MAGAZINE CONGO BUSINESS NUMÉRO 3

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Numéro 03

DES GISEMENTS INEXPLORÉS AU KONGO CENTRAL INTERVIEWS Modeste Bahati Patience Barandenge

MODESTE BAHATI

«La première richesse de la RDC c’est les congolais...» Interview exclusive du Ministre de l’économie nationale

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R.D.C. PERSPECTIVES

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SOMMAIRE

CALENDRIER.............................................................................................4 ÉDITORIAL..............................................................................................5 LES DÉCIDEURS Modeste Bahati...................................................................................................8 Patience Barandengerade................................................................................12 Julie Lassa........................................................................................................16

ENTREPREUNARIAT GIES-F4BC.......................................................................................................20 Franck-Louis.....................................................................................................25

R.D.C. PERSPECTIVES Plaidoyer pour la promotion des modes alternatifs de conflit en vue de l’amération du climat des affaires en RDC...............................................................26 Des gisements inexplorés au Kongo Central...................................................32

AFRIQUE & MONDE L’Afrique aussi investit en Chine !....................................................................36 L’Afrique peut-elle financer sa propre croissance ?.........................................40

CONTACT...................................................................................................46

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CALENDRIER 2015

FORUM AFRICA 2015

IPAD RDC MINES 2015

La 7e Édition du Forum Africa aura lieu du 16 au 18 septembre 2015 à Montréal Le Forum Africa 2015 est organisé par Afrique Expansion Magazine, la Banque africaine de développement et Export Québec, en collaboration avec Afreximbank, l’African Business RoundTable (ABR) et le Conseil canadien pour l’Afrique Cette grande rencontre de trois jours vise entre autres à favoriser les investissements privés en Afrique, un continent où plusieurs pays enregistrent des taux de croissance qui avoisinent les 10 %. www.forumafricanada.com

Du 15 au 16 octobre 2015, nous ouvrions les portes de l’unique forum sur le secteur minier en RDC et les opportunités d’investissement dans la région. iPAD RDC Mines & Infrastructure Indaba est le seul événement international en RDC rassemblant les investisseurs locaux et internationaux, le gouvernement et les fournisseurs dans un même objectif : stimuler l’industrie minière en RDC. Au terme de 10 éditions couronnées de succès, l’iPAD est devenu le forum de référence pour tout individu ou compagnie désirant s’implanter en RDC, ou multiplier leurs opérations déjà prometteuses. Le secteur minier est en pleine mutation et sujet à de nouvelles dynamiques géopolitiques qui pourraient changer l’approche des investisseurs et opérateurs miniers pour le déroulement de leurs activités. www. ipad-drc.com

Forum de l’habitat et de l’immobilier Africain en Amérique du nord Les 10 et 11 octobre 2015 se tiendra au Palais des congrès de Montréal au Canada le premier forum de l’habitat et de l’immobilier Africain en Amérique du nord sous le thème : Diaspora Africaine et développement du secteur immobilier en Afrique. Ce premier forum servira de lieu de rencontre entre la diaspora africaine installée en Amérique du Nord désireuse d’investir (logements résidentiels, logements sociaux) en Afrique et les différents acteurs de la filière immobilière : gouvernement, promoteurs immobiliers, constructeurs, rénovateurs, équipementiers, institutions bancaires, assureurs, agences immobilières, professionnels de l’habitat au Canada et en Afrique.

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F.E.CA.N. 2015 Forum Economique Congolais en Amérique du Nord (F.E.C.A.N.) est un événement annuel organisé par l’association Solidarité Canado-Congolaise, le FECAN et la Chambre de Commerce Congolaise du Canada en collaboration avec le Congo Business Magazine. L’objectif principal de ce Forum international est d’offrir des outils et approches novatrices pour accroître l’investissement privé en République démocratique du Congo (RDC). Ce rendez-vous international des affaires est prévu du 19 au 20 novembre 2015 à Montréal réunira des centaines de participants parmi lesquels des présidents de sociétés, des décideurs congolais et canadiens, des intervenants des organisations internationales et des ONG. www.congobusinessmagazine.com


ÉDITORIAL

A quand le Congo Inc ?

Lors de notre interview avec le Ministre de l’économie nationale monsieur Bahati, nous lui avons fait part d’une des préoccupations des opérateurs économiques nationaux: « Le secteur privé national déplore que le gouvernement favorise les investissements étrangers à leur détriment» et quel était son point de vue ? Une des choses que nous avions pu retenir de cette interview c’est le pourcentage de l’investissement étranger versus le pourcentage de l’investissement des locaux. Aujourd’hui, en République Démocratique du Congo, les investisseurs étrangers représenteraient 80% du tissu économique de la République Démocratique du Congo. En sortant de son bureau, nous nous sommes posé deux questions. 1.A quand le Congo Inc ? 2.Où sont passés les hommes d’affaire de la trempe de Bemba Saolona, d’Emmanuel tangi, de Pascal Kinduelo de Jean Pierre Bemba?

locaux pour éviter les fermetures des entreprises des locales. Le gouvernement pourrait instituer des mesures permettant de réserver certains domaines pour les locaux ou l’apport des investisseurs étrangers seraient limités pour éviter le monopole que nous vivons aujourd’hui. Il devrait investir dans le PME et PPE, c’est-à-dire mettre des incitatifs tels que de crédits d’impôts, de subventions entrepreneuriales et des allègements fiscaux. Ces incitatifs auront pour but à inviter ces PME et PPE à se formaliser parce que c’est chez elles que se trouve le plus large potentiel pour embaucher et cela permettrait aux PME et PPE de devenir compétitif. Mais aussi, cela permettre au gouvernement d’aller chercher de millions via les taxes et des impôts. Au-delà de ça, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) devrait faire un travail éducatif auprès des entrepre-

Suite à l’assainissement du climat des affaires en République Démocratique du Congo nous assistons aujourd’hui à un afflux massif des investisseurs étrangers qui injectent de millions de dollars et qui créent des emplois directs et indirects, mais la compétition n’est pas équilibrée. En ef-

neurs congolais car à ce jour nous avons une multitude de PME et PPE qui fleurissent dans les quartiers mais qu’elles n’arrivent pas à faire le contrepoids par rapport aux investisseurs étrangers parce qu’une grande majorité de ces PME et PPE sont dans l’informelle.

fet, les entrepreneurs locaux n’ont pas la même trésorerie et le système bancaire ne les permette pas d’avoir assez de moyen pour investir. Malgré les efforts du gouvernement à travers les structures telles que l’agence nationale pour la promotion des investissements et le fonds de promotion de l’industrie nous avons toujours un déficit criant des entrepreneurs congolais qui ont pignon sur rue. En mon sens, les autorités devraient mettre en place de mécanismes propices qui devraient attirer les investisseurs étrangers tout en garantissant la survie des opérateurs lo-

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Lawrence Kitoko-Lubula

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LA CITÉ DU

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U FLEUVE

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LES DÉCIDEURS

Modeste Bahati

Ministère de l’économie nationale Magazine Congo Business : Avec la conjoncture économique mondiale les pronostics avaient fait de 2015 une année de croissance positive pour l’économie de la RDC. Où en est-elle ? Bahati Lukwebo : A ce jour la croissance telle que clôture fin 2014 est de 9.5% et donc pour une projection qui était de 8% nous avons donc fait un bond de 1.5% par rapport aux projections. Cette croissance est tirée essentiellement du secteur minier, du secteur de construction du secteur des services notamment les banques. L’agriculture sur laquelle nous comptions comme premier élément constitutif de la richesse nationale malheureusement, elle se situe à la cinquième place. Magazine Congo Business : Où en est la RDC dans l’amélioration de l’état de son économie nationale ? Bahati Lukwebo : Oui, nous avons un programme économique qui vise essentiellement la diversification. La Diversification qui doit toucher les secteurs clés de la vie nationale. Le premier secteur c’est d’abord les hommes, comme vous le savez la première richesse ce sont les hommes. Il y’a de pays aujourd’hui comme le Japon et l’Allemagne qui ne disposent pas de ressources naturelles mais qui sont de grandes puissances grâce à l’intelligence humaine. Pour nous, la priorité c’est d’abord l’intelligence humaine vient directement après l’agriculture parce que

