Connexions 53

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Connexions 联 magazine de la

Chambre

dossier

Le

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de

Commerce

et d’Industrie

Fr a n ç a i s e

en

Chine

no 53 mars

Shanghai 2010

et le soft power chinois 上海世博会与中国的软实力

2010

中 国 法 国 工 商 会 双 月 刊

结 •La Focus : France

dans l’Expo Y-a-t-il une bulle immobilière ? Gros plan sur Canton

• •

Vu d’ici « Youth self-portrait » par la photographe Yuan Yanwu 《童年自画像》 摄影:袁燕舞



卷首语 EDITORIAL Shanghai 2010 et le soft-power chinois

Annick de Kermadec-Bentzmann Présidente de la CCIFC 中国法国工商会会长:甘安懿

Ce numéro de Connexions met en lumière, grâce à une série d’articles de fond, les particularismes du soft-power chinois sous toutes ses facettes. De la langue au cinéma, des business models aux médias, il dresse le portrait du rayonnemennt de la culture chinoise dans le monde. La prodigieuse montée en puissance de ce pays, en passe de devenir la seconde puissance mondiale devant le Japon et juste après les Etats-Unis, exerce-t-elle toujours autant de fascination ? Quel rayonnement la Chine a-t-elle dans le monde ? Comment compte-t-elle augmenter son pouvoir d’attraction ? Autant de questions auxquelles vous trouverez les éléments de réponses

上海世博会与中国软实力 本期《联结》借助一系列颇有深度的文章揭示 出中国软实力的特性。这个国家神奇崛起,正在成 为超越日本仅次于美国的第二大世界强国。她是否 会永远散发如许魅力?中国在世界上拥有何种影 响?她将如何增强自己的吸引力?通过阅读本期的 专栏,您将发现这许多问题的答案所在。 在上 海 世 博 会 开幕前夕,为您 推 荐的“聚 焦”栏目介绍了参加此届世博会的法国企业。 一家阿尔萨斯的企业是如何参与开、闭幕式 的!虚拟展会是如何通过达索公司的3D系统实现 的!一家罗纳-阿尔卑斯企业的加气混凝土是如何 被用来建造8个展馆的! 至于法国的参展,将通过雅克.费里耶设计的标 志性国家馆以及在城市最佳实践区内的巴黎大区、 罗纳-阿尔卑斯大区和阿尔萨斯大区的三座展馆体 现。 对我而言,作为上海20年来令人难以置信的变 化的见证者,我一直在赞叹这座城市所走过的神奇 历程,而最近,她被各方群情激昂地调动起来,穿 上最美丽的盛装迎接5月1日! 显然,此次规模空前、举市上下、以“城市让生 活更美好”为主题的上海世博会将非常积极地提升 中国的影响力和吸引力。 一方面,这次展会是展示中国可以在各个方面 做得更好的绝佳窗口,另一方面,它还是来自国内各 地几千万中国人与来自世界各地外国参观者之间交

流和会面的独一无二的机会!

en lisant cet important dossier. A la veille de l’inauguration de l’Exposition universelle de Shanghai, notre Focus met en valeur des entreprises françaises qui participent à cet événement. Comment une entreprise alsacienne participera aux cérémonies d’ouverture et de clôture ! Comment l’Exposition virtuelle sera rendue possible par le biais du Système 3D de Dassault ! Comment le béton cellulaire d’une entreprise de Rhône-Alpes sera utilisé par huit pavillons ! Quant à la présence française, elle sera marquée non seulement par son pavillon emblématique, mais aussi, par les trois pavillons régionaux de l’Ile-de-France, de Rhône-Alpes et d’Alsace, dans le cadre des « Meilleures pratiques urbaines ». Pour ma part, témoin des incroyables métamorphoses de Shanghai depuis 20 ans, je ne cesse d’admirer le fantastique chemin parcouru par cette ville, qui, encore tout récemment, s’est fébrilement mobilisée de toutes parts pour se parer de ses plus beaux atours pour le 1er mai ! A l’évidence, cette manifestation portée par le thème de « Better city, Better life », devrait renforcer de manière fort positive le rayonnement et l’attractivité de la Chine. D’une part, cette exposition sera une formidable vitrine de tout ce que la Chine a de mieux à offrir dans tous les domaines. D’autre part, elle sera aussi l’occasion unique d’échanges et de rencontres entre les dizaines de millions de Chinois venant des quatre coins du pays et les visiteurs en provenance des quatre coins du monde !

Connexions / mars 2010


协助委员会

联 结

COMITÉ DE PATRONAGE

Connexions

Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine 中国法国工商会双月刊

Directeur de la publication Jacques Leclerc du Sablon Responsable de la publication Sophie Lavergne Rédactrice en chef Anne Garrigue Edition des textes chinois / 中文编辑

Ruan Zheng 阮征 Graphiste / 美术编辑 Xie Bin 谢滨 Ont collaboré à ce numéro : Véronique d’Antras, Laurent Ballouhey, Hubert Bazin, Catherine Debeaumarché, Julie Desné, Antonia Cimini, Hélène Duvigneau, Yann Marin, Patrice Nordey, Manuel Rambaud, , Renaud de Spens, Nicolas Sridi, Emilie Torgemen. Photographie de couverture Yuan Yanwu « Youth self-portrait » Publicité / 广告招商 Pékin : Ruan Zheng 阮征 Tél. : (010) 6512 1740 # 14 Shanghai : Séverine Clément Tél. : (021) 6132 7100 # 114 Guangzhou : Hervé Lambelin Tél. : (020) 8186 8585 # 801 Imprimé par Versatra Graphics 富运达图文印刷

Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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Connexions

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mars

2010

©Imagine China

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no

L’exposition universelle de Shanghai 2010 est le prochain rendez-vous de la Chine avec le monde. 2010年上海世博会是中国与世界的再度聚首。

focus : La présence française à l’Expo rendez-vous A la une des médias Le dessous des chiffres L’état des lois l’actualité La recette d’Alibaba Actualité entreprises Des ballons d’Airstar pour éclairer en Chine l’entretien Le double « je » de Zhang Yaling

8 - 29 30 34 36 38 40 48 50

Où en est le soft power de la Chine ? 54 François Godement « Une énorme ambiguïté… » 58 Un concept à géométrie variable 61 La grande séduction 62 Une image ambivalente 63 La Chinafrique des médias 65 Instituts Confucius : la culture officielle à tous vents 66 Quand le monde vient en Chine 68 Vus d’Asie Centrale, Les atouts de la Chine 70

Tourisme : un déficit d’image 72 Quand la tradition devient commerce 74 Rêve chinois, rêve américain ou rêve français ? 76 Dong Qiang « la Chine manque de discours d’interprétation » 78 Rêves de Chinawood 82 A propos du film Kongzi (Confucius) 86 Les tribulations d’un cinéaste chinois 86 La Légende du roi Milu 88 Il n’y a pas de best-seller mondial chinois 90 Art contemporain : de la contre-culture à l’intégration 92 Les collectionneurs ont une vision plus ouverte 96 Su Tong : Du “made in china” au “created in china” 98 Portrait d’une génération d’architectes designers 100 Les architectes étrangers en Chine 102 Artisanat d’art : Christofle collabore avec des artistes chinois 103 Mode : petits designers deviendront grands 104 Un “glamour” de Chine 105 L’essor des marques chinoises 106 Benjamin Joffe : La Route de la soie numérique 108


联 结

L’institut Confucius de Novosibirsk (Russie). 新西伯利亚(俄罗斯)的孔子学院

66

De plus en plus de MBA 112 Etudier en Chine 114 R&D : l’élan positiviste 114 Vivian Wu, Filip Noubel : Internet et soft power 116 Fait en Chine, lu par le monde 118 Jeux de miroirs 120 régions jumelles Canton fait peau neuve La « Californie chinoise » CCIFC : De plus en plus d’entreprises françaises tourisme chine Hegezhuang aux portes de Pékin, un village vert et protégé associations A pleines mains : … et le coeur au chaud culture Yuan Yanwu : souvenirs d’enfance Festival Croisements 2010 : entrez dans la danse Un chantier théâtral franco-chinois lire

122 125 126

136

138 140 142 145 146

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Tourisme : un déficit d’image. 旅游业:形象宣传得不够

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Airstar:气球灯的发明者

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Airstar : l’inventeur du ballon lumineux.

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2010年三月号 第53期

The Orchard en banlieue dePékin. 京郊餐馆The Orchard

136

聚焦:上海世博会上的法国 11 法国在上海世博会插上三色旗 13 法国大区也参展 15 法国大区代表团 15 从大溪地到上海的独木舟之旅 17 达索打造第一个全球3D 网上世博会 19 欧莱雅沉浸在欢乐之中 23 法国国际水秀公司的水上梦幻表演 23 法国Transe Express剧团:艺术交流 25 来自埃顿服务的800名基础服务人员 23 凯莱集团的绿色混凝土 29 上海世博会集锦 公司简讯 41 公司简讯 51 张亚玲的双重“我” 57 69 73 89

专栏:中国的软实力发展到什么程度? 专访阳狮咨询中国首席代表安韬略 旅游业:形象宣传得不够 《麋鹿王》:一家进军3D领域的民营企业

旅游 130 里昂


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FOCUS

聚焦

Les dernières palissades vont bientôt tomber…

世博园区即将竣工

Que la fête commence !

万众期待。上海世博会无疑是一个 节日,法国将在6月21日音乐节这一天高 调展示自己。作为第一批正式确认的参展

Tout le monde l’attend. L’Expo de Shanghai est une fête incontournable et la France y joue sa partition avec un forte majeur le 21 juin, jour de la fête de la musique. Premier pays à avoir confirmé sa participation, présente à travers quatre pavillons, dont le pavillon France annoncé comme un des pavillons-phares de l’Expo, notre pays a décidé de s’investir au maximum pour la réussite de Shanghai 2010. Le président Sarkozy assistera

avoir publié dès l’été 2008 un numéro spécial présentant en avant-première l’exposition universelle, Connexions a choisi cette fois de découvrir avec vous Shanghai expo côté français. De l’Alsace à Tahiti, de Dassault Systèmes à Aden services, tous les secteurs et toutes les régions répondent présents. Spectacles et organisations d’événement s, construction et architecture, images 3D, services de propreté… dans ce grand carnaval, cet échange mondial

aux cérémonies d’ouverture. Des fleurons de l’industrie française ou de son art de vivre présentent leur savoirfaire et de petites entreprises brillantes tirent aussi leur épingle du jeu. Après

où chacun montre son expertise dans un climat de réjouissances, la vitrine française est bien garnie. Suivez le guide et rendez-vous dans la perle de l’Orient du 1er mai au 31 octobre.

Connexions / mars 2010

国之一,通过四个展馆参加世博会,其中 的法国国家馆被宣布为标志性的世博馆之 一,法国决定为2010年上海世博会的成功 举办投入最大的努力,倾注最大的热情。 法国总统萨科齐将出席开幕式。法国工业 及其生活艺术行业中的佼佼者将展示他们 的专长,优秀的小企业也将表现出色。《 联结》曾在2008年夏出版了一期世博会预 演的专刊,此次,它选择与您一起去揭开 法国参加上海世博会的面纱。从阿尔萨斯 到大溪地,从达索到埃顿服务,所有地区 和所有行业都会到场。在这场世博盛事 上,法国安排了表演和活动,进行建设和 设计,制作3D图像,承担保洁服务等。在 这场国际交流中,每个人都在喜悦的气氛 中展示其专业特长,法国的展示橱窗布置 得满满的。跟随向导,让我们相约东方明 珠——上海。


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国

La France plante son drapeau sur le site de l’Expo

Calendrier

Avec l’Etat et les régions, les entreprises françaises seront présentes en force à l’Expo. Elles sont intervenues dans toutes sortes de domaines, de la construction du site à sa gestion en passant par son animation pendant la période de mai à octobre La résille de béton du pavillon France quelque chose qui correspond bien aux quadrille déjà l’horizon du site de l’expo- ambitions culturelles de la ville », précise sition universelle de Shanghai, le long de le Consul général. Une étude menée par la rivière Huangpu. Le chantier du bâti- l’agence de communication Ogilvy place ment français est pratiquement terminé déjà le pavillon France comme le deuxièet les agendas de la communauté se rem- me pavillon national que les Chinois ont plissent peu à peu en prévision des mois l’intention de visiter, juste derrière celui agités que va connaître des Etats-Unis. « C’est un Shanghai la moitié de cette formidable encourageannée. « Le pavillon français ment mais un sacré défi « Dix millions sera un des pavillons prêts en même temps », esau 1er mai, ce qui ne sera pas de visiteurs time le Consul général. le cas de tous les pavillons sont attendus Au total, dix millions de nationaux », confie Thierry visiteurs sont attendus Mathou, Consul général sur le sur le pavillon pendant de France à Shanghai. Des pavillon les six mois de l’Expo, journées tests sont d’ailleurs qui commencera sur les programmées dès la 20 avril France, dont chapeaux de roue. « On pour rôder l’organisation 60% sur trois attend 60 % des visiteurs et l’accueil. Premier pays à sur trois semaines : celle semaines.» avoir confirmé sa participadu 1er mai pour l’ouvertion à l’événement, la Franture, celle du 1er octobre ce ne compte pas passer avec la fête nationale inaperçue. Le président Nicolas Sarkozy chinoise et la dernière semaine d’octosera présent à la cérémonie d’ouver- bre, avant la fermeture », résume Franck ture et d’autres personnalités politiques, Serrano, représentant à Shanghai de la dont Gérard Larcher et Bernard Accoyer, COFRES (Compagnie Française pour respectivement présidents du Sénat et l’Exposition Universelle de Shanghai). Ce de l’Assemblée nationale, ou encore Fré- qui n’empêchera pas le pavillon France déric Mitterrand, ministre de la Culture, d’avoir « des grands moments tous les devraient suivre pendant les six mois de jours avec une exposition permanente l’exposition. de qualité », rappelle le responsable de Le point d’orgue de cette présence fran- la COFRES, en faisant notamment alluçaise sera le 21 juin, date choisie pour sion aux six chefs-d’oeuvre prêtés par le être la Journée de la France sur l’Expo, musée d’Orsay, qui constitueront un des qui clôturera une semaine française. « On clous du parcours. a retenu le jour de la fête de la musique En-dehors du pavillon France, trois réplutôt que celui de la Fête nationale pour gions (Alsace, Rhône-Alpes et Ile-defaire un événement ouvert sur les Shan- France) auront leur propre représentation ghaiens, où la France crée et apporte sur le site et une agglomération,

•••

Avril 30 au soir – cérémonie d’ouverture, en présence de Hu Jintao, Nicolas Sarkozy et Alain Delon. Mai 75e anniversaire de Lancôme au Pavillon France 2 au 4 – Premier forum au pavillon des Nations Unies, consacré à la santé. Il ouvre une série de forums qui se tiendront tout au long des six mois. 6 – Ouverture, rue de Nankin du pavillon « hors les murs » de Lille Europe pour deux mois et demi, en présence de Martine Aubry. 9 – Journée de l’Europe, avec une grande « Parade Européenne » multiculturelle à laquelle participeront des troupes artistiques, musiciens, danseurs ou artistes de rue. La veille au soir, un orchestre européen se produira. Juin 18 – Forum francophone des affaires. 21 – La journée de la France, en écho à la fête de la musique. Elle viendra clore une semaine française sur le site de l’Expo. Des concerts auront lieu les 20 et 21 dont M, qui se produira sur une des scènes de l’Expo. Juillet 8/9 – L’Orchestre national de Lille viendra jouer à Shanghai. 14 – Buffet républicain organisé pour la communauté française sur le Pavillon France. 15 – Clôture du pavillon Lille-Europe. Août 30 – Journée de l’Espagne. Septembre 20 – Journée de la Francophonie. Les pavillons francophones réuniront leurs efforts pour organiser une rencontre académique autour du thème « le français langue de la réussite », un jeu de piste sur le site de l’Expo et peut-être une soirée francophone musicale et gastronomique. Octobre 1er – Journée de la Chine, qui coïncide avec la fête nationale de la République populaire. 7 – Journée du pavillon de Monaco. 31 – Cérémonie de clôture et tenue d’un sommet mondial sur le climat qui devrait déboucher sur la « déclaration de Shanghai ».

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FOCUS

聚焦

Se rendre sur le site Le site de l’Exposition se trouve sur les deux rives du fleuve Huangpu, entre le pont Lupu et le pont Nanpu. Il sera desservi par métro (lignes 4, 6, 7, 8, une partie de la ligne 5 et une ligne spéciale, la ligne 13), bus (de la rue Xizang -Puxi- à différentes zones pavillonnaires du site) et bateau (la ligne du pont Puming et deux autres lignes auxiliaires gratuites). Deux docks VIP et six embarcadères grand public naviguant sur cinq itinéraires réguliers et un itinéraire VIP transporteront, sur une même rive, les visiteurs d’un point à un autre de l’Exposition. L’accès au site se fera ainsi par huit entrées terrestres et dix entrées nautiques. Les voitures personnelles ne pourront pas accéder à l’intérieur du site. Les tarifs d’entrée L’entrée sur le site de l’Exposition universelle est payante avec tarif variable en fonction du jour, tickets de groupe, passes 3 et 7 jours ou soirée (après 17h). Chaque ticket n’est valable que pour une seule entrée. Réductions pour personnes handicapées, âgées, étudiants et enfants. Les billets d’entrée sont en pré-vente jusqu’au 30 avril 2010 auprès de distributeurs spécifiques : China Mobile Communications Corporation (CMCC) http://www. chinamobile.com/en/; China Telecom http://en.chinatelecom.com.cn/; Bank of Communications http://www.bankcomm. com/BankCommSite/en/index.jsp ; China Post http://www.chinapost.cn/English/ .Pour plus d’informations aller sur http:// www.consulfrance-shanghai.org/Visiter-lExposition-universelle.html?lang=fr Pendant l’Exposition, les tickets seront disponibles aux kiosques sur le site. Pour plus d’infos , quelques sites francophones http://www.consulfrance-shanghai.org/Visiter-l-Exposition-universelle.html?lang=fr: site du Consulat de Shanghai http://www.shanghai2010.fr/ : site lyonnais bilingue français –anglais http://www.pavillon-france.fr/?lang=fr/ : site dédié au pavillon français http://www.paris-idf-shanghai2010.com/: site dédié au pavillon Ile de France http://fr.expo2010.cn : version francophone du portail officiel de l’expo

10 Connexions / mars 2010

© Imagine China

Pratique

La résille blanche minérale voulue par l’architecte Jacques Ferrier est déjà en place. 法国建筑师雅克.费里耶设计的法国馆白色网格围护已经建好

••• Lille-Europe, va même installer une

ambassade hors les murs, dans le centreville de Shanghai pendant quatre mois à l’occasion de l’événement. Bordeaux aura, par ailleurs, son mois en septembre sur le pavillon, consacré au vin. Une occasion pour Alain Juppé, maire de la ville, de faire le déplacement. Forte présence des entreprises françaises Mais ce sont surtout les entreprises françaises, qui seront en force à l’Expo. Elles sont intervenues dans toutes sortes de domaines, de la construction du site à sa gestion en passant par son animation pendant la période de mai à octobre. Quatre grands groupes ont mis 1,5 million d’euros sur la table pour figurer comme partenaires privilégiés du pavillon France. Pour LVMH, la présence sur l’exposition universelle de Shanghai s’inscrit dans une tradition historique du groupe, qui s’est associé à de nombreuses éditions. Une exposition rétrospective reviendra d’ailleurs pendant six mois sur les différentes participations du malletier, au centre commercial du Plaza 66, haut-lieu du luxe en centre ville, où Louis Vuitton a son magasin-phare. A quelques

jours de la cérémonie d’ouverture, le malletier ouvrira également deux boutiques à Shanghai, de chaque côté de la rivière Huangpu (à Pudong et à Puxi). Pour chaque sponsor, l’exposition universelle est une occasion unique de s’offrir une vitrine publicitaire de six mois, avec une audience de 95 millions de Chinois attendus. « Nous sommes en Chine depuis 1994 et c’est un marché très important pour nous », souligne-t-on chez Lafarge, un autre sponsor privilégié. Le cimentier a décidé de s’investir dans l’événement de façon inédite. « C’est la première fois que nous sommes sponsors pour une exposition universelle », rappelle une représentante du groupe, basée à Paris. Même intérêt pour les consommateurs chinois du côté de Sanofi-Aventis, qui emploie 3 700 personnes en Chine, second marché mondial annoncé en 2010 pour la vente de médicaments sans ordonnance. « Nous saisissons cette occasion pour accroître la prise de conscience du public chinois sur les questions de santé », explique le service communication du groupe français à Shanghai. Michelin ménage, pour sa part, le sus-


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国

Le pavillon France en 3D.

© DR

法国在上海世博会插上三色旗

法国馆三维效果图

法国馆的混凝土结构已经耸立在黄浦

世博会更是法国企业展示的舞台。5月

江畔的上海世博园区。法国馆的施工基本

至10月期间,他们参与到从世博园区的建

接近尾声。考虑到为期半年的上海世博会将

设到管理、活动组织等各个领域中。4家法

举办丰富多彩的活动,法国的日程也渐渐排

国集团各出资150万欧元,成为法国馆的首

满。“法国馆将是5月1日对外开放的世博会

席合作伙伴。对路易威登-酩悦轩尼诗集团

展馆之一,不是所有的国家馆都能做到这一

(LVMH)而言,参加上海世博会符合集团

点。”法国驻上海总领事马捷利介绍说。上

的历史传统,它曾参加过许多届世博会。另

海世博园区4月20日起将进行数日试运行,

外,为期6个月的关于路易威登参加往届世

以完善组织和接待工作。作为最早确认参加

博会的回顾展将在上海市中心的奢侈品殿

上海世博会的国家,法国不打算被忽视。法

堂——恒隆广场举行,那里有路易威登的旗

国总统萨科奇将出席开幕式,参议院议长热

舰店。距世博会开幕前的几天,路易威登将

拉尔·拉尔歇、国民议会议长阿夸耶和文化

有两家新店开张,分别位于黄浦江的两岸

部长弗雷德里科.密特朗等政要也将在世博

(浦东和浦西)。

Le jardin “à la française” vertical. 垂直的法式花园

pense. Yves Chapot, représentant de la société en Chine, préfère ainsi taire le contenu de son installation. « Le pavillon étant sur le thème des cinq sens, nous animerons une séquence sur l’ouïe, pour faire prendre conscience des différents niveaux de bruits dans un environnement urbain », confie le responsable sans donner davantage de détails. Le spécialiste du pneumatique s’est bien retrouvé dans le thème de l’exposition « Meilleure ville, meilleure vie », qui résonne « avec le positionnement du groupe depuis plusieurs années », selon Yves Chapot. Mais Michelin ne parlera pas que pneumatique et pollution sonore sur le pavillon. Le groupe édite un numéro spécial de son emblématique guide sur Shanghai, comme il l’avait fait pour Pékin lors des Jeux Olympiques de 2008. Une édition en chinois, consacrée à la France, sera également en vente à la boutique du pavillon et les couples qui se marieront sur place y auront droit en cadeau. Enfin, le célèbre Bibendum, symbole de l’entreprise clermontoise, accueillera les visiteurs aux côtés de la mascotte du pavillon, Léon le chaton. Ju l i e De sn é

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会期间到访。

对每个赞助商而言,世博会是一次为

6月21日,法国将迎来参加世博会的最

期6个月的绝无仅有的宣传窗口,预计将有

高潮,这一天是法国周结束的日子,它被选

9500万中国参观者。另一家首席合作伙伴拉

为世博会的法国日。“我们选择了音乐节这

法基集团强调说:“我们1994年就进入中

天而不是法国国庆日奉献给上海人一场大型

国,中国是我们非常重要的市场。”这家水

活动。在活动中,法国为上海创造并带来一

泥行业巨头决定以前所未有的方式参与世

些东西,它们与这座城市远大的文化抱负非

博。“这是我们第一次成为世博会的赞助

常吻合。”总领事明确地说。奥美公司所做

商。”拉法基驻巴黎的一位代表提示说。在

的一项调查显示,法国馆成为中国人希望参

中国拥有3700名员工的赛诺菲-安万特集团

观的第二大国家馆,紧随美国之后。“这非

也同样重视中国消费者。2010年中国成为其

常令人鼓舞,同时也是巨大的挑战。”总领

全球第二大非处方药市场。“我们希望借此

事认为。预计共有1000万人在为期6个月的

机会提高中国公众对医疗问题的认识。”这

世博会期间参观法国馆,目前世博会开始全

家法国集团驻上海的公关部解释说。

速推进。“我们预计60%的参观者将集中在

米其林则保留悬念。米其林(中国)

3个星期里:5月1日开幕的一周,十一国庆

投资有限公司董事长夏逸夫更倾向于对公司

黄金周和闭幕前10月的最后一周。”2010上

参与世博会的内容保持缄默。“法国馆以五

海世博会法国参展局驻上海首席代表方可

感为主题,我们将展示其中的听觉系列,提

(Franck Serrano)总结道。但这些不会妨碍

高公众对城区不同级别噪音的关注。”这位

法国馆“每天都有重要的时刻配合高质量的

负责人透露说,但未给出更多细节。米其林

持久展览”,上海世博会法国参展局的负责

确实理解了世博会的主题 “城市让生活更

人重申,并特别提到从法国奥赛博物馆借出

美好”,夏逸夫认为,这个主题与“集团几

的6幅经典名作,它们将是参观过程中的一

年来的定位不谋而合”。不过,米其林在世

大亮点。

博会上将不光谈到轮胎和噪音污染。集团还

在法国馆之外,三个法国大区(阿尔

将发行上海旅游指南,就像2008年奥运会期

萨斯、罗纳-阿尔卑斯和巴黎大区)将在城

间它曾出版过北京旅游指南。米其林中文版

市最佳实践区进行展示。里尔-欧洲还将借

的法国旅游指南将在法国馆的小商店里有

世博会之机在上海市中心进行为期4个月的

售,在法国馆参加浪漫婚典的新人们将获

世博会场外的展示。波尔多市也将于9月在

赠该书。米其林的象征——“轮胎人必比

法国馆内举办葡萄酒展,波尔多市市长阿

登”也将和法国馆吉祥物“乐乐”一起接待

兰.朱佩(Alain Juppé)届时将到访。

参观者。

• Connexions / mars 2010 11


FOCUS

聚焦

La France des régions s’expose aussi Sur les 15 hectares consacrés aux meilleures pratiques urbaines, villes et régions sont bien représentées.

Un concept de “lumière sensible” sur le pavillon Rhône-Alpes. 罗纳-阿尔卑斯大区馆:体现“感性灯光”理念

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Au dernier étage du pavillon Rhône-Alpes, côté salle, on pourra déguster les spécialités du restaurant-école Institut Paul Bocuse, ou, côté cuisine, observer le travail de la centaine d’apprentis chinois. La région a vu grand, 3311m², soit le plus grand pavillon étranger de la zone (second derrière celui de Shanghai), il sera plus vaste par exemple que le pavillon national du Brésil. Avant tout tourné vers le B to B, le bâtiment fait l’étalage des technologies des entreprises rhônalpines et françaises notamment en matière de performance énergétique. Sur la mezzanine, quinze totems permettront de visualiser des informations sur les grandes entreprises partenaires. Les PME ont aussi mis la main à la pâte avec la société ILEX paysage qui offre la conception de la roseraie installée au pied du pavillon et un groupement d’industriels de la région a conçu et installé l’éclairage des installations publiques de la zone. « Nous apportons le concept de “lumière sensible“ soit une luminosité différente selon les espaces et leurs usages, avec laquelle les visiteurs sont en interaction » explique Morgan Vansoen, chargé de projet Expo 2010 pour la mission économique rhônalpine (ERAI). Chaque soir, un Show Lumière de 20 minutes illuminera sols, bâtiments et habillera l’ancienne cheminée industrielle au bord du fleuve Huangpu, emblème de la zone.

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R h ô n e - A l p e s : b i o habitat et ville lumière

Une façade green-tech pour l’Alsace.

阿尔萨斯大区馆:体现绿色科技的建筑表面

Tour de Pise de verre et de métal, le pavillon alsacien forme un parallélépipède penché à quarante cinq degrés et coiffé d’une terrasse arborée. Le bâtiment met en avant les réalisations environnementales de la région. Et d’abord la réalisation des huit agences d’architecture strasbourgeoises qui se sont réunies dans le 12 Connexions / mars 2010

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Alsace : charme et technologies

Un ruban bleu de 80m pour le pavillon Ile-de-France, comme la Seine traverse Paris. 巴黎大区馆:一条80米长的蓝色带子,仿佛塞纳河穿过巴黎


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国 consortium l’AADI pour concevoir cette ambassade verte. La façade sud est un concentré de technologies : des capteurs solaires analysent la température et l’ensoleillement, si besoin de l’eau se met à ruisseler pour rafraîchir l’espace. Le système a déjà été testé dans une école de Bouxwiller, à Shanghai il sera complété par un système d’air conditionné solaire. « A l’intérieur, la scénographie met en avant les images fortes de l’Alsace, l’Alsace traditionnelle et romantique, d’un côté, de l’autre l’Alsace moderne explique Maryse Dondrille, commissaire générale du pavillon, sous le ciel des quatre saisons ». La visite se finira sur le traditionnel marché de Noël alsacien. Le deuxième étage pourra être loué par différentes entreprises, le restaurateur installé au dernier étage y servira ses spécialités dans une ambiance de Stammtisch alsacienne

Paris/Ile-de-France : autour du fleuve Un ruban bleu de 80m parcourt le pavillon comme la Seine traverse Paris et sa région. Il sert de support à la projection de cinq courtes vidéos sur l’environnement, la ville, les services urbains ou l’entreprise. La région valorise ses savoir-faire et ses innovations dans les 600m² qui lui sont réservés sous la halle industrielle réhabilitée qu’elle partage avec d’autres grandes métropoles (Prague, Ozaka,...). Dans la catégorie « art de vie », Paris a choisi de présenter « Paris plage ». Nao, petit robot de 60 cm déjà en service dans des laboratoires et certaines universités, sera sa mascotte. La société francilienne Alderaban qui l’a conçu veut profiter de l’Expo pour tester son grand frère Romeo, 1m40, avant tout destiné à l’aide à la personne. Bardé de capteurs, équipé de caméras, il doit pouvoir relever son maître après une chute ou prévenir les secours. « Le pavillon ouvre ses espaces partenaires, 70m² à ses sponsors ; entreprises, collectivités et institutionnels. » précise You Xing, responsable du bureau de la région à Shanghai. Les Galeries Lafayette par exemple y déploieront leur vision du chic parisien. Emilie Torgemen

法国大区也参展 史无前例,上海世博会用15公顷的面积打造城市最佳实 践区。众多城市和地区报名,希望能在世博会的这片区域展 示自己。雄鸡啼鸣,法国成为继德国之后的第二大西方参展 国家。法国展馆的亮点有: 罗纳-阿尔卑斯大区馆:生态居住区与照明

馆”。南面的一侧是技术的浓缩:安装的太

之城

阳传感器分析气温和光照,如果需要的话, 在罗纳-阿尔卑斯大区馆的顶层的大

水会流下来为表面送去清凉。这套系统已经

厅 旁 , 人 们 可 以 品 尝 保 罗 . 博 古 斯 ( Paul

在法国布克斯维莱尔的一所学校里测试过,

Bocuse)厨艺学院餐厅的特色食品,或者在

在上海还加装了太阳能空调。

厨房旁观看百名中国学徒做菜。罗阿大区拥

“在展馆内部,布景强调的是阿尔萨

有3311平方米的巨大展区,是城市最佳实践

斯的强烈印象,一方面是传统浪漫的阿尔萨

区里最大的外国展馆(排在上海馆之后的第

斯,另一方面是现代的阿尔萨斯呈现在四

二大展馆),比巴西国家馆还要大。

季的天空下。”阿尔萨斯大区馆总特派员

展馆首先采用了B to B模式,展示罗纳-

Maryse Dondrille解释道。参观以阿尔萨斯传

阿尔卑斯大区及法国企业的技术,尤其是能

统的圣诞节集市结束。第二层将租给企业。

源方面的成就。在中二楼,15个公司标志可

设在最顶层的餐厅将在阿尔萨斯聚餐的氛围

以让人们很醒目地看到有关15家企业合作伙

中提供各种特色食物。

伴的信息。中小企业也亲自上阵,比如欧莅 景观设计咨询公司(ILEX  Paysage)提供在

巴黎/巴黎大区馆:绕河而行 一条长达80米的蓝色带子穿过展馆,

展馆前的广场上建造玫瑰园的设计。 罗阿大区还将通过为城市最佳实践区

好像塞纳河穿过大巴黎地区。它用来投射关

提供道路照明亮相,这些照明设施由其企业

于环境、城市、城市公共服务及企业的5部

发展协会设计并安装。“我们带来的是“感

短片。巴黎大区在翻修过的600平米的老厂

性灯光”的理念,即根据空间及其用途而

房里展示其技术专长和创新,这块场地由

呈现不同的亮度,这样参观者就会与灯光

巴黎和其他大城市共同使用(布拉格、大

互动。”罗纳-阿尔卑斯大区企业国际发

阪等)。在生活艺术部分,巴黎选择展示

展协会2010年世博会的项目负责人Morgan

巴黎海滩。高60 厘米的小机器人Nao,已

Vansoen解释道。每天晚上,一段20分钟的

经在一些实验室和大学投入使用,将会成

灯光展示将照亮地面和建筑物,为城市最佳

为展馆的吉祥物。设计这款机器人的巴黎企

实践区的标志性建筑——位于黄埔江畔的老

业Alderaban希望通过世博会测试Nao的哥哥

厂烟囱披上盛装。

Romeo,一个高1.4米首先用于帮助人的机

阿尔萨斯大区馆:魅力和技术 阿尔萨斯大区馆是一座用玻璃和金属

器人。Romeo装有传感器,配备了摄像机, 在主人摔倒后能够将其扶起来,并报警求 救。

混搭而成比萨塔,构成一个呈45度角倾斜

“大巴黎地区展馆为企业、行政区

的六面体,顶部立起一座平台。这座建筑重

域和机构赞助商开设70平米的合作伙伴区

点展示的是阿尔萨斯大区的环保成就。首

域。”法国巴黎大区发展局中国代表处首席

先,这是斯特拉斯堡8家建筑设计所共同完

代表游行明确表示。比如,老佛爷商场将在

成的成果,他们聚集在阿尔萨斯建筑设计所

这里展示他们眼中的法式优雅。

( AADI) 的 旗 下 , 设 计 了 这 座 绿 色 “ 使 Connexions / mars 2010 13


FOCUS

聚焦

Les délégations régionales Une importante délégation d’une centaine de personnes emmenée par Martine Aubry sera à Shanghai au début du mois de juillet. Le déplacement est l’un de ceux pilotés par la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine. « Accompagner des délégations d’entreprises et d’institutionnels fait partie de notre travail classique, beaucoup de CCI prennent prétexte de l’Exposition universelle pour mener une mission de prospection » explique Béatrice d’Estienne d’Orves, directrice appui commercial CCIFC à Shanghai. Le groupe de Lille et de la région NordPas de Calais enchaînera échanges d’expérience avec de grandes entreprises nordistes installées à Shanghai (Décathlon, Auchan, Bonduelle, Roquette, etc) ; visite intelligente de la ville et de l’Expo pour explorer des solutions d’architecture et d’urbanisme ; visite du port en eaux profondes de Yangshan pour parler logistique, etc. La CCIFC participe également à l’organisation d’un séminaire de rencontres avec les hauts responsables de la municipalité de Shanghai autour de l’orchestre national de Lille, en concert à l’Oriental art center de Pudong le 8 juillet. L’ensemble du chef Jean-Claude Casadesus qui avait séduit les mélomanes chinois lors de la tournée en Chine en 2007 est sûrement l’un des meilleurs ambassadeurs de la région. Le Nord-Pas de Calais mise sur l’Expo et a prévu une représentation hors du site dans un temple taoiste sur la rue de Nankin du 1er mai au 15 juillet. Cet espace de 650m² accueillera différentes expositions dont « Futurotextile ». On pourra y voir une robe de mariée futuriste en dentelles lumineuses, une combinaison résistant à 300°C, un filet « attrape nuages », un rideau énergisant, un store photovoltaïque ou des chaussettes à base de betterave. L’industrie textile de la région est très impliquée dans le développement de ces textiles du futur. Méert, pâtisserie-salon de thé 14 Connexions / mars 2010

et véritable institution lilloise, sera également de la partie. La CCIFC accompagnera aussi un groupement d’entreprises mené par la CCI de Strasbourg et celle de Lorraine à la fin du mois de juin. Au programme : tour de l’Expo, événements et rendez-vous entre entreprises de la région et entreprises chinoises sur l’ensemble du pays. Une mission d’entreprises de la région Centre, de la Drôme et de la ville du Havre, une autre venue de l’île de la Réunion ont déjà fait appel à la CCIFC pour se rendre à Shanghai cet été. Cette dernière veut profiter de la visibilité offerte par la semaine de la Réunion (fin août) dans le pavillon France.

• TahitiShanghai en pirogue à balancier

En six mois, une pirogue traditionnelle à balancier remontera le cours du temps de 6000 ans pour faire le voyage inverse des migrations polynésiennes, de Tahiti à la Chine. Une pirogue de dix-huit mètres pour relier Tahiti à Shanghai pendant l’Exposition universelle, c’est le pari un peu fou de Clément Pito, navigateur, et Hiria Ottino, ancien représentant de la Polynésie française à Pékin et auteur de différents ouvrages sur la culture chinoise. « Il s’agit d’un projet de plus de dix ans qui devient réalité grâce au mécène, Joseph Laine » précise ce Tahitien passionné de Chine. Il y a six mille ans, les anciens Polynésiens ont réalisé l’exploit de coloniser systématiquement le Pacifique, le plus vaste océan du monde, de l’Asie vers les îles. En six mois, la pirogue de Clément Pito et Hiria Ottino prévoit de faire le voyage inverse des migrations, de Tahiti à la Chine. Les grandes aires de peuplement seront des escales du chemin du retour : Tahiti, îles Cook, Niue, Tonga, Fidji, Vanuatu, Santa Cruz Islands, îles Salomon, Papouasie Nouvelle-Guinée Le long de cette route océanienne, la pirogue embarquera des coéquipiers à chaque halte. Puis direction l’Asie : l’Indonésie, les Philippines,

Hongkong et Shanghai. Au final, l’ensemble du Pacifique retrouvera sa terre d’origine. La route est celle imposée par les vents et les courants. On dit que les Polynésiens partaient toujours contre le vent pour avoir l’assurance de rentrer facilement. Le voyage de 2010 réunira tous les petits retours de l’histoire millénaire de ces migrations. Après de longues recherches sur les pirogues, Clément Pito a combiné savoir-faire ancestraux et techniques modernes pour construire son embarcation. Les deux coques ont été creusées dans deux falcatas géants, de grands arbres à l’écorce grise, des hauteurs de Punnauia, au Sud de Papeete. Une fois évidés, les fonds ont été fendus, sans toucher aux extrémités, puis légèrement écartés, pour y insérer une planche et augmenter ainsi le volume de carène. Les bras, eux, sont faits en bois rouge. Le balancier servira de soute à matériel pour les batteries électriques, le carburant, l’approvisionnement. Une dizaine de Polynésiens participeront à cette aventure dont trois sur le bateausuiveur. Ce voilier suivra toute la traversée pour assurer la sécurité maritime et météorologique de l’équipage. La pirogue elle-même disposera de matériels de navigation modernes et de moyens de transmission par satellite (Iridium) permettant la mise à jour d’un journal de bord diffusé sur Internet. Un moteur de 40 chevaux servira à la fois pour la propulsion dans les ports et la génération électrique. Construction, équipements, logistique, ce voyage qui remontera en six mois la lente migration des Polynésiens coûte approximativement 80 millions Fcfp (environ 670 000 euros). Hiria Ottino et Clément Piton ont voulu que le voyage arrive en Chine pendant l’Exposition universelle de Shanghaï pour que le « retour » des Océaniens en Asie, région-mère bénéficie d’une couverture médiatique optimale. Le départ de Tahiti est prévu en avril.

E mil i e Torge me n

http://blog.sina.com.cn/s/articlelist_ 1661727801_0_1.html


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la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国

Le temple taoïste de la rue de Nankin accueillera la délégation Nord-Pas de Calais. 上海南京路的道观将接待法国北加莱海峡大区的展览

法国大区代表团 一支由Martine Aubry率领的百人代表团

些未来纺织技术的发展紧密相关。Méert糕

独木舟准备逆着迁移路线从太平洋的大溪

点店-茶屋,名副其实的里尔名店,也是展

地岛到中国。一路经停当时迁移过程中的

览的一部分。

各大中转点,包括:大溪地、库克群岛、

6月底,中国法国工商会还将陪同斯特

纽埃、汤加、斐济、瓦努阿图、圣克鲁斯

拉斯堡和洛林工商会带领的企业代表团。

群岛、所罗门群岛、巴布亚新几内亚。在

日程包括:参观世博会,组织活动以及大

每个中转地,木帆船会搭上同行人员,然

区企业与中国各地企业之间的会谈。一支

后朝亚洲进发:印度尼西亚、菲律宾、香

来自法国中部大区、德龙省和勒阿弗尔市

港和上海。最终,整个太平洋岛屿将找到

的企业考察团以及另一支来自留尼汪岛的

自己的本源。寻根之旅受到风和水流的影

考察团已找到中国法国工商会来安排今年

响。听说,波利尼西亚人永远逆风出海,

夏天来上海的行程。后面这支考察团希望

以保证可以容易返回。2010年的航行将汇

利用法国馆留尼汪周(8月22-29日)提供

集数千年迁移史中的所有小变迁。

的展示机会。

祖传技能与现代技术

将于7月初到达上海。这是中国法国工商会 安排的行程之一 。“陪同企业和机构代表 团是我们的传统工作,许多工商会借世博 经过对木帆船的长期研究,Clément 会之机来中国考察。”中国法国工商会商 Pito把祖传技能与现代技术相结合,造出

务部经理Béatrice d’Estienne d’Orves解释道。

了自己的小船。船身用巨大的栎树凿成, 这支来自里尔和北加莱海峡大区的 这种灰色树皮,像Punnauia那么高的大树 代表团将与驻上海的法国北部大企业(迪 生长在帕比提(大溪地的首都)的南部。 验;有针对性地参观上海市和世博会,研 究城市规划和建筑方案;参观洋山深水

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卡侬,欧尚,百蔬乐,罗盖特等)交流经

凿好船体后,锯开底部但不能锯到底,再

La pirogue tahitienne prendra la mer en avril à destination de Shanghai.

稍稍分开,往里插进一块板,以便增加吃

开往上海的大溪地木船将于2010年4月起航

水量。桅杆是由红木制成的。浮架作为存

港,讨论物流领域的合作等。7月8日,里 尔国家管弦乐团在浦东西方艺术中心举办 音乐会之际,中国国法国工商会还将参与

放电池、燃料和补给的物资舱。十几名波

从大溪地到上海 的独木舟之旅

利尼西亚人将参与这次航行,其中有三人

组织与上海市政府高层领导的一次会晤。

一艘传统的浮架木帆船将用六个月的

法国指挥大师让.克罗德.凯萨德苏(Jean-

时间重走六千年前波利尼西亚人从大溪地

Claude Casadesus)带领的乐团2007年在中

到中国的迁移之路。 在世博会期间,驾驶一条18米长的传

次,他们无疑是北加莱海峡大区最好的宣

统浮架木帆船从大溪地到上海,这是航海

传大使之一。北加莱海峡大区对世博会寄

家Clément Pitohe和前法属波利尼西亚驻华

予厚望,预计5月1日至7月15日在南京路

代表Hiria Ottino有些疯狂的想法。后者曾写

上的一座道观里进行一次世博会场外的展

过数部关于中国文化的专著。“多亏Joseph

览。

Laine先生的赞助,这个计划了10多年的项

览,其中有“未来纺织业”展览。在此人

保障全体船员的航海中和恶劣天气下的安 全。木帆船自身将配备现代航海设备和卫

国巡回演出时,吸引了大批中国乐迷,此

这块650平方米的展区将接待各种展

在随船上。这艘船将全程跟随独木舟,以

目才能得以实现。”热爱中国的大溪地人

星传输方式,可以更新网上发布的航海日 志。一台40马力的发动机用于在港口的推 进和发电。 此次为期六个月的漫长的波利尼西 亚人迁移之旅,在造船、设备和后勤等 方面将花费近8000万波利尼西亚法郎(折 合约67万欧元)。Hiria Ottino 和Clément Piton希望独木舟在世博会期间到达上海,

Ottino表示。

们将看到未来派的闪光花边的婚纱、可以

六千年前,古老的波利尼西亚人完成

抵御300度高温的连身防护服、集雾水网、

了征服世界上最大的海洋——太平洋的壮

产生能量的窗帘、光帘和用甜菜纤维制成

举,从亚洲来到了太平洋的岛屿上。六个

的短袜。北加莱海峡大区的纺织工业与这

月内,Clément

Pito和Hiria

为了呼应太平洋群岛移民回归亚洲本源, 这里将有最多媒体的报道。独木舟预计4月

从大溪地起航。

Ottino驾驶的 Connexions / mars 2010 15


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聚焦

Visite en 3D du pavillon français depuis son PC, comme si on y était.

从电脑上参观三维效果的法国馆,如同身临其境

Expo 3D en ligne, la première mondiale de Dassault Systèmes Du Déjeuner à Tahiti de Gauguin à la création d’une ville du futur, Shanghai 2010 est l’occasion pour Dassault Systèmes de faire entrer le grand public dans son univers en 3D Entrer dans l’univers de Gauguin et flâner dans la scène paradisiaque de son Déjeuner à Tahiti… grâce à 3DVIA de Dassault Systèmes, le leader des solutions 3D, ce sera possible sur le site en ligne du pavillon français pendant toute la durée de l’Exposition universelle. L’outil a permis d’élaborer une réplique numérique du bâtiment de l’architecte Jacques Ferrier : des millions de visiteurs pourront ainsi entreprendre une promenade en 3D à 360 degrés, en immersion totale, à l’intérieur comme à l’extérieur du pavillon français, découvrir son jardin vertical à la française… en passant leur souris sur leur écran d’ordinateur. Bonus virtuel, ils pourront s’introduire dans n’importe lequel des chefs-d’œuvre exposés à Shanghai par le musée d’Orsay. Le pavillon prépare également des jeux avec la 16 Connexions / mars 2010

mascotte Léon le chaton. Le bureau chargé de la coordination de l’Expo 2010 a aussi choisi la plateforme 3DVIA pour créer la première édition virtuelle de l’histoire de cette manifestation. Les quelques 5,28 km² du site de l’Expo seront ainsi accessibles en ligne. Les visiteurs vont pouvoir parcourir le site sur les rives du fleuve Huangpu, se déplacer d’un pavillon à l’autre, participer à différentes activités interactives en 3D et assister à la diffusion en ligne de manifestations réelles. « L’outil 3DVIA permet de vivre une véritable expérience de l’Expo, assure Christian Nardin, directeur Asie de Dassault Sytèmes. D’autant qu’à la version web 1.0, s’ajoute une version 2.0, participative, de l’Exposition en ligne. » En effet, le site Expo Online proposera également de bâtir la « Ville du Futur » en s’appuyant

sur le concept et le format des jeux en ligne pour imaginer la ville de demain, dans le cadre d’un projet impliquant les internautes du monde entier. Cette version virtuelle de l’Expo sera prolongée au-delà de la manifestation réelle. Une vision 3D pour tous Dassault Systèmes a déjà collaboré avec l’Exposition universelle. L’entreprise participait ainsi à la dernière édition à Aichi au Japon, via une installation, sorte d’anémone de 5m de haut rendue vivante par des projections sur sa paroi avec trois films en 3D — sur le thème de l’innovation durable. Cette fois, le géant français va plus loin. Déjà incontournable dans les milieux industriels, veut promouvoir sa vision de la « 3D pour tous » grâce à la dernière née des technologies maison 3DVIA virtools.


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国 Précurseurs dans le domaine de la 3D depuis la fin des années 70, les ingénieurs, alors sous l’aile de Avions Marcel Dassault (aujourd’hui Dassault Aviation), ont d’abord créé des solutions 3D pour simuler des surfaces d’avions. Depuis lors, via une croissance externe rapide (29 acquisitions depuis 1999), ce leader mondial propose des solutions 3D pour accompagner l’ensemble du cycle de vie d’un produit, qui permettent de réduire les coûts comme les délais du développement. Ces logiciels permettent de concevoir un téléphone portable, par exemple, puis de simuler sa chaîne de production ; de visualiser sa texture ; d’étudier les réactions de ce mobile putatif quand on le jette à terre ; de communiquer entre les designers américains, le bureau de sourcing turc et le centre de production en Chine ou de tester son emballage auprès des consommateurs dans le monde virtuel, avant de lancer sa production dans le monde réel. La Chine « formidable laboratoire » La technologie mise en oeuvre lors de l’Expo pour vivre ces expériences réalistes en 3D est déjà utilisée dans de nombreux secteurs industriels tels que l’aéronautique, l’automobile, le bâtiment, les biens de consommation courante et l’habillement. Dassault Sytèmes est également en position dominante sur le marché chinois. Le géant français est en effet présent depuis de nombreuses années auprès des industriels chinois grâce à un important réseau de plus de 80 revendeurs. Depuis 2005, Dassault systèmes a créé une filiale chinoise qui compte aujourd’hui environ 150 employés répartis dans six sites pour piloter ces revendeurs. En 2008, sur 1,34 milliards d’euros de revenu, la zone Asie pacifique représentait 23%. La Chine en particulier est un marché à surveiller de près : « Pour nos clients chinois, il y a deux aspects, la base existante encore réduite et les nouvelles affaires, très prometteuses» explique Christian Nardin. Troisième puissance économique bientôt numéro deux mondial, la Chine produit à tour de bras. « La Chine est un fantastique laboratoire pour nos technologies,

•••

达索打造第一个全球3D 网上世博会 “走进”法国后印象派大师高更的世

在世博会上应用的3D逼真体验技术已

界,漫步于他在大溪地岛上的画作《餐点》

经运用在航空航天、汽车、建筑、快速消费

如天堂般的场景之中...... 通过全球3D解

品和服装等诸多领域。达索系统在中国市场

决方案的领导者达索系统的3DVIA技术,这

上也占据着主导地位。

将在整个世博会期间的网上世博法国馆成为 可能。

多年来,这家法国巨头在中国凭借 80多家零售商的庞大网络服务于中国的工业

这项技术能够数字模拟出雅克.费里

企业。2005年达索系统成立了中国分公司,

耶(Jacques  Ferrier)所设计的法国馆:在

如今拥有近150名员工,分布在6个工作地

360度的视角中,数以百万计的参观者只需

点,负责零售商的管理。

轻点鼠标就可在网上法国馆内外自由参观,

2008年,亚太区占公司13.4亿欧元

欣赏垂直的法式花园。虚拟技术的附加优

总收入的23%。中国是要特别关注的市

势:参观者能够步入法国奥赛博物馆在上海

场:“我们的中国客户有两个特点,目前

世博会展出的任何一幅经典名作中,还可以

的客户群还比较窄,但新业务的发展前景

与法国馆的吉祥物“乐乐”进行实时互动。

良好。”

纳凯斯解释说。作为全球第三大

2010年上海世博会事务协调局也选择

的经济强国,不久将跃升至第二位,中国

3DVIA技术平台建立世博会史上第一个“网

正全力生产,而生产商就是达索系统的客

上世博会”,人们可以从网上参观占地约

户。“中国对我们的技术而言是一个绝佳的

5.28公里的世博会园区。参观者沿着黄浦江

实验室。我们的技术也用于解决中国的首要

两岸走遍世博园区,从一家展馆逛到另一

问题——可持续发展。因此,我们参与了此

家,参加各种3D互动,并在线参与实体活

届以“城市让生活更美好”为主题的世博

动。“由于参与性的web2.0网上世博会融

会。”

入到web1.0,3DVIA技术可以让人身临其境地

城市规划:一个新兴市场

参观世博会。”达索系统亚太区总裁纳凯斯

在深圳,13部计算机通过3D测试城市规

(Christian  Nardin)表示。事实上,网上世

划方案。在中国,复杂建筑的建设通常借助

博会网站还号召全球网友参与到打造“未来

达索系统的3D设计和模拟技术,比如北京

之城”的计划中,借助在线游戏的概念和模

奥林匹克体育场及上海的国际金融中心。两

式,设想未来城市的面貌。此届网上世博会

年来,深圳使用更为先进的3DVIA技术,通

将在实体世博会结束后继续存在。

过13台计算机和12部投影仪将整个城市的模

3D for All开发平台

型投射在一个大屏幕上,虚拟出城市规划方

达索系统与世博会的合作不是头一

案。

回。公司曾参加过上届日本爱知世博会,通

世博会让达索系统展示其“大众”能

过5米高的银莲花状的装置,把三部以可持

力:像吕克.贝松和詹姆士.卡梅隆之类的大

续创新为主题的3D电影活灵活现地投射在

导演独具慧眼,将达索系统的软件用于电影

四周的墙壁上。这一次,达索系统希望通过

《亚瑟和他的迷你王国》和《阿凡达》的构

最新诞生的3DVIA virtools技术推广自己的3D

思。这些技术还可以作为公关和市场营销工

for All开发平台。

具。达索系统与吕克.贝松的欧罗巴电影公

自上世纪70年代末就是3D领域的先

司合作,把240万雀巢Chocapic麦片盒变成

驱,马尔塞勒.达索航空(今为达索航空)

电脑游戏操纵器。消费者只要登入指定的雀

旗下的工程师们首先开发了模拟飞机表面

巢网站,通过网络摄影头拍下麦片盒背面,

的3D解决方案。自此,这家全球领先的高

就可以驱动以《亚瑟和他的迷你王国2》作

科技企业借助快速的外部扩张(1999年以来

为背景的3D游戏机程序,游戏机里的光球

一共进行了29次收购),为产品全生命周期

随着消费者将麦片盒左右倾斜而左右移动,

提供3D解决方案,减少费用并缩减开发周

最后游戏机内的迷你王国角色还会跳出包装

期。比如,这些软件可以用来设计一款手

盒。纳凯斯相信:“上海世博会是一次有国

机,模拟其生产线,显示其构造,研究手机

际影响力的盛会,它将被载入史册:史上规

摔在地上的反应,使美国设计师、土耳其采

模最大的世博会,也是第一届网上3D世博

购办公室和中国的生产中心之间实现多方交

会。我们认为此届世博会将被争相效仿。”

流,或在现实世界里正式投产前,在虚拟空

通过这些在线演示,达索不仅希望说

间里测试消费者对包装的反应。

服中国企业相信这些新应用的重要性,而且

中国:绝佳的实验室

希望全球市场也确信这一点。

Connexions / mars 2010 17


FOCUS

聚焦

matique capitale qu’est en Chine le développement durable, d’où notre présence à l’Exposition universelle dont le slogan est Better city better life. » précise le directeur Asie. Urbanisme : un nouveau marché A Shenzhen 13 ordinateurs permettent de tester en 3D les projets d’urbanisme. Classiquement, la construction de bâtiments sophistiqués s’appuie en Chine sur les solutions de conception et de simulation 3D de Dassault Systèmes, comme en témoignent les cas du stade Olympique de Pékin ou du centre financier mondial de Shanghai. Plus sophistiqué, depuis deux ans, la municipalité de Shenzhen utilise 3DVIA pour modéliser ses projets d’urbanisme sur une « maquette » de l’ensemble de ville projetée sur un grand écran grâce à treize ordinateurs et douze projecteurs. L’Exposition universelle permettra à l’éditeur de logiciels d’illustrer ses compétences « grand public » : les réalisateurs comme Luc Besson et James Cameron ne s’y sont pas trompés, ils ont utilisé les logiciels de Dassault Systèmes pour la conception de leurs films Arthur et les minimoys et Avatar. Ces technologies peuvent aussi servir d’outil de communication et de marketing. Dassault Systèmes en partenariat avec EuropaCorps, la société de production de Luc Besson, a ainsi transformé 2,4 millions de paquets de céréales Chocapic en console de jeu. En se connectant sur le site de la marque, les consommateurs pouvaient filmer le dos du paquet par leur webcam pour révéler le monde en 3D des Minimoys, récupérer des boules magiques et pour les plus adroits faire sortir un personnage du film Minimoys du paquet. « L’Expo 2010 à Shanghai est un événement de portée mondiale, cette Expo va faire l’histoire : la plus grande de tout les temps, elle est aussi la première en 3D. Nous pensons qu’elle va faire de nombreux émules » veut croire Christian Nardin. Avec ces démonstrations en ligne, le leader de la 3D ne veut pas seulement convaincre les entreprises chinoises de l’importance de ces nouvelles applications, mais aussi le marché mondial.

E mil i e Torge me n 18 Connexions / mars 2010

© Imagine China

••• nos outils servent aussi la problé-

Des cadeaux de noce signés l’Oréal pour les « mariés romantiques » du Pavillon France. 欧莱雅为参加“法国馆浪漫婚典”的新人们准备了新婚礼物

L’Oréal en fête Seule société française à être sponsor général de l’Expo, L’Oréal célèbre ses 75 printemps à Shanghai 2010. Les hôtesses et les touristes du pavillon France « le vaudront bien », eux aussi, le temps d’une « Expo ». De mai à octobre, le géant français des cosmétiques qui fêtera son 75e anniversaire au pavillon France en mai, se lance dans une vaste opération de promotion qui devrait séduire plus d’un visiteur. « En tant qu’entreprise française, nous soutenons la présence de la France à l’exposition universelle de Shanghai », résume Clothilde Yang, directrice de la communication corporate pour L’Oréal en Chine. A partir du 1er mai, un tirage au sort sera donc organisé chaque jour avec, à la clé, un produit L’Oréal à gagner pour les visiteurs et les hôtesses du Pavillon se verront, elles, offrir une session de formation pour apprendre à se maquiller dans

la plus pure tradition du chic français. « Elles participeront à donner une bonne image de la France », souligne la responsable. Les plus gâtés seront sans doute les jeunes mariés, qui participeront au « Mariage romantique » organisé par la Mairie de Tours sur le pavillon français. Comme cadeau pour la noce, ils auront droit à une boîte contenant des produits de beauté pour elle et pour lui. L’Oréal compte surtout mettre en avant ses marques L’OréalParis et Lancôme pendant ces six mois d’événements. Le pavillon France sera une bonne plate-forme pour le groupe français qui prévoit d’y fêter son 75e anniversaire. Un clin d’œil à l’histoire de la marque, dont le fondateur avait présenté son premier parfum sur une autre exposition


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国 universelle. C’était en 1935 à Bruxelles. Mais l’entreprise française ne se contente pas d’intervenir sur le pavillon tricolore. « Nous sommes la seule société française à être également sponsor de l’Expo », précise Clothilde Yang. Tous les volontaires bénéficieront ainsi des produits L’Oréal, « comme ils travailleront en plein air entre mai et octobre, nous avons surtout pensé à des crèmes de protection solaire », confie la responsable. Les trois cents hôtesses de l’Expo, sélectionnées par la Ligue de la jeunesse de Chine, recevront également une formation, sur le maquillage mais aussi sur la façon de s’habiller — comment marier les couleurs — ou encore sur l’art de recevoir des VIP. Ces derniers auront également droit à des cadeaux spéciaux. Côté tapis rouge, L’Oréal fera appel à ses ambassadeurs chinois pendant les six mois de l’Expo, mais le détail de la liste n’a pas encore été dévoilé. On sait en tout cas que l’actrice Li Bingbing, qui incarne la marque, sera présente, puisqu’elle est déjà ambassadrice de Shanghai Expo. En écho au thème de l’exposition « Meilleure ville, meilleure vie », L’Oréal s’est également engagé sur le volet environnemental. « Nous travaillons déjà en partenariat avec des organisations nongouvernementales pour encourager nos employés à utiliser les transports en commun et à économiser les ressources comme l’énergie ou l’eau », détaille Clothilde Yang. Mi-mars, l’entreprise devrait lancer un site internet www.loreal2010. com visant à sensibiliser le grand public sur ces questions de protection de l’environnement. En interne, un vaste programme a été lancé pour faire concourir les employés du groupe dans le monde entier sur les mécanismes possibles pour rendre une ville plus verte. Les idées seront soumises sur l’intranet de l’entreprise tout au long du mois d’avril. L’auteur du meilleur projet sera invité une semaine à Shanghai pour visiter le site de l’exposition. « C’est une façon que nous avons de faire la promotion de l’Expo ailleurs dans le monde », résume la responsable..

Ju l i e De sn é

A suivre : www.loreal2010.com

欧莱雅沉浸在欢乐之中 世博会召开期间,法国馆的礼仪小姐

都使用欧莱雅化妆品。“由于他们将于5月

和游客们也“值得拥有”。从2010年5月到

至10月期间在露天工作,我们特别想到了防

10月,法国化妆品巨头欧莱雅将投身到一场

晒产品。”

声势浩大的持续促销的行动中,吸引不止一

筛选的300名世博会礼仪小姐还将接受化妆

位参观者。“作为一家法国企业,我们支

及着装培训,学习如何搭配色彩及接待贵宾

持法国参加上海世博会。”欧莱雅(中国)

的礼仪。贵宾们也将获得特别的礼物。在嘉

对外交流及公共事务部总监杨晴红表示。自

宾方面,欧莱雅将在世博会举办的六个月里

5月1日起,每天都会举办抽奖活动,参观法

邀请其中国的代言人,不过名单细节尚未透

国馆的观众将赢得一款欧莱雅化妆品。法国

露。我们至少知道品牌代言人中国影视演员

馆的礼仪小姐们也将获得参加讲座的机会,

李冰冰届时将出席,因为她还担任了世博会

学习纯法式的优雅化妆。“她们有助于展示

代言人。

杨晴红透露说。由中国共青团

良好的法国形象。”杨晴红强调道。最大的

与世博会主题“城市让生活更美

宠儿是参加法国图尔市政府举办的“法国馆

好”相呼应,欧莱雅在环保方面也作出承

浪漫婚典”的中国新人们,他们将得到为新

诺。“我们已经与一些非政府机构合作,鼓

娘和新郎定制的美容产品作为新婚礼物。在

励员工使用公共交通工具,节约能源、水等

世博会举办的六个月里,欧莱雅打算主打巴

资源。”杨晴红具体地说,“3月中旬,公

黎欧莱雅和兰蔻两大品牌。法国馆对欧莱雅

司将推出www.loreal2010.com网站,引起

而言是一个很好的平台,5月,公司准备在

公众对于环保问题的关注。在公司内部,我

这里庆祝兰蔻品牌创立75周年。回顾一下兰

们已经启动了一项全球员工参加的大型竞赛

蔻的历史,该品牌的创始人是在另一届世博

项目,主题是让城市更加环保的可能机制。

会上发布了兰蔻的首款香水,那是1935年的

各种创意将在4月份通过公司局域网提交。

布鲁塞尔世博会。

最佳方案的作者将受邀赴沪一周,参观世博

然而,欧莱雅不只满足于赞助法国 馆。,杨晴红明确指出:“我们是唯一一家

会。“这是我们在全球其他地区推广世博会

的一种方式。”杨晴红总结道。

同时赞助世博会的法国企业。”所有志愿者

Connexions 46 L’Expo en avant-première A l’été 2008, Connexions avait déjà consacré un dossier spécial très complet à l’Expo. Retrouvez les interviews des concepteurs du pavillon français (Jacques Ferrier, Rudi Bauer et l’agence Ter), du consul général de France à Shanghai Thierry Mathou et du responsable des relations extérieures de l’Expo Xu Bo… et toute l’information sur l’Expo et la ville de Shanghai au http://www. connexions.ccifc.org/index.php/ fre/content/view/full/139.

Connexions / mars 2010 19


© DR

FOCUS

聚焦

Parmi les effets spéciaux d’Aquatique Show : un rideau d’eau sur lequel des images sont projetées. 在法国国际水秀公司制作的特效中,包括水幕投影

Les fééries liquides d’Aquatique Show Une PME strasbourgeoise, numéro un mondial, orchestre les jeux d’eaux des cérémonies d’ouverture et de clôture. Top secret, les cérémonies d’ouverture et de clôture de l’Expo comporteront des jeux d’eau grandioses, un spectacle aquatique prendra aussi place sur le site quotidiennement. Mais chut, on n’en saura pas plus sur les installations avant le jour J. Si ce n’est que l’auteur de ces exploits liquides est une entreprise française Aquatique show. Dans le marché de niche que représentent les spectacles d’eau et les effets spéciaux aquatiques, cette PME strasbourgeoise est le numéro un mondial. Les équipes d’Aquatique show ont entre autres participé aux animations aquatiques du château de Versailles, Disneyworld, Sea World Floride, Dubai Shopping Festival... Création, montage, maintenance, ils 20 Connexions / mars 2010

s’occupent de tout. Ainsi sur l’Exposition de Shanghai, une vingtaine d’experts en électronique, en hydraulique, en robotique feront le voyage pour s’assurer que le spectacle sera prêt à temps. « Nous devrons répondre à des défis techniques : une partie des fontaines se trouvent en rivières salées, les équipements bougent sur quelques mètres chaque jour en raison des marées… Le tout dans un délai serré. Si c’était simple, le bureau de l’Expo n’aurait pas fait appel à nous » se régale Dominique Formhals, PDG d’Aquatique show. Derrière la féérie, il faut imaginer les équipes locales, les fenwicks, les grues, les bateaux nécessaires au transport de tonnes d’équipement.

Une vente de plus de dix millions d’euros Des événements de cette ampleur il y en a peu dans son industrie : Coupe du monde de football une fois tous les quatre ans et Jeux olympiques d’été à la même fréquence, mais pas de Jeux olympiques d’hiver, la température limite les jeux d’eau. « L’Expo universelle est un marché important pour nous, les fontaines sont achetées par la municipalité pour un montant qui dépasse dix millions d’euros, nous sommes très, très, très heureux d’avoir été sélectionnés » précise Dominique Formhals. Le PDG et fondateur est tombé dans le bain à 24 ans. Un vrai conte de fées, jeune étudiant en droit, il concoctait une ani-


mation « très primitive » à base de tuyaux d’arrosage pour le 25e anniversaire de la chorale de son père. Les bonnes fées ce jour-là avaient le titre d’agents artistiques égarés dans la salle de spectacle strasbourgeoise. Elles lui proposent une tournée d’un an avec le cirque Bouglione. Dominique Formhals a tout appris sur le tas, depuis il s’est entouré d’experts. « Nous sommes numéro un mondial parce que nous étions précurseurs. En location, aucun de nos concurrents ne possède ne serait ce que 20% de notre matériel. » précise le patron alsacien. L’entreprise restée 100% familiale compte trente-cinq salariés à Strasbourg entre le siège et l’atelier et enregistre un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros. La Chine déjà premier marché L’Asie représente déjà la moitié du chiffre d’affaires contre 30% pour l’Europe, le reste se répartit entre le Proche-Orient, essentiellement Dubai et le Qatar, et la Russie qui a connu un net ralentissement l’an passé. La Chine est déjà le premier marché, Dominique Formhals compte bien qu’il continue de se développer. Des partenaires à Ningbo ont permis à Aquatique show de prendre position dans cette ville de la côte Est, ils ont installé le spectacle aquatique permanent de la municipalité depuis plusieurs années. A Canton, Aquatique show vient d’installer ses jets d’eau dans le cirque permanent Chimelong, la location pour un an s’élève approximativement à 200 000 euros. A Macao, la société crée en collaboration avec Franco Dragone, le metteur en scène du Cirque du soleil, un grand spectacle avec danseurs et acrobates dans une piscine pour le Casino City dream. « Avec l’Expo, nous espérons accroître encore notre visibilité dans le pays, explique Dominique Formhals, particulièrement grâce aux six mois de spectacles, vitrine de nos savoir-faire. » La société est détentrice d’une vingtaine de brevets. Et les risques de contrefaçon ? Il suffit d’innover toujours, répond l’ancien bidouilleur de tuyaux d’arrosage. Les clients qui contactent Aquatique show exigent du sur-mesure.

