Connexions 43

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Connexions联 www.ccifc.org

Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine

+ La nouvelle vague de l’architecture chinoise Le micro-crédit

DOSSIER :

Internet made in China 互联网:中国制造

结 Numéro 43





卷首语

Éditorial

L’internet chinois, paradigme des évolutions de la société

D

urant les vingt dernières années, le monde a connu une de ses révolutions technologiques les plus radicales. La généralisation du PC, des téléphones mobiles et de l’internet large bande qui permettent la convergence des services et des échanges multimédias quasi illimités, ont transformé les modes de vie privée et professionnelle des consommateurs. Cette période coïncidant avec le développement économique de la Chine, l’a fait plonger directement dans la société de l’information du 21ème siècle, générant des usages spécifiques tant pour des raisons sociétales actuelle que de persistance ou renaissance de valeurs traditionnelles, accentuant la coupure générationnelle économique et éducative. L’individu, dans la tradition confucéenne se valorise pleinement par son appartenance à divers réseaux relationnels qui lui confèrent la reconnaissance. L’internet participatif de la nouvelle génération, le “Web 2.0”, offre un nouveau champ d’expansion infini à cet appétit pour la mise en relation par l’établissement de communautés virtuelles. Marié à l’usage intensif des messageries instantanées et

des SMS, il répond à l’évolution des mentalités vers l’individualisme en s’affranchissant de la dépendance familiale. Il permet la personnalisation des échanges, tout en introduisant le formalisme voire la ritualisation impersonnelle de l’expression, fondements des modes de communication traditionnelle, en évitant la confrontation directe avec l’interlocuteur qu’impose le mode de conversation téléphonique. Les SMS trouvent ainsi leur application aussi bien pour la communication professionnelle dont ils sont bannis dans les pays occidentaux que pour les échanges de messages amoureux dont l’expression directe est traditionnellement difficile, voire peu convenable. L’étude du développement de l’internet chinois et de l’apparition de modèles économiques originaux entreprise dans ce numéro de Connexions ne manque pas d’intérêt pour nos entreprises car il peut révéler des tendances du consommateur Chinois anticipatrices d’usages se généralisant au niveau mondial. n Hervé CAYLA Vice-Président de la CCIFC

中国互联网——社会发展的反映 在过去的20年里,世界经历了一次最彻底的技术革

庭的依赖。Web 2.0使交流个性化,所采用的表达形式甚

命,个人电脑,移动电话以及宽带互联网的普及使多媒体

至无人称的表达礼仪是传统交流方式的基础,同时避免

的传输几乎不受限制地融合,从而改变了消费者私人生活

了电话交流中所必须的与对方的直接接触。因此,手机短

和职业生活的方式 。这一阶段正好赶上中国经济的飞速

信无论在工作联系还是在感情交流中都找到了用武之地,

发展,使她直接进入到21世纪的信息社会,不论是对当前

而在西方国家,短信不能在工作中使用,用短信直接表达

社会的价值观,还是对传统价值的坚持或复兴都产生了

感情也十分困难甚至不太合适。

特殊的作用,同时也加深了两代人之间在经济和教育上的 代沟。 在儒家的传统思想中,个人是通过从属于承认他的众 多关系网而充分体现其价值的。新一代参与性的互联网

本期Connexions对中国互联网的发展和新经济模式 的出现所进行的研究对我们企业很有意义,因为它揭示了 中国消费者超前的网络应用的趋势,而这些应用即将在世 界范围内普及。n

Web 2.0为通过建立虚拟社区而进行联系的愿望提供了一

盖拉

个新的无限扩展的空间。与即时交流和手机短信的大量使

中国法国工商会副会长

用相结合,Web 2.0符合个人主义的思想发展,摆脱了对家


Directrice de la publication Juliette Yanitch Responsable de la publication Mathieu Baratier Rédactrice en chef Anne Garrigue Relecture de la traduction chinoise Ruan Zheng Graphiste Xie Bin

Ont collaboré à ce numéro : Véronique d’Antras, Laurent Ballouhey, Patrick de Brisson de Laroche, Matthieu Cambounet, Ludovic de Carcouet, Hervé Cayla, Philippe Charles, Antonia Cimini, Nicolas du Cray, Virginie Deslandres, Pierre-Blaise Dionet, Camille Foucard, Bénédicte Franchel, Fabienne Goyeneche, Sophie Lavergne, Olivia Luzi, François Perruchot-Triboulet, Eric Sautedé, Damien Schaepelynck, Adrien Schmidt, Renaud de Spens, Nicolas Sridi, Emilie Torgemen, Wang Yi, Yann Zhao. Photographie de couverture Imagine China Publicité Pékin : Ruan Zheng Tél. : (010) 6512 1740 # 14 Shanghai : Gwladys Goubil Tél. : (021) 6132 7100 # 114 Guangzhou : Hervé Lambelin Tél. : (020) 8121 6818 # 801 Connexions est édité par la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine www.ccifc.org connexions@ccifc.org Imprimé par Versatra Graphics

Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Connexions


French Chamber of Commerce in China 2007-2008 Directory 中国法国工商会年鉴 www.ccifc.org

© Pascale Peyret

ANNUAIRE CCIFC 2007-2008 Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine

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2007.11.9 3:21:36 PM

About 1 100 French companies all over Mainland China More than 3 000 contacts Bilingual French/English – Chinese

Contact : Patricia RUAN ruan.patricia@ccifc.org



Connexions

Sommaire Numéro 43

Entretien avec Mo Shaoping Avocat, lauréat du prix des droits de l’Homme

12

Actualité 18 22 24 26

© Anne-Severine Douard

Vie des entreprises Actualité école La PME à la une Chronique media Chronique du net Chroniques Juridiques

12

24

Entretien avec Mo Shaoping

莫少平律师专访

28 30

Le commerce des nuances

Dossier

Internet made in China Et si l’avenir du net se décidait en Chine Les incontournables du web chinois QQ, Le génie du net Alibaba et Taobao, L’atelier du monde en ligne

Pratiques et usages des internautes chinois

© Imagine China

32

Internet made in China

Jeunesse sans dieu Café Internet : entre divertissement et contrôle Traitement de choc pour les drogués de l’Internet La voiture comme deuxième famille Les communautés du net Tous journalistes ! Isaac Mao, pionnier du blog en Chine et apôtre du web 2.0 Quel cadre juridique pour le Web 2.0 en Chine ? Internet et liberté d’expression : l’illusion technologique

32 34 38 40 41 42 43 45 46 48 49 50 51 52 54

Entretien avec Hervé Cayla

© Anne-Severine Douard

A la recherche du business model chinois 56

70

« En Chine, la convergence entre Internet et la téléphonie mobile est naturelle »

L’expérience des pays d’Asie du Nord-Est « Beaucoup d’entreprises Internet perdent de l’argent » 51.com Le filon communautaire e-commerce le tout début d’une longue route Les entreprises étrangères dans la jungle du web chinois Les tribulations de Google en Chine La publicité en ligne : une mine d’or en chantier Entretien avec Hervé Cayla

57 59 60 62 64 66 68 70



Connexions

Sommaire Numéro 43

La Chine à la loupe Shanghai La championne de l’Est Bright shadow : A Shanghai en avant-première Amorino : Allécher la classe moyenne chinoise Lime 388 : L’internationale créatrice

72 74 75 75

Tourisme en Chine SHANGHAI, la belle aux cent visages

76

72

La Chine à la loupe

© Imagine China

Association

Shanghai La championne de l’Est

PlaNet Finance Le microcrédit en Chine

86

Culture 88-89 Le printemps de l’architecture chinoise Les gens Des musiciens français à l’assaut du hit-parade 92 chinois Lire La sélection de Laurent Ballouhey 94

中文目录 专访 莫少平律师 聚焦法国

© Michelin

78

Ñ

Ñ

朗格多克-鲁西永

为了维护法律尊严的一生

15

公司简讯

20

贝碧欧  色彩的贸易

25

专栏 互联网:中国制造 Ñ

或许互联网的未来取决于中国

Ñ 汽车就像第二个家 Ñ Web 2.0在中国的法律构架是什么 ? Ñ 电子商务,万里征途刚刚开始 Ñ 盖拉先生专访     “在中国,互联网与移动电话      之间的整合是很正常的”

聚焦法国 戴亮和简迷离

进攻中国乐坛排行榜的法国音乐人

Ñ

朗格多克-鲁西永

Ñ

戴亮和简迷离-进攻中国乐坛排行榜的法国音乐人

78

文化

© DR

93

32 37 48 53 64 71

93


L’avocat Mo Shaoping

© Anne-Severine Douard

Entretien avec Mo Shaoping L’avocat Mo Shaoping a reçu au mois de décembre le prix des droits de l’Homme, remis par la secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et aux droits de l’Homme, Rama Yade. Cette distinction récompense le travail obstiné d’un avocat attaché à la défense des droits de la personne qui depuis 20 ans accompagne la lente émergence d’un Etat de droit en Chine. Mo Shaoping revient sur son expérience du système judiciaire chinois et sur les bouleversements que connaît le métier d’avocat.

La difficile défense du droit, entre politique et morale Connexions : Quels sont les changements dans le métier d’avocat depuis le début de votre carrière dans les années 80? Mo Shaoping : Il y a eu beaucoup de changements dans la profession. D’abord, tout simplement, le nombre d’avocats : pendant la Révolution Culturelle il n’y en avait pas du tout, aujourd’hui nous sommes 130 000 environ dans

à Pékin avec mes diplômes : la plupart n’avaient jamais vu d’étudiant en droit de mon niveau, même les étudiants de licence étaient rares à l’époque. La plupart des avocats étaient issus de l’armée, donc, la aussi, du point de vue de la formation, on peut dire qu’il y a eu de grands changements. Aujourd’hui, les avocats sont tous diplômés des grandes universités... Du point de vue de la nature

tout le pays. Même chose pour les cabinets : en 1979, cela n’existait pas, il y avait seulement des « bureaux de conseil juridique », c’était un organisme chargé de l’application de la loi et les avocats étaient à l’époque des fonctionnaires payés directement par le gouvernement. En 1995, quand j’ai ouvert mon propre cabinet, nous étions six à Pékin, enregistrés dans la catégorie « cabinet d’avocat ». Aujourd’hui, il y a plus de 1000 cabinets dans la capitale!

des affaires aussi il y a des changements, les procès sont beaucoup plus nombreux surtout les affaires civiles qui augmentent chaque année. Les cas sont plus complexes, notamment en raison de la situation de l’économie, l’adhésion à l’OMC, etc...

C. : Est-ce que le nombre et la nature des affaires traitées ont changé également ? M.S. : Très clairement. Quand je suis sorti de l’Académie des Sciences Sociales avec mon master, en 1987-88, je voulais devenir avocat, je suis donc allé voir les cabinets 12 Connexions

C. : Vous avez participé à quelques affaires très médiatisées à l’étranger, aujourd’hui comment choisissez-vous vos clients, sur quels critères ? M.S. : Je préfère les affaires pénales qui suscitent un débat, avec des enjeux importants. Quand il faut déterminer qui est coupable et qui ne l’est pas et pas seulement fixer une peine ou une amende. Les affaires sensibles et polémiques, généralement je les accepte car je sais que les autres avo-


Entretien avec Mo Shaoping cats refuseront ce genre de cas difficiles. Comme je suis un peu connu, les plaignants viennent me voir directement pour des affaires qui impliquent les droits de l’Homme En général, je m’intéresse aux affaires qui font avancer la démocratie, le respect de la Constitution et l’Etat de droit. Mais si les affaires pénales m’occupent beaucoup, ce sont les affaires civiles qui représentent presque 80% des revenus de mon cabinet. C. : La place de l’avocat dans le système judiciaire chinois a t-elle évolué notamment avec la loi sur la procédure pénale ? M.S. : Le rôle de l’avocat dans la procédure pénale a changé, c’est vrai, mais si on compare avec la situation dans les pays développés, les droits de la défense en Chine sont encore trop peu respectés. Il y a une réforme de la loi sur les avocats1. La nouvelle loi donne plus de droits aux avocats, c’est vrai, mais le problème c’est qu’elle restera sans effet si on ne change pas en même temps la loi sur la procédure pénale qui fixe le rôle de la police et du procureur. Selon la nouvelle loi sur les avocats, la défense a le droit de

rencontrer son client librement. Mais la loi sur la procédure pénale dit que dans les cas de secret d’Etat il faut l’accord du procureur pour rencontrer l’accusé. Et pour toutes les affaires pénales, la police a le droit d’assister aux rencontres entre l’avocat et l’accusé. De plus, l’avocat peut être mis en accusation s’il produit une preuve qui est considérée comme un élément fabriqué car en contradiction avec d’autres éléments du dossier. C’est donc très dangereux pour les avocats et il y a une pression constante. C. : Dans ces conditions, le métier d’avocat est donc difficile? M.S. : C’est vrai qu’on a parfois un sentiment d’impuissance. En tant qu’avocat, c’est l’absence d’une véritable indépendance de la justice qui est désolante. Même si une plaidoirie est argumentée, logique du point de vue du droit, il peut y avoir une influence en dehors du dossier qui va décider du jugement final. En Chine, le tribunal doit obéir aux instructions des instances locales du Parti communiste. C’est désespérant, mais je crois aussi qu’il y a un jugement 1

Elle doit être appliquée à partir du 1er juin 2008

Connexions 13


© Anne-Severine Douard

Entretien avec Mo Shaoping

«Un avocat est présent au procès dans moins de 30% des affaires pénales» de l’Histoire, qui sur le long terme peut faire apparaître la vérité. Regardez Mandela, il a été condamné a plus de dix ans en prison et finalement l’Histoire a décidé qu’il avait raison ! Mais c’est vrai que c’est un métier difficile surtout pour les affaires pénales, ça ne rapporte pas d’argent, c’est dangereux et le taux de réussite est très bas. Mais c’est une contribution pour la société dans son ensemble.

Chine : si l’accusé est handicapé, si il est mineur ou si il risque la peine de mort.

C. : Le recours a un avocat est-il devenu systématique en Chine ? M.S. : Non, pas du tout, il existe beaucoup de procès qui se tiennent sans la présence d’un avocat. Selon les statistiques, en moyenne, un avocat est présent dans moins de 30% des affaires pénales. Pour les autres, il n’y a que trois personnes au procès : le juge, le procureur et l’accusé. Il

C. : D’après vous, quand la Chine pourra –t-elle devenir un Etat de droit ? M.S. : Dans longtemps. La Chine s’est dotée de lois, c’est vrai, en 1949, il n’y avait que la Constitution et la loi sur le mariage, le reste, c’était de simples règles. Après 1979, le système s’est amélioré très nettement, notamment dans le domaine civil et celui du droit des affaires. Aujourd’hui, il y a beaucoup de lois aux standards internationaux notamment depuis l’adhésion à l’OMC. Il y a donc des lois en Chine mais est-ce que c’est un authentique Etat de droit ? Je dirais que non. n Propos recueillis

n’y a que trois cas de figure où l’avocat est obligatoire en

par Mathieu Baratier

14 Connexions


专访 莫少平先生 莫少平律师专访

为了维护法律尊严的一生 2007年12月,  中国律师莫少平获得了由法国人权咨询委员会颁发的人权 奖。这项荣誉的背后凝结着这位律师二十年以来在中国逐渐走向法治的过 程中为维护人权所做出的艰苦努力。在我们的访谈中,莫律师谈到了他本 人对于中国司法系统的一些认识以及在中国从事律师行业的困难。 《联结》 : 从80年代您踏入律师行业起到现在, 这个行业发

《联结》在您所接手的案件中,有一些特别受外国媒体关

生了怎样的变化 ?

注,现阶段您是以怎样的依据来选择案件承接?

莫少平 : 自我从业以来,中国的律师行业发生了翻天覆地的

莫: 就我个人而言,我通常会选择刑事案件中那些争议

变化。首先, 就律师从业人数来说, 1979年, 中国的律师人

比较大的,涉及到“罪与非罪”的案件,而不是差别在量

数几乎为零,而今天, 全中国有将近13万的从业律师。同

刑轻重的案件。另外,我也会接一些比较敏感的案件,一

样, 1979年, 在中国律师事务所的概念还不存在, 当时仅仅

般情况下我接的案件都是那些其他律师因为各种各样的困

存在一个叫做“ 法律顾问处”的机构,这个机构的主要

难而不愿意接的。因为现在我有一些名气了,有些涉及到

功能是促进法律的执行,机构中的律师属于国家公务员的

人权案的当事人可能会直接找到我,希望我为他们辩护。

性质,待遇由国家直接保障。1995年我开办自己的律师事

总的来说,我比较倾向于接受对于进一步推动中国民主,

务所的时候,“北京莫少平律师事务所”是当时司法部特

法治和宪政建设有意义的案件。当然,我也不只接刑事案

批的六家以个人名字命名的律师事务所的其中之一。而今

件;虽然刑事案件占用了我的大部分时间和精力,但是承

天,仅在北京,就有超过1000家的律师事务所。

接民事案件的收入占到我的律师事务所利润的80%。

《联结》:法律案件的数量与性质是否也发生了变化呢?

《联结》:新的刑事诉讼法出台之后,律师在司法系统中

莫:这是肯定的。1988年我从中国社会科学院硕士毕业的

的地位是否有所提高?

时候,我的理想就是成为一名律师。当时我拿着学位证

莫:律师在刑事诉讼过程中的角色的确有改变,但是如

书,走遍了所有的律师事务所。其中大多数的律师事务所

果我们跟发达国家相比,当事人的辩护权在中国还没有

里的人几乎从来没有见过学法律的硕士,在那个年代,连

被 足 够 重 视 。 最 近 出 台 了 新 修 订 的 《 律 师 法 》 1。 新 的

学法律的大学毕业生都是很少见的。很多律师都是从部队

《律师法》赋予了律师更多的权利,这是事实。然而,实

转业回来就直接上岗了。因此,就教育培训水平和业务能

际上,这项法律很难执行,因为作为公安局和检察院行事

力而言,这个提高也是很大的。今天,几乎所有的律师都

依据的《刑事诉讼法》并没有同时更新。举例来说,新的

是从高等院校经过专业训练毕业的。再者,就法律业务本

《律师法》规定,律师会见当事人不需要经过司法机关批

身而言,变化同样很大。法律案件的数量比以前成倍增

准,只需拿“三证”就可,即:律师执业证书、律师事务

长,其中最显著的是民事案件的数量逐年增加。代理案件

所证明、委托书或者法律援助公函。然而依据《刑事诉讼

的种类也比以前多的多,特别是在经济法的领域,新增

法》,凡是涉及到国家秘密的案件,需要批准才能会见当

的种类包括涉及到WTO相关法律的案件,知识产权法的案

事人;另外,正在侦察中的案件,律师会见当事人时,侦

件,等等......

1

该法律从2008年6月1日开始生效

Connexions 15


专访 莫少平先生 察机关有权派员在场,还有《刑法》306条规定的“律师

《联结》:中国司法系统现在是否实行强制律师代理制度?

伪证罪”,使得许多律师因证人改变了证言而被指控。因

莫:没有。实际上,有很多的案件在审判的时候根本没

此,刑事案件的辩护律师承担着很大的压力和风险的。

有律师出席。根据统计,中国刑事案件的律师出庭率不 到30%。常见的情况是法庭上只有法官,检察官和被告出

《联结》:在这种情况下,从事律师这个行业应该是很困

席。有三类情况法院会指定律师辩护的:被告为残疾人,

难的?

被告为未成年人,或被告可能被判死刑。

莫:作为律师,我们确实有时感到无能为力。这是由于并 不是一个真正司法独立的国家。即使经过律师有力的辩

《联结》:您认为,中国什么时候能够成为真正意义上的

护,常常最终的判决是由一些案件以外因素决定的。这是

法治国家呢?

因为在中国,法院要服从党的行政领导。

莫: 还要很长时间。中国制定了很多法律,这是事实。

虽然经常对法院判决的结果感到失望,我始终相信历史会

1949年的时候,中国只有一部《宪法》和一部《婚姻

做出正确的评判。你看曼德拉,他被判决超过十年的监

法》,其余的,都是行政法规。1979年以后,法律系统迅

禁,但是最后历史证明他是正确的。的确,律师还是比较

速健全,特别是在民法和商法领域。今天,我们的很多

艰难的职业,尤其是刑事案件的辩护律师,他们面临的是

法律都已经与国际相关的法律接轨,特别是在加入WTO以

风险大,收入低,并且辩护成功率低的现实。不过无论如

后。所以,中国是个有法律的国家,但是能不能说是法治

何,他们是在为社会的法制健全做出贡献。

国家呢?我认为还不能。n

REJOIGNEZ LA CCIFC EN 2008 Et son réseau de 1100 implantations françaises

Etre membre à la CCIFC, c’est : ÿ S’informer sur la Chine et son marché ÿ Promouvoir sa société en Chine ÿ Développer ses activités en Chine ÿ Recruter et former son personnel C’est aussi bénéficier de nombreux services et avantages tarifaires sur les prestations CCIFC et auprès de nos nombreux partenaires.

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16 Connexions

CCIFC Guangzhou Tel : (020) 8121 6818 Fax : (020) 8121 6228 Hervé Lambelin lambelin@ccifc.org



Vie des entreprises Viadeo élargit son réseau chinois

L

© Viadeo

e réseau français vient de signer un accord avec Tianji.org pour permettre aux recruteurs européens et chinois de trouver des candidats en Chine ou en Europe. Avec 1,8 million d’abonnés, le site français a bien compris l’utilité de forger des partenariats avec des réseaux étrangers pour agrandir son champ d’action. Les entreprises internationales qui ont du mal à recruter en Chine devraient constituer le premier public de cette nouvelle interface. Sur le même principe que son portail d’origine, le nouveau service, baptisé Euro China Link (ECL) est ouvert à tous. Il est gratuit de s’y créer un profil qui sera proposé également aux utilisateurs de Tianji.org. Le site chinois compte quelque 1,5 million d’utilisateurs, soit à peine moins que Viadeo. Avec cette opération, le Français Derek Lin, CEO de Tianji et Dan Serfaty, CEO de Viadeo lors de la signature de leur accord de coopération. prend le contrôle du portail chinois, dont il détenait déjà une partie du capital. Ce changement de propriétaire permet donc à Tianji et à Viadeo de doubler la taille de leur réseau respectif. La cible de Euro China Link sera donc les entreprises étrangères mais aussi les sociétés chinoises, Tianji voulant renforcer son réseau de jeunes diplômés chinois, qui sont 5 millions chaque année à se retrouver sur le marché du travail. La plupart des utilisateurs ont moins de 35 ans et travaillent dans des secteurs de service  : communication, nouvelles technologies, finance. Viadeo compte sur ce partenariat pour porter le nombre total de ses membres à 6 millions en 2008.

Obut pointe la Chine

L

© Bernard Champey

et accompagné les initiatives des e fabricant de boules autorités chinoises pour introduire Obut tente de convertir la discipline dans les universités du les Chinois à la pétanque. sport, fournissant par exemple les Après la Thaïlande, où le jeu de jeux de boules aux étudiants. La boules s’est implanté depuis Chine compterait déjà un million déjà 15 ans, Pierre Souvignet, de boulistes et l’équipe nationale le Pdg de la marque tricolore, féminine a même remporté le arpente les provinces chinoises championnat du monde organisé pour diffuser ce jeu bien français. en 2007 dans la ville de Wenzhou. « Les besoins de loisirs sont « Si le marché chinois continue importants et les boules sont un outil idéal pour diffuser l’art de Le Pdg d’Obut Pierre Souvignet en Chine en septem- à se développer, nous pouvons envisager de créer une filiale dans vivre à la française», explique Pierre bre 2007 le pays, estime Pierre Souvignet ». Sur les 3,5 millions de Souvignet qui se rend en Chine tous les ans pour suivre le boules qui sortent de l’usine Obut de Saint-Bonnet-ledéveloppement de la pratique et chercher des partenaires Château, 12% sont vendus à l’étranger. pour diffuser les produits de sa marque. Obut a encouragé

Nouvelle acquisition pour Legrand

18  Connexions

L’usine de TCL Wuxi rachetée par Legrand.

© Legrand

L

e spécialiste de l’électronique a acheté en décembre TCL Wuxi, spécialiste des disjoncteurs modulaires et des disjoncteurs de puissance. L’ancienne filiale de TCL enregistre un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros et compte 200 commerciaux. Legrand bénéficiera, entre autres, de la forte notoriété de la marque sur le marché chinois. Selon TCL, la filiale a été vendue au Français pour 38 millions d’euros.


Pages réalisées par Julie Desné

Lafarge revoit ses ambitions à la hausse

chinoises sont très chatouilleuses quant aux rachats de ses aciéries. Pékin aimerait consolider le secteur et faire émerger quelques grands noms de l’acier chinois avant d’ouvrir les vannes aux investisseurs étrangers. ArcelorMittal est d’ailleurs toujours en attente de la validation de sa prise de participation dans Laiwu, un des cinq grands noms du secteur en Chine, un dossier en souffrance depuis près d’un an et demi.

L

e cimentier va doubler ses investissements en Chine, avec des projets de nouvelles infrastructures s’élevant à 1,5 milliard de dollars au total pour 2008. Le groupe a déjà annoncé la signature d’un accord avec la province du Yunnan, qui lui permettra d’augmenter ses capacités de 10 millions de tonnes de ciment d’ici 2010. L’investissement s’élève à 600 millions de dollars et comprend également la construction de nouvelles usines de plaques de plâtre, de nouvelles centrales à béton et des carrières de granulats. Lafarge s’est engagé à aider le gouvernement du Yunnan à moderniser l’industrie cimentière. A elles seules, les circonscriptions du Sichuan, de Chongqing, du Guizhou et du Yunnan représentent la demande en ciment des Etats-Unis, a rappelé Bruno Lafont, dirigeant du groupe lors de la cérémonie scellant l’accord. Au total, en tenant compte des projets en cours, Lafarge Shui On (société mixte franco-hongkongaise) devrait porter sa capacité en Chine de 20 millions de tonnes à la fin 2006 à 50 millions de tonnes en 2012, soit le tiers de ses capacités mondiales.

© Lafarge

L

e groupe a fait part de son intention d’acquérir une partie du capital de China Oriental Group, petite aciérie cotée, de la province du Hebei. ArcelorMittal mettrait 1,2 milliard d’euros sur la table pour prendre le contrôle de 45% du sidérurgiste chinois. Cet investissement pourrait être rapidement suivi d’une augmentation de la participation. Lakshmi Mittal, dirigeant du groupe, a notamment fait savoir qu’il était prêt à répondre aux besoins en fonds propres de la société chinoise et l’aiderait à s’approvisionner en minerai de fer et en charbon. Il a, par ailleurs, assuré que son groupe comptait partager ses technologies et son savoir-faire avec China Oriental Group, pour en faire un leader local de l’acier de construction. Cette transaction n’est toutefois pas encore finalisée. Les autorités

© Imagine China

Nouvelles aciéries chinoises pour ArcelorMittal

Les Galeries Lafayette bientôt en Chine

L’

enseigne française, qui s’intéresse depuis plusieurs années au marché chinois, semble se décider à avancer ses pions. Le groupe Galeries Lafayette a annoncé en décembre la signature d’une lettre d’intention avec I.T. Limited pour l’ouverture d’un grand magasin. Le lieu n’a pas encore été décidé mais le choix des deux partenaires pourrait se porter sur Pékin ou Macao. Concrètement, le document signifie que les deux partenaires ne sont qu’au début des négociations. Si les discussions aboutissent, IT Limited et les Galeries Lafayette lanceront un magasin sous le nom de l’enseigne française, via une société mixte détenue majoritairement par I.T. Limited « qui sera chargée de développer, de gérer et d’exploiter le futur magasin, ainsi que, le cas échéant, les suivants », selon une déclaration du groupe Galeries Lafayette. I.T Limited, déjà présent à Shanghai, se définit comme un « créateur de tendances ». L’enseigne distribue des marques internationales, plutôt branchées, sur un segment moyen et haut de gamme – on trouve par exemple des Campers dans les espaces I.T. Le Chinois n’a pas caché son intention de profiter de ce partenariat pour accélérer son expansion dans tout le pays, en triplant sa part de marché d’ici cinq ans. Le marché de la distribution fait rêver encore bon nombre d’enseignes, avec des ventes au détail qui ont atteint 4 331 000 milliards de RMB (430 000 milliards d’euros) sur les neuf premiers mois de l’année et croit au rythme de plus de 16 % par an. Connexions 19


公司简讯

Viadeo扩大在中国的网络

国最大的商务社交网站Viadeo与中国天际网签 署协议使欧洲和中国的招聘者可以在中国或欧 洲寻找职业人选。拥有180万注册会员的法国

Viadeo很清楚与国外网络建立合作可以扩大其活动领域的目 的。那些在中国有招聘困难的跨国公司将成为这一新网络平台 的首批访问者。根据其原始门户网站的原则,Viadeo新推出的中 © Viadeo

欧通服务(Euro China Link)将对所有人开放。在该服务上可以 免费创建向天际网用户推荐的个人资料。天际网大约拥有150万 用户,略少于Viadeo。通过这一合作,法方将控制中方的门户网

毕业生网络的发展,目前每年都有500万应届毕业生到就业市场

站,目前它已经持有中方网站的部分所有权。网站持有者的变

找工作。大部分的用户小于35岁,分布在通讯,新技术,金融等

化可以让天际网和Viadeo将各自的网络规模翻番。中欧通主要

服务领域。Viadeo寄希望于该合作以便在2008年将其注册会员

面向跨国公司,但也向中国公司开放,天际网希望加强中国年轻

的数量增加到600万。

Obut公司瞄准中国

球制造商Obut公司试图在中国推广小 金属 地掷球 运动。继 该运动在泰国落户1 5 年之 后,O b u t公司总 裁 皮埃尔 .苏 维 涅(Pi er re

Souvignet)走遍中国的许多省份,传播 这 种很 法国的游 戏。 “休闲的需求是很大的,而掷球运动正是传播法国生活艺术 的理想工具”。皮埃尔解释说,他每年都要来中国了解掷球运动 的发展,并寻找合作伙伴推广该品牌的产品。Obut公司鼓励并 响应中国政府将这种运动引入体育大学教程的倡导,向学生们 提供滚球。中国目前拥有100万掷球运动的参与者,国家女队甚 © XIE Bin

至获得了2007年在温州举行的世界女子金属地掷球锦标赛的 冠军。皮埃尔说: “如果中国市场继续发展,我们将考虑在中国 设立分公司。”在Obut位于Saint-Bonnet-le-Château的工厂生产 出的350万只滚球中,12%被销往国外。

法国老牌百货业巨头老佛爷对中国市场 关注多年后,决定迈出实质性的步伐。法 国老佛爷百货12月宣布与香港服装零售

老佛爷百货商店将在 中国开店

自己的专卖店,主要是向中高端消费 者销售国际一线的时尚品牌,比如 Campers的产品在I.T.的商店里有售。

商I.T.集团签署谅解备忘录,双方合作在

I.T.集团没有掩饰通过该合作加速其

中国开设大型百货商店。开店地点还未

在全中国扩张的想法,并将其市场份

最终敲定,但合作双方可能会选择北京

额5年内翻三番。中国的零售市场让

或澳门 。备忘录实际上只是代表双方谈

不少国际大百货商向往,今年头九个

判的开始。据老佛爷百货集团宣称,如果

月的零售额达到4331万亿元人民币

谈判顺利,双方将会通过一家由I.T.集团

(430万亿欧元),而且还以每年16%

拥有控制权的合营企业,以法国老佛爷

的速度增长。

以潮流先导自居的I.T.集团已在上海拥有 20  Connexions

© DR

之名在中国开设、管理及经营百货公司。


Pages réalisées par Julie Desné

ArcelorMittal继续实现在中国的宏伟计划

球 最 大的钢 铁 企业安 赛洛米 塔尔 (ArcelorMittal)表示想收购湖北省的上市钢 铁公司中国东方集团。ArcelorMittal斥资12亿

欧元购得中国东方45%的控股权,此后将继续扩大在该公司的 持股量。ArcelorMittal集团董事长拉克希米·米塔尔(Lakshmi Mittal)表示,他准备满足中国东方的资金需要,帮助其生产钢 铁和煤炭。他还表示,集团打算与中国东方分享技术和专业技 能,将其打造成当地钢铁业的领先企业。这一交易还未获最终 批准,因为中国政府对于外资收购国内钢铁企业十分敏感。中 国政府希望对外资敞开大门之前巩固钢铁行业并支持建立本 © Imagine China

国的钢铁龙头企业。另外,ArcelorMittal还在等待中国政府对其 收购中国5大钢铁企业之一的莱芜钢铁集团的批准,这一收购 计划已经审批了一年半。

拉法基继续扩大在 中国的业务

国水泥生产商拉法基在中国的 投资将翻番,新的工业生产设 施项目20 08年将达到15亿美

元。拉法基宣布与云南省政府签订协议,将其 水泥产量在2010年新增1000万吨。该协议总 投资额达6亿美元,用于建设新的石膏板及预 拌混凝土工厂。拉法基将协助云南省政府实现 水泥产业的现代化。拉法基集团董事长乐峰在 协议签字仪式上表示,仅四川、重庆、贵州、云 南四省的水泥需求就相当于整个美国。包括目 前在建项目,拉法基瑞安(法国拉法基与香港

© Lafarge

瑞安建业的合资公司)在中国的水泥产量将从 2006年底的2000万吨发展到2012年的5000万 吨,相当于其世界总产量的三分之一。

罗格朗的新收购行动

器制造专家法国罗格朗1 2月收购了T C L 在无 锡专业生产断路器的低 压电器 有限公司。原 TCL旗下的低压电器公司营业额为2000万欧元

的品牌知名度。TCL宣布以3800万欧元向罗格朗出售它的子 公司。

© Legrand

,拥有20 0名销售人员。罗格朗可以享受TCL在中国市场上

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Vie des entreprises Pernod Ricard récompensé pour une campagne de prévention routière

L

a campagne de prévention de l’alcool au volant menée par Pernod Ricard en Chine a été récompensée lors d’une cérémonie organisée par les professionnels de la communication en novembre 2007 à Shanghai. Depuis 2005, le fabricant de spiritueux organise des distributions de brochures dans les bars et discothèques de

plusieurs villes de Chine pour informer le public sur les dangers de l’alcool au volant. En partenariat avec les responsables locaux de la sécurité routière, Pernod Ricard a également organisé des séminaires pour sensibiliser les journalistes à ce thème encore peu présent dans les médias chinois.

