Connexions 40

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Numéro 40

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Nationalisme économique Le Grand Théâtre National

DOSSIER

Luxe le nouveau goût chinois 奢侈品:中国人新的品位



卷首语

Éditorial

Luxe, le nouveau goût chinois Nous nous interrogeons très souvent au sein du Bureau de la CCIFC sur la manière de mieux présenter au public chinois les savoir-faire scientifiques et techniques des entreprises françaises. L’histoire des sciences de ce point de vue n’a pas à nous faire rougir et nous sommes tous familiers des Monge, Ampère, d’Alembert, Condorcet, Pasteur, Curie… sans oublier bien sûr nos contemporains, tels Pierre-Gilles de Gennes, très récemment disparu, ni les grands projets industriels et d’infrastructures dont la France s’enorgueillit à juste titre. Pourtant, force est de reconnaître que le premier réflexe de nos amis chinois à l’évocation de notre beau pays n’est pas forcément de mentionner nos prouesses technologiques, mais bien plutôt les grands noms français du secteur du luxe et l’image de raffinement et de sensibilité artistique et culturelle qui lui sont associés. Ceci est particulièrement vrai des jeunes générations auprès desquelles les produits et marques de luxe français jouissent d’une très forte notoriété et incarnent un univers souvent inaccessible, mais ô combien envié. Il faut donc nous réjouir que la France puisse ainsi se distinguer de manière si durable, et nous le

devons à ces « maisons » prestigieuses qui travaillent inlassablement au maintien de leurs traditions tout en témoignant d’une admirable créativité, façonnant nouveaux styles, nouvelles tendances, qui deviendront universelles et que d’autres tenteront bien maladroitement d’imiter. Il nous faut sans doute aussi capitaliser sur cette image, en faire le produit d’appel qui doit permettre à la France d’être désirée et mieux connue. C’est peutêtre la piste à explorer, celle qui nous permettra de promouvoir une image moderne et scientifique, tout en ne brisant pas les clichés et les rêves de ceux qui aspirent à intégrer notre mode de vie et à mieux comprendre notre culture. Ce numéro de Connexions, spécialement consacré au luxe français en Chine, s’inscrit certainement dans cette volonté. J’espère également qu’il témoigne du désir réel de toute l’équipe de la CCIFC d’améliorer la présentation et le contenu de Connexions afin de mieux répondre aux attentes de son lectorat. n Rémi Paul Vice-Président de la CCIFC Président de la Commission Connexions

奢侈品:中国人新的品位 在中国法国工商会的理事会里,我们不断地询问自己 关于更好地向中国公众介绍法国企业的科技专长。

时表现出令人赞叹的创造性,造就了盛极全球的新风格、 新潮流。

这方面的科学历史没什么可以让我们脸红的,我们都

或许我们还应该利用这一形象积累资本,使之成为具

知道戴蒙奇,安培,达朗贝尔,孔多塞,巴斯德,居里…当

有召唤力的产品,从而使法国变得受人喜爱和更加知名。

然不要忘了我们的现代科学家,例如最近辞世的皮埃尔-

这也许是一条可以开发的途径,能够使我们倡导一种现

吉勒・德热纳,也不要忘了那些法国满可以引以为豪的大型

代、科学形象的途径,同时又不会破坏憧憬加入我们的生

工业项目和基础建设项目。

活方式及希望更多了解我们文化的人的梦想。

然而不得不承认的是,当我们的中国朋友提及我们美 丽的国家时,第一反应肯定不是我们的光辉技术,而更多

这期的《联结》,专门用于介绍在华的法国奢侈品,无 疑是出于以上这种意愿。

的是与她关系密切的奢侈品业的名人以及艺术文化的精

同时我也希望,它可以反映法商会整个团队要改进

致敏锐形象。尤其是这些年轻的一代,法国奢侈品和品牌

期刊的形式和内容的真实愿望以便更好地满足读者的

在他们身上享有极高的声誉而且经常体现为一片不可企及

期望。n

却又令人十分向往的天地。 因此我们应该感到高兴,法国能够以这样持久的方式

中国法国工商会副会长

使自己卓然不同。我们要把这归功于这些极富魅力的奢侈

«联结»杂志委员会主席

品企业,他们为了维护自己的传统而不知疲倦地工作,同

雷米・保罗 Connexions


Directrices de la publication Florence Gomez - Juliette Yanitch Responsable de la publication Mathieu Baratier Rédactrice en chef Anne Garrigue Relecture de la traduction chinoise Emma Hao Graphiste Xie Bin Ont collaboré à ce numéro : Laurent Ballouhey, Céline Bourjolay, Jason Briganti, Patrick de Brisson de Laroche, Philippe Charles, Antonia Cimini, Franck Desevedavy, Julie Desné, Isabelle Fan, Yann Francioli, Fabienne Goyeneche, Huang Zhen, Carol Issoux, Sophie Lavergne, la Mission Economique près l’Ambassade de France en Chine, Rémi Paul, François Perruchot-Triboulet, Damien Schaepelynck, Nicolas Sridi, Renaud de Spens, Anh-huan Tan, Ramanya Wei, Joris Zylberman. Photographies : Imagine China, Cyrille Coussat, Lionel Derimais, Anne-Séverine Douard, Patrick Wack. Photographie de couverture Zhang Lan, LAN CLUB Publicité Pékin : Emma Hao Tél. : (010) 6512 1740 Shanghai : Moukda Phanthalangsy Tél. : (021) 6132 7100 Guangzhou : Hervé Lambelin Tél. : (020) 8121 6818 Connexions est édité par la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine www.ccifc.org connexions@ccifc.org Imprimé par Versatra Graphics

Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Connexions




Connexions

Sommaire Numéro 40

Entretien avec Su Mang Rédactrice en Chef de Harper’s Bazaar

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Actualité

© Harper’s Bazaar

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Entretien avec Su Mang

苏芒女士专访

Le retour des sectes Sur le Net La vie des entreprises françaises

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Nationalisme économique en Chine : une fable?

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La nouvelle loi sur les contrats de travail

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DOSSIER Spécial Luxe Le nouveau goût chinois La culture du luxe De l’artisanat à la Bourse de New York

33 36

De l’ostentation à la connaissance

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Les millionnaires chinois font leur foire

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Les clubs : entre soi

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Le luxe à l’assaut des provinces chinoises

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Portrait-robot du consommateur de luxe

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Comité Colbert : « La Chine est notre marché prioritaire »

Zhang Lan : « Je veux devenir le Louis Vuitton de la 46 cuisine chinoise » Zhang Yuchen : Une vie de château à la chinoise 47

Le marché du luxe

© Comité Colbert

Dossier Spécial Luxe Les millionnaires chinois font leur foire

© Imagine China

La Renaissance

38

30

Comité Colbert : « La Chine est notre marché prioritaire » Le marché du luxe par secteur ÜHorlogerie, bijouterie, joaillerie Breguet : s’installer à son rythme Cartier chinois ÜVêtement, lingerie, chaussures Hermès : partager notre culture Pierre Cardin : « Marco Polo » de la haute couture ÜDécoration Lalique : l’éducation au goût Baccarat : l’attrait d’une « maison » ancienne Daum : la patiente reconquête du marché Sébastien Lathuile : les fleurs de Shanghai ÜVins et nourritures fines Pernod : faire de l’alcool un produit de luxe Fauchon : trois étages de goûts français Droit, fiscalité, services : climat favorable mais avis d’orage Le luxe et la contrefaçon, des tentations inévitables ?

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Connexions

Sommaire Numéro 40

La Chine à la loupe Investir à Pékin : à chacun son district Mixel : Pékin, tout simplement France Télécom : L’Orange Labs, au coeur de la Silicon Valley chinoise Bolénor : Au plus près de nos clients

La France à la loupe

L’Ile-de-France : la première région économique d’Europe Tourisme en Ile-de-France

La Chine à la loupe

Investir à Pékin A chacun son district

Grand Théâtre National de Pékin Derniers coups de marteau avant le lever de rideau Entretien avec Paul Andreu « Je me suis rarement autant impliqué pour un projet » Lire La sélection de Laurent Ballouhey

专访 苏芒女士

79 80 84

© Michel Derouault

82 52

L’Ile-de-France : la première région économique d’Europe

巴黎大区:欧洲第一经济区

时讯

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98

12

公司简讯

Ñ

标志-雪铁龙在筹建一家新的生产微型车的合资企业

Ñ

成功到卓越赛特力-碧兰中国二十年

Ñ 一个永恒的问题:什么是奢侈品?以前的奢侈品在 现在和将来还依然会成为奢侈品么? Ñ

巴黎乡村

Ñ

北京第一家索菲特顶级豪华宾馆开业

18 21 22 25 26

奢侈品:中国人新的品位 Ñ “中国是我们的首选市场” Ñ 卡地亚中国 Ñ 以自己的节奏前进 Ñ 分享我们的文化 Ñ 穿高级时装的“马可波罗” Ñ “老牌”的诱惑力 Ñ 关于品位 Ñ 征服市场需要耐心 Ñ 上海的鲜花 Ñ 如何制造酒业的奢侈品 © Lionel Derimais

Grand Théâtre National de Pékin Derniers coups de marteau avant le lever de rideau

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中文目录

Ñ“奢侈品是一种精神”

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77 78

Culture © Xie Bin

76

74

Ñ 法国美食世界 Ñ 总体不错时有动荡 Ñ 奢侈品及其仿制品,不可避免的趋势?

54 60 60 61 61 64 65 65 65 67 68 72 72

聚焦法国 巴黎大区:欧洲第一经济区 Ñ

巴黎大区

80 87


Entretien avec Su Mang Lancée en 2001, l’édition chinoise du très chic magazine féminin américain Harper’s Bazaar est aujourd’hui le plus lu des mensuels de mode avec un tirage de 645 000 exemplaires. Support incontournable pour les marques de luxe de vêtements et accessoires de mode, Harper’s Bazaar est aussi un observatoire privilégié des nouvelles

© Harper’s Bazaar

tendances du secteur. Entretien avec sa rédactrice en chef, Su Mang, rédactrice en chef d’Harper’s Bazaar

Su Mang.

‘‘Un produit de luxe, c’est surtout un esprit ’’ Connexions : Depuis 2001, quels sont les changements notables et les nouvelles tendances de la consommation des produits de luxe en Chine ? Su Mang : L’évolution la plus remarquable est l’apparition de consommateurs en quête de qualité. Avant 2000, la consommation des produits de luxe en Chine était surtout une consommation de « modèles ». Les gens ignoraient ce que signifie vraiment acheter une marque de luxe et se contentaient des imitations, des modèles pour la plupart vus au cinéma ou à la télé. L’objectif prioritaire des consommateurs était de s’approprier la mode. Depuis 2001, on assiste à un changement de comportements. De plus en plus de gens recherchent la qualité, l’élégance et la durée à travers l’achat d’un produit de luxe. La coupe, 10 Connexions

le tissu et mille autres détails ont autant d’importance que la marque elle-même dans une décision d’achat de vêtement, par exemple. Pourtant, il existe encore deux types de consommateurs de produits de luxe. Il y a d’une part, les consommateurs débutants pour qui l’essentiel est la renommée de la marque. Ceux-là se tournent vers des produits portant un logo très caractéristique, identifiable et vers des marques qui peuvent entièrement satisfaire, sur leur nom, le plaisir de s’offrir ou d’offrir un produit de luxe, identifiable comme tel. Et puis, il y a les consommateurs ayant atteint une certaine maturité qui recherchent avant tout l’extrême qualité, la rareté, la créativité ou encore l’originalité. Ils peuvent aller vers des marques moins célèbres, parfois


Entretien avec Su Mang mêmes nouvelles, et, quand ils font l’acquisition d’un produit de grande marque, ils préfèrent les produits très haut de gamme, susceptibles de renvoyer d’eux-mêmes l’image d’un raffinement absolu. Harper’s Bazaar a largement contribué à la promotion auprès des lecteurs chinois d’un très grand nombre de marques internationales jusqu’alors méconnues. En consacrant beaucoup d’articles à la culture, à l’histoire et au savoir-faire des grandes marques de luxe, la connaissance des produits s’est considérablement enrichie. C’est ce qui nous a permis de faire passer l’idée qu’un produit de luxe, ce n’est pas seulement un prix très élevé, mais surtout un « esprit », l’alliance de la créativité et de l’excellence. C : Comment et en quoi la culture du luxe a –t-elle évolué ?

tie de ses efforts à encourager des comportements d’achat individuel et personnel. Il ne s’agit plus de porter un vêtement pour afficher sa marque, mais de porter un vêtement de qualité parce qu’il répond à ses propres besoins et à ses envies personnelles. Mais si les marchés du luxe de Shanghai ou de Pékin sont assez similaires, sur les nouveaux marchés de Chengdu et de Hangzhou où le désir et la capacité d’acquérir des produits de luxe sont bien réels, les choix restent relativement limités, concentrés sur quelques modèles et quelques marques. Je crois qu’aujourd’hui les consommateurs achètent des produits de luxe d’une part pour affirmer leur statut social et d’autre part pour se mettre en valeur en tant qu’individu. Les produits qu’ils choisissent sont le reflet de leur personnalité. S’offrir un produit de luxe c’est une manière

S.M : La culture du luxe a beaucoup évolué en quelques années. Au début, la consommation était essentiellement axée sur les marques les plus célèbres comme Louis Vuitton, Dior, Chanel, Gucci, etc… surtout par manque d’informations. Notre équipe rédactionnelle concentre une par-

non seulement d’afficher sa position sociale, mais aussi de montrer son « bon goût », son sens de l’esthétisme, sa créativité, voire sa modernité. Ceux qui choisissent un style avant-gardiste sont généralement, dans leur tête, à l’avantgarde.

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Entretien avec Su Mang C : Quel est le profil des lecteurs de votre magazine, Harper’s Bazaar ? SM : Les lecteurs de notre magazine sont essentiellement des femmes issues de l’élite qui ont un bon niveau d’éducation et qui touchent des salaires élevés. Elles occupent souvent une position importante dans l’entreprise, elles ont entre 30 et 35 ans. Nous leur proposons des services, nous leur apportons des conseils pour s’habiller et des styles propres aux grandes marques. Harper’s Bazaar

présente aussi à ses lectrices des modèles de femmes qui sont remarquables dans leur domaine, pour partager l’expérience de ces femmes exceptionnelles. Enfin, il y a aussi des informations techniques sur la beauté et le maquillage. Notre magazine offre donc régulièrement à ses lectrices l’occasion d’apprendre, de connaître, et nous tentons de promouvoir une image de la femme « bien habillée, avec une tête bien faite », comme l’annonce le slogan de notre magazine ! n Propos recueillis par Sophie Lavergne

苏芒, 时尚芭莎杂志主编.

‘‘奢侈品是一种精神’’ 《时尚芭莎》这本美国女性杂志中国版本自2001年发表以来, 已成为月发 行量645000册的时尚刊物.作为服装和配饰奢侈品牌不可替代的媒介载体, 《时尚芭莎》是这个行业流行趋势的了望台. 下面是对杂志主编苏芒女士 的专访.

你认为,2001年《Harper's Bazaar》时尚杂志落户中国 以来,中国的奢侈品消费有哪些显著的变化及新的趋势? 最显著的变化就是开始了品牌消费。2000年前中国的奢侈 品消费只是款式消费。当时的人们没有更多品牌消费的概 念,最多只是消费一些电影电视中热门款式的仿制品。当 时的消费者关心的只是对色彩和款式的追随。自从2001年 BAZAAR来到中国,向广大的读者介绍国际上许多丰富神 秘的品牌以及品牌背后的文化,使大家逐渐了解到奢侈品 所包含的不仅仅是昂贵的价格,还有品牌所传达的独特精 神。BAZAAR的优秀团队与国外的设计师、摄影师一起呈 现给大家大量的时尚作品,使得中国开始渐渐产生了品牌 消费的概念。

中国的奢侈品消费文化是否发生了变化? 是的。早期的奢侈品文化集中在对一些大牌的消费,比如

© Harper's Bazaar

Louis Vuitton、Dior、Chanel、Gucci等。那是因为大家对 奢侈品的认知还非常有限。通过杂志的介绍,使大家慢慢 地开始了品牌的个性消费,不再因为品牌而穿衣,而是因 为需要而穿品牌。 12 Connexions

与朱丽亚比诺世合影


© Harper's Bazaar

专访 苏芒女士

慈善夜与章子怡周迅在一起

炫耀奢侈品消费的想法(购买名牌的,具有较强识别性且

今天,消费者购买奢侈品是否不只是为了表明其社会地

价格昂贵的产品)是否随着受过良好教育且重视享受的中

位,同时也是为了显示其品位、审美感、创造性甚至现代

国新富阶层的出现而改变?

感呢?

如果是,这一变化通过哪些消费行为体现?今天的奢侈品

是的。我认为消费奢侈品的消费者通常有一定的经济实力

消费者更倾向于哪些品牌?

和品位。他们购买奢侈品一方面想强调自己的身份地位,

炫耀奢侈品消费的想法逐渐淡化。大家慢慢认识到奢侈品

另一方面也是对自己成就的一种犒赏。他们选择的产品时

并非只有高昂价格,越来越多的人开始注重奢侈品背后对

通常会表明自己的鲜明个性。而选择一些前卫设计的人,

品质的追求,它们所带来的优雅享受以及它们经久不衰的

通常在思想观念上也是前卫的。

形象。正因如此,炫耀的念头开始被人们逐渐淡化。 今天大家逐渐不再只是选择明显的Logo,也慢慢地开始重

2001以来,《Harper's Bazaar》时尚杂志的阅读人群是

视剪裁、面料等细节。但是近日的奢侈品消费者仍然存在

否起了变化?这本杂志主要由哪个年龄段的人群购买?

两种类型:第一种是入门型。这些消费者属于奢侈品的初

我们杂志的核心读者一直都是高收入高职位以及受过高等

级消费者。他们更多的看中的是品牌的知名度,带有品牌

教育的精英女性。在过去的5年多,读者年龄一直是30-

Logo、包含品牌特征的商品能够满足他们初次进行奢侈

35岁。我们以她们为对象,满足他们的需要,为他们提供

品消费的快感。第二种是成熟型。这一部分消费品注重品

大量的服装搭配技巧以及各大品牌经典的设计、大量成功

牌的品质,他们喜欢选择一些比较低调的品牌或者新的奢

女性的经验分享、美容化妆技巧和常识。这些都深受读者

侈品牌。在消费大牌他们也往往会选择拥有精致细节的商

的喜爱并关注的。同时,通过BAZAAR经常提供给读者的

品,来打造自己的精致形象。

时装方面如何应对不同场合和不同身份的方法,使我们惊 喜地看到了越来越多BAZAAR所提倡的“盛装女人,盛装 智慧”的女性形象。n Connexions 13


Actualité échos de la presse chinoise

© DR

Le retour des sectes La révolution communiste a durablement éradiqué les sectes et autres dissidences religieuses. Cependant, la crise de 1999 entre l’organisation Falungong et le pouvoir a de nouveau porté la question sur le devant de la scène. Aujourd’hui, en dépit de la vigilence des autorités, le problème n’est toujours pas réglé, soulignent les médias chinois. La revue Phoenix, du groupe de la chaîne Phoenix TV, consacre la Une de son numéro 254 (en date du 5 mai 2007) aux sectes. Elle contient une longue enquête illustrée par plusieurs photographies sur les nouveaux mouvements religieux dans l’Ouest de la Chine, la région la plus touchée par le phénomène. Elle affirme se fonder sur deux sources principales : des témoignages recueillis sur le terrain, à Yulin dans le Shaanxi, et un rapport officiel. Cette étude se concentre sur un petit nombre d’organisations d’inspiration protestante, dont les plus influentes seraient “L’Eglise des Disciples” (mentu hui) et “Le Vrai Dieu” (shiji shen). La première aurait, selon les chiffres des autorités, plus de 350 000 adeptes répartis dans 15 provinces. Le pasteur Yang estime que ces mouvements ne sont pas des religions mais des sectes, qui “volent” des fidèles aux religions traditionnelles. Il s’alarme sur la situation du Shaanxi, qui serait une zone particulièrement exposée à leurs agissements en raison de son sous-développement. Les paysans ne sauraient pas faire la différence entre une religion et une secte, et n’aspireraient qu’à “croire en Dieu”. La stratégie de ces sectes serait en effet terriblement agressive et efficace. Leurs membres feraient du porte à porte pour “diffuser la bonne nouvelle”, insistant particulièrement sur les foyers faibles, touchés par exemple par la maladie et la pauvreté. Chaque nouvel adepte aurait de plus l’obligation d’amener 10 personnes avec lui dans la secte. D’après le rapport officiel, la grande majorité de ces croyants viendraient de catégories sociales défavorisées, et compteraient jusqu’à 95% de femmes.

A l’assaut du “Grand Dragon Rouge” Pour le magazine, leur caractère nuisible ne ferait pas de doute. Ainsi, leurs croyances rétrogrades et extrêmes mettraient en péril la vie de leurs membres, en refusant par exemple les soins médicaux ou en leur ordonnant de ne se nourrir que de 100 grammes de céréales par jour. De plus, leur prosélytisme exclusif porterait atteinte à la liberté de conscience : elles n’admettraient pas en effet de défection, et harcèleraient les “déserteurs”. L’article fait également état de viols, spoliations financières, sacrifices et rituels plus ou moins démoniaques. Il insiste également sur l’aspect politique de ces mouvements, accusés de vouloir créer des partis politiques ou de vouloir abattre

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© DR

le “grand dragon rouge” (da hong long - NDLR : métaphore pour le Parti Communiste Chinois). Il est vrai que les tracts clandestins qui circulent largement en Chine ont presque toujours une tonalité politique. Pour la Phoenix Review, nul doute qu’il faille donc lutter contre les sectes. Dans ce domaine, la revue affirme que la réponse de l’Etat n’est pas à la hauteur. Non seulement, le maillage policier ne serait pas assez serré à la campagne, avec un commissariat de trois fonctionnaires surchargés de travail pour deux ou trois districts, mais en outre les institutions ne mettraient en oeuvre qu’une politique répressive, contre-productive. Il se pose surtout d’abord un problème de définition, expliquent les journalistes. Dans un article du même dossier intitulé “Qu’est-ce qu’une secte?”, ils mettent en avant l’indigence de l’arsenal juridique en la matière. Seule une déclaration du Comité Permanent de la 9e session de l’Assemblée Populaire de 1999 (NDLR : prise à la suite du bras de fer du pouvoir avec le mouvement Falungong) propose une définition trop vague, selon eux, ne permettant pas un traitement légal adéquat du phénomène. Cela fait qu’outre les paysans mal éduqués, beaucoup de fonctionnaires ne sont pas sensibilisés à la question, à l’instar de ces responsables d’un centre de documentation de Lingbao (Henan) qui ont fait entrer sans le savoir des livres du mouvement interdit “Le Vrai Dieu” dans une bibliothèque publique, selon le site internet Zhengyi.

Un journaliste infiltre la secte du “Vrai Dieu” Avant l’enquête de Phoenix, le sujet avait déjà intéressé les médias chinois. Le 11 février 2007, un long article sur la « résurrection » des religions clandestines dans les provinces du Shaanxi, Gansu et Ningxia était paru dans le Xinhua Daily Telegraph. Il se fonde sur l’étude approfondie d’un journaliste ayant infiltré le mouvement du “Vrai Dieu” en 2005. L’article est alarmiste et critique. Il estime que la question des sectes est une “bombe à retardement” en Chine, et incrimine largement les autorités. Les adeptes du “Vrai Dieu” révèrent une femme-déesse du Henan qu’ils considèrent comme la dernière incarnation du Christ. Leur structure est très cloisonnée, chaque membre ne connaissant que 7 autres membres, et chacun ne s’appelant que par un surnom. Croyant qu’un cataclysme est imminent, ils délaissent les activités traditionnelles. Ils lutteraient férocement contre leurs “concurrents”, comme “L’Eglise des Disciples”, et les structures de la société. L’auteur de l’article explique la popularité de ces mouvements par le “désarroi spirituel” qui frappe la société chinoise, et particulièrement les campagnes. Les cadres locaux, obnubilés par la question du développement économique, auraient délaissé leur rôle d’animation communautaire et de cohésion culturelle, laissant les paysans aux mornes ennuis de l’alcool, des jeux de cartes et de la télévision. La corruption de certaines autorités, la difficulté matérielle d’accéder aux études, la faiblesse du système de protection sociale, conduiraient les mécontents à prendre le Parti Communiste et son idéologie comme boucs émissaires et à tomber dans les bras des sectes. n

Renaud de Spens Connexions 15


Actualité sur le Net Les révélations sur le sort des ouvriers esclaves de la province du Shanxi ont provoqué une vague d’émotion et de colère qui a balayé l’Internet chinois. Profitant des tribunes virtuelles et des forums, les internautes expriment leur colère et demandent des comptes à leurs dirigeants politiques. Pour certains, c’est aussi l’occasion de constater la distance qui les sépare de la réalité de leur propre pays.

«Q

ui va sauver nos enfants ? ». Cette question angoissée hante tous les forums du web chinois et résonne comme un appel au secours. Ce cri est parti le 7 juin dernier du site Tianya, connu pour ses discussions animées, accompagné d’une lettre ouverte signée par 400 pères de famille du Henan dont les enfants ont été enlevés pour travailler dans les usines de la province voisine du Shanxi. Avec des mots simples, les signataires racontent leur chemin de croix pour essayer de retrouver leurs fils disparus. Ils expliquent aussi comment les administrations locales leur ont opposé une fin de non recevoir, rejetant la responsabilité sur d’autres fonctionnaires. Cette lettre, qui décrit aussi le calvaire des enfants esclaves, photos insoutenables à l’appui, a provoqué une lame de fond qui a largement débordé les frontières du monde virtuel. Mais c’est sur Internet que l’émotion a été la plus palpable. La plupart des sites de discussion ont évoqué le sort de ces ouvriers esclaves du Shanxi, avec, à chaque fois, une avalanche de messages et de réactions. Sur Tianya, quinze jours après la publication de la lettre des pères, il y avait déjà plusieurs centaines de commentaires et les mails continuaient à affluer. Si les révélations sur les pratiques dans ces petites usines du Shanxi ont provoqué un choc, l’attitude des autorités locales, elle, suscite la colère. Un internaute n’hésite pas à décrire son pays comme « un corps en putréfaction que le gouvernement dissimule sous de beaux habits ». Sur un autre blog, un internaute en appelle à la justice pour sanctionner tous les responsables du parti communiste du Shanxi. A quelques clics de

là, un habitant de Shanghai, originaire de cette province, tombe des nues : « J’habite depuis longtemps en ville, je ne pouvais pas imaginer que c’était possible dans mon pays natal». Car la stupéfaction des internautes est aussi celle de citadins prospères qui découvrent l’effroyable misère des campagnes et leurs zones de non-droit. Un monde sépare les tribuns du net et les paysans pauvres du Shanxi, très rarement représentés sur les forums. A cette occasion, certains internautes se sont aperçus qu’ils connaissaient mal leur propre pays. L’information, justement, c’est le cheval de bataille de la « tribu 1510 ». Derrière ce nom de code mystérieux se cache le projet d’une animatrice de la chaîne de télévision Phoenix pour créer un journalisme citoyen sur internet. Le site de la tribu 1510 avait commencé fort et justement, en pleine affaire des ouvriers esclaves, il avait été le théâtre de débats passionnés. Trop, peut-être, au goût des autorités qui ont ordonné sa fermeture. Moyennant une petite astuce informatique, il est encore possible d’accéder aux pages de la tribu 1510 avec ses articles et ses vidéo d’actualité publiées par les internautes eux-mêmes. Un petit film amateur, par exemple, donne la parole aux habitants du quartier Jiuxianqiao de Pékin. Le programme de démolition de cette zone a été soumis à referendum, une expérience de démocratie locale que les autorités ont voulu exemplaire. Sur « my1510.com », les riverains poussent un coup de gueule contre les promoteurs, ils le font sans retenue et à visage découvert. La démocratie ne peut pas être plus directe. n Mathieu Baratier

16 Connexions

he gat ©A

in Alla

Cette affaire a révélé le fossé qui sépare les citadins, habitués du net, et le monde rural



Actualité entreprises PSA: vers une nouvelle entreprise mixte Shenzhen pour la production de véhicules de transport de moins de dix personnes. Ce nouveau partenariat permettra à PSA Peugeot Citroën de mettre un pied sur le marché des minibus qui représente chaque année un million d’unités vendues et qui connaît une croissance annuelle de 20 à 30%. Le groupe de travail doit rendre une étude de faisabilité et définir les contours de la joint-venture d’ici quelques mois. n

Le groupe PSA Peugeot Citroën s’achemine vers une deuxième joint-venture en Chine. Le constructeur français et son partenaire chinois ont officiellement créé le 29 juin un groupe de travail chargé de définir les contours d’une entreprise mixte qui pourrait associer PSA et le groupe Hafei, spécialiste des véhicules utilitaires. Dans cette alliance, le Français apporterait son savoir faire et sa technologie, Hafei mettrait à disposition son usine de

标志-雪铁龙在筹建一家新的生产微型车的合资企业 标志-雪铁龙集团正在建设其在中国的第二家合资企业。

工艺和技术,哈飞集团将提供其在深圳的生产10人以上客运车

6月29日,标志-雪铁龙与其中国合作伙伴正式成立了负责确定

的工厂。这一新的合作关系将会使标志-雪铁龙集团涉足年销售

合资企业轮廓的工作组,这家未来合资企业将联合标志-雪铁

100万辆、年增长20-30%的微型轿车市场。工作组会在几个月内

龙和实用车辆的专家―哈飞集团。在这次联姻中,法方将带来

完成可行性研究,确定合资企业的轮廓。 n

Franck Provost arrive en Chine coiffure. » Côté formation, une académie de coiffure est en projet pour le premier semestre de l’an prochain et un deuxième salon pourrait aussi s’ouvrir à Shanghai dans la foulée. En attendant, un professeur d’origine chinoise, enseignant au centre de formation parisien pendant dix ans, est venu transmettre l’art du coup de ciseaux façon Franck Provost aux coiffeurs du nouveau salon. n

Un an de Master

Franck Provost lors de l’inauguration de son salon de coiffure à Pékin, le 7 juillet dernier.

L

e premier salon de coiffure Franck Provost de Chine a ouvert ses portes à Pékin début juillet. La cérémonie d’inauguration avec défilé de mannequins a donné le ton de cette nouvelle franchise : luxe et paillettes. D’ailleurs, le dernier-né des 600 salons de coiffure du groupe français, s’est installé dans une nouvelle galerie commerciale réservée aux produits chics et chers, Shinkong Place, comme le faisait Fauchon quelques jours plus tôt. C’est donc la clientèle haut de gamme qui est visée, surtout féminine, avec des produits de soin l’Oréal et des prix qui voisinent les 200 yuans la coupe. Un salon VIP a même été prévu pour les célébrités et la clientèle exigeante. « Cette formule marche bien, explique le directeur Grégoire Grandchamp, les Chinois aiment faire des expériences et n’hésitent pas à consacrer un gros budget pour leur 18  Connexions

© Franck Provost

Lyon 3-Université du Peuple Les 120 élèves de la première promotion du master Finance proposé conjointement par l’Université Lyon 3 et l’Université du Peuple viennent d’achever leur première année de formation. Les étudiants sont Français et Chinois, pour la plupart issus de cursus économiques, et leur diplôme leur permettra d’intégrer, par exemple, les services financiers des entreprises françaises implantées en Chine. Cette formation se veut très professionnelle et s’inspire d’un autre programme conjoint, entre Lyon III et l’Université Sun Yat-Sen de Canton, qui accueille cette année sa 9e promotion. Les cours du nouveau master Finance sont dispensés en chinois et en français avec une première année à Pékin et l’autre à Lyon avant un stage de fin d’études en France. La première promotion devrait donc être diplômée en septembre 2008.



