MAGAZINE CONGO BUSINESS NUMÉRO 5

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Numéro05 05 Numéro

RENCONTRES Germain Kambinga Dimitri Boweya Félix M. Ngandu

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Jan - Fév. - Mars 2017

ENQUÊTE

DIASPORA

CONGOLAISE Chiffres et données

OCT - NOV - DÉC. 2016

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TMB, LA PREMIÈRE BANQUE À OFFRIR SA SOLUTION MOBILE AU CONGO

LES DÉCIDEURS ENTRETIEN

Retrait Kambinga Versement partout Germain des salaires en RDC Transfert d’argent Paiement de facture

Paiement marchands Recharge carte bancaire prépayée

Balance, historique 24/24 R.D.C. PERSPECTIVES heures 7/7 jours

cd . e l e p e p . www


SOMMAIRE CALENDRIER & CALENDRIER.....................................................4 ÉDITORIAL de Lawrence Kitoko............................................ .......5

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DÉCIDEURS Germain Kambinga .........................................................................6-9

LEADERS ENTRETIEN

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Dimitri Boweya ........................................................................... 10-15 Felix M. Ngandu............................................................................16-21

R.D.C. PERSPECTIVES Diaspora congolaise : Chriffres et données...............................24-29

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AFRIQUE & MONDE

Considérations stratégiques pour entreprendre en Afrique subsaharienne de l’Afrique francophone ........................................34-37 Le secteur des assurances, le parent pauvre de la finance en Afrique ..........................................................................................38-41

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CONTACT..............................................................................42

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AGENDA & CALENDRIER 2017

RENCOTRE AFRICA 2016

F.E.CA.N. 2017

Le forum Allemagne-Afrique L’Allemagne cherche à rattraper son retard en matière de coopération économique avec l’Afrique par rapport à la Chine, aux Etats Unis, à la France, à la Grande Bretagne, et même à certains pays émergents comme l’Inde, le Brésil et la Corée du Sud. La première puissance économique européenne compte en effet sur le premier forum économique Allemagne-Afrique prévu le 23 mars 2017 à Francfort pour renforcer ses liens commerciaux et familiariser ses entreprises avec le continent.

Forum Economique Congolais en Amérique du Nord (F.E.C.A.N.) est un événement annuel organisé par l’association Solidarité Canado-Congolaise, le FECAN et la Chambre de Commerce Congolaise du Canada en collaboration avec le Congo Business Magazine. L’objectif principal de ce Forum international est d’offrir des outils et approches novatrices pour accroître l’investissement privé en République démocratique du Congo (RDC). Ce rendez-vous international des affaires est prévu du 15 au 16 juin 2017 à Montréal réunira des centaines de participants parmi lesquels des présidents de sociétés, des décideurs congolais et canadiens, des intervenants des organisations internationales et des ONG. www. congobusinessmagazine.com

FORUM ÉCONOMIQUE DU SÉNGAL À MONTRÉAL 3e édition du Forum économique du Sénégal à Montréal les 12 et 13 mai 2017 Montréal abritera la 3ème édition du Forum économique du Sénégal au Canada prévue les 12 et 13 mai prochains, annonce un communiqué signé par Zaccaria Coulibaly, chef du Bureau économique du Sénégal à Ottawa. Le thème portera sur « Les opportunités d’investissement pour les entreprises canadiennes au Sénégal ». Il précise que l’édition de cette année a pour ambition de mettre davantage en lumière l’attractivité du climat des affaires au Sénégal afin de placer notre pays au cœur des destinations privilégiées de l’investissement canadien.

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FORUM AFRICA 2017 La 8e Édition du Forum Africa aura lieu du du 02 au 03 oct. 2017 à Montréal Le Forum Africa 2017 est organisé par Afrique Expansion Magazine, la Banque africaine de développement et Export Québec, en collaboration avec Afreximbank, l’African Business RoundTable (ABR) et le Conseil canadien pour l’Afrique Cette grande rencontre de trois jours vise entre autres à favoriser les investissements privés en Afrique, un continent où plusieurs pays enregistrent des taux de croissance qui avoisinent les 10 %. www.forumafricanada.com


ÉDITORIAL En 2012, lorsque la Banque mondiale pu-

son pays pour répondre aux besoins pri-

bliait le rapport des transferts d’argent via

maires de sa population. En effet, l’argent

western union, le montant des transferts

ainsi reçu permettrait de payer les frais

vers la République Démocratique du Congo

médicaux, d’envoyer des enfants à l’école,

avait fait les choux gras de tous les médias

d’organiser les mariages, les baptêmes, les

de la diaspora congolaise et m’avait laissé dubitatif parce que les transferts étaient évalués à plus 9,3 milliards USD. Le montant de 9,3 milliards USD ne tient pas compte des autres types de transferts d’argent tels que les transferts de Money-Gram, Ria, Money-trans ou encore les circuits parallèles pour envoyer les fonds. Soit l’argent est envoyé par le biais des amis

funérailles, de construire une maison ou d’acheter de quoi nourrir ceux qui sont restés au pays. Il contribuerait aussi à la construction de 60 % des infrastructures et à l’envoi de 4 enfants Congolais sur 10 à l’école. En effet, la situation de la diaspora congolaise est paradoxale dans leurs pays d’adoption parce que les congolais forment la population la plus éduquée, celle qui compte

qui vont en vacances au pays, soit les fonds

de loin le plus d’universitaires, bien plus

passent par des Agences clandestines qui

que les autres communautés immigrées ou

se prolifèrent dans les communautés des

que la population autochtone dans leurs

Congolais de partout.

pays d’accueil. Pourtant, ce haut niveau

L’Organisation des Nations Unis soulignait

d’éducation n’empêche pas un haut niveau

dans son magazine que « la plus grande

de pauvreté et de précarité dans leurs pays

partie des sommes qu’envoient les émigrés

d’adoptions.

congolais n’est pas comptabilisée et n’est

En mon sens, les problèmes que vivrait la

donc pas prise en compte dans les statis-

diaspora dans leur pays d’accueil résulte-

tiques de la Banque africaine de dévelop-

raient d’une part à discrimination sociale

pement (BAD) et de la Banque mondiale.

mais aussi au fait que la diaspora congolaise

Contrairement à l’aide internationale qui

a toujours été à cheval entre le Congo et

est prévisible et budgétisée, les fonds des

leur pays d’adoption de l’autre part. Dès lors

Congolais se caractérisent par leur im-

tout le parcours est placé sous le signe du

prévisibilité aussi bien sur le volume que

«MOMENTANÉ» et de fragilité. Ceci n’est

la régularité des transferts. Si les frais de

pas sans effets sur leurs intégrations socioé-

transaction étaient réduits de 2% (contre les

conomiques avec des graves conséquences

12 et 20% actuels), les fonds envoyés par les

sur leurs familles.

Congolais augmenteraient à 13 ou 15,5 mil-

La diaspora congolaise est un capital hu-

liards de dollars par an », relève la Banque

main, financier et social utile au dévelop-

mondiale ».

pement de la République Démocratique

Nous sommes donc en mesure de nous

du Congo et pour leurs pays d’accueil. En

demander qui est cette diaspora qui

mon sens, le pari pour les décideurs de la

contribue plus que le budget national de

République Démocratique du Congo serait de mettre en place ou de développer un

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climat ou des mécanismes porteurs et favorables aux apports de la diaspora et des migrants au développement de la République Démocratique du Congo. La diaspora congolaise joue un rôle très important dans les efforts du développement économique, social et culturel de la République Démocratique du Congo. En ce jour après plusieurs appels de la diaspora au gouvernement à créer un cadre spécial permettant aux Congolais vivant à l’étranger d’investir en RDC. Les travaux de concertation ont permis d’avoir à nouveau un ministre de la diaspora. Au-delà de ce nouveau ministère, j’inviterai la diaspora d’une part à prendre leur place dans leur pays d’accueil, d’investir toutes les sphères de la société : politique, économique, social, académique et autres pour n’est plus être des citoyens consommateurs mais qu’ils deviennent des citoyens producteurs de richesses. D’autre part, de canaliser et de bien coordonner les efforts pour prendre part à la reconstruction de leur pays.

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DÉCIDEURS INTERVIEW GERMAIN KAMBINGA

Ministre de l’industrie sous le gouvernement Matata

Je pense que la rigueur dans la gestion de la chose publique constitue le point de départ de la bonne gestion de celle-ci. C’est pourquoi je me suis toujours inspiré de tous ceux qui gèrent la chose publique avec beaucoup de rigueur.et au fin fond de moi, je veux que toute la classe politique congolaise place au centre de leurs intérêts le peuple qui est le souverain primaire. Propos recuellis par LKL MCB : Vous étiez le Ministre de l’industrie du gouvernement

G.K : La mise en œuvre de la ZES devait passer par le processus

MATATA, quel est le bilan que vous faites de votre Mandat ?

d’apurement foncier qui a donné naissance au Plan d’Action de Ré-

G.K : Arrivé à la tête du Ministère de l’industrie en fin 2014, nous

installation (PAR) élaboré par un Cabinet international, en l’occur-

avons œuvré sans relâche au sein du Ministère de l’industrie faisant

rence ARTELIA. L’objectif du PAR était de définir les procédures

face à plusieurs défis et nous avons en même temps initié plusieurs

permettant d’organiser au mieux la compensation, le déplacement

réformes en ce qui concerne ; le fonds de promotion de l’industrie,

et la réinstallation des personnes affectées par les activités du pro-

l’obtention de repreneur du projet de la Cimenterie de MAIKO,

jet ZES Maluku. Le PAR a été actualisé en septembre 2015. Ainsi,

promesse électorale du chef de l’Etat à l’ancienne province orien-

l’indemnisation a concerné 181 concessions affectées par la mise

tale, l’installation d’une dizaine d’industries dans la zone écono-

en place de la ZES. A ce jour, le taux d’exécution du PAR est de

mique spéciale pilote de MALUKU et cela conformément à la lettre

plus de 75%. Il reste à poursuivre l’indemnisation des maraîchers

de mission nous assignée. Je peux dire l’ombre du doute que le bilan

en bouclant le budget y afférent d’un montant de 283500 USD et

est positif.

convaincre les concessionnaires expropriés récalcitrants à adhérer au processus d’indemnisation de la ZES. Il faut également noter que

MCB : Comment qualifierez-vous l’état actuel de l’économie du

l’investissement fait sur cette Zone est à hauteur de 300.000.000 de

Congo?

