Connexions 62

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NO . 62 ét é / 夏 2 0 12

L e m agazine de la C ha m bre de C o m m e rc e e t d ’ I n d u s t r i e F r a n ç a i s e en C h i n e

中国法国工商会季刊

www.ccifc.org L’agroalimentaire en Chine

Par l’artiste pékinois Victor Xu de l’agence G2S Creative Workshop

L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品 L’entretien :

Stéphanie Balme, Comment l’Etat de droit peut-il encore progresser en Chine ?

Photo :

Lu Yanpeng, Paysages interdits



Editorial

卷首语 Les enjeux du XVIIIème Congrès

Renaud de Spens Rédacteur en Chef

何诺 主编

十八大的挑战 中国的评论员们也注意到了,时间上的巧合使 得这个国家在2012年和国际同步。在这一年内,世 界1/3的国家(联合国安理会5个常任理事国中的 4国)面临因行政首长的换届选举而带来的政治改 观。在中国,独特的政府换届模式使得大致的选 举结果早已为人知晓:习近平和李克强将替换胡主 席和温总理。在1998和2003年类似的换届选举之 前,很多西方的评论员曾对由此可能带来的社会动 荡的和政治路线的变化做了大量的分析。然而今 年,虽然我们只能读到少量的关于未来中国走向的 分析文章,但是薄熙来的倒台和陈光诚的外逃无 疑昭示了顶层的政治压力已达到了前所未有的一 个水平。有传言十八大将会推迟数月召开,也有传 言最高决策机构---政治局的常委将从9人减少到 7人,这些都会对未来中国政府的行动自由产生制 肘。与此同时,经济火车头气喘吁吁,公众信心出 现危机,多项大的改革止步不前,未来的中国领导 人必须采取新的方式才能重启这台机器。面对目前 的孤立和保守主义倾向,以及不作为的危险诱惑, 为了能够重新释放出中国的能量,特别是中产阶级 的经济和社会潜能 ,制度的深度改革看来是唯一 可行的道路,新的领导团队上台后或将战胜内部 阻力,完成30年来尚未完成的任务,成为改革的

加速器。

Les éditorialistes chinois l’ont aussi remarqué, les hasards du calendrier mettent le pays au diapason du monde en cette année 2012, où 1/3 des Etats (dont 4 membres sur 5 du Conseil de Sécurité de l’ONU) ont des échéances politiques majeures pouvant entraîner un renouvellement de l’exécutif. En Chine, les résultats d’un processus unique d’alternance gouvernementale sont annoncés depuis longtemps dans leurs grandes lignes : Xi Jinping et Li Keqiang devraient succéder au président Hu et au premier ministre Wen. Avant les transitions similaires de 1998 et de 2003, beaucoup d’analystes occidentaux avaient glosé sur les risques d’instabilité ou imaginé des changements d’orientation politique qui n’ont pas eu lieu. Cette année cependant, on ne trouve encore que peu de tentatives de prévision sur les éventuelles nouvelles directions que pourrait prendre la Chine l’année prochaine. Pourtant, tant l’affaire de la chute de Bo Xilai que celle de l’évasion improbable de Chen Guangcheng trahissent un retour de tensions politiques au plus haut sommet de l’Etat, à un niveau que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. Des rumeurs courent sur un éventuel report de quelques mois du XVIIIe Congrès ou sur une réduction de 9 à 7 du nombre de membres de l’organe suprême chinois, le Comité Permanent du Bureau Politique, et ce n’est pas sans influence sur la marge de manoeuvre du futur gouvernement chinois. Alors que la locomotive économique s’essouffle, que la confiance de l’opinion dans ses institutions s’abîme, et que beaucoup de grands chantiers de réforme patinent, les futurs dirigeants de la Chine vont devoir utiliser de nouvelles méthodes pour faire repartir la machine. Face à la tentation inféconde et aujourd’hui impopulaire du repli identitaire et conservateur, face à la tentation presque aussi dangereuse d’essayer de rester immobile, la seule voie qui semble maintenant encore capable de libérer de nouvelles énergies chinoises, et notamment le potentiel économique et social des classes moyennes, est une réforme en profondeur du système. La prochaine arrivée au pouvoir d’une nouvelle équipe pourrait être le catalyseur qui manquait au régime pour vaincre les oppositions internes et parachever l’oeuvre commencée il y a un peu plus de 30 ans.

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Comité de Patronage

特别支持委员会

Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 62, été 2012

Directrice de la publication Flore Coppin Rédacteur en chef Renaud de Spens Graphiste Xie Bin Ont collaboré à ce numéro : Raphaël Balenieri, Laurent Ballouhey, He Feng, Gaël Bernard, Sébastien Lebelzic. Comité de relecture : Commission Communication de la CCIFC Couverture L’agroalimentaire en Chine Par l’artiste pékinois Victor Xu de l’agence G2S Creative Workshop Publicité Pékin : Sophie Lavandier lavandier.sophie@ccifc.org Shanghai : Séverine Clément clement.severine@ccifc.org Chine du Sud : Alexandre Beaudoux beaudoux.alexandre@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O UCCIFE 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707

Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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L’actualité de la Chambre

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L’entretien

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Magazine

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L’actualité business Chine

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Dossier L’agroalimentaire en Chine

2012年夏 第62期

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Sommaire L’actualité business Chine 中国商务资讯 Actualité économique et financière Entretien avec Stéphanie Balme, Comment l’Etat de droit peut-il encore progresser en Chine ? Dossier 专栏 Avant-propos : Germinaisons chinoises

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20 21 Infographie 22 中国的农业与食品现状 24 Agriculture chinoise : contraintes gigantesques, besoins énormes 27 Toujours plus de grains 30 La Chine peut-elle rattraper son retard agricole ? 32 Les défis de la filière laitière chinoise 34 Les PME françaises misent sur le marché porcin chinois 36 Le vin « made in China » gagne du terrain 38 La voie raisonnée vers le bio 40 Biolice, pour une plasticulture écolo 42 De moins en moins de paysans ? 43 La sécurité alimentaire est au 前言:中国萌芽

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coeur de l’attention des médias 44 Le marché chinois, futur de l’agroalimentaire français ? 47 Les foies gras Rougié,de 20 à 120 000 canards 50 Une distribution fragmentée 52 L’internationalisation du goût chinois 53 Enquête exclusive sur le goût des Chinois 56 Experts européens et chinois s’accordent 58 L’appétit international des entreprises chinoises 59 « Les entreprises françaises ont des opportunités en Chine. » 60 Les membres de la CCIFC actifs dans le domaine agroalimentaire 61 L’actualité de la Chambre 商会简讯 L’actualité membres L’actualité des antennes

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Magazine 杂谈 Forum Travailler Ensemble : le 14 juin à Canton Photographie : Lu Yanpeng Bande dessinée : La balade de Yaya Une des medias : Wukan, la rebelle Livres

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74,5

ANS

C’est l’espérance de vie – homme/femme – escomptée pour 2015 par le gouvernement. Elle était en 2009 de 73 ans pour le 1 milliard 300 millions d’habitants recensés. Pékin compte atteindre cet objectif grâce à la réforme de la santé qui est en cours. Elle vise notamment à remettre à niveau les infrastructures hospitalières du pays et à permettre un accès universel aux services sanitaires de base. Selon le ministère de la Santé, on constaterait déjà, depuis trois ans, une chute de la mortalité infantile. Reste des écarts très importants d’accès aux soins entre les campagnes et les grandes villes.

4 000 milliards de yuans

Montant des investissements en Chine liés aux ressources en eau, d’ici à 2020. D’après les statistiques officielles, le pays aurait investi 345 milliards de yuans en 2011 pour des projets hydrauliques alors même que la deuxième puissance économique du Globe connaît une crise de l’eau sans précédent. La Chine dispose de 2 100 mètres cubes d’eau douce par habitant et par an (la moyenne mondiale est de 8 500 mètres cubes) mais la partie nord du pays est régulièrement soumise à des situations critiques de pénurie en eau. Lire aussi Interview de l’environnementaliste Ma Jun sur http://www.chine-plus.com/videos/2012/0319/73.shtml

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ÉNERGIE

Pékin s’emballe pour le gaz de schiste En Chine, point de débat sur la question. Un simple constat : notre sol en regorge alors... Allons-y ! Les autorités centrales ont ainsi annoncé courant avril – sans que quiconque ne s’y oppose ouvertement – le début des extractions, fortement polluantes, de ce gaz dont le pays possède 36 100 milliards de mètres cubes de réserve, selon l’Energy Information Administration. Les groupes pétroliers Total et Shell sont dans la boucle, ils ont créé des joint-ventures respectivement avec Sinopec et CNPC (China National Petroleum Corp), pour l’exploration d’une zone de plus de 3 500 km2 dans le Sichuan. La Chine souhaiterait produire 60 à 100 milliards de mètres cubes de gaz par an d’ici à 2020, afin qu’il assure 10% de ses besoins énergétiques. Dans le même temps, Pékin cherche à diversifier ses sources d’hydrocarbures : Moyen-Orient, Russie,

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Les chiffres

中国商务资讯

La Chine a commencé début avril d’extraire du gaz de schiste.

Afrique... et bientôt l’Arctique ? La Chine, qui avalera 3 milliards de tonnes équivalent pétrole en 2015 (soit plus de 20 % de la consommation mondiale) s’intéresse de près aux réserves en or noir, de l’Islande notamment...

ILS ONT DIT...

« Même freinée par la demande externe, la croissance projetée en Chine sera supérieure à 8% en 2012 et en 2013 parce que la consommation et l’investissement devraient rester robustes. » Le Fonds Monétaire International dans son rapport du premier semestre 2012.

LA FAUTE À QUI ?

Le « nike chinois » pique du nez C’est un signe de « fragilité » de l’économie du pays, estime un économiste pékinois après les résultats en dents de scie de Li Ning, plus grand équipementier sportif du pays. Il a en effet, notait récemment Le Figaro, « du mal à écouler ses stocks. Du coup, ses ventes en Chine augmentent moins vite que celles de Nike et ont même baissé depuis janvier. » D’après la presse nationale,

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L’actualité business Chine

« l’entreprise a un besoin urgent de réorganisation, mais que son directeur général Zhang Zhiyong manque de courage et de pouvoir de leadership de crise pour mener cette transformation ».

Lire aussi > http://www.chine-plus.com/eco_business/2012/0423/223.shtml


ALIMENTATION

Les scandales alimentaires en Chine au coeur de l’attention des médias.

PME

(60 000), et 170, de la viande de porc avariée (6 000 tonnes). » En 2011, 137 personnes en Chine – chiffres officiels – sont mortes après avoir mangé de la nourriture non conforme aux règles d’hygiène.

Prêts bancaires

CINEMA

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Hollywood drague la Chine Comment contourner le quota d’importation de films étrangers fixé par Pékin, soit une petite quarantaine de films par an ? En produisant ou en coproduisant sur place. Une solution de plus en plus courante pour les majors américaines. Disney et Marvel ont ainsi récemment annoncé une coproduction sino-américaine sur le troisième volet de la série Iron Man. L’heureux élu est la société de production pékinoise DMG. Celle-ci devrait gérer le tournage

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Trop, c’est trop ! Après le lait à la mélamine – qui avait défrayé la chronique en entraînant la mort de plusieurs bébés en 2009 –, le porc aux anabolisants ou les pastèques qui explosent, le scandale dit « des capsules » de médicaments –fabriquées à partir de cuir de chaussure recyclé a secoué la Chine au printemps. Les autorités centrales disent combattre ce nouveau fléau, provoqué par la course au profit et le manque de traçabilité des produits. Ainsi, en un an, relatait récemment un quotidien pékinois, « La police a mis à jour plus de 5 200 cas d’aliments frelatés, dont 156 concernant la viande de porc aux anabolisants (24 000 tonnes en tout), 135, de l’huile recyclée

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Stop aux intox !

en Chine, où une partie du film sera réalisée, et le marketing afin de mieux « vendre » (dixit) au public chinois ce futur épisode de « l’homme de fer » pour partie made in China.

AVIATION

Depuis plusieurs mois, les têtes de l’exécutif, dont Wen Jiabao, plaident pour l’arrivée de capitaux privés afin de casser le système actuel monopolisé par quatre grandes banques publiques ; système qui empêche, analyse l’agence de presse Reuters, « le secteur privé et notamment les PME de financer leurs besoins de développement ». Le Premier ministre chinois qui regrettait ainsi en mars qu’un particulier ou une petite entreprise ne puissent aujourd’hui en Chine obtenir des prêts « qu’auprès de ces banques {d’État} (...). Si on s’adresse ailleurs c’est très compliqué ». Beaucoup de PME en difficulté à qui ces banques refusent tout crédit s’orientent alors, faute de choix, vers un système alternatif d’officines bancaires qui prêtent à des taux quatre à cinq fois supérieurs à la moyenne du marché. Certains ont emprunté à des taux d’intérêt pouvant atteindre, 5% par mois, soit plus de 70% par an.

Ça décolle !

www.asie.atelier.fr

L’Actualité Business Chine est réalisée en partenariat avec le magazine Chine Plus. www.chine-plus.com © Imagine China

Interrogé par l’agence Reuters, le numéro 1 de Qatar Airways n’a pas exclu l’idée de commander des avions russes ou... chinois. L’homme d’affaires s’est plaint des retards de livraison chez Airbus et Boeing – jusqu’à trois ans sur certains appareils. « Pourquoi pas ? », a-t-il répondu au journaliste qui lui demandait s’il comptait se fournir en Chine notamment. « Si c’est sûr, efficace et que ça répond aux exigences, alors il n’y a rien de mal. L’Europe et les États-Unis utilisent tout ce qui est fait à

Les avions chinois sont attendus sur le marché.

l’Est, alors pourquoi devrions-nous ne pas le faire si cela répond à nos exigences ? » été 2012 / Connexions 9


Les chiffres

137

millions

de nuitées de touristes étrangers en Chine en 2017, d’après les statistiques officielles (qui se basent sur les tendances mondiales de 2010). L’Empire serait alors la première destination touristique au monde, devant la France, l’Espagne et les États-Unis (Lire ChinePlus 17 « À nous les touristes »). En 2010, la Chine avait accueilli quelque 55,66 millions de visiteurs étrangers (+ 9,4% par rapport à 2009) – contre 78,95 millions en France et 60,88 millions aux États-Unis.

中国商务资讯 AUTO

Le XIIe Plan roule pour l’hybride C’est l’un des grands chantiers du XIIe Plan en cours : faire décoller le marché du véhicule « propre » (hybride ou électrique) alors que les objectifs officiels sont de 5 millions d’unités sur les routes chinoises pour 2020 (contre 100 000 actuellement). Comment ? Grâce à un ambitieux programme d’investissement – sous la forme de subventions publiques de 1,5 milliard de dollars par an, pendant encore huit ans. Les constructeurs de tous les pays aujourd’hui se bousculent en Chine pour y imposer le modèle de demain. Au dernier salon automobile de Pékin, fin avril, quelque quatrevingt-huit modèles électriques ou hybrides (de BMW, BYD, Honda, Toyota, etc.), rappelait l’AFP, ont été exposés « Presque tous les constructeurs internationaux ont annoncé des plans pour véhicules électriques en Chine », expliquait

© Imagine China

L’actualité business Chine

AUTO CHINA 2012, Nissan présente son concept car hybride, le Pivo3 Electric, micro citadine à propulsion électrique.

alors à l’agence de presse française un expert de IHS Global Insight. Mais presque tous, soulignait-il, « sont sceptiques quant au volume des ventes espéré ». Les consommateurs chinois ont en effet encore du mal à se laisser tenter par ce genre de modèles.

DEVISE

Moins de papier, plus de numérique

Un yuan plus libre ?

Dans l’Empire, les habitudes de lecture changent. Alors qu’une enquête officielle indique que chaque Chinois a lu en moyenne en 2011, quatre livres, une centaine de journaux et six à sept magazines, les supports numériques ont le vent en poupe. Le nombre de personnes qui lisent en ligne, expliquent les sondeurs, a augmenté de plus de 10% sur un an (en moyenne 47 minutes par jour) ; 27,6% ont dit préférer lire sur leur téléphone portable, (+ 4,6% sur un an soit 14 minutes/

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LIRE EN LIGNE

jour). Conséquence : les grands groupes de média misent désormais sur le numérique. Ainsi le portail du Quotidien du peuple, le journal officiel du Parti, a fait son entrée à la bourse de Shanghai au printemps dernier avec une levée de fonds trois fois supérieure aux prédictions, soit 1,5 milliard de yuans !

TÉLEX §§§  CROISSANCE EN BERNE ? Le PIB de la Chine a augmenté de 8,1% sur un an au premier trimestre 2012, ralentissant – rappelle l’AFP – pour le cinquième trimestre consécutif. Il faut remonter au deuxième trimestre 2009 pour trouver plus bas (7,9%). Un chiffre expliqué par la baisse des exportations, conséquence de la crise économique mondiale, et le ralentissement du secteur de construction. §  LES IDE ont par ailleurs baissé de plus de 6% sur un an – alors qu’ils avaient été multipliés par 6 entre 2005 et 2010. À croire que la Chine

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La banque Centrale chinoise a autorisé en avril un élargissement de la marge de fluctuation du yuan. La monnaie du peuple pourra fluctuer de 1% au-dessus ou en dessous du cours pivot fixé quotidiennement par la banque Centrale, contre une marge limitée à 0,5% précédemment. « Il s’agit d’un pas supplémentaire dans la stratégie des petits pas de Pékin vers l’internationalisation de sa devise », indiquait au Monde Christine Lagarde, directrice générale du FMI. « Tout cela va dans la bonne direction et permettra une appréciation... ou une dépréciation de la monnaie chinoise. »

ne fait plus recette (ou est devenue trop chère pour certains). En mars, l’investissement en provenance des 27 membres de l’Union européenne, rappelle Xinhua, a chuté de 31,2% sur un an. La grande majorité des investissements directs étrangers en Chine, note l’AFP, « viennent d’Asie, à savoir du Japon, de Corée du Sud, de Hong Kong, de Macao et de Taïwan, ainsi que de cinq pays d’Asie du Sud-Est (Singapour, Malaisie, Thaïlande, Philippines et Indonésie). »


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Comment fidéliser les cadres chinois ?

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Tous les chefs d’entreprise et managers implantés en Chine le constatent : la dynamique du marché de l’emploi y est un véritable casse-tête, en particulier pour la fidélisation des cadres.

Un marché de l’emploi effervescent Les salaires. Au-delà de l’augmentation déjà soutenue du salaire moyen en Chine (+8% en 2011, +9.8% prévu pour 2012), que dire du salaire des cadres ?! Les montants peuvent atteindre des valeurs comparables à ceux observés en Europe, notamment pour des postes de direction à caractère stratégique. Par ailleurs, les sauts salariaux lors des changements de poste vers une autre entreprise se situent entre 15 et 30%, et parfois davantage, surtout en cas de surestimation de la rémunération antérieure par le candidat. La volatilité du personnel. En 2011, le turnover moyen du personnel était de près de 19% par an. Les moins de 30 ans restent en moyenne moins de 18 mois en poste, et dans certains secteurs particulièrement concurrentiels, on observe régulièrement des passages éclairs d’un an. Enfin les entreprises se trouvent souvent prises de court lors des départs de collaborateurs, en l’absence de signes annonciateurs évidents. Des ambitions individuelles marquées. La course aux titres de fonction valorisants et aux responsabilités croissantes conduit souvent à une fuite en avant dans laquelle les collaborateurs n’ont pas toujours le temps

d’assumer pleinement leurs responsabilités. Ces constats du quotidien sont confirmés par les études de motivation qui montrent que les principaux moteurs de la mobilité professionnelle en Chine sont l’obtention de responsabilités accrues, et une offre de rémunération plus attractive, et ce dans des proportions similaires. Comment fidéliser ? Offrir une perspective de carrière. Pour répondre aux attentes fortes du personnel chinois en termes de responsabilités et de statut, il est nécessaire de proposer une perspective professionnelle claire, jalonnée dans le temps. C’est en prenant les devants sur cette attente que l’entreprise peut simultanément faire comprendre ses propres exigences, notamment celle d’une prise de responsabilités par paliers qui doit permettre à chaque individu comme à l’entreprise de grandir régulièrement et durablement. Accompagner les cadres, développer le leadership. Des responsabilités croissantes doivent être soutenues par l’acquisition d’une plus grande maturité managériale, par exemple à travers un coaching personnalisé et des programmes de développement du leadership. Créer et nourrir une fierté d’apparte-

nance. Une image forte et valorisante de l’entreprise auprès de ses publics donne non seulement un pouvoir d’attraction au moment de la phase de recrutement, mais contribue à la fidélisation du personnel. La marque-employeur doit être nourrie régulièrement. Intégrer une dimension émotionnelle et culturelle dans les parcours professionnels. On pense ici particulièrement à l’envoi des jeunes cadres chinois dans le pays d’origine de l’entreprise, qu’il s’agisse d’une formation de quelques mois, ou d’une affectation professionnelle plus longue. Salaires et bien-être. La dimension salariale ne peut être négligée bien entendu. Le fait de s’assurer régulièrement d’être dans les prix du marché, voire légèrement au-dessus, contribuera aussi à éviter les déconvenues. Enfin, au-delà des considérations financières, il est important de tenir compte du fait que les nouvelles générations accordent une place plus importante à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Dragonfly Group est le cabinet de conseil en Ressources Humaines spécialiste du marché chinois. Notre mission consiste à aider les entreprises occidentales dans leurs projets RH en Chine, tant sur le plan stratégique qu’opérationnel : recrutement pour les postes clefs, amélioration de l’organisation RH des entreprises, développement des talents, etc. Nos bureaux se situent à Pékin, Shanghai, Canton, Shenzhen, Hong-Kong et Paris. www.dragonflygroup.com

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La responsabilité pénale des dirigeants dans la vie des affaires en Chine A l’occasion de ce numéro spécial sur les questions de sécurité alimentaire, Antoine LOUBIER, avocat associé du Cabinet ASIALLIANS a le plaisir d’échanger avec JIANG Guoyong sur le thème de la responsabilité pénale des dirigeants de sociétés en Chine : Maître JIANG est associé du cabinet WANG JING & Co, basé à Canton et membre du Réseau Asiallians, où il dirige le Département Droit Pénal. Antoine LOUBIER : Si l’on évoque le sujet de la responsabilité pénale des dirigeants sociaux, en Chine, nous devons avant tout définir la notion de « dirigeants sociaux », c’est-à-dire déterminer : les types de structures au sein desquelles les dirigeants sont susceptibles d’être tenus responsables individuellement à raison des décisions qu’ils prennent et qui sont susceptibles de constituer des infractions pénales. La responsabilité pénale des sociétés en Chine est étroitement liée à la notion de « crimes d’unité » (« danwei » -单位) définie par la loi pénale. Les crimes d’unités sont définis comme étant les crimes commis par les unités de travail. Ainsi le droit pénal chinois s’attache à identifier l’unité de travail en tant organisation, qu’elle soit dotée ou dépourvue de la personnalité morale. Cette responsabilité pénale peut atteindre toutes sociétés, entreprises, (WOFE ou JV), organismes publics etc... et plus généralement toute organisation définie comme une «unité de travail ». La responsabilité des dirigeants peut être engagée du fait des actes commis par leur « unité de travail. Cela concerne le « représentant légal » de la société, mais cette responsabilité est-elle susceptible de toucher d’autres dirigeants (« managers ») ou d’autres personnels au sein de la société ? Conformément à l’article 31 de la loi pénale, 12 Connexions / été 2012

dans le cadre de crimes d’unités, les personnes physiques qui sont susceptibles d’être tenues pénalement responsables sont d’une part : les personnes ayant directement apporté leur concours à la commission de l’infraction (qualifiées d’auteurs ou complices) ainsi que la/les personne directement en charge au sein de la société, de superviser l’accomplissement de leur travail. Ainsi, cette responsabilité pénale n’est pas limitée aux « dirigeants sociaux » mais peut également atteindre les préposés qui ont commis l’infraction sous la subordination de leurs responsables directs. Cette formulation est très claire dans toutes les dispositions de la loi pénale relatives aux crimes d’unités : je pense notamment aux articles 330 et suivants instituant le « crime de détérioration de la santé publique » et aux articles 338 et suivants instituant le crime de « détérioration de l’environnement et des ressources naturelles ». Dans la pratique, il sera examiné et tenu compte de l’organisation managériale de la société et du rôle de chacun dans la conception, la préparation et la commission de l’infraction ; l’approche est extrêmement factuelle de telle sorte qu’il n’est pas exclu que le représentant légal de la société ne soit pas reconnu responsable pénalement dès lors qu’il n’est pas engagé dans la gestion de la société au quotidien (ce qui est fréquent pour les sociétés à investissements étrangers où le représentant légal réside parfois à l’étranger) et qu’il n’a donné aucune instruction concer-

nant l’infraction qui a été commise. Notons que dans le cadre de la constitution et l’enregistrement de sociétés en, les autorités locales (AIC, bureaux des taxes, douanes, bureau de la protection de l’environnement etc…) demandent impérativement à la société nouvellement créée de déclarer l’identité d’un certain nombre de responsables clés au sein de l’entreprise : responsable des douanes, responsable de la production, responsable fiscal, comptable etc… En cas de poursuites, les services d’enquête et le parquet exploiteront en premier lieu ces archives administratives, mises à leur disposition par chaque bureau concerné. Antoine LOUBIER : Peut-il y avoir des cas de « partages » de responsabilités entre le « représentant légal » de la société et d’autres managers ? Il n’y a pas de concept de partage de responsabilité. Chacun sera responsable pénalement en fonction de son rôle dans la commission de l’infraction en prenant en compte la nature de l’acte (ou de l’omission) constituant un délit pénal et des circonstances : tout d’abord, la gravité de l’infraction est prise en compte, résulte-telle d’une négligence ou d’un acte délibéré et ses conséquences ?Sera ensuite pris en compte le rôle joué par l’individu : Etait-il complice ou auteur ? A-t-il été contraint par des pressions de sa hiérarchie à commettre l’infraction ? Antoine LOUBIER : La loi pénale chinoise de 1997 amendée à de nombreuses reprises, a instauré les crimes de « perturbation de l’économie socialiste de marché » et « crimes d’obstruction à l’administration de l’ordre public » instituant notamment: les crimes de « production et commercialisation de faux produits », de « contrebande », de « perturbation de l’administration des sociétés », « de fraude financière », de « fraude fiscale », de « perturbation de l’ordre du marché », les « crimes de détérioration de la santé publique » et crime « détérioration de l’environnement et des ressources ». Quel sont les domaines dans lesquels les dirigeants sociaux sont le plus susceptibles de voir leur responsabilité engagée ?


