Connexions 67

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N.67

Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine / 中国法国工商会季刊 AUTOMNE / 秋 www.ccifc.org

DOSSIER :

La guerre du retail Quelles sont les stratégies gagnantes ?

Interview : Valérie Pécresse, « la France est encore trop perçue comme étant uniquement le pays du luxe et du savoir-vivre » Livre : Publication de Le temps de la Chine, le livre des entreprises françaises en Chine


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Éditorial

L’ économie française en Chine dans tous ses états

Manue l Del e e r s

Directeur général de la CCIFC

德博文, 中国法国工商会总经理

La Chambre de commerce et d’industrie française en Chine a publié en septembre son livre Le temps de la Chine. La France au défi du plus grand marché du monde. Fruit d’un travail de plus d’un an et demi, Le temps de la Chine, a pour ambition de faire référence sur l’économie française en Chine : il est résolument analytique mais également prospectif sur la Chine du 12 e Plan quinquennal, deuxième économie mondiale et bientôt la première. Être en Chine, pour quoi faire ? Comment ? Dans quelle Chine ? Tant de questions auxquelles s’attaque ce livre qui a pris le temps de donner la parole aux meilleurs experts : les entreprises françaises qui sont implantées en Chine, dans la presque totalité des territoires couvrant plus des quatorze secteurs clés de l’économie chinoise. La publication du livre intervient à un moment où la Chine connaît un ralentissement de son économie qui passionne les experts comme les médias. Les trente glorieuses chinoises semblent effectivement terminées, et se pose la question d’un nouveau modèle, réaménageant les rééquilibrages de la croissance (consommation intérieure/investissements en infrastructures et exportations), les rééquilibrages industriels/services et enfin les rééquilibrages géographiques villes/campagne. Les commentaires qu’engendre ce taux de croissance à 7 %, démontrent une fois de plus l’importance que ce pays-continent a prise dans nos économies, et dans l’économie française, alors qu’il avait été anticipé dans le Plan quinquennal chinois. La République française et la République populaire de Chine s’apprêtent à célébrer le 50 e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. En vue des célébrations à venir, le livre que nous publions rend hommage à la stratégie et à la persévérance des entreprises françaises en Chine et aux relations France-Chine. Je profite de cette tribune pour féliciter le travail des nombreuses personnes qui se sont impliquées et produient ce livre, Félix Torres éditeur, Nicolas Sridi rédacteur en chef ainsi, que tous nos auteurs et intervenants de renom pour nous avoir fait l’honneur de partager leurs points de vue éclairés. Je tiens également à saluer l’implication de chaque instant des permanents de la CCIFC sur ce projet. Je me dois enfin de remercier les dix-neuf entreprises qui ont fait le pari de nous suivre dans cette aventure nouvelle et passionnante et nous ont permis de vous proposer un ouvrage qui fait notre fierté, bonne lecture !

法国在华经济现状 中国法国工商会于2013年9月份出版了《中国的时代-法国在世界第一大市场面临的挑战》一书。作 为一年半多时间劳作的成果,此书意为法国在华经济现状提供参考, “十二五”期间的中国已是世 界第二大经济体,即将成为第一大经济体。对此, 《中国的时代》不但做了分析,也做了前瞻。 为什么来中国?怎么发展?中国的现状如何?该书在解答如此诸多问题的时候,将话语权交给了最 好的专家 — 几乎遍布全中国、覆盖中国经济14个关键行业的在华法企。 该书出版于中国经济增速放缓、引起专家和媒体热切关注的时刻。中国经济的30年辉煌似乎确已 结束,而面临着新发展模式问题:需要重新调整平衡经济增长(国内消费、基础建设投资与出口), 平衡工业与服务业,以及平衡城市与乡村。7%的经济增长率已经被写进中国“十二五规划”,但由 此增长率所导致的讨论再次显示出这个国家对国际经济、对法国经济的重要性。 中法正在筹备庆祝建交50周年。在相关庆祝活动即将举行之际,我们出版了该书,向在华法企的战 略意识与坚守致敬,向法中友谊致敬。 我在此向积极参与此书制作的众多工作者表示祝贺,出版人Félix Torres,主编Nicolas Sridi,以及让 我们有幸分享其观点的所有知名作者和参与者。同时我要向中国法国工商会的全体员工对该项目 的全心投入与积极参与表示敬意。最后,我必须感谢在这次新鲜有趣的尝试中坚定追随我们的19 家企业,是他们让我们能够为大家呈现一部令我们骄傲的作品。祝你们阅读愉快!

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Comité de Patronage

Le magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 67, automne 2013 Direction de la publication Manuel Deleers & Marion Sardou Rédacteur en chef Pierre Tiessen, avec Madeleine Barbier Graphiste Xie Bin Ont collaboré à ce numéro : Raphaël Balenieri, Renaud de Spens, Françoise Blévot, He Feng. Comité de relecture : Commission Communication de la CCIFC Couverture © DR Publicité Pékin : Frédérique Belloy belloy.frederique@ccifc.org Paulo Qi qi.paulo@ccifc.org Shanghai & Chine du Sud : Séverine Clément clement.severine@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O UCCIFE 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute respon- sabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la res- ponsabilité de leurs auteurs.

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Source : Imagine China

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L'ActualitÉ business EN CHINE

À LA LOUPE E-retail : le luxe s’y met… enf in !

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L’actualité Business EN Chine 8

POINT DE VUE Distribuer en Chine, quel modèle ?

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StratÉgie « Faire vite » : la loi du retail dans le textile en Chine

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Pratiques illicites en Chine : risques et recommandations pratiques

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Interview Valérie Pécresse : « La France est encore trop perçue comme étant uniquement le pays du luxe et du savoir-vivre » 12

DOSSIER LA GUERRE DU RETAIL 16

interview « Il faut repenser le parcours client en le rendant expérientiel » 33

interview Nactalia en Chine : « une intégration sur le long terme » 20

Expérience La grande mue du retail dans les yeux de Shanghai Trio

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ADP : incarner la « dernière expérience shopping » parisien

Enquête Ifop Chine : des consommateurs plus « autonomes »

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StratÉgie E-retail : la Chine en ligne (de mire)

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interview La règle d’or : « s’adapter aux comportement des internautes chinois » 33

À LA LOUPE Galeries Lafayette, « une histoire de la mode », en Chine StratÉgie Retour aux fondamentaux des groupes de luxe

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DR

Source : Imagine China

Les marques préférées des jeunes chinois 40 E-retail : la guerre du temps

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ABECéDARIE 44

ActualitÉS DE LA CHAMBRE CCIFC 48 Business Services 52 Antennes 54 Membres 62

DÉCRYPTAGE Une des médias Clichés Livres

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联结 专栏引言: 中国零售业市场机遇与挑战共存 72 会员企业简讯 74

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L’actualité business en Chine

CINÉMA

Superproduction

E n ch iffreS

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MILLIARDS DE USD Total des dépenses des Chinois sur Internet en 2012 ( juste derrière les internautes américains avec près de 229 milliards de dollars). La Chine pourrait dès cette année doubler les États-Unis et devenir ainsi le premier marché mondial du e-commerce. Sur les cinq dernières années, ce secteur a enregistré en moyenne une croissance annuelle de plus 70 %. D’ici à dix ans, selon plusieurs études, la moitié des achats des consommateurs chinois s’effectuera en ligne.

ingdao, le Hollywood chinois ? C’est en tout cas l’ambition du groupe Wanda et de son patron, Wang Jianlin (désigné par Forbes l’homme le plus riche de Chine en 2013). Il a ainsi inauguré en septembre dans la mégapole du Shandong les travaux de sa « cité du cinéma » (photo), achevés normalement en 2016. Dans ce complexe d’une superficie de 376 hectares, dont 200 sont destinés à la production cinématographique. Son groupe va investir au total 50 milliards de yuans. Gigantesque. Autre secteur sur lequel la Chine mise gros : le cinéma d’animation. Depuis plusieurs années, les gouvernements provinciaux ont en effet mis en place des mesures visant à développer l’industrie du cinéma d’animation, notamment en attribuant des fonds et des réductions d’impôts aux entreprises du secteur. 1 milliard de yuans sur un budget colossal de 14,3 milliards – somme entièrement consacrée à l’industrie culturelle en Chine – a ainsi été investi dans

© Imagine China

le cinéma d’animation, pour la seule année 2010. Suffisant pour redresser la qualité des oeuvres chinoises souvent jugée médiocre par de nombreux weibonautes ? L’année dernière, le film d’animation Héroïque Qi Jiguang (戚继 光英雄传), qui avait coûté 12 millions de yuans, avait été descendu en flèche par ces mêmes internautes. I L S ON T D IT...

« La Chine est aujourd’hui à un stade critique de restructuration et de modernisation de son économie ; ses fondamentaux sont bons et les opérations économiques stables. » LI KEQIANG, PREMIER MINISTRE, début septembre, ajoutant que la dette régionale est maîtrisée et que l’exécutif ira de l’avant dans les réformes, alors que nombre d’observateurs ont récemment pronostiqué un sérieux ralentissement. E N TR E PR ISE S

LES « POST-90 » ARRIVENT !

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© LIN

© XINHUA | ZUMA | REA

CHAO | AFP

IMA GE FO RU

Ils ont entre 20 et 25 ans, entrent tout juste sur le marché du travail et bousculent déjà les habitudes de management des entreprises. Selon le ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, ils étaient, en 2012, près de 6,8 millions de jeunes diplômés nés après septembre 1989. « Beaucoup d’entreprises réalisent que les post-90 ont des considérations plus pragmatiques que leurs prédécesseurs, indiquait un article de l’hebdomadaire chinois The Economic Weekly. Ce qui compte pour eux, ce n’est pas uniquement le salaire, mais aussi les perspectives d’avenir et, plus important encore, leur attachement à leur travail. En d’autres termes, ils veulent une activité qui corresponde à leurs centres d’intérêt, une bonne ambiance au bureau et de la liberté dans le travail ». « Moins stables » que leurs aînés (même s’ils ont un niveau universitaire plus élevé), ils n’hésitent pas à changer de travail s’ils trouvent une meilleure opportunité.

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L’actualité business en Chine est réalisée en partenariat avec le magazine Chine Plus.

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CROISSANCE

Quel modèle pour 2020 ? La question a été largement débattue au forum économique de Boao, au printemps : la Chine – qui a multiplié par cinq son PIB en une dizaine d’années – peut-elle continuer longtemps à faire marcher à plein son appareil de production et à maintenir une croissance annuelle proche des 8 % (7,5 % attendus pour 2013) ? Li Keqiang, Premier ministre, concédait à la fin de l’été : « Le plus bas niveau de croissance toléré est de 7 % ». Pour nombre d’économistes, cette croissance coûte cher, très cher. Martin Jacques, chercheur invité à la London School of Economics estimait ainsi à Boao que « La Chine est une économie de rattrapage. Son développement rapide – entre 8 et 10 % de croissance par an – arrive à son terme ». Selon Laurence J. Brahm, journaliste financier, le taux de croissance de 8 % pourrait dater de 1998, lorsque Zhu Rongji, alors Premier ministre, l’a proposé comme objectif. Pour lui, les problèmes actuels ne portent pas sur son taux de croissance – qui n’a aucune importance – mais sur la façon

Source : Imagine China

dont le pays peut passer d’une croissance de production « à une croissance axée sur la qualité ». Reste que l’objectif officiel est de doubler le PIB chinois de 2010 d’ici à 2020.

Nombre de visites officielles de Angela Merkel en Chine de 2005 jusqu’à sa réélection comme chancelière en septembre. L’Allemagne reste, pour de nombreux entrepreneurs chinois, une destination business importante. Ils ont signé, en 2012, 158 projets d’investissement dans le pays ; onze ans auparavant il n’y en avait aucun.

INÉG ALITÉ

VERS UNE RÉPARTITION DES REVENUS ? Alors que les inégalités se sont énormément creusées en Chine depuis plus de dix ans, le gouvernement pourrait mettre en place une réforme de la distribution des revenus. C’est en tout cas l’une des grandes préoccupations des Chinois. Selon un sondage publié en novembre 2012 par le Quotidien de la jeunesse chinoise, les inégalités de revenus sont considérées comme une menace pour l’avenir du pays par 75,4 % des plus de 11 400 internautes chinois interrogés à l’époque. Depuis, le credo des autorités est de doubler, d’ici à 2020, le revenu moyen par habitant dans les villes et les campagnes par rapport à ceux de 2010. Pour l’hebdomadaire The Economic Observer, « Le problème de la redistribution des revenus touche à des questions sensibles telles que la définition des secteurs monopolistiques, l’écart des revenus, le double système d’assurance retraite (en Chine, les fonctionnaires ne cotisent pas mais touchent de généreuses retraites), etc. Les groupes d’intérêts ont empêché l’adoption de la réforme pendant huit ans ».

« Notre site de Tianjin est équipé d’installations de premier choix et s’étend sur 250 000 mètres carrés. Il emploie près de 2 000 salariés, dont plus de 400 ingénieurs. » LE GROUPE FRANÇAIS ALSTOM qui a inauguré mi-septembre à Tianjin son plus grand centre de production d’équipements hydroélectriques. La Chine est le plus grand producteur mondial d’énergie hydroélectrique. À l’horizon 2015, le pays prévoit d’installer 30 GW de centrales hydroélectriques conventionnelles et 10 GW de centrales hydroélectriques de pompage-turbinage. V I N F R AN ÇAIS

LES GRANDS CRUS DANS LE ROUGE Le vin « Made in France » est dans le collimateur de Pékin après l’ouverture début juin d’une enquête antidumping et antisubventions sur les importations de vins européens. Une réponse à la volonté européenne, dixit le quotidien Le Monde, « de taxer les importations de panneaux solaires chinois. Cette enquête touche d’abord la France – qui représente 546 millions d’euros sur les 763 millions d’euros de vins européens importés en Chine – ainsi que l’Espagne et l’Italie ». Au-delà de cette enquête, les très grands crus ont de plus en plus de mal à s’écouler sur le marché chinois. Les cours des cinq crus les plus prisés en Chine – les châteaux Lafite, Latour, Mouton Rothschild, Margaux et Haut-Brion – ont ainsi chuté l’année dernière de près de 40 % alors qu’ils avaient atteint des sommets. De 2006 à 2010, l’indice du marché du vin a ainsi dépassé à plusieurs reprises celui de l’or, et le retour sur l’investissement atteignait 30 %. connexions automne 2013

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GAZ DE SCHISTE

Le Club où les dirigeants, économiques et politiques, chinois et français se rencontrent de plus en plus souvent. Chefs d’entreprise français et chinois (Dalloyau, Lancaster, Huawei, China EximBank, Champagne Laurent-Perrier, Cathay Capital...) se sont retrouvés au lendemain de la fête nationale chinoise autour d’Arnaud Montebourg pour le déjeuner du Chinese Business Club. Échange de questions réponses, bien évidemment piquant, avec un Ministre en grande forme. Prochain déjeuner officiel du Chinese Business Club : le vendredi 13 décembre 2013. www.chinesebusinessclub.fr

Sûrement... mais lentement

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e n’est pas un secret : la Chine vise un modèle à l’américaine sur le gaz de schiste. On parle ainsi à Pékin de mue, voire de révolution, énergétique. « Depuis la “révolution des gaz de schiste” qui s’est produite aux États-Unis, beaucoup de gens pensent que les gaz non-conventionnels ont également un avenir radieux en Chine », commentait ainsi fin 2012 l’hebdomadaire Nanfang Zhoumo. L’objectif affiché par les autorités dans le cadre du 12e Plan quinquennal est de produire 6,5 milliards de mètres cubes de gaz en 2015 – aujourd’hui, la production est quasi nulle –, et d’atteindre entre 60 et 100 milliards de mètres cubes en 2020. Quantités que certains – au regard des lenteurs dans l’exploration des géants Sinopec et Petrochina – estiment inatteignables. « La libéralisation du secteur ne semble pas appropriée pour

© STRINGER SHANGHAI / REUTERS

travailler dans le gaz de schiste, au regard des investissements importants que cela nécessite contre des rendements trop faibles », reconnaissait début septembre un analyste de cette industrie, cité par le site spécialisé gazdeschiste.fr. Les réserves chinoises de gaz de schiste sont estimées à environ 31 000 milliards de mètres cubes.

TA X E S

© Imagine China

LE LUXE DANS LE VISEUR Pékin devrait avant la fin de l’année décider d’une augmentation des taxes sur les produits de luxe. Objectif : décourager le luxe ostentatoire, dans le cadre plus large de la lutte contre la corruption. Ainsi, comme l’indiquait récemment Le Monde, « Les taxes pourraient être alourdies sur les yachts, ainsi que sur les véhicules de plus de 1,7 million de yuans (environ 200 000 euros) ». Malgré la crise, la Chine reste la nouvelle terre promise des géants du luxe. Un marché qui pèse déjà plus de 12 milliards de dollars (chiffre 2012) et pourrait prendre la deuxième place en 2017, derrière les États-Unis. D’après le dernier classement de Hurun Report – le Forbes sur la Chine – le pays compte désormais 315 milliardaires en dollars.

TÉLEX

IDE Les Investissements Directs Étrangers en Chine ont augmenté de 6,37 % sur un an au cours des huit premiers mois. Ils ont représenté 79,77 milliards de dollars pour la période allant de janvier à août. Le taux de croissance du PIB est passé de 7,7 % au premier trimestre à 7,5 % au deuxième trimestre.

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ACTIVITÉ Au sortir de l’été, la production industrielle chinoise, qui permet d’évaluer l’activité des usines et ateliers, a enregistré une forte hausse de 10,4 % sur un an (contre 8,9 % en juin).

COMPÉTITIVITÉ La Chine occupe, toujours, le 29e rang mondial des pays les plus compétitifs au monde – en tête des Brics – selon le World Economic Forum. La France est classée 23e. Les premières places sont occupées par la Suisse, Singapour, la Finlande, l’Allemagne et les États-Unis.

IMMOBILIER Sur les 70 plus grandes villes chinoises, 66 ont vu fin août les prix des logements neufs progresser (avec un pic à 1,7 %) par rapport au mois précédent.


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (Ambassade de France) Téléchargez le bulletin économique mensuel à cette adresse : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/chine/cadrage-general

46 Mds EUR SOLDE COMMERCIAL : l’excédent commercial a atteint 46 Mds EUR au troisième trimestre (50 Mds EUR au deuxième trimestre)

2,8 % INFLATION : l’indice des prix à la consommation a enregistré une croissance moyenne de 2,8 % (en g.a.) au troisième trimestre 2013

Croissance : 7,8 % la croissance du PIB chinois pour le troisième trimestre s’est établie à 7,8 % (en glissement annuel ou g.a. - c’est-à-dire par rapport au troisième trimestre 2012)

Consommation 13,3 %

les ventes de détail ont augmenté de 13,3 % (en g.a. et en valeur nominale) au troisième trimestre 2013

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11 %

SALAIRE MOYEN : le salaire nominal a augmenté de 11 % (en g.a.) au troisième trimestre 2013

mètres

Altitude du plus haut aéroport civil du monde inauguré le 16 septembre près de Yading, dans l’ouest du Sichuan

29 km²

-12 % Baisse des exportations de vins et spiritueux de la France vers la Chine pour les sept premiers mois de 2013 (en g.a.)

+53 % Hausse des exportations de produits laitiers et lait en poudre de la France vers la Chine pour les sept premiers mois de l’année 2013 (en g.a.)

Superficie de la nouvelle zone de libre-échange pilote à Shanghai, qui a été lancée le 29 septembre 2013

-25 %

C’est l’objectif de réduction de la concentration en PM2.5 à Pékin en moyenne annuelle d’ici 2017 selon le nouveau plan d’amélioration de la qualité de l’air publié par le conseil des affaires d’État en septembre. Cette concentration était de 80 microgrammes/m3 en moyenne annuelle en 2012

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Interview

DR

Valérie Pécresse : « La France est encore trop perçue comme étant uniquement le pays du luxe et du savoir-vivre » L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche était en Chine récemment. Pour Connexions, elle décrypte les opportunités du marché chinois pour les entreprises françaises. Quel bilan tirez-vous de votre visite en Chine ?

J’en tire un bilan très positif. À travers mes rencontres avec les autorités chinoises au niveau local et national, avec des entreprises, les chambres de commerce ou encore avec les universités, j’ai pu constater une forte volonté d’échanges entre nos deux pays dans de nombreux domaines. Nous faisons également face à des problématiques communes comme le défi des transports, de la pollution ou du logement. Tout cela doit nous conduire à davantage de coopération.

Invitez-vous au terme de ce voyage les entreprises françaises à venir ou investir en Chine ?

Oui bien sûr, car la Chine représente un vaste marché avec de nombreuses opportunités.

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Cependant, tout n’est pas si simple, notamment pour les PME. Les entrepreneurs français que j’ai rencontrés à l’ambassade de France à Pékin m’ont expliqué qu’il est parfois difficile de cibler les bons partenaires et les bons marchés. J’ai pu relayer toutes ces interrogations auprès de mes interlocuteurs chinois. Ils reconnaissent ces difficultés et nous avons ensemble conclu à la nécessité de mieux accompagner les PME, en mettant par exemple en place des accords entre nos chambres de commerce respectives. Quant aux domaines dans lesquels les entreprises françaises devraient investir, je trouve que la France est encore trop perçue comme étant uniquement le pays du luxe et du savoir-vivre. C’est vrai mais très réducteur. C’est pourquoi j’ai mis en avant auprès des autorités chinoises toutes les compétences dont nous disposons dans les technologies de pointe.


C’est à mon sens sur ce secteur que nous devons mieux nous positionner. La Chine reconnaît d’ailleurs les savoir-faire technologiques français, comme les EPR.

Comment se porte – et alors que vous avez rencontré avec M. Wan Gang, ministre des sciences et des technologies - la coopération scientifique franco-chinoise ?

Elle se porte bien et je me réjouis de voir que les initiatives que j’avais lancées lors de mes visites en tant que ministre sont poursuivies et prospèrent. La Chine s’inspire d’ailleurs de nos réformes comme la mise en place des pôles de compétitivité qu’elle implante à son tour. Mais nous pouvons encore aller plus loin d’autant que j’ai senti chez nos partenaires tels que la Cheung Kong Graduate School of Business, Fudan University ou encore l’Hôpital de Rujin, la volonté de développer des accords supplémentaires avec la France.

Cette coopération scientifique ne donne-t-elle pas à la Chine les moyens de dépasser la France ?

