Connexions 68

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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine / 中国法国工商会季刊 www.ccifc.org

N.68

HIVER / 冬

DOSSIER :

PME/GRANDS GROUPES L'effet d'entraînement

Interview : PIERRE GATTAZ, président du Medef « Il faut être compétitif si l’on veut se mondialiser » Trophées France Chine : Les lauréats de l'édition 2013


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Éditorial

DR

2014 : une année charnière pour les relations sino-françaises

Olivie r G u i b e rt

Président de la CCIFC

欧技 中国法国工商会会长

L’année 2014 promet d’être une année riche pour les relations franco-chinoises. Une année méticuleusement préparée par les communautés d’affaires françaises et chinoises qui s’apprêtent à célébrer le 50 e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République française et la République populaire de Chine. Une année qui représente une opportunité unique pour les entreprises françaises de démontrer l’exemplarité de leur présence en Chine où elles disposent d’un large éventail de champions opérants dans de multiples secteurs dans un pays qui se transforme, s’urbanise et élève son niveau de vie. Les bénéfices tirés par les entreprises françaises en Chine sont nombreux, les relations commerciales entre la Chine et la France sont intrinsèquement liées à la relation bilatérale qui sera fêtée en 2014, il est donc essentiel de placer les relations économiques au cœur des événements à venir. C’est ce à quoi va s’atteler la Chambre qui entend jouer un rôle moteur, toujours poussée par cette volonté de défendre les intérêts des entreprises françaises dans la deuxième et bientôt la première économie mondiale. En complément des opérations phares de la CCIFC comme le programme « Villes d’avenir » qui s’arrêtera à Nanning, Chongqing et Harbin, les galas de Pékin et Shanghai vitrines de l’excellence française; la CCIFC prévoit l’organisation d’un forum d’affaires à Shanghai et à Pékin mettant en avant les réussites d’entreprises et d’entrepreneurs chinois en France et des partenariats entre les entreprises françaises et chinoises. 2013 à été une année forte en émotions pour la CCIFC, 250 événements, 69 groupes de travail, 1 500 participants aux galas, 55 PME domiciliées dans ses centres d’affaires, 107 PME accompagnées par son service d’appui aux entreprises, 567 collaborateurs formés et 68 candidats placés par son service RH. Un bilan riche porté par ses permanents et surtout par son directeur général, Manuel DELEERS qui nous a brutalement quittés le 24 novembre dernier et dont le travail au sein de la CCIFC a été remarquable. Manuel a été l’instigateur d’une modernisation exemplaire de cette structure, il a su faire progresser l’ensemble des services et a marqué de son empreinte la CCIFC. Son décès nous a tous affectés, je souhaitais lui rendre dans ces quelques lignes, un vibrant hommage, et m’engage avec les élus et ses équipes à poursuivre ce travail de développement de la CCIFC. Je tiens enfin à remercier l’ensemble de nos membres pour leur soutien constant, vous êtes les garants de la qualité d’une organisation qui n’existe que pour offrir de l’information et des services de soutien à une communauté d’entreprises et de personnes en constante augmentation. Au nom des élus et des permanents de la CCIFC, je vous souhaite à tous une excellente année 2014 !

2014 : 中法关系转折年 2014年预示着将是法中关系丰富多彩的一年,是各法中事务团体为庆祝法兰西共和国与中华人民共 和国建立大使级外交关系50周年而悉心准备的一年,是代表着法国企业在华展示榜样形象之唯一机 会的一年,在这个处于转型、城市化进程以及生活水平持续提高的国家,法国企业在众多前景颇好的 行业拥有各种领先地位。法国企业在中国得到的好处很多,中法商贸关系本质上与将要在2014年庆祝 的双边关系息息相关,因此把经济关系置于即将到来的庆祝活动的核心尤为重要。 这就是商会将要长期付出努力的所在,出于一贯的保护法企在世界第二大经济体(不久会变成第一) 的利益的意愿,商会希望发挥驱动力的作用。作为中国法国工商会的标志性活动 — 例如即将在南宁、 重庆和哈尔滨举办的“明日之城未来市场”系列活动,在北京和上海分别举办的年会,中国法国工商 会计划于明年5月9-10日在上海和北京各组织一次商务论坛,隆重推介在法国的中国企业和企业家的 成功案例,以及法中企业之间的合作关系。 对于中国法国工商会,2013年是激动人心的一年:250次活动,69个工作小组,1500余位的年会参与 者,55家入住商务中心的中小企业,107家接受企业扶持服务的中小企业,567位接受培训的同仁,以 及68位通过商会人力资源服务找到工作的求职者。商会专职的团队,尤其是在中国法国工商会作出了 卓著成绩却于去年11月24日溘然离世的德博文总经理,他们交出了一份成果丰硕的总结报告。 德博文是商会现代化的始作俑者,他推动了商会各部门的现代化进步,在中国法国工商会留下了他自 己的印记。他的离去令我们每个人感到悲伤,我希望籍此文向他致以深深的敬意,并与当选的理事会 成员和商会同仁一起继续发展中国法国工商会的事业。 最后,我要对会员企业的始终如一的支持表示感谢,你们是商会的质量担保人,商会存在的唯一目的 就是为了向一个不断扩大的会员企业和个人提供信息以及支持和联络服务。 我代表中国法国工商会的理事会全体成员和所有专职人员,祝大家2014年万事如意!

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Comité de Patronage

Le magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 68, hiver 2014 Direction de la publication Caroline PENARD & Marion Sardou Rédacteur en chef Pierre TIESSEN, avec Madeleine BARBIER Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro : Raphaël BALENIERI, Erwan PACAUD, Renaud DE SPENS, Françoise BLÉVOT, HE Feng. Comité de relecture : Commission Communication de la CCIFC Couverture © Imagine China Publicité Pékin : Frédérique BELLOY belloy.frederique@ccifc.org Paulo QI qi.paulo@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O UCCIFE 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707

Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute respon- sabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la res- ponsabilité de leurs auteurs.

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Renaud de Spens

Imagine China

DR

N.68 HIVER / 冬

L'ActualitÉ business EN CHINE L’actualité Business EN Chine 8 Grande Interview Pierre GATTAZ, président du Medef « Il faut être compétitif si l’on veut se mondialiser » 12 Business Survey Étude sur le climat des affaires 2013

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DOSSIER PME/GRANDS GROUPES L’effet d’entraînement Stratégie Les maîtres de l’atome

12

72

interview Jean LEVIOL, « Nous jouons tous un rôle de fédérateur de filières » 32

Le modèle chinois L’effet IDE

46

Une offre en phase avec la demande

48

À LA LOUPE Resonate-mp4/Thalès : Retour d’expérience

ABECéDARIE 50

À LA LOUPE Maison-Délice Un appui certain (mais pas crucial) de grands groupes

34

36

PME À LA LOUPE Lookadok : Le portage : avant tout, « une affaire de personne » 38 20 27

ACPP : « On est arrivé deux ans trop tôt ! » 29 Interview exclusive Pierre MOSCOVICI, « La dynamisation du portage nécessite de mobiliser pleinement tous les acteurs » 30

PME À LA LOUPE Sodime Asia Pacific Quand l’union fait la force

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Institutions Le « pack français » en rangs serrés

40

Le modèle allemand Ensemble, Zusammen ! 42 Enquête Ifop « Les entreprises françaises ont un devoir d’entraide entre-elles »

44

ActualitÉS DE LA CHAMBRE CCIFC 54 Business Services 60 Antennes 62 Membres 70

DÉCRYPTAGE Une des médias Clichés Livres

72 74 76

联结 专题《中小企业与大集团合作关系》综述 78 会员企业简讯 80

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L’actualité business en Chine

Urbanisation en Chine

80

En 2013, la Chine a été impliquée dans plus de 80 conflits commerciaux dans 18 pays et régions, une hausse de près de 12 % par rapport à 2012, selon le ministère chinois du Commerce.