软文广告 Les sociétés exerçant des activités industrielles sont soumises à des normes plus importantes et de plus en plus contraignantes. Ces sociétés sont toutes soumises à des normes de sécurité du personnel, de protection de l’environnement, des normes sanitaires pour les produits alimentaires, les médicaments ou même simplement en cas d’ouverture d’une cantine au sein de l’usine. Elles demeurent par ailleurs in fine responsables des conséquences des malfaçons de leurs produits. Le non-respect de ces normes peut entrainer la responsabilité pénale de la société et de ses dirigeants étant précisé que ce manquement – sur lequel l’administration ferme parfois les yeux - peut être lié à des pratiques de corruption également susceptibles d’entrainer des poursuites. Chacun se souvient du scandale de « 三鹿 San Lu » du lait en poudre qui a été un véritable traumatisme pour l’opinion publique chinoise. Le PDG a été condamné à une peine d’emprisonnement à perpétuité et le directeur général à 15 ans d’emprisonnement ; c’est un cas extrême qui illustre le propos précédent sur la gravité de l’infraction. Par ailleurs, quelle que soit l’activité de la société, il n’est jamais inutile de rappeler que les pratiques de « pot de vin » avec un client, un fournisseur, un fonctionnaire etc… constituent des infractions pénales punies par des peines d’emprisonnement en général de trois à cinq ans. L’organisation de l’insolvabilité d’une société et de sa faillite constitue aussi une infraction pénale punissable de trois ans d’emprisonnement. La liste est extrêmement longue des « crimes d’unité » punissables d’emprisonnement… Pour autant, les cas de poursuites concernant les sociétés à investissements étrangers sont extrêmement rares. Antoine LOUBIER : En cas de violation des règles de protection de l’environnement : Quelles circonstances pourraient conduire à une mise en examen et le renvoi de la société et de ses dirigeants devant la juridiction pénale ? Les bureaux ayant une compétence administrative spéciale (bureaux des taxes, douanes, département de prévention du feu, bureaux de la protection de l’environnement, l’AIC)

privilégient une approche destinée à obtenir de la société qu’elle prenne les mesures de correction que le bureau concerné la met en demeure de prendre. Ces bureaux disposent de toute l’autorité permettant d’édicter des mesures administratives contraignantes. L’attitude des dirigeants face aux injonctions de l’administration est un élément important et dès lors que la société a pris les mesures correctrices exigées, il est extrêmement rare que ces autorités administratives dénoncent par ailleurs ces infractions aux autorités de police ou au parquet. Pour autant, il est évident que les éventuelles conséquences dommageables de l’infraction seront prises également en compte. Pour qu’une autorité administrative décide de « renvoyer » au pénal des infractions constatées, il est généralement nécessaire que les conséquences dommageables de l’infraction soient d’une extrême gravité et/ou que les dirigeants de la société aient ignoré les injonctions administraives. Antoine LOUBIER : Quelle est la frontière entre la responsabilité administrative et la responsabilité pénale ? Pour un certain nombre d’infractions, il existe des seuils de compétence qui dépendent du montant des profits générés par l’activité illicite. Tel est le cas en matière de propriété intellectuelle par exemple : lorsque les grains générés par l’usage frauduleux de secrets commerciaux et savoir-faire d’autrui (ou les pertes subies par le titulaire) dépasse 500.000 RMB, l’infraction pénale est constituée. En matière de contrefaçon de marques, plusieurs seuils peuvent être pris en compte (entre 30.000 rmb et 250.000 rmb en fonction de l’infraction). D’autres seuils sont appliqués, de la même manière en matière de violation de brevets (entre 50.000 rmb et 500.000 rmb). Sous ces seuils, la responsabilité encourue est uniquement administrative. Antoine LOUBIER : Pour revenir à la responsabilité pénale, avez-vous des exemples de cas ayant touché des sociétés étrangères ? Pour les raisons évoquées ci-dessus, ces cas sont très rares. Cependant, une société américaine dont un dirigeant en Chine était impliqué dans une affaire de corrup-

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tion de fonctionnaires s’est vue condamnée, ainsi que son dirigeant, pour infractions à la législation chinoise ainsi qu’au « Foreign Corrupt Practices Act » ; cette personne a été poursuivie en Chine et aux Etats-Unis. Rappelons que des faits de corruption commis en Chine peuvent également constituer des infractions selon le droit d’un autre pays. Antoine LOUBIER : Constatez-vous un renforcement ou un adoucissement des dispositions pénales ? Les 8 amendements de la loi pénale depuis 1997 tentent d’adapter le droit chinois à l’évolution de la société, de l’économie, de sa complexité croissante et de la technologie pouvant être utilisée dans la commission d’une infraction. De nouvelles infractions sont venues prendre place au sein de cette loi pénale. Les peines ont progressivement été modifiées et ont globalement été relevées. Concernant les peines encourues par les dirigeants à titre individuel, il est généralement prévu des peines privatives de liberté d’une durée de 3 ans ou plus, fonction de la gravité de l’infraction. Relevons que dans le 8ème amendement, l’Article 201 concernant les infractions fiscales prévoit désormais que le crime n’est constitué qu’à condition que le contribuable n’ait pas répondu favorablement à l’injonction de l’administration fiscale de régler les pénalités, impôts et intérêts dus. Il s’agissait de prendre en compte la pratique des administrations fiscales. Antoine LOUBIER : En pratique, quels sont les dirigeants les plus exposés ? Les responsables de sites de production sont les plus exposés car la moindre négligence peut entrainer la mise en cause de la responsabilité pénale. Les responsables financiers, comptables le sont également. Il convient d’établir dans le règlement intérieur de la société, des règles de responsabilité, de reporting, de délégation de signature ou de pouvoir extrêmement précises.

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Dernières parutions de Stéphanie Balme : “Judicial Realities and Legal Challenges in China: Legal Certainty as a Watermark” (World Bank 2012) et “La Justice Pénale en Chine: son évolution et son avenir” (IHEJ 2012).

Entretien avec Stéphanie Balme 14 Connexions / été 2012


Comment l’Etat de droit peut-il encore progresser en Chine ? Chercheur et professeur à Sciences Po Paris, actuellement détachée en tant que professeur invitée à l’Université Tsinghua, Stéphanie Balme dirige le programme « Droit, Justice et Société en Chine ». Elle est aussi membre du comité de la EU-China Law Studies Association et consultante sur la Chine pour de nombreuses organisations internationales. Au terme d’un séjour de près de 10 ans à Hong Kong puis à Pékin, elle rentre à Paris ou elle va contribuer au développement des études sur la Chine à Sciences Po. Connexions : Quand le concept d’Etat de droit a-t-il fait son apparition en Chine ? Stéphanie Balme : Sous Mao, le ministère de la Justice avait été aboli. Quand Deng Xiaoping est arrivé au pouvoir, il a très vite voulu montrer qu’il désirait donner une place au droit, en faisant adopter une nouvelle constitution en 1978 puis une autre en 1982, toujours en vigueur aujourd’hui. La Révolution culturelle s’est d’ailleurs achevée avec un procès politique, celui de la “Bande des Quatre”. C’était à l’époque relativement facile d’entamer la reconstruction du droit et de la justice ; les premiers enjeux étaient surtout d’ordre quantitatif : il fallait recruter des juges, des avocats, construire des tribunaux... Des réflexions profondes avaient cependant été engagées, notamment sur le principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi, la réhabilitation des victimes de la “justice de classe” mais aussi la séparation entre justice et politique. Après la crise de la fin des années 1980, la volonté chinoise d’entrer à l’Organisation

de plus en plus fréquemment dans les discours officiels. En 1999, elle a d’ailleurs été incluse dans la Constitution, et la notion de “protection des droits de l’Homme” l’y a rejoint en 2004. Ces notions ont ainsi perdu en grande partie leur identité d’importation occidentale, acquis une vie chinoise propre, et font désormais l’objet d’un consensus très large dans le pays notamment parmi les praticiens du droit. Les discours critiques (à savoir, par exemple, l’Etat de droit est-il le meilleur mode de gouvernance pour faire face aux défis de la Chine ? Quelle contribution la Chine peut-elle apporter à la réflexion sur l’universalité des droits de l’homme ? etc., sont précisément l’expression de la réappropriation dans le contexte chinois de ces concepts. Ce qui soude maintenant les juristes chinois ensemble, c’est l’idée qu’il faut établir une véritable sécurité juridique pour tous, ce qui est à la fois un élément indispensable pour rassurer les investisseurs, permettre la poursuite du développement économique, stabiliser les conflits sociaux et garantir la protection

très rapidement. Sur le plan de la justice ordinaire, des petits conflits et de l’Etat de droit au quotidien, les améliorations ont été considérables. Les juges sont mieux formés, les avocats de plus en plus nombreux malgré d’importantes disparités géographiques et professionnelles. Pas un seul domaine du droit n’a échappé à la réforme grâce notamment à la multiplication des échanges internationaux : le droit du travail, des contrats, de l’environnement, de la propriété intellectuelle, les principes généraux du droit civil, la procédure pénale, les recours administratifs, etc. L’inflation juridique des trente dernières années est saisissante. Les infrastructures sont également meilleures, la justice est moins coûteuse donc plus accessible pour les justiciables. Pour donner un exemple, il y a dix ans, les ordinateurs étaient rares et constituaient d’ailleurs une source de corruption énorme. Aujourd’hui, de superbes tribunaux trônent dans des régions reculées. Le nombre de litiges ne cesse d’augmenter. Alors certes, la pro-

Mondiale du Commerce a redynamisé les efforts juridiques du régime. Intégrer la Chine dans le monde a été un slogan fédérateur en interne, et a favorisé l’acceptation de nombreuses normes internationales qui en étaient les conditions. C’est dans ce contexte que la notion de l’Etat de droit s’est trouvée employée

de chaque individu face à l’arbitraire. C. : Quel est le bilan de la construction de l’Etat de droit en Chine ? S.B. : Il est contrasté. Les progrès de l’Etat de droit ont suivi la réforme économique chinoise, mais pas au même rythme, alors que la société chinoise ainsi que les rapports Etat-société ont change

fession a encore, d’après les sondages, mauvaise réputation. Mais les praticiens du droit sont probablement autant victimes qu’acteurs dans les situations de corruption. Ces problèmes sont endémiques à la société chinoise actuelle, et tout le monde en souffre. Le système judiciaire a tendance à se protéger

•••

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Une audience dans un tribunal de la province du Shaanxi.

en standardisant ses procédures via ••• un réseau informatique très développé : par exemple, l’enregistrement des dossiers et le paiement des frais de justice en ligne sont désormais des pratiques courantes. Outre la justice ordinaire, d’immense progrès ont par ailleurs été faits dans le domaine de la justice des mineurs et de la peine de mort. En revanche, la justice d’exception et la justice pénale posent toujours d’immenses problèmes. Elles reflètent en effet une lutte constante entre différents intérêts antagonistes et ne bénéficient pas d’une évolution linéaire, on a même parfois l’impression de recul, de fortes tensions. La raison principale est que le rôle spécifique des juges dans un Etat de droit et l’indépendance de la justice ne sont pas abordés par la réforme. En Chine, les juges demeurent des fonctionnaires sans identité professionnelle forte, isolés les uns des autres, à peine différents finalement des autres fonctionnaires ou agents municipaux. Le droit positif est quant à lui un vaste océan de dizaines de milliers de lois, de décrets, de règlements administratifs souvent incompatibles entre eux. La Constitution chinoise, qui présente beaucoup de caractéristiques communes avec celle d’un Etat de droit, n’a pas de valeur

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juridique établie. Il n’existe pas de mécanisme efficace de contrôle de constitutionnalité en Chine. Ceci est une source d’insécurité juridique. Si beaucoup a été fait, beaucoup reste encore à faire, maintenant plus sur le plan qualitatif. Cela suscite beaucoup plus d’oppositions que les réformes quantitatives, de la première génération. Les nombreux acteurs en présence ont en tête des modèles très différents. Les acquis juridiques occidentaux apparaissent aussi bien séduisants pour certains que décadents – ou parfois déjà obsolètes pour d’autres. Surtout, la société civile participe de façon passionnée aux grandes questions liées à la justice et à l’Etat de droit. Les interactions entre les reformes conçues par “le haut” et l’opinion publique adepte de Weibo produisent désormais des phénomènes intéressants. Par exemple, la réforme de la loi de la procédure pénale a donné lieu à une consultation publique entre le 30 août et le 30 septembre de l’année 2011. Elle a reçu près de 80 000 propositions, idées etc., ce qui dépasse largement le cadre des experts. On ne sait pas exactement comment ces propositions ont été traitées, mais je trouve extrêmement positif que la société soit à ce point active autour de ces questions.

陕西某法院庭审现场。

C. : L’Etat de droit est-il aujourd’hui devenu un élément du contrat social chinois ? S.B. : C’est précisément le défi de la Chine contemporaine. Avec le recul, on s’aperçoit que la Chine a beaucoup accompli depuis 30 ans, dans ce domaine également. Il y a donc beaucoup d’espoirs. De nouvelles attentes naissent aussi du fait qu’on arrive aujourd’hui déjà à presque la deuxième génération de jeunes adultes qui, enfants, ont été sensibilisés aux discours sur le droit et l’Etat de droit. Les affaires judiciaires, les injustices ou les abus, entraînent une sorte d’activisme populaire désireux d’œuvrer pour la sécurité juridique mais qui peut aussi prendre la forme d’un dangereux populisme. Du coup, les grands tribunaux chinois ont tous désormais un attaché de presse et la justice des internautes a souvent plus de poids qu’une décision judiciaire. Dans ce contexte, la question de l’Etat de droit devrait en effet être conçue comme un nouvel élément du contrat social. C. : Quels ont été vos moments les plus riches en Chine ? S.B. : Je retiendrais deux moments : la mise en place du dialogue franco-chinois sur l’Etat de droit et lorsque je faisais mes

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enquêtes de terrain dans les tribunaux de district, en particulier dans la province du Shaanxi. J’ai vécu à ces occasions des moments absolument extraordinaires. Je vais ici surtout parler des enquêtes. Comme souvent les juges habitaient loin du tribunal, ils dormaient même sur place. J’avais une place sur un lit superposé dans le dortoir des dames, et le soir quand toutes les lumières étaient éteintes on se racontait nos vies qui pouvaient aller de nos histoires personnelles à ce que c’était d’être un juge aujourd’hui, en Chine et dans le monde. On faisait la tambouille dans la salle d’audience, on allait prendre notre douche au commissariat de police à côté. Ces juges souvent si décriés me racontaient leur point de vue, je les découvrais plus sensibles que prévu, certains écrivaient des journaux de bords, voulaient témoigner de leur expérience professionnelle. Plusieurs fois j’ai eu l’occasion d’accueillir au petit matin les paysans du coin qui venaient dénoncer leur expropriation ou autre. Avec une tête totalement défaite, certains me

disaient : “Qu’est-ce que tu ressembles à une étrangère, c’est incroyable, d’où sors-tu ? D’autres étaient apeurés et faisaient demi-tour. Certains me prenaient à parti, comme des femmes en instance de divorce qui m’expliquaient qu’elles étaient battues par leur mari, des femmes spoliées par le comité des villageois, des migrants victimes d’accidents du travail très conscients de leurs droits, des conflits très locaux de propriété intellectuelle, des escroqueries étonnantes, etc. Pendant les séances de médiation ou les audiences, je voyais la misère humaine que l’on retrouve dans tous les tribunaux du monde, des gens qui divorcent pour 300 yuan, d’autres qui tabassaient la belle-mère parce qu’elle était infernale. J’ai aussi assisté à des procès en pénal, j’ai vu des jeunes délinquants quasiment illettrés qui rêvaient de parcourir le monde. Je me rappelle aussi d’un prévenu totalement arrogant qui faisait passer de la drogue par sa petite fille de 4-5 ans, et d’avoir découvert que la toxicomanie était aussi un fléau dans les campagnes

chinoises. Et ce monsieur dont la vie a été totalement saccagée parce qu’il s’était endormi au volant de son minibus et qu’il avait causé la mort de plusieurs personnes... Les familles du village avaient intenté un procès collectif contre lui, mais il n’avait que quelques centaines de yuans en poche, pas d’assurance, ne pourrait jamais rembourser la peine qu’il avait causé, et risquait 25 ans de prison. En larmes, il se prosternait devant le tribunal de la même façon dont on se prosternait devant l’empereur autrefois, frappant neuf fois la tête contre le sol, c’était hallucinant de voir la persistance de ces anciens codes. Cela a été les moments les plus forts de mes années chinoises. Il en reste de grandes amitiés développées avec les juges locaux, un petit livre sur le droit pour les enfants. Je travaille à la rédaction d’un ouvrage de synthèse sur la justice en Chine et espère, un jour, produire un documentaire sur cette justice pas si “ordinaire”.

Propos recueillis par Renaud de Spens

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France chef China CCIFC: Mr Viatour, where this surprising idea is coming from ? Olivier Viatour: Originaly, we’re producing different types of medias dedicated to high gastronomy since height years. In 2004, we did first a web TV, one of the first of a kind, where the topic was to film Michelin star chefs doing recipes in video for the Internet. In 2007, we did a first book “Cuisinez les Etoiles” (TM: Cook the Stars), where all recipes on paper were linked to videos on the Internet site. Then if the reader is a bit lost with specific terms of great chefs, he can find all images from the basket of ingredients till plating on the site with the chef explanations. Following the success of this first book, and the order from the editor of the second and third tome, we’ve been analysing other opportunities into paper business. Even if I was basically an IT, it seemed to be that paper wasn’t dead at that time. So, in 2008, we launched our magazine, named “FranceChef.Tv” like the web site. The model was the same as in the book, all paper recipes can be found online. It has been working directly, and after two years, in 2010, we decided to launch it in the USA, with a first bilingual issue, dedicated to chefs from New York. To promote the launching on East Coast through Barnes & Noble channel, we decied to organize a gastronomic promotion in Manhattan at the “famous” Sofitel, where we brought a Michelin star chef from Burgundy. When American chefs heard that a Frenchie was coming to town, they directly proposed to organize a competition. This idea of a cooking competition between Ronald McDo18 Connexions / été 2012

nald and Paul Bocuse made us realized that it could make a hit on TV. So we created rules and we filmed a pilot. After having pitched both US and French broadcasters without success, I decided to keep faith and go to the TV market in Cannes with my idea of series. For a first coming, I wanted to catch people minds, so we decided to organize a game on the Croisette in front the Grand Hotel to welcome all the TV buyers of the World. Laurent Peugeot, our Michelin star chef from Burgundy, has faced Sébastien Broda, the chef of the Grand Hotel. This party has been an giant success, we didn’t have enough food for everybody. All buyers told us they would prefer a format where their chefs could challenge French chefs. From that time, our show became a format (TV concept) where any countryof the World can challenge France in the kitchen. The first country to jump in was Belgium. In July 2011, we aired “France Chef Belgium” with an unbelievable result because we did the best audience of all summer and we’ve beaten Harry Potter aired in the same time on TF1. Following this success, and my meeting with a Chinese producer in Cannes, I came first to China last August and we started a 50 episodes series between France and China. It has started to air on June 22nd on CCTV 2. That’s the story! C. : If I understand well, you were an IT at the beginning? Yes, my first company was doing services for companies about web sites development. We became specialized in Flash and video communication systems.

We’ve been the first Alliance partner in Europe of Macromedia (now Adobe). We were doing video conferencing systems and web seminar rooms for embassies and multinationals. It was profitable but totaly boring, but we realized we’re creating kind of interactive TV. So we decided to look for another content to create a web TV. I was working with friend at that time who was coming from Bretagne and has been a cook, before stopping his career following an accident. One day we filmed a chef who wanted a demonstration video and after having passed the day with him cooking, eating and drinking, we found the idea of doing a web TV about French food. C. : Could you tell me more about the show in China ? With pleasure, so 25 great Chinese chefs will compete with 25 Michelin star chefs from France. Both Chinese and French chefs will come from different regions of their countries to introduce Chinese, French and international audience to these two wide gastronomies. The French chefs are coming first to China where they will have to work on Chinese way: Chinese products, only wok and steam oven to cook, serving family dishes for a jury that only have chopsticks to eat. When the Chinese chef is coming back to France for the returning game, he will have to cook French way: French products, French kitchen, single plating and meal with starter, main course and dessert. In this way, we can say that’s a true cultural competition. C. : What’s the difference with other cooking shows like Masterchef of Topchef ? Our show has been created for the greatest chefs, not for housewives or little cooks. The chefs are competing by teams, with members of their brigade. We’re letting them 4 hours (the time between lunch and dinner) to establish a meal for a full room of judges, composed of great chefs, journalists and personalities. This jury of 30 persons is changing every day. But the key of the game is the giant black box of ingredients composed by a third well known chef. Because the chefs will have to share this basket one by one. And this is the true strategic part of the game, because if they can read in each other’s game, they can pick up necessary ingredients for a specific recipe. The worst part is that there’re two jokers by team, one to reject an ingredient and force the other team to use it and another to take back one ingredient, wich is the worst. The last thing we’re very proud is that Michelin is our partner for the game. After 8 years dedicating my life to gastronomy, it’s like I was receiving a Michelin star myself. http://www.francechef.tv/



Dossier

专栏

Avant-propos

Germinaisons chinoises Il y a trois ans, Connexions sortait un dossier intitulé « A la table des Chinois » (numéro 50). Depuis, il fallait savoir si le goût chinois avait continué d’évoluer, et surtout remonter la chaîne de production pour aborder l’agriculture, grand sujet qui n’avait pas encore été traité. Dans un pays qui fonde son image d’épinal sur la ruralité et le paysan (voir p. 43 et l’infographie p. 22) , de nombreux Chinois sont encore persuadés que leurs compatriotes sont à 90% des agriculteurs, alors que ceuxci ne représentent plus qu’environ 20% de la population), et qui garde encore en ombre subliminale le souvenir maudit de la Grande Famine de 1958-1961, d’immenses étapes ont depuis peu été insensiblement franchies, de sorte que les soucis principaux peuvent aujourd’hui passer de la sécurité alimentaire à la sécurité sanitaire. En ef fet, sur le plan des quantités produites, l’agriculture chinoise a aujourd’hui atteint des niveaux tout à fait satisfaisants (voir p. 30), et cela dans un environnement géographique, qui, tous les experts le répètent, n’est pas idéal. Elle est en train de rattraper son retard (voir p. 32), et même de gagner du terrain à l’étranger (voir p. 59). Dans le domaine de la recherche et du développement, les experts chinois, s’ils bénéficient parfois de coopérations étrangères (voir p. 58), sont d’ailleurs déjà à la pointe depuis longtemps, comme en témoigne l’invention du riz hybride (voir p. 31). Cependant, la qualité n’est pas encore au niveau des pays développés, non seulement parce que les personnels agricoles ne sont pas assez formés (voir p. 43), mais aussi parce que les standards sont encore difficiles à mettre en oeuvre dans des chaînes de production difficiles à maîtriser de bout

20 Connexions / été 2012

en bout, comme dans le porc (voir p. 36) ou encore plus le lait (voir p. 34 et p. 58). Ces problèmes sont bien connus des spécialistes et font en outre désormais les «unes» des media chinois (voir p. 44), dépassant la sphère sanitaire pour devenir le vecteur d’un mécontentement social important, de plus en plus méfiant à l’égard des produits alimentaires chinois. Cette dimension sociale est paradoxalement un atout : elle contribue à ce que la sécurité sanitaire alimentaire soit prise très au sérieux par les autorités, qui sont en train de donner au pays les moyens de mettre en place une agro-industrie raisonnée (voir p. 40). Cela ouvre de nombreuses fenêtres d’opportunités pour les entreprises françaises (voir p. 60), à la fois pour celles qui veulent exporter, sourcer (voir p. 47), produire pour le marché local (voir p. 50), ou offrir des services de restauration (voir p. 43). Le savoir-faire de la grande nation agricole qu’est la France peut être utilement employé en Chine.

Renaud de Spens, Rédacteur en chef

Sécurité alimentaire ou sécurité sanitaire ? Les spécialistes distinguent les deux notions. Sécurité alimentaire est souvent employée pour désigner la maîtrise des quantités produites et faire en sorte qu’elles soient au niveau des besoins de la population, évitant tout risque de famine, les problèmes de contamination, de conservation ou d’hygiène étant parfois plus spécifiquement contenus dans le terme sécurité sanitaire.


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品 前言 中国萌芽 三年前, 《联结》曾经做过一个专题,

(见31页)。但是,从质量上来讲,中国

名叫《中国人的餐桌》(第50期)。从那以

还没有达到发达国家的水平,一方面由

后,一方面我们想要继续探索中国人口味

于农业技术人员缺乏培训(见43页),

的变化,另一方面,我们更想寻到生产链

另一方面也由于生产领域的标准由于操

的源头,了解农业产业,这是一个目前为

作的难点无法得到落实,比如在养猪行业

止我们还没有涉及的重要主题。中国给人

(见36页),或者在奶产品行业(见34页

的第一印象是由农民组成的农业大国(见

和58页)。这些问题不但专业人士知晓,

43页和22页),大部分中国人还相信中国

现在也成为中国媒体的“头条”(见4 4

90%的人口是农业人口,其实现在他们只占

页),超出了卫生领域的范畴,成为发泄

总人口的20%),中国人潜意识里还留存中

社会不满和表达对中国食品产品缺乏信任

1958-1961年的大饥荒的记忆,在历经了

的一个途径。食品问题的社会尺度却又催

多次大的跨越以后,我们现阶段的主要问

生出一个积极的作用:它促使行业主管部

题,已经不再是粮食安全问题,而是食品

门开始认真对待食品卫生问题,打算在当

卫生问题(见下页的词汇表)。

地建立起一个合理的食品加工行业(见40

实际上,就生产量来讲,中国农业产

页)。

量已达到了令人非常满意的水平(见30

这些转变为法国企业带来了很多的机

页),虽然专家们不断强调当地的地质环

遇(见60页),无论是对于食品出口商,

境并不理想。中国正在追赶(见32页),

海外采购商(见47页),本地生产商(见

并一定程度上开始超越外国(见59页)

50页),还是餐饮业(见53页)而言。农业

。在研发领域,中国专家从中外合作中获

大国法国的技能将在中国发挥出自己的用

得了一定的益处,很长时间以来处于国

处。

际尖端见58页),比如在杂交水稻领域

主编:何诺

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Le Groupe de travail Sécurité alimentaire de la CCIFC «Le secteur de l’agriculture est d’une importance stratégique pour la sécurité de toute la société, car il constitue le fondement important du développement économique et social, de l’amélioration des conditions de vie de la population et du maintien de la stabilité sociale» - HU Jintao. Le XIIème Congrès a confirmé la priorité

donnée à l’agriculture, ce qui constitue de réelles opportunités pour les entreprises françaises présentes en Chine. Coordinateurs : Marion Lespine, Limagrain Franck Desevedavy, Asiallians Renseignements sur les activités du groupe de travail : event-beijing@ccifc.org / www.ccifc.org

été 2012 / Connexions 21


专栏

Dossier Dossier

26 Connexions / printemps 2012 22 Connexions / été 2012


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品 La R&D en Chine

printemps 2012 / Connexions 27 été 2012 / Connexions 23


Dossier

专栏

中国的农业与食品现状

进口设备,国内的产品无法与其竞争, 这些大型设备进入条块分割的农村

新中国在建立后致力于工业化和

得益于70年代袁隆平院士发明的

后,由于农民缺乏培训,土地的集中化

现代化,农业和农村成了被遗忘的角

杂交水稻,中国的水稻产品和水稻技

率过低,导致这些精良而昂贵机械丧

落,特别是在大饥荒年代,农村为了保

术不仅足够自用,还大量出口;但与此

失了用武之地。

障城市的供给,成为饥饿的重灾区。曾

同时,世界粮食需求结构也在发生变

农业现代化停滞不前,从根本上说

几何时,我们常听见“八亿农民”的说

化,由于小麦的可加工性比水稻强,未

是个思想认识问题, “要么革新,要么灭

法,于是这个数字被定格在公共意识

来对后者整体的需求随着生活水平的

亡”,将是中国农业必将面临的选择。

中,不管城市化进程每年把多少农民

提高逐步下降。

卷入城市,我们脑海中依然保留着关 于农业行业的老数据和老印象。

小麦的成绩同样喜人:一方面中国

Testa先生在文章结尾给出了能够 促进革新的3点建议。

成为了世界上最大的小麦生产国,另一

《联结》知道农业的现代化对中

方面,何中虎科研小组的研究成果成

国的经济持续稳定发展的意义有多么

功的改善了中国小麦的质量,特别是保

重要。并且,正确认识农业的发展现状

质期方面,符合食品加工业发展的需

也有利于提高居民生活幸福指数。继3

要。

《食品安全:一个链条上的所 有环节》篇 Alban Renaud先生透过近几年发 生的食品卫生安全危机,试图分析中 国食品加工行业的症结所在。

年前《中国人的餐桌》专题后,本期我

中国目前虽然是玉米的最大生产

们追本溯源,直击农业发展现状和存

国,但是随着中国人食品结构里奶产

他指出中国主管部门并不缺乏食

在的问题。

品和肉制品的大量增加,需要玉米做

品卫生意识,相关的立法比较健全。但

为饲料,将会从少量外销专为大量进

是为什么还是危机频发呢?关键在于

口,大豆也面临同样的问题。

整个生产链条过长,缺乏有效的跟踪

《中国农民是谁》篇 2011人口普查数据显示,农村现

中国还是一个蔬菜生产大国,蔬

机制,无法找到食品卫生问题的真正

在居住人口占全国总人口一半左右,而

菜资源非常丰富,但是蔬菜的保险和

责任人,甚至连主管部门的责任分工

持有农业户口的人数占全国总人的三

配送技术有待提高。

也不明确。

分之二。一方面,我们可以看出,从历

“大力发展农业”被写入了《十二

按照国外的经验,食品加工行业在

史发展的角度,农村人口正在快速减

五计划》:不但要发展生物技术,还要

分工合作中要把各自的责任落实到书

少,另一方面,我们知道,上述两个数

在传统农业领域提倡合理耕种,提高

面,并且定期组织内部审计。当然,现

据之差的背后是庞大的在城市务工的

农业机械化,有效利用水资源。总之,

阶段这些措施得到贯彻的可能性看起

农民工群体。

中国农业主要依靠自身技术发展,而

来不是很大,但是毫无疑问在未来,只

中国的农业技术的进步又将会给全人

有落实这些措施,食品卫生安全才有

类的发展带来巨大贡献。

可能得到保证。

数据背后隐藏的是农民生活的困 境,农村发展的困境和农民工进城务 工后的身份困境。 农村要想从小农经济过渡到现代 经济,产业化发展是走出困境的必由 之路,这也是本期《联结》关注的主要 问题。

《中国农业能迎头赶上吗》篇

《中国奶业面临的挑战》篇

Alifang的Testa先生分析了中国农

奶业的丑闻把这个行业推倒了食

业的几大主要问题: 地区发展的不均衡是农业发展的 基本现状,这也是中国现阶段各个领

《对谷物的需求不断增长》篇

域面临的共同问题,是关于国家治理

立马格兰的Alain Bonjean先生逐

模式的问题。

个分析了主要粮食作物的产业现状和 未来趋势。

24 Connexions / été 2012

更具体的说,农业机械化问题是 其中一个突出的矛盾,农机设备主要是

品卫生安全的风口浪尖,而奶制品行 业试图在危机中抓住转变的机遇,获 得新生。 首先,加大牧场集约化经营是未 来的发展方向,从前分散的一家一户 的奶农模式既缺乏效率,也难以监 督。


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品 允许外资进入,将带来外国先进

类似,分散的一家一户的养猪模式和

近刚刚传来了消息,光明终于以高价购

的管理经验和知识技能,特别是奶牛

母猪品种的基因劣势是罪魁祸首。行业

进英国Weetabix集团的60%的股份,成

品种方面的知识。中国奶牛的基因性

向外资的开放也将成为趋势和主流。

为中国食品业有史以来最大的一次成

低产能,牛奶里的黄曲霉毒素等到问

法国中小企业如果能够抓住机会,

题,在外国专家的帮助下,一一浮出水

结群发展,提供全套集约化管理的方

在经济危机的背景下,欧洲的食品

面。不可否认的是,中国奶业今后如果

案,未来在中国的市场前景将会非常广

集团如何对待中国的海外收购行为呢?

