Connexions 52

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Connexions 联 magazine de la

Chambre

dossier

Le

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de

Commerce

et d’Industrie

Fr a n ç a i s e

en

Chine

no 52 novembre - décembre

2009

Réchauffement planétaire la Chine se prépare 中国应对全球变暖

中 国 法 国 工 商 会 双 月 刊

结 Focus : Les •chantiers de

l’Etat français La Chine épargne-t-elle “trop” ? Gros plan sur Tianjin

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Vu d’ici « Métro de Pékin » par la photographe Elisa Haberer 《北京地铁》 摄影:海清



卷首语 EDITORIAL Le défi et l’engagement

Rémi Charachon Président et CEO Air Liquide China 液化空气(中国)投资有限公司 总裁兼首席执行官夏华雄

La Chine fait face à un grand défi en termes d’environnement qu’il s’agisse de pollution ou de gestion de ses ressources naturelles. Son gouvernement a déjà établi il y a quelques années des objectifs chiffrés dans ce domaine, en particulier concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces efforts ont pu paraître moins visibles pendant la crise. La tentation est toujours grande de sacrifier les bonnes intentions sur l’autel de la croissance. Toutefois, mon expérience, à travers les nombreux projets que nous menons actuellement en Chine, montre qu’il y a non seulement une prise de conscience, mais aussi une réelle volonté de s’at-

挑战与行动 无需强调中国在环境污染还是在自然资源管 理方面正面临着重大挑战。中国政府近几年已经设 立了这方面的量化目标,尤其是在温室气体减排方 面。在经济危机中,这些努力似乎不太看得出来,减 排任务让位于经济增长的愿望一直很强。然而,我 所经历的公司在中国开展的众多项目表明,中国不 仅意识到了问题,而且愿意持久地谋求解决这个问 题。我非常惊喜的发现目前中国为了优化和保护一 个省的资源而制定了一项百年规划。 中国刚刚宣布,到2020年中国单位国内生产总 值的二氧化碳排放量(碳强度)将比2005年减少 40%-45%。我们对中国为解决全球气候变暖所作的 努力感到欣慰。然而,抛开这些数据,中国面临的最 大挑战是在废弃物、水和能源管理上个人观念的转 变。 法国通过在环境领域的企业,他们一般都处于 世界领先地位,带来了众多有关能效、交通技术、废 水和二氧化碳气体处理方面的解决方案。比如,法 国液化空气集团在哥本哈根应对全球气候变化的峰 会上介绍了集团帮助减少温室气体排放的技术:氢 气、二氧化碳的捕集与储存、光伏工业等。 通过一些专家和企业家的经验,本期专栏介绍 了中国应对全球气候变暖所面临的挑战及付诸的 行动。我坚信本期的内容将引起已在中国落脚或希 望进入中国的法国企业的关注,在他们的能力范围

内,为保护我们的地球行动起来。

taquer à cette problématique de façon durable. J’ai été particulièrement impressionné récemment par le développement d’un plan à cent ans d’une province afin d’optimiser et de protéger ses ressources. La Chine vient d’annoncer qu’elle réduirait ses émissions polluantes par unité de PIB (« intensité en carbone ») de 40 à 45% d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 2005. Nous pouvons tous nous réjouir des efforts que la Chine fait pour affronter le réchauffement climatique. Néanmoins, au-delà des chiffres, le plus grand défi de la Chine reste le changement des mentalités individuelles, dans la gestion des déchets, de l’eau ou de l’énergie. La France, à travers ses entreprises souvent leaders mondiales dans le domaine de l’environnement, apporte de nombreuses solutions que ce soit dans l‘efficacité énergétique, les technologies liées au transport, le traitement des eaux usées ou du gaz carbonique. Air Liquide, par exemple, a présenté lors du Sommet de Copenhague ses technologies pour contribuer à réduire les gaz à effet de serre : hydrogène énergie, capture et stockage du CO2, photovoltaïque… Ce dossier présente les défis et l’engagement de la Chine contre le réchauffement climatique, à travers les expériences d’experts et d’hommes d’entreprises. Je suis sûr qu’il contribuera à sensibiliser les entreprises françaises déjà présentes et celles qui veulent s’y implanter à agir, à leur échelle, pour la préservation de notre planète.

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协助委员会

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COMITÉ DE PATRONAGE

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Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine 中国法国工商会双月刊

Directeur de la publication Jacques Leclerc du Sablon Responsable de la publication Sophie Lavergne Rédactrice en chef Anne Garrigue Edition des textes chinois / 中文编辑

Ruan Zheng 阮征 Graphiste / 美术编辑 Xie Bin 谢滨 Ont collaboré à ce numéro : Véronique d’Antras, Laurent Ballouhey, Rémi Charrachon, Catherine Debeaumarché, Julie Desné, Antonia Cimini, Hélène Duvigneau, Sylvie Gentil, Pierre Lassalle, Roseline Legrand, Mariam Loussignian, Eric Meyer, Patrice Nordey, Manuel Rambaud, Christine Simon, Germain Sinpraseuth, Renaud de Spens, Nicolas Sridi, Hubert Testard, Emilie Torgemen. Photographie de couverture Elisa Haberer « Métro de Pékin». Publicité / 广告招商 Pékin : Ruan Zheng 阮征 Tél. : (010) 6512 1740 # 14 Shanghai : Séverine Clément Tél. : (021) 6132 7100 # 114 Guangzhou : Hervé Lambelin Tél. : (020) 8186 8585 # 801 Imprimé par Versatra Graphics 富运达图文印刷 Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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Everest, à l’est de l’Himalaya, le glacier recule de 10 mètres par an.

focus : Les chantiers de l’Etat français en Chine 8 - 12 rendez-vous A la une des médias 14 Le dessous des chiffres 18 L’état des lois 20 l’actualité L’Iphone en Chine ou comment Apple s’est laissé croquer ! 22 Guangdong : la montée en puissance d’une région-clé 24 Actualité entreprises 26 l’actualité coopération Des entreprises françaises au coeur du Sichuan 34 l’entretien Sun Yongfu : « Mission d’achat en France : une quarantaine de contrats signés ». 36

Réchauffement climatique Réchauffement climatique : la Chine se prépare Que signifient les engagements pris avant Copenhague ?

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喜玛拉雅山东部的冰川正以每年10米的速度在退化

Equation énergétique de la Chine et climat Pékin ou les provinces ? Un marché de 1 000 milliards de dollars La Chine s’active dans la normalisation mondiale L’étincelle médiatique de la dynamite verte chinoise Des étudiants chinois contre le réchauffement climatique Quand la Chine veut faire propre et vert Goldwind : Numéro 1 de l’éolien chinois Yingli Solar : Le solaire de A à Z Nucléaire : 50 nouveaux réacteurs d’ici 2020 La troisième révolution d’EDF Des turbines géantes aux rames de métro Sinaforce : exporte des produits verts Comment économiser l’énergie Schneider Electric : Avoir une vision globale de sa dépense énergétique Terao : Consommer sobrement et exécuter correctement Gide Loyrette Nouel : La puissance publique affine ses méthodes

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Le Fleuve Jaune, qui fertilise la grande plaine du Nord et dont dépendent plus de 600 villes, se tarit progressivement. 2为华北大平原提供 肥沃土壤,也是600座城市赖以生存之源的黄河正渐渐干枯。

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Shougang, le phoenix « vert » de l’acier chinois 84 Naissance d’un label vert chinois 86 La bataille des labels 88 Bureau Veritas : Le certificat vert, sésame des buildings de demain 89 CSPS : Une bonne R&D et bon business model 90 Saint-Gobain : Pour la construction verte 92 Centre de formation franco-chinois aux métiers de l’énergie : Former les échelons intermédiaires 93 Agence Française de Développement : Financer les économies d‘énergie 96 Transports, la Chine prépare l’après « tout pétrole » 100 En Chine, PSA prend un nouvel élan 102 Aluminium et propulsion électrique, l’avenir du bateau de passagers ? 103 régions jumelles Tianjin, la grande ville portuaire du Nord 104 tourisme chine Mei Zhang, une passionnée d’écotourisme 114 associations Béthel forme les orphelins non-voyants 116

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营商中国移动的合作,转而和中国联通合作

L’aciérie de Shougang à Pékin en mars 2009. 2009年3月,北京首钢生产基地

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I-phone a dû renoncer à un partenariat avec China Mobile, le plus gros opérateur du pays, pour China Unicom. 苹果i-Phone放弃和国内最大的移动通信运

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2009年十一至十二月号 第52期

Tianjin, quatrième port de Chine, est un centre financier et commercial actif. 中国第四大港口天津是一个活跃的金融和贸易中心

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culture Elisa Haberer, Je et les autres J-M G. Le Clézio à Pékin « Le traducteur est le singe du romancier » lire

公司简讯 25 公司简讯 37 专访中国商务部欧洲司司长孙永福 专栏:中国应对气候变暖 63 核能:到2020年,将建设50座新的核反应堆 65 法国电力公司的第三次革命 69 从巨型水轮发电机组到地铁列车 69 Sinaforce出口绿色产品 71 如何节能 73 施耐德电气:纵观中国能源消耗 79 TERAO公司:节制消费 正确实施 83 基德律师事务所:政府细化环保措施 87 中国绿色建筑评价标识的诞生 89 必维国际检验集团:绿色证书,未来建筑的敲门砖 91 CSPS公司:好的研发策略和好的商业模式 92 圣戈班:打造绿色建筑 95 中法能源培训中心:培养中间的技术人才 97 法国开发署:投资节能项目 102 标致雪铁龙集团再度发力中国市场 103 铝合金和电推进系统是载客船舶的未来吗? 旅游 110 欧洲文化之都—里尔

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FOCUS

聚焦

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Les chantiers de l’Etat français en Chine

La nouvelle ambassade et sa tour de sept étages enveloppée de brise-soleil.

法国新使馆和罩着遮阳板的7层楼

Le chantier de l’ambassade fin 2009.

Une nouvelle ambassade et un nouveau lycée pour 2010 et 2011

L

e chantier de construction de la nouvelle ambassade de France en République populaire de Chine s’est ouvert le 23 mars dernier sur un terrain de 20 000 m2 au croisement des rues Liangmaqiao et Tianze. Elle se situera donc au cœur du troisième quartier diplomatique de Pékin, non loin, entre autres, des ambassades américaine, nippone, israélienne et indienne. Après de longues procédures pour déterminer les acteurs du projet et obtenir auprès de la municipalité de Pékin les quatre permis nécessaires à toute construction dans la ville, les travaux ont commencé pour 18 mois et devraient s’achever comme prévu à la fin de l’année 2010. Le squelette en béton armé du bâtiment a été terminé à la fin du mois de septembre, dans les délais. Connexions / novembre - décembre 2009

Le choix du projet s’est fait en deux étapes. D’abord, l’équipe de conception a été sélectionnée à partir d’un concours européen d’architecture qui a été remporté par l’architecte français Alain Sarfati, assisté d’un bureau français, Ginger Sechaud Bossuyt, et de l’Institut de design de Pékin, Beijing Institute of Architecture & Design. Elle est franco-chinoise afin de mieux s’adapter aux normes de construction locales qui régissent le projet. Ensuite, un appel d’offres a été lancé en Chine et en Europe pour sélectionner l’entreprise de construction. Le projet du Beijing Construction and Engineering Group, organisme désormais privé autrefois attaché à la municipalité de Pékin, s’est démarqué grâce à sa valeur technique et son coût. L’entreprise retenue collabore aussi avec plusieurs experts ainsi qu’avec

une équipe qualité, composée de Bureau Véritas et d’AES International, présente en permanence sur le chantier. La future ambassade sera située dans un unique bâtiment de 19 950 m2 en forme de U, séparé en trois entités : la résidence, les services dont l’accès est restreint au public et ceux dont l’accès est plus libre tels que les services économiques, culturels et consulaires. Une paysagiste française est en charge de l’aménagement des 5000 m2 de jardins de la résidence, qui pourront accueillir des événements en extérieur. Ce projet a d’abord été motivé par une nécessité pratique : pouvoir regrouper tous les services sur un même site. En effet, l’actuelle ambassade occupe toujours les locaux où s’était établi le premier ambassadeur de France en République


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2009年底的法国新使馆工地

Populaire de Chine, en 1964 ! S’y ajoutent 45 ans après, sept autres sites éparpillés dans les alentours pour abriter les services économique, juridique, nucléaire, affaires sociales, sécurité intérieure, science et technologie, douanes, coopération et action culturelle et le cabinet médical. Le nouveau bâtiment, qui pourra accueillir 270 à 300 agents, rassemblera l’ensemble des services diplomatiques ainsi que la résidence de l’ambassadeur dans une même enceinte, facilitant de ce fait le travail entre les différents services et contribuant ainsi à l’amélioration de la sécurité et de l’efficacité des échanges internes. Cela permettra également de rationnaliser les dépenses et de réduire les coûts, en économisant les loyers et en mutualisant certaines facilités comme les salles de réunion.

Cependant, l’objectif est aussi selon l’ambassadeur de « rappeler la continuité de l’engagement de la France dans la durée dans ce pays ». Le fait de quitter le système locatif répond en effet à une logique économique mais aussi à une certitude de présence pérenne. La construction d’une nouvelle ambassade sur un terrain dont le gouvernement français détient les droits d’utilisation pour 70 ans renouvelables une fois se veut un symbole manifeste de l’engagement de la France en Chine sur les sept décennies à venir. Un nouveau lycée Autre preuve de cette confiance que la France porte à son avenir en Chine, elle a décidé dans le même temps de se doter d’un nouveau lycée français international à Pékin, pour accueillir les élèves de plus en plus nombreux chaque année. Le terrain où s’établira le lycée n’a pas été acquis au terme de négociations diplomatiques comme celui de l’ambassade, mais loué pour 20 années reconductibles. L’appel d’offres initial a donc porté sur une proposition globale incluant un projet de construction et un terrain privé à louer. La Commission de sélection constituée de représentants de l’Administration, de la communauté scolaire et de personnalités chinoises qualifiées a attribué le projet à l’unanimité au consortium Beijing East Land Properties/Jacques Ferrier. Le premier est un promoteur immobilier chinois qui détient les droits d’usage sur le terrain et le second est l’architecte français qui réalise en ce moment le Pavillon national pour l’Exposition Universelle Shanghai 2010. La société DHV, filiale d’un groupe d’ingénierie hollandais, pour le « project management » ainsi que le cabinet d’études chinois CAD sont également partenaires de ce projet. Le contrat de location de l’emplacement actuel du lycée étant lié au contrat de l’actuel terrain occupé par l’ambassade, les deux structures doivent déménager en même temps, ce qui explique les délais serrés du projet. En effet, alors que celui-ci entre à peine dans sa phase d’études techniques et

d’obtention des certificats d’urbanisme, l’appel d’offres pour sélectionner l’équipe de construction est prévu au printemps prochain afin que les travaux débutent à l’été 2010 et que les élèves y effectuent leur rentrée à l’automne 2011. Le nouveau lycée s’établira sur un terrain de 40 000 m2 au cœur du « Central Villa District » qui se situe dans le district de Chaoyang, près de la Western Academy of Beijing (WAB). L’unique bâtiment, d’une surface de 14 000 m2, permettra de réunir les écoles maternelle et primaire ainsi que le collège et le lycée. Sa forme originale rend possible la séparation des entrées des écoles maternelle et primaire de celles du collège et lycée afin de dissocier ces différentes populations d’élèves, tout en ménageant des continuités pour faciliter le travail des personnels et enseignants. Les rez-de-chaussée accueilleront les espaces collectifs comme les centres de documentation ainsi que l’administration, la salle des professeurs et autres fonctions partagées. Ils seront aussi réservés aux classes de maternelle, tandis que les primaires seront limités à deux niveaux en hauteur et trois pour les classes de collège et lycée. Tous les espaces extérieurs s’ouvriront sur des espaces verts et des installations sportives, un gymnase intérieur est également prévu ainsi qu’un restaurant situé dans un pavillon à part au milieu du verger. D’un point de vue pratique, une zone de dépose pour les bus ainsi qu’un parking temporaire pour les parents d’élèves sont intégrés au plan actuel, et la future ligne de métro n°15 en construction s’arrêtera à quelques centaines de mètres du lycée fin 2010. Ce nouveau lycée permettra d’accueillir 1 500 élèves et le projet retenu contient une réserve foncière susceptible de permettre une extension ultérieure à 2 000 élèves ou la construction d’équipements collectifs supplémentaires comme une piscine ou un internat.

C at h er i n e Debe au m a rch é Connexions / novembre - décembre 2009


Vue sur la résidence et la pelouse centrale bordée de tilleuls de la nouvelle ambassade.

La nouvelle ambassade

« un château fort et le socle des temples chinois » Renontre avec Alain Sarfati, l’architecte du futur complexe diplomatique français à Pékin. Connexions : Quels ont été vos partis pris en concevant cette ambassade ? Alain Sarfati : Une ambassade est un outil mis à la disposition des Français en Chine en interface avec les populations chinoises. Outre des fonctionnalités irréprochables et une excellente qualité d’usage et d’accueil, je souhaitais que l’ambassade symbolise notre pays. Mais qu’est-ce que la France ? Difficile de répondre à cette question quand on construit un immeuble de bureaux et pourtant ! Plus la mondialisation s’accélère, plus cette dimension symbolique est importante. Elle contribue à l’identité. J’ai cherché un chemin acceptable, une représentation sans ostentation. Je suis parti de la fonctionnalité, en cherchant à optimiser l’organisation du site. J’ai tenu compte de la localisation. Pékin, c’est un climat, dans un monde en construction, au milieu du sable, de la pollution, avec une certaine lumière. La France c’est une 10 Connexions / novembre - décembre 2009

image de rigueur, de méthode et, en même temps, les Français sont considérés comme des romantiques, inventifs, pleins de fantaisie. On associe la France au design, à la mode, à la chanson, à la joie et à l’art de vivre, à la gastronomie. Comment être rigoureux en s’autorisant la fantaisie ? J’ai choisi de jouer entre l’extérieur et l’intérieur en ménageant des surprises. J’ai opté pour une structure très solide de soubassement en granit avec des fenêtres enfoncées qui évoquent un château fort et le socle des temples chinois. Au-dessus, la tour de sept étages est enveloppée de brise-soleil fonctionnels qui protègent de la lumière pékinoise. A l’intérieur, par contraste, le jardin se découvre dès le hall d’entrée, ainsi que le drapé de verre sérigraphié qui double la façade de la tour du haut en bas et évoque la mousse du champagne ou un plissé Fortuny… J’ai souhaité que ce bâtiment sorte du gris environnant. Les brise-soleil seront en aluminium avec des

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FOCUS

聚焦

法国新使馆官邸和中央草坪效果图

tonalités de bronze doré et argenté. Au départ, j’aurais préféré des pierres ocre doré comme à Aix mais, n’en ayant pas trouvé, j’ai opté pour des pierres plus grisées comme celles de Montpellier. C. : Concrètement, comment avezvous répondu aux exigences fonctionnelles de vos donneurs d’ordre ? A. S. : Il fallait articuler des choses éparpillées : chancellerie, bureaux de l’ambassadeur, salles de réunion et réception, services culturels économiques et commerciaux, consulat et bien sûr la résidence. Tout cela va fonctionner de façon indépendante mais avec des synergies autour du grand jardin, de la caféteria extérieure ouverte au personnel, de la salle de conférences qui peut accueillir 110 personnes, et de la salle de réception modulable qui pourra recevoir de 10 à plus de 200 personnes. C. : Et les jardins ? A.S. : La grande pelouse centrale est bordée d’une double rangée de tilleuls un peu à la manière du Palais Royal. On pourra y déambuler, la partie centrale étant réservée à la réception. Ce sera un jardin ordonné, à la française, avec au bout un mur d’eau. Un cinquième sera ouvert. Le reste sera réservé à la résidence et sera planté de roseraies, de fuchsias et de pivoines avec quatre serres.

Propos r ecu eil l is pa r A n n e G a r r igu e


法国在华的工程

©Jacques Ferrier architectures/image Ferrier Production

Les chantiers de l’Etat français en Chine

Le projet de lycée de l’architecte Jacques Ferrier/Beijing East Land Properties.

法国建筑师雅克.费里耶和北京东地公司负责的新法国学校项目

Lycée Français International de Pékin

Un financement majoritairement public ouvert au mécénat Le projet de construction du nouveau Lycée Français International à Pékin (LFIP), lancé en septembre 2007, devait initialement être porté par une structure associative et tablait sur un financement mixte privé-public. Il n’a pas pu aboutir car la participation financière des entreprises a été moindre que prévu, et parce qu’il s’est avéré difficile pour une association de porter juridiquement un tel projet ainsi que d’emprunter la somme nécessaire à sa réalisation. Finalement, avec plus de 90% du montant total engagé, c’est le financement public qui est prédominant. Dans ce contexte, la responsabilité juridique du projet et de l’emprunt a été reportée sur l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE), directement rattachée au Ministère des Affaires étrangères. La location du terrain choisi coûte 12 millions de Rmb par an, avec un coût de réservation de 3 millions de Rmb par trimestre depuis l’obtention du permis de construire. Elle sera supportée par le budget de l’établissement, excepté la première année pendant laquelle le double loyer

à payer génèrera un besoin de trésorerie estimé à 600 000 euros. Le coût affiché par le constructeur est de 12,1 millions d’euros, en comptant les aléas et la maîtrise d’œuvre ; le coût de construction maximal estimé serait de 15,6 millions d’euros. Pour répondre à ce besoin de financement, l’apport direct de 6,2 millions d’euros du LFIP et de l’AEFE devra être complété par un emprunt de 10 millions d’euros sur 15 ans au taux annuel de 4,5%. Dans les circonstances actuelles, sans recours au mécénat, ce projet entraînera une augmentation des frais de scolarité de 19 à 22 % sur trois ans. Toutefois, plusieurs entreprises françaises installées en Chine comme Total, Safran, Areva ou Air France ont déjà manifesté un intérêt de principe pour apporter leur contribution. Cette dernière peut être offerte en nature, sous forme de participation directe au chantier valorisant un savoir-faire français — Schneider a proposé ses nouvelles technologies électriques par exemple — ou en tant que paiement directement versé à L’AEFE en France.

Pour s’associer, les entreprises peuvent s’adresser soit au conseiller de coopération et d’action culturelle de l’ambassade, soit à la directrice de l’AEFE. L’apport par mécénat aurait un impact significatif sur le projet, puisqu’il réduirait le montant de l’emprunt et donc les intérêts à rembourser. Chaque million supplémentaire ainsi collecté permettrait d’économiser 95 000 euros de remboursement par an sur 15 ans, et de réduire d’un point la hausse des frais de scolarité. Une commission consultative présidée par un chef d’entreprise devrait être créée afin d’engager une réflexion sur l’évolution du statut de l’établissement. En effet, le régime actuel de gestion publique directe n’est pas forcément le plus adapté à un lycée international, censé s’autofinancer et ouvert à mécénat. Il n’est pas exclu d’opter pour une formule intermédiaire, telle qu’une fondation à majorité publique qui offrirait aux partenaires privés une réelle présence au sein du Conseil d’Administration.

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©Jacques Ferrier architectures/image Ferrier Production

FOCUS

聚焦 Les chantiers de l’Etat français en Chine法国在华的工程

Vue d’ensemble du pavillon français pour l’Exposition universelle de Shanghai 2010 .

2010年上海世博会法国国家馆整体效果图

Le pavillon français Résille blanche suspendue au-dessus d’un plan d’eau, le Pavillon français pour l’Exposition Universelle de Shanghai de 2010 a été dessiné par l’architecte Jacques Ferrier, allié au scénographe Ruedi Baur et aux paysagistes de l’agence TER. Les concepteurs ont voulu présenter une vision française, poétique, équilibrée et humaniste de la ville. Le Pavillon devrait recevoir environ 67 000 visiteurs par jour, qui emprunteront un parcours initiatique autour des cinq sens. Restaurant gastronomique, jardins à la française, auditorium : le pavillon offrira un écrin à la culture française sous toutes ses formes. Les visiteurs entreront dans le pavillon sans passer une porte ni une seule vitre. Ils trouveront à l’intérieur le côté vivant, organique, surprenant du jardin « à la française » vertical. « L’idée n’est pas d’être nostalgiques de la campagne mais d’avoir une nouvelle approche de la ville »1, explique Jacques Ferrier qui souligne que le bâtiment s’inspire aussi de sa localisation en Chine. « Le visiteur entre au sud, comme cela se fait dans 12 Connexions / novembre - décembre 2009

les bâtiments traditionnels chinois. Tout le parcours est inspiré par la logique des bâtiments en Chine : le point de départ du parcours se situe au centre du pavillon et le point d’arrivée aussi et tous les espaces de parcours sont enroulés autour de ce point central. » Pour répondre à des préoccupations de développement durable, tout a été prévu pour économiser l’énergie avec entre autres des panneaux solaires et un système de recyclage de l’eau. Le pavillon a été conçu pour être pérenne. Il est démontable et pourra, éventuellement, être déménagé ailleurs dans Shanghai. Le budget total de la participation de la France à Shanghai 2010 est de 50 millions d’euros (comprenant le Pavillon et son aménagement).

A. G.

Pour toute information supplémentaire : Connexions n° 46 disponible sur internet www.connexions.ccifc.org dans la rubrique « précédents numéros ». Voir interview de Jacques Ferrier dans notre numéro spécial Shanghai 1

Pour sponsoriser le pavillon Un article de la loi de finances 2009 permet aux entreprises concernées de verser leur contribution à la COFRES dans les conditions de déductibilité fiscale des dépenses de mécénat. D’ores et déjà un certain nombre d’entreprises ont répondu à l’appel. Partenaires privilégiés Lafarge, LVMH, Michelin et SanofiAventis. Grands Partenaires Dassault Systèmes, EDF, GDF Suez, L’Oréal China, PSA Peugeot Citroen. Partenaires ADIAF, ALDEBARAN, Armor-Lux, Bordeaux, Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, Etablissements Guegan, Heuliez, Institut de France, Les Moulures du Nord, Musée d’Orsay, Eaux de Saint Géron, Spring Court, Tassinari & Chatel, Tramer, Vilac. www.pavillon-france.fr



头条新闻 A la une des médias

Par Renaud de Spens

Les journalistes sont-ils encore utiles ?

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Sous Mao, la presse n’était qu’une sorte de journal officiel, propres à susciter des idées de révolte dans l’opinion. Le 25 qui ne ressemblait que de très loin à du journalisme. Les octobre 2009, à l’annonce de sa « double condamnation » réformes de 1978-79 la débarrassent du carcan totalitaire. (expulsion du Parti et retrait de ses fonctions), les habitants Les mutations de la société, qui s’habitue à plus de liberté, de plusieurs quartiers de Dao font exploser des pétards et le désengagement financier de l’Etat dans la presse et l’ir- organisent un défilé du dragon pour exprimer leur joie. ruption des contraintes du marché font fleurir des titres de Les premières images de cette manifestation sont prises qualité au ton toujours plus audacieux. Ce mouvement est et postées le jour même par des participants sur Rednet, ralenti par l’arrivée au pouvoir de forum provincial du Hunan. Dès Hu Jintao en 2003, qui porte en le lendemain, quelques-unes de 2004 un coup sévère aux ferments ces photographies sont montrées d’une presse d’opposition (Nanau journal télévisé d’une chaîne fang Dushi Bao 《 南方都市报》, émettant dans le Shandong, à Xin Jing Bao 《新京报》), faisant plus de 1000 km du Hunan. arrêter plusieurs rédacteurs en chef L’information est déjà largement très progressistes. Les journalistes diffusée par des dépêches reprises libéraux se sont depuis habitués à « Célébrons la double condamnation du plus sur internet sur de nombreux un modus vivendi avec le pouvoir, grand corrompu de l’histoire du district de Dao » forums et blogs le 29 octobre fait de lignes rouges à ne pas fran- “热烈庆祝道县(湖南永州市)历史上最腐败分子被双规” et le quotidien de Pékin Xin Jing chir dans certains domaines, et de Bao publie un reportage sur l’évéfrontières plus mouvantes et négociables dans d’autres. nement le 10 novembre. Le traitement médiatique de cette Cependant, l’émergence d’Internet a sur l’information des affaire montre bien comment fonctionne le journalisme répercussions encore plus profondes en Chine que dans le d’investigation dans la Chine actuelle. Les informateurs loreste du monde. On trouve aujourd’hui pratiquement tout caux travaillent en général avec des médias d’une province sur la toile, et le pouvoir ne peut la contrôler que très im- extérieure à la leur, car ceux-ci ne sont pas sensibles aux parfaitement. A quoi la presse sert-elle donc encore ? Deux pressions des mêmes autorités. affaires récentes peuvent servir de prisme pour analyser le La publication de ces informations peut bien entendu rôle du journaliste dans la Chine d’aujourd’hui, et montrent servir l’administration centrale de Pékin, qui renforce ainsi qu’il est peut-être plus qu’un « idiot utile ». sa mainmise sur les provinces et tente d’incarner l’image Vox dominici ou vox populi ? La chute du secrétaire Yi de la justice. L’inconscient collectif chinois est plein de ces Guangming histoires des temps impériaux, où d’intègres missi dominici Expropriations illégales avec compensations dérisoires, font tomber des potentats locaux corrompus, pour la gloire prises d’intérêts dans des projets d’infrastructures, intimida- de l’empereur et le bonheur du peuple. tion et détention de ses opposants… Yi Guangming, secréToutefois, la large reprise de ces actualités sur les fotaire du Parti en charge du district de Dao (永州市道县), rums et les blogs de tout le pays renforce surtout le peudans le Hunan, était tout le portrait de ces « mauvais cadres » ple dans la conscience de sa propre force. En effet,

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头条新闻 A la une des médias

c’est à contre-cœur que le pouvoir a fait condam••• ner le secrétaire Yi. Il était à un an de la retraite, et

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nationaux, mais sur les forums Internet, directement postés par les témoins du drame. Un certain nombre de les autorités avaient fait savoir aux plaignants qu’el- détails troublants y sont révélés : deux bateaux de pêcheurs les désiraient le laisser partir tranquillement. L’un se trouvant à une vingtaine de mètres n’ont pas bougé ; d’entre eux cependant avait été particulièrement des pêcheurs ont exigé 10 000 Rmb pour chaque corps à opiniâtre. Ni les détentions, ni son renvoi manu militari repêcher. Insensibles aux promesses, suppliques et pleurs, au Hunan par la police de Dao alors qu’il pétitionnait ils n’ont remis les cadavres attrapés dans leurs filets qu’après (上访) à Pékin en 2007 ne l’avaient découragé. Il a ainsi fini que les étudiants et leurs professeurs sont parvenus à réunir par se faire remarquer par des journalistes du Nanfang Zhou- la somme. La puissance d’Internet se mesure instantanément. Dès le mo en 2008, qui ont publié un article pointant les irrégulalendemain, ces pêcheurs sont partout accueillis par les insulrités de la gestion du district de Dao. C’est cette médiates, soufflets et cailloux de la Némésis tisation du conflit qui a obligé la populaire. Et ce n’est qu’un temps en province à intervenir. retard que les médias traditionnels se Par ailleurs, le compte rendu des font l’écho de ces témoignages. manifestations par le Xin Jing Bao Néanmoins, les journalistes d’inn’hésite pas à raconter presque tout vestigation apportent bientôt une vadans le détail le plus subversif, releur ajoutée aux articles des meilleurs cueillant les témoignages de nomtitres de la presse écrite. D’abord, breuses personnes. On y découvre Les noyés de Jingzhou 荆州大学生救人溺水 ils donnent la parole à chacun, étunotamment que la police a tenté diants, nageurs, parents des victimes, à plusieurs reprises d’intimider les manifestants, mais que le soutien des passants l’a mise en pêcheurs, autorités et simples témoins. Ensuite, ils vérifient les accusations de pratiques mafieuses prêtées aux pêcheurs, échec. Carabiniers d’Offenbach ou Hercule Poirot ? Les noyés et mettent à nu à la fois les agissement douteux d’une entreprise très lucrative ayant le monopole du repêchage des de Jingzhou Le 24 octobre 2009, en début d’après-midi, il fait encore corps dans la circonscription et les carences des pouvoirs publics, démunis et sous-équipés. assez bon à Jingzhou, dans le Hubei, pour aller se baigner Les éditorialistes quant à eux mettent en évidence le paradans le Yangtsé. Soudain, deux petits garçons crient à l’aide. doxe du drame : les héros de la Chine d’aujourd’hui ne sont A près de cinquante mètres, ils n’arrivent pas à regagner pas ceux auxquels on aurait pu s’attendre ; ce sont ces très la rive. Aussitôt, plus d’une dizaine de jeunes étudiants se jettent à l’eau. Certains ne savent même pas nager. Ces jeunes étudiants impétueux et les quinquagénaires quelque peu ringards du petit groupe local des « nageurs d’hiver » enfants uniques, tant brocardés par les sociologues pour leur supposé égoïsme et manque d’engagement dans les affaires qui ont réussi à sauver plusieurs vie ce jour-là. Il y a 30 ans, en 1979, Le sourire de l’homme tourmenté publiques, se précipitent à la rescousse de leurs cadets sans (《苦恼人的微笑》) sort sur les écrans chinois. Ce film hésitation, sans même enlever leurs chaussures. Les petits courageux raconte l’histoire d’un journaliste à la fin de la garçons sont sauvés, mais trois étudiants, alourdis, inexpéRévolution Culturelle, dégoûté par les mensonges de la rimentés, trouvent la mort dans les remous du fleuve. propagande, et qui décide d’aller chercher la vérité. Rapidement, des dépêches diffusent cette information. Pourtant le lendemain, les photographies et les témoi- Le contexte politique a changé, la technologie aussi, mais gnages directs ne se trouvent pas encore dans les journaux son message est toujours d’actualité.

16 Connexions / novembre - décembre 2009



数字背后 Le dessous des chiffres

Par Hubert Testard *

La Chine épargne-t-elle trop ? 51%. C’était le taux d’épargne chinois par rapport à

l’ensemble des revenus du pays en 2007, dernière année disponible dans les statistiques officielles. Il ne faut pas confondre ce chiffre global avec le niveau d’épargne des ménages. Ce taux d’épargne global additionne l’épargne des ménages, celle des entreprises et des administrations. Il a globalement fortement progressé puisqu’il était un peu inférieur à 40% en l’an 2000. Il est aussi devenu très « excédentaire » : l’excédent des paiements courants du pays, qui en comptabilité nationale correspond à l’écart entre l’épargne et l’investissement, atteignait 11% du PIB cette même année 2007, alors qu’il était proche de 0 au début de la décennie. Il est donc de notoriété publique que la Chine « épargne trop ». Mais qui épargne et pourquoi ? On parle beaucoup des ménages chinois, dont le taux d’épargne est effectivement élevé puisqu’il frôle 38% des revenus en 2007 (contre 13% pour la France ou à peine 4% pour les Etats-Unis). Ce taux d’épargne a progressé par rapport aux revenus, mais dans le même temps la part de ces revenus dans la richesse nationale a fortement diminué, passant de 68% à 58% sur la période 1998-2007. Rapportée au PIB l’épargne des ménages reste située autour de 20%, ce qui correspond à une part minoritaire du taux d’épargne global. Le développement des politiques sociales devrait progressivement diminuer le besoin d’épargne des ménages. Mais c’est un processus de long terme qui implique des réformes particulièrement complexes dans des domaines comme la santé ou les retraites. Ces réformes sociales ne vont donc pas modifier rapidement les comportements des ménages, et leur niveau absolu d’épargne dépendra in fine davantage de la progression des revenus, qui est pour le moment ralentie par la crise. Il ya probablement des solutions plus rapides à trouver du côté des entreprises dont le taux d’épargne, correspondant

18 Connexions / novembre - décembre 2009

à leur résultat brut d’exploitation, est passé de 13 à 18% du PIB au cours des dix dernières années. Parmi ces entreprises ce sont surtout les entreprises d’état et les monopoles publics qui ont dégagé des surprofits et versent très peu de dividendes. Une solution techniquement simple consisterait à les taxer davantage pour financer les dépenses sociales. C’est une solution que la Banque Mondiale recommande depuis un certain nombre d’années, sans résultat à ce jour car le lobby des entreprises d’Etat sait se défendre. D’autres changements sont liés à la poursuite des réformes : libéralisation des taux d’intérêt, suppression des subventions publiques, des prix administrés, développement de la concurrence dans les secteurs protégés, libéralisation des services. La troisième source d’épargne nationale est tout simplement l’Etat (central ou provincial). Or, sur la période de 2005 à 2007, c’est le revenu des administrations qui a le plus progressé, à un rythme de plus de 25% par an, alors que la dépense publique progressait nettement moins vite. Standard Chartered estime que les recettes publiques augmenteraient de quatre points de PIB supplémentaires si l’on intégrait la vraie valeur des ventes de terrain. Globalement le surplus d’épargne des administrations expliquerait à, lui seul l’essentiel de l’excédent d’épargne du pays. La bonne nouvelle de 2009 est que l’Etat, à travers un plan de relance, a fortement augmenté ses dépenses au moment où les recettes budgétaires diminuaient : l’excédent des paiements courants s’est aussitôt contracté à 6,5% du PIB (contre près de 10% en 2008). Mais il faudrait que l’Etat continue à recycler ses excédents vers les ménages par des réductions d’impôts ou par l’accroissement des transferts sociaux pour éviter une nouvelle accumulation d’un surplus d’épargne vis-à-vis du reste du monde dont la Chine ne sait plus que faire.

* Chef de la Mission économique en Chine.



法制天地 L’état des lois

Par Germain Sinpraseuth*

L’internationalisation du droit des brevets en Chine

Depuis une vingtaine d’années, le droit chinois a su se doter d’un arsenal juridique très complet en matière de propriété intellectuelle et n’a donc rien à envier à celui des pays occidentaux. Toutefois sa faiblesse réside dans son incapacité à mettre en œuvre des réglementations pouvant offrir une réelle protection aux industriels implantés en Chine tant étrangers que chinois. La Chine ne veut plus de cette image de contrefacteur qu’on lui attribue. Le haut commissaire du State Intellectual Property Office (SIPO) a clairement émis le souhait de passer du « made in china » au « invented in china ». Cette volonté de changement se perçoit à travers l’ensemble des engagements internationaux pris ces dernières années. Récemment, le gouvernement chinois a publié la « national IP Strategy » avec l’objectif de faire de la Chine l’un des pays les plus innovants d’ici 2020. Pour atteindre son but, la Chine doit être en mesure d’offrir la protection et la sécurité juridique que recherchent les industriels. Conscient de son handicap, le gouvernement chinois a ainsi tenté de réformer sa législation avec la nouvelle loi sur les brevets entrée en vigueur le 1er octobre 2009. Cette troisième réforme de la loi est plus en accord avec les standards internationaux en matière de propriété intellectuelle. Aujourd’hui, les dispositions exigeant un premier dépôt en Chine ont été abolies. Désormais, toute invention qu’elle soit ou non finalisée en Chine, par un chinois ou un étranger, pourra faire l’objet d’un premier dépôt à l’étranger avant d’en effectuer un sur le territoire chinois, ce qui n’était pas le cas avant. Dans le même sens, pour être brevetable une invention doit désormais satisfaire aux critères de nouveauté, de créativité, et d’utilité d’un brevet. Jusqu’à présent le droit chinois appréciait la notion de nouveauté selon une conception relative. En d’autres termes, le simple fait que le public

20 Connexions / novembre - décembre 2009

chinois n’ait pas eu connaissance de l’invention suffisait à le rendre brevetable en Chine, même si elle avait déjà été révélée au public étranger. Cette brèche dans la législation chinoise permettait à toute personne de court-circuiter légalement la propriété d’un brevet sur le sol chinois. La nouvelle loi remédie à cette faille en substituant un critère de « nouveauté absolue » à celui de « nouveauté relative ». Dorénavant seule l’invention n’ayant jamais été révélée au public étranger et chinois est brevetable. Le gouvernement ne veut pas seulement mettre en place une législation moins contestable, mais également que les brevets déjà délivrés soient mieux exploités par leur détenteur et qu’ils ne soient pas à l’origine de situations de monopole ou d’abus. Ainsi, le SIPO peut dans des situations de monopole, d’insuffisance d’exploitation, ou pour des raisons de santé publique, octroyer des licences obligatoires d’exploitation du brevet à des tiers. Toutefois, ces mesures ne suffisant pas à elles seules à mettre fin à la contrefaçon, et les autorités voulant véritablement démontrer leur bonne volonté, le montant des amendes a été augmenté à hauteur de 4 fois le revenu illégal et est passé de 50 000 Rmb à 200 000 Rmb lorsque le revenu illégal ne peut pas être déterminé. Aujourd’hui, le contrefacteur peut également être condamné à payer des dommages-intérêts pour le préjudice subi. Le montant peut être fixé en fonction des pertes réelles subies, des gains perçus par le contrefacteur ou de la somme des redevances qui aurait pu être générées. Cette réforme ne devrait pas être une exception, un amendement de la loi sur les marques est actuellement en cours de réflexion.

*Avocat, Lefèvre Pelletier & associés


French Chamber of Commerce and Industry in China 2009-2010 Directory

ANNUAIRE CCIFC 2009-2010 Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine

Exposition universelle Shanghai - 2010

Pavillon de la Chine

中国法国工商会年鉴 www.ccifc.org

About 1 200 French companies all over Mainland China More than 3 500 contacts Bilingual French/English – Chinese

Contact : Patricia RUAN ruan.patricia@ccifc.org


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商务简讯 l’actualité / business chine

I-phone a dû renoncer à un partenariat avec China Mobile, le plus gros opérateur du pays, pour China Unicom. 苹果i-Phone放弃和国内最大的移动通信运营商中国移动的合作,转而和中国联通合作

L’Iphone en Chine ou comment Apple s’est laissé croquer ! Au commencement était l’Iphone, un produit High Tech et qui valorise son utilisateur, lui « donne de la face » en public, un argument de vente de poids en Chine. Bref, c’était le produit parfait pour capter la jeunesse urbaine dorée et autres cadres exécutifs de l’Empire du milieu, tous prêts à mettre la main à la poche pour s’offrir un petit bijou de technologie. Et l’Iphone a effectivement rencontré un vrai succès en Chine mais… sans Apple ! Le géant américain a en effet suivi une stratégie bien étrange pour pénétrer le marché chinois qui l’a amené à lancer son produit-phare début novembre 2009 seulement, soit des années en retard sur le reste du monde. Une stratégie et des normes inadaptées Il y eu d’abord le choix délicat de l’opérateur partenaire qui s’est avéré un véritable casse-tête pour l’Américain. Avec ses 500 22 Connexions / novembre - décembre 2009

millions de souscripteurs sur un total de près de 720 millions d’utilisateurs de mobiles, China Mobile semblait l’associé idéal mais les choses se sont vite crispées. D’une part Apple a absolument voulu pousser en Chine sa stratégie globale consistant à récupérer une partie des recettes liées aux communications en échange de l’exclusivité sur l’Iphone. Mais ici la très grande majorité des utilisateurs de mobiles fonctionnent avec des cartes prépayées et la souscription à un abonnement est assez compliquée sur le plan administratif, l’idée n’a donc pas plu à l’opérateur. Il ne pouvait pas, comme par exemple en France, proposer un pack « téléphone + abonnement » alléchant économiquement et rentrer dans ses frais en fidélisant sa clientèle. Il y a eu ensuite les problèmes de normes pour la troisième génération de téléphonie

mobile et l’accès à l’Internet haut débit. Les modèles 3G et 3GS de l’Iphone fonctionnent uniquement en WCDMA (la norme la plus répandue dans le monde) alors que China Mobile s’occupe de faire tourner, sur ordre du gouvernement, le standard local TD-SCDMA. Apple se refusant à développer des modèles adaptés, le mariage avec le plus grand opérateur du pays a donc dû être annulé. Résultat des courses : l’Iphone a fini chez China Unicom, opérateur nettement plus petit mais travaillant avec la norme 3G adaptée et acceptant de reverser une partie des gains au grand seigneur de la Silicon Valley. Clones et pirates Entre-temps, les consommateurs chinois ont pu s’offrir des versions débloquées de l’Iphone achetées à l’étranger et revendues au marché noir. Il y en aurait actuellement


网络简讯 entre 1.5 et 2 millions en circulation dans le pays. Ils ont pu aussi se familiariser avec les nombreux clones locaux comme le Aphone, le Hiphone et autres Nphones. Des modèles moins performants que l’original mais plus abordables et qui, avec leurs écrans tactiles et toute une panoplie de logiciels « gadgets », remplissent leur fonction première, être à la mode. C’est ainsi qu’on pouvait voir les ouvriers venus transformer Pékin en vue des JO 2008 sortir de leur poche des faux Iphones, logo pomme inclus, difficiles à distinguer du vrai. Les aléas d’Apple sur le marché Télécoms local ont également laissé du temps à ses concurrents pour développer des « Iphone killers » offrant des prestations similaires. Le Ophone de Lenovo est un exemple parfait puisque le géant chinois de l’informatique, également constructeur de téléphones mobiles, s’est finalement associé avec China Mobile pour développer des modèles adaptés à la norme de l’opérateur. Moins cher, accessible sans abonnement et optimisé pour les usagers locaux, l’Ophone profitera du leadership de China Mobile pour séduire des consommateurs avides de High Tech mais qui se soucient peu de la marque de l’appareil. Car, comme l’explique un vendeur de mobiles sur un marché de Shanghai, « tous ceux qui voulaient absolument un vrai Iphone ou une copie conforme l’ont déjà ! ». Le modèle « légal » disponible aujourd’hui n’a finalement aucun avantage pour le consommateur. Il est nettement plus cher que la version débloquée que l’on trouve partout sur les marchés High Tech (699 euros contre 540 euros pour un 3GS). Il est même bridé puisque China Unicom a retiré le Wifi pour obliger ses clients à utiliser ses abonnements 3G et obtenir des revenus supplémentaires. Pas de queue géante ni de fans emmitouflés dans des sacs de couchages donc devant l’unique Apple Store de Pékin début novembre pour le lancement de l’Iphone, il faut dire qu’il neigeait… Un vrai coup de froid pour la pomme en Chine qui ne s’est d’ailleurs même pas fendue d’un communiqué pour saluer son entrée, certes ratée, sur le marché local. Signe que c’est la politique du profil bas qui a été retenue !

Nicol a s Sr idi

E-commerce : les entreprises étrangères ne sont pas condamnées à échouer ! Lorsqu’on observe la situation des entreprises françaises présentes dans le e-commerce en Chine, le bilan n’est pas bien rose. Certains fleurons du Web français ont réussi à se faire une place, tel Viadeo (le site de mise en relations professionnelles), avec son entrée au capital du chinois Tianji en 2006. Pour Meetic, entré en fanfare sur le marché la même année en rachetant eFriendsnet, l’aventure n’aura duré que trois ans. En janvier 2009, son fondateur Marc Simoncini s’est résolu à jeter l’éponge et à constater que le service ne décollait pas. Meetic aurait englouti plus de 18 millions de dollars d’investissements auxquels se seraient ajoutés 2 à 3 millions d’euros de déficits opérationnels engendrés sur les comptes du groupe. Pour Netvibes, autre fierté du Web français, l’aventure n’a pas dépassé la prise de contact avec le marché. Business modèle trop incertain pour imaginer rentabiliser un jour les services de Netvibes en Chine. Du côté de la vente de produits en ligne, on ne peut que constater le désert ambiant. Malgré les plus de 360 millions d’Internautes chinois en mal de consommation, aucun distributeur français présent sur le sol chinois n’a encore réussi à faire de l’Internet un canal de ventes significatif. Pourtant, le marché chinois du e-commerce explose. Son leader, le Groupe Alibaba, réalise à lui seul sur Internet déjà beaucoup plus que Carrefour (116 hypermarchés, 40 000 employés) et Wal-Mart (147 hypermarché, 50 000 employés) réunis. Sa filiale Taobao dédiée aux particuliers, réalise ainsi 1,4% du commerce de détail chinois.

Soit 3 à 4 millions de colis expédiés tous les jours partout en Chine. Avec 80% de parts de marché, Taobao est aussi devenu un formidable “aspirateur de trafic” sur Internet. Plus de 20 millions de visiteurs uniques par jour. En France, les meilleurs sites français de e-commerce tels que PriceMinister réalisent environ 10 millions de visiteurs uniques… par mois. Légèrement en dessous, 3Suisses, La Redoute, la Fnac et Cdiscount oscillent entre 7 et 8 millions de visiteurs uniques. Les entreprises françaises n’ont cependant pas à rougir. Sur le marché français, mieux que partout en Europe, elles ont su contrer efficacement l’arrivée des mastodontes américains tels qu’eBay et Amazon. Et en Chine, elles ne font pas pire que toutes les entreprises étrangères venues d’Europe ou des Etats-Unis. Globalement, toutes peinent à trouver la bonne approche du marché. Dans le cadre du programme DIGITAL CHINA* L’Atelier BNP Paribas s’est intéressé à mieux connaitre ces fameuses entreprises chinoises qui dictent leur loi sur la consommation en ligne des ménages. Très peu connues des entreprises étrangères elles ont pour nom Taobao, Youa, PaiPai, Ctrip, EachNet, Ule China ou encore 360buy. Résultat, une série de réunions d’affaires durant 3 jours pour une sélection d’entreprises françaises. Etape essentielle pour apprendre à se connaître, “parler business” et peut-être enfin ouvrir les portes de l’Eldorado chinois.

Pat r ice Nor de y Dir ec t eu r de L’At el i er BN P Pa r iba s e n A si e

*DIGITAL CHINA 2009 est un programme de L’Atelier BNP Paribas (Shanghai) réalisé en association avec la CCIFC et NextStep Community.

L’Atelier BNP Paribas est le centre de veille technologique et d’innovation de BNP Paribas. Présent à Paris, San Francisco et Shanghai il décrypte depuis plus de 30 ans l’impact du digital sur la société et dans le monde des entreprises.L’Atelier conseille les grands groupes et les startups sur leur stratégie d’innovation. www.atelier.fr

www.asie.atelier.fr Connexions / novembre - décembre 2009 23


Canton accueillera les prochains Asian Games, en novembre 2010.

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公司简讯 l’actualité / entreprises

广州迎接2010年11月举行的亚运会

Guangdong : la montée en puissance d’une région-clé Le business franco-chinois n’en finit pas de se développer dans le Delta de la Rivière des Perles. La première province au rang national par son PIB et son commerce extérieur attire de plus en plus d’entreprises françaises, un développement qu’accompagne de près la CCIFC. Après Canton en 2001, c’est Shenzhen que la CCIFC a choisi pour ouvrir sa deuxième antenne dans le Guangdong en décembre 2008. Joël Pujol, vice-Président de la CCIFC, dresse le bilan. « C’est extrêmement positif. Fin 2008, l’ouverture de l’antenne de Shenzhen a permis à la CCIFC de compter parmi ses rangs 80 nouveaux membres. La croissance du nombre d’adhérents est de 30% pour le Sud Chine et le potentiel de développement reste important — les Français arrivent au sixième rang des investisseurs étrangers dans le Guangdong et leur nombre est en augmentation constante. Shenzhen bénéficie d’une position stratégique de premier plan, c’est un point de passage pour les importations et les exportations, une passerelle entre Canton et Hong Kong. On y réfléchit par-delà la 24 Connexions / novembre - décembre 2009

frontière, c’est le moteur le plus dynamique de la zone. Les bureaux de Canton et Shenzhen avec Hervé Lambelin (directeur CCIFC sud Chine) et Frédérique Consigny (responsable du bureau de Shenzhen) permettent de fédérer autour d’un esprit commun, des entreprises qui sont géographiquement très éloignées les unes des autres. L’ouverture de Shenzhen répond à une présence et à une demande croissantes des entreprises françaises, grands groupes et PME confondus, notamment en matière de formation. L’antenne de Shenzhen voit l’arrivée de PME de taille moyenne qui auparavant se débrouillaient seules dans leur coin. Nous assistons à la montée en gamme de l’industrie locale. La crise a libéré des places pour des sous-traitants plus qualifiés, avec des capacités plus

grandes. Il y a une modification des filières, davantage de high-tech et de services. La construction du pont de Zhuhai reliant Hong Kong et Macau au continent ouvre aussi de nouvelles perspectives. Nous sommes au tout début de l’explosion d’une nouvelle grande zone d’échanges formée par Canton-Shenzhen-ZhuhaiHong Kong et Macao — La CCIFC sera ravie d’ouvrir à Zhuhai quand le chantier sera achevé ! Ce sont les prémices d’une nouvelle grande Chine du Sud. » Business et convivialité à Canton Emblème du dynamisme local, la soirée « côté jardin », organisée par la CCIFC à Canton le 19 novembre dernier, a rassemblé près de 1 400 personnes ce qui en fait le plus important « western event » du Sud Chine. Placé sous le signe de l’art de


vivre à la française, l’événement a réuni les communautés d’affaires chinoises et françaises, mais aussi belges, espagnoles, allemandes et anglaises ainsi que leurs représentants officiels, parmi lesquels des membres du Foreign Affairs Offices du gouvernement municipal de Shenzhen. Hervé Lambelin, chef d’orchestre de la soirée, revient sur ce succès : « Nous avons battu des records cette année : 32 sponsors nous ont soutenus, le nombre de tables VIP a doublé par rapport à l’année dernière, 26 médias étaient présents et, fait notable, il y avait au moins 50% d’invités chinois. Les entreprises françaises profitent de plus en plus de l’événement pour faire leur team-building et la presse locale, écrite, web et radio, relaient très bien l’événement. » Les invités ont pu déguster des vins français avec en place d’honneur le Beaujolais nouveau, tradition oblige, et un « village des vignerons » qui permettait de découvrir d’autres appellations. « C’est une occasion tellement unique : on parle français, on rencontre des gens, on goûte des vins. J’adore ! » confiait Fanny, une jeune chinoise qui vient de se lancer dans le luxe. Parmi les temps forts de la soirée préparée avec le concours de Plus Events Consulting : une tombola avec billets d’avion et séjour en Thaïlande et le lancement du groupe de rock chinois Big Head (label Chulai). En sept ans, la soirée CCIFC, activement soutenue depuis l’origine par le consulat général de France, est devenue un « must » de la vie cantonaise. En 2010, c’est à Canton que sera descerné le prix PME. Le rendez-vous est pris !

Sophi e L av ergn e

关键地区的实力增强 中法贸易在珠江三角洲地区繁荣发

会”,约有1400名嘉宾出席,这使晚会成

展。广东省是全国实现国内生产总值和进

为华南地区最重要的西方活动盛事。在法

出口贸易额最大的省份,其举足轻重的经

式生活艺术的氛围中,晚会既聚集了中国

济地位吸引着越来越多的法国企业前来投

与法国的商界人士,也有比利时、西班

资,中国法国工商会也随之发展。

牙、德国和英国的商界人士参加,还有一 些政府代表,其中包括深圳市政府外事局

中国法国工商会2001年在广州设立

的领导等。

办事机构后,2008年12月又在深圳设立了

兰翰威作为晚会的总指挥,回顾了这

广东省内的第二家办事机构。中国法国工

一活动的成功:“我们今年创下了一些记

商会副主席普若林(Joël  Pujol)进行了总

录:共有32家赞助商支持我们,贵宾桌位

结。

的数量比去年翻了一番,26家媒体参加了 发展的势头非常好。2008年底深圳

晚会,最值得强调的是,至少有一半来宾

办事处的成立使中国法国工商会新增会员

是中国人。法国企业越来越通过此项活动

80名。中国法国工商会华南会员的数量增

来构建他们的团队,而当地的新闻媒体包

加了30%,并且发展的潜力非常大——法

括报纸、网络和广播也能对活动进行良好

国在广东省的外商投资中排在第六位,投

的传播。”

资者的数量仍在持续增加。深圳有着得天

来宾们能够品尝到法国红酒中享有

独厚的战略地位,是进出口贸易的口岸和

盛誉的薄若莱新酒,这是一项传统,还有

连接广州与香港的桥梁。人们由此考虑把

village des  vignerons公司提供的其它产地的

这里作为边境,这是华南地区最具活力的

葡萄酒。一个叫Fanny的刚刚投身奢侈品业

动因。

的中国女孩说:“这是一个独一无二的机

广州办事处和深圳办事处在兰翰威

会:我们说着法语,能见到不同的人,并

(Hervé  Lambelin)和费埃迪(Frédérique

品尝着美酒。我太喜欢了!”在广州巴乐

Consigny)的带领下,围绕着共同发展的理

斯信息咨询公司(Plus  Events  Consulting)

念,把一些遥遥相隔的企业联合在一起。

的协助下,晚会的高潮还有泰国游抽奖活

深圳办事处的设立符合法国企业,包括大

动以及春蕾文化传播公司旗下大头(Big

集团和中小企业在内的发展和在培训方面

Head)摇滚乐队的精彩演出。

的强烈需求。中等规模的中小企业纷纷在

七年以来,中国法国工商会的晚会从

深圳入会,以前这些企业仅在自己的小圈

一开始就得到法国驻广州总领事馆的大力

子内独自发展。我们协助本地的工业企业

支持,并且成为广州人生活中必不可少的

逐步提升。金融危机为一些更优质的、更

内容。2010年在华法国中小企业奖将在广

有能力的分包商提供了机遇。行业上也有

州举行颁奖仪式。让我们相约广州!