. .. i u h ' d r u jo u a ' d e n i h C a l r u s d r a Un autre reg Entretien Vie des entreprises Actualité juridique Dossier spécial La Chine à la loupe La France à la loupe Culture

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entreprises Actualité Actéon fête ses 20 ans de présence en Chine

© IActéon

1

1987 : Début de l’aventure de la Société SatelecPierre Rolland, groupe SANOFI avant 1991. Comme aiment à le raconter les responsables et employés chinois de l’époque, la photocopieuse était installée dans le couloir, a l’extérieur des locaux ! Cela donne une idée fidèle des conditions de travail de cette période... Le marché dentaire en est encore à un stade embryonnaire. 1989 : Le bureau déménage et les perspectives s’agrandissent, cependant la réglementation vis à vis des matériels étrangers reste stricte et figée. Ce facteur ne favorise pas le commerce des équipements occidentaux dans son ensemble. De plus, des produits américains ont déjà investi ce maigre marché. Le 20 septembre, la journée spéciale « Je prends soin de mes dents » voit le jour. A cette occasion, dans le Sud de Pékin, un dentiste prodigue des soins gratuits en utilisant les produits Acteon. Une foule se presse pour l’événement malgré la pluie. Le potentiel de développement est confirmé, le milieu hospitalier local tend alors une oreille attentive. 1994 : Le premier défi du bureau de représentation est de convaincre ses fournisseurs que la technologie piezo-électrique est bien plus pertinente que le système magnétique encore très massivement utilisé. Le deuxième challenge, et non des moindres, réside dans la volonté d’améliorer le service après-vente alors très précaire. Cette méthode pour fidéliser les clients est encore rare en Chine

Réception organisée pour les vingt ans d’Actéon.

à cette époque. Plusieurs autres sociétés européennes apportent leur concours dans la fabrication des produits Satelec et Pierre Rolland. 1999 : La maison-mère délègue un responsable français pour prendre en main les affaires via le bureau de représentation, dans un contexte économique plus mature. Les produits sont à partir de ce moment présentés sur les salons majeurs. 2003 : Renforcé par l’acquisition du spécialiste en imagerie médicale Sopro et de SED-R (lampes de soin), SatelecPierre Rolland devient alors Acteongroup, présent aux quatre coins du globe. 2007 : 20 ans! De Gotzen et Comeg rejoignent la famille à leur tour. Actéon -Pékin a 20 ans! n

成功到卓越赛特力-碧兰中国二十年

1

987年在民族宫的一间房间里边,条件简陋得只能

1994年作为对我们曾经付出的汗水得最好回报,我们自豪

用从电报局租来的凿孔电传机发传真, 法国赛特

地宣布了赛特力-碧兰中国办事处的正式注册成立!和中国

力-碧兰公司迈开了进入中国市场的第一步。

地区的年销售额从1987年的1.6万美元直线上升到1997年的

当时的中国牙科市场还处于相对初级的阶段,治疗手

近一百万美元。

段和材料都相当落后。另一方面,美国产品和另一家欧洲

1999年,我们迎来了瑞龙先生(Vianney Ruellan)出任中

公司早已占领了当时有限的中国市场。

国区首席代表,中国团队的建设随之得到了进一步的加

然而潜在的市场潜力却成为鼓舞我们前进的动力。

强,市场开拓的步伐也越来越有声势。

1989年9月20日从雨中打着伞耐心等待第一个爱牙日里长长

同年,碧兰麻(“必兰”)在中国注册成功,成为了

的队伍中,我们感受到人们对第一个爱牙日的热情,也看

第一个进入中国市场的进口口腔局部麻醉剂,而且目前已

到市场上升的希望。我们把赛特力-碧兰产品一步步推广到

成为备受口腔医生和患者青睐的麻醉剂。

口腔医院、诊所。同时通过参加北京、上海、广州等地的

2003年,随着集团总部对新公司的不断收购以完善产品

专业口腔展来展示推广产品,展台也从一开始的一个展台

线,赛特力-碧兰集团正式更名为法国艾龙集团。艾龙中国

扩大到2个、4个、6个……

团队也扩大到由20多人组成,他们包括口腔学专家,药学

为了和美国产品争夺市场, 推广充满前途的压电陶瓷技 术,我们曾经联合了今天还是我们主要竞争对手之一的欧

专家以及电子工程专家。经销商的队伍也逐步壮大,成熟 和规范化,售后服务工作得到了用户的广泛好评。

洲公司的同行。同时为了开拓市场和完善售后服务工作,

二十年的风风雨雨,艾龙见证了中国口腔事业的蓬勃

从一开始就要求办事处的工作人员无论是工作还是休假

发展。艾龙集团和她在中国的事业也像令世人瞠目的中国

中,见到牙科医院和诊所只要有可能都要进去问问他们的

速度一样,快速地从成功走向了卓越!n

我们赛特力的洁牙机是否好用……. Connexions 21


Actualité entreprises Joël Desgrippes donne corps à l’imaginaire du luxe

© Degrippes Gobe

de demain. Desgrippes Gobé est présent en Asie depuis 1992 au travers de ses bureaux à Tokyo, Séoul, Hong Kong et Shanghai. Ses agences offrent une palette complète de services : Stratégie de Marques, Identité Visuelle, Packaging, Graphisme, Volume, Architecture commerciale, Web design et travaillent aussi bien avec les multinationales que les grandes marques chinoises. Consultants et créatifs conjuguent talents et passion pour faire vivre les marques et apporter des solutions pertinentes aux problématiques de leurs clients. Fondée à Paris en 1971 par Joël Desgrippes, l’agence devient Affirmer des codes qui n’appartiennent qu’à soi pour marquer son territoire et créer le désir. internationale dès 1985 quand s’ouvre le bureau de New York avec Marc Gobé. D’abord Eternelle question : Qu’est ce que le Luxe ? Le luxe remarquée par la pertinence de ses créations pour d’hier est-il le même que celui d’aujourd’hui et de des marques prestigieuses de l’univers du luxe et de la demain? Tel est le thème de la Conférence donnée beauté, l’agence a confirmé son savoir-faire dans des par Joël Desgrippes de l’Agence Desgrippes Gobé à la secteurs tels que les services et l’industrie, la grande Chambre de Commerce et d’Industrie Française, à Shanghai, distribution, la pharmacie, la mode, les loisirs, la banque au mois de juin. A la question des auditeurs sur sa définition et l’assurance, le transport et le tourisme... Aujourd’hui, du luxe, Joël Desgrippes esquisse la réponse suivante : Desgrippes Gobé figure parmi les cinq premiers groupes “ Le luxe, c’est là où l’imaginaire prend forme”. Considérer mondiaux de branding et de design et a été élue pour le luxe sous une nouvelle perspective permet aussi aux la deuxième année consécutive « Meilleure Agence de marques de se redéfinir, se réorienter et de se déployer pour Design de l’année 2006 ». n devenir des marques qui inspirent et créent la tendance

E

一个永恒的问题: 什么是奢侈品?以前的奢侈品在现在和将来还依然会成为奢侈品么?

就是Desgrippes Gobé公司的Joël Desgrippes先

知名品牌提供服务。我们的咨询顾问和创意人员致力于提

生6月份在上海法中商会的讲座主题。

高客户品牌的活力,并且提供相关问题的解决办法。

就奢侈品定义这个问题,Joël Desgrippes先生

Desgrippes Gobé公司由Joël Desgrippes先生1971年在巴黎创

的回答如下: “奢侈品,...在想象中形成.. ”

办,拥有国际化的背景。1985年公司合伙人Marc Gobé.在纽

在一种新的观点下考虑奢侈品这一概念,能够给与那些品

约开设了分公司,并由于为世界奢侈品和著名美容品牌提供

牌重新定位以及自我发展的机会,使他们成为能够自我创新

量身定制的创意而闻名,现在我们公司不仅为这些行业的

的品牌。

品牌提供专业服务。同时我们也开拓了其他领域,包括服务

Desgrippes Gobé公司自从1992年进入亚洲市场以来,已经

业,工业,物流,医药,时尚,娱乐,银行和保险,交通和旅

在东京,首尔,香港,上海设立了分公司。

游业,等等

我们在亚洲的公司,可以提供以下一整套服务:品牌策略,

今天,Desgrippes Gobé已经位于世界品牌和设计公司前

视觉识别,包装设计,绘图设计,环境设计,以及网页设计。

五名,并且连续两年被提名为年度最佳设计公司(Meilleure

在亚洲,我们不仅和许多跨国公司合作愉快,也为许多中国

Agence de Design de l’année 2005, 2006) n

22  Connexions


35 des 100 grandes marques en Asie partagent un certain “savoir-faire” Elles ont toutes choisi l’Agence Desgrippes Gobé pour leur besoin en Design et Stratégie de Marque Stratégie de marques Création de nom Identité visuelle Design d’environnement Packaging volume et graphisme

unit 4003, 40/F, one grand gateway, 1 hong qiao road . shanghai 200030 tel: 8621 6448 5995 www.dga.com Source: Enquête Synovate réalisée en 2006 auprès des 1000 grandes marques sur 9 différents marchés asiatiques, en association avec Hong Kong Media Magazine. Si vous souhaitez un exemplaire du rapport d’enquête, veuillez contacter l’Agence Desgrippes Gobé Shanghai



entreprises Actualité Un village chic au cœur de Tianjin

Q

uand il a décidé de venir travailler en Chine, Jean-Charles a vu les choses en grand. Le restaurant qu’il a ouvert dans la ville de Tianjin au mois de mars dernier est à la hauteur des ambitions de ce chef d’entreprise globe-trotter. Le Paris Village s’est installé, sur deux étages, dans le quartier chic de la ville, il peut servir 250 couverts et propose régulièrement des spectacles de cabaret. Les cuisines affichent les mêmes largesses avec 150 mètres carrés consacrés aux fourneaux. Tous les classiques de la gastronomie française figurent sur la carte: du confit de canard au foie gras en passant par la crème brûlée et le filet de bœuf au fromage bleu. Le Paris Village confectionne même son pain, ses propres pâtés, rillettes et des crêpes dans le respect de la pure tradition bretonne. Le service est soigné, la décoration moderne, avec de la vaisselle dessinée, fabriquée sur commande. Le restaurant emploie déjà une trentaine de personnes avec des cuisiniers chinois initiés sur place aux tours de main à la française. Leur formation est assurée par Martine, l’épouse de Jean-Charles. Le couple possède une longue expérience de 25 ans en Afrique. La Chine est pour eux une nouvelle aventure. n

巴黎乡村 天津市中心美丽的小村庄 当艾夏尔决定来中国,他想做一个大的餐馆。 餐馆名叫巴黎乡村,已于今年三月在天津市区开业, 希望成为一个国际化的餐馆。巴黎乡村西餐吧坐落 于市中心,有两层楼和完美的地理位置。餐馆每天 能够接待250位客人,不定期歌舞表演。150平米的 大厨房用来准备食物。菜品是以新鲜为前提的传统 法国美食。例如:菜单包括特别的鸭胸,鹅肝,煎牛 柳配兰芝士汁,巴黎甜塔。巴黎乡村制作传统的法 式面包,香草猪肉酱和薄饼。艾夏尔对他自己的专 业服务、时尚的餐馆装饰和印有自己设计的标识的 陶瓷餐具引以为傲。餐馆拥有30多位员工,都经过 © Paris Village

艾夏尔的太太兼厨师长玛蒂娜高标准的培训。艾 夏尔和玛蒂娜在非洲生活了25年。中国对于他们来 说是一个新的挑战,他们期待在不远的未来获得巨 大的成功。n

Martine et Jean-Charles Aït dans leur restaurant de Tianjin. Connexions 25


Actualité entreprises Ouverture du premier Sofitel de luxe à Pékin SMDesign  et un décorateur de Hong Kong, présente  un savant  mélange de styles français et chinois et se concentre sur les aspects business et détente. Ce temple du luxe à la française s’adresse en effet principalement à la communauté d’affaires. Placé au cœur du CDB (central business district) de Pékin, le Sofitel Luxury Hotel vise les multinationales et la communauté française. On retrouvera également des restaurants français - l’un d’entre eux est géré par le célèbre traiteurpâtissier parisien Le Nôtre -, et 43 suites de luxe réparties en trois catégories. Et pour se mettre en jambe, le cinq étoiles pékinois du groupe Accor accueillera le Forum PME d’Ubifrance en novembre prochain. Un moment clef où l’ensemble des services de l’établissement et ses 417 chambres auront pour difficile mission de séduire les chefs d’entreprises français. n Antonia Cimini © Sofitel

A

u mois d’août, ouvre à Pékin le premier hôtel haut de gamme du groupe Accor, une vitrine pour le reste du monde en attendant le lancement d’un Sofitel luxe en Égypte et le coup d’envoi de la « révolution du luxe  » qu’entend mener le groupe. Des établissements cinq étoiles et une philosophie de la vie à la française, telle est la stratégie du leader français de l’hôtellerie, sur le marché du luxe international. Depuis début 2006, le groupe cherche à donner une nouvelle identité à sa marque Sofitel. Un nouveau logo, le label « hôtel de luxe », un design éclectique et des partenariats avec les grands noms du luxe français, voilà les ingrédients de cette ambitieuse opération marketing. « Jusqu’ici nous étions spécialisés dans le milieu de gamme mais désormais nous avons changé de stratégie avec un but précis : créer une marque de luxe pour devenir leader de l’hôtellerie haut de gamme», explique Gerhard Zimmer, depuis 15 ans à la tête de Sofitel en Chine et initiateur de ce renouveau. « Le luxe est un concept qui existe dans la tête des gens. En France, même un repas ou un vin peuvent devenir un art. C’est pour cela que nous avons choisi comme slogan « art de vivre à la française », souligne encore M. Zimmer. Le design intérieur à Pékin, réalisé par le cabinet français

北京第一家索菲特顶级豪华酒店开业

月18日,雅高集团在北京的第一个索菲特高端品 牌酒店荣耀揭幕,携手在埃及即将开业的另一家 豪华索菲特酒店,向世人展开一扇‘豪华革命’的 橱窗。五星级是法国式的生活哲学,这也是法国雅高集团在 奢侈品市场的战略。自2006年初,集团就开始构想和赋予 索菲特品牌一种新的特质,与其他大品牌比如凯悦抗衡。新的 logo, ‘豪华酒店’的标识,兼收并蓄的设计,与法国各大奢侈 品牌的合作,这些都是市场制胜法宝。 “之前我们致力于中端市 场,但是现在,我们的策略改变了,目标很明确:创建一个豪华 品牌,成为高端旅馆业的龙头”,Gerhard Zimmer,这位领导索 菲特中国15年,同时也是这次改革活动的发起人如是说。 “豪

26  Connexions

华是一个存在于人们大脑中的概念。在法国,一顿饭或者一瓶 酒都可以上升为艺术。正因为这样,我们将‘法式生活艺术’作 为我们的口号”。Gerhard Zimmer再次强调。 北京这家店的内部设计由法国以及香港知名设计公司共同 完成,融合了中法两种风格,注重于商务及放松。主要面向商 务人员。坐落于北京CBD(中央商务区)的中心,豪华索菲特 面向各个国家包括法国。酒店内配有Le Pré Lenôtre法餐厅, 43间豪华套房被分成三种房型以供客人选择。作为一个很好 的考验,11月份法国企业国际促进署中小企业论坛将在酒店 召开。优质的酒店服务,417间客房肩负着吸引法国企业领导 者的重任。n



Actualité juridique

Ó

Nationalisme économique en Chine : une fable ?

Par Franck Desevedavy, Avocat Associé, cabinet ADAMAS

Un mal qui répand la terreur : le nationalisme économique. Si La Fontaine avait été contemporain des sociétés mixtes (JV), des loups trouveraient des pelés, des galeux d’où viendraient tous nos maux…

L

e droit des JV en Chine, sauf aménagements toujours complexes à négocier et mettre en œuvre, donne à chaque actionnaire un droit de véto et donc de contrôle sur l’entité commune. Tous les actionnaires, même minoritaires, contrôlent la JV; aucun actionnaire, même majoritaire, ne la contrôle. L’unique approche juridique n’est pas suffisante et tout relève d’une démarche d’équilibre économique, de qualité des ressources humaines, d’investissements financiers, de présence… La Chine ne souhaite pas atténuer ce manque de flexibilité du droit des sociétés mixtes. Les investisseurs ont su s’en satisfaire ou adopter des solutions alternatives. Mais surtout, la Chine a restreint l’obligation des JV à un nombre très limité de domaines économiques en ouvrant sans cesse son économie aux investisseurs étrangers. Si des affaires récentes ont mis en lumière la difficulté de gérer une JV et les conflits qui peuvent en naître, précisons qu’il n’y a rien de nouveau sous le ciel chinois et que rien ne nous autorise à évoquer un problème général de nationalisme économique alors que le droit chinois et l’intégration de la Chine dans l’ordre international ont, au contraire, fait de la JV une pratique exceptionnelle. Concurrence et sécurité nationale Le droit de la concurrence a fait apparaître ces derniers mois la notion encore floue de « sécurité nationale ». La crainte de voir des administrations s’abriter derrière cette notion pour refuser des projets d’acquisitions d’entreprises chinoises a été formulée. Est-elle justifiée ? Si cette notion doit être précisée pour une transparence et une sécurité juridiques améliorées, convenons que la SASAC (State Assets Supervision and Administration Commission) a déjà commencé ce travail en précisant les industries « importantes » : armement, énergie, télécommunications, aviation et transport maritime. La majorité des investissements étrangers ne sera donc a priori pas concernée par ces règles dérogatoires à la liberté d’investir.

28 Connexions

Les domaines cités ont toujours été placés sous le contrôle des autorités chinoises et le fait de les citer confirment a contrario l’intention d’ouverture de tous les autres secteurs. Enfin, les pays occidentaux les considèrent également stratégiques pour leur économie. L’investissement étranger aux Etats-Unis (voir les domaines de l’énergie, du transport aérien,…) peut être soumis à l’examen du Committee on Foreign Investments qui examine les acquisitions pouvant porter atteinte à la sécurité nationale. La Chine souhaite favoriser l’émergence de sociétés chinoises capables d’af fronter la concurrence internationale et protéger son économie, partant les investissements étrangers en Chine, en appliquant un contrôle par exemple sur son approvisionnement énergétique ou sa logistique de transport. La bataille de la propriété intellectuelle La Chine demeure le grand pays de la contrefaçon ; les investisseurs et gouvernements étrangers ne doivent cesser de dénoncer les violations de leurs droits. M ais co mm e nt p e u t- o n p ar l e r d e p r at i qu e s discriminatoires quand les victimes systématiques sont d’abord les entreprises et consommateurs chinois ? La Chine a pris conscience de l’importance de la propriété intellectuelle, lutte de manière croissante contre la contrefaçon, et investit dans la recherche avec des stratégies agressives de création de droits en Chine, en Europe et aux Etats-Unis. Où se trouve le nationalisme ? Tel le lion de La Fontaine, il peut être bon que chacun s’accuse… Les JV en Chine n’ont-elles pas permis un partage des richesses au profit des investisseurs étrangers (la JV ayant pour marché la Chine, le partenaire étranger le reste du monde) ? Nos économies occidentales ne sont-elles pas protégées par des mesures de défenses commerciales ? Nationalisme économique chinois, ou politiques intérieures européenne et américaine ? n


Actualité juridique

Ó

« Loi sur les contrats de travail » : revoir sa stratégie d’embauche et de licenciement

Par Patrick de Brisson de Laroche, Avocat et François Perruchot-Triboulet, Avocat Associé, Cabinet BIGNON LEBRAY & ASSOCIES

L

e 29 juin 2007, l’Assemblée Nationale Populaire a promulgué la Loi sur les contrats de travail. Mieux équilibrée que ses avant-projets, elle va tout de même dans le sens d’une protection accrue du salarié et doit dorénavant être intégrée à la réflexion sur les stratégies d’embauche et de licenciement. Les bouleversements du marché de l’emploi depuis la Loi sur le Travail de 1994 nécessitaient une réforme en profondeur. Après une concertation dépassant les cercles traditionnels du pouvoir, la Loi sur les contrats de travail est l’aboutissement de longs travaux parlementaires. Après quatre projets différents, cette loi redéfinit l’environnement juridique qui encadrera les relations de travail dès le 1er janvier 2008. Encouragement des contrats à durée indéterminée La conclusion de contrats successifs à durée déterminée était une pratique répandue permettant, à intervalles réguliers, la rupture de la relation de travail sans pénalité. Deux dispositions entraveront cette pratique. Un CDD ne pourra être reconduit qu’une fois, le troisième contrat devant être un CDI. Par ailleurs, l’employeur devra indemniser le salarié d’un mois de salaire par année d’ancienneté en cas de non-renouvellement d’un CDD.

Plus de flexibilité pour les licenciements collectifs La procédure actuelle pour les licenciements collectifs, à savoir la concertation avec le syndicat et information auprès des autorités, ne s’appliquera désormais que si le licenciement concerne au moins 20 salariés ou 10% du personnel. Elle est cependant étendue au cas de : (i) changement de production, de technologie ou de méthode de gestion (avec obligation de modifier au préalable les contrats de travail), (ii) déménagement pour prévenir une pollution ou (iii) changement objectif des circonstances ayant présidé à la conclusion du contrat. Modification du régime des clauses de nonconcurrence Si la validité des clauses de non-concurrence est maintenue, des restrictions sont apportées : à compter du 1er janvier, seul le personnel technique ou d’encadrement supérieur ou ayant accès aux informations confidentielles pourra valablement être lié par ces dispositions. La durée de l’obligation de non-concurrence sera limitée à deux ans. En revanche, la Loi n’impose pas de rémunération (contrairement au premier projet visant le versement d’une année de salaire). Il est donc vraisemblable que les tribunaux conserveront leur pouvoir d’appréciation. En conclusion, la nouvelle Loi impose de nouvelles contraintes et offre de nouvelles possibilités à l’employeur qui souhaite embaucher ou licencier. Pour af finer sa stratégie, il devra prendre en considération aussi la pratique judiciaire et les règles locales qui ne manqueront pas de suivre. n © Imagine China

Clarification du régime des indemnités de licenciement Sauf en cas de faute du salarié, le paiement d’un mois de salaire par année d’ancienneté reste la règle, avec

un plafond de 12 mois. Une ancienneté de moins de six mois donnera droit au versement d’un demi-salaire mensuel. Par ailleurs, le salaire mensuel servant de base au calcul sera dorénavant plafonné au triple du salaire moyen municipal pour l’année précédente. En cas de licenciement « sans cause », à sa demande, le salarié pourra, soit être réintégré, soit obtenir le doublement de l’indemnité de rupture.

La nouvelle loi vise une meilleure protection des salariés.

Connexions 29


DOSSIER : SPECIAL LUXEhinois

Le nouveau

© Imagine China

奢侈品:中国人新的品位

Lu Tianming, Pdg d’une entreprise immobilière de la province du Henan, pose devant sa Rolls-Royce. 30  Connexions


goût chinois ‡

Le luxe incarne un idéal de savoir-faire, de création et de rêve. Mais c’est aussi un marché, et sur ce marché les consommateurs chinois occupent désormais une place de choix : en 2006, ils ont acheté 12% des produits de luxe vendus dans le monde, derrière seulement les Japonais et les Américains. En 2015, les consommateurs chinois devraient même occuper la première place de ce classement. En Chine, l’amateur de luxe s’affiche, mais si l’ostentation est encore la règle, les modes de consommation ont tendance à s’affiner et à se diversifier, selon les régions, les âges et les profils socio-économiques. Ces évolutions témoignent de l’émergence d’une véritable culture du luxe. Aux couleurs chinoises. Connexions 31


Luxe, le nouveau goût chinois

© imagine China

La culture du luxe

xxxx 32  Connexions

Après des années d’austérité, la culture du luxe s’épanouit en Chine. Si dans un premier temps, le luxe chinois était essentiellement ostentatoire, les comportements évoluent rapidement : la clientèle se diversifie, ses attentes et ses goûts deviennent plus sophistiqués. Désormais, les consommateurs connaissent les marques et leur histoire, achètent pour se faire plaisir autant que pour afficher leur réussite. Ils sont aussi avides d’expériences nouvelles et de connaissances. Avec l’émergence de cette culture, la prochaine étape sera l’arrivée sur le marché mondial de grandes marques de luxe chinoises.


Le défi de l’éLuxe

© Imagine China

La Renaissance

Un diamant mis en vente dans une bijouterie de la ville de Jinan (province du Shandong)

Le marché chinois offre bien des promesses aux grands noms du luxe. Encore faut-il se mettre à l’écoute des consommateurs dont le profil évolue très vite, alors que l’on assiste à la renaissance d’une culture du luxe aux couleurs chinoises.

A

ujourd’hui, le marché chinois est devenu l’eldorado des grands noms du luxe. Et pourtant…. D’un côté, Bentley vend en 2006 plus de Mulliner 128s (plus d’un million de dollars l’unité) à Pékin que dans n’importe quelle autre ville de la planète, c’est en Chine que Gucci connait sa plus forte croissance en 2006 et que Fauchon, empire de la gourmandise, ouvre son plus grand magasin du monde. Mais de l’autre, les « galeries commerciales de luxe », qui poussent comme champignons après la pluie, paraissent toujours aussi vides et les marinas, ouvertes dans le sud du pays, ont du mal à remplir leurs bassins. Evaluer les potentialités du marché chinois est donc difficile. Les repères actuels varient : s’agit-il des produits de luxe consommés exclusivement en Chine ou des produits consommés par

les Chinois partout dans le monde ? Si l’on s’en tient à la deuxième définition, les Chinois consomment globalement entre 10 et 12% des produits de luxe mondiaux, derrière le Japon (41%)

et les Etats-Unis (17%). Mais pour un dollar dépensé en Chine continentale, quatre dollars le sont à l’extérieur de ses frontières. « Etre présent en Chine est d’abord un investissement, une

Le marché du luxe en chiffres Aujourd’hui, l’ensemble des Chinois consomme deux fois plus de produits de luxe que les Français. En 2015, la Chine devrait devenir la première nation consommatrice de produits de luxe devant les Etats-Unis et le Japon. 5 à 10 millions de Chinois peuvent s’offrir des produits de luxe régulièrement, avec des revenus supérieurs à 30 000 dollars par an1. Ils sont 30 millions à être des acheteurs potentiels. Les chiffres en valeur sont variables. Selon une étude citée récemment par le Financial Times2, la Chine serait le troisième marché mondial pour les produits de luxe avec des ventes annuelles de deux milliards de dollars et des perspectives de croissance annuelle de 20% jusqu’en 2008 et de 10% jusqu’en 2015.

Connexions 33


© Mathieu Baratier

Luxe, le nouveau goût chinois

Exposition de produits de luxe à Pékin, organisée par le magazine Trading Up

vitrine, explique Denis Morisset, directeur du MBA luxe à l’ESSEC. Quand on dit d’une marque qu’elle perd de l’argent en Chine, encore faudrait-il tenir compte des dépenses des Chinois dans les magasins de la marque à l’extérieur de leur pays». La Chine est encore un marché émergent par rapport au Japon ou à la Corée, mais elle brûle les étapes. « L’élément le plus prometteur est qu’au-delà des très riches, la Chine, contrairement à d’autres pays émergents, a la capacité de produire des classes moyennes qui représentent un potentiel important alors que la frontière entre luxe et produit haut de gamme est moins marquée depuis une douzaine d’années. »

Reste à savoir jusqu’où les sociétés occidentales profiteront de cet appétit croissant des Chinois pour les produits de luxe. Indéniablement, depuis l’ouverture du pays après cinquante ans d’abstinence, le goût des Chinois pour le luxe a systématiquement profité aux sociétés étrangères. Garantie de qualité et d’authenticité, réputation mondiale, les grandes marques sont un moyen d’afficher sa richesse et son succès. Dans les années 80 et 90, consommer du luxe en Chine, c’était acheter des montres incrustées de diamants ou des voitures imposantes, de confection occidentale. De toute façon, il n’y avait pas une seule marque de luxe chinoise. Et le décalage subsiste toujours entre une demande de

“Pour l’instant, le goût des Chinois pour le luxe profite aux sociétés étrangères”

Du rêve occidental au luxe sinisé 34  Connexions

plus en plus sophistiquée et une offre chinoise qui atteint rarement le haut de gamme. Le rapport au luxe des Chinois a évolué avec l’arrivée de nouvelles élites qui n’ont jamais connue la nécessité, cosmopolites et mieux informées. Les Chinois cultivés accompagnent l’évolution mondiale du concept de luxe qui passe de l’idée de posséder et montrer, à celle de prendre plaisir, expérimenter, exprimer sa personnalité, connaître et savourer … Dans ce contexte, une certaine sinisation du luxe en Chine n’est pas à exclure. Le marché du logement est intéressant à cet égard. André Chieng, président de AEC, qui a piloté en 1997 une étude passionnante sur le luxe en Chine pour le compte du comité Colbert, se souvient : « Il y a une dizaine d’années, habiter une « cour carrée » était considéré comme rétrograde. Les riches Chinois voulaient habiter dans un penthouse, puis, plus tard, dans une villa d’un complexe résidentiel au nom mythique : Yosemite, Château Edimburg ou Provence. Et peu importait que le panneau publicitaire de 20 mètres sur 5 associait la dite Provence au château de Louis II de Bavière si l’idée de romantisme occidental luxueux était présente. Mais aujourd’hui, le vent a encore tourné et le comble du chic est de vivre dans une cour carrée traditionnelle au cœur de Pékin. » Une tradition riche mais pas de marques Faut-il en conclure que le luxe de demain en Chine sera chinois ? Rien n’est moins sûr car il faudrait pour cela que naissent de vraies marques de luxe. Or ce n’est pas encore le cas en Chine continentale, même si les jeunes créateurs sont de plus en plus nombreux. « Pendant cent ans, de nombreux évènements ont empêché les Chinois de développer une industrie du luxe et même souvent de consommer des produits de luxe, explique madame Fang Juan, directrice générale de Shenzhen Harmony World Watch Cen-


Le défi de l’éLuxe ter qui vend des montres de luxe dans toute la Chine et s’est formée récemment avec le programme ATM. Nous avons les porcelaines de Jingdezhen, les soieries ou les thés mais personne n’a su ou pu développer une marque à partir de là. C’est ce que j’aimerais faire et c’est pourquoi je me forme». Aujourd’hui les Chinois ont enfin l’occasion de renouer la tête haute avec leur patrimoine, leur artisanat et leurs traditions. Ils ont à leur portée toutes les ressources pour créer une grande culture du luxe aux couleurs chinoises. Il leur faut pour cela viser à nouveau l’excellence, soutenir et financer ceux qui s’y attellent. Et renoncer pour un temps à ces profits rapides qui sont bien souvent à la base du capitalisme chinois.

