfie. En effet il eft irapolffblè que tout le corps fe flétri ffe & fe defléche , que tou tes les parties qui le compofent ne foient auparavant niai affedées, tant en general qu’en particulier, & qu’elles ne tom bent toutes peu à peu dans la langueur. C eft pour cela qu’un habile Médecin llc doit pas beaucoup fe mettre en pei>te de découvrir précifément ce que e’ eft flue la tabidité, l’atrophie,, la cachexie *
3 5o Traité de la Maladie 8c enfin la phcyiîe , qui ne font que les effets d’une mauvaife difpofition habi tuelle du corps : au lieu qu’il doit met* tre toute fou application à connoitre autant clairement 8c diftinéfcement qu’il lui elt poffible , d’où cette mauvaife dif pofition habituelle a tiré fon origine.
C
De
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II.
la dij'pojîtion habituelle des corps 'Divans en general.
’Eft un principe dont les Anciens &c les Modernes conviennent éga lement , qu’il n’y a qu’une feule & mê me nature qui régit , conferve , & fait mouvoir l’animal vivant , quoique cet te nature nous paroiife differente à raifon des differentes fonctions qui font exercées par les differens organes du corps animé : car par exemple l’œil voit & n’entend point, l’oreille entend 8c ne voit point. Or la d'verfité des fonctions des or ganes ne dépend point des differente*
C
'üenerienne. Lxv.IV. natures que Ton pourroit croire fe ren contrer dans Tanimal » mais bien de la diverfité de leur mécanique j parceque la ftruéture de l’œil eft fort differente de celle de l’oreille * l’oreille du palais * & ainfi des autres. A l’égard de la nature comme elle eff le principe du mouvement dans le fujec où elle réfide 3 elle eft toujours la même* & la diverfité des fonélions & des mouyemens dépend de l’organe mobile * qui fe meut diversement félon, le different arrangement des refforts qui le com parent. Ainft comme il n’ y a. qu’une feule na ture dans chacun des organes qui cornpofent le corps animé , & qu’il y a ce pendant quelques - uns de ces organes, dont les fonétions font il importantes, que l’on a lieu de s’imaginer que la nature y préfrde * il n’eft pas fi hors de rai fou qu’on pourroit le croire , de penfès comme ont fait de grands Philofophes, que la nature des corps vivans eft influente & fixe, influente dans les prin cipaux organes du corps , fixe dans les. diflerentes fubftauees qui concourent à former les diverfes particules donX d eft compofé-
352.
Traité de la Maladie
Il nous fera maintenant fort aifé de concevoir ce que c’eft que cette nature influente & cette nature fixe : il ne faut pour cela que nous représenter du feu allumé dans fon foyer, & differens corps qui étant placez tout au tour font échauf fez par fa chaleur : car dans cet exem ple , le feu dans fon foyer doit être re gardé comme influent, parce qu'il com munique fa chaleur aux corps qui l’en vironnent ; & la chaleur dit feu eft dite fixe dans les corps qui font reçue, parce qu’elle procede du feu qui eft fon foyer, ce qui en rend participais ces corps qui en font proches, & dans lefquels elle fubfifte par la continuation de la pré férir ce du feu. On voit encore par ce même exem ple que la chaleur fe difîipe & diminué dans ces corps qui entourent le feu , fé lon qu’il a plus ou moins de force pour leur en communiquer l’influence ; & qu’ils en font absolument dépouillez lorfque le feu s’éteint. C ’eft auiïi de cette maniere que la nature du corps vivant peut être dite influente & fixe : elle eft influente dans les organes dont l.es fondions font clef-
rvenenenne. Li v. 1V. 353 tinées à fournir & à préparer quelque chofe aux autres parties du corps ; & elle eft fixe dans les parties qui reçoi vent quelque cliofe d’ailleurs, & qui ne fubfiftent que par l’influence des autres organes. Ce que nous venons de dire étant fuffifantpour faire comprendre ce que c’eft que la nature influente & fixe , il ne nous refte qu’à obferver quels font les organes du corps qui ont la nature in fluente , & qui font ceux dont la nature eft fixe. Premièrement le ventricule a la na ture influente ; parceque le fuc nourri cier qui eft féparé des alimens, eft tranfmis de l’eftomac à toutes les autres par ties du corps. Secondement les inteftins ont la na ture influente , tant à raifon de la fonc tion qui leur eft commune avec l’eftomac, qu’à caufe du rranfport des excretnens des inteftins grêles dans les g ro s, des fuperieurs aux inferieurs. En troifiéme lieu la nature de la rate cft influente, à caufe des ferofitez qu’el le tire de l’eftomac , & qu elle fait palier flans les veines.
3 5 4 Traité de la Maladie En quatrième lieu la nature eft in fluente dans les reins , qui reçoivent la ferofité de toute l’habitude , & qui la dèpofent dans la veffie urinaire. Cinquièmement la nature du foye eft influente , parce qu’il purifie le fang, qu’il le iubtilife, & le rend propre à vi vifier toutes les parties. Sixièmement les poumons ont une nature influente ; parceque c’efl: par leur entranife que l’air entre dans le corps, auquel il procure de grandes utilitez. Enfin le cerveau a la nature influen te , puifque la moelle allongée qui lui efl: continué, fournit une rolèe très-falutaire aux parties fpermatiques , & lu matière du mouvement à toutes les par ties mobiles. Mais comme tous les principaux or ganes du corps animé ont une nature influente, ainiî que nous venons de le faire voir , toutes les autres parties du corps ont aulîl leur nature fixe & inlîte , en recevant de ces principaux organes quelque influence necelîaire , comme par exemple, le lue nourricier de l’eftomac, du cœur le fang & la chaleur, du cerveau cette rofée que les Anciens appelloient cambium.
ryenerienne.
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Il y a donc trois principales influe»" ces dans le corps vivant. La première eft celle du fuc nourricier que l’eftomac & les inteftins fourniifent à tout le corps. La fécondé efl; celle du fang fk de la chaleur que le cœur envoyé dans tou te l’habitude. Et la troifîéme efl cette rofée que la fubftance médullaire du cerveau & de la médulle ipinale, diftribuë à toutes les parties iolides » après l’avoir perfectionnée. Toute cette théorie concernant la na ture influente, & la nature fixe & infite » étant ainfi pofee ; & l’influence du fuc nourricier étant pareillement établie dans l’eftomac, celle du fang & de la chaleur dans le cœur , & enfin celle de la rofée dite cambium dans le cerveau ; il faut encore pour bien entendre ce que c’eft que l’affeCtion habituelle, que nous examinions avec attention , comment ces trois influences dont nous venons de convenir, fe font dans un homme qui joiiit d’une fanté parfaite ; parce qu’il fera fort aifé enfuite d'inferer delà, com ment ces mêmes influences font trou blées,ou interrompues dans le corps d’un Malade.
3 5 6 Traité de la Maladie Tant que l’eftomac, le cœur , & le cerveau font dans leur diipofition natu relle , tout le corps doit avoir neceflairement une couleur v iv e , être vigou reux & bien nourri ; par la raifon que 1 eftomac diftribuë à toute l'habitude un lue nourricier très-louable, le cœur un iang très-bon &c une chaleur temperée, 8c que le cerveau fournit à toutes les parties une rofée très-falutaire. Il s’enfuit de-là que toute l’habitude de nôtre corps eft dans un très-bon état, quand toutes les parties qui le compolent tant en general qu’en particulier, reçoivent de l ’eftomac une bonne nour riture , un bon fang du cœur, & du cer veau une rofée fpiritueufe & bien alkoolifée. Or comme il eft hors de doute que les fonctions de ces principaux organes qui établiftent la fanté du corps lors qu’elles font bien laines , peuvent aulfi être blellces ; il s’enfuit que il la bonne difpo/ition du corps dépend de l’inté grité des fonétions de l’eftomac , du cœur, & du cerveau ; fa mauvaife dilpoiïtion doit être une fuite de ces mêmes fonctions détruites ou interrompues : &■
rvener \enne. L i v. IV. 3 57 c'eit cc que Galien a fort judicieufement obfervé dans fon livre de la phtyfie, où il parle ainfi : « Il eft donc évident que il la phtyfie »> eft une affection de tout le corps, elle « ne peut arriver fans que le principe « de l'animalité patiife. Il eft même im» poffible qu'il y ait aucune autre affec» tion dans tout l'anim al, & que le » principe foit occupé d'autre chofe. » C ’cft pour cela qu'il faut qu’en tous si ceux qui font attaquez de la phtyfie , i. la iubftance du cœur ie delfiéche : de » manière qu'après avoir examiné tou3i tes les caufes qui ont coutume de def» féciier le cœur 3 il eft encore à propos il de fçavoir fi tous ceux qui font atteints il de phtyfie font incurables, ou fi l'on Men peut guérir quelques-uns. La mauvaife habitude du corps fuppofedonc la léfion des principaux mem bres , foit de tous fans exception , foit de plufieurs , foit d’un feul. Car il fuffit qu’un feul fôit d’abord interelfé , pour que tous les autres & le corps entier , le loient dans la fuite , parce que tous les principaux reiforts du corps animé fe foutieiinent les uns les autres par des in fluences réciproques.