一些变化,出现了更多高科技和服务行业 的分包商。

Canton-Shenzhen, la CCIFC Sud Chine en chiffres : 240 membres, 50 évenements (conférences, séminaires, networking, groupes de travail) et 44 formations ont été organisés en 2009. Ils ont réunis 3 800 personnes. Contacts : ccifc-guangzhou@ccifc.org ccifc-shenzhen@ccifc.org

连接内陆与港澳的珠港澳大桥也开辟

广州-深圳,中国法国工商会华南地

了新的发展前景。我们正处在由广州、深

区统计数据:

圳、珠海、香港和澳门组成的大珠三角贸

会员240名

易区的发展初期。当珠港澳大桥竣工后,

2009年共组织了50场活动(讲座、专题

中国法国工商会将非常欣喜地在珠海设立

讨论会、联谊活动、工作小组等)以及

办事机构!这将是崭新大华南的开端。

44场培训。参加人数达3800人。

在广州的商务与亲善活动

联系方式:

11月19日,中国法国工商会在广州 举办了象征着当地活力的“花园风情晚

ccifc-guangzhou@ccifc.org ccifc-shenzhen@ccifc.org

Connexions / novembre - décembre 2009 25


公司简讯 l’actualité / entreprises

L. Bernard S.A. et Dalian ODC Marine, lauréats des prix PME Chine

Journée franco-chinoise au 12e festival du film asiatique de Deauville Du 10 au 14 mars 2010, la Chine sera l’invitée d’honneur du prochain festival du film asiatique de Deauville qui est devenu la plus grande manifestation européenne consacrée aux cinémas asiatiques dans leur diversité. Le festival offre aux 20 000 spectateurs plus de 40 films programmés sur 4 jours, en présence de nombreux acteurs et réalisateurs qui n’hésitent plus à faire le déplacement. La ville de Deauville a souhaité ajouter à cette grande manifestation culturelle une journée économique et une rencontre diplomatique, autour des ambas26 Connexions / novembre - décembre 2009

Da n s l ’aprè smidi, 18 journalistes chinois et français, parmi lesquels des représentants de Global Times, CCT V F, Elle, Beijing Youth, China’s Foreign Tr a d e , A F P, L a Tr i b u n e , Aujourd’hui la Chine et Le Vent de la Chine, ont participé à une conférence de pre s se autou r des lauréats 2009, des deux sponsors, de la Présidente et du Directeur de la CCIFC. Le dîner a été rythmé par deux spectacles de danse et de musique traditionnelles chinoises et la soirée s’est conclue par la vente aux enchères d’une photographie de l’artiste pékinoise Wen Fang au profit de l’Association Femmes du Ningxia. Le prix CCI International Chine a été, lui, decerné le 8 décembre lors du Forum China Europa du Havre à l’entreprise Airstar, leader français du ballon éclairant. © XIE Bin / CCIFC

La quatrième édition du Prix PME Chine soutenue par le groupe Total et Air France a eu lieu lors du Gala annuel de la CCIFC le 7 novembre 2009 à Pékin. Le Prix « Excellence » qui récompense une PME française ayant établi une structure locale de 2 à 5 ans d’existence en Chine, a été décerné par M. Sun Yongfu, Directeur du Département d’Europe du MOFCOM à L. Bernard S.A., une société industrielle spécialisée dans la fabrication de servomoteurs électriques implantée à Beijing depuis 2004 (voir Connexions n°51, p86). Le Prix « Entrepreneur », destiné à un entrepreneur individuel ayant établi des activités durables sur le territoire chinois, a lui été remis par S.E.M Hervé Ladsous, Ambassadeur de France en Chine, aux trois fondateurs de Dalian ODC Marine Manufacture Co. Ltd, une entreprise à capitaux français créée fin 2006 et spécialisée dans la conception et la fabrication de bateaux en aluminium. Les deux lauréats bénéficient de l’appui de la CCIFC et des sponsors, ainsi que d’un plan de communication leur offrant visibilité et notoriété sur le marché chinois. Le Gala organisé par la CCIFC a réuni près de 500 invités de la communauté d’affaires franco-chinoise, avec pour la première fois autant de convives chinois que français.

sadeurs asiatiques. Le vendredi 12 mars sera tout particulièrement consacré à la Chine avec, au programme, le déjeuner du Cercle de l’Entreprise, en présence de l’Ambassadeur de Chine en France. Suivra une rencontre entre chefs d’entreprises français et chinois, organisée en collaboration avec la Chambre de Commerce et d’Industrie française en Chine. Cette édition revêt en outre un caractère particulier pour les relations franco-chinoises avec le rapprochement en cours entre les villes de Xiamen et Deauville. Une délégation de Xiamen devrait d’ailleurs être présente en mars prochain à Deauville. Pour tous renseignements sur la journée franco-chinoise du vendredi 12 mars 2010, contacter Philippe Mandonnet

Remise du prix « Excellence » à Guillaume Bernard de la société L. Bernard SA. 向法国伯纳德公司总经理伯 涛颁发“在华最佳法国中小 企业奖”

(p.mandonnet@deauville.fr). Site du festival : www.deauvilleasia.com.

GNL conseille TISCO dans des investissements en Turquie

Taiyuan Iron and Steel Group Co. Ltd (TISCO), le premier producteur d’acier inoxydable de Chine, a choisi l’expertise internationale de Gide Loyrette Nouel Pékin et Istanbul dans un important investissement en Turquie. Fin octobre, le géant de l’acier chinois a investi dans trois compagnies turques d’exploitation minière pour un montant de 300 millions de dollars US. C’est la première fois qu’une entreprise publique chinoise


2009

伯纳德股份有限公司与 大连欧计设游艇制造有 限公司荣获2009年在华 法国中小企业奖 2009年11月7日,由道达尔集团和法国航 空公司赞助的第四届在华法国中小企业奖在 中国法国工商会的年度晚宴上举行了颁奖仪 式。“最佳企业奖”用于表彰在中国设有分支

第12届杜威尔亚洲电影节特设中法交流日

年初成为上海世博会的指定赞助商,负责

2010年3月10日至14日,中国将是第

为现场的工作人员提供所需化妆品。随着

12届杜威尔亚洲电影节的贵宾。该电影节

关于世博会的第二项合作协议的签署,欧

已成为欧洲最大的展示多姿多彩亚洲电

莱雅集团由此成为唯一一家同时赞助中国

影的盛会。电影节将在4天时间里为2万名

政府和一座国家馆的外国企业。

观众献上40多部电影,众多远道而来的 名人也将参加电影节。杜威尔市希望在这

中欧投资贸易展览会:为倡导绿色经济

次文化盛会中增加一天经济交流和外交会

的一次聚会

机构已有二至五年时间的法国中小企业,今年

晤,邀请绝大部分亚洲驻法大使参加。

在法国勒阿弗尔举办的第三届中欧投

由中国商务部欧洲司司长孙永福颁发给伯纳德

3月12日这天将完全属于中国,安排企业

资贸易展览会让中法两国共同关注城市可

界人士与中国驻法大使共进午餐。随后,

持续发展的主题。中欧投资贸易展览会的

中国法国工商会与电影节主办方将共同组

创办机构勒阿弗尔市经济发展委员会主席

织一次法中企业家的会晤。随着中国厦门

杰拉德.梅尔舍(Gérard Mercher)重申了选

法资企业成立于2006年,专门设计和制造铝合

与法国杜威尔两座城市的进一步接触,本

择这一主题的主要原因:“勒阿弗尔积极

金游艇。获奖的两家企业将得到中国法国工商

届电影节对法中关系具有特殊的意义。来

投身到城市可持续发展的政策中,我们需

自厦门的代表团将在3月份到达杜威尔。

要交流经验。中国和欧洲大都市的飞速发

欲了解有关2010年3月12日中法交流日的

展造成了较为严重的环境问题,现在是采

详 细 信 息 , 请 联 系 Philippe  MANDONNET

取行动的时候了。本届中欧投资贸易展览

其中包括环球时报、CCTV财经频道、ELLE杂

(p.mandonnet@deauville.fr)。电影节网址:

会还体现了2007年11月法国生态、环境、

志、北京青年报、中国对外贸易、法新社、

www.deauvilleasia.com。

可持续发展和海洋部与中国建设部(现已

股份有限公司,这家工业企业2004年在北京成 立,专业生产阀门电动执行器。“最佳企业家 奖”用于表彰在中国建立长期业务的法国个人 企业家,今年由法国驻华大使苏和颁发给大连 欧计设游艇制造有限公司的三位创始人。这家

会和赞助商的支持和提升他们在中国市场知名 度的广告宣传计划。 今年,中国法国工商会举办的晚宴邀请 到将近500位中法商界人士,中国宾客的数量 首次与法国相当。当天下午,18位中法记者,

论坛报法国财经日报 、Aujourd’hui la Chine和 Le

更名为住房和城乡建设部)签署的城市可

Vent de la Chine的代表,参加了2009年获

奖企业、赞助企业以及中国法国工商会会长 和总经理出席的新闻发布会。晚餐由“Le

Pré

Lenôtre”法餐厅厨师长精心准备,中间穿插了

基德为太钢在土耳其投资提供咨询 中国最大的不锈钢生产企业太原钢铁

持续发展双边合作协议。协议规定促进中 法两国各省市、各地区规划机构以及从事 国土规划企业之间的合作。”

两场中国传统舞蹈和音乐表演,并以拍卖北京

集团选择了基德律师事务所北京和伊斯坦

艺术家文芳的摄影作品结束,拍卖所得款将捐

布尔代表处为其在土耳其的一项重大投资

对于这座承担法国63%海上对外贸

由法国工商会联合会和中国法国工商会

提供咨询服务。2009年10月底,中国钢铁

易的法国港口城市,规模是关键所在,应

联合举办的法中中小企业奖于2009年12月8日

巨头太钢向土耳其三家铬矿开采企业投资

该巩固它在北欧各大港口中的地位,使其

3亿美元。这是中国国有企业第一次在土耳

成为无可争议的与中国发展贸易的平台。

其采矿业投入如此巨额的资金。向三家采

中国的运输量目前占该港口总运输量的

矿企业注资的同时,太钢还获得了15项土

25%,多年来一直保持着20%的年增长率。

耳其铬矿开采权,以此扩大集团的不锈钢

2009中欧投资贸易展览会提出的三项

给“宁夏妇女”协会。

在法国勒阿弗尔的中欧投资贸易展览会上

investit un tel montant dans le secteur minier en Turquie. En entrant au capital de ces trois sociétés minières, TISCO emporte également quinze permis d’exploitation pour des mines de chrome et devrait ainsi augmenter sa production d’acier inoxydable. Le cabinet de conseil français a conseillé TISCO sur tous les aspects de la transaction, y compris un état général du climat des affaires en Turquie en matière d’investissements étrangers, la structure de la transaction, l’audit légal, la rédaction des documents contractuels, les questions de droit du travail local concernant les employés chinois ainsi que sur des investissements supplémentaires en Turquie. www.gide.com

生产。

主要议题是:城市机动性与交通,应对气

法国基德律师事务所为太钢提供交易

候变化以及空气和水处理。作为此次展会

全方位的咨询,包括土耳其整体投资环境

的贵宾,成都市政府展示了他们的重建规

状况,交易结构,法律审核,合同文本的

划以及由此带给外国投资者的机遇。

起草,以及中国员工在当地劳动权利和在

对于法国和欧洲企业,中欧投资贸

土耳其补充投资的相关问题。

易展览会既是展览和商务洽谈会(自10月

www.gide.com

份已经安排了5000场商务洽谈会),又是 交流座谈会,它有条件成为众多企业的跳

欧莱雅赞助2010年上海世博会法国馆

板。约有150个中国城市和企业和250个欧

2009年11月底,世界化妆品行业的领

洲参展单位参加了2009年中欧投资贸易展

军企业欧莱雅集团正式成为上海世博会法

览会。即使总结此届展会还为时过早,但

国国家馆的合作伙伴。欧莱雅中国自今年

杰拉德.梅尔舍相信:“2010年还将举办此

Connexions / novembre - décembre 2009 27


公司简讯 l’actualité / entreprises

Le premier fabricant français de peintures industrielles destinées au marché du Coil Coating (prélaquage), électronique et industrie générale, déjà implanté à Canton et à Shanghai, a ouvert le 16 Octobre 2009, une nouvelle usine à Wuqing UDA, à proximité de ses clients de Chine du Nord. Jean-Claude Pierre, Directeur Division Electronique explique : « Cette implantation, la première d’une société française sur le parc industriel de Wuqing UDA, n’aurait pas vu le jour sans les contacts étroits avec cette zone, et le savoir-faire de notre consultant, Joël Pujol (China JP Consulting). Son intervention a été déterminante pour trouver et négocier l’ensemble de notre implantation à des conditions “extrêmement avantageuses”. En quelques jours, nous avons pu négocier le terrain correspondant exactement à nos besoins avec une

réduction des coûts de l’ordre de 25 millions de Rmb. Le process d’acquisiton du terrain, les autorisations de construction et la construction elle-même, ont été finalisés en 12 mois : une première mondiale pour le groupe ! ». Cette unité de production, pilotée par l’équipe chinoise de Beckers Industrie S.A., a intégré les différents apprentissages acquis lors de la fabrication des vingt autres usines de Beckers dans le monde, et est à ce jour la plus moderne du groupe. Il est prévu qu’elle produise de la peinture pour décorer et fonctionaliser la surface des appareils électroniques grand public (téléphones portables, ordinateurs, baladeurs, consoles de jeux...) dans le respect de l’environnement, un des quatre concepts-clés du site avec la sécurité, la productivité et la gestion de la propreté. Avec une capacité supérieure à 10 000

L’Oréal sponsor du pavillon français de l’Expo

Le Forum China Europa, un nouveau rendez-vous pour le green-business

Fin novembre, le leader mondial des cosmétiques est devenu sponsor officiel du Pavillon de la France pour l’exposition universelle de Shanghai. L’Oréal Chine, est déjà sponsor officiel du Bureau de l’Expo depuis le début de l’année et participera activement aux animations prévues. Avec ce second accord de partenariat sur l’Expo, le groupe français devient la seule entreprise étrangère à soutenir simultanément le gouvernement chinois et un pavillon national. Plusieurs accords de coopération sont en cours avec le pavillon français. A noter que l’Oréal Chine fournira des produits de beauté qui seront offerts aux visiteurs du pavillon et aux jeunes couples chinois qui participeront à l’opération « Romantic Wedding » pendant l’Expo. L’Oréal prendra également en charge la fourniture de produits professionnels à destination des équipes sur place. www.lorealchina.com 28 Connexions / novembre - décembre 2009

Cette année le forum du Havre a fédéré Chinois et Français autour du développement urbain durable. Gérard Mercher, directeur général du Havre Developpement, l’institution à l’initiative de la manifestation, revient sur les principales raisons du choix de ce thème : « Le forum s’inscrit dans le cadre de l’accord Développement Urbain Durable, un partenariat bilatéral signé en novembre 2007 entre les ministères français et chinois, le MEEDM (ministère de l’Ecologie, de l’Environnement du Développement Durable et de la Mer) et le MOHURD (Ministery Of Housing Urban-Rural Development). Cette convention promeut les coopérations entre nos deux pays au niveau municipal, régional et provincial, les aménageurs institutionnels, et les acteurs privés impliqués dans l’aménagement du territoire.»

© DR

Beckers ouvre une usine en Chine du Nord

Le leader de la peinture industrielle est la première entreprise française à s’installer sur le parc industriel de Wuqing. 全球领先的工业涂料生产商贝格集团是第一家在天津武 清开发区落户的法国企业

tonnes et 40 employés au démarrage, elle devrait permettre à Beckers de poursuivre sa croissance et de conquérir de nouveaux clients.

Pour la ville portuaire française qui assure 63% du commerce maritime extérieur de l’Hexagone, il s’agit de renforcer sa place parmi les grands ports d’Europe du Nord et de s’imposer comme une plate-forme incontournable de développement avec la Chine dont les volumes de transactions représentent 25% des flux totaux et sont en augmentation constante de 20% par an depuis plusieurs années. Trois thèmes principaux avaient été retenus pour China-Europa 2009 : la mobilité urbaine et les transports, la lutte contre le changement climatique et le traitement de l’air et de l’eau. La municipalité de Chengdu, invitée d’honneur, a présenté son programme de reconstruction et les opportunités pour les investisseurs étrangers. A la fois Salon, convention d’affaires et centre de conférences, le forum a de quoi devenir un tremplin pour bon nombre d’entreprises. Même s’il est encore trop tôt pour faire un bilan de l’édition 2009, avec environ 150 participations chinoises (villes et entreprises comprises) et 250 inscrits


贝格在华北建厂 法国最大的工业涂料生产商贝格集团 在广州和上海建厂后,2009年10月16日, 又在紧邻其华北客户的天津武清开发区开 设了新厂。贝格的产品包括卷材涂料、家 电涂料和普通工业涂料。贝格广州分公司 的总经理让.克罗德.皮埃尔(Jean-Claude Pierre)指出:“作为第一家进驻武清开发 区的法国企业,若没有与该地区的紧密联 系和我们顾问普若林(Joël  Pujol)的专业 咨询建议,这家工厂就不会建成。他的帮 助对于我们找到厂址并且谈判取得“极其 优厚”的入驻条件起到了决定性的作用。 在短短的几天时间里,我们就谈下了完全 符合我们要求的土地,而且降低了大约 2500万元的成本。土地获批手续、建厂许 可和建厂本身在12个月内便完成了。对于 我们集团,这在全世界是头一回!” 这家生产厂由贝格集团的中国团队 管理,融入了贝格全球20多家工厂的建厂 经验,是集团迄今在全世界最先进的一家 工厂。主要生产用于装饰家用电器表面并 使其功能化的涂料(移动电话、电脑、随 身听、游戏台等),并且不对环境造成污 染,这一理念与安全性、生产效率和洁净 管理并为工厂管理的四大理念。新工厂起 步阶段生产能力超过1万吨,拥有40名员 工,它将使贝格集团继续保持增长并赢得 新的客户。

项活动,关于城市可持续发展这一主题的

Françoise Carbonnel, Catherine LazBounatirou

展览会将至少举办两到三届。”

与 Marie Rivière,

http://www.china-europa.org

了和谐&灵活咨询公司,一家专为法国外

三位人力资源专家成立

派人员及配偶在融入和流动方面提供人力

爱集斯北京分公司的新变化

资源咨询的服务机构。她们的企业具有专

爱集斯国际运输服务有限公司北京分公司

为外派人员提供整体服务的特点:“为

有新的变化:今后将由拥有10年中国从业

了获得积极的经验,外派必须从员工抵

经验的罗伯特.安东(Robert Anton)领导北

达到重返法国进行全盘考虑,还要考虑

京分公司,刘妤婷(Karen  Leotoing)将继

其配偶和所在国的特殊环境。”Catherine

续负责与法国团体及法语圈的联系。此次

LazBounatirou解释说。

新任命将使爱集斯在最佳条件下维持其在

促使她们将项目付诸实施的因素之一是:

2009年取得的26%的进出口运输增长,目

企业会负责接待新到的外派人员,却很

前该公司已在上海、广州和成都设立分公

少关心他们回国所面临的问题。“只有

司。爱集斯自2005年进入亚洲以来,如今

38%的企业为外派人员回国实施配套的人

在印度、韩国等9个国家拥有16个办事处。

力资源政策,而25%的外派人员在回到法

除了为个人和办公室提供搬运服务,爱集

国后,离开了他们在其他国家曾经效力的

斯还提供一系列广泛的补充服务,例如汽

企业。返回本国比当初离开更加困难。回

车搬运,短期或长期的家具保管,以及当

国,可以说是个门槛,这就是人们所说的

地和国内的搬家服务。

逆文化冲击。”Marie Rivière说道。

www.agsfourwinds.com

算式非常简单:外派的成本高,收 益却是不确定的,企业因此十分关注更好

和谐&灵活咨询公司:为外派人员量身定

地评估外派员工的价值。为了实现这一目

做人力资源方案

标,和谐&灵活咨询公司编制了一套方法,

européens, Gérard Mercher est confiant : « L’initiative sera renouvelée en 2010, c’est un cycle de deux ou trois ans minimum qui s’ouvre sur ce thème. » www.china-europa-forum.net

Du nouveau chez AGS Four Winds Pékin

C’est désormais Robert Anton, fort de 10 ans d’expérience en Chine, qui dirigera la branche pékinoise du déménageur français. Karen Leotoing restera le contact privlégié de la communauté française et francophone. Cette nouvelle nomination devrait permettre à AGS Four Winds d’accompagner et de soutenir dans les meilleures conditions la croissance de 26% du trafic d’import/export qu’a connue en 2009 le leader français, également présent à Shanghai, Canton et Chengdu. AGS qui se positionne en Asie depuis 2005 compte aujourd’hui seize bureaux dans neuf pays de l’Inde à la Corée, et propose outre le déménagement d’effets personnels et de bureaux, une vaste Connexions / novembre - décembre 2009 29


公司简讯 l’actualité / entreprises gamme de prestations complémentaires comme le transport de véhicules, le gardemeuble de courte ou longue durée, ainsi que le déménagement local ou national. www.agsfourwinds.com

PSA Peugeot Citroën « Meilleure entreprise citoyenne de Chine » Organisé pour la sixième année consécutive par les journaux 21st Century Business Review et 21st Century Business Herald, le prix de la « Meilleure entreprise citoyenne de Chine » a récompensé cette année la contribution du constructeur automobile français en matière de sécurité routière, de protection de l’environnement et de mobilité urbaine. Les membres du jury (représentants du gouvernement, chercheurs, membres d’organisations non-gouvernementales et leaders d’opinion issus des médias) ont distingué 30 entreprises, parmi les 500 candidates. PSA Peugeot Citroën a été la première entreprise automobile à communiquer en Chine sur le sujet de la sécurité routière, avec des campagnes de sensibilisation dès 2004, à destination des

journalistes, des usagers de la route et des enfants (concours, expositions…). Leader mondial des véhicules basses émissions de CO2, PSA Peugeot Citroën mène aussi de nombreuses recherches dans le domaine des véhicules propres, en coopération avec le gouvernement, et a créé et financé l’Institut de la Ville en Mouvement (IVM) qui mène en Chine des recherches sur l’urbanisme et le transport urbain. « PSA Peugeot Citroën reçoit cette récompense comme un encouragement. Le Groupe continuera à participer au développement durable de l’industrie automobile chinoise et à la construction d’une société automobile harmonieuse.» conclut le communiqué de presse du constructeur français. www.psa.net.cn

mieux valoriser leurs expatriés. Pour répondre à cet objectif, Harmony & Mobility Consulting a concocté une formule qui assure un suivi RH sur la totalité du parcours d’expatriation, ponctué par trois étapes-clés. La première, trois mois après l’arrivée du collaborateur, permet de faire le point sur les attentes et les difficultés rencontrées… La deuxième consiste en un bilan annuel. Enfin, la dernière étape, six mois avant le retour en France, intitulée “Stratégies et Perspectives”, permet d’anticiper son avenir professionnel. Avec un bureau à Pékin et un à Singapour, Harmony & Mobility Consulting se positionne comme un médiateur neutre entre l’entreprise et ses collaborateurs et s’adresse également aux particuliers, notamment aux conjoints d’expatriés, avec des prestations telles que le bilan de compétences, l’accompagnement à la recherche d’emploi et les ateliers de déveDe g. à d. : Catherine LazBounatirou, Marie Rivière et Franloppement personnel.

Une nouvelle offre autour de “l’impatriation” (ou comment bien accueillir en France les collaborateurs chinois envoyés au siège acquérir la culture de leur entreprise) devrait bientôt voir le jour. www.harmonymobility.com

Harmony & Mobility Consulting, des RH sur mesure pour l’expatriation

Françoise Carbonnel, Catherine LazBounatirou et Marie Rivière, trois expertes en ressources humaines, lancent Harmony & Mobility Consulting, un cabinet de conseil en ressources humaines spécialisé dans l’intégration et la mobilité des expatriés et de leur conjoint. Leur entreprise se caractérise par une approche holistique de l’expatriation : « Pour être une expérience positive, l’expatriation doit tenir compte du collaborateur expatrié depuis son arrivée à sa réintégration en France, de son(sa) conjoint(e) et de l’environnement spécifique du pays. » explique Catherine LazBounatirou. Un des constats qui les a poussées à concrétiser leur projet est que les entreprises se préoccupent de l’accueil des nouveaux arrivants mais beaucoup moins des problématiques de leur retour. “Seules 38% d’entre elles mènent une politique RH d’accompagnement au retour et 25% des collaborateurs quittent l’entreprise, qu’ils avaient pourtant suivie à l’autre bout du monde, en rentrant en France. Il est plus difficile de rentrer que de partir. Le retour est comparable à un deuil, c’est ce que l’on appelle le contrechoc culturel” explique Marie Rivière. L’équation est simple, l’expatriation a un coût élevé et une rentabilité incertaine, les entreprises ont donc tout intérêt à

çoise Carbonnel

30 Connexions / novembre - décembre 2009

Le Lycée Français de Pékin fête l’astronomie

En 2010, la science des astres sera à nouveau à l’honneur au Lycée français international de Pékin. En 2009, désignée « année mondiale de l’astronomie » qui coïncidait avec le 400e anniversaire des premières observations faites avec une lunette astronomique, le LFIP avait organisé du 23 au 27 novembre une semaine consacrée à l’astronomie, autour de la venue de Pierre Léna, astrophysicien et membre de l’Académie des sciences. Pierre Léna qui a notamment contribué au développement de l’astronomie par infrarouge, à la conception du Very Large Telescope européen et à de nouvelles méthodes d’imagerie astronomique à haute résolution, était venu rencontrer des élèves français (des classes élémentaires aux lycée) et des élèves


© Imagine China

标致雪铁龙集团荣获“中国最佳企业公 民”大奖

En 2008, PSA Peugeot Citroën a lancé la « Caravane de la Sécurité Routière », une campagne de prévention dans les écoles maternelles2008年,标致雪铁龙集团在全国各大城

中国最佳企业公民评选由

者和儿童开展了关注道路安全的

《21世纪商业评论》和《21世纪经

活动。作为领先的低碳排放汽车企

济报道》主办,至今已连续举办

业,标致雪铁龙集团还与政府合作

六届。标致雪铁龙集团今年荣获

开展环保汽车领域的诸多研究,并

了“中国最佳企业公民”大奖,以

且创立和资助动态城市基金会在中

表彰集团在道路安全、环境保护和

国进行城市规划和城市出行方面的

城市机动性方面做出的贡献。由政

研究。

府机构代表、学者、非政府组织代

标致雪铁龙集团的新闻稿最后

表和传媒领袖组成的评委会从500家

总结道:“标致雪铁龙集团将以获

候选企业中选出30家企业获此殊荣。

奖作为鞭策,与中国汽车可持续发

标致雪铁龙集团是首家在中

展事业共同成长,继续为建设一个

国倡导道路安全的汽车企业,从

和谐的汽车社会做出应有的贡献。”

2004年起向媒体记者、道路使用

www.psa.net.cn

市的幼儿园启动了“儿童交通安全训练营”活动。

chinois des lycées partenaires du LFIP. Il s‘était livré au jeu des questions/réponses avec eux : « Leur curiosité est insatiable, j’aurais pu y rester des heures », précisaitil lors de la conférence publique qui s’est tenue le jeudi 26 dans la salle de spectacle de la maternelle. Le célèbre scientifique était en effet également venu présenter aux Pékinois la série documentaire « Tours du monde, Tours du ciel » de R. Pensard-Besson, consacrée aux obsversatoires astronomiques dans le monde et à laquelle il a contribué en tant que conseiller. Après la projection d’un extrait retraçant les découvertes du début du XXes. (Hubble et Einstein), le public avait pu interroger un Pierre Léna enthousiaste et passionné. Aux 10 films de 52 minutes diffusés en 1991, le réalisateur a récemment ajouté un onzième épisode retraçant les changements intervenus ces dernières années. En mai 2010, à l’occasion du 400e anniversaire de la mort du Jésuite et scientifique Mattéo Ricci le 11 mai 1610, il est prévu que R. Pensard-Besson vienne à Pékin pour une projection de ce nouveau film. A suivre…

对外派的整个过程实施人力资源跟踪,主要

际学校组织了天文周活动。雷纳尤其在红

分为三个阶段:第一阶段,员工到达三个月

外线天文观测的发展、欧洲特大望远镜的

后,就他的期望和遇到的困难做一次小节;

设计及高清天文成像新方法的研究方面做

第二阶段要做一份年度总结;最后一个阶段

出过贡献。活动期间,他接见了一些法国

被称为“战略与前景规划”,在员工返回法

学生(法国国际学校的小学生)以及与该

国前6个月,帮他提前计划职业前程。

校合作学校的中国学生,并与他们一起做

和谐&灵活咨询公司在北京和新加坡

互动问答游戏。在11月26日幼儿园演出礼

各有一处办公室,公司将自己定位于企业

堂里举行的新闻发布会上,雷纳说:“孩

和外派员工之间中立的调解者,同时也面

子们的好奇心难以满足,我应该再多呆些

向个人,尤其是外派员工的配偶,为他们

时间。”这位知名的科学家此次来华也

提供技能评估、就业帮助和个人发展空间

是为了向北京的朋友们介绍潘萨尔.贝松

方面的服务。一项关于“接收中国员工”

(R.  Pensard-Besson)拍摄的纪录片《环游

(如何接待被派到法国总部的中国员工并使

世界、环游太空》。该片的主题是关于世界

他们掌握所在企业的文化)的服务将很快出

天文观测的发展,雷纳担任该片的顾问。在

炉。

放映完描述20世纪初伟大发现(关于哈伯和

www.harmonymobility.com

爱因斯坦)的节选短片后,观众们开始向雷 纳提问,他非常热情、激动地予以作答。

北京法国国际学校庆祝世界天文年

在1991年播映的10部长达52分钟的电

为了庆祝2009年首次用望远镜进行天文观

影中,导演最新加入了第11个篇章来展现近

测400周年,11月23日至27日,借法国天

些年的变化。雷纳表示,导演年底前可能来

文物理学家、法国科学院院士皮埃尔.雷

中国宣传这部纪录片。拭目以待……

纳(Pierre  Léna)到访之际,北京法国国

Connexions / novembre - décembre 2009 31


公司简讯 l’actualité / entreprises

Ouvert en 2005 et niché au cœur d’un ancien bâtiment officiel, le complexe Xi’an on Renmin Square a obtenu cette année les meilleurs résultats parmi tous les hôtels Accor de Chine avec un taux de remplissage de 80 à 90%. Xi’an, berceau de la culture chinoise et haut lieu du tourisme en Chine, abrite en son cœur historique le plus grand complexe hôtelier Accor du monde, place du Peuple (Renmin Square). A quelques pas des tours de la Cloche et du Tambour, de la Grande Mosquée, des quartiers administratifs et des affaires, cet ensemble d’hôtellerie de luxe réunit, dans une architecture impressionnante, style sino-russe des années 50 et grandiose modernité. Sofitel (5 étoiles Platine, nouvelle catégorie luxe en Chine), Grand Mercure (5 étoiles) et Mercure (4 étoiles) entourent le Renmin Dasha, bâtiment d’origine qui recevait dès son ouverture en 1953 les grandes personnalités politiques chinoises et les dignitaires étrangers. Au total, ce sont sept bâtiments sur 120 000 m2 qui disposent de 900 chambres. Le projet de rénovation et d’agrandissement a été lancé en 2003 par le gouvernement de la province du Shaanxi avec l’appui du Shaanxi Provincial Investment Group, du Xi’an Renmin Dasha et de la Shaanxi Jinxin Industry Development Co., Ltd, sociétés qu’il contrôle. En juillet 2005, 672 millions de Rmb avaient été investis dans le projet1 et la gestion des nouveaux hôtels était confiée au groupe Accor. L’Hôtel du Peuple reste sous gestion du gouvernement du Shaanxi qui projette de le transformer en hôtel 6 étoiles. Pour l’heure, il ouvre ses portes lors des grandes occasions officielles, comme la réunion annuelle de l’Assemblée provinciale, et fait alors appel aux services du personnel Accor. Les 1028 employés du site, dont 850 pour le seul Sofitel, comprennent 95% d’embauchés locaux, tous formés à la « French Touch » durant un stage de cinq mois qui met l’accent sur le service spécifique à l’hôtellerie de luxe. La clientèle – touristes, congressistes, hommes

32 Connexions / novembre - décembre 2009

d’affaires –, arrivent du monde entier, principalement d’Allemagne, de France et des Etats-Unis, et de toute la Chine. Elle apprécie de pouvoir bénéficier, quel que soit l’hôtel choisi, de l’ensemble des facilités offertes sur place. Huit restaurants aux cuisines diverses, française, méditerranéenne, cantonaise, sichuanaise, japonaise ou encore marocaine, le Club Habana avec vins, cigares, bar et discothèque latinos, le Café Ren qui propose boulangerie et pâtisserie satisfont bien entendu les clients séjournant à l’hôtel mais aussi les habitants de Xi’an venus jouir ici de ce qui n’a pas d’équivalent ailleurs dans la ville et dans la province. La préparation halal du restaurant marocain et les salles de prières sont un argument dans le choix des clients des Emirats arabes ou d’Arabie saoudite ; le très prisé buffet français, le poisson cru, rare dans le Shaanxi, servi par le restaurant japonais, les nuits animées par les musiciens colombiens sont autant de services et de divertissements uniques à Xi’an. Autre lieu étonnant du complexe : le Grand Théâtre. Construit en 1954 et rénové en 2003, cette salle majestueuse a une capacité de 1 500 places et son équipement permet d’accueillir tout au long de l’année de grandes manifestations culturelles et conférences politiques internationales. Avec une clientèle très majoritairement chinoise (85%) et composée à 60 % d’hommes d’affaires, ce complexe unique dont le Sofitel a été distingué comme un des meilleurs hôtels business par Forbes en 2005 et par Media Group en 2006, confirme cette année sa place parmi les fleurons d’Accor dans l’Empire du Milieu. www.renminsquare.com.cn

M a r i a m L oussign i a n Sources sur le site en anglais du Département du Commerce de la province du Shaanxi : en.sxdofcom.gov.cn 1

© Fabrice Rambert

Groupe Accor, Xi’an bat des records

Grand Mercure Xi’an

西安雅高人民大厦

西安雅高业务创新高 西安雅高人民大厦于2005年开业, 位于一座老字号的大型庭院式宾馆内。 今年,雅高人民大厦酒店群以80%— 90%的入住率,在雅高集团的所有中国酒 店中取得了最佳业绩。 西安既是中国文化的摇篮,也是 中国的旅游胜地。在古城西安的中心地 带,座落着雅高全球最大的酒店群—— 人民大厦。距钟鼓楼、大清真寺、政治 及商业中心仅几步之遥,这座豪华的酒 店群兼具了50年代的中俄建筑风格和雄 伟的现代设计。汇集铂金五星级索菲特 酒店、五星级豪华美居酒店和四星级美 居酒店的人民大厦,自1953年开业起, 曾接待过各国首脑和中国政府要员。雅 高人民大厦总建筑面积12万平方米,共 有7座建筑和900多间客房。 2003年,陕西省政府在其下属的陕 西省投资集团、西安人民大厦和陕西金 信实业发展有限公司的支持下,提出了 人民大厦的改扩建项目。2005年7月,改 扩建工程已投入6.72亿元,新落成的酒店 委托给雅高集团管理。人民大厦仍归陕 西省政府管理,计划将其打造成六星级 酒店。目前,它只在省人代会这样的重 大官方活动中才开门迎客,并请雅高人 员来提供服务。 在雅高人民大厦的1028名员工中, 仅索菲特酒店就雇用了850名员工,其中 95%都是在本地录用,并接受过五个月的 法式实习培训,重点学习豪华酒店的特 有服务。客人包括游客、与会者及商务 人士,他们来自世界各个国家,主要是 德国、法国、美国以及全国各地。不论 选择哪家酒店,他们都期望享受到就地 提供的便捷服务。酒店有各式风味的八 家餐厅,包括法式的,地中海式的,粤 式的,川式的,日式的,摩洛哥式的, 还有提供红酒和雪茄的拉丁风情舞厅酒 吧——哈瓦那俱乐部以及可以享用面包 和茶点的“咖啡人”,它不仅令下榻酒 店的客人满意,也令来此体验的西安市 民满意,这里有在市里和省里其他地方 享受不到的东西。摩洛哥餐厅准备的清 真美食和祷告室是阿联酋和沙特阿拉伯 客人选择酒店的理由。此外,备受推崇 的法式冷餐会,日餐厅供应的生鱼, 哥伦比亚乐手主持的夜总会,都是西安 城里绝无仅有的餐饮和娱乐服务。雅高 人民大厦还有另一出彩之处:人民大剧 院。剧院始建于1953年并于2003年完成 改造,内部可容纳1500人,其设备系统 足以全年接待各种大型文艺演出和国际 政治会议。 雅高人民大厦的客人绝大多数 (85%)是中国人,60%是商务人士,其 中的索菲特酒店2005年被《福布斯》杂 志、2006年被传媒集团评为中国最优商 务酒店之一。今年,这座独一无二的酒 店群确立了在中国雅高酒店翘楚中的地 位。

欲了解更多信息,请登陆: www.renminsquare.com.cn


Connexions / novembre - dĂŠcembre 2009 33


合作动态 l’actualité coopération

La nouvelle école de Huaying (Sichuan) a ouvert ses portes à la rentrée 2009.

© Imagine China

Sogreah, la société d’ingéniérie spécialiste des questions d’environnement vient de consacrer 18 mois à la reconstruction de bâtiments publics (écoles, hôpitaux…).

2009年9月,返回灾后重建学校的四川华蓥市明月小学的学生,在新落成的教学大楼前宽敞的运动场上快乐地玩篮球。

Des entreprises françaises au coeur du Sichuan C’est dans les décombres du séisme du 12 mai 2008 que Sogreah a démarré une de ses dernières missions en date en Chine : dix-huit mois consacrés à l’assistance technique à la reconstruction d’écoles, d’hôpitaux et de bâtiments publics dans les environs de Wenchuan, l’épicentre du tremblement de terre qui a fait près de 70 000 morts et 4,5 millions de blessés, l’an dernier. Le spécialiste des questions d’environnement, qui se définit lui-même comme un ingénieur conseil indépendant, s’est associé à deux autres acteurs francais, Bureau Veritas et l’agence d’architecture AREP pour conseiller le Bureau de la Santé et celui de la Construction de la province du Sichuan et la préfecture de Longnan, dans le Gansu voisin. « Nous fournissons une assistance technique auprès des bureaux de gestion de projets gouvernementaux destinés à la reconstruction », explique Gary Moys, directeur de Sogreah en Chine. Les équipes sont en place depuis janvier 2009 à Chengdu et depuis mars à Longnan, « mais nous espérons rester plus longtemps pour suivre les chantiers » glisse le responsable. Il faut dire que le cabinet de conseil n’est pas novice en la matière. Sogreah avait travaillé sur un projet de re34 Connexions / novembre - décembre 2009

construction post-tsunami en Indonésie en 2005. Le consortium d’ingénieurs français ainsi constitué aide les autorités locales chinoises à préparer leur dossier de demande de prêt à la Banque mondiale, qui s’élèverait à 750 millions de dollars, pour qu’il soit favorablement évalué. Les trois entreprises ont reçu 2 millions d’euros de subventions de la part du gouvernement français, qui s’est particulièrement impliqué dans l’effort de reconstruction. Un effort largement relayé. Très rapidement après la catastrophe, l’Agence Française de Développement avait promis un prêt de 150 millions d’euros, le plus important dans un cadre bilatéral, et 15 millions d’euros avaient été apportés par les membres de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine. L’ampleur de la tâche est énorme. « A Chengdu, on ne pouvait pas trop se rendre compte des dégats engendrés par le séisme, en revanche à Longnan, il y avait des fissures dans tous les murs de notre bureau quand on a commencé la mission », se souvient Gary Moys. L’étude de faisabilité des travaux de reconstruction n’est donc pas une mince affaire. Dix-huit mois à passer au crible quelques centaines de projets,

répartis en lot, sur six municipalités. Environ une soixantaine d’hôpitaux et de cliniques sont compris dans ces projets. « On s’attaque aux lots au fur et à mesure, mais dès qu’une étape est finie pour l’un, on s’intéresse à un autre, on mène donc tout en parallèle », précise le responsable. L’expertise du français intervient dans de nombreux domaines. L’entité française assure également une tâche de formation pour la mise en place des unités de réalisation des projets qui pilotent les travaux une fois lancés dans chaque village et canton concernés. Les consultants s’intéressent aussi de près à l’instauration d’un système de management de l’information, qui permet notamment de gérer les cordons de la bourse de chaque projet. L’approche de Sogreah montre une connaissance très concrète du terrain, importante pour assurer la reconstruction dans l’esprit des projets élaborés. Un des objectifs de la mission des consultants français est, par exemple, de mettre en place des normes sismiques de niveau international. « Sur le papier elles ont déjà le même niveau en Chine que dans le reste du monde, mais dans la réalité elles ne sont pas toujours prises en compte et cela


nous contraint à changer jusqu’au concept du projet », note le consultant. Dans ces conditions, on comprend l’importance d’avoir deux bureaux sur place, à Chengdu et à Longnan, avec des équipes permanentes le temps de la mission. D’autant que les tâches peuvent varier d’un site à l’autre. « A Chengdu, nous sommes arrivés dans un bureau de gestion de projet très expérimenté, qui avait surtout besoin de beaucoup de main-d’oeuvre pour travailler vite. Alors qu’à Longnan, le bureau était moins expérimenté et avait plutôt besoin d’aide en matière de gestion de projet », raconte le directeur. Aux huit collaborateurs permanents s’ajoutent une dizaine d’experts internationaux mis à contribution pour des missions de courte durée et une trentaine d’experts nationaux qui se déplacent un peu plus longtemps. « A ma connaissance, nous sommes les seuls consultants en permanence présents sur le site de Wenchuan », souligne Gary Moys. Pour compléter cette expertise, l’agence AREP apporte son savoir-faire en matière de planification et de transport et Bureau Veritas sa maîtrise concernant la mise en place et le contrôle des normes. Déjà présentes en Chine, les deux sociétés ont justement été choisies pour leur connaissance du terrain. « Notre rôle est aussi de promouvoir les entreprises françaises », rappelle le directeur de Sogreah. Après le Nouvel an chinois, l’ingénieur conseil prévoit d’ailleurs d’emmener une délégation de sociétés françaises sur le terrain de la reconstruction. En attendant, la filiale de Sogreah, enregistrée à Canton, continue d’assurer la coordination pour tout le pays à partir de deux autres branches ouvertes à Shanghai et à Pékin. Elle travaille sur une douzaine de sites dans les quatre coins de la Chine. Présent depuis vingt ans, mais en filiale seulement depuis 2005, Sogreah travaille à la fois pour des grands bailleurs de fonds internationaux – Banque mondiale, mais aussi Banque asiatique de développement ou Union européenne – et des entreprises privées – Veolia, Suez... « Jusque fin 2008, nous tirions 60 % de nos revenus du public et 40 % du privé, mais, avec la crise, la part du secteur public a fortement augmenté », observe Gary Moys.

Ju l i e De sn é

四川重建中的法国企业 索格利公司(Sogreah)在2008年5月

行培训任务,使他们能够在每个相关村镇

12日汶川大地震的废墟中,执行它在中

工程一开始便展开指导。这些顾问也非常

国最新的一项任务:用18个月的时间参与

关心信息管理系统的创建,该系统能够管

汶川周围学校、医院和公共建筑的重建。

理每个项目的开支。茅易斯总结道:“资

汶川是去年大地震的震中,此次地震造

金控制非常重要,这样我们就能控制支出

成7万人死亡,450万人受伤。环境问题的

了。”

专家索格利将自己设定为独立的工程咨

索格利的工作方法显示出他们对当地

询集团,与必维国际检验集团和阿海普

的具体情况非常了解,这对保障重建项目

建筑设计咨询公司一起为四川省卫生厅

的顺利进行至关重要。索格利任务的目标

和建委,还有邻省甘肃的陇南市政府提

之一,比如说建立国际化的防震标准。茅

供咨询服务。索格利中国区总经理茅易

易斯指出:“中国在图纸上的标准已经同

斯(Gary

Moys)指出:“我们为政府的

世界其他国家一致,然而在实际中标准并

重建项目管理办公室提供技术支持。”

没有被重视,这迫使我们甚至需要修改项

索格利的工作人员在成都办公到1月份,

目的设计。”在这样的情况下,我们明白

在陇南办公到3月份,这位负责人悄悄表

在成都和陇南设立两个现场办公机构的重

示:“我们希望用更长的时间来跟踪这些

要性,同时在项目执行期间派常驻工作人

工程。”应该说索格利并不缺乏这方面的

员。因为一个地方与另一个地方的任务会

经验。2005年,索格利曾在印度尼西亚参

有变化。“我们在成都的项目管理办公室

与海啸后的重建项目。

经验非常丰富,他们只需要很多的人手来

三家法国企业组成的工程财团帮助

加快工作速度。而在陇南的办公室经验较

四川当地政府准备向世界银行递交的贷款

少,更需要项目管理方面的技术支持。”

(总额达到7.5亿美元)申请材料,以便

茅易斯讲述道。除了八位常驻工作人员,

材料能被接受。茅易斯强调:“我们非常

还有数十位国际专家参于一些短期的任

了解世界银行,知道如何准备一份能被接

务,三十余名国内专家则完成一些需要更

受的申请。”三家企业得到了200万欧元

长时间的任务。茅易斯强调:“据我所

法国政府的援助,法国政府一直全力支持

知,我们是汶川仅有的常驻咨询公司。”

四川灾后重建。很多机构纷纷响应。地震

为了对这项专业工作进行补充,阿海

发生后,法国开发署很快承诺为中国提供

普带来了在规划和交通方面的专长,必维

1.5亿欧元的贷款,这是双边贷款中数目

国际检验集团则带来了在标准执行和监督

最大的一笔。另外,中国法国工商会的会

方面的经验。后两家企业已经在中国开展

员们捐款1500万欧元。

业务,他们正是由于了解当地情况才被选

索格利充分发挥其工程咨询领域的

中参与该项目。茅易斯强调:“我们的角

专长为四川重建服务。项目的范围非常

色是推动法国企业的发展。”过完年后,

大。茅易斯回忆道:“在成都,我们无法

索格利打算率领一支法国公司代表团赴重

估测地震造成的损失,而在陇南,当我们

建工地考察。

开始工作的时候,办公场所的所有墙面上

目前,索格利上海代表处继续全国

都有裂缝。”重建工程的可行性研究并不

的协调——另两个代表处设在北京和广

是一项轻松的工作,索格利的顾问们得全

州,在全国各地有12处现场办公机构。索

力以赴。他们用18个月的时间对6个城镇

格利在中国开展业务已有20年,但2005年

近200个项目进行筛选。在这些项目中包

才在中国成立分公司。索格利不仅为一

括大约60多个医院和诊所。“我们对一组

些大型国际出资机构,如世界银行、亚

项目展开研究,然而在一个项目的一个阶

洲开发银行或欧盟提供服务,还为一些

段完成时我们便开始另一个项目,因此是

私营企业如法国威立雅和苏伊士等集团

几个项目同步进行。”茅易斯解释说。索

服务。茅易斯注意到:“到2008年底,

格利的专业咨询服务涉及众多领域。“我

我们60%的收入来自私营机构,40%来自

们帮助地方政府机构评估他们的项目;重

公共机构,然而金融危机扭转了这种趋

新审核项目图纸;为采购和监督问题提供

势。”作为水、能源和环境领域的咨询专

支持;并进行环境和社会方面的认证。”

家,索格利在中国的发展速度不会减慢,

茅易斯详细说道。

因为这三个主题已成为政府迫切关注的

索格利还为项目执行单位的设立执

几大问题。

Connexions / novembre - décembre 2009 35


专访 l’entretien

Mission d’achat en France : une quarantaine de contrats signés M. Sun Yongfu, directeur du département Europe du ministère du Commerce revient sur la récente mission d’achat chinoise en France, (la dixième en Europe en 2009), sur les relations sino-européennes, le taux de change et le protectionnisme. Sun Yongfu, directeur Europe du MOFCOM.

Connexions : Pouvez-dresser un premier un bilan de la mission d’achat organisée par la Chine en France en novembre dernier ? Sun Yongfu : Sous la direction du ministre du Commerce Cheng Deming, la Chine a envoyé en France une délégation de 300 entrepreneurs représentant une centaine d’entreprises. Cette délégation est la plus grande, sur le plan du nombre d’entrepreneurs et des secteurs couverts, des dix missions d’achat envoyées en 2009 en Europe, qui ont visité 30 pays et ont conclu des contrats pour un montant de 40 milliards de dollars. Pour cette mission en France, une cinquantaine d’interprètes ont travaillé sur le terrain, cinq haut-responsables de zones de développement technologique se sont déplacés pour renforcer la coopération franco-chinoise en matière d’économie verte. Une quarantaine de contrats a été signée sur les économies d’énergie, la finance et la protection de l’environnement, avec des accords précis dans les domaines des hautes technologies, des services financiers, de la maîtrise de l’énergie, des énergies renouvelables et de la protection de l’environnement. Des rencontres 36 Connexions / novembre - décembre 2009

face à face ont eu lieu entre entrepreneurs français et chinois dans les domaines de l’automobile, des services financiers, des nouvelles énergies. Une cinquantaine de lettres d’intention a été signée. Cette mission d’achat de grande ampleur contribue beaucoup au renforcement de la relation bilatérale après le retour à la normale des relations franco-chinoises. Cela devrait permettre de jeter des bases solides pour des coopérations ultérieures plus larges. Le gouvernement français a d’ailleurs attaché une grande importance à cette mission d’achat et la visite en Chine du Premier ministre François Fillon a contribué aussi au développement des relations franco-chinoises et à leur entrée dans une nouvelle phase. C. : Disposez-vous déjà d’un premier bilan chiffré de cette mission d’achat ? S. Y. : Pas totalement. Certaines entreprises préfèrent garder le secret et on ne doit pas évaluer le succès de cette mission d’achat seulement par les chiffres. Les contacts établis entre les entreprises ont mis en évidence de fortes complémentarités entre françaises et chinoises dans les secteurs

conventionnels ainsi que dans les nouveaux secteurs. C. : Comment qualifier le climat actuel des relations économiques et commerciales entre l’Europe et la Chine ? S. Y. : La visite de Wen Jiabao à Prague en mai dernier avait été un succès. Le 30 novembre à Nankin, le sommet UE-Chine a renforcé la relation sino-européenne dans son ensemble et donné une impulsion à la coopération économique et commerciale. Entre l’Union européenne, l’entité internationale la plus grande et la mieux intégrée du monde, et la Chine, le plus grand pays en voie de développement, les occasions de coopérer, de renforcer les relations politiques et de faire jouer nos intérêts communs réciproques sont de plus en plus nombreuses. La Chine, comme l’UE, approuve l’idée de multipolarité et considère que les décisions sur la scène internationale ne peuvent être seulement prises par quelques grands pays. La Chine l’a montré en s’élevant fermement contre l’idée de G2. Les décisions doivent être prises en accord avec le plus grand nombre de pays en voie de développement. La Chine comme l’Eu-


中国贸易投资促进团访法:签署了40多项合同协议 《联接》:能否请您就今年11月中国政

外,双方也一致反对贸易保护主义。中

府组织贸易投资促进团赴法做一下初步

欧全面战略伙伴关系大大促进了世界的

的总结?

和平与发展。

孙 永 福 : 中国派出了一个由商务部部

《联结》:在南京峰会上,中欧双方在

长陈德铭率领的贸易投资促进团访问

人民币汇率问题上有争论。这也是法国

法国。代表团成员包括100多家企业的

企业非常关心的一个问题。请问,中方

300多位企业家。2009年,中国向欧洲一

对此的立场是什么?