La Chine va devenir un acteur de plus en plus incontournable dans le domaine scientifique. Face à cette situation, devons-nous renoncer à toute collaboration avec elle par peur que les Chinois s’approprient nos technologies ? Je pense au contraire que c’est une opportunité formidable pour y développer nos savoir-faire. Par exemple, la technologie de décontamination de l’air que j’ai inaugurée à l’hôpital de Ruijin est un très bel exemple de collaboration fructueuse entre la Chine et la France - c’est une technologie française, développée et produite en France qui permet d’améliorer les soins dans un hôpital chinois. Cela étant dit, il faut protéger au mieux nos intérêts notamment en termes de protection intellectuelle. Je note d’ailleurs que les Chinois, parce qu’ils se tournent également de plus en plus vers l’innovation, sont davantage sensibles à cette question. Je souhaiterais enfin rappeler que si nous refusons cette coopération, d’autres pays, en Europe ou en Amérique, la feront à notre place et nous aurons ainsi tout perdu. 1/2

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En 2010, vous aviez appelé en tant que ministre de l’Enseignement supérieur à « modifier profondément notre système de sélection des étudiants chinois, mais aussi de tous les pays émergents dont nous avons intérêt à former les futurs cadres ». Dans le cas de la Chine, les choses ont-elles changé depuis ?

Je crois à la fois que les autorités chinoises ont pris conscience qu’il y avait un problème et que, de

leur côté, les autorités françaises ont poursuivi les efforts que j’avais engagés. Il n’est bon ni pour la France ni pour la Chine que des étudiants chinois ne maîtrisant absolument pas la langue française puissent se retrouver ainsi perdus dans notre pays sans aucune chance d’obtenir leur diplôme. Je suis en revanche pour développer davantage l’accueil des étudiants chinois ayant de vraies compétences pour réussir leurs études en France et qui, à mon regret, se tournent aujourd’hui vers d’autres pays, en premier lieu les États-Unis. Enfin, je considère que là encore, notre collaboration doit se faire dans les deux sens.

Vous avez donné une conférence à l’université shanghaienne Fudan sur le thème « Politique et économie sous la crise des dettes européennes ». Quelle analyse portent les autorités chinoises sur la situation économique en Europe?

J’ai été un peu surprise de voir que les autorités chinoises continuaient à nourrir des interrogations fortes sur l’avenir de la zone euro. Je suis justement venue leur dire que, grâce à l’action de Nicolas Sarkozy et de nos partenaires européens pendant la crise des subprimes et les réformes qui ont été lancées (telles que la supervision bancaire et un effort inédit pour développer l’innovation), l’Europe est aujourd’hui plus forte et a toutes les raisons de s’imposer comme un partenaire encore plus étroit à l’avenir pour la Chine. Un tel rapprochement avec la zone euro est d’autant plus probable dans un contexte où la Chine souhaite faire du RMB une véritable monnaie internationale et où les situations de blocage sur la question du relèvement de la dette se multiplient aux États-Unis.

La France et la Chine célèbreront en 2014, 50 ans de relations diplomatiques. Quels vœux formulez-vous pour l’avenir des relations franco-chinoises ?

En 1964, la France du général de Gaulle a été le premier grand pays occidental à reconnaître officiellement la République populaire de Chine. Au cours de mon voyage, j’ai pu mesurer combien ce choix courageux de la France signifiait encore quelque chose pour de nombreux Chinois à un moment où leur pays était totalement isolé sur la scène internationale. Cette reconnaissance est à l’évidence un des piliers de la relation francochinoise. Et je plaide pour que son 50e anniversaire soit l’occasion, comme je l’ai moi-même fait avec ce voyage, de renforcer encore nos liens avec ce pays. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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LA GUERRE DU RETAIL Chine, l’eldorado du retail ? Pas si sûr. Certes, son énorme vivier de consommateurs fait rêver mais il aiguise aussi les appétits des grands compétiteurs de la distribution. Quelles sont alors les initiatives et les stratégies « payantes » ? Quelles relations ces consommateurs, de plus en plus exigeants, entretiennent-ils avec leurs marques ? Comment une entreprise étrangère doit-elle se positionner sur ce marché devenu extrêmement concurrentiel ? Est-il déjà trop tard ?... Une chose est sûre : au pays du demi-milliard d’internautes, la guerre du retail se joue aussi on-line. Environ un quart des connectés chinois achètent en ligne, ce qui représente une manne en constante progression de plusieurs centaines de milliards d’euros en incluant le commerce BtoB. Comment convaincre ces internautes qui achètent aussi bien des vêtements et de l'ameublement (environ deux tiers des achats), mais aussi des jouets, des bijoux, des cosmétiques, des produits laitiers ? Dossier spécial connexions automne 2013

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LA CHINE EN CHIFFRES POPULATION (EN MILLIARD)

1,353

ACTIVE (MILLIONS)

937,27

POPULATION URBAINE

52,57 % + 70 % EN 2013

POPULATION RURALE

47,43 %

Source : Bureau d'État des Statistiques de Chine, anné 2012

A LA LOUPE La tendance du "made right here"

Page précédente, source : Imagine China

Dans un contexte où les marques deviennent de plus en plus mondiales, on assiste depuis quelques temps à un phénomène de « recentrage » sur le local. Impulsé au début par les anti-mondialisation, cette pensée « made in right here » a irrigué des consommateurs non militants. On veut du bon, on veut savoir comment c’est fabriqué, qui l’a fait. Dans l’alimentaire, on assiste à un développement fort des produits locaux, des circuits courts, du direct producteur. C’est une tendance forte sur l’alimentaire mais qui se décline aussi de plus en plus sur d’autres produits (artisanat, textile, etc.) Il est renforcé aussi par le souhait de personnalisation des objets mais paradoxalement, tout le monde veut le même iPhone, mais chacun veux une coque personnalisée. Le développement des imprimantes 3D et de leurs capacités créatives va évidemment accélérer le phénomène dans les prochaines années. Philippe Vincent, directeur et

fondateur du cabinet Retail&Detail

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amais la destination Chine n’a eu autant le vent en poupe - le pays étant depuis l’année dernière la première destination mondiale des investissements directs étrangers (1). Son marché explose alors que 200 à 300 millions de Chinois disposent « désormais d’un revenu discrétionnaire important, équivalent à celui des Européens », comme le constate Zheng Sheng Yeh, directeur opérationnel Chine de Cegid, premier éditeur français de logiciels de gestion(1) Mais à l’évidence, « l’usine du monde » n’est plus l’eldorado pour entrepreneurs-aventuriers qu’elle était lors de son entrée à l’OMC il y a douze ans. La main d’œuvre, réputée alors bon marché, s’est depuis raréfiée, la concurrence y est désormais beaucoup plus féroce, les acteurs - locaux – se multiplient et les places sont chères. « Le coût d’ouverture d’un lieu de vente est devenu très élevé », constate Zheng Sheng Yeh. Pis, l’environnement légal s’est durci et empêche de nombreuses entreprises étrangères de retail d’accéder normalement au marché local. « C’est un marché prometteur mais néanmoins compliqué », reconnaît Christophe Tanguy, General manager de


« 200 à 300 millions de Chinois disposent désormais d’un revenu discrétionnaire important, équivalent à celui des Européens ».

Source : Imagine China

Brioche Dorée Chine (groupe Le Duff ) présent depuis quinze mois sur deux sites à Shanghai. « Nous avons pour projet l’ouverture de plusieurs dizaines de points de vente » et dans les cinq ans, de développer « un réseau de franchisés dans le Sud du pays ». S’adapter au contexte local Mais une chose est sûre : ouvrir localement sa société et construire sa marque sont des démarches qui « prennent du temps aujourd’hui en Chine ». Et de compléter : « Il faut vite avoir son réseau pour passer les barrières du marché », le tout face à des consommateurs certes « très curieux » mais de « plus en plus exigeants, surtout sur les produits premiums. Ils ont besoin d’être rassurés sur l’origine des produits, l’hygiène, etc. ». Autre impératif : adapter autant que possible son offre à la clientèle locale. « 80 % de nos produits sont identiques à ceux proposés chez Brioche Dorée partout dans le monde, et 20 % d’entre eux sont en revanche spécifiques aux goûts locaux : thé vert, produits à base de haricots rouges, etc. » Réussir à « capter » le client chinois Surtout « la gestion de la fidélité est

beaucoup plus poussée en Asie qu’ailleurs, en France notamment », poursuit Zheng Sheng Yeh de Cegid dont les logiciels de gestion retail, Yourcegid Retail, permettent aux enseignes spécialisées de piloter toutes leurs activités d’approvisionnement et de distribution, et ce dans un contexte omnichannel, orienté client et international. Les solutions sont déployées dans quelque 2 000 magasins sur toute l’Asie, notamment en Chine continentale et à Hong Kong et 25 000 magasins à travers le monde. Le groupe collabore notamment avec Longchamp L’Occitane en Provence, Ted Baker, Agnès B, etc.(2) « Le client chinois est très fortement axé sur le prix. Il faut savoir le capter dès son entrée en boutique en lui proposant un programme de fidélité très performant ». C’est un client volatile et particulièrement connecté. Son obsession : « trouver moins cher sur internet » sauf si on lui propose en boutique les services et les programmes de fidélité qu’il ne peut obtenir on-line. Le mieux est même de lui proposer ces mêmes services à la fois en boutique en dur et en boutique web. « Le marché du retail s’est en tout cas fortement concurrencé », admet-il également.

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Marché atomisé Et la grande distribution est bien le secteur où la guerre du retail est la plus forte. De fait, le pays est passé de trois hypermarchés ouverts sur l’ensemble de son territoire en 1995 à plus de 3 200 en 2012 ! Désormais « presque tous les grands concurrents mondiaux du retail sont présents. C’est un marché atomisé où localement des enseignes sont puissantes et bien implantées. Pour se démarquer il faut alors proposer les meilleurs prix, le meilleur choix et garantir la sécurité alimentaire. Les clients chinois deviennent de plus en plus sensibles à la nouveauté et veulent que les marques s'engagent sur la traçabilité », précise Olivier Soule de Bas, CEO de Auchan Chine hypermarchés – groupe présent avec deux enseignes, Auchan et RT Mart, pour un total de 284 magasins à ce jour et presque 80 milliards de chiffre d’affaires 2012 (il est ainsi comme le premier opérateur d'hypermarchés en Chine avec une part de marche de 13,6 %). « Les Chinois apprécient les commerces d’animation et aiment avoir tout ce qu’il leur faut sous le même toit ». La proximité du lieu de production avec la zone de consommation peut par ailleurs s’avérer essentielle. Surtout lorsqu’il s’agit de produits volumineux à relative faible valeur ajoutée comme les eaux et aquadrinks par exemple. « Nous avons sept usines réparties sur l’ensemble du territoire chinois », explique ainsi Marc Olivier Blain, directeur des ventes de Danone waters China qui devrait vendre 1,5 milliards de litres d’eau en Chine cette année contre 1 milliard en 2012. Surtout, le « road to market » - sorte de plan de route pour accéder à la clientèle - est en Chine particulièrement fondamental. Il s’agit en effet d’un levier « très important » de la croissance d’une marque. Car « c’est un pays immense – il faut donc identifier précisément les zones à forts potentiels où se concentre la clientèlecible », relève-t-il alors la marque Mizone de Danone waters China vise la « young active chinese generation ». En résumé : un Chinois urbain, âgé de 18 à 35 ans – ce qui représente un vivier de consommateurscible de plusieurs centaines de millions de personnes !... Rien de moins. 1. Ces IDE ont bondi de 7,09 % sur un an au cours des sept premiers mois de 2013. 2. Cegid China a été créée en Chine en 2007, et présent à Shenzhen, Shanghai et Hong Kong. Le groupe travaille également avec des partenaires certifiés présent sur toute l’Asie.

Pierre Tiessen

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i n t e rv i e w

Nactalia en Chine : « une intégration sur le long terme » Trois questions à Huang Shan (1) CEO de Century International Trading

1. Membre du Conseil du comité Chine de la fédération internationale de laiterie, membre permanente de l’association de l’industrie laitière de Chine. Huang Shan, qui possède 30 années d’expérience dans l’industrie laitière, a introduit la poudre de lactosérum déminéralisée auprès des fabricants de poudre de lait infantile en Chine.

La groupe français Nacatalia (Sodiaal) a signé en début d’année avec Century international trading, dont vous êtes la CEO, un contrat de distribution en Chine. Quelles sont les ambitions en termes de ventes et de retail ? Huang Shan : Le marché du lait infantile en

Chine est énorme. 60 millions d’enfants ont moins de trois ans et il y a chaque année près de 17 millions de naissances. Nous visons ainsi 300 tonnes de produits Nactalia vendus la première année, le double la deuxième année et 1 000 tonnes, la troisième année. Actuellement, au terme de notre première phase stratégique (huit mois), le produit est présent dans plus de 50 villes du sud-est de la Chine – nous allons progressivement couvrir la plupart des régions développées dans trois ans. Mais nous pensons que Nactalia doit se consacrer à l’intégration sur le long terme en Chine plutôt que sur le niveau des ventes. Quels sont les atouts du groupe, méconnu en Chine ? La sécurité alimentaire est un marqueur différentiant très fort en Chine. Nactalia met tout en œuvre pour garantir la sécurité de ses produits et veiller à l’amélioration continue de la qualité tout au long de la fabrication mise en place. Le groupe a ainsi mis en place depuis 1997 « La Route du Lait », première démarche d’assurance qualité du secteur laitier français. Cette démarche prend en compte les garanties sanitaires, l’hygiène,


« La sécurité alimentaire est un marqueur différentiant très fort en Chine. Nactalia met tout en oeuvre pour garantir la sécurité de ses produits et veiller à l’amélioration continue de la qualité tout au long de la fabrication mise en place. »

Marque créée en

1994

Premier groupe coopératif laitier en France et la 4e coopérative laitière européenne. Collecte du lait

5 milliards de litres soit 22 % de la collecte française (1)

Nombre de producteurs

13 000 sur

64

départements Nombre de salariés

7 500

Chiffre d'affaires 2012

le bien-être des animaux, le respect de l’environnement, le professionnalisme des producteurs et l’implication des services donnés par les coopératives du groupe. Le marché chinois du lait est extrêmement concurrentiel – avec la présence des dizaines de marques internationales et d’une centaine de marques chinoises. Comment dans ces conditions « tirer son épingle du jeu » ? En mettant en avant le niveau d’excellence des équipes R&D du groupe Sodiaal. La formule Nactalia – notamment l’ajout d’OPO et l’ajustement de protéine α et β – sont ainsi plus avancées que les produits haut de gamme importés similaires qui ont accédés au marché chinois depuis longtemps. Dans le cas de Nactalia, nous allons mettre en place un modèle de ventes proches des clients. Ainsi au cours des huit derniers mois, la plupart de nos dépenses marketing ont été injectées dans le service client, et non dans de la publicité médias. Nous avons organisé plus de cent conférences de nutrition infantile, avons parrainé plusieurs festivals de dessins animés ou de musique... Nous offrons également gratuitement des poudres de lait aux nouveau-nés de famille à faibles revenus, nous encourageons nos salariés à faire du bénévolat, etc.

4 milliards d'euros (1)

Chiffres de 2011

Century International

Le groupe Century International Trading, fondé en 1998, est l'un des premiers importateurs de produits à base de lactosérum en Chine et le partenariat stratégique à long terme de plusieurs sociétés de produits laitiers de rang mondial tels que Euroserum (France), Alpavit (Allemagne), Leprino (États-Unis).

Propos recueillis par Pierre Tiessen

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Source : Imagine China

ADP : incarner la « dernière expérience shopping » parisienne

L’

enjeu est d’importance. Il s’agit d’ancrer dans les esprits des quelque 2 millions de passagers en provenance de Chine qui atterrissent chaque année à Roissy-Charles-de-Gaulle qu’ADP (Aéroports de Paris) est aussi une véritable référence shopping ; « à l'image des grands magasins parisiens », note Cécile Marchand-Cassagne, responsable du pôle clientèle au sein de la direction commerciale d’ADP. « Les passagers chinois sont nos premiers passagers en termes de chiffres d'affaires par passagers », qui s’élève précisément à 104,8 euros. Ceuxlà – dont 59 % voyagent pour des raisons touristiques – passe près de quatre heures à l’aéroport avant de retourner en Chine dont 2h50 en zone sous-douane – là où se concentre les galeries commerciales ADP. « Notre volonté est d'incarner une dernière expérience de shopping parisien

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à prix duty free dans un univers sécurisé », poursuit-elle. Il s’agit « d’une démarche globale de l'entreprise pour développer la notoriété des commerces, faire connaître l'étendue de notre offre et donc l'attractivité de l'expérience shopping à l'aéroport. » Pour capter ces consommateurs de la dernière heure, juste avant leur retour en Chine, ADP a notamment développé un site 100 % pour cette cible (paris-lifestyle. cn) et alimente une présence sur les sites Weibo et Youku. Une équipe dédiée se déplace également régulièrement en Chine pour participer à des salons, rencontrer les médias, etc. Prochaine étape : une présence « en dure » à Pékin ou à Shanghai ? « Avoir une représentation établie en Chine, qui promeut les commerces et les services d'Aéroports de Paris, nous semble être tout à fait souhaitable et envisageable », reconnaît Cécile Marchand-Cassagne. P. Ti


À LA LOUPE

Galeries Lafayette, « une histoire de la mode », en Chine

Le groupe a inauguré mi-octobre à Pékin leur cinquième magasin hors de France, « avec l'ambition, relevait alors l’AFP, d'en faire une vitrine de l'art de vivre à la française ». Les Galeries version pékinoise « disposent d'une surface de vente (32 000 m2) représentant un peu moins de la moitié de celle du magasin du boulevard Haussmann à Paris et reproduisent avec des éclairages LED le dôme emblématique du bâtiment parisien », explique l’agence de presse française. « Nous sommes avant tout un magasin de mode, et nous proposons une gamme de produits dont les prix vont de l'accessible au premium », a déclaré Philippe Houzé, président du directoire du groupe Galeries Lafayette. Ce magasin ne devrait pas être le seul en Chine, explique-t-on au siège en France – d’autres sites potentiels (sans toutefois préciser lesquels) sont déjà à l’étude. L'objectif à Pékin est d’attirer tous les amoureux de la mode en Chine. Et pour cela le magasin a créé un espace spécial dédié aux créateurs asiatiques, tels que Simon Gao ou encore Christopher Bu.

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Source : Imagine China

Retour aux fondamentaux des groupes de luxe Après s’être étendues, parfois trop vite, dans les villes moyennes, les marques de luxe se recentrent aujourd’hui sur les magasins amiraux des grandes métropoles.

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Stratégie

G

agner de nouveaux clients en multipliant les boutiques dans les provinces intérieures, au risque de devenir trop accessible et de lasser. Ou se concentrer sur les magasins amiraux de Pékin et de Shanghai pour retenir les riches Chinois qui, de plus en plus, préfèrent acheter leurs sacs en crocodile et leurs montres suisses à l’étranger : c’est l’équation presque impossible qui se pose aujourd’hui à l’industrie du luxe en Chine. Après des années de forte croissance, les maisons de haute couture et de prêt-à-porter haut de gamme tentent désormais d’ajuster leur stratégie retail sur le plus grand marché du luxe au monde. Car le contexte a bien changé depuis l’inauguration à Pékin de la première boutique chinoise de Louis Vuitton, en 1992. « Le marché est maintenant en voie de maturation » explique Timothy Coghlan, un spécialiste qui conseille les leaders du secteur dans leur choix de développement en Chine. « Auparavant, les consommateurs chinois privilégiaient les marques affichant des logos immédiatement reconnaissables. Aujourd’hui, ils préfèrent celles qui sont uniques et plus discrètes » analyse cet Australien basé dans la capitale chinoise.


Rigueur budgétaire Entre-temps, le ralentissement de la croissance en Chine – 7,8 % en 2012, le plus faible taux enregistré en treize ans – a également incité les grands groupes (Kering, LVMH, Richemont) à choisir avec plus de précaution leurs nouveaux emplacements dans les 3 100 centres commerciaux que compte le pays. Voire à geler complètement les nouvelles implantations de magasins, la campagne anti-corruption lancée par le gouvernement central invitant aussi à faire profil bas. « On est dans un contexte de rigueur budgétaire. Les marques désormais établissent des priorités et réfléchissent deux à trois fois avant d’ouvrir de nouveaux points de vente » note Pascal Armoudom, associé au cabinet de conseil A.T. Kearney à Shanghai. Positionné sur le « hyper-luxe », Hermès a, par exemple, annoncé une seule nouvelle ouverture par an en Chine. Objectif du maroquinier français : rester rare et exclusif pour séduire une deuxième génération d’acheteurs chinois plus sophistiqués. De son coté, Gucci a annoncé qu’elle n’ouvrirait pas de nouveaux points de ventes en Chine en 2013. Fleuron du groupe Kering (ex-PPR), la marque italienne, très distribuée 59 emplacements en Chine contre 21 pour Hermès - préférant maintenant se concentrer sur ses points de vente existants. Si l’avenir du luxe dans le géant asiatique reste bien dans les villes de deuxième, troisième et quatrième rang peu saturées, l’industrie se recentre aujourd’hui sur les vaisseaux amiraux des grandes métropoles. À Pékin, Shanghai et Canton, ils restent incontournables pour faire rêver. Aujourd’hui, ces flagship stores s’agrandissent, se rénovent, accueillent des espaces privatisés pour fidéliser une clientèle toujours plus exigeante. « La taille des magasins chinois distribuant des produits de luxe a augmenté de façon spectaculaire au cours des dernières années. Chez certaines marques, les espaces sont aujourd’hui trois à cinq fois plus grands en moyenne » écrit ainsi le cabinet de conseil McKinsey de décembre 2012.

Aujourd’hui les flagship stores s’agrandissent, se rénovent, accueillent des espaces privatisés pour fidéliser une clientèle toujours plus exigeante.

« Auparavant, les consommateurs chinois privilégiaient les marques affichant des logos immédiatement reconnaissables. Aujourd’hui, ils préfèrent celles qui sont uniques et plus discrètes » Timothy Coghlan, consultant australien

chiffres clés

8 le taux de croissance, en pourcentage, des ventes de produits de luxe sur les sites de e-commerce en Chine en 2012, selon une étude du cabinet de conseil McKinsey

30 le poids, en pourcentage, que représente le giftgiving (le fait d’offrir des cadeaux très chers pour faciliter les relations professionnelles) dans le secteur du luxe en Chine

45 le nombre de boutiques de Louis Vuitton en Chine continentale.

63 la part, en pourcentage, des riches Chinois qui ont profité d’un séjour à l’étranger l’année dernière pour acheter des produits de luxe

R aphaë l B ale n i e r i

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Source : Imagine China

E-retail : le luxe s’y met… enf in !