358 Traité de la Maladie Il eft cependant d’une grande impor-* tance au Médecin de içavoir quel a été entre ces principaux organes celui qui a reçu la première atteinte , & quel a été enluite celui qui s’eft trouvé bleile par contentement, par influence, ou par ac cident : car cela facilite beaucoup lepronoftique & la guerifon du marafme, comme le même Galien l’infinuë forte ment à 1 endroit ci-devant allégué, & félon qu il s'en explique encore plus clairement au chap.ye. du même livre. Voici fes paroles : » Or je fais, d it-il, dépendre la fié„ vre de la partie de l’animai qui a d’a„ bord caufé une chaleur extraordinaire » aux parties iolidcs, d’où il s’enfuit que „ c’eft le cœur qui ayant d’abord été a, plus échauffé qu’il ne doit l’être, pro„ duit la fièvre heéh’quc ; & c’eft enluite » le foye qui contribué à la cauier, non „ pas par lui-même comme le cœur, „ mais à raiion de la correfpondance » qu’ils ont enfemble , auquel cas l’on 3, peut dire que l’affeéHon du cœur tient » nature de caufe : mais les vifeeres qui » entourent le cœur comme l’eftomac „ ôc plulkurs autres, peuvent l’échauffé
’Venerienne. L i v . I V . 359 confîdérablement : de forte que fi l’on » a égard aux parties voiiines du cœur » en ce qui concerne cette fièvre, il faut » que le poumon plutôt qu’aucune au» tre conjointement avec le cœur fort 33 échauffé , caufe la fièvre heétique qui 33 eil bien-tôt fuivie de la phtyfie. Afin donc que cette théorie nous fafife mieux concevoir le caractère de l'af fection habituelle, & qu’en la definiIfant nous en confervions mieux le fouvenir, n°us difons que la mauvaife diipofition habituelle du corps, eft une diipofition de chacune des parties qui le cqmpoiènt qui s’éloigne de l’état naturel, à caufe de , fe’hon de la fubltance de quelque parôc principale , dont la fonétion eft de ntribuer quelque choie à chacune des particules qui entrent en fa compofition. Nous allons maintenant expliquer es parties de cette définition, afin que cuence de l’affcébion habituelle foit en core mieux entendue. ^ 0L1S avons dit premièrement que ection habituelle cil une diipofition e routes les parties du corps , afin que je° n ®Ç_acbe qu'il ne fuftit pas qu'une feupartie du corps comme la m ain, le
3 <j o Traité de la Maladie pied , ou quelqu’autre que ce fo it, tom be dans la phtyiïe pour établir une affec tion habituelle ; parce que la pli ty lie par ticulière d’une partie du corps efl facile à guérir , ou du moins ne met pas le malade en danger de mourir , comme fait la mauvaife difpoiition habituelle de tout le corps Nous avons ajouté que cette mauvai fe difpoiition de toutes les parties du corps s’éloigne de l’état naturel, afin que l’on conçoive qu’il eft impolîtble qu’une affection habituelle foit produi te dans un corps animé, à moins que la difpoiition de toutes les parties qui Ie compofent en general, & celle de cha cune en particulier , ne foit défordonnée : car tant que la nature fixe des par ties réiiftera à la mauvaife influence des principaux membres , la bonne habitu de iubfiftera toujours , & elle ne com mencera à décliner qu’à mefure que la nature fixe & infite de chaque partie fuccombera infenfiblement fous la mau vaife influence de ces principaux orçanes. De plus nous avons dit que cette mau vaife difpoiition arrive par la lélion y
* v e n e rie n n e .
Liy.IV.
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la fubftance de quelque partie principa l e pour faire entendre que Paffedion habituelle ne peut avoir lieu , qu’après que quelqu’un des principaux vifceres a fouffert non pas par accident, maiselTentiellemént quelque léiion dans la pro pre fubftance : car fi la léfion étoit pu rement accidentelle , comme il arrive rlans les fièvres putrides, la mauvaife ha bitude ne dureroit qu'autant que l’hunaeur ou la matière de la fièvre putride lcroit troublée par fa préfence & par Ton mouvement , Ôc troubleroit la bonne température des principaux membres ; & la bonne température de ces organes revenant à Ton état naturel après la coct*°'\ ^e cette matière fébrile , la bonne ■ •ibicude du corps reviendrait en même rems : 8c tout autant de fois que la iu b t [ance ^ mie partie principale eft bleiTée, .a reiuvaiic habitude du corps fuccede rmmédiatement à cette léfion, & ne celle jomt.qjie la fubftance de cet Organe ne 01r i établie dans fon état naturel, en cas que cette léfion ne foit pas alfez confiClp *5 Pour faire périr le malade. nhn nous difons que l’affedion ha~ e eft caufée par la léfion d’un or-
t m* IL
361 Traité de la Maladie crâne que fa fonction engage à fournir quelque chofe à toutes les autres parties du corps ; afin que l'on foit bien periuadé que la léfion de la fubftarice de cette partie principale ne produit l'atfeétion habituelle , q u à caufe que cet organe fait une aétion qui prépare quel que chofe qui eft necelfaire à toutes es autres parties, pour conferver le corps dans fa bonne habitude. _ Car quoi que les yeux aulfi-bien que les teiticules foient des organes d une trcs-grande confidération dans le corps humain ; cependant parce que ces par ties n'exercent pas des fonctions qui préparent quelque chofe à tout le corps qui lui foit abfolument necetlaire , on peut arracher les yeux , on peut ampu ter les teiticules, & ces parties peuvent être bleilees ou détruites par quelque caufe que ce fo it, fans que leur lefion X même leur perte entière, prodiulent au cune affection habituelle dans le coips Mais il n’en fera pas de meme fil cl» mac , le fbye , la rate , lesinteftms, cœ ur, le poumon, SC le cerveau Ion hleflfes dans leur propre lubftance »
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viennent à être féparez du corps ; parce que toutes les parties qui reçoivent quelque chofe de ces organes , venant à le mal recevoir , ou à en être privées , elles ne peuvent manquer de s’éloigner de leur habitude naturelle. Il faut pourtant obferver ici , qu’il peut y avoir certains cas où les fu b(lan ces qui font préparées par ces princi paux vifeeres à toutes les autres parties du corps fans être el:Tentiellement bieffées par elles-mêmes , peuvent l’être néanmoins par l’entremife de quelque caufe étrangère , jufqu’au point d’être ineptes à produire une bonne habitude , comme il arrive dans les fujets qui font infeélez de la verole dont nous parlerons incontinent ; ou comme il arrive àceux qu’une playe , ou un ulcéré mal traitez fout tomber dans laphtyfie:car il impor te peu que tout ce qui eft porté àtoutes les parties du ¿bips foit gâté & corrom pu par une caufe, plutôt que par une au tre : en forte que pour rendre nôtre défi nition plus juftcj il la faut réduire àces termes : La difpofition habituelle eft une difipofition de toutes les parties qui comQ . ij
3 64 Traité de la Maladie pofent le corps , qui s'éloigne de l’état naturel par la corruption de ce qui leur eft porte, foit que cette corruption pro cédé de l’aétion d’une caufe extérieure, ou de la léfion de la fubftance de l’orga ne principal qui fournit cette matière. Enfin l’on ne doit pas être furpris de ce que nous n’avons point parlé de fiè vre heétique , ni de chaleur he&ique, dans cette définition de l’afFeétion habi tuelle ;puis que tous les Médecins con viennent , que pour établir l’elfence de l’affeétion heéfcique , il faut qu’il y ait une chaleur fébrile : car nous enfeigneronsdans nôtre Traité des fièvres , que cette affeébion du corps vivant que les Médecins appellent la fièvre, ne confifte aucunement dans l'exccs de chaleur, mais dans le mouvement déréglé du cœur, qui eft fouvent accompagné d’une cha leur exceilive , & qui eft auiïï quelque fois fans cette chaleur. Cette doétrine eft aiïurément trèsbien confirmée dans l’affeéf ion habituel le ; puifque nous avons vu un trè s-g ra n d nombre de phtyfiques loin d’avoir une chaleur exceilive, être plutôt froid à l’at touchement, ou être du moins d’une
•venerienne. Liv. IV. 3 chaleur très-douce, & vivre fort tran quillement dans leur affedion habituel le ; au lieu que la viteiTe, la fréquence, & l'inégalité du pous , étoient dans d autres malades les marques d'une mort prochaine. Nous avous donc mieux aimé nous fervir de cette expreflion , une difpofition qui s'éloigne de l'état naturel : car foit que la chaleur hc&îque foit jointe à l’affedion habituelle, ou quelle foit fans elle , on peut fort bien entendre l’une & l'autre dans les ternies dont nous nous lommes fervis : ce que Galien n’a pas manqué de nous infinuer au Livre de la phtyiïe en parlant du marafme qui arri ve dans la derniere vieillelle , ou à ceux qui font exténuez par de longues abftincnces.
->v Q. iij
%66 Traité de la Maladie
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III;
Des différences de l’affefition habituelle. ien de nôtre part n’a e'té oublié dans le préccden expliquer avec toute l’eflence de l’affeéHon habituelle , & comment cette affeèHon eft première ment produite dans les corps vivans. Maintenant pour éclaircir de plus en plus ce phenomene , nous allons parler des efpeces & des différences de cette affeétion qui ne font pas en petit nom bre ; apres quoi nous la défignerons par fos fignes propres & pathognomoni ques : ce qui nous donnera lieu enfuite de mieux juger de fes évenemens , & d’enfiler après cela la véritable route de fa guerifon. Pour cela nous jugeons à propos de nous fervir de cette generale & ancien ne diftinétion que les Grecs nous onc lailfée du marafme ^ qu’ils ont confédéré
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•venerienne.Liv.lV. ftuffi-bien que l'atrophie, la cachexie, & la phtylie , félon les trois differentes ma niérés dont il a coutume d’être produit : car quoi que nous puffions propofer beaucoup d'autres différences, elles peu vent toutes fort aifément fe rapporter à ces trois genres. Cette diftinétion de l’aifeftion habi tuelle en trois efpeces que les Grecs ont établie , paroit allez raifonnable : car fur ce que ces anciens Auteurs ont compris que l'affection habituelle doit être necelîairement produite , ou par ce qui vient de corrompu à toutes les parties du corps , ou de ce qui eft gâté aux parties du corps déjà mal affeûées, ou de ce qui leur étant envoyé déjà corrompu, fe gâ te encore davantage dans ces parties mê mes ; ils ont cru devoir diftinguer l'affeétion habituelle , i ° . en atrophie, z °. en cachexie, 3 en phtyfie proprement prife. L ’atrophie arrive quand aucuns alimens n’entrent dans le corps, ou quand ceux qui y font reçus ne fouffrent aucu ne alteration dans l’eftomac. De l’un ou de l’autre de ces défauts il arrive neceffairement , que toutes les parties du O iiij
3 6 8 Traité de la Maladie corps étant abfolument deftitüées du fuc nourricier qui leur feroit neceflaire, elles tombent dans l'atrophie. Secondement l’atrophie eft encore produite lors que la fubftance de l’eftomac ou du cœur eft bleflee , aufli-bien que celle des liqueurs qui font filtrées par les vifceres confidérables qui les en vironnent , & qui étant diftri buées gé néralement à toutes les parties du corps, n’y font point reçues ni aifimilées, à caufe de la mauvaife impreiîion qui leur a été faite par la fubftance blellée de ces vifceres. Car pour lors l’affeékion habituelle eft non-feulement produite , parce que les parties du corps manquent de nour riture -, mais tout le corps s’extenüe en peu de tem s, à caufe du reflux de ces mauvaifes liqueurs , que les parties du corps les plus éloignées ont refufé d ad mettre vers les parties naturelles & fpirituelles ; & cette atrophie fe peut quel quefois guérir & quelquefois non, com me nous le dirons dans la fuite. Mais l’atrophie qui procédé des liqueurs gâ tées par une caufe extérieure , fe guérit pour l’ordinaire quand le malade eft trai-
menerlenne L i v. IV. 3Gç> té par un Médecin habile,qui lui ordon ne à propos les remedes les plus conve nables à fa maladie. La fécondé eipece de maraime eft ap pelée cachexie , & elle arrive lors que l'eftomac, le cœur , & les vifceres des environs, confervent encore leur bonne température, & fourniiTent encore d’affez bons fucs à tout le corps $mais parce que la nature fixe & infite des parties où arrivent ces fucs s’eft éloignée de fa difpofition naturelle, elle gâte & cor rompt ces liqueurs au lieu de fe les ap proprier , & jette ainfi toute l’habitude du corps dans cette langueur que l’on nomme cachexie. Cette efpece de marafme fuppofe l’é loignement de la température des fu b t tances médullaires de leur état naturel ; d où il arrive que cette rofée & ce eam~ bium qui fervent à fubilanter les fibres des parties fpermatiques, ne font pas perfectionnez comme il faudrait : & comme la vie des parties folides eft co n oj * u j-- ---- : prétîeuie et ^ entretenue ------------rolee , il s’enfuît que n’étan pas au (li oien conditionnée qu’elle Îe d vrait être, oeconomie de toutes les pai ies folides , O v
370 Traité d e l à Maladie fe trouve détruite ; d'où il arrive que l’afFeûion habituelle qui parvient aux veines du foye, & que l'on nomme aulli affecftion cachectique , n'cft prefque pas guéri (Fable ; parce qu'on ne peut pas trouver un remede capable de rétablir la iubftance médullaire dans fà bonne conftitution. Beaucoup de Médecins ont prétendu que la différence qui fe trouve entre l’a trophie & la cachexie, confifte à ce que l’atrophie eft caufée par le défaut entier des fubftances qui font necelfaires aux particules de tout le corps pour former une bonne habitude : au lieu que la ca chexie eft produite par l'abord de ces memes fubftances, qui étant gâtées font rejettées des particules auxquelles elles devraient s’unir , fi elles étoient É>ien condîtionées. A l'égard de la véritable phtyfie , elle fiiccede prefque toujours à la cachexie > & elle arrive lors que les liqueurs gâtées 8c vifqueufes qui ont été rejettées par les parties folides, refluent au mefentere ou à la poitrine, & produifent dans les vilccres du bas-ventre ou de la ¡poitrine» des apofthemes,des abcès,des inflamma-
njenerienne.