440

C’est le nombre d’instituts Confucius ouverts par la Chine dans 120 pays dans le cadre de sa politique de soft-power… et le gouvernement chinois envisage d’ouvrir encore d’autres établissements. Quelque 850 000 étudiants se sont inscrits dans ces instituts depuis l’établissement du premier en 2004 et 40 pays incluent aujourd’hui l’apprentissage du chinois dans leurs programmes nationaux d’enseignement.

Deux réformes majeures

L

es caciques du régime réunis lors du 3e plénum du Parti communiste chinois (PCC) fin 2013 ont annoncé la mise en place de réformes historiques du système foncier des terres agricoles et du permis de résidence, le hukou. Ces mesures devraient contribuer à rééquilibrer les inégalités villes/campagnes. Xi Jinping est en effet contraint d’accélérer le cycle des réformes dans une Chine où en 2012 la population urbaine a dépassé pour la première fois la population rurale (d’ici à 2020, ils seront 70 % à vivre en ville)… Et ce n’en déplaise aux plus réfractaires – les collectivités locales – qui avaient rejeté un Plan initialement présenté en 2012, après le 18e Congrès du PCC. Les réformes foncières octroieront aux paysans le droit d’obtenir des certificats spécifiant la locali-

sation exacte et la superficie de leurs terres. Les plus réformateurs souhaiteraient même offrir des titres de propriétés pour permettre l’émergence d’un marché de l’immobilier foncier. Quant à la transformation du système du hukou, elle permettra graduellement aux migrants ruraux de s’intégrer légalement aux zones urbaines en supprimant ou en assouplissant les restrictions. Ces mesures qui également devraient permettre de freiner l’afflux massif de populations vers les mégapoles saturées. Imagine China

E n chi ffreS

I L S ON T D I T...

« Des efforts inlassables seront déployés pour éliminer la surcapacité de production, et les décisions et dispositions du gouvernement central à cet égard doivent être mises en œuvre sans compromis ». D’après un communiqué publié lors de la conférence centrale sur le travail économique qui s’est tenue en décembre. Selon l’agence Chine Nouvelle, depuis l’été 2013 environ 1 400 entreprises dans 19 secteurs ont été exhortées à limiter leur capacité de production avant la fin de l’année.

TÉLEX

IDE

Imagine China

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IDE

peinture exécutée par

un mini-krach et l’ire des

Les dix pays et régions ayant

l’artiste chinois ZENG Fanzhi

mois de 2013, la Chine a

spéculateurs. Des mesures

le plus investi en Chine

en 2001 a été achetée en

autorisé 18 184 entreprises

restrictives des autorités,

durant les dix premiers mois

décembre 17 millions d’euros

à investissements étrangers

qui tentent de rationnaliser

de 2013 sont Hong Kong, le

lors d’une vente aux

à s’installer, en baisse de

les échanges face

Japon, Singapour, Taiwan,

enchères à Hong Kong.

9,18 % par rapport à la

à la fièvre spéculatrice,

les États-Unis, la République

Un record pour une

même période de l’année

ont contraint la principale

de Corée, l’Allemagne, les

œuvre d’art asiatique

dernière. Le montant des

plate-forme d’échanges

Pays-Bas, le Royaume-Uni

contemporaine et pour un

investissements étrangers a

de refuser de nouveaux

et la France. Leurs investis-

artiste chinois encore vivant.

atteint lui 97,03 milliards de

dépôts de ses usagers.

sements ont représenté

dollars, en hausse de 5,77 %.

La Chine est le premier

92 % des IDE dans le pays.

BITCOIN

8

en Chine provoquant

Au cours des dix premiers

marché mondial pour cette

La monnaie virtuelle bitcoin

a été multipliée par 92

ART CONTEMPORAIN

a plongé fin décembre

en onze mois en 2013.

The Last Supper, une

e-monnaie et sa valeur

CINÉMA La Chine, avec plus de 5 millions d’entrées en salle pour les films français, est en 2013 et pour la première


Haut débit

L’équipementier télécom Alcatel-Lucent a réussi une belle opération en annonçant fin décembre avoir été choisi par l’opérateur China Telecom pour être l’un des trois principaux fournisseurs de son infrastructure dans le cadre du pilote pour le déploiement en Chine du très haut débit mobile. Le marché chinois est aujourd’hui le plus important au monde en termes d’abonnés, de services data mobile et de smartphones. Selon le cabinet américain CRU, l’Empire du milieu est déjà le premier consommateur mondial de fibre optique, et le 12e Plan quinquennal, qui court jusqu’en 2015 a fixé des objectifs ambitieux en termes de développement : d’ici deux ans, tous les Chinois ayant accès à l’Internet devront bénéficier d’un débit de 20 mégabits par seconde et 250 millions de foyers devront être abonnés au haut débit, dont 100 millions au très haut débit.

Imagine China

Joli coup pour Alcatel-Lucent

Quels salaires en Chine en 2014 ?

fois, le 2e pays pour le cinéma français après les États-Unis.

TERRES RARES

EXPATS Selon l’étude HSBC Expat Explorer 2013 sur les conditions de vie des

Le ministère chinois du

expatriés, c’est une nouvelle

Commerce a fixé

fois en Asie que ces derniers

pour 2014 des quotas

semblent être les plus

d’exportation

heureux. Cette partie du

de 1 796 tonnes pour

monde concentre cinq des

les terres rares moyennes

dix premières destinations

et lourdes, soit un volume

du classement. La Thaïlande

en baisse par rapport

se situe en tête, elle est

à 2013. La Chine fournit

suivie de la Chine

aujourd’hui plus

(3e place), de Singapour (6e),

de 90 % de la demande en

de l’Inde (7e) et de

terres rares du globe.

Taïwan (8e).

(7,7 %), que les salariés verront leurs salaires le plus augmenter. Une étude effectuée par 51job.com, le premier site chinois de ressources humaines, prévoit les plus fortes hausses dans le secteur financier (10,4 %), l’immobilier, les hautes technologies et la biopharmaceutique. Les salaires proposés par les entreprises établies dans les villes de premier plan, telles que Pékin et Shanghai, augmenteront de 8,6 % en base annuelle, contre 9 % dans les autres villes.

UN brevet sur CINQ au monde est… chinois !