Dollars américains et à ce jour, elle compte déjà une dizaine d’en-

G.K : Notre économie traverse une période de baisse de producti-

treprises installées.

vité causé par des chocs exogènes. C’est une situation qui n’est pas du forcement à la politique économique intérieur mais plutôt à des

MCB : Entant que politiciens, quelle est votre vision pour le

bouleversements extérieurs notamment le cours des matières pre-

Congo dans le contexte de la mort du premier opposant de la

mières au niveau Mondial. J’espère que le gouvernement actuel y

RDC ?

travaille afin de renouer avec la croissance et le retour à la situation

G.K : Je présente mes condoléances à la famille biologique et poli-

d’équilibre et de stabilité comme ce fut le cas de ces cinq dernières

tique de ce grand homme qui a marqué l’histoire politique de notre

années.

pays. Il est vrai que c’est une situation que personne ne peut souhaiter mais je pense une son combat ne représente pas une école à la-

MCB : Durant votre mandat, vous parliez de la mise en place des

quelle j’appartiens. C’est ainsi que ceux qui se disent appartenir à sa

zones économiques spéciales à MALUKU et BUKANGA LON-

famille politique et à son école doivent poursuivre sa philosophie.

ZO. Quels sont les résultats que vous aviez obtenus de ces zones économiques spéciales ?

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DÉCIDEURS INTERVIEW MCB : Selon vous, quel rôle peut jouer le gouvernement dans cette vision ? G.K : Avec son statut de Premier Ministre honoraire, le gouvernement a une responsabilité de prendre les dispositions nécessaires pour une prise en charge total des obsèques afin de lui offrir les honneurs et hommages dignes de son rang. MCB : De plus on attend que vous faites partie de l’opposition présidentielle, qu’avez-vous à dire par rapport à cela ? G.K : je me demande bien ce qu’on appelle opposition présidentielle. C’est un terme pour qui n’a pas une signification claire dans le monde politique.je suis de ceux qui font une analyse juste de la situation du pays dans globalité, que l’on soit de la majorité ou de l’opposition. MCB : Le dialogue de la CENCO se trouve dans une impasse aujourd’hui, pensez-vous que c’est gain de l’opposition ou un gain de la majorité présidentielle en jouant à qui perd gagne ? G.K : Puisque les politiciens ne devraient pas faire la politique pur leurs propres intérêts, il me semble que parler de gain d’un camp ou l’autre n’est qu’une façon de mettre le peuple congolais à l’ecart.je souhaite que les négociations avancent afin de faire face aux autres problèmes que traversent notre pays. Le premier Ministre MATATA PONYO avait déposé son budget 2017, comparativement au budget de l’exercice 2016, il se dégage une diminution de 15% ? Quel est votre analyse entant qu’ancien Ministre du gouvernement MATATA PONYO ? Comme je l’ai dit précédemment, notre économie est une économie extravertie et le moindre choc sur le plan mondial peut facilement avoir des répercussions sur la croissance économique. Cette diminution n’est pas une volonté du gouvernement MATATA mais plutôt le résultat du choc qui a secoué notre économie en 2016 qui n’a pas permis au gouvernement de mobiliser les recettes nécessaires afin de faire une meilleur projection pour l’année 2017. MCB : Pensez-vous que le nouveau premier Ministre sera en mesure de donner à la CENI les moyens suffisants pour organiser les élections pour décembre 2017 ?

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J’espère seulement qu’ils vont y arrivé au-delà de toutes les difficultés et différents chocs qui fragilisent notre économie et rendent quasi-impossible la mobilisé des moyens pouvant servir à l’organisation des élections. MCB : Durant votre Mandat, les médias comparaient votre style avec le ministre français MACRON par rapport à votre rigueur de la chose publique, allez-vous avoir les mêmes ambitions que le lui pour servir votre pays ? G.K : Je pense que la rigueur dans la gestion de la chose publique constitue le point de départ de la bonne gestion de celle-ci. C’est pourquoi je me suis toujours inspiré de tous ceux qui gèrent la chose publique avec beaucoup de rigueur.et au fin fond de moi, je veux que toute la classe politique congolaise place au centre de leurs intérêts le peuple qui est le souverain primaire. MCB : C’est quoi la bourse de solidarité Germain KAMBINGA ? G.K : C’est dans le cadre de nos actions parlementaire à caractère sociale que nous avons décidé qu’avec nos émoluments de député National, allons aider à payer les frais académiques de 20 jeunes congolais, vivant dans un premier lieu à Kinshasa, leurs études post-secondaire. MCB : Si vous aviez le pouvoir de changer trois choses au Congo, quelles seraient-elles par ordre de priorité ? G.K : Premièrement, je changerai la mentalité et la perception de la gestion de la chose publique dans les têtes de tous les congolais, parce que j’ai l’impression que les gens ont perdu foi en la politique et en ses acteurs.je veux que la politique cesse d’incarner l’impuissance parce que c’est ça qui la ronge, mais qu’elle redevienne une source d’espérance surtout pour le souverain primaire qui est victime des toutes les décisions ou comportement de la classe politique. Deuxièment, je restaurerai le pouvoir du peuple ; Enfin, je vais libérer la Liberté.

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DÉCIDEURS INTERVIEW MONSIEUR SANS FAÇON MCB : Parlez nous un peu de vous. Quelle est l’histoire qui se cache derrière le visionnaire qui a créé Sans Façon? SF : Je suis citoyen canadien mais je suis né et j’ai grandi au Congo Zaire où à l’âge de 8 ans, j’ai eu l’idée de commencer un petit commerce durant les grandes vacances. Issu d’une famille relativement aisée, mon père était terriblement choqué mais vu mes demandes incessantes et croyant avoir à faire aux caprices d’un enfant, il finit par consentir. Après un premier investissement qui porta ses fruits, il continua d’investir dans ma petite entreprise. Après 2 mois de grandes vacances à jouer au petit commerçant, j’étais accro. Et je commençais déjà à réfléchir en termes en termes d’expansion. Quand le moment était venu de rentrer à l’école, je fis part à mon père de mon projet de me consacrer aux affaires à temps plein et à abandonner l’école. Bien entendu, il s’y opposa farouchement. Un refus catégorique. Et cette fois ci plus question d’affaires pour moi même à temps partiel. Ma grand-mère qui avait eu vent de cet incident ne dit rien. Cependant presque chaque fois qu’elle me voyait elle me demandait de venir l’aider à faire passer un fil dans le trou d’une aiguille. A l’époque ça m’embêtait beaucoup. Mais avec le temps je me rends compte qu’à travers ces petits exercices elle a démontré qu’avec justesse elle avait vu l’avenir dont je ne percevais que le bout. Je savais que j’étais né pour les affaires mais je ne savais pas exactement pour quel genre d’affaires. Aujourd’hui chaque fois que j’ai une aiguille entre les mains, je pense à elle et je souris. Comme vous le voyez ma grand-mère est celle qui a validé mes ambitions avant tout le monde. Elle leur a donné une certaine légitimité sans chercher à créer ou exacerber une crise au sein de la famille. Dix ans plus tard, je termine mes études au Collège Boboto puis je m’envole vers l’Europe avant de me retrouver au Canada. Et dix ans après mon arrivée au Canada l’idée me vint soudan de me lancer dans la mode et de créer Sans Façon. MCB : Donc votre père vous a d’abord soutenu puis s’est opposé à votre ambition Quels sont vos rapport avec votre père aujourd’hui? SF : Nos rapports sont excellents. C’est un grand fan de Sans Façon qu’il porte d’ailleurs avec panache. En fait mon père est un sapeur-pompier qui m’a protégé du feu qui aurait peut être brûlé mes ailes et provoqué une chute irréversible. J’avais tout de même 8 ans quand je suis allé lui annoncer que je voulais abandonner l’école pour me consacrer aux affaires à temps plein. Il a réagi comme tout excellent père devrait réagir. Avant cette annonce, il avait accepté que je fasse des affaires à temps partiel et uniquement pendant les grandes vacances. Mais de là à accepter d’en faire une occupation à temps plein c’était trop et ne cadrait pas avec l’image de la famille. Quand mon père a dit non à ce que je percevais comme ma vocation c’était pour me protéger et non m’empêcher de voler vers le soleil. Et plus tard il me l’a même très bien expliqué: « Tout le monde peut 10faire de l’argent. Mais tout le monde peut aussi le perdre. L’éducation elle n’est pas