继续开放和变革的步伐,将会在十年

阔。

《对外直接投资》篇在结尾对未来的 趋势走出了扼要的分析。

的时间内走完欧美国家花了百年才走 完的路。

《中国企业的国际雄心》篇 中国食品集团怀揣着“走出去”的

《法国中小企业看好中国的养 猪业市场》篇 和牛奶一样,中国消费者对猪肉的

功的海外收购。

总结

梦想,瞄准海外收购,出发点往往是通

通过以上分析,我们不难看出中国

过购得高档食品品牌,提升中国产品的

农业领域正在经历转型期,除了推进

档次和形象。

农业的现代化,没有别的路可走。法国

需求量每年都在稳步增长,国内猪肉

雄厚的资本,加上政府的支持,中

是一个农业强国,法国企业,特别是中

的供应已经跟不上节奏,2011年,中国

国食品集团在海外频频出手。但是由于

小企业理应能够帮助中国同行重整和

取代俄罗斯,成为欧美第一大猪肉出口

隔阂和疑虑,特别是政府背景的不明

壮大种植业和食品加工业,以此分得

对象国。

朗,中国企业的竞标经常失手。以光明

中国经济增长的一杯羹,应对欧洲经

集团为例,海外收购屡试屡败,不过最

济危机带给自身的生存压力。

国内猪肉行业滞后的原因和奶业

été 2012 / Connexions 25


Dossier

专栏

L’agriculture chinoise peut-elle relever le défi permanent posé par des contraintes géographiques et démographiques particulièrement tendues ?

26 Connexions / été 2012


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

Agriculture chinoise : contraintes gigantesques, besoins énormes Alors que les risques de famine ne sont pas complètement éradiqués et font l’objet d’une veille préventive constante de la part des autorités, le mécontentement social suite aux scandales sanitaires récurrents ainsi que la problématique de l’exode rural font que le développement de l’agriculture chinoise est bien plus qu’un enjeux économique. Manque de terre et d’eau L’agriculture chinoise est d’abord pénalisée par le manque de terres arables, en raison de l’importance des zones montagneuses et désertiques du pays : 1/7e du territoire seulement est cultivable et les 2/3 de la Chine sont au dessus de 1000 mètres d’altitude. Elle est également handicapée par son morcellement : 200 millions de foyers exploitent chacun, en moyenne, une superficie de 0,65 hectare. De plus, du fait de l’urbanisation croissante, de la pollution et de la désertification, on estime que la surface cultivable diminue d’environ 2 500 km² par an. Depuis 1997, la Chine a ainsi perdu 8,2 millions d’hectares de terres arables en raison de l’urbanisation, de l’industrialisation, des programmes de plantation de forêts et des dégâts causés par les catastrophes naturelles. « Actuellement, 37% des terres chinoises sont dégradées et la surface de terre disponible par habitant est inférieure de 60% à la moyenne mondiale. La réduction continue des terres arables menace grandement la capacité de la Chine à maintenir son autosuffisance en céréales et accroît la compétition pour la terre – ainsi que les expulsions », a constaté le rapporteur spécial de l’ONU Olivier De Schutter, lors d’une mission en Chine. Autre défi pour la Chine, le décalage existant entre les provinces. 90% de la production agricole vient de la moitié Est du pays. La grande plaine du Nord et des provinces comme le Shandong et le Heilongjiang

concentre les céréales, les vergers ou l’aquaculture et la Chine du Sud la culture du riz, soit 1/4 de la production agricole chinoise. Les hauts plateaux de l’ouest et les zones désertiques comme le désert de Gobi ne permettent pas une répartition harmonieuse des zones de production. En outre, la Chine connaît un important déficit en eau surtout dans le nord du pays qui ne dispose que de 20% de l’eau disponible. « Une grande partie de cette eau, plus de la moitié, est polluée et n’est pas forcément toujours utilisable en irrigation. », affirme Alain Bonjean, PDG de Limagrain (voir entretien page suivante), et les ressources hydrauliques sont également menacées par le réchauffement climatique ; selon le chercheur Piao Shilong du Centre de Recherches sur le climat à Pékin, « la hausse des températures va accroître l’évaporation des sols et provoquera des pénuries en eau pour l’agriculture. L’approvisionnement des sols en eau pourrait diminuer de 13% d’ici 2050 et la production de riz de 4 à 14% ».

Terres arables : 7% ou 10% ? En valeur arithmétique, la Chine représente 7% des terres cultivables de la planète mais comme en Chine du sud on fait 2, voire 3 récoltes par an sur le même sol, on obtient le chiffre de 9 à 10% du total des terres cultivables disponibles dans l’année.

Une équation d’autant plus inquiétante que le ministère de l’Agriculture table sur une croissance nécessaire de 4% par an de la production de céréales en Chine pour nourrir une population qui devrait atteindre 1,39 milliard en 2015.​ Course à la productivité La Chine est le premier consommateur mondial d’engrais et l’accès aux produits est parfois problématique. L’an dernier, le pays en a importé la moitié des huit millions de tonnes utilisées par ses agriculteurs. L’association chinoise de l’industrie de sel inorganique explique que l’objectif du gouvernement est désormais de prendre des participations dans les principaux producteurs de potasse mondiaux et d’acquérir des mines au Laos, au Canada et au Congo. Elle prévoit que la demande chinoise continuera d’augmenter pendant au moins dix ans. Mais cette volonté du gouvernement chinois de miser sur les pesticides et les engrais ne va pas sans questions pour la santé. Les risques sont donc grands de voir certains agriculteurs jouer aux apprentis sorciers pour augmenter leur production. La formation agronomique insuffisante des agriculteurs chinois peut aboutir à des résultats catastrophiques : « il arrive que des champs soient détruits simplement parce qu’ils sont brûlés par les doses d’engrais trop importantes. Certains agriculteurs pensent pouvoir tripler le rendement en triplant les doses d’azote par exemple. Mais l’engrais devient alors

•••

été 2012 / Connexions 27


Dossier

专栏

Les sécheresses extrêmes que connaît la Chine ont des conséquences dramatiques sur les prix des produits agricoles.

© Imagine China

© Imagine China

中国出现的严重的旱情导致农产品价格急剧上涨。

« La réduction continue des terres arables © Imagine China

menace grandement la capacité de la

Chine à maintenir son autosuffisance en céréales. »

••• toxique pour les plantes et extrê-

mement polluant pour les sols. », explique Alain Bonjean. Selon des études menées discrètement depuis 2007 et qui viennent d’être rendues publiques, jusqu’à 10% du riz récolté en Chine serait contaminé par des métaux lourds toxiques dispersés dans la nature. Conséquences incontrôlées de la rapide croissance industrielle, des substances telles que le cadmium, l’arsenic et le mercure ont ainsi contaminé pendant des années les sols, l’air et les nappes phréatiques d’une grande partie du territoire chinois. Les terres agricoles situées à proximité des zones industrielles sont touchées et notamment les céréales. « De toutes les cultures, le riz a la plus grande capacité à se charger en cadmium, qui se retrouve dans l’eau d’irrigation des rizières après avoir ruisselé des mines, notamment des mines de plomb, d’étain et de cuivre »,

28 Connexions / été 2012

assure un expert agronome. Ce sont ainsi 20 millions de tonnes de riz qui seraient contaminées par ces métaux lourds chaque année et des dizaines de millions de cultivateurs dans les zones polluées qui en sont les principales victimes. Le riz est l’aliment de base en Chine et les contrôles sont restés lettres mortes ces dernières années. « Ce qui est préoccupant en Chine, c’est qu’il n’existe pas de normes de culture pour les terres contenant des métaux lourds. La production continue normalement et le riz pollué circule librement sur les marchés tandis que les habitants hors des régions polluées sont aussi mis en danger, explique Chen Tongbin, spécialiste du problème de pollution des sols à l’Académie des Sciences de Chine. Les sols pollués se répartissent sporadiquement au Nord, mais sont relativement concentrés au Sud, surtout dans les provinces du Hunan, du Jiangxi, du Yunnan

et du Guangxi ». Recherche et développement Une des solutions avancées par le gouvernement chinois pour améliorer les rendements et limiter l’utilisation des pesticides et autres produits chimiques concerne les OGM. Autre piste à l’étude : le riz hybride, né des recherches du Professeur Yuan Longping. « Le riz est un aliment fondamental. La moitié de la population mondiale mange du riz et, en Chine, c’est l’aliment de base de 60% de la population, assure le chercheur. Il est donc primordial pour nous d’accroître la production pour garantir notre sécurité alimentaire ». En quelques décennies, la Chine est parvenue à assurer son autosuffisance alimentaire et à nourrir 1/5 de la population mondiale. C’est un résultat impressionnant, à la hauteur des défis qui restent à relever.

Sébastien Le Belzic


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

Vos contacts français : Stephane Camguilhem Mobile : +86 139 1008 9254 Email : stephane.camguilhem@asiantigers-china.com Nicolas Ithurburua Mobile : +86 139 1181 2797 Email : nicolas.ithurburua@asiantigers-china.com

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Dossier

专栏

Toujours plus de grains Aujourd’hui, des progrès extraordinaires ont été faits dans le domaine de l’autosuffisance céréalière en Chine, et le pays est déjà devenu le leader incontesté du riz et du blé dans le monde.

30 Connexions / été 2012

sous une seule forme, celle du grain. Le blé au contraire entre dans la composition de produits très différents quand il est moulu en farine : crêpes, nouilles, petits pains cuits à la vapeur, etc. et accom- La Chine est le 1er producteur de pagne l’évolution des goûts alimentaires. légumes, avec 40% de la production mondiale. Toujours plus de blés et de meilleure 中国是世界蔬菜第一大生产国, qualité 占全世界总产量的 40% 。 La Chine est devenue autosuffisante en blé et est même aujourd’hui le 1er pro- le développement du travail des femmes. ducteur mondial avec environ 115 mil- Afin de produire des aliments manulions de tonnes par an, c’est à dire le facturés qui rancissent moins, il a donc même volume que l’Union fallu améliorer la qualité Européenne à 27. Son rendes blés chinois, ce qui « 15% de la dement moyen national est a été acquis notamment excellent, avec 4,7 tonnes production grâce aux recherches par hectare. Cela corres- globale de l’équipe du professeur pond à ce que faisait la de blé est He Zonghu (CAAS-CIMFrance dans les années 1970 MYT). ou à ce que produit l’Europe destinée à de D’autre part, il y une récentrale de nos jours. C’est la panification duction globale des pains plus du double du rende- de type cuits à la vapeur et une ment moyen étasunien et translation de ces volumes occidentale, le quadruple de celui de sur de la panification occe chiffre l’Australie.​ cidentale, qui nécessite En outre, les blés ​produits atteindra 30% d’autres types de blés, depuis une quinzaine d’an- en 2025. » plus durs et avec plus nées sont de bien meilleure de gluten. En termes de qualité, ce qui permet d’en volume, aujourd’hui cela utiliser une partie dans l’industrie. Il y a représente à peu près 15% de la produc10-15 ans, près de 85% du blé chinois était tion globale de blé et on estime que d’ici destiné à la production domestique de 2025 cela atteindra 30% du volume total. nouilles, petits pains à la vapeur, raviolis, Des besoins croissants en maïs et en etc. Ces produits rancissaient très vite et soja devaient être consommés immédiate- ​La Chine est aussi le 1er producteur asiament. Or les foyers n’ont aujourd’hui en tique de maïs, avec 155 millions de tonnes général plus le temps de passer autant de alors que le 2nd, l’Inde, n’en produit que 17. temps à la cuisine, avec l’urbanisation et Malgré cela, la Chine qui, jusqu’à mainte© Imagine China

Toujours du riz, mais en déclin Plus de 90% de la production et de la consommation de riz mondiale est faite en Asie. Le développement des riz hybrides, inventés dans les années 70 par le professeur Yuan Longping (prix Wolf 2004), a permis des gains de rendement extrêmement importants en Chine. On est passé de 3-4 tonnes par hectare à 7-8 tonnes en moyenne. Si seulement 16 millions des 29 millions d’hectares de riz cultivés dans le pays sont hybrides, c’est parce qu’on ne sait encore qu’en produire avec la sous-espèce indica. D’ici 5 à 10 ans, grâce à la continuation des travaux du professeur Yuan, toujours actif aujourd’hui à 82 ans, on arrivera probablement aussi à faire des hybrides avec la sous-espèce japonica sans ajout d’indica. Cependant, depuis la seconde guerre mondiale, on a constaté au Japon et dans les pays de l’Asean que lorsque le niveau de vie augmente, la consommation de riz baisse au profit de la farine. Ainsi, le Vietnam, l’Indonésie et les Philippines qui ne produisent pas de blé, se sont mis à en importer assez massivement depuis quelques années. Et en Chine, alors que depuis les Song et la construction du Grand Canal, le Sud, producteur de riz, exportait largement sa production au Nord, producteur de blé, la tendance est en train de s’inverser. Ainsi, 30% du blé est déjà consommé au sud du Yangzi et cette proportion ne cesse d’augmenter. Cette tendance s’explique par le fait que le riz se transforme beaucoup moins que le blé, et se consomme principalement


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品 Les Chinois mangent moins de mantou et plus de pain à l’occidentale.

nant était un léger exportateur de maïs, est en passe d’en devenir un importateur structurel. La classe moyenne chinoise consomme en effet de plus en plus de produits laitiers et de viande. Pour nourrir les animaux il faut disposer de maïs et aussi de soja qui sont largement importés. A ce sujet, signalons que les importations de maïs et de soja, qui proviennent largement d’Amérique du nord et d’Amérique du sud, sont en grande partie des OGM alors que la Chine n’a pas encore basculé au niveau législatif dans la possibilité de produire et de commercialiser des OGM pour des produits alimentaires en Chine.​ La Chine est également le 1er producteur de légumes, avec 40% des légumes mondiaux, dans des gammes de produits extrêmement divers du nord au sud du pays. La conservation et la distribution de la production est cependant à améliorer car il y a encore beaucoup de pertes. Mais la Chine investit dans ce domaine et la situation devrait évoluer très positivement. ​Le tournant du XIIe plan L’amélioration de la production agricole et le développement des agro-industries sont au cœur du XIIe plan quinquennal. La réussite du pari agricole conditionnera

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中国人馒头吃的少了,西式面包吃的多了。

aussi le maintien de la paix sociale dans le pays. Les priorités fixées à la recherche chinoise sont bien sûr les biotechnologies mais également des domaines beaucoup plus classiques comme l’agriculture raisonnée, la mécanisation, une meilleure gestion de l’eau, etc. Auparavant la Chine était prête à importer toutes les technologies de l’étranger ; aujourd’hui elle entend devenir en grande partie autosuffisante avec des technologies chinoises. Les experts étrangers ne sont plus utilisés que quand ils apportent un plus par rapport aux technologies nationales. C’est une évolution mondiale. Par exemple, dans le domaine du séquençage, jusqu’à récemment les technologies se situaient essentiellement en Amérique du nord et un peu en Europe ; actuellement la donne change et la zone Asie Pacifique et notamment la Chine concentre de plus en plus de séquenceurs à haut débit. Cet effort technologique et de recherche aura un très gros impact à l’avenir, aussi bien au niveau agricole qu’au niveau de la santé humaine ou animale.

Alain Bonjean, Directeur de Limagrain Chine Propos rapportés par Renaud de Spens

Alain Bonjean, Directeur de Limagrain Chine, agronome de formation, est en Chine depuis 12 ans. Alain Bonjean, 利马格兰首席执行官,农学家,在中国已 经生活了12年。

Le riz hybride, un outil diplomatique Le gouvernement chinois pousse le développement du riz hybride dans des territoires comme l‘Afrique, certains pays d’Asie du Sud-est ou d’Asie centrale voire d’Amérique du sud, un peu en compensation des achats d’énergie ou de minerais. Les dirigeants chinois affirment que le modèle de développement agricole chinois peut être exporté en Afrique afin que les populations du continent puissent manger à leur faim. Alors qu’aujourd’hui l’Afrique est loin d’être autosuffisante sur le plan alimentaire, il s’agit d’une démarche originale au delà des rivalités politiques et économiques. R.d.S

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Dossier

专栏

La Chine peut-elle rattraper son retard agricole ? Stéphane Testa a 15 ans d’expérience en tant qu’importateur, distributeur et fournisseur de biens et de services auprès de l’industrie agroalimentaire chinoise. I l a réalisé plusieurs projets de coopérations industrielles entre l’Europe et la Chine.

Il y a plusieurs réalités agricoles comme capital pour l’économie nationale, mais il y a plusieurs Chine. On ne peut pas encore une fois sans réels moyens, ce comparer Shanghai ou Pékin à de petites qui a permis aux géants étrangers du villes de provinces, de la même manière secteur - principalement John Deere et qu’on ne peut pas comparer plus de 2 Case New Holland - de venir s’installer 000 grandes fermes d’Etat, dont cer- en position de quasi-monopole sur les taines dépassent les 6 millions de mu1, gammes de matériels de très forte puisavec les quelques mu de terres détenues sance. Incapables de rivaliser avec ces par des millions de petits grands acteurs étrangers, paysans ! Comme tout en « Pour les fabricants de tracteurs Chine, l’activité agricole chinois ont essayé de parler de est très disparate. L’ouverdévelopper leurs propres ture de la Chine à la mé- modernisation technologies sans pouvoir canisation agricole date agricole, il rivaliser avec les matériels seulement du début des faut que les importés. années 80. De nombreux Certes, depuis 2000, les agriculteurs centres de recherches lograndes fermes du nord caux ont essayé de déve- deviennent de la Chine se sont équilopper des équipements des chefs pées de matériels très en s’inspirant de matériels modernes et puissants, d’entreprise. » étrangers, mais ces efforts mais elles sont loin de ren’ont donné que peu de présenter toute la Chine. résultats, généralement en raison de L’immense population de petits payl’incapacité des concepteurs à adapter sans ne peut utiliser ces technologies les matériels proposés aux contraintes inadaptées. Certains gros tracteurs ont locales. été offerts à des villages, mais aucun payDes technologies inadaptées pour la san ne veut ni ne peut utiliser un équimajorité des paysans pement de cette taille dans ses quelques Dans les années 90, la Chine a com- mu de terre. Ces dernières années, des mencé à s’intéresser à ce domaine politiques avantageuses de subventions 32 Connexions / été 2012

En 2011, la Chine a enregistré le plus important de dollars.

pour des matériels agricoles fabriqués en Chine ont vu le jour et l’on voit de plus en plus de petites sociétés proposant du matériel très simple et bon marché. Innover ou disparaître En fait, la modernisation agricole est tout d’abord une question humaine, une question d’état d’esprit. L’enjeu est simple : « innover ou disparaître », or les changements requis entraînent des modifications des pratiques culturales ancestrales et la mise en place de nouvelles conditions de production : les fertilisants doivent développer les plantes tout en respectant l’environnement, les pesticides doivent être employés selon des protocoles précis avec les matériels adéquats. Penser que les OGM pourraient pallier l’ignorance et la méconnaissance des pratiques culturales reste très risqué. Le frein majeur à la modernisation de l’agriculture chinoise reste le niveau


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

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Un déficit commercial agricole record en 2011

déficit commercial de son histoire : 34 milliards 2011年,中国出现了有史以来最严重的一次贸易逆差:340亿美元。

d’éducation des agriculteurs. Leurs terres leur apportent un revenu annuel brut rarement supérieur à 20 000 RMB. Leur intérêt est donc la rentabilité à court terme, mais certainement pas l’innovation. Dans ce contexte, ils préfèrent souvent louer leurs terres pour aller travailler en ville, où les salaires sont meilleurs. Pour parler de modernisation agricole, il faut que les agriculteurs deviennent des chefs d’entreprise. Un nouveau métier d’agriculteur entrepreneur doit naître qui permettra aux paysans: • d’apprendre à gérer de manière saine et raisonnée leur exploitation, • d’envisager une politique de production à moyen et long terme leur assurant un revenu stable, • d’accéder au crédit afin de se mécaniser pour diminuer la pénibilité de leur travail.

Stéphane Testa, Directeur Général, Alifang 1. 1 mu = 650m2 soit 1/15 d’hectare

La Chine est le 1er exportateur mondial, tous produits confondus, et a enregistré, en 2011, un excédent commercial de 155 milliards de dollars. Aussi impressionnant qu’il soit, ce chiffre marque cependant une baisse de 28 milliards de dollars comparé au résultat de 2010. Ce recul de l’excédent commercial chinois est en partie dû au secteur agricole (au sens large, incluant les produits de la pêche et de la pisciculture) et agroalimentaire. Ce secteur ne représente que 4% des échanges commerciaux chinois mais a affiché, en 2011, le plus important déficit commercial de son histoire : 34 milliards de dollars. Si les exportations ont augmenté de 23% pour atteindre 60 milliards de dollars, les importations ont progressé plus rapidement encore (+30%, soit 22 milliards de dollars) pour afficher 94 milliards de dollars. La hausse des prix du soja et l’envolée des cours du coton sur le marché mondial expliquent 40% de la progression de la facture agricole. Les importations chinoises de soja ont en effet diminué en volume mais ont progressé de 18% en valeur. La hausse des importations de coton a été de 18% en volume mais de 67% en valeur. Les poissons et crustacés ainsi que les viandes sont responsables de 10% de la hausse en valeur.

Les importations chinoises sont en effet concentrées sur un faible nombre de produits. Le soja (30% de la valeur des importations), le coton (10%) représentent, avec les huiles, la moitié des importations en valeur. Les Etats-Unis restent le premier fournisseur de la Chine avec près de 23 milliards de dollars, suivi du Brésil (15 milliards), de l’Union Européenne (6 milliards) et de l’Argentine (5 milliards). La France à elle seule a exporté plus de 2 milliards de dollars, majoritairementdes vins et des alcools. Les exportations chinoises reposent pour près de 40% sur les poissons, crustacés (entiers ou en préparation), suivis des fruits et légumes (25%), entiers ou en préparation. Le Japon reste le premier client suivi de l’UE 27, de Hong-Kong et des Etats-Unis. D’après certains experts chinois cités dans la presse fin 2011, la Chine pourrait dans les 5 à 10 prochaines années, devenir le premier importateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. Source : La lettre électronique de l’Institut de l’Elevage (Idele), numéro 1, mars 2012 La lettre électronique Idele_Chine est un instrument unique en Français qui informe sur l’actualité des filières ruminants dans ce pays, analyse les chiffres et les stratégies des acteurs. Elle est ouverte à des contributions d’experts du secteur et est complétée par des données de références (cartes, tableaux statistiques, liens vers des sites d’information spécialisés) régulièrement tenues à jour sur le site idele.fr, à la disposition des abonnés. Renseignements : jean-marc.chaumet@idele.fr

Répartition des importations chinoises en valeur (2011)

Soja 30%

Autres 32%

Graisses et huiles animales ou végétales 12%

Lait et produits laitiers 3% Viandes et abats comestibles 4%

Poisson, Fruits crustacés, 4% mollusques 6%

Coton 9%

Source : GEB-Institut de l’Elevage d’après douanes chinoises

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Dossier

专栏

L’industrie laitière s’est modernisée pour retrouver la confiance des consommateurs. Mais de nombreux problèmes persistent.