Imagine Ch in

D’après le cabinet en rémunération Hay Group, la hausse moyenne mondiale des salaires a été de 5,5 % en 2013 et un ralentissement à 5,2 % est à prévoir en 2014. Cette baisse se fait particulièrement sentir en Europe, où les prévisions attendues sont de 3,1 %. En France, les évolutions salariales se situeront autour de 2,5 %, soit 0,1 % de moins qu’en 2013. C’est dans les pays émergents, comme le Brésil (6,1 %), la Chine (7 % à 8,6 %), la Russie (7,8 %) ou encore la Turquie

a

L’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) a révélé fin 2013 les chiffres 2012 des demandes de brevets dans le monde ( Wo r l d Intellectual Property Indicators - 2013 Edition) et sans surprise, les demandes des résidents chinois arrivent en tête avec 560 681 demandes soit une progression de 24 % en un an ! Ces demandes représentent 20 % du total mondial, qui s’élève à 2,35 millions d’après l’OMPI. Cette dynamique chinoise, boostée par les efforts en R&D du pays, s’inscrit dans une reprise globale des demandes de dépôt de brevets qui en 2012 avaient progressé de 9,2 % alors qu’elles avaient chuté de 3,9 % depuis le début de la crise en 2009.

Huawei développera la 5G en Europe Le géant chinois des télécoms a fait de l’Europe son principal marché cible. Le Vieux continent comptait déjà pour plus de 35 % des 26,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires 2012 du groupe, devant les 33 % des revenus générés en Chine. Avec l’essor de la 4G et bientôt de la 5G, Huawei ambitionne de doubler ses investissements en Europe dans les cinq prochaines années alors que ces derniers avaient déjà doublé entre 2010 et 2013. Fin décembre, le géant chinois a annoncé un nouveau programme d’investissement d’un demi milliard de dollars pour développer la 5G au Danemark d’ici 2020. Biens et s ervice s

haro sur les prix ! Les consommateurs chinois sont mécontents - c’est ce que révèle une enquête menée par la banque centrale chinoise à la fin du dernier trimestre 2013. L’étude conduite auprès d’usagers des banques urbaines de 50 villes témoigne de l’insatisfaction des Chinois quant aux prix des biens et des services : 61,6 % des sondés ont estimé que les prix au quatrième trimestre étaient « élevés » et « intolérables ». L’agence Chine Nouvelle qui publie les résultats précise en outre que 47,4 % des interrogés préfèrent placer leur argent dans les banques, et seulement 19,2 % souhaiteraient pouvoir consommer davantage. Quand on les questionne sur leurs options d’investissement, plus d’un quart des sondés privilégient les fonds et d’autres produits de gestion du patrimoine, 17,9 % l’immobilier et 15,9 % le marché des actions.

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Après quinze mois d’enquête, la Commission européenne a confirmé le préjudice subi par les industriels européen et a décidé des mesures définitives pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles chinoises sur les panneaux photovoltaïques et leurs composants essentiels. Ces procédures font suite au dépôt de plaintes d’industriels européens et une enquête est toujours en cours concernant le dumping sur le verre solaire chinois. Les panneaux solaires chinois coûteraient ainsi jusqu’à 45 % moins chers que les produits européens. Selon la Commission, les mesures ont pour but « d’assurer la stabilité de l’approvisionnement de l’Union à un niveau de prix durable ». L’accord est entré définitivement en vigueur en décembre 2013 pour une durée de deux ans. Environ 75 % des exportations chinoises de panneaux solaires vers l’UE sont concernées et les fabricants et importateurs chinois n’ayant pas signé l’accord, devront quant à eux s’acquitter pendant deux ans d’une surtaxe fixée à 64,9 %.

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Imagine China

Mesures antidumping pour les panneaux solaires chinois

La Chine a donné son accord au Premier ministre Jean-Marc Ayrault lors de sa visite officielle en décembre, pour que la France construise une ville nouvelle durable franco-chinoise à Wuhan. Il s’agirait pour la France de concevoir entièrement une ville écologique « à la française » de 250 kilomètres carrés, soit deux fois la superficie de Paris ! « Nous voulons aider la Chine à se doter d’un nouveau modèle de ville. Au-delà des échanges économiques que ce projet contribuera à nouer, il s’agit d’accompagner l’évolution de la société chinoise vers un nouveau modèle de développement », a déclaré le Premier ministre français. Tout sera en effet à créer : du plan d’urbanisme – habitations, bâtiments publics – aux réseaux de transports, les usines de traitement des déchets… De quoi remplir les carnets de commande des grandes entreprises et des PME qui auront la chance d’être associées au projet. L’inauguration du chantier devrait avoir lieu fin 2014. IL S O N T D IT...

« La Chine a le plus gros potentiel de croissance, et parmi les plus grosses opportunités, il y a le développement de véhicules à faibles émissions, créneau sur lequel Renault est leader en Europe » Le constructeur français vient d’officialiser fin 2013 sa coentreprise avec Dongfeng. Basée à Wuhan, l’unité de production, fruit d’un investissement de 7,76 milliards de yuans, devrait produire à partir de 2016 quelque 150 000 voitures par an. Renault était jusqu’alors le seul parmi les dix plus grands constructeurs automobiles du monde à ne pas assembler de véhicules en Chine.

BNP Paribas aidera à acheter Geely

Imagine China

Imagine China

Wuhan : feu vert pour une ville durable « French touch »

BNP Paribas Personal Finance, la branche des financements aux particuliers du groupe BNP, a signé fin 2013, un partenariat avec le constructeur automobile chinois Geely propriétaire de Volvo et de Manganese Bronze. L’accord vise à créer une coentreprise détenue à 80 %

par le constructeur et à 20 % par la banque, destinée à financer les ventes domestiques de Geely ainsi que de ses concessionnaires. Geely ne détient que 3 % du marché automobile chinois mais ses ventes représentent près de 500 000 véhicules. La Chine, premier marché automobile du monde affiche un retard en termes de recours au crédit avec seulement 15 % seulement des véhicules achetés par crédit contre deux sur trois en Europe. BNP Paribas souhaiterait accroître de 50 % ses revenus en Asie, pour les porter à 3 milliards d’euros à l’horizon 2016 et la Chine est au cœur de sa stratégie. En été 2013, BNP Paribas Cardif avait fait son entrée sur le marché chinois, en rachetant une participation dans une coentreprise avec Bank of Beijing et Cetelem était déjà présent à travers un partenariat avec Bank of Nanjing.


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Téléchargez le bulletin économique mensuel à cette adresse : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/chine/cadrage-general

22 Le nombre d’occurrences du terme « marché » dans le communiqué final publié à l’issue de la troisième assemblée plénière du 18e Comité central du Parti communiste chinois. Le document attribue également au marché un rôle «décisif» (contre «fondamental» auparavant).

30 ans La coopération franco-chinoise sur le nucléaire civil a célébré ses 30 ans en décembre à Pékin, en présence du Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui s’est également rendu à cette occasion sur le chantier des réacteurs EPR de Taishan (Guangdong)

1 000 Mds USD

30 % La troisième assemblée plénière du 18e Comité central du Parti communiste chinois fixe aux entreprises d’Etat l’objectif de reverser à l’Etat 30 % de leurs bénéfices nets à l’horizon 2020 (contre 5 à 15 % aujourd’hui).

