Magazine Intégr' Action numéro 6

Page 1

1

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


2


SOMMAIRE 05.....................................................................Éditorial Doudou SOW 06............................................................Rencontre Christine BLACK 14..........................................................................SJEI Kathia KLUVAC 17 ......................................................Le monsieur SANS FACON DNB 16................................Chronique Finance TSHIBOLA KAPANGA 28...................................................... L ittérature Vincent DIRAKA 30.......................................................................Culture & Médias 30.................................................................................................Contact

3

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


4


Édit o rialiste i n vi té Dou do u S O W Accélére r l ’ inté gration p ro fe s s io n n e lle de s immigrant s Le sous-emploi des nouveaux arrivants est une réalité vécue dans le processus d’intégration du marché du travail. La question du sous-emploi se pose quand un immigrant occupe un poste qui exige un niveau de scolarité inférieur à celui qu’il détient. L’immigrant qui est en emploi pour un poste en deçà de ses compétences est une perte économique et humaine pour l’ensemble de la société d’accueil (frustration de l’immigrant se reflétant de manière négative dans le vivre-ensemble harmonieux, peu de motivation de l’immigrant à travailler dans les manufactures, sous-utilisation du potentiel économique, etc.). Les personnes immigrantes acceptent, la mort dans l’âme, le déclassement professionnel. La déqualification professionnelle, ou le déclassement professionnel, n’est rien d’autre que le fait d’occuper un emploi en deçà de ses compétences. La frustration des immigrants ne se ressent pas et ne se mesure pas de la même façon, d’un immigrant qualifié possédant plusieurs années d’expérience à un immigrant fraîchement diplômé des universités. La surqualification des travailleurs immigrants par rapport à des postes a fait l’objet d’études pancanadiennes dont, notamment « Les immigrants sur le marché du travail canadien en 2008 : analyse de la qualité de l'emploi ». Sélectionnés pour leur capacité à occuper des emplois qualifiés, les nouveaux arrivants se retrouvent, dans un premier temps, à occuper des emplois non-qualifiés. La présence ou surreprésentation des personnes immigrantes dans les programmes d'assistance sociale, les difficultés des médecins étrangers, surtout d’origine noire africaine et maghrébine, sont des baromètres révélateurs des inégalités et des difficultés d’insertion d’une catégorie de la population. La surreprésentation des femmes immigrantes dans des emplois précaires ainsi que leur taux de chômage révèlent également de sérieux problèmes. Le taux de chômage atteint parfois plus de 30 % chez certaines communautés culturelles. Dans tous les pays d’immigration, les immigrants sont les premiers à écoper en période de crise économique. Même si le Québec s’en est mieux tiré que les autres provinces canadiennes, les immigrants continuent à occuper les emplois atypiques, deviennent de plus en plus flexibles et touchent les salaires les plus bas. En 2008 2009 (début de la crise économique), comme dans les années

5

précédentes, les personnes immigrantes ont toujours eu des difficultés à s’intégrer sur le plan professionnel. En général, la qualification ou la formation des immigrants sont souvent supérieures, dans certains postes, à celles de la population québécoise. Par contre, il serait déconseillé à un immigrant de déclarer, à ses tout débuts, qu’il n’acceptera jamais des postes d’entrée sous prétexte qu’il est compétent. Le système accordera du mérite aux personnes compétentes une fois que ces dernières auront eu la chance de prouver à l’employeur qu’elles livreront la marchandise en tout temps. Il faut être capable de faire les preuves de ses compétences à l’intérieur de l’entreprise. Différentes initiatives ont été mises sur pied pour faciliter l’intégration des immigrants- (Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME), Intégration en emploi de personnes formées à l'étranger référées par un ordre professionnel (IPOP), Défi Montréal, Passerelle pour l’emploi en région, Mentorat)-, mais ces mesures devraient être accompagnées des moyens financiers proportionnels au nombre d’immigrants reçus annuellement, ce qui est loin d'être le cas. L’auteur est sociologue-blogueur, conférencier et consultant. Il a publié en avril 2014 deux livres sur la question de l’intégration professionnelle des personnes immigrantes et l’identité québécoise.

Doudou Sow est consultant-formateur en intégration professionnelle et gestion de la diversité. Il possède plus de quinze années d’expérience dans le domaine de l'emploi et de l’action communautaire. Monsieur Sow a publié en avril 2014 deux livres sur la question de l’intégration professionnelle des personnes immigrantes et l’identité québécoise. Il a accordé plusieurs entrevues à la société d’État ICI Radio-Canada sur les questions touchant l’employabilité des immigrants. Ce sociologue-blogueur fait également partie du collectif d’auteurs qui ont proposé des solutions pour Montréal dans un livre, Rêver Montréal - 101 idées pour relancer la métropole. Il détient une maîtrise en sociologie, option Travail et Organisations.

