EXTRAIT DU SPECTACLE
LES PINGOUINS C’EST BIEN BEAU MAIS CA SERT A RIEN « LE JARDINIER » de MIKE KENNY Printemps
Comme une tornade
C’est moi Joe Sortant de la maison
Claquant la porte La maison de ma mamie Dans le jardin. Une poupée dans les bras Pas la mienne Oh non. Prendre une bêche Creuser Creuser Creuse JOE.- Il me donne le bout d’une ficelle Et déroule l’autre bout en travers du jardin.
J’étais grognon Personne n’écoute. Fourrer la poupée dans le trou Remettre la terre par dessus La tasser tasser tasser.
HARRY.- Enfonce-le dans le sol.
J’ai dit Grognon Personne ne s’en aperçoit A part l’Oncle Harry.
HARRY.- Là.
JOE.- Où ?
JOE.- Pourquoi ? HARRY.- J’ai besoin d’une de ces choses.
Il me regarde Je le regarde.
JOE.- Un trou ?
Qu’est ce qu’il y a ? Il me dit. Rien. J’lui dis. Il dit On t’a envoyé me chercher ? Non. Tu es sûr ? Non.
HARRY.- Non. Une ligne droite.
HARRY.- Tant mieux. Rends toi utile. Tiens moi ça.
JOE.- C’est quoi ?
JOE.- Il revient. HARRY.- Tu n’as pas l’air très heureux. JOE.- Je ne suis pas très heureux. HARRY.- Attrape donc ça.
HARRY.- C’est un trucmuche.
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JOE.- Un trucmuche ? HARRY.- Oui. Un plantoir. JOE.- C’est pour quoi faire ? HARRY.- Pour faire… pour faire ces choses.
Je le regarde. Gros bébé fé-fesse face de pruneau. HARRY.- C’est pas banal comme nom. C’est très long Pour une aussi petite chose Qu’un bébé . Pas une chose qu’on risque de euh… qu’on risque de euh… qu’on risque de euh…
JOE.- Des lignes droites ? JOE.- Retenir ? HARRY.- Des trous. Et pourquoi donc ? JOE.- pourquoi donc quoi ?
HARRY.- Non, oublier. Un bébé, hé ? Quand on veut faire court On l’appelle comment ?
HARRY.- Pas heureux. JOE.- Florence. JOE.- Nouveau bébé. HARRY.- Nouveau bébé ?
HARRY.- J’ai une petite sœur qui s’appelle florence.
JOE.- Nouveau bébé. Il me regarde Je le regarde.
JOE.- Toi aussi ?
HARRY.- C’est bien ça.
JOE.- Tu es sûr ?
JOE.- Non c’est pas bien.
JOE.- Fille.
HARRY.- oh, oui. J’oublie un tas de choses Mais jamais je n’oublierai une chose pareille. Elle n’est plus petite.
HARRY.- c’est bien ça.
JOE.- Elle a grandi ?
JOE.- Non c’est pas bien.
HARRY.- Comme font les choses.
HARRY.- Pas bien ?
JOE .- Il m’a regardé Je l’ai regardé.
HARRY.- Garçon ?
JOE.- Non. Il me regarde Je regarde par terre.
HARRY.- Oui.
HARRY.- Tu y retournes ? JOE.- où ?
HARRY.- Comment on l’appelle ? HARRY.- Dans la maison. JOE.- Gros bébé cul-cul face de pruneau. JOE.- Non, pas question. HARRY.- Vraiment ? HARRY.- Moi non plus. JOE.- Oui. Il me regarde Je le regarde. Il me regarde
JOE.- Ils ne veulent pas de moi. HARRY.- De moi non plus
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Je suis toujours dans leurs jambes. JOE.- Mois aussi.
HARRY.- Florence. Elle n’est plus toute petite Elle a grandi.
HARRY.- Moi pareil.
JOE.- Ca c’est sûr.
JOE.- Donc pas question que jk’y retourne.
HARRY.- Tu ferais bien d’y aller. Au revoir.
HARRY.- Alors tu reste.