共派出了10批贸易投资促进团,此次是

孙永福:在人民币汇率问题上,中方的

规模最大、涉及领域最多的一次。赴欧

立场一向很明确。自从2005年以来,人

贸易投资促进团共访问了30多个国家,

民币汇率实行了有管理的浮动汇率改

签署了400亿美元的协议。此次访法,

革。今后,人民币将按照主动的、有管

当地共安排了50多位翻译为我们提供服 务。5个国家级经济技术开发区的负责 人也随团出访,有力地推动了中法在绿 色经济领域的合作。签署的40多项合同 协议涉及高科技、金融、可再生能源和 节能环保领域。汽车、金融和新能源领

© Imagine China

域的中法企业家还开展了对口洽谈,共

中国商务部欧洲司司长孙永福先生

签订了50多项合作意向书。在中法关系 重新回到正常轨道后,这次大规模的经 贸促进活动,极大地推动了双边经贸关 系的发展,也为两国今后更广泛的合作 打下了坚实的基础。法国政府对此次中 国贸易投资促进团访法也给予了高度重 视,法国总理菲永访华也将促进中法双

rope souhaite que le programme de Doha pour le développement aboutisse l’année prochaine. La Chine comme l’Europe s’oppose fermement au protectionnisme (commercial et investissement). Le partenariat global stratégique entre la Chine et Europe contribue fortement à la paix et au développement mondial. C. : A Nankin, il y a eu un débat sur le niveau du Renminbi. C’est une préoccupation pour nos entrepreneurs. Quelle est la position de la Chine sur ce sujet ? S. Y. : Sur le taux de change du Rmb la position chinoise est claire. Depuis la réforme de 2005, le Rmb a suivi un régime de taux de change contrôlé et flottant. Le Renminbi s’est déjà apprécié de 20% par rapport au dollar américain. Dans le futur, il va continuer à évoluer selon le principe d’amélioration maîtrisée et progressive. Je pense que l’attention doit plutôt se porter sur l’évolution du dollar, devise retenue comme monnaie d’échanges et de réserve. Il faut se garder de trop simplifier. La balance commerciale dépend surtout de la répartition du travail à l’échelle mondiale et de la structure de

•••

边关系的发展,并使两国之间的经贸合 作更上一层楼。 《联结》:您是否已经掌握关于这次中 国贸易投资促进团所签署的协议数额? 孙永福:还不完全。一些企业不愿透露 协议的具体金额,我们也不能仅以数字 衡量此次访问的成功与否。中法两国企 业建立起来的联系表明双方不仅在传统 领域而且在新的领域都有很强的互补 性。比如,在核能领域,法国核电占整 个能源结构的80%,而中国还不到2%。 《联结》:您如何评价中欧经贸关系的 现状? 孙永福:今年5月,中欧领导人在布拉格 举行了今年的第一次峰会,温家宝总理 的访问取得了很好的成绩。11月30日, 中欧南京峰会加强了欧盟与中国的整体 关系,并且推动了双方的经贸合作。欧 盟是世界上一体化程度最高的集团,而 中国是世界上最大的发展中国家,中欧 之间的互利合作进展得比较顺利,政治 关系不断加强,利益共同点越来越大。 中国与欧盟一样,赞成多极化并认为全 球事务不能仅由少数大国来决定,因此 中国不赞同G2的提法。全球事务应该有 广大发展中国家的参与。中国与欧洲一 样希望多哈回合能在明年取得成功。此

理的、渐进性的原则不断完善人民币汇 率的机制。我认为应该把注意力放在美 元上,因为在全球货币总的篮子里,美 元才是主要的支付和储备货币。认为人 民币升值与改变贸易逆差有直接关系 的 看法把这一问题简单化了。贸易平衡尤 其取决于国际贸易的分工和每一经济体 的结构。中国政府不刻意追求贸易顺 差,而是希望进出口更加趋向平衡,向 欧洲派出的10批贸易投资促进团就证明 了这一点。中国政府以实际行动表明中 国的市场是开放的,希望中欧经贸关系 形成一种良性、健康的发展态势。 《联结》:能否请您用数字来总结一下 中欧经贸关系 ? 孙永福:欧盟既是中国的第一大贸易伙 伴,也是第一大技术合作伙伴,欧洲对 中国的投资占全球的第四位。2009年1月 到11月,中国的进出口总额达到19640亿 美元,比去年下降了17.5%,其中中欧 的进出口总额达到3260亿美元,同比 下降了17%,与第二大贸易伙伴美国是 2665亿美元,下降了13.4%,与日本是 2033亿美元,下降了17.4%。在中欧贸 易里,贸易伙伴的排列顺序是德国、荷 兰、英国、法国(308亿美元,同比下降 了13.7%,大大好于中欧之间贸易下降的 平均值)、意大利。根据欧盟的统计, 2009年1月到8月,欧盟27国对全球的出 口额达到7952亿欧元,同比下降了19%, 但对中国的出口达到513亿欧元,仅下降 了3%。中国占欧盟出口的份额从5.3%上 升到6.5%,中国是欧洲的第三大出口市 场。在全球金融危机时期,2009年1月到 9月欧盟对中国的投资超过了39亿美元, 逆势增加了1.6%。这说明了法国和欧洲 企业对中国市场的信心。至于欧洲占中 国对外贸易的份额也从去年的16.7%增加 到今年的17%。

所有这些数字都体现了

•••

中欧经贸关系不断上升的重要性。

Connexions / novembre - décembre 2009 37


专访 l’entretien chaque entité économique. Le ••• gouvernement chinois ne recherche pas l’excédent commercial, au contraire il vise une balance commerciale équilibrée. Il l’a prouvé en envoyant dix délégations commerciales en Europe. Par ces actions concrètes, le gouvernement chinois veut montrer que son économie est ouverte et qu’il contribue à un développement sain des relations entre la Chine et l’Europe. C. : Pouvez-vous revenir sur un bilan chiffré de ces relations ? S. Y. : L’Union européenne est le premier partenaire commercial de la Chine, son premier partenaire en matière de coopération technologique, au quatrième rang mondial en ce qui concerne l’investissement sur le sol chinois. Durant les onze premiers mois 2009, les échanges commerciaux de la Chine avec le reste du monde se sont élevés à 1 964 milliards USD (en baisse de 17, 5% par rapport à l’année dernière), avec l’Europe, à 326 milliards USD (-17%), avec les EtatsUnis, deuxième partenaire de la Chine, à 266,5 milliards USD (-13,4%), avec le Japon à 203, 3 milliards USD (-17,4%). Au sein de l’Union européenne, le palmarès des échanges est le suivant : en tête l’Allemagne, puis la Hollande, la GrandeBretagne, la France (30,8 milliards USD, soit une baisse de 13,7%, inférieure à la moyenne européenne) et l’Italie. Selon l’office Eurostat, sur les premiers huit mois 2009, les exportations européennes (27 pays) se sont élevées à 795,2 milliards d’euros (-19%), mais les exportations vers la Chine — 51, 3 milliards d’euros — n’ont baissé que de 3%. La part des exportations européennes en direction de la Chine est donc passée de 5,3% à 6,5%. La Chine est le troisième marché de destination des produits de l’UE. Quant aux investissements de l’Union européenne en Chine, sur les neuf premiers mois 2009, ils ont été de 3,9 milliards, soit une hausse de 1,6% malgré la crise financière. Cela témoigne de la confiance des entreprises françaises et européennes à l’égard du marché chinois. En Chine, la part de marché de l’Union européenne dans la totalité des échanges commerciaux est, quant à elle, montée en un an de 16,7 à 17%. Tous ces chiffres montrent l’importance croissante des relations économi38 Connexions / novembre - décembre 2009

prises de l’Union européenne, sur le plan ques et commerciales UE-Chine. C. : L’Europe, c’est aussi 27 pays. Comment la Chine technique, la plupart des pays européens considère-t-elle cette obligation de s’adresser à la ont voté « non » à la prolongation de droits fois à une seule entité et à 27 cultures et systèmes d’antidumping élevés. Pourtant au final il est souvent décidé de lancer l’enquête, différents ? S. Y. : La relation avec l’Union européenne d’appliquer les droits d’antidumping, ou est très spécifique. Alors que les politiques de prolonger les mesures antidumping. commerciales sont élaborées par la Com- Nous nous sommes aperçus qu’il y avait mission et le Conseil de l’UE, les activités des échanges d’intérêt au sein de l’Union de promotion commerciale, sont traitées européenne, un certain protectionnisme. avec chacun des 27 pays dont les niveaux Il nous semble que cette question comde développement, les langues et les cultu- merciale tende à être artificiellement politisée. res diffèrent. A chacun ses particularités : l’Allema- Nous espérons que la Chine et l’Europe vont dans le sens de la gne est plus spécialisée en position prise à Nankin équipement mécanique « L’Union de lutter conjointement et électronique, et en péeuropeenne est le contre le protectionnistrochimie ; l’Angleterre à premier partenaire me. Certes, la remontée travers la City de Londres de contentieux commerest une place financière très commercial de la C hine , son ciaux entre deux grandes importante ; en France, premier partenaire puissances dont le volume c’est l’automobile, l’aérodes échanges commernautique, l’aérospatiale et en matière de ciaux ne cesse de croître la présence très importante coopération est naturelle. En même des PME... Nous devons technologique, temps, il faut renforcer la tenir compte de ces spéau 4 rang en ce coopération en mettant cificités et des structures qui concerne en pleine valeur la coméconomiques des entrel’investissement plémentarité des deux prises européennes, quand sur le sol chinois . » économies. Nous devons nous, MOFCOM, chargés également promouvoir et promouvoir les échanges faciliter le commerce et les commerciaux et l’investissement, orientons les entreprises chinoises investissements pour ouvrir davantage nos marchés réciproques et relever les défis de vers des coopérations sino-européennes. Il est vrai que, s’agissant du dialogue la régression de l’économie mondiale, avec Chine-Europe, certains constats nous une vision de long terme dans le cadre d’un partenariat global. Des mécanismes laissent perplexes. Quelquefois, sur des questions qui ne de dialogue de différents niveaux ont été concernent qu’un seul pays, voire une mis en place : sommet Europe-Chine, seule entreprise, nous devons discuter dialogue économique et commercial de avec la Commission européenne qui porte haut niveau (HED) à l’échelle des viceles questions au niveau européen. Pour- Premiers-ministres, commission mixte tant, pour des sujets qui nous intéressent, ministérielle UE-Chine, et, au niveau comme le statut d’économie de marché1, des vingt-sept pays membres, commisquand nous en parlons avec certains pays sions mixtes pays par pays. Jouons pleimembres de l’UE comme la Grande Bre- nement de ces outils pour mieux traiter tagne, la France, l’Allemagne, ils sont nos contentieux. tous d’accord pour accorder à la Chine ce statut. Mais l’Union européenne, en tant Propos r ecu eil l is que telle, refuse en arguant que certains pa r A n n e G a r r igu e pays ne veulent pas l’accorder ou que nous ne satisfaisons pas à certains critères Le « statut d’économie de marché » est demandé par la Chine techniques. Même constat sur les queset pour l’instant refusé par l’Union européenne. Ce statut a une tions d’anti-dumping. Quelquefois, l’ap- influence sur le mode de calcul des droits antidumping. pel vient seulement d’une ou deux entree

1


•••《联结》:欧盟意味着27个国家。中 国如何看待欧盟既是一个整体又是27种不 同的文化和体系? 孙永福:与欧盟的关系的确非常特殊。 欧盟的贸易政策主要由欧委会和欧盟理 事会制定,而在贸易促进方面,则更主 要与各成员国进行协调。欧盟各国的发 展水平、语言、文化各不相同,每个国 家都有自己的特点:德国在机械、电 子、化工方面比较擅长,英国则通过伦 敦金融城在金融方面比较突出,而法国 则在汽车、航空航天和中小企业的发展 方面比较有优势。当我们商务部(负责 促进贸易和投资的部门)在引导中国企

Simplifiez-vous

业与对口的欧洲企业开展合作时,必须 充分考虑各国经济、产业的特点以及欧

la Chine

洲企业的经济结构。 涉及中欧对话的问题,确实有一些事情

Domiciliez-vous

让我们感到困惑。 有时仅仅涉及一个成员国会或一个企业 的个案,欧委会却将其上升至欧盟层面 与我讨论,

à la CCIFC

而反过来对于中方关注,

如市场经济地位问题,当我们与一些欧

Une interface de travail opérationnelle :

盟成员国,如英国、法国、德国谈到的

- Des bureaux privés et meublés,

时候,他们都同意尽快给予中国完全市

intégrés aux locaux de la CCIFC

场经济地位,但欧盟却总以个别国家不

- L’accès gratuit

赞成或某些技术标准未达标而予以拒 绝。。

aux équipements communs

同样还有欧盟对中国采取的反倾销措 施,在有些个案上,有的要求仅来自欧

- Un support administratif

盟的个别企业,而且在技术层面上,大

- Une signalétique personnalisée

部分欧盟国家都投了反对票,但最终经

www.ccifc.org

常还是对中国的所涉产品采取立案调 查、征收反倾销税或延长反倾销措施。 我们发现在欧盟内部还是有某种利益的 交换和贸易保护主义的抬头,我们认为 贸易关系有被人为政治化的倾向。 我们希望中欧双方均应按照南京峰会所 达成的共识,坚持共同反对贸易保护主 义的立场。当然,随着中欧双方贸易额 的不断增加,贸易摩擦的产生也是自然 的,双方应站在战略和全局的高度看待 中欧的现状和前景,加强合作,充分利 用双方经济的互补性,推动贸易和投资 的便利化,进一步开放市场,积极面对 世界经济下行带来的挑战。中欧之间有 各个级别的磋商机制,比如:中欧领

Les + de la Domiciliation : • Rejoignez un réseau de 1200 membres • Obtenez des conseils personnalisés : aide au portage de vos employés, tutorat et coaching VIE... • Bénéficiez d’un appui pour vos projets de développement (recrutement, prospection, traduction…) • Participez gratuitement aux groupes de travail et à de nombreuses conférences

导人峰会、副总理级的磋商机制、中欧

Contacts :

正部级经贸混委会以及与27国的双边机

Shanghai Céline Jiang Tél : +86 (021) 6132 7100 domiciliation@ccifc.org

制。我们希望中欧双方能够充分利用这 些机制来更好地处理我们之间的贸易摩

擦。

Pékin Rose Zhang Tél : +86 (010) 6512 1740 zhang.rose@ccifc.org

Canton Yang Fan Fanny Tél : +86 (020) 8186 8585 yang.fan@ccifc.org

Connexions / novembre - décembre 2009 39


© Imagine China

dossier 专 栏

Réchauffement climatique :

中 国 应 对 气 候 变 暖 哥本哈根气候峰会伴随着强烈的失

快”达到排放峰值。为了达到“到2020年

望闭幕了。经过27个国家和政府首脑两天

每年提供1000亿美元”用于应对气候变暖

的争论,通过了没有法律约束力的“哥本

的目标,它没有规定任何义务,而规定缔

哈根协议”,这与人们对峰会的期望相去

约的发达国家在2008至2012年之间温室气

甚远。当然,它肯定了全球温度较前工业

体的排放量要比1990年减少5%的京都议

化时代的升幅不超过2摄氏度的必要性,

定书,也只是附带提及,甚至没有预计将

但它不包含任何关于温室气体减排额的承

其延长到2012年之后。

诺,而是满足于主张“合作”,以便“尽

40 Connexions / novembre - décembre 2009

唯一积极的条款是,协议规定短期内


:

la Chine se prépare

向贫困国家提供300亿美元(210亿欧元)

中国政府在哥本哈根断然拒绝了他

的资助,并通过了减少毁林和森林退化排

们认为已触及国家主权的检查原则。对

放及保护和可持续管理森林的机制。它还

于可能受到的指责,中国提前通过12月

要求各国每两年交流一次他们为减排所采

18日到达丹麦首都的温家宝总理作出了

取的行动。这是发展中国家参与整体减排

回应:“我们言必信、行必果。无论本次

体系迈出的第一步,但这只是在自愿的基

会议达成什么成果。”中国有什么行动

础上,而且这些行动还不可能接受国际检

呢?在应对气候变暖的行动中,中国如何

查。这是为京都议定书采取的强制性原则

承诺,又会承诺到哪种程度?这是我们在

的结束,议定书要求发达国家承担减少温

哥本哈根峰会召开之前为本期专栏准备

室气体排放的义务。

的主题。《联结》杂志的编辑团队

•••

L

e sommet de Copenhague s’est terminé sur une forte déception. Après deux jours de discussions entre vingtsept chefs d’Etat ou de gouvernement, « l ‘Accord de Copenhague », qui n’a pas valeur de traité, s’est révélé très en-deçà des attentes que le sommet avait suscitées. Certes, il affirme la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, mais il ne comporte aucun engagement chiffré

•••

Connexions / novembre - décembre 2009 41


DOSSIER

专栏

Efforts chinois : le bilan officiel A Copenhague, Wen Jiabao, le Premier ministre chinois a tenu à rappeler les efforts de la Chine pour lutter contre le réchauffement climatique. Extraits : • Les efforts de la Chine ont porté dans cinq directions : mise en place de règlementations, efficacité énergétique, réduction du gaspillage et de la pollution, développement des énergies propres, moins émettrices de CO2, reforestation. • La Chine est en train d’améliorer son système fiscal et d’élaborer un système de prix qui reflète mieux l’offre et la demande, le niveau de rareté et le coût environnemental des ressources énergétiques. • La Chine a mis en place 10 grands projets, lancé une campagne d’économies d’énergie impliquant 1000 entreprises dans l’industrie, le transport, la construction et d’autres secteurs-clés, avec des projets pilotes en faveur d’une économie circulaire, de moyens de transports ou de produits de grande consommation, économes en énergie, et subventionnés. • A la fin du premier semestre 2009, la consommation d’énergie par unité de PNB avait diminué de 13% par rapport au niveau de 2005. Entre 2005 et 2008, l’utilisation des énergies renouvelables avait augmenté de 51% (rythme annuel de 14,7%). La Chine est au premier rang pour la production d’hydro-électricité, la construction de nouvelles centrales nucléaires, la couverture en chauffe-eau solaires et en panneaux photovoltaïques. • La Chine poursuit son effort de reforestation : entre 2003 et 2008, la couverture forestière chinoise a cru de 20,54 millions d’hectares, portant la totalité de la forêt plantée par l’homme en Chine à 54 millions d’hectares, la surface nationale la plus étendue au monde .

de réduction des émissions de gaz ••• à effet de serre et se contente de prôner la

experts, tous présents en Chine, de faire part de ce qu’ils faisaient dans ce pays, tout « coopération » pour atteindre un pic des en estimant l’effort entrepris depuis quelémissions « aussi tôt que possible ». Aucune ques années par la Chine, tant en matière contrainte n’est mise en place pour attein- de production d’énergies moins émettridre « l’objectif de 100 milliards de dollars ces de gaz à effet de serre, qu’en matière par an en 2020 » consacré à la lutte anti-ré- d’économies d’énergie. chauffement climatique et le protocole de L’impression générale tirée de ce dossier Kyoto, qui engageait les pays développés est celle d’un engagement, indéniable, signataires à réduire leurs émissions de gaz dont les raisons sont, certes, écologiques à effet de serre d’au moins 5 % sur la pério- mais aussi liées à la volonté chinoise d’assude 2008-2012 par rapport à leur niveau de rer la sécurité de ses approvisionnements 1990, n’est mentionné qu’accessoirement, énergétiques et de gagner des parts de sans que soit envisagée sa prorogation au- marché sur les produits et les services associés aux économies d’énergies et aux delà de 2012. Seules notes positives, l’accord prévoit énergies propres. Le gouvernement chinois un financement à brève échéance de 30 milliards « Le gouvernement reconnait la menace que fait peser sur la Chine le réde dollars (21milliards chinois reconnaît chauffement climatique. Un d’euros) pour aider les la menace que fait livre blanc publié en octobre pays pauvres et valide peser sur la Chine 20081 souligne son impact le mécanisme de lutte le réchauffement sur les différents écosystèmes contre la déforestation climatique. » naturels. Il établit notamment REDD-Plus. Il demande que les frontières des forêts aussi que les pays comremontent déjà vers le nord muniquent « tous les deux ans » les actions de réduction des et qu’en leur sein, les maladies et les insecémissions qu’ils entreprennent. C’est un tes nuisibles se multiplient ; que le pergélipremier pas de la part des pays émer- sol, sol toujours glacé, remonte en altitude gents vers une participation à un régime et diminue en surface, que les glaciers du général de réduction des émissions, mais nord-ouest chinois rétrécissent, faisant peil se fait sur une base uniquement vo- ser une menace sur l’écosystème oasien. lontaire et sans que ces actions puissent Selon ce même Livre blanc, le changement 2 être sujettes à une vérification interna- climatique devrait renforcer la fragilité des tionale. C’est la fin du principe contrai- écosystèmes, diminuer les zones de régnant adopté pour le protocole de Kyoto. partition de forêts et le nombre d’espèces La Chine, à Copenhague, a refusé catégo- d’arbres rares, élargir la portée des malariquement toute vérification internationale dies et des insectes ravageurs forestiers et qu’elle considère comme une atteinte à sa augmenter la fréquence des incendies de souveraineté. Aux reproches qui pour- forêts. raient lui être adressés, elle a répondu par Un rapport de l’ONU sur le climat établit avance par la voix de son Premier ministre que les glaciers de l’Himalaya, sources Wen Jiabao, présent le 18 décembre dans des plus grandes rivières d’Asie — Gange, la capitale danoise : « Nous honorerons Indus, Brahmapoutre, Yangzi, Mékong, notre parole par des actes. Quel que soit Huang He — pourraient disparaître d’ici 2035 alors que 2,4 milliards de personnes le résultat de la conférence ». Quels sont ces actes ? Comment et jus- vivent dans le bassin versant de ces rivièqu’où la Chine s’engage-t-elle, de fait, dans res issues de l’Himalaya. La Chine comme la lutte contre le réchauffement climati- l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Néque ? C’est le thème de ce dossier, préparé pal et la Birmanie pourrait éprouver des inondations suivies de sécheresses dans avant Copenhague. L’équipe de Connexions a demandé à des les prochaines décennies. Les tempéraentreprises françaises et chinoises et à des tures dans cette région ont déjà crû

•••

42 Connexions / novembre - décembre 2009


Réchauffement climatique 气候变暖 Everest

a l’est de l’himalaya, les glaciers recuelent actuellement de 10 mètres par an. 喜玛拉雅山东部 的冰川正以 每年10米

© Imagine China

的速度在退化

•••请在华的中法企业及专家谈谈他们

喜玛拉雅山的大河所流经的盆地。像印

哥本哈根,它就是空气、火、水和生物的

在生产低碳排放的能源和节约能源方面

度、巴基斯坦、孟加拉国、尼泊尔和缅甸

组合体。这位从未出席过任何会议的缺席

所做的事情,同时评价一下中国近几年

一样,中国在未来几十年将会遭受旱涝

者,我称之为“生命地球”,为了将生命

来在这些方面作出的努力。本期专栏给

灾害。在过去30年里,这个地区的温度每

和地球合为一词。这是一个我们生于斯的

人的总体感受是一种无法否认的承诺,

10年上升0.15-0.6摄氏度。世界自然基金

国家,谁将代表这个国家呢?我们想邀请

其理由,当然有生态方面的,但也关系

会已经实施了一些标志性项目,用以向政

中国大地来到我们的杂志中。

到中国保证其能源供应安全的愿望,以

府和地方团体展示如何更好地适应气候变

然而中国政府的意愿并不仅仅通过

及获得与节能、清洁能源相关的产品和

化效应。它认为,由于喜玛拉雅山东部的

一种生态担忧表现出来。清洁能源和绿色

服务市场份额的愿望。

冰川融化,正以每年10米的速度退化,长

能源,以及可以节省能源的工艺和产品是

中国政府承认气候变暖对中

江已经开始缺水。世界自然基金会指出冰

未来的服务和产业。中国凭借其“中国价

国造成的威胁。2008年10月份出版

川融化将严重影响人类尤其是农业人口的

格”和广阔的市场已经稳居世界前列,甚

的一本白皮书强调了气候变暖对各

生活和生物多样性:首先通过高山湖泊的

至占据首位,就像高得运(Goldwin)和

种自然生态系统的影响。书中尤其

决堤泛滥,继而通过水资源匮乏。其它后

英利公司的成就开始证明的那样。法国企

谈到森林带向北方推移,森林病虫

果将会长期威胁中国:海平面上升淹没中

业(大集团或中小企业)也没有看错。他

害在带内滋生蔓延;永久冻土向高

国大片沿海城市化地区,南海周围的生物

们努力在这些领域建立合作关系(法国电

纬度推移,面积也在减少,而中国

多样性减少,飓风和干旱时的增加......

力公司、施耐德电气、阿海珐、阿尔斯通

东北地区的冻土也在缩小,对绿洲生态

为了说明气候变暖对中国地理的影

等),或者提高其产品的知名度(标致雪

系统构成威胁。该书认为,气候变化将

响,我们选择了一些图片穿插在本期专栏

铁龙、圣戈班)。他们在培训、能源和财

进一步增加生态系统的脆弱性,减少森

中。它们没有任何科学意图。我们不想证

务领域提供自己的服务(Terao、中法能

林的覆盖面积和稀有树种的数量,扩大

明气候变暖和我们引证的生态灾害有直接

源培训中心、必维国际检验集团等)。

森林病虫害的爆发范围,增加森林火灾

的因果关系,但我们认为有必要让人们感

中国政府选择以完全自主方式处理

的发生频率。联合国一份气候报告指

觉到威胁的现实性,正如它被科学团体、

问题,对其采取行动的后果不允许外界监

出,喜玛拉雅山的冰川——亚洲最大河

大型非政府组织、部分中国民众和政府

督。但今后,中国的公民社会会更密切地

流恒河、印度河、布拉马普特拉河、长

自己所认识到的那样。哲学家米歇尔·塞

关注政府行为,可以向政府问责。年轻人

江、湄公河及黄河的发源地到2035年将

尔(Michel  Serres)在哥本哈根峰会结束

开始为更严肃地关心地理遗产,并希望为

会消失,而有24亿人生活在这些发源于

时说:“我们忘了邀请一位主要的伙伴来

保护地理遗产有所行动。

Connexions / novembre - décembre 2009 43


DOSSIER

专栏 de 0,15 °C à 0,6 °C tous les 10 ans au ••• cours des 30 dernières années.

Glossaire Adaptation Capacité d’un système d’ajuster ses mécanismes, ses processus et sa structure à des changements climatiques hypothétiques ou réels. Agenda 21 Plan d’action pour le XXIe siècle, adopté par cent soixante-treize chefs d’État lors du sommet de la Terre de Rio, en 1992. Ce texte non contraignant vise à intégrer les préoccupations concernant l’environnement et le développement dans les politiques territoriales de tous les Etats. Année de référence Année choisie pour établir le pourcentage de réduction des émissions de gaz à effet de serre que les Etats doivent atteindre. Pour l’ONU, l’année de référence est 1990. Atténuation Modification des techniques de production employées par l’homme dans le but de réduire les ressources engagées et les émissions de carbone. Changement climatique Changements de climat durables, attribués à des processus intrinsèques à la Terre, des influences extérieures (variations de l’activité solaire par exemple) ou des activités humaines. Le changement climatique anthropique est l’évolution du climat qui est attribuée aux émissions de gaz à effet de serre engendrées par les activités humaines et altérant la composition de l’atmosphère de la planète. Compensation Action par laquelle un pays, une entreprise ou un individu qui émet du CO2 rémunère un gestionnaire de ressources pour financer un projet réduisant en contrepartie les émissions de gaz à effet de serre. L’objectif est de compenser les émissions générées.

•••

44 Connexions / novembre - décembre 2009

Parlement, je l’appelle la “ Biogée “, pour dire en un seul mot la vie et la Terre. C’est L’organisation WWF, qui a mis en place un pays dont nous sommes tous issus. Qui des projets pilotes destinés à montrer va représenter ce pays-là ? ». Nous avons au gouvernement et aux communautés voulu inviter le territoire chinois dans notre locales comment mieux s’adapter aux magazine. effets du changement climatique, estime, Mais, le volontarisme de la puissance quant à elle, que le fleuve Yangzi manque publique chinoise ne s’explique pas déjà d’eau à cause de la fonte des glaciers seulement par un souci écologique. qui reculent de 10 mètres Les énergies propres et par an sur la zone Est de « le volontarisme vertes, les procédés et les l’Himalaya. Selon WWF, de la puissance produits qui permettent cette fonte des glaces publique chinoise d’économiser l’énergie sont affectera gravement la vie ne s’explique pas les services et les industries des populations humaines, de demain. La Chine, grâce seulement par un notamment agricoles, et au « China price » et à souci écologique. la biodiversité : d’abord l’importance de son marché Les énergies par des inondations et est bien placée pour figurer débordements de lacs propres et vertes, parmi les leaders, voire pour de montagne, puis par la les procédés prendre la première place, et les produits pénurie d’eau. comme commencent à en D’autres conséquences qui permettent témoigner les performances pourraient, à long terme, d’économiser de Goldwin ou Yingli Solar. menacer la Chine telles que l’énergie sont Les entreprises françaises l’élévation du niveau de la les services et (grands groupes ou PME) mer inondant les grandes les industries de ne s’y trompent pas. Elles façades côtières urbanisées, demain. » cherchent à nouer des la baisse de la biodiversité par tenariats dans ces autour de la Mer de Chine secteurs (EDF, Schneider Méridionale, la multiplication des ouragans Electric, Air Liquide, Areva, Alstom), ou et des périodes de sècheresse… à mieux faire connaître leurs produits (PSA, Saint-Gobain). Elles proposent leurs Protéger la terre chinoise services en matière de conseils, formation, Pour illustrer cet impact du réchauffement bilan énergétique, financement (Gide, climatique sur la géographie chinoise, nous Bureau Veritas, Terao, CCFCME…). avons sélectionné les photos qui jalonnent Le gouvernement chinois a choisi de ce dossier. Elles n’ont aucune prétention traiter le problème de façon totalement scientifique. Nous ne démontrons pas souveraine, sans autoriser de contrôle qu’il y a des liens directs de cause à effets extérieur sur les résultats des actions entre le réchauffement climatique et les qu’il mène. Mais d’ores et déjà la société catastrophes écologiques dont nous civile chinoise (p. 54-55) s’y intéresse de faisons état. Mais il nous semblait nécessaire près et pourrait demander des comptes. de faire sentir la réalité de la menace, telle Quant aux nouvelles générations, elles qu’elle est déjà perçue par la communauté commencent à petit pas à se préoccuper scientifique, de grandes ONG, une partie plus sérieusement de leur patrimoine de la population chinoise et les autorités géographique (p. 56) et à vouloir agir pour elles-mêmes. le préserver. Le philosophe Michel Serres commentait A n ne Ga rrig ue à l’issue du sommet de Copenhague2 : « http://french.peopledaily.com.cn/6845115.html Le Monde 22 décembre 2009 On a oublié d’inviter à Copenhague un partenaire essentiel, composé d’air, de feu, d’eau et d’êtres vivants. Cette absente, qui n’a encore jamais siégé dans aucun

1 2


Réchauffement climatique 气候变暖 Mer de Chine méridionale

En 10 ans, la mer de Chine a perdu 16% de ces recifs coraliens. 10年内, 中国海域的珊瑚礁

© Imagine China

已经减少了16%

La montagne « Cop 15 » accouche d’une souris A Copenhague, le pire scénario a prévalu. La cause de l’échec est partagée. La Chine a pris une responsabilité en n’assistant pas à une nocturne à 30 Etats (17/12) qui produisit un préaccord, puis le 18/12, en rejetant jusqu’au bout le contrôle supranational du respect de ses engagements. L’Amérique a failli à offrir une coupe sérieuse de ses émissions. Le Danemark n’a peut-être pas bien

Retrouvez les précédents numéros de Connexions sur le site du magazine. www.connexions.ccifc.org

géré ces palabres. Quant aux pays pauvres, en alternant psychodrame et exigences maximalistes, ils ont privé de leur soutien les bonnes volontés. Tout n’est pas négatif, loin de là. Tous les pays connaissent désormais les cartes des autres, le « blame game », l’art de critiquer les autres ne marchera pas. Par contre, les ONG montent en puissance, y compris en Chine : la pression verte viendra de l’intérieur, poussée par la conscience du réchauffement et par celle du coût du non-accord. Un accord climatique libérerait un marché d’équipement sans taxes, qui pourrait profiter à la Chine et la perspective d’un fonds de 100 milliards de dollars d’ici 2020 pour les plus pauvres, va amollir les jusqu’au-boutistes antioccidentaux. Copenhague, le sommet à 14 000 acteurs, a vu l’arrivée d’un grand risque. L’accord

tronqué de la dernière nuit (19/12), a été le fait d’un nouveau groupe de pays autoproclamé « BASIC » (Brésil, Amérique, Afrique du Sud, Inde, Chine), excluant l’Union Européenne, pourtant la plus avancée en lutte réelle de terrain climatique. Pour les Etats membres, c’est un avertissement sans frais de donner plus de voix à Bruxelles ou de risquer, de plus en plus, leur exclusion à l’avenir. Eric Me yer rédacteur en Chef Le Vent de la Chine

Pour en savoir plus : China Trade Winds, l’équipe du Vent de la Chine a réalisé une étude anglophone (On the way to COP15) sur les préparatifs de la Chine à Copenhague et prépare une étude francophone sur Copenhague – l’échec et après. www. leventdelachine.com. Connexions / novembre - décembre 2009 45


DOSSIER

专栏

Que signifient les engagements pris avant La conférence de Copenhague s’est conclue par un seul engagement chiffré qui est celui de ne pas dépasser deux degrés de réchauffement pour la température mondiale à l’horizon 2050. Les engagements individuels annoncés par les principaux pays avant cette conférence restent donc les mêmes aujourd’hui et aucun mécanisme international n’a été mis en place pour en vérifier la mise en œuvre. L’Union européenne s’était engagée à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Les Etats-Unis ont annoncé un objectif de 17% de réduction, mais par référence à l’année 2005, ce qui correspond à une baisse de seulement 4% sur 1990. La Chine a pour sa part annoncé qu’elle réduira de 40 à 45% l’intensité carbone de son économie (c’est-à-dire la quantité de carbone consommée par unité de PIB) d’ici 2020. C’est un objectif qui n’est donc pas un engagement en valeur absolue. L’ensemble des chiffres, que nous commentons, qu’il s’agisse des évolutions comparées des émissions globales, des émissions par habitant ou de l’intensité carbonique, montre clairement que le G2 sino-américain jouera un rôle absolument décisif pour atteindre l’obectif d’une augmentation de température limitée à 2% à l’horizon 2050. Il est aussi important, pour les entreprises et les gouvernements européens, d’investir massivement aux Etats-Unis et en Chine pour améliorer l’intensité carbone de ces deux pays que de poursuivre l’action engagée en Europe.

Hubert Testard, Chef de la Mission économique Chine Calculs réalisés par Jean-Quentin Heitz à partir des données ERI, UNdata et Eurostat

46 Connexions / novembre - décembre 2009

Emissions globales

1990

2005

2020

France

0.57

0.56

0.45

UE27

5.56

5.11

4.45

Chine

3.91

7.22

12.59

Etats-unis

6.14

7.11

Les émissions de GES en chiffres (MTCO2e)

Ces tableaux présentent les évolutions des émissions globales des trois principaux acteurs économiques mondiaux. Pour les établir, nous avons, dans le cas de la Chine, fait une hypothèse de croissance moyenne de 8% annuel sur la période 2005-2020, sachant que, sur la période 2005-2010, la croissance chinoise est déjà de l’ordre de 10% par an. Nos calculs montrent que la Chine, dont le PIB est multiplié par 3,2 sur cette période, voit ses émissions progresser de 74% pour atteindre 12,6 milliards de tonnes équivalent CO2, soit davantage que les Etats-Unis et l’Union européenne réunis. Les Etats-Unis diminuent leurs émissions de 1,2 milliard de tonnes, et l’Union européenne de 0,76 milliard de tonne. La progression des émissions chinoises est donc 2,5 fois plus importante que la réduction combinée des Etats-Unis et de l’UE. Ce que la France économise en équivalent CO2 représente 2% des émissions supplémentaires chinoises. Cela veut-il dire que l’engagement chinois n’est pas réellement contraignant ? Si l’on se réfère à l’amélioration moyenne de l’efficacité énergétique enregistrée par la Chine sur la période 1990-2005, l’objectif annoncé à l’horizon 2020 ressemble effectivement à du « business as usual ». Mais si l’on tient compte de la période

5.90 Source : UNdata

récente, où l’explosion de l’industrie lourde en Chine s’est traduite par une forte augmentation de l’intensité énergétique de la croissance chinoise, l’effort envisagé est significatif. Dans le cadre du 11e plan, les autorités chinoises ont fixé un objectif d’amélioration de l’efficacité énergétique de 20% sur 5 ans, ce qui correspond à une amélioration annuelle de 4,3%. La cible annoncée pour 2020 est exprimée désormais en « efficacité carbonique »1 et non plus en efficacité énergétique. Elle représente une amélioration annuelle de 3,9%, légèrement inférieure à celle du 11e plan. Si la Chine parvenait à maintenir sur 15 ans le rythme d’amélioration du 11e plan, elle améliorerait de près de 50% l’efficacité carbonique de sa croissance, ce qui permettrait d’économiser 1,15 MdteCO2 par rapport à la cible de 45%, soit autant que l’objectif de réduction fixé par les Etats-Unis actuellement. Si elle pouvait aller à 60% d’amélioration, c’est 3,5 MdteCO2 qui seraient économisés. On voit bien que l’intensité de l’effort engagé par la Chine aura un impact déterminant sur le niveau des émissions mondiales. La Chine a probablement la capacité de faire mieux que l’engagement annoncé avant Copenhague. La cible qu’elle se fixera pour le 12e plan sera un


Réchauffement climatique 气候变暖

Copenhague ?

••• Empreinte carbone

indicateur précis du niveau l’ambition qu’elle se donnera au plan intérieur.

Emissions par habitant 1990

2005

2020

France

9.96

9.18

6.98

UE27

11.83

10.41

8.66

Chine

3.42

5.74

8.80

24.07

23.47

Etats-unis

Emissions de GES en tonnes CO2e per capita

Pour déterminer les émissions par habitant en 2020, nous avons pris en compte les évolutions de population. Selon les statistiques des Nations Unies, c’est la population américaine qui va progresser le plus rapidement (+14,5% sur 15 ans) devant la Chine (+7,6%) et l’Union européenne (+4,6%). Nos calculs montrent que le niveau des émissions chinoises par habitant devrait rejoindre

17.04 Source : UNdata

celui de la France en 2013 et la moyenne européenne vers 2019-2020. Il resterait inférieur de moitié à celui des Etats-Unis malgré l’amélioration de près de 30% des émissions américaines par habitant. Ces données par habitant montrent à quel point les Etats-Unis sont en retard dans la bataille contre le changement climatique.

L’intensité carbone et son évolution 2005

2020

France

0.26

0.16

UE27

0.37

0.24

Chine

3.37

1.85

Etats-unis

0.56

0.32

Intensité carbonique en kg de CO2 équivalent par US$ 2005

Si l’on prend un troisième angle, qui est celui de l’intensité des émissions de carbone par unité de PIB, la Chine a un long chemin à parcourir pour se rapprocher des pays de l’OCDE en raison du poids de son industrie, en particulier son industrie lourde. Les chiffres donnés ici pour 2020 se fondent sur une croissance annuelle moyenne de 8% pour la Chine, 2,5% aux Etats-Unis et 2% en Europe. On voit que la quantité de carbone émise

Source : UNdata

par unité de PIB était en 2005 en Chine 6 fois supérieure à celle des Etats-Unis, 9 fois supérieure à l’Union européenne et 13 fois plus importante que celle de la France. Ces ratios n’évoluent que modérément à l’horizon 2020 car tous les pays améliorent sensiblement leur efficacité carbone sur cette période.

1 L’efficacité carbonique est inversement proportionnelle à l’intensité carbonique. Plus la quantité d’émission de carbone par unité de PIB décroit, plus l’efficacité carbonique s’améliore.

L’empreinte carbone permet de quantifier l’impact direct et indirect des entreprises et organisations en identifiant et quantifiant l’ensemble des gaz à effet de serre générés par ces activités. Equivalent CO2 L’émission d’équivalent CO2 est obtenue en multipliant l’émission d’un gaz à effet de serre par son potentiel de réchauffement global (PRG) pour la période de temps considérée. L’équivalent carbone, lui, concerne le seul poids du carbone contenu dans le CO2 émis. Un kilogramme de CO2 vaut 0,2727 kg d’équivalent carbone. Gaz à effet de serre Gaz qui contribuent à l’effet de serre, c’est-à-dire au réchauffement de l’atmosphère et de la surface de la Terre, en absorbant le rayonnement infrarouge thermique dégagé par la Terre et en le renvoyant en partie vers la surface de celle-ci. Les gaz à effet de serre concernés par les négociations sur le changement climatique sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde nitreux (N2O), les hydrofluorocarbones (HFC), les hydrocarbures perfluorés (HFC) et l’hexafluorure de soufre (SF6). Marché carbone Aussi appelé « marché de permis d’émission », il s’agit d’un mécanisme qui consiste à allouer aux « pollueurs » (Etats ou entreprises) des quotas d’émissions de CO2, que ceux-ci peuvent ensuite s’échanger. Chaque émetteur de CO2 doit alors s’assurer qu’il détient autant de permis d’émission que ce qu’il va émettre. Dans le cas contraire, il se trouve contraint de réduire ses émissions ou d’acheter des permis. Inversement, si ses efforts de maîtrise des émissions l’autorisent à posséder un excédent de permis d’émissions, il peut mettre ceux-ci en vente. Le marché carbone est l’un des mécanismes de flexibilité prévus par le protocole de Kyoto.

•••

Connexions / novembre - décembre 2009 47


DOSSIER

专栏

Guilin

La rivère Li connait un étiage maximum en novembre 2009 dans le Guangxi, (région autonome de Zhuang) 2009年11月, 广西壮族自治区境 内的漓江遭遇最大

© Imagine China

的枯水期。

Equation énergétique de la Chine et climat La Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre, doit convaincre qu’elle fera tout son possible pour contribuer à maintenir le réchauffement global en-deçà de 2 °C. Le développement économique est la priorité de la Chine depuis 30 ans et le restera. Toutefois, les préoccupations liées à la sécurité énergétique, à l’environnement et, plus récemment, au changement climatique ont modifié la stratégie chinoise en matière de production et de consommation d’énergie dans les dix dernières années. Consommation énergétique et émissions de gaz à effet de serre en Chine La consommation énergétique de la Chine a dépassé 2 Gtep1 en 2008 et a doublé en 10 ans. Rapportée à la population, la consommation énergétique chinoise (1,5 tep par 48 Connexions / novembre - décembre 2009

habitant en 2007) est encore bien en-deçà de celle des Etats-Unis (7,6 tep/hab) ou de l’Union Européenne (3,5 tep/hab). Mais cette moyenne cache de grandes disparités : un Shanghaien consomme 4 fois plus d’énergie que son voisin de l’Anhui. Les émissions de CO2 d’origine énergétique, ont, quant à elles, triplé entre 1990 et 2007 pour atteindre 6,1 Gt en 20073, ce qui fait de la Chine le premier émetteur mondial. En 2007, la Chine émettait 4,6 t de CO2 par habitant, tandis que la moyenne mondiale était de 4,4 t, celle de la France de 5,7 et celle des Etats-Unis de 19. Si l’intensité carbone4 reste parmi les plus élevées au monde, on notera néanmoins qu’elle a diminué de 46% sur la même période. Ce chiffre reflète l’évolution de la politique énergétique : initialement focalisée sur l’approvisionne-

ment, elle s’est progressivement élargie à l’utilisation économe de l’énergie5. Des mesures encourageantes qui doivent être poursuivies… La protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique font désormais partie des priorités gouvernementales : la Chine a ainsi adopté un plan de maîtrise de l’énergie à moyen et long terme en 2004, une loi sur les énergies renouvelables en 2005, un programme national sur le changement climatique en 2007 et une loi sur la promotion de l’économie circulaire en 2008. Le plan quinquennal 2006-2010 fixait, pour la première fois, un objectif de réduction de l’intensité énergétique de 20%. Cet effort devrait être prolongé dans le prochain plan (2011-2015), avec des objectifs locaux


Réchauffement climatique 气候变暖 et sectoriels plus marquées que précé- que celui d’un habitant de la campagne. demment. La Chine a également annoncé, L’amélioration du niveau de vie se traduit, fin novembre, qu’elle réduira son intensité en effet, par l’augmentation des déplacecarbone de 40 à 45% entre 2005 et 2020. A ments, du chauffage et de la climatisation ce stade, il ne s’agit pas d’un du logement et de l’équiengagement juridiquement pement des ménages, en contraignant au plan inter- « Un shanghaien particulier automobile. consomme quatre national. La planification locale, L’objectif est « cohérent » avec fois plus d’énergie qui cherche à valoriser le scénario de l’agence inter- que son voisin de l’image d’une ville ou nationale de l’énergie visant l’Anhui. » d’une région, ne permet à limiter le réchauffement à pas réellement d’imposer des morphologies 2 °C, mais les mesures prises devront être renforcées. Les urbaines économes en gains d’intensité carbone ne suffiront pas énergie, qui limiteraient par exemple les à compenser les émissions nouvelles liées à besoins de déplacement en assurant la la croissance de l’économie et l’on ne peut proximité des services courants. attendre de réduction absolue des émis- De plus, les industries fortement consomsions avant 10 ans au moins. matrices d’énergie, telles que la sidérurgie La pression internationale ainsi que celle de et le ciment, restent très importantes dans la société chinoise qui prend, conscience l’économie chinoise car elles sont soutedes effets de la pollution et du réchauffe- nues par la construction massive d’infrasment climatique sur la santé et l’environne- tructures. Compte tenu des efforts déjà ment, devraient contribuer à la poursuite réalisés au cours du 11e plan, leurs marges de ces efforts. de progrès sont plus réduites qu’en 2005. … Mais qui sont confrontées à des Enfin, la tarification de l’énergie n’incite pas contraintes fortes encore suffisamment les particuliers et les Plusieurs facteurs structurels pèsent toute- entreprises à la sobriété et les réglementafois sur la production et la consommation tions contraignantes peinent à être mises d’énergie. en œuvre localement. La première contrainte tient à l’importance La Chine est donc déjà le deuxième du charbon dans la structure énergétique. consommateur d’énergie et le premier En effet la Chine dispose de charbon en émetteur de gaz à effet de serre de la plaabondance, ce qui lui offre une assez large nète et ses émissions continueront à croître indépendance énergétique. Aujourd’hui, pendant au moins 10 ans. Ses dirigeants 69% de l’énergie consommée provient du ont conscience qu’ils ne peuvent suivre la charbon or, de toutes les énergies fossiles, voie tracée par les pays développés et qu’ils il s’agit de celle qui émet actuellement le doivent aujourd’hui inventer un nouveau plus de gaz à effet de serre. Malgré d’am- mode de développement, « sobre en carbitieux programmes de développement, la bone ». La Chine relève progressivement part de marché des énergies renouvelables l’immense défi de l’amélioration de l’efficaet nucléaire augmente lentement dans un cité énergétique et de la réduction de son pays où l’ensemble de la capacité de pro- intensité carbone et espère bien acquérir, duction électrique est en croissance. dans cet effort, la maîtrise de « technoloPar ailleurs, les villes chinoises accueillent gies vertes » qui feront sa compétitivité chaque année environ 15 millions d’habi- future. tants supplémentaires et cette tendance Rosel i ne L eg ra nd devrait se poursuivre dans les trente proC onsei l lère énerg ie et env iron nement chaines années. L’urbanisation et la croisMission économ ique de Pék i n sance démographique entraînent une tep : tonne équivalent pétrole ; Gtep : milliard de tonne pétrole consommation importante d’énergie par équivalent Rapport entre la quantité d’énergie consommée et la la construction d’infrastructures et de bâti- production, mesurée par le Produit Intérieur Brut Données IEA ments qu’elles nécessitent, mais également Rapport entre les émissions et le PIB Energy Conservation Law (1998). parce que le mode de vie d’un citadin est cinq fois plus consommateur d’énergie

1

2

••• Mécanismes de flexibilité

Outre le marché carbone, il existe deux autres mécanismes économiques prévus par le protocole de Kyoto pour atténuer les incidences économiques possibles des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit de la mise en œuvre conjointe (MOC), qui permet à un pays développé de procéder à des investissements dans des projets réalisés dans des pays qui se sont également engagés à réduire leurs émissions de CO2), et du mécanisme de développement propre (MDP), qui fonctionne sur le même principe que la MOC, mais les investissements sont cette fois effectués par un pays développé dans un pays en voie de développement. Puits de carbone Un puits de carbone est un réservoir naturel ou artificiel qui absorbe le gaz carbonique de l’atmosphère et donc contribue à diminuer la quantité de CO2 atmosphérique. Les principaux puits de carbone naturels sont les hydrocarbures, les sols, les mers, les forêts tropicales ou encore les tourbières. REDD REDD Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. La déforestation représente environ 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, devant les transports. Le programme des Nations Unies pour la réduction des émissions dues à la déforestation, UN-REDD, vise à réduire ce chiffre en attribuant aux forêts une valeur financière fondée sur leur capacité de stockage de carbone. A terme, REDD conduirait les pays développés à payer les pays en développement dans le but de protéger leurs forêts afin de réduire ces émissions.

Sources : Glossaire du climat, Christian Brodhag, Florent Breuil, glossaire de La Documentation française, www. climact.com/organisation.php

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DOSSIER

专栏

Pékin ou les provinces ? Richard Balme est professeur à Sciences Po et à l’Ecole de Politiques Publiques de Qinghua. Il travaille sur les relations entre l’Union Européenne et la Chine, et prépare un livre sur les politiques chinoises de l’environnement. Il analyse ici les relations entre le centre et la périphérie dans l’application des politiques environnementales.

Connexions : La Chine a-t- elle les moyens de tenir les engagements qu’elle a annoncés avant Copenhague ? Richard Balme : Oui, d’autant plus que la Chine ne s’est pas engagée à faire beaucoup plus que ce qu’elle fait déjà dans le cadre de ses politiques internes. Notons bien qu’on ne parle pas de réduire les émissions, mais d’améliorer l’efficacité énergetique. C’est crucial, c’est une politique active, mais cela ne suffira pas à résoudre les problèmes.

C. : La Chine, pays continent, a des relations spécifiques entre son gouvernement central et ses provinces. En quoi ces relations centre-périphérie ont-elles un impact sur la mise en pratique de ses engagements ? R.B. : La courroie de transmission entre gouvernement central et gouvernement provinciaux tourne plutôt bien. C’est à l’intérieur des provinces qu’il y a déperdition. Le rapport centre-périphérie en Chine est très différent de celui qui existe en Occident. En Chine, il n’y a pas d’Etat « central » à proprement parler. En politique intérieure, le gouvernement de Pékin ne fait rien seul. Ce sont les provinces qui mettent en œuvre la législation, et en définitive qui exercent le pouvoir exécutif. Ce partage est structurel dans le système politique chinois. Pour autant, le gouvernement central n’est pas démuni. C’est lui qui donne l’impulsion, qui conçoit les politiques, et qui surveille leur application. Un de ses moyens d’action est 50 Connexions / novembre - décembre 2009

de promouvoir les gouverneurs, d’évaluer préserver l’emploi. Des spécialisations se et de noter les autorités provinciales. Par le mettent ainsi en place. C’est la même chose contrôle politique et par la planification, en Chine. Le Yunnan promeut le tourisme, par la notation des résultats et le système la biodiversité et accueille relativement de sanctions, il exerce bien les ONG internationales, fortement son influence. alors que le Gansu garde ses « Le Parti Le parti communiste joue usines pétrochimiques en un rôle essentiel dans ce communiste joue plein centre ville. Pékin a fait rapport centre-province. Il un rôle essentiel de réels efforts au moment permet au système d’agir, dans ce rapport des Jeux olympiques, et on et de produire, des resul- centre-province. peut penser que Shanghai tats malgré l’absence de Il permet au soit aujourd’hui en pointe, séparation des pouvoirs système d’agir alors que d’autres villes vont et l’omniprésence de la malgré l’absence bien sûr beaucoup moins corruption. Les cadres vite. Reste que le thème de de séparation étant sans arrêt évalués, l’ « éco-city » est porteur en des pouvoirs et notés, mutés, il n’y a pas Chine. Mais pour passer à de politique locale stricte- l’omniprésence de l’acte, il faut des ressources ment isolée, comme cela la corruptiion. » exogènes à la province et peut être le cas ailleurs. une vraie capacité locale Ce système rappelle celui d’innovation, portée par un des préfets français. Les cadres du Parti les leadership ambitieux. Ce qui n’est pas touplus ambitieux n’ont pas vocation à rester, jours le cas …. et agissent comme des agents du gouver- C. : On entend souvent parler d’abus sur le terrain nement central en province, en cherchant - on ferme une usine polluante dans un district à se distinguer pour obtenir une promotion pour ouvrir une autre dans le district voisin, par ailleurs. exemple. Qu’en pensez-vous ? C. : Observez-vous des variations régionales, des R.B. : Il existe des transferts industriels où bons et des mauvais élèves ? on délocalise à la fois la pollution et les R.B. : Mes collègues chinois qui observent emplois. Mais globalement les standards, de près ce que font les gouvernements la règlementation et la législation sont en locaux enregistrent en effet deux cas de progrès rapide. Il demeure cependant un figure : ceux qui résistent, et ceux qui vont problème de contrôle des pollutions au au-delà des exigences. Dans les analyses niveau local. Le ministère de l’Environnede la décentralisation et de la compétition ment a très peu de moyens. Il n’existe pas interprovinciale dans le domaine de l’envi- de corps national de contrôle, indépendant ronnement, en Chine comme ailleurs, on des gouvernements locaux ou provinciaux. distingue la course au « mieux disant » (race Dans les régions, ce contrôle est effectué to the top) et au « moins disant » (race to the par les agents des bureaux de l’environnebottom). Aux Etats-Unis, par exemple, la Ca- ment qui, s’ils sont officiellement sous doulifornie a délibérement cherché à devenir ble tutelle — locale et nationale —, de fait, l’Etat le plus vert pour attirer les « bonnes restent sous la tutelle des gouvernements entreprises », alors que le Delaware a adopté locaux. La même situation prévaut dans les en matière d’environnement un profil bas cas de contentieux juridique avec l’absence pour protéger ses industries polluantes et d’independance de la justice.


Réchauffement climatique 气候变暖 Yangzi

Le plus long fleuve d’Asie manque d’eau en juillet 2008 à Xiling, une des fameuses trois Gorges 2008年7月, 亚洲最长的河流 缺水。著名的长江三

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峡之一西陵峡

C. : Les industriels sur le terrain observent que la motivation des Chinois pour réduire leur consommation d’énergie est économique plutôt qu’écologique. La Chine a-t-elle peur de manquer à long terme de ressources énergétiques ? R.B. : Effectivement. C’est ce qui la conduit à vouloir améliorer rapidement son efficacité énergétique. Reste que même avec des énergies plus propres, la Chine va augmenter inéluctablement ses émissions car sa population s’oriente massivement vers un nouveau mode de vie plus moderne donc énergétivore. A noter cependant le rôle de la reforestation en Chine, qui devra intervenir positivement dans son bilan carbone à l’avenir. Depuis les grandes crues du Yangzi de 1998, la Chine a interdit de couper le bois sur son sol — elle préfère l’importer. Mais, au total, les politiques du climat se distinguent nettement de celles de l’environnement en général, en ce qu’elles font appel à des innovations technologiques et à des acteurs de marché. Lors de conférences auxquelles j’ai assisté dernièrement, les salles étaient pleines d’entrepreneurs chinois, pas seule-

ment de militants de l’environnement. En définitive, je dirais que les Chinois sont passés à l’acte. Ils ont mis en place une politique volontariste, très pesée et pensée. Mais ils n’acceptent pas pour autant les demandes d’engagements massifs qu’ils jugent irréalistes et injustes. Ils veulent préserver leur développement. Pour les EtatsUnis et l’Union européenne, il s’agit de transition de modes de vie ; pour les Chinois, il s’agit encore de faire sortir des gens de la pauvreté. De plus, on ne leur donne jamais sur ce point crédit pour leur politique de contrôle des naissances, dont on commence à parler pour d’autres régions du monde. Le débat s’est focalisé jusqu’ici sur les engagements à reduire les émissions, parce qu’ils sont nécessaires à l’instauration d’un marché de droits à émissions carbone que souhaitent développer les Européens pour prolonger Kyoto. Même si les Chinois auront été les premiers bénéficiaires des Mécanismes de Développement Propre1, l’idée ne passe pas encore vraiment, à quelques expériences près. Ajou-

tons enfin qu’entre les politiques d’atténuation (mitigation) — qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre — et celles d’adaptation — investir pour lutter contre les effets du réchauffement — , les Chinois semblent plus sensibles à l’adaptation. En ce sens, ils se rapprochent des pays pauvres, victimes plutôt que créateurs d’émissions polluantes et qui ont besoin d’aide pour surmonter les effets désastreux du réchauffement. Au-delà de l’approvisionnement énergétique, la Chine perçoit les questions de climat par la sécheresse dans le nord Est, les cyclones dans le sud, la fonte des glaciers himalayens, et les problèmes de sécurité alimentaire et de ressources en eau. Elle a déjà commencé à mobiliser ses troupes contre les effets du réchauffement climatique dans tous les secteurs de la société. Propos recuei l l is

pa r A n ne Ga rrig ue

Les Mécanismes de Développement Propre institutes par le protocole de Kyoto permettent a des entreprises d’acquérir des droits d’émission supplémentaires par le financement de technologies propres dans les pays inscrits à l’annexe II du protocole, dont la Chine. 1

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DOSSIER

专栏

Huang He Le Fleuve Jaune, qui fertilise la grande plaine du Nord et dont dépendent plus de 600 villes, se tarit progressivement 为华北大平原 提供肥沃土壤, 也是600座城市

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赖以生存之源 的黄河正渐渐干枯。

Un marché de 1 000 milliards de dollars Ruth Dobson associée de PricewaterhouseCoopers et Isabelle Spiegel, senior Manager de PwC, présentent les opportunités commerciales des technologies vertes en Chine à partir de la vaste enquête participative menée par l’Initiative Greentech lancée par Ellen G. Carberry (IBM) et Randall S. Hancock (Mango Strategy), qui a abouti au « China Greentech Report 2009 »1.

C. : Le marché chinois des Greentech avoisinerait les mille milliards de dollars à l’horizon 2013. Pour 2010, quel montant pour quels secteurs porteurs? R. D. et I.S.: Il n’y a pas de données chiffrées disponibles, le marché étant encore naissant. Les estimations allant de 500 à 1000 milliards de dollars par an représentent la capacité totale du marché en considérant que les technologies disponibles sont adoptées par les décideurs et mises en œuvre, principalement dans les domaines de l’énergie renouvelable, des transports propres et des bâtiments verts. Pour 2010, bien que nous ne possédions pas de 52 Connexions / novembre - décembre 2009

quantification précise, une évaluation de ce marché fournie par l’équipe de recherche du projet serait de dix milliards de dollars.

C. : Quels sont les principaux acteurs chinois qui ont participé à la Greentech Initiative ? R.D. et I. S.: En incluant les entreprises de Hong Kong et les structures mixtes, elles sont plusieurs dizaines (énergie, construction, déchets, chimie, industrie pétrolière, sociétés de service,…). Cin d’entre elles ont été particulièrement actives dans le projet : Suntech Power Holdings, China International Capital Corporation, Shui On Development, China Environment Service Industry Association et Qinghua University.

C.: Pouvez-vous nous fournir quelques exemples de projets chinois à solutions vertes ? R. D. et I.S.: On peut citer l’industrie de l’aluminium, en particulier d’Alcoa qui a adopté un cadre stratégique interne pour un développement durable à l’horizon 2020, incluant des objectifs de performance dans les produits et procédés sûrs et durables ou encore Yixing-Union Cogeneration Co,

Ltd, unité de cogénération fonctionnant au carbone basée dans la province du Jiangsu, qui a adopté des technologies de réduction des émissions avancées dont un projet d’abaissement des émissions d’oxydes de nitrate.

Connexions : Passer à la technologie verte suppose des formations en amont…. R. D. et I. S : Oui, les formations visent la conception, le développement, le marketing, la finance, la mise en œuvre, la surveillance et la régulation des solutions de technologies vertes. Différents programmes de formation sont déjà engagés : citons notamment les formations des maires des villes chinoises ou celles, académiques et scientifiques, dispensées par le Centre de recherche et d’éducation en énergie propre de l’université Tsinghua.

Propos recuei l l is pa r Ch rist i ne SI MON

1. disponible sur Internet (www.Chinagreentech.com/report)


Réchauffement climatique 气候变暖

La Chine s’active dans la normalisation mondiale En efficacité énergétique et en système de gestion de l’énergie, la Chine veut être une force de proposition dans l’élaboration des normes ISO. Jean-Jacques Marchais, directeur réglementation et normalisation efficacité énergétique chez Sc hneider E le c t ric , spécialiste mondial de la gestion de l’énergie, représente son groupe dans la plupart des grandes instances mondiales de normalisation.

Connexions : Pourriez-vous nous dire si, comparativement, la politique de réglementation et de normalisation chinoise en matière d’efficacité énergétique est à la hauteur des ambitions du pays ? Jean-Jacques Marchais : En matière d’efficacité énergétique, la Chine fait preuve d’ouverture et a mis en place une réglementation relativement étoffée qui s’appuie de façon constructive sur une comparaison de son système réglementaire avec les systèmes occidentaux, notamment européen. Ainsi, sur l’étiquetage des produits efficaces énergétiquement, sa réglementation n’est pas très éloignée dans le principe des directives européennes. La Chine est donc clairement en avance, tant par rapport à d’autres pays émergents que face à des pays matures. Elle a mis en place un travail de benchmarking pour faire évoluer sa réglementation. En ce qui concerne l’application de cette réglementation, en Chine comme ailleurs, les décrets doivent être précisés, les filières bien organisées et les personnes compétentes formées pour assurer le contrôle du management. Des métiers nouveaux naissent. Certains pays peuvent être un peu plus en avance et le benchmarking est une solution de progrès. Quant au système normatif orienté vers l’efficacité énergétique, il est déjà extrême-

ment construit en Chine, aussi bien pour les Alors que les pays matures devront à 80 % produits que pour les méthodes de calcul travailler sur les installations existantes pour des économies d’énergie dans l’industrie, atteindre leurs objectifs, les pays émercomme en témoigne le plan des 1000 in- gents, dont la Chine, auront à intervenir sur dustries1. l’existant mais également sur les nouvelles A l’international, la Chine est très active. Elle installations. Pour la Chine, la question foncopréside avec le France le SAGE (Strategic damentale est aujourd’hui de savoir comAdvisory Group on Energy ment elle va répartir ses Efficiency), un comité straté- « Pour la Chine, investissements entre les gique ISO dédié à l’efficacité la question nouvelles technologies énergétique, et elle collabore fondamentale et la rénovation de l’exisavec les Etats-Unis dans l’ISO tant. est aujourd’hui PC242 qui travaille actuelleC. : Etes-vous optimiste sur la de savoir ment sur la norme internatiocapacité de la Chine à réponnale en cours d’élaboration comment elle dre concrètement aux défis ? des systèmes de gestion va répartir ses J.–J. M. : La Chine a pleide l’énergie (ISO 50001)2. La investissements nement compris et intéChine y est une réelle force entre les gré les enjeux environde proposition. nementaux actuels. Des nouvelles C. : Derrière tout cela se profile le technologies et actions claires en termes grand marché de la « décarboniréglementaires et normala rénovation de sation de l’économie ». Un marché tifs ont été entreprises. Il y l’existant. » en pleine expansion. Les Chinois a une ouverture, un souci sont-ils bien placés sur ces noude comparaison avec ce veaux marchés ? qui se fait dans différentes zones. Le grand J.-J. M. : La Chine bénéficie d’atouts non né- challenge de la Chine, et il s’applique égagligeables, que ce soit dans l’amélioration lement aux autres pays, c’est de mettre en de l’efficacité énergétique ou dans le dé- place les compétences et les filières. Nous veloppement des énergies renouvelables, avons entamé de nombreuses coopéradeux des principaux leviers dans la lutte tions en R&D avec des grandes universités contre le réchauffement climatique. et ça fonctionne. Nous pouvons être énerDans ce combat, tous les grands pays gétiquement optimistes ! se sont fixé d’ambitieux objectifs d’ici à Propos recuei l l is 2020. L’efficacité énergétique constitue la pa r A n ne Ga rrig ue réponse la plus simple, efficace et rapide pour répondre à ce challenge, alors que l’impact des énergies renouvelables ne se En 2005, le gouvernement chinois lançait un plan de de la consommation énergétique par unité de PNB fera sentir que dans un second temps, entre réduction de 20% à l’horizon 2010. Un des outils-clés pour y parvenir était le programme de « Top 1000 », imposant aux mille 2020 et 2050. Aujourd’hui, les technologies entreprises les plus grosses consommatrices (33% de l’énergie d’efficacité énergétique sont disponibles et nationale et 47% de l’énergie industrielle en 2004) de réduire de façon précise leur appétit. permettent de réduire jusqu’à 30 % de la Norme de management dans le principe ISO 14001 pour l’environnement ou ISO 9001pour la qualité consommation globale !