Actualité école

Le campus de l’école Centrale à Pékin

L

© Ecole Centrale

Centrale Pékin : première rentrée pour le cycle ingénieur

a première promotion d’étudiants de l’école Centrale de Pékin intégrera le cycle ingénieur en 2008. Actuellement, 340 élèves environ sont en formation dans le cycle préparatoire de trois ans. Trente permanents, professeurs et personnel administratif, assistés d’une quinzaine de « vacataires » tous de langue maternelle française, sont à pied d’œuvre pour garantir la qualité et le niveau des trois piliers de la formation que sont la langue française, les mathématiques et la physique. La fin de cette première phase réussie correspond aussi au défi de la mise en œuvre du cycle ingénieur : trois années de formation calquées sur le

programme pédagogique des écoles Centrales. Stages et projets font partie intégrante de ce cycle. Le premier stage destiné aux élèves est un stage ouvrier/employé qui va se dérouler dès l’été 2008. Comme en France, les entreprises, en proposant des stages, des projets et des conférences seront au cœur de la formation des étudiants de Centrale Pékin, en particulier les entreprises « partenaires fondatrices » : Safran, EDF, Total, Schlumberger et Orange. De même, la recherche sera au centre des développements pédagogiques du cycle ingénieur. Des collaborations entre les Ecoles Centrales et l’Université Beihang, sur lesquelles s’appuieront les enseignements, existent d’ores et déjà. Enfin, 2008 sera une année charnière aussi pour les locaux de l’école : au milieu de la zone historique de l’université Beihang, un bâtiment rénové de 8000m2 sera mis à la disposition de l’école début 2008 pour accueillir, à terme, les 6 promotions d’élèves-ingénieurs. Outre ses partenaires industriels et ses financements propres, l’école Centrale de Pékin est un programme soutenu par les autorités françaises et chinoises et par un partenariat exceptionnel avec la fondation Bru. Marc Zolver, directeur adjoint de l’école Centrale de Pékin

北航中法工程师学院:首批攻读工程师阶段的学生开学

航中法工程师学院第一届攻读工程师阶段的学

法工程师学院培训的核心,尤其是合作创院的公司,比如赛峰,

生将于2008年开学。目前约有340名学生接受

法国电力,道达尔,斯伦伯格和法国电信公司。同样,研究也是

3年制预科阶段的学习。30名专职人员、教授、行

工程师阶段教学发展的中心。从现在起,建立在法国中央理工

政人员和15名以法语为母语的临时员工全部到位以保证法语、

大学和北京航空大学合作基础上的教学已经开始。2008年对

数学和物理这三大支柱教学的质量和水平。预科阶段毕业后,学

该院来说将是交接的一年。2008年初,在北京航空航天大学的

生可以进入北航中法工程师学院3年制的工程师阶段教学计划

历史区域中心,将有一座8000平米翻修一新的教学楼专供未来

学习。该阶段还包含实习和设计,学生第一次技工/职员的实习

6届工程师学生使用。除工业企业合作伙伴和学校本身的财政

将于2008年夏季进行。

外,北航中法工程师学院是得到法、中两国政府以及特别合作

像在法国一样,向学生们建议实习、项目和讲座的企业是北航中

伙伴——Bru基金会共同支持的一个项目。

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L’entreprise

Le commerce des nuances Lauréat du prix PME de la Chambre de commerce, Pébéo fabrique des peintures pour les artistes, professionnels et amateurs. Depuis cinq ans, cette entreprise familiale possède une usine en Chine et vend ses tubes de couleurs dans tout le pays.

D

ans un pays où même le noir est une couleur, Pébéo pouvait espérer que les centaines de nuances déclinées par ses gammes de peinture ne laisseraient pas indifférent l’œil des artistes chinois. C’est d’ailleurs en étant au plus près des peintres que l’entreprise a grandi en Chine, comme l’avait fait la société familiale à Marseille, au début du XXe siècle. « Quand nous sommes arrivés, il y a cinq ans, la question était de savoir comment se faire connaître. Nous avons choisi le contact direct avec les artistes et le bouche-à-oreille, explique Guillaume Lefébure, directeur de la filiale chinoise. » Pour catalyser cette alchimie, l’entreprise a ouvert à Shanghai un espace d’exposition où le public peut barbouiller quelques toiles avec les produits de la marque et découvrir ainsi de nouvelles couleurs et de nouvelles textures. « Les artistes et les étudiants des beaux-arts avaient l’habitude de travailler avec des produits de médiocre qualité, nous voulons leur apporter des peintures haut de gamme et 24  Connexions

© DR

Pébéo

des nuances nouvelles, explique le directeur. » La recherche de nouveaux produits est une des priorités de l’entreprise, trois personnes s’y consacrent en Chine, pour trouver de nouvelles teintes pour tous les supports : toile, verre, céramique ou textile. Dans certains domaines, les artistes chinois ont apporté leur propre culture chromatique : « Nous avons reçu beaucoup de commentaires sur le noir et nous avons dû nous adapter aux exigences chinoises, raconte Guillaume Lefébure ». Rester à l’écoute des créateurs, c’était déjà le mot d’ordre du fondateur de l’entreprise, Claudius Chaveau, chimiste entouré de peintres dans la Provence du début du XXe siècle. L’heureux mariage entre la science, l’industrie et l’art se perpétue jusque dans l’usine de Kunshan, dans la province du Jiangsu, qui, comme dans celle de Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône, fait cohabiter les pigments multicolores dans les cuves et les tableaux sur les murs. Avec cette stratégie, Pébéo a mis sa peinture aux couleurs chinoises et ses tubes sont maintenant vendus dans 45 magasins spécialisés à travers le pays. L’ entreprise a inauguré cette année un deuxième espace de rencontre avec les peintres, à Dashanzi, le complexe industriel reconverti en centre d’art contemporain près de Pékin. Cependant, la Chine ne représente encore qu’un petit marché pour les couleurs Pébéo qui sont 30 à 50% plus chères que les produits locaux. En revanche, c’est une base de production importante pour l’entreprise française  : « notre investissement dans une usine en Chine nous a permis de conquérir de nouveaux marchés émergeants avec des prix compétitifs et de rester performants sur des produits d’entrée de gamme dans les autres zones, expli-


que Guillaume Lefébure. » Aujourd’hui, la France représente encore 40% des ventes de l’entreprise, mais la demande stagne sur le Vieux Continent alors qu’elle progresse fortement au Moyen-Orient, en Amérique Latine et en Asie. Un dynamisme à l’image de la production de l’usine de Kunshan qui a été multipliée par dix en cinq ans. Les tubes

贝碧欧

de peinture seront bientôt à l’étroit dans les 7 000 mètres carrés du site industriel du Jiangsu où travaillent 150 personnes. Le prochain secteur de développement en Chine sera sans doute celui des peintures pour enfants quand l’entreprise aura trouvé la clé pour accéder au formidable réseau des établissements scolaires chinois. n Mathieu Baratier

色彩的贸易 今年获得中国法国工商会中小企业奖的贝碧欧公司是专为艺术家、专业及 业余绘画者生产颜料的公司。五年来,该家族企业在中国拥有一家工厂,并 向全国销售美术颜料。

黑色也被认为是一种颜色的国度,贝碧欧可以 相信以它生产几百种颜料系列的色彩很难让中 国艺术家的眼睛无动于衷。公司就是通过与画

家的频繁接触而在中国逐渐成长的,就像20世纪初公司在马赛 所做的那样。 “五年前当我们刚到中国的时候,最想知道的是如 何让客户了解我们。”中国分公司总经理雷吉说, “我们选择直 接和艺术家们接触,并通过他们再介绍给别的艺术家。”为了能 使产品产生影响,公司在上海开设了一家展厅,大家可以用贝碧 欧生产的颜料在画布上任意涂抹,从而发现新的颜色及搭配方 法。 “艺术家们和艺术院校的学生已经习惯用质量一般的颜料 作画,我们想为他们提供高品质和新色彩的颜料。” 雷吉说。 研制新产品是公司的首要任务之一,在中国有3名员工负责这项 工作,目的是在不同的绘画材质上,如画布、玻璃、陶瓷或织物 上寻找新色彩。在一些领域里,中国艺术家带来了他们自己的色 彩文化。 “我们听到了很多对黑色颜料的看法,我们必须适应 中国艺术家的要求。”

雷吉说道。 “倾听创作者的声音”这一

口号是公司创立者,20世纪初被画家们簇拥的法国普罗旺斯化 学家克劳迪斯.肖沃(Claudius  Chaveau)提出的。江苏昆山工厂 的建立,是科学、工业和艺术的完美结合,就像坐落在罗纳河口 Gémenos的工厂一样,昆山工厂里也是把颜料桶里各种色彩的 © DR

颜料和墙上的图画放在一起。贝碧欧就是利用这种战略,将它 生产的颜料与中国色彩相结合,并在全国的45家专卖店里销售。 今年,贝碧欧在北京大山子—由工业区改成的现代艺术中心开

求处于停滞状态,而在中东、拉美和亚洲的需求迅猛增加。昆山

辟了第二个与画家们交流的空间,因为它的颜料价格比本地的

工厂的生产在五年内增长了10倍,呈现出欣欣向荣的景象。在

贵30%-50%,中国对贝碧欧来说只是一小块市场,但却是公司

位于江苏工业园区有150名员工的7000平米厂房里将很快因颜

重要的生产基地。雷吉说: “我们在中国的投资确保我们通过有

料的堆积而显得狭小。如果公司能够找到进入中国学校机构网

竞争力的价格赢得新的市场,并且在其它地区的低端产品领域

的办法,贝碧欧在中国的下一个发展领域无疑将是儿童绘画颜

回报率很高”。如今,法国市场仍占公司销售的40%。欧洲的需

料。。n Connexions 25


Chronique media Visite de Nicolas Sarkozy

© DR

Sous le sceau Par Renaud de Spens, service de presse de l’ambassade de France

La presse chinoise a consacré plus de 922 articles à la visite du président de la République, une couverture inégalée pour un chef de l’Etat français. Trois « unes » consécutives dans la presse d’Etat Le Quotidien du Peuple a consacré plusieurs articles de « une » à la visite du chef de l’Etat. L’organe du Parti cite le président lors de son allocution devant des PME, pour qui « les relations politiques entre nos deux pays sont « intimes » (hen jinmi), et les relations commerciales « particulièrement dynamiques » (chongman huoli). Nicolas Sarkozy « se félicite du rôle constructif de la Chine sur la scène internationale, notamment ses efforts positifs sur la question de la Corée du Nord et du Darfour ». La presse rappelle que « la Chine veut travailler avec la France dans quatre domaines pour écrire ensemble un nouveau chapitre de leurs relations : il faut approfondir encore les relations politiques, renforcer la coopération dans le domaine multilatéral, élargir le champs de la coopération économique, notamment dans le nucléaire, l’aéronautique et le ferroviaire, et poursuivre sur la voie des échanges humains, dans les domaines de la culture, de l’éducation, des techniques ou du tourisme ». Autre aspect politique essentiel, la presse officielle titre en « une » que lors du point de presse conjoint, « le président Sarkozy a déclaré que la France était opposée à l’indépendance de Taiwan et au referendum sur son adhésion à l’ONU ». La France et Nicolas Sarkozy passionnent la presse populaire Trois détails de la visite plaisent particulièrement à la presse et sont relevés très fréquemment. D’abord, Nicolas Sarkozy a employé le terme « harmonieux » dans son interview à l’agence Chine Nouvelle. Il s’agit en effet du mot-clé de la communication du programme politique du président Hu Jintao. Ensuite, comme l’avait déjà fait remarquer l’ambassadeur de Chine en France Zhao Jinjun, le chef de l’Etat français passe trois jours en Chine, ce qui en fait la plus longue durée de ses voyages officiels (il n’était resté que 25 heures aux Etats- Unis), et cela juste six mois après son arrivée au pouvoir, alors que ses prédécesseurs avaient attendu deux ans. Enfin, en choisissant de commencer sa visite par Xi’an, Nicolas Sarkozy, non content de se placer dans les pas de Jacques Chirac, fort apprécié en Chine, montre qu’il est aussi intéressé par la culture chinoise, et pas seulement par les échanges économiques. Pour le Beijing News, grand quotidien de Pékin tirant officiellement à plus de 500 000 exemplaires, la relation bilatérale privilégiée est une « opportunité pour la Chine et pour le monde ». Par son discours et ses attitudes, tous ses « comportements positifs », Nicolas Sarkozy montre que la France n’est pas comme les autres pays qui jouent la « diplomatie des valeurs ». Il est ainsi clairement fait référence à la

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de l’intimité nouvelle diplomatie allemande, qui entend rééquilibrer ses échanges en Asie au profit des pays qui lui sont plus proches sur le plan des valeurs. Dans un article de « une », le Global Times (quotidien d’information internationale appartenant au groupe du Quotidien du Peuple) appelle ainsi « à donner à la France la place de l’Allemagne dans le domaine des échanges économiques ». L’intervention à Qinhua, point d’orgue de la visite Le discours présidentiel à l’université de Qinghua a été diffusé en direct sur le site de China.org et repris par une dizaine de grands sites d’informations et le site de l’ambassade de France. Plus de 60 000 internautes l’ont visionné simultanément, et le site a enregistré plus de 2 millions de clicks pendant la journée, une affluence exceptionnelle. Le journal populaire du soir Beijing Wanbao a rapporté le discours avec un titre audacieux  : « Discours de Sarkozy à Qinghua sur les changements climatiques. Il souhaite que les jeunes Chinois convainquent les hommes politiques de prendre des actions pour la défense de l’environnement ». Cela fait écho à la constitution, ces dernières années, à l’embryon d’une société civile dans le domaine de l’environnement. De même, on peut noter que les droits de l’Homme ont été évoqués dans près de 23 articles, sous un angle « constructif » et « amical ». Raz-de-marée Internet L’information a tenu les premières lignes de « unes » des grands portails Internet chinois du 25 au 28 novembre, en avance sur la presse écrite. Ceux-ci, que cela soit Sina, Sohu, ou Yahoo, revendiquent jusqu’à 50 millions de visites par jour. Plus encore que les autres media, Internet permet une grande liberté de choix dans les titres d’articles, qui sont modifiés selon les goûts des rédacteurs des portails. On trouve ainsi non seulement des formules destinées à montrer le caractère de Nicolas Sarkozy « brisant le mur de gardes du corps pour aller serrer les mains de touristes », mais aussi pour témoigner de l’attention particulière que lui accordent les autorités chinoises, « Hu Jintao reçoit à dîner aux chandelles la délégation présidentielle française ». Les Chinois attendaient cette visite avec une pointe d’inquiétude : Nicolas Sarkozy allait-il remettre en cause la politique initiée par Jacques Chirac, allait-il se ranger dans le camp des sinosceptiques, à l’image de la chancelière allemande ? Mieux que les rassurer, Nicolas Sarkozy a surfé sur l’attachement de l’opinion publique chinoise à la France pour les enthousiasmer. Comme le conclut l’influent Quotidien de la Jeunesse Chinoise, la visite de Nicolas Sarkozy a inauguré le règne de la « diplomatie stable ». A travers ses lignes, on ressent l’inquiétude des Chinois face à un monde en mouvement, et l’on comprend que la continuité de la relation avec la France, malgré les aléas de l’alternance démocratique, leur donne un point de repère et une raison de faire confiance aux nations libérales. n

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Chronique du Net

Sexe, censure et vidéo Par Mathieu Baratier, responsable des publications, CCIFC

Le dernier film de Ang Lee fait un tabac sur le net, pas seulement pour les scènes censurées qu’on y trouve, mais surtout parce que « Lust/Cautious » remet en cause certains clichés de l’histoire chinoise.

L

C CIF ©C

es internautes chinois aiment le cinéma. D’ailleurs, proche même au réalisateur d’avoir choisi la star de Hong Internet a pour beaucoup d’entre eux remplacé les Kong Tony Leung pour tenir le rôle du « méchant » : « il est salles obscures, lointaines, chères et avec un choix litrop beau et élégant pour incarner un traître », se lamente mité. Et si un film a fait chauffer la bande passante au cours la blogueuse. Le débat est d’autant plus passionné que le des dernières semaines de l’année 2007, c’est bien « Lust/ film est l’adaptation d’un roman lui-même inspiré d’une Cautious ». Le scénario se base sur l’histoire d’amour Selon histoire vraie. Sur le site de la Tribu 1510 s’organise le entre un Chinois vendu à l’occupant japonais et contre-feu pour défendre « Lust/Cautious ». Un la vision l’espionne du Parti Nationaliste, chargée de admirateur de Ang Lee s’y indigne du siml’assassiner, dans le Shanghai des années plisme de Yan Yanwen pour qui « les héros officielle, un héros 40. « Lust/Cautious » a connu un beau doivent être beaux, ne pas boire d’alcool succès dans les salles chinoises. Sur le doit être beau, ne pas boire et ne pas tromper leur femme alors que net, il a eu l’effet d’un tsunami. Dans un les traîtres sont nécessairement des d’alcool et ne pas tromper sa premier temps, l’odeur du stupre et de gnomes affublés d’une tête de souris ». la censure aura appâté les internautes. femme alors qu’un traître est Le débat tourne autour d’une question Avec, en plus, la guerre anti-japonaise éthique : comment distinguer les bons nécessairement un gnome des méchants ? « Ce film remet en cause en toile de fond, le cocktail ne pouvait que provoquer de furieuses empoignales codes de notre éducation commuaffublé d’une tête de des sur les blogs. Ce qui n’a pas manqué. niste », reconnaît un internaute qui se sousouris Curieusement, les internautes se sont peu vient des modèles de sa jeunesse comme le intéressés à la polémique liée aux scènes de sexe, brave soldat Lei Feng. Sur son blog, hébergé par Sina, censurées dans les salles mais largement disponibles sur Qiu Liben tranche lui aussi en faveur de Ang Lee qui a su la toile. C’est bien la portée politique du film qui a généré saisir le « sens de la tragédie des Chinois ». « Cette vision de le plus de kilo-octets de l’histoire est plus compliquée que celle commentaire et du Parti Communiste et divisé le web en des Taiwanais, se félideux camps. Cecite Qiu Liben. C’est lui des pourfennouveau pour le deurs du film est public chinois ». galvanisé par la verve Tout ce tumulte a de l’écrivain-historienne attiré l’attention de l’inYan Yanwen qui lance, depuis fatigable chroniqueur de son blog, de violentes diatribes. Une la vie du net qu’est Wang Xiaofeng. de ces attaques, intitulée « Pollution éroMais le journaliste-blogueur n’est pas tique : Ang Lee doit s’excuser devant les cinéphile et il a fini par jeter l’éponge Chinois », a mis le feu aux poudres et enaprès avoir tenté de télécharger quaregistre plus de cent pages de réactions tre fois le film, sans jamais tomber sur (souvent positives) un mois après avoir la bonne version. Car de nombreux été « posté ». Pour l’auteur, ce film salit la films d’amateurs se présentent démémoire de la résistance anti-japonaise sormais sous le nom de « Lust/ en osant envisager qu’une courageuse Cautious » pour espérer profiter patriote puisse tomber amoureuse de son extraordinaire populad’un affreux collaborateur. Elle rerité sur la toile. n 28 Connexions



Chroniques juridiques Les nouvelles règles d’application de l’ impôt sur les sociétés

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Par Virginie Deslandres, avocat, cabinet Norton Rose LLP

Un premier règlement d’application de la Loi sur l’impôt des sociétés a été adopté le 6 décembre 2007. En vigueur depuis le 1er janvier 2008, ce règlement clarifie certains des nouveaux concepts introduits par la Loi sur l’impôt des sociétés promulguée en mars dernier.

Résidence fiscale Le règlement définit la notion de «centre de gestion effectif», l’un des critères permettant de déterminer la résidence fiscale d’une entreprise. La gestion par une société établie en Chine de la production, des ressources humaines, de la comptabilité et des actifs d’une «entreprise» aura pour effet de qualifier cette entreprise de résident fiscal chinois. Traitements préférentiels Le règlement précise la nature de certains traitements préférentiels et leurs critères d’applicabilité. Afin de se qualifier à titre «d’entreprise de haute technologie supportée par l’État» et de bénéficier d’un taux d’imposition réduit de 15%, l’entreprise doit satisfaire une série de conditions, telles que: «posséder souverainement» les droits de propriété intellectuelle «clés» pour son activité ; remplir certains critères quantitatifs en relation avec les revenus dérivés de produits technologiques, les dépenses en R&D et le nombre d’employés qualifiés et satisfaire les conditions règlementaires de qualification des entreprises de haute technologie.

utile d’un actif ne peut être réduite de plus de 40% de sa durée de vie statutaire (par exemple, la période minimale de dépréciation accélérée pour les aéronefs est de six ans). Notons que le règlement fixe à trois ans la durée de vie utile des équipements électroniques (comparativement à cinq ans sous la législation antérieure). Imposition des revenus passifs Le règlement réduit de 20% à 10% le taux de retenue à la source applicable aux gains en capitaux et revenus passifs (intérêts, royalties, dividendes, etc.) payés à une entreprise nonrésidente fiscale ne possédant pas d’établissement stable ou de centre d’affaires en Chine ou une entreprise non-résidente fiscale possédant un établissement stable ou un centre d’affaires en Chine si ce revenu n’est pas «lié à cet établissement stable ou ce centre d’affaires ».

“La gestion en Chine de la production, des ressources humaines, de la comptabilité et des actifs aura pour effet de qualifier l’entreprise de résident fiscal”

Dépréciation accélérée Le règlement limite la possibilité d’accélérer la dépréciation des actifs devant être remplacés en raison d’avancées technologiques et des actifs exposés à certaines conditions spécifiques de détérioration. La durée de vie

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Questions en suspens Le règlement laisse plusieurs questions en suspens, en particulier, les conditions règlementaires de qualification des entreprises de haute technologie devraient être révisées prochainement. Par le passé, ces règlements étaient adoptés par les législatures provinciales. Devraient également être adoptées prochainement : les règles précisant la fiscalité applicable aux réorganisations d’entreprises, les mesures transitoires clarifiant les principes généraux déjà énoncés dans la loi et les règles d’application des mesures anti-évasion introduites dans la loi. n


Investissements étrangers : les nouvelles priorités du gouvernement

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Par Olivia Luzi, Avocat au Barreau de Paris, cabinet Salans (Shanghai)

Le catalogue des investissements étrangers en Chine, publié par la Commission Nationale pour le Développement et la Réforme et le Ministère du Commerce chinois, a été mis à jour le 1er décembre 2007.

C

e catalogue distingue les activités qui sont encouragées, restreintes ou interdites aux investisseurs étrangers en Chine. Les activités restreintes et certaines activités encouragées sont soumises à des limitations sur la forme d’investissement (entreprise à capitaux mixtes – EJV, joint-venture contractuelle – CJV), le seuil de participation étrangère (PE) au sein du capital d’une société ou le contrôle effectif au sein de celle-ci. Les nouvelles orientations de la politique économique chinoise à l’égard des investissements étrangers sont les suivantes : Activités encouragées La Chine a précisé les activités encouragées dans une liste relativement longue. Il s’agit principalement de la fabrication de produits à forte valeur ajoutée technologique et pour lesquels la Chine ne dispose pas encore de l’expérience, des ressources ou capacités de production suf fisantes. Certains équipements ne sont encouragés que pour autant qu’ils atteignent ou dépassent certains seuils qualitatifs ou quantitatifs (capacité de production, poids, degré de précision etc.). Sont favorisées ainsi les technologies de précision, la production de nouvelles générations de circuits intégrés, d’équipements réseaux, de téléphones mobiles de 3e génération et autres produits high-tech. Dans un souci de protection de l’environnement, les systèmes de traitement des eaux usées, de même que les outils de contrôle de pollution (air, eau) sont (entre autres) favorisés. Dans les transports, le développement de ligne ferroviaire grande vitesse figure parmi les activités encouragées. En matière de services, les centres d’appels (call center), activités de maintenance et support informatiques, développements

de logiciels et l’outsourcing de certaines fonctions ou activités (Business Process Outsourcing) sont désormais officiellement encouragées. Activités restreintes Les restrictions du catalogue visent toujours le secteur des télécoms (PE<49 ou 50%) et celui de la finance, notamment les sociétés de change, d’assurance-vie (PE<50%), de courtage (PE<1/3) ou opérant sur les marchés à terme (contrôle chinois requis). Sont aussi visées les agences de rating et d’investigations. Le secteur immobilier (marché secondaire, agent immobilier) est également affecté. Dans la distribution, il faudra s’attendre à de nouvelles restrictions (contrôle chinois requis) pour les chaînes de magasins engagées dans le commerce de certains produits de première nécessité (céréales, coton, huile, sucre, tabac, médicaments notamment). Les sociétés de divertissement doivent prendre la forme d’EJV ou CJV et la production de programmes TV ou radio ou de films ne peut se faire que sous forme de CJV. Activités interdites La liste d’activités interdites dans le secteur de la culture et du divertissement se trouve rallongée et vise en particulier les chaînes radio ou TV, la diffusion d’actualités (quel que soit le support), la production de programmes radio, TV ou de films, les services de diffusion audiovisuelle en ligne (IPTV par exemple), les Internet Café, etc. Souhaitant sans doute bénéficier de l’engouement des chinois pour le golf, la construction de terrains et la gestion de clubs de golf sont interdites aux investisseurs étrangers. n

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DOSSIER : Internet

Internet made in Internet en Chine représente déjà un marché tangible et fédère une communauté d’usagers et de consommateurs qui est sortie de la marginalité avec plus de 170 millions de membres. Ces derniers sont surtout des jeunes - 70% ont moins de 30 ans - qui s’adonnent à des activités ludiques et communautaires. Pour les Chinois, Internet est non seulement un moyen de s’informer, de se mettre en scène et de communiquer, mais aussi un espace de distraction et de création de nouveaux liens sociaux. Si le commerce en ligne est encore peu développé, Internet représente pour les annonceurs un puissant outil de communication pour cibler des consommateurs au sein du vaste marché chinois. A côté de la publicité et du commerce en ligne, les acteurs du net chinois tablent aussi sur les services de téléphonie mobile et sur les jeux en réseau pour générer des revenus. 32  Connexions

© Imagine China

互 联 网 : 中 国 制 造


China ‡

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Dossier Internet made in China

Et si l’avenir du net se décidait en Chine Par Nicolas du Cray, directeur de projet R&D, OrangeLabs Pékin

La Chine s’affirme aujourd’hui comme un laboratoire de l’Internet où émergent les nouvelles pratiques et les business models du web mondial.

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bile et l’Internet restent fortement liés en Chine. En effet, relativement peu de Chinois possèdent un PC – on estime à 80 ou 100 millions le nombre de PC en Chine – alors que plus de 500 millions de Chinois possèdent un téléphone portable. En conséquence, le mobile reste un moyen privilégié pour accéder au contenu du web. D’autre part, le mobile a permis la mise en place d’un modèle économique qui permet de monétiser et vendre le contenu de l’Internet: grâce à des services d’alerte SMS payants ou de téléchargement de sonneries, les portails Internet ont

réussi à compenser la faible performance de la vente de publicités sur Internet. En cette fin d’année 2007, le CNNIC1 indique qu’il y a environ 175 millions de Chinois qui se connectent au moins une fois par mois au web. La Chine est devenue la deuxième population mondiale d’internautes, après les États-Unis, et c’est une population jeune : 70% des internautes chinois ont moins de 30 ans. Néanmoins, le taux de pénétration reste faible, car seulement 13% environ de la population a aujourd’hui accès au web. Le café Internet est prépondérant com-

Xu Jinglei Championne du monde de blogging

© DR

L’

histoire de l’Internet chinois commence en 1994 lorsque la Chine est connectée pour la première fois au réseau Internet mondial. Cependant l’usage de l’Internet reste marginal en Chine jusqu’à la fin des années 90. A la fin 1999, seulement 4 millions de chinois avaient accès au web, principalement via les réseaux universitaires. La fin des années 90 a vu l’apparition des grands portails généralistes chinois. Sina, Sohu, 163.com (Netease) sont rapidement devenus les points de ralliement des internautes chinois, qui pouvaient y trouver une information différente des médias traditionnels, fortement contrôlés par le gouvernement. Sina, par exemple, est devenu la source d’informations privilégiée d’une génération d’internautes, en mettant en place ses propres équipes de journalistes. Au début des années 2000, le démarrage de l’Internet en Chine – 33.7 millions d’internautes fin 2001 – coïncide avec l’explosion de la bulle Internet aux États-Unis. Celleci a eu un impact fort sur ses grands portails, entre-temps entrés au Nasdaq, qui ont vu leurs cours de bourse s’effondrer. Peu rentables, ils ont dû trouver d’autres moyens de générer du revenu, et c’est le mobile qui les a sauvés. À partir de 2001, les grands portails se sont tous mis à vendre des services d’information sur le téléphone portable, en partenariat avec les opérateurs mobiles China Mobile et China Unicom. Depuis ce jour, le mo-

Xu Jinglei était déjà une vedette du petit écran quand elle a ouvert son blog sur le portail Sina en 2005. Depuis, elle a aussi été consacrée dans le monde virtuel. En un peu plus de deux ans, la page personnelle de Lao Xu a reçu 130 millions de

visites, un record du monde pour un blog (selon le classement de Technocrati qui recense plus de 60 millions de blogs dans le monde). Pourtant, l’actrice et réalisatrice n’y fait pas de révélation fracassante, elle y parle tout simplement de sa vie quotidienne entre deux avions, deux tournages et une multitude de projets. La jeune femme publie un à deux textes par jour et les internaute sont fans : certains veillent jusqu’au milieu de la nuit pour être les premiers à écrire un commentaire sur un nouveau « post » de Lao Xu. Chacun de ces textes provoque d’ailleurs plus d‘une centaine de réactions. Encouragée par ce succès, l’actrice a lancé son propre magazine en ligne.