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


A la rencontre de

Christine

BLACK Mairesse de la ville de Montréal Nord

M

LKL

embre de l’Équipe Coderre, la mairesse Christine Black est originaire de Saint-Rémi, Christine Black était directrice depuis 10 ans du centre de jeunes L’Escale, un organisme qui aide les 15-25 ans situé dans l’arrondissement Montréal-Nord. La mairesse a été élue avec 68,56 % des votes.

INMAG : Qui est Christine Black? Christine Black est une femme dynamique, très impliquée et très engagée à MTL nord. Ça faisait déjà 14 ans que j’étais impliquée à MTL Nord quand l’appel de la politique est venue. Dans les dernières années, j’ai vraiment choisi Montréal Nord parce que je suis arrivée ici par hasard en 2002 et je ne connaissais pas du tout Montréal Nord. Moi, je suis une femme qui vient de la banlieue la campagne même parce que Saint-Rémi-de-Napierville c’est petit. Je suis arrivée à Montréal Nord à la fin de mes études comme animatrice au centre de jeunesse escale. Je suis restée et j’ai gravi les échelons comme coordonnatrice ensuite comme directrice en 2006. Donc Ça faisant déjà un certain temps que j’étais dans le quartier et j’étais impliquée au niveau de la table de concertation jeunesse, au niveau de la table de quartier et je connaissais déjà beaucoup les personnes qui composent notre communauté donc au fil de ma carrière, j’avais eues des opportunités de choisir d’autres emplois car, des fois, on souhaite aller ailleurs de mon côté à Montréal Nord, je trouvais que je faisais une différence auprès de jeunes à l’époque auprès de 15 ans à 25 ans avec qui je travaillais.

6


7

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


INMAG : Pourquoi avoir choisi Montréal Nord pour vous lancer dans la politique ? J’ai choisi Montréal Nord parce que le maire m’avait demandé d’être sa candidate. par un message sur Facebook en me demandant d’aller prendre un café et il me demandera si je souhaitais être candidate pour son parti pour le poste de maire. Et j’ai eu vingt-quatre heures pour y penser. La vie va vite dans ce temps-là et ce vingt-quatre heures qui changent la vie et en même temps, je ne regrette pas car, au poste que j’étais, j’étais rendu un peu à la limite en tant que directrice de l’escale dans ce que je pouvais faire. Alors qu’ici en tant que mairesse, je peux aller plus loin, je peux interpeller plus d’interlocuteurs je peux avoir une influence plus grande finalement dans les changements que l’on peut faire à Montréal Nord. Mais aussi parce que j’avais une grande connaissance de Montréal Nord, Dans certains quartiers, on peut travailler, mais les gens ont déjà une longueur d’avance. Alors, ici, lorsqu’on fait un projet ou on met une initiative en place, tout de suite, les gens réagissent. Les gens sont heureux de recevoir, très reconnaissants alors pour moi de choisir Montréal Nord c’est de me permettre de faire la différence dans la vie de gens. INMAG : Pouvez-vous nous parler des défis que vous avez en tant que mairesse de Montréal Nord? En fait, on a des défis à Montréal Nord, je vous dirais nous en avons ici comme il y en a ailleurs. Montréal est devenu une grande métropole avec une influence au niveau de l’immigration très importante. C’est sûre que cela amène son lot des défis et en même temps je dirais ici nous avons deux couches de population qui sont très présentes en autre au niveau de jeunes. Alors, de jeunes on fait partie des arrondissements où il y a un grand nombre de jeunes, on parle autour de huit mille jeunes à Montréal Nord. On a deux grandes écoles secondaires francophones École secondaire Calixa-Lavallée École secondaire Henri-Bourassa juste pour ces écoles