+56 %

L’objectif cible des échanges commerciaux sino-européens à l’horizon 2020, établi à l’occasion du 16e Sommet UE-Chine (ils représentaient 640 Mds USD sur l’ensemble de l’année 2012, d’après Eurostat).

150 000

véhicules par an

La capacité de production de la future usine Renault-Dongfeng à Wuhan au cours de la première phase, à l’horizon 2016. La NDRC a donné son approbation formelle à la constitution d’une coentreprise entre le constructeur automobile chinois DongFeng et Renault en décembre 2013.

19 Mds EUR

7,5 millions de tonnes

Le volume de blé importé par la Chine en 2013, contre 3 millions en 2012.

+5 %

6,9 millions

2013

7,27 millions

2014

La hausse du nombre d’étudiants chinois de niveau BAC+3 qui entreront sur le marché du travail en 2014.

Le montant du projet de construction et d’exploitation de deux réacteurs EPR sur le site d’Hinkley Point en Grande-Bretagne, porté par un consortium franco-chinois piloté par EDF en collaboration avec Areva, CGN et CNNC.

20 Mds RMB

Le montant des dépôts bancaires en RMB à Paris d’après les statistiques de Paris Europlace.

18

Le nombre d’accords de libreéchange signés ou en cours de négociation par la Chine fin 2013 (12 signés, 6 en cours de négociation).

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Grande Interview

DR

Connexions : Quel bilan tirez-vous de votre visite en Chine ? Pierre Gattaz : Aller en Chine est toujours

Pierre Gattaz Président du Medef

« Il faut être compétitif si l’on veut se mondialiser » Le nouveau président du Medef (en poste depuis juillet 2013), récemment de passage en Chine, décrypte pour Connexions les atouts du tissu économique français dans la deuxième puissance économique mondiale.

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une expérience extrêmement enrichissante. Voir ce pays, l’une des plus anciennes civilisations au monde et l’une des plus accomplies, à l’origine d’inventions majeures comme la boussole, le papier, la poudre à canon, s’approprier l’économie de marché sans a priori après plusieurs décennies de quasi autarcie économique est toujours une source d’étonnement pour nous, Occidentaux, qui campons trop souvent sur nos certitudes, nos fameux « avantages acquis » et nos idées reçues. La Chine est la démonstration par excellence que rien n’est jamais figé, jamais définitif, jamais acquis non plus, que la vie en général, et la vie économique, sont une adaptation permanente. La Chine est le pays du pragmatisme où tout est possible, où les dogmes ont vocation à être contournés au bénéfice d’un intérêt supérieur. La plasticité - culturelle à l’origine - de ce pays fort de cinq mille ans d’Histoire ne peut que nous interpeler, nous Français, qui nous référons sans cesse à des héritages plus récents mais ô combien plus lourds. La Chine, elle, s’est lancée sans hésitation dans la mondialisation grâce à cette plasticité. En ce sens, même s’il faut comparer ce qui est comparable, c’est une leçon pour nous, Français. Les Chinois ont choisi la mondialisation et la conquête économique et ils l’assument. Nous, nous sommes toujours hésitants et surtout nous n’engageons pas les réformes nécessaires pour y parvenir, à savoir donner à nos entreprises les moyens d’être compétitives, avec un coût du travail allégé et des marges suffisantes pour innover et investir. Il faut être compétitif si l’on veut se mondialiser.

« Quand je vois la Chine, je suis optimiste », avez-vous récemment affirmé en référence à l’accroissement de la classe moyenne qui s’équipe de voitures notamment. Sur quels secteurs la France peut-elle également faire la différence et gagner des parts de marché en Chine ?

Oui, c’est vrai, je suis optimiste quand je vois un monde qui bouge. Je suis optimiste aussi parce que l’émergence et l’accroissement d’une classe moyenne sont toujours un signe extrêmement positif, le signe que la démocratie est en marche et avec elle la prospérité économique. Et dans cette évolution, il y a une place pour les entreprises françaises qui ont des atouts considérables aux yeux des acteurs politiques et économiques chinois. Tous reconnaissent les qualités du « made in France », dans le design, l’innovation, la sécurité. Mais ils déplorent aussi notre frilosité à l’égard de leur pays. Trois acteurs historiques, qui génèrent de grands contrats, continuent d’occuper une place importante dans nos


relations économiques avec la Chine : les secteurs du nucléaire et de l’énergie, de l’aéronautique et des transports. Mais derrière ces succès visibles et médiatisés, près de 4 000 entreprises françaises implantées en Chine travaillent en partenariat avec des entreprises locales dans des secteurs industriels de toute sorte. Et ce n’est qu’un début. Avec 1,34 milliard d’habitants recensés, les opportunités pour les entreprises françaises sont immenses en Chine qu’il s’agisse des « villes vertes », de la sécurité alimentaire, de la santé, des technologies d’information. Selon les statistiques chinoises, 130 millions de Chinois vont migrer des campagnes vers les villes sur les cinq prochaines années, ils seront 200 millions de migrants sur dix ans et 350 millions sur vingt ans. D’où une demande très forte en matière d’urbanisation. Pékin veut créer 400 « villes vertes » d’ici à vingt ans, ce qui suppose une demande en matériaux de construction, en énergie, en eau, en services environnementaux ou en transports urbains. Autant de domaines sur lesquels la France est en pointe avec des groupes qui sont leaders mondiaux dans ces spécialités. La sécurité et la traçabilité alimentaires, point forts de nos entreprises agroalimentaires et de distribution, sont également une priorité pour la Chine après plusieurs scandales qui ont ébranlé fortement la confiance des consommateurs. Enfin, l’explosion d’Internet et des télécommunications présente de belles opportunités pour les acteurs des technologies de l’information.

Quelles actions le Medef entend-il mettre en place pour soutenir le tissu économique français en Chine ?

Nous sommes très présents auprès des sociétés françaises implantées en Chine à travers le Comité France Chine qui effectue un travail remarquable de conseil, de soutien, d’accompagnement auprès des entreprises hexagonales. L’expertise et l’expérience du Comité France Chine, créé en 1979, sont irremplaçables. En amont et en aval. En amont, en sensibilisant les entreprises françaises aux différences culturelles entre nos deux pays. En aval également, grâce à son réseau qu’il développe depuis plus de trente ans et qu’il met à la disposition des entreprises et sociétés françaises. Chaque année, le Comité France Chine organise 1/2 en Chine le Colloque Économique franco170x125 chinois et la Table ronde des Maires français et chinois sur le thème de l’urbanisation qui permettent aux sociétés françaises de présenter et valoriser leurs compétences dans ce domaine. Des rencontres bilatérales de haut niveau avec les acteurs politiques et les hommes d’affaires chinois sont prévues régulièrement. Le Comité est aussi le lieu de développement des relations interpersonnelles, de décideur à décideur, de

« La Chine est la démonstration par excellence que rien n’est jamais figé, jamais définitif, jamais acquis non plus, que la vie en général, et la vie économique, sont une adaptation permanente. »

société à société. Toutes ces initiatives aident les sociétés françaises à mieux comprendre le monde des affaires chinois, à capter les grandes évolutions du pays, à se rapprocher de la communauté d’affaires française et chinoise, à se créer un réseau fiable et efficace. Parallèlement, l’une des principales faiblesses de notre système productif étant la taille de nos entreprises et leur difficultés à se développer, nous avons mis en place au MEDEF, sous la responsabilité de Jean-Claude VOLOT, un « Pôle Exportation et Filières » pour aider de façon plus systématique nos entreprises à grandir et donc à exporter. Avec notamment deux objectifs : développer les relations entre les grands groupes et les PME afin que les premiers entrainent les secondes dans leur démarche d’exportation ; et aider les entreprises à s’organiser en filières.