Le mot luxe peut se traduire en chinois de différentes façons : Shechipin 奢侈品, Shehua 奢华, Huali 华丽, Gaodang 高档. Chacune de ses traductions révèle une facette du rapport des Chinois au luxe : « shehua » renvoie à l’idée de pompeux, somptueux, opulent, « gaodang  » à celle de haute classe, « huali » à quelque chose de beau et splendide. Mais le terme de loin le plus souvent employé pour désigner le luxe, sous Mao comme aujourd’hui, est « shechi » qui a une connotation péjorative renvoyant à l’idée de superflu, d’excessif. En effet, « she » signifie extravagant, somptueux mais aussi extrême et excessif. le meilleur des deux mondes pour renouer avec un art de vivre cultivé pendant des millénaires et si bien décrit en 1934 par Lin Yutang dans « La Chine et les Chinois »3 qui en fait la clef d’une compréhension de la culture chinoise : « Connaître une nation sans être renseigné sur ses plaisirs est aussi impossible que de connaître un homme sans savoir comment il emploie ses loisirs. C’est seulement lorsque ce dernier cesse de se préoccuper de ses

obligations pour faire ce qui l’amuse que son caractère se révèle ( …) C’est là que les Chinois sont vraiment euxmêmes, qu’ils paraissent sous leur aspect le plus favorable. Ils extériorisent alors le meilleur de leur caractère, leur bonhomie. » n Anne Garrigue 1 équivalent de revenus de 140 000 US dollars aux Etats-Unis, compte tenu du coût de la vie 2 Financial Times du 4 juin 2007 3 Lin Yutang « La Chine et les Chinois « Petite bibliothèque Payot p.419

© Anne-Severine Douard

Concilier le meilleur des deux mondes L’avenir du luxe en Chine pourrait donc être une sorte de « picking », selon l’expression de André Chieng. Les Chinois pourraient choisir de concilier

Les mots pour le dire

Derniers travaux à Shinkong Place, la nouvelle galerie commerciale pour les produits de luxe à Pékin. Connexions 35


Luxe, le nouveau goût chinois Les entreprises chinoises du luxe

De l’artisanat à la Bourse de New York Le luxe chinois possède une longue histoire et ses produits emblématiques, comme le thé - équivalent de nos grands crus - le jade ou la soie. Des produits témoins d’un savoir-faire millénaire, méconnus du monde occidental, même des professionnels. Et pour cause, le luxe chinois est resté artisanal et ses entreprises sont encore de taille modeste.

L

Le luxe répond à un besoin de sens Une stratégie que partage Chenghuang Jewelry, spécialisé dans le jade. 36  Connexions

© Patrick Wack

a compagnie Hou Shan Cha, basée à Shanghai, produit un thé haut de gamme et emploie une dizaine de personnes. Cette société a été fondée il y a cinq ans, mais c’est la première fois que la récolte est jugée d’une qualité suffisante pour la vente. A 800 RMB (80 euros) les 100 grammes de thé, l’exigence est de rigueur. «La culture du thé était liée dans l’histoire à la prospérité économique de la Chine. En ce moment, avec le boom économique, le thé de luxe explose», explique Ling Qun, représentante de la marque. L’amateur de thé haut de gamme est en général un homme de plus de 35 ans, cultivé, « plutôt des profils littéraires, qui ont fait des études d’histoire ou d’art », explique Qun. Pour se faire connaître, la petite entreprise mise plus sur le bouche-àoreille que sur une véritable campagne de communication. Normal dans le contexte du luxe chinois, où tout fonctionne via des cercles d’influence. Pour l’instant uniquement présente sur Shanghai, la compagnie ne souhaite pas s’étendre : « Ce n’est pas notre but, nous voulons avant tout construire un réseau de clients fidèles » affirme Ling Qun. Dégustation de thé à la foire des millionnaires de Shanghai, les feuilles les plus rares se vendent au moins 800 RMB (80 euros) les 100 grammes.

« Nous n’avons pas besoin de faire de la quantité » constate Chen Kaiyuan, assistant de direction. Sur le stand, des

morceaux de jade de toutes les nuances, pour des prix allant de 70 000 à 70 millions de RMB (7 000 à 7 millions


Le défi de l’éLuxe d’euros), pour une pièce d’environ quatre kilos. Le profil des acheteurs : des titulaires de diplômes d’études supérieures, attachés à l’identité culturelle de la Chine. « Avec le succès économique, les Chinois ont besoin de sens, estime Chen Kaiyuan, de quelques chose à transmettre à leurs enfants. » Pour ces raisons, selon lui, loin de disparaître avec l’occidentalisation des élites, le luxe chinois va encore s’affirmer. Et peut-être émerger sur la scène internationale, à l’image

de la marque de bijoux Enzo, filiale du groupe Lorenzo (LJ International Inc), fondé en 1987 à Hong Kong. La compagnie enregistre une des plus fortes croissances du secteur. « Nous allions des techniques de business occidentales à notre connaissance des consommateurs chinois », explique Angelina Lee, directrice marketing. Les collections mêlent diamants et profusion de pierres de couleurs. « Les couleurs vives sont une composante essentielle de l’art

7 millions d’euros pour un morceau de jade

chinois », explique Angelina Lee. Rubis, émeraudes, mais aussi tourmaline ou ambre sont arrangées par le designer Omar Torres, célèbre depuis qu’il a dessiné une collection pour Bulgari, et embauché à grand renfort médiatique par la compagnie chinoise. Et ça marche : Lorenzo est aujourd’hui côté au Nasdaq. Un succès qui fait s’interroger les marques de luxe étrangères : faut-il s’adapter au goût chinois ou continuer à vendre du 100% occidental ? Selon les professionnels, c’est l’enjeu majeur des dix prochaines années. n Carol Issoux

Le nouveau luxe chinois - Entretien

De l’ostentation à la connaissance

Connexions : Comment résumer en quelques mots la révolution du luxe en Chine ? George Singleton : En quelques années, la perception du luxe en Chine est passée du « vous » au « moi », de l’ostentation à la connaissance, du bien matériel à l’expérientiel. Il y a à peine trente ans, les Chinois ne possédaient rien. Dès qu’ils se sont mis à gagner un peu d’argent, ils ont voulu étaler leur réussite. Dans les années 80, il n’était pas rare de voir un Chinois laisser en évidence l’étiquette de son costume avec le prix sur la manche…

George Singleton, directeur stratégique de l’agence Publicis pour l’Asie : “On ne cherche plus seulement à voir et être vu mais à connaître, à comprendre, à pratiquer”

© Publicis

L’agence Publicis Chine vient de terminer une étude qualitative1 pour mieux définir « le nouveau luxe » chinois. Son directeur stratégique pour la région Asie pacifique2, George Singleton, nous en présente les différentes dimensions.

Connexions 37


Cérémonie organisée par la Confrérie des chevaliers du Tastevin au château Beijing-Laffitte (cf. p.45) pour initier un public trié sur le volet aux subtilités des vins de Bourgogne.

Aujourd’hui, il s’agit d’abord de se faire plaisir en acquérant des biens et à travers de nouvelles expériences. Une véritable course à l’éducation au luxe a lieu. Qu’il s’agisse de vins fins, de cigares, de golf ou de tennis, on ne cherche plus seulement à voir et être vu mais à connaître, à comprendre, à pratiquer. Naguère, on achetait des vins fins, mais on les mélangeait avec du « seven up ». Maintenant, on s’initie aux grands crus dans des master class. Et ce changement est arrivé extrêmement vite.

connaissances. Il s’agit d’aller au-delà de l’acquisition de biens matériels. Même la « taitai »3 ne se contente plus d’aller à Paris faire du shopping, comme ses amies. Elle préfère vivre une expérience originale : prendre des cours de cuisine avec un grand chef dans le Lubéron, par exemple. La course à la rareté est à ce prix. Deuxième dimension : être unique et différent. Alors qu’il y a un peu plus de dix ans, il suffisait pour se distinguer d’acheter un sac fabriqué par une marque mondialement reconnue, il faut aujourd’hui trouver l’accessoire exclusif déniché dans une boutique originale située dans une rue prestigieuse, si possible européenne. Toute

C : Le luxe ostentatoire est-il en train de disparaître au profit du « nouveau luxe »? GS : Non. Le luxe ostentatoire a encore de beaux jours devant lui. Mais il coexiste avec le « nouveau luxe » qui se développe plus rapidement que lui. Les deux comportements ne s’opposent pas. Un client peut acquérir les mêmes objets. Mais son attitude lors de l’achat change. Il sait mieux pourquoi il achète un objet qui reflète davantage son style. Il le choisit luimême. Il peut en parler. C : Pouvez vous préciser les principales dimensions de ce « nouveau luxe »? GS : Première dimension : faire de nouvelles expériences et acquérir des 38  Connexions

© Lan Club

© Anne-Severine Douard

Luxe, le nouveau goût chinois

une quête. Troisième dimension : avoir un espace à soi. Les Chinois commencent seulement à posséder des appartements qu’ils décorent à leur goût. Pour accomplir des actes aussi simples qu’acheter des draps, ils n’ont ni expérience, ni modèle, ni mode d’emploi. Nous avons aidé une compagnie de literie de luxe qui, en 2000, s’était retrouvée avec des clients qui n’avaient aucune idée de la différence entre coton égyptien et coton polyester. Pour apprécier la qualité, impossible de toucher les draps enveloppés sous plastique. Nous avons créé un système d’échantillons explicatifs à la portée de tous les clients, ce qui a propulsé cette

Ambiance feutrée au Lan Club, un bar restaurant entièrement dessiné par le designer Philippe Starck.


© Anne-Severine Douard

Le défi de l’éLuxe

Toutes les grandes marques sont présentes dans les galeries commerciales de la capitale chinoise.

marque au premier rang de sa catégorie. Quatrième dimension : avoir du temps pour soi. C’est indispensable pour faire des expériences. Mais les contradictions entre temps de travail et temps pour soi sont vécues différemment. Alors que les Chinois

craignent de rater des opportunités et sont pris en tenaille entre deux éléments vécus positivement, les Occidentaux cherchent à récupérer du temps de loisir (positif) sur leur travail (connoté plus négativement). Nous avons observé aussi ce que nous avons appelé des « courants souterrains ». Le premier pourrait s’intituler  : « le réveil de la fierté culturelle ». Le nouveau luxe n’est pas synonyme d’occidentalisation. Nous avons observé un retour du goût pour les produits traditionnels: le thé par exemple. Alors qu’il y a vingt ans, on ne trouvait pas un seul bon thé en Chine, s’est développé aujourd’hui une culture très élitiste. Même chose pour les céramiques, les meubles anciens. Le deuxième courant souterrain est la « jeunesse ». L’apogée du pouvoir d’achat des Chinois se situe dix ans plus tôt qu’en Occident. Cette relative jeunesse des riches Chinois pose la question des modèles. Aujourd’hui, les nouveaux consommateurs de luxe

défrichent des terres inconnues dans leur pays, inventant, au fur et à mesure, de nouveaux comportements. C : Comment alors communiquer sur un produit de luxe? GS : Il faut prendre garde non seulement au contenu du message mais aux media qui le véhicule. Avant, il suffisait d’être diffusé à la télévision pour asseoir la renommée d’une marque. Aujourd’hui un message télévisé convoie un message de beauté, de prestige, de statut, mais, quand il s’agit de connaissance, mieux vaut avoir recours à un moyen plus intimiste : séminaire exclusif, défilé privé, master class… Tout ce qui permet de passer de l’ostentation à la connaissance. n Propos recueillis par Anne Garrigue 1 L’enquête a été conduite dans six villes (Pékin, Shanghai, Guangzhou (premier tiers), Chengdu, Tianjin (deuxième tiers) Xi’an (troisième tiers) auprès d’hommes et de femmes entre 25 et 55 ans en utilisant les techniques suivantes: interview en profondeur, suivi de la journée des consommateurs (journaux de bord…) + technique Publicis pour accompagner des clients dans une activité shopping. 2 Publicis China, créée en 1997, emploie aujourd’hui 115 personnes à Pékin, 70 à Guangzhou et 117 à Shanghai. 3 Femmes au foyer

Connexions 39


Luxe, le nouveau goût chinois Rendez-vous

Les millionnaires chinois font leur foire Pour sa deuxième édition, l’événement créé à Amsterdam et présent à Moscou et Dubai, a doublé de volume pour accueillir les riches chinois. Objectif : leur apprendre à vivre le luxe.

« Pas de citoyens normaux, seulement des millionnaires » Un visiteur découvre le prix d’une voiture exposée à la foire des millionnaires de Shanghai. 40  Connexions


Le défi de l’éLuxe de l’année. Moi j’en conduis une très classique. Si maintenant la Chine a des modèles de luxe, c’est la classe ! » Devant le stand de la marque britannique, une fillette de 13 ans reste bouche bée face à la voiture noire. Sa mère la regarde tendrement  : « Je veux lui apprendre les bonnes choses de la vie pour qu’elle devienne une personne élégante dès le plus jeune âge. » Dans l’allée centrale, Yves Girath, créateur de l’événement à Amsterdam en 2000, vient en Chine en importateur de concept : « La culture du luxe se développe. Les Chinois veulent vraiment apprendre,

© Patrick Wack

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rois millions et demi de dollars pour un téléphone portable incrusté d’un diamant. Deux millions pour une montre musicale suisse. Voilà ce que vous pouviez trouver de plus futile et extravagant à la deuxième édition de la Foire des millionnaires de Shanghai. Du 1er au 3 juin dernier, plus de 150 marques internationales ont proposé leurs produits à un petit millier de visiteurs fortunés, à la recherche du meilleur moyen de dépenser leur argent. « Ils ont dit qu’il y avait une nouvelle Jaguar, explique un banquier shanghaïen qui vit au Canada la moitié

mais ils n’ont ni l’histoire, ni la tradition du luxe. » Dans une salle plus reculée, David Zhong, organisateur de la foire à Shanghai, ne dit pas le contraire. « Nous sommes des nouveaux riches, sans expérience de l’art de vivre approprié. Il nous faut une initiation. » Pour lui, la Chine compterait actuellement près de 300 000 millionnaires en dollars, soit le sixième pays au monde en proportion. David Zhong dégage trois catégories de fortunes : de 5 à 50 millions de dollars, de 50 à 100 millions (la majorité) et plus de 100 millions (une centaine de personnes dans le pays). Ecarts de richesse La foire de Shanghai intervient alors que de nombreux millionnaires sont poursuivis pour enrichissement illégal. Une tactique du gouvernement, aux yeux de certains, pour calmer le mécontentement populaire dû aux écarts croissants entre riches et pauvres. David Zhong, lui, n’y voit aucun obstacle à sa foire : « Nous respectons notre gouvernement lorsqu’il dit : d’accord pour un mode de vie différent pour des gens différents, à condition d’être discret. Pour la foire, nous n’avons pas invité de citoyens normaux, seulement des millionnaires. Et nous n’avons même pas fait de pub dans les médias. » L’entrée de la foire coûte 60 euros, une semaine de salaire pour nombre de Shanghaïens ordinaires. Et il fallait une invitation pour participer au gala du vendredi soir, qui a déroulé le tapis rouge à des stars du cinéma ou des tycoons tels que Li Ka-shing, l’empereur de l’immobilier hongkongais. Le gouvernement de Pékin a également rehaussé les taxes d’importation sur les produits de luxe. Ce qui n’a pas empêché leur expansion continue en Chine. Selon Goldmann Sachs, le marché représentait déjà 6 milliards de dollars en 2004. « Le taux de croissance oscille entre 10 et 20 % par an, estime David Zhong. D’ici 2015, le pays dépassera le Japon pour devenir le deuxième marché du luxe derrière les Etats-Unis. » n Joris Zylberman Connexions 41


Luxe, le nouveau goût chinois

Les clubs

Un club de golf près de Pékin, 60 000 euros pour être membre à vie et travailler son swing dans un fauteuil en cuir.

© Club Bayhood

Entre soi

Atmosphère feutrée, décor sobre mais raffiné, les clubs se multiplient dans les quartiers chics des grandes villes chinoises. Sous le prétexte d’activité de loisirs, ces lieux discrets sont réservés à l’élite et aux très riches. Leurs membres s’y retrouvent pour cultiver les codes et les réseaux d’une société de VIP.

A

vec ses deux lions de pierre à l’entrée, ses gardiens au garde-à-vous et ses caddies cravatés, le Bayhood n°9, qui abrite une académie de la PGA – la célèbre association de golfeurs professionnels – est le dernier lieu select de la capitale. Ouvert l’an dernier, ce club de golf, qui servait de terrain de chasse aux empereurs Qing, est situé à trente minutes du centre-ville de Pékin, le long du canal de Beihu. Près de 700 hôtesses, gardiens, jardiniers, serveuses et techniciens s’affairent chaque jour pour satisfaire les besoins de 420 membres, triés sur le volet. « Nous demandons des références aux nouveaux membres, explique David Kurniawan, directeur général du club. Chaque candidat passe un entretien et reçoit la réponse de la direction générale deux semaines plus tard. » Comme le Bayhood, les clubs privés sont nombreux dans la capitale, on les appelle des julebu (俱乐部). Le plus 42  Connexions

connu, le Chang’an, situé à une encablure de la Cité Interdite, a été créé au milieu des années 1990. Réservés à des expatriés ou à la nouvelle classe d’affaires qui a étudié à l’étranger, ils opèrent d’abord une sélection par l’argent. « Le ticket d’entrée est compris entre 6 000 et 16 000 dollars par an », affirme Zhang Tianqin, chargée des relations publiques pour www. luxee.com, un site Internet spécialisé dans le luxe. Au Bayhood, l’adhésion à vie est de 600 000 RMB par personne (environ 60 000 euros), et 9 600 RMB (960 euros) par an. Profil type de la clientèle ? Un Chinois ayant la cinquantaine, pdg ou cadre dirigeant, évoluant dans le secteur pétrolier ou l’immobilier, et désireux de s’initier au golf. Figurent aussi des banques comme HSBC. Discrétion oblige, le Bayhood ne fait aucune publicité, et compte sur le bouche-àoreille pour faire tourner la boutique. « Nos membres recherchent avant

tout de l’intimité, de beaux terrains de golf et un service de qualité. » Comme les clubs occidentaux, le Bayhood allie l’utile à l’agréable. Une journée type commencera par un cours de golf avec un « golf instructor » de la PGA assisté des dernières technologies permettant d’analyser les «  swings  » du golfeur. Puis direction le salon de massage et le spa, avant de finir devant une assiette de fruits de mer. « Nos membres ne considèrent pas le golf comme un sport, mais plutôt comme un style de vie », souligne David Kurniawan. Quant au networking implicitement recherché, le Bayhood organise une compétition de golf à l’automne pour faciliter les rencontres entre ses membres, qui ne se privent pas, le reste du temps, de parler affaires sur fond de musique classique, confortablement installés dans un sofa en velours vert. n Philippe Charles


Le défi de l’éLuxe

Architecte et designer pour les très riches, Gao Bo met en musique les rêves les plus audacieux de ses clients.

Architecte-designer, à Pékin, Gao Bo crée la tendance. Sa réussite va de paire avec le goût croissant des millionnaires chinois pour leur habitation. Prophète, avant-gardiste, Gao Bo annonce l’avènement d’une nouvelle perception du luxe.

A

vant de devenir un gourou du luxe, Gao Bo a connu plusieurs vies : artiste protéiforme, d’abord peintre et photographe, il est venu à l’architecture en 1995. Au retour d’un séjour de plusieurs années en France, il a voulu construire sa propre maison. Gao Bo s’installe alors à Shang Yuan, au nord de Pékin, des années avant que l’endroit ne devienne un village d’artistes. Architecte « par hasard » comme il se définit luimême, il est « passé de la deuxième à

© Gao Bo

L’avant-garde

Gao Bo : donner le goût de l’unique

la troisième dimension ». Très vite, ses amis, ses relations, lui demandent de leur bâtir une maison, de leur designer un bureau. Le bouche-à-oreille, puis la presse font le reste. Les constructions de Gao Bo sonnent le glas d’une conception ostentatoire du luxe. Pour lui, luxe rime avec créativité, modernité, beauté et liberté. Ses credo : qualité et durée, des valeurs peu conformes à la société du tout clinquant, consommable et jetable. Aujourd’hui à la tête d’une agence qui emploie une dizaine de personnes, Gao Bo conçoit chacun de ses projets comme une œuvre unique, une création originale. Ses clients, pour la plupart des nouveaux millionnaires chinois âgés de 35 à 50 ans, souvent issus du milieu des affaires, sont d’un niveau culturel élevé, sensibles à la valeur esthétique et artistique de son travail. Mais pour transmettre sa perception du luxe, Gao Bo effectue un travail préparatoire de longue haleine : « il est très rare qu’un client accepte immédiatement un projet, je

dois expliquer le sens de ma démarche, amener le client à partager mes choix, c’est très long ». Sur un chantier aujourd’hui bien avancé, il a passé deux années à discuter avec le client, le patron d’un grand groupe audiovisuel. « Mais ça vaut le coup, il a compris », conclut-il dans un sourire. Comme un guide ou un passeur, Gao Bo forme le goût, affûte le regard de ceux qui font appel à lui. Mais pour la plupart des nouveaux millionnaires chinois, faire construire une maison de créateur, hors norme, suscite encore beaucoup d’hésitations. « C’est encore un peu tôt ici, mais ça démarre…», glisse-t-il, l’œil rieur et pétillant. L’affirmation du droit à la propriété privée lors de la dernière cession du Parlement et l’arrivée à l’âge adulte d’une génération d’enfants uniques fortunés et de plus en plus éduqués laissent en effet présager que « l’esprit Gao Bo » ne fait que commencer à souffler sur la Chine… n Sophie Lavergne

Connexions 43


Luxe, le nouveau goût chinois Ailleurs

Le luxe à l’assaut des provinces

Hangzhou, un concentré de richesses Ils veulent tous y être. Tous les grands noms du luxe veulent une place autour du lac de l’Ouest, au cœur de la ville de Hangzhou. Malgré une population modeste (moins de 2 millions d’habitants dans le centre ville) et l’ombre de Shanghai toute proche, Hangzhou est devenu la priorité des maisons de luxe. Car la ville est un concentré de richesses : ses habitants pointent au 6e rang national pour leur revenu, l’immobilier y est bouillonnant, et la prospère province du Zhejiang, où elle se trouve, pointe juste derrière Shanghai et Pékin pour le niveau des dépenses par tête. Chose rare en Chine, les habitants de Hangzhou consacrent un budget plus important pour s’habiller que pour se nourrir. En plus, la ville est une destination touristique qui draine chaque année 30 millions de visiteurs qui viennent admirer l’ancienne capitale des Song du Sud… et dépenser leur argent dans les galeries commerciales. La plus ancienne, Hangzhou Tower, serait tout simplement le complexe commercial le plus rentable de Chine avec ses 40 marques haut de gamme et ses 40 000 visiteurs par jour. La ville s’est même illustrée avec son service de taxi Mercedes de luxe lancé en 2005. Rien n’est trop beau pour ceux qui ont la chance d’habiter à Hangzhou. 44  Connexions

© Imagine China

Elles sont moins connues que Shanghai ou Pékin, et pourtant elles représentent un marché considérable. Les villes de province ne manquent pas d’atouts avec leur population aisée et avide de distinction. Par Mathieu Baratier. Une bijouterie dans la ville de Jinan (province du Shandong).

Chengdu, l’ouest battant La métropole sichuanaise peut s’enorgueillir de posséder deux magasins Louis Vuitton, un trophée qu’aucune de ses consoeurs de la Chine intérieure ne peut afficher. Depuis deux ans, Chengdu s’est dotée de tous les attributs de la vie de château avec ses galeries commerciales rutilantes où s’affichent toutes les grandes marques internationales. Le commerce du luxe est porté par le développement de ces complexes commerciaux qui, depuis 2001, se sont multipliés. L’inflation des prix de l’immobilier laisse peu de place pour le bas de gamme et le luxe représente déjà 15% des ventes réalisées dans les galeries de Chengdu. La ville est donc devenue la destination des amateurs de produits rares et chers qui sont encore introuvables ailleurs dans l’ouest chinois. Avec un revenu annuel par habitant qui frôle les 13 000 RMB, Chengdu n’est pas encore au niveau des métropoles du littoral, mais sa croissance affiche une progression plus forte que la moyenne nationale. Dernier atout, la culture. Pour développer son marché des produits d’excellence, la capitale du Sichuan peut compter sur le raffinement de sa tradition et son art de vivre légendaire.

Shenzhen, dans la cour des grandes Il y a 25 ans, c’était encore un village de pêcheurs, aujourd’hui Shenzhen compte deux associations pour les propriétaires de Yacht. La ville a grandi très vite, sur le modèle de sa prestigieuse voisine Hong Kong dont elle a copié le goût pour le luxe et même la démesure : pour preuve ce terrain de golf, le plus grand du monde, qui affiche ses 216 trous et son hôtel 5 étoiles. Shenzhen fait partie des rares villes chinoises à accueillir une exposition sur les produits de luxe, la dernière édition, en décembre 2006, proposait un portable incrusté de cristal et or à 100 000 RMB (10 000 euros) ou encore un collier mis en vente à 10 millions de RMB. Il faut dire que les habitants ont de quoi séduire les grandes marques du luxe puisque la ville affiche le revenu par habitant le plus élevé de Chine. En outre, Shenzhen est bien entourée avec Hong Kong à ses côtés, véritable réserve de millionnaires, et tout autour, la région du Delta de la rivière des Perles, qui représente à elle seule un tiers du marché chinois des produits de luxe. Enfin, la ville s’est aussi faite un nom dans le commerce de l’or et du platine. n


Le défi de l’éLuxe Le luxe en équation

Portrait-robot du consommateur de luxe

Pierre Xiao-Liu

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© Anne Garrigue

Pierre Xiao-Liu, est l’auteur d’un ouvrage sur les consommateurs de produits de luxe1 dont il dresse un profil psychologique tout en subtilité.

ierre Xiaoliu, enseignant à l’université de Fudan de Shanghai, a une démarche originale. Au lieu d’enquêter comme les autres sur les consommateurs de luxe, il s’est intéres-

sé au marché potentiel des « jeunes » de 25 à 45 ans, dont le pouvoir d’achat est au minimum dix fois supérieur au salaire moyen chinois, soit 1200 euros par mois en 2003-2004. En enquêtant auprès de 312 Chinois vivant dans les grandes métropoles, il a pu ainsi mettre en évidence quatre profils types: les amoureux, les intellectuels, les suiveurs et les retardataires. Pour construire ces profils, il a eu recours à plusieurs critères, touchant aux valeurs et aux modes de pensée, structurés autour de trois oppositions: individualisme/collectivisme, analytique/impulsif, ostentatoire/fonctionnel. « Le collectiviste fait passer le groupe avant soi et ne veut pas choquer, alors que l’individualiste privilégie sa liberté personnelle, explique le jeune chercheur chinois formé en France. L’émo-

tionnel est impulsif quand le rationnel s’informe avant d’acheter. L’amateur de «  show off  » aime retenir l’attention des autres quand le fonctionnel privilégie la valeur d’usage pour lui-même. » Une des heureuses surprises de cette enquête a été la confirmation de certaines intuitions concernant les groupes dominants dans les différentes villes de Chine. C’est ainsi que les amoureux et les suiveurs sont plus nombreux à Guangzhou (50%) et Shanghai (39,1%), les deux villes les plus exposées aux modes occidentales. Les intellectuels sont plus nombreux à Pékin (42,2%) où la discrétion est de rigueur quand les retardataires sont plus nombreux à Chengdu (46,7%), ville de l’ouest, moins exposée aux modes occidentales. n Anne Garrigue 1

à paraître fin 2007 chez Wiley & sons

Amoureux, suiveurs, intellectuels et retardataires - Les amoureux du luxe : ils aiment l’ostentation. Analytiques et collectivistes, leurs revenus sont plus élevés que les autres. Ils prennent le temps de comparer et de s’informer. Ce sont de vrais experts des produits, sensibles au statut social et aux symboles associés, privilégiant les relations sociales sur le plaisir personnel de posséder un beau produit. Ce sont les consommateurs les plus innovateurs et ils ressentent très peu de culpabilité après leur achat. - Les suiveurs ostentatoires, impulsifs et collectivistes : ils ressentent la plus forte culpabilité post-achat car ils achètent sur une impulsion pour être à la hauteur sans avoir nécessairement les revenus suffisants. - Les intellectuels du luxe sont analytiques, individualistes et fonctionnels. Peu innovateurs, très peu impulsifs, ils achètent ce qui leur convient, après mûre réflexion, sans se préoccuper de l’opinion des autres. - Les retardataires : individualistes à la fois fonctionnels et impulsifs, guidés par le prix des produits de luxe - leurs revenus sont plutôt inférieurs à ceux des autres catégories -, ils achètent sur une impulsion quand une opportunité s’offre. Ce sont les plus fidèles et les moins innovateurs.

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Luxe, le nouveau goût chinois

© Lan Club

Zhang Lan, Présidente du groupe South Beauty

Zhang Lan dans le décor de son nouveau club pékinois, le Lan.

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hang lan est une boule d’énergie. En quelques années, elle est passée de la création d’une petite chaîne de restauration « Allan », à un concept visant la classe moyenne élevée, « South Beauty », puis, depuis 2007, avec son fils de 26 ans, elle s’est lancée dans la création d’une chaîne de luxe les « Lan Club ». Un parcours fulgurant car l’ambition de Zhang Lan n’est pas seulement de consommer du luxe mais aussi d’en créer. « Nous avons eu l’idée d’offrir une restauration chinoise haut de gamme pour accompagner l’installation des grandes entreprises mondiales à Pékin. Mon fils, de retour de France où il était parti étudier, a invité Philippe Starck à faire le design de notre premier restaurant de luxe de Pékin, le Lan Club. Notre objectif maintenant est d’ouvrir des restaurants de luxe dans le monde entier, et de créer notre marque de luxe. Nous ouvrons à Shanghai en 2008 et nous sommes en négociation pour créer un Lan 46  Connexions

Club à New York. Notre ambition est de devenir en quelque sorte le Louis Vuitton de la haute cuisine chinoise. » Zhang Lan associe le luxe à la mode, à la classe, au bon goût. Elle apprécie la beauté et la rareté. Le sac Gucci doré qu’elle porte lors de notre entretien n’existe qu’à deux exemplaires dans le monde « C’est un objet exceptionnel, explique t-elle en souriant. C’est pour cela que je l’ai acheté. Je collectionne aussi des œuvres d’art : Andy Warhol, Dali, Picasso. Je veux tous les accrocher dans mon « Lan Club » de Shanghai qui sera encore plus luxueux que celui de Pékin. » Le goût de Zhang Lan pour la beauté et le luxe vient de sa famille. « Mon père était professeur d’architecture, ma mère adorait cuisiner. J’ai été baignée dans une ambiance culturelle de qualité. Puis, je suis partie avec ma famille en rééducation à la campagne. Un parcours classique. Entre 1989 et 1991, j’ai passé deux ans au Canada. Revenue en Chine, j’ai ouvert des restau-

« Je veux devenir le Louis Vuitton de la cuisine chinoise » rants de plus en plus luxueux. » Dans ses « Lan Club », Zhang Lan veut présenter nous seulement la haute cuisine chinoise mais aussi des accessoires, de la vaisselle, des produits gastronomiques et des condiments alimentaires. « Jusqu’ici les Chinois se sont contentés d’être des consommateurs. Je veux montrer que nous avons aussi notre propre création gastronomique. Aujourd’hui, les jeunes créateurs chinois très intelligents se multiplient. Après une période de copie inévitable, tout le monde va y aller. » Zhang Lan reconnaît qu’il y a en Chine une génération de nouveaux riches dépourvus de goût et de bonnes manières. Mais c’est une question de génération : « Je connais bien des Chinois extrêmement riches qui font du bruit en mangeant mais ils sont conscients de leurs limites et envoient leurs enfants étudier à l’étranger. » n AG


Le défi de l’éLuxe Zhang Yuchen, propriétaire du château Beijing-Laffitte

Une vie de château à la chinoise d’échanges culturels et artistiques et il faut entretenir ce lien. » Avec son domaine pékinois, M. Zhang entend symboliser le luxe pour une nouvelle frange de riches urbains en quête de repères après le passage de la révolution culturelle. Mais il espère aussi transmettre sa passion du bon goût en faisant découvrir à un maximum de Chinois, à travers des expositions, «la vie de château ». n Nicolas Sridi

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hang Yuchen, richissime promoteur immobilier, possède à proximité de Pékin un château inspiré de celui de Maisons-Laffitte en France et, en véritable châtelain, il y organise des réceptions haut de gamme. Ce jour là, le château accueille l’intronisation des chevaliers du Tastevin, un ordre bourguignon de bons vivants réunissant milliardaires et ambassadeurs. Lustres en cristal, escaliers de marbre, petits fours et grands crus de Bourgogne, tout est là pour rendre le château plus vrai que nature. M. Zhang, sobrement vêtu, reçoit ses invités avec attention et n’hésite pas à honorer le Grand Maître d’une franche accolade pendant que son interprète lui traduit les compliments des Français sur son château. Quand on lui demande d’où vient ce goût pour ce luxe à l’occidentale, il n’hésite pas : « Tout a commencé avec mon amour du bon vin. J’ai visité la France il y a quelques années avec le projet de commencer un vignoble en Chine et je suis revenu avec cette idée de château car j’ai été charmé par ces lieux lors de mes visites

Avec son architecture française du XVIIe siècle, le château de Zhang Yuchen apporte une touche exotique à la banlieue de Pékin.