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nous avons 80 millions d’hectares de terre arable ce qui peut nourrir la moitié de la planète si réellement les 80 millions d’hectares étaient mis en œuvre. Après l’agriculture vient le secteur de la pêche, nous avons beaucoup de poissons dans nos eaux douces, dans nos lacs, dans nos rivières, dans nos affluents et même sur la côte atlantique. Mais il n’est pas compréhensible que nous continuons à importer de poissons pour nourrir la population pour de millions et de millions de dollars L’autre secteur important, c’est celui des infrastructures, vous savez que le pays est très grand, 2 345 000 km² c’est énorme! Pour relier les provinces, pour relier les centres de productions et de centres de consommations il nous faut des infrastructures : les routes, les chemins de fer, les voies de navigations fluviales, lacustres et les voies aériennes. Toutes ces voies doivent constituer et constituent une priorité pour nous. Vient ensuite le secteur des hydrocarbures, les informations récentes puisées de recherches que les belges avaient effectué en géologie démontre que la RDC est un grand réservoir de pétrole. Nous disposons de beaucoup de gisements de pétrole que ça soit sur la côte atlantique, dans la cuvette centrale mais également sur toute la bande Est du pays à partir du lac Édouard jusqu’au lac Tanganyika.


LES DÉCIDEURS

«La première richesse de la RDC c’est les congolais...»

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LES DÉCIDEURS

Et c’est là réellement que nous pourrions tirer de grosses ressources, car il faut se mettre en évidence les minerais ne peuvent pas nous permettre de gagner beaucoup de milliards. Car aujourd‘hui ce sont les privés qui exploitent le secteur de minerais et la GECAMINE ne participe que pour un faible pourcentage. Même si c’est nous même qui produisions et vendions, on ne pourrait pas espérer avoir au-delà de dix ou vingt milliards de dollars. Par contre, dans le pétrole compte tenu de réserves qui restent à certifier nous pouvons facilement dépasser deux cent milliards de dollars de budget annuel et cela peut effectivement nous permettre d’envisager de véritables réformes dans l’administration, dans l’armée, dans la police et mettre un accent sur les infrastructures.

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En dehors des hydrocarbures et les gaz nous avons bien-sûr les minerais, nous n’avons pas abandonné et nous n’allons pas abandonner ce secteur. Après les minerais nous avons le secteur de services, le premier service qui va surement contribuer à la croissance économique c’est le secteur des assurances. L’industrie d’assurance qui jusque-là était sous le monopole de la société nationale d’assurance la SONAS. Maintenant avec la nouvelle loi, les assurances ont été libéralisées et donc là aussi, ce sont les capitaux énormes qu’on pourra mobiliser et ainsi les injecter dans l’économie nationale. En dehors des assurances, vous savez que le parlement a pris une loi libéralisant le secteur du commerce l’énergie électrique.


LES DÉCIDEURS Et donc ce secteur-là c’est un grand secteur et un secteur porteur, je peux même vous dire que si la RDC n’avait pas toutes les autres ressources, elle pouvait bien vivre rien que de l’énergie électrique parce que nous avons un potentiel de 100 milles mégawatts à Inga. Vous comprenez que là aussi c’est enjeu très important ce sont de capitaux énormes. En dehors des secteurs que je viens de citer, nous ne pouvons pas oublier le tourisme parce que le pays est doté de plusieurs endroits touristiques et ceux-ci dans toutes les provinces. Et cette industrie reste encore vierge et il n’est pas exploité, à l’époque il y’avait quelques amorces et quelques débuts mais par la suite il a été abandonné mais je pense que c’est un secteur qu’il faut à tout prix relancer. Bref, nous avons plusieurs secteurs où nous préconisons la diversification parce que comme vous le voyez bien c’est quand les secteurs touchent un grand nombre de population que nous pouvons parler d’une croissance inclusive. Magazine Congo Business : Le secteur privé national déplore que l’État favorise les investisseurs privés étrangers à leur détriment, quel est votre point de vue ? Bahati Lukwebo : Je pense que le problème qui se pose c’est l’initiative privée qui est peut-être un peu dormante parce que quand vous regardez à l’Est du pays au nord Kivu et au sud Kivu. Le secteur privé prospère. Parce que lui ne compte et n’attend pas que ça soit l’État qui puisse le soutenir pour aller de l’avant. Les gens ont compris qu’ils doivent se prendre en charge et c’est ce qu’ils font et c’est ce qui explique qu’il y’a un grand dynamisme du secteur privé de ce côté-là. Pour revenir à la question qu’il y’aurait une sorte de discrimination, je ne pense pas. Quand vous regardez la structuration de l’économie congolaise, elle est

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à quatre-vingt pour cent entre les mains des expatriés ce qui fait que toute intervention que l’on peut envisager de ce côté-là ne tomberait que dans les mains des expatriés qui contrôlent 80% de l’économie. Ils sont dans les vivres, ils sont dans la construction et dans plusieurs domaines. Alors qui faut-il blâme pour ça? Je pense que nous nous faisons de notre mieux pour créer un cadre propice à l’éclosion de la petite et moyenne entreprise. Mais revient également à ces entreprises de montrer l’intérêt à la démarche et d’avoir un marketing agressif pour lui permettre de se taper une place sur le marché parce qu’il s’agit ici du business où les intérêts sont opposés. Magazine Congo Business : Selon vous quels sont les freins à une croissance inclusive qui permettrait un mieux vivre pour la population dans un contexte de forte croissance démographique ? Bahati Lukwebo : Pour lever les freins sur la croissance inclusive le remède c’est la diversification de l’économie. Et pour diversifier il faut créer des infrastructures et un cadre propice. Et ça nous avions déjà pensé les six dernières années, nous étions occupés à préparer la législation, une législation attrayante, une législation qui offre des garanties à ceux qu’ils veulent investir pour leurs montrer qu’ils peuvent travailler et gagner de l’argent chez nous. Et cela en toute sécurité physique et juridique, sécurité juridique dans le sens que nous avions déjà ratifié plusieurs accords internationaux par lesquels nous adhérons aux principes de l’arbitrage international. Donc si quelqu’un a un contentieux ou un litige au lieu qu’il se fie seulement à notre justice, il a la latitude de recourir à un arbitrage extérieur internationalement reconnu et l’a aussi c’est une garantie supplémentaire.

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LES DÉCIDEURS

Patience Barandenge Responsable national du marché des femmes entrepreneurs

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utodidacte, Patience Barandenge peut se targuer d’un parcours rempli de succès et quand on demande de quoi est-elle fière, Du prestigieux programme Lady’s First, lâche-t-elle. À son propre égard, elle use de modestie. Magazine Congo Business : Parlez-nous de votre parcours ? Patience Barandenge : Après avoir obtenu mon bac en scientifique option mathématiques et physiques, j’ai opté pour des études de journalisme que j’associais au mannequinat. Du mannequinat est né ma passion pour le stylisme en créant des croquis dont les collections ont été présentées au cours des différents défilés de mode que j’ai eu à organiser ; ce qui m’amena dans le milieu du cinéma comme costumière car ayant été détecté par un réalisateur. De là j’ai brigué des échelons jusqu’à devenir Directeur de casting, Directeur artistique tant dans le monde du cinéma que celui de la publicité. Chanteuse d’antan précisément dans la musique gospel, je suis revenu dans le milieu en tant que Manager d’artiste, chercheur des talents en organisant des concours de chant, des festivals de musique etc. je suis revenu à la télé avec un cooking show et continuant à vendre mes services en communication ce qui m’emmènera à la Rawbank depuis septembre 2009 jusqu’à ce jour.