Patrice Nordey Fondateur et CEO de l'agence Velvet, spécialisée en consulting digital - accompagne des enseignes de l'industrie de la mode, beauté et du luxe dans la construction et développement leur présence online en Chine. www.velvetgroup.com

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À la loupe

S

elon une étude réalisée par KPMG, 72 % des touristes Chinois voyageant à l‘étranger déclarent avoir acheté des produits de luxe. Ces achats représentent une part considérable de leurs dépenses totales (plus de 40 %) avec pour articles de choix les produits cosmétiques, les montres et les sacs à main. Ces dépenses, de 20 à 30 % moins chères qu’en Chine, pèsent aujourd’hui pour la moitié du marché chinois du luxe. Pourtant, avec le développement fulgurant des achats en ligne dans l’Empire du Milieu (159 milliards d’euros fin 2012) ce modèle évolue et voit apparaître depuis quelques années des pure players Internet profitant de ce juteux marché. A l’instar de startups telles que 5lux.com, Ihaveu.com, Shangpin ou encore Xiu.com (87 millions de chiffre d’affaires en 2012), ces nouveaux venus achètent directement aux distributeurs – rarement aux marques – et court-circuitent tous les intermédiaires pour proposer des


prix 20 à 50 % inférieurs à ceux pratiqués par les circuit officiels des boutiques. Certains, telles que Secoo.com vendent même des produits de luxe de seconde main en s’assurant de l’authenticité et du bon état de leur produit via une certification rigoureuse. Pour contrer ces nouveaux modèles discount – qui ont formidablement ouvert l’appétit des consommateurs pour le « luxe digital » – les marques premium et haut de gamme s’affèrent à proposer leur modèle de distribution en ligne permettant de récréer les conditions d’une expérience de luxe, avec de l’exclusivité, de la personnalisation et des services à valeur ajoutée. 2015 : 10 % des achats luxe en ligne Les acteurs du marché cosmétique haut de gamme ont été les premiers à se lancer tels que Lancôme et le distributeur

« Pourtant, avec le développement fulgurant des achats en ligne dans l’Empire du Milieu (159 milliards d’euros fin 2012) ce modèle évolue et voit apparaître depuis quelques années des pure players Internet profitant de ce juteux marché. »

spécialisé Sephora dès 2006. Les marques Marni, Armani, Bally, Dolce & Gabanna, Alexander Wang ou encore Moncler se sont ainsi lancées en 2012 sous l’égide de la plate-forme italienne Yoox. Plus récemment Hugo Boss ou encore Coach a lancé leur offre e-commerce sur une gamme réduite de produits. Les department stores tels que Mark & Spencers ou encore Lane Crawford accélèrent également le développement de leur offre Internet à destination de leur clientèle aisée en Chine et Hong Kong. Estimé à 11,1 milliards de yuans en 2011, le marché du e-luxe en Chine a bondi de 71 % en 2012 avec 18,9 milliards de yuans de dépenses en ligne. Il devrait dépasser les 45 milliards de yuans d’ici à 2015 selon iResearch et ainsi capturer 10 % du premier marché du luxe au monde. Patrice Nordey

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P OINT D E V UE

Distribuer en Chine, quel modèle ? 3 questions à… … Nicolas Van de Casteele (1) Dirigeant, avec Benjamin Dupuy d'Angeac, de Asia Retail...

1. Dirigeant de Asia Retail Partners, société créée en 2011 qui accompagne sur le marché chinois les marques Sergent Major, Simone Perele, Faconnable et Angelina. Ces marques comptent près de 130 salariés (siège social et boutiques) et une trentaine de boutiques à Shanghai, Pékin, Hangzhou, Nanjing, Ningbo, Wuxi, Chanzhou… et bientôt à Chengdu et Sanya.

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Connexions : Quels sont les limites du système de franchise, souvent privilégié par les marques qui « entrent » en Chine ?

Ce modèle est intéressant pour les marques de petite et moyenne envergures mais présente certains risques sur le long terme. L’immobilier commercial en Chine ne suit en effet aucune logique économique. Les bons emplacements sont rares et inabordables pour beaucoup de marques ; le franchisé est donc soumis à une pression financière importante. Le niveau de marge au détail, que la marque lui laisserait sur un marché comme la France, n’est pas suffisant pour imaginer atteindre l’équilibre dans ses magasins. La marque n’a souvent pas d’autres moyens que de réduire ses marges de gros et le franchisé d’appliquer une augmentation de prix parfois exorbitante. Conséquence : le ratio « value for money » qui constitue l’ADN de la marque est totalement dénaturé. Outre la pression sur son compte de résultats, le franchisé s’engage généralement sur un stock a minima - il est ainsi courant de le voir proposer des collections sur des années n-1, voire n-2. Difficile dans ces conditions de suivre une stratégie globale de marque et de maintenir la cohérence de l’offre. Ce système impose par ailleurs d’être particulièrement vigilant sur le choix du partenaire et les termes du contrat signé. Si la marque souhaite reprendre la main, elle risque de devoir payer cher pour un réseau nullement sécurisé.


Source : Imagine China

Ne faut-il pas alors opter pour un modèle de licence ?

Ce système présente également des risques pour les sociétés étrangères qui n’ont pas - ou trop peu de moyens de contrôle. Le pouvoir d’une marque reste essentiellement ses produits et le contrôle de son image. Si une société donne sa licence avec la possibilité de produire en Chine, le risque est de voir son licencié mettre la priorité sur sa marge sans se soucier de la qualité des produits. La culture business en Chine reste une vision à court terme alors qu’implanter une marque sur un nouveau marché est un effort de longue haleine. Difficile de faire renaitre ce que le licencié aura potentiellement détruit. Le coût de reprise et de remise à flot est bien plus élevé que les retours financiers encaissés par la marque. Il est également possible d’accéder au retail en opérant directement sur le marché chinois. Mais attention, la maitrise de ce marché ne s’improvise pas. Beaucoup d’entreprises ont du mal à accorder leur confiance à des partenaires locaux. Elles préfèrent encore envoyer du personnel « maison » certes expérimenté sur leurs métiers mais coûteux et néophyte sur ce marché complexe.

Quelles sont selon vous les recettes du succès ?

Pour se démarquer sur un marché fortement concurrentiel, il est indispensable de bien comprendre ses consommateurs, d’avoir une vraie identité de marque, un savoir-faire et

« Pour se démarquer sur un marché fortement concurrentiel, il est indispensable de bien comprendre ses consommateurs, d’avoir une vraie identité de marque, un savoirfaire éprouvé et une belle histoire à raconter ».

une belle histoire à raconter. Il faut fidéliser la clientèle tout en évitant tout impair culturel. En résumé, l’ADN doit rester intact quitte à l’adapter pour être mieux compris. Nous privilégions chez Asia Retail Parners un modèle de joint-venture qui consiste au mariage de deux savoir-faire. L’un apporte son expérience du marché chinois et ses équipes locales et l’autre, sa marque et ses produits. Les risques financiers sont partagés, les partenaires partagent une culture commune et un objectif commun : réussir une implantation cohérente sur le long terme sur un marché hautement stratégique. Ce « mariage » facilite les échanges de savoir-faire mais surtout améliore la communication qui est souvent la cause principale d’échec d’autres types de partenariats où les intérêts sont rarement alignés. Ce modèle permet une totale transparence et un total contrôle sur les opérations, sur la stratégie et permet à la joint-venture de bénéficier d’un prix de transfert privilégié qui permet le maintient d’une politique de prix cohérente mais aussi de proposer à des partenaires régionaux des marges suffisantes pour opérer la marque localement sous modèle de franchise ou d’affiliation. La marque contrôle les grandes villes et peut décider d’accélérer son développement via ces deux modèles et contrôle localement par la joint-venture. Propos recueillis par

P i e rre T i e s s e n

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Source : Imagine China

« Faire vite » : la loi du retail dans le textile en Chine Les marques françaises de vêtements ont d’abord ouvert des boutiques en propre pour présenter leur offre sur un marché gigantesque mais hyperconcurrentiel. Aujourd’hui reconnues, elles privilégient davantage les franchises, et les meilleurs emplacements.

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Stratégie

D

ifficile d’accès, le marché chinois du prêt-à-porter ? Pas si l’on en croit le dernier Retail Apparel Index publié en juin par le cabinet de conseil A.T. Kearney. En 2013, la Chine occupait la première place de ce classement de référence mesurant le potentiel et l’attractivité des pays émergents pour les distributeurs mondiaux de vêtements. « La Chine reste incontournable en raison de la taille de son marché et la forte croissance des ventes de prêt-à-porter » écrivent les consultants dans cette étude annuelle. Pourtant, sur le terrain, la situation est plus contrastée. Entre l’expansion, très agressive en Chine, des leaders de la fast fashion (Gap, Zara, Uniqlo, H&M…), la concurrence des marques locales chinoises et le boom du e-commerce, pas facile pour la mode grand public française de se faire une place au soleil. Après avoir, dans un premier temps, ouvert des boutiques à Pékin ou à Shanghai – lesquelles permettent de maîtriser l’offre,


chiffres clés

3 100 le nombre de shopping malls en Chine, selon le Global Retail Development Index du cabinet de conseil A.T. Kearney.

65 Source : Imagine China

l’image et le « concept magasin » - les entreprises hexagonales du textile (Etam, Pierre Cardin, Décathlon, Lacoste…) espèrent désormais se développer plus rapidement, via des franchises dans le reste du pays. « En Chine, pour se faire connaître, il faut faire vite, très vite » explique Laure Kruithof, en charge du retail dans le géant asiatique pour IDGROUP, spécialisé dans le prêt-àporter pour enfant, propriétaire des marques Okaïdi et Jacadi. Comme Montagut, cette dernière fut parmi les premières entreprises françaises de vêtement à venir en Chine. Implantée depuis 1999, elle dispose aujourd’hui de 31 points de vente à travers le pays. Plus abordable mais moins connue, Okaïdi a en revanche inauguré sa première boutique chinoise à Shanghai : sept ans plus tard, en 2006. Vers plus de franchises Depuis, après avoir ouvert une trentaine de points de vente, Okaïdi a été contrainte à en fermer plus de la moitié. Principalement des comptoirs dans les centres commerciaux qui n’assuraient pas un chiffre d’affaire satisfaisant. « Pour réussir en Chine, il faut tester ce qui ‘marche’, faire des erreurs », témoigne la responsable

qui gère aujourd’hui un parc de quatorze boutiques d’une superficie moyenne de 110 m2. Et mettre le prix. Combinée à l’augmentation du coût du travail, la hausse du prix de l’immobilier pousse à présent les spécialistes de la mode à rationaliser leur réseau de distribution pour privilégier les meilleurs emplacements. À savoir, une grande surface dans un shopping mall familial, une présence dans une rue piétonne haut de gamme ou un flagship store (voir abécédaire page 44) bien exposé… Restent les barrières administratives. En Chine, chaque commerce détenu par une même enseigne est, de droit, considérée comme une entité juridique et fiscale à part. Pour éviter de tenir plusieurs comptabilités, les distributeurs internationaux préfèrent donc désormais se développer sur l’immense territoire chinois avec des franchisés. Gérées en coopération avec un partenaire local qui signe le bail, paie les taxes et recrute les employés, les franchises permettent de s’étendre plus rapidement. Notamment dans les villes chinoises de deuxième et troisième rang, en plein développement.

le nombre de magasins ouverts en Chine sur la seule année fiscale 2012 par Uniqlo, portant à 145 le nombre de boutiques détenues par le géant japonais dans le pays.

20 % le taux de croissance prévisionnel pour les trois à cinq prochaines années sur le segment du vêtement pour enfant en Chine.

1,5 an l’espérance de vie moyenne d’une marque de prêt-à-porter chinoise, selon une étude de la Chinese Apparel Association.

R ap h a ë l B a l e n i e r i

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L’

actualité met en lumière la volonté marquée des autorités chinoises de lutter plus vigoureusement contre les multiples pratiques illégales des entreprises. L'affaire GlaxoSmithKline (GSK), pour des faits allégués de corruption, et la condamnation de six producteurs de lait infantile pour pratiques anticoncurrentielles en figurent parmi les illustrations les plus commentées. Une vigilance particulière est donc de mise en matière de conformité aux règles par les entreprises (compliance).

Source : Imagine China

Pratiques illicites en Chine : risques et recommandations pratiques 32

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Deux sources fréquentes d’irrégularités : réglementations sur la corruption et sur les ententes La réglementation chinoise met en place des règles strictes et nombreuses. Ainsi, par exemple, le droit chinois réprime la corruption d’agents publics mais aussi la corruption dans un cadre commercial privé, à savoir les dessous-de-table et cadeaux destinés à obtenir un avantage indu. Corrupteurs comme bénéficiaires encourent des amendes non plafonnées et de lourdes peines d'emprisonnement. Autre source de règles, la loi chinoise anti-monopole sanctionne quant à elle principalement les accords entre concurrents (sur le prix notamment) et la fixation par un vendeur du prix de revente d'un produit. Les contrevenants s’exposent à une amende de 1 à 10 % de leur chiffre d’affaires. Des amendes de plusieurs dizaines de millions de dollars ont déjà été infligées en Chine sur ce fondement. Des répercussions extraterritoriales Les questions de compliance sont en outre susceptibles d'avoir des répercussions hors de Chine. En effet, la loi pénale française et certaines normes internationales comme le Foreign Corrupt Practice Act (FCPA) américain ou le UK Bribery Act (UKBA) anglais peuvent entraîner des sanctions très lourdes pour des faits de corruption, même commis à l’étranger. Le japonais Marubeni a ainsi été condamné en 2012 à payer 54,6 millions de dollars pour avoir obtenu frauduleusement des marchés au Nigeria, et l’amende la plus élevée de l’histoire du FCPA (800 millions de dollars) a été infligée à l’allemand Siemens pour des faits similaires en Argentine.


Ainsi, les enjeux liés aux questions de compliance sont considérables, et nécessitent des mesures de prévention. Des mesures de prévention nécessaires La première des mesures recommandées est d'établir au sein de l’entreprise des normes internes et codes de bonne conduite, portant a minima sur les politiques de cadeaux, d’achats et de conflits d’intérêts. Salariés et partenaires commerciaux doivent être sensibilisés et responsabilisés grâce à des formations ciblées, expliquant clairement ce qui est ou n'est pas admis. Pour éviter d'être accusée de bénéficier des pratiques illicites d'un partenaire, l’entreprise doit inclure dans ses contrats des clauses obligeant ses contreparties à se conformer aux normes applicables. La mise en place de telles mesures, audelà de leur effet direct, peut permettre à l'entreprise de limiter sa responsabilité en cas de découverte de pratiques illicites. Le niveau de compliance doit également être régulièrement vérifié à travers des audits spécifiques, menés par des équipes de conseils extérieurs ( juridiques et financiers) afin de garantir leur indépendance vis-àvis du management. La confidentialité des échanges est primordiale. L’audit doit être mené sans préavis, seul le top management étant informé. Il implique une revue des contrats et de la comptabilité, mais aussi une enquête sur place incluant entretiens, revue des agendas et parfois analyse des disques durs. En cas de découverte de problèmes, l’audit doit entraîner des décisions rapides, la première étant de mettre fin aux pratiques illicites et de se séparer (avec prudence) des dirigeants et salariés concernés. Il faut ensuite modifier gouvernance, codes de conduite et procédures pour tenir compte des risques identifiés. Il convient d'envisager de dénoncer les éventuelles pratiques anticoncurrentielles pour bénéficier des programmes de clémence prévus par la loi. Quelle qu'en soit la motivation, politique, économique ou juridique, il est certain que l'exigence de compliance ne va cesser de s'accroître en Chine. Compte tenu des enjeux, aucune organisation ne peut désormais l'ignorer. Antoine de l a G at i nai s,

Associé et responsable du bureau de Shanghai

i n t e rv i e w

« Il faut repenser le parcours client en le rendant expérientiel » Trois questions à… … Philippe Vincent, directeur et fondateur du cabinet Retail&Detail en France, ancien directeur Stratégie et Marketing du Groupe Intermarché Connexions : Quels sont les nouveaux modèles de distribution ?

La principale préoccupation du retailer - tous secteurs confondus - est de réussir le virage du cross (ou omni) canal, et du digital. Il lui faut revoir ses modèles pour contrer la montée des pur-players internet et répondre aux exigences de clients connectés en permanence - internet, mobile, réseaux sociaux… Le retailer doit alors s’attacher à valoriser l’expérience client : avant l’achat, pendant la visite, et après. Les magasins doivent être (redevenir) suffisamment attractifs, pour susciter l’envie de venir et l’envie d’acheter et éviter ainsi le simple effet de show rooming (client qui fait un tour en magasin pour voir le produit qui l’intéresse et l’achète ensuite sur le net chez un pur-player).

Comment réussir ce « virage » ?

En repensant le parcours client, en le rendant expérientiel. Il faut offrir au client une expérience qu’il n’aurait pas pu avoir derrière son écran. Nous allons vers un marketing en magasin qui sera être plus sensoriel. Le goût, l’odorat, le touché sont aujourd’hui difficilement transposables en digital. Sensoriel et aussi plus émotionnel, plus de produit en situation de consommation, revisiter les principes du merchandising. Cela passe par faire goûter et tester les produits - simple mais complètement oublié par les distributeurs, proposer des produits locaux qui justifient l’ancrage local du point de vente et se différencient de la « masse », faire du sur-mesure et de la personnalisation, connecter les magasins, mais avec des applications qui sont différentes de celles que l’on peut avoir sur son ordinateur ou mobile. Cela passe par des écran XXL qui permettent de voir des produits en taille réelle (exemple : un frigo, un lave linge ou un canapé..), des principes de réalité augmentée, ou des bornes de service. Enfin, il faut naturellement redonner à « l’humain » toute sa place avec une relation personnalisée. Je ne dénigre pas l’importance du « Big Data » dans le futur mais il faut en parallèle développer la relation humaine au client, « la chaleur ajoutée ».

Constatez-vous la mise en place de stratégies spécifiques sur des nouveaux marchés, comme le marché chinois ?

Pour réussir à l’étranger, il est indispensable de bien étudier et connaître son marché. Hormis peut être le luxe - et j’entends par là le « vrai » luxe -, il n’est guère possible d’imposer tel quel dans un pays de culture différente, le concept ou la formule commerciale qui a fait ses preuves dans le pays d’origine. Trop longtemps on a pensé qu’il suffisait d’ouvrir un magasin pour que cela marche toute seul. La règle d’or est l’adaptation locale. Une marque à vocation « mondiale » doit de toute façon avoir un territoire de marque universel mais des concepts commerciaux adapté aux spécificités et cultures des pays (dans la limite de la cohérence et du respect de l’ADN de la marque). Il y a une place pour le « Made in France », dans tous les domaines où il y a un vrai « patrimoine français » : le luxe, la mode, la cuisine et la restauration, l’architecture… Propos recueillis par P i e rre Ti es s en

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« Si c’était à refaire, {…} je miserais sur un bon site et deux showrooms »

Source : DR

La grande mue du retail dans les yeux de Shanghai Trio

Expérience

A

u milieu des années 1990, Virginie Fournier s’installe à Shanghai. Amoureuse des belles matières, elle tombe sous le charme du talent des artisans chinois, décidant de mettre leur savoir-faire au service d’accessoires inspirés du quotidien de la rue, des usines, des échoppes… Naissent alors des pochettes, besaces, écharpes… aux formes épurées réalisées dans des couleurs vitaminées et des matières nobles. Le manteau de pluie des balayeurs devient imperméable «Workers» en polyester jaune fluo; la sacoche des bus-men shanghaïens besace « trolley bus » et les traditionnelles mesures à riz trousses de toilette. Les matières sont naturelles (lin, coton tissé main du Shandong ou laine de yak bio…), traditionnelles (les soies de Kashgar), innovantes comme le coton verni et, chaque fois que possible, issues du recyclage. Ainsi le cuir d’anguille, véritable sous-produit d’une industrie agroalimentaire très

Décision d’achat en trois temps

Shanghai Trio , créé en 1998 par Virginie Fournier fait partie de ces entreprises qui n’apparaissent pratiquement jamais sur le radar des pouvoirs publics. C’est aussi une petite équipe dont l’inventivité et le tonus rassurent sur les capacités de rebond de l’économie française.

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• •

Le processus d’achat du client chinois commence par une longue et méticuleuse observation. Il inspecte l’objet convoité sous toutes les coutures, le tourne et le retourne, observant le moindre détail avec un soin extrême. Puis, une fois convaincu, il se décide brutalement, souhaitant être immédiatement servi. Même s’il apprécie les tirages en quantité limitée, garantie d ’o r i g i n a l i t é   e t   s o u v e n t d’excellence, jamais il n’acceptera un objet qui a déjà été touché. Au détaillant d’être prêt… même si certains de ses objets n’existent qu’en deux exemplaires.


consommatrice de poissons en Asie du Nord. Le tout dans un style « ethnique monde » à la fois enraciné et ouvert sur les autres, lieux, hommes, cultures… Un look tonique, en connivence avec une clientèle aux semelles de vent et avide d’authenticité. Si son premier modèle de diffusion dans des grands hôtels shanghaïens type tour Jin Mao - cantonne Shanghai Trio au cercle des expatriés occidentaux, dès les années 2000, l’ouverture de ses premières boutiques, à Fuxing Xilu puis Xintiandi, attire irrésistiblement les voisins d’Asie du Nord : Japonais, rapidement rejoints par les Singapouriens, Taïwanais… et les Chinois du continent qui forment aujourd’hui la plus grosse part de leur clientèle. Dans les années 2000, la boutique était, même pour une petite

marque, le passage obligé. Shanghai Trio en compte quatre en Chine (trois à Shanghai, une à Pékin), dix ans plus tard, tout à changé. « Si c’était à refaire, je ne reproduirais pas mon parcours, affirme Virginie Fournier, je miserais sur un bon site et deux showrooms » Shanghai et Pékin, bien sûr. Pour elle, un nouvel arrivant n’est plus tenu de s’imposer les loyers explosifs et le casse tête du bon emplacement, surtout dans des villes comme Pékin, sans réel centre ville. Tout n’est cependant pas rose au pays de l’e-commerce et le site gourmand en temps et en argent, car il doit informer, faire rêver, cocooner un client habitué à se faire livrer une foule de produits… qu’il n’hésite pas à retourner en tout aussi grande quantité. M ad e l e in e B a rb i e r

chiffres clés

Shanghai Trio 45 personnes

entre Shanghai, Pékin et désormais Paris

1 million d’euros

CA réalisé à plus de 80 % en Chine

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Enquête Ifop

Chine : des consommateurs plus « autonomes » L’évolution des circuits d’informations et d’achats amène les grands magasins et les centres commerciaux à proposer une expérience de divertissement améliorée afin d’attirer les consommateurs. De telles initiatives répondent mieux aux nouvelles attentes des clients en quête des propositions conjuguant découvertes uniques, choix quasi-illimité et promotions permanentes. Cependant, cette nouvelle tendance révèle aussi un affaiblissement de la relation entre les marques et les consommateurs devenus plus autonomes.