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DOSSIER

专栏

Henan

La sécheresse affecte la récolte de blé dans le centre de la Chine (Xianren zhuang, février 2009). 干旱影响华中地区 (2009年2月,河南 开封仙人庄)

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的小麦收成。

L’étincelle médiatique de la dynamite verte chinoise L’environnement est devenu le combat le plus emblématique de la société civile. Trente ans de développement ultra-rapide ont épuisé l’environnement chinois. L’opinion publique a commencé à en prendre pleinement conscience depuis une dizaine d’années, mais ce n’est que depuis 2006 que l’activisme environnemental a pris son plein essor. Suscité en grande partie par les échanges d’informations que permet Internet, stimulé par l’intérêt croissant qu’y portent les médias traditionnels, encouragé par ses premières victoires sur la machine administrative de l’Etat, l’environnement est devenu aujourd’hui le combat le plus emblématique de la jeune société civile chinoise, où se retrouvent à la fois paysans, riverains et intellectuels. 54 Connexions / novembre - décembre 2009

C’est dans ce combat que nombre d’activistes chinois se sont formés, voire se sont radicalisés. Ainsi le fameux blogueur Zou Tao (邹涛), qui est allé jusqu’à candidater au Congrès du Peuple de Shenzhen et former un embryon de parti, raconte avoir commencé ses actions citoyennes en 1998, pour protester contre un projet de construction d’incinérateur. Au début, il est resté dans un cadre strictement légal, posant des questions sur le site Internet du gouvernement municipal, demandant des rendez-vous avec les autorités, etc. L’échec de ces tentatives l’ont amené en 2006 à « inviter ses voisins à aller faire une promenade ». Les manifestations

sont, en pratique, interdites en Chine, et « faire une promenade » (散步) est devenu un euphémisme rebelle, particulièrement populaire après les rassemblements de masse contre l’installation de l’usine chimique PX à Xiamen, en mai-juin 2007. Plus que les autres luttes civiques, la défense de l’environnement est propice à la transgression de la loi en Chine. En février 2007, une jeune responsable d’une association d’amis des animaux à Tianjin s’était justifiée auprès du quotidien Xin Jing Bao 《 ( 新京报》Beijing News) de commettre parfois des actes illégaux pour libérer des petits chats des mains de trafiquants, et le journal était allé jusqu’à l’aider à placer


Réchauffement climatique 气候变暖 ses protégés dans des familles d’accueil. On citoyens en recherche d’information, par trouve donc un modèle contestataire vert exemple pour comprendre les dangers des qui n’est pas très éloigné du militantisme émanations de dioxine d’un incinérateur de associatif en Occident. déchet de leur voisinage. Ces informations Il faut dire que le pouvoir joue de façon am- sont alors copiées sur des forums spéciabiguë. Les interviews dans la lisés débattant de quespresse de hauts responsables, tions locales, et envoyées « Le viceque cela soit du ministère de par courriel aux contacts ministre de Protection de l’Environnedes personnes intéresment (环境保护部) ou de l’Environnement, sées. Quand une action la Commission Nationale du Zhang Lijun, est décidée, le mot d’orDéveloppement et de la Ré- répète dre est passé par texto. forme (发改委) témoignent régulièrement Les autorités, impresà la fois d’une réelle prise de avoir besoin des sionnées par la mobilisaconscience des enjeux éco- investigations et tion (plus de 10 000 « prologiques et d’une certaine meneurs » dernièrement du contrôle des impuissance. Le vice-ministre à Wujiang), reculent en médias.» de l’Environnement, Zhang général très vite (2 jours) Lijun, répète ainsi régulièreen annonçant un gel du ment avoir besoin des investigations et projet lors d’une conférence de presse. Les du contrôle des médias ; ses propres hom- médias officiels chinois s’emparent alors de mes sont parfois empêchés de mener des l’affaire, et contribuent ainsi à en susciter inspections par des autorités locales peu d’autres. Ce cycle paraît sans fin. scrupuleuses. Depuis le 8 octobre 2009, le fameux hebCe sont donc souvent les journalistes domadaire Nanfang Zhoumo (《南方周 qui fournissent l’étincelle de la dynamite 末》) s’est fait remarquer en créant une ruverte. brique permanente « Verte » (绿色) au sein A l’automne dernier, la diffusion le 1er sep- de ses pages. Dans un éditorial particuliètembre 2009 par les médias chinois de re- rement virulent en date du 5 novembre, portages sur la conférence internationale un de ses journalistes, Chang Ping (长平), Dioxin 2009 (tenue à Pékin fin août) a eu un dénonce l’attitude des autorités lors de la fort impact, catalysant des crises qui cou- récente affaire de l’incinérateur de Panyu. vaient depuis longtemps, et générant au Pour calmer l’inquiétude des riverains, elles moins deux mouvements d’importance, à avaient invité des experts à expliquer lors Wujiang (吴江) dans le Jiangsu, et à Panyu d’une conférence de presse que l’usine ne (番禺) dans le Guangdong. produirait aucun résidu dangereux. CepenLe modus operandi est toujours à peu dant, des internautes avaient rapidement près le même depuis 2007. Internet est le découvert que ces prétendus experts premier média vers lequel se tournent les étaient en fait liés à l’entreprise gérant l’in-

cinérateur. Le journaliste enrage et écrit : « si l’on ne peut plus faire confiance au gouvernement, alors qu’il nous rembourse nos impôts ! ». Dans les campagnes chinoises, les questions environnementales constituent aujourd’hui le premier facteur d’explosion sociale. Elles sont également devenue la pointe et le creuset d’une contestation beaucoup plus large, aiguillonnant constamment l’Etat, pris au piège de son propre discours promouvant la défense de l’environnement mais empêtré dans ses travers bureaucratiques.

Renaud de Spens

En bref 83,40 % des lettres arrivant au ministère de l’Environnement seraient des oppositions de riverains à des projets de construction d’usines, et ces plaintes auraient décuplé en 11 ans. (source ministère de la Protection de l’Environnement) Depuis 1999, le tri sélectif de déchets a été mis en place dans certains quartiers de Pékin et a servi de « vitrine verte » pour les autorités. Le Xin Jing Bao (《新京报》Beijing News) dénonce dans un dossier en date du 2 novembre ce que tous les riverains savaient déjà : jusqu’à très récemment, les camions de ramassage des poubelles n’étaient pas équipés pour le tri, et mélangeaient tous les déchets ramassés.

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专栏

Des étudiants chinois contre le réchauffement climatique Yang Yuexi et Cong Wenzho ont tous les deux remporté un concours sur l’efficacité énergétique lancé par Schneider-Electric Chine auprès d’universités chinoises. Ils expliquent quelles sont les idées qui animent leur travail. Etudiante en quatrième année d’ingénierie électrique et électronique appliquée, Yang Yuexi est passionnée depuis longtemps par les économies d’énergie. Son projet, lauréat en 2009, démontre qu’une centrale électrique peut augmenter son efficacité tout en gardant un niveau de production identique. « L’énergie est un domaine stratégique et je m’étonne de voir que sa gestion efficace soit encore si peu prise en compte, explique-t-elle. Aujourd’hui en Chine, la production électrique se doit surtout d’être rentable avant d’être soutenable. Pourtant il n’y a pas d’antagonisme. » Et d’ajouter :

« C’est à nous, les étudiants et les chercheurs, de soumettre des idées et des standards au gouvernement pour augmenter l’efficacité énergétique. » Son but est de faire de la Chine une référence d’excellence au sein des pays en développement, tout en posant les jalons pour jouer un rôle de grande puissance responsable à l’avenir. Pour son projet lauréat en 2009, Yang Yuexi est partie de l’analyse d’une centrale thermique de grande dimension. En optimisation la production, elle a augmenté l’efficacité globale de 10%. Elle précise :

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« Ce type d’études est rare chez nous. Nous nous basons sur les pratiques des autres pays pour introduire ce type de technologies en Chine. » Aujourd’hui, le pays est en croissance et doit faire face aux responsabilités d’une nation forte, les jeunes s’habituent peu à peu à penser « vert », mais en Occident, ces habitudes mentales sont mieux ancrées, explique-t-elle.

« Nous pouvons bien faire attention à économiser l’eau, à éteindre les lumières, etc. Mais une conscience de ce type n’est pas vraiment enracinée dans notre pays. Nous avons plutôt envie de faire les choses en grand, de développer des nouvelles technologies, d’inventer des choses utiles. »

ajoute la jeune Yang qui avoue qu’il n’est pas toujours facile de se rendre compte de l’état de son propre pays lorsque l’on vit dans une ville aussi dynamique que la capitale chinoise. « La pollution et le réchauffement de la planète sont des sujets encore loin de la jeunesse urbaine chinoise. C’est uniquement lorsqu’on lit des rapports aux données alarmantes que l’on s’arrête pour y réfléchir » avoue posément Yang Yuexi. Cong Wenzhuo, qui a reçu le troisième prix, est en stage dans les bureaux pékinois de Schneider. Pour lui la lutte contre le réchauffement climatique commence par un travail sur soi-même. « Ma conscience “verte“ s’est beaucoup développée depuis que je travaille ici. On nous apprend, par exemple, à utiliser un seul verre en papier par jour. On le marque avec notre prénom et on s’en sert jusqu’à ce qu’il devienne inutilisable. C’est une petite action journalière mais cela découle d’une certaine mentalité d’entreprise qui s’installe aussi dans notre vie au quotidien ». Pour le concours, Cong Wenzhuo, étudiant en automatique, a réalisé un projet de culture sous serre qui utilise les énergies renouvelables. « Notre serre est reliée à des panneaux solaires qui produisent l’énergie dont elle a besoin pour augmenter la température intérieure et permettre la croissance des plantes ». Cette idée lui est venue en lisant les nouvelles et en réfléchissant à un moyen de rendre l’agriculture chinoise plus efficace. « Vu notre sujet d’études, nous sommes constamment plongés dans l’actualité environnementale de notre pays et tous les jours nous discutons avec nos professeurs sur ce qu’il est possible de faire » conclut le futur ingénieur.

A nton ia Cim i n i


Réchauffement climatique 气候变暖

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专栏

Un fermier laboure près d’une éolienne dans la banlieue de Qingdao dans le Shandong.

山东青岛郊区的一名农夫正在风力发电机旁耕作。

Quand la Chine veut faire propre et vert Avec un objectif de 10 à 15% de son énergie issue des technologies vertes d’ici 2020, la Chine se positionne fortement sur un marché en pleine croissance. Si le pays reste actuellement un « suiveur » technologique, les choses devraient évoluer rapidement vu l’ampleur de la production et des besoins. A première vue, l’ambition chinoise d’une production d’énergie « verte » représentant 10 à 15% de son mix énergétique global en 2020 peut sembler limitée, laissant la part belle aux énergies fossiles. L’ampleur du pays fait pourtant que les projets « verts » prennent rapidement des dimensions titanesques, plaçant la Chine 58 Connexions / novembre - décembre 2009

sur le haut du podium mondial dans de nombreux secteurs. Eolien et solaire à l’honneur Chouchou des autorités, l’éolien chinois se développe très rapidement depuis quelques années. Les producteurs locaux tels Sinovel ou le leader Goldwind font déjà parties du top 10 mondial alors que leurs

turbines restent largement absorbées par le marché interne. Dans le cadre du plan de relance national, l’Etat soutient la création de nombreuses fermes à éoliennes dont un colossal projet de 10 GW dans le Gansu dit « les Trois Gorges du ciel » en référence au barrage géant de 18 GW de capacité. Il s’agit à ce jour du


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plus grand projet d’éolien au monde. Les producteurs locaux sont avantagés puisque l’Etat exige que 70% des équipements installés dans le pays soient produits sur place. Les entreprises étrangères n’ont donc pas d’autre choix que de localiser leur production si elles veulent profiter des opportunités sur le marché chinois. Une situation qui permet aux entreprises locales de profiter plus facilement de transferts technologiques, notamment pour la production de grandes turbines de 1,5 MW et plus. Au total, la Chine pourrait atteindre les 122 GW de capacité installée en éolien d’ici 2020 selon Greenpeace. Le gouvernement s’est récemment fixé un objectif de 100 GW

pour la même période soit plus de trois fois loppement de ces technologies posent le niveau annoncé début 2008. également des problèmes de raccord au Autrefois délaissé par les autorités en raison réseau électrique existant qui n’est apte à de coûts de revient trop élevés, le solaire absorber qu’une fraction des capacités déjà est aujourd’hui plébiscité en Chine. L’indus- installées. Des efforts importants d’adaptatrie locale est déjà numéro 1 tion devront être fait dans mondiale avec près de 30% « L’industrie ce domaine, en particulier des panneaux solaires pro- solaire locale l’élaboration de « smart duits sur la planète. A l’invergrids » capables de gérer est déjà numéro se de l’éolien, c’est le marché l’aspect aléatoire d’une extérieur qui a porté la crois- 1 mondial, avec production dépendante sance du secteur grâce aux près de 30% des des caprices de la météoavantages « classiques » de panneaux produits rologie. la Chine en terme de main- sur la planète.» Biomasse et hydroéd’œuvre et d’économies lectricité à la rescousd’échelle. se La crise économique monAvec plus de 50% de sa diale a engendré le gel ou « Le projet des population vivant en l’annulation de nombreux Trois Gorges du zone urbaine, l’utilisation projets dans le solaire en Oc- ciel dans le Gansu des déchets municipaux cident et laisse la Chine en est à ce jour le pour capter le méthane surcapacité de production. Le plus grand projet lié à leur dégradation est secteur est donc aujourd’hui une autre voie explorée éolien du monde.» en pleine restructuration et par Pékin. La banque asiales acteurs majeurs comme tique de développement Yingli solar ou Suntech devient d’assurer un prêt de vraient en profiter pour as200 millions de dollars à « La Chine s’est seoir leur domination locale. la Chine pour soutenir ce Ils bénéficieront également lancée dans secteur. L’objectif est de des nouvelles aides de l’Etat plusieurs projets permettre la conversion pour l’installation de modules de 30% des déchets d’ici de barrages solaires d’au moins 50 MW sur 2030 pour obtenir un togigantesques, les habitations et la création tal de 30 GW de capacité de grandes fermes solaires notamment sur le lié à la biomasse en zone d’au moins 300 MW de capa- Mékong.» urbaine et rurale. cité. Sur le plan technologiPrincipale puissance hyque, la Chine est en position de « suiveuse » droélectrique de la planète avec 172 GW de par rapport aux géants occidentaux, princi- capacité installée à ce jour, la Chine compte palement l’Allemagne, l’Espagne et les USA. atteindre les 300 GW en 2020 et s’est lancée Mais comme pour l’éolien, les entreprises dans plusieurs projets gigantesques de barlocales cherchent à rattraper leur retard et rages notamment sur le Mékong. Une soif investissent dans la R&D, notamment pour d’hydraulique qui inquiète non seulement les nouvelles cellules photovoltaïques à les ONG spécialistes de l’environnement base de polysilicone. mais également les pays voisins comme le Preuve que le chemin sera encore long Vietnam ou le Cambodge dont l’approvipour les entreprises de l’Empire du milieu, sionnement en eau pourrait être modifié c’est l’américain First Solar qui a été choisi en conséquence. pour la construction de la plus grande Le charbon superstar ? ferme solaire du monde en Mongolie In- Quel que soit le soutien apporté aux térieure. En 2019, le site devrait produire nouvelles énergies, le mix chinois restera pas moins de 2 GW avec des panneaux durablement dominé par le charbon où solaires déployés sur près de 40 Km2 soit, son importance pourrait même croître vu grosso modo, la surface de la municipalité l’augmentation anticipée de la demande de Pékin. intérieure. Globalement, la Chine espère atteindre les Ressource principale du pays, il s’agit d’un 20 GW de capacité en solaire d’ici 2020. secteur-clef pour limiter la dépendance Que ce soit l’éolien ou le solaire, le déve- de la Chine vis-à-vis des énergies

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专栏

fossiles importées comme le pétrole. ••• Dans ce contexte, les autorités s’intéressent de près aux technologies dîtes de « charbon propre » qui, via la gazéification du matériau solide, permettront d’élaborer des produits consommés sur le marché domestique, comme des essences pour le transport, du propylène pour la chimie ou du gaz naturel synthétique. Pékin reste actuellement prudent et, à travers quelques champions du secteur, contrôle le nombre de projets permettant de déterminer le mode de production le plus rentable et efficace. Ces projets sont en cours de réalisation en Mongolie intérieure, au Ningxia ou encore au Xinjiang. « Le but des autorités est de trouver le modèle le plus efficace du point de vue énergétique car la gazéification nécessite beaucoup d’eau et dégage quantité de CO2 » explique Christian Guerithault de chez Air liquide. L’entreprise française est impliquée dans ce type de projets via la fourniture d’oxygène, élément indispensable au processus. Pour éviter d’augmenter encore les émissions de CO2 du pays, il faudra capter ce gaz et trouver des solutions de stockage comme la réinjection dans des champs pétrolifères. Cela demandera de lourds investissements en infrastructures comme la construction des pipelines géants. « C’est pour cela que la Chine cherche la solution technique la plus satisfaisante avant de passer à des expériences à très grande échelle pour intégrer au mieux la production et minimiser les émissions polluantes et la consommation de ressources. Le pays sera néanmoins le leader mondial du secteur d’ici 10 ans » conclut Christian Guerithault. Au final, les sources alternatives d’énergies et l’utilisation « propre » des énergies fossiles devraient surtout s’imposer d’ellesmêmes. Pas forcément pour des raisons idéologiques mais parce que ces nouvelles technologies permettront de remplacer à terme un pétrole devenu rare et cher. Le pragmatisme économique des Chinois et la volonté d’être présents sur des marchés prometteurs seront donc certainement les moteurs les plus puissants de la révolution « verte » dans l’Empire du milieu.

Nicola s Srid i

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Goldwind

Numéro 1 de l’éolien chinois Lors de sa création en 1998, le Xinfeng Scientific and Industrial Trade Co., Ltd. of Xinjiang a au départ pour tâche de développer les première turbines chinoises de 600 KW de capacité dans le cadre du 9e plan quinquennal. Comme souvent en Chine, ce projet de R&D soutenu par l’Etat s’oriente vers un objectif commercial et l’entreprise prend le nom de Goldwind en 2001. Elle obtient alors l’appui des autorités pour le développement industriel de turbines éoliennes de 600 et 750 KW et devient dès 2003 le plus grand fabricant du secteur en Chine. Si Goldwind est depuis sa création orienté vers la R&D, il n’en reste pas moins que le retard technologique avec l’international est trop grand pour être rattrapé sans l’aide de transferts depuis l’étranger. Plutôt que de s’associer directement à des grands producteurs peu enclins à dynamiser de potentiels rivaux ou de se contenter de racheter des brevets à l’extérieur, Goldwind a choisi une stratégie alternative. Dès 2001, l’entreprise a commencé à collaborer directement avec une compagnie de design de turbines allemande, Jacob, pour le développement de ses modèles de 600 KW de capacité. Elle a suivi la même logique avec Repower pour les modèles à 750 KW et a même pris le contrôle Vensys début 2008 pour développer les nouveaux modèles de 1.5, 2 et 3 MW. De cette manière, Goldwind a pu minimiser les coûts liés aux transferts tout en obtenant les droits de propriété intellectuelle et en étant associé totalement au développement des technologies-clés. Cette volonté de rester actif dans la R&D est sans doute à l’origine du succès de Goldwind en Chine, avec 33% du marché local en 2006 et plus de 100% de croissance annuelle sur huit années consécutives. « Nous avons réglé nos problèmes de R&D en rachetant l’entreprise qui nous a tout appris et aujourd’hui nous voulons nous développer à l’international » expliquait

récemment un dirigeant de Goldwind sous couvert d’anonymat. Car si l’entreprise est un géant en Chine et fait partie des 10 grands mondiaux en volume de production, elle n’a pas pour le moment réussi à capter de marchés à l’extérieur mis à part une récente première vente de turbines à Cuba. Alors que Goldwind prévoyait une introduction sur le marché américain en 2006, le groupe a finalement opté pour la bourse de Shenzhen vue la situation financière globale de l’époque. Un choix qui l’a amené à lever près de 250 millions de dollars fin 2007, mais qui ne lui permet pas de profiter d’une exposition plus internationale. L’arrivée du géant chinois sur les marchés étrangers ne se fait d’ailleurs pas sans heurts. Alors que Goldwind annonçait il y a peu une JV de production dans le Minnesota, la nouvelle a créé un véritable tollé aux Etats-Unis et les partenaires potentiels avancés par l’entreprise chinoise ont tous nié l’existence de quelconques accords. Preuve que l’implantation du géant chinois à l’international inquiète et que les Américains ne sont pas prêts à voir l’argent de leur plan de relance financer des compagnies chinoises. Pragmatique, Goldwind se recentre aujourd’hui vers l’Europe avec un projet d’usine de production en Allemagne via son acquisition de l’entreprise locale de design Vensys. Le parcours vers le reste du monde s’annonce semé d’embuches pour Goldwind qui devrait donc continuer à prospérer essentiellement en Chine sur un marché local très dynamique et où il profite largement du soutien de l’Etat. Nul doute cependant que les éoliennes du géant chinois tourneront à l’avenir en dehors de l’Empire du milieu lorsque la situation économique globale permettra de détendre les « crispations protectionnistes » actuelles. Nicolas Sridi


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Une paysanne du Xinqiang devant un panneau solaire installé dans sa ferme.

新疆农妇站在自家安装的太阳能板前。

Yingli Solar

Le solaire de A à Z Créé en 1998 dans la ville de Baoding par Liangsheng Miao, Yingli Solar s’est développé très rapidement pour devenir un des leaders chinois de la production de panneaux solaires. L’entreprise fait partie des rares acteurs locaux à avoir mis en place un système de production intégré qui lui permet d’être présent tout le long de la chaîne de fabrication, de la production des lingots de silicium au branchement des panneaux solaires. Comme l’ensemble de l’industrie solaire chinoise, Yingli Solar n’a vraiment débuté sa production qu’entre 2002 et 2003 et proposait fin 2004 des modules de 50MW de capacité. C’est également à cette période qu’il réalise ses premières ventes à destination de l’Allemagne. Face à un marché intérieur peu dynamique à l’époque du fait du manque d’entrain des autorités à soutenir le secteur, Yingli a bâti son succès à l’export vers des marchés très demandeurs comme l’Espagne, les USA

ou l’Allemagne. Après une levée de fonds privés de 220 millions de dollars en 2006 et une introduction à la bourse de New York en juin 2007, l’entreprise s’est attachée à augmenter ses capacités pour atteindre les 600 MW aujourd’hui. Elle devrait également se lancer d’ici la fin 2009 dans des essais de production de cellules photovoltaïques de nouvelle génération à base de polysilicone. Alors que la crise économique mondiale a jeté un coup de froid sur les projets en Occident, Yingli espère bien aujourd’hui profiter des nouvelles aides prévues par Pékin pour soutenir son activité. En mars dernier, les autorités chinoises ont annoncé une subvention couvrant 50% des coûts d’installation de panneaux solaires sur les bâtiments, pour des projets d’au moins 50MW. En juillet, elles ont ajouté une subvention prenant en charge de 50 à 70% des projets assurant une production d’au moins 300 MW. Suite à ces annonces, Yingli s’est associé

au gouvernement provincial de Hainan pour un projet de réseau de fermes solaires d’une capacité de 300 MW à l’horizon 2011. En contrepartie Yingli s’est engagé à créer des emplois localement avec l’installation sur l’ile d’une usine de production d’une capacité annuelle de 100MW. Dans le même temps, le groupe continue à intégrer son modèle de production puisqu’il a racheté récemment un producteur de silicone chinois pour 77,6 millions de dollars. Yingli Solar tourne donc ses panneaux vers le doux soleil de la reprise économique intérieure chinoise pour assurer son avenir immédiat. L’entreprise n’oublie cependant pas l’international et espère bien profiter d’une potentielle reprise globale et des différents plans de relance nationaux. Elle vient d’ailleurs d’ouvrir des bureaux à New York et San Francisco cet été, un signe qui ne trompe pas...

Nicolas Sridi

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Nucléaire : 50 nouveaux réacteurs d’ici 2020 Les géants internationaux du secteur comptent bien profiter de cette croissance tandis que les Chinois visent leur autonomie et l’exportation de leur technologie. A ce jour, la Chine possède 11 réacteurs nucléaires en services et le pays affiche une capacité installée provenant de l’énergie atomique d’environ 2% de la capacité totale, autant dire que le nucléaire civil en est à ses premiers pas dans l’Empire du milieu. Les objectifs du 11e plan quinquennal chinois offrent une perspective bien différente à ce secteur puisqu’il devrait représenter 5% de la consommation énergétique primaire du pays à l’échéance 2020. Concrètement, cela revient à construire près de 50 nouveaux réacteurs pour atteindre les 40 GW de capacités avec 22 actuellement en cours de réalisation et 26 autres déjà confirmés. Il s’agit du plus grand plan de déploiement pour le nucléaire civil au monde. Dans ce panorama, la France tient une place à part grâce à une coopération avec la Chine qui remonte aux années 80. « Que ce soit en terme de technologies ou de gestion du cycle du combustible nucléaire, la Chine s’inspire très fortement du modèle français » constate Marc Andolenko, le Président d’Areva en Chine. Ainsi les modèles chinois CPR 1000 de deuxième génération sont des versions sinisées de technologies développées par le géant français. Ces réacteurs représentent la majorité des installations nucléaires à venir. Pékin a également fait le choix du « cycle fermé » à la française qui implique le retraitement et la réutilisation du combustible nucléaire usé, alors que les USA, par exemple, pratiquent « le cycle ouvert » en se contentant de le stocker. « C’est une décision fondamentale car, dans le nucléaire, on raisonne à très long terme. Ce choix de politique énergétique pourra 62 Connexions / novembre - décembre 2009

constituer un terrain où la Chine et la France mettre les pièces les unes après les autres. pourront se retrouver au bénéfice des deux Cela demande une gestion rationnelle et intégrée, un souci de transparence et une pays » précise Marc Andolenko. Cet ancrage du nucléaire chinois sur le forte dose de réalisme, autant de domaimodèle français est avant tout symbolisé nes où les autorités chinoises reconnaissent par le contrat historique signé fin 2007 en- elles-mêmes avoir des faiblesses », avertit tre Areva et la CGNPC, le patron d’Areva en Chine, « équivalent d’un petit EDF « Que ce soit Il reste donc encore du chedans le sud du pays, pour min à parcourir aux Chinois en terme de la construction de deux mais leurs intentions sont technologies réacteurs EPR de troisiètrès claires : développer leur ou de gestion me génération à Taishan. programme en Chine et aller Car le groupe n’est pas du cycle de à l’etranger. Pour ce dernier le seul a être alléché par combustible point, nous accepterons de le marché chinois. Son nucléaire, la travailler ensemble. Ce sera concurrent américain Chine s’inspire un bel exemple de coopéWestinghouse a vendu, très fortement du ration. Mais pas en ordre disen 2006, quatre réacteurs modèle français.» persé. D’ailleurs, nous avons de troisième génération des clauses spécifiques qui AP 1000. Une décision qui, conditionnent l’exportation à l’époque, avait laissé Areva quelque peu des technologies que nous avons transfédubitatif sur les choix futurs des Chinois. rées ». C’est que pour Pékin, l’idée n’est pas de res- Reste que, malgré la dimension et la croister un client passif d’entreprises étrangères sance du marché interne, le nucléaire en mais bien de prendre une place au niveau Chine continuera à représenter une énermondial et, comme dans d’autres secteurs, gie annexe dans un mix global largement d’utiliser la taille de son marché pour inciter dominé par le charbon pour encore longà des transferts de technologies. temps. Le nucléaire chinois se développe donc très « Chez Areva, nous soutenons le deverapidement avec des grands équipemen- loppement d’un mix énergétique fondé tiers comme CFHI, SEC et Dongfang Electric sur l’association du nucléaire et d’énergies qui possèdent aujourd’hui des installations renouvelables pour faire face aux défis engigantesques et très modernes. Le pays vironnementaux. Mais la Chine devra aussi compte également trois grands opérateurs, développer fortement le charbon « propre » CGNPC, CNNC et CPI. Pour la Chine l’objectif et son efficacité énergétique pour résoudre est d’exporter à terme sa propre technolo- ses problèmes de pollution, elle n’a pas le gie avec, en ligne de mire, des pays émer- choix » conclut Marc Andolenko. gents désireux de s’équiper en nucléaire Nicola s Srid i à moindre coût. « Le secteur du nucléaire n’est pas comme un puzzle où il suffirait de


Réchauffement climatique 气候变暖 Hainan

Le Typhon Parma balaie Haikou city, dans l’île du Sud de la Chine en octobre 2009. 2009年10月, 帕尔玛台风

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横扫海口市。

核能:到2020年,将建设50座新的核反应堆 国际核能巨头们打算充分利用中国在这一 领域的发展,而中国则力求自主发展核能 并出口自己的技术。 中国至今拥有11座正在运营的核反应 堆,核电装机容量900万千瓦,占总装机 容量的2%,可以说民用核能在中国刚刚 起步。 中国十一五规划的目标在核能领域给 出了不同的发展前景,到2020年核能将占 全国初级能源消费的5%。具体地说,就 是要建设将近50座新的核反应堆才能达到 4000万千瓦的装机容量,其中包括22个在 建和26个确认要建的核反应堆。这是世界 上最庞大的民用核能发展规划。 在这一远景规划中,法国之所以占 有一席之地,是因为起源于上世纪80年代 与中国的合作。“无论在技术方面还是 在核燃料循环的管理方面,中国都最大 程度地借鉴了法国的模式。”阿海珐集 团(Areva)中国区总裁安德龙(Marc de Andolenko)说。中国的第二代CPR1000核 电技术就是法国核能巨头开发的技术在中 国的改进和创新,这些核反应堆代表着未

来大部分的核能设施。 中国同样选择了法国“闭式循环 ”的方式对使用过的核燃料进行后处理 和再利用,而美国则采取“一次通过循 环”的方式进行暂时储存。“这是一个 根本性的决定,因为在核能方面我们考 虑得非常长远。这一能源政策的选择将 为中法两国构建对双方都有利的合作空 间。”安德龙明确地说。中国的核工业以 法国的模式为落脚点首先体现在2007年底 阿海珐集团与广东核电集团签署的关于在 台山建设两座第三代EPR核反应堆的历史 性合同。但是阿海珐并不是唯一被中国 市场青睐的对象,其美国竞争对手西屋 (Westinghouse)在2006年就卖给中国四 座第三代AP1000核反应堆。这个决定当 年让阿海珐对 中国未来的选择多少有些 困惑。因为对中国政府来说,他们不希望 只做外国企业的被动客户,而是希望在世 界核能领域中占有一席之地,就像在其它 领域一样,利用中国的市场规模来促进技 术转让。 中国的核能发展得很快,其核电 设备大型制造商如中国第一重型机械集

团,深圳能源集团及东方电机如今都拥 有巨型的、非常先进的设备。中国还有 三大核电运营商:广东核电集团、中核 集团及中国电力投资集团。对于中国来 说,目标是向那些想用低成本装备核电 设施的新兴国家出口自己的技术。“核 电工业不是“拼图游戏”,只要一块 一块把零件放好就够了。它要求合理的 一体化管理,对缺乏透明度的担忧以及 具有很强的现实态度,这些方面中国政 府也承认做得不够。”阿海珐中国区总 裁表示。“对中国来说,仍有很长的路 要走,但愿望很明确:开发自己的核电 项目并走出国门。对于后面这一点,我 们将接受合作。这将是很好的合作典 范。但不能各行其是。我们还有一些专 门条款为出口我们转让的技术设定条 件。”尽管国内市场广阔并且发展得很 快,核能在中国的能源结构中还是一种 附属能源,煤炭还将长期占主导地位。 安德龙最后总结道:“阿海珐集 团支持以核能和可再生能源为基础的能 源结构的发展以应对环境问题带来的挑 战。而中国也应该大力发展清洁煤炭, 尤其是大力推动节能环保以解决污染问 题,中国没有选择。”

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La centrale de Daya Bay (Guangdong), symbole des 25 ans de coopération entre EDF et CGNPC, le grand de l’industrie nucléaire chinoise. 广东大亚湾核电站,法国电力公司与中国广东核电集团25年合作的象征。

La troisième révolution d’EDF

Alors qu’il s’engage pour 50 ans avec CGNPC à Taishan, le grand électricien mise sur la Chine pour réussir sa troisième révolution. Jean-Yves Guignard, directeur « division Chine » chez EDF, explique la stratégie du groupe en Chine à l’aube de ce qui pourrait constituer la troisième révolution pour le grand électricien français. Connexions : Face au réchauffement climatique, que propose EDF en Chine ? Jean-Yves Guignard : Pour EDF le changement climatique est à l’origine d’une troisième révolution, après celle du nucléaire et celle du déploiement à l’international. Il s’agit de repenser un mix énergetique capable de couvrir des besoins grandissants tout en contribuant favorablement à une meilleure gestion des ressources. C’est très stimulant. La Chine, pour nous, est à la fois une opportunité et un atout considérable. Nous pensons que c’est en Chine que vont se développer le plus vite les nouvelles technologies. Comme nous y sommes déjà très présents, nous souhaitons aussi y développer de l’ingénierie et de la R&D. Nous comptons échanger avec des entités d’ingénierie et 64 Connexions / novembre - décembre 2009

de recherche chinoises pour mieux nous développer industriellement et répondre au marché en Chine et hors de Chine. C. : Concrètement, comment cela se passe ? J.-Y. G. : Les autorités ont décidé de modifier le mix énergétique. Aujourd’hui, environ 900 gigawatts ont été installés dans le pays. A l’horizon 2020 — demain —, le parc total chinois se situera autour de 1 400 gigawatts. Le nucléaire représentera plus de 100 gigawatts, soit une multiplication par dix du parc de production, éolien 100 à 150 gigawatts, soit la taille actuelle du parc de production de la France. L’hydraulique est également appelé à poursuivre son développement. Nous sommes évidemment intéressés d’abord par le nucléaire. Nous coopérons depuis longtemps avec le CGNPC (China Guangdong Nuclear Power Holding Company). Nous sommes en JV avec eux ( 30% EDF-70% CGNPC) dans le Guangdong pour le projet EPR Taishan et nous espérons prolonger cette coopération sur d’autres projets. Nous apportons notre savoir-faire (développé et en développement). Pour le

palier EPR, nous leur faisons bénéficier des retours d’expérience de Flamanville 3, premier réacteur en France de cette génération et qui sert de référence pour Taishan. C. : Ces transferts de technologies ne vous inquiètentils pas. Font-ils partie de votre stratégie ? J.-Y. G. : Ces transferts sont une des conditions pour travailler avec un partenaire chinois. Notre logique est celle du partage. Nous apportons nos avancées et nous attendons du partenaire chinois un partage de sa propre expertise. Aujourd’hui, CGNPC gère un parc qu’il a commencé à construire avec nous, il y a 25 ans. Nous voulons profiter de leurs retours d’expérience. Nous sommes dans une logique de coopération. Avec CGNPC, au-delà de l’opération Taishan, nous avons signé un accord de partenariat global stratégique pour continuer à développer des opérations conjointes en Chine ou hors de Chine (investissement, coopération technique en ingénierie). A Taishan, nous venons d’obtenir le feu vert des autorités pour être, pendant 50 ans, co-propriétaire-exploitants. Ce sont des investissements importants.

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Réchauffement climatique 气候变暖 法国电力公司的第三次革命 法国电力公司中国分部首席执行官吉强毅 讲述集团在第三次革命初期的在华战略。 《联结》:面对气候变暖,法国电力公司 在中国的战略是什么? 吉强毅:对于法国电力公司而言,气候变 化引发了继核电革命和核工业国际化革命 之后的第三次革命。这次革命旨在重新思 考能源结构,既要满足日益增加的能源需 求,又要推动能源的优化管理。这非常令 人振奋。从中国的需求角度来看,对我们 既是机遇也是巨大的优势。我们认为中国 将是新技术发展最快的地方。由于法国电 力公司已经在中国站稳脚跟,我们还希望 在工程和研发方面有所进展。我公司打算 与中国的工程与研究单位合作,以便更好 地实现工业发展并满足中国乃至中国以外 市场的需求。 《联结》:具体如何进行呢? 吉强毅:中国政府已经决定改变能源结 构。目前中国发电总装机容量约为9亿 千瓦:煤炭占75%,水力占20%,核能 占1.5%,可再生能源略高于1.5%。到 2020年,中国电力总装机容量将达到14亿 千瓦左右,其中核电装机容量超过1亿千 瓦,是现在的10倍;风电装机容量在1到 1.5亿千瓦,相当于法国现在的风力发电 总量;水电也将继续发展。 我们当然首先关注核电。自80年代建 设大亚湾核电站起,我们长期与中国广东 核电集团合作。我们在广东台山合资建设 EPR核电项目(法国电力出资30%,中广 核70%),并希望在其它项目上延续这种 合作。在EPR领域,我们具有成熟的经验 的和正在开发的先进技术,使中广核集团 能够分享法国第一座EPR核反应堆佛拉芒 维尔3号机组的经验反馈,并将它作为台 山核电机组的参照。 《联结》:这些技术转让会不会让你们产 生顾虑?它们是你们战略的一部分吗? 吉强毅:这些技术转让是与中方合作的一 个前提条件。分享是我们合作的基础。 我们带来自己的先进技术,也希望中方分 享他们的优势。如今,中广核集团运营着 25年前与我们合建的核电站。法国电力公 司希望分享他们的经验,因为我们走的是 合作路线。除了台山核电站,我公司和中 广核还签署了一份全面战略合作伙伴协 议,在中国乃至国外的投资、工程技术等 方面继续合作。我们刚刚获得中国政府关 于台山核电站50年合营的批准证书。这是 一个重大投资项目。在这次合作中,人的 因素也是必不可少的。尽管在一些问题上 存在分歧,我们双方仍建立了长期互信的 合作关系。长久合作的观念至关重要。中 广核集团那些参与此次台山项目谈判的代 表,正是25年来与法国电力公司合作大亚

湾和岭澳项目的人员。而目前驻守在现场 的法国电力和中广核的技术团队中有一部 分人曾在25年前参与了大亚湾核电站的建 设。 《联结》:在中国的能源组合中,火电占 据极其重要的位置。你们是否也投资该领 域? 吉强毅:有理由相信火电的新技术会率先 在中国出现。我们已经拥有超临界火电技 术,并投入超超临界技术领域的研发。这 些技术通过提高温度和压力达到更好的燃 烧,从而提高锅炉的热效率。尽管如此, 热效率仍只能达到45%,在废料中还有不 可忽视的二氧化碳。例如,我们与大唐公 司在河南的一座超临界火电厂三门峡项目 上进行合作,我们注资35%,并希望通过 这个经验发展法国电力公司在欧洲的项目 (我们的德国分公司EnBW也在发展这些 技术)。 联结:你们也涉足能源效率领域吗? 吉强毅:法国电力公司目前与施耐德公司 合作,它在中国的能源效率领域发展得很 好。我们在火电厂找到了潜在的节能点, 以便提高通风机等附属设备的效率。我们 在十年前建造的广西来宾B电厂进行一项 开创性实践。如果效果理想的话,希望能 够在中国市场推广这项技术。 《联结》:你们主要竞争对手有哪些? 吉强毅:在电力生产领域,我们是为数不 多的几家进入中国市场的西方电力商之 一。不过,我们遵循的不是竞争的逻辑。 中国市场没有放开,我们接触不到最终用 户,也不占有市场份额。因此我们并不掌 握最终需求。我们力图做到的是建立工业 合作伙伴关系,寻求在中国和中国之外的 发展。如果超临界技术发展顺利,我们将 会走在本国(法国)市场的前端。我们的 理念是和中国合作伙伴一起,在产生新技 术和新设备的能源领域发展和投资。 《联结》 :你们与中方有什么互补性? 吉强毅:法国电力公司与合作伙伴在核能 领域形成了共识。我们互相理解,并能够 在中国和中国之外共同开发项目。他们需 要我们,因为电力行业的中国公司的实力 还不广为人知。比如我们在摩洛哥的一个 火电项目是与大唐集团合作的。在全面战 略伙伴关系的框架下,法国电力公司与中 广核正在探讨如何让中广核参与到我公司 在国际项目中。在电力领域存在着大量需 求,而我们不能独自满足这些需求。一旦 建立了相互了解并能在互信中合作,中方 伙伴是杰出的合作者。 《联结》:现在到2020年,你们在研究什 么新技术? 吉强毅:我们目前在CCS技术(将二氧化 碳捕获和封存的技术)上还处在探索阶 段。它是将烟雾中的二氧化碳分离出来,

将其输送并储存到地下的空间,比如过 去的石油层。在这个领域,我们认为中 国将最先实现从技术到工业生产的转 变。据我们所知,目前还没有能够大量 捕获和封存二氧化碳的工业设施。仅在 澳大利亚、美国和中国有一些小容量的 储存空间样本。CCS技术最大的困难在于 如何将它以可接受的价格运用到工业生 产领域。法国电力集团的研究部门正在 钻研这个课题,我们也在中国寻找合作 伙伴。虽然这些项目的样品要在2020年 左右才能问世,运用到工业生产领域更 是不会早于2030年,但它们已经产生了 实在的影响。譬如,由于是要将二氧化 碳输送并储存到旧的煤碳、石油或燃气 层内,我们现在选址的时候,就应当考 虑离储存空间近的地方,为以后技术成 熟时做好准备。 《联结》:在可再生能源领域呢?智能 电网方面呢? 吉强毅:在可再生能源领域,中国将大 力发展风能和太阳能。我们通过合作的 方式以期充分利用现有的技术优势。法 国电力公司旗下的EDF EN分公司有自身的 技术优势,在法国、尤其在美国和希腊 都有风能园区。 智能电网的任务是更好地管理能源流。 可再生能源以及分散型生产造成能源流 的间断性,因此智能电网可以说是真正 意义上的革命。直到现在,电力的生 产、运输和分配都是在很集中的模式下 进行的:大型电厂、连接A、B点的大型 输送网络。但分散布局的生产基地会越 来越多,此外还有小型的生产基地。为 了优化这些愈加难以管理的能源流,智 能电网将信息技术、计量设备和电力输 送设施结合起来。目前我不知道在全球 范围内有哪家公司可以称之为智能电网 领域的专家。就法国电力公司而言,我 们预计在2010年与中方深入合作,对现 状作出分析,以便了解在国际合作方面 可以有哪些突破。法国在这个领域有一 些经验,其中包括智能记量表,虽然对 整个智能电网系统来说是不可或缺的环 节,但也只不过是其中的一小部分。

法国电力公司是中国电力生产 行业最早的外国投资者。集团全球 雇员约15万人。在中国,法国电力 持有多家热电厂的股份,并且刚刚 签署了一项协议,在未来50年里与 中国广东核电集团共同拥有和运营 台山核电站。它还通过广西来宾法 资发电有限公司、希诺基公司(负 责广西来宾B电厂的运营)、山东中 华发电有限公司(运营山东菏泽、 聊城、石横电厂)和河南大唐三门 峡电厂开展在中国的业务。

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Dans cette coopération, la dimension humaine est essentielle. Malgré certains points de désaccords, il règne toujours une confiance réciproque, bâtie sur le long terme. La notion de pérennité est importante. Chez CGNPC, ceux qui ont négocié le contrat de JV sont ceux qui ont travaillé avec EDF depuis 25 ans pour Daya Bay et Ling Ao. Les équipes techniques EDF et CGNPC qui travaillent sur le site sont en partie celles qui ont oeuvré à la construction de Daya bay, il y a 25 ans. C. : Dans le mix énergétique chinois, le charbon joue un rôle crucial. Investissez-vous aussi dans ce secteur ? J.-Y. G. : Sur le thermique charbon, nous sommes convaincus que les nouvelles technologies apparaîtront d’abord en Chine. Nous sommes déjà présents sur les technologies dites « supercritique » et impliqués dans celles dites « ultra-supercritique », qui permettent d’améliorer le rendement des chaudières en augmentant les températures et les pressions pour une meilleure combustion. Mais, même ainsi, les rendements sont limités à 45% et il reste une part non négligeable de CO2 dans les rejets. Nous développons aussi une coopération dans un joint venture avec la société chinoise Datang sur le projet « Sanmenxia », une centrale « supercritique » du Henan. Nous sommes entrés dans le capital à 35% et nous comptons utiliser cette expérience pour le développement de nos propres projets en Europe. C. : Travaillez-vous aussi sur l’efficacité énergétique ? J.-Y. G. : Avec Schneider, nous avons identifié des gisements potentiels d’économie d’énergie dans les centrale thermiques pour améliorer le rendements des « auxiliaires » (ventilateur…). Nous menons une opération pilote sur la centrale de Laibin B dans le Guangxi, construite il y a dix ans. Si elle donne des résultats, nous pourrons nous intéresser globalement au marché chinois. C. : Quels sont vos principaux compétiteurs ? J.-Y. G. : Sur le volet de la production électrique, nous sommes les seuls électriciens occidentaux encore présents en Chine. Mais, encore une fois, nous ne sommes pas dans une logique de compétition. Le marché n’étant pas dérégulé, nous n’avons pas accès aux consommateurs finaux pour 66 Connexions / novembre - décembre 2009

prendre des parts de marché. Nous ne maitrisons donc pas la demande en aval. Nous sommes là pour établir des partenariats industriels. Si les technologies « supercritique » progressent vite, nous aurons une avance pour nos marchés intérieurs. L’idée est de travailler avec les Chinois pour se développer et investir avec eux. C.: Quelles sont vos complémentarités avec les Chinois ? J.-Y. G. : Ils ont besoin de nous car la maîtrise des acteurs chinois du secteur de l’électricité est encore peu reconnue à l’extérieur. Nous avons par exemple un projet au Maroc avec le groupe Datang pour le charbon. Dans le cadre d’un partenariat stratégique global, nous sommes en discussion avec CGNPC pour examiner comment ils pourraient participer à nos projets à l’international. Dans le secteur électrique, il y a énormément de besoins, auxquels nous ne pouvons pas répondre seuls. Les acteurs chinois, dès lors que l’on se connait bien et qu’on travaille en confiance, sont d’excellents partenaires. C. : Et au-delà de 2020, quelles sont les techniques sur lesquelles vous travaillez ? J.-Y. G. : Nous en sommes au stade exploratoire sur le CCS (capture et stockage de CO2). Il s’agit d’isoler le CO2 dans les fumées, de le canaliser et de le stocker dans des cavités sous-terraines, comme par d’anciens gisements de pétrole. Là aussi, nous faisons l’hypothèse que c’est en Chine que seront menées des opérations au stade industriel le plus tôt. Aujourd’hui, à notre connaissance, il n’existe pas d’installations industrielles capables de stocker et de capturer du CO2 en quantité significative. Il n’y a encore que des prototypes de petite dimension, en Australie, aux Etats-Unis et en Chine. La grande difficulté du CCS est de démontrer son aptitude à fonctionner à l’échelle industrielle et à un coût acceptable. Notre service études et recherche de groupe EDF travaille sur le sujet et nous identifions des partenariats en Chine. Même si les prototypes sont à l’horizon 2020 et la réalisation industrielle à l’horizon 2030, ces projets ont déjà des impacts concrets. Il nous faut choisir déjà des lieux de production près d’une zone de stockage (CCS ready) pour être prêts dès que la technologie sera au point. C. : Et sur les énergies renouvelables ? et le smart grid

(réseaux intelligents) ? J.-Y. G. : Sur le renouvelable, la Chine va développer beaucoup d’éolien et de solaire. Nous cherchons les moyens de profiter de cette expertise sous forme de partenariat. Nous avons notre propre expertise portée par EDF EN, avec un parc éolien en France et surtout aux Etats-Unis et en Grèce. Quand au smart grid, il constitue une vraie révolution. Sa mission est de mieux gérer les flux d’énergie qui deviennent intermittents avec les énergies renouvelables et les productions décentralisées. Jusqu’ici, la production le transport et la distribution de l’électricité se faisait selon des schémas centralisés : grosses centrales, grand réseau de transport allant d’un point A à un point B. Mais de plus en plus les sites de production vont être décentralisés et vont s’y ajouter des toutes petites productions. Pour optimiser ces flux, le smart grid combine des technologies informatiques de communication, et les équipements de mesure et de transport d’énergie. Pour l’instant, je ne connais pas de sociétés à l’échelle du monde qui puissent être qualifiées d’ « experts ». Pour notre part, nous prévoyons en 2010 une forte implication avec les Chinois pour faire un état des lieux et voir ce qui peut se faire en coopération internationale. En France il y a quelques expériences, dont le compteur intelligent, mais qui n’est qu’un élément, certes indispensable, du dispositif.

Propos recuei l l is pa r A n ne Ga rrig ue

EDF est le premier investisseur étranger dans le secteur de la production d’électricité en Chine. Le groupe emploie environ 150 000 personnes dans le monde. En Chine, il a des participations dans des sociétés exploitant des centrales thermiques et vient de finaliser un accord pour être, pendant les cinquante prochaines années, copropriétaire- exploitant avec le chinois CGNPC de la centrale nucléaire de Taishan. Il est également présent par l’intermédiaire des sociétés Figlec, Synergie (centrale charbon de Laibin B, Guangxi), SZPC (centrales charbon Heze, Liaochang, Shiheng, Shangdong et DSPC, centrale charbon, Henan).


Réchauffement climatique 气候变暖 Mongolie intérieure

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Non loin de Pékin, la désertifi-cation avance de plusieurs mètres par an 距北京不远, 沙漠每年向前推进

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好几米。

Des turbines géantes au métro

Présent dans tous les domaines de la production d’électricité, Alstom est bien implanté en Chine. La volonté des autorités de s’attaquer aux problèmes environnementaux est une opportunité pour le groupe et son portefeuille de solutions très complet. Barrage des Trois Gorges, EPR, Alstom intervient sur les plus grands projets chinois en matière d’énergie. Avec une production large mais très intégrée, le groupe français est l’un des rares au monde à pouvoir offrir une panoplie complète de solutions industrielles pour lutter contre les émissions de polluants, en particulier le C02. Avec 20% du marché chinois de l’hydroélectrique, Tianjin Alstom Hydro (TAH), JV fondée il y a 14 ans, est un acteur majeur dans l’Empire du milieu. Les usines sont capables de produire des turbines géantes allant jusqu’à 1 000 MW et fourniront quatre turbines/générateurs de 800 MW pour le barrage de Xiangjaba, les plus grandes unités jamais livrées au monde.

La production n’est pas uniquement destinée au marché local mais vise l’international comme au Vietnam où TAH fournira tout l’équipement électromécanique du barrage de Son La, le plus grand du SudEst asiatique. Dans le nucléaire, Alstom intervient depuis longtemps en Chine et fournira les deux turbines de dernière génération Arabelle de 1 750 MW de capacité pour le futur EPR de Taishan, en partenariat avec l’équipementier local Dongfang. L’importance du charbon dans le mix énergétique chinois implique un marché intéressant pour les centrales thermiques et les technologies de capture du CO2. Le groupe est présent dans le secteur localement avec une participation majoritaire

dans Wuhan Boiler Compagny depuis 2007. Les toutes nouvelles infrastructures mises en place récemment dans la capitale du Hubei permettront la production d’unités très modernes de 600 MW à 1 000 MW de capacité. Ces systèmes dits « ultrasupercritiques » optimisent l’utilisation de la vapeur d’eau, augmentant l’efficacité de 50% et diminuant d’autant le CO2 émis. « Une fois utilisées au mieux les technologies libre de C02 et maximisé l’efficacité des centrales thermiques existantes et à venir, il faut encore trouver des solutions pour les émissions restantes » expliquait Philippe Joubert, président d’Alstom Power lors d’une récente visite en Chine. « Nous sommes engagés sur deux technologies de capture de CO2,

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la post-combustion et l’oxy-com••• bustion. Deux techniques efficaces et Sinaforce surtout adaptables aux infrastructures existantes ». Si la première centrale thermique de 30MW capable de stocker le C02 sous terre du groupe a vu le jour aux USA, c’est bien la Chine avec ses 910 GW venant de centrales thermiques d’ici 2020, qui représente le marché du futur dans ce secteur. En plus de ses activités dans le secteur énergétique, Alstom est également très actif en Chine dans les transports publics avec la fourniture de métros, seule solution pour désengorger le trafic routier urbain en pleine croissance. Le groupe français sera ainsi derrière bon nombre des nouvelles rames qui viendront enrichir le réseau de Shanghai pour l’Exposition Universelle de 2010. Au final, le géant industriel français possède une stratégie « verte » en Chine très complète et devrait profiter de son expertise dans plusieurs domaines-clés pour continuer à s’implanter durablement dans le pays.

Nicola s Srid i

Alstom Le géant français multicarte est présent dans 70 pays, emploie 81 500 personnes. En Chine, Alstom China emploie 9000 personnes à travers 18 entités. Le groupe fournit des solutions clés en main pour des usines, des équipements et des services associés à une grande variété de sources d’énergie : hydraulique, nucléaire, gaz , charbon et éolien. Il est aussi leader pour les trains à grande et très grande vitesse. Durant les cinquante dernières années, Alstom China a participé à la construction de très grandes infrastructures en Chine telles que le barrage des Trois Gorges, les centrales nucléaires de Daya Bay, Ling Ao et Taishan. Il a fourni des locomotives et participé à l’électrification de la ligne à grande vitesse de Shi-tai. Il a équipé, notamment en signalisation, les transports publics de Pékin, Shanghai, Nankin et Hong Kong.

68 Connexions / novembre - décembre 2009

exporte des produits verts Des panneaux solaires, des éoliennes, des lampes à économie d’énergie LED, des vélos électriques. Le catalogue de produits de Sinaforce ressemble à un rêve d’écologiste. « Il s’agit surtout d’un créneau porteur, ex- et très peu chers en Chine, montent en plique Jean-Baptiste Tricot fondateur gamme quand ils franchissent la frontière et directeur de l’entreprise. Le prix du baril pour s’adapter aux normes UE, comptez d’essence était en plein boom au moment environ 1 000 euros en France. Du coup, où j’ai decidé de créer Sinaforce, et les gou- les acheteurs sont essentiellement des civernements comme les entreprises sont tadins concernés par l’environnement et prêts à investir. » Depuis presque trois ans, aisés ou, direction commerciale prometil source et développe ces teuse, des entreprises qui produits « verts » pour des proposent des flottes de clients internationaux. L’envélos électriques à leurs « face à une offre treprise de droit hongkonemployés. gais a installé un bureau de pléthorique, Sinaforce compte représentation à Shanghai au Sinoforce joue aujourd’hui quatre emplus près de ses fournisseurs. la carte de ployés. L’an prochain, Rien d’étonnant, la province l’expertise. » l’équipe pourrait se renvoisine du Jiangsu est un forcer d’un représentant des plus importants centre permanent en France. de production de panneaux Avec un chiffre d’affaire solaires dans le monde avec plus de 500 de 400 000 euros en 2008, l’année 2009 a fabricants spécialisés et 6,5 milliards de dol- été très calme. L’installation de panneaux lars d’exportation chaque année. solaires implique des investissements imJustement face à cette offre pléthorique, Si- portants pour les entreprises qui en périonaforce joue la carte de l’expertise. La PME de de crise, ont préféré reporter ces projets. a audité près de 60 usines avec des critères Mais le directeur est optimiste, il prévoit plus exigeants que les normes européen- une progression de 100% pour 2010. L’Exnes. Seules 5% ont passé le test. En plus du position universelle de Shanghai pourra respect des normes, Sinaforce contrôle la être un bon outil de communication pour qualité des produits et s’assure que les usi- la PME française, ses fournisseurs équipent nes tiennent leur délais. en effet les bâtiments-phares, comme le « Le solaire photovoltaïque (produisant de pavillon chinois. l’électricité) ou thermique (pour le chauf- Et le marché chinois ? « C’est un de nos obfage de l’eau et de l’air) représentent la plus jectifs, répond Jean-Baptiste Tricot. Difficile grande partie de nos ventes » explique de ne pas remarquer la volonté de Pékin Jean-Christophe Stienlet, en charge du de soigner son image environnementale suivi commercial. Et pour cause, l’indus- et plus concrètement de profiter du relais trie chinoise commence à se faire un nom de croissance de l’économie verte. » Et la dans le secteur et elle répond à une de- PME fait ses premiers pas sur ce marché, mande forte en Europe et notamment en elle devrait recouvrir de panneaux solaires France, où EDF rachète l’électricité fournie le toît d’une usine installée dans la région à bon prix. Autre produit-phare, les vélos de Shanghai. Emilie Torgemen électriques, diandongche, très répandus


Réchauffement climatique 气候变暖

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Sinaforce出口绿色产品

Alstom a équipé en turbines le barrage des Trois Gorges. 阿尔斯通为三峡大坝提供涡轮发电机。

从巨型水轮发电机组到地铁列车 涉足发电各个领域的阿尔斯通集团已

过控股武汉锅炉厂就涉足该行业。阿尔斯

经在中国站稳脚跟。中国政府谋求解决环

通在武汉的新厂使锅炉的生产能力达到了

境问题的愿望,对于阿尔斯通及其所提供

600MW到1000MW。这些“超精尖”的

的总包集成解决方案都是一次机遇。

系统最大限度地提高了水蒸汽的利用,提 高了50%的效率,同时减少了50%的二氧

通过为三峡工程提供EPR核电技术,

化碳排放。“一旦很好使用了二氧化碳的

阿尔斯通参与了中国最大的能源项目。该

减排技术,又最大限度提高了现有和新建

法国集团拥有广泛但又系统集成的发电方

热电厂的效率,还要为剩余的排放物寻找

案,是全世界少有的能够提供总包集成工

解决方案。”阿尔斯通电力系统总裁朱倍

业解决方案的企业之一,并且具有减少污

(Philippe  Joubert)最近访华时说,“我

染物排放,尤其是二氧化碳排放的技术。

们正致力于推动两种二氧化碳的捕捉技

天津阿尔斯通水电设备公司是成立于

术:富氧燃烧捕捉和燃烧后捕捉。这两种

14年前的合资企业,它占据了中国水电市

技术非常行之有效,而且尤其适用于现有

场20%的份额,是中国水电领域重要的一

发电厂。”

员。该工厂具有生产1000MW巨型水轮发

如果说阿尔斯通第一家能够将二氧

电机的能力,将为向家坝水电站提供四台

化碳储存于地下的30MW热电站已在美

800MW的水轮发电机,这是世界上交付

国问世,那么中国及其到2020年建成的

的最大容量的发电机组。天津阿尔斯通生

910GW热电厂则代表了该领域未来的市

产的设备不仅面对中国本地市场,还面对

场。

国际市场,比如在越南,他们将为东南亚

除了在能源领域的业务,阿尔斯通还

最大的山罗水电站提供一整套电机设备。

通过提供地铁设备在中国的公共交通领域

在核电领域,阿尔斯通很早以前就

表现非常活跃,发展有轨交通是缓解迅速

已进入中国,并将与中国本地的设备供

增长的城市道路交通压力的唯一方法。阿

应商东方电机合作,向广东台山EPR核电

尔斯通将提供大量新列车投入到2010年

站提供两台最新一代的1750MW阿拉贝拉

上海世博会地铁网的运营。

(Arabelle)汽轮发电机组。

总之,法国工业巨头阿尔斯通在中国

煤炭在中国的能源结构中的重要性对

拥有一整套“绿色”战略,会在多个关键

于热电厂和碳捕捉技术意味着一个充满商

领域发挥其技术优势,以便继续在中国持

机的市场。

久地发展。

阿尔斯通集团自2007年起通

太阳能板,风力发动机,LED节能灯 泡,电动自行车,Sinaforce的产品目录就 像生态学家的梦。 “这是一个有发展前景的市场”, 公司创始人兼总经理让.巴普迪斯.特里科 (Jean-Baptise Tricot)解释说,“在石油 价格飞涨之际,我决定成立Sinaforce公 司,政府与企业都准备给予投资”。将 近3年以来,他为一些国际客户采购和开 发这些绿色产品。这个在香港注册的公 司在距其供货商较近的上海设立了办事 处,因为邻省江苏是世界上太阳能板最 大的生产基地之一,拥有500多家专业生 产商,每年出口额达65亿美元。 面对众多供应的产品,Sinaforce打 起专业牌。这家中小企业用比欧洲标准 更严格的标准考察了近60家工厂,仅有 5%通过了检测。除了合乎标准之外, Sinaforce还要监督产品的质量并保证这些 工厂按时交货。 “光电太阳能(用于生产电力) 或热太阳能(用于加热水和空气)占 我们销售的绝大部分”。负责销售跟 踪 的 让 . 克 里 斯 托 夫 . 斯 提 昂 莱 ( JeanChristophe  Stienlet)指出。当然,中国 企业也开始在这一领域崭露头角,满 足欧洲的大量需求,特别是满足法国 的需求,其中法国电力公司以便宜的价 格收购电力。公司的另一件拳头产品是 在中国使用很广,价格也很便宜的电动 自行车,当它迈出国门为了适应欧盟的 标准时就上了档次,在法国大约每辆卖 1000欧元。因此,购买者基本上都是关 心环保、生活富裕的市民或是有前途的 商业管理者以及向员工提供电动车的企 业。 Sinaforce如今有4名员工,明年将在 法国增加1名常驻代表。2008年,实现 营业额40万欧元,2009年则业绩平平。 太阳能板的安装需要企业投入大量的资 金,在经济危机之际,他们希望推迟这 些项目。但公司总经理十分乐观,他预 计2010年将增长100%。2010年上海世博 会对这个中小企业将是一个很好的宣传 工具,它的供货商就在为世博会的标志 性建筑提供设施,比如中国国家馆。 那中国市场呢?“这是我们的目 标之一”,让.巴普迪斯.特里科回答 说,“很难不去注意中国维护其环境形 象的愿望,更具体地说利用绿色经济维 持增长的愿望。”Sinaforce在中国市场已 经迈出了第一步,它将为上海地区一家 已落成的工厂的屋顶安装太阳能板。

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Comment économiser Eoliennes, panneaux solaires, charbon propre... Telles sont les premières images qui viennent à l’esprit quand on parle de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, les spécialistes l’affirment, les énergies renouvelables ne pourront pas d’ici 2020 permettre de réduire effectivement les émissions de GES en Chine. Etant donnée l’explosion des besoins énergétiques, leur proportion dans le mix énergétique n’augmentera pas, même si leur production devrait croître fortement en valeur absolue. Sans compter que dans certains domaines (charbon propre notamment), les technologies sont loin d’être au point et susceptibles d’être exploités industriel70 Connexions / novembre - décembre 2009

lement, alors que le charbon représente la plus grande part du mix chinois. D’ici 2020, le vrai défi de la Chine portera donc en premier lieu sur sa capacité à freiner sa consommation énergétique. Il lui faudra affronter la difficile contradiction entre l’aspiration de sa population à accéder à tout le confort moderne et les contraintes que font peser l’effet de masse. Cela va exiger des efforts gigantesques. A la mesure du pays. Que lui faudra-t-il faire pour atteindre ses objectifs ? La Chine va devoir adopter une vision plus globale de sa dépense énergétique, apprendre à consommer sobrement. La puissance publique va devoir poursuivre


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Réchauffement climatique 气候变暖

l’énergie

如何节能

son effort pour améliorer ses méthodes d’incitation, les entreprises vont devoir se doter de bon business model et de bonne R&D. Les compétences techniques aux échelons intermédiaires vont devoir s’améliorer et les banques vont devoir apprendre à sélectionner les bons projets. Les labels vont revêtir une importance stratégique. Le gouvernement chinois a commencé à répondre à ce défi. Et les entreprises, chinoises et étrangères implantées sur son sol, sont à ses côtés. Connexions a demandé aux responsables de ces sociétés, qu’elles soient multinationales ou PME, d’expliquer ce qu’ils font et comment ils évaluent les enjeux, les dynamiques et les freins.