Printemps Sauter Eté Danser Automne Tomber Hiver Dormir Comme une marmotte
JOE.- Oui. HARRY.- Je deviens un peu Hum…hum… Tu sais J’ai du mal… Tu sais Du mal à me souvenir des choses. Tu peux me donner un coup de main. JOE.- Je lui ai demandé ce que je pourrais faire. Il a dit HARRY.- Eh bien, si tu dois être jardinier il te faut un chapeau. JOE.- Puis j’ai entendu ma mamie crier mon nom depuis la maison. Oncle Harry a dit C’est Florence. J’ai dit Non c’est pas elle. Il a dit Si c’est elle. J’ai dit C’est pas elle C’est mamie. Florence est encore un bébé face de pruneau Elle ne sait encore rien faire. Oncle Harry a dit C’est Florence. J’ai dit C’est pas elle Tu dois encore être en train d’oublier, Oncle Harry. Il a dit Jamais je n’oublierais ma petite sœur. Si ? J’ai regardé Oncle Harry Ma mamie est ta petite sœur ? Oui a dit Oncle Harry
SCENE 2 JOE.- La semaine suivante je suis de retour Je sors de la maison V’lan Encore grognon. Creuser Creuser Creuser Oncle Harry Pointe son nez. HARRY.- Comment va Face de pruneau ? JOE.- Pareil. HARRY.- Elle grandit ? JOE.- Et mange et pleure et fait caca Ils ne veulent pas de moi Je retourné creuser. HARRY.- Qu’est ce que tu fais ? JOE.- Je creuse. HARRY.- Pourquoi ? JOE.- Pour regarder les haricots. HARRY.- Pourquoi ? JOE.- Pour jeter un coup d’œil. HARRY.- Pourquoi ?
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SCENE 3 ETE JOE.- Pour voir s’ils poussent. HARRY.- En les déterrant ? JOE.- Oui.
JOE.- Et voilà que tout d’un coup Ca n’arrête plus L’herbe qu’il faut tondre Nous allons, nous venons Ca pousse de partout.
HARRY.- Non. JOE.- Rien qu’un. HARRY.- Non. JOE.- Ils seront pas encore prêts ? HARRY.- Non. JOE.- S’il te plaît… HARRY.- Non. Non. Non. Non. Arrête. Jardiner prend du temps. JOE.- Qu’est ce qu’on fait alors ? HARRY.- Maintenant on attend. JOE.- Juste attendre ? HARRY.- Juste attendre. Je ne peux pas les forcer à pousser Ils font ça tout seuls. JOE.- J’ai regardé Oncle Harry Et c’est tout ?
HARRY.- Et chasse les oiseaux Garde un œil sur les petites bêtes Certaines sont très utiles Mais retire les limaces. JOE.- Beurk Ce qu’il faudrait dans ce jardin Ce serait des limaces dressées à manger les mauvaises herbes. Y a des laitues ici et là des choux Y a trop à faire C’est pas juste. Y a des petits pois et puis des haricots Comme ça pendant des semaines Et vous n’en avez pas plutôt fini Que sortent les poireaux Y a les tuteurs à planter Pour les tiges des haricots J’y passe des heures entières Mais toujours pas de haricots Juste des petites fleurs rouges. Oncle Harry dit HARRY.- Attends On dirait que c’est est Mais c’en est pas. Ces petites fleurs se changeront en haricots.
HARRY.- Eh oui. JOE.- Attendre ? Encore… JOE.- Attendre ? HARRY.- Bien peur que oui. HARRY.- Juste attendre. JOE.- Eh bien c’est super, vraiment. JOE.- Rien à faire ? HARRY.- Rien. Ils attendent. JOE.- Combien de temps ? HARRY.- Attends donc. JOE.- Et tout ce printemps là Nous avons attendu.