8

on parle de 3500 élèves plus l’école Lester B. Pearson qui est anglophone. Ensuite, il y a tout le bassin des écoles primaires alors ça fait beaucoup de jeunes en autre dans le secteur NordEst il y a une affluence de jeunes dans ce secteur-là très importante. Alors, les jeunes sont une priorité car, ils sont notre présent et notre futur à la fois. Il y a quand même beaucoup de travail que l’on fait à ce niveau-là. En autre dernièrement, nous avons eu deux grands rendez-vous jeuneuse « PRIORITÉ JEUNESSE » ça nous a permis de réunion dans le premier rendez-vous qui avait une grande ampleur tous les acteurs autant du niveau communautaire, niveau institutionnel et éga-


ce soit. Ça limite aussi les choses, vous savez comme moi que certains aînés surtout les femmes n’ont pas nécessairement travaillé dans leurs vies parce que les aînés qu’on a aujourd’hui, les femmes travaillaient peu éventuellement on aura une autre réalité mais actuellement ça fait en sorte que nous avons une population des aînées qui peuvent vivre beaucoup de difficultés en ce moment Et bien sûr, nous avons toutes nos communautés, nos nouveaux immigrants qui arrivent ici et qui choisissent vraiment de s’installer à Montréal Nord veut veut pas s’amener son lot de défi au niveau de Montréal Nord principalement dans le milieu de l’emploi. Le parcours migratoire n’est pas toujours simple, c’est un travail d’action qui va dans les deux sens et comme institution, on peut faciliter les choses pour que le parcours soit plus simple. Ça fait partie entre autres de trois gros enjeux et il y a sûrement d’autres mais actuellement, on travaille sur ces enjeux-là.

lement des fondations du milieu privé pour qu’on puisse échanger ensemble sur quelles sont les priorités et comment on fait pour aider notre population jeune ici et c’amène vraiment une transformation et donc la jeunesse est un défi pour nous mais également nos aînés. Parce que nous avons une présente très forte des aînés à Montréal Nord qui est liée par les résidences de personnes âgées sur le boulevard Gouin, nous avons plus de vingt résidences. C’est certain que dans chaque résidence, il peut y avoir entre cent à mille personnes voire plus dans certaines résidences qui ont plusieurs tours. Et les personnes âgées ont de revenus fixes n’ont pas de possibilité d’avancement de carrières ou quoi que

9

INMAG : Comment gérez-vous cette richesse de diversité culturelle au sein de votre arrondissement qui s’accompagne souvent des exclusions sociales. Économiques, problèmes d’intégrations, le chômage, le décrochage scolaire…? Ça fait quatorze ans que je suis ici, donc j’ai déjà une bonne connaissance du terrain, moi je suis convaincue c’est en mettant des initiatives, des projets en place ça nous permet d’aider les gens. En réunissant aussi, Monsieur Coderre m’appelle souvent la rassembleuse, il y a eu beaucoup d’articles durant la campagne à ce niveau-là. Pour moi, travailler en sillon ça ne fait pas partie de bonne pratique pour justement pour aider notre population alors je vais être enclin à réunir les différents partenaires autour d’une même table et justement pour voir comment on peut travailler et aller plus loin. Parce que chaque à son champs de compétence alors

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


ça fait partie de pratiques que j’ai commencé à inculquer ici. J’ai déjà plusieurs rencontres avec les différents acteurs la commission scolaire, le service de police et d’autres partenaires au niveau de la ville. Alors, c’est de se réunir ensemble et de travailler et en mettant des initiatives, de projets en place pour pouvoir les aider. Pour moi, ce n’est pas une fatalité que nous avons de problématiques dans un quartier comme ici Montréal Nord au contraire, c’est une situation actuelle qui peut s’améliorer. Alors, ça fait vraiment partie de ma manière de travailler et l’arrondissement a aussi des leviers au niveau du financement de projets, de nos organismes mais aussi au niveau des réalisations de projets que ça soit dans le cadre de l’amélioration des rues , l’amélioration du cadre bâtit, d’ajouter du mobilier urbain. Tout cela améliore notre quartier et c’est comme une roue, cela encourage des entrepreneurs à venir s’installer ici, si il y a plus d’entrepreneurs, l’économie va mieux car, plus d’emplois. Et c’est une roue qui tourne et c’est un système qui est là pour aider Et nous comme arrondissement nous sommes comme un morceau dans le système.