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tions, dçs éreiîpeles & d’autres affections femblables, qui font necelfairement fuivics d’ulcération ; & pour lors la ca chexie qui accompagne ces maux, dégé néré bientôt dans une phtyfie que tous les Médecins eftiment.incurable ; parce qu’il faudrait pour guérir cette cruelle maladie, non-feulement trouver un mé dicament qui pût détruire le vice con tracté par le membre principal, mais qui lui rendît encore fa température na turelle ; ce que la nature ne peut faire que par une efpece de miracle j & ce qui eft abiolument impoffible à l’Art. Chacune des efpeces de marafme dont nous venons de parler, eft connue par fes propres lignes. Les lignes de l’a trophie font la pâleur du vifage, la mai greur de tout le corps , la rétraction des levres , l’éfilement du nez , l’élé vation des ongles au-deffus de la chair > les rides de la peau , & fa fecherelfe, la foif fans fechereffe à la langue, le flux de Ventre , la veille , la fréquence du pous & la petitelïè , la froideur des extremifCZ 3 Aa t'efpiration rare & embarraiïee ans etre accompagnée de toux. Tous ees lignes fe trouvant aifem blez, on ne Q. vi
37 L Traité de la Maladie peut fe tromper en diiânt que le malade eft atteint de l’atrophie, qui dépend du défaut total des alimens , ou du défaut de leur digeftion dans l’eftomac. On conjecture au contraire que le malade eft attaqué de la cachexie, quand toute fa peau eft non-feulement d’une couleur pâle , mais fale & défigurée , quand vous y obferverez non pas une fimple fechereflè, mais une cralfc qui fournit une efpece de fon , ou d’autres ordures , & une grande quantité de poux. Les ongles du malade font recourb e z , les narines ferrées, la bouche li vide & limoneufc fans beaucoup de foif; il fe dépite contre les alimens 5 il eft fouvent atteint de la diarrhée , fon pous eft petit, fréquent, & inégal, avec une certaine chaleur poignante , mais foible & languilfante. Dès qu’il agit tant foit peu il a de la peine à refpirer , & il eft fort incommodé d’une petite toux qui eft très-fréquente. Tous ces lignes fe trouvant de compagnie , il ne faut pas douter que le malade ne foit atteint d’une cachexie caufée par le vice des hu meurs , foit que ce vice procédé de la
venerienne.
L i v. IV. 373
léfion de quelque membre principal, ou de quelque caufe extérieure. Il faut obferver ici que la cachexie qui n’eft produite ni par aucune caufe extérieure, ni par la léfion d’aucun vilcere du bas-ventre, ni de la poitrine , eft neceffairement un effet du vice de la fubftance médullaire du cerveau : ce que l’on reconnoit par la fechereife de toute l'habitude du corps , par une maigreur imprévue , par un pous peu different du naturel , par la contraction & l’accourciffement des membres, par le regard du malade qui eft tout changé , par une chaleur aiguë, une faim dépravée, &C par une grande décharge d’excremens : & cette cachexie dégénéré bien-tôt en phtyiîe. Les fignes de la phtyfîe font l’extrême maigreur de tout le corps» la faleté de la; peau , une chaleur vive & brûlante qui n’eft pas fenlible au malade , la fréquen ce & la dureté du pous , la difficulté de refpirer , une grolle & profonde toux , le crachement d’une matière purulente mêlée avec du fang » l’infomnie , les in quiétudes , le defir d’alimens finguliers , la diarrhée fréquente , dont la mort eft prochaine»
374 Traité de la Maladie Il y a des lignes communs à ces trois fortes de marafme qui fo n t, la dilpolltion habituelle qui ne fait que s’aug menter , la dépravation des mouvemens du pous , fans qu’il y ait des accès ou des intermillions fenfibles, & l’augmen tation de tous les fymptômes après le dîner ou le fouper. Mais le ligne univoque & pathogno monique de la phtylie produite par le vi rus , ell l’augmentation des accidens vers le foir & jufqu’au milieu de la nuit, la propriété de ce mauvais levain étant de^’irriter vers ce tcms-là. De plus comme les efpeces de maraf* me que nous venons d'établir peuvent procéder de la lélion de chacun des prin cipaux vilceres , comme nous l’avons déjà marqué, chacun de ces vilceres intereifez fait connoitre le marafme qui dépend de lui par des lignes qui lui font propres. Ainii le marafme de l’eftomac fe difliligue par la dureté & la tenfion que l’on relfent à l’orifice fuperieur de ce vifcere, par une toux obftinée , par le cra chement d’un phlegme tenace & groifier, par la difficulté de refpirerdo ut les
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malades font travaillez par intervalles » par la fréquence & l’inégalité du pous» par la foible chaleur que l’on relient aux extremitez , & qui tend à la froi deur. Le marafme caufé par la dureté des inteftins , fe connoit à la dureté que l’on relient au delïus du mefentere , Sc par une diarrhée continuelle tantôt fanglante & tantôt muqueufe. Celui qui eft produit par le vice de la rate , a pour figue particulier les affec tions fcorbutiques,comme font la puan teur d’haleine , un fang corrompu qui fort des gencives, le crachement d une matière fimglante l’ont fent la rate du re & gonflée , il fuvvient des ulcérés fétides aux extremitez inferieures » les malades urinent peu >. & leur urine eft rougeâtre & difpofée à fe corrompre. Quand le vice du foye caufe le ma rafme , les ftgnes propres de ce mal font, la mauvaife couleur de la peau & fa fa~ leté , une tumeur dure fe fait fentir en la région où ce vilcere eft place , le me fentere eft tout delfeché, lesmalades ont mie diarrhée continuelle & fanglante » une fa if inextinguible ^une chaleur trèsvive.
37 <> 'Traité de la Maladie Lorfque ce mal vient des reins , l’ha« leine des malades exhale une odeur pour rie , leur corps s’extenuë promtement, leur urine eft purulente, putride, & d’u ne odeur déteftable. Ils ont une chaleur vive, lafo ifles tourmente, & le manger leur augmente la fièvre. On connoit le marafme des poumons par la toux continuelle, le crachement purulent, la difficulté de refpirer, la voix enrouée, la perte du fang artériel, la rou geur des jolies, la chaleur vive , le pous fréquent,petit & dur. C ’eft au cœnr que l’on impute la caufe du marafme , quand les malades ont une chaleur brûlante, le pous petit & très-fréquent, les lèvres rouges , qu’ils font inquiets, qu’ils font incommodez d’une pulfation inégale au côtes qui en vironnent le cœur , à laquelle fuccedent les autres figues que nous venons d’attribuër au marafme des poumons, & en fin la mort. Quand c’efl: le vice du cerveau qui produit le marafme , tout le corps fe trouve foudainement exténué , fans que la toux ait précédé, non plus que la dif ficulté de rdfpirer, la chaleur vchemente.