La France doit-elle s’inspirer du modèle allemand à l’international, en Chine en particulier ?

C’est vrai que l’Allemagne a mis en place une stratégie de conquête très efficace du marché chinois en institutionnalisant ses relations avec la Chine. En dix ans, le commerce entre les deux pays a plus que quadruplé. À la tête de ministres et de chefs d’entreprise, la Chancelière

allemande se rend régulièrement en Chine. Ces déplacements s’inscrivent dans le cadre des consultations gouvernementales instituées en 2011 entre Angela MERKEL et le Premier ministre WEN Jiabao. En 2013 d’ailleurs, le successeur de WEN Jiabao, LI Keqiang, s‘est rendu à Berlin deux mois seulement après avoir pris ses fonctions. A l’inverse, la France accuse un retard en Chine alors que nos relations politiques avec la Chine sont très anciennes. Dès 1964, le général de Gaulle, visionnaire, a décidé d’établir des relations diplomatiques avec la Chine. La France a été le premier membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à le faire. Elle a été aussi le premier pays à signer un accord de coopération dans le nucléaire civil avec la Chine. Malheureusement notre pays n’a pas su faire fructifier ces avancées politiques d’autant plus remarquables que la Chine, à cette époque, était en difficulté sur le plan diplomatique. Une autre raison du succès de l’Allemagne en Chine est à préciser. Le gouvernement allemand est derrière ses entreprises, il les soutient et les met en condition d’être performantes et compétitives avec une véritable politique pro-entreprise. Résultat, l’Allemagne est aujourd’hui, et de loin, le plus grand partenaire européen de la Chine, les échanges entre les deux pays ont atteint 144 milliards d’euros en 2012. Ce n’est pas le cas en France. Certes le gouvernement français emmène des délégations de chefs d’entreprise lors de ses déplacements à l’étranger mais une fois rentré en France, il mène une politique antientreprises. Il n’y a pas de mystère. On ne peut conquérir un marché qu’à deux conditions : être compétitif et être innovant. Or être compétitif et innovant est un défi quasi impossible à relever pour les entreprises françaises qui supportent un coût du travail l’un des plus élevés d’Europe et une fiscalité, elle aussi, la, plus élevée d’Europe. Cette surtaxation et cette surfiscalité non seulement renchérissent nos produits à l’exportation mais pénalisent notre production. Quand elles ont acquitté les 150 taxes qui pèsent sur elles, les entreprises n’ont plus les moyens d’investir dans la recherche, de moderniser leur appareil de production et donc d’innover. Pourtant, malgré tous ces handicaps, les entreprises françaises, grâce au dynamisme et à la « résilience » de leurs dirigeants, à la qualité et la créativité de leurs ingénieurs, aux performances et au savoirfaire de leurs salariés arrivent à conquérir des parts de marché en Chine. D’ailleurs le Wall Street Journal l’a affirmé à plusieurs reprises : si on libérait un jour sa capacité de production, la France serait la première économie du monde. Tous les espoirs sont permis et c’est encore plus vrai lorsque l’on revient de Chine. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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Business Survey En 2012, les résultats de l’étude démontraient que les entreprises françaises percevaient la Chine comme un marché stratégique majeur, alors que la moitié d’entre elles avaient assisté à une hausse considérable de leurs revenus pendant toute l’année. Parallèlement, la plupart de ces entreprises se montraient globalement très optimistes vis-à-vis du marché chinois et anticipaient une croissance forte de leurs revenus, prévoyant une augmentation de leurs investissements. Les petites structures se montraient encore plus confiantes en l’avenir aussi bien en termes de productivité, d’améliorations que de croissance. Néanmoins, la grande majorité des entreprises avaient aussi exprimé de nombreuses inquiétudes sur l’environnement des affaires chinois : pénurie de main d’œuvre, protection des droits de la propriété intellectuelle, pression accrue exercée par les entreprises locales, obstacles réglementaires, appréciation et inflation du RMB.

Étude sur le climat des affaires 2013 Les entreprises françaises ont essayé d’accroître leur présence en Chine en améliorant leur intégration au marché local, un marché aux multiples opportunités de développement et de croissance, même si depuis peu le ralentissement économique de la Chine est devenu un nouveau challenge dans ce pays complexe.

Les trois messages clés de 2013

1. « Des entreprises relativement inquiètes par le ralentissement économique chinois » Bien que sur de nombreuses questions, les résultats entre 2013 et 2012 restent semblables, l’étude 2013 montre que les entreprises ont souffert d’une légère baisse sur la croissance de leurs revenus et sur leurs revenus nets. Une tendance qui est attribuée au ralentissement de l’économie chinoise, elle-même devenue une des principales inquiétudes des entreprises interrogées en 2013. Une inquiétude d’autant plus forte chez les plus petites structures, 62 % d’entre elles considèrent que le ralentissement chinois est un risque considérable en 2013 contre 41 % en 2012.

En outre, les entreprises de taille moyenne semblent plus impactées par ce ralentissement de la croissance des recettes, seulement 5 % d’entre elles déclarent avoir enregistré en 2013 une légère ou significative augmentation de leurs revenus nets contre 31 % en 2012. De même, les industries des services professionnels semblent être très affectées par ce ralentissement, 43 % d’entre elles témoignent d’une légère ou significative évolution de leurs revenus nets en 2013 contre 60 % en 2012. Il semble que les grands groupes aient mieux résisté ou mieux anticipé le ralentissement de l’économie chinoise.

Le ralentissement Économique chinois Nombre d'entreprises en % qui perçoivent un ralentissement économique chinois comme un risque majeur en 2012 et 2013

70 59

65

54

Chiffres d'Affaires <2M

Chiffres d'affaires compris entre 2 et 50M

58

47

installÉ en chine depuis moins de 5 ans

installé en chine depuis de 6 À 10 ans

55 66

installé en chine depuis plus de 10 ans

14

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2013

-17 43

73 65

+18

68 62

Biens de consommations

2012 2012

60

67

chiffres d'affaires de 51M et plus

70

+21

62

41

Nombre d'entreprises en % qui ont connu une légère ou forte augmentation de leurs revenus nets

Services industriels/ services

2013

Services professionnels


En 2012, les membres de la CCIFC étaient à la fois réalistes et optimistes vis-à-vis du marché chinois. L’étude lancée en 2013 révèle des tendances semblables, avec en premier lieu, un échantillon d’entreprises similaire à celui de 2012. Les participants à l’enquête sont en majorité des PME alors que les grands groupes industriels représentent moins de deux entreprises sur dix. Plus de six entreprises sur dix dépendent d’activités en B2B, et évoluent dans le secteur des services professionnels ou celui des biens et services industriels. Un tiers des entreprises ont un chiffre d’affaires de moins de 2 millions d’euros, un second tiers enregistre un chiffre d’affaires de 2 à 50 millions d’euros, alors que deux entreprises sur dix affichent un chiffre d’affaires de plus de 51 millions d’euros. 84 % des entreprises interrogés ont une présence physique en Chine.