© Anne-Severine Douard

© Anne-Severine Douard

de caves. Au fil de mes déplacements et en côtoyant la société mondaine en Occident, j’ai appris à apprécier cet art de vivre particulier. » M. Zhang explique néanmoins, en souriant, que sa villa principale ne ressemble pas à son château et qu’il vit dans un décor plus sobre mélangeant antiquités européennes et objets précieux chinois : « J’aime ce qui est beau et j’apprécie également l’art asiatique. La Chine et l’Occident possèdent des millénaires

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Luxe, le nouveau goût chinois

© Anne-Severine Douard

Le château Beijing-Laffitte Genèse d’un projet fou

La fête au château

Fin juillet 2001, Françoise Onillon s’apprête à profiter de son week-end, lorsqu’elle reçoit un coup de téléphone de l’ambassade de Chine : « M. Zhang est à Paris et veut vous voir immédiatement ! » . D’abord peu encline à accepter après trois rendez-vous manqués, elle finit par rejoindre cet étrange promoteur chinois qui désire

tant voir des châteaux et des caves de France. Il faut absolument trouver un lieu à visiter pour le lendemain, M.Zhang est pressé et le choix de Mme Onillon s’arrête sur Maisons-Laffitte où elle réside. Durant le trajet, le riche promoteur explique son désir de visiter les plus beaux domaines français puis, à mesure qu’il entrevoit Maisons-Laffitte, il cesse de parler. « Il a alors commencé à coller son nez sur mon pare-brise, les yeux écarquillés comme un enfant devant un jouet merveilleux. », se souvient, amusée, la directrice artistique du château Beijing-Laffitte. Après une visite silencieuse autour du château, il m’a dit, plein d’entrain : « Je ne veux rien voir d’autre, je veux le même ! ». Sitôt dit, les deux collaborateurs chinois de M.Zhang ont sorti des mètres de leur poche et ont commencé à prendre les mesures des fenêtres du château. Alarmés, les gardiens se sont précipités sur le petit groupe, inconscients qu’à 10 000 kilomètres de là, un rêve venait de prendre racine… n NS

Wu Guotian, 47 ans, homme d’affaires

« Le luxe me porte chance »

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© Patrick Wack

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as le style de monsieur-tout-le monde. Alors que la plupart des visiteurs fortunés de la Foire aux millionnaires de Shanghai se promènent en chemisette ou en polo, lui fait partie des rares à s’afficher dans le costume le plus chic. Lunettes rectangulaires à montures fines, veste beige et chemise blanche, il est élégant, mais

reste classique. A 47 ans, Wu Guotian a son idée du luxe : « C’est un concept abstrait au départ, mais qui désigne

des personnes à la mentalité transformée par les objets qu’ils possèdent. » Lui aime les mélanges. Côte à côte, les


Le défi de l’éLuxe vins de Bordeaux millésimés et les vases en céramique. « Mon appartement est une synthèse du luxe à la chinoise et à l’occidentale, raconte-t-il. Pour moi, il s’agit d’une culture. Et comme la Chine est maintenant ouverte au monde, nos nouveaux modes de vie naissent de l’échange culturel. » Directeur d’une société de commerce international, il vend entre autres des voitures de luxe et des pièces de rechange. « Je n’en suis pas encore à vendre des

avions, je n’ai pas encore atteint ce niveau, ça viendra un jour. » Son rêve ultime : voyager dans l’espace. Wu a bien sûr entendu parler de cet homme d’affaire du Zhejiang qui a payé 200 000 dollars pour être le premier Chinois inscrit sur la liste des passagers du vol en orbite, organisé par la firme britannique Virgin Galactic d’ici la fin 2008. Mais Wu n’est pas seulement en quête d’extravagance ou de reconnaissance sociale. Il entretient un rapport tradi-

tionnel avec les produits de luxe qu’il possède. « Tous les objets que j’achète non seulement me conviennent, mais ils me portent chance. » Pour lui, le luxe a la même fonction que le jade, dont les empereurs se paraient, espérant que sa valeur religieuse leur assure une protection contre la mauvaise fortune. « L’équation est simple, assure-t-il  : « plus de luxe = plus de prospérité. » Joris Zylberman

© Patrick Wack

Hu Ping, jeune millionnaire branché

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eans et chemise rouge près du corps, Hu Ping a tout du jeune Américain branché. A 32 ans, il a déjà fait fortune dans l’informatique et dirige sa propre société de logiciels à Shanghai. Le parcours de Hu Ping est caractéristique de la jeunesse dorée chinoise. C’est un « haigui », parti étudier à l’étranger et revenu faire fortune en Chine. Les Chinois désignent ces jeunes ambitieux du même nom que les tortues de mer, qui après avoir traversé les océans reviennent pondre sur la plage où elles sont nées. Après avoir obtenu un master de commerce international aux Etats-Unis, Hu ping profite largement des réseaux des « Chinese overseas », Chinois d’outre-

mer, qui tiennent aujourd’hui un rôle essentiel dans les milieux d’affaires. Ici, Hu ping est venu regarder les montres, les voitures… « Rien de particulier en fait, juste pour voir, et aussi parce que l’endroit peut être un lieu de rencontre professionnelle intéressante ». Peutêtre un diamant pour sa fiancée. Avec un salaire d’environ 1 million de RMB par an (100 000 euros), il peut se le permettre… Ses passe-temps favoris ? Faire du hors piste avec sa jeep un peu partout en Asie, élever des coraux en aquarium…« Des hobbies qui coûtent cher, c’est vrai » admet-il. Sa conception du luxe ne paraît finalement pas très différente de la vision occidentale, mis à part quelques éléments tradi-

La grande vie à toute vitesse

tionnels du luxe chinois qu’il affectionne, comme les collections aquatiques de poissons rares. Malgré un emploi du temps très chargé, Hu Ping trouve encore le temps de fréquenter les bars et les clubs branchés de Shanghai avec ses amis, deux à trois soirs par semaine. « C’est ça le vrai luxe pour moi, expliquet-il, avoir encore le temps de m’amuser, de sortir, de me coucher tard, même si je travaille très dur. » Le jeune homme a de beaux projets devant lui pour les années qui viennent : agrandir sa société peut-être, mais surtout se marier. Une cérémonie qu’il promet grandiose, évidemment. n Carol Issoux

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Luxe, le nouveau goût chinois Mei, épouse de millionnaire

C’

est elle qui tient les cordons de la bourse. Femme de millionnaire en Chine, ce n’est pas un métier facile. Après l’université, Mei a travaillé dans une compagnie allemande, au service achats, puis elle s’est mariée « J’ai continué à travailler après mon mariage, raconte-telle, mais après la naissance de mon fils j’ai arrêté, mon mari préférait. »

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© Patrick Wack

Experte dans l’art de dépenser Elle espère qu’elle reprendra le travail quand son fils ira à l’école. A ses côtés, son millionnaire de mari n’a pas l’air convaincu, d’ailleurs il ne décroche pas un mot. Bourru, une bonne quarantaine d’années, habillé sans recherche, il contraste avec le look raffiné de sa femme, la trentaine élégante, dans un style traditionnel chinois : chemisier de soie et profusion de bijoux. En tous cas, Mei est très au fait du pouvoir d’achat de son ménage. Le salaire de son mari n’a aucun secret pour elle: plus de 2 millions de RMB par an (200 000 euros), qu’il gagne en tant que banquier d’investissement. « Plus les primes », ajoute-t-elle. A la Foire des millionnaires de Shanghai, le couple est surtout venu regarder les

bijoux. « Mon mari veut m’offrir une bague en diamant », raconte-t-elle en rougissant. Ils iront aussi regarder les céramiques et les objets de décoration divers. Mei dépense beaucoup d’argent en vêtements de luxe, plutôt chez des artisans chinois que chez les grandes marques occidentales, mais le prix est le même : « Le luxe pour moi ? Ce sont les belles choses, les beaux objets, quels qu’ils soient. ». Le couple organise souvent de grands banquets pour la famille et les amis : il faut faire profiter les proches, les vieux parents en priorité, de la richesse du ménage. Le rêve de luxe le plus fou de Mei ? « Voyager tout autour du monde » répond-t-elle. Pour l’instant, c’est le temps qui manque. n Carol Issoux


Le défi de l’éLuxe

Le marché du luxe

© Imagine China

La Chine est déjà le troisième marché mondial pour les produits de luxe, si on tient compte des consommateurs chinois dans et hors du pays. Toutes les grandes marques du secteur investissent massivement en Chine et multiplient les ouvertures de boutiques. Elles savent que la consommation de produits très haut de gamme ne fait que commencer et devrait, si les autorités laissent faire, connaître une longue période de croissance.

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Luxe, le nouveau goût chinois Entretien avec Elisabeth Ponsolle des Portes, Déléguée Générale du Comité Colbert

« La Chine est notre marché prioritaire »

Connexions : Pouvez-vous nous présenter le Comité Colbert et préciser quels sont ses principaux axes de travail en Chine ? Elisabeth Ponsolle des Portes : Le Comité Colbert est une association loi 1901 fondée en 1954 à l’initiative de Jean-Jacques Guerlain. Il rassemble aujourd’hui 70 maisons de luxe issues de 10 secteurs d’activité différents, emblématiques de l’excellence française : l’argent et le bronze, la couture et la mode, le cristal, le cuir, l’édition et la décoration, la faïence et la porcelaine, l’hôtellerie et la gastronomie, l’or et les matières précieuses ainsi que le parfum et la vigne. Ces maisons sont soucieuses de promouvoir un certain nombre de valeurs : l’alliance de la tradition et de la modernité, du savoir-faire et de la création, de l’histoire et de l’innovation. Le Comité Colbert organise de vastes manifestations culturelles en France et à l’étranger, anime une réflexion pour

ses membres et il mène une action d’influence auprès des pouvoirs publics sur l’accès aux marchés notamment, ainsi qu’auprès du public sur la défense de la propriété intellectuelle et la lutte contre la contrefaçon. Le Comité Colbert considère la Chine comme un marché prioritaire. Aujourd’hui, la quasi-totalité de nos maisons y sont présentes et le potentiel de croissance de ce pays explique pourquoi nos maisons n’ont de cesse d’y ouvrir de nouvelles boutiques. La stratégie de notre Comité en Chine comprend trois volets. Nous avons tout d’abord choisi de nous y manifester collectivement pour montrer au public chinois la cohérence de l’ensemble que nous représentons, emblématique de l’art de vivre à la française. En 2005, nous y avons organisé un déplacement avec plus de 40 présidents. C’était une manière pour nous de définir le périmètre de l’excellence, en montrant aux Chinois ce qu’est le luxe authentique. Ensuite,

© Comité Colbert

Elisabeth Ponsolle des Portes

Le Comité Colbert rassemble 70 maisons, dont certaines ont plus de quatre siècles d’âge, et défend ce qui fait l’essence du luxe à la française : tradition et créativité, esprit français et ouverture internationale. Elisabeth Ponsolle des Portes, nous présente les grandes lignes de sa réflexion stratégique sur le marché chinois.

Certaines de nos maisons réalisent en Chine un chiffre d’affaires plus important qu’au Japon

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nous avons voulu démontrer le caractère culturel de l’industrie du luxe, et faire entrer en résonance dans l’imaginaire du public chinois nos valeurs. Pour cela, nous avons organisé en octobre 2005 une grande exposition au Plaza 66 à Shanghai où plus de 51 de nos maisons ont créé un objet emblématique en hommage à la Chine. Nous consacrerons aussi l’année 2009 à la Chine avec un événement important actuellement en préparation. Enfin, le dernier volet de notre stratégie a été de nous rapprocher des pouvoirs publics chinois sur un certain nombre de dossiers, notamment les questions tarifaires et la propriété intellectuelle. C.: Le marché du luxe en Chine s’est considérablement développé depuis le début des années 1990. Ce développement est-il similaire à celui qu’ont connu, par exemple, le Japon ou la Corée, ou y a-til d’après vous une « exception chinoise » ? E.C.des P. : En effet le marché chinois a connu une croissance spectaculaire pour nos marques. Hong Kong a été d’abord la tête de pont par laquelle nos maisons se sont implantées, en-


Le défi de l’éLuxe suite, c’est essentiellement à Pékin et Shanghai qu’elles se sont manifestées et ont ouvert des boutiques. Aujourd’hui, nos maisons misent sur des villes comme Chengdu, Hangzhou, Guangzhou ou Shenzhen qui ont un potentiel énorme. Aujourd’hui, certaines de nos maisons réalisent en Chine un chiffre d’affaires plus important qu’au Japon. L’étude que le Comité Colbert a réalisée avec l’Asiatique Européenne de Commerce sur la perception du luxe en Chine mettait en lumière plusieurs axes de différentiation intéressants : l’importance en Chine de la notion de romantisme, liant dans l’imaginaire chinois, la France au luxe  ; la nécessité pour les marques d’offrir un service et des produits personnalisés ou encore la nécessité d’informer le consommateur en lui racontant l’histoire de la marque .

en Chine des homologues nationaux qui partagent les mêmes valeurs que nous. Avec eux, il nous sera possible alors de nouer un dialogue fructueux utile à long terme au secteur du luxe.

Un positionnement culturel et identitaire

C. : Comment se positionnent les maisons du Comité Colbert sur le marché du luxe chinois ? Qui sont leurs principaux concurrents ? Voit-on émerger une industrie du luxe chinoise ? E.C.des P. : Le Comité Colbert a souhaité démontrer lors de son déplacement en Chine en 2005, que ses membres sont porteurs de l’identité nationale de notre pays et expriment une part de l’imaginaire français à laquelle les Chinois sont extrêmement sensibles. Le Comité Colbert a donc souhaité positionner ses maisons de manière très culturelle, car nous pensons que c’est ce qui fait leur valeur ajoutée. Ce positionnement particulier et identitaire explique pourquoi le luxe français ne craint pas la concurrence, bien au contraire. Lors de notre déplacement, la Mairie de Shanghai nous avait demandé de tenir un séminaire pour 150 industriels chinois sur la création de marques de luxe : nous nous sommes naturellement prêtés à l’exercice. Nous voulons voir émerger

C.: Les maisons du Comité Colbert emploient 72 000 personnes, dont 33 000 en France. A l’heure où en France, la Chine est souvent considérée aussi bien comme une opportunité que comme une menace pour l’emploi, comment l’industrie du luxe gère-t-elle cette apparente contradiction ? E.C.des P. : La Chine pour le secteur du luxe est bien plus une opportunité qu’une réelle menace pour l’emploi. Le secteur du luxe est un secteur où les délocalisations et les débats que suscite le sujet ont une consonance différente. L’ensemble des studios de création et des ateliers de nos marques sont, et demeureront, en France car il est fondamental qu’ils puissent

être au plus près du créateur. De la même manière, nous rassemblons un certain nombre de maisons qui sont intimement liées au territoire français. Le secteur du luxe est l’un des rares secteurs industriels qui continue à ouvrir des sites de productions en France parce que nous avons en France cette maîtrise de savoir-faire ancestraux renouvelés que nos maisons ne trouvent pas ailleurs. Il est vrai néanmoins que les marques de luxe ont toujours cherché l’excellence partout dans le monde où elle se trouvait. C’est pourquoi, par exemple, une grande partie de la chaussure se fait aujourd’hui en Italie, là où existe le meilleur savoirfaire au monde en la matière. Ce n’est pas le cas aujourd’hui pour la Chine. En revanche, cette grande civilisation qui a engendré des savoir-faire exceptionnels sera sans nul doute à l’origine de marques de luxe dans quelques années. n Propos recueillis par Juliette Yanitch

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Luxe, le nouveau goût chinois 专访法国精品业联合会中国总代表 Elisabeth Ponsolle des Portes女士

“中国是我们的首选市场” 法国精品业联合会旗下汇集了70家企业,其中有一些拥有400多年 的历史;精品业联合会捍卫法兰西奢侈品的精华:传统与创新,法 国精神与国际开放。Elisabeth Ponsolle des Portes向我们介绍了她对 中国市场的战略思路。 联 结:您能向我 们 介 绍一下法国精品 业联合会及其在中国的工作重心吗? Elisabeth Ponsolle des Portes: 法国精品 业联合会是在让-雅克・盖蓝的倡导下于 1954年根据1901年法国协会法成立的。 如今,联合会旗下聚集了70家来自10个不 同行业的奢侈品企业,作为杰出法国的象 征,它们涵盖的领域有:银和青铜制造, 制衣和时装,水晶,皮革,出版和装潢,制 陶和瓷器,酒店和美食,黄金和贵重物, 以及香水和葡萄酒。这些企业所关心的是 倡导某些有价值的东西:传统与现代的结 合,技艺与创意的结合,历史与革新的结 合。联合会在法国和国外组织大型文化活 动,活跃会员企业的思路,为获得市场准 入对公共权力部门实施影响,尤其是为保 护知识产权、打击冒牌对公众实施影响。 精品业联合会认为中国是首选市场。如 今,几乎所有的会员企业都已经来到中 国,该国经济增长的潜力说明了为什么我 们的企业会不停地在此开设新店铺。我们 联合会在中国的战略包括三个方面。我们 首先选择了在中国集体亮相,以便向中国 公众展示我们所代表的整体一致性,即法 兰西生活艺术的象征。2005年,我们组织 了一次有40多位总裁参加的商务旅游,这 是一种为中国人圈定优质的界限、并向他 们展示什么是正统精品的方式。然后,我 们又想揭示奢侈品产业的文化特质,在中 国公众的印象中对我们的价值产生共鸣。 因此,我们在2005年10月在上海66广场组 织了一次大型展览会,在这次展会上,我 们的51家企业为中国敬献了一份礼物。我 们还将在2009年针对中国组织一次重要 54  Connexions

的活动,目前在筹备中。最后,我们的战略 的第三方面是,在某些问题上,尤其是税 收和知识产权问题上,我们拉进了与中国 公共权力部门的距离。 联结:中国奢侈品市场自上世 纪90年 代初以来获得了巨大发 展。这种发 展 与日本或韩国等国所经历的发展类似 吗,亦或您认为中国是个例外? E.C.des P. : 的确,我们的产品在中国市场 获得了惊人的增长。香港最初是我们的企 业进驻中国的桥梁,然后,它们主要出现 在北京和上海,并在那里开设店铺。如 今,我们的企业将目标对准了像成都、杭 州、广州或深圳这样的城市,它们具有巨 大的市场潜力。我们的某些企业现在在 中国实现了比在日本更大的营业额。法国 精品业联合会与亚欧商会共同完成的一 项关于中国人奢侈品认知的调研说明了 多个有意思的重要区别:在中国人的想象 中, “浪漫”这一概念的重心是法国与奢 侈品相连。企业需要提供服务和个性化 的产品,或者还要向消费者提供信息及描 述产品历史。 联结:联合 会的企业是怎样 在中国的 奢侈品市场定位的?它们的主要竞争 对手 是哪些?人们看到中国本土奢侈 品行业浮出水面了吗? E.C.des P. : 在2005年的商务旅行中,精品 业联合会希望表明:其会员企业是法国民 族个性的载体,其所表现的是中国人极 其感兴趣的想象中的法国的一部分。联合 会因此希望很文化的方式对企业进行定

位,因为我们认为这才是它们的增值。这 种特殊的个性化定位说明了为什么法国奢 侈品不惧怕竞争,相反(我们欢迎竞争)。 在我们的商务旅行中,上海市政府请我们 为150位中国企业家举行了一个关于创建 奢侈品品牌的研讨会:我们很自然地去做 了。我们希望在中国能够出现赞同我们的 价值观的本土同业。我们将可能与他们 建立富有成效的对精品业长期发展有利 的对话。 联 结 :精 品 业 联 合 会 的 企 业 雇 有 72000名员工,其中33000名在法国。 如今在法国,中国常常被看作是机遇, 然而对就业亦是威胁,奢侈品业是如 何处理这一表面矛盾的? E.C.des P. :中国对奢侈品行业来说更是机 遇,而不是真正的就业威胁。奢侈品行业 是一个本土化与该话题所导致的争论对 立统一的行业。我们企业的全部设计中 心和车间将留在法国,因为他们要紧邻品 牌创建人,这是根本所在。我们以同样的 方式吸纳了一些与法国本土紧密相连的 企业。奢侈品行业是为数极少的继续在 法国开设生产场所的行业之一,因为我们 在法国掌握着在其他地方找不到的改良 过的传统技艺。事实上,奢侈品品牌在其 存在的世界各地都在不断地追求卓越。 这就是为什么,例如,如今大部分皮鞋都 是在意大利制造的,因为那里有世界上最 好的制鞋技艺。这不是今天中国的情况。 相反,这个曾经孕育过一些杰出技艺的文 明大国无疑将会是若干奢侈品品牌的发 源地。n



Luxe, le nouveau goût chinois

Le marché du luxe par secteur Horlogerie, bijouterie, joaillerie

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es montres sont à la fois un moyen d’affirmer son statut social, un accessoire de mode et un objet de collection. Le marché est loin d’être saturé. La Suisse domine le marché des montres importées avec 98,87% des ventes mais d’autres grandes marques étrangères sont aussi présentes, les Chinois se contentant de jouer les sous-traitants ou se concentrant sur les bas et moyen de gamme. Les cadeaux représentent les trois-quarts des ventes et les marques leaders sont Rolex, Omega, et depuis 2006, une apparition de Zenith. En joaillerie, la Chine est le troisième consommateur mondial d’or et la joaillerie locale occupe une part importante du marché. La pierre préférée des Chinois est, de loin, le diamant. Importée, non traditionnelle, c’est elle qu’attendent aujourd’hui 80% des citadines qui se marient. Traditionnellement, la fabrication de bijoux se faisait

© Anne-Severine Douard

Montre et diamant, les préférés des Chinois

en or jaune (valeur refuge). Mais l’or blanc progresse. Les achats de bijoux sont concentrés au Nouvel an chinois et pour la Saint -Valentin. La France,

avec 10% du marché, est le troisième fournisseur derrière Hong Kong et la Suisse. n

Breguet

S’installer à son rythme

B

reguet s’installe doucement mais sûrement en Chine. « Nous aurions pu arriver plus tôt sur le marché, mais nous ne l’avons pas fait. Le groupe ne préférait pas. Nous n’avions pas les capacités de production suffisantes pour aborder un marché comme la Chine », résume Martin Ganz, responsable de la marque pour l’Asie-Pacifique. Présent en Chine depuis 2004, la marque de montres de luxe compte déjà dix-sept points de vente sur l’ensemble du territoire. 56  Connexions

« Nous ne passons que par des distributeurs indépendants, différents dans chaque ville », précise le responsable. C’est dans la région du nord-est que les ventes de la marque francosuisse sont les plus importantes, de Harbin à Dalian. Là où elle a fait ses premiers pas. « Les premiers points de vente que nous avons ouverts en 2004 étaient Dalian et Shenyang », explique M. Ganz. Même si les clients de Breguet sont majoritairement des hommes – surtout des entrepre-

neurs –, de plus en plus de femmes achètent des montres « pour ellesmêmes, ce ne sont ni les maris, ni les fiancés qui payent », tient à préciser M. Ganz. « Je me souviens à Shenyang d’une femme plutôt grande, qui avait voulu acheter une montre d’homme... pour elle », raconte-t-il amusé. Une montre Breguet coûte en moyenne 200 000 RMB (20 000 euros). Les premiers modèles sont vendus 70 000 RMB (7 000 euros) et peuvent atteindre 15 millions de RMB (1,5 million


Le défi de l’éLuxe

Cartier chinois

© Breguet

Cette montre Breguet se vend en Chine plus de 900 000 RMB (90 000 euros).

© Anne-Severine Douard

D

epuis son premier point de vente ouvert en 1997, Cartier a connu en Chine un développement très rapide. En dix ans, Cartier s’est constitué un réseau de 17 boutiques et 50 magasins agréés. Si les premières boutiques étaient installées dans les villes riches du littoral, elles se trouvent aujourd’hui également dans la Chine intérieure (à Chongqing et Changchun par exemple). La gamme de produits, elle aussi, s’est étoffée. La conquête du marché chinois avait commencé avec les montres, mais c’est désormais la joaillerie qui fait le succès de Cartier auprès de ses clients chinois. Un engouement qui se traduit par une augmentation exponentielle des ventes : entre 50 et 100% par an. La Chine et Hong-Kong représentent déjà 12% des ventes mondiales de Cartier, et ce n’est qu’un début, car les ouvertures de nouveaux magasins se poursuivent à un rythme soutenu. « Notre clientèle est large, depuis l’entrepreneur fortuné qui veut affirmer son statut jusqu’au couple qui cherche une alliance pour le mariage. Leur

Un magasin Cartier dans une galerie de Pékin.

point commun est d’appartenir à une élite », explique Daniel Chang, directeur adjoint de Cartier pour la Chine du Nord. Selon lui, la longue histoire de Cartier, son image liée à la tradition et à la culture sont ses meilleurs atouts sur le marché chinois. Pas besoin donc de créer des produits particuliers pour séduire les acheteurs chinois. La communication, en revanche, s’est mise

aux couleurs locales. Cartier a participé par exemple au célèbre festival des glaces de la ville de Harbin, à l’extrême nord du pays. La boutique de la rue de la paix avait alors été reconstituée à l’identique, taillée dans un immense bloc de glace de 20 mètres de haut. A l’intérieur, il y avait même des reproductions de bijoux, avec des rivières de diamant gelées. n MB

d’euros). « Nous avons juste exposé le modèle (le plus cher), mais personne ne l’achèterait ici », détaille le responsable. La montre la plus chère que Breguet ait vendu en Chine valait 2,5 millions de RMB (250 000 euros) « sans diamant ». « Nous jouons davantage sur le côté technique que sur le côté bijou, et la clientèle chinoise est une clientèle qui sait apprécier la technicité des produits et pose des questions parfois très précises sur le mécanisme », analyse le responsable. « Je pourrais

ouvrir davantage de boutiques mais je n’ai pas envie si ça n’a pas de sens », estime M. Ganz. La marque compte développer à son rythme son réseau de distribution et devrait également bénéficier des luxueuses vitrines que compte installer le groupe Swatch – propriétaire de Breguet – à Shanghai et à Pékin dans les années à venir. L’une d’entre elles s’installera à Shanghai dans le célèbre Peace Hotel. n Julie Desné Connexions 57


Luxe, le nouveau goût chinois Vêtement, lingerie, chaussures

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Quand luxe veut dire étranger

e marché chinois, dominé par les marques étrangères européennes (France et Italie pour la mode masculine), est le deuxième marché d’Asie derrière le Japon. Si les créateurs et stylistes chinois sont plus actifs (Ka Bing , Ma Ke….), il y a encore un décalage entre l’offre chinoise de bas et moyen de

gamme et une clientèle de plus en plus exigeante. Les Chinoises aiment les couleurs lumineuses et les lignes pas trop près du corps. Certaines marques (Armani par exemple) ont lancé des collections spécialement dessinées pour le marché local. En lingerie, les marques étrangères dominent le haut de gamme d’un marché qui se

développe vite avec la publicité et les nouveaux comportements. Pour les chaussures, la Chine est le premier pays producteur et consommateur. Le haut de gamme est importé et les Chinoises aiment soit le noir et les talons, sauf les plus jeunes qui se lancent dans les pierres incrustées. n

Hermès

Hermès a vendu un manteau en cuir à 60 000 euros dans une boutique de Shanghai.