10


AIDE AUX IMMIGRANTS ACCUEIL INTÉGRATION EMPLOI

DES SERVICES GRATUITS COLLECTIFS ET INDIVIDUELS DE QUALITÉ EN MATIÈRE D’ACCUEIL ET D’ÉTABLISSEMENT AINSI QUE D’EMPLOYABILITÉ ET D’INSERTION EN EMPLOI POUR IMMIGRANTS. NOS SERVICES Accueil et intégration · · · · · · · · · · · ·

Information et orientation dans le processus d’immigration, d’installation et sur les démarches à entreprendre auprès des instances de l’immigration Écoute et soutien Information sur la recherche de logement Information sur les cours de langues offerts Lutte à la discrimination Défense des droits Aide alimentaire Groupes d’achats et informations sur la saine alimentation Déclarations de revenus Assermentations Bénévolat, activités socioculturelles Autres services en lien à l’immigration et l’intégration

Employabilité · · · · · · · · · · · ·

Immersion professionnelle – Services d’aide à l’emploi (SAE) spécialisés Rencontres individuelles – Évaluation des besoins et orientation professionnelle Ateliers de recherche d’emploi Information sur le marché du travail et traitement des offres d’emploi Préparation de CV par compétences, par potentiel et par cible Simulation, mise en situation et préparation aux entrevues d’embauche Choix de carrière et de formation professionnelle Accompagnement professionnel en entreprise Rencontres avec les employeurs, sessions d’information et réseautage professionnel Visites d’exploration et d’observation dans les industries et les entreprises Placement en emploi et maintien durable en emploi Cours d’informatique de base (Word, Excel, Outlook et Internet)

PLUS DE 35 ANNÉES D’EXPÉRIENCE EN MATIÈRE D’IMMIGRATION NOUS ACCUEILLONS PLUS DE 10 000 PERSONNES CHAQUE ANNÉE

Suivez-nous pour nos ateliers d’emploi et autres activités d’accueil et d’intégration

11

6865 Av. Christophe-Colomb Montréal, Qc. H2S 2H3 T 514 271.3533 F 514 271.1910 info@lamaisonnee.org Métro Beaubien ou Jean-Talon

AOÛT - SEPT - OCT. 2016 www.lamaisonnee.org | www.facebook.com/lamaisonneeorg


MOT DE LA PRÉSIDENTE du Salon des Jeunes Entrepreneurs International C’est avec le plus grand des plaisirs que je vous invite, en mon nom et en celui de notre comité organisateur, au Salon des Jeunes Entrepreneurs International, qui aura lieu le samedi 29 octobre 2016, de 10h-17h30, à la Place Bonaventure. Nous sommes fiers de concrétiser pour une troisième année, ce magnifique projet qui contribue à l’enrichissement d’une relève dynamique et compétente pour l’avenir des communautés culturelles, immigrantes et international du Grand Montréal. Une fois de plus, je suis fière, à titre de présidente du Salon de vous accueillir sous le thème : les couleurs de l’entrepreneuriat! Dans quelques mois, des entrepreneurs innovants, issus de différentes communautés culturelles et immigrantes, se mettront en lumière! Ces jeunes, remplis de courage, de détermination et d’ambitions, ont su croire en leur projet et seront exposants à notre 3e édition pour vous présenter leur entreprise, vous proposer leurs services et vous vendre leurs produits. Il y aura aussi sur place des professionnels et acteurs de l’entrepreneuriat pour vous conseiller, vous orienter dans le démarrage de votre entreprise et vous renseigner quant aux services offerts par leur entreprise ou organisation. Quel bonheur ce sera pour tous ces jeunes d’échanger avec vous et de bénéficier de vos encouragements et de votre soutien. Sans aucun doute, vous serez bien servis voir agréablement surpris de constater le talent et les compétences de nos chers exposants. Ne manquez pas d’être présents à nos 7 conférences, aux ateliers interactifs, de participer aux nombreux concours, tirages et bourse ou de prendre rendez-vous avec l’un des mentors du Réseau M, de la fondation de l’entrepreneurship. Ensemble, contribuons à faire de cette troisième édition du salon des Jeunes Entrepreneurs International une réussite! Le SJEI, c’est TOUT un rendez-vous! Mme Kathia St-Victor Présidente du Salon des Jeunes Entrepreneurs International Fondatrice et directrice de Kluva Chic

