Connexions 45

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Connexions 联 magazine de la

dossier

Le

Chambre

de

Commerce

et d’Industrie

Française

en

Chine

no

La Santé en Chine Un pays, deux médecines 中国的医疗卫生体系

45

mai-juin

2008

中 国 法 国 工 商 会 双 月 刊

结 Les droits de •l’homme par

le philosophe François Jullien Economie, les salaires flambent-ils ? Gros plan sur le Hunan

• •

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Vu d’ici « Watercube » par le photographe Ian Teh 《水立方》 摄影:郑永仁



卷首语 EDITORIAL

La santé, un défi majeur pour la Chine

Gérard Deleens Président

de la section Chine des

conseillers du commerce extérieur

Lors de mon arrivée à Pékin en 1995, les conseils donnés par mes collègues expatriés étaient simples : prudence et vigilance. Prudence dans la vie quotidienne, afin d’éviter les accidents pouvant, faute de soins immédiats, passer de simples à dramatiques, vigilance dans les choix alimentaires, afin de limiter les risques d’infections. La crise du SRAS en 2003 a été l’élément déclenchant d’une réforme importante du système de santé chinois, sous l’impulsion de Mme Wu Yi, vice-Premier ministre et ministre de la Santé. En quelques années, des orientations importantes ont été prises tant dans la modernisation des hôpitaux, la formation des médecins, que dans l’évolution du système de protection sociale.

医疗卫生——对中国最大的挑战 当我1995年初刚到北京的时候,在北京工作的法国 同事给我的建议很简单,就是要谨慎和警惕。在日常生 活中要谨慎,以免因为没有得到及时治疗,使原本简单 的意外变得严重。在挑选食物时要警惕,以降低传染的 风险。 在原国务院副总理,卫生部部长吴仪女士的推动 下,2003年的非典危机是启动中国医疗卫生体制重大改 革的因素。几年内,无论是在医院信息化和医务人员的 培训方面,还是在社会保障制度改革方面都制定了重 要的指导方针。 2004年由道达尔资助建立了巴黎紧急医疗援助服 务中心(SAMU)与北京急救医疗系统的合作项目,我有机 会与那些经过法语速成学习后在巴黎医院里接受培训 的中国急救医生以及中国卫生机构的有关负责人接触, 并感受到他们深化改革中国医疗制度的愿望。要走的路 还很长,首先对大城市里的医务人员进行培训和医疗设 施进行投资,这会造成城乡差距继续拉大。 保护环境以及加强水资源管理的必要性,随着水 处理设施的发展,为城市里的卫生安全以及引水网的 翻修带来了巨大的改观。然而食品卫生的基本法规还 远没有得到完善:食品保存的规范经常得不到遵守,某 些饭馆的厨房卫生条件不合格,假冒食品……在这方面 政府已采取了措施,但是中国太大了!警惕和谨慎还是

要保持的,但这并没有破坏我们待在中国的兴致。 新纳玺(Sinatis)总裁:戴林

J’ai eu la chance, en initiant en 2004 le programme de coopération entre le SAMU de Paris et les services d’urgence de la ville de Pékin, de côtoyer les médecins urgentistes chinois qui, après une formation accélérée en langue française, se formaient dans les hôpitaux parisiens, ainsi que les responsables des services de santé chinois et de constater leur volonté de modifier profondément le système médical chinois actuel. Le chemin à parcourir sera long, les investissements importants tant en terme de formation du personnel médical qu’en terme d’infrastructure. La mise en place, se faisant d’abord dans les grandes villes, risque de créer un écart supplémentaire entre le monde urbain et le monde rural. La nécessité de protéger l’environnement et de maîtriser la gestion de l’eau a conduit à des améliorations considérables, tout au moins en milieu urbain, dans le domaine de la sécurité sanitaire grâce au développement des unités de traitement des eaux, à la réfection des réseaux d’adduction d’eau potable. Les règles de base d’hygiène dans le domaine alimentaire sont néanmoins loin d’être excellentes : non respect fréquent de la chaîne du froid, insalubrité de certaines cuisines de restaurants, produits contrefaits… Dans ce domaine également les autorités ont pris des mesures, mais le pays est grand! Vigilance et prudence restent de mise, mais ne gâchons pas notre plaisir d’être en Chine.

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协助委员会

联 结

COMITÉ DE PATRONAGE

Connexions

Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine 中国法国工商会双月刊

Directrice de la publication Juliette Yanitch Responsable de la publication Sophie Lavergne Rédactrice en chef Anne Garrigue Relecture de la traduction chinoise Ruan Zheng Graphiste Xie Bin Conseiller à la direction artistique Charlie Buffet Ont collaboré à ce numéro : Véronique d’Antras, Laurent Ballouhey, Alexandra BelaudGuillet, Philippe Charles, Antonia Cimini, Jean-Charles Dehaye, Gérard Deleens, Camille Foucard, Isabelle Huchet, Catherine Legrand, Benoît Raeckelboom, Renaud de Spens, Nicolas Sridi, Hubert Testard, Emilie Torgemen, Jerry Yuan. Photographie de couverture Ian Teh. Travailleurs devant la piscine olympique de Pékin

Publicité Pékin : Ruan Zheng Tél. : (010) 6512 1740 # 14 Shanghai : Séverine Clément Tél. : (021) 6132 7100 # 114 Guangzhou : Hervé Lambelin Tél. : (020) 8186 8585 # 801 Imprimé par Versatra Graphics Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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Connexions

mai-juin

2008

Dossier Santé : un pays, deux médecines 医疗卫生专栏:中国的医疗卫生体系

Solidarité Sichuan rendez-vous

A la une des médias Le dessous des chiffres L’état des lois

8

10 14 16

l’actualité

China Mobile teste son standard 3G dans huit villes 18 Vie des entreprises 20 Cylande surfe sur la vague du « retail » 24 Entretien avec François Jullien 26

dossier

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© Imagine China

30

no

Un pays, deux médecines Les chantiers de la réforme Assurance maladie : vers la couverture universelle ? « Il faut appliquer les réformes » Les paysans oubliés du Gansu

30 32 36 36 38

Maladies : la double menace Une Fondation contre l’hépatite B l’hôpital L’hôpital au coeur du système Le patient est un client comme les autres Xiyuan : un hôpital, deux médecines le marché de la santé Les opportunités d’un marché complexe Bouygues sur des niches Acteon sur la vague bien-être Biotechnologies : le boom Médicaments : le parcours du combattant Les risques de contrefaçon la coopération franco-chinoise Bernard Debré : « Je suis fasciné de longue date par la Chine » Les axes de la coopération franco-chinoise 11 000 plantes sous les microscopes français Le coup de main du Samu aux urgences pékinoises L’engagement de Total

40 42 44 46 48 50 52 54 55 56 57 58 61 62 66 67


联 结

© DR

18

Hunan, la province du centre 华中省份湖南

La 3G de China Mobile aux JO 中国移动的3G产品

se soigner Et si vous essayiez la médecine traditionnelle chinoise ? Touristes ou expatriés, les conseils santé « Ne pas s’assurer, c’est de la folie »

La tentation du confucianisme 儒学的回归

70 72 75

21 公司简讯

27 弗朗索瓦·于连先生先生专访 应该重新审视人权 专栏 34 医疗卫生体制改革 迫在眉睫

Hunan, le centre va de l’avant 76 Pour Limagrain la croissance passe par le Hunan 78 Valeo, proche des clients et des fournisseurs 79 Tourisme en trois couleurs dans le Hunan 80

43 中国肝炎防治基金会

associations

64 专访伯纳德・德伯雷教授 86

53 布依格集团, 医院建设的合作, 以公私合营模式为解决方案 54 中国愿意购买最好的医疗器械 65 按法国制药标准研发1.1 万种中药材 69 法国医疗紧急中心助北京的同行一臂之力

culture

En couverture : Ian Teh, la réalité en question La tentation du confucianisme Livres : les choix de Laurent Ballouhey

90

9 法国企业积极为四川灾区捐款

régions jumelles

« Pluie et étoiles », école pour enfants autistes

76

© DR

8

Solidarité Sichuan 四川赈灾

69 专访道达尔集团驻华总代表 88 90 96

姊妹省份 82 法国中央大区-城堡之乡 85 中央大区使用信息

© Imagine China

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2008年五,六月号 第45期


Solidarité Sichuan 850 entreprises françaises présentes en Chine emploient environ 250 000 personnes sur 1800 implantations*. Après le séisme du 12 mai, les entreprises se mobilisent pour témoigner de leur solidarité. Directement ou à travers le Fonds CCIFC, elles avaient déjà donné, quand nous mettions sous presse (28 mai) 150 millions de RMB. Fonds CCIFC : « L’argent ira en priorité à la reconstruction d’écoles » Pour fédérer les initiatives, la CCIFC a créé un Fonds de solidarité. Yves Boutin, trésorier national de la CCIFC, en explique la genèse et le fonctionnement.

Connexions : Comment est née l’idée de lancer ce fonds de solidarité ? Yves Boutin : Dès l’annonce du tremblement de terre, nous nous sommes posés la question de monter un dispositif qui pourrait accueillir les dons. Nous étions persuadés que les entreprises françaises témoigneraient de la solidarité et nous avons voulu éviter la dispersion. Nous voulions que les gens qui souhaitent donner se sentent rassurés sur le fait que l’argent sera utilisé de façon efficace. Aujourd’hui, il y a un consensus pour que les fonds re-

Infos pratiques : www.ccifc.org Contact : Nathalie Aniel +86 (10) 65 12 17 40 Ext 43 aniel.nathalie@ccifc.org Contact presse: Julien Gueit +86 (10) 65 12 17 40 Ext 25 gueit.julien@ccifc.org. Vous pouvez directement verser vos fonds (en anglais) sur le compte suivant : Beneficiary’s name : French Chamber of Commerce and Industry in China, Account No: 800421819308091001 Bank’s name : Bank of China Beijing Chong Wen Men Sub-Branch Swift Code: BKCHAN BJ 110.

中法工商会赈灾基金信息 中国法国工商会的网站www.ccifc.org查询有 关捐款者和捐款数目的信息,也可直接联系 Nathalie Aniel,电话:00 86 (10) 6512 1740 分机 43,电子邮箱:aniel.nathalie@ccifc.org或Julien Gueit(媒体信息),电话:00 86 (10) 6512 1740 分机 25,电子邮箱:gueit.julien@ccifc.org。 请将捐款直接汇到下列银行帐户: 户名:中国法国工商会 帐号:800421819308091001 开户行:中国银行北京崇文门支行 银行代码:BKCHAN BJ 110

cueillis aillent en priorité à la reconstruction d’écoles. C’est un choix d’avenir et un hommage aux enfants et, pour les parents, il est important que les enfants puissent retourner très vite à leurs études. Ceci dit, nous mettons ces fonds à la disposition des autorités chinoises qui savent quelles sont les priorités.

C. : Les entreprises françaises ont déjà offert 150 millions de RMB dont 2,5 millions directement sur le compte du fonds de la CCIFC . Cela correspond-il à vos attentes ? Y. B.: La réaction rapide et le montant important des dons témoignent que les entreprises françaises sont aujourd’hui bien insérées dans la société chinoise. Je tiens à souligner que beaucoup d’entreprises françaises présentes en Chine avaient déjà une action qui témoignait de leur souci de développement durable et d’assumer la responsabilité sociale des entreprises. D’autre part, je suis heureux de constater que, grâce au fond de la CCIFC, des PME, voire des personnes individuelles aujourd’hui résidentes en France et touchées par la catastrophe, ont pu témoigner concrètement de leur solidarité

C. : Comment ce fonds a-t-il été accueilli par l’opinion publique chinoise ? Y. B.: La Chine a été traversée par un élan

de solidarité extraordinaire suite à cette terrible catastrophe. Toutes les strates de la société chinoise se sont mobilisées pour aider les régions sinistrées : les individus, les entreprises chinoises, les entreprises étrangères. Dans ce contexte, les réactions à l’initiative de la CCIFC sont dans l’ensemble très positives et chaleureuses. Beaucoup d’internautes remercient et se disent touchés par le geste des entreprises françaises. *

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cf livre blanc sur les investissements français en Chine 2007

Premiers donateurs du Fonds CCIFC 通过中法工商会的赈灾基金捐款的法国企业及个人 A. RAYMOND 阿雷蒙紧固件(镇江)有限公司 ACCELONIX 安赛龙 ACTIA AUTOMOTIVE ELECTRONICS 欧科佳(上海)汽车电子设备有限公司 Nathalie ANIEL ATELEC 法国阿德莱克高新科技有限公司 Nathalie et Christophe BASTIANELLI Cabinet BEAU DE LOMENIE 法国罗美尼事务所 Benoit LEGATH BOLENOR 保利诺(北京)咨询有限责任公司 BOURBON 法国波邦集团 BULL 布尔电脑系统(北京)有限公司 CASINO 开兴隆 CHARABOT 法国夏拉波香精香料有限公司 Victor CHEN 陈庆安 CITEL ELECTRONICS 上海西岱尔电子有限公司 CTC GROUP 西迪士集团 Cyril & Marjorie BERTSCHY DEFINOX STAINLESS STEEL EQUIPMENT 德威诺斯不锈钢设备有限公司 Guy DUFRAISSE DV8 LTD DV8法国礼品公司 EQUANCY 法国易坤析有限公司 FIVES CRYOMEC AG Esmeralda LLADSER FONDATION CHARLES DE GAULLE 戴高乐将军基金会 Sandrine GIRIN HAVAS SPORTS & ENTERTAINMENT 汉威士体育文化传播(北京)有限责任公司 Helene LECARLE Samuel LECRIVAIN Benoît LEGATH Esmeralda LLADSER JF ROLET Layla SCHERRIER LONGFIELD SH 龙飞公司 LOOKADOK MANITOU 曼尼通(杭州)叉车有限公司 NOUVEL SA NOVACEL SA 诺凡赛尔(上海)保护膜有限公司 Paris Région 巴黎大区发展署 PROFILES CHINA QUALIPAC CHINA CO LTD 加利派 QWESTER LTD 快事达公司 RADIALL SH 上海雷迪埃电子有限公司 RHODIA 罗地亚 SAINT-GOBAIN 圣戈班 SATAB 中山时尚创意织带有限公司 Layla SCHERRIER SCHNEIDER ELECTRIC 施耐德电气(中国)投资有限公司 SINAFORCE SORBIER Cécile STOS Samuel LÉCRIVAIN


Autres donateurs : 直接捐款的法国企业 : AIR LIQUIDE 法国液化空气公司 AIRBUS 空中客车公司 ALCATEL 阿尔卡特 ALSTOM 阿尔斯通 AREVA 阿海珐 ARKEMA 阿科玛 AUCHAN 欧尚 AXA 法国安盛集团 BIOMERIEUX 梅里埃 BNP PARIBAS 法国巴黎银行 BUREAU VERITAS 法国国际检验局 CALYON 法国东方汇理银行 CARREFOUR 家乐福 CMA CGM 达飞海运集团 CNP 法国国家人寿保险公司 DANONE 达能 DECATHLON 迪卡侬 EADS 欧洲宇航防务集团 EDF 法国电力公司 EUROCOPTER 欧洲直升机公司 GIDE 法国基德律师事务所 GROUPAMA 法国安盟保险集团 JC DECAUX 法国德高集团 LAFARGE 拉法基 LIMAGRAIN 利马格兰 L’OREAL 欧莱雅 LOUIS VUITTON 路易威登 MAZARS 玛扎尔 MICHELIN 米其林轮胎 MONDIAL ASSISTANCE 蒙迪艾尔救援集团 PERNOD RICARD 保乐力加 PSA 标致雪铁龙集团 SAFRAN 赛峰集团 SAINT-GOBAIN 圣戈班 SALANS 胜蓝律师事物所 SANOFI AVENTIS 赛诺菲安万特 SCHNEIDER 施耐德电气 SCOR 法国再保险公司 SOCIETE GENERALE 法国兴业银行 SODEXO 索迪斯 SPERIAN 斯博瑞安安全防护设备公司 SPOT IMAGE 视宝卫星图像有限公司 THALES 泰雷兹 TOTAL 道达尔 VEOLIA 威立雅

© Imagine China

Sandrine GIRIN Sebastien MINOTTI Sylvaine DJAFARIAN TORRES 上海桃乐丝葡萄酒贸易有限公司 VIAPLAST 佛山市南海维雅帕斯特家电产品有限公司 ZHONGSHAN EXTRUFLEX 中山爱托福工业有限公司 ZODIAC-EVAC 依凡克真空系统(上海)有限公司

14000 enfants sont désormais sans école. 四川汶川县14000名学生无处复课

法国企业积极为四川灾区捐款 850个在华法国企业拥有1800个办事或经营机构,雇用25万名员工*。5月 12日中国四川汶川地震发生后,这些企业纷纷行动起来,直接或间接通 过中法工商会设立的赈灾基金积极为四川灾区捐款。截止到我们发稿 时(2008年5月28日),法国在华企业的捐款额已经达到1.5亿人民币。 中国法国工商会赈灾基金: 捐款将优先用于灾后学校的重建

捐款额已达到1.5亿人民币,其中250万直

为了联合法国企业及个人的捐款倡议,中国法

户。这是否与你们的期望相符?

国工商会设立了一项赈灾基金。中国法国工商

法国企业的迅速反应以及捐款的巨大数目体

会财务总监兼标致雪铁龙集团中国总经理博

现出法国企业如今已融入到中国社会中。我想

毅先生谈起了这项基金的建立及运作。

强调的是,很多在华法国企业早已展开行动表

接汇到中国法国工商会设立的赈灾基金帐

明他们对可持续发展和企业所承担的社会责 请您向我们解释一下发起这项基金的想法

任的关注。另一方面,我也很高兴地看到,一些

从何而来?

法国中小企业甚至法国侨民被地震的严重受灾

四川地震的消息一公布,我们就提出设立一个

情况所触动,通过中国法国工商会的赈灾基金

专门接受捐款的帐户。因为我们相信法国企业

积极地捐款。

一定会积极为赈灾捐款,并且我们希望避免分

中国的舆论是如何看待赈灾基金的?

散的捐款。我们想让捐款者对资金的有效使用

四川大地震发生后,中国人空前地团结起来,

感到放心。现在,大家对捐款的去向有了共识,

掀起了抗震救灾的风暴。中国社会各个阶层为

它们将优先用于灾后学校的重建。这是一个面

援助四川灾区纷纷行动,其中包括个人、中国

向未来的选择以及对灾区孩子和家长们的致

企业和跨国企业。在这一背景下,外界对中国

意,因为孩子们能尽快回到学校上课是非常重

法国工商会倡议的赈灾基金总的来说是表示

要的。也就是说,我们将把捐款交给中国政府

支持和欢迎的。很多网民表示了感谢并声称对

使用,他们知道哪些是救灾的当务之急。

法国企业的捐助十分感动。

到本期会刊《联结》截稿时止,法国企业的

*

参见2007年《法国在华投资白皮书》

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头条新闻 A la une des médias

Par Renaud de Spens*

Santé : les insatisfactions de l’opinion

D

epuis le début de l’année, la plupart des titres per une agriculture privée et s’enrichir substantiellement, de presse célèbrent l’anniversaire des 30 ans des mais ils y ont perdu le système de gratuité des soins. Dans débuts de la réforme en Chine. Chacun y va de les villes, ou les règles du marché ont aussi été introduites son supplément ; un grand quotidien comme le Xin Jing peu après, certaines usines d’Etat non rentables ont comBao publie un article rétrospectif par jour sur ce thème ; mencé à licencier. Comme le système de santé était pris en un magazine influent comme le Caijing lui consacre plu- charge par les unités de travail, les chômeurs, et les emsieurs dossiers consécutifs. Un lecteur français pourrait ployés des nouvelles entreprises privées se sont également trouver étrange cette inflation d’articles, tant le terme retrouvés en dehors de cette couverture. Aujourd’hui, « réformes » semble galvaudé en France, où il n’y a guère la presse estime que 20% de la population benéficie de une année sans annonce de « réformes ». De fait, le mou- 80% des dépenses médicales publiques. Il s’agit essenvement de « Gaige Kaifang » initié par l’équipe de Deng tiellement de fonctionnaires et d’employés d’entreprises Xiaoping s’est plutôt appad’Etat. Les articles pointent renté à une révolution qui deux graves insuffisance du n’osait dire son nom. Sans système : sa couverture trop véritable effusion de sang, étroite et la course au profit sans destruction d’icônes, il des établissements de soin, a cependant implacablement au détriment de l’intérêt des détruit la Weltanschauung patients. Régulièrement, maoïste. Pourtant, s’il y des scandales sont révélés a aujourd ’hui en Chine, par la presse. En 2005 par dans les médias, un quasiexemple, un hôpita l de consensus sur les résultats Harbin avait extorqué plus globalement positifs des ces de 5 millions de Rmb (500 Xinjingbao consacre chaque jour un article aux réforréformes dans les domaines mes «新京报»每天刊登一篇关于改革的专题 000 euros) à la famille d’un économiques (développement, élévation du niveau de patient sans espoir de rémission, facturant notamment vie) et politico-juridique (disparition du totalitarisme, 94 transfusions sanguines par jour. Début 2006, c’est construction lente mais constante d’un Etat de droit), l’histoire d’un travailleur migrant mort dans les toilettes les médias chinois relayent sans fard les constats d’échec d’un hôpital parce qu’on refusait de le soigner qui avait des officiels et les insatisfactions de l’opinion dans deux défrayé la chronique. Les médias et les blogs chinois redomaines principaux : l’administration et le social, no- layent l’idée populaire que l’accès aux soins est à la fois tamment la santé. difficile et cher (“kan bing nan, kan bing gui”), et que Avant 1978, tous les Chinois bénéficiaient d’un système dans les campagnes, la maladie est la première cause de de soin rudimentaire mais gratuit. Il y avait dans les cam- pauvreté. 80% des paysans chinois malades et nécessitant pagnes ceux que l’on appelait les « médecins aux pieds un traitement n’auraient pas accès aux soins, que cela soit nus », souvent peu formés, mais qui jouaient surtout un en raison de l’insuffisance des structures médicales ou de rôle de prévention et d’amélioration de l’hygiène. Lorsque leur coût trop élevé. En 2004, le ministre de la Santé, les réformes économiques ont commencé dans les campagnes, à partir des années 80, les paysans ont pu dévelop- * service de presse de l’ambassade de France

•••

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头条新闻 A la une des médias

a publiquement reconnu l’échec de la •réforme ••GaoduQiang, système de soin, et l’ensemble des acteurs, des

torique de la réforme de la santé a déjà commencé ». S’il ne veut pas s’engager sur un calendrier précis, il annonce médecins aux patients, manifestent leur insatisfaction. toutefois que le déploiement complet de la réforme ne Les établissements médicaux sont classés en deux caté- saurait tarder. Face à l’accusation de l’opinion qui estime souvent gories : à but lucratif et à but non lucratif. 90% sont à but non lucratif en théorie, mais l’insuffisance des investis- que le gouvernement « néglige » la question, il répond sements de l’Etat les obligent à rechercher des sources de qu’un nouveau système de « coopération pharmaceutiprofit pour se financer. La panoplie des solutions à ce pro- que » dans les campagnes est mis en place depuis 2003, blème n’est pas large. Selon la presse chinoise, on ne peut et qu’il touche aujourd’hui 86% des districts, soit 730 millions d’habitants, ni importer le système qu’une assurance mad’Etat providence euroladie de base des actifs péen, parce que l’Etat touche aujourd’hui 170 ne peut pas le financer, millions de salariés, et ni le système d’assuranque 79 villes pilotes ce maladie américain, ont adopté depuis le parce que les individus second semestre 2007 et les entreprises ne une couverture maladie peuvent pas le payer. universelle. De même, Source d’un impor- La santé dans l’hebdomadaire Liaowang du 21 avril 2008 en 2005 a été lancé le tant mécontentement 2008年4月21日《 望》周刊刊登了医改中人的因素 programme « 10 000 médecins pour les campagnes  », social, le système de santé doit pourtant être réformé à 23 000 cliniques de proximité ont été ouvertes, avec un nouveau, soulignent l’ensemble des médias chinois. Un nouveau plan de mesures est en train d’être élaboré, et est personnel de plus de 260 000 salariés. Pourtant, selon déjà partiellement implémenté dans des localités pilotes. Yang Jing, secrétaire général de l’association des médeIl prévoit l’instauration d’une couverture maladie mini- cins chinois, la réussite de cette réforme dépend aussi en male universelle, et un système complémentaire mixte : grande partie des facteurs humains. Pour l’instant, il y a dans les villes, les employés devraient être couverts par un excellent esprit d’équipe des professionnels qui y traune assurance maladie financée par les entreprises ; dans vaillent, mais il existe un risque que cet esprit se disperse les campagnes, l’Etat, les collectivités locales et les parti- à l’avenir. Il souligne que les Occidentaux ont du mal à culiers contribueront chacun pour une part au finance- imaginer la réalité de la vie quotidienne des médecins ment (à hauteur de près de 40% pour les individus — ce en Chine, trop souvent agressés par leurs patients, tant ils sont encore peu respectés. Ainsi, de plus en plus de système est déjà en vigueur dans quelques provinces). Dans son édition du 21 avril 2008, l’hebdomadaire diplômés de médecine choisissent les carrières plus tranLiaowang revient sur « les facteurs humains » qui dé- quilles et souvent plus lucratives des industries. La crise terminent cette réforme. Depuis juin 2007, le ministre de confiance des patients envers les médecins a suscité de la Santé est Chen Zhu. Il est jeune, 54 ans, et n’ap- une crise de confiance des médecins envers eux-mêmes. Or, c’est de ces facteurs humains que dépendra pour une partient pas au Parti, ce qui est rare pour un ministre en Chine et montre que le gouvernement a voulu faire large part la réussite de la réforme. preuve d’ouverture vers la société civile pour ce dossier difficile. Il affirme que dans les faits, « le processus his-

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数字背后 Le dessous des chiffres

Par Hubert Testard*

Les salaires chinois flambent-ils ? L’augmentation des salaires des employés urbains : 18,7% L’information a été publiée début avril par le Bureau National des Statistiques, et commentée par l’Agence Chine Nouvelle comme étant « la plus forte augmentation annuelle depuis le début de la décennie ». Comme souvent avec les statistiques chinoises, la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît. D’abord, compte tenu de l’augmentation des prix, la progression des salaires réels demeure en fait comparable à celle des années antérieures, autour de 12% en moyenne. Ensuite, il s’agit d’une statistique provenant du ministère du Travail, qui couvre uniquement les salariés « à statut » des administrations, des entreprises d’Etat, du secteur social et des grandes entreprises étrangères, soit Evolution des salaires des employés urbains

+30%

nominale

pour les entreprises chinoises que si elle est durablement supérieure à celle de la productivité du travail. Or, même en prenant une mesure très large de la productivité du travail (PIB/emploi total), ce n’est pas le cas actuellement. Evolution comparée de la productivité du travail et du salaire réel moyen

+35%

Productivité moyenne du travail (PIB/emploi) salaire réel moyen

+30% +25% +20% +15% +10% +5% 0 -5% -10%

réelle

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002 2004

2006

+25%

Source NBS estimations ME de Pékin

+20%

Toutefois, le coût des travailleurs chinois tend tout de même à se renchérir par rapport à ses concurrents asiatiques (ne serait-ce qu’en raison de l’évolution des parités monétaires). Selon une étude de Standard Chartered publiée en janvier 2008, le salaire horaire des ouvriers chinois (0,8 dollar) dépasse désormais celui de la Thaïlande (0,7), du Pakistan (0,4) et du Vietnam (0,5). Il demeure cependant bien inférieur à ceux du Mexique (2,6) et de la Corée (13,7). D’autres facteurs affectent par ailleurs le coût du travail : la nouvelle loi sur le travail qui réglemente plus strictement les contrats de travail, la généralisation de la protection sociale, la hausse des salaires minimum, les contraintes plus fortes d’hygiène et de sécurité… Au total la hausse des salaires annoncée par Chine Nouvelle, sans être exceptionnelle, confirme une tendance de fond vers une revalorisation des salaires et des conditions de travail qui est une bonne nouvelle pour les salariés chinois, sans être à ce stade un risque majeur pour les entreprises.

+15% +10% +5%

1993

1995

1997

1999

2001

2003

2005

2007

Source NBS estimations ME de Pékin

un tiers des salariés urbains, à l’exclusion de la plupart des entreprises privées, des travailleurs migrants, et des employés non agricoles du secteur rural ou de la périphérie urbaine. S’agissant de ces autres catégories, qui sont celles où l’emploi se développe le plus rapidement, la Chine ne publie aucune statistique officielle. Une enquête récente sur les salaires des migrants (National Rural Survey) montre que ces derniers ont augmenté de 3, puis 7 et 11% entre 2004 et 2006, soit à un rythme nettement inférieur à celui des employés à « statut ». Au total le rythme global d’augmentation des salaires urbains est très probablement inférieur à celui fourni par le ministère du Travail. Enfin, la hausse des salaires en Chine n’est pénalisante

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* Chef de la Mission Economique



法制天地 L’état des lois

Par Alexandra Belaud-Guillet*

Le contrôle des concentrations en Chine

L

e système de contrôle des concentrations en Chine connaît des développements significatifs et majeurs posant de nouvelles contraintes pour les opérations de fusions-acquisitions qui auront lieu après le 1er août 2008. La réglementation pour l’acquisition des entreprises domestiques par des investisseurs étrangers de 2006 avait prévu quelques règles sur le contrôle des concentrations que la Loi Anti-Monopole de 2007 est venue compléter. Son objectif est de prévenir et de contrôler les conduites monopolistiques et anticoncurrentielles, et de préserver tant les intérêts des consommateurs que l’intérêt national. Aux termes de la Loi, doivent être soumises au contrôle des autorités chinoises les opérations de concentration d’entreprises qui éliminent ou restreignent, ou peuvent éliminer ou restreindre, la concurrence sur le territoire chinois ou même hors du territoire chinois si la concurrence s’en trouve restreinte en Chine. Sont concernées par l’obligation de déclaration préalable, les opérations de fusions-acquisitions et plus généralement les opérations par lesquelles un opérateur prend le contrôle d’autres opérateurs ou est capable d’exercer sur eux une influence décisive contractuellement ou par tout autre moyen. Le Conseil d’Etat vient de publier un projet de règlement d’application de la Loi Anti-Monopole, visant à préciser les dispositions sur le contrôle des concentrations et notamment la notion de prise de contrôle (1) et la déclaration des seuils (2). (1) Selon le texte proposé, un opérateur prend le contrôle d’un ou plusieurs autres opérateurs s’il : - acquiert 50% ou plus des parts ou actifs - devient actionnaire majoritaire ou en détient majoritairement les actifs - acquiert les droits de vote permettant de contrôler les décisions ou de désigner la moitié ou plus des administrateurs

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Connexions / mai-juin 2008

- exerce une influence décisive sur les mécanismes décisionnels relatifs aux opérations et à la gestion quotidienne. Mais de tels critères, à l’évidence, laissent place à une large interprétation. Par exemple en cas de nombreux petits actionnaires, 5% des parts pourraient suffire à devenir majoritaire. (2) Une opération de concentration serait soumise à déclaration préalable dans le cas où l’un des seuils suivants seraient atteints : - le chiffre d’affaires mondial consolidé de l’année précédente de toutes les entités impliquées excède 9 milliards de Rmb et le chiffre d’affaires en Chine de deux des entités excède pour chacune 300 millions de Rmb - le chiffre d’affaires chinois de l’année précédente des entités impliquées excède 1,7 milliards et le chiffre d’affaires chinois de deux des entités excède pour chacune 300 millions de Rmb - l’opération aura pour effet de concentrer 25% des parts du marché concerné en Chine. Ainsi, les grosses entreprises se trouveraient soumises quasi systématiquement en Chine au contrôle des autorités même pour de petites transactions. En définitive, alors que ce texte semble apporter quelques précisions à la Loi Anti-Monopole, de nombreux points restent à définir pour que cette Loi, censée entrer en vigueur dès août 2008, puisse être appliquée de manière effective.

*Avocat, cabinet Jones Day



要闻 l’actualité

TD-SCDMA, le standard chinois pour la 3G, sera le seul à fonctionner pendant les JO. TD-SCDMA将是北京奥运期间唯一投入运营的3G中国标准。

China Mobile teste son standard 3G dans huit villes A la veille des JO, China Mobile lance un test dans huit villes olympiques. Les objectifs : 30 à 50 millions d’utilisateurs d’ici 2011.

A

près des années de recherches et de tests, le plus grand opérateur Télécom de l’empire du milieu, China Mobile, lance enfin son réseau 3G* basé sur un standard technologique chinois, le TD-SCDMA. En test commercial dans huit grandes villes, dont Pékin, la téléphonie haut débit en Chine saura-t-elle convaincre comme au Japon et en Corée ou la sauce aura-t-elle plus de mal à prendre comme en Europe et aux Etats-Unis ? Disposant du plus grand réseau GSM au monde et d’une base de 392 millions 18 Connexions / mai-juin 2008

clients sur les 575 millions d’utilisateurs de téléphones portables du pays, China Mobile est de loin le plus important opérateur du pays. Surfant sur un marché ultra-dynamique, le géant Télécom affiche une bonne santé avec 9.3 milliards de dollars de revenus d’activité de janvier à mars 2008 contre 7.8 milliards pour la même période en 2007. Si la téléphonie mobile haut débit, dite « 3G », existe depuis 2001 au Japon et aux Etats-Unis et depuis 2003 en France, la Chine accuse un retard important puisque China Mobile n’a lancé ses premiers tests commerciaux qu’au début du mois d’avril dernier. C’est que, derrière le passage à la 3G en Chine, se cache une véritable bataille de standards technologiques. Comme pour les lecteurs de DVD, dont plus de 70% sont produits en Chine, les autorités de Pékin supportent mal que les entreprises locales soient obligées de payer des royalties pour l’utilisation de standards brevetés à l’étranger.

Un standard pour protéger le marché chinois Forts du plus grand marché du monde pour la téléphonie mobile, les Chinois ont décidé d’être maîtres en leur demeure et de développer eux-mêmes un standard 3G appelé TD-SCDMA. L’Europe dispose également de son propre standard, le WCDMA, tout comme le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis qui ont développé le CDMA2000, ces deux standards étant évidemment bien plus matures que le chinois. Dans ces régions, les deux standards opérationnels sont en concurrence avec une dominance suivant l’évolution historique des technologies (GSM puis WCDMA en Europe, CDMA et CDMA2000 en Corée du Sud). Les errements techniques du standard chinois ont amplement retardé l’arrivée de la 3G car il n’était pas question pour Pékin d’ouvrir son marché à la concurrence sans avoir auparavant assuré une certaine


TD-SCDMA alors que Motorola a déjà annoncé un modèle compatible pour le prochain appel d’offre de China Mobile.