pas réservée à tout le monde. Et ceux qui l’ont ne peuvent jamais la perdre. » Aujourd’hui, mon père est très fier de moi. Il est mon coach qui ne cesse de dire : « Fonce. Ne t’arrête plus même si tu as l’impression de ne pas savoir où tu vas. » MCB : propos comment vous est venue l’idée de créer Sans Façon au Canada? SF : Je suis et j’ai toujours été un rebelle. Je n aime pas suivre les autres. J’aime tracer mon propre sentier. A mon arrivée au Canada, je me suis vite lancé dans la vie active. Trois ans après mon arrivée, je me suis fait embaucher par une compagnie de la place où j’ai très vite commencé à gravir les échelons. Quand 9 ans plus tard je me suis fait virer de cette boîte, dans ma rage j ai voulu créer mon propre monde et relancer mon avenir selon mes propres termes. Non sans façon n’était pas seulement une manière de réclamer mon indépendance non pas seulement par rapport a une vie d employé de carrière mais aussi contre tout système qui chercherait a imposer un mode de pensée unique. Et au-delà de tout ça, non sans façon c était ma manière de signaler aussi que dans même les milieux de la mode je ne venais pas pour copier qui que ce soit ou courber l’échine mais plutôt pour créer un monde à part. MCB : Et « Sans Façon», ça veut dire quoi exactement? Quel sens lui accordez-vous ? SF : Le nom «Sans Façon» veut tout simplement dire : « non merci. » Ceci n’est pas une erreur commise par quelqu’un qui aurait perdu la maîtrise du français mais une interprétation artistique de l’épisode où Abraham devait sacrifier Isaac. Quand il était sur le point de tuer son fils, la voix de Dieu s’éleva pour dire de manière ferme néanmoins polie: «non, sans façon» et de ce fait signifier à Abraham que pour lui plaire un tel extrémisme n’était pas nécessaire... La marque Sans Façon se veut donc de rappeler que pour attirer l’attention de Dieu ou des hommes, on n’a pas besoin d’être un extrémiste. Il faut juste être et non pas chercher à paraître. Car, en fait quand on «se tue» dans la chair pour paraître, du haut de son trône Dieu dit simplement: «Sans Façon!» MCB : Pourquoi avoir choisi de commencer par une collection d’ascots? SF : En 2006, un homme très respectable me voyait toujours porter un ascot autour du cou me demanda où il pourrait acheter des ascots. Chose étrange : Au lieu de lui dire où acheter ces ascots, je promis d’aller moi-même lui en acheter quelques uns. Mais quand j’ai vu le service offert par la boutique qui vendait ces produits j’étais soudain révolté et me décidai que j’allais moi aussi commencer à créer des ascots et offrir un service exceptionnel aux hommes et femmes respectables qui en auraient besoin. J’eus l’idée au mois d’avril 2005. J’ai hésité avant de me lancer dans cette voie. Mais quand mon employeur de l’époque me mit à la porte je me sentis obligé de me lancer dans cette nouvelle voie. Alors le 17 octobre 2006, sous une pluie battante je me rendis aux bureaux du gouvernement canadien pour faire enregistrer ma nouvelle compagnie. Les gens m’ont dit que ça ne marcherait pas car je n’avais pas l’expérience et les moyens nécessaires, dix

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DÉCIDEURS INTERVIEW

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ans plus tard nous sommes toujours ici. MCB : A propos, qu’est-ce qu’un ascot ? SF : L’ascot est accessoire vestimentaire qui dans sa fonction ressemble beaucoup au foulard (Car les deux se nouent autour du cou) mais qui se distingue de par la structure: Le foulard est rectangulaire tandis que l’ascot a une forme rétrécie au milieu et est large vers les deux bouts. MCB : En quoi exactement se différencie-t-il d’une écharpe par exemple ? SF : Votre question traduit l’incompréhension qu’il y a au niveau des termes. Car, un ascot n’a rien à voir avec une écharpe. Les deux sont des accessoires qui se portent près du cou. Mais à la différence fondamentale que l’écharpe se porte au dehors et l’ascot lui est beaucoup plus « intime » car il se porte autour du cou ou tout près de votre chair. MCB : Où sont confectionnés vos articles ? SF : Ils sont pour la plupart confectionnés ici au Canada. Ceci dit, à l’avenir nous pourrions penser à diviser le travail en deux parties : Le design va continuer d’être ici au Canada et la production pourrait alors être exécutée ailleurs. Il ne s’agira pas simplement d’exporter la production vers une usine qui pourra offrir des prix compétitifs mais plutôt vers une autre maison qui comprendrait les vertus de notre art. MCB : Quelle est votre approche par rapport à votre travail dans cet univers ultra compétitif qu’est celui de la mode ? SF : En tant que Directeur Artistique, je ne regarde jamais nos

confiance de ceux qui aiment notre art. MCB : Perspectives d’avenir? Sans Façon dans les grandes surfaces en Europe et en Amérique ? SF : Personnellement je ne suis pas encore très chaud quant à une commercialisation à grande échelle de nos produits pour la simple raison que nous ne faisons pas des œuvres commerciales. Nous produisons de l’art. Une œuvre d’art ne s’étale pas sur les tables d’un marché. Une œuvre d’art a besoin d’un cadre approprié pour sa présentation. Sinon on salit sa propre création et les gens qui sont censés venir apprécier vos œuvres d’art. Car, en dehors de nos ascots, nous produisons aussi des écharpes uniques qui sont basés sur le modèle de kizoba zoba. Ces écharpes sont produites comme des œuvres d’art qui peuvent soit être portées autour du cou ou accrochées comme des tableaux sur les murs d’une maison. Nos écharpes se veulent d’être belles comme des tissus Kente qui sont aujourd’hui utilisés comme décorations dans beaucoup de maisons en Occident. Il y a aussi d’autres créations que je vous invite à venir découvrir sur notre site www.sansfacon.ca Ceci dit, si demain le Conseil d’Administration décide qu’il est temps de changer de stratégie alors je vais me plier à leur volonté. MCB : Comment voyez-vous le développement de votre entreprise dans l’avenir ? SF : Après 10 ans à peaufiner notre art, nous sommes maintenant prêts à passer à l’autre volet qui est le partena riat avec un petit groupe exclusif de distributeurs pour pouvoir amener nos œuvres dans tous les c ontinents où des amateurs ne cessent de se

réalisations comme des œuvres commerciales. Nous ne sommes

manifester. Tout cela se fait bien entendu dans

pas des artisans qui conçoivent des produits afin d’aller les vendre

le respect absolu de ce côté exclusif que nous

au premier venu. Nous ne vendons pas. Nous créons. Ma grand-

voulons maintenir.

mère ne m’a pas appris à être un vendeur. Elle m’a appris à être un

Merci pour cette excellente opportunité d

créateur et à aimer ce que je fais comme une partie de moi-même.

e parler de ce que nous faisons chez Sans Façon.

Chaque création est donc un enfant de notre esprit au sein de la

Je souhaite à toute l’équipe du magazine

compagnie Sans Façon. Et en tant que parents nous leur donnons

Congo Business ainsi que vos familles respectives

des noms bien précis pour lui reconnaître une personnalité à part

un avenir radieux.

entière et un unique avenir. C’est cette approche qui nous a permis de survivre après tant d’années et de continuer de mériter la

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LEADERS ENTRETIEN

C

e jeune qui influence positivement la jeunesse congolaise par des activités citoyennes et de leadership, Jean Félix est un consultant indépendant et formateur impliqué dans l’industrie de la jeunesse. L’un des bénéficiaires de la bourse « Mande-

la Washington Fellowship » 2015 actuellement Coordonnateur National de Young Africain Leaders Initiative-YALI Congo Kinshasa. Amoureux de la RDC, il a partagé avec nous sur son

parcours, sa carrière et ses visions. Propos recuellis par Fady-Ambroise Dibaya W. MCB : Qui est Jean Felix ? JFN : Né à Kinshasa, deuxième enfant d’une famille de 6 (1er garçon), fils de NGANDU DIEMO Heribertus et MWANZA INA MFUMU Colette. J’ai fait mes études en commençant par l’école maternelle à Cardinale MALULA, obtenu mon certificat d’études primaire à l’école Saint Raphaël et en suite je suis parti à Lubumbashi où j’ai décroché mon diplôme d’état au Collège IMARA saint François de Sales en Latin-philo. Je suis Licencié en communication des organisations de l’Université de Lubumbashi. Quand j’ai terminé, je me suis rendu au Zimbabwe pour mon Master dans une université américaine, Africa University au sein de l’Institut de Paix, Leadership et Gouvernance qui se trouve dans cette université. Arrivé au Zimbabwe j’ai commencé par suivre une formation en Anglais intensif dans la même université où j’ai fait mon Master. Pendant que je suivais mon programme d’Anglais je prenais également des Cours de langue Coréenne.