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Les défis de la filière laitière chinoise

La Chine a importé 99 000 vaches en 2011 principalement pour recapitaliser le cheptel mais ce chiffre est insuffisante pour compenser les abattages massifs (près de 2 millions de vaches) suite à la crise de la mélamine survenue en 2008. 2011年中国进口了99 000只奶牛,虽然一定程度上缓解了牲畜的短缺,但是由于三聚氰胺事件宰杀了2百万只奶牛,对 于填补由此造成的空白,还远远不够。

La confiance est revenue au rayon frais. Quatre ans après le scandale du lait frelaté qui avait provoqué la mort de six bébés, les consommateurs chinois ont enfin retrouvé le plaisir du lait et des yaourts frais. Après avoir connu une forte baisse en 2009, la demande augmente désormais entre 5% et 8% par an. À ce rythme, le marché des produits laitiers pourrait doubler d’ici 2016, selon une étude de l’institut de recherche Euromonitor. Cette embellie était pourtant loin d’être acquise. Pour reconquérir les consommateurs, le gouvernement chinois et l’industrie laitière ont redoublé d’efforts. « Après l’affaire du lait frelaté, les autorités chinoises ont fermé des centaines et des centaines de laiteries. Mais le problème en Chine c’est qu’il n’y a pas de chaîne. Si le scandale a pu se produire, c’est précisément parce que la chaîne est fragmentée », explique Karen McBride, une spécialiste qui conseille WonderMilk, une ferme ultramoderne de 7 000 vaches située à la périphérie de Pékin. D’où la nécessité de centraliser la production dans de grandes fermes, plus productives et plus efficaces. Une concentration encouragée par le gouvernement mais qui a d’abord été le fait des grands producteurs tels que Mengniu, soucieux de s’approvisionner en lait de meilleure qualité afin d’à leur tour monter en gamme. Certes, plus de 80% de la production de lait en Chine est toujours 34 Connexions / été 2012

assurée par des petits élevages de moins de grossissent vite mais ne produisent pas fordix vaches. Mais les élevages industriels se cément plus de lait » note Karen McBride. Un problème de génétique, qui, combiné développent rapidement : à l’heure actuelle, 600 000 vaches laitières sont élevées dans de à une alimentation encore basique et à un telles structures, soit 10% du cheptel chinois. management peu soucieux du confort Étroitement surveillée par le gouvernement animal, mine les rendements des petites central, l’industrie laitière a fait un grand bond exploitations. en avant, notamment grâce aux investisse- Reste que les solutions existent, notamment en matière de nutriments étrangers qui affluent tion animale. Implantée en dans ce secteur-clé. « La Chine « 80% de la Chine depuis 1997, la société est en train de faire en dix ans bretonne Olmix propose ce que l’Europe et les Etats- production de ainsi aux éleveurs chinois Unis ont mis cent ans à réaliser. lait en Chine un additif alimentaire à base Les investissements étrangers est toujours d’algues vertes qui permet ont un énorme impact sur de faire baisser le taux d’aflal’industrie laitière chinoise, assurée par toxines – une toxine cancécar le développement des des petits rigène qui prolifère si les aligrandes fermes industrielles a élevages de ments destinés aux vaches fait naître un besoin de savoirmoins de dix sont mal stockés et qui peut faire professionnel. On ne peut se retrouver ensuite dans le pas diriger une grande ferme vaches. » lait. sans un management bien « La Chine va beaucoup plus vite sur la séformé », estime Alastair Pearson, représentant en Chine de World Wire Sires, une entreprise curité alimentaire que l’Europe, notamment américaine spécialisée dans la génétique parce qu’elle incorpore des technologies étrangères », note David Chérel, chargé du animale. Mais de nombreux problèmes demeurent. développement commercial de la société En premier lieu, la mauvaise productivité des en Chine. De quoi rassurer peut être les vaches chinoises, lesquelles donnent peu de mamans chinoises qui, malgré les progrès lait par rapport à leurs cousines européennes de l’industrie laitière, préfèrent toujours le ou américaines. « Les vaches chinoises ne lait en poudre importé pour leurs bébés. sont pas faites pour l’industrie laitière : elles Raphaël Balenieri


été 2012 / Connexions 35


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专栏

Les PME françaises misent sur le marché porcin chinois S’il n’a pas toujours bonne presse à domicile, le savoir-faire porcin français a la cote auprès des éleveurs chinois.

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rigoureusement contrôlées ! C’est pourquoi la Chine se tourne désormais vers les technologies étrangères – et notamment françaises. Objectif : parvenir à l’autosuffisance, renforcer la sécurité alimentaire, et se former au traitement des effluents porcins et autres mauvaises odeurs… Trois expertises sur lesquelles la France, 3ème producteur de porcs de l’Union européenne, a une carte à jouer. Certes, les PME françaises arrivent un peu tard sur un marché déjà occupé par les gros producteurs porcins européens, Allemagne, Pays-Bas et Danemark en tête. Mais « depuis trente ans les éleveurs porcins chinois travaillent avec des partenaires étrangers et pourtant les améliorations techniques ont stagnées », note Philippe Lecouvey, directeur général de l’Institut

R. B.

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La filière porcine chinoise est à la peine. Malgré le soutien des autorités, la production de cochons n’arrive pas à suivre la consommation. Rien n’y fait : les Chinois ont toujours plus d’appétit pour le porc, une chair très populaire en Chine où elle représente 65% de la viande consommée. Une demande à la hausse qui pousse de plus en plus les producteurs porcins à faire appel au savoir-faire étranger, notamment français, pour augmenter tant la productivité que la qualité de leurs élevages. La Chine détient pourtant plus de la moitié du cheptel mondial de porcs et produit 50 millions de tonnes de viande de porc par an. Mais ce volume est toujours insuffisant et les importations augmentent très fortement. En 2011, la Chine a ainsi été contrainte d’importer 780 000 tonnes de viande de porc en provenance de l’Union Européenne, devenant ainsi le premier marché à l’export de l’UE, une place autrefois détenue par la Russie. En cause, le morcellement de la filière. « En Chine, la majorité des éleveurs porcins ne sont pas des professionnels. La production porcine reste assurée à 40% par des petits producteurs qui ne détiennent que quelques cochons et cela malgré le développement très rapide de l’élevage industriel, plus productif », explique Yann Morel, représentant en Chine de la Cooperle ArcAtlantique, le premier producteur porcin en France. À cela s’ajoutent la mauvaise alimentation donnée aux bêtes et une génétique animale encore embryonnaire. Résultat, une truie élevée dans le Sichuan, le premier bassin porcin en Chine, donne naissance à seulement 14 porcelets par an…contre 28 porcelets en moyenne pour une truie française nourrie avec de bonnes céréales

Français du Porc (IFIP). Pour rattraper ce retard, estime-t-il, les PME françaises doivent se regrouper et proposer des solutions « globales ». En 2009, l’IFIP s’était ainsi associé à treize industriels français pour mettre en œuvre le premier projet franco-chinois de filière porcine intégrée. Situé à Handan, dans le Hebei, cet élevage « clé en main » de 750 truies vise à produire 200 000 porcs d’ici 3 ans, à destination du marché local. Des porcs « made in China » dont on pourra assurer la traçabilité, puisqu’ils auront été nourris, élevés, puis abattus en un seul et même endroit, sous l’œil vigilant d’un management franco-chinois. « Handan a permis de faire comprendre que sur l’ensemble des maillons, les PME françaises ont des compétences et que ces compétences sont excellentes si elles sont associées. Il ne faut pas sectionner l’offre : le modèle français est le seul à avoir une connaissance de la sélection des porcs à l’abattage, c’est notre spécificité », explique Philippe Lecouvey. Les contrats ont déjà été signés avec des investisseurs chinois pour que ce projet inédit soit répliqué dans quatre provinces chinoises. Dernière étape avant que Handan ne s’attaque au marché chinois du jambon, du pâté et des autres produits transformés…

La filière porcine chinoise est très morcelée et la majorité des éleveurs ne sont pas pro中国猪业条块分割严重,大部分养殖户不是专业人员。 fessionnels.


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

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专栏

Le vin « made in China » gagne du terrain Les chiffres du vin en Chine

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La France est le 1er exportateur de vins (en bouteille). 3700% c’est l’augmentation des exportations des vins et spiritueux français depuis 2011. 3/4 de ces exportations concernent le bordeaux et le cognac. 52% de part de marché en valeur L’Australie, 2ème exportateur, arrive loin derrière avec 17,7% de PDM en valeur.

Rien ne prédestinait le Ningxia à devenir l’un intérieur, en plein boom. Si le Shandong, le des bassins viticoles les plus prometteurs de Shanxi et le Xinjiang concentrent l’essentiel Chine. Pauvre, aride, balayée en hiver par des de la production, le Ningxia lui se distingue vents secs et froids, cette minuscule province par la qualité de ses cépages. « Le Ningxia est aujourd’hui la meilcoincée entre le désert leure région viticole en de Mongolie inté- « Le ralentissement Chine. Mais est-ce que rieure et les premières de la croissance cela sera toujours le cas méandres du fleuve économique en dans cinq ou dix ans ? Jaune n’offrait pas à Rien n’est figé » relativise première vue un envi- Chine devrait Jim Boyce, consultant et ronnement idéal pour favoriser les vins fondateur du site grala culture de la vigne. chinois de moyenne pewallofchina.com. C’est pourtant dans ce Le Ningxia compte milieu hostile que sont gamme, au détriment aujourd’hui une vingproduits aujourd’hui les des très bons taine d’exploitations meilleurs vins chinois. vins importés du viticoles. Les premières Elaborés par de petites Bordelais. » s’y sont installées dès la exploitations familiales, fin des années 1990, atsouvent conseillées par tirées par des terrains alors très bon marché. des œnologues formés en France, les vins du Ningxia ont réussi, en quinze ans seulement, Poussés par le gouvernement, les paysans à conquérir les bars à vin qui fleurissent à locaux abandonnèrent progressivement les cultures traditionnelles, notamment celle Pékin comme à Shanghai. Septième producteur mondial, la Chine du goji, cette petite baie rouge utilisée par produit 900 millions de bouteilles de vin par la médecine chinoise, pour se lancer dans le an, principalement à destination du marché raisin, plus rentable. 38 Connexions / été 2012

Le vin chinois monte en gamme. Au Ningxia, des petits producteurs produisent depuis une quinzaine d’années des crus de qualité. Depuis, la culture de la vigne a fait des émules. Outre les productions familiales, des groupes internationaux tels que Pernod Ricard investissent désormais dans le Ningxia. Des marques locales réputées, telles que Silver Heights et Grace Vineyard, ont émergé et commencent même à remporter des prix. Mais les vins du Ningxia ont encore du chemin à parcourir. D’abord parce que ces bouteilles jouent toujours dans la catégorie des vins de moyenne gamme. « À Bordeaux, il faut attendre vingt à trente ans pour produire un très bon vin. Les vins du Ningxia n’en sont pas là : dans cinq ans, ils ressembleront peut-être à un bon Bordeaux chinois, mais pas à un bon Bordeaux français ! » note Liu Yi, directrice d’une société d’importation de vin français basée à Pékin. Reste que les vins du Ningxia arrivent à pic sur un marché en plein essor. Selon les spécialistes, le ralentissement de la croissance économique en Chine devrait en effet favoriser les vins chinois de moyenne gamme, au détriment des très bons vins importés du Bordelais.

Raphaël Balenieri


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

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Dossier

专栏

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La voie raisonnée vers le bio

Actuellement 3ème pays producteur de produits agricoles biologiques, la Chine a commencé de développer une agriculture organique au début des années 80 en reprenant les méthodes traditionnelles de fermage : rotation et diversification des cultures, compostage, etc. Les fermes chinoises d’agriculture organique représenteraient plus de 2,45 millions d’hectares mais les statistiques peu fiables en rendent difficile la cartographie. Aujourd’hui, la politique agricole raisonnée se traduit localement par l’allocation de subventions comme par exemple dans le domaine de l’élevage pour les projets de méthanisation, constate David Chérel, business developer chez Olmix. Une production destinée majoritairement à l’export Dès le début, la production agricole organique a été tournée vers l’export. Encore de nos jours, la Chine exporte la majorité de sa production - principalement du riz, du soja, des légumes, des céréales, des herbes médicinales et du thé - vers l’Europe, les Etats-Unis, la Corée et le Japon. « Face au potentiel de ce marché, des compagnies comme le Groupe Huiyuan (leader dans les jus de fruits) sont en train 40 Connexions / été 2012

de développer des bases de plantations organiques dans le pays. », note Thomas Vincendeau, Business Analyst, chez Shiyao Investment. Et pour répondre aux normes internationales, les Chinois ont édifié un système de certification et depuis 2005, des normes nationales unifiées viennent s’ajouter pour les produits alimentaires issus de la filière organique. Selon l’administration centrale de Certification et d’Accréditation, il existe 23 organismes de certification pour les labels agricultures organiques et pas moins de 7 934 certifications différentes. Un marché intérieur en forte croissance Face à la multiplication des scandales, la

Agriculture bio ou raisonnée ? Ce n'est pas un terme consensuel chez les spécialistes, mais certains, considérant que le bio et la traçabilité parfaite des produits est encore à un horizon lointain en Chine, préfèrent parler d'objectifs d'agriculture raisonnée pour le pays, c'est à dire par exemple d'utilisation mesurée des pesticides et engrais, de maîtrise de la chaîne du froid et des règles d'hygiène de base.

Confrontée aux besoins croissants de la population, à l’évolution qualitative de ses besoins et à une plus grande vigilance des consommateurs, la Chine vit une période charnière qui pourrait trouver dans l’agriculture raisonnée une nouvelle voie de développement. population et en avant-garde, la classe moyenne aisée urbaine, s’inquiète de plus en plus de sa sécurité alimentaire. Si la production organique était jusqu’alors principalement destinée à l’export, la demande intérieure de produits issus de l’agriculture raisonnée croît de manière significative - 25% (TCAM) en 2011 selon les organisateurs de Organic Expo Beijing - et le poids total du marché s’élèverait à 95 millions de dollars. D’après les estimations, la Chine devrait dans la prochaine décennie se positionner au 4ème rang mondial pour ce qui est de la consommation d’aliments biologiques. Néanmoins, selon David Chérel, le développement de ce marché intérieur est freiné par deux facteurs : les prix des produits environ 1,5 à 3 fois plus chers que les produits basiques et la confiance des consommateurs refroidis par le manque de transparence des labels. Un des derniers scandales a d’ailleurs fait beaucoup de bruit car il concernait une marque étrangère et la viande de porc, la plus prisée des Chinois. Soupçonné d’avoir vendu de la viande de porc faussement labellisée «bio», Wallmart a dû fermer quinze magazins à Chongqing Flore Coppin fin 2011.


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品 La Chine, future puissance OGM ? Si le pays est pour l’instant resté relativement prudent sur l’utilisation des Organismes Génétiquement Modifiés dans l’agriculture alimentaire, il investit massivement dans la recherche à ce sujet. Les OGM font partie des solutions aux contraintes géographiques chinoises. Comme en Occident, l’opinion publique chinoise est parfois suspicieuse sur le sujet, dans un contexte de scandales alimentaires à répétitions. Lors de la visite aux Etats-Unis du viceprésident chinois Xi Jinping en mars 2012, l’entreprise OGM Monsanto en avait profité pour exhumer une vieille photographie montrant Xi, alors jeune cadre prometteur, reçu à son siège social. Certains blogueurs chinois s’en étaient émus, croyant y déceler le signe d’une prochaine invasion d’OGM améri-

cains qui menacerait l’indépendance et la sécurité alimentaire de leur pays. Pourtant, la Chine pratique le principe de précaution. Pour l’instant, seuls des OGM non alimentaires ont été autorisés. Ainsi, la sylviculture s’appuie déjà sur plusieurs espèces modifiées comme des peupliers pour accélérer le reboisement du pays. Des expériences sont aussi menées par exemple pour créer des pauwlonia à croissance rapide, ou pour améliorer la résistance des fibres de bambous, afin de créer des espèces utilisables dans l’industrie du meuble. L’effort de recherche sur les OGM est très important en Chine, s’élevant à plus de 2,28 milliards d’euros sur 10 ans. Une partie importante porte sur le domaine alimentaire. Les enjeux sont cruciaux : il s’agit non seulement d’améliorer

les rendements, mais aussi de limiter l’utilisation des pesticides et engrais, et d’économiser les rares ressources en eaux du pays. Par exemple, les agronomes chinois ont déjà mis au point un maïs qui ne nécessiterait que deux ou trois arrosages par ans, contre quatre à cinq aujourd’hui, ce qui devrait à terme résoudre le problème historique du manque d’eau en Chine du Nord. Deux OGM de riz et un OGM de maïs développés en Chine ont déjà passé presque toutes les étapes pour pouvoir être commercialisés. Il ne faudra encore probablement que peu de temps pour que les OGM alimentaires soient libéralisés, et le secteur paraît rapidement promis à une croissance exponentielle. Renaud de Spens

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Dossier

专栏

Biolice, pour une plasticulture écolo

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Qui a déjà parcouru la campagne chinoise aura forcément été frappé par la marée de plastique, qui vole au vent, s’accroche aux buissons, jonche le sol et le bord des routes, ou termine sa course dans les arbres. On l’appelle la « pollution blanche ».

Biodégradation du film Biolice en 120 jours.

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Des dégâts environnementaux dramatiques Le film de paillage traditionnel est composé de polyéthylène. Très rarement ramassé après son utilisation, le plastique se déchire et se fragmente mais s’accumule au bord des routes ou, pire, reste dans les champs où il finit par se mélanger à la terre après plusieurs labours. Ainsi après 30 ans d’une utilisation de plus en plus intensive, ce sont des millions de tonnes de plastique qui ont été enfouis dans le sol. Biolice, 100% biodégradable et 100% compostable Alternative au polyéthylène, les bioplastiques se distinguent par leur biodégradabilité. L’avantage d’un film de paillage biodégradable est qu’il n’est pas nécessaire de le retirer : en fin de culture, les qualités mécaniques du film auront diminué. Enfouis progressivement dans le sol, les résidus sont bio-assimilés par des microorganismes.. La Chine, pour répondre au double défi de productivité de son agriculture et de la préservation de l’environnement, s’intéresse aujourd’hui nécessairement à ces bioplastiques. C’est dans ce contexte qu’en

2009, le Yunnan a lancé un appel à projets destiné à vérifier la viabilité d’une utilisation de film de paillage biodégradable. Depuis l’Auvergne, Limagrain Céréales Ingrédients (LCI) a répondu à cet appel avec Biolice, 100% biodégradable et 100% compostable, fabriqué à partir de grains entiers de maïs - certifiés non OGM, selon un process d’innovation inédit sur le marché mondial des films de paillage et labélisé. Depuis 4 ans, Limagrain a ainsi fourni plusieurs centaines de tonnes de Biolice à l’agriculture locale du Yunnan, espérant bien transformer l’essai et par la suite séduire d’autres provinces en Chine. Au-delà des programmes locaux de promotion de ces techniques de culture plus écologiques, une loi imposant le recours aux films plastiques biodégradables reste nécessaire pour véritablement résoudre le problème de la pollution blanche. Le gouvernement chinois semble d’ailleurs s’atteler plus concrètement au sujet puisqu’une réglementation spécifique favorisant le plastique dégradable vient d’être annoncée pour la fin de l’année 2012.

Marion LESPINE Affaires institutionnelles Limagrain Chine

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Ce plastique constitue une véritable agression visuelle, mais aussi et surtout une catastrophe écologique. La situation préoccupe depuis longtemps déjà les autorités chinoises, bien conscientes des conséquences dramatiques pour l’environnement et pour la santé. Mais cette situation pose également un véritable dilemme pour la Chine. Dans les zones rurales en effet, cette pollution est en grande partie due à une pratique agricole utilisée pour répondre aux enjeux de productivité de l’agriculture chinoise: la plasticulture. La plasticulture pour répondre aux enjeux de productivité agricole La plasticulture, et en particulier la pose de film de paillage en champs, est un moyen depuis longtemps utilisé dans le monde, pour favoriser la pousse des plantes en début de croissance. Ce film de paillage présente de nombreux intérêts: il préserve la structure du sol, limitant le lessivage ; il évite l’évaporation de l’eau et réduit les besoins hydriques de la plante ; enfin il réchauffe le sol. Introduit en Chine dans les années 80, le paillage s’est considérablement répandu depuis, en termes de surface mais aussi de variétés concernées : en 2010, les agriculteurs chinois ont posé pas moins de 1,18 millions film plastique sur 15,6 millions d’hectares. Le recours au paillage dans la campagne chinoise s’est même accéléré au cours des 15 dernières années. A tel point que cette technologie de culture est devenue incontournable dans certaines régions pour assurer les rendements (Xinjiang et Shandong en tête).

Biolice生物塑料农用薄膜在120天里无污染化降解。


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De moins en moins de paysans ?

Affiche de propagande des années 60 représentant de village de Dazhai dans le Shanxi qui avait été édifié comme modèle par Mao. 60年代在被毛泽东树立为典型的山西大寨村粘贴的宣传画。

Selon les régions, la situation des quelques 310 millions d’agriculteurs chinois est variable, mais il est possible de dégager quelques caractéristiques communes. Lors du recensement décennal de 2011, souvent loin de leur village d’origine. Fait la Chine s’est découverte beaucoup intéressant : environ la moitié de cette moins rurale qu’auparavant. L’étude a population est désormais constituée de en effet démontré que les « 80 hou », ces jeunes nés Chinois n’étaient plus que « Le paysan dans les années 80. Or 674 millions (soit 50,32 %) à chinois serait beaucoup d’entre eux ne résider à la campagne, alors connaissent pas le travail encore 100 qu’ils étaient 63,9 % dix ans agricole, et il est probable auparavant. Cependant, 935 fois moins qu’un grand nombre ne millions de personnes - soit productif revienne jamais dans leur plus des deux tiers de la po- qu’un paysan village d’origine. pulation totale - sont touLe dé clin du nombre français ou jours titulaires de Hukou (户 d’agriculteurs devrait d’ail口) ruraux. Les campagnes japonais. » leurs s’accentuer dans les se dépeuplent en grande prochaines décennies. partie en raison des migrations des pay- Dans son «rapport sur la modernisation san-ouvriers (nongmingong 农民工), de la Chine 2012» - publié en mai -, l’Acadont le nombre a augmenté de plus de démie chinoise des sciences affirme que 10% depuis 2008, d’après un récent rap- les Chinois sont aujourd’hui 310 millions port du Bureau national des statistiques. à exercer le métier d’agriculteur, mais Selon la définition officielle, ce sont des les chercheurs estiment que ce chiffre paysans qui vivent au moins six mois par devrait être divisé par 10 dans les 40 proan d’un travail autre que celui de la terre, chaines années. Un exode rural motivé

par des conditions de vie extrêmement dures. Selon le Bureau national des statistiques, le revenu moyen des titulaires d’un hukou rural était de 6977 yuans par an en 2011. En comparaison, les citadins gagnaient en moyenne 21810 yuans par an - plus de trois fois plus. Et l’écart n’a fait que se creuser depuis 1894, où les inégalités étaient au plus bas depuis les réformes d’ouverture, puisque les citadins ne gagnaient qu’1,7 fois plus que les ruraux.
Lors de l’Assemblée Nationale Populaire en mars dernier, le professeur Yuan Longping, a attiré l’attention des députés sur la question. D’après les chiffres gouvernementaux sur lesquels s’appuyait son plaidoyer, le revenu annuel d’un cultivateur de riz du Hunan pour un mu de terre était de 186 yuans en 2010, dont 104 yuans de subventions gouvernementales. Cependant en 2011, l’augmentation des coûts de production a entraîné une baisse de ces revenus à 116 yuans, dont 109 de subventions ! Les marges sont faibles, et c’est ce qui avait poussé en 2006 le gouvernement central à exonérer d’impôts tous les agriculteurs du pays. Mais ceux-ci souffrent également d’un cruel manque de mécanisation, d’où une productivité faible.

Gaël Bernard

Le fléau des expropriations Selon une étude menée dans 17 provinces et régions de Chine p ar l ’ Université du p euple de Pékin et publiée en février, les autorités ont confisqué depuis la fin des années 1990 tout ou par tie de leurs terres à plus de 43 % des paysans chinois. Selon cet te étude, plus d’un paysan sur huit (12,7 %) n’a obtenu pour ses terres aucune compensation, et seuls 2, 8 % de ceux qui ont reçu de l’argent se sont dit satisfaits du montant accordé. Mais pour les gouvernements locaux, l’opération est très profitable, puisqu’en moyenne, les terres confisquées sont revendues 40 fois plus cher.

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Dossier

专栏

La sécurité alimentaire est au cœur de l’attention des médias Il ne se passe pratiquement pas une quinzaine sans que la presse chinoise ne rapporte un nouveau scandale de sécurité alimentaire. En 2011, toute l’opinion publique végétale et n’a lésé que les agriculteurs chinoise a entendu parler du riz pollué touchés par le phénomène qui n’a été au cadmium, du porc au clenbuterol observé que sur 50 hectares : ces pasou de l’huile de récupération. Et il y a tèques ont explosé avant leur récolte quantité d’autres petites affaires locales. et d’ailleurs n’auraient présenté aucun Pour mettre en bouche, on pourrait danger à la consommation. citer cette histoire d’une entreprise du Et pourtant, plus de 80% des Chinois Jiangsu ayant produit et vendu 14 000 estiment que la sécurité alimentaire tonnes de sel de table fabriqué à par- se dégrade d’année en année, malgré tir de pesticides lavés et séchés. Le sel les 5 000 entreprises fermées en 2011, ainsi proposé contenait près de 55 mil- les 1 200 procédures pénales et les ligrammes de glyphosate (désherbant 2 000 personnes physiques condamtoxique) par kilo, et a été distribué dans nées. Leur inquiétude et leur manque de 12 provinces, générant un profit de 100% confiance dans les institutions reflètent pour le producteur. des réalités persistantes étroitement Or Chen Junshi, vice-directeur de la liées au système administratif et poliCommission Nationale de Discussion tique. sur les Standards de Sécurité Alimen- Une partie des problèmes réside... taire, n’hésite pourtant pas à affirmer dans les solutions que l’intensité de contrôle La multiplication des ins« A lors qu ’ il du gouvernement chinois titutions compétentes est la plus forte au monde. n’y a pas engendre confusion et Malgré les milliers d’insultes de “risque déperditions de moyens. que cela lui vaut sur l’interToute la Chine avait ri en zéro” en net, il maintient sa position. 2001 lorsqu’à Zhengzhou Et il se pourrait qu’il n’ait Occident, il des agents de différentes pas tout à fait tort... administrations s’étaient serait injuste L’insécurité alimentaire, disputés en pleine rue d’accabler un fantasme ? pour chacun revendiquer En partie, affirment cer- la Chine de le bénéfice d’une amende tains chercheurs comme reproches. » à prélever sur un magasin Yun Wuxin, qui souligne de petits pains à la vapeur. que toutes les “affaires” ne sont pas tou- Et si aujourd’hui une partie des leçons de jours des accidents sanitaires mettant cette politique ont été digérées et que en péril la santé des consommateurs. l’on tente au contraire de regrouper les Par exemple, l’histoire des “pastèques autorités de contrôle, il reste que la prinexplosives” du Jiangsu, en mai 2011, qui cipale réponse de l’Etat aux problèmes a marqué l’opinion publique par son n’est que l’augmentation de leurs poucaractère spectaculaire, était probable- voirs. Comme le dénonce le vice-proment en partie due à l’utilisation d’un cureur général de Hangzhou Lian Bin, produit légal pour favoriser la croissance « personne ne réfléchit aux problèmes 44 Connexions / été 2012

5 000 entreprises ont fermées en 2011, 1 200 2 000 personnes physiques condamnées suite 2011年,食品卫生安全问题造成5 000家企业关停,引发1 200项诉讼,

des conflits d’intérêts des autorités de contrôle, à part ces autorités ellesmêmes ». En d’autres termes, les solutions sont conformes aux intérêts des autorités de contrôle, mais ces intérêts ne vont pas toujours dans le sens d’une amélioration de la sécurité alimentaire. Et beaucoup d’administrations locales dépendent encore aujourd’hui directement des bénéfices tirés de la gestion du contrôle sanitaire. Par exemple, en Mongolie Intérieure, un restaurant de 40m2 doit payer à peu près 60 yuan de taxes par an. Son district se fait ainsi 3 millions de yuan de recettes chaque année, dont 2 millions allaient naguère au paiement des agents de contrôle ! Ce n’est en effet que depuis 2011 que ces agents sont directement payés par le ministère des finances. Rien d’étonnant à ce qu’un agent déclare sous


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Tous les maillons de la chaîne

procédures pénales ont été engagées et à des scandales alimentaires.