China Mobile a distribué gratuitement 20 000 téléphones 3G pour tester le réseau 中国移动通信免费发放2万部3G手机测试网络。

dominance du TD-SCDMA. Du coup, de 800 Rmb/mois pour les frais de comles licences pour l’ouverture des différents munications et transferts de données. réseaux ne sont toujours pas distribuées et Au niveau commercial, l’opérateur a mis seul le standard maison tournera à Pékin en vente 60 000 téléphones compatibles durant les JO sur un réseau qui sera inacpour des prix variant de 1 800 à 4 000 cessible aux mobiles 3G étrangers. Ce qui Rmb avec 6 modèles de chez Guangzhou amène le CIO à dire que l’ouverNew Postcom Equipment, ture d’un réseau 3G accessible Lenovo, Hisense, ZTE, à tous sera le seul engagement Derrière le pasSamsung, et LG. La soustechnique non respecté par la sage à la 3G en cription de base est très Chine pour les futurs JO. abordable, 50 Rmb/mois, Chine, se cache Quoi qu’il en soit, le test comet la vidéoconférence, un mercial 3G de China Mobile est une bataille de service phare, coûtera 0.6 bel et bien lancé et il est inté- standards techno- Rmb/mn. Les clients bénéressant de voir ce que propose ficieront en plus d’une rélogiques l’opérateur chinois. duction de 50% sur toute la A Pékin, Shanghai, Shenyang, durée du test commercial. Xiamen, Qingdao, Shenzhen, Tianjin et Selon le consultant spécialisé SinoCasts Guangzhou, toutes des villes olympiques, China IT, 2 000 téléphones 3G auraient China Mobile a dépensé 2.85 milliards de été vendus après 2 semaines de test dont dollars en 2007 pour mettre en place des 26.8% pour ZTE, 20.8% pour Samsung réseaux locaux TD-SCDMA avec une caet 19.1% pour LG. Le beau modèle local pacité totale de 8 millions d’utilisateurs. de ZTE, le plus cher et le plus avancé, a Pour lancer le produit, il a ensuite disdonc séduit les fans de nouvelles technotribué gratuitement 20.000 téléphones 3G logies chinois mais les groupes étrangers et 5.000 cartes pour connecter son PC sur sont aussi dans le peloton de tête. Nokia, le réseau haut débit. Chaque utilisateur le n°1 en Chine avec 35% du marché, sélectionné reçoit en plus une indemnité devrait sortir prochainement une série

Des services à inventer Coté performance, ce n’est pas encore la panacée. « Le débit du réseau est encore trop lent pour proposer des services de vidéos en ligne qui soient satisfaisants même si nous allons bientôt améliorer la situation » reconnaît un vendeur d’une boutique de distribution « Pour le moment, les clients, le plus souvent des jeunes, sont surtout attirés par la vidéoconférence et l’accès à Internet. On peut dire qu’à Pékin, c’est très à la mode » précise-t-il. L’offre en terme de services est donc pour le moment très limitée et China Mobile doit dévoiler une gamme de nouveautés prochainement. On attend en particulier les vidéos des JO en direct et les jeux en ligne dont sont très friands les Chinois. Néanmoins, les réseaux sociaux, blogs et les messageries instantanées étant très développés, les jeunes urbains chinois pourraient être séduits par la possibilité de garder un contact à haut débit sur la toile via leur mobile pour échanger des images, de la vidéo et du son. On ne sait pour l’instant rien par rapport à d’éventuels services 3G professionnels comme l’accès sécurisé à des bases de données, un secteur plutôt dynamique en Europe. Les prévisions pour le nombre d’usagers de la 3G en Chine d’ici 2011 varient de 30 à 50 millions suivant les cabinets d’analyse. En comparaison, le Japon, à la pointe en téléphonie mobile, en comptait près de 46 millions début 2007 soit 6 ans après les premières offres. Bien que très peu nombreux par rapport à l’ensemble du marché chinois, les clients de la 3G, prêts à payer cher pour du matériel et des services haut de gamme, seront très courtisés par les différents opérateurs. Nul doute que China Mobile fera tout pour conserver la longueur d’avance que lui offre actuellement le gouvernement pour les JO mais reste à voir si le standard chinois arrivera à faire face à la concurrence étrangère une fois le marché ouvert. Nicolas Sridi

* téléphone mobile de la troisième génération qui permet notamment de se connecter sur Internet.

Connexions / mai-juin 2008  19


公司简讯 l’actualité / entreprises

Le 15 avril dernier, Rhodia a posé la première pierre de son futur centre de Recherche & Développement de Shanghai. Ce centre devrait ouvrir ses portes à l’été 2008. Avec ses 150 scientifiques, ce laboratoire deviendra l’un des cinq plus importants du groupe. « Ce nouveau centre international de R&D nous permettra de construire notre avenir dans la zone Asie-Pacifique, en donnant à nos équipes locales les moyens de développer de nouveaux produits et technologies adaptés aux besoins spécifiques de nos clients asiatiques et chinois. Il pourra pleinement s’appuyer sur le vivier de talents dont dispose la Chine » explique Jean-Pierre Clamadieu, Président-Directeur Général de Rhodia Le groupe qui a démarré ses activités en Chine au milieu des années 70 avec le Pôle Chimie de l’ancien groupe Rhône-Poulenc complète ainsi son réseau mondial d’implantations R&D. Le leader mondial de la chimie de spécialités y voit le meilleur moyen de croître à grande vitesse dans la zone Asie-Pacifique. En plus de ses activités courantes de développement et de support aux clients, le centre de R&D de Shanghai aura pour objectif le développement de produits innovants pour les marchés asiatiques.

© DR

Un centre R&D vert pour Rhodia

Rhodia lance un laboratoire de 150 scientifiques à l’été 2008.

Des luminophores à faible consommation d’énergie, des plastiques techniques pour réduire le poids des véhicules et la consommation de carburant, de nouveaux solvants et des

Suez Environnement et son partenaire chinois historique New World Services ont acheté ensemble 15 % de Chongqing Water Holding (CWH) pour un montant total d’environ 140 millions d’euros (RMB 1,5 milliard). CWG est la société numéro un dans les services d’eau et d’assainissement de la province de Chongqing. Le leader français joue à fond la politique du « Go West » initiée par Pékin pour développer les provinces de l’ouest du pays. « Conformément aux aspirations du gouvernement, nous participons, au travers de nos joint-ventures dans le domaine de l’eau, à la réalisation des objectifs environnementaux que s’est fixés Chongqing. Cette nouvelle opération nous permettra de renforcer notre relation avec les autorités locales de Chongqing et de développer des services pour sa population et ses industries ». explique Jean-Louis Chaussade, Directeur Général de Suez Environnement. Après sa prise de participation, Suez Environnement pourra nommer l’un des membres du Conseil d’Administration 20 Connexions / mai-juin 2008

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Suez Environnement à la conquête de l'Ouest

Suez encore plus présent à Chongqing 苏伊士环境集团继续扩大在重庆的业务

et l’un des membres du Comité Exécutif de CWG. De son côté, Wu Xiufeng, le président de Chongqing Water Group, a assuré qu’« avoir Suez Environnement comme investisseur stratégique nous apporte une technologie et un management de très haut niveau. Sur la base du succès de notre partenariat existant, nous pensons que ce nouveau modèle va renforcer notre organisation et participer à la bonne croissance de la société ». Le groupe est déjà très présent à Chongqing à travers deux joint-ventures constituées par sa filiale Sino French Water Development, la seule à approvisionner en eau potable et à gérer le réseau d’eau de la partie Nord de Chongqing, c’est-à-dire 1 million de personnes, et l’usine Chongqing Sino French Tangjiatuo qui assure des services d’assainissement spécialisés. Si l’on additionne la CWH et les jointventures de Suez, le nouveau partenariat comptera 32 usines de production d’eau potable et 35 usines de traitement des eaux usées à Chongqing à fin 2008. Ils feront boire au total environ 8,4 millions d’habitants.


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罗地亚在上海建立研发中心

2008年夏,由150名科研人员组成的罗地亚上海研发中心将投入运行。

formulations respectueuses de l’environnement pour le recyclage du papier et pour l’extraction pétrolière, etc. Le nouveau centre prévoit de devenir le laboratoire vert du groupe.

Michelin en tournée Le simulateur pneu-sécurité de Michelin a fait sensation lors de la 10 e foire automobile internationale de Pékin le 20 avril dernier. Par la même occasion, la marque au bibendum a lancé « l’expérience sécurité-pneu Michelin 2008 ». Dans le simulateur, les automobilistes ont pu expérimenter l’importance d’un bon gonflage des pneus en s’installant aux commandes d’un monde virtuel haute définition. La machine reproduit la conduite dans différentes situations de gonflage et montre les problèmes et risques d’accidents qui peuvent être liés à la pression des pneus. Le Michelin-tour continue ensuite à Shanghai, Canton, Chengdu, Shenyang etc. « Des recherches faites en interne ont montré que la majorité des conducteurs chinois négligent la sécurité pneumatique et l’importance de la surveillance des pneus ». En plus de cette expérience de simulation, pendant son tour 2008, l’entreprise française spécialiste du pneu propose un certains nombre d’activités et de services dont la mesure gratuite de la pression des pneus. L’objectif ? faire prendre conscience de l’importance du pneu.

4月1 5日,罗地 亚在上海开建

年代中期原罗纳普朗克集团化

未来的研发中心,该中心将在

工部在中国进行开拓的时候,

2008年夏季投入运行。上海研

上海研发中心的建立完善了它

发中心将成为罗地亚集团在全

在全球的研发系统。从新的研

球的五大研发中心之一,共有

发中心,该集团看到了在亚太

150名科研人员在此工作。 “这

地区迅速发展的最佳途径。

一全新的国际研发中心将保证

除了日常开发和支持客户的业

我们今后在亚太地区的发展,

务,上海研发中心还将致力于

并支持我们本地的科研团队开

为亚洲市场开发创新型产品,

发适合亚洲和中国市场需求的

如低耗能的发光材料,用于减

创新型产品和技术。它将充分

轻汽车重量 和减少燃油消耗

利用中国本地的人才资源。”罗

的工程塑料,用于回收纸张和

地 亚 集 团 首席 执 行 官让 . 皮

提取石油的环保溶 剂和配方

埃尔.克拉玛迪约(Jean-Pierre

等。这个在上海新建成的研发

Clamadieu)解释说。

中心将成为罗地亚集团的绿色

罗地 亚在中国开展 业务

实验室。

的历史可追溯到上个世纪七十

苏伊士环境集团参股重庆的 市政公司 苏伊士环境集团与它的中国合作伙伴新创建 集团收购了重庆水务集团15%的股份,收购价

在重庆市积极地开展业务。重庆中法供水有限 公司是重庆北部地区独家自来水供应商和水网 管理公司,服务人口达100万。重庆中法唐家坨 污水处理厂则提供专业的污水处理服务。

为1.4亿欧元(约15亿人民币)。重庆水务集团

如果把重庆水务集团和它与苏伊士环

是该市第一大提供水务和污水处理服务的企

境集团建立的合资企业加在一起,截止到

业。

2007年底,新的合作关系将涉及32家水厂和 苏伊士环境集团积极响应中国政府提出

的西部大开发战略。该集团首席执行官舒赛德

35家污水处理厂,共为840万居民提供服务。

府齐心,通过在水务领域的合资企业协助重庆

2008米其林轮胎安全体验之 旅启动

实现既定的环保目标。这次投资将加强我们同

4月20日,米其林轮胎安全驾驶模拟器成为北

重庆市政府的联系,并为重庆市民和企业提供

京第二届国际车展上的亮点。同时,米其林也

更多的服务。”通过此次参股,苏伊士环境有

启动了2008米其林轮胎安全体验之旅。在模拟

权任命重庆水务集团的1名董事会成员和1名执

器上,通过精确的虚拟现实技术,驾驶员可以

行委员会成员。重庆水务集团董事长武秀峰补

体验到正确给轮胎充气的重要性。该模拟器能

充说: “苏伊士环境集团作为我们的战略投资

够模拟在不同胎压情况下的驾驶行为,并显示

者,能为我们带来先进的技术和管理经验。凭

出不正确的胎压可能导致的事故和风险。

(Jean-Louis Chaussade)表示: “我们与当地政

借与苏伊士环境集团现有的合作关系的成功为

米其林轮胎安全体验之旅还将走进上

基础,这一新模式将进一步加强我们之间的合

海、广州、成都、沈阳等地。根据内部所做的调

作,并促进公司的健康发展。”

查,绝大多数中国驾驶者不太重视轮胎安全和

通过子公司中法水务投资有限公司建立 的两家合资企业重庆中法供水有限公司和重庆 中法唐家坨污水处理厂,苏伊士环境集团已经

保养。除了模拟器的体验,米其林公司还推出 了一系列的活动,其中包括免费的胎压服务,目 的在于逐步使驾驶者意识到轮胎的重要性。

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公司简讯 l’actualité / entreprises Arkema lutte contre l'effet de serre L’objectif : réduire les rejets de gaz à effet de serre de l’usine de Changshu. Les moyens, incinérer le HFC 23 co-produit de la fabrication du HCFC 22. Le leader de la chimie française a initié son grand nettoyage en mai dernier, le projet a été enregistré par le Conseil Exécutif du Mécanisme de Développement Propre, instance de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). L’incinérateur devrait être opérationnel mi 2008. La réduction annuelle des émissions devrait atteindre près de 6 millions de tonnes d’équivalent CO2. L’entreprise se verra donc attribuer 3,4 millions de tonnes d’unités de réduction certifiée des émissions (URCE, CER en anglais) par la CCNUCC. A la mise en service de ce nouvel « ustensile de nettoyage », les émissions de gaz à effet de serre globales d’Arkema auront été divisées par six depuis 1990, année de référence du protocole de Kyoto.

Un, deux, trois Safran s’agrandit en Chine Deux usines à Suzhou à 80 km de Shanghai, une à Guiyang dans la province du Guizhou. Le groupe Safran, spécialisé dans l’aéronautique, la défense sécurité et les communications, a ouvert trois nouveaux sites en Chine en avril dernier. Les deux fabriques Snecma Suzhou Co.

22 Connexions / mai-juin 2008

Ltd et Messier-Dowty Suzhou Co. Ltd sont implantées dans le parc industriel de Suzhou. Sur le même site, elles produisent des composants de moteurs CFM56-5B et -7B (Snecma Suzhou) et des composants de trains d’atterrissage (Messier-Dowty Suzhou). La troisième unité de production, Snecma Xinyi Airfoil Castings Co.Ltd, établie à Guiyang en partenariat entre Snecma et Guizhou Xinyi Machinery Factory, est une fonderie qui produit des éléments de turbine des moteurs. « La Chine est aujourd’hui le premier client de nos produits aéronautiques civils. Elle est aussi, de plus en plus, une source de production de classe mondiale, dans des conditions maîtrisées et mutuellement bénéfiques », a souligné Jean-Paul Herteman, le président du directoire de Safran.

Schneider sur le podium Schneider Electric a été récompensé trois fois lors de l’équivalent des Césars des industries mécaniques en Chine, la CAIE, évènement annuel majeur organisé par l’association chinoise mécanique, l’association chinoise des fabricants de machines, et l’association chinoise de l’industrie informatique. L’entreprise française a raflé la palme d’or « meilleure entreprise de l’année », le prix du meilleur acteur « en communication » et celui du meilleur scénariste « produit le plus innovant de l’année ». Schneider Electric qui a établi sa première joint-venture en Chine en 1987 compte aujourd’hui 15 000 employés en

Un atelier chez Schneider. 施耐德电气的生产车间

Chine. L’année 2007 a été l’année de la consécration : Schneider a été récompensée pour la large couverture de l’ouverture de centre de R&D de Shanghai, l’un des trois premiers du groupe, en novembre dernier. Le produit désigné comme « le plus innovant de l’année » est le Zelio Logic, une alternative économique et simple d’utilisation au relais électrique traditionnel. Le groupe surfant sur sa popularité chinoise qu’ont consacrée ces prix a réalisé une migration de toutes ses marques y compris Merlin Gerin, Square D, Telemecanique et Clipsal sous la marque générique Schneider Electric. Emilie Torgemen


阿科玛减少常熟生产基地的 有害气体排放

施耐德电气获奖 施耐德电气在“ 2 0 0 8中国自动化产业世纪

阿科玛将减少其在常熟工厂的温室气体

行”评选中荣获三项大奖。 “中国自动化产业

排放,方法是焚烧制造HCFC 22的副产品HFC

世纪行”是由中国仪器仪表行业协会、中国自

23。该法国化工企业于去年5月开始规划清洁

动化学会和中国计算机行业协会共同举办的

项目,此项目已得到《联合国气候变化框架公

年度盛事。施耐德此次囊括的奖项包括“十大

约》的实体清洁发展机制执行局的认定。焚烧

年度企业”、 “十大年度新闻”和“十大年度最

炉将于2008年中期投入使用,每年可以减少 相当于600万吨二氧化碳的排放量。阿科玛将

Le sale d’archives chez Safran 赛峰集团资料室

具竞争力创新产品”。 施耐德电气于1987年在中国成立了第一家

因此减少340万吨被《联合国气候变化框架公

业苏州有限公司和梅西埃航空苏州有限公司坐

合资公司,至今已拥有15000名员工。施耐德

约》核证的温室气体减排量。

落在苏州的工业园区内。斯奈克玛航空工业苏

入选2008中国自动化产业世纪行“十大年度新

通过引进新型的清洁装置,阿科玛的温

州有限公司主要生产CFM56-5B et – 7B发动机

闻”的是2007年11月施耐德电气自动化创新中

室气体排放总量将是1990年— —《京都议定

的组件,梅西埃航空苏州有限公司则生产起落

心在上海成立,它是施耐德电气全球三大自动

书》基准年的六分之一。

架的组件。在贵阳建立的第三家工厂斯奈克玛

化创新中心之一。入选“十大年度最具竞争力

新艺叶片铸造有限公司是斯奈克玛与贵州新艺

创新产品”的是Zelio Logic逻辑控制器,它是一

赛峰逐步扩大在中国的投资

机械厂合资成立的企业,主要生产涡轮机铸件

款性价比高,使用简便的逻辑控制器,目前全

今年4月,专门从事航空航天、安全防务和通讯

和航空发动机。赛峰集团总裁让.保尔.赫特曼

球市场排名第二。

业务的赛峰集团在中国建立了三家新厂,其中

表示: “中国目前是我们民用航空产品的第一

趁 着获奖 为施耐德电气在中国带来知

两家建在距上海80公里的苏州,一家建在贵州

大客户。在成熟和互惠的条件下,它也会逐步成

名度的契机,该集团实现了旗下梅兰日兰、

省的贵阳。在苏州的两家新厂斯奈克玛航空工

为世界级的生产基地。”

Square D 、TE电器和奇胜品牌的整合。

Connexions / mai-juin 2008  23


公司简讯 l’actualité / entreprises Arrivé en Chine dans les valises de ses clients en 2005, l’éditeur roubaisien de progiciels vidéo a remporté le prix PME France-Chine 2007, qui récompense une ambitieuse stratégie de développement.

Cylande surfe sur la vague du « retail »

A

l’image de l’équipe française de judo, dont Cylande est partenaire pour les JO, la PME affiche une forme olympique. Depuis ses premiers pas dans l’Empire du milieu en 2005, l’éditeur de logiciels — partenaire des chaînes de grande distribution et de commerce spécialisé — y réalise déjà 6 millions d’euros de chiffre d’affaires sur un total de 28 millions. Et ce n’est pas tout : la PME roubaisienne a créé sa filiale à Shanghai en 2007. Dernière satisfaction : l’obtention en décembre du prix PME France-Chine 2007. « Cette récompense nous offre une belle visibilité auprès des acteurs locaux à la recherche de solutions métiers et de conseils associés », reconnaît le PDG JeanPierre Paugam. Les clés du succès tiennent à une stratégie de développement à l’international bien ficelée. L’aventure avec la Chine a commencé par la sollicitation d’un client. « Sans son appui, nous n’aurions jamais pu prospecter directement le marché chinois, car le contexte culturel et réglementaire chinois est trop différent, observe le PDG. Et je ne pouvais pas envoyer simplement mes logiciels en Chine au client ! » En 2005, forte de 400 points de ventes en France, l’enseigne de prêt-à-porter féminin Cache-Cache, qui sous-traitait déjà en Chine sa fabrication, a souhaité passer à l’étape supérieure et ouvrir des magasins. Le tout en conservant son éditeur français, spécialisé dans le « retail », pour gérer ses flux de marchandises, contrôler les commandes, et réagir au plus vite aux fluctuations de marché. Potentialité du marché oblige, Cylande tente alors sa chance et part avec CacheCache pour développer son circuit de distribution. L’objectif est clair : devenir, à terme, l’éditeur de référence des logiciels dédiés aux enseignes françaises et étrangères en Chine, qui, on le sait, ont le vent 24 Connexions / mai-juin 2008

Christine Lagarde (2eg.) et Jean-Pierre Paugam (3eg.), lors de la remise du prix PME France-Chine. 法国经济、工业和就业部长拉嘉德(左二)和Cylande总裁让.皮埃尔.波加姆(左三)在法中中小企业成就奖的颁奖仪式上

en poupe. Avec Cache-Cache, le potentiel de croissance se confirme : deux ans plus tard, 80 magasins de l’enseigne, équipés de solutions Cylande, ont été ouverts ou sont en cours d’ouverture. Un marché porteur La phase d’implantation n’a pas été sans difficultés. Une fois sur place, Cylande a dû composer avec la réalité locale, notamment avec un réseau téléphonique moins intégré qui ne simplifie pas les communications entre centrale d’achat et points de ventes. « Il a fallu adapter nos solutions aux réglementations chinoises, former du personnel à l’utilisation de ces logiciels, une vraie gageure », se souvient le PDG. Heureusement, l’arrivée d’autres clients, dans le textile ou le commerce spécialisé,

tels King Jouet, Kiabi, Kaloo, Okaïdi, a donné des ailes à Cylande. Aujourd’hui, avec une équipe locale de 6 personnes, dont 5 chefs de projets chinois, l’éditeur fournit déjà une centaine de points de vente et 4 centrales d’achats. Après deux ans et demi d’expérience, Jean-Pierre Paugam vise aujourd’hui la conquête directe de clients chinois. « Nous comptons étoffer nos équipes chinoises et passer très vite à une filiale de 20 à 30 personnes ». Il faut dire qu’en Chine, les enseignes dites de « petite chaîne » comptent rarement moins de 500 magasins à équiper, un défi pour la PME, qui commence à répondre aux appels d’offre chinois. En compétition avec des entreprises locales, Cylande met en avant son expérience et sa position de leader sur le marché français. Mais pour


2005年,法国鲁贝的管理软件开发商Cylande随客户的发展来到中国, 如今该公司已能独立发展,它刚刚获得2007年法中中小企业成就奖。

Cylande乘着零售业的东风迅速发展 Cylande作为奥运会法国柔道队的合作

© DR

伙伴,象法国柔道队一样,显示出奥林匹克

être forts sur le marché chinois elle devra se doter, reconnaît le PDG, d’une bonne équipe commerciale locale. La Chine n’est pas le seul pays convoité par la Roubaisienne, déjà présente dans 56 pays et détentrice de deux représentations commerciales, en Italie et en Espagne. A terme, la Russie, le Moyen-Orient et l’Afrique du nord semblent avoir une force de marché suffisante pour une implantation, même si l’éditeur attend beaucoup de la Chine. Sur les 33 millions d’euros de chiffre d’affaires prévus pour 2008, 25% devraient être réalisés à l’international. Et Jean-Pierre Paugam d’affirmer : « A terme, nous souhaitons passer à 50% et la Chine devrait figurer parmi les principaux contributeurs ». Philippe Charles

后,将有50-80家配备Cylande解决方案的 Cache-Cache门店开业或筹备开业。

的出色竞技状态。自2005年在中国迈出第一

在安装阶段困难重重。刚一来到中国,

步以来,这个专门开发专业连锁店和大众零

Cylande就要结合当地的实际行事,尤其

售商管理软件的公司已在中国实现了600万

是没有与软件安装相配套的电话网络,它

欧元营业额,占到其全球总营业额2800万欧

使采购中心与销售网点之间的通讯变得复

元的20%以上。这还不是全部:Cylande正

杂。 “必须使我们的解决方案与中国的规定

在筹 备 建立 上海 分公司,这已列入公司

相适应,培训使用软件的人员的确是件冒险

2008年应该落实的项目清单里。最令人满意

的事”,Cylande总裁回忆说。幸运的是,其

的是,它在去年12月荣获了2007法中中小企

他纺织业或专业贸易领域的客户如狮子头

业成就奖。Cylande总裁让.皮埃尔.波加姆

玩具公司,凯家衣服饰公司,Kaloo儿童用品

(Jean-Pierre Paugam)表示, “这一奖项为我

和Okaïdi给了Cylande很大的帮助。如今,由

们在当地软件商中寻求解决方案以及合作

6名员工组成的本地工作团队中,有5名中国

建议打开了局面。”

项目负责人,公司已为100多个销售网点及

取得成功的关键在于制定了良好的国

4个采购中心提供了它的产品。在拥有两年

际发展战略。Cylande在中国的发展始于一

半的经验后,让.皮埃尔.波加姆(Jean-Pierre

个客户的提议, “没有他的支持,我们永远

Paugam)决定要直接征服中国的客户, “我们

不会直接在中国市场开拓销路,因为中国的

打算扩大我们的中国工作团队,并很快建立

文化和法规是完全不同的 ,”Cylande总裁

一个拥有20-30人的分公司。”在中国,即使

说, “而且当时我也不能简单地把我的软件

小连锁店也很少少于500个门店,这对于开

随客户邮寄到中国”。2005年,在法国拥有

始回应中国客户的中小企业Cylande来说是

40 0多个销售网点的女性成衣品牌Cache-

个挑战。在与当地企业的竞争中,Cylande突

Cache已经在中国分包生产,它希望进入更

出它的经验以及在法国市场的领导地位。但

高的发展阶段并在中国开设专卖店。Cache-

是公司总裁承认,为了在中国市场上成为强

Cache继续使用Cylande专为零售业设计的

者,它必须具备一支良好的本地销售团队。

软件来管理商品的库存,监控客户的订货并

Cylande的产品遍布56个国家,并在意大利

以最快的速度应对市场需求的变化。

和西班牙设有2个商务代表处,中国并不是

面对潜在的市场,Cylande抓住机会随

唯一被Cylande看中的市场。即使Cylande对

Cache-Cache进入中国,并开始发展自己的

中国有更多的期待,俄罗斯、中东和北非也

分销渠道。目标是明确的:最终成为为在华

有建立分公司的强大市场后盾。2008年公司

法国和外国连锁店提供最先进的管理软件

预计营业额将达到3300万欧元,其中15%预

开发商,众所周知,这些连锁店正在顺利

计在国际市场实现。让.皮埃尔.波加姆(Jean-

地发展。随着Cache-Cache业务的不断扩

Pierre Paugam)确信: “我们希望达到50%,

大,Cylande的增长潜力也得到了保证:两年

而中国将是主要的贡献者之一”。

Connexions / mai-juin 2008  25


专访 l’entretien Spécialiste des rapports interculturels entre la Chine et l’Europe, François Jullien a récemment publié un ouvrage sur la question de l’universel et de ses enjeux politiques. Il revient sur les récentes incompréhensions entre la Chine et la France et réfléchit sur la notion de Droits de l’homme.

François Jullien, sinologue et philosophe, est professeur à l’université Paris VII-Denis Diderot

“Comment repenser les droits de l’homme ?” Connexions : Les manifestations occidentales autour de la flamme olympique, les manifestations patriotiques de jeunes Chinois en retour, témoignent d’une incompréhension mutuelle. Vous venez de publier un livre De l’universel, de l’uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures1. Le dialogue entre les cultures est-il aujourd’hui possible et à quelles conditions ? François Jullien : Nous n’avons pas d’autres notions à notre disposition, sinon celle du conf lit. Et personne n’en veut ouvertement. Mais comment comprendre le dialogue sans qu’il devienne un humanisme mou ? Si on va voir du côté de l’origine grecque du mot « dialogue », le terme renvoie à « dia » l’écart et « logos » la logique, la raison. On est loin de sa traduction en chinois « dui hua», qui veut simplement dire « vis-à-vis » et « parler ». Dans dialogue, le « dia » renvoie à la notion d’écart. Je n’em26 Connexions / mai-juin 2008

ploie pas, volontairement, le mot « différence », qui renvoie à l’idée « d’identité », car je ne pense pas le culturel en terme d’identité qui présuppose le maintien du même. Or une culture ne cesse de muter, de se travailler. Je choisis le terme « d’écart », car il renvoie à une mise en tension et manifeste un embranchement possible. Les cultures sont des réserves de ressources. Le pluriel est important car il permet de multiplier les ressources alors que, en période de mondialisation, il y a un risque fort d’uniformisation. Comme les ressources naturelles, les ressources culturelles sont en danger. Or les cultures ne vivent qu’en tension. L’écart est ce qui les active et en fait apparaître la fécondité, suscite une exploration. Mais l’écart n’est pas le conflit entre deux vérités. L’autre notion que renferme le mot « dialogue » est celle de « logos » — logique, raison, intelligibilité.

Le dialogue, c’est donc ce qui met en scène l’écart, sur le commun de l’intelligible. L’intelligence c’est la capacité humaine, partagée par tous, de développement. C. : Pour en revenir au dialogue franco-chinois, comment faire pour, comme vous dites, travailler l’écart en ce qui concerne la notion de droit de l’homme? F. J. : Il faudrait d’abord, du côté français, sortir cette question des droits de l’homme du cadre d’intérêts privés. D’autre part, les Français ne se rendent pas compte qu’ils sont illisibles du dehors, que leurs prises de position sont cacophoniques. Mais le problème ne s’arrête pas là. De façon plus profonde, tant qu’on n’aura pas fait, en Europe, un travail de réflexion sur notre conception des droits de l’homme, nos efforts pour les défendre seront vains. Or, je suis triste de constater que 1

Fayard

•••


弗朗索瓦·于连, 法国当代汉学家, 哲学家,现任巴黎七大 德尼·迪德罗大学教授 及葛兰言研究中心主任。 中欧跨文化研究领域的 专家弗朗索瓦·于连 (François Jullien) 最近出版了一本关于普遍 与它的政治影响的著述。 在采访中,他谈到了近来中 法两国之间产生的误会, 并重新审视了欧洲的“人 权”概念。

看,如果在欧洲我们没有对人权的概念 进行思考,我们维护人权的努力就白费 了。然而,我很遗憾的看到政界没有准 备进行这方面的努力。我们停留在“普 遍”这个不再可行的思维方式上,没有 通过其它文化来努力验证“普遍”的思 维方式,并重新对它进行清醒的思考。 如何重新思考人权?在古典哲学 中,我们把“普遍”和“特殊”对立起 来。然而,如果在人权上我们要求普 遍,我们就得承认人权的出现是属于思 想发展的一个特殊历史时期。这里存 在着“普遍”和“特殊”的矛盾,应 该把两者有机结合,丰富这对矛盾。在 古典哲学时期,

笛卡尔和康德说的个

人主体,没有考虑到文化的层面。古典 哲学提出的首要问题是:“我知道什 么?”,“我应当做什么?”,“我有

在“dialogue”这个单词中,

“dia”含

权希望什么?”。古典哲学完全没有认

有“差别”的概念,而非“不同”。我

识到提出这些问题的方式本身就有文化

不想使用“不同”这个词,它与“一

的烙印。我们生活在一个热情的时代,

致”反义,因为我不认为文化在保持一

大家第一次开始意识到自己是文化的主

致方面要以维持自身的同一为前提。而

体。第一个预感到这一点的是尼采,因

一种文化在不停地变化,不停地加工。

为他是语言学家。后来人类学抓住了这

我选择“差别”这个词,因为它含有趋

个问题,但它主要是研究濒临绝迹的、

势的概念,表示可能的发展分支。文化

小范围内的、没有同西方对话的文化。

是资源的储备,使用文化的复数形式很

中国则完全不同。中国文化同希腊文化

重要,因为资源在不断增加,而在全球

并驾齐驱,它与西方文化有对话,有几

化时期,非常有同一的可能性。同自然

千年来用文字记载的思想学说,具有严

《联结》:北京奥运圣火在西方国家传

资源一样,文化资源也处于危险之中。

密性。所以,我们有一项新的工作要

递过程中遇到的示威活动,以及中国青

然而,文化只能在趋向中生存。差别不

做,应该把这项工作当成一次能够在另

年作为回应进行的爱国游行,证明了

断地活跃、丰富文化,引起探索的过

一范畴定义人权概念的机会。

双方彼此不了解,没有倾听对方所说的

程。而差别也不是两个事实的对立,它

话。您刚刚出版了一本书名为《论文化

只是指探索的过程。单词“Dialogue”包

《联结》:您的意思是?

之间的普遍、同一、共性及对话》。请

含的另一个概念是“logos”,指逻辑、

弗朗索瓦·于连:我把“普遍”作

问,在今天,不同文化之间的对话可能

理性和理解性。对话就是在可理解的共

为“普遍主义”甚至是“普遍性”的

吗?在什么样的条件下才能对话?

性上提出差别。理解力是人类共享的发

对立面来定义。当我们说到“普遍

弗朗索瓦·于连:这涉及了许多问题:

展能力。

性”,指的是封闭的、完整的全部。相

© DR

话”的意思是“面对面”和“说话”。

专访弗朗索瓦·于连先生

应该重新审视人权

反,“普遍”则包含着空缺,是与封

对话指什么?我们能如何使用对话? 必须明确对话的概念。我们没有别的

《联结》:回到中法对话上来,就像您

闭的世界对立的。普遍意味着趋向性

概念可以使用,如果有就是对立。没

说的,对待人权概念的差别该怎么做?