风能、太阳能、清洁煤……当说到温室气体减排时,这些是脑子里首先想到的景 象。然而,专家们肯定地指出,到2020年可再生能源将不能减少中国温室气体的排 放。由于能源需求激增,即使可再生能源的生产在绝对值上大大增加,它们在能源消 费结构中的比例也不会提高。此外,在某些领域的技术,尤其是清洁煤技术还远未发 展成熟,而煤炭又在中国的能源结构中占了最大的比例。 到2020年,中国真正的挑战首先是减少能源的消耗。它必须面对艰难的矛盾,即 中国人对获得一切现代化舒适的向往与人口规模效应给减少能耗带来的限制之间的矛 盾。这要求付出巨大的努力,因为中国是一个人口大国。 怎样做才能达到目标?中国应该从更全面的角度考虑其能源消费问题,学习有节 制地消费。政府要继续在激励措施上加以努力,企业则应该采用良好的商业模式并积 极开展研发。作为中间力量的技术人员应该自我完善,银行则要学习筛选好的项目。 绿色标识具有战略重要性。中国政府已经开始应对这一挑战,在其身边有在中国境内 建立的本国企业和外国企业。《联结》杂志让这些企业,无论是跨国企业还是中小企 业的负责人讲述他们所做的事情,如何评价得失、发展的活力及障碍。

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DOSSIER

专栏

Parc naturel de Jiuzhaigou

L’écoenvironnement et la biodiversité des réserves naturelles seront affectés par la fonte des glaces. 自然保护区的 生态环境和生物多样性

© Imagine China

将受到冰川融化的影响。

Avoir une vision globale de sa dépense énergétique Schneider Electric Présent en Chine depuis 1987, le spécialiste mondial de la gestion de l’énergie possède un savoir-faire unique, offrant des solutions complètes et intégrées pour une meilleure efficacité énergétique. Noël Girard, vice-président stratégie et développement Schneider Electric Chine, explique la stratégie chinoise du groupe qui travaille en étroite collaboration avec la Commission Nationale pour la Réforme et le Développement (NDRC). 72 Connexions / novembre - décembre 2009

Connexions: La Chine est-elle une priorité ? Noël Girard : La Chine constitue aujourd’hui notre deuxième marché le plus important après les Etats-Unis, elle est donc prioritaire dans le développement de notre groupe. Notre président du directoire, Jean Pascal Tricoire, sinophile et sinophone, a nommé à la tête de Schneider Electric Chine un Chinois M. Zhu Hai. Depuis plusieurs années, nous positionnons notre stratégie et notre image autour de la gestion de l’énergie et nous avons toujours construit notre réussite sur une étroite collaboration avec les experts locaux. En Chine, nous

avons choisi de travailler avec la NDRC, l’agence qui définit au plus haut niveau la politique de développement économique du pays. Nous avons réfléchi avec eux aux moyens d’amener les Chinois à économiser l’énergie. C’est ainsi, qu’ensemble, nous organisons des séminaires dans les provinces afin de sensibiliser à l’efficacité énergétique. Nous en avons déjà coorganisé cinq cette année auprès des autorités locales et des industriels. A chaque fois, nous avons réunis plus de 150 personnes, invitées pour moitié par le gouvernement local, pour moitié par Schneider Electric. Nous leur expliquons les


Réchauffement climatique 气候变暖 enjeux et problématiques de l’énergie et nous leur apportons des solutions concrètes.

C. : Lesquelles ? N. G. : Le principe de notre action est simple. Nous pensons qu’il ne suffit pas de remplacer des machines par d’autres plus performantes énergétiquement. Il faut aussi savoir les utiliser plus rationnellement — par exemple faire tourner un moteur ou allumer une lampe uniquement si c’est nécessaire — et vérifier qu’elles fonctionnent bien. Nous proposons une démarche en plusieurs temps. D’abord effectuer un diagnostic chiffré pour identifier les gisements d’économie comme les dysfonctionnements. Puis mettre en œuvre des systèmes d’automatisme et de régulation afin de mieux gérer le fonctionnement des équipements (trop de moteurs électriques sont mal utilisés car ils fonctionnent en permanence alors qu’il existe des solutions techniques pour les faire fonctionner exclusivement quand on en a besoin…). Ensuite surveiller, afin de maintenir la performance atteinte grâce à une analyse permanente des gains (par la maintenance, la supervision et le contrôle). Un gestionnaire pourra ainsi comparer la consommation énergétique de différents sites dont il a la charge et détecter ce qui peut être amélioré. La dernière étape consiste justement à passer à l’acte, dans le but de poursuivre un haut niveau de performance, grâce à des outils de gestion d’automatismes, de conseil, de formation et de suivi. En appliquant ces principes, il est possible de réduire jusqu’à 30 % la consommation énergétique dans la plupart des processus industriels ainsi que dans les bâtiments, tertiaires ou résidentiels.

C. : Avez-vous déjà signé avec de gros clients en Chine ? Quels sont vos compétiteurs ? les Chinois sont-ils des concurrents sérieux pour vous ? N.G. : Nos premiers clients sont les groupes français avec lesquels nous travaillons déjà dans le monde entier : Carrefour, Veolia Environnement… Le secteur minier constitue un marché de taille : par exemple nous équipons les mines du groupe Shaanxi Coal. Nos principaux concurrents sont internationaux. En Chine, de nombreuses sociétés proposent leurs services pour réaliser des économies d’énergie,

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施耐德电气: 纵观中国能源消耗 作为全球能效管理专家,施耐德电气 自1987起在中国开展业务。集团拥有 独一无二的技术专长,为了帮助客户 实现“善用其效,尽享其能”,提供 完整集成的解决方案。 施耐德电气与中国国家发展和改革委 员会(以下简称发改委)紧密合作。 集团中国区战略发展副总裁纪华德为 我们讲述了集团在中国的发展战略。 《联结》:中国是你们优先发展的市 场吗? 纪 华 德 : 我们在中国开展业务已有 22年,这里已成为仅次于美国的施耐 德全球第二大市场,因此,中国是集 团优先发展的市场。 我们的管理董事会主席赵国华热爱中 国并且会说中文,他任命中国人朱海 为施耐德中国区总裁。多年来,我们 围绕着能效管理来定位发展战略和企 业形象,通过与当地专家的密切合 作,我们总能获得成功。在中国,我 们决定与制定国家经济发展最高决策 的机构发改委合作,共同思考让中国 节能增效的方法。因此,我们在各省 共同举办一些研讨会来增强能效意 识。今年,我们已经在各地方政府和 工业企业合作举办了五场研讨会。每 次我们邀请的嘉宾都超过150人,其中 半数由当地政府邀请,另外半数由施 耐德电气邀请。我们向他们解释能源 的重要性及面临的问题,并为他们提 供具体的解决方案。 《联结》:哪些解决方案呢? 纪华德:我们行动的原则很简单。我 们认为仅把机器换成其它性能更好的 是不够的,还应该知道更加合理地使 用,比如是否有必要启动发动机或打 开电灯,以及检查它们是否运作正 常。我们建议分几步做。首先是测量 诊断,检查是否存在故障等因素影响 节能。其次是自动化,为了更好地管 理设备的运转,安装自动和调节系 统......太多的电机都使用不当,它们一 直保持工作状态,然而有一些技术方 案能够让它们仅在我们需要的时候工 作......然后是监控,为了保持达到的 性能,通过维护、监督和检查对获得 的性能进行持续分析。管理软件对其 管理的不同站点的能耗进行比较,并 检测出有待改进的地方。最后一步就 是改进,为了继续高效的运转,使用 自动化管理、建议、培训和跟踪等工 具。 如果遵循了这些步骤,那么在大部分

的工业过程控制、办公楼宇和住宅 中,可能减少30%的能耗。 《联结》:你们是否已经签下了一 些中国的大客户?你们的竞争者有 哪些?中国企业是你们的重要竞争者 吗? 纪 华 德 : 我们的首要客户是与我们 在全球有过合作的法国集团,如家 乐福、威立雅等。矿业是一个规模市 场,比如我们正在为陕西焦煤集团提 供设备。 我们的主要竞争对手都是国际企业。 在中国,很多公司都提供节能服务, 我们称之为节能服务公司(ESCO)。他们 可以是非常小的企业,提供像大集团 一样更换灯泡的管理,大集团则负责 楼宇的管理和监控。 中国在一些特定的领域人才济济。然 而,目前还没有中国公司能够参与到 广泛的过程控制。 《联结》:您是否觉得中国政府及企 业家采取了必要的措施来实现节能? 纪华德:中国政府已经意识到更好地 管理能耗的必要性。中国的能源很大 程度上依赖进口,他们估计,如果不 付出特别的努力将无法保证经济的快 速增长。国民生产总值增长和能耗增 长的相关曲线在这上非常说明问题。 曲线表明,直到2000年初,中国相对 较好地控制其能源消耗并开始采取管 理措施,从2005-2006年开始,努力渐 渐放松,能耗增长比国内生产总值增 长的速度快。 所有长远的规划表明目前的发展趋势 在经济上站不住脚。首先,煤炭资源 是有限的。其次,风能和太阳能在510年内最多占电力生产的10%,水电 同样有限,而且进口石油也非长远之 计。最后因为全球行动起来以限制温 室气体的排放。中国政府不仅要为经 济,而且要为环境采取行动,而中国 已经表现出行动的决心。 中国政府周围有众多国际专家,尤 其是美国专家——比如近20年来, 有著名的美国劳伦斯伯克利国家实 验室,它在能源政策问题上非常 具有影响力,前任实验室主任是诺 贝尔奖获得者,也是现任美国政府 能源部部长。他们用自己的专业知 识,制定了一个改善中国能效的规 划,目标在2006年已经公布:到十 一五规划(2006-2010)末,主要 能耗大户尤其是大型企业要实现节 能20%的目标。然而,即使还有很 大改善的余地——一些能耗

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DOSSIER

专栏

ce que l’on appelle les ESCO •••  (Energy Saving COrporations). Cela va de la TPME qui proposera de gérer le remplacement des ampoules à de grands groupes prenant en charge la gestion et le contrôle des bâtiments. La Chine est un vivier de personnes compétentes dans des domaines bien ciblés. En revanche, elle ne possède pas pour le moment de groupes chinois à même d’intervenir sur une large variété de processus.

C. : Avez-vous le sentiment que l’Etat chinois et les entrepreneurs ont pris la mesure de la nécessité de faire des économies d’énergie ? N. G. : Les autorités nationales ont pris conscience de l’impératif pour la Chine de mieux gérer sa consommation énergétique. Le pays est dépendant de

Le programme “Top 1000” En 2005, le gouvernement chinois lançait un ambitieux plan de réduction de la consommation énergétique par unité de PNB d’ici 2010. Une des initiatives clé de ce plan intitulé « Top-1000 Energy-Consuming Enterprises program » visait à développer une série de mesures concrètes encourageant les économies d’énergie dans 1000 entreprises de 9 secteurs : acier, pétrole et pétrochimie, chimie, électricité, métaux non ferreux, charbon, construction, textile, papier. Ces entreprises représentaient 47% de la consommation énergétique en 2004. Ce programme, basé sur le volontariat, instituait des objectifs précis pour chacune de ces 1 000 entreprises. En échange de leur engagement, la NRDC offrait une aide technique sous forme de formation, d’audit… En 2006, le programme représentait les deux tiers de l’amélioration de l’efficacité énergétique en Chine ; en 2007, la moitié, au point de créer un modèle repris au delà des 1 000 entreprises. Selon le rapport du Lawrence Berkeley Labs (LBL), principal conseiller étranger sur ce programme, « Top 1000 » devrait contribuer, d’ici 2010, à hauteur de 10% à 25% à l’objectif de 20% d’amélioration de l’efficacité énergétique chinoise. ies.lbl.gov/iespubs/LBNL-62874.pdf

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façon significative des importations et les d’énergie sont particulièrement inautorités mesurent qu’elles n’arriveront efficaces pour des raisons historiques, la pas à assurer leur rapide croissance sans mobilisation des acteurs économiques faire un effort particulier. Les courbes apparaît encore insuffisante pour de corrélation entre croissance du PNB atteindre l’objectif et croissance de la consommation de C. : En quoi consistent les blocages ? l’énergie sont, à ce titre, parlantes. Elles N. G. : On peut définir trois blocages mettent en évidence principaux. Tout d’abord, la que, si jusqu’au dé-but taille exceptionnelle du pays des années 2000, la doit être prise en compte. « Dans notre Chine avait relativement Une politique centrale ne se domaine, le bien maîtrisé sa condémultiplie pas forcément sommation énergétique problème n’est localement. Bien que pas technique , il et avait même comles autorités obtiennent mencé à prendre des est commercial, il des résultats, force est mesures de gestion ; nous faut obtenir de constater un certain à partir de 2005-2006, l’adhésion du phénomène d’inertie dans l’effort s’est relâché décideur. » le changement de mentalité et sa consommation comme dans les stratégies énergétique a crû plus d’investissement. vite que son PNB. Ensuite, les processus de Toutes les projections à long terme décision peuvent constituer un obstacle. montrent que les tendances actuelles ne Pour un investisseur, la rentabilité d’une sont pas économiquement soutenables. amélioration de son efficacité énergétique D’abord parce que les réserves de n’est pas évidente. Par exemple, dans une charbon ont des limites, ensuite parce cimenterie, activité électro-intensive, il que les énergies éolienne et solaire n’apparaît pas prioritaire au manager de ne représenteront pas plus de 10% réaliser des économies d’énergie, alors de la production d’énergie électrique que le prix de l’énergie est contrôlé et à un horizon de 5 à 10 ans et que que, dans un contexte de croissance, l’hydroélectricité est également limitée, l’investissement sert à augmenter ses mais aussi parce qu’importer du pétrole capacités de production. Il n’en perçoit ne peut s’envisager à long terme, enfin pas la rentabilité immédiate. Bien que la en raison du mouvement global en Chine ait pris conscience de l’importance faveur de la limitation des émissions de macroéconomique du problème, il gaz a effet de serre. Les raisons d’agir des reste un effort pédagogique à réaliser autorités chinoises sont donc tout aut- pour persuader chaque consommateur ant économiques qu’environnementales. (particulier, industriel…) au niveau Et les Chinois font déjà preuve de leur individuel. détermination à agir. Enfin, il faut inciter davantage. Dans un Les autorités nationales chinoises se sont bâtiment par exemple, une distinction ainsi entourées d’experts internationaux, existe entre investisseur et exploitant. notamment américains — comme L’investisseur paye la mise aux normes depuis 20 ans, le célèbre laboratoire ou l’amélioration énergétique du Lawrence Berkeley National Laboratory, bâtiment alors que c’est l’utilisateur qui très influent sur les questions de politique en bénéficie. Il manque encore en Chine énergétique et dont l’ancien patron prix des mesures d’incitation qui permettent Nobel a pris la tête du Departement of de rentabiliser les investissements. Energy au sein de l’administration Obama. C. : Il existe pourtant des régulations et des Avec leur expertise, ils ont élaboré un plan incitations… d’amélioration de l’efficacité énergétique N. G. : Elles sont insuffisantes. Je participais du pays dont les objectifs ont été an- à une conférence, la semaine dernière, noncés en 2006. Cependant, et même avec un certain nombre d’experts chinois s’il existe des réserves d’améliorations im- et américains. Ils jugeaient les primes en portantes — les modes de consommation faveur de l’amélioration de l’efficacité


Réchauffement climatique 气候变暖 énergétique dans l’habitat ancien quatre à cinq fois insuffisantes pour provoquer l’intérêt de l’investisseur ! Dans notre domaine, le problème n’est pas technique, il est commercial. Il nous faut obtenir l’adhésion du décideur. Très souvent dans ce type d’investissement, la rentabilité est à un horizon de trois ans. Or, tout va très vite en Chine et les décideurs, sommés de choisir où investir, préfèrent développer un nouveau business.

C. : Mais ne sont-ils pas tenus de réduire leur consommation ? N. G. : Certes des objectifs très précis à cinq ans ont été fixés aux grandes entreprises d’Etat, aux municipalités et aux provinces. Quand on sait que le bâtiment est responsable de 30 à 40 % de la consommation énergétique d’un pays, on imagine mieux le gisement d’économies que représente une meilleure gestion du patrimoine public d’autant que beaucoup de bâtiments sont encore très mal isolés. La prise de conscience est bien là et volontariste, mais la mise en œuvre semble plus difficile. J’ai entendu par exemple un responsable municipal m’expliquer que son service travaillait beaucoup sur l’efficacité énergétique dans son périmètre en déplaçant une usine… dans un canton voisin !

C. : Que préconiseriez-vous pour accélérer les choses ? N.G. : Une collaboration étroite entre industriels et organismes financiers contribuera à imaginer des dispositifs financiers non-traditionnels du type « engagement de performance ». Il nous sera alors possible de prendre en charge nous-mêmes l’investissement en nous rétribuant par le retour sur investissement. Nous adaptons actuellement notre stratégie d’entreprise à cette nouvelle donne. Il nous faut trouver les bons partenaires, car inventer de nouveaux modèles est compliqué et risqué. A ce titre, il faut saluer les actions de l’AFD en Chine, qui met en place des solutions de financement bonifié pour les projets d’amélioration de l’efficacité énergétique. C. : La Chine a pris la tête d’une croisade en faveur des pays en voie de développement pour demander des transferts de technologies, mais beaucoup de gens se méfient. Comment voyez-vous cela ? N. G. : Il est normal que la Chine

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的模式由于历史的原因效率特别 ••• 低,对经济活动者的动员还不足以实 现目标。 《联结》:问题出在哪儿? 纪华德:有三个主要方面。首先,中 国幅员辽阔必须考虑进去。中央的政 策未必能在地方产生效果。尽管政府 取得了一些成果,但是不得不看到在 观念转变上,就像在投资战略上一样 有一定的消极抵抗。 其次,决策过程也可能成为障碍。对 投资者来说,提高能效的回报不明 显。比如在一个水泥企业,作为用电 密集型活动,当能源价格被国家控 制,并且在经济增长的背景下,投资 主要用于增加产能,节能对企业领导 而言不是首要任务,他不能从中看出 立竿见影的回报。虽然中国意识到问 题在宏观经济中的重要性,但还要努 力开展宣传教育工作,单个地说服每 个消费者(个人、工业企业等)。 最后,应该进一步采取激励措施。比 如一座建筑的投资者和使用者是有 区分的。投资者对建筑的标准和能耗 改善出资,而使用者从中受益。在中 国,仍然缺乏激励措施让投资者得到 回报。 《联结》:还是有一些调控和激励措 施的...... 纪华德:还不够。上周,我和一些中 美专家参加了一个座谈会。他们认 为,即使对改善老住宅能效的奖金增 加四到五倍都不够调动投资者的积极 性!在我们这个领域,问题不是技术 方面的,而是资金方面的。我们需要 得到决策者的支持。通常,在这类投 资中,回报需要三年左右的时间。然 而,中国一切都发展得很快,决策者 被催着决定往哪里投资,他们更愿意 开发一个新的领域。 《联结》:难道他们不应该减少能耗吗? 纪华德:当然,对大型国有企业和各 省市制定了非常明确的五年目标。 当人们知道建筑的能耗占全国总能耗 30%-40%的时候,可以更好地认识到 加强公共建筑——学校、医院、行政 办公楼的管理意味的节能潜力,因为 很多建筑隔热做得很差。问题已经意 识到了,但实施起来似乎更难。比 如,我听到一个市政府负责人对我说 他的部门在提高能效方面做了很多工 作,将管辖区内的一个工厂迁到了临 近的地区! 《联结》:您认为怎么做才能加快进 度呢? 纪华德 :工业企业与金融机构的紧密 合作有助于想出一些“业绩保证”类

型的非传统的金融措施。这样我们有 可能自己负责投资并通过投资回报得 到报酬。我们目前正将企业的发展战 略与这一新想法相适应。我们需要找 到好的合作伙伴,毕竟创造新的模式 比较复杂,而且有风险。在此,我们 要感谢法国开发署在中国的行动,他 们为提高能效的项目提供了优惠的融 资方案。 《联结》:中国带领发展中国家要求 技术转让,但是很多人对此表示怀 疑。您对此怎么看? 纪华德 :中国获得与世界其他国家相 同的技术,这很正常。而且,同中国 合作也是一种潜在的巨大充实。施耐 德电气同其他大型工业集团一样保护 自己的技术,但这不是掩藏,也不是 保留信息。六个月前,集团与清华大 学建筑节能研究中心、发改委能源研 究所和美国劳伦斯伯克利国家实验室 开始了一个共同研究的项目,历时三 到四年。我们的目的有三个:一是表 明施耐德电气同一些国内一流的研究 机构合作;二是利用在创新领域的强 大能力,因为中国的大学能研究出应 用新技术的方法;三是参与中国学者 制定新标准的过程。 《联结》:归根结底,当我们看到周 围能源浪费时,您认为相信中国在向 低碳经济发展是否现实? 纪 华 德 : 能源浪费的确不是偶然现 象:中国人要很快建起基础设施,满 足他们的即刻需求,让每个人都有地 方住......同样,对于中国的工业来说, 问题不在于建成世界上最清洁的冶金 行业,而是要尽快的生产钢铁。但中 国又很快拆掉了他们所盖的建筑,他 们在重盖时更加遵循标准。可能有些 例外,市政府表示如果不符合能效标 准肯定不发建筑许可证。这一让我们 朝着良性发展的最新保证将在近几年 后产生效果。

施耐德电气简介 作为全球能效管理专家,施耐德 电气业务遍及100多个国家,为众 多细分市场提供整体解决方案。 集团在全世界拥有114000名员工, 2008年实现营业额183亿欧元。 1987年,施耐德电气在中国成立了 第一家合资企业。目前在国内拥 有15000名员工,77个办事机构、 22家工厂、6个物流中心、1个研修 学院、2个研发中心和1个实验室。 施耐德电气得到500家分销商的支 持,销售网络遍布全国。

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专栏

accède aux mêmes technologies ••• que le reste du monde. De plus, collaborer avec les Chinois constitue un potentiel d’enrichissement majeur. Schneider Electric, comme tout grand groupe industriel, protège sa technologie, ce qui ne revient ni à cacher, ni à pratiquer de la rétention d’informations. Il y a six mois, le Groupe a lancé un programme de recherche conjoint avec un laboratoire de l’Université de Qinghua spécialiste en conservation d’énergie du bâtiment, l’ERI (Energy Research Institute), le pôle de compétence énergétique de la NDRC ainsi que le Lawrence Berkeley Laboratory, pour une période de trois à quatre ans. Notre objectif est triple : montrer que Schneider Electric collabore avec des institutions de premier plan ; profiter de compétences fortes dans l’innovation, dans un pays où ce sont les universités qui génèrent des spin-off mettant en œuvre de nouvelles technologies ; être présent auprès des chercheurs chinois qui définissent leurs nouveaux standards.

C. : En définitive, estimez-vous réaliste de croire que la Chine s’oriente vraiment vers une low carbon economy quand on voit le gaspillage énergétique environnant ? N. G. : Ce gaspillage énergétique n’est pas le fait du hasard : les Chinois ont du construire très vite leurs infrastructures, combler les besoins immédiats, loger chaque personne... De même, pour l’industrie chinoise, le problème n’était pas de constituer l’activité sidérurgique la plus propre au monde mais de produire au plus vite de l’acier. Mais la Chine casse aussi vite qu’elle construit et quand elle reconstruit, elle respecte davantage les normes. A quelques probables exceptions près, les municipalités affirment ne plus délivrer de permis de construire en cas de manquement aux règles de performance énergétique. Cet engagement vertueux récent produira ses effets dans les toutes prochaines années.

Propos recueillis par Anne Garrigue La NDRC (National Development and Reform Commission) est une agence sous l’égide du Conseil d’Etat qui assure une fonction de contrôle et de planification sur l’économie chinoise. La NDRC étudie et formule les politiques pour le développement économique et social su pays et guide la restructuration économique du pays . 1

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Schneider montre l’exemple

Suivi de la consommation d’énergie dans l’usine pilote de Pékin. 施耐德北京试点厂实行能耗跟踪监测

Mieux gérer ses dépenses énergétiques, c’est ce que propose Schneider Electric dans son usine pilote de Pékin. Dans son usine d’appareils basse et moyenne tension en périphérie de Pékin, Schneider Electric a décidé de démontrer ses compétences en la matière en installant un système complet de contrôle et monitoring des dépenses d’énergie en temps réel. Le programme « one solution » permet, grâce à un réseau complexe de senseurs et le traitement informatique des données, de savoir très précisément comment se répartit la consommation sur l’ensemble de l’installation à chaque instant. Une fois repérés les postes les plus gourmands, il est possible de réfléchir à des moyens d’améliorer les choses et de définir des objectifs quantifiés que l’on pourra spécifier au système de contrôle. Ce dernier se chargera alors d’ajuster automatiquement la consommation d’énergie dédiée à la production, le chauffage ou encore l’éclairage pour minimiser les dépenses. « Avant l’installation du système, je n’aurais pas imaginé que

le chauffage et la climatisation des bâtiments représentait 45% de nos dépenses contre 27% pour l’ensemble de la production ! » avoue Michael DiNapoli, le manageur de l’usine « Nous avons donc investi dans le géothermique et défini des seuils de températures adéquats pour améliorer notre efficacité énergétique. Nous sommes encore loin d’être parfaits mais aujourd’hui, grâce à ce système, je sais dans quelle direction aller ». En plus d’être « vert », le pack « one solution » de Schneider Electric permet de faire des économies, un argument de poids pour inciter les entreprises chinoises à investir. « Depuis l’installation du système, nous réalisons près de 40% d’économie sur notre facture énergétique et les investissements initiaux sont en général remboursés sur 3 à 4 ans. Pas besoin de longs argumentaires de vente, les gens viennent ici, voient en direct comment est optimisée la consommation et les gains que cela représente !» conclut l’enthousiaste patron.

Spécialiste mondial de la gestion de l’énergie, présent dans plus de 100 pays, Schneider Electric offre des solutions intégrées pour de nombreux segments de marchés. Le Groupe compte 114 000 collaborateurs dans le monde et a réalisé plus de 18,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2008. En Chine, Schneider Electric a établi sa première joint-venture

en 1987. Le Groupe emploie aujourd’hui 15 000 collaborateurs dans 77 agences, 22 usines, six centres de distributions, un institut de formation, deux centres de R&D, un laboratoire de recherche. Schneider Electric bénéficie de l’appui de 500 distributeurs et d’un vaste réseau de vente à travers toute la Chine.

Nicolas Sridi


Réchauffement climatique 气候变暖

Le nombre de climatiseurs est passé de 8 pour 100 foyers en 1995 à 31 pour 100 foyers en 2000. 每百户空调的数量从1995年的8台增加到2000年的31台。

Consommer sobrement et exécuter correctement Terao

Terao, PME française fondée en 1993 par Michel Raoust, est une société experte en démarche Haute Qualité Environnementale (HQE) dans la construction. Depuis une dizaine d’années, Terao travaille en tant que consultant pour l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), le FFEM (Fonds français pour l’Environnement Mondial) et l’AFD, notamment en Chine où elle réalise des études de faisabilité d’efficacité énergétique et ecologique. Aymeric Novel, en charge du bureau de représentation de Terao à Pékin, fait le point sur la situation du bâtiment en Chine et les enjeux qu’il représente dans la facture énergétique chinoise.

Connexions : Quelle est votre expertise et comment s’exerce-t-elle en Chine ? Aymeric Novel : Nous sommes spécialisés dans l’éco-bâtiment. Notre approche environnementale englobe la performance énergétique, la part la plus importante impactante dans le cycle de vie d’un bâtiment. Mais il faut bien distinguer deux débats, celui sur le réchauffement climatique auquel répond une démarche en efficacité énergétique, et celui, plus large, sur le développement durable auquel répond les certifications HQE1, LEED et GBDL. Terao est expert dans les deux domaines et nous nous chargeons aussi bien des certifications (rôle de vérificateur et d‘auditeur du travail fait par d’autres), que de la maîtrise d’oeuvre (rôle de concepteur). En Chine, nous mettons essentiellement

en place des stratégies d’économie d’énergie, dans le cadre des programmes de l’ADEME, du FFEM (construction et réhabilitation de logements sociaux dans le Helongjiang, le Liaoning, à Beijing et à Shanghai) et de l’AFD. Nous proposons du conseil pour des réhabilitations et du neuf, sur des logements résidentiels ou des bâtiments publics, et nous accompagnons les gouvernements provinciaux dans l’amélioration et l’acquisition de bonnes pratiques en matière d’efficacité énergétique. Avec l’ADEME et le FFEM, nous travaillons notamment à la réhabilitation thermique du Centre de formation franco-chinois aux métiers de l’énergie de Pékin (CFFCME) où nous avons mené à bien l’étude de faisabilité technique. C.: Quels enjeux représente aujourd’hui l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments en Chine ? A. N. : Au début des années 2000, le bâtiment représentait déjà 20 à 25% de la consommation en énergie primaire2 du pays. Aujourd’hui, sa part est d’environ 30%. Cela reflète l’augmentation du secteur tertiaire et du niveau de vie moyen. Sur ces 30% d’énergie consommés par le bâtiment, 55% sont de l’électricité. Cette part est croissante et reflète aussi une évolution significative de l’utilisation des équipements dans les logements. Ainsi, le nombre de climatiseurs est passé de 8 pour 100 foyers en 1995, à 31 pour 100 foyers en 2000. On comptait 90 télévisions pour 100 foyers en 1995, en 2000, 107. En 1995, il y avait 30 chauffe-eau pour 100 foyers, 50 en 2000. L’utilisation du chauffage connaît une augmentation exponentielle en phase avec l’évolution du pays. Reste que la consommation moyenne des grands batiments publics en Chine est de 170 Kwh par m2 par an (contre 250 kwh par m2 par an en France mais notre parc immobilier est plus vieux). Au-delà des chiffres globaux de consommation, l’enjeu porte sur la part respective entre le bâtiment existant et le bâtiment neuf. La Chine étant en phase d’urbanisation rapide, l’enjeu sur le neuf y est plus important que partout ailleurs. 50% du flux constructif annuel mondial est en Chine. Mais la construction du neuf a

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专栏

peu d’impact sur la consomma•••  tion énergétique globale du bâtiment. En

classique d’un bâtiment existant à Pékin : il n’y a pas d’isolant, pas ou peu de doueffet, le taux de renouvellement du parc ble-vitrage. La plupart du temps, c’est du immobilier en Chine est estimé autour de simple vitrage avec un cadre en acier, trois 5% — et moins d’1% de fois moins isolant qu’un ces 5% peut être considouble-vitrage correct. déré comme du green- « je trouve Il faut savoir que les bâbuilding. En Chine, le personnellement timents en Chine sont neuf a d’abord un enjeu assez vitrés. Il y a beaula vision du greendémonstratif : c’est un coup d’infiltrations, nobuilding en Chine moyen de promouvoir tamment une mauvaise les bonnes pratiques. trop basée sur les liaison entre les fenêtres Mais on peut s’inter- high-tech, alors que et le gros-œuvre. Dans la plus grande partie roger sur la vision du la plupart des cas, les fegreen-building en Chine, de la performance nêtres ferment mal, les que je trouve person- énergétique repose liaisons entre les pornellement trop basée sur la conception tes et le bâtiment sont sur les high-tech, alors sobre, puis l’exécution mauvaises ; les traverque la plus grande parsées de parois (gaines, correcte de tâches tie de la performance canalisation, tableaux de base par les énergétique repose sur de commandes électriinstallateurs » la conception sobre ques) laissent passer de puis l’exécution corl’air. Ce sont des « bâtirecte de tâches de base ments-passoire ». par les installateurs. Le green-building n’est Autre problème, la régulation du chaufpas un empilement de technologies nou- fage. Dans la plupart des bâtiments, il n’y velles ; c’est d’abord une réduction des a pas de ventilation mécanique contrôlée besoins par l’optimisation de la construc- (VMC). Le renouvellement de l’air est assution. Ensuite, on peut renforcer l’efficacité ré par des trous issus de la mauvaise quaénergétique grâce à des équipements lite du bati, ce qui génère une grosse parsophistiqués. En Chine, il reste très difficile tie des besoins en chauffage. De plus, la de convaincre un client qu’il vaut mieux régulation du chauffage est souvent faite investir sur des postes chers comme les au niveau de la parcelle ou du lotissement, fenêtres, plutôt que de poser des pan- ce qui manque de précision et risque souneaux solaires, souvent subventionnés et vent d’être inadapté. Cela conduit au combien visibles. ble de l’inefficacité énergétique : ouvrir les En fait, c’est la réhabilitation du parc fenêtres pour réguler la température d’un immobilier existant — 40 milliards de bâtiment chauffé. m2 —, qui représente le gisement d’éco- Quant aux bâtiments neufs, la tendance nomies d’énergie le plus important. Sur actuelle est d’installer en façade des cliles bâtiments existants, notre rôle est matiseurs réversibles (qui servent aussi à de faire de l’audit énergétique pour dia- chauffer). Ces équipements sont soumis gnostiquer les améliorations possibles. à une classification énergétique allant de C’est un travail de détective qui vise à 1 (le mieux) à 5 (le pire). Or, les équiperemonter jusqu’à la répartition des usa- ments les plus souvent installés sur des ges pour trouver les actions correctives logements neufs sont classés 4 ou 5, ce les plus pertinentes. Selon une enquête qui signifie que la plupart des promoteurs récente3, on peut économiser environ continue à se désintéresser du sujet. 50% dans le nord du pays et 30% dans le Les nouveaux logements sont un peu sud en améliorant l’enveloppe et les équi- mieux isolés mais les efforts restent insuffipements existants. sants. A Pékin, l’isolant courant ne mesure C. : Quelle est la réalité quotidienne de l’efficacité que 3 à 5 cm d’épaisseur alors qu’en Alleénergétique en Chine ? magne, qui a des pratiques exemplaires, il A. N. : Nous en sommes aux balbutie- est habituel d’utiliser des isolants de 30 cm ments. Prenons un exemple de diagnostic d’épaisseur. En France, où il fait moins froid, 78 Connexions / novembre - décembre 2009

l’isolant classique est de 20 cm. Même constat pour le double-vitrage : il est entré dans les usages courants, mais reste la plupart du temps de piètre qualité.

C. : Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de pratiques insuffisantes dans le BTP chinois ? A. N. : Nous observons que le marché des BTP est encore très immature. Lors de la mise en place du programme ADEME FFEM à Harbin, les logements ont d’abord été construits avec un béton insuffisamment plat. Conséquence : l’isolation extérieure a demandé beaucoup plus d’enduit-colle que prévu. Le problème a été résolu mais le fabriquant de l’isolant aurait dû communiquer à l’avance ses exigences. Autre exemple : pour des logements à Shenyang, le client a préféré un isolant de fabrication locale bon marché. Quelques mois après la pose, l’enduit a commencé à se fissurer. Il a fallu tout enlever et appliquer le produit initialement recommandé. Résultat, le coût a été multiplié par deux parce que les contrôles-qualité des produits se sont révélés insuffisants.

C. : La nouvelle réglementation va-t-elle dans le bon sens ? A. N. : Elle est plus contraignante et relève d’un souci réel d’améliorer les performances énergétiques. Mais faire évoluer le BTP chinois dans son ensemble est difficile. Le secteur est diffus et segmenté. En Chine, on estime qu’il faut compter au moins 5 ans entre la mise en place de la réglementation nationale et son application à tous les niveaux. Cette nouvelle réglementation pose des garde-fous sur l’isolation, la protection au soleil et le rendement des équipements. Elle exige 50 à 65% d’économie d’énergie par rapport à la référence de construction précédente qui date de 1980. Mais, ce type de définition d’exigence est celle qu’on utilisait dans les années 70 en France. C’est moins efficace que de définir un index de référence, en kwh par m2, par an et par zone climatique, comme c’est le cas en Europe. En outre, en Chine, il est particulièrement difficile de vérifier la conformité avec la réglementation. Par exemple, comment aller mesurer l’épaisseur d’un isolant une fois que la façade est terminée ? En France, quand on signe la charte « chantier

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Réchauffement climatique 气候变暖 TERAO公司:节制消费 正确实施 TERAO公司是Michel  Raouest于1993年 创立的一家中小企业,从事高标准环 境质量(HQE)的专业咨询服务。十多 年来,TERAO给法国环境及能源控制署 (ADEME)、法国全球环境基金会 (FFEM)及 法国发展署(AFD)提供咨询。在中国主要 进 行 节 能 和 环 保 方 面 的 研 究 。 Aymeric Novel是TERAO公司北京代表处的负责人, 他谈到中国建筑业的现状以及在能效方面 的挑战。 联结:你们的专长是什么?如何在中国开 展工作? 我们是环保型建筑领域的专家。能源效率 是我们工作的出发点,也是建筑物生态循 环中影响最大的一个环节。不过我们首先 应该区分两大论题:一个是关于气候变暖 的讨论,一系列促进能效的举措以应对此 问题 ; 另一个论题则更为广义,是关于可 持续发展的,而高标准环境质量 [1]评估认 证(HQE),美国绿标认证(LEED),中 国绿标认证(GBDL)正是应对这个论题的。 TERAO是这两个领域的专家。我们从事认 证工作(检查和审计),同时也负责工程 设计。在中国,我们在法国环境及能源控 制署、法国全球环境基金会的工作框架下 (如在黑龙江、辽宁、北京和上海的保障 性住宅的建设和改造项目)以及法国发展 署的项目中(详见文件),负责节能战略

的实施。我们可以对住宅和公众建筑的改 造或新建提供咨询。也协助地方政府提高 能源效率,优化工作方法。 目前我们和法国环境及能源控制署、法国 全球环境基金会一起致力于北京中法能 源培训中心的热力改造项目(见文件)。 TERAO已经完成了该工程技术方面的调 研,马上将进入实施阶段。这是个很有示 范意义的工程。 联结:目前中国在建筑能效的提高方面面 临哪些挑战 ? 21世纪初,建筑能耗占中国初级能源[2]消 耗的20%到25%。如今,它已占到30%。 这个变化体现出第三产业在国民经济中比 重的上升和人民生活水平的提高。 在这30%的建筑能耗中,55%来自电力。 这部分增长体现出住宅中越来越多地使用 电气设备的趋势。1995年每100户家庭拥 有8台空调,2000年增长到31台。1995年 每100户家庭拥有90台电视,2000年是 107台。1995年每100户家庭拥有30台热水 器,而2000年是50台。在改革开放前,长 江以北地区的住宅供暖,长江以南不供 暖。冬季供暖的温度也没有要求做到跟夏 季一样舒适。如今,随着国家经济的发 展,供暖系统也经历了快速的发展。 然而,中国每年平均能耗是每平方米 170千瓦时,而法国是每平方米250千瓦时

(因为法国的建筑大多更老)。 除了整体能耗量,关键还在于新旧住宅 的比重。中国处在快速城市化的发展阶 段,在新建筑方面所面临的挑战比世界 其它地方大很多。全球每年大约一半的 建筑工程是在中国。然而新建筑的建设 对建筑能耗的总量影响不大。事实上, 每年中国新建建筑的比率大概是5%, 而在这5%中,仅有不到1%可被视为绿 色建筑。在中国,新建筑首先具有示范 效应,是推广好的方法和经验的途径。 但是,人们会对中国绿色建筑的定义感 到迷惑,我个人认为它过多依赖高科 技,而大多数时候能效的提高实际上取 决于基础设施的简朴设计和施工方对工 作的正确执行。绿色建筑不是新技术的 堆砌,它首先是通过对建筑的优化,从 而减少对能源的需求,然后才是通过精 密的设备提高能效。在中国,还很难说 服一位客户在窗户等贵的项目上增加投 入,而不是安装一个太阳能板,因为后 者可以获得政府补贴,并显而易见。 实际上,面积达到400亿平方米的现有建 筑的改造才是节能大计中最重要的一部 分。在现有建筑方面,我们负责能源审 计,以便诊断出可行的改善方案。通过 重新分配能源利用,以便找到最合理的 解决方法。一项最近的调查[3]表明,通过 对现有设备的改善,可以达到在北方节 能50%、在南方节能30%的效果。 联结 :中国能效的现状如何 ?

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DOSSIER

专栏

Quelques exemples pour renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments

vert », un responsable est nommé ••• dans chaque entreprise sur le chantier est là pour expliquer et faire refaire si nécessaire. Pas en Chine, où le modèle « contrôle-punition », est problématique. Pour l’équipement c’est un peu plus simple. Avec un index de consommation à respecter, on peut vérifier la facture.

C.: Comment voyez-vous les choses évoluer ? Quelles sont, d’après vous, les perspectives ? A. N. : Les standards vont se durcir, les exigences des consommateurs et les projets de démonstration vont se multiplier. Récemment, pour la première fois, un architecte chinois est venu me demander comment répondre à un client qui voulait de la performance énergetique. Le socle culturel confucéen, le respect de la nature, le souci sanitaire et la tradition du fengshui pourraient permettre un développement de la demande en green-building. Mais, par ailleurs, la société de consommation génère l’illusion que tout est infini, et la lumière du progrès est aveuglante. Les premiers outils d’incitations fiscales se mettent en place. L’essor du greenbuilding correspond à l’évolution des préoccupations de la société. En France, le Grenelle de l’environnement a généré une hausse considérable de notre activité. Pour la Chine, le contenu du 12e plan quinquennal en 2011 sera décisif. Après Copenhague, un enjeu important est l’entrée du bâtiment dans le monde de crédits carbone qui pourrait constituer une source de revenus allégeant le bilan économique des réhabilitations, malgré un système des crédits carbone lourd et des frais administratifs élevés. Pour ma part, je suis confiant dans le potentiel que constitue la réhabilitation de l’existant en Chine. Il faut être patient, le ticket d’entrée sur ce marché est élevé. Mais dans trois ou quatre ans…

Propos recueillis par Sophie Lavergne Le label Haute Qualité Environnementale (HQE) est le label français de la construction durable 2 On parle d’énergie primaire par opposition à l’énergie finale qui est celle que l’on paye sur la facture. L’énergie primaire Énergie primaire est l’énergie n’ayant subi aucune conversion. 3   D’après les résultats du rapport ADEME FFEM, sur le patrimoine immobilier existant, dans le Nord de la Chine, 1

L’appartement traversant pour optimiser la ventilation naturelle en été. 南北通透的房间提高夏季室内自然通风

80 Connexions / novembre - décembre 2009


Réchauffement climatique 气候变暖 我们目前还处于初级阶段。就北京一 ••• 个现有建筑可作出典型分析:它既没有保

温层,也没有双层玻璃。通常使用的都是 钢结构的单层玻璃窗,保温性只能达到一 个普通双层玻璃的三分之一。要知道中国 的住宅安装有很多窗户。尤其是窗户和建 筑主体结构之间连接不紧密,会产生很多 漏风。窗户大多都密封不严,门框和建筑 物之间的缝隙未被嵌实,墙壁连接处(墙 体边缘,管道,墙体插座)透风。风像透 过“漏勺”一样渗入建筑。 另一个问题是暖气的调控。在大部分建 筑里没有可控制的通风机械。通过气孔 换气,这就造成了对暖气的大量需求。 此外,暖气的调控往往又以整片或整栋 建筑为单位,缺乏精确性,往往可能不 符合需求。这些都导致极为低效的能源 利用:通过打开窗户来调节供暖房间的 温度。 现在新建建筑的趋势是在建筑表面安装 可拆卸空调(也可以供热)。这些空 调的能耗分类从1级(最好)到5级(最 差)。然而,新建筑安装的空调往往都 属于4或5级,这意味着大多数开发商对 能效仍然考虑不多。新建住宅的保温做 地相对较好,但努力仍然不够。在北 京,常用的保温层只有3到5厘米厚。而 在具有示范作用的德国,通常使用30厘 米厚的保温层。在没那么寒冷的法国, 保温层一般也有20厘米。双层玻璃也是 如此,它虽然被越来越多地使用,但往 往质量堪忧。

联结:您可以给我们例举一些中国建筑业 的能源利用不充分的例子吗? 我们注意到中国的建筑市场还很不成熟。 在哈尔滨开展的法国环境及能源控制署和 法国全球环境基金的合作项目时,住宅最 初是用不够平整的混凝土建筑的。其结果 是:外部保温层需要用到比预计多很多的 涂料粘合剂。这个问题已经被解决,但保 温材料生产厂家本应事先就说明产品的使 用要求。另一个例子是,在沈阳某个住宅 项目,客户更青睐本地厂家生产的一种便 宜的保温材料。铺设几个月后涂层就开始 出现裂缝,不得不全部揭下后重新使用最 初建议的产品。结果,因为对产品质量的 检验不严格造成了成本增加一倍。 联结 :新的法规能否起到好的作用? 新的法规更具有约束性,它体现了对提高 能源效率的考虑。然而让中国建筑业整体 有所改观是有难度的。这个行业分布很广 泛,且水平参差不齐。在中国,需要至 少5年时间才能让国家性的法规在各级得 以落实。这项新法规为保温、防太阳辐 射、提高设备效率等提供了政策性的保 障。它要求比1980年出台的建筑标准节能 50%-65%。然而这套标准跟法国在70年代 使用的标准是相同的。它其实不如一个根 据气候区域设定的,以每年每平方米消耗 千瓦时为单位的参考标准有效。在其它国 家就采用这种参考标准。此外,在中国很 难检验法规是否被贯彻执行。比如,如何 在表面完工后去测量保温层的厚度?在法 国,当签订“绿色建筑”宪章后,公司会

任命一位负责人,在工地解释各种细则并 在必要的时候要求返工。而在中国实行的 是“检查-惩罚”的模式,这就产生了问 题。就设备而言更简单些,制定一个必须 遵守的采购索引,核对采购发票即可。 联结:您认为形势会如何发展?前景如何 ? 标准将会更严格,消费者的要求会更高, 示范性工程也将越来越多。最近,第一次 有中国建筑师来咨询我,如何满足一位对 能效有要求的客户。儒家文化、对自然的 尊重和对健康的考虑,以及传统风水学都 可以促进对“绿色建筑”的需求。不过另 一方面,消费社会又让人觉得一切要求都 永无止尽,发展的光芒会使人盲目。 一些税收优惠措施已经出台。绿色建筑的 快速发展符合社会利益演变的趋势。在法 国,Grenelle一系列环境方面的政治会晤 引发了人们对绿色建筑行业的更大关注。 在中国,2011年的第十二个五年计划至关 重要。在哥本哈根气候大会后,我们面对 的挑战是将建筑业引入碳信用体系中,它 能为建筑改造提供资金来源,减轻经济压 力,尽管目前碳信用体系还很繁杂而且行 政管理费用高昂。 就个人而言,我对中国现有建筑改造这块 市场的潜力很有信心。我们必须有耐心, 因为市场准入门槛还很高。不过3、4年后 就不同了……

[1] “高标准环境质量”认证是法国对可持续建筑的认证。 [2] “初级能源”是与人们消费的“终级能源”相对而言的能源类型, 指未经过任何转变的能源。 [3] 根据法国环境及能源控制署与法国全球环境基金会的报告显示,在 中国北方的现有建筑中。

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专栏

La puissance publique affine ses méthodes Gide Loyrette Nouel Si la Chine a d’abord privilégié la croissance à n’importe quel prix, progressivement s’est développée une prise de conscience des risques environnementaux, qui a débouché sur des mesures précises au sein du 11e plan (2005-2010). A partir de 2005, en effet, le droit chinois de l’environnement a commencé à s’étoffer d’un arsenal de plans nationaux, de lois et de mesures d’application. Le gouvernement a très vite établi un cadre juridique relativement complet, assorti de labels d’efficacité énergétique obligatoires pour certains appareils électriques et d’objectifs quantifiés renforcés. Des mesures coercitives relatives à l’environnement et au climat sont entrées en vigueur, tandis que des incitations fiscales ont été mises en place. La réglementation relative à la pollution de l’eau et de l’air a notamment affirmé le principe du pollueur-payeur. Les bâtiments verts L’Etat impose dans le principe aux nouveaux bureaux et logements, sortis de terre ces quatre dernières années, des normes relatives à l’efficacité énergétique des matériaux de construction et aux économies d’énergie. La croissance de la dépense énergétique — les bureaux de plus en plus climatisés, la lumière omniprésente, des équipements plus sophistiqués et énergivores — , a obligé l’Etat à réagir. « Pour les bâtiments publics, des standards relatifs aux économies d’énergie ont été adoptés en 2005, listant les températures permises pour chaque type de pièce », explique Blandine Cantrel, avocate au sein du cabinet Gide Loyrette Nouel à Pékin. « Aujourd’hui, les normes environnementales applicables aux nouveaux bâtiments résidentiels ou de bureaux sont très strictes. A Pékin, leur consommation d’énergie doit être impérativement réduite de 65% par rapport au niveau de 1980, ce qui suppose d’équiper les bâtiments d’outils permettant de régler la température, de chaudières performan82 Connexions / novembre - décembre 2009

tes, d’ampoules à faible consommation, des « Des réductions d’impôts s’appliquent bons matériaux isolants… L’administration également aux vieux bâtiments en rénovachinoise a dressé un catalogue des types tion », indique encore l’avocate. Quant aux d’équipements à faible consommation fabricants de produits faits à partir de mad’énergie. Les matériaux énergivores sont tériaux recyclables, ils peuvent bénéficier désormais prohibés, d’une réduction du taux de TVA, les gains issus de la à condition que les produits fivente de matériaux in- « A partir de 2005, gurent dans le « catalogue sur terdits sont confisqués le droit chinois de les produits recyclés » et soient et une amende pou- l’environnement composés des matériaux visés vant aller jusqu’à cinq a commencé à par ledit catalogue. fois le montant total L a rè gle du p ollue ur s’étoffer d’un de ces gains peut être payeur arsenal de plans imposée. Les autorités Pour les entreprises polluantes chinoises compéten- nationaux, de lois et les bâtiments industriels, et de mesures tes peuvent effectuer des mesures coercitives ont des inspections pour d’application.» été arrêtées. En pratique, un vérifier que les stancertain délai — cinq ans génédards adoptés sont ralement — est accordé à ces respectés, poursuit entreprises polluantes pour leur l’avocate. En contrepartie, les promoteurs permettre de se conformer aux exigences immobiliers peuvent bénéficier de solides légales. « Les entreprises polluantes doiincitations fiscales, s’ils respectent la régle- vent, par exemple, remettre à l’administramentation relative aux « bâtiments verts ». tion une déclaration précisant les quantités de polluants déversés dans le sol, les eaux Les mesures d’encouragement ou l’air, explique Blandine Cantrel, rappelant Le gouvernement chinois — via le minis- que l’Etat a fermé certaines cimenteries qui tère de la Construction et du Développe- ne respectaient pas les règles dans des dément urbain et rural et le ministère de la lais que l’administration ne considérait plus Protection de l’Environnement — a bien raisonnables. compris l’intérêt qu’il y avait à manipuler la Reste que, de l’avis de nombreux obsercarotte et le bâton. A côté des règles sévè- vateurs, au-delà du rôle de l’Etat, la société res, des incitations fiscales aident, en effet, civile prend le relais car l’évolution globale à modifier les comportements. Les promo- du niveau de vie fait émerger une classe teurs qui se plient aux exigences environ- moyenne relativement aisée qui souhaite nementales du gouvernement bénéficient non seulement un meilleur niveau de vie d’une exonération fiscale sur la totalité de mais aussi une meilleure qualité de vie, leurs profits les trois premières années où ce qui signifie, entre autres, un bien-être ils en génèrent, et d’une exonération fiscale environnemental. Or, l’atteinte de cet de 50% les trois années suivantes. Un effet objectif social passe nécessairement par d’aubaine qui peut, en outre, s’accompa- l’évolution de l’industrie en Chine et nogner d’un crédit d’impôts de 10% pour les tamment l’éradication des entreprises (trop) promoteurs achetant des équipements ju- polluantes. gés particulièrement respectueux de l’environnement et listés dans un catalogue sur Ch rist i ne Simon « l’équipement vert ».


Réchauffement climatique 气候变暖 Chongqing

Une crue brutale du Yangzi submerge un quai en août 2009 2009年8月, 长江水位突然上

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涨淹没了堤岸。

基德律师事务所:政府细化环保措施 如果说中国在发展初期更注重追求增 长,而不惜一切代价的话,如今它开始逐 渐意识到环境方面的风险,并在十一五计 划(2005-2010年)期间采取了明确的措 施。事实上自2005年起,中国的环境法就 开始建立了一系列全国性的规划、法律及 实施方案。中国政府迅速建立起一个相对 完整的法律框架,要求一些电气产品必须 标注能源效率,并在标准上提高了要求。 环境和气候方面的强制性措施相继出台, 同时还推出税收优惠政策。与水污染和空 气污染相关的法规尤其体现了“谁污染, 谁付出代价”的原则。 绿色建筑 原则上,中国政府对最近四年新建的商用 和住宅建筑规定了强制性的建筑材料能 效和节能标准。能源消耗的增长,如办公 室越来越多地使用空调,随处可见的照明 灯,越来越高级但能耗也越来越高的设备 等,促使政府采取行动。“早在2005年就 通过了适用于公共建筑的节能标准,明确 规定了各类场所允许达到的温度。”北京

基德律师事务所的律师Blandine Cantrel解 释说,“如今,新建住宅或办公建筑要执 行非常严格的环保标准。在北京,新建筑 物的能耗必须比1980年的水平降低65%, 这意味着要给建筑物安装调温设备、高效 锅炉、节能灯和优质的隔热材料等。中国 政府编撰了一本低能耗设备目录。能耗高 的材料被禁止使用,销售被禁材料所得收 入将被没收,还可能被处以高达销售收入 5倍的罚金。相关文件也授权职能部门, 检查标准的执行情况。”Cantrel律师继续 说。相反,如果房地产开发商遵守了“绿 色建筑”方面的法规,便可获得减税优 惠。 鼓励措施 中国政府,确切地说是住房和城乡建设部 以及环境保护部,清楚软硬兼施的重要 性。一方面制定严格的规定,并辅之以税 收优惠政策,双管齐下,力图改变行为方 式。遵守国家环保规定的开发商可以享受 到前三年免征企业所得税和接下来的三年 减半征收企业所得税的优惠政策。此外, 如果开发商购买“绿色设备”产品名录中

列出的符合环保标准的设备,还可以享 受减免10%的所得税的优惠。 “减税政策同时也适用于旧房改造 工程”,律师解释到,“若厂家的产品 以可回收材料为原料,厂家可享受减税 待遇,前提是这些产品必须是入选《可 回收产品名录》的,而且使用的材料也 是该名录中提及的”。 “谁污染,谁付出代价”的原则 对污染企业和工业建筑的强制性措施已 经出台。实际上,污染企业通常有一个 5年的宽限期,以便逐渐达到法律规定的 要求。“比如,污染企业必须向地方政 府呈交一份声明,明确倾入土地、水或 大气的污染物数量”,Blandine Cantrel解 释说。中国政府已经关闭了若干家在合 理期限内未遵守标准的水泥厂。 另外,观察家认为,除国家扮 演的角色外,社会在这个过程中也起 着重要作用。随着生活水平的提高, 生活安逸的中产阶层不仅希望拥有优 越的生活水平,也期待更高的生活质 量,这其中就包括环境质量。然而,要 达到这个社会目标,中国工业的发展 和进步是必需的,尤其是要关闭那些 污染型企业。

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DOSSIER

专栏

Annoncé en grande pompe comme un modèle de ville « Zéro émission », le projet de l’éco-cité de Dongtan a été suspendu sine die. Jamais un bout d’île n’aura fait autant parler de lui. Chongming, c’est son nom, devait accueillir l’éco-cité de Dongtan. Entre la signature du contrat au 10 Downing Street en 2005, et le moment où l’on a découvert que le roi était nu, elle a incarné le rêve de la ville durable. « Personne n’a jamais remis en question le projet, comme si le préfixe « éco » immunisait contre la critique », analyse Austin Williams, directeur du projet Future Cities. Conçu par le cabinet d’architectes britannique ARUP à la demande de la société d’investissement shanghaienne SIIC, le projet combinait presque toutes les avancées possibles en matière de ville durable. Autonome en énergie, toits végétaux, espaces verts, véhicules propres, etc. Sauf qu’entre la remise de copie par le cabinet Arup et le lancement de la première phase de travaux, le principal soutien politique du projet a été mis en prison pour corruption. Dongtan devient alors la patate chaude de la municipalité. « En dehors de l’aspect politique, souligne Paul French, directeur du cabinet Access Asia, le projet a été enterré parce que les développeurs n’ont pas consulté la population et ont mis la barre trop haut. » Excès d’ambition, prix inaccessibles figurent parmi les critiques les plus répandues. Alors qu’elle devait accueillir 50 000 habitants en 2010, feu Dongtan est aujourd’hui loin du compte. En dehors d’un pont-tunnel, il n’y a guère que quelques éoliennes et quelques immeubles à contempler. L’abandon du projet est-il pour autant un échec total ? « Non », répond Nicolas Samsoen, du cabinet d’architecture AREP. Pour lui, « des projets aussi radicaux génèrent souvent des résistances dans le système de décision et Dongtan est plutôt la preuve des ambitions chinoises en matière de villes durables. » Hélène Duv ig neau

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Dongtan, l’éco-Potemkine

L’aciérie de Shougang à Pékin en mars 2009.