Crédit photo : Lacouronne Photography

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Avant de terminer j’ai eu une période de stage dans une organisation qui s’appelle Christian Care, j’étais en charge d’un camp des réfugiés où la majorité de réfugiés était congolais. Et tout ça c’était des choses qui m’embêtaient un peu. Je n’avais pas encore fini mon Master que j’ai été appelé pour enseigner les Conflits armés en Afrique et

l’Environnement

Sociopolitique

de

l’Afrique à l’Université Maria Malkia. En Juin 2014 j’obtenais mon Master en Paix, Leadership et Gouvernance. Une fois fini (en 2014), je postule à un programme de l’Alliance des Nations Unies pour les Civilisations je suis retenu pour aller à New York et j’étais le tout premier congolais à y participer. Mais entre-temps pendant mon séjour au Zimbabwe, j’ai eu plusieurs certifications avec une université suédoise sur les questions de droit de l’homme, droit des refugiés, et d’autres cer-

Au lieu de commencer une structure j’avais

En dehors de Global Intergrity, je suis en

préféré rejoindre une autre, parce qu’en

train de mettre en place un institut de poli-

échangeant avec des ami(e)s j’avais trouvé

tique publique qui s’appelle BUSWE. Hor-

que ce qu’ils faisaient ou ce qu’ils avaient

mis cela je suis Coordonnateur National du

l’intention de faire rencontraient pour

réseau YALI-Congo, je suis chargé de for-

beaucoup les idées que j’avais. Comme ça

mation de l’ONG Avenir Citoyen (AveC),

j’ai rejoint AveC (Avenir Citoyen) et on à

je travaille beaucoup avec des structures de

commencé à former des jeunes.

jeunesse.

Apres c’est comme ça que plus tard j’ai eu l’opportunité de devenir consultant et for-

MCB : Comment trouvez-vous le temps

mateur pour NDI (National Democratic

pour vous départager ?

Institute) une ONG américaine qui fait la

JFN : Comme consultant indépendant,

promotion de la démocratie. Comme ma

je ne suis pas quelqu’un de tenu par une

spécialité à l’université quand j’ai fait mon

structure où je suis bloqué. Dans le cadre

Master c’était plus du côté gouvernance,

d’AveC par exemple, ce n’est pas un emploi,

gestion de conflit, leadership,…Voilà j’ai

mais une position que j’occupe, c’est du vo-

commencé à former, mais d’avantage j’ai

lontariat, ce n’est pas une structure où tu

formé les jeunes qui sont dans les Ligues

es là en permanence et c’est le cas de YALI

des jeunes des partis politiques sur les ques-

également. Ce qui me prend peut être plus

tions de leadership et de politique.

de temps c’est Global Intergrity avec les re-

Par la suite j’ai eu un autre contrat toujours

cherches.

tificats juste par intérêt.

avec NDI pour donner une formation sur la réflexion prospective sur le processus

MCB : Qu’est-ce que YALI ?

Et après je décide de revenir au pays, mais

électoral en RDC. Donc j’ai dû faire moi-

JFN : YALI (Young Africain Leaders Ini-

même une formation en prospective pour

tiative) c’est une initiative du président

former des gens.

sortant des USA Barack OBAMA pour le

au lieu d’aller à Lubumbashi où se trouve la famille, j’ai décidé d’aller à Kinshasa d’où je suis parti en 1997.

renforcement des capacités des jeunes leaMCB : Que faites-vous actuellement ?

ders africains mise en place depuis 2010.

JFN : Je suis un consultant indépendant,

Dans sa conception actuelle, YALI compte

j’ai travaillé avec NDI et pendant que j’étais

3 composantes et le programme phare est

à Washington pour YALI j’ai rencontré

le Mandela Washington Fellowship. La pre-

le responsable de Global Intergrity (une

mière édition de Mandela Washington Fel-

structure qui suit les tendances de la gou-

lowship a eu lieu en 2014 avec 500 jeunes

vernance et de la corruption dans le monde

africains du Sud-Sahara dont 12 congolais

entier en utilisant des équipes locales) qui

qui se sont retrouvés aux USA dans des

m’a sollicité pour devenir évaluateur natio-

universités pendant six semaines et après ils

nal en RDC 2014-2015. Et cette année je

ont eu un sommet avec le président Barack

personnes qui m’ont permis de rentrer dans

suis devenu chercheur principal de Global

OBAMA en suite en 2015 y a eu encore 500

ce que je voulais faire. Ils se reconnaitront.

Intergrity au Congo.

jeunes qui se sont rendus aux USA, il y avait

Mais en arrivant c’était assez compliqué parce que j’avais des idées sur ce que je voulais faire, créer une structure qui allait s’occuper des jeunes dans le renforcement des capacités, question de leadership, question d’entrepreneuriat, question d’engagement citoyen etc.… Il me fallait trouver un environnement qui allait me permettre de commencer tout ça. Aujourd’hui je peux dire que j’ai été chanceux de tomber sur des

14 congolais dont moi-même.

Jan - Fév. - Mars 2017

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LEADERS ENTRETIEN Mandela Washington Fellowship C’est 3 programmes : Business et entrepreneuriat, Leadership civique et Publique management, et moi j’étais dans public management. C’est-à-dire, la gestion de la chose publique. MCB : Comment êtes-vous devenu coordonnateur national de YALI-Congo et en quoi cela consiste? JFN : Après 2014, il y a eu une forte volonté de réunir les YALI, d’organiser une structure qui puisse gérer ou coordonner les YALI dans le pays comme dans d’autres pays aussi. Il y a d’abord eu une plate-forme en ligne avec Google où l’on rajoutait les jeunes qui sont membres du réseau YALI en ligne. Finalement il s’est posé un problème, il fallait formaliser la structure et avec d’autres YALI, y a eu l’idée de se réunir à Kinshasa en mars 2016. Nous avons eu des jours des travaux sur la création de la structure et le dernier jour y a eu des élections. Je n’avais jamais pensé à être coordonnateur national, mais y a eu des voix qui m’ont poussées à poser ma candidature, je l’ai fait et j’ai été élu pour un mandat de 2 ans non renouvelable en présence des représentants de l’ambassade des USA. Comme coordonnateur national, je suis là pour coordonner toutes les activités du réseau. On élabore un programme national sur les formations qui vont dans le sens des domaines de Business et entrepreneuriat, Leadership civique et Public management. Ces programmes sont suivis à travers le pays avec les autres coordinations provinciales qui sont autonomes. Dans mon travail, j’essaye de faire en sorte de davan-

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Crédit photo : Lacouronne Photography tage faire connaitre le réseau YALI à tra-

MCB : Quelle est la contribution de YALI

vers le pays, faire en sorte que les jeunes

dans la jeunesse congolaise ainsi que tous

congolais bénéficient au programme des

ces programmes et actions qui l’accom-

formations que ça soit aux USA ou à Nairo-

pagnent ?

bi et même ici sur place à travers des cours

JFN : L’idée derrière YALI c’est de renforcer

que nous avons en ligne, des formations et

les capacités des jeunes leaders africains.

conférences que nous organisons.

Généralement ce sont de jeunes qui sont déjà engagés dans leurs communautés, qui

MCB : Etant donné que YALI est une

font bouger certaines choses, qui sont des

initiative du président Barack OBAMA,

acteurs de changement dans leurs commu-

remplacé aujourd’hui par Donald TRU-

nautés qui sont sélectionnés pour participer

MP qui nous a montré sa position sur la

aux programmes Yali (USA, KENYA). Yali

politique étrangère lors de la campagne

leur donne des connaissances et outils dont

électorale. Ne craignez-vous donc pas

ils ont besoin pour améliorer ce qu’ils font

qu’il puisse suspendre le programme?

déjà. Pour être pris dans business et entre-

JFN : Ça ce sont des choses qu’on verra…

preneuriat par exemple, il faudrait montrer des connaissances dans ce domaine, soit

En 2015 nous avions posé la question au

avoir déjà un business qui roule ou avoir

Président Obama de savoir si le programme

des idées pour construire un business.

allait continuer après lui. Sa réponse était que le programme va continuer. Il pense

En termes d’impact, quand les jeunes re-

que le programme va continuer parce qu’il

viennent des formations YALI, il y en a

va être institutionnalisé. Donc il ne va plus

qui bénéficient des subventions pour le

dépendre de l’administration Obama.

lancement de leurs projets ou pour renforcer leurs business. Et à leur retour au


pays ils influencent leurs communautés

de public management parce que je travail

par l’amélioration de leurs business. Ces

de tel sorte à améliorer la gouvernance en

jeunes reçoivent des connaissances qui leur

RDC.

permettent d’améliorer leurs performances comme leader, le travail de leurs différentes

MCB : C’est quoi le volontariat et qu’est-

structures

ce que vous gagnez en retour ?

Autre chose avec YALI c’est ce qu’on ap-

JFN : Pour moi, le volontariat c’est donner

pelle le Giving Back to the community, c’est

de son temps, de sa personne, de son in-

rendre à la communauté. Nous qui avons

telligence, de son énergie pour contribuer

bénéficié, on ne garde pas ces connais-

à un bien-être commun au sein de la com-

sances pour nous, on doit partager avec les

munauté.

autres. C’est ainsi que nous organisons des formations par-ci, par la pour permettre à

Nous, les Alumni (Anciens boursiers de

ceux la qui n’ont pas eu la chance d’aller là-

programmes d’échanges sponsorisés par le

bas d’avoir les mêmes connaissances que de

Département d’Etat Américain) avons lan-

fois notre système éducatif ne nous donne

cé un programme qu’on appelle le Commu-

pas.

nity Service Day (CSD) c’est-à-dire jour de service communautaire. Tous les mois une

Et s’il faudrait que je revienne à moi, le tra-

fois, nous descendons quelque part rendre

vail que j’ai fait avec NDI comme consul-

des services gratuits dans la communauté

tant et formateur des jeunes des partis

et aujourd’hui nous avons atteint un grand

politiques, me renforce dans la position

nombre de volontaires qui viennent.