L

a proportion d’acheteurs en ligne de produits de beauté est passée de 10 % à 25 % en Chine entre 2011 et 2012. Le recours accru des consommateurs chinois aux sites d’évaluation et de comparaison s’inscrit dans une approche toujours plus pragmatique qui voit l’avènement de la chasse effrénée au best deal. Une tendance confirmée par le fait que, dans 90 % des cas, le prix est un des trois principaux critères d’achat pour la génération Z, contre 70 % pour les générations Y et X. Si les grands magasins et les centres commerciaux restent encore dominants, ils doivent néanmoins s’adapter, de la même façon que le cinéma a dû faire faire face à la banalisation du téléchargement, c'est-àdire en offrant un spectacle de qualité inégalé. C’est pourquoi, l’expérience d’achat prend le pas sur l’expérience de la marque dans la grande distribution. Les variables prix ou marques sont loin en effet d’être les seules à jouer dans le processus de décision des consommateurs chinois. Avec l’évolution du pouvoir d’achat et du temps libre, la notion de plaisir prend une place plus importante dans l’acte d’achat. Les exigences purement fonctionnelles (horaires, location, livraison…) sont désormais considérées comme du pré-requis. On assiste donc au renforcement des dimensions émotionnelles. Les dimensions émotionnelles renvoient ici aux pratiques individuelles (une pause dans son travail), collectives (shoppping entre ami(e)s) ou sociales (le stand Doraemon de Xitiandi

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L’expérience d’achat prend le pas sur l’expérience de la marque.

parce que c’est trendy). Elles peuvent être traduites ici par l’idée d’une exigence de divertissement. Ce phénomène ressort clairement des études shopping menées par l’Ifop avec, par exemple, les cols blancs qui recherchent un moment de détente et d’entertainment dans une journée de travail qu’ils jugent ennuyeuse. Le passage par un centre commercial devient un moment de divertissement qui est anticipé et soigneusement préparé. Ainsi, si l’on interroge des acheteurs occasionnels de vêtements de marque sur un possible sevrage de shopping, il ressort que 75 % d’entre eux auraient l’impression de rater une grand part de fun dans leur vie (contre 97 % pour des fashion addict). De consommateurs de marques à des acheteurs autonomes Cette tendance dans la grande distribution souligne le basculement de consommateurs de marques à des acheteurs autonomes. L’apparente frivolité révèle des consommateurs plus individualistes et surtout plus matures par rapport aux marques. Pour eux, il n’est plus question d’une relation exclusive qui débouche sur l’achat répété. Dans le secteur beauté et bien-être, l’Ifop a déjà pu noter que les marques jouent un rôle moins important que le produit dans le processus d’achat. Il ressort que seulement 43 % des consommateurs de la génération Z achètent leurs produits aux comptoirs de marque dans les grands magasins, contre 60 % pour leurs ainés. Dans ce cas précis, c’est l’image de grand professionnalisme et d’expertise qui est associée à une dimension intimidante, voire stressante. Ainsi, une consommatrice interrogées sur son expérience d’achat souligne que « les conseillères vous suivent partout et font beaucoup de commentaires techniques sur les produits ». C’est pourquoi, l’expérience décomplexée proposée par des enseignes telles que l’Occitane ou Kiehl’s séduit. Bien évidemment, les consommateurs achètent toujours de façon répétée leurs marques favorites mais plus au même endroit (de quatre à cinq canaux de distribution en moyenne sur une période de douze mois) et plus dans les mêmes conditions. Les marques n’ont plus la main mise sur les consommateurs chinois qui explorent davantage. C’est pourquoi il leur est nécessaire de maintenir une relation avec leurs clients ou de se la réapproprier pour éviter qu’elles ne tombent aux mains des enseignes de distribution. St é p h a n e C our q ue ux,

Directeur général d’Ifop Asie


par un tiers à l'étran ger

50 %

40 %

30 %

20 %

Source : Ifop

60 % Sepho ra

en dire ct à l'étr anger

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Parfum eries

50 %

Catalo gues / Livrais on

Achat

60 %

Parfum eries

Villes Tier 3

Sepho ra

en dire ct à l'étr anger

Pharm acie

Salons de bea uté

70 %

Catalo gues / Livrais on

Achat

d'un aé roport intern ationa l

par un tiers à l'étran ger

Sasa Ventes directe s, port e à port e (ex : Amwa y, Avo n)

Duty F ree

Achat

Magasi ns spéc ialisés cosmé tiques

GÉnÉration Y, années 1980

Pharm acie

Villes Tier 2

Salons de bea uté

marqu e

Superm arché (e x : Hua lian)

Boutiq ue de la

Shopp ing on-l ine Shopp ing on -line : plate-f orme d'acha t (ex : Taoba o) Shopp ing on -oline : site d es marq ues Compto irs cosm étique s dans les gra nds ma gasins Magasi ns pro duits d e beau té (ex: Watso n) Hyperm arché (e x: Carr efour, Walma rt)

GÉnÉration Z, années 1990

Sasa Ventes directe s, port e à port e (ex : Amwa y, Avo n)

shops at inte rnation al airp orts ab road

Achat

Magasi ns spéc ialisés cosmé tiques

Villes Tier 1

Duty fr ee

marqu e

Superm arché (e x : Hua lian)

Boutiq ue de la

70 %

Shopp ing on -oline : site d es marq ues Compto irs cosm étique s dans les gra nds ma gasins Magasi ns pro duits d e beau té (ex: Watso n) Hyperm arché (e x: Carr efour, Walma rt)

Shopp ing on-l Shopp ine ing on-l ine : p late-fo rme d'a chat (e x : Tao bao)

Circuits d'achat pour les produits cosmÉtiques : À travers les gÉnÉrations (par an) GÉnÉration X, années 1970

Plus on est jeune, plus on diversifie ses circuits d'achat ; encore plus au profit des distributeurs multi-marques et du on-line

40 %

30 %

20 %

10 %

0

Circuits d'achat pour les produits cosmÉtiques, selon les niveaux de dÉvÉloppement des villes (par an)

Sans surprise, les consommatrices de Tier 1 disposent et profitent de plus de diversité des circuits, à la faveur des circuits multi-marques et des "shopping travels". Les consommatrices de Tier 2 se concentrent sur les moyennes et grandes surfaces offrant une diversité de marques et de niveaux de prix. Le relatif manque d'infrastructure de distribution en Tier 3 laisse la part belle au On line.

10 %

0

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Source : Imagine China

E-retail : la Chine en ligne (de mire) Le commerce en ligne chinois est désormais – et ce, depuis juin dernier – le premier marché mondial évalué, annuellement, à 172 milliards d’euros 1 (contre 169 milliards pour les États-Unis). 1. Une progression de 100 % par rapport à 2011 !

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Stratégie

E

-retail, la poule aux œufs d’or pour les marques en Chine ? Une chose est sûre : « les ventes en ligne explosent. Le BtoB, qui re p ré s e n t e   a u j o u rd ’ h u i 30 % du marché, devrait passer à 45 % dans deux ans », confirme Patrice Nordey de l’agence de consulting digital, Velvet (voir page 26). Même si d’aucuns estiment qu’il est déjà trop tard, que le marché est désormais trop installé pour espérer s’y faire une place, le commerce en ligne « n'est encore qu'une toute petite partie du retail {moins de 7 % du total des ventes de détail du pays, ndlr} et le m-commerce est encore une sous-petite partie du commerce en ligne », comme le soulignait récemment Renaud Edouard-Baraud, le directeur général de L'Atelier BNP Paribas Asia. Il reste donc encore des stratégies à inventer.


Taobao - l’ebay chinois - seul en tête 90 % du e-retail en Chine se fait aujourd’hui via des « plates-formes tentaculaires comme Taobao (« chasse au trésor », en mandarin), filiale du géant chinois Alibaba créée en 2003, qui s'est rapidement imposée comme l’ebay national. Il est la référence du C2C et C2B. « En moyenne, 48 000 produits sont vendus à la minute et le 11 novembre 2011, Taobao a enregistré des transactions pour un montant de plus de 800 millions de dollars... », note Hacène Taibi (voir ci-contre). C’est de fait le grand succès de l’internet national ces dernières années, avec également celui de Baidu [concurrent de Google en Chine, ndlr]. Des grands noms (Dell, Sony, etc.) se bousculent sur Taobao et y vendent en direct leurs produits. Mais la vraie manne provient aussi de cette armée d’anonymes qui, devant leurs écrans, s’improvisent entrepreneurs et y vendent de tout (produits ménagers, cosmétiques, jouets, services…). Un succès qui donne des ailes. La direction du site a en effet créé en 2011 une joint-venture avec la très populaire chaîne de télévision du Hunan afin d’y produire le premier Téléachat chinois - un programme destiné à la promotion des produits en provenance des commerçants sur Internet. Couvrir l’ensemble du territoire Les autres plates-formes s’appellent Paipai, Tmall, Eachnet, 360buy, propriétés de grands groupes Internet, qui bénéficient d’un réseau des relais offlines afin d’augmenter leur capacités logistiques et d’être mieux visibles pour leur clientèle. Viennent également s’ajouter de plus en plus d’acteurs-tiers qui fournissent à ces plates-formes « des services externalisés sur les fonctions paiement, marketing, livraison ou la logistique », analyse une récente étude du cabinet McKinsey. Et ce afin d’être présent sur l’ensemble du territoire et y doper la consommation. Une consommation qui, relève la même étude du cabinet américain, ne remplace pas celle effectuée hors ligne. Et d’expliquer : « Nous avons constaté qu'un dollar de consommation en ligne remplace environ 60 cents des ventes dans les magasins hors ligne mais génère environ 40 cents de consommation supplémentaire ». Le e-retail offre décidément de nouvelles perspectives… P. Ti.

La règle d’or : « s’adapter aux comportement des internautes chinois » Trois questions à … … Hacène Taibi 1 1. Directeur et fondateur de www.THEM.pro, PME française installée à Pékin, spécialisée dans le développement de sites et le marketing en ligne à destination d‘entreprises

i n t e rv i e w

Connexions : N’est-il pas trop tard pur se positionner sur le e-commerce en Chine ?

Le mouvement de développement du e-commerce en Chine est comparable dans ses métamorphoses au marché américain et européen, si ce n’est que tout s’y fait de manière accéléré. Après les deux phases de développement CtoC (Taobao) puis de plateforme BtoC (Tmall, Amazon), nous sommes donc entrés dans l’air des e-commerces pour les marques, qui créent leur propre plateforme et leur propre canal digital pour pouvoir à la fois personnaliser l’expérience du client à leur univers, et en même temps reprendre la main sur leur distribution sur internet. De même qu’un grand nombre de marques ont leur site e-commerce en Europe et aux États-Unis, d’ici deux à quatre ans un grand nombre de marques chinoises ou en Chine auront leur propre portail de vente en ligne. Pour une marque (étrangère), quelle sont les stratégies à adopter pour bien distribuer en ligne en Chine ? Il faut d’abord adapter son offre, tester le marché. Ce qui se vend le mieux ailleurs n’est pas forcément ce qui se vendra le mieux en Chine. De même ce qui se vend le mieux en magasin n’est pas ce qui se vendra le mieux sur internet. Il est également indispensable d’adapter la plate-forme et le look and feel sans y perdre son âme et donc s’adapter aux comportement des internautes chinois. En revanche, ceuxlà savent dans 90 % des cas que la marque est étrangère, et c’est souvent un des critères de leurs choix. Il ne faut donc pas gommer toute référence au pays d’origine. Enfin, il est préférable de bien définir son marché. La Chine est à l’évidence un très grand pays, définir un acheteur type et cibler une zone géographique est souvent une bonne idée pour apporter tout de suite un service irréprochable au cœur de cible, quitte à s’étendre ultérieurement. Quelles sont les initiatives originales sur le segment e-commerce en Chine ? Le e-commerce intégré au logiciel de chat sur mobile Wechat, les scans de qrcode dans le métro pour acheter en ligne, les enchères en direct pour commander un taxi, sont autant de nouveautés qui vont entrer dans la vie quotidienne des Chinois dans les prochains mois. Propos recueillis par P i e rre Ti es s en

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à LA LOUPE Les spécificités du marché on-line chinois

· Le paiement cash à la livraison : un grand nombre de transactions e-commerce se font en cash en Chine (plus de 45 % en 2012). Tout est déjà structuré pour gérer cette contrainte, c’est en général le transporteur qui récupère l’argent pour le compte du vendeur. ·Le m-commerce : le téléphone est le premier terminal de connexion en Chine, loin devant l’ordinateur (ce qui n’est pas le cas en Europe). Le commerce sur mobile se développe donc très vite. Les acheteurs chinois achètent sur leurs mobiles même sur des sites qui ne s’adaptent pas à la taille de l’écran (en responsive design, etc.), alors que c’est très rarement le cas en France. ·Le chat, l’instantané : les clients e-commerce chinois préfère de loin la communication instantanée, que ce soit par chat sur le site, par QQ, par sms ou par téléphone. Il faut donc répondre à cette exigence en ayant un service adéquat. H. Taibi

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Source : Imagine China

Les marques préférées des jeunes chinois On l’appelle en Chine la « génération du millénaire » ; celle de ces millions de jeunes chinois nés en villes entre 1985 et 1995. Peu politisés mais gros consommateurs de Web, ils sont réputés être « très sensibles aux marques » – étrangères en particulier, comme expliquait fin 2012 CBNweekly, lors de sa dernière enquête annuelle « spéciale consommation ». Une enquête réalisée sur cette génération de jeunes « en col blanc », véritable cœur de cible des marques dans cette Chine devenue en quelques années l’un des « premiers foyers » de consommation au monde. Les grands gagnants sont ceux qui – évidemment – épousent l’air du temps. « Les marques doivent miser sur Internet » - fixe et mobile - relevait alors l’hebdomadaire. 70 % des personnes interrogées affirmaient acheter

en ligne au moins une fois par semaine ! « Les jeunes chinois délaissent l’écran de télévision ». Résultat : les ventes de consoles (Sony et Nintendo) sont à la baisse tandis que « 60 % des cols blancs » jouent, expliquait l’article, via des applications qu’ils téléchargent (sur le service d’Apple ITunes notamment). Les annonceurs qui misent sur le « tout TV » sont donc à la peine. D’après le magazine britannique Campaign, cité à l’époque par le site spécialisé marketingchine.com, les dix marques préférées des consommateurs chinois – jeunes pour la plupart – sont dans l’ordre : Apple, Nestlé, Chanel, Sony, Samsung, Uni-Président, Panasonic, Nike, Canon et Starbucks. P. Ti



E-retail : la guerre du temps

Jack Ma Yun, CEO du groupe Alibaba, chante pendant la soirée de gala du 10e anniversaire de la plate-forme d'achat en ligne Taobao, le 10 mai 2013.

L

es grands portails chinois – Taobao, Tmall, Egou, 360buy. com, Amazon Chine, etc. – se livrent une guerre sans merci. Cartes de fidélité, bons de réduction, parrainages, lutte sur les prix… Tout est bon pour attirer dans leurs filets un maximum des quelque 600 millions d’internautes du pays. Mais il est pour eux une bataille plus importante que les autres : celle du temps de livraisons. Les rois du e-commerce chinois cherchent en effet aujourd’hui à créer des relais offlines (en dur) dans le but d’augmenter leurs capacités logistiques, de livrer le plus rapidement possible et d’être mieux visibles pour leur clientèle. Tout produit acheté en ligne doit théoriquement être livré dans les six heures à Pékin et les principales villes du pays. Voilà pourquoi Alibaba notamment a installé dès 2011 un grand réseau de magasins sur tout le territoire afin, dixit sa direction, « d’améliorer le contrôle qualité des services de distribution ». D’autres, comme le site 360buy.com paient au prix fort leurs « dispatchers », les responsables des équipes de livreurs. Les meilleurs, après quelques annéesde service, peuvent même ouvrir une filiale, profitant d’aides ou de prêts de la maison mère. Sur les trois dernières années, 360buy.com a également multiplié ses espaces de stockage, évalués aujourd’hui a quelque 1 500 hectares ! Même course contre la montre chez Kuaishubao – petit opérateur on-line ouvert en 2010 – qui a créé un réseau composé d’une myriade de minihubs au centre de Shanghai, Pékin, Changsha et Shenzhen de 30 mètres carré en moyenne (depuis lesquels partent les produits achetés) ; une politique de proximité qui permet de livrer en moins d’une heure en moyenne…

P. Ti

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Source : Imagine China

43 %

En chiffre

Le e-commerce est l’une des activités du digital en Chine qui progressent le plus (+25 % entre 2011 et 2012)

des internautes chinois

Taobao (site e-commerce) est le 1er mot recherché sur le moteur de recherche chinois Baidu sur PC et le 2e sur mobile Plus de 50 % des utilisateurs de la plate-forme de microblogging Weibo se rendent sur un site e-commerce après avoir trouvé des informations intéressantes sur le réseau social

Sources : www.THEM.pro

font du shopping en ligne



Abécédaire | Retail

DEFG

Dématérialisation Avec l’avènement du e-commerce, la boutique n’est plus le point de passage obligatoire du consommateur. « Les enseignes, notait récemment le journal Les Echos, gèrent de plus en plus les biens, les informations et les paiements avec des moyens immatériels, Internet et réseaux sociaux en tête ». Pour attirer ce consommateur si choyé dans leurs boutiques en dur, les enseignes doivent donc développer des concepts « étonnants, créer des ambiances originales et animer les lieux de vente. Le design opère au cœur de la formation de ces univers ».

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Eye tracking Qui dit retail, dit marketing de vente. Le Eye tracking est un ensemble de techniques permettant d’enregistrer les mouvements oculaires et qui permettent de savoir exactement vers où se dirige le regard du consommateur quand celui-ci entre dans un magasin et qu’il se promène le long des linéaires. C’est également l’impact d’une publicité qui peut être évalué : il apparaît ainsi qu’un « texte » sur une publicité est le critère le plus impactant sur la visibilité d’une publicité. « Si vous ajoutez du texte, on prévoit une visibilité quasi doublée ! », explique une récente étude de l’agence française Miratech.

Flagship store Terme anglais qui signifie vaisseau amiral, et dans la vente, magasin qui sert généralement de « locomotive » dans une stratégie retail. Il s’agit communément d’un magasin de grande surface dédié à une marque et proposant une gamme très large des produits de l’entreprise en question et exclusivement. Ce magasin « porte-drapeau », comme le précise le site marketing-professionnel.fr, « se veut la vitrine de la marque à laquelle il est dédié ; il symbolise la matérialisation de son territoire, de sa mission, de son image, de ses valeurs, mais aussi une revendication tangible de sa notoriété ».

Géolocalisation ou marketing de proximité. La prolifération des services mobiles dans le marché permet d’offrir au client une information en temps réel sur les services les plus proches dont il a besoin. Ce système permet en effet d’identifier des habitudes d’achats, des intérêts et donc, des nécessités à satisfaire. Et pour les spécialistes de retail intelligence, « la géolocalisation et la fidélisation ont trouvé dans les cadeaux, les réductions et coupons,… un grand allié : le développement des affaires locales grâce au marketing de proximité qui se matérialise avec la fidélisation des clients ».


L MPS

Luxe C’est l’un des secteurs retail pour lequel les projections de croissance sont les plus prometteuses en Chine (voir page 24), et ce en dépit de la campagne anti-corruption, lancée par Xi Jinping, qui vise les cadres du Parti habitués à recevoir ou à offrir des « cadeaux » haut de gamme. Selon de dernières estimations, le marché du luxe devrait en effet enregistrer en 2013 une croissance hors effets change supérieure à celle de 2012 pour atteindre 217 milliards d'euros, tirée par le continent américain, selon le dernier rapport du cabinet Bain & Co.

Multicanal Il est devenu impossible d’élaborer une stratégie commerciale retail sans prendre en compte la globalité des canaux de vente ; en boutiques bien sûr mais aussi le m-commerce (en mobilité) et le s-commerce (réseaux sociaux). Sur ces deux canaux, « les opportunités sont nombreuses, reconnaît marquesetreseaux.com, et le fort potentiel de ce canal d’achat d’un nouveau genre n’est plus à démontrer ». Il est cependant important d’intégrer « le commerce mobile à une stratégie multicanal complète ayant pour but de faire interagir les différents canaux de vente d’une marque. »

Pop-up store Magasins « pop-up ». Concept marketing né à Londres, multiplié à New-York et décliné ensuite dans les grandes capitales et mégapoles mondiales, dont Pékin. « Quand on parle de pop-up stores, on parle de boutique-pub qui a pour objectif d’avantage la promotion que la vente en soi », explique le site t-cuento. Une boutique à la durée de vie qui « n’est que de quelques mois ou même quelques jours dans certains cas. Le succès se conçoit à moyen terme avec un facteur surprise et un concept de « vitrine interactive » qui s’occupe du reste : convertir le produit en un succès. »

Solutions de gestion Ensemble des outils et logiciels permettant à une enseigne ; une marque de gérer à distance les stocks, les flux, les caisses, les ventes, la distribution des marchandises. Pour autant, relève Cegid, il ne suffit pas en Chine par exemple « de fournir les mêmes configurations de logiciels et matériels informatiques que ceux exploitées en France. Il s'agit de comprendre les exigences commerciales et légales d'une région ». Puis d'adapter le logiciel afin qu'il réponde à ces exigences. La connaissance de l’environnement d’implantation et du marché local est là encore fondamental.