Internet nombre d'internautres chinois (millions) 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 1998

1999

2000

2001

2002

2004

2005

2006

2007e

Le Petit Gros Héros du net malgré lui

Qian Zhijun a 16 ans en 2003 quand il participe a un exercice de sécurité routière avec son école. Son profeslégié pour se faire de nouveaux amis, s’exprimer et échanger, et même trouver l’âme sœur ! Les “mariages Internet”, où les deux personnes se sont rencontrées en ligne, sont maintenant fréquents. Ce phénomène explique aussi le succès des services dits “web 2.0”, qui regroupe les services Internet

seur le photographie alors qu’il jette un regard de côté et le cliché se retrouve sur Internet. Deux ans plus tard, le visage de celui que les forums ont rebaptisé « le petit gros  » en raison de sa corpulence est devenu une icône du net chinois. A l’aide du logiciel Photoshop, les internautes ont mis sa figure de poupon dans des centaines de situations, plus cocasses les unes que les autres. Dans la peau de Marilyn Monroe ou d’Harry Potter, « le petit gros » est devenu une star courtisée par les medias sans avoir jamais rien demandé à personne. communautaires et interactifs, grâce auxquels les internautes deviennent “consom-acteurs” en ayant la possibilité d’agréger, classifier et partager leurs photos, leurs vidéos, leurs opinions, via les blogs, les réseaux sociaux, etc… en utilisant des interfaces simples et agréables3. Selon une étude de McKinInternet subs split by access souce: MII

online ga me reve nue 100

90

84.760

84.4

80

80

60

62.547

50 42.9

40

30.7

30 20 10

m illio n

70 mln USD

2003

© DR

me mode d’accès au web. On estime que 40% des internautes se connectent depuis les cafés Internet, qui sont très bon marché. Ceux-ci sont des endroits propices aux jeux en ligne et en réseau, dont les jeunes Chinois raffolent. En effet, en Chine, l’Internet est principalement utilisé pour se divertir, à la différence des pays occidentaux où on l’utilise plutôt pour accéder à l’information ou pour faire des achats. Les jeunes Chinois passent énormément de temps sur Internet pour regarder des vidéos, discuter par messagerie instantanée, lire les derniers potins de stars, laisser des commentaires dans les forums, et interagir avec les autres internautes au sein des nombreuses communautés en ligne disponibles. Une enquête récente de deux sociétés américaines, AIC et JWT, montre la place que l’Internet a prise dans la vie des jeunes Chinois. Selon cette étude2, les jeunes Chinois considèrent le web comme un espace privilégié pour partager leurs pensées et émotions. C’est aussi un lieu d’apprentissage où les adolescents apprennent à mieux se connaître à travers les différentes identités qu’ils maintiennent en ligne. L’Internet est primordial dans la vie des jeunes internautes : un quart d’entre eux prétendent ne pas pouvoir se passer d’Internet pendant plus de deux jours. Internet est aussi un lieu d’expression. Les trois-quarts des personnes interrogées prétendent surfer sur Internet afin de partager leurs opinions. Comme de très nombreux jeunes Chinois n’ont ni frère ni sœur en raison de la politique de l’enfant unique, l’Internet est un endroit privi-

64.415

60 40 20.277 20 0

0 Q1 2005

Q2 2005

Q3 2005

Q4 2005

The9

Q1 2006 Shanda

Q2 2006

Q3 2006 Netease

Q4 2006

Q1 2007 Tencent

Q2 2007

Q3 2007

Oct- Nov- Dec- Jan- Feb- Mar- Apr- May- Jun- Jul- Aug- Sep- Oct06 06 06 07 07 07 07 07 07 07 07 07 07 broadband

dial-up

Internet subs in total

Connexions 35


Dossier

36  Connexions

Sister Lotus La diva du net chinois

© Imagine China

Apparue sur les forums et les blogs au début de l’année 2005, sa popularité s’est vite répandue pour déborder dans les medias tradition-

nels. Les photos de cette étudiante adoptant des poses lascives et provocatrices ont fait le tour du net et déclenché l’hilarité des internautes chinois. La jeune fille, originaire du Shaanxi, affirme sans complexe que sa simple présence provoque des saignements de nez chez la gente masculine. Ce mélange de morgue et de naïveté a fait son succès auprès des internautes. Après avoir couru les plateaux de télévision, la Grande Sœur Lotus cherche à transformer son succès dans le monde virtuel en perspectives de carrière, elle rêve désormais d’être comédienne ou, pourquoi pas, chanteuse.

Yang Chengang Il connaît la musique

© Imagine China

sey appelée “Country 2.0” qui compare le taux de pénétration des services web 2.0 dans différents pays, la Chine est en avance par rapport à l’Europe et à l’Amérique du Nord pour l’usage des services de réseaux sociaux, des services liés à l’intelligence collective (encyclopédies rédigées par les utilisateurs, services de question/réponse, etc...), et des réseaux peer-to-peer. La télévision Internet en peer-to-peer permet aux internautes de regarder plusieurs centaines de chaînes sur leur ordinateur, mais de manière interactive: ces services offrent la possibilité aux internautes d’interagir entre eux ou directement avec les émissions en votant par téléphone portable, ou via la messagerie instantanée. Ces services interactifs, liés à la télévision mais disponibles sur PC, permettent d’enrichir le contenu télévisuel, souvent de qualité médiocre, par des interactions riches et plus attrayantes pour les jeunes internautes. La société Tencent, basée à Shenzhen, répond ainsi parfaitement aux besoins et attentes des jeunes internautes chinois. A l’origine une société spécialisée dans la messagerie instantanée, avec son service QQ, Tencent est devenue une société phare de l’Internet chinois, à la fois opérateur d’un portail, QQ.com, numéro un chinois en terme de trafic, et qui a dépassé Sina en 2006, fournisseur de services mobiles (téléchargement de sonneries, de musique), de télévision en peer-to-peer sur Internet, de jeux en ligne, et de services Internet payants qui utilisent de la monnaie virtuelle, le « Q-coin ». Les fans de Tencent peuvent acquérir des « Q-coins » en achetant des cartes prépayées. Tencent offre aussi un certain nombre de services web 2.0 comme un service de blog, de partage de vidéos, de questions/réponses, etc... Les utilisateurs de Tencent se créent des avatars virtuels pour lesquels ils achètent accessoires et vêtements. Ces avatars les représentent au sein des différentes communautés virtuelles offertes, comme les sites de jeux ou les forums de discus-

Grâce à Internet, un professeur de guitare de la province du Hubei est devenu en quelques mois le chanteur le plus populaire de Chine. La mélodie de « Je t’aime comme la souris aime le riz » résonne dans tous les karaokés et des millions de sonneries de téléphones. Composée par Yang Chengang et mise sur Internet, cette chanson aurait sions. Ainsi, on observe que l’Internet chinois offre une gamme de services multimédia interactifs qui font converger le monde de l’Internet, de la télévision et du mobile. Ces services s’appuient sur des communautés jeunes et pour lesquelles l’Internet représente une part importante de leur vie. La taille du marché et la prépondérance de l’Internet pour les jeunes Chinois

été téléchargée 100 millions de fois par les internautes. Depuis 2005, ce succès fulgurant a bouleversé la vie du jeune professeur de musique. Yang Chengang a sorti son propre album et il travaille désormais pour l’opérateur de téléphonie mobile China Mobile. Il est chargé de faire la promotion de nouvelles musiques sur les téléphones portables. laisse penser qu’un certain nombre des services Internet du futur seront imaginés en Chine. Et si le prochain Google ou Facebook était chinois? n

China Internet Network Information Center, qui publie des statistiques bi-annuelles sur l’Internet chinois www.cnnic.cn 2 Étude menée sur Internet auprès de 1104 Chinois de 16 à 25 ans. Voir le site web d’IAC www.iac.com 3 Des sociétés typiques du web 2.0 sont par exemple Youtube (partage de vidéos), Wikipedia (encyclopédie rédigée collectivement), Flickr (partage de photos), les réseaux sociaux comme Myspace et Facebook, et les sites de blog comme Skyblog. 1


Internet 中国制造的互联网

或许互联网的未来取决于中国 虽然互联网的发展起步较晚,如今中国还是确立了其互联网实验室的 地位,世界互联网的新应用和商务模式从这里涌现出来。

国互联网的发 展 始 于

网吧 是 上网的主要方式 ,估 计有

络服务、集体智慧服务(由互联网使用者

1994年,那一年中国被首

40%的网民是通过价格低廉的网吧上网

编辑的百科全书,问题解答服务等)和点

次接入世界互联网。然而

的。这里是适合玩中国年轻人迷恋的网络

对点联网服务超过了欧洲和北美。点对点

直到上世纪90年代末,互联网的使用在

游戏或在线游戏的地方。实际上,互联网

网络电视使网民能够以交互方式在个人电

中国还很少见。1999年底,只有400万中

在中国主要用于娱乐,而不同于在西方国

脑上观看几百个频道:这些服务为网民之

国人可以上网——主要借助大学网络。上

家,人们使用互联网更多的是为了获取信

间的互动或通过手机短信、网上聊天室直

世纪90年代末,出现了中国几大综合性

息或购物。中国年轻人在网上花大量的时

接与电视节目的互动提供了可能。这些与

门户网站。新浪、搜狐和网易很快成为中

间看视频、聊天、阅读明星的最新八卦新

电视相联但可以在个人电脑上使用的服

国网民聚集的地方,他们在那里可以找到

闻、在论坛里参与评论,以及与众多在线

务,由于大量的互动,使质量往往一般的

不同于被政府严格监管的传统媒体的信

网络群体进行互动。美国两家公司 —AIC

电视节目有看头,更能吸引年轻网民。

息。例如,新浪利用自己的记者团队成为

和JWT的最新调查显示了互联网在中国年

在这一点上,深圳的腾讯公司极好地

一代网民的特别信息来源。2000年初,互

轻人生活中所占的位置。根据这项调查,

满足了中国年轻网民的需求和期望。腾讯

联网在中国启动,2001年末网民数量达到

中国年轻人认为网络是他们分享思想和

从原先专做网络聊天服务的公司,利用它

了3370万,与此同时,网络泡沫在美国破

感情的特有空间。

的QQ服务,成为中国互联网的领头羊,同

灭了。这给其间进入纳斯达克的大型网站

这里也是学习的地方,青少年借助他

时又是QQ.com网站的运营商。QQ.com在

造成了巨大冲击,他们看到自己股票的行

们在网上拥有的不同身份互相有了更多

2006年超过新浪,成为中国第一大营运

情暴跌;各网络公司几乎没有盈利,他们

的了解。互联网在年轻网民的生活中是至

网站。该公司还是手机服务(铃声、音乐

不得不找寻其他创收手段— —移动通讯

关重要的:他们中1/4的人认为没有网络

下载)、点对点网络电视和在线游戏的供

挽救了他们。从2001年起,大型网站开始

的时间不能超过两天。互联网还是表达

应商,并通过虚拟货币——Q币的使用提

与中国移动和中国联通合作,在移动电话

的地方。3/4被调查的人认为上网是为了

供有偿网络服务。腾讯网民通过购买预付

上销售信息服务。从这一天起,移动电话

交流看法。由于独生子女政策,很多中国

卡获取Q币。腾讯也提供一定数量的web

和网络在中国息息关联。因为只有少数中

年轻人都没有兄弟姐妹,互联网就成了一

2.0服务,例如博客服务、视频交流、问题

国人拥有个人电脑——估计在8000万到

个结识新朋友,表达和交流,甚至寻找知

解答等。腾讯的用户还自创网络虚拟角

1亿人— —然而5亿多中国人拥有移动电

己的特殊场所!两个异性在网络上认识

色,他们为虚拟角色购买服饰。这些虚拟

话。因此,手机成为获得互联网信息的特

而结成的网络婚姻,现在已经很普遍了。

形象在各种虚拟社区里代表用户,例如在

殊手段。另一方面,手机使互联网内容货

这种现象也说明了”web  2.0”服务的成

游戏的站点和论坛。

币化并可以销售的经济模式得以运行:得

功——将互联网的群体性和互动性服务

因此我们看到,中国互联网提供一系

益于短信息提醒服务或手机铃声下载,大

组合在一起;得益于这些服务,网民们变

列覆盖网络、电视和移动通讯领域的多

型网站成功弥补了网络广告销售的微弱业

成了消费行动者,他们能够利用一些简单

媒体交互服务。这些服务以年轻的群体

绩。今年底,中国互联网络信息中心指出,

悦目的界面,借助博客、社会网络等手段,

为基础,而对于这些年轻人,网络是他们

大约有1.75亿中国人至少每月上一次网。

添加、分类和分享他们的照片、视频及观

生活中重要的一部分。广阔的市场和网

中国成为继美国之后的世界第二大网民

点。

络对中国年轻人的主宰地位让我们相信,

群体,而且非常年轻:70%的中国网民不

根据 麦肯锡 公司所 作的名

未来的一些网络服务将会在中国诞生。

到30岁。然而上网比例依旧很低,因为只

为”Country 2.0”的调查,对比web 2.0服

或许下一个Google或Facebook就是中国

有13%的中国人现在可以入网。

务在不同国家的使用率,中国使用社会网

制造的?n Connexions 37


Dossier

Les incontournabl  Sites communautaires, portails généralistes, jeu en ligne, plate forme d’échange de films… dan s tous les domaines, les internautes chinois ont leurs références. Présentation de quelques Sina Crée en 1998, Sina est aujourd’hui le plus grand, le plus fréquenté, le plus connu des portails chinois. Avec 115 millions d’utilisateurs revendiqués, Sina est un poids lourd : plus de 55% des internautes chinois ont utilisé ses services l’an dernier. On trouve tout sur Sina : des blogs, des informations sur l’actualité, des vidéos, des enchères, de l’hébergement etc... L’entreprise est côtée au Nasdaq depuis l’an 2000. Selon les chiffres de 2004, Sina tire plus de 60% de ses revenus des services sur téléphone portable et environ 30% de la publicité en ligne. Un des fondateurs de cet empire, Wang Yan, a fait ses études de droit en France. Douban Lancé en mars 2005, Douban est un site communautaire pour échanger des commentaires personnels sur les livres, les films et les musiques. Le « pétale de haricot » a été le phénomène du web chinois en 2006, générant plus de 20 000 groupes de discussion sur son site - des plus classiques (les personnes nées dans les années 80) jusqu’aux carrément loufoques (l’Institut d’étude des gens anormaux). Douban se veut radicalement culturel, communautaire et très peu commercial. Shanda Avec 20% de part de marché, Shanda est le premier éditeur de jeux multijoueurs sur Internet en Chine, devant Netease et ZTGame. L’entreprise, crée en 1999, génère des revenus confortables et revendique plus de 450 millions d’utilisateurs de ses jeux. Shenda atteint aussi des records dans le nombre de joueurs connectés simultanément sur ses plate formes : 700 000 internautes peuvent ainsi se retrouver dans ses espaces virtuels en trois dimensions. 38  Connexions

Xiaonei Couleur, ergonomie, fonctions, c’est la copie conforme de Facebook, et, en Chine, le clone a plus de succès que l’original : Xiaonei revendique aujourd’hui plus de 8 millions d’utilisateurs. Le site a été crée un an après Facebook par des étudiants chinois. Ce n’est pas la seule copie du site américain : Yeejee et Faceren, pour ne citer que deux autres clones, se sont également lancés sur le créneau du réseau étudiants. Xiaonei a même été racheté et fusionné par un de ses concurrents chinois, 5Q, en 2006 alors que Yeejee serait sur le point de tomber dans l’escarcelle de MySpace. Et Facebook (le vrai) ? La star américaine des campus ne compterait en Chine que 100 000 utilisateurs enregistrés sur son site en anglais. Face à ce marché bouillonnant, Facebook se serait résigné à passer par l’acquisition d’un concurrent, Zhanzuo (7 millions de membres), pour, enfin, mettre un pied sur le marché chinois. Affaire à suivre.

Tianya Un site de forum très fréquenté. Tianya a été ouvert en 1999 et s’est fait connaître après avoir révélé plusieurs affaires retentissantes, la dernière en date concerne le scandale des ouvriers esclaves de la province du Shanxi en 2007. Le site communautaire ne s’intéresse pas qu’aux sujets sociaux, il a aussi été chargé de réaliser le site chinois de l’élection de Miss Monde 2007, organisée sur l’île de Hainan. Google a acheté une part du capital de Tianya Club en 2006.


Internet

e s du web chinois uns des sites incontournables du web chinois, un univers où les géants Américains de l’Internet do  ivent se contenter des seconds rôles. Xunlei Un  des s i t e s d’échanges PtoP l e s   p l us populaires du  web chinois qui  propose un logiciel de  téléchargement ultra-rapide,  80 millions d’internautes chinois l’utilisent. Avec Xunlei, tous les divertissements,

sous forme numérique, sont disponibles en ligne : beaucoup de films, de la musique, des jeux et des logiciels. En 2006, Google a pris une participation dans le capital de cette entreprise basée à Shenzhen.

Baidu Le premier moteur de recherche. de 3%) sans réussir à entamer la suAvec une page d’accueil et des prématie du Chinois sur ses terres. services qui rappellent fortement Depuis son introduction au Nasdaq en 2004 le prix Google, Baidu de l’action Baidomine largedu a été multiment le secteur plié par dix. Le des moteurs moteur chinois de recherche a même anen Chine avec noncé son arriplus de 60% vée imminente de part de sur le marché marché. Gooeuropéen. Dégle a d’ailleurs acheté puis revendu une participa- sormais, Google est le Baidu amétion dans le capital de Baidu (moins ricain et non plus l’inverse.

Sohu L’autre grand portail chinois, concurrent de Sina, en perte de vitesse même si l’adresse pointe encore en seconde position des

sites les plus fréquentés du web chinois. Sohu propose tous les services de l’Internet et l’entreprise est cotée au Nasdaq.

Netease Surtout connu pour être la maison mère du portail 163.com, Netease est sur tous les fronts des services Internet depuis 1997. L’entreprise a connu des hauts et des bas à l’image de son action sur le Nasdaq, suspendue puis côtée à nouveau, passant ensuite de 97 cents à 70 dollars. Ces dernières années, l’entreprise s’est résolument tournée vers le jeu en ligne pour accroître ses revenus. Le fondateur de Netease, Ding Lei, a été sacré l’homme le plus riche de Chine par le magazine Forbes en 2004. D’ailleurs, parmi les dix plus grosses fortunes du pays, il est, avec le Pdg de Shanda, un autre poids lourd du jeu en ligne, le seul issu du monde des technologies. Connexions 39


Dossier QQ

Le génie du net Impossible de parler de l’Internet en Chine sans évoquer la messagerie instantanée QQ de Tencent, une des plus belles réussites du web chinois, valorisée aujourd’hui à plusieurs milliards de dollars.

D

iplômé en sciences informatiques en 1993 à Shenzhen puis développeur logiciel dans les Télécoms, Ma Huateng rencontre la fée bonne fortune une première fois en s’enrichissant à la bourse. Il décide alors de monter sa propre compagnie avec des anciens camarades de l’université pour proposer un logiciel de messagerie instantanée gratuit et adapté au marché chinois. En 1998, Tencent voit le jour et le logiciel QQ, un des premiers du genre en Chine, est lancé l’année suivante. Il enregistre un succès fulgurant avec plus d’un million d’utilisateurs en quelques mois et 5 millions en avril 2000. « Au début, nous n’avions aucun business model et nous pensions même à revendre notre produit car nous savions que n’avions pas les bases financières suffisantes pour faire face à la croissance exponentielle des utilisateurs, explique un manager de l’entreprise ». Dès 1999, des poids lourds des télécoms commencent à s’intéresser au phénomène QQ et les premiers partenaires pointent leur nez. « C’était une bande de jeunes passionnés travaillant dans des bureaux de fortune mais débordant d’énergie et de créativité, même s’ils ne savaient absolument pas comment faire de l’argent avec leur logiciel ! » se souvient Shirley Yeung, une des premières à avoir investi dans 40  Connexions

«Une bande de jeunes passionnés travaillant dans des bureaux de fortune mais débordant d’énergie et de créativité, même s’ils ne savaient absolument pas comment faire de l’argent avec leur logiciel» Tencent pour le compte de l’opérateur hongkongais PCCW. Le vrai décollage intervient en 2001 avec l’injection de 35 millions de dollars apportés par le groupe sud-africain Naspers qui acquiert ainsi 50% de Tencent. Mais c’est surtout la signature la même année d’un partenariat avec China Mobile, pour renvoyer des messages Internet vers des téléphones portables, qui va lancer l’entreprise. En 2004, Tencent entre en bourse à Hong Kong où il lève plus de 200 millions de dollars, en

2007 la valorisation de l’entreprise voisine les 7 milliards de dollars ! Un succès très chinois Avec plus de 100 millions d’utilisateurs et 80% du marché local, QQ représente une réussite inégalée sur le marché Internet mondial, d’autant que le business model est très spécifique à la Chine. C’est en effet les services de personnalisation des avatars virtuels, transformés en véritables animaux de compagnie que l’on peut dorloter à


Internet souhait, et l’achat de biens virtuels du même genre (sonnerie de portable par exemple) qui ont fait la fortune de Monsieur Ma et de ses partenaires. A tel point que la monnaie virtuelle créée pour ces échanges, les « QQ coins », a

fini par faire naître des inquiétudes sur les marchés financiers locaux. La Banque Centrale de Chine a même publié un communiqué pour interdire l’achat de biens matériels avec ce genre de devises. Tout ceci n’empêche pas Ten-

cent de vouloir faire de QQ le portail communautaire intégré le plus important du web chinois, un objectif a priori atteignable pour ce mastodonte de la messagerie instantanée. Nicolas Sridi

Alibaba et Taobao

L’atelier du monde en ligne En novembre 2007, l’introduction en bourse du groupe Alibaba a permis de lever 1,5 milliard de dollars, un record. Alibaba gère une place de marché en ligne et contrôle le très populaire site de ventes aux enchères Taobao.

E

© Imagine China

n novembre dernier, la société plus de 4000 personnes et enregistre du marché chinois. Ainsi, il a su mettre chinoise de commerce en ligne plus de 24 millions d’utilisateurs pour au point une solution « alipayment » Alibaba faisait une entrée triom- ses sites de recherche chinois et inter- qui permet aux Chinois d’acheter à phale à la bourse de Hong Kong : dès nationaux. Alibaba a bâti son succès l’étranger, le site servant de caution en le premier jour de cotation son action en offrant aux petits industriels chinois l’absence d’une complète convertibigagnait plus de 190%. Pour son fon- un moyen d’écouler leurs produits en lité de la monnaie chinoise. De même, dateur, le charismatipour Taobao, Jack Ma que Jack Ma, ancien a su créer la confiance professeur d’anglais, en introduisant un c’est le couronnement système de notation d’une aventure démarréciproque du venrée huit ans plus tôt et deur et de l’acheteur, c’est aussi une manne pourvu d’un historique financière pour souteen ligne pour vérifier nir le développement la crédibilité de son ininternational de son terlocuteur. Dans une entreprise. Cette introinterview accordée en duction en bourse est février 2007 au Journal considérée comme la du Net, Jack Ma expliplus importante du Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, une des success story du web chinois quait que 27 000 sociésecteur Internet depuis tés françaises utilisaient celle de Google. Ma Yun, alias Jack Ma, Chine et à l’étranger. Le site donne Alibaba et se défendait d’avoir suivi est né en 1964 à Hangzhou, dans la accès gratuitement à un répertoire un modèle économique : « J’ai lancé province du Zhejiang. Il est aujourd’hui de fournisseurs et d’acheteurs. Les en- Alibaba en 1998 avec le rêve de faire à la tête d’un groupe qui comprend trées d’argent de la société viennent gagner de l’argent à des PME chinoises notamment le site Alibaba.com et d’un petit nombre de membres qui grâce à Internet. J’ai fait le pari que la ses deux plateformes BtoB, en anglais paient pour des services supplémen- croissance économique chinoise paset en chinois, contrôle Yahoo! Chine, taires. Les services offerts par la société serait par les PME privées et j’ai voulu acheté aux Américains en 2005 et Tao- vont d’une simple liste des produits à les aider à être plus performantes grâbao, le plus important site de ventes des vidéos de promotion, et incluent ce au e-commerce. Maintenant que aux enchères de Chine avec une part des inspections pour contrôler la qua- notre modèle économique est viable, de marché de 70 à 80% loin devant e- lité de la production. La société dé- nos revenus viennent principalement Bay, à qui il cherche à ravir la place de tient une part de marché de 69% dans des fournisseurs chinois qui nous numéro un mondial. Fleuron de cet le secteur de commerce en ligne en paient pour promouvoir leurs proempire, Alibaba est basé à Hangzhou, Chine. Le succès de Jack Ma s’explique duits auprès d’acheteurs étrangers. » près de Shanghai. L’entreprise emploie par sa capacité à s’adapter aux besoins Anne Garrigue Connexions 41


Dossier

Les jeunes Chinois ont adopté Internet avec enthousiasme. Dans les cafés internet du pays, ils se retrouvent pour jouer, regarder des films, afficher et partager leur passion avec d’autres internautes et créer ainsi de nouvelles communautés. Dans ce bouillonnement d’activités, l’éclosion de dizaines de millions de blogs témoigne du succès du net dans sa version participative et personnalisée. Un nouveau moyen d’expression qui doit cependant composer avec les mesures de contrôle adoptées en conséquence par des autorités chinoises toujours soucieuses de contrôler le contenu de l’information.

42  Connexions

© Imagine China

Pratiques et usages des internautes chinois


Internet cybercafé

Jeunesse sans dieu

c’est plus facile à cacher, et après tout je ne fais rien de mal, je ne reste que deux heures au maximum ». Sans plus attendre, le jeune lycéen se plonge avec délectation dans la dernière édition de World of Warcraft, un jeu qui fait des ravages en Chine, et dont Xiao Wang est un spécialiste. Il joue ainsi avec des adversaires à l’autre bout du monde, venus le défier grâce au réseau Internet. Malgré une réglementation précise, le café Internet ferme les yeux

sur l’entrée de lycéens qui n’ont pas atteint leur majorité alors que, selon la réglementation, l’accès à ce lieu leur est interdit. « On a le droit d’introduire un nombre limité de mineurs et on doit veiller à ce qu’ils ne restent pas trop longtemps devant l’ordinateur », explique le responsable de la salle, qui admet aussi que le contrôle est parfois difficile et que les règlements ne répondent pas aux exigences du marché. Un des camarades de

«J’utilise mon portable pour regarder des films avec ma copine, mais quand je veux jouer, je préfère le café Internet : l’accès est très rapide, les ordinateurs ne sont pas mal et l’ambiance est parfaite pour se concentrer »

© Imagine China

C’

est au fond d’une cour, bien camouflé par l’ambiance frénétique d’un marché de fruits et légumes, que le café Internet de Jiaodaokou, dans le centre de Pékin, accueille tous les jours des dizaines de surfeurs venus profiter des plaisirs du web. Agés pour la plupart de moins de 25 ans, les clients locaux fréquentent ce cybercafé pour y passer quelques heures de détente ou des journées entières entre jeux vidéo, messagerie instantanée et webtv. Xiao Wang est l’un de ces jeunes élevés au kilo-octet : dès la sortie du lycée, il se jette sur un des ordinateurs du café Internet pour retrouver ses amis en ligne. « Je viens ici à la sortie de l’école pour jouer aux jeux vidéos. Mes parents ne veulent pas que je pratique ce genre d’activité, c’est pour cela qu’on n’a pas d’ordinateur à la maison, explique Xiao Wang, mais si je viens ici juste après les cours, avant de rentrer,

© Anne-Severine Douard

Présent jusque dans les villages les plus reculés de Chine, le cybercafé est désormais un lieu social incontournable pour la jeunesse chinoise. Plongée dans l’univers d’un des cybercafés de la capitale à la découverte de sa faune juvénile et de ses habitudes.

Connexions 43


© Imagine China

Dossier

Le café Internet (ici dans la ville de Wuhan, province du Hubei) est un lieu de rendez-vous pour les adolescents.

Xiao Wang possède un ordinateur portable, mais c’est aussi un adepte des cybercafés. « Je me sers de mon portable pour regarder des films avec ma copine, mais quand je veux jouer, je préfère le café Internet  : ici l’accès est très rapide, les ordinateurs ne sont pas mal et l’ambiance est parfaite pour se concentrer, raconte ce garçon de 18 ans ». En effet, la salle semble être faite sur mesure pour ces

la plupart des hommes, la présence de femmes étant plutôt rare dans ce lieu public ouvert jour et nuit.

joueurs semi-professionnels : murs gris de fumée, couverts de toutes sortes d’affiches à l’effigie des héros du monde virtuel, absence totale de fenêtre pour rappeler l’existence du monde extérieur. Dans ce lieu à part, les uniques sources d’air frais sont de grands climatiseurs aux quatre coins de la pièce et la seule lumière est la lueur jaunâtre diffusée par quelques rares néons. Les utilisateurs sont pour

© Anne Severine Douard

« Sur QQ (messagerie instantanée) on peut se voir grâce à la webcam et ça coûte moins cher que le portable »

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Discussion galante et jeux de guerre Un jeune garçon de la province du Hebei vient dans ce cybercafé presque tous les jours car il a un rendez-vous quotidien pour parler en ligne avec sa petite amie qui est restée au village. « Je préfère parler sur QQ (messagerie instantanée) plutôt qu’au téléphone parce qu’on peut se voir grâce à la webcam et puis ça coûte moins cher que le portable », nous explique le jeune surfeur, alors qu’il alterne entre discussion avec sa douce moitié et une séance de World of Warcraft, décidément incontournable. Il passe en moyenne trois heures par jour dans ce cybercafé, ce qu’il estime être sain par rapport aux accros du web dont il a entendu parler dans la presse. « Le secret pour ne pas tomber dans la dépendance est de jouer tout en utilisant le réseau pour de bonnes raisons, comme le travail ou les communications, comme ça, une fois qu’on a


Dans un cybercafé de Pékin

© Anne Severine Douard

Internet fini les tâches utiles, il est assez facile de décrocher du jeu aussi », affirme-t-il avec certitude. Mais les internautes qui utilisent le net pour de « bonnes raisons » ne semblent pas être les plus nombreux. Il est, en fait, très rare d’apercevoir dans les cafés Internet des jeunes à la recherche d’informations ou bien en train de surfer sur les sites des journaux. En Chine, le cybercafé est principalement réservé au divertissement, un domaine sans censure et sans aucune implication « dangereuse   ». « Les journaux suffisent pour les informations, on n’a pas besoin d’en chercher plus sur Internet », tranche un jeune d’une vingtaine d’années, la manette de jeu dans une main, une cigarette dans l’autre. n Antonia Cimini

Café Internet : entre divertissement et contrôle Les cybercafés ont ouvert dans tout le pays et sont à l’origine de la pénétration d’Internet en Chine. contrôle des contenus se fait de manière automatique. Dans les cybercafés, la censure officielle règne sans complexe: les « policiers censeurs » surveillent chaque PC, et un système de limitation du temps ordonne aux ordinateurs de s’éteindre quand les utilisateurs s’attardent trop longtemps devant l’écran. Ce qui était apparu comme une oasis de liberté pour la nouvelle génération, reste strictement encadré par les autorités. L’administration a décidé de renforcer les critères d’obtention des licences pour les cafés Internet, allant jusqu’à ordonner qu’aucun nouvel établissement de ce type n’ouvre ses portes après l’année 2007. n Antonia Cimini © Imagine China

L

es internautes chinois ont plus volontiers recours aux cybercafés qu’aux ordinateurs personnels pour accéder à l’Internet. Cela est dû aussi bien à la faiblesse des moyens financiers pour l’achat d’un PC qu’à un manque d’accès aux lignes à haut débit dans les zones les plus isolées. Aux quatre coins de Chine, jusque dans les plus petites bourgades, on dénombre aujourd’hui plus de 130 000 Internet-cafés. Ils sont devenus de véritables lieux de rencontres pour les jeunes Chinois, à la recherche de divertissements, à toute heure du jour et de la nuit, à un prix abordable - aux alentours de La Chine compte130 000 cafés Internet 3 RMB de l’heure. Selon la réglementa- strict de la clientèle. Des caméras tion chinoise, de plus en plus restric- reliées au poste de police, sont instaltive envers le réseau mondial, ces cafés lées dans les salles et les employés ont le droit de rester ouverts 24 heures procèdent à la vérification des papiers sur 24, à condition de ne pas accepter d’identité de chaque client. La surveilde mineurs et de veiller au contrôle lance est assurée dès l’entrée, et le

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Dossier

© Anne Severine Douard

Traitement de choc pour les drogués de l’Internet

La Chine met en place un système para-militaire pour combattre la dépendance au web de ses jeunes.