12


13

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


14


15

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


LE MONSIEUR SANS FACON INMAG : Parlez nous un peu de vous. Quelle est l’histoire qui se cache derrière le visionnaire qui a créé Sans Façon? SF : Je suis citoyen canadien mais je suis né et j’ai grandi au Congo Zaire où à l’âge de 8 ans, j’ai eu l’idée de commencer un petit commerce durant les grandes vacances. Issu d’une famille relativement aisée, mon père était terriblement choqué mais vu mes demandes incessantes et croyant avoir à faire aux caprices d’un enfant, il finit par consentir. Après un premier investissement qui porta ses fruits, il continua d’investir dans ma petite entreprise. Après 2 mois de grandes vacances à jouer au petit commerçant, j’étais accro. Et je commençais déjà à réfléchir en termes en termes d’expansion. Quand le moment était venu de rentrer à l’école, je fis part à mon père de mon projet de me consacrer aux affaires à temps plein et à abandonner l’école. Bien entendu, il s’y opposa farouchement. Un refus catégorique. Et cette fois ci plus question d’affaires pour moi même à temps partiel. Ma grand-mère qui avait eu vent de cet incident ne dit rien. Cependant presque chaque fois qu’elle me voyait elle me demandait de venir l’aider à faire passer un fil dans le trou d’une aiguille. A l’époque ça m’embêtait beaucoup. Mais avec le temps je me rends compte qu’à travers ces petits exercices elle a démontré qu’avec justesse elle avait vu l’avenir dont je ne percevais que le bout. Je savais que j’étais né pour les affaires mais je ne savais pas exactement pour quel genre d’affaires. Aujourd’hui chaque fois que j’ai une aiguille entre les mains, je pense à elle et je souris. Comme vous le voyez ma grand-mère est celle qui a validé mes ambitions avant tout le monde. Elle leur a donné une certaine légitimité sans chercher à créer ou exacerber une crise au sein de la famille. Dix ans plus tard, je termine mes études au Collège Boboto puis je m’envole vers l’Europe avant de me retrouver au Canada. Et dix ans après mon arrivée au Canada l’idée me vint soudan de me lancer dans la mode et de créer Sans Façon.

16

2/ Donc votre père vous a d’abord soutenu puis s’est opposé à


INMAG : Donc votre père vous a d’abord soutenu puis s’est opposé à votre ambition ? Quels sont vos rapport avec votre père aujourd’hui? SF : Nos rapports sont excellents. C’est un grand fan de Sans Façon qu’il porte d’ailleurs avec panache. En fait mon père est un sapeur-pompier qui m’a protégé du feu qui aurait peut être brûlé mes ailes et provoqué une chute irréversible. J’avais tout de même 8 ans quand je suis allé lui annoncer que je voulais abandonner l’école pour me consacrer aux affaires à temps plein. Il a réagi comme tout excellent père devrait réagir. Avant cette annonce, il avait accepté que je fasse des affaires à temps partiel et uniquement pendant les grandes vacances. Mais de là à accepter d’en faire une occupation à temps plein c’était trop et ne cadrait pas avec l’image de la famille. Quand mon père a dit non à ce que je percevais comme ma vocation c’était pour me protéger et non m’empêcher de voler vers le soleil. Et plus tard il me l’a même très bien expliqué: « Tout le monde peut faire de l’argent. Mais tout le monde peut aussi le perdre. L’éducation elle n’est pas réservée à tout le monde. Et ceux qui l’ont ne peuvent jamais la perdre. » Aujourd’hui, mon père est très fier de moi. Il est mon coach qui ne cesse de dire : « Fonce. Ne t’arrête plus même si tu as l’impression de ne pas savoir où tu vas. » INMAG : propos comment vous est venue l’idée de créer Sans Façon au Canada?

17

SF : Je suis et j’ai toujours été un rebelle. Je n aime pas suivre les autres. J’aime tracer mon propre sentier. A mon arrivée au Canada, je me suis vite lancé dans la vie active. Trois ans après mon arrivée, je me suis fait embaucher par une compagnie de la place où j’ai très vite commencé à gravir les échelons. Quand 9 ans plus tard je me suis fait virer de cette boîte, dans ma rage j ai voulu créer mon propre monde et relancer mon avenir selon mes propres termes. Non sans façon n’était pas seulement une manière de réclamer mon indépendance non pas seulement par rapport a une vie d employé de carrière mais aussi contre tout système qui chercherait a imposer un mode de pensée unique. Et au-delà de tout ça, non sans façon c était ma manière de signaler aussi que dans même les milieux de la mode je ne venais pas pour copier qui que ce soit ou courber l’échine mais plutôt pour créer un monde à part. 4/ Et « Sans Façon», ça veut dire quoi exactement? Quel sens lui