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Hommage

à Joël Pujol Vice-président de la CCIFC à Canton

Source : CCIFC

T

out juste diplômé d'un MBA de l'École supérieure de Bordeaux en 1992, Joël Pujol part en Chine avec un titre de Business development manager de Transroutes International, qui venait de remporter un contrat prévoyant la construction des péages et des systèmes de gestion de trafic de l'autoroute reliant Canton à Shenzhen. Un axe clef de la province du Guangdong, alors en pleine explosion. « C'était le far-west. Il travaillait sur les chantiers au milieu des administrations, des ouvriers migrants et des gangsters », se souvient Renée Ajzenberg, une des ses amies arrivée en Chine, elle, au début des années 1980, « ce n'était pas glamour mais ça lui a permis de tout comprendre aux rouages chinois ». Plus tard, il rejoint une jointventure sino-française gérant notamment une usine d'embouteillage. Il sera appelé à débrouiller des différends entre partenaires français et chinois ce qui lui donne envie de capitaliser sur cette expérience en suivant un projet d'implantation dès son origine. C’est alors qu’il fait le tour des provinces pour développer une usine de fabrication de pinceaux Franpin et qu’il s'installe en 2001

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connexions AUTOMNE 2013

dans la ville de Xiaolan, non loin de Canton. Avec son ami Peng Zhi Hui, le jeune maire de Xiaolan, ils parlent ensemble de favoriser les implantations françaises dans la zone. Très vite l'ancien village d'agriculteurs, planté au milieu des rizières du delta de la rivière des Perles, devient le premier parc industriel français de Chine. Le modèle mis en place par Joël Pujol repose sur la « cogestion » des parcs avec l'administration du district. Il permet d'offrir aux entreprises une prise en charge complète de leurs projets (montage juridique et financier, gestion logistique, construction ou mise à disposition des bâtiments, recrutement du personnel, montage industriel du projet) et des avantages significatifs : dédouanement accéléré, récupération rapide de la TVA, importations temporaires, réserves foncières, dialogue quotidien avec les services du district à travers un guichet unique. Joël Pujol est devenu vice-président de la CCIFC en 2002 et le 5 juin 2007, le Consul général de France à Canton, M. Daniel Blaize, lui a remis, par décret du Président de la République française, l'insigne de chevalier de l'ordre national du mérite

pour avoir contribué au développement des relations commerciales entre PME françaises et chinoises, et au rayonnement en Chine de l'esprit d'entreprise français. Le décès de Joël Pujol survenu à l'âge de 56 ans, le 10 septembre dernier, à la suite d'une longue maladie a profondément touché la CCIFC, tant il s'est impliqué dans son rôle et a su mettre au service de la Chambre et de ses membres, son expertise reconnue, sa longue expérience et sa fine connaissance du milieu des affaires chinois. Une grande figure s'éteint avec lui. La Chambre perd ainsi un de ses plus ardents défenseurs et un soutien indéfectible. Il va manquer aux membres du Bureau, qui ont su apprécier, au fil des années, la pertinence de ses nombreuses contributions, sa force de persuasion, sa joie de vivre, son dynamisme, son esprit combatif, son bon sens aigu et son charisme ! Le Bureau et les équipes de la CCIFC souhaitent exprimer à Xiao Yu et à sa famille toutes ses plus sincères condoléances. Manuel deleers


MESSAGES Joël nous a quittés après un long combat contre celui qu’il appelait le « crabe ». Il comptait les jours, les heures depuis plus d’un an avec un courage, une obstination, une conviction qui aujourd’hui viennent renforcer l’estime et l’admiration qu’au cours des vingt années que nous avons partagées dans cette Chine du Sud je n’ai jamais manqué de lui porter. Je garde de lui l’image de son sourire si intelligent, de sa joie de vivre, de sa générosité hors du commun et de sa sincérité jamais défaillante. J’ai une pensée triste et affectueuse à l’égard de celle qu’il avait nommée son « épouse courage » et qui l’aura accompagnée farouchement et si tendrement le long de ce chemin pavé de tant de défis et d’épreuves. Joël, un ami dont les rires et les mots si justes, si rassurants me manquent tant et auront toujours en moi pour écho le sens de la fidélité. Renée Ajzenberg

Cher Joël, Tu as toujours mené tes combats avec une énergie rare. C’est ton caractère. Mais je veux ici te redire mon admiration pour la dignité et la force avec laquelle tu t’es battu jusqu’au bout sans jamais rien lâcher. Tu nous disais souvent que tu avais besoin de rester « présent » et actif professionnellement, parmi nous, pour mieux affronter les lourds traitements qu’impliquait ta maladie. Toi qui a tant donné à la communauté d’affaires en Chine pendant de si nombreuses années, en particulier au sein de notre Chambre de commerce, j’espère que tu auras pu trouver un peu de réconfort à en être resté toujours, malgré les circonstances, un des membres les plus écoutés. Sache que je garderai toujours en mémoire et en exemple cette détermination et ce courage. Amicalement. Olivier Dubuis

La CCIFC vient de perdre l'un de ses plus ardents défenseurs ! Joël Pujol s'était impliqué pleinement dans son rôle de vice-président de Canton, et de membre du Directoire, et ce, jusqu'au bout de ses forces. Pour ma part, je garderai de lui le souvenir d'un être hors du commun. Je lui suis sincèrement reconnaissante pour son soutien indéfectible tout au long de ces années. Ses conseils fort avisés, sa grande disponibilité, son bon sens à toute épreuve, sa fine connaissance de la Chine, furent pour moi très précieux. Mais avant tout il était et restera un ami ! Toutes mes pensées vont à son épouse, Xiao Yu et à sa famille en ces moments douloureux ! Annick de Kermadec Bentzmann

Dire que Joël Pujol va manquer à la Chine du Sud est un euphémisme. C’est un emblème qui vient de nous quitter, un personnage rayonnant, grand spécialiste passionné de la région, dont l’esprit d’analyse si pertinent a éclairé la communauté pendant toutes ces années. Parmi ses innombrables qualités, ce qui restera, et pour longtemps, le plus vibrant dans nos esprits, c’est la chaleur de son amitié et cette générosité sans calcul qui le portait naturellement vers les autres. Le panache légendaire de Joël n’a pas été démenti lorsqu’il a fallu qu’il se batte contre la maladie avec un courage qui nous a tous impressionné. Le vide qu’il laisse est insondable, nous n’oublierons jamais notre irremplaçable ami. Christophe Lauras

Lorsque l’on évoque la région du Guandong et la communauté française, c’est le nom de Joël Pujol qui ressortait systématiquement. C’était un personnage, incontournable, passionné, dont le dynamisme emportait tout sur son passage. Joël avait une énergie infinie et une combativité hors norme pour faire aboutir les projets dans sa région. Dans son rôle d’élu à la CCIFC, je retiens son opiniâtreté, sa sagesse et son souci constant de protéger les intérêts de la chambre et de ses membres. Joël était généreux et dévoué à sa cause, il nous manquera à tous. Alina Quach

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Actualités de la Chambre

Le temps de la Chine le livre indispensable quand on travaille avec la Chine

À l’occasion de la publication de son livre, Le temps de la Chine. La France au défi du plus grand marché du monde, la CCIFC a organisé en septembre une série de conférences dans ses antennes, destinées à présenter à la communauté française cet ouvrage sur lequel ses équipes, ainsi que Félix Torres – éditeur et co-auteur – et Nicolas Sridi – rédacteur en chef – ont consacré un an et demi de travail. Le résultat est un ouvrage inédit de réflexions sur la présence des entreprises françaises en Chine.

Une tournée de promotion dans quatre villes de Chine Ce sont plus de 200 personnes qui se sont déplacées sur les différentes conférences organisées à Pékin (10 septembre), Canton (12 septembre), Shenzhen (13 septembre) et Shanghai (18 septembre) et qui sont venues découvrir le message du livre Le temps de la Chine. Un message au plus prêt du réel des entreprises, proposant une mine d’informations sur quatorze secteurs clés du marché chinois et un guide pratique destiné aux entreprises françaises qui n’y sont pas encore installées. Car l’aspect le plus novateur de ce livre, c’est d’avoir pris le temps d’aller à la rencontre de celles qui connaissent le mieux les opportunités mais aussi les difficultés du marché chinois, les entreprises. Les équipes de la CCIFC se sont lancées dans ce projet avec la conviction que mieux que personne, les grands groupes industriels français et les PME et TPE françaises, pourraient apporter un regard connaisseur sur le marché chinois. Elles étaient d’ailleurs présentes sur chacune des conférences et représentées par un panel d’intervenants de qualité animé par l’éditeur du livre Félix Torres, un fin connaisseur de la Chine qui a fait de l’histoire des entreprises sa spécialité. Les entreprises qui nous ont fait l’honneur de participer à ces conférences, Accor, Adamas Avocats Associés, Arte Charpentier, Acropolis Associates, EDF, PSA Peugeot Citroën Safran, Shiyao Investment Ltd., Skema, ont témoigné sans concession de la nécessité de s’engager sur le marché chinois, malgré les difficultés nombreuses, les soucis d’adaptation, de recrutement, de communication et ont souligné les vastes potentialités offertes par cette nouvelle Chine. Pour nos intervenants, comme pour Laurence Parisot qui signe la conclusion du Le temps de la Chine, « il n’y a pas d’ambition mondiale qui ne passe par la Chine ».

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Source : CCIFC

Un livre contre le pessimisme ambiant qui partage les expériences des entreprises françaises en Chine Combinant analyses d’experts chinois et français, portraits sectoriels et d’entreprises , reportages, rencontres et entretiens aux quatre coins de Chine, Le temps de la Chine - livre de 312 pages - montre la nécessité renouvelée de travailler avec la Chine. L’ère de la Chine des délocalisations est devenue minoritaire, aujourd’hui on vient avant tout en Chine pour toucher son énorme foyer de consommateurs, avec en ligne de mire cette classe moyenne en plein boom dynamisée par une constante augmentation des salaires. Par la disparité des discours, Le temps de la Chine démontre ainsi la diversité du marché chinois. Car ce n’est pas d’une Chine - celle du littoral oriental - mais bien d’un pays immense dont nous dressons le portrait, démontrant la variété des environnements plus ou moins favorables dans lesquels les entreprises françaises évoluent. Nicolas Sridi, rédacteur en chef, a consacré un mois et demi de reportage à cette découverte des provinces et villes méconnues de Chine, comme Chengdu, métropole qui devrait connaître la plus grande croissance au monde sur la prochaine décennie, le monstre urbain Chongqing et ses 32 millions d’habitants qui interroge sur la notion du vivre ensemble et l’île tropicale de Hainan, lieu de rencontre des millionnaires chinois, cibles privilégiés de nos industries du luxe. De ces rencontres, il ressort clairement que pour tous les secteurs traités, la Chine s’avère complexe, souvent difficile à appréhender mais les marchés et le dynamisme sont également bien au rendez-vous pour ceux qui savent négocier correctement leur implantation et surtout faire preuve de patience. Un constat qui se veut plus serein mais aussi plus réaliste que le portrait de la Chine et de la place qu’y occupent nos entreprises.


Le temps de la Chine Le temps de la Chine est diffusé en Chine dans les antennes de la CCIFC au tarif de 350 RMB depuis le 10 septembre 2013 ; en France à partir du 20 novembre 2013 via les Chambres de commerce et d’industrie, le site ww.felix-torres-editeur et les librairies.

Des auteurs d’exception pour une analyse fine de la Chine du 12e Plan quinquennal Les équipes de la CCIFC, ont rassemblé, dans un livre préfacé par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius des grandes signatures pour mieux comprendre cette nouvelle Chine en cours d’émergence :

FOCUS

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L LES ENTREPRISES FRANÇAISES EN CHINE

2 200 Implantations

1 500

F É L IX TORRE S

Directeur de l’agence d’histoire d’entreprise Public Histoire, éditeur.

Entreprises

500 000 Employés

a première société française qui se soit jamais installée en Chine est sans doute, au XIXe siècle, le Comptoir d’Escompte de Paris, l’un des ancêtres de BNP Paribas, qui ouvrit de 1860 à 1886 des agences à Shanghai - sur le Bund -, à Hong Kong, Tianjin, Fuzhou et Hankou. La première compagnie aérienne occidentale et la plus ancienne entreprise française présente dans la République populaire de Chine reconnue par la France en 1964 est Air France qui inaugure, le 20 septembre 1966, la liaison Paris – Shanghai Hongqiao. La plus ancienne joint-venture franco-chinoise, mais aussi sino-occidentale s’avère être Dynasty, le second producteur de vin chinois aujourd’hui, constitué en 1980 par la municipalité de Tianjin et Rémy Martin (Li Lanqing, 2009)… Ces premières et leur lot d’anecdotes révélatrices ne sauraient résumer la présence des sociétés françaises en Chine, tout comme l’image de vagues d’implantations montant, les unes après les autres, à l’assaut de la « Grande Muraille » du marché local. Car plusieurs dimensions s’interpénètrent : la relation politique et économique de la Chine avec les pays du monde extérieur, le degré d’ouverture de certains secteurs aux investissements étrangers et le rôle qui leur est dévolu, la montée en puissance de champions chinois, groupes d’État et, de plus en plus, entreprises et groupes privés, le degré de modernisation et de maturation des secteurs concernés – défavorable à l’expertise technique étrangère quand la chinoise progresse, favorable aujourd’hui dans les services et la consommation –, les domaines d’activité et les stratégies des entreprises françaises, leur capacité d’adaptation aux besoins chinois et leur compréhension de ceux-ci, etc.

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LE TEMPS DE LA CHINE

LE TEMPS DE LA CHINE

ANS D’ENTREPRISES AU PAYS DU MILIEU La présence des entreprises françaises en Chine, déjà longue de trois décennies, les succès et les performances de ces dernières renvoient à de multiples facteurs : degré d’ouverture du pays, potentialités du ou plutôt des marchés chinois, maturité de l’économie et des acteurs locaux, anticipation stratégique, lucidité, sens de la durée, que l’on soit grand groupe ou PME… Au final, l’alternative n’est plus « Être ou ne pas être en Chine », mais croître désormais avec la Chine, en Chine et partout ailleurs.

Source : CCIFC

Des témoignages sincères des succès et des difficultés des entreprises françaises en Chine Alors que le ralentissement de l’économie chinois suscite de nombreuses interrogations, souvent pessimistes, Le temps de la Chine dissipe nombre d’idées reçues : « Un des défis est de l’emporter face à des concurrents venus de tous les continents, la compétition est rude » Pierre Chambron, Arte Charpentier Architectes « La Chine est une plate-forme efficace pour lancer de nouvelles technologies. Nous y développons l’hybride essence et pensons l’exporter sur l’ensemble du globe » Grégoire Olivier, PSA Peugeot Citroën « Produire en Chine n’est plus aussi intéressant qu’avant, nous avons vu les coûts de production augmenter de manière spectaculaire : de 25 à 40 % en trois ans ! » Jean-Charles Viancin, Super Silicone « Nous constatons que si l’adaptation aux cultures locales est une nécessité dans le monde entier, cela est encore plus flagrant en Chine » Vincent Lelay, Accor « La demande chinoise d’un art de vivre comparable à celui que connaissent l’Europe ou l’Amérique du Nord est manifeste. Autant dire que nos métiers ont encore de belles années devant eux » Bernard Arnault, LVMH

« La Chine reste un horizon brillant, sous des formes variées, mais le tapis rouge pour les entreprises étrangères a été roulé » Jacques Gravereau, HEC Institute « La principale fenêtre de coopération économique entre la France et la Chine dans le futur sera la création de firmes multinationales basées en Chine » Ju Jiandong, Université de Tsinghua « La Chine dépend de moins en moins des technologies et investissements français, ce qui augure des relations sinofrançaises de plus en plus difficiles » Cui Hongjiang, Institut chinois des Relations internationales « Sachons voir la forêt d’opportunités que représente la Chine ! Le changement en cours de son modèle de développement, la croissance accrue découlant d’une intégration régionale sont autant d’opportunités pour les entreprises françaises » Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre Un mois et demi de reportage sur les routes de Chine Plusieurs rencontres avec les PME françaises en Chine : « Il ne faut pas se leurrer, la Chine « verte » sera un marché dynamique pour les entreprises étrangères le temps que les locaux se mettent à niveau, d’ici 5 à 10 ans, et ensuite, sauf compétences particulières, il faudra partir ! » Aymeric Novel, Terao « Il faut apprendre à bien motiver ses employés. On va au-devant d’un fort turnover ou d’une démotivation générale si l’ont ne fait pas attention à bien remercier ses collaborateurs, à leur donner des petits cadeaux et bonus, à marquer tout une série de petites attentions. Gérer une équipe ici est donc bien plus prenant qu’en France ! » Jean-Christophe Rodin, MAF Roda. « Une éducation au plaisir de la dégustation émerge, les amateurs chinois de vins deviennent de plus en plus exigeants. C’est positif pour nous, puisque les producteurs s’adaptent en investissant dans la qualité supérieure » Thierry Chaveau, Millésime Distribution China Contact : Marion SARDOU marion.sardou@ccifc.org 0101-64610260

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Actualités de la Chambre

Source : CCIFC

Salon Food & Beverage à Shenzhen : un vrai succès pour nos exposants français.

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es 21, 22 et 23 juin dernier, la CCIFC de Shenzhen a organisé aux côtés du China Council for the promotion of International Trade et Organizing Committee, la deuxième édition du salon import/export dédié à l’alimentation et aux boissons. Placées sous le pavillon français, sept entreprises ont répondu présentes. Perçus comme des produits de qualité, répondant aux exigences de sécurité alimentaire et représentant l’art de vivre à la française, l’ensemble des produits présentés par nos entreprises françaises ont rencontré un vif succès auprès des visiteurs chinois. Grâce à son emplacement de choix et à la belle visibilité offerte, le pavillon de la CCIFC a permis à ses exposants de réaliser une véritable étude du marché chinois aussi bien auprès des consommateurs que des distributeurs. De nombreux distributeurs chinois (grandes surfaces, restaurateurs, hôtels) s’étaient en effet déplacés pour venir découvrir la diversité des produits proposés sous le pavillon français. Chacun de nos exposants ont fait preuve d’une grande imagination pour capter l’attention des visiteurs professionnels ou privés en quête de nouveaux goûts et d’authenticité : Chez Nactalia - une marque de poudre en lait infantile d’origine française - les visiteurs chinois ne pouvaient qu’être séduits par le décor de carte postale qui leur était présenté ! Les vaches miniatures ont fait le bonheur des enfants qui les escaladaient en attendant la photo souvenir des parents qui, ravis, repartaient avec des boîtes de lait en poudre dans les poussettes.

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Sense of wines a mis en avant le caractère romantique français dans sa sélection de vins. Le charme de l’hôtesse d’accueil – enclines au jeu des séances photos avec les clients – a laissé peu de visiteurs indifférents. La Bastide de France, venue d’Australie, et Rougié, déjà installé à Pékin, ont éveillé les papilles des consommateurs avec des dégustations de foie gras sur de délicieuses tranches de pain frais. Les viennoiseries, les baguettes, les truffes au chocolat du pâtissier Chez Clément ont également ravi nos visiteurs. Quant aux sardines de la marque Hayam Brand lancée par Denis Frères qui souhaite se développer en important sur de nouveaux marchés, elles ont littéralement été dévorées ! Sur le stand de Chris Loska qui a monté son agence de voyage French spirit tours, les cultures française et chinoises se rencontrent naturellement : les « jiaozi » (raviolis chinois) côtoient sans complexe l’armagnac et les bonbons à la violette. On s’installe autour de la nappe à carreaux pour composer son voyage hors des sentiers battus, dans les vignobles de Cahors et les maisons d’hôtes pyrénéennes. L’enquête de satisfaction effectuée auprès de nos exposants nous montre que 100 % des sociétés présentes ont été pleinement satisfaites de ce salon tant par la logistique que par l’encadrement et les outils de communication mis en place par la CCIFC. Un grand nombre d’exposants se sont déjà positionnés pour la prochaine édition prévue en juin 2014. La bonne humeur ressentie sur le salon s’est concrétisée par la signature de nombreux contrats commerciaux entre nos exposants français et les grandes chaînes de distributions de Shenzhen, un bilan des plus positifs !



Actualités Business Services

Rencontre avec Stéphane Courrèges Œnologue conseil au centre œnologique de Coutras – UCVA.

Source : CCIFC

Pouvez-vous nous présenter le centre œnologique de Coutras ? Le centre œnologique de Coutras est le premier laboratoire d’œnologie de terrain créé en Gironde en 1949. C’est un des rares centres à exercer sur toutes les appellations AOC du bordelais : SaintÉmilion, Pomerol ; Médoc ; Entre Deux Mers, Bordeaux ; Côtes de Blaye, Côtes de Bourg ; Dordogne et Bergerac. Notre clientèle est composée de 300 Châteaux (Crus Classés, Crus Bourgeois..), 30 caves coopératives dont cinq caves de plus de 1 000 hectares, et de trois centres d’embouteillage. Nous accompagnons au total 11 000 hectares de vignes soit 600 000 hl de vins et 80 millions de bouteilles ! Quels sont les services que vous offrez à cette clientèle ? Nous avons deux principaux domaines d’expertise, un service analytique et un service de conseil en œnologie. Nous réalisons des analyses sur les raisins pour déterminer au mieux leur potentiel qualitatif et leur maturité pour la date de récolte, puis sur les vins durant tout leur process d’élaboration et jusqu’à la mise en bouteille, nous réalisons également des contrôles microbiologiques sur les vins. Nous sommes accrédités depuis 1994 par le COFRAC (Comité français d'accréditation) pour les analyses. Pour ce qui est du conseil œnologique nous procédons auprès de nos clients à des audits de

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potentialité du vignoble, nous proposons des audits des moyens techniques du chai et apportons notre expertise technique durant la vinification et l’élevage des vins en fonction des objectifs des marchés français ou internationaux. Nous accompagnons donc chaque propriété pour l’élaboration de son vin depuis le vignoble et jusqu’à la mise en bouteille de son vin. Une de nos spécialités et notre cœur de métier est l’expertise en dégustation des vins. Vous avez réalisé en septembre une mission avec le service d’appui aux entreprises de la CCIFC dans les provinces du Hebei dans la ville de Huailai et Shandong à Penglai, quel était le but de cette démarche ? Se rendre en Chine pour un centre comme le nôtre, c’est s’ouvrir à un nouveau potentiel marché quand se développer à l’étranger démontre nos capacités d’adaptation à des attentes clients diverses. Mon souhait était de mieux connaître les potentiels des vignes dans le but d’apporter sur des domaines viticoles chinois, du conseil œnologique. J’ai pu constater au cours de cette mission de quatre jours qu’il y avait une forte demande côté chinois pour le conseil œnologique, et qu’il y a réellement matière à exporter ce qui est fait en France en Chine. C’était une expérience des plus enrichissantes, pendant laquelle j’ai pu constater l’existence d’une multitude de terroirs chinois très intéressants ! J’ai donc pu vérifier ce dont j’étais déjà persuadé : l’énorme potentiel qualitatif des vins chinois ce qui n’a fait que renforcer ma croyance dans ces vins ! Quelles sont les attentes des vignobles que vous avez pu rencontrer pendant votre mission ? Ils attendent de nous un conseil technique sur des moments clés de la réalisation des vins, du vignoble jusqu’à la mise en bouteille. Chaque propriété a sa propre vision d’un bon vin, et surtout chaque vignoble a des possibilités différentes en fonction des capacités du vignoble (le terroir, les cépages), des équipements, des chais et de sa propres définition du type de vin qu’il souhaite élaborer. J’ai pu constater depuis quatre ans une évolution du goût chinois vers des vins plus sophistiqués, riches et complexes. Aujourd’hui, les vignobles chinois cherchent à conforter et affirmer leur place sur le marché intérieur, puis sur du moyen terme à rivaliser sur la scène internationale. En quoi le service d’appui aux entreprises (SAE) de la CCIFC a pu vous aider dans votre projet chinois ? Nous avons connu le SAE par le bouche à oreille. Comme service de la Chambre de commerce il nous semblait naturel de nous tourner vers cette équipe pour monter notre projet en Chine. Nous voulions aller à l’essentiel et éviter des pertes de temps inutiles, en rencontrant dès notre première venue les bonnes personnes. J’ai pu très rapidement définir avec les équipes SAE nos attentes et les objectifs de notre déplacement, il y a eu un gros travail de préparation de la mission de la part du consultant agroalimentaire. Outre l’organisation impeccable de cette mission, j’ai pu apprécier le contact humain avec le consultant SAE qui nous a accompagné pendant l’intégralité de la mission, qui a géré l’aspect logistique et l’interprétariat. La mission terminée, il reste un contact impliqué vers qui nous pouvons nous tourner facilement et qui continue de faire le lien entre nous et les vignobles rencontrés avec qui nous souhaitons travailler. Propos recueillis par M ar i o n Sardou