On ne fait pas de bon vin sans bon raisin ni de bon lait sans de bonnes vaches laitières. Mais pour obtenir de bons produits encore faut-il que les intrants et tous les produits (aliments, médicaments, eau, engrais…) donnés aux terres et cultures et aux animaux soient eux-mêmes de bonne qualité. La Chine ne s’y est pas trompée et outre l’adoption en 2009 de la loi sur la Sécurité Alimentaire, un nombre important de règles et de normes ont été adoptées pour garantir cette sécurité. Celles-ci concernent par exemple l’utilisation des pesticides, des médicaments pour les animaux, et des semences. En cas de manquements, les sanctions peuvent être lourdes et aller jusqu’à la prison à vie. Malgré ces mesures, la sécurité alimentaire en Chine reste hasardeuse. Le vrai problème concerne en fait la traçabilité. La règle d’or en la matière est qu’il n’existe pas de sécurité alimentaire sans traçabilité. Or c’est bien là que le bas blesse car en Chine il est très difficile de mettre en place une traçabilité efficace en raison du nombre considé-

rable d’intermédiaires. En effet, chaque intermédiaire peut à un moment ou un autre introduire dans la chaîne de production alimentaire des intrants interdits. Ainsi, si en théorie la traçabilité peut être garantie de l’abattoir jusqu’à l’étal, l’ajout d’additifs dans l’alimentation d’un porc lors de son élevage à la ferme reste possible. Certes il existe un contrôle des autorités, mais son efficacité reste très limitée, notamment en raison de la diversité des administrations compétentes et de la répartition des rôles au niveau local. Enfin, en milieu agricole, les relations entre producteurs et l’administration sont telles qu’il est souvent difficile à ces dernières de prendre les mesures qui s’imposent. L’une des seules solutions pour améliorer la traçabilité consiste pour les acheteurs de produits alimentaires primaires d’établir des cahiers des charges stricts et de procéder à des audits réguliers sur le terrain. Hélas, de tels audits sont parfois irréalisables. Alban Renaud, Avocat au Barreau de Paris Partner of ADAMAS – Attorneys-at-law

2 000名自然人被追究相关责任。

couvert d’anonymat à l’hebdomadaire Nanfang Zhoumo fin 2011 que la restauration est comme une “mine d’or” pour les autorités de contrôle sanitaire. Le fait aussi que la perception des taxes sanitaires et le contrôle soient faits par les mêmes organes favorise un système de clientélisme et facilite les tentations de corruption. Lors du scandale du porc au clenbuterol en 2011, 5 000 tonnes de viande contaminée ont été découvertes et 989 personnes ont été mises en cause, parmi lesquelles pas moins de 74 agents de l’Etat. Sur le plan de la législation et des standards, certaines affaires comme celle du lait contaminé à la mélamine de Sanlu en 2008 ont montré que des ambitions trop élevées pouvaient pousser à la fraude. Ainsi, c’est l’exigence d’un taux minimal de protéines calqué sur

les standards occidentaux qui a fait que certains producteurs malhonnêtes ont ajouté dans le lait une matière toxique faisant monter ce taux. Or, pour beaucoup de raisons liées à l’environnement et aux conditions d’élevage, les vaches chinoises produisent un lait à la fois plus rare et moins riche que leurs consœurs occidentales. En 2011 encore, 40% des producteurs de lait frais contrôlés ne parvenaient pas à respecter ces standards. Un long chemin à parcourir De facto, quelques hauts responsables admettent que le chemin est encore long à parcourir en Chine pour arriver à un niveau comparable à celui des pays développés. « Dire qu’il y a une différence est un euphémisme », avoue Zhang Yong, directeur du Bureau de la Sécurité Alimentaire au Conseil des Af-

faires d’Etat. Il pointe à la fois le manque de bonnes pratiques des entreprises, le déficit d’auto-régulation des marchés (qui ne bénéficient ni d’organisations professionnelles indépendantes du pouvoir, ni d’associations de consommateurs bien établies) ou la faiblesse de l’environnement juridique. Il ajoute qu’il ne faut pas oublier que le niveau de développement chinois reste à la traîne : si par exemple on compte près de 70 000 élevages de porcs aux Etats-Unis, dont 90% traitent plus de 500 têtes, il y en a 76 millions en Chine, dont une majorité de petites exploitations... Alors qu’il n’y a pas de “risque zéro” en sécurité alimentaire en Occident, comme le rappellent plusieurs affaires chaque année, il serait injuste dans ces conditions d’accabler la Chine de reproches.

Renaud de Spens

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Dossier

专栏

Les changements structurels du secteur agroalimentaire chinois et ses perspectives de croissance représentent une opportunité à saisir pour les acteurs français.

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

Le marché chinois, futur de l’agroalimentaire français ? Le marché de l’agroalimentaire chinois est aujourd’hui en plein essor, il était estimé à 140,4 milliards de dollars en 2011, en croissance moyenne annuelle de 13,3% depuis 2007. L’augmentation du nombre d’habitants dans ces zones participe également à cette dynamique, les zones urbaines devraient en effet passer de 607 millions aujourd’hui à 822 millions d’habitant en 2025. Le marché de l’agroalimentaire est en phase de « rattrapage » par rapport aux pays développés, devant croître, selon les prévisions, de 10,1 % en moyenne par an entre 2012 et 2016. L’indicateur clé du secteur – produits transformés / produits agricoles bruts - est aujourd’hui de 1:3, devant à terme rejoindre le niveau standard de 3:1 des pays développés. Des infrastructures en voie de modernisation Aujourd’hui, le principal défi de l’industrie l’agroalimentaire chinoise est celui de la modernisation de ses infrastructures. Le retard de la Chine dans l’application des standards sur la chaîne du froid entraîne un taux élevé de détérioration des produits périssables (fruits et légumes, volailles, fruits de mer et viande…) et limite ainsi les possibilités de transport des produits frais. On constate en effet qu’aujourd’hui, seuls 20% des produits périssables sont transportés dans des camions réfrigérés, le reste étant transporté dans des camions ordinaires. De récents scandales alimentaires illustrent le chemin restant à parcourir pour atteindre les standards de qualité des pays développés, comme en mai 2012, où des paysans du Shandong ont été soupçonnés d’avoir aspergé des choux avec du formol pour préserver leur fraîcheur. Le secteur a pris la mesure de cet enjeu de modernisation des infrastructures, notamment des équipements frigorifiques, une amélioration sensible est aujourd’hui observable, favorisée par certains facteurs.

D’une part le recours à l’importation d’équi- En 2011, certains produits stimulent particupements frigorifiques (principalement lièrement la croissance de l’industrie agroad’Allemagne) répondant aux exigences de limentaire : les produits laitiers (28 milliards productivité, d’économie d’énergie et de de dollars), les produits de boulangerie fiabilité. D’autre part la présence d’acteurs (19,3 milliards de dollars) et les produits secs étrangers (Auchan, Wal Mart, Carrefour, transformés (15,2 milliards de dollars). leaders de la distribution Ce changement de en Chine) aux cotés des « L’an dernier, la style de vie et des habiacteurs locaux (KPI Com- France a vendu tudes alimentaires du pany Ltd et Times Ltd) consommateur urbain pour 908 millions déjà soumis à des stanchinois se retrouve dards Groupe élevés. d’euros de produits dans ses comporteCes multinationales ont alimentaires à ments d’achat, consaaussi vu leurs conditions la Chine. Cela crant moins de temps d’entrée sur le marché à l’achat et à la prépareprésente 8,3% facilitées avant l’abanration de la nourriture, don en 2004 de l’obliga- des exportations il privilégie aujourd’hui tion pour les entreprises vers ce pays. » un plein au supermarétrangères de passer par ché à des courses jourune Joint Venture pour accéder au marché. nalières dans des petits marchés locaux. Le Changement des habitudes de temps consacré à la préparation de nourriconsommation ture diminue également et on assiste par A cette transformation profonde du secteur exemple à une très forte augmentation des correspond un changement des habitudes ventes de légumes en conserve, des plats de consommation. Le régime alimentaire cuisinés bio et des surgelés. des Chinois est en train de se diversifier Des consommateurs plus exigeants et et stimule par exemple la demande de internautes nouveaux aliments, on constate en effet L’augmentation des achats alimentaires depuis quelques années l’arrivée de nou- par internet témoigne de cette tendance, veaux produits sur les tables des consom- stimulée également par l’augmentation de mateurs chinois comme les baies (myrtilles, l’utilisation et de l’accès à internet, ainsi que bleuets..), pour leurs apports en vitamines, du nombre de chinois détenteurs de carte ou l’avocat. On voit également la progres- bleues. Les entreprises Amazon.com, Wosion d’aliments peu utilisés auparavant mai.com et Dangdang.com se positionnent comme l’oignon, très présent dans les actuellement sur ce secteur en plein essor, recettes occidentales. Les Chinois mettent dont une forte barrière à l’entrée reste la l’accent sur un régime alimentaire sain et maîtrise de la chaîne d’approvisionnenutritif, ils se tournent vers des produits bio, ment et de ses coûts. La vente de boisson chinois ou importés, plus onéreux mais de et de nourriture par internet devrait faire un plus en plus accessibles pour les popula- bond de 485,6 millions de dollars en 2011 à tions urbaines. 3,1 milliards en 2016.

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专栏

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Dossier

En 2011, certains produits stimulent particulièrement la croissance de l’industrie agroalimentaire : les produit laitiers, les produits de 2011年,某些产品特别刺激了农食加工业的增长:奶制品,面包产品和烘干产品。 boulangerie et les produits secs transformés.

••• En 2010, le marché des produits ali-

mentaires emballés était encore dominé par les compagnies locales, Mengniu Dairy et Yili, producteurs de produits laitiers et de glaces, respectivement numéros 1 et 2 du marché. On retrouve également dans les acteurs principaux Shineway, producteur de produits à base de viande, Hangzhou Wahaha, producteur de boissons, Bright Dairy & Food, spécialisé dans la production, transformation et distribution de produits laitiers, China National Cereals (COFCO), Henan Shuanghui Investment & Développement Co. Ltd., spécialisé dans la transformation de viande et People’s Food Holding Ltd. qui transforme et distribue de la viande fraiche et surgelée. Des acteurs internationaux comme Mars Inc., Nestlé, Danone ou Kraft food sont également présents dans le top 20 des produits emballés en part de marché. Des acteurs en forte croissance externe Les partenariats et les fusions-acquisitions augmentent ces dernières années chez les entreprises internationales et locales en Chine. Ils répondent à un besoin de se développer rapidement en acquérant une technologie, un nouveau marché ou des parts de marché de manière accélérée. C’est le cas de Nestlé, présent depuis

48 Connexions / été 2012

plus de 20 ans en Chine, dont la stratégie depuis quelques années repose sur une forte croissance externe. Le géant alimentaire s’impose en Chine sur le marché de la nutrition et de l’alimentation infantile notamment par le biais d’acquisitions. En 2011 le ministère du commerce chinois a approuvé le rachat par Nestlé d’une participation de 60% dans le groupe Hsu Fu Chi International, acteur majeur de la confiserie et du snack, pour 1,7 milliards de dollars. La même année Nestlé a annoncé l’acquisition de 60% de la société d’alimentation chinoise Yinlu Foods Group, spécialisée dans le lait d’arachide et le porridge au riz prêt à consommer. Cette année encore, l’entreprise a racheté la division nutrition infantile de Pfizer pour 11,85 milliards de dollars (9 milliards d’euros). Ce marché est estimé à 30 milliards de dollars dans le monde, avec une croissance moyenne de 13% dans les pays émergents qui représentent les trois quarts du marché mondial. Ces acquisitions lui permettent de s’ouvrir sur un nouveau réseau de distribution que représentent les villes du Tiers 2 et en dessous, comme Qingdao ou Kumming soutenues par le XIIème plan quinquennal et représentant un fort potentiel de consommation.

Les changements structurels qui sont en train de s’opérer dans le secteur agroalimentaire chinois et ses perspectives de croissance représentent une opportunité à saisir pour les acteurs français. L’an dernier, la France a vendu pour 908 millions d’euros de produits alimentaires à la Chine. Cela représente 8,3% des exportations vers ce pays. Elle a déjà su faire valoir certains de ses atouts sur ce marché, on remarque l’explosion de ses exportations de vins et de spiritueux. Leader sur le marché des vins étrangers en Chine, elle détenait 46% de part de marché en 2010. Cette réussite montre bien la place que peuvent se faire les produits français dans les habitudes alimentaires des chinois. Ils sont de plus très appréciés et bénéficient d’un capital confiance important aux yeux des consommateurs pour leur qualité et leur sécurité alimentaire. Le fromage et le foie gras, des marchés encore balbutiants en Chine, pourraient percer de la même manière. La France doit tirer profit de l’essor de cette demande : il faut maintenant aider les PME françaises dans leur démarche afin de leur permettre d’atteindre ce marché en plein boom.

Yannig Gourmelon Principal Roland Berger Strategy Consultants


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

20 ANS ENSEMBLE! 二十载,光辉共度! French Chamber Gala 2012

November 24th 2012 Sofitel Wanda Beijing

www.ccifc.org

été 2012 / Connexions 49


Dossier

专栏

La stratégie d’internationalisation de Rougié n’a, contrairement à d’autres entreprises, pas pour objet de délocaliser la production pour la réimporter ensuite, ni même d’exporter à l’étranger : elle s’inscrit d’abord dans le sillage de la mobilité de leurs principaux clients, les chefs de la restauration haut de gamme. Avec une production de près de 10 mil- Guy de Saint Laurent . lions de canards, soit un tiers de la pro- La culture du foie gras se développe duction de foie gras en France, Rougié est dans la restauration chinoise entre 1990 l’une de marques majeures de ce produit et 2005. Dans le même temps, des chefs sur le segment de la restauration. Contrai- renommés occidentaux s’installent en rement à beaucoup d’autres entreprises, Chine et comme les importations et exleur stratégie en Chine n’a pas pour objet portations de foies crus y sont rigoureude délocaliser la producsement interdites, ils n’ont tion pour la réimporter « Notre d’autre solution que d’utiensuite, ni même d’expor- premier liser les produits locaux, ter à l’étranger : elle s’inscrit client sur de qualité assez irrégulière d’abord dans le sillage de par rapport aux standards la mobilité de leurs prin- Pékin n’est de leurs recettes. cipaux clients, les chefs aujourd’hui C’est en 2007 que Rougié de la restauration haut de autre que... se réimplante dans le pays. gamme. Zhongnanhai, Elle fait appel à Jean-Marie En France, à par tir des Vallier, jeune entrepreneur le siège années 80, les progrès en breton installé depuis plumatière de chaîne du froid du pouvoir sieurs années en Chine et permettent aux chefs cui- chinois. » qui y a déjà à son actif trois siniers de travailler le foie créations d’entreprises. De gras cru. Mais celui-ci est difficile à expor- plus, grâce à Jacques Rougié, petit-fils ter. Pour suivre les chefs qui s’installent au du fondateur historique de la marque, la Japon, Rougié a l’idée de créer une ferme firme française reprend une petite ferme en Chine avec des partenaires chinois. bio au nord est de Pékin. Cette fois, elle L’expérience tourne court car le Japon s’assure quasiment 100% des parts dans décide de fermer ses frontières aux foies l’affaire, et commence petit, avec seulegras produits en Chine. ment 20 canards... La production croît très L’expérience n’aura pas pourtant été en- rapidement, puisqu’elle s’élève déjà à 120 tièrement négative : « Les Chinois se sont 000 canards par an en 2011. Le chiffre d’afretrouvés avec une production à écouler, faires double chaque année et l’entreprise ils devaient payer leurs fermiers et ils ont parvient aujourd’hui à occuper 80% des commencé à vendre les foies d’oie aux parts de marchés des chefs occidentaux restaurateurs chinois. Les Chinois se sont dans les grandes villes. mis à consommer du foie gras et se sont Le marché des chefs chinois, encore nédécouvert une passion pour ce produit, gligeable en valeur, est un objectif strac’est un exemple unique au monde », tégique sur lequel la firme s’enorgueillit explique le directeur export de la firme, aussi de quelques beaux succès : Rougié 50 Connexions / été 2012

© Imagine China

Les foies gras Rougié, de 20 à 120 000 canards

est devenu fournisseur exclusif de la fameuse chaîne de restaurants de canards laqués haut de gamme Dadong, qui propose sur sa carte du foie gras cuisiné à la chinoise (chaud et dans une consistance moelleuse qui rappelle le tofou). Mais le premier client sur Pékin n’est aujourd’hui autre que... Zhongnanhai, le siège du pouvoir suprême chinois, confie Jean-Marie Vallier. Le foie gras est aujourd’hui un produit indispensable dans les nombreuses réceptions diplomatiques offertes par les autorités du pays. Face à la concurrence chinoise, qui manque souvent d’auto-financement et se retrouve donc avec une pression sur les coûts difficilement compatible avec la qualité des produits, la ferme pékinoise de Rougié parvient à gérer de façon plus rigoureuse son besoin en fond de roulement ; elle n’a jamais fait de compromis sur l’alimentation des canards, se fournissant dans le haut de la gamme, quatre fois plus cher que les premiers prix. En outre, des « conseillers culinaires » sont en contacts réguliers avec les chefs, afin que l’offre réponde précisément aux exigences de la demande. Prochain objectif pour Rougié en Chine ? « Nos abattoirs actuels ont une capacité d’un million de canards par an, explique Jean-Marie Vallier, c’est donc le chiffre à dépasser pour passer à la prochaine étape de notre croissance dans le pays. ». Renaud de Spens Avec la collaboration d'Aujourd'hui la Chine

(Philippe Dova)



Dossier

专栏

Une distribution fragmentée Un des enjeux principaux pour les entreprises étrangères exportant des produits alimentaires en Chine est de les distribuer sur un marché gigantesque mais atomisé.

Connexions : Quels sont les principaux débouchés pour distribuer des produits alimentaires en Chine ? Thomas Vincendeau : Les hypermarchés et les supermarchés haut de gamme sont incontestablement les principaux débouchés pour les produits alimentaires importés. Les principales chaînes d’hypermarché en Chine que sont Wal-Mart (US), Carrefour (France), Tesco (UK) et Sun Art (Auchan et RT-Mart), donc principalement des grand groupes internationaux, ont l’expérience des produits importés. Certains supermarchés haut de gamme tels que City Shop à Shanghai, Jenny Lou à Beijing, se sont spécialisés dans les produits d’importation avec un très large choix de produits importés (jusqu’ à 80%

La structure de la distribution des produits agroalimentaires importés en Chine Producteur étranger Exportateur / Consolidateur étranger Importateur (avec license d’importation) Agent logistique (avec license d’importation)

Grossiste

Importateur avec license

Importateur / Distributeur général (avec license d’importation)

Repackeur / Distributeur

Centrale d’achat Hypermarché / Hôtel

Deuxième distributeur Distributeur local (1st tiers, 2nd tiers, 3rd tiers...) Marché Magasin non franchisé Source : USDA

52 Connexions / été 2012

Superette franchisée Super marché

Hôtel Restaurant

Hypermarché

© Imagine China

Thomas Vincendeau Business Analyst, Shiyao Investment Fondé e en 1999 par Benoit Rossignol, ancien responsable d’investissement pour le secteur agricole et agroalimentaire de la Banque mondiale en Chine, Shiyao Investment est une petite banque d’investissement spécialisée dans les secteurs agricole, agroalimentaire, de la distribution alimentaire et des Sciences de la Vie, avec un focus strict sur la région Grande Chine et Japon.

des produits référencés). Enfin le dernier canal de distribution, en plein essor, est le e-commerce. Une entreprise chinoise comme « Yesmywine » se targue d’avoir plus de 4 millions de personnes enregistrées sur son site internet et de vendre plus de 10 000 bouteilles de vin par jours… Le potentiel est donc énorme !

C. : Comment le marché de la distribution est -il structuré ? T. V. : Il est difficile de comparer la distribution monolithique à l’européenne et la distribution chinoise car celle-ci est extrêmement fragmentée. On peut dire qu’aujourd’hui aucun leader n’a émergé sur le marché chinois car ce dernier est en effet trop fragmenté par province. Cependant, certaines entreprises comme Goodwell, DKSH, Itochu, Nanpu, Wilson food ou Sinodis se développent massivement sur le territoire chinois ouvrant des bureaux dans les principales provinces. Les grands groupes internationaux et Hong-Kongais


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

L’internationalisation du goût chinois Ce sont les jeunes « cols blancs » qui guident la révolution de la modernité alimentaire en milieu urbain.

Christophe Solas, PDG de Sodexo Chine Sodexo, le spécialiste de la restauration et des services aux collectivités œuvre depuis plus de vingt ans à la professionnalisation du secteur en Chine. Christophe Solas nous donne son opinion sur l’évolution des goûts en Chine.

restent les meilleures clefs d’entrées pour la Chine, néanmoins une fois que le produit est arrivé au niveau provincial ce sont majoritairement des groupes chinois qui prennent le relais et effectuent la distribution. Ainsi établir un réseau de distribution performant en Chine nécessite de bien sélectionner son importateur principal ainsi qu’un bon réseau de « sousdistributeurs » au niveau provincial. En général, les entreprises vendant des produits importés ouvrent un bureau commercial dans la plus grande ville de la province, s’adressent directement à la grande distribution ou aux grossistes et chargent des distributeurs mandatés de distribuer dans les villes et aux alentours. Ces sous-distributeurs passent souvent eux-mêmes par d’autres distributeurs, d’où le nombre important de prestataires qui interviennent entre le producteur et le consommateur final.

Propos recueillis par Flore Coppin

avons des recettes qui sont très présentes dans certaines régions et que l’on retrouve beaucoup moins dans d’autres.

C. : Depuis votre arrivée, avez-vous remarqué des évolutions dans le goût des Chinois ? C. S. : Cela dépend des populations.

Les repas dédiés aux «cols bleus» n’ont presque pas changé depuis 1995. Le seul phénomène notable, que nous observons depuis deux ou trois ans, est que les directions portent de plus en plus d’attention Connexions : Comment adaptez-vous votre aux attentes de leurs employés. Pour le offre aux différents publics chinois ? dire simplement, il y a 17 ans, les ouvriers Christophe Solas : Notre particularité est mangeaient ce que leur entreprise leur d’opérer sur des lieux de travail. Ce sont donnait. Ce n’était pas dans la culture de principalement des entreprises, mais aus- contester. Aujourd’hui, leurs attentes sont si des hôpitaux, des écoles, mieux prises en compte. des administrations etc. Les « Un souci de Dans beaucoup de cas, conditions de restauration nous avons introduit des bien être et y sont très différentes de enquêtes consommacelles que l’on a à la maison de santé se teurs, même si certains ou au restaurant, mais il y a développe, de nos clients refusent une structure traditionnelle dans lequel to u j o u r s d ’e n f a i re. de repas « à la chinoise » que En revanche, il y a beaul’alimentation nous conservons : un ou deux coup plus d’évolution du plats de viande et/ou de pois- joue un rôle côté des « cols blancs ». son, un ou deux plats de important. » La Chine s’est ouverte, les légumes et un ou deux plats gens voyagent de plus mélangeant protéines et végétaux, avec en plus à l’étranger et on observe une du riz et parfois une soupe et des fruits. véritable internationalisation des goûts. Nous avons des équipes spécialisées qui Les consommateurs attendent donc développent des menus dédiés avec des une cuisine un peu plus internationale. diététiciens et des nutritionnistes. Mais Par exemple, les pâtes (italiennes) et les selon les publics, la différence majeure est pizzas sont très bien acceptées, alors que le nombre de choix disponibles, moins ce n’était pas du tout le cas il y a 17 ans. important en milieu industriel où les De même, les plats japonais, thaïlandais, budgets sont limités. Nous devons aussi indiens etc. ont beaucoup de succès. Nous nous adapter à l’une des spécificités de subissons positivement l’influence de la Chine, qui est la régionalisation : nous l’évolution de l’offre de restauration

•••

été 2012 / Connexions 53


Dossier

专栏

commerciale. ••• L’autre évolution notable, aussi bien chez les hommes que chez les femmes des nouvelles générations, est un souci de bien être et de santé qui se développe, et dans lequel l’alimentation joue un rôle important. Les gens veulent manger sain et équilibré. Cela est très marqué dans les grandes villes.

clef de notre positionnement. Nos clients pensent - à juste titre - que nous sommes capables d’apporter des garanties supérieures à la moyenne du marché. Dès le départ, nous avons beaucoup investi sur la question car les problèmes sont persistants. La chaîne d’approvisionnement alimentaire est encore en plein développement en Chine, même s’il y a déjà eu de gros progrès. Nous choisissons donc avec soin nos fournisseurs et nous avons en

54 Connexions / été 2012

© Imagine China

C. : Comment vous positionnez-vous par rapport aux nombreux problèmes de sécurité alimentaire qui frappent le pays ? C. S. : La sécurité alimentaire est un point

permanence des gens sur le terrain pour s’assurer de la conformité des conditions de livraisons, contrôler les produits à la réception, former les employés sur site et vérifier la mise en œuvre de nos standards. C’est un travail énorme qui a un coût, car

entre un produit dont la qualité et la traçabilité sont garanties et un autre il peut y avoir des écarts de prix conséquents. C’est donc l’un de nos gros investissements, mais cela paye car nous n’avons jamais eu Gaël Bernard de problème majeur.


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 55


专栏

Dossier

Enquête exclusive sur le goût des Chinois C’est inévitable, les goûts des Chinois ne cessent d’évoluer. Jusqu’où va leur exploration culinaire ? Quelle est l’image des produits français ? Les Chinois connaissent un net bouleversement de leurs habitudes alimentaires. Ils affirment consommer plus de viande (41%), plus de produits laitiers (53%), plus de fruits (64%) et de produits frais du marché (56%) qu’il y a cinq ans et seulement à Shanghai, plus de plats déjà préparés (38%), phénomène à relier au rythme de vie effréné de la ville et à son occidentalisation véloce. Les produits consommés ne sont pas les seuls à traverser ce bouleversement : les pratiques de repas se « modernisent » également les consommateurs chinois affirment désormais passer moins de repas

en famille (46%) pour plus de déjeuners dans des fast food (38%) ou au restaurant avec leurs collègues (52%). Une nécessaire adaptation des marques étrangères Les marques étrangères sont de plus en plus présentes dans les grandes surfaces mais leur adaptation aux goûts des consommateurs chinois est maintenant incontournable et très appréciée tant au niveau marketing que produit. (Voir Connexions 60 – Analyse Ifop Asia Du marketing pull au marketing push). Le résultat est évident, 65% des consommateurs chinois admettent acheter plus de

Dans les 5 prochaines années, pensez vous acheter plus/ moins ou autant de marques importées? GRAPHIQUE 1 64%

65%

31%

4% Total

66%

32%

76%

72% 59%

55% 38%

38%

30%

25%

24%

4%

4%

4%

4%

1%

Homme

Femme

20-29

30-40

Shanghai

Plus Moins Autant

6% Beijing

Origine préférée pour les marques alimentaires GRAPHIQUE 2

26% 19%

18% 10%

56 Connexions / été 2012

5%

5%

4%

3%

2%

1%

1%

No uv Ita el lie le -Z el an d Au e str ali e Ta iw Ho a ng n -K on g Es pa gn e Co re e

US A Ja po n Fr an ce

Ch in e Al le m ag ne

6%

Les Chinois connaissent un net bouleversement de 中国人的饮食习惯发生了极大改变。

marques importées qu’ils ne le faisaient il y a cinq ans. Et cette progression ne s’arrêtera pas là ; ces mêmes deux tiers prévoient une augmentation pour les cinq années à venir (Graphique 1). Mais malgré cet engouement pour les marques internationales, les marques chinoises restent les marques préférées des consommateurs, affinité oblige ! Les marques allemandes et américaines grâce à leur visibilité et leur image rassurante, arrivent en seconde et troisième places (Graphique 2). Et les produits français alors ? Un challenge à relever pour les Français Fiers de notre gastronomie, nos compatriotes et industriels français pourront être déçus de voir que les marques françaises n’arrivent qu’à la 5ème place et ont donc un challenge à relever ! Cela-dit, le cliché du Français au béret, baguette de pain et bouteille de vin s’est bien installé en Chine. La France impose en effet son hégémonie pour ses produits phares : vins et spiritueux, pains et pâtisseries


© Imagine China

L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品 (Graphique 3). L’excellence française n’est pas reconnue au delà et les produits français restent souvent devancée par les Australiens, Néo Zélandais, Américains, Taïwanais, Japonais, en plus des produits chinois (Graphique 4). La Nouvelle Zélande et l’Australie sont les favoris pour les produits laitiers ; ils bénéficient d’une image de pureté et de fraicheur. Il est cohérent que la Chine arrive également en peloton de tête pour les fruits, la viande et les plats préparés. Mais la viande est aussi l’expertise du Pacifique : Etats-Unis, Australie et Japon ! Mais où sont donc passés notre bon lait de Normandie, nos melons de Cavaillon, nos charolais et nos plats Fleury Michon ? Les consommateurs chinois recherchent sécurité, affinité et réputation de la marque ; l’origine est un contributeur important de la réputation d’une marque. A l’instar de l’industrie du luxe et de la beauté qui ont réussi à ancrer des valeurs Made in France, il reste de belles opportunités à saisir pour exporter notre savoir faire et savoir vivre alimentaire.

leurs habitudes alimentaires.