MCB : Qu’est-ce que l’on gagne ? JFN : Déjà, pas de l’argent, mais nous gagnons beaucoup. Le volontariat est une sorte de formation car on acquiert de l’expérience qui peut nous servir à l’avenir ( Le volontariat est considéré dans beaucoup de structures comme une expérience professionnelle. Ce qui est une bonne chose pour les Etudiants et ceux qui viennent de terminer les études. Dans les structures internationales par exemple le volontariat a une importance. Au-delà de tout ça, en faisant du volontariat tu contribues au bien-être de ta communauté, le volontariat t’apporte une sorte de reconnaissance sociale, ça te permet de rencontrer des gens qui peuvent t’ouvrir des portes dans l’avenir. Qui sait?

Crédit photo : Lacouronne Photography

Jan - Fév. - Mars 2017

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LEADERS ENTRETIEN MCB : Pendant que vous organisez vos activités dans le cadre de CSD, y a-t-il des sponsors qui sont derrière vous ? JFN : Non, il y a pas de sponsors, c’est vraiment du volontariat. Le don en matériel ce n’est pas ce qui vient en premier pour nous. Ce qui compte le plus pour nous, c’est le don de soi, donner de sa personne, mais des fois quand on a l’occasion de faire un don de matériel , on le fait. Comme par exemple quand on a besoin de repeindre une école ou réparer des bancs, on effectue un appel à la contribution où chacun apporte ce qu’il peut (des clous, des ciments, de la peinture, des brosses, etc.). MCB : Pensez-vous avoir atteint le quota normal des volontaires partout dans le pays ? JFN : On veut avoir d’avantage des volontaires, on veut avoir beaucoup plus de gens parce que l’idée c’est de transmettre une culture. Plus on aura des gens, plus la

Crédit photo : Lacouronne Photography MCB : C’est quoi le leadership ? JFN : Par essence, le leadership est une forme de volontariat. Parce que si l’on doit prendre un leader c’est quelqu’un qui a une vision qui veut amener les gens à atteindre

culture va s’installer. L’idée c’est plus tard

un objectif commun, il sait comment y arri-

avoir des millions de volontaires dans le

ver, mais il doit transmettre cela aux autres

pays.

parce que seul il n’y arrivera pas, il y arrive qu’avec le concours des autres. La base c’est

MCB : Pourquoi pas du Congolais un vo-

le volontariat.

lontaire, une personne engagée dans la vie de son pays ?

L’objectif du leadership c’est de créer d’autres

JFN : Nous avons des grandes ambitions

leaders c’est de transformer les gens. C’est

par rapport à ça qui vont au-delà du rêve,

pour ça que le leader agit en montrant

c’est une vision pour que ça devienne un vé-

l’exemple, lui-même devient un volontaire,

ritable phénomène dans notre société.

lui-même est dans l’action, et ensemble vous êtes transformé. Ce n’est pas quelqu’un

Et à chaque fois que les volontaires arrivent,

d’accompli ou qui n’a plus besoin d’avancer,

nous leur demandons d’aller multiplier ces

c’est quelqu’un qui continue à se perfection-

connaissances ailleurs.

ner et il se perfectionne dans l’échange avec les autres, il se perfectionne dans le fait que

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les autres grandissent et s’améliorent.

MCB : En tant qu’un jeune leader congolais, encouragez-vous les jeunes à jouer à la DV Lottery ? JFN : En ce qui me concerne, je ne me suis jamais vu postuler à la DV Lottery, peut être que ça changera un jour... Mais je pense que ça dépend de ce que les gens recherchent, s’il y a des jeunes qui veulent aller étudier, apprendre certaines choses par exemple ou qui ont des intentions nobles et que c’est la voie pour eux d’y arriver pourquoi pas. Ce qui serait mauvais c’est de croire qu’aller aux usa c’est la fin de tous les maux. Vous œuvrez dans les activités qui encouragent l’entrepreneuriat, le leadership, la démocratie et le développement. Quel est votre point de vue sur la situation politique actuelle de la RDC où la démocratie semble être handicapée et comment pensez-vous que la RDC pourrait se développer et améliorer ses conditions de vie


partant de ses ressources humaines et ri-

tage s’impliquer dans les questions d’ac-

ernement, l’assemblée nationale… BUSWE

chesses naturelles actuelles ?

compagnement des jeunes. Il y a plusieurs

nous permettra de quitter dans le monde

JFN : La situation actuelle est une situa-

structures des jeunes qui essayent de se

des théories superficielles et d’avoir des su-

tion très délicate. On devait organiser les

battre en donnant le meilleur . Elles ont be-

jets enrichis qui vont faire avancer le pays,

élections, on se retrouve à un point où les

soin de l’appui de l’Etat, cet appui ne sera

élections ne sont pas probables. C’est dou-

pas nécessairement financier, mais des fois

nous l’espérons.

loureux de voir que nous sommes un pays

l’impression juste de se savoir soutenu, ac-

avec un énorme potentiel, ce qu’on a les res-

compagné, permet de se donner d’avantage.

sources qu’il faut pour bien faire les choses, mais on ne l’a pas fait et on a là, l’occasion

MCB : Avez-vous des ambitions poli-

d’envoyer un signal fort au reste du monde

tiques ou d’autres types d’ambitions ?

par rapport à l’avenir de la démocratie dans

JFN : Je pense que l’avenir nous en dira

notre pays, si nous réussissons à avoir une

d’avantage.

rencontrez par rapport à vos activités ? JFN : Avec le CSD La difficulté que nous pouvons souligner est celle liée aux moyens financiers. Parce que si l’on voudrait vraiment impacter comme on le +souhaite, il faudrait qu’il y ait beaucoup des moyens.

bonne transition. Ça sera une très bonne chose.

MCB : Quelles sont les difficultés que vous

Mes ambitions ne tournent pas nécessairement autour de ma personne, mon sou-

Il faut voir dans quelle mesure amener

ci c’est de contribuer à construire un pays

le potentiel humain à fonctionner à son

grand où il fait beau d’y vivre…

maximum, c’est-à-dire comment est-ce

Je vis ce que j’ai appris au quotidien. J’ai

que développer d’avantage l’humain. Aus-

toujours pensé que l’influence pour moi ne

si longtemps qu’on n’aura pas créé cet hu-

se résume pas à une position, à occuper un

main capable de porter cette émergence, ça

quelconque poste pour influencer.

va rester dans le monde des rêves. Le plus

Je suis quelqu’un d’ambitieux, j’ai une struc-

important c’est de renforcer l’humain et ça

ture (BUSWE) qui apportera beaucoup

avec notre système éducatif.

dans les années à venir. C’est un réservoir de pensées. L’idée c’est d’avoir une structure

Bien que certains considèrent ça comme

qui travaille sur les politiques publiques,

une malédiction, on a quand même la

c’est-à-dire on mène des recherches et on

chance d’avoir ces ressources naturelles et

propose des politiques publiques innono-

si l’on sait les exploiter, ça sera une bonne

vantes. Et on devra travailler avec le gouv

Après une activité, quand vous partez avec le sentiment de n’avoir pas assez donné, de n’avoir pas fait ce qu’il fallait, cela dérange un peu. Mais le fait d’avoir donné avec le cœur nous apaise. L’autre difficulté est la non implication de l’Etat. C’est quand même triste de voir que c’est plutôt des structures étrangères qui vous aident et accompagnent alors que votre propre gouvernement ne s’implique pas vraiment. Et avec YALI, la difficulté est qu’au lieu d’être vu comme un acteur à utiliser pour influencer positivement le pays, vous êtes vu comme des opposants, des gens qui veulent renverser le pouvoir.

chose. C’est ainsi il faut avoir l’homme capable de les exploiter. MCB : Quel est le rôle que devrait jouer l’Etat congolais dans ce que vous faites et qu’a-t-il déjà apporté comme contribution ? JFN : En termes de contribution, je ne voudrais pas dire rien… Je crois que gouvernement devrait d’avan-

Jan - Fév. - Mars 2017

Crédit photo : Lacouronne Photography

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DÉCIDEURS INTERVIEW

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L’ECONOMY QUI OFFRE PLUS. Brussels Airlines améliore l’expérience de vol de ses passagers grâce à Economy Privilege.

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23


R.D.C. PERSPECTIVES

DIASPORA CONGOLAISE CHIFFRES ET DONNÉES

C

omposée de 2 à 7 millions d’individus, établis le plus souvent en Belgique, en France, en Angleterre, aux Pays-Bas, aux États-Unis ou au Canada , la diaspora congolaise constitue, selon toute vraisemblance, la diaspora la plus importante du continent africain. Christian Kazumba Etat des lieux Malgré la création récente d’un ministère des congolais de l’étranger le 6 Décembre 2014 (résurgence d’une première tentative en 2006), peu de chiffres précis circulent officiellement quant au nombre de ressortissants de la RDC vivant à l’étranger. Composée de 2 à 7 millions d’individus, établis le plus souvent en Belgique, en France, en Angleterre, aux Pays-Bas, aux États-Unis ou au Canada , la diaspora congolaise constitue, selon toute vraisemblance, la diaspora la plus importante du continent africain. Au sein de cette diaspora, se trouve un grand nombre de congolais ayant directement bénéficié de la qualité de la formation scolaire et universitaire dispensée dans leur pays d’accueil et ayant réalisé un début de carrière professionnelle, aussi brillant qu’enrichissant, dans des entreprises occidentales bien souvent beaucoup plus structurées que celles implantées sur le continent. Grâce à leur niveau d’études, parfois impressionnant, et aux responsabilités professionnelles qu’ils ont pu exercer, ils ont acquis et accumulé une expertise qui serait fort précieuse pour un pays dont l’émergence économique est planifiée pour 2030, mais dont l’indice de

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développement humain se situe encore à la 176ème place du classement international

chocs exogènes (diminution du prix des matières premières).