Source : CCIFC

Deux délégations chinoises au salon international de l’élevage à Rennes

D

eux collaborateurs du service d'appui aux entreprises de la CCIFC ont accompagné du 10 au 12 septembre à Rennes sur le salon SPACE, deux délégations d'entreprises et d'officiels chinois respectivement des villes de Jinan et Hohhot, concrétisant une fois de plus la nouvelle activité de Chinese Desk de la Chambre, qui vise à accompagner les entreprises chinoises dans leurs projets de développement en France. Ces délégations souhaitaient se rendre sur le salon de Rennes, mais ont également profité de leur séjour pour aller visiter différentes entreprises et organisations françaises de la région, le laboratoire laitier Loire Anjou Bretagne, une exploitation d’élevage de porc, volailles et bovins, ainsi que l’Inra et le Centre Culinaire Contemporain pour

la délégation de Jinan, et le laboratoire Sersia, la ferme expérimentale Derval, l’institut de l’élevage, ainsi que deux entreprises déjà implantées en Chine pour la délégation de Hohhot. L’accueil sur place de la délégation de Jinan était coordonné par la CCI de Rennes ainsi que par Rennes Métropole, alors que le programme pour Hohhot était entièrement géré par la CCIFC. Ces rencontres ont donné lieu à de nombreux échanges entre les visiteurs et leurs hôtes grâce à l’interprétariat assuré par nos deux collègues chinois, et elles ont permis de prendre différents contacts pour d’éventuelles futures collaborations. Le contrôle du lait par un laboratoire indépendant a intéressé la partie chinoise car un tel projet est à l’étude actuellement dans le Shandong. Nos visiteurs chinois ont également

bénéficié de présentations de la région et de ses industries par les représentants de Rennes Métropole, notamment dans les domaines de l’agriculture et du développement durable, avant de se rendre sur le salon. Les secteurs de l’IT, notamment le domaine du numérique, et l’automobile ont été mis en avant comme des points communs entre la Bretagne et le Shandong, tandis que pour Hohhot, l’intérêt portait principalement sur la filière laitière, sur laquelle la Bretagne est leader en France. Sur le SPACE, les délégations ont assisté à une présentation du rôle de l’État français dans l’agriculture régionale et ont pu appréhender l’ensemble de l’organisation de la filière laitière. Ils ont également été très intéressés par les entreprises actives dans le secteur sanitaire animal. La délégation de Hohhot, notamment, a ainsi été accueillie par deux entreprises de la région, Itek et Olmix qui leur ont fait visiter leur site. Le dernier jour a eu lieu pour la délégation de Jinan une visite à l’Inra, occasion de présenter les collaborations internationales, notamment celle avec l’Université du Shandong dans le domaine laitier. En enfin avant leur départ une rencontre au Centre Culinaire Contemporain, qui a permis à la délégation de se familiariser avec cet organisme. Les médias régionaux Ouest France et France 3 Région Bretagne ont couvert la visite de ces deux délégations, montrant ainsi l’intérêt des potentielles coopérations entre les deux pays. Les deux délégations chinoises sont rentrées satisfaites de leur court périple en Bretagne et prévoient de poursuivre les contacts pour de futurs projets de collaboration entre leur région et Rennes, ce qui devrait donner lieu à de nouvelles opportunités d’accompagnement en France dans la durée pour la CCIFC.

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Actualités des Antennes

北 京

Beijing Cocktail de rentrée le 10 septembre

Dîner Réseau Chine le 12 septembre

Le cocktail de rentrée organisé le 10 septembre au Novotel Sanyuan a réunit plus de 100 personnes dans une ambiance conviviale. Il était précédé par la conférence sur le livre de la CCIFC « Le temps de la Chine ».

Organisé en partenariat avec la CCI région Paris Ile-de-France, l’ACFIC, la CCOIC et le CCPIT Beijing, la rencontre « Réseaux Chine » a réuni plus de 70 invités, dirigeants et officiels français et chinois le jeudi 12 septembre au restaurant Noble Club sur les rives du lac Beihai à Pékin. Frédéric Verhnes, premier vice-président de la CCI région Paris Ile-de-France, Gilles Dabezies, directeur général adjoint de la CCI région Paris Ile-de-France, Olivier Guibert, président de la CCIFC, Li Lu, vice-président de l’ACFIC, Lin Shunjie, Secrétaire général de la CCOIC, et des dirigeants d’entreprises françaises (membres du comité de patronage de la CCIFC) et chinoises étaient présents. Nous tenons à remercier spécialement nos partenaires : Vinotâche, dont vous avez pu apprécier les vins tout au long de la soirée ainsi que L’Esprit des vins et Lea Spa qui ont offert des prix pour la tombola.

Conférence sur les échanges économiques France - Chine le 12 septembre Co-organisée par le CCPIT Beijing, la CCI région Paris Ile-de-France et la CCIFC, la conférence pour la promotion des échanges économiques entre la France et la Chine a eu lieu le 12 septembre, dans le cadre de « Beijing International Conference of Friendly Chambers of Commerce ». Cette conférence a porté sur deux sujets, « Ville durable et protection environnementale » présentant les projets français en Chine et des témoignages d’entreprises et « Luxe-Mode-Design » avec une intervention sur la gestion des marques et les perspectives de coopérations entre les entreprises françaises et chinoises.

Source : CCIFC

Forum Travailler Ensemble le 15 octobre Organisé par la JCEF en collaboration avec CCIFC, les CCE, l’Ambassade et Ubifrance, le Forum Travailler Ensemble a rassemblé plus d'une quarantaine d'entreprises françaises, lors d'une journée d'échanges commerciaux. Cet événement

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permet de renforcer les liens entre PME et grands groupes français implantés en Chine. Cette journée a été inaugurée par S.E.M. Sylvie Bermann, Ambassadeur de France en Chine au Novotel Peace.


Saturday, November 23rd 2013 From 6:30 pm Sofitel Wanda Beijing

Contacts: Tel: +86(10) 6461 0260 ext. 15

Email: belloy.frederique@ccifc.org or qi.paulo@ccifc.org www.ccifc.org

Rejoignez-nous pour cette soirée d’exception, qui vous plongera dans l’atmosphère du cinéma des années 1930, grâce au spectacle Silence on tourne ! de Pockemon Crew. Les PME et grands groupes français seront mis à l’honneur avec la remise des Trophées des entreprises françaises en Chine.

Contacts : Frédérique BELLOY et Paulo QI | belloy.frederique@ccifc.org et qi.paulo@ccifc.org

Source : CKGSB

Conférence avec Valerie Pécresse le 22 octobre Lors d’une conférence co-organisée par la CCIFC et la Cheung Kong Business School, l'ancien Ministre du Budget, secrétaire générale de l'UMP, Mme Valérie Pécresse a partagé ses vues avec Jean-Michel Pireteau, president des CCE sur l'impact de la crise de la dette européenne sur les relations Chine-UE.

Formation Entreprise & Personnel pour les DRH le 19 novembre En collaboration avec Entreprise & Personnel, la CCIFC organise une formation sur le rôle des ressources humaines dans la performance organisationnelle et la gestion du changement à destination des directeurs et managers des ressources humaines. Contacts : Hailing HUANG et Liliane LIANG huang.hailing@ccifc.org et liang.cong@ccifc.org

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Actualités des Antennes

上 海

SHANGHAI Cocktail de rentrée le 24 septembre Ce sont plus de 300 personnes qui sont venues participer au cocktail de rentrée organisé dans le nouveau DS World Store en présence du Consul général de France à Shanghai Emmanuel Lenain, démontrant une fois de plus le dynamisme de la communauté d’affaires française à Shanghai. Nous tenons à remercier les partenaires de cet événement : DS, La Crêperie, Le Gourmand, Val d'Orbieu, Grand Mercure Shanghai Hongqiao.

Source : CCIFC

Source : Dior & CCIFC

Cocktail Esprit Dior le 19 octobre La CCIFC Shanghai eu le plaisir de convier ses membres comités de patronage à l’exposition Esprit Dior qui s’est tenue au musée des arts contemporains

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de Shanghai. Seulement 160 personnes avaient été conviées à cet événement exclusif où le savoir faire de la marque a été présenté à des invités émerveillés.


Bienvenue à Delphine Yao nouvelle assistante d’antenne, arrivée le 12 août 2013 !

Séminaire interculturel pour cadres dirigeants : Réussir en Chine les 29 et 30 novembre

Source : CCIFC

Conférence sur les nouvelles règlementations sur les visas en Chine le 24 octobre

La CCIFC s’associe avec la CCI de région Paris Île-de-France pour vous proposer un séminaire interculturel pour Cadres dirigeants : « Réussir en Chine ». Ce programme de haut niveau s’adresse à ces cadres français, dans un format unique, accompagnés de leurs proches collaborateurs chinois, membres de l’équipe dirigeante, afin de leur donner les clés de compréhension du monde de l’entreprise en Chine et en France, et ainsi mieux travailler ensemble. Deux formateurs et deux animateurs spécialisés dans les relations francochinoises vous apportent leur expertise afin de renforcer la synergie dans les équipes dirigeantes franco-chinoises. La formation rassemble des binômes français/chinois représentants d’une même entreprise.

Club Ressources Humaines le 22 novembre

La CCIFC Shanghai a organisé le 24 octobre dernier, une conférence sur les nouvelles règlementations sur les visas mises en place par les autorités chinoises à la fin de l’été. Cette présentation assurée par le Bureau de la Sécurité Publique a rassemblé 110 personnes, soucieuses de connaître les nouvelles règles en cours.

Source : CCIFC

La CCIFC Shanghai organise le 22 novembre de 8h00 à 10h00 la première réunion du « Club DRH » qui aura pour thème : Le système des rémunérations variables des commerciaux et son adaptation.Le marché en Chine se durcit, la concurrence est assez violente, les talents plus rares, les rémunérations de base de plus en plus élevées. Dans ce contexte, comment objectiver les variables pour obtenir une vraie performance, une meilleure productivité et ne pas démotiver en même temps si les objectifs ne sont pas atteints ? Seront aussi abordés les objectifs d'équipe et d'entreprise (transversaux) dans le souci que les variables en Chine soient enfin de véritables outils de management de la performance. La réunion sera animée par M. Christian Levivier, DRH du Groupe Eramet et M. Patrice Hervier ancien DRH du Groupe Eramet. Contact : Anthony LOPEZ lopez.anthony@ccifc.org 021-61327120

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Actualités des Antennes

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canton Trophée des Talents 2013 La Chambre de commerce et d’industrie française en Chine (CCIFC), en partenariat avec le Service de Coopération et d’Action Culturelle – Institut Français de Chine de l’Ambassade de France en Chine, BNP Paribas et EDF, a lancé le jeudi 26 septembre 2013, en présence du Consul Général de France à Canton, M. Bruno Bisson, la première édition du Trophée des Talents 2013, au Sofitel Guangzhou Sunrich à Canton. Le Trophée des Talents 2013 est un concours destiné aux étudiants chinois évoluant dans les filières universitaires d’excellence sinofrançaises, de manière à sensibiliser ces jeunes générations aux enjeux de demain. Le but est d’évaluer les compétences commerciales, techniques et linguistiques des meilleurs étudiants autour d’une problématique d’actualité, choisie par les partenaires officiels, et ainsi récompenser les plus innovants et les plus talentueux d’entre eux. Le concours a compris dans un premier temps une série d’épreuves internes dans dix-sept universités partenaires, de sept provinces différentes, du 17 juin au 30 août 2013. Le lauréat de chaque établissement, a été ensuite soumis à la préparation d’un dossier et d’une soutenance orale tenue les 14 et 15 septembre devant un jury. Ce dernier, composé de managers des entreprises organisatrices, a évalué et sélectionné les meilleurs profils selon des critères précis tels que la maitrise du sujet, la communication ou encore la culture générale. Cette initiative unique en Chine permet notamment aux entreprises françaises à la fois d’identifier les talents chinois de demain et de valoriser leurs opportunités de carrière au sein de leurs structures. L’objectif est donc double : mettre en avant et encourager les sections d’études sino-françaises, et soutenir les liens entre le monde de l’entreprise et celui de l’enseignement. Cette année, la CCIFC et ses partenaires ont eu l’honneur de féliciter et de récompenser les étudiants suivants : - 1er prix : Yijie WANG de l’Université des Études Étrangères du Guangdong récompensé par un billet d’avion Air France aller/retour Canton-Paris

Source : CCIFC

Source : CCIFC

Source : CCIFC

- 2e prix : Hong TAO de l’Université du Centre-Sud récompensée par une bourse de 3 000 RMB - 3e prix : Fangfang LI de l’Université de Xiangtan récompensée par une bourse de 1 500 RMB La remise des prix s’est déroulée lors du cocktail annuel de la CCIFC, qui a réuni au Sofitel le Consul Général de France à Canton, l’ensemble des étudiants et universités participant au concours, les partenaires officiels ainsi que les décideurs d’entreprises des sphères d’affaires françaises et chinoises membres de la Chambre.


Interwine 2013 : exposez-vous ! Vous souhaitez affirmer votre position sur le marché des vins et spiritueux en Chine du sud ? Vous souhaitez développer votre portefeuille clients et rencontrer de nouveaux partenaires ? Exposez vos produits sous le pavillon France du salon Interwine ! La nouvelle session du salon international Interwine se tiendra du jeudi 28 au samedi 30 novembre 2013 à Canton, au complexe China Import & Export Fair. La CCIFC organise pour la 3e année consécutive le pavillon France afin d’accompagner et d’aider les exposants dans leurs démarches et approches du marché des vins et spiritueux en Chine du sud. Grâce à son équipe spécialisée, la CCIFC permet aux entreprises présentes sous le pavillon France de bénéficier de tarifs préférentiels, d’un design français spécifique et unique pour une visibilité accrue et du support de la CCIFC et de ses services avant, pendant et après le salon. La province du Guangdong, avec sa capitale Canton, est un des marchés les plus importants de vins et spiritueux en constante croissance et représente 53 % du vin importé en Chine. Dans ce contexte, le salon Interwine s’impose comme une prestigieuse vitrine pour les vins et spiritueux étrangers, réunissant plus de 32 000 visiteurs et 850 exposants lors de la session de mai 2013. Cet événement vous offre l’opportunité de confirmer votre présence sur le marché, de développer de façon importante votre portefeuille clients et de renforcer votre visibilité en Chine du sud.

Source : CCIFC

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Actualités des Antennes

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SHENZHEN Club R&D

Groupe de travail RH :

Depuis l'existence de ce club de nombreux sujets ont déjà été abordés, mais celui du design industriel ne l’avait encore jamais été. C’est désormais chose faîte et la richesse des échanges n’a fait que démontrer le vif intérêt de nos membres pour ce segment. C’est au travers de l’expérience de deux designers confirmés basés à Shenzhen, que les membres du club ont pu approfondir leur connaissance et perception de cette profession indispensable dans nos industries, mais dont les techniciens souffrent d’un manque certain de communication. Les échanges ont permis de mettre en avant les méthodologies utilisées par les designers, leurs approches terrain ainsi que leurs méthodes de conception. En préambule de cette conférence, les membres du club ont eu le privilège de visiter l'usine de fabrication des voitures DS, dont l'inauguration s'est tenue le 28 septembre 2013.

• Le 10 octobre, comment identifier les talents ? • Le 28 novembre, choisir et utiliser ses outils d’évaluation.

Groupe de travail PME spécial retail : • Le 15 octobre, comment construire sa marque en Chine ? • Le 17 octobre, la responsabilité des dirigeants et point d’actualité fiscale. • En novembre, présentation des dix nouvelles zones économiques de Shenzhen par Shenzhen invest.

Soirée du Beaujolais Nouveau le samedi 23 novembre La soirée du Beaujolais Nouveau fait désormais office de soirée incontournable à Shenzhen, où elle est prisée aussi bien par la communauté d’affaires française que chinoise ! Cet événement rassemble chaque année toujours plus de monde et nous nous félicitons de ce succès. Devenez partenaires de la soirée et mettez en avant votre société en profitant des outils de

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communication mis à disposition par l’équipe de la CCIFC ou profitez de la soirée pour partager un moment convivial, 100 % français avec vos clients, partenaires ou amis ! Contact : Isabelle CARLIER carlier.isabelle@ccifc.org 0755-8632 9720



Actualités des Membres

Club Med inaugure son nouveau resort de Guilin en Chine

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Niché au coeur d’un célèbre site naturel, majestueux et authentique, classé au patrimoine de l’UNESCO, Guilin resort est situé dans la province de Guangxi, au sud-ouest de la Chine, dans un parc parsemé de quelques 100 sculptures modernes signées par des artistes internationaux. Ce nouveau Resort se déploie sur deux ailes à l’architecture contemporaine et offre 330 chambres spacieuses, élégamment aménagées, dont 284 désignées par Marc Hertrich et Nicolas Adnet, aux tons naturels et colorés. Le resort propose des activités sportives tournées vers la nature et la culture : trapèze volant, tennis, escalade sur rocher, balade en VTT, yoga, taï-chi et atelier d’art pour s’imprégner de la culture locale. Grâce au Club Med Spa et aux trois piscines, les moments de détente sont privilégiés. Un encadrement pour les enfants de 2 à 17 ans au Mini Club avec des activités adaptées à tous et un programme d’excursions varié en font une destination parfaite pour les familles. La Gastronomie est à l’honneur avec ses trois restaurants alliant la fine fleur des saveurs internationales et la finesse des spécialités locales. Nouveau Fleuron pour l’activité Club Med Business, le Resort dispose de neuf salles de conférence allant de 66 à 485 m².

Gide Loyrette Nouel - 20 ans en Chine Le cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel (Gide) a célébré, le 17 octobre dernier à Pékin, les vingt ans de sa présence officielle en Chine. Les représentants des communautés d’affaire française, chinoise et européenne ont assisté en nombre à la réception. Gide est l’un des seuls cabinets d’Europe continentale à s’être internationalisé et à avoir su s’élever au niveau des cabinets anglo-saxons. Acteur incontournable sur le marché chinois depuis les années 1980, Gide a obtenu sa première licence d’implantation en 1993 - l’une des premières pour un cabinet étranger. Dans un contexte en constante évolution, les équipes de Gide ont su, à travers les années, faire bénéficier leurs clients de leur expérience pour garantir un service toujours meilleur, fidèle à l’exigence de qualité du cabinet. Gide dispose aujourd’hui en Chine d’un réseau de trois bureaux (Pékin, Shanghai et Hong Kong ) rassemblant cinquante juristes. Le cabinet accompagne aussi bien les grands acteurs économiques internationaux dans leurs projets en Chine et en Asie que les entreprises chinoises investissant à l’étranger, notamment en Europe et en Afrique

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Dalkia et Schneider Electric, une alliance stratégique pour répondre aux besoins d’efficacité énergétique du marché chinois Le 17 septembre à Pékin, Dalkia Chine «Dalkia», un leader européen des services énergétiques, a signé un accord de coopération stratégique avec Schneider Electric Chine, un spécialiste mondial de la gestion d'éfficacité énergétique. Les deux entreprises vont développer conjointement des projets de services énergétiques dédiés aux bâtiments et aux industries en Chine en combinant leurs expertises. M. Mohamed LASRI, président de Dalkia Asie et Moyen-Orient, a déclaré « Le marché de l’économie d’énergie du bâtiment est en forte croissance en Chine, ainsi que la demande des clients, Dalkia espère grandir avec le marché chinois en déployant ses compétences ». Le partenariat stratégique de Dalkia et Schneider Electric va permettre à ces deux entreprises de bénéficier pleinement de leurs avantages en termes de technologies et de savoir-faire afin de promouvoir l’efficacité énergétique dans les villes et les industries en Chine. Pour M. XU Jun, senior vice-président et chef de la Division de l’Industrie de Schneider Electric, « suivre les pas du 12e Plan quinquennal pour objectif de réduire la consommation d'énergie, avec des produits et des solutions perfectionnés, Schneider Electric Chine apportera tout son soutien à Dalkia pour le développement futur dans ce domaine».


Bureau Veritas (Chine) inaugure son nouveau siège et centre technique Le 23 septembre 2013, Bureau Veritas, leader mondial des tests, de l'inspection et de la certification (TIC) a inauguré son nouveau siège Chine lors d’une cérémonie en présence des autorités locales du district du Huangpu. Ce nouveau siège de 8 000 m2, réalisé suivant le label Green Building LEED – niveau Gold, regroupera les divisions de Bureau Veritas : Industrie & Infrastructures, Marine et Services, Gouvernements & Commerce International. Parallèlement, Bureau Veritas a ouvert à Shanghai son nouveau centre technique de Métaux & Minéraux, un laboratoire de 1 500 m2 équipé des meilleurs outils et équipements d’analyse dans ce domaine. Ces deux inaugurations sont une nouvelle étape importante dans le développement des activités de Bureau Veritas en Chine. Depuis vingt ans sur le marché chinois, l’entreprise est désormais présente dans plus de 40 villes chinoises, avec 110 bureaux et laboratoires et plus de 10 000 employés.

Algeco arrive en Chine ! Algeco Scotsman a signé un accord de joint-venture avec Beijing Chengdong International Moudular Housing. La nouvelle entreprise, Algeco Chengdong a pour mission de fabriquer, louer et vendre des solutions de construction modulaire pour des bureaux, des espaces pour des événements temporaires, du stockage, des dortoirs, des sanitaires, des salles de classe … Présent dans 37 pays, Algeco Scotsman est le leader mondial de la construction modulaire depuis plus de 60 ans. Son partenaire chinois, Chengdong, est le deuxième plus grand fournisseur d'espace modulaire en Chine et maintient une position de leader à Pékin depuis plus de 15 ans. Pour Anil Karnatak, General Manager de la JV : «Aujourd’hui, la Chine est devenue le plus grand marché de la construction, et les besoins d’espace temporaire augmentent rapidement. De nombreuses entités étrangères se sont implantées en Chine et nous souhaitons pouvoir leur offrir des solutions appropriées à leur besoin d’espace temporaire».