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MCB : Ca fait déjà plus de cinq ans que vous travaillez pour la Rawbank, Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir une Banquière ? PB : Je n’ai pas décidé de devenir Banquière car je n’en avais pas le background. Je suis à la base de formation journalistique. La décision ne venait pas de moi non plus, Dieu seul en était le décideur et le déclencheur. La Rawbank, mon employeur aujourd’hui depuis 5 ans et demi était mon client pour qui je fournissais mes services en communication et événementielle. Il a plu à Dieu de toucher le cœur du DG en insistant à tout prix que je travaille pour lui malgré que je proposais ma sœur à la place car il me plaisait de travailler en freelance. Il dira « ok, je prends ta sœur mais je veux de toi aussi ! » et c’est là que tout à commencer en apprenant la Banque sur le tas. Dieu m’a fait grâce d’apprendre la banque comme pour tous les autres métiers que j’ai exercés d’antan. MCB : Quelles difficultés particulières avez-vous rencontrées en tant que femme dans le milieu bancaire et comment les avez-vous surmontées ?


PB : Il est vrai que mon portefeuille n’étant que des femmes d’affaires m’exige de la rigueur et de la discipline. Les femmes veulent un service sur mesure, elles sont exigeantes, et comme leurs temps c’est l’argent elles ne veulent pas trainer longtemps en banque pour leurs opérations, elles veulent de l’attention, de la reconnaissance, c’est son bénéfice dans le produit qui l’intéresse pas quel ingrédient a été utilisé pour créer le produit. Pour remédier à cela nous leur avons dédié un espace où toutes leurs questions auraient des réponses, où elles seraient prises en considération et ce par l’attention particulière que leur accordera une équipe masculine, des produits adaptés à leurs besoins etc Je n’ai pas rencontrés des difficultés du fait d’être femme dans le milieu bancaire, mais du fait juste d’être venu dans un secteur inconnu et j’ai surmonté ces difficultés en autodidacte, en apprenant. Et sans discipline et sans effort cela n’aurait pas été possible

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MCB : Quelles opportunités vous ont-elles permis d’avancer dans votre carrière professionnelle? PB : Toutes les opportunités d’apprentissage(les formations) qui se présentaient devant moi je les saisissais. L’opportunité que la Rawbank m’a accordé en me plaçant à la direction du marché des femmes m’a beaucoup permis d’avancer dans ma carrière professionnelle. MCB : Avez vous à un moment donné de votre vie décider d’abandonner ? Quel a été l’élément clef qui vous a permis de tenir bon, et de ne pas renoncer à votre rêve ? PB : oui il m’est arrivé à plusieurs fois de décider d’abandonner. Ce qui m’a permis de tenir bon C’est la règle la plus importante et la plus évidente de toutes. « Faire des efforts » Vous ne gravirez pas les marches du succès en gardant les mains dans les poches. Sans discipline et sans effort, la réussite est impossible.

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DÉCIDEURS PORTRAIT

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LES DÉCIDEURS

MCB : De quelle réussite êtes-vous la plus fière ? PB : En deux mots, Lady’s First. Je serais toujours fière même si aujourd’hui je quittais la Rawbank, que ma modeste contribution a fait de ce programme « une marque » que je voudrais voir pérennisé. MCB : Quels ont été les éléments clés de votre réussite? Avez-vous des rôles modèles? PB : la pro activité avant tout. J’aime prendre des décisions et initiatives ; D’ailleurs, pour garantir toute réussite, il faut un réel engagement. C’est l’étape la plus difficile. Pour que la décision commence à s’opérer, il fallait prendre une première action immédiate à sa réalisation. Une fois commencé, cela devient plus facile. Maintenir l’engagement de ses décisions, Ne pas avoir peur de perdre, ne pas forcer le passage si les gens ou l’environnement ne s’y prêtent pas, respecter son adversaire pour le convaincre, pour atteindre ses objectifs, il faut découper ses actes en une suite de séquences en gardant en tête la mission à réussir, se forcer à s’organiser, toujours vérifier, quitte à ne pas faire confiance. Cela paraît évident, mais c’est comme cela qu’on évite les erreurs. Pour tenir l’engagement de ses décisions, on restera souple dans son approche. Par exemple, on acceptera que les tâches intermédiaires ne s’effectuent pas dans le bon ordre ou avec le résultat idéal car c’est l’objectif final qui doit être achevé parfaitement et j’ajouterais le renforcement des capacités donc ne pas se lasser d’apprendre. Effectivement j’ai des rôles modèles. J’oserais en citer une « Jeanine MABUNDA » mon exemple dans le secteur financier, elle a été à la tête des entreprises comme la FPI, a géré plus d’une vingtaine d’entreprises dans le Ministère du portefeuille, elle s’adapte dans différents secteur que ce soit dans la politique. Donc pour moi, être à coté des femmes de sa trempe pour apprendre est une contamination positive !

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MCB : Quel message voudriez-vous adresser aux femmes Congolaises ou africaines entrepreneurs et actives, qui ont des rêves, mais ne peuvent les réaliser à cause de la peur d’échouer ? PB : Mon message pour les femmes entrepreneurs congolaises et Africaines c’est de ne pas avoir peur d’échouer. C’est comme gagner, cela fait parti du jeu. C’est une éventualité qu’il faut savoir assumer en tirant les leçons de ses insuffisances pour s’améliorer. Toutefois, l’échec n’est jamais une situation permanente. Osez prendre des décisions, Osez rêvez, c’est la seule manière d’avancer. La réussite viendra si l’on croit avec certitude au bien-fondé de son projet. Mais perdre ne signifie pas toujours qu’on a commis une erreur. Bien qu’on pense avoir eu toutes les données, pris les bonnes décisions au bon moment, avoir bien agi, il arrive que les éléments soient contre vous. Dans ce contexte, perdre n’est qu’un résultat, ce n’est pas une faute. Cette peur de perdre ou de prendre un risque porte un message positif: on anticipe que ce qui va se produire nécessite d’y être préparé. Anticiper et accepter le risque, la défaite ou l’erreur (et donc s’y préparer) permet d’éviter des conséquences désastreuses et de persévérer plus sereinement. MCB : Quels sont vos projets pour l’avenir ? Où Patience se voit-elle dans 5 ans ? PB : Et bien, j’ai tout pleins de projets ça n’arrête jamais, et heureusement ça avance bien ! Je ne suis pas quelqu’un qui aime se projeter dans 5 à 10ans car la vie est assez imprévisible. Donc tout ce que je peux dire déjà, c’est que cette année sera riche en événements et en projets réussis! Déjà, la mise en œuvre de mon projet incubateur pour les jeunes filles sortant de l’université dénommé « Dream comes true »

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LES DÉCIDEURS

Julie Lassa Présidente de Julia Productions

«Pour une production écologique»

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ulie Lassa est une entrepreneure née, femme de terrain cette quinquagénaire mariée et mère de plusieurs enfants fait partie de femmes que la République Démocratique du Congo compte qui pensent que tout est possible à celui qui croit. Fondatrice de la société Julia Productions qui œuvre dans plusieurs secteurs, de la production de produits biologiques tels que le jus de moringa, le jus de gingembre, le jus multifruit, jus de baobab et la poudre de moringa sous la marque de « JULIA ». Graduée en marketing, Julie Lassa est bénéficiaire de plusieurs formations initiées à la confédération de petites et moyennes entreprises au Congo en sigle COPEMECO. Elle a aussi participé à la formation de l’autorité de régulation des marchés publics (ARMP). Elle suivra prochainement la formation de cadres du secteur privé sur la préparation des soumissions et l’exécution de marchés publics. Julie Lassa est membre active des plusieurs organisations telle que le Groupement d’Intérêt Économique (GIE), telle que les femmes francophones du bassin du fleuve Congo(F4BC), telle que l’association de Femmes Entrepreneurs du Congo qui est le regroupement de femmes entrepreneures à la COPEMECO (FECO) et de l’association de mamans commerçante du Congo pour ledéveloppement (AMACCOD). Julie Lassa est également consultante auprès de la chambre de commerce congolaise au Canada.