• La RDC est arrivée en 184ème position du classement «doing business» de la Banque mondiale pour 2016. En conséquence, elle

de 2015…. De plus, la contribution des congolais de

Quelques exemples chiffrés, parmi tant

fait partie, selon cette source, des 10 pays

l’étranger à l’économie locale ne souffre

d’autres, peuvent être mentionnés :

de la planète ou le climat des affaires est le plus dégradé.

d’aucune contestation possible. En effet, selon le magazine des nations unies « Afrique

• En dépit de la stabilisation du cadre

renouveau », les transferts de fonds réalisés

macro-économique

par les nationaux résidant hors des fron-

2010 et 2015 et symbolisée par une crois-

tières congolaises ont atteint un montant

sance impressionnante et supérieure à la

record de 9 milliards de dollars US sur l’an-

moyenne subsaharienne (plus de 7% en

née en 2011, soit :

par an durant cette période), le produit in-

- près de la moitié du PIB local.

térieur brut nominal du Congo ne dépasse

• Provoquer une réflexion sur l’adoption de

- un peu plus de l’équivalent du budget de

pas 30 milliards de dollars, soit à peine 1%

la double nationalité.

l’état.

du PIB français (alors que la RDC a une su-

La constitution de Février 2006, en son ar-

- plus de quatre fois l’aide publique au déve-

perficie équivalente à près de cinq fois celle

ticle 10, stipule que la nationalité congolaise

loppement en RD Congo.

de la France).

est « une et exclusive ». En d’autres termes,

enregistrée

entre

Vers quelles solutions s’acheminer pour faciliter le retour de la diaspora au Congo ?

la loi suprême proscrit, de manière très

D’après une étude réalisée par la Banque mondiale, ces sommes d’argent auraient

• Le budget de l’état en RD Congo est, à

stricte, toute situation de double nationalité

permis de financer la scolarisation de quatre

date, de l’ordre de 8 milliards de dollars US.

dans ce pays.

enfants congolais sur dix et la construction

Même si sa progression est substantielle,

En conséquence, les personnes issues

de plus de la moitié des infrastructures lo-

puisqu’il était limité à 300 millions de dol-

d’une double culture (de plus en plus nom-

cales.

lars à la fin des années 90, il convient de

breuses) et les congolais ayant immigré en

Il apparait clairement que, de par le nombre

souligner qu’il ne représente environ que

Europe, en Amérique ou dans un autre

d’individus dont elle est composée et de par

2% du budget de l’état français.

pays africain, et ayant pris, pour des raisons diverses et variées, la nationalité de leur

ses moyens financiers, la diaspora congolaise pourrait générer des investissements

• Malgré les progrès incontestables enregis-

pays d’accueil sont considérés, aujourd’hui,

égaux ou supérieurs à ceux émanant des

trés par le secteur bancaire congolais depuis

comme des étrangers dans leur propre pays

investisseurs étrangers…..

une quinzaine d’années, la somme du total

d’origine.

du bilan de l’ensemble des établissements

L’immensité de la RDC (deuxième pays le

bancaires implantés au Congo (entre 4 et 5

plus vaste du continent) et sa position géo-

milliards de dollars US) équivaut à moins

graphique centrale lui confèrent plus de 10

de 0,5 % du total du bilan de la BNP ou du

000 kilomètres de frontières communes

Crédit agricole….

avec neuf nations différentes. La porosité

Pourquoi le retour de la diaspora est-il stratégique pour l’économie congolaise ?

de ces très longues frontières explique la

Des chantiers considérables, auxquels la diaspora doit impérativement participer

• Le chiffre d’affaires du marché congolais

présence, sur le territoire congolais, de plu-

et apporter son expertise, restent à piloter

des assurances (vie et non vie) est inférieur

sieurs centaines de milliers de ressortissants

dans un pays dont l’économie est touchée

à celui du Gabon, pays qui compte pourtant

de certains pays limitrophes (Centrafrique,

de plein fouet, depuis fin 2015, par des

45 fois moins d’habitant que la RD Congo.

Rwanda, Burundi etc….) fuyant principale-

Jan - Fév. - Mars 2017

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R.D.C. PERSPECTIVES ment les conflits militaires de la région.

De manière paradoxale, la lenteur et la

étrangère et d’origine congolaise dans une

Par ailleurs, l’identification de la popula-

lourdeur du process d’obtention des visas

entreprise locale.

tion a toujours été plus que problématique

en RDC s’accompagnent d’une tarification

en RD Congo, la dernière carte d’identité

élevée, et sensiblement supérieure, par

Ainsi, des quotas d’expatriés ont été ins-

en vigueur datant ….de l’époque du maré-

exemple, à celle pratiquée par le Kenya ou

taurés dans tous les secteurs de la vie éco-

chal Mobutu.

le Burkina Faso, pays pour lesquels le visa

nomique du pays. A titre d’exemple, un

On peut donc aisément comprendre les

peut être obtenu de manière quasi instan-

établissement bancaire ne peut pas comp-

réticences de certains à la suppression du

tanée lors de l’arrivée à l’aéroport...

ter plus de 4% de salariés étrangers au sein

caractère exclusif de la nationalité congo-

Si l’on englobe les différentes taxes préle-

de son personnel.

laise.

vées à l’occasion de votre départ de l’aéro-

Par ailleurs, une imposition exception-

Néanmoins, la RD Congo ne pourra pas

port de Kinshasa («IDEF» et « taxe statis-

nelle frappe la rémunération du personnel

faire l’économie d’un grand débat national

tique d’embarquement »), les formalités

expatrié. A la charge exclusive de l’em-

sur ce sujet, aussi stratégique que délicat,

administratives, pour entrer et sortir de

ployeur, elle est prélevée sur la base d’un

pour lequel de plus en plus de représen-

la RD Congo vous couteront, au total, un

taux d’imposition de 10 %.

tants des congolais de l’étranger souhaitent

minimum de 150 dollars américains !

s’impliquer durablement.

Il serait temps que les autorités congolaises instaurent un système de carte consulaire,

• Modifier la procédure de délivrance des

délivrée une fois pour toute, et permettant

visas.

à tout étranger d’origine congolaise de cir-

Contrairement à ce qu’avaient recomman-

culer librement, quel que soit son lieu de

dé les dernières concertations nationales

résidence, sur l’ensemble du territoire.

du 5 Octobre 2013, une personne de nationalité étrangère, et d’origine congolaise,

• Réformer la législation du travail et la fis-

est toujours tenue de se faire délivrer un

calité congolaise.

visa afin de séjourner, pour quelque motif

Afin d’éviter ces inconvénients, il est de notoriété publique qu’un certain nombre d’entreprises incitent des candidats de valeur à transgresser la loi suprême, en se procurant un passeport congolais (ce qui n’est pas d’une complexité extrême pour quiconque possède un minimum de relation dans l’administration locale et est prêt à « motiver » son interlocuteur

que ce soit, en RD Congo.

Il existe de nombreux freins législatifs à

grâce à quelques billets de banque habi-

De surcroit, les formalités, loin d’avoir été

l’embauche d’une personne de nationalité

lement placés au bon moment et au bon

simplifiées, sont aujourd’hui plus complexes et plus longues qu’auparavant. En effet, il vous sera demandé désormais de faire parvenir par la poste, à l’ambassade de RDC à Paris, l’ensemble de vos pièces justificatives (y compris l’original de votre passeport). De plus, l’autorisation de la chancellerie du ministère des affaires étrangères, localisée à Kinshasa, doit systématiquement être sollicitée par l’ambassade, avant de délivrer le précieux sésame…

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L ADIASPOR A CONGOLAISEÀ TRAVERS LE MONDE Jan - Fév. - Mars 2017

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R.D.C. PERSPECTIVES étrangère et d’origine congolaise dans une entreprise locale. Ainsi, des quotas d’expatriés ont été instaurés dans tous les secteurs de la vie économique du pays. A titre d’exemple, un établissement bancaire ne peut pas compter plus de 4% de salariés étrangers au sein de son personnel. Par ailleurs, une imposition exceptionnelle frappe la rémunération du personnel expatrié. A la charge exclusive de l’employeur, elle est prélevée sur la base d’un taux d’imposition de 10 %. Afin d’éviter ces inconvénients, il est de notoriété publique qu’un certain nombre d’entreprises incitent des candidats de valeur à transgresser la loi suprême, en se procurant un passeport congolais (ce qui n’est pas d’une complexité extrême pour quiconque possède un minimum de relation dans l’administration locale et est prêt à « motiver » son interlocuteur grâce à quelques billets de banque habilement placés au bon moment et au bon endroit….). Il est donc possible de s’interroger sur la pertinence du maintien de dispositifs réglementaires assez aisément contournables et qui, finalement, ne servent qu’à démotiver les bonnes volontés et les compétences de rentrer au pays.