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


18


19

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


INMAG : Et « Sans Façon», ça veut dire quoi exactement? Quel sens lui accordez-vous ? SF : Le nom «Sans Façon» veut tout simplement dire : « non merci. » Ceci n’est pas une erreur commise par quelqu’un qui aurait perdu la maîtrise du français mais une interprétation artistique de l’épisode où Abraham devait sacrifier Isaac. Quand il était sur le point de tuer son fils, la voix de Dieu s’éleva pour dire de manière ferme néanmoins polie: «non, sans façon» et de ce fait signifier à Abraham que pour lui plaire un tel extrémisme n’était pas nécessaire... La marque Sans Façon se veut donc de rappeler que pour attirer l’attention de Dieu ou des hommes, on n’a pas besoin d’être un extrémiste. Il faut juste être et non pas chercher à paraître. Car, en fait quand on «se tue» dans la chair pour paraître, du haut de son trône Dieu dit simplement: «Sans Façon!» INMAG : Pourquoi avoir choisi de commencer par une collection d’ascots? SF : En 2006, un homme très respectable me voyait toujours porter un ascot autour du cou me demanda où il pourrait acheter des ascots. Chose étrange : Au lieu de lui dire où acheter ces ascots, je promis d’aller moimême lui en acheter quelques uns. Mais quand j’ai vu le service offert par la boutique qui vendait ces produits j’étais soudain révolté et me décidai que j’allais moi aussi commencer à créer des ascots et offrir un service exceptionnel aux hommes et femmes respectables qui en auraient besoin. J’eus l’idée au mois d’avril 2005. J’ai hésité avant de me lancer dans cette voie. Mais quand mon employeur de l’époque me mit à la porte je me sentis obligé de me lancer dans cette nouvelle voie. Alors le 17 octobre 2006, sous une pluie battante je me rendis aux bureaux du gouvernement canadien pour faire enregistrer ma nouvelle compagnie. Les gens m’ont dit que ça ne marcherait pas car je n’avais pas l’expérience et les moyens nécessaires, dix ans plus tard nous sommes toujours ici.

20

INMAG : A propos, qu’est-ce qu’un ascot ? SF : L’ascot est accessoire vestimentaire qui dans sa fonction ressemble beaucoup au foulard (Car les deux se nouent autour du cou) mais qui se distingue de par la structure: Le foulard est rectangulaire tandis que l’ascot a une forme rétrécie au milieu et est large vers les deux bouts. INMAG : En quoi exactement se différencie-t-il d’une écharpe par exemple ? SF : Votre question traduit l’incompréhension qu’il y a au niveau des termes. Car, un ascot n’a rien à voir avec une écharpe. Les deux sont des accessoires qui se portent près du cou. Mais à la différence fondamentale que l’écharpe se porte au dehors et l’ascot lui est beaucoup plus « intime » car il se porte autour du cou ou tout près de votre chair. INMAG : Où sont confectionnés vos articles ? SF : Ils sont pour la plupart confectionnés ici au Canada. Ceci dit, à l’avenir nous pourrions penser à diviser le travail en deux parties : Le design va continuer d’être ici au Canada et la production pourrait alors être exécutée ailleurs. Il ne s’agira pas simplement d’exporter la production vers une usine qui pourra offrir des prix compétitifs mais plutôt vers une autre maison qui comprendrait les vertus de notre art.

INMAG : Quelle est votre approche par rapport à votre travail dans cet univers ultra compétitif qu’est celui de la mode ?


SF : En tant que Directeur Artistique, je ne regarde jamais nos réalisations comme des œuvres commerciales. Nous ne sommes pas des artisans qui conçoivent des produits afin d’aller les vendre au premier venu. Nous ne vendons pas. Nous créons. Ma grand-mère ne m’a pas appris à être un vendeur. Elle m’a appris à être un créateur et à aimer ce que je fais comme une partie de moi-même. Chaque création est donc un enfant de notre esprit au sein de la compagnie Sans Façon. Et en tant que parents nous leur donnons des noms bien précis pour lui reconnaître une personnalité à part entière et un unique avenir. C’est cette approche qui nous a permis de survivre après tant d’années et de continuer de mériter la confiance de ceux qui aiment notre art.

SF : En tant que Directeur Artistique, je ne regarde jamais nos réalisations comme des œuvres commerciales. Nous ne sommes pas des artisans qui conçoivent des produits afin d’aller les vendre au premier venu. Nous ne vendons pas. Nous créons. Ma grand-mère ne m’a pas appris à être un vendeur. Elle m’a appris à être un créateur et à aimer ce que je fais comme une partie de moi-même. Chaque création est donc un enfant de notre esprit au sein de la compagnie Sans Façon. Et en tant que parents nous leur donnons des noms bien précis pour lui reconnaître une personnalité à part entière et un unique avenir. C’est cette approche qui nous a permis de survivre après tant d’années et de continuer de mériter la confiance de ceux qui aiment notre art.