E mil i e Torgme n

www.aquatic-show.com

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la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国

Les parades délirantes de Transe Express.

Transe Express剧团令人兴奋的表演

Transe Express

Echange artistique « Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens qui arrivent... » Vingt-six artistes vont arriver de la Drôme pour rejoindre un projet un peu fou mis en place par la région Rhône-Alpes avec le bureau de la culture de Shanghai pour l’Exposition universelle : trois troupes de spectacles de rue françaises s’allient chacune à un « correspondant » chinois pour offrir une grande parade délirante et interculturelle : l’Orient orchestre. Transe Express prépare ses roulements de tambours en harmonie avec l’Oriental Jiangzhou Drum Theatre. « Accorder nos tambours « à la française » à des percussions chinoises crée un vrai lien entre artistes mais aussi avec le public chinois qui y retrouvera plus facilement ses repères » prêche avec conviction Claudia Caterin chargée de diffusion de Transe Express. Sa troupe qui a participé à des manifestations majeures telles que les derniers Jeux olympiques d’hiver à Vancouver, ceux d’Albertville en 1992 ou les Portes de l’An 2000 et les 2000 Coups de Minuit à Paris coordonnera le spectacle. La Grosse couture, fanfare au carrefour des musiques du monde, du rock et du jazz, travaille avec l’institut de musique de l’Université normale de Shanghai. Les

fabricants et animateurs de marionettes géantes le Caramantran font eux équipe avec une compagnie de dragons et de lions, Shanghai acrobatic troupe star. Au total, cinquante acteurs, musiciens, acrobates, marionnettistes et percussionnistes sont en train d’élaborer ce spectacle éphémère. Après un premier voyage de repérage en décembre pour identifier les partenaires, les échanges de partitions et de chorégraphies continuent à distance. Le final devait comporter l’arrivée de musiciens du ciel, transportés par une grue, mais le bilan carbonne de ce deus ex machina moderne est trop élevé pour l’Expo, il sera remplacé par un numéro de trapèze. Deux représentations sont prévues : le 14 mai dans le parc de Zhongshan, le 16 pour l’ouverture officielle du pavillon Rhône-Alpes sur l’ère des bonnes pratiques. On discute d’éventuelles reprises et tournées de cette collaboration exceptionnelle.

E mil i e Torge me n

www.transe-express.com www.lagrossecouture.com /www.caramantran.com (http:// www.worldtopdrum.com) Connexions / mars 2010 21


Isolation et économie d’énergie, la Suède a choisi le béton cellulaire pour ses performances énergétiques.

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FOCUS

聚焦

保温隔热和节约能源,瑞典馆选择加气混凝土来提高能效

Le béton vert de Xella La société lyonnaise équipe huit pavillons. Une superbe vitrine pour ce champion qui excelle en Chine. Le béton cellulaire Ytong de l’entreprise défend une approche verte de la construction. D’abord, le matériau en luimême permet des économies d’énergie substantielles. Les innombrables trous d’air que comprend la matière assurent une isolation bien supérieure aux matériaux standards, l’air étant un des meilleurs isolants. Dans les constructions ordinaires chinoises, le niveau de conductivité thermique est de 0,11, mais, grâce à une technologie européenne, il est de 0,09 pour le béton Ytong, une première en Chine. Concrètement, cela permet de moins chauffer les bâtiments l’hiver et de moins recourir à la climatisation l’été… un avantage de choix pour les bâtiments de l’Expo, qui devront subir la canicule estivale avec des pics à 40°C. Ils sont d’ailleurs nombreux à recourir à l’utilisation de ce matériau. L’entreprise équipe le Pavillon France et le pavillon Rhône-Alpes, dans la zone des meilleures pratiques urbaines, mais aussi les pavillons du Maroc et de la Suède ; des 22 Connexions / mars 2010

bâtiments de première importance sur le site de l’Expo, tels que la salle de spectacle ou le pavillon thématique ; et enfin des pavillons d’entreprise, comme celui de General Motors / SAIC (Shanghai Automotive Industry Corporation) ou de la compagnie nationale d’électricité, la State Grid. « L’Expo donne une vision de la vie urbaine future, dont un des éléments clé est l’architecture de pointe pour des bâtiments durables », résumait Jan BuckEmden, Pdg de la filiale Ytong au sein du groupe Xella, dans un communiqué de l’entreprise en novembre dernier. Présente depuis 1997 dans le delta du Yangze, Ytong est la première marque de béton cellulaire en Chine avec une production de 1,2 million de mètres cubes par an, sur des sites à Shanghai, Tianjin et dans la province du Zhejiang. Une chose est sûre, l’exposition universelle de Shanghai sera une formidable vitrine pour la marque qui produit beaucoup dans la région Rhône-Alpes. Les défis à relever pour l’événement ont été multiples.

Situé presqu’au centre de la ville, le site de l’Expo était difficile à approvisionner en matériel et les délais de chantier ont été établis au plus court. Par ailleurs, si la structure du béton cellulaire s’adapte très bien aux exigences environnementales des bâtiments modernes, elle doit aussi en respecter le design contemporain. Mais la contribution du béton Ytong au développement durable s’étend au-delà de son utilisation. Le groupe Xella s’efforce d’inscrire son procédé de fabrication dans une démarche plus respectueuse de l’environnement. Le poids — plus faible que celui d’un béton normal étant donné la présence d’air dans le matériau — permet un transport et une gestion de la chaîne logistique plus faciles et moins gourmands en énergie. Sur les chantiers, il n’est pas nécessaire de faire appel à du matériel sophistiqué, des outils normaux suffisent à la découpe des blocs de béton.

Ju l i e De sn é


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国 50%,而欧洲只占30%,其余分布在近东,

园里,另一场5月16日在世博会城市最佳实

主要是迪拜和卡塔尔,还有俄罗斯,但去年

践区罗纳-阿尔卑斯大区馆的正式揭幕仪式

高度机密:世博会开闭幕式将有雄伟

俄罗斯增长明显放缓。中国已成为最大的市

上。相关人员正在讨论此次中法艺术团体的

壮观的水上表演节目,在世博会场每天也将

场,Dominique Formhals预计中国市场会继

合作将来可能重新进行并举办巡演。

续发展。宁波的合作伙伴已经让公司在这座

www.transe-express.com

东部沿海城市占有一席之地,多年来,他们

www.lagrossecouture.com

长期在这座城市布置水景。在广州,公司刚

www.caramantran.com

刚在长隆国际马戏大剧院安装了喷泉,一年

(http:// www.worldtopdrum.com)

法国国际水秀公司 的水上梦幻表演

上演一场水秀,但在世博会开幕前人们不会 知道更多细节。我们只知道这些水景项目的 制作者是一家法国企业——法国国际水秀公 司。 在水上表演及水中特效的小众市场 中,这家来自法国斯特拉斯堡的中小企业在 世界上首屈一指,它曾参加过法国凡尔赛 宫、美国迪斯尼乐园、弗罗里达海洋世界、 迪拜购物节等水上表演项目。创意、安装、 维修,一切都由他们负责。因此,在上海世 博会的项目上,将有20多名电子、流体及自 动化专家奔赴上海保证表演如期举行。 “我们要接受住技术的挑战:部分喷 泉将设在咸水河上,设备因为潮水每天会移 动几米……所有准备工作必须在很短的期 限内完成。如果简单的话,世博局也不会 找到我们。”法国国际水秀公司的总经理 Dominique Formhals兴奋地说。在美仑美奂 的水上表演背后,要考虑当地的工作团队, 比如叉车、吊车、运送数吨设备的必要船只 等。 超过1000万欧元的买卖 在法国国际水秀公司从事的行业中, 规模如此巨大的活动很少:四年一次的世 界杯足球赛,夏季奥运会也是四年一次,

的租金就达到近20万欧元。在澳门,公司与 太阳马戏团的导演Franco  Dragone合作,在

凯莱集团的绿色混凝土

新濠天地赌场度假村的游泳池里与舞蹈和杂

经多方认证,凯莱集团生产的伊通加

技演员们共同创办了一台大型演出。“我

气混凝土可保证建筑的环保。这种建筑材料

们希望通过世博会进一步提高我们在中国

本身就能节约大量能源。材料中包含的无数

的知名度,特别是利用6个月的表演来展

气孔比普通材料的保温隔热效果好很多,因

示我们的特长。”Dominique Formhals解释

为空气是最好的保温隔热体之一。在中国的

说。公司拥有20多项专利证书,至于被仿 冒的风险,只要一直创新就行,Dominique Formhals这样回应。联系法国国际水秀公司 的客户要求的是量身订制。 www.aquatic-show.com

法国Transe Express剧团:艺 术交流 “快来看即将到来的喜剧演员,乐

普通建筑中,导热率为0.11,而借助欧洲技 术,伊通加气混凝土的导热率为0.09,这在 中国是最好的。具体地说,这种混凝土在冬 天可以为建筑少供热,夏天可以让建筑少用 空调。对于世博会的建筑,这是选择这种 混凝土的一个好处,因为它们要耐受每年 6月至9月袭击上海的三伏天(最高气温可达 40°C)。

手,魔术师的表演吧……”,来自法国多姆

很多展馆使用这种建材。凯莱集团为

省的26位艺术家将参与由罗纳-阿尔卑斯大

法国馆、城市最佳实践区的罗纳-阿尔卑斯

区和上海文化局联手为世博会打造的有些疯

大区馆、摩洛哥馆和瑞典馆提供建材,也为

狂的节目:3个法国街头艺术家团体分别与

世博会园区的重要建筑,例如演出大厅和主

一个相应的中国演出团体联合奉献一场令人

题馆提供建材,还为企业馆,例如上海通用

兴奋的跨文化大型演出:东方音乐会。

汽车、国家电网提供建材。“世博会展示的

但冬奥会不行,温度限制了水上表演。世

Transe  Express准备与上海东绛州鼓乐

是未来的城市生活,其关键要素是符合可持

博会对我们来说是个重要的市场,上海市

团联合演奏鼓乐,“把我们的法式鼓乐融合

续发展要求的尖端建筑技术。”凯莱旗下的

政府以超过1000多万欧元的价格买下了喷

到中国的打击乐中,在艺术家之间,同时也

伊通公司总裁Jan Buck-Emden在去年11月的

泉。我们非常、非常、非常幸运地被选

与中国观众产生一种真正的联系,他们会更

中。”Dominique Formhals说。

一份企业新闻稿中这样总结。

容易产生共鸣。”Transe Express的宣传负责

伊通公司自1997年进驻长三角,是中

Caterin满怀信心地説。她的团体

国第一大加气混凝土品牌,产量达120万立

公 司 总 经 理 兼 创 办 人 Dominique

人Claudia

Formhals早在24岁时就入行。一个真实的传

曾参加过多次重大活动,例如最近的温哥

奇故事,作为一名法律专业的大学生,为

华冬奥会、1992的阿尔贝维尔冬奥会、巴黎

了庆祝他父亲的合唱队成立25周年,他用

2000年跨年以及2000下子夜钟声庆典,这次

浇水的管子进行了一场别开生面的表演。

Transe Express将参与世博会的演出。

方米,在上海、天津和浙江均有工厂。可以 肯定的是,上海世博会对于伊通是个极好的 展示窗口,它在罗纳-阿尔卑斯大区产量很 大。此届世博会曾面临的挑战众多:会址几

那一天,在斯特拉斯堡演出大厅里奇迹般

介于世界音乐、摇滚乐及爵士乐之间

地有演艺经纪公司在场,他们向Dominique

的铜管乐队La Grosse Couture将与上海师范

Formhals提议跟随Bouglione马戏团进行巡回

大学音乐学院一起合作。巨型木偶的制作

演出。他在实践中学到了所有的东西,此后

演出团体Le  Caramantran则与一家舞龙舞狮

他身边一直聚集着专家。“我们是世界第

团和上海明星杂技团组成演出团队。共有

一,因为我们是最早涉足该行业的企业。在

50名演员、乐手、杂技演员、木偶操纵师以

然而,伊通混凝土对可持续发展的贡

租用设备方面,没有一家竞争对手能够拥

及打击乐手正在策划这场短暂的演出。自去

献超越其用途。凯莱集团力求将其生产工艺

有我们20%的设备。”这位阿尔萨斯的老板

年12月第一次来中国考察寻找合作伙伴之

纳入最环保的方式。由于在这种建材里有空

说。公司为100%的家族经营,在法国斯特

后,谱曲和编舞的远距离交流一直在继续。

气,重量比普通混凝土轻,从而使运输和物

拉斯堡的总部和工作室有35名员工,营业额

最终的演出本来包括由吊车运送乐手从天而

流管理更容易,耗能更少。在工地上,不需

达2000万欧元。

降,但是这种现代手法的排碳量对于世博会

要用复杂的材料,只要用普通工具就能切割

中国已经是最大的市场

来说过于高昂,它将被空中杂技节目代替。

大块混凝土。

亚洲占法国国际水秀公司营业额的

两场演出已经确定:一场5月14日在中山公

乎位于市中心,建材供应困难,建设工期 短。另外,即便加气混凝土的结构很适合现 代筑的环保要求,但也要尊重现代建筑设计 的风格。

• Connexions / mars 2010 23


FOCUS

聚焦

Arte-Charpentier dessine la place des Célébrations Tout au bout du monumental « Boulevard de l’Expo » qui accueille les visiteurs dès l’entrée, se trouve la place des Célébrations. Au bord de la rivière Huangpu, l’espace est signé par un architecte français présent depuis longtemps en Chine : Jean-Marie Charpentier. Son agence, qui compte 26 personnes à Shanghai, a imaginé un grand espace de 15 600 mètres carrés, à la fois destiné à accueillir des grands concerts mais aussi les visiteurs, dans une atmosphère de détente et de repos. Quand l’endroit ne sera pas en « mode concert », des fontaines et des plans d’eau occuperont le terrain. « Nous avons fait remonter le fleuve Huangpu sur la place », aime donner comme image Zhou Wenyi, architecte de l’agence. Le design se veut sobre pour mettre en valeur les formes audacieuses des bâtiments alentour que sont la salle de spectacle et le centre de congrès. Un autre projet du français est très attendu pendant l’Expo : un pâté de maison entier de la concession française rénové, avec des anciens lotissements et des villas d’époque qui côtoieront des nouvelles constructions discrètes. AOS Realys construit le pavillon Belgo-européen Le cabinet franco-belge AOSRealys conçoit et construit le pavillon belge et l’espace européen hébergé dans ce même pavillon pour une enveloppe globale de près de 15 millions d’euros. Depuis 2005 en Chine, la PME qui compte 25 personnes dans ses bureaux de Shanghai a déjà fait ses preuves dans la ville : la flagship store Porsche à Pudong, le centre de R&D de Rhodia, celui de Saint Gobain... « Décrocher ce contrat nous permet de démontrer que nous

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24 Connexions / mars 2010

Les équipes d’Aden services prendront bientôt le relais des ouvriers…

© Imagine China

Brèves Expo

埃顿服务的工作团队即接替施工人员(进驻世博会)

Les 800 petites mains d’ADEN Services Maintenance, sécurité, propreté… En dix ans, Aden services s’est imposée en Chine et se met au service des autres – des multinationales aux stars – pour que la fête soit parfaite. A côté des architectures plus originales les unes que les autres, des inventions « vertes » et de la foule, vous ne les verrez sûrement pas, mais 800 des petites mains de L’Exposition universelle seront les employés d’ADEN Services. Monaco, le Luxembourg, la Grande-Bretagne ainsi que deux autres pavillons ont déjà fait appel à la société française spécialiste des métiers de la restauration collective et de ceux du facilities management (sécurité, propreté, maintenance industrielle...). Recrutement à tour de bras, formation au pas de charge, l’Expo est un formidable outil de développement pour l’entreprise qui a ouvert il y a quelques mois un bureau à proximité du site pour diriger de plus près cette armée de gardiens, de « ayis », etc. « Les pays participants étaient intéressés par nos dix années d’expérience en Chine. Parallèlement, être certifiés norme ISO 9001 : 2000 est un plus dans un pays où la qualité est une préoccupation constante » explique Nicolas Clément, directeur commercial et marketing Chine. Une société française qui rayonne depuis la Chine La société a décroché son premier

contrat en Chine en 1999. Joachim Poylo, son fondateur et PDG, est alors appelé à Pékin par Promodès, qui veut construire le réseau de sécurité interne de son premier magasin Continent. Ils avaient entendu parler de l’activité d’ADEN Services, alors uniquement active au Vietnam. Aujourd’hui l’entreprise a établi son siège à Shanghai et enregistre un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros, dont 80% en Chine. C’est la spécificité de cette entreprise française, qui rayonne depuis le marché chinois en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et en Afrique, et est représentée en Europe et en Australie. Au cinquième étage du siège shanghaien, les experts de l’Operations Command Center surveillent les usines, parcs industriels, magasins, etc. des différents clients sur une dizaine d’écrans. Une installation qui permet d’intervenir en moins de cinq minutes grâce à un système d’alertes sophistiqué reliant les sites au “Central”. La sécurité des visites de David Beckham ou de Sophie Marceau en Chine : signée ADEN Services. La surveillance du site du centre de production de Huawei, l’un des leaders mondiaux des télécoms, à Hangzhou : signée ADEN Services. Après avoir


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国 décroché des contrats auprès de clients français, Promodès, Sofitel, Saint-Gobain, puis de grandes multinationales telles que Siemens, Nestlé, GE ou L’Oréal, l’entreprise séduit aujourd’hui des groupes chinois tels qu’Alibaba. « Pour l’instant, les entreprises chinoises représentent 10% de nos clients, cette part augmente rapidement » estime Catherine Ung, chargée du développement commercial. Ils ont protégé David Beckham et Sophie Marceau Le credo de la société française : proposer des standards internationaux à des prix locaux. Sur les 12 000 salariés (dont 8 000 en Chine), on compte très peu de cols blancs. Du coup, il a fallu insister sur la formation des employés maison organisée dans des centres dédiés par les quinze bureaux chinois disséminés à travers le pays. Première activité historique, la restauration collective fait peu à peu place à un portefeuille de services à forte valeur ajoutée. Les projets de gestion de bases-vie, formule « tout compris » particulièrement appréciée par les groupes industriels et miniers, sont en plein essor dans plusieurs régions isolées de Chine et d’Asie. Dans le désert glacé du Qinghai, ADEN Services a, par exemple, organisé en 2007 la vie quotidienne des employés de General Electric travaillant sur la construction de la ligne ferroviaire la plus haute du monde entre Pékin et Lhassa. « C’est la vision d’ADEN Services et de son président Joachim Poylo, répondre aux besoins de nos clients pour qu’ils puissent se concentrer sur leur coeur de métier » explique Nicolas Clément. La société multiservices applique la stratégie du petit pas : s’ils sont satisfaits de leurs services de restauration, par exemple, les clients leur confient le nettoyage, puis la gestion de leurs sites dans d’autres régions ou dans d’autres pays. Les contrats passés en Chine avec des multinationales comme des compagnies locales ouvrent des portes : les experts d’Aden services accompagnent par exemple aujourd’hui des sociétés minières comme l’australien Anvil Mining ou l’américain Caterpillar en République démocratique du Congo...

E mil i e Torge me n

来自埃顿服务的800名 基础服务人员 在一个比一个更独特的建筑、环保

的电信解决方案供应商华为在杭州生产中

设计及人群之中,你肯定看不见他们,

心的安保由谁负责?埃顿服务。与普美德

但800名供上海世博会使用的基础服务人

斯、索菲特、圣戈班等法国客户,以及与

员将由埃顿服务的员工担当。摩纳哥、

跨国公司巨头西门子、雀巢、通用电气、

卢森堡、英国和另外两个展馆已经向这

欧莱雅签订了合同之后,如今公司吸引了

家专业从事团体餐饮及设施管理服务(保

一批中国的企业如阿里巴巴,负责商务开

安、保洁、工业维修等)的法国公司提出

发的Catherine Ung指出:“目前,中国企业

请求。全力招聘人员并加紧培训,上海世

占我们客户总数的10%,这一部分增加得

博会对埃顿服务而言是一个绝佳的发展途

很快。”

径。公司几个月前就在世博会址旁设立了 一个办公室,以便就近指导这支保安和阿

他们保护了大卫.贝克汉姆和苏菲.玛索的

姨的队伍。参展国家对我们在中国十年的

安全

从业经验很感兴趣。同时,公司取得了

埃顿服务的座右铭是:以本地的价格

ISO9001:2000认证,这在质量一直为人们

提供符合国际标准的服务。在12000名员工

所关注的中国又加了一分。”埃顿服务中

中(其中8000人在中国),只有很少的人

国的商务和市场部经理Nicolas Clément解释

是白领。因此,应该坚持入户服务人员的

说。

培训,这是由分布在全国15个办事处所指 定的培训中心来负责。

一个从中国市场绽放光芒的法国公司

埃顿服务的第一项历史业务,团体餐饮逐

1999年,埃顿服务签下了在中

渐让位于具有高附加值的一站式服务。备

国的第一份合同。公司创始人兼总裁

受工业和矿业企业青睐的基本生活管理项

Joachim  Poylo当时被法国零售商普美德斯

目,即“一切全包”方案在中国和亚洲的

(Promodès)召到北京,后者想在其第一

许多偏远地区正飞速发展。比如在青海省

家门店康地祥(Continent)建立内部安保

寒冷、荒无人烟的地方,2007年,埃顿服

系统。普美德斯听说过埃顿服务的业务,

务曾负责安排通用电气员工的日常生活,

而当时的埃顿服务只活跃在越南。如今公

当时他们正在修建世界上海拔最高的北京

司已在上海建立总部,营业额超过5000万

至拉萨的青藏铁路。“满足我们客户的需

欧元,其中80%在中国实现。这家法国公

求以便让他们集中精力做好自己的主要

司的特殊之处正在于此,从中国市场发展

工作,这就是埃顿服务及其总裁Joachim

到东南亚、中东和非洲,并在欧洲和澳大

Poylo的设想。”Nicolas Clément解释说。

利亚设有销售办公室。

埃顿服务采取一步一个脚印的策略:

在上海总部的5层,行动指挥中心的

如果客户对其餐饮服务感到满意,就会委

专家在十几个屏幕上监视着不同客户的工

托他们负责保洁,然后委托他们管理在其

厂、工业园及商店。借助连接中心和现场

他地区或国家的项目。公司在中国与跨国

的高级警报系统,设施可以在5分钟内处理

企业签订的合同与本地企业一样打开了大

出现的问题。

门:埃顿服务的专家正为澳大利亚的安维

大卫.贝克汉姆或苏菲.玛索到访中 国的安全由谁负责?埃顿服务。全球领先

尔矿业公司以及美国的卡特比勒公司在刚

果的项目提供服务。

Connexions / mars 2010 25


•••

26 Connexions / mars 2010

Du Mexique à la Roumanie, de l’Afrique à la Suisse, comment nos voisins de toute la planète rivalisent aussi d’ingéniosité pour célébrer 150 ans d’expositions universelles.

Conte de fées Derrière ses douze tours blanches, rouges et or, inspirées de costumes traditionnels féminins et d’anciennes villes de l’Oural trimillénaires, le pavillon russe a choisi de regarder la ville comme un conte de fées éclairé avec des yeux d’enfants.

Trois dunes Les trois dunes du pavillon des Emirats Arabes Unis conçu par Foster avec des matériaux recyclables et écologiques, offre à l’intérieur l’abri de leur fraicheur et l’attrait de toutes nouvelles technologies audio-visuelles.

Dentelle de bois Enveloppé dans sa dentelle de bois découpée au laser et directement inspirée de motifs folkloriques complexes, le pavillon polonais fascine par son allure de feuille de papier pliée géante. Ah…aller y écouter du Chopin… ou du rock !

Ocre rouge L’extérieur du bâtiment est en acier ocre rouge, couleur de terre australienne. Conçu comme une sculpture moderne et organique, le pavillon australien invite au voyage dans son théâtre 3D de mille places, promesse de fortes sensations.

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des projets complexes » explique Benoit Greindl. La société doit en effet concevoir, construire cette structure en forme de neurone avant de la démonter et la recycler après la clôture de l’exposition. En interne, le pavillon multiplie les défis et les espaces attribués aux différentes Régions et Communautés belges. Il y aura par exemple un espace diamantaire, où les visiteurs pourront observer la taille des pierres précieuses, soit pour AOS-Realys des installations de sécurité draconiennes. SIP un expert de la construction au service des pavillons étrangers Les pavillons norvégien, vénézuélien, irlandais et celui des Emirats arabes unis ont déjà fait appel à l’expertise de la société de gestion de projets SIP. Très présents en Chine, SIP y réalise trente-cinq projets chaque année, beaucoup d’usines mais aussi des laboratoires, des supermarchés, des hôtels. Sur l’Expo, l’entreprise représente les organisateurs des pavillons nationaux ou les architectes auprès des intervenants à toutes les étapes : appel d’offre, construction, gestion des chantiers, etc. La différence entre les contrats chinois, base de négociation, et les contrats à la mode occidentale où la définition des risques est très détaillée par exemple, peut être déroutante pour les entreprises internationales qui doivent travailler en Chine parfois pour la première fois et dans des délais relativement courts. GL events gère les services Sécurité, nettoyage, maintenance, hôtesses d’accueil, GL events fournira le personnel nécessaire à tous ces services sur le pavillon taiwanais. Sur le pavillon chilien, l’entreprise assurera les mêmes services ainsi que la gestion du restaurant, des boutiques. « Nos clients nous font confiance parce que nous gérons 35 sites dans le monde »

Délires et technologies

© Imagine China

••• sommes capables de gérer

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FOCUS

聚焦


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国

Cirque du soleil Conçu en collaboration avec le Cirque du Soleil, le pavillon canadien offre un espace de spectacle à ciel ouvert entouré de trois structures. Un système de drainage permettra de recueillir l’eau de pluie.

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© Imagine China

© Imagine China

Tournesols et pissenlits La façade évoque un tronc d’arbre qui associe éléments naturels et technologie solaire (les cellules produisant l’électricité du pavillon) et s’élève vers la douceur d’un toit paysagé, planté de tournesols et de pissenlits.

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••• explique Amaury Rostagnat,

Le « grand huit » Sur le thème de « la rue joyeuse », le pavillon des Pays-Bas en forme de tulipe entraîne le visiteur sur un « Grand huit » piétonnier qui mettra en valeur le développement durable, l’environnement et la responsabilité sociale des entreprises.

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Cerfs-volants et papillons Sur le parvis du pavillon du Mexique, des dizaines de cerfs-volants sont plantés dans du gazon. Appelés náhuatl, ce qui veut dire « papillon », ils seront, selon leurs créateurs, un symbole de réflexion pour une meilleure ville.

DGA de GL events Chine. Pour compléter son offre de service, la société a récemment intégré French touch, une agence d’hôtesses. Urban Bar et ses cocktails sur mesure C’est une jeune pousse chez les entrepreneurs français de Shanghai, mais le spécialiste du conseil en montage de bar est déjà devenu incontournable. La société Urban Bar, qui propose notamment des créations de cocktails ou de la formation pour barmen, s’est associée avec les frères Pourcel pour concevoir le bar du restaurant 6e sens. Sébastien Bonnefoi, fondateur et directeur de la petite entreprise, connaît bien les chefs montpelliérains pour avoir signé avec eux un ouvrage sur les cocktails et la finger food intitulé « In’sensé », paru en 2007 aux éditions Solar. Mais le Stéphanois d’origine ne s’arrêtera pas là pendant les six mois de l’Expo, il met également en place le bar Moët & Chandon, qui se trouvera au rez-de-chaussée du pavillon et le bar Absolut (propriété de Pernod-Ricard) au pavillon suédois. Art for the World s’expose Vingt sculptures monumentales prendront place sur le boulevard de l’Expo. Une équipe française, composée du commissaire d’exposition Ami Barak et de la galerie parisienne JGM Galerie, est à l’origine d’un des plus gros projets artistiques de l’exposition universelle de Shanghai. Chaque oeuvre est signée d’un artiste différent — onze sont chinois et neuf viennent de l’étranger, dont deux artistes français — et présente une vision de l’urbanisation. Commandes du Bureau de l’Expo, certaines de ces sculptures resteront sur le bitume shanghaien après la fin de l’exposition universelle, comme le Mirror Boat de Leung Mee Ping, l’aiguille en acier de 12 mètres de haut de Liu Jianhua et

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Connexions / mars 2010 27


Pomme verte Répondant au doux nom de Greenopolis, le pavillon roumain a pris la forme d’une pomme verte, pour dégager des idées de santé, de connaissance, d’originalité, de tentation et d’éternité.

••• le couple de pandas « He He »

28 Connexions / mars 2010

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Un marshmallow géant Imaginé à partir du projet de banque de graines du Jardin botanique royal de Londres, le pavillon britannique a la forme d’un gigantesque marshmallow aux murs recouverts de 60 000 tiges d’acrylique de 7,5 m, qui brilleront de jour et de nuit et oscilleront au rythme de la brise venue du fleuve.

Trois terrains de football Grand comme trois terrains de football et demi, le pavillon de l’Afrique est le plus vaste des pavillons collectifs. 42 pays s’abriteront derrière ses façades aux teintes vives, protégées par une technique de pulvérisation écologique et anti-rayon-ultraviolet.

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Amazing France signe un magazine haut-de-gamme pour le pavillon. Créée en 2005 à Shanghai, le semestriel Amazing France porte haut les couleurs de la France en Chine. A tel point que la COFRES s’est laissée séduire par ce petit groupe de presse pour élaborer le magazine du Pavillon France. Tiré à 600 000 exemplaires, ce numéro spécial sera distribué en exclusivité sur le pavillon. Au départ, les deux fondateurs de la publication Fabien Roiron et Morgan Bonnard souhaitaient un magazine capable de promouvoir avec élégance l’art de vivre à la française. Aujourd’hui, le groupe de presse s’étoffe et des numéros spéciaux consacrés aux vins, aux montres ou encore aux chaussures de luxe viendront s’ajouter au portefeuille des titres de Amazing Publications.www. amazingfrance.com BFM et Publicis Consultants inaugurent une rubrique sur l’Expo 2010 Chine Hebdo, l’émission hebdomadaire consacrée à la Chine de BFM Radio, réalisée avec radio 86, a lancé à 100 jours de Shanghai Expo une rubrique hebdomadaire présentée par Antoine Bourdeix (Publicis Consultants). Chine Hebdo est présentée par Philippe Marty et diffusée sur BFM Radio le samedi de 18h à 19h et le dimanche de 7h à 8h. Toutes les Fréquences de BFM Radio, le streaming et le Podcast de l’émission sont disponibles sur http://www.bfmradio.fr et sur le site d’informations www.radio86.fr. France Inter à Shanghai Le 30 avrill, France Inter présentera une matinale d’informations en direct de la rue de Nankin. Au programme, entre 6h30 et 9h, des invités et des reportages pour parler de l’Expo et faire découvrir Shanghai. Une newsletter CCIFC Toutes les deux semaines, la CCIFC informe ses membres. Tous les événements et l’actualité de l’Expo.

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et « Xie Xie » de Zhang Huan.

Brindilles d’osier Osier, tapas et flamenco. Le pavillon espagnol virevolte autour d’une structure d’acier recouverte de brindilles d’osier colorées et tressées par des artisans venus de tout le pays. Il se transforme, le soir venu, en cabaret gastronomique.

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FOCUS

聚焦


la présence française à l’Expo 上海世博会上的法国 夏邦杰设计世博庆典广场

国家馆的组织者或建筑师。中国合同与西方

中国,9件来自外国,其中法国2件,用来展

世博庆典广场位于世博会主入口——壮观的

合同的差异让那些第一次在中国开展项目且

示城市化的视角。应世博局的要求,其中几

世博轴的顶端。庆典广场位于黄浦江边,其

项目周期较短的国际公司难以应付。比如,

件雕塑将在世博会结束后永久留存,如梁

设计出自一位进入中国已久的法国建筑师夏

西方合同对风险的定义非常细致,而中国合

美萍的作品《镜舟》(Mirror Boat)、刘建

邦杰之手。他的事务所在上海拥有26名员

同则不同。

华的12米高的钢针作品(l’aiguille en acier de 12 mètres de haut)、张洹制作的两只大熊

工,设计了面积为15600平方米的场地,既 用于举办大型音乐会,也为参观者提供了休

GL Events提供场馆管理服务

闲场所。当不举办音乐会时,喷泉和水景将

GL Events为台湾馆提供安保、保洁、维护、

覆盖这片区域。“我们把黄浦江水引到广场

礼仪小姐等所有设施服务所必需的人员。在

《魅力法国》成为法国馆的高端杂志

上。”事务所的设计师周雯怡希望达到这样

智利馆,公司除了提供相同的服务外,还要

2005年创刊于上海,《魅力法国》季刊让

的效果。庆典广场的设计比较朴实,以便突

管理餐厅和小商店。其他国家馆也会陆续使

法国在中国大放异彩。上海世博会法国参

出周围建筑——演艺中心和世博中心的大胆

用该公司的服务。“初到中国,管理一个展

展局受到这家小出版集团的吸引,决定由

设计。世博会期间,夏邦杰的另一个项目也

馆是非常困难的。我们的客户对我们十分信

其担纲制作2010年上海世博会法国馆的官方

备受期待:法租界的房屋改造,一些老街区

任因为我们在全球管理着35个场馆,而且我

杂志。发行量达到60万册的专刊将于2010年

与当时的别墅毗邻的不太张扬的新式建筑。

们有组织活动的经验。” GL  Events中国副

5月至10月在法国馆独家发行。起初,创刊

总经理诺艺(Amaury Rostagnat)解释说。

人华安(Fabien Roiron)和伯纳德(Morgan

AOS Realys打造比利时—欧盟馆

为了提供更全面的服务,公司最近吸纳了一

Bonnard) 希 望 制 作 一 本 能 够 优 雅 地 推 广

法国、比利时建筑师事务所AOS-Realys设计

家管理礼仪小姐的公司——French Touch。

法式生活艺术和法国奢侈精品的杂志。如

猫“和和谐谐”。

今,这家出版集团的业务不断扩充:今年年

并建造比利时馆和在同一馆内的欧盟展厅, 整个工程耗资近1500万欧元。这家中小企业

Urban Bar与它的定制鸡尾酒

底,《魅力意大利》将重新出版,以葡萄

2005年进入中国,在上海办事处拥有25名员

Urban

酒、钟表及奢侈鞋品为主题的专刊也将落入

工,并已在上海表明其实力:浦东保时捷旗

不过这位酒吧咨询专家的发展已经势不可

Amazing Publications的囊中。

舰店、罗地亚上海研发中心和圣戈班的研

挡。Urban Bar主要提供鸡尾酒的创制及调酒

www.amazingfrance.com

发中心等。“签下这份合同使我们能够证

师的培训服务,并与普塞尔(Pourcel)兄

明,我们有能力管理复杂的项目。”甘德理

弟合作打造法国馆“第六感”餐吧。这家小

BFM与阳狮咨询开办关于2010年上海世博

(Benoit Greindl)解释说。公司要设计并建

企业的创始人兼董事长Sébastien Bonnefoi与

会的每周专栏

造“脑细胞”结构的比利时馆,并在世博会

来自蒙彼利埃的主厨普塞尔兄弟熟识,并

中国周报(Chine

结束后将其拆除并回收处理。在内部,展馆

与他们合著了一本介绍鸡尾酒和小食的书

Radio

增加了挑战和分配给比利时不同地区和团体

《In’sensé》,该书于2007年由Solar出版社

节目,在距上海世博会召开还有100天之

的展区。比如,钻石展将亮相比利时馆,参

出版。不过,这位来自圣太田的企业家在为

际,它推出了一个每周专栏报道此次空前

观者可以在这里观察宝石的尺寸,这就要求

期6个月的世博会期间将不止做这些,他还

绝后的世博会。与上海世博会指定的公关

AOS-Realys安装严格的安保设施。

在法国馆的一层和瑞典馆分别开设酩悦香槟

服务供应商阳狮咨询合作,这个栏目每周

吧和绝对伏特加吧(隶属保乐力加集团)。

介绍第73届上海世博会的进展。中国周报

Bar是上海法国企业家中的新生儿,

SIP: 为外国馆服务的建筑专家

Hebdo)是BMF

Radio与

86共同打造的专门报道中国的周播

由Philippe

Marty主持,每周六晚18:00至

挪威馆、委内瑞拉馆、爱尔兰馆和阿联酋

“世界艺术展”进行露天展览

19:00和每周日早7:00至8:00播出。所有

馆已经寻求SIP项目管理公司的专业服务。

迎接游客的世博园区主干道——世博轴上将

BFM Radio的频道、流视频和播客可在http://

SIP已 在 中 国 深 深 扎 根 , 每 年 完 成 3 5 个 项

展出20件宏伟的雕塑作品。由展览专员Ami

www.bfmradio.fr

目,包括很多工厂,还有实验室、超市及酒

Barak和巴黎法国密特朗艺术中心组成的法国

信息网站www.radio86.fr上获取。上海世博

店。在此届世博会上,面对招标、建设和施

团队策划了上海世博会的大型艺术展之一。

会专栏由阳狮咨询中国首席代表安韬略

工管理等各个阶段的参与方,SIP代表着各

每件作品出自不同的艺术家之手,11件来自

(Antoine Bourdeix)主持。

网站以及专门关于中国的

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头条新闻 A la une des médias

Par Renaud de Spens

Ces cyber-justiciers qui construisent l’Etat de droit Ils ne sont pas inscrits au barreau, mais défendent les s’autoproclame par exemple « combattant anti-corruption, citoyens. Ils n’ont pas de carte de journaliste, mais plujournaliste d’investigation indépendant ». S’ils choisissent sieurs centaines de milliers de lecteurs. Ils ne portent pas de souvent un nom de plume comme un nom de guerre, ils masques, parfois seulement un pseudonyme. Leur rapière se montrent en général à visage découvert, n’hésitant pas à est un clavier, leur destrier une connexion Internet, et s’ils publier leur numéro de téléphone. Cela témoigne de leur courage, et leur permet de recueillir des témoignages de signaient d’un Z, cela serait aussi pour « Zhongguo. » Ce sont les Zorro chinois du XXIe siècle. Nombreux, motivés et victimes. courageux, ils sont, comme le héros de Johnston McCulley, Souvent plus accessibles que les avocats ou la plupart des au service des petites gens, des sans-grades, des victimes « vrais » journalistes, ces Zorro chinois tirent presque tous de tous les abus de droit. Mais ce ne sont leur détermination d’une histoire personpas seulement des justiciers : ils participent nelle ou familiale. « Le boiteux qui court consciemment à l’édification d’un Etat de nu », explique par exemple qu’il est mem« La droit. bre du Parti, mais que la différence entre protection De simples citoyens les idéaux de la propagande et la pratique Certes, l’opinion chinoise a encore une des droits du pouvoir l’a profondément blessé. En certaine réticence à s’exprimer publiquement conséquence, il affirme n’avoir de cesse individuels sur les questions politiques et sociales. Une que de dénoncer sans relâche les manqueexpression humoristique décrit cette attitude face à la ments à l’Etat de droit, quelles que soient les conséquences. Cependant, la plupart de réservée : « je vais juste acheter de la sauce de bureaucratie ces activistes ont en général la prudence de soja » (wo jiu qu da jiangyou 我就去打酱 油). C’est ce qu’un passant avait répondu à attirent de traiter d’affaires qui ne dépendent pas de un micro-trottoir de la télévision cantonaise leurs propres autorités locales, ce qui les plus en plus en 2008, voulant indiquer qu’il était réfracrend presque totalement insensibles aux de vocations .» taire à l’interview. pressions. Toutefois, le relatif anonymat et la stimuCertains accèdent très vite à une notolation intellectuelle des échanges Internet riété nationale, puis internationale, comme contribuent aujourd’hui à éroder cette méfiance. En paralZuola (佐拉), un bloggeur pékinois de 26 ans, qui s’était lèle à la libération de l’expression publique, de plus en plus spécialement rendu en mars 2007 à Chongqing pour inde citoyens s’engagent dans un activisme altruiste. Outre la terviewer les fameux irréductibles qui refusaient de quitter défense de l’environnement, la protection des droits indivileur maison promise à la démolition. Ils sont parfois plus duels (weiquan 维权) face à la bureaucratie et aux potentats rapides que les journalistes. Juste au lendemain des faits, locaux attire de plus en plus de vocations. « Le brigand courant après le vent » avait été à l’hôpital au Un cyber-justicier peut être à peu près n’importe qui. chevet de la jeune Deng Yujiao, accusée d’homicide voEtudiants, ouvriers, autodidactes, hommes d’affaires, lontaire alors qu’elle se défendait d’une tentative de viol voire chômeurs, ils ont en commun de s’investir eux-mêde la part d’un officiel ; l’affaire s’est révélée celle qui a le mes de missions de salut public. Zhu Kongjian (朱孔剑) plus bouleversé l’opinion chinoise en 2009. Enfin,

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头条新闻 A la une des médias

quelques-uns comme Han Han (韩寒) sont des in••• tellectuels qui militent ouvertement pour une transition

plupart des internautes prennent le postulat que celui-ci existe déjà : « Comme la Chine est un Etat de droit, nous démocratique. ne pouvons pas tolérer que les droits des individus soient La plupart sont cependant quasiment inconnus en de- bafoués. » hors de leur sphère d’activité, et s’occupent d’affaires moins Les bloggeurs-justiciers sont aussi en guerre contre les dissensibles. cours et les attitudes méprisantes des fonctionnaires. Un Des affaires du quotidien responsable, lors d’une réunion avec des pétitionnaires, les Aujourd’hui, aucune cause ne paraît insignifiante pour les menace t-il d’un « Le Parti Communiste peut tous vous internautes chinois. Récemment, Zhu Kongjian a enquêté exterminer » ? Sa photographie et l’enregistrement audio sur une histoire de passage à tabac de citoyens par des poli- de l’incident sont immédiatement portés sur Internet. Un ciers qui a eu lieu le 8 novembre 2009 à Guanyun dans le haut cadre de Shenzhen, pris en flagrant délit de tentative Jiangsu. Suite à une mésentente minime de voisinage, l’une de viol d’une jeune adolescente, veut-il intimider les parents des parties, estimant être méprisée, a appelé ses de la victime en leur disant qu’ils ne sont proches, parmi lesquels deux femmes policier, que des « trous-du-cul » (pimin 屁民) pour aller battre l’autre partie. Zhu Kongjian a sans influence ni relations et ne seront « Des publié les images d’une caméra de surveillance, écoutés par personne ? Une chanson obtenues grâce à une complicité locale, qui bloggeurs« Nous sommes le peuple des trous-dumontrent clairement la participation d’agents cul » est composée quelques jours plus justiciers de l’ordre à cette agression, alors que les victard, fait le tour de la toile, et finit par times sont en infériorité numérique et n’ont utilisent ces contraindre les autorités à limoger l’araucun geste belliqueux. rogant suspect. incidents L’une des victimes serait aujourd’hui déteFauteurs de troubles démagogues ou nue pour l’empêcher de porter plainte. L’infor- pour faire auxiliaires de justice aidant la Chine à mation a été diffusée très activement par tout se construire ? Le sergent Garcia chinois progresser le un réseau d’internautes, qui ont contacté par ne sait pas toujours comment juger ces respect des exemple les auteurs de blogs populaires par le cyber-Zorro, et hésite entre endiguebiais de messages privés ou de commentaires. droits. » ment et tolérance. Alors que les grands En additionnant les différents articles qui évoportails Internet ont été fin 2009 discrèquent cette affaire, on peut estimer que plus de tement enjoints de ne plus autant mettre 200 000 internautes chinois en ont été alertés pendant la les blogs en valeur sur leur page d’accueil, un porte-parole semaine des vacances du nouvel an. Cela peut paraître hors du Bureau des Publications (GAPP, organisme qui gère la de proportion avec la banalité de ce genre de « bavure », presse et les autorisation de publication) a rendu hommage qui arrive tous les jours en Chine et ailleurs. Mais les blog- en février 2010 aux communautés d’internautes et a notamgeurs-justiciers utilisent ces incidents mineurs pour faire ment cité leur action lors de l’affaire Deng Yujiao. « Internet progresser le respect des droits des personnes et restreindre est aujourd’hui devenu, a t-il reconnu, un moyen pour les l’arbitraire de l’autorité. citoyens de faire appel des injustices qu’ils subissent de la L’appropriation du vocabulaire légal est significatif. Alors part des autorités locales (shangfang 上访) » que les autorités affirment « construire l’Etat de droit », la

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La référence en Chine pour apprendre le français 在 中 国传播法语的榜样

15 Alliances Françaises, 25 000 étudiants par an, 2 800 000 heures de cours par an 15所法语联盟,每年向2万5千 名学生教授280万小时的课程 Les meilleurs résultats aux tests de langue française 抢占法语水平考试榜首 La porte d’entrée pour les universités francophones 法语留学语言水平通行证 Une programmation culturelle haute en couleurs 全年不间断多彩的文化活动 275 professeurs, 17 500 m2 de surface d’enseignement, 45 000 documents disponibles sur 1800 m2 de médiathèques, 325 manifestations culturelles par an et 40 000 spectateurs 275名教师,17500 平方米的教学场所, 1800平方米的多媒体图书馆收藏了近45000册 资料,每年325场文化活动和40 000多名观众

www.afchine.org


数字背后 Le dessous des chiffres

Par Yann Marin *

Jusqu’où iront les bulles boursière et immobilière ? + 106 %.

Selon les calculs effectués par Standard Chartered, le prix de la terre constructible au mètre carré a connu une hausse de 106 % en 2009, et même de 147 % dans les dix villes les plus chères, traduisant les tensions qui menacent le marché immobilier. Les ventes de biens immobiliers ont pour leur part progressé de 83 % en valeur, tandis que les prix au mètre carré (+7,8 % sur 2009) ont nettement rattrapé les baisses observées en début d’année. Bien que moins spectaculaire sur les marchés boursiers, la hausse observée est néanmoins très importante : l’indice composite de la bourse de Shanghai a augmenté de plus de 50 % au cours de l’année du buffle. La Chine souffre-t-elle pour autant d’un phénomène de bulles boursière et immobilière menaçant son développement à court terme ? Rien n’est moins sûr. Les arguments qui plaident en faveur de la thèse des bulles sont connus : la politique monétaire devenue expansive avec la crise a libéré les banques qui ont accordé un montant record de crédits en 2009 (9 590 mds Rmb, soit 1 404 mds USD, contre 3 495 mds Rmb soit 512 mds USD, en 2008). Une part importante de ces crédits (évaluée à 20 %) aurait été infusée dans les marchés, générant des comportements spéculatifs, soutenus par des politiques fiscales incitatives. Le raisonnement est correct mais oublie quelques-uns des termes de l’équation qui poussent à nuancer le propos. Premier élément à décharge : les hausses observées sur l’année 2009 sont à la mesure des baisses subies en 2008. Ainsi, si les actions cotées ont progressé de plus de 50 % en 2009, elles avaient perdu 65 % en 2008. Monté le 16 octobre 2007 à 6 092 points, l’indice de Shanghai était tombé à 1707 points le 4 novembre 2008 sous l’effet successif de la politique monétaire restrictive menée par la banque centrale (début 2008) et de la crise financière (fin 2008). Sur les marchés immobiliers, la situation a été de même nature, bien que plus complexe en raison de la segmentation par types de biens (bureaux, résidentiel), par catégorie et par ville. Les marchés, rassurés par la réactivité des autorités et les résultats des politiques de soutien, connaissent aujourd’hui un phénomène de rattrapage et effacent la sur-réaction à la baisse observée l’année précédente.

34 Connexions / mars 2010

Deuxième élément : la Chine a connu une forte croissance en 2009 (+8,7 %), elle a donc généré des richesses. Or, les détenteurs de ces richesses ont cherché à les placer. Les opportunités d’investissement restent relativement limitées en Chine en raison du manque de développement des marchés financiers (obligataires en particulier) et des restrictions imposées dans la conception et la distribution de produits de placement par les banques. Le régime de change limitant les opérations à l’étranger (de toute façon rendues peu rentables depuis la crise), les investisseurs chinois ont pour l’essentiel accès aux dépôts bancaires (faiblement rémunérés), au marché boursier et au marché immobilier pour rentabiliser leur épargne. La hausse des marchés reflète donc la concentration des placements sur les deux segments les plus développés : l’action et l’immobilier. Troisième élément : les autorités monétaires sont attentives à la situation des marchés et ont la capacité de reprendre le contrôle. Probablement auraient-elles souhaité intervenir plus tôt et plus vite, mais le gouvernement a donné la priorité à la croissance car il craignait l’effet dépressif d’une inflexion politique donnée trop tôt. Les inquiétudes exprimées publiquement ont suffi à contrôler la bourse (qui évolue autour des 3 000 points depuis le mois d’août 2009). L’immobilier est devenu le principal sujet de préoccupation. Des mesures ont finalement été prises début 2010 : certaines générales pour limiter l’expansion du crédit (deux hausses successives du ratio de réserves obligatoires), d’autres plus ciblées, comme la limitation des avantages fiscaux accordés pour l’acquisition d’un logement aux seuls primo-accédants. Les débuts de bulles observés sur les marchés boursier et immobilier ne devraient donc pas focaliser l’attention, le risque est encore lointain et les chiffres exagèrent son importance. Il ne faudrait pas que la situation perdure, mais un resserrage trop rapide pourrait également conduire à enrayer une reprise encore fragile. Tout est affaire de tempo, et le gouvernement chinois garde pour l’heure le sens du rythme

* Conseiller financier, Service économique régional de Pékin



法制天地 L’état des lois

Par Hubert Bazin*

La pratique du contrôle des concentrations Le 1er août 2008, la loi chinoise anti-monopole entrait en vigueur, posant les bases d’un droit de la concurrence chinois, et d’un contrôle des opérations de concentrations qui ne s’appliquerait plus seulement aux entreprises étrangères, mais également aux entreprises domestiques. Ce contrôle préalable, par le MOFCOM, est obligatoire dès lors que la concentration (une fusion entre entreprises, l’acquisition d’une entreprise par une autre, ou encore l’obtention de la capacité d’exercer une « influence décisive » sur une entreprise) atteint certains seuils de chiffres d’affaires : chiffre d’affaires mondial cumulé des parties à la concentration d’au moins 10 milliards de Rmb, avec au moins deux parties ayant chacune 400 millions de Rmb de chiffre d’affaires en Chine, ou chiffre d’affaires cumulé en Chine d’au moins 2 milliards de Rmb, avec au moins deux parties ayant chacune 400 millions de Rmb de chiffre d’affaires en Chine. Après dix-huit mois, il est encore trop tôt pour tirer un bilan du contrôle des concentrations en Chine, mais on peut toutefois discerner quelques traits d’une pratique encore en cours de rodage. Même s’il a été adopté par les Etats-Unis, l’Union Européenne et quelques autres grands pays, un contrôle préalable des opérations de concentrations ne se justifie pas nécessairement. Il constitue une étape administrative relativement lourde qui conditionne la mise en œuvre d’une opération d’acquisition, les autorités administratives devant se prononcer sur l’impact concurrentiel du projet sur le « marché pertinent » dans lequel la concurrence s’exerce. Selon que la taille du marché pertinent est plus ou moins largement définie, tant pour les produits en cause que dans son étendue géographique, l’impact concurrentiel de l’opération envisagée sera bien évidemment différent. L’exercice est donc délicat, nullement scientifique, et même si les entreprises internationales trouvent une sécurité dans l’aval préalable qui est donné à leurs projets, on pourrait tout aussi bien imaginer d’éviter un contrôle a priori, et de permettre aux gouvernements de démanteler a posteriori des situations de monopoles ou d’oligopoles nées d’une trop forte concentration sur un marché donné, au détriment des prix et des consommateurs. Le choix d’un contrôle préalable des concentrations par les autorités chinoises n’est pas neutre. Il traduit la

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volonté de contrôler la structure des marchés, comme les autres « grands », et n’échappe pas au soupçon de servir également à interdire des opérations qui, sans être en tant que telles dangereuses en terme de concurrence, seraient contraires à un intérêt national bien compris. Depuis l’entrée en vigueur de la loi anti-monopole, le cadre réglementaire du contrôle des concentrations s’est étoffé de plusieurs textes d’application, qui apportent des précisions sur les conditions de notification d’une opération, la méthode de calcul des seuils de chiffre d’affaires entraînant l’obligation de notifier, la définition des marchés pertinents ou la procédure d’examen suivie par le MOFCOM. On constate cependant que ce ministère reste encore volontairement flou sur un certain nombre de questions importantes, et qu’il n’a par exemple pas officiellement pris position sur la situation des joint ventures, même si tout indique que ces dernières sont notifiables, ni sur la définition de ce qu’est un « contrôle ». Plus largement, la pratique d’examen des autorités aurait besoin d’être améliorée et plus transparente. Les dossiers s’empilant, les délais d’examen ont tendance à s’allonger au-delà de ce que prévoient les textes (en principe 30 jours, éventuellement prolongeables de 90 jours si le dossier, particulièrement délicat, doit faire l’objet d’un examen complémentaire), dans un contexte où les autorités sont mal à l’aise avec la notion de décision implicite d’acceptation. L’absence de transparence ou tout simplement d’informations chiffrées empêche dans nombre de cas une analyse précise du marché, et la non-publication des décisions du MOFCOM (contrairement à l’Union Européenne par exemple) ne facilite pas la constitution d’un socle de précédents utilisables. La décision largement commentée d’interdiction de l’acquisition de Huiyuan par Coca Cola en mars 2009 a montré que le contrôle chinois des concentrations est devenu un nouvel obstacle dans la procédure d’approbation déjà complexe des projets d’acquisition. Il reste à voir quel usage en feront les autorités chinoises dans un contexte où les projets de leurs propres entreprises à l’étranger se heurtent aussi à des réticences gouvernementales, comme on l’a vu en Australie l’année dernière. * Associé Gide Loyrette Nouel Pékin



© Harold Thibault / Aujourd’hui la Chine

商务简讯 l’actualité / business chine

David Wei, le Pdg d’Alibaba, le leader du commerce B2B.

阿里巴巴首席执行官卫哲,B2B电子商务领军人

La recette d’Alibaba En dix ans, le groupe Alibaba est devenu un géant mondial du e-commerce en faisant l’inverse de ce que font ses concurrents. L’aventure d’Alibaba a commencé sans argent mais avec des idées et une approche novatrices. A l’instar d’Apple, dont les débuts dans un obscur garage de la côte ouest américaine sont aujourd’hui légendaires, Alibaba est créé en 1999 dans le petit deux pièces de son fondateur, Jack Ma, situé dans la ville de Hangzhou à 180km de Shanghai. Dix-huit personnes sont présentes, elles disposent d’un maigre capital de 50 000 euros mais sont animées de la ferme intention de révolutionner le commerce en ligne entre entrepreneurs ou ce que l’on nomme désormais les échanges « B2B » (business to business). Dix ans plus tard, la PME a muté en géant économique international avec 18 000 employés, deux plates-formes Internet dédiées aux échanges en ligne et représente une valeur estimée à 50 milliards d’euros. Le service fondateur, alibaba.com, possède à 38 Connexions / mars 2010

ce jour 11 millions d’inscrits dans le monde en dehors de la Chine et 36 millions dans l’Empire du milieu. Chaque jour, ce sont pas moins de 300 millions de dollars américains qui circulent sur le réseau d’échange avec des commandes venues du monde entier, y compris du pôle Sud ! « Le seul pays où nous sommes absents est la Corée du Nord car Internet reste inaccessible à la population », ironisait il y a peu David Wei, le PDG de la plate-forme B2B lors d’une conférence à la Chambre de commerce et d’industrie française de Pékin. Créé en 2003, taobao.com est un site de vente au détail jouant sur le même créneau que le géant américain ebay.com. En Chine, le site accapare plus de 80% du marché local et représentait 3% du total des ventes au détail dans le pays en 2009 avec un objectif de 6% pour 2010. « Nous estimons que le e-commerce représentera entre 35% et 40% du total des

ventes de ce type d’ici 10 ans » avance avec confiance David Wei. Il faut dire que Taobao est déjà le plus grand supermarché d’Asie avec des volumes de transactions dix fois supérieurs à ceux obtenus en Chine par un géant de la distribution « offline » comme Carrefour. Stratégie du « up side down » La réussite fulgurante du groupe Alibaba est basée finalement sur une recette simple : « faire exactement l’inverse des concurrents » ! A l’époque de la création d’Alibaba. com, le modèle classique pour les échanges B2B en ligne reposait sur l’idée de faire payer une commission par transaction, le plus souvent à l’acheteur. Les fondateurs vont prendre le contrepied total du modèle en faisant payer les vendeurs non pas par transaction mais sur un principe de « buffet à volonté ». Ces derniers souscrivent donc un forfait annuel à la plate-forme et peuvent effectuer autant de transactions qu’ils


网络简讯 le veulent. A ce service basique s’ajoutent des prestations supplémentaires et payantes comme la possibilité d’apparaître en tête de liste lors des recherches de fournisseurs. Pour les acheteurs, les services sont totalement gratuits. « C’est exactement comme une soirée “entrée libre pour les filles” dans une discothèque, les garçons sont prêts à payer cher pour obtenir un maximum de conquêtes et ils ne sont jamais rassasiés ! » explique avec humour le Pdg d’Alibaba. Même logique lors du lancement de Taobao.com puisqu’à l’époque la version chinoise de eBay captait plus de 80% du marché local et que l’Américain possédait une force de frappe financière nettement plus importante. « Pour réussir, nous avons décidé de faire totalement l’opposé de notre concurrent. S’il faisait payer un service nous le faisions gratuitement, s’il interdisait les contacts directs entre les usagers, nous les facilitions… En quelques années, nous avons capté l’essentiel du marché en répondant aux attentes de nos clients chinois » précise David Wei. A cette technique de contrepied systématique s’ajoute un management agressif en interne puisque chaque année, c’est 10% des employés jugés les plus faibles par rapport aux objectifs définis qui sont renvoyés. Une manière d’assurer le dynamisme des équipes et de recruter des nouveaux talents en permanence, selon le dirigeant du géant mondial du B2B. Si le modèle stratégique du groupe Alibaba s’est avéré particulièrement fructueux, il n’est pas destiné à être reproduit tel quel : « Si quelqu’un décide de nous copier en tous points, il n’a, selon moi, aucune chance de réussir. Par contre si, comme nous l’avons fait, une entreprise arrive avec des concepts innovants pour ses clients sur un marché peu développé comme l’Internet mobile par exemple, elle a de forte chance de s’imposer assez rapidement » conclut l’entrepreneur chinois. Alors pour réussir sans argent dans l’Empire du milieu comme dans le reste du monde, Alibaba démontre qu’il faut bien sûr savoir se creuser la tête mais aussi parfois se la mettre à l’envers ! Nicol a s Sr idi

Retrouver la conférence de David Wei à la CCIFC Pékin le 27 janvier 2010 : http://pro.01net.com/editorial/511891/alibabagroup-les-maitres-de-le-commerce-a-lechelle-planetaire/

Après Google, eBay pourrait bien quitter la Chine Décidémment les temps sont durs pour les entreprises américaines du Web en Chine. Après Google, il se pourrait bien qu’un autre grand du web doive reconsidérer sa présence sur le sol chinois : eBay. Les déboires du premier site au monde en matière de e-commerce (276 millions de membres en 2009) font moins la une des journaux que Google, et pourtant, l’année 2010 pourrait bien lui être fatale. Que s’est-il passé en Chine ? En stratégie militaire on qualifierait cet événement de « retournement d’alliance ». Autrement dit, les cartes ont changé de main et eBay va devoir jouer son avenir avec un très mauvais jeu. En Chine, eBay est en effet allié depuis 2006 avec la société hongkongaise TOM Group. Ensemble, ils ont créé une société commune pour développer le site de e-commerce EachNet. eBay a misé toute sa stratégie et tous ses espoirs de développement en Chine sur cette alliance. La mission de EachNet : essayer de rattraper la société Taobao, le géant local qui détient à lui seul près de 80% de parts de marché. L’entente entre TOM Group et eBay a commencé à se dégrader à la vue des performances décevantes de EachNet ces dernières années. Les millions de dollars engloutis par l’alliance TOM/ eBay n’ont pas suffit à combler le retard de leur « poulain » EachNet. Pire, de seconde plate-forme de e-commerce avec 8 à 9% de parts de marché, EachNet a même été rétrogradé à la troisième place du classement. La société s’est fait doubler par un challenger arrivé plus tardivement sur le marché, la société PaiPai appartenant au groupe Internet Tencent. En Chine, où on ne fait jamais les cho-

ses à moitié, c’est un géant des entreprises d’Etat, la Poste chinoise (China Post) qui est venu bousculer cette alliance. En octobre 2009, TOM Group et China Post ont lancé officiellement leur entreprise commune, dénommée « Ule China », en mettant en commun leurs forces respectives. Pour China Post, la puissance de sa logistique avec son demi-million de postiers et ses dizaines de milliers de relais de poste. Pour TOM Group, son expérience du e-commerce acquise avec EachNet, ainsi que ses monumentales bases de données (utilisateurs enregistrés) : 300 millions venant de ses services mobiles, 100 millions de son portail d’information (tom.com), 90 millions de services Tom-Skype, et enfin 48 millions de contacts venant de EachNet. Pire encore, Ule China va centrer sa stratégie sur le segment le plus dynamique et le plus rentable du e-commerce en Chine, à savoir le B2C (Businessto-Consumer). EachNet de son côté a pour nouvelle mission de se concentrer uniquement sur le segment C2C (vente de particulier à particulier), modèle qui arrive en fin de course et n’a jamais trouvé de rentabilité réelle. Au total, eBay se retrouve donc seul au bord de la route, son partenaire stratégique ayant pris le large. A moins d’un changement radical de stratégie, à l’heure de faire les comptes, eBay pourrait bien décider de plier bagages dès 2010. Peut-être de quoi consoler Google de ses propres mésaventures…

Pat r ice Nor de y M a nagi ng Dir ec tor (A si a) L’At el i er BN P Pa r iba s

L’Atelier BNP Paribas est le centre de veille technologique de BNP Paribas. Dans le cadre du programme DIGITAL CHINA, L’Atelier BNP Paribas conseille les entreprises depuis son bureau de Shanghai dans leur stratégie e-commerce en Chine.

www.asie.atelier.fr Connexions / mars 2010 39


公司简讯 l’actualité / entreprises

Air Liquide a signé deux contrats à long terme avec deux aciéristes en Chine et investira 75 millions d’euros au total pour répondre aux besoins de ces nouveaux clients. Cet investissement conforte la position de premier plan du groupe sur le marché chinois de l’acier. La Chine, plus gros producteur mondial d’acier (sa production a augmenté de 14 % en 2009 pour atteindre un chiffre record de 568 millions de tonnes — près de la moitié de la production mondiale) cherche maintenant à mieux utiliser sa capacité de production d’acier. L’usage accru d’oxygène y contribue. Dans le cadre du premier contrat, une unité de séparation des gaz de l’air d’une capacité de 2 200 tonnes par jour fournira de l’oxygène et de l’azote au groupe Bohai Steel à Tangshan, dans la province du Hebei (près de Tianjin). Pour le second contrat, signé avec le groupe Jianbang à Linfen, dans la

EDF : 100 000 euros pour le futur lycée français de Pékin

En signant un chèque de 100 000 euros, le grand électricien français est la première entreprise à verser une contribution pour soutenir le financement du futur lycée français international de Pékin, qui devrait voir le jour d’ici deux ans. Ce don s’inscrit dans le cadre d’une opération de mécénat organisée par l’ADPE (Association pour le Développement des Partenariats d’Entreprises) pour lever des fonds en nature ou en argent — déductible de l’impôt sur les sociétés en France à hauteur de 60% — destinés à financer à Pékin, mais aussi en Chine, voire hors de Chine, des lycées internationaux français. Cette association à but non lucratif, créé en juin 2008, et dont le siège social se trouve à Paris au comité national des Conseillers du commerce extérieur, a également reçu des promesses de dons en numéraire et en nature d’autres grands groupes comme Air France, 40 Connexions / mars 2010

province du Shanxi, Air Liquide investira dans une unité d’oxygène de 800 tonnes par jour. Ces deux unités bénéficieront des toutes dernières technologies d’Air Liquide Hangzhou, le centre d’ingénierie d’Air Liquide. Leur mise en service est prévue au deuxième trimestre 2011. JeanMarc de Royère, directeur de la société, membre du comité exécutif du groupe supervisant la zone Asie-Pacifique, a déclaré : « Nous remercions Tangshan Bohai Steel et Shanxi Jiangbang pour leur confiance. Ces contrats témoignent de la capacité d’Air Liquide à répondre aux besoins de ses clients en Chine en matière de sécurité, de fiabilité, de faible consommation d’énergie et de rapidité des délais de construction. Les économies émergentes sont un relais de croissance pour Air Liquide. » www.cn.airliquide.com

Areva, PSA, Safran, Schneider, Total et Voelia Environnement pour un montant à ce jour supérieur à 2 millions d’euros. Selon son président Gérard Deleens, le but de cette levée de fond est de faciliter la construction d’un lycée international aux standards des grands établissements internationaux, tout en évitant une augmentation trop importante des écolages. Ces aides pourraient aussi contribuer à améliorer la qualité environnementale ou les équipements du futur lycée. Selon l’AEFE, l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger, en charge du projet du lycée, le montant total prévisionnel de l’opération de construction est de 16 M€, avec un financement qui repose sur l’apport en fonds propres de l’agence de 2 M€, de fonds propres de l’établissement de 3,84 M€ et sur un emprunt de l’agence à hauteur de 10,16 M€. La charge financière de ce projet (montant des remboursements de l’emprunt + loyer annuel du terrain) sera assurée par l’établissement moyennant une hausse des droits de scolarité, acceptée par les

© DR

Air Liquide : 75 millions d’euros investis pour deux aciéristes

Le leader mondial de gaz industriels renforce sa position en Chine. 工业气体的全球领先企业——液化空气集团巩固了在中 国市场的地位

parents d’élèves, inférieure à 25 % et répartie sur plusieurs années consécutives. L’AEFE souligne que ces prévisions se basent sur un financement assuré intégralement par l’AEFE et le lycée français de Pékin. Si des entreprises françaises installées en Chine participent financièrement à ce projet, le montant de leur participation viendra en déduction de l’emprunt et diminuera d’autant la charge de l’établissement et l’augmentation des écolages.