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iffusion du web et addiction à l’Internet progressent à la même vitesse dans les rangs des utilisateurs chinois. Les autorités chinoises, qui considèrent cela comme une menace à l’intégrité des jeunes générations, sont prêtes à utiliser les méthodes les plus sévères pour combattre ce phénomène d’addiction qui toucherait plus de 2,3 millions de jeunes de moins de 18 ans qui utilisent les réseaux. Selon les experts, des psychologues de l’adolescence qui ont mis en place un système de traitement de la maladie dans des centres spécialisés, un véritable drogué de l’Internet y consacre plus de 10 heures par jour, sous forme de jeux en ligne, chat et messagerie instantanée. C’est à Daxing, au sud de Pékin, que le plus célèbre centre de traitement des addictions a été ouvert, il y a déjà plusieurs années. Cette clinique, placée sous la tutelle de l’armée, a choisi 46  Connexions

d’employer des méthodes militaires pour ramener les accros à la vie réelle: pendant un mois d’hospitalisation, la trentaine de jeunes en traitement vivent en communauté, suivent des

Pendant un mois d’hospitalisation, la trentaine de jeunes en traitement vivent en communauté, suivent des séances d’analyse psychologique, tout en participant à des entraînements militaires et en manipulant de vraies armes séances d’analyse psychologique, tout en participant à des entraînements militaires et en manipulant de vraies armes. Un traitement de choc pour leur rappeler que le monde des jeux vidéo n’est pas qu’une illusion. Au prix de 10000 RMB par traitement, la

réussite n’est pourtant pas assurée. Pour 30% des patients victime d’une forte dépendance au monde virtuel, il faut suivre une thérapie plus poussée avec la participation de toute la famille du malade. L’expérience est un succès, au point que des dizaines de nouvelles cliniques ont été ouvertes dans le reste du pays, de Shanghai à Canton. En dehors des traitements traditionnels, ces établissements, proposent des services à la carte, comme des cours d’été pour accros de jeux en ligne, une préparation psychologique à la rentrée scolaire, des analyses psychologiques pour les parents, et des séances d’électrochocs basées sur d’improbables méthodes venues de l’étranger. Les tarifs s’affichent bien audessus des moyens de la majorité des familles, mais sauver l’avenir de son enfant unique n’a pas de prix. n

AC



Dossier

La voiture comme deuxième famille L’exemple des « car clubs » permet de comprendre comment se crée une communauté sur Internet. Pour en être membre, il faut et il suffit d’avoir la même voiture.

L

a femme de monsieur Wu, vivant à Nankin, était gravement malade. Alertés par le site de leur « car club », les membres du réseau ont financé son hospitalisation à Pékin et sont venus la chercher en cortège. Cette manifestation de solidarité est une des facettes d’un phénomène du net chinois: les « car clubs ». Fondés par des conducteurs - surtout pas par les vendeurs qui ont tout juste le droit de placer des publicités - les « car clubs   » n’ont qu’une exigence pour accepter un membre : qu’il soit propriétaire d’un certain modèle de voiture. C’est le gage d’authenticité de la démarche, explique Shang Dan, auteur d’une étude sur le sujet, qui dénombrait 79 « car clubs » à Pékin en septembre 2007, parmi lesquels ceux de la Peugeot 307 (petit lion), de la Camry (kaikai), de la Nissan Tiida (dada), de la Polo (ananas), de l’Audi 4 (petite audi), de la Focus (petit Fu), etc… Selon les chiffres des autorités municipales de Pékin, la moitié des propriétaires de voitures à Pékin aurait participé à un forum de « car club », en passe de devenir une des communautés on line les plus influentes de Chine. C’est à elles, par exemple, que la municipalité de Pékin s’est adressé pour mieux organiser les jours sans voiture. Si les forums

sont ouverts, pour devenir membre à voyages. » Ces activités off line ont part entière, la règle est de participer un nom qui en dit long : fubai (FB), régulièrement à des activités off line, qui signifie ailleurs « corruption », car ces clubs fonctionnent aussi dans wining and dining. « Les membres la vie réelle. L’enquête de Shang Dan du club dépensent leur argent dans montre que les membres d’un car les bars mais aussi pour des activités club partagent des charitables, précise valeurs bien au-delà toutefois Shang Dan, de l’achat d’une voiqui ajoute que les obture. Ils éprouvent les jectifs d’une adhésion uns pour les autres, sont multiples : mieux disent-ils, une amitié choisir et connaître « authentique », parce sa voiture, dévelopque non liée à des inper des loisirs, profiter térêts personnels dans d’avantages pratiques, un monde compétitif. mais aussi tout simpleIls comparent souvent ment échanger des hule fonctionnement meurs. Le « car club » d’un club à celui peut être au quotidien Le site du car club de Sina, un d’une danwei ou d’un des plus populaires du web un moyen de s’orienter zuzhi, ces groupes chinois. dans la ville, de partagqui, naguère, prenaient entièrement er découvertes et conseils. A noter que en charge la vie des Chinois. Nom- récemment des « car clubs » ont chanbreux sont les Chinois, à qui ce sen- gé de principe et s’organisent autour timent d’appartenance  manque. de classe d’âge ou de genre - « l’armée « J’entends souvent des membres de 60 » (liulingbudui) sur sohu.com qui recar club me dire: finalement j’ai trou- groupe les Chinois nés dans les années vé mon zuzhi », explique Shang Dan, 60 ou « la moitié du ciel » qui réunit pour qui ce lien est véritablement exclusivement des conductrices. Mais profond. « Beaucoup de membres, la règle d’or n’a pas changé : il faut être dès le réveil, vont sur le site de leur propriétaire d’un véhicule ou le devenir car club. Très souvent, des rencon- rapidement. n tres au restaurant s’improvisent, des Anne Garrigue

汽车就像第二个家 “车友俱乐部”的例子让人明白如何在网上建立群体。为了成为它的 成员,必须和只要拥有一辆一模一样的车。 生活在南京的吴 先生的妻子曾生

团结的表现,是中国网络现象的一个缩

项要求,就是会员必须是某一车型的车

重病,在他们加入的“车友俱乐部”网

影。 “车友俱乐部”由驾驶员组成,而不

主。

站发出告示后,网络成员自发资助她到

是由那些有权 发 放 广告的销售人员组

北京住院就医,并结队为她送行。这种

成。 “车友俱乐部”对会员入会只有一

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“这是活动权威性的保证

”,对车

友俱乐部进行调查的尚丹(音译)说,该


Internet 调查指出2 0 0 7年9月北京拥有7 9家汽

们互相感受到竞争世界里与个人利益无

善活动捐款。尚丹解释 说: “入会的目

车俱乐部,其中包括标致3 0 7,丰田凯

关的“真正的”友谊。他们常将 俱乐部

的是多方面的:更 好的选择 和认识汽

美瑞,

的作用和一个“单位

”或“组织”作比

车,开展休闲活动,参加更多的活动,

福克斯等汽车俱乐部。根据北京市政府

较,后者并没有全部承担起中国人的生

或仅仅是为了调整一下心情。”汽车俱

提供的数据,在北京有一半的车主加入

活,许多中国人感到没有归属感。 “我

乐部在日常生活中可能就是在城市里引

了“车友俱乐部”的论 坛,并成为在国

常听到车友俱乐部的会员跟我说:我终

导方向、分享发现和建议的一种方式。

内最有影响的“在线”群体之一。例如,

于找到了组织”,尚丹说,对于这些人

需要指出的是,最近很多车友俱乐部改

为了更好地组织无车日活动,北京市政

来说与车友俱乐部的联系十分深刻。许

变了他们的原则,就是按照年龄或性别

府就向他们发出了呼吁。如果论坛对大

多会员早上一醒来就打开自己的俱乐部

组织活动,比如在搜狐网站上的“60部

众开放,为了完全成为会员的规定是经

网站。

队”聚集了

尼桑祺达,大众波罗,

奥迪A4,

60年代出生的车主,而“半

他们经常到饭馆聚餐,外出郊游。

边天”则只组织女车主参加活动。但他

这 些网下活动,有一个意味深长的名

们的基本规定并没改变,那就是成为或

尚丹的调查显示,车友俱乐部的会

字,叫“腐败 ”,就是吃吃喝喝的意思。

尽快成为车主。n

员分享着购车之外的价值。他们说,他

车友俱乐部会员在酒吧花钱,但也为慈

常参加“网下”活动,因为在实际生活 中这些俱乐部就是这样运转的。

Les communautés du net Shang Dan est sociologue à l’OrangeLabs de Pékin. Son étude sur les « car clubs  » permet de mieux comprendre les usages communautaires des internautes.

© DR

Connexions : Pourquoi les jeunes Chinois formentils des communautés sur Internet ? Shang Dan : Pour eux, Internet est un outil d’expression de soi. Prenons le phénomène QQ : les moins de 22 ans s’y rendent pour bavarder, se montrer et se détendre. Ils jouent à des Shang Dan jeux QQ, paient avec de la monnaie virtuelle, se font représenter par des avatars en 3D, élèvent des animaux de compagnie virtuels, achètent des vêtements de marque, voire des meubles virtuels et aménagent leurs propres zones (QQ zone) où ils peuvent exprimer leur personnalité, en décorant leur intérieur, en publiant leur journal intime…. Ces jeunes internautes, même quand ils n’ont pas beaucoup d’argent dans la vraie vie, peuvent montrer qui ils sont …. Ils sont 200 millions à s’y retrouver. Pour les enfants uniques qui subissent beaucoup de pression, c’est une façon de prendre leur distance ou de rompre l’isolement. Se connecter est d’ailleurs souvent le premier geste qu’ils font en rentrant de l’école. La plupart des lycéens portent des uniformes. Sur la toile, ils osent afficher une personnalité parfois un peu folle.

C. : Les cols blancs eux aussi constituent des communautés virtuelles, leurs motivations sont différentes? S.D. : Ils veulent améliorer leur vie quotidienne et développer une vie sociale de qualité, en passant du on line au off line, du virtuel au monde réel. Les représentants de la classe moyenne veulent profiter d’une vie agréable : ils possèdent une voiture, sortent et dépensent de l’argent. Internet est pour eux un moyen d’élargir et de multiplier leurs relations. Le système chinois étant fondé sur les relations d’entraide réciproques, il faut développer au maximum son réseau. Comme dans le monde réel, ce réseau est souvent limité aux collègues, en rejoignant les communautés on line, on peut élargir son cercle à des amis d’âges et de villes différents. Cela permet de former de nouveaux réseaux moins traditionnels et plus sélectifs. Traditionnellement, les Chinois aiment les activités en groupe. Naguère, ces échanges se faisaient dans le cadre de la famille élargie, puis dans la danwei, l’unité de travail. Le réseau était fixé une fois pour toute et les gens n’avaient plus de secrets les uns pour les autres. Aujourd’hui, pour ceux qui viennent de province, il est nécessaire de rebâtir un réseau. Se met alors en place une autre forme de sociabilité, centrée sur soi. n Propos recueillis par AG

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Dossier

Tous journalistes ! Journalistes ou simples citoyens, ils sont de plus en plus nombreux à utiliser les blogs pour mobiliser l’opinion en proposant une information sans voile.

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epuis l’apparition d’un nou- des plates-formes étrangères, accessiveau mode de diffusion à gran- bles à partir de sites anonymes. Un des de échelle, grâce au réseau, les blogs les plus connus du réseau chinois journaux intimes sur Internet, les blogs est celui de « Laohumiao » (le temple ont envahi le web chinois, apportant du vieux tigre), sur lequel l’auteur, un aux jeunes un nouveau moyen de chômeur de 54 ans, publie des ens’exprimer librement. Parmi cette mul- quêtes qu’il mène depuis 2004 sur les titude de contenus, une nouvelle ten- expropriations foncières, crimes, injusdance se distingue aujourd’hui avec tices et autres violations des droits des les blogs de « jouranimaux. Ses seuls nalisme citoyen  ». instruments sont un Un ordinateur à ordinateur portable, un magnétophone, la main, la presse un appareil photo officielle sous et un vélo avec leles yeux et une quel il se déplace bonne dose de pour révéler ce qui courage sont les ne paraît pas dans seuls armes de ces la presse officielle. chroniqueurs du Pour son dernier arquotidien chinois. ticle, «Laohumiao» Ils ont décidé de Loahumiao a parcouru a parcouru 3000 faire d’Internet un 3000 kilomètres à vélo instrument d’éveil kilomètres à vélo, pour vérifier certaines des consciences, dans le seul but de informations conceren pratiquant une vérifier certaines innant le reboisement en forme   authentiformations concerMongolie et ses conséque de journalisnant le reboisement quences pour les payen Mongolie, et ses me de terrain. Ils ne conséquences pour seraient qu’une disans forcés à l’exode les paysans forcés à zaine de véritables l’exode. Comme lui, journalistes civils, la route étant parsemée d’embûches, Zhai Minlei est un autre héros du Web  : allant de la censure aux perquisitions à 34 ans, cet ancien journaliste du Nanpolicières. Parfois même, le contenu fang Zhoumo, a créé sa propre ONG de leur site est secrètement modifié pour défendre les droits des citoyens, par la cyber-police, quand les blogs ne dont le droit au logement, le sujet sont pas tout simplement fermés. Mais sa première campagne. Il a créé son ces auteurs ne se laissent pas faire. Si blog pour pouvoir continuer à exercer leur adresse est condamnée, ils ont son métier de reporter. Mais depuis le désormais pris l’habitude de changer mois de juillet son organisation a été le nom de leur blog, ou leur adresse fermée par les autorités locales et il fait du serveur qui les héberge, et ils finis- actuellement l’objet d’une enquête. n sent très souvent par être accueilli sur Antonia Cimini 50  Connexions

Tendance

Savez-vous microblogguer?

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ernière mode dans le monde du Web 2.0 chinois, le microblogging consiste à laisser des messages très courts, quelques caractères, sur une sorte de mini-blog en utilisant son téléphone portable ou son PC. Plus la peine d’envoyer des milliers de SMS pour se donner rendez-vous entre amis ou faire connaître ses états d’âme, un message unique suffit pour informer tous ceux qui sont connectés sur la toile. En termes de réseaux, le microblog permet de faire des rencontres avec des inconnus qui lisent les messages et décident d’entrer dans une liste de contacts. Les annonceurs s’intéressent aussi au phénomène pour repérer des « leaders d’opinion » et tenter de rendre visible une marque sur les microblogs les plus en vue. Comme l’explique un responsable du site Fanfou, un des pionniers du microblogging chinois : « Notre service représente une valeur sociale pour nos membres, nous n’avons pas encore trouvé le moyen de la concrétiser financièrement mais je suis sûr que ça arrivera. Il faut laisser les usagers découvrir ce nouveau mode de communication ». NS


Internet

Isaac Mao, pionnier du blog en Chine et apôtre du web 2.0 A 35 ans, Isaac Mao est l’un des plus anciens blogueurs de l’empire du milieu et un fervent militant des réseaux sociaux virtuels comme moyen d’émancipation des masses populaires. Portrait d’un blogueur chinois pas comme les autres.

I

précise Isaac Mao. Il continue ensuite à promouvoir les échanges entre internautes et organise la première conférence des blogueurs chinois en 2005 tout en s’intéressant forte-

© Anne Severine Douard

l y a 15 ans, Isaac Mao, alors ingénieur informatique chez Intel à Shanghai, découvre Internet avec ses premiers emails. Il quitte ensuite la compagnie américaine pour se lancer dans le logiciel éducatif en Chine en créant Backschool, une entreprise qu’il revend en 2002. Dans l’intervalle, Isaac continue de se passionner pour le web, en particulier pour le « phénomène blog » en pleine explosion aux Etats-Unis. « En cherchant à rester en contact avec mes anciens collègues étrangers d’Intel, j’ai ouvert mon premier blog puis je me suis dit qu’il fallait développer le concept en Chine », explique-t-il. Fasciné par les possibilités du web en terme d’échanges d’informations, il créé à partir de 2002 le site CNBlog.org dont l’objectif est de favoriser la création de blogs en Chine et commence à investir dans le secteur. L’idée est de permettre aux Chinois d’héberger leur blog chez eux, sans avoir à passer par un serveur étranger, difficile d’accès pour cause de filtrage. « En 2002, nous étions un millier de blogueurs à peine, je connaissais pratiquement tout le monde. Aujourd’hui, on compte plusieurs dizaines de millions de blogs en Chine, c’est la preuve que notre action a porté ses fruits »,

ment à l’émergence des réseaux sociaux et des outils logiciels du web 2.0. « Pour moi, il y a eu trois phases dans l’explosion des blogs en Chine. D’abord les passionnés d’informatique ensuite l’émergence de blogs culturels et aujourd’hui l’explosion de blogs indivi-

duels de toutes natures et des réseaux sociaux  », explique l’entrepreneur-blogueur. Fin analyste de l’Internet chinois, ce jeune trentenaire en jean et baskets n’a rien abandonné de ses convictions. A propos de la censure, il ne mâche pas ses mots : « Ils n’ont rien compris ! Avant les restrictions imposées pendant le dernier Congrès du PCC, 70% des blogueurs chinois n’avaient jamais subi ni réfléchi à la censure. En bloquant l’accès à des sites très populaires d’échange, comme flickr pour les photos, ils se mettent à dos des millions d’internautes qui étaient insensibles à ce problème auparavant ! » Isaac envisage l’avenir avec d’optimisme et estime que les échanges de contenus et d’informations seront multipliés par 10 d’ici 5 à 10 ans sur la toile en Chine via les blogs et les nouveaux outils du Web dans sa version 2.0. « L’évolution de l’Internet chinois représente une formidable opportunité économique pour ceux qui seront capables de suivre le mouvement et la sphère politique devra égalem e n t s’adapter à cette nouvelle donne », conclut avec enthousiasme ce pionnier du web chinois. La révolution des blogs est déjà en marche dans l’empire du milieu. n Nicolas Sridi

Connexions 51


Dossier

Quel cadre juridique pour le Web 2.0 en Chine ? Par Patrick de Brisson de Laroche, avocat, et François Perruchot-Triboulet, avocat associé, cabinet BIGNON LEBRAY & ASSOCIES

Le phénomène du web 2.0 a pris racine en Chine et croît rapidement, posant de nouveaux défis juridiques aux autorités, aux acteurs du web 2.0, aux titulaires de droits d’auteur et aux utilisateurs d’Internet.

52  Connexions

© Imagine China

L

a Chine ne possède pas de réglementation spécifique au web 2.0 mais les textes applicables à l’information en ligne1 en dessinent un cadre déjà relativement complet. Ainsi, en matière de droits d’auteur, l’un des principaux enjeux du web participatif, ce cadre légal définit les principaux acteurs du web comme étant les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), les fournisseurs de services d’information sur Internet (FSII) et les fournisseurs de contenu sur Internet (FCI). La frontière entre ces deux dernières catégories étant de moins en moins précise dans le paysage du Web 2.0, certains développements réglementaires ou jurisprudentiels pourraient survenir. Dans tous les cas, les acteurs du web 2.0 s’intéresseront notamment aux règles sur la protection des droits d’auteur et sur l’illégalité de certains contenus. Les mesures sur la protection administrative des droits d’auteur sur Internet, en vigueur le 30 mai 2005, sont globalement favorables aux FSII, et donc aux plateformes permettant aux internautes de publier du contenu. Selon ces mesures, la principale personne responsable en cas de violation est en principe le FCI, c’est-à-dire la personne qui met en ligne les données illicites. L’obligation principale du FSII est de retirer le contenu illicite dès réception de la notification du titulaire du droit d’auteur. Le FSII pourra restaurer le contenu, à la demande du FCI, sans que sa responsabilité administrative

ne puisse être recherchée. En facilitant la possibilité pour un contrevenant potentiel à des droits d’auteur de voir ses données remises en ligne, les autorités chinoises ont voulu sécuriser la position des FSII pour qui il n’est pas toujours possible d’arbitrer un différend entre FCI et titulaires de droits d’auteur. Première jurisprudence Les tribunaux chinois ont eu à trancher des litiges opposant des titulaires étrangers de droits d’auteur ou leurs représentants contre des portails internet chinois, avec des résultats parfois contradictoires et peu prévisibles. Ainsi, dans des affaires similaires, Yahoo Chine a été condamné à verser des dommages et intérêts en avril 2007 tandis qu’en novembre 2006, Baidu n’a pas été condamné. La pratique judiciaire est toutefois encore plus balbutiante en ce qui concerne la responsabilité des usagers. En cas de publication d’autres types de contenus illicites (portant atteinte aux intérêts de l’Etat, à teneur pornographique,

diffamatoires, etc.), la responsabilité des hébergeurs restera limitée à l’obligation de supprimer le contenu dès sa découverte et de le notifier. L’existence d’une police du réseau communiquant directement auprès du public montre l’intérêt marqué par les autorités chinoises pour le web participatif. Les problématiques soulevées par le développement du web 2.0 semblent toutefois dépasser un cadre juridique bâti pour répartir les responsabilités entre des acteurs économiques et des utilisateurs privés, ou entre des titulaires de noms de domaine et des utilisateurs de sous-noms de domaines. Des catégories entières d’internautes nourrissant le web participatif (propriétaires de blogs, de forums ou d’espaces de partage de fichiers) peuvent échapper à ces dichotomies et donc remettre en cause l’équilibre instauré par la réglementation actuelle. n Notamment la Loi sur les droits d’auteur de 2001 et son décret d’application, les “Mesures sur l’administration des services d’information sur Internet” de 2000, les “Mesures sur l’administration de la diffusion de programmes audio video sur des réseaux de type Internet” de 2004, les “Mesures sur la protection administrative des droits d’auteur sur Internet” de 2005, et les “Règles sur la protection du droit de diffuser de l’information sur Internet” de 2006. 1


Internet

Web 2.0在中国的法律构架是什么 ? Web 2.0现象在中国已经扎了根, 相信很快它将会给政府机关, Web 2.0的参与者, 著作权人和互联网使用者带来新的法律方面的挑战。

国没有关于Web 2.0的专

利的。根据这一办法, 在侵权时的主要负

国》于2007年4月被裁决要支付赔偿金,

门法规, 但适用于网络信

责人原则上是互联网内容提供者, 即在网

而《百度》却没被处罚。对于使用者的责

息的法律法规已描绘出一

上提供非法信息。互联网信息服务提供

任, 司法实践中就更为模糊不清.

个相对完整的框架。在与参与型web密切

者的主要责任是在收到著作权所有人通

在刊登其它类型的非法内容(如损害国家

相关方面之一的著作权, 法律明确了作为

知时, 将非法信息剔出。互联网信息服务

利益, 色情淫秽, 诽谤)时, 接纳者的责任

web的参与者, 如互联网接入服务提供者,

提供者可在互联网内容提供者的要求下,

也仅限于当发现这些内容时, 应删除这些

互联网信息服务提供者及互联网内容提

恢复内容, 它并不会因此而被追究行政责

信息并向国家有关机关报告。与公众直接

供者。对于后两者的区分, 在Web 2.0领域

任。在为一可能侵犯他人权利者可能重新

联系的网络警察的存在正体现了中国政

里, 并不是很明确, 也许新法规或司法解

在网上刊登他的数据提供便利, 中国政府

府机关对参与型web的重视。

释会解决这一问题。

机关考虑的是保障互联网信息服务提供

Web 2.0发展带来的问题似乎超越了为分

在各种情况下, Web 2.0参与者关心更多的

者的地位, 不让它整天去裁决互联网内容

配商业企业和个人用户, 或域名所有者及

将会是关于著作权的保护和某些内容的

提供者和著作权所有人的纠纷。

副域名所有者的责任的法律架构。一些参

合法性方面的规定。

中国法院已经遇到一些外国著作权所有

与型web的用户(如博客, 论坛, 或分享空

2005年5月30日实施的《互联网著作权行

人或他们的代表起诉中国的一些门户网

间的所有者)可以逃避以上的分类, 因而破

政保护办法》对于互联网信息服务提供者

站的案件, 且判决结果有时是相矛盾的和

坏了现有法规下建立的平衡。n

以及供上网用户发表内容的平台来说是有

不可预料的。在相类似案件中, 《雅虎中

Connexions 53


Dossier

Internet et liberté d’expression: l’illusion technologique

© DR

Par Eric Sautedé, professeur de Siences Politiques à l’Institut Inter-universitaire de Macao

Pour le chercheur et sinologue Eric Sautedé, le développement de l’Internet, et en particulier des blogs, n’est pas nécessairement synonyme d’une plus grande liberté d’expression.

D

ès le départ, c’est-à-dire depuis maintenant plus de dix ans, le regard porté sur le développement de l’Internet en Chine a été placé sous le signe de l’enthousiasme fantasmatique, plus encore lorsqu’il s’agissait des avancées de la liberté d’expression que la communication en réseau était censée promouvoir — inéluctablement. Certes, l’usage exponentiel du net en Chine s’est diversifié depuis le milieu des années 1990, mais peut-on vraiment dire qu’il a permis l’éclosion de véritables espaces de liberté d’expression ? La tyrannie des chiffres Il y a aujourd’hui plus de 185 millions d’internautes chinois — le rythme de croissance est d’environ 4 millions d’utilisateurs supplémentaires par mois —, soit la deuxième population d’internautes au monde. L’Internet en Chine, c’est aussi plus de 3 millions de noms de domaine, et près de 800 000 sites web. L’Internet a ouvert en Chine de nouveaux canaux, a créé de nouvelles façons de consommer, d’obtenir des informations, d’échanger et de se socialiser. S’agissant de la liberté d’expression, il ne fait aucun doute que de vrais espaces de « buzz informatif  » ont éclôs : les blogs et bbs1 chinois fourmillent d’informations, rapports, 54  Connexions

photos, enregistrements vidéo se rapportant à des nouvelles qui n’apparaissent pas sur les sites officiels. C’est tout autant l’acharnement des internautes et des blogueurs de tous horizons voulant faire toute la lumière sur l’affaire Sun Zhigang2 en mars 2003 que les articles courageux parus dans

Internet est une vaste caisse de résonance cathartique des aspirations et des « petites souffrances » des classes moyennes urbaines le Nanfang Dushi bao qui ont permis une enquête et la condamnation des policiers responsables de la mort de Sun. Plus récemment, en 2007, le blogueur Zuola est devenu un véritable héro national grâce à sa couverture en ligne de « l’affaire de la maison-clou » de madame Wu Ping à Chongqing3. Ce phénomène du « buzz virtuel informatif » suffit-il à conclure que les jours du monopole que détient l’Etat-parti sur l’information sont comptés ?

Un corsetage sans faille Le contrôle exercé par le gouvernement sur ce qui circule sur l’Internet chinois est aujourd’hui largement établi par de multiples rapports et études. Ce dispositif obéit à une volonté de contrôle panoptique de tous les échanges électroniques en ayant recours à des méthodes préventives (règles contraignantes de publication d’information, charte de bonne conduite imposée aux portails d’information et aux moteurs de recherches en mars 2002, etc…), sélectives (blocages de sites étrangers tels Wikipedia, BBC, bornage restrictif des moteurs de recherches, etc…) et punitives (pénalisation des usages subversifs assortie de peines carcérales). Les méthodes les plus communément admises— filtrage, blocage et nettoyage des sites, des emails mais aussi des blogs — sont d’autant mieux connues que les technologies qui les permettent ont été vendues par des grandes sociétés étrangères. Côté application des méthodes, il y aurait en Chine plusieurs dizaines de milliers de cadres de la Sécurité Publique s’occupant exclusivement du contrôle des communications électroniques et le maillage policier descend aujourd’hui au niveau des quartiers des grandes villes. Dans


© Imagine China

Internet

Jingjing et Chacha, les deux policiers virtuels patrouillent le net chinois ….

son rapport intitulé « Internet Filtering in China in 2004-2005 » publié en avril 2005, l’OpenNet Intitative4 conclut : « La Chine a mis en place le plus étendu, le plus technologiquement avancé et le plus abouti des système de filtrage de l’Internet au monde. Les implications de cet environnement, où l’information en ligne est pervertie, sont profondes et inquiétantes ». En octobre 2007, Reporters sans frontières a proposé un « Voyage au cœur de la censure chinoise » en traduisant le rapport d’un technicien travaillant pour un hébergeur de blogs et de sites en Chine : le tableau d’une volonté de contrôle total est largement confirmé. Les blogs sont-ils immunisés ? En raison de leur nature — souplesse, multiplicité, instantanéité, migration aisée — et de leur succès en Chine — il y aurait en décembre 2007 près de 47 millions de blogueurs chinois pour près de 73 millions de blogs, soit le tiers des blogs de la planète —, la sagesse populaire voudrait que les blogs échappent plus facilement à la censure : erreur ! Tout d’abord, il faut en finir avec l’idée que tous les blogs sont égaux : les fantasmes sexuels de Mu Zimei, ça passe, les « postings » d’un Zhao Jing, alias Michael Anti, sur la fermeture du supplément hebdomadaire Bingdian (publié par le Quotidien de la Jeunesse de Chine) ou les messages sur les émeutes dans la

ville de Taishi, en 2005, publiées sur Yannan.cn, ça casse. Ensuite, les blogs sont soumis aux mêmes contraintes « physiques » que le reste de la communication en réseau. Dans un long vade-mecum publié en septembre 2007 sur Global Voices, John Kennedy fait un inventaire terrible, et pourtant partiel, du nettoyage de la blogosphère chinoise à la veille du 17e Congrès du Parti Communiste Chinois : nouvelle charte d’auto-discipline, hébergeurs « débranchés », fermeture de plus de 18 000 sites, blogueurs interrogés par la Sécurité Publique, blogs de journalistes chinois censurés ou débranchés, etc… Des raisons d’espérer ? Au-delà du tableau particulièrement négatif que nous venons de dresser, quatre grandes tendances lourdes ajoutent à notre pessimisme. Tout d’abord, le caractère extrêmement contraignant des règles de publication en ligne ont encouragé l’autocensure. Quel portail commercial peut se permettre d’être suspendu de fonctionnement pendant plusieurs semaines ? Si la reconnaissance et la distinction sont des motivations aussi puissantes que la recherche de la vérité, pourquoi publier des propos qui peuvent être immédiatement censurés et pour lesquels on risque plusieurs années de prison ? Ensuite, en nettoyant la toile des contenus jugés

inadmissibles, les autorités empêchent tout phénomène d’accumulation du savoir et toute constitution d’une mémoire. Chaque « posting » est donc une ré-invention, et la circulation de l’information, même furtive, l’emporte sur l’accumulation, seule à même de forger l’analyse critique. S’agissant des contenus plus anodins, ils ne sont autorisés brièvement que comme « moyens » : l’Internet devient une vaste caisse de résonance cathartique des aspirations et des « petites souffrances  » des classes moyennes urbaines, lesquelles se trouvent affaiblies dès lors qu’elles sont formulées, à l’opposé bien souvent de celles des vrais défenseurs des « droits formels » que sont les paysans et les ouvriers. Enfin, pour reprendre la formule d’un politologue américain Cass Sunstein, le « moi au quotidien » exprimé dans un blog ne se transmue que rarement en « nous au quotidien  », et favorise au contraire la formation « d’enclaves délibératives  » isolées les unes des autres, soit un émiettement du social situé aux antipodes de la constitution de mouvements ou d’organisations susceptibles de nourrir le développement d’une société civile. n Bulletin Board System : services de transfert de fichiers, de messagerie électronique et de conférence gérés à partir d’un micro-ordinateur. 2 Un jeune homme arrêté et battu à mort dans un centre de détention de Canton. 3 Les propriétaires de la « maison-clou de Chongqing » refusaient de quitter leur domicile pour laisser la place à un projet immobilier, leur action médiatique symbolise la résistance des petits propriétaires expropriés. 4 L’OpenInitiative regroupe les universités de Harvard, Cambridge et Toronto. 1

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Dossier

A la recherche du business model chinois

© Imagine China

L’entrée en bourse fracassante d’Alibaba.com début novembre 2007, qui a permis de lever 1,5 milliard de dollars, témoigne de la bonne santé de certains opérateurs du net chinois. Ces succès ne doivent pourtant pas faire oublier les obstacles que rencontrent les acteurs de l’Internet chinois pour transformer leur popularité dans le monde virtuel en source de revenu : moyens de paiement en ligne défaillants, outils de mesure des flux encore peu fiables et persistance de la culture du gratuit et du piratage. Malgré ces défis, de nombreuses entreprises, chinoise et étrangères, se lancent dans l’aventure du net chinois.