*venerleme. Liv. IV. 377 ni aucun déreglement dans le pous : mais tous ces fymptômes fuivent de près eette exténuation fubite, & conduifent le malade à la phtyfie. Ce font là les fignes qui font connoitre le marafme, & qui font des marques toutes évidentes de la léfion du vifcere qui en eft la caufe premièrement & par lui même ; parceque d'autres .y peuvent aulïï concourir par accident , chacun d’eux pouvant avoir fa fonction bleiTée accidentellement. Pour ce qui eft des marafmes qui font produits par descaufes extérieures, com me font ceux qui fiiccedent à des ulcérés mal traitez1, ou qui font caufcz par le vi rus ; outre les lignes communs de ce mal , ils n'ont point de lignes qui leur foient propres & particuliers , fi ce n’eft les mauvais ulcérés qui les ont prccedezj & le progrès du virus tout évident, qui les caraétérifent de telle forte , que l'on ne peut douter qu’ils ne procèdent de 1 une ou l'autre de ces deux caufes ; & la raifon de cela eft que dans le marafme qui vient d’un ulcéré mal-gueri, ou dans celui qui eft produit par le virus , les principaux vilceres ne font pas blclfcz
378 Traité de la Maladie par eux-mêmes > mais feulement par ac cident. Car les liqueurs qui ont été corrom pues par ces caufes extérieures étant portées aux membres principaux , elles les gâtent neceifairement ; d’où il arrive qu’un chacun de ces vilceres eft troublé dans fa fonction particulière ; & de là nai (lent des figues confus qui donnent des marques équivoques de differentes parties interelfées. Il fe peut faire néanmoins que tous les membres principaux n’ayant pas une force égale dans un même fujet , celui qui fera le plus foible recevra plus aifément l’influence des mauvais fucs , & que tous les autres fe déchargeront fur ce membre foible ; de maniéré que ne pouvant pas fupporter cette fâcheufe charge , il en fera fort aifémént bielle dans fa fubftance ; & pour lors quoique le vice produit par la caufe extérieure foit détruit par des remedes efficaces > Ie marafme ne ceAera pas pour cela ; pa1'ceque la léfion de la fubftance du mem bre principal, entretiendra fimpreffion que la caufe extérieure aura faite aux autres parties.
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IV.
De l'indication generale en la cure de la fh tyjîe. ’Indication curative des corps phtyfiques ne fe doit pas tirer de la mauvaife difpofition habituelle qu ils ont contractée , comme par exemple de leur maigreur, pour les faire devenir gras, de la mauvaifè couleur de leur peau , pour la rendre meilleure ; de leur exceffive chaleur , pour la rendre plus moderee à & d’autres femblables indications que les Vulgaires fe propofent pour guérir les phtyfiques : car toutes les affections fufdites ne font que les accidens d une caufe plus confidérable d ou ils décou lent comme de leur fource originelle. Un Médecin eft ridicule de vouloir donner de l’embonpoint à un corps ré duit dans le marafme, à moins qu’il n ait travaillé auparavant à détruire la caufe de cette maladie : car quand il feroic prendre à fon malade les alimens les
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380 Traité delà Maladie plus fucculens, & en très-grande quan tité , ces alimens loin de profiter à ce malade , lui feroient préjudiciables,étant par eux mêmes plus difpofez à la cor ruption , que de moindre nourriture. La veritable indication curative en toute forte de phtyfie , fera donc de pu rifier les liqueurs qui arrofent les par ties folides , &,de corriger le vice qui les gâte , foit que ce vice foit imprimé dans la fubftance des principaux vifcere s, foit qu’il vienne d’une caufe ex térieure. Car comme les liqueurs qui circu lent dans le corps ne peuvent pas être purifiées, tant que le vice qui les gâte cft en état de fubiifter , & comme il eft au contraire très - facile à la nature de purifier les liqueurs quand ce vice aéré détruit, il s’enfuit que le fecret de la cu ration de toutes les efpeces de marafme, confifte dans la correction du vice que les fubitances des principaux membres ont contracté , ou qu’ une caufe exté rieure aura occafionné ; parceque ce vice étant corrigé , les liqueurs fe corri gent auffi, & donnent peu à peu à tout le corps une bonne .habitude, fans qu’h
’Venerlenne. Liv. IV. 381 foit befoin pour cela de medicamens ou d'alimens particuliers ; les alimens com muns & ordinaires étant fuffifans pour y concourir. Il n’y a point de médicament félon les adeptes , qui puiiTe rétablir dans leur état naturel les principaux vifeeres qui ont été léfez julques dans leur ellence , à moins que ce ne foit un agent univeriel , c’ell: à dire, à moins qu’il ne foit fi fubtil j fi parfait, fi bien tempere , Qu’il puille fe joindre à la nature meme, lui étant parfaitement conforme ; & qu’il puille donner aux membres léfez , ce qui leur manque , & leur oter ce qu’ils ont reçu contre l’ordre naturel :&c comme il faut beaucoup de travail & d.’application pour avoir un tel rcmede j nous en allons propofer quelques-uns qui font fort propres à reftaurer les prin cipaux vifeeres , & à remedier au matafme qui en dépend. Si donc il vous tombe un phtyfique entre les mains qui ait les lignes du marafme procédant de l’eftomac , tels que nous les avons cy-devant défignez, & dont la maladie foit guerilfable , vous commencerez à le traiter en lui donnant ce vomitif :
3 8 z Traité de la Maladie jy.- { Du fel de vitriol
i fcrupules.
Faites-en une poudre que vous incorpo rerez avec la conlerve de fleurs de bour rache , & que vous ferez prendre au malade. Par dellus vous lui ferez avaller trois onces d'eau de poulet. Mais ce vomitif n’eft pas fur à caufe de fa qualité étouffante , c’eft pourquoi lorfque le malade a des forces fuffifantes. ^ ç Du mercure de vie bien préparé, à 4 grains. Faites - les infufer pendant la nuit dans deux onces de vin grec , & le matin féparez le vin des poudres, &: le donnez ail malade. L ’hypocras émetique décrit dans nô tre Examen de Medecine , lui cil pour tant préférable. Après avoir donné ce vom itif au ma lade , il faut pouriuivre fon traitement par l’ufagedu vitriol de mars continué pendant 40 jours. La dolè fera de fix grains , & 011 l’augmentera infeniiblement jufqu’à 1 j , que l’on fera prendre le matin à jeun. Mais comme nous avons rejette l’U‘ lage du vitriol de mars dans nôtre exa men de Medecine , l’on fera encore
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mieux de fe fervir de la teinture de mars que nous avons décrite dans nôtre julep martial : ou bien fervez - vous de ce ju lep , & cependant donnez tous les jours au malade deux dragmes d'élixir de pro priété , ou d’élixir ftomachique d’helmont, feulement deux heures avant fon dîner , & autant avant fouper , dans le fyrop d’écorce de citron. Ordonnez au malade de manger peu, & des alimens qui foient faciles à digé rer , & qui ne foient pas difpofez à fe corrompre. Réitérez eniuite le vomilTement s’ ileft necelfaire : mais fur tout évi tez l’ufage des purgatifs. * Quand le malade aura des fignes du maralmc des inteftins , vous ne vous fervirez point de vomitifs ni de purga tifs , & vous le traiterez avec le petit lait de chèvre.
çDu petit lait de chèvre, mie pinte; ^ Du Sjirop violât j i onces. Faïtes-le prendre au malade. Si ce petit lait paiTe bien par les felles, vous lui en donnerez pendant z o jours j car il le guérira parfaitement : mais s’il ttc pallè pas bien, ne lui en donnez pas plus de deux jours, & faites lui ufer pen dant 40 jours des pilules que voici.
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Traité de U Maladie
c De la meilleure myrrhe , 1 once ; ^ c De l’aloés , 1 drach. Réduiiez-les en poudre, & incorporezles cnfuite avec la terebenthine de Ve-' liife , pour en former une malle dont la dofe fera de deux fcrupules jufqu’à trois, tous les matins à jeun. Si le marafme vient de la rate, & que le malade ait les accidens du icorbut, il faut ufer dans ion traitement des apéri tifs & des diurétiques après l’avoir pur-, gé ; & voici comme vous agirez. c Du petit lait de chèvre , 3 demc fetiers : Faites le chauffer fur le feu , & quand il commencera à frémir jettez-y , ç Dit fenné demie once & de la cannelle concaffée, z drach. Couvrez enfuite le vailfean & l’éloignez du feu ; puis coulez le petit lait quand il fera refroidi. Donnez cela au malade pendant 4 jours en quatre dofes égales, afin de le purger par ce doux médicament de fes humeurs groffieres. Après cela
rD u vitriol de mars, ïp. < Du fel d'abfinthe , & du tartre vitriolé, de chac. drach. M êlez
•venerienne. Liv.IV.
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Mêlez ces trois ingrédiens pulverifez, & donnez au malade un fcrupule de cette mixtion tous les matins , pendant 40 jours. Quand on fent la rate dure 8c gonflée, appliquez fur la région où ce vilcere elt placé, le cataplàme fuivant pendant trois jours.
(JDe lafarine d’orge, ponces < De la verveinegrojfiérementpilée*, V 3 poignées. Mêlez-y un blanc d 'œ u f, & de tout cela formez-en un cataplàme qui fera pafTer la fanie de la rate au travers des pores : mais ce cataplàme impofe beaucoup. Enfin vous fortifierez la fubftance de la rate par cette onftion. ^ c De l'huile de brique , ce qu'il en c faudra , Et frottez pendant 5 o jours la région de la rate. On guérit même par ce moyen les fièvres quartes les plus obftinées. Le fchirre du foye caufe auiïï un maJ'alme particulier que l’on connoit par *^s Agnes qui ont été ci-devant défignez. V f marafme efl: toûjours accompagné ■ une diarrhée fanglante. Vous guéri-
Tom. Il,
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G Traité de la Maladie
rez finement cette phtyfie , par 1 ufage du petit lait de chèvre fans autre addi tion que du fyrop violât. r Du petit lait de chèvre , } choIg. < pitiés. \.Du fyrop violât , z onces. Faites prendre cette dofe au malade tous les matins pendant i j jo u rs, & que Ie flux de fang ne vous étonne pas pen dant cet ufage ; parceque ce remede éva cue la caufe du flux de fan g, 8c mondifie les ulcérations qui le fournilfent. Après l'ufage de ce petit lait, vous for tifierez la fubftance du foye pendant^ un mois , au moyen de la teinture d ablinthe que vous préparerez de la ma niéré qui fuit. ç Des feüilles& des fommitez. d’ab* ^ c Jînthe. que vous pilerez groiîiérem ent, 8c que vous jetterez apres cela dans une cucurbite de verre d’une grandeur fuffifante fans autre addition. Bouchez la bien afin que rien ne s’en puilfe exhaler ; puis faites là bouillir au bain-marie pendant 24 heures. Laiiïez enfuite refroidir , 1e vaiireau, 8c verfez par inclination lap lÇ' tieufe liqueur de l’abfinthe féparée e
rutnerienne. L I
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lès feuilles que vous exprimerez legereraent, & vous garderez cette eau pour l'ulàge. Vous en donnerez au malade deux dragmes dans deux onces du meilleur vin blanc pendant un mois ; <k durant ce tcms-là vous ferez une onébion fur la région du foye avec l’onguent fantalin. Enfin vous fortifierez la fubftance du foye avec l'eflence de rûbarbe , que vous préparerez ainfi. rçt. { De la meilleure rûbarbe , i once. Pulveriièz-là , puis l'ayant mile dans un vaiilèau de verre , jettez par delïus un demi fetier de bon eiprit de vin. Lailléz les infufer enfemble pendant douze jours,après quoi vous varierez par inclination l’cfprit de vin qui fera forte ment teint de la rûbarbe. Mettez enfuilc «etc teinture fpiritueufe dans une ré» torte de verre , & diftillez la troifiéme partie de cet efprit à une chaleur doucf : gai‘dez ce qui reliera dans la rétorte : c^ véritable teinture de rûbarbe qui e un baume pour le foye. La doiè de cette teinture, elt d'un lcrupule. Qiiand vous counoitfcz par les figues
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Traité de la Maladie
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propres que le marafine vient du pou mon ; la toux &c l'infomnie étant conti nuelles j donnez au malade pour appaifer la toux les pilules de cynoglolfe. c Des pilules de cynogloffe , 13 . c grains. Donnez les au malade après Ton louper > de 4 en 4 jours. Mais il le malade fe trouve en danger par le crachement de fang, ufez de l’arcane fuivant qui ne vous manquera ja mais dans l'hémorrhagie pulmonaire.