Prochain Forum « travailler ensemble » le 16 avril à Pékin

Après Shanghai le 29 janvier 2010, la prochaine édition du Forum « Travailler ensemble » aura lieu le 16 avril au Novotel Peace de Pékin. L’initiative lancée conjointement par la Jeune Chambre Economique, la CCIFC, Ubifrance et les Conseillers du Commerce Extérieur en 2009, est devenue un rendez-vous attendu entre TPME et grands groupes français implantés en Chine. Les rencontres


或教学设备的改善。 负责学校项目的国外法语教学推广署

液化空气集团向两家钢铁企业投资 7500万欧元

( AEFE) 认 为 , 预 计 建 校 费 用 总 额 为 1600万欧元,资金来源有:国外法语教学 推广署自己出资200万欧元,学校自筹资金

液化空气集团与中国两大钢铁生

团将投资建设一套日产氧量为800吨

384万欧元,推广署贷款1016万欧元。该项

产企业签订长期合同,将投资总

的空分装置。这两套装置将蕴含集

目的财务支出(还贷款加上场地年租金)

计7500欧元以满足这两家新客户

团最先进的技术,由液空杭州——

将由学校承担,通过提高学生家长认可的

的需求。这项投资巩固了集团在

集团在华的工程中心设计制造,并

学费,涨幅低于25%,分摊在多年内连续

中国钢铁市场的领先地位。中国是

将于2011年第二季度投入运营。液

收取。国外法语教学推广署强调,这些预

世界上最大的钢铁生产国(2009年

空集团高级副总裁兼亚太地区总

算建立在该机构与北京法国国际学校完全

其产量增长14%,创下5.68亿吨的

裁、液空集团执行委员会委员戴华

承担的筹资基础上。如果在中国的法国企

新纪录——几乎达到全球产量的一

业(Jean-Marc de Royere)说:“我

业能够参与该项目的集资,它们投入的资

半),目前正力求优化其钢铁的生

们感谢唐山渤海钢铁集团和山西建

产能力。增加氧气的使用对此大有

邦集团的信任。这些合同彰显了液

帮助。第一份合同将向河北省的渤

空满足中国客户在安全、可靠、低

海钢铁集团(毗邻天津)提供一套

能耗和缩短建设周期方面需求的能

日产氧气、氮气量达2200吨的空分

力。新兴经济是液化空气集团增长

装置。第二份合同是与山西省临汾

的动力。”

市的建邦集团签订的,液化空气集

www.cn.airliquide.com

金将会减少贷款,同时减少学校的负担和 学费的增加。

第二届“协同工作论坛”将于4月16日在 北京诺富特和平宾馆举办 继2010年1月29日在上海和3月16日在香港 之后,“协同工作论坛”将于4月16日早 8:00至下午16:45在北京诺富特和平宾 馆举行,随后还将在法国大使馆举办招待 会。这一活动是2009年由北京法国青年商 会、中国法国工商会、法国企业国际开发

face à face entre entreprises permettent d’identifier des possibilités de collaborations concrètes. Les éditions organisées en 2009 à Pékin et à Shanghai qui ont rassemblé 110 entreprises, dont 15 groupes cotés au CAC40 ont débouché sur la signature de plusiuers contrats apportant de nouveaux débouchés aux entreprises françaises. Le forum couronné par l’attribution du trophée de la meilleure contribution 2009 de l’UCCIFE, devrait être dupliqué dans d’autres communautés d’affaires dans le monde, selon une décision concrétisée le 28 octobre 2009 par la signature d’une Charte sous le patronnage de Madame Christine Lagarde. Pour tout savoir : www.forum-travaillerensemble.fr

Record de ventes pour DPCA en janvier

Dongfeng Peugeot Citroën Automobile, la Joint-Venture entre Dong Feng Motors et PSA Peugeot Citroën a vendu en janvier 37 128 voitures, soit un bond

•••

法国电力公司

署和法国外贸顾问委员会联合创办的,现

为北京法国中学捐助10万欧元

已成为驻华法国大集团与特小企业之间极

法国电力巨头签出一张10万欧元的支票,

为期待的一次聚会,企业之间的对口会谈

成为资助两年后建成的北京法国国际学校

可以发现具体合作的可能性。2009年,在

的第一家法国企业。此笔捐款列入由企业

北京和上海轮流举办的论坛聚集了110家

合作关系发展协会(ADPE)组织的捐助

企业,其中15家集团是巴黎CAC40指数的

行动中,目的是募集实物或资金为北京、

上市企业,最终签订了为法国企业打开销

中国乃至中国之外的法国国际学校提供

路的合同。论坛被法国海外工商会联盟授

资金,能为法国企业减税高达60%。该协

予“2009年最佳贡献奖”,并将为世界上

会是非营利机构,成立于2008年6月,总

其他商业团体所效仿,这一决定在法国经

部设在巴黎的法国外贸顾问委员会。协

济工业和就业部长拉嘉德的大力支持下,

会还得到了其他大集团捐助实物和资金

通过2009年10月28日签署的一项文件来具

的承诺,他们是:法国航空公司,阿海

体落实。欲了解详情,请登陆

珐,标致雪铁龙,赛峰,施耐德电气,

www.forum-travailler-ensemble.fr

道达尔和威立雅环境服务集团,捐款总

神龙公司1月刷新销售记录

额至今已超过200万欧元。协会会长戴林

神龙汽车有限公司,东风汽车与法国

(Gérard  Deleens)认为,本次集资的目的

标致雪铁龙集团的合资企业,1月销售

是帮助建立一所符合国际大型教育机构标

了37128辆汽车,比2009年1月同期增长

准的国际学校,同时防止学费大幅上涨。

130.71%,比2009年12月增长13%。公

这些资助可以促进未来法国学校教学环境

司由此创造了新的月销售记录。

•••

Connexions / mars 2010 41


公司简讯 l’actualité / entreprises

Au cours du dîner annuel du comité de patronage de la CCIFC Pékin, le 4 mars dernier, a été annoncée la nomination de quatre conseillers CCIFC. Ont ainsi été nommés : Ma Songde, vice-ministre du ministère de la Science et de la Technologie, représentant à la 8e et 9e session de la Conférence consultative politique du peuple chinois, maintenant en retraite ; Mingjun Sun, actuellement consultant indépendant et secrétaire général de l’association des anciens de l’ENA après avoir été en poste au ministère de l’Emploi pendant neuf ans ; Elaine Yang d’abord diplomate au ministère des Affaires Etrangères de Chine avant d’occuper des fonctions de responsables dans des grands groupes internationaux en Chine (notamment Total et AXA), membre actif de la Chambre Européenne et membre du bureau de la CCIFC en 2007 et 2008 ; Hervé Machenaud, directeur exécutif du groupe, chargé de la production et de l’ingéniérie, est notamment à l’origine de l’expansion du groupe EDF. L’objectif de ces nominations est d’épauler la CCIFC dans son projet de renforcement de ses liens avec la société et le monde économique chinois. La CCIFC

••• de plus de 130% sur janvier 2009

et une hausse de 13% sur décembre 2009. La JV établit ainsi un nouveau record mensuel de ventes. Les ventes de Dongfeng Citroën s’élèvent à 25 127 unités, soit une augmentation de près de 190% sur janvier 2009, tandis que celles de Dongfeng Peugeot atteignent 12 001 unités, ce qui constitue une hausse de 61% sur janvier 2009. DPCA a également produit en janvier 36 488 véhicules, soit un bond de près de 211% par rapport à janvier 2009. Grâce notamment aux nombreuses livraisons de C5, le chiffre d’affaire du mois de janvier s’établit à 3,752 milliards de Rmb (+ 200%). Le succès de DPCA en ce début d’année est porté par les belles ventes de la C5 42 Connexions / mars 2010

© CCIFC

Quatre conseillers CCIFC nommés à Pékin

De g. à dr. : F. Guillemet, Mingjun Sun, N. Aniel, Ma Songde,A. de Kermadec-Bentzmann F. Bernard, s.e.m. H. Ladsous, Elaine Yang, Y. Boutin et J. Chol.

a sollicité des personnalités représentantes du monde des affaires en Chine, de la culture, des arts ou de l’administration chinoise. Leur mission fondée sur le bénévolat consistera entre autre à répondre aux demandes des membres de la Chambre sur ses sujets d’expertise, à intervenir dans les réunions et les débats, à tenir informée la Chambre des évolutions possibles de l’environnement économique et réglementaire qui pourraient influencer

(5 682 unités), de la C-Quatre (12 649 unités), de la 307 (+74%) et de la 207 (+172%).

Gide Loyrette Nouel au coeur de l’acquisition de Numonyx par Micron Technology Inc.

Gide Loyrette Nouel (GLN) conseille STMicroelectronics (STM), un des tout premiers producteurs mondiaux de composants électroniques et de dispositifs semi-conducteurs, dans le volet chinois de l’acquisition de Numonyx Holding B.V. (Numonyx) par Micron Technology Inc. (Micron). Créée en 2008, Numonyx est une joint venture spécialisée dans la

Le 4 mars dernier étaient nommés conseillers CCIFC : Elaine Yang, Ma Songde, Mingjun Sun et Hervé Machenaud. 2010年3月4日,杨柳、马颂德、孙明君和马 识路被任命为中国法国工商会顾问。

les courants d’affaires en Chine et faciliter les contacts utiles. www.ccifc.org

production de mémoire flash fondée par STM avec Intel Corporation (Intel) et Francisco Partners, et qui regroupe les activités NOR de Intel, et les activités NOR et NAND de STM. STM, Intel, Francisco Partners et Numonyx sont parvenus à un accord définitif avec Micron aux termes duquel ce dernier acquerra Numonyx par le biais d’un échange d’actions. La transaction d’un montant de 1,27 milliard USD vise à mettre en commun les points forts de Numonyx et ceux de Micron, dont son important catalogue de produits mémoires pour ordinateurs et téléphones portables. La transaction doit encore être validée par les autorités réglementaires et sa réalisation reste soumise aux


•••东风雪铁龙的销量达到25127辆,比

目的在于使Numonyx和Micron这两家公司实

2009年1月同期增长190.82%,而东风标致

现强强联合,其中包括为电脑和手机提供

的销量达到12001辆,比2009年同期增长

大量的内存产品。此项交易还要经过监管

61%。神龙公司1月生产了36488辆汽车,

部门的审批,并受到惯常成交条件的影响

比2009年1月激增了210.93%。尤其凭借

才能完成。为交易提供咨询的基德顾问团

餐,法国驻华大使苏和阁下出席了这次

C5的大量交付,1月营业额增加了两倍,

队设在北京,由合伙人华晓军和资深协调

晚餐会。会上,中国法国工商会会长甘

达到37520亿元。神龙公司一开年的成功是

员Marianne Ramel组成。

安懿和总经理杨磊宣布任命四位中国法

由东风雪铁龙C5(销售了5682辆)、东风

www.gide.com

国工商会顾问。被任命的顾问有:马颂

雪铁龙世嘉(销售了12649辆)、东风标致

系列讲座- 中国今日法治

307(增长74%)和207(增长172%)的热

中国法国工商会, 大陆法系基金会与法国文

卖所带来的。

化中心一起设计的系列月度讲座。讲座目

基德参与Micron收购Numonyx的业务

的:

基德律师事务所为意法半导体就Micron收

律的角度探讨社会问题;在全球化及中国

国际集团驻华机构的负责人(主要在道

购Numonyx中国部分的业务提供咨询。意

法律正处于法律传统演变的十字路口之背

达尔和安盛集团),欧盟商会的活跃会

法半导体是世界最大的电子元件和半导体

景下,讨论大陆法,并赋予它新的意义。

员以及中国法国工商会2007和2008年理

器件生产商之一。Numonyx是意法半导体

系列讲座集合了中外专家来探讨时下的热

事会理事;马识路,法国电力集团亚太

2008年与英特尔和Francisco Partners合资成

点话题。讲座将对广大参与者开放

立的闪存企业,整合了英特尔的NOR业务和

司,法律从业人员,学生,或者希望更深

意法半导体的NOR、NAND业务。

入地了解中国法律演变的朋友。

意法半导体、英特尔、Francisco Partners和

第一期

国商界、文艺界及政界的重要人士。以

Numonyx与Micron达成了一项最终协议

中国环境法:现状、挑战与未来

义务工作为基础,这些顾问的使命包括

根据协议,Micron将以股票交易的方式收购

3月31日,18 : 30-20 : 30,北京法国文化中心

回答商会会员在各自熟知领域的问题;

Numonyx。此项金额为1.27亿美金的交易

演讲者:王灿发,中国政法大学

在北京任命四位中国法 国工商会顾问 3月4日,中国法国工商会在北京万达索 菲特大饭店举行了协助委员会的年度晚

德先生,科技部副部长,第八、第九届 全国政协委员,现退休;孙明君先生, 曾在人保部任职9年,现为法国国家行政 学院中国学友会独立顾问和秘书长;杨 柳女士,曾是中国的外交官,后任大型

区总裁,获法国荣誉勋位骑士勋章。 任命这些顾问的目的在于帮助中国法国 工商会加强与中国社会和经济界的联 系。中国法国工商会联系了一些代表中

参加会议和辩论会;告知商会在经济和

介绍中国法律及此领域的专家;以法

:

•••

法规环境方面可能的变化,这些变化可 能影响中国的商业走向以及便于有用的 联系。www.ccifc.org

conditions habituelles de clôture.

Cycle de conférences « la Chine et son droit »

La CCIFC, la Fondation pour le droit continental et le centre culturel français de Pékin ont conçu un cycle de conférences mensuelles avec pour objectif de faire connaître le droit chinois et ses experts, d’aborder les questions de société par le droit, de débattre et de valoriser le droit continental dans la globalisation — le droit chinois étant de « tradition » civiliste. Réunissant des experts chinois et étrangers autour de thématiques d’actualité, les conférences sont ouvertes à un large public : entreprises, juristes, étudiants ou simples curieux de

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Connexions / mars 2010 43


公司简讯 l’actualité / entreprises Vector Design Group signe le siège social de Handan Hansteel

深圳维度艺术设计公司 签下邯钢总部大楼的合 同

Le cabinet international d’architecture et d’urbanisme co-fondé par l’architecte Gabriel Delage en 2002 se voit confier le projet du siège social de Handan Hansteel, un des leaders mondiaux de la métallurgie, également un des principaux fournisseurs des matériaux du Nid d’Oiseau. Handan Hansteel qui a acquis un terrain de 130 000m 2 à proximité de son centre de production et du centre-ville a souhaité qu’un hôtel 5 étoiles d’une capacité de 300 chambres soit associé à ses nouveaux bureaux. Pour répondre à la demande du géant de l’acier, Gabriel Delage et son associé le designer Matthieu Augereau ont conçu une tour de verre de 150m de haut qui sera un point de repère incontournable dans une ville où la hauteur maximale des bâtiments est de 99 m. « Nous avons imaginé un bâtiment unique intégrant les bureaux et leurs services (cafétéria, salles de réunion et d’exposition, club de sport…), la station de télévision de Hansteel Group et l’hôtel. Ce complexe à l’echelle de son environement est associé à un très vaste jardin « à la française » intégrant un lac et une forêt d’arbres permettant de revitaliser ce quartier en développement. La façade sud est une

由法国建筑师Gabriel  Delage合伙创办 于2002年的国际性建筑与规划设计公司 承接了设计邯郸钢铁集团总部大楼的 项目;邯钢是世界冶金业的领先企业之 一,也是鸟巢钢材的主要供货商之一。 邯钢在距其生产基地不远、市中心的位 置得到了一块13万平方米的土地,希望 建起一座有300间客房接待能力的5星级 酒店与其新办公室配套。为了满足这 家钢铁巨头的要求,Gabriel Delage与设 计师合伙人Matthieu Augereau设计出一

© DR

座高150米的玻璃大楼,这将成为建筑

Image en 3D du futur siège de Hansteel 未来邯钢总部的三维效果图 Group.

Un quatrième point de vente à Shanghai pour Christofle Présent à Shanghai depuis plus de dix ans avec trois points de vente, Christofle

44 Connexions / mars 2010

标。“我们设想出一座独一无二的建 筑,兼纳办公室和服务设施(咖啡吧、 会议室、展厅、健身房等),以及邯钢

sorte de grand rideau de verre en continuité avec le paysage, la façade Nord est plus close, tournée vers la ville. Dans la logique de notre politique d’intégration dans l’environnement, nous avons cherché à optimiser les économies d’énergie en proposant un bâtiment compact (dont la géometrie répond aux contraintes climatiques) ainsi que divers systèmes liés au confort intérieur en réponse à la pollution environnante. » précise Gabriel Delage. Le début des travaux devrait avoir lieu avant la fin de l’année.

集团的电视台和酒店。这座建筑综合体 的周边环境将配有一座巨大的法式花 园,包括湖和树林,能够重新为这片发 展中的社区注入活力。建筑的南表装上 一种大玻璃窗帘作为风景的延续,北面 朝着市里,相对闭塞。在我们“融入环 境”理念的指导下,我们力图最大程度 地节约能源,推出一座结构紧凑的大楼 (其几何学原理符合气候要求)以及符 合环保标准的涉及室内舒适度的各种系 统。”Gabriel Delage介绍说。工程将于 年底之前开工。

fondateurs il y a 180 ans. Avec ce nouveau point de vente à Shanghai, la marque étend son implantation et se prépare à conquérir Pékin en 2010. www.christofle.com

© DR

•••l’évolution du droit en Chine. Pre-

mier rendez-vous : « Le droit de l’environnement chinois, caractéristiques, défis et perspectives » le 31 mars 2010 à 18h30 au CCF de Pékin. La conférence sera présentée par Wang Canfa, professeur à l’université de droit et de sciences politiques de Chine, directeur du centre d’assistance juridique des victimes de la pollution, elu. Inscriptions sur le site www.ccifc.org.

物最高为99米的城市里无可争议的地

vient d’inaugurer une quatrième boutique dans le temple du luxe, le Plaza 66. Ce magasin situé au quatrième étage présente une large collection d’objets de décoration, de table ainsi que des pièces exclusives de haute orfèvrerie. Symbole de luxe et d’élégance, Christofle insuffle à chaque époque un nouvel art de vivre, tout en perpétuant l’esprit pionnier de ses

Shanghai Trio l'art de vivre francochinois dans la capitale

Les collections et les sélections d’objets Shanghai Trio seront disponibles dans la capitale chinoise à partir du mois de mai 2010. L’enseigne shanghaienne ouvre sa première boutique pékinoise au cœur du récent quartier commerçant du “Village” à Sanlitun. Des accessoires de mode (sacs,

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公司简讯 l’actualité / entreprises •••

écharpes, pochettes) et pour la maison (plaids, housses de couette, nappes), une collection de vêtements enfants, Shanghai Trio, crée des beaux objets pour tous les jours au croisement de savoir-faire traditionnels chinois et de design moderne, en alliant des matières naturelles à des tissus plus innovants. Fondé en 1998, Shanghai Trio engagé dans la recherche d’un commerce durable, emploie 45 personnes en Chine. www.shanghaitrio.com Bureau Veritas impliqué dans la construction du pavillon Monaco de l’EXPO 2010 Le 18 Janvier dernier, Bureau Veritas a signé un contrat de supervision de la construction du pavillon de Monaco. Après celui de la France, de l’Italie, de Madrid, de la région Rhones-Alpes, de la Suède et de la région Ile de France, le pavillon de Monaco est la septième implication de Bureau Veritas sur l’exposition universelle de Shanghai. Le pavillon de Monaco, situé sur la rive Est de l’EXPO, exposera entre autres, les éléments typiques de son environnement naturel et urbain qui ont contribué à la renommée mondiale de la principauté.

46 Connexions / mars 2010

•••教授,污染受害者法律援助中心主

世界上的第10家销售点——位于三里屯

任。

Village商业区的中心。

注册请访问 www.ccifc.org.

时尚服饰(手提包、围巾、小袋),家居 用品(毛毯),儿童成衣,上海组合设计

昆庭的第四家专卖店落户上海

了兼具中国传统工艺和现代设计的日常用

拥有三家专卖店的昆庭在上海落户已有

品,结合了天然的材质与创新的布料。

10年,目前在上海奢侈品的殿堂——恒隆

上海组合创建于1998年,投身于寻求可持

广场为第四家专卖店揭幕。专卖店位于恒

续的商业发展,在中国拥有45名员工。

隆广场四楼,展示了昆庭收藏的众多家居

www.shanghaitrio.com

装饰品、餐具和高级定制银器。凭借银器 制品成为奢华和优雅的标志,昆庭从未停

必维集团参与2010年上海世博会摩纳哥

止过创新,并引领着各个时代的生活艺术

馆的建设

风尚。通过传承品牌创立人的前沿理念,

2010年1月18日,必维集团签订了监督摩纳

拥有180年的专业技能和顶级制作,昆庭已

哥馆施工的合同。继法国馆、意大利馆、

在全球范围内发展成功。随着新专卖店在

马德里馆、罗纳-阿尔卑斯大区馆、瑞典馆

上海开业,昆庭扩大了其经营场所,并准

和巴黎大区馆之后,摩纳哥馆是必维集团

备2010年打进北京市场。

参与上海世博会的第七个项目。摩纳哥馆

www.christofle.com

位于上海世博会园区黄浦江的东岸,其中 将展出摩纳哥自然环境和城市环境最具代

上海组合终于在北京开店

表性的元素,这些元素使摩纳哥公国闻名

上海组合体现不同文化的饰品和家居用品

于世。

将从2010年5月1日起在北京有售。这一上 海品牌在北京开了第一家店,也是它在


软文广告

© PSA

publi-reportage

Lancement de la nouvelle Peugeot 408 en première mondiale le 25 janvier à Pékin.

2010年1月25日,东风标致408在北京全球首发上市

Peugeot dévoile en première mondiale à Pékin sa nouvelle 408

全球首发 东风标致408震撼上市

Une étape déterminante de l’offensive de la marque au

1 月 25 日 , 东 风 标 致 408 在 北 京 全球首发上市。这是标致汽车品牌 创 立 120年 以 来 , 首 次 在 海 外 市 场 全球首发其最新一代车型。这不仅 显示出中国市场日渐提升的重要地 位,更凸显标致汽车乃至PSA标致雪 铁龙集团的中国战略重心的进一步 确立。 作为标致品牌的全球车型,408在 研发设计之初就充分考虑并立足于包 括中国在内的全球主要市场的消费者 需求,是一款为消费者悉心打造的、 具有欧洲技术血统的魅力之车。长度 超过4.68米、宽度超过1.81米,尤其 是2.71米的超长轴距,足以让它在同 级竞争对手中跃然而出。大气均衡的 车身造型,宽敞舒适的大器空间,精 致细腻的内饰质感以及全面高档的人 性化智能装备,令其拥有者在进入座 舱的瞬间即可领略超然气度,尽享从 容自在的驾乘感受。在中国进行全球 首发之后,408还将陆续投放到世界 其它市场增长强劲的国家和地区。 此次上市的东风标致408系列共有 7款车型,分为舒适版、豪华版、尊贵 版三种配置版本,以配备CVTS-II技术的 2.0L发动机为主打产品。

Lion sur le premier marché automobile du monde. Présentée en première mondiale le 25 janvier à Pékin, la nouvelle Peugeot 408 est une nouvelle étape de l’offensive de la marque sur le premier marché automobile au monde. Ce nouveau tri-corps, statutaire et adapté au marché chinois, vient ainsi renforcer l’offre produit de DongFeng Peugeot sur un segment qui couvre plus de 45 % du marché total. La nouvelle DF Peugeot 408 devrait ainsi permettre à la marque au Lion d’accroître ses volumes de plus de 30 % en 2010 par rapport à 2009, en doublant ainsi la croissance prévue du marché. Cette berline tri-corps, à architecture semi-haute, dessinée et conçue en commun avec les équipes du style Peugeot en Europe et en Chine, répond à trois objectifs : • incarner la modernité de la marque, • garantir une sécurité maximale,

• offrir une habitabilité incomparable. La 408 suit la logique d’appellation de la marque au Lion Le chiffre 4 est en rapport avec la dimension de la voiture (4,68 m) et le positionnement dans le segment des berlines familiales de moyen-haut de gamme. Le 0 central signe l’appartenance à la marque Peugeot tandis que le 8 exprime la toute dernière génération du véhicule. Avec cette dénomination, la 408 trouve naturellement sa place à l’intérieur de la gamme Peugeot actuelle et initie la série des 8, véhicules de dernière génération, au sein du marché Chinois. La DongFeng Peugeot 408, fruit des travaux de la joint-venture entre PSA Peugeot Citroën et le groupe Chinois DFM, est produite dans l’usine de Wuhan dans la province du Hubei en Chine, et se positionne comme une des principales références du marché avec un objectif de ventes de 100 000 unités en année pleine.

Connexions / mars 2010 47


© Imagine China

中小企业简讯 l’actualité / PME

Le show organisé pour le lancement du dernier film de Jackie Chan à Pékin.

成龙新片首映礼在北京举行

Des ballons d’Airstar pour éclairer en Chine Créé en 1994, l’inventeur et leader mondial du ballon éclairant Airstar, déjà présent dans quarante pays, s’attaque au marché chinois. « Airstar est devenu la lumière référence au cinéma ». Difficile de contredire Stéphane Bihorel, le directeur Chine de l’entreprise, lorsqu’il énumère quelques-unes des multiples grosses productions dans lesquelles les ballons éclairants d’Airstar ont été utilisés : Avatar, Titanic, Mission Impossible, Harry Potter, etc. Et ce succès commence à s’épanouir en Chine. D’autant mieux que, pour pénétrer le marché, Stéphane bénéficie d’un soutien de poids, en la personne de Jackie Chan. Plus qu’un sponsor, « il est notre parte48 Connexions / mars 2010

naire. C’est sur le tournage de Rush Hour que Jackie a découvert Airstar. Il a immédiatement eu envie de distribuer nos produits... » La star du film d’action s’est donc engagée financièrement dans le bureau installé il y a deux ans à Hong Kong, et a contribué à faire découvrir les ballons éclairants sur les plateaux asiatiques. Un éclairage homogène Ce système d’éclairage homogène à 360°, inventé en 1994 par Pierre Chabert, semble a priori relativement simple : une source lumineuse habillée d’un tissu qui

permet de multiplier sa puissance éclairante « par deux ou par trois ». Mais la force du produit se situe surtout dans sa souplesse d’utilisation. D’abord, ces ballons fabriqués en France sont faciles et rapides à installer. L’idéal pour une équipe de secours qui doit établir rapidement un dispositif de sécurité. Ce n’est pas un hasard si les pompiers de Paris, de New York et de Tokyo notamment, et dernièrement en mission sur la catastrophe d’Haïti, se sont équipés chez Airstar. Son étanchéité, l’absence d’éblouissement et d’ombres


portées, ainsi que son rendu très proche de la lumière naturelle en font par ailleurs un système très utile pour le travail de nuit sur les chantiers de construction. C’est dans ces deux domaines d’application que les ventes en Chine ont le mieux commencé, depuis l’ouverture des bureaux de Shanghai et de Pékin en 2009. Une implantation qui est intervenue concomitamment à l’obtention du prix PME « CCI International Chine », qui récompense le projet de développement en Chine continentale le plus prometteur. Avec la naissance de la Wofe fin avril et l’implantation prochaine dans des villes comme Shenzhen et Tianjin, le potentiel de développement semble important. Pour autant, le « démarrage est un peu lent », reconnaît Stéphane Bihorel. « Ce n’est pas facile de faire évoluer les mentalités. En Chine, nous sommes dans la culture du ‘’on achète, on utilise, et on jette’’. Or nos produits sont conçus pour durer plusieurs années... » En plus, le haut niveau de technicité génère un coût élevé que peu de Chinois sont prêts à mettre aujourd’hui. Pourtant, « dès que l’on peut faire des démonstrations, c’est magique, le produit leur plaît beaucoup. » Le directeur en veut pour preuve que des contrefaçons ont déjà été trouvées à Shenzhen... Dans sa démarche commerciale, Stéphane Bihorel veut « garder autant que possible la main mise sur la distribution, en conservant en particulier la partie cinéma. Pour le reste, il faudra rester proche des distributeurs, et développer une « approche éducative » de la présentation du produit. Autre objectif affiché : développer la partie événementielle. Des shows comme la soirée Jackie Chan, pour le lancement du film Little Big Soldier, au stade de Wukesong (voir photo). « J’aimerais également faire davantage de sur mesure pour les clients. Par exemple proposer de reproduire en ballon les mascottes bleues de l’Exposition Universelle de Shanghai ». Une occasion rêvée pour séduire une fois pour toutes les acheteurs chinois.

M a n u el R a mbau d Pou r e n s avoir plus : w w w. A is ta rl igh t.com

Airstar的灯光开始在中国大放异彩

“ Airstar已 成 为 电 影 拍 摄 中 参 照

里,产品在中国的销售一开始就非

使用的照明设备”。当公司中国区经

常好。这两个办事处的设立伴随着

理Stéphane Bihorel举出用Airstar气球灯

Airstar荣获“中国国际工商会”最佳

拍摄的电影巨作中的其中几部时,如

中小企业奖应运而生。这一奖项用

《阿凡达》,《泰坦尼克号》,《谍

于奖励在中国大陆最有前途的发展项

中谍》,《哈里波特》等,我们很难

目。随着4月底全资公司的建立以及

去反驳他所说的话。而且,这一成功

今后在深圳和天津等城市的落户,发

开始影响中国,更加可喜的是,为了

展的潜力似乎很大。然而,Stéphane

进入中国市场,Stéphane得到了电影

Bihorel承认:“启动有些慢”。“让

界重量级人物成龙的支持。他不仅仅

人们改变观念不容易。在中国,我们

是赞助者,“也是我们的合作伙伴,

处在“购买,使用,扔掉”的文化之

成龙是在拍摄《尖峰时刻》时发现

中。而我们产品是为了使用多年而设

了Airstar。他马上想要代理我们的产

计的……”而且,高技术技能产生高

品……”因此,成龙为2年前公司香港

费用,只有少数中国人准备现在投

办事处的成立投资,并在亚洲舞台上

入使用。然而,“一旦我们做些展

推广气球状照明设备。

示,很神奇,他们非常喜欢我们的产

这一360度亮度均匀的照明系统是 由Pierre Chabert在1994年发明的,理论 上说比较简单:用布罩住光源从而使

品。”深圳已经发现了仿冒品,这位 经理以此证明产品非常受欢迎。 在

广

亮度增加2-3倍。但产品的长处主要在

Stéphane  Bihorel希 望 “ 尽 可 能 掌 握

于其使用的灵活性。首先,这些在法

产品的销售,尤其要保留电影部分的

国生产的气球灯安装起来简单快捷,

销售。至于其它行业,应该与代理商

对于一个要迅速搭起安全设施的救援

紧密联系,同时开展介绍产品的培

队而言是理想之选。巴黎、纽约和东

训”。

京及最近在海地地震中执行任务的消

另一个确定的目标:开发大型活

防队员们都使用Airstar的照明系统并非

动。比如成龙在北京五棵松体育馆为

偶然。此外,气球灯的防水性、无眩

电影《大兵小将》举行的首映礼。

光、无阴影以及接近自然光的特点对

(见图片)“我也希望为客户提供更

建筑工地夜间施工来说也是非常有用

多量身制作的方案,比如建议把上海

的照明系统。

世博会的蓝色吉祥物做成气球灯”。

自从2009年上海和北京办事处

一次最后吸引中国买家的绝好机会。

建立以来,正是在这两个应用领域 Connexions / mars 2010 49


专访 l’entretien

Le double « je » de Zhang Yaling Zhang Yaling, à 47 ans, a réussi. Directrice générale et représentante d’Archos Asia Ltd, elle est revenue au pays en 2003 pour vendre le MP4 après un séjour de 14 ans en France. Auteur d’un blog très suivi, vice-présidente de l’Association des implantations étrangères de Shenzhen, cette hyperactive fut aussi représentante (sans droit de vote) des Chinois d’outremer lors de la 11e session de l’Assemblée consultative du peuple chinois (CPPCC).

Zhang Yaling, directrice générale d’Archos Chine,

Connexions : Comment vous êtes-vous retrouvée en France au début 1990 ? Zhang Yaling : J’ai suivi mon mari physicien chercheur invité au CNRS. A l’époque, j’ai dû démissionner de mon poste de professeur de droit pénal à l’université Zhenfadaxue, (中国政法大学) une des meilleures de Pékin, où j’avais enseigné 5 ans. A la fin des années 80, même avec un bon poste, tout le monde voulait s’exiler. On était prêt à devenir plongeur pour partir à l’étranger. Les jeunes Chinois d’aujourd’hui ont du mal à saisir le décalage de l’époque entre notre niveau de vie et celui de l’Occident. J’ignorais ce qu’était un supermarché, une salle d’eau chez soi. Pour eux, c’est de l’histoire ancienne. Pour moi, c’est l’histoire de ma vie. C. : Avez-vous éprouvé un choc culturel en arrivant en France ? Z. Y. : A la fin des années 80, il était si difficile de quitter la Chine qu’une fois partie, on se sentait libre, presque au paradis. Mais l’arrivée en France fut rude. J’avais en tête des romans, des films, je rêvais d’une vie royale et je me suis retrouvée à Gif-surYvette dans un deux pièces de 40 mètres 50 Connexions / mars 2010

carrés à la décoration banale. Je me suis inscrite à l’Alliance française, j’ai cherché des petits boulots. J’ai repris des études de mode, puis d’économie. J’ai travaillé chez René Château Vidéo, pour des agences de voyage chinoises qui me permettaient de garder le contact avec la Chine tout en voyageant gratuitement. J’ai même passé un BEP de couture. Mon obsession : mieux connaitre la culture française. En Chine, un proverbe dit que « s’habiller, manger, habiter et voyager (衣吃住行) sont les quatre clés d’une culture ». Je me suis attelée à cette tâche de tout mon cœur. C. : Pourquoi entrer chez Archos ? Z. Y. :Je suis entrée par la petite porte en 1999 à 37 ans comme stagiaire. J’avais un DESS d’économie français en poche. Cette PME de haute technologie me plaisait parce qu’elle représentait le futur. Et, contrairement aux grandes compagnies, elle avait vraiment besoin de quelqu’un comme moi. Ils avaient commencé à fabriquer en Chine, et cherchaient des composants. J’ai négocié tout de suite un poste de cadre.

C. : Pourquoi emmener Archos en Chine ? Z. Y. : A mon entrée dans la société début 2000, Archos venait de lancer sur le marché le premier baladeur MP3 du monde. J’ai insisté trois ans auprès du fondateur, Henri Crohas, pour l’exporter en Chine. J’étais persuadée qu’il fallait le faire le plus tôt possible pour occuper le terrain et cela coïncidait avec mon désir de revenir au pays, la tête haute, avant 40 ans, en rapportant quelque chose d’utile pour la Chine. Aujourd’hui, je suis prête à faire la même chose pour la France. Les Chinois se sont développés tellement vite qu’ils ont maintenant plein de bonnes idées : les nouvelles PSP chinoises à 300 Rmb, avec les mêmes fonctions et une bonne qualité, les nouveaux mini-portables PC à 1 500 Rmb. C. : Que représente pour vous la France ? Z. Y. : C’est mon pays d’adoption. Il fait partie de ma vie. J’y vais une semaine tous les trois mois. Je cherche à favoriser les liens entre mes deux pays. C. : Quels messages faites-vous passer ? Difficile de résumer en trois phrases. Concrètement, quand je rencontre un


张亚玲的双重“我” 47岁的张亚玲成功了。作为法国爱可视亚洲股份有限公司董事总经理,2003年,她在 法国旅居13年后回国,把MP3、MP4卖到中国。积极活跃在各个领域的张亚玲,是一 位点击率很高的博主,并担任深圳外商投资企业协会副会长,还是全国政协第十一届

© DR

第一次会议海外列席委员。

se veut aussi une ambassadrice de la culture française. 法国爱可视亚洲股份有限公司董事总经理张亚玲,法国文化转播的使者。

problème, j’essaie toujours d’expliquer les réactions de l’autre, son raisonnement. Je dirige en Chine pour Archos une équipe de 50 personnes en direct, plus deux usines indirectement. Il y a toujours des malentendus avec les sous-traitants. Ma tactique, c’est de mélanger les deux façons de faire, d’observer les deux points de vue, avec en ligne de mire, le meilleur résultat possible, en maintenant le lien. C. : Pensez-vous qu’être une femme facilite ce rôle d’intermédiaire ? Z. Y. : Oui, c’est un atout. Nous avons un sixième sens et nous devons être flexibles tout au long de notre vie. Je m’intéresse à la psychologie. J’observe la réaction des gens pour éventuellement changer d’attitude. On me reproche parfois de jouer double jeu mais au contraire, cette souplesse, cette faculté d’adaptation, c’est précisément ma force. Pour comprendre deux groupes, il faut savoir s’adapter. J’essaie de comprendre la nuance, le ton. Il y a beaucoup de Chinois qui parlent bien français mais manquent de nuance. Il faut savoir se positionner. A mon âge, je suis passée par pas mal de choses…

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《联结》:1990年,您为什么远赴法国? 我随我先生去的法国。他是一位研究物理 的科学家,受邀到法国国家科学研究中 心。那时,我不得不辞去政法大学刑法老 师的职务,我在那里已经任教5年。上世 纪八十年代末,即便有一份很好的职业, 所有人也都想出去看看。大家已经准备好 出国闯荡。如今的年轻人很难想象我们当 时的生活水平与西方有多大差距。我不知 道什么是超市、什么是家中的浴室。对于 他们来说,这是很久远的历史了。对于我 来说,这是我经历过的历史。 《联结》:刚到法国时,您有没有感到文 化的冲突? 八十年代末,人们很难离开中国,一旦出 国,就觉得自由了,到了天堂。但是初到 法国很艰辛。我满脑子的小说、电影,梦 想着金碧辉煌的生活,却发现自己在Gifsur-Yvette一间装修普通的40平米的两居 室里。我报名参加法语联盟的培训,找些 零工。我学习服装设计,然后学经济。我 在René Château Vidéo 电影公司工作过, 还在中国旅行社里做过导游,这让我与中 国保持着联系,并且可以免费旅游。我还 拿到了服装从业证书。我总是抱着好好了 解法国文化的念头。中国人常说,衣食住 行,其实对于一个国家文化的了解就是了 解它的衣食住行。我全心全意对待这项任 务。 《联结》:您为什么加入法国爱可视? 1999年,37岁的我通过别人的介绍以实习 生的身份进入法国爱可视。我当时拿到了 法国经济专业的硕士学位。我喜欢这家法 国高科技企业因为它代表着未来。与大 公司不同的是,爱可视的确需要象我这样 的人。他们当时已经在中国生产,采购一 些组件了。不久,我就谋得了一个管理职 位。 《联结》:为什么把爱可视带到中国? 2000年,我进入爱可视时,公司刚把世 界上第一个MP3播放器投放市场。我用了 3年时间说服公司的创始人Henri Crohas把 MP3卖到中国。我坚信必须尽早这么做以 便占得先机,而且这与我40岁前骄傲地回 国的愿望不谋而合,并为我的国家带来有 用的东西。如今,我准备为法国也这么 做。中国发展得如此之快以至现在有许多 好的想法:在中国,新的PSP才卖300元, 具有同样的功能和很好的质量,新的微型 笔记本电脑才卖1500元。

《联结》:现在,法国对您来说意味着什 么? 是我旅居的国家。我不能割舍法国,它是 我生命的一部分。我每个季度去法国待上 一星期。我力图拉近两个国家的距离。 《联结》:您扮演什么角色,传递了什么 信息? 很难用三言两语来总结。具体来说,当我 碰到问题的时候,我总是试着解释对方 的反应,其行为背后的理由。如果我不 在,谈判往往进展不顺。我直接领导着爱 可视在中国的50名员工,间接管理着两家 工厂。与分包商总有一些误会。我的策略 是:混合两种做法,研究两种看法,以得 到尽可能好的结果为准线,并保持联系。 《联结》:您是否认为身为女性更容易扮 演中间协调人的角色? 是的,这是一个优势。我们女性有第六 感,一生中要不断变通。就我个人而言, 自从我做老师起,就对心理学感兴趣。我 观察人们的反应从而改变态度。有时人们 指责我耍两面派,但恰恰相反,这种灵 活性和适应能力正是我的长处。为了理解 双方,必须学会适应。我试着理解细微差 异和谈吐举止。很多中国人说法语说得很 好,但缺乏细腻。必须学会自我定位。在 我的年纪,我经历了很多事情...... 《联结》:您为什么开博客? 为了发展业务。2006年,我在这行已经小 有名气,因此一家公关公司找到我,想做 一个关于高科技的博客。我想给他们更 感性的一面来吸引网友。通过讲述我在中 国和法国之间的生活为一家高科技企业效 力,我不会刻意去说实情,而是为爱可视 吸引潜在的年轻客户。这是我做市场营销 的手段。 《联结》:为什么对爱可视如此忠 诚...... 我对爱可视的感激永远不够。上世纪九十 年代,中国人在法国过得非常艰辛。我 的老板给了我一个“舞台”,让我能够回 国,并在中国无拘无束地做我想做的事。 我工作很努力,很少休假。爱可视,是我 的职业生涯。在中国,是我的孩子。我招 聘的所有员工都很忠诚。 《联结》:透过深圳,您怎么看待中国的 变化? 我要说明的是我的观点是一个北京人的观 点。南方大城市深圳与北京差别很大。 深圳是一座国际化的城市、外来

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Connexions / mars 2010 51


© DR

专访 l’entretien

Zhang Yaling a créé un blog très fréquenté.

••• C. : Vous avez créé un blog . Pourquoi ? 1

Z. Y. : Pour développer les affaires. Comme j’étais assez connue dans mon domaine en 2006, une agence de relations publiques est venue me chercher pour faire un blog sur les hautes technologies. J’ai préféré lui donner un côté plus sentimental pour attirer les Internautes. En expliquant ma vie entre la France et la Chine au service d’une entreprise de haute technologie, je cherche à accrocher des jeunes clients potentiels pour Archos. C’est ma façon de faire du marketing. C. : Pourquoi cette fidélité à la société Archos… ? Z. Y. : Je ne remercierai jamais assez Archos. Dans les années 90, la vie en France était très dure pour les Chinois. Mon patron m’a donné une « scène », m’a permis de rentrer en Chine, d’y faire librement ce que je souhaitais. Je travaille beaucoup, je prends très peu de vacances. Archos, c’est ma vie professionnelle. En Chine, c’est mon enfant. J’ai recruté toute l’équipe qui est très fidèle. C. : De Shenzhen, comment voyez-vous changer la Chine ? Z. Y. : Je tiens à préciser que mon point de vue est celui d’une personne d’origine pékinoise. Shenzhen, métropole du sud, est très différente de Pékin. C’est une grande ville internationale, une ville 52 Connexions / mars 2010

张亚玲的博客点击率很高。

d’émigrés, peuplée de gens simples, modestes et réalistes, pour qui l’argent est le signe essentiel de la réussite. Mais les choses changent….Avec des amies qui ont réussi dans les affaires, nous avons créé un groupe de poésie. Nous organisons des soirées « chic ». Nous parlons décoration. Au début de mon séjour, en 2003, j’avais plus de mal à rencontrer des gens qui partagent mes goûts. Aujourd’hui, mes amies se rendent compte que, pour être heureuses, elles ont besoin d’autre chose que d’argent. Ces femmes libres, certaines divorcées, commencent à s’intéresser vraiment au monde hors de Chine. Elles veulent m’accompagner quand je vais en France, pour aller au-delà d’une première visite où elles ont fait des sauts trop brefs sans rien voir, ni sentir. Elles veulent séjourner une semaine, vivre à la parisienne…. Pour elles, la vraie culture vient d’Europe plutôt que des Etats-Unis. C. : Comment voyez-vous la Chine d’ici 20 ans ? Z. Y. : Il y a 20 ans, les Chinois se sentaient « paysans ». Maintenant ils ont la tête haute. Les femmes se sentent aussi élégantes que les Européennes. Si ma génération ne parle pas anglais, les jeunes s’expriment dans la langue des étrangers, ce qui leur donne confiance en eux. Je suis persuadée que la Chine va s’exprimer de plus en

plus sur la scène internationale sur tous les plans : politique, économique et culturel. Mais il lui faut garder un équilibre. J’ai vécu des moments très durs. Mon père était un aristocrate mandchou, considéré comme droitier. J’ai connu une enfance terrible. Mais aujourd’hui ma vie en Chine ressemble beaucoup à ce qu’elle était en France. Finalement, les Français et les Chinois se ressemblent. Ils sont un peu compliqués, marqués par leur culture. C. : Comment faites-vous pour vous positionner entre la France et la Chine ? Z. Y. :Je me sens très proche des femmes françaises mais avec les Chinois, surtout s’ils ne parlent pas de langues étrangères, je ne dis pas que je me sens française. Cela voudrait dire que je me désolidarise de ma famille, de mon groupe. Les vicissitudes de la vie m’ont obligée à réfléchir et, en travaillant dans une grande société française, j’ai pu vivre des expériences uniques. Aujourd’hui j’ai rencontré tellement de sortes de Français dans des situations différentes que je me sens partout à l’aise. Je n’éprouve plus de choc culturel. La plus forte image que je retiens de Paris c’est celle-ci, triste mais très subtile : au bord de la Seine, près de l’Eglise américaine, en novembre, je vois avancer de vieilles personnes seules promenant leur chien. Il n’y a plus de feuilles aux arbres, la terre est sèche. Cette marche solitaire évoque les derniers jours d’une vie, la fin d’un film. Pour moi, le charme de Paris, c’est cette mélancolie automnale qui me fait réfléchir. Paris m’a beaucoup donné et je veux le lui rendre en l’aidant à vendre le « rêve français ». Je suis convaincue que pour vendre des produits français, il faut savoir allier l’image de la France et de ses produits. J’ai vendu mes MP3 Archos, sous le slogan 品味法国时尚 « l’élégance et la mode française ». Si Ipod, notre concurrent était le Coca-cola américain, Archos serait le bon vin, le raffinement et la grâce, l’exception. Derrière un produit français, il ne faut jamais oublier qu’il y a la France.

Propos r ecu eil l is pa r A n n e G a r r igu e et Sophi e L av ergn e 1

son blog jusqu’à 3 million de clics

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全国政协第十一届第一次会议海外列席委员


人口的城市、居住着简单、朴实、 ••• 注重实际的人,对他们来说,有钱是成 功的主要标志。但是,事情在改变...... 我与生意上成功的朋友创办了诗社。我 们组织一些高雅的晚会,聊聊装饰。 2003年,我刚到深圳的时候,很难找到 与我兴趣相投的人。如今,我的朋友们 明白除了钱,她们还需要其它东西才能 觉得幸福。这些自由的女性,一些离婚 了,开始对中国之外的世界产生浓厚的 兴趣。当我去法国的时候,她们想陪我 做一次深入的而不是像她们第一次走马 观花地游览。她们想住上一个星期,过 巴黎人的生活......对她们来说,真正的文 化来自欧洲,而不是美国。 《联结》:您怎么看二十年后的中国? 20年前,中国人觉得自己是“乡下 人”。现在他们昂起头来。中国女性感 觉自己与欧洲女性一样优雅。如果说我 这一代人不说英语,那么现在的年轻人 则会用外语表达,这让他们更有自信。 我坚信,中国将在国际舞台上的政治、 经济和文化领域越来越多地说出自己的 想法。然而,她必须保持一种平衡。 我曾经历过非常艰难的时期。我父亲是 满族贵族,被打成右派,我的童年生活 很苦。但现在,我在中国的生活与我在 法国的生活非常接近。归根结底,法国 人与中国人十分相似:他们有些复杂, 带着各自文化的烙印。 《联结》:您是怎么把自己定位于中国 和法国之间的? 我觉得自己很像法国人,但是和中国人 在一起的时候,尤其如果他们不说外语 的话,我不会说我觉得自己很法国。就 是说,我不想脱离我的家庭和圈子。生 活的起起落落迫使我思考,通过在一家 法国大企业里工作,我能够获得独有的 经历。时至今日,我碰到过在不同情形 下各种各样的法国人,因此我可以到处 应付自如。我不再感到有文化的冲突。 我对巴黎最强烈的印象,是她的忧郁但 却非常微妙:11月,塞纳河畔的美国教 堂附近,我看见老人带着他的狗独自前 行。树上已经没有树叶,地上干干的。 孤独的行走令人想起生命的最后时日, 电影的结局。对我来说,这正是巴黎之 美,正是这种秋日的感伤让我思考。巴 黎给予了我很多,我希望通过帮助她推 销“法国梦”作为回报。我深信,为了 推销法国的产品,必须把法国的形象与 她的产品结合起来。我是在“品味法国 时尚”的广告语下销售我的爱可视MP3。 如果我们的竞争对手苹果iPod是美国的 可口可乐,爱可视则是美酒、精致和优 雅、特例。在法国产品的背后,永远不 要忘记有法国。

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Connexions / mars 2010 53


54 Connexions / mars 2010

© Imagine China

dossier 专 栏

Où en est le soft

Sommaire Echanges p.58

« Une énorme ambiguité », François Godement Ruanshili ou Qiaoshili ? La grande séduction Une image ambivalente La Chinafrique des médias Les instituts Confucius Shanghai Expo : le monde en Chine La Chine vue d’Asie centrale Tourisme : un déficit d’image Chine éternelle Planète Jeunes

Culture p.78

« La Chine manque de discours d’interprétation » Dong Qiang Rêves de Chinawood A propos du film Confucius Wang Xiaoshuai, les tribulations d’un cinéaste chinois Du côté de la 3D : la légende du roi Milu Edition : à la recherche d’un best-seller mondial L’Art contemporain s’intègre La galerie Shang’Art


power de la Chine ?

Design p.98

Du “made in China” au “created in China”, Su Tong Portrait d’une génération d’architectes designers Les architectes étrangers en Chine Artisanat d’Art : Christofle collabore avec des artistes chinois Mode : petits designers deviendront grands Un “glamour” de Chine L’ essor des marques chinoises

Innovation p.108

La Route de la soie numérique, Benjamin Joffe De plus en plus de MBA Les universités attirent les étudiants étrangers R&D, l’élan positiviste

Médias p.116

Internet et soft power, Viven Wu et Filip Noubel Fait en Chine, lu par le monde Jeux de miroirs, Caroline Puel

S

hanghai 2010. Une fois de plus la Chine attire sur elle les projecteurs de toute la planète. Deux ans après les JO, c’est l’occasion pour l’empire du Milieu de montrer à nouveau sa capacité de séduire et d’attirer mais aussi sa force de proposition, son leadership. C’est aussi pour le gouvernement un moyen de faire voir le monde à son peuple et de lui donner une chance d’être fier d’être chinois. Shan ghai 2010 f ai t d o n c p ar t i e intégrante d’une véritable stratégie

•••

Connexions / mars 2010 55


DOSSIER

专栏

Le Premier ministre Wen Jiabao à la tribune de Boao Forum en 2009.

••• du soft power de la part du pouvoir

succès ? Quels sont les défis qu’elle doit chinois. Par soft power, nous entendons relever ? Où en est sa créativité ? Autant de la force d’attraction d’une culture, d’un questions auxquelles nous avons essayé pays, sa capacité à séduire par ses de répondre en faisant appel à des experts chinois ou internationaux. œuvres, ses découvertes, dossier comporte cinq ses modèles, ses valeurs. « Wen Jiabao a Le parties. Bien évidemment, la Dans la première, nous création contemporaine souligné le 5 mars dernier essaierons de faire le point et l’innovation font partie sur le soft power chinois i n té g r a n te d e ce t te l’importance — définition, défis…— en capacité, mais aussi la du dévelopfaisant appel à des experts capacité de diffuser ses pement de politique internationale. modèles et ses valeurs. culturel et Nous nous intéresserons Le Premier ministre Wen à l’histoire de l’image de Jiabao a d’ailleurs souligné des échanges la Chine, à la définition le 5 mars dernier lors de avec par les Chinois du soft son discours d’ouverture l’étranger… » power, à la façon dont devant l’Assemblée natioShanghai 2010 s’intègre nale populaire, « l’impordans cet te stratégie. tance du développement Nous observerons le fer de lance de ce culturel et des échanges culturels avec l’étranger pour renforcer l’influence inter- soft power : les instituts Confucius. Nous irons voir également comment s’exerce nationale de la culture chinoise. » Quelles solutions aux grands problèmes, de fait ce soft power dans des pays non quel regard esthétique, quelles valeurs développés et non-occidentaux, en Asie — dans le cinéma, l’art, les industries centrale ou en Afrique. Nous verrons culturelles, l’éducation— la Chine peut-elle comment le tourisme soutient ce soft proposer au monde ? Comment diffuse- power, comment des jeunes voient le rêve t-elle son image et sa culture ? Avec quel chinois et comment l’image de la Chine 56 Connexions / mars 2010

dans les pays développés occidentaux est encore liée à ses traditions. Dans la seconde partie nous nous intéresserons plus particulièrement à la création culturelle contemporaine. A travers les domaines les plus en vue (cinéma, art contemporain, édition), nous nous efforcerons de comprendre les défis que posent la création et son exportation à la Chine et à ses créateurs. Nous nous interrogerons aussi sur les valeurs que la Chine veut présenter au monde et sur le discours d’interprétation qu’elle porte ellemême sur sa culture. Dans une troisième par tie, nous observerons comment la Chine souhaite passer, dans ses industries, du « made in china » au « created in China ». Qu’il s’agisse d’architecture, d’artisanat d’art, de mode ou de beauté, comment la Chine peaufine ses productions pour monter dans l’échelle de valeur. Comment elle se sert aussi des marques pour améliorer son image à l’étranger. Nous verrons ensuite jusqu’où la Chine innove sur Internet, dans ses modèles d’entreprises et d’affaires, comment elle attire les talents dans ses universités, ses laboratoires ou ses écoles de commerce.


Le soft-power de la Chine 中国的软实力

© Imagine China

中国的软实力发展到什么程度?

温家宝总理在博鳌亚洲论坛2009年年会上发表演讲

Quels défis lui pose cette course vers la créativité ? Nous nous interrogerons enfin plus particulièrement sur la diffusion de ses modèles et de sa culture à travers les médias et Internet. Quelles images de la Chine le pouvoir veut-il propager ? Quels moyens se donne-t-il pour y parvenir ? Quels quiproquos le contrôle de l’information peut-il provoquer ? Qu’est ce qui est perdu dans la traduction (lost in translation) ? Internet est-il — ou n’est-il pas — une fenêtre sur l’évolution de la Chine ? Bien entendu, ce dossier est loin d’être exhaustif sur un si vaste et si passionnant sujet. Notre propos est plutôt de lancer des pistes de réflexions à partir de témoignages d’experts, de toute nationalité, qui sont sur le terrain. A l’heure où la Chine ouvre grand ses portes au monde et rassemble autour d’elle, sous sa houlette, le meilleur de la créativité mondiale sur le thème de la ville (qui sera notre prochain sujet de dossier), quels sont ses succès, les questions qu’elle se pose et comment envisage-t-elle de prendre ses responsabilités pour répondre aux défis planétaires.

A n ne Ga rrig ue

2010年上海世博会。中国再次将全世

国在西方发达国家的形象如何与她的

界的目光聚集在她的身上。在北京奥

传统相联。

运会举办的两年之后,这是中国再次

在第二部分里,我们主要研究中国当

展示其吸引力、建议能力和领导力的

代的文化创作。通过最为关注的领域

机会。对于中国政府而言,这也是让

(电影、当代艺术和出版业),我们

民众了解世界的一种方式,并且给予

力图去理解文化创作及其作品输出对

他们因为自己是中国人而骄傲的机会。

中国及其创作者们所提出的挑战。我

因此,2010年上海世博会是中国政府

们还将探讨中国希望向世界展示的价

软实力战略的组成部分。软实力是指

值观以及中国自己对其文化作出的阐

一种文化、一个国家通过其作品、发

释。

明、制度模式和价值观所产生的吸引

在第三部分里,我们将研究中国如何

力。显而易见,创作和创意,还有传

希望自己的产业从“中国制造”过渡

播制度模式和价值观的能力也是这种

到“中国创造”,无论是建筑业、手

吸引力的组成部分。

工艺术品业、时尚还是美容业,中国

中国总理温家宝今年3月5日在十一届

如何对自己的产品精雕细刻以提升价

全国人大三次会议上作政府工作报告

值链层次。中国如何用品牌更好地向

时强调,“积极开展对外文化交流,

国外展示自己。

增强中华文化国际影响力”。中国能

我们还要研究中国互联网领域的革新

够向世界建议什么?重大问题的解决

进行到哪一步了,包括它的企业和经

方法、对世界的审美眼光、价值观、

营模式,中国在大学教育、科研及

电影、艺术、文化产业、教育......中国

MBA培训方面如何吸引人才,追逐创

如何传播自己的形象和文化?有哪些

意对中国提出了哪些挑战。

成就?有哪些要接受的挑战?中国的

最后,我们特别探讨了中国通过媒体

创意产业发展到什么程度?通过求教

和互联网传播其制度模式和文化的方

国内外专家,我们试图对这么多的问

式。中国政府希望宣传什么样的国家

题做出解答。

形象以及运用哪些方法来实现。信息

本期专栏包括四个部分。

监督会引起哪些误解?在翻译中丢失

在第一部分里,通过求教国际政治方

了什么?互联网如何(不)作为展示

面的专家,我们将试着对中国的软实

中国变化的窗口?

力作出概述——定义,挑战等。我们

当然,本期专栏不能对一个如此宽泛

研究中国形象的历史变迁、中国对软

的热点话题面面俱到。确切地说,我

实力的定义以及将2010年上海世博会

们是想从各国在华专家的见证中启发

纳入软实力战略的方式。我们将介绍

一些思路。在中国对外敞开大门、把

中国软实力的中坚力量:孔子学院。

世界上最好的以城市(这将是我们下

我们将去看看软实力在中亚和非洲不

期专栏的题目)为主题的创意聚集在

发达的非西方国家里如何实施。我们

其周围之时,中国获得了哪些成就,

还将了解旅游业如何支撑软实力,一

面临着哪些问题,打算如何担起责任

些年轻人如何看待“中国梦”以及中

应对全球挑战。

Connexions / mars 2010 57


DOSSIER

专栏

François Godement, directeur stratégie de Asia-centre.

« Une énorme ambiguïté… »

Historien, spécialiste renommé de la Chine et des relations internationales en Asie orientale, François Godement, a fondé en 2005, le Asia-centre de Sciences-Po.

Connexions : Quelle est votre définition du soft power et en quoi cette définition s’applique-t-elle à la diplomatie chinoise ? François Godement : Il y a une énorme ambigüité dans cette notion de soft power. A l’origine, selon le stratège américain Joseph Nye, il s’agissait de la capacité par ses valeurs, l’attractivité de sa culture et de ses institutions, de devenir un modèle et d’amener les autres à vouloir ce que vous voulez, quelque chose à mi-chemin entre un système de valeurs et un système d’intérêts, où entrait une part de relations. Aujourd’hui, la notion recouvre aussi bien le marché des échanges économiques, la force commerciale, la compétitivité. On n’évoque pas la même chose quand on parle du soft power chinois actuel ou du soft power américain de l’après-Deuxième Guerre mondiale. Ce dernier parlait de la liberté et du chewinggum — mais, d’abord, de la liberté — et d’un modèle de distraction culturelle mondiale. Le soft power chinois parle de l‘attractivité des marchandises, de la capacité à réaliser des projets de construction rapidement, et, beaucoup moins, d’un Hollywood chinois et, moins encore — même si certains le font — d’un système de valeurs chinois.

C. : On ne parle donc pas de la même chose quand on évoque la rivalité sino-américaine croissante en matière de soft power ? F. G. : Absolument. A noter qu’au sein de l’équipe Obama, une personnalité très influente au département d’Etat, Anne-Marie Slaughter, qui a travaillé un an à Shanghai avant d’entrer dans l’administration, défend l’attractivité du modèle américain à travers la liberté d’accès à Internet, aux réseaux de communication modernes qui peuvent redonner du lustre 58 Connexions / mars 2010

aux valeurs politiques et sociétales incarnées par les Etats-Unis.

C. : La notion de soft power en Chine a évolué dans le temps. Les autorités semblent aujourd’hui préférer le terme de « diplomatie publique », quelle place accordent-elles au soft power dans l’élaboration de leur diplomatie ? F. G. : Il y a plusieurs niveaux de soft power envisagés par les stratèges chinois. D’abord, un niveau très large de valeurs minimales internationales, définies en creux. Par rapport au « consensus de Washington », la notion d’un « consensus de Pékin » — ce n’est pas un Chinois qui a inventé l’expression qui n’est pas reconnue officiellement en Chine —, se réfère en fait au modèle élaboré au milieu des années 50 dans les relations entre la Chine et l’Inde. C’est un modèle de non-interférence, de non-intervention, de souveraineté, de résolution pacifique des conflits. En creux, se dessine un système de relations internationales sans les caractéristiques acquises après la Guerre froide : intervention extérieure, normes contraignantes pour des pays souverains. Il s’agit presque du négatif du système international né après la Guerre froide ; non pas un contre-modèle, mais une forme de refus, de prudence par rapport à l’extension du système international. Voyez la conférence de Copenhague : la Chine s’est trouvée non à l’avant-garde d’une coalition mais au centre d’un groupe de pays qui ne voulaient pas de normes légales qui s’imposeraient — en particulier aux pays en voie de développement — mais seulement d’un consensus ou d’initiative volontaire. L’attractivité de la Chine à l’égard d’un certain nombre de pays, c’est d’abord qu’elle propose un système international a minima. Un autre aspect du soft power pour les stratèges ou économistes chinois, c’est la capacité à proposer un modèle de management des affaires publiques et des entreprises. Il y a là un paradoxe. La Chine est à la fois le pays où on peut observer, quand on soulève le couvercle d’une très grande agglomération comme Chongqing,


Shanghai Lujiazui financial district.