T

rente étages juste au-dessus d’un des centres commerciaux haut de gamme de Shanghai, Léo Lui n’est pas mécontent du développement de Hermès en Chine. Depuis son arrivée il y a dix mois à la tête de la marque française sur le marché chinois, les ouvertures de magasins s’enchaînent au galop. Quatre boutiques verront le jour en 2007 et plusieurs sont déjà 58  Connexions

prévues aux calendriers de 2008 et 2009. Comme beaucoup de marques de luxe, Hermès ne veut pas manquer l’opportunité chinoise. « C’est un marché très important pour nous. Le luxe progresse ici de 20 % par an », estime Léo Lui, président de Hermès en Chine, avant d’ajouter, sourire aux lèvres, que « dans quinze ans, ce pourrait peut-être même être le

premier. » Dans un environnement concurrentiel, la marque française a un positionnement bien particulier. « Nous voulons partager la culture de Hermès avec les consommateurs : nous sommes des artisans, ni une société de luxe ni une société de mode », assure Léo Lui. Chaque magasin met en avant les produits qu’il souhaite, afin, explique-t-il, qu’un

© Anne-Severine Douard

Partager notre culture


Le défi de l’éLuxe client qui achète un sac à Pékin, achètera des chaussures à Hangzhou et une ceinture à Shanghai, vive une expérience d’achat différente à chaque fois. « C’est le prêt-à-porter pour hommes qui fonctionne le mieux, ensuite viennent les cuirs et les sacs et en troisième, la soie avec le carré et les cravates », résume Léo Lui. La marque, célèbre pour ses carrés de soie, vise une clientèle masculine, qui a longtemps porté la consommation du luxe en Chine. « Cela change, depuis

deux, trois ans, il y a de plus en plus de femmes mais pour la clientèle féminine, le marché est plus difficile, il y a plus de concurrence ». Certaines acheteuses n’hésitent pourtant pas à s’enthousiasmer pour une pièce de cuir d’exception, comme ce manteau à 60 000 euros récemment vendu dans la boutique de Shanghai, qui enregistre les meilleurs chiffres en Chine. D’ailleurs, si la marque se développe également dans les villes secondaires, avec l’ouverture de

magasins à Hangzhou, Dalian, Tianjin, ou Chengdu, les plus fortes croissances restent à Pékin et Shanghai. Dans les centre-villes, les bons emplacements se font rares et freinent les envies d’expansion de la marque. Et même si beaucoup de Chinois achètent leurs produits de luxe à l’étranger – à Hong-Kong ou en Europe – Léo Lui estime que « les magasins restent les meilleurs moyens de communication pour établir la notoriété de la marque », sur place. n Julie Desné

Pierre Cardin

« Marco Polo » de la haute couture

© Pierre Cardin

P

ierre Cardin a voulu voir la Chine et il a vu la Chine. C’était en 1978. A l’époque, cet électron libre faisait figure de pionnier dans l’univers occidentalo-centré de la haute couture. Depuis, l’histoire a donné raison à ce fils de cultivateurs vénitiens émigrés en France, et le nom de Pierre Cardin résonne familièrement aux oreilles des Chinois. En 2008, le couturier, aujourd’hui âgé de 85 ans, fêtera les 30 ans de son arrivée en Chine en organisant un spectacle de danse qui retrace le voyage de Marco Polo, personnage auquel il aime se référer. Si Marco Polo a fait connaître la culture chinoise en Europe, Pierre Cardin a contribué à diffuser l’élégance française en Chine. L’histoire du couturier en Chine débute à un moment où le pays se réveille tout juste des années de sommeil de la Révolution Culturelle. En 1978, les étrangers ne sont pas admis à circuler librement. Par curiosité, par fascination pour la culture chinoise, mais aussi dans l’espoir de pouvoir vendre un jour « un bouton de chemise à chaque Chinois », celui qui se définit comme « capitaliste » décide de voir à quoi ressemble le « paradis communiste ». Fort de ce voyage, il nourrit l’idée de faire de la mode en Chine. Sa rencontre, un an après à Paris avec Madame Song, est décisive. C’est elle qui lui ouvrira les portes du pays. Un challenge quand on sait qu’à l’époque, la couleur la plus répandue en Chine était le gris. Qu’importe. Pierre Cardin aime les défis et multiplie les coups. En 1981, il organise son premier défilé à Pékin, puis monte en 1983 une réplique du Maxim’s dans la capitale. En 1985, il fait défiler ses mannequins chinois en décapotable, drapeau rouge de la république populaire à la main, devant l’Arc de triomphe. Aujourd’hui, la maison Cardin compte 30 vendeurs sous licence en Chine, et diffuse ses produits un peu partout dans le pays. Dernière récompense en date, le couturier a décroché cette année la médaille d’or des meilleures ventes de prêt-à-porter homme à Pékin. Pourtant, l’ancienneté de la griffe a aussi son revers de médaille. Trente ans après, Cardin n’est plus seul en Chine. Alors qu’il pouvait encore vendre ses costumes grâce à son nom il y a quelques années, ce n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui. D’où la nécessité de dépoussiérer son image. L’an dernier, il a donc lancé une ligne de vêtements casual pour séduire les jeunes, et envisage de créer d’ici la fin de l’année quatre types de boutiques : prêt-à-porter masculin, féminin, casual et accessoires. Objectif : être à nouveau le symbole de l’avant-garde dans la tête des Chinois. n Philippe Charles

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Luxe, le nouveau goût chinois

卡地亚中国

© DR

1997年第一个销售 点成立以来,卡地亚在中 国的发展非常迅速。 10年之内,17家商店,50家加 盟店的销售网络已然形成。如果说第 一批商店都位于沿海发展前沿城市, 那么如今,在中国的内陆地区,也可 以发现卡地亚的身影(比如重庆,长 春)。同时,产品的种类也越来越丰 富。卡地亚以手表开始对中国市场的 征服,而真正在中国市场获得成功的 是珠宝产品。顾客对品牌的热爱换来 的是销售额的几何级增长:每年5 0%至100%的增长率。卡地亚在 中国,包括香港的销售量已经占全球 销售总量的12%。而这还仅仅是个 开始,新开张的商店的数量以可观的 速度在增长。卡地亚中国北区的副经 理Daniel Chang如此解释,‘我们的 客户群非常广,从想显示其地位的富 裕企业主到寻找定情物的夫妻,都是 我们的顾客。他们的共同点在于都属 于社会精英阶层’。卡地亚悠长的历

史,其与传统及文化相连的形象是吸 引中国顾客的最大亮点。无需再去设 计特殊的产品去吸引中国顾客。因为 品牌的推广已经具备了地方色彩。比 如卡地亚参加了在中国最北部-哈尔滨

冰雕节。法国和平路上的卡地亚总店 在这里重现,20米高的巨型冰筑艺 术宫殿。内部甚至有冰块雕出的珠宝 钻石的复制品。 n

宝玑

以自己的节奏前进

©

DR

玑在慢慢的却坚定的进 军中国市场。‘我 们是可以更早 进入中国市场的,但是 我们没有。集团暂时 不想这样因为当时我 们不具备足够的生产 能力来登陆像中国这 样的市场’,品牌亚 太地区总监Martin Ganz如是总结。 2004年进入中国, 这个豪华手表品牌 已经具备了17个 销售点。‘我们 只通过独立的经 销商,每个城市都 不同.’总监强调。这 60  Connexions

个法国-瑞士品牌在中国 的东北地区销售最 好,从哈尔滨到 大连。这也是 宝玑开始的地 方。‘2004年 最初的销售点在 大连和沈阳’, Ganz先生说。尽管 宝玑的主要客户是 男性-尤其是企业 家,但是越来越多的 女性也自己购买手表,‘是 自己买,不是丈夫或者恋人 付钱’Ganz先生强调。‘我还 记得在沈阳,有位高大的妇女, 希望给自己买一块男表…’Ganz好 笑的说。一块宝玑表平均价格为

200000元(20000欧元)。最初的型号 售价70000元(7000欧元)最高可以达 到1500万元(150万欧元)。总监解 释‘我们展览了我们最贵的型号,但 是在这里没有人购买’。 总监接着分 析‘宝玑在中国卖出的最贵的手表是 250万元(25万欧元),没有钻石装 饰。我们的优势在于技术,而不是珠 宝,中国的顾客懂得欣赏产品技艺, 时常还会提出一些非常具体的构造问 题’。‘我们也可以增加商店数量来 促进增长,但是如果没有显著意义, 我不会采取这种方法’,Ganz先生说 道。宝玑在按着自己的节奏发展销售 网络,也会在未来几年中从宝玑品牌 的拥有者-斯沃琪集团在北京和上海的 豪华宣传中获益.两者其中一个将定户 于上海著名的和平宾馆。n


Le défi de l’éLuxe 爱马仕

分享我们的文化

于上海一个30层的高级 商业中心顶层,Leo Lui对 爱马仕在中国的发展感 到很满意。自进入中国市场,爱马仕 已经有十个月成为法国品牌在中国市 场的领头羊,新店开张一家接一家。 2007年又将开张4家新店,预计2008至 2009年还会有数家新店出炉。和许多 的奢侈品牌一样,爱马仕不愿意错过 在中国的机会。‘中国对我们是一个 非常重要的市场。奢侈品的市场增长 率为每年20%’,爱马仕中国总裁Leo

有可能仍然是第一’。在这样一个竞 争力很强的市场,爱马仕的定位很特 别。‘我们希望与消费者共同分享爱 马仕文化:我们既不是奢侈品公司, 也不是时尚公司,而是手工业者’, Leo Lui肯定地说。每个商店都有他们 的特色,一个在北京购买包,在杭州 购买鞋,在上海购买腰带的顾客每次 都会有不同的购物经验。‘男士成衣 销售得最好,然后是皮制品及包,第 三名方格丝巾和领带. ’ Leo Lui总结 道. ‘最近两三年来有些改变,越来越

市场更难做,因为竞争很大’。一些 消费者毫不掩饰对皮制品的热爱. 比如 说不久前刚刚在全中国销售额最好的 一家上海分店卖出的价值60000欧元的 皮大衣就说明了这点。另外,该品牌 也在不少二级城市开设商店,比如杭 州,大连,天津或者成都,增长率最 大的商店还是集中在北京和上海。在 城市中心,好地段很少也抑制了品牌 扩张的欲望。尽管很多中国人都在香 港或者欧洲购买奢侈品,Leo Lui认为 :‘在本土开设商店是最好的传播品牌

Lui带着微笑继续说,‘15年之后,

多的女性成为奢侈品顾客。但是女性

知名度的方法’。n

皮尔・卡丹

穿高级时装的“马可波罗”

皮尔·卡丹在京城时尚新地标世贸天阶举办“精华之源·2007春夏时装发布会”

© DR

尔・卡丹想要看一看中国,他看到了中国。那还是 1978年。当时,他是中欧高级时装的先驱。历史让 这个威尼斯农民的儿子选择移民到了法国, 让皮 尔・卡丹的名字开始在中国人的耳边不断回荡。2008年,这位 85岁高龄的时装巨匠在中国组织了一场以马可波罗旅游为主题 的舞会来纪念他到中国30年,马可波罗正是他喜欢的人物。如 果说马可波罗使欧洲人认识了中国,那么皮尔・卡丹在中国传播 了法国的优雅。他在中国的故事要追朔到这个国家刚从文化大 革命的浩劫中苏醒的时刻。1978年,外国人在中国还是不能来 去自由的。因为好奇,因为对中国文化的热爱,或者是希望能把 自己的‘衬衫哪怕是纽扣卖给每一个中国人’,被认为是‘资本 主义’的他决定去看看什么是‘社会主义的天堂’。正是因为此 次旅行,让他决定在中国做时尚。一年之后在巴黎与宋女士的见 面更加坚定了他的决心。是她向皮尔・卡丹打开了中国的大门。 最大的挑战在于:那时的中国,最广泛应用的颜色只有灰色。没 有关系。皮尔・卡丹喜欢挑战和挫折。1981年,他在北京组织了 第一次服装秀,1983年在北京开办了马克西姆餐厅。1985年,他 让中国模特站在敞篷车里,手拿红旗,站在凯旋门前表演时装 秀。如今,卡丹品牌在中国多达30个经销商,在全国各地销售他 们的产品。最近, "皮尔卡丹" 获得了北京男士成衣的销售金牌。 然而,年代久远的品牌也有消极的一面。30年后,皮尔・卡丹在 中国已不再是唯一。几年前,靠着这个名字就可以销售他们的 西服,现在已不完全是这种情况了。这说明品牌形象需要创新。 去年,为吸引年轻人,皮尔・卡丹开发了一系列非正装,并打算 到今年年底为止,开办四种不同风格的商店:男士成衣,女士成 衣, 非正装以及饰品。目标:重新树立其在中国人心中龙头的 形象。n

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Luxe, le nouveau goût chinois Décoration

Le luxe entre dans la maison

© Club Bayhood

L

e marché de la décoration et de l’ameublement en pleine expansion, accompagne l’explosion du logement privé. Les Chinois connaissent encore peu les marques. Pour séduire la clientèle, les meubles sont mis en situation, avec explication et historique. Dans l’esprit des Chinois, le design est associé à l’Italie et les goûts sont nettement divisés selon les générations. Quand les plus de 35 ans optent pour le mobilier classique européen, avec des tonalités sombres et un style chargé, les moins de 35 ans, au contraire, préfèrent les couleurs vives et ce qui sort de l’ordinaire. La multiplication des magazines de décoration a une influence certaine sur

la clientèle. Pour l’art de la table, le grand défi est de faire accepter les coutumes occidentales. Peu de Chinois utilisent la vaisselle occidentale, sauf les restaurateurs ou certains consommateurs jeunes et cosmopolites. Un des marchés les plus prometteurs est celui du linge de maison, où l’offre chinoise progresse et séduit les lecteurs de magazines. L’orfèvrerie plait aux 30-40 ans qui ont voyagé et achètent des cadeaux, voire, quelquefois, des services complets. La porcelaine, pour laquelle existe une forte tradition chinoise, est surtout associée au Royaume-Uni. Les Chinois découvrent le cristal. n

Lalique

nstallé depuis trois ans en Chine continentale, Lalique a commencé à développer une clientèle jeune - 25 à 35 ans -, attirée par les qualités artistiques de la marque. Pour séduire sa clientèle à la fois féminine – les femmes achètent plutôt pour elles – et masculine - les hommes achètent pour faire des cadeaux -, le grand nom du cristal français a déjà ouvert huit points de vente dans cinq villes de Chine : trois boutiques à Pékin, deux à Shanghai et une à Kunming, Harbin et Chongqing. La principale difficulté a été de se faire connaître et d’expliquer la valeur des objets, justifiant leur prix. « Les clients à Pékin commencent à connaître Lalique grâce aux boutiques, explique Jessica Cheng, responsable de la distribution à Pékin. Notre principal argument de vente est de dire que tout est fait main et sort d’une seule usine en France. Si le client a le temps, nous lui parlons d’histoire, 62  Connexions

de la personnalité de René Lalique. » Pour la directrice régionale, Montiza Tornow Siu, encore aujourd’hui, la première idée d’un Chinois est d’acheter des diamants. Même si l’éducation peut aller très vite, les amateurs de luxe préfèrent investir dans une voiture, un appartement, plutôt que bâtir un style de vie de qualité. Même point de vue chez le directeur général de la marque en Asie, Thomas Lee, qui trouve que la Chine continentale ressemble au Hong-kong des années 70 : « Les gens achètent parce qu’ils aiment le produit sans le connaître. » Thomas Lee, qui recherche activement les Lalique du Peace Hotel de Shanghai, disparus lors de la restauration, considère qu’il est temps que les Chinois s’intéressent aux arts français comme les Français le font pour les arts de la Chine traditionnelle. Leur point de vue personnel sur le luxe ? Pour Thomas Lee, le luxe n’est pas une affaire de prix mais d’ob-

© Lalique

I

L’éducation au goût

Tout est fait main et sort d’une seule usine en France.

jets qu’on acquiert pour la vie. Montiza Tornow Siu privilégie le caractère personnel d’un objet qui rend la vie plus confortable. Quant à Jessica Cheng, en vraie Pékinoise de la nouvelle génération, elle aime porter quelque chose qui lui plait, que tout le monde ne peut pas acquérir et qui montre qu’elle a du goût et peut se le permettre. n AG


Le défi de l’éLuxe Baccarat

«N

otre atout c’est l’attrait et la curiosité que suscite une maison née en 1764  » François Maïnetti, directeur du développement Asie de la marque, observe un changement profond depuis l’exposition organisée au Musée National des Beaux Arts de Pékin au printemps 2006. « Nous avons exposé 300 pièces de notre collection, dont certaines n’étaient jamais sorties de France. » Cela a fait basculer l’image de la marque présente en Chine depuis 1995 à l’hôtel Peninsula de Pékin. Les Chinois, qui connaissaient mal le cristal ont pu comprendre de visu comment se marient les quatre éléments nécessaires à sa formation (l’eau, le feu, la terre et l’air) à travers trois thèmes : l’art de la lumière, l’art de la création et l’art du savoir-vivre à

la française. Aujourd’hui, François Maïnetti joue la carte de la création et de l’art, en particulier de l’art contemporain et vise une clientèle qui achète de belles pièces pour soi mais aussi pour un restaurant, une galerie, un siège social. « Notre marque attire les Chinois amateurs de belles choses. Nous développons avec certains d’entre eux des relations assez intimes. » Y-a t-il déjà des connaisseurs   ? «La plupart achètent plutôt par impulsion, après un voyage, une lecture ou une visite chez des amis. Mais il faut se garder des clichés. Aujourd’hui les Chinois très aisés s’informent, ils voyagent, vont sur Internet. Ils sont conseillés par des architectes et des décorateurs. » Depuis 2006, Baccarat a renforcé sa présence en Chine continentale avec cinq boutiques: trois à Pékin et deux à Shanghai,

Le lustre zénith Starck de Baccarat

© Baccarat

L’attrait d’une « maison » ancienne

où une clientèle jeune - entre 30 et 40 ans – vient s’offrir un joli bijou. Installé depuis un an à Pékin, François Maïnetti est conscient des difficultés du marché et peaufine sa stratégie pour mieux faire connaître sa marque. Une seule certitude : il faut laisser tomber les préjugés européano-centristes. n AG

Daum

n 2003, enthousiasmé par les perspectives du luxe en Chine, Daum a ouvert au Plaza 66, temple du luxe shanghaien – où Chanel, Dior et Hermès ont, entre autres, élu domicile. Mais pour le fabricant d’objets en verre de luxe, les débuts sur ce marché prometteur ont été difficiles. « Nous avons ouvert la boutique trois jours avant la crise du SRAS et Louis Vuitton, dont la boutique était juste en dessous, a entrepris, très rapidement, des travaux d’agrandissement », se souvient Hugues Ducoin, directeur régional Asie de la marque basée à Hong Kong. Promis à un premier étage passant du centre commercial en vue, Daum se retrouve réduit à la portion congrue, dans ce que les travaux de Vuitton ont transformé en impasse. « Nous avons souhaité changer de stratégie », résume M. Ducoin. Depuis, le fabricant

français aborde la Chine avec mesure. « Nous passons par un distributeur et une VIE sino-française nous représente à Shanghai  », explique le responsable, qui vend surtout des petites pièces, entre 2 000 et 10 000 RMB en Chine « souvent à des Chinois de Hong Kong ou Singapour qui nous connaissent déjà ». Le Français attend son heure. « Le schéma classique de la consommation de luxe en Chine passe par la voiture, le golf, les vêtements. La décoration ne participe pas encore à la volonté de démontrer sa richesse », analyse le directeur régional de Daum. La marque croit au marché mais reste patiente. Hugues Ducoin estime d’ailleurs qu’« ici, c’est un travail de longue haleine. Il y a un potentiel énorme mais il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Le marché est très important mais très flou ». n Julie Desné © Daum

E

La patiente reconquête du marché

« People belong to Elephant », sculpture réalisée par l’artiste chinois Chen Changwei pour Daum, existe en 8 exemplaires. Connexions 63


Luxe, le nouveau goût chinois Sébastien Lathuile

Les fleurs de Shanghai

Arrangement floral créé pour la visite de la chancelière allemande Angela Merkel.

© Sébastien Lathuile

«J

e suis convaincu que ce qui est porteur en Chine pour les entrepreneurs étrangers, ce sont les marchés de niche », assure Sébastien Lathuile. Le jeune savoyard a, pour sa part, trouvé une niche bien particulière sur un marché à peine existant en Chine : la fleur haut de gamme. Fleuriste attitré du Shangri-La, hôtel cinq étoiles situé au bord du fleuve Huangpu, il a livré près de 70 000 arrangements à l’établissement en 2006. Après plusieurs années passées à Londres, le trentenaire a monté à Shanghai sa petite entreprise qui emploie près de vingt personnes. Il transmet désormais son savoir-faire à une équipe de dix-sept fleuristes. Si le Shangri-La représente une grande partie du chiffre d’affaires, Sébastien Lathuile ne veut pas s’arrêter là et cherche à diversifier ses activités. Le Français fleurit ainsi de plus en plus d’événements, à l’instar des soirées Ferrari et Maserati. « Nous avons aussi fait les arrangements pour la soirée Dior, à laquelle assistait Sharon Stone », précise le créateur. Un nombre croissant d’hôtels fait appel à ses services dont un à Pékin, qui lancera les activités du Français dans la capitale chinoise. Sébastien Lathuile ne croit pas beaucoup à la vente directe aux particuliers – en dehors de l’ouverture d’un point de vente dans un magasin du Shangri-La cet été – « les loyers des boutiques à Shanghai sont trop chers et ce n’est pas justifié. Une grande partie des consommateurs sont étrangers. Le marché n’est pas encore là », estime-t-il. Avec des bouquets entre 500 et 2 000 RMB, la marque vise une clientèle aisée, qui, côté chinois, n’a pas le réflexe d’acheter des fleurs sans occasion particulière, comme la Saint-Valentin. Son bouquet

le plus cher, il l’a « signé » pour Swarowski : « Un bouquet à 20 000 RMB constitué de fleurs en cristal ». n Julie Desné

巴卡拉

"我

们的优势是这个诞生于 1764年悠久品牌的诱惑 力和探索精神. 在2006年 春天北京艺术博物馆展览之后,亚洲发 展部总经理Francois Mainetti感受到深刻 的变化: "我们 一共展出了300件产品, 其中有一部分从未在法国以外的国家出 现过"。这次展览改变了品牌在1995年北 京王府饭店展览时给人留下的印象。并不 十分了解水晶工艺的中国人直接感受到了 四种基本元素(水,火,土,空气)是如何 通过光的艺术, 创造的艺术,法国生活 艺术三种主题进行组合。如今,Francois Mainetti通过充分展示创造力和艺术,尤 64  Connexions

其是现代艺术,将顾客目标锁定为个人,餐 厅,画廊,或社会机构。"我们的产品吸引 了追求美好事物的中国人,并与他们其中 的一些人建立了非常亲密的关系"。 "他们 中已经有人是行家了吗?""他们中的大多 数人是在旅行,产品介绍,或在朋友家看 到之后购买的。但也要重视这样的消费渠 道。如今的中国人信息发达,他们旅游, 网上冲浪,并从建筑师,室内设计师那里 获得专业意见。’自2006年,巴卡拉加强 了在中国大陆的投资,现在一共有5家店 铺:3家在北京,2家在上海,这是拥有大 量30到40岁之间的年轻消费群的地方。驻 扎北京一年之后,Francois Mainetti感受

© DR

“老牌”的诱惑力

到了市场的一些困难,他将进一步优化企 业战略让这个品牌更广为人知。但有一点 是可以肯定的就是应该放弃欧洲是唯一 的偏见。n


Le défi de l’éLuxe 莱俪

入中国大陆市场已经3年的 莱俪品牌发展的顾客群是被 品牌的艺术品质吸引的2535岁之间的消费者。为了同时吸引犒劳自 己的女性以及为送礼而购买的男性,这个 法国著名的水晶品牌已经在中国的5个城 市成立了8个销售点:北京3家,上海2家, 昆明、哈尔滨、重庆各一家。目前主要的 困难在于让消费者了解物品的内在价值, 和所体现的价格。 ‘北京的顾客是通过 商店而开始了解莱俪’。发行经理Jessica Cheng解释说‘我们主要的卖点是所有的 商品都是手工制作,并且是从法国唯一的 工厂出货。如果顾客有时间,我们会跟他 讲述品牌的历史,Rene Lalique的个性品 质。’地区经理Montiza Tornow Siu认为,

至今中国人的首选还是钻石。虽然熏陶 和影响来的很快,但是奢侈品爱好者们 的投资还是倾向于一辆汽车,一栋房子 而不是建立一种有质量的生活方式。品 牌亚洲区总经理Thomas Lee持有相同观 点,他认为中国大陆与70年代的香港比较 相像: ‘人们购买一个产品是因为喜欢而 不是出于了解’。Thomas Lee认为,是中 国人对法国艺术感兴趣的时候了,就像 法国人对中国传统艺术很有兴趣一样。 他们关于奢侈品的个人观点是什么呢?对 于Thomas Lee,奢侈品不仅仅代表高价 位,更是生活给予我们的奖励。Montiza Tornow Siu认为奢侈品因为其特性而使生 活更加舒适。而对于Jessica Chen, 真正 的新一代北京人,她佩戴一些她喜欢并且

© DR

关于品位

是独一无二的饰物,这可以显示出她独特 的品位。n

杜慕

征服市场需要耐心

© DR

2

0 0 3 年,本着对中国奢侈品市场 的信心,杜慕在上海Plazza66 开 业,那里云集了香奈尔,迪奥,爱 马仕等世界名牌。但是,对于这个高级玻 璃工艺品制造商来说,起步曾经非常艰 难。"我们的店恰恰是在SRAS爆发前3天 开业,并且楼下就是正在紧锣密鼓进行 扩大装修的路易威登",常驻香港的品牌 亚洲地区经理Hugues Ducoin回忆道。 原有的位于二层的商业中心通道由于路 易威登的工程而变成了死胡同,使杜慕 受到些影响。"我们曾设想改变战略",

Ducoin先生总结说  : 我们从一开始就是 有尺度的,一步一步登陆中国市场。"通常 是新加坡或者香港的华人对我们有所了 解"。Hugues Ducoin等待着他的成功时 刻。"中国传统的奢侈品消费图表是汽车, 高尔夫,服装。装饰品还没有成为中国人 展示财富的一个方面",杜慕的地区经理 如此分析。产品销售在市场有所发展但仍 比较平缓。Hugues Ducoin特别指出"这是 一个需要长期努力的工作。拥有巨大的潜 力但也不要眼睛比肚子大。市场很重要却 也很朦胧。" n

Sebastien Lathuile

上海的鲜花

"我

相 信适当的 市场 位 置 是外国企业家的法 宝."Sebastien Lathuile说 到。这个年轻的萨瓦人,开拓了在中国基 本不存在的高级鲜花配送市场。这个被黄 浦江畔的五星级酒店香格里拉吸引的花 商,在2006年为这家酒店配送了70000次 花。多年的伦敦生活之后, 年轻人来到 上海开办了这家企业并雇佣了近20个员

工。他将自己的知识传授给了17个花匠。 如果说香格里拉是其主要客户,Sebastien Lathuile的雄心则绝不仅限于此,他还要 多样化其经营。他负责很多活动鲜花配 送,比如费列罗以及玛莎拉蒂的晚会。"我 们还为迪奥晚会提供服务, 包括为参加活 动的沙朗斯通配置了鲜花",这位创造人 说道。寻求他们服务的酒店在不断增加, 其中就有将要举行法国人活动的北京一

家酒店。在上海香格里拉成立了一家商店 之后,Sebastien Lathuile不太相信这种直 接销售方式-"上海的商铺租金太贵了,不 太公平。大多数消费者是外国人。市场还 有很大发展空间。"500到2000元之间的 花篮是面向于在情人节之类的节日购买鲜 花的中国人。最贵的花篮价值20000元, 饰有施华洛世奇:"20000元的花篮是由 水晶花组成的。" n Connexions 65


Luxe, le nouveau goût chinois Vins et nourritures fines

La gastronomie française, réputée mais mal connue

S

© Cyrille Coussat

i les consommateurs chinois citent spontanément la France comme le pays de la gastronomie (avec la Chine), l’immense majorité connait encore très mal les produits français de luxe. Hormis le foie gras, les truffes et le chocolat, ils ont du mal à nommer un grand produit venu de France. Le magazine le plus ouvert aux produits étrangers, Food and Wines (380 000 exemplaires), se consacre surtout aux vins, où le marché est encore dominé par l’étiquette. Les grands vins ont trois types de clientèles en Chine : les très riches qui achètent des Pétrus, des Mouton Rotschild ou des Château Lafitte pour les collectionner autant que pour les boire, les riches qui achè-

tent et consomment quel que soit le prix, pour le statut autant que par véritable plaisir, et les jeunes cosmopolites qui ont appris à faire la différence entre bons et moins bons vins alors que l’offre étrangère se diversifie, et l’offre locale se développe. Pour les spiritueux aussi, l’étiquette joue un rôle essentiel avec une très forte présence des grands noms : Hennessy, Martell, Rémy Martin. Même le champagne, encore mal connu - les Chinois ne sont pas habitués aux bulles – progresse. Entre 2004 et 2006, le marché - y compris les mousseux - est passé de 357 000 à 851 000 bouteilles, dont 85% - en valeur - viennent de France. n

Pernod Ricard

Faire de l’alcool un produit de luxe

L’

alcool comme symbole de réussite sociale, c’est le message que Pernod Ricard s’évertue à faire passer auprès de ses consommateurs chinois. Une stratégie qui semble porter ses fruits : le groupe revendique désormais la place de numéro un sur le marché des alcools importés en Chine, devant ses grands concurrents Diagéo et LVMH. La Chine représente aujourd’hui 5% du chiffre d’affaires global du groupe, mais « en 2025, nous réaliserons 20% de nos ventes en Chine et en Inde, 40% en 2050 » assure Patrick Ricard, PDG du groupe. Après avoir eu un peu de mal à trouver leur place depuis 10 ans sur le marché chinois, les dirigeants ont trouvé leur créneau : les alcools dits premium, 66  Connexions

comprendre plus de 30 dollars la bouteille, ou ultra-premium à 90 dollars la bouteille et au-delà. La cible : les 10% de la population qui gagnent au moins 5 000 dollars par an. Les fameux « nouveaux riches » chinois : en 2015 ils représenteront un quart de la population chinoise, d’après une étude du Boston Consultancy Group. Pour s’introduire auprès de ses consommateurs asiatiques, le groupe a commencé par élargir son portefeuille de marques : les rachats de Seagram en 2001, et Allied Domenecq en 2005, ont fait tomber dans son escarcelle des marques comme Chivas, Martell ou Ballantine’s, déjà bien implantées en Chine. La stratégie de « premiumisation » chère au groupe passe par

plusieurs mesures-phares. Les plus importantes : une revue des prix à la hausse et une forte augmentation des dépenses de communication. Il s’agit de faire passer l’idée suivante : Chivas, Martell ou Ballantine’s, c’est la boisson de ceux qui réussissent. Les spots de publicité montrent donc d’élégants hommes d’affaires chinois au sommet de tours dominant Shanghai, qui se congratulent avec des homologues occidentaux en costard ou en kilt. Un rêve pour lequel les consommateurs sont prêts à payer cher : 99% des ventes de whisky du groupe en Chine sont réalisées sur du « 12 ans d’âge » et plus. Et tant pis si les amateurs du samedi soir le coupent au thé vert. n Carol Issoux


Le défi de l’éLuxe Fauchon

hinkong Place : c’est dans cette galerie marchande qui accueillera d’ici septembre toutes les références mondiales du Luxe, que Fauchon vient d’ouvrir, en grandes pompes, son magasin le plus spacieux du monde - 2000 mètres carrés avec les cuisines - sur trois étages. Le fleuron de la gastronomie française a choisi de partir à l’assaut du marché chinois en partenariat avec le groupe chinois de distribution Beijing Hualian group qui fait ses premiers pas dans l’univers du Luxe. A cette occasion, Fauchon a dévoilé son nouveau concept qui allie point de vente et consommation sur place. Le magasin de la Madeleine, rénové dans cet esprit au coeur de Paris, n’ouvrira qu’en novembre prochain. Pourquoi choisir Pékin? Philippe Thomas, directeur général de Fauchon, justifie cet investissement par l’extraordinaire développement du luxe en Chine prévu dans les années à venir. « Nous sommes au tout début du pro-

© Anne Garrigue

S

Trois étages de goûts français

Inauguration du magasin Fauchon à Pékin.

cessus. Il faut venir maintenant profiter des grands espaces disponibles. Nous comptons réussir notre pari grâce à la connivence gastronomique entre la France et la Chine, pays qui sait apprécier le bon pain et le bon vin. » Le magasin, conçu par les équipes de Fauchon et dessiné par Christian Biecher, décline la nouvelle identité visuelle de la marque et ses couleurs phares fushia, noir, blanc, argenté et doré. Un premier niveau, situé au sous-sol, offre, sur 400 mètres carrés, une épicerie, où l’on peut acheter et déguster sauces, thés et chocolats les plus fins. On y

trouve aussi une cave offrant une large sélection de vins et de champagne. Au rez-de-chaussée, dans la boulangerie- pâtisserie, des douceurs sont présentées dans un décor de bijouterie. Enfin, au premier étage, un restaurant offre un menu- déjeuner à 188 RMB et des dîners à la carte. Tous les produits frais sont fabriqués sur place par une équipe franco-chinoise formée à Paris. A terme, Fauchon compte ouvrir avec son partenaire plusieurs magasins en Chine. n AG