La CCIFC et l’agence Ifop Asia ont décidé de mener depuis 2012 une étude annuelle destinée à prendre le pouls des entreprises françaises en Chine, membres de la CCIFC. La première enquête avait été lancée pendant l’été 2012, alors que la deuxième enquête a été réalisée du mois de septembre au mois d’octobre 2013. Les résultats de cette étude nous permettent de faire l’état des lieux du climat des affaires en Chine pour les entreprises françaises et de mieux appréhender leurs défis et leurs inquiétudes. L’étude quantitative a été gérée par un questionnaire en ligne envoyé à plus de 1 000 candidats potentiels assumant des postes de direction dans leurs entreprises respectives (ex. administrateur, directeur général, directeur des opérations, directeur régional, DRH, secrétaire général, etc.). La plupart des participants viennent de villes de 1er et 2e plan telles que Beijing, Canton, Shanghai, Shenzhen, etc. Nous avons atteint un taux de 8 % de réponses pour cette étude 2013. Le questionnaire traitait des sujets tels que la stratégie des entreprises en Chine, l’évaluation de l’environnement des affaires, l’anticipation de développement futurs.

2. « Malgré le ralentissement, un optimisme toujours fort » Malgré ces inquiétudes de plus en plus marquées, la majorité des entreprises qui ont participé à l’enquête se montrent optimistes et confiantes quant à l’évolution du marché chinois. Ainsi, 30 % des entreprises prévoient une augmentation de leur niveau d’investissement, contre 33 % en 2012. Les entreprises françaises considèrent qu’elles disposent d’avantages clés vis-à-vis de la concurrence locale, comme la qualité de leurs produits, l’innovation,

le design, l’image de leurs marques et les services clients. Preuve de leur confiance envers le marché chinois, 86 % des entreprises n’envisagent pas de relocalisation dans un autre pays (88 % en 2012). Enfin, 58 % des entreprises pensent à étendre leurs activités à d’autres provinces chinoises (57 % en 2012). Malgré le ralentissement de la croissance des entreprises, l’optimisme des membres de la CCIFC reste fort.

Ne prévoit pas d’augmenter son niveau d’investissement

investissement

2012

Q39: Donnez une estimation de l'augmentation du niveau d'investissement prévue par votre entreprise en Chine.

ReLOCALISATION

28 %

Oui

De 1 % à 15 %

35 %

14 % Oui

12 %

Plus de 50%

4%

De 31% à 50%

Ne prévoit pas d’augmenter son niveau d’investissement

25 %

4%

De 16 % à 30 %

29 % De 1 % à 15 %

Q25: Est-ce que votre entreprise prévoit de relocaliser ses activités dans un autre pays ?

Non

88 %

40 %

2012

EXPANSION EN CHINE

Plus de 50 %

Non

86 %

2013 Non

5%

De 31 % à 50 %

6%

De 16 % à 30 %

25%

Non

2013

43 %

Oui

57 %

2012

42 %

Oui

58 %

2013

Q24: Est-ce que vous envisagez de vous développer dans d'autres provinces chinoises ?

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Les trois messages clés de 2013

3. « Les défis et difficultés de l’environnement chinois de 2013 sont les mêmes que ceux de 2012 » Les problèmes et inquiétudes soulevés en 2012 par les entreprises, restent les mêmes en 2013, particulièrement la protection des droits de la propriété intellectuelle pour laquelle l’efficacité des moyens mis en place semble moins efficace qu’en 2012. Ainsi, 49 % des entreprises en 2012 considéraient que les moyens mis en place pour protéger la propriété intellectuelle étaient inefficaces voire très inefficaces, un pourcentage

à la hausse en 2013 qui atteint les 59 %. Le turnover des équipes est un autre sujet d’inquiétude majeur pour les entreprises qui font part de leurs difficultés pour attirer et conserver les talents compétents (surtout locaux). 40 % des entreprises en 2012 et 43 % en 2013 considèrent que la hausse des prétentions salariales est un défi majeur pour retenir les meilleurs profils en Chine.

efficacité des mesures pour la protection de la propriété intellectuelle

2012

Très efficaces

Très inefficaces

5%

6%

Efficaces

2013

53%

10 %

Très efficaces

1%

Efficaces

Q33: Considérez-vous les mesures mises en place pour la protection de la propriété intellectuelle efficaces ?

36 %

Inefficaces

Très inefficaces

50 %

Inefficaces

39 %

CONSERVER LE PERSONNEL qualifié

40

Prétentions salariales élévées Perspectives d’évolution de carrière limitées

16 14

Faible rendement professionnel Employés recrutés par les concurrents

12 7

Employés qui changent de secteur Environnement de vie (coûts de la vie, pollution, scolarité.)

6 3

Un secteur privé offrant de meilleures perspectives/ absence de plafond de verre

16

Autre

1

Packages expatriés

1

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L’étude sur le climat des affaires 2013 nous apprend que les membres de la CCIFC ont dû faire face aux mêmes défis qu’en 2012 dans un climat plus intense, et ce en raison d’une inquiétude croissante vis-à-vis du ralentissement de l’économie chinoise. Contrairement aux PME, les plus grosses structures étaient mieux équipées pour faire face à ce nouveau défi majeur. Néanmoins, même si les entreprises évoluent dans un contexte dégradé, elles restent très optimistes envers les opportunités offertes par le marché chinois et prévoient de maintenir leurs investissements.


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Dossier spécial

PME/GRANDS GROUPES Les PME et les grands groupes français présents en Chine ne travaillent pas assez ensemble, constatent nombre d’observateurs, alors qu'il serait de l'intérêt de tous de créer des synergies. Cet accompagnement facilite en effet le soutien des PME entre elles, qui se regroupent même pour mettre en place des centres de R&D communs, limitant les coûts pour chacune. « La création de synergies entre les grandes entreprises et les PME peut être décisive pour ces dernières », comme le relève une étude publiée en 2011 de Pauline DEREZ et François BLANC (ambassade de France en Chine – service économique régional ; Shanghai). Cette approche fait la force de l’implantation japonaise et allemande. Les PME profitent ainsi « de ce parrainage, de contrats fournis pas leurs donneurs d’ordre, d’un appui logistique, etc. ». Y-a-t-il un « blocage » français ? État des lieux.

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L'EFFET D'ENTRAÎNEMENT

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Imagine China

PS2E du Havre… à la Chine ?