Pierre Fabre Chine décoré par l’award Magnolia Au nom des laboratoires Pierre Fabre, Francis Canet, Directeur général de PFDC Chine a été décoré de l’award Magnolia pour sa contribution en faveur de la ville de Shanghai. La cérémonie a eu lieu le 17 septembre dernier au State Guest, résidence prestige de la municipalité de Shanghai ou toutes les réceptions gouvernementales sont organisées, et ou M. LI Mingjun, Directeur des affaires étrangères du bureau de Shanghai a remis les médailles aux nominés. L’award Magnolia de Shanghai existe depuis 1989, il est destiné aux étrangers ayant particulièrement contribués au développement économique de la ville, ou aux relations internationales et communautaires. Cette année, 53 nominés ont reçu ce prix parmi lesquels quatre d’entre eux sont des dirigeants des groupes français : Pierre Fabre, Carrefour, Air Liquide, L’Oréal. Directeur général de Pierre Fabre Chine depuis ses débuts, M. Francis Canet a lancé la marque Avène en Chine en 2003. Après ces dix années de succès, Avène est devenue la marque incontournable en Dermo-Cosmétique en Chine, présente dans 1 100 points de ventes et employant 2 200 collaborateurs qui participent à son développement (dont 200 employés qui sont des conseillères de ventes à Shanghai).

Motion & Emotion Peugeot scooters filiale à 100 % du groupe PSA commercialise depuis juillet 2013 son scooter Citystar 200 i en Chine. Ce scooter est équipé d’un nouveau moteur 200 cc 4s soupapes refroidissement liquide injection et bas frottement. L’originalité de ce scooter est d’être assemblé en Chine mais avec un moteur importé de France. Avec ce nouveau modèle, Peugeot scooters affirme son positionnement sur le marché du scooter haut de gamme en Chine. Peugeot scooters en Chine c’est une gamme de six scooters de 100 cc à 400 cc : • • • • • •

Kisbee 100 Streetzone 100 Vivacity 125 Speedfight 125 Citystar 200i Satelis 400i (importé, disponible fin 2013 début 2014)

Peugeot scooters est aujourd’hui distribué dans un réseau d’une centaine de concessionnaires dans les principales villes de Chine.

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Hommage

à Pierre Fabre Une profonde tristesse Le fondateur du second groupe pharmaceutique indépendant français est décédé le 20 juillet dernier à l’âge de 87 ans. DR

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epuis sa création en 1961 et jusqu’à ces derniers jours, Pierre Fabre a consacré toute son énergie à son entreprise devenue l’un des géants du secteur de la pharmacie et des cosmétiques, avec 10 000 salariés et 1,98 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2012. Entrepreneur visionnaire doté d’une intuition et d’une capacité de travail exceptionnelle, Pierre Fabre a su conduire avec un talent et une persévérance inégalables son groupe sur les chemins de la réussite. Il l’a fait en restant attaché à ses valeurs auxquelles il ne dérogeait pas : maintenir l’indépendance de l’entreprise, rester fidèle à sa région d’origine, privilégier le moyen terme et réaliser les investissements nécessaires à la pérennité du groupe sur le plan de la recherche comme sur le plan industriel. Il l’a fait avec le souci permanent du bien être de ses collaborateurs en les associant au capital de l’entreprise et en attachant à la qualité des rapports humains une attention de tous les instants. Né à Castres le 16 avril 1926, Pierre Fabre a d'abord été pharmacien d'officine.

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En 1961, il y invente le premier veinotonique d’origine naturelle et crée alors les laboratoires qui portent son nom. Quatre ans plus tard, il acquiert les laboratoires Klorane, puis les marques Ducray (en 1969) et René Furterer (en 1978). Parallèlement, l’entreprise se développe à l'international, avec l'implantation de filiales successivement en Espagne, en Italie et en Allemagne. Elle rachète également les laboratoires américains Genesis en 2002 et en 2006, la société brésilienne Darrow Laboratorios, spécialisée dans les produits d'oncologie et de dermo-cosmétique. Aujourd’hui, l’entreprise est présente dans 42 pays et ses produits sont distribués dans 130 pays. « Un entrepreneur exceptionnel » La disparition de ce grand chef d’entreprise a suscité l’expression de beaucoup de reconnaissance mais aussi de tristesse. « Des anonymes, des salariés de l’entreprise pharmaceutique, des personnes qui ont pu l’approcher un jour ou pas. Tous {sont venus} aligner quelques paroles réfléchies pour graver leur reconnaissance et souvent leur tristesse », pouvait-on ainsi lire au lendemain de son décès dans les colonnes du quotidien La Dépêche du Midi.

Né à Castres le 16 avril 1926, Pierre Fabre a d'abord été pharmacien d'officine. En 1961, il y invente le premier veinotonique d’origine naturelle et crée alors les laboratoires qui portent son nom.


Un géant pharmaceutique

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Le président François Hollande a quant à lui salué « un entrepreneur exceptionnel ». « Il fut constamment en avance sur son temps, ne cessant jamais d’innover, d’inventer, d’investir ». Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg a rendu hommage au « défenseur du patriotisme industriel ». «Avec son décès, la France perd un capitaine d’industrie de grand talent qui a su faire rayonner l’excellence de la pharmacie française dans le monde » Et le président du Medef, Pierre Gattaz, d’ajouter que Pierre Fabre «avait une vision et un projet ambitieux pour son entreprise.{…} Il était, parmi les grands décideurs français, l'un des plus investis et des plus soucieux de sa région ». L’entreprise connait le plus grand deuil de son histoire. Tous ses collaborateurs partagent l’immense peine que ressentent les proches de Pierre Fabre et sa famille. L’heure est au recueillement et à l’expression par tous les collaborateurs du groupe d’un sentiment d’immense reconnaissance et de gratitude envers celui qui a tout donné à son entreprise.

La disparition de ce grand chef d’entreprise a suscité l’expression de beaucoup de reconnaissance mais aussi de tristesse.

A travers la société holding Pierre Fabre Participations, les Laboratoires Pierre Fabre sont détenus à 65 % par la Fondation Pierre Fabre, reconnue d’utilité publique depuis 1999. Par ailleurs, grâce au programme d’actionnariat salarié mis en place depuis 2005, les collaborateurs de l’entreprise en sont collectivement actionnaires à hauteur de 7 %. Cette gouvernance est garante de l’indépendance et de la pérennité de l’entreprise. Les activités de Pierre Fabre couvrent l’ensemble des segments de la santé : des médicaments éthiques aux soins dermo-cosmétiques en passant par la médication officinale (OTC). Pierre Fabre emploie 10 000 collaborateurs dans le monde, dont 1 400 en R&D. Chaque année, le groupe consacre près de 20 % du chiffre d’affaires réalisé dans le médicament à la R&D, autour de trois axes de recherche prioritaires : oncologie, dermatologie et neuropsychiatrie. Forts de marques telles qu’Avène, A-Derma, Ducray, Galénic, Klorane, Naturactive, René Furterer ou Pierre Fabre Oral Care, les Laboratoires Pierre Fabre sont no 1 du marché français des produits dermo-cosmétiques, capillaires et bucco-dentaires vendus en pharmacie et parapharmacie. Commercialisée dans plus de 100 pays, Avène est la marque leader des soins dermo-cosmétiques en Europe, au Japon et en Chine. Dans le domaine du médicament, Pierre Fabre se concentre sur quatre franchises thérapeutiques prioritaires : oncologie, dermatologie, neuropsychiatrie et santé féminine. En oncologie, Pierre Fabre réalise près de 90 % de son chiffre d’affaires à l’international. En 2012, la démarche de responsabilité sociale et environnementale (RSE) des Laboratoires Pierre Fabre a été évaluée AFAQ 26000 par AFNOR Certification au niveau confirmé.

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Décryptage | Une des médias

Quand la Chine manque de cyberanalystes

Pratiquement toutes les unités administratives et économiques, grandes et petites, possèdent à présent un “service de surveillance de l’opinion” très généreusement financé, mais celui-ci est occupé en général par des personnels très insuffisamment formés. Et ce n’est pas mieux dans les officines indépendantes.

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n Chine, l’absence de liberté de l’expression publique, d’indépendance de la presse et de véritables élections démocratiques obligent à utiliser davantage les nouveaux médias internet non seulement pour s’exprimer mais aussi donc pour connaître l’opinion publique. Or, cette recherche de la vox populi est devenue indispensable à tous en Chine - des institutions de l’État aux entreprises privées - et a entraîné la création d’un nouveau métier : cyberanalyste de l’opinion (舆情分析 师 yúqíng fènxīshī). Aujourd’hui, les spécialistes du secteur, relayés dans de nombreux dossiers publiés par la presse chinoise, soulignent que le secteur manque de professionnels et s’est engagé dans des voies dangereuses. Pourtant, comme le rappelle Zhu Xuedong (朱学东), rédacteur en chef de l’Hebdomadaire de Chine (中国周刊), la Chine impériale avait été l’un des premiers régimes à mettre sur place un organe officiel chargé du recensement de l’opinion - le “bulletin impérial” (邸报). Cependant, la longue obsession du Parti Communiste Chinois sur le contrôle de l’information a fortement retardé l’essor de cette discipline dans la Chine contemporaine, et ce n’est que depuis quelques années que l’on voit par exemple l’apparition d’instituts de sondages. Si l’émergence de l’internet en Chine n’est désormais plus un phénomène nouveau, l’expression “cyberanalyste” n’est vraiment à la mode que depuis quelques mois dans les médias - le quotidien Xin Jing Bao (新京报, Nouvelles de Pékin) lui a par exemple consacré la Une de son supplément hebdomadaire sur internet le 28 septembre. C’est que les recruteurs recherchent désespérément ce genre de profil. UNE FORMATION INSUFFISANTE Comme l’explique le journaliste, cette pénurie a deux aspects : non seulement la Chine manque de cyberanalystes, mais les services existants dans ce domaines ne sont pas assez profes-

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Qu’est-ce que la cyberanalyse ?

Selon les mots des experts chinois eux-mêmes, « l’analyse de l’opinion internet consiste à transformer l’opinion brute en un produit d’information ». Il s’agit de rassembler de manière scientifique, échantillonner, comptabiliser, synthétiser, et analyser les mouvements de l’opinion sur internet, en tirer des prévisions, et proposer des suggestions pour y répondre. Le métier est né alors que la rapidité de croissance des réseaux et de la propension des internautes à émettre des commentaires a rendu caduque les méthodes empiriques traditionnelles fondées sur le butinage occasionnel de personnels dont ce n’était pas l’occupation première. Outre la réactivité, la qualité la plus précieuse exigée d’un analyste de l’opinion est la capacité à repérer les échantillons d’opinion les plus intéressants et les plus représentatifs. Ce travail très complexe n'est pas à la portée de tous !

Les dérives des « armées de l’eau » Source : Imagine China

sionnels. Zhang Quanling (张泉灵), célèbre présentatrice de la télévision centrale chinoise qui a animé des séminaires de sensibilisation aux réseaux sociaux devant des cadres de haut niveau, ajoute que beaucoup de décideurs n’utilisent pas internet eux-mêmes, ne font que lire les rapports de leurs subordonnés, et donc ne sont pas capables de les évaluer correctement. Pratiquement toutes les unités administratives et économiques, grandes et petites, possèdent à présent un “service de surveillance de l’opinion” très généreusement financé, mais celui-ci est occupé en général par des personnels très insuffisamment formés. Et ce n’est pas mieux dans les officines indépendantes. La raison en est, souligne Zhu Xuedong, que c’est un métier qui ne s’improvise pas, nécessitant des compétences en communication, en sociologie, en psychologie, en psychosociologie, en statistiques… Une simple formation continue ne peut transformer un agent lambda en un cyberanalyste efficace. Et les cursus universitaires en la matière ne sont que balbutiants. Certes, remarque Dan Xuegang (单学刚), vice-secrétaire général du laboratoire de surveillance de l’opinion du Portail du Peuple (人民网), interrogé par le Xin Jing Bao, la plupart des facultés de journalisme ont créé des filières de surveillance de l’opinion publique. L’État et le Parti les ont largement doté de tous les moyens matériels nécessaires. Néanmoins, les enseignements sont encore très improvisés : il y a beaucoup de cas pratiques, mais pratiquement aucun cadre théorique n’a été développé, et on compte les cours publiés sur les doigts de la main. D’ailleurs, souligne le responsable, même si l’enseignement de cette discipline se développait encore plus rapidement, cela ne pourrait permettre de satisfaire les besoins exponentiels de ressources humaines en la matière. R ENAUD D E SP ENS

Outre ce défaut de formation, le secteur, très profitable, a souvent une éthique professionnelle très discutable. Ses dérives ont été mises en lumière par les débats qui ont suivi l’arrestation le 21 août 2013 des dirigeants d’Erma, l’une de ces dizaines de milliers d’officines de « communication noire », ces fameuses « armées de l’eau » comme les appellent les médias chinois (水军, parce qu’elles agissent en sous-main pour provoquer des « inondations de communication »). Accusées de propagations massives de rumeurs et de faux scandales pour prouver leur efficacité, beaucoup sont également coutumières de la corruption de modérateurs de portails afin de faire disparaître par exemple des critiques sur des marques pour lesquelles elles travaillent – une liste des « tarifs » pour ce genre d’effacement a même circulé dans les médias. Les organismes d’État ne sont pas exemptes de tout reproche non plus, et les journalistes du Xin Jing Bao relayent les soupçons de l’opinion publique : quand les autorités s’intéressent trop à elle, c’est souvent aussi pour tenter de la contrôler. Ces comportements sont évidemment impopulaires et très nocifs, soupire Dan Xuegang, car ils n’aboutissent en réalité qu’à exacerber le mécontentement social. Comme le rappelle ce hiérarque du Parti, le « contrat social » chinois actuel implique que le pouvoir cherche sincèrement à entendre la vox populi, qui n’a d’autre moyen qu’internet pour s’exprimer : « Il y a encore trop de décideurs qui cherchent par exemple à effacer sur la toile les traces d’une crise. Ces comportements sont simplistes, grossiers, et aboutissent souvent à l’inverse de l’effet souhaité. Il faut les aider à comprendre que ce n’est pas la bonne solution. Mais cela n’est pas seulement du ressort des analystes de l’opinion… » Comme Zhu Xuedong, Zhang Quanling affirme qu’il est urgent de professionnaliser le métier : « quand je vois ces hauts fonctionnaires et ces grands patrons qui ne connaissent l’opinion internet que par les rapports peu scientifiques de subordonnés incompétents se contentant de reprendre des extraits d’opinions d’une poignée de personnes, je suis vraiment inquiète pour eux. C’est comme vouloir traverser le pacifique les yeux bandés en comptant sur d’autres pour tâtonner les rochers, tel le fameux Jianzheng (au VIIIe siècle, ce moine avait mis onze ans avant de pouvoir gagner le Japon où il était invité) ! »

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Décryptage | Clichés

A R T S V IS U E L S

« Hommage aux ouvriers » Rencontre avec le photographe San Bartolomé dont la série « Hommage aux ouvriers » doit le jour à Yves Rannou, directeur du site d’Alstom Hydro à Tianjin, qui a voulu mettre en valeur ses ouvriers dans les panneaux décoratifs destinés à orner les lieux de vie de la nouvelle usine : halls d’entrée, bureaux, salles de réunion, cantine, salle à manger des invités. San Bartolomé nous raconte ce projet.

«DèS LA PREMIèRE IMAGE NOUS SOMMES SAISIS PAR LE MÉLANGE DE NATUREL DE CES GROUPES ET L’EXTRÊME SOPHISTICATION DE LA SYMBOLIQUE DES OBJETS, DU DÉCOR, SOIGNEUSEMENT MIS EN SCèNE PAR L’AUTEUR. » Alain Sayag, Directeur du Département de Photo et Vidéo du Centre Pompidou (1981-2006)

© San Bartolomé

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Theatre of fire

La fonction de lieux très dissemblables où chaque panneau décoratif devait être accroché constituait une contrainte importante : impensable d’envisager le même style de photo pour le mur d’une salle de réunion, d’une cantine ou d’un hall d’entrée... Ma priorité : éviter tout reportage, me concentrer sur les portraits plutôt que sur les décors, sans isoler les ouvriers de leur contexte de travail ni de leurs réalisations : ces gigantesques pièces d’acier auxquelles ils consacrent la plus grande partie de leur temps, et, pour les plus anciens, de leur vie ! De multiples et méticuleux repérages s’imposèrent, suffisamment distants dans le temps de façon à laisser l’imagination faire son chemin. D’abord choisir des « visages » parmi les différents ateliers spécialisés, s’appuyer sur la richesse d’origines provinciales chinoises, en offrir un véritable éventail. Les premiers lieux qui m’ont immédiatement motivé ont été les « extérieurs - nuit » de l’usine avec leurs fantastiques alignements de pièces d’acier dans le rougeoiement des ateliers sous la lune. Ces extérieurs ont servi de base aux très grands formats (6m x 2m10) destinés aux salle de réunion :


Exposition San Bartolomé

© San Bartolomé

Iron Pyramids Grinders

Blue Pagodas © San Bartolomé

San Bartolomé - biographie

Iron Waves Painters © San Bartolomé

« Iron Waves Painters » et « Iron Pyramids Grinders ». Dans le grand hall d’entrée : j’ai opté pour une sorte de « portrait de famille » qui, avec cinq personnes seulement, réunit trois générations d’ouvriers, peut être quatre avec l’enfant sur les épaules de son père. J’ai choisi ces magnifiques portiques bleus auxquels on suspend les crochets et câbles d’acier tressé qui permettent de soulever des pièces de plus de 100 tonnes. Avec leurs étages superposés, ils me rappelaient la silhouette de temples s’élançant vers le ciel, j’ai intitulé cette photo « Blue Pagodas ». La photo « Theatre of Fire » m’est venue-avec la vision d’un portique qui m’a immédiatement fait songer à une sorte de scène avec ses rideaux levés. Il était posé au dessus d’une immense pièce ronde autour de laquelle s’activaient des soudeurs dans leurs costumes si particuliers : cagoule violette, casques à verre bleuté, combinaison et tablier de peaux... qui les font ressembler à des chevaliers médiévaux dans la lumière blanche de leurs chalumeaux.» San Bartolomé

Français, d’origines espagnole, italienne et allemande, San Bartolomé (Pierre-Jean de), photographe, metteur en scène, écrivain et diplomate, est d’abord un grand voyageur, curieux de toutes les cultures, sensible à leur complémentarité . Il découvre l’Asie dans les années 1990. Pendant 20 ans anime des échanges culturels entre la Chine et l’Europe, tout en poursuivant une carrière de metteur en scène et photographe. Missionné par les Années Croisées en 2003, il rejoint l’ambassade de France à Pékin, en tant qu’attaché culturel puis il crée le festival Croisements. Principales expositions : Maison de la Chine, Paris (1998-99), Musée National des Beaux Arts de Chine à Pékin (2005), See+Gallery et Interart Gallery à 798/Dashanzi (2011-12) Musée des Beaux Arts de Shanghai (2013). Prix du meilleur photographe étranger au Festival de Ping Yao (2010). Nommé Chevalier des Arts et Lettres par Frédéric Mitterrand la même année. Contact : Pierre-Jean San Bartolomé pjdesanbartolome@hotmail.com Pour plus d’informations : www.sanbartolome.fr www.sanbartolome.cn

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Décryptage | Livres

Par Françoise Blévot Comprendre… Élisabeth Martens est venue à la Chine par une médecine traditionnelle qu’elle a étudié plusieurs années à l’université de Nankin. Là, elle découvre la différence culturelle à son niveau le plus basique. Puis, avec l’apprentissage forcené de la langue et de l’écriture, elle poursuit au niveau le plus fondamental. Sa recherche personnelle, principalement médicale, la poussera vers la médecine tibétaine et vers cette civilisation définitivement non-chinoise dont elle deviendra un défenseur acharné*. Elle revient ici sur son expérience de la particularité chinoise telle qu’elle s’exprime dans sa langue et son écriture. On reste parfois dubitatif devant certaines de ses hypothèses, jamais indifférent à ses propositions linguistiques qui nous montrent à quel point l’expression du langage est à la source de la culture commune d’un peuple.

HISTOIRE FRACTALE

NOIR, C’EST NOIR

Magnifique. Ce grand roman se déroule sur deux périodes situées à soixante-dix ans d’intervalle, articulées « en abîme », ce dont les Chinois raffolent depuis des temps immémoriaux ! La première histoire se déroule à l’époque où l’on échangeait les potins sous le sophora, et où la vie provinciale était riche d’une foule de petits métiers que le lecteur apprend à connaître, vendeurs de soja, de vinaigre, artisans, veilleurs de nuit, crieurs d’annonces funèbres… L’auteur s’est livré à un véritable travail ethnologique, et c’est passionnant. Après avoir fait la connaissance des nombreux personnages au caractère bien trempé, on se délecte aussi du roman proprement dit ; ses membres fondateurs, dans la seconde partie, feront l’objet d’une enquête menée à l’époque moderne par un de leurs descendants, dont la destinée comporte de bien curieuses coïncidences…

Pour Wang Xiaobo, écrivain classé « néoréaliste », les oeuvres de création doivent partir de la vie et dépasser la vie. Dans « Le monde futur », la société se déshumanise, et la littérature ne peut plus transmettre ce qui est sa raison d’être, dénoncer, rêver, s’émouvoir. Non dépourvu d’humour, mais glacant.

En un mot comme en mille Liu Zhenyun

Traduit du chinois par Isabelle Bijon et Wang Jiann-Yuh Éditions Gallimard, collection Bleu de Chine 722 pages – 28 €

* Voir Tibet la compassion des puissants, qui remet en place bien des idées toutes faites sur le Pays de Neiges

Qui sont les Chinois ? Elisabeth Martens Max Milo éditeur 32 pages,19 euros

IMAGES Le quotidien de Shanghai en 1300 clichés. Deux regards amoureux, parfois impertinents.

Shanghai Blink Inès Breton, Vincent Prudhomme. Editions Les Xérographes 248 pages - 20 euros

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Le monde futur Wang Xiaobo

Traduit du chinois par Mei Mercier Éditions Actes Sud 190 pages – 20 €

TRANS-MISSION Gao Xingjian s’inquiète du rôle des artistes dans la société, de leur tendance à perdre de vue leurs missions, celles de donner à voir la beauté, de contester la pensée unique et lesmodes, d’exprimer la liberté.

De la Création Gao Xingjian

ETOILéES Partie en train pour une cure aux Sources Chaudes, une jeune veuve se voit contrainte de séjourner dans une petite ville minière, suite à un effondrement de la voie. Désireuse d’enquêter sur les coutumes locales et les histoires de revenants, dans l’espoir de communiquer avec son mari, elle ira de rencontre en surprise. Cette très belle et longue nouvelle est précédée d’une autre, dans laquelle, à sa facon, c’est une petite fille qui passe de l’autre côté du miroir.