Des grem 'ùilles de marais vivan tes comme elles font fans autre \ préparation. C
te. <
Faites les lécher au four dans un vaiffeau convenable , jufqu'au point de les pouvoir réduire en poudre avec faci lité : étant pulverifées , donnez-en une drachme au malade dans du fyrop de pavot. L ’hémorragie s’arrêtera aulli-tôt , & le vaiilèau qui la fournilïoit fe trouvera fi bien cicatrifé , qu’il faudra une autre ouverture pour une nouvelle hémorra gie. Fortifiez enfuite le poumon avec l’élixir de propriété.
rvenerïenne. L i y. IV. 389 f De l'élixir de propriété diflillé , once ; *■ I Du fyrop de pavot , 1 once & [_ demie. Mêlez-lcs, & que le malade confume cette dofe pendant 1 4 heures en forme de looch. Pierre Potier au fécond livre de fa Pharmacopée , décrit un merveilleux anti - hecliquc qui a l'alun pour bafe, dont nous nous fournies fouvent trèsbien trouvez, & avec lequel nous avons retiré un grand nombre de malades d'entre les bras de la mort. Nous en donnons ici la defeription en faveur des jeunes gens. ç De l'alun de roche , ce que vous d voudrez.. Dilfolvez-le dans l’eau de pluye , & fai tes le cuire enfuite dans un alambic jufqu’à ce qu’ il écume. Enlevez l'écume & le faites cuire de nouveau , & ajoutez-y pendant la coétion du vinaigre diftillé. C ’eft alors que l’alun dépofe fon vitriol en forme d’écume bleue fur la furface du liquide , qu’il faut rejetter avec foin. Filtrez la diifolution , & verfez l’alun dépouillé de fon écume dans R iij
i
3 9 o Traité de la Maladie un vaillèau de bois , afin qu’il fe cryfi talliiè. Alors fy- { Une livre d'alun, Ainfi purifié, diftillez-en le phlegme à un feu fort doux jufqu’à ficcité, en pre nant garde que fes efprits ne montent, & que l’alun fe change feulement en une terre blanche : impregnez-là de fon propre phlegme, & la cohobez. Après c e la ,
r De la tête morte de tartre dont fy- s tout le fel commun du tartre a \ été enlevé. Mettez la dans un creuièt au feu de ré verbère pendant une demie heure , afin qu’il s’en faiTe une terre poreufc tout à fait dépouillée de fel. Mettez enfuite cette terre tactareufe philofophique dans un filtre de papier brouillard , puis mettez fur cette terre un autre papier brouillard dans lequel vous filtrerez la terre alumineuie diifoute dans fon propre phlegme ; & par ce moyen la terre alumineuie fera at tirée par la terre brûlée du filtre : ce qui fera qu’il n’y aura que la terre dou ce avec fon propre phlegme qui pa liera a u travers du filtre.
•venerienne. L i v .
IV.
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Coagulez enfuite de nouveau cette terre par la diftillation de fon phlegtne : dilïolvez-la enfuite de nouveau dans ce même phlegme , & la filtrez enfuite à travers la même terre tartareufe de nouveau lavée , & réverbérée pour la troifiéme fois : & c’eft ainfi que l’alun dépofe de fon phlegme par la précipi tation toute fa terre àftringente , & que le premier être de l’alun fe criftallife par le froid comme le fucre. Le même Auteur décrit encore un autre anfi-heétique d’une grande vertu contre d’autres maladies, qui n’eft autre chofe qu’un régulé compoié d antimoi ne & d’étain, & parfaitement fixé par le triple de nitre. Que fi le marafme vous paroit pro céder du cœur par fes fignes propres, vous aurez lieu de prédire plutôt la mort du malade que d’en prétendre procurer la guerifon par aucun remede. Au com mencement de cette phtyfie , le lait de perle eftle feul remede qui puiffe donner quelque foulagement au malade. Mais on ne peut le tirer qu’avec beaucoup de peine & de travail. Cependant les perles font un aiTess R iii)
3 92. Traité de la Maladie bon remede , lors qu’on les dillout avec le vinaigre diftillé , qu’on les pré cipite avec l’huile de tartre, qu’on les lave avec le fe l, & que la poudre qui en refulte eft donnée pendant 6 o jours au malade tous les matins au poids d’un fcrupule. La cendre des écrivifles de riviere donnée en teins & lieu à ces malades au poids d une demie drachme , produit encore un fort bon effet. Enfin croyez que la teinture de corne de cerf eft un grand remede contre la phtyfie qui vient du cœur , en voici la préparation. çDe la raclure de corne de cerf , i fy- ^ once ; \D e l'eau commune, 3 demi fetlers. Faites les bouillir jufqu’à diminution de moitié. Séparez l’eau de la corne de cerf en la verlant par inclination , 8c la gar dez }
çD e cette décotlion, 1 once ; 3Çi. < Du ?nagiflere de perles cy-devant
V. décrit, 1 ferup. Donnez tous les jours cette dofe au ma lade pendant 40 jours. Vous pouvez ufer du même traite-
'venerienne.
L i v . IV. 3 9 3
ment quand la phtyiie dépendra du vice du cerveau : car cette maladie bien que relative à un vifcere il noble , ne lai île pas d’être quelquefois guerilTable. V oilà ce que j’avois à dire concer nant les remedes qui conviennent à tou tes les efpeces de phtyiîe caufée par la léfion de la fiibftance des principaux viiceres. Mais lorfque quelque cauie extérieu re a corrompu les liqueurs qui circu lent dans le corps au point d’y produire unediipofition p h tyfiq uecette difpofîtion laill’e encore à un fage Médecin quelque eiperance de guérir fon mala de : car premièrement ii la phtyfie eil la fuite d’un ulcéré produit de caufe exté rieure , voici comme vous procéderez dans fon traitement. Abftenez - vous avant toutes choies de l’ufage des purgatifs & des vomitifs ; lle vous fervez au plus pour lâcher le Rentre du malade que de l’aloës & de a îûbarbe & donnez route vôtre conance aux vulneraires,entre lefquels celui que nous allons décrire a été éprouvé tontine très-efficace. Rv
Traite de la Maladie
394
ÇDe la raclure d’y voire, & de corS ne de cerf, & du bois de gayac , *■ de chac. z drach. Mettez les dans un noiiet i après cela f De la bétoine ,
Du fitreau, *
J Du fantal rouge , & des boutons
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derofes, de chac. une drach. & demie. ^De l'eau de fontaine, 3 chopines.
L
Mettez enfuite tous ces lîmples auffî bien que le noiiet dans un vailTeau de terre fuffifamment élevé, que vous bou cherez exactement afin que rien ne s’en exhale , & que vous ferez bouillir au bain-marie pendant 4 heures. Laiilèz enfuite tout refroidir ; & exprimez la décoétion , aufli bien que le noiiet. Apres cela prenez cinq onces de cette décoétion que vous donnerez au malade matin & foir deux heures avant fon re pas. Continuez à lui en foire ufer pen dant 4 0 jours , & vous verrez que le malade reprendra peu à peu fo bonne habitude , & que fon ulcéré fe guérira. Il fera bon encore de lui foire pren dre des coniommez faits avec les vipeies , qui reftaurent merveilleufemeui
rvenerienne. Liv. IV. 395 les phtyfiques , & particuliérement ceux dont la maladie procédé d’une caufe ex térieure : car ces boitillons rétablirent fi bien leurs forces, qu’ il y a lieu enfuite de leur donner des medicamens qu’ils n’auroient pas pu fupporter avant leur ufage.
{D es v i f ères écorchées auxquelles vous aurez, oté la tête & là \ queue.
Çi. ^
Pilez les bien , & les mettez enfuite dans un vaiifeau de verre d’une grandeur raifonnable : ajoutez-y après cela , f Du meilleur vin , i once ; De l'eau de chardon bénit, i once *
■
i
& demie •> Du fantal rouge , & de la can nelle concajfee,de chac. i drach.
Bouchez le vaiifeau exactement, & fai tes bouillir le tout au bain-marie pen dant trois heures. Lailfez refroidir le vaiifeau, puis pailcz & exprimez le boüillon. Donnez-en au malade une fois le jour pendant 40 jours ; & vous ferez nu-pris de l’effet de cet excellent remede. Ce qui nous refte maintenant pour achever ce Traité , ne confite qu’ à enfeigner à traiter la phtvfie qui procède R vj
3 9 ^ Traité de la Maladie du virus verolique ; & nous pouvons .vous affurer que par l’ufagc bien con duit des remedes fuivans , on peut tou jours guérir la phtyile venerienne,pour vu que la fubftance de quelque partie principale n’ait pas été bleflee par le vi rus , ou que quelque vaifl'eau ianguin confiderable ne Toit pas ouvert & cor rodé : car quand ces circonftances, fe trouvent dans la phtyfie venerienne , on. ne peut pas fe flatter de la guérir ; parce que bien que l’on puifle mortifier abfolument tout le virus & le chafler hors du corps , il ne s’enfuit pas que l’on puifle rétablir la ftibflance bleflee des vifceres , & la perte que l’érofion viru lente à caufée aux tuniques des vaiffeaux. Les Vulgaires entreprennent de gué rir la phtyfie venerienne,par l’ufage des coufommez que Septalius a propofczau feptiéme livre de fes Obfervations arti cle 2 1 4. j,' Ve la falfepareille coupée en me*
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nues parties, 6 onces.