的“不”,不断寻求、寻找发展。关于

有人愿意公开对立。但如何理解对话

弗朗索瓦·于连:法国首先应该把人权

人权,我的观点是:我们不能封闭在相

使之不变成软弱的人道主义?如果我

问题与个人利益分开。在法国,有些人

对主义的立场上。我想保持人权的绝对

们来看一下“dialogue”(对话)这个单

利用人权为借口为他们的个人利益服

性。为了结合人权的特殊历史性及它

词的希腊起源,单词中的“dia”指差

务。另外,法国人没有意识到外面的人

的绝对性,我只能用否定的途径来定

别,“logos”指逻辑或理性。这与它

不理解他们,他们采取的立场不合时

义它。我来解释一下。人权的否定面

的中文翻译“对话”差别很大,“对

宜。然而问题不仅在此。从更深层次来

在于拒绝不能容忍的事,为了说

•••

Connexions / mai-juin 2008  27


专访 l’entretien •••le monde politique ne semble pas

prêt à faire cet effort. Nous nous reposons sur une pensée de l’universel, qui n’est plus viable. On ne fait pas l’effort de mettre notre pensée de l’« universel » à l’épreuve d’autres cultures, pour la réfléchir à nouveaux frais. Comment repenser les droits de l’homme? On oppose en philosophie classique « universel » et « singulier ». Or, en ce qui concerne les droits de l’homme, que l’on veut universels, on doit reconnaître que leur avènement relève d’une histoire singulière de la pensée. Il y a là une contradiction qu’il faut articuler pour la rendre féconde. A l’époque de la philosophie classique, Descartes et Kant parlaient du sujet personnel sans prendre en compte sa dimension culturelle. La philosophie classique croyait se poser des questions premières : « Qu’est ce que je connais ? » « Que dois-je faire ? » « Qu’ai-je le droit d’espérer ? ». Elle ne se rendait aucunement compte que sa façon même de se poser ces questions était culturellement marquée. Nous vivons une période passionnante où, pour la première fois, nous commençons à nous rendre compte que nous sommes des sujets culturels. Le premier à avoir pressenti cela était Nietzsche parce qu’il était philologue. Puis l’anthropologie s’est emparée de cette question, mais elle travaillait surtout sur des cultures en voie de disparition, à petite échelle, qui n’étaient pas en situation de dialogue avec l’Occident. Avec la Chine, c’est différent. Il y a du vis-à-vis, une production écrite élaborée depuis des millénaires, une cohérence à la hauteur de la culture grecque. Nous avons donc un nouveau travail à faire, sans panique. Il faut voir cela comme une chance de pouvoir porter la notion des droits de l’homme sur un autre plan. C. : C’est-à-dire ? F. J. : J’ai choisi de définir l’universel comme le contraire de l’universalisme et même de l’universalité. Quand on parle d’universalité, on parle d’une totalité, close et complète. A contrario, l’universel est ce qui fait apparaître un manque, c’est ce qui se rebelle contre ce monde clos. L’universel, c’est un « non » qui met en tension vers, qui ouvre une quête, recherche un déploiement. En ce qui concerne les droits 28 Connexions / mai-juin 2008

de l’homme, ma position est qu’on ne peut pas se replier sur une position relativiste. Je veux leur garder un caractère absolu. Pour articuler l’histoire singulière et le caractère absolu des droits de l’homme, je ne peux qu’utiliser la voie négative pour les définir. Je m’explique. Sur leur versant négatif, celui du refus face à l’intolérable, pour dire non et protester, les droits de l’homme sont un outil qui peut passer de main en main et devenir commun entre les cultures. Dans leur capacité à dire non à l’oppression, ils réussissent à faire affleurer un inconditionné au sein de toute condition historique. Mais il y a aussi un versant positif aux

« Pour dire non et protester, les droits de l’homme sont un outil qui peut devenir commun entre les cultures » François Jullien droits de l’homme, issus de la pensée moderne au XVIIe siècle. Les droits de l’homme n’existaient ni en Grèce ni à Rome. Ils apparaissaient avec la pensée moderne (Hobbes), avec l’émergence du droit subjectif, naturel, de la liberté, de la nouvelle figure de l’individu. On se met à penser le social, le cosmique à partir du sujet. Cela donne la trilogie : liberté individuelle, contrat social et le bonheur comme but suprême. Pourquoi vouloir obliger les autres cultures à adhérer à notre credo qui correspond à notre histoire ? L’Occident a pensé le sujet en l’affranchissant des relations avec le milieu familial, naturel, cosmique. D’autres cultures, au lieu d’affranchir l’individu de ce milieu, ont cherché à l’intégrer. La valeur essentielle n’est plus alors la liberté individuelle qui renvoie à l’affranchissement mais l’harmonie qui renvoie à l’intégration. Pour résumer, nous sommes face à deux perspectives. Une perspective où tout part du sujet individuel qui se relie au monde au niveau social par le contrat et au niveau du cosmos par la physique classique, avec une logique d’effraction, d’émancipation. Une autre perspective où, dans une logique d’intégration, ce qui est privilégié,

c’est l’intégration dans la famille, dans les relations sociales, dans le paysage et la nature. Cet écart permet de se réfléchir. Il faut se mettre à l’intersection des fécondités : faire valoir à la fois l’inventivité, la fécondité que permet la liberté individuelle mais aussi comprendre la logique d’intégration. Il s’agit de croiser les deux, pas de métisser. C. : Mais comment agir, évaluer, juger et trancher entre différents systèmes de valeurs ? F. J. : Je me suis interrogé, en tant que sujet, sur cette question. Personnellement, quand je suis dans une démarche de connaissance, devant mon bureau, quand je cherche à maîtriser le monde en tant qu’objet, quand je suis dans une démarche d’inventivité, je suis dans une logique de liberté individuelle d’affranchissement. Par contre, quand je suis sur un mode de connivence, dans une logique d’intégration, je suis dans la réponse, l’entente, je rentre dans la forêt. Je travaille donc dans les deux régimes, selon les moments et c’est la chance de notre époque. Nous sommes la première génération en Occident à pouvoir circuler entre des intelligibilités diverses et à pouvoir déployer ainsi notre intelligence. C. : Quel avenir voyez-vous à la notion occidentale de Raison ? F. J. : Il faut réactiver les ressources de la Raison, en les confrontant à d’autres possibles de la pensée, en nous rendant compte de ce que notre Raison a laissé tomber. Il faut remettre ce qui a été évacué sur l’établi de la pensée. Et c’est précisément, encore une fois, pour cela que je passe par la Chine. Pour avoir accès à l’impensé de la Raison européenne, je dois faire un détour. En conclusion, je dirais qu’il faut aujourd’hui éviter à la fois l’universalisme facile et le relativisme paresseux. Il faut que nous fassions l’effort de construire une position qui ne reste pas à l’intérieur de nos catégories mais qui n’épouse pas pour autant un culturalisme lénifiant pour qui toute culture ne peut être appréciée que dans sa propre perspective. Il faut casser le moule de l’alternative figée. Il faut procéder à des dé-catégorisation et à des re-catégorisation pour être mieux apte à évaluer, juger et trancher. Propos recueillis par Anne Garrigue


•••不和抗议,人权是一件可以传送的

的世界结合,通过古典物理学使个体与

能够运用理性去理解其它思想体系的学

工具,并成为不同文化之间的共性。在

宇宙性的世界结合。另一种观点是:以

者,并使我们的理解力不断发展。我顺

人权对压迫说不的能力里,它在任何历

融合的逻辑,最优先的是融入家庭、社

便提一句,中国和日本的学者已经这样

史条件下总是显示出无条件性。

会关系、情景和自然中。这种差距引人

做了,他们能够运用我们的概念,当然

然而源于十七世纪现代思想的人

深思。应该让有丰富内涵的不同观点交

也能用他们自己的。

权也有肯定面。以前在古希腊和古罗马

叉:发挥个人自由允许的创造力和丰富

都不存在人权。它是随着现代思想(

内涵,同时理解融合的逻辑。两种观点

《联结》:应该停止运用理性吗?

霍布斯哲学思想),主体权利、自然权

相互交错,而不是相互杂交。

弗朗索瓦·于连:不!  相反的,应该活 跃理性,承认它与其他的思想的差别,

利、自由和个人的新定义的出现而出现 的。从主体出发,我们开始思考社会和

《联结》:那应该如何在不同的价值体

意识到我们的理性应摒弃的部分,并对

宇宙。三位一体产生了:个人自由、

系之间处事、评价、判断及解决问题

其重新思考。正是因为如此,我又一次

社会契约、作为最高目标的幸福。为

呢?

来到中国,我要通过中国思考欧洲理性

什么要强迫其它文化拥护符合我们历史

弗朗索瓦·于连:作为主体,我曾经问

未涉及的部分。总而言之,我觉得今

发展的信条?西方思考主体时解放了它

过自己这个问题。我个人认为,当我在

天应该避免简单的普遍主义和懒惰的相

与家庭、自然和宇宙的关系。其它文化

办公桌前进行学习的时候,当我作为

对主义。我们应该努力建立一个不是停

不是让个人从这些领域里解放出来,而

客体了解世界的时候,当我进行创造的

留在我们思考角度内的立场,但这个立

是寻求融为一体。主要价值不再是解放

时候,我处于解放、自由的逻辑中。相

场也不能赞同缓和的文化主义,文化主

的个人自由,而是融合的和谐。总结一

反,当我进行回答、理解的时候,我以

义认为任何文化只能在各自的背景下被

下,我们面对两种观点。一种观点是:

结合的模式,处于融合的逻辑中。根据

认同。为了能够更好地评价、判断和解

一切从个人主体出发,运用破坏性的、

不同时候,我在两种体系里工作,这也

决问题,应该打破固定的非此即彼的模

解放的逻辑,通过契约使个体与社会性

是我们时代的机遇。我们是西方第一代

式,打破分类,再重新分类。

Connexions / mai-juin 2008  29


dossier © Imagine China

La population aisée bénéficie d’une médecine de pointe.

La rédaction remercie : M. Jean-Louis DurandDrouhin (Conseiller pour les Affaires sociales à l’ambassade de France à Pékin) pour son aide à la préparation du dossier. M. Jacques Dumasy (Consul général de France à Chengdu) pour l’utilisation des photos p.58-59. 30

Connexions / mars-avril 2008

中国的富人享受着一流的医疗条件。

Un pays,

Après 25 ans de réformes, le système de santé en Chine reflète à la fois les progrès techniques et économiques du pays et le creusement des inégalités. A côté d’une population aisée qui bénéficie d’une médecine de plus en plus performante et confortable, la majorité des Chinois a du mal à accéder aux soins de première nécessité. Les pathologies chroniques des pays riches coexistent avec les épidémies infectieuses du tiers-monde, les services hospitaliers de biomédecine, majoritaires, côtoient une médecine traditionnelle plusieurs fois millénaire. Dans ce dossier, nous présentons


SANTE 医疗卫生

© Imagine China

专 栏

Dans une clinique privée rurale, les patients attendent médicaments et piqures. 农村私人诊所,医生的报酬来自开药和打针。

deux médecines le système de santé et faisons le point sur sa réforme (p. 32), l’assurance maladie (p. 36), la médecine pauvre en milieu rural (p.38) et les pathologies chinoises (p. 40). Nous explorons l’hôpital (p. 44), avant de voir comment le développement des techniques médicales et de la recherche offre des marchés prometteurs aux entreprises étrangères (p. 50). Nous examinons les réussites d’une coopération franco-chinoise vivante et ancienne (p. 58). Enfin, nous publions des pages pratiques (p. 70) pour préserver sa santé, mieux se soigner et s’assurer.

中国的医疗体系 改革25年后,中国的医疗卫生体系既反映了 中国技术和经济的进步,又体现出不平等的 加剧。在中国的富人享受着优越和舒适的医 疗服务的同时,大多数中国人很难得到基础 的医疗服务。发达国家的慢性病与第三世界 贫穷地区的传染病并存,占主体的西医与传 统中医并存。 Connexions / mai-juin 2008 31


DOSSIER

专栏

Campagne de prévention de Médecins Sans Frontieres dans le Guangxi.

无国界医生组织在广西省的疾病预防行动。

Les chantiers de la réforme par Anne Garrigue

Après avoir obligé les hôpitaux à s’autofinancer, le gouvernement doit réinjecter de l’argent public pour soigner les moins favorisés. 政府要求医院自筹资金, 同时增加财政投入 为最贫困的人口 提供医疗卫生保障。

32

Connexions / mai-juin 2008

P

endant plusieurs décennies, la Chine a bénéficié d’un système de santé « relativement égalitaire », même s’il existait une médecine privilégiée pour cadres, dotée d’excellents hôpitaux, notamment militaires. Le système de santé, basé sur la prévention, mêlant biomédecine d’origine occidentale, médecine traditionnelle chinoise et pratiques populaires, a permis d’élever rapidement l’espérance de vie de 35 ans en 1949 jusqu’à 72 ans aujourd’hui. Les soins primaires et la prévention étaient facilités par l’encadrement fort de la population dans les communes populaires et dans les danwei. A partir des années 80, l’exode rural et le démantèlement de nombreuses danwei ont abouti au délitement de la solidarité dans les cam-

pagnes et, dans les villes, « le bol de riz » en fer a volé en éclat. Conséquence : l’élévation de l’espérance de vie a fortement ralenti et le pays n’est plus à l’abri d’une catastrophe de santé publique. De plus, il règne une grande inégalité dans les prestations, avec des hôpitaux de qualité très différente et une partie de la population totalement exclue du système de santé. Pourtant, affirme Jean–Louis DurandDrouhin, Conseiller pour les affaires sociales à l’Ambassade de France en Chine « La Chine est un pays où l’on sait soigner. Il existe un personnel compétent, bien formé en Chine ou à l’étranger. Dans la plupart des grandes villes, les hôpitaux disposent des moyens techniques et d’équipements qui sont au niveau, voire un cran au-des-


SANTE 医疗卫生

Les dépenses de santé dans le monde Revenu national brut par habitant ($ internationaux PPA) Dépenses totales de santé par habitant

91

Chine

Inde

Japon

•••

6 096

30,540 3 040

277

2 293

3 460

6 600

31,410

41,950

($ int., 2004)

France Etats-Unis

Dépenses totales de santé en % du PIB 15.4%

(2004)

4.7%

5.0%

7.8%

10.5%

© Imagine China

Chine

Inde

Japon France Etats-Unis

Espérance de vie à la naissance h/f

Chine

80

84 77

64

62

74

71

79

86

(années) 75

en effet, tombée de 100 à 15%. Jusqu’à 50% des revenus de l’hôpital sont désormais assurés par la vente de médicaments. Cette quasi-privatisation de l’hôpital public a ouvert la porte à des abus et de la corruption : suréquipement, surconsommation d’examens et de médicaments, création de lits dit « de luxe »… Tout concourt à ce que l’hôpital devienne un lieu à but lucratif, reconnaît Chen Bo Wen, conseiller auprès du ministre de la Santé. Au détriment de la bonne gestion du système de santé et d’un bon rapport qualité-prix des soins. Actuellement, le gouvernement ne couvre plus que 17,9% des dépenses totales de santé (contre environ 50% aux Etats-Unis et 80% en Europe). Les assurances médicales paient 29,9% et les patients 52% ( voir tableau). Cela explique que les Chinois actifs économisent entre 40 et 60% de leurs revenus, en prévision d’un accident de santé. Le système est particulièrement inégalitaire puisque les deux tiers des financements publics bénéficient au tiers de la population la plus riche. Comme ce sont les gouvernements locaux qui financent 90% des dépenses de santé publique, alors sus des hôpitaux universitaires français. que certains offrent désormais des serviCela permet de bien soigner les couches ces de qualité, d’autres n’ont même pas les moyennes (300 millions de personnes ressources nécessaires pour payer leurs saenviron). » Mais, ajoute-t-il auslariés. Les migrants non dotés sitôt, « la Chine doit soigner un Pour la majorité de hukou (permis de séjour) milliard de Chinois qui ont des n’ont pas accès à l’hôpital sur des Chinois, une moyens très limités. C’est là où leur lieu de vie et se retrouvent le bât blesse. Il y a une vingtaine maladie grave, un dans une zone de non-droit. d’années, une réforme a été accident peuvent Leur seul recours est alors de se entreprise. Le choix a été de tourner vers les ONG, chinoises faire tomber une favoriser l’autofinancement du ou étrangères, qui prennent en système hospitalier, qui repré- famille dans la charge, autant que possible, la sente la quasi-totalité des soins pauvreté. santé des populations sans en l’absence d’une médecine couverture médicale. de ville. Sans système de protection sociale Certes, récemment, sur le papier au moins, suffisant, c’est le patient qui doit, avec son le nombre de personnes couvertes par épargne de précaution faire face aux frais une assurance-maladie a augmenté mais médicaux. Pour la majorité des Chinois, une « la protection offerte reste limitée, les maladie grave, un accident peuvent faire remboursements faibles, voire inexistomber une famille dans la pauvreté.» tants quand le malade n’est pas hospitalisé », explique l’OMS . De plus les écarts Le désengagement de l’Etat se creusent entre les provinces d’inégale Depuis la fin des années 80, la participation richesse, entre les ruraux et les urbains, de l’Etat au financement des hôpitaux est, ainsi qu’entre les différents groupes

Inde

Japon

France Etats-Unis

Sauf indication contraire, les chiffres concernent 2005.

Connexions / mai-juin 2008 33


DOSSIER

专栏

Se soigner en groupe

Visite médicale collective 单位集体体检

Dans un pays, où 45% des urbains et 75% des ruraux n’ont pas les moyens d’accéder à l’hôpital et donc de se faire soigner, la santé publique passe par la prévention et notamment par des séances collectives de vaccination ou de distribution de médicaments. Autre mesure d’économie : l’hospitalisation en salle commune, encore très répandue.

Un secteur gangrené par la corruption La réforme hospitalière des années 80 qui oblige les hôpitaux à s’autofinancer tout en limitant le prix des consultations a encouragé fortement la corruption, encore aggravée par la faible rémunération officielle des médecins. Récemment deux agents des services de santé de la province du Guangdong, qui avaient reçu les honneurs pour leurs efforts dans la lutte contre l’épidémie du SRAS en 2003, ont reconnu leur implication dans une affaire de pots de vin de la part de distributeurs d’équipements médicaux et de médicaments. C’est un cas parmi d’autres de ce mal rampant qu’avaient illustré de façon retentissante en 2007 la condamnation à mort et l’exécution de Zheng Xiaoyu, ancien directeur de la State Food and Drug Administration.

socio-économiques. « Aujourd’hui, ••• 45% des urbains et 75% des ruraux n’ont pas accès à l’hôpital, et ne se font pas soigner par manque de moyens », explique Jean-Louis Durand-Drouhin. Une volonté de réforme Le gouvernement a commencé à prendre la mesure du problème. En 2007, il a annoncé une augmentation significative de sa contribution financière dans les zones rurales, reconnaissant que le financement public de la santé était au cœur des problèmes de coûts et de la difficulté d’accès aux services de santé. Depuis 2006, le gouvernement a fait de gros efforts pour mieux définir son rôle en matière de santé. Un comité de coordination comprenant 14 ministères et conduit par la NDRC2 et le ministère de la Santé cherche à mettre en pratique les orientations définies par le 11e plan : accroître les investissement publics, développer la prévention, le contrôle sanitaire et un filet de sécurité pour la population pauvre, favoriser les services de santé communautaires, mieux répartir les ressources, mieux réguler la production et le marché des médicaments, soutenir le développement de la médecine traditionnelle chinoise. « En matière de réforme, on observe une volonté politique face au risque de tension sociale et de déstabilisation, mais se pose un problème de moyens », analyse Jean-Louis Durand-Drouhin. Pour réformer, il faut réinjecter de l’argent public de manière maîtrisée. Une partie de la réforme consiste à encadrer l’investissement pour éviter que la course à la rentabilité et au profit aboutisse à la satisfaction des besoins des plus riches au détriment des couches défavorisées. Une action est menée au niveau des médicaments pour développer des génériques, lutter contre la corruption et le manque de médecins, pour développer le contrôle de l’utilisation des médicaments, pour contrôler la rémunération du personnel. Il y a urgence, car la santé est aujourd’hui le problème numéro 1 aux yeux des Chinois, affirment les sondages. A. G. 2

34

Connexions / mai-juin 2008

NDRC : National Development and Reform Commission

«Dans la plupart des grandes villes, les hôpitaux ont des 在多数中国大城市里,医院具备与法国大学医院水平相当的医疗技术和设备,

医疗卫生体制改 在大多数人看病条件差的情况下,改革 几十年来,中国的医疗卫生体制相对平 等,即使有些干部尤其是军队中的高级干部 可以享受大医院的特殊医疗条件。建立在预 防基础上的中国医疗卫生体系,包括了西方 医学,传统中医和民间疗法,它使中国居民 的平均寿命增加到了72岁。初级治疗因居民 社区和工作单位对人口的有效管理而变得简 单。然而,自上世纪80年代以来,由于农村人 口的外流和国营单位的解体打破了农村的合 作医疗体制和城市的铁饭碗。因此,即使目 前的人均寿命没有锐减,其增加势头也大大 减缓。国家不再为不合理的公共医疗体系提 供庇护。同时,不同等级的医院提供的医疗 服务也存在着极大的不平等,而且一部分人 被完全排除在了医疗保障体系之外。


SANTE 医疗卫生

有资金提供优质的医疗服务,而另一些缺乏 资金的地方政府则无法做到。比如在甘肃 省,一些村民每年只有150欧元的医疗费用, 无法得到必要的治疗。同样,没有户口的民 工无法在居住生活的地方看病,因为他们在 这里没有医疗保障权利。他们只能求助国内 或国外的非政府组织,这些组织为没有医疗 保障的人提供服务。 虽然目前医疗保险的参保人数增加了, 但是,世界卫生组织指出, “ 给予的保障十 分有限,保险支付水平也很低,甚至对没有 住院的病人不给予报销”。此外,在贫富不 均的省份之间,城乡之间,甚至在不同社会 经济组成的人口之间差距正在逐步拉大。段 路易说: “现在有45%的城镇居民和75%的 农民没有医院看病或者没钱看病,”他还强

© Imagine China

调: “中国政府面临的挑战是重新加大财政

moyens du niveau de ceux des hôpitaux universitaires français, voire un cran au dessus.» 甚至比他们还高一级。

投入来解决群众看病难的问题。” 改革的愿望 政 府已经开始采取措施解决问题, 2007年宣布大量增加农村地区医疗卫生事

革迫在眉睫 医疗卫生体制迫在眉睫。

业的财政投入,并承认政府投入不足是看 一次意外可以使一个家庭陷入贫困。”

病贵看病难的症结所在。2006年起,政府为 更好地确定在医疗卫生领域发挥的作用付

政府对公共医疗的投入减少

出了巨大努力。由国家发展和改革委员会牵

从80年代末起,政府对医院的投入从

头,14个政府部门参与的协调委员会和卫生

100%降到15%。从此,医院一半的收入来

部花大力量落实“十一五”规划制定的指导

自药品出售。公共医疗机构的市场化为滥

方针:扩大政府对医疗卫生事业的投入,增

法国驻华大使馆社会事务参赞段路易

用职权和贪污打开了大门:买昂贵的医疗设

加对贫困人口的疾病预防,卫生监督和社会

指出: “中国有能力提供治疗,因为这里有

备,乱开单检查,用贵药好药,出现豪华病

保障措施,促进社区医疗服务的发展,更好

在国内或国外受过良好培训的医务人员。在

床……卫生部顾问陈博文(音译)承认,这一

地配置医疗资源,更好地规范药品生产和市

多数大城市里,医院拥有高水平的技术和设

切使医院变成了一个赚钱的场所,严重破坏

场,并支持中医的发展。

备,甚至比法国的大学医院还高一级。这些

了医疗系统的正常管理及医疗服务与费用之

能够使中间阶层(约3亿人)得到良好的医

间的合理关系。

可以提供治疗的国家

段路易分析说: “在改革方面,我们注 意到面对社会紧张和不稳定的风险,政府所

疗服务。”但是,他又马上补充道: “中国还

目前,政 府 投 入仅占医疗总支出的

下的决心,但资金的问题突显出来。”为了改

要为10亿中低收入者看病。这才是问题的关

17%(美国占50%,欧洲占80%)。医疗保险承

革医疗卫生体制,必须知道如何投入资金和

键。20年前,中国就开始了医疗体制改革,方

担29%,病人承担54%(参见表格)。因此,

监督投入。一部分改革在于有效使用投资

法是鼓励公共医疗系统自筹资金。在缺乏私

中国就业人口要存40—60%的收入用于预

以避免用于满足富人的需要。以开发非专利

人医生诊所的情况下,这些医疗系统提供了

防健康意外。

药,打击贪污和药品短缺,加强用药监管和

几乎所有的医疗服务。没有完善的社会保障

医疗体制的不公 平尤其表现在政 府

监督医务人员报酬为目的的药品专项行动正

体系,病人要用自己预防意外的积蓄来支付

2/3的财政拨款仅使1/3的人口受益。各地方

在展开。改革迫在眉睫,因为看病已成为中

医疗费用。对大多数中国人来说,一场大病,

政府为医疗总支出投入90%,有些地方政府

国人眼中的首要问题。

Connexions / mai-juin 2008 35


DOSSIER

专栏

Assurance maladie : vers la couverture universelle ?

A

ssurer un système de couverture tion de fonds, du paiement des prestamaladie à toute la population tions, et des négociations avec les offreurs est un axe prioritaire, répète le de soins. Les cotisations sont de 6% pour gouvernement. Lors du 17e congrès du les employeurs et 2% pour les salariés. La Parti communiste en octobre 2007, le contribution du salarié est enregistrée vice-ministre de la Santé Gao Qiang a sur un compte individuel, celle de l’emaffirmé que tous les habitants des zones ployeur est versée à raison de 30% sur le rurales et urbaines devront bénéficier compte individuel du salarié et le reste d’une prise en charge des soins médi- versé à un fond mutualisé. Les dépenses caux de base d’ici 2020. Pour y parvenir, inférieures à 10% du salaire annuel moyen le gouvernement a lancé des opérations de la région seront payées par le compte pilotes d’assurances médicales, qui se gé- individuel, au-dessus et jusqu’à quatre néralisent progressivement, en prenant fois ce salaire moyen, les soins seront pris des formes différentes dans les en charge par l’assurance muzones urbaines et rurales. Offi- Les cotisations tualisée. Dans tous les cas, le ciellement, le gouvernement taux de prise en charge varie sont de 6% pour a annoncé que 720 millions de selon la nature des soins et en paysans seraient couverts par les employeurs fonction d’une liste des presle système d’assurance coo- et de 2% pour les tations, des médicaments et pérative, la couverture devrait des praticiens ou institutions salariés. être étendue à l’ensemble de agréés par l’agence. la population rurale d’ici la fin L’assurance maladie com2008. Dans 79 villes, depuis juillet 2007 plémentaire peut être mise en place a été lancé un projet pilote visant à gé- par les entreprises. La contribution néraliser l’assurance médicale pour tous, maximale à un plan d’assurance méen incluant les personnes sans emploi. dicale d’entreprise est limité à 4% de Mais des chiffres sûrs sont extrêmement la masse salariale. Elle intervient pour difficiles à fournir. les dépenses qui excèdent le plafond L’assurance maladie en Chine comprend de l’assurance de base mais est plafonl’assurance de base, l’assurance complé- née à 200 000 Rmb. Le gouvernement mentaire d’entreprise, l’aide médicale incite fortement les entreprises à mettre et le système médical coopératif rural, en place ces plans avant qu’ils ne devienéventuellement complétés par les offres nent obligatoires. L’assistance médicale des assurances commerciales, explique est destinée à des catégories particulières Jean-Charles Dehaye, expert auprès du telles que les vétérans de l’Armée rouge, projet EU-Chine pour le développement les invalides de guerre, les fonctionnaires de la sécurité sociale chinoise. et les chômeurs indemnisés. Le système L’assurance maladie de base est adminis- médical coopératif rural mis en œuvre trée par les autorités locales (provinces, des 2003 doit être généralisé d’ici 2010, municipalités ou districts) à travers un ré- c’est un système d’assurance volontaire seau d’agences de gestion de l’assurance pour les paysans, subventionné en partie maladie. Ces agences sont chargées de la par les autorités locales mais dont le moncollecte des cotisations (quand cela n’est tant des cotisations reste au-dessus des pas confié au bureau des taxes), de la ges- possibilités de la plupart d’entre eux.

36

Connexions / mai-juin 2008

A la campagne, c’est la famille et non l’individu qui est

« Il faut appliquer Hubert Stüeker, expert auprès du projet EUChine pour le développement de la sécurité sociale chinoise.

Connexions : Comment fonctionne l’assurance médicale en Chine ? Hubert Stüeker : Deux systèmes coexistent: l’urbain et le rural. En 2006, 187 millions d’urbains étaient couverts et 400 millions de ruraux. De plus, un nouveau système en vigueur pour les familles et les chômeurs en ville a été mis en place en 2007 et vise une couverture universelle en 2010. Mais il faut voir ce qui se cache réellement derrière ces chiffres. En ville, l’assurance médicale est sous la


SANTE 医疗卫生

A cela s’ajoute le fait que le patient qui arrive à l’hôpital doit d’abord impérativement s’enregistrer et payer 20% du coût prévu — alors qu’il n’a pas encore vu de médecin. S’il ne paie pas immédiatement, il est renvoyé sans soin. Certes, il y a des catégories de patients — officiellement pauvres, c’est-à-dire appartenant à une catégorie reconnue comme pauvre — qui peuvent être pris en charge mais l’hôpital peut se réserver le droit de refuser leur admission par manque de ressources…

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C. : Et dans les campagnes ? H. S. : Le système d’assurance médicale

assurée.

在农村的医疗保障只对家庭而不对个人。

les réformes » juridiction du ministère du Travail et de la Sécurité sociale. En l’absence de médecine de ville, tout passe par l’hôpital. Prenons l’exemple des retraités pékinois. Ils ont tous un compte d’assurance médicale individuel et un compte commun. En cas d’hospitalisation, l’assurance médicale rembourse la totalité des frais — une fois défalqués les 20% à la charge de l’assuré et dans les limites d’un plafond de 76 000 Rmb —, à condition qu’ils correspondent à des médicaments ou des soins répertoriés dans les prescriptions remboursées. Par contre, si ces soins ne font pas partie de la nomenclature, le patient n’est pas remboursé. En soins ambulatoires, le patient tire sur son compte individuel et, une fois ce compte épuisé, paie de sa poche. Ce système est pervers car il incite les hôpitaux, pour être mieux remboursés, à faire entrer le patient à l’hôpital même pour des broutilles et pousse à la surconsommation de soins et de médicaments.

se faire rembourser, ce qui lui est souvent impossible.

C. : Y a –t-il des réformes en préparation? H. S. : En fait, les principales réformes ont déjà eu lieu. Mais il faut maintenant les appliquer et il y a beaucoup à faire. Il est vrai que les autorités chinoises envisagent d’autres réformes. Mais on voit se mettre en place beaucoup d’expériences pilotes sans que rien ne soit encore systématisé pour prendre force de loi.

C. : Quel est le rôle du projet EU-Chine pour le développement de la sécurité sociale chinois auprès des autorités ? H. S. : Nous fournissons une assistance

dépend du ministère de la Santé. Ce n’est plus l’individu qui est assuré technique. Il ne s’agit pas mais une famille sous la forme d’exporter un modèle euroNous proposons d’un système créé en 2004 et péen — non unifié — mais un système plus appelé système médical coopéde mieux faire entrer le facratif rural. Ce système a motivé transparent du teur social dans le coût du un fort mouvement d’enregistravail en Chine. financement des trement, ce qui est une bonne chose. Aujourd’hui, l’assuré paie hôpitaux qui les C. : Certaines de vos propositions 10 Rmb par an et par famille, obligent à rendre ont-elles été acceptées? le gouvernement local 40 et le H. S. : Jusque-là, elles ont été gouvernement central 40. Cela des comptes. toutes rejetées. Nous propofonctionne de façon variée. Et sons un système plus transseulement pour les soins ambulatoires. parent du financement des hôpitaux, qui La part restante à la charge du malade les obligent à rendre des comptes, pour étant très élevée — entre 50 et 70% des ne pas pousser à la surconsommation dépenses —, la couverture n’est jamais de services et de médicaments. Notre supérieure à 40%. Certes les prix des mé- objectif est que le système puisse traidicaments et des soins sont moins élevés ter la population vulnérable de façon qu’en ville, mais l’assuré doit concrète- moins aléatoire. Propos recueillis ment d’abord payer la totalité puis aller par A. G. et J-C. Dehaye

Evolution des dépenses de santé en Chine 中国医疗卫生支出的变化

Total dépenses de santé (milliards de Rmb) 医疗卫生总支出(亿元)

Part payée par le gouvernement

政府在医疗卫生支出方面承担的比例

Part payée par les assurances médicales 医疗保险在医疗卫生支出中承担的比例

Part payée par individus

个人在医疗卫生支出中承担的比例

1980

1990

2000

2005

14

75

459

866

36,2%

25,1%

15,5%

17,9%

42,6%

39,2%

25,6%

29,9%

21,2%

35,7%

59%

52,2%

Sources : statistiques chinoises 2006 信息来源:2006年统计数据

Connexions / mai-juin 2008 37


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DOSSIER

专栏

Les écoliers sont vaccinés gratuitement contre l’hépatite A et B, la rougeole, la méningite et la tuberculose.

为小学生免费接种预防甲肝、乙

肝、麻疹、脑膜炎和结核病的疫苗。

Les paysans oubliés du Gansu A Shanmen, dans le Gansu, l’une des provinces les plus pauvres de Chine, la santé reste un luxe inaccessible aux paysans.

C

et hiver, les 106 pensionnaires du collège de Shanmen ont été renvoyés dans leurs foyers pendant six semaines. Motif : une épidémie de gale. « Les experts envoyés par le district ont été formels, explique le proviseur, le principal fautif est le manque d’hygiène ». Dans les chambrées, les enfants dorment dans des lits superposés, collés les uns aux autres. Pas une seule douche dans le dortoir. Ni dans l’école. Ni dans cette bourgade de montagne de 2 000 habitants. 38

Connexions / mai-juin 2008

L’école, qui draine plus de 600 enfants des villages environnants, n’a pas les moyens d’organiser des visites médicales ou de faire de la prévention. Les écoliers sont vaccinés gratuitement contre l’hépatite A et B, la rougeole, la méningite et la tuberculose. Pour les autres soins, il faut payer plusieurs dizaines de Rmb. Une somme trop élevée pour la plupart des parents, des paysans dont les revenus moyens sont de l’ordre de 150 Rmb par mois. Shanmen est pourtant plutôt bien loti, avec un petit hôpital public et une dizaine de consultations « privées ». La ville est le centre administratif d’un ensemble de villages et de hameaux dont la population totale est de 11 000 habitants. A l’hôpital, le tarif des consultations se situe entre 20 et 30 Rmb, celui des interventions chirurgicales au-dessus de 1 000 Rmb. Chez les médecins privés, dont la

formation dépasse rarement 3 ans, la consultation est moins chère, voire gratuite. Mais l’ordonnance est systématique : les médecins se payent sur les médicaments. Aucun ne pratique l’acupuncture ou la médecine traditionnelle chinoise. « Les gens n’ont pas confiance, explique un habitant, ils préfèrent prendre des médicaments occidentaux ». Le must est la perfusion d’antibiotiques et de vitamines, à 30 Rmb, toujours considérée comme un remède miracle. Pour les fonctionnaires ou les commerçants qui ont un salaire et vivent à Shanmen, la situation sanitaire est relativement satisfaisante. Il en va autrement pour les paysans, ne serait-ce que du fait de l’enclavement des hameaux dans cette région de montagne, où l’hiver est rude. Depuis l’an dernier, les paysans peuvent acheter une assurance


SANTE 医疗卫生

santé : chaque famille paie 10 à 50 Rmb par mois pour être remboursée à hauteur de 60 à 80 % des frais d’hospitalisation. Mais des expériences similaires ont été tentées dans le passé, sans grand succès, et les paysans sont méfiants. « S’ils ne sont pas malades une année, ils pensent qu’ils ont jeté de l’argent par la fenêtre et ne renouvellent pas leur cotisation », explique un instituteur. De plus, l’assurance ne prend pas en charge les consultations ou les médicaments. Et les patients n’ont pas les moyens de payer 20 à 40 % des frais d’hospitalisation de leur poche. Bilan : un tiers seulement des paysans de Shanmen a opté pour cette assurance. Lorsqu’ils sont malades, les jeunes s’endettent et les plus âgés ne se soignent pas. « Je suis vieille, je ne vais pas gâcher de l’argent pour me faire soigner », explique un paysanne de 65 ans, manifestement étonnée qu’on lui demande si elle voit un médecin…

Isabelle Huchet

Pas assez de médecins en zone rurale Le pays souffre d’un manque chronique de médecins dans les zones rurales. Dans les campagnes, les anciens « médecins aux pieds nus », progressivement supprimés, sont remplacés par des médecins ruraux, qui n’ont pas fait de longues études. Pour lutter contre cette désaffection, le gouvernement met en place une politique d’encouragement à travailler en zone rurale. Sans grand succès. Autre secteur de pénurie : la psychiatrie, où l’on compte seulement 2,1 infirmières pour 100 000 habitants (12,63 en moyenne mondiale). Le Qinghai et le Ningxia combinés sont particulièrement mal dotés puisqu’ils n’ont pas plus de 30 médecins psychiatres. Quant au Tibet, il n’a pas un seul lit d’hôpital pour malade mental*. Selon le Chinese center for disease control and prevention, cité par le South China morning post. *

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DOSSIER

专栏

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Maladies : la double menace

Un ouvrier d’un chantier du Henan— où éclata en 2003 le scandale du sang contaminé— s’informe sur le SIDA. 一名河南省的建筑工人正在阅读预防艾滋病的宣传资料。

La Chine cumule les maladies de pays développés et celles de pays en voie de développement.