保乐利加

如何制造酒业的奢侈品 人将占总人口的四分之一。为了使亚洲消 费者更了解自己的品牌,集团在不断的扩 张,2001年收购Seagram,2005年收购 Allied Domenecq,使其手下拥有数个在 中国发展良好的品牌如Chivas, Martell以 及Ballantines。 ‘特级化’的策略使集团跨 越了数个里程碑。最重要的是:价格的回 升以及推广开销的增加。Chivas, Martell以 及Ballantines的成功正是基于此。我们可 以从广告中看到,西装革履的成功男士在 大厦顶端与西方身份相仿的人士举杯互 祝。这是一个消费者愿意为之付钱的梦: 在中国,集团销售出的威士忌中,99%以 上是12年或以上的老窖。如果周末狂欢者 们把这些酒搀到绿茶中,只能说他们没有

© XXX

是社会成功的标志,这是 Pernod Ricard努力向中国消 费者传递的信息。正确的策 略可以带来成功的果实:占领中国酒业市 场第一的位置,即使是面对强大的竞争 者阿吉奥以及LVMH。保乐利加在中国的 销售额已经占其全球销售总额的5%,但 是‘2025年,我们将在中国和印度实现全 球20%的销售额,2050年达到40%’,集 团总裁Patrick Ricard保证。在中国经历了 10年的摸索之后,管理者们找到了属于他 们的等级:特级白酒。包括每瓶超过30美 元的,90美元的或更高价格的白酒。而 目标是每年收入至少5000美元,占人口 10%的消费者。所谓中国的“新富”:通 过波斯顿咨询集团的调查,2015年这些

口福咯。n Connexions 67


Luxe, le nouveau goût chinois 馥颂

© DR

法国美食世界

光天地:在这个汇集了世界 各类奢侈品的商业百货里, 馥颂刚刚开张了其在北京的 最大的豪华食品商店- 包括厨房在内,面 积达到2000平方米, 共3层。这家法国美 食业的龙头选择同第一次进入奢侈品市 场的北京华联集团合作进军中国市场。借 此机会,馥颂揭开其新的经营理念:将销 售和当场消费结合起来。十一月份在巴黎 中心开业的马德琳娜店也将秉承这种理

念。为什么首先选择北京呢? 馥颂的总 经理Philippe Thomas先生非常看好奢侈 品未来几年内在中国的发展。 “现在仅仅 是开始。争取时间是为了更好的利用和发 展空间。我们对成功有信心,因为中法之 间的美食是相通的,这是两个懂得欣赏好 酒和好 面包的国家。 ”商店由馥颂的团 队构思,Christian Biecher设计,赋予了 品牌新的视觉形象,融合了品牌的标志性 颜色- 海棠红,黑色,白色,银色及金黄

色。地下一层有占地400平米的香料区,我 们可以在那里购买或品尝调味品,茶,最 精致的巧克力。还有一个储备了各种红酒 及香槟的酒窖。地上一层是面包甜点店, 各种糖果像珠宝一样装饰在糕点周围。最 后,地上二层的餐厅提供188元每位的套 餐及点餐服务。所有新鲜产品都由在巴黎 通过专业培训的中法团队现场制作。在未 来,馥颂打算与自己的合作伙伴不断扩大 在中国的商店数量。n

Sources Ces pages ont pu êtres réalisées grâce au concours d’Ubifrance, qui a publié une étude sur le marché du luxe en Chine et à Hong-Kong en mars 2007. Cette étude a été réalisée par Sandrine Perrin sur la base d’une enquête réalisée fin 2006, en collaboration avec les Missions Economiques de Canton, Chengdu, Hong-Kong, Pékin et Shanghai et sous la direction de Sandrine Leo. Ce document présente de façon détaillée le marché du luxe chinois et son approche, les circuits d’importation et de distribution des produits de luxe en Chine et des fiches opérateurs. Contact : stephanie.leo@ubifrance.fr

68  Connexions


Le défi de l’éLuxe Voitures de luxe

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es voitures chères se vendent très bien en Chine. Avec plus de 250 000 voitures haut de gamme (plus de 400 000 RMB), dont 30 000 voitures de luxe (plus de 900 000 RMB) en 2006, le marché a doublé entre 2005 et 2006, alors que le marché automobile total n’a progressé « que » de 33%. La progression est particulièrement rapide pour les marques de prestige (Ferrari, Bentley, Rolls Royce…). Parmi les entrepreneurs multi-millionaires, en particulier les magnats de l’immobilier, la tendance est à collectionner les modèles les plus chers, ce qui fait que la Chine absorbe entre 1 et 2% des ventes mondiales pour Ferrari, Maserati ou Bentley, 3% pour Porsche et 4% pour Rolls Royce. C’est encore peu

mais les ventes de marques comme Bentley ou Porsche doublent chaque année dans le pays. Les berlines haut de gamme (entre 400 000 et 700 000 RMB) représentent la plus grosse partie du marché. Ces voitures choisies par des entrepreneurs et des cadres du gouvernement représentent un marché si important que beaucoup de marques n’hésitent plus à produire sur place. Le leader, Audi, a démarré en 1998 la production de son A6. BMW, Mercedes ou Cadillac ont suivi en 2005 et la Chine est devenue le deuxième marché mondial pour la BMW série 7, la Mercedes Classe S ou l’Audi A8. Les gros SUV (4x4) ont également du succès auprès des riches chinois. Sur ce marché des voitures haut de gamme

© Mathieu Baratier

Démarrage en trombe

Exposition de produits de luxe à Pékin

dominé par des marques allemandes, la France est représentée avec la Citroën C6, lancée en mars 2007, qui se positionne comme l’alternative française, jouant la carte du design et de la technologie. n

Petit luxe

es cadeaux sont un élément fondamental du marché du luxe ( 20 à 30% des achats). En effet, la culture chinoise demande que soient offerts des cadeaux, d’un prix en relation avec l’importance de la relation, pour entretenir les « guanxi1 ». Sur ce créneau, « le petit luxe » est roi et les étrangers sont aux places d’honneur. En matière d’accessoires, les Chinois aiment plutôt les incrustations de cristaux, les lunettes de soleil avec des montures en plastique, les lunettes de vue à la mode. Plus de 8000 fabricants chinois se partagent le marché des sacs dont raffolent les Chinoises qui n’hésitent pas à s’en acheter plusieurs par an avec, si possible, un logo facilement identifiable. Chez l’homme, la cravate est l’accessoire indispensable plutôt rayé qu’uni. n 1

Relations interpersonnelles

© Cyrille Coussat

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L’Empire du cadeau

Dans un magasin de Shanghai

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Luxe, le nouveau goût chinois Droit, fiscalité, services

Climat favorable mais avis d’orage Le marché du luxe chinois est très attractif malgré des taxes assez lourdes et le risque d’un retour de bâton politique.

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es téléphones mobiles incrustés de diamants sont-ils compatibles avec la « société harmonieuse » qu’appelle de ses vœux le président chinois Hu Jintao ? C’est la question que posent des experts cités récemment par le « Financial Times »1 et « The Economist »2. Selon eux, le pouvoir politique chinois se contentait jusqu’à présent de reprocher aux riches de laisser trop de nourriture au bord de leur assiette pendant les banquets, mais il dirige désormais ses critiques vers tous ceux qui affichent une vie de luxe. En mars 2007, Wen Jiabao s’en est pris aux villas somptueuses et a dénoncé l’utilisation de la terre pour faire des parcours de golf. Fin mai, c’est le maire de Pékin qui a critiqué les publicités qui affichent des produits de luxe susceptibles de perturber l’harmonie sociale. A la Mission Economique de Pékin, on souligne cependant que l’environnement des produits de luxe reste très porteur, malgré une fiscalité chinoise assez lourde qui pousse de nombreux Chinois à préférer acheter leurs produits hors des frontières. Récemment, la fiscalité s’est d’ailleurs encore alourdie pour les articles haut 70  Connexions

Le luxe ne doit pas perturber l’harmonie sociale de gamme, puisque, depuis 2006, en plus de la TVA (17%), il faut compter désormais avec une taxe à la consommation plus forte sur les balles de golf (10%), les montres d’une valeur de plus de 10 000 RMB (20%) et les bateaux de plaisance (10%). Résultat : les Chinois continentaux font leurs emplettes à Hong Kong, où les prix sont inférieurs de 20 et 35%, ou en Europe. Des services pas encore à la hauteur Autre sujet d’inquiétude: les campagnes de dénigrement des produits étrangers. En novembre dernier, les

autorités chinoises avaient mis en cause la qualité de plusieurs produits de grandes marques internationales. Finalement, cette affaire n’a pas eu de suite, l’enquête ayant montré que ces critiques étaient sans fondement. Selon Laurent Martin, conseiller commercial à la Mission Economique de Shanghai, ces attaques n’atteignent pas leur cible car les consommateurs de produits de luxe n’y sont guère sensibles. Enfin, en ce qui concerne les douanes, Philippe Griset, attaché douanier, note que le seul vrai problème est celui que posent les contrefaçons. Les douanes européennes ont enregistré en 2006 une forte hausse des saisies (250 millions d’articles concernés). Or la Chine est le premier pays de provenance de ces produits3. « La douane chinoise travaille plutôt bien, note Philippe Griset, mais son action est rendue difficile par l’échelle même des problèmes. » Restent les difficultés concernant l’environnement physique et les services. Selon Yann Francioli, attaché commercial en charge des produits de luxe, ce sont les plus complexes. « Les vrais problèmes d’environnement touchent au manque d’emplacement et à la difficulté à trouver, former et surtout garder un personnel de qualité. » n Anne Garrigue FT, 4 juin 2007 The Economist, 2 juin 2007 80% des articles dont 87% pour les vêtements et accessoires, 90% pour les lunettes et 69% pour les montres et bijoux proviennent de Chine 1 2 3

© Anne-Severin Douard

© Imagine China

Sale temps pour les millionnaires : les bateaux de plaisance n’échappent pas à la nouvelle taxe sur le luxe de 10%.


Le défi de l’éLuxe Le point de vue des juristes

Le luxe et la contrefaçon, des tentations inévitables ? Par Céline Bourjolay et Huang Zhen, avocats à la Cour, Gide Loyrette Nouel, Shanghai.

L

e marché du luxe se développe à travers la Chine et répond à une demande réelle: 1% de la population chinoise, soit 13 millions d’habitants détiennent à eux seuls 40 % des richesses du pays et constituent une véritable clientèle pour ce marché. La présence directe des marques de l’industrie du luxe en Chine accroît cependant le risque de contrefaçon: copies de modèles existants, apposition de la marque ou du logo sur d’autres produits ou usurpation de la marque. L’Asie, avec la Chine en particulier, représente les deux tiers des produits contrefaits saisis en Europe en 20061. La contrefaçon des produits de luxe en Chine ne diminue pas et apparaît de plus en plus complexe, en raison de la qualité de la contrefaçon, de la rapidité et de l’ingéniosité des contrefacteurs. Tous les secteurs sont touchés: maisons de coutures, maroquinerie, horlogerie, domaine des spiritueux…Le manque à gagner pour les entreprises

françaises serait de 6 milliards d’euros par an2. Il reste cependant difficile de connaître l’état du marché actuel de la contrefaçon, et d’évaluer le préjudice subi compte tenu des nouveaux moyens de distribution, tels qu’Internet. Afin de lutter contre la contrefaçon, les sociétés restent soucieuses de protéger leurs droits sur le territoire chinois et procèdent à l’enregistrement de leur marque et dessins et modèles.. Une exception existe pour une marque notoire qui reste protégée en l’absence d’enregistrement sous réserve que cette marque soit largement répandue dans son pays d’origine, qu’elle soit notoirement connue sur les marchés internationaux et qu’elle ait acquis une certaine réputation en Chine. Ainsi, à tout moment, le titulaire d’une marque notoire peut s’opposer à l’enregistrement ou l’utilisation d’une marque similaire pour des produits ou services identiques. Si celle-ci est enregistrée, il peut également s’opposer

à l’enregistrement ou l’utilisation d’une nouvelle marque identique ou similaire pour des produits ou services différents.Les actions administratives et judiciaires apparaissent, quant à elles, de plus en plus nombreuses. En 2005, la marque de luxe Dunhill a obtenu une première décision condamnant un grand magasin de Pékin; l’indemnité restait néanmoins symbolique. En décembre 20053, cinq grandes maisons du luxe se sont unies afin de lutter contre le Marché de la Soie à Pékin. Burberry, Gucci, Prada, Chanel et Vuitton ont obtenu un jugement favorable contre l’un des propriétaires de ce marché, la société Xiushui Haosen Clothing Market, condamnée à payer 13 000 euros d’indemnités. Le montant des indemnités semble désormais mieux apprécié par les juridictions : le mois dernier, le groupe Yamaha Motor s’est vu octroyer 815 000 euros de dommages et intérêts contre des fabricants chinois qui vendaient illégalement des scooters sous sa marque4. Enfin, depuis 1992, une procédure de rétention douanière a été mise en œuvre afin de limiter l’exportation de produits contrefaisants depuis la Chine. Dans le cadre des contrôles douaniers, tout produit susceptible de constituer une contrefaçon fait l’objet d’une saisie pour être identifié, avant d’être, le cas échéant, confisqué puis détruit. Depuis l’adhésion de la Chine à l’OMC, le nombre de rétention douanière augmente de manière significative, et continue de croître d’environ 30% par an5. n Statistiques douanières publiées par la Commission Européenne, 31 mai 2007 2 Etude de l’Union des fabricants 2005 3 Tribunal civil de Pékin 20 décembre 2005 4 Chinese Supreme People’s Court 5 juin 2007 5 Chanel, Vuitton, Dior, Cartier, Prada, Gucci, Rolex, Omega et Montblanc reviennent de manière récurrente dans les saisies douanières.

En 2006, les deux tiers des produits contrefaits saisis en Europe venaient d’Asie.

© Imagine China

1

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Luxe, le nouveau goût chinois 法律,税收,服务

总体不错时有动荡 虽然税收较高并且存在政治风险,中国奢侈品市场仍具有巨大的吸 引力.

280万的天价手机

钻手机与胡锦涛主席提倡 的‘ 和 谐社会 ’兼 容吗? 最 近 ,《 金 融 时 报 》及 《经济学家》的专家们提出了这个问题。 据他们说,中国当局一直仅限于对那些 在晚会上留下很多剩余食物的富人提出

批评,但是现在,他们开始对所有过奢 侈生活的人提出异议 。2 0 0 7年3月,温 家宝总理提出禁止开发豪华别墅和使 用大量土地作为高尔夫球场。5月底,北 京市市长指出宣传奢侈品的广告与和谐 社会相悖。然而,北京经济发展署强调 尽管由于关税过高导致很多人到境外去 购买奢侈品,但中国的奢侈品市场还是

服务还不够水准 去年11月,中国官方对一些国际名牌的质 量提出质疑。据驻上海经济署商务顾问 Laurent Martin所说,这些批评并没有影 响那些奢侈品的消费者. 有关海关方面, 关税专员,Philippe Griset注意到,仿制品 是很大的问题。2006年欧洲海关没收了 大量的仿制品.中国是这些商品的第一大

比较繁荣。最近,高等商品税收再一次 增加,事实上,自2006年起,除了17%的 增 值 税 ,还要加收 消费 税 ,高尔夫球 (10%),价值10 0 0 0R MB以上的手表 (20%),游艇(10%)。结果是:很多人都 前往价格低至20%到35%的香港或欧洲 购物。

来源国。 ‘海关人员的工作还算认真’, Philippe Griset说, ‘但是他们的行动受到 问题加剧的影响。’困难在于存在客观环 境和服务两个问题。据奢侈品专员Yann Francioli所说,这是非常复杂的。 ‘整体环 境真正的问题在于缺少定位而且很难找 到,培训并留住高素质的人才. 》n

律师观点

奢侈品及其仿制品,不可避免的趋势?

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上海基德律师事务所律师Celine Bourjolay及Huang Zhen 撰稿

北京秀水街服装市场

侈品市场因为真实的需求 在中国不断的壮大:1% 的 中国人也就是1300万人口拥 有国家财富40%,他们是这个市场的主要 购买者。然而,奢侈品工业在中国的直接 存在加大了仿制品出现的风险:现存品牌 的复制,在其他商品上印制品牌商标,盗 用品牌。欧洲2006年的统计,亚洲,尤其 72  Connexions

是中国,占据了仿制品市场的三分之二。由 于仿制品的质量,制造速度以及加工者 的高超技艺,奢侈品仿制品在中国不但没 有减少,反而出现得越来越大越繁多。几 乎所有的行业都被涉及:制衣业,皮制品 业,钟表业,酒业…法国企业因此而造成 的损失每年高达60亿欧元。考虑到新的 销售方式比如因特网的出现,很难真正了 解仿制品市场并评估真正的损失。为了抵 制仿制品,企业忧心忡忡地忙于维护他们 在中国的权利,注册他们的品牌和商标。 有一点例外就是对知名品牌, 在没有注册 的情况下是依然受到保护的. 当然这是 指在本国分布广泛,或者在中国和国际上 众所周知的品牌。驰名商标和品牌的拥有 者可以随时对同样产品或服务的类似商 标的使用和注册提出异议和控诉. 对于 不同产品和服务的类似商标也同样可以

反对. 相关方面的行政法律措施也越来 越多。2005年,登喜路控告了北京一家商 店:然而赔偿是象征性的。2005年12月, 五大奢侈品牌联合共同抵抗北京秀水市 场。巴宝莉,古奇,普拉达,香奈尔以及威 登对秀水豪森公司的诉讼取得了胜利, 获得了13000欧元的赔偿。此后,法院对 此类案件的赔偿数额增加,雅马哈摩托 集团对于非法冒用其品牌的一家制造商 控告,获得了815000欧元的赔偿。最终, 1992年新出台的海关扣留程序限制了中 国仿制品的出口。在海关控制方面,所有 可能是仿制品的产品都将被检查,确认亦 或有可能是仿制品的都予以没收并摧毁。 自中国加入世贸组织之后,海关扣留的商 品数量显著增加,并以每年30%的速度 增长。n


Le défi de l’éLuxe

Des formations made in France

ESSEC : un MBA destiné aux jeunes professionnels Depuis 1995, L’ESSEC offre un « MBA in International Luxury Brand Management »1, très exclusif et destiné aux jeunes professionnels. C’est une formation à temps plein, en anglais, d’un an à Cergy-Pontoise. Entre 30 et 40 étudiants de 15 à 20 nationalités dont 40 % d’asiatiques, suivent les cours de professeurs internationaux de l’ESSEC, de professeurs invités ou de praticiens de l’industrie du luxe. Ces cours organisés en trois périodes comportent deux voyages d’études d’une semaine chacun. Les étudiants réalisent un projet final de deux mois, véritable mission de conseil réalisée pour une grande marque de luxe. Des visites d’entreprises en France sont organisées ainsi que des rencontres avec des cabinets de recrutement spécialisés dans les métiers du luxe. Chaque participant a comme tuteur un dirigeant de maison de luxe. n

Une promotion de l’AMP

par une série de rencontres avec les hauts dirigeants du luxe parisien et les meilleurs spécialistes de la création. La deuxième promotion de l’AMP démarre à Pékin en septembre 2007, avec des cours à Pékin, Shanghai et Paris. A noter que HEC offre par ailleurs deux formations sur le luxe pour différents publics : une spécialisation en dernière année de grande école «Création, Design, Fashion & Luxury Management» et dans le cadre du MBA, une spécialisation luxe autour des thèmes «Marketing of Luxury and Differentiated Products», «Consumer Knowledge» et «New Product Design» et dans HEC Executive Education. n Contacts Executive Education et AMP in Fashion & Luxury Management: Joshua Kobb, Director International Programs, Executive Education: kobb@hec.fr; AMP in Fashion and Luxury : www.hec.edu/amp/ 1

Pourquoi former les Chinois au luxe ? Le point avec Denis Morisset, directeur exécutif du programme ESSEC MBA luxe Les maisons de luxe en Chine doivent affronter de fortes difficultés de communication et de formation. Si les produits liés à l’art de vivre, vendus à des prix accessibles aux classes moyennes, trouvent en Chine un marché prometteur, la plupart des marques doivent résoudre la difficile équation de contrôler une identité cultivée avec soin, tout en transmettant à des classes moyennes issues d’une culture différente le sens du luxe et l’héritage des marques. Pour cela, elles doivent former de bonnes équipes dans les magasins, avec un personnel dont

© ESSEC

HEC : une nouvelle offre ciblée vers la Chine Depuis 2006, la grande école française développe une offre spécialement destinée aux managers chinois du luxe. HEC a joint ses forces avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, l’Université de Qinghua à Pékin et l’Institut Français de la Mode pour créer l’ «Advanced Management Program in Fashion & Luxury » (AMP)* qui forme aussi bien à la culture du luxe qu’à la stratégie produit ou au management de marque. Ce programme, qui s’est ouvert par un grand forum à Pékin et s’est poursuivi par des cours pendant six mois dans toute la Chine, s’est terminé dans la capitale française

© HEC

Créer et manager une entreprise de luxe ne s’improvise pas. Deux grandes écoles de commerce françaises, HEC et l’ESSEC, ont conçu des formations originales sur ce créneau.

Denis Morisset

le comportement soit au niveau du message. En formant des managers chinois au luxe, nous permettons à nos partenaires de recruter les biculturels qui seront les formateurs de demain.

Essec: Website : www.essec.edu/mbaluxury. Contact : Armelle Leduc - leduc@essec.fr. 1

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La Chine à la loupe : Pékin

Shenyang

Shanghai

© Xie Bin

Canton

La place Tian’anmen de Pékin

Investir à Pékin

A chacun son district Centre névralgique du pouvoir politique, la capitale multiplie aujourd’hui les efforts pour attirer les investissements et devenir un des poumons économiques de la Chine.

A

vec ses 18 districts, Pékin, qui est déjà le centre politique de la Chine, se prépare à devenir un des pôles d’attraction des investissements pour le nord du pays. Depuis le lancement du dixième plan quinquennal, en 2000, la municipalité a impulsé une restructuration économique de la ville avec une répartition basée sur les différents districts. Qu’ils soient consacrés à la finance, à la technologie, à la production industrielle ou aux loisirs, ces districts de Pékin ont gagné une large autonomie de gestion, ce qui leur a permis un développement rapide et l’élaboration de mesures spécifiques pour attirer les investissements. -Chaoyang, le quartier urbain le plus étendu de la capitale et où la densité de population est parmi les plus 74  Connexions

élevées, est un cas pilote. Disposant de bonnes ressources naturelles et de nombreux avantages, ce district dispose déjà de 50% de l’espace constructible de la ville et accueille des centres importants comme la nouvelle tour de la télévision nationale (CCTV) ou le China World Trade Center, vaste complexe de bureaux et de magasins. Autour de cette zone, s’est constitué le quartier des affaires et de la finance de la capitale, où vont se regrouper les entreprises étrangères et locales. Depuis les années 80, 13 000 entreprises se sont installées à Chaoyang, elles génèrent un chiffre d’affaires de 48 milliards de RMB (4,8 milliards d’euros) et des recettes fiscales de 13,2 milliards de RMB (1,3 milliards d’euros). Pour attirer encore davantage de sociétés, la municipalité a créé un bureau d’aide aux investisseurs, l’Investment Service Hall. Cette structure


-Haidian, l’autre grand district urbain, situé au nordouest de la capitale, est le centre technologique de la ville. Dans le parc scientifique de Zhongguancun, la « Silicon Valley » chinoise, se concentrent les plus importantes industries chinoises et étrangères dans le domaine des hautes technologies. Elles profitent de fournisseurs locaux implantés dans le quartier ainsi que d’une grande disponibilité en ressources humaines, aux niveaux scientifique et professionnel, avec un vivier de talents issus des universités de renom qui se trouvent dans le district. -Le district de Shijingshan, à l’extrémité ouest de Pékin, est en cours de reconversion pour attirer des investissements étrangers à forte valeur ajoutée. D’ici 2020, grâce à la reconversion de l’aciérie Shougang, Shijingshan

Pékin en chiffres

Population totale : 15,38 millions d’habitants fin 2005 Superficie : 16 800 km2 Investissements étrangers en stock : 60,7 milliards de dollars Education : Plus fort taux d’étudiants de l’enseignement supérieur par habitant (6,6%), devant Tianjin (4,4%) et Shanghai (3,8%). deviendra un district centré sur les loisirs, le développement du tertiaire avancé et les nouvelles technologies. L’objectif à moyen terme est de créer en cinq ans : une zone scientifique, deux zones de loisirs, six zones commerciales et trois centres de production. La municipalité mettra en place des aides et des primes pour les investisseurs avec un régime fiscal favorable et des loyers modérés pour les locaux commerciaux et les bureaux. n Antonia Cimini

Le China World Trade Center, le coeur du quartier d’affaires, dans le district de Chaoyang.

© Imagine China

dispose de 17 bureaux gouvernementaux, deux banques et 10 instituts de niveau intermédiaire chargés d’assister les nouvelles entreprises pour les démarches administratives, juridiques et le paiement des impôts.

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La Chine à la loupe : Pékin Perspectives pour les entreprises françaises Par la Mission Economique de Pékin

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Répartition du Produit Intérieur Brut de Pékin par secteur d’activité

Secteur tertiaire 69.1%

Secteur secondaire 29.5%

Secteur primaire 1.4%

Jumelages : Un pacte d’amitié existe depuis 1997 entre Paris et Pékin. Des jumelages fonctionnent respectivement depuis 1998 et 1999 entre le district de Chongwen et Issy-les-Moulineaux et entre RueilMalmaison et le district de Fangshan. n 1. Les principaux investisseurs proviennent de Hong Kong, les Iles Vierges Britanniques, les Etats Unis, la République de Corée, le Japon, Singapour, Taiwan. 2. Institut International d’Administration Publique 3. Institut Régional d’Administration

Au coeur d’une région dynamique Pékin s’inscrit dans une zone, le Golfe de Bohai, qui regroupe les provinces du Shandong, du Hebei, et du Liaoning ainsi que la municipalité de Tianjin ; soit une population de 229 millions de personnes. Son développement est récent (cinq ans environ). L’ampleur et le dynamisme de cette zone sont comparables à deux autres zones : celle du delta du Yangtze (141 millions de personnes, ouverte sur Taiwan et dont le développement s’est initié il y a dix ans), et celle du delta de la rivière des Perles (127 millions de personnes, ouverte sur Hong Kong et qui se développe depuis 15 ans). • Produit intérieur brut : 688,6 milliards RMB (68,86 milliards d’euros) fin 2005 et 45 444 RMB/an /pers. (4 544 euros), soit un dixième de celui de Paris.

© Imagine China

Comme toutes les provinces et municipalités chinoises, Pékin s’appuie en grande partie sur les investissements étrangers1 pour accélérer son développement. Les investissements étrangers sont particulièrement les bienvenus dans les secteurs des hautes technologies, de l’électronique, des nouvelles technologies de l’information et de la communication, de la santé, de l’environnement et de l’immobilier y compris les matériaux de construction. Entreprises ou institutions françaises : quelques 300 entreprises sont implantées dans la municipalité sous la forme, pour l’essentiel, de bureaux de représentation des grands groupes. Sont également présents la CCIP, la CCI Lyon, l’ARD Nord-Pas de Calais, la Polynésie, la SOPEXA, la Maison de l’agriculture... Airbus a créé un centre de formation des pilotes à Pékin et une co-entreprise avec la CASC (entrepôt sous douane de pièces détachées pour avions). Nombre de français : 2 526 Français immatriculés en juin 2006 pour la ville de Pékin Coopération culturelle et technique : Importante coopération administrative dans le cadre de la formation des fonctionnaires à Pékin et précisément avec le centre de formation des cadres de la fonction publique (CFCFP). L’institut d’administration publique de Pékin (BAC) qui a pour vocation la formation des cadres des collectivités locales, a eu des échanges avec l’IIAP2, l’IRA 3 de Lyon et l’ENA. La coopération scientifique et technique est également très dynamique, le LIAMA (laboratoire franco-chinois de recherche en informatique, automatique et mathématiques appliquées), créé en 1997, constitue une des plus importantes structures permanentes de coopération. Il mène des recherches fondamentales dans des domaines très variés et associe à chacun de ses projets de grandes entreprises françaises. Des accords de coopération ont été signés en 1984 avec la région Ile-de-France. Plus récemment, en 1994 et 1996, des accords de coopération technique ont été mis en œuvre entre le district de Haidian et Massy, Bures sur Yvette, et entre Nantes et Pékin.


Pékin, tout simplement Mixel

Pékin offre l’avantage d’être à la fois proche d’un de ses gros clients sur le marché chinois, Veolia, et aussi d’un de ses principaux fournisseurs, installé à Tianjin. « L’environnement technologique de Shanghai est sans doute meilleur, mais le prix des emplacements est plus élevé et avec le bouillonnement du marché, les employés ont tendance à vous quitter au bout de six mois», explique Philippe Eyraud. Les seuls qui font un peu grise mine, ce sont les cinq salariés de Mixel qui sont obligés de prendre l’autobus chaque matin jusqu’au cinquième périphérique de la ville. La construction d’une ligne de métro, annoncée sur le site Internet de la BDA devrait remédier à ce problème de desserte. Par la route, le site reste à moins d’une vingtaine de kilomètres de la place Tian’anmen et l’aéroport à seulement vingt minutes. Si c’était à refaire, Philippe Eyraud choisirait donc encore Pékin, pour être proche de ses partenaires économiques, et le BDA, parce que tout y est plus simple. n M.B.

L’usine et les bureaux de la société Mixel dans la zone de développement économique de Pékin au Sud Est de la ville.