Laiflez la influer pendant 24 heures dans fept pintes d’eau chaude, le vaifièau étant bien couvert 6c placé dans un
•venerienne. Liv.IV. 397 Heu chaud- Faites Le bouillir enfuite à petit feu jufqu'à la diminution du tiers. Tirez après cela la falfepareille avec une cuillère percée & la pilez dam un mor tier , puis l’ayant pilée, jettez la de nou veau dans la décoétion où elle a déjà bouilli, & en y ajoutant,
f De la chair de w au bien maigre
I fée, 1 once ; Laiflez cuire ce bouillon jufqu’à ce qu’il n’en refte que deux, pintes & demieCoulez le enfuite & l’exprimez forte ment ; puis gardez le pour l’ufage dans. Un vaiffeau de verre ou de terre verniiTée» Donnez-en iîx onces au malade le matin 4 heures avant fon diner,& le fo ir trois heures avant fon fouper : faites lui en prendre 4 à 5 onces. Que il ce traitement fe fait en été , Sc que la fièvre heétique foit jointe a la phtyfie, l’Auteur conièille d’y ajouter de l’orge mondé de fon écorce 4 onces ÿ. & il faut continuer l’ ufage de ce remede pendant un très-long-tems & même aa delà de cent jours. Quand ces confommez ne guéri lîène. pas la phtyfie, leur grand, refuge eil au
3 9 8 Traité de la Maladie laie d aneile , qu’ils ne font pourtant prendre au malade qu’après de longues confulrations , 1 aneile doit être noire , bien penfee & étrillée tous les matins, exemte de tout travail, & nourrie d’her bes rafraichiflantes j avec lequel ils mê lent le gayac râpé , & la iàilèpareille coupée en menues parties : mais tous ces remedes preicrits par les Vulgaires , font par expérience infuffifans pour gué rir ce mal. A nôtre egard , voici comme nous nous conduifons dans le traitement de la phtyiie venerienne. Nous commen çons de purger ainiî le malade. ^ ç Des pilules de tribus , i fcrup. ¿ D u mercure doux , i o grains. Me lez-les , & les faites prendre au ma lade avant ion louper. Donnez-lui enfuite deux fois le jour la décoction vulnéraire ci-devant décrite > a laquelle vous ajouterez deux dragmes de l’élixir de propriété diftillé , & cette dccoétion fera encore meilleure ii vous joignez aux poudres vulnéraires qui en trent en fa compofition, la chair de deux viperes ; pareeque cette chair augmen te beaucoup la vertu vulnéraire de cc$ run pies»
«z.tenerieme. Liv. IV*
399
Faites prendre ce médicament à vo tre malade pendant i o jours fans 1 ufage d’aucun autre remede, afin que fes for ces fe rétabliflént, & que la nature re prenne un peu de vigueur : mais fi les forces font tout à fait abatu’cs » tâchez de les reftaurer un peu par le moyen des confommez fuivans.
T k la falfepareille coupée en me nues parties > i ¿racla. Cy demie ; T>e la raclure d'yvoire, & de cor ne de cerf, & du fantal rouge > \_ de cloac. i drach. Laiffez les infufer pendant 1 1 heures
dans un lieu chaud > avec neuf onces d’eau commune. }ettez y enluite un poulet plumé, vuidé, & coupé par mor ceaux , avec une drachme de cannelle & autant qu’il faudra de ici commun pour donner un peu de goût à ce bouil lon. Bouchez le vailfeau de telle forte que rien ne s’en puille exhaler ; puis faites le bouillir doucement pendant trois heures. Le vailfeau étant refroidi partez ce bouillon, & l’exprimez legerement. Le malade prendra ce bouillon pour
40 0 Traité de la Maladie fon fouper pendant plufieurs jours ; puis Tes forces étant un peu rétablies . vous le diipolerez à recevoir le parfum de la maniere que nous l’avons ci-devant en-» feigne , & avec toutes les circonilances que nous avons marquées. Que la dofe du cinnabre que vous employerez pour ce parfum n’excede pas le poids d’une drachme, & ne le don nez pas tous les jours , mais laiiTez d’un parfum à l’autre l’intervalle que deman deront les forces du malade. En cas que le malade foit attaqué de la diarrhée ianglante > ou qu’il lui furvienne un crachement de fang grumelé fans toux , ni vomiiTement pendant l’ufagc de ce remede , non-feulement vous n'en devez pas mal augurer , mais au contraire vous en devez concevoir une bonne efperance de guerifon ; & fi le malade obferve régulièrement le régime que vous lui prefcrivez , en moins de deux mois de tems il fe trouvera nonfeulement remis dans fa bonne habitu de , mais il reprendra auffi fon embon point. i. Cependat le mercure foit exalté ou precipité, foie qu’il foit pris en onébiou
rvenerlennc. L i y. IV. 4°* ou en parfum,n’eft pas comparable pour guérir la phtyfie venerienne à nôtre eau anti-venerienne , qui eft un remede fi doux, fi fu r, & fi agréable , que loin de faire du mal à aucun malade , elle n a jamais manqué de les guérir i eft ce que nous pouvons bien alTùrer avec ferment. i . Enfin il faut découvrir fans envie & fans réferve nôtre arcane métallique qui guérit toutes les efpeces de verole j & en cas que la phtyfie verolique foit gueriflablc , il n’y a point de remede par lequel elle puilfe etre guerîe plus fùrement, en rétablillant la leiion de la fubftance des principaux vifeeres. Ce remede étant fixe fe peut fort bien prendre avec les alimens , & fon adkion eft très - «renerale ; mais fa préparation demande un Chymifte fort expert. C eft ainlx que l'on y procédé.^ _ , . . , J
ÇDu mercure trois fois précipité jufquà rougeur par l’eau forte, 1 une once & demie ; b D # beurre d’Antimoine, i once.
Mêlez les enfemble dans un vaitlèau de verre, & ajoutez-y enfuite, { De l’eau régale, 4 onces.
40i Traité de la Maladie Pofez fur le vaifleau ion couvercle avec ion bec. Diftillez l'eau régale à petit feu , & la féparez de ces deux mercures: puis rejettez-la cinq fois fur les mêmes mercures, en augmentant un peu les degrez du feu fur la fin de la diftillation. Après la cinquième cohobation de 1 eau régale , les deux mercures relieront fixes au fond du vaiifeau qui foutiendront le feu de fufion. Réduifez alors la matière en poudre, jettez-la enfuite dans la rétorte de verre, & y ajoutez, { Du meilleur efprit de vin 4 onces. Vous le diftillerez à petit feu deffius’ la poudre. Apres quoi vous y jetterez la même quantité de nouvel efprit de vin , que vous diftillerez de la même manié ré, & vous réitérerez jufqu’à douze fois la même diftillation. Après cela il vous reftera une poudre aulli douce que le miel fans qu’il lui refte la moindre acrimonie : & c’eft-là nôtre mercure diaphoretique porté à fit plus haute perfection par le foufre anti monial. Sa dofe eft dé puis trois grains jufq u ’à fix avec les alimens du diner & du louper. Il n’excite aucune évacuation
«itenerïenne. Liv. IV.
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fenfible , & il guérie en trente jours toutes les phtyiies curables fans crain te de recidive. Que fi vous voulez vous fervir de cet arcane contre d autres maladies , l’ufage vous en apprendra plus que nous ne pourrions vous en dire. R E M A R
Q^ U E S.
t . Cependant le mercure. . . . . Le de lu d e maintenir fon eau añti-venerienne dans la pofleffion où il 1 a mife au cha pitre 1 9 e. de ce Traité, d’etre le plus ex cellent remede que l’on ait jamais in venté contre la verole , fait entrer ici l’Auteur dans une contradiction toute contraire à celle que nous avons obiervée dans nos remarques de ce chap. 1 9e. lors qu’ayant loué avec exces en cet en droit là , cette eau il merveilleufe &C capable de guérir tous les maux véné riens les plus fâcheux fans aucune ex ception , il dit bien-tôt après que lorfque cette eau infaillible ne reùffit pas. dans le traitement de certaines dou leurs veneriennes tout a fait rebelles » il faut avoir recours au parfum & aux
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T ra ité de la M a la d ie
onétions mercurielles , comme aux remedes les plus efficaces : car c’eft ici tour le contraire. Selon le même Au teur , 1 eau anti-venerienne eil infini ment au deiîus du mercure en quelque onne qu il foit donne , pour guérir la pntyiie vcrolique , n’ayant jamais man que de guérir les malades auxquels elle a etc donnée , ce qu’il peut allùrçr dit-il, avec ferment. Je laifife à penfer quel fond 1 on peut faire fur le ferment d’un Auteur qui fe contredit fi vifiblement, qui tantôt préféré le mercure à ion eau, & bien-tôt après fon eau au mercu re : ioufflant ainfi le chaud & le froid avec une égale confiance. v le defaut de préconifer avec ex cès les remedes dont on s’efl: une fois pie venu, cft trop general comme nous avons déjà dit ailleurs , pour faire un crime à nôtre Auteur d’y être tombé comme les autres , étant fur tout d une nation naturellement outrée dans fes cxpiclïîons, tant fur la louange que fut e blâme. Ceux qui écrivent encore à prefent de la Medecine, ne font fur ce point-là , ni plus modérez ni plus véri diques que leurs prédecelïèurs : témoin
mener\enne. LI y. IV. 4 o f celui qui apres avoir depuis peu étalé dans un Traité de pratique Medecinale beaucoup de babioles peu dignes d'at tention,invite les curieux à lui venir voir préparer l'or potable , qui eft fi on l’en croit, la moindre operation qu’il (cache faire, quoi qu'il foit connu parfaitement pour ne rien fçavoir en Chymie que de très-commun , & que fa plus grande habileté ne confifte qu’à deux choies , qui font. i ° . De payer bien cher de cer tains arcanes dont il fe dit enfuite l’in venteur, fur de les vendre encore mieux à ceux de la crédulité defquels il eft de puis long-tems en polleffion d’abufer. i°.D e fçavoir déguifer les drogues d’un ufage ordinaire en leur donnant quel ques agrémens , tant pour le goût que pour la vue , & des noms faftueux par où il mène à peu près où il veut les malades de la plus haute diftinétion , auiïi bien qu’ une foule de dateurs qui les obfedent. C ’en eft aflez pour prévenir d’une vérité très - conftante ceux qui lifent les Ecrits des Médecins, que l’on n’a point jufqu’à préfent trouvé dans la Medecine de remede infaillible, quoi que ce titre
4 o 6 Traité de la Maladie ioit donné dans les Livres à beaucoup de drogues tant limpies que compofées, fur la foi de ceux qui les ont mifes en vo gue. Car il y a une extréme difference à cet égard entre les promelfes ôc les effets. i . Enfin il faut découvrir. . . . . Voici le plus violent effort de charité que 1Auteur ait pu faire en faveur de fes Leéteurs : Cell de leur donner en finiffant ce T ra ité , la préparation de fon mercure fudorifique, dont la vertu furpalfe encore de beaucoup celle de fon eau anti-venerienne, qui n’a pourtant, felon lu i, rien de pareil dans le tréfor de la Medecine. L ’on ne peut cffeéHvcment dilconvenir que cette préparation de mercure ne fût un remede incompa rable , s il guerilîoit à coup fur non-leulement de toutes fortes de verole, mais auffi de la phtyiîe venerienne , tous ceux qui en prendraient trois grains en dînant & en foupant pendant 3 o jours. Mais les épreuves qui en ont été faites n’ont pas répondu aux promeifes de l’Auteur , quoique ce remede ait été préparé avec toute forte d’exaélitude , & felon qu’il le demande , par un très - bon Artille.