2009年3月,北京首钢生产基地

Shougang, le phoenix « vert » de l’acier chinois Poids lourd du secteur sidérurgique chinois et usine emblématique de l’époque Mao, l’aciérie de Shougang quitte Pékin pour cause de pollution excessive. Le nouveau site en bord de mer sera nettement plus vert mais le coût du déménagement est élevé, notamment sur le plan social. Lorsque la Chine obtient l’organisation des JO de Pékin en 2001, les autorités locales décident de déplacer les usines les plus polluantes pour essayer d’assurer un air plus pur. Dans le collimateur de la municipalité, l’aciérie de Shougang, située à l’ouest de la capitale, souffle chaque année pas moins de 18 000 tonnes de particules soit la moitié des émissions industrielles de Pékin. Malgré des investissements conséquents effectués dès 1995 pour tenter d’assainir le site, la décision de déménager l’usine est finalement prise en 2005. Mais déplacer un tel mastodonte industriel prend du temps et le processus s’étale donc sur cinq ans. Le

site pékinois diminue progressivement sa production avec une fermeture définitive prévue en 2010. A ce jour, la production en périphérie de la capitale a été divisée par deux et les émissions polluantes ont suivi la même tendance. Un bijou de technologies propres C’est sur l’îlot alluvionnaire de Caofeidian (200 km à l’est de Pékin) que renaît Shougang, intégré dans une zone d’activité gigantesque qui couvrira trois fois la surface de Pékin. Sur des terrains pris sur la mer et dans une atmosphère embrumée, la nouvelle usine monte peu à peu sa production au milieu du ballet incessant des camions


Réchauffement climatique 气候变暖 transportant la terre d’un point à l’autre de la zone. Comme le précise le président du groupe, Zhu Jimin, il ne s’agit pas de déplacer la pollution mais bien de « tendre vers le zéro émission ». Pour se faire, Shougang a déboursé pas moins de 9,3 milliards de dollars afin de doter le nouveau site des technologies les plus avancées en matière de rendements thermiques, de recyclage des déchets et d’assainissement des polluants. La zone industrielle de Caofeidian, qui comprendra en plus de l’aciérie un port en eau profonde, une centrale thermique et un centre pétrochimique, a été élaborée sur les principes de l’économie circulaire. Le CO2 émis par l’aciérie sera réinjecté dans un champ pétrolifère voisin. Les résidus d’acier seront réutilisés pour fabriquer du ciment et le surplus de chaleur servira à alimenter la centrale thermique. Au final, la production d’une tonne d’acier nécessitera trois fois moins d’eau que sur l’ancien site et chaque année, 220 000 tonnes de charbon et 10 millions de tonnes de fer seront économisées. « La taille des infrastructure, en particulier des hauts fourneaux de 5 500m 3, l’optimisation du transport interne et de l’acheminement des matières premières par bateaux et trains nous permet d’être très efficace. Une grande partie de l’eau provient de notre usine de dessalement et 97% des eaux usées peuvent être recyclés. De plus, avec un système de filtrage ultra-moderne, nous tendons vraiment vers le zéro émission » assure Mu Haiming, ingénieur protection de l’environnement chez Shougang. Une gestion si efficace de la pollution qu’une éco-cité pouvant accueillir un million d’habitants d’ici 2020 est en projet à 20 km de la zone industrielle et un bassin d’élevage de poissons devrait même voir le jour au milieu des usines. « Tout ça, c’est de la com ! », prévient Hélène Cachier du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (CEA/CNRS). « L’usine polluera moins car le rendement thermique sera meilleur, mais une telle activité reste toujours polluante et il ne faut pas oublier les émissions induites indirectement comme celles liées aux transports par bateaux et camions » .Chômage et insalubrité, le prix du vert ? La modernisation de l’industrie chinoise

et sa mise à niveau environnemental n’est cependant pas sans engendrer d’importants problèmes. Lorsqu’il arrive à Pékin en 1949, Mao entend mettre au travail cette ville. Sous son impulsion, l’aciérie de Shougang deviendra donc l’un des fleurons de la révolution industrielle chinoise. A son apogée, l’usine employait près de 120 000 ouvriers soit un seizième des cols bleus de Pékin sur 8 km2 de terrain. Véritable ville dans la ville, l’ensemble du quartier et de ses résidents étaient, de près ou de loin, liés à l’aciérie. Si tout le monde apprécie aujourd’hui la baisse de la pollution, le déménagement rime surtout avec chômage pour les habitants de la zone. De fait, seul 20 000 employés du site pékinois retrouveront un poste à Caofeidian, essentiellement des cadres. Les autres seront mis en préretraite ou percevront une indemnité de départ d’ici la fermeture. « C’est peut-être une bonne chose pour l’environnement, mais pas pour les gens », résume Zhu Jun, un ouvrier de 48 ans. « Personne ne veut aller à Caofeidian, notre vie est ici. ». Autre problème, il va falloir réhabiliter l’ensemble du quartier. Centres commerciaux, bureaux,… de nombreux projets sont à l’étude. L’usine pour sa part devrait être transformée en musée industriel et même accueillir un parc de loisirs « verts ». « Regardez là-bas, ça ressemble déjà à un paysage du sud de la Chine avec le petit pont et la pagode, non ? » s’enthousiasme Mu Haiming en pointant les tours de refroidissement de l’usine. La pollution des sols et l’accumulation persistante de métaux lourds ne paraissent pas l’inquiéter outre mesure. « D’une manière générale, il n’y a pas de problèmes » affirme-t-il. Un avis que ne partage pas Hélène Cachier pour qui « il faudra des décennies avant de retrouver une situation normale ». Offrir un air pur à Pékin n’est donc pas qu’une question d’investissements en technologies mais implique également d’accepter de lourds sacrifices. Faire « vert », « productif » et « social » en même temps demeure une équation complexe à résoudre.

Nicolas Sridi

View of the steel plant of Shougang Group in Beijing, China, 22 March 2009. http://www.lemonde.fr/le-rechauffement-climatique/ visuel/2009/12/14/la-modernisation-ecologique-du-secteurindustriel-chinois_1278891_1270066.html

Tianjin, une éco-ville en gestation Fruit d’un partenariat entre Tianjin et Singapour, l’éco-cité devrait accueillir 350 000 citadins d’ici 10 à 15 ans. Signé en novembre 2007, l’accord sinosingapourien a la particularité d’être soutenu par le Premier ministre Wen Jiabao, enfant du pays. Surnommé « Sino-Singapore Tianjin Eco-city » (SSTEC), le projet a été confié à une JV détenue à parts égales par un consortium chinois et singapourien. Trois piliers ont été définis : cadre vert, qualité de vie et développement économique. « Cette ville n’a rien d’une utopie, observe Jean-François Doulet, maître de conférences à l’Institut d’urbanisme de Paris. En Chine, le gouvernement perçoit souvent les projets de villes expérimentales comme un appui au développement des technologies propres. » C’est le cas de la SSTEC, appelée à devenir une plaque tournante de la recherche dans ce domaine. Evaluée à 5 milliards d’euros en 2008, elle sera située à 40km de Tianjin, et accueillera 350 000 personnes d’ici 15 ans. Pourtant, ses ambitions vertes sont a priori modestes, gestion de l’eau (qui sortira potable du robinet) et traitement des déchets (à 60% recyclés) mis à part. Ainsi les bâtiments devront-ils simplement « répondre aux normes de construction écologiques en vigueur» et l’objectif de 15% fixé pour les énergies renouvelables est inférieur à l’objectif national de 20%. Comme l’admet Thomas Wong, du ministère du Développement national de Singapour, « ce n’est ni un condensé des dernières technologies vertes ni une ville zéro émission. Elle adoptera des solutions déjà éprouvées et ses prix seront accessibles. » Même modeste, le projet n’est pas exempt de critiques. François de la Chevalerie, fondateur de deux entreprises à Tianjin, le soupçonne de « servir de devanture » pour attirer des projets industriels. Quel que soit son degré écologique, elle devra affronter le problème de toute ville nouvelle : que la « greffe urbaine » prenne. Hélène Duv ig neau

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DOSSIER

专栏

Naissance d’un label vert chinois Lancé avant les Jeux Olympiques, la certification chinoise des buildings (GBL) continue de s’affiner et d’évoluer.

Li XIAOFENG est professeur associé de l’Institut d’architecture de l’Université de Qinghua et membre de du bureau de gestion des labels verts auprès du Green Building Label Management Office qui relève du Ministère chinois du Développement rural, de la Construction et du Bâtiment.

Connexions : Quand la certification chinoise des buildings a-t-elle été lancée ? Li Xiaofeng : Le ministère chinois du Développement durable, de la Construction et du Bâtiment a mis sur pied un bureau de gestion des labels verts où se retrouvent des spécialistes dont je fais partie. Ce bureau (GBLMO) vise à promouvoir et améliorer le label vert des bâtiments de bureaux, d’habitations. Le Green-Building Label se développe depuis 2006. Mais dès 2003, nous avons mené une première étude comparative de la quarantaine de labels existants dans le monde et défini les premières normes et règles pour des bâtiments économes (maisons et buildings). Quatre critères ciblaient l’économie du bâtiment et deux la protection de l’environnement. Les quatre premiers s’attachaient à l’économie d’énergie (chauffer moins et mieux), de l’eau (qui doit être recyclée en partie : l’eau de douche étant récupérée pour les toilettes par exemple), des matériaux dont 10% du poids doit pouvoir être recylcées, et de l’espace (le minimum possible de surface occupée). Les deux critères environnementaux visaient la protection extérieure du bâtiment, les exigences de confort minimal et de surface constructible.

C. : Ces travaux ont donné naissance au label GOBAS peu de temps avant les Jeux olympiques ? L. X.: Effectivement. Sous l’étiquette GOBAS 86 Connexions / novembre - décembre 2009

(Green Olympic Building Assessment System), nous avons labellisé le « Bird Nest » (Nid d’oiseaux), le Water Cube (la piscine olympique) et le village olympique, ainsi que des hôpitaux, des écoles, des bureaux construits juste avant les Jeux. Par la suite, nous avons affiné notre démarche en élaborant deux types de certification : le label GBDL (Green Building Design Label) qui s’attache à la conception du bâtiment sur plan avant la construction et le GBL (1, 2 ou 3 étoiles) qui s ‘attache à la construction elle-même. Ces labels s’appliquent aux bâtiments publics et aux immeubles de bureaux, écoles, campus, stades ou résidences. Au sein du bureau des labels verts, nous travaillons aussi à la certification des bâtiments industriels et des usines. Par ailleurs nous devons adapter nos critères à toute la Chine, en tenant compte des disparités climatiques et géographiques. Si en Mongolie intérieure, il y a beaucoup de terrains disponibles, mais peu d’eau, à Wuhan, par exemple, c’est tout le contraire.

C. : Quel a été le premier bâtiment chinois certifié par le Green Building Label chinois ? L. X. : L’Institut des sciences de la construction de Shanghai, en 2008, qui avait valeur de test nous a permis de cerner l’efficacité des systèmes mis en place. Hors test, le premier et seul bâtiment certifié à ce jour avec 1 étoile est le siège social de la China Bank à Pékin, à l’ouest de la Cité Interdite. Actuellement, trente bâtiments sont en cours de certification, mais nous pensons que seulement 20 à 30% d’entre eux décrocheront les 3 étoiles. Parmi eux, figureront quelques pavillons de l’Exposition universelle.

C. : Certains bâtiments ayant obtenu une certification internationale, visent-ils le Green Building Label ? L. X. : Les bâtiments déjà certifiés LEED (le label privé américain) n’arrivent pas néces-

sairement à décrocher le GBL 3 étoiles. Les labels LEED ou BREEAM (label britannique le plus ancien) jouent avec un système de compensations. Un confort intérieur de grande qualité peut compenser une performance médiocre sur un autre critère. En revanche, notre label GBL 3 étoiles évalue chaque critère séparément. D’où la difficulté d’obtenir les « trois étoiles ». LEED, qui a une vocation très commerciale, fournit un rapport qui permet d’évaluer le bâtiment alors que GBL 3 étoiles s’appuie sur les plans de construction, enregistrés par les autorités locales, qui servent de base incontournable pour la vérification des critères.

C. : Comme référence internationale, vous citez souvent le label japonais CASBEE… L. X.: Avec notre bureau d’évaluation des lables, nous apprécions la démarche de CASBEE, défini par le gouvernement japonais. Ce label ne poursuit aucun objectif commercial, mais vise la règlementation. Notre label est défini par le gouvernement, au sein du MOHURD. Nous avons besoin de simplifier encore notre système de certification et sans doute il faudra encore attendre un ou deux ans pour gommer les défauts actuels et avoir un meilleur contrôle des procédures de certification. Le MOHURD qui s’appuie sur les experts, les centres de recherche, les instituts et les écoles, y travaille.

C. : Des incitations financières sont-elles prévues par le gouvernement ? L. X. : Oui. Ces incitations proviennent du gouvernement central ou des provinces sous forme de réductions ficales ou de prêts prioritaires. La demande est formulée par le MOHURD, généralement auprès du ministère des Finances

Propos recuei l l is pa r Ch rist i ne SI MON


Réchauffement climatique 气候变暖 Oasis de Turfan

Le rétrécisse-ment des glaciers menace l’écosystème oasien du Xinjiang 冰川的退缩 威胁新疆

© Imagine China

绿洲生态系统。

中国绿色建筑评价标识的诞生 奥运会前推行的中国绿色建筑评估体系不 断完善和发展。 李晓锋,清华大学建筑学院副教授兼中国 住房和城乡建设部下属的绿色建筑评价标识专 家委员会委员。 《联结》:绿色建筑评价标识何时开始推行? 李晓峰:中国住房和城乡建设部(以下简称住建 部)设立了一个绿色建筑评价标识(GBL)管理 办公室,管理和推动公共建筑和民用建筑的绿 色建筑评价标识工作的开展。并设立由众多专 家组成的绿色建筑评价标识专家委员会进行标 识的标准制定以及绿色建筑标识的评定工作, 我也是其中的一员。 从2003年起,我们便开始对世界上已有 的十余种主要标识体系进行了科学比较研究, 2006年制订了第一个全国性的(民用住宅和公 共建筑)的绿色建筑评价标准,分为三个星级。 这一标准主要关注六个方面,其中四项是有关节 约资源的,关注点是节地(尽可能充分利用土 地)、节能(减少能源消耗,主要包括照明能 耗、供热能耗、空调能耗)、节水(雨水利用 以及供水的循环利用,比如洗澡水可以回收冲 厕所)和节材(建筑材料的节省和循环利用)。 另外两项是有关环境保护的,包括保护室外环 境(减少对室外环境的影响,减少资源消耗和 碳排放)以及保证室内环境的舒适和健康,其 实舒适强调适宜的舒适度,避免过度追求舒适

导致过高的建筑能耗。 随后,2007年我们将评估方法细化为两种认 证:绿色建筑设计评价标识(GBDL)——关 注建设前建筑图纸的设计,绿色建筑评价标识 (GBL)——关注建筑实际运行状况。这些标识 广泛地应用于公共建筑、办公楼宇、旅馆、或 住宅。我们还致力于工业建筑和工厂认证体系 的研究。另外,由于气候和地理环境的差异, 我们还要把这些评价标识适用于全国各地。比 如在内蒙古有很多的土地但缺乏水资源,在武 汉则完全相反。 《联结》:这些工作是否推动了临近奥运会前出 台的绿色奥运建筑评估体系(GOBAS)? 李晓峰:确切的说,绿色奥运建筑评估体系的发 布早于这一全国性绿色建筑标准的制定,可以说 是这一全国标准的前期研究工作。GOBAS为“鸟 巢”、“水立方”、“奥运村”,还有其他奥运 建筑提供标识。 《联结》:第一个获得中国绿色建筑评价标识 的建筑是什么? 李晓锋:2008年,上海建筑科学院示范楼作为 试点,让我们确定了实施体系的有效性。除此 之外,已包括几座上海世博会的展馆在内的超 过二十座建筑获得绿色建筑设计评级标识。目 前超过三十座建筑目前正在接受评估,我认为 其中多数可以获得标识,但其中仅有20%-30%可 以获得最高级(三星级)的标识。 《联结》:一些已获得国际认证的建筑还用申

请绿色建筑评价标识吗? 李晓锋:一些已经通过美国绿色建筑评估体 系LEED认证的建筑未必能达到绿色建筑评价 标识的三星级标准。LEED中的各个不同方面 可以互相弥补:例如,内部环境舒适得到的 好评价能够弥补建筑节能方面得到的差的评 价。而中国的三星级绿色建筑评价标识其各 个部分都是单独进行评估的,这也是很难获 得“三星”标识的原因所在。LEED带有商业 性质,需要出具一份建筑评估的独立报告。 中国的三星级绿色建筑评价标识则以在地方 政府管理部门备案的建筑设计图为基础, 以图纸作为标准中各个部分评估的依据。 《联结》:作为国际参考标准,你们经常引用 日本的CASBEE体系? 李晓锋:的确,我们国家的学者,以及绿色 建筑标识评估管理办公室十分欣赏日本政府 制定的CASBEE体系。CASBEE没有任何商业目 的,仅以规范为宗旨,较为客观和全面,是 一个综合的体系,但较为复杂。我们的绿色 建筑评价标识也是由政府制定。目前我们需要 一个简单的认证系统,以便能够让绿色建筑标 识评价工作能较为容易的开展起来。但根据我 们的计划,在今后的一两年内,通过住建部的 高效工作,以及各位专家、科研中心、研究院 及高校的多方支持,我们将去除现存的缺陷, 获得一个更加完善的评估程序的监督体系。 《联结》:政府是否会规定一些财政上的激励 措施? 李晓锋:目前还没有,政府部门还在研究和制 定中。这些激励措施来自于中央政府或各省政 府,可能是以财政补贴、减税或优先贷款的形

式。

Connexions / novembre - décembre 2009 87


DOSSIER

专栏

Bambous du Sichuan

Les maladies plus fréquentes et les insectes nuisibles attaquent les forêts 森林受到

© Imagine China

病虫害的侵袭

La bataille des labels Responsabilité environnementale oblige, les buildings se mettent au vert. Des normes, des certifications et autres labels nationaux ou internationaux s’imposent progressivement et se retrouvent en concurrence. Objectifs ciblés : l’efficacité énergétique des bâtiments, la réduction de leur consommation en eau, une bonne qualité de l’air ambiant, un environnement sain, un confort de vie à l’intérieur (vue, odeurs, bruits, hygrométrie,…), des matériaux de qualité, un site écologiquement durable, etc. Autrement dit, un confort global, vérifiable et mesurable. Divers critères chiffrables ont permis d’établir des standards. L’américain LEED (Leadership in Energy and Environnemental Design) est devenu une référence internationale, y compris en Chine. Facile à mettre en œuvre même dans un contexte international, le label LEED est soutenu par un marketing solide qui a permis de démocratiser les notions de 88 Connexions / novembre - décembre 2009

bâtiments verts, aux Etats-Unis d’abord, à l’international ensuite. Développé en Grande-Bretagne et adopté par l’association internationale des centres commerciaux, le BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) compte parmi les plus anciens standards verts. Lancé dans les années 1990, aujourd’hui, il s’exporte à l’étranger, mais pas (encore ?) en Chine, même si certains promoteurs, de centres commerciaux notamment, commencent à s’intéresser à ce standard. D’autres labels nationaux éprouvent plus de difficultés à s’exporter hors de leurs frontières d’origine, tels le français HQE (Haute qualité environnementale), le danois Eco Profile, le néo-zélandais Nabers ou l’australien Green Star. Pour les Jeux Olympiques, les Chinois avaient développé leur propre label, le GOBAS, qui ressemblait fort au japonais CASBEE. Aujourd’hui, ils ont développé un nouveau standard, le Green Build-

ing Label (GBL) noté sur 3 étoiles, un label fortement inspiré de BREEAM et de LEED. Populaire à Hong-Kong, le label HK BEAM est lui aussi directement inspiré de BREEAM. Selon les observateurs internationaux, le standard GBL chinois peinerait encore à s’implanter, sans doute à cause d’une certaine faiblesse des textes et de l’absence de clarté dans les structures de contrôle. L’US Green Building Council octroie quatre niveaux de certification allant du premier niveau à la certification de platine en passant par l’argent et l’or. Les « rumeurs » de marché font état de bâtiments qui se sont vus promettre un certificat GBL à condition d’obtenir par ailleurs un certificat LEED. Si cette pratique se développe, elle pourrait être un moyen pour les autorités chinoises de renforcer la popularité de leur standard, mais elle présente un risque pour sa crédibilité auprès des investisseurs étrangers.

Christine Simon


Réchauffement climatique 气候变暖 Bureau Veritas

Le certificat vert, sésame des buildings de demain En moins de trois ans, la chasse anti-gaspi sables. Un message simple qui séduit pas dans les buildings est devenue une réa- mal de chefs d’entreprise chinois. lité chinoise, tandis que les employés se Cercle vertueux sont mis à réclamer une meilleure qualité La responsabilité sociale n’occulte évidemenvironnementale dans les bureaux. Un ment pas le principal argument de la labelair non (moins ?) pollué ne serait plus un lisation : l’aspect financier. Le premier mosuper-luxe chinois. Explications par Piers teur de l’engouement pour LEED tiendrait, Carlson, chef de projets LEED AP, et par en effet, aux « retours sur investissements » Fabien Joly de Bresillon et Leon Li du prouvés par les exemples antérieurs. Pour Bureau Veritas, respectivement en charge les green buildings labellisés, le profit finandu développement des services santé, sé- cier se concrétise au bout de trois ou quacurité, environnement et des services pour tre ans. Dépenser un peu aujourd’hui pour le secteur de la construction. gagner plus demain — notamment sur la Un building vert de haute qualité environ- facture énergétique — tout en savourant nementale, respectueux une meilleure qualité de vie. des économies d’énergie Pour solides qu’ils soient, ces « Le label vert, et du bien-être de ceux arguments ne font pas l’unaqui y travaillent, ne relève qui attire de nimité. En témoigne la troisièplus du rêve. En témoigne plus en plus me enquête annuelle menée fin 2008 — en pleine crise le « Prosper Center » - bâti- d’entreprises ment moderne de bureaux chinoises, donc — par le Constructive d’une vingtaine d’étages s’avère un Technologies Group (CTG) érigé en 2006 au milieu du redoutable outil et le Green Building Insider. Les quartier pékinois des affairésultats de cette enquête de marketing.» res (CBD Guomao) - qui a portant sur le label LEED sont décroché le label américain contrastés : si plus de 90% des LEED GOLD (Leadership in 900 professionnels impliqués Energy and Environnemental Design). Le dans les buildings verts se prononçaient en « Prosper Center » n’est plus le seul. En faveur de la construction écologique, 66% construction ou quasi-terminés, d’autres d’entre eux seulement défendaient l’idée bâtiments décrocheront d’ici peu cette cer- de la certification. Le principal argument tification qui n’a rien d’un gadget. La Chine des réticents : le coût trop élevé de la laa déjà engrangé plus de 300 projets visant à bellisation. obtenir le fameux sésame certifié. Avant fin Reste qu’un bon nombre de compagnies, 2009, une quarantaine de green buildings en passe d’être labellisées en Chine, miliseront labellisés. Les propriétaires de ces tent en faveur de la certification verte, un immeubles envient la réussite du Prosper « green building labellisé » ne pouvant Center occupé à presque 100%, alors que qu’abriter une entreprise socialement resla plupart des buildings du quartier de ponsable. Alors que la Chine développe Guomao affichent un taux d’occupation actuellement son propre standard vert qui, oscillant entre 65 et 75%. selon les experts, ne serait pas encore une Le label vert est un outil de marketing. Par- « coquille bien pleine », le label américain ce qu’ils veulent offrir à leurs collaborateurs LEED se profile réellement comme la superun environnement sain dans un building référence du standard « Green Building » sain, les patrons adeptes du label vert de- dans le pays. Christine Simon viennent des patrons socialement respon-

必维国际检验集 团:绿色证书,未 来建筑的敲门砖 不到三年时间,当员工们要求提高办公 环境质量的时候,反对建筑中的浪费已经 在中国成为现实。在中国,无污染的空气 将不再是超级奢侈品。必维国际检验集团 LEED认证项目负责人Piers Carlson、卫生、 安全、环境行业的业务发展经理Fabien Joly de Bresillon和建筑行业的业务发展经理Leon Li做了相关介绍。 一座高环境质量的绿色写字楼,遵循节能 和在里面办公人群的舒适已不再是梦想。北 京世纪财富中心就是证明,这是一座2006年 建起的20层的现代化写字楼,位于北京国贸 CBD的核心区域,它获得了美国联邦绿色建 筑委员会颁发的绿色金级(LEED GOLD)认 证。世纪财富中心不再是唯一的例子:其 它在建或即将竣工的大楼,用不了多久也 将获得这一并非毫无用处的认证。中国已 经有300多个项目力争获得这一业界权威 认证。2009年底之前,四十几座“绿色大 楼”将获得绿色标识。这些写字楼的业主 们羡慕世纪财富中心的成功,它的入住率 基本达到100%,而大部分国贸商圈的写字 楼入住率在65%--75%之间浮动。绿色标识 是市场宣传的工具。因为写字楼的业主们想 为他们的合作者提供在一座整洁大厦里的整 洁环境,所以推崇绿色建筑标识的老板是具 有社会责任感的老板。这个简单的信息吸引 了不少中国企业家! 良性循环 社会责任感显然不能掩盖申请绿色标识的主 要理由:赚钱。对LEED认证大加推崇的首要 动力在于投资回报率,这从前面的例子可以 看出。对于获得标识的“绿色大楼”,可以 在3-4年后实现盈利。今天多投入一些是为 了明天赚得更多,尤其节省了能源消费,又 提供了优质的生活环境,这难道不是老板们 梦寐以求的良性循环吗? 尽管理由很充分,但它们并不是普遍共 识。Constructive Technologies Group和Green Building Insider 在2008年底金融危机时所做 的第三次年度调查就是证明。有关LEED标识 的调查结果非常矛盾:尽管在900名参与绿 色建筑项目的专业人士中有90%都拥护生态 建筑,但只有66%的人拥护认证,有所保留 的主要原因是申请标识的费用太高。然而, 中国许多正在接受评估的公司,为了获得绿 色标识而奋斗,一座绿色标识的大楼意味着 一个有社会责任感的企业。当中国正在研究 自己的被专家认为“羽翼未丰”的绿色标准 时,美国绿色建筑标识LEED在中国凸现了其

作为最高参考标准的地位。

Connexions / novembre - décembre 2009 89


DOSSIER

专栏

Qingdao

L’élévation du niveau de la mer menace les grandes façades côtières urbanisées 海平面上升

© Imagine China

威胁沿海地区城市

Une bonne R&D et bon business model CSPS China Super Power Saving Holdings Limited, créée en 1999 par Cheng Ian, un ingénieur sino-canadien, est devenue un acteur majeur sur le marché de l’offre de solutions d’économie d’énergie, avec 147 agences en Chine et 17 agences en Europe et en Afrique. Titulaire de 31 brevets, recommandée par de nombreuses régions chinoises et par la Banque mondiale, cotée depuis 2008 sur le marché Euronext, la société a installé ses laboratoires et sa production à Shenzhen et développe des partenariats avec des sociétés étrangères. Son fondateur Cheng Ian, qui est aussi vice-président de China Energy Saving association et de China Lighting association1, nous parle de son business model et des perspectives du marché des économies d’énergie en Chine

Connexions : Pourriez- vous présenter le business model de votre compagnie ? Cheng Ian : Mon concept est flexible et 90 Connexions / novembre - décembre 2009

facile à accepter. Nous ne vendons pas seulement des produits, nous fournissons des solutions complètes qui incluent le diagnostic et la maintenance avec un système de rémunération basé sur le partage des profits. Tout a commencé en 1999 quand j’ai rencontré deux économistes américains qui m’ont alerté sur la question des économies d’énergie, cruciale pour l’avenir notamment en Chine. J’ai commencé à repérer les technologies et en 2002 j’ai installé mon premier laboratoire à Shenzhen puis une usine et un réseau d’agences. En 2008 nous avons été listés sur Euronext. Nous sommes la première compagnie privée en Chine à être approuvée par la Banque mondiale dans le domaine des économies d’énergie. Nous avons beaucoup de brevets : pour l’éclairage, pour les moteurs, pour le refroidissement… Nous travaillons avec toutes sortes d’institutions — galeries marchandes, usines, hôtels, compagnies de

parking … — à condition qu’elles utilisent l’électricité au moins 16 heures par jour. Sinon, nous ne sommes pas intéressés. Pour l’instant, nous sommes présents en Europe en Afrique quand le voltage est de 220. En 110 volts, notre business model ne dégage pas assez de marge. C : En quoi consiste le « partage des profits » ? C. I. : Nous prenons en charge l’installation et la maintenance du système électrique et nous récupérons notre mise sur les économies budgétaires que permettent ces économies d’énergie avec un pourcentage qui varie entre 60 à 70% des gains. Nous avons été les premiers à lancer ce business model en Chine en 2003, pour l’éclairage public de Zhouzhou dans le Hunan. Depuis, nous avons été abondamment suivis. Nous intéressons les compagnies chinoises car nous garantissons un bon service à long terme (sans économies, pas de rémunération) sans qu’ils aient besoin d’investir eux-mêmes.


Réchauffement climatique 气候变暖 C. : A combien évaluez-vous le marché potentiel des économies d’énergie en Chine? C. I. : A plus de 400 milliards de Rmb avec une augmentation annuelle de 10%. Cela comprend à la fois les bâtiments et les processus industriels, tout ce qui utilise de l’électricité. Les grandes compagnies subissent actuellement une forte pression de la part du gouvernement pour économiser l’énergie. Dans chaque ville, dans chaque région de Chine un vice-maire, un vicegouverneur, en charge des économies d’énergie, joue son poste sur sa capapcité à atteindre l’objectif assigné : économiser minimum 4% par an.

C. : Pensez-vous que les Chinois s’adapteront vite aux exigences d’économies d’énergie ? C. I. : Quand j’ai commencé les clients chinois étaient difficiles à convaincre. Maintenant ils comprennent et acceptent mieux ce concept. Nos produits ont été approuvés par les autorités et nous avons plus de 10 000 clients en Chine, des entreprises d’Etat géantes ou des clients internationaux (Hitachi, Sanyo) jusqu’à des PME… Vous savez, la Chine a une forte expérience en matière d’économies d’énergie. Dans de nombreuses zones, les entreprises n’avaient pas assez d’électricité. Et pour utiliser plus rationnellement cette ressource qui ne se stocke pas, en Chine, certains clients sont prêts à faire travailler leurs ouvriers la nuit si l’électricité est moins chère…

CSPS公司: 好的研发策略和好的商业模式 1999年,加拿大华裔工程师程一峰成

为湖南株洲公共照明设施提供服务。从此以

立了CSPC公司(China Super Power Saving

后,我们的做法被大量效仿。我们对中国的

Holdings Limited),这家公司在提供节能方

公司特别感兴趣,因为我们保证长期的优质

案的市场上成为重要角色,在国内有147家

服务,—不省电,就没有报酬,他们自己不

服务机构,在欧洲和非洲有17家。CSPC公司

需要投资。

拥有31项专利证书,受到中国很多地区和世

《联结》:您估计中国潜在的节能市场有

界银行的推崇,从2008年起在Euronext证券

多大?

交易所上市。CSPC公司在深圳建立了实验

程一峰:达到4000多亿人民币,并且每年以

室和生产基地,并与一些外资企业发展合

10% 的速度增长,这既包括建筑也包括工业

作关系。公司创始人,同时担任中国节能

设施,所有用电的单位。一些大公司目前受

协会及中国照明协会副会长的程一峰向我

到来自政府的关于节能的强大压力。在中国

们谈起了公司的商业模式以及中国节能市

的每个城市和每个地区,负责节能环保的副

场的前景。

市长或副行政长官必须在其位谋其政以达到

《联结》:能否请您介绍一下贵公司的商

每年至少节能4%的既定目标。

业模式?

《联结》:您认为中国人能很快适应节能

程一峰:我的理念非常灵活也很容易被接

的要求吗?

受。我们不仅卖产品,也提供包括诊断和

程一峰:当我开始自己的事业时,说服中

维修的一整套解决方案,并采用以利润分

国的客户非常困难。现在他们更加了解并

红为基础的薪酬制度。

接受了这一理念。我们的产品通过了政府

一切始于1999年,当时我遇见了两个

的审批,我们在中国的客户超过了1万家,

美国经济学家,他们提醒我关注节能问题,

从大型国有企业、国际客户如日立、三洋到

这个问题尤其对中国的未来十分严峻。我开

中小型企业。要知道,中国在节能方面有相

始注意这方面的技术并于2002年在深圳建立

当丰富的经验。在很多地区,企业没有充足

了第一个实验室,后来又建了一座工厂以

的电力进行生产。为了更合理地使用不能储

及服务机构网。2008年我们在Euronext挂牌

存的电力,如果夜间用电便宜,中国的某些

上市。我们是中国第一家得到世界银行认

企业准备让他们的工人在夜里工作。

可的节能领域的私营公司。我们有很多专

《联结》:您在中国国内及国外的战略是

利证书,如照明、发动机、制冷等。我们

什么?

与各类机构合作,其中包括百货商店、工

程一峰:我们将继续为各种工业企业开发我

厂、酒店、停车场等,条件是他们每天用

们的服务系列,特别是电厂、煤矿或石油企

C. : Pourquoi un partenariat avec Schneider ? C. I. : Nous avons décidé de travailler avec

电至少16小时。否则,我们不感兴趣。目

业,让他们在生产过程中减少耗电量。比

前,我们的业务遍及欧洲和非洲,为额定

如,我们研制出一种制冷系统,已经在国

Schneider car ils ont un très bon système de monitoring et de gestion de la consommation et une excellente réputation. Nous avons commencé à travailler ensemble début 2009 et nous avons déjà d’excellents résultats. Propos recuei l lis

电压为220伏的地方提供服务,至于额定电

家电网公司的东南电网中使用。

压为110伏的地方,我们的商业模式得不到

《联结》:对于像施耐德电气这样的合作

足够的利润。

伙伴呢?

C. : Quelle est votre stratégie dans et hors la Chine ? C. I. : Nous allons continuer à développer nos lignes de services pour différentes industries, en particulier en direction des centrales au charbon ou au pétrole pour leur permettre de consommer moins d’électricité eux-mêmes dans le processus de production. Nous avons mis au point par exemple un système de refroidissement déjà utilisé par le réseau sud-est de Stategrid2.

pa r A n ne Ga rrig ue

ces organismes interviennent comme expert auprès de la NRDC 2 EDF chinois 1

什么是利润分红?就是我们负责电力

程一峰:我们决定和施耐德电气合作,因为

系统的安装和维修,我们从节能省下的60-

他们有一个非常好的耗电监测和管理系统,

70%的电费中收回我们的投资。我们是第一

并且拥有极好的声誉。从2009年起,我们开

家在中国推广这种理念的公司,2003年,就

始合作并已取得丰硕的成果。

Connexions / novembre - décembre 2009 91


DOSSIER

专栏

Pour la construction verte Saint-Gobain Après le Nid d’oiseau de Pékin et l’opéra sur la place du peuple de Shanghai, Saint Gobain a choisi l’Expo 2010 et sa zone des bonnes pratiques urbaines comme vitrine de ses technologies « vertes ». Le géant français a investi dans le pavillon RhonesAlpes, un montant resté secret, « Parce que ce pavillon sera permanent, nous ne voulions pas nous contenter d’une vitrine pour six mois » explique Jose Martos, directeur à Shanghai de Weber-Maxit, filiale de SaintGobain spécialisée dans les matériaux haute-performance. Pour l’avenir le géant français de la construction s’est donné comme mot d’ordre : qualité de vie et économie d’énergie. Difficile dans ces conditions de passer à côté de l’Expo de Shanghai et son penchant pour le développement durable explique Jose Martos. La façade du pavillon sera faite de matériaux innovants qui permettent d’écono-

Shanghai 2010 se veut verte et durable. Le design et la construction de chaque pavillon doivent obéir à des critères de développement durable et répondre à la certification « bâtiment vert ». A la clé, des économies d’énergie, d’eau, l’utilisation d’énergies renouvelables et de matériaux recyclables. Chaque bâtiment devra veiller à son taux d’afforestation (nombre d’arbres replantés qui l’entourent). Enfin les différents pavillons devront obtenir le certificat d’évaluation de leur impact environnemental, et veiller à ce que les équipements de contrôle de la pollution soient approuvés par l’autorité de Shanghai. Dernière innovation : la création d’une bourse d’échange de carbone. Les organisateurs attendent 70 millions de visiteurs et prévoient 9 millions de tonnes de CO2 d’émissions. Grâce à la bourse, les visiteurs pourront racheter leurs émissions et l’argent sera réinvesti dans le green. http://www.terra-economica.info/Capvert-pour-Shanghai-2010,1622.html

miser de l’énergie, le « Weber Mineral Decorative Render », d’une impressionnante longévité, quinze ans contre cinq à huit ans pour des revêtements classiques, ce qui limite les travaux de reféction. Un mortier imperméable « maison » sera appliqué dans toutes les salles d’eau du pavillon, alors que le sol sera constitué d’un béton autonivellant Saint-Gobain recouvert d’un produit de finition appliqué par une pompe spéciale « la meilleure technologie dans le secteur explique Cristopher Ji, responsable qui ajoute : « Nous voulons mettre en avant notre image d’entreprise innovatrice haut de gamme ». Le pavillon Rhone-Alpe utilisera aussi le « double silver off line low-e glass », un double-vitrage particulièrement innovant qui permet 80% d’économie d’énergie supplémentaire par rapport au double-vitrage classique. Autre nouveauté en démonstration, le plafond « ecophon » qui stoppe la pollution sonore pour un espace de vie plus agréable. Au deuxième étage, le pavillon Rhône-Alpes a prévu un système de vidéo 3D où Saint-Gobain pourra faire la démonstration des technologies. Au-dessus, il y aura une exposition permanente des produits Saint-Gobain. « L’Expo 2010 est une plateforme où amener nos consommateurs » explique Jose Martos. La cible principale de cette démonstration technique est le marché chinois bien sûr. La construction continue de tourner à plein en Chine, le pays va dépasser les Etats-Unis pour devenir le plus grand marché de construction au monde. Le gouvernement, conscient des enjeux environnementaux, impose des réglementations de plus en plus strictes notamment en matière d’isolation. Pékin vise une réduction de la consommation de 30% à 50%, voire 65% par rapport au bâtiments plus anciens, et crée ainsi des segments de marché à plus forte valeur ajoutée. SaintGobain veut profiter de l’Expo pour gagner en visibilité.

Emilie Torgemen

圣戈班: 打造绿色建筑 继北京“鸟巢”国家体育场和上海人民 广场上的大剧院之后,圣戈班选择了2010年 世博会和城市最佳实践区作为展示其“绿 色”技术的窗口。圣戈班在中国拥有2万名 员工总数的一半以上,投资建立了罗纳—阿 尔卑斯大区展馆,投资额保密。“因为这座 展馆是永久性的,所以我们不愿满足于6个 月的展示。”圣戈班子公司伟伯-麦克斯特 的上海经理若斯.马尔多斯(Jose Martos) 解释说。伟伯-麦克斯特是专业生产高性能 建材。关于未来,法国建筑行业巨头圣戈班 提出的口号是:提高生活质量,节约能源。 若斯.马尔多斯认为,在目前情况下,很难 不去关注上海世博会以及它所倡导的可持 续发展的理念。 展馆表面将使用创新型的节能材料, 与使用寿命5-8年的传统覆盖材料相比,伟 伯矿物装饰涂料(Weber Mineral Decorative Render)的寿命竟高达15年,这减少了翻修 工程。一种防水砂浆将会用于展馆的所有水 厅,而地面将铺上一种自动找平的圣戈班水 泥,上面覆盖着一种用特殊泵喷上去的精细 产品。“这是该领域最好的技术,”圣戈班 相关负责人说道,“我们想展示自己高端的 创新企业形象。”罗纳—阿尔卑斯展馆也将 使用双层镀银低辐射玻璃(double silver off line low-e glass),一种经过特殊处理的双 层玻璃,与传统的双层玻璃相比,可以额 外节省80%的能源。展馆的另一创新之处 是Ecophon天花板,它可以防止噪音污染, 创造更舒适的生活空间。罗纳—阿尔卑斯 展馆第二层设计了一个3D视听系统,圣戈 班将在这里做技术演示。这一层将长期展出 圣戈班的产品。 “2010年上海世博会是能够带来消费者 的平台。”若斯.马尔多斯说。圣戈班无疑 要面向为世博会而来到中国的国际客户,但 这次技术展示的主要目标肯定是中国市场。 中国的工程建设继续全面展开,从现在起到 2018年,她将超过美国成为世界建筑业的最 大市场,据估算,2010年以前,中国的住宅 数量将会翻番。政府已经意识到环境挑战, 制定了越来越严格的法规,尤其是在保温隔 热方面。与老建筑相比,政府力争减少30%50%的能耗,北京甚至要达到65%,因此会 产生更高附加值的细分市场。圣戈班希望借

助世博会赢得关注。 92 Connexions / novembre - décembre 2009


Réchauffement climatique 气候变暖

Nous formons environ 1 000 personnes par an.

我们每年培训近千人。

Former les échelons intermédiaires

Centre de formation franco-chinois aux métiers de l’énergie, Thierry Devillier, est fondateur et directeur du Centre de formation franco-chinois aux métiers de l’énergie, un centre unique en son genre en Chine puisqu’il fait travailler les apprenants sur du matériel réel et en fonctionnement, essentiellement français, dans le domaine du génie climatique (chauffage, climatisation, ventilation, froid, économies d’énergie). Depuis 10 ans plusieurs milliers de techniciens supérieurs et d’ingénieurs sont passés entre les mains de ses équipes.

Connexions : Pourquoi et comment avez-vous lancé le CFFCME ? Thierry Devillier : Les entreprises françaises qui vendaient du matériel en Chine dans les années 90 avaient des problèmes pour trouver des techniciens compétents. Elles se sont alors tournées vers le lycée Maximilien Perret, leur partenaire spécialisé dans les métiers de l’énergie depuis plus de 100 ans en France. C’est comme cela qu’est née l’idée d’ouvrir une « antenne » à Pékin. Après avoir assuré une formation de formateurs à Pékin de 1994 à 1997, nous avons créé le Centre fin 1999 dans les locaux de l’univer-

sité de génie civil et d’architecture de Pékin, qui forme des techniciens supérieurs et des ingénieurs pour les administrations, les grands bureaux d’études et les entreprises de Pékin dans tous les domaines de la construction. Notre centre a la particularité d’être équipé de matériels en fonctionnement — chaudières, climatiseurs, groupe froid, ventilation… — offerts à 80% par des entreprises françaises — un peu plus d’une trentaine1, ce qui permet à nos étudiants d’allier théorie et pratique. Une première en Chine ! Nous sommes quatre enseignants permanents auxquels s’ajoutent des professeurs de l’université, chinois, formés en Chine puis en France. En 2007, les partenaires français et chinois ont signé une nouvelle convention de coopération pour huit ans. Elle prévoit de réaliser une réhabilitation « pilote » du bâtiment qui nous abrite (65 % d’économie de chauffage) en partenariat avec le Fonds français pour l’environnement mondial et le Conseil régional d’ile de France. Elle prévoit aussi l’installation de nouvelles plates-formes techniques, consacrées aux énergies renouvelables : solaire thermique (chauffe-eau) et photovoltaïque (production d’électricité), éolien, pompes à

chaleur, co et trigénération, ventilation mécanique contrôlée et la gestion technique centralisée. De nombreuses entreprises se sont déjà engagées à nous fournir gracieusement des matériels : Aereco, Aldès, Atlantic, De Dietrich, Deltadore, Hager, Schneider Electric, Seigneurie, Vergne, Wilo et nous sommes dans l’attente d’autres partenariats. D’autre part, une aide des pouvoirs publics français nous permettra de réaliser les études techniques préalables et l’installation de ces nouveaux matériels.

C. : A quels publics sont destinées vos formations? T. D. : En formation continue, nous nous adressons aux salariés d’entreprises — fabricants, distributeurs, installateurs mais aussi utilisateurs finaux (personnels techniques travaillant dans les hôtels, les supermarchés…les ambassades) —,ou d’administrations — bureaux d’études, responsables énergie nationaux et locaux. En formation initiale, nous formons les étudiants de l’université qui nous abrite mais aussi ceux d’autres universités de Pékin (Qinghua, Huabeidianli…) et de province (Hebei, Shanxi…). En outre, nous organisons un peu partout en Chine des conférences à destination soit des associations

•••

Connexions / novembre - décembre 2009 93


DOSSIER

专栏

professionnelles– association du ••• gaz, de l’électricité, des réseaux urbains,

propriétaires des maisons traditionnelles (hutong) qui passent du charbon au chaufpromoteurs … — soit des techniciens et fage électrique. Toutefois, la Chine manque ingénieurs des bureaux d’études, des instal- toujours de techniciens bien formés, ce que reconnait le gouvernement. lateurs, des distributeurs. Nous en profitons pour « Les bonnes Il n’existe pas d’équivalent faire la promotion des pratiques ne sont du BTS (brevet de technicien produits et savoir-faire pas encore entrées supérieur). L’enseignement européens. Evidemment, dans les moeurs. reste très théorique d’autant nous parlons beaucoup plus que, dès qu’un étuUn exemple : dans d’économies d’énergie diant a un certain niveau de les magasins de car c’est aussi là que l’Euconnaissance, il ne veut plus rope est en avance sur la bricolage, il n’y utiliser ses mains. Chine. Nous avons aussi a pas toujours Quant au grand public, il est rédigé plusieurs ouvra- d’isolant alors encore assez peu conscient ges afin d’expliquer qu’en France, de ce qu’il doit faire. Dans comment économiser il y en a tout un nos locaux, les étudiants ne l’énergie en respectant rayon.» ferment jamais les portes, ni les normes chinoises et les lumières. Il n’y a pas encoles règles de bons sens2. re eu de grande campagne Si les normes européennes sont meilleures, nationale d’information pour économiser nous le signalons. Nous formons environ l’énergie, comme il y en a eu pour l’eau. 1 000 personnes par an parmi lesquelles C. : Comment les Chinois se mettent-ils en ordre une minorité importante de femmes. de marche pour améliorer leur empreinte carbone

C. : Comment la situation a-t-elle évolué ces dix dernières années dans les métiers de l’énergie ? T. D. : Pékin est passé du charbon au gaz et

se convertit en ce moment aux énergies renouvelables. Mais Pékin et certaines autres grandes villes sont en avance. Il faut savoir qu’en matière de chauffage par exemple, la loi coupe le pays en deux. En dessous du fleuve Yangzi, la loi interdit d’avoir du chauffage. Mais les habitants contournent de plus en plus cette interdiction en se chauffant avec des petits climatiseurs, souvent grands consommateurs d’énergie, ou des chaudières individuelles. Rappelons qu’il y a dix ans, il n’y avait pratiquement pas de chaudières individuelles en Chine ! En dix ans, j’observe que les cadres de haut niveau ont pris conscience de la nécessité de faire des économies d‘énergie, mais que les bonnes pratiques ne sont pas encore entrées dans les mœurs. Un exemple : dans les magasins de bricolage, il n’y a toujours pas d’isolant alors qu’en France, il y en a tout un rayon. Beaucoup de gens même à Pékin installent encore des fenêtres « simple vitrage ». Pourtant les choses sont en train de changer. L’université qui nous abrite vient de poser du double vitrage partout. La municipalité de Pékin offre gratuitement une isolation, encore partielle, qui, malheureusement, n’est pas toujours bien faite, aux 94 Connexions / novembre - décembre 2009

dans le bâtiment ? T. D. : A l’heure actuelle, les responsables

chinois sont intéressés par les méthodes permettant de mesurer l’empreinte carbone d’une usine, d’un bâtiment ou d’une ville, mais ils ne souhaitent pas que nous le réalisions ensemble afin, je pense, que nous ne puissions avoir de chiffres précis pour des négociations futures. Par contre, ils sont preneurs de tout ce qui est transfert de technologies et de méthodes. En ce qui concerne les économies d’énergie, le problème n’est pas tant dans les lois, qui existent maintenant, que dans le contrôle de leur mise en application. Pour faire des économies d’énergie dans le bâtiment, il faut intervenir sur l’enveloppe — isoler les murs, le toit et les fenêtres — , installer une bonne ventilation — quand l’enveloppe est bien hermétique pour des questions d’hygiène — , mais aussi choisir de bons matériels — chaudière et climatisation économes, régulation efficace. Mais pour obtenir un label green building, il ne suffit pas d’isoler le bâtiment, il faut aussi concevoir le bâtiment différemment, avoir de grandes fenêtres au Sud afin d’augmenter les apports solaires gratuits et des petites au Nord afin de diminuer les déperditions, se protéger des vents dominants… Les plus haut niveaux de ce label ne peuvent

être obtenus qu’en utilisant des énergies renouvelables en économisant l’eau, les matériaux et en tenant compte de l’environnement en général. Tout cela dépend des cabinets d’architecte et des promoteurs. Des progrès ont été faits mais le défi est encore important car dans le même temps, la consommation d’énergie a explosé. En 1994, j’ai été le premier à installer dans mon immeuble un climatiseur. Quand mon voisin s’est équipé, impossible de les allumer en même temps, nous faisions sauter l’installation ! Depuis, le nombre des climatiseurs a explosé et… la consommation d’énergie aussi ! Or de nombreux nouveaux immeubles ne sont toujours pas conçus pour économiser l’énergie. Beaucoup ont une simple porte d’entrée qui n’arrête pas les courants d’air. Il suffirait parfois d’un sas ou d’un système de fermeture automatique des portes pour diminuer l’empreinte carbone de façon significative !

C. : En formant des Chinois, ne craignez-vous pas de transférer des technologies et de contribuer à faire perdre à terme des marchés à vos commanditaires français ? T. D. : La mission de notre centre de formation n’est pas de présenter des techniques de pointe — même si certains aimeraient que nous le fassions — mais de former les bataillons de techniciens supérieurs et d’ingénieurs qui décident, choisissent, installent, utilisent et entretiennent les installations. Certes, il existe un marché pour des systèmes très sophistiqués, mais sur le terrain, on voit encore très souvent un gars avec un lit à côté de la vanne qu’il règle à la main. Je ne suis pas partisan personnellement de trop transférer nos technologies de pointe. Nous avons encore une avance dans la qualité des matériels, dans les méthodes d’installation et surtout en matière de gestion et de maintenance des installations. Dans tous ces domaines, les entreprises françaises ont tout à fait leur place pour de nombreuses années encore, d’autant plus si la Chine s’engage à diminuer de façon importante sa production de gaz à effet de serre..

Propos recuei l l is pa r A n ne Ga rrig ue

Airchall, Auer, Brosette , Carrier, Chaffoteaux, Chromatosud, Ciat, Comap, Cuenod, De Dietrich, Desbordes, Francel, Frisquet , Geb, Grundfoss, Guillot, Hilti, Isover, Legrand, Otene, Oventrop, Poujoulat, Radson, Raffel, Salmson, SaunierDuval, Schneider, Spirax Sarco, Stücklin, TA Hydronics, Testo, Weishaupt,Wesper/ace 2 Energy efficiency heating system in China. 1


Réchauffement climatique 气候变暖

中法能源培训中心:培养中间的技术人才 戴维力(Thierry Devillier)是中法能源

用户(在酒店、超市、使馆工作的技术部员

的碳足迹(二氧化碳排放量)?

培训中心的创始人和主任,这是在中国唯一

工)和行政机构(设计院及国家和地方上的

戴维力:目前,中国的负责人对测量一座

一家能源领域的培训中心,因为中法能源培

能源负责人)。学历教育既对培训中心所在

工厂、建筑或城市的碳足迹的方法很感兴

训中心能够让学员们在可实际运行的建筑设

学校(北京建筑工程学院)的大学生进行培

趣,但不希望我们一起去测量,我想是为了

备上实践,这些设备主要源自法国,应用于

训,也对北京其它大学(清华大学、华北电

不让我们掌握确切的数字用于今后的谈判。

气候工程领域(包括供暖、空调、通风、制

力大学)和其它省(河北、山西)的大学生

然而,他们掌握了所有关于技术和方法的转

冷和节能)。10年来,中法能源培训中心培

进行培训。另外,我们在全国各地为天然气

让。关于节能,问题不在现存的法律上,而

养了数千名高级技术人员和工程师。

协会、电力协会等行业协会、城市管网和推

在法律实施的监督上。为了在建筑中实现节

广单位以及设计院、安装商、分销商的技术

能,必须在维护结构上想办法——为墙体、

《联结》:你们为什么要建立中法能源培

人员和工程师举办讲座。并借此机会推广欧

屋顶和窗户隔热,当维护结构密闭时,为了

训中心?

洲的产品和技术专长。当然,我们讲了许多

卫生问题还要安装良好的通风系统,并且选

戴维力:90年代卖给中国设备的法国企业很

关于节能的话题,因为欧洲在这方面比中国

择良好的设备——锅炉、节能空调和有效的

难找到有能力的技术人员。于是这些企业找

领先。我们也编写了许多教材和手册,解释

调节系统。

到了他们的合作伙伴马克西米利尔.佩雷中

如何节能并遵循中国的标准和规范。如果欧

但为了得到绿色建筑标识,仅为建筑隔热是

学,一座有着100多年历史的能源领域的职

洲的标准更完善,我们会指出来。我们每年

不够的,还应有区别地设计一座大楼:为了

业技术学校。在北京开设一个培训分支的想

大约培训1000人,其中一小半是女性。

获得更多免费的阳光资源,南面的窗户要

法由此而来。1994年到1997年,我们在北京

《联结》:近10年来,在能源行业的情况发

大,为了减少消耗和抵挡强风,北面的窗

对一些培训人员进行了培训之后,于1999年

生了什么变化?

户要小。绿色建筑标识的最高级别只有做

底,在北京建筑工程学院内建立了中法能源

戴维力:北京居民由使用煤炭向使用天然气

到使用可再生能源、节水、节材并考虑总

培训中心。北京建筑工程学院是为北京的行

过渡,并且正在向可再生能源转变,但北京

体环境才能获得。这一切取决于建筑设计

政机构、大型建筑设计院和企业培养高级技

和其它一些大城市做得比较好。比如在供暖

事务所和推广者。中国已经取得了一些进

术人员和工程师的高等院校。我们中心的

方面,必须知道法律将国家一分为二,在长

步,但仍面临很大挑战因为与此同时,能源

特点是装备了可运行的设备,包括锅炉、

江以南,法律禁止所有建筑安装供暖设备。

消耗在激增。1994年,我是第一个在我们楼

空调、冷水机组及通风系统等。80%的设备

但是居民们越来越绕过这一禁令使用耗能很

里安装空调的人。当邻居也装了空调时,我

都是法国企业提供的,约有30多家企业,

大的空调或独立锅炉取暖。回忆10年前,中

们不可能同时开启因为电表会跳闸。自此,

这使我们的学员可以做到理论联系实际。

国基本没有独立锅炉!10年间,我发觉一些

空调的数量猛增,能耗也是如此!然而,许

这在中国是前所未有的!我们有4位专职教

高层领导已经意识到节能的必要性,但好做

多新楼房都没有节能设计,很多只有一扇简

授,还有一些中国的大学教授,他们先后

法还没有融入到人们的习惯中。举个例子,

单的大门,不能抵挡对流风。其实只需要安

在中国和法国受过培训。2007年,中法合

在许多建材商店里,一直没有隔热材料,而

装一个闸或一个自动关门装置就可以大大减

作双方又签署了一个长达8年的新协议。协

在法国的柜台上就有各种各样的隔热材料。

少碳足迹。

议规定与法国世界环境基金及巴黎大区地

即使在北京,很多人只装了简单的玻璃窗。

《联结》:你们为中国人提供培训,不担心

区理事会合作,对培训中心所在的教学楼进

然而事情正在改变。我们中心所在的北京建

转让技术并使资助你们的法国企业今后丢掉

行改建试点,并安装可再生能源的新技术平

工学院刚刚全部装上了双层玻璃窗。北京市

市场吗?