© Imagine China

Le soft-power de la Chine 中国的软实力

上海陆家嘴金融中心区

qu’elle est rongée par la corruption, la mafia, la mauvaise adminis- déborde guère de la Chine. Il y a aussi des barrières linguistiques. tration. Et, en même temps, c’est le pays qui avance le plus rapide- Les instituts Confucius ne semblent pas avoir beaucoup d’écho ment dans la construction de ses infrastructures ou de celles des au-delà de la formation à la langue comme outil. En même temps, pays en voie de développement, même s’il n’est pas toujours le on observe un effort énorme en Chine pour développer une soplus efficace en termes de dépenses. Si la Chine a ciété de médias et de consommation à l’occidentale, reçu la maîtrise des deux tiers des autoroutes Est- « La Chine mais contrôlée par les autorités politiques. Il y a là Ouest algériennes, si elle est un des plus grands fait son vraiment un modèle distractif, éducatif, informatif constructeurs potentiels de chemins de fer à travers chinois qui influence les classes moyennes chinoises. entrée dans le monde — ce n’était pas le cas il y a seulement La capacité de produire quantité de téléfilms historicinq ans —, c’est qu’il y a là un modèle de gestion la psyché ques ou éducatifs, avec des budgets certainement et de coordination des projets, une capacité de mondiale supérieurs à ceux des chaînes occidentales, l’exisl’Etat de fonctionner avec des entreprises privées tence de multiples émissions de débat — y compris par le biais ou des entreprises d’Etat autonomes. L‘efficacité sur les affaires internationales, avec des participants chinoise devient en elle-même un argument de de son internationaux —, le versant commercial de l’affaire efficacité soft power. On en voit la trace jusque dans le film Google — on connaît bien l’aspect de la censure et de Hollywood 2012, dont le scénario raconte une économique. » de l’intrusion, mais moins l’aspect de la concurrence espèce de fin du monde. Quand il s’agit de sauver chinoise avec ses modèles de moteurs de recherche une partie de l’humanité avec des arches de Noé plus adaptés aux sensibilités locales —, montrent modernes, Hollywood confie à la Chine la tâche de les construire le qu’on a affaire à un système de distraction et de propagande nouplus rapidement possible. On observe alors ce mélange fascinant veau, qui n’a jamais existé dans les régimes autoritaires, sauf peutde cadres et d’officiers chinois supervisant un exode mondial et être dans l’Allemagne du début des années trente. Ce modèle est construisant une base pour leurs vaisseaux sur le toit du monde au fascinant. Seulement, il parle d’abord et surtout aux Chinois. Tibet, non loin d’un moine qui ressemble au Dalaï-lama. On y voit Deuxième remarque : on parle beaucoup de l’attractivité de la que la Chine fait son entrée dans la psyché mondiale par le biais Chine, du point de vue de l’apprentissage de la langue vis-à-vis de son efficacité économique. des étrangers, notamment asiatiques. Mais il faut se souvenir que C. : En quoi et comment le soft power permet-il à la Chine d’influencer le l’ouverture est toute aussi grande dans l’autre sens. Aujourd’hui, reste du monde ? le nombre de Chinois anglophones est peut-être supérieur au F. G. : Deux remarques. Une grande partie du soft power chinois nombre d’Indiens anglophones. En 2009, 1,3 million d’étudiants s’adresse d’abord aux Chinois et non au reste du monde. La ma- chinois sont partis étudier à l’étranger. Il est clair qu’on est enjeure partie de la rhétorique chinoise — discussions sur le confucia- tré dans un processus de globalisation, d’influence réciproque. nisme, l’école chinoise de diplomatie, l’exemplarité chinoise — ne Il est par contre extrêmement difficile de prédire ce qui

•••

Connexions / mars 2010 59


DOSSIER

专栏

va prédominer au sein des classes moyen••• nes chinoises : un modèle de communication et de va-

Japon, Corée, Taiwan, Asie du Sud-Est, alors qu’on observe avec le phénomène Obama un renouveau d’intérêt pour les Etats-Unis leurs chinoises ressuscitées par les autorités, ou le mar- considérés comme un partenaire plus stable et moins intrusif. De ché global et l’individualisme des valeurs à l’occidentale ? ce point de vue, l’ascension chinoise se paie de poussées d’inquiéC.: Le modèle de soft power à la chinoise que vous décrivez semble d’abord tude ou même d’hostilté. être à usage interne, plutôt centripète que centrifuge… Par contre, si vous allez vers le monde en développement, dans F. G. : Effectivement, et sans vouloir faire de l’histoire de pacotille, des zones d’influence nouvelles pour la Chine, il est clair que celleon y entend comme un écho des grandes dynasties chinoises et ci exerce une très grande attraction. En Afrique, cette attraction en particulier de la dynastie Qing avec sa capacité à être flexible repose d’abord sur des bases traditionnelles. Le modèle d’aide vis-à-vis de ses voisins en terme de titres, d’association symbolique chinois, qui date des années 60-70, est issu du neutralisme sur le (vestimentaire, par exemple) des autres cultures, tout en étant ex- plan diplomatique, de la « troisième voie » sur le plan social (à l’extrêmement rigide en termes de maîtrise politique. Bien des gran- portation, le modèle chinois ne prônait pas la collectivisation). Il des manifestations esthétiques du régime — à commencer par la reste extrêmement populaire en Afrique orientale notamment, scénographie des JO de 2008 — témoignent d’une nostalgie pour chez des élites tiers-mondistes et antioccidentales. Ensuite, vous le classicisme tardif de la cour des Qing. On le devine, les Chinois retrouvez l’extraordinaire efficacité de la machine de distribution individuels sont le plus souvent à mille lieues de cette nostalgie. commerciale chinoise à tous les niveaux. Les Africains accèdent C. : La Chine a aujourd’hui des ressources qui lui permettent de faire jouer aujourd’hui à la société de consommation par le biais des marla diplomatie du chéquier. D’autre part, le hard power gagne du terrain avec chandises chinoises et même des commerçants chinois. On enun budget de la défense en constante progression, comme en a témoigné tend beaucoup dire que l’arrivée de probablement un million de le 60e anniversaire de la « Libération ». Quel rôle joue aujourd’hui le soft travailleurs et de commerçants chinois en Afrique va susciter des power à côté du hard power ? aigreurs et des hostilités intercommunautaires. Mais on oublie F. G. : Il existe une approche chinoise traditionnelle — renouvelée que les petits commerçants chinois accrochés au grand système aujourd’hui — de panacher le hard power, la coerde distribution national, remplacent des gens qui cition, avec du soft power qui est un appel à une vivaient de positions de monopole. L’arrivée de « On glisse logique d’intérêts mutuels. Typiquement, la Chine la Chine est bénéfique sur le plan de la concura complètement adopté la rhétorique win win du trop vite du rence. Même les Indiens, les Japonais, les Coréens, libre échange, dont elle bénéficie aujourd’hui. soft power les Taïwanais, inquiets de la montée de la Chine D’un autre côté, elle utilise évidemment ses atouts en Afrique, s’y mettent et donnent de l’assistance. vers une financiers dans des objectifs réalistes et très préS’installe une offre compétitive, qui bénéficie grancis. La diplomatie des voyages officiels chinois, des analyse dement aux Africains. Il ne faut pas se focaliser sur placements financiers, c’est celle des matières pre- économique les troubles intercommunautaires qui se produimières, de l’énergie. Il y a même une tentative de des avantages sent ici et là, notamment autour de chantiers et de monopole, par exemple sur les terres rares. On a mines, à cause de la façon dont des entrepreneurs comparés affaire à une puissance éminemment réaliste. chinois peuvent parfois traiter leurs employés Deuxièmement, l’entreprise militaire est gigan- chinois. » africains. Globalement, je crois que, pour l’instant, tesque. La Chine a le deuxième budget militaire l‘Afrique regarde de façon positive l’arrivée de l’ofmondial. Son armée est celle qui croît le plus vite fre économique et humaine chinoise. en termes de forces de projection. Malgré tout l’édifice de visites C’est indiscutablement la même chose au Proche-Orient. En Irak, la bilatérales, elle reste fermée, coopère peu, y compris dans l’Océan quasi-totalité des biens de consommation du nouvel Irak issu de la indien où elle côtoie ses homologues. Cela pose évidemment des tutelle américaine sont des marchandises chinoises. Quant à l’Iran, questions. On célèbre souvent l’importance du contingent chinois on parle beaucoup de ses liens diplomatiques et stratégiques avec dans les opérations de maintien de la paix. Mais c’est un fait pres- la Chine, mais il faut se souvenir que l’un des candidats aux préque technique, dont on a énormément de mal à tirer des consé- sidentielles en 2004, Rafsandjani avait pris comme modèle de sa quences stratégiques. Tout cela est d’une très grande opacité. campagne un développement à la chinoise, même si aujourd’hui, C. : Concrètement, pouvez-vous revenir sur l’influence chinoise en Afrique, la Chine ne soutient pas du tout le « parti vert ». au Proche-Orient ou en Amérique du Sud ? Les opérations chinoises de sé- En Amérique du sud, c’est plus compliqué. Au Brésil, même si le duction à l’égard du monde s’adressent-elles plus au Sud qu’à l’Occident? président Lula est extrêmement prudent vis-à-vis de la Chine, la F. G. : On est entré dans une période où, dans l’opinion démo- Chine est une puissance industrielle et technologique concurrente. cratique des grands pays développés, la Chine n’a jamais eu aussi D’autres, comme Chavez au Venezuela, se tournent vers la Chine mauvaise presse, du moins depuis trente ans. Une série d’initiati- par hostilité vis-à-vis des Etats-Unis. La Chine devient indubitableves a écorné son image. A la périphérie chinoise aussi, l’opinion ment le partenaire privilégié de beaucoup d’Etats, devant les Etats publique est devenue méfiante, principalement à l’égard des Unis. Mais, à nouveau, j’ai peur qu’on glisse trop vite du soft power développements militaires ou d’un excès d’influence politique. Je vers une analyse économique des avantages comparés chinois, fais référence aux sondages d’opinion 2008-2009, où apparaît le ce qui génère une confusion complète. thème de l’inquiétude dans la périphérie maritime de la Chine : Propos recuei l l is pa r A n ne Ga rrig ue

60 Connexions / mars 2010


Le soft-power de la Chine 中国的软实力

软实力 巧实力 Un concept à géométrie variable Un des apports de la philosophie confucéenne est d’avoir compris que les mots ne sont pas neutres et qu’il faut leur donner une définition claire avant de les utiliser. La locution « soft power » est un bon exemple de concept piégé, parce que sa simplicité apparente cache une réflexion stratégique très particulière. La plupart des lecteurs l’ont déjà entendue un jour ou l’autre, beaucoup l’ont déjà réemployée dans un sens qui leur semblait naturel mais qui s’écarte en réalité du sens originel. Il n’y a donc pas un « soft power », mais une idée originale élaborée par Joseph Nye et certains cercles de réflexions américains dans les années 90, ainsi qu’une variété de compréhensions différentes. Originellement, le « soft power » est une doctrine de réaction non seulement à la politique de « hard power » de la présidence de George W. Bush, mais aussi aux théories du déclin de l’influence américaine. Elle préconise l’utilisation de moyens ni économiques ni militaires pour amener des pays étrangers à des positions servant les intérêts des Etats-Unis. C’est d’une certaine manière un renversement de la citation classique de Clausewitz, selon laquelle la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Pour le profane et la plus grande partie de l’intelligentsia chinoise en revanche, l’aspect puissant, volontariste, est en général moins mis en valeur que l’aspect doux, passif. La locution « soft power » est souvent employée comme un synonyme d’image ou de rayonnement culturel, et correspond mieux aux temps longs

de l’histoire qu’aux éphémérides de la politique. La ruan shili, une « puissance douce » aux caractéristiques chinoises. Quand en octobre 2007, lors du 17e congrès du Parti, le président Hu Jintao introduit le terme de « puissance douce » (en mandarin ruan shili 软实力) dans le jargon officiel chinois, il ne pense qu’au sens dérivé et non pas à une politique interventionniste. Il s’agit surtout de rassurer les étrangers. A l’époque en effet, la résurgence du thème du « péril jaune » dans les médias occidentaux préoccupe le régime. La ruan shili chinoise avait cependant une connotation moins isolationniste que l’ancienne doctrine de « l’harmonie », et pouvait servir de cadre théorique pour des actions concrètes comme l’ouverture d’instituts Confucius dans le monde. Cependant, le caractère éminemment passif de cette « puissance douce » à la chinoise révèle son insuffisance en 2008, quand le parcours mondial de la flamme olympique s’est transformé en calvaire pour l’image du pays. De nombreux spécialistes des médias demandent alors une communication plus active et plus moderne de la Chine. Très rapidement, le pouvoir réagit en mettant en place un programme de 45 milliard de Rmb (4,5 milliard d’euros) pour renforcer la voix de la Chine à l’étranger. La qiao shili chinoise, véritable équivalent du « soft power » de Nye. C’est dans ce contexte que les éditorialistes et les théoriciens chinois se sont passionnés pour la nouvelle doctrine de « puissance intelligente » (Smart Power, en chinois qiao shili 巧实力) mise en avant par Hillary Clinton début 2009. Sa trans-

position en chinois a subi le même processus d’affadissement que pour le « soft power ». Alors que le « smart power » de la diplomatie américaine permet une utilisation éclairée de la force, la qiao shili chinoise n’implique qu’une communication « pro-active ». En réalité, elle correspond donc plus au « soft power » originelle ! Fu Ying, ambassadeur de la Chine au Royaume-Uni, la définit comme suit : « communiquer tôt, communiquer beaucoup, communiquer de façon intelligible ». Pour la plupart des intellectuels chinois, les concepts de « puissance douce » et de « puissance intelligente » ne s’opposent pas, mais coexistent et se complètent. Un article publié par l’agence Chine Nouvelle le 19 novembre 2009, et largement repris partout, fournit la clé de la nouvelle doctrine composite préconisée par les penseurs proches du pouvoir. Intitulé « Stratégies pour la diffusion d’informations à l’étranger : renforcer la puissance douce et améliorer la puissance intelligente », il est signé par le professeur Zheng Baowei, président de la Conférence nationale d’Etude de l’Information. Pour lui, la « puissance douce » est en quelque sorte le rayonnement naturel et pacifique d’un pays, et la « puissance intelligente » marque l’acuité de sa compréhension du monde qui l’entoure. En réalité, et c’est leur ambiguïté, les débats sur l’image de la Chine dans le monde ne sont pas seulement destinés à servir la diplomatie du pays ; ils servent aussi de terrains de luttes internes entre réformateurs internationalistes (les fameux jingying 精英) et conservateurs isolationnistes. Renaud de Spens

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Chongqing, une campagne de « manifestation de joie populaire » à la veille du 60e anniversaire de la République populaire de Chine. 重庆万人大笑迎国庆60周年

La grande séduction Depuis 2007, Pékin considère officiellement le soft power comme la meilleure stratégie pour faire accepter au monde la montée en puissance accélérée de la Chine. Barthélémy Courmont, docteur en science politique, chercheur à l’IRIS1 et au CET2, professeur invité à l’UQAM3 (Montréal), est l’auteur d’un récent ouvrage intitulé Chine, la grande séduction, essai sur le soft power chinois, paru chez Choiseul 2009.

Connexions : Vous avez choisi le mot « séduction » pour votre titre. Or actuellement on sent plutôt monter un sentiment antichinois en Occident, notamment aux EtatsUnis ? Pensez-vous qu’aujourd’hui la Chine continue à séduire hors de ses frontières ? Barthélémy Courmont : On constate effectivement une forme de sentiment antichinois en Occident, qui s’explique notamment par les inquiétudes que soulève la montée en puissance de la Chine, tant dans ses aspects 62 Connexions / mars 2010

économiques que politico-stratégiques. C’est d’ailleurs sur ce point que les EtatsUnis, qui restent la première puissance sous tous les aspects, sortent particulièrement du lot. Mais ce sentiment se double d’une fascination pour la Chine, qui s’impose dans le monde entier. Par ailleurs, les Etats-Unis ne sont pas le monde, et l’Occident non plus. Dans ce que les pays occidentaux nomment, avec un certain mépris, le Sud, la Chine s’impose de plus en plus. La stratégie de soft power de Pékin, si elle se veut globale, vise en priorité ses régions. Enfin, le soft power est, en Chine, une stratégie du gouvernement depuis 2007. Comme toute stratégie, son succès sera mesuré à l’aune de la manière dont il est accepté. Et sur ce point, même si Joseph Nye se montre admiratif du soft power chinois, il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agira d’un succès sur le long terme.

C. : Qu’est-ce qui séduit le plus à l’extérieur venant de Chine : sa culture contemporaine ou traditionnelle, son modèle de développement, son aide financière ou technologique ? B. C. : Tout à la fois. Et de manière irrémédiable. Avant de devenir un soft power, la Chine s’est imposée comme un sticky power selon les termes du politologue américain Walter Russel Mead4, c’est-à-dire une puissance incontournable, parce que son dynamisme économique en fait une destination de plus en plus importante. Ainsi, même les voisins de la Chine, peu enclins à s’émerveiller de ce qu’elle représente, se résignent désormais à accepter la montée en puissance chinoise, et cherchent à s’en rapprocher. Le Japon, la Corée du Sud, et même Taiwan sont ainsi irrésistiblement aspirés par la Chine. C’est donc plus par défaut que la Chine séduit, son modèle restant parallèlement souvent

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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Renaud de Spens

Jardin chinois, François Boucher vers 1740. Luxe et luxuriance, beauté et raffinement : jouant sur les mythes de la corne d’abondance et du paradis perdu, la Chine est un rêve et sera bientôt une invitation au voyage. 弗朗索瓦·布歇的油画《中国花园》,创作于1740年。奢华与富饶,优美与高雅:通过表现丰饶角和失乐 园的神话,中国是一个梦,不久将是一份旅行的邀请。

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Raffinement, intelligence, culture, richesse L’image positive de la Chine se forme au XIIIe siècle, avec le récit de Marco Polo, qui constitue l’un des livres profanes les plus lus au MoyenAge. Il témoigne d’un esprit ouvert – le jeune Marco a quitté Venise à 12 ans ; il est de surcroît enjolivé par quelques éléments fabuleux. Les Jésuites comme Matteo Ricci qui vont découvrir la Chine à partir de la fin du XVIIe siècle marchent sur ses pas. Leurs lettres sont lues dans tous les grands salons, alors que l’aristocratie s’extasie sur le raffinement des porcelaines de Chine. C’est ce qu’Etiemble a appelé « L’Europe chinoise ». Cette passion provoque paradoxalement la ruine des Qing, puisqu’elle pousse les marchands occidentaux à ouvrir le marché chinois, recourrant pour cela aux interventions militaires et aux « traités inégaux ». Cruauté, hypocrisie, animalité, cupidité L’image négative est très tôt associée à la légende para-biblique de Gog et Magog, peuplades réprouvées à peine humaines, chassées par dieu sur les marches de la terre, et s’apprêtant à déferler sur le monde le jour du jugement dernier. Réactivée lors des invasions mongoles et tartares (que l’on qualifie de « hordes », terme emprunté à la zoologie), elle constitue le fondement que ce qui est appelé « le péril jaune » à la fin du XIXe siècle. Pour justifier le sac du Palais d’Eté et l’intervention militaire des huit puissances en 1860, un discours antichinois est élaboré, et l’empereur d’Allemagne Guillaume II n’hésite pas à évoquer une revanche sur les Huns d’Attila pour demander à ses troupes de ne pas faire de quartier.

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Une image ambivalente

Comme toute figure de l’altérité (voir les travaux d’Edward Saïd), la Chine a aussi une forte attraction érotique – couverture d’un roman de Bob Morane en 1967. Le contexte suinte de rouge sang, de démons menaçants et reptiliens. Le héros est attaché à la bouche d’un dragon, comme happé par la Chine. La méchante arbore le sourire énigmatique et cruel qui est la signature de la “race jaune”. 鲍勃·莫若尼的小说封面节选

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critiqué par ces différents pays, et ••• beaucoup d’autres d’ailleurs. Mais, comme

ses succès sur la scène internationale. C’est pourquoi, grâce à d’importants investissedirait Deng Xiaoping, « peu importe la ments, la Chine profite de grands événecouleur du chat tant qu’il attrape les sou- ments internationaux pour présenter au ris »… monde son meilleur visage. La Chine ne se Au niveau de la stratégie de Pékin, c’est es- contente pas ainsi de développer son soft sentiellement le caractère power, elle le met en scèplurimillénaire de la cultu- « Deux ne et le dote de moyens re chinoise qui est mis en à la mesure de ses ambiapproches avant. Le soft power n’est tions internationales. pas ainsi totalement arti- s’opposent La dictature est un hanficiel, mais s’appuie sur le dans la dicap de poids pour la constat que la Chine dis- définition du Chine, notamment dans pose d’une capacité d’atles incertitudes qu’elle traction qui ne demandait soft power. » soulève sur l’évolution qu’à se développer avec le possible des tensions à soutien des pouvoirs publics. Un constat l’intérieur même de la Chine. Ainsi, en se que les dirigeants chinois tardèrent à dres- développant de plus en plus, et en faisant ser, quand on remarque, par exemple, que rayonner son modèle sur la scène internala thèse de Nye était moquée à Pékin au tionale, la Chine s’expose dans le même début des années 1990. Il s’agit donc d’un temps à des critiques de plus en plus vives, phénomène récent, et qui se développe à à la fois de la part des sinophobes, on l’a vu, très grande vitesse. mais aussi et surtout de ceux qui souhaitent C. : Quels sont les outils essentiels sur lesquels voir le régime se démocratiser.

s’appuie la stratégie de soft power culturel du gouvernement chinois : médias, cinéma, instituts Confucius, édition, produits de consommation, autres ? B. C. : Tous ces outils sont pris en compte, et utilisés par les autorités avec pour objectif de mettre en avant les atouts de la Chine. Les instituts Confucius sont la face la plus visible d’une offensive culturelle souhaitée et fortement assistée par les pouvoirs publics chinois. Mais la défense du patrimoine culturel est aussi devenue, en quelques années, une obsession chinoise, qui continuera à se développer avec l’explosion touristique, un sentiment de fierté nationale confirmé, et la volonté de se positionner comme un modèle culturel. Là aussi, il s’agit d’une stratégie d’Etat.

C. : Quels sont les principaux succès et échecs que rencontre cette stratégie de soft power du gouvernement chinois ? B. C. : La position officielle de la Chine est que le soft power est la meilleure stratégie permettant une montée en puissance accélérée acceptable dans le reste du monde. Pour ce faire, l’objectif est d’utiliser toutes les forces de la culture chinoise. Ainsi, et les dirigeants chinois l’ont compris, si les acquis culturels et historiques constituent des piliers du soft power, c’est surtout la manière dont ils sont mis en avant qui détermine 64 Connexions / mars 2010

C. : Y-a-t-il aujourd’hui consensus sur la stratégie de soft power au sein des pouvoirs politiques chinois ? B. C. : Pour les pouvoirs publics chinois, deux approches s’opposent dans la définition à apporter au soft power. La première, actuellement dominante, estime que le soft power est étroitement lié à la culture de la Chine. Cette volonté de miser sur la culture chinoise est désormais la ligne officielle des dirigeants. A l’occasion du 16e Congrès du Parti communiste chinois en décembre 2002, le système de réformes dans le domaine culturel fut inauguré, avec pour objectif avoué, la mise en avant de la culture chinoise dans l’objectif stratégique de servir les intérêts de la nation. Il s’agissait du point de départ officiel d’une stratégie encore en marche. C’est parmi les experts en relations internationales qu’on trouve le deuxième grand courant de réflexion sur le soft power chinois. Pour eux, il convient de dépasser le simple constat que la culture chinoise est un atout dans la quête de puissance de Pékin, pour formuler une véritable stratégie misant sur cet atout pour accélérer le processus de montée en puissance de la Chine. Ce courant de réflexion est sensiblement plus agressif que le précédent, notamment en ce qu’il défend le principe d’autres mo-

des de développement de la Chine, qui ne doit pas se contenter de miser sur son soft power, mais également accélérer la montée en puissance de son armée, et des stratégies agressives dans le domaine économique et commercial. Ce courant pourrait s’amplifier dans les prochaines années, et confirmer la thèse d’une Chine de plus en plus décomplexée et sûre de sa puissance.

C. : Le soft power semble aussi un outil stratégique à usage interne, flattant un certain nationalisme. Etes-vous d’accord ? B. C. : Tout à fait. Nous pouvons même considérer que le nationalisme est au cœur de cette stratégie de soft power. Les succès indiscutables de la Chine depuis quelques années, qui ne sont que les prémices de la montée en puissance de l’économie de la future première puissance mondiale, exposent le pays le plus peuplé de la planète au contact avec l’extérieur, ce qui a pour effet d’exacerber un sentiment nationaliste canalisé et parfois instrumentalisé par les autorités. Le sentiment de fierté nationale en Chine se nourrit des multiples options offertes à Pékin. Comme il est de plus en plus difficile d’ignorer la Chine, et que ceux qui seraient tentés de le faire s’exposent à une implacable mise à l’écart, d’autres prenant immédiatement le relais, les dirigeants chinois, et les Chinois dans leur ensemble, estiment de plus en plus que leur pays est incontournable, et qu’il accède pour cette raison à un statut de superpuissance. Cette fierté nationale sa traduit de plus en plus par une forme d’arrogance. Sur un plan politique, la Chine se permet aujourd’hui de dire « non », de refuser de plier sur certains sujets sensibles, comme les droits de l’Homme et la démocratisation du régime, et affirme ainsi sa puissance sur la scène internationale. Elle s’appuie pour ce faire sur l’assurance que lui confère son statut de grande puissance économique, et de géant devenu incontournable. On retrouve ainsi, là aussi, cette tentation de l’arrogance qui pourrait à terme poser problème dans la grande stratégie de séduction de Pékin, à moins qu’il ne s’agisse que d’une attitude délibérée, sorte de posture post-soft power. Propos recueillis par

Anne Garrigue

Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux http://iris.ehess.fr/ 2 centre d’études transatlantique http://www.centretransatlantique.fr/content/view/22/39/lang,fr/ 3 Université du Québec à Montréal 4 http://en.wikipedia.org/wiki/Walter_Russell_Mead 1


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En janvier 2006, RCI lançait sa première fréquence FM à l’étranger, à Nairobi, capitale du Kenya 2006年1月,中国国际广播电台第一个境外调频台在肯尼亚首都内罗毕开播

La Chinafrique des médias

Depuis 10 ans, le gouvernement s’applique à conquérir l’opinion publique africaine. La Chine veut donner à l’Afrique une image positive de sa puissance à travers les médias. Pour cela, elle est décidée à déployer des moyens importants selon une stratégie à deux volets. D’une part, une action des médias chinois sur le terrain, avec une implantation dans les principaux pays où Pékin a des intérêts économiques ou des relations privilégiées avec les gouvernements locaux. D’autre part, des programmes de coopération multilatérale. A cela s’ajoutent des projets bilatéraux plus techniques, comme la mise en orbite en mai 2007 d’un satellite de communications pour le compte du Nigeria. Ce satellite géostationnaire qui couvre toute l’Afrique, une partie du Proche-Orient et le sud de l’Europe marque une étape importante de la pénétration chinoise dans ce continent, en particulier dans le domaine des télécommunications. Priorité à la radio Sur le terrain, les autorités chinoises ont choisi de développer prioritairement leur présence à travers la radio, le moyen d’information le plus populaire en Afrique. Radio Chine Internationale — qui émet en 64 langues, y compris en Espéranto — a renforcé sa programmation en anglais et en français destinée au continent africain. Actuellement, la diffusion des quelque

200 heures de programmes de RCI en ces deux langues se fait soit par ondes courtes, soit par la création de fréquences locales. En janvier 2006, RCI lançait sa première fréquence FM à l’étranger, à Nairobi, capitale du Kenya. Au total, 19 heures d’émissions quotidiennes y sont diffusées en anglais, en swahili et en chinois. En français, on peut capter des informations et des magazines produits par RCI et diffusés sur la fréquence FM dans trois pays Niger (4 stations), Sénégal (4) et Congo Brazaville (1). Chacune d’elles diffuse environ 12 heures d’émissions quotidiennes. Il est prévu une implantation beaucoup plus dense, avec la possibilité de tripler, voire quintupler, le nombre de radios FM diffusant la voix de la Chine en Afrique. Mais les autorités chinoises ne se contentent pas de lancer des stations locales. Elles voient beaucoup plus grand et mettent l’accent sur la coopération en créant des partenariats avec les radios africaines. Parmi les 150 radios partenaires de RCI, un tiers sont africaines. Ces partenariats comprennent l’envoi d’émissions clé en main, des coproductions, de l’aide technique, ainsi que des échanges de personnel. Des démonstrations en Chine Le deuxième volet de la stratégie chinoise dans le domaine de l’information internationale comprend

différents exercices de démonstration de son soft power dans sa capitale. Elle a multiplié les initiatives depuis 2002 pour attirer les décideurs et les patrons des médias du monde entier, en particulier d’Afrique. Des séminaires sur l’Information sont organisés régulièrement soit à Pékin, soit dans les provinces. La responsabilité des rendezvous sino-africains revient à l’Office de l’Information du Conseil des Affaires de l’Etat, comme lors du 4e Séminaire sur l’Information de septembre 2007, réunissant 42 responsables de l’information et des médias d’une trentaine de pays d’Afrique. A Chengdu, où ce séminaire s’est poursuivi, les participants ont lancé les premiers mécanismes de coopération dans la diffusion de l’information et dans la production d’émissions. Les médias chinois sont appelés à « produire » de l’information spécialement pour les pays africains. « Nous voulons faire cesser les reportages négatifs réalisés par les médias occidentaux sur l’Afrique et sur la Chine » a souligné le tchadien Houmadji Moussa Doumgor en caressant l’idée « d’instaurer un système de liaison entre les médias chinois et les médias africains pour éviter la marginalisation des pays en voie de développement ». Les participants ont appelé à la création de réseaux médiatiques pour contrebalancer les informations « peu objectives » des médias occidentaux sur les pays en développement dont la Chine veut être le chef de file. Le point d’orgue de ce deuxième volet de la stratégie chinoise a été le Sommet des Médias, qui s’est tenu à Pékin en novembre 2009, réunissant 300 représentants de 170 médias internationaux. Ce sommet a permis au président Hu Jintao de lancer « un appel au respect mutuel entre les médias du monde », pour « contribuer à l’édification d’un monde harmonieux ». Les médias sont bien au cœur de la stratégie d’influence chinoise.

Lucile Monjauze

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Depuis 2004, la Chine sème ses instituts Confucius à la demande des universités et des collectivités étrangères. Le ministère chinois de l’Education (Hanban) qui les pilote réfléchit encore au contenu culturel qu’ils doivent diffuser.

L’institut Confucius de Novosibirsk (Russie).

Instituts Confucius : la culture officielle à tous vents « Sans langage commun, les affaires ne peuvent être conclues », lit-on dans Les Analectes de Confucius. Pékin l’a compris en lançant il y a six ans une entreprise sans précédent de diffusion de la langue chinoise à l’étranger, à l’initiative de l’aile libérale du Parti. Ironie de l’histoire, c’est Confucius qui a été « reconvoqué » en remplacement de l’idéologie marxiste alors que son enseignement, d’abord abandonné par Sun Yat-sen, avait été par la suite dénoncé le 4 mai 1919 comme obstacle au progrès, avant d’être définitivement rayé des tablettes par Mao. En 2004, un institut-pilote est testé en Ouzbékistan, puis un premier ouvre à Séoul. Six ans plus tard, on compte 282 instituts Confucius dans 88 pays et 241 classes1. Le succès quantitatif est au rendez-vous, et 230 000 élèves (adultes, étudiants non spécialisés en chinois) sont déjà passés sur leurs bancs, tandis que Pékin vise le chiffre 66 Connexions / mars 2010

de 1 000 structures pour 2020. Très présents aux Etats-Unis, au Canada ou en Corée du Sud, ils sont 14 en France, où l’enseignement du chinois connaît un véritable boom1. Inspirés du modèle des Alliances françaises en Chine, les instituts Confucius sont placés sous l’autorité du Hanban, l’agence du ministère chinois de l’Education chargée de promouvoir la langue chinoise. « Si le pilotage est centralisé, l’initiative et la mise en œuvre sont déconcentrées », explique Alexandre Ziegler, conseiller culturel de l’ambassade de France en Chine. Ainsi, la création d’un institut est souvent le fruit de la coopération entre une université française et une université chinoise. Pour diffuser le chinois, le Hanban dispose par ailleurs de très gros moyens. « Les instituts sont à n’en pas douter le bras armé de la politique chinoise de la sinophonie, ce qui est légitime dans la mesure où le chinois

acquiert une dimension internationale », observe Joël Bellassen, sinologue et premier inspecteur général de chinois. A cet aspect linguistique, s’ajoute également une dimension politique d’affirmation de la puissance et d’image, à travers la promotion de valeurs culturelles. Pour ne pas laisser aux instituts Confucius le monopole du rayonnement culturel, Ma Ying-jeou a d’ailleurs annoncé récemment, dans la lignée de Tchang Kaï-chek, le lancement d’ « Académies de Taïwan ». Outil de propagande ? Malgré l’engouement pour le mandarin, conséquence du poids économique croissant de la Chine, les instituts Confucius ont pourtant tendance à inquiéter, et alimentent les spéculations. Les hauts fonctionnaires chinois, réunis dans le bureau de contrôle du Hanban de Pékin, ne seraient-ils pas en train de planter des dra-


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图为孔子学院书法教师王健霖在教俄罗斯学生写书法。

peaux rouges sur la carte du monde ? Les manuels d’enseignement ne laveraient-ils pas les cerveaux ? « Colonies idéologiques agissant sur les diasporas », telle est l’image fantasmée des instituts, qui ne va pas sans rappeler celle du péril jaune. Etiquetant les instituts Confucius comme des « outils de propagande », l’Inde, sœur ennemie de la Chine, a déjà refusé le cadeau de Pékin. A Paris VII, Gilles Guiheux, socio-historien, espère de son côté que le contenu culturel de l’institut se cantonnera aux ateliers de papiers découpés. Quant à Jean-Philippe Béja, sinologue détaché au Centre d’études français sur la Chine contemporaine, l’arrivée des instituts est tout simplement le résultat de la faiblesse des crédits publics accordés à l’enseignement du chinois. « Ce sont des ressources pour des systèmes d’enseignement affamés. Personne n’est trop regardant sur la nature du don et plutôt que d’être en dehors des universités, les instituts Confucius fonc tionnent dans les

Autre élément à prendre en compte : la facs comme des cellules cancéreuses ». En Australie, Jocelyn Chey, professeur à l’uni- double direction, chinoise et étrangère, des versité de Sydney et ancienne diplomate, a instituts. En France, les directeurs locaux (et également alerté l’opinion en 2007, faisant non les chinois) ont carte blanche. Blaise campagne pour que l’institut Confucius ne Thiérée, directeur de l’institut Confucius de s’installe pas dans les mêmes locaux que le Rennes, se retrouve même tout à fait aux département d’études chinoises. « S’il était commandes, faute d’avoir pu recruter un sur le campus, ce serait plus directeur chinois. « Nous difficile pour les enseignants ne sommes ni une tribu« Pékin vise de préserver leur liberté et ne de propagande, ni un organisme anti-chinois, leur indépendance », expli- le chiffre quait-elle. affirme-t-il. Les livres du de 1000 Enfin, dans un article intitulé dissident Cai Chongguo1 sont en rayon et ça ne « A quoi servent vraiment les structures pose aucun problème. » instituts Confucius ? » paru en pour 2020.» septembre dernier, le journaAu lieu d’être un label liste canadien Fabrice de Pierhomogène, les instituts 2 rebourg , place la critique sur le terrain mili- dépendent donc beaucoup de la qualité taro-industriel. Rappelant que les services de la direction. A Arras, la directrice Jin Si de renseignements canadiens ont rédigé Yan, également professeur d’université et un rapport sur les instituts Confucius, il écrivain, propose par exemple un cycle de interroge : « Se pourrait-il que cette vaste conférences avec les experts les plus reconentreprise de charme destinée à propager nus. « Sur le terrain culturel, c’est le Hanban une image positive de la Chine, à créer une qui nous suit », souligne-t-elle. vraie “sinomanie“, cache d’autres intentions Une autre faiblesse vient des décisions inavouées et malicieuses ? » Et d’avancer d’implantation, davantage, comme on l’a l’idée d’un « espionnage doux » dont le but vu, le fruit d’opportunités que le résultat serait de « drainer des informations scien- d’une stratégie calculée. Ainsi, le premier tifiques et technologiques ». Après tout, institut Confucius français est-il venu s’im« plusieurs officiers de renseignement ont planter à Poitiers, fief de Jean-Pierre Raffarin, été placés à la tête ou parmi les dirigeants et non à Paris. A cela s’ajoutent les querelles de clocher franco-françaises et sino-chinoidu réseau Confucius. » Faible harmonisation ses, le Hanban, sous tutelle du ministère de Reste que sur le terrain, rien ne permet l’Education, faisant par exemple tout son vraiment d’alimenter la thèse du cheval de possible pour maintenir la distance avec Troie. A 30 ans, Wang Huifeng, qui s’était l’ambassade et le ministère des Affaires portée volontaire pour enseigner dans étrangères. un institut Confucius aux Etats-Unis, va se Alors, beaucoup de bruit pour rien ? Dans retrouver à Monterrey, la troisième ville du des pays où l’offre culturelle sur la Chine foiMexique. Il ne lui reste que quelques mois sonne, les instituts auront du mal à impopour apprendre des rudiments d’espagnol. ser un discours officiel. Dans d’autres pays Plutôt que de « colonies idéologiques », moins armés, le risque existe. Pour l’heure, mieux vaut parler d’improvisation. Les Pékin réfléchit encore au contenu à donner Chinois sont d’ailleurs les premiers à re- à son message culturel, ce qui n’exclut pas, connaître leurs faiblesses : Xu Lin, directrice avertit le sinologue Jean-Pierre Cabestan, générale des instituts Confucius, déclarait « de voir à terme les instituts se transforen décembre que les instituts manquaient mer en structures aseptisées, diffusant une de matériel pédagogique, faute de tra- culture folklorique. » Mais alors, qui écouducteurs appropriés. De fait, les instituts tera le disque ? ne disposaient pas jusqu’à récemment de Helène Duv ig neau méthode d’enseignement de référence. 1. A la dernière rentrée, 25.675 élèves se sont engagés dans du chinois, contre seulement 9.328 en 2004. « Après l’étape quantitative, analyse Alexan- l’apprentissage 2. rédacteur en chef du China Labour Bulletin dre Ziegler, les instituts vont devoir consoli- 3.http://fabricedepierrebourg.org/fr/2009/09/a-quoi-serventvraiment-les-instituts-confucius/ der leur projet pédagogique, faute de quoi leur image pourrait en pâtir ».

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« Le but de l’Expo, c’est de montrer aux Chinois ce qui se fait dans le monde avec une notion d’intégration à ce monde.» 办世博会的目的就是以融入世界的理念向国人展示世界上所做的事情。

Quand le monde vient en Chine Pour l’Expo, la Chine a choisi de communiquer sur son sens des responsabilités et sa capacité à répondre aux problématiques mondiales. Antoine Bourdeix, est le représentant de Publicis Consultants en Chine, l’agence de communication française qui a remporté, l’an dernier, l’appel d’offre pour gérer les relations publiques de l’Exposition universelle de Shanghai en 2010.

Connexions : A la lumière des Années croisées (2003-2005), des Jeux olympiques et maintenant de l’« Expo 2010 » à Shanghai, quelle est la stratégie de communication du gouvernement chinois ? Antoine Bourdeix : Pour les Années croisées, il y avait trois axes clairs de communication définis par le gouvernement chinois : la Chine éternelle, la Chine moderne et la 68 Connexions / mars 2010

Chine des diversités. Pour l’Expo de Shanghai, on n’est plus du tout dans cet objectif. Là, c’est le monde qui vient en Chine. Et cela fait plutôt partie de la stratégie de la Chine de montrer qu’elle est capable d’organiser des grands événements internationaux. D’autres pays l’ont fait avant dans le même esprit. Le Japon a commencé dans les années 1970 et la Corée du Sud un peu après, avec des rendez-vous comme les JO, la Coupe du monde de football ou encore les expositions universelles. Le Brésil ou l’Afrique du Sud sont en train de suivre le même schéma. Cela participe à donner une image internationale et une image de pays développé. Dans le cas de l’« Expo » de Shanghai, 95% des visiteurs viendront de Chine. Le pre-

mier public est chinois. Les organisateurs attendent 3,5 millions d’étrangers [ndlr. 70 millions de personnes sont attendues au total pendant les six mois de l’« Expo »], avec en premier lieu des Japonais et des Coréens. Mais l’impact médiatique, lui, va être global.

C. : Quel est le message que la Chine veut faire passer à travers ces grands événements ? A. B. : Il s’agit pour la Chine de montrer sa capacité à organiser un grand événement et son ouverture. Le pays s’inscrit dans un monde global, dans lequel son développement a sa place. Un développement sensé et plus responsable vis-à-vis de questions comme l’urbanisation. C’est un des grands enjeux des pays asiatiques et des pays en développement : voir comment repenser

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专栏


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 l’urbanisation et résoudre les questions de demain en la matière. Aujourd’hui pour l’Expo, on n’a plus cette communication sur la Chine traditionnelle et la Chine des diversités (d’ailleurs limitée à Shanghai), comme on a eu pour les Années croisées. On parle désormais de la Chine face à des problématiques mondiales. Par rapport aux JO, c’est encore différent. En 2008, il y avait un esprit compétitif, l’idée de gagner, l’idée de puissance et surtout du renouveau de la puissance chinoise. Pour l’Expo de Shanghai, ce n’est plus ça. Il y a davantage une idée de responsabilité. Le but du jeu, c’est de montrer aux Chinois ce qui se fait dans le monde avec une notion d’intégration à ce monde. La communication s’est vraiment faite sur cet aspect international. On retrouve le gigantisme, mais c’est plus propre à la Chine qu’une démarche vraiment recherchée.

C. : Comment s’est fait le choix d’un expert international pour gérer les relations publiques de l’« Expo » ? A. B. : Publicis Consultants avait déjà travaillé sur l’Expo 2010 de Shanghai en 2001-2002 pour la candidature de la ville. Le Bureau International des Expositions étant à Paris [ndlr. où le groupe Publicis a son siège], on travaille souvent sur les candidatures de villes pour les expositions universelles. Dans ce genre d’événements, il est toujours nécessaire d’avoir un groupe international pour rayonner dans le plus de pays possibles. Aujourd’hui, les groupes pouvant proposer ce service sont soit anglo-saxons, soit c’est Publicis ! Il n’y a pas d’entreprises de communication chinoise présente dans autant de pays que nous. Et d’ailleurs tous nos rivaux lors de l’appel d’offre par le Comité d’organisation de l’Expo étaient internationaux. Et puis, on avait déjà travaillé avec Shanghai Expo pour sa présence à l’exposition de Sarragosse en 2008 et depuis sur d’autres projets en France, aux Etats-Unis, au Canada. Sur l’exposition universelle de Shanghai, Publicis Consultants fournit du conseil, gère les relations publiques en-dehors de Chine et dispense de la formation..

Propos recueillis par Julie Desné

Retrouvez l’actualité de l’Expo 2010 avec Publicis Consultants sur le blog www. shanghai-expo-insights.com.

当世界来到中国 对于世博会,中国选择就责 任感和应对世界问题的能力 进行宣传。

展中国家面临的巨大挑战之一,即如 何考虑城市化并解决未来在这方面产 生的问题。如今,世博会不再宣传中 法文化年提出的“古老的中国,多彩 的中国”。人们从此谈论的是中国应

安韬略,法国传播公司阳狮咨询的中

对世界的问题。

国首席代表,该公司去年投标成功,

与奥运会相比,世博会还有不同之

成为2010年上海世博会指定的公关服

处。2008年奥运会,有一种竞争精

务供应商。

神,获胜的想法,强国的想法,尤其 是中国大国的重新崛起。上海世博会

经过中法文化年(2003-2005年),

就不是这样了。越来越有一种负责任

北京奥运会以及现在的2010年上海世

的想法。办世博会的目的就是用融入

博会的启发,中国政府的公关策略是

世界的观念向国人展示世界上所做的

什么?

事情。公关确实是在国际的层面进行

对于中法文化年,中国政府确定了3大

的。人们觉得世博会规模庞大,但这

明确的宣传重点,即“古老的中国,

与中国自身有关而不是刻意寻求的。

现代的中国,多彩的中国”。对于上

为何选择国际专家来负责世博会的公

海世博会,目标已不在于此。现在的

关?

目标是全世界来到中国,这是中国显

2001至2002年,阳狮咨询已经为上海

示其有能力举办大型国际盛会的战略

争办2010年世博会提供过服务。世博

的组成部分。其它国家这么做也是基

会的管理机构国际展览局设在巴黎(

于一样的想法。日本,随后是韩国在

阳狮集团总部也设在那里),我们的

上世纪七十年代开始举办国际盛会,

工作经常涉及到争办世博会的候选城

如奥运会、世界杯甚至世博会。巴西

市。在这类活动中,有一个国际集团

和南非也在走同样的路。这有助于给

在尽可能多的国家里进行公关总是必

人国际的和发达国家的形象。

要的。如今,能够提供此类服务的集

具体到上海世博会,95%的参观者将

团要么是英美集团,要么就是阳狮集

来自中国。最大的观众群是中国人。

团,还没有一家中国的公关企业像我

组织者期待有350万名外国参观者(

们一样在如此多的国家里开展业务。

在世博会举办的6个月内,预计总共

再说,在世博会组委会的招标中,我

有7000万名参观者),首先是日本人

们所有的竞争对手都是国际集团。

和韩国人。而媒体的影响则是全球性

另外,我们还为上海世博会出席

的。

2008年西班牙萨拉戈萨世博会和后来

中国希望通过这些重大活动传递什么

在法国、美国、加拿大的项目提供过

信息?

服务。关于上海世博会,阳狮咨询提

中国要显示其举办重大活动的能力及

供咨询服务,处理中国之外的公关事

其开放的程度。中国处在全球的环境

务以及开展培训。

中,它的发展有自己的位置。针对诸

请登陆www.shanghai-expo-insights.

如城市化等问题,需要更加合理、更

com博客网站了解阳狮咨询发布的

加负责任的发展。这是亚洲国家和发

2010年上海世博会信息。

Connexions / mars 2010 69


DOSSIER

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专栏

L’île de Hainan, son soleil et ses plages de sable fin sont devenus la Floride de l’Asie Centrale et de la Sibérie. 海南岛的阳光和沙滩闻名遐迩,已成为中亚和西伯利亚的度假胜地。

Vu d’Asie Centrale

Les atouts de la Chine

Après lui avoir tourné le dos, l’Asie centrale redécouvre la Chine dans quatre domaines : affaires, éducation, santé et tourisme. Filip Noubel, polyglotte, a grandi en Asie centrale à l’époque de la domination soviétique. Il est revenu y vivre de 1999 à 2006, après avoir fait des études à Pékin. Il a observé sur place la montée en puissance de la Chine

Connexions : La Chine est de plus en plus populaire en Asie centrale. Racontez-nous pourquoi et comment ? Filip Noubel : Pour comprendre, il faut faire un peu d’histoire. Après des siècles de relations 70 Connexions / mars 2010

entre la Chine et l’Asie centrale (via la Route de la soie.), la rupture des relations entre la République Populaire de Chine et l’Union soviétique en 1961-1962 a dressé un mur infranchissable qui n’est tombé qu’après 1991. Pendant 30 ans, une génération, l’Asie centrale a tourné le dos à la Chine et ceux qui ont grandi dans les années 60 — et qui sont au pouvoir — l’ont « oubliée ». Après 1991, l’Asie centrale, devenue indépendante, a dû trouver de nouveaux partenaires. Au début, elle s’est tournée vers l’Occident. A cette époque, la Chine n’était pas en haut de l’agenda. Mais rapidement

des désillusions ont obligé les autorités à faire preuve de réalisme et à se tourner vers leurs voisins immédiats, Indiens et Pakistanais au Sud, Russes au Nord et, à l’Est, ce mystérieux pays dont on ne connaissait pas grand-chose. Le changement a d’abord été très politique. Sous la houlette de l’Organisation de coopération de Shanghai1 dont les prémisses remontent à 1996, des premières relations de partenariat stratégique ont été établies. Elles sont d’abord restées très loin de l’homme de la rue, puis, progressivement, l’impact des relations avec la Chine est descendu jusqu’aux simples


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 citoyens dans quatre domaines essentiels et interconnectés : les affaires (petites entreprises), l’éducation, la santé et le tourisme.

C. : Comment s’est passé concrètement ce mouvement dont vous avez été témoin ? F. N. : Tout a commencé quand j’étais étudiant à Pékin, dans les années 1995-1996. Je travaillais dans le district russe de Yabaolu près du parc Ritan, dit « la petite Moscou ». A cette époque tout était lié au shuttle business : des Russes, des Européens de l’Est remplissaient des containers de marchandises chinoises pour les expédier dans leurs pays. Les habitants d’Asie centrale étaient attirés par les opportunités d’affaires alors que tous les réseaux économiques avec l’Union soviétique étaient détruits. Mais ceux qui venaient pour affaires ont vite compris qu’il y avait autre chose. Ils ont commencé à apprendre la langue, à avoir des partenaires et des amis chinois. Ils ont découvert de nouvelles villes. Ils ont réalisé que la Chine était un endroit sûr, pour les affaires mais aussi dans les rues. On pouvait y marcher la nuit, le système bancaire était crédible, des facteurs très importants dans des pays où tout s’écroulait, où les réseaux sociaux ne fonctionnaient plus. Les habitants d’Asie centrale ont commencé à penser à envoyer leurs enfants étudier en Chine pour bénéficier d’un environnement sûr et d’études moins chères qu’en Occident. Pour cette génération de parents, le fait qu’il s’agissait d’un système similaire à celui qu’ils avaient connu en Union soviétique, avec des dortoirs par exemple, était rassurant, plus proche, plus familier que ceux des Etats-Unis ou d’Europe.

C. : Dans quel domaine avez-vous observé le plus grand changement dans les relations entre l’Asie centrale et la Chine ? F. N. : L’éducation. Presque toutes les familles que je connais, qui sont dotées d’un certain bagage intellectuel et qui ont, toutes, de nombreux enfants, ont au moins un enfant étudiant en Chine. Les autres sont éventuellement en Russie, aux Etats-Unis ou en Europe. Les frères et sœurs, quand ils se retrouvent, échangent leurs différentes perceptions. La Chine semble la plus proche aujourd’hui. Les Etats-Unis géographiquement sont de l’autre côté de la planète. Et la Chine est devenue aussi « sexy » que l’Occident. Quand on vient d’Asie centrale où la plus grande ville ne dépasse pas deux millions d’habitants, Pékin ou Shanghai suscitent le même choc que New York, Paris

ou Londres. Ce sont des mégalopoles qui F. N. : En une décade, on est passé d’une ne dorment jamais, cosmopolites, avec une grande ignorance à un grand intérêt. Cela culture jeune très cool. La Chine, dernière ne veut pas dire que les habitants d’Asie venue, est aussi attirante que les autres, centrale ne regardent pas ailleurs. Mais la mais sa proximité et son coût jouent en sa Chine a été réintégrée comme une option faveur. Les parents peuvent facilement ren- dans le menu qui s’est diversifié. Cela dit, dre visite à leurs enfants et en profiter pour la Chine est encore mal comprise en prorapporter au pays un bien d’équipement fondeur, même si les jeunes sont de bons dont ils manquent — chaudière, plombe- ambassadeurs. Quelques instituts Confurie… L’Asie centrale et la Sibérie sont en- cius, des centres culturels — celui d’Almaty core dans la culture des années 90, où tout occupe tout un immeuble de dix étages —, s’achète à l’extérieur. On combine donc des restaurants chinois très populaires souaffaires, éducation et santé. vent tenus par la minorité Les habitants d’Asie centrale « les familles Hui (qu’on appelle « Dunsouffrent d’alcoolisme, de gan » en Asie centrale)2, mal au dos… et se soignent dotées d’un tout cela ne suffit pas. en alliant les deux médecines, bagage On veut aller vers la chinoise et occidentale. Dans Chine, tout en craignant leur shopping list, ils font un intellectuel de voir s’installer chez arrêt chez le docteur. Et des ont un enfant soi les Chinois. C’est une médecins chinois ouvrent déquestion d’échelle. L’ensormais des cabinets en Asie étudiant en semble de la population centrale. Quant au tourisme, Chine.» d’Asie centrale — cinq la Chine est devenue le bord p ay s 3 — rep rés ente de mer de l’Asie centrale. C’est moins de cinquante milun tourisme de masse : Sanya, lions de personnes. la dans l’île de Hainan au sud de la Chine, est simple arithmétique incite à en rester aux devenue la Floride de l’Asie centrale et de liens économiques. Il n’y a pas de feuillle de la Sibérie, remplaçant la Turquie trop chère. route claire. Et la Chine devra réfléchir à la Pas besoin de parler chinois ou anglais, tout meilleure façon de se présenter. est en russe. Et dans les journaux de Vladi- Certes, l’économie et le modèle social vostok, la section météo indique le temps chinois — la sécurité, la résolution des qu’il fait à Hainan. problèmes de pauvreté, de chômage, les C. : Plusieurs des 282 Instituts Confucius se trou- opportunités — fascinent, mais la Chine vent en Asie centrale où fut ouvert en 2004, le est aussi vécue comme une puissance premier Institut Confucius — pilote — à Tachkent extérieure. Beaucoup d’habitants d’Asie (Ouzbékistan). Quel rôle joue la stratégie gou- centrale ressemblent physiquement à des vernementale chinoise dans cette expansion de Chinois, mais se perçoivent comme des Européens au sens russe du XIXe siècle du l’influence chinoise, notamment de la langue ? F. N. : Je ne crois pas que les instituts Confu- terme. Les classes moyennes cultivées, dans cius jouent un rôle fondamental. Les gens ce contexte culturel (éducation, cinéma, litpréfèrent aller sur place apprendre la lan- térature), s’identifient plutôt à cette Europe gue. Mais il est clair que l’apprentissage du — pas l’Union Européenne — en ce qui chinois progresse vite. Les parents envoient concerne les valeurs, la langue, la culture et leurs enfants étudier à Xi’an ou Harbin, en — la religion ayant été bannie pendant des particulier, dans des écoles spécialement décades — les habitudes traditionnelles, la conçues pour des étudiants d’Asie centrale, nourriture, les styles de vie. du Caucase, de Mongolie ou de Sibérie, qui enseignent le chinois directement à partir du russe. Au bout d’un an ou deux, les meilleurs poursuivent leurs études pour obtenir des diplômes, certains reviennent au pays travailler comme interprète, d’autres encore se lancent dans les affaires.

C. : Quels sentiments inspirent la Chine : peur, animosité, espoir ? Y-a-t-il un rêve chinois en Asie Centrale ?

C. : Et les jeunes ? F. N. : Il y a un fossé entre les générations.

Les parents sont plus européens. Les jeunes regardent davantage vers la Chine. Ils écoutent de la musique chinoise. Ils ont tous un iPod. Quant à déterminer si un iPod représente une part de rêve américain ou chinois, il faut savoir qu’en Asie centrale, le téléphone mobile, un rêve inaccessible, est soudain à portée de la main

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Connexions / mars 2010 71


DOSSIER

专栏

grâce à la proximité de la Chine. ••• Impossible d’aller à New York acheter un iPod, mais si un cousin revient de Chine, il a souvent avec lui une vingtaine de iPod d’occasion qu’il revend bon marché. Ce petit appareil est désormais associé à un mode de vie chinois, à celui qui revient de Chine avec un look particulier et son MP3 et qu’ils appellent « le Chinois ». Cela crée une image forte pour le pays. N’oublions pas que l’Asie centrale reste très pauvre, sans industrie. Ce qui maintient les gens en vie c’est le shuttle business. 90% de ce que les gens consomment vient d’ailleurs : de l’Ouest, de la Russie, des émirats — autre grande découverte récente — et de la Chine. A chacun son look. L’Asie centrale, très isolée il y a seulement 10 ans, s’est ouverte. Dans les capitales, des boutiques allemandes ou des émirats voisinent avec des boutiques chinoises… Chaque tenancier rapporte de ses voyages des denrées qui véhiculent une culture. Par exemple à Bichkek, on trouve partout des narguilés, interdits sous les Russes car symboles de décadence. Apportés par les Turcs, ils sont devenus un produit et un style de vie. L’Ouest a proposé ses vêtements cool, les jeans, quelques restaurants. La Chine ses iPod et ses MP3 bon marché.

C. : La Chine ne remplace donc pas l’Occident, mais s’ajoute au menu… ? F. N. : Exactement. La force de l’Asie centrale, soumise à tant d’empires et de cultures, c’est d’avoir su les intégrer. L’indépendance ne date que de 20 ans. Ces pays recherchent encore leur identité. Ils avaient perdu la Chinese connection. Ils viennent de la retrouver et sa puissance économique renforce encore son attraction. Un exemple : la présence des compagnies pétrolières chinoises dans la zone. Un pipeline de 7 000 kilomètres a été construit pour transporter le pétrole du Turkménistan vers l’Europe via l’Azerbaïdjan, l’Arménie… Chacun espère, en faisant étudier le chinois à son enfant, qu’il trouvera ainsi un travail dans une raffinerie du Turkménistan où son patron sera chinois. Propos recueillis

par Anne Garrigue

h t t p : / / f r. w i k i p e d i a . o r g / w i k i / O r g a n i s a t i o n _ d e _ coop%C3%A9ration_de_Shanghai 2 Les Hui sont des chinois musulmans venus du Shaanxi au XVIIe siècle qui représentent environ 100 000 personnes surtout présentes au Kazakhstan et Kirghistan 3 l’Asie centrale se compose de cinq pays : le Kazakhstan (16 millions d’habitants), avec Almaty l’ancienne capitale et Astana la nouvelle capitale; le Kirghizstan (4,8 millions, capitale Bichkek); l’ Ouzbékistan (25,1 millions ; Tachkent); le Tadjikistan (Douchanbe, 6,7 millions) ; Turkménistan (Achkhabad, 4,8millions) www.asie-centrale.com/ 1

72 Connexions / mars 2010

Les soldats de la célèbre Armée de Terracotta à Xi’an attirent de moins en moins les touristes 举世闻名的西安兵马俑吸引的外国游客越来越少。

Tourisme

Un déficit d’image La Chine dispose d’une forte capacité d’attraction touristique. Son patrimoine ancien (34 sites classés par l’Unesco), ses paysages magnifiques, sa gastronomie, son artisanat, les conditions d’accueil et un excellent rapport qualité/prix ont de quoi séduire. Pourtant, malgré un quatrième rang comme destination touristique mondiale (130 millions de voyageurs en 2008), le constat mérite d’être nuancé pour plusieurs raisons. D’abord les chiffres. Les 130 millions globaux incluent en fait 105 millions de touristes en provenance de Hong Kong, Macao

et Taïwan. Non seulement ce chiffre est en baisse de 1,4% par rapport à l’année précédente sur le total, mai si l’on ne garde que les 25 millions de touristes qui viennent vraiment du monde non-chinois, cette baisse est encore plus forte (- 6,8%) et elle s’est accélérée en 2009 : - 9,8%. On observe donc une véritable désaffection des visiteurs étrangers qui inquiète certaines métropoles touristiques comme Xi’an où le tourisme représente 16% du PIB municipal. Pourtant il semble que le tourisme domestique, en augmentation, a pris la relève avec 1 160 milliards de Rmb


étrangers.

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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

de recettes en 2008 (environ 170 milliards de dollars) et désormais 75% du total des visiteurs. La tenue des JO, le tremblement de terre dans le Sichuan et les manifestations antichinoises liées à la question tibétaine expliquent sans doute la mauvaise performance en 2008 qui fait suite à une forte augmentation en 2007 (+ 17,5%). Déjà, après les évènements de Tian An Men en 1989, la crise du SRAS en 2003, avait provoqué une chute.

Absence de communication à l’international Pourtant l’explication ne suffit pas. D’autres pays sont confrontés à ce type de problèmes (Indonésie, Egypte) et parviennent à en limiter la portée grâce à un important effort de communication. Le paradoxe de la Chine réside dans l’absence de politiques à destination des étrangers malgré l’essor touristique. D’après Patricia Tartour, fondatrice du groupe français Maison de la Chine spécialisé dans le tourisme vers la Chine, la Corée et le Japon, l’office du tourisme chinois à Paris reste discret, reçoit peu le public et ne s’occupe pas des professionnels français du secteur. « Il semble que leurs équipes consacrent essentiellement leur temps à organiser les séjours des délégations en France et n’aient pas de budget communication. » Invitée l’année dernière à Chengdu pour la conférence internationale sur la relance du tourisme, elle — et d’autres professionnels du secteur — ont tenu un même discours sur le modèle à suivre de l’Inde ou du Maroc, qui organisent des campagnes de communication exemplaires telle que « Incredible India ». Finalement, pour l’instant, ce sont les agences de voyage étrangères qui vendent le mieux la Chine à leurs compatriotes, en les aidant à comprendre ce pays en évolution sur lequel circulent des messages contradictoires. Qu’elles soient mieux placées pour le faire n’est pas étonnant puisqu’elles connaissent bien le goût et l’imaginaire de leurs compatriotes, de la même façon que les Chinois vendent sans doute mieux que personne la France à leurs concitoyens. La Chine a donc tous les atouts nécessaires pour attirer les touristes étrangers, l’unique bémol tenant aux limites de l’offre actuelle par rapport au potentiel du pays — les infrastructures pour des produits tels que le balnéaire, la location de voiture sans chauffeur, les habitats dans les réserves naturelles… Mais pour Patricia Tartour, le problème est ailleurs : « L’intérêt [pour la Chine] est profond et ce sera une montée en puissance peut-être chaotique mais inéluctable. Ce qui retarde le processus c’est un déficit d’image parce que la Chine n’a aucune communication institutionnelle soutenue en matière de tourisme. »

Cat heri ne Debeau ma rché

旅游业: 形象宣传得不够 2008年,中国以接待1.3亿名游客成为世界第 四大旅游地,她拥有真正的吸引力。然而, 这个数字要相对看待。一方面,它包括来自 香港、澳门和台湾的游客,他们占总数的 1.05亿以上。另一方面,与上一年相比,游 客数量下降了1.4%,只保住了2500万来自国 外的游客,下降了6.8%。2009年,游客数量 继续减少,与2008年相比下降了9.8%。 即便如此,中国旅游收入却没有停止增 加—2008年旅游总收入为11600亿元(约合 1700亿美元),这是由国内旅游业的飞速增 长拉动的,国内旅游收入为8750亿元,占总 收入的75%。 外国游客的疏远让西安感到不安(西安旅 游业的收入占其GDP的16%),正如2008年 底《中国日报》一篇文章的题目所见证的那 样:“兵马俑感到了经济危机的打击”。 游客数量的减少或许是2007年增长17.5%的 反冲,以及奥运会召开、四川地震和西藏问 题所致的反华示威的影响。国际环境对旅游 业产生不利影响已经不是第一次了,相同的 现象在1989年天安门事件后以及2003年非典 中看到过。 其他国家像印度尼西亚和埃及也会碰到此 类问题,他们经常受到恐怖活动的袭击,但 他们总能通过有效的公关来控制恐怖活动的 影响。 因此,吸引力就起了作用。愿望不是自行 产生的,需要被鼓动......通过有效的旅游政 策。 中国的反常之处就在于缺乏针对外国游客的 这种政策,即使其旅游业正蓬勃发展。法国 法中之家旅行社(专门安排到中国、韩国 和日本的旅游)的创办人塔图尔(Patricia Tartour )认为,在巴黎的中国旅游局鲜为 人知,很少接待公众,也很少关心法国的同 行。“他们的团队似乎把时间主要用来组织 赴法代表团,而且没有对外宣传的预算”。 去年她被邀请参加成都的一次振兴旅游业的 国际会议,她和其他业内人士发表了一篇关 于学习印度和摩洛哥模式的演讲,这两个 国家组织了一些值得效仿的宣传活动,例 如“不可思议的印度”。 目前,主要是外国旅行社在向它们的同 胞推销中国,尤其是帮助他们更好地了解这 个变革中的国家。关于这个国家,流传着一 些矛盾的信息。外国的旅行社更适合推销中 国,这一点都不奇怪,因为它们非常了解自 己同胞的喜好和向往,同样,中国人或许比 任何人都能更好地向自己的同胞推销法国。 无论如何,中国拥有吸引外国游客的一切 必要优势:古老的文化和自然遗产(有34处 被列入联合国教科文组织的世界遗产),优 美的景色,美食,手工艺,接待条件和极高 的性价比。与国家的发展潜力相比,唯一掣 肘的是目前所提供的旅游产品的限制:配套 的基础设施依然不够,例如海水浴场、自驾 车租赁、自然保护区的居住等。 塔图尔这样总结情况:“人们对中国的兴 趣浓厚,这将保持强有力的上升势头,或许 是混乱的,但是不可阻止的。耽误这一进程 是一种形象上的损失,因为中国没有任何持

久的在旅游方面的官方宣传。”

Connexions / mars 2010 73


DOSSIER

Les arts martiaux chinois et les arts énergétiques connaissent un véritable engouement en Occident. 中国的武术和气功在西方备受推崇

Chine éternelle Quand la tradition devient commerce A la fois source de crainte et de fascination, la Chine s’est peu à peu imposée à partir du XIIIe siècle dans l’imaginaire occidental. Aujourd’hui, ce sont surtout des éléments de la tradition chinoise qui attirent le plus les Occidentaux. Sères, Cathay, céleste empire, terre des fleurs, terre des herbes, fleuve bleu, fleuve jaune, fleuve du dragon noir, grande muraille… Voilà quelques pièces du patchwork de la Chine éternelle encore tissé aujourd’hui par l’Occident. Au commencement, le pays fut d’abord le symbole du mystère de la fabrication de la soie, secret gardé pendant 3000 ans. La fascination des Occidentaux grandit plus tard, à la lecture des premiers récits de

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voyageurs, marchands et missionnaires du XIIIe siècle, et notamment de Marco Polo. Dans cette Chine dominée par les Mongols, les ponts en pierre le disputent aux épices, soieries et pierreries… « Il décrit une terre si envoûtante de par sa nouveauté qu’y pénétrer pouvait se comparer au fait de passer de l’autre côté d’un miroir. C’est ce passage — d’une Europe restée provinciale vers un empire d’une éclatante étrangeté — qui confère

au récit encore aujourd’hui une qualité quasi onirique », écrit la New York Review of books1. Si le thème de la Chine éternelle emprunte à Marco Polo, les voyageurs n’ont pourtant pas toujours donné une image positive de la Chine. Au XVIIIe siècle, la mode des chinoiseries associe de nouveau Chine et fantastique, et célèbre un univers hanté de dragons et de phœnix. Comme l’explique Cyrille Javary, sinologue et traducteur

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专栏


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du Yi Jing, le kaléidoscope de l’éternel de musée. Cette Chine d’autrefois, voire chinois prendra d’autres couleurs par la hors du temps, fait aussi le bonheur des suite. « Au XIXe siècle, la Chine apparaît vendeurs de reproductions (vases Ming) comme un pays colonisé, avec en toile de et des antiquaires (vendeurs de pipes, fond l’image, déformée par l’occupation pinceaux, cages à grillons des années mandchoue, de Chinois fourbes, sales, 30…). « Alors que le fait marquant du XXIe cruels, et portant la natte. » Aujourd’hui, la siècle fut l’enrichissement de l’Asie en une Chine est aussi bien vue comme un pays génération, il semble que les Occidentaux à la civilisation cinq fois millénaire que ont arrêté le temps au chapitre où ils comme l’atelier du monde. A l’élément possédaient le monde », analyse Cyrille de fantasme positif, par Javary. nature très vendeur, vient « Même Outre les objets chinois, correspondre l’élément apposé à un les soins du corps, la repoussoir du fantasme médecine traditionnelle produit de négatif. et les arts énergétiques Tradition contre rencontrent aussi un gros supermarché, modernité succès. Ke Wen, 43 ans, Si des fragments de culture aujourd’hui est l’une des premières chinoise pénètrent de plus le taoisme ambassadrices du qi en plus dans le quotidien gong et du tai-chi en fait vendre. des Occidentaux — timbres France. Depuis la création a fait Ç postaux à l’effigie des de son association « Les signes du zodiaque chinois Temps du Corps »2 en mystérieux, — la Chine qui séduit le 1992, elle a formé plus plus l’Occident, celle du beau, de 500 professeurs et fantasme positif, reste brumeux.» vient de publier un très associée à l’his-toire livre visant à « offrir ancienne. Inversement, les clés nécessaires à vendre des articles rappelant trop la l’entretien de la santé par une méthode Chine contemporaine n’est pas toujours naturelle utilisée par les Chinois depuis bien vu, comme l’explique Virginie des milliers d’années ». Ke Wen, on le Fournier, patronne de Shanghai Trio, voit, met l’accent sur la tradition, et s’en une boutique de mode et d’accessoires explique : « Ce que la culture chinoise fabriqués en Chine. « Au début, dans les peut le mieux apporter à l’Occident, c’est salons, certaines personnes nous ont cette confiance instinctive en la vie, basée reproché de travailler avec la Chine », sur l’union de la matière et du souffle. En explique-t-elle. Depuis la PME a révisé Chine, c’est à la fois un art de vivre et une son identité visuelle pour apparaître plus philosophie de la vie quotidienne. Depuis internationale. son origine lointaine, la culture chinoise En France, la Chine éternelle se retrouve n’a jamais cessé de privilégier l’harmonie dans l’univers baroque d’Antoine et Lili et l’équilibre au cœur du mouvement ainsi que chez Nature & Découvertes, incessant de la vie ». dont les « théières à fleurs de cerisiers » Cet engouement pour les arts martiaux sont présentées comme très en vogue chinois, la jeune fédération française de qi sous les dynasties impériales. Revisités gong le mesure par la statistique : entre à l’aune de l’histoire chinoise, les objets 2002 et 2009, elle est passée de 4 585 à les plus banals apparaissent donc sous 13 000 membres, pour un total de 40 000 un jour nouveau, tel un tabouret que pratiquants réguliers. Le qi gong a même les cordonniers chinois utilisent pour pénétré la sphère sociale, puisqu’on le trouve aussi bien dans les écoles et les « s’asseoir à dix centimètres du sol ». La Compagnie française de l’Orient et maisons de retraite qu’en milieu carcéral. de la Chine se positionne quant à elle A la popularité du qi gong répond celle depuis quarante-quatre ans sur l’artisanat du taoïsme. Selon Frédérique Pons, des de luxe, et ses boutiques ont des allures Editions Albin Michel, la traduction

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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Quand les créateurs contemporains revisitent les classiques… 当当代艺术家重新看待古典作品……

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DOSSIER

专栏

du Yi Jing a connu un véritable •••  succès, avec 25 000 exemplaires vendus. Les experts en management l’ont compris, tel Hervé Sérieyx, auteur de Dix leçons chinoises pour managers occidentaux. « Même apposé à un produit de supermarché, aujourd’hui, le taoïsme fait vendre, remarque Cyrille Javary. Ça fait mystérieux, beau, brumeux. » A noter aussi que le Grand Palais va consacrer pour la première fois une exposition au tao à partir du 31 mars. Une modernité stylisée Si le potentiel d’attraction de la Chine se situe plus dans le passé, cela n’a jamais empêché les créateurs de revisiter la culture traditionnelle. On l’a vu avec des objets du quotidien, qui, rattachés à l’histoire, prennent de l’épaisseur et transportent dans l’univers chinois. On le voit aussi à travers l’exemple de la marque de prêt à porter hongkongaise Shanghai Tang. Créée en 1994 par David Tang, elle est considérée comme la première maison de luxe chinoise et possède 40 boutiques dans le monde. Le concept de Shanghai Tang consiste à mêler un design chic et contemporain avec des éléments inspirés de la Chine classique. « Shanghai Tang représente l’essentiel de cinq mille ans de culture chinoise propulsée dans le XXIe siècle », résume le fondateur. Or d’après le PDG Raphaël Le Masne de Chermont, « le potentiel d’inspiration du patrimoine chinois est infini et extrêmement varié. Les chinoiseries, le Shanghai des années 30, les meubles épurés, c’est bien, mais la Chine c’est bien plus que ça. Nous interprétons la tradition de manière contemporaine ». A la clé : la collection printemps 2010 « Love restraint » s’inspire de la façon dont les Chinois expriment leurs sentiments amoureux. Preuve que le détail a son importance : pour dessiner les motifs des robes en soie, les stylistes ont fait appel à des maîtres calligraphes. Revisité à l’aune de la modernité, l’éternel chinois semble avoir de beaux jours devant lui, y compris au cinéma, comme le montrent les films de Wong Kar-wai.