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Internet

L’expérience des pays d’Asie du Nord-Est Benjamin Joffe, fondateur et CEO de Plus8Star, observe et analyse les pratiques d’Internet en Asie du Nord-Est. Comparaison entre la Chine, la Corée et le Japon. Connexions: Quels sont les points forts de l’Internet dans les pays d’Asie du Nord ? Benjamin Joffe : L’Internet coréen est le plus mature au monde. La Corée est le seul pays de population importante (près de 50 millions) où non seulement l’infrastructure mais aussi les usages sont à ce point développés. Les Coréens font presque tout en ligne, depuis la réservation de places de cinéma, d’un appartement au ski, à l’achat de musique ou de films ou aux formalités administratives. L’e-mail est considéré comme un outil très ordinaire. Le e-learning marche très bien,

© Anne Severine Douard

initié par des cours d’anglais et maintenant étendu à d’autres types de formations. La Corée est aussi le premier cas de succès commercial de réseau social avec Cyworld, lancé dès 1999. Cela provient du fait qu’ils ont pu bénéficier du haut-débit dès la fin des années 90 à l’initiative du gouvernement, puis du très haut-débit depuis plusieurs années. L’Internet japonais est à ce jour le plus rapide et le moins cher au monde, même si ses usages sont moins sophistiqués qu’en Corée. Il s’est développé plus tard avec donc des technologies plus modernes. Le Japon a pris son essor dans l’Internet grâce à Softbank (la plus grande société Internet d’Asie - selon eux du moins) qui a lancé une offre très agressive en 2001 sur ADSL et a véritablement ressuscité le marché. Aujourd’hui, le secteur est très actif, mais un des problèmes persistants, que seule la Corée semble avoir bien résolu, est la facturation des services sur Internet, notamment pour les petites transactions. L’Internet chinois est encore au début « Un des problèmes persistants, que du haut-débit et les seule la Corée semble avoir bien réusages naissants se solu, est la facturation des services sur développent rapideInternet, notamment pour les petites ment. En Chine, 50% transactions » Benjamin Joffe des internautes ont

moins de 25 ans et l’Internet est surtout une activité de loisirs et de communication. C. : Quels sont les grands succès qui illustrent ces points forts ? B.J. : En Corée, les services phares aujourd’hui sont Naver, premier portail coréen et inventeur du service des questions et réponses (“Knowledge Man”) copié par Yahoo avec “Yahoo Answers”, le réseau social Cyworld (20 millions de membres) et les nombreux jeux en ligne comme Kart Rider, véritable phénomène de société. Certains concepts totalement inédits voient le jour là-bas et sont peu à peu “réinventés” dans d’autres pays. Certaines choses comme le “content scrapping” permettant de copier une page de blog en un clic, le “social search” permettant d’utiliser le contenu et le savoir des autres internautes constitués en réseau pour trouver des réponses fiables. Puis des concepts plus ésotériques comme le “trust-based information sharing”, le “social process reengineering” ou le “personal resource planning” - une application à l’individu et ses ressources et connaissances du principe de l’ERP (Enterprise Resource Planning). La difficulté pour l’innovation reste le pouvoir écrasant des grands groupes Internet et télécom, et la difficulté d’accès aux capitaux des entrepreneurs locaux. Au Japon, les services leaders sont Yahoo Japan, contrôlé par Softbank, qui est l’équivalent de Yahoo + Google + eBay (Yahoo Auctions est le leader des enchères en lignes au Japon). Le réseau social Mixi Connexions 57


Dossier

marche aussi très bien (12 millions de membres), ainsi que d’autres services comme la galerie marchande Rakuten, qui accueille plus de 40 000 boutiques en ligne. Au Japon, le talent est là, mais l’accès au crédit est difficile et les entrepreneurs souffrent d’une mauvaise image et n’ont pas le droit à l’erreur. En Chine, l’environnement est bien meilleur pour l’entrepreneuriat en termes de capitaux disponibles et de talent. Il en résulte une pléthore de compagnies Internet, dont la plupart se contentent d’adapter des modèles qui ont fait leurs preuves aux EtatsUnis. Certains - les plus intelligents et les plus courageux - se lancent dans des services plus originaux et véritablement innovants parfois, très bien adaptés à leur environnement. Ce groupe est en général moins anglophone et davantage passionné par la création d’une bonne entreprise que par les opérations financières. Parmi eux : QQ, le service de vidéo en P2P Xunlei ou le service de conversion de flux RSS en messagerie instantanée Anothr. C. : En quoi ces spécificités asiatiques exercent-elles en retour une influence sur le développement de l’Internet ailleurs dans le monde ? B.J. : Etonnamment, très peu d’étrangers regardent et analysent en profondeur les succès de ces marchés, et les sociétés asiatiques n’ont généralement pas de visées internationales car elles doivent consolider leur position sur le 58  Connexions

marché domestique, et n’ont pas le management adapté (peu d’expérience internationale, mauvaise maîtrise de l’anglais parlé). La plupart des sociétés de l’Internet sont fascinées par les modèles américains, que l’on suppose adaptables partout, tandis que les succès asiatiques sont en général caricaturés et peints comme des curiosités locales. A l’encontre de ces stéréotypes, notre métier est « l’arbitrage  » des meilleures pratiques entre les acteurs des différents marchés, rarement

directement concurrents, mais qui ont beaucoup de bonnes idées à trouver et adapter. Nous travaillons aussi bien avec des sociétés occidentales (France, Etats-Unis, Allemagne, Autriche, etc.) que chinoises (opérateurs, sociétés Internet, medias, publicitaires, qui souhaitent apprendre du Japon ou de la Corée), japonaises (qui souhaitent apprendre de la Chine et de la Corée). n Propos recueillis par Anne Garrigue


Internet

« Beaucoup d’entreprises Internet perdent de l’argent »

Connexions : Les sites chinois gagnent-ils vraiment de l’argent en Chine ? Jian Cai : En Chine, dans le monde du e-business, quelques gagnants cachent beaucoup de perdants. La plupart des entrepreneurs chinois du net se contentent de copier ce qui se fait aux Etats-Unis, avec plus ou moins de succès. Ils viennent d’outremer et ont besoin de capital-risque américain pour se lancer, puisque en Chine, les investisseurs préfèrent miser sur les assurances ou le charbon, qui procurent un retour sur investissement bien meilleur. Il y a cependant des tentatives plus originales couronnées de succès. QQ (messagerie instantanée) est plus profitable que Baidu (portail et moteur de recherche). Son business model original associe customisation et partage de musique, petits jeux en ligne qui se vendent et QQ a su collaborer avec China Mobile ou China Telecom. Plus modestement, Gold Agriculture fait du BtoB dans l’agriculture et gagne un peu d’argent en permettant l’échange d’information sur un marché de niche. Cette tendance à l’originalité, tout en restant minoritaire, se développe. C. : Quels sont les handicaps au développement d’un net chinois rentable et innovant ? J.C. : Le retard de la Chine s’explique par cinq raisons : des ressources humaines moins innovantes qu’en Inde et aux Etats-Unis, des entreprises en Chine qui travaillent encore sur pa-

© Anne Severine Douard

Derrière les grands succès médiatisés, la plupart des sites chinois perdent de l’argent. Le professeur Jian Cai, fondateur et directeur-adjoint de l’Institut de recherche GHBPM de l’université de Pékin, spécialiste du e-business en Chine, explique pourquoi l’environnement très compétitif pèse sur l’innovation.

Jian Cai

pier et ont du mal à adopter Internet, alors que les plus de quarante ans ne l’utilisent pas, des programmes de recherche privés et publics insuffisants malgré quelques efforts du gouvernement, une économie de marché moins mûre, des problèmes plus politiques. C. : Peut-on attendre des innovations en Chine en matière d’Internet ? J.C. : Aujourd’hui, la plupart des innovations viennent encore de la Sillicon Valley. Dans cinq ans, il y aura plus de sources d’innovation. La Chine en de-

venant le premier pays du monde en termes d’usagers du net, devrait naturellement produire des innovations. Le fossé technologique est de six mois actuellement. Et le retard est de plus en plus faible. Toutefois, pour l’instant, alors qu’aux Etats-Unis on crée un site parce que c’est cool, avant de penser à gagner de l’argent, en Chine, où l’on se bat pour survivre, il faut tout de suite un retour sur investissement. Cela pèse sur l’innovation. n Propos recueillis par Anne Garrigue

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Dossier 51.com

Le filon communautaire

Connexions : Comment s’est déve- de musique. Les utilisateurs loppé votre site 51.com ? peuvent acheter des Yao Yonghe : Alan Peng, le fondateur, avatars, personnaliser a dépensé 1 million de dollars pour leur page moyennant acquérir le nom de domaine 51.com, finance ou payer un dont la sonorité est en chinois « wu supplément pour yao » proche de « wo yao » (je veux) b énéf icier puis investi 2 millions de ses ressour- de services ces personnelles en 2005. Pionnier de VIP... Nous l’Internet en Chine (il a participé à la p a s s o n s création d’Alibaba.com), il avait com- aujourd’hui pris le potentiel des sites communau- à une setaires notamment en repérant un site conde étape, de blogs du Fujian qui attirait de nom- en créant un breux utilisateurs dont il a recruté le di- univers plus grarecteur. En 2006, puis 2007, nous avons phique un peu à la manière de Second fait appel à des capitaux extérieurs : Life. Deux tiers de nos revenus provienles fonds Séquoia, nent de ces petits Intel Capital, Redachats, un tiers est Les utilisateurs point Ventures assuré par la pupeuvent acheter des (l’investisseur de blicité. Des maravatars, personMyspace) ont inques telles que vesti 21 millions Motorola, Pepsi naliser leur page de dollars pour ou Coca-cola ont moyennant finance financer notre décompris l’intérêt ou payer un suppléveloppement très de promouvoir ment pour bénéficier rapide. L’apport de leurs produits sur de services VIP... ces poids-lourds notre site. Ainsi, montre au pasen juin dernier, sage le haut niveau de reconnaissance nous avons mené une campagne avec de notre entreprise. Pepsi : des photos d’internautes étaient soumises au vote sur différents sites, C. : Comment le site génère-t-il le vainqueur a vu sa photo imprimée des revenus ? sur les cannettes Pepsi. 51.com est le Y.Y. : Par les services payants et la pu- site qui a attiré le plus de votants. La blicité. Nous parlons ici de plusieurs publicité a un très fort potentiel de démillions de RMB par mois. Nos services veloppement, le web 2.0 permet aux de base sont le stockage en ligne de annonceurs d’imaginer de nouveaux données (favoris, carnets d’adresses), moyens très créatifs. la création de blogs, le téléchargement 60  Connexions

© DR

Yao Yonghe est le vice-président du site 51.com, l’un des plus importants sites communautaires chinois avec 9 millions d’utilisateurs enregistrés et 250 à 350 millions de pages vues chaque mois.

C. : Qui sont les utilisateurs de votre site ? Y. Y. : Ils sont très jeunes, 80% ont entre 17 et 25 ans, ils viennent surtout des villes de second et troisième rangs, pas des grandes mégalopoles de la côte. Les deux provinces où nous comptons le plus d’utilisateurs sont le Hunan et le Guangdong. Après la première vague Internet en Chine, qui touchait une population venue des grandes villes avec un haut niveau d’éducation, soit les utilisateurs des grands portails comme Sohu ou Sina, la sociologie des internautes change. Essentiellement intéressés par le divertissement, ceux qui échangent des informations sur notre site sont les mêmes qui jouent en ligne dans les cyber-cafés. C’est l’avenir de l’Internet chinois. Avec la publicité, les relations avec la presse, nous travaillons aujourd’hui à étendre notre marché aux cols blancs. n Propos recueillis par Emilie Torgemen



Dossier

e-commerce

le tout début d’une longue route

Seul un quart des internautes chinois fait des achats en ligne.

C’

est la pause déjeuner, Meng He va pouvoir se livrer à son hobby favori : faire du shopping depuis son bureau. Sur son écran d’ordinateur, la jeune femme fait défiler les jupes vintage. Elle appartient à cette nouvelle classe moyenne chinoise qui, une à deux fois par mois, craque pour des articles on line. Livres, CD, accessoires de mode, vêtements, Meng He se fournit principalement sur joyo.com, m18.com et taobao. com. « Je suis une super acheteuse en ligne, confie t-elle. C’est beaucoup plus pratique de cliquer que de prendre le bus et de faire la queue dans les grands magasins. En plus, sur la toile, je trouve toutes sortes de choses à prix réduit.  » Si seulement 25,5% des 170 millions d’internautes chinois font aujourd’hui leurs emplettes en ligne, selon une étude récente du Centre d’information du réseau Internet de Chine, contre 71% aux Etats-Unis, la tendance va en s’accentuant. En 2007, 62  Connexions

55 millions d’internautes chinois ont passé une commande en ligne, contre 43,1 en 2006, selon le cabinet d’études pékinois iResearch. Les pionniers du e-

« Les Chinois consultent les catalogues sur le Web, mais au moment de commander, ils décrochent leur téléphone pour négocier les tarifs » commerce sont les 18-24 ans (41,56% en 2006), qui devancent les 25-30 ans (22,84%), et les deux-tiers ont un diplôme du supérieur. Pourtant, contrairement à toute attente, près de 75% des acheteurs en ligne gagneraient moins de 3000 RMB (environ 300 euros) par mois, selon iResearch. De fait, les internautes achètent rarement des produits coûteux. « Les jeunes vont sur Taobao, (l’équivalent de eBay) pour dénicher la

© Anne Severine Douard

Le commerce électronique est encore peu développé en Chine et de nombreux obstacles attendent les entreprises qui veulent vendre leurs produits sur le net. bonne affaire », explique Reanol Wang, d’Alibaba. C’est particulièrement vrai dans l’univers du voyage en ligne. « Les Chinois consultent les catalogues sur le Web, mais au moment de commander, ils décrochent leur téléphone pour négocier les tarifs », témoigne Nicolas Berbigier, fondateur du site isunwukong.com. Pourtant, même si le e-commerce a le vent en poupe, la majorité des Chinois se déplace encore dans les magasins et beaucoup d’entreprises n’ont pas de site marchand. Une activité strictement encadrée Il faut dire que faire du e-commerce en Chine relève de la course d’obstacles, en particulier pour les entreprises étrangères. Outre la barrière de la langue, ces obstacles sont d’ordre légal. « Depuis le 1er octobre, une société étrangère implantée en Chine n’a pas le droit de créer de site marchand si elle ne dispose pas d’un associé chinois, ainsi que d’un capital d’1 million de RMB (100 000 euros) et d’une licence ICP (Internet content provider) », souligne Matthieu Cambounet, fondateur de Crystal Science and Technology, une société qui créé des sites e-commerce. De fait, le Ministère de l’Industrie de l’Information délivre les licences ICP au comptegoutte pour les opérateurs étrangers. Une fois franchie la première rangée d’obstacles, encore faut-il être vu de ses clients potentiels. Or en Chine, les entreprises se livrent à une véritable guerre des marques. Les moteurs de


Internet

Le liquide ne passe pas Mais là ne s’arrêtent pas les problèmes. Une fois le client conquis, reste à le faire payer. Or, en Chine, l’industrie financière n’est pas encore complètement électronique, ce qui pose des problèmes de confiance et de délais de paiements interbancaires. Avec le système AliPay de Taobao, semblable au PayPal d’eBay, les choses semblent pourtant évoluer, comme en témoigne Meng He : « AliPay est un mode de paiement rassurant, car on ne transmet pas ses coordonnées bancaires à chaque achat. Par contre, je ne fais pas confiance au système de paiement direct par carte bancaire ». Si AliPay profite aux entreprises qui utilisent le canal d’Alibaba, qu’en est-il des autres ? Pour contourner le problème, beaucoup d’entreprises se font payer à la livraison. C’est le cas d’Alexandre Misseri, fondateur de 88brands.com, un site de vente privée entièrement en ligne. « Comme je vends des articles moyen et haut de gamme, mes clients préfèrent payer en cash, à la réception du produit. » Malgré cette précaution, Alexandre Misseri, n’a pas échappé à quelques avaries techniques. Outre quatre changements de serveur, ses campagnes d’e-mailing atterrissaient souvent dans les boîtes à spams de ses clients. « Du coup, j’ai décidé d’envoyer mes mails depuis les Etats-Unis, ce qui me coûte moins cher », explique t-il. Fort de 50 000 membres en six mois d’activité, il réfléchit aujourd’hui au moyen de s’adapter à la culture chinoise pour attirer de nouveaux clients. Son idée : faire en sorte de leur donner « de la face », en ligne. n Philippe Charles

Le paiement mobile peut-il faire décoller le commerce électronique ? Le manque de facilités de paiement est souvent un frein à l’achat en ligne. La solution d’eServGlobal : payer avec son téléphone mobile.

E

n Chine, les ventes du commerce en ligne ont atteint 657 millions de dollars en 2006 et pourraient tripler d’ici 20101, selon Analysys International, agence de conseil dans les technologies de l’information. Cependant, le manque de facilités de paiement pose des limites au développement de l’achat en ligne. Aujourd’hui, l’argent liquide reste le moyen de paiement majoritaire et seule une personne sur 130 possède une carte de crédit2. De plus, la Chine a un taux relativement bas de personnes bancarisées comparé à d’autres pays. Grâce au développement continu des applications de téléphonie mobile, les clients ont désormais la possibilité d’utiliser le compte de leur téléphone mobile pour régler leurs achats en ligne. Le paiement mobile en ligne : comment ça marche ? Un client est en ligne, par exemple sur Dangdang.com (le premier site chinois de commerce en ligne, représentant 18% du marché3), et veut faire un achat. Il va sur la page règlement et saisit son numéro de téléphone mobile, de la même façon qu’il rentrerait un numéro de carte de crédit. Au lieu de générer une demande de validation auprès de la société de cartes de crédit, le site envoie un message de type SMS au client, qui n’a plus qu’à saisir son

© Mathieu Baratier

recherche chinois affichant en priorité les noms des sites qui ont déboursé le plus d’argent pour figurer en tête de page, les PME ont souvent du mal à s’imposer. Pour les aider à sortir du lot et à optimiser les recherches des internautes, certaines entreprises comme Boxalino proposent des outils logiciels spécifiques.

numéro personnel d’identification sur son téléphone pour valider la demande de paiement. Cette double validation (authentification bi-canal) rend la méthode encore plus sûre que par carte de crédit, et élimine presque entièrement la fraude. Ce scénario de paiement présente l’avantage d’utiliser la technologie SMS actuelle, avec laquelle les clients sont déjà familiers. Ses inconvénients restent de deux ordres : une réticence possible de la part des consommateurs les plus âgés et le fait que le système n’est encore répandu ni à travers le territoire, ni à travers les opérateurs. Toutefois, les paiements mobiles constituent la première vraie alternative au paiement en ligne par carte de crédit. Déjà utilisés pour acquérir du contenu numérique, ils vont se généraliser à toutes sortes de paiement ou de transfert d’argent. Ludovic de Carcouët Directeur eServGlobal Chine 1 China Internet: The long march toward e-commerce, Economist Intelligence Unit, 10 juillet 2007 2 Visa backs plastic payments, China Daily, 27 mai 2005, 3 China Internet: The long march toward e-commerce, Economist Intelligence Unit, 10 juillet 2007,

Connexions 63


Dossier

电子商务,万里征途刚刚开始 电子商务在中国还没有发展起来,而对于那些想在网上销售商品的企 业,新的困难在等着他们。

休时间到了,孟和(音译)

话侃价。”isunwukong.com旅行网的创建

现金流通不畅

又可以开始她最喜欢的消

人尼古拉.贝比吉(Nicolas  Berbigier)说

然而问题到这里并没有结束。一旦有了

遣了:在办 公室购物。她

道。即使电子商务发展顺利,但大多数中

客户,还要让他们付钱。然而在中国,金

在电脑屏幕上浏览一些复古流行裙装;

国人还是喜欢去商场购物,而且很多企业

融业还没有完全电子化,这种情况又提

她属于每月一、两次会为网上商品动心的

没有商品网站。

出了信用问题和跨行支付期限问题。淘

中国新兴中产阶级。孟和主要通过卓越

宝网利用AliPay系统(类似于易趣网的

网、麦网和淘宝网购买书籍、唱片、时尚饰

被严格限制的领域

PayPal系统),情况似乎有所好转,孟和

品和服装。 “我是一个网上购物狂,”她

应该说电子商务在中国属于障碍跑,尤

承认: “AliPay是一种有保障的支付系统,

说, “较之于坐公共汽车、在大商场里排

其对于外国企业。除了语言障碍,其它障

因为人们不用每次都要告知自己的银行

队,在网上点击购物要方便得多。另外,我

碍都是属于法规上面的。 “从2007年10月

信息。相反,我不信任直接用银行卡支付

发现网上的东西都很便宜。”根据中国互

1日起,中国境内的外国企业如果没有找

的系统。”如果说AliPay让使用阿里巴巴

联网信息中心的一项最新调查,在1.7亿

到中国合伙伙伴并拥有10 0万元(10万

渠道的企业受益,那么其他企业如何做

中国网民中,只有25.5%的人在网上购物,

欧元)注册资本及 ICP(Internet content

呢?为了避开这个问题,许多企业要求货

美国的比例是71%,然而网上购物的趋势

provider)经营许可证,是不能建立商品

到付款。这就是完全通过网上销售产品

在中国还是逐步增强的。艾瑞网北京工

网站的。”制作电子商务网站的点晶科

的88brands.com创始人亚历山大.米塞里

作室的调查显示,与2006年的4310万人

技公司创始人马迪约.冈布耐(Matthieu

(Alexandre Misseri)遇到的情况, “由于

相比,2007年有5500万人在网上订货。电

Cambounet)强调。事实上,信息产业部

我卖的是中高档商品,我的客户喜欢在收

子商务的推崇者是18-24岁之间的年轻人

在发给外国运营商的ICP经营许可证十分

到商品时用现金支付。即使这么谨慎,亚

(2006年占41.56%),多于25-30岁之间

有限。这一道障碍下来,还需要被客户了

历山大还是没能逃脱某些技术失误。除了

的人(22.84%),其中2/3的人拥有高等学

解。然而在中国,企业打的是一场真正的

换过四台服务器,他的群发邮件还是会落

历。然而与大家期望相反的是,根据艾瑞

品牌战。中国搜索引擎会优先把付钱最

到客户邮箱的垃圾邮件里。 “因此我决定

网的调查,大约75%的网上购物者月收入

多的企业放置在网页的顶部,中小企业很

从美国发送邮件,这样会节省开销。”他

低于3000元(大约为300欧元)。事实是,

难做到这一点。为了帮助它们摆脱这种命

说道。在开业6个月时间里,他就拥有了

网民很少购买昂贵的商品。 “年轻人喜欢

运、方便网民搜索,一些企业像高成达软

5万名会员,现在他又考虑使用适合中国

上淘宝网(类似于易趣网)寻找物美价廉

件公司建议使用特殊的软件工具以达到

文化的手段来吸引新客户。他的主意是:

的商品。”阿里巴巴网站工作人员王先生

同样的效果。

在网上运用一些“能给客户面子”的方

解释道。在线旅游尤其如此: “中国人在

法。n

网上询价,然而决定购买的时候就拿起电

dans la jungle du web chinois Les entreprises étrangères

Supinfo forme des ingénieurs en informatique et s’apprête à lancer une société de services. Entretien avec le coordinateur académique et responsable technique de l’entreprise, Yann Zhao. 64  Connexions

Connexions : Quelles difficultés Supinfo a-t-elle rencontrées avec l’Internet chinois ? Yann Zhao : Lors de notre arrivée en Chine en 2003, un de nos premiers objectifs a été de coordonner les réseaux de nos quatre antennes chinoises, puis de les relier aux autres sites dans le monde. Mais la qualité de la prestation des opérateurs ne fut pas au rendez-vous : la connexion s’interrom-


Internet

pait régulièrement. L’école a dû faire appel à des prestataires occidentaux, dont France Telecom, qui lui a fourni une connexion sécurisée spécialisée permettant d’assurer la stabilité et la constance du trafic entre nos différents sites internationaux. C. : Les prestataires chinois sontils donc moins fiables ? Y.Z. : Ce n’est pas toujours le cas. Pour les connexions à l’intérieur de la Chine par exemple, nous utilisons les services de China Netcom (CNC), en qui nous avons confiance. Mais nous ne sommes pas satisfaits de certains opérateurs, dont les interlocuteurs ne sont pas toujours bien formés. Ils n’ont pas

© Mathieu Baratier

Yann Zhao

la notion de qualité de service et se contentent d’une prestation minimale. Par exemple, chose impensable en Europe, les fournisseurs d’accès (FAI) n’offrent pas systématiquement la reconnaissance automatique du nom de domaine de l’expéditeur de mails. Il arrive ainsi que le serveur du destinataire ne reconnaisse pas l’identité du message et le dirige dans la boîte à spams. Enfin, un grand nombre de connexions simultanées provoque des problèmes d’engorgement de la bande passante : le niveau des infrastructures n’a pas suivi l’explosion du nombre d’internautes ! C. : Quelles sont les caractéristiques de l’Internet chinois pour les professionnels que vous êtes ? Y.Z. : L’une des particularités de l’Internet chinois est l’importance de la pollution par les spams et les virus. Il faut savoir qu’en Chine, contrairement à la France, les FAIs n’aident pas les internautes à se protéger contre ce type de fichiers qui menacent votre ordinateur et les données qui s’y trouvent. Autre

problème : lorsqu’un internaute effectue une recherche sur un des moteurs chinois, les résultats affichés ne reflètent pas la popularité du site mais le montant d’argent versé pour figurer en tête de liste. Enfin, il y a une grande différence d’ergonomie et d’organisation des sites. Sur les sites chinois, l’information est présentée sans hiérarchie précise, sans une arborescence claire, du coup, l’internaute à souvent du mal à s’y retrouver ! C. : Quelles difficultés peut rencontrer une entreprise étrangère qui déciderait de créer son site en Chine ? Y.Z. : Le problème tient d’abord à l’hébergement. Si le site est hébergé en Chine, un internaute pourra rencontrer des difficultés à se connecter depuis l’étranger. Inversement, si le site est hébergé à l’étranger, il risque d’être bloqué en Chine. Pour contourner ce dilemme, la solution recommandée est l’hébergement à Hong Kong ou encore en France avec un lien vers un « site miroir » installé en Chine. n Propos recueillis par Philippe Charles

L’Atelier BNP Paribas

« La Chine sera un pays d’innovation technologique » pensons que la Chine sera un pays d’innovation à moyen terme », explique Patrice Nordey qui pilote le projet. L’Atelier de Shanghai prévoit de s’intéresser en particulier aux applications pour le téléphone portable, un marché immense en Chine. Au programme des activités de cette antenne, la publication d’articles et d’études sur les technologies de l’information, mais aussi des rencontres et des séminaires entre professionnels et spécialistes du secteur. n Site web : http://asie.atelier.fr/ © DR

L’

Atelier BNP Paribas a ouvert une antenne à Shanghai début novembre 2007. Cette cellule chinoise est la seconde implantation internationale de l’Atelier après celle de San Fransisco. Elle est vouée à remplir la mission de veille technologique qui a fait la réputation de l’Atelier BNP Paribas, créé en France en 1978. « Nous avons choisi la Chine plutôt que le Japon pour notre première implantation asiatique car ce pays est moins bien connu pour les technologies et nous Patrice Nordey

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Dossier

Les tribulations de

Google en Chine

Géant incontournable de l’Internet, Google est toujours loin derrière le moteur de recherche préféré des chinois, Baidu. Retour sur un parcours semé d’embûches.

S’

adapter aux usages particuliers du pays en se pliant aux régulations locales, le tout sans faire de polémiques, les défis et les obstacles sont nombreux pour Google, poids lourd américain dans l’Empire du Milieu. Jusqu’en 2005, Google proposait une version en chinois de son moteur de recherche, mais n’était pas implanté directement dans le pays. C’est en 2005 que l’Américain crée une filiale, Google China, dirigée par Kai-

Fu Lee, un transfuge de Microsoft. L’entreprise ouvre des bureaux à Pékin et lance google.cn début 2006 en utilisant la licence de son partenaire de JV, le chinois Ganji.com. Google.cn propose un produit 100% conçu pour le marché local. Dès le départ, Google annonce la couleur sur ses rapports avec la loi chinoise en bloquant l’accès à sa messagerie Gmail et ses outils de blogging et de chat. A l’extérieur, des voix commencent à s’élever pour dénoncer cette compromission, mais pour l’entreprise il s’agit d’avancer pour combler le retard pris sur Baidu, le n°1 66  Connexions

des moteurs de recherche en Chine, avec plus de 60% des parts de marché. Première étape : trouver un nom chinois adapté car, selon un sondage de l’époque, la moitié des usagers ne savent pas épeler « Google  » correctement. C’est finalement « Gu Ge », évoquant des chants folkloriques, malgré la désapprobation de nombreux internautes qui jugent ce choix « ringard » et préfèrent Gougou (chien-chien en mandarin), qui

Baidu. Google est pris dans une véritable tourmente médiatique pour avoir répondu de façon trop empressée aux exigences de la censure chinoise. Le temps que l’affaire se calme et en juin 2007, l’entreprise décide de faire migrer des serveurs en Chine et d’ouvrir un grand centre de R&D à Shanghai. Ces décisions qui caressent dans le sens du poil les autorités locales lui permettent d’obtenir finalement sa précieuse licence de fournisseur de services en langue chinoise. Il est temps de passer à l’action. Fin août Pour avoir répondu avec 2007, Google China prend trop d’empressement le contrôle de Tianya. aux exigences de la cn, une grande platecensure chinoise, Google forme communautaire. a été pris dans une Il annonce en novembre véritable tourmente dernier le changement médiatique de nom de domaine de google.cn en G.cn et une importante refonte de correspond au signe de l’horoscope sa page d’accueil pour se rapprocher chinois en 2006. Mais cette fois c’est encore plus des internautes locaux. Google qui refuse pour préserver La machine Google est désormais en l’image de l’entreprise. D’entrée, il existe marche pour conquérir la Chine, mais donc un décalage entre l’entreprise et les ennuis ne sont pas terminés pour son public, ce qui explique en partie autant. Depuis fin octobre, les médias le fait que Google n’arrive pas à passer chinois relaient la rumeur d’un possible à la vitesse supérieure en Chine. Il redressement fiscal visant l’entreprise faut dire que les autorités ne sont pas américaine qui aurait oublié de déclarer toujours conciliantes. En août 2006, près de 10 millions d’euros aux impôts elles menacent de retirer les licences chinois entre 2001 et 2006. Google nie de la filiale, l’obligent à censurer sa en bloc. n page « actualités » et l’empêchent de Nicolas Sridi proposer des recherches sur les MP3, un des services phares du concurrent


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Dossier

La publicité en ligne : une mine d’or en chantier

© Imagine China

Le media Internet, souple, quantifiable et adaptable, est en train de devenir un puissant outil marketing en Chine.