L

es politiques de santé en Chine ont connu d’indéniables succès. En 2005, deux indices essentiels témoignent des progrès accomplis : le taux de mortalité maternelle est descendu à 44,7 pour 100 000 et le taux de mortalité 40

Connexions / mai-juin 2008

du nourrisson et de l’enfant de moins de 5 ans à 19 et 22,5 pour 1 000 naissances vivantes, ce qui place la Chine au niveau des puissances à revenu moyen. Cependant l’essentiel des progrès a été accompli dans les années 60 et 70. A partir des années 80, le développement forcené a contribué à démanteler ce système et les progrès sanitaires ont ralenti alors que se développaient des maladies de société moderne dues notamment à la pollution de l’air et de l’eau. Un des indices de ce ralentissement des performances sanitaires est l’accroissement des inégalités devant la santé. Alors que les taux

de mortalité infantiles se rapprochent de ceux des pays développés dans les zones côtières, dans les provinces de l’Ouest, ils sont 3 à 5 fois plus élevés. Double structure de mortalité Les Chinois sont encore victimes des épidémies caractéristiques des économies en voie de développement, tout en étant de plus en plus atteints par les maladies chroniques non transmissibles, caractéristiques des économies développées. Aujourd’hui, 23% des Chinois souffrent d’un surpoids, 150 millions d’hypertension (+ 30% en dix ans). On estime que


SANTE 医疗卫生

la prévalence du diabète devrait doubler lions de personnes porteuses du bacille d’ici 2030 pour atteindre 42 millions de dont 5 millions de porteurs atteints de la cas. Les principales causes de mortalité en maladie, soit 16% des cas recensés dans Chine ne sont plus la faim ou les grandes le monde). La maladie sévit à 80% dans épidémies mais des maladies modernes les zones rurales. 70 000 personnes sont comme les cancers (23,75% des causes de atteintes de syphilis qui touche surtout mortalité) – plutôt des cancers des voies les travailleurs migrants. La typhoïde est respiratoires en ville et des cancers du foie encore répandue (25 000 cas en 2005). ou de l’estomac dans les zones rurales. Le nombre de cas de rage augmente, Autres facteurs de mortalité : les maladies passant de 159 en 1996 à 2 660 en 2004. cérébro-vasculaires (17,53%), les maladies L’épidémie de SRAS qui avait atteint 5 327 respiratoires (15,49%), les maladies cardio- personnes entre 2002 et 2004 (349 sont vasculaires (14,71%) et les accimortes) est enrayée mais la dents et intoxications (8,62%). Les principales grippe aviaire continue d’inquiéter. On comptait, fin causes de La persistance des maladies 2007, 30 cas déclarés dont mortalité sont infectieuses 20 mortels, ce qui place, apLes maladies infectieuses les maladies paremment, la Chine loin continuent pourtant à décimer derrière l’Indonésie ou le modernes comme une partie de la population. Il Vietnam, sachant toutefois y aurait, selon des estimations les cancers. que la situation pourrait être officielles, 700 000 Chinois séplus grave qu’il n’y parait, ropositifs fin 2007. La situation étant donné que les moyens s’est aggravée dans certaines provinces mis en œuvre (veille sanitaire, prise en (Yunnan, Henan, Guangxi, Xinjiang…). charge hospitalières, mesures de contrôLes relations sexuelles non protégées le) sont loin d’être optimisés. Enfin tout seraient la principale cause de propa- récemment une nouvelle alerte inquiète gation du SIDA dans un contexte où les populations. Il s’agit du virus « piedsrègnent la stigmatisation et le manque mains-bouche », provoquée par l’EV71. d’information. Parmi les autres maladies Cette maladie qui prend souvent une infectieuses majeures, on remarque la forme bénigne s’est révélée hautement forte prévalence de l’hépatite B — ce qui pathogène dans certaines zones rurales fait du traitement de cette maladie une (Anhui, Guangdong, Zhejiang…). A noter des quatre priorités sanitaires du gouver- que cette épidémie affecte particulièrenement — et de la tuberculose (400 mil- ment les jeunes enfants. A.G.

L’envol de l’obésité enfantine En 15 ans, la prévalence de l’obésité a été multipliée par 11. En 2006, 15% des enfants de 2 à 6 ans et 8% des enfants de 7 à 17 ans souffraient d’un poids excessif. Cette brutale irruption de l’obésité s’explique par des changements sociétaux rapides dans l’alimentation et les modes de vie. La nouvelle diète alimentaire chinoise marque une augmentation de la prise de sucre, de gras et de produits cuisinés et une diminution des céréales. Les Chinois mangent aussi de plus en plus à l’extérieur dans des petits restaurant où la nourriture est moins fraîche. Enfin, le manque d’exercices physiques est une cause majeure de l’obésité. Les enfants chinois font rarement des activités physiques en dehors de l’école et passent de plus en plus de temps devant un écran.

Connexions / mai-juin 2008 41


DOSSIER

Victime du tabagisme passif La consommation passive de tabac fait des ravages en Chine. 540 millions de Chinois en souffrent et plus de 100 000 en meurent chaque année. Les ruraux sont les principales victimes, car la consommation de cigarettes, très bon marché, fait partie des rituels sociaux et peu d’entre eux sont conscients du danger. La Chine compte aujourd’hui plus de 350 millions de fumeurs et les maladies liées au tabac coûtent à la Chine près de 5 milliards de dollars par an. Depuis le 1er mai, une loi anti-tabac est entrée en vigueur à Pékin. Des contrôleurs sont habilités à distribuer des amendes aux délinquants. Tarifs encourus : 100 à 500 euros pour les entreprises et 1 euro pour les particuliers (l’équivalent en Chine de deux paquets de cigarettes). Les lieux concernés sont les universités, hôpitaux, bibliothèques, musées, lieux d’expositions, gares, taxis, bus, mais également les allées des centres commerciaux, les banques, les postes ou encore les centres téléphoniques, et, sans oublier, en cette année olympique, l’ensemble des structures sportives. Les salles d’attentes des aéroports et des gares, les cafés internet, parcs d’attractions ont échappé de peu au même sort et ne font l’objet que d’une interdiction partielle.

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Connexions / mai-juin 2008

Une Fondation contre l’hépatite B

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专栏

La fondation cherche à vacciner tous les enfants. 肝炎防治基金会争取为所有儿童免费接种肝炎疫苗。

Etre porteur du virus de l’hépatite B est en Chine un motif de ségrégation dans la vie et au travail. Un drame pour près de 100 millions de Chinois.

I

l y a en Chine 93 millions de porteurs sains de l’hépatite B et 30 millions de malades. Pour lutter contre ce fléau qui tue chaque année 300 000 personnes, la majorité entre 30 ans et 50 ans, une organisation est née : la Fondation Chinoise pour la Prévention et le Contrôle de l’Hépatite (FCPCH). Mise en place en 1998 par le ministre de la Santé Chen Min Zhang, spécialiste de cette maladie et décédé peu après en 1999, c’est Zhu Rong Ji, ancien Premier ministre, qui reprenait alors le flambeau. Aujourd’hui, la présidente d’honneur de l’association est He lu li, vice-présidente du comité permanent de l’assemblée populaire chinoise et exvice-maire de la ville de Pékin.

« Cette Fondation s’est fixée pour but de développer la prévention et de contrôler la propagation de l’hépatite B », explique le Pr Su Chong Ao, qui mène de façon passionnée ce combat. Cette maladie qui touche aussi bien les urbains que les ruraux fait extrêmement peur aux Chinois très mal informés et qui craignent la contagion par simple contact. Ceci explique qu’il y ait une forte discrimination à l’encontre des personnes atteintes du virus, même si elles sont porteurs sains — et bien sûr a fortiori contre les malades — au moment de la scolarisation, du mariage et de l’embauche. La Fondation a pour objectif de développer des campagnes d’information pour lutter contre les préjugés des Chinois, grâce à un réseau de bénévoles recrutés par l’intermédiaire des hôpitaux locaux. Par ailleurs, elle a contribué à établir la vaccination systématique des nouveaux-nés (16 millions chaque année) depuis 2002 pour l’hépatite B, depuis 2008 pour l’hépatite A ( il n’existe pas encore de


SANTE 医疗卫生

Pour plus d’informations : www.cfhpc.org. Tel : 63 03 95 51

中国肝炎防治基金会 在中国,携带乙肝病毒成为在 生活和工作中被区别对待的理 由。对于中国近亿乙肝病毒感 染者这一形势极其严峻。 中国 肝炎防治基金会积极致力于肝 炎防治事业的发展,提高全民 族的健康素质。 © Imagine China

vaccin contre l’hépatite C). Elle cherche aussi des moyens financiers et matériels de vacciner les enfants nés avant 2002. Grâce au soutien d’associations étrangères, elle a ainsi pu faire vacciner 500 000 enfants dans le Qinghai. Elles aident aussi certains malades à trouver des possibilités de soins. Mais le gros morceau est de s’attaquer aux préjugés extrêmement tenaces. « C’est un problème très grave. Les gens ont peur d’attraper cette maladie dont on peut contrôler l’évolution mais que l’on ne peut pas soigner. Même les médecins non spécialistes dans les hôpitaux la craignent et connaissent mal les canaux de diffusion de la maladie qui, de fait, passe uniquement par le sang (piqûres, transfusions, consommation de drogues par intraveineuse…), les relations sexuelles et la contamination de la mère à l’enfant et non par la digestion, comme beaucoup le croient.» De nombreuses entreprises demandent encore des examens médicaux avant l’embauche et en cas de détection du virus, elles refusent de recruter. Depuis janvier 2007, le ministère de la Santé diffuse sur son site Internet un document qui précise que le porteur du virus peut vivre, travailler et étudier sans danger pour son environnement. Depuis janvier 2008, une loi contraint les employeurs à obtenir l’accord du demandeur d’emploi avant de lui imposer des examens médicaux. Mais est-ce suffisant ? Pour populariser sa cause, la Fondation fait appel depuis août 2006 aux services d’une star, Liu De Hua, acteur et chanteur chinois de Hong-Kong. La Fondation a reçu le soutien actif de grandes entreprises. C’est ainsi que Total est la première entreprise étrangère — et la plus grosse entreprise installée en Chine — a s’être engagée dans deux directions : faire vacciner son personnel et mieux communiquer autour de la maladie pour faire tomber les préjugés. Récemment Seagate, un fabricant d’ordinateurs, a rejoint le combat. Anne Garrigue

中国大约有9300万乙肝表面抗原携带 者,3000万乙肝患者。每年有30万人死于肝 炎相关疾病,其中大部分在30-50岁之间。 为抗击这一疾病,1998年冬由原卫生部部长 陈敏章(他本人是消化科疾病专家)发起,

Liu De Hua, acteur et chanteur populaire, porte-parole de la fondation. 刘德华担任乙肝防治宣传大使。

在国务院总理朱 基的支持下,成立了中国 肝炎防治基金会。基金会成立后,陈敏章担

治。甚至是非该专业的医生都惧怕乙肝,而

任理事长,直至1999年3月病世。目前,由中

且不清楚它的传染途径。事实上,乙肝仅通

国人大常务委员会副委员长,原北京市副市

过血液(不洁注射、输血、静脉吸毒......),

长何鲁丽担任基金会理事长 。

母婴和性接触三种途径传播,并不很多人认

中国肝炎防治基金会秘书长苏崇鳌根

为的通过消化道传播。”目前,许多企业要求

据基金会领导的指示,积极开展着肝炎防治

员工入职前进行体检,一旦化验出携带乙肝

工作,他告诉我们: “基金会宗旨在于募集资

病毒便不予录用。2008年1月,一项规定招

金与物资,加强肝炎预防,并控制它的传播。

聘企业未经求职者的同意不得要求其进行

肝炎不仅在城市而且在农村里流行,中国人

体检的法律出台。然而谁来监督这项规定的

对乙肝知识的无知,导致十分恐惧这一疾

实施呢?2007年1月,卫生部在其官方网站上

病。这也是肝炎患者,哪怕只是携带者,在入

公布了一个文件明确指出乙肝病毒携带者可

学、婚姻和求职过程中受到歧视的原因。”

以正常生活、工作和学习,不对周围人群和

中国肝炎防治基金会通过各地医疗机

环境构成威胁。但是消除对乙肝的偏见任务

构招募志愿者来开展预防肝炎的宣传活动。

艰巨。为了大力在群众中宣传肝炎的防治,

另外,国家自2002年起每年为1600万新生

2006年8月基金会还邀请刘德华(著名香港

儿免费接种乙肝疫苗,2008年起开始免费

演员和歌星)担任乙肝防治宣传大使。

接种甲肝疫苗。同时,基金会还募集资金为

中国肝炎防治基金会还通过与大型企

2002年以前出生的儿童免费接种肝炎疫苗。

业的合作消除对肝炎的偏见。道达尔公司作

比如,中国肝炎防治基金会已为青海省50万

为最大的在华外资企业第一个有所行动,措

名小学生免费接种了乙肝疫苗。同时,通过

施主要包括以下两方面:一是为公司员工接

一些外国基金会的捐助,中国肝炎防治基金

种肝炎疫苗;二是更好地宣传肝炎的防治。

会也帮助一些肝炎患者寻找治疗方法。

最近,希捷(电脑硬盘制造商)也加入了肝

然而,中国肝炎防治基金会的工作重 点还在于消除对乙肝的偏见。苏崇鳌秘书长

炎防治的行动中。

指出: “这个问题很严重。人们十分恐惧患 上乙肝,因为乙肝可以得到控制却不能被根

欲了解更多详情,请登陆:www.cfhpc.org, 联系电话: 8610 - 6303 9551。

Connexions / mai-juin 2008 43


DOSSIER

专栏

Les médicaments sont vendus à 85% dans les hôpitaux qu’ils servent à financer. 85%的药品在医院销售,医院将药品销售作为主要收入来源。

L’hôpital au cœur du système L’hôpital public reste le pilier, de plus en plus contesté, du système de santé chinois. 公立医院作为中国卫生 医疗系统的支柱, 越来越受到争议。

44

Connexions / mai-juin 2008

E

n l’absence de médecine de ville, la quasi-totalité des soins est assurée par l’hôpital public, malgré un essor récent des cliniques privées qui représentent 5% de l’offre de soins. Environ 80% des ressources médicales sont concentrées dans les grandes villes et 30% de celles-ci dans les grands hôpitaux. Répartis en trois classes de niveaux différents — province (plus de 500 lits), district (de 100 à 500 lits) et communautaire (moins

de 100 lits) —, les hôpitaux ont des fonctions différentes selon leur catégorie. Les hôpitaux provinciaux offrent une gamme de soins complète à une large population. Les établissements hospitaliers communautaires délivrent uniquement des soins de base à une population locale. Si le nombre de lits a été multiplié par 26 depuis 1950 et atteint 3,27 millions, seulement 77,9% d’entre eux sont utilisés aujourd’hui, dont moins de 40% dans les


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pitaux s’autofinancer. L’OMS et de nombreux experts ont condamné ce système qui favorise le gaspillage et pénalise les Chinois à faibles revenus. Actuellement, 50% des bébés chinois naissent à l’hôpital par césarienne pour permettre aux médecins de mieux se rémunérer. Un récent sondage montre que 65% des Chinois urbains déclarent éviter l’hôpital pour ne pas payer une note trop salée du fait de la multiplication des actes chirurgicaux spécialisés et de la prescription excessive de médicaments, vendus à 85% à l’hôpital et sur la vente desquels les médecins ont droit à un intéressement. Autre conséquence du système, le développement accéléré d’une médecine urbaine à deux vitesses. D’un côté, les patients doivent attendre une demi-journée avant une consultation ultrarapide, facturée très bon marché (2 Rmb dans un grand hôpital pékinois, 14 Rmb pour un spécialiste de renom) ; de l’autre, quelques privilégiés ont droit à un service de luxe, niché dans le même grand hôpital mais donnant droit à une qualité de service nettement supérieure pour un prix 100 fois plus élevé.

établissements communautaires, à cause du manque de couverture sociale. La hantise de l’autofinancement Les réformes des années 80 ont abouti à une situation paradoxale. Les autorités locales versent des salaires1 — faibles — aux 6 millions employés du secteur et délivrent aux hôpitaux l’accréditation pour fonctionner mais laissent les hô-

Renforcer la fonction service public Pour résoudre le problème, une réforme de l’hôpital urbain est actuellement à l’étude. Le ministre de la Santé, le francophone Chen Zhu, souhaite redéployer la fonction « service public » des hôpitaux. Il veut transformer le réseau existant de dispensaires de quartier, laissés à l’abandon, en véritables lieux de consultation et renforcer la coordination entre dispensaires et hôpitaux. Il prévoit de développer la formation de médecins généralistes, de mieux maîtriser les coûts par un contrôle en amont sur l’achat des médicaments et des équipements et par un contrôle en aval du coût des traitements et des consultations. Mais cette réforme a du mal à aboutir car les enjeux sont forts et les lobbies puissants. A. G.

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Il arrive même que les salaires ne soient plus versés du tout.

Des policiers à l’hôpital Le gouvernement chinois encourage les hôpitaux à faire appel à la police pour enrayer la montée d’incidents violents avec leurs patients. En 2006, il y aurait eu 9 831 clashes (chiffres officiels), faisant plus de 5 500 blessés. Ces conflits sont provoqués par une perte de confiance mutuelle. Les patients reprochent à leurs médecins de rechercher trop avidement le profit. Quant aux personnels soignants, découragés — selon un sondage récent*, 60% d’entre eux auraient été témoins de violences envers leurs collègues par des patients et leur famille —, ils déconseillent à leur entourage d’adopter leur profession, voire démissionnent. Témoin, la pénurie actuelle d’infirmières, qui préfèrent se tourner vers des professions plus lucratives et moins risquées. Sondage réalisé par un portail médical chinois et le journal China Youth Daily auprès des personnels hospitaliers (4353 sondés) *

La perfusion, médicament miracle

Pour rassurer les patients et leur donner le sentiment d’être efficacement pris en charge, un des gestes les plus courants lors d’une consultation à l’hôpital, à la campagne comme à la ville, est la prise sous perfusion d’antibiotiques. Résultat : des sondages montrent que près de 70% des enfants chinois traités pour une pneumonie se révèlent résistants aux antibiotiques.

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DOSSIER

专栏

Pénurie d’infirmières Aujourd’hui la Chine est soignée par 5,3 millions de professionnels de la santé, dont 1,36 million de médecins, soit 14 médecins pour 10 000 habitants, un chiffre inférieur à la moyenne mondiale (22) mais comparable à celui de la Corée du Sud ou de Singapour. Le problème vient surtout de la mauvaise répartition du corps médical et des différences de niveaux. Les régions rurales souffrent d’un manque de médecins et les personnels chargés de la prévention sont moins bien formés que les cliniciens. De plus, la Chine est un des rares pays où le nombre d’infirmières est inférieur à celui des médecins, avec seulement 11 infirmières pour 10 000 habitants.

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Le patient est un client comme les autres

Services à la carte, soins intégrés, l’hôpital est un monde clos où le patient est roi, pourvu qu’il puisse payer.

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a journée commence tôt à l’hôpital numéro 3 de Pékin, au nord de la capitale. À sept heures du matin, les patients qui souhaitent obtenir une consultation classique ont déjà formé une longue queue devant les portes d’entrée. L’ouverture est à sept heures trente. « Ici, c’est comme à la banque : plus tôt on arrive, plus tôt on est servi », déclare, avec un sourire, un vieux monsieur d’une soixantaine d’années, venu vérifier l’évolution de son diabète. C’est dans des hôpitaux publics comme celui-ci, que la majorité des Chinois se fait soigner. Les patients y sont pris en charge par des médecins

et des infirmières spécialisés. Ils reçoivent des traitements et achètent les médicaments dans le même établissement. Médecine à la carte Du numéro d’attente jusqu’à la sortie de l’hôpital, il faut en permanence mettre la main au porte-monnaie. « Allez-y, achetez le numéro avant de faire la queue » répète, pour la centième fois, une jolie infirmière en uniforme rose, à l’allure très professionnelle. Ça ne coûte que 5 mao mais il y a des patients qui ne sont pas du tout contents. « A quoi bon payer pour un bout de papier ? », demande étonnée à sa voisine une nouvelle arrivée, avant qu’un cercle de vieilles dames ne commence à lui expliquer le fonctionnement de cet établissement. Quand son tour arrive, la jeune femme doit faire face à un choix de services à la carte parfois déroutant, étant donnée l’ampleur quasiment infinie des possibilités qui sont offertes aux clients. La consultation de base coûte 20 Rmb. En payant 20 Rmb de plus, elle a le droit à une visite par « un professeur renommé ». Avec 10 Rmb supplémentaires, la consultation peut être faite par un « chef de service ». Pour un simple « chef de service adjoint », elle pourra s’en sortir pour seulement 5 Rmb de plus. Pour un extra de 1 Rmb, elle aura affaire à un médecin ordinaire. Sans supplément, la visite est toujours possible, mais il n’est plus question de choisir son docteur. Les patients préfèrent se présenter à la consultation classique qui se fait de manière personnalisée plutôt que de passer par le service des urgences, où les visites sont toujours collectives, même si elles coûtent le même prix. Les patients choisissent d’attendre pour avoir droit à un service où leur individualité et leur vie privée sont mieux respectées. Au prix de 20 Rmb la consultation, il faut souvent ajou-


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« On réalise plus de 1 000 consultations dans la journée » 我们一天的门诊量可达1000多人。

ter les frais d’examens requis par le médecin, de l’électroencéphalogramme aux radios, dont le coût avoisine la centaine de Rmb. « En Chine, il est difficile de suivre les patients pendant toute la période du traitement — explique le docteur Zhang, spécialiste en acupuncture. Les malades interrompent souvent les traitements ou vont voir plusieurs médecins avant de choisir leurs soins car ils sont toujours à la recherche de la prestation la moins chère ». Le docteur Zhang est l’une des spécialistes les plus recherchées du service. Diplômée de l’université de médecine traditionnelle de Pékin après 5 ans d’études, elle soigne un grand nombre de maladies grâce aux méthodes traditionnelles : acupuncture, ventouses et massages thérapeutiques. « Quand ils ont le choix, les patients préfèrent toujours se faire soigner par la médecine traditionnelle. Elle est plus douce avec moins d’effets secondaires et est beaucoup moins chère que la médecine occidentale ». La comparaison est vite faite au guichet de la pharmacie, où tous les patients vont passer avant de quitter le service. Produits traditionnels et cachets occidentaux sont vendus séparément dans deux centres situés l’un à côté de l’autre, par des pharmaciens spécialisés. Avec quelques Rmb, on obtient des infusions et traitements aux herbes contre le rhume, alors qu’une

boîte d’aspirine coûte beaucoup plus, environ 20 Rmb. Pour les antibiotiques, il faut compter au moins 40 Rmb. Visites collectives Les tarifs sont les mêmes au service d’urgences, à quelques mètres seulement des autres services, mais où les malades sont moins nombreux. La raison est simple : les premiers secours pour blessés ou accidentés se paient fort cher. « Ici on reçoit à peu près 300 patients par jour, alors que, dans le service normal, on réalise plus de 1000 consultations dans la journée » explique Chen Ting, une infirmière de 25 ans. « Pour accéder aux urgences, il faut avoir une assurance, ce que tout le monde ne peut pas se permettre. Et on ne parle pas des ambulances, qu’ici on voit très rarement ! ». Le service des ambulances est, en effet, géré à part, par des opérateurs qui font payer une prestation au moins 300 Rmb. Chen Ting, qui travaille ici depuis sept ans, partage ses journées entre le service d’urgences et les services d’hospitalisation classique. Comme elle, la plupart des infirmières sont des filles très jeunes. Il est encore rare de voir des hommes dans cette profession. « Dans mon institut de formation professionnelle, jusqu’à il y a deux ans, l’accès aux hommes était interdit ». Pour le médecin, c’est l’inverse. Ceux qui font les visites de routine des

patients hospitalisés sont plutôt des hommes, diplômés d’un cursus de cinq ans d’études plus un an de formation spécifique. Les plus jeunes font partie, dans les hôpitaux, du groupe de médecins de « première ligne », auxquels sont confiées les consultations qui ne demandent pas de traitements particuliers. A l’hôpital numéro 3, les visites quotidiennes sont collectives. Une journée d’hospitalisation coûte au minimum 100 Rmb. Tout de suite après le petit déjeuner, les malades sont réunis dans la salle à manger et le médecin de « première ligne » accorde une consultation rapide de 10 minutes à chacun d’entre eux. L’hôpital dispose de chambres de différents niveaux de confort. Ceux qui en ont les moyens peuvent profiter de chambres individuelles avec télévision et toilettes chauffées. L’important est que l’investissement soit rentable. « Je suis prête à payer pour l’hôpital — confie la mère d’une adolescente anorexique qui vient d’être hospitalisée — et je ne veux pas savoir à quel traitement elle va être soumise. Je veux seulement qu’elle soit rétablie une fois pour toutes quand elle sortira d’ici ». Antonia Cimini

Médecins : 3 à 7 ans d’etudes 600 200 médecins sont actuellement en formation en Chine, soit 2,5 fois plus qu’en 2000. Tous démarrent avec une formation initiale de trois ans qui leur permet d’obtenir un poste d’assistant médecin. Ils complètent ensuite leurs études par une pratique professionnelle de deux ans qui leur donne droit au poste de médecin professionnel. Ils peuvent alors choisir d’aller plus loin et terminer un cycle de 7 ans, complété par un an de pratique. Il n’y a pas de grille nationale de salaire. Un médecin gagne un salaire fixe mensuel entre 2 000 et 4 000 Rmb, auquel s’ajoute primes, consultations privées, voire cadeaux de patients.

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专栏

Les hôpitaux discount Nouvelle tendance tant dans les villes que les campagnes, les hôpitaux « low-cost » garantissent des soins pour tous au prix d’une prise en charge ultra-réduite. Vous avez besoin d’une greffe de rein ? En Chine, c’est fait en 3 jours. Cela peut ressembler à une publicité un peu morbide, mais c’est pourtant bien l’une des réalités du pays à la suite du démembrement du système de santé collectif et du passage à l’économie de marché. L’accès aux soins représentant l’un des services les plus onéreux pour les citoyens, le gouvernement chinois a décidé de démarrer la construction d’hôpitaux « low cost ». Dans ces établissements, pas de cérémonial rassurant, le pragmatisme est roi. Les opérations se font en 3 jours : on entre à l’hôpital, on se fait soigner le lendemain et le surlendemain on est déjà à la maison, confié aux soins d’une famille pas forcément experte, mais toujours moins chère que de vrais infirmiers. Même procédure pour les examens et les visites. On est bien loin des attentions des docteurs des cliniques privées, soucieux de vendre le plus de médicaments possible. L’ambiance est plutôt celle d’une usine. Grâce à l’application des règles du marché, les coûts ont été réduits, parfois de moitié, et dans le même temps, la charge sociale du malade a été transférée vers les comités de quartier, appelés à former des « centres de santé de quartier ». Partout en Chine, les hôpitaux « low cost » fleurissent et on voit même apparaître des publicités incitant les « consommateurs » à se soigner à prix « discount ». Tout cela fait partie de la nouvelle stratégie nationale pour assurer l’accessibilité des soins aux familles modestes tout en minimisant l’engagement de l’Etat. A.C.

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L’acupunture comme traitement adjuvant de la radiothérapie.

针灸作为放射治疗的辅助疗法。

Xiyuan : un hôpital, deux A l’hôpital Xiyuan de Pékin, les malades chinois profitent des bienfaits des deux systèmes médicaux que l’on a plutôt l’habitude de voir opposés.

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endant des siècles, médecine traditionnelle chinoise et médecine occidentale ont progressé en s’ignorant littéralement l’une l’autre. Fondées sur des conceptions et des principes antinomiques, l’une se focalise sur les causes des maladies, l’autre sur les symptômes. Aujourd’hui, pourtant, il n’est plus rare de trouver des lieux voués à étudier la complémentarité des deux traditions médicales en vue d’assurer une qualité de soins maximale aux patients. A Pékin, l’hôpital Xiyuan, situé au nord de la capitale, est à la pointe de ce rapprochement depuis plusieurs années. Établissement public dédié à la recherche en médecine traditionnelle, l’hôpital


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médecines Xiyuan a reçu l’approbation du ministère de la Santé pour un programme d’intégration entre médecine chinoise et occidentale. « Normalement nous utilisons les techniques occidentales, pour soigner des maladies comme le cancer, auxquelles nous associons des remèdes chinois pour contrôler les effets collatéraux de la médecine occidentale » explique Mme Xia Haiping du département de propagande de l’hôpital. Ici, les médecins préfèrent toujours aborder la maladie avec des techniques chinoises, la médecine étrangère étant réservée aux cas les plus graves. Tous les praticiens de l’établissement sont formés en priorité à la médecine traditionnelle et reçoivent ensuite

un cours de spécialisation en médecine occidentale. Lors d’une visite, le patient est examiné par deux médecins, l’un spécialiste en médecine chinoise, l’autre en médecine occidentale. La consultation est classique : prises des pouls aux poignets, questions routinières, analyse du « qi1» individuel. Selon les cas, les patients passent ensuite aux traitements ordinaires, qui vont de l’acupuncture au massage traditionnel, à la thérapie sonore et de relaxation. Pour les maladies comme le cancer où les techniques occidentales sont majoritairement utilisées, l’hôpital est équipé d’un matériel étranger de pointe pour la radiothérapie ou encore des dopplers à ultrasons. « Pour traiter un malade atteint d’un cancer — explique Mme Xia de la salle de contrôle — la séance de radiothérapie va durer 15 minutes. Ensuite le patient passe par une séance d’acupuncture, nécessaire pour calmer la douleur et les effets secondaires des irradiations ». En général, pour les patients qui souhaitent combiner les deux médecines, il faut séjourner dans deux hôpitaux différents, l’un pour avoir accès à la radiothérapie et l’autre pour profiter des effets adjuvants de la médecine chinoise. A Xiyuan, les deux médecines fonctionnent de façon complémentaire et la recherche sur l’intégration mutuelle des traditions médicales est permanente. Parmi le millier de médecins de l’hôpital, une centaine se dédient à l’élaboration de nouveaux médicaments traditionnels pour soutenir cette complémentarité des pratiques. A travers des analyses chimiques, des tests sur les animaux et des essais cliniques, l’hôpital Xiyuan n’élabore pas moins de 10 nouveaux produits par an. La renommée de cet hôpital innovant est désormais importante avec plus de 3 000 patients par jour pour 600 lits. Les coopérations avec des centres de recherches et des hôpitaux étrangers se multiplient et permettent d’espérer de fructueux développements. Antonia Cimini

Le « qi » est le souffle de vie, l’énergie, qui traverse tout être vivant et en fait partie. La médecine chinoise a pour principal objectif de le rééquilibrer en quantité et en qualité. 1

Le privé à votre service Des cliniques de chirurgie esthétique, des instituts d’insémination artificielle, des soins santé « pour homme », des hôpitaux de toutes sortes surgissent sur un marché chinois de la santé de plus en plus évolué. Les patients de la nouvelle classe aisée aiment se distinguer même à l’hôpital et sont prêts à payer des fortunes pour des traitements « de haut niveau ». Les services proposés n’étonneraient pas un Occidental mais restent encore une denrée rare dans un pays marqué par 50 ans de collectivisme. Des consultations individuelles, un diagnostic long et précis, un cadre propre et stérilisé sont autant de signes de luxe qu’un nombre grandissant de Chinois est bien décidé à s’offrir. Les Chinois, hommes et femmes confondus, représentent aujourd’hui le deuxième marché mondial pour la chirurgie esthétique avec une moyenne d’un million d’opérations par an. Pour satisfaire cette demande croissante dans les grandes métropoles, des cliniques privées, souvent spécialisées dans des traitements de niche, ont été très rapidement créées. Rien qu’à Pékin, on en compte déjà plus de 500, toutes subventionnées par des fonds privés ou étrangers, alors que dans l’ensemble du pays il n’existe que 200 cliniques d’insémination artificielle par exemple. Les tarifs de ces établissements privés sont assez élevés : Il faut compter de 1 000 dollars US pour un check-up de base à 10 000 dollars US pour une insémination ou un allongement des jambes, l’un des traitements esthétiques préférés des jeunes Chinoises. La santé est un sujet que les cadres urbains prennent de plus en plus au sérieux face aux pressions d’un mode de vie toujours plus compétitif. A.C.

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Des laborantins de Huatuo, une firme pharmaceutique chinoise.