En dehors de ses multiples activités, Julie Lassa croit dans la jeunesse congolaise dans laquelle elle s’implique et s’investit pour leur permettre de devenir de citoyens contributeurs à l’émergence de la République Démocratique du Congo.

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Le mois d’octobre est dédié à iPAD en RDC alors que la communauté minière se rassemble à Kinshasa et Lubumbashi “La RDC pourrait transformer le paysage socio-économique de la région” Le mois d’octobre est dédié à iPAD* en RDC et cette année verra encore le retour de la 11ème edition de l’iPAD RDC Mines & Infrastructures Indaba du 15 au 16 octobre, suivi de la 6ème édition de La Semaine Minière du Katanga à Lubumbashi du 20 au 21 octobre. *iPAD = Infrastructure Partnerships for African Development

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ous sommes heureux que la marque iPAD soit si établie et respectée depuis plus de 10 ans et qu’elle soit aussi devenue synonyme de l’industrie minière en RDC”, explique Nicole Smith, la directrice des événements iPAD en RDC. “Etant le troisième plus vaste pays en afrique, la RDC pourrait transformer le paysage socio-économique de la région. Alors que nous sommes dans l’attente de l’approbation du code minier au parlement, les projets de développement et d’exploration sont les défis majeurs auxquels les principaux opérateurs miniers et institutions gouvernementales doivent faire face. Le prix faible des matière premières et le manque d’opportunités de financement et d’investissement sont le frein principal au développement de cette industrie en plein essor dans la région.” “Cependant, les opérateurs miniers cherchent de plus en plus différentes manières de modérer leurs coûts opérationels tout en stabilisant voire même augmentant leurs niveaux de production. Au cours de l’iPAD RDC et la Semaine Minière du Katanga, nous sommes impatients d’écouter nos collègues experts dans l’industrie qui partageront leurs bonnes pratiques et informations sur leurs projets en cours.” continue Nicole Smith.

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La Remise des Prix de l’Industrie Minière a été lancée l’année dernière avec grand succés et sera de retour en octobre à Kinshasa afin que l’industrie puisse récompenser individus et projets qui ont contribué de manière significative à l’essor de l’industrie minière. Cette année une huitième catégorie a été ajoutée, ‘Femme de l’Année’, et cette soirée de gala glamour se déroulera dans le somptueux hôtel Béatrice. Orateurs clés aux conférences de l’iPAD RDC Mines et Infrastructures: •S.E.M Martin Kabwelulu Labilo, Ministre des Mines, RDC •Jean Felix Mupande, Directeur Exécutif, Cadastre Minier, RDC •Louis Watum, Directeur Exécutif, Mines Ivanhoe Ltd, RDC •Simon Tuma Waku, Vice Président de la Fédération des Entreprises Du Congo « FEC », en charge du secteur minier, RDC •Mark Bristow, PDG, Randgold Resources, ROYAUME-UNI •Mark Farren, Vice-Président Exécutif des Opérations, Mines Ivanhoe, RDC •John Clark, PDG, Banro, Canada


Orateurs clés à la conférence de la Semaine Minière Yves Bawa, PACT, Conseiller Technique Régional, du Katanga à Lubumbashi: Mines to markets initiative, RDC - S.E.M Moise Chapwe, Gouverneur, Gouvernorat du Katanga, RDC La plate-forme pour l’exploitation minière du cuivre - Eric Mboma, Directeur Exécutif, Standard Bank, et du cobalt en RDC RDC - Marie Chantal Kaninda, Conseillère en Charge des La Semaine Minière du Katanga se focalise plus sur les Affaires Extérieures Afrique, Rio Tinto, RDC défis locaux de la province se présentant ainsi comme - Elise Vigier, Conseillère Technique, GIZ, Allemagne plate-forme pour l’exploitation minière du cuivre - Charles Carron Brown, Directeur des Opérations, et du cobalt en RDC et le rôle de l’industrie minière Tiger Resources, Mine Kipoi, RDC dans le développement des responsabilités sociales”, - Guy Nzuru, Manager, Ivanhoe Mines Ltd, RDC explique Nicole Smith la directrice de l’événement. - Ilunga Ilunkamba, Directeur Exécutif, SNCC, RDC “Les infrastructures, le réseau ferroviaire, le régime fiscal et les défis quotidiens auxquels les opérateurs L’ iPAD RDC Mines & Infrastructures Indaba et La miniers doivent faire face seront abordés ainsi que les Semaine Minière du Katanga reçoivent tous les deux spécificités des réglementations locales. Le problème un soutien institutionel phénomenal ainsi que de l’inde l’alimentation en éléctricité et ses solutions clés audustrie elle-même. Ivanhoe Mines est le sponsor diaront une séance dédiée, et ce dans le but de booster la mant et Standard Banke sponsor platine à Kinshasa. production de cuivre et de cobalt.” De plus, Engen et Tenke Fungurume ont signé en tant que sponsor platine pour les deux événements. AggreElle ajoute: “cette année, la conférence offrira aussi ko, Andritz Hydro et Tiger Resources quant à eux sont des ateliers techniques gratuits sur la Responsabilité sponsors or. Sociale des Entreprises et les bonnes pratiques seront partagées au sein de l’audience et les entreprises auDate et lieu de l’iPAD DRC Mines et Infrastructure ront l’opportunité de présenter leurs produits à l’hôtel Indaba: Grand Karavia avec un espace expo extérieur agranConférence: 15-16 Octobre 2015 di. L’événement se développe!” Remise des Prix de l’Industrie Minière: 15 Octobre 2015 Lieu: Hôtel Fleuve Congo, 119 Boulevard Tshatshi, Kinshasa Gombe, RDC Dates et lieu de la Semaine Minière du Katanga: Journée de l’Energie: 19 Octobre 2015 Conférence et exposition: 20-21 Octobre 2015 Visites de sites: 22 Octobre 2015 Lieu: Hôtel Grand Karavia et Route du Golf, Lubumbashi, RDC

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ENTREPREUNARIAT

Groupement d’Intérêt Economique et Social des Femmes Francophones du Fleuve et des Forêts du Bassin du Congo (GIES-F4BC) Nous sommes des femmes venant d’un milieu modeste mais avec un réel désir de nous prendre en charge, nous, nos familles, notre environnement et de contribuer un tant soit peu à l’économie et au social de notre pays. Nous avons commencé par tâtonnement et au fur et à mesure des formations et informations que nous avons reçu auprès des organisations professionnelles telles que la Fec, la Copemeco, RDC ese, Fondation El Shaddai …, nous nous sommes améliorées et certaines d’entre nous se sont mues des ONG en Entreprise, d’autres d’informel en formel. Toujours dans le souci de faire mieux, nous nous avons jugé bon de nous associer dans un GROUPEMENT D’INTERET ECONOMIQUE ET SOCIAL dénommé FEMMES FRANCOPHONES DU FLEUVE ET DES FORETS DU BASSIN DU CONGO, GIES-F4BC en sigle. Nous œuvrons principalement dans l’agriculture et la transformation agro-alimentaire. Vous trouverez en annexe la liste des produits que nous transformons et de produits que nous comptons produire dans l’avenir. En effet, sans trop exagérer nous sommes capables de fournir plusieurs produits locaux bio mais nous sommes butées a plusieurs problèmes : de vente,

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ENTREPREUNARIAT

un partenariat financier serait aussi envisageable. La population congolaise ne s’intéresse pas encore à nos produits c’est pourquoi nous aimerions avoir des preneurs à l’extérieur, et en même temps faire un grand travail de marketing sur le marché national notamment à Kinshasa. La F4BC- GIES a comme mission principale la promotion des micro-entreprises de femmes membres capables de créer des richesses ; des emplois ; et de contribuer au developpement socio-economique de la Republique Democratique du Congo. Dans le cadre de recherche d’assistance et de soutien aux activités des femmes des milieux ruraux et périurbains, en général, et en, particulier, aux femmes entrepreneures spécialistes dans la valorisation des chaines de valeur des produits locaux ; notre GIES aimerait trouver des partenaires nationaux et internationaux en partenariat avec la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises Congolaises avec l’appui des ministères de l’économie, du commerce, de l’industrie et des PME, qui sont partie prenante au projet-pilote de création des incubateurs des PME et PMI pour la transformation des produits agricoles locaux .