Page précédente : Imagine China

Quand on est une PME française, pour vendre en Chine, il est préférable – estiment certains – de faire ses preuves en France, surtout sur des filières sur lesquelles il n’existe en Chine aucune structure de groupement d’entreprises françaises. « C’est le cas pour l’efficacité énergétique », relève Renaud PEREZ, chief operating officer à Pékin de la société française Corys (30 millions d’euros de chiffre d’affaires/an), spécialiste de la simulation pour l’énergie et le transport. Et l’intéressé de relever la naissance d’un nouvel institut, baptisé PS2E (pour Paris Saclay Efficacité Énergétique) qui a démarré en juillet 2013, aidé par un financement de Air Liquide, Total et EDF (le financement public arrivant en novembre 2013) et auquel participe Corys, Areva, Mines ParisTech, ou encore des entreprises comme Prosim, Enea, Fluidyn, etc. Objectif de PS2E : proposer une gouvernance originale incluant des grands groupes industriels, des PME justement et le monde académique; accueillir des PME en leur donnant de la visibilité et un lieu de connaissance mais aussi s’ouvrir à l’international en proposant un veille technologique au niveau international et en accueillant des équipes de scientifiques du monde entier. « PS2E a la volonté de travailler sur la construction d’éco-parcs, en priorité sur le Havre », explique Renaud PEREZ. Et devenir à terme un référent sur une connaissance dans ce domaine au niveau mondial, en Chine notamment où la demande est particulièrement forte… P. Ti.

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Imagine China

Carlos Ghosn, président et CEO de Renault SA, sert la main de XU Ping, président de Dongfeng Motor Group Co, lors de la conférence de presse annonçant la création de la jointventure – Dongfeng renault Automotive Co., pour la production de voitures à Wuhan le 16 décembre 2013.

P

eut mieux faire. Assurément, la France peine à mettre en place en Chine un effet d’entraînement entre ses grands groupes – multinationales opérant aux quatre coins du monde – et les ETI et PME tricolores, dont certaines sont leurs sous-traitants et fournisseurs historiques en France. La faute au seul

micro-entreprises

37 %

PME

4 324

35 % 4 126

2012

plus de 11 000 entreprises françaises ont exporté EN CHINE continentale (hors Hong Kong).


La relation PME/grands groupes ? « Il n’y a rien de systématique », estime-t-il. « Au contraire d’autres nationalités, Pour qu’un groupe français fasse travailler une PME en Chine, il faut qu’il y ait une impulsion managériale, que ce soit inscrit dans l’ADN de l’entreprise et que les décisionnaires soient installés depuis longtemps pour comprendre que dans le monde des affaires en Chine on n’est pas dans une relation où le donneur d’ordre impose ses conditions à son sous-traitant ». Benjamin DENIS, général manager et vice-président Chine du groupe français Mixel, spécialiste des agitateurs sur mesure pour les industries de process.

« esprit français » - peu enclin au patriotisme économique ? Pas seulement mais il est vrai, comme le reconnaît le français Alban TARAIRE, general manager de la PME NETK5 – créée à Shanghai en 2002 et spécialisée dans l’installation, la maintenance et l’hébergement de sites et réseaux informatiques – qu’il manque « une philosophie d’entraide » entre entreprises tricolores en Chine.

De Pékin au Guangdong, on ne compte plus en effet les itinéraires de ces ETI ou de ces PME françaises se battant seules sans soutien particulier de grands groupes. « C’est parfois difficile pour elles », reconnaît Alban TARAIRE dont l’entreprise travaille pourtant pour des « mastodontes » comme le groupe Casino, LVMH, Veolia, etc. Et de reconnaître que s’installer en Chine pour une PME

est déjà un pari pas toujours facile à relever. Les PME font souvent face « à des difficultés d’installation, souvent mal comprises par leur siège en France », comme le relève une récente note du service économique français régional à Pékin 1. Elles souffrent du « resserrement des conditions d’investissement {en Chine} : abrogation des avantages fiscaux dont bénéficiaient les entreprises étrangères ; durcissement des conditions d’autorisation des IDE ; protection de la propriété intellectuelle qui demeure insuffisante, dans un contexte où la Chine cherche à faciliter les transferts technologiques au bénéfice des entreprises ». Autant de difficultés renforcées donc par un manque de solidarité souvent constaté entre acteurs tricolores sur place (à l’exception de certains secteurs où le niveau de qualification est très élevé tels l’aéronautique et le nucléaire, voir page 27). « Nous n’avons bénéficié d’aucun soutien de grands groupes français, pourtant, cela aurait pu être un accélérateur », estime pour sa part Fabien DERBHASSY, représentant en Chine du groupe IPW, entreprise grenobloise – présente en Chine depuis 2002 – spécialisée dans l'étude, la conception et la fabrication de produits finis/semi-finis. « C’est un vrai problème ! ». Même constat de Bruno LHOPITEAU, GM de Siveco (50 salariés), spécialiste du conseil en ingénierie de maintenance en Chine. « Lorsque j’ai commencé à travailler pour Siveco en 2004, j’idéalisais les multinationales, françaises notamment. Mais je me suis vite aperçu que les circuits de décisions y sont plus complexes encore que dans des grandes entreprises d’État chinoises ! Surtout, le patriotisme économique n’existe pas toujours. Au niveau des sièges en France, on ne sent pas cette volonté de travailler avec les PME françaises présentes en Chine ».

Entreprises françaises exportatrices vers la Chine par catégorie d’entreprises

Données 2012. Source : DGTrésor

Catégorie d’entreprise Grande entreprise

Nombre 706

9,36 Mds EUR 2 110

ETI PME et micro-entreprises Non déterminée

Montant des exportations

3,41 Mds EUR 8 451

396

2,3 Mds EUR 652, 07 Mds EUR

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à la capacité d’innovation du prestataire français – SDV fournit à Huawei des

DR

Obligation donc pour de nombreuses PME françaises de se positionner seules sur cet immense marché chinois. Pour elles, une priorité : « l’innovation », constate Fabien DERBHASSY pour se démarquer de la concurrence et vaincre l’isolement dont beaucoup de petites et moyennes entreprises tricolores se sentent victime en Chine. Mais comment faire la différence ? Assurément « en apportant de la valeur ajoutée », note Cyril DUMON, directeur Grande Chine de l’entreprise SDV, propriété du groupe Bolloré, rattachée à la filiale Bolloré logistics. Un conseil qui vaut aussi bien en Chine pour une société cotée en Bourse qu’une PME familiale. De fait, SDV travaille depuis de longues années avec le fabricant télécom Huawei, qui compte plusieurs dizaines de milliers d’employés et incarne « sans doute l’une des meilleures sucess story entrepreneuriale chinoise », estime Cyril DUMON. Un partenariat qui tient grâce à l’expertise et

Groupe français Mixel, spécialiste des agitateurs sur mesure pour les industries de process.