华拓医药公司的实验室研究人员

Les opportunités d’un marché

Les dépenses de santé et la demande en innovations sont en hausse, mais le marché de la santé reste difficile d’accès et très concurrentiel. 医疗卫生费用和创新的要求节 节高涨,但是医药市场准入困难 而且竞争激烈。

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a Chine se situe encore très loin des pays développés en matière de dépenses de santé. Le total de celles-ci s’élevait à 143,3 milliards USD en 2007, soit 4,7% du PIB. Cependant, les dépenses de santé couvertes directement par les patients occupent une part croissante dans le budget des ménages urbains passant de 2,5 % du revenu en 1985 à 8 % en 2006. Cette hausse devrait encore s’accentuer, à la fois en raison de l’augmentation rapide du pouvoir d’achat dans les grandes villes et du vieillissement de la population chinoise. Conséquence

de la politique de l’enfant unique, on prévoit que les plus de 65 ans pourraient représenter 16% de la population en 2040 contre 11% aujourd’hui. Dopé par ces facteurs, le marché pharmaceutique chinois devrait continuer à croître à un rythme annuel supérieur à 10%, la Chine pourrait devenir le 5e marché pharmaceutique mondial à l’horizon 2010 (après les USA, le Japon, l’Allemagne et la France), et probablement le premier en 2050. Attirées par le potentiel du marché chinois, les multinationales investissent


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complexe

dans des unités de production, des centres de recherche et développement et la distribution. Malgré une présence étrangère affirmée — dont française — le marché chinois reste pourtant difficile d’accès, du fait d’un fort interventionnisme de l’Etat et de la faiblesse de la protection des droits de propriété intellectuelle. En effet, la politique de protection de la propriété intellectuelle pour les médicaments est relativement récente. La Chine ne reconnaît la brevetabilité des produits pharmaceutiques que depuis 1993. Les laboratoires internationaux nourrissent

encore des réticences fortes à l’égard de ingrédients pharmaceutiques actifs (API), l’industrie pharmaceutique chinoise, en des antibiotiques et des vitamines. A la raison de l’importance de la contrefaçon, même période les importations atteitant sur son marché local qu’à l’exporta- gnaient 3,457 milliards USD. La Chine imtion vers les pays en voie de dévelop- porte des API, mais les médicaments au pement. Il semblerait par ailleurs que la détail représentent la majorité des imporChine demeure aujourd’hui incapable de tations de produits pharmaceutiques produire des médicaments conformes En matière d’équipements médicaux, aux normes internationales malgré une la forte croissance économique chinoise, amélioration des standards, un assainis- l’amélioration des conditions d’hygiène sement de la profession depuis 2004 et et de vie, la hausse de la part des dépenl’introduction de la certification « Good ses de santé dans le budget des ménages Manufacturing Practices » (GMP). urbains et le vieillissement de la populaLa Chine est dotée d’une des plus im- tion, laissent supposer une croissance de portantes industries pharmaceutiques la demande de services médicaux et de d’Asie mais, sans doute aussi, de l’une technologies de qualité. des moins innovantes : les entreprises En 2007, la valeur du marché des dischinoises, estimées à plus de 3 500 uni- positifs médicaux chinois était estimée tés, évoluent dans un environnement très à 3,7 milliards USD. Ce marché connaît concurrentiel, près de 97% des produits une croissance annuelle de 10 %. Dans de l’industrie pharmaceutique ce domaine, en 2015, la Chine chinoise sont des génériques, Près de 50% du pourrait atteindre la 2nde place vendus à bas prix. La majorité mondiale derrière les Etatsmatériel médical de ces entreprises ne dispoUnis. sent pas des fonds nécessaires utilisé en Chine Le marché du matériel méà la modernisation de leurs est importé. dical est très concurrentiel installations et encore moins à en particulier pour les instrul’investissement dans la recherments renouvelables et les che et le développement (2% du CA y est équipements à faible valeur ajoutée où consacré). se positionne pour l’essentiel l’industrie En 2007, les ventes de produits phar- locale. La plupart des grandes multinamaceutiques sur le marché local (à l’ex- tionales du secteur sont présentes et clusion de Hong Kong) étaient estimées renforcent régulièrement leurs positions à 22,6 milliards USD, soit une hausse de sur le marché. 8,5% par rapport à l’année précédente. Le Actuellement : près de 50 % du matériel marché des médicaments traditionnels médical utilisé en Chine est importé en (TCM) était à la même époque évalué à raison de l’obsolescence d’un grand nom5,5 milliards USD. La dimension du mar- bre d’équipements datant des années 70, ché chinois pour les médicaments de de la hausse du nombre des institutions type occidental s’élevait alors à environ de soins et de l’évolution technologique 17 milliards USD. Le secteur hospitalier oc- des appareils médicaux. Selon cupe entre 80 et 85 % du marché total. L’apparition d’un réseau « Over the CounLes guides de la Mission économique ter » (OTC) est destiné à réduire cette majorité avec des traitements disponibles et Le Marché des biotechnologies en meilleurs marchés, pour des pathologies Chine. 2006, 280 p., 235 € HT légères, hors du système hospitalier. Le Marché de la santé en Chine. D’après les douanes chinoises (source 2007, 320 p., 235 € HT CEIC), en 2007 les exportations chinoises L’Industrie et le marché du médicade produits pharmaceutiques pour l’anment en Chine. 2006, 307 p., 235 € HT née 2007 ce sont élevées à 2,56 milliards USD. La Chine exporte massivement des

•••

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专栏

••• les estimations, les Etats-Unis four-

niraient plus de 40% du marché, l’Europe entre 20% et 25% (dont Allemagne 13%) et le Japon 25%. Le type d’équipements importés d’une année sur l’autre dépend essentiellement de l’évolution de l’offre locale et non des caractéristiques de l’offre étrangère. Les importations concernent en majorité des modèles ou types de matériel pour lesquels l’offre des opérateurs domestiques est inexistante. L’augmentation rapide des besoins en matière de services de santé de qualité et d’équipements de haute technologie adaptés à l’évolution des pathologies, ouvre des opportunités intéressantes aux opérateurs étrangers, notamment pour des PME innovantes et présentes sur des marchés de « niche ». Si l’image du système de santé chinois est en général négative, il ne faut pas négliger quelques facteurs-clés qui contribuent à faire apparaître la Chine comme un marché potentiellement lucratif pour les dispositifs

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médicaux : les importations sont, pour certains types de matériels, effectivement perçues comme de meilleure qualité que les dispositifs locaux. Plusieurs segments spécifiques se distinguent pour leurs besoins à moyen terme, citons par exemple, les systèmes d’imagerie et les appareils d’électrodiagnostic, les équipements dentaires, de diagnostic, de surveillance et de R&D. Par contre, le marché chinois n’est pas porteur pour les technologies médicales bon marché, permettant de réaliser une faible marge commerciale. La Chine offre aux fabricants étrangers des opportunités majeures à exploiter. Elle peut être utilisée comme base de fabrication et plateforme régionale de distribution. Le niveau de qualification du personnel et la compétitivité des coûts fournissent également aux entreprises étrangères des opportunités non négli-

geables en matière de R & D. Catherine Legrand Attaché à la Mission économique

Des chances à saisir pour les

Bouygues sur des

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es partenariats public-privé (PPP) qui permettent de faire appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement contribuant au service public existent déjà dans de nombreux pays. Il s’agit en revanche d’une nouveauté pour la Chine. Avec un premier projet d’établissement hospitalier en PPP, Bouygues fait figure de pionner et ouvre la voie de développements possibles dans le domaine de la santé en Chine. Pour Bouygues, la Chine ne se prête pas à l’exercice de ses métiers de manière traditionnelle. L’entreprise française a donc choisi de se positionner sur des secteurs de niche, notamment les partenariats public-privé. Le groupe, qui a déjà réalisé cinq hôpitaux au Royaume-Uni et trois en France, a su convaincre les autorités chinoises des avantages de tels partenariats. Ce mode de financement est intéressant d’un point de vue comptable pour le partenaire public, et lui permet de profiter du savoir-faire de l’entreprise privée. « La France jouit en Chine d’une bonne image en matière de santé, et le soutien des services de l’ambassade de France en Chine a de surcroît été précieux » explique Christian Dumond, représentant de Bouygues Construction à Pékin. La mission économique a permis un dialogue constructif avec le ministère chinois de la Santé, « celui-ci nous a alors orientés vers un projet d’hôpital précis » précise-t-il. C’est à Linyi, une ville de plus de 10 millions d’habitants de la province du Shandong, que le projet devrait se concrétiser. Pour Bouygues, ce partenariat est intéressant de par son volume : 400 000m2 à construire, pour un budget de 150 millions d’euros. Dans les contrats de partenariat dans le domaine hospitalier, la partie privée prend généralement en charge la construction et la gestion des bâtiments


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industriels étrangers

niches pour une durée déterminée, mais aussi la fourniture et la maintenance de certains équipements médicaux. En revanche, le personnel hospitalier, notamment, reste géré par les autorités publiques. Après avoir investi dans la construction et les installations de l’hôpital, Bouygues recevra donc en contrepartie un paiement du partenaire public chinois. Ce dernier restera « locataire » jusqu’à ce que les infrastructures lui reviennent… Ce partenariat illustre les besoins chinois en matière de santé publique. Bouygues est d’ailleurs en discussion pour un deuxième projet d’hôpital, dans le Shanxi cette fois.

• Camille Foucard

布依格集团, 医院建设的合作, 以公私合营模式为解决方案 公私合营模式(PPP)可以向私营机构 求助,为公共服务设施的建设提供资金和 管理,这一模式在许多国家得到应用,但对 中国来说还是个新鲜事物。随着第一个公私 合营的医院建设项目的实施,布依格集团作 为开拓者在中国的医疗卫生领域开辟了可发 展的道路。 布依格认为,公私合营的合作模式在中 国还不容易实施。因此,该集团选择定位在 这一缝隙行业,并选择公私合营的模式。已 在荷兰建成5家医院和在法国建成3家医院 的布依格集团用公私合营的优势说服中国 政府。这种融资方式从政府财政的角度来 看十分有利,而且政府可以利用私营企业的 专长。布依格国际建筑集团北京代表处首席 代表克利斯蒂安.杜孟指出: “法国的医疗卫 生在中国享有很好的声誉,而且法国驻华使 馆相关部门的支持也十分重要”。法国驻华

使馆经济处在考证中国卫生事业的需求后, 与卫生部进行了一次建设性的会谈。杜孟补 充道: “卫生部为我们指定了一个明确的医 院建设项目”,这是一个关于在拥有1000万 人口的山东省临沂市的医院建设项目。布依 格认为,该合作项目因其规模而备受关注— —新建的临沂人民医院占地40万平方米、预 算为1.5亿欧元。 与临沂人民医院合作的合同明确规定, 企业承担医院的建设和一定年限的管理,同 时也包括某些医疗器械的供应和维护,而医 院的人员则由公共机构管理。在对医院的建 设和设施进行投资后,布依格集团将得到中 国政府合作伙伴的付款。政府将作为租户直 至医院设施归其所有。 临沂人民医院建设的合作表明了中国 公共卫生领域的需求。为此,布依格集团正 在商谈第二个在山西省的医院建设项目。

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专栏

Acteon sur la vague “bien-être” 中国愿意购买最 好的医疗器械 随着医疗预算的增长(2005年占收入 的7.35%,而1985年仅占2.5%),越来越多 的中国城镇居民能够享受到保健护理,如海 水浴疗和洗牙,而且毫不犹豫地选择进口产 品。他们中最有钱的人准备用积蓄购买最新 上市的义肢,甚至是30万元一只的电子膝盖。 其结果是持有专利技术的外国企业摩拳擦 掌地想进入中国市场。一方面是因为近些年

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来中国的医疗器械市场发展迅速,每年都以

Un séance de détartrage.

洗牙

A

vec l’augmentation de leur budget santé, de plus en plus de Chinois urbains ont accès aux soins dits de bien-être — thalasso, détartrages — et n’hésitent pas à se tourner vers les produits importés. Les plus argentés d’entre eux sont prêts à dépenser leurs économies pour s’offrir les derniers implants mis sur le marché, voire des genoux électroniques à 300 000 Rmb pièce. Conséquence directe : les étrangers détenteurs de technologies brevetées se frottent les mains. D’une part parce que le marché chinois des équipements médicaux connaît un boom depuis plusieurs années, à raison de 7% de croissance par an. En 2008, il atteindrait près de 17 milliards de $, selon KPMG, et devancerait le Japon pour devenir le second marché mondial. D’autre part, parce que les produits locaux se positionnent sur le bas de gamme, utilisant des technologies moins avancées. Du coup, l’autosuffisance de la Chine dans des produits à forte valeur ajoutée, comme les endoscopes électroniques ou les rayons X numériques, varie entre 10 et 20% seulement. Une large 54

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7%的速度增长。根据毕马威的统计,2008年 中国将超过日本,达到近170亿美元,成为 世界第二大市场。另一方面,是因为中国本 地的产品所使用的技术不太先进,档次较

autoroute pour les acteurs étrangers, comme c’est le cas pour Rodolfo Frei, directeur d’Acteon Chine, qui distribue des appareils utilisés pour le détartrage et des consommables pour les dents : la croissance du chiffre d’affaires d’Acteon en Chine est de 15% par an depuis 15 ans. Belle santé aussi pour le Français Proteor, qui distribue depuis 2006 ses prothèses et orthèses en Chine. « Nos clients finaux sont rassurés par le fait que leur prothèse est française », observe Benoît Derinck, responsable d’exploitation. Misant sur le label « made in France », gage de qualité, la PME importe tous ses produits depuis son usine dijonnaise, et compte d’ici trois ans prendre 10% du marché de l’orthopédie. Ce que facilite d’ailleurs l’absence de taxes d’import et de TVA dans le secteur. Si la peur de la contrefaçon cantonne souvent les PME à un rôle de distributeurs, les prospects, eux, restent avides de transferts technologiques. C’est ainsi que Proteor a décidé de mettre en avant son expérience centenaire dans l’appareillage, et à organiser des formations pour séduire les hôpitaux

Philippe Charles

低。因此,中国在高附加值产品领域如电子 内窥镜或数字化X射线系统,自给自足只达 到10%-20%,这对于像法国艾龙集团大中 国区总裁罗多佛.福雷(Rodolfo

Frei)这样的

外国医疗设备商开辟了广阔的发展道路。法 国艾龙集团在中国销售洗牙设备及牙科材 料,15年来,它每年都以15%的速度增长。 自2006年起在中国销售假肢和矫形器的法 国宝泰欧公司也在健康地发展。 “我们的最 终客户十分放心因为他们使用的假肢都是 法国制造的”,开发部负责人伯努瓦.德灵克 (Benoît Derinck)说。依靠“法国制造”的标 识作为产品的质量保证,宝泰欧公司从第戎 工厂进口所有的产品,并打算3年内拿下整 形外科市场10%的份额。这一目标的实现还 得益于该行业进口税和增值税的减免。如果 假冒仿制的担忧常常把国外中小医疗设备企 业限制在销售领域,那么潜在的客户则十分 渴望得到技术转让。因此宝泰欧公司决定突 出其在医疗设备行业的百年经验,组织培训

以吸引更多的医院。


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Expérimentations sur les cellules souches chez Chinastemcell à Tianjin. 天津协和干细胞基因工程有限公司的干细胞试验

Biotechnologies : le boom

A

vec une croissance de 30% de 2000 à 2005, le secteur des biotechnologies chinois représentait en 2006 près de 3 milliards de dollars mais seulement 7,4% du total de l’industrie pharmaceutique du pays. Les biogénériques représentent plus de 90% de la production chinoise malgré les incitations gouvernementales au développement de nouveaux traitements, les besoins en médicaments « low cost » étant énormes vu la taille de la population et le niveau de vie moyen. En terme de R&D et d’innovation, la Chine est dans le peloton de tête mondial avec un fort soutien financier de l’Etat et le retour favorisé des chercheurs partis étudier à l’étranger qui bien souvent diri-

gent les centres les plus pointus. Pionnier de la thérapie génique, l’Empire du milieu est ainsi le seul endroit au monde à avoir autorisé la commercialisation depuis 2003 d’un traitement de thérapie génique contre le cancer, la Gendicine, produite par Sibiono Gene Tech à Shenzhen. 5000 personnes dont 400 étrangers ont été traitées avec des résultats assez encourageants. D’autres entreprises travaillent à l’élaboration de thérapies géniques et plusieurs produits attendent les autorisations de la Food and Drug Administration. La Chine est également bien placée au niveau des cellules souches et des thérapies cellulaires. La récolte de cellules souches dans les cordons ombilicaux

des nouveaux-nés est désormais répandue et les traitements qui en découlent sont considérés comme des technologies cliniques, nul besoin d’autorisation spécifique. Plusieurs entreprises chinoises travaillent dans ce secteur, notamment Chinastemcell à Tianjin qui a ouvert fin 2007 un hôpital totalement dédié aux thérapies cellulaires. Le Pr. Han dirige le centre de recherche et est également le directeur de l’Institut d’Hématologie de Tianjin. Il a été formé en France pendant 11 ans et son institut a signé un partenariat de recherche avec Sanofi-Aventis en septembre 2007 pour un traitement anti-cancéreux. Si le soutien de l’Etat est très fort au niveau R&D, les entreprises de biotechnologies chinoises doivent néanmoins trouver des financements privés pour lancer les commercialisations. Le manque de rentabilité immédiate et les investissements lourds en recherche découragent les investisseurs locaux et le cadre financier local, peu clair pour les investissements étrangers, ralentit le flux de capitaux venus de l’extérieur. Certaines entreprises sont cependant déjà cotées aux EtatsUnis et ont levé des fonds importants. Enfin les régulations au niveau éthique existent en Chine depuis 1998 et ont été renforcées en 2007 pour atteindre sur le papier un niveau équivalent au reste du monde. Malgré des efforts comme l’interdiction du clonage humain reproductif ou le sommet international de bioéthique 2006 à Pékin, la pratique laisse encore à désirer. Les méthodes de recrutement des volontaires pour les tests cliniques restent assez obscures et certains médecins bafouent ouvertement la législation sans encourir de véritables sanctions pour le moment. Si le secteur des biotechnologies en Chine n’est pas encore totalement mature, il ne fait aucun doute qu’il faudra compter à l’avenir avec les entreprises chinoises au plus haut niveau international.

Nicolas Sridi

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DOSSIER

专栏

Médicaments : le parcours du combattant La Chine pourrait devenir le 5e marché pharmaceutique mondial à l’horizon 2010. Mais ce secteur reste difficile d’accès et soumis à la contrefaçon.

© Imagine China

C

ommercialiser un produit pharmaceutique en Chine est une procédure longue, le système reste lourd et le marché complexe. « C’est le seul pays qui demande aux industriels de refaire des études cliniques pour les produits déjà homologués en Europe », explique Eric Bouteiller, directeur des opérations Chine du laboratoire Ipsen. Pour lui, c’est une perte de temps et d’argent, mais surtout cela ne permet pas au patient chinois de bénéficier des produits les plus modernes… La Chine attire de nombreux laboratoires internationaux, mais les obstacles sont multiples. Si aujourd’hui les industriels étrangers ont environ 25% des parts du marché, il existe un réel décalage entre la Chine et les autres pays d’Asie où les chiffres s’inversent. Jusqu’à récemment, s’associer à un partenaire chinois était une obligation légale, mais le représentant d’Ipsen note que ces collaborations

97% des produits pharmaceutiques chinois sont des génériques 中国97%以上的药品是非专利药。

Une si longue procédure L’expertise de Jerry Yuan, CMS Bureau Francis Lefebvre Tout médicament est considéré comme nouveau s’il n’a jamais été commercialisé en Chine. Toute modification d’un médicament déjà commercialisé exige de recommencer la procédure. Pour faire agréer un médicament, il faut impérativement passer par la State Food and Drug Administration (SFDA) dont dépendent le Centre d’Evaluation des

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Connexions / mai-juin 2008

Médicaments (CDE) et le Centre de Certification des Médicaments (CCD). La procédure d’agrément passe par différentes étapes. Le médicament fait d’abord l’objet d’un essai clinique. Après évaluation positive par le CDE entériné par le SFDA, une demande de commercialisation est déposée auprès de l’administration pharmaceutique de la province qui, si les résultats sont satisfaisants, transfère la demande au CDE pour évaluation. Au

vu d’une seconde expertise sur site, réalisée par le CCD, le CDE devra alors rendre une expertise finale qui sera soumise à la SFDA. La SFDA délivrera alors une autorisation de commercialisation. Les médicaments génériques suivent une procédure simplifiée, les essais cliniques ne consistant généralement qu’en un simple test de bioéquivalence. Tout médicament fabriqué dans un pays étranger est soumis à une autorisation de commercialisation délivrée par la SFDA afin de pouvoir être commercialisé sur


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restent un atout pour s’implanter dans un pays grand et difficile comme la Chine. S’il existe une concurrence locale sérieuse sur le plan industriel — les Chinois ont une importante capacité de production —, pour Eric Bouteiller, il n’y a pas d’innovation capable de rivaliser avec ce qui se passe à l’international. « L’ensemble du système, de la fixation des prix aux autorisations de mise sur le marché, favorise les produits génériques au détriment des produits innovants. Sans parler de la propriété industrielle qui ne sert pas vraiment l’innovation…» Finalement, le marché chinois offre principalement des produits bon marché, de basse qualité. « Si les traitements innovants étaient encouragés, les patients chinois en seraient les premiers bénéficiaires, les industriels étrangers en vendraient davantage, et les coopérations avec les chercheurs chinois se multiplieraient », plaide-t-il. Il reconnaît cependant que la Chine, où l’accès aux soins est aujourd’hui difficile et cher, cherche désormais à rattraper son retard en matière de santé. La volonté de redonner aux hôpitaux leur mission de service public en est une illustration. Une évolution qui va a priori dans le bon sens. « Les choses ne vont pas assez vite, mais il y a des progrès et une volonté réelle d’améliorer le système de santé », indique Eric Bouteiller, regrettant néanmoins que le plan manque de transparence…

Camille Foucard

le marché chinois. Seul un médicament déjà approuvé dans son pays d’origine peut être importé en Chine. Les procédures pour les médicaments importés sont similaires à celles applicables aux médicaments nouveaux, sous les réserves suivantes : aucun examen préliminaire n’est réalisé par l’administration de la province ; l’inspection sur site n’est pas obligatoire. A noter que les médicaments nouveaux agréés jouissent d’un monopole sur le marché chinois pour un délai pouvant aller jusqu’à 5 ans sur décision de la SFDA.

Les risques de contrefaçon La contrefaçon chinoise s’étend de plus en plus aux produits de santé.

L

imitée il y a 15 ans à la copie de produits de confort comme le viagra, la contrefaçon chinoise s’étend aujourd’hui aux antibiotiques et aux équipements médicaux, implants mammaires, etc. Un marché lucratif étant donnés les prix des produits en Occident et la forte demande. Failles législatives et circuits de distributions opaques sur Internet font le reste. Selon l’OMS, les ventes de médicaments contrefaits auraient atteint 50 milliards de dollars en 2007, soit 10% du total des ventes de médicaments. Si les statistiques ne sont pas avérées, la Chine figure en bonne place parmi les pays producteurs. En novembre 2006, les douanes européennes annonçaient que 60% des prises de médicaments contrefaits venaient de Chine. D’après la définition officielle, est contrefait un médicament qui a été délibérément et frauduleusement étiqueté de façon erronée quant à son identité et/ ou sa source. Autrement dit, soit les principes actifs protégés par brevet sont copiés, soit la marque, soit les deux ! Selon Nam Ngo Thien, chargé des questions de propriété intellectuelle à la mission économique de Pékin, en Chine, aucune entreprise du secteur de la santé n’échappe au fléau. Ce qui ne les empêche pas de poursuivre leur développement, surfant sur une croissance annuelle du marché de plus de 15%. Seule manière d’éviter la casse : déposer des brevets d’invention de 20 ans, ou bien sa marque, pour les équipements médicaux. « L’entreprise a intérêt à déposer avant d’exporter, même si elle n’est pas sûre de vouloir le faire », conseille Nam Ngo Thien. En Chine, la procédure

passe par l’office des brevets, et ne prend pas plus de temps qu’en France, ce qui n’est pas le cas de l’autorisation de mise sur le marché. « Respectée à la lettre pour les étrangers, elle peut prendre jusqu’à 15 ans. Comme le brevet dure 20 ans, la protection peut donc être très courte ». Reste qu’un dépôt de brevet n’est pas une garantie absolue. Devant le tribunal, les fraudeurs parviennent souvent à démontrer l’unicité de leur procédé. Dernier conseil de l’expert : avoir une politique du secret. Après tout, les mieux placés pour pirater sont ceux qui connaissent bien l’entreprise.

Philippe Charles

Alerte aux médicaments

10% des médicaments vendus en Chine sont des contrefaçons. 中国医药市场上10%的药品是假冒的。

Environ 200 000 personnes meurent chaque année à cause d’un mauvais usage de médicaments. A cela plusieurs causes : l’ignorance d’abord — certains patients prennent des doses excessives de médicaments dans l’espoir de guérir plus vite — mais aussi la circulation de faux médicaments en vente libre sur Internet à des prix moins élevés que ceux vendus à l’hôpital, voire en ville dans les pharmacies.

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DOSSIER

专栏

Le Pr. Bernard Debré, directeur du service d’urologie à Cochin (Paris) depuis 1990 est aussi, depuis 2003, chef de service honoraire du département d’urologie à l’hôpital Est de Pudong (Shanghai).

« Je suis fasciné de longue date par la Chine » Connexions : Comment a commencé votre aventure de coopération médicale avec la Chine ? Benard Debré : Le jumelage entre Cochin et

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Les patients de l’hôpital français de Chengdu au © DR

l’hôpital de Shanghai s’est constitué un peu par hasard, même si je suis fasciné de longue date par la Chine, que j’avais visitée à plusieurs reprises. A la demande d’un collègue français, j’ai accueilli il y a quatre ans un jeune urologue chinois dans mon service parisien. Professeur à l’université Tongji, affiliée à l’hôpital Est de Pudong, il avait fait ses études en France et souhaitait enrichir son expérience. A Cochin, nous disposons de l’un des plus grands services européens d’urologie, avec 25 000 consultations, 300 opérations par an, et une capacité d’accueil de 70 lits. Après avoir observé notre travail, on m’a proposé de créer un service à l’hôpital Est de Pudong et de me nommer professeur associé à l’université Tongji. Une expérience unique, dans la mesure

Bernard Debré 伯纳德. 德伯雷教授

où il n’existe aucun autre Français chef de service dans un hôpital chinois. J’ai donc accepté de m’engager à titre bénévole, recevant déjà un salaire pour mon travail à Cochin. Les consultations sont gratuites, et j’ai offert la totalité des infrastructures grâce à la fondation que

•••

Un dispensaire aux environs de Chengdu (archives 法国外交部资料图片:成都郊区的卫生所


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© DR

Une tradition vivante

法国外交部资料图片:20世纪初成都法国医院里的病人

L’Institut Pasteur de Chengdu en 1911 (archives MAE) 法国外交部资料图片:1911年的成都巴斯德研究所

© DR

MAE)

© DR

début du XXe s. (archives MAE)

L’importante coopération francochinoise en matière de santé a plus d’un siècle. Elle s’est développée autour de trois pôles. A Shanghai, l’Université Aurore des Jésuites, fondée au début du XXe siècle continue ses activités jusqu’en 1949, avec un enseignement de médecine à partir de 1914. Les médecins français déploient des efforts considérables pour améliorer l’hygiène et prévenir les épidémies. Aux recherches et aux campagnes menées dans le cadre de l’université Aurore ou de l’hôpital Sainte-Marie, s’ajoutent les activités de l’Institut Pasteur. Lancé en 1922, le projet aboutit en 1937 à l’ouverture d’un établissement financé par la caisse des œuvres de la municipalité. Le laboratoire participe activement à l’effort sanitaire. Médecins français et chinois y nouent au quotidien de fructueuses relations de travail. En 1965, deux jeunes chercheurs, dont les maîtres avaient été eux-mêmes formés par des médecins pasteuriens en Chine, demandent à être admis à l’Institut Pasteur de Paris. A Kunming, entre les deux guerres, des coopérations médicales actives sont menées avec les universités de Bordeaux et de Lyon. Dans le Sichuan, les Missions étrangères de Paris introduisent , à la fin du XIXe la médecine occidentale. L’hôpital de la Mission Catholique fonctionne jusqu’à la fin des années 40. Le Dr Legendre enseigne la médecine à des enfants de mandarins. De 1911 à 1944, un Institut Pasteur effectue des travaux de bactériologie et de microscopie et fabrique des vaccins antivarioliques et du sérum antirabique. Cette coopération, réactivée en 1964, a permis de former plus d’un millier de médecins chinois à la médecine française depuis 25 ans. A. G. Les photos sont extraites de La France et le Sichuan, un regard centenaire de Jacques Dumasy, éd. Chengdu Shidai 2007.

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DOSSIER

专栏

••• je possède. Au total, j’ai investi 2,5

millions d’euros dans ce projet. Matériel chirurgical, anesthésiants, table d’opération, matériel de réanimation, j’ai tout fait venir de France. Les meilleures technologies sont présentes : bistouris dernier cri, résecteurs endoscopiques, etc. J’espère que les Chinois continueront à s’équiper en France, même sans moi !

C . : Gérer un service de médecine en Chine depuis la France, c’est possible ? B. D. : Nous disposons d’une équipe de dix Français, chirurgiens, anesthésistes, médecins, brancardiers et infirmières, qui se rendent régulièrement en Chine. A Paris, nous accueillons par ailleurs deux chirurgiens chinois depuis 3 ans et une infirmière depuis 6 mois, qui apprend le français. Certes, nous n’avons pas de permanence à Shanghai, mais nous y allons tous les mois pendant dix jours, avec une équipe complète, de manière à ce qu’il y ait une fusion totale avec les Chinois. Le service comporte 47 lits. Les opérations se font devant les Chinois, qui y participent peu à peu. Depuis 2005, nous sommes passés de 40 à 80 opérations par mois. Pour ma part, je me rends à Shanghai tous les trois mois. On me demande d’opérer des Chinois aisés, des expatriés et des ambassadeurs, afin d’éviter qu’ils n’aillent se faire opérer à l’étranger. Mais je me déplace aussi dans des hôpitaux de province, beaucoup moins bien lotis que dans les grandes villes. Près de 700 personnes font parfois la queue pour deux jours de consultations, alors que nous ne sommes que 6 ou 7 médecins. Nous faisons presque de l’humanitaire ! Il nous est arrivé d’opérer dans des conditions rocambolesques. Une fois, l’opération a duré 3 heures faute d’équipement perfectionné, avec une panne du matériel respiratoire. Parallèlement à ces interventions, je donne des cours d’urologie à une cinquantaine d’étudiants de l’université de Tongji et j’effectue un travail de recherche sur le cancer de la prostate avec mon alter ego, le Pr Sun, directeur du service chinois. Il y a plus de cas de cancers en France qu’en Chine, notamment à cause 60

Connexions / mai-juin 2008

de l’environnement mais aussi parce que nous les détectons plus.

C. : Qu’avez-vous appris grâce à ce jumelage ? B. D. : Sur le plan personnel, l’expérience offre une ouverture d’esprit incroyable sur l’autre. Aujourd’hui, et c’est une banalité que de le dire, l’avenir se joue en Chine. Sur le plan médical, nous avons dans mon service une expertise certaine à faire valoir, et c’est d’ailleurs pour cela que les Chinois sont venus nous voir. Travailler avec la Chine est une reconnaissance de notre travail en France. Mais la chirurgie en Chine n’est pas arriérée, loin de là, comme dans certains pays d’Afrique. D’un point de vue chirurgical, l’échange est intéressant car il nous permet de confronter nos techniques opératoires. Et puis, bien évidemment, le dialogue avec le patient est différent, tout simplement parce qu’en Chine, les soins sont payants. Si je prescris des radios ou un scanner, le patient se met à discuter pour savoir si cela est vraiment nécessaire. La présence massive de la famille est un élément qui m’a également étonné. Quand je sors du bloc opératoire, il m’arrive d’être applaudi par le conjoint, les enfants, les frères du patient, qui aiment d’ailleurs que je leur présente l’organe sectionné. C’est autre chose qu’en France ! Enfin, pour mon équipe à Cochin, cette coopération est également un formidable outil de cohésion.

C. : Quels sont vos projets pour l’avenir de ce service en Chine ? B. D. : L’objectif est d’en faire l’un des 1er services d’urologie en Asie, devant Hong Kong et Singapour. Nous voulons par ailleurs développer la recherche et venons d’inaugurer en mars un laboratoire à l’université de Tongji. Un collaborateur vietnamien y dirigera une équipe francochinoise. Nous avons beaucoup de projets en commun, dont celui d’installer un robot opérateur qui nous permettrait d’opérer à distance entre Paris et Shanghai, et qui coûte à peu près 100 000€ par an. Propos recueillis par Philippe Charles

Médecine à la française En 1997, a été réouverte la filière francophone de l’université de Jiaotong Shanghai, qui a formé 350 médecins ces dix dernières années. Depuis, trois autres filières ont été lancées à Kunming, Wuhan et Chongqing. Par ailleurs, une nouvelle initiative — Les journées médicales françaises — a été mise en place par l’Ambassade avec le soutien de Air liquide, Biomérieux, Ethypharm, Ipsen, Servier, Sanofi pasteur, Sanofi Aventis. Ces journées ont attiré près de 1 000 médecins. Les premières conférences en avril 2008 à Wuhan, Canton et Shanghai ont porté sur le Sida, la tuberculose et la grippe aviaire. Les prochaines journées prévues en novembre à Pékin, Chongqing et Kunming devraient porter sur le cancer, l’hépatite et la médecine d’urgence. C’est une vitrine pour la médecine française de haut niveau et l’occasion de renouer avec les médecins qui ont un lien avec la France. Ce retour de la médecine de langue française en Chine accompagne la mise en place d’une coopération diversifiée. Une quinzaine de gros CHU français collaborent avec des hôpitaux des grandes villes chinoises pour un transfert de connaissances et de savoir-faire. A côté de la médecine, de nouveaux sujets apparaissent, tels que l’hygiène et les infections nosocomiales, la gestion des RH de l’hôpital, la maîtrise des dépenses de santé ou la réponse aux besoins de pays qui vieillissent. Une déclaration commune devrait très prochainement être signée. Elle permettra d’élargir notre coopération : création d’un centre franco-chinois de formation aux métiers de la santé (directeurs d’hôpitaux et cadres infirmiers) ; organisation de l’offre de soins dans les territoires ruraux ; introduction du médecin de famille ; projet autour du traitement de la tuberculose….


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Les axes de la coopération franco-chinoise

Des chercheurs de l’Institut de Wuhan travaillant à un vaccin contre le SRAS. 研究人员正在 研制预防非典的疫苗

L’expertise de Christine M’Rini, conseiller scientifique, spécialiste des sciences du vivant à l’Ambassade de France.

L

a coopération scientifique dans les domaines de la santé et des sciences de la vie représente une partie essentielle de la coopération scientifique franco-chinoise. C’est une collaboration emblématique et historique, qui implique institutions académiques et industries françaises, telles que Servier, Pierre Fabre, Ethypharm, Biomérieux et Sanofi. Cette coopération s’inscrit dans un contexte de globalisation des problèmes de santé publique, comme par exemple la gestion internationale des grandes épidémies. Elle est largement encouragée par Chen Zhu, ministre de la Santé actuel et grand francophone, formé dans la tradition de l’Université Aurore et de l’hôpital Sainte Marie, fondés par les Jésuites au début du XXe.

Le premier volet de la coopération porte sur les maladies infectieuses et émergentes. Une étape primordiale a été la fondation en 2004 de l’institut Pasteur de Shanghai. L’institut est issu d’une collaboration entre l’Académie des Sciences, l’Institut Pasteur et la municipalité de Shanghai. Ce laboratoire travaille sur la tuberculose résistante, les maladies virales parmi lesquelles le sida et la grippe aviaire. Autre collaboration d’envergure : la plateforme sino-française pour les maladies infectieuses de Wuhan qui verra le jour dans les prochains mois. Du côté chinois, le projet est coordonné par l’Académie des sciences et le ministère de la Santé dont l’Académie médicale des sciences et le centre chinois du contrôle des maladies (CDC). Du côté français, plusieurs partenaires sont impliqués : l’INSERM, l’institut Pasteur de Shanghai, le CNRS et BioMérieux. Un deuxième volet de coopération porte sur le séquençage du métagé-

nome de la flore intestinale bactérienne dont la présence participe à l’homéostasie du corps humain. C’est une collaboration signée en 2006 entre l’Académie des sciences et l’INRA, partenaire depuis 30 ans de la Chine. Il s’agit d’analyser cette flore en la séquençant et en étudiant ses fonctions en particulier dans l’équilibre métabolique du corps humain. Cela pourrait permettre de développer des traitements dans les pathologies métaboliques, le diabète… La Chine a une bonne capacité à séquencer très vite et en grande proportion, grâce à l’échelle de ses ressources humaines et de son équipement matériel. Elle l’a déjà démontré dans ses travaux sur le génome humain, le riz ou le poulet. Troisième volet : la coopération sur les cellules souches entre l’Académie des sciences et l’INRA, auxquelles se sont joints l’INSERM et le CNRS. Les cellules souches sont les cellules les plus archaïques dans le développement du corps humain ; elles sont dites « pluripotentes » car elles ont la possibilité de devenir dans le bon environnement n’importe quel autre type de cellule du corps humain (cellules musculaires, de la peau, rétiniennes etc.). Leur étude pourrait permettre à terme de régénérer un organe. En France, ce type de recherche est très contrôlé du fait des problèmes éthiques découlant des risques de clonage. Le projet de coopération franco-chinois porte sur les souches embryonnaires de souris et respecte les règles éthiques françaises. Le directeur chinois de ce projet commun a été formé en France. Le quatrième volet porte sur la médecine traditionnelle. Un accord de collaboration a été signé en 2007 pour la recherche de nouveaux produits thérapeutiques. Il s’agit d’un accord de recherche et non d’un accord pour la commercialisation de produits chinois en France. Des entreprises françaises sont aussi dans ce projet, partenaires des équipes chinoises à côté

des grandes institutions françaises. Propos recueillis par Anne Garrigue

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DOSSIER

专栏

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11 000 plantes sous les microscopes français

Pas moins de 11 000 plantes entrent dans la composition de la pharmacopée chinoise. 中国中药数据库收录的中药约11000种。

De nouveaux médicaments issus de la médecine traditionnelle chinoise pourraient bientôt soigner les Européens.