HARRY.- Je suis désolé jeune homme Mais tu devras attendre, c’est tout. JOE.- Et puis il fait trop sec. Faut sortir le tuyau d’arrosage Beaucoup d’eau sur ceux-ci Pas trop sur ceux-là. Et vous n’avez pas plutôt terminé que Qu’est ce qui se passe ?! Les limaces reviennent. Et à l’instant précis où je me dis
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Trop c’est trop Cette histoire de jardinage Commence à m’ennuyer ferme C’EST LA QUE Tout a poussé Y a des légumes partout Oncle Harry et moi On reste plantés là Les yeux écarquillés. On a réussi, il a dit Tu vois, je te l’avais dit. Et je le regarde Et il me regarde. HARRY.- Regarde-moi ces carottes Qui se tiennent toute en rang La laitue et le chou Epinards, potirons Tomates et brocolis Courgettes et petits pois. JOE.- Il y a des choses que je ne reconnais pas. Comment tu appelles ça ? Oncle Harry a regardé de près C’était vert et assez gros. Puis il a dit d’un air grave HARRY.- C’est un machin-chose C’est délicieux avec de l’agneau Y a rien de meilleur. JOE.- Donc on fait quoi maintenant ? HARRY.- Eh bien pardi, on le cueille et on le mange. SCENE 4 JOE.- Tout d’un coup Il pleut toute la semaine Nous regardons par la fenêtre La pluie est un rideau Oncle Harry et moi On est toujours dans les jambes de mamie Où qu’on se mette On est de trop Faut tout le temps qu’on bouge Toute la journée comme ça. Il pleuvait et pleuvait On ne peut pas jardiner aujourd’hui On est coincés dans la maison Et bien obligés d’y rester
Coincés avec la face de pruneau Elle est trop petite pour jouer. Pourquoi ils ne veulent pas entendre raison Et en faire tout bonnement cadeau ? J’ai supplié ma mamie Laisse-moi sortir par la porte du jardin. Pour que tu mettes de la boue plein mon carrelage ? Pas question. Reste à la maison en attendant que ça s’arrête Garde un œil sur la petite Florence Le temps que j’aille faire les courses. Elle dort dans son berceau Un vrai petit ange, sage comme une image. Puis elle me dit Harry se fait un peu vieux Puis elle me chuchote à l’oreille Ouvre bien l’œil car Il commence à tout oublier Sa mémoire n’et plus ce qu’elle était. Elle dit, Harry, fais attention Tu sais comme tu es J’en ai pour deux secondes Je prends mon vélo. Mamie est partie Face de pruneau faisait rien que dormir Donc on a regardé la pluie C’est tout ce qu’il nous restait. Oncle Harry m’a regardé Et je l’ai regardé. J’ai dit Ces limaces feront un vrai festin avec un temps pareil. HARRY.- Je viens de me souvenir d’une chose que disait mon papa Les limaces aiment bien boire un petit verre de bière. JOE.- Donc nous enfilons nos caoutchoucs. Oncle Harry, tu es sûr ? Et nous sortons sous la pluie Avec un pot de confiture rempli de bière Pour les limaces. J’ai dit Est ce qu’elles meurent ?
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Il a dit HARRY.- Oui Mais elles meurent heureuses. JOE.- Puis j’ai entendu quelque chose Venant de la maison. Oncle Harry C’est Florence. Il a dit HARRY.- Ne sois pas buse C’est pas Florence C’est un bébé Un bébé qui pleure.
Maman a dit Mamie était juste inquiète mon cœur Elle a peur de ne pas pouvoir s’en sortir Oncle Harry perd la mémoire Il ne se souvient plus des choses. Il sera sans doute obligé d’aller vivre ailleurs Où quelqu’un pourra mieux s’occuper de lui. J’ai dit Il se souvient du jardinage.
JOE.- Oui C’est face de pruneau. On avait oublié le bébé. Donc on a couru Jusqu’à la maison Et on est entrés par la porte du jardin Au moment précis où mamie entrait par celle de la rue. Le visage de Face de pruneau est comme un gros pruneau qui pleure, tout rouge Et le visage de mamie est comme les sombres nuages chargés de pluie les jours d’orage Et il y a de la boue plein nos bottes Et des traces de pas plein le carrelage. On a des ennuis De gros ennuis. Je lui donne les fleurs. Elle dit Merci mon cœur. Mais ça ne fait pas revenir le soleil sur son visage. Je dis pardon. Elle dit C’est pas à toi que j’en veux mon cœur C’est à ma grande andouille de frère. Oncle Harry ne me regarde pas Et je ne le regarde pas On se contente de regarder par terre. Peu après maman arrive et on rentre chez nous. Dans le bus maman dit Qu’est ce qu’il y a ? Oncle Harry s’est attiré des ennuis De gros ennuis. Mamie était en colère contre lui On avait oublié Face de pru… Florence.
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GAETAN.- Bien sûr que non. « YAEL TAUTAVEL » de STEPHANE JAUBERTIE TABLEAU 1
YAEL.- A quoi ça sert alors ? GAETAN.- A faire des œufs mimosa d’abord puis à se faire bien dorer ensuite.
Sur la plage. YAEL.- Encore une bête à croquer ? YAEL.- Dis. Et la grenouille, si on lui souffle dans le cul, elle explose ? GAETAN.- Bien sûr. YAEL.- Pareil avec une poule ?
GAETAN.- Un peu mon neveu ! Et des meilleures ! A la broche, au pot, au riz, farcie, au four, aux herbes… YAEL.- Meilleur que la soupe aux endives ou la compote de citrouille ?