Hélène Duv ig neau

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« L’Amérique évoque d’abord un rêve pour leur propre pays, celui de dépasser ce géant qui conserve jalousement son pouvoir sur le monde. » 美国首先令人想到的是一个对自己国家的梦 想,超过美国的梦想,这个大国小心翼翼地保持其世界权力。

Planète jeunes Rêve chinois, rêve américain ou rêve français ? Que représentent la Chine, les Etats-Unis et la France pour les jeunes étrangers qui viennent étudier et travailler en Chine et pour les Chinois qui étudient le français ? Une amie chinoise parlant français et travaillant à Pékin m’a d’abord malicieusement répondu : le rêve américain se résume à « pouvoir, pouvoir », le rêve chinois à « argent, argent » et le rêve français à « loisirs, loisirs »… Explosion de rires des jeunes Français et Chinois autour de la table, qui ont trouvé cette caricature assez juste. Le rêve chinois : dynamisme, nouveauté et opportunités De fait, qu’on soit Chinois ou pas, la croissance économique de l’Empire du milieu et ses promesses ont beaucoup à voir avec la fascination qu’il exerce. Mais pas seulement. Presque tous les sondés ont placé le dynamisme de la Chine, et les innombrables opportunités que le pays peut

offrir, en matière de travail, mais aussi de découvertes et d’expériences variées, comme premier critère d’attraction. Certains Français ont pensé qu’avec un diplôme moyennement reconnu, ils auraient plus d’opportunités de construire une belle carrière en passant par la Chine. Maxime a voulu tenter sa chance après un voyage à Canton, et créer sa propre entreprise de sourcing, Laboit’Atout, plutôt que de s’inscrire à l’ANPE. D’autres se sont laissés attirer par l’envie de nouveauté, cherchant à fuir le quotidien français pour se confronter à la complexité de ce grand pays, qui impose une constante attention. Plusieurs jeunes Asiatiques (Japonais, Coréens, Malaisiens, Indonésiens) évoquent


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 également cette dernière raison, ainsi que française et de son industrie du luxe florisle resserrement des liens économiques en- sante. Une jeune Malaisienne travaillant tre leur pays et la Chine et la possibilité pour à Pékin a résumé ainsi son idéal français : des jeunes sans grands moyens d’avoir un « plus que le seul produit du travail, l’idée meilleur niveau de vie en Chine où le coût qu’une partie de la vie est d’apprécier au de la vie est faible. Plusieurs mieux ce qu’elle a à ofd’entre eux sont également frir. » partis pour rechercher des « Un rêve Rêve américain versus origines chinoises oubliées. rêve chinois Le rêve français : qualité chinois A cela s’oppose le rêve de la vie et richesse cul- commun : américain, qui renvoie turelle tous les jeunes étranla réduction La majorité des Chinois ingers (non-Chinois) à sa terrogés ont choisi la langue des inégalités définition classique, soit la française comme un avanpossibilité pour toute perde richesse. » tage compétitif sur le marché sonne vivant aux Etatsde l’emploi par rapport aux Unis de prospérer par son cohortes de jeunes diplômés parlant an- travail. Ils n’y croient pas pour autant, mais glais, un atout supplémentaire pour tra- ont en tête l’image de la famille américaine vailler avec l’Europe et les pays africains. modèle, qui ne dit rien aux Chinois. Le rêve français, lui, est placé sous le signe Ces derniers voient dans les Etats-Unis le des loisirs, que ce soit pour les Français qui pays de la démocratie et de la liberté ainsi évoquent la qualité de vie de leur pays ou que le plus grand diffuseur culturel monpour les étudiants chinois qui rêvent des ar- dial, le pays du cinéma et de la musique, de tistes à Montmartre, de la richesse culturelle MacDo et KFC, etc.

Cependant, l’Amérique évoque aussi d’abord un rêve pour leur propre pays : celui de dépasser ce géant qui conserve jalousement son pouvoir sur le monde. Quant aux étrangers, beaucoup pensent que le mythe du « tout est possible en travaillant dur » a existé lorsque les Etats-Unis étaient un jeune pays en croissance, comme l’est la Chine aujourd’hui. Une partie du rêve américain se serait donc transformée en rêve chinois, à ceci près que l’ascenseur social semble déjà en panne pour de nombreux Chinois, cassé par le poids des inégalités ; et que le rêve des jeunes Chinois qui commencent à gagner leur vie n’est pas de consommer, mais d’épargner pour acheter un logement et assurer sa sécurité future. Une jeune Chinoise m’a d’ailleurs dit que, s’il existait un rêve chinois commun, c’était la réduction des inégalités de richesse et une amélioration du niveau de vie pour tous lorsque croît le PIB.

Cat heri ne Debeau ma rché

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DOSSIER

专栏

Dong Qiang, est professeur à l’Université de Pékin.

« La Chine manque de discours d’interprétation »

Ami de l’écrivain Jean-Marie le Clézio et de l’architecte Paul Andreu, conférencier, auteur, éditeur, artiste et traducteur, Dong Qiang est l’un des intellectuels francophones chinois les plus actifs. Il a participé activement dès 1995, à la création des éditions Bleu de Chine en France, spécialisées dans la traduction d’auteurs chinois contemporains. Traducteur de plus de vingt-cinq livres, il œuvre dans les domaines de la philosophie, de la littérature et des arts, et ceci dans les sens franco-chinois et sino-français, ce qui est rare.

Connexions : Que pensez-vous de la politique actuelle de développement du soft power en Chine ? Dong Qiang : J’ai été un des premiers Chinois conscients de la nécessité de mieux présenter la culture chinoise à l’étranger. Chinois à Paris à la fin des années 80, je me suis rendu compte qu’il y avait très peu de choses sur la Chine et j’ai réagi en traduisant, en aidant à la création d’une maison d’édition. Aussi je vois d’un très bon œil le fait que le gouvernement chinois se lance dans une politique de promotion culturelle à l’étranger. Quand il monte des Instituts Confucius, je ne peux qu’applaudir même si, dans le concret, j’ai beaucoup de réserves.

C. : Pourquoi ces réserves ? D. Q. : Dans les instituts Confucius, on apprend à parler le chinois, mais où tout cela mène-t-il ? On retombe trop vite sur un peu de cuisine et de calligraphie, sur quelque chose de fade. Le vrai problème de fond c’est que la Chine manque d’intellectuels capables de tenir un discours d’interprétation sur leur propre culture. Quand on évoque le soft power en Chine, on le trouve souvent associé à cet autre concept 核心价值观 (hexinjiazhiguan c’est-à-dire « va78 Connexions / mars 2010

leurs noyaux »). Or quelles sont ces valeurs de base que la Chine peut présenter au monde ? Aujourd’hui, on remet sur scène Confucius à travers les études nationales (guoxue 国学). Mais ce retour en arrière n’est pas bien digéré. La force d’une culture, c’est d’être capable de bien interpréter ses classiques. Or la Chine tâtonne, parle de Confucius, de Laozi, met en valeur des tombeaux récemment découverts… sans savoir vers quoi tout cela va mener. C’est de l’archéologie. Nous savons organiser de grands événements comme les Jeux olympiques ou l’Exposition universelle mais nous n’arrivons pas à nuancer les choses. Je ne vois personne capable de nous expliquer pourquoi nous avons besoin des classiques, en quoi ils peuvent nous être utiles. Je suis même incapable de vous citer un nom d’intellectuel chinois qui écrit régulièrement des livres qui me nourrissent et m’éclairent.

C. : On passe par un moment commun, depuis trois ou quatre ans, de prise de conscience de sa force qui justifie une forme de nationalisme et un retour à des thèmes liés à l’histoire et à la grandeur de la Chine. En même temps, l’irruption du marché semble réduire la possibilité de faire un travail d’auteur et on peine à relier l’ancien et le moderne. Qu’en pensez-vous ? D. Q. : Le cas du réalisateur Zhang Yimou est très parlant. Son films Les trois fusils est mauvais et a effaré le public chinois. Même chose pour Confucius. Ce n’est pas parce que l’intention est bonne qu’on aboutit à un bon résultat. On manque de direction générale. La Chine aimerait créer des choses originales mais elle n’a pas encore réussi, sauf dans l’architecture peut-être avec Ma Qingyun par exemple. L’art contemporain a du succès, mais les artistes les plus connus ne font rien de chinois. Ils sont les descendants des Américains, du Pop art. Leur vraie force, c’est de regarder la réalité en face


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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Dong Qiang, « Personnellement, j’agis tous les jours en faveur de l’ouverture de la Chine.» 董强说: “作为个人,我每天都在为中国的开放而行动”。

et de témoigner de l’évolution rapide de la société chinoise mais l’écart est trop grand entre cet art contemporain hyperréaliste, où l’argent est roi, et un système hyperclassique d’études nationales avec une interprétation au pied de la lettre de Confucius et des tentatives pour faire lire aux enfants des textes anciens. Et au milieu, on trouve une masse de gens qui essaie de vivre mieux, d’avoir une voiture et une maison et qui conditionne le marché culturel. Il y a pourtant un secteur qui mérite d’être suivi, c’est celui des téléfilms qui véhiculent des valeurs contemporaines. C’est apparemment moins prestigieux que le cinéma qui fut l’arme principale du soft power américain, mais contrairement à d’autres formes de productions culturelles qui sont tellement marquées par leur origine occidentale, le téléfilm est un genre que les Asiatiques ont pu se réapproprier facilement parce qu’il correspond un peu au roman fleuve traditionnel (roman par chapitres) comme Au bord de l’eau, Le rêve dans le pavillon rouge. C’est un phénomène très asiatique et cela a un impact beaucoup plus important en Chine que le cinéma. En principe, cela ne marche encore que dans le monde chinois. Mais dans le futur ?

C. : Vous parlez d’un déficit de capacité d’interprétation. La Chine pourtant fait beaucoup parler d’elle. D. Q. : La Chine fait parler d’elle à cause de sa réalité, pas à cause des images ou des discours qu’elle crée. Et ce réel est tellement fort et puissant que cela donne à tout moment l’impression que la Chine va créer des images fantastiques. C’est cette potentialité permanente qui fascine. Pour construire notre discours d’interprétation, nous devrons éclaircir ce paradoxe. La Chine est entrée dans la modernité par la

force des canons de l’Occident. Comme les Chinois voulaient être puissants, occuper une place dans le monde, beaucoup ont accepté les valeurs occidentales, ont copié des modèles occidentaux mais ils préfèrent ne pas trop en parler. Il faut au contraire vanter les origines chinoises de sa réussite. Dans les aéroports, passent régulièrement des vidéos d’hommes d’affaires qui ont réussi et expliquent leur succès par leur lecture de Confucius ou du Livre des Mutations. Ils donnent une interprétation moderne des Classiques, certes, mais il s’agit plutôt d’un usage direct, pragmatique, en prenant des phrases des classiques au pied de la lettre, parfois en réécrivant la phrase. Ils peuvent utiliser n’importe quelle notion comme ils veulent. Ils ont raison puisqu’ils ont réussi. D’autre part, il ne faut jamais oublier qu’une vision nationaliste purement chinoise, ne permet pas de comprendre la Chine moderne. La Chine n’est pas un bloc. La modernité depuis 100 ans a complexifié la Chine. Il y une dose très forte d’occidentalisation, en tout cas sur le côté « hard ». Les grands appartements sont tous américains. Le rêve chinois, c’est presque une copie du rêve américain aujourd’hui. Si on ne comprend pas ça, on ne comprend pas la Chine.

C. : Quand on parle de soft power culturel à des Chinois, très souvent ils le voient comme une notion à usage interne : un retour à une fierté culturelle, une forme de nationalisme ? Les Chinois s’intéressent-ils vraiment à leur rayonnement culturel à l’étranger ? D. Q. : La plupart du temps, le premier souci des Chinois n’est pas le rayonnement du pays à l’étranger. Tous les Chinois — intellectuels compris —, pensent que nous avons fait trop de bêtises, perdu trop de temps, que nous sommes dans une période de

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DOSSIER

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专栏

«Les téléfilms sont un genre que les Asiatiques ont pu se réapproprier facilement parce qu’il correspond un peu au roman fleuve traditionnel ». Ci-dessus : La série TV « Dwelling Narrowness », le quotidien de deux soeurs pour s’en sortir dans une métropole, rencontre un vif succès en Chine. 电视剧是一种让亚洲人更容易找到归属感的类型,与长河小说有些一致。上图:电视剧 《蜗居》讲述了两姐妹在一座大城市的奋斗历程,该剧在中国大获成功。

rattrapage et que nous ne voulons pas de perturba••• tions. Nous sommes dans l’état d’esprit du sportif qui veut courir le plus vite possible et arriver au bout. Ce qui se passe à l’extérieur ne nous intéresse que si ça peut nous aider. En même temps, les Chinois aiment ce qui donne de la face, recevoir des compliments. Mais ce n’est pas le premier souci…

C. : Dans une planète qui rétrécit, il y a pourtant ceux qui demandent des comptes à la Chine. Face à ces critiques, le soft power n’est-il pas un moyen d’attirer la sympathie, d’exercer un leadership moral ? D. Q. : Le plus souvent, vous le savez, la réponse chinoise c’est : « Nous avons encore beaucoup de problèmes à résoudre. Nous sommes encore peu développés ». Et puis, en Chine, il y a cette idée taoïste : un vrai pouvoir n’est pas éclatant. Tous les Chinois recherchent un peu de puissance. Même un laobaixing, un chinois moyen, veut du pouvoir d’achat, un peu de puissance en tant que consommateur. Et en même temps, les Chinois savent que ce qui est tapeà-l’œil n’est pas la vraie puissance. On entend beaucoup ces jours-ci parler de didiao 低调 gaodiao 高调, basse et haute tonalité… Les Chinois aiment les gens discrets, de basse tonalité, mais puissants. En Chine, l’idée de séduire n’est pas forcément connotée positivement ou associée à la puissance. Et puis les Chinois sont pragmatiques. Ils pensent que si on présente un intérêt, on est attractif. Nul besoin d’effort particulier de séduction. L’autre viendra parce qu’il y gagne. Dans le taoïsme, d’ailleurs, l’eau n’a pas besoin de séduire, c’est une puissance passive mais très forte.

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C. : Selon vous, quels sont les éléments essentiels qui permettraient à la Chine de mieux développer son soft power ? D. Q. : S’ouvrir. Personnellement, j’agis tous les jours en faveur de l’ouverture de la Chine. S’il n’y avait pas eu l’Inde, il n’y aurait pas de bouddhisme chinois. S’il n’y avait pas eu l’Occident, il n’y aurait pas eu de modernisation. La culture chinoise est forte parce qu’elle est capable d’absorber, de siniser, mais aussi de s’adapter et de changer. A Xi’an, la mosquée chinoise n’a rien à avoir avec une mosquée musulmane mais les musulmans viennent y prier. L’esprit est musulman, mais la forme est chinoise. Avec cette force, la Chine maintient une unité. Cette impression de non-changement, de rester toujours elle-même, c’est grâce à ses adaptations et ses changements qu’elle a pu se maintenir. C’est pour cela que suis favorable aussi à des grands évènements comme l’Exposition universelle. La Chine est intéressante en tant qu’elle-même, même si elle ne sait pas encore proposer des discours très intéressants. Il est bon que les gens se déplacent et observent la réalité chinoise directement. C’est le premier pas. Le jour où la Chine sera plus ouverte, les choses changeront. Et un vrai soft power va apparaitre. Mais cette ouverture ne passe pas que par Internet. Il faut venir sur la terre chinoise. En surfant trop facilement, on n’entre pas dans la profondeur, dans les détails. Personnellement, j’aime la terre chinoise. Elle mobilise le corps comme l’esprit… Mais comme la Chine fait aussi rêver par son côté céleste, il faut essayer d’injecter un peu de réalité dans ce rêve céleste ou un peu de rêve dans cette réalité trop terre à terre. Pour moi ça c’est le plus grand défi culturel de la Chine ! . Propos recueillis par Anne Garrigue


avec l’Equipe France de l’appui des entreprises en Chine

Une offre conjointe CCIFC/Ubifrance :

Un contact privilégié avec les autorités locales, aux côtés de l’Ambassadeur ou du Consul Général, avec le soutien du Service Economique de l’Ambassade Un retour d’expérience des entreprises déjà implantées dans ces villes. Des programmes individuels sur mesure : rencontres avec des entreprises chinoises et interlocuteurs ciblés, et/ ou visites de sites sélectionnés en fonction des projets.

Les villes choisies (programmées en 2010) Heilongjiang

天津 Tianjin

Jilin

Xinjiang

Mongolie Intérieure Pékin

Ningxia

Qinghai

Shanxi Shandong

Shaanxi

Tibet

Liaoning

Hebei

Gansu

Henan

Anhui Sichuan Chongqing Hubei

大连 Dalian

Jiangsu Shanghai Zhejiang

重庆 Chongqing

Guizhou Yunnan

Hunan Jiangxi

Fujian

Guangxi Guangdong Taiwan Canton Hong Kong

厦门 Xiamen

Hainan

Vos interlocuteurs du programme « Chine Villes d’Avenir » Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine www.ccifc.org Claire ZHANG Appui Commercial CCIFC Tél : (+86 10) 6512 1740 Courriel : zhang.claire@ccifc.org

Mission économique-Ubifrance en Chine www.ubifrance.fr Marion LESPINE Chef de pôle Intelligence Marchés, VIE, Communication Tél : (+86 10) 6539 1300 ext. 160 Courriel : marion.lespine@ubifrance.fr


DOSSIER

专栏

Rêves de Chinawood Les cinéastes chinois sont pris entre censure politique et exigence commerciale. Luisa Prudentino est critique, spécialiste du cinéma de Chine continentale, chargée de cours à l’INALCO et auteur du Regard des ombres, une histoire du cinéma chinois contemporain.

Connexions : Quand le cinéma chinois a-t-il commencé à se faire connaître hors de ses frontières ? Luisa Prudentino : Le tout premier film chinois qui a gagné un prix international est Le chant des pêcheurs en 1935, au festival international de Moscou. Mais c’est en 1984, avec Terre jaune de Chen Kaige, que le monde a découvert le nouveau cinéma d’auteur chinois. Montré à Hong Kong, on a crié au miracle. Il est vrai que les Chinois reviennent de loin. Si leur cinéma a pu renaître de ses cendres aussi vite, c’est que, même pendant la Révolution culturelle, les films de propagande étaient techniquement aboutis. Quatre ans seulement après la réouverture des portes de l’Institut, a surgi la cinquième génération. Elle a lancé le cinéma chinois dans une orbite internationale. Ses succès se sont prolongés dans les années 90, avec, entre autres, Epouses et concubines (Zhang Yimou) et Adieu ma concubine (Chen Kaige), mais aussi Vivre (Zhang Yimou) ou Le Cerf-volant bleu (Tian Zhuangzhuang) jamais diffusés en Chine.

C. : Quelle image de la Chine véhiculaient les nouveaux réalisateurs de la 5e génération? L. P. : La Révolution culturelle avait massacré l’homme et ses idéaux de société parfaite. L’individu se retrouvait meurtri, à nu. Les nouveaux réalisateurs de la 5e génération ont montré cette détresse. C’est évident quand on compare un film de propagande comme L’Orient est rouge où les danseurs remplissent tout l’écran, où pas un cheveu ne dépasse, avec Terre jaune où la campagne nue et rude exprime le désarroi de l’individu.

C. : Mais aujorud’hui avec certains films ou la cérémonie d’ouverture des JO, ne revient-on 82 Connexions / mars 2010

pas à l’esthétique des films de propagande ? L. P. : Tout à fait. Le film La Fondation d’une

pauvreté, de prostitution. Bref, elle a abordé tous les thèmes qui fâchent. Et des noms république, sorti en 2009 pour le 60e anni- très connus aujourd’hui ont commencé à versaire de la Libération, ou la cérémonie apparaitre : Jia Zhang-ke, Wang Xiaoshuai, d’ouverture des JO, c’est de la propagande Lou Ye… Ensuite, la situation est devenue pure et dure. Il ne s’agit plus de films d’of- plus complexe. Devant les salles obscures frandes1, avec des buts bien précis. Mais on vidées — les unités de travail ne donnent plus de billets gratuitey retrouve les mêmes formes. ment, la TV et les dvd Pourtant la Chine a changé. « Le film Vivre pirates font une forte Le cinéma n’est plus seuleconcurrence — les automent une arme idéologique. de Zhang rités, gênées en outre de Il est devenu une industrie Yimou feindre d’ignorer ce dont qui doit rapporter de l’argent. n’a jamais été le monde parlait, ont Il faut des grands spectacles, passé en 2003, un accord avec une dimension ludique, diffusé en avec les chefs de file du qui remplissent les salles. Les Chine. » mouvement du cinéma autorités essaient de trouver indépendant. En échanla recette miracle pour plaire ge d’un assouplissement au grand public, tout en faisant passer quelques valeurs. Quand on dans les règles de censure, les réalisateurs regarde La Fondation d’une République1 ont renoué le dialogue. Entre 2002 et 2004, de Han Sanping, président de China film le cinéma connut une période de grâce qui group, c’est tout à fait ça. Mais ce film n’a a permis à la 6e génération de tourner et pas été diffusé à l’étranger. Il était à usage diffuser chez elle ses films : Jia Zhang-ke a réalisé The world, Wang Xiaoshuai Shaninterne. ghai dream. Ils ont pu tourner les films qu’ils C. : Comment le cinéma chinois s’exporte-t-il ? L. P. : Pour comprendre comment le cinéma voulaient en s’adressant à la fois aux publics chinois s’exporte, il faut revenir sur les trente chinois et étrangers. Mais ils se sont retroudernières années. L’histoire se répète. La vés confrontés à une autre réalité. Le public première renaissance du cinéma chinois chinois n’était pas au rendez-vous. Leurs s’était faite après la Révolution culturelle. compatriotes préféraient se distraire avec La seconde a eu lieu après la répression de des blockbusters américains ou chinois, malTian an men. Les cinéastes de la 6e généra- gré quelques — rares — bonnes critiques, tion sont devenus indépendants par néces- comme celles de l’excellente revue de cisité. En juin 1989, aucun studio ne voulait néma Dangdai dianying. Ils souffraient aussi d’eux. Ils ont dû prendre le risque de tour- d’une mauvaise distribution de leurs films ner sans passer par les structures officielles, dans leur pays, où n’existait toujours pas donc sans possibilité de diffusion dans leur de circuit d’art et d’essai. Heureusement, propre pays. Ce sont les festivals étrangers les choses changent et récemment une qui les ont fait connaître. Cette 6e généra- première salle réservée au cinéma d’auteur tion, née hors des structures officielles, sans s’est ouverte à Pékin, Moma Broadway2. contraintes, a pu parler de ce qu’elle voulait, C. : Y-a-t-il aujourd’hui un cinéma qui s’exporte et de la réalité quotidienne, du malaise indivi- plaît à la fois aux Chinois et aux étrangers ? duel dans une société sans repère, qui allait L. P. : Le public chinois aime les films où il vers la modernité avec un revers de la mé- se reconnaît. Par exemple, le film de Feng daille, qui souffrait du pouvoir grandissant Xiaogang If you are the one a fait un tabac de l’argent, confrontée à des situations de en 2009. C’est une comédie légère

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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Une famille chinoise (Zuo you), 2006. Film de Wang Xiaoshuai avec Liu Weiwei, Jiayi Zhang et Chen Taisheng. 《 左右》,2006年出品。该片由王小帅导演,

Les filles du botaniste de Dai Sije (2006).

刘威葳,张嘉译,成泰燊主演。

戴思杰的影片《植物学家的女儿》(2006年)

Extrait de The World (Shijie) de Jia Zhang-Ke (2004). 贾樟柯的影片

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《世界》(2004年)

If You are the one de Feng Xiaogang. Cette comédie qui a fait un tabac en Chine en 2009 et a été bien accueillie lors de sa projection en France n’a pas encore trouvé de distributeur étranger. 冯小刚的影片《非诚勿扰》。2009年,这部喜剧片在中国大获成功,在法国放映期间也备受欢迎,但还未找 到国外的发行商。

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专栏

Grand spectacle sur le tournage de La Fondation d’une République…

… avec Han Sanping au cadre.

《建国大业》再现阅兵大场面

韩三平在《建国大业》拍片现场

qui parle des aspects de la vie mo••• derne chinoise. Un jeune gars cherche à se marier et se heurte à des filles qui ne le trouvent pas assez riche. Tout ça dans un langage très pékinois. Pour l’instant, ce film de bonne facture et qui a séduit les spectateurs français lors de sa diffusion au festival du cinéma chinois de Paris, n’a pas trouvé de distributeur, parce qu’il est jugé trop « chinois ». On préfère des films de réalisateurs plus connus comme Jia Zhang-ke. C’est un paradoxe. Les festivals étrangers ont permis au cinéma indépendant d’exister mais ils ont fini par véhiculer une image à sens unique du cinéma chinois. On dirait que seul un cinéaste indépendant mérite d’être distribué et que tout réalisateur officiel ne peut que faire de mauvais films ! C’est d’autant plus dommage qu’aujourd’hui trop de jeunes réalisateurs chinois tournent moins par nécessité intérieure que pour plaire aux étrangers — on me propose d’ailleurs régulièrement d’aider à écrire un scénario qui plaira aux étrangers. Par ailleurs, le public français, même averti, ne suit plus systématiquement le cinéma chinois jugé trop sinistre. Finalement, en ce moment, ce qui marche 84 Connexions / mars 2010

aussi bien en Chine qu’à l’étranger, ce sont les films historiques exotiques, avec des arts martiaux et des effets spéciaux comme La Cité interdite, ou Héros (Zhang Yi Mou). C’est d’ailleurs cette recette qu’ont voulu appliquer les producteurs de Confucius (le groupe China Film, sous la houlette de Han Sanping, le réalisateur tout puissant de La Fondation d’une République, et Hong Kong Dadi Entertainment), mais ils ont échoué. Je me demande si la pauvre réalisatrice Hu Mei (5e génération) a vraiment eu son mot à dire... Les producteurs ont pris le film en main, ils se sont même essayés à la production de jeux vidéos à partir des scènes d’arts martiaux, mais en vain. Le film n’est pas exportable ; le scénario est catastrophique. En ne voulant pas montrer la figure du sage, mais celle d’un homme qui a voulu tenir tête au gouvernement, ils ont produit un film où, pendant deux heures, on ne parle jamais de l’enseignement de Confucius ! Le film, très critiqué sur l’Internet, parfois avec beaucoup d’humour, n’a pas marché en Chine, malgré l’éviction d’Avatar pour éviter de lui faire de l’ombre pendant le Nouvel An.

C. : Que pensez-vous de ce que certains appellent la

bataille de Chinawood contre Hollywood. Correspondelle à une réalité ? L. P. : Oui ! Mais la Chine y va très doucement. Pour vaincre Hollywood, elle veut apprendre à utiliser les mêmes ingrédients et les mêmes recettes en les sinisant. Après le succès d’Avatar, on va voir plein de films chinois sous influence. C. : Vous n’imaginez pas un modèle original chinois de films à grand succès ? L. P. : Les Chinois sont surtout forts dans la sinisation d’un modèle d’origine étrangère. Ils ont pu, dans les années 30, faire des merveilles en transposant le contenu et la forme du cinéma américain et soviétique dans un contexte chinois. Ils ont su puiser dans leur patrimoine culturel, dans l’éthique et l’esthétique chinoises de quoi réaliser des films originaux. Avantguerre, Les anges des boulevards reprenait le thème du film Le septième ciel de Frank Borzage. C’est la même histoire, mais c’est un film chinois, tant du point de vue du contenu, parce qu’il montre la pauvreté du Shanghai des années 30, que du point de vue de la forme parce que les flash-back originaux s’inspirent dans leur forme du principe du vagabondage (you), propre à


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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Intimité et vie quotidienne dans Suzhou River de Lou Ye (2000)avec l’actrice Zhou Xun. 娄烨的影片《苏州河》里体现的亲密和平常生活。上图:主演周迅

l’esthétique des rouleaux chinois où le regard flotte librement d’une scène à l’autre sans contrainte de perspective. De même, le cinéma de la 5e génération, très influencé par la Nouvelle Vague française et notamment par Truffaut, reste très chinois. Cependant, je m’interroge sur l’avenir. A vouloir faire du cinéma un moyen de gagner de l’argent, je me demande quelle liberté on laisse aux auteurs, pris entre la nécessité de plaire au goût du public qui se tourne vers des films commerciaux où l’on ne doit pas réfléchir et une censure politique qui s’est renforcée depuis 2007.

C. : Quel rôle joue le nationalisme dans la création contemporaine ? L. P. : Dans les moments de crise de créativité, le cinéma chinois s’est toujours tourné vers son patrimoine national. Il y puise l’inspiration que ce soit dans des épisodes de guerre — et le conflit sino-japonais est le sujet numéro 1 comme dans Nanjing Nanjing — ou dans la littérature et il n’est pas anodin que la réalisatrice très connue Li Shaohong sorte un remake du Rêve du pavillon rouge3. S’ajoute à cela le fait qu’aujourd’hui, pour ne pas s’embêter avec la censure, les réalisateurs reviennent vers

les grandes figures du patrimoine national. Pourtant, je ne pense pas qu’un Jia Zhangke, par exemple, sera sensible à ces sirènes nationalistes bon marché.

C. : Comment s’exportent les stars chinoises ? L. P. : Elles aussi doivent veiller à leur image et écouter les autorités. Tang Wei a été mise à l’écart de toute production et manifestation suite à sa participation au film Lust caution. Zhou Xun a préféré s’éloigner des réalisateurs avec qui elle avait commencé sa carrière (Lou Ye Suzhou river, Dai Sijie Balzac La petite tailleuse chinoise). Sur des injonctions indirectes des autorités soucieuses de l’image d’une actrice très populaire, elle a refusé de jouer un rôle d’homosexuelle dans Les filles du botaniste de Dai Sijie.

C : Les cinémas de Hong Kong ou de Taiwan ont connu un assez fort retentissement à l’étranger (In the Mood for love, par exemple). D’autre part, les cinémas japonais et coréens sont aussi très appréciés. Comment se situe le cinéma chinois du continent dans l’exportation des cinémas asiatiques ? L. P. : Les cinémas de Hong-Kong ou de

Hsien. D’autre part, les hongkongais sont les maîtres de la comédie et des films d’arts martiaux. Le cinéma en provenance de Chine continentale n’a pas connu une période de création aussi fulgurante que son voisin japonais, mais, depuis dix ans, les réalisateurs chinois sont plus créatifs que leurs collègues japonais. En fait aujourd’hui, le cinéma d’Asie le plus impressionnant vu de l’étranger est le cinéma coréen. On y trouve à la fois un cinéma indépendant et une organisation locale et internationale d’exportation, parfaitement au point dans toutes ses composantes.

Propos recueillis par Anne Garrigue et Sophie Lavergne Film de propagande réalise pour un but précis http://www.dailymotion.com/video/xaromt_la-fondationdune-republique-report_shortfilms 2 http://www.echinacities.com/Cityguide/Beijing/news/NewOpenings.aspx?n=4344 3 Le Rêve dans le pavillon rouge, qui date du XVIIIe siècle, est un des quatre grands romans de la littérature classique chinoise, avec l’Histoire des Trois royaumes, Le Voyage en Occident et Au bord de l’eau. 1 1

Taiwan ont plus facilement accès à l’étranger car ils sont tirés par de grands réalisateurs comme Wong Kar Wai ou Hou Hsiao Connexions / mars 2010 85


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专栏

A propos du film 孔子 Kongzi (Confucius)

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par Jacques Leclerc du Sablon

Lors des études de chinois, j’étais « entré en confucianisme » par la porte诚 dans le texte du Zhong Yong 中庸, ce classique chinois ! J’avais envie de voir le film Confucius, avec des amis chinois. J’ai apprécié la langue assez accessible à mon oreille étrangère, sans doute au prix d’un certain anachronisme. Parlaiton ce putonghua standard à l’époque ? J’ai trouvé dans le choix de Chow Yunfat dans le rôle de Confucius une bonne idée : il est une sagesse ronde, souriante, conviviale et non-raide, sévère et triste. Heureusement quand même qu’il y a la tradition du « frapper de tambour » pour calmer ses nerfs politiques ! Zhou Xun, dans le rôle de Nanzi la courtisane, est très belle. Au-delà des acteurs, qu’ai-je vu ? Un cours de science politique décrivant trois approches de la question du pouvoir. L’approche Confucius : le film met en avant les fondamentaux éthiques rigoureux qui feront la force de la figure de Confucius dans la tradition chinoise depuis plus de deux mille ans. Mais ces principes ne parviennent pas à porter leurs fruits politiques. Ils dégénèrent dans la force, puis la violence du « légisme » postconfucéen. Le film montre assez bien la blessure morale que cette violence laisse sur Confucius. L’approche taoïste introduite dans le 86 Connexions / mars 2010

film par une improbable conversation entre Laozi et Kongzi : retire-toi de la scène politique, laisse le pouvoir être ce qu’il est et recule pour être toimême. Ainsi va le monde. Reculer pour se sauver dans une époque d’extrême violence. Selon Laozi, c’est toujours le soft qui gagne finalement ! Y compris par le sens de l‘humour. « Il faut savoir de temps en temps avoir l’air stupide » dit le Duc de Lu à son ministre Kongzi le jour de sa révocation ! Enfin l’approche commune : la force et le pouvoir des armes. La dernière image du film qualifie Confucius de « plus grand penseur, éducateur et savant »… Le message est dans le non-dit : s’il est tout cela, il n’est pas autre chose, en particulier un modèle de dirigeant politique. Cela laisse toute sa place au système commun de la force et à la pensée fondatrice de la Chine actuelle, pensée qui a théorisé cette nécessité des armes. Le retour du vieux Kongzi au Pays de Lu après tant d’années d’exil, est un message clair pour la dissidence de tous les temps : aimer et servir le pays plus que soi-même ou toute autre chose ; rentrer au pays ; ne plus chercher à y faire de la politique, retourner à ses chères études ! On sera sensible au dialogue et aux images de la rencontre de Konzi et de Nanzi, la dame de petite vertu, concubine du Prince de Wei. Finalement le système commun, le pouvoir qui tire son épingle du jeu, celui de la force, n’accepte pas que de l’immoralité puisse surgir l’intelligence morale, surtout en politique : Nanzi sera tuée d’une flèche au cœur. L’incompatibilité finale entre l’éthique et le pouvoir rend le film pessimiste, même si en chemin le bon ministre libère l’esclave et sert le peuple. La mort donnée est l’argument final. A l’inverse d’un romantisme où la mort est la victoire de l’idée, ici la mort scelle sa défaite. Mort, où est ta victoire ? Kongzi appartient-il au soft power chinois ? La stratégie de création dans le monde entier de multiples Instituts Confucius semble le confirmer. Le film sert cette stratégie. Il propose de discerner qui a le dernier mot, du soft et du hard. Le Confucius qui contribue éventuellement au soft power est plus le Maître-éducateur que l’homme politique, plus le rêve que le réel.

Wang Xiaoshuai

Les tribulations Réalisateur de la 6 e génération, Wang Xiaoshuai vient d’être décoré par la France de l’ordre de Chevalier des Arts et des lettres après une brillante carrière à l’étranger. The Days (1993) son premier long métrage, réalisé à 27 ans, a été désigné par la BBC comme l’un des 100 meilleurs films de l’histoire du cinéma. En 1998, le film So close to Paradise, a été sélectionné au Festival de Cannes dans la catégorie « Un Certain Regard », de même que Drifters (2003). Son film Beijing Bicycle a remporté l’Ours d’argent au Festival de Berlin 2001. Shanghai Dreams (2005) a obtenu le prix du jury au Festival de Cannes. Une famille chinoise


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 vie en général. J’établis ainsi un lien entre l’évolution historique et sociale de la Chine et mon point de vue personnel. Cette démarche peut permettre des échanges riches entre les cinéastes de ma génération et la France.

C. : Quels sont les thèmes que vous souhaitez aborder ? W. X. : Le sens de la vie en général, les valeurs familiales, la relation avec nos enfants, l’amour. Comment on perd tout cela dans une société de plus en plus matérialiste, obsédée par l’argent. Mon prochain film sera sur la jeunesse, à partir d’une expérience personnelle. Il a été rendu possible par la contribution du Fonds Sud (français).

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C. : Que pensez-vous des limites à la diffusion des films étrangers en Chine ? W. X. : On peut vouloir limiter les films étran-

王小帅

d’un cinéaste chinois (2008) a remporté l’Ours d’argent au Festival de Berlin pour son scénario. Pourtant, comme d’autres cinéastes chinois qui défendent le cinéma d’auteur, Wang Xiaoshuai souffre dans son propre pays d’une diffusion restreinte, même si elle est autorisée depuis 2003. Ainsi Une famille chinoise n’est sorti que dans six villes. Actuellement, Wang Xiaoshuai prépare deux films Chongqing blues en montage et Onze fleurs qui devait être financé par une contributiondu Fonds Sud.

plus difficile. Les investisseurs privilégient le profit plutôt que l’intérêt culturel et artistique. Je me demande tous les jours si je dois continuer à faire ce que je fais. J’espère pouvoir le faire mais, autour de moi, la pression commerciale est forte. En invitant des amis et des médias pour fêter cette distinction, je cherche à susciter plus de confiance dans ce que je fais.

Connexions : Vous venez d’être décoré de l’ordre de Chevalier des arts et des Lettres. Que vous apporte cette distinction ? Wang Xiaoshuai : Dans la Chine d’aujourd’hui,

des Chinois, de leur vie quotidienne, dans une société en pleine évolution. A l’instar des réalisateurs français de la nouvelle vague, je souhaite montrer ma façon de percevoir, en tant qu’artiste, la société ou la

faire des films personnels est de plus en

C. : Quelles images de la société chinoise voulez-vous montrer ? W. X. : Je cherche à transmettre ma vision

gers pour protéger sa production nationale, mais finalement les seuls films étrangers qui parviennent en Chine par des canaux officiels sont les films américains. C’est dommage. Le public chinois est trop peu en contact avec les cinémas étrangers et passe directement des films nationaux à des films purement commerciaux, sans avoir pu bénéficier d’un cinéma d’auteur plus personnel et plus riche.

C. : Dans la diffusion de vos films — et des films d’auteurs —, quel rôle jouent les films piratés ? W. X. : Avant les films piratés, nous n’avions pas la possibilité de voir beaucoup de films français, ni de diffuser mes films dont certains, interdits par la censure, n’ont pu être vus que grâce aux versions piratées. Reste que maintenant que je peux diffuser mes films, évidemment je suis contre. Difficile finalement pour moi de dire si c’est bon ou mauvais.

C. : Pour une meilleure diffusion, quels sont vos soutiens dans le monde du cinéma et à l’intérieur du parti communiste ? W. X. : En fait, aujourd’hui, même si les autorités décident de la censure éventuelle d’un film, la sanction numéro 1 est celle du marché. Même si un film d’auteur reçoit une autorisation, il doit faire face à la concurrence. C’est d’autant plus difficile qu’il n’existe pas en Chine de circuit d’art et d’essai. Quant à la presse people, elle préfère parler d’histoires d’amour entre acteurs et actrices ou de chirurgie esthétique.

Propos recueillis par Anne Garrigue Connexions / mars 2010 87


DOSSIER

专栏 c’est un film d’animation en 3D. Le Japon, et particulièrement Hayao Miyazaki, pour le style des dessins. C’est un grand maître.

C. : Comment votre film a-t-il été reçu en Chine et à l’étranger ? E. Y. : Il est sorti au moment du 60e anniversaire. En Chine, il a reçu le prix Huabiao. Il n’a pas encore été acheté à l’étranger mais il a gagné un premier prix au festival de Liège du dessin animé en 3D. Dans le domaine de l’animé, le marché principal est à l’étranger car le marché des films d’animation en Chine n’est pas encore très mature.

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C. : Comment avez-vous financé le film ? E. Y. : Notre société CITV est à 100% privée.

Récompensé en Chine et en Europe, La légende du roi Milu est le premier succès de l’animation chinoise.

在中国和欧洲获奖的《麋鹿王》是首部最成功的国产动画大片

La légende du roi Milu Une compagnie privée à l’assaut de la 3D. Eisen Yang, président et Xu Wu viceprésident

le prix du long métrage à la première édition du festival européen de la 3D. La technologie a été mise au point par la Chinese Academy of Science et Zhongke Weiwo digital Technology Ltd. Il a été produit par une compagnie privée CITV

de CITV new media group.

Connexions : Pourquoi le thème du roi Milu? E. Y. : Le cerf Milu, connu en Occident sous

La légende du roi Milu est le premier blockbuster de l’animation chinoise. Il a reçu en Chine le prix Huabiao, une des plus hautes distinctions. Inspiré d’une légende tirée du classique littéraire Légendes des Montagnes et des mers, il raconte une histoire d’amour entre un prince et une jeune fille transformée en cerf. Le film a aussi été choisi pour faire partie du « Green Library Project », un effort pour promouvoir l’environnement auprès des enfants. D’une durée de 90 minutes, sorti à l’occasion de la fête nationale d’octobre 2009 , il a reçu en décembre, à Liège,

le nom de cerf du père David , est un animal hybride qui n’existe qu’au Tibet. Il a failli disparaitre au début du siècle dernier et fut sauvé in extremis par… un aristocrate anglais. Cet animal donne un caractère chinois au film tout en représentant un symbole de la collaboration internationale et de la protection de l’environnement. Ce film qui parle d’animaux, est universel et touche les jeunes enfants, premier public pour un dessin animé en Chine.

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C. : Quelles ont été vos sources d’inspiration ? E. Y. : L’Amérique pour la technique car

Elle existe depuis dix ans. Nous travaillons dans trois domaines — les jeux électroniques et vidéo, la production de dessins animés 3D (depuis 2007) et les nouveaux médias. C’est notre premier long métrage. Nous sommes aussi en train de tourner d’autres films avec des investisseurs américains. Nous sommes en contact avec des producteurs français et japonais. Nous cherchons à l’étranger des soutiens artistiques — pour comprendre la formation du goût à l’étranger — et financiers. Le principe : chacun apporte de l’argent et partage les risques. Sinon on ne peut pas collaborer. Evidemment, avec Luc Besson, on paiera et on acceptera tout !

C. : En quoi, à votre avis, les goûts chinois et occidentaux diffèrent-ils ? E. Y. : Pour les spectateurs asiatiques, il est plus facile d’accepter la transformation, qu’un humain devienne animal et inversement. Et puis, les gens ne rient pas au même moment.

C. : La diffusion de la culture chinoise progresse-t-elle aussi vite que la place de la Chine en général dans le monde ? E. Y. : Tout le monde en Chine —privé et gouvernement — veut que les produits culturels étiquetés made in China soient acceptés aussi facilement que les produits industriels made in China. Les Américains contrôlent les produits industriels de création dans le monde car c’est eux qui en produisent le plus et tout le monde les consomme. Et, à travers leurs produits culturels, ils influencent le monde entier, y compris la Chine. En Chine, jusqu’ici, le système a séparé les produits de consommation et la culture. La culture « pure » passe par le gouvernement et les produits


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 de consommation ne véhiculent pas forcément notre culture chinoise. Chez CITV, nous sommes plus attirés par le modèle de diffusion culturel américain qui se sert des produits culturels de masse pour véhiculer la culture.

C. : Il semble qu’il y ait un écart entre ce que propose le gouvernement chinois et ce que recherche le public étranger. Etes-vous d’accord ? E. Y. : Oui. Pour le moment le gouvernement promeut des industries de loisirs traditionnels. Mais l’objectif pour l’industrie culturelle, c’est d’abord de plaire pour gagner de l’argent. Il faut donc que la forme séduise. Ceci dit, le gouvernement chinois a toujours considéré la promotion de la culture comme une priorité. Il soutient aujourd’hui certains films — très peu dans notre cas. Mais s’il veut promouvoir la culture, il ne sait pas toujours comment dépenser son argent. C’est un « beau souci »...

C. : Quels sont les éléments de la culture chinoise que vous voudriez transmettre ? Xu Wu : Nous voulons avant tout que nos films marchent. Pas nécessairement transmettre une histoire chinoise ou véhiculer un message. Quant au choix des thèmes, étant donnée la jeunesse de notre public, on ne peut pas choisir des thèmes trop difficiles.

C. : Que pensez-vous du public chinois ? Xu Wu : Nous utilisons volontiers la métaphore de la fast food. En matière de consommation artistique, la grande majorité de nos compatriotes veut quelque chose qui va vite, du « fast art ». Ils ne veulent pas prendre le temps de cultiver un intérêt, comme l’opéra par exemple. Même si l’éducation dans les arts, en musique par exemple, se développe, elle me paraît aujourd’hui plus destinée à aider les jeunes à être davantage compétitifs qu’à se cultiver en profondeur. Côté production, investir dans l’art plutôt que dans l’immobilier ou la bourse rapporte moins et surtout, avec un retour sur investissement à plus long terme. Nous avons mis deux ans à faire ce film mais nous croyons dans notre spécialité car elle a un seuil d’entrée élevé. Nous sommes en train d’établir notre position et notre marque. Propos recueillis

par Anne Garrigue

http://www.miludeer.com/English.html C’est un missionnaire lazariste français, le père Armand David qui a trouvé cet animal et qui l’a présenté dans le monde entier. Disparu au début du siècle, il fut sauvé grâce aux bons soins en Angleterre du duc de Bedford. 1 2

《麋鹿王》:一家进军3D领域的民营企业 专访中视互动新媒体集团总裁杨维和副总裁吴旭 《麋鹿王》1是首部最成功的国产动画电 影,并且获得了中国电影界最高奖项之一 华表奖。本片取材自古籍《山海经》,讲 述了一段人类王子与麋鹿公主之间的爱 情故事。该片还是入选“绿书架”行动的 影视作品,这项活动是为了向孩子们宣传 环保的理念。 《麋鹿王》片长90分钟,于 2009年国庆节档期上映,同年12月,在比 利时举行的首届欧洲3D电影节上获得了 最佳长片奖。影片的3D技术由中科院和中 科帷幄数码科技有限公司联手打造完成, 并由一家民营企业— —中视互动集团出 品。 《联结》:为什么会以麋鹿作为电影的 主题? 麋鹿,在西方以“大卫神父鹿”2闻名,是 一种只存在于西藏的杂交动物。上世纪 初,麋鹿几乎灭绝,在危急情况下被一位 英国贵族挽救。这种动物赋予了影片中国 的元素,并且带有国际合作和环境保护的 象征。这部讲述动物的电影适合所有人观 看,主要面向儿童这一中国动画片的最大 观众群。 《联结》:你们的灵感源泉是什么? 技术方面的灵感来自美国,因为这是一部 3D动画电影。关于动画片的风格,其灵感 来自日本,尤其是日本动画大师宫崎骏。 《 联 结》:国内外如 何评价 你们 的 电 影? 影片选在中国60年大庆之际推出。在国 内,它获得了华表奖3优秀动画片奖。在国 外,影片尚未发行,但在比利时举行的欧 洲3D电影节上荣获了最佳长片奖。在动漫 领域,主要的市场是在国外,因为中国的 动漫市场还不太成熟。 《联结》:你们是如何为电影筹资的? 中视互动集团是100%的民营企业,已经运 营了10年。我们的业务主要在三个领域— —电子游戏和影视剧、3D动漫制作(始于 2007年)和新媒体。 《麋鹿王》是我们制 作的第一部动画片。我们还在与美国的投 资者合拍其他的影片,与一些法国和日本 制片公司也有联系。我们在国外寻求艺术 支持——为了了解外国观众的品味,以及 资金支持。原则是:每方都要出资并分担 风险,不然就无法合作。当然,如果是与吕 克•贝松这样有知名度的制片人合作,我们 会出钱,还会接受所有条件! 《联结》:你们认为中国人和西方人的

品位有何不同? 对于亚洲观众,他们更容易接受人变成动 物,动物变成人。另外,中西方观众的笑点 也不同。 《联结》:中国文化在世界上的发展是 否与其整体地位的上升一样快? 在中国,所有人包括个人和政府都希望贴 上中国制造的文化产品如同中国制造的工 业产品一样容易被接受。美国在世界上控 制了创意产业的产品,因为他们制作得产 品最多,所有人都在消费。于是,美国通过 自己的文化产品影响全世界,包括中国。中 国至今的机制都是把消费品与文化一分为 二。单纯的文化由政府传播,而消费品不 一定承载中国的文化。在中视互动,我们 更欣赏美国借助大众消费品传播文化的模 式。 《联结》:中国政府希望传播的文化似 乎与外国大众希望了解的有一定差距。 你们觉得呢? 是的。目前政府鼓励的是传统的演出节 目。但文化产业的目标首先是娱乐赚钱, 因此形式必须要吸引人。当然,政府一直 把推广中国的文化作为优先考虑。现在它 也支持一些电影— —在我们这里情况很 少。虽然政府愿意推广文化,却不知钱该 如何花。这的确是个美丽的烦恼...... 《联结》:你们希望传播哪些中国文化 的元素? 吴旭:我们首先希望制作的电影叫座,不 一定要传播一段中国的历史或承载某一信 息。关于主题的选择,鉴于我们的观众年 龄不大,我们不能选择太难懂的主题。 《联结》:你们如何看待中国观众? 吴旭:我们很愿意使用“快餐”这种比喻。 在艺术消费方面,我们的大多数同胞都喜 欢快的东西, “快餐艺术”。他们不想花时 间培养兴趣,比如戏剧。即使是培养艺术 特长,例如音乐方面,我觉得它虽然发展 得很快,但更多的是用来帮助孩子们赢得 比赛,而不是加强自我修养。制作方面,在 艺术领域里投资比在房地产或股市里的 回报少,而且投资回报周期更长。我们花 了两年的时间拍摄这部电影,但我们认为 这是我们的特长,因为它有一个较高的门 槛。我们正在确立自己的定位和品牌。

http://www.miludeer.com/English.html 2 这是一位法国天主教传教士,他发现了麋鹿并把它介绍到全世界。 麋鹿在上世纪初曾一度灭绝,在英国贝福特公爵的精心护理下得以 幸存。 3 中国电影界的最高奖项之一。 1

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DOSSIER

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专栏

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Wang Anyi. 56 ans, Le chant des regrets éternels… Présidente de l’association des écrivains de Shanghai.

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Su Tong. 47 ans, Riz, Epouses et Concubines qu’il a lui même adapté pour Zhang Yimou…

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Yu Hua. 50 ans, Vivre ! Porté à l‘écran par Zhang Yimou, Un monde évanoui, Le Vendeur de sang, Brothers…

Mo Yan. 54 ans. Le Pays de l’alcool, Beaux seins, belles fesses, La Mélopée de l’ail paradisiaque…

Il n’y a pas de best-seller mondial chinois Les éditeurs anglophones hésitent à prendre des risques alors que le grand public ne les suit pas. E ri c Ab ra h a m s e n , traducteur américain est co-fondateur du site Paper-Republic, qui propose du conseil aux maisons d’édition chinoises ou étrangères

Connexions : Pourquoi avoir créé le site Paper-Republic? E. A. : Arrivé en Chine en 2001, j’ai commencé à publier en 2007 des traductions de nouvelles et d’essais. J’ai deux traductions de romans en préparation: une fiction sur des fonctionnaires corrompus et un roman sur deux jeunes migrantes. Nous avons créé le site Paper-Republic1 en 2006. Nous étions un groupe d’amis partageant les mêmes difficultés à persuader les éditeurs anglosaxons, plutôt en retard sur les français, de traduire des romans chinois. Il s’est d’abord agi d’échanges informels, puis nous avons réalisé que les maisons d’édition étrangères, qui manquent d’information sur la Chine, consultaient régulièrement notre site. Une bourse des Arts Council de Grande Bretagne nous a permis de devenir une entreprise avec deux activités : l’édition et le conseil aux éditeurs. Nous souhaitons être une première étape pour de grosses agences — Andrew Nurnberg, Big Apple, Zaikai media, Wilye agency…— avec lesquelles nous voulons travailler, de préférence aux petites agences spécialisées sur la Chine.

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C. : Quels sont les auteurs chinois les plus connus dans le monde anglo-saxon ? E.A. : Dans l’ordre, Mo Yan, Su Tong et Yu

Wang Shuo. 52 ans, auteur de bestsellers : L’hôtesse de l’Air, Dans la chaleur du Soleil…

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Hua. Zhang Ailing, Wang Anyi, Wang Shuo ont aussi un public. Mais les éditeurs anglo-saxons attendent encore le best-seller qui fera exploser les ventes et

tirera le marché. Ils avaient espéré que Le Totem du loup de Jiang Rong ou Brothers de Yu Hua feraient l’affaire. Mais ni les critiques ni les ventes n’ont été suffisamment excellentes. Et les éditeurs anglo-saxons hésitent à prendre des risques. Penguin est la seule maison d’édition qui a un bureau à Pékin.

C.: Pourquoi ce faible intérêt pour la littérature chinoise. Est-ce dû au style, au contenu, au rythme? E. A. : Les Anglo-Saxons ne sont pas guère friands de littérature traduite. Ils veulent du chinois pas trop « chinois ». Ils sont fatigués des sujets tragiques sur la Révolution culturelle, la famine ou la violence. Le style des écrivains chinois ne correspond pas non plus vraiment à leurs attentes : les romans sont longs, pleins de détails, d’adjectifs et de métaphores alors que les Anglo-Saxons préfèrent des textes concis et plus rythmés. Il est vrai que Brother aurait gagné à être plus court. Mais, en Chine, le travail d’édition littéraire n’existe pas. Des correcteurs vérifient les caractères et la typo mais les auteurs interdisent qu’on touche à leurs textes. Ils n’ont pas confiance dans le jugement littéraire des éditeurs. Aussi, techniquement parlant, leurs romans ne sont pas aussi travaillés qu’en Occident.

C. : Voyez-vous arriver de jeunes auteurs brillants ? E. A. : Il y a eu la mode des jeunes romancières sexy après Mian Mian. Elle a duré deux ans. Aujourd’hui, on voit arriver une génération d’auteurs entre 28 et 35 ans, assez bonne. Je pense à Xu Zechen par exemple. Un de ses romans vient d’être traduit en allemand. Il raconte la vie quotidienne de jeunes vendeurs de CD à Pékin dans un style efficace qui permet d’entrer dans leur vie sans tomber dans l’exotisme. Je pense que cela correspond à l’attente des lecteurs occidentaux qui veulent pouvoir


l’écrivain(e) Tie Ning, a pour rôle de manager les auteurs en leur trouvant un emploi, des salaires, des formations, des fonds pour payer les prix littéraires. Je ne crois pas, personnellement, à ce type de management direct par l’Etat des écrivains mais leur intervention peut être utile et ils ne s’immiscent pas directement dans le contenu. Reste que les écrivains sont conscients de ce qu’ils doivent au gouvernement.

Net. Mais le manque de créativité a des racines profondes. Les écrivains chinois, qui font un excellent travail, souffrent sans l’admettre de l’autocensure. La société chinoise n’a pas appris à se regarder vivre. Les écrivains font œuvre utile en aidant leurs compatriotes à reconnaître leur histoire, à mieux se comprendre. La tâche est énorme, bouleversante. Tout est si compliqué, change si vite. Ils le font le mieux qu’ils peuvent. Je regrette seulement qu’il n’y ait plus d’écrivains comme Wang Xiaobo, mon auteur préféré. Les dissidents russes avaient combattu à l’extérieur. En Chine, le conflit a été refoulé à l’intérieur des personnes elles-mêmes. Je trouve dommage que les écrivains n’écrivent plus les livres qu’ils souhaitent vraiment écrire. Même s’ils n’étaient pas publiés, ces livres seraient là pour le futur.

C.: Vers quoi se dirige la restructuration du monde de l’édition? E.A. : De façon générale, les maisons d’édition, privées et publiques, collaborent pour augmenter leur rentabilité. Le gouvernement a récemment reconnu qu’il était légal de publier librement, à condition que les livres aient une autorisation officielle de publication, ce qui permet au gouvernement de garder une prise. Sur Internet, pas de numéro ISBN2, mais c’est toujours le Bureau des Publications qui contrôle. Shanda litérature3 qui a racheté 90% des sites web de littérature en Chine, se charge de faire respecter les consignes.

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C.: Pensez-vous que l’édition papier risque de régresser avec l’Internet ? E. A. : La liberté est plus difficile hors du

Han Han. 28 ans, premier blogger chinois(blog.sina.com.cn/twocold) et pilote de rallye professionnel.

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C. : Quel rôle joue l’association des écrivains dans le dispositif ? E. A. : Cette association, dirigée par

C. : Vous avez écrit que les fonctionnaires chinois avaient manqué l’opportunité de la foire de Francfort dédiée à la Chine en 2009. Pourquoi ? E. A. : Les fonctionnaires du Bureau des Pu-

Mian Mian. 40 ans, Les Bonbons chinois, Panda Sex, Acid Lovers. Ses romans restent interdits en Chine.

Zhang Ailing. (1920-1957), Le chant du riz, Shanghai 1920-1940… Publiés sur le continent à partir de 1984.

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blications (GAPP) ne sont pas des littéraires. Chargés du soft power chinois, ils veulent entendre les étrangers louer leur culture, gagner un Nobel de littérature chinois en évitant, à tout prix, des critiques contre le régime. Leur travail est purement politique. Ils ne comprennent ni les écrivains, ni les traducteurs, encore moins leur travail.

Les publications sur Internet de la nouvelle génération sont totalement déterminées par le marché mais les autres générations écrivent encore pour eux-mêmes. Je suis optimiste à long terme pour l’édition chinoise. La nouvelle génération n’écrit pas encore de bons romans mais elle s’exprime haut et fort et n’a pas le même rapport à l’auto-censure qui reste très présente en Chine. Les écrivains chinois les plus âgés ont grandi dans une société où ils se sentaient tenus d’être loyaux à l’égard du gouvernement. Même en colère, ils ne se sentent toujours pas autorisés à exprimer toute leur vision. Ma Jian4 ose aller au bout mais il vit à Londres et a renoncé à publier en Chine. Les écrivains, qui sont restés et qui sont publiés, ont tous fait des compromis, d’abord avec eux-mêmes. Par contre, les jeunes écrivains qui ont grandi après 1989, n’ont pas souffert pour s’intégrer au système. Ils diffusent une culture jeune, décomplexée, un peu rebelle, à l’image de Han-Han, l’écrivain bloggeur, pilote de rallye et musicien qui bat tous les records de clics. Personne ne lit sa mauvaise fiction mais son blog est incontournable.

Ma Jian. 57 ans, La mendiante de Shigatze, Nouilles Chinoises, Chemins de poussière rouge, Beijing coma… Ses livres sont interdits en Chine.

Propos recueillis par Anne Garrigue et Sophie Lavergne

http://paper-republic.org/ ISBN : International standart book number. Ce numéro est obligatoire pour toute parution. En Chine, ils ne sont accordés qu’aux groupes d’édition d’Etat, mais ceux-ci peuvent les céder à des éditeurs privés. 1 2

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entrer dans l’histoire. Il y a, par ailleurs, pléthore de très jeunes écrivains de moins de 25 ans, assez déconnectés de la vie réelle, qui publient sur le Net avec des millions de lecteurs, étudiants comme eux. Vite écrite, vite lue, c’est une littérature d’évasion, un genre qui passe mal les frontières. Même si Harry Potter et les vampires de Stephenie Meyer ont bien marché en Chine, ce sont des cas isolés. Le principe de l’édition en ligne est de faire acheter pour quelques maos les chapitres d’un livre, écrits au fur et à mesure. Le modèle — la fiction sur téléphone mobile — vient du Japon. En Chine, ça démarre très fort.

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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Wang Xiaobo. (1952-1997), envoyé dans le Yunnan en 1968 comme jeune intellectuel. L’âge d’or…

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DOSSIER

专栏

Art contemporain : de la contreculture à l’intégration L’attraction de l’art contemporain est le succès le plus éclatant de la culture chinoise à l’étranger. Mais jusqu’où création et officialisation peuvent-elles faire bon ménage ? Bérénice Angremy s’occupe d’art contemporain à Pékin depuis 2002. Directrice de Thinking Hands, une société qui organise des expositions et fait du consulting, elle a été à l’origine du Festival d’art contemporain de 798, et dirige actuellement le Caochangdi PhotoSpring – Arles in Beijing.

Connexions : Pouvez-vous revenir sur la montée en puissance de l’art contemporain chinois ? Bérénice Angremy : C’est une histoire courte — trente ans seulement — et rapide. La première phase va de 1979 à 1989. Je l’appelle « expérimentation et création contemporaine ». Un groupe d’avant-garde autodidacte « Les Etoiles » lance l’art contemporain chinois — formes et discours revendiquant la liberté de création en dehors du diktat du prolétariat — en s’exposant sur les grilles extérieures du musée national NAMOC, haut-lieu de l’art officiel. Les années 80 sont marquées par l’émergence et la maturation de ce qu’on appelle « la nouvelle vague », des artistes sortis des Beaux Arts de toute la Chine qui pratiquent toute forme d’expérimentations du dadaïsme — Xiamen Dada avec Huang Yongping — au performance art en passant par la photographie ou les prémices de la vidéo. Ces artistes reprennent à leur manière ce qui s’est fait en Occident, sans jamais sombrer dans le « copié collé ». En février 1989, l’exposition China /Avantgarde au NAMOC marque un tournant. Elle rassemble plus de deux cents œuvres de près de deux cents artistes. Elle a été préparée pendant des années par plusieurs commissaires dont Gao Minglu qui souhaitaient que la société reconnaisse l’art 92 Connexions / mars 2010

contemporain. Elle est immédiatement fermée par les autorités — parce qu’une artiste Xiao Lu a tiré sur son œuvre. Son ami Tang Song est emprisonné. L’histoire de l’art se fige. On quitte l’expo pour entrer dans Tian An Men. Commence alors la seconde période, celle des expositions dans les appartements. Les réseaux et les écoles se forment, la critique et le marché naissent. C’est le début des grandes expositions. La scène artistique est moins créative et expérimentale. Elle consolide les acquis. Des noms de courants surgissent — political realism, cynical realism — inventés par les nouveaux critiques, les commissaires indépendants, qui désormais ont pris la relève des artistes pour organiser des expositions en Chine et à l’étranger, une étape essentielle pour être reconnu. Parmi eux, outre Gao Minglu, Li Xian Ting, Fan Di’an, aujourd’hui directeur du NAMOC. Après 1992, l’art contemporain suit les consignes de Deng Xiaoping : enrichissez vous ! Dès 1996, a lieu la première vente aux enchères réalisée par Leng Lin, un critique aujourd’hui galeriste. Entre 2000 et 2005, les réseaux de distribution s’installent. D’abord, les galeries étrangères (trois en 2001 à Pékin), puis, de plus en plus chinoises à partir de 2007. En tout, on compte plus de cinq cents galeries en 2007, dont deux cents à « 798 ». Les nouveaux arrivants sont Chinois, formés sur le tas. Plus rarement des critiques d’art, fatigués d’être sous-payés. Parallèlement, de 2003 à 2005, se développe le quartier de Dashanzi art district « 798 » dont l’étonnant succès marque l’ouverture de l’art contemporain au grand public et aux médias. Pékin est reconnu devant Shanghai, comme un centre culturel économiquement viable.

A partir de 2006, le marché mondial de l’art explose. La première grosse vente d’artistes chinois a lieu à New York chez Sotheby’s au printemps 2006 avec un chiffre d’affaires de 100 millions de Rmb. Au deuxième semestre 2006, la totalité des ventes d’art contemporain a dépassé 10 milliards de Rmb. Très vite, des bureaux de vente s’ouvrent à Pékin et Hong Kong, puis Shanghai, Nankin, Hangzhou, Taiwan. En 2008, on en comptait 159 et le volume de leurs transactions avait triplé entre 2005 et 2008. Côté prix, c’est de la folie ! En 2005, Pink de Zeng Fanzhi, un des dix artistes chinois les plus populaires, était vendu à 75 000 dollars. En 2008, une œuvre assez semblable, de la série Mask, partait à 9,6 millions de dollars en 2008. L’art contemporain, en Chine comme ailleurs, était devenu un investissement, une valeur refuge. A partir de 2006-2007, les autorités commencent à récupérer le réseau de l’art contemporain, le plan quinquennal mise sur la création de zones de développement des industries créatives pour regrouper les créateurs par catégories dans des clusters. L’idée vient de Grande-Bretagne. Elle est stimulée par le succès de « 798 art district » qui apparait comme un modèle, certes un peu chaotique, mais dont le succès ne se dément pas. Ce quartier né d’initiatives individuelles (minjian) a favorisé la création, attiré des investisseurs étrangers et des touristes. Une fois réglés les litiges avec le propriétaire que la reconnaissance officielle du quartier a calmé, 798 devient l’enfant chéri des autorités qui se l’approprient et créent ex nihilo dans son voisinage « D Park ». Pour les autorités, ces zones de développement des industries créatives sont une façon de reconnaître l’utilité sociale de la création contemporaine tout en

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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

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Zhang Huan To Raise the water level in the fishpond. 张洹的作品《为鱼塘增高水位》

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Xia Guo Qiang Headon

夏国强的作品《撞墙》

Zhang Xiaogang Bloodline 张晓刚的《血缘》系列

Série « Mask »,Zeng Fanzhi

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曾梵志的《面具》系列

Huang Rui « Chai-na (Demolition) /China », 2007. 黄锐的作品《拆-那/China》,2007年

Sans titre, Yue Minjun

岳敏君的作品

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DOSSIER

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专栏

Stimulé par le succès de « 798 Art district », le plan quinquennal mise sur la création de zones de développement des industries créatives pour regrouper 受到798艺术区成功的启发,十一五规划押宝在文化创意产业区的建立上,把艺术创作者们按类别集中在一个个群落里。

l’orientant et en contrôlant son ••• développement. Le problème c’est qu’en Chine, on croit trop qu’il suffit de reproduire à l’infini un modèle qui a fonctionné. Or, en réalité, les seuls quartiers vivants sont ceux qui ont été créés spontanément par des individus. Et, souvent, cette vie est étouffée dans l’œuf par l’intermédiaire des autorités. Voyez la polémique actuelle sur un projet immobilier du Nord-Est de Pékin, qui menace plusieurs quartiers artistiques dont Cao Chang Di . Le gouvernement rachète les terrains et les revend à des promoteurs immobiliers. C’est ce qu’on appelle un plan d’Etat. Au passage, les petits quartiers artistiques, certains de grande qualité, sont menacés de disparition avec des lieux aussi exceptionnels que « Three Shadows Photography Art Center ». Une catastrophe ! Sans compter qu’à force d’associer art contemporain et industries créatives, on risque d’en arriver à assimiler production et création contemporaine, et à détruire toute tentative de création originale et novatrice.

C. : En décembre dernier est créée l’Académie de l’art contemporain. Comment est-on passé si vite de la contre-culture à l’intégration ? B. A. : D’abord, c’est un phénomène récent. Il y a trente ans, être artiste c’était encore être en marge. Depuis cinq à six ans, l’artiste est au centre, voire sur le devant de la scène. On le surveille en tant qu’image d’une Chine contemporaine et progressiste. Ensuite, il est erroné de croire que la créa94 Connexions / mars 2010

tion des artistes était dissidente à l’origine. Certes elle s’insurgeait contre un dictat de création, mais elle visait à une reconnaissance officielle. Les « Etoiles » ont voulu faire leur dernière exposition au NAMOC en 1980, tandis que les organisateurs de China / Avant-Garde ont attendu cinq ans pour exposer dans un lieu officiel en 1989. Etre reconnu était extrêmement important pour ces générations d’artistes baignées dès l’école dans un système hiérarchique. D’autre part, s’il est vrai que le gouvernement consacre encore une somme très faible à son budget de la culture (autour de 0,39%), il a su confier à des responsables de qualité les rênes de l’art contemporain. Fan Di’an est directeur du NAMOC, Wang Huangsheng a longtemps été directeur du Musée de Canton. Grâce à eux, des événements en Chine et à l’étranger, tels que la Biennale de Venise, de Sao Paulo ou de Canton, se sont multipliés. Cette compétence s’est accompagnée d’une volonté nouvelle de la part de l’Etat de présenter lui-même les grands projets d’exposition et de ne plus laisser l’initiative au privé qui pourrait apporter des éléments critiques. Enfin, la dernière étape de cette récupération s’est déroulée en décembre dernier avec la création soudaine d’une Académie des arts contemporains. Etant donné la faiblesse des budgets culturels et la politique actuelle d’élimination des quartiers artistiques, je vois mal comment cette dé-

marche pourrait être autre chose qu’une vitrine pour montrer qu’on est une capitale « dans le coup ». Les vingt-deux artistes sollicités ont accepté sans se poser de questions ,ni avant ni après. A mes yeux, la faute des grands artistes actuels qui servent le régime actuellement n’est pas de donner d’eux mêmes à leur pays. C’est légitime ! Mais ils devraient profiter de ces commandes pour défendre leur création originale.