Stéphane Courqueux, Managing Director, IFOP Asia

Origine préférée pour des catégories de produits spécifiques 58%

France Italie 8% Chine 11% Espagne 4%

25%

USA 2%

20%

Chili 5%

20%

Nouvelle- 4% 17% Zelande

Vin blanc 44%

France Italie 9% Chine 10% Chili

8%

44%

15%

Australie Chine

23%

Espagne 3%

23%

Nouvelle- 3% Zelande

20%

Pain 23%

France

32%

8%

USA

9%

Japon

9%

USA NouvelleZelande Australie

30% 22%

Italie

11%

40%

USA

12%

38%

Japon 4%

22%

19%

Italie 5% France 4% Hong-Kong 4%

25% 16%

8%

Japon

8%

Australie

36%

8%

Japon 10% Nouvelle- 5% Zelande France 5% Taiwan 1%

25% 24% 21% 18%

26% 25%

8%

USA

25% 17%

7%

16%

Plats préparés 57%

37%

14%

33% 29%

Coree 3%

Viande USA

11%

Taiwan

Australie

42%

37%

Hong-Kong 4%

France 3% 12%

48%

13%

Italie

20%

Pays-Bas 4% 12%

Chine

29%

France

Italie 3% 12%

15%

19% 14%

Chine

34%

7%

Japon 4%

18%

20%

Pâtisseries

40%

Hong-kong 5%

44%

54%

12% 9%

48%

28%

Chine

51%

14%

Taiwan

39%

23%

Pay-Bas

Fruits

26%

USA 5%

Australie 3%

35%

Chine

26% 26%

Hong-Kong 5%

49%

72%

42%

Australie 7%

GRAPHIQUE 4

Produits laitiers

30% 29%

Taiwan 4%

20%

81%

47%

Australie 3%

Origine préférée pour des catégories de produits spécifiques NouvelleZelande

GRAPHIQUE 3

Vin rouge

49%

Chine Japon 5% USA

27%

Coree 2%

22%

Italie 5%

22%

Italie 4%

18%

Australie 6%

Hong-Kong 3%

18%

France 4%

20% 18%

USA

11%

Italie

9%

Espagne

7%

Australie 3%

47% 40% 33% 20%

Japon 2% top 1 top 3

49%

18%

France

28%

9%

34%

Chine

32%

Hong-Kong 5%

Spiritueux

62%

33%

Taiwan 7%

20% 16%

top 1 top 3

été 2012 / Connexions 57


Dossier

专栏

Experts européens et chinois s’accordent

Le progrès qualitatif de l’agro-industrie chinoise est avant tout une question d’amélioration des processus et d’harmonisation des standards. Pour le faire, les hauts fonctionnaires chinois sont extrêmement demandeurs de programmes de coopération avec des experts de pays développés. Le volet du « Projet Commercial UE-Chine II (EUCTP II) » a pour mission de contribuer à la mise en œuvre technique des résultats des dialogues UE-Chine pour une période de 5 ans, de 2010 à 2015. A peu près un cinquième de son budget de 25 millions d’euros et de ses ressources humaines est consacré à l’agriculture et l’agroalimentaire. La mission de la petite équipe dirigée par Javier Burchard est de proposer et d’organiser une vingtaine de projets par an. Réunions, tables rondes, visites d’étude, sessions de formation, conseil : il s’agit de faire communiquer les experts européens avec les cadres et les responsables techniques des ministères chinois idoines, de l’agriculture à la supervision de la qualité, en passant par le commerce, l’inspection et la quarantaine et la santé. Certaines de ces activités répondent à un besoin très ponctuel, comme dans le domaine de l’harmonisation de standards. Le 25 avril dernier par exemple, un séminaire a ainsi été organisé pour contribuer à l’élaboration des standards sur les boissons alcoolisées chinoises, pour les harmoniser avec ceux de l’UE. D’autres se construisent sur plusieurs sessions, comme la coopération sur la santé animale. Ainsi, une délégation chinoise avait été invitée à visiter le laboratoire de référence européen et mondial sur la brucellose en mai 2011, à Maisons-Alfort, ce qui avait permis de créer un laboratoire chinois sur le même modèle, à Qingdao, bénéficiant d’un transfert de technologie. Une table ronde du 27 au 28 avril 2012 a 58 Connexions / printemps 2012

© DR

L’Union Européenne contribue à l’harmonisation des standards et à la définition des meilleures pratiques agroalimentaires en Chine

Javier Burchard est un expert en agriculture et en santé animale, avec 30 ans d’expérience au Canada, en Chine et en Amérique Latine. Il est responsable de la partie ​agriculture et SPS (Sanitaire et Phytosanitaire) du « Projet Commercial UE-Chine ». Javier Burchard是农业和动物健康专家,在加拿大,中国和拉美有着30年的专业经验。现为欧盟中国商务合作项目的农 业和动植物检疫部分的负责人。

permis d’évaluer les débuts du projet et d’en élaborer un calendrier de lancement. Une nouvelle visite de laboratoires européens est prévue pour juillet 2012. ​Enfin, une partie de ces événements a pour objet d’augmenter la prise de conscience des autorités chinoises sur certaines problématiques, comme en mars 2012 avec un séminaire sur l’utilisation des techniques de traçabilité pour améliorer la sécurité sanitaire alimentaire. ​Pour Javier Burchard, les problèmes actuels de la Chine en agroalimentaire sont d’abord liés au sous-développement. La situation rappelle ce que l’on connaissait en Europe il y a à peu près 60 ans. Les secteurs les plus complexes comme l’industrie du lait ne pourront parvenir au niveau européen que dans 20 à 25 ans, car ils sont affectés par une multitude de facteurs d’une chaîne complexe, de la production à la distribution, dépendant

de l’alimentation et de la santé animale jusqu’à la technique et la gestion de la réfrigération, du stockage, voire de l’étiquetage. Les solutions ne passent pas seulement par l’adoption de standards qui peuvent être trop difficile à mettre en œuvre pour l’instant, mais aussi par exemple par l’instauration de pratiques d’achat du lait, comme en fixant le prix en fonction de la quantité de protéine et de gras dans le lait, et non du volume total de liquide. Le projet se terminera en 2015. Il devra avoir permis l’établissement de routines de dialogues entre les experts et les administrations entre la Chine et l’Union Européenne. Ces habitudes de communication, affirme Javier Burchard, sont primordiales : un grand nombre de malentendus, seraient en réalité liées à un manque de rencontres et de dialogues.

Propos rapportés par Renaud de Spens.


L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

L’appétit international des entreprises chinoises

Pour assurer leur développement sur le gigantesque marché intérieur, les groupes chinois de l’agroalimentaire voient aujourd’hui bien au-delà de leurs frontières. Encouragés par le gouvernement central, ces derniers investissent massivement à l’international, en rachetant, ici et là, des fleurons européens, américains et australiens. À la clé, des marques étrangères réputées pour monter en gamme et gagner en visibilité internationale. Telle est du moins la stratégie de Bright Food, numéro 3 de l’agroalimentaire en Chine et champion de l’internationalisation. Candidat malheureux au rachat de United Biscuits et de Yoplait, ce groupe détenu en partie par la mairie de Shanghai a enfin réussi à mettre pied en Europe en achetant en mai dernier 60% des actions du britannique Weetabix, célèbre pour ses céréales de petit-déjeuner. Bright Food avait proposé une offre très généreuse pour remporter ce qui allait devenir la plus grande acquisition jamais réalisée par un groupe agroalimentaire chinois à l’étranger. La Chine veut créer des champions mondiaux « Les entreprises chinoises de l’agroalimentaire peuvent parfois surpayer des acquisitions pour obtenir une société, des parts de marché ou une marque qu’elles veulent vraiment. Il n’y a pas toujours qu’une logique économique derrière ces acquisitions, mais aussi une logique politique. Le cas de Bright Food est un cas d’espèce » analyse Christine Lambert-Goué, directrice chez Invest Securities China, une banque d’affaires basée à Pékin. Incontournable sur le marché chinois, Bright Food s’internationalise à grands pas. Objectif ? Réaliser 30% du chiffre d’affaires à l’étranger d’ici 2015, contre seulement 5% aujourd’hui. « L’intérêt stratégique de Bright Food est à l’intérieur de l’intérêt national chinois. La Chine encourage les entreprises agroalimentaires à devenir mondiales », explique Jean-Paul Larcon, professeur de stratégie à HEC Paris. Mais l’internationalisation n’est pas toujours

© Imagine China

La Chine met le prix pour acquerir les fleurons de l’industrie agroalimentaire mondiale.

Weetabix a été racheté par le chinois Bright Food en mai 2012. 维他麦集团于2012年5月被中国光明食品集团收购。

facile. Après avoir investi avec succès en Austra- Une prudence qui ne va cependant pas lie et en Nouvelle-Zélande dès 2010, le groupe empêcher les groupes agroalimentaires avait peut-être vu trop grand en s’attaquant au chinois de continuer à prospecter en France. leader français des produits laitiers, finalement « Les produits agroalimentaires français ont tombé l’année dernière une très bonne image dans le panier de l’améri- « Bien en Chine. Aujourd’hui cain General Mills. Avant qu’ambitieux, les investissements se cela, Bright Food avait concentrent essentielles champions tenté de racheter l’activité lement sur le domaine sucrière de l’australien CSR chinois de viticole. Dans les autres et le spécialiste américain l’agroalimentaire secteurs agroalimentaires, des vitamines GMC. En vain. restent prudents les acquisitions sont enAffaiblie par la crise éconocore modestes », tempère dans leurs mique, l’industrie agroaMarion Lespine, responlimentaire européenne investissements à sable des affaires institudoit-elle se méfier de cet l’étranger. » tionnelles de Limagrain en appétit chinois ? Si les Chine. Mais le potentiel est groupes agroalimentaires chinois cumulent les grand. Aujourd’hui davantage tournés vers points forts – accès aux réseaux d’information l’Asie, les investissements directs étrangers privilégiés, forte capacité d’emprunt et soutien (IDE) chinois pourraient donc affluer, d’ici gouvernemental – ils restent toutefois soumis quelques années, dans l’industrie agroaliaux mêmes lois du marché. Bien qu’ambitieux, mentaire française, reconnue en Chine pour les champions chinois de l’agroalimentaire son expérience notamment en matière de… restent par conséquent prudents dans leurs sécurité alimentaire. investissements à l’étranger. Raphaël Balenieri

été 2012 / Connexions 59


Dossier

专栏

« Les entreprises françaises ont des opportunités en Chine. » Pour Bruno Bézard, ministre-conseiller pour les affaires économiques et financières, et Carole Ly, conseillère agricole à l’ambassade de France, les Français ont des atouts à faire valoir dans le secteur agroalimentaire chinois. Connexions : Quelles sont les nouvelles opportunités offertes par le 12e plan pour les entreprises agroalimentaires françaises ? Le futur de la Chine est indissociable des transformations de son monde agricole et rural, qui regroupe encore presque la moitié de la population chinoise. Par le passé, l’agriculture a soutenu la croissance économique des autres secteurs et permis d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Cependant, le modèle agricole connaît aujourd’hui des limites fortes. Parallèlement, l’augmentation du niveau de vie a créé une demande alimentaire nouvelle et plus diversifiée, en quantité mais aussi en qualité. La Chine est ainsi redevenue importatrice nette de produits agricoles. Pour faire face à ces défis, le douzième plan quinquennal ambitionne de transformer l’agriculture chinoise en recherchant des économies d’échelle, en mécanisant, en développant des filières agro-industrielles et en intégrant les nouvelles technologies permettant de gagner en productivité et en valeur ajoutée. Ces ambitions constituent autant d’opportunités pour nos entreprises. Pour l’Ambassadeur et le service économique régional que nous représentons, le développement des entreprises françaises du secteur agricole est l’une des grandes priorités de notre action économique et commerciale en Chine. Il s’agit en effet de capter ces nouveaux besoins : -En terme d’importations de produits d’abord. La Chine peine à répondre à la demande qui porte autant sur des matières premières (viande de porc, de vo60 Connexions / été 2012

laille, orge, céréales fourragères, poudre coopération entre PME sont à recherde lait, lactosérum…) que des produits cher sur un marché dont les besoins transformés : épicerie ou nourriture in- peuvent souvent paraître disproporfantile par exemple pour ne pas parler tionnés à nos yeux d’européens. Il existe des vins et spiritueux dont le marché est dans ce domaine des exemples réussis d’entreprises qui ont su travailler endéjà bien développé. -Mais aussi pour accompagner techno- semble pour se positionner sur le marlogiquement les transformations agro- ché chinois. Votre magazine en donne d’ailleurs cer tains industrielles qui sont exemples dans le à l’œuvre sur l’amont «Le développement secteur par exemple agricole : équipements des entreprises de la mécanisation agricoles, matériel véfrançaises du agricole ou de l’élegétal, médicaments et secteur agricole est vage porcin. vaccins vétérinaires. C. : Quels sont les secMais plus largement, l’une des grandes teurs d’investissement la restructuration à priorités de notre ou de coopération les l’œuvre dans le secteur action économique plus porteurs ? agricole chinois constiet commerciale en Sans parler des tue autant d’opportuopportunités d’imnités de partenariats Chine. » por tations déjà ou d’investissements avec les grands groupes agroalimen- évoquées, la restructuration à l’œuvre taires du secteur, dont certains sont en dans le secteur agricole chinois devrait ouvrir des opportunités de partenariats phase d’internationalisation. C. : Y-a-t-il une taille minimale d’entreprise pour ou d’investissements dans les secteurs pouvoir s’implanter sur le marché chinois ? suivants où la France dispose de vraies Le marché chinois n’est certes pas un potentialités : marché facile mais il n’est pas hors de - secteurs laitiers, portée, même pour des PME. Il nécessite - santé animale et plus globalement l’élecependant une réflexion stratégique, un vage pour lequel la France dispose de grand professionnalisme, une expertise modèles alternatifs au « tout intensif », technique avérée, de la souplesse et de - chaîne du froid et marchés de gros, la réactivité. Il est également nécessaire - equipements agricoles et matériel de jouer la carte collective, notamment végétal. pour de plus petites structures, en utili- Nous ne pouvons donc qu’inciter les sant le cas échéant les organismes exis- entreprises, les interprofessions, les ortants pour ce faire tels qu’UBIFRANCE, ganismes consulaires à se mobiliser afin SOPEXA, l’ADEPTA et bien sûr la CCIFC. de saisir ensemble ces opportunités. La mutualisation des moyens et la Propos recueillis par Renaud de Spens


Dongguan Pellenc electronical & Mechanical Machinerie agricole specialisée dans l'arboriculture, la viticulture et le jardinage Pichon Matériels destinés aux secteurs agricoles et de l'industrie

Alifang/ Agrifrance Vente de matériel, formation, service après vente, conseil en implantation Association France Export Promotion des céréales françaises en Chine (blé et orge brassicole), liaisons entre les filières françaises et chinoises Comexposium Salons professionnels notamment dans l'agroalimentaire. Organisateur du SIAL en Chine. Groupama AVIC Property Insurance Seppic Intermédiaire d'affaires dans l'industrie vétérinaire notamment Sodexo Solutions et services dans le secteur de l'agroalimentaire

Blasons de Bourgogne Regroupement de 5 caves bourguigonnes Cave du Marmadais Producteur de vin

Evialis Sécurisation des matières premières, prémélange, nutrition animale

Cooperl Leader porcin français Daregal Producteur d'herbes aromatiques et culinaires France Castel Freres Producteur + activité de conseil Great Lakes Fish Production/vente d'éperlan Hennessy Spiritueux Jean Marc Brocard Producteur de Vin Latour Laguens Producteur de vin Les Grands Chais de France Producteur, marchand de vin Limagrain Leader européens de la céréale et des légumes Maison Réné Laclie Producteur, spiritueux Pair 4 Wines/Cave de lugny Négociant Bordelais / producteur vin de bourgogne SA Borie Manoux Producteur, négociant en vin SA Michel Sichel Producteur, négociant en vin

Ferme/ Producteur

Alimentation animale

Service Appui aux Entreprises CCIFC (d’après l’Annuaire des membres 2011-2012 de la CCIFC)

Machine

Services

Agriculture

Novasep Composants alimentaires Rousslot Composants alimentaires

Génétique

Bel Création et production de fromage Brioche Dorée Transformation et distribution de produits de boulangerie BSI Foods Production et commercialisation de fromages, produits laitiers, fruits de mer, chocolats Cheris Pâtisserie CNI Transformation de la gomme d'accacia de la recolte a la commercialisation Cornucopia Ice Cream Lesaffre Levure de planification, extraits de levure Monin Saveurs gastronomiques Nestlé Nespresso Café Pernod Ricard Boissons, vins, spiritueux

Transformation finale

LWC Lenne World Yangzhou conform Packaging LTD

Packaging

Activités de transformation

DT Group Logistique FATTON Logistique Transporteur FM Logistique Logistique GEFCO International Logistics Transporteur Geodis Wilson Transport et logistique GETMA International Transporteur ITS Facbry Services Logistiques NECOTRANS AATA Transporteur SAGA International Freight Forwarding Transporteur SCHENKER Transporteur SDV PRC International Transporteur

AF KL CARGO Transporteur BANSARD International Transporteur BRS China Office Transporteur CELTIC CHINA Group Transporteur China Postal Express and Logistics Transporteur CLASQUIN Beijing Office Transporteur CMA CGM Shipping Transporteur DDS Logistics Sourcing Software Transporteur DERET Logistique Asie Transporteur

Transport

Altavis Importateur et distributeur de vin Clevy China Importateur de vin DCT Wines importateur et distributeur de vin Fidelis_Wine Importateur et distributeur Grandissime Vinisource Domaine Louis Moreau Importateur et distributeur Magnum Wines Importateur et distributeur Nautillus Importateur et distributeur de thon et de crustacés OuhLaLa Importateur et distributeur de vin et spiritueux Vins Descombe Importateur et distributeur de vin Vinotâche Importateur, distribteur de vin Vitagermine Importateur et distributeur de produits organiques et diététiques

Importation CHR

Carrefour Grande distribution DIA Grande distribution DTAsia Distributeur de vin

Auchan Grande Distribution

Retail

Distribution

Alsace village Restaurant Grand Hyatt Hôtel Groupe Accor Hôtels Hilton Hôtel Hotel G Hôtel Jardin d'Olive Restaurant La Maison Bar à vin Le Saint Tropez Restaurant Lutèce Restaurant Paris Jie Restaurant Pudong Shangri-La Hôtel Restaurant école Institut Paul Bocuse Restaurant/école Restaurant Desir Restaurant The Ritz-Carlton Hôtel

Distribution

Les membres de la CCIFC actifs dans le domaine agroalimentaire

L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 61


L’actualité de la Chambre

商会简讯

L’actualité membres AREVA annonce la signature d’une série d’accords avec l’électricien CNNC (China NationalNuclear Corporation) prévoyant entre autres la fourniture d’uranium naturel sur la période 2012-2025. « Ces accords témoignent de la solidité de la relation entre AREVA et l’industrie nucléaire chinoise, dont CNNC est un acteur majeur. Ils confortent notre collaboration minière avec ce partenaire stratégique, notamment dans la fourniture d’uranium, et s’inscrivent dans la continuité des liens que nous avons déjà tissés dans d’autres domaines du cycle nucléaire », a déclaré Luc Oursel, Président du Directoire d’AREVA, à l’issue de la cérémonie de signature des contrats à Beijing. Présent en Chine depuis près de 30 ans, AREVA est un partenaire de référence de l’industrie nucléaire chinoise avec laquelle le groupe collabore dans la fourniture d’uranium naturel, la livraison de combustible nucléaire, les services aux centrales existantes et la construction de nouveaux réacteurs. Avec 15 réacteurs en exploitation, et 26 réacteurs en cours de construction, le secteur nucléaire chinois connait une croissance forte depuis plusieurs années.

Bignon Lebray : l’activité Chine, plus que jamais ! Le Cabinet confirme son choix stratégique axé sur la Chine, illustré en 2007 par l’ouverture de son bureau à Shanghai et la constitution d’équipes biculturelles basées en France et en Chine. Bignon Lebray poursuit son accompagnement des entreprises françaises s’implantant en Chine et sou-

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ADAMAS célèbre ses 20 ans de présence en Chine

© DR

AREVA signe une série d’accords miniers en Chine

ADAMAS a fêté le 25 mai dernier à Pékin, et le lendemain à Shanghai, le 20ème anniversaire de l’ouverture officielle de ses bureaux en Chine. ADAMAS est en effet le tout premier cabinet d’avocat européen à se voir accorder en 1992 l’autorisation d’exercer dans ce pays. Cet anniversaire a été célébré à Pékin avec la participation de Madame Sylvie

haite développer sa clientèle chinoise de plus en plus nombreuse, en la conseillant dans ses projets d’investissements en Europe et en France. Rémi de GAULLE, Associé depuis 1993, apportera son expertise reconnue en droit des Affaires non seulement auprès des entreprises françaises présentes en Chine, mais aussi auprès des acteurs économiques chinois avec lesquels il tisse des liens depuis plusieurs années. Bruno LEFEBURE, Associé depuis 2006, animera l’équipe du Desk Chine en France et continuera à apporter sa connaissance du droit chinois qu’il exerce depuis 12 ans (dont 10 années passées en Chine). Conseil d’entreprises françaises et européennes installées en Chine, il continuera à les suivre dans leurs activités en Asie.

BERMANN, Ambassadeur de France à Pékin, et des Hauts Responsables du Ministère Chinois de la Justice et de la Cour Suprême de Chine. A cette occasion, Madame l’Ambassadeur a rappelé dans son discours qu’ADAMAS, premier cabinet européen autorisé à exercer en Chine, a joué un rôle fondamental, non seulement pour les entreprises françaises, mais également par son engagement pour le développement des relations entre les Cours Suprêmes française et chinoise et ainsi qu’entre diverses universités des deux pays. Madame l’Ambassadeur a également souligné les actions du cabinet pour favoriser la connaissance par les opérateurs étrangers du droit chinois des affaires. Adamas est en effet, dès 1995, à l’origine de la publication en langue française d’un Code du Droit Chinois

Jacques Ferrier Architectures Forte d’une expérience dans des secteurs d’activités variés (bureaux, centre culturels, équipements publics d’envergure…), l’agence Jacques Ferrier souhaite désormais renforcer son développement au-delà des frontières françaises. Créée en 1990, l’agence Jacques Ferrier Architectures n’est plus une illustre inconnue en Chine et pour cause son activité sur le continent remonte à 2004. Cependant, c’est en 2010 que l’agence affirme son identité en réalisant dans le cadre de l’exposition universelle de Shanghai le Pavillon France. Invitant les visiteurs à découvrir la culture française au travers d’une exposition dite « sensorielle » elle s’inscrit ainsi dans la philosophie développée par l’agence, à savoir la « Ville Sensuelle ». Elle continue son développement


会员动态 阿达姆斯在上海和北京庆祝其中国代表处成立20周年 des Affaires, lequel présentait le droit chinois nécessaire à l’époque aux opérateurs étrangers. Ce code s’étoffera par la suite de véritables ouvrages touchant au droit chinois, mais cette fois dans les domaines de l’arbitrage ainsi que de l’environnement. Plus d’une centaine de personnes ont participé à Pékin à cette importante manifestation, parmi lesquelles les clients français, européens et chinois du cabinet et des représentants d’institutions publiques chinoises. Cette manifestation, à laquelle une douzaine d’associés français d’ADAMAS s’est rendue, a été suivie, à Shanghai, d’une autre célébration dans le cadre du Gala au cours duquel a été également célébré le 20ème anniversaire de la création de la Chambre de Commerce Franco-Chinoise.

阿达姆斯于5月25日在北京,5月26日在上

联系的发展做出了巨大贡献。大使女士还

海庆祝了其中国代表处成立20周年。

强调了阿达姆斯在向外国企业介绍中国商

阿达姆斯于19 9 2年即取得中国司法部颁

事法律方面所 做出的努力。事实上,阿达

发的外国律师事务所在华执业执照,是首

姆斯在19 9 5年曾出版首个法语版本的中国

家获得在华执业执照的欧洲律师事务所。

商事法典,为外国企业介绍了其有必要了

这次周年庆活动在北京举行,到场参加的

解的中国法律。该法典包括了仲裁法和环

人士包括法国驻华大使Sylvie BERMANN女

境法领域的全套中国法律。共有一百多名

士,以及中国司法部和最高法院的高级官

人士参加了阿达姆斯在北京的庆祝活动,

员。 活动现场,大使女士在其讲话中回忆

其中包括其法国、欧洲及中国的客户以及

到,阿达姆斯作为首家获准在华执业的欧

中国政府机关的代表。阿达姆斯的12位法

洲律师事务所,发挥了其重大的作用,不仅

国合伙人出席了此次活动,并出席了随后

是为法国公司,而且为法国和中国的最高

由中国法国工商会举办的年度酒会,与中

法院之间的联系以及两国诸多大学之间的

国法国工商会一起庆祝了20岁生日。

AREVA(阿海珐)在中国签署一系列

方面开展合作。中国核电工业目前的在运反

合法中文化的律师团队。百能律师事务所伴

矿冶协议

应堆有15 座,在建反应堆有26 座,最近几

随希望到中国投资的法国企业,为其提供相

阿海珐宣布同中核集团(CNNC)签署了一系

年一直呈现大幅增长态势。

关法律咨询,并希望发展中国客户,为中国 客户到欧洲和法国投资提供相关法律服务。

列协议,尤其包括从2012 年至 2025 年供应 天然铀的协议。

百能律师事务所:蓬勃发展的中国

海谧•戴高乐律师于19 93年成为法国百能律

“这些协议显示阿海珐同以中核集团为佼

业务

师事务所合伙人,在商法领域为对中国投资

佼者的中国核电工业之间的牢固关

系。这

为了扩展百能律师事务所在中国的业务,法

的法国企业以及中国企业和经济实体提供

些协议还加强了阿海珐同这一战略合作伙

国百能律师事务所正式任命海谧•戴高乐律

相关专业法律咨询和服务。海谧•戴高乐律

伴的铀矿开采合作关系,尤其

是在铀供应

师(Rémi DE GAULLE)作为法国百能律师事

师与多家中国企业和经济实体有着多年的

领域,并且同我们已经在核循环其他领域形

务所驻中国上海代表处的首席代表,乐逸飞

交往。乐逸飞律师于2006年成为法国百能

成的联系相一致”,吴 赛先生在合同签字仪

律师(Bruno LEFEBURE)作为巴黎总部中国团

律师事务所合伙人,根据其拥有的在中国法

式结束时说。

队负责人。

领域的长达12年的实践经验(乐逸飞律师在

阿海珐在中国发展已有近30年,是中国核电

百能律师事务所已经证实其以中国业务为重

中国工作10年之久)主持巴黎总部的中国团

工业的领先合作伙伴。阿海珐集

团同中国

点的战略选择。2007年,百能律师事务所在

队的工作。乐逸飞律师为在中国投资的法国

核电工业在天然铀供应,核燃料供应,对现

中国上海市成立了代表处,并在法国和中国

公司和欧洲公司提供法律咨询和服务,并继

有核电厂和新建反应堆的建设提供服务等

组建了一支由法国律师和中国律师组成的融

续发展其亚洲业务。

été 2012/ Connexions 63


L’actualité de la Chambre

商会简讯

L’actualité membres en Chine en travaillant notamment sur des projets tels que le lycée français international de Pékin et vient récemment d’être désignée lauréate pour l’extension du Musée d’Histoire Naturelle de Pékin. L’ouverture d’une agence en Chine apparaissait donc comme une suite logique. Par ailleurs et toujours dans une dynamique de développement international l’agence est maintenant membre de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine. Initiative qui saura lui permettre de développer de nouveaux projets.