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ENTREPREUNARIAT

Liste des nos produits arachides caramélisés biscuits sésame Chips banane plantain Croquettes de patates douces jus Baobab jus Maracuja jus Moringa jus Multi fruits jus Tangawisi au citron jus Tangawisi(Gingembre) lait de soja Liqueur Mungomboro Piment de Table thé anti cholestérol vin de Bissap(hibiscus)

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Cette liste n’est pas exhaustive… Nous transformons le manioc non seulement en farine mais aussi en gari, en amidon et autres derivés… Tous nos produits sont Bio, transformés et conservés sans ajout chimique. Nous tenons compte du respect de l’environnement c’est pourquoi nous évitons au maximum les emballages non dégradables !


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DÉCIDEURS PORTRAIT

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ENTREPREUNARIAT

Franck-Louis

«La peinture est ma seconde nature...» Matadi-Nsalamby-Ndosim Louis, « Franck-Louis » pour les intimes est marié à madame Vula Kivuila Eugénie et père de quatre enfants. Il vit actuellement à Kinshasa dans la Commune de Bumbu. Il a fait ses études primaires à Matété à l’école Maindombé puis le cycle d’orientation à l’EPOM de Ndjili où il se distingua en obtenant son brevet de fin de cycle. Il entamera les études secondaires artistiques avec les arts dramatiques où il décrochera son diplôme d’État en arts dramatiques. Lauréat de plusieurs prix en tant qu’acteur de théâtre, Franck-Louis recevra entre autres le prix du concours de l’institut National des arts. Quant à sa vie professionnelle, il est un des grands dessinateurs, peintres, graphistes et caricaturistes que la République Démocratique du Congo connait. Il fut un des dessinateurs et créateurs pour les textiles imprimés de l’UTEX AFRICA par la suite, il a travaillé chez Sintexkin. Il a travaillé également pour le journal Canard Libre et il fût également archiviste à la bibliothèque du ministère des affaires étrangères et à la coopération internationale. Aujourd’hui, Monsieur Franck-Louis se consacre entièrement à sa passion et il a plusieurs projets pour 2016.

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R.D.C. PERSPECTIVES

PLAIDOYER POUR LA PROMOTION DES MODES ALTERNATIFS DE CONFLIT EN VUE DE L’AMÉLIORATION DU CLIMAT DES AFFAIRES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Maître KALAMBAY NDAYA Adèle

L

es modes alternatifs de résolution de conflit (arbitrage, conciliation, médiation), de par leur caractère consensuel, garantissent mieux et plus rapidement l’exécution d’un contrat litigieux par rapport à la justice étatique. Cette garantie qu’apportent les modes alternatifs de résolution de conflit (MARC) aux opérateurs économiques est un facteur favorisant le flux des investissements. En cela, ils constituent sans conteste des instruments d’amélioration du climat des affaires et la promotion de telles pratiques devrait être une nécessité dans les pays en voie de développement.

à favoriser non seulement le recours à ces MARC mais aussi et surtout, à assurer l’effectivité d’un tel recours par une réelle mise en œuvre pour aboutir au but recherché qui est l’exécution du contrat litigieux. Cette réelle mise en œuvre suppose un savoir-faire de ses acteurs , à savoir, les conseillers juridiques d’entreprise, les avocats et les magistrats.

La République démocratique du Congo qui vise l’émergence d’ici une à deux décennies ne peut ignorer la nécessité d’une telle promotion. La récente modernisation du cadre juridique de l’arbitrage, du fait Par promotion, il faut entendre une action qui ten- de l’application désormais possible sur le territoire drait à agir sur l’environnement juridique de manière national de l’acte uniforme de l’arbitrage OHADA et

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DÉCIDEURS PORTRAIT

de la Convention de New-York de 1958 portant sur la reconnaissance des sentences arbitrales étrangères, ne devrait pas donner l’illusion de l’inutilité de cette promotion. Il reste de nombreux efforts à faire pour que les MARC puissent avoir un impact réel sur le climat des affaires. En effet, l’adoption de ces textes s’avérait nécessaire mais cela reste insuffisant. Ce d’autant plus que ces textes ne proviennent pas de source interne et qu’il faut veiller à leur cohérence avec le droit interne pour assurer leur effectivité. A propos de cette exigence de cohérence entre l’acte uniforme de l’arbitrage et le droit national, contrairement aux autres États-Membres de l’espace OHADA où l’arbitrage a été introduit par l’ OHADA, la République Démocratique du Congo possédait au moment de son adhésion à l’ OHADA une législation sur l’arbitrage existante depuis 1886 qui a été modifiée en 1960. Il en découle suivant le principe du droit OHADA selon lequel les dispositions légales non contraires aux actes uniformes OHADA ne sont pas abrogées par l’application immédiate de ces actes que le droit de l’arbitrage applicable en République démocratique du Congo est plus vaste que ceux des autres États-

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Membres de l’ OHADA. L’État se devait d’harmoniser le droit national et le droit communautaire, ensuite d’informer les acteurs de l’arbitrage de cette spécificité de l’application de l’arbitrage OHADA dans notre pays, puis de les former. Il est vrai qu’un travail a déjà été fait. Mais ce travail ne porte que sur l’harmonisation de la loi du 30 mars 1960 portant procédure civile et l’acte uniforme de l’arbitrage. Il élude ainsi les questions qui ne sont pas régit par la loi portant procédure civile telles par exemple les questions d’incompatibilité de l’arbitre ou encore l’arbitralité du litige. Au sujet de la Convention de New-York de 1958, la première phrase de l’article III précise que chacun des États contractants reconnaîtra et exécutera les sentences arbitrales étrangères selon ses propres règles nationales de procédures. Or, le droit congolais actuel est muet sur des questions procédurales importantes en matière d’exécution de sentences arbitrales étrangères telles que les délais de prescription, les preuves requises, le sursis à exécuter, la confidentialité, la compétence des tribunaux et les procédures applicables devant eux. La mise en place des mesures d’application doit être considéré comme une priorité.