INMAG : Perspectives d’avenir? Sans Façon dans les grandes surfaces en Europe et en Amérique ?

INMAG : Perspectives d’avenir? Sans Façon dans les grandes surfaces en Europe et en Amérique ?

Personnellement je ne suis pas encore très chaud

SF : Personnellement je ne suis pas encore très chaud quant à une commercialisation à grande échelle de nos produits pour la simple raison que nous ne faisons pas des œuvres commerciales. Nous produisons de l’art. Une œuvre d’art ne s’étale pas sur les tables d’un marché. Une œuvre d’art a besoin d’un cadre approprié pour sa présentation. Sinon on salit sa propre création et les gens qui sont censés venir apprécier vos œuvres d’art. Car, en dehors de nos ascots, nous produisons aussi des écharpes uniques qui sont basés sur le modèle de kizoba zoba. Ces écharpes sont produites comme des œuvres d’art qui peuvent soit être portées autour du cou ou accrochées comme des tableaux sur les murs d’une maison. Nos écharpes se veulent d’être belles comme des tissus Kente qui sont aujourd’hui utilisés comme décorations dans beaucoup de maisons en Occident. Il y a aussi d’autres créations que je vous invite à venir découvrir sur notre site www.sansfacon.ca Ceci dit, si demain le Conseil d’Administration décide qu’il est temps de changer de stratégie alors je vais me plier à leur volonté.

21

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


INMAG : Comment voyez-vous le développement de votre entreprise dans l’avenir ? SF : Après 10 ans à peaufiner notre art, nous sommes maintenant prêts à passer à l’autre volet qui est le partenariat avec un petit groupe exclusif de distributeurs pour pouvoir amener nos œuvres dans tous les continents où des amateurs ne cessent de se manifester. Tout cela se fait bien entendu dans le respect absolu de ce côté exclusif que nous voulons maintenir. Merci pour cette excellente opportunité de parler de ce que nous faisons chez Sans Façon. Je souhaite à toute l’équipe du magazine Intégraction ainsi que vos familles respectives un avenir radieux.

22


23

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


24


25

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


C H RO NI Q UE FINA NCE TSHIBOLA KAPANGA

Réprésente en sécurité financiere 514 282 3243 1866 665 0500 Ext. 2343 Catégories de placement vous dites ? Les marchés financiers sont complexes. Il est très facile d’y perdre son latin. Quelles sont les principales « catégories de placement » et en quoi est-ce important pour moi? Quand on parle placement, la toute première chose à faire est de distinguer deux grandes catégories : les placements garantis et les placements non garantis. Ce sont deux mondes. Voici par ailleurs la liste exhaustive des placements garantis que l’on retrouve au Canada : les Certificats de placement garantis, les Obligations d’épargne et les Bons du trésor. Point. Ce sont les seuls placements où l’argent que vous investissez est garanti en tout temps. Le capital est garanti. Le rendement, quant à lui, est tantôt garanti, tantôt pas. Tous les autres placements comportent donc une forme de risque. Entrons donc dans l’univers des placements non garantis. Il existe fondamentalement deux grandes catégories ici : les Obligations négociables (attention, pas les obligations d’épargne) et les Actions. Autour de ces deux-là, tourne toute une panoplie de produits, parfois simples, comme les fonds d’investissement, parfois compliqués, comme les produits dérivés. Mais ne nous égarons pas… Quand vous les achetez, vous devenez créancier de l’entité qui les a émises, soit le gouvernement ou la compagnie. Celle-ci vous doit de l’argent et promet de

26

vous le rembourser à la pleine valeur au moment de l’échéance - dans un, trois, cinq, dix, vingt ou trente ans - et de vous verser des intérêts dans l’intervalle. Mais, dans cet intervalle, la valeur sur le marché de votre obligation fluctuera, au gré des taux d’intérêt. Elle prendra de la valeur si les taux d’intérêt sur le marché baissent, parce que la vôtre est plus payante en intérêts que celles qui sont nouvellement émises. L’inverse est aussi vrai. Leur valeur est donc garantie à l’échéance, mais elle fluctuera assurément en cours de route. Et la solidité de la garantie à l’échéance est proportionnelle à celle de l’émetteur, qui pourrait être devenue insolvable entre-temps, surtout si c’est une compagnie. Il pourrait donc arriver que votre obligation négociable ne vaille plus un pesos à la fin! Les Actions sont un tout autre type de placement. Elles sont des titres de propriété. En les achetant, la plupart du temps via les marchés boursiers, vous devenez un petit peu propriétaire de la compagnie qui les a émises. Elles comportent un risque plus grand que les obligations négociables, parce que leur valeur est directement reliée à celle de la compagnie ellemême, ainsi qu’à leur demande sur le marché. Plus elles sont populaires, plus leur valeur augmente, et vice versa. Il arrive parfois que des titres très bien cotés perdent la presque totalité de leur valeur (Bre-X, Nortel, etc.). Votre profit ou votre perte correspond