solutions de transport « door to door » sur l’ensemble du continent africain, équivalent à plusieurs tonnes de fret aérien et plusieurs milliers de containers par an. Faciliter, « incentiver » Y-aurait-il toutefois une sorte de syndrome français sur ce thème PME/grands groupes ? Sans doute ces derniers aiment-ils, plus que les Anglo-saxons notamment, « travailler dans leur coin et pensent davantage à leur intérêt premier », analyse Guillaume BONADEI, directeur business development de la CCIFC. Seulement, « les PME et les grands groupes essaient

globalement de travailler ensemble ». À la condition de « faciliter » ces rapports et les rencontres, « d’incentiver » telle ou telle entreprise. « Nous essayons de faire se rencontrer les bonnes personnes. Si celles-ci ensuite n’arrivent pas à travailler ensemble, peutêtre est-ce davantage dû à un problème de tarifs, de gestion, de vision du business et non de solidarité », poursuit Guillaume BONADEI. Nombre de PME doivent impérativement obtenir des résultats à courts termes à cause d’une trésorerie limitée, tandis que « les groupes ont davantage de moyens pour se projeter sur le long terme ». Les couacs dans ces conditions sont nombreux. Quantité d’entrepreneurs se plaignent

Entreprises françaises exportatrices vers la Chine par catégorie d’entreprises Catégorie d’entreprise

Origine

PME

Groupe étranger - Multinational

PME

Groupe français - France

PME

Groupe étranger - Multinational

PME

Indépendant - France

24

connexions HIVER 2014

Nombre

Montant exportations vers la Chine (K€)

719

280 802 2 631

539 237

750 002 195 676 576 670


Coopol Innovation 2014

tique, tel Sinodis », énumèrent-ils. Et de poursuivre : « Le développement de la présence française dans quelques secteurs structurants, à l’instar du nucléaire, l’automobile à Wuhan {…} ; l’aéronautique à Tianjin (Airbus) et à Shanghai (Safran, pour les programmes de la COMAC) constituent des cadres favorables à une telle approche. » Forcer à travailler ensemble ? « Tout nos donneurs d’ordres sont plus grands et prestigieux que nous », relève Benjamin DENIS, général manager et vice-président Chine du groupe français Mixel, spécialiste des agitateurs sur mesure pour les industries de process (50 salariés en France, seize en Chine et

Catégorie d’entreprise

Origine

PME-Micro entreprise

Groupe étranger - Multinational

PME-Micro entreprise

Groupe français - France

PME-Micro entreprise

Groupe français - Multinational

PME-Micro entreprise

Indépendant - France

Nombre

La septième édition du programme Coopol Innovation est ouverte depuis le début de l’année. Ce programme vise un accord de coopération franco-chinois rassemblant les pôles de compétitivité français – et avec eux quantité de PME - et leurs homologues chinois. Il s’inscrit « dans la démarche de soutien à l’internationalisation des pôles de compétitivité et s'est concrétisé en direction de la Chine par la signature en 2007 d’un accord de coopération entre les pôles de compétitivité français et leurs homologues chinois, les parcs scientifiques et technologiques. Le programme s’adresse à un tandem constitué d’une entreprise et d’un partenaire académique d’un pôle de compétitivité. Il a pour objectif d’identifier des partenaires de coopération chinois dans le domaine de la recherche, du développement et de l’innovation par le biais d’une mission exploratoire », précise l’organisation. Le programme offre ainsi une approche originale du marché chinois pour les entreprises à haut potentiel technologique. « La mission, organisée et financée par le service scientifique de l’ambassade de France en Chine, se déroule sur une durée de cinq jours maximum et sur l’ensemble du territoire de Chine continentale. » Est éligible toute entreprise innovante issue d’un pôle de compétitivité ou d’un technopôle français accompagnée impérativement de son partenaire de recherche académique référent. Depuis 2012, le programme peut également prendre en charge une troisième personne, représentant la gouvernance du pôle ou technopôle. Toutes les informations sur le site internet de l’ambassade de France en Chine.

Montant exportations vers la Chine (K€)

36

888

100

Données 2012. Source : DGTrésor

DR

par exemple du délai de paiement des groupes français – à 90 jours souvent et parfois plus - « problème que je ne pensais rencontrer qu’avec des clients chinois », relève Bruno LHOPITEAU. Néanmoins, les projets des grands groupes industriels constituent une opportunité pour développer les partenariats de PME et leur accompagnement, « dont certains groupes ont d’ailleurs fait l’une de leurs activités », précise l’étude de 2011 du service économique régional, de l’ambassade de France en Chine, signée Pauline DEREZ et François BLANC. « Dans la distribution, Carrefour et Auchan ont cherché à faire venir leurs fournisseurs français ou ont appuyé le développement d’entreprises de logis-

À retenir

« Dans la distribution, Carrefour et Auchan ont cherché à faire venir leurs fournisseurs français ou ont appuyé le développement d’entreprises de logistique, tel Sinodis » Extrait d’une étude de l’ambassade de France en Chine (service économique régional ; Shanghai), publiée en 2011

7 304

8

65 4 180

486 778

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La force du « made in France »

Que vaut en Chine le label « made in France » ? Sur quels secteurs est-il reconnu ? L’enrichissement de la classe moyenne et l’extraordinaire développement urbain offrent en effet, selon lui, de belles opportunités et perspectives pour les entreprises françaises – PME en particulier – en Chine. Dans l’agroalimentaire (et la sécurité alimentaire) notamment. La Chine ne peut en effet faire l’impasse sur cette question. Les autorités ont lancé depuis trois ans plusieurs programmes spécifiques dont celui de réformer plus de 5 000 standards alimentaires (applicables aux produits fabriqués en Chine ou importés). Mais aussi dans l’urbanisme, secteur où le savoir-faire français est incontesté. Depuis 2011, la Chine est le premier marché mondial de la construction.. Selon une étude du cabinet McKinsey, le pays pourrait construire l'équivalent d'un Chicago chaque année soit plus de 1 500 immeubles de plus de 30 étages - jusqu'à 2030. La France est également très bien positionnée sur le secteur de l’environnement – alors que « 65 % d’économies d’énergie devront être réalisées dans tous les nouveaux bâtiments d’ici 2015 », comme le rappelait dès 2011 une note de la mission économique française en Chine – ou encore celui de la restauration et celui du luxe. « Les années 2013-2016 vont être très importantes pour le schéma de croissance en Chine », analyse pour Connexions Sam CHANG, vice manager du département du risque à la Coface Chine. Il y a des vraies opportunités pour ceux – y compris les Français - qui se positionnent sur « les nouvelles industries en Chine : l’industrie médicales, le secteur bancaire, l’assurance… »

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quatre au Brésil). « Mais notre cible n’est pas que française, nous travaillons avec des sociétés internationales et chinoises, plus de type entrepreneur que SOE », même si l’entreprise a commencé à exporter en Chine en 1999 comme prestataire pour Veolia. « En 2004, Veolia nous a dit chercher un fournisseur en Chine ayant le savoir-faire hydraulique et mécanique ». Mixel se lance et crée alors son entité en Chine. « Sans le marché potentiel Veolia, cela n’aurait pas été possible », reconnaît le Français. La relation PME/grand groupe ? « Il n’y a rien de systématique », estime-t-il. « Au contraire d’autres nationalités, pour qu’un groupe