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Une autre question importante doit attirer l’attention du législateur congolais. Si l’arbitrage est en général un instrument améliorant le climat des affaires, l’arbitrage État-investisseur occupe une place particulière parmi les mesures incitatives à l’investissement. Aucun investisseur n’est rassuré à l’idée de devoir de recourir à la justice d’un État pour résoudre un litige qui résulterait d’un contrat conclu avec cet État. La possibilité de résoudre un tel litige par le biais d’un autre procédé peut l’inciter à s’engager dans un projet d’investissement. En République démocratique du Congo, l’État utilise depuis plusieurs décennies déjà l’arbitrage comme une mesure incitative d’investissement. Cela apparaît à travers les différents Traités bilatéraux ou multilatéraux d’investissement qu’il a signé ainsi que des lois n° 004 du 21 février 2002 portant Code des investissements et n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier. Même en l’absence de clause compromissoire, certains de ces textes juridiques constituent de véritables garanties pour les investisseurs concernés. Depuis la fin des années 801, la référence au recours à l’arbitrage État-investisseurs contenue soit dans une loi nationale, soit encore dans une convention bilatérale constitue une offre publique d’arbitrage sur laquelle les investisseurs peuvent directement fonder une demande d’arbitrage. Les investisseurs ne s’en privent d’ailleurs pas. D’après les informations disponibles sur le site du CIRDI, depuis sa ratification le 29 avril 1970 de la Convention de Washington de 1965 pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre États et ressortissants d’autres États à ce jour, la République démocratique du Congo a été attrait 11 fois devant le CIRDI. Dans ces procédures , le contrat liant l’investisseur et l’État n’a été invoqué pour fonder la compétence du CIRDI que trois fois. Deux fois avant la jurisprudence qui a consacré le principe de

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l’offre publique d’arbitrage. Le Traité bilatéral d’Investissement conclu par l’État avec les États-Unis a ensuite été invoqué quatre fois et la loi n° 004 du 21 février 2002 portant Code des investissements une seule fois. Néanmoins, l’effectivité de la garantie de l’offre publique d’arbitrage ici démontrée n’est pas totale car, selon le droit positif congolais de l’arbitrage État -investisseur, une catégorie d’investisseurs peut se retrouver dans l’impossibilité d’accéder à l’arbitrage . En effet, il va de soi que les investisseurs congolais ne sont pas concernés par les Traités bilatéraux d’Investissements. La loi n° 004 du 21 février 2002 portant Code des investissements ainsi que de loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier leur offrent la possibilité de recourir à l’arbitrage . Mais si la disposition relative au recours arbitrale de loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier2 prévoit le recours à l’arbitrage , elle laisse le soin à l’investisseur de désigner l’organisme d’arbitrage de son choix pour résoudre les litiges découleraient de leurs accords. Par contre, celle de la loi n° 004 du 21 février 2002 portant Code des investissements3 ne prévoie que la possibilité de recourir à l’arbitrage CIRDI ou CCI dans l’hypothèse où l’arbitrage est choisi comme mode de résolution de conflit. En d’autres termes, le CIRDI n’étant compétent que pour l’arbitrage État- investisseur étranger, la seule juridiction arbitrale compétente pour un investisseur congolais concernant l’arbitrage État-investisseur est la Cour internationale d’arbitrage de la CCI qui est située à Paris en France . Mais le coût élevé4 de cet arbitrage peut la rendre inaccessible à certaines PME de droit congolais qui n’auront pas les moyens de payer les frais administratifs et les honoraires des arbitres.

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Ainsi, s’il existe une garantie de droit , il n’en demeure pas moins que dans les faits une absence de garantie pour les PME de droit congolais qui peut freiner les partenariats public-privé avec cette catégorie d’investisseurs . Pourtant, l’objectif d’émergence ne peut être atteint sans l’implication des PME de droit congolais dans les projets de développement . L’État congolais aurait donc intérêt à élargir l’offre publique d’arbitrage de loi n° 004 du 21 février 2002 portant Code des investissements en permettant la saisine soit des centres d’arbitrage nationaux (CENACOM ou CAC) ,soit de la CCJA au niveau régional ou soit encore permettre un arbitrage ad hoc ( CNUDCI par exemple) qui sont tous beaucoup moins onéreux que la CCI . Il apparaît de ce qui précède qu’une action sur l’environnement juridique pour promouvoir l’arbitrage en République démocratique du Congo est encore nécessaire. Mais l’arbitrage n’est qu’un MARC parmi d’autres. Il est , d’ailleurs, recommandé d’y recourir qu’en cas d’échec des deux autres MARC à savoir la conciliation et la médiation. A ce jour, la pratique de ces deux MARC est presque inexistante en République démocratique du Congo. Des actes uniformes OHADA prévoient que dans certains litiges le juge ne prenne de décision qu’ en cas d’échec d’une conciliation . Mais aucune précision n’est apportée sur la manière de procéder à cette conciliation. Dès lors on peut s’interroger si le conciliateur peut être qu’un juge et ce juge même ou si la conciliation peut être confiée à un particulier comme on peut le voir sous d’autres cieux. Concernant la médiation, il n’existe encore rien. Mais la nécessité d’un acte uniforme de médiation est affirmée.

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Un avant-projet devrait en principe être présenté aux experts des États-Membres de l’ OHADA pour examen. La participation de la République démocratique du Congo devrait significative. Les experts congolais pourront ainsi s’approprier ce nouveau droit . Ils le vulgariseront ensuite avec aisance et garantiront mieux la promotion de cette pratique dans le pays. Pour conclure, l’assainissement du climat des affaires congolais par le biais des modes alternatifs de résolution de conflit est encore un grand chantier pour le gouvernement congolais et ce chantier nécessite un besoin d’expertise. L’Association pour le Développement de la Pratique de l’Arbitrage en RDC, en sigle ADPARDC, consciente de cela se positionne auprès du gouvernement congolais et de ses partenaires pour apporter l’expertise dont elle aura besoin. En faisant cette proposition ,


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l’ ADPARDC s’appuie sur l’expérience acquise par ses actions ainsi que son réseau d’experts nationaux et internationaux sur les modes alternatifs de résolution des conflits. A ce jour, on compte parmi ses actions en République démocratique du Congo : sa participation au lobbying pour la ratification de la République démocratique du Congo à la Convention de New - Yorket la formation des avocats du barreau de la Gombe en droit de l’arbitrage OHADA et la conception d’un séminaire de formation des arbitres au CENACOM. Elle projette d’organiser dans les mois à venir une formation sur les MARC à Goma et de publier un guide du droit de l’arbitrage à l’usage du juge congolais ainsi que le premier numéro de sa revue juridique de l’arbitrage : la Revue de l’arbitrage de la RDC .

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Pour information, l’Association pour le Développement de la Pratique de l’Arbitrage en RDC, sous le sigle ADPARDC, est en fait une association de promotion des modes alternatifs de résolution en RDC crée en 2009 mais dont la personnalité juridique a été obtenue en vertu de la loi française de 1901 sur les associations le 30 avril 2014. Elle a choisi d’atteindre son objectif en utilisant comme moyen l’information, la formation et lobbying Pour l’ADPARDC Sa présidente Maître KALAMBAY NDAYA Adèle Avocate aux Barreaux de Gombe/RDC et des Hauts de Seine /FRANCE Arbitre CIRDI,CCJA et CENACOM Tel 0033684795776

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Des gisements inexplorés au Kongo Central La prochaine édition IPAD RDC 2015 prévue du 15 au 16 octobre à Kinshasa promet des révélations avec l’annonce d’une séance spéciale dédiée aux opportunités d’exploitation dans cette province réputée pour ses quarante km de façade maritime, ses ports, son pétrole et le barrage Inga plutôt que pour ses mines » L’ex-Bas Congo détiendrait une centaine de carrés miniers utilisés.