GAETAN.- Pareil. YAEL.- T’as déjà soufflé dans des poules ? GAETAN.- Des dizaines de fois. Faut dire qu’à l’époque, y en avait, y en avait ! Des troupeaux entiers.
GAETAN.- Yaël, mon cadet, ma jeune crotte, tu peux pas comprendre. Quand on a connu la poule, le rôti de bœuf et le gigot d’agneau, c’est dur d’oublier.
GAETAN.- Quoi « dis » ?
YAEL.- Ca te fait des souvenirs, c’est déjà ça. Moi, les animaux, pas vu la queue d’un, jamais croqué. Le Grand Exode, c’était pile quand je suis né. Pas vu un piaf, pas un croco, pas un chat, même en photo ! Tu parles d’une tragédie !
YAEL.- Ca explose ?
GAETAN.- Je te les raconte tous les jours.
GAETAN.- Evidemment. Une poule, c’est comme une cornemuse. Tu y mets un tuyau dans le cul, tu te la coinces sous le bras, tu y cloues le bec, et puis tu souffles.
YAEL.- Gaëtan, ma vieille, c’est très gentil à toi, et même si je t’aime comme un frère, tu pourras jamais me remplacer la poule ou l’éléphant ! Je sens bien que plus je m’enfonce dans la vie, plus j’ai un manque à l’intérieur qui fait son trou ;
YAEL.- Alors ? Dis !
YAEL.- Ouawh ! GAETAN.- Et comme l’air peut plus se faire la malle, ça la gonfle, ça la gonfle, et elle explose.
GAETAN.- C’est papa.
YAEL.- La nature est bien faite.
GAETAN.- Grand comment, le manque ?
GAETAN.- Dans un nuage de plumes.
YAEL.- Un comme ça, de ceux qui vous avalent la rigolade et font pousser les drames de la vie. C’est une grand trou qui se creuse tous les jours un peu plus et je sens bien que si ça continue, je pourrais bientôt y basculer et y disparaître à tout jamais… Et puis plus tu me racontes les petites paupiettes et le bœuf gros sel, moins je peux sacquer les épinards et ces andouilles de banane. Tu parles d’une tragédie !
YAEL.- Et avec les plumes on fait des petits oreillers pour dormir comme un loir. GAETAN.- C’est très vrai mon Yaël, ma petite crotte. YAEL.- Dis moi, Gaëtan, mon aîné, ma grande crotte, les poules au départ, c’est pas fait pour exploser quand même…
YAEL.- Pas que ;
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GAETAN.- On peut pas rester là.
GAETAN.- Terrible. C’est quand t’es mort et que tu marches encore.
GAETAN.- Attendre quoi ? De te transformer en tata Jacqueline, tout gonflé de larmes, ratatiné au fond de ton grand trou, sans avoir respiré l’air de l’aventure ! Tu ne peux pas grandir comme ça, ma crottine. C’est pas pédagogique. Et puis, si je reste ici, moi, je vais devenir maboul à rêver toutes les nuits de pâté truffé et d’entrecôte au roquefort ! Reste avec maman si tu veux. Moi je pars.
YAEL.- Comme tata Jacqueline ?
YAEL.- Sans moi ?
GAETAN.- Pareil.
GAETAN.- Je suis encore jeune ! Je veux vivre ma vie !
YAEL.- Là ? GAETAN Juste au bord de nos manques intérieurs. On va finir par se dépérir. YAEL.- C’est grave, ça ?
YAEL.- C’est pas que j’ai le pétoches, mais ça pourrait faire peur. Qu’est ce qu’il faut faire alors ? GAETAN.- Partir. Là-bas. YAEL.- Sur la Grande Terre ? Gaetan, mon grand, t’as la cafetière qui fuit ! Quitter notre île ? GAETAN.- Les animaux l’ont bien fait, eux. YAEL.- Mais Gaetan, mon vieil ami, mon crottin, eux c’était pour nous punir ! Parce qu’on leur avait tout salopé leur ciel et leurs rivières, tout coupé leurs forêts, tout empoisonné la vie avec nos gaz et nos acides. Alors de la fourmi à l’éléphant, sans faire de bruit, ils se sont tous fait la malle dans la nuit, je connais l’histoire, merci ! Mais nous deux, si on se taille, c’est une vache de punition pour notre unique amour. GAETAN.- Maman nous aime, elle comprendra. YAEL.- Abandonnée par ses enfants ? Ils vont lui manquer terriblement, surtout le plus jeune. GAETAN.- Un aller-retour, mon Yaël. On rend visite à nos amies les bêtes, on en goûte une ou deux, et on rentre. Des vacances, quoi. YAEL.- On peut peut-être attendre encore un peu. Pour mon grand manque, c’est pas à un jour près.