E

n mars 2007, le ministre français des Affaires Etrangères signait un nouvel accord de coopération avec le ministre chinois de la Santé. De cet accord est né un comité mixte franco-chinois qui 62

Connexions / mai-juin 2008

disposera de plusieurs millions d’euros sur cinq ans pour explorer les possibilités des quelque 11 000 plantes médicinales chinoises. Chercheurs, médecins et laboratoires des deux pays travaillent sur des médicaments issus de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) qui pourraient bientôt contribuer à la bonne santé des Français et des Européens... « L’objectif est que les patients puissent bénéficier de la médecine traditionnelle chinoise », rapporte Jean Dere-

gnaucourt, conseiller du Laboratoire Pierre Fabre spécialisé dans le développement des médicaments « naturels ». Cependant, le représentant des industriels de la pharmacie française au sein du comité explique que la MTC est fondée sur le mélange de produits naturels pouvant associer jusqu’à plus de 20 plantes différentes. Or les réglementations occidentales ne se prêtent pas encore facilement à la commercialisation de ce type de mélanges. « La qualité d’un médicament — sa reproductibilité — passe par une standardisation du produit, qui est rendue difficile quand la composition est complexe », indique-t-il, précisant qu’il s’agit d’un élément-clé dans les critères d’éligibilité en vue d’une homologation. Si les barrières réglementaires s’assouplissent dans un futur proche, le rôle des industriels français n’en reste pas moins décisif : « leur mission est de s’assurer de la sécurité, de l’efficacité et de la qualité de ces produits de la médecine chinoise, avant d’envisager de les commercialiser ». Les laboratoires s’attachent donc à analyser ces mélanges complexes, afin de pouvoir envisager de les mettre à disposition des patients français dans le respect des règles européennes. Leurs savoir-faire permet également d’améliorer les produits de cette médecine traditionnelle, notamment au plan de la formulation. Le comité donne aux laboratoires français un meilleur accès à la connaissance des produits de MTC, par le biais des instances chinoises représentées et favorise aussi la reconnaissance — l’enregistrement et le développement — des produits de MTC en France. Pour les laboratoires français, ces activités pourront déboucher aussi sur des partenariats et faciliter un développement de leurs activités en Chine en faisant bénéficier la MTC des technologies modernes mises en œuvre par les industriels français. Camille Foucard



DOSSIER

专栏

“同中国合作是对我们在法国所做工作的认可。” 1990年起,伯纳德·德伯雷(Bernard Debré)教授开始担任巴黎 第五大学Cochin医院的泌尿外科主任,2003年起成为浦东东方医 院的泌尿外科名誉主任。

麻醉师、医生、担架员和护士,他们经 常来中国。3年来,我们还在巴黎五大的 Cochin医院招收了2名中国外科医生, 半年前又招收了1名学法语的护士。当

“中法两国的医生同病人之间的对话是

然,我们在上海没有常设工作人员,但

不同的,因为在中国看病是收费的。”

是为了更好地增进与中国医生的交流,

《联结》:您同中国的医疗合作是如

我们泌尿外科的全体人员每月会来上

何开始的?

海十天。东方医院中法泌尿外科中心有

中国非常着迷,并且多次访问中国,但 伯纳德. 德伯雷教授

© DR

伯纳德·德伯雷:虽然很久以来我对 是Cochin医院和浦东东方医院的合作

科共有10名工作人员,包括外科医生、

47张病床。手术时有中国医生在场,他 们逐渐参与手术操作。2005年以来,我 们每月要进行40-80个手术。我每3个月

还是有些偶然的。四年前,在一位法国

经历。因为我在Cochin医院的工作领取

同事要求下,我接待了一名年轻的中国

工资,所以我以志愿者的身份接受了这

泌尿科医生到我们巴黎的Cochin医院

一工作。我免费提供会诊,并且通过我自

进修。他是中国同济大学附属东方医院

己的基金为科室购买了全部的基础医疗

的教授,曾经在法国学习并希望丰富自

设施。我为这个项目总共投入了250万

己的诊疗经验。Cochin医院的泌尿外

欧元。外科医疗器械、麻醉药、手术台、

科是欧洲规模最大的泌尿外科之一,每

急救设备都是我从法国带来的。现在东

年进行25000次会诊和300个手术,有

方中法泌尿外科具备了最先进的微创手

70张病床的接待能力。在了解我们医院

术技术,如最新式的激光手术刀、电切

泌尿外科的工作之后,中方建议我在浦

镜等设备。我希望,即使没有我,中国也

东东方医院建立一个中法合作的泌尿

能继续从法国引进设备。

外科,并授予我同济大学的顾问教授称

《联结》:从法国管理远在中国的泌

时之久。除了进行手术治疗,我还在同

号。在中国的医院里还没有法国人当科

尿外科,这可能吗?

济大学为50余名学生讲授泌尿学课程,

室主任,这对我来说将是一次特殊的

伯纳德·德伯雷:我们在法国的泌尿外

并与我的至交,东方中法泌尿外科中心

来上海一次,因为中方安排我为一些富 裕的中国人、在华工作的外国人及驻华 的外国大使做手术,这样他们就不需要 专程去国外接受手术治疗。我也会到外 地的医院出诊,那里比大城市的医疗条 件差很多。近700人为看病排了两天的 队,而我们只有6-7名医生。我们几乎在 从事人道主义行动!我们有时会在令人 难以置信的条件下工作。有一次,因为 呼吸器械出了问题,手术竟持续了3小

主任孙教授共同从事前列腺癌症的研 究工作。法国比中国的前列腺癌病例要

法国医学的回归

多,主要是环境原因,而且我们查出的

1997年,上海交通大学重新开办了法

活动是展现法国高水平医学的窗口。

语医学学科,已经培训了350名亲法及

法国医学的回归还伴随着多方面合作

讲法语的医生。此后,在昆明、武汉和

的展开。一些大型的法国大学医院中心

重庆又设立了其他3个法语医学学科。

(CHU)与中国大城市的医院合作,

另外,在法国液化空气, 梅里埃,爱的

传授法国的医学知识和专长。所有共

发,益普生,施维雅,赛诺菲安万特等

同关心的问题都将被探讨:从医院的

企业的支持下,中法两国又举办了“巡

卫生和感染到医院医务人员的管理,

回法语医学日”的活动,吸引了1200-

再到控制卫生支出即解决老龄化国家

1500名讲法语的中国医生。第一轮专

的看病需求。中法两国还创办新的医

题学术研讨会主要涉及中国卫生机构

学合作项目,比如建立中法医疗管理

极为关心的艾滋病、结核病及禽流感

人员的培训中心(主要培训医院的院

等重大传染疾病,接下来的“巡回法

长和护士长)。中国正在积极与法国合

语医学日”还将进行癌症、肝炎以及

作,寻找更有效的医疗模式:家庭医生

急救医学方面的专题学术研讨。这一

制度;有关治疗结核病的项目……

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Connexions / mai-juin 2008

病例也多一些。 《联结》:通过这次合作,您有什么 收获? 伯纳德·德伯雷:从个人来讲,这次经 历让我的视野变得更加开阔。今天,说 到未来属于中国其实是老生常谈了。从 医学方面来讲,我们医院的泌尿外科是 有专业经验值得借鉴的,正因为如此, 中国人来找我们诊治。同中国合作是对 我们在法国所做工作的认可。中国的外 科不像某些非洲国家那样落后。从外 科角度来看,交流很有意义,这使我们 可以对比中法两国的微创外科技术。当 然,中法两国的医生同病人之间的对话 是不同的,因为在中国看病是收费的。当


SANTE 医疗卫生 按法国制药标准研

发1.1 万种中药材

有众多家人陪同也让我吃惊。当我从手

2007年3月,法国外交部同中国卫生部

现,而中药的复杂成分使标准化的制定

术室出来的时候,病人的配偶、孩子、兄

签署了两国关于在中医药领域合作的

十分困难。”他明确提出: “这涉及到药

弟都向我鼓掌,并且希望我向他们介绍

协议。根据此协议,成立了中法中医药

品质量认可标准中的关键因素。”即使

手术的情况。在法国完全不是这样!最

合作委员会,计划在五年时间内投资数

不久后法规方面的壁垒逐步减弱,法国

后,对我们Cochin医院的泌尿外科来

百万欧元对1.1万种中药材进行研发。

制药企业的作用还是决定性的:他们的

讲,这次合作也是加强团队协作的最佳

两国的研究人员、医生及制药企业将对

主要任务是在销售中药产品前,确保其

途径。

中国传统医学的药物进行研究,使中医

安全、疗效和质量。

《联结》:您对设在中国的中法泌尿

能够尽快为法国和欧洲人民的健康服

为此,他们将致力于研究这些复杂

外科未来有何规划?

务……法国皮尔法伯制药公司专门从事

的混合物,以便在符合欧洲药品法规的

伯纳 德·德伯雷:目标是将其打造成

天然药材的开发,该公司的顾问让·德

前提下,使法国病人安全地使用。此外,

亚洲最好的泌尿外科之一,超过香港和

黑纽古谈到: “此项合作的目标是使病

法国制药企业的技术专长还可以改良中

新加坡。我们还想进行泌尿学领域的研

人能够从中医中受益。”然而,在委员会

医药产品。中法中医药合作委员会为法

究,3月份刚刚在同济大学成立了一个实

中代表法国制药企业的让·德黑纽古又

国制药企业提供更好的了解中医药产品

验室。一名越南的合作伙伴将带领这个

解释说,中医是以天然材料的混合物为

的途径,同时推对中医药产品在法国的

团队。我们还有很多共同开发的项目,

基础,最多的时候能混合20多种不同的

认可。这些活动可以促进法国制药企业

比如安装一个自动操作装置,使我们能

成分!而西方的医药法规不会轻易允许

在中国的业务发展,同时法国制药企业

在巴黎和上海两地间进行远程操作,这

这类混合物的销售。他指出: “药品的质

使用的现代技术对中国传统医学也会有

量,可复制性,要通过产品的标准化实

所借鉴。

我开具透视或CT检查单的时候,病人 会问我检查是否真有必要。病人手术时

一装置每年大约花费10万欧元。

Connexions / mai-juin 2008 65


DOSSIER

专栏

© Imagine China

Le coup de main du Samu aux urgences

Initiation aux premiers secours chez Total.

Depuis 2004, l’Ambassade de France, Total et le Bureau de la Santé de Pékin mènent une coopération au niveau de la médecine d’urgence. Le groupe français a déjà investi 1,5 millions d’euros pour envoyer une trentaine de médecins chinois se former en France.

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Connexions / mai-juin 2008

中国急救医生在法国实习

E

n milieu d’après-midi, la salle d’attente des urgences de l’Hôpital de l’Amitié de Pékin est bien remplie avec des patients plutôt âgés qui attendent d’être traités, la plupart pour des maladies cardio-vasculaires et pulmonaires. Les locaux sont modernes, propres et l’ambiance générale est assez sereine. Chaque jour, c’est entre 200 et 300 personnes qui sont réparties entre les 50 lits de salle d’observation, les 5 lits de la salle de secours et les salles de réanimation et d’hospitalisation qui comptent 32 lits. Le Dr. Zhang Bin arrive à l’accueil et se présente dans un français impeccable avant de proposer la salle de repos pour discuter. Quelques infirmières jouent aux cartes et ne peuvent s’empêcher de

sourire en entendant leur collègue parler dans la langue de Molière. A 34 ans, le Dr. Zhang a fait 5 ans d’études de médecine généraliste à la faculté de Wuhan complétés par 2 ans de formation supplémentaire à son arrivée à l’Hôpital de l’Amitié. Il commence son travail au service des urgences en 2001 avant d’être sélectionné en 2005 par le Bureau de la Santé pour un échange d’un an avec le SAMU 94 à l’Hôpital Henri Mondor et 6 mois de cours de français. L’importance des protocoles « Les systèmes médicaux français et chinois sont très différents. En France, j’ai été formé aux techniques médicales


SANTE 医疗卫生

comme les perfusions ou l’intubation mais ce qui m’a le plus marqué, c’est l’importance accordée aux protocoles » explique l’urgentiste. A son retour, Zhang Bin va participer activement à l’amélioration des protocoles car en médecine d’urgence chaque minute compte. « Avant, l’infirmière d’accueil ne s’occupait que de l’enregistrement administratif et c’était au médecin de faire un premier checkup de routine. Aujourd’hui « Le niveau des nos infirmières ont été équipements de formées aux protocoles français et elles s’occupent mon service et directement des diagnoscelui d’un service tiques les plus simples comme la prise des parafrançais sont mètres (tension, pouls…). quasi-équivalents, C’est important car cela mais il y a ici un dégage un temps précieux pour les médecins » fort manque de Parmi les 28 médecins formation. » et la centaine d’infirmières Dr Zhang Bin des urgences de l’hôpital de l’Amitié, certains ont fait des stages courts à l’Hôtel-Dieu de Paris mais seul le Dr Zhang est francophone, ce qui facilite le lien avec les formateurs venus de l’hexagone. « Selon moi, le niveau, en terme d’équipements, est quasi équivalent entre mon service et un service français, mais il reste un fort manque en terme de formation en Chine » conclut le jeune urgentiste chinois. C’est également l’avis du D r Fiere, conseiller médical de Total en Chine et responsable du suivi du projet : « Nous voulons accentuer nos efforts à long terme. C’est pourquoi nous avons signé en novembre dernier avec l’Ambassade et le Bureau de la Santé une lettre d’intention pour la création d’un centre sino-français de formation à la médecine d’urgence et d’une filière

universitaire spécifique ». Nicolas Sridi

Un entretien avec Jacques de Boisséson, président de Total Chine

L’engagement de Total Connexions : Total sponsorise un important programme de coopération pour la médecine d’urgence. Quels sont vos objectifs ? Jacques de Boisséson : Quand je suis arrivé en Chine, il y avait déjà une action dans le domaine de la médecine d’urgence lancée au moment de l’épidémie du SRAS, les contacts avaient été pris avec Wu Yi (alors en charge du Comité de salut public) et la municipalité de Pékin. Nous les avons aidés à entrer en relation avec des experts français de la médecine d’urgence. Nous avons obtenu un feu vert de la municipalité pour une coopération tripartite (Bureau santé de la ville de Pékin qui gère le centre d’urgence 120, Ambassade de France et Total) dans le domaine de la médecine d’urgence. Cette coopération a fonctionné en trois étapes : organisation de deux grands colloques, puis formation de 30 médecins chinois dans des Samu parisiens et enfin choix comme lieu référent pour la médecine d’urgence de l’hôpital d’Anzhen à Pékin. Il est prévu de créer à terme une formation à la médecine d’urgence qui débouche sur un double diplôme. De plus, de façon ponctuelle, la municipalité de Pékin a demandé que nous financions une formation accélérée pour tous les médecins d’urgence intervenant pour les JO. Cette coopération tripartie est d’autant plus importante qu’elle a permis que Pékin choisisse la conception française de la médecine d’urgence. Celle-ci privilégie l’envoi sur place d’un véhicule médicalisé et de médecins qualifiés en cas d’accident pour prendre, en connaissance de cause, la décision de dispatcher dans les meilleures conditions les victimes – alors que que l’alternative dite « américaine » cherche à gagner du temps en envoyant immédiatement et systématiquement les victimes dans un centre de soins

C. : Quels autres programmes soutenez-vous ? J. de B. : Outre ce programme, nous avons des actions diverses en matière de santé : signature avec l’institut Pasteur pour sponsoriser des recherches pour soigner l’hépatite ; organisation de cours de premier secours dans les écoles y compris, à partir de l’année prochaine, dans des écoles de migrants avec le Beijing Center for Disease Control and Prevention (CDC) ; sensibilisation dans nos équipes à la lutte contre la discrimination à l’embauche avec l’aide de la Fondation chinoise pour le contrôle et la prévention de l’hépatite.

C.: Pourquoi avoir choisi de soutenir la santé en Chine ? J. de B. : Total est présent dans plus de 130 pays et nous sommes souvent confrontés à des questions de santé. Nous travaillons la plupart du temps dans des environnements difficiles. Nous pratiquons un métier potentiellement dangereux qui nous expose à des accidents. Cela sensibilise particulièrement nos équipes à la nécessité de soutenir la médecine d’urgence. De plus, nous avons besoin de travailler en relation étroite avec les communautés où nous nous installons. Quand nous débarquons sur un site, nous allons à la rencontre des populations locales. La question de la santé est celle qui revient

le plus souvent. Propos recueillis par Anne Garrigue

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pékinoises

L’urgence coûte cher

很高的急救费用

Connexions / mai-juin 2008 67



SANTE 医疗卫生

2004年起,法国驻华大使馆、道达尔以及北京市卫生局在急救医疗方面开展了合作。道达尔已 出资150万欧元,资助30名中国急救医生到法国接受培训。

下午三时,在北京友谊医院的急诊室 里坐满了等着看病的老年患者,他们大多数 得的是心血管疾病或肺病。急诊室设施现 代,房间整洁,气氛平静。每天大约有200— 300名病人在有50张床位的观察病房,5张床 位的急救病房以及32张床位的重症病房和 住院病房接受治疗。 张斌医生来到接待处,在把我带到休 息室会谈之前,用流利的法语作了自我介 绍。旁边几名正在玩扑克的护士听到她们的 同事用法语说话,忍不住笑了出来。张医生 今年34岁,在武汉大学医学院学习了5年全科 医学,来友谊医院前他又进行了2年进修。 2001年他开始在急诊科工作,2005年 被北京市卫生局选出作为法国94省紧急医 疗援助服务中心的交换医生在巴黎的Henri Mondor医院实习了1年,并学习了6个月的法 语。 医疗记录的重要性 张医生解释说: “法国和中国的医疗体 系完全不同,我在法国接受了医疗技术如输 液或气管插管法方面的培训,但让我印象最 深的是对医疗记录的重视”。回国后,张斌

© Imagine China

法国紧急医疗援助服务助北京同行一臂之力

积极参与改进医疗记录的工作,因为在急诊 治疗中,分秒必争。 “以前接诊的护士只是负 责手续方面的登记,由医生进行第一次的常 规检查。现在,我们的护士是按照法国式的 医疗记录培训的,她们直接进行最简单的诊 断,如测量血压、脉搏。这很重要,因为这样 做可以为医生争取一些宝贵时间。 在友谊医院急诊科的28名医生和100多 名护士中,一些人在巴黎的Hôtel-Dieu医院 接受过短期培训,但只有张医生说法语,这

便于友谊医院与法国培训人员的联系。 “我 认为,我们的急诊服务与法国的急诊服务在 设备上水平相差无几,但中国在培训方面做 的还远远不够。”张医生总结说。 这也是道达尔中国的医学顾问及项目跟 踪负责人福海医生的看法。 “我们愿意进一 步加强长期的努力,所以我们在去年11月与 法国驻华大使馆、北京卫生局签订了合作意 向书,拟在北京建立一个中法急救医学专业 培训中心。

专访道达尔集团驻华总代表 《联结》:为什么选择支持中国的公共卫 生事业? 戴杰:道达尔的业务遍及130多个国家,我 们在工作中经常会碰到健康卫生问题。我们 大部分时间都在艰苦的环境里工作,从事着 一项有潜在危险的职业,它使我们暴露在事 故之下。因此,公司领导层对支持急救医疗 服务的必要性非常重视。另外,我们需要与 工作所在场所的不同团体紧密协作。当我们 到达一个作业地点时,我们就要与当地的民 众打交道。卫生问题是最常涉及的问题。 《联结》:道达尔集团赞助了一个重要的 急救医疗合作项目,你们的目标是什么? 戴杰:当我刚到中国的时候,道达尔已经在 非典时期发起了一项关于急救医疗方面的

行动,当时我们与原卫生部部长吴仪和北京 市政府进行了接触,我们帮助他们与法国的 急救医疗专家建立了联系。我们得到了北京 市政府对急救医疗三方合作的认可, (三方 包括管理120急救中心的北京市卫生局、法 国驻华大使馆和道达尔集团)。这一合作分 三阶段进行:组织两次大型急救与灾害医 学论坛;在巴黎的紧急医疗援助服务中心( SAMU)培训30名中国急救医生;选择北京 安贞医院作为中法急救医疗合作的定点医 院。这一合作创立了授予双重学历的急救医 疗定期培训。此外,北京市政府要求我们为 北京奥运急救医生的速成培训提供资金。 急救医疗的三方合作其重要性在于使北京市 选择了法国的急救医疗哲学——首先向事故 现场派出配备医疗设施的急救车和有急救

资格的医生,在了解事故原因的情况下决定 将伤者送到医疗条件最适合的医院,而不是 美国式的为争取时间立刻按部就班地将伤 者送到一个医疗中心。 《联 结》:你们 在 支持中国公共卫 生 方 面还做了哪些事情? 戴杰:除了急救医疗方面的旗舰项目外,我 们还积极参与了一系列有关卫生方面的活 动:与巴斯德研究所签订协议,赞助治疗病 毒性肝炎的研究;从明年起,与北京市疾病 预防控制中心合作,在北京市的中学里开展 基础急救技能培训;在中国肝炎防治基金会 的协助下,为消除在招聘中对乙肝患者的歧 视引起本公司领导层的重视。

Connexions / mai-juin 2008 69


DOSSIER

专栏

Et si vous essayiez la médecine traditio

Les aiguilles de l’acupuncture, la pharmacopée chinoise, les ventouses, autant de moyens pour retrouver l’équilibre.

Diplômée de la Fédération Nationale de Médecine Traditionnelle Chinoise (FNMTC, France), Sylvie Hu, acupunctrice, vit à Pékin depuis huit ans. 毕业于法国传统中医学院 的针灸医生胡女士 已在北京生活了8年。

70

Connexions / mai-juin 2008

U

n des attraits d’un séjour en Chine est d’avoir accès à la médecine traditionnelle chinoise. Celle-ci a une philosophie très différente de la médecine occidentale. Basée sur une approche énergétique et globale de l’être humain, elle privilégie la recherche de l’équilibre et la prévention, sans dissocier bien-être physique et psychique. Cette médecine est liée à un système philosophique qui considère l’homme, situé entre le ciel et la terre, comme un modèle réduit, dans sa structure et son fonctionnement, des forces et des éléments présents dans l’univers. L’idée centrale est que l’homme tend vers l’équilibre énergétique. Diététique et exercices de santé tels que Qi Gong et Tai Ji Quan contribuent à prévenir tout déséquilibre. A contrario, la maladie est le résultat d’un déséquilibre, manifestant

une perturbation physique et psychique. La médecine traditionnelle chinoise recouvre trois domaines distincts : l’acupuncture et la moxibustion ; les massages et les manipulations articulaires; l’utilisation de produits naturels (plantes, produits animaux ou minéraux) qui constituent la pharmacopée chinoise. Le diagnostic s’appuie sur l’interrogatoire, l’observation, l’écoute et la palpation. Selon l’état du patient, la dose et la composition de la prescription varie, le traitement étant basé sur l’individu et non sur la maladie. Conservée au Japon, métissée en Chine Née dans l’Empire du milieu, cette médecine a été exportée en Asie, puis en Occident. Elle s’est alors nourrie d’autres médecines contemporaines comme l’ostéopathie ou l’homéopathie. Elle a été


SANTE 医疗卫生

onnelle chinoise ?

© Imagine China

Les carnets de Sylvie Hu

调节机体平衡的方式有针灸、服中药、拔罐等

conservée au Japon de façon très stricte. En Chine continentale, par contre, elle a beaucoup évolué et s’est fortement métissée de médecine moderne occidentale. « Pour apprécier cette médecine, il faut la comprendre de l’intérieur, sans la sortir de son contexte. Plus que par la statistique, l’efficience de cette médecine doit être mesurée par ses propres critères : un pouls rétabli, un équilibre retrouvé et des symptômes qui disparaissent » explique Sylvie Hu, qui remarque que, pour traiter leurs patients, les Chinois utilisent surtout les plantes et réservent l‘acupuncture, dont l’enseignement est moins poussé, pour le traitement de la douleur mécanique. « En France par contre l’acupuncture, introduite dans les années vingt par Soulier de Morant, est utilisée de manière beaucoup plus large, car les

•••

Les conseils

Les bonnes adresses

• Ne pas boire d’eau froide.

A Shanghai

Boire comme les Chinois de l’eau

• Li Xin du Shanghai Insight

bouillie ou du thé. Cela évite

Ancient Chinese Medecine

les problèmes d’estomac. Le

Training Center 21 51 11 20 61

thé chaud active la circulation

sakuku@126.com

sanguine. L’été, boire plutôt du

A Pékin

thé vert, l’hiver du thé noir, du

• Dr Wang : massage et

thé oolong ou du thé au jasmin

physiothérapie : 13 00 1122340

qui ont une qualité énergétique

• Dr. Yang Yi : massage et

chaude.

physiothérapie (langue chinoise)

• Dans les régions sèches,

139 013 99 801

notamment à Pékin, quand,

• Beijing Yuyuan Tang Clinic of

dès la mi-août, commence

traditionnal chinese medicine

l’automne, lutter contre

(tous traitements) Dr Xu, Dr Liu Jie

la sècheresse - il fait très

(massage et physiothérapie) 010

sec avec seulement 20%

87 32 74 55 gogendo@longtou.

d’humidité contre 60%

net

dans nos contrées – en vous

• Sylvie Hu : 86 10 64 32 39

équipant impérativement

78 (Initiation à la médecine

d’humidificateurs.

traditionnelle chinoise dans le

• Pour combattre le froid, boire

cadre de Pékin Accueil). Membre

un verre d’eau avec une tranche

également de l’Association

de ginseng qui réchauffe

Dorje et d’Acupuncture Sans

l’estomac.

Frontières (aide humanitaire

• Ne pas hésiter à avoir recours

dans le domaine médical en

régulièrement à des massages

Chine). Contact Association Dorje

de pied pour garder un bon

et ASF : 10 64 10 53 97, sylvie@

équilibre.

dorjenet.org

• Faire des exercices. Selon

Dans toute la Chine

la médecine chinoise

• Soyez vigilants quand vous

traditionnelle, toutes

achetez des médicaments

les maladies – sauf les

de médecine traditionnelle

traumatismes – sont dues à

chinoise : certaines marques

un excès ou une insuffisance

n’indiquent pas tous les

en qualité et en quantité de

ingrédients. Il arrive en

fatigues ou de nourritures.

effet que ces médicaments

Alterner les positions quand

contiennent, en plus des

vous bougez. Diversifier votre

plantes chinoises, des

alimentation. En vous inspirant

substances chimiques telles que

de la cuisine chinoise, mélanger

décongestionnants, somnifères

l’acide, le salé et le pimenté.

ou antibiotiques, qui ne sont

Manger en fonction des saisons

pas signalés dans l’emballage.

plus amer et frais en été, plus

Préférez des marques reconnues.

gras et salé en hiver. Connexions / mai-juin 2008 71


DOSSIER

专栏

Touristes ou expatriés,

Les Chinois réservent l’acupuncture au traitement des douleurs mécaniques 中国把针灸作为治疗机体疼痛的方法。

praticiens ne peuvent pas recou••• rir à la pharmacopée chinoise : on traite par l’acupuncture beaucoup de troubles fonctionnels, de la dépression aux troubles digestifs. » On compte 7 fois moins d’hôpitaux de médecine traditionnelle que d’hôpitaux modernes et le rapport du nombre d’étudiants est de 1 à 50. Ce renversement au profit de la médecine moderne s’est opéré en 50 ans. La médecine moderne étant plus lucrative, elle attire davantage de praticiens. La tendance est de marier les deux médecines pour gagner en efficacité. Le gouvernement espère ainsi faire de la MCT une véritable industrie et un pilier du système de soin. Mais le risque est, selon certains, de perdre l’essence de la démarche préventive et holistique de la MCT. Propos recueillis par Anne Garrigue

72

Connexions / mai-juin 2008

Point par point, les conseils du docteur Benoît Raeckelboom, médecin de l’ambassade de France en Chine.

Prendre le pouls est un élément essentiel du diagnostic en médecine chinoise 号脉是中医诊断的基本方式

A

vant le départ, s’assurer d’être à jour des vaccinations du calendrier vaccinal français. Par précaution, ajouter : l’hépatite A et B, Typhim VI (contre la typhoïde), la rage en cas de séjour hors des grandes villes ou pour les enfants entourés d’animaux domestiques. Penser également à la grippe en saison. Les risques environnementaux A Pékin, on constate de nombreuses pathologies sur les voies aériennes supérieures, et une fréquence des allergies. La capitale chinoise au climat sec est très poussiéreuse. En outre, on y recense une multitude de chantiers en cours et un nombre croissant de voitures, et l’énergie électrique y est encore en grande partie produite à partir du charbon (une pollution accrue en hiver


SANTE 医疗卫生

les conseils santé avec l’utilisation du chauffage). Conseils : bien boire pour favoriser l’hydratation des muqueuses exposées.

Combien coûte une assurance privée ?

cament désiré. Les contrefaçons seront évitées en choisissant une pharmacie ayant une bonne visibilité, dans une zone commerciale (« Mall ») de préférence.

Les risques alimentaires Même si la qualité s’est bien améliorée avec la mise en place de nombreux contrô- La fiabilité des examens les, l’eau du robinet est déconseillée à la paramédicaux consommation. En effet, de nombreuses Les grands hôpitaux chinois disposent en conduites d’eau potable sont vieilles ou en général d’un équipement médical de bon mauvais état dans les immeubles, ce qui niveau, car récent. Les machines de scancontribue à charger l’eau en ner-CT, IRM sont en général plus matériaux divers. Le chauffage disponibles et accessibles qu’en de cette eau n’est donc pas suf- « Les grands France, et les images produites fisant pour la rendre potable. hôpitaux chinois sont de qualité similaire, parfois Considérant l’alimentation, les même meilleure. disposent en fruits et légumes sont à laver Concernant les examens biologisoigneusement avant leur général d’un ques, l’usage du matériel à usage consommation, de même que équipement unique est répandu dans les villes viandes et les poissons. De les. Les laboratoires sont eux aussi médical de bon nombreux magasins vendent équipés correctement pour les des conserves et des produits niveau, car récent. » examens biologiques courants. déshydratés de bonne qualité. Dr Benoît Les préoccupations gynécoUne fois arrivés à la maison, Raeckelboom pédiatriques ces produits peuvent être mal conservés par le réfrigérateur. Sa température est donc à surveiller régulièrement et il n’est pas à surcharger. La trousse de secours Une liste type non exhaustive, d’automédication familiale : SPASFON®, EFFERALGAN®, SMECTA®, BIAFINE®, JELONET®, ZYRTEC®, VOLTARENE gel®, VENTOLINE®, DACRYOSERUM®, COALGAN®, CHLORHEXIDINE®, Pansements doigts/ mains de tailles diverses, Bandes nylon, compresses… Il faut penser également, pour les personnes sous traitement au long cours, à avoir toujours des boîtes de traitement d’avance (au moins 2 mois), et de faire le renouvellement en temps utile. Il est possible de trouver bon nombre de médicaments d’usage courant (paracétamol, aspirine…) dans les pharmacies chinoises. Il est préférable d’y aller avec un sinisant pour être sûr d’avoir le médi-

Les prises en charge gynécologiques et pédiatriques classiques en Chine peuvent sembler déroutantes aux yeux de patients occidentaux. En effet, il y a énormément de patients dans ces hôpitaux et il peut se développer un sentiment de perte de l’intimité. C’est pourquoi, les patients disposant d’assurances leur préfèrent les hôpitaux internationaux, plus tranquilles. Cependant, ces derniers ne pouvant disposer à plein temps de spécialistes renommés, ou de services de pointes, font appels à eux… dans les hôpitaux chinois classiques. En cas d’urgence au domicile Les médecins et ambulances d’urgence sont joignables en téléphonant au « 999 » ou au « 120 ». L’offre de soin reste encore très inégale d’une équipe à l’autre, mais depuis quelques années, une très nette amélioration a été observée.

Une assurance 100% hospitalisation et évacuation pour quelqu’un de 20 à 30 ans peut coûter à partir de 800 dollars par an et par personne, soit environ 5 000 Rmb par an. L’assurance médicale privée est liée à l’âge. Aujourd’hui, un couple de 3035 ans, avec hospitalisation et évacuation prises en charge à 100%, peut être assuré pour environ 2 500 US par an, s’il veut une assurance totale à 100% (maternité, dentaire…), le coût peut s’élever jusqu’ à 8 000 US dollars par an. Une assurance qui prend en charge la maternité — au bout d’un an minimum —, c’est au moins 2 500 dollars par an par personne.

Couverture maladie En Chine, votre couverture française reste valable les 3 premiers mois. Si vous vous installez, sachez qu’il n’existe pas de convention avec la France. Les salariés expatriés perdent le bénéfice de la Sécurité Sociale française. Une adhésion à une caisse d’assurance maladie doit être envisagée ainsi que l’affiliation à une assurance complémentaire pour compléter la couverture.

Attention!

Clause de renouvellement Les contrats assurances médicales privées chinoises sont le plus souvent renouvelables annuellement. Il arrive en cas de maladie grave, que la police ne soit pas renouvelée ou que la prime devienne beaucoup plus élevée.

•••

Connexions / mai-juin 2008 73


DOSSIER

专栏

En Chine, la prévention est encouragée et la pratique d’un art martial en fait partie.

••• Le « 120 » compte parmi ses méde-

cins des gens qui ont participé à un programme de formation dans les services d’urgence français, grâce à un partenariat avec le Groupe Total et l’Ambassade de France. Ce sont ces équipes qui se chargent de l’aiguillage du patient en fonction de la pathologie présentée. La consultation d’urgence En cas de maladie nécessitant un avis médical urgent, plusieurs choix s’offrent au patient : consulter dans un hôpital chinois classique ou dans une clinique privée internationale. Il n’y a pas vraiment de conseil à donner 74

Connexions / mai-juin 2008

中国鼓励预防疾病,练习太极拳就是健身防病的方法之一。

sur que choisir entre ces deux solutions. Les soins seront plus personnalisés (chambre individuelle, personnel anglophone) dans les clinique privées, mais aussi beaucoup plus chers. On assiste cependant à Pékin, avec l’approche des Jeux Olympiques, à l’ouverture de « pavillons VIP » dans de nombreux hôpitaux chinois classiques. Ceux-ci permettent de bénéficier à la fois de standards occidentalisés, associés aux plateaux techniques importants de ces hôpitaux. Psychologie et psychiatrie Il n’y a pas de psychiatre francophone à Pékin. De rares psychiatres anglophones viennent faire des séjours plus ou moins

longs dans la capitale, ce qui ne permet pas de mettre en place un suivi correct de la maladie psychiatrique. Les cliniques internationales disposent en revanche de psychologues anglophones pouvant gérer les difficultés psychologiques simples de stress, angoisses, dépression. Ceci pousse à dire que la Chine n’est pas encore adaptée pour les patients présentant un trouble psychiatrique, nécessitant un suivi régulier, et nombreuses sont les situations ou les ressortissants sont retrouvés errant, par décompensation de leur situation due à l’expatriation. Benoît Raeckelboom


SANTE 医疗卫生

Le témoignage des proches d’un accidenté

« Ne pas s’assurer, c’est de la folie »

L’hospitalisation ne correspond pas toujours à nos standards. 中国的住院条件与法国有差距。

Le 15 mars à 23h, Xavier Tondusson, 31 ans, qui travaille en Chine depuis 9 ans, tombe dans les escaliers du Kerry Center à Pékin. Gravement touché au front, il est transféré imconscient au Tiantan Hopistal où il est immédiatement opéré.