Inauguration de la forêt Mazars à Kulun Qi Dans le cadre de son soutien au projet de reforestation de Shanghai Roots & Shoots, Mazars s’est engagé à planter 5 000 arbres (formant la forêt Mazars) pour compenser partiellement son empreinte carbone. C’est dans cette optique que neuf collaborateurs des quatre bureaux de Mazars en Chine se sont rendus en Mongolie intérieure (20 - 23 avril) : contribuer au projet de l’ONG de planter un million d’arbres d’ici à 2014 pour combattre la désertification à Kulun Qi (Mongolie Intérieure). Durant ce périple, les participants ont bradé leur costume d’auditeur contre celui de jardinier pour planter des peupliers et élaguer les arbres plantés en 2007, avant de revêtir la blouse du professeur pour dispenser un cours de sensibilisation environnementale aux élèves de l’école locale. Ce voyage a également permis aux collaborateurs Mazars, devenus ambassadeurs, de constater par eux-mêmes les conséquences dramatiques du changement climatique. La politique PSR (Partnership Social Responsibility) de Mazars ne repose pas uniquement sur le soutien aux projets environnementaux mais affiche une forte volonté de jouer un rôle actif en tant qu’auditeur engagé dans le développement durable.

64 Connexions / été 2012

会员动态 Jacadi Paris, ouvre sa 30eme boutique en Chine

蒙古参与植树活动(4月20至23日),支持“

Jacadi Paris la marque emblématique de la mode enfantine transmet l'élégance à la française partout dans le monde. Jacadi Paris réechante les codes intemporels du bon goût et transmet les valeurs d'éducation et de respect. Jacadi Paris, ouvre sa 30eme boutique en Chine : Shanghai Xintiandi, 119 Madang road, pres de Taicang lu, contact: 021-63012885 Nous vous invitons à découvrir la Nouvelle Collection été 2012 dans un intérieur de maison de famille à la française.

一百万棵树减缓 库伦齐的荒漠化现状。玛

Jacques Ferrier 建筑事务所 Jacques

Ferrier建筑事务所在建筑领域方面

有着丰富的经验(例如办公楼、文化中心及 公共设施的建设),如今他们希望开拓海外

上海根与芽”的造林项目:在2014年前种植

泽捐献5,000棵树(建立「玛泽森林」),作 为集团每年碳排放量的部份补偿。参加者 在旅程中换下会计师西装,穿上园丁服,种 植杨树,修剪于2007年种植的树木,再换上 教师装束为库伦齐当地学生教授环保意识 课题。对玛泽员工而言,能亲眼看到气候变 化造成的严重后果,并成为提高身边人环境 意识的大使,是个难能可贵的经验。作为社 会责任合作关系政策的一部份,玛泽不仅支 持此环保计划,亦积极地发挥其「可持续发 展」审计师的作用。

亚卡迪法国,中国第30家店铺开业 亚卡迪法国,象征儿童时尚的品牌,将法国 式的优雅传遍全世界 亚卡迪法国,永恒的灵感来自于品味与传播

市场。 成立于19 9 0年的Jacques Ferrier建筑事务所 在中国却不甚出名,因种种原因直至2004 年其业务范围才有所涉及中国。然而,他们 在2010年世博会上设计的法国馆使其声名 鹊起。秉承“性感城市”的理念,他们以一 场名为“感官”的展览引领游客体验法国文 化。他们其后在中国持续发展发展,例如建

教育和尊重的价值 亚卡迪法国,中国第30家店铺开业 上海新天地, 马当路119, 进太仓路, 电话:021-63012885 我们邀请您来光顾设计灵感来源于法国居 家布置的店铺,在这里发现2012夏天的新

品。

造北京法语国际学校,以及最近获得的北京 自然历史博物馆扩建项目。 因而Jacques

Ferrier建筑事务所在中国成立

办事处显得水到渠成。一直活跃于国际市场 的该事务所如今是中国法国工商会成员之 一,这也带给他新的发展机遇。

玛泽森林在库伦齐的开幕礼 来自玛泽四个中国办事处的九位员工前往内

Communiquez sur votre actualité en Chine ! Membres de la CCIFC, envoyeznous vos communiqués de presse à l'adresse : pressrelease@ccifc.org La CCIFC se réserve le droit de publier les communiqués et de les modifier selon sa ligne éditoriale.


Actualités

简讯

Service Appui aux Entreprises

企业支持

Service de commercial à temps partagé La CCIFC a lancé depuis début mars un nouveau service de commercial à temps partagé. Le commercial à temps partagé aura pour rôle principal de prospecter, négocier les contrats, suivre les ventes et les contacts et faire un reporting mensuel à l’entreprise commanditaire. Il sert d’interface tout comme un agent com-

mercial indépendant mais bénéficie du réseau CCIFC et travail de manière tout a fait transparente. Une solution plus sûre et plus efficace pour lancer et maintenir ses ventes exports Chine ! Durée minimum du service : 5 jours par mois (4 jours de prospection + 1 jour de reporting)

Urumqi, Ville d’Avenir - 18 et 19 octobre Après 2 saisons en partenariat avec Ubifrance, la CCIFC poursuivra en 2012 Villes d’Avenir sur 3 destinations avec un nouveau partenaire et une nouvelle formule. Cette nouvelle version de Villes

5th Multinational Corporations Leaders Roundtable La CCIFC a eu le plaisir de mener une délégation française pour le « 5th Multinational Corporations Leaders Roundtable » du 22-23 juin au China World Summit Wing à Pekin composée des entreprises suivantes : Alstom, Areva, BNP Paribas, Calyon, EADS, EDF, GAC-SOFINCO, Gide Loyrette Nouel, Richemont, Safran, Total. L’objectif de cette conférence organisée par le China International Council for the Promotion of Multinational Corporations (CICPMC) et plusieurs organisations des Nations Unis est de promouvoir l’investissement des entreprises multinationales, de renforcer la responsabilité sociale des entreprises et de faciliter le développement durable. Conduite par Mme. Annick de Kermadec Bentzmann, présidente de la CCIFC, la délégation a rencontré M. Zheng Wantong, Vice Chairman duCPPCC and Président du CICPMC. M. Jia Qinglin (Chairman CPPCC, quatrième dans la hiérarchie du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois (PCC)) était aussi présent à la cérémonie d’ouverture.

新业务:商务代理 Durée minimum d’engagement : 3 mois Durée du préavis : 1 mois Tarif : 7 500 RMB / mois* *hors commissionnement à négocier avec l’entreprise et hors note de frais liées à l’activité commerciale. Contact : Guillaume Bonadei bonadei.guillaume@ccifc.org

明日之城未来市场-乌鲁木齐,10月18-19日

d’Avenir permettra aux participants de maximiser leurs chances de succès en ouplant des villes en fort développement à des secteurs stratégiques. La CCIFC et son nouveau partenaire

assureront également le suivi des rencontres afin de transformer au mieux les rencontres en business. Contact : Guillaume Bonadei bonadei.guillaume@ccifc.org

Business Climate Survey 2012 in partnership with

Conducted by CCIFC and in partnership with Ifop, the Business Climate Survey 2012 is the first most representative independent business survey of its kind. An invitation to answer the survey will be sent soon to the representatives of French companies in China. Please note that your information will be treated in the strictest confidence. The results summary will be presented in September 2012 and will provide interesting feedbacks on how French companies view the business environment in China. By answering the survey, you may have a chance to win an Air France round-trip flight China/France! With the support Contact: Flore Coppin, Communications Director - coppin.flore@ccifc.org

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L’actualité de la Chambre

商会简讯

L'actualité des Antennes Shanghai 上海 Déjà 62 nouveaux membres nous ont rejoints à Shanghai ! 上海已经有62名新会员入会 !

Nouveaux Membres

新会员

ACTE International, AES-International Consulting Co Ltd (Shanghai), AES-International Consulting Co Ltd (Suzhou), Asia BioBusiness Consulting Ltd, Aufinia Consulting Limited, Auria Life, Bassetti China, Baudry & Partners, BERNARDAUD, Bluestar AMG, Bole Associated Limited, CAUDALIE, Centdegres, Chine Facile Co Ltd, Claude Colucci Design, Controlsys, Creastyle, Dagobear, DHD Holding Limited, EMBALL’ISO Cold Chain Technology (Shanghai) Co Ltd, Fa Shi Na Information Technology (Shanghai)Co Ltd, Fagor Trading (Shanghai) Co Ltd, Francois de Yrigoyen, GEFCO International Logistics (China) Co Ltd, Gmet Limited, Groupe 8 Complus, Groupe Val d’Orbieu, Guy De Clery Shanghai Co Ltd, GYS China, HONGBOX, Inmind Conseil, IT LOG LTD, Jacques Ferrier Architectures, Kitchen Spring, L Development & Management (Shanghai) Ltd, LCI (Shanghai) Information & Consulting Co Ltd, Liu Ping, MusicMatic Asia, Netk5, OC &C Strateg y Consultants, Pacific Prime International Ltd., Paris, 16eme Nord, Pierre-Armand FIEVET, POCLAIN HYDR AULICS (Shanghai) Co Ltd, POP GROUP(SH A NGH A I) Trading Co.;ltd, PRAGMATY, Qualipac China Co Ltd, Renault SAS Shanghai RO, Sephora (Shanghai) Cosmetics Co.;Ltd, SFA China (Ningbo Shufan Sanitary Ware & Bath Equipement Co Ltd), Shanghai CP, Sinostrat Solutions, Sorgem China, Spasso China, Sydney D Footwear Ltd, Telma Vehicle Braking Systeme (Shanghai) Co Ltd, The True Training by Durga-ji, Unique, the difference, Wayma Software (Ningbo) Co Ltd, William VOLCOFF, W INSTON& STR AW LLP, WOR MS Asisa Ltd.

66 Connexions / été 2012

商会各地动态

14 Juillet 2012 2 012年7月14日法国国庆 En présence de Monsieur Emmanuel Lenain, Consul Général de France à Shanghai, et de Madame Annick de Kermadec-Bentzmann, Présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine. Ce 14 Juillet 2012 dès 19H30, venez célébrer la Fête Nationale Française au Shanghai Marriott Hotel City Centre ! Laissez-vous conquérir le temps d’une soirée par le charme des nuits parisiennes et ses spectacles voluptueux tout en savourant des millésimes et un buffet exquis à la française.

Shanghai : Gala 2012 上海2012年年度晚宴

Chers Membres et Chers Amis, Ce 26 mai 2012, le Gala 2012 de la CCIFC Shanghai a rassemblé près de 800 invités afin de célébrer son 20e anniversaire ! Le précieux soutien de nos partenaires nous aura permis d’offrir à nos convives une soirée inoubliable et exceptionnelle marquée par le charme de 5 Miss spécialement venues de France pour cet événement. La CCIFC renouvelle ses remerciements aux entreprises sponsors : Citroën, Adamas, BNP Paribas, Ernst & Young, Le Bo Couture, 16ème Nord, AST Consulting, OPEN Information Technology, Carrefour, Faurecia, Gide Loyrette Nouel, Imerys, Robert Wan, Saint Gobain, Areva Cast, Eramet, Eurocopter, NMW Avocats, SweetPearl, Veolia. Les sociétés suivantes pour leurs généreux dons et apports en nature : ASC et Champagne Barons de Rothschild pour le Champagne, Val d’Orbieu pour ses millésimes, Grand Marnier pour son cocktail spécial anniversaire, G2S Creative Workshop pour la création de la vidéo célébrant les 20 ans de la CCIFC et pour les interviews réalisées de S.E.Mme l’Ambassadeur de France en Chine, Mme Sylvie BERMANN, Monsieur Emmanuel Lenain, Consul Général de France à Shanghai et Madame Annick de Bentzmann, Présidente de la CCIFC et le Groupe Accor pour l’accueil des Miss durant leur séjour à Shanghai. Une mention particulière va aux entreprises ayant fait des cadeaux pour la Lucky Draw : Cartier, Dior, Groupe Accor, Robert Wan, Christofle, Le Bo Couture, L’Oréal Yue Sai, Champagne Barons de Rothschild, Val d’Orbieu et le GIE Tahiti Tourisme.

Un remerciement particulier à la célèbre Jin Xing pour l’animation de la soirée et à la soprane francophone Qiu Shuwei pour son interprétation de la Vie en rose. Un remerciement spécial à Mane pour son parfum spécial 20 ans de la CCIFC, à Yue Sai et l’Oréal et à Melody Paris pour son chocolat spécialement gravé pour l’anniversaire de la CCIFC. La CCIFC tient aussi à remercier les entreprises et artistes ayant contribué à l’animation de la Soirée : 16ème Nord pour sa collection élégante pour homme, Pronuptia pour ses somptueuses robes de mariée, Le Bo Couture pour son défilé Haute Couture, Robert Wan pour les parures en perles noires de Tahiti des Miss, des Mannequins et des VIP, le comité Miss France et l’Agence 53-11 pour les défilés et le Show des Miss, Franck Provost pour les coiffures des Miss, des mannequins et de nos VIP, Yue Sai pour le maquillage de S.E.Mme l’Ambassadeur de France en Chine, des Miss, des mannequins et de nos VIP, Paloma Sanchez pour les bijoux du défilé des Miss en maillot de bain, la CCISM et les danseuses tahitiennes pour leur ballet polynésien. Nous tenons à remercier également les entreprises et personnes ayant contribué à l’organisation de la soirée : L’artiste Anqi Lin pour la création artistique de tous les supports de communication, Altavia pour l’impression de haute qualité de tous les supports de communication, DBX International pour la conception et la réalisation de l’aménagement scénographique, Parishine pour le son et lumière et Cedric M pour la couverture vidéo de la soirée. Madame de Bentzmann, Monsieur Manuel Deleers et les élus pour leur contribution à l’organisation de cette soirée anniversaire. Merci à vous !


été 2012/ Connexions 67


L’actualité de la Chambre

商会简讯

L'actualité des Antennes

商会各地动态

Pékin

北京 Déjà 423 membres nous ont rejoint en 2012 !

Fête du 14 juillet

7月14日法国国庆日

le vendredi 13 juillet 2012, sur invitation

请持请柬出席,2012年7月13日(周五),新法国大使官邸

2012年已经有423名会员入会 !

La célébration de la Fête nationale française à Pékin aura lieu cette année pour la première fois dans les salons et jardins de la nouvelle Résidence de France à Pékin le vendredi 13 juillet. Une journée organisée par l’Ambassade de France en Chine et la Chambre de Commerce et d’Industrie française en Chine au cours de laquelle la communauté française de Pékin, ses partenaires, amis et officiels chinois se réuniront à la nouvelle Résidence de France à Pékin

Nous remercions nos partenaires :

OR

PlatinE

Nouveaux membres du Comité de Patronage 新特别支持委员会会员

Airbus China (Aviation), Dassault Systèmes (IT).

Nouveaux membres

新会员

AES International (Consulting), Atos Information Technology (China) Co., Ltd (Information Systems), Bodinier Régis (Communications, advertising, PR), CFP Asie (Education/Recruiting), China Institute (Consulting/Non Profit), Maxim’s de Paris (Entertainment Restaurants), Sinotrad (Other Professional Services), SparkleJade Industrial Sourcing China (Aeronotics/Industry), Terra Lorraine (Consulting), Them (Software/Information Systems), Vossloh Cogifer (Machinery).

Nouveaux domiciliés 新入驻企业

ARGENT

Conseil Régional des Pays de la Loire (Regional Representation), L’esprit des vignes (Wine and Spirits).

Gala 20 ans CCIFC le 24 Novembre

Bronze

11月24日法商会20周年年度晚宴

EN NATURE

婕妮璐

c:98 m:79 y:0 k:0 c:5 m:85 y:61 k:0

68 Connexions / été 2012

La CCIFC célébrera son 20ème anniversaire le 24 novembre prochain au Sofitel Wanda à Pékin lors d’un évènement placé sous le signe de la Haute Couture. La designer Guo Pei nous présentera ses créations exceptionnelles. Ne manquez pas cette soirée exceptionnelle. Plus d’information très prochainement… Si vous souhaitez célébrer vos 20 ans en Chine avec nous, faites nous signe des maintenant ! Contact : Sophie Lavandier lavandier.sophie@ccifc.org).


GLOBAL MANAGER PROGRAM 国际经理人特训

Among your team, you have certainly identified High Potential Managers and you wonder: How to retain and keep them motivated? How to recognize and reward them in your organization? How to improve their management skills and performance?

O b ject i ves

The Global Manager Program will provide participants with a solid and sound knowledge of the foundations of general management skills and business practices while preparing them to deal with the complexity of the current global environment.

Co n te n t s

The program is composed of 5 modules (2 days each): Strategic management Key aspects of Financial Accounting and analysis Marketing Motivate your team Leadership and coaching

Targe t Part i c i pan t s

This program has been specifically designed for functional management who have been identified as having high potential and whose next career step implies broader managerial responsibilities or a supervising position within their current organization (cross-functional project, business unit, department, branch, etc.), such as: HR managers, marketing managers, team managers, project managers, product managers, engineers…

BE IJIN G Calen dar

A 10 days program on 3 months: 5 sessions: Module 1 Strategy Management Module 2

October 8-9, 2012

Key aspects of financial Accounting and analysis

October 29-30, 2012

Module 3 Marketing Management

November 12-13, 2012

Module 4 Motivate your team

November 29-30, 2012

Module 5 Leadership and coaching

December 10-11, 2012

S HAN G HAI Calen dar Module 1 Strategy Management Module 2

October 11-12, 2012

Key aspects of financial Accounting and analysis

November 1-2, 2012

Module 3 Marketing Management

November 15-16, 2012

Module 4 Motivate your team

November 26-27, 2012

Module 5 Leadership and coaching

December 13-14, 2012

INVEST M ENT

*42 000 RMB/Member,

Fac i li tators

*52 000 RMB/Non member

Teachers and experts come from ESCP Europe (ranked 3rd worldwide by Financial Times for its Master in Management in 2011) and have been selected by the Paris Chamber of Commerce and Industry.

* The price includes: training fees, educational material, coffee breaks, lunches and tax.

At the end of the program, participants will receive an official certificate from the Paris Chamber of Commerce and Industry.

CO NTACT

Pl ace

CCIFC Beijing Office CCIFC Shanghai Office

Deadline for registration: August 31st, 2012

BEIJING: Hailing HUANG Tel: + 86 (0) 10 6461 0260 *40 E-mail : huang.hailing@ccifc.org SHANGHAI: Sandrine DELNEGRO Tel: + 86 (0) 21 6132 7100 *132 E-mail : delnegro.sandrine@ccifc.org

été 2012/ Connexions 69


L’actualité de la Chambre

商会简讯

Pékin

北京

© DR

QINGDAO

Qingdao, le dynamisme de la communauté d’affaires française Le 8 juin 2012, la CCIFC a organisé à Qingdao une journée d’échanges pour les entreprises française installées dans la région. Objectif de la journée « Echanger entre nous, mieux se connaître et partager nos problèmes, solutions et contacts ». Près de trente dirigeants d’entreprises, représentant 24 entreprises basées à Qingdao, dans le Shandong et même à Yantai, se sont retrouvés pour cette journée exceptionnelle organisée par le représentant de la CCIFC à Qingdao, Olivier Baleix (société Impacct) et Maxime Lacroix (société Atherm). Visite de l’usine d’Evialis La journée a démarré par une visite de l’usine d’Evialis, du Groupe InVivo NSA. Pionnier de l’alimentation et de la santé animales avec plus de 60 ans d’expertise, InVivo NSA se situe aujourd’hui parmi les leaders mondiaux du secteur. La filiale Evialis Shandong (www.evialis.com.

70 Connexions / été 2012

cn) est implantée à Qindao depuis 2007 et est composée d’une usine de production et d’un laboratoire d’analyse performant. Evialis Shandong met au cœur de sa stratégie le contrôle qualité, la traçabilité et la sécurité alimentaire pour conquérir des parts de marchés dans le secteur des productions animales chinois. Après une présentation générale de la société, les participants ont pu découvrir la chaîne de production et de commercialisation du « Prémix » (mélange de vitamines et oligoélements pour les animaux). La visite s’est ensuite poursuivie dans le laboratoire d’analyse physico-chimique et microbiologique dans les domaines couvrant l’ensemble de la chaîne agroalimentaire : l’alimentation animale, l’alimentation humaine, la diététique et les nutraceutiques.

Après-midi ateliers de travail Après le déjeuner, l’après-midi a été consacré à plusieurs présentations et ateliers de travail pour échanger sur les problématiques concrètes rencontrées par les entreprises dans cette région. Un premier atelier Ressources humaines a permis d’échanger sur les questions de recrutement. De formation et de salaire. Où recruter ? Quels niveaux de salaire proposer ? Comment fidéliser ses collaborateurs ? Pour apporter des éléments de réponses, la société Jingshang Qingdao (Swarowski) a présenté comment elle s’y est prise pour recruter et former un gros effectif industriel sur une courte période. La société Defontaine Qingdao a ensuite présenter son programme de fidélisation du “middle management” qui passe notamment par la formation des collaborateurs. Un deuxième atelier a porté sur le financement des entreprises. Coface a présenté ses solutions d’assurance crédit. La Société Générale a présentation l’organisation du système bancaire chinois et les dispositifs d’accompagnement de l’activité des PME françaises en Chine Enfin, les échanges ont aussi porté la préparation de chaque entreprise sur la nouvelle loi de sécurité sociale pour les étrangers ainsi que des mesures de prévention face aux risques accrus de fraudes et piratage sur internet. Objectif atteint pour cette journée qui fut un réel succès. Prochain rendez-vous pris à l’automne. Sophie Lavandier Responsable événementiel-sponsoring

La CCIFC à Qingdao Pour toute information sur les activités de la CCIFC à Qingdao, contactez le représentant local de la Chambre, Monsieur Olivier Baleix : baleix.olivier@ccifc.org


Chine du Sud INTERWINE à Canton du vendredi 25 au Dimanche 27 Mai 2012 Le Pavillon France organisé pour la première fois par la Chambre sur le salon Interwine (spécialisé pour les vins et spiritueux) a réuni 6 producteurs et importateurs français du 25 au 27 Mai à Canton pour cette 8ème session. Nous avons eu le plaisir d’aider les sociétés La Gamme Beaujolaise, BirkedalHartmann, SARL B com C, Château de Chambert, Onlywines et Sinoexport à promouvoir leur vins et spiritueux en Chine du Sud. Cette volonté pour la CCIFC d’accompagner des entreprises sur Interwine s’explique par l’appétit croissant des provinces du Sud de la Chine pour la consommation de vin et spiritueux importés. En effet, la consommation de vin en Chine a déjà été multipliée par deux entre 2005 et 2009 et cette croissance devrait se poursuivre à un

rythme de 20% par an d’ici 2014 plaçant ainsi la Chine en 6eme position parmi les pays consommateur de vin. Et bien que ces vins soit encore essentiellement Chinois, l’importation de vin étranger est en pleine expansion, avec une croissance annuelle de 67,7%. Interwine a cette année attiré 31 642 visiteurs professionnels grâce à ses 593 exposants répartis sur 1081 stands pour présenter leurs produits du terroir. Témoignage de Frédéric Ly, directeur de la société Onlywines, importateur de vins français et exposant sur le Pavillon France à Interwine : « La présence sur ce salon nous a permis d’augmenter notre notoriété. De plus la mise en place d’un stand CCIFC met en valeur notre force et rassure les visiteurs concernant la provenance et la qualité des vins, et nous profitons de tarifs préférentiels. Tout le monde est gagnant. Nous pensons que le stand était très bien placé. Sur le salon nous avons eu une bonne assistance de l’équipe de la CCIFC et nous

© DR

CANTON

华南

serons ravis de participer à la prochaine session d’Interwine ». La CCIFC organisera le prochain Pavillon France sur Interwine à Canton du 14 au 16 Novembre 2012. Pour plus d’informations, contacter Alexandre Beaudoux beaudoux.alexandre@ccifc.org

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L’actualité de la Chambre

商会简讯

Chine du Sud

华南

SHENZHEN 1 an du Club R&D de Shenzhen Le 6 Juillet 2012, La Chine du Sud a fêté les 1 an du Club R&D. Cette journée a été marquée par des débats entre industriels et la visite d’entreprises chinoises et françaises. Des délégations de l’ambassade de France à Pékin et du consulat de Shanghai de se joints à cet événement qui s’est clôturé par un cocktail dinatoire.

Mission annuelle PFCE les 21 et 25 mai L’Association Partenariat France Chine Electricité (P.F.C.E.) a pour objectif de promouvoir des PME/PMI françaises dans la réalisation du programme nu-

Chine de l’Ouest CHENGDU Le bureau de Chengdu 成都联络处成立

La CCIFC a ouvert son bureau de Chengdu le 6 février 2012 avec Hervé Lambelin comme Directeur. Depuis juillet 2011, la Chambre était déjà représentée dans cette ville par Mme Marie Yi. Le bureau, situé dans le quartier des affaires de Chengdu, s’appuiera sur une étroite collaboration avec les autres chambres européennes déjà présentes pour se développer. Le bureau couvre les provinces du Sichuan, Hubei, Hunan, Guizhou et la muncipalité autonomne de Chongqing. Contact : Hervé Lambelin Directeur du bureau lambelin@ccifc.org

Nouveaux membres

新会员

Atoutibet (travel tourism services), ADEN services (engineering), AES- International Consulting, Bug Tracker Group (IT), CFP

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cléaire chinois, en particulier à travers l’implantation d’unités en Chine et la création de partenariats entre entreprises françaises et chinoises dans les domaines de la conception, de la fabrication, de la construction, de la mise en service, et de la maintenance des centrales nucléaires de production d’électricité. Sous la direction de Mr Jean Claude PRENEZ Président et PIAP Director d’EDF les missions annuelles ont pour objectif de visiter : les sites nucléaires en CHINE, des entreprises françaises, de pouvoir le savoir faire français et d’échanger avec les partenaires chinois. Cette année la délégation a pu rencontrer des acteurs marcheurs dans le domaine du nucléaire, bureau NDRC à Guangzhou, directeur du site Yangjiang

M.Jiang, a Dajing l’assistant manager de TNPJVC M.Liu Haijun.

Nouveaux membres

新会员

DK Multimedia, AES-International Consulting, PFCE, ADEN, Qualipac Ltd, SAGA International Freight Fowarding CO, Proralu Marine, Norev SA , Overseas Engineering Limited, Media 6, Vin Excellent, Enza, Hamelin, Bigben Interactive

Fête nationale le vendredi 13 juillet Détente et convivialité sont les mots d’ordres pour cette soirée au Seaword/ Shehou.

西部 Asie (education-training), Desir (restaurant), Ecole Francois (education- training), ParexDavco (construction materials), PCM (environmement), Sparkle Jade (machinery)

Les conférences CCIFC Depuis son ouverture, le bureau de Chengdu a organisé des conférences à destination de la communauté d’affaires française et en partenariat avec les chambres britanniques et allemandes. Ainsi, le 24 avril, Sébastien Jouin, Délégué du Service Economique du consultat à Chengdu a présenté aux représentants des entreprises une conférence sur le thème : les prévisions économiques nationales à lumière du contexte économique en Chine du Sud-Ouest. Le 15 juin une dizaine de participants ont participé à la présentation de M. Rodriquez de la société Aden Service sur le thème de la sécurité alimentaire en Chine. Le même jour, M. Eric Tarchoune de la société Dragonfly Group a donné une conférence sur le thème du leadership en Chine.