台:太阳热能系统(产生热水)、太阳能光

政府也向胡同里从用煤炉取暖过渡到电热取

戴维力:我们培训中心的任务不是展示我们

伏系统(发电)、风力发电机、地热泵、热

暖的居民免费提供对部分墙体的保温,可惜

的尖端技术,尽管某些人希望我们这么做,

电联产和三联供、机械控制通风系统以及建

保温工程做得不太好。然而,中国缺乏受过

而是培养高级技术人员和工程师队伍,他们

筑物智能管理。众多企业已承诺为我们无偿

良好培训的技术人员,政府也承认这一点。

决定、选择、安装、使用并维护设备。当

提供设备,其中有法国爱瑞雷格、爱迪士、

他们没有相当于法国BTS(高级技术人员证

然,存在着一个非常高端的设备市场,但

Atlantic、德地氏、Deltadore、海格、施耐德

书)一类的培训,教学还停留在理论上,而

实际情况是,人们还是经常常看到一个年

电气、申纽丽、威尔尼、德国威乐,我们期

学生一旦掌握了一定水平的知识,就不愿再

轻人,床就放在阀门旁边,他还要用手去调

待还有其他的合作伙伴。另一方面,来自法

动手了。

试阀门。我个人不太赞同过多转让我们的尖

至于大众,他们对于该怎么做还没有太

端技术。在设备的质量和安装方法上,尤其

和这些新设备的安装。

多意识。在我们的教学楼里,学生们从来不

在管理和设备维护上,我们还是处于领先地

《联结》:你们的培训面向哪些人?

随手关门和关灯。还没有像宣传节水那样的

位。在所有这些领域,法国企业还将在未来

戴维力:在职培训面向企业的员工(制造

大型节能宣传活动。

许多年里占有一席之地,更何况中国承诺大

商、分销商、安装商),同时也面向最终

《联结》:中国应如何整治才能减少建筑中

量减少温室气体的排放。

国政府的援助将使我们完成前期的技术调研

Connexions / novembre - décembre 2009 95


DOSSIER

专栏

Helongjiang

Dans le grand Nord de la Chine, plus du tiers des terres agricoles a souffert de sécheresse en 2009. 2009年, 在大华北地区, 三分之一以上的

© Imagine China

土地遭受旱灾。

Financer les économies d‘énergie Agence Française de Développement L’Agence Française de Développement est présente en Chine depuis 2003 où elle s’est focalisée exclusivement sur la problématique climat depuis 2004. Elle y finance, sous forme de prêts, des projets pour un montant cumulé de 150 millions d’euros par an. Edouard Danjoy, son directeur Chine présente les principaux programmes financés par l’AFD.

Connexions : Quelle est la mission de l’AFD en Chine ? Edouard Danjoy : Nous visons à développer un partenariat franco-chinois autour des questions d’économies d’énergie et d’énergies renouvelables. Notre capacité d’intervention reste certes modeste à l’échelle de la Chine mais nous comptons sur les effets de levier. Nous avons ainsi amorcé un dialogue de haut niveau avec certains partenaires 96 Connexions / novembre - décembre 2009

chinois sur les politiques publiques. Dans nos dialogues avec les différentes institutions, MoF, NRDC, MOHURD1, ou autorités locales, nous observons que tous nos interlocuteurs ont une grande soif d’ouverture et cherchent à s’inspirer des solutions adoptées ailleurs, même à une échelle et dans un contexte différents.

C. : Qu’avez-vous déjà mis en place ? E.D. : Au 31 décembre 2009, notre portefeuille de prêts s’élève à 670 millions d’euros pour 11 projets. L’efficacité énergétique représente la moitié de nos engagements, suivie par le développement urbain durable (15%), les énergies renouvelables (15%) et le biogaz (7%). A titre d’exemple, nous avons ouvert en 2007 une ligne de crédit de 60 millions d’euros auprès de trois banques chinoises (Shanghai Pudong Develope-

ment Bank, Huaxia Bank, China Merchants Bank) pour les accompagner, ainsi que les entreprises bénéficiaires, sur le marché de l’efficacité énergétique encore embryonnaire. Jusque-là, ces banques étaient réticentes à investir dans ce secteur car elles mesuraient mal les risques. En mesure d’accompagnement de ces lignes de crédit, nous avons financé — grâce à 600 000 euros du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et en collaboration avec un pôle de compétitivité de la région PACA, CapEnergie — la formation de 200 cadres bancaires qui ont eux-mêmes formé 3 000 banquiers dans leurs institutions. En coopération avec l’Energy Research Institut de NDRC, nous avons aussi réalisé un guide méthodologique qui sera diffusé dans toute la profession.

•••


Réchauffement climatique 气候变暖

法国开发署:投资节能项目 2003年,法国开发署在中国开展业务,

集所有相关部门,包括行政、财政和具体操

还不够,尤其当我们注意到中国每年新建的

自2004年起,把业务集中在气候变化的问题

作部门。目的是在武汉,也可能在气候条件

热电厂相当于法国全部的装机容量。提高能

上。该机构以贷款的形式在中国投资项目,

各不相同的华北地区研究出一套更大规模的

源效率的意义正在于此,欧洲尤其是法国在

每年贷款额达5000万欧元。法国开发署驻华

可再使用的方法。我们也引入了像施耐德电

这方面的经验和技术值得推广。

代表处首席代表唐杰(Edouard Danjoy)介绍

气、必维国际检验集团、圣戈班等已在中国

了他们投资的主要项目。

落脚的法国企业,他们能够在这个市场做更

《联结》:在节能方面,中国具体做了哪

多的事。2010年,我们将提供2000万欧元的

些事情?

《联结》:法国开发署在中国的使命是什

贷款来改造武汉市的大型公共建筑,包括医

唐杰:在我们特别关注的建筑业里,政府十

么?

院、学校、行政办公建筑、酒店等。项目将

一五规划制订了改造1.5亿平方米建筑的目

唐杰:我们努力发展中法两国在节能与可再

分几个阶段进行:首先是分析诊断,然后是

标,十二五规划可能还会翻番。2008年,中

生能源领域的合作。我们的投资虽然有限,

评估—是否要改造建筑设施和外观,最后是

国已经改造了4000万平方米的建筑,2009年

但是我们寄希望于上层的影响力。我们就公

计算回报率以做出有收益的选择。法国以贷

预计是6000万平方米。尽管这对中国老房子

共政策问题曾与中方合作伙伴展开高层对

款的形式及方法上的支持帮助项目融资。中

的面积来说不过是杯水车薪,但这已经很不

话。在与不同政府机构(如国家发改委、住

国自行承担项目的分析诊断。

错了。这些进步由于市场尚未构建、标准没

房和城乡建设部)以及地方政府的对话中,

我们还出资1.5亿欧元用于四川的灾后

有在各地统一实施而受到阻碍,中国与欧洲

我们发现他们有着对开放的强烈渴望,努力

重建,并且利用自己的资金编写了一本《农

一样从2012年起新建房屋的标准是每平米全

借鉴其他地方采取的解决方法,即使范围和

村抗震节能住宅建设实用指南》。这本指南

年耗能50千瓦时。然而,我还是非常乐观。

情况均有差别。

发行了10000册,并且可以在住房和城乡建

从中期来看,政府将会强制标准的执行,从

设部以及财政部的网站上查阅。中国希望我

而用其来发展像新型建筑材料这样的有回报

们为其他地区做同样的事情。

的新型行业。

元的贷款信用额度,让他们关注尚处于萌芽

《联结》:五年来,你们是否注意到中国确

《联结》:那么交通方面呢?

阶段的能效市场。到现在为止,这些银行因

实在向低碳化经济的方向转变?在这一过程

唐杰:交通问题就是城市移动性的问题。可

为风险评估能力不足而对投资犹豫不决。为

中,法国企业有哪些市场?

持续发展的城市肯定不是像美国那种依赖高

了协助这一信贷项目的实施,通过法国世界

唐杰:中国面临着三重约束:他们必须打造

速公路的模式。可持续发展的城市既是集中

环境基金提供的60万欧元资金以及与普罗旺

低耗能经济,同时保持经济增长以缩小城乡

又是垂直的,这重新引入了两轮车辆和双脚

斯-阿尔卑斯-蓝色海岸大区的竞争力极点

差距以及东西部差距,而他们完成这些事情

步行,以及灵活的交通模式,如公共汽车、

Cap énergie的合作,我们为200名银行管理

需要依靠并还将长期依靠以煤炭为主的能源

有轨电车和大运载量的地铁等。这就要限制

干部的培训项目提供资助,他们再回到各自

结构。因此,中国正在研究“清洁煤炭”以

私家车。眼下,中国正处在两难境地:他们

的银行机构培训3000名银行人员。我们还编

及二氧化碳捕捉和储存的新技术,而在这些

愿意向上述的方向发展,因为这是理性的、

制了一套方法指南在全行业分发。

方面他们需要与西方合作。

是未来;但同时,他们认为拥有私家车象征

《联结》:你们已经做了哪些事情? 唐杰:我们已经向三家银行开出了6000万欧

此外,为了促进各地观念和行为的改

抑制温室气体的排放包括两个方面。

着获得独立,获得一个新世界,就像在欧美

变,三年以来我们一直致力于一项在武汉

一方面是关于可再生能源。中国希望一箭

建筑领域提高能效的项目。许多政府机构参

双雕:遏制煤炭在能源结构中比重的增加,

为了节省城市的能源开支,还要改善

与其中,包括武汉市财政局、建委、各市县

同时成为太阳能和风能领域的领导者。中国

水处理(降低电耗来生产可饮用水并杜绝

和省政府。他们不太习惯于相互讨论,因此

有着可观的市场,这能大大降低其产品的成

浪费)以及固态、液态废弃物(甲烷的排

我们与住房和城乡建设部、国家发改委合作

本和门槛回报率。至于质量,我很乐观。毕

放)的处理。在这方面,法国企业也大有

决心建立一个非正式的平台,这个平台将聚

竟,学习的过程将加快。但仅靠可再生能源

可为。

那样。

Connexions / novembre - décembre 2009 97


DOSSIER

专栏 E. D : Dans le bâtiment que nous suivons

© AFP-Liu Jin

particulièrement, l’Etat s’est donné pour objectif de réhabiliter 150 millions de mètres carrés sous le 11e plan et doublera probablement la mise sous le 12e plan. En 2008, ils en ont réhabilité 40 millions et en 2009, 60 millions sont prévus. C’est bien même si ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport au nombre de mètres carrés chinois anciens. Les progrès se heurtent au fait que le marché n’est pas structuré et que les normes ne s’imposent pas partout comme ce sera le cas en Europe dès 2012, avec une norme de 50 kwh/m2/an dans le logement neuf. Pourtant, je suis convaincu qu’à moyen terme, les pouvoirs publics parviendront à établir des normes, d’autant plus qu’ils en profiteront pour développer de nouveaux secteurs rémunérateurs comme celui des nouveaux matériaux.

La ferme éolienne financée par l’AFD à Dali (Yunnan) a été inaugurée en avril dernier. 2009年4月,法国开发署贷款建设的大理风力发电场投产运行

Par ailleurs, nous travaillons depuis ••• trois ans sur un projet de réhabilitation énergétique des bâtiments existants dans la région de Wuhan, au centre de la Chine. De nombreuses administrations sont impliquées — DRC locales, bureaux des finances locaux, commission de constructions, villes, district et province. Elles n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Cette initiative contribue à un changement des mentalités et des comportements. Nous introduisons aussi des entreprises françaises installées en Chine qui peuvent apporter beaucoup sur ce marché, telles Schneider Electric, Bureau Veritas, Saint-Gobain… Nous travaillons avec nos partenaires sur un programme de 20 millions d’euros pour réhabiliter des bâtiments qui accueillent le grand public : hôpitaux, écoles, bâtiments administratifs, hôtels… Ce programme se déroulera en plusieurs étapes. D’abord le diagnostic de performance énergétique, puis l’évaluation — faut-il travailler sur les équipements, sur l’enveloppe du bâtiment ou une combinaison des deux ? — et le calcul du taux de retour, afin de faire des 98 Connexions / novembre - décembre 2009

choix de rentabilité. Les Chinois paient euxmêmes les diagnostics. L’AFD prêtera aux maîtrises d’ouvrage et mettra en place un accompagnement méthodologique. Nous avons l’ambition de proposer une plate forme informelle qui regroupera tous les acteurs — administrations, secteur financier et opérateurs. L’objectif est de mettre au point pour Wuhan, et probablement pour le nord de la Chine où les conditions climatiques sont différentes, une méthodologie réutilisable à plus grande échelle. Nous avons aussi financé des travaux de reconstruction dans le Sichuan — un prêt de 150 millions d’euros —, et, sur nos fonds propres, la réalisation d’un petit livre didactique sur les maisons rurales : comment les rendre parasismiques et économes en énergie. Ce guide est diffusé à 100 000 exemplaires dans les régions touchées par le séisme et sur les sites du ministères du logement et des finances. Les Chinois nous ont demandé de les aider à adapter ce guide pour les différentes autres régions.

C. : Que fait déjà concrètement la Chine en matière d’économies d’énergie ?

C. : Et les transports ? E. D. : La question des transports renvoie à la mobilité urbaine. La ville durable n’est certainement pas le modèle américain qui suppose des autoroutes. La ville durable sera au contraire concentrée. Cela réintroduit les deux roues et le déplacement à pied, le transport modal souple combinant bus en site propre, tramway, métro. Il s’agit de limiter la voiture individuelle. Pour l’instant les Chinois sont dans une situation schizophrène. Ils ont envie d’aller vers cela — c’est la raison et c’est l’avenir — et même temps l’accès à la voiture individuelle symbolise à leurs yeux l’accession à l’indépendance, à un monde nouveau, comme aux Etats-Unis et en Europe. La voiture électrique qui fait l’objet de recherches actives est dès à présent perçue comme un élément de réponse. Pour réduire la facture énergétique dans les villes, il faut aussi améliorer le traitement de l’eau (réduire la consommation de l’électricité pour produire de l’eau potable en faisant la chasse au gaspillage…), et celui des déchets liquides et solides (émission de méthane). Là-dessus nos entreprises françaises ont aussi beaucoup de choses à apporter. Propos recueillis par

Anne Garrigue 1

ministère de la Construction



DOSSIER

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专栏

Les Chinois ont acheté l’an dernier 90% des vélos et scooters électriques vendus dans le monde. 去年,中国人购买了在全世界销售的90%的电动自行车和轻便摩托车

Transports, la Chine prépare l’après « tout pétrole » Alors qu’elle a ravi cette année sa place de premier marché automobile mondial aux Etats-Unis, la Chine ne ménage pas ses efforts pour limiter l’impact négatif de ses quatre roues sur l’environnement. L’automobile chinoise ne connaît pas la crise. Stimulées par le plan de relance et par des mesures fiscales, les ventes ont grimpé de 90% en août, et les prévisions s’annoncent excellentes pour 2009 (12 millions d’unités). « Depuis les années 1980, la métropolisation s’associe avec la motorisation et la Chine est entrée dans un processus d’accès rapide à l’automobile, analyse Jean-François Doulet, maître de conférences à l’Institut

100 Connexions / novembre - décembre 2009

d’urbanisme de Paris et responsable du programme Chine de l’IVM1. Les Chinois sont en quelque sorte en train de vivre nos Trente glorieuses. » Malgré un faible taux d’équipement des ménages2, la croissance galopante force les autorités à développer des solutions moins émissives. En 2020, les prévisions officielles tablent sur un parc de 140 millions de véhicules, autant dire que si les transports ne correspondent qu’à

environ 15% des émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui en Chine, dans 20 ans, elles pourraient représenter 20% des émissions mondiales dans les transports selon un rapport McKinsey3. L’ambition électrique Même si la classe moyenne semble de plus en plus accro à la voiture, symbole de réussite, les Chinois ont aussi acheté l’an dernier 90% des vélos et scooters électriques vendus dans le monde. Selon


Réchauffement climatique 气候变暖 Marcus Hoffmann, chef de projet au cabinet Roland Berger, la Chine est passée de 200 000 vélos électriques vendus en 2000 à 22 millions en 2008. Boom déclenché en 1996, lorsque beaucoup de grandes villes ont suspendu les permis pour les scooters à essence. Or même si le saut technologique est grand entre vélo et automobile électriques, la Chine ne part pas de zéro. « Son expérience des e-vélos et e-cyclos lui permettra de maîtriser la production de batteries de nouvelle génération pour véhicules à quatre roues », commente Jacques Saint-Marc, secrétaire général du Groupe interministériel Mobilités et Véhicules électriques. L’apprentissage vaut aussi du côté des comportements, les amateurs d’e-vélos ayant moins d’appréhension vis-à-vis du quatre-roues électrique. De fait, le programme de véhicules électriques est devenu une priorité de la Chine en 1995, l’objectif étant de tendre vers l’indépendance et l’efficacité énergétique des transports. Depuis, les programmes de soutien se multiplient. Début 2007, l’Etat donnait ainsi un nouveau coup de pouce à la recherche en associant universités, scientifiques, industriels, villes et provinces. Et le 23 janvier dernier, le ministre des Sciences et Technologies Wan Gang lançait un plan d’aide à l’achat de véhicules à énergie nouvelle (hybride, électrique pur ou équipé d’une pile à combustible) dans 13 villes de Chine4. Grâce à ses efforts, Pékin espère faire rouler 60 000 véhicules hybrides ou électriques en 2012. « Les avantages dont dispose la Chine, en particulier les subventions de l’Etat, nous laissent penser que les ventes de véhicules à énergie alternative représenteront 20% du total en 2020, affirme Marcus Hoffmann. Pour les JO, Pékin a montré l’exemple en mettant en circulation une cinquantaine de bus 100% électriques. Et si la Chine développe aujourd’hui des prototypes de petits véhicules polyvalents, c’est pour passer à l’étape de leur industrialisation. Dans ce contexte, des champions chinois de l’électrique commencent à faire parler d’eux, tel BYD (Build your

dreams). Créée en 1995 par le chimiste le centre de Pékin. Par ailleurs, comme le et chercheur Wang Chuan-Fu, BYD est remarque Jean-François Doulet, « la Chine devenu l’un des premiers fournisseurs de a repensé les fondements de la mobilité batteries chargeables pour urbaine à la fin des téléphones portables avant « La Chine est années 1990 en donnant de se lancer dans l’aventure passée de 200 000 la priorité aux transports automobile. En décembre vélos électriques collectifs. » Les villes 2008, il créait la surprise en vendus en 2000 ont donc investi dans annonçant le lancement de des flottes de bus, puis à 22 millions en la F3 DM (version Dual Mode, acheté des métros, et 2008. » 16000€), la première voiture enfin construit, pour des hybride chargeable de série. « Pékin espère questions de prix, des Le flop actuel des ventes faire rouler réseaux de bus en site 60 000 véhicules ne ralentit pourtant pas les propre à partir de 2000. ambitions du constructeur, hybrides ou Pourtant, des problèmes qui prépare le lancement électriques en subsistent. Selon Daniel imminent de son e6 100% 2012.» Cukierman, directeur électrique en Chine. général de Veolia Reste que le chemin de Transport RATP Asie, « il l’apprentissage de cette technologie sera faut encore rationaliser les réseaux, qui long, rappelle Huang Xuejie, de l’Institut ressemblent, dans les grandes villes, à des de Physique de l’Académie des sciences. plats de spaghettis. » « Cette année en Chine nous espérons 20 La Chine investit enfin aussi dans des 000 ventes de véhicules électriques légers programmes de développement de roulant à 50km/h et vendus à moins de carburants alternatifs, et s’intéresse 3000 €. » Pour lui, les plus gros défis sont beaucoup à la gestion du trafic par la qualification des batteries en matière des systèmes perfectionnés. Jeande coût de production, autonomie, François Janin, responsable de la recyclage, temps de charge, fiabilité. mission des transports intelligents au « L’innovation n’est pas encore allée assez sein du MEEDDM, note que « le système loin mais j’espère que les VE connaîtront le d’information routier augmenterait en même sort que les téléphones portables, effet de 5 à 10% la capacité de la voirie. » dont personne ne voulait et que tout Mais la Chine ne s’intéresse pas qu’aux le monde s’arrache. » A cela s’ajoutent chiffres : elle travaille aussi à la qualité de la question des sources de production ses villes. « La Chine a introduit depuis d’une électricité plus verte et le coût de deux ans une vision plus globale sur construction des infrastructures de charge, la mobilité durable en ville, souligne qui nécessite un investissement de 500 Jean-François Doulet, et elle entend millions à 1 milliard d’€ d’ici 2020 selon le répondre à la demande croissante de cabinet McKinsey. « Pour que la chaîne de la population urbaine. » Cela passe par production et commercialisation des VE des politiques de trafic alterné, comme soit complète, il faudra sans doute 15 à 20 à Pékin, mais aussi par la promotion du ans », note Jacques Saint-Marc. vélo, avec des systèmes de location, à Solutions alternatives Pékin et Wuhan. Hangzhou, elle, a mis En attendant la révolution de l’électrique, en place des bornes de type vélib’. Reste la Chine imagine des solutions permettant à voir quelle proportion de Chinois sera de moins consommer ou d’acheter plus prête à enfourcher de nouveau son vert. Elle a même pratiquement rattrapé deux roues. Hélène Duvigneau l’Europe en imposant des normes de IVM, Institut pour la ville en mouvement consommation, donc d’émissions, http://www.ville-en-mouvement.com/ Environ 50 véhicules pour 1 000 habitants en Chine, contre contraignantes, qui équivaudront l’an plus de 550 en Europe. “China charges up: the electric vehicle opportunity”, oct 2008 Beijing, Shanghai, Chongqing, Zhangchun, Dalian, Hangzhou, prochain à Euro IV. Quant aux véhicules Jinan, Wuhan, Shenzhen, Hefei, Kunming, Nanchang, Changchun. : transports urbains, taxi, véhicule de fonction, service de inférieurs à l’équivalent du standard Priorité propreté urbaine, véhicules de distribution postale, en vue de faciliter la restructuration de l’industrie automobile. Euro1, ils ont été interdits de circuler dans

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Connexions / novembre - décembre 2009 101


DOSSIER

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专栏

Le 17 novembre, le premier modèle de la nouvelle C5 est sorti de l’usine de Wuhan. 2009年11月17日,东风雪铁龙首款C5车型的在武汉工厂下线。

En Chine, PSA prend un nouvel élan Si le marché automobile Chinois est aujourd’hui le premier marché mondial, avec un peu plus de 20 voitures pour 1 000 habitants (contre 500 pour 1 000 en Europe de l’Ouest ou aux Etats-Unis) la Chine reste encore très largement souséquipée. Le potentiel de développement est donc considérable... autant sans doute que les défis environnementaux et de mobilité que ce développement va engendrer. Pour y répondre, chez PSA Peugeot Citroën, on pense qu’il faudra sans doute repenser l’automobile autour de nouvelles technologies, et que les véhicules électriques feront à terme partie du paysage. C’est notamment sur ce thème que travaillent les équipes du centre de R&D que le constructeur français a ouvert en Shanghai il y a un an. Mais en parallèle, PSA travaille aussi sur une gamme thermique performante et plus adaptée au marché ainsi que sur des solutions hybrides. Le 17 novembre, le premier modèle de la nouvelle Citroën C5, équipée d’un nouveau moteur essence 2,3 L, présenté en première mondiale en Chine est ainsi sorti des lignes d’une usine flambant neuve à Wuhan. Peugeot fera bientôt de même, avec un projet de nouvelle berline. PSA prépare aussi de nouvelles solutions environnementales. Il expérimentera ainsi l’an prochain en Chine un système « stop and start », en vue d’une commercialisation. Ce 102 Connexions / novembre - décembre 2009

système permet au moteur de se couper automatiquement lorsque le véhicule est arrêté momentanément. A la clé, un gain de consommation pouvant aller jusqu’à 15% en cas de circulation dense. Le groupe travaille enfin sur une solution hybride-essence (le marché chinois étant un marché de véhicules à essence) appelée Hy4 qui, outre ses gains en consommation, permet aussi au véhicule de circuler en mode 4 roues motrices. Enfin, PSA Peugeot Citroën vient tout juste d’annoncer une stratégie « véhicules propres » en Chine et s’engage à réduire de 50% les émissions de CO2 de ses gammes d’ici 2020. Mécénat Au-delà de ces solutions technologiques, en créant en 2000 l’Institut de la ville en mouvement (IVM) dans le cadre de sa politique de mécénat, PSA a engagé une réflexion sur la mobilité urbaine. En Chine, l’IVM a lancé cette année le prix « Better mobility, Better Life », faisant écho au thème de l’exposition universelle de Shanghai. Le prix, qui s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises ou aux collectivités, récompensera les solutions de mobilité innovantes ayant des retombées positives sur la mobilité, l’environnement ou encore l’accessibilité. Hélène Duv ig neau

标致雪铁龙集团再度 发力中国市场 尽管中国现在是世界上最大的汽车市场, 然而它的千人汽车保有量仅为20多辆,而 美国和西欧已达到500辆,中国的汽车保有 量仍然非常低。因此,发展的空间很大, 但其无疑会给环境和城市交通带来挑战。 为此,在标致雪铁龙集团里,人们认为必 须重新考虑汽车新技术的应用,并且认为电 力汽车不久将成为发展的方向。一年前标致 雪铁龙集团在上海建立了研发中心,那里的 技术人员正在为此而努力。与此同时,他们 也在研究适合市场需要的高效热动力汽车以 及混合动力方案。11月17日,东风雪铁龙首 款配有2.3升新型发动机的C5从武汉新工厂 下线,这也是全球首发车型。东风标致也 将计划推出新款小排量汽车。标致雪铁龙 集团还在考虑新的环保解决方案,明年将 在中国试用为投放市场的“停车起步”系 统,它可以在汽车暂时停车时自动关闭发动 机。这个系统的关键在于,堵车时可以节省 15%的油耗。最后,集团还在研究混合动力 方案(中国市场是个燃油车辆市场),这种 名为HY4的系统不仅可以省油,而且可以使 车辆四轮驱动。

www.ivmchina.org.cn

赞助 除了这些技术解决方案,标致雪铁龙集团在 2000年资助成立了法国动态城市基金会,开 始思考有关城市交通出行的问题。今年,为 呼应2010年上海世博会“城市,让生活更美 好”这一主题,基金会在中国发起“机动 性,让生活更美好--城市交通出行创新实 践竞赛”。本次竞赛的参与对象既可以是 个人,也可以是企业或团体,奖励那些具 有创新性的城市机动性解决方案,这些方法 对交通出行、环境保护、弱势人群获得的交

www.city-on-the-move.com

通服务有着积极的影响。


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Réchauffement climatique 气候变暖

ODC marine, un chantier naval français en Chine

欧计设游艇制造有限公司,在中国的一家法国造船厂

Aluminium et propulsion électrique, l’avenir du bateau de passagers ? ODC marine, un petit chantier naval français performant, vient d’obtenir le prix « entrepreneur » de la Chambre de commerce française en Chine. Son succès témoigne de ce que peuvent réussir en Chine la passion et la volonté d’entreprendre. Stephane Gonnetand, son directeur-fondateur témoigne :

C. : Vous revendiquez une étiquette développement durable. Pourquoi ? S. G. : Nous avons une sensibilité particu-

sommes au bon endroit et au bon moment pour concrétiser cette sensibilité. Nos bateaux sont en aluminium, un matériau recyclable, et d’une façon générale nous nous attachons à rendre nos procédés de fabrication de plus en plus respectueux de l’environnement. Début 2009, nous avons développé en collaboration avec nos fournisseurs chinois, un bateau de transport de passagers de 54 places 100% électrique. Le système propulsif est constitué de batteries lithium de dernière génération, sans effet mémoire, qui permettent plusieurs milliers de cycles. Accouplés à des moteurs électriques, les packs de batteries offrent, pour 5 euros, une journée complète de travail à notre client qui navigue dans les canaux de Sète. Le point fort de ce bateau, au delà de ses performances « propres », c’est son prix. Il est en effet comparable à celui d’un modèle équipé de moteurs thermiques, un atout qui nous semble décisif pour avancer sur le développement durable. Autre preuve de notre attachement à la cause écologique, nous offrons à la ville de Dalian, avec le soutien de la ville du Havre, un catamaran de nettoyage des plages. C’est une façon concrète, à notre échelle, de nous associer à la dynamique « Ville vertes, Mer bleue » de notre ville d’adoption. Propos recuei l l is

lière pour le développement durable, nous

pa r A .G.

C. : Comment avez-vous eu l’idée d’implanter votre chantier naval en Chine ? S. G. : Nous étions trois passionnés d’Asie : deux ingénieurs et un architecte naval. Nous avons démarré avec un capital 100% français. La qualité de vie, l’environnement industriel et les quelques relations sur place nous ont amené à choisir Dalian : nous avons eu la chance de pouvoir créer le chantier naval avec un capital 100% français, un privilège devenu rare. Notre entreprise s’est spécialisée dans la construction de bateaux professionnels en aluminium de 5 à 20 m, notamment des bateaux de transport de passagers. Par la suite, nous sommes devenus co-représentants, avec l’Alliance Française de Dalian, du jumelage entre les villes du Havre et de Dalian. Plus récemment, nous avons été nommés distributeurs des bateaux Bénéteau à Dalian.

铝合金和电推进系统是 载客船舶的未来吗? 欧计设游艇制造有限公司,一家业绩突出的 法国小造船厂,刚刚荣获中国法国工商会在 华中小企业最佳企业家奖 。它的成功表明, 创业的激情和决心可以在中国获得成功。公 司董事兼创始人Stéphane Gonnetand接受了 采访: 《联结》:你们是怎么想到在中国建造船 厂的? S. G.:我们是三个热爱亚洲的人:两个工 程师和一个船艇设计师。我们以100%的法 资起家。生活质量、工业环境和本地人脉 让我们选择了大连:我们幸运地建立了一 家全法资造船厂,这是一个少见的有利条 件。我们的企业专门制造5-20米长的铝合 金船舶,尤其是载客船舶。随后,我们和 大连法语联盟一起成为勒阿弗尔-大连友好 城市的联合代表。最近,我们又被指定为法 国游艇制造商博纳多集团(Bénéteau)在大 连的代理商。 《联结》:你们为什么要坚持可持续发展 的理念? S. G.:我们非常重视可持续发展,我们在 正确的时间和地点予以落实。我们的船舶 是铝合金制成的,是一种可回收的材料, 总的来说,我们努力使我们的生产工艺越 来越环保。2009年初,我们与中方供货商 合作开发了一款54人座载客电船。推进系 统由最新一代锂电池构成,无记忆功能, 可上千次重复充电。与电动机相匹配的电 池组,只需花费5欧元就能使我们在法国赛 特(Sète)运河上航行的客户用上一整天。 除了环保性能突出,这种客船的优势还在于 价格。其价位可与配备热能发动机的同类产 品相竞争,在我们看来,这是推动可持续发 展的决定性优势。我们致力于环保事业的另 一证据是:在勒阿弗尔市的支持下,我们向 大连市赠送了一艘海滩清理船。这是在我们 能力范围内的一种具体方式,它使我们融入 了所在城市“绿色城市,蓝色大海”的活力 之中。

Connexions / novembre - décembre 2009 103


姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES

Tianjin, la grande ville portuaire du Nord Port excentré de Pékin, zone côtière ouverte sur le golfe de Bohai, Tianjin conjugue le statut de zone d’exploitation des technologies de pointe et de zone d’exploitation économique et technologique de haut niveau. Elle offre des avantages particuliers aux investisseurs étrangers qui affluent. Par la Mission économique de Pékin

Fondée en 1858 comme concession étrangère, Tianjin a été ouverte au commerce et aux influences extérieures dès le XIX e siècle. Son prestigieux passé se manifeste encore par les monuments de style européen disséminés dans la ville. Tianjin est le centre industriel de la Chine du Nord, et, depuis 1949, un foyer de développement économique. Aujourd’hui, elle compte quinze districts et trois contés sous sa juridiction. Elle continue d’être un port important pour le commerce intérieur et extérieur, se portant ainsi candidate pour d’éventuels investissements étrangers. La municipalité est aussi un centre commercial et financier. La troisième bourse de Chine, après Shanghai et Shenzhen, pourrait y être installée. En tant que région côtière, Tianjin est intimement liée à la politique de développement stratégique du pays et est considérée comme faisant partie intégrante des zones expérimentales concernées par la réforme globale du gouvernement national. La ville de Tianjin est certainement la 104

Connexions / novembre - décembre 2009

Pékin

Tianjin Shanghai

Hong-Kong

Tianjin en chiffres Superficie : 11 300 km2 Population : 11,5 millions d’habitants fin 2007 PIB : 501,83 milliards Rmb (2007) PIB annuel par habitant : 45 829 Rmb (2007)

ville de Chine du Nord qui a les projets les plus concrets en terme de « développement rationnel », mêlant croissance et développement durable. Une économie en pleine expansion Tianjin est la troisième province la plus riche derrière Shanghai et Pékin. Depuis 10 ans, le PIB de la ville augmente régulièrement de 13 à 15% par an et a atteint 635,438 milliards de Rmb en 2008, marquant la plus forte progression de ces dernières années : plus 20,52% par rapport à 2007. En 2008, le secteur primaire a augmenté de 12,258 milliards de Rmb (+3,1%), le secteur secondaire de 382,107 milliards de Rmb (+18,2%) et le secteur tertiaire de 241,073 milliards de Rmb (+14,7%). Six secteurs-clés sont en pleine expansion : l’automobile, les télécommunications, la métallurgie, l’industrie chimique, l’industrie pharmaceutique et les secteurs de l’énergie et de la protection de l’environnement. Ces six secteurs représentent 70% de l’activité industrielle totale de la ville.


Tianjin, quatrième port de Chine, est un centre financier et commercial actif.

Un ambitieux plan de développement urbain Le « plan général urbain de la ville de Tianjin 2005-2010 » fixe les objectifs suivants pour 2010 : devenir un port international, le centre économique de Chine du Nord et devenir une ville modèle sur le plan écologique. Ce plan se fonde sur autre axes : le développement des infrastructures suivantes : base de production modernisée et de R&D, centre de transport aérien international et centre logistique international, ville historique et touristique, ville écologique. La municipalité de Tianjin possède également une Zone de Développement Economique et Technique, TEDA (Tianjin Economic-Technological Development Area), une des premières zones approuvées par le gouvernement chinois. Elle s’étend sur 27 km 2 et a attiré un grand nombre d’entreprises étrangères. Depuis 1984, TEDA, accueille en effet des entreprises de haute technologie, particulièrement dans les secteurs technologique, biotechnologique, médical et automobile. La crois-

sance de TEDA a été de plus de 30% en 2008 et ce dynamisme attire des ressources humaines importantes et une grande concentration de matière grise (plus d’une centaine d’universités présentes). Tianjin Eco-city est le projet de ville écologique sino-singapourienne située au sein de la nouvelle zone économique de Binhai (2270 km 2 ) qui intègre TEDA, le port de Tianjin et la zone franche de Tianjin. La ville écologique se situe à 45 kilomètres à l’est de Tianjin, à 150 kilomètres de Pékin et à 70 kilomètres de la zone portuaire de Caofeidian. Desservie par les deux autoroutes Pékin-Tianjin et TianjinHangu, elle est située au cœur d’un réseau d’infrastructures unique, aussi bien routières que ferroviaires. La population qui habitera dans cette ville écologique devrait être de 350 000 habitants, pour un nombre de foyers égal à 110 000 et un terrain moyen par habitant de 75 m2. La ville prévoit de développer le transport vert (par exemple : transport sur rail, les transports en commun à combustible propre etc.) En parallèle, la ville écologique donnera

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TIANJIN 天津

中国第四大港口天津是一个活跃的金融和贸易中心

la part belle aux énergies renouvelables notamment l’énergie géothermique, l’énergie solaire, l’énergie marine et l’énergie sous forme de biomasse. L’utilisation des énergies renouvelables représentera 20% du bilan énergétique de la ville, taux comparable aux normes européennes. Priorité aux infrastructures Son rôle de port de Pékin fait de Tianjin une ville dont les priorités en termes d’infrastructures et de logistique sont élevées. La ville en elle-même a été délaissée lors des grandes mises à niveau industrielles entre les années 1995 et 2005 au profit de la capitale, mais de grands travaux d’infrastructures animent actuellement Tianjin. Le réseau ferroviaire s’est particulièrement développé ces dernières années. Sa longueur a atteint environ 700 km en 2007. Les travaux du tronçon Tianjin de la ligne à grande vitesse Pékin-Shanghai et de la ligne passager Jin-Qin (Tianjin-Qinhuangdao) ont été entamés en 2008. La ligne grande vitesse PékinTianjin parcourt une longueur

•••

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姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES de 120 kilomètres, permettant ••• de relier la gare sud de Pékin à celle de

2010 et l’étude de faisabilité de la ligne 3 du métro de Tianjin a été approuvée par Tianjin. Une prolongation de la ligne jus- la NDRC. La ligne 3, qui représente un qu’à la ville de Tanggu, située sur la côte investissement de 1,5 Md USD, s’étendra de la mer de Bohai, serait possible et une sur 29,5 km dont 21,4 km souterrains, 0,6 liaison directe, ou indirecte, par l’inter- km en surface et 6,9 km surélevés. Elle médiaire d’une ligne de métro, avec le Bei- comportera 22 stations. jing Capital International Airport pourParallèlement à ce réseau de métro, une rait également être envisagée. Les trains, ligne de métro léger en surface (LRT) de dont la vitesse de pointe est de 350 km/h 46 km relie le centre ville de Tianjin et et 300 km/h pour la vitesse d’exploitation, la nouvelle zone portuaire à proximité permettent une liaison entre les 2 munici- immédiate de la mer (Binhai New Dispalités en environ 30 minutes contre une trict). La première phase de cette ligne, heure auparavant. soit sa partie Est, est déjà en exploitation. Transport aérien La construction de la deuxième phase de L’augmentation du trafic aérien à Pékin cette ligne, sa partie Ouest (la ligne 9), a a plaidé pour l’utilisation d’un aéroport commencé en avril 2006 et devrait prende délestage, notamment pour les activités dre fin en 2010. Tianjin souhaite disposer cargo : Tianjin se positionne clairement de neuf lignes de métro d’une longueur dans cette dynamique. C’est dans ce ca- totale de 235 km dans les 30 ans à venir. dre que se situe l’extension de l’aéroport La ligne 2 est actuellement en construcde Tianjin (Tianjin Binhai tion. Jusqu’à présent, tous International Airport), avec les projets de lignes de mé« La ville de un allongement de la piste tro de Tianjin inclus dans Tianjin affiche, existante, de 3 200m à 3 le 11e Plan quinquennal ces dernières 600 m, pour permettre le (2006-2010) ont reçu le décollage et l’atterrissage années, une feu vert de l’Etat. D’ici d’appareils Boeing B747- croissance de 2010 le réseau devrait re400 et Airbus A380, et l’ordre de 16%. » présenter 130 kilomètres, la création d’un nouveau comprenant 4 lignes de terminal d’une superficie « La troisième métro (1. 2. 3. 9), transde 116 000 m 2 , avec une portant 1,6 millions de bourse de Chine capacité de 10 millions passagers par jour. pourrait y être de passagers et de 500 Infrastructures por000 tonnes de fret par an. installée. » tuaires / transport fluCette extension liée aux vial Jeux Olympiques de 2008 Tianjin est le port le plus a permis de recevoir 300 important en termes de trafic de vrac du 000 passagers durant la période des JO. nord de la Chine. Il est situé à l’ouest de la L’ancien terminal sera utilisé comme ter- baie de Bohai, dans l’estuaire de la rivière minal de fret dans le futur. Approuvée le Hai. Il est constitué de quatre ports prin1er février 2005, la construction du nou- cipaux, Beijiang, Nanjiang, Dongjiang et veau terminal et d’autres projets d’exten- Haihe. Avec un trafic de vrac de plus de sion (40 000 m2 d’entrepôts, 290 000 m2 309 millions de tonnes en 2007, le port d’aires de stationnement, et 62 000 m2 de de Tianjin se place au quatrième rang parking automobile) ont débuté le 8 août chinois. En termes de trafic de conteneurs, 2005, et ont été finalisés le 25 décembre avec plus de 7,1 millions d’EVP en 2007, il 2007 avant d’être mis en service le 28 avril réalise une progression de 19,4 % par rap2008. port à 2006, se plaçant ainsi au seizième Transports urbains rang mondial. Le port a établi des liens La ligne de métro (22 stations pour commerciaux avec plus de 400 ports dans un trafic journalier de 40 000 passagers) plus de 180 pays et régions du monde. vient d’être prolongée pour atteindre une Le port de Tianjin possédait 142 postes longueur totale de 26,2 km. Trois autres à quais à la fin de l’année 2007 dont 71 lignes devraient être mise en service en pour les navires de plus de 10 000 tpl qui 106

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traitent principalement du charbon et du pétrole. En 2010, le port disposera de 80 postes à quais pour les navires de plus de 10 000 tpl. Les autorités portuaires de Tianjin ont annoncé un investissement total d’ici 2010 de plus de 27,3 milliards de Rmb pour le développement du port, avec pour but, d’étendre la capacité du port à 10 millions d’EVP en 2010, ainsi que d’accueillir des navires de tonnage de plus de 200 000 tpl. Nombreuses réserves énergétiques Tianjin possède 4 milliards de tonnes de pétrole, 130 milliards de m 3 de gaz. Les projets de construction des gazoducs en provenance du Shaanxi et de la région ouest du golf de Bohai sont terminés et mis en service. Par ailleurs, un projet de gazoduc dans la zone de Binhai est en cours. Le groupe de gaz de Tianjin a noué un partenariat avec des sociétés japonaises et hollandaises pour des projets de stations service de gaz naturel, de centrales de cogénération et de systèmes de péage à distance. Le réseau de distribution de gaz couvre plus de 6 000 kilomètres. La couverture de la distribution de gaz s’étend sur les 17 districts de Tianjin, alors qu’auparavant il n’y avait que 6 districts qui étaient approvisionnés en gaz naturel. La capacité de distribution de gaz a été augmentée de 400 million m3 à 1 milliard m3. On compte maintenant 1,85 million de foyers qui ont accès au gaz naturel. … mais defaibles ressources en eau Les ressources issues de la province sont très faibles. Depuis les travaux de diversion des eaux en 1983, l’eau à Tianjin provient en majeure partie du réservoir de Panjiakou situé dans la province voisine du Hebei et alimenté par la rivière Luan. Mais avec la hausse des ponctions et les sécheresses des dernières années, le réservoir voit son volume diminuer. Le reste de l’approvisionnement de Tianjin en eaux douces de surface provient du Fleuve jaune. Entre novembre 2006 et avril 2007, 800 millions de m 3 d’eau ont ainsi été transférés du Fleuve jaune en raison d’une grave sécheresse. A partir de 2010, la ville doit également recevoir 800 millions de m3 apportés par la voie centrale du projet de diversion des eaux du sud vers le nord. La municipalité compte aujourd’hui 41


TIANJIN 天津 stations de production d’eau potable avec une capacité de 3,107 millions de m3 par jour — en 2006 le volume d’eau réellement fourni a été de 739 millions de m3. La capacité annuelle de production d’eau par dessalement est de 5 millions de m3, mais seulement 2 millions de m3 ont été produits en 2006. D’ici 2010 le bureau de gestion des ressources en eau prévoit que la capacité de dessalement soit fortement augmentée. De nombreux sites ont été construits au cours des dernières années et la municipalité est actuellement dotée de cinq stations de traitement des eaux usées, avec une capacité totale de traitement de près de 1,7 M de m3 par jour. Selon le Bureau pour la Protection de l’Environnement de Tianjin, en 2007 le taux de traitement des eaux usées pour la zone urbaine et les zones de développement a atteint 70%. L’objectif pour le 11e plan quinquennal est de 80%. Selon le BPE, les sites de traitement des eaux usées vont être agrandis dans les années à venir, ce qui devrait permettre d’améliorer la qualité des eaux traitées de catégorie II à catégorie I. Certaines zones périphériques ne disposent pas de stations de traitement et la construction de nouveaux sites est envisagée. En particulier on peut anticiper de futurs projets liés à la zone de développement industriel de Binhai qui accueillera complexe pétrochimique et industries lourdes. Des relations extérieures dynamiques Les échanges commerciaux sont en constante augmentation et sont passés de 71,6 milliards de dollars en 2007 à 80,539 milliards de dollars en 2008 (+12,6%), avec respectivement 42,229 milliards de dollars d’exportations et 38,31 milliards de dollars d’importations. Depuis 2006, Tianjin est devenue le quatrième port de plus de 100 milliards de dollars de marchandises transportées par voie maritime de Chine. En 2008, 163,102 milliards de dollars de marchandises ont ainsi transité par celui-ci, représentant en volume 356 millions de tonnes. La présence française y est déjà bien affirmée, 13 nouvelles entreprises ont été enregistrées en 2007, soit au total 170 entreprises françaises implantées : Gemplus, Beaufour Ipsen, Vivendi, Union

des entreprises françaises, Alstom, BNP Paribas, Crédit Lyonnais, Décathlon, Lafarge, Landis et Gyr communications, Nexans, Schneider, Sodexho, les chambres d’industrie et du commerce de Paris et de Marseille, Arte Charpentier, SG, Carrefour, Alcatel... Le groupe Lohr, spécialisé dans la fabrication de tramways, s’y est implanté et va équiper la première ligne de tramway de la ville. Airbus y a implanté 3 sociétés en novembre 2007

en coopération avec 2 sociétés chinoises. Veolia Transport va s’engager dans le programme de la construction et de la gestion du métro dans le nouveau district Binhai, Tianjin. Tianjin et la région Nord-Pas de Calais ont signé un accord de coopération qui s’est traduit en 1999 par l’ouverture d’un bureau de représentation de la région Nord-Pas-de-Calais à Pékin. Tianjin est jumelée à Lille.

L’équipe de la CCIFC Tianjin : (de g. à d.) Eric Bouteiller,Marie-Jeanne Tennant-Green, Marcel Gaborel et Pierre Lassalle autour de Mm. Lili Sun. 中国法国工商会天津办公人员:(从左 至右)Eric Bouteiller, Marie-Jeanne Tennant-Green, Marcel Gaborel et Pierre Lassalle围着孙丽丽

La CCIFC à Tianjin : un travail d’équipe Tianjin connaît un développement r ap i d e. Le g o u ver n em ent chin o is veut en faire la Shanghai de demain et la ville af fiche une croissance de l’ordre de 16% ces dernières années. Aujourd’hui, la CCIFC compte une vingtaine d’entreprises f rançaises adhérentes à T ianjin. L a Chambre e s t re p ré s e nté e su r p l a ce p a r u n co r re sp o n dant d ep uis 20 03. Er i c B o u te i l l e r ( I p s e n), a a i n s i m i s e n p l a ce l e s p re mi è re s a c t i o ns p o ur une communauté française et francophone qui s’es t p eu à p eu étoffée jusqu’à at teindre quelque 20 0 p er s o nnes en 20 0 9. D es liens ont progressivement été tissés entre les entreprises et les adminis tr ations lo c ales . Aujourd ’hui le b ureau de Tianjin, personnifié par Lili Sun, e s t a n i m é p a r u n e p e t i te é q u i p e

d e rep ré s ent ant s d e s o ci été s a d hérentes de la Chambre, ac tuelle ment constituée de Pierre Lassalle (Erasteel et correspondant CCIFC), Eric Bouteiller (Ipsen), Marie-Jeanne Tennant- Green (Crown), Marcel Gaborel ( Véolia). L’ac tivité du bureau consiste essentiellement en l’organisation de manifestations à l’intention de la communauté f r ançaise, l’organisation de sessions de formation, la par ticipation à des ac tions de recrutement ainsi que l’accueil et la conduite de délégations d’ent re p r is e s o u d e d ’é t a b l is s e m e nt s universitaires français et leur assistance dans les approches de l’administration et de par tenaires. Pierre L a ssa l le Contact CCIFC sunlili @ ccifc.org

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姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES Tianjin, la porte d’entrée de Véolia Environnement en Chine

L’institut sino-européen d’ingénierie d’aviation forme les futurs ingénieurs du secteur. 中欧航空工程师学院培养未来的航空工程师

Le village franco-chinois de l’aéronautique « A Tianjin, on baigne dans la haute technologie. » Dans la bouche de Michel Martin, ancien ingénieur de la Direction générale de l’aviation civile et co-directeur de l’Institut sino-européen d’ingénierie de l’aviation, la remarque prend un vrai relief. De fait, étant située au cœur d’une zone de 11 km 2 entièrement dévolue à l’aéronautique, l’école d’ingénieur se retrouve entourée de prestigieux voisins tels qu’Airbus, Eurocopter-Avicopter ou encore Zodiac. Ouverte en 2007, elle n’occupe pas encore ses locaux définitifs, un bâtiment dédié de 13 000 m 2 qui accueillera une soufflerie, ainsi que des laboratoires spécialisés dans la propulsion, les matériaux et structures, etc. Un investissement structurel entièrement assuré par les Chinois. Car ce sont bien les ministères chinois de l’Éducation et de l’Aviation civile qui ont sollicité les grandes écoles aéronautiques françaises1 pour « former une élite. Des ingénieurs polyvalents et cultivés qui participeront au prestige de l’Université d’aviation civile de Chine de Tianjin. » A partir de 2013, une centaine de diplômés sortiront de l’Institut chaque année. Des ingénieurs appelés à occuper 108

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des postes-clés dans les différents secteurs de l’aéronautique chinois, mais qui pourraient aussi intégrer les groupes comme Safran, Thalès et tous les industriels2 qui contribuent au budget de fonctionnement. Et ce, d’autant plus facilement qu’en complément du cursus, une année d’apprentissage de la langue française a été ajoutée. Une aubaine, tant il est vrai que « dans ces métiers, il est très difficile de trouver du personnel chinois sur-mesure. Or les perspectives de développement sont très prometteuses... » A la croisée des interactions entre industriels et universitaires chinois et français, l’institut est en train de devenir une sorte de « village, où les gens commencent à se connaître et s’apprécier. » Une bonne opportunité pour la représentation tricolore dans le domaine de l’aéronautique, car à long terme, « il est illusoire d’espérer maintenir une forte présence française en Chine. Par contre, nous pouvons y maintenir une forte influence. » M a n u e l R a m b au d École nationale de l’aviation civile ; École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique ; École nationale supérieure d’ingénieurs des constructions aéronautiques ; École nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace. 2 Airbus, Eads, Eurocopter, Safran, Thalès 1

« J’ai une tendresse particulière pour Tianjin, car c’est le point de départ de la Longue marche de Véolia en Chine. » Jorge Mora, son président pour l’Asie, se souvient des premiers pas du groupe en 1997 : la signature d’un gros contrat dans le secteur de l’eau signé avec le gouvernement municipal. Depuis, Véolia Environnement a parcouru un long chemin dans le pays, mais tout en conservant un fort point d’ancrage dans la mégapole côtière. C’est que « Tianjin est un excellent environnement pour les affaires. » Ville massivement industrielle, elle offre de nombreuses opportunités pour une entreprise spécialisée dans la dépollution. « Au bureau de l’environnement du gouvernement local, il y a une forte volonté politique en la matière. » Ce n’est donc pas un hasard si le groupe français y signe son premier contrat « déchets » en Chine. « Les gens de Tianjin avaient un projet de traitement de matières chimiques. Mais, ne sachant pas comment le développer, ils ont fait appel à Véolia. » Les négociations durent alors près d’un an. « Au début, il y avait des problèmes de compréhension. » Jorge Mora fait alors intervenir Zhou Xiaohua, « l’un de nos collaborateurs capables d’évoluer totalement entre les deux cultures. » Etablissant peu à peu une communication efficace, le contrat est alors rapidement signé. Depuis, la relation entre Tianjin et Véolia Environnement ne cesse de se renforcer. « Nos interlocuteurs ont toujours été extrêmement loyaux, et la bonne organisation administrative de la ville évite les complications bureaucratiques excessives. » Sur cette base de confiance, le groupe consolide peu à peu sa position, jusqu’à devenir leader dans le traitement des déchets et dans l’eau, avec de nouvelles stations de pompage, de filtrage et de distribution. Les effectifs comptent aujourd’hui plus de 600 employés à Tianjin et pourraient encore augmenter,


TIANJIN 天津 tant « les potentialités de développement sont importantes. » L’un des enjeux majeurs est désormais d’amorcer l’activité des divisions « transports » et « énergie », afin que la longue marche de Véolia en Chine se poursuive à bon train. »

Erasteel au plus proche de ses clients

personnalisation ». Des produits destinés notamment à des clients chinois de plus en plus exigeants en termes de qualité et « d’utilisation de matériaux nouveaux ». Pour faire face à ce défi de service à ses clients, Pierre Lassalle s’est entouré d’une équipe chinoise de plus de 70 personnes. Un recrutement qui lui a donné entière satisfaction : « Avec 11 millions d’habitants, la ville de Tianjin est un gigantesque vivier de talents... »

Ipsen grandit avec Tianjin

Dans l’usine de production de Tianjin. 法国钢铁巨 头埃赫曼集团在天津的生产厂

La création en 2006 d’Erasteel Innovative Materials, filiale chinoise d’Erasteel au sein du groupe Eramet, répondait à un double objectif : « D’une part, offrir à nos clients asiatiques des délais de livraison courts pour des produits d’une qualité égale à celle des produits issus de nos usines européennes et américaines ; d’autre part, accompagner le développement du marché asiatique de l’outillage haut de gamme », raconte Pierre Lassalle, le directeur général de cette entreprise qui transforme des alliages en provenance des sites de production européens du groupe, et en particulier des aciers dits « rapides » destinés aux industries de l’outillage de coupe. Aussi, l’implantation de son usine au cœur de la Zone de développement économique et technologique de Tianjin, caractérisée par une forte concentration d’industries mécaniques, a-t-elle bien répondu à ces impératifs d’efficacité. D’autant que « la situation géographique confère à la ville de grandes facilités logistiques d’import-export et de distribution à l’intérieur de la Chine. » Dans son bâtiment industriel de 7 000 m 2 , EIM produit des « barres, des fils ronds ainsi que des fils à section rectangulaire destinés aux diverses industries de l’outillage professionnel et se caractérisant tous par un haut degré de

Avec une quarantaine d’entreprises spécialisées, Tianjin est, de longue date, un bastion de l’industrie pharmaceutique en Chine. Aussi, l’implantation d’Ipsen en 1992 s’inscrit-elle dans un environnement professionnel propice. « Les ressources humaines disponibles y sont de bonne qualité, avec un système de formation efficace et un certain sens de la discipline », note Éric Bouteiller, le directeur des opérations en Chine. En installant sa base arrière à Tianjin, le groupe français profite également de la bonne position stratégique de la ville-province : « À l’époque, c’était l’un des six grands ports commerciaux ouvert à une activité comme la nôtre », et le seul qui présentait l’avantage de sa proximité avec Pékin, tout en coûtant « 15 à 20% moins cher en frais de fonctionnement ». Une situation géographique qui s’est depuis encore améliorée, avec la construction de « trois autoroutes reliant la mégapole à la capitale, ainsi qu’une liaison ferroviaire rapide qui place les deux gares à 35 minutes l’une de l’autre. » Ipsen a démarré à Tianjin en 1992 par la création d’un bureau de representation. En 1997, il s’associe avec Tianjin Pharmaceutic Group, l’un des leaders chinois du marché, pour passer à la vitesse supérieure avec la construction d’une usine de production. Certifications en main, les premières boîtes d’antidiarrhéique sortent en 2000. Il s’agit du Smecta, un produit qui connaît un franc succès commercial et devient la référence en Chine. « La création de Beaufour Ipsen (Tianjin) pharmaceu-

tical Co., Ltd. nous a permis d’améliorer notre capacité de pénétration de ce segment de marché, et de mieux nous adapter à la réglementation chinoise. Le fonctionnement de la joint-venture est efficace, car les rôles de chacun y sont bien établis », explique Éric Bouteiller. Et de souligner les qualités d’ouverture des gens de Tianjin. « Ce n’est pas à proprement parler une ville internationale, et pourtant, du fait de son passé colonial, elle a une tradition de contact avec l’étranger. » Et s’il admet que Tianjin n’est pas au niveau de Pékin en termes de loisirs et de culture, c’est pour préciser aussitôt qu’il y a une forte volonté du gouvernement national et municipal, de développer Tianjin, de lui faire faire un « saut qualitatif ». Dans les infrastructures associées aux activités industrielles et commerciales bien sûr, mais aussi dans l’environnement urbain. « Avec la mise en valeur du patrimoine architectural par exemple, en particulier autour des concessions où les quartiers sont reconstruits, mais encore avec l’aménagement des berges de fleuve Haihe. » Dans cet environnement dynamique, « le taux de croissance d’Ipsen en Chine est supérieur à celui du groupe à l’échelle mondiale ». Une courbe ascendante qui imite celle que connaît actuellement Tianjin.