F

rançois Tondusson, son père, arrivé sur place le surlendemain de l’accident a choisi de témoigner. Les événements ont suivi un cours normal dans de telles circonstances. Après la chute et la perte de conscience de Xavier, le directeur du Kerry Center a immédiatement appelé les secours et cherché à prévenir ses proches. C’est un collaborateur de Xavier qui a été le premier à répondre. Il s’est aussitôt rendu au Beijing Family Hospital où l’ambulance avait d’abord conduit le blessé, puis au Tiantan Hospital, un des

plus prestigieux hôpitaux de la capitale, specialisé en neurochirurgie. François Tondusson insiste : « il est indispensable d’avoir de l’argent disponible dans ces moments-là. Pour le transport en ambulance l’adjoint de mon fils a dû immédiatement débourser 2 000 Rmb. Son admission et son opération ont eu lieu sans attendre le paiement de la somme de 35 000 Rmb. C’est la fiancée de Xavier qui s’en est acquittée ensuite. » Lourde intervention chirugicale, qui dure plus de 5 heures. Puis « une réalité assez éloignée de celle à laquelle nous sommes habitués », avoue M. Tondusson. « Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, Xavier était alité dans une salle commune, ouverte aux quatre vents, au milieu d’autres malades. C’était dur. Pourtant nous avons vécu plusieurs années en Chine, nous étions préparés psychologiquement et nous savions bien que cette

hospitalisation ne correspondrait pas à nos standards. Mais ça nous a fait un choc de le voir là, sans précautions hygiéniques et sanitaires particulières.» M. Tondusson soupire « heureusement que Xavier avait une bonne assurance… Ne pas s’assurer, c’est de la folie. Quand je pense à tous ces jeunes qui viennent ici en stage ou pour travailler sans aucune précaution…». « La Chine est un pays à risque sanitaire, confirme Patrick-Marie Herbet, courtier international, spécialisé en assurances médicales (Abacare), l’assureur de Xavier Tondusson. A cela s’ajoute des problèmes de langues. ». Il ajoute : « Il faut être bien conscient que, quand on s’expatrie, on n’est plus protégé. Sans assurances médicales, en cas d’accident, on est envoyé vers un hôpital chinois où l’on devra payer pour avoir simplement la possibilité d’être soigné. Si on est orienté vers un hôpital pour étranger, cela peut devenir extrêmement cher. Si on ne peut pas payer, on sera expulsé ou l’hôpital refusera simplement l’admission. » Il est recommandé de s’assurer personnellement si l’on ne travaille pas pour une grande société qui a un contrat de groupe. Patrick-Marie Herbet conseille fortement d’éviter les assurances médicales renouvelées annuellement, très courantes en Chine. « Si une maladie grave survient, ils peuvent ne pas renouveler le contrat ou augmenter à leur souhait la prime pour la rendre inabordable. S’assurer qu’ils ne vont pas annuler ou renchérir la police d’assurance en cas de problème grave est beaucoup plus important que de vérifier si l’assurance couvre ou, non les lunettes ou l’orthodontie. Posez les bonnes questions avant de prendre un produit d’assurance et demander des réponses écrites de l’assureur, si besoin est. Une assurance peut couvrir tous les frais, même les petites dépenses, mais son rôle le plus important est de vous couvrir ainsi que votre famille pour les accidents très graves, les maladies prolongées et l’urgence, quand la vie est en danger. » AG et SL

http://saveprivatexavier.blogspot.com

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姊妹省份RÉGIONS JUMELLES

Hunan, le centre va de l’avant Située au Sud-Est de la Chine, le Hunan est une province de l’intérieur dont l’économie reste dominée par l’agriculture. Mais, Changsha, la capitale provinciale où se concentre l’industrie, connaît un développement rapide et la province, qui présente de nombreux avantages économiques, affiche une croissance de 14,4%, supérieure à la moyenne nationale. Par la Mission économique de Canton

L

e Hunan est une province du centre de la Chine dont la plus grande partie du territoire se situe au sud du lac Dongting, d’où le nom de la province qui signife littéralement “au sud du lac” en chinois. Son climat doux et humide est particulièrement favorable à l’agriculture qui représente une part importante de l’économie provinciale. La production céréalière du Hunan joue un rôle essentiel en Chine. Le riz y est particulièrement abondant (29 millions de tonnes en 2006), viennent ensuite, le maïs, le blé, la patate douce, le soja, le chanvre, le coton, l’arachide, le tabac, la canne à sucre, les oranges, le thé et les oléagineux dont la production est égale à la moitié de la production nationale. Chaque année, deux grands salons marquent les temps forts de l’industrie agro-alimentaire : en octobre, le China International Food Exhibition (CIFE) à Changsha et, en novembre, le Hunan International Agriculture Fair China. La mission économique de Canton a organisé le premier pavillon étranger specialisé sur la promotion des vins français sur le salon CIFE en 2006. D’abondantes ressources minières Le Hunan possède également d’importantes ressources minières surtout au niveau des minerais non ferreux. La province est ainsi le première réserve mondiale d’antimoine, une grande réserve de plomb, de zinc, de tungstène et recèle près de trois milliards de tonnes de réserves de charbon. 76

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Sur l’axe nord-sud Sa position géographique centrale fait du Hunan un noeud de communication important, tant sur le plan ferroviaire (pas moins de six lignes nationales) que sur le plan routier. La vallée du Xiang Jiang où se situe Changsha est traversée par l’autoroute reliant Pékin à Zhuhai. Elles est aussi sur le trajet de la future ligne de train à grande vitesse Wuhan-Canton ce qui devrait favoriser le développement de la province et en particulier de sa capitale. L’autoroute Litan, achevée fin 2007, facilite dorénavant la circulation dans la zone économique du Changzhutan qui compte 13,1 millions d’habitants et affi-

Pékin Shanghai Changsha

Le Hunan en chiffres Population : 68 millions d’habitants Superficie : 210 000 km2 Densité : 319 hab./km2 PIB : 915 Milliards de Rmb en 2007 PIB par habitant : 12 294 Rmb en 2007

che un PIB de 281 milliards de Rmb. Sa proximité avec la province du Guangdong permet en outre de rallier Hong Kong en une journée. Enfin, la province est desservie par cinq aéroports. Une province en “phase de rattrapage” Le Hunan se situe au 20 e rang (sur 31 régions en Chine) pour le PIB par habitant, avec un revenu per capita de 12 294 Rmb en 2007 et a enregistré une taux de croissance de 14,4% en 2007, supérieur au rythme national (11,4%). Malgré un PIB faible, la consommation est dynamique. Le marché a attire plusieurs groupes de distribution et de grands magasins comme Wangfujing, Heiwado du Japon, Bailian de Shanghai entre autres, et des supermarchés étrangers, Carrefour, Metro ou Wall-mart. Le groupe local Bubugao détient la première chaine de supermarchés du Hunan et de la province voisine du Jiangxi. Le Hunan qui possède un fort potentiel touristique naturel (avec ses parcs nationaux de Zhangjiajie et de Tianmenshan) et historique (Shaoshan est la ville natale de Mao) mène une promotion active de ses atouts. La province a ainsi accueilli, en 2007, 91 millions de visiteurs, dont 970 000 étrangers, représentant une recette de 73,3 milliards de Rmb. Par ailleurs, Hunan Sattelite TV Station est un des medias télé les plus connus en Chine. Parmi ses programmes les plus populaires, le « SuperGirl » a gagné 300 millions de Rmb en 2006. HNSTV a éga-


© Imagine China

HUNAN 湖南

Hunan Hengsteel Group est une des 3 plus grandes entreprises chinoises de métallurgie sans soudure.

湖南衡钢是生产无缝钢管的三大冶金

企业之一。

lement produit une série en France dont les scènes d’extérieur ont été tournées en Provence. Quatre entreprises du Hunan dans le top 500 chinois Hunan Valin Iron and Steel Group, Changde Cigarette Factory, Hunan Construction engineering group et Torch automobile Group Co, Ltd sont sans conteste les fleurons de l’industrie locale. Mais, le Hunan compte aussi plusieurs entreprises importantes dans le secteur des biens d’équipement, l’industrie des métaux, l’exploitation des minerais, la pharmacie, l’industrie agro-alimentaire, les tabacs et le textile. Le Hunan veut en outre accélérer son industrialisation en misant sur la faiblesse des coûts de production pour attirer des entreprises implantées dans les zones côtières voisines. Plusieurs parcs importants ont été crées à cet effet. Le parc

industriel européen, situé à Zhuzhou et dont l’activité est ciblée sur l’électronique et l ’ industrie pha rmaceutique, est notamment une priorité des autorités provinciales qui veulent y attirer des investisseurs européens. Le poids encore limité des relations extérieures Les échanges commerciaux ont atteint 9,7 milliards USD en 2007. Les exportations principalement constituées par les resources minérales, l’agro-alimentaire, le textile, l’habillement et les équipements électro-mécaniques ont représenté 6,52 milliards USD en 2007. Les importations, elles (essentiellement des matières premières, des pieces de rechanges et des biens d’équipements NTIC) se sont élevées à 3,17 milliards d’USD à la même période. Les principaux investisseurs étrangers sont Siemens, Electrolux Mitsubishi

Electric, Heiwado, LG Philips, Bosch, Motorola, Pepsi-cola et Coca-cola, HEG, Kymco et Mittal Steel. Les échanges commerciaux entre le Hunan et l’Union Européenne restent faibles (0,77 milliards d’USD pour les importations et 1,3 milliard d’USD pour les exportations) mais ont enregistré une forte croissance en 2007, respectivement + 60,2% d’ importations et +51,3% d’exportations. Une présence française encore très réduite Hormis Schlumberger et Valeo qui y ont délocalisé des unités de production, CMA CGM qui y a ouvert un bureau de représentation et l’enseigne Carrefour deux hypermarchés, peu d’implantations françaises sont encore recensées dans le Hunan. Une tendance qui devrait changer assez vite devant les efforts et les bons résultats affichés.

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姊妹省份RÉGIONS JUMELLES Pour Limagrain la croissance passe par le Hunan Dans un centre de recherche de Changsha, le professeur Yuan Longping, Directeur général du China National Hybrid Rice Research and Development Centre, surveille la croissance d’un riz « super hybride». 国家杂交水稻工程技 术研究中心主任 袁隆平教授 在长沙视察超级 杂交水稻的生长

© Imagine China

情况。

L

e groupe coopératif agricole Limagrain a noué en juillet dernier un partenariat stratégique dans le domaine de la recherche et de la commercialisation avec la société Xindaxin, actionnaire de référence du leader chinois du riz hybride, Yuan Longping High-Tech Agriculture (LPHT). Présent en Chine depuis 1997, Limagrain espère ainsi accélérer son développement et poursuit son effort de recherche déjà fortement soutenu par les accords que le groupe français a noué avec des institutions publiques chinoises et des sociétés privées dans les domaines de la bio78

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technologie végétale et de la pathologie. Avec ce nouvel accord, Limagrain, via sa filiale Vilmorin, détient 46% des parts de sa joint-venture contrôlant la compagnie LPHT basée à Changsha qui réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros, en partie grâce à la diversification de ses activités semences avec le blé, le maïs et les potagères. Cet accord fait suite à plusieurs rencontres entre les deux parties. Pierre Pagesse, président de Limagrain, est venu en Chine et une délégation de LPHT conduite par Xingxing Wu (la représentante de l’actionnaire principal) a été reçue en Auver-

gne et en Anjou, en novembre dernier. Limagrain agit depuis son arrivée en Chine à travers ses nombreuses filiales et agents commerciaux, aussi bien dans le domaine des semences de grandes cultures (Shanxi Limagrain R&D specialty crops Ltd) que dans celui des semences potagères (Clause Tézier, Harris Moran,Hazera,MikadoKyowa, Marco Polo, Nickerson-Zwaan, Vilmorin...). Ce nouveau partenariat se traduit par une large coopération. Au-delà des échanges en R&D et d’accords commerciaux, Limagrain apporte son concours à LPHT en détachant au sein de l’organisation un cadre dirigeant, Augustin Thieffry, qui a pris la fonction de Directeur Général Adjoint, en charge d’accélérer le développement de LPHT, notamment à l’international, un autre, Alain Bonjean, au niveau scientifique pour accélerer le développement de sa recherche ainsi que d’autres chercheurs, un responsable financier, Mme Zhang Elyn, et divers conseillers dans d’autres domaines (contrôle qualité de la semences, potagères, etc…). S.L.


HUNAN 湖南 Valeo à Loudi, proche des clients et des fournisseurs

D

epuis son arrivée sur le marché en 1994, Valeo a connu une forte croissance en Chine. Avec quinze implantations réparties dans six provinces et plus de 4000 employés, l’équipementier automobile compte parmi ses clients les plus grands constructeurs de véhicules de tourisme et de camions présents en Chine. Dans sa vaste gamme de systèmes et composants automobiles (systèmes d’éclairage, démarreurs et alternateurs, systèmes d’essuyage, systèmes de sécurité, systèmes de chauffage et climatisation, systèmes de transmissions et de contrôle moteur moteurs et actionneurs, et commutateur), Valeo compte depuis 2000 une activité compresseurs à Loudi, dans le Hunan. Christian Marsais, Valeo vice-président Chine précise la place de cette activité au sein du groupe : « Le compresseur est un composant technique majeur de la boucle de réfrigération qui permet de climatiser

les véhicules, les systèmes de climatisation étant également une activité importante de Valeo ». Une heureuse conjoncture est à l’origine de la présence du géant français de l’équipement dans la province chinoise du centre. « C’est à l’issue d’un partenariat constitué au Japon avec Bosch, que Valeo est devenu actionnaire partenaire de Huada Automotive Air conditioner Zexel International, dans laquelle Valeo Thermal Systems Japon détient à l’heure actuelle une part de 30 %. », dit Christian Marsais. Cette usine de fabrication de compresseurs, créée en 1997 et née de l’alliance entre Zexel compresseurs (le partenaire principal local rattaché au Gouvernement de la province du Hunan) ainsi que de deux partenaires japonais, dispose d’un atout de taille : sa proximité stratégique avec ses clients et ses fournisseurs. Pour Christian

Marsais « la localisation de cette usine permet de servir une majorité de clients situés dans le sud et le sud-est du pays et, par ailleurs, elle bénéficie de la présence dans la province et à distance raisonnable d’une base de fournisseurs se rapportant à des composants principaux du compresseurs, comme les pièces en aluminium moulées sous pression » — le Hunan est en effet uns des grands centres de production métallurgique de Chine. Huada Automotive Air Conditioner Zexel International, spécialisée dans la fabrication de compresseurs à cylindrée fixe, compte actuellement 147 employés et s’adresse particulièrement au marché chinois des véhicules utilitaires légers et des camions. L’entreprise a connu une croissance rapide de son chiffre d’affaires depuis sa création et bien que le marché soit très concurrentiel, cette activité devrait, par sa spécialisation, continuer de bénéficier de la forte croissance du segment véhicules industriels (lequel se situe à environ 20% par an). S.L.

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© DR

姊妹省份RÉGIONS JUMELLES

La réserve naturelle de Zhangjiajie est inscrite au patrimoine modial de l’humanité.

Tourisme en trois couleurs dans le Hunan Blanc comme le riz : depuis les Ming, le fertile Hunan est le grenier du Nord aride. La population y reste largement agricole. Rouge comme le berceau de la Chine communiste. Mao Zedong est né dans un village proche de Changsha, et dans les années 1920, le Parti communiste chinois y prit racine et s’y développa pour transformer le cours de l’histoire du pays. Vert comme un rendez-vous de plus en plus prisé des touristes : couvert de forêts et montagneux, le Hunan abrite quelques groupes de minorités, dont les Miaos et les Tuija. Inscrits au patrimoine mondial de l’humanité, ses paysages exceptionnels de pics karstiques sont protégés grâce à la présence de deux parcs nationaux. 80

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张家界自然保护区被联合国教科文组织列为世界自然遗产。

Omniprésence des figurines maoïstes Si vous êtes intéressés par l’histoire moderne chinoise, allez dans le Hunan pour avoir un aperçu des conditions sociales et de l’environnement rural qui servit de pivot au mouvement communiste chinois. Un nombre important de leaders communistes sont nés dans cette province, comme l’ancien président Mao Zedong. Aujourd’hui, Shaoshan, le village natal de Mao et Changsha, où il fit ses études, sont devenus des destinations populaires pour les touristes en quête de Mao Mania. A Shaoshan (à 180km de Changsha), vous visitez la maison de Mao, simple bâtisse traditionnelle du pays et le musée consacré à sa vie. A Changsha, les passionnés d’archéologie ont le plaisir de découvrir, en plus des musées consacrés à Mao, la superbe collection d’objets funéraires provenant des tombes Han de Mawangdui qui abritait la dépouille du marquis de Dai. Des réserves naturelles et karstiques exceptionnelles Outre ses illustres révolutionnaires, le


HUNAN 湖南 INFORMATIONS PRATIQUES : A l’intérieur du parc de Wulingyuan, le camping est interdit, mais des petites maisons d’hôtes très basiques se trouvent au village de Huangshi. Près des portes du parc se trouvent des hôtels de très bonne qualité : le Hunan Xiangdian International Hotel (744-5712999), le Hunan Pipaxi Hotel , courtyard traditionnel (744-5718888) ou le Best Western Premier Zhangjiajie (744-5669888). L’aéroport de Zhangjiajie situé à 33km du parc est desservi par un vol direct en provenance de Pékin, © DR

Shanghai et Hong Kong. Shaoshan. 韶山

Hunan est aussi le territoire de deux des plus populaires parcs nationaux chinois, les réserves naturelles de Zhangjiajie et de Wulingyuan. Depuis leur inscription en 1992 au patrimoine mondial de l’humanité (Unesco), des milliers de touristes, principalement chinois, viennent fouler les sentiers étroits et sinueux d’une forêt subtropicale humide d’où s’élancent vers le ciel, plus de 3 000 majestueux et puissants pitons de grès poli. Le spectacle de ce site karstique est exceptionnel et fantastique, plus beau encore que les peintures imaginées par les peintres chinois. Comme le site de Wulingyuan est vaste de 26 000 hectares, le parcours prend environ deux ou trois jours et couvre le parc forestier de Zhangjiajie, les réserves de Suoxiyu, de Tianzishan (Montagne de l’empereur) et de Yangjiajie. Un aménagement touristique réfléchi Nommé GeoParks mondial en 2004, le site de Wulingyuan a été aménagé avec le souci de préserver la faune et la flore des hordes du tourisme de masse qui mena-

çaient le site géologique. Le ticket d’entrée élevé (250 Rmb pour deux jours) en plus du coût des installations mécaniques (téléphériques, ascenseurs, véhicules pour accéder d’un site à l’autre, rafting… ) limite l’accès du parc à des privilégiés, qui peuvent vraiment bébéficier d’un paysage unique, comme les maîtres taoïstes qui habitaient ces lieux sauvages dans leurs cabanes au bord des précipices. Prendre le temps de saisir le spectacle Selon les voyageurs rencontrés, les ballades ne sont pas difficiles et valent la peine d’être parcourues sans emprunter de téléphériques. A chaque pause, le temps d’une photo pour mieux apprécier la grandeur, le silence et les murmures de la forêt baignée par une brume ouateuse. L’air et l’eau y sont parfaitement clairs et purs. Il y a des sentiers bien définis, d’autres moins, qui permettent aux aventuriers de s’évader hors des sentiers battus. Choisissez votre parcours pour voir les principaux sites, comme le village de Huangshi, le pic de l’empereur Tianshi, le site de Yuangjiajie, mais évitez le chemin le long du

Canyon qui est ouvert à tous et assez fréquenté. Des villages des minorités Miao A 4 heures de route de Zhangjiajie, se trouve le village de Fenghuang, classé par l’Unesco, qui a su conserver toutes ses traditions centenaires depuis sa création en 666 sous la dynastie des Tang. Habité par la minorité des Miao, ce village paisible et charmant, fait de maisons de bois traditionnelles, s’appelle Phénix. Un détour incontournable, l’endroit est beau et totalement lumineux. Les couleurs d’automne y sont vraiment fabuleuses, des hôtels vous y accueillent et vous y trouvez un grand choix de produits artisanaux, de tableaux de la région… Tôt le matin, regardez les femmes du village qui se rassemblent sur les bords de la rivière Tuo pour laver leur linge tandis que leurs enfants s’en vont à l’école à travers les ruelles étroites du village. Arrêtezvous un instant à la maison de l’écrivain du début du siècle dernier, Shen Congwen. L’endroit est mystérieux, comme toute la région. Veronique d’Antras

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© S.Sauvignier/Michelin

姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES

布卢瓦老城

Le vieux Blois

法国中央大区-城堡之乡 每个人都能在法国中部的这片地区乐得其所:喜欢石头建筑和奢华城堡的人定会蜂 涌至尚博尔堡(Chambord)、瓦朗赛(Valençay)城堡和布卢瓦(Blois)城堡;热爱大自然的人 则会欣赏布雷讷地区(Brenne)和索洛涅地区(Sologne)凄美的风景;音乐迷们将会在布 尔日(Bourges)度过一个愉快的春季;最后,美食家们则会乐此不疲地探寻这片地区的 佳肴,拉伯雷(Rabelais)就曾在这里历练出自己灵敏的味觉。 “此时这里仿佛一片燃烧的金色海洋,好似映照出空中的火焰,仿佛一片稍有风吹草动便会翻滚的火浪。 这里只有麦田,既看不到一栋房屋,也望不见一棵树木,只有一望无际的麦浪!” ― 埃米尔·左拉(Emile Zola), 《大地》(La Terre)

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本专栏内容由米其林旅游出版公司提供


CENTRE 贝里的多彩时光

布卢瓦(Blois) 布卢瓦曾经是16世纪法国国王偏爱的居

布尔日(Bourges) PARIS

若想一览布尔日及其周边地区的风景,最 佳方式就是登上令人赞叹的圣埃蒂安大

中央大区

CENTRE 中央大区

住地,也是一桩凄惨凶杀案的舞台:当年, 亨利三世政治在这里奢华的景致中策划

教堂(cathédrale St-Etienne)的北塔顶。这

谋杀了他的对手吉兹(Guise)公爵。布卢瓦

座大教堂已经被列入联合国教科文组织

与昂布瓦斯同为国王喜爱,弗朗索瓦一世

的世界遗产名录,是一座杰出的哥特风格

曾经在这里举行奢侈、放纵的宴会。高大

建筑,大教堂外立面上几座雕刻精致的大

的白色布卢瓦城堡(château de Blois)矗立

门是这一风格的明显见证。教堂内部的彩

在卢瓦尔河畔,俯视着城内点缀着砖砌烟

绘大玻璃窗(12和13世纪)绚丽多彩,与

地区简介:

囱的淡蓝色屋顶。参观城堡时可以欣赏到

沙特尔(Chartres)大教堂的彩绘窗同是法

面积:39 151 平方公里 人口:2 505 000人 包括六个省:谢尔省(Cher)、厄 尔-卢瓦尔省(Eure-et-Loire)、安 德尔省(Indre)、安德尔-卢瓦尔省 (Indre-et-Loire)、卢瓦尔-谢尔省 (Loir-et-cher)、卢瓦雷省(Loiret) 旅游局网址: www.tourisme-bourgogne.com (网址的全 部内容均翻译为中 文)

不同风格的建筑:带连拱廊的火焰哥特

国最重要的教堂玻璃窗作品。圣埃蒂安大 教堂里面有一座天文钟,人们可以观察若 干小时以便搞清其复杂的机械构造。在大 教堂以北的老城区漫步令人心旷神怡。在 木筋墙面的房屋之间,雅克·科尔(Jacques Cœur)的气息犹在,这个著名的人物在查 理七世(Charles VII)统治时期曾经担任财政 官。以其名字命名的宫殿装饰丰富,是哥 特时期最奢华的世俗建筑之一。

博斯地区和奥尔良旧省: 法国的粮仓 沙特尔(Chartres) 沙特尔是博斯地区的首府,人们将这片广 种小麦的地区称为“法国的粮仓”。城市 的象征是沙特尔大教堂。大教堂两个形状 各异的尖顶直入云霄,俯视着沙特尔老城 漂亮迷人的街道。大教堂丝毫不会感到 孤单:因为教堂内部装饰有4000个雕像, 另外,绚丽多彩的彩绘大玻璃窗上面也绘 有不少于5000个人物形象!同样,罗曼艺 术的杰作皇家大门上面也雕刻有令人印象 深刻的丰富的雕塑。 奥尔良(Orléans) 昔日的奥尔良是中世纪法国首屈一指的城 市,至今仍然保留着中世纪的漂亮建筑外 立面,这些建筑所在的热闹小巷通往卢瓦 尔河,如文艺复兴建筑林立的皇家大道 (rue Royale),这条道路笔直通往马特鲁瓦 广场(place du Martroi),广场上屹立着圣 女贞德(Jeanne d’Arc)的标志性雕像,正是

式、夸张的意大利文艺复兴风格、别具一 格的楼梯、整体布局的古典主义风格。 在布卢瓦购物及当地的夜生活 这一带唯一的购物去处就是布卢瓦。确 切的说,就是这个怡人步行街区的商业 街(rue du Commerce)及其周围一带的 街道,还有勒布鲁斯-佩尼尔路(rue  du Rebrousse-Pénil)、圣马丁路(rue  SaintMartin)。尽量抽时间到这几条街去,哪怕

她将奥尔良从英国人手中解救出来。奥尔 良美术博物馆的珍贵收藏不容错过,其 馆藏的绘画、雕刻及艺术品能令你一览欧 洲16至20世纪浩瀚的艺术创作。

如旋风般只停留片刻,也能为你的朋友挑 上几样典型的法国礼物。 娱乐活动在布卢瓦也是最理想的:Z  64 (地址:4, Rue du Mal Lattre de Tassigny)是 一间迪厅,晚上可以唱卡拉OK,异域情调

图赖讷地区和卢瓦尔河谷城 堡:疑入仙境

的装潢将你带入古巴丛林深处(居然摆着

尚博尔堡(Château de Chambord)

的舞动起来,尤其萨尔萨舞(salsa)节奏响

出于对艺术和奢华排场的激情,弗朗索

起的时候。

瓦一世希望建造一座庞大的城堡。就这 样,尚博尔堡在索洛涅地区中部诞生了: 440个房间、13座主楼梯和70座辅楼梯、 365个精雕细刻的壁炉……这座恢宏华丽 的城堡在建筑成就上超越了凡尔赛宫,林 立的塔楼和小尖塔就是最好的见证。据 推测,这座令人惊诧的白色城堡最初的设 计方案可能出自莱奥纳多·达·芬奇的非 凡想象力……无论如何,这绝对是一个奇 迹!而且,参观尚博尔堡也是前往探访索 洛涅地区的好机会,探寻这里欧石南丛生 的荒原、神秘的池塘和凄美的丛林。

一架坠毁的飞机),音乐能让你情不自禁

舍农索城堡 (Château de Chenonceau) 舍农索城堡的位置非比寻常——整个 立于水中!这里曾是多位“贵妇”的行 宫:从亨利二世美丽迷 人的情 妇戴安 娜·德·普瓦提埃(Diane de Poitiers)到修 建了谢尔河畔美丽长廊的卡特琳·德·美 第奇(Catherine de Médicis)。多年以后, 在舍农索城堡逗留的让-雅克·卢梭(JeanJacques

Rousseau)爱上了当时的城堡女

主人,然而后者却并未接受这位年轻哲

•••

学家的表白。给前来参观的女士们

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于塞城堡 Château d’ussé

图尔老城 Le vieux Tours

© Jacass/Michelin

© Ph.Gajic/Michelin

© S.Sauvignier/Michelin

姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES

沙特尔大教堂 Cathédrale de Chartres

•••一个 建 议 :去花 坊 (Atelier  des

城,这座迷人的城市引领游客沉浸在中世

尔(Indre)河及维埃纳(Vienne)河畔点缀着

33

纪和文艺复兴的氛围当中。高大的圣加蒂

一连串美景奇迹。维朗德里(Villandry)和

2 47 23 90 07),在那里不仅能欣赏到

安大教堂(cathédrale St-Gatien)为哥特风

于塞(Ussé)的城堡及花园完若梦幻仙境。

由美丽的花朵组成的图案,还能看到舍

格,俯瞰着图尔市内那些板岩屋顶、建有

建议你深入到希农和洛什(Loches)的中世

农索城堡花匠们别出心裁的装饰。男士

塔楼或者尖顶的房屋。尽管建造的时代不

纪小巷里去徜徉片刻,要知道,这里可是

则可以在城堡农场的圆顶酒窖(Cave des

同,大教堂火焰哥特风格的外立面雕刻精

拉伯雷度过童年时光的地方。

Dômes)品尝一杯上等葡萄酒……无论红白

细,完美和谐,直冲云霄。然而,很多游客

葡萄酒都会令你心满意足!

可能只会关注阳光透射的那些大玻璃窗。

贝里和卢瓦尔河谷的美食

参观完大教堂,游览的魅力延伸至波姆罗

贝里的烹饪健康简单,所用食材取自农

阿扎伊勒里多(Azay-le-Rideau)

广场(place Pomereau)所在的图尔老城中

场。卢瓦尔河谷的美食则在乡土美味中融

这座小城堡建在如明镜般清澈的水面上,

心,广场四周环绕着木筋墙面的房屋。图

入精致。

仿佛是从童话故事中搬来的:人们不禁要

尔的年轻人非常乐意坐在这个宁静港湾的

幻想几位美丽的公主正在宁静的湖中安

露天咖啡座上消磨时光。广场周围魅力十

菜肴

睡,阿扎伊勒里多是卢瓦尔河诸城堡中最

足的商业小巷使得这片街区成为图尔最

贝 里 地 区的 特 色 菜 肴是 p oulet  en

具魅力的一座。如果想在美轮美奂的公园

热闹的地方之一。

barbouille:一种用火烧过之后、切成小块

Fleurs)看看(在城堡农场,电话:00

的鸡肉。贝里的名菜有:塞馅兔肉、红酒

中散散步,则需要预留3至4小时。 昂布瓦斯(Amboise)

拉伯雷的故乡

煮鸡蛋、干酪 牛舌、腰子、小牛肝……在

从图尔到希农(Chinon),卢瓦尔河、安德

离开贝里之前,不要错过“蟋蟀”酥糕

网址:www.chateau-amboise.tm.fr 昂布瓦斯城堡建在一座封建时代堡垒的 遗址上,俯瞰昂布瓦斯市和卢瓦尔河。从 查理七世到弗朗索瓦一世的多位法国国王 都曾在此居住。当年弗朗索瓦一世在这座 城堡举行的节庆活动非常著名。为了装饰 和美化这座建筑,诞生了法国文艺复兴建 筑。达·芬奇为这座城堡倾尽其所有才智 并终老于此。建议参观火焰哥特式风格 的圣于贝尔(Saint-Hubert)礼拜堂和克洛吕塞(Clos-Lucé)城堡——这座粉红砖城 堡是达·芬奇度过生命最后时刻的地方。 图尔(Tours) 图尔是图赖讷地区的首府,也是昔日的皇 84

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两个旅游热点 一件中国艺术品:尚特鲁宝塔 (Pagode de Chanteloup, 网址:pagode-chanteloup.com) 这座中式宝塔建于1775年,距离昂布瓦斯城堡不到3公里。在登上宝塔欣赏 卢瓦尔河谷旖旎风光之后,可以前往面积14公顷、种植着百年古树的公园, 那里是享用田园风 格的野餐、湖上泛舟或者乘坐马车游览的理想之 地 。

触摸云层 乘坐热气球(145至200€ ,3小时)或者直升机(20分钟,148 €)飞越城堡上方, 你将从高空“俯瞰法国的历史”,这样的冒险将永远停留在你的记忆深处。法 国热气球之旅公司(France Montgolfières Balloon Flights )网址:www.air-magic. com 或 www.franceballoons.com


CENTRE

© S.Sauvignier/Michelin

实用信息

卢瓦尔河谷的美食特产 Spécialités du pays de la Loire

(galette « aux grillons »),千层酥里面夹 裹新鲜的烤肥肉丁。在卢瓦尔河谷地区, 人们喜欢吃“水手鳗鱼块”(matelote d’anguilles):用一种希农红葡萄酒调味 汁提味,搭配蘑菇和小洋葱一起烹成。 在奥尔良地区,人们的美味是“尚博尔堡 式”鲤鱼和卢瓦尔河油炸小鱼。 甜点 贝里地区的居民爱吃李子水果馅饼、 sanciaux(蜂蜜炸面团)和一种叫millats的 黑樱桃糊。在安德尔河畔,人们非常喜欢 科尔默里蛋白杏仁小圆甜饼(macarons de

Cormery)。著名的塔坦苹果塔(tarte

Tatin)里面夹有焦糖苹果,是索洛涅地区 塔坦姐妹的新颖发明。 饮品 贝里地区的葡萄酒质量上乘,列为AOC法 定产区葡萄酒的有桑塞尔(Sancerre)、 坎西(Quincy)和梅内图-萨隆(MenetouSalon)葡萄酒。卢瓦尔河谷、坎西、勒伊 (Reuilly)、瓦朗赛(Valençay)优质葡萄产区 的“长相思”葡萄酒(sauvignon)口味浓 烈。在图赖讷地区,伏弗莱(vouvray)的白 葡萄酿造出的葡萄酒具有成熟葡萄的口 感,时而不带甜味、时而芳香醇厚。

著名的红葡萄是“布列塔尼”(breton),用 它酿造出的布尔格伊(Bourgueil)葡萄酒散 发着覆盆子或树莓的芳香,布尔格伊圣尼 古拉(Saint-Nicolas-de-Bourgueil)葡萄酒 质量上乘且口感清淡,希农(Chinon)葡萄 酒则酒香更加馥郁。

布尔日 旅游局: 地址:21 r. Victor-Hugo 电话:02 48 23 02 60 网址: www.ville-bourges.fr 餐饮 La Courcillière 地址:r. de Babylone 电话:02 48 24 41 91 价格:16.50 - 27 € 这间餐馆位于一片沼 泽中央,周围是一派乡 村风光,设有露天座。 菜肴口味地道,价格实 惠。 Le Bistro Gourmand 地址:5 pl. de la Barre 电话:02 48 70 63 37 价格:17 - 23 € 在贝里,所有馋猫都知 道这家亲切的小酒馆, 这里主营贝里和里昂的 地方特色菜。 住宿 Hôtel Christina 地址:5 r. Halle 电话:02 48 70 56 50 电子邮箱:info@lechristina.com 房间:71间 价格:46 - 75 € 这间酒店坐落在市中 心,提供豪华精致和小 巧实用两类客房。 Hôtel Les Tilleuls 地址:7 pl. Pyrotechnie 电话:02 48 20 49 04 电子邮箱:lestilleuls. bourges@wanadoo.fr 房间:39间 价格:53 - 62 € 酒店位于一个比较安静 的街区,客房为乡村风 格的隔音房间。 沙特尔 旅游局 地址:Pl. de la Cathédrale

中央大区

电话:02 37 18 26 26 网址:www.chartrestourisme.com

Palissy 电话:02 47 70 37 37 网址:www.ligeris.com

餐饮 Le Madrigal 地址:22 pl. des Epars 电话:02 37 18 15 07 价格:25€ 在舒适热情的氛围中, 人们可以享用生蚝及其 他传统小菜,顺便搭配 一杯上好的葡萄酒。

餐饮 Le Vieux Comptoir 地址:10 r. de la Rôtisserie 电话:02 47 64 11 29 价格:15 - 35 € 这间惬意的小酒馆位于 图尔老城,供应传统美 食,酒单上多为卢瓦尔 河谷酿造的葡萄酒。

Le Moulin de Ponceau 地址:21 r. Tannerie 电话:02 37 35 30 05 电子邮箱:le-moulin-deponceau@wanadoo.fr 价格:25 - 45 € 这个昔日的磨坊距离大 教堂只有几步之遥,供 应的菜肴都用新鲜材料 烹饪。

L’Atelier Gourmand 地址:37 r. EtienneMarcel 电话:02 47 38 59 87 价格:18 € 建筑源于15世纪,人们 可以在乡村风格的大厅 内享用传统美味。

住宿 La Ferme du Château (私宅中的出租客房) 地址:28300 Bailleaul’Evêque 电话:02 37 22 97 02 房间:3间 价格:45 - 60 € 这个博斯地区的优雅农 场毗邻一个小城堡,拥 有漂亮舒适的客房。

住宿 Le Moulin Hodoux (私宅中的出租客房) 地址:37230 Luynes 电话:02 47 55 76 27 网址:www.moulinhodoux.com 房间:4 间 价格:49 - 59 € 这间18和19世纪时的 水磨坊拥有顶层客房, 舒适且设施齐全,有游 泳池。

Le Grand Monarque 地址:22 pl. des Epars 电话:02 37 18 15 15 电子邮箱:info@bwgrand-monarque.com 房间:50间 价格:88 - 160€ 餐厅价格:45 - 55€ 这间昔日的驿站位于市 中心,客房舒适且具有 特色,高高的天花板上 面装饰有线脚。是一家 颇有魅力的下榻之所!