Des gisements inexplorés au Kongo Central La prochaine édition IPAD RDC 2015 prévue du 15 au 16 octobre à Kinshasa promet des révélations avec l’annonce d’une séance spéciale dédiée aux opportunités d’exploitation dans cette province réputée pour ses quarante km de façade maritime, ses ports, son pétrole et le barrage Inga plutôt que pour ses mines » L’ex-Bas Congo détiendrait une centaine de carrés miniers utilisés. Les données en notre possession indiquent que le Kongo Central compte exactement 321 carrés miniers mais seulement 181 sont utilisés. L’on estime que plus de 25 tonnes malachites ont été stockées au cours de ces dernières années. A cela, il faut ajouter le potentiel hydraulique très développé. Autre atout, le Kongo Central, la plus petite province du pays avec 55000 kilomètres-carrés, dispose des plus importantes structures à l’échelle nationale avec 4372 kilomètres

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de réseau routier, une ligne ferroviaire et les 3 ports maritimes du pays. En somme, elle a la capacité d’assurer efficacement le transport de minerais. Aussi cette nouvelle prouve-t-elle les formidables opportunités d’affaires qu’offre le Kongo Central, en dehors des activités économiques traditionnelles. Pour les organisateurs de ce forum, les participants généralement les investisseurs et opérateurs miniers, pourront entrer directement en contact avec les partenaires et le ministère provincial des Mines pour faire le point sur les ressources disponibles. Sur ce point précis, l’on fait état de la présence confirmée de cuivre, de bauxite, du phosphate, du zinc, du plomb et de l’étain. La plupart des ressources de cuivre sont signalés à Mbamba Kilende (territoire de Madimba) et Senge Nkusu. Au cours de la séance très attendue sur les mines de l’ex-Bas-Congo, il y aura également des détails sur les données géologiques actuelles et compte-rendu complet des investisseurs déjà présents. Les échanges permettront d’envisager les meilleures stratégies de maximisation de l’exploitation de minerais et métaux industriels. De Laurent Essolomwa pour les dépêches de Brazzaville Numéro 2348


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DÉCOUVERTE PORTRAIT

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AFRIQUE ET MONDE

L’Afrique aussi investit en Chine !

Quatorze milliards de dollars d’investissement des pays africains Par: Bo Li Afrique Renouveau: Août 2015, page 30

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n 2009, la Chine, nouvelle première puissance économique mondiale, remplaça les Etats-Unis comme premier partenaire commercial de l’Afrique. Depuis lors, les investissements chinois sur le continent se sont accélérés. Mais rares sont ceux qui savent que cette relation n’est pas à sens unique. Outre les petits commerces ouverts à Canton – appelée aussi ‘ville chocolat’ en raison de sa grande communauté africaine - des entreprises africaines ont réalisé des investissements considérables en Chine. En 2012, l’Afrique avait investi un total de 14,2 milliards de dollars en Chine, soit une hausse de 43% par rapport à 2009 où les investissements étaient de 9,9 milliards. Rien qu’en 2012, les investissements directs africains en Chine, principalement dans les secteurs pétrochimique et industriel ainsi que dans les secteurs de la vente en gros et au détail, se sont élevés à près de 1,4 milliard de dollars. Ils provenaient notamment d’investisseurs africains venus des Iles Maurice, d’Afrique du Sud, des Seychelles et du Nigéria, selon les données officielles du gouvernement chinois Hors de Chine, peu de gens ont entendu parler de Snow Beer, une bière la plus vendue au monde mais produite et vendue exclusivement en Chine. Encore moins de gens savent que c’est une entreprise africaine, la South African Breweries (SABMiller), qui brasse Snow Beer en partenariat avec une soté chinoise, de même qu’elle produit aussi nombre

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Une cannette de Snow beer. Photo: AP Images /Yi chang

d’autres bières chinoises. SABMiller a commencé à s’implanter en Chine au milieu des années 90 en rachetant des parts du capital des fabricants de bière locaux et en investissant dans la production des marques chinoises les plus connues sans prendre part au fonctionnement et à la gestion quotidiens de ces entreprises. Aujourd’hui, 30 ans après ses premiers investissements, SABMiller est co-propriétaire, avec Chinese Resources, son premier partenaire historique, de plus de 90 brasseries en Chine qui produisent près de 30 marques de bières différentes pour une part de marché de 23%. négociant. Les premiers investissements tunisiens dans la production d’engrais en Chine sont encore plus anciens. Comptant au départ parmi l’un des principaux projets du huitième plan quinquennal de la Chine, la Société


AFRIQUE ET MONDE sino-arabe d’engrais chimiques (SACF) fut conçue comme une initiative conjointe de la Tunisie et de la Chine lors de la visite de l’ancien Premier ministre tunisien Mohamed Mzali à Pékin en 1984. La SACF a su investir constamment dans la modernisation et l’agrandissement de ses installations dès les années 2000, ce qui a permis d’accroître significativement sa production et de renforcer ses capacités de contrôle de la qualité. Largement saluée comme un modèle de réussite en matière de coopération sud-sud, l’entreprise n’a cessé de se développer pour devenir l’un des principaux producteurs d’engrais composés en Chine.

Le gouvernement de Hong-Kong autorise les séjours de 90 jours sans visa pour les ressortissants de nombreux pays africains tels que le Botswana, l’Égypte, le Kenya, le Malawi, la Namibie, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe. C’est donc par cette région administrative spéciale qu’il est le plus facile d’entrer en Chine pour les négociants africains qui représentent la majeure partie des Africains vivant en Chine.

En dépit de la récession qui a compromis les plans d’investissements de la plupart des pays, les investissements directs réalisés par les Seychelles en Chine ont atteint le seuil des 100 millions de dollars en 2009, alors que les investissements chinois aux Seychelles ne furent que de 7 millions de dollars au cours de la même année. Le grand nombre d’entreprises offshore enregistrées en tout anonymat dans ces îles de l’Océan indien pourrait expliquer ce curieux écart, estiment les experts. Des pays comme Maurice ou les Seychelles attirent des sociétés et des entrepreneurs du monde entier en raison de leur régime fiscal, d’une faible réglementation des entreprises et d’une grande souplesse commerciale. De grands rêves pour la ‘petite Afrique’ SABMiller et les autres grandes compagnies citées ne sont représentatives que d’une partie de l’histoire des Africains à la recherche de débouchés économiques en Chine. D’après les médias, plus de 200 000 immigrés africains vivent en Chine. Au cours des neuf premiers mois de 2014, 430 000 arrivées et départs de ressortissants africains ont été enregistrés à Canton, une ville du sud de la Chine qui accueille la plus grande communauté africaine d’Asie et dont certains quartiers sont même exclusivement africains.

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L’Afrique peut-elle financer sa propre croissance ? La mobilisation des ressources internes est une source essentielle de financement Par: Tonderayi Mukeredzi Afrique Renouveau: Août 2015

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algré la croissance exceptionnelle du financement du développement au cours de ces dernières années, l’Afrique peine à mobiliser les ressources nécessaires à sa croissance et à sa transformation. Au vu de l’insuffisance de l’aide extérieure au développement et des faibles prix de ses produits et services, l’Afrique a dû admettre que son développement durable ne pouvait dépendre que de ses propres ressources financières.

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AFRIQUE ET MONDE Selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), le développement des infrastructures africaines pourrait entraîner une hausse de 2 % du produit intérieur brut (PIB) et poser les bases d’une industrialisation rapide, ce qui permettrait de renforcer les capacités du continent à générer davantage de ressources internes. Dans son rapport de mars 2015 intitulé Financements novateurs et transformation économique en Afrique, la CEA évalue les besoins actuels de l’Afrique en matière d’infrastructures à la colossale somme de 93 milliards de dollars par an. Avec 45 milliards mobilisés, le déficit annuel s’élève donc à près de 50 milliards.

Quelles sont les options ? L’Afrique, selon les experts du développement, a réalisé que les sources de financement traditionnelles n’étaient pas viables et ne devaient être considérées comme des solutions de premier recours,.