Le marché de la publicité en ligne, c’est plus de 100% de croissance en 2007!

L

e marché de la pub en ligne n’est pas encore mature en Chine mais il connait un fort développement. Particulièrement adapté aux dimensions du pays, il permet de mieux cibler les consommateurs. Selon l’institut Nielsen, la publicité en ligne aurait généré plus de 10 milliards de RMB (1 milliard d’euros) en 2007, soit une croissance de 115% par an. Cet essor d’Internet est une opportunité pour les annonceurs pour différentes raisons : les portails offrent des modes de publicité variés et un meilleur ci68  Connexions

blage que les annonces dans les médias traditionnels - la publicité sur le net permet de sélectionner son public cible, en fonction des intérêts déclarés par les internautes lors de leur inscription, ou par le choix des rubriques thématiques dans lesquelles l’annonce est insérée . Pourtant, le directeur de l’agence Amelia communication, Axel Buet, souligne qu’il faut tenir compte des spécificités locales en Chine. « Quand Yahoo France reçoit 2 millions de visiteurs par jour, Sina en accueille 80 millions. Cela pose des problèmes

de chargement. Les sites chinois ont beaucoup plus de volume, dû au trafic bien plus important, et les contraintes techniques ne sont donc pas les mêmes. » Pour lui, l’autre difficulté pour pénétrer le marché chinois de la pub en ligne réside dans les standards utilisés : « Aujourd’hui, en Chine, on vend encore des espaces à la journée ou au mois, alors qu’en Europe on n’utilise plus que le CPC ou le CPM ». Plutôt que de s’appuyer sur la durée, le « Cost Per Click » permet d’acheter un espace jusqu’à avoir atteint un nombre pré-


Internet déterminé de clics (ou de visiteurs sur si les bannières troublent sa lecture la page affichant la pub, pour le CPM). d’informations. L’efficacité des modes Les « vieilles » méthodes rendent le re- et emplacements publicitaires est détour sur investissement imprécis avant terminante, particulièrement en Chine la fin de la campagne. Mais les agences où les sites sont généralement très chinoises, soufournis. L’abonvent guidées par dance des titres des entreprises et liens textuels « Aujourd’hui, en Chine, on internationales, qui s’inscrivent vend encore des espaces à s’adaptent à ces sur l’écran peut la journée ou au mois, alors nouveaux stanaffecter la lisibilidards. La publicité. La tarification qu’en Europe on utilise plus té sur le net offre varie donc en que le CPC ou le CPM » une traçabilité fonction de l’exobjective, avec position : rang un nombre de de visibilité de clics mesurable, rarement égalée dans l’écran (page), position sur l’écran, fréles autres médias. Si l’internaute est quentation de la rubrique, et taille de théoriquement plus réceptif aux pubs la publicité. Selon les professionnels diffusées sur son écran d’ordinateur du milieu, le coût d’une campagne qu’aux panneaux d’affichage, il peut web en Chine reste aujourd’hui bien aussi être agacé par une éventuelle moins élevé qu’en Europe. Cependant, surcharge publicitaire, notamment le marché est en plein essor, et avec la

demande croissante, les prix vont augmenter. Un exemple réussi de marketing Internet sur le marché chinois est celui du site eLadies, créé dès 2002 par L’Oréal en partenariat avec Sina, le premier portail chinois. Aujourd’hui, eLadies est une plate-forme de communication entre le consommateur et les marques du géant français des cosmétiques : des informations sur les produits et les événements sont proposées, parallèlement L’Oréal en apprend davantage sur ces internautes femmes. La communication via le Web offre des possibilités d’interaction privilégiée avec les consommateurs. Le développement des connexions Internet mobile favorisera encore davantage l’interactivité, et la personnalisation, de la publicité dans les années à venir. n CF

Trois questions à Richard Tan, Directeur Général, Euro RSCG Grande Chine

© DR

veaux médias ne remplacent pas les supports de communication classiques — la presse magazine o u   l ’af f i cha g e — ils les complètent.

Connexions : Aujourd’hui, comment intégrez-vous Internet dans les stratégies de communication que vous proposez à vos clients ? Richard Tan : Notre département Digital est spécialisé dans le marketing interactif et constitue une de nos quatre disciplines. Selon le secteur et la cible visée, ce mode de publicité vient s’ajouter aux médias traditionnels ou fait l’objet d’une campagne particulière. Les nou-

C. : Quels sont les avantages de ce nouveau média sur le marché chinois ? R.T. : Internet offre bien plus de flexibilité, davantage de place et de temps  : contenu plus riche, plus long, « multi » formats etc. Enfin, ces nouveaux outils permettent de cibler davantage les consommateurs. Aujourd’hui, en Chine, les coûts sont encore bas. Avec un moindre investissement, une entreprise peut donc ajouter le Web à son mixmedia sans multiplier le budget de la

stratégie de communication. Mais c’est un marché en maturation, nous constatons qu’un travail d’éducation est nécessaire auprès des annonceurs. C. : Le développement du marketing en ligne est donc une opportunité intéressante pour Euro RSCG Chine, quelles sont les perspectives d’évolution? R.T. : Le taux de pénétration d’Internet en Chine est encore faible, mais la croissance est exponentielle et l’évolution très rapide. Euro RSCG est la première agence de publicité interactive au monde. Grâce à notre expertise et à notre expérience dans les autres pays, nous pouvons apporter des solutions extrêmement sophistiquées sur le marché en développement chinois. Propos recueillis par Camille Foucard

Connexions 69


Dossier

Entretien avec Hervé Cayla

« En Chine, la convergence entre Internet et la téléphonie mobile est naturelle »

Connexions : Pourquoi avez-vous choisi d’établir un centre de recherche en Chine ? Hervé Cayla : Jusqu’à présent, les opérateurs étrangers de téléphonie mobile ou fixe ne peuvent pas détenir directement de licence en Chine et si l’établissement de joint venture avec un opérateur chinois est théoriquement possible, aucun opérateur étranger n’a pu y parvenir. Nous avons donc développé d’autres activités pour étendre notre présence en Chine, dont la recherche et le développement. Depuis 2004, avec l’OrangeLabs de Pékin, nous étudions, par exemple, les pratiques des internautes chinois et les convergences rendues possibles avec la téléphonie mobile. Nous pensons qu’il est utile d’étudier les modèles économiques chinois et les interactions entre le web et le téléphone mobile pour ensuite, éventuellement, les transposer en Europe ou développer des partenariats en Chine. En ce sens, la Chine est un laboratoire de l’Internet mobile qui nous permet d’anticiper les pratiques des internautes européens. C. : Quels types de services vous intéressent en particulier ? H.C. : Nous nous intéressons à tous les services innovants qui se développent en particulier dans le domaine de l’entertainment et des services communautaires en Chine, la population des utilisateurs étant particulièrement jeune: 70% des internautes ont moins de 30 ans. Ainsi, le Peer to Peer, c’est-à-dire l’échange de fichiers, 70  Connexions

© Anne Severine Douard

Hervé Cayla est le représentant de France Telecom en Chine. Il dirige l’Orange Labs de Pékin, centre de recherche et de développement s’intéressant, entre autres, à la téléphonie mobile et à l’Internet.

en particulier vidéos, entre utilisateurs du net, qui apporte une solution au problème de stockage de données pour l’opérateur puisque chaque ordinateur en réseau joue le rôle de serveur, est très développé en Chine. Nous développons aussi localement nos propres technologies et coopérons avec des fournisseurs de services chinois qui ont mis au point des services d’échange de vidéos très populaires en P2P. Nous sommes déjà en train de lancer une expérimentation de ce système chinois en France. Un autre de nos projets, Yoku, issu de nos études sociologiques de tendance d’usage observées chez les jeunes en Chine, consiste en la création d’un site communautaire Internet et mobile pour l’organisation de voyages par des internautes se constituant spontanément en groupes communautaires.

C. : Actuellement, l’accès au net par téléphone mobile est-il répandu en Chine ? H.C. : L’accès au web par son téléphone mobile est une tendance forte en Chine. Elle s’explique par un contexte particulier : le téléphone est un terminal accessible économiquement alors que la majorité des internautes chinois ne possèdent pas leur propre ordinateur et se rendent dans un café internet pour surfer. Il suffit de comparer le nombre d’ordinateurs personnels, environ 80 millions, et celui des abonnés à un service de téléphonie mobile, 530 millions, pour comprendre l’importance du téléphone portable! Du coup, le portable est synonyme de personnalisation : sur leur téléphone, les internautes chinois veulent retrouver leur univers Internet personnel, même si


Internet C. : Est-ce que cette convergence correspond à de nouvelles sources de revenus ? H.C. : Certainement. Le téléchargement de musique et de sonneries est la source de revenus la plus courante de la convergence mobile-Internet, mais il y existe aussi des services liés à la localisation, en matière de fourniture d’information, de jeux ou de services communautaires comme le projet Yoku que nous développons. D’une

manière générale, le téléphone portable est un instrument de choix pour monétariser des services proposés sur Internet. Le téléphone mobile permet ainsi à de nombreux sites de sortir de la logique de gratuité, qui est la règle sur le net chinois, pour générer des revenus, en proposant par exemple, aux internautes de régler leurs petits achats, réels ou virtuels, effectués en ligne, en envoyant des SMS surfacturés. n Propos recueillis par Mathieu Baratier

‘‘在中国,互联网与移动电话 之间的整合是很正常的’’

的终端,所以当中国大多数网民无法

盖拉是法国电信在中国的首席代表,他是北京 Orange实验室——关注移动电话和互联网研发中 心的首席执行官。

右,然而手机服务的注册者有5亿3千

《联结》:你们为什么选择在中国建

展十分关注。网络服务的使用者大多

上找到个人的网络空间。还要说明的

立研发中心?

是年轻人,70%的网民小于30岁。因

是中文简洁、概括,特别适合在手机

盖拉:到目前为止,国外的移动电

此点对点服务在中国十分流行,它是

屏幕上进行书写交流。在每个短信中

话或固定电话运营商不能直接在中

指在网络使用者之间交换文件尤其是

所包含的信息都很重要,而且传送的

国拿到许可。而如果与中国的运营

视频文件,由于网络里的每台计算机

很快。因此,中国互联网和移动电话

商建立合资企业在理论上是可能的,

都是一个服务器,它为网络运营商解

从经济和文化上融合是顺理成章的

但没有任何国外运营商能够实现。为

决了数据存储的问题。我们也会发展

事。

了扩大在中国的发展,我们就开发了

自己的技术,并与中国服务供应商合

《联结》:这种融合是否意味有新的

其他一些业务。从2004年起,北京的

作,他们把P2P上十分流行的视频交换

收入来源?

Orange实验室调查了中国网民的上网

服务投入使用。我们正在法国把这一

盖拉:当然。音乐和彩铃的下载是移

情况以及与移动电话整合的可能。我

服务进行试验。根据在中国年轻人中

动电话和互联网融合最常见的收入来

们认为十分有必要研究中国的经济模

进行的使用趋势社会性调查,我们另

源。但收入也来源于信息提供、游戏

式以及网络与移动电话的相互作用,

一个项目Yoku建立了一个互联网和移

或像我们所开发的Yoku群体服务方面

或许以后可以把它们移植到欧洲或在

动通讯的社区,由自发组成群落的网

的与定位相关的服务。总的来说,移

中国本地发展合作伙伴。从这种意义

民组织旅游。

动电话是一种使互联网服务货币化的

上来说,中国是一个让我们预见欧洲

《联结》:目前在中国通过手机上网

选择工具。移动电话因此使众多的网

网民上网趋势的互联网实验室。

是否很普遍?

站从上网免费的逻辑中走出来。为了

《联结》:你们特别关注哪类服务?

盖拉:通过手机上网的趋势越来越明

创收,网站以手机收费短信的形式让

盖拉:我们对所有的新兴服务,特别

显。它是在一个特殊的背景下产生

网民支付他们实际或虚拟的在线购

是中国网络娱乐及网络社区服务的发

的:电话是一个在经济上可以获得

物。n

ils ne possèdent pas d’ordinateur. Enfin, il faut dire que la langue chinoise, très concise et très synthétique, est particulièrement bien adaptée à la communication écrite sur un écran de téléphone. L’information contenue dans chaque unité de message est plus importante et elle se transmet plus vite. La convergence entre Internet et la téléphonie mobile est donc naturelle en Chine, économiquement et culturellement.

盖拉先生专访 拥有自己的电脑时,他们就去网吧上 网。只要比较一下个人电脑和手机的 数量,目前个人电脑大约在8千万台左

万,这就可以理解手机的重要性。移 动电话一下子成为个性化的同义词: 中国网民即使没有电脑也可以在手机

Connexions 71


La Chine à la loupe : Shanghai Shenyang

Shanghai

© Imagine China

Canton

Shanghai

La championne de l’Est Par la Mission Economique de Shanghai

Sa position exceptionnelle à l’embouchure du Yangtse fait de Shanghai une des principales plates-formes mondiales pour le commerce alors que son arrièrepays attire plus de 40% des investissements destinés à la Chine. Vitrine de la modernité chinoise, c’est le lieu où se dessinent les nouvelles tendances. Carrefour logistique et porte ouverte sur le monde pour le trafic de conteneurs (15 millions d’EVP1). Grâce à Compte tenu de la population migrante, particulièrement la construction d’un nouveau port en eau profonde déjà nombreuse à Shanghai, le en activité, cette capacité nombre d’habitants dépasse 18 Le dynamisme économique shanghaien sera portée peu à peu à millions, ce qui en fait la seconde attire une population d’expatriés français de 25 millions d’EVP en 2010. agglomération chinoise (derrière Shanghai a également la plus en plus nombreuse, estimée en 2005 à Chongqing qui approcherait les plate-forme aéroportuaire 30 millions). Elle se classe au 7e 6 000 personnes, soit un nombre équivalent la plus active de Chine rang des provinces chinoises en à celui de la population française installée à continentale : 2 millions de termes de PIB, mais au premier Hong Kong tonnes pour le fret aérien rang pour le PIB par habitant. et 35 millions de passagers Le port de Shanghai, qui avait fait la fortune de Shanghai répartis sur deux aéroports. Celui de Pudong (21 millions – capitale économique de l’Asie dans les années 20 et 30 de passagers), conçu par ADP, est actuellement saturé demeure un atout majeur : il est actuellement le premier du et verra sa capacité portée en plusieurs tranches à 80 monde pour le vrac (400 millions de tonnes) et le troisième millions de passagers en 2015. Celui de Hongqiao a une 1

72  Connexions

Conteneur “équivalent vingt pieds”


De la ville industrielle à la métropole de services Shanghai a pour stratégie de devenir une métropole de services (à l’image de Bailian, premier groupe de distribution chinois). Aujourd’hui, cependant, c’est sa puissance industrielle qui marque les esprits. Dans certains secteurs, Shanghai (et sa région) dominent largement la production nationale. Ce sont des conglomérats de niveau national comme Baosteel, géant sidérurgique qui est entré l’an dernier dans le palmarès Fortune 500. Pour l’automobile, près de 40 % de la production chinoise de véhicules de tourisme est assurée par SAIC, Nanjing Automotive, Geely, Chery, etc... Pour la microélectronique, plus de 25 % de la production chinoise est assurée par SMIC, GSMC, Huahong et Shanghai Belling. Pour la construction navale, 50% de la production chinoise est assurée par Jiangnan, Hudong-zhonghua, Waigaoqiao. Ce sont aussi de grands groupes municipaux comme Huayi, un des leaders chinois dans la chimie fine ou Shanghai Electric, que d’aucuns comparent volontiers à Alstom, ou SVA qui est devenu un groupe de taille mondiale dans le secteur de l’optoélectronique. Si le développement de Shanghai repose essentiellement sur un capitalisme municipal puissant, en cours de restructuration, il dépend aussi de plus en plus de l’initiative privée. Certains groupes ont atteint une taille critique et croissent à partir de Shanghai. Le sens inné des affaires des entrepreneurs shanghaiens explique l’incroyable dynamisme de la création de petites et moyennes entreprises privées (de l’ordre de +40 % par an!) et le tissu local déjà extrêmement riche de PME actives dans tous les domaines.

Shanghai en chiffres

Population totale : 13,5 millions d’habitants (2004), hors population migrante estimée à 4,5 millions. Superficie : 6 340 km2 Densité : 2 129 hab./km2 PIB : 74,5 milliards € en 2004 PIB par habitant : 5 530 € en 2004 Première destination des investissements français en Chine Shanghai est la principale région d’implantation des entreprises françaises en Chine. En 2005, sur près de 1 400 établissements français en Chine, Shanghai en regroupe 470, soit 35%. Le montant cumulé des investissements directs réalisés par des intérêts français s’élève à 13 milliards de dollars. Un grand nombre de sociétés françaises y ont établi leur siège chinois. C’est le cas en particulier dans le secteur industriel avec notamment : Air Liquide, Alcatel, Danone, Eramet, Essilor, Lafarge, L’Oréal, Rhodia et Saint-Gobain. Les sociétés opérant dans le secteur de la distribution et des services sont également bien représentées avec Auchan, Carrefour, Decathlon, Sodexho. Enfin, dans le secteur financier, BNP-Paribas, Calyon et Natexis-Banques Populaires y ont également établi leur centre opérationnel. Le secteur du

© Imagine China

vocation essentiellement nationale et accueille 14 millions de passagers. En termes de commerce extérieur, Shanghai présente paradoxalement une balance commerciale négative avec le reste du monde, mais la métropole est entourée de régions à forte dominante exportatrice (Jiangsu, Zhejiang). En 2004, les importations de Shanghai ont augmenté de 35,3% (65,7 milliards d’euros), alors que les exportations croissaient de 51,6% (56 milliards d’euros). La France est le deuxième exportateur européen vers Shanghai en 2004. Nos exportations vers le port de Shanghai représentent plus de 40% du total de nos ventes vers la Chine qui se sont élevées à 5,8 milliards d’euros en 2005 (contre 20,9 milliards d’euros d’importations). Illustration de son rôle important en matière de transport et de logistique, un quart du commerce extérieur de la Chine transite par Shanghai. En termes d’investissements étrangers, Shanghai continue d’attirer des flux importants (6,5 milliards de dollars en 2004), mais elle est aujourd’hui de plus en plus concurrencée par les provinces limitrophes (Jiangsu, Zhejiang et, dans une moindre mesure, Anhui) qui bénéficient de leurs efforts en matière d’infrastructures (parcs industriels) et de coûts plus bas (foncier et salaires).

L’indice de la bourse de Shanghai a terminé 2007 sur un nouveau record : 97% de croissance sur un an.

Connexions 73


La Chine à la loupe : Shanghai luxe, auquel l’image de marque française est fortement associée, est très bien représenté à Shanghai, capitale de la mode chinoise. Les grandes griffes y ont ouvert des points de ventes dans les lieux commerçants les plus prestigieux et y rencontrent une clientèle en forte croissance. Les PME françaises se concentrent soit dans la sous-traitance pour des grands groupes soit dans des niches technologiques et connaissent souvent de francs succès : Ubisoft (jeux vidéos), Ethypharm (Pharmacie), Cybernetix (qui va regrouper ses activités sur Shanghai), Maped (articles de bureau) et Sperian (anciennement Bacou Dalloz, protection individuelle)… De plus en plus nombreuses sont celles qui veulent tenter leur chance dans le secteur tertiaire, priorité de la Municipalité de Shanghai, dans celui des biens de consommation (à l’image de Montagut dans le prêt-à-porter) ou des métiers de bouche (restauration, boulangerie…). Une intégration croissante avec l’arrière-pays L’économie de Shanghai trouve sa cohérence en s’inscrivant dans un ensemble plus vaste, comprenant, hormis la ville elle-même, les provinces du Jiangsu, du Zhejiang et de l’Anhui. Cette zone correspond en outre aux circonscriptions consulaires et économiques françaises de la Chine de l’Est. Son PIB total a atteint 358 milliards d’euros

courants en 2004, pour une population totale de 200 millions d’habitants, soit un PIB par habitant de 1790 euros. En 2004, ce territoire accueillait 26 milliards d’euros de flux d’investissement direct étranger (+16%), soit plus 40% des IDE vers la Chine. Certaines villes du bassin, notamment Suzhou (Jiangsu), affichent des performances uniques en Chine, avec une croissance de 17,6% et le record national des flux d’investissement en 2004. La région représente 14% de la population chinoise, mais près du tiers du PIB national et des flux d’investissement direct étranger. La concentration urbaine est très forte. A elles seules, les 16 villes principales du delta du Yangtse, abritant 5% de la population, totalisent un PIB de 264 milliards d’euros en 2004. Le PIB par habitant y atteint le triple de la moyenne nationale. Shanghai est considérée comme la tête de dragon de cet ensemble qui comprend (dans l’ordre décroissant de richesse) des villes comme Suzhou, Hangzhou, Wuxi, Ningbo, ou Nankin. Cette classification économique ne coïncide pas avec la hiérarchie administrative, les capitales provinciales étant devancées par des villes de moindre rang comme Suzhou, Ningbo, ou Wuxi. La conurbation a été classée comme le sixième pôle urbain mondial après le Nord-Est des EtatsUnis, le Nord-ouest européen, la région des grands lacs américains, la mégalopole située autour de Tokyo et le grand Londres. n

A Shanghai en avant-première

Les nouveaux studios de Bright Shadow, des infrastructures modernes pour le tournage de films et de publicités.

T

ourner dans les décors de « Hero », louer une grue de 25 mètres, trouver trois cents figurants en moins de deux jours, c’est le quotidien de Charlie Moretti. Il a installé Bright Shadow, sa société de conseil audiovisuel dans une maison du vieux Shanghai il y a trois ans. « J’ai passé six mois à étudier les opportunités dans l’industrie cinématographique en Chine. A l’époque, il y avait encore tout à faire à Shanghai contrairement à Pékin où le marché semblait très mature, explique l’entrepreneur  ». La ville lumière est une grosse consommatrice d’images mais les entreprises étrangères ne s’aventurent pas sur le créneau audiovisuel réputé très nationaliste. Charlie Moretti a choisi d’établir des contacts avec les administrations locales notamment les studios de Hengdian à 300km de la ville, 74  Connexions

et le Shanghai Media group. Bright Shadow se développe dans deux directions. Pour les entreprises, elle peut fournir une assistance lors de tournages de publicités, de films d’entreprise, ou assurer la production de A à Z. Ses clients s’appellent Carrefour, Publicis, Ballantines… Bright Shadow investit aussi la production indépendante. Le dernier documentaire présenté lors du MipDoc, équivalent du festival de Cannes pour les documentaires, est distribué à l’international par le National Film Board of Canada. Le mois dernier, la société qui emploie 19 personnes, a du quitter ses premiers locaux pour s’étendre sur les 500 m² de studios derniers cris. L’objectif est d’accueillir les grosses productions internationales qui se bousculent pour tourner en Chine. n Emilie Torgemen

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Bright shadow


Allécher la classe moyenne chinoise Amorino

O

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Amorino : trois boutiques ouvertes à Shanghai depuis 2006

passants. « S’installer à Shanghai, la ville la plus dynamique, la plus avancée vers un mode de vie occidental, était presque une évidence, explique Laurent Taniere ». En contrepartie, le directeur de l’enseigne à l’angelot a vécu des départs en cascade de ses employés. « Le nouvel an chinois a été un cauchemar, raconte-t-il, alors que les plannings étaient prévus depuis des mois, des vendeurs et des chefs de boutique ont préféré démissionner plutôt que de travailler pendant la semaine dorée ». Dans des décors étudiés (tons pralinés, ardoise et fausses poutres), Amorino vend du haut de gamme. De la crème, du sucre et des arômes, les glaces 100% naturelles sont concoctées dans la cuisine de Gubei, tous les produits sont importés pour assurer la qualité Amorino. Les gourmands chinois apprécient, plus de 3000 personnes se pressent chaque jour dans la petite boutique du Bund. Mais la stratégie confidentielle qui a fait le succès d’Amorino en France n’a pas sa place ici : « Les consommateurs chinois croient au succès, pas à la bonne adresse qu’on se chuchote entre privilégiés, analyse Laurent Taniere. » Aussi envisage-til de s’allier à un partenaire chinois pour développer son enseigne à grande vitesse. n E. T.

n raconte que Marco Polo aurait le premier importé les glaces en Europe de retour de Chine. Laurent Taniere, directeur d’Amorino Chine a fait le voyage en sens inverse pour (ré)apprendre le plaisir de la crème glacée au Shanghaïens. Le 1er mai 2006, il a inauguré sa première boutique à l’entrée du Carrefour Gubei, puis une seconde sur le Bund et une troisième dans le bâtiment du Carrefour de Jin Qiao. Le concept : des glaciers artisanaux ouverts jusque tard dans la soirée dans des quartiers XXX

L’internationale créatrice Lime 388

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E

n Chine le chiffre 8 porte bonheur. Thomas Dariel et Benoît Arfeuillère, créateurs de l’agence de design Lime 388 à Shanghai, en savent quelque chose. Leur première réalisation : 80 000 m² de conteneurs à transformer en espaces créatifs dans le district de Baoshan au Nord de la ville. A sa deuxième année d’existence, l’agence enregistre 800 000 euros de chiffre d’affaires. Ils travaillent aujourd’hui avec le ministère de la santé à une campagne de communication sur la prévention du sida, ils décorent des villas de luxe au pied de la grande muraille… Evidemment, ils ont d’abord joué la carte de la créativité française mais très vite ils ont décidé d’être « chinois », c’est-à-dire d’être aussi rapides, de pratiquer presque les mêmes prix. Les designers, qui sont parrainés par Pearl Lam, galeriste et collectionneuse star de l’art contemporain chinois, ont aussi compris l’importance des « guanxi », les réseaux de relations personnelles. La clé de leur réussite est d’avoir su fédérer des créatifs de tous horizons. Quinze designers français, chinois, italiens, canadiens, américains travaillent ensemble dans l’espace de la rue Kangding. C’est ce cocktail de cultures que les deux amis sont venus chercher à Shanghai : « La ville

Lime 388 : une équipe de 15 designers dans un décor festif.

est historiquement cosmopolite, on sent une espèce de folie jusque dans l’architecture » assure Thomas Dariel. Dans leur secteur aussi le turn-over des salariés est un vrai problème. Leur solution : responsabiliser leurs collaborateurs et surtout les payer mieux, le salaire moyen d’un designer chinois est de 300 euros par mois, chez Lime E. T. 288, ils sont payés 800 euros. n Connexions 75


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Tourisme en Chine

SHANGHAI, la belle aux cent visages Absolument insolente de modernisme et d’affairisme, sans cesse fiévreuse, tant son activité commerciale et boursière fait trembler les grands de ce monde, Shanghai fait battre le cœur de ses visiteurs à un rythme effréné. Qu’elle vous éblouisse, vous attire, ou vous effraie, l’impertinente cité aux cent visages et 18 millions d’habitants ne vous laissera pas indifférent.

C

onsidérée comme le Paris ou la Perle de l’Orient, Shanghai ne cesse de faire rêver les étrangers du monde entier, comme au XIXe siècle, lorsque les Européens installèrent leurs premiers entrepôts commerciaux sur les rives de la rivière Huangpu où accostaient leurs navires, avides de conquérir le grand marché de l’empire décadent. Aujourd’hui, ses grattes ciels s’érigent avec majesté toujours plus haut vers le ciel, contrastant avec les immeubles Art déco des anciennes concessions, comme avec les petites masures de la vieille ville chinoise. Les vitrines de la réussite shanghaienne Aux voyageurs qui s’aventurent dans la mégapole, je les invite d’abord, pour prendre le pouls de la ville, à se promener sur le Bund, le long de la rivière Huangpu, encombrée de barges et de bateaux dont les sirènes hurlent jusque tard dans la nuit. Les beaux immeubles néoclassiques, datant de la première moitié du XXe siècle, abritent aujourd’hui des banques, des restaurants étoilés,

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les bars en vogue et des boutiques de luxe. N’hésitez pas à entrer dans ces bâtiments restaurés avec goût et à prendre un verre sur la terrasse d’un ancien bâtiment de la marine marchande, pour saisir le plus beau panorama de la ville, du Bund face à Pudong, la ville futuriste hérissée de centaines de grattes-ciels de verre et d’acier au milieu desquels pointent la silhouette hollywoodienne de la « Perle de l’Orient » (la Tour de Télévision), les 101 étages du World Financial Center et la Tour Jinmao. A la tombée de la nuit, lorsque la brise de mer toute proche vous rafraîchit des agitations de la journée, vous aimerez savourer le spectacle des néons multicolores qui balayent les bâtisses, symbole de la réussite de la cité. Un foyer de culture et d’architecture moderne Un autre visage intéressant de Shanghai est la Place du Peuple, construite sur l’ancien hippodrome de l’époque des concessions, où sont concentrés aujourd’hui les bâtiments voués à la culture : l’Opéra de Verre dessiné par Jean-Marie Charpentier, le Musée de Shanghai en forme


Dans les rues tranquilles bordées de platanes Les quartiers de la Concession française méritent une belle grande ballade à travers ses rues ombragées où l’on trouve encore des « lilong » aux venelles enchevêtrées, habitat rural adapté à la ville construit de 1860 jusqu’à la fin des années 1930, sous la forme de lotissements composés de maisons mitoyennes, disposées en rangées parallèles : une ville dans la ville, obsolète et poétique avec ses moments de surprise, ses éleveurs d’oiseaux ou de criquets, ses tailleurs, ses marchands ambulants, ses petits vendeurs de tout et de rien… Un peu plus loin, apparaissent les belles villas bourgeoises avec jardinet. La plupart des maisons de ce quartier sont demeurées intactes, déployant un charme du passé qui évoque la vie de la riche communauté shanghaienne d’avant la Deuxième Guerre mondiale. Poussez les portes de quelques belles demeures comme celles de Sun Yatsen ou de Song Qingling et de la villa Xing Guo restaurée par des Français de goût : objets anciens et mobilier chinois sont ici exposés comme dans une maison privée. Surtout, n’hésitez pas à faire une longue pause thé, particulièrement dans les jardins d’une vieille et belle demeure des années 30. Les quartiers des galeries et des intellectuels Autre visage branché, la zone industrielle de Suzhou Creek, où se trouve Moganshan Lu. Au numéro 50, d’anciennes usines de farine ont été reconverties en ateliers-galeries d’artistes. L’endroit est étonnement calme et agréable. Toutes les grandes galeries d’art contemporain y ont leurs

© DR

de tripode antique, le Musée de l’Urbanisme, le Musée d’Art et le Musée des Arts contemporains, situé dans les jardins. Attardez-vous au musée de Shanghai qui abrite une très belle collection d’art chinois : bronzes, porcelaines, céramiques, terres cuites, jades, peintures, calligraphies… et parcourez les salles riches de trésors à l’aide d’un audio-guide qui est de grande qualité. La visite du Musée d’Urbanisme permet quant à lui de mieux cerner les développements urbains grandioses et les ambitions de Shanghai, en vue notamment de l’exposition universelle de 2010. Pour les amateurs de shopping, la célèbre rue de Nankin est au bout de la Place. Allez-y. On y trouve de tout… Les inconditionnels du modernisme tendance iront déjeuner dans le quartier branché de XinTianDi, le « Nouveau paradis sur terre », sorte de Times Square shanghaien qui a pris possession des « shikumen » d’antan, belles maisons bourgeoises du XIXe dont on n’a gardé, paraît-il, que les façades : les intérieurs ont été relookés pour accueillir des boutiques branchées où vous trouverez de jolies choses : Shanghai Trio, Madame Mao’s Dowry et Annabel Lee, Shanghai Tang… Le mot « shikumen » signifie « clef de voûte en chinois », et fait référence à la forme de la porte, souvent voûtée.

espaces. Au nord, se trouve le quartier de Duo Lun Street, qui faisait partie de la concession japonaise et a maintenu le style de vie de la communauté littéraire chinoise des années 20 et 30 : quelques maisons d’écrivains, librairies, ainsi qu’un musée d’art moderne, très recherché par les amateurs d’art valent le détour. Le Shanghai de ce début de XXIe siècle bâtit vraiment un décor de contrastes à coups de milliards de dollars d’investissements, pour assurer son triomphe et épater le monde. Dans cette cité démesurée, le visiteur y évolue souvent interloqué, ce qui balaie certainement ses doutes et ses incertitudes sur la puissance économique du pays. n Véronique d’Antras