C. : Quel regard neuf et original, quelle méthodes de travail, quels thèmes apportent aujourd’hui les artistes chinois contemporains au reste du monde ? B. A. : D’abord, je tiens à faire la différence entre les artistes les plus connus qui se revendiquent chinois et se vendent très bien sur le marché mondial, et ceux qui se trouvent être chinois mais ne l’affichent pas et sont souvent moins célèbres. Les premiers, je les appelle « les made in China » — Yue Mijun, Zhang Xiaogang, Zeng Fanzhi. Ils peuvent être excellents mais ils ont délibérément affiché une marque de fabrique qui leur a permis d’attirer les collectionneurs. Cela a beaucoup stimulé un certain type de production. Pour moi, les artistes les plus novateurs ont souvent vécu à l’étranger — Cai Guoqiang, Chen Zhen, Huang Yongping, Huang Rui, Wu Shanzhuan … — et posent des questions universelles comme celles des migrations par exemple. Malheureusement certains se sont enlisés. Cai Guoqiang, par exemple, dont la création était basée sur le détournement des feux d’artifice, ne crée


les créateurs par catégories dans des clusters.

plus de la même façon depuis qu’il est entré complètement dans le système. En concevant les feux des JO 2008, il s’est inscrit dans la construction d’une image et d’une culture nationales, dans le show. Pour lui, c’est une façon de réintégrer le sol chinois dont il a été exilé pendant de nombreuses années. L’autre originalité des Chinois est de voir tout en grand, grâce à cet accès incroyable à des matériaux et à une main-d’œuvre bon marché, qui stimule une production gigantesque et compliquée. Zhang Huan a une centaine d’ouvriers dans son atelier, n’importe quel peintre peut en avoir entre cinq et dix, voire trente. Ce système rapproche l’art contemporain d’une production artisanale à grande échelle, voire industrielle. Cela explique que les jeunes artistes voient de plus en plus leur métier comme une fonction, une manière de gagner leur vie.

C. : Pensez-vous que la Chine, qui revendique de plus en plus un « modèle chinois » de diffusion de l’art contemporain, risque d’influencer le reste du monde dans ce domaine ? B. A. : Nos interlocuteurs chinois font en effet de plus en plus référence à un « modèle chinois ». De quoi s’agit-il ? Tout système de diffusion de l’art contemporain s’appuie sur des relations entre différents acteurs : musées, commissaires privés indépendants, agents d’artistes, galeries, maisons de vente, critiques, médias et artistes. Au départ, en Chine, il n’y avait que les artistes. Pour exposer leurs œuvres, ils ont commencé

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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Chen Zhen Purification Room (détails).

par payer : l’accrochage, la location de la salle. Puis les intermédiaires sont arrivés en masse depuis cinq-six ans. Dès le départ, ce n’est pas le système occidental qui s’est mis en place. Par exemple, les artistes, à de rares exceptions près, n’ont pas signé de contrat préférentiel avec une galerie mais multiplié les « points de vente ». Au niveau des musées nationaux, le nouveau « modèle chinois » impose la location de la salle, y compris pour des expositions aussi prestigieuses que celle de Turner, alors que partout dans le monde, le musée est non seulement censé inviter mais éventuellement payer la location de l’exposition. On voit aussi arriver dans les musées, des expositions qui sont organisées par des galeristes, avec mise en vente des œuvres. Finie la rénumération sur billetterie. Les artistes chinois ou étrangers peuvent économiser sur le tarif de location s’ils laissent une œuvre. La plupart des musées n’ayant pas de collection, c’est une façon comme une autre d’acquérir des œuvres d’art. Et ce modèle s’exporte déjà ! Des galeries installées en Chine organisent les expositions à l’étranger, en se rémunérant sur la vente des tableaux. On entre dans un système mercantiliste. Il y a de moins en moins de critiques d’art indépendants. Pourquoi rester commissaire ou critique sans argent alors qu’on peut monter un espace et travailler avec des musées et des maisons de ventes aux enchères ! Ce modèle conduit à un ap-

陈箴的作品Purification Room

pauvrissement intellectuel et à une confusion des responsabilités. Le galeriste devient l’expert et remplace l’érudit. Des métiers se créent aux dépens d’autres. On fait venir des expositions en les faisant financer par d’autres. Les vieux schémas européens ne peuvent qu’être déstabilisés. A cela s’ajoute le fait qu’en Chine, on construit à tour de bras des musées sans avoir ni contenu à proposer, ni personne pour les faire tourner. Toutes les zones créatives en veulent un et cherchent à profiter d’accords d’échange avec les Européens — notamment les Anglais — pour envoyer des jeunes Chinois se former dans les musées européens et y apprendre le management culturel. Des écoles commencent à se monter en Chine dans ce domaine. Enfin, il faut garder en tête que pour les artistes chinois comme pour les organisateurs, ce qui se passe aujourd’hui est une revanche sur le passé. Ils avaient été exclus. Ils sont sur le devant de la scène. Pour l’instant, ils ne font pas encore attention à l’art étranger. Ce qui les intéresse, c’est de diffuser eux-mêmes l’image de leur art, de ce qu’ils sont. Pourquoi devraient-ils suivre des modèles occidentaux ? Les artistes les plus chers, les plus en vue, sont chinois. Il est temps de passer du « made in china » au « created in China ».

Propos recueillis par Anne Garrigue

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专栏

Ding Yi Appearence of crosses (2007)

丁乙的作品《十字的外观》

Les collectionneurs ont une vision plus ouverte Shang’ART est une des premières galeries à avoir défendu l’art contemporain chinois. Wenjia Zhang dirige la galerie ShanghART à Pékin, une galerie fondée à Shanghai en 1995 par Lorenz Helbling, devenue une des galeries d’art contemporain les plus influentes en Chine.

Connexions : Comment est née ShanghART ? Wenjia Zhang : Lorenz Helbling a commencé à Shanghai dans son appartement après avoir étudié l’art contemporain en Suisse et à l’université Fudan dans les années 80. A l’époque, les artistes contemporains chinois lui paraissaient intéressants et mûrs, mais ils manquaient d’intermédiaires pour les promouvoir à l’étranger et en Chine. En 1996, il a ouvert sa galerie dans un corner de l’hôtel Portman. Il a contacté des commissaires d’exposition, des musées et persuadé Harald Szeeman, le futur commissaire de la Biennale de Venise du passage du siècle, de venir découvrir la force du mouvement d’art chinois. En 2000, il participe à la bien96 Connexions / mars 2010

nale de Bâle, en 2001 à la FIAC. ShanghART Gallery represente des artistes appartenant à différentes générations : Li Shan, Liang Shaoji et Yu Youhan, à plus de 65 ans, représentent la première génération de l’art contemporain. Ils ont commencé une carrière académique, puis sont partis travailler pendant la Révolution culturelle. Li Shan a vécu à New York. La seconde génération — Ding Yi, Geng Jianyi, Zeng Fanzhi, Zhou Tie Hai — née entre 1964 et 1966 et formée en Chine, est plus expérimentale. La troisième —Yang Fudong, Xu Zheng, Yang Zhenzhong —, née dans les années 70 est plus versée dans l’art conceptuel, la vidéo, la photo. Elle est plus individualiste, moins directement concernée par le politique. Et de nouveaux artistes tels que Liu Wejian, Sun Xun et Zhang Ding sont en train d’émerger.

C. : Après le retournement du marché en 2008, où en êtes-vous ? W. Z. : L’art contemporain chinois s’est bien stabilisé après 2008. Pendant trois-quatre

ans, beaucoup d’investisseurs étaient arrivés sans vision de collection, pour gagner de l’argent. Après la crise, les vrais collectionneurs sont restés. De 2004 à 2008, le regard extérieur du monde a beaucoup compté. Maintenant c’est plus calme. Nous allons en profiter pour ouvrir notre galerie à des artistes étrangers, comme le Japonais Araki. Quant aux acheteurs, au début, ils étaient tous étrangers. Aujourd’hui, les Chinois représentent plus du tiers de nos clients. Ce sont des gens cultivés, qui ont de l’argent à placer. Ils peuvent développer une collection, avoir envie de montrer leur statut ou bien de décorer leur maison. Les motivations sont variées… Avant, les étrangers cherchaient plutôt des œuvres caractéristiques de la culture chinoise, comme le Pop politique. Maintenant, les collectionneurs ont une vision plus diversifiée et plus ouverte.

C. : Quels sont vos rapports avec la puissance publique ? A partir de quand le gouvernement a-t-il pensé qu’il était utile d’intervenir sur le marché de l’art contemporain ? W. Z. : A partir de 2004, le gouvernement s’engage pour le meilleur ou pour le pire dans l’art contemporain. On voit apparaître des quartiers de développement des industries de création sur le modèle de « 798 », des subventions, des fondations liées au ministère de la Culture pour aider les galeries ou les foires artistiques. En tant que Chinoise, je trouve ces subventions bienvenues, même si nous n’en profitons pas. Un pays qui ne soutient pas sa culture n’est pas un pays normal. Mais cela peut poser des problèmes. C’est à la fois un problème de compétence et un problème politique, mais je suis optimiste car des gens compétents ont été nommés. Il faut cependant relever l’ensemble du niveau. De plus en plus de Chinois étudient le management culturel à l’étranger et reviennent travailler en Chine. Il y a beaucoup d’artistes résidents étrangers qui s’installent en Chine où la scène artistique est vivante, même s’il règne une nostalgie de la Nouvelle Vague des années 80. Il manque cependant une synergie entre les différentes formes d’art et notre public reste trop restreint. Cela tient à l’éducation, à la presse. C’est peutêtre pour la prochaine génération.

Propos recueillis par Anne Garrigue



DOSSIER

专栏

Su Tong, est le fondateur et directeur de l’Alliance industrielle pour la création en Chine (CCIA).

Du “made in china” au “created in china” Su Tong, est le directeur de l’Alliance industrielle pour la création en Chine (CCIA), une « entreprise sociale », qui regroupe des industries créatives à Pékin et qu’il a fondée en 2004, à la veille des JO d’Athènes.

des entreprises qui font partie de cette alliance et qui relèvent de tous les secteurs de la création culturelle — design, management culturel, publicité, investissement, production cinéma et de TV, architecture — est de promouvoir la culture chinoise tout en gagnant de l’argent. Nous avons déjà un espace dans la tour Gehua Connexions : Pourquoi avez-vous fondé l’alliance pour les industries créa- à Pékin et nous allons ouvrir prochainement un nouvel espace au tives ? Stade des travailleurs, toujours à Pékin. Y seront organisés des évéSu Tong : Il s’agit de la première alliance d’entreprises chinoises dont nements à partir de la synergie entre entreprises membres, qui l’objectif est de promouvoir le concept « created in China ». En août pourront profiter à titre provisoire de bureaux mis à leur disposition 2004, pendant les jeux olympiques d’Athènes, et de cafés et de restaurants déjà présents dans le nous avons organisé la première expo de pho- « Depuis Stade. Notre concept de synergie se rapproche de la tographies sur ce thème. Notre mission consiste 2009, avec conception d’un lieu comme « Dashanzi Art District à aider les secteurs traditionnels, qu’il s’agisse de 798 », mais, alors que dans « 798 » chaque entité — fabrication ou de service, à intégrer le concept de le plan de galerie, restaurants, ateliers d’artistes — fonctionne relance de créativité dans leur démarche. Dans la province séparément, dans notre projet, c’est l’Alliance qui de Hunan, par exemple, nous avons aidé, à la de- la créativité, coiffe toutes les activités. mande de la municipalité de Liling, l’industrie de C. : Etes-vous la seule Alliance en Chine à développer ce le commerce la porcelaine traditionnelle, qui était moribonde, travail de réunification sous un même chapeau ? à repartir. Nous avons favorisé sa promotion à culturel est S. T. : Non. Ces alliances pour la créativité, qui peul’occasion des jeux olympiques d’Athènes et de encouragé vent prendre différentes formes, existent dans toute Pékin. Nous les avons aidés à faire revivre des pro- par les la Chine et s’intègrent dans une politique nationale cédés et des techniques disparus. lancée dès 2005 par le gouvernement dans le cadre autorités. » Depuis 2007, nous coopérons avec le groupe du 11e plan quinquennal pour promouvoir les inGehua development, une entreprise d’Etat sous dustries culturelles. Le projet a été repris dès 2006 le contrôle de la municipalité de Pékin, pour créer par la municipalité de Pékin, qui a financé l’espace une plate-forme internationale : l’International Creative Industries de promotion pour la créativité chinoise que nous gérons dans la Alliance Beijing (ICIA) qui veut promouvoir le design chinois à tour Gehua. Officiellement, la politique de soft power chinoise a l’étranger. Nous avons adopté le statut d’entreprise sociale. Le but été lancée en 2007 pendant le 17e congrès. Pour la première fois, 98 Connexions / mars 2010


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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

A l’intérieur du très select club des créateurs de Pékin, situé dans la tour Gehua. 在北京歌华大厦里国际文化创意产业联盟旗下的顶级会所

le président Hu Jintao a mentionné la nécessité d’augmenter le soft power culturel de l’Etat. En 2009, un projet de la relance de l’industrie culturelle a été mis en place.

C. : Concrètement, quels produits et quelles images de la Chine voulez-vous promouvoir à l’international ? S. T. : Il y avait autrefois une forte influence chinoise en Europe, no-

teurs chinois qui ont manqué d’occasions de faire leur preuve. Mais c’est en train de changer. La tendance au développement est forte. La culture chinoise n’est pas une culture nationale unique, elle est mélangée, diverse. Beaucoup d’éléments sont venus de l’étranger (Mongolie, Inde…). Il n’y a pas encore de rêve chinois mais nous sommes en train de le construire.

tamment au XVIIe et XVIIIe siècle. Aujourd’hui, la Chine recommence seulement à diffuser sa culture à l’étranger. L’effort n’est pas suffisant. Depuis 2009, avec le plan de relance de la créativité culturelle, le commerce culturel est encouragé. Mais il est encore trop tourné vers l’intérieur. Il s’adresse au marché domestique plutôt qu’international. Le secteur des industries créatives manque d’ambition pour exporter ses produits et n’est pas assez conscient du soutien qu’il pourrait apporter à la politique de soft power du gouvernement. Il y a des progrès cependant, d’année en année.

C. : Pourriez-vous nous citer un emblème du design chinois qui symbolise aux yeux du monde le rêve chinois ? S. T. : Le Nid d’oiseau. C. : Mais ce n’est pas une création purement chinoise. Herzog et de Meuron, le cabinet qui l’a conçue en collaboration avec Ai Wei Wei est suisse… S. T. : J’ai du mal à vous répondre. Dans la Chine contemporaine, il n’est pas facile de trouver quelque chose qu’on peut promouvoir dans le monde entier et dont on se dise immédiatement « c’est chinois ».

C. : En France, la culture chinoise est mieux connue pour ses traditions que pour ses réalisations contemporaines. Que faites-vous pour améliorer la situation ? S. T. : Notre première mission est de promouvoir la créativité chinoi-

C. : Et Shanghai 2010, le pavillon chinois. Ne sera-t-il pas votre Tour Eiffel ? S. T. : Si, c’est un symbole de l’architecture chinoise contemporaine,

se, pour montrer comment la Chine peut contribuer à la culture mondiale. Notre deuxième mission est de promouvoir le design pour remplacer le « made in China » par le « created in China ». On est encore loin du but, mais, en 2008, la ville de Shenzhen a été couronnée comme « ville UNESCO de design », dans le cadre du Réseau des villes créatives de l’Organisation des Nations-Unies1. Pékin et Shanghai sont aujourd’hui candidates. Jusqu’ici, nous avons beaucoup copié et pas assez créé. Peut-être parce que les investisseurs n’ont pas fait assez confiance aux créa-

même s’il est d’inspiration très traditionnelle avec sa couleur rouge et la structure impériale de son toit, et son architecte en chef, He Jingtang, est chinois2 !

Propos recuei l l is pa r A n ne Ga rrig ue

L’UNESCO a motivé sa récompense par sa volonté de récompenser le dynamisme des industries du graphisme et du design industriel de Shenzhen, le développement rapide des secteurs du contenu numérique et du design interactif en ligne, les solutions innovantes dans le domaine du conditionnement alliant techniques de pointe et le respect de l’environnement, l’intégration du design au cœur de sa stratégie de transformation urbaine. 2 He Jingtang, 72 ans, concepteur en chef du pavillon chinois est membre de l’Institut d’architecture de l’Université de Technologie de Chine méridionale et de l’Académie d’Ingénierie de Chine 1

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专栏

Portrait d’une génération d’architectes designers Ils ont entre 35 et 55 ans et innovent sur le premier marché mondial de la construction. Jérémie Descamps, urbaniste. Enfant à Hong Kong où son père travaillait dans les travaux publics, Jérémie Descamps, après des études de chinois à Paris et en Chine (Canton et Harbin), puis un troisième cycle d’urbanisme à Paris, a travaillé dans une école d’architecture (Paris Malaquais) qui venait d’ouvrir une convention avec l’Université de Tsinghua, puis avec Françoise Ged à l’Observatoire de la Chine à la Cité de l’architecture pendant deux ans. Il a ouvert en 2007 un cabinet d’urbanisme à Pékin, Atelier Huitième périphérique. Connexions : Que représente, à l’échelle de la Chine, la nouvelle génération d’architectes chinois que vous rpésentez dans votre ouvrage Positions ? Jérémie Descamps : Positions est le catalogue d’une exposition organisée à la Cité de l’architecture et du patrimoine en 2008. Il vient après quinze ans de recherches et de liens avec des institutions chinoises. Françoise Ged et Frédéric Edelman sont allés à la rencontre des acteurs pour connaître leur philosophie.Tous les projets présentés sont des projets réalisés. Mais il faut reconnaître que ce mouvement pour une architecture plus exigeante est encore embryonnaire. Les architectes que nous avons présentés espèrent que leur exemple permettra un progrès par contamination. C : Peut-on revenir sur les premiers pas de cette génération ? J. D. : A la fin des années 90, des agences internationales de renommée mondiale avaient participé à des concours internationaux assez politiques pour prendre pied en Chine. Comme elles avaient besoin d’un relais, des architectes chinois les ont rejoints et se sont fait

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connaître. Puis, certains ont ouvert leur propre agence. Beaucoup d’entre eux avaient étudié à l’étranger, en Europe ou aux Etats-Unis. Dans cette génération, qui a 35-45 ans, certains noms commencent à être connus. Yung Ho Chang, dirige le département d’architecture du MITI. Il a aussi sa propre agence en Chine Atelier Feichang Jianzhu. Ma Qing Yun, directeur de MADA s.p.a.m. à Shanghai, dirige aussi le département d’architecture de l’université de Californie du Sud, à Los Angeles. Le travail de Wang Shu (Amateur architecte studio) basé à Hangzhou est particulièrement suivi par les critiques étrangers. C. : Qu’est-ce qui caractérise précisément cette génération ? J. D. : Dans un univers où l’on construit à tour de bras des blocs posés n’importe où, elle a en commun le souci de réaliser des projets qui prennent en compte l’environnement et la dimension locale. Quand on leur demande quel rapport existe entre la tradition chinoise et leur création contemporaine, ils répondent que c’est en puisant dans les savoir-faire et les spécificités locales, en cherchant des liens aux paysages, à la trame existante, à l’histoire d’un site qu’ils établissent cette filiation. Une autre caractéristique de cette génération est sa flexibilité. Qi Xin, architecte à Pékin, qui a longtemps vécu en France, dit qu’il travaille en Chine « dans un paysage incertain » en « tenant compte des aléas de la maîtrise d’œuvre et d’ouvrage ». Cette génération d’architectes commence à avoir son mot à dire face aux promoteurs et aux maîtres d’ouvrage, mais elle n’a pas, comme en Europe, la haute-main de la conception à la réalisation. Il lui faut faire preuve de souplesse, savoir négocier avec les commanditaires et les maîtres d’ouvrage

dont certains sont innovants. Ainsi Zhang Xin et Pan Shiyi de Soho ont fait appel à Ma Qing Yun pour le Guanghua Road Soho et à Cui Kai pour le Soho New Town. Dans l’ensemble, cette génération a pourtant réalisé peu de projets à grande échelle, à cause de la taille encore réduite de ses agences. Ce sont les instituts (avec plusieurs centaines d’employés) liés aux autorités locales ou aux universités qui occupent le terrain. Certains architectes ont des doubles casquettes : Cui Kai, un des pionniers de cette génération, est à la tête de l’Institut d’architecture de Chine tout en dirigeant aussi une petite agence plus expérimentale. Pour pallier les problèmes d’échelle, cette génération fonctionne aussi en réseau, en synergie. Il lui arrive de prendre collectivement des projets en attribuant des lots. Reste qu’elle ne représente encore qu’une goutte d’eau dans l’océan d’une gigantesque demande. C. : Etant donnée l’énorme demande, que leur manque-t-il encore pour devenir une référence mondiale ? J. D. : Rattraper le temps de la transmission. Il n’y a pas encore eu une génération complète d’architectes designers. On enseigne encore en université avec des méthodes anciennes pour former des exécutifs. La Révolution culturelle a tout arrêté pendant 10 ans. La formation a repris dans les années 80, au moment de l’explosion urbaine. Tout a dû se faire en même temps. Comme l’économie fonctionne grâce à coups de grands projets, les architectes fraîchement diplômés rejoignent les rangs des gros instituts qui construisent sans finesse. On entre pourtant dans une époque de réalisations plus qualitatives, avec plus de réflexion sur le territoire. Il y a de bons magazines (Urban China, ideal space) des sites Internet, une vie critique

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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Villa Shizilin (Pékin). Atelier Feichang Jianzhu, 2003. Chefs de projet : Chang Yung Ho et Wang Hui. 北京柿子林会所,2003年,非常建筑。建筑

Village-hôtel de la vallée de jade (Liantian, Xi’an). Agence MADA spam, 2008. Chef de projet : Ma Qing Yun. 玉山酒馆(西安蓝

师:张永和、王晖。

田),2008年,马达思班。建筑师:马清运。

Siheyuan Aire (Pékin). Qi Xin architects and Engineers, 2007. Chef de projet : Qi Xin. 似合院(北京),

Village de la Commune de la grande muraille (Pékin). Split House, 长城脚下的公社——二分宅,建筑师:张永和 Chang Yung Ho.

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师:齐欣。

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2007年,齐欣建筑。建筑

Village de la Commune de la grande muraille (Pékin). «See» and «Seen» House, Cui Kai. 长城脚下的公社: 三号别墅《看与被看》,建筑师:崔凯

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DOSSIER

专栏 qui débute timidement •••  des raisons politiques. D’autre

L’Opéra national, conçu par Paul Andreu, est devenu un emblème de la capitale chinoise. 保罗.安德鲁设计的国家歌剧院已经成为中国首都的象征性建筑

Hier, la Chine montrait sa grandeur depuis les pavillons de la Cité Interdite ; aujourd’hui, elle le fait à partir des fauteuils de l’Opéra national. « La Chine a besoin d’ouvrages exceptionnels pour montrer au monde ce qui se passe dans le pays » affirme Tang Jun, architecte en chef du cabinet français Arep à Pékin. « Le thème de l’Expo 2010 en est le dernier exemple. Aujourd’hui chaque ville cherche à construire une nouvelle identité grâce à la construction d’un opéra, d’un musée ou d’un centre culturel », ajoute Zhou Wenyi, associée du cabinet Arte Charpentier à Shanghai. Récemment, le nombre d’architectes étrangers installés en Chine a beaucoup augmenté. Les cabinets français, italiens, allemands, anglais et même indiens fleurissent dans le pays. La Chine était, à la fin des années 1990, une terre vierge et l’ambition créatrice étrangère est regardée avec beaucoup d’estime. « Ici, il faut toujours apporter une valeur ajoutée, un savoir-faire inspirant et faire preuve de capacité d’évolution », explique Fleur des Diguères, directrice générale de Arep en Chine. En effet, être architecte en Chine implique une façon de travailler différente. « Ce que peut faire un architecte chinois est limité, explique Tang Jun, car il ne doit pas imaginer quelque chose de trop difficile à mettre en place pour la structure, l’architecte et l’ingénieur technique travaillant séparément ». La créativité est cantonnée à la production d’un dessin. L’innovation est souvent 102 Connexions / mars 2010

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Les architectes étrangers en Chine

freinée par des obstacles pragmatiques. Par contre, aux étrangers, tout, ou presque, est permis car ils sont là pour « apporter de nouveaux concepts, technologie ou méthodes et les mettre en pratique » explique Tang Jun. « Les étrangers sont attirés en Chine par la variété de secteurs où peut s’exercer leur créativité» ajoute Fleur de Diguères. Fascinés par les éléments de l’architecture traditionnelle chinoise, tel que le fengshui, ils s’en inspirent pour donner une identité à leur projets. « Pour les Chinois c’est beaucoup plus difficile d’harmoniser tradition et modernité, car constamment baignés dans des éléments traditionnels, ils sont moins enclins à les utiliser » selon Tang Jun. Pourtant, l’architecture chinoise se renouvelle et l’on voit émerger de jeunes talents. « Il y a une grande évolution en Chine concernant la créativité, la modernité et l’image de l’architecture chinoise, explique Zhou Wenyi . Ceci concerne aussi bien les auteurs de projets que ceux qui prennent les décisions ou réalisent les projets ». Certains jeunes cabinets made in China sont désormais connus dans le monde entier. « On voit arriver une nouvelle génération d’architectes, dont certains ont suivi des formations à l’étranger. Ils commencent à trouver un style en rapport avec leurs origines culturelles, mais ils manquent parfois d’expérience sur les détails, et leur façon de considérer l’architecture comme des « folies » gagnerait à être maitrisée. ».

Antonia Cimini

pour part, beaucoup de villes chinoises ont terminé la planification de leur schéma directeur et reviennent sur les détails où les architectes ont un rôle important à jouer. C’est cela qui intéresse d’abord cette génération : travailler avec les autorités locales sur le tissu urbain. Quant au retentissement international de cette génération, même si ses membres ne sont pas encore aussi connus que Rem Koolhaas ou Kengo Kuma, le fait que Yung Ho Chang et Ma Qing Yun soient à la tête d’établissements internationaux prestigieux, est la preuve de son influence croissante. Celle-ci s’est opérée d’abord par le biais des Ecoles d’architecture chinoises et occidentales, qui, depuis une décennie, ont largement accru leurs échanges. Ainsi en France, ont eu lieu des ateliers de travail entre étudiants et professeurs chinois et français au cours desquels l’étude du contexte urbain chinois — territoires à grande échelle, contraintes démographiques, temps de conception très courts, aléas de la maîtrise d’ouvrage... — ont modifié petit à petit la vision occidentale de fabrication de projet. Cela va de pair avec l’évolution urbaine globale. Des villes comme Dubai, Pékin ou Shanghai, où tout semble possible a priori, renouvellent l’approche classique du rôle de l’architecte, de la maîtrise d’ouvrage, le processus de projet… Le projet d’architecture n’est plus tellement considéré comme une œuvre à part, mais comme le composant de vastes puzzles urbains, aux acteurs et possibilités multiples. Avec la globalisation de ces modes de fabrication de la ville, les architectes chinois auront alors peut-être des réponses et des solutions à exporter, puisqu’ils tentent déjà de trouver des solutions pour leur propre pays.

Propos recueillis par Anne Garrigue . Positions, portrait d’une nouvelle génération d’architectes chinois, catalogue de l’exposition conçue et réalisée par la Cité de l’architecture et du patrimoine / Institut français d’architecture, textes Frédéric edelman et Jérémie Descamps 2 . China architecture and design research group 1


Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Artisanat d’art

Christofle collabore avec des artistes chinois Fer de lance d’un artisanat français haut- Christofle qui a choisi d’inviter la Chinoise de-gamme de réputation internationale, Wang Xiaohui pour dessiner une pièce l’argentier Christofle s’intéresse depuis pour la marque. Formée à l’Université de longtemps à des techniques bien Tongji à Shanghai dans les années 1980, chinoises. « Nous utilisons déjà la laque Wang Xiaohui est une artiste qui touche de Chine », explique ainsi le directeur de à tout, aussi bien à la photo, à l’art, qu’au Christofle en Chine, Benjamin Bilteryst. design extérieur ou à la sculpture. Mais Jusque-là, l’orfévre utilisait cette matière, c’est sans doute pour ses sculptures et ses peintures qu’elle est le chinoise par excellence, pour ses bijoux, essentiel « Les villages plus reconnue. « Cela fait deux ans que nous nous l e m e n t ,   e t l a c o l l e c sommes liés d’amitié. Son tion «  laque de Chine » c artisanaux travail sur le symbolisme ompte déjà de nombreux comme m’avait alors interpellé », articles mais l’usage  de cette technique ancestrale Jingdezhen confie Benjamin Bilteryst. pourrait s’étendre à d’autres se font Conquis, le Français avait produits de la gamme. alors parlé de l’artiste rares.» « Nous avons des projets chinoise. « Et le siège à Paris avec un fabricant pour s’est montré intéressé », travailler la laque de Chine, sur des boîtes raconte le directeur. La collaboration s’est ou sur des plateaux notamment », précise dès lors rapidement mise en place. Une le responsable français. fois l’oeuvre réalisée par Wang Xiaohui, les Chrisofle ne cache ainsi pas son attirance orfèvres de la marque ont travaillé à partir pour l’artisanat chinois qui tend pourtant d’un moule de l’artiste pour reproduire à disparaître, la conversion du pays à la la sculpture. Elle est aujourd’hui exposée modernité ayant souvent emporté avec dans la boutique-phare de la marque à elle de précieux savoir-faire. Certaines Shanghai, située sur la célèbre Huashan régions de Chine font toutefois encore lu, aux abords de la concession française. de la résistance. Au sud de Shanghai, par Christofle a l’habitude de travailler avec exemple, à Jingdezhen, se trouve une des artistes ou des designers de renom, véritable expertise ancestrale. La petite à l’instar d’Andrée Putman ou de Ora Ïto. Il ville de la province de Jiangxi, près de la est dès lors peu étonnant que la marque frontière avec le Zhejiang, est spécialisée ait montré de l’intérêt pour une artiste depuis presque deux mille ans dans le chinoise, d’autant que l’orfèvre n’en est travail de la céramique et de la porcelaine, pas à sa première collaboration avec la qui ont pris leur réel essor il y a un Chine. « Nous avions déjà travaillé avec millénaire. La ville compte un institut de un artiste hongkongais pour une œuvre Céramique et est même considérée au intitulée Main dans la main, représentant niveau mondial comme la capitale de la deux mains qui s’entrelacent », rappelle porcelaine passée et présente. Benjamin Bilteryst. Des berceaux artisanaux comme Cette année, Wang Xiaohui a aussi Jingdezhen se font cependant de plus en réalisé un marque-page en argent plus rares face à l’industrialisation du pays pour Christofle. Un clin d’oeil au travail et les meilleurs porte-paroles du savoir- d’écrivain de l’artiste chinoise, qui vient faire chinois restent les artistes locaux. Une de rééditer son livre Mon journal intime réalité dont a bien conscience l’argentier visuel – 15 ans en Allemagne, qui devait

L’artiste chinoise Wang Xiaohui réalise des modèles pour Christofle. 中国艺术家王小

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A travers les vitrines de l’orfèvre de luxe se diffusent savoir-faire et création contemporaine.

慧为法国昆庭完成了几款设计

sortir au moment de la foire du livre de Francfort. La Shanghaienne a ainsi vécu de longues années à Munich, où elle a gardé des attaches. Mais au-delà de l’écho donné à sa plume, le marque-page commercialisé par l’argentier français est un emprunt au symbolisme chinois. Il y a d’abord le lotus, très présent dans le bouddhisme. « Le lotus, c’est la plante qui se régénère même si elle croît dans la boue », précise le directeur de Christofle en Chine. Il y a ensuite le chiffre « cinq », symbole de bénédiction. Chaque boutique de Christofle dans le monde choisit les collections qu’elle décide d’exposer, mais après Shanghai, Benjamin Bilteryst « espère qu’il y aura un rayonnement » des œuvres de Wang Xiaohui. L’art chinois pourrait alors se propager au niveau international à travers les vitrines de l’orfèvre de luxe.

Julie Desné

www.wangxiaohui.com Connexions / mars 2010 103


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专栏

Un défilé Vivienne Tam, une des premières stylistes chinoises dont la notoriété a dépassé l’Asie.

谭燕玉的时装秀,她是国际顶尖的华裔时装设计

师之一,其知名度已超出亚洲。

Mode : petits designers deviendront grands Encore inexistante dans l’univers très select de la haute-couture, la Chine connaît un réveil créatif depuis les années 2000, encouragé en haut-lieu. En Chine, la mode n’est jamais qu’un reflet des rebondissements de l’histoire. Sous Mao, les Chinois disaient d’un vêtement qu’il fallait « le porter neuf pendant trois ans, usé pendant trois autres années et rapiécé pendant encore trois autres »... De la qipao mandchoue, considérée sous la République comme la quintessence de la féminité, au costume Sun Yat-sen et autres tricots albanais, des robes fleuries en coton 104 Connexions / mars 2010

importé d’URSS jusqu’à l’océan gris-kaki de la Révolution culturelle, chaque période politique a imposé son style. Il aura fallu attendre l’ère des réformes pour que la mode ne soit plus considérée comme un concept « bourgeois » et pour voir ressurgir fantaisie et couleurs. Désormais, les Chinois n’auront plus besoin de bons pour acheter trois à quatre mètres de tissu par an. Place au polyester, aux pattes d’éléphant, aux

costumes occidentaux, aux mini-jupes, bref « aux styles ». Trente ans après, le paysage s’est étoffé. Les facs de mode ont fleuri, et la profession s’organise : modélistes, stylistes, experts en marketing de mode se dotent de représentants, tandis que des jeunes créateurs apparaissent, prêts à en découdre avec l’étranger. C’est pour former ces jeunes pousses que la célèbre école Esmod, créée en 1841 par le


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 tailleur de l’impératrice Eugénie, s’est installée à Pékin en 2004. « La Chine est encore cataloguée comme un pays façonnier mais elle entend bien monter en gamme », commente Zora Gérault, directrice de l’école à Pékin. Preuve que les choses bougent : des dizaines de concours sont organisés chaque année, avec à la clé de coquettes bourses. Certes, la robe portée l’an dernier par Dong Qing, célèbre animatrice du gala du Nouvel An sur CCTV, a créé la polémique sur internet. Copiée ? Pas copiée ? Certes aussi, Zora Gérault trouve les vêtements de ses étudiants trop « passe-partout » à son goût. « Leur créativité n’est pas encore débordante, mais ils ont grandi avec beaucoup moins de couleurs qu’en Occident. Inconsciemment, ça joue. » Lu Liu1, 29 ans, appartient justement à la nouvelle génération des créateurs de mode. Comme beaucoup de ceux qui ont percé avant elle (Vivienne Tam, Sue Wong, Ma Ke), elle quitte son Pékin natal à 16 ans pour une pension en Suisse, avant d’étudier le stylisme à Paris, puis à la prestigieuse Parsons School de New York. Depuis, elle a ouvert sa boutique à Shanghai il y a deux ans, mais rien n’est facile. « La mode chinoise n’est pas encore mature. Chacun crée de son côté et personne ne sait dans quelle direction aller. » De fait, si beaucoup de designers chinois sont invités à montrer leurs créations à l’étranger, le succès commercial n’est pas toujours au rendez-vous. Pauline Su, viceprésidente de l’Association de la Mode de Chine, explique que les créateurs ne manquent pas (plus de 200 studios à Pékin), mais qu’ils travaillent souvent dans des petites structures et pour un cercle restreint de clients. « Sauf exception, les marques des créateurs chinois ne sont pas très connues en Chine et sont loin d’avoir le prestige de leurs homologues étrangères. » En attendant, tous les grands noms de la haute-couture se sont inspirés de la Chine. Tous aussi lorgnent sur le marché chinois, troisième pour le luxe. Cette année, Armani ouvrira 25 magasins en Chine, Hermès va lancer une marque en Chine et Chanel a ouvert une boutique amirale à Shanghai. Hélène Duv ig neau 1

http://lu1228.360fashion.net/

Un “glamour” de Chine

Depuis l’avènement des pieds bandés, l’un des critères de beauté féminins qui critère esthético-érotique lancé à la cour domine avec la peau, est d’avoir une impériale et pratiqué pendant plus de longue et soyeuse chevelure noire. mille ans jusqu’au glamour hollywoodien, L’explosion du marché des cosmétiques en passant par l’asexualité du maoïsme (+10% par an selon le China Beauty Salon), triomphant, l’idéal féminin chinois a par ailleurs aidé les Chinoises à affirmer apparaît une succession d’avatars. Sauf leur beauté. Dans les années 1990, Yu Sai sous l’ère Mao, un critère n’a pourtant pas Kan, Américaine née en Chine, avait déjà changé, hérité de la poésie traditionnelle : cassé la baraque en lançant une marque de la peau des femmes doit être claire, lisse et cosmétiques adaptés aux caractéristiques pure comme le jade. La peau mise à part, faciales et au grain de peau chinois. Elle où en sont les Chinois avec leur beauté ? avait même lancé une wawa (poupée) « Les Chinoises, qui prenaient encore pour anti-Barbie : Yu-Sai. « J’ai permis aux modèle l’Européenne aux yeux larges il y Chinoises, bien avant mes concurrents, a dix ans, reviennent aujourd’hui vers des de concilier la spécificité asiatique avec la modèles plus asiatiques », technologie occidentale », observe Zhenzhen Lan, explique-t-elle. « Les vice-présidente Parallèlement, de L’Oréal Chine. Avec la Chinoises l’avènement de Gong Li mondialisation, les influsur le grand écran dès ences sont par ailleurs reviennent la fin des années 1980, de plus en plus variées. vers des puis de Zhou Xun et « Chaque femme cherche Zhang Ziyi, a contribué le style de beauté qui modèles plus à populariser la beauté lui convient le mieux asiatiques.» chinoise hors frontières. parmi tous ceux qui lui Chez les hommes, ce sont sont offerts, poursuit la surtout les acteurs de spécialiste. Quant aux jeunes, ils n’hésitent Hong Kong (Tony Leung, Andy Lau) ou pas à teindre leurs cheveux en blond et d’origine hongkongaise (Daniel Wu), qui revendiquent le droit d’être acceptés tels se sont fait remarquer. qu’ils sont. » Mais si les stars chinoises gagnent de Si les Japonaises ou les Coréennes sont l’influence, y compris dans le sport, sontcertes très imitées, les mannequins des elles pour autant devenues l’armée de magazines féminins sont encore à 50% charme de la Chine ? D’après Hong Huang, occidentaux. Le mensuel Beauty ouvre éditrice, bloggeuse et animatrice d’une ainsi son numéro de février avec une pub émission télé, la Chine aurait bien besoin Estée Lauder montrant Gwyneth Paltrow d’une telle « armée », et de citer la phrase en tenue fine. Au milieu, une feuille volante d’un professeur de Beida, prononcée en vante les mérites des opérations des 2006 : « Un Yao Ming, une Zhang Ziyi sont seins, très en vogue chez les diplômées plus efficaces que dix mille Confucius ». ayant des économies. Double paupière, Une idée qu’elle applique à la lettre nez plus étroit, pommettes arrondies… puisque son magazine iLook, sorti pour les améliorations recherchées ne sont pas la première fois à Taiwan en janvier, fait très asiatiques. sa couverture sur Zhang Ziyi. « C’est notre Autre illustration, caricaturale, de la contribution au soft power chinois. ». popularité des beautés occidentales : Reste que cette armée de beaux et belles quand Mattel a ouvert en 2009 son ne se laisse pas si facilement enrôler. Pour magasin de six étages à Shanghai, les des raisons de cœur, Gong Li est devenue trentenaires n’étaient pas les dernières singapourienne. Quant à Zhang Ziyi et à se précipiter. Or 90% des Barbie en Zhou Xun, elles ont obtenu la citoyenneté stock étaient blondes aux yeux bleus. hongkongaise, cette fois pour des « Chaque Shanghaienne veut être une raisons pratiques. Dernier « transfuge » princesse », expliquait une jeune femme en date : le bébé de Yao Ming, bien à un journaliste du Hufftington Post. Mais parti pour naître aux Etats-Unis, donc toutes les Chinoises ne se rêvent pas en devenir citoyen Américain. Barbie et font clairement la différence H. D. entre fantasme et réalité. A titre d’exemple,

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专栏

L’essor des marques chinoises Même si la réputation du « made in China » ne décolle pas en Occident, quelques marques chinoises ont pourtant réussi à s’imposer comme des références dans leur secteur. Les autres attendent leur heure, se concentrant pour l’instant sur le marché intérieur. Google, L’Oréal, Nike, Nokia, Canon, BMW... tation de soi » lors des JO a été mis cruelLe classement BrandZ 2009 des 100 mar- lement en échec par le scandale du lait ques mondiales les plus puissantes réalisé contaminé. Or l’image d’un pays a un effet par le cabinet Millward Brown1, reflète sans halo pour ses marques. surprise la domination des marques oc- A la rescousse du « Made in China » cidentales, notamment américaines. Nu- Pour redorer le blason de son industrie, méro 7, China Mobile est consacré comme durablement écorné par des scandales premier opérateur mondial de téléphonie à retentissement international, dont les mobile. C’est aussi la seule entreprise chinoi- épisodes ne sont pas toujours clos, Pékin se, hors secteur bancaire, à figurer dans la a lancé fin 2009 sur CNN une campagne liste. S’il ne mesure pas la renommée directe de sauvetage du made in China. Pendant 4 des marques, ce classement traduit malgré mois un spot de 30 secondes explique aux tout la difficulté des marques chinoises à téléspectateurs américains que les articles rayonner hors frontières. chinois sont aussi « Au village, sans prétention, j’ai «Pendant fabriqués « avec le mauvaise réputation », chantait quatre mois, un monde ». Made in Brassens. Serait-ce à cause de China, les baskets styspot de trente la mauvaise réputation qui, lées de Nike seraient elle aussi, colle à l’étiquette secondes peu de chose, explides produits chinois, que le fa- explique aux que la pub, sans la bricant d’appareils électromé« technologie sportéléspectanagers Haier a choisi un nom tive américaine ». Jusqu’à présent, à consonance allemande ? teurs Pourquoi un produit made in américains que Pékin ne s’était pas China serait-il a priori moins les articles vraiment démené bon qu’un autre fabriqué en pour aider les fourchinois sont Indonésie ou au Mexique si nisseurs chinois de ce n’est pour des questions aussi fabriqués marques étrangères, mais l’arrivée de la d’image ? Selon l’étude made avec le monde. » in China 2008 réalisée par le crise a sans doute cabinet Interbrand auprès de rendu l’exercice plus 700 professionnels non-chinois, seuls 6% urgent. Paradoxalement, explique le blogdes sondés affirment « aimer acheter des geur Kaiser Kuo sur Youku, le spot pourrait marques chinoises » et 68% jugent que le avoir un effet contraire en renforçant l’idée made in China nuit au développement de que l’atelier du monde est en Chine. ces marques. Malgré la couverture mondia- Toujours est-il que pour l’instant, leur princile des produits chinois, les marques, elles, pal atout, à savoir des prix compétitifs, perd n’ont donc pas encore conquis le cœur et son aspect positif dans la mesure où il est l’esprit des consommateurs étrangers. souvent associé à une qualité médiocre ou L’effet loupe lié aux JO et à son statut de à un risque pour la santé. Selon l’enquête grande puissance émergente a par ailleurs d’Interbrand, les marques chinoises renconeu tendance à se retourner contre la Chine. trent quatre types d’obstacles à l’étranger : Ainsi, l’exercice remarquable de « représen- la réputation de mauvaise qualité (80%), 106 Connexions / mars 2010

l’absence d’avantages compétitifs en dehors du prix (53%), le ressentiment antichinois (45%) et une mauvaise communication (31%). Sans travail sur leur personnalité, comment attirer en effet des consommateurs étrangers ? Mais ces marques ont-elles vraiment besoin de s’exporter en leur nom sur des marchés occidentaux déjà archi-mûrs ? « Pas forcément », répond Nathalie Bastianelli, experte en marketing ancienne directrice générale de Havas Sports Chine, pour qui les opportunités de développement se situent en priorité sur le marché intérieur. « Certains secteurs, comme l’automobile, sont saturés à l’international, alors que le marché domestique est en plein boom, obligeant les marques chinoises à bâtir des stratégies coûteuses d’innovation, d’alliance ou de rachat si elles veulent exporter. La décision de se concentrer sur la Chine n’a rien à voir avec le fait qu’elles soient chinoises. » Shopping hors frontières Depuis l’entrée de la Chine à l’OMC en 2001, les rachats ou tentatives de rachat parfois spectaculaires de fleurons étrangers se sont multipliés. Après avoir engrangé du capital sur le marché domestique, les entreprises chinoises rachètent hors frontières pour sauter des étapes technologiques. Fusion TCL-Thomson en 2004, rachat de la division PC d’IBM par Lenovo en 2005, ou du Suédois Volvo (propriété de Ford), par Geely, encore inconnu en Occident… Très médiatisées, ces emplettes ne sont pourtant pas toujours couronnées de succès. Parfois précipitées, réalisées à l’initiative d’acteurs pas toujours préparés, elles reflètent néanmoins un appétit croissant d’internationalisation. A l’exemple de Lenovo, propulsé numéro 4 mondial en ventes de PC, les percées de marques chinoises à l’étranger existent, même si elles ne sont pas toujours connues


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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Lenovo, Buy your Dream, Li Ning, Haier, Tsingtao et China Mobile… les marques chinoises affichent des ambitions internationales. 联想、比亚迪、李宁、海尔、青岛啤酒、中国移动等中国品牌彰显出国际化雄心。

du grand public. « Parmi les firmes chinoises qui émergent et conquièrent des marchés avec de gros moyens financiers, on trouve les grandes sociétés d’Etat, dans l’énergie notamment », explique Vladimir Djurovic, fondateur de Labbrand2, un cabinet de conseil pour les marques. L’exemple de l’équipementier télécoms Huawei, devenu en peu de temps, numéro 2 mondial dans le secteur des réseaux mobiles (avec 20% des parts de marché 2009) et la bête noire d’Alcatel Lucent, est très frappant. Que dire aussi de CNPC (China National Petroleum Corporation), partenaire des JO, qui a gagné fin décembre le contrat d’exploitation d’un champ pétrolier irakien avec le quatrième groupe pétrolier Total en partenaire minoritaire (25%) ? Bâtir des marques fortes Outre les exemples de marques dites « ethniques » diffusées auprès de la communauté des Chinois de l’étranger, telle la bière Tsingtao, on trouve aussi des exemples

d’acteurs privés, tels Haier et Li Ning, qui ont misé dès le départ sur la construction d’une image de marque auprès des consommateurs étrangers. « Ce sont des stratégies conscientes et professionnelles, souligne Olivier Vérot, expert en marketing et auteur du blog « Marketing en Chine »3. En travaillant sur l’innovation, Haier a réussi à s’imposer — aidé, il est vrai, par sa JV avec Liebherr — dans les réseaux de distribution occidentaux. « Il a innové sur les fonctionnalités en ciblant le public étudiant et s’est donné pour mot d’ordre « Détruisez ce qui n’est pas de bonne qualité », note Vladimir Djurovic. Quant à Li Ning, ancien gymnaste triple médaillé olympique aujourd’hui patron d’une marque de vêtements de sport éponyme, il a réalisé un coup de maître en allumant la vasque olympique lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Certes, son logo imite le Swoosh de Nike et son slogan « Anything is possible » rappelle le « Impossible is nothing » d’Adidas, mais Li Ning ne

s’en soucie guère et affiche ses ambitions internationales. « Il a compris qu’il lui fallait multiplier partenariats et publicités à grande échelle pour gagner en crédibilité », observe Nathalie Bastianelli. Accord avec l’ATP (tennis) ou avec la star du basket Shaquille O’Neal, contrat de sponsoring avec le club de foot Espagnol, ou même avec la Caisse d’Epargne… Li Ning sème ses graines. L’arrivée d’une nouvelle génération d’entrepreneurs, jeunes et polyglottes, va sans doute renforcer à l’avenir l’influence des marques chinoises à l’étranger. Dans l’automobile, BYD créé le buzz avec son e6 100% électrique, tandis que le patron d’Aigo, société high-tech de produits multimédia, se rêve déjà en Samsung. Et si les marques chinoises suivaient la voie de leurs cousines coréennes ou japonaises ?

Hélène Duvigneau

Réalisé chaque année, le classement BrandZ évalue les marques en fonction de leur potentiel de création de valeur financière. Il s’appuie sur les chiffres rendus publics par les entreprises et sur l’appréciation de leurs clients. 2 www.labbrand.com 3 Blog : http://www.marketing-chine.com/ 1

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DOSSIER

专栏

Benjamin Joffe est fondateur et CEO de Plus 8 Star.

La Route de la soie numérique

Benjamin Joffe est Pdg d’un cabinet d’études stratégiques spécialisé sur le marché Internet et télécom en Asie de l’Est (Chine, Japon, Corée). Il observe attentivement la zone depuis une dizaine d’années et est impliqué dans deux startups dans le domaine du social gaming et de l’« expertcrowdsourcing ». Dans son secteur, l’innovation en matière de modèles d’affaires (business model) est souvent originaire d’Asie.

Connexions : Peut-on parler d’innovation venant d’Asie de l’Est, et notamment de Chine, dans votre secteur Internet et Telecoms ? B. J. : Avant de vous répondre, je tiens à préciser que parler de la nationalité d’une idée n’a pas de sens. On peut seulement identifier dans quel pays une idée a réussi à trouver un marché important. Il arrive fréquemment que des idées apparaissent indépendamment dans des lieux différents dès lors que les conditions sont réunies. La plus grande difficulté est d’arriver à comprendre l’environnement qui a permis à une innovation de prospérer, de ne pas simplifier excessivement la description d’une innovation et d’éviter les stéréotypes culturels. Un exemple : si l’on dit que Tencent, le développeur de la messagerie instantanée QQ, est le « Facebook » ou le « MSN » de Chine, on n’explique rien. Souvent, il n’y a pas d’équivalent direct et l’important est justement dans les différences. J’aime la métaphore du « darwinisme technologique ». Si les premiers modèles d’affaires qui ont fonctionné dans le secteur sur la plupart des marchés étaient américains et privilégiaient la recherche d’information et les revenus publicitaires, une fois arrivés dans des écosystèmes locaux, ces modèles ont dû être adaptés et ont commencé à diverger. C’est le cas de Tencent, qui a com108 Connexions / mars 2010

mencé sur le modèle de ICQ, mais réalise maintenant 90% de ses revenus grâce aux services à valeur ajoutée, jeux et objets virtuels. Bien qu’encore très peu connue à l’étranger, — et encore plus mal comprise — Tencent est la troisième plus grande société Internet du monde derrière Google et Amazon. J’emploie aussi volontiers l’image de la « Route de la soie numérique ». Prenons l’exemple des services question-réponse. C’est Naver en Corée du Sud qui, le premier, en a fait un succès massif. Hors de Corée, il a été copié par Yahoo (Yahoo Answers), puis par Google, qui n’a pu rattraper Yahoo et a finalement renoncé. Yahoo a ensuite été copié par Baidu en Chine et les Japonais l’ont adapté directement à partir de Naver. Peu importe que Naver l’ait inventé ou pas, l’important est de noter ce qui marche, le comprendre et l’adapter quand cela peut l’être. Les idées circulent et peuvent avoir encore plus de succès hors de leur lieu de naissance…

C. : Pouvez-vous revenir brièvement sur l’histoire d’innovations venues d’Asie de l’Est ? B. J. : Pour prendre quelques exemples marquants : le modèle économique et l’écosystème technologique de l’iPhone existe au Japon depuis 1999 et NTT DoCoMo avait lancé un « apple store » dès 2001. Difficile de dire si Apple a « adapté » ce modèle ou l’a réinventé… près de dix ans plus tard ! En Corée du Sud, où le gouvernement avait beaucoup investi dans les infrastructures des réseaux, un journalisme citoyen efficace a pu se développer avec Ohmynews1. Ce site d’information sur Internet existe depuis dix ans. Il compte 40 000 contributeurs et a même fondé une école de journalisme pour former des « citizens reporters ». C’est Rue 89 dix ans avant l’heure, et Ohmynews n’a cessé d’innover. Le site a même


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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

La comercialisation des jeux en ligne est un modèle qui a fait école en Corée, puis en Chine. 网络游戏的商业运营模式在韩国兴起,然后来到中国。

contribué à élire un président alors que les médias soutenaient les partis classiques. Un modèle d’affaires qui a fait école, en Corée puis en Chine, est celui de la commercialisation des jeux en ligne. Pour se défendre contre la copie, les sociétés coréennes ont préféré les jeux en ligne sur abonnement à la vente sur étagères. Les modèles ont évolué rapidement, au fur et à mesure que montait la concurrence : d’abord le logiciel gratuit et l’abonnement payant, puis des périodes d’essai gratuites, enfin le marché des objets virtuels. Electronic Arts, un géant du jeu vidéo américain, a licencié récemment 1 500 employés et acheté pour 300 millions de dollars la société Playfish, créatrice de jeux sur les réseaux sociaux sur le modèle de free-to-play. Dans les réseaux sociaux aussi, la Corée a été très innovante puisque son service Cyworld, lancé en 1999, repose aussi sur des objets virtuels. Facebook fait encore 90% de son revenu par la publicité.

C. : Et la Chine ? B. J. : La Chine a beaucoup appris de ses voisins, après avoir été fascinée par le modèle américain. Aujourd’hui, c’est elle qui a le marché des jeux en ligne le plus développé qui représente trois à quatre fois le marché coréen). Et, sur le marché des objets virtuels, l’addition des marchés japonais, coréen et chinois représentait en 2009 plus de sept fois le marché américain, estimé à 1 milliard de dollars. En Chine, les innovations sont rarement spectaculaires, ne serait-ce que parce que l’infrastructure Internet n’est pas aussi rapide que les autres : leur haut débit ne compte que 1 ou 2 mégas alors qu’en Europe, on en est à 5 mégas et au Japon à 100 mégas. Ils viennent seulement de lancer la 3G. Mais l’infrastructure et la technologie ne sont pas tout. L’innovation peut être aussi au niveau

des concepts, des méthodes de marketing ou des aspects communautaires. En Chine, les services s’adressent plutôt à un marché de masse qui cherche du divertissement. Elles sont rarement issues de technologies de pointe très coûteuses et risquées, sauf le peerto-peer2 très développé pour répondre aux limitations de réseau et à des exigences de faible coût. En matière d’innovation, les Chinois sont des entrepreneurs pragmatiques, qui essaient en général de limiter les risques en commençant par adapter une idée qui a déjà marché ailleurs. Tencent est devenu une superstar du Net en commercialisant, pour la première fois, une combinaison de messagerie instantanée avec des services à valeur ajoutée à faible coût (musique de fond pour page perso, jeux, avatars). Elle a rajouté des jeux en ligne, des services mobiles et a résolu initialement les problèmes de paiement pour un public jeune, qui ne disposait pas de cartes de paiement, avec la diffusion de cartes prépayées. En 2009, ses revenus seront de plus de 1,5 milliards de dollars, soit environ 3 fois ceux de Facebook. La marge nette de Tencent est de plus de 40% ! Aujourd’hui, dans le domaine des jeux en ligne, neuf sociétés chinoises sont cotées en bourse alors que les sociétés occidentales (Electronique arts, Ubisoft, Atari) sont en transition pour faire face aux mutations du marché vers les jeux en ligne et les nouveaux modèles d’affaires, déjà utilisés en Asie depuis des années. C’est aussi un grand changement dans la gestion de la vie du jeu, devenu un service plutôt qu’un produit, qui a intégré dans son évolution les souhaits des utilisateurs.

C. : Qu’est-ce qui explique l’explosion de ces innovations en Chine ? Notre modèle pour l’expliquer est le « 5 C » : Copie,

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DOSSIER

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专栏

En Chine, pour les résaux sociaux, cinq grands s’affrontent, créant une concurrence qui force les sociétés à innover. 中国五大社交网站鼎立,造成的竞争迫使企业去创新。

Compétition, Contrainte, Combinaison, Chine. Dans un pays ••• qui compte de multiples compagnies pour chaque service dominant aux Etats-Unis et en Europe (la Chine compte 5 « Facebook », 3 « Yahoo », 4 « Twitter », une demie douzaine de « Meetic »), la concurrence force les sociétés à innover pour se différencier par leurs services, leurs stratégies marketing. L’innovation est souvent une question de survie, lorsque les modèles d’affaires d’origine ne fonctionnent pas. Rien que pour les réseaux sociaux, en Chine cinq grands s’affrontent : Renren (ex Xiaonei), Kaixin 001, Q zone (par Tencent), 51.com et la plupart des Chinois branchés sont présents sur plusieurs d’entre eux, parfois même sous plusieurs identités sur un seul réseau, pour des usages variés. De plus, la croissance de la Chine en a fait un pays d’entrepreneurs qui attire le capital risque du monde entier.

C. : Ces innovations sont-elles reproductibles ailleurs ? Influencent-elles le reste du monde ? Parmi les innovations identifiées, les plus intéressantes sont au niveau des concepts, des innovations marketing et des modèles d’affaires, dont un certain nombre sont adaptables à d’autres marchés. Un exemple : celui du réseau social P1, qui se concentre sur la classe moyenne montante chinoise. Pour recruter des membres, les fondateurs ont eu l’idée d’employer à temps partiel des jeunes qui proposent à des clients de galeries marchandes hautde-gamme d’être photographiés gratuitement et d’être inscrits au réseau social ! Cela permet de collecter l’email puis le numéro de téléphone mobile lors de la confirmation par SMS. L’employé à temps partiel est rémunéré 10 Rmb (1 euro) par client qui confirme son inscription, soit l’équivalent d’une heure et demi de travail au Mac Do. Un des fondateurs de ce réseau a été inspiré par un magazine suédois qui prenait des photos dans les night-clubs pour les publier sur papier et en ligne. Ce type de modèle peut être reproduit à condition de faire preuve de curiosité et de mettre de côté ses 110 Connexions / mars 2010

préconceptions pour analyser les succès asiatiques en profondeur. On en est encore loin. Le monde entier semble facilement convaincu que ce qui est américain passe partout alors que ce qui est asiatique ne marche qu’en Asie. Les sociétés asiatiques qui réussissent, les chinoises en tête, achètent maintenant des marques, du savoir-faire et des distributeurs en Occident. Tencent, Alibaba, Shanda, Haier, Lenovo, Huawei… se fondent très bien dans le paysage et avancent peu à peu, laissant leurs concurrents débattre sur l’existence d’innovation en Asie

C. : Quelle est la part du facteur culturel dans le succès de ces modèles nés en Asie de l’Est ? B. J. : A la fin des années 90, j’ai souvent entendu justifier l’avance des Japonais sur les services mobiles par des explications culturalistes : les Japonais ont une culture indirecte ; ils préfèrent écrire que parler ; ils sont tout le temps dans le métro ; ils n’ont pas de PC ; ils aiment le karaoké, le manga ; ils ont des petits doigts ! Ce sont des fautes de logique classique de confondre corrélation et conséquence ou de prendre un facteur amplifiant pour une cause. Le temps passant, on a vu apparaitre les mêmes services dans le reste du monde, plus ou moins « réinventés », quand l’écosystème atteignait un niveau comparable. On parle bien « d’air du temps », c’est certainement valable pour l’innovation. Il y a souvent des raisons structurelles pour lesquelles un service ne marche pas, mais comprendre les raisons d’un succès et les conditions nécessaires permet d’anticiper avec davantage de chances d’avoir raison et ne pas réinventer la roue. Finalement, pour maitriser un transfert, il faut bien connaitre les deux cultures et les deux marchés.

Propos recuei l l is pa r A n ne Ga rrig ue Créé en 2000, version anglaise depuis 2005 et japonaise depuis 2006, 50 000 participants http:// fr.wikipedia.org/wiki/OhmyNews 2 Modèle de distribution où l’on récupère du contenu de façon fragmenté à partir d’une multitude de sources 1


Le soft-power de la Chine 中国的软实力

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DOSSIER

专栏

Leadership and management in China Philosophies, theories and practices Éd. par Chao Cahuan Chen et Yueh Ting Lee Ce manuel sur le leadership est une oeuvre assez pionnière. Les ouvrages universitaires en anglais sur le leadership chinois ne sont pas légion. Encore moins ceux qui sont dirigés et écrits par des chercheurs d’origine chinoise. Chao Cahuan Chen et Yueh Ting Lee enseignent aux Etats-Unis, l’un est professeur de management à Rutgers Business school et l’autre est professeur de psychologie et doyen de l’université de Toledo. Ils ont rassemblé des textes écrits (sauf le dernier) par des Chinois. Leur ouvrage ouvre sur les origines des philosophies du leadership : le confucianisme et les philosophies alternatives (taoïsme, légalisme, art de la guerre de Sunzi). Il se poursuit donc sur des enquêtes de terrain ou des réflexions sur la situation contemporaine — le leadership paternaliste, le leadership communiste (Mao Zedong et Deng Xiaoping), le métissage des traditions chinoises et des théories occidentales. Il conclut sur l’article d’un expert occidental George Bear Graen qui fait le point sur ce qu’apporte la Chine à l’approche mondiale du leadership. D’une lecture assez austère, cet ouvrage académique, extrêmement sérieux et référencé, peut servir de cadre à une réflexion personnelle. Il fait le point sur les recherches académiques dans des entreprises du monde chinois depuis une vingtaine d’années. Il étudie en profondeur les trois dimensions du modèle paternaliste : autorité, bienveillance et moralisme. Il détaille les résultats d’une grosse enquête de terrain sur les leaders chinois contemporains qui met l’accent sur six caractéristiques : l’impor tance de la sincérité, la poursuite de l’excellence, la nécessité de l’harmonie, la voie du Milieu, la spécialisation et le management A. G. scientifique. 112 Connexions / mars 2010

China Europe International Business School (CEIBS), un des meilleurs MBA de Chine, a créé deux 中国最好的MBA商学院——中欧国际工商学院建立了两所研究中心。

De plus en plus de MBA En vingt ans, la Chine a créé plus de deux cents MBA, mais de management et de modèles référencés. Edith Coron1 est coach en leadership global et spécialiste en communication interculturelle. Basée à Pékin, elle a fondé et dirige EOC Intercultural Ltd.

Connexions : Quand sont apparus les MBA en Chine ? Où en est-on aujourd’hui ? Edith Coron : Au début des années 80, il n’y avait que des entreprises d’Etat avec, aux commandes, des ingénieurs en grande partie formés à l’Ecole du Parti. Avec l’arrivée de multinationales, il a fallu trouver des cadres qui intègrent des repères occidentaux dans leur pratique. Les premiers MBA sont apparus il y a un peu moins de vingt ans. Aujourd’hui, il y en a plus de 230 dont certains sont excellents. Business Week

China distingue en tête CEIBS ( Shanghai), Bimba (Pékin), Tsinghua (SEM avec Sloane de MIT) et Cheung kong business school (Shanghai). La majorité des MBA chinois reste cependant d’une qualité médiocre. L’ambition du gouvernement est d’augmenter encore de 24% le nombre des inscriptions dans les business schools en Chine et d’accréditer trente nouvelles universités à délivrer des MBA — actuellement elles ont un peu moins de cent.

C. : Quelle proportion de Chinois préfèrent aujourd’hui suivre un MBA en Chine? E. C. : Au départ, les étudiants allaient se former à l’étranger surtout aux Etats-Unis. Depuis quelques années, de plus en plus de jeunes Chinois préfèrent rester en Chine parce qu’ils veulent peaufiner en priorité leur réseau chinois et s’initier


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 vient de créer deux centres de recherche. Une des difficultés des écoles de commerce chinoises est de trouver des intervenants. Il est encore tôt en Chine pour avoir suffisamment de professeurs. Les écoles ont recours ponctuellement à des cadres ou des CEO chinois. De même, on commence seulement à publier des livres en anglais sur le leadership et le management chinois, alors que tous les modèles occidentaux ont été largement traduits en Chine.

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C. : Assiste-t-on à l’émergence d’un modèle chinois de leadership ? E. C. : Pour l’instant, je vois dans ma pratique

centres de recherche.

manque encore de professeurs

aux modèles occidentaux appliqués à partir de la réalité chinoise. On constate, d’autre part, un fort intérêt de la part des étudiants étrangers pour les meilleurs MBA chinois. John Yang, doyen international de BImba, explique qu’il a dû imposer un quota d’étudiants étrangers dans son MBA pour éviter que leur nombre n’excède celui des étudiants chinois.

C. : Voit-on émerger une sinisation des MBA chinois ? E. C. : On en est aux prémices. Les cours sont en grande partie en anglais car les professeurs des meilleurs MBA sont étrangers à 60%. C’est aussi une question de maturité de marché. Au départ, les programmes étaient des « copié-collé » de Harvard. Maintenant, on voit circuler des études de cas chinois (Haier, Lenovo, Wahaha). CEIBS

des références constantes à des modèles historiques – Confucius, Mencius, le taoïsme, l’art de la guerre de Sunzi, mais aussi Mao, Deng Xiaoping, voire Sun Yat-sen. Je vois circuler les « buzz words » : harmonie, voie du milieu, bienveillance mais dans la réalité quotidienne, le court terme, le pragmatisme, la volonté de gagner de l’argent dominent chez la majorité des cadres que je côtoie. En outre, il est important de distinguer entre hard skills et soft skills. Pour les hard skills, ce qui a trait à la rationalisation et au contrôle des méthodes de production — il y a un consensus pour appliquer les méthodes occidentales qui ont fait leur preuve. Par contre pour les softs skills, les approches managériales, j’entends souvent dire par les managers chinois : « on ne peut pas faire du “copié-collé“. Ça ne marche pas ». On nous renvoie aux modèles historiques, mais on se rend compte, dans une pratique professionnelle, que la connaissance réelle des valeurs chinoises classiques reste superficielle, même si on assiste à un regain d’intérêt.

C. : Y a-t-il des tentatives concrètes d’adapter les classiques au monde de l’entreprise ? E. C. : C’est en train d’émerger, notamment dans le domaine de la responsabilité sociale d’entreprise, dans la manière de traiter son personnel, avec le modèle du patron bienveillant. C’est une approche différente de l’approche pragmatique occidentale. J’ai des collègues de Singapour qui réfléchissent beaucoup sur l’articulation des valeurs confucéennes et de la responsabilité d’un cadre d’entreprise. Pour l’instant, j’entends moins ce discours en Chine continentale. Les Chinois qui sont dans l’articulation Est-Ouest viennent plus souvent de Sin-

gapour ou de Hong-Kong. Il y a aussi un problème de qualité de la recherche. Beaucoup d’étudiants font des MBA en Chine pour obtenir un diplôme et des guanxi plutôt que pour développer un contenu.

C. : Quel modèle alternatif proposent les cadres chinois ? E. C. Tout a commencé quand les enfants de cadres supérieurs du Parti se sont engouffrés dans des MBA. Le Parti a recruté des entrepreneurs et les multinationales ont commencé à promouvoir des Chinois. Tout cela a modifié la donne. Le management par les cadres chinois sera différent du management par les cadres occidentaux. Un manager chinois donne plus l’importance à la dimension humaine de la relation, alors qu’en Occident, il faut parfois l’imposer. En même temps, émerge une dimension de fierté nationale. On commence à percevoir une fin de recevoir, parfois liée à une certaine arrogance des sociétés étrangères en Chine qui ont voulu imposer leur modèle en Chine et qui commencent à réfléchir à son adaptation. Reste qu’aujourd’hui le personnel en charge des RH, recruté avec peu d’expérience, peu de vision stratégique, est encore, en grande partie, immature. Mais des entreprises sont en train de donner une dimension stratégique aux RH : Motorola, Schneider… Sur le terrain, en tant que coach, j’observe que les cadres chinois trentenaires ont une approche très pragmatique. Ils veulent réussir et ont un peu de mal à accepter de se remettre en question. Ils ne sont pas très bons en soft skills. Dans la pratique, on en est paradoxalement à une application relativement simple du modèle , sans vision globale. Le développement des soft skills, on sait qu’il faut le faire. Mais on en est encore loin du but et il n’y a pas encore vraiment de livre de référence.