Le Château du Vau 地址:37510 Ballan-Miré 电话:02 47 67 84 04 电子邮箱: chateauduvau@chez. com 房间:7间 价格:98 - 110€ 餐厅用餐价格:26 - 41€ 这座18世纪的城堡位 于一个非常宽阔的公园

内,客房精致高雅。

图尔 旅游局 地址:78 r. Bernard-

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协会 associations

© Imagine China

« Pluie et étoiles », première école pour enfants autistes

Ensemble, enfants et parents apprennent à vivre avec le handicap. “星星雨”为孤独症儿童和家长共同提供培训 ,教他们在生活中如何对待孤独症。

D

ès l’entrée de l’école Xingxing Yu (Pluie et étoiles) à Pékin, on a conscience de ne pas être dans un établissement ordinaire. L’aspect extérieur du bâtiment, tout en couleur, saute aux yeux au coeur de la banlieue sud de la capitale. A l’intérieur, les élèves suivent des cours, accompagnés par leurs parents. Tous sont des enfants autistes qui se retrouvent dans l’un des rares centres qui leur soit dédié en Chine. « Pluie et étoiles » existe depuis 15 ans et a formé plus de 4 000 familles d’enfants autistes. Aujourd’hui, il faut passer par une liste d’attente d’au moins un an pour espérer y trouver une place. Ce succès vient surtout des difficultés à intégrer la diversité et le handicap dans une société chinoise moderne totalement projetée vers la perfection et la réussite. « Les enfant autistes ne peuvent pratiquement pas fréquenter une école normale. Ceux qui sont acceptés dans les instituts sont toujours ceux qui sont les moins touchés par la maladie. La quasi-totalité est obligée de rester à la maison où les parents ne savent pas s’occuper d’eux et où ils ont très peu de contact avec le monde 86 Connexions / mai-juin 2008

extérieur » explique M. Sun Zhongkai, responsable du développement de l’école. C’est pour faire face à ce genre de problème que Mme Tian Huiping, mère d’un enfant autiste de Chongqing, a décidé de fonder l’institut en 1993, premier centre d’accueil et d’éveil pour les autistes en Chine. Aujourd’hui, après des années de formation dans des écoles de Taïwan, des États-Unis et du Canada, les spécialistes de l’institut sont capables de former élèves et familles aux méthodes d’éducation spécifiques pour les autistes. Un cycle de cours prévoit 11 semaines en institut, pendant lesquelles enfant et parents suivent des classes de socialisation et des formations à l’écoute. « Le problème principal pour mon fils, c’est l’isolement. Il n’a pas de copains avec lesquels s’amuser » raconte l’une de ces mères. Les petits, entre 3 et 8 ans, sont répartis dans les classes selon leur niveau d’évolution et placés constamment sous l’oeil des éducateurs. Depuis un an, l’école a aussi lancé un programme pour les adolescents de 12 à 17 ans qui peuvent séjourner pour des périodes plus longues. Si le « bouche à oreille » et les outils de communication comme Internet ont vite

fait doubler les demandes d’accès à l’école, le coût reste important. Il faut compter autour de 5 500 Rmb par cycle pour chaque enfant, un prix trop élevé pour beaucoup de familles de province. Pour aller à leur rencontre, l’école propose des bourses au cas par cas. Mais son objectif principal aujourd’hui est l’aide à la création d’établissements semblables à celui de Pékin dans d’autres régions du pays pour créer un véritable réseau. « Ce sont souvent les parents des enfants qui, une fois rentrés chez eux, décident de créer des écoles comme la nôtre » précise M. Sun « dans ce cas nous les aidons pour la formation des éducateurs ou pour les pratiques de bonne gestion ». Il existe déjà 61 écoles comme « Pluie et étoiles » dans 50 villes chinoises et, si les investissements le permettent, de nombreuses autres devraient voir le jour. « Pluie et étoiles » est entièrement financée par des dons privés de particuliers, de fondations ou d’institutions étrangères. Le pays compterait pourtant plus de 2 millions d’autistes.

Antonia Cimini

www.autismchina.org Beijing star and rain Institute 85 37 32 36



文化 CULTURE

Ian Teh, la réalité en question Photographe britannique d’origine malaisienne, Ian Teh vit entre Londres et Pékin. Il documente la Chine depuis plus de dix ans.

S

es photos font souvent la une de la presse internationale et sont régulièrement exposées en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie. Tout récemment, le musée d’art contemporain de Los Angeles a acquis ses travaux. Sa création artistique découle naturellement de son intérêt pour l’actualité et les problématiques sociales, environnementales et politiques du monde moderne. La beauté singulière de ses images révèle l’acuité et la sensibilité d’un regard qui interroge en permanence le réel. C’est après un détour par les arts graphiques, qu’il est venu à la photo. Ian Teh a certes toujours pratiqué la photographie, mais il se voyait bien « graphiste designer  », le métier auquel il s’est formé. C’est presque un heureux coup du sort qui a précipité sa destinée. En 1993, à la veille de la clôture du concours annuel organisé par le magazine 88

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Time Out, il envoie, sans trop y croire, un cliché pris pendant un déplacement scolaire. Dans une lumière crue de petit matin, un homme balaye le sol, la poussière s’envole, les ombres dansent. Quand la réponse de Time Out arrive, c’est « la surprise totale. J’étais tellement persuadé que mon travail ne serait pas retenu », se souvient-il. Il est désigné « Meilleur photographe de l’année 1993 ». En récompense, un appareil photo et une coquette somme d’argent, de quoi financer un premier reportage. Il termine ses études et entreprend alors son premier voyage en Chine. Ce choix, il l’explique par sa fascination pour l’Asie doublée d’une quête plus personnelle, celle de ses aïeux. En 1995, il part dans l’ouest de la Chine, sur les traces d’un grand-père qu’il n’a pas connu. Il veut aller « à la rencontre des vestiges d’un mode de vie traditionnel,

en grande partie balayé par des années de maoisme ». Il devait y passer trois mois, il y est resté six et n’a cessé de revenir depuis. Lors de cette première expérience, il dit avoir éprouvé « la force du photo-documentaire ». Il conçoit la photographie comme une alchimie entre information, engagement personnel — aussi bien intellectuel qu’émotionnel et esthétique — et processus imaginatif (interprétation). Il veut aller « au-delà de ce qui est donné à voir ». Avec les déplacés des Trois gorges De ses nombreux voyages en Chine, Ian Teh a notamment rapporté The Vanishing: Altered Landscapes and Displaced Lives, une série de clichés devenus célèbres. Ce reportage sur la construction du barrage des trois gorges, entrepris en 1999 et achevé au printemps 2003, fixe sur pellicule la vie


PHOTOGRAPHIE

摄影

A gauche : Série “Dark Clouds”, Workers returning home. Tonghua, Chine, 2006. Ci-dessous : autoportait. 左侧: “乌云”作品系列, 工人正在回家。 摄于2006年中国同化。

de ceux qui ont été affectés par le monumental ouvrage. Migration des individus quittant leur ville avec quelques bagages, ballotés par la foule, derniers instants de vie quotidienne au milieu des ruines ou travailleurs, venus d’ailleurs, prêter leurs bras sur le chantier. Ian Teh a le goût des endroits de bout du monde, rarement photographiés ou montrés, comme les mines de charbon du nord-est de la Chine (Dark clouds) ou les villes frontières de la Russie et de la Corée du Nord (Merging Boundaries). Souvent, son sens aigü de la composition et des couleurs crée des ambiances puissantes et dérangeantes qui donnent à la réalité un goût d’irréalité, parfois même d’absurdité. Devant certaines scènes de sa série Blackpool qui retrace la vie nocturne de la station balnéaire la plus visitée de Grande-Bretagne avec ses soirées d’enter-

rement de vie de jeunes filles, on se prend à se demander si ce que l’on voit est bien vrai ou s’il s’agit de scènes posées, tout droit sorties de l’imaginaire du photographe. Depuis 2001, il compte parmi la trentaine de photographes membres de la prestigieuse agence de presse Vu. Du Brésil à Cuba, en passant par la Thailande, le Japon, les USA, le Mexique et l’Europe, il rend compte des faits, des douleurs ou des drames de la planète et des émotions des hommes au prise avec ce réel. Pour découvrir son univers, pianoter sur son un site, www.ianteh.com ou feuilleter les livres (ceux consacrés à l’agence Vu et The World Top photographers, entre autres). En ce moment, la galerie d’art Paris-Beijing expose à Dashanzi un choix de ses photos sous le titre Undercurrents. Dépechez-vous, c’est jusqu’au 10 juin. Sophie Lavergne

© Ian Teh

© Ian Teh

下方:摄影师自拍像

A voir Sur le site du New Yorker, Ian Teh et Evan Osnos (chef du bureau de Pékin du Chicago Tribune’s) cosignent une série de reportages insolites sur la Chine pré-olympique. Portraits de Zou Shiming, espoir de médaille d’or en boxe aux prochains JO, ou de Li Yang, un professeur d’anglais qui a mis au point une méthode très personnelle d’apprentissage de l’anglais (Crazy English) sensée préparer son peuple à accueillir dignement les invités étrangers. Portraits décalés, illustrés par des slide-shows éloquents. www.newyorker.com

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文化 CULTURE La tentation du confucianisme Quelle scène culturelle se profile derrière la remise au goût du jour des classiques confucéens ? S’agit-il d’une représentation factice de masques historiques grimés sur les visages d’acteurs modernes ? Ou bien assiste-t-on à la mise en place patiente et organisée d’un vrai débat d’idées et de valeurs dans une Chine émergente qui semble avoir perdu ses références idéologiques ?

A

l’orée du XXIe siècle, confrontée à la mondialisation, à la concurrence internationale avec l’Occident et à une course effrénée au développement économique, la Chine éprouve la tentation de se replonger vers ses racines les plus anciennes. Ce retour au passé le plus traditionnel sera-t-il suffisant pour y puiser des clés pour l’avenir, se forger des forces morales et philosophiques nouvelles et affirmer son identité sur la scène mondiale ? Certes, cette tentation n’est pas entièrement nouvelle. En effet, les années 80 avaient été le témoin d’une « fièvre pour la culture chinoise » (zhongguo wenhua re) marquée par un double mouvement de redécouverte de la culture traditionnelle et d’aspiration à la modernité occidentale, comme en a témoigné la polémique autour de la série télévisée L’ élégie du Fleuve Jaune (He Shang). Celle-ci proposait l’alternative de redescendre vers la plaine centrale de loess où est née la nation chinoise ou au contraire de suivre le fleuve jusqu’à l’em-

La fièvre Yu Dan

© Imagine China

Auteure d’un livre à succès intitulé “Yu Dan LunYu xinde” (Confucius tel que je le vois) vendu à plus de 4 millions d’exemplaires, Yu Dan est celle par qui le renouveau du confucianisme touche un large public en Chine. L’émission télévisée où cette jeune professeur de l’Université du peuple commente les classiques littéraires et philosophiques chinois, bien que diffusée tard le soir, est suivie par un large public. L’édition, la presse, les éditeurs de DVD et Internet ont pris Yu Dan. 于丹 le relais, portant le débat dans tous les foyers et suscitant une « fièvre autour de Yu Dan » (et, dans une moindre mesure, de Yi Zhongtian). Yu Dan explique en termes simples et accessibles à tous la signification des Entretiens de Confucius et en montre l’application et l’utilité dans la société chinoise d’aujourd’hui. Certains ont mis en cause la légitimité de Yu Dan à jouer ce rôle. Un élément important de la polémique, même s’il relève du non-dit, tient à la personne même de Yu Dan, première femme à avoir l’audace de proposer sa propre interprétation de Confucius et de ses Entretiens. Il n’ y a aucune femme parmi la centaine de disciples qui ont suivi le Maître et rapporté ses propos, et on sait qu’il n’accordait pas une grande place à la femme dans la société, reléguée à un statut inférieur au même titre que les enfants et les « gens de peu ».

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bouchure qui ouvrait vers le grand large et l’océan, en un mot vers l’ouverture à l’Occident. L’auteur avait alors été soumis à la critique parce qu’il inclinait pour la seconde hypothèse. Depuis le début des années 2000, on assiste à une « fièvre pour les études nationales » (guoxue re), un phénomène complexe doté d’une triple dimension académique, populaire et officielle. Le parcours de Maître Kong Le parcours de « Maître Kong » latinisé en Confucius par les Jésuites fut souvent sinueux. Salué comme le « grand éducateur », du peuple chinois depuis quelque 2500 ans, vacillant sous les coups du bouddhisme conquérant, il fut revivifié sous les Song en un néo-confucianisme pour être élevé en une quasi-religion d’Etat à la fin des Qing, pour être attaqué dès le mouvement du 4 mai 1919 par les étudiants qui voulaient « mettre à bas la boutique de Confucius », et il fut dénoncé à nouveau dans les années 50 à 70 comme étant la cause principale de l’arriération de la société chinoise. Le point culminant de ce renouveau d’intérêt aujourd’hui pour Confucius se situe ce jour de septembre 2007 où une grande cérémonie pour commémorer le Maître et célébrer l’harmonie retrouvée entre les générations, fut organisée à Qu Fu, province du Shandong, dans son village natal. Cette cérémonie a marqué le lancement par les autorités chinoises d’un « Festival international pour la culture confucéenne » destiné à durer deux ans. Un mois plus tard, le 7 octobre 2007, pour le 2558e anniversaire de la naissance du sage, des dizaines de milliers de « pèlerins » se réunissaient cette fois-ci dans un stade pour une cérémonie d’hommage, la plus importante jamais tenue, accompagnée de la pratique de rites confucéens traditionnels. Ces deux cérémonies à la fois grandioses et rituelles, avec une forte connotation nationaliste mais aussi devant une audience internationale, car de nombreux descendants de Confucius éparpillés dans le


国学

© Imagine China

CONFUCIANISME

Temple de Confucius à Shanghai, célébration du 2557e anniversaire du maître. 人们在上海孔庙纪念孔子诞辰2557周年。

monde entier avaient fait le déplacement, nationales méritent de devenir de “grandes suffit à montrer la place que les autorités études nationales” ». Un autre professeur chinoises accordent à ce renouveau confu- de Beida lui fait écho, Yuan Xingpei qui céen qu’elles considérent comme explique dans le même quoun nouveau ciment idéologique tidien, organe du PCC, ce dans la mise en place de sa po- Les qu’il faut entendre par études litique d’« une société harmo- gouvernements nationales, quelle direction nieuse ». elles doivent prendre et quelle locaux extension leur donner. Après organisent des l’Université relayée au début Un débat académique par la presse officielle, c’est au Pourtant, à l’origine, tout activités en tour des gouvernements locaux avait commencé de façon plus l’honneur de d’organiser activités diverses modeste et sereine par un déConfucius. en l’honneur de Confucius, de bat au sein des milieux acaYan Di et de l’Empereur Jaune, démiques et universitaires. Ji figures mythiques de l’antiquité chinoise. Xianlin, un professeur de Beida spéciaUn autre développement académique fut liste du sanscrit et de l’Inde, emprisonné pendant dix ans lors de la Révolution la création de Collèges d’études nationales culturelle et reconnu comme un des (Guoxue yuan) à l’intérieur d’universités « maîtres spirituels » de sa génération, lan- prestigieuses comme Beida à Pékin, Fuce la réflexion par un article publié dans le dan à Shanghai, celle de Wuhan au centre Quotidien du peuple, intitulé : « Les études de la Chine, offrant des cours spécifiques dans le cadre d’un cursus parallèle au pro-

gramme universitaire normal. Les autres échelons de l’enseignement primaire et secondaire voient eux aussi l’éclosion de nombreuses écoles confucéennes, appliquant les préceptes du « maître » dans la vie scolaire comme dans la vie sociale, de statut privé et donc payant, qui restent très prisées par les nouveaux riches des grandes villes. Le ministère de l’Education et celui des Affaires étrangères ne sont pas en reste et mettent sur pied dans le monde entier un réseau d’Instituts, calqué sur le modèle des Alliances françaises, chargés de diffuser dans le monde entier la langue et la culture chinoises qu’ils baptisent « Instituts… Confucius », non sans susciter des réticences de la part d’intellectuels cependant restés minoritaires. D’autres initiatives spontanées cellesla, souvent de nature associative, naissent aussi pour stimuler ces études nationales. Des sites internet ouvrent le débat sur le sujet ou d’autres sites sélectionnent

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文化 CULTURE ••• les auteurs dignes de figurer parmi

les « maîtres » en études nationales. Ces sélections un peu anarchiques et mal contrôlées aboutissent parfois à des résultats surprenants et fort peu conventionnels comme le choix du grand écrivain moderne Lu Xun, connu pour être un pourfendeur radical de Confucius, du confucianisme et même des classiques chinois, et défenseur résolu des idées nouvelles, ou bien celui du principal philosophe contemporain Feng Youlan, historien marxiste de la philosophe chinoise, à qui on a justement reproché de donner une interprétation occidentale de cette histoire et d’avoir introduit des méthodes de réflexion modernes, allant à l’encontre de l’esprit de la pensée chinoise traditionnelle, selon ses accusateurs. Mais ces anomalies ont au moins le mérite de rendre plus vif et actuel le débat autour de la définition restée vague des « études nationales ». Certains opposants à cette fièvre pour les études nationales soulignent qu’elle

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ne pourra pas à elle seule répondre aux rants de pensée occidentale ni même dans exigences spirituelles et morales qui l’ignorance de celle-ci. Car depuis plus de croissent dans une société contemporaine cent ans, au moins à partir des années 20, confrontée à des contradictions nouvel- la longue transition de la Chine vers le les et dominée par un besoin développement et la modernité de justice sociale. Cette mé- Les formules s’est faite grâce à une assimilathode d’hypnose collective puisées dans tion mutuelle et une imbrication qui s’assimile, selon eux, à un souvent étroite entre les études « endormissement psychologi- les classiques chinoises et occidentales et cela que et moral » sera incapable de n’apporteront dans tous les domaines philosorésoudre les problèmes urgents phiques et culturels, y compris pas de réponses et aigus de la société. Les forscientifiques et techniques. Seule mules et recettes puisées dans toutes faites aux la priorité donnée à des critères la lecture des classiques an- interrogations de de création et d’innovation, ciens, pour stimulante qu’elle le rejet d’une simple « boîte à la vie moderne. puisse être par ailleurs sur le outils » idéologique, et de la réplan culturel, n’apporteront pétition mécanique de formules pas de réponses toutes faites aux interro- empruntées au passé ouvriront de nouvelles gations et aux angoisses que suscitent la voies dans un monde qui exige l’adaptation complexité de la vie moderne, en rupture et l’ouverture au nouveau. La meilleure façon violente avec les modes de vie chinois tra- de revivifier le patrimoine culturel chinois ditionnels. n’est pas de le garder sous vase clos comme Ils soulignent enfin que la lecture des un bijou de famille mais, au contraire, de classiques chinois ne peut se faire en op- l’ouvrir à la modernité en le confrontant position radicale avec l’apport des cou- à son envers. Laurent Ballouhey


La CCIFC, un acteur clé du développement économique Franco-Chinois Un réseau de 1100 membres Des bureaux à Pékin, Shanghai, Canton, Shenzhen Des représentants à Tianjin, Kunming et Xian www.ccifc.org


读书

Lire

Le secret de Big Papa Wu. Par Diane Wei Lang Traduit de l’anglais par Odile Demange Nil Editions 2008, 288 pages, 19 € Diane Wei Liang, née à Pékin en 1966, auteur des Amants de Tian’anmen, un premier roman publié à l’Aube, se lance ici dans un nouveau genre, celui du roman policier. Elle présente les aventures de son héroïne Wang Mei, qui, comme l’auteur, est issue du mouvement de 1989 et se voit obligée de quitter le ministère de l’Intérieur qui l’employait, pour fonder une agence de détective privée, activité alors illégale en Chine. Sa première enquête, consistant à retrouver un sceau de jade volé pendant la Révolution culturelle, est douloureuse car elle remue le passé de ses parents, artistes, envoyés en camp de rééducation. Son père y est mort, sa mère rescapée a dû accepter bien des compromissions pour faire vivre Wang Mei et sa sœur aînée. Celle-ci, devenue présentatrice à la télévision, a davantage réussi que la cadette en épousant un milliardaire rouge. Mais l’inspectrice Mei au cours de son enquête va découvrir et percer à jour les secrets de cette réussite due aux manigances de sa mère, démonter de l’intérieur la mécanique mise en place pour broyer les individus. Ce premier roman policier, qui sera suivi de deux autres à paraître aux Etats-unis, où l’auteur a émigré, est en fait un astucieux moyen de décrire de façon critique l’histoire récente du pays. Un moment à Pékin Tome 1 : Enfances chinoises ; tome 2 : le triomphe de la vie Par Lin Yutang, Traduit de l’anglais par François Fosca, Editions Philippe Picquier 2008, poche no 305 et 306 Il s’agit là de la réédition en poche du plus captivant des romans sur la vie à Pékin au tout début du XXe siècle, mais qui n’a rien perdu de son actualité ni de sa richesse pour connaître de l’intérieur la société et la famille chinoise dans son foisonnement culturel. Yao est un riche commerçant adepte du taoïsme qui décide de fuir Pékin dans les convulsions de la révolte des Boxers qui va provoquer l’intervention des

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Par Laurent Ballouhey

puissances étrangères. Il emmène vers le sud du pays sa femme, ses enfants et ses serviteurs. Durant le voyage, sa fille de 10 ans Moulane est enlevée par des voleurs d’enfants. L’histoire de cette famille est liée à une autre famille, celle de M. Tseng qui lui est un défenseur de la morale confucéenne et éduque sa fille selon les principes les plus traditionnels, à la différence de M.Yao. C’est aussi le choc interne entre ces deux cultures – le taoïsme et le confucianisme — qui est décrit à travers toutes sortes de péripéties. 1421, l’année où la Chine a découvert l’Amérique Par Gavin Menzies, Traduit de l’anglais par Julie Sauvage, Editions Intervalles, 412 pages, 25 € Le 8 mars 1421, la plus grande f lotte jamais connue quitte les côtes chinoises. Commandées par les amiraux eunuques de l’Empereur Zhu Di, elles ont l’ordre de naviguer jusqu’aux confins de la terre pour découvrir ce qui existe « au-delà des quatre mers », selon l’expression chinoise. Ces voyages dureront deux ans, à l’issue desquels la flotte chinoise fit le tour du monde un siècle avant Magellan, découvrit l’Amérique 70 ans avant Colomb et l’Australie 350 ans avant Cook. Malheureusement, au même moment, la Chine allait se fermer et entrer dans une longue période d’isolement. A leur arrivée, les vaisseaux furent abandonnés, les archives riches des documents sur ces expéditions furent détruites. On oublia, plutôt on ne sut jamais que les Chinois avaient abordé l’Amérique avant les « grands découvreurs » occidentaux. L’auteur, ancien commandant de la Royal Navy, a consacré sa vie à reconstituer cette phase méconnue de l’histoire maritime. Avec patience et détermination, mais sans parvenir à en convaincre les historiens et géographes. 100 mots pour comprendre le chinois. Par Cyrille Javary, Editions Albin Michel 2008, 345 pages, 16 € Que l’on discute à perte de vue pour savoir si la Chine doit susciter de la fascination ou de la crainte importe peu si l’on s’intéresse à la langue chinoise, au mystère et au charme incontestables des caractères qui la composent. Cyrille Javary, connu pour être un


图书精选Coup de cœur Par Anne Garrigue

Chine, 30 ans de photographies de l’agence France-presse

spécialiste du Yi Jing (Classique des Changements) qu’il analysait avec soin dans Le discours de la tortue (Albin Michel), nous ouvre ici les portes de l’univers de l’écriture chinoise qui est en soi un accès au mode de pensée des Chinois. Grâce à une sélection d’une centaine de mots choisis dans sept domaines très différents, allant de la famille à la spiritualité en passant par le manger et le boire autant que l’histoire et la politique, il nous conte les petites histoires et les mille secrets que contiennent les idéogrammes. Conçus il y a trente-cinq siècles pour faire de la divination sur les écailles de tortue et les os d’animaux, ces signes qui étaient des dessins et devinrent des idées, sont restés inchangés dans leurs principes pour véhiculer des valeurs du passé comme du présent. C’est là que réside la force des caractères chinois et explique à la fois leur permanence depuis hier et leur adaptation aux besoins d’aujourd’hui. Comment font donc les Chinois pour transcrire et traduite des mots modernes comme téléphone, email, radar, laser ou blue-jeans, ou bien des concepts venus d’Occident comme philosophie, Dieu, liberté, démocratie, révolution ou république ? C’est à ce jeu sérieux et divertissant, instructif et agréable, que nous convie l’auteur pour nous faire découvrir en partie un pays à travers sa langue et son écriture sans avoir nécessairement à les parler ou les connaître. Tang Taizong, l’apogée de l’Empire chinois Par Charles-P. Fitzgerald, Editions Payot 2008, coll. Biographie, 230 pages, 21,50 € Li Shimin, plus connu sous son nom impérial de Tang Taizong (599-649) est le fondateur de la dynastie des Tang qui régna sur l’Empire chinois pendant trois siècles. Il imprégna sa marque de fabrique culturelle et politique grâce aux institutions durables mises en place qui ouvrirent une longue période d’unité, de puissance et de prospérité du pays après plusieurs siècles d’invasions des nomades du Nord, de division et de chaos. Devenu empereur à 27 ans en succédant à son père, Li Shimin assure sa domination sur les royaumes du centre et du sud de la Chine, puis par une politique de conquête et d’expansion, il prend le contrôle du nord, alors aux mains des Turcs orientaux, du Tibet qui reconnaît sa suzeraineté, et enfin des oasis

Textes de Pierre-Antoine Donnet. Ed. Philippe Picquier Comment survoler, en quelques heures, 30 ans de bouleversements de la société chinoise, sans rester à la surface des choses ? Pour nous faire entrer de plein pied dans la Chine en mutation de 1978 à 2008, Pierre-Antoine Donnet, qui fut correspondant de l’AFP à Pékin durant la deuxième moitié des années 80 et a écrit notamment le Tibet mort ou vif 1, un ouvrage de référence sur la question tibétaine, a sélectionné et commenté 300 photographies des archives de l’AFP sur la Chine en les organisant autour de cinq thèmes : « la Chine politique », « la transformation des villes », « la mutation des campagnes », « la vie quotidienne » et « demain ». Sous l’apparente simplicité des commentaires, l’auteur sait choisir le mot juste et cerner l’essentiel avec beaucoup de tendresse et de rigueur. Il montre qu’il connait et aime la Chine et ses habitants. Parmi les photographies choisies, beaucoup de portraits de « laobaixing » (petit peuple), qui traversent les bouleversements rapides : visages d’enfants ou de vieillards, de femmes ou de paysans en situation. Quelques clichés témoignent du côté bon vivant et gai de la Chine : course de cochons, spectacle d’acrobaties, concert du rocker Cui Jian, concours de baisers à Xiamen le jour de la saint-Valentin… Mais Pierre-Antoine Donnet ne cache pas la face obscure du régime : photos d’étudiants sur la place de Tian an Men, manifestation de Tibétaines la bouche bandée, exhibition de condamnés à mort à proximité de la gare de Pékin le 14 juin 1996, portraits de victimes du scandale du sang contaminé en 2003, clichés de vieillards chassés de leur hutong… photos terribles aussi de la pollution — la rivière Minjiang envahies par les algues, montagne de détritus sur le lac Poyang… Une des surprises de ce livre vient les étonnantes photos d’archives qui rappellent combien, en une génération, une partie des Chinois s’est enrichie rapidement. Ainsi, la photo prise en 1980 d’une des premières maisons privées construites par un membre de la brigade de production Hanjia dans le Nord-Est, grâce, dit la légende, « à une augmentation des revenus depuis deux ans », ou la photo de la voiture de Sun Guying, premier paysan à avoir fait fortune au point de devenir propriétaire d’une voiture, le 3 avril 1984, pour l’équivalent de 4 000 euros. Quelques pages plus tôt, des photos des embouteillages de Pékin, accompagnées du commentaires « au cours de huit premiers mois de 2007, 5,75 millions de voitures ont été assemblées en Chine » ou des photos de Chinois des classes moyennes regardant d’un air gourmand des maquettes de résidences, nous montrent avec évidence l’immense chemin parcouru, au moins sur le plan des richesses matérielles. 1

aux éditions Gallimard Folio Essais

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du bassin du Tarim (le Xinjiang d’aujourd’hui). C’est ainsi qu’il rétablit la Route de la soie, voie de communications commerciales et humaines essentielles entre l’Occident et l’Orient. Tang Taizong, surnommé « l’empereur très lettré », fera de la capitale d’alors Chang’an (Xi’an d’aujourd’hui) une métropole cosmopolite d’un million d’habitants où cohabitent sans heurts les principaux courants religieux de l’époque : islam, christianisme (nestorien) et bouddhisme. Il est particulièrement intéressant de relire aujourd’hui à l’heure de la mondialisation l’histoire d’une période qui reste le symbole d’une Chine qui ne redoutait pas de s’ouvrir sur le monde extérieur. Le massacre de Nankin 1937 Entre mémoire, oubli et négation. Par Michaël Prazon, Editions Denoël 2007, 300 pages, 20 € C’est en décembre 1937 que l’armée japonaise, qui avait commencé par bombarder Shanghai en 1936 pour lancer sa guerre d’expansion coloniale en Chine, occupe Nankin qui est alors le siège du gouvernement nationaliste dirigé par Tchang Kaichek. Pendant six semaines, les soldats japonais se livrèrent au saccage de la ville et à un « massacre de masse » de ses habitants, les estimations des morts allant de 80 000 à 200 000 victimes ou même plus. L’auteur, qui a déjà réalisé un important film documentaire sur ce sujet, nous décrit ce drame en le situant dans son contexte historique (la guerre d’invasion), dans son déroulement précis. Documents et témoins à l’appui, il analyse les traces laissées, les conséquences politiques et diplomatiques qui subsistent encore aujourd’hui, entre mémoire et oubli, parfois même refoulement et négation au Japon. Il s’agit là d’un des rares livres historiques écrits en français sur ce qui est encore un traumatisme pour la Chine mais reste trop ignoré chez nous. Il se situe ainsi dans la suite de l’excellent ouvrage en anglais The Rape of Nanking de l’écrivain sino-américain Iris Chang qui avait été un best-seller et avait eu un fort retentissement dans le monde anglo-saxon pour faire connaître ce qui s’était joué alors en Extrême-orient et qui n’est pas achevé. Introduction à la pensée chinoise. Par Nicolas Zufferey, Editions Marabout 2008, 288 pages,15 €

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Sans lien direct, ni même indirect, avec la philosophie occidentale, sauf bien sûr dans la période moderne postkantienne, la pensée chinoise traditionnelle s’est construite en évitant l’ontologie et la métaphysique propres à la matrice occidentale, mais en s’orientant au contraire vers la résolution pratique des problèmes de la société. Ceci s’explique par le fait que les grands lettrés dans l’histoire chinoise, dès Confucius et Mencius, ont joué un rôle fondamental, et avant tout politique, dans la société et aux côtés des puissants. Composé de façon très pédagogique et émaillé de nombreuses citations et traductions élégantes des principaux auteurs — ce qui n’est pas surprenant de la part de Nicolas Zufferey, professeur à l’université de Genève — cet ouvrage explique la profondeur et la complexité d’une tradition intellectuelle méconnue et souvent déformée. Il donne des repères pour explorer cet univers différent et offre les clés qui permettent d’accéder à cette vision du monde traditionnelle. Mais ce faisant, par la connaissance de la pensée chinoise ancienne, il nous ouvre la compréhension de la Chine du XXIe siècle. Il y a un siècle la Chine. Textes par Pierre de la Robertie, iconographie Christian Le Corre, Editions Ouest-France 2007, 170 pages et illustrations, 25 € Ce bel ouvrage présente la vie quotidienne des Chinois, à la ville comme à la campagne, de 1880 à 1920, période charnière de leur histoire entre la fin de l’Empire et le début de la République. L’influence occidentale et moderne pénètre avec force, parfois violence, en tous lieux de la société chinoise. Elle apporte des idées nouvelles dans les domaines politiques, économiques, religieux et sociaux, mais introduit aussi l’usage de la force militaire et diplomatique de façon sans précédent dans cette région du monde. Elle entraîne un déchirement profond entre tradition et modernité. Les Chinois sont alors écartelés entre leurs habitudes de vie, leurs traditions et les coutumes bien différentes des étrangers dont beaucoup sont venus contre leur gré. Ce livre, avec l’appui de belles illustrations et photos d’époque, s’efforce de décrire cette rencontre entre deux civilisations, l’empire sino-mandchou des Qing, qui domine au « centre du monde », et le monde occidental avec ses certitudes civilisatrices.




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