• v en m en n e.
L i y. IV. 4 0 7
Ainfi Ton a lieu de dire que bien que cette préparation du mercure Toit un bon remede pour guérir les veroles ré centes , il 11’cft pas comme l'Auteur le prétend un remede infaillible pour gué rir la verole dans tous fes degrez, du moins en France : car il fe peut faire qu'en Italie dont le climat eft beaucoup plus chaud , ce remede foutient mieux ton nom de fudorifique , en y caufant des tranfpirations plus abondantes & plus efficaces , pour la guerifon des vé roles inveterées. Enfin l'on peut dire que dans l'ufage qu'on a fait fur differens fujets de ce mercure fudorifique, on ne lui a point vu produire d’auffi bons effets , que ceux que produit ordinairement la panacée mercurielle.
C
h a p i t r e
V.
Des moyens de fe prêferver de la ^verole. L ne nous refteroit à préfent pour finir ce Traité qu'à enfeigner les moyens
I
40 8 Traité de la Maladie de fe préferver de la maladie venerienne : car il nous ferait bien plus glorieux d’empêcher ceux qui font exemts de cette maladie d’en être attaquez , que de les en fçavoir guérir lors qu'ils en font atteints ; puis qu’on ne les peut guérir qu’en beaucoup de tem s, avec beau coup de travail, 6c en leur faifant fouffrir de grandes peines : il faudrait donc mettre tout en ufage pour réülïïr dans un projet fi important. Mais nous ne croyons pas pouvoir en fureté de confidence communiquer ces fortes de préfervatifs , qui donneraient lieu à une infinité de gens de s’aban donner à la débauche des femmes ; la plupart n’en étant détournez que par la crainte de contraéter cette infâme ma ladie. C ’eft auiîï pour cette raifon que la plûpart des Auteurs aflurent qu’il n’y a point de meilleur préfervatif contre cette maladie, que de fuir l’occafion de la contraéler. C e confeil efl: alïiirément très-falutaire, quoi qu’il y en ait à peine un feul entre mille qui ait alfez de for* ce fur fon efprïc pour en ufer ; pareeque la chair infirme ôc fragile a toujou rs beaucoup
nrenerienne.
LI v. IV. 4 o*
beaucoup de penchant pour la chair : enforte que ce confeil tend plutôt à éluder le befoin du remède , qu'à en fournir un qui foit efficace contre le mal que l’on prétend prévenir* Il y a eu auflï beaucoup d’Auteurs allez lcélerats pour étaler fans réferve ces iortes d’antidotes, au moyen defquels une infinité de débauchez s'imaginent pouvoir fans rien hazarder fe joindre aux femmes les plus abandonnées, & les iuivre toutes impunément dans les lieux les plus infâmes. Les Auteurs de ce carâétére ont été Hercules de Saxe , Aurele Minadoüs, Euftache Rudius, Jules Paulmier,& plus que tous les autres Gabriel Fallope, qui traitant de la préfervation du mal véné rien au chap.89. parle ainfi à fes Lec teurs : Il me femble que je n'ai encore rien fait en vôtre faveur fi je ne vous ap prends comment un particulier voyant une trcs-belle femme , & le joignant avec elle lors qu’elle eft verolée , peut s exemterde gagner du mal. Et un peu plus b as, en propofant le remede dont il prétend qu'on le doit lervir, j' en ai, ditil 3 fait l’experience , fur plus de cçnC
Tome //,
410 Traité de la Maladie mille hommes, & je prens Dieu à ce« moin que pas un d'eux n'a été gâté. Ces Auteurs propofent les remedes fuivans pour fe préferver de la verole. Il faut d’abord commencer par connoitre 11 la femme avec laquelle on veut exercer le congrès , eft infeétée de ce mal : ce que l'on connoit par les lignes que nous en avons donnez au commen cement de ce Traité. Mais comme la plupart font équivoques , & que tous ceux qui fe joignent à des femmes ne font pas Médecins , il faut avoir re cours à d’autres lignes qui foient plus fu rs, ou bien confulter là-deflus les plus experts. Il faut examiner premièrement il les parties naturelles de la femme font hu mides ou tuméfiées, s’il n’ en fort point quelque matière fanieufe, dont ont voye quelques relies fur les levres de la vul ve , il la femme n’y fent point de dou leur , de cuiffon &C d’ardeur , & apres avoir exercé le congrès , 11 l’on ne fent point quelque élancement dans l ’urè tre : car cela étant, il eft hors de doute que l’on a gagné du m a l, & pour lors il faut exprimer plufieurs fois fa verge
venerieme. L i v. IV. 4 t ]: afta de pouffer au dehors tout le refte de la mauvaife matière qui pourroic s^y erre gliffee , & l’effuyer enfuite avec ia chemile. Après cela il faut uriner le plutôc <lffon peut, & fe baiïïner le membre vi ril avec fa propre urine , ou bien avec du ym un peu chaud qui fera encore meilleur fi Ton y a fait boiiillir les feuilles de myrrhe, de rofes rouges, l’a lun , l’abfinthe , l’ariftoloche , & la ra„ elûre de gayac, parties égales. Et Fallope qui prétend que fon remede eft excel lent, le prépare ainfi. T>es racines de gentiane, D ariflolocbe longue & ronde, ¿7* du diñame blanc, de chac. z .
drac. Des poudres de Santal blanc & rouge , & de bois d'alees de chac. 1 ferup. Des poudres de corail rouge, fp°^e > & de corne de cerf i brulee, de chac. demie onçet . Des feuilles de feordium 3 j Defoucbet , j De betoine, J De fc a b m fe, & de tormemille, S ij
4 11
Traité de la Maladie de chac. unepoignée : Des feuilles de rojès , 1 poignée & demie ; De la rapure de gayac, i onces ; Du précipité préparé, i drach. & demie ; Du meilleur vin d’Efpagne , 3 | demifetiers ; I Des eaux de fouchet, & defeaf bieufe , 1 pinte.
L ’on fait infufer pendant 2.4 heures la rapûre de gayac dans le vin & dans les eaux ; & l’on y ajoute enfuite les autres ingrediens , que l’on fait bouillir jufqu’à diminution de moitié. On coule après cela la décodion , & on en expri me fortement le marc ; puis l’on fait treinper dans cette décodion toute trou ble un morceau de toile bien nette , que l ’on fait après cela fécher à l’ombre ; & on la trempe & fcche ainfi jufqu’à trois fois. Après cela on en coupe des morceaux que l’on ' ajufte à la figure & à la propor tion du gland , & que l’on recomman de à celui qui veut s’en fervir de por ter toujours fur lui dans une petite Soëf e , Sc toutes les fois qu’il exerce le con-
'venerienne. Li v. IV. 415 g rè s , il lave fa verge avec cette décoc tion , & il enveloppe fon gland avec un de ces petits linges taillez à fa mefure , &c il lè recouvre du prépuce. Une heure après il en applique un nouveau après en avoir retiré le premier, & il réitéré cette application quatre à cinq fois d’heure en heure. Si l’on appréhendé qu’il ne fe faire quelque ulcération dans le canal de l’uretre , il faut tourner une portion du même linge en forme de tente , & le pouffer dans le conduit de l’uretrepar le trou du gland , & le renouveller tout de même : car il la matière virulente s’eft introduite dans le conduit de l’uretre , elle en cft facilement tirée par le moyen de cette tente. Que fi l’on relfent après le congrès de la démangeaifon au membre v iril, c’eit un remede éprouvé de faire recevoir à cette partie le parfum du cinnabre tk de l’encens mêlez enfemble en égales par ties. Il y en a auffi qui prétendent que c’eft un fort bon moyen pour fe préferver du virus , de mouiller leur gland avec une éponge trempée dans la déS üj
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Traité de la Maladie
codion du gayac faite avec parties éeales devin & de vinaigre, & ifs propofent auJli la decodion fuivante comme tresiouveraine. y . S D e la lim û re d e b o is d e g a y a c > £ y on ces.