28


Conclusion Des mesures intéressantes avaient été récemment initiées par les pouvoirs publics congolais. Ainsi, à titre d’exemple : - un guichet unique, limitant les formalités administratives relatives à la création d’entreprise à 72 heures, a vu le jour en Novembre 2012. - les accords de l’OHADA ont été ratifiés, par la RD Congo, en Septembre 2012 et la convention de New-York de 1958 (relative à l’arbitrage et à la sécurisation des investissements) en Juin 2013. - la bancarisation de la paie des fonctionnaires, initiée en 2011, a conduit plus de 700 000 agents de l’état à percevoir leurs salaires par voie bancaire, alors que seuls 2 500 d’entre eux percevaient leurs rémunérations par ce biais avant le démarrage de ce process. Néanmoins, la dure réalité des chiffres est venue nous rappeler, il y a quelques mois, que l’économie congolaise soufre d’une carence incontestable de diversification et repose encore beaucoup trop sur la « rente », c’est-à-dire sur l’exportation de produits de base non transformés localement. La dégradation substantielle du cadre macro-économique, enregistrée depuis fin 2015 et liée principalement à la chute vertigineuse du prix de certaines matières premières que la RDC exporte massivement (le cuivre par exemple) et à un environnement politique incertain, pèse lourdement sur le quotidien de la population (croissance économique ralentie à 2,5 %, dépréciation du taux de change et inflation galopante…). Selon toute vraisemblance, et pour la première fois depuis quelques années, l’augmentation de la population sera plus importante que celle du Produit Intérieur Brut au Congo en 2016 et 2017, induisant un recul du PIB par habitant. Il est donc urgent que la RDC mette en place un véritable plan d’actions visant, notamment, à augmenter le montant des investissements directs étrangers, à promouvoir son industrialisation et l’essor de son secteur tertiaire (services). Cela passe aussi par une vraie politique d’incitation au retour des talents et des expertises professionnelles dont sa diaspora ne manque pas, à l’instar de ce qu’ont déjà réalisé le Rwanda ou

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DÉCIDEURS INTERVIEW

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Jan - Fév. - Mars 2017

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Jan - Fév. - Mars 2017

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C

AFRIQUE & MONDE

onsidérations stratégiques pour en

par Cédric Longange

Plusieurs entreprises et entrepreneurs occi-

quantaine de pays, a une population totale

dentaux se tournent à présent vers l’Afrique

d’environ 988 millions d’habitants¹, ce qui

en tant que nouvelle terre d’opportunités.

constitue une énorme base de consom-

En effet, ce continent est considéré comme

mateurs potentiels à exploiter. Un pays

l’un des terrains les plus prometteurs pour

comme la République Démocratique

le monde des affaires. Cet article analyse en

du Congo (RDC) compte à lui seul

particulier la région de l’Afrique subsaha-

près de 87 millions d’âmes. Au travers

rienne séparée du Maghreb par le désert

toute l’Afrique subsaharienne, la consom-

du Sahara. L’objectif est de déterminer les

mation se développe positivement, attei-

éléments qui joueraient un rôle important

gnant des taux de croissance appréciables en

dans l’établissement d’une stratégie d’entrée

2016 : 7% en Ouganda, 6% en Côte d’Ivoire

sur ce marché et le développement d’une

et 5% au Nigeria. Ce qui est en contraste

activité profitable dans la région.

avec le taux de croissance de la consommation dans la zone OCDE (1.4%) ou l’Asie

Dans le cadre de notre prospection, nous

(2%). Cette croissance de la consommation

allons utiliser une méthode d’analyse ap-

en Afrique est causée par une urbanisation

pelée SWOT (Strengths, Weaknesses, Op-

croissante: il est estimé que 24 millions de

portunities, Threats), qui est un acronyme

paysans émigreront vers les villes d’ici 2045,

anglais signifiant « Forces-Faiblesses-Op-

contre seulement 9 millions en Chine.

portunités-Menaces ».

Utilisée comme

mesures ont été prises partout pour faciliter

outil de gestion stratégique, cette méthode

 Selon l’indice de facilité de conduire des

le démarrage d’une entreprise, telles que la

analyse les forces et les faiblesses ainsi que

affaires en Afrique de la Banque mondiale,

simplification des démarches nécessaires et

les opportunités et menaces du sujet à étu-

les cinq premiers pays de la région pour

la mise en place d’un guichet unique.

dier. En effet, le modèle SWOT va nous

2016 sont respectivement l’île Maurice, le

permettre d’analyser l’environnement in-

Rwanda, l’Afrique du Sud, le Botswana et

terne et externe de la région subsaharienne

le Kenya. Une bonne place dans ce clas-

d’énormes ressources en matières pre-

et proposer quelques recommandations.

sement indique que le climat des affaires

mières. Le classement des pays produc-

est favorable à l’entreprenariat. Si l’on ne

teurs de pétrole de la région est dominé

L’Afrique

subsaharienne

dispose

Quelles sont les forces de la région considère uniquement que le critère de la subsaharienne ? facilité de la création d’entreprises, la Répu-

par le Nigeria suivi de l’Angola. La Côte

blique Démocratique du Congo figure à la

de cacao tandis que le Burkina Faso est le

Voici une liste non-exhaustive de trois

13ème position juste derrière le Sénégal sur

leader dans la production de coton. La

points forts relevés ci-dessous :

la cinquantaine des pays de la région. En

République Démocratique du Congo a des

 La région, composée de près d’une cin-

général, bien qu’à des degrés différents, des

ressources naturelles si abondantes qu’un

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d’Ivoire est le premier producteur mondial


ntreprendre en Afrique subsaharienne géologue belge du nom de Jules Cormet

la crise financière de 2008, ralentissant à

dans des pays plus stables, il y a encore eu

l’avait qualifié de scandale géologique.

3% l’an dernier. En 2016, on s’attendait à

récemment quelques poches d’agitation.

L’économie de la région dépend essentiel-

ce qu’elle atteigne son niveau le plus bas

Des systèmes efficaces de santé doivent être

lement de l’exportation de ces riches res-

depuis plusieurs années, soit moins que le

effectivement mis en place au travers toute

sources du sol et du sous-sol. L’industrie

taux de croissance de la population.

la région subsaharienne pour anticiper et

de l’extraction des matières premières est

faire face à des épidémies comme l’Ebola.

donc un secteur très porteur. Les profits

 Bien que des réalisations aient été enre-

des négociants de ce secteur dépassent ceux

gistrées pour lutter contre la fraude telles

En ce qui concerne les opportunités de la

des banques4. En outre, la région est consi-

que la corruption dans les contrats publics,

région, voici les deux principales qui ont été

dérée comme une réserve de main-d’œuvre

les procédures juridiques ou les questions

relevées:

pas chère.

fiscales, la corruption est encore monnaie courante dans certains pays de la région

 Paradoxalement, le retard du dévelop-

Afrique subsaharienne. Il faudrait noter

pement des infrastructures est également

que selon ‘Transparency International’,

une opportunité d’investissement.

aucun pays du monde n’est complètement

pays ne seront pas en mesure de financer

épargné de la gangrène de la corruption.

eux-mêmes tous les investissements en

Néanmoins dans le classement mondial des

infrastructures.

pays les plus ‘propres’, le Botswana, qui est

ments à long terme doivent être engagés

En voici trois également :

le mieux placé de la région subsaharienne,

pour concourir au développement de la

 En dépit de quelques relatives avancées,

n’est qu’à la 28ème place, suivi du Cap Vert

région. Il existe diverses opportunités d’af-

le retard au niveau des infrastructures dans

et du Rwanda, respectivement à la 40ème et

faires intéressantes dans la région, comme

certains coins, en ce qui concerne le trans-

44ème position. Le pays qui est à la 167ème

le conseille un panel de managers de DHL

port, l’électricité ou l’internet, reste tout

et dernière place de cette liste mondiale est

dans leurs territoires respectifs. Il reste en-

de même considérable. Ce qui peut être

la Somalie, un des pays de la région6. En

core beaucoup à créer à partir de zéro ou

un challenge pour le bon fonctionnement

outre, il existe une différence culturelle

à développer: le secteur de la vente au dé-

d’une entreprise. Par exemple, pour rat-

considérable entre la région et les pays oc-

tail au Mozambique, l’extraction minière en

traper son déficit infrastructurel, le Nigeria

cidentaux.

République Démocratique du Congo, l’ex-

Quelles sont alors les faiblesses, ou en d’autres termes, les points faibles qui ont une incidence défavorable sur la région subsaharienne ?

le quart de son Produit Intérieur Brut. Selon la Banque africaine de développement, l’économie de la région est défavorisée par ce déficit qui lui coûte 2 points de croissance par an5. La croissance économique dans la région est inférieure aux niveaux précédant

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D’importants investisse-

ploitation des richesses naturelles au Mada-

devra investir près de 130 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, ce qui représente

Les

 La région subsaharienne n’est pas néces-

gascar, les télécommunications en Ethiopie,

sairement un territoire homogène. En dé-

l’hydroélectricité au Liberia, l’agro-traite-

pit d’une stabilité politique croissante, la

ment en Ouganda, l’agriculture primaire au

région connaît encore des affrontements

Gabon et les services aux sociétés minières

sporadiques à haut risque de débordement

en Guinée.

transfrontalier.