Propos recueillis par Anne Garrigue http://www.eoc-intercultural.com/english/who-we-are/biography.html 2 CEIBS a été classé 22e mondiale par le Financial Times (2010). 3 http://www.chinaeconomicreview.com/industry-focus/in-themagazine/article/2009-07-01/Brain_drain.html* Selon les statistiques nationales, en 2007, 4,4 millions de Chinois ont été diplômés de l’enseignement supérieur. 41 464 ont obtenu un doctorat dont 14 000 en tant qu’ingénieurs et un peu plus de 3 000 dans le management 4 Pour améliorer l’adéquation des programmes aux besoins chinois, CEIBS a ouvert deux centres de recherche, l’un avec Shanghai Lujiazui Development, l’autre avec Zhejiang University School of Management. 1

Connexions / mars 2010 113


DOSSIER

专栏

Etudier en Chine Cindy Arnold est déléguée en Chine de Sciences Po.

Connexions : Pourquoi les étudiants étrangers viennent -t-il

étudier en Chine ? Cindy Arnold : Selon le ministère de l’Educa-

tion chinois1, de janvier à novembre 2008, 223 499 étudiants étrangers avaient étudié en Chine, venant de 189 pays et régions, soit une augmentation de plus de 14% par rapport à l’année précédente. Les plus forts contingents viennent d’Asie (68,5%), 14,5% d’Europe, 11,8% d’Amérique , 3,9% d’Afrique et 1,2% d’Océanie. En tête, arrivent les Coréens du Sud (66 806), suivis des étudiants en provenance des USA (19 914) et des Japonais (16 733). La France est au onzième rang derrière le Kazakhstan, l’Indonésie ou le Pakistan et juste devant la Mongolie. Dans le paysage de la mobilité internationale, la Chine arrive en cinquième position à peu près au niveau de l’Allemagne. Ces chiffres sont difficiles à analyser. Il faut distinguer entre les programmes qui permettent d’acquérir un diplôme et les programmes de langue. La majorité des étudiants occidentaux viennent en Chine pour perfectionner leur chinois et se familiariser avec un pays important. Ils restent six mois ou un an. Par contre, les étudiants d’Afrique ou d’Asie viennent suivre des formations diplômantes, notamment techniques, après avoir appris la langue sur place. Certains Coréens ou Japonais choisissent la Chine car les études y sont moins chères que chez eux et les préparent à travailler avec le pays. Ils peuvent être envoyés par leur pays ou par leur entreprise.

C. : Quels sont les efforts consentis par le gouvernement chinois pour encourager la venue d’étudiants étrangers ? C. A. : Le gouvernement chinois multiplie les bourses. En 2008, 13 516 étudiants étrangers en Chine en ont bénéficié. Un chiffre en hausse de 33% par rapport à l’année précédente. En visite au Kazakhstan, Hu Jintao, par exemple, a annoncé la multiplication par deux du nombre des bourses pour les étudiants kazakhs. Autre atout : les frais d’inscription dans les univer114 Connexions / mars 2010

sités chinoises restent modiques (de 600 à 900 euros par an). Il suffit d’avoir obtenu un niveau 6 au HSK2. Par ailleurs, les meilleures universités chinoises cherchent à attirer des étudiants étrangers vers des programmes diplômants en anglais et développent des doubles diplômes. Ainsi, Sciences Po vient de créer deux doubles diplômes avec Fudan à Shanghai et Beida à Pékin, qui ouvriront en 2010. La Chine augmente aussi son soft power grâce au classement Jiao Tong dit « classement de Shanghai3 » qui lui permet de jouer un rôle-clé dans le classement mondial des universités. Au sein de ce classement, les universités chinoises montent régulièrement4.

C. : Que signifie passer un an en Chine pour un jeune étudiant, français de Sciences Po ? C. A. : Nos étudiants ont, en général, commencé l’étude du chinois à Sciences Po. Ils viennent pour pratiquer la langue et pour valider une première expérience asiatique utile dans un cursus professionnel, ce n’est pas la qualité des formations qui les attire. Leur objectif est de se perfectionner et mieux comprendre la réalité chinoise. Ceci dit, encore peu d’entre eux sont à même de suivre des cours en chinois. Par ailleurs, la vie n’est pas chère, les grandes villes sont excitantes. En arrivant, ils peuvent éprouver un choc culturel et doivent s’adapter aux lourdeurs administratives, mais en général ils s’intègrent sans difficultés et sont très satisfaits de leur séjour. Beaucoup reviennent pour des stages professionnels. Le nombre d’étudiants de Sciences Po qui veulent étudier en Chine continentale tourne autour de 20 par an depuis 2004, et à peu près autant à Hong Kong, où ils peuvent aller au-delà d’un apprentissage de langue. Les programmes en anglais qu’ouvrent les universités du Continent restent rares et chers.

Propos recueillis par Anne Garrigue (Source d’information : http://www.cafsa.org.cn/index. php?mid=6) 2 test de langue. http://www.afpc.asso.fr/HSK/Presentation. php 3 http://www.lefigaro.fr/international/2009/11/30/0100320091130ARTFIG00002-universites-les-secrets-du-classement-de-shanghai-.php; 4 h t t p : / / f r. w i k i p e d i a . o rg / w i k i / C l a s s e m e n t _ acad%C3%A9mique_des_universit%C3%A9s_mondiales_ par_l’universit%C3%A9_Jiao_Tong_de_Shanghai 1

La recherche devrait représenter 2,5% du PIB en 2020, 2020年,我国研发投入占国内生产总值2.5%,目前已达到1.5%。

R&D : l’élan positivi

La recherche scientifique chinoise se dé académique et d’un manque d’ambitio Lorsqu’elle fut confrontée, à la fin de l’Empire, à la supériorité technologique occidentale, la Chine s’est interrogée sur les savoirs occidentaux qu’il lui faudrait ou non adopter. Un siècle plus tard, Deng Xiaoping prenait sans réserve le train de l’innovation scientifique et tournait la page des errements de la Révolution culturelle. Aujourd’hui, c’est au tour du « développement scientifique » de Hu Jintao de prendre le relais, et la Chine vise la place de première puissance scientifique. Les jeunes Chinois se retrouvent donc baignés dans une ambiance positiviste, marquée par des hymnes à la science, et les meilleurs se tournent naturellement vers des études scientifiques. Certes, comme l’explique Stéphane Grumbach1, directeur de recherche à l’INRIA2, la science chinoise est encore peu visible sur le plan international, mais sa croissance est impressionnante et son potentiel sous-es-


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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

contre 1,5% aujourd’hui.

iste

éveloppe très vite mais souffre de fraude on en recherche fondamentale. timé. Il suffit de citer quelques chiffres pour s’en rendre compte : la Chine, qui investit 1,5% de son PIB dans la recherche, souhaite monter à 2,5% en 2020, soit l’équivalent de l’objectif européen. Partie de rien, elle se classe aujourd’hui en 3e position par son budget R&D (150 milliards de dollars), en 4e par le nombre de ses publications. En plus d’investir, la Chine regorge aussi de programmes de développement à échéance de douze ans et a déjà un pied, voire deux, dans la plupart des grands projets scientifiques internationaux (ITER, CERN…). Désireuse d’apprendre de l’extérieur, elle recrute les meilleurs spécialistes dans Nature et Science, et les invite cordialement à venir piloter des programmes. Enfin, depuis récemment, elle réactive les bourses d’études à l’étranger pour les premiers de la classe, qu’elle assortit astucieusement d’une condition de retour. Cette politique a fortement contribué à

faire sortir la Chine scientifique du désert où elle se trouvait. Selon une étude Jülich, elle publie3 principalement en chimie, physique, matériaux, médecine et biotechnologies. Elle commence aussi à s’imposer dans des niches (nanotechnologies), et réalise une percée dans le domaine des télécommunications, tirée par son gigantesque marché d’utilisateurs de mobiles. Malgré ces succès, la recherche chinoise n’est pourtant pas exempte de faiblesses. Récemment, un article du Quotidien du Peuple critiquait vivement l’absence de contrôle sur l’utilisation des budgets ce qui se traduit notamment par des achats « prestige » d’équipements de pointe. Par ailleurs, si la Chine publie beaucoup, la qualité des travaux demande encore à être améliorée. « Un article chinois est en moyenne 3 à 4 fois moins cité qu’un article japonais ou européen », observe Georges Papageorgiou, ministre conseiller à la délégation de l’UE de Pékin. Sur ce point, la Chine est victime de sa politique de pression à la publication, qui pousse les chercheurs à scinder leurs travaux pour gagner plus, ou à frauder. Autre élément qui pourrait se révéler handicapant, la Chine investit peu en recherche fondamentale, pourtant fer de lance de l’innovation. Or comme le rappelle Robert Farhi, conseiller adjoint pour la science à l’ambassade de France en Chine, « la moitié des brevets d’invention déposés en Chine le sont encore par des entreprises étrangères. » Pour que la Chine suive la voie du Japon, il faudrait donc sans doute qu’elle table moins sur le transfert de technologies, et que les mentalités changent, notamment dans l’enseignement. Jean Dorey, directeur de l’école Centrale de Pékin, connaît bien ce problème. « En Chine, l’enseignement développe peu l’esprit critique. Les professeurs se contentent de présentations PowerPoint et les examens consistent à refaire des exercices vus en cours ». Au pays de la vérité révélée, imagination critique et curiosité intellectuelle, ingrédients précieux de la culture scientifique, ne sont donc pas, a priori, les points forts des jeunes Chinois. Ce sont ces mêmes critiques qui ont coûté son poste, l’an dernier, au ministre de l’Education. Dans une interview accordée le 9 mars au Global Times Zhao Zhiyun, directrice

adjointe de l’ISTIC4, appelle à développer en toute urgence l’innovation. « Malgré les investissements, la Chine manque encore d’une recherche de qualité. (…) La prochaine étape sera d’encourager la curiosité pour la science pure et de promouvoir l’exploration d’univers inconnus ». Autre gros problème : la fraude académique, qui n’est certes pas propre à la Chine mais prend tout de même des proportions inquiétantes. Rien que le commerce des thèses atteindrait 100 millions d’€ par an et selon une enquête parue l’an dernier, sur 30 000 scientifiques interrogés, 55,5% connaissaient un fraudeur. Malgré ces handicaps, la recherche scientifique chinoise dispose d’un atout souvent sous-estimé, à savoir une bonne connaissance de ce qui se passe dans les labos étrangers, l’inverse étant beaucoup moins vrai.

Hélène Duvigneau http://stephanegrumbach.blogspot.com/   Institut national de recherche en information et en automatique (INRIA) 3 en volume de publications parues entre 1998 et 2007 4 Institut de l’information scientifique et technique de Chine 1 2

Le complexe du Prix Nobel La Chine, qui a inventé le papier et la poudre à canon, manque encore d’un Prix Nobel autochtone. « Quand la Chine aura un Prix Nobel, elle pourra gagner la Coupe du monde de foot », affirmait le président de l’Académie des Sciences, critiquant le manque d’esprit d’équipe. En octobre, Charles Kao, Américanobritannique, est devenu le 8e prix Nobel d’origine chinoise1. Les Chinois se considèrent généralement victimes de discrimination. Pour Evelyne Micollier, anthropologue, l’aspect politique joue sans doute un rôle. Récompenser un Chinois, ne serait-ce pas cautionner le régime ? D’autres évoquent un manque de transparence de la recherche chinoise, ou y voient un problème systémique, et parient que le jour où un chercheur révèlera l’effet des ondes électromagnétiques sur la santé, Chinois ou pas, il aura ses chances. En attendant son prix, Pékin offre des ponts d’or aux meilleurs chercheurs chinois installés à l’étranger. H.D 1 Avec Roger Tsien (chimie, 2008), Gao Xingjian (Littérature, 2000), Daniel Tsui (Physique, 1998), Steven Chu (Physique, 1997), Yuan Lee (chimie, 1986), Samuel Ting (physique, 1976), Chen Yang (Physique, 1957) et Tsung-Dao Lee (Physique, 1957).

Connexions / mars 2010 115


DOSSIER

专栏

Vivian Wu, formatrice ex-correspondante du South China Morning Post (SCMP) Filip Noubel, expert médias chinois

Internet et soft power

Internet est une fenêtre sur l’évolution rapide de la société chinoise mais le contrôle qu’exerce sur lui le gouvernement a un impact négatif très fort sur l’image de la Chine hors de ses frontières. Vivian Wu, ancienne correspondante du SCMP, et Filip Noubel, formateur auprès des médias chinois, analysent le rapport complexe entre Internet et soft power. Connexions : Internet ouvre-t-il vraiment une fenêtre sur la Chine pour les non Chinois ? Vivian Wu : Avec plus de 600 millions d’usagers, Internet est de plus en plus populaire. Il fait partie de la vie des gens, qui, pour la plupart des Chinois l’utilisent pour s’amuser, télécharger des films, de la musique, faire leur courses. Par ailleurs, c’est un outil précieux pour la presse étrangère, une façon de récupérer de l’information et de comprendre ce que pensent les Chinois. Ces dix dernières années, correspondante de journaux anglophones, l’Internet était, tous les jours, ma source majeure d’informations de première main. Il existe beaucoup de mini-blogs, de versions chinoises des sites interdits (Fanfou.com pour twitter, kaixin.com pour Facebook). C’est un moyen rapide de récupérer des informations avant qu’elles ne soient censurées. Les médias chinois étant toujours contrôlés, Internet ouvre une fenêtre fraîche et réaliste sur la Chine, à condition de lire le chinois ! D’autre part, comme le gouvernement a pris conscience de l’intérêt que présente Internet en anglais pour améliorer l’image de la Chine, des efforts ont été entrepris pour lancer des sites conçus avec soin pour répondre aux demandes de lecteurs telles qu’on les imagine et, en même temps, pour convoyer l’image de la Chine souhaitée. C’est ainsi que sont nés sur le web Global Times (http://china. globaltimescn), Shanghai Daily (http://www.shanghaidaily.com), China Daily, China Radio International, CCTV international on line… 116 Connexions / mars 2010

Les sites sponsorisés sont différents des sites chinois en chinois où les gens jurent, utilisent un langage très cru. Reste que, si on ne parle pas de sujets trop sensibles, ces sites ouvrent des fenêtres nouvelles, parlent de la vie urbaine, d’histoires drôles. C. : En quoi Internet s’est-il révélé un bon outil de soft power ? F. Noubel : La présence massive de la Chine sur Internet montre son pouvoir global. La croissance rapide de la Chine en ligne fascine, et suscite d’autant plus d’interrogations que 95% du contenu est en chinois et que la plupart des internautes étrangers ne lisent pas le chinois. Il y a une énorme curiosité à l’extérieur de la Chine mais, pour l’instant, elle n’est pas satisfaite. V. Wu : Les étrangers savent qu’il existe un cyberword en Chine mais il leur est fermé. Quelques sites cherchent à faire le pont. Plusieurs sont censurés en Chine (Yeeyan fermé en décembre, Danwei et Chinadigitaltimes). Parmi les sites accessibles, on peut citer globalvoices.online (http://globalvoicesonline.org// world/east-asia/china), China dialogue sur l’environnement (http://www.chinadialogue.net), très bon site bilingue consacré à l’environnement et China media project (http://cmp.hku.hk) du China media study center de l’université de Hong Kong. Malgré les bonnes volontés, ces ponts restent très limités et les médias sponsorisés accroissent plutôt le fossé en utilisant un langage qui n’est pas celui des Chinois sur le web et en ne se montrant jamais critiques. Leur absence d’ouverture s’explique par le fait que ces sites ne savent pas bien ce qu’attendent les lecteurs anglophones. Et le gouvernement reste nerveux sur l’ouverture. Mais tout le monde, y compris le gouvernement, réalise qu’il est important d’augmenter la communication et la compréhension mutuelles alors qu’à l’heure actuelle l’image de l’Internet chinois reste assez mauvaise à l’étranger et ne correspond pas à la réalité. La plupart des articles de la presse étrangère se focalise sur la liberté d’expression. Cela induit


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Le soft-power de la Chine 中国的软实力

Des efforts ont été entrepris pour lancer des sites conçus avec soin, pour répondre à la demande des lecteurs et convoyer l’image souhaitée de la Chine. 为了推出设计精良的网站,满足读者的需求以及传递中国希望塑造的形象,政府付出了努 力。

un décalage dans les perceptions. Les étrangers qui ne parlent pas chinois se concentrent sur l’absence d’Internet au Xinjiang ou chez les plus pauvres, sans mesurer la diversité des usages d’Internet en Chine ou l’existence d’une opinion publique en Chine qui, en ligne, a un certain pouvoir. C.: Quel rôle joue Internet pour l’ouverture vers l’extérieur des Chinois ? V. Wu : Les gens vraiment intéressés apprennent avec ingéniosité à surmonter le « firewall », mais la plupart des internautes veulent surtout jouer, acheter, regarder la TV… Sur Internet la Pop culture est omniprésente. On peut trouver des versions chinoises de tous les magazines, des programmes internationaux reproduits dans un contexte chinois. C. : En quoi Internet aide-t-il la culture populaire chinoise à être mieux connue dans le monde ? F. N. : Jusqu’ici la Chine n’a pas su exporter sa culture populaire. Elle manque de créations originales. La télévision CCTV achète beaucoup de programmes mais elle en crée peu. En Asie centrale, où il y a beaucoup de TV par câble venant de Chine à bon marché, et les jeunes commencent seulement à poser quelques questions sur les chanteurs chinois. En Europe et aux Etats-Unis, l’impact hors de la communauté chinoise reste faible. V. Wu : Les intellectuels chinois parlent beaucoup de l’absence de culture ou de valeurs à exporter et déplorent que les étrangers ne puissent pas citer le nom de créateurs chinois ou que la Chine n’ait pas reçu de prix Nobel — probablement à cause de la pression subie dans les années 50 et 60, les intellectuels se sont auto-censurés et gardent un esprit moins libre (Ndrl : littéralement “restricted mindset”). Beaucoup produisent pour le pouvoir. Il commence à y avoir des producteurs indépendants, mais le gouvernement n’encourage pas ce genre de démarche. Différents facteurs, l’éducation et la

bureaucratie, le manque d’efficacité du gouvernement, le langage la vitesse de changement de la société, expliquent la difficulté à exporter les produits culturels chinois. Le problème, pour tout le monde, est de savoir comment faire passer des idées sur la Chine quand les gens ont seulement 5% de leur temps à lui consacrer. Jouer les intermédiaires requiert un très bon niveau de langue, une compréhension mutuelle. Il y a des Sino-Américains qui essaient de faire ce travail de communication mais ce ne sont pas de vrais Chinois. Les gens ont des stéréotypes qui datent des années 80. Or, la Chine change tous les jours. Devant la difficulté à décoder la Chine, devant la masse des informations sur Internet, le recours est encore de passer par les sinologues. C. : Vous êtes des passeurs. Pour vous, existe-t-il un « rêve chinois » et comment le qualifieriez-vous ? V. Wu : La Chine pose une question mystérieuse : comment un si grand pays avec un contrôle si strict peut-il avoir une économie qui bouge aussi rapidement ? La Chine, ce n’est ni une terre romantique, ni une terre de rêve. c’est l’endroit où l’on peut devenir riche. Pour un journaliste c’est une mine d’or mais ce n’est pas un endroit où vivre une vie simple et agréable. La Chine fait penser aux Etats-Unis d’il y a un siècle. F. N. : Pour moi le rêve chinois, c’est la résilience. Etre russe ou chinois, c’est avoir avalé une pilule amère. Cela pousse à créer quelque chose. La résilience est une qualité chinoise. Etre résilient, c’est créer de l’espace, quelles que soient les circonstances. C’est une valeur active, positive. Regardez le livre Passagère du silence de Fabienne Verdier. C’est un des meilleurs livres écrits sur la Chine. Calligraphe, elle a été initiée par des peintres à qui on avait cassé les mains et qui lui ont passé leur art…

Propos recueillis pas Anne Garrigue

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DOSSIER

© Imagine China

专栏

En 2009, le groupe Quotidien du Peuple a lancé le Global Times, en anglais, conformément au plan de communication vers l’étranger pour lequel Pékin a débloqué un budget de 45 milliards de Rmb. 按照国家对外公关战略,人民日报社2009年推出了《环球时报》英文版。中国政府为启动这 项战略斥资 450亿元。

Fait en Chine, lu par le monde En 2008, le parcours chaotique de la flamme olympique révélait aux Chinois une antipathie caractérisée envers leur pays, tandis que les médias chinois manquaient à leur rôle de parechocs. Depuis lors, la Chine s’est lancée dans un plan de communication offensif. Après avoir pensé pendant longtemps que communiquer auprès de l’étranger, c’était jeter de l’argent par les fenêtres, le gouvernement chinois a fait volte-face en 2008, mal remis du parcours cauchemardesque de sa flamme olympique. Pour son plan de « com », Pékin a donc débloqué 45 milliards de Rmb (4,8 milliards d’euros), soit plus que le budget global de la BBC (4 milliards d’euros). Un article du 21st Century, paru en février dernier, dresse ainsi la liste 118 Connexions / mars 2010

des médias officiels autorisés à partir au « casse-pipe » à l’étranger, là où l’information regorge et où la parole d’Etat fait en général figure d’ovni médiatique. Selon cette liste, les dix lancements étalés sur l’année 2009 et planifiés au jour près, concernent tous types de supports (radio, télé…) du moment qu’ils sont contrôlés par l’Etat. En février, une version spéciale du China Daily s’envole ainsi pour les EtatsUnis. Deux mois plus tard, c’est au tour du

groupe Quotidien du Peuple, courroie du Parti, de sortir un Global Times en anglais. A la faveur de l’été, Xinhua se métamorphose en télé. D’abord en diffusant des spots d’information en temps réel sur le réseau social Kaixin, les portables 3G, les murs des ambassades et jusque dans les supermarchés belges… Puis en passant à la vitesse supérieure en 2010, avec le lancement de CNC (China News Network Corporation), future France 24 chinoise. L’été 2009 profite encore


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 à CCTV, qui émet pour la première fois en arabe puis en russe, et prévoit de multiplier au moins par deux ses bureaux étrangers d’ici fin 2011. Quant aux membres du Comité central, ils pourront pratiquer les langues, avec la sortie à la veille du 1er octobre d’une édition anglophone de la revue théorique « à la recherche de la vérité » (Qiushi). A cette stratégie publique, il faut ajouter des stratégies privées, moins visibles, telle celle du moteur de recherche Baidu, qui a ouvert une version japonaise en 2007, ou encore les services d’IPTV aux Etats-Unis, avec Kylin TV. Montée en puissance Pendant que les médias chinois dépensent, les groupes de presse occidentaux, eux, raclent les fonds de tiroirs. En juin 2009, Didier Pillet, PDG du quotidien La Provence, décide de se désabonner du fil AFP, jugé trop cher, et d’opter pour le fil français de Reuters. S’il a démenti l’an dernier, sur le site d’Aujourd’hui la Chine, tout contact avec Xinhua, d’autres journaux régionaux, eux, ont été abordés par les VRP de l’agence, qui compte 26 abonnés en France. Pourtant selon les services marketing de Xinhua, aucun nouvel abonnement n’a été signé en 2009 en France. Reste que la petite santé financière des groupes de presse étrangers ouvre une marge d’action à la Chine. En octobre 2009, un événement passé quasi-inaperçu dans la presse occidentale, mérite pourtant d’être signalé. Pékin a en effet accueilli, dans l’enceinte du Grand Palais du Peuple, le « Sommet mondial des médias », qualifié par ailleurs d’« olympiades des médias ». Plus de 130 groupes de médias ont été invités, une occasion rêvée pour la Chine d’affirmer ses ambitions dans le secteur des médias. Parmi les objectifs fixés à ce « go global », il s’agit d’abord de faire entendre un autre son de cloche que celui de la presse occidentale. Ce pour contrebalancer les « attaques gratuites et infondées contre le système politique chinois », selon les mots d’un éditorial du Quotidien du Peuple paru en août 2009. « L’image fictive, imaginaire de la Chine ne peut être fabriquée et manipulée longtemps.» Dans ce but, Pékin mise sur un renforcement quantitatif de ces équipes à l’étranger. L’agence Xinhua va par exemple passer de cent vingt-trois bureaux actuels à deux cents en 2020 et

recruter quatre mille journalistes locaux, sont parfois recopiées, et le fossé mental fins connaisseurs du terrain, contre quatre entre communisme et capitalisme.» Selon cents aujourd’hui. « Nous voulons offrir au une source bien placée, les journalistes de monde une image correcte du gouverne- Xinhua recrutés pour le lancement de la ment chinois et de sa population, et faire nouvelle chaîne de télé manquent d’exen sorte que les Chinois aient également périence technique, habitués qu’ils sont à une vision objective du monde », souligne l’écrit. Vivian Wu, ancienne journaliste au Peng Shujie, directeur du département in- South China Morning Post et analyste des ternational de l’information. médias chinois, juge elle aussi défaillante C’est pour des raisons identiques que le la formation des journalistes chinois : « Les China Daily, propriété du bureau de l’infor- professeurs enseignent le journalisme avec mation du Conseil d’Etat, un manuel et apprennent s’est refait une beauté le aux étudiants à être res1er mars, avec une nouvelle « La petite ponsables de la stabilité maquette bleue présentée santé du pays, un dogme qui passe avant le respect des sous le titre « fait en Chine, financière faits. » lu par le monde ». Au prodes groupes Dans ces conditions, les gramme : plus d’analyses, plus de reportages à l’étran- de presse médias chinois parvienger, plus de sujets contro- étrangers dront-ils à conquérir les versés, et plus de place cœurs des étrangers ? ouvre une Augustin Sulkowsky, qui « aux opinions diverses ». Dans ce tir groupé vers marge d’action édite depuis deux ans des l’étranger, le Global Times à la Chine. » articles rédigés en français (en anglais) a démarré sur par des journalistes chinois, les chapeaux de roues. Deux se montre très critique sur mois après son lancement, ce point. « Plus le singe ses éditeurs décomplexés publiaient deux grimpe haut, plus il montre son derrière. Il articles sur « l’incident » de Tian an Men, me semble que les Chinois se trompent en dans lesquels ils affirment que le sujet est pensant qu’ils pourront changer leur image encore « sensible », ce qu’ils mesurent à la par des moyens techniques, sans modifier difficulté de décrocher des interviews. Une le contenu. En Occident, on n’écoute plus audace que Renaud de Spens, spécialiste la voix de son maître. » des médias chinois, explique par la concur- Avant d’être entendus, les médias chinois rence avec le China Daily. « Chacun cherche devront donc sans doute se contenter le sujet le plus vendeur, notamment le Glo- d’être des voix amies supplémentaires dans bal Times, qui craint de ne pas rentrer dans le bruit du monde. « Il ne s’agit ni d’imposer nos idées ni de rivaliser avec CNN en les clous financièrement. » Michaël Anti, journaliste chinois et ancien contrôlant le flot de l’information », affirme collaborateur du New York Times, se verrait à cet égard Peng Shujie. Trouveront-elles bien écrire dans ce journal. « Le Global Times un écho dans l’avenir ? Nicholas Bequelin, a suscité une ambiance de compétition chercheur à Human Rights Watch, se monparmi les journalistes qui veulent faire car- tre sceptique: « Le pouvoir d’influence ne rière. C’est un moyen de se faire un nom. » peut venir que de médias libres (...) et qui Même si la liberté a ses limites… « Les jour- informent, plutôt qu’ils n’induisent en ernalistes ont généralement carte blanche, reur. » A défaut de jouer totalement en sa sauf quand le Parti a besoin d’eux. C’est faveur, le « go global » des médias chinois comme si on mobilisait un bataillon pour ne serait-il pas à double tranchant ? Quesun seul combat ». tion soulevée par Renaud de Spens : « Plus Un accueil réservé ces médias seront ouverts, plus le gouverQue dire enfin de l’influence de ces mé- nement aura une bonne image, mais cette dias ? Sur ce point, Peng Shujie (Xinhua) ouverture ne finira-t-elle pas par se retourcompte au moins trois obstacles : « la ner contre lui?». rédaction dans une langue étrangère, le Hélène Duvigneau manque d’originalité des dépêches qui

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DOSSIER

专栏

Jeux de miroirs L’aventure des numéros spéciaux du Point sur la Chine en dit long sur les différences de conception du rôle des médias dans les deux pays. Caroline Puel, correspondante du Point en Chine. Le dernier numéro spécial consacré à la Chine, (décembre 2009), a battu des records de vente et touche en moyenne trois millions de lecteurs en France et à l’étranger ainsi que sur Internet. Retour sur l’évolution des numéros spéciaux et sur les images réciproques qu’ils suscitent Connexions : Pouvez-vous revenir sur l’histoire des numéros spéciaux du Point sur la Chine ? Caroline Puel : Le premier est sorti en décembre 1996. On l’avait intitulé « 1997, l’année de la Chine ». Il était axé principalement sur la rétrocession de HongKong et les grands mouvements de la société chinoise ainsi que sur le début de l’envolée culturelle, thème auquel je tenais particulièrement. L’enjeu était de montrer au public français qu’on sortait de « l’après Tian an men », qu’il y avait des grandes réformes économiques en cours, ce dont les correspondants étrangers avaient beaucoup de mal à convaincre le public occidental. On avait envisagé un numéro de ce type tous les cinq ans. Le suivant est sorti en décembre 2001, axé sur l’entrée de la Chine dans la mondialisation sous deux angles : les Chinois deviennent citoyens du monde (ils venaient d‘obtenir

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l’organisation des JO, de l’Expo universelle de Shanghai, de la coupe du monde de football et l’entrée dans l’OMC) ; et le rôle de la diaspora dans le financement de la croissance. L’intitulé en était « Cet empire qui fascine ». Le numéro suivant arrive dès 2005. C’est un numéro allégé, essentiellement consacré aux questions économiques. On entre alors dans la période où l’Occident commence à s’inquiéter de la Chine. Le rythme s’accélère : le numéro de décembre 2007 est axé sur l’émergence chinoise et ses points noirs. Le numéro de 2009 arrive à l’issue de deux années-clés, dont on verra dans quelques années à quel point elles auront été fondamentales avec la crise économique et la manière dont Pékin l’a gérée, accélérant la reconnaissance du rôle international de la Chine. Je souhaitais l’appeler « L’autre grande puissance » car la Chine est encore, par beaucoup d’aspects, un pays émergent, mais à Paris, ils ont retenu le titre de « Comment la Chine devient la première puissance », « Les nouveaux maîtres du monde », plus accrocheur. C. : Ce numéro spécial — et c’est la première fois — a bénéficié d’une seconde vie dans les médias chinois. Il a provoqué plusieurs vagues de réactions. Pouvezvous nous en parler ? C .P. : On a relevé en Chine une soixantaine d’entrées — articles papier ou internet et TV. La première vague de réaction a été

très rapide. Deux jours après la publication du numéro, elle venait de China news, une agence de presse gouvernementale. La dépêche, reprise par de nombreux grands quotidiens chinois, était très factuelle et positive. Elle notait que, pour la première fois un grand média occidental réalisait un numéro sur la Chine qui leur paraissait objectif. Même si ce numéro était critique sous différents aspects, il leur a paru correspondre à l’idée qu’ils se faisaient d’eux-mêmes. La deuxième vague, plus critique, a été lancée encore une fois par China news. « Le Point, a changé de point de vue sur la Chine ! » affirmait la dépêche et la plupart des articles qui ont repris ce thème. Selon eux, le magazine aurait prôné la chaise vide aux JO. Or à ma connaissance, et après vérification, cela n’a pas été le cas. J’ai retrouvé trace de l’origine de cette critique : le correspondant du Wenhuibao, grand journal de Shanghai, a écrit une charge, basée sur une brève signée par un remplaçant en juillet 2008 qui se demandait si Sarkozy irait à Pékin sachant que Merkel et Gordon Brown n’y allaient pas. Le Wenhuibao y voyait une manipulation des hommes politiques par la presse occidentale. Une quinzaine d’articles ont repris ce deuxième commentaire critique sans vérifier l’information. Puis, à partir du 6 janvier, une troisième vague est lancée par Global Times estimant que ce « Spécial Chine » augurait d’un revirement diplomatique de la France, la presse française préparant l’opinion pour un rapprochement franco-chinois. Cela montre l’ampleur de l’incompréhension sur la manière dont fonctionne la presse occidentale. Cette analyse a coïncidé avec le durcissement des relations sino-américaines.


Le soft-power de la Chine 中国的软实力 La quatrième vague a fait suite à la conférence du 2 février, organisée sous l’égide de la CCIFC. Une vingtaine de journalistes chinois y ont assisté. J’ai été interrogée sur les deux titres : « Comment la Chine devient le nouveau numéro 1 mondial » et surtout pourquoi parler des « Nouveaux maîtres du monde ». L’exemple du Shaanxi et du remplacement du chef de village corrompu par les élections a été repris par la presse, notamment le Shanghai zhibao. Enfin, un journaliste chinois m’a demandé quelle avait été l’évolution de la perception de la Chine par les Français. Les articles n’ont repris que très partiellement ma réponse. Je distinguais la période des années 80 — avec les interrogations sur la manière dont la Chine pouvait sortir du communisme — la grande rupture de Tiananmen, avec la condamnation de la dictature 89-92 ; 93-97 l’ébullition de la société et l’envers du décor; 98 -2002 :

l’entrée de la Chine dans la mondialisation et la fascination pour cet Empire millénaire et Zhu Rongji, qui savait très bien parler aux médias occidentaux ; 2003-2005 : la crise du SRAS et le début de la peur de la mondialisation ; et, à partir de 2005, ce mélange de fascination et de peur face aux crises sanitaires, aux délocalisations — qui prévaut encore aujourd’hui. Les médias chinois n’ont parlé ni de la dictature ni des droits de l’homme, ni du SRAS. Par contre, ils ont gardé la question des délocalisations. C’est là où le bât blesse. Les autorités chinoises veulent être mieux comprises du monde extérieur, mais gomment auprès de leur propre public les critiques qui leur sont adressées de l’étranger. Le soft power est à double face : l’image qu’un pays veut donner de lui mais aussi la perception du reflet de cette image. En refusant de publier les critiques internationales, ils empêchent

les Chinois de prendre conscience de ces différences de perception et limitent leur capacité d’analyse, ce qui conduit à une forme de naïveté. Le malentendu autour de la flamme olympique en est la triste illustration. Or, aujourd’hui, la renaissance chinoise est plus rapide que nul ne l’avait imaginée. Comment l’Europe va-t-elle réagir ? Est-ce que sa rondeur va jouer ? Est-ce que le sentiment de peur va l’emporter ? Les stratèges, Clausewitz comme Sunzi, ont écrit que c’est d’un défaut de compréhension de l’autre que naissent les grands conflits. On en est là aujourd’hui. Les Chinois ont une image faussée de l’Occident et les Occidentaux aussi. Il est impératif que nous montrions de part et d’autre la réalité telle qu’elle est et non telle que nous aimerions qu’elle soit, des images justes. Propos recueillis par Anne Garrigue

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姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES

Canton fait peau neuve Forte de ses 12 millions d’habitants et d’un PIB qui a dépassé les 90 milliards d’euros en 2009, affichant au passage une croissance de 11%, Canton se prépare à accueillir, en novembre 2010, la 16e édition des Jeux asiatiques. Bénéficiant du soutien politique et financier de Pékin, la capitale du Guangdong est devenue le nouveau centre économique de Chine méridionale. Par Alain Berder, chef du Service économique régional

Canton est devenue en 30 ans le principal pôle économique de Chine méridionale. La croissance du PIB de Canton a atteint 11 % en 2009. En 2008, le PIB de Canton avait atteint 821,6 Mds Rmb (+12,3%) et le PIB par habitant était resté l’un des plus élevés de Chine à 81 233 Rmb (8 100 euros). La croissance avait reposé sur l’investissement qui avait progressé de 12,9% à 210,5 Mds Rmb et sur la consommation qui, avec un montant de 314 Mds Rmb, enregistrait une progression de 21%. Le secteur privé avait représenté 34% du PIB, soit 282,9 Mds Rmb dont 154,3 Mds Rmb pour l’industrie (+17,3%). En 2009, la croissance a légèrement ralenti à 11% tout en restant supérieure à l’objectif fixé en début d’année (+ 10%) avec un PIB qui selon les premières estimations a pour la première fois franchi la barre des 90 Mds d’euros. Comparée à d’autres villes du delta de la rivière des Perles, Canton a mieux résisté à la crise en raison de la structure de son PIB qui est dominé par les services (59,2%) et les 122

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Pékin

Shanghai

Canton Hong-Kong

Canton en chiffres Superficie : 7434.4 km2 Population : 12 millions d’habitants PIB : 821,6 Mds de Rmb (2008) PIB annuel par habitant : 81 233 Rmb (2008)

industries à forte valeur ajoutée (38,94%). La part des services est nettement supérieure à celle observée au niveau national (41%). La croissance a été principalement soutenue par l’investissement dans les infrastructures qui représentent un montant

de 350 Mds Rmb (35 Mds €) répartis sur 2009 et 2010. Canton compte 8 millions de résidents auxquels s’ajoutent 4 millions de travailleurs migrants. Les effets de la crise ont été amoindris grâce à une diversification réussie des exportations. En trente ans le commerce extérieur de Canton est passé de 200 M USD à 82 Mds USD. En 2008, le montant moyen d’une journée de commerce extérieur était supérieur à celui de l’année 1978. Depuis l’accession de la Chine à l’OMC, le commerce extérieur de Canton a progressé de 10 Mds USD par an. Il est resté très dynamique (+ 10%) en dépassant pour la première fois le seuil des 80 Mds USD en 2008. Les exportations ont atteint 43 Mds USD (+ 13,4%) et les importations 39 Mds USD (+ 9,54%). La montée en gamme de l’appareil productif de Canton se confirme : les biens d’équipement et les appareils électroniques ont représenté 52,43% des exportations en 2008, soit 22,52 Mds USD. Les exporta-


© Alain Berder

CANTON 广州

La toute récente tour de la télévision de Canton qui mesure 608m de haut est le nouvel emblème de la ville. 广州国际会议展览中心(琶洲展馆)

tions de l’industrie automobile (véhicules et composants) ont progressé de 24,39% (1,32 Mds USD) et celles de navires de 111% (1,60 Mds USD). Les exportations de machines-outils et d’équipements ont atteint 6,43 Mds USD (+ 12,7%). En 2008, l’Union européenne est devenue le premier partenaire commercial de Canton avec un volume d’échanges de 14,743 Mds USD (+15,87%). Canton a réussi à limiter l’impact de la crise en diversifiant ses exportations. Si l’Union européenne, les Etats-Unis, Hong Kong et le Japon restent les principaux débouchés de ses exportations, la part des pays d’Asie du sud, d’Asie centrale, du Moyen

Orient, d’Amérique du sud, de l’ancienne Europe de l’Est et d’Afrique atteint 23,2% (+ 24,59%). Canton continue d’attirer de nombreux investissements directs étrangers (IDE). Canton accueille 7 400 sociétés à capitaux étrangers qui emploient 1,25 million de personnes. Elles représentent 60% de la production industrielle, un tiers des recettes fiscales et 60 % des exportations. Le montant cumulé des IDE reçus par Canton s’élève à 72 Mds USD dont 43 Mds USD réalisés. Cent soixante-neuf groupes du TOP500 mondial ont créé 385 sociétés à capitaux étrangers à Canton. Elles

représentent un investissement total de 16 Mds USD dont 6 Mds USD de capitaux étrangers. En 2008, Canton a reçu 6 Mds USD d’IDE (- 15,87%) dont 3,6 Mds USD effectivement réalisés, soit + 10,3% par rapport à 2007. La part des services a atteint 59%. Parmi les investissements réalisés dans le secteur des services, on peut citer : Guangdong Golden Rainbow Animation et Web Game Digital Technology Co Ltd pour un montant de 99,80 M USD, Guangdong Guanghang Shipping Co. Ltd (87,19 M USD) ; Guangzhou Anhua Logistics Co. (23 M USD), Sofstone South China Headquarters, Global Data Solutions et Bloombase Technologies. 197 projets ont dépassé 10 M USD et représenté un investissement cumulé de 5 Mds USD soit 84% des IDE destinés à Canton. Il s’agit en particulier de Guangzhou Skyworth Flat Panel Display Co. (99 M USD), de Guangzhou Johnson Automotive Interior Co. Ltd, TESCO (China) Investment Co., de Guangzhou Hitachi Koki Co Ltd (60 M USD), de la phase II de l’usine Toyota (526 M USD) et de 3M (22,50 M USD), ces trois derniers projets représentant des extensions d’implantations existantes. Dans le cadre d’une stratégie dite « Going Global » la municipalité de Canton encourage les sociétés locales à s’implanter à l’étranger. En 2008, la municipalité a approuvé 33 nouveaux projets d’implantation à l’étranger de sociétés cantonaises pour un montant total d’investissement de 119 M USD. Les investissements des sociétés cantonaises concernent 45 pays et représentent un investissement cumulé de 1,1 Md USD. Elles sont encouragées à acquérir des sociétés étrangères détenant des technologies de pointe, des marques connues ou des réseaux de distribution. Canton accueillera en novembre 2010 la 16 e édition des Jeux asiatiques. Si Canton n’a pas obtenu en 2008 le label tant recherché de « Ville de Civilisation » elle poursuit ses efforts pour être prête à recevoir en novembre 2010 les 54 délégations étrangères qui participeront à la 16 e édition des Jeux asiatiques. A cette fin, le gouvernement municipal consacre un effort financier important à

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姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES l ’a m é l i o r a t i o n d e s ••• tructures de tra nsports

i n f r a s - Il comprend de nouveaux projets de traitee t à l a ment des eaux usées domestiques, de noup r o t e c t i o n d e l ’e n v i r o n n e m e n t . velles stations de traitement des eaux de la Le renforcement des infrastructures rivière des Perles, des projets visant à séparer la collecte des eaux de pluie et des eaux de transports. usées, l’amélioration du Il s’agit en particulier de la système d’évacuation des seconde phase de l’aéroport « En préparation eaux de pluie (mousson, international de Baiyun, de typhons,…) et le renla phase III des travaux de des Jeux forcement des contrôles drainage de la rivière des Asiatiques de des rejets d’eaux usées. Perles, de la gare TGV sur 2010, Canton a Les industries agroale district de Panyu qui a été reçu le soutien limentaires et du BTP inaugurée au mois de jan- financier de Pékin devront contribuer à une vier 2010, de la ligne TGV pour se doter amélioration significative Wuhan-Canton également d’infrastructures de la pollution atmosphéinaugurée début janvier. Au qui en feront rique. 85 % des bus et total 34 projets qui renfor100 % des taxis utilisent ceront les infrastructures de l’un des centres le GPL comme carbutransports sans oublier la régionaux de rant. première phase du Bus Ra- l’économie La proportion des jours pid Transit (30 km) qui est asiatique. » ayant atteint les stanentrée en service dans le centre-ville au mois de février 2010. De 2008 dards de qualité de l’air a atteint 94,3%. à 2011, Canton consacrera 463 M Rmb de Le nombre de jours de brume a été réduit subventions aux transports en commun et de 16% passant de 131 en 2007 à 110 en 1,8 Md Rmb aux compagnies de bus et de 2008. Treize centrales thermiques de faimétro pour rendre accessible au plus grand ble capacité, 66 petites cimenteries et 140 entreprises polluantes ont été fermées en nombre ces modes de transport urbain. L’amélioration de la qualité de l’air 2008. Canton est devenue l’un des princiet de l’eau. Canton accorde une priorité croissante à la paux pôles de l’industrie automobile protection de l’environnement et à l’amé- chinoise. lioration du cadre de vie. Son parc auto- Ce secteur a représenté 15,9% de la promobile compte dorénavant plus de deux duction industrielle de Canton en 2008. millions de véhicules et croît au rythme Depuis 2000, le volume de la production 700 immatriculations par jour. L’effort automobile a été multiplié par 23 passant sera porté sur l’achèvement de la ligne 4 de 38 100 à 881 600 véhicules en 2008 du métro, la ligne étant entrée en service soit 9,43% de la production chinoise fin 2009, et sur la construction des lignes (9,345 millions). Avec 400 équipementiers et constructeurs automobiles (Nissan, 6 (phase II), 7 et 9. La seconde phase du programme Green Honda, Toyota, Hino, GAC,…), Canton landscape, Blue sky and Blue water a été est devenue en moins de 10 ans l’un des mise en œuvre. Les espaces verts repré- principaux pôles de l’industrie automobile sentent 44,4% du territoire municipal et chinoise. Les IDE réalisés dans ce secteur les forêts 38,2%. Un important effort de atteignent 1,836 Md USD pour un invesreboisement a été réalisé dans les zones tissement total de 7,259 Mds USD. La vareculées de la banlieue de Canton. Plu- leur des exportations est passée de 37 M sieurs manifestations de la population de USD en 2001 à 1,32 Md USD en 2008 Canton contre des projets d’incinérateurs soit 58 900 véhicules (10% des exportasitués en centre-ville ont conduit les auto- tions chinoises). rités à suspendre ces projets dans l’attente Guangzhou Dongfeng Nissan a annoncé des conclusions d’audits environnemen- le 30 juillet 2009 un investissement de 5 Md Rmb pour augmenter la capacité de taux. Un plan spécifique a été adopté en vue de production de son usine de Huadu (Canl’organisation des Jeux Asiatiques de 2010. ton). Elle permettra de créer 3 000 emplois 124

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qualifiés et aura une capacité de 240 000 véhicules ce qui portera la capacité totale du site de Huadu à 600 000 véhicules en 2012. Le groupe qui est devenu le premier constructeur automobile de Chine du Sud en 2008 avec une production de 350 000 véhicules a déjà produit 225 073 automobiles au premier semestre 2009, soit une hausse de 41,3% par rapport au premier semestre 2008. FIAT et Guangzhou Automobile Group Co. (GAC) ont signé le 6 juillet 2009 à Rome un accord sur la création d’une société à capitaux mixtes détenue à parts égales par les deux constructeurs. Elle conduira à un investissement de 400 millions d’euros dans une nouvelle usine automobile à Changsha (Hunan) qui produira 140 000 véhicules et 220 000 moteurs en 2011. Ce projet devrait permettre à GAC d’atteindre l’objectif de 1,3 million de véhicules et 200 Mds Rmb de chiffre d’affaires en 2010. Volkswagen et FAW Group Corp. ont, de leur côté, annoncé en février 2010 leur intention de construire à Canton une nouvelle unité de production automobile d’une capacité de 300 000 véhicules. Ce projet qui n’a pas encore été approuvé par les autorités centrales doit permettre à la marque allemande et à son partenaire chinois de se positionner sur le marché très convoité de la Chine du Sud. Des pôles de compétitivité seront développés dans d’autres secteurs industriels. La capitale du Guangdong s’est ainsi dotée en 2008 d’un nouveau chantier naval sur l’île de Longxue à Nansha. Les exportations de navires ont représenté 1,6 Md USD en 2008. Les industries de la pétrochimie, de la sidérurgie, de l’électronique, pharmaceutique et mécaniques y sont très bien développées grâce aux nombreux partenariats sino-étrangers. Canton souhaite également se doter d’un pôle de compétitivité Digital Home dans le domaine des technologies de l’information en accordant une priorité au développement de six secteurs d’activité : les composants électroniques, les services d’outsourcing, les machines à commandes numériques, les équipements pour la maison numérique, les écrans plats pour la télévision numérique, les nouveaux ma-


CANTON 广州

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La « Californie chinoise » La province du Guangdong et sa capitale sont engagées depuis 2007 dans une profonde mutation pour s’affirmer à l’horizon 2020 en tant qu’économie moderne, tournée vers les services et les nouvelles et hautes technologies, en symbiose avec les économies hongkongaises et macanaises (les 1er investisseurs de la province), intégrée au vaste marché de libre échange avec les 10 pays de l’Asean, en phase d’accélération dans ses échanges avec Taiwan (2 e investisseur de la province). Canton est historiquement la première ville à avoir été en contact avec le monde extérieur, dés le VIIe siècle avec l’arrivée des marchands arabes et persans, à partir du XVIe siècle avec celle des Portugais. C’est la capitale administrative de la province la plus développée de Chine. Pour les dirigeants chinois, c’est surtout la « première économie provinciale » 第 一经济大省. Elle assure à elle seule 30% des échanges extérieurs de la Chine, 1/7e des recettes fiscales du pays, etc. Si la province du Guangdong était un pays, son économie serait classée au 23e rang mondial ou au 14e en parité de pouvoir d’achat. Deuxième « petit dragon » d’Asie (son PIB excède 400 mds USD), le Guangdong est en quelque sorte la « Californie chinoise ». C’est aussi LA région pionnière 排头兵 en matière de réformes, en 1989 et en 1992 sous l’impulsion de Deng Xiaoping, actuellement

sous celle du président Hu Jintao et du secrétaire du Parti de la province, Wang Yang, ardent défenseur de la globalisation et de l’économie de marché de type libéral. Ce sont les raisons pour lesquelles Canton accueille une communauté française sans cesse grandissante (+ 17% en 2009) même si celle-ci demeure très en-deçà de ce qu’elle devrait être en nombre, compte tenu de l’énorme potentiel et des atouts de cette région (proximité avec Hong Kong notamment). Actuellement plus de 2 200 de nos compatriotes sont inscrits au registre des Français au Consulat général de France à Canton, ils se répartissent à égalité entre Canton et Shenzhen. Quelque 400 entreprises françaises, dont un nombre important de PME, exercent leurs activités dans la circonscription. Une nouvelle école qui a l’ambition de devenir un véritable lycée international français ouvrira ses portes à Canton à la rentrée 2010-2011 pour accueillir les enfants des familles françaises et francophones. Une structure analogue est en train de se mettre en place à Shenzhen, du fait de l’arrivée massive de familles employées par les groupes Areva et EDF notamment. Car la France a en effet des intérêts stratégiques majeurs à Canton et dans sa circonscription. J e a n -R a p h a ë l P e y t r e g n e t Consu l Génér a l

Vue du nouveau centre d’exposition international de Canton (Pazhou).

de

Fr a nce

à

C a nton

© Imagine China

tériaux (plasturgie,…). A partir de 2009, chacun des 12 districts municipaux recevra une allocation de 60 millions de Rmb afin de promouvoir le développement scientifique et technologique dans sa circonscription. Par ailleurs, les autorités de Canton soutiennent la transformation de l’industrie locale du « processing trade » dont les entrepreneurs sont invités à passer d’une activité d’OEM (Original Equipment Manufacturing) à une activité d’ODM (Original Design Manufacturing) voire, dans le meilleur des cas, d’OBM (Original Brand Manufacturing). Ces entreprises sont ainsi encouragées à développer leurs propres capacités de R&D et à enregistrer leurs marques et brevets en Chine et à l’étranger. Les autorités de Canton accordent dorénavant la priorité au développement des services. Canton souhaite devenir un centre de services et promeut à cette fin la marque « Guangzhou Service » en particulier dans le domaine de l’outsourcing. En 2008, les services ont représenté 59% du PIB soit 484,9 Mds Rmb (+13,6%) et contribué à hauteur de 64,6% à la croissance. Les 75 principales entreprises de services d’outsourcing implantées à Canton ont signé en 2008 pour 443 millions USD de contrats. La valeur des exportations de logiciels a atteint 146 M USD soit un des niveaux les plus élevés parmi les principales villes chinoises. Le développement des services d’outsourcing bénéficie également d’une initiative originale associant Hong Kong (Guangzhou Hong Kong Services Outsourcing Union) qui vise notamment à créer des relais en Europe, au Japon, aux Etats-Unis et à Hong Kong pour soutenir l’activité d’outsourcing. Canton ambitionne de devenir un centre régional (hub) de services à partir de quatre plateformes : le centre des expositions de Pazhou (expositions, foires et conférences), le quartier d’affaires de Tianhe (services financiers, outsourcing, sièges régionaux,…), le quartier de Baietan (restauration, loisirs et divertissements) et le district de Baiyun (services aéroportuaires, parcs logistiques, entrepôts sous douane,…). Les sociétés de services ont ainsi vocation à remplacer

广州国际会议展览中心(琶洲展馆)

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姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES les entreprises industrielles du cen••• tre urbain qui devront se relocaliser dans les régions reculées des districts municipaux ou du Guangdong. Le trafic du port de Canton est resté stable (+1%) avec un volume de fret de 347 millions de tonnes faisant de Canton le quatrième port de Chine en volume. L’achèvement de la seconde phase du port en eau profonde de Canton, situé sur le nouveau district de Nansha, a permis un trafic de conteneurs de 11 millions d’EVP en 2008, Canton devenant un des 10 plus importants ports à conteneurs au monde. Les autorités chinoises souhaitent faire de Canton un « hub » international de services logistiques en s’appuyant notamment sur le nouveau siège Asie-pacifique de FEDEX inauguré début 2009, le port en eau profonde de Nansha, le port fluvial en eau profonde de Huangpu et les zones sous douane de Baiyun (aéroport) et de Nansha (port maritime). La gare TGV située à 45 mn du centre ville sur le district de Panyu permettra de relier Shenzhen en 40 mn en 2010 et la plupart des grandes villes chinoises au-delà de cette échéance. L’inauguration en 2009 de la troisième phase du parc des expositions de Pazhou qui accueille notamment les deux éditions annuelles de la foire de Canton, a fait de ce centre le plus grand centre d’expositions couvert au monde. Enfin, les revenus du tourisme ont représenté 80 Mds de Rmb en 2008. Depuis janvier 2005, six hôtels cinq étoiles ont ouvert leurs portes à Canton (Westin, Grand Hyatt, Ritz-Carlton, ShangriLa, Mandarin Oriental, Pullman). Une dizaine d’autres sont en construction et devraient être inaugurés d’ici la fin 2010 (Four Seasons, Sheraton, W, Sofitel, Jumeirah, Intercontinental,…). Une quinzaine d’hôtels 5 étoiles aura ainsi été construite en cinq ans à Canton. La Nouvelle Cité de la Rivière des Perles où se concentre la plupart de ces hôtels sera la nouvelle vitrine de Canton et sa Tour de Télévision de 608 m le symbole international de la ville au même titre que la Tour Eiffel pour Paris.

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L’équipe de la CCIFC Sud Chine. De g. à dr. : Victor Chen, Thierry Tang, Léa Feng, Christine Dai, Yang, Marie Robert-Drissi, et Frédérique Consigny. 中国法国工商会华南区办公人员,从左至右:陈庆安、 谢梓盈、杨帆、Marie Robert-Drissi、 Frédérique Consigny。

CCIFC : De plus en plus d’entreprises françaises Ouver t en 2001, le bureau de la CCIFC Canton rassemble aujourd’hui près de 240 entreprises françaises, un chif fre d o n t l a c r o i s s a n ce n e s ’e s t j a m a i s démentie et qui a été multiplié par deux depuis 2006. L’ac tuel direc teur Her vé L amb elin pré cise que la pro vince du Guangdong a enregistré en 2008 une progression de 15% de ses échanges avec la France — lesquels représentent 1/5 e du commerce entre la France et la Chine. A la tête des deux bureaux CCIFC Sud Chine, Canton et Shenzhen (ouver t en décembre 2008), Her vé Lambelin qui a auparavant travaillé pour plusieurs grandes compagnies aériennes europ éennes, souligne la t ypologie par ticulière des entreprises membres dans le Guangdong : « A la dif férence de Pékin et Shanghai où se concentrent les sièges sociaux des entreprises françaises, à Canton, les implantations sont en majorité industrielles et nous comptons environ 80% de PME parmi nos membres. L’esprit d’entreprise bat son plein. Tous les sec teurs d’ac tivité sont bien représentés . L a

haute technologie est marquée par la présence historique d’EDF et d’Areva à Daya Bay (b erceau de la co op éra tion nucléaire franco -chinoise), mais sont é galement présent s la gr ande distribution, plusieurs cabinets d’avocats français, le tourisme et les loisirs, les ser vices de cer tif ication, les produits et ser vices pour la santé et la protec tion de l’environnement, les transpor ts urbains, la logistique, les ser vices d’audit et de conseil, les ser vices informatiques et d’outsourcing et les ser vices financiers. » Avec son équipe mixte franco-chinoise de huit collaborateurs permanents, H er vé L amb elin p ro p os e un e larg e gamme de ser vices aux entreprises : conférences, séminaires, networking, bureaux de domiciliation, aide au recrutement, formations… auxquels se sont récemment ajoutés des groupes de travail RH et grande distribution qui permettent aux professionnels du secteur d’échanger leurs expériences et leurs exper tises. Fait nouveau également, depuis juin 2009, la collabo ration avec la Chambre de commerce


CANTON 广州 FFG Bags Ltd. veut grandir sur des bases saines

Les stocks de tissus de FFG Bags FFG Bags公司的布

© CCIFC

料库存

Hervé Lambelin,Charlène Wu, Claire Xie, Fan Thierry Tang、冯蕾、 戴俊婷、Hervé Lambelin、吴楚园、

all e ma n d e s ’e s t co nsi d é r a b l e m e nt renforcée. Her vé Lambelin explique : « Nous avons mis au point des of fres co mmun es , n o us t r av aill o ns b eau coup en anglais ce qui nous permet de rassembler au niveau européen et de rép ondre à la demande des en treprises, notamment en matière de formation.» Mais ce qui, sans doute plus que to u t , f a i t l a n o to r i é té d e l a CC I F C Canton, ce sont ses deux événe ment s majeur s : le 14 juillet « Côté plage » et, en novembre, sa soirée de prestige « Côté Jardin » qui fédérent au-delà des communautés d’af faires f r an co - chin o is es . « Les entrep r is es étr an g ères s o nt très ép ar p illé es et relativement isolées, elles sont très demandeuses d’événements, ce qui explique le succès que rencontrent nos events » souligne Her vé Lambelin. En 2010 pour la première fois, la CCIFC Canton organisera la remise du prix PME, un signe de l’imp or tance stratégique croissante de la capitale du Delta de la rivière des Perles.

S o p h i e L av e r g n e

« Toute la Chine se retrouve à Canton. Sur les marchés de gros, les négociants locaux sont minoritaires », assure Nicolas Libaude, le directeur de FFG Bags Ltd. La toute jeune structure (un an et trois mois) compte déjà 70 employés qui produisent 10 000 pièces par mois : des sacs de montagne, de sports nautiques et autres activités de plein air. « Ce n’est pas la quantité qui est privilégiée, c’est la qualité », précise-t-il. Si l’entreprise exporte pour l’instant essentiellement en Europe, l’objectif pourrait être un jour la pénétration du marché chinois. « La contrefaçon ne me fait pas peur. Car les Chinois qui se tournent vers ces activités sportives commencent à avoir assez d’argent pour bien s’équiper. » Avec la densité du réseau de production du Guangdong, l’approvisionnement est aisé. FFG Bags Ltd. compte entre « 60 et 70 fournisseurs ». Pour autant, afin d’éviter les mauvais produits, l’entreprise négocie surtout avec de grosses usines, en particulier taïwanaises. Forte de ces exigences, la vente des produits made in China ne suscite ni réserve ni suspicion de la part des clients européens. D’autant que pour eux, « c’est rassurant d’avoir un interlocuteur français. » Et si Nicolas Libaude approvisionne des clients qui commandent de petites quantités (500 pièces par exemple), c’est volontairement à contre-courant des pratiques chinoises. « Quelle que soit la gamme de produits, ici les usines produisent pour de gros clients, car elles pensent qu’il n’y a pas

d’argent à se faire avec des clients comme les miens. » Or le jeune directeur sait, lui, qu’il y a « une multitude de ‘’petits clients’’ qui ne savent pas à qui commander... » « Mes clients sont des petites marques avec des petites quantités qui ne trouvent pas d’usine capable de répondre à leurs attentes. On trouve soit l’usine taïwanaise de 2 000 personnes, capable de produire de la très bonne qualité pour Samsonite ou Nike, soit des usines chinoises plus basiques, qui font des sacs rentrée des classes par exemple, et qui, elles aussi, privilégient la quantité, car leurs clients veulent un prix le plus bas possible. » Avec un chiffre d’affaires « de 800 000 € lors du premier exercice et qui pourrait passer à 1,2 million en 2010 », les résultats sont conformes aux prévisions établies par Nicolas Libaude. Et si, à l’occasion de la fête de printemps, FFG Bags Ltd. a perdu des employés, revenus dans leurs familles, l’heure n’est pas à l’inquiétude. « Je sais qu’ils reviendront après les fêtes », promet-il. Soucieux de leur offrir de bonnes conditions de travail, il a engagé un processus de certification BSCI (Initiative Conformité Sociale des Affaires), qui devrait favoriser la saine croissance de sa toute jeune entreprise.

Sogal propulsé par le marché chinois En s’implantant à Zengcheng, au nordest de Canton, en 2004, le leader français de placards coulissants et des meubles de rangement sur mesure Sogal a fait le beau pari de se lancer le premier sur ce marché embryonnaire. « Les premières années ont été très difficiles », admet Yu Xiaomin, le directeur général de Sogal Guangzhou Industry & Design Co., Ltd. Mais désormais, les commandes explosent. À tel point que, malgré l’arrivée de concurrents, désormais, « personne n’arrive à satisfaire la demande. Le marché des placards sur mesure, c’est un tout nouveau marché, le “blue sea“. » En installant son usine à Canton, Sogal a fait le bon choix stratégique. Car « on y trouve de nombreux fournisseurs de meubles contemporains et

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姊妹省份 RÉGIONS JUMELLES Un petit bout d’Alsace naît au cœur de Canton

Des meubles sur mesure.

定制家具

de quincailleries, et que l’on est pro••• che de Hong Kong ». Son développement s’appuie sur le réseau de distribution de son partenaire chinois Ningji. Grâce à lui, l’entreprise compte déjà plus de 500 points de vente en Chine en 2009. Ce dynamisme trouve aussi son origine dans les caractéristiques du tissu économique de la région : « Canton s’ouvre au commerce mondial depuis 30 ans. Les habitants sont pragmatiques, et les ouvriers très travailleurs », analyse Yu Xioamin. Pour autant, le jeune directeur reconnaît rencontrer parfois quelques difficultés avec les douanes, mais « il y en a relativement moins qu’ailleurs, notamment qu’à Shenzhen. » D’ailleurs, « à Canton le gouvernement intervient moins que dans d’autres régions de Chine, ce qui facilite le commerce. Il y a un meilleur respect des règles... » Ce natif de Canton nuance pourtant ce tableau flatteur : « les fournisseurs ont toujours du mal à livrer dans les délais convenus ». Rien de rédhibitoire pourtant : il suffit de multiplier les partenariats. Mais « si on ne veut pas avoir de mauvaises surprises, il ne faut pas acheter les produits les moins chers », prévient Yu Xiaomin, qui sait que la différence du coût de production final est largement compensée par le prestige de la french touch de Sogal. Un diagnostic que les chiffres ne démentent pas : avec un chiffre d’affaires passé de 500 000 € en 2005 à 7 millions d’euros en 2009, le pôle Chine a fait « plus que compenser la baisse des commandes françaises » provoquée par la crise économique. À tel point que le fabricant de placards affiche dors et déjà ses ambitions : « Doubler notre chiffre d’affaires à l’horizon 2014, et renforcer l’exportation vers les États Unis et le reste de l’Asie. » 128

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Cuisine et décor alsaciens pour dépayser les clients. 阿尔萨斯的特色菜肴与装修风格让顾客感受不 同的就餐氛围

« J’ai toujours baigné dans la Chine », raconte Christophe Bilde. Pendant sa jeunesse dans les années 80, c’est d’ailleurs plutôt la Chine qui vient à lui. Jusque dans sa maison à Strasbourg. Son père, Jacques, propriétaire d’une chaîne de magasins, importe massivement des produits ménagers et des décorations de Noël. Ses partenaires chinois, devenus peu à peu des amis, viennent alors régulièrement leur rendre visite en Alsace. Ce n’est pourtant qu’en 2005, à l’occasion de la foire internationale de Canton, que Christophe met réellement les pieds en Chine. « Pour moi, ce fut un coup de foudre pour le pays et ses habitants. J’ai immédiatement compris que j’allais venir vivre ici », raconte-t-il. L’année suivante, il s’installe à Canton et travaille pour China New Product Factory, spécialisée dans les solutions d’export et de sourcing, dont il prend rapidement la tête. Parallèlement, il cultive son amour pour la Chine, et en particulier pour la cuisine chinoise. Pourtant, il lui manque quelque chose. « C’est vrai qu’après quelques années passées ici, on se sent loin de notre culture. L’idée d’ouvrir un restaurant français a alors commencé à germer ». Le projet reste alors en attente... jusqu’à la crise financière de 2008 qui, « au vu des perspectives de développement en Chine par rapport à l’Europe durement touchée », accélère alors la décision de se lancer. Pour populariser leur gastronomie, les Alsaciens doivent la rendre accessible aux

bourses chinoises. « Les prix commencent à 28 Rmb. » Tartes flambées, choucroutes ou spatzele, la carte propose aussi des plats « que mangent vraiment les Français au quotidien. » Et, plus encore que la cuisine, c’est le dépaysement que Alsace Village veut offrir. La décoration typique de sa région d’origine sert de cadre à un mini-musée : « 500 objets anciens, accompagnés de plaques explicatives traduites en chinois, racontent notre histoire. Des télévisions diffusent des vidéos sur notre patrimoine régional. » Pour donner un peu de liant à l’ensemble, les serveuses ont reçu une formation spécifique. « Je les considère comme des hôtesses, elles se sentent valorisées. » À tel point que certaines veulent désormais apprendre le français. Alsace village compte déjà quelques habitués parmi les clients cantonnais. « Si nous voulions les faire venir, il fallait nous adapter à leurs habitudes : manger rapidement, leur donner la possibilité de commander des plats collectifs ou de rapporter de la nourriture à la maison. » Christophe est optimiste. Depuis l’ouverture du restaurant le 28 janvier, lui et son jeune frère Rudy, associé à l’activité, constatent des « débuts très prometteurs ». Un bon signe, d’autant que le développement rapide de Canton ouvre des perspectives favorables. « Dans le cadre des Jeux Asiatiques organisés dans la ville cette année, le gouvernement a massivement investi dans les infrastructures et les équipements.» De bon augure pour le développement touristique. Plus largement, Christophe considère l’enrichissement du pôle Hong-Kong, Macau, Canton, Shenzhen, comme une opportunité à plus long terme. « Si le principe du restaurant fonctionne, nous souhaiterions en ouvrir d’autres. Peut-être sous la forme d’une chaîne ou d’une franchise. » L’Alsace à la conquête de la Chine ? Le pari est séduisant...

Le restaurant-musée de Christophe Bilde. 阿尔萨 斯的特色菜肴与装修风格让顾客感受不同的就餐氛围


CANTON 广州 À Xiaolan, Extruflex tourne à plein régime

Les bobines de PVC d’Extruflex.

爱托福生产的

PVC材料

Lorsqu’Extruflex a décidé de s’implanter en Chine en 2005, plusieurs zones de recherche ont été explorées. « Nous avons opté pour X iolan, parce que c’était la seule qui nous garantissait une livraison d’énergie permanente », raconte Yoann Coutherut, le directeur général. Or, pour cette entreprise spécialisée dans la fabrication de bobines de PVC pour portes souples, qui avait l’intention de produire 24h/24 et 7j/7, une telle fonctionnalité était essentielle. Ce choix de Xiaolan s’explique aussi par « la proximité avec nos fournisseurs et avec le port qui se trouve à moins de dix minutes de l’usine. » Ajoutez à cela le niveau raisonnable des coûts de fonctionnement, et Xiolan serait presque l’emplacement idéal. À ceci près qu’il faut encore réussir à faire venir les collaborateurs dont on a besoin. Or, « trouver les profils adéquats est très difficile », déplore-t-il. C’est que, dans cette zone industrieuse, à part travailler, il n’y a pas beaucoup d’activités pour s’occuper. Le directeur général regrette par ailleurs une certaine vision à court terme dans la manière dont certains partenaires mènent les affaires, bien qu’elle soit « typique de la culture locale ». Ainsi « l’un de nos fournisseurs a vendu notre produit à un concurrent. » Un mauvais calcul qui a provoqué la rupture du contrat. Malgré ces difficultés structurelles, la production d’Extruflex grimpe régulièrement : 3 500 tonnes en 2007, 4 000 en 2008, 4 500 en 2009 et une prévision établie

à 5 500 pour cette année. Elle progresse même à un rythme tel que 2 000 m² d’usine supplémentaires vont devoir être aménagés dans le courant de l’année. C’est d’autant plus encourageant que la concurrence locale n’est pas réellement compétitive. D’une part parce qu’Extruflex exploite un marché de niche, d’autre part parce que les standards de qualité chinois sont nettement inférieurs. Et c’est de bon augure, dans la perspective d’une conquête du marché chinois dans les années à venir...