Oswell Binha, président de l’Association des chambres de commerce et d’industrie de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), affirme que l’Afrique peut créer une économie de 2000 milliards de dollars en simplifiant les règles du commerce et de l’investissement intérieur. «Les débats de l’Organisation mondiale du commerce et des partenariats économiques sur l’ensemble du continent montrent que Comme le dit très justement le Président ivoirien Alas- l’Afrique est consciente de l’importance du commerce sane Ouattara, le plus grand défi de l’Afrique consiste à intra-africain pour la mobilisation des ressources ins’assurer que des sources de financement appropriées ternes », a indiqué M. Binha à Afrique Renouveau. et innovantes viennent appuyer sa transformation. «L’une des solutions consisterait à accélérer le déve- Mateus Magala, représentant résident de la Banque loppement de nos marchés financiers pour activer la africaine de développement (BAD) au Zimbabwe, aftransformation des économies africaines », avait-il dé- firme que l’Afrique est le marché pionnier présentant claré lors du neuvième Forum pour le développement le potentiel d’investissement le plus élevé du monde. de l’Afrique, organisé l’an dernier au Maroc. « Pour ce faire, nous devons développer des produits financiers innovants. » Malgré les progrès réalisés en matière de mobilisation des ressources financières et techniques au développement depuis le Consensus de Monterrey, en mars 2002, l’Afrique sait que beaucoup reste à faire. «Les modèles politiques, de financement et d’investissement actuels ne nous permettront pas de réaliser notre vision d’avenir, ont affirmé les chefs d’État et de « Cela inclut notamment les fonds souverains, les gouvernement africains dans l’avant-projet du docu- fonds de pension, les réserves de change et les transment final de la troisième Conférence sur le finance- ferts de fonds. Le continent dispose également de resment du développement. sources naturelles substantielles, et les pays possédant des industries extractives peuvent tirer parti de cette importante source de revenus », a indiqué M. Magala dans un entretien accordé à Afrique Renouveau.

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Avec la volonté politique et l’autorité nécessaires pour créer les mécanismes de gouvernance appropriés, a-til souligné, les revenus de l’extraction pourraient impulser la transformation du continent en lui permettant d’investir dans la compétitivité, la diversification et l’utilisation efficace et durable des ressources.

de l’Afrique (NEPAD) qui indiquent que les pays africains collectent plus de 527,3 milliards de dollars par an en taxes intérieures, contre 73,7 milliards provenant de flux privés et 51,4 milliards d’aide publique au développement développement. M. Magala croit possible d’obtenir 550 milliards de dollars des réserves extérieures officielles, 200 milliards des fonds de pension, 150 milliards des fonds souverains, 50 milliards de l’investissement direct étranger, 60 milliards des transferts de fonds et 20 000 milliards de la monétisation des ressources naturelles.

Lors d’une Conférence du Groupe africain sur les perspectives en matière de financement du développement organisée au mois de mars, les parties prenantes ont affirmé leur volonté de financer un développement durable en mobilisant les ressources intérieures, en luttant contre la corruption et les flux financiers ilÉpargne intérieure licites (FFI), et en améliorant la gouvernance. Des mécanismes de financement « carbone » peuvent « Pour financer ses priorités de développement, également être exploités plus encore pour mettre en l’Afrique a créé un cadre mettant la mobilisation des œuvre certains des projets du continent. Plusieurs ressources et des échanges intérieurs au service du pays envisagent une taxe sur le carbone pour mobilifinancement des transformations structurelles et du ser des ressources financières supplémentaires et lutdéveloppement durable, en mettant l’accent sur les ter contre les changements climatiques. infrastructures, le capital humain et l’agriculture durable», a déclaré Adam Elhiraika, directeur de la Di- La CEA indique néanmoins que l’épargne intérieure vision des politiques macroéconomiques de la CEA, de l’Afrique reste faible par rapport à celle d’autres lors d’une récente réunion régionale à Addis-Abeba. régions en développement, notamment en raison du nombre important de personnes non bancarisées. Des Pour la CEA, le potentiel de l’Afrique est énorme. progrès sont cependant possibles si les ressources du Le continent peut soutenir, développer et mettre en secteur informel sont mises à profit et que des inciœuvre des instruments financiers intérieurs viables, tations à utiliser les services bancaires officiels sont notamment des flux financiers découlant de la titrisa- développées. Le ratio épargne/PIB de l’Afrique était tion des transferts de fonds, des revenus des minéraux d’environ 22 % entre 2005 et 2010, contre 46 % pour et des combustibles minéraux, des réserves interna- l’Asie orientale et le Pacifique, et 30 % pour les pays à tionales des banques centrales et de la croissance du revenu intermédiaire. marché des fonds de capital-investissement. M. Binha considère que les gouvernements africains Cette thèse est confortée, entre autres, par les don- devraient également promouvoir un environnement nées du Nouveau Partenariat pour le développement favorisant les consultations de haut niveau entre les

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AFRIQUE ET MONDE

les secteurs public et privé.

de mobilisation des ressources internes.

La CEA estime la valeur du marché des capitaux privés africains à environ 30 milliards de dollars. Pour la seule année 2011, les sociétés de financement par capitaux propres ont mobilisé 1,5 milliard de dollars pour des opérations en Afrique.

Plusieurs options politiques ont été proposées pour juguler ces flux; parmi les principales stratégies mises en œuvre, mentionnons la création, par les Ministres des finances de l’Union africaine, d’un Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique, et l’établissement d’initiatives régionales telles que le Programme régional pour l’Afrique en Réduire le coût des transferts de fonds Bien que les transferts de fonds aient atteint 21,8 mil- matière de lutte contre la corruption (2011-2016) et le liards de dollars en moyenne au cours des dix der- Forum africain sur l’administration fiscale. nières années et représentent environ 10 % du PIB de pays tels que le Nigéria et le Sénégal, les experts Pour M. Binha, les problèmes de l’Afrique résident indiquent que le coût des transferts vers l’Afrique de- principalement dans le manque de confiance, un momeure parmi les plus élevés du monde. Pour que les dèle politique défavorable, la rigidité des échanges intransferts de fonds aient un impact sur le développe- térieurs et intra-régionaux, et les différences d’un pays ment, ils doivent être moins chers et utilisés plus effi- à l’autre. « Le manque de confiance fait obstacle à des investissements internes durables, fiables et crédibles. cacement. », ajoute-t-il. . Il peut arriver que les lois de contre-surveillance et de lutte contre le blanchiment d’argent adoptées pour combattre le financement du terrorisme asphyxient les transferts de fonds et entravent la progression du continent. Cela a été le cas récemment, lorsque les banques américaines ont décidé de cesser les transferts de fonds vers la Somalie.

Poursuivre la croissance

Selon la Banque mondiale, le PIB africain devra enregistrer une croissance de 5 % au cours des vingt prochaines années pour atteindre le niveau de financement interne nécessaire. La Banque prévoit un ralentissement de la croissance économique des pays africains – de 4,5 % en 2014 à 4 % en 2015 –, qui reLa lutte contre les flux financiers illicites(FFI) est un flète principalement la chute des prix mondiaux du défi de taille que l’Afrique doit relever de toutes ses pétrole et d’autres produits de base. forces. Ces fuites de capitaux pourraient avoir atteint 854 milliards de dollars entre 1970 et 2008, soit une Lors d’une récente réunion organisée à Washington, perte de financement moyenne annuelle de près de l’économiste en chef de la Région Afrique de la Banque 22 milliards – dont plus de la moitié provient des in- mondiale, Francisco Ferreira, a indiqué aux Ministres dustries extractives. Une restriction des FFI en prove- des finances africains et aux responsables des banques nance du continent pourrait donc stimuler les efforts centrales que cette prévision était inférieure au taux de croissance annuel moyen de 4,4 % des vingt dernières de mobilisation des ressources internes.

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AFRIQUE PERSPECTIVES

années, et largement en deçà des taux record de 6,4 % pour la période 2002-2008. Bien que ce boom soit terminé, a-t-il indiqué, le phénomène de « l’Essor Africain » lui est antérieur et devrait lui survivre. Des mécanismes de financement intérieur innovants tels que le Fonds50 pour l’Afrique, lancé l’an dernier par la BAD, devraient donc prendre la main ou venir compléter d’autres ressources externes et nouvelles sources de financement telles que les pays du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) pour mettre en œuvre l’ambitieux programme de développement de l’Afrique

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