Connexions 77


© Céline Escolano - Office du Tourisme

聚焦法国

朗格多克-鲁西永 佩皮尼昂、卡尔卡松、纳尔榜、蒙彼利埃、尼姆……这一座座城市的城墙,都在述说着 一个漫长世纪颇值得探究的历史。然而,朗格多克-鲁西永不独从文化角度引人入胜, 还是一个能够唤醒全部感官的地方。首先,其壮美的景物所呈现的色彩和所散射的光 影就令人百看不厌。从维美尔(Vermeil)海岸至朗格多克海滩,地中海沿岸一带吸引了 众多受炎热困扰的避暑者。但要真实了解朗戈多克-鲁西永和真切体验当地的风物,倒 不如离海岸稍远一点。最好是去感受一下乐师和着萨尔达那舞步节拍演奏的时候弥漫 在各个村庄里的疯狂,以及贝齐埃尔人(Beziers)被斗牛节的喧嚣鼓动起来的不加节制 的狂热! 充满香气的干燥的强风,光秃秃的岩石上令人眩目的阳光反射,如醇酒一般教人陶 醉。 安德烈-纪德: 《假如种子没有死去》 地区简介: 大区内一共有五个省:东比利牛斯省、奥德省、埃罗省、加尔省和洛泽尔省 人口:约240万人,面积:27376平方公里 大城市:蒙彼利埃、尼姆、佩皮尼昂 边界:南边与西班牙接壤 地区旅游网址:www.sunfrance.com 本版文章版权专有。未经米其林事先书面许可,任何个人或企业不得以复制、转载(包括网上转载)或其他任何方式使用其中的任何内容(包括文 字 和 图 片 ) 。 米 其 林 保留对任何未经授权的使用追究法律责任的权利。如需转载或发现文章中有不妥之处或有任何意见和建议,请发电子 邮 件 至 : jennifer.kong@michelin.com.cn

78  Connexions


鲁西永

萨尔达那舞(La sardane)

方式:按“野兽主义道路”的各个不同阶

佩皮尼昂

这种舞蹈无疑是加泰罗尼亚人最为奇特

段,将德兰(Derain)和马蒂斯(Matisse)

佩皮尼昂濒临大海,位于比利牛斯山峰脚

的传统,由一支操十一种民间乐器的乐队

的绘画与自然实景作一番比较。除了这

下,既洋溢西班牙加泰罗尼亚情调,又蕴

cobla伴奏。他们和着这些曲调,三五成群

两头“野兽”,还有许多画家诸如布拉克

含法国风情的韵味。在法国-西班牙边境

地跳呀跳呀,节拍非常之强劲!来到一个

(Braque)、弗里斯(Friesz)以及后来的

两侧,加泰罗尼亚传统可谓根深蒂固,但

乡村的平地上,加入到正在跳萨尔达那

毕加索(Picasso)等,已利用他们的画布,

又渗透了都市固有的特征。佩皮尼昂的

舞的人群中去,你会真切地感受到这种舞

将加泰罗尼亚这个小港的全部美景固定

像征——卡斯蒂利亚(Castillet),从布满

蹈所体现的友爱精神。

下来而永世流传。

层“血与金”的颜色。混入佩皮尼昂居民

萨尔萨(Salses)

陶塔威尔人

当中,在阿拉戈广场(place  Arago)和梧

萨尔萨要塞于15世纪由西班牙王朝所建,

(L’homme de Tautavel)

桐树散步场(promenade des Platanes)

用于封锁鲁西永的北部边境。但自从该地

约3 0 年前,在陶塔威尔 村附近一个叫

信步闲逛,你会听到加泰罗尼亚语如歌

区归入法国版图以来,要塞已不再具有战

caune

唱般悦耳的音调。在午睡与进入晚间狂

略性作用,因此而成为比利牛斯山脉的自

头骨的一些残片。人们因此得以了解,

热前这段时间,乘船出海兜一兜风,男女

然边界的一部分。该工事有一半被葡萄树

45万年前,被称之为homo  erec tus的

老幼又纷纷聚拢到罗热广场(place de la

所淹没,只作为中世纪西班牙军事建筑留

陶塔威尔人 就在鲁西永平原从事狩 猎

Loge),在粉红色的大理石板上跳起萨

在法国的一个唯一样本。

活动。但在探 测位于比 利牛斯山脚 下

雉堞和堞眼的塔顶望去,还自豪地披上一

de

l’Arago的岩洞里发现了人类

的这 座小 村庄的时候,谁又会想到,

尔达那舞。马霍卡王宫(Palais des rois de Majorque)则让人忆起在1344年并入阿

维美尔海岸(Côte Vermeil)

公元前 7 0万年,史前的动物和人类就

拉贡王朝并于17世界归顺法国之前,佩皮

朗格多克和鲁西永海岸延绵的沙带布列

曾经在这片如今栽满葡萄的土 地上行

尼昂曾经是马霍卡王朝首府的那段往昔岁

许多岩石,波涛涌来,顿成浪花;渔港和

走 过呢?史前欧洲中心能 让我们清晰

月。

游乐码头则栖隐在可躲避狂风暴雨的港

地了解 这 块 述 说 人 类 过 去 的 宝 地 。

湾深处。 卡尼古(Le Canigou)

Sanch的忏悔者 加泰罗尼亚的虔诚已然不再。不过,看看

考利乌尔(Collioure)

置身于佩皮尼昂平原和鲁西永海滩,首

当地民俗是如何表达加泰罗尼亚人所经

啊!考利乌尔,维美尔海岸奇迹中的奇

先映入眼帘的就是顶峰常年积雪的卡尼

历过的苦难,进而亲身感受一下这种虔

迹!这是一个典型的加泰罗尼亚风情的小

古山。从2784米高的峭壁(Pic)上,可以

诚,倒是很有必要。在佩皮尼昂,每年的

港,在情理上,人们不会仅满足于在明信

领略到一幅延伸至地中海海岸的壮阔图

耶稣受难日,圣血信徒团都要举行巡行活

片上一睹倩影。进入中世纪街区陡峭而开

景。为了感谢一直守护着他们的这座圣

动,该信徒团是15世纪由文森特创立的,

满鲜花的巷弄去溜达,肯定会见到一幅比

山,加泰罗尼亚人沿着卡尼古的山坡攀

旨在引导被判处死刑的囚犯。对于不大了

一幅更迷人的景象。加固的教堂“天使圣

爬,力争第一个点燃圣约翰灯(feux

解这段历史的人来说,场面会引起某种情

母院”(Notre-Dame-des-Anges)非常靠

la St-Jean)。每年的6月24日清晨,他们采

绪上的不安:参加巡行的男人清一色身穿

近岸边,让人以为它就建在海里。两个小

摘“鸿运”草(不凋菊、景天、金丝桃和胡

或红或黑的束腰长外衣,头戴高高的尖顶

港被旧王家城堡的围墙分隔开,里面停泊

桃叶)扎成十字架。加泰罗尼亚人将带花

风帽,一边唱着感恩歌,一边挥动着耶稣

着地道的加泰罗尼亚式小船。从鲜艳的

的十字架摆在自家门口,以保佑一家人的

受难图像,一个跟一个慢慢向前挪动……

色彩可以看出,这些小船对考利乌尔人来

幸福平安。探察卡尼古的另一种方式是登

说,既有感情价值,也有历史价值,因为

上山顶——只能徒步!——去参观一下卡

这是考利乌尔捕

鱼最为兴旺的那个年

尼古圣马丁修道院(abbaye St-Martin-du-

代的最后见证。沿着考利乌尔海湾漫步,

Canigou),这座修道院孤零零地立在山

景象煞是迷人,碧海蓝天,阳光明媚,不

巅之上,显得壮美而静穆。

你知道吗? 据萨尔瓦多·达里(Salvador Dali)

禁令人遐想连连……

记载,佩皮尼昂车站曾经是世界的 中心。仅此而已!

de

黄色小火车 野兽的灵感

乘 坐 黄 色 小火 车 是 参 观 塞 尔 达 涅

要探索考利乌尔的秘密,有一种奇特的

(Cerdagne)和孔弗朗(Conflent)山谷的 Connexions 79


聚焦法国 一种奇特方式!黄色小火车坚定不移地深 入到东比利牛斯山脉的腹地。这只英勇顽 强的“金丝雀”在山谷间左跳右跳,在葡 萄园和台地栽植之间穿行。在经过的地 方,它把一座座迷人的罗曼式小教堂从沉 睡的麻木状态中唤醒,最后收获到的是散 落在山坡上若隐若现的艺术作品。山坡偶 尔十分陡峭,会令人出几滴冷汗……塞尔 达涅的阳光浴,值!

朗格多克 卡尔卡松(Carcassonne) 人生在世,有必要踏足一次卡尔卡松市 镇,去想象一下中世纪时代。市镇坐落在 奥德省栽种葡萄的平原上,风采丝毫不 减当年,现已被联合国教科文组织列为世 界文化遗产。理由是:这里有欧洲最为壮 观的防御工事。两堵护城墙将城镇团团 围住,城里有一座伯爵城堡。异端审讯塔 内,黑咕隆咚的囚室里至今仍摆放着的铁 链使人忆及卡塔尔纯洁派的悲剧和施之 于异教徒的折磨。在卡尔卡松北部,神秘 的黑山(Montagne noire)高高矗立,在自 然空间相对有限的地方,这是一个松弛麻 木双腿的理想之地。山的北麓覆盖着黛 © Céline Escolano - Office du Tourisme

色的森林——名字由此而起——而南麓 环境更为恶劣,无休无止的狂风将山坡刮 得光秃秃的,不过,这对生长繁茂的葡萄 和橄榄树似乎没有造成多大干扰。 卡塔尔纯洁派的考比埃 (Corbières cathares) 考比埃是伸至东比利牛斯山脉的奥德省

来极其壮观。不过得当心,风刮得非常猛

Domitia)的其中一段。高耸入云的圣儒斯

一个美丽而纯朴的山区,区内矗立着许

烈!

特和圣帕斯特大教堂(cathédrale St-Justet-St-Pasteur)给人印象最为深刻的是穹

多“高得令人眩晕的城堡”,这些加泰罗 尼亚城堡如今已处于一种令人伤感的颓

纳尔榜(Narbonne)

顶的高度:41米!从近处观看,则发现这

塌状态。然而,城堡全都高悬在令人眩晕

在金色阳光的照耀下,纳尔榜慢悠悠地

座唱诗台藏有许多艺术精品,其中一件甚

的石峰上,常人似乎难以企及,而且不受岁

撩开面纱,终于让观光者对其富足一览

至来自遥远的国度……那是偶然发现埋在

月的侵蚀!因此,远远望去,凯里比斯城

无 遗 。纳尔 榜曾经是 纳尔 榜高卢的首

仿大理石层底下的一块巨型哥特式祭坛

堡(château de Quéribus)就像一枚套在

府,是历任西哥特国王的居住地和总主

装饰屏!根据成千上万块散落各处或埋

手指上的戒指。标志性的佩尔佩蒂斯城堡

教府所在地。因此,在充满活力的市政

在砂浆里的碎片,将装饰屏重新复原,整

(château de Peyrepertuse)损蚀的砌石

厅广场,建于12世纪的总主教府(palais

整花了十年时间。一场名副其实的拼图游

与城堡所依的岩块已经融为一体。岩体

des  Archevêques),非常靠近高卢-罗

戏!请认真观察一下被罚入地狱的人,他

高达780米,这足以令这个神奇之地看起

马时期便于商业往来的多米蒂亚街(via

们正坐在将他们送入地狱的马车上发出

80  Connexions


惊惶的呼喊。大家一定不会去羡慕他们

活质量不是单单用阳光充沛、濒临大海就

吉耶姆不再是荒漠那么简单……一条条弯

的……

能够解释得了的。这座城市吸引着越来越

曲的小巷都通向自由广场,广场上一棵巨

多的人,首先是因为她充满活力、十分好

大的梧桐树拔地而起;不难想象得出,索

贝齐埃尔(Béziers)

客,并因为吸纳了大约65000名大学生而

塔洛克村民(Sautarocs)利用旧修道院—

你可以想象一下,城市沿南部运河的银色

洋溢着青春的气息。蒙彼利埃最繁华的

—如今还留下一座漂亮的教堂— —令人

长廊徐徐向下延伸,而一座大教堂就建

地方是喜剧广场(place de la Comédie),

心绪宁静的环境,聚在树荫底下闲聊的情

在这座城市的最高处……欢迎来到贝齐埃

它是连接老城区和新城区的纽带。到广

景。

尔,一座蕴含丰富资源的城市。证据是:

场的四周去溜达溜达,寻找散落在横街

圣吉耶姆还有一处地质珍品——跨过不

这是朗格多克葡萄种植中心,葡萄园一直

窄巷两旁、门面和大门装饰十分考究的一

惧魔鬼的暴怒,亦不惧埃罗省的暴怒的

延伸至卡尔卡松和纳尔榜。贝齐埃尔人每

座座令人赞叹的私邸,无疑是一种真正

鬼桥(建于11世纪),便到了神秘的克拉

个星期天都要振臂欢呼,以捍卫那支具有

的乐趣。特别值得一提的还有加泰罗尼

姆斯岩洞(grotte de Clamouse)。雪白晶

传奇色彩的橄榄球队ASB的队旗!但贝

亚建筑师里卡多·波菲勒(Ricardo Bofill)

莹、颗粒纤细的结晶物,犹如搁在珠宝

齐埃尔人热情最为高涨的时刻是在八月

设计的安提戈纳区(Antigone)。凯旋门

盒里的珠宝般闪闪发光。景象十分神奇,

份,在万众欢腾的气氛里举办尊崇斗牛术

的正对面是佩鲁散步场(promenade du

尤其在白色廊道和怪石展室,文石“水晶

的斗牛节。欢庆过后,为了清醒清醒和恢

Peyrou),极目远眺,整座城市以及北边的

束”和有“岩洞珍珠”之称的豆石交相辉

复平静,顺着水流漫步当然必不可少……

加利戈山脉、塞文山脉和南边的大海,尽

映,异彩纷呈。每分每秒都令人陶醉!往

收眼底。天朗气清之时,甚至可以隐约望

北走进埃罗山谷,佳丽岩洞(grotte

到远处巍峨的加尼古高地。

Demoiselles)同样美不胜收。到达奇妙的

佩泽纳斯(Pézenas) 佩泽纳斯是撒落在“埃罗花园”闪闪发光

des

心脏位置,千万别往下走,而是要往上攀

的一粒小珠,在这片肥沃的平原上,葡萄

圣吉耶姆荒地

登!尽管双腿乏力,但每一步都要踏稳:

长势繁茂。面对古老的佩泽纳斯及其摊店

(Saint-Guilhem-le-Désert)

可利用缆索铁道以方便观赏这座四壁生

所独具的魅力,要做到无动于衷实在不容

圣吉耶姆荒地像一块绿洲铺展在韦尔迪

辉的矿物结构大教堂。

易。这些摊店会让你去发现当地艺术家和

(Verdus)荒凉狭谷的深处。闪闪发亮的

手工艺人的天地。当你见到那些豪华的住

小房子成片成片地聚集在一起,形成一道

纳瓦塞尔(Navacelles)

宅,那些设有精致的露台、做工考究的大

对游客极具吸引力的风景,以致今日的圣

维斯山谷的明珠——纳瓦塞尔竞技场

门、赏心悦目的内院的旧旅舍的时候,你 就会明白为什么这座城市取名为朗格多克 的“维美尔”(意为“红宝石”)!星期六 早上,城市的气氛尤其值得赞赏,集市让 共和国广场和约翰-若雷斯大道变得色彩 斑斓。 塞特(Sète) 塞特位于圣-克莱尔山麓蔚蓝的岛塘与地 中海之间的狭长地带。这座城市河渠纵 横、老港口的四周布列着五颜六色的房 舍,要将其独特的美占为己有,唯一办法 莱尔山去纵览这绝色美景吧。 蒙彼利埃(Montpellier) 蒙彼利埃是埃罗省的首府,也是朗格多 克-鲁西永的中心城市。她为其居民提供 一种得天独厚的生活质量,这样的一种生

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就是:亲自去领略一番!先让我们登上克

Connexions 81


聚焦法国 (cirque de Navacelles)威严地屹立在

尼姆(Nîmes)

割下作为战利品带回来。如表现出色,将

Blandas喀斯台地与Larzac之间。陡立的屏

跟罗马和马德里相比较,尼姆是一座具有

给与最高奖赏:被杀死的公牛的尾巴。

壁内隐藏着一条村庄,仿佛是随意遗落

双重性的城市。刚接触的时候,她似乎显

埃格-莫尔特(Aigues-Mortes)

在这片广阔空间的深处似的,显得格外渺

得平和而宁静,可是一到斗牛节,尤其是

在水塘、盐场、沼泽和水渠之间神秘突现

小。

在圣灵降临节期间,她立即就火爆起来。

一堵又一堵蜜色长墙……这是否属于一种

在该地区的Anduze附近,有一个谁也不

尼姆人陷入一种群体性狂热,他们投资竞

神迹?非也。这是埃格-莫尔特地区中世

曾料到的异国风情公园— —帕拉法兰西

技场— —话说回来,这可是罗马建筑的

纪建造的城墙。循着巡逻线路走走,目光

竹林(bambouseraie de Prafrance)。这

一个纯粹的奇迹— —为的是观看男人与

就会发现一座建有防御工事的城市。但要

里被称为塞文地区的亚洲(L’Asie dans les

公牛的先祖约会。在大街上,铜管乐队奏

欣赏堆在卡马尔格水塘上的一座座盐山,

Cévennes)。在茫茫的塞文地区,谁会想

着欢快而令人振奋的曲调为庆典活动增添

以及盐山后面的塞特和更远处的塞文微

到在竹林里散步?真个是百思不得其解!

气氛;在酒吧间,葡萄酒和茴香酒则一直

微泛蓝的沙洲,就得站高一点并登上孔斯

淌流不息。在两场角逐之间,愣充好汉的

坦塞塔的塔顶。

埃古阿尔(L’Aigoual)

男人在大街上撩逗疲惫的公牛,姑娘们则

埃古阿尔山(Mont Aigoual)显得含羞脉

牵着他们的手臂要去跳塞维利亚舞。一股

加尔桥(Pont du Gard)

脉?由于她把头部藏到了云层里,我们最

西班牙风掠过整座城市!方形屋(Maison

巨型的加尔桥为罗马人所建造,金褐色的

终只能想象而已!可是,当面纱撩开,对山

carrée)建于奥古斯都统治时期(公元前一

旧石块非常协调地融合到一丛丛常绿矮灌

地滑雪者而言不啻是个绝妙的景观,从这

世纪末),是罗马式庙宇保存得最好的一

木构成的令人愉悦的景色当中,单就这一

里可以观赏到Dourbie峡谷、Jonte峡谷和

座。

点就显得妙不可言。三层弧拱优雅地横跨

Trévezel峡谷,这几条峡谷尽情地在岩石

从四月份至九月份,斗牛业余爱好者——

加尔顿河绿色的水流,成为尼姆水渠最壮

上刻下了一道深沟。

或称非正式斗牛士— —会沉住气,而斗

观的一个部分。这是一项技术壮举,而且

公牛和斗小牛的活动则有节奏地一场接

还是一件真正的艺术杰作!

塔尔纳峡谷(Gorges du Tarn)

着一场。斗牛和马上斗牛均以刺杀结束,

塔 尔 纳 峡 谷发 端 于 洛 泽 尔山(m o n t

即直至把公牛刺死为止。在斗小牛期间,

朗格多克-鲁西永的美食

Lozère),敏捷地穿行于高高的石壁之间,

斗牛士要挑战一头至少四岁的公牛以取得

一个同样以口味著称的地区。来的正巧:

吓人的秃鹫就在石壁顶上翻飞盘旋。在

其职业生涯第一阶段的“有效证明”。最

朗格多克-鲁西永的烹饪保留着许多佳肴

湍急的溪流中居然还能找到一块理想的

勇敢的持剑斗牛士要将倒毙公牛的耳朵

美点。

游乐场地,这令那些漂流爱好者更为吃 惊。目的何在?为了征服这条浑身翠绿的 巨蛇。但最壮观的景貌以及与石壁最亲密 的接触,却是留给了那些接受徒步远足考 验的人,徒步远足将给他们留下与这个雄 伟的自然景物融为一体的难以言表的印 象…… 位于萧疏的Méjean喀斯台地的Armand落 水洞,隐藏着一片由奇异的结石组成的奇 形怪状的石质森林,只要稍微发挥一下 想象力,就不难分辨出哪是棕榈,哪是柏 隆咚的洞穴里。不过,最吸引眼球的还是 散落在怪异的卷心菜和雕镂的水果旁的 那些牛头马面怪物。大自然有时的确充满 奇思妙想!

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树,虽然它们杂乱无章地汇聚在这个黑咕

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咸品……

们再把Castenaudary没放奶油的小糕点

品尝就可以了。产自Frontignan、Lunel和

喜欢地中海口味的人定会一饱口福。郎格

alléluias、蒙彼利埃的带蜂蜜、香草和甘草

Mireval的muscats葡萄酒清甜可口,带漂

多克烹饪放很多橄榄油和咖里哥宇群落

味的糖果grisettes以及带茴香味的表面加

亮的金色酒裙。要想品尝到柑橘和蜜糖

的草本植物,譬如麝香草、迷迭香、大蒜、

糖霜的戒指饼rousquilles拿出来继续饱饱

的香醇,得喝刚出窖的新鲜酒。

鼠尾草、茴香等等。用了这些佐料,使蜗

口福吧。南部的果仁糖touron,蜂蜜和杏

其他醇味甜葡萄酒色泽更深一些,或

牛和野味都变得特别香!Pézenas以小馅

仁相搭配,对美食家而言是一种至高无上

呈金黄色,或呈深红色。边喝Banyule、

饼著称,这种馅饼用甜肉作馅、带糖渍柠

的享受。在主显节和封斋节期间,蒙彼利

Rivesaltes和Maury葡萄酒,边吃巧克力甜

檬皮香味,是著名的特色小食。

埃很少有人能够抵御得了橙香味细腻的

点和抹上香芹末酱的奶酪,那简直是妙

大海善于表现其慷慨:Bouzigues的牡蛎

oreillettes的诱惑。

不可言。除装入酒桶搁置在Marseillan的 太阳下老 化的 Noilly  Prat葡萄酒外,

和贻贝,Palavas按塞特方式烧制或拌有羊 葡萄酒

Byrrh是用葡萄酒和醇味甜葡萄酒勾兑的

以及章鱼。

朗格多克-鲁西永的葡萄种植堪称法国之

一种开胃酒,跟Ambassadeur、Cinzano和

奥克地区烹制美味肉汁的功夫无可争议,

最。量大质优,夫复何求?

Dubonnet一样,都是在Thuir酿制的。

尤其在Castelnaudary,猪肉白豆什锦砂锅

合格佳酿葡萄酒coteaux-du-languedoc囊

有众多的崇拜者。在那里,白豆、肥鹅肝、

括了埃罗省、加尔省和奥德省所有葡萄酒

实用信息

大蒜、猪肉皮常跟新鲜的羊胸肉和猪胸肉

产区的出产。卡布里埃尔产区出产干邑白

佩皮尼昂

拌在一起烹制。在卡尔卡松,这种历史悠

葡萄酒clairette-du-Languedoc(AOC)。

旅游局(Office de tourisme)

久的经典菜式又有了新的变化,那里的人

Faugères(AOC)产于黑山脚下,属烈性葡

地址:pl. A.-Lanoux

倒是喜欢羊腿和焖山鹑。

萄酒;Saint-Chinian

电话:04 68 66 30 30

Clermont-l’Hérault的脆皮馅饼里面包有茄

十分考究。在Minervois葡萄种植园可品赏

子、番茄、西葫芦和被太阳晒得红彤彤的

到mourels和serres,这两种牌子有散发出

灯笼椒。

樱桃果香味的红葡萄酒,也有入口细腻绵

La Galinette

加泰罗尼亚的烹饪对酱汁有点偏爱,酱

长、含蜂蜜和椴花香的白葡萄酒。辛辣味

地址:23 r.Jean-Payra

汁或带红酒香味,如picada;或加入番

道各有不同的红葡萄酒均产自奥德省的台

电话:04 68 35 00 90

茄和辣椒,如remesco。还有一些特色菜

地,跟这些白葡萄酒一样通常都是趁新鲜

餐价:15-43欧元

值得品味,譬如考利乌尔(Collioure)的

时饮用。

这位年轻老板的烹制材料全都采自市场,

腿的

鱼、红辣椒酱或蛋白杏仁烧墨鱼

品牌的葡萄酒包装

网址:www.perpignantourisme.com

灵感则来自鲁西永的乡土特色。人气在不

anchoïade,带纯甜红葡萄酒香味的红酒 洋葱烧野味。猪肉汤ollada和肉丸子boles

考比埃尔(AOC)葡萄园生产各种不同品

断上升!

de picola口碑也不错。复活节或圣灵降临

质的葡萄酒,Alaric山区产的葡萄酒清纯

节期间,大伙儿欢聚一堂,一起品赏蜗牛

且含花香味,Berre与Barrou之间地区产的

Les Antiquaires

cargolade和烧烤。沙丁鱼、肉块或灌肠,

葡萄酒含辛辣味,而Orbieu沿线产的葡萄

地址:PL.Desprès

有这些也就够啦!

酒则味浓而容易上头。

电话:04 68 34 06 58

喀斯台地(法国南部和中部的石灰岩高

Blanquette de Limoux(AOC)是世界上

餐价:22-40欧元

原)的蓝霉干酪和Languiole de l’Aubrac的

年代最为久远的初发酵酒,因而非常出

在这间餐厅可以品尝到品种丰富、制作精

fourme奶酪是用牛奶炼制的。而pérail奶

名,如今这个牌子为mauzac、chenin和

良的传统小菜。

酪则是用Larzac出产的羊奶炼制而成,

chardonnay联盟所获得。这种新鲜、纯

roquefort也用羊奶炼制,不过餐桌上再也

正的泡沫酒通常跟含胡椒味的糕点和

住宿

见不到了。塞文地区的山羊同样做出自己

limoux出产的果仁糖一起享用。

Hôtel Alexander

的贡献, 可用来炼制pélardon奶酪。

以Collioure(考利乌尔)为代表的鲁西

地址:15 bd Clemenceau

永的品牌酒(AOC)举世闻名。Côtes-du-

电话:04 68 35 41 41

甜品……

Roussillon(鲁西永海岸)主要出产色重味

网址:www.hotel-alexander.fr

烤制的糕点、杏仁脆饼、橙花bunyettes、

浓的红葡萄酒,带成熟水果和辛辣佐料的

房价:40-60欧元

卡尔卡松的冰糖栗子,列出这些也就差

香味。

餐价:16-28欧元

不多了。但仅有这类甜食还难以满足,我

醇味甜葡萄酒是典型的地中海风味,单纯

25套房间。这家小旅馆位于市中心,房间 Connexions 83


聚焦法国 保养极佳。

L’Ecurie

网址:hostellerie@chateausaintmartin.net

地址:43 bd Barbès

房价:58-65欧元

New Christina

电话:04 68 72 04 04

15套房间。房间半是普罗旺斯风格,半是

地址:51 cours Lassus

餐价:21-28欧元

乡村风格,令人赏心悦目。

电话:04 68 35 12 21

卵石铺砌的地面,涂上清漆的木栏,亮铮

网址:info@hotel-newchristina.com

铮的铜器,这些昔日的马厩如今终于有机

Hôtel Espace Cité

房价:63-78欧元

会品尝到至臻完美的传统烹饪。

地址:132 r. Trivalle

餐价:20欧元

电话:04 68 25 24 24

25套房间。现代化宾馆,楼顶有游泳池、

住宿

网址:www.hotelespacecite.fr

大浴池和喷浴室。

Hostellerie St-Martin

房价:65-85欧元

地址:Hameau de Montredon

48套房间。这家宾馆接待热情友好,房间

电话:04 68 47 44 41

清洁、明亮,功能齐全。

Le Mas des Arcades 地址:840 av.d’Espagne 电话:04 68 85 11 11 网址:contact@hotel-mas-des-arcades.fr 房价:70-90欧元 餐价:20-48欧元 102套房间。房间均带阳台,有些房间还对 着游泳池。 卡尔卡松 旅游局(Office de tourisme) 地址:15 bd Camille-Pelletan 电话:04 68 10 24 30 餐饮 La Tête de l’Art 地址:37 bis r. Trivalle 电话:04 68 47 36 36 餐价:10-30欧元 在这家餐馆里,大伙儿围着各种精美的 猪肉食品大吃大爵。餐馆由一位艺术爱好 者掌管,他借机摆设了许多现代绘画和雕 刻。 Chez Fred 地址:31 bd Omer-Sarraut 6 餐价:15-30欧元 时尚流行的装饰,绚丽多彩的颜色,主题 餐饮晚会,欢迎光临Fred餐馆!在这里您 可以品尝到郎格多克和鲁西永的所有美味 佳肴。

84  Connexions

© Céline Escolano - Office du Tourisme

电话:04 68 72 02 23


Hôtel Donjon et les Remparts

网址:hoteldupalais2@wanadoo.fr

这家餐馆有两张王牌:制作十分精良的

地址:2 r. du Comte-Roger

房价:56-73欧元

时鲜菜,着意挑选当地名酒的酒牌。

网址:info@bestwesterndonjon.com

26套房间。这家家庭式的宾馆位于历史古

房价:125-200欧元

城的中心,房间虽小,但摆设优雅,收拾

Le Bouchon et L’Assiette

62套房间。这家宾馆位于城市的中心,部

整齐。

地址:5 bis r. de Sauve 电话:04 66 62 02 93

分设在一间15世纪建造的孤儿院内,古旧 的石块和重新翻新的装饰配合完美。

Hôtel Maison Blanche

餐价:25-41欧元

地址:1796 av. Pompignane

装潢考究,按所用的炊具图形进行布置。

蒙彼利埃

电话:04 99 58 20 70

旅游局(office de tourisme)

网址:hotelmaisonblanche@wanadoo.fr

住宿

地址:30 allée De-Lattre-de-Tassigny

房价:59-91欧元

Chambre d’hôte La Mazade

电话:04 67 60 60 60

餐价:22-38欧元

地址:30730 St-Mamert-du-Gard

网址:www.ot-montpellier.fr(有中文信

35套房间。这幢殖民时期建造的房子颇具

电话:04 66 81 17 56

息)

魅力,房间也都十分宽敞。

网址:www.bbfrance.com/couston.html 房价:55-60欧元

餐饮

Chambre d’hôte Domaine de Saint-

3套房间。这是一家别出心裁的家庭式旅

C’an Jose

Clément

舍,招牌、墨西哥艺术品和繁茂的绿色植

地址:8 bis r. du Petit-Saint-Jean

地址:34980 St-Clément-de-Rivière

物共存一处,非常协调。

电话:04 67 60 70 71

电话:04 67 66 70 89

餐价:14-21.50欧元

网址:www.ledomainesc.com

L’Orangerie

坐在墙上挂着米诺克的摄影作品的餐厅

房价:80-130欧元

地址:755 r. Tour-de-l’Evêque

里,可以品尝到加泰罗尼亚和西班牙的菜

5套房间。住在这所非常漂亮的农舍里,安

电话:04 66 84 50 57

式。您会不会受到用树皮织成的塔巴布的

静绝对有保证,房间饰以古旧家具和现代

网址:hr-orang@wanadoo.fr

诱惑?