YAEL.- Moi aussi je veux vivre ta vie ! Tu es trop jeune pour me voir dépérir ! GAETAN.- J’en peux plus des brocolis vapeur et des cakes aux betteraves. YAEL.- Exactement ! GAETAN.- Les potages à l’oseille et les poireaux vinaigrette ! YAEL.- Exactement ! GAETAN.- Je veux du jambon de Bayonne et de la blanquette de veau ! YAEL.- Des brochettes de tortue et du ragout d’hirondelle ! GAETAN.- Du porc à l’ananas et du bœuf bourguignon ! YAEL.- De la quiche au gorille te de la tarte au castor ! GAETAN.- Du lapin à la moutarde et de la brandade de morue ! YAEL.- OK pour le jambon d’hirondelle et la brandade de moutarde, mais sur la Grande Terre, là-bas, d’après ce que tu m’as dit, y a pas que des mangeurs d’herbes. GAETAN.- Et alors ? YAEL.- Ne va pas croire que j’ai les pétoches, c’est pas le genre de la maison,
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mais si je me fais dévorer, même un peu, ça va pas nous gâcher les vacances ? GAETAN.- T’inquiètes pas, ma petite crotte, les animaux, ils mangent plus les gens depuis longtemps. On leur fait trop peur. YAEL.- La nature est bien faite.
héritage ! Les souris, ça c’est mignon, mais ça descend le gruyère, qui lui descend du lait, qui lui-même descend de la ; vache… J’ai pas de mérite. Sans toi, sans mon coach, je serais pas là où j’en suis. Et les bébés on pourrait pas les croquer ? GAETAN.- C’est pas légal. Banane ! C’est des hommes comme toi et moi.
GAETAN.- Le problème, c’est pour y aller. YAEL.- A la nage ?
YAEL.- Dommage, c’est facile à ramasser. Dis.
GAETAN.- Beaucoup trop loin.
GAETAN.- Quoi « dis » ?
YAEL.- Tant mieux. Piscine, c’est l’année prochaine. Ca la fout mal d’être en avance sur le programme, ça fait chouchou.
YAEL.- Et les poissons ?
GAETAN.- On a un projet de voyage pédagogique…
YAEL.- Ben ça se mange ?
GAETAN.- Quoi les poissons ?
GAETAN.- Que le vendredi. YAEL.- Tous les deux ensemble jusqu’à la fin de la mort, pas vrai ? GAETAN.- Et comme les gens d’ici, ces couillons, dans leur colère de furieux, ils ont détruit tous les livres et les films qui représentaient les bêtes, forcément, tu sais pas comment c’est fait ! YAEL.- Mais attention, je suis pas un bleu comme neige, je connais mes classiques ! Je sais déjà que les oiseaux, c’est léger comme une plume et que ça pousse dans des nids, que les chiens sont nos alliés, ainsi que les chevaux et les Anglais, les rennes, bon ben ça c’est le Père Noël qui se les ait commandés pour son boulot, les pingouins, c’est bien beau mais ça sert à rien ! Juste à faire joli sur les culottes glaciaires, alors que certains poissons, c’est bien utile quand on a pas de pont : par exemple, on fait traverser une bête malade ou un vieux, et là, en moins d’une minute les pires nanas lui font sa fête et nous on passe comme qui rigole. Y a aussi le dragon ! Alors là, le dragon, c’est n’importe quoi, c’est pipeau ! En vrai, c’est une mite, comme les ogres, ça compte pour du flan ! Remarquez c’est tant mieux parce que, entre nous, ceux-là ils déchirent méchamment les enfants, encore plus qu’un divorce ou qu’un
YAEL.- Et c’est bon ? GAETAN.- Bof, c’est plein d’arrêtes et ça sent la flotte. YAEL.- Même les tout petits ? GAETAN.- Ceux-là on les mange pas. On les range dans un aquarium. Pour égayer les maisons de retraite. YAEL.- La nature est vraiment bien faite. Dis. GAETAN.- Quoi encore ? YAEL.- Banane toi même. NOIR
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