Nouveau rédacteur en chef pour Connexions 《联结》杂志新任主编 Renaud de Spens, sinologue et journaliste, ancien attaché de presse à l’ambassade de France en Chine, a rejoint l’équipe de la CCIFC pour être rédacteur en chef de Connexions. Il a aussi pour mission de concevoir et lancer une nouvelle version du site internet de la Chambre.



Magazine

杂谈

Forum Travailler Ensemble : le 14 juin à Canton Après Pékin et Shanghai, le Forum Travailler Ensemble initié en 2009 s’est déroulé le 14 juin dernier à Canton. Une première en Chine du Sud, organisé par la Jeune Chambre Economique des Français de Canton. personnes qui le font à leurs heures perdues) le prépare. Nos partenaires de la CCIFC et d’Ubifrance ont également aidé à l’organisation.

Vaizoue Huynh, présidente de la dynamique association et élu du bureau de Chine du Sud de la CCIFC a répondu à Trait d’Union. Trait d’Union : Quel est le principe du Forum Travailler Ensemble ? Vaizoue Huynh : La première édition du Forum Travailler Ensemble a eu lieu le 16 Janvier 2009. C’était une initiative menée conjointement par la Jeune Chambre Économique des Français de Pékin, la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine, la Mission Économique et la section Chine des Conseillers du Commerce Extérieur. Ce Forum est né du constat que les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) et grands groupes français en Chine ne travaillaient pas suffisamment ensemble et qu’il était important de développer une solidarité commune entre ces entreprises. Pour l’édition de Canton, cela fait déjà plusieurs mois qu’une équipe de quatre personnes (une stagiaire, et trois

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T.d’U. : Concrètement, qu’apporte ce forum ? V.H. : Concrètement le Forum Travailler Ensemble apporte une visibilité nationale aux entreprises présentes. Nous avons eu des sociétés de Shanghai, Pékin et même Hong-Kong qui ont participé à ce Forum car elles savent que cela fonctionne et leur amène une image positive en les associant à un évènement dynamique et utile. Cela permet avant tout de se faire connaitre des autres acteurs économiques français implantés en Chine de deux manières : avant le forum, grâce à toute la communication mise en place autour de l’évènement. Nous prenons le parti, une fois les entreprises inscrites, de parler d’elles, d’en faire mention dans nos courriels, d’afficher leur descriptif sur notre site... Ensuite le jour du forum toutes les entreprises inscrites ont reçu un livret avec l’ensemble des participants présents, ainsi que leurs contacts. Après le forum de nombreuses entreprises restent en contact et continuent de bénéficier du rayonnement de l’évènement. Le Forum a également permis de créer des partenariats, de rencontrer directement les personnes pour apporter des solutions concrètes. Ce n’était pas un simple networking : les rendez-vous étant ciblés à l’avance les participants ont pu aller directement au cœur du sujet. Nous avons l’exemple d’une société de contrôle qualité qui a participé au Forum de Shanghai qui est aujourd’hui partenaire d’un grand groupe français et toujours en négociation avec un autre. Un

des autres avantages du Forum est aussi de faire des rencontres auxquelles on ne s’attend pas. Vous pouvez obtenir des conseils dans tous les domaines : assurances, aides juridiques, design, communication, packaging... et aussi bénéficier de nombreux services tels que le placement de stagiaires. Cette édition était une première en Chine du Sud ? V.H. : Oui! Créée en 2010, la Jeune Chambre Economique des Français (JCEF) de Canton est la plus récente des JCEF de Chine. Jusqu’à maintenant nous avions organisé un concert de charité, des événements fédérateurs plutôt à caractères festifs. Aujourd’hui, de plus en plus de nos membres sont confrontés à des problématiques qui peuvent être résolues en discutant avec d’autres qui ont connu des difficultés similaires. Il était logique, deux ans après notre création, d’organiser ce Forum Travailler Ensemble qui a déjà fait ses preuves à Pékin, Shanghai, Hong-Kong, Singapour et Bangkok. Une trentaine d’entreprises ont répondu à notre invitation et de nombreux contacts se sont créés, certaines participaient pour la première fois à ce genre de manifestation. De plus, nous l’avons organisé dans un cadre très convivial facilitant ainsi les rencontres et les interactions entre participants. Propos recueillis par Philippe Dova et Catya Martin (Trait d’Union)


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Magazine

杂谈

Lu Yanpeng Paysages interdits

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ce gris livide et cesser de vouloir tout voir. Paysages interdits qui imposent une distance que certains ressentiront comme dérangeante, en pensant qu’elle les condamne à ne plus rien voir. Inter-dit : le mot en français prend toute sa force : ce qui est dit « entre » et qui oblige à ne pas tout prendre, tout consommer, que ce soit par le regard, le geste, ou la parole. Les paysages de Lu Yanpeng apparaissent comme « interdits », non pas au sens où nous n’aurions pas le « droit » de les voir et d’y pénétrer, mais parce qu’en s’y promenant, le regard éprouve qu’il ne voit que dans la mesure où il ressent, et que la distance, loin d’abolir l’émotion, la rend possible.

Christine Cayol

Exposition actuelle : C’était le printemps de Claire Tabouret, lauréate du Prix YISHU 8 Du 2 juin au 1er septembre 2013 YISHU 8 N°20 (Jia) Dong Huangchenggen Bei Jie, Dongcheng District, Beijing +86 (10) 6581 0958 www.yishu-8.com

© DR

Lu Yanpeng est un artiste chinois de 28 ans, premier prix du 11ème festival de photographie de Pingyao. Deux expositions lui ont été consacrées à YISHU 8 et certaines de ses œuvres y sont toujours présentées. Ses œuvres sont déjà entrées dans des collections prestigieuses comme celle de Gilles Fuchs et de l’Adiaf Voir et donner à voir : au début du 20 ème siècle, la technique photographique prenant le relais de la peinture nous assurait le pouvoir de nous approprier le monde rien que par nos yeux ! Le photographe allait mieux que le peintre témoigner de la réalité visible, attester de sa force ou de sa fragilité, l’interroger et la dénoncer. Avec le travail de Lu Yanpeng, quelque chose s’inverse, se joue de façon radicalement différente. Le Palais impérial que tout le monde connaît y est montré de loin, selon une profondeur de champ qui fait penser au cinéma, et qui nous interdit de nous en approcher. L’ensemble paraît flou, mis volontairement à distance, d’une autre époque. Cité interdite au regard, le vide, et la brume qui le rend perceptible occupent ici le tiers de l’image, nous n’avons donc pas le choix, habiter ce vide, plonger dans

© Lu Yanpeng

La photographie, qui a pour mission de donner à voir, se trouve avec Lu Yanpeng détournée dans un geste poétique où le recours à l’argentique et au papier traditionnel permettent de voir autrement.

Lu Yanpeng

卢彦鹏


© Lu Yanpeng

© Lu Yanpeng

© Lu Yanpeng

© Lu Yanpeng

photographie 摄影

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Magazine

杂谈

78 Connexions / été 2012


Bande dessinée 连环画

La balade de Yaya Bande dessinée franco-chinoise Chine 1937. Les Japonais entrent dans Shanghai et poussent à l’exode des milliers de Chinois et d’Occidentaux retranchés dans les concessions.

La série

Le Tome 5

Au coeur de ce chaos déclenché par les combats, deux enfants vont se lier d’amitié, alors que tout semblait les séparer : Yaya est la fille d’un riche commerçant chinois, et Tuduo est un gamin des rues. Les deux jeunes héros vont nous mener de Shanghai à Hong Kong, traversant une Chine en guerre, à la recherche des parents Yaya.

Avec l’aide de Chan, Yaya et Tuduo ont enfin réussi à s’échapper de l’île aux perles. Mais ils vont devoir être plus soudés que jamais : Tuduo souffre d’une étrange fièvre, Zhu est à leurs trousses et la guerre les rattrape. Yaya va très vite apprendre que le danger ne se trouve pas toujours là où on l’attend…

Les auteurs Golo Zhao - Dessinateur

Jean-Marie Omont - Scénariste

Né en 1984, il est diplômé de l’Académie des beaux-arts de Guangzhou et de l’Académie cinématographique de Beijing (Beijing Film Academy). Passionné de dessin et d’animation, il a travaillé pour des magazines de bande dessinée avant de réaliser La Balade de Yaya. Il a notamment remporté en 2010, le prix de meilleure bande dessinée au Festival International d’Animation et de bande dessinée à Hanghzou.

Né au Maroc en 1972 où il a passé les dix premières années de sa vie, il se plonge très tôt dans tout ce qui peut lui raconter la France : livres, films et surtout bandes dessinées. Après ses études de cinéma à Bordeaux, il devient assistant réalisateur pendant dix ans. Il écrit aujourd’hui pour la télévision, la bande dessinée et développe des projets pour le cinéma.

La Balade de Yaya (t.5 L’île) Date de parution : 17 février 2012 Tome 5 sur 9 : La promesse Dessinateur : Golo Zhao Scénariste : Jean-Marie Omont 96 pages, couleur, 8,50€

Les éditions Fei Créées en 2009 par XU Ge Fei, une jeune Chinoise passionnée par la culture de son pays d’origine et celle de la France, les Éditions Fei ont pour but de faire découvrir aux lecteurs occidentaux les créateurs de bandes dessinées chinoises trop longtemps méconnus par le public. Conscientes que la principale gageure du passage d’une culture à l’autre réside dans la qualité de la traduction et de l’adaptation, les Éditions Fei privilégient une étroite collaboration entre scénaristes et graphistes chinois et occidentaux en amont de la création. Les Éditions Fei proposent des œuvres originales et inédites dans le respect et le soutien aux artistes chinois qui peuvent exprimer leur talent, tout en franchissant plus aisément la barrière culturelle. « Juge Bao « est la première série publiée par les Éditions Fei.

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Magazine

杂谈

Wukan, la rebelle Ce modeste village littoral de 12 000 habitants de la province de Canton restera dans l’histoire pour avoir expulsé ses autorités locales et arraché le droit d’organiser des élections libres. Pourra t-il devenir un modèle pour le pays tout entier ? « Nous sommes en décembre 2011 étaient implantés, comme Country Garaprès Jésus-Christ ; toute la Chine con- den, le premier investisseur immobilier tinentale est occupée par le régime en Chine, qui avait ouvert une porcherie communiste... Toute ? Non ! Car un sur 160 hectares en collaboration avec village peuplé d’irréductibles Chinois une entreprise locale, Fengtian. résiste... » Goscinny et Uderzo au- Pendant 20 ans, les Wukanais n’avaient raient pu s’inspirer de l’histoire de Wu- pas résisté alors que leur patrimoine imkan pour créer un “Astérix en Chine”. mobilier était peu à peu grignoté. Ils Cela n’était au départ qu’une banale méconnaissent leurs droits, et étaient en histoire d’expropriation... D’après une outre menacés par les autorités du village dès qu’ils expriment étude de l’Université du un doute. Cependant, à Peuple publiée début « L’affaire de partir de 2009, les jeunes 2012, ce genre d’injustice Wukan n’est partis travailler à Canton est très partagée dans les avaient commencé à difcampagnes du pays : près ni un accident fuser chez eux de nouvelles de 43% des paysans chi- ni un cas idées, et certains villageois nois se seraient fait conparticulier étaient monté à l’échelon fisqués tout ou une parprovincial pour y faire tie de leurs terres depuis elle montre des pétitions. Sans résultat. les années 90, pour une la voie à Mais en 2011, la résilience compensation en générale l’ensemble de des administré atteint ses dérisoire, voire inexistanlimites. Beaucoup de vilte pour 12,7% d’entre la Chine. » lageois qui avaient été eux. Ce racket administratif est très profitable, puisque les obligés de devenir pêcheurs souhaitterres sont revendues en moyenne 40 ent retourner à la terre, en raison de la fois plus cher à divers investisseurs. hausse du prix des carburants et de Wukan s’était faite pillée comme l’aggravation de la pollution littorale qui d’innombrables autres localités : fait drastiquement baisser leurs profits. “Dans toute ma vie, se souvient le vil- Ils se rendent alors compte que Wulageois Hong Ruiqing, né en 1977, kan n’a déjà plus aucune terre arable ! on n’a reçu que deux fois de l’argent Le 21 septembre 2011, pour la première en échange de ces réquisitions : fois, les habitants de Wukan lancent une une fois 500 yuan, en 1993, suite à la pétition collective. Les autorités locales y construction d’une route, et une autre répondent en embauchant des mafieux fois 50 yuan”. Des grands groupes s’y qu’elles payent 3000 yuan par jour et

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Un villageois insert un bulletin de vote dans 2012年2月,在乌坎村的一所学校的操场上,一位农民正在往

qu’elles affublent d’uniformes de la police armée pour intimider les villageois. L’affaire s’envenime encore après la mort suspecte de Bo Xuejin, l’un des meneurs des mécontents, pendant qu’il se trouve en garde à vue. Le reste a envahi les réseaux sociaux chinois et fait la “une” des media internationaux. Après une assemblée générale le 9 décembre, les villageois expulsent leurs fonctionnaires locaux. Ils vont subir une sorte de siège pendant près d’un mois, alors que de nombreux journalistes parviennent cependant à se rendent sur place, alertés par Weibo. Finalement, suite à l’arbitrage de Wang Yang, secrétaire gé-


© Imagine China

une des medias 头条新闻

une urne installée dans la cour d’une école dans le village de Wukan en février 2012. 投票箱中塞入选票。

néral du Guangdong, ils obtiennent le droit d’organiser des élections libres pour choisir leurs autorités. Les scrutins ont lieu à partir du 3 mars 2012. L’activiste Lin Zuluan, 67 ans, est élu président ; avec 108 autres concitoyens, il compose le conseil municipal. L’attention médiatique commence alors à quitter le village pour voguer vers d’autres cieux. C’est le moment que choisit Jiang Beishu, “écrivain indépendant”, pour le visiter et écrire un long compte rendu sur son expérience (http://blog.ifeng.com/article/17734215.html).Pour “ne pas se faire remarquer”, il a pris le bus. Là ! Il a sousestimé la perspicacité des Wukanais :

un passager lui demande s’il est un journaliste venu faire un reportage... Dès l’arrivée, il aperçoit un grand grafitto : “Il faut punir sévèrement les fonctionnaires corrompus qui détruisent nos terres arables !” Le village est certes une sorte de banlieue semi-industrialisée à deux heures de Lufeng, où tous les bâtiments “ont deux ou trois étages” et où l’on voit “plus de murs et de friches que de champs”, mais ce n’est pas un désert culturel : outre “plusieurs fast-food” et un “centre de presse équipé en WIFI”, l’auteur remarque qu’on y trouve aussi un “magasin de beaux-arts ouvert par un jeune de lagénération post 90”. Mais le

plus frappant, observe t-il, sont la dizaine de temples des ancêtres devant lesquels de l’encens brûle continuellement, soit pour conjurer le mauvais temps soit pour se protéger des fonctionnaires corrompus, et surtout le vieux théâtre de l’Immortel Weng, lieu de discussion et de rassemblement communautaire d’où est partie l’insurrection du 9 décembre 2011. Le blogueur citoyen assiste à la session du premier mai du conseil municipal de Wukan, organisé sur la scène du théâtre de l’Immortel Weng. Tout à coup, quelques trentenaires surgissent et crient : “les représentants de Wukan trahissent le village !” Après quelque émotion, on se rend compte qu’il s’agit d’un malentendu. Ayant remarqué à l’ordre du jour du conseil que certaines questions n’avaient pas fait l’objet de concertation populaire préalable, certains citoyens n’avaient cependant pas compris que la session n’était consacrée qu’à des discussions préliminaires et n’allait entériner aucune décision. C’est que, comme l’écrit Jiang Beishu, “la démocratie n’est pas une plaisanterie à Wukan”. La récupération des terres ne serait d’ailleurs « qu’une sorte de cadeau qui viendra récompenser la résistance collective ». Le but est l’établissement d’un système respectueux du droit et de la démocratie, qui permettra de régler de nombreux autres problèmes. « L’affaire de Wukan n’est ni un accident ni un cas particulier », affirme en outre l’auteur : elle montre la voie à l’ensemble de la Chine. Lin Zuluan, nouveau président du conseil municipal, lui confie qu’il pense que c’est seulement si une solution aux problèmes ruraux est trouvée que la société chinoise pourra trouver une harmonie. Et cette solution, conclut Jiang Beishu, ne peut passer que par une gestion et un contrôle des problèmes par la base.

Renaud de Spens

Extrait du «Dictionnaire impertinent de la Chine», à paraître en novembre 2012 aux éditions Bourin, par Renaud de Spens et Jean-Jacques Augier.

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Magazine

杂谈

Par Laurent Ballouhey L’arbre à singes, Carnet d’Asie, Vincent Hein, Editions Denoël 162 pages, 16,50 € Vincent Hein continue de marcher sur les traces de son premier récit de voyage « A l’est des nuages » publié d’abord en 2009 et reparu en poche chez Arléa en 2011. Notre « barbare en Asie », comme l’aurait sans doute surnommé Henri Michaux qu’il affectionne et auquel sa prose fait parfois penser, s’est installé à Pékin en 2004 où il a fondé famille mixte franco-chinoise avec la belle Ma Xiaomeng et le petit Edgar. Ce qui n’ a en rien ralenti les pérégrinations de notre voyageur conteur puisqu’il a parcouru successivement Séoul, Pékin d’où il remonte sur les pistes des anciens Mongols vers Huhehote, « une ville loqueteuse », ce qui est à la fois vrai et un peu injuste pour qualifier la dynamique capitale actuelle de Mongolie intérieure. Mais c’est un bon exemple de l’écriture toute en notations subjectives, suggestives, souvent poétiques de Vincent Hein qui n’épargne pas de ses piques les lieux qu’il n’aime pas trop. Telle cette comparaison audacieuse et drôle, après visité la ville murée ancienne de Pingyao qui ne l’a pas trop séduit : « Un genre de Mont –Saint- Michel chinois, plat, sans aucune vue et loin de la mer...», puis cet au-revoir ironique et dépité : « Le soleil s’en va avec l’air de s’essuyer le front et semble vouloir nous dire qu’il en a fait assez pour aujourd’hui. Très bien. N’insistons pas. Demain, je quitterai Pingyao ». En route vers le sud, à Canton, Hong Kong, Tai O, port de pêche peu connu, il continue de nous donner envie d’emprunter ses pas, tellement ses notes de voyage éveillent notre curiosité. Car l’auteur sait tracer en quelques mots, comme s’il peignait à coups de pinceaux à l’encre de Chine, les petits tableaux de la vie quotidienne qui le ravit et il réussit à merveille nous faire partager ses petits moments de plai-

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sir, quand il écrit par exemple de retour à Pékin : « Je prends un café noir très allongé et le temps d’écrire un peu sur le toit aménagé en terrasse d’un des petits bars de Nanluoguxiang. … Tout est bancal, bricolé, tout semble chiffonné, pourtant je sens ici une familiarité, une complicité, une contiguïté très forte entre les choses, et pour rien au monde je ne voudrais défaite l’équilibre subtil de ce désordre idéal. »… Ou bien cette notation plus littéraire comme dans cette « siheyuan » ( maison chinoise traditionnelle) de Pékin : » Je n’aime pas tellement le jaune effronté du forsythia malingre qui pousse contre le mur nord de la cour. En revanche, j’aime sa traduction littérale ( ying chun hua) : » Fleurs qui souhaitent la bienvenue au printemps ». A n’en pas douter nous sommes arrivés grâce à ce Carnet de voyages dans le cœur de l’Asie, même à vrai dire en son for intérieur. La montée en puissance de la Chine Et la logique de la stratégie, Edward N. Luttwak, Editions Odile Jacob, 262 pages, 24,90 € Edward Luttwak est un spécialiste américain de stratégie et de géopolitique parmi les plus reconnus sur le plan international. Rattaché au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington, il est l’auteur du Grand Livre de la stratégie et d’autres sur l’Empire byzantin et l’Empire romain qui ont fait sa réputation. Mais il est aussi devenu un grand connaisseur du monde asiatique et de la Chine contemporaine en particulier. C’est à titre de stratège et non de sinologue qu’il intervient puisqu’il estime que la logique de la stratégie, étant universelle, s’applique de façon équivalente dans toutes les cultures et à toutes les époques. Observateur attentif du développement du pays, et se disant très sensible aux espérances et aux ambitions de ses dirigeants, il veut les mettre en garde contre une marche ascendante aveugle. Car celle-ci en viendrait à heurter la logique paradoxale de la stratégie qui veut qu’une croissance économique très forte et une augmentation aussi rapide de la puissance militaire dont elle est la conséquence ne peuvent coexister et même perdurer. Telle fut


Livres 图书

图书精选 Coup de coeur Le rêve de la montagne d’or, Zhang Ling , traduit du chinois par Claude Payen, Editions Belfond, 590 pages, 22 €

pourtant la voie que les Etats Unis eux-mêmes ont suivie pour imposer leur hégémonie au monde, mais dans le cas de la Chine, cela ne pourrait qu’inquiéter en priorité ses voisins proches ou lointains. L’ascension de la Chine revêt par exemple une signification particulière pour le Vietnam et l’Inde , qui partagent des frontières contestées et se sont affrontés dans le passé, alors que la puissance militaire chinoise ne peut être ressentie comme une menace par la France ni l’Europe. Car la Russie et l’Asie centrale s’interposent entre elles. La logique de la stratégie, où croissance économique et puissance militaire vont de pair, pousse ainsi les voisins de la Chine à former des coalitions diverses contre elle – Inde- Vietnam, Japon- Australie, Etats-Unis- Vietnam, tandis que l’alliance plus ancienne entre le Japon et les Etats Unis se renoue et se renforce. Dans cette perspective, la défense de la France sera à terme affectée par ce redéploiement global, de même qu’il finira par sinquiéter la Russie à son tour. Confrontée à un danger de l’Orient et non plus de l’Occident, la Russie sera alors peut-être obligée de se tourner vers l’ Europe pour nouer une coopération stratégique avec elle, ce à quoi elle se refuse jusqu’ici. Ce scénario serait le moins favorable à la Chine qui aurait ainsi atteint le but contraire de la diplomatie chinoise.

Chine. L’envers et l’endroit, Eric de La Maisonneuve, Editions du Rocher, 221 pages, 18,90 € Cet essai sur la puissance chinoise et son émergence, qui est en fait autant généraliste que stratégique, entend présenter une image contrastée de la Chine et de son développement. Elle diffère sensiblement des essais écrits dans l’admiration de ses performances économiques comme des dénonciations indignées face aux déficiences de son système politique en matière de libertés publiques ou d’atteintes aux droits fondamentaux des citoyens. C’est cette Chine aux deux visages que l’auteur veut décrire, le yin et le yang selon la théorie chinoise, ou l’envers et l’endroit selon la notre vision du monde. Le développement chinois depuis 30 ans est

En Chine, de la f in du XIXe siècle au début du XXIe siècle, à Kaiping au fin fond de la province du Guangdong, ou ailleurs, le mythe de la Montagne d’or a traversé cinq générations d’hommes ou de femmes. Ils ont poursuivi ce même rêve et sont partis à la découverte de cette Montagne qui était censée contenir des réserves d’or inépuisables qu’ils auraient exploitées avant de revenir au pays natal. Aujourd’hui encore on peut visiter près de Kaiping toutes ces maisons appelées « diaolou » et abandonnées depuis les années 20 dans la riche campagne du Guangdong. Ce premier roman nous retrace à sa façon la saga riche et complexe de cette émigration chinoise partie à la recherche de l’eldorado en Amérique du nord, qu’elle a contribué à construire en un siècle de travail, de larmes, de souffrances et aussi de réussites et d’enrichissement. Cette aventure nous est racontée à travers le destin tragique d’une famille attirée par l’espoir d’une vie meilleure sur les terres américaines. Une sociologue sino-canadienne, Eddy Smith, ne pensait passer que quelques jours pour régler une affaire de succession en Chine. C’est alors qu’elle découvre la véritable valeur de l’héritage que lui laisse son aïeul, qui n’est autre que l’histoire fascinante et dramatique de ses ancêtres, de toute sa famille, et par la même de sa propre histoire dont elle ignorait tout. Ce beau roman familial et historique esquisse la vision de la conscience nationale chinoise forgée souvent dans l’humiliation au cours de ces 200 ans passés. Ce faisant, il donne aussi à comprendre les ressorts actuels du nouvel essor national qui réapparait parfois teinté d’arrogance dans cette période d’émergence du pays.

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Magazine

杂谈

Livres 图书

作品赏析 Vu de l’esprit Une autre Chine, gens de Pékin, observateurs et passeurs des temps, François Laplantine, Editeur De l’ incidence, 190 pages, 17 €

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certes exceptionnel mais il va s’essouffler bientôt et les tâches encore à accomplir sont très nombreuses et constituent un véritable défi. La croissance économique à deux chiffres n’a permis qu’à 20 % de la population d’émerger pour accéder à cet objectif proclamé du « petit bien-être ». D’autant que la richesse chinoise a été en grand partie accaparée par 150 millions d’individus qui constituent les « nouveaux riches », soit les 10 % de la population du pays. Pour le reste, l’immense partie est encore à maints égards sous-développée, surtout dans les campagnes ; les systèmes d’éducation et de santé sont désuets, parfois en régression ou à l’abandon, comme les écoles primaires dans les régions rurales ; la bulle immobilière gonfle ou risque d’éclater dans les villes, l’inflation a repris et la corruption étend son emprise partout. Pour tenter de résoudre tous ces problèmes, la Chine cherche à emprunter un nouveau modèle et de parvenir à un autre type de développement plus durable, plus attentif aux besoins sociaux de la grande partie de la population (éducation, santé, logement) et plus soucieux de l’environnement dans les campagnes et du mode de vie dans les zones urbaines. C’est ainsi que la Chine, loin d’être un succès sans ombre , pas plus qu’elle ne serait la menace parfois agitée, est avant tout un défi pour elle-même, une tâche énorme pour son peuple et un casse-tête pour ses dirigeants à la veille d’effectuer une transition délicate lors du XVIIIe Congrès prévu à l’automne 2012. Ce livre constitue un bon exercice de préparation pour tenter de connaitre la suite de l’Histoire.

La Chine qui intéresse l’observateur, comme se décrit l’auteur de cet ouvrage à la fois très universitaire et très original , n’est pas celle des prouesses ou des images spectaculaires qui veut qu’on construise ici « toujours plus grand, plus haut, plus fort, plus vite ». Le regard se fait plus curieux, plus terre à terre, plus concret, tout en restant savant, pour cerner ce que devient « l’homme pékinois » dans un espace et une temporalité en constante fluctuation. Ses observations personnelles de la vie pékinoise sont confortées ou au contraire contestées de l’intérieur au travers d’une double exploration : par la littérature chinoise contemporaine riche d’une centaine d’ouvrages traduits en français (Yu Hua et Yan Lianke sont souvent mis à contribution) ; et par le cinéma chinois d’aujourd’hui (plus de quatre-vingt films vus ou revus ). Pour évoquer autrement que par des chiffres ou des tableaux statistiques les transformations économiques et sociales du pays, l’auteur choisit d’observer les corps en mouvement, les gestes, les attitudes, les comportements qui composent une « ambiance urbaine ». Les recours au langage des romans et des sons et images des films servent en complément à tenter de répondre à la question de savoir comment le passé, le présent et le futur sont en train de s’enchevêtrer et souvent de s’entrechoquer pour rendre compte de façon la plus riche possible de la modernité chinoise. Ce livre ne prétend pas proposer un « discours de savoir » sur la Chine, mais celui-ci refermé, c’est un large panorama, très vivant, très savant et très informé et très cultivé, du Pékin contemporain dans toute sa diversité qui nous a été donné à voir et à lire. Un livre riche et précieux donc, parfois un peu ampoulé mais c’est un péché véniel face à ce qu’il nous apprend.

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