De nouvelles causes de

troubles prennent de l’ampleur, tels que l’ex-

 La mondialisation galopante à laquelle

trémisme religieux et la piraterie.

nous assistons aujourd’hui est une op-

Même

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AFRIQUE & MONDE

de financement plus strictes, menace les plus grandes économies et les exportateurs de produits de la région. La dépendance économique à l’exportation des produits de base rend ces pays particulièrement vulnérables aux fluctuations des prix sur le portunité pour les petites et moyennes

demande sans cesse croissante de ses res-

entreprises (PME) ainsi que les multina-

sources naturelles. En effet, le près du tiers

tionales de stimuler la croissance inter-

des exportations africaines dirigées vers la

nationale. En effet, le potentiel pour les entreprises de s’étendre et entrer dans des marchés internationaux, a augmenté exponentiellement. Par exemple, il y a un accroissement du nombre d’artisans et de PME qui proposent leurs produits et services en ligne. Vu que les économies asiatiques croissent le plus rapidement au monde, l’Afrique subsaharienne a aussi la possibilité de bénéficier grandement de la

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Chine démontre cette opportunité non né-

marché mondial et aux chocs économiques globaux.  Une autre menace est l’effet du change-

gligeable.

ment climatique. Bien que la région ait les

Et enfin, ci-dessous sont énumérées les

subit le plus les conséquences du change-

deux principales menaces externes ayant un impact négatif sur la région subsaha-

émissions de carbone les plus faibles, elle ment climatique, à savoir les inondations, les érosions côtières et les sécheresses. Le

rienne:

changement de température peut se réper-

 La baisse générale des prix des matières

tants de la région ainsi que son écosystème.

premières sur le marché mondial, combinée à des sécheresses et à des conditions

cuter aussi sur la santé en général des habiRécemment, l’indice de vulnérabilité au changement climatique indiquait déjà que


de financement plus strictes, menace les plus grandes économies et les exportateurs de produits de la région. La dépendance économique à l’exportation des produits de base rend ces pays particulièrement vulnérables aux fluctuations des prix sur le marché mondial et aux chocs économiques globaux.  Une autre menace est l’effet du changement climatique. Bien que la région ait les émissions de carbone les plus faibles, elle subit le plus les conséquences du changement climatique, à savoir les inondations, les érosions côtières et les sécheresses. Le changement de température peut se répercuter aussi sur la santé en général des habitants de la région ainsi que son écosystème. Récemment, l’indice de vulnérabilité au changement climatique indiquait déjà que sept des dix nations les plus menacées par le changement climatique étaient en Afrique. Compte tenu des éléments ci-dessus jouant un rôle déterminant dans l’établissement d’une stratégie d’entrée sur le marché subsaharien, les recommandations suivantes sont faites suite à notre analyse. Pour commencer, l’entrepreneur ou l’entreprise doit segmenter la région géographiquement vu que la zone ne forme pas un tout. Bien qu’ayant de nombreux points communs, les pays qui la composent sont relativement différents, à la fois géographiquement, politiquement et économiquement. Comme le recommande le Professeur Lago de IESE Business School, chaque segment requiert une stratégie spécifique.

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Et étant donné qu’il s’agit d’un investissement sur du long terme, un minimum de 2 à 3 ans supplémentaires de flexibilité devrait être ajouté dans la planification. Aucun aspect ne doit être négligé, y compris le juridique. Il faut être souple par rapport aux particularités spécifiques du pays visé, notamment en matière d’infrastructure, et anticiper les éventuels problèmes qui pourraient se poser. Des plans d’urgence doivent être mis en place et des assurances appropriées doivent être souscrites telle que l’assurance risque de guerre. Une connaissance approfondie de la culture du pays cible est nécessaire pour réussir sur ce marché rentable. La stratégie marketing par exemple doit être adaptée en tenant compte des spécificités culturelles. Il faut faire des recherches sur les raisons pour lesquelles la population locale se comporte d’une certaine manière. Une partie de l’explication pourrait être dans son histoire qu’il faut comprendre pour une meilleure compréhension de ce que les consommateurs attendent des produits ou services. L’acquisition d’une firme locale déjà établie pourrait être un moyen d’acquérir des connaissances précieuses. En outre, la compagnie devrait envisager de développer les talents locaux. Enfin, pour aider à lutter contre la corruption, il est conseillé d’être transparent dans tout ce que l’entreprise fait. Nous concluons en résumé que l’attractivité actuelle et à long terme de la région de l’Afrique subsaharienne est forte avec de bonnes potentialités comme le grand nombre de clients potentiels et l’amélioration continuelle de l’environnement des affaires. Cependant, pour qu’une entreprise réussisse dans le présent climat et profite des forces et des opportunités de la région subsaharienne, il est essentiel d’opter pour la bonne approche. En effet, les entrepreneurs et les entreprises étrangères doivent s’accorder et s’adapter en réajustant leur stratégie afin de faire face aux faiblesses et aux menaces potentielles de la zone.

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AFRIQUE & MONDE

Le secteur des assurances le parent pauvre de la finance en Afrique

2% ! Ce pourcentage insignifiant représente

devrait être perçu comme une absolue prio-

pulation vivant avec moins de 1,25 dollars

la part mondiale des primes d’assurance,

rité, aussi bien par les particuliers que les

par jours, l’Afrique subsaharienne reste l’en-

vie et non vie, collectées dans les 54 pays

entreprises.

droit de la planète ou l’extrême pauvreté se

du continent.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’im-

combat avec le moins d’efficacité….

En tenant compte du fait que l’Afrique

mense faiblesse des taux de pénétration des

En conséquence, beaucoup de compagnies

abrite 16 % de la population de la planète,

assurances (inférieurs, le plus souvent, à

d’assurance, et les produits qu’elles pro-

la conclusion est sans appel : l’assurance

1,5 % du PIB local) dans des pays d’Afrique

posent, sont encore très souvent considérés

constitue incontestablement le parent

subsaharienne ou, une fois n’est pas cou-

comme élitistes, difficilement accessibles,

pauvre de la finance dans cette partie du

tume, les nations francophones accusent un

et non adaptés aux réalités de la vie quoti-

globe.

retard conséquent par rapport à l’Afrique

dienne de la population.

Il s’agit d’une situation qui peut sembler to-

du sud, le Ghana, le Kenya ou le Nigéria :

talement paradoxale, sur un continent ou

II/ Des freins « sociaux »

se prémunir contre les risques sanitaires,

I/ Des raisons économiques

Pêle-mêle, seront cités :

économiques ou liés à l’instabilité politique

Avec une moyenne de 40 à 45 % de sa po-

• l’omniprésence des phénomènes de so-

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lidarité de proximité (gravitant principalement autour du cadre familial) qui, d’une certaine manière, concurrence les produits « IARD». • la place fondamentale de la religion dans la vie de tous les jours de l’africain moyen. Ainsi « c’est entre les mains de Dieu » revient souvent comme un argument pour ne pas souscrire à une police d’assurance santé. • le choix incontestable de la « pierre » ou de la « terre » comme placement de référence plutôt que l’épargne financière. III/ Les carences des autorités publiques Alors que près de 80 assurances sont obligatoires en France, deux ou trois le sont, le plus souvent, dans les pays d’Afrique francophone. A titre d’exemple, au Mali, seules la Responsabilité civile, pour l’assurance automobile, et celle relative à l’importation de marchandises sont imposées par le législateur… Par ailleurs, certains pays éprouvent les plus grandes difficultés à faire respecter, de fait, le caractère obligatoire de ces quelques garanties. Ainsi, à Lubumbashi (deuxième ville de RD Congo), à peine 20% des véhicules en circulation, en 2014, faisaient l’objet d’une police d’assurance, pourtant rendue indispensable par les textes, selon une étude réalisé par la SONAS (Société nationale des assurances). Pour autant, peut-on déduire de tout ce qui précède que l’assurance en Afrique noire est vouée à disparaitre ou, dans le meilleur des cas, à connaitre un développement chaotique et sinueux ? La réponse est non et je suis intimement

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convaincu que ce sera tout l’inverse !

subsaharienne devrait conduire à l’essor

Voici quelques arguments qui, je l’espère,

de la « bancassurance », phénomène qui se

vous inciteront à suivre de près un secteur

concrétise par les partenariats entre les ac-

qui risque de devenir incontournable dans

teurs des deux secteurs et qui permit, entre

nos pays :

autres, à l’assurance vie de connaitre un

• L’émergence de la classe moyenne, réali-

franc succès en France…

té naissante, ne pourra se pérenniser et se

• les grands groupes d’assureurs semblent

confirmer qu’avec la généralisation de pro-

avoir pris conscience de l’importance de dé-

duits permettant de protéger durablement

livrer une qualité de prestation supérieure à

l’individu en question, son entourage, son

la moyenne, en termes de personnalisation

patrimoine et ses activités professionnelles.

de la relation clientèle, de prise en charge du

• avec un taux de croissance de 5 à 10%

sinistre ou de rapidité de l’indemnisation.

par an, le marché de l’Assurance, dans

Ainsi, certains d’entre eux se mettent, d’ores

bon nombre de pays subsahariens, est au-

et déjà, dans une logique de certification (la

jourd’hui le plus dynamique de la planète.

compagnie Allianz au Mali par exemple).

• Le développement, poussif mais bel et

Par ailleurs, dans le souci de mieux adapter

bien réel, du secteur bancaire en Afrique

leur offre au niveau de vie, aux habitudes

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AFRIQUE & MONDE

de consommation et à la jeunesse des populations locales, ils mettent l’accent sur l’innovation technologique, en particulier en recherchant des synergies avec les opérateurs de téléphonie mobile… • La décision de la CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance), prise le 8 avril dernier, de multiplier par cinq (de un milliard de CFA à 5 milliards de CFA) le capital social minimum des compagnies francophones ne manquera pas de générer des mouvements de fusion, d’acquisition et de regroupement au sein de ce secteur. Ainsi, il est plus que probable que de véritables « mastodontes » de l’assurance, groupes ayant atteint la taille critique et disposant de moyens colossaux, verront le jour à court ou moyen terme, à l’instar de ce qui s’est passé au Maroc. Le nouvel « eldorado » de l’assurance se situe bien au sud du Sahara. Je suis sincèrement heureux de le vivre et mon impatience est grande d’en connaître les prochaines évolutions. Par Christian Kazumba Directeur général AdKontact Mali et Burkina Faso

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