à la différence entre le prix payé pour les acquérir et celui encaissé au moment de la revente. Malheureusement, avec les actions, vous n’êtes jamais totalement à l’abri d’une mauvaise nouvelle concernant la compagnie émettrice. Le secret d’un bon portefeuille de placements est de contenir la juste proportion de l’un et de l’autre ? placements garantis, obligations négociables et actions. C’est simple. Parlez-en à votre conseiller en sécurité financière, votre meilleur allié vers une stratégie gagnante!

27

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


LITTÉR AT UR E

POEME : LE TRAIN de Vincent DIRAKA Le matin d’un jour illuminé de mes vacances annuelles titubant je montais l’escalier à deux étages qui menait au quai d’embarquement du train de banlieue de la gare intermodale X à côté de la quelle j’habitais. Devant la machine qui attribuait des billets pour Mars moyennant quelques écus je prenais mon billet et là commençait mon escapade ferroviaire vers la gare centrale Y du train de ma ville . Assis sur le banc je regardais les cailloux qui tapissaient le sol ainsi que le rail cloué aux traverses de bois qui gisaient à quelques pas de moi sur un sol lunaire noir couleur du schiste. Le sizerin chantait dans les arbres proches du voisinage de la voie ferrée. Le phare du train scintillait à l’horizon La sirène du train retentit au lointain puis le train se rapprocha. Monsieur le train a de grosses roues qui le poussaient en avant en frottant contre le métal du rail et qui faisaient des étincelles blanches. La sirène du train retentit de nouveau le départ du train est imminent Je monte dans le wagon et je m’assieds près d’une fenêtre vitrée ouverte sur le monde le train démarra les arbres et les poteaux métalliques qui servent à alimenter le train par l’électricité se succédaient et déferlaient en une suite mathématique incalculable dont le chiffre exact échappait à mon esprit .Le géant de fer gagna en vitesse. Le rêve commença. Inconsciemment je m’adonnais au vagabondage de l’esprit durant le trajet. Je scrutais et j’admirais le paysage qui s’offrait à moi le long de la voie ferrée Je voyageais librement loin de toutes contraintes car l’urgence d’arriver à une heure fixe n’existait plus pour une fois j’étais en vacances et je

28

savourais chaque instant loin du stress quotidien du travail. CHEF D’ŒUVRE DE LA TECHNOLOGIE MODERNE LE TRAIN MERVEILLE DE NOTRE CIVILISATION S’AVANCAIT RUTILANT VERS SON BUT ULTIME REJOINDRE SA DESTINATION FINALE LA GARE DU CENTRE VILLE EN UN TEMPS ACCEPTABLE NOUS DÉBARQUONS A LA GARE LE BUT FINAL EST ATTEIND FIN DE L’ESCAPADE DU RÊVE ET DE LA RÊVERIE ET DUR RETOUR À LA RÉALITÉ D’UN PASSAGER INSPIRÉ PARAIT IL.

Vincent DIRAKA


CU LTU RE ET M ÉDI A S SUGGESTIONS DE LECTURE

29

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


CONTACT

ÉDITEUR Lawrence Kitoko L. DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Nathan Bolundu DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Anne Emmanuelle Fohony COORDONNATRICE DE LA RÉDACTION Judith milolo SECRETAIRE DE LA RÉDACTION Ashanti Kitoko RÉDACTION

Doudou Sow Lawrence Kitoko Sophie Mangado Tshibola Kapanga

MARKETING ET VENTES Larry Agency GRAPHISME ET ILLUSTRATION Larry Agency ADMINISTRATEUR WEB Larry Agency

Magazine Intégr’Action DISTRIBUTION 4890, Arthur, DDO H9G 2M8, Larry Agency Qc, Canada CREDITS PHOTOS photo Kevin Calixte, Zoomimages, IStockphoto Tél. : +1 514-546-5643 ISSN : 2368-9404 info@integractionmag.com www.integractionmag.com

30


31

AOÛT - SEPT - OCT.

2016


32


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.