Traduit du chinois par Noël Dutrait, Sébastian Veg, Yinde Zhang Éditions du Seuil 328 pages – 23 €

LUMINEUX Le testament spirituel d’un vieux monsieur dont les qualités humaines transparaissent à chaque page, situé à l’opposé de la sinistre expression « les fins dernières »…

Toutes les nuits du monde

Cinq méditations sur la mort

Chi Zijian

Autrement dit sur la vie Francois Cheng

Traduit du chinois par Stéphane Lévêque avec le concours d’Yvonne André Éditions Picquier 176 pages – 18 €

Editions Albin Michel 176 pages – 15 €


L’actualité des livres est réalisée en partenariat avec le magazine Chine Plus.

REGARD

SUR

LA

C H INE

Dans les pas du Petit Timonier

SUR LES éPAULES DE MAO

Les dieux qui unissent les Chinois

GALERIE DE PORTRAITS

Voyageant parmi les Nuages

MERVEILLEUX NUAGES…

Adrien Gombeaud Editions du Seuil 284 pages – 19,50 €

Jonathan Chamberlain Traduit de l’anglais par Jérôme Bouchaud Editions Gope 204 pages – 21 €

Antoine Marcel Editions Sully 256 pages – 20 €

Haut comme trois baozi, certes, mais doté d’une vue à long terme, le Petit Timonier a fait décoller la Chine. On parcourt ici chaque étape de son itinéraire, chaque événement marquant de sa vie, naviguant entre son époque et la nôtre, chaque pas prenant la mesure du chemin parcouru, enquêtant à la fois sur les faits fondateurs et leurs conséquences contemporaines.

Jonathan Chamberlain dresse tout d’abord un petit historique de l’implantation des premiers mythes chinois. Il évoque aussi la particularité chinoise d’avoir trois religions… qui n’en sont pas à proprement parler. Viennent ensuite l’histoire et les caractéristiques des dieux et déesses que l’on peut voir en visitant les temples chinois. Un petit vade-mecum précieux pour touristes éclairés, illustré par d’amusantes peintures sur verre chinées par l’auteur.

Ils nous transportent vers les grâces de la Chine, ses particularités artistiques et spirituelles, de telle sorte que, néophyte ou voyageur confirmé, passer d’un nuage à l’autre, c’est aller d’un ravissement à un autre. Comment et pourquoi les Chinois ont-ils une attirance « qui va de soi » pour les montagnes, les rochers, les arbres, la nature, la poésie ? Comment et pourquoi ces gou^ts peuvent-ils nous faire signe ? Entrez dans le monde des correspondances invisibles, si loin de ce que nous, Occidentaux, appelons « la foi », mais tellement près d’une bienfaisante et tranquille légèreté…

Histoire de la Chine

UNE SOMME

Promenade au coeur de la Chine poétique

SI CHèRE AUX CHINOIS …

Embarquement pour la Chine

ILLUSTRES INCONNUS

Des origines à nos jours John K. Fairbank et Merle Goldman traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Simon Duran Editions Tallandier 750 pages – 12,50 €

Études réunies par Jin Siyan et Lise Bois Éditions Artois Presses Université 154 pages – 16 €

Histoires et destinées francaises dans l’empire du Milieu Christine Leang Éditions Pacifica 290 pages – 22,50 €

Cette magnifique Histoire de la Chine est le travail de l’historien américain John K. Fairbank, complétée ensuite par Merle Goldman. Intéressante, la « vision américaine » des choses... Même s’il est indéniable qu’il manque à cet ouvrage les vingt dernières années, celles où l’Empire a pris un tournant spectaculaire. (Paru aux U.S.A. en 1992, première édition française en 2010, le voici en poche)

Très jolie promenade, érudite, ce genre a engendré la littérature, traversé les vicissitudes de l’histoire, et fait toujours partie de l’éducation familiale, même cachée « comme un fleuve souterrain » lorsque c’est nécessaire. La grande constante en est l’expression de la place de l’homme dans l’univers telle qu’elle est percue par les Chinois, « énigme codifiée, monde métaphorique pour dire le monde ressenti » écrit Rémi Mathieu. Les poétesses font exception ; elles parlent avant tout de leurs souffrances, en termes bouleversants. C’est sous les Han (déjà !) qu’a lieu la naissance du « je » au féminin, pour dire les mariages forcés, les enfants enlevés, les destinées fatales, la solitude. D’eux, que reste-t-il ? Au mieux le nom d’une salle d’exposition dans le Yunnan, ou d’un obscur cervidé… Ces hommes et ces femmes ont pourtant modifié le cours de l’histoire. Ainsi, le diplomate Auguste Boulle envoie étudier en France plus de cinq mille jeunes Chinois, dont Deng Xiaoping et Zhou Enlai ; Alexandre Yersin découvre la bactérie responsable de la peste dans une paillote en bambou, et Catherine de Bourboulon révèle le supplice des pieds bandés. Autant de destins qui font la trame de ce livre.

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联结 N.67|2013 秋

专栏引言 中国的零售业市场机遇与挑战共存 自去年6月起,中国已超越美国,成为世界电子商务第一交易大国, 年交易额预计为1720亿欧元(折合人民币约为14504亿元),而同期 美国网上交易额仅为1690亿欧元。虽然网上销售呈现快速增长,比如 B2B模式,线上交易额已达到同类市场的30%,但是总的来讲,电子 零售业还只占中国总零售额的7%。由此可见,即使在网络销售炙手可 热的今天,由于中国正在从“世界工厂”向“世界市场”转变,市场 的巨大潜力快速释放,只要认清市场形势,并且做好摸爬滚打的心理 准备,分得一杯羹并不是遥不可及的梦想。 Source : Imagine China

新一代中国消费者有何特征?

重金扩大仓储面积,并支持物流分包逐步扩

数以百万计的80后和90后的年轻人是

大经营规模。在和时间赛跑的过程中,满足

今天消费的主力军。他们手捧移动终端,不

了消费者快速享受的心理需求,从而在竞争

关心社会时事,热衷消费,尤其追捧名牌。

中胜出。

这些年轻人多是办公室的白领和公司的管理 层,在未来将是网络消费的中坚力量。他们

网络时代下的零售业新生态

网上购物的频率是多少?他们使用怎样的

和欧美相比,中国的电子零售业有与众

平台和终端?他们追捧的品牌有哪些?详情

不同的生态:手机购物的比例远远超过通过

请见记者Pierre Tiessen的《电子商务》一

在电脑上的消费,年轻人是真正的移动消费

文,及其参考的《第一财经周刊》刊登的中

者,即使某些网站还没有推出适合手机屏幕

国新型消费群体研究。

浏览的页面,也不能逆转他们的消费习惯; 即时通讯也是一个鲜明的中国特色,买家希

中国零售业市场的特征

望能够得到及时服务和解答,协商,以做到

首先,淘宝,京东商城,易购这样的网

放心购物,这是对平台和买家的一个挑战;

络平台异军突起。这些平台给了无数小卖家

此外,网上下单,快递到货时进行现金支

触及到广大消费者的机会,他们各展才能,

付,再由快递公司返还卖家,也是一个特色

使出浑身解数,使得淘宝名符其实,真正让

服务。除此之外,中国年轻消费者极为“见

消费者享受到了想得到就能找得到的购物体

异思迁”,要想留住他们的心,需要理解他

验。

们的消费心理,比如对外国品牌的追捧,并 其次,网购巨头不惜重金,打造强大而

在个性化服务上下功夫。

高效的配送体系,攻城掠地。为了保证在北 京等主要城市里,网络购物能够在6小时之

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外国零售企业如何抓住增长机遇?

内送达,淘宝从2011年前构建了一个淘宝

2012年,中国成为外国直接投资第一

实体店铺联盟,支持店内挑选商品、现场交

大目的地国。随着居民可支配收入的增加,

易、网上下单,到店自提;京东商城则不惜

中国成为世界市场的前景已经非常明了。


在机遇增长的同时,大大小小的零售企

2012年,中国成为

购平台上的众多小卖家通过灵活的销售方

业都瞄准了这快宝地,由此带来了激烈的市

外国直接投资第一

式,分走了很大一杯羹。因此,对于众多的

场竞争。要想在市场中站稳脚跟,外国零售 企业应该采取什么样的策略呢? 定义瞄准的消费群体和消费地域是外

大目的地国。随着 居民可支配收入的

国零售企业进驻中国首先要思考的问题。曾

增加,中国成为世

经有一段时间,消费的全球化使得消费品大

界市场的前景已经

致趋同,现在,新的消费伦理提倡本地化消 费,«made in right here»,在得到满意的

品质和价格的同时,也希望能够消费到本地

非常明了。

法国大众时尚品牌,在不容乐观的市场分割 中,由于直营实体店的成本不断增长的背 景,要想扩大市场份额,最可行的方法看来 还是加盟店。 儿童成衣制造集团IDGROUP自从1999 年进驻中国市场以来,旗下有Jacadi和

Okaidi两个品牌,前者偏向高端,和梦特娇

一样,是最先进入中国市场的法国品牌之

的有特色的产品,做一个负责任和有追求的

一,已经在国内拥有20多个销售网点,后

消费者。

者更为大众,2006年在上海开立了第一家

通过本土化的社交网络平台,诸如微

店面。集团的中国零售负责人Laure Krui-

信和微博,使得自己的品牌保持高曝光率,

thof认为,除了传统的营销手段以外,现在

和中国消费者保持直接的沟通和面对面的关 怀,也是站稳脚跟的法宝之一。

要想抢占中国市场,必须要学会与时间赛 跑,赶上社会的快时尚,加快翻新的步伐。

值得一提的是,在年轻一代的消费心理 里,源自国外的品牌本身就是品质的象征, 彰显洋品牌的身份,可以为产品的定位和形 象的打造奠定了一个良好的基础。

烫手的聚宝盆 综上所述,中国市场是一只聚宝盆, 但是机遇引发竞争,中国市场也因此烽烟四 起。了解这个市场,揣摩消费者的心理,采

实体与网络共存

取正确的销售策略,是销售商们必须做好的

麦肯锡咨询公司的市场研究表明,实

功课。对于那些还想加入竞争行列的企业而

体店和网点并非是直接竞争和取代的关系:

言,考虑到中国市场的规模和潜力,迈入中

平均下来,网购一美元取代实体店的60美

国也永远不会为时已晚。

分,但同时创造了40美分的新消费需求。 一方面,在显眼的商业位置拥有一个实

何枫

体店铺,是提升影响力和打造广告形象的一 个重要手段。在直营店和加盟店的选择上, 考虑到现在房地产的高位,以及中国法律的 规定,外国品牌为了减少运营成本和管理压 力,更多的选择以加盟店的方式扩张销售网 络。 另一方面,在未来的2-3年,大的品牌 将不再满足于通过淘宝,京东,当当等大众 平台开展自己的销售业务,为了能够重新掌 握销售渠道,和促销方式,将致力于打造各 自的网购平台,使得网购的体验个性化和人 性化。 纺织行业近距离扫描 记者Raphael Balenieri对竞争激烈的 纺织品市场做了一个简要的描述:一方 面,Gap, Zara, Uniqlo, H&M这些品牌抢占

了快时尚的前沿阵地,另一方面,淘宝等网

Source : Imagine China

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会员企业简讯

Club Med入驻中国桂林世界遗产景区打造精致一 价全包的奢华假期 桂林度假村将当代设计与现代艺术注入风景如画的桂林喀斯特地貌中位于广西 壮族自治区的桂林市是中国“最美丽的自然景区”,桂林的漓江风景名胜区于1996 年被联合国教科文组织(UNESCO)列为世界自然景观与历史文化双遗产。Club Med桂林打造出一片属于自己的雕塑公园,蒐集了100多件国际知名艺术家的作 品。 宽敞开阔的度假村中共有330间客房,分布于酒店两翼。其中Marc  Hertrich  & Nicolas  Adnet设计工作室为全 新的丽庭284间现代客房用深色木材装饰,整体呈现自然色调,加上鲜明色彩饰以点缀。 Club Med桂林度假村传承了品牌的纯正血统,令假期融入自然、充满冒险精神。 户外运动爱好者们可以体验空中飞人,或是尽情攀爬;除此之外,射箭、骑行、瑜伽、太極、网球等各种运动令人目 不暇接。具有创造力的客人还能在当地艺术大师的指导下研习版画、书法与陶艺。 由Comfort Zone专属呈现的Club Med Spa芳疗中心,或是三个与自然景观融于一体的泳池包含一个靜池和一个室 內泳池,可供宾客享受更为幽静的环境。 Club Med儿童俱乐部为2-17岁不同年龄层孩子量身定制各种娱乐活动,提供专业的照顾打造不同主题的娱乐活 动。家庭可以参加短途游的行程,也都是不容错过的文化活动。 Club Med桂林度假村提供3个不同主题的餐厅包含享誉世界的国际自助餐,精致的当地美食与厨师创新菜式。 Club Med桂林专业的活动策划团队和周边得天独厚的自然景观,拥有9間不同尺寸規格(66-485平方公尺)的宽敞 舒适的会议室。 Client : CLUB MED LOGO CLUB MED QUADRI Date : 18/02/05 Responsable : ELIE HASBANI

C

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法国基德律师事务所——中国业务 20年 10月17日,法国基德律师事务 所(Gide)在北京举行了在中国正 式开展业务二十周年的庆祝活动。众 多法国、中国和欧洲商界代表参加了

此次活动。 基德是欧洲大陆为数不多的在国际化之后能够达到英美同行水 平的律所之一。基德自上世纪八十年代起成为中国市场不容忽视的 参与者,作为外国律师事务所于1993年首批获准在中国境内提供法 律服务。 在不断变化的环境中,基德的各个团队历经多年磨练,恪守事 务所历来的严格质量标准,成功地以丰富的经验、日臻完美的服务 使客户受益。今天,基德在中国拥有由两家代表处(北京、上海) 和一家分所(香港)组成的网络,汇聚了五十名法律专家。 基德不但协助大型国际化公司在中国和亚洲实施各类项目,还 竭诚为中国企业在包括欧洲和非洲在内的世界各地的投资提供专业 的服务。

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达尔凯与施耐德电气建 立战略合作伙伴关系 达尔凯(中国)能源 管理有限公司(简称“达 尔凯”),作为欧洲能源 服务领军企业,与全球能效管理专家施耐德电气中国于9月17日在 北京签署战略合作协议。通过建立战略合作伙伴关系,双方旨在共 同开发不断涌现的中国楼宇能源服务项目,发挥各自优势,推动该 行业迅速发展。达尔凯亚洲及中东地区总裁雷穆德先生,施耐德电 气中国高级副总裁及工业事业部负责人徐骏参加并完成签字仪式。 达尔凯亚洲及中东地区总裁雷穆德先生表示,中国市场对于楼 宇节能减排的呼声日益高涨,客户需求也日渐增加,达尔凯期待施 展所长,与中国市场共同成长。此次达尔凯与施耐德电气建立战略 合作伙伴关系将会充分发挥各自在品牌、科技、运营和资源方面的 优势,进一步推进中国绿色楼宇能效管理的发展。 施耐德电气中国高级副总裁、工业事业部负责人徐骏先生表 示,顺应“十二五”规划的节能减排目标,凭借完善的产品和解决 方案,施耐德电气中国将鼎力支持达尔凯在该领域的未来发展。


必维中国区总部迁 新址 资源整合助 推全球本土化

(2013年9月24日, 上海)测试、检验、认证 和技术咨询服务行业全球 领导者——必维国际检验 集团(Bureau Veritas, 以下简称“必维”)中国 区总部正式迁至上海市黄 浦区,以庆祝企业进入中 国市场20周年。此总部办 公楼占地8000m2,完全 依照国际绿色建筑LEED金 级标准设计与建造。工业 与设施事业部、船级社、 政府服务与国际贸易三大 事业部入驻全新办公楼, 旨在通过整合内部资源为 中国市场提供更专业的一 站式解决方案,确保产 品、设施和生产流程符合 质量、健康和安全、环保 和社会责任领域的标准及 规范。 9月23日,必维在其 新办公楼举行了盛大的落 成典礼暨必维中国20周年 庆祝典礼,黄浦区政府、 黄浦区总工会和出入境检 验检疫局的诸位领导以及 100余名必维客户莅临典 礼。9月24日,必维上海 英斯贝克金属和矿产技术 中心也正式成立。该技术 中心占地1500平方米, 拥有目前最先进的设备及 分析技术。是必维的全球 第二大金属及矿产技术中 心,为亚洲地区提供全球 领先的金属及矿产品测试 服务。 目前,必维在全国 的40多个城市设有110个 办公室及实验室,并拥有 10000多名员工。

Algeco登陆中国 ! Algeco Scotsman 集团与北京诚栋国际营地 集成房屋有限公司成立了 合资企业。 新的合资公司—— Algeco诚栋,主要从事生 产、租赁、销售模块化建 筑解决方案,以满足客户 在办公空间、临时展会活 动、仓储、宿舍、卫生间 以及校舍等各个领域的临 时用房需求。 立足于37个国家, 拥有60余年的丰富经 验,Algeco Scotsman集 团是世界模块化建筑的行 业领导者。中方合资方, 北京诚栋,是中国第二大 箱式房供应商,并在北京 市场持续15年保持行业领 先地位。 Algeco中国合资 企业总裁Anil Karnatak 说:“现如今,中国已经 成为了世界最大的建筑市 场,临时性的建筑需求也 在快速增长。当越来越多 的外资企业来到中国市 场,我们希望能够为他们 的临时用房需求提供最适 合的空间解决方案。”

皮尔法伯中国荣获 “上海白玉兰纪念奖” 作为皮尔法伯集团在 中国的代表,皮尔法伯中 国区总经理凯方先生荣获 2013年度“上海白玉兰纪 念奖”以表彰他对上海市 作出的突出贡献。 9月17日下午,2013 年上海市“白玉兰纪念 奖”授奖仪式在举办过多 次重要国事接待访问的上 海西郊宾馆隆重举行,上 海市人民政府外事办公室 主任李铭俊向获奖的外籍 人士颁发了证章、证书。 从1989年至今,上海 白玉兰纪念奖对为推动上 海市经济建设、社会发展 和对外交流等方面做出积 极贡献的外籍人士进行表 彰。 今年,53位外籍友 人荣获上海市“白玉兰纪 念奖”,其中有四位是来 自以下几个法国集团的高 管:皮尔法伯,家乐福, 液化空气,欧莱雅。 作为皮尔法伯中国区 总经理,凯方先生于2003 年把雅漾品牌带入中国。 经过十年卓有成效的努 力,雅漾带领着2200名员 工(其中包括200名工作 在上海的美容销售顾问) ,在中国拥有了1100个销 售点,成为中国药妆行业 不能或缺的重要品牌。

法国标致摩托 法国标致摩是标致雪 铁龙集团(PSA)的全资 子公司,2013年7月,标 致摩托在中国首发全新豪 华踏板车Citystar200i, 该车搭载标致最新低摩擦 动力平台,200CC四冲程 四气门水冷电喷技术,整 车在中国组装,但是发动 机及车体多个关键部件法 国原装进口。这款车上市 后,标致摩托在中国定位 于高端踏板车市场。 标致摩托在中国市 场全系产品包括100CC到 400CC共六款踏板车: Kisbee 100 Streetzone 100 Vivacity 125 Speedfight 125 Citystar 200iSatelis 400i (进口车型,将在 2013年底或2014年初在中 国上市)。 标致摩托目前在中国 的主要城市拥有近100家 销售网络。 您可以在我们的官方 网站www.peugeotscooters.com.cn以及官方微博 weibo.com/peugeotscooters获得标致摩托最新信 息。

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Ils arrivent

Beijing

Shanghai

Algeco Chengdong International Modular Housing (Beijing) Co., Ltd. - (ConstructionBTP),AlliedPickfords-(Transports& Logistique),BeijingFrance-ChinaInternational Trade Limited Company - (Vin et Spiritueux),ShanghaiClubMedHolidayTravel Agency Co., Ltd. Beijing Branch - (Voyages et Hôtellerie),Chromatotec-(Ingénierie), Erawan Consulting SARL - (Conseil), Eurazeo-(Finance), Ontonomia- (Recrutement), Pablo Martin Nolasco Architecture - (Architecture),PinyinStudio-(Communication, Publicité,RP),SidelMachinery(Beijing)Co., Ltd.-(IndustrieManufacturière),SipaPress(Média), Tell Me More - (Logiciels).

ACS France SAS (Advanced Confort Systems) - (Ingénierie/Industrie), ALD Fortune Auto Leasing And Renting (Shanghai) Co., Ltd. - (Autres Services Professionnels), Alexandra Taulin - (Commerce de détail), Altica Co,. Ltd. - (Commerce de détail), Asia Pro Gifts - (Biens de Consommation), ASPEN Telecoms -Yihai Information & Technology Co., Ltd. - (Systèmes Informatiques/Télécommunications), Bluecom Solutions Ltd. - (Télécommunications), CARLIPA ASIA - (Média/ Télécommunications), D&J Associates (Conseil), DHR International Shanghai Ltd. - (Autres Services Professionnels), Eplusmore - (Média/Électronique), Eurazeo - (Finance), French Unique Decoration Material Shanghai - (Industrie Manufacturière), Green United Music - (Conseil), Huber Environmental Technology (Taicang) Co., Ltd. - (Ingénierie/Industrie Manufacturière), IMS Market Research Consulting (Shanghai) Co., Ltd. - (Santé/Conseil), K2 (Shanghai) Co., Ltd. (Média), KEYI Ltd. - (Agroalimentaire/Commerce de détail), KLB Group (Shanghai) Co., Ltd - (Conseil/Ingénierie), L'alcove - (Loisirs Restauration), Launay Romain - (Transports & Logistique), L'école de design Nantes -

Canton Horizon Stage - (Recrutement/Conseil), Saft –(Industrie/Électronique),ModeInternationalDiffusion–(Textile),TerraLorraineSas / Comex Euro Developments – (Construction BTP/Autres), Tereos Syral - (Agroalimentaire) .

(Enseignement), Louis Costa - (Santé), Maison Pourcel - (Loisirs Restauration), MyCo2 - (Énergie/Environnement), Open D Group - (Média),Philippe HUREL - (Industrie Manufacturière), PSYMA Business Research China - (Conseil), Rainbow International Co., Ltd. - (Conseil/Commerce de détail), Sandrine MUSCAT - (Conseil), Softdatabase China Co., Ltd. - (Conseil/Télécommunications), Syntesi - (Biens de Consommation), Titanox - (Industrie), Twist of Parti Pris - (Média), Uncle Advertising - (Média), Vanel - (Industrie/Industrie Manufacturière).

Shenzhen Primasources Ltd.- (Biens de Consommation), Smart Asian Network HK Ltd. – (Électronique), Med Solution Ltd.- (Électronique), Hps Shenzhen Ltd.- (Industrie).


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