M a n u e l R a m b au d

Ipsen a choisi Tianjin, le bastion traditionnel de l’industrie pharmaceutique en Chine. 法国益普生集团选择了天津这一中国制药工业 的传统桥头堡。

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旅游 TOURISME

老证券交易所

Vieille Bourse

欧洲文化之都—里尔 里尔在历史上就曾经是佛兰德斯(Flandre)地区的首府,2004年更是当之无愧地荣 膺“欧洲文化之都”的美称:里尔既拥有法式的优雅,又充满生机、热情好客;里尔的历 史可以追述到中世纪时期,这里不仅有欧洲最美的古城,还保留了丰富的建筑和艺术 文化遗产。令里尔蜚声国内外的有每年9月份举办的大型旧货集市,还有当地丰富多彩 的庆典活动以及夜生活。里尔的老城中心经过精心修缮后已经重新焕发出夺目的光 彩,随处可见的17和18世纪古迹和风格迥异的私家庭院,砖块和石雕的混合使用更显 出当地建筑风格的独特之处。倘若您到精美华丽的美术馆游览一番,就更能 体会到徜徉于文化海洋里的那份惬意与满足。

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本专栏内容由米其林旅游出版公司提供


里尔欧洲火车站

适宜漫步的城市 从20世纪70年代起,里尔就对旧城 区保留下来的17和18世纪的古建筑外表 进行了重新修缮,让它们重现昔日光彩。 刮去涂料后的外墙突出了独特的砖块和石 雕混合的里尔风格。许多街区的外表焕然 一新,吸引了大量奢侈品店、装潢店和古 董商前来落户。步行游览的路线最好从大 广场(Grand’Place)(也被称为戴高乐广

La gare de Lille-Europe

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Lille 里尔

圣莫斯教堂

Eglise St-Mauric

每天还会举办一场小型旧书交易。

城市简介 面积: 39.5 平方公里 人口:22.6 万 旅游服务中心网址: www.lilletourism.com (英语和法语) 交通:从巴黎往返里尔极为便利:巴 黎开往里尔的高速火车(TGV)每小时 1班,全程只需1个小时,一日之内往 返轻而易举。

穿过大广场后展现在人们面前的就 是里尔老城区,沿着小巷穿行,两旁随处 可见各种精美的特色小店。街道的名称也 是五花八门,经常能见到一些令人摸不 着头脑的名字,比如像驼背猫街(ChatsBossus),据说来自以前这条街上的一家 皮革商店名。这条街上还有一家海鲜水产 店,店铺外面的装饰艺术风格特别引人注 目。穿行在大街小巷之间,只要不经意地

场)开始,那里的咖啡馆和餐厅专门在店

一抬眼,就能发现房子的屋檐上到处布满

外摆放了许多露天桌椅。只要是有阳光的 日子,人们都会在这里喝东西晒太阳。所

大广场其实是法国北部和比利时等

了海豚、麦穗、棕榈等自然景物的雕饰。

以您一定要入乡随俗,到此小坐片刻。如

地典型的城市广场:广场周围环绕着高大

在老街巷、特色店和装饰的映衬下,里尔

果拿不定主意喝点什么,不妨尝尝一些酒

笔直的楼群,楼的外表铺以搭配和谐的

的老城区仿佛是一件精美的首饰。

馆里自酿的啤酒:有金黄色的、琥珀色的

砖块和石雕,窗框四周装饰着精致的雕刻

甚至乳白色的,每一种啤酒都各具特色、

花叶图案。广场的一角坐落着堪称经典建

埃斯凯穆瓦兹街(Rue Esquermoise)上

风格迥异。虽说啤酒是法国北部非常常见

筑作品的老交易所(Vieille Bourse)。它始

有一家里尔历史最悠久的(始于 1761年)

的传统饮料,但游人们还是可以在里尔享

建于1653年,外表装饰极其绚丽,是当时

小店--米尔特糕点房(Meert)。走进这

受到一项难得的特权— —亲眼目睹啤酒

里尔的商人们从事各种大宗商品交易的重

家充满新艺术风格装饰的小店,您一定

的酿制过程。

要场所。交易所的内院免费向游人开放,

要尝尝店里的招牌——马达加斯加

•••

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旅游 TOURISME •••香草蜂窝饼,因为这些点心不管是糖

的药品柜、小口酒壶、内衣等都是按照当

站),一定不要忘了去看看著名的“游泳

心还是香草口味的都是那么香甜可口。当

年的模样布置。

池” ···原来,工艺美术馆(musée d’Art

然,您还可以来上一块糖渍蛋塔,那可是

圣莫里斯教堂(église  St-Maurice)由

et d’Industrie)所在的建筑是由一座上世

喜欢甜食的老饕们的最爱。

5个高度相同的大殿组成,是哥特式教堂

纪30年代的高级泳池改造建成,堪称真

里尔城里随处都可以感受到北方城

的杰出代表作。左侧假耳堂的偏祭台摆

正的装饰艺术精品。现在我们依然能看到

市具有的热烈氛围,不过还是要给您稍

放着一尊覆盖着丝绒外套的耶稣悲悯塑

原来的大水池,只不过游泳的人早已被前

微提个醒:如果您有机会赶在9月份的第

像(Christ de Pitié)(16世纪),被尊称为

来参观的游人所代替。在这里可以欣赏到

一个周末到里尔,那可一定不要犹豫,因

《鞭刑下的耶稣》。

当地艺术家的作品和靓丽的纺织精品(法

为此时正好能赶上里尔的周末大型旧货

另 外 ,里 尔 在 1 7 世 纪 时 还 是 著 名的

国北部素以拥有众多知名服装厂著称)。

集市— —绵延几千米的人行步道全都被

防 御要塞 ,但 如 今只剩下了一座 城 堡

由于Roubaix地区一直承担着大型

商贩和游人挤得水泄不通。热闹的场面自

(citadelle)。它由设计师沃邦(Vauban)

纺织品交易中心的重任,建议您不妨到

然少不了,尤其是在自由大街(Liberté)

负责建造,是路易十四在攻下里尔后完

这一带的工厂直销店去淘宝,感受一下

与让-巴蒂斯塔-勒巴大街(Jean-Baptiste-

成的第一个大型工程。整个工程雇用了

国际品牌折扣店的魅力— —以很低的

Lebas)交汇的里乌尔广场(Rihour)步行街

2000名工人,耗时3年(1667-1670)才最

价钱 买到许多大 牌服 装 。最方便的地

一带更是盛况空前。每到这时候,所有餐

终完工。整个建筑群由5座碉堡加上5座

点位于McArthur  Glen购物中心(乘地

馆和咖啡店都会只提供北方人喜爱的快餐

半月堡组成,前面是引入德勒河(Deûle)

铁2号线在Roubaix-Téléport下车)。不下

美食——淡菜(贻贝)薯条,而在它们的

水后形成的壕沟,保护着这座真正的城

50家店面里总共销售85个国际知名品牌

店门口往往能看到堆成一座座小山似的淡

中之 城。如果要出城游览,首选的交通

的服装,折扣在市场价的7至5折之间。

菜壳。这可是在法国其它地方都见不到的

工具就是地铁。里尔地铁是世界上第一

一道独特风景。

条完全自动化的地铁,是参观游览的好

美食天地

去处。而且,您一定要在有些车站停下

餐馆

脚步,好好欣赏那些著名艺术家和建筑

Les 3 Brasseurs - 地址:22 pl. de la Gare,

您要是不巧在里尔赶上下雨天,可以

师精心 设 计装饰的作品,比如 摆放在

就在Lille-Flandres火车站对面。

选择一些别的游览项目,艺术馆和古迹当

Porte de Valenciennes车站的凯撒雕塑,

走进 这 家已经成为当地招牌店的啤酒

然是不错的主意。

République车站的美术馆复制艺术品。

屋,扑面而来的是浓浓的啤酒花香。摆在

不可错过的景点

美术馆(musée des Beaux-Arts)是一定

艺术之都

柜台后面的酒桶随时都可以为顾客现场

不能错过的。美术馆占地达2.2万平米,

离里尔不远,只要乘地铁就可以游览

压出总共四种口味的新鲜啤酒。不管您

收藏着许多绝无仅有的精品:包括16至

到不少非常有意思的博物馆,下面介绍的

是想浅酌小饮还是想美美地饱餐一顿,

17世纪的佛兰德斯陶瓷、雕刻和绘画,

就是其中的两座。

都可以从充满当地特色的法兰库奇饼

17世纪的荷兰绘画,17至19世纪的法国

首先是位于Villeneuve-d’Ascq的现代

(Flammekueches,用洋葱、熏肉和鲜奶

绘画(其中就有德拉克洛瓦Delacroix和库

艺术馆(musée d’Art moderne)(乘地

油做成的饼)、酸菜猪脚和其它小菜中找

尔贝Courbet的画作)以及印象派绘画(西

铁1号线在Pont-de-Bois车站下车,然后换

到自己中意的选择。

斯莱Sisley、雷诺阿Renoir、莫奈Monet和

乘41路公共汽车在Parc  Urbain-Musée站

Le Bistrot des Brasseurs - 地址:20 pl. de

维亚尔Vuillard)的作品,还有一些当代

下车)。

la Gare - 电话: 03 20 06 37 27

艺术的代表作(莱杰尔Léger、格罗梅尔

是建筑外观都有不少可圈可点之处。展品

这家特色餐馆从1928年开业至今,名气一

Gromaire、波利亚科夫 Poliakoff等人)。

涉及的艺术家包括布拉克(Braque)、毕

点不亚于边上的Les 3 Brasseurs。大堂酒

伯爵夫人济贫院(Hospice Comtesse)

加索(Picasso)、卡尔德(Calder)、费尔

桶里的啤酒都是从里尔当地的啤酒厂直

曾是当地的济贫慈善院,目前是一座专门

南·莱热(Fernand Léger)、莫迪里阿尼

接送达。店内的装饰风格类似北方的咖啡

展示法国北方地区艺术和传统的艺术馆,

(Modigliani)、康定斯基(Kandinsky)、

馆,非常温馨。菜品以当地特色菜为主。

非常值得一看。重建时采用原来的家具和

保罗·克利(Paul Klee)、尼古拉·德·斯塔

T Rijsel (Estaminet) - 地址: 25 r. de

摆设对古建进行了复原,比如厨房就重新

尔(Nicolas  de Staël)等人,无一不是令人

Gand – 电话: 03 20 15 01 59 您一定要

铺上了产自荷兰和里尔当地的蓝色彩陶,

仰慕的名师大家。随后我们来到Roubaix(

去这家周围遍布餐馆的街边咖啡馆坐坐。

房间里的内衣柜、书桌、烛台、带有加热炉

位于地铁2号线的Roubaix-Grand-Place车

店里以佛兰德斯风格为装饰的主调,墙上

112

Connexions / novembre - décembre 2009

这座艺术馆无论是馆藏作品还


Lille 里尔 的老照片、招贴画和广告盒,还有贴在小 学生作业本上的当地地图,都是吸引顾客 驻足的地方。 Aux Moules – 地址:34 r. de Béthune 电话: 03 20 57 12 46 特色和招牌就是淡菜(贻贝),当然也有 其它佛兰德斯特色菜可供选择。她位于一 条热闹的步行街上,内饰保留了上个世纪

French Chamber of Commerce and Industry in China 2009-2010 Directory

30年代的风格,来这里就餐的都是些回 头客,是里尔不能错过的餐馆之一。 住宿 Chambre d’hôte B & B 地址:78 r. Caumartin – 电话:03 20 13 76 57 – 共有3个房间

ANNUAIRE CCIFC 2009-2010 Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine

邮箱:ChezBandB@wanadoo.fr 店名里的B & B相当于英语的Bed and Breakfast,表示含早餐的旅馆,但同时也 是现任店主夫妇(Béatrice和Bernard)名 字的首写字母。房子始建于19世纪的拿破 仑三世统治时期,后来经过重新装修和 布置,感觉非常舒适。目前只提供不吸烟 房间。其中有两套还带有私密性很强的阁 楼。客厅完全保留了19世纪的风格,显得 温馨淡雅。早餐厅朝向花园。 Hôtel Brueghel – 地址:5 parvis St-

Exposition universelle Shanghai - 2010

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Maurice – 电话:03 20 06 06 69 – 邮箱: hotel.brueghel@wanadoo.fr – 共有66个

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Les anciens du peuple Naxi partagent leur amour de la danse a Lijiang (Yunnan)

Une femme entrepreneur chinoise sur la scène internationale

© DR

Mei Zhang, une passionnée d’écotourisme Couronnée de récompenses en cette année chinoise de l’écotourisme et du développement durable, Mei Zhang, la fondatrice de WildChina, impose sa vision du tourisme et poursuit avec assiduité le développement d’un tourisme écologique et responsable dans son pays.

En cette année 2009, Mei Zhang a accumulé les récompenses et gratifications de la part des grands ténors de l’industrie du tourisme mondial. Sa compagnie WildChina a été nommée par les éditeurs du magazine National Geographic Adventure, comme l’une des meilleures agences de voyages d’aventures dans le monde et la meilleure en Chine. Mei, elle-même, vient d’être sélectionnée sur la liste A+ des meilleurs agents de voyages du monde par le sélect magazine Travel & Leisure, 114

Connexions / novembre - décembre 2009

véritable académie des grands professionnels du voyage. Elle a de plus été nommée comme juge pour décerner le prix 2010 du « Tourism For Tomorrow », organisé par le World Travel & Tourism Council qui vise à récompenser les meilleures réalisations en tourisme responsable au sein de l’industrie mondiale du voyage et du tourisme. Première Chinoise honorée comme expert en tourisme Mei Zhang est la première personnalité

© DR

中国旅游 TOURISME CHINE

翩翩起舞的云南丽江纳西族老人

chinoise à être reconnue comme expert en tourisme en Chine par les professionnels internationaux. Son engagement profond dans le tourisme responsable, la protection des sites naturels et le soutien aux traditions des communautés locales, ainsi que son enthousiasme pour partager les richesses étonnantes de la culture chinoise inspirent aujourd’hui non seulement des voyageurs du monde entier, mais aussi de nombreux individus sur le terrain, dans les milieux académiques ou politiques qui sont confrontés aux problèmes cruciaux de l’environnement en Chine. Comme Mei l’affirme elle-même, cette présence sur la scène internationale lui donne aussi l’occasion de faire connaitre la grande diversité et beauté de son pays. Son entreprise est née de ce souci : partager, avec les voyageurs, sa passion de découvrir le pays hors des sentiers battus et de vivre une Chine autrement. Entrepreneur et visionnaire Son histoire étonnante ressemble à celle d’autres jeunes entrepreneurs chinois


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Lijiang 丽江

Charmant accueil des jeunes femmes des minorités du Guizhou.

brillants. Fille d’un électricien et d’un professeur, Mei est née à Dali, charmante ville qui s’étire le long du lac Erhai dans le Yunnan au milieu de la culture ancestrale des Bai. Après des études en anglais à l’université de Kunming, elle travaille comme interprète, notamment pour un banquier thaïlandais qui lui offre une bourse pour étudier aux Etats-Unis. Munie d’un MBA de l’Université de Harvard, elle revient en Chine et est embauchée par McKinsey à Hong Kong, comme consultante en management. À la surprise de ses employeurs, elle demande six mois de congés sabbatiques pour voyager en solo, sac à dos, en Afrique, dans les parcs, sur les chemins de brousse, puis dans son pays, sur la Route de la Soie, au Tibet. Elle reprend ses activités comme consultante et fait une enquête pour l’association The Nature Conservancy destinée à développer le tourisme dans la province du Yunnan, tout en protégeant des zones de biodiversité exceptionnelles, des appétits des promoteurs immobiliers. Là, elle prend conscience des dangers du

tourisme de masse et du faible soutien donné au voyageur qui veut sortir des sentiers battus. Elle quitte son confortable job chez McKinsey et monte sa société WildChina en août 2000, sur un modèle d’entreprise encore unique dans l’industrie du voyage en Chine. Utilisant l’Internet comme plateforme, elle crée un réseau de guides et de fournisseurs locaux à travers tout le pays, les encourageant et les entraînant à servir un public international exigeant, dans les coins les plus reculés. Elle établit des codes de conduite pour les guides et les chauffeurs, interdisant d’accepter des commissions dans les magasins et restaurants, de s’arrêter dans les attrape-touristes le long du chemin et leur apprenant à être au service du client. Tout un programme d’éducation et d’apprentissage de nouvelles habitudes de travail qui demande des efforts considérables. Un tourisme responsable en Chine Depuis son origine, WildChina implique les communautés locales dans les programmes de tourisme responsable et de dévelop-

贵州少数民族少女热烈迎接八方来客

pement durable. Mei Zhang et son équipe encouragent les villageois à transformer leur maison en maison d’hôtes ou ecolodge, les forment aux standards internationaux tout en protégeant les traditions locales ; ils établissent des camps d’été dans des vallées perdues, initient des jeunes nomades à gérer un camp fonctionnant à l’énergie solaire, à monter des tentes et préparer des diners gourmets avec les ingrédients trouvés sur les plateaux, et encouragent les rencontres des voyageurs avec les anciens qui transmettent leur savoir de leurs traditions. L’équipe, en lien étroit avec le World Wildlife Fund (WWF), enseigne au personnel le respect des réserves naturelles et les pratiques écologiques « qui ne laissent rien derrière elles ». L’entreprise de Mei est un modèle de pratiques de développement durable et d’écotourisme, présenté chaque année, au printemps, à des étudiants de MBA de l’université d’Harvard où WildChina fait l’objet d’études. V é ro n i qu e d ’A n t r a s www.wildchina.com

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© DR

© DR

协会 associations

Créé par un couple de Français, Bethel Chine a ouvert un centre d’accueil pour 70 enfants, dans la banlieue de Pékin. 济慈之家是由一对法国夫妇创办,在北京郊区开设了盲童之家,接收了70多名视障孤儿。

Béthel forme les orphelins non-voyants Naître non-voyant en Chine signifie souvent avoir devant soi un destin malheureusement tout tracé. Pour des milliers d’enfants, le handicap mène à l’abandon par des parents pris entre la contrainte de la politique de l’enfant unique et la nécessité d’avoir un descendant capable de les entretenir pendant leur vieillesse. Rejetés par leurs proches, ils finissent bien souvent dans des orphelinats et, pour les plus chanceux, à Pékin, au centre d’accueil de l’association Bethel, une des ONG les plus actives dans le soutien aux enfants aveugles. Fondée en 2002 par un couple de Français, Guillaume et Delphine Gauvain, Bethel a fait de la lutte contre la solitude, la pauvreté et les maltraitances son objectif principal à travers un projet nommé « L’amour est aveugle ». Dans la banlieue de la capitale chinoise, sur une surface de dix-sept hectares, l’association a construit un centre d’accueil constitué d’une école, d’un dortoir et d’une ferme. A l’intérieur, les fondateurs de Bethel offrent du soutien et une éducation à prés de 70 enfants, tout en s’occupant à des travaux de ferme : faire pousser les légumes, élever les poulets et récolter les œufs pour l’ensemble de la petite communauté. Les enfants sont accueillis dans sept maisons 116 Connexions / novembre - décembre 2009

où ils sont suivis 24 heures sur 24 par des instituteurs professionnels formés par le centre qui s’évertuent à recréer une véritable ambiance familiale. Tout comme dans une famille, les petits apprennent à s’intéresser à un métier et peuvent choisir une activité : l’agriculture, le jardinage, la traduction ou encore la musique. « C’est après avoir accueilli notre fils adoptif que nous avons cherché à aider plus d’enfants », explique Guillaume Gauvain, le père de famille, « Il y a aussi le désir de fonder un projet pionnier visant une population ne recevant quasiment aucune aide ». En fait, les enfants de Bethel arrivent ici principalement grâce au bouche-àoreille. « Les orphelinats entendent parler de nous par des amis ou à travers de stages de formation nationaux », précise le fondateur français. L’association se consacre tout autant à faire changer les mentalités et la perception du handicap, encourage une meilleure reconnaissance sociale de l’enfant aveugle. Chaque année, les instituteurs de Bethel forment le personnel de nombreux orphelinats d’Etat, ce qui permet à l’établissement de toucher un nombre encore plus important d’enfants. La dernière formation en date a été lancée en septembre dernier. Il s’agit soit d’apprendre le Braille dans 500 orphelinats

nationaux et de permettre ainsi à plus de cinq mille enfants d’obtenir un accès direct à l’information via un Internet adapté à leur handicap. A travers ces collaborations avec des orphelinats entièrement gérés par l’Etat, l’association est également qualifiée pour préparer les mineurs destinés à l’adoption, une démarche qui se fait toujours par l’intermédiaire des agences publiques. Pourtant, malgré les succès et l’engagement à long terme, et comme toutes les associations, Bethel n’a pas la vie facile. « Bethel est enregistrée dans bon nombre de pays en tant que fondation, association ou autre, selon les législations locales en vigueur. En Chine nous ne pouvons fonctionner que via un partenariat avec la China Association of Social Work Children’s League », une émanation étatique. Tous les ans, Bethel a besoin de 360 000 dollars pour continuer à exister, des fonds jusqu’à présent récoltés uniquement grâce à des dons privés. L’amour est aveugle dit-on, mais Bethel espère néanmoins que les institutions chinoises ouvriront rapidement les yeux sur ses activités et proposeront des solutions pour assurer sa survie. A ntoni a Cimi ni www.bethelchina.org


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magazine de la

Chambre

de

Commerce

et d’Industrie

Française

en

Chine

中 国 法 国 工 商 会 双 月 刊

dossier

Un autre regard sur la Chine d’aujourd’hui 另一种角度看当代中国

enfants, agroalimentaire, responsabilité sociale, environnement, culture chinoise

A retourner à : Service Publications - CCIFC. 6/F, Area B, Novotel Xinqiao Beijing, 2 Dongjiaominxiang, Dongcheng District, 100005 Beijing, P.R.China Fax : (010) 65121496 Nom.......................................................... ...................................................................... Prenom............................................................................................. Adresse............................................................................................. Code  postal....................................Ville.......................................

q CHINE : Oui, je m’abonne à Connexions pour 5 numéros (1 an) à envoyer à l’adresse ci-contre. Prix : 300 RMB (frais de port inclus). • En Chine (règlement en RMB) : Chambre de Commerce et d’Industrie française en Chine Industry & Commerce Bank of China China World Tower Office Dept., China World Tower 1, Jianguomenwai Dajie, Chaoyang District, Beijing 100004 N° 02000 41609014414080

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文化 CULTURE

Elisa Haberer, Je et les autres Jeune photographe de presse, Elisa Haberer vit et travaille à Pékin. Ses récents travaux interrogent l’art du portrait, la représentation

© Elisa Haberer

et l’image de soi.

La jeune cinéphile qui claquait tout son argent de poche dans les salles obscures, a un jour résolument opté pour la photo « un médium plus pratique et plus simple », synonyme d’autonomie et de liberté. Son goût du cadre et de la lumière se double d’un intérêt pour l’économie et la sociologie, elle veut « raconter des histoires en images ». Diplôme en poche, elle a 22 ans en janvier 2000, quand elle prend un aller-simple pour Bombay. Elle se fixe un but « devenir photographe de presse » et se fait une promesse « être à Sidney pour les JO ». Depuis l’Inde, elle rayonne dans toute l’Asie du Sud-Est et gagne Sidney où elle décroche son premier « travail officiel » : sa série sur les jeux paralympiques est publiée dans le Sydney Morning Herald. A son retour en France, un an plus tard, avec « une tonne de pellicule », elle demande un rendez-vous à Christian Caujolle, directeur de la célèbre agence photographique Vu. Elle voudrait partir en Corée

118

Connexions / novembre - décembre 2009

du Sud d’où elle est originaire et où elle n’a jamais mis les pieds. Vu n’a pas de correspondant à Séoul, Caujolle lui propose la place, elle repart aussitôt. Elle rentre en France l’année suivante, dans un contexte tendu : Caujolle n’a pas de poste disponible et l’agence Sygma vient d’être rachetée par Corbis, la banque d’images contrôlée par Bill Gates. Mais l’agence américaine, qui cherche des jeunes, donne carte blanche à Elisa. C’est dans ce contexte, qu’à l’automne 2002, elle part pour son premier reportage en Chine, un sujet sur les inondations à Changsha pour Géo Allemagne. Elle arrive à contretemps, en pleine décrue, mais conquise par le pays et ses habitants. Elle reviendra, c’est certain. Mars 2003. La guerre en Irak éclate, Elisa veut y aller. Mais Corbis refuse de financer un séjour jugé « trop coûteux ». Peu de temps après, elle devient indépendante et, au début de l’année 2005, elle choisit Pékin,comme camp de base. Très vite, Le

Monde, Géo, L’ équipe magazine et bien d’autres médias lui prennent des sujets ou lui passent des commandes. C’est dans le genre du photo-documentaire qu’elle s’illustre. Dans la lignée de Dorothea Lange et de Walker Evans, ses « maîtres », elle tente de capter l’humanité dans ses problématiques sociologiques. Sa fresque sur le sport en Chine publiée par le magazine L’Equipe pendant les Jeux, présente une galerie de portraits, des hommes et des femmes, des jeunes et ds vieux, des professionnels et des amateurs. Derrière les rites et les pratiques se révèlent notamment la nécessité de se maintenir en bonne santé liée aux faibles revenus et à l’absence de système de prise en charge, aussi bien que l’émergence d’une société de loisirs. Souvent, c’est à travers une histoire particulière, qu’elle rend compte du sort de toute une partie de la population. On la suit dans la tournée quotidienne du Docteur He, « médecin aux pieds nus », sur les routes de campagne dans le nord du


Le photographe à la une

封面摄影

© Elisa Haberer

« Wang Keyu », série MebyYou. à gauche, le choix de la photographe, à droite, le choix du modèle. Ci-dessous : Elisa Haberer.

Sichuan (Le Monde 2), ou plusieurs jours dans un village de l’Anhui pendant les préparatifs du mariage arrangé entre Ding Zhifa et Cai Xingui, deux jeunes migrants rentrés au village pour la cérémonie avant de repartir travailler à Pékin (Géo Magazine). Plus récemment, elle nous entraînait dans un road-movie en pays Kham avec une « Traversée risquée du Tibet oriental » (Géo). Elle dit ne pas se sentir « photographe de rue », ses projets et ses envies se construisent au fil de ses lectures et de ses rencontres. Elle a actuellement en tête un travail sur la classe moyenne. Depuis plusieurs mois, c’est une réflexion sur l’image de soi et le portrait qui la mobilise, un genre photographique récurrent dans son parcours. Son mémoire de maîtrise portait sur la photo de famille et elle a publié plusieurs portraits, d’artistes pour la plupart : ceux des écrivains Ma Jian et Mu Zimei, celui du rocker légendaire Cui Jian, entre autres.

“别人眼中的我”作 品系列,左页为摄 影师挑出的图片,右 页为拍摄对象挑出 的图片 下图:摄影师海清

Intitulée « MebyYou» (Moi par l’autre), sa dernière exposition présente un travail d’un genre nouveau, une sorte de « portrait interactif ». La photographe a demandé à différentes personnes (de l’ambassadeur de France en Chine, au couple qui tient le pressing en bas de sa rue) de poser pour elle dans un studio. Après la séance de pose, chacun, photographe et modèle, a fait son choix parmi cinq clichés. La série de cinq est présentée, puis les deux photos sélectionnées sont exposées côte à côte, en grand format. Un jeu de décalage ou similitude naît qui déclenche toute une série de questions : que s’est-il passé pendant la prise de vue qui a fait tant rire celle-là ? pourquoi celui-ci a-t-il choisi une représentation de lui-même si conventionnelle et, tel autre, au contraire, si inhabituelle ? y-a-t-il une photo plus révélatrice que l’autre ? pourquoi et comment les corps et les visages expriment-ils des émotions si différentes d’une seconde à l’autre ? qui sommes-nous vraiment ?

Se dessine des portraits multiples, doublés du sentiment, pour le spectateur, d’entrer dans les coulisses du studio et d’entr’apercevoir le lien particulier qui a réuni, le temps d’une pose, l’artiste et son modèle. Avec ce travail, E. Haberer revient à l’essence de la photographie et nous rappelle que le génie propre de cet art est un certificat de présence à un instant « t ». « La photographie ne dit pas (forcément) ce qui n’est plus, mais seulement et à coup sûr ce qui a été » écrivait Roland Barthes dans La Chambre claire. L’exposition, inaugurée au Village (Sanlitun, Pékin) le 19 décembre, tournera en Chine lors du prochain festival Croisements et des partenaires en France sont intéressés. A ne pas manquer.

S o ph i e L av e rg n e

www.me-by-you.com www.elisahaberer.com

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Jean-Marie Gustave Le Clézio (au centre) et Dong Qiang (à g.), professeur à Beida et président du jury du prix Fu Lei.

© DR

文化 CULTURE

2008年诺贝尔文学奖得主勒克莱齐奥(中)和北大教授、 “傅雷翻译出版奖”评委会主席董强(左)

« Je ne suis pas un tambour qui annonce, mais un tambour qui vibre » Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008, était en visite pour quelques jours à Pékin à l’occasion de la remise du prix Fu Lei pour la traduction. Au Centre culturel français de Pékin, il a accepté de répondre aux questions des journalistes chinois et français. Voici quelques extraits de cette conférence. Question : Vous arrivez des jardins du vieux Palais d’été. Pourquoi avoir choisi de lui rendre visite ? Jean-Marie Gustave Le Clézio : Je suis très sensible aux côtés tragique, nostalgique et poétique de ce parc qui évoque pour moi les ruines de Rome, dessinées par les premiers voyageurs du XIXe siècle. Ce parc parle de la puissance de la Chine et des tragédies qui sont venues à bout du pays. Question : Vous êtes venu plusieurs fois en Chine. Quel est votre regard, votre jugement sur son développement ? J-M G Le C.: Je suis venu en Chine pour 120

Connexions / novembre - décembre 2009

la première fois il y a 20 ans. J’ai visité Pékin, Xi’an, Wuhan, Shanghai. J’étais étonné de voir que Pékin était encore traditionnel alors que Shanghai était un vaste chantier. J’ai observé la juxtaposition de deux Chine. A la campagne, il y avait très peu de machines à moteur ; la vie était encore très archaïque, mais coexistait déjà avec un développement très rapide. Le progrès de la Chine a été trop fulgurant (technique, communication, relations humaines) pour être pensé. La société est passée de façon brutale d’une société presque tribale à une société avec des fa-

milles réduites et peu de contacts entre les hommes. La réalité chinoise est en avance sur l’esprit. Je ne pose pas de jugement. Je ne connais pas assez la Chine. Je suis un observateur du pays à la fois émerveillé et inquiet. Question : Quelles réactions provoquent chez vous les progrès de la modernité, de l’urbanisation, de la virtualité en Chine ? J-M G Le C. : Je ne refuse pas la modernité. Nous n’avons pas le choix. On ne peut pas vivre dans une île. Et, même dans une île, on n’échappe pas aux déchets


Littérature 文学 qui reviennent par la mer. On ne peut pas pouvoir rééditer un manuscrit après trabénéficier des avantages de la modernité duction. Il serait meilleur. (progrès médical, communication) et refu- Question : Etes-vous inspiré par la ser le développement. Nous sommes obli- Chine ou l’Asie en général pour un progés d’être ensemble et d’avoir une attitude chain roman ? cohérente. Le développement fait partie du J-M G Le C. : Oui et non. Je ne suis pas génie humain. On ne peut inspiré par des pays, plutôt pas condamner ceux qui « En Chine, la par des situations ou des tentent de se développer littératures. J’ai eu envie modernisation pour sortir de la pauvreté. d’écrire des histoires à parest si rapide Je n’accepte donc pas les tir de la lecture de romans que la réalité jugements simplistes. de Laoshe ou de Luxun. A Pékin, je suis frappé par est en avance J’ai commencé à écrire des l’audace de l’architecture, sur l’intellect. contes futuristes inspirés de la communication. En Le changement par Pékin ou Séoul parce même temps, on sent une est difficile à que ce monde est très en peur de voir disparaitre la penser. Il faut avance, presque utopique. société ancienne. C’est un rester humble. » Je me sers de ces villes comdéfi. En Chine, la moderme d’un décor. nisation est si rapide que Question : Qu’est-ce qui la réalité est en avance sur vous touche dans l’œuvre l’intellect. Le changement de Laoshe ? est difficile à penser. Il faut rester hum- J-M G Le C. : Je suis un grand amoureux ble. de Laoshe. Pour au moins deux raisons ; J’ai aimé Still Life (Sanxia haoren), le film la première est assez romantique. Comme de Jia Zhangke qui relate l’histoire du bar- moi, il est membre d’une tribu en voie rage des Trois gorges. C’est un exemple de d’extinction (Vanishing Tribes) les Mandprogrès technique et de tragédie pour les chous pour lui, les Mauriciens pour moi. gens qui habitaient ces endroits, une erreur J’ai aimé aussi sa description de la vie de humaine et technique. Au Canada aussi, Pékin dans les années 30 : les moments Hydro-Québec a construit des barrages intimes de la vie de famille dans une cour qui risquent d’anéantir la nation Inuk. (Quatre générations sous le même toit,), les Certaines prouesses techniques provo- conflits de générations... C’est un grand quent de grandes tragédies humaines. Il roman d’apprentissage de la vie urbaine. faut éviter les dégâts. Question : Etes-vous intéressé par des Question : En tant qu’écrivain vous êtes philosophes et lesquels ? très sensible à la langue. Que vous ins- J-M G Le C. : Je suis surtout intéressé pire la langue chinoise ? par les philosophies orientales. Dans les J-M G Le C. : Je suis toujours émerveillé manuels de philosophie de mes études, il en Chine par la langue chinoise monosyl- y avait des chapitres distincts : psychololabique qui permet des rencontres hasar- gie, morale, esthétique et… philosophies deuses entre sons, des juxtapositions qui orientales. Mais on nous expliquait bien, sont une merveille pour l’esprit occidental. en début de manuel, que les philosophies Je demande toujours le sens des noms pro- orientales ne pouvaient pas être appelées pres. J’ai gardé cet émerveillement d’en- philosophie. Cela m’a donné envier d’en fant devant la sémantique de la langue lire. J’ai lu les Upanishad, témoignage du chinoise. monde sanscrit qui avait précédé le mode Question : Vous avez été traduit en grec et latin, Aurobindo qui a adapté le chinois (Le procès verbal, Ourânia, vedânta indien au monde moderne, le Raga, Ritournelle de la faim). Com- philosophe Nishida Kitarô qui a écrit sur ment s’est passé ce travail de traduc- la transition entre le monde oriental et oction ? cidental. Jeune, je me sentais plus attiré J-M G Le C. : Ma correspondance avec par les philosophies orientales que par la le traducteur a été très utile. J’ai parfois philosophie occidentale à laquelle je ne dû corriger des imprécisions. Il faudrait comprenais pas grand-chose.

Le prix Fulei Le 6 décembre dernier, Jean-Marie Le Clézio, remettait le Prix Fu Lei , qui récompense, pour la première fois, la meilleure traduction d’un livre de langue française publié en Chine. Ce prix, attribué par un jury franco-chinois présidé par Dong Qiang, professeur de littérature française à l’université de Pékin , vise à encourager la traduction, « un acte de vénération, d’amour, de partage », selon les mots du Prix Nobel 2008. Deux lauréats se sont partagé la récompense : Zhang Zujian ( La Voie des masques, Claude Lévi-Strauss, China Renmin University Press) et Ma Zhencheng (Les Essais, Montaigne, Shanghai Book Store Publishing House). « C’est un encouragement à faire partager la passion de ce que je lis, explique Ma Zhensheng qui vient de passer six ans à traduire Montaigne, un auteur qu’il qualifie de Confucius français. « Montaigne n’est pas un philosophe. C’est un sage qui s’exprime clairement et encourage à comprendre les différences. Sa pensée est mondiale. » En six mois, 5 000 exemplaires sont déjà partis. Un score honorable, les ventes moyennes des traductions en Chine se situant entre 4 000 et 8 000 exemplaires. Les best-sellers montent jusqu’à 500 000 (L’insoutenable légèreté de l’être Milan Kundera, Le Petit Nicolas, René Goscinny) ; les bons scores à 40 000 (Suite française Irène Nemirovsky ou Bonjour Tristesse Françoise Sagan), JeanMarie Le Clezio Ourania 30 000, Raga 15 000, et Ritournelle de la faim 20 000. Actuellement les livres traduits du français augmentent : 253 (2006), 393 (2007), 430 (2008)… un score proche de celui de l’Allemagne 593 (2007), mais loin derrière l’Angleterre 1635 (2007) ou les Etats-Unis 3878 (2007). A. G Fu lei (1908-1966) fut un grand traducteur chinois de littérature française, connu pour ses traductions de quatorze romans de Balzac et de Jean-Christophe de Romain Rolland, un des ouvrages les plus lus en Chine. Il s’est suicidé durant la révolution culturelle. 2   L e ju r y c omp t e p lu s i e u r s c o l l a b o r a t e u r s d e Connexions : Caroline Puel, Stéphanie Balme, Laurent Ballouhey, Sylvie Gentil 1

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文化 CULTURE Question : Quels sont les auteurs ac- sèche. J’aime la vivacité de la peinture tuels français ou francophones que fraîche, son côté violent et nécessaire. vous lisez ? La peinture fraîche évoque le street art, J-M G Le C. : J’aime lire les écrivains la touche rapide dans son imperfection. de la marge. Les africains comme Alain L’imperfection est une grande qualité de Mabanckou, Kossi Efoui, la mauricienne la vie humaine ; la perfection n’appartient Ananda Devi. Ces écrivains, qu’ils soient pas au monde des hommes. Les hommes d’Afrique, du Liban, du Maghreb, d’Asie qui s’y essaient sont bien en-dessous de la ou d’Océanie, enrichissent et revitalisent création elle-même. la langue française quand ils l’utilisent. Question : Dans le choix de vos personLa France est un pays composite avec une nages de roman, y-a-t-il une logique, culture qui vient de cultures provinciales des règles ? (Bretagne, sud de la France…). C’est un J-M G Le C. : Je suis plus intéressé par les personnages qui subissent creuset où se sont mêlées des cultures différentes. que par les héros. En cas de guerre, par exemple, je Auparavant, il y avait un suis plus intéressé par les dédain pour les cultures civils que les militaires, venues des anciennes copar la personne anonyme lonies. Mais Aimé Césaire que par un haut gradé aux a réinventé le rythme de commandes. Mes perla langue avec un français sonnages principaux sont très pur. Il a montré une toujours des enfants, des nouvelle façon de voir le adolescents, ou des permonde. Marie NDiaye sonnes âgées, qui ne sont aussi. Ce n’est pas un écriplus actives. Ces personnavain africain. Elle a grandi ges sont plongés dans des en France. C’est une chan- Traduction du premier lisituations d’expectative. ce pour une culture d’avoir vre de Le Clézion Le Procès 第一本勒克莱齐奥作品的中 Leur rôle et leur caractère des apports qui viennent de verbal. 文译本《诉讼笔录》 n’ont pas pris de forme départout. Dans la littérature anglaise, le phénomène existe aussi avec finitive, un peu comme chez Dickens ou Naipaul, Scott Momaday, des écrivains Steinbeck. de langue anglaise, qui utilisent le fond Question : Que s’est-il passé entre le de leur propre culture qui n’est pas anglo- moment où vous étiez petit enfant courant dans les rues de Nice et l’adulte saxonne. Questions : Avez-vous des pannes ? d’aujourd’hui ? Comment qualifieriez-vous votre sty- J-M G Le C. : L’être humain est comme le ? Acceptez-vous le nom « peinture un arbre. Quand il est jeune et vert, il est résistant, souple, vivace et dynamique fraiche » ? J-M G Le C. : La panne littéraire ? Ça avec une force de vie qui permet révolarrive à tout le monde d’être immobile. te, indignation et cris violents. Puis, en J’ai confiance dans la gymnastique. Il faut vieillissant, sa peau, comme l’écorce, se une pratique quotidienne, comme un art ride. L’arbre, au fil du temps, devient de martial. Il y a aussi des silences, un temps plus en plus sec et cassant. Les hommes d’arrêt, un temps de repos. Il faut se re- suivent la même évolution, sauf peut-être poser. Après, cela se recharge tout seul. Oscar Wilde qui disait que pour garder sa La panne, c’est la fin de la limite sportive. jeunesse il fallait refaire les mêmes erreurs. Après, on peut repartir avec quelque chose Je viens d’aller visiter à Pékin le temple de l’éveil. Un arbre mort y a été remplacé par de nouveau. Je terminerai en acceptant votre qualifi- un arbre en béton. C’est pareil pour les catif de « peinture fraiche », que j’aime hommes. Morts, nous nous transformons bien. C’est une invention chinoise. C’est en statue. J’espère que cela m’arrivera le la première fois que j’entends cela sur mon plus tard possible. style mais je l’accepte volontiers. Il n’y a Question : Ne cra ignez-vous pa s rien que je déteste plus que la peinture d’être instrumentalisé par la société 122

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de consommation qui s’empare de vos livres? J-M G Le C. : On est toujours instrumentalisé. La littérature est aussi un objet de consommation. Mais je crois aussi que les écrivains sèment des graines qui germent et apportent des transformations. Quand on lit Levy-Strauss, on peut sentir la profondeur de sa pensée. Levy-Strauss exprime une sympathie pour les peuples menacés. C’est cet exemple que j’aimerais suivre. Mais je n’ai pas son ampleur. Je travaille dans la légèreté. Questions : Pensez-vous qu’il y a encore une place pour le livre à l’heure du virtuel ? J-M G Le C. : Je ne crois pas à la compétition du livre avec Internet. Ma fille est très souvent sur Internet mais elle lit aussi beaucoup. Le livre est difficilement remplaçable. Il est petit, se glisse dans un sac ; c’est un objet parfait, peaufiné au cours des siècles. Dans les années 80, Michel Butor avait prédit que les gens n’achèteraient plus de livres et se brancheraient sur un satellite qui leur enverrait de quoi lire. Mais sa prédiction ne s’est pas réalisée. On continue à s’assoir sur un banc pour lire. Question : En ce moment, on discute du réchauffement climatique à Copenhague. Qu’en pensez-vous1 ? J-M G Le C. : L’écrivain a des capacités d’action limitées. Le réchauffement climatique est un problème très difficile qui concerne l’humanité toute entière. Les plus jeunes, la génération qui va suivre, en subiront les conséquences. Ce n’est pas un problème récent. Mes grands-parents me parlaient de la poussière de charbon qui retombait dans les rues sur les vêtements dans les années 20. Question : Avez-vous l’impression de pouvoir jouer un rôle politique ? J-M G Le C. : Je crois que l’époque où les écrivains pouvaient jouer un rôle de porte-parole politique est révolue. De toute façon, je ne me sens pas capable de jouer ce rôle. Je me sens davantage comme un tambour. Je transmets la vibration. Je ne suis pas un tambour qui annonce, mais un tambour qui vibre.

Sy nthèse r é a lisée pa r A n n e G a rr i g u e 1. L a renc ont re a eu l ieu le 7 dé c embre 2 0 0 9.


Littérature 文学 « Le traducteur est le singe du romancier » Maurice Edgar Coindreau

Mémoires d’un traducteur

Comme il avait raison ! Mais n’est ce pas spécifique « bruissement de la langue »2 . plus vrai encore pour la littérature chinoi- Or chinois et français ont des écritures, se ? Un singe acrobate jonglant avec des des syntaxes très différentes. En chinois, langues fondamentalement différentes pas de qui, que, quoi, dont, où, même en pour faire passer, dans la lettre et dans langue moderne. L’auteur ne séparant soul’esprit, le génie propre du texte originel ? vent les éléments de sa phrase que par des Les caractères constituent bien évidem- virgules, il revient au traducteur de réinment le premier écueil. Là nous devons troduire les subordonnées. Ou non. Car déclarer forfait : jamais un la tâche doit être acpoème, pour citer l’exemple le complie à bon escient, «… on passe plus frappant, n’aura le même ne brisant que le moins son temps à se impact une fois transcrit en possible la musique du battre contre langue occidentale. Pour tout texte… Autre difficulté soi-même, contre ce qui est récit en prose, heuconcrète : le chinois ne les mots, avec, reusement c’et moins grave ; se conjugue pas. C’est pour seul L’ é c r it u r e r e d e v ie nt u ne donc au t raduc teu r soutien, la convention pour véhiculer un lui-même de choisir le sens ; et une culture ; et un temps d’un récit. Prépassion que style. Passons sur le sens ; un sent, passé composé, le roman, la pa ssé simple ? Seule bon dictionnaire pour les mots nouvelle ou inconnus. Quelques questions l ’inspiration peut le le poème, nous posées à l’auteur, ce n’est qu’afguider, il doit se laisinspire. » faire de travail. Chacun comser porter par le texte met bien, de temps à autre, un et ne pas craindre de contresens, mais ils sont en général rares changer d’avis en route ! Et puis il y a les et ce n’est pas forcément l’important. La répétitions dont le chinois est friand et faute est vénielle. Passons aussi sur ce que que hait le français ! Une amie qui œuj’appelle un problème « culturel ». Il va vre dans l’autre sens m’avouait un jour en de soi que traduire un livre suppose (ou introduire, pour le rythme et la beauté, devrait supposer) un minimum d’intérêt dans sa version finale. Le traducteur vit et de connaissance pour le pays et l’en- donc entouré de dictionnaires : analogivironnement dans lequel l’intrigue se que, des synonymes etc. une fois trouvé le déroule. Peu importe que tel personnage mot parfait, celui dont le sens – et plus que boive dans un livre un Schweppes (ignoré le sens, le « sentiment » pourrions-nous en Chine) au lieu d’un Sprite, le problème dire – se rapproche le plus de l’original, il est autrement plus grave quand, lors d’un faut prendre garde, ne pas s’en gargariser, récit qui se déroule à Shanghai, on parle de l’abandonner ( à regret !) pour un autre, « plage » alors qu’il s’agit du Bund. sans doute moins parfait, mais qui dans Mais finalement n’est-ce pas le style qui le rôle d’ersatz reste satisfaisant. C’est un constitue l’âme d’un livre. ? N’est-ce pas labeur de tâcheron. Du petit point poussif. lui qui exprime dans sa plénitude la pen- Sans cesse, on passe du mot à la phrase sée de l’auteur ? Il faut rester, ainsi qu’a et de la phrase au paragraphe pour enfin pu l’écrire Jacques Dars, réceptif à ce très revenir au mot… Attention mille et un

dangers vous guettent ! Il faut en particulier se méfier des tendances sournoises à donner dans l’exotisme pour garder au texte son caractère d’« étrangeté », bien peu de « chinoiseries » gagnent à être traduites littéralement, sauf s’il s’agit d’un clin d’œil de l’auteur. Là encore, le choix relève souvent de la subjectivité… Bref, on passe son temps à se battre, contre soi-même, contre les mots. Avec pour seul soutien la passion que le roman, ou la nouvelle, ou le poème, nous inspire. Car si c’est une banalité, il est bon peut-être de le rappeler, la traduction est une histoire d’amour ; il faut être habité, possédé par le texte original. « On ne peut vraiment bien traduire que le livre dont on aurait aimé être soi même l’auteur », nous a appris Simon Leys. S y lv i e G e n t i l Dans La Lettre numéro 63

Traduction terminable et interminable De l’un au multiple. Editions de la maison des sciences de l’homme, 1999 1

Ouvrages traduits par Sylvie Gentil : Qiu, comme l’automne, Tang Feng éditions de l’Olivier, 2007. La grande île des tortues-cochons, Liu Sola Seuil, 2006. Les treize pas,Yan Mo, Points 2004. Et tout ce qui reste est pour toi, Xu Xing, ed. de l’Olivier 2003. Variations sans thème, Xu Xing, éd. de l’Olivier 2003. Les bonbons chinois, Mian Mian, éd. de l’Olivier, 2001. En collaboration : Le clan du Sorgho, Mo Yan, Actes Sud 1990. L’homme de Pékin, Xinxin Zhang, Actes Sud 1992.oi

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Le roman de Lao Zhang. Par Lao She, Traduit du chinois par Claude Payen Ed. Philippe Picquier, 2009, 288 p., 19 € La philosophie de Lao Zhang est le premier roman de Lao She (1899-1966), écrit en 1926, deux ans après son arrivée à Londres où il passera cinq années et d’où il ramènera trois romans annonciateurs de son œuvre à venir. L’histoire du vieux Zhang est celle d’un homme avare, dur au gain, cynique, instituteur de son état social, mais prêt à tout pour accéder à une carrière de bureaucrate. Ses seuls credo sont l’argent et une trilogie de croyances religieuses. L’école où il enseigne n’est qu’un lieu pour gagner de l’argent, au point d’en créer une nouvelle pour empocher les droits d’inscription. A travers ce personnage antipathique, typique de la vieille morale impériale mais décadente, Lao She, comme il le fera dans ses autres romans, veut nous dépeindre une société chinoise traditionnelle déjà travaillée par le monde moderne qui arrive. Il excelle dans la dénonciation de la condition des femmes, réduites au rôle d’épouse sans aucun droit, de l’âpreté des fonctionnaires avides de pouvoir et d’argent. Nombre des thèmes abordés ici se retrouveront sous une forme plus apaisée dans les romans de Lao She qui confirmeront son talent de conteur, son humour acide et son attention au sort des « petites gens » de son Pékin natal. La Chine pense-t-elle ? Par Anne Cheng, Ed. Fayard/Collège de France, 2009, 45 p. 10 € On s’est beaucoup occupé de « penser la Chine », surtout depuis l’époque des Lumières, tout en fabriquant des représentations artificielles et contradictoires. Après tout, on devrait plutôt se demander comment elle est capable de penser et de se penser par elle-même. Ce qui suppose d’exercer notre oreille à capter ce que les auteurs chinois ont à nous dire. Telle est l’interrogation majeure d’Anne Cheng dans sa Leçon inaugurale au Collège de France où elle a été élue à la chaire d’Histoire intellectuelle de la Chine. Alors que nous sommes déjà engagés dans le XXIe siècle, elle fait le constat d’une situation de plus en plus paradoxale : à l’heure d’une Chine émergente, de changements très rapides et d’une ouverture au monde et à la mondialisation de ce pays, l’ignorance — ou pire

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Par Laurent Ballouhey

encore les idées préconçues et les clichés réducteurs — de nos concitoyens, y compris de nos élites, concernant la Chine et sa culture restent à un niveau préoccupant. Comment faire entrer chez nous la Chine dans la culture générale, comment préparer le terrain d’une culture minimale sur ce pays et sa culture, telle est la mission de service public qu’elle se fixe dans le cadre du Collège de France et qui devrait être, à son avis, la tâche de tous les sinologues, « avant de pouvoir construire dessus », estimet-elle en conclusion de son court, mais puissant, essai. Préceptes de vie de Confucius. Edité par Alexis Lavis. Editions Points Sagesses, 2009, 216 p., 6,50 € Philosophe et homme politique ayant vécu au Ve siècle avant notre ère, Confucius a influencé toutes les civilisations d’Asie orientale. Son enseignement ne se fonde pas sur la performance ou le progrès technique, mais sur l’épanouissement de l’humanité. Les préceptes choisis et présentés ici sont classés selon certains thèmes : harmonie, respect, sagesse, bonté, paix, morale, qui véhiculent les principales valeurs de cette pensée. Pourtant, si la quête de sagesse passe par le culte de soi, elle ne conduit pas forcément à l’invidualisme. Elle doit s’appuyer sur une réflexion politique, sur la meilleure façon de vivre ensemble et de gouverner sa vie au sein de la famille ou, au sens plus large, du clan dont on a la charge. Le confucianisme est un apprentissage de l’harmonie. Le terme souvent galvaudé prend ici son sens fort : l’homme est réinscrit dans son humanité et il peut prendre sa juste place dans le monde, selon l’idéal confucéen. La véritable question reste cependant de savoir si cette belle construction intellectuelle permet de résister aujourd’hui aux coups portés à cette morale et aux contradictions nouvelles amenées par le monde moderne. Textes essentiels de la pensée chinoise Confucius et le confucianisme Choix de textes établi et présenté par Alexis Lavis Ed. Pocket Agora, 2009, 350 p., 8,10 € La jeunesse chinoise, en révolte au début du XXe siècle contre l’héritage traditionnel et féodal, prit pour cible principale la figure et l’influence de Confucius qui avait dominé la civilisation chinoise pendant deux millénaires. C’était dire le rôle décisif de ce philosophe dans la culture


图书精选Coup de coeur Par Sophie Lavergne

chinoise, alors même que de nombreux autres courants de pensée — taoïsme, légisme, bouddhisme parmi les plus importants — fleurirent dans l’Empire du milieu. Mais aucun ne marqua d’une empreinte aussi profonde le monde chinois que le confucianisme. Son étude reste indispensable à la compréhension de ce monde complexe et il offre aussi et au-delà de cette fonctionnalité, une méditation profonde sur l’homme et son rapport à la société que les contemporains voudraient même prolonger en redonnant vie au « néo-confucianisme » et au renouveau des « études nationales » (Guoxue). C’est ce qui permit notamment au philosophe allemand Karl Jaspers de classer Confucius parmi les grands penseurs de l’humanité au même titre que Socrate, Bouddha ou Jésus. Cette anthologie inédite et originale va bien au-delà des Entretiens et puise largement dans tous les textes attribués à Confucius, tels que La Grande Etude ou L’Invariable Milieu, ou aux auteurs influencés par le maître tel que Mencius, pour s’achever avec le Traité des Rites dont la lecture aujourd’hui reste édifiante. Cet ensemble de textes confucéens résonne d’ailleurs d’une étonnante actualité à la relecture pour qui voudrait décoder l’identité chinoise d’hier à aujourd’hui. Le singe et le tigre : Mao, un destin chinois. par Alain Roux Ed. Larousse, 2009, 1126 p., 26 € Mao devenu un objet de réflexion historique : tel était le défi que l’auteur, historien et sinologue, a voulu relever. Il fallait pour ce faire éviter de tomber dans le piège de l’ « utopie biographique » qui confère après coup une cohésion parfaite à tel ou tel destin d’un grand homme. Cette difficulté était aggravée en ce cas par la tradition historique chinoise qui distingue entre « histoire officielle » et « histoire indiscrète ». D’autant qu’il s’agit d’un personnage de premier plan comme Mao Zedong qui dès 1936 a veillé à construire son image en commençant pas sa biographie recueillie à Yen’an par le journaliste américain Edgar Snow. Des progrès importants dans la connaissance des écrits et des discours de Mao sont intervenus depuis sous l’impulsion du sinologue américain Stuart Schram, des ouvrages salutaires et à contre courant de Simon Leys ( Les habits neufs du président Mao) et de son médecin particulier Li Zhisui (La vie privée du Président Mao). A quoi il convient d’ajouter l’évolution politique et sociale

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L’Est des nuages. Carnets de Chine. Vincent Hein Denoël 2009. 15 euros Ça commence « à 11 700 mètres d’alittude » dans un avion pour la Chine, le 10 janvier 2005. Vincent Hein qui vit et travaille à Pékin rentre « chez lui » et nous ouvre ses carnets. Au fil du temps, des textes courts nous entraînent dans sa vie et dans l’intimité de la Chine. Sa joie simple d’une balade à vélo dans les rues de la capitale, ses copains et les bars, l’agacement qui le prend parfois face à la bêtise ou face à des habitudes qui ne sont pas les siennes, ses espoirs déçus et ses petites lâchetés, tous ces petits riens du quotidien qui font les jours légers ou assomants sont là, au scapel, avec un sens aigü de l’autodérision. Les moments-clés d’une vie sont là aussi, le deuil, celui de son père, et le bonheur — l’Amour, le grand. Et puis bien sûr, il y a la Chine, appréhendée par le menu et tous les sens à l’affût. Se mêlent et s’enchaînent des descriptions, des anecdotes, des scènes de rue, deux mots échangés avec un chauffeur de taxi, des proverbes, des expressions, des superstitions et des poèmes. Drôle, émouvant ou rageant, c’est selon. Glaçante, toujours, l’actualité vient ponctuer le fil du récit : les tensions sinojaponaises se ravivent, Internet et la presse sont censurés, Lhassa se soulève, le nationalisme se reveille, la Terre tremble au Sichuan… Son premier voyage en Chine remonte à 1988-1989, année où Vincent Hein étudiait le chinois à l’Ecole normale supérieure des Langues étrangères. Depuis un retour précipité par les événements de ce printemps-là, il n’a cessé de revenir. Enfant élevé en Afrique et en France, il est familier des départs et des retours faits d’espoirs et d’arrachements. Langue jubilatoire, mélange des genres et des tons en pied de nez aux conventions et aux certitudes, L’Est des nuages a la beauté subtile d’un précieux fragment. Ces carnets sont ceux d’un homme sensible, curieux et humble, incontestablement amoureux de la Chine et farouchement attaché aux valeurs humanistes. Arrivé le 12 septembre 2008, 200 pages plus loin, on referme le livre avec un seul mot à l’esprit : « Encore ! »

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Par Sophie Lavergne

••• de la Chine elle-même durant ces trente dernières

années qui a permis de sortir la biographie de Mao du genre hagiographique et de faire de Mao un objet d’histoire. On peut désormais affronter la présentation de la vie de cet autocrate, qui fut parfois monstrueux, mais reste un personnage incontournable de la Chine du XXe siècle, en le situant enfin dans son champ historique avec la distance nécessaire au jugement objectif. China and the Transformation of Global Capitalism. Edited by Hung Ho-fung Ed. The John Hopkins University Press, London 2009. Avec une économie au taux de croissance parmi les plus rapides et le pays le plus peuplé au monde, la Chine a une emprise de plus en plus grande sur les réseaux financiers, commerciaux, sociaux et même culturels. Ce volume collectif auquel ont contribué des économistes de réputation mondiale — dont Giovanni Arrighi, Richard Appelbaum ou John Gulick — explique les mécanismes de l’émergence et de la libéralisation économiques de la Chine et analyse comment cette croissance est en train de modifier la structure et la dynamique du capitalisme mondial. La Chine a historiquement été au centre des réseaux commerciaux, économiques et financiers en Asie, et son influence globale ne fera que s’étendre durant ce XXIe. Cet ouvrage propose une approche large et à long terme qui s’étend bien au-delà de l’économie pour chercher des réponses. Les premiers chapitres étudient les origines globales et historiques du passage de la Chine à l’économie de marché et les implications de cette transformation sur l’ensemble du marché international. D’autres chapitres examinent la capacité des grandes entreprises chinoises à faire front aux puissants intermédiaires internationaux, les effets de la montée de la Chine sur la redistribution des revenus et du travail dans le monde, ainsi que les conséquences d’une Chine plus forte dans les relations avec ses deux plus importants voisins que sont la Russie et le Japon. Le dernier chapitre, rédigé par Hung Ho-fung lui-même, s’interroge pour savoir si la croissance actuelle de la Chine sera durable et si elle sera de nature à modifier en fin de compte le centre de gravité du capitalisme mondial pour le faire passer de l’ouest à l’est, comme nombre d’analystes le prédisent. Cette sélection d’essais de chercheurs autant en économie qu’en sciences politiques offre, à partir d’une analyse synthétique de la réalité chinoise, un éclairage pertinent et une vision à long terme sur le développement du capitalisme mondial dans le siècle à venir.

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De Pierres et d’encre. Chine, au pays des marchands lettrés d’Anne Garrigue Photographies de Zhang Jianping, préfacé par Wang Yan Editions Philippe Picquier, octobre 2009. 26,50 euros Xidi, Nanping, Tachuan, Hongcun… des villages datant des dynasties Ming et Qing au pied des montagnes jaunes, des demeures somptueuses et raffinées. L’ancienne province du Huizhou tient d’un décor de cinéma et d’un musée à ciel ouvert. Anne Garrigue ouvre les portes des maisons, pose son regard attentif et fasciné sur les boiseries et les pierres, et rencontre ceux qui y vivent aujourd’hui, maire de villages ou simples paysans. Invitation à un voyage, en texte et en images, au coeur de la culture han et confucéenne et de l’histoire plus récente du pays. Petite enclave montagneuse entre l’Anhui et le Jiangxi, le Huizhou est le berceau des marchands lettrés, bâtisseurs d’un patrimoine culturel et architectural exceptionnel. Ces voyageurs firent fortune et partirent dans des provinces lointaines avec, toujours, le souci de la terre de leurs ancêtres et de leur famille restée au pays. Leur réussite, ils la doivent autant à leur esprit de clan et à leur morale qu’à leur propre génie commerçant. Pour acquérir une respectabilité que la société néo-confucéenne d’alors leur refusait, ces marchands s’intruisirent et se firent protecteurs des arts et des lettres. Leurs résidences chaulées de blanc, avec leurs hauts murs d’enceinte et leur toits de tuiles grises, et les temples qu’ils édifièrent, révèlent un raffinement extrême et l’empreinte profonde du confucianisme. Elles sont aujourd’hui encore, miraculeusement, quasi-intactes et souvent habitées par les descendants même de leurs fondateurs. Aujourd’hui se pose la question de la conservation de ce patrimoine unique — certains villages sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco — et du tourisme. Anne Garrigue fait parler les pierres et les âmes, mêlant descriptions et portraits, savoir et parole intime, avec toujours, l’attention prêtée aux détails. Un livre pour la mémoire, pour l’Histoire, et pour le plaisir.






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