înfufez les pendant 1 4 heures dans qua tre Pintes d eau de fontaine ; puis faites les bouillir à petit feu jufqu’à diminu tion du tiers 5 ajoutez-y eniuite,
rDes racines de concombrefauvaoe, < De mauves, & d’althea, de chac. C, 1 once. Pilez les racines, puis faites les bouillir dans cette decodion jufqu’à diminution de moitié. Le particulier Ce baifinera les parties naturelles de cette décodion , & les couvrira de linges qui auront été trem pez. Après cela s’il appréhende encore d avoir gagné du m al, on lui ordonne le lyrop de bois de gayac qui fe prépare jç*. 5 r a p u re d e b o is d e g a y a c » ‘ 10 on ces. Faites la tremper dans fix pintes d’eau de fontaine pendant 1 4 heures dans un vaiüeau bien fur les cendres:
bouché
njeneùennc. Li V. IV. 4M chaudes. Faites bouillir enfuite cette infufion au bain vaporeux jufqu'a dimi nution de moitié. Puis de la colature faites-en un fyrop avec le fuccre , dont la dofe fera d'une once ou d’une once & demie tous les matins pendant plufieurs jours. D ’autres recommandent encore pour une plus grande précaution , de fe laver avant le congrès les parties naturelles avec quelque décoction fortifiante & aftringente capable de réfifter a 1 impreffion du virus. Comme par exemple. "De l’ écorce de myrobolans,i once;
Des noix de cyprès , au nombre de 1 5 ; Des rofes rouges i pincées^ De ï abfmthe pontique 3 poignées3 1 ‘D es noix de galles, | De l’écorce de grenades , ! De myrtilles , & de la femence de ^ fumac, de chac. 1 once. LaifTez infufer tous ces fimples dans le vin auftere après les avoir concallez groiïiérement ; puis diftillez les, & balfinez-en avec l’eau diftillee les parties génitales avant le congrès. Les femmes fe fervent des memes reS iüj
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Truité de la Maladie
mcdes pour fe préferver contre ce mal en faveur des hommes qui doivent les approcher ; & elles ne feroient point excuiàbles d'en ufer autrement : car comme cette maladie vient d’elles originairement , elles doivent faire enforte de bien nettoyer leurs parties après le congrès, & de rejetter au plütôt ce qu’elles peuvent avoir reçu de matière fufpeèle de malignité par les lotions & par les autres moyens qui ont été propofez , & en s’elluyant ioigneufcment avec des linges. Mais pour bien faire , il ne faudrait pas que les femmes fe livralfentd’abord aux embraiTemens & aux carelTcs des hommes ; il faudrait plutôt qu’elles priflent le membre viril , qu’elles le prefTaiTent & l’eifuyaflent long - tems , )our découvrir il celui qui veut exercer e congrès avec elles, n’cft point attaqué de la gonorrhée. O r ceux qui en font attaquez ont coutume d’uriner avant d’entrer en ac tion , afin que ce flux fanieux ne paraiIfc pas. Il faudrait encore qu’elles renverfaifent le prépuce , pour obferver le gland éc la couronne , & qu’en même t«ms
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•Venerienne. L i y. IV- 417 elles examinaffent les aînés, afin d’êtrc en état d'en venir au congrès avec fureté. Mais pareeque les femmes qui ont encore quelque pudeur , ne peuvent pas faire ces fortes de recherches de peur de s’attirer une mauvaife réputation, & que ceux qui veulent les. embralÎcr craindroient par cet examen de paroître fe défier d’elles ; cela fait que les deux fexes fe livrent d’abord l’un à l’autre , & qu’ils fe gâtent réciproquement aveç la même facilité : car il effc fùr que les femmes publiques qui ont ces fortes d’é gards font rarement attaquées de mal venerien. En vérité les Médecins Vulgaires en trompant les autres fe trompent euxmêmes bien lourdement, quand ils s’u maginent que ce virus qu’ils, font confifter dans une qualité occulte qui a fon fiége au foye , peut être arrêté aux par ties extérieures par de petits linges, par des lotions , & par des parfums. 1 .Tous les prétendus préfervatifs que ces Médecins propofent font inutiles , & ne font que des amufemens & des at traits pour engager au mal : car quoi que ta veröle puilfe être communiquée
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Traité de la Maladie
d un fujet à un autre par les moindres corpuicules de la fanie virulente , & qu en les eiTuyant, les entraînant, & les diffipant a onpuiiTe prévenir leurs mauvaiies impremons , ils ne peuvent ce)endant détruire le foyer de ce mal dans es parties extérieures, parce qu'ils n’ont point de propriété anti-venerienne , ni défendre les parties intérieures con tre les atteintes de la virulence qu’elles ont contractée , parce qu’elle pénétré facilement tout le corps au travers defes poroiîtez. C ’eft pour cela que les lotions ou les ablutions qui ne fe font qu’aux parties extérieures, ne peuvent pas palier pour des prélervatifs fùrs & certains de cette m aladie, & par conféquent ne méritent pas beaucoup de confiance. De plus comme ce n’ell pas feulement par les parties naturelles que l’on gagne du m a l, & que l’on peut encore en con tracter par la bouche , par les mammelle s , par l’anus, & par toutes les parties qui ne font pas couvertes de la peau en ion entier , il eft très - difficile de faire bonne garde à tant d’avenues, ignorant par laquelle ce mauvais levain a eu plus de facilité à fe communiquer.
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nsenerienne. LI v. IV. 419 i . Mous avons cependant un trcs-excellent & très - alluré préfervarif contre la verole ; & iî quelqu’un en ufe apres s’être approché d’une femme gâtée , il évitera fans doute d’être atteint de tou tes fortes de pullules , de caries , d’ulceres , de gonorrhées, & de bubons- Nous n’avons parlé d’autre chofe dans tout ce Traité ; mais nous en lai lions la recher che aux plus avifez & nous ne croyons pas le devoir déléguer précifément à toutes fortes de gen s, ni le montrer au doigt, de peur qu’ils n’en abulent , Sc que cela ne leur donne lieu de s’aban donner tout auffi-tôt à leur convoitilè» & ne donne enfuite un jufte fujtt de nous accufer d’être les fauteurs de leur libertinage & de leurs excès. Le iè u l, le plus fur, & le plus infailli ble préfervatif que nous puiiïïons propofer ici contre le mal venerîen, & qui 11 a jamais trompé aucun de ceux qui s'en iont fervi , eft de fuir abfolutoent le commerce des femmes débau chées , & de iè bien mettre dans l’efptit que Dieu eft trop jufte pour ne pas châtier tôt ou tard les impudiques > puifque dès cette vie ü leur envoyé cette S vj
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Truite de la Maladie
vilaine maladie pour les punir d'un fi grand péché. Cependant nous voici parvenus à la fin du Traité que nous avions réfolu de donner dans ce dernier tome de nôtre Chirurgie pour le tranfmettre à la pos térité. Ainiî nôtre tâche finie nous aver tit par elle même d'en demeurer là. Et certes nous pouvons bien dire que ça été par un bon m otif que nous avons écrit toutes les chofes que nous y avons inférées , telles qu'elles puiifent être : car comme cette cruelle maladie s’eft répandue’ prefque dans toutes les con trées du monde , & qu'elle à caufé des defordres irréparables dans tout le genre humain ; il ne nous a pas été difficile de nous ièntir excitez à publier ces chofes,Sc à nous perluader qu'elles feraient agréées de tout le monde , ayant été déjà fort avantageufes à ceux pour qui nous en avons fait la découverte. Cela étant nous aurons atteint le but que nous nous fournies propofé en donnant cet Ouvrage au public. R E M A R Q U E S . i.
Tous les prétendus remedes-------«
tvenerlcnne. Liv* IV» 4 2,1 L à iffa n t à p a rt le s r a ifo n s m o ra le s fu r lc fq u e lle s l ’ A u te u r in fifte fo r t a p r o p o s a u fu je t d e s p r é fe r v a tifs c o n tre la v é r o le / t o u t c e q u e l’ o n p e u t a c c o rd e r a c e s re rn e d e s eft d e r a lle n t ir u n peu_1 « n p r c ffio n d u v ir u s le m o in s ad W lu * la fu r fa c e d e s p a rtie s n a tu re lle s d e s d e u x fe x e s ; a u x h o m m e s p a r e x e m p le , lu r le p r é p u c e , & fu r le g la n d , & a u x fe m m e s , Fur la fu r fa c e d e la v u lv e : m a is q u a n d le v ir u s p lu s a é t if & p lu s a n im e , eft p o r té d ’ a b o rd a u fo n d d u v a g in d a n s le s fe m m e s , & d a n s le s h o m m e s ju iq u ’ a u fo n d d e l’ u re tre , & q u e d a n s le s u n s & le s a u tre s, fa n s fa ir e d im p r e ffio n fu r la fu rfa c e d e la p e a u il p é n é tré d a b o r d le s v a iife a u x ia n g u in s o u les file ts n e r v e u x p o u r fe c o m m u n iq u e r a to u te l’ h a b itu d e , to u s c e s p ré te n d u s p r e fe r v a t ifs p ro p o fe z p a r d es A u te u rs , o u p e u é d i r j . o u tro p c r é d u le s , o u m a l m t c n t io n n e z , fo n t a lo r s a b fo lu m e n t in u t ile s , c o m m e l ’ A u te u r le m a r q u e ic i fo r t ju d ic ie u fe m e n t , & le s M é d e c in s q u i le s p r o p o fe n t d e b o n n e f o i fe tro m p e n t e u x m ê m e s , a u ® bien q u e c e u x q u ils e n g a g e n t à s’ e n fe r v ir . M a is c o m m e la m a u v a ife in te n tio n d es M é d e c in s a io n -
4tz Traité de la Maladie vent plus de part à la propofition de ces formules , qu’un véritable defir de préferver du mal venerien ceux qui les recherchent avec empreflèment , il ne faut regarder ces prétendus préfervatifs qu’on lit dans le Livres , que comme des pièges que des Médecins ou Chi rurgiens intereiTez ont tendus autrefois à la crédulité des impudiques, pour les engager à gagner des maux qui remplitfoient leur bourfe , fauf à imputer après cela le mauvais fuccès de, leur préten dus préfervatifs , à l’omiiïîon dans leur ufage de quelques circonilances ima ginaires, & à beaucoup d’autres inconveniens qu’ un efprit fourbe & avare ne manque jamais de fuggerer à tous les fuppôts de la Médecine qui ont fait banqueroute à l’honneur & à la probité. 2 . Nous avons cependant............ Ce remede, préfervatif de la verole, fi excelcellent & fi alluré,que l’Auteur par prin cipe de confidence ne veut pas montrer au doigt indifféremment à tout le mon de , bien qu’il en ait, d it-il, amplement parlé dans tout le cours de ion Traité , f eft fou eau anti-venerienne , laquelle étant félon lu i , le meilleur remede que
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l’on ait inventé jufqu’à préfent pour guérir la verole , ne pouvoit manquer par conféquent , non pas tant de preicrver de la verole ceux qui en uferoient immédiatement après toutes fortes de congrès douteux, que de les en guérir en cas qu’ils l’ euifent contraftée : & pourtout dire en deux m ots, li 1Auteur n avoit pas voulu diflimuler ion remede,, il n’auroit eu qu’à s'expliquer ainfi. Qui que vous foyez qui craignez de gagner du mal en fréquentant les lieux de débauche , prenez d'abord nôtre eau anti-venerienne comme h vous aviez^ la verole, & vous n’aurez jamais la moin-» dre apparence de mal venerien.
F I N .