L’énergie de Xiaolan au service des batteries d’Uniross

Batteries et chargeurs d’Univox.

欧力生产的电池

和充电器

Se trouver « à moins de deux heures de tous nos fournisseurs. » Tel est le critère principal qui a présidé, en 2003, à l’installation d’Uniross à Xiaolan, au sud de Canton. Boris Duhamel, le directeur Asie de ce grand fabriquant de batteries et de chargeurs, explique que pour faire fonctionner au mieux l’entreprise tournée « à 95% vers l’exportation, il fallait aussi être proche d’un grand port commercial. » En construisant les 6000m² d’ateliers et de bureaux à Xiaolan, Uniross a bénéficié d’un autre atout majeur : la grande disponibilité des autorités locales. « Dans cette petite ville de 300 000 habitants, nous avons un accès direct à la mairie et au chef local du parti. » Une familiarité qui s’explique notamment par le fait que « nous sommes dans le ‘’top10’’ des investisseurs étrangers de la ville depuis plusieurs années », ainsi que par une volonté de Xiaolan de « nous aider à être performants ». En particulier sur la partie la

plus austère de l’activité : les démarches administratives. « Plusieurs personnes de la ville parlent parfaitement anglais », et sont naturellement devenues leurs interlocuteurs-clef. Cette atmosphère de travail « amicale » s’est aussi déclinée dans l’enceinte même de l’entreprise, « qui jouit d’une bonne image auprès les employés ». D’abord, les activités extra-professionnelles ainsi que des avantages, comme des aides au logement, favorisent leur attachement à l’enseigne. Ensuite, « nous avons mis en place un double système de formation et d’évaluation, qui leur permet de gravir les échelons année après année. » Ce lien entre Uniross et son staff permet aussi une flexibilité efficace en terme de main-d’œuvre : « En fonction de l’activité, il y a entre 200 et 400 ouvriers ». De bon augure, puisque le potentiel de développement de l’usine est important : outre la fabrication de batteries et chargeurs pour les terminaux de paiements, les vélos électriques, les professionnels de l’électroménager et de tous les produits qui nécessitent des sources d’énergie rechargeables, Boris Duhamel aimerait « développer le savoir-faire dans l’assemblage, notamment pour des produits comme les torches électriques. Le potentiel est là, nous avons une bonne réserve de capacité de production. » À l’origine de l’implantation d’Uniross, tout n’a pourtant pas été tout rose. Le premier « challenge, c’était la communication avec les douanes. Mais leur système s’est amélioré avec la mise en place de l’EDI, l’échange de données informatiques. Ça nous a permis d’économiser beaucoup de temps et d’énergie... » Autre point noir qui a peu à peu disparu : l’isolement. « Lorsque nous nous sommes installés sur le site, la zone était complètement vierge... » Signe du grand dynamisme local, on trouve, à peine sept ans plus tard, « un shopping mall, un hôtel cinq étoiles, un cinéma, de plus en plus de restaurants et d’étrangers ». Une attractivité croissante qui pourrait compenser bientôt la principale lacune de la zone : la difficulté à recruter « des personnes très qualifiées, qui préfèraient jusqu’à maintenant s’installer dans une métropole comme Canton ou Manuel Rambaud Shanghai. »

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© MICHELIN

旅游 TOURISME

里昂歌剧院

L’opéra de Lyon

里昂(LYON) 里昂坐落在西欧的十字路口,是巴黎(Paris)与地中海(la  Méditerranée)之间不可错过的 中途旅站,是法国的经济金融中心以及罗讷-阿尔卑斯大区(la  région  Rhône-Alpes)的 首府。闻名遐 迩的“祈祷山”弗尔 维埃(Fourvière)和“工作山”克鲁瓦- 鲁斯(CroixRousse)俯瞰着这座位于河流交汇处的独特城市。里昂的财富与这里两千年深远丰富的 历史相符相称,它在1998年被载入联合国教科文组织世界遗产 (Patrimoine mondial de l’Unesco)名录也可谓实至名归。里昂这座“南方的门户”(la « Porte du Midi »)有时被形容 为冷漠而低调,实际上里昂是一座宽容、亲切而好客的城市,对于肯为它付出些许时间 的游客而言,里昂独特的魅力一定会让人流连忘返。

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Connexions / mars 2010

本专栏内容由米其林旅游出版公司提供


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Lyon 里昂

老城的文艺复兴风格的长廊

漫步弗尔维埃山 如同里昂北部的棕红十字架  ( la  Croix Rousse) 山一样,弗尔维埃 (Fourvière) 山 俯瞰着里昂的西部,这里曾有一座古罗马 城市。 “弗尔维埃”(« Fourvière »)一名源于古 罗马时期,古城建于公元前43年,如今依 旧保留有若干遗迹:剧场、音乐堂、引水 渠,等等。公元3世纪,弗尔维埃山被慢慢 遗弃,人们开始使用山上的石块来建设

Une cour intérieure dans une traboule

道院,如今修道院内坐落着省立档案馆

城市简介 面积: 39.5 平方公里 人口:472530 旅游局网址: www.cn.lyon-france.com 如何前往? 乘坐TGV高速火车从巴黎出发,大约 需要2小时抵达里昂的佩拉什火车站 (gare de Perrache)和拉帕尔迪约火车 站(gare de la Part-Dieu)。火车站紧邻 市中心,可直接换乘地铁。

(les Archives départementales)。这条坡 道共有238级台阶,加上第二条坡道的 560级台阶的话,从弗尔维埃铁塔(la tour métallique de Fourvière)走到下面的圣 保罗广场(la place St-Paul)总共有798级 台阶。下山时,这样的坡度令人能够欣赏 到有趣的景致:从索恩河(la

Saône)畔建

筑群中冒出的圣尼奇耶教堂(l’église  StNizier)尖顶。取道加里亚纳 (Garillana) 山 坡路时,人们为其曲折的阶梯(224级台

下面的新城。中世纪,山上大部分地方被 重新用于培植作物(特别是葡萄种植)。

若想攀爬弗尔维埃山,须取道迂回曲折的

阶)而叹服。若想欣赏里昂城的全景,还

17世纪,许多教会在山上建造了自己的修

阶梯,或者那些被称为“山坡路”的陡坡

可以攀登新路(Chemin-Neuf)山路和圣巴

道院,此山因而得名Fourvière,意为“祈

街巷。每条道路都独具魅力,能够俯瞰老

泰勒米(St-Barthélemy)山路,从这两条坡

祷山”,它的对面是棕红十字架 (la Croix-

城的美景。还可以乘坐缆车抵达山顶,里

道开始,游客就能一览里昂老城的所有街

Rousse) 山则被称为“工作山”。

昂人称其为“绳子”。

区和主教教堂。最后,还有著名的古尔吉

如今,弗尔维埃山及其大教堂、古罗马时

首先可以取道卡尔姆•德肖塞 ( Carmes-

永(Gourguillon)山路,中世纪时,前往奥弗

期的古迹、博物馆已经成为游客众多的旅

D é c h a u s s é s) 坡 路 和尼古 拉 • 德 朗 热

涅地区(Auvergne)的四轮运货马车通常会

游胜地,一如山下绵延100多米的古老街区

(Nicolas-de-Lange)坡路。第一条坡道的

走这条坡道;今天的人们很难想象负重

(里昂老城le Vieux-Lyon)。

名字源自建于17世纪初期的一座同名修

的车队如何攀爬如此陡峭的山坡。

•••

Connexions / mars 2010 131


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旅游 TOURISME

弗尔维埃山的夜景

•••这条道路上能够看到一座文艺复兴

L’église St Georges et la basilique de Fourvière sur la colline

笔”的里昂信贷银行大厦(la tour du Crédit

联想到基督教早期时光。参观高卢-罗马

时期风格的建筑,更高处则是图尔凯胡同

Lyonnais)所在的罗讷河(Rhône)左岸;远

文明博物馆(le Musée de la Civilisation

(l’impasse Turquet),这条秀丽的小巷拥有

处,东面依稀可见群山的身影:比热山地

gallo-romaine)让游客继续沉浸在悠久的

古色古香的木长廊。享受山坡上的美景之

(Bugey)、阿尔卑斯山脉(Alpes)、沙特勒斯

历史中。这间博物馆因其建筑而与众不同

后,即可抵达弗尔维埃圣母大教堂。

山地(Chartreuse)、韦科尔山脉(Vercors)。

(它几乎完全位于地下!),凭借丰富的

“ 祈 祷山”上 纪念圣母的宗教 建筑已

若想饱览360度全景,游客可以步行登上

高卢-罗马时期的藏品而出类拔萃。最后,

经拥有近8个世纪的历史。圣母大教堂

大教堂的瞭望台(287级台阶— —有方

游客还能探访古罗马剧场遗迹— —气势

(basilique Notre Dame)矗立在弗尔维埃山

位指示台);届时将能瞭望到里昂人山

宏伟的建筑群包括一座音乐堂和一座剧

丘上,那恢宏的身影已经成为里昂风景的

( les monts du Lyonnais)、皮拉山(le mont

场(建于公元前1世纪),音乐堂在当时用

一部分。夜间灯光照明时, 气宇轩昂的大教

Pilat)以及金山(le  Mont-d’Or);天气晴朗

于举办音乐会和精英论谈会,而剧场则

堂仿佛山顶的一座灯塔。大教堂的庞大身

时,人们还可以分辨出西面的阿尔卑斯山

堪称法国古剧院之最。在夏季举办“弗尔

躯也为它赢得了一个有趣的绰号中: “翻

和勃朗峰(le mont Blanc)以及东面的多姆

维埃之夜”艺术节(festival « les Nuits de

倒的大象”,看来大教堂也并不仅仅拥有

山(le puy de Dôme)。

Fourvière »)之际,这两座古建筑重新迎来

仰慕者。这座大教堂是著名的朝圣之地,

在结束我们的弗尔维埃山漫步之前,还

观众,人们在露天欣赏戏剧、音乐会和舞

遵照热努亚克大人(Mgr de Genouilhac)的

可以在考古公园了解里昂的古老历史,园

蹈的同时,还能饱览城市美不胜收的景致

心愿建造于1870年普法战争之后:因为这

内的一些古代公共建筑于1933年出土。

(活动网址:www.lesnuitsdefourviere.fr )。

位里昂的大主教曾经承诺,如果敌人未靠

在法尔热路(rue

近里昂城,他将在此建造一座教堂。

卢-罗马时期的公 共浴池 ,在马卡贝路

里昂老城的穿街小巷

作为对游客努力爬山的回报,山顶还有许

(rue  des  Macchabées)和菲勒希龙堤岸

这是里昂老城的特色之一,绵延在索恩

多观景点。从大教堂左面的广场空地能够

(quai Fulchiron)(舒朗山坡路montée de

河(la  Saône)与弗尔维埃山之间的圣让

俯瞰半岛街区(la Presqu’île)以及绰号“铅

Choulans)还保存了一些教堂遗迹,令人

街区(le quartier de St-Jean)拥有

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Connexions / mars 2010

des

Farges),有一座高

•••


Lyon 里昂 (Vieux  Lyon)的主街区— —圣让街(rue

La

最 老 道的饕客 将美食之都定在里昂

St-Jean) ,热闹的小酒馆(bouchon)和手

–地址:30 cours de Verdun –电话:04

绝非偶然。在里昂周边汇集了许多布

工艺店铺是体验当地风情和掏宝的好地

72 56 54 54 -电邮:brasserie.georges@

雷斯地区(la

Bresse)和沙罗莱地区(le

方。« bouchon »一词原来是指悬挂在小

wanadoo.fr –5月1日休息 -价格:18/24€。

Charolais)的畜牧场,除此以外还有栋布

酒馆门前的一把麦秆,表明人们可以在

这间餐厅邻近佩拉什火车站(la gare de

(la  Dombes)地区的野味、附近萨瓦湖泊

店内喝到葡萄酒。如今这个词汇指代里

Perrache),于1836年开业,深受好评,是

产量丰富的鱼类、罗讷河谷(la vallée du

昂城的典型小酒馆,供应传统的当地菜

里昂不容错过的地方。巨大的用餐厅有

Rhône)及福雷地区(le Forez)的菜园和果

肴,其中有些小酒馆已经拥有百年历史。

舒适的红色软垫长椅、装饰艺术风格的

园。料理所用的食材全部由最顶级的主

以下为您推荐几个不可错过的美食餐

枝形吊灯和壁画,仅是这间用餐大厅本

厨及著名的“里昂厨娘”精挑细选,因

厅,带您去体验地道的里昂佳肴:

身就值得前往参观。餐厅提供地道的烹

里昂—令人大快朵颐的美食

Brasserie

Georges(乔治啤酒屋)

饪。

此,里昂的美食名声在很大程度上应当 归功于其对高品质食材的巧妙运用。

餐厅

Restaurant

这里为您介绍几道著名的里昂菜肴,让

Le Vieux Lyon(里昂老城餐厅) – 地

斯餐厅)–地址:pont

您在出发之前憧憬享受美食的快感:

址:44 r. St-Jean – 电话:04 78 42 48

Nord 69660 Collonges au Mont d’Or:

圆鼓鼓的烤炉焗鱼肠(la

de

89 –价格:13,50/20€。里昂所有的食客

距离索恩河( Saône)岸1 2 公里( D 433,

brochet)浸在嗞嗞作响的金黄色黄油中

都知道这间热情好客的小餐馆:开业于

D51)- 电话: 04 72 42 90 90 –电邮:

色泽诱人;包裹在热松甜面包中的里昂

1947年,如今依然保持着欢聚一堂的幸

paulbocuse@bocuse.fr –价格:109-185€

腊肠(le saucisson de Lyon)美味可口;添

福氛围。餐厅用布拉桑斯(Brassens)、布

- “保罗先生”迎接来自世界各地的饕

加了松露或开心果的热香肠(le cervelas)

雷勒(Brel)以及阿里奥(Herriot)等名人的

客……

香气扑鼻;鳟鱼在烹饪时填入馅料用小

照片作为装饰,以里昂家常菜为主。

火慢慢煨炖鲜美异常;而家禽、特别是松

Le Café 203(203咖啡馆)-地址:9 r. du

美食购物

露馅鸡(la poularde  demi-deuil)在高汤

Garet -电话:04 78 28 66 65 -电邮:

Reynon(雷农猪肉食品外卖店) –地址:

中烧煮之前还会塞入松露薄片;更为传

cafe203@wanadoo.fr -12月24日至1月3日

13 rue des Archers –电话:04 78 37 39 08

统的美味特色菜肴是:奶油鸡(le poulet

休息 -价格:10€。一些食客光顾这间小

–网址: www.reynon.com – 营业时间:

à la crème)、牛骨髓刺菜蓟(les cardons

餐馆氛围的咖啡馆是为了品尝当日推荐

周二至周六:8 :30-13 :30,15 :00-19 :30

à la moelle)或者焗刺菜蓟、佩鲁日烘饼

的集市新鲜食材烹饪。还有的客人是为

–  7月底至8月中旬、节假日(圣诞节及元

(les galettes de Pérouges)、以及封斋前

了追求精神食粮:来这里欣赏画展、青

旦除外)休息。从1937年创建伊始,这间

周二的油炸甜糕(les bugnes de Mardi

年作家的作品展或聆听音乐。无论是美

店铺就由同一个家族经营至今。店内精

gras) 。

食还是文化、艺术——每个人都有一个

心陈列着大腊肠、干红肠、大型干香肠以

因此,法国烹饪界的教主之一出自里昂不

爱上203的理由。

及成品菜肴。热衷逸闻趣事以及菜谱的

足为奇——保罗•博居斯(Paul Bocuse)于

Le Casse-Museau(硬糕点餐厅)–地址:

人士可以阅读由奥古斯特•雷农(Auguste

1926年出生在一个厨师世家,其家族厨

2 r. Chavanne –电话:04 72 00 20 52 –

Reynon)先生所著的《猪肉食品商之子》

艺史可追溯到17世纪。这位天才厨师(

8月、周日、周一以及节假日休息。营业时

(Le fils du charcutier)一书。

人们甚至称其为“世纪厨师”)在为法国

间:周二中午、周三中午、周四中午和晚

Voisin(邻居食品店) –地址:28 r. de la

烹饪赢得国际声誉方面功不可没。他同

上、周五中午和晚上、周六晚上- 必须预

République –电话:04 78 42 46 24 -营

时还是一位成功的商人,不仅开设了许

订 –价格:中午9€ - 晚上12/25€。 “波

业时间:周一14 :00-19 :00;周二至周六

多餐厅,还在里昂近郊埃居利(Ecully)开

莱特阿姨”(Tante Paulette)的小酒馆

9 :00-19 :30。这间食品店制作出售50多

办了烹饪学校 。有机会的话可以到他

始于1947年,以其轻松随意的风格受到

种巧克力、水果软糖、糖渍水果以及其

在里昂开 设的著名餐厅“ 保罗•博居

追捧。小酒馆愉悦舒畅的氛围依旧,但餐

他美味的里昂特产。该品牌在里昂共有

斯”(restaurant Paul Bocuse)用餐 ,那里

厅的当日主菜、沙拉拼盘以及快餐已经

19间店面,食品店还提供新鲜烘焙的咖

的美味定会让您赞不绝口。

取代了这里曾经著名的蒜蓉鸡。餐厅价

啡和特级名茶。一定不要错过哦!

若想了解里昂的特产,还需前往里昂老城

廉物美,在里昂人中的知名度很高。

quenelle

Paul

Bocuse(保罗•博居 de

Collonges

Connexions / mars 2010 133


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旅游 TOURISME

生让街

La rue St-Jean dans le Vieux-Lyon

••• 许多穿街小巷(traboules,源于

镀金圣母像 (la Vierge dorée de Fourvière)

院仅两步之遥。实用而整洁的酒店客房非

拉丁语,意为“穿行”),尤其集中在圣

的落成。当年,由于河水泛滥,雕塑师延

常安静。接待服务令人愉悦,价格适中。

让街(la rue St-Jean)、三玛丽路(la rue

迟到9月8日才完成雕像。于是,庆祝仪式

Élysée Hôtel(爱丽舍酒店)–地址:92 r.

des

Trois-Maries)和罗曼•罗兰堤岸(le

便被推迟至12月8日的圣母无玷始胎节

du Prés.-Edouard-Herriot –电话:04 78

quai

Romain-Rolland)之间,以及圣乔

(fête de l’Immaculée Conception)举行。

42 03 15 – 电邮:elysee-hotel@wanadoo.

治路 (la rue St-Georges)和菲勒希龙堤

当天,人们因为暴雨打算取消晚间的庆祝

fr -房间:29间,价格:44/67€ - 早餐:

岸(le quai Fulchiron)之间。由于缺少地

活动;然而暴雨竟然在预定的庆祝时间奇

7.60€。如果您希望以合理的价格在半岛

方规划的宽广道路网络,这些与索恩河

迹般停止。于是,里昂人自发用成千上万盏

街区(la

垂直的穿街小巷就起到衔接各 街区建

灯笼点亮自家的窗台,让整个城市笼罩在

庭氛围的小酒店。红黄色调的小房间虽然

筑的作用。通道的风格相近,拥有尖拱

灯光之中。这一宗教传统如今已经成为大

朴素简单但干净整洁、令人愉悦。朝向后

顶或法式顶棚,通往建有文艺复 兴风

众节日,小商贩会在这一天开启圣诞节摊

院的客房能够保证您度过宁静的夜晚。

格长廊的内部庭院。这些穿街小巷通常

位,无数游客涌入里昂的大街小巷,热闹

Savoies(萨瓦酒店)–地址:80 r. de la

是私家通道,以前并不对沿街居民所开

非凡。

Charité –电话:04 78 37 66 94 -电邮:

Presqu’île)住宿, 可以选择这间家

hotel.des.savoies@wanadoo.fr  -房间:

放。根据约定,人们可以自由出入这些 穿街小巷中的大部分;建议您上午在旅

住宿

46间,价格:63/67€  -早餐:5€。酒店位

游局的一位导游的陪同下观光游览。

St-Pierre-des-Terreaux (圣皮埃尔代泰罗酒

于佩拉什火车站(gare

de

Perrache)街

店)–地址:8 r. Paul-Chenavard –电话:04

区,外立面衬托以萨瓦徽章。干净的标

灯光节

78 28 24 61 – 每年8月及圣诞节到新年期间

准客房(配备简单家具和彩色地毯)、

12月8日,里昂以其特有的方式来纪念天

各休息15天 – 房间:16间,价格:31.50/45€

非 常 方 便 的 车 库以 及 适 中 的 价 格 都

主教的圣母玛利亚节日。夜幕降临后,成

-早餐:5.50€。若想在里昂城内住宿,选

令 这 里 成 为深受客人 欢迎 的 地 方。

千上万盏彩色折纸灯笼点亮里昂的所有窗

择这间酒店非常方便,它坐落在圣皮埃尔

台。这个节日起源于1852年庆祝弗尔维埃

博物馆(musée

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Connexions / mars 2010

St-Pierre)对面,距离歌剧


French Chamber of Commerce and Industry in China 2009-2010 Directory

ANNUAIRE CCIFC 2009-2010 Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine

Exposition universelle Shanghai - 2010

Pavillon de la Chine

中国法国工商会年鉴 www.ccifc.org

About 1 200 French companies all over Mainland China More than 3 500 contacts Bilingual French/English – Chinese

Contact : Patricia RUAN ruan.patricia@ccifc.org


中国旅游 TOURISME CHINE

Le petit étang du restaurant The Orchard dans la banlieue de Pékin.

© DR

Hegezhuang aux portes de Pékin, un village vert et protégé

Wu Ertao et Lise Minder 阿尔

Ils étaient des centaines, ils se comptent aujourd’hui sur les doigts de la main. Ce sont ces villages traditionnels de paysans situés au milieu des larges terres agricoles qui entouraient Pékin, la capitale, il y a encore moins de dix ans.

萨斯的特

Au milieu des chantiers de construction des lignes de trains rapides, de métro, de périphériques, de centres commerciaux et de nouveaux complexes résidentiels situés dans la riche banlieue proche de l’aéroport à l’Est de la capitale, se trouve un petit village traditionnel qui survit envers et contre tout grâce aux efforts éclairés des villageois, des officiels et d’un couple sino-américain, Lisa Minder et Wu Ertao, propriétaires du fameux restaurant The Orchard. Un vaste chantier en construction Résultat de l’urbanisation fulgurante des 136

Connexions / mars 2010

zones vertes de la capitale, les villages traditionnels avec leurs cours carrées et leurs toits de tuiles noires disparaissent progressivement du paysage. Ils sont remplacés par des villes nouvelles de tours résidentielles, comme le centre d’affaires de Wangjing, où vit la classe moyenne branchée, et surtout par des ensembles de villas de style varié, allant du style californien au traditionnel pékinois, comme les « hutongs » du Cathay View. Aujourd’hui, le paysage est dantesque, car les chantiers sont partout. Des écoles internationales, des centres d’expositions et de shopping

poussent comme des champignons sur les anciennes terres agricoles. Entre les débris des sites démolis des villages de Chaoyang et de Shunyi, les énormes pylônes en ciment des bretelles d’autoroute à huit voies et des trains rapides, les massifs poteaux électriques, le style débridé et contrasté des nouvelles constructions, le paysage n’a plus aucune harmonie. Seuls demeurent miraculeusement le charmant village de Hegezhuang, le verger des pommes et poiriers et le lac du The Orchard, refuge des amoureux de la cuisine saine et fraîche et des familles à la recherche d’espaces verts et de chlorophylle. Nouvelle destination verte Le village de Hegezhuang est situé dans le district de Chaoyang, à seulement quelques kilomètres de Pékin, à côté de Shunyi. Le projet de rénover le village est né en 2007 à l’initiative de Lisa Minder et de Wu Ertao. Plus de quatre années de lobbying et de collaboration étroite avec les villageois, les autorités locales et celles du district ainsi qu’une poignée d’investisseurs ont permis de créer un partenariat sans précédent, le Real Life Beijing, pour


© DR

Hegezhuang 何各庄

北京郊区The Orchard餐馆里的小池塘

protéger le village et rénover les maisons ancestrales. Cité comme projet-modèle par le gouvernement municipal de Pékin et le secrétaire du Parti Liu Qi, Hegezhuang sera le dernier village restant dans la nouvelle zone urbaine et bénéficiera d’une station de métro sur la nouvelle ligne 15 qui sera opérationnelle à la fin de 2010. Un art de vie préservé Le projet Real Life consiste à préserver l’architecture des maisons et le style de vie d’antan. Une équipe d’architectes a rejoint Real Life pour participer à cette entreprise courageuse. Des contrats ont été passés avec une centaine de villageois propriétaires qui ont accepté de louer leur maison pour un bail déterminé. Après rénovation, ces maisons traditionnelles seront louées avec des baux de trois à dix ans, le propriétaire recevant un pourcentage sur la location. Une aubaine pour ces paysans dont les maisons étaient détériorées et inconfortables, qui retrouveront une propriété améliorée à la fin du bail et un revenu garanti de loyers pour les années à venir. Certains décident d’aller dans d’autres quartiers, d’autres veulent rester

dans le village où des appartements à bas prix, à l’ouest du village, leur sont proposés à partir de 2010. Déjà de nombreuses cours carrées spacieuses et rénovées, d’environ 300m 2 , sont occupées par des locataires, chinois et étrangers, ravis de vivre dans l’un de ces pavillons traditionnels de bois rouge et toits courbés et d’apprécier les charmes de cet habitat exceptionnel. Le Centre Communautaire Yin Yang, fondé par Lisa Minder, pour offrir des activités de créativité et de bien-être pour la communauté environnante, occupe la première cour carrée à l’entrée du village. Un couple d’entrepreneurs dynamiques En 2002, Lise Minder et Wu Ertao s’étaient lancés dans le projet ambitieux d’aménagement d’un ancien verger à l’abandon et de rénovation d’une maison de paysan pour en faire un restaurant de cuisine occidentale. Rien ne décourageait ces intrépides qui avaient déjà ouvert auparavant un restaurant dans les environs, mais s’étaient vus obligés de quitter les lieux pour cause de projet immobilier. Y

mettant toutes leurs passions et énergies, ils transformèrent leur nouvelle acquisition en un lieu de charme exceptionnel et unique. Aujourd’hui, la propriété est entourée de murs de briques percés de fenêtres aux dessins traditionnels, les mares aux poissons sont devenues lacs, le verger produit chaque année des fruits savoureux et la maison s’est métamorphosée en un restaurant étoilé, apprécié pour sa cuisine naturelle saine et raffinée, sa boutique d’œuvres de designers et d’artistes entouré d’un jardin où se mêlent les parfums des roses et des herbes essentielles. Les efforts du couple se sont vu récompenser par plusieurs honneurs pour leurs travaux dans le développement vert et durable de Chaoyang, le plus vaste district de la capitale chinoise. Beaucoup de vieux quartiers de cours carrées de Pékin n’ont pas eu la chance de Hegezhuang !

V é ro n i qu e

d ’A n t r a s

www.realifebeijing.com www.the-orchard.com.cn

Connexions / mars 2010 137


Nava jeune opérée du coeur.

© DR

© DR

协会 associations

L’équipe de A pleines mains A Pleines mains的志愿者们

A pleines mains

… et le cœur au chaud Nava, petite orpheline, avait besoin d’être opérée du cœur, ce qui coûtait 35 000 Rmb. Recueillie dans une maison d’accueil privée de Xi’an, elle n’avait aucune chance de voir réunis les fonds. Et pourtant ! Quand Valentine Sorret a décidé de consacrer l’intégralité des revenus générés par la première édition de son livre Instantanés instants de vie à Shanghai, la petite fille s’est vu accorder une deuxième chance. Aujourd’hui elle est en pleine forme (voir photo). « Mettre en relation des projets et des bonnes volontés », tel est le but que se sont fixé les « bonnes âmes de Shanghai », une trentaine de bénévoles issus d’un groupe créé en 1999 par un couple de français qui visait à aider des expatriés francophones de bonne volonté ne parlant pas anglais. Après avoir repéré des orphelinats publics, des maisons de personnes âgées et handicapées en manque de ressources financières, APM (A pleines mains) a commencé à organiser des kermesses annuelles, puis à récupérer des objets ou des vêtements que les expatriés laissaient en partant, à les stocker, à les trier pour les redistribuer, voire les vendre. « Dix ans après, les résultats financiers sont là, souligne Claire Rechatin. Nous sommes passés de un à quatre lieux de stockage. Les donateurs nous confient aussi bien de l’argent que des affaires neu-

138 Connexions / mars 2010

ves. Des entreprises de sourcing n’hésitent plus donner à leurs stocks qu’APM n’a pas toujours le droit de revendre, pour préserver les marques. « Nous trions ces objets toutes les semaines un peu comme le font les chiffonniers d’Emmaus. Cette activité très chronophage, même si elle n’est pas toujours efficace économiquement, nous a permis d’aider un millier de personnes en 2009 et de contribuer à créer de la solidarité au quotidien. Nous facilitons aussi l’intégration de bénévoles encore un peu perdus à Shanghai. Nous accueillons toutes les bonnes volontés, celles qui prêtent leur garage, celles qui tiennent un point de vente, celles qui récoltent ou trient des dons et… celles qui mettent à disposition leurs réseaux. » Autres sources de revenu : la vente d’exemplaires de guides sur Shanghai (Passeport Shanghai, Promenades dans l’ancienne concession française, Instantanés, instants de vie à Shanghai ou Shanghai en filigranne) qui reversent toutes leurs recettes à APM. Aujourd’hui, ces revenus permettent à APM d’aider plusieurs groupes dans et hors de Shanghai : une association de handicapés Soho, des groupes qui visitent des mendiants, « Home sweet home » par exemple, des services sociaux, une maison d’accueil. Hors de Shanghai, APM aide un orphelinat très pauvre qui réunit 500 enfants en finançant le salaire d’un méde-

cin (1 000 Rmb par mois) et de plusieurs ayi (700 Rmb par mois). APM aide aussi l’association Bethel, la maison d’accueil Starfish foster Home à Xi’an. Elle finance des opérations d’enfants handicapés (bec de lièvre, problèmes cardiaques) pour les aider à être candidats à l’adoption dans les orphelinats publics. APM aide aussi des bénévoles auprès de villages de lépreux dans le sud de la Chine, qui fournissent des soins infirmiers dans six villages et visitent 800 personnes par semaine depuis quatre ans et demi. Ces lépreux organisent eux-mêmes des services de cantines pour malades mentaux sans logis. APM appuie enfin diverses associations, telles que Morning tears, Madaifu, Couleurs de Chine… « Aujourd’hui notre objectif est de pérenniser l’association mais aussi de la développer dans d’autres villes tout en renforçant nos contacts avec des entreprises donatrices », explique Claire Rechatin. « Il y a du pain sur la planche mais aussi de quoi bien vivre son expatriation. » A n n e G a rr i g u e

APM organise une vente de vêtements enfant par mois près de l’Ecole française, type « Puces », sur des parkings de Shanghai et des ventes sur Internet. Contact : Katia Gailliegue anime le site et répond aux mail sur http://apleinesmains.e-monsite.com/; apleinesmains@yahoo.com


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文化 CULTURE

Yuan Yanwu souvenirs d’enfance Jeune artiste chinoise installée à Paris, Yuan Yanwu se réapproprie des photos d’elle-même prises par d’autres et réinvente son enfance.

Une série de portraits grand format affichant une petite fille figée, inexpressive, au regard intense et fixe, presque accusateur. C’est avec ce travail exposé en septembre 2009 à la galerie Dixie à Paris que Yuan Yanwu a fait son entrée sur la scène de l’art contemporain. Née en 1976 dans la région des Montagnes Jaunes, Yuan Yanwu a été pendant cinq ans journaliste à la section photo du Xinminwanbao, un quotidien de Shanghai, avant de partir en France en 2003, étudier la photo et travailler. Lors d’un retour à Shanghai pour fêter le nouvel an chinois avec sa famille, elle tombe sur des photos d’elle, petite fille. « Pour moi c’était le portrait d’une morte et pourtant je m’y suis reconnue.» dit-elle aujourd’hui. A partir des archives familliales, des photos prises, pour la plupart, par son grand-père,

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Connexions / mars 2010

Yuan Yanwu se lance alors dans un projet d’autobiographie photographique. Les formats de départ sont minuscules, les photos pliées, abîmées et jaunies. Yuan Yanwu récupère les clichés et s’attèle à un long travail, à la fois restauration et recréation : « Je les ai recadrées, retouchées, agrandies. J’ai patiemment repris chaque pixel un par un et finalement je les ai entièrement recrées. Elle m’ont servi de “miroir”, m’ont aidée à me reconnaître et à m’identifier. » Ces photos de famille ont été prises en Chine, de la fin des années 1970 jusqu’au milieu des années 80, Yuan Yanwu a de deux à seize ans. Elle raconte : « Ce sont mes grands-parents qui m’ont élevée. A l’âge de huit ans j’ai quitté mon petit village de l’Anhui et mes parents pour aller vivre à Shanghai chez mes grands-parents. Entre ces deux endroits, par train à l’épo-

que le voyage durait au moins dix heures. Pour les Français, c’est incompréhensible, presque cruel, d’être séparés de ses parents. En Chine beaucoup d’enfants de ma génération dont les parents avaient été envoyés à la campagne pour être rééduqués ont été confiés à leurs grands-parents afin qu’ils reçoivent la meilleure éducation possible. Mon grand-père était un haut fonctionnaire, un communiste très rigoureux, nous avions une vie simple, très stricte, mais matériellement correcte. Tout ce qui mettait en valeur la féminité était mal vu.» Des photos de famille originales, ne reste que le visage de l’enfant, pas de décor, pas d’autres personnes. « J’ai coupé le reste de ma famille pour que le regard ne se focalise que sur moi. Et puis c’est vrai que le reste ne me convient pas. J’ai toujours éprouvé de la gêne face à ma famille depuis que je suis enfant. C’est sans doute pour cette rai-


Le photographe à la une

封面摄影

Deux portraits de la série « Youth self-portrait ». Ci-dessous : Yuan Yanwu.

© YUAN Yanwu

左边 “童年自画 像”作品系列, 下图:摄影师袁燕舞

son que je m’exprime dans un pays étranger et dans une langue étrangère.» Avec ses portraits à mi-chemin entre photo et peinture, Yuan Yanwu ne parle pas directement de son pays. Elle reconnaît que son histoire en est indissociable et est à chercher dans le non-dit. Face à ces étranges images de petite fille sage et sévère, c’est le vide qui est parlant : « Mes photos ne sont pas des autoportraits mais renvoient à des problématiques d’identification du sujet et de représentation de soi. La société nous impose son droit de regard, nous menace d’impersonnalité et nous rend étranger à nous-même. Comment dès lors se reconnaître ? Visage, yeux, nez et bouche constituent mon identité primordiale : une fille asiatique. Des informations complémentaires sont données par la coiffure, les vêtements, le style, le foulard rouge des pionniers. Tout ce que

l’on sait est ce que l’on voit ; le reste est à imaginer. » Ces photos « muettes » sont paradoxalement « parlantes ». Le regard droit qui défie l’objectif, l’absence absolue de joie évoquent des séances de poses obligatoires auxquelles l’enfant devait se soumettre, mais sans complaisance. La froideur du visage ressemble à un acte de résistance. Reflète-elle également le peu de place et de considération accordées à l’enfant lui-même dans sa propre famille ? dans la société chinoise des années 80 en général ? Est-elle, plus simplement, le signe d’une enfance très stricte, ou celui encore d’un caractère introverti ? Les aplats de couleurs sans zones d’ombre, la suppression systématique et quasiacharnée des décors et des personnages rappellent aussi, immanquablement, des procédés de censure. Une forme de revan-

che de l’adulte sur ses propres censeurs ? Un barrage contre le réveil d’une douleur trop enfouie ? Entre les documents réels, les vieilles photos et les portraits réparés, réinventés et fanstasmés, se crée un mouvement de balancement. Tout est modifé, rien n’est modifié et c’est autour de cet insaississable que prennent forme les projets de l’artiste. Yuan Yanwu a déjà en tête de nouveaux travaux. Elle souhaite poursuivre sa démarche si singulière et si personnelle, notamment à partir d’une des rares photos d’elle enfant avec sa grand-mère. Yuan Yanwu revient régulièrement en Chine où son travail n’est pas encore exposé. A bon entendeur…

S o ph i e L av e rg n e

www.yuanyanwu.free.fr.com

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文化 CULTURE

Blanche Neige par le chorégraphe Angelin Preljocaj (26 danseurs, des costumes signés JP Gaultier) sera repris à Shanghai, Pékin, Canton et 法国编舞大师普雷罗卡创作的现代舞剧《白雪公主》(高缇耶设计26名演员的服装)在上海、北京、广州和香港重演。

Festival Croisements 2010 : entrez dans la danse Initié en 2006 dans la continuité de l’élan créatif des Années croisées France-Chine 20042005, le festival Croisements est devenu le rendez-vous incontournable de la culture française en Chine. Depuis sa création en 2006, Croisements enrichit sa programmation et étend sa présence en Chine. Entre le 15 avril et le 21 juin 2010, pas moins de 200 événements culturels seront présentés dans vingt villes de Chine, couvrant des domaines aussi variés que la danse, le cinéma, le théâtre, la poésie, la musique, les arts visuels ou encore les spectacles pour enfants... L’édition 2010, marquée à la fois par le cinquième anniversaire du festival et l’exposition universelle de Shanghai, offrira « une 142

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programmation particulièrement riche », annonce Sébastien Cavalier, attaché culturel de l’ambassade de France en Chine et directeur de Croisements. Signe de l’intérêt grandissant des partenaires chinois, cette année, la cérémonie d’ouverture du Panorama du cinéma français sera filmée par Hunan TV, qui suivra les stars françaises et chinoises et diffusera des sujets sur les événements pendant toute la durée du festival. L’objectif reste le même que les années pré-

cédentes : proposer des projets de grande qualité, en mettant l’accent sur la création contemporaine. Sans tourner le dos à la richesse patrimoniale française et à son image « romantique » auprès du public chinois, Croisements souhaite présenter une France moderne, créative, entreprenante et favoriser les collaborations franco-chinoises. Symbole de cette volonté de montrer le dynamisme de la création française, la venue d’Izia, nouvelle coqueluche de la scène rock, qui jouera à Chengdu au


Croisements 交流

© JC Carbonne

vu le jour en France en 1982 et a depuis fait des émules à travers le monde, le maire de Shanghai a accepté que des groupes se produisent dans différents endroits de la ville. « Nous avions envie de perpétuer l’esprit de la fête française, celle d’un événement populaire, où les musiciens amateurs jouent à côté des artistes confirmés », dit Sébastien Cavalier. La grande musique sera aussi à l’honneur avec l’orchestre philharmonique de Radio France, qui jouera au grand théâtre de Shanghai où il est en résidence dans le cadre de l’exposition universelle. Au Musée d’art de Shanghai, une exposition conjointe des musées de la région Rhône-Alpes réunira une centaine d’œuvres des plus grands artistes du XXe siècle, sur le thème de l’image du corps. L’occasion de mettre en valeur une collaboration qui dure depuis vingt ans entre la ville de Shanghai et les musées de la région Rhône-Alpes. Le corps sera dans tous ses états grâce à la danse, le thème central de l’édition 2010. La cinémathèque de la danse, qui va créer en 2010 une antenne au Centre culturel français, ouvrira le volet France danse du festival. Au Centre culturel français et à l’Académie de danse de Pékin, des films issus de sa collection exceptionnelle riche Hong Kong. de 400 films et de plus de 2 000 vidéos seront présentés en présence du directeur de la cinémathèque, Patrick Bensard, et de chorégraphes invités. A l’issue des Zebra media festival, à Pékin au Midi fes- projections de films, des ateliers seront tival, et à Shanghai au Mao Live House. organisés. Ce sera l’opportunité pour le Au grand rendez-vous inpublic de s’entretenir avec ternational que sera l’exles chorégraphes et les danposition Universelle de « Parmi les seurs français. événements Shanghai, Croisements Croisements rendra aussi sera partenaire du pavillon phares, le hommage au travail de colFrance, du pavillon de la laboration qui se construit concert de région Rhône-Alpes et de depuis dix ans entre les celui de Lille Europe. Par- M qui viendra cinq grands ballets clasmi les événements-phares, présenter, siques de Chine (Pékin, Shanghai, Canton, Tianjin le concert de « M », qui après six ans viendra présenter, après six et Shenyang) et l’école de d ’ absence , danse classique française. ans d’absence, son nouvel Grâce à ce travail, chaque album Mister Mystère, son nouvel pour lequel il a collaboré album…» année un ballet partenaire notamment avec Brigitte chinois présente une choFontaine et son père Louis Chedid. Il se régraphie française ou invite un choréproduira à Pékin au Starlive et à Shanghai graphe français à monter un spectacle. le 21 juin dans le cadre de la fête de la En 2010, le danseur étoile du Ballet de musique. A l’occasion de cette fête qui a l’Opéra de Paris, Manuel Legris,

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Coup d’oeil sur le programme Cinéma La Cinémathèque de la danse : Pékin 7, 8, 9 mai 6e Festival du film d’animation : Hangzhou 23 avril-3 mai 7e Panorama du Cinéma français : Canton 11 avril au 10 mai, Chengdu 6-13 mai, Wuhan 12-13 avril, Pékin 14-30 avril Shanghai International Film Festival : Shanghai 12-20 juin Ubu Roi : Pékin 23 avril

Colloque Centenaire du chemin de fer Yunnan-Vietnam : Kunming mi-Mai

Cultures Urbaines Yamakazi : Pékin mai

Danse classique Chorégraphies françaises pour le Ballet National de Chine : Pékin 14-15 mai Don Quichotte : Shenyang 21, 22, 23 mai

Danse contemporaine Blanche Neige : Shanghai 8, 9 mai Le Manuel du Merveilleux : Pékin 15 mai, Shanghai 21 mai Transports exceptionnels : Pékin 28 avril, Chengdu, 8 mai, Wuhan, 1er mai Voy : Pékin 23, 25, 26 et 27 juin

Danse Hip-Hop Urban Ballet : Shenzhen 12 mai, Kunming 15 mai, Wuhan 18 mai, Pékin 21, 22 mai

Exposition Abysses : Shanghai 3 avril-7octobre 100 lithographies des maîtres européens : Pékin 15 avril-16 mai Centenaire du chemin de fer Yunnan-Vietnam : Kunming mi-Mai La Chalcographie du Louvre : Chongqing 18 mai-4 juillet, Chengdu 9 juillet-15 août Contemplation de l’Orient : Pékin 26-31 mai Le Corps image, Portrait du XXe siècle : Shanghai 23 avril-6 juin Errance, de Martin Salazar : Pékin 29 mai-20 juin Expo Hermès : Shanghai 15 mai-5 juin Féminité : Pékin juin Here There the world in motion :

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文化 CULTURE •••

Shenyang16 avril-29 avril, Pékin 29 mai-21 juin. Mix : Xiamen 28 mai au 12 juin, Wuhan, 18 juin-04 juillet ,Shenyang 23 avril-29 avril La Période chinoise 1927-1930, Elise Rieuf : Shanghai 22 mai-6 juin Traffic – Art Highway Besançon Shanghai : Shanghai mai à septembre La Villa de Mademoiselle B : Wuhan 1-23 juin, Canton 15-30 septembre Visions Croisées : Qingdao mai

Exposition photo Caochangdi Photospring : Pékin 17 avril-30 juin Anaïs Martane : Tianjin 14 avril Marc Riboud, L’instinct de l’instant : Pékin 23 avril-6 juin

Jonglage Pan-pot ou modérément chantant : Tianjin 29 mai, Shenzhen 4 juin

Lectures A toi pour toujours, ta Mari-Lou, Théâtre des Lanternes : Pékin 15-18 avril

Littérature Les romans de l’été : Shanghai 10-13 juin Printemps des poètes : Chengdu 10-12 avril, Pékin 24 avril

Musiques actuelles Beat Torrent : Qingdao 19 mai, Pékin 21 mai Jinan 20 juin Gong Gong : Qingdao 12 juin, Pékin 18 juin, Hangzhou 19 juin, Shanghai 20 juin Inspecteur Cluzo : Pékin 1er mai IZIA : Pékin 1er mai M : Pékin 19 juin, Shanghai 21 juin Ma Valise : Jinan 23 juin, Dalian 11 juin, Pékin 12 juin, Canton 18 juin, Macau 19 juin, Qingdao 21 juin Manuel du Merveilleux : Kunming 12 mai Zebra media festival : Chengdu 3 mai

Musique classique Carnaval français en Chine : Chongqing 23 avril Concert Spirituel, Hervé Niquet : Shanghai 21 juin Marc Trautmann avec l’Ensemble de Musique et danse du Hubei : Wuhan 5 juin Marina CHICHE (violon) et Constance LEE (piano) : Xiamen 9 juin, Wuhan 12 juin Olivier Moulin : Nanshang 24 avril L’Orchestre National de Chine dirigé par Michel Plasson : Pékin 12 mai et 11 juin L’Orchestre Philharmonique de Radio France :

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Shanghai 2 et 4 mai. Voici le nouveau jardin : Shanghai 8 mai, Shenzhen 15 mai

Musique contemporaine Trois Femmes : Hangzhou 11 avril, Nanjing 8 avril, Pékin 17 avril, Shanghai 13 avril East West Quartet : Pékin 1, 2 juin, Shenzhen 4 juin, Canton 5 juin

Musique Jazz Jazz French Stories : Shanghai 20 juin, Dalian, 2 juillet, Xi’an 28 juin, Nanjing 16 juin, Chengdu 26 juin, Chongqing 25 juin, Wuhan 24 juin, Qingdao 30 juin, Pékin 3 juillet Jean Philippe Viret Trio invite Wu Na : Shenzhen 18 mai, Canton 17 mai, Kunming 16 mai, Wuhan 20 mai, Pékin 21 mai, Shanghai 23 mai

Opéra Le silence de la mer : Pékin 28 mai Cendrillon, David Li et Wu Zhong : Shanghai 1er et 3 mai

Opéra Pékin / Danse La fable du rouge et du Blanc : Pékin 18, 19, 20, 22, 23 mai

Récital Piano Jean-Efflam Bavouzet : Pékin 16 mai Bruno Fontaine : Xiamen 8 juin Festival Piano aux Jacobins, David Kadouch : Pékin 4 juin, Changchun 6 juin, Shanghai 11-12- 13 juin Tigran Hamasyan : Xiamen 7 juin Roger Muraro : Shenzhen 30 avril

Théâtre Arlequin navigue en Chine : Wuhan15 mai, Dalian 25 mai, Chongqing 17 mai, Shanghai 19 mai, Shenyang 21 mai, Changchun 22 mai, Pékin 28, 29 mai L’augmentation de Georges Perec : Shanghai 15 - 20 juin La Double Inconstance de Marivaux : Shanghai 2 juin au 6 juin 11 septembre, Michel Vinaver : Pékin 22 avril Labyrinthe : Pékin 14-23 mai La Peste de Camus : Shanghai 20 au 23 mai

Théatre de rue Compagnie ilimitrof : Canton mai

Vidéo / musique Jeune public 3 contes, Percussions de Lyon : Shanghai 28 mai, Pékin 30 mai Certaines dates restent à confirmer. Pour tout savoir : www. Faguowenhua.com

sera l’invité du Ballet Central de ••• Chine à Pékin, où il interprétera l’Arlésienne de Roland Petit et animera des master class à l’intention des danseurs chinois. Le ballet du Liaoning à Shengyang, dirigé depuis août 2009 par le français James Amar, présentera le ballet Don Quichotte chorégraphié par Jean-Paul Gravier. Dans le domaine de la danse contemporaine, l’objectif est de contribuer au développement et à la diffusion de cette discipline en Chine, où elle est encore émergente. Parmi les événements-phares de la programmation, le ballet romantique et contemporain Blanche Neige, pour lequel le chorégraphe Angelin Preljocaj et le costumier Jean-Paul Gaultier bousculeront le mythe des frères Grimm, sur les plus beaux airs de Gustav Malher. Le ballet sera joué à Shanghai, Hong Kong, Pékin et Canton. La danse hip-hop ne sera pas oubliée grâce au spectacle Urban Ballet de la compagnie Rêvolution, présenté à Pékin, Kunming, Wuhan et Shenzhen. Clin d’oeil à une Chine en pleine mutation, Transport exceptionnel de la Compagnie Beau Geste de Dominique Boivin est une rencontre inattendue, un duo entre fer et chair, une chorégraphie pour une pelleteuse mécanique et un danseur qui nous invite à voir un engin de chantier autrement. Comme un bras humain qui prend, repousse ou cajole, la machine crée une tension avec le corps du danseur. Ce chant lyrique et onirique sera joué à Pékin, Wuhan, Chengdu, et Shanghai. Sur le plan des collaborations francochinoises, Sébastien Cavalier met en avant deux créations, Le Manuel du merveilleux de la compagnie Système Castafiore et Labyrinthe de Marion Coutris, qui partagent la particularité de présenter à la fois des propositions artistiques qui sortent de l’ordinaire et qui sont le fruit d’un travail en commun entre des artistes français et chinois. La narration du Manuel du merveilleux, spectacle entre danse et théâtre, sera assurée par un comédien du théâtre national de Chine, Wu Xiaodong, qui a travaillé son rôle en France avec le metteur en scène et le comédien français dont il reprendra le rôle en chinois. Le Manuel du merveilleux sera présenté à Kunming, Pékin et Shanghai. Dans Labyrinthe, ou


des comédiens chinois ont repris les rôles initialement tenus par des comédiens français, les spectateurs seront invités à évoluer et à se perdre dans les pièces d’un labyrinthe. Parmi les événements marquants, Sébastien Cavalier évoque aussi le « Caochangdi PhotoSpring », pendant lequel une quinzaine de galeries de Caochangdi et ses environs accueilleront à Pékin les Rencontres d’Arles, le plus grand festival international de photographie. Du 17 avril au 21 avril, parallèlement aux expositions, Caochangdi sera animé de conférences, de rencontres avec les photographes, de promenades nocturnes lors des soirées de projection et permettra aux jeunes photographes vivant en Chine de se confronter à des experts avec les portfolios reviews. Dans le domaine des cultures urbaines, Les Yamakasi, acrobates des temps modernes devenus très populaires parmi les jeunes chinois sous le nom de « Pao Ku » donneront libre cours à Pékin et Shanghai à leur art du déplacement. Parmi les fidèles de Croisements, le festival « Piano aux Jacobins » qui fête ses cinq ans de collaboration avec la Chine accueillera Bruno Fontaine, David Kadouch et Tigran Hamasyan à Pékin, Shanghai et Gulangyu. Enfin, en ce qui concerne les villes dans lesquelles la France n’a pas de consulat, des événements « coup de poing » ont été mis en place, comme à Kunming où quatre événements seront présentés pendant une semaine. L’avenir de Croisements en Chine ? Sébastien Cavalier le voit plutôt en rose. Au-delà d’une conception de la culture comme élément obligé du « soft power », les municipalités chinoises l’envisagent aussi de plus en plus comme un facteur qui contribue au dynamisme et à l’attractivité de leur ville. A travers la Chine, les festivals culturels se développent et les pouvoirs locaux observent avec beaucoup d’intérêt le savoir-faire français dans ce domaine. Pour les industries culturelles françaises qui souhaitent se développer en Chine, une collaboration avec Croisements peut ainsi représenter une bonne carte de visite pour la mise en place de projets futurs.

© DR

Croisements 交流

L’aventure d’un chantier théâtral franco-chinois avec des non-voyants Des Chinois et des Français, voyants, mal-voyants et non-voyants montent ensemble La Princesse Maleine de Materlinck. En 2009, Hongdandan, une association chinoise de malvoyants qui se consacre au développement culturel, s’est associée au metteur en scène Lin Zhaohua pour créer Les aveugles de Maeterlinck. En 2010, du 26 juillet au 15 août, à Pékin, Hongdandan, avec le metteur en scène J-C Blondel (de la Compagnie Divine Comédie qui a joué en Chine dans le cadre du festival Croisements 2009 Le Partage de midi de Claudel) créent La Princesse Maleine de Maeterlinck. La pièce sera aussi jouée à Pékin au Théâtre National à partir du 15 octobre et partira en tournée dans toute la Chine pour une vingtaine de représentations.

Les thématiques de cet atelier théâtral rejoignent des valeurs d’entreprise : créativité, lien social, place du handicap, inter culturalité, audace artistique… EDF soutient déjà l’aventure de cet Atelier. Vous pouvez y participer, promouvoir ce spectacle par un don f inancier (déductible des impôts) et en nature, venir aux répétitions en août, communiquer… Contacts : A Pékin : helsteinitz@yahoo.fr et mingnan.wang@gmail.com A Paris : florence.boutemy@gmail.com.

w w w . hong da n da n . org

© DR

P au l i n e B a n de l i e r

当戏剧超越差异而结盟

Quand le théâtre fédère au-delà des différences…

Le Partage de midi de Paul Claudel au CCF de Pékin en 2009, mis en scène par JeanChrsitophe Blondel. 2009年,保罗.克洛岱尔(Paul Claudel)的作品《正午的分割》在北京法国文化中心上演, 由让-克里斯托弗·布隆岱尔(Jean-Christophe Blondel)搬上舞台。

Connexions / mars 2010 145


读书

Lire

Les éditions Bleu de Chine, créées en 1994 par Geneviève Imbot-Bichet pour publier des traductions de littérature chinoise contemporaine, viennent d’être reprises par Gallimard dont elles deviennent une collection. Cinq à six titres sont prévus chaque année par Généviève ImbotBichet qui reste aux commandes. Voici les deux premiers pour l’année 2010. Lèvres de pêche, Par Cui Zi’en, Traduit du chinois par Sylvie Gentil, Editions Gallimard/ Bleu de Chine, 19,95 euros Il s’agit du premier roman traitant du sujet de l’homosexualité en Chine populaire où la question est encore assez tabou — ce qui est loin d’être le cas à Taiwan — malgré une ouverture certaine, comme en témoignent les difficultés rencontrées par la diffusion de ce livre juste après sa publication. Le roman raconte le mal de vivre, les épreuves et les pressions familiales et sociales — le mariage mixte par exemple imposé par les parents — auxquelles sont soumis les homosexuels chinois. Le personnage principal ici, un médecin emprisonné pour avoir châtré son fils violoniste homosexuel, n’a pas su y résister et sombre dans la honte de la perte de la figure paternelle. Un vol, Par Yu Jian, Traduit du chinois par Li Jinjia et Sebastien Veg, Editions Gallimard/ Bleu de Chine, 10,36 euros Ce second texte adopte la forme d’un long poème narratif pour évoquer un voyage à la fois réel et symbolique. Yu Jian dans son avion traverse l’espace et le temps, parle avec l’Himalaya et le poète anglais T.S. Eliot, tout en se remémorant la Révolution et le maoïsme. Survolant avec dédain les touristes chinois nouveaux riches arpentant les canaux d’Amsterdam, il entend rester dans les hauteurs où se croisent et dialoguent « les hommes et les dieux qui vivent en voisins ». Au cœur de la Cité interdite, Par Reginald F. Johnston, Traduit de l’anglais par Christian Thimonier, Préface d’Alan Peyrefitte, Edition Mercure de France, coll. Le temps retrouvé, 392 pages, 7 euros Reginald Johnston devient à partir de mars 1919 le pré-

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Connexions / mars 2010

Par Laurent Ballouhey

cepteur ou le tuteur de Pu Yi, en fait le dernier empereur de la dynastie des Qing. Au lendemain de la Révolution de 1911, celui qui était encore considéré comme le Fils du Ciel continuait de vivre dans la Cité interdite, privé de tout pouvoir mais entouré d’une Cour et de serviteurs, et bénéficiait de toutes les préséances liées à son rang. Johnston qui vivait auprès de l’empereur jouissait lui aussi de privilèges et d’un traitement de faveur, dû à sa qualité exceptionnelle et rare pour un étranger de « dishi », précepteur impérial. Lorsqu’il entrait dans une salle où se trouvait le jeune empereur, c’est ce dernier qui devait se lever et attendre qu’il se soit assis, au contraire du « kotow », le prosternement que chacun devait à l’empereur et dont le « dishi » était l’un des seuls dispensés. Ayant commencé comme simple professeur d’anglais, Reginald Johnston nous raconte les journées d’enseignement avec Pu Yi, décrit ses traits de caractère, son intelligence et sa curiosité pour la nouvelle vie politique de la République. Il nous présente les scènes de la vie officielle comme de la vie privée auxquelles il a assisté à titre de témoin ou parfois de participant. Il nous permet de suivre de l’intérieur de la Cité interdite, les conflits de pouvoir, les rivalités entre factions et entre personnalités politiques. Celles-ci nous donnent à comprendre au plus près les causes de la décadence qui accompagne et précipite la chute de la dynastie mandchoue. Elles expliquent en même temps comment toutes les velléités de transformation constitutionnelle de la monarchie qui agitaient la vie politique de la Cour à l’époque étaient vouées à l’échec. Histoire de la société chinoise 1949-2009, Par Tania Angeloff, Ed. La Découverte, Coll. Repères, 126 pages, 9,5 euros La société chinoise fascine et fait peur, aujourd’hui comme hier, le China bashing s’étant substitué au « péril jaune ». Depuis 1949, elle a traversé des phases diverses et souvent contradictoires, puisqu’elle a connu l’arrivée des communistes au pouvoir, a construit une économie socialiste d’Etat, a épousé le maoïsme et les convulsions de la Révolution culturelle, avant d’entrer avec Deng Xiaoping dans une ère de réformes et d’ouverture à la fois de l’économie et de la société. A l’heure d’un libéralisme ouvertement capitaliste rechignant au maximum aux régulations intérieures et internationales, elle vit une mutation socio-économique


作品赏析Vu de l’esprit Par Sophie Lavergne

accélérée, tandis qu’officiellement elle entend conserver un régime politique presque intact et veut rester « une dictature démocratique du peuple ». Comment la Chine est-elle parvenue malgré tout à accéder à la modernité en une période record ? Comment un régime autoritaire peut-il organiser l’ouverture économique et sociale ? Entre ruptures et continuité, la société chinoise est ici abordée sous de multiples angles qui rendent compte de sa diversité et ses contradictions : l’éducation, le travail, la santé, les ethnies, les courants migratoires, les relations hommes-femmes, la jeunesse, les inégalités sociales et les nouveaux riches, enfin les mouvements de contestation. Le découpage chronologique adéquat permet de bien se repérer dans les soixante années mouvementées qu’a connues cette société complexe. De nombreux encadrés proposent des éclairages pertinents et fournissent des données mises à jour sur des aspects peu connus de la société chinoise. L’ensemble permet une meilleure compréhension de la direction qu’entend suivre ce pays en pleine mutation, sans ignorer les obstacles qui peuvent freiner ou entraver son élan. Les ruses de la démocratie : protester en Chine, Par Isabelle Thireau et Hua Linshan Ed. du Seuil, coll. L’ histoire immédiate, 450 pages, 22 euros Un organisme spécial a été créé en 1951 au tout début de la République populaire à l’initiative de Mao lui-même : il s’agissait de l’ « Administration des lettres et visites ». Sa mission devait être, anticipant sur les abus de pouvoir dont pouvait se rendre coupable la bureaucratie communiste naissante, de répondre aux plaintes, protestations, doléances des citoyens, notamment lorsqu’elles mettaient en cause les fonctionnaires et les cadres du Parti communiste et de l’administration. Malgré les vicissitudes et les manipulations dont il fut victime, cet organisme a subsisté au fil des années pour devenir une « grosse machine », selon les auteurs, en tissant des liens et servant de « boite aux lettres » dans tout le pays. Les plaintes et doléances pouvaient s’exprimer par écrit (les lettres) ou par oral (les visites) souvent itinérantes qui poussaient les plaignants du village au district, de la capitale provinciale à Pékin au fil des échecs successifs pour finir expulsés vers le pays natal sans résultat positif.

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Comment ne pas faire perdre la face à un Chinois. Petit guide à l’usage de ceux qui travaillent avec la Chine Anne-Laure Monfret Dunod, 162 p, 14,9 euros Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la “face”… Ceux qui travaillent de près ou de loin avec les Chinois savent que le terme de “face” a un sens particulier et que “garder la face” est crucial dans l’Empire du milieu. Mais que signifie en profondeur cette notion, comment ne pas “faire perdre la face” à ses interlocuteurs ou comment leur en donner ? Anne-Laure Monfret qui a vécu huit ans à Shanghai après avoir travaillé comme conseil en Ressources Humaines, propose une synthèse claire et pratique sur ce qui constitue une embûche interculturelle, source de fréquents malentendus. Si pour un Occidental, la face est une notion d’abord individuelle, synonyme d’orgeuil et surtout comprise comme une blessure d’amour propre, en Chine, “la face est d’abord une notion sociale, explique Anne-Laure Monfret. Dans une société confucéenne, l’individu existe en tant que membre d’un groupe, sa famille, son entreprise, sa région, son pays… Si vous faites perdre la face à un Chinois, c’est tout son groupe qui perd la face avec lui.” Indissociable de la position sociale et de l’image de l’individu, la notion de “face” rejoint celle de hiérarchie et de relations dans le contexte professionnel. Celui qui perd la face, perd sa position par rapport aux autres, ce qui, dans une société très hiérarchisées où la réussite est archi-valorisée, constitue un dénigrement suprême. Au sens propre la face (mianzi ou lian) c’est le visage, perdre la face équivaut donc à ne plus exister. On comprend dès lors que “garder la face” soit une nécéssité impérieuse qui légitime au besoin le sacrifice de “l’efficacité” ou de la “vérité” si chères aux Occidentaux. Ce qui est un “mensonge” aux yeux des uns, n’est souvent qu’un moyen de sauver sa face pour l’autre. A travers des témoignages et des anecdotes issus du monde du travail et de la vie quotidienne, Anne-Laure Monfret décrypte des réactions qui peuvent sembler inadéquates et donne une mine de conseils pratiques, le tout sans prétention et avec une bonne dose d’humour. Chaque chapitre se termine par un test qui permet au lecteur à la fois de s’évaluer et de refaire le point.

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On peut lire au travers de cette enquête sur la protestation populaire et citoyenne une histoire « en creux » de la Chine contemporaine et c’est bien le fruit du travail, inédit jusqu’ici dans le monde sinologique, de nos deux auteurs qui ont examiné des centaines de lettres et se sont confrontés sur le terrain à la pratique de ces visites. Ils y puisent une histoire originale de la protestation en même temps qu’un tableau de la réalité politique et sociale de la Chine d’aujourd’hui. Ils estiment, avec un certain optimisme teinté de réalisme, qu’un espace de parole et de liberté d’expression a ainsi été ouvert au peuple par cette « Administration des lettres et visites » née au cœur même du système. Mais on peut aussi s’interroger sur l’efficacité réelle de cet organisme puisque les pétitions ne cessent de s’accumuler, pour atteindre aujourd’hui le milliard soit presque autant que la population, et qu’il semble ne pas avoir permis de faire changer les choses ni même les mentalités, ce dont se plaignent les plaignants dans la presse faute d’avoir été entendus ailleurs. Chine ou Japon : quel leader pour l’Asie ?, Par Claude Mayer , Presses de Sciences Po, 232 pages, 12 euros Les effets de la crise financière accélèrent le déplacement du centre de l’économie mondiale vers l’Asie. Pékin et Tokyo se disputent l’autorité et l’influence sur la région, avant de pouvoir parler de leadership, dans une compétition qui semble a priori inégale et risque de renverser à terme les plateaux de la balance et d’inverser les équilibres hérités de la fin de la Seconde Guerre mondiale, grâce à la présence américaine. Assistera-t-on donc à la montée d’une Chine dynamique et conquérante ? Le déclin annoncé comme inéluctable d’un Japon sera-t-il confirmé ou infirmé ? Face à cette vision d’un destin qui semble tout tracé, l’auteur, fin connaisseur du Japon, analyse la légitimité des deux termes de la comparaison et les chances des deux puissances à revendiquer la suprématie économique et stratégique dans les années à venir. Il situe cette évolution dans le cadre plus large d’une Asie en voie d’intégration où d’autres intervenants auront droit à la parole. Il propose les scénarios les plus probables. Même si les Etats-Unis, puissance du Pacifique, continueront de jouer un rôle de premier plan dans cette évolution, il ne faut pas oublier que le destin de l’Europe se joue aussi dans cette compétition entre Pékin et Tokyo, tandis que s’ébauchent les contours d’une future communauté asiatique où elle devra sans tarder trouver sa place, sous peine d’en devenir absente.

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图书精选Coup de coeur Par Laurent Ballouhey

Vies de Chinois illustres ou Mémoires Historiques. par Sima Qian, Traduction, introduction et notes de Jacques Pimpaneau, Editions You Feng , 550 pages, 30 euros Les Mémoires historiques (Shiji) de Sima Qian sont considérés comme le plus célèbre livre d’histoire chinois et un des chefs-d’œuvres littéraires. Il a eu un rôle prépondérant dans l’histoire de la littérature. De nombreux passages figurent dans les manuels de classe et sont connus de tous les Chinois. Ils ont inspiré un grand nombre de romans et de pièces de théâtre qui sont la transposition d’épisodes repris de ces Mémoires historiques. C’est dire à quel point ils contribuent encore aujourd’hui à la construction de la mémoire collective des Chinois depuis des siècles. Certes Sima Qian n’est pas le premier historien chinois, comme on l’entend dire parfois. Dès l’antiquité, les différents royaumes indépendants faisaient noter les entretiens, les discours et les événements importants, et des annalistes constituaient les premières archives. Mais en 213 avant notre ère, sous l’empereur Qin Shi Huangdi, le ministre Li Shi ordonna de détruire tous les écrits, et Sima Qian, privé de tous ces documents, fut contraint de recommencer à zéro son œuvre de réécriture de l’Histoire. Mais le grand mérite de Sima Qian se trouve dans la conception générale de l’ouvrage et donc de l’histoire qu’il donne à connaître. Il est bien le premier à avoir tenté une histoire totale en adoptant plusieurs angles de vue successifs : celui de l’histoire chronologique des rois, celui du rôle joué par les seigneurs et personnages importants, celui des données sociales, géographiques et culturelles qui transcendent le cours temporel, et dans les biographies, celui d’un panorama des différents types sociaux. Confucianiste et contemporain du début de l’époque des lettrés, il a en même temps nourri une idée de la société beaucoup plus large que celle qui avait prévalu jusquelà, et il nous donne à travers des exemples et des personnages remarquablement choisis un tableau de la société qui va du général et du souverain à l’assassin, du poète au bouffon et qui inclut même les marginaux. Tout en voulant poursuivre et approfondir l’œuvre de Confucius, il développe sa propre conception de l’histoire. C’est elle qui prévaudra en Chine dans la suite des siècles. Il ne s’agit de dire et de transmettre exactement ce qui s’est passé en s’approchant au plus près d’une vérité historique, mais de consigner ce qui doit servir de leçon et être utile pour la morale et la société. Il s’est confronté à cette question essentielle pour lui comme pour Confucius : comment éviter la violence dans la société.



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