绘画,令人感觉舒适。带花园和游泳池。

房价:29-37欧元 餐价:29-37欧元

Les Bains de Montpellier

尼姆

31套房间。这家旅馆颇像一家旧农舍,房

地址:6 r. Richelieu

旅游局(office de tourisme)

间宽敞,法国中部的色调。有些房间带露

电话:04 67 60 70 87

地址:6 r. Auguste

台,有些房间则带沸滚水浴室。

餐价:20-28欧元

电话:04 66 58 38 00

这个餐馆的布设仿旧时的“巴黎浴室”,

网址:www.ot-nimes.fr

New Hôtel la Baume 地址:21, Nationale

置身其中,有一种环境错置的感觉。在里 餐饮

电话:04 66 76 28 42

Le Bistrot au Chapon Fin

网址:nimeslabaume@new-hotel.com

Le Petit Jardin

地址:3 pl. du Château-Fadaise

房价:95-145欧元

地址:20 r. Jean-Jacques-Rousseau

电话:04 66 67 34 73

34套房间。这座建于17世纪的别致的旅馆

电话:04 67 60 78 78

餐价:12-30欧元

是古老与现代的完美结合。n

餐价:22-40欧元

除了随市场供应而精心准备的时新菜肴之

这间迷人的小舍把顾客迎进花园,让他们

外,还有几样货真价实的地中海菜式和非

去品尝当地特色的菜肴。

比寻常的腌酸菜类菜式。

住宿

Aux Plaisirs des Halles

Hôtel du Palais

地址:4 r. Littré

地址:3 r. du Palais

电话:04 66 36 01 02

电话:04 67 60 47 38

餐价:22-49欧元

面可以尝到各种美味可口的时新菜式。

本专栏内容由米其林旅游出版公司提供

Connexions 85


Association PlaNet Finance

Minicrédit pour un maximum de projets « Pei Feng » : abondance et prospérité. C’est le nom chinois de PlaNet Finance, une ONG internationale dont l’objectif est de lutter contre la pauvreté avec pour arme la micro-finance.

Le premier client de Microcred Nanchong, un marchand de légumes qui a emprunté la somme de 10 000 RMB le 20 Octobre 2007.

86  Connexions

© DR

P

lanet Finance Chine a ouvert un bureau de représentation au cœur de la capitale chinoise en 2002. L’équipe est composée de sept salariés principalement chinois, tous experts en microfinance, et de deux bénévoles. Son but est d’œuvrer le plus efficacement possible au développement de la microfinance, en zone rurale comme en zone urbaine. En Chine, 60% de la population vit en zone rurale et au moins un quart de cette population n’a pas accès aux services financiers courants. En outre, environ 100 millions de Chinois vivent avec moins d’un dollar par jour et les travailleurs migrants, qui fuient les campagnes, viennent chaque jour grossir les rangs des démunis dans les zones urbaines. Combattre cette pauvreté est désormais une préoccupation et un enjeu majeur pour la Chine. Le gouvernement chinois, conscient que le microcrédit constitue un puissant facteur de stabilité sociale et économique, a encouragé, depuis les années 90, le développement de la microfinance, et la mise en place de nouveaux modèles et de nouvelles structures économique et financière. Planet Finance travaille ainsi en partenariat avec une multitude d’acteurs: des institutions gouvernementales, des collectivités locales, mais aussi des ONG chinoises et internationales. Expertises, audits, études de marchés, assistance technique, financement, équipement en informatique, mise en place de centres de formation, Planet Finance est une plateforme qui mène de front, près de trois à quatre projets par an. Depuis plusieurs années maintenant, dans plusieurs grandes villes telles que Pékin, Shanghai, Kunming, Chongqing ou Fuzhou, en collaboration avec Microsoft Chine, Planet Finance a développé un


© DR

Un stand de Microcred à Nanchong dans la province du Sichuan

d’investissement en microfinance appelée Microcred dont programme d’accès et de formation aux nouvelles technole dernier investissement en date a eu lieu en 2007, à Nanlogies pour les travailleurs migrants. L’objectif est d’accroîchong, dans le Sichuan. Pour mettre en place cette structre leurs compétences et leur donner accès à l’information, ture financière, plus d’un an de travail entre Paris, Pékin, autrement dit, augmenter leurs chances de trouver un emChengdu et Nanchong a été nécessaire. Une fois l’autorisaploi. A Harbin encore, l’association a récemment conclu un accord de coopération et d’assistance technique de trois tion gouvernementale accordée et les investisseurs trouans avec la Harbin Commercial Bank, un acteur bancaire vés, il a fallu recruter, former les futurs agents de crédit et traditionnel désireux de développer un produit financier mettre au point une stratégie d’éducation au crédit. « Le adapté aux micro et pecrédit, explique Blandine Pons, tits entrepreneurs. Dans le « il faut éduquer les plus fragiles à l’idée consultante sur le projet, n’est Gansu, Planet Finance traqu’emprunter n’est pas une tare et que cet en- pas un concept toujours facile à vaille en coopération avec appréhender pour les Chinois : la Commission Européenne dettement doit avoir un but d’investissement il faut éduquer les plus fragiles et les entreprises françaises économique et n’est pas un surplus de tré- à l’idée qu’emprunter n’est pas Areva et Suez sur un projet sorerie tourné vers la consommation » une tare et que cet endettecouplant énergies renoument doit avoir un but d’invesvelables et microcrédit. Construit sur trois ans, ce projet tissement économique et n’est pas un surplus de trésorerie comprend tout d’abord la construction d’équipement biotourné vers la consommation. » Pour le financement de ses gaz dans le comté de Tongwei mais aussi une formation projets, l’association s’appuie sur des dons individuels, des pour la population locale afin d’apprendre aux agriculteurs contributions d’entreprises comme Areva ou Suez, ou enlocaux comment souscrire à un microcrédit pour acquérir core Microsoft, et des institutions internationales comme ces équipements et comment les utiliser comme source l’Union Européenne ou la Banque mondiale. Des partenaide revenu économique (création de serres, culture de léres de poids qui ne sont pas de trop pour épauler Planet gumes, économie de charbon, etc). Enfin, depuis deux ans Finance face aux défis du microcrédit en Chine. n Sophie Lavergne maintenant, le groupe Planet Finance a créé une société Connexions 87


Le printemps de l’architecture chinoise Alors que les plus grands architectes étrangers sont représentés dans les villes chinoises, les concepteurs locaux ont encore du mal à se faire une place dans le paysage urbain. Pourtant, une nouvelle vague d’architectes chinois, souvent formés à l’étranger, est sur le point d’émerger. 88  Connexions

© XIE Yun

Culture


© MADA s.p.a.m.

« Les architectes doivent souvent s’adapter à des projets commerciaux ou répondre aux attentes des gouvernements locaux »

Entretien avec Marie-Perrine Plaçais, architecte à l’institut d’urbanisme de l’Université Tongji de Shanghai. Connexions : Existe-t-il des stars de l’architecture chinoise ? Marie-Perrine Plaçais : Pas vraiment. En Chine, il y a d’un côté les instituts d’architecture hérités des anciennes structures publiques qui comptent 1000 à 2000 collaborateurs comme l’ECADI à Shanghai ou le BIAD à Pékin. Les architectes peuvent être bons mais ils doivent souvent s’adapter à des projets commerciaux ou répondre aux attentes des gouvernements locaux. Il existe aussi de petites agences très créatives. Certaines sont connues par les étudiants en archi du monde entier, on les invite pour faire partie des jurys ou pour des expositions internationales, mais leur notoriété ne dépasse pas le petit monde de l’architecture. C. : Voit-on émerger une école chinoise ? M-P. P. : C’est un peu tôt pour parler d’école. Très peu d’architectes chinois écrivent. Je ne vois guère que Yung Ho Chang qui propose un positionnement théorique. En revanche, il existe des points communs : beaucoup d’architectes chinois jouent sur les typologies traditionnelles en réinterprétant les cours carrées typiques de Pékin par exemple. De même, on voit beaucoup de travail sur des matériaux « chinois », Ma Qinyun notamment utilise le bambou en essayant de l’adapter aux enjeux constructifs contemporains (structure et gaine technique etc.) C. : Comment les architectes sont-ils formés en Chine ? M-P. P. : Première chose, les cursus d’urbanisme et d’architecture sont très différenciés. Une formation

d’architecte dure cinq ans. Jusque récemment les étudiants architectes étaient formés en grande partie par l’apprentissage sur des projets et devaient être opérationnels immédiatement à leur sortie de l’université. Devant une telle croissance urbaine, les architectes doivent produire vite et en quantité. Les jeunes Chinois sortaient souvent de l’université sachant parfaitement dessiner mais sans véritable culture urbaine ou notion de projet personnel. C’est en train de changer. Depuis deux ans, j’observe que les étudiants qui travaillent avec nous à l’institut connaissent mieux l’histoire de l’architecture et les architectes contemporains. Des écoles du monde entier créent des échanges avec l’université Tongji, les étudiants profitent de cette ouverture sur le monde. Le problème principal n’est pas tant la formation des architectes que la culture du client. Comme partout, peut être un peu plus en Chine, vous pouvez avoir un très beau projet, si le client veut un bâtiment imposant en signe de pouvoir, vous ne pouvez pas y changer grand-chose. C. : La Chine semble le paradis des architectes étrangers, y a-t-il une chance de voir apparaître des grands projets signés par des Chinois ? M-P. P. : Le mouvement va dans le bon sens. Les agences chinoises sont lassées de toujours voir les grands chantiers attribués aux étrangers. Les architectes étrangers, de leur côté, voudraient réaliser leurs projets jusqu’au bout. Les relations se professionnalisent : dans les grandes villes, on n’invite plus d’architectes étrangers uniquement pour faire de la pub aux gouvernements locaux. Certains grands projets sont déjà chinois comme la tour Digital Beijing dessinée par Zhu Pei. Des promoteurs Hongkongais ou Chinois construisent en Afrique et dans tout le MoyenOrient. Ces chantiers peuvent être une autre voie de développement même si pour l’instant on y voit moins d’innovation que de marinas. n Propos recueillis par Emilie Torgemen Connexions 89


Le Digital Beijing Building, conçu par l’agence Urbanus, à plusieurs étapes de sa construction.

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Plusieurs bâtiments réalisés par Wang Shu dans les villes de Hangzhou et Ningbo.

Wang Shu Le bâtisseur tranquille Ce n’est sûrement pas un hasard si c’est à Hangzhou, cité où la qualité de la vie est un argument économique, que Wang Shu est né et qu’il y développe une pratique du patrimoine rare en Chine. Ancien écrivain, il a fondé en 1997 son agence, Amateur Architecture Studio, avec sa femme Lu Wenyu. Un tel nom n’est pas neutre  : Wang Shu rêve que la course au progrès ralentisse. Architecte du nouveau campus de l’école nationale des Beaux-Arts de Hangzhou, Wang Shu l’a construit en récupérant les matériaux des vieux quartiers que la 90  Connexions

inventent des espaces ouverts, ludiques. Dans le « liudi park » de Shenzhen les circonvolutions de l’herbe et du ciment imitent les embouteillages qui entourent sans cesse le parc. Rapidement, le travail de l’équipe d’Urbanus attire l’attention de la municipalité de Shenzhen qui leur confie la réalisation du Shenzhen Urban Planning Bureau, quelle reconnaissance pour des urbanistes ! Ce bâtiment-manifeste combine un extérieur de verre très pragmatique avec la chaleur de la charpente intérieure en bois laissée apparente comme dans l’architecture chinoise traditionnelle.

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Urbanus Les trublions Quatre façades en code barre qui évoquent l’unité centrale d’un ordinateur, le Digital Beijing, se dresse au cœur du village olympique de Pékin. C’est l’une des trois signatures architecturales des Jeux Olympiques de 2008 et l’un des plus gros cachets versés à un architecte chinois. L’heureux vainqueur du concours est Urbanus soit Xiaodu Liu, Yan Meng, Hui Wang et Pei Zhu (qui a récemment quitté Urbanus pour créer sa propre agence). Formés sous le soleil de Floride puis dans de très grosses structures américaines, ces anciens camarades de classe ont créé leur cabinet en 1999 à Shenzhen. Leurs premières réalisations

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Culture

ville démolissait au même moment. Les belles tuiles et les pierres ne sont pas folklorisées mais soigneusement réutilisées et réinterprétées. Parmi ses oeuvres, le musée d’Art contemporain de Ningbo, des maisons en terre à Hangzhou et Ningbo, une bibliothèque à Suzhou sont pareillement construits avec ce que Wang Shu aime préserver d’une architecture traditionnelle. Il construit actuellement cinq tours de 100 mètres de haut à Hangzhou où il superpose des maisons à cour traditionnelle sur deux niveaux.


© Sunny Chen

Ma Qingyun (Mada S.P.A.M.) L’avocat de l’hyperdensité Non à la banlieue, le développement des villes chinoises doit être compact. C’est à peu de chose près ce que répète Ma Qingyun dans ses maisons individuelles, ses projets urbains, ses études. Diplômé en 1990 de l’université d’architecture de Pennsylvanie, Ma Qinyun a lui aussi a fréquenté les cabinets américains. Il crée une première agence, Mada, à New York en 1995 qu’il relocalise à Shanghai en 1999. Il a participé à l’érection de bâtiments aussi emblématiques que le Plaza 66 à Shanghai, Yuksamdong à Séoul et la bourse de Singapour.

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Un complexe résidentiel réalisé par Ma Qingyun dans la ville de Ningbo, province du Zhejiang.

Conscient des problèmes de son pays au développement ultrarapide, l’architecte plaide, à contre courant, en faveur des appartements de petites surfaces. A Ningbo, il a construit une structure imposante et légère qui associe un centre culturel, un musée, une université et une bibliothèque. Pour Thumb Island, près de Shanghai, Ma Qingyun a conçu un bâtiment dont la toiture fait office de jardin public. En janvier dernier, il a été nommé à la tête de l’Ecole d’architecture de l’Université de Californie du Sud. n ET

Connexions 91


Culture Les gens

Dantès

antès - ou Dailiang (戴亮) en chinois - se présente comme le premier chanteur pop rock français qui écrit et interprète en mandarin. Certes, aujourd’hui, il ne vit pas de sa musique, néanmoins, en quasi-professionnel, il y consacre beaucoup de temps. Et le choix de la Chine n’est pas anodin. C’est à 12 ans que Christophe Hisquin, alias Dantès, commence à apprendre le mandarin, avant de poursuivre des études de chinois jusqu’à une thèse sur l’industrie du disque en Chine au début du XXIe siècle. Il décroche une bourse pour mener ses travaux au conservatoire de Shanghaï, où il est donc installé depuis 2004. A l’inverse, Gemini est le fruit d’une rencontre sur Internet entre Gabryl et Suna, une jeune chinoise qui vit alors en France. Un bel hasard. Il compose la musique et les mélodies sur lesquelles celle qui est devenue sa compagne ajoute ses textes et sa voix en Chinois. Depuis la France, le duo envoient une dizaine de maquettes, plusieurs rendez-vous sont pris. Gemini signe avec une maison de disque chinoise et ils s’installent à Pékin en 2005. Le premier album sort enfin en avril 2006, et le groupe néo-rock part en promo. « Notre producteur pensait que le style était un peu violent pour le public chinois. Pourtant, on a enchaîné les interviews, les émissions TV et les concerts privés. La première fois que je suis monté sur scène en Chine, il y avait 8000 personnes… Tout est allé très vite. On a passé un an à faire les apprentis stars », raconte Gabryl. La même année, Dantès produit à ses frais 2000 exemplaires de son double album Parfums d’Extrêmes. Il faudra trois mois pour que le disque soit validé par une commission (il n’est pas censuré !), et il trouve ensuite des distributeurs à Shanghaï, Suzhou, Nanjing... « Les médias locaux étaient particulièrement accueillants, j’ai enchaîné les concours pour laowai, les 92  Connexions

émissions TV, et les concerts. » Aujourd’hui, une maison de disques lui ouvre ses portes, mais Dantès veut garder sa liberté : « l’indépendance pour rester libre dans sa passion… ». A juste raison certainement : Gemini, dont le tube “Personnel life” était la musique de la cérémonie de « Miss China 2006 », aurait vendu 100 000 albums en Chine, mais pas un centime ne leur a été versé… Le duo a passé ces derniers mois à se séparer de son producteur. Ils viennent d’obtenir un arbitrage favorable, et sont donc aujourd’hui de nouveau libres, mais « c’est presque repartir de zéro » reconnaît Gabryl. « Tout va très vite en Chine. Sans nouvel album, même si le public ne nous oublie pas forcément, il passe à autre chose. Enfin, depuis notre succès, le néo-rock s’est popularisé ici, d’autres groupes chinois s’y sont mis… ». Les deux Français ont leurs exigences. Idéalement, ils veulent pouvoir enregistrer en France, et ne pas avoir à se plier aux caprices commerciaux des producteurs chinois. Gabryl tient à ne pas sacrifier la qualité : « En Chine, ils font tout rapidement, c’est du prêt-àconsommer. Ils reconnaissent notre travail, mais la logique commerciale prime ». Dantès veut garder l’esprit français de ses compositions et refuse qu’on utilise seulement son image d’étranger, pour mettre le reste « à la sauce chinoise ». Le but du chanteur français n’est pas de devenir une star en Chine. En fait, il voudrait que ses chansons traversent les frontières. « En Europe, les groupes chantent en anglais, en espagnol, en français… pourquoi pas en chinois ? », lance Christophe Hisquin, alias Dantès, qui veut vivre en Chine une expérience « musico-culturelle ». Le couple franco-chinois Gemini devrait bientôt signer avec une nouvelle maison de disque, et sortir un deuxième album. La gloire ? En attendant, pour Gabryl, le mandarin est une langue très chantante et leur premier CD en Chine a été un succès. Alors, le musicien français est prêt à repartir à la conquête de public chinois, peutêtre avant de se tourner de nouveau vers l’Europe… n Sur internet : www.myspace.com/gemini8900 www.dantesdailiang.com Camille Foucard © DR

© DR

Des musiciens français à l’assaut du hit-parade chinois

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D

Dantès et Gemini


戴亮和简迷离

© DR

Dantès

© DR

行榜 排 坛 乐 国 中 攻 进 的法国音乐人

13亿潜在歌迷,这就是法国歌手进入中国歌坛的的梦想所在。简迷离 乐队成员小文(Gabryl)和戴亮(Dantès)的母语是法语,然而,他们选 择到中国歌唱。

D

antès,中文名戴亮,是第一个用普通话写歌并演唱

流行单曲《私人生活》曾作为2006年中国小姐评选大赛的主题

的法国流行摇滚歌手。现在他的确不是靠音乐生活,

曲,他们的专辑在中国销售了10万张,但是没有一分钱进到他们

但作为半职业歌手,他在音乐上投入了大量时间。

的腰包。两人花了几个月的时间与他们的唱片制作公司解约;他

选择中国不是偶然之举,早在12岁时,克里斯朵夫・易斯冈

们刚刚得到仲裁委员会同意解约的判决结果,如今两人重获自

(Christophe  Hisquin),艺名戴亮(Dantès),就开始学习普

由,然而“几乎又要从零开始”,小文承认, “在中国一切都进行

通话,直到21世纪初,他完成了一篇关于中国唱片业的论文。

得非常快。如果没有新专辑,即使听众不会忘记我们,事情也会

2004年以来,他拿到了一笔奖学金在上海音乐学院读博士,并

是另外一种样子。总之,自从我们成功后,新摇滚曲风在中国流

在上海定居下来。

行起来,其他中国乐队组合也开始这方面的创作……”

与此相反,简迷离乐队的小文和苏娜是在网上结识的。苏娜当

两个法国人都有自己的要求。理想的话,他们希望能在法

时是生活在法国的一个中国女孩。这是一次美丽的邂逅。小文

国录音,而不必屈从于中国唱片公司提出的任意商业条件。小文

作曲,成为他女朋友的苏娜用中文为他的歌曲填词并演唱。俩

坚决不愿降低唱片的质量: “在中国他们做得非常快,就是快餐

人从法国向中国的唱片公司寄出十多首作品小样,并进行会面。

音乐。他们肯定我们的作品,但是商业操作占了上风。”戴亮希

2005年简迷离与中国竹书文化公司签约并来到北京。第一张

望在作品中保留法国精神,拒绝人们只是想利用他的外国人形

专辑在2006年4月问世,新摇滚曲风乐队简迷离开始做市场宣

象“做中国调料”。这位法国歌手的目的不是在中国成为明星,

传。 “唱片制作公司认为我们的演唱风格对中国听众来说有些

而是希望他的歌曲能够穿越国界。 “在欧洲,乐队用英语、西班

激烈,然而我们不断接受采访、上电视节目和开个人演唱会。我

牙语、法语……演唱,为什么不用汉语呢?”戴亮说。他想在中国

第一次登台的时候,有8000名观众……一切都进行得非常快,我

获得音乐文化的双重经历。简迷离乐队的中法搭档很快就要和

们在一年时间里就成为新星。”小文讲述道。同年,戴亮自己出

另一家唱片公司签约,推出第二张专辑。成功了吗?目前来看,小

钱发行了2000张双碟专辑“遥远的香水”。该专辑要花三个月

文认为普通话是非常适合演唱的语言,他们的第一张唱片已经

的时间通过委员会的审查,然后他在上海、苏州和南京找到了一

在中国获得成功。这位法国音乐人准备好重新去征服中国听众,

些发行商。 “当地的媒体对我特别欢迎,我参加了各种外国人的

或许在他重返欧洲之前…… n

才艺比赛,拍电视节目和开演唱会。”现在,已经有一家唱片公

相关网站:

司向他敞开了大门,但是戴亮要保持自己的自由: “为了在自己的

www.myspace.com/gemini8900

的激情里保持自由而独立”。由于同样的原因:简迷离,他们的

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Culture lire La sélection de Laurent Ballouhey

HISTOIRE DE L’ART

L’art chinois par Danielle Elisseeff Editions Larousse, coll. Comprendre et reconnaître, 240 pages, 27 € Le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme sont les trois courants de pensée qui furent à l’origine de la création artistique et des théories esthétiques. L’historienne de l’art et conservatrice Danielle Elisseeff, déjà auteur de plusieurs livres sur la Chine, brosse ici un panorama de l’histoire et de la civilisation chinoises qui lui permet de mettre en perspective les œuvres présentées. Elle aborde en détail en les analysant les différentes expressions et techniques artistiques comme la calligraphie, l’architecture, la sculpture et la peinture. Un dernier chapitre est consacré à l’art contemporain.

la libération du continent, l’île de Taiwan, qui sort à peine d’un demisiècle d’occupation japonaise depuis 1895, est transformée en sous-marin insubmersible par les alliés américains et entre ainsi dans l’ombre d’un nouveau conflit, la guerre des EtatsUnis contre le Vietnam. Tiemin, un des nombreux étudiants taiwanais enrôlés de force par l’occupant japonais, est démobilisé car il est tuberculeux. Mais la jeune Wenhui, amoureuse de lui et qui l’avait attendue, décide malgré tout de l’épouser et de le soigner avec dévouement. Elle y parvient, mais son mari, obsédé par ses souvenirs de guerre, la tient à l’écart de ses engagements et des discussions politiques. Elle se sent exclue et se tourne vers l’exploration de son univers intérieur. La jalousie, l’ennui des journées solitaires creusent un peu plus la distance entre l’homme et la femme, dont le récit se déroule alors de son point de vue à elle, du côté de la lune, le symbole chinois du féminin.

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ROMAN

Récit de lune par Guo Songfen traduit du chinois (Taiwan) par Marie Laureillard Editions Zulma, 144 pages, 9,50 € Dans les années 50 qui suivent 94 Connexions

Chine : Espaces convertis (Converted Spaces) Trilingue fra., angl.et néerlandais Ed. Teclum,200 p. illus. en couleurs La transformation et le réaménagement d’anciens espaces industriels, souvent à usage culturel, est une tendance en

hausse dans beaucoup de villes du monde, comme ce fut le cas pour les docks de Londres, le port de SaintNazaire ou la Gare d’Orsay à Paris. La Chine n’y fait pas exception. L’ouvrage présenté ici rassemble des usines et maisons de la Chine culturelle qui illustrent la reconversion pratique et utile particulièrement réussie, et en dégage la créativité exceptionnelle qui en émane. On se promènera ainsi avec plaisir et délices à travers textes et photos dans ces quelque 25 lieux qui vont de Cave Café et autres studios ou ateliers de design aux Maisons d’artistes en aboutissant à l’incontournable Usine 798 de Dashanzi.

ECONOMIE INTERNATIONALE

Inde et Chine Entreprendre dans les pays émergents à forte croissance Par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Ed. La Documentation française, 334 pages, 12 € En 2050, la Chine sera le numéro un de l’économie mondiale et l’Inde le numéro trois. Les deux géants asiatiques qui sont déjà les deux « locomotives » de la croissance suscitent l’intérêt des acteurs économiques et commerciaux. C’est avec ce point de départ que les experts de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris ont rédigé ce petit livre de réflexion mais qui se


veut tout autant pratique. Il entend donner les clés de compréhension de ces deux pays en tenant compte de l’environnement et de la culture économique et commerciale de chacun. Car entreprendre en pays émergent, c’est « avant tout comprendre et s’adapter », avertissent

les auteurs. Ils mettent l’accent sur la montée en puissance de la Chine dans le transport maritime, sur la place dominante de l’Inde dans les activités de service, et de façon plus globale sur une connaissance approfondie de la pratique des affaires avec les Chinois et avec les Indiens. L’option

qui ressort de cette vision parallèle des deux pays n’est pas de choisir l’un ou l’autre, encore moins l’un contre l’autre, mais de comprendre les deux cultures économiques pour tenter de s’y implanter en équilibrant les opportunités et les risques existant chez chacun des deux .

de force. Benoît Vermander choisit une autre grille de lecture. La Chine, nous dit-il, oscille aujourd’hui entre deux paradigmes : une Chine brune ou une Chine verte. D’un côté, elle peut choisir l’option de la poursuite de la croissance économique, quel que soit le coût en termes humains, sociaux, environnemental et de libertés. Dans cette Chine brune, la légitimité de l’Etat-parti est maintenue par l’accroissement du sentiment nationaliste, un fort contrôle social et le renforcement de l’armée et de la défense nationale. A l’opposé, la Chine verte privilégie la réduction des inégalités sociales, en s’appuyant sur l’émergence d’une société civile (media, associations), la lutte contre la corruption et la prévention active des désastres environnementaux. Dans ce deuxième paradigme, elle trouve sa place dans l’espace international par un rôle constructif et pacifique et par la valorisation de son identité culturelle. Les couleurs brune et verte « dessinent des constellations et des attitudes » et non pas des coalitions ou des fronts politiques. Ces paradigmes traversent les groupes et les individus, entraînant une tension dans les comportements des acteurs du développement chinois, qui ont « tendance à déplacer

le curseur entre ces deux points » et sont amenés à « changer de position en fonction de l’urgence et de la nature des défis » auxquels ils sont confrontés. L’auteur illustre par de nombreux exemples ces hésitations que ce soit dans le domaine de la politique intérieure, de la politique étrangère et des choix sociaux, économiques et environnementaux. Dépourvue d’un modèle social clair, la Chine est aujourd’hui constamment face à deux alternatives entre lesquelles « elle ne sait ni veut choisir ». Le mérite de l’approche de « Chine brune ou Chine verte ? » est de permettre, dans un format accessible à tout point de vue, d’aborder avec intelligence et clarté toutes les grandes questions (à l’exception de l’éducation…) que pose le développement de la Chine au XXIe siècle. A noter la richesse et la précision des données quantitatives sur l’environnement, sujet souvent négligé dans les ouvrages d’analyse politique du régime communiste chinois.

Vu de l’esprit

Chine brune ou Chine verte ? Les dilemmes de l’Etat-parti par Benoît Vermander, Presses de Sciences Po, 2007, 12 € Au moment où le 17e Congrès du Parti communiste confirme le succès de la stratégie adoptée par le président Hu Jintao et son équipe, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la durabilité du régime politique qui gouverne la Chine depuis 70 ans. Les débats intellectuels et politiques internes et externes à la Chine sur le modèle de développement s’articulent souvent autour d’une confrontation entre « libéralisme » et « nouvelle gauche », comme si, à l’intérieur même de l’Etat-parti et derrière le slogan de la « société harmonieuse » des factions ou des courants s’opposaient perpétuellement dans un rapport

Alessia Lefébure

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Culture lire HISTOIRE

Société et pensée chinoises aux XVIe et XVIIe siècles par Jacques Gernet Editions Fayard, 201 pages, 20 € Cet ouvrage savant mais parfaitement abordable est un recueil de résumés et commentaires des cours et séminaires du sinologue et historien Jacques Gernet, qui occupé de 1975 à 1992 la chaire d’histoire intellectuelle et sociale de la Chine au Collège de France. Cette période des XVIe et XVIIe siècles de l’histoire de la Chine correspond à une période très riche marquée par une grande diversité des courants de pensée. Ils s’articulent autour d’une critique d’un système politique et d’une société en pleine décadence, correspondant à la restauration mandarinale des Ming et à la fermeture du pays au milieu du XVIe siècle. Ces ferments de crise s’accentuèrent après l’invasion mandchoue en 1644 et le désarroi qu’elle provoqua chez les intellectuels et l’ancienne classe dominante han. Mais cette période fut aussi celle où l’Europe entra véritablement en contact avec la Chine grâce avant tout aux Jésuites, qui frayèrent la voie d’une première modernité manquée par l’Empire.

TRADITION

Maxi proverbes Tibétains Françoise Robin et Nicolas Tournadre Edition Marabout 9,5 € Il s’agit de la réédition d’un ouvrage sorti une première fois en 2006 aux presses du Châtelet dans un format « beau livre ». Marabout propose une

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version moins riche en illustrations mais aussi moins chère à l’achat. Présentés et traduits par deux spécialistes de la langue tibétaine, ces proverbes présentent une facette peu connue de la culture du haut plateau de l’Himalaya trop facilement confiné au bouddhisme. « Même si ton pays natal est mauvais, n’oublie pas ta langue maternelle » ou encore « mieux vaut mourir droit debout que vivre genou à terre » figurent parmi les maximes présentées dans ce livre. Ces sentences traditionnelles proviennent de l’ensemble de la région linguistique tibétaine, du Tibet et de la Chine (Amdo) bien sûr mais aussi de l’Inde (Ladakh), du Bouthan, du Népal (pays Sherpa) et du Pakistan (Baltistan). L’un des deux auteurs, Nicolas Tournadre, parcourt cette aire culturelle depuis plus de 15 ans, il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages sur la linguistique tibétaine, qu’il enseigne par ailleurs à l’Université Paris VIII.

POLITIQUE INTERNATIONALE

Quand la Chine veut vaincre par Stéphane Marchand Editions Fayard 365 pages, 20 € La Chine, qui affirme son statut de grande puissance économique et commerciale et tente d’assumer son rôle de puissance politique régionale et peu à peu mondiale, a décidé selon l’auteur de se lancer dans une « guerre asymétrique » contre les Etats-Unis. Lesquels lui rendent la pareille en hésitant dans certains rapports à lui attribuer la place de partenaire commercial à court terme mais de rival stratégique à un horizon plus lointain.

Ce document décrit comment la Chine envisage le développement de sa stratégie militaire en la mettant au service de ses ambitions politiques, diplomatiques et de ses besoins énergétiques croissants nécessaires à la poursuite de son décollage économique.

HISTOIRE DE L’ART – RELIGION

Temples et monastères de Mongolie-intérieure Par Isabelle Charleux Editions du comité des travaux historiques, Institut national d’histoire de l’art, 370 p., 76 € Au début du XXe siècle, il existait plus de mille monastères bouddhiques de rite tibétain en Mongolie du sud, l’actuelle région autonome de Mongolie intérieure. Aujourd’hui, on en compte moins de deux cents, 156 exactement qui sont ici localisés et analysés. Ces monastères épargnés n’en constituent pas moins une partie importante du vaste ensemble architectural élaboré depuis la fin du XVIe siècle dans ce vaste pays placé entre les deux puissants voisins bouddhistes que furent le Tibet et la Chine. Ce patrimoine original mérite d’être préservé, étudié et visité en tant que témoignage de l’histoire de l’architecture bouddhique mais aussi comme héritage culturel et social d’un peuple longtemps écartelé et encore aujourd’hui entre nomadisme et sédentarisation. n




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