© Mixel

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hilippe Eyraud ne regrette pas d’avoir choisi la zone de développement économique de Pékin (BDA) pour implanter son usine. Pourtant, ce ne sont pas tant les avantages fiscaux qui ont séduit le chef d’entreprise mais tout simplement le bâtiment de 1300 mètres carrés qu’on lui a proposé, neuf et bien adapté à ses besoins. Surtout, dans la BDA, tout est organisé pour accueillir les investisseurs étrangers, « c’est plus simple et plus fluide pour les démarches administratives », témoigne l’entrepreneur français. Le bureau des impôts et les banques sont sur place, la licence est octroyée en un temps record. Mixel, qui fabrique des mélangeurs pour le secteur industriel, a donc trouvé son bonheur, il y a deux ans, presque par hasard, au bord de l’autoroute Pékin – Tianjin. L’expérience chinoise de cette PME lyonnaise confirme la pertinence de ce choix géographique. « Nous avons même trouvé des sous-traitants très importants pour notre métier dans la même zone industrielle, à deux pas de notre usine », se réjouit le Pdg de Mixel. Pour lui, la zone de développement économique de

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La Chine à la loupe : Pékin

L’Orange Labs, au cœur de la Silicon Valley chinoise

D

ans le cadre de sa stratégie d’anticipation des nouveaux services pour les clients d’Orange, marque commerciale du Groupe, consistant à se rapprocher des centres d’innovation mondiaux, France Télécom - Orange a établi un laboratoire de recherche et développement en Chine afin de bénéficier du dynamisme chinois remarquable dans le domaine des télécommunications. Les travaux du laboratoire de Pékin s’appuient sur d’étroites coopérations avec l’écosystème chinois tout en bénéficiant des synergies et des ressources globales du Groupe dans la R&D. Le laboratoire de Pékin, “Orange Labs” a été créé en juillet 2004 dans la zone de haute technologie de Zhongguancun - la Silicon Valley chinoise - au Nord Ouest de Pékin. Grâce aux politiques d’incitation au développement de la recherche du district de Haidian et à la présence des meilleures universités chinoises telles que l’Université de Pékin, l’Université de Qinghua, l’Université des Postes et Télécommunications, ainsi que des instituts académiques, ce site est devenu un environnement idéal donnant naissance à un écosystème de recherche et développement dans le domaine des hautes technologies. De nombreux centres de recherches publics ou privés, chinois ou étrangers, des incubateurs, des start-up ou des entreprises confirmées dans les domaines des hautes 78  Connexions

technologies sont présents et contribuent au dynamisme de ce quartier de Pékin. L’Orange Labs de France Télécom concentre ses recherches dans trois domaines principaux: les terminaux mobiles et convergents, les services à valeur ajoutée multimédia mobiles et convergents, et des activités de recherche dans des domaines où la Chine est technologiquement avancée. Ces recherches ont en partie été rendues possibles grâce à la mise en place de plusieurs partenariats avec diverses entités chinoises de recherche en télécom, laboratoires universitaires et académiques de pointe, fournisseurs d’équipements et de terminaux, développeurs de logiciels ou opérateurs télécoms. Le laboratoire compte aujourd’hui environ 120 chercheurs et ingénieurs permanents (pour un effectif total d’environ 200) dont un quart de docteurs et un tiers de trilingues chinois-anglais-français confirmant ainsi la haute qualité des diplômés chinois. n

© Imagine China

l’Orange Labs de Pékin

© France Telecom

France Télécom

Un immeuble consacré à la vente de produits électroniques dans le quartier de Zhongguancun.


Au plus près de nos clients Bolénor

B

© Imagine China

olénor Services est une société spécialisée dans les relations publiques. Au service des échanges franco-chinois, elle accueille des dirigeants chinois -économiques et politiques- en France et en Europe ainsi que des dirigeants européens en Chine. Il y a deux ans, la société a fait le choix de s’implanter en Chine et de créer une antenne à Pékin. Le choix de la capitale s’explique par le fait que c’est là que se trouvent la plupart de ses clients. Bolénor a choisi le district de Chaoyang, plus exactement la zone du « central business district » (CBD) car ainsi ses bureaux sont situés à quelques minutes des principaux services de l’Ambassade de France et à moins d’une trentaine de minutes du siège de ses « grands comptes ». L’objectif de Bolénor est d’offrir à ses clients un conseil plus réactif et plus efficace, au plus près de leurs besoins et de leurs demandes. Le fait d’être installé dans le district Chaoyang a été un élément important pour atteindre cet objectif. n

Le district de Chaoyang a su attirer de nombreuses entreprises étrangères. Connexions 79


L’Ile-de-France : la première 巴黎大区:欧洲第一经济区 Avec un PIB de 481 milliards d’euros en 2005, proche de celui des Pays-Bas, de Taïwan ou de l’Etat de Floride, 11,3 millions d’habitants et plus de 5 millions d’emplois, le dynamisme de Paris Ile-de-France est incontestable. Le PIB par habitant s’élève à 42 712 euros, l’un des plus élevés parmi les grandes régions économiques. 巴黎大区2005年的国民生产总值达到4810亿欧元,与荷兰,台 湾地区或美国佛罗里达州的生产总值很接近; 1130万的居住人口, 5百万就业人口,巴黎大区的活力不可置疑。其人均国民生产总值高达 42712欧元,在世界最发达经济区内处于领先地位。 80  Connexions


© Michel Derouault

région économique d’Europe

借其首屈一指的客运及货运网络,以及优越的

体-出版业以及航空航天业。

地理位置,巴黎大区多种多样的交通运输方式

第三产业从业人口占这一地区总数的23%,其中企业服务,商

各显其能。欧洲第二大航空基地,两大国际机场

业,宾馆餐饮业,健康服务,信息服务以及金融服务是主要的

(戴高乐机场,奥利机场),12个公务机平台,可承载825万

就业行业。建筑行业的从业人口达到23万7千人。

名乘客及224万吨货物运输量。铁路运输网络位居世界第一,

这种经济的集中化保证了在多样化的经济活动中提供充足的潜

四通八达的网络使从巴黎大区到145个法国以及欧洲主要城

在客户,分包商或合作伙伴。

市只需几个小时,尤其是乘坐TGV高速列车。

拥有4900万平方米的办公楼面积,3000万平方米的商用地面积 以及2900万平方米的仓储面积,巴黎大区当之无愧是欧洲最重

地方交通同样发达且多样化

要的企业不动产集中地。

巴黎大区是世界上到访人数最多的地区。它拥有独一无二的旅

作为世界500强企业的第二大集中地(2006年<财富>杂志排行

游景点。融合了世界知名历史文化遗产,自然风光以及丰富的旅

榜),巴黎大区同时也是欧洲大陆的经济决策中心。巴黎大区的

游设施,如巴黎迪斯尼乐园,卢浮宫,埃菲尔铁塔或凡尔赛宫。

劳动力素质是欧洲首屈一指的。四分之一的巴黎大区居民都拥

从经济的角度看,巴黎大区在法国以及在欧洲都具有举足轻重

有初等大学学历。其高等教育机构每年培养60万名学生。巴黎

的地位。巴黎及其周边地区的从业人口占法国大城市就业总数

大区集中了欧盟27国7.5%的研究人员,位居欧洲第一,名列伦

的22%,占欧盟27个成员国总从业人口的2.3%。

敦大区之前。这种经济和科技的活力主要基于大区内大量的私

在这个以第三产业强劲发展为特征的地区,工业仍然是一个非

立科研机构, 对几个以科技和创新为主诣的“增强竞争力联合

常重要的部门。工业部门创造了53万5千个就业机会,包括一系

体”的扶助政策的执行也为此做出旁证。

列高附加值的产业,如信息技术,汽车业,化工药业,印刷-媒

巴黎大区和大区内举办的各种展会, 向世人打开了作为欧洲最有 Connexions 81


© PSA Peugeot Citroën

巴黎大区的劳动力是欧洲素质最高的.

活力的市场之一的法国市场大门, 而欧洲市场又是世界经济中

共有3个主题:

的第一大市场。

- 城市、城市规划、城市管理 - 住宅和住宅建设

巴黎大区特色:增强竞争力联合体

- 人员、物品和信息的流通

增强竞争力联合体即:在特定的地理区域内, 致力于将带有创

System@tic“软件”增强竞争力联合体,其目标是使巴黎在复

新性质的共同项目群的企业、 教育培训中心、 公立或私营科

杂系统的构思,实现和控制方面做到世界知名。该中心囊括了工

研机构联合在一起。这种合作关系围绕同一个市场或相关科技

业,学术及研究机构的200多名成员,着眼于四个应用市场:电

领域展开,以达到增强国际竞争性和知名度的目的。

信,安全-防务, 汽车-交通, 系统设计与开发工具。该中心于

Mov’eo汽车业的增强竞争力联合体。2006年成立,在下诺曼

2005年成立。

底,上诺曼底以及巴黎大区这三个地区的各大试验和研究基地

Cap Digital “多媒体及数码化”增强竞争力联合体,于2005年

展开其活动。该联合体的双重战略目标是:促进研发项目和促

7月成立,目标是使巴黎大区成为全球领先的数码化产业基地

进所在地区的经济发展。

之一,增强法国企业,研究人员和设计人员在国际市场的地

Medicen Paris Region“生命科学”增强竞争力联合体,其忠

位。 “多媒体及数码化”的目的是使数码化内容相关产业更具

实成员是城市健康,制药业,基因治疗,分子及细胞学高端技术

活力,尤其是在以下六个战略区域:知识工程,财富,教育,图

领域的科学研究者。2005年成立,旨在增强巴黎及其周边地区

像及声音,电子游戏以及服务运用。

的国际竞争力,知名度和吸引力,使其在不久的将来成为创新治

ASTech “航空航天”增强竞争力联合体 于2007年7月5日成立

疗领域内的国际大都市之一。

以来已经联合了上百个法国机械化,航空航天,航空经济方面

Ville et Mobilité Durables“可持续城市发展和流动性”增强

的翘楚。

竞争力联合体

该联合体还希望扩大其成员,包括吸纳Atmostat,  Astrium

82  Connexions


Space交通,CNES, CNRS, Dassault航空,巴黎矿业学院等企业或

1/ 全程跟进服务某些企业的重点项目,包括寻找主要是来自国

机构。强调中小型企业的竞争力,培训及研究。

外的投资项目, 向客户企业提供服务和解决方案, 促进客户企业

“金融业,技术和创新”增强竞争力联合体是巴黎的金融业

在巴黎大区的发展, 预测并跟踪经济形势变化以减轻其对就业

成员的集体行动(中小企业,大学,研究中心以及地方组织的

的影响。

职业人员),其目标是使巴黎大区成为并且保持(研究&发展,

2/ 在全球范围内宣传并扩大巴黎大区经济和技术影响力。 确

金融银行,资产经营)战略性活动的决策中心,达到国际高端水

保巴黎大区在某些具有战略意义国外大城市的长期影响力, 开

准,吸引国际资本。该中心于2007年7月成立。

展市场营销和公共关系的合作性活动, 设计并传播提升巴黎大 区价值的工具。

巴黎大区经济发展局:

3/ 参与本土建设, 增加长期吸引力。协助具有巨大的就业潜力

促进巴黎大区各行业发展的关键因素

的未来行业的建立, 增强组织活动、 专业技能和咨询的能力,

巴黎大区经济发展局局长,Regis  Baudoin表示: “大区经济发

服务于巴黎大区和地方政府, 将可持续发展作为巴黎大区吸引

展局的最初目的在于伴随着法国增强竞争力联合体的出现,自

力和国际形象的重要组成部分。n

然而然地在所有成员中扮演一个催化剂和拥护者的角色。对当 地工业及服务业的了解,一系列经济发展策略活动的组织, 与 力联合体的支持及交流平台。” 巴黎大 区 经 济发 展 局 致力于在 巴黎大 区创 建公司 和 就业机会. 巴黎大区经济发展局确保各种促进地区经济发展活动的开 展。

巴黎大区众多的专业展会.

巴黎大区经济发展局 中国代表处 中国上海市富民路83号巨富大厦二楼 邮编:200040 Paris Region Economic Development Agency China Office 2/F Mayfair Tower, 83 Fu Min Road, Shanghai 200040, China Tel: 86-21-6132 7175 Fax: 86-21-6132 7167 Email: shanghai@paris-region.com Web: www.paris-region.com

© salon Silmo CAP Fouchat

大区内各大集团之间的良好关系,使发展局成为新生增强竞争

Connexions 83


© Michelin

La France à la loupe

La Conciergerie

Paris et l’Ile-de-France Si les vacances, en Ile-de-France, sont essentiellement culturelles et urbaines, c’est parce que la richesse du patrimoine architectural et artistique y est fabuleuse. La plus urbanisée des régions compte toutefois de magnifiques forêts et des vallées verdoyantes. Cette couronne verte sert d’écrin à Paris, sublime capitale, ville plurielle et cosmopolite qu’on n’a jamais fini de découvrir et de redécouvrir.

La région en bref : La région est composée de huit départements, dont Paris, capitale de la France, à la fois ville et département. Les 7 autres départements sont Hauts-de-Seine, Seine-saint-Denis, Val-deMarne, Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne et Val d’Oise. Nombre d’habitants : 11 362 000 (c’est la région la plus peuplée de France !) Superficie : 12 012 km2 Site de l’office du tourisme : www.pidf.com

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La France à la loupe L’Ile-de-France St-Denis A St-Denis, les époques se mélangent… En venant du marché aux Puces de St-Ouen, on traverse St-Denis et ses rues basses, populaires, très animées. Voilà soudain qu’émerge le futuriste et aérien Stade de France où les « Bleus » remportèrent la Coupe du monde de football en 1998. Plus loin, c’est la basilique gothique de St-Denis qui s’élève. Nécropole des rois de France depuis les Capétiens, elle abrite une formidable collection de gisants et tombeaux du 12e s. au 16e s. : 63 princes et princesses, 32 reines et 46 rois dont Clovis, Dagobert et François Ier. Auvers-sur-Oise A la lisière du parc naturel régional du Vexin français, Auvers-sur-Oise garde le triste souvenir de Van Gogh, ce peintre génial et torturé qui rendit son dernier soupir dans l’auberge Ravoux de ce village-rue. En marchant dans les pas du maître, on reconnaît çà et là ses sources d’inspiration : l’église Notre-Dame, les vastes champs de blé, les collines ondoyantes… Bien d’autres peintres vinrent trouver l’inspiration dans cette campagne tranquille : Cézanne, Pissarro, le Douanier Rousseau... Versailles Ville royale par excellence, Versailles vit au travers de son château et de son parc, dont le sublime ensemble demeure un symbole de perfection classique. Lieu mythique, dans l’histoire de France, c’est là que tout se passe, entre 1682 et 1789. En foulant les pavés blancs et noirs de la cour de Marbre, on n’a pas grand mal à imaginer l’époque où courtisans, laquais et musiciens se bousculaient autour du Roi-Soleil… L’intérieur est aussi somptueux que l’extérieur, et il n’est pas un endroit qui ne témoigne du faste de la Cour : le salon d’Hercule, les Grands Appartements, la fameuse galerie des Glaces… tous servaient de décor à de mémorables fêtes royales.

Fontainebleau abrite des Grands Appartements dont l’ornementation intérieure est admirable, en particulier dans la salle de bal et la galerie François Ier. Aux alentours s’étendent la forêt de Fontainebleau et ses chaos gréseux, en plein cœur du parc naturel régional du Gâtinais français. Elle donne lieu à de splendides balades, notamment du côté des gorges de Franchard. Provins A l’extrémité Est de la région se trouve la cité médiévale de Provins et ses 58 monuments classés au Patrimoine mondial de l’Unesco. Son emblème : la tour César, perchée à 44 m de hauteur et flanquée de quatre tourelles. La ville haute est protégée par des remparts derrière lesquels se postent les fauconniers pour assurer un ahurissant spectacle de rapaces en vol libre : Les Aigles des remparts. Succès assuré auprès des enfants !

Paris La Tour Eiffel C’est incontestable, la Tour Eiffel est le premier symbole de Paris ! Qui ne connaît pas la silhouette de cette vigie, haute de 324 m ? Construite pour l’Exposition universelle

Fontainebleau On accède au château de Fontainebleau par un escalier en fer à cheval qui ne manque pas d’allure. C’est de là que Napoléon Ier, ayant abdiqué, fit des adieux déchirants à ses officiers avant de partir pour l’île d’Elbe. Le palais de

Le Sacré Cœur.

© Michelin

Vaux-le-Vicomte Jalousé par Louis XIV lui-même, le château de Vaux passe pour être l’un des chefs-d’œuvre du 17e s., en matière de classicisme. D’aucuns disent qu’il préfigure la splendeur du palais de Versailles… Le raffinement de son intérieur laisse imaginer le faste des réceptions qu’y donnait le surintendant Fouquet, avant que le Roi-Soleil, blessé dans son orgueil, ne le fasse emprisonner. Dessinés par Le Nôtre, les jardins et leurs miroirs d’eau sont une pure merveille.

Connexions 85


La France à la loupe de 1889, elle ne devait pourtant pas prendre racine pour de bon et ses détracteurs étaient nombreux à rêver de la voir démantelée. Aujourd’hui, elle fait partie du paysage et on n’imagine plus qu’il en soit autrement ! L’ascension de ses 1665 marches permet de profiter d’une vue imprenable sur les beaux quartiers environnants. Des ascenseurs conduisent les moins courageux jusqu’au troisième étage, à condition qu’ils ne craignent pas le vertige... Du haut du Trocadéro, sur la vaste terrasse du palais de Chaillot, on est idéalement posté pour immortaliser la « Dame de fer » et le Champ-de-Mars qui s’étend à ses pieds. Lorsque la nuit tombe et que la Tour scintille à chaque début d’heure, le spectacle est magique.

Foyer somptueusement décorés. La salle s’orne d’un plafond décoré par Chagall. C’est sous ce même plafond que Maria Callas fit sa dernière apparition sur scène en 1965, interprétant La Norma.

Les Champs Elysées Partout dans le monde, les mots « Champs Elysées » connotent l’idée d’élégance, de luxe, de prestige. Ne dit on pas qu’il s’agit de « la plus belle avenue du monde » ? C’est en tout cas l’un des lieux emblématiques de Paris : le défilé militaire du 14 juillet se tient là, de même que l’arrivée de la dernière étape du Tour de France ou la nuit de la St-Sylvestre. Toujours animée, cette large avenue est bordée de vitrines et d’adresses prestigieuses devant lesquelles il fait bon flâner. La nuit, lorsque l’avenue s’illumine, le spectacle est féerique. Au sommet des « Champs » trône le colossal Arc de Triomphe, au milieu d’une place en étoile sur douze prestigieuses avenues.

St-Germain-des-Prés Ah, St-Germain-des-Prés et ses librairies, ses boutiques chics, ses galeries d’art, ses antiquaires, ses caves de jazz… voilà l’esprit rive gauche condensé en un quartier. Quel art de vivre, dans ce lacis de rues entre le boulevard St-Germain et la Seine ! Il règne là une atmosphère détendue, vivante, intellectuelle, un rien snob. En face de l’église StGermain se trouvent les deux cafés les plus mythiques du quartier : Le Flore et Les Deux Magots qui se livrent depuis longtemps une concurrence sévère pour attirer le gotha littéraire. L’âme de Boris Vian, de Sartre ou de Simone de Beauvoir y flotte encore.

Le Louvre Point central de Paris, de son histoire et de sa culture, le Louvre fut la prestigieuse demeure des rois et des empereurs durant huit siècles. Aujourd’hui, ce sont des œuvres d’art qui ont élu domicile dans le palais. Ses deux pensionnaires les plus connues sont la Vénus de Milo et la Joconde de da Vinci ; elles ont largement contribué à la renommée mondiale du musée. Au détour d’une galerie, le visiteur découvre d’émouvantes antiquités égyptiennes, grecques, orientales… Ailleurs, il est subjugué par des chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture italiennes et françaises. Ailleurs encore, par les pièces d’un trésor médiéval… Où qu’il dirige ses pas, il trouve sur son chemin un objet de contemplation. Le Palais-Royal Les Parisiens affectionnent particulièrement l’enceinte tranquille du Palais-Royal. Après un peu de lèche-vitrine dans la luxueuse rue St-Honoré, ils viennent se promener sous les arcades qui bordent les élégants jardins du palais. Le quartier de l’Opéra Garnier Régnant sur un grand quartier d’affaires, l’Opéra Garnier est au cœur d’une effervescence quotidienne. Il s’impose avec prestance au terme d’une large et belle avenue et sa façade fastueuse cache un Grand Escalier ainsi qu’un Grand 86  Connexions

Les Invalides Dominé par un majestueux dôme doré, l’hôtel des Invalides a été édifié au 17e s. pour accueillir les militaires blessés. L’hôte le plus illustre de ce très bel ensemble est Napoléon Ier dont le tombeau se trouve dans l’église du Dôme. Face à la verdoyante esplanade des Invalides, le musée de l’Armée, richement pourvu en armes et armures, est consacré à l’art, la technique et l’histoire militaires du monde entier.

Le quartier latin Le quartier latin est dominé par le Dôme du Panthéon, dédié aux grands hommes de la nation. A titre d’exemple, Voltaire, Rousseau, Zola, Hugo, Jaurès et Malraux y sont inhumés. Pour bien découvrir ce quartier, il suffit de flâner du côté de la Sorbonne et du boul’Mich’ (boulevard St-Michel) pour humer l’atmosphère joyeuse qui y règne : l’effervescence étudiante, fébrile et bien vivante, est palpable. Le soir, les jeunes migrent vers la pittoresque rue Mouffetard pour s’attarder sur les terrasses des cafés de ce Paris médiéval. La place de la Contrescarpe accueille un marché haut en couleur et réputé pour ses produits. Deux îles sur la Seine Enserrée entre les bras langoureux de la Seine, l’île de la Cité recèle bien des trésors. Le plus beau, celui qui a si bien inspiré Victor Hugo, c’est la grandiose cathédrale NotreDame de Paris et ses gargouilles. Ce monument parisien, chef-d’œuvre de l’art gothique, est aussi un monument dans l’histoire de France ; de grands évènements religieux et politiques s’y déroulèrent, tel que le sacre de Napoléon. C’est aussi sur cette île que s’est établi le Palais de Justice. En face de cette sévère institution et de l’ancienne prison de la Conciergerie, le marché aux Fleurs apporte une légèreté, une poésie, une fraîcheur bien appréciables. En longeant le romantique quai aux Fleurs, on tombe sur le pont reliant l’île de la Cité à la séduisante île St-Louis.


聚焦法国

巴黎大区 Île-de-France 如果说去巴黎大区度假品味的是文化大 餐和都市情调的话,那是因为这里拥有 让你目不暇接的、举世闻名的建筑和艺术 遗产,凡尔赛宫、维孔宫和枫丹白露就是 最好的证明。尽管巴黎大区是法国城市 化程度最高的地区,但也不乏郁郁葱葱 的森林和茂密青翠的山谷,就如同是巴黎 这个首饰盒中的一枚翡翠指环。庄严雄伟

© Michelin

的首都巴黎是一座融入了各种文化潮流 的国际化大都市,吸引着全世界的人一次 次地前来探访,他们的脚步不曾停息……

La Tour Eiffel

地区简介: 巴黎大区由8个省组成,其中包括首都巴黎,巴黎既是城市也是省份。另外的7个省分别是上塞纳省(Hauts-deSeine)、塞纳-圣德尼省(Seine-saint-Denis)、瓦尔德马恩省(Val-de-Marne)、塞纳-马恩省(Seine-et-Marne)、 伊夫林省(Yvelines)、埃松省(Essonne)和瓦尔德瓦兹省(Val d’Oise)。 人口:11 362 000(法国人口最多的地区!) 面积:12 012 km2 旅游局网址:www.pidf.com (法、英、西、德语) 本版文章版权专有。未经米其林事先书面许可,任何个人或企业不得以复制、转载(包括网上转载)或其他任何方式使用其中的任何内容(包括文 字 和 图 片 ) 。 米 其 林 保留对任何未经授权的使用追究法律责任的权利。如需转载或发现文章中有不妥之处或有任何意见和建议,请发电子 邮 件 至 :

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Connexions 87


聚焦法国 气候 春天,黄灿灿的油菜花田、绿茵茵的 灌木丛和小树林相映成趣,草原上开 满了五颜六色的小花。明媚的春光发 出信号催促人们到公园、城堡和森林 中去,形成了一年中最早的出游热 潮。巴黎大区的夏季可以说是炎热干 燥的,到森林中享受清凉一夏是明智 的选择。8月,巴黎本土人纷纷出门度 假——你可要珍惜这个好时机在巴黎 自由自在地参观游览。巴黎大区暖意 融融的秋色闻名遐迩,橡树和山毛榉 将朗布伊埃(Rambouillet)、参议院 公园、圣日尔曼大街渲染上黄色、栗 色和火红色。秋天也是徒步旅游的好 季节,你可以在秋日暖阳下进行一年 中最后的几次野餐。巴黎的冬天称不 上严寒,倒是常常下雨,而这不正是 欣赏丰富文化遗产的好时节吗?到博 物馆、城堡或各展览馆中去吧,坏天 气也不会影响你的参观

巴黎大区 是什么让巴黎大区充满无限魅力?是 那些举世闻名的城堡、公园、法式花 园,还有那精致考究的古典主义建筑 的登峰之作。

圣德尼 © Michelin

在圣德尼,各个时代相互交织。从圣 旺跳蚤市场(marché aux Puces de StOuen)出发,穿过圣德尼和它那地势

La Bibliothèque Nationale de France

低矮、平民气息浓郁、生气勃勃的街

(Clovis)、达戈贝尔(Dagobert)

迹探访瓦兹河畔奥维村,曾激发画

巷,突然,我们面前出现了一座未来

和弗朗索瓦一世(François I )在内的

家灵感的景物会一一呈现在你的眼

主义风格、轻盈飘逸的体育场——法

46位国王都安葬于此。

前:圣母教堂、一望无际的麦田、

er

兰 西 体 育 场 ( Stade  de  France) 。

玲珑有致的山丘……除了凡高外,还

1998年“蓝衣军团”就是在这里夺得

瓦兹河畔奥维村(Auvers-sur-Oise)

有不少画家也曾到访这个宁静的村

了世界杯足球赛的冠军。稍远处耸立

法国韦克桑地区自然公园(parc naturel

庄,寻找灵感:塞尚(Cézanne)、

着圣德尼哥特教堂(basilique gothique

régional du Vexin français)附近的瓦

皮 萨 洛 ( Pissarro) 、 “ 海 关 关

de  St-Denis)。从卡佩王朝时代开始

兹河畔奥维村保留着一段关于凡高

员”卢梭(le Douanier Rousseau)……

教堂就成为了法国国王的墓地,这里

( Van  Gogh) 的 悲 伤 记 忆 。 这 位 痛

集中了一大批12至16世纪的陵墓和

苦的天才画家就正是在这个小村的

凡尔赛(Versailles)

(雕刻在墓碑石上的)卧像。63位

拉武客栈(auberge  Ravoux)度过了

至尊皇城凡尔赛宫由城堡和花园两部

王子王妃、32位王后、包括克洛维

一生中最后的时光。沿着大师的足

分组成,雍容华贵,堪称古典主义艺

88  Connexions


术的完美典范。凡尔赛宫是一座极富 传奇色彩的宫殿,1682年至1789年法 国历史上的大事都发生在这里。走在 大理石庭院(cour de Marbre)黑白相 间的地板上,大家不难想象从前有多 少朝臣、奴仆和乐师竞相簇拥在“太 阳王”路易十四的周围……宫殿内部 和外表的装潢一样极尽奢华,处处 彰显王室豪华的排场:海格立斯厅 (salon

d’Hercule)、大套房(Grands

Appartements),还有大名鼎鼎的镜 厅(galerie des Glaces)……这些地方曾 举办了多少令人难忘的王室聚会啊! 在1999年暴风中遭到损坏的城堡花园 正逐渐得到修复,慢慢重现往日的 光彩。由花丛、灌木、修剪成各种形 状的树木和花坛组成的大花园美不胜 收。如果你有幸赶上音乐喷泉表演日 (jour des Grandes Eaux musicales)那 就更有眼福了,徜徉于各式喷泉和水 池之间那可是一次不可多得的愉快体

弗朗索瓦一世画廊更是引人注目。城

岸的桥梁和塞纳河美丽的堤岸又赋予

验。

堡周围绵延着枫丹白露森林(forêt de

了巴黎浪漫之都的美名,巴黎既时尚

Fontainebleau)和砂岩石林,它们是法

又小资,既平易近人又魅力四射。总

维孔宫(Vaux-le-Vicomte)

国加蒂奈地区自然公园(parc

naturel

之,巴黎可不是用三两句话就能总结

维孔城堡被公认为17世纪古典主义的

régional du Gâtinais français)的中心。

得了的!有人崇尚左岸的巴黎,有人

代表作之一,连路易十四本人都心生

在森林中漫步十分惬意,尤其在弗朗

则偏爱右岸的巴黎,你还是自己来找

妒嫉。有些人说维孔城堡预示了后来

沙 尔 ( Franchard) 峡 谷 一 边 更 是 如

寻你所喜爱的巴黎一角吧!

的凡尔赛宫将更为辉煌壮观。欣赏着

此。

城堡内精细考究的装潢,让人不由得

埃菲尔铁塔(La Tour Eiffel)

联想到当时的富凯(Fouquet)总监在

普罗万(Provins)

毫无疑问,埃菲尔铁塔是巴黎最重要

这里大宴宾客的奢侈场面。深感自己

巴黎大区的最东边是中世纪城邦普罗

的标志!试问有谁会不知晓这位身形

的权威受到挑战的太阳王后来将富凯

万,城中的58处古迹被联合国教科文

魁梧、高达324米的了望员呢? 这座铁

投入了监狱。勒诺特为维孔城堡设计

组织列为世界文化遗产。普罗万的标

塔是专为1889年国际博览会而修建,

的花园和方形水池透着纯净之美。

志性建筑是凯撒塔(tour  César),

但当时它真的很可能难以扎根巴黎,

塔高44米,四周环绕着四座小塔。高

为数众多的反对者盼望能亲眼看见铁

枫丹白露(Fontainebleau)

城被包围在城墙之中,城墙后守卫着

塔被拆毁。然而今天它却成为巴黎风

走过马蹄形状的楼梯(escalier en fer

猛禽训练师,他们是猛禽自由飞翔表

光不可或缺的一部分,很难想象缺了

à

cheval)我们就来到了气势恢宏的

演——城墙上翱翔的鹰( Les  Aigles

埃菲尔铁塔的巴黎会是什么样子。如

枫丹白露城堡。正是在这里,退位的

des  remparts)顺利进行的保障,场

果有勇气走完1665级台阶,那么你的

拿破仑一世(Napoléon

面十分壮观,绝对不会让孩子失望!

视线将不会受到任何遮挡,美丽的风

Ier)向自己的

部下挥泪告别,然后前往厄尔巴岛

景会尽收眼底。不想受攀爬之苦的游

巴黎

客可以使用电梯,乘电梯可以上到铁

Appartements),室内装

遍布博物馆和名胜古迹的巴黎是享有

塔第三层——只要你不恐高。位于特

潢之精美令人赞叹,套房中的舞厅和

世界声誉的文化之都,连接塞纳河两

罗卡代奥(Trocadéro)广场高处的夏

(île

d’Elbe)。枫丹白露宫中有大套

房(Grands

Connexions 89


聚焦法国 佑宫(palais de Chaillot)的露台十分宽 敞,也是绝好的观景平台,从这里放 眼望去,“铁娘子”及其脚下的战神 广场(Champ-de-Mars)将永远铭刻在 你的心里。夜色中每逢整点埃菲尔铁 塔上的千万盏灯就会闪闪发光,营造 出梦幻般的氛围。

香榭丽舍大街 (Les Champs Elysées) © DR

无论在世界的哪个角落,“香榭丽 舍”都是典雅、奢华、名望的代

卢浮宫

名词。在人们心目中,“香榭丽

大视角

尽头,这条街是地产投机商眼中最有

舍”不就是“世界上最美丽的林荫大

如果你背靠著名的贝聿铭玻璃金字塔

价值的地段。站在全球最名贵的首饰

道”吗?无论从哪个角度看,香榭丽

朝杜伊勒里公园的方向远眺,展现在

店橱窗前,人们不禁浮想联翩。这

舍街都是巴黎最有象征意义的地方之

你面前的将是一幅令人叫绝的图景:

时,你也许会体会到坦塔罗斯的痛

一:每年7月14日的国庆阅兵、环法自

首 先 映 入 眼 帘 的 是 小 凯 旋 门 —— 卡

苦 ——可望而不可及!走过一家家高

行车大赛的终点冲刺还有圣西尔维斯

鲁塞尔凯旋门(arc de triomphe du

档精品店后你将会和一座雄伟的教堂

特之夜(新年前夜)的狂欢活动都在

Carrousel),然后是协和广场的方尖

不期而遇,它更像是古罗马的神庙,

这里举行。这条大街总是热闹非凡,

碑,最后位于尽头的是拉德芳斯大拱

这就是玛德莱娜教堂(Madeleine)!

街道两旁名品橱窗和精品店鳞次栉

门(Arche de la Défense)。

蒙马特高地(Montmartre)

比,走在大街上光是欣赏这些橱窗和 名店也足以感到惬意。夜色中灯火通

王宫(Le Palais-Royal)

位于克利希广场(place de Clichy)和

明的香榭丽舍大街如同仙境般美妙。

巴黎人似乎对宁静清幽的王宫更加钟

皮加勒广场(place

在“田园” 地势最高处巍然矗立着雄

情。在奢华的圣奥诺雷大街(rue  St-

马特高地的小街小巷沿着山丘上下延

伟的凯旋门,凯旋门处于星形广场的

Honoré)小逛一会商场后,他们就会

伸。置身于阿贝斯小村(Abbesses)

中央,12条著名的大街从这里向外辐

漫步到王宫花园边上连拱廊中,在这

你又怎么可能不为它的魅力所折服

射开去。

个以典雅花园为背景的拱廊内散步。

呢,我们期待着“天使爱美丽”

Pigalle)后方的蒙

(Amélie  Poulain)的突然降临,看

卢浮宫(Le Louvre)

加尼耶歌剧院(l’Opéra Garnier)

着她的身影奔向大街小巷的角角落

卢浮宫是巴黎历史和文化的聚光点。

加尼耶歌剧院地处大型商业区中心,

落 。 在 热 闹 的 小 山 广 场 ( place  du

在长达800余年的时间里大名鼎鼎的卢

每天都会让人为之激动和兴奋。气派

Tertre)上,街头艺术家们会主动上

浮宫一直是国王和皇帝们的居所,如

的歌剧院屹立于宽阔优美的林荫道的

前与闲逛的游人搭话,向他们推销

今这里的主人变成了价值连城的艺术

尽头,在它那华丽的外墙后面有富丽

自己的肖像画。再往前走就来到了

品,其中最负盛名的是《米洛的维纳

堂皇的大楼梯(Grand Escalier)和装修

圣心教堂(église du Sacré-Cœur),

斯》和达·芬奇的《蒙娜丽莎》,正

奢华的演员休息大厅(Grand Foyer)。

教堂擎托起洁白的大穹顶,傲视整

是这些稀世珍宝让卢浮宫真正享誉全

装饰歌剧院大厅顶棚的绘画出自夏

个巴黎。站在教堂的廊台上,人们

球。在画廊的拐角,你将欣赏到震撼

加尔。正是在顶棚下的这方舞台上,

可以俯瞰首都巴黎及各个名胜。

人心的古埃及、古希腊和古代东方的

1965年出道的玛丽亚·卡拉斯在《诺

珍贵文物,此外一大批意大利、法国

尔玛》(La  Norma)的歌声中结束了

荣军院(Les Invalides)

绘画和雕刻杰作及中世纪珍宝的残片

自己的演艺生涯。著名的旺多姆广场

荣军院是17世纪为收容伤残军人而修

也会让你为之感动。不论你要去往卢

(place  Vendôme)距离歌剧院仅几

建的。在这座漂亮的建筑中安息的最

浮宫的哪一个角落,中途总会发现值

步之遥,广场上伫立着旺多姆圆柱。

有名望的人要数拿破仑一世,他的棺

得驻足端详的宝贝。

广场位于和平街(rue de la Paix)的

材放在荣军院的穹顶教堂(église  du

90  Connexions


Dôme)内。荣军院广场绿草坪对面是法

彩浓艳的市场的特色商品小有名气。

的韵味,魅力无限。站在奥尔良码 头(quai  d’Orléans)放眼望去,巴黎

国军事博物馆,这里收藏了大量兵器 和盔甲,对世界各地的兵法、军事技

塞纳河上的双子星

术和军事历史都有所涉及。

塞纳河柔软的臂膀将西岱岛(île de la

圣母院后部的圆室如同船头一般。

Cité)轻轻拥入怀中,岛上的奇珍异

波布(Beaubourg)

圣日尔曼德普莱街

宝数不胜数,其中最为光彩夺目的要

波布位于沙特莱(Châtelet)和中央

(St-Germain-des-Prés)

算是宏伟的巴黎圣母院(Notre-Dame

市场(Halles)之间,是一个充满了

圣日尔曼普莱街和街两旁那一间间书

de  Paris)和圣母院外墙上饰有动物

平民气息的街区,大街小巷似乎永远

店、时尚小店、画廊、古玩店、地下

像的槽檐喷口,当年维克多·雨果正

都那么热闹。被钢筋骨架和彩色管道

爵士乐吧……这不正是左岸精神的浓

是从它们身上汲取了宝贵的灵感。巴

包裹的蓬皮杜中心(Centre  Georges-

缩吗?圣日尔曼街和塞纳河之间的

黎圣母院是哥特艺术的杰作,也是法

Pompidou) 就 建 在 繁 华 的 波 布 区 中

街巷交织成网,生活的艺术在这里

兰西历史上的一座丰碑,是举行重大

央。在眼前这座开创了现代建筑设计

体现得淋漓尽致。圣日尔曼普莱洋

宗教仪式、政治活动的场所,它见证

先河的大厦中设有现代艺术博物馆

溢着轻松、活跃的气氛,当然也夹杂

了拿破仑一世的加冕大礼。同样位于

(musée national d’Art moderne),

着些许时髦的元素。圣日尔曼教堂

西岱岛上的还有威严的法院(Palais

馆内藏品丰富,从绘画到摄影、电

(église  St-Germain)对面坐落着两家极

de  Justice),在法院和巴黎裁判所

影、新媒体、雕塑和实用设计作

富传奇色彩的咖啡馆:Le  Flore和Les

( Conciergerie) 老 附 属 监 狱 的 对 面

品,无所不包,应有尽有。你还可

Deux  Magots。为了吸引文学大师光

是鲜花市场(marché aux Fleurs),

以 乘 坐 “ 履 带 ” ( chenille) 到 露

临,这两家店的激烈竞争由来已久。

它给西岱岛增添了愉悦、诗意、清新

台上去,履带是设在玻璃管道中的

现在人们依然能感受到鲍里斯·维安

的气息。沿着鲜花河畔漫步,不知不

自动扶梯,在电梯上升的同时映入

(Boris  Vian)、萨特(Sartre)、西蒙·德

觉中你就走到了一座大桥跟前,它

你的眼帘的是整座巴黎城的屋顶,

波娃(Simone  de Beauvoir)的气息……朝

将西岱岛和迷人的圣路易岛(île  St-

右边凸起的小丘就是蒙马特高地,

小巧活泼的奥代翁街区(Odéon)的方

Louis) 的 连 接 在 一 起 。 圣 路 易 岛 上

圣心大教堂仿佛是戴在高地头上

向走,你将路过景色秀丽的卢森堡

保留着优美的17世纪建筑,在繁华

的帽子。

公园(jardin  du  Luxembourg),通常

的都市中圣路易岛依旧散发着古朴

这里是周围一带莘莘学子的天下。

拉丁区(Le quartier latin) 纪念法兰西民族最杰出人物的先贤祠 (Panthéon)就位于拉丁区,硕大的圆顶 默默俯视着这一带。伏尔泰(Voltaire)、 卢 梭 ( Rousseau) 、 左 拉 ( Zola) 、 雨 果 ( Hugo) 、 饶 勒 斯 ( Jaurès) 、 马 尔 罗 (Malraux)等人就安葬于此。怎样才能 更好地参观拉丁区呢?其实只要沿着 索邦大学(La  Sorbonne)和boul’Mich’ (圣米歇尔大街)走走就能体会到这 里洋溢着的轻松愉快的气氛,感受到 大学生们的蓬勃朝气和火热激情。夜 晚,年轻人纷纷涌向景色优美的穆夫 塔尔街(rue  Mouffetard),在这个原巴 黎中世纪中心地带的咖啡馆里度过美 好的夜晚时光。护墙广场(place de la Contrescarpe)上有一个市场,这个色 Connexions 91


© Michelin

聚焦法国

Les Deux Magots

实用信息

住宿

L’île aux Truites

凡尔赛

Hôtel Versailles

地址:Promenade Stéphane-Mallarmé -

旅游信息咨询中心

地址:7 rue Ste-Anne

77870 Vulaines-sur-Seine

(Office de tourisme)

电话:01 39 50 64 65

电话:01 64 23 71 87

地址:2 bis avenue de Paris

电子邮箱:info@hotel-le-versailles.fr

价格:22 - 30€

电话:01 39 24 88 88

房间:45间

这家乡间别墅式的餐馆位于塞纳河

网址:www.versailles-tourisme.com

价格:92 - 122€

畔,地理位置优越,环境宜人,能品

距离凡尔赛宫仅数步之遥,客房宽敞

尝到烤鳟鱼和烤鲑鱼。

餐饮

实用。 住宿

Valmont 地址:20 rue au Pain

枫丹白露

Hôtel Victoria

电话:01 39 51 39 00

旅游局(Office de tourisme)

地址:112 rue de France

价格:29.50€

地址:4 rue Royale

电话:01 60 74 90 00

服务热情,室内装饰很漂亮,餐具摆

电话:01 60 74 99 99

网址:www.hotelvictoria.com

放优雅,菜肴口味很棒。

网址:www.fontainebleau-tourisme.com

房间:20间 价格:64 - 73€

Le Falher

餐饮

整个旅馆的环境让人感觉很适合休

地址:22 rue de Satory

Croquembouche

息,客房的起居设施齐全。

电话:01 39 50 57 43

地址:43 rue de France

价格:24 - 42€

电话:01 64 22 01 57

Chambre d’hôte Propriété Auclair

饭店坐落于凡尔赛宫附近的街上,亲

价格:25 - 35€

地址:9 rue du 14-Juillet

切温馨,大厨会在不同的时节为客人

服务热情周到,菜品原料新鲜,风味

邮编:77810 Thomery

精心烹制不同的菜肴。

传统。

电话:01 64 70 88 83

92  Connexions


房间:3间

住宿

网址:www.balcons.com

价格:50 - 55€

Saphir Hôtel

房间:50间

这是一家漂亮的旅馆,爬山虎像一块

地址:10 rue du Commerce

价格:85 - 180€

毯子似的把外墙包裹起来。来到这里

电话:01 45 75 12 23

旅馆位于奥代翁街(Odéon)附近,

你将享受到热情的服务,主人在房间

网址:www.saphirhotel.fr

从旅馆下层的装修看,新艺术风格占

改造翻新上颇费心思。

房间:32间

据了主导地位,旅馆拥有标准化的客

价格:75 - 103€

房,正面都带有小阳台。

巴黎

这家旅馆紧挨着埃菲尔铁塔,客房干

旅游局(Office de tourisme)

净整洁、方便实用。

地址:25 rue des Pyramides 电话:0 892 683 000 网址:www.parisinfo.com 餐饮 La Mère Catherine 地址:6 place du Tertre 电话:01 46 06 32 69 价格:12 - 38€ 位于蒙马特高地,颇具传奇色彩,菜 肴简单而传统。

Hôtel Place du Louvre 地址:21 rue des Prêtres-St-Germainl’Auxerrois 电话:01 42 33 78 68 电子邮箱:hotel.place.louvre@esprit-defrance.com 房间:20间

Comfort Hôtel Place du Tertre 地址:16 rue Tholozé 电话:01 42 55 05 06 网址:comfort-placedutertre.com 房间:46间 价格:95 - 115€ 旅馆位于蒙马特高地上,精心布置的 客房很实用。n

价格:97 - 156€ 旅馆位于美丽的圣日尔曼-奥谢鲁瓦教 堂(église  Saint-Germain-l’Auxerrois) 对面,距离塞纳河及卢浮宫仅两步之 遥,地理位置十分优越。

Palais Royal 地址:110 galerie de Valois 电话:01 40 20 00 27 电子邮箱:palaisrest@aol.com

Grand Hôtel des Balcons 地址:3 rue Casimir-Delavigne 电话:01 46 34 78 50

本专栏内容由米其林旅游出版公司提供

价格:50 - 67€ 餐馆坐落在王宫的花园间,环境幽 雅,能品尝到根据时令烹饪的菜肴。 La Maison de l’Amérique Latine 地址:217 bd St-Germain 电话:01 49 54 75 10 价格:37 - 50€ 这家与众不同的餐馆设在一座18世纪 的房子里。风和日丽的时候,可以在 花园中享用美味佳肴! Les Béatilles 地址:11 bis rue Villebois-Mareuil 电话:01 45 74 43 80 价格:45 - 70€ 这家餐馆的饭厅布置得很漂亮,好眼 力的食家会被这里的菜谱所吸引,为 精心烹制的菜肴所折服。 Connexions 93


Culture Grand Théâtre National de Pékin

Derniers coups de marteau avant

© Lionel Derimais

Après 6 ans de travaux, le Grand Théâtre National de Pékin va accueillir ses premiers spectacles au mois de septembre. Quelques semaines avant l’inauguration, les ouvriers s’affairent pour mettre la dernière main à ce bâtiment qui aura coûté presque 270 millions d’euros. Visite guidée dans un chantier pharaonique.

La facade extérieure du bâtiment est recouverte de 20 000 plaques de titane. La voûte abrite trois salles de spectacle (opéra, théatre et salle de concert) soit plus de 5000 sièges. L’entrée du public s’effectue par un passage construit sous les bassins, qui permet d’accéder au hall central. En sous-sol, plus de 40 000 mètres carrés de parking sont prévus pour accueillir les voitures des visiteurs. 94  Connexions


© DR

© Lionel Derimais

le lever de rideau

Au nord et au sud, deux façades de verre dans la paroi du bâtiment laissent entrer la lumière. Ces ouvertures sont larges à la base et resserrées en arrivant au sommet de la voûte, plus de 40 mètres au-dessus du sol. Depuis l’intérieur du bâtiment, cette paroi transparente dessine une demi-lune de lumière. Connexions 95


Culture Entretien avec Paul Andreu

« Je me suis rarement autant impliqué pour un projet » L’inauguration du Grand Théâtre National, prévue au mois de septembre, marque la fin d’un marathon pour le concepteur du bâtiment, Paul Andreu. De passage à Pékin pour suivre les derniers travaux, il fait le point sur ce parcours du combattant ponctué de périodes de doute et de critiques.

© Lionel Derimais

dépasser le budget. Je crois que finalement cette période de pause a été bénéfique pour la qualité du projet. Mais c’est vrai qu’il y a eu des doutes, des incertitudes et des modifications au cours de ces presque dix ans…

Paul Andreu

© Lionel Derimais

Connexions : Au moment où vous avez remporté le concours du Grand Théâtre National, en 1998, imaginiez-vous vivre une telle aventure, aussi longue ? Paul Andreu : Non, certainement pas. En 1998, nous étions partis à toute allure, l’objectif était de finir en 2004. Mais dès l’an 2000, on a du revoir nos plans pour ne pas

C : L’idée originelle a t-elle été préservée malgré les multiples changements et les adaptations ? P.A. : Oui, je le crois. L’essentiel a été conservé : le rapport entre le toit et l’eau des bassins, la voûte qui se fond dans le ciel…. Mais les problèmes techniques rencontrés au cours du chantier nous ont obligé à faire des adaptations. Un exemple : le bois qui recouvre le plafond. Je ne voulais pas de morceaux préfabriqués et collés, je voulais qu’on applique les lattes, une par une, sur la voûte. Ce procédé s’est avéré impossible sur cette forme sphérique. La solution a été de rajouter des arrêtes en aluminium pour agencer les lattes de bois et finalement ce système apporte beaucoup de nuances aux couleurs du bois orangé. Parfois l’imprévu et les difficultés techniques ont été l’occasion d’enrichir le projet architectural de nouveaux éléments…

La salle de concert, la préférée de Paul Andreu, avec ses couleurs claires et ses teintes dans les gris, sable et doré. Au plafond, un relief aléatoire dessiné par l’architecte français participe à l’acoustique de la salle. Un grand orgue est inséré dans le mur du fond. 96  Connexions


© Lionel Derimais

La salle centrale, la plus grande du bâtiment, sera dédiée à l’Opéra. Elle possède plus de 2400 sièges répartis dans un espace tout en rondeur. Ses murs sont doublés d’une paroi métallique pour améliorer l’acoustique. A chaque étage, les balustrades en forme d’arc de cercle évoquent avec leur bois clair et leurs arcs tendus la coque d’un bateau. Le plafond est constellé de petites lumières.

C : Vous avez été très présent sur le chantier depuis le début et jusqu’à aujourd’hui, vous avez tenu à superviser la réalisation des moindres détails ? P.A. : J’aime beaucoup l’exécution, je pense que c’est un moment très important. C’est vrai que je suis venu souvent. Et je n’ai pas eu peur de mettre la main à la pâte. Dans le grand hall central, j’ai dessiné les moquettes, les appareils d’éclairage, les dalles, etc… et pour les lignes de bronzes incrustées dans le sol, j’ai réalisé moi-même les moules qui ont servi aux ouvriers. Pour la salle de concert, c’est aussi moi qui ai dessiné le relief aléatoire incrusté dans le plafond. Cette tache devait être confiée à un prestataire extérieur mais finalement c’était plus simple de le faire directement plutôt que de lui expliquer ce que je voulais. C : Cet opéra a été un de vos projets les plus éprouvants ? P.A. : C’est, de loin, le projet pour lequel je me suis le plus investi, à égalité avec l’Aérogare 1 de l’aéroport Charles de Gaulle qui était ma première grande réalisation. Ici, il s’agit d’un opéra, avec trois salles, et en plus le bâtiment est situé à cet endroit si particulier de Pékin… c’est donc une grosse responsabilité. Quand on est architecte, il ne s’agit

pas simplement de gagner les concours ! Alors, j’ai décidé de venir tous les mois, depuis le début, pour suivre l’exécution. Depuis dix ans, ce chantier occupe un quart de mon temps, c’est une implication peu habituelle pour un architecte. Avec la fin des travaux, c’est donc une partie importante de ma vie qui va s’effondrer, un quart de mon temps qui va disparaître… pendant les travaux je maudissais le sort, j’avais envie d’en finir mais maintenant, à l’approche de l’inauguration, je suis presque au bord de la dépression, c’est un peu comme un accouchement ! C : Vous pensez que l’inauguration va réconcilier les Pékinois avec ce bâtiment, après toutes les critiques contre ce projet ? P.A. : Oui, les personnes qui critiquent encore l’opéra sont maintenant très isolées. Je vois bien, depuis qu’on a enlevé les barrières autour du bâtiment, les gens viennent sur la pelouse, ils sont curieux de voir le bâtiment. Ca va faire comme Beaubourg ou la pyramide du Louvre à Paris, ce nouvel opéra va attirer les foules, j’en suis sûr, et j’espère qu’il deviendra une partie intégrante de la ville, ce sera un espace public à part entière. n Propos recueillis par Mathieu Baratier Reportage photo : Lionel Derimais Connexions 97


Culture lire La sélection de Laurent Ballouhey

PEINTURE

Wu Guanzhong Par Alain Bonfand Editions La Différence, 304 pages, coffret 90 € Il s’agit d’une monographie très complète sur un des plus grands représentants de la tradition orientale. Il s’est formé à l’école européenne à l’égal de son compatriote Zao Wouki auquel on le compare souvent. Comme ce dernier, il utilise l’énergie gestuelle si essentielle à la grande tradition de la peinture chinoise pour réinterpréter le monde selon ses forces et ses rythmes. Tous deux excellent dans le croisement et l’enrichissement des deux traditions picturales occidentale et chinoise.

La voie du rêve : l’art en trait d’union des cultures Par Li Fanfan, préface de Pierre-Jean Rémy Editions You-Feng, édition bilingue français-chinois suivie de la traduction anglaise. Jeune artiste formée dans la tradition exigeante et méticuleuse de la peinture chinoise, Li Fanfan raconte son cheminement qui la conduit de la Chine à Paris en passant par New York. C’est là qu’elle apprend la joaillerie qu’elle poursuit avec ténacité pour en maîtriser la technique. Elle y ajoute un goût recherché et subtil pour créer une harmonie profonde entre réalité et imaginaire. Depuis, elle a mûri et croisé ses talents pour devenir un peintre reconnu et une créatrice réputée dans le monde de la haute joaillerie.

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ASIE / POLITIQUE INTERNATIONALE

L’Asie orientale face aux périls des nationalismes par Barthélemy Courmont Editions Lignes de repères, 142 pages, 13 € Chine, Taiwan, Japon, Corée du nord et du sud, ces pays d’Asie orientale qui à eux seuls, dépassent le milliard et demi d’habitants, constituent le moteur économique de la région et en grande partie du monde. Or cette montée en puissance s’accompagne de fortes tensions commerciales et politiques et de poussées de nationalisme, qui pourraient devenir violentes et menacer le développement de l’ensemble. Comment vont évoluer les relations entre la Chine et Taiwan ? Entre les deux Corées ? Entre la Chine et le Japon ? Sans oublier l’enjeu nucléaire, ni la rivalité grandissante entre les Etats-Unis et la Chine. Cet ouvrage d’un docteur en sciences politiques permet de mieux comprendre ce qui se joue sur le plan stratégique dans cette partie du monde si importante pour l’avenir et pourtant si méconnue.

PHILOSOPHIE

Si parler va sans dire Du logos et d’autres ressources Par François Jullien

Ed du Seuil , 198 pages , 18 € Revenant sur la tradition léguée par Aristote selon lequel parler c’est dire et que dire c’est signifier, cet essai s’interroge sur la signification du logos confronté à d’autres cultures. En se tournant vers les penseurs taoïstes de la Chine ancienne, François Jullien rouvre une autre possibilité à la parole : parole sans parole, indication ou suggestion plutôt que signification. L’ouvrage est le premier d’une trilogie dont le deuxième volume portera sur l’invention de l’idéal et le destin de l’Europe à partir de Platon et le troisième sur l’existence de Dieu. Logos, eidos et theos : ces trois termes dessinent le triangle que parcourt l’aventure occidentale, et sont réfléchis ici au miroir de la Chine qui aura suivi un tout autre chemin. Il ne s’agit pas de philosophie comparée par mise en parallèle de conceptions, mais d’un dialogue philosophique, où chaque pensée va à la rencontre de l’autre et s’interroge sur son Impensée.

SOCIETE

Les paysans chinois aujourd’hui : Trois années d’enquête au cœur de la Chine Par Chen Guidi et Wu Chuntao Ed. Bourin éditeur, 280 pages, 21 € Fruit de trois années d’enquêtes par un couple de journalistes dans la province essentiellement rurale de


l’Anhui, l’une des plus pauvres du pays, ce livre montre que l’industrialisation est financée par le travail des paysans, que le développement des villes se paie par l’absence de décollage dans les campagnes et que l’enrichissement d’une petite partie de la population, notamment des fonctionnaires, se fait au détriment de la grande majorité des paysans. Les reportages, les témoignages, les comptes-rendus détaillés des affaires criminelles ou de corruption, qui furent publiés pour beaucoup dans la presse locale, avaient déjà vivement mécontenté les responsables locaux. Le livre avait même été interdit de distribution pendant six mois, à la suite de plaintes de fonctionnaires cités dans ces articles, avant de devenir un important succès de librairie. Une des conclusions que les auteurs tirent de leur enquête est que la situation dans les campagnes chinoises n’a guère changé malgré le socialisme. Ce constat avait suscité un vif débat local et national.

juridiques en présence ? En a-t-elle une vision purement instrumentale ? Quelle place est faite à la cohérence du droit dans les réformes en cours ? Quelles raisons motivent les emprunts à la « common law » anglaise ou au droit civil ? Un constat s’impose : les positions doctrinales chinoises et occidentales divergent radicalement. Cette étude éclaire les sources de ces différences, en développant largement la doctrine juridique chinoise, qui reste mal connue en occident.

ROMAN

Maîtres et fantômes Par Guo Zheng, traduit du chinois (Taiwan) par Olivier Bialais Ed. Bleu de Chine, 225 pages, 18 € Dans la Chine troublée de la fin des Ming, deux paysans sont recrutés

Coup de cœur

DROIT

La Chine au carrefour des traditions juridiques Par Hélène Piquet Editions Bruylant , 350 pages, 28 € La politique de réforme et d’ouverture lancée en 1978 a dû s’accompagner d’un nouveau cadre juridique pour répondre aux exigences nouvelles en particulier des entreprises. Ces réformes juridiques furent largement fondées sur les transferts de droit. Controversés dans la doctrine juridique occidentale, les transferts de droit suscitent également de nombreux débats parmi les juristes chinois. Une réalité essentielle se dessine : la Chine puise résolument dans plusieurs traditions juridiques. Ce qui pose de nouvelles questions. Quelles sont les perceptions chinoises des traditions

de force, l’un dans l’armée régulière, l’autre du côté des brigands. Ils sont jetés dans la révolte de Li Zicheng à la tête de paysans lancés à l’assaut de l’Empereur. Ils sont initiés à l’art du maniement de l’épée par deux fantômes dont ils avaient massacré et mutilé les maîtres. Ils peuvent aussi les aider à se réincarner rapidement. Les deux paysans suivront Li Zicheng jusqu’à sa victoire sur les troupes Ming, avant qu’il ne soit écrasé par les Mandchous qui vont fonder la dynastie Qing. Adoptant un ton sarcastique et suivant les traces du conte fantastique propre à Pu Song-ling, l’écrivain taiwanais Guo Zheng reprend aussi les éléments traditionnels du roman d’aventures chinois comme dans le « Shuihu zhuan  » (Au Bord de l’eau) pour nous livrer un roman contemporain très personnel.

Dés de poulet façon mégère Par Liu Xinwu Ed. Bleu de Chine Un plat, une scène. De l’émincé de foie à l’ail à la viande de chien mijotée à la sauce piquante ou au mantou1 frit, chaque plat évoque une histoire, celle d’un héros de tragicomédie avec unité de lieu et de temps. Les scènes se passent au long d’une seule journée

autour du petit restaurant d’une résidence pour classes moyennes de la banlieue pékinoise où travaillent de nombreux mingong2. Vigiles, cuisiniers ou serveuses mais aussi cols blancs se côtoient, s’aiment, se jalousent, se volent, se disputent. Chaque petit chapitre entrouvre une porte sur un passé campagnard attrapé au vol grâce aux odeurs et aux goûts de nourriture, véhicules privilégiés de la mémoire. On entre ainsi dans l’intimité des personnages avec force détails, dans une langue apparemment simple mais précise, loin de tout lyrisme, mais qui donne à ce roman la force d’un document. Anne Garrigue 1 2

Petit pain Paysans venus chercher du travail en ville

Connexions 99


Culture lire POLITIQUE/ SOCIETE

La Chine nouvelle ou « Etre riche est glorieux » Par Cyrille Javary et Alain Wang Editions Larousse, collection Petite Encyclopédie,125 pages, 9,90€ La Chine, désormais classée - à tort ou à raison - quatrième puissance économique mondiale, suscite un intérêt permanent. Elle est « entrée dans nos rêves… et aussi nos cauchemars », écrivent les auteurs qui connaissent la Chine en spécialistes, à la fois sinologues et consultants. Ils veulent coller au plus près de la vie actuelle tout en la présentant dans ses dimensions les plus larges, historiques, culturelles, économiques et politiques. Accumulant les faits et les chiffres, comme les témoignages et les analyses, ils font le tour de ce géant en cinq chapitres aussi complets que synthétiques traitant de la civilisation d’hier , de l’histoire d’aujourd’hui et du monde de demain.

La Chine face à la mondialisation Par Elodie Gavalda et Laurence Rouvin Ed. l’Harmattan, 100 pages, 11 € Ce pays fascine et attire mais inquiète et interroge par ses nombreuses contradictions. Comment continuer à se réclamer du communisme et laisser libre cours à un « capitalisme sans rivages » ? Comment concilier le centralisme politique et le libéralisme économique, le monopole d’état et le marché ? La dernière en date de ces

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interrogations n’est pas la moindre : le patriotisme économique croissant et son corollaire nationaliste sera-t-il compatible avec l’ambition de s’ouvrir pleinement à la mondialisation ? C’est que la Chine n’est pas monolithique en naviguant autour de trois cercles - national, régional et local - et qu’elle fait une lecture pragmatique de ces phénomènes pour nous contradictoires. Telle est la réponse de ces deux étudiantes de l’Ecole de Management de Lyon à l’issue d’un long séjour d’études en Asie et d’un travail d’observation sur le terrain. La Chine à l’horizon 2020 Ouvrage collectif du groupe Asie 21, préface de Hugues de Jouvenel Ed. l’Harmattan, 215 pages, 19,50 € Les dirigeants chinois ont eux-mêmes élaboré leurs objectifs à l’horizon de 2020. C’est aussi vers cette date que devrait arriver à maturité une intégration régionale autour de la Chine. Ces objectifs nationaux seront-ils atteints et les écueils sur leur voie pourront-ils être surmontés ? Quelles relations, de coopération, de rivalité voire d’hostilité, seront nouées entre voisins asiatiques en 2020 ? C’est pour répondre à ces questions sur la « montée en puissance pacifique » en Chine et autour de la Chine, que les auteurs membres d’Asie 21, groupe d’étude de Futuribles international composé des meilleurs connaisseurs de l’Asie, ont rédigé cet ouvrage résolument prospectif. L’expérience de l’Asie des auteurs acquise dans des métiers aussi variés que ceux de chercheur, universitaire, militaire, banquier ou diplomate ouvre un large champ d’analyses et de points de vue. Un ouvrage de réflexion sur le futur de la Chine aussi complet soit-il n’est pas infaillible, car la prospective n’est pas une science exacte mais donne toutes les clefs nécessaires pour comprendre, anticiper et réagir à ce qui deviendra pour tous un défi à relever .

HISTOIRE

La nouvelle histoire du Tibet Par Gilles Van Grasdorf Editions Perrin, 500 pages, 24 € Loin des fantasmes personnels ou collectifs que nourrit souvent ce pays, la véritable histoire du Tibet n’a rien d’un récit édifiant. Pleine de bruit et de fureur, elle s’est faite par le fer, le feu, la violence souvent, autant et sans doute plus que par les hautes aspirations spirituelles. « On ne peut pas éternellement défendre la thèse que le Tibet est un pays de non-violence, et que n’y vivent que des saints et des martyrs », confie Palden Gyatso à l’auteur en le pressant d’écrire cette nouvelle histoire du Tibet telle qu’il la lui avait racontée avec les exilés tibétains. Sortie assez tardivement des brumes de la légende, puisque l’écriture tibétaine ne date que du VII siècle après J-C, cette histoire bascule sous le règne de Songtsen Gampo (617-650), qui fonde Lhassa, la capitale , et prend deux épouses, l’une népalaise, l’autre chinoise. Période capitale, puisque celles-ci vont, pour l’une, introduire le bouddhisme sur le Toit du monde, et, pour l’autre, nouer les premiers liens avec l’empire chinois. Cette proximité entraînera une rivalité séculaire avec le puissant voisin chinois, laquelle dure encore aujourd’hui quand la mise en service du plus haut chemin de fer liant Pékin à Lhassa, annonce peutêtre la sinisation inexorable d’une ancienne civilisation en même temps que l’ouverture nécessaire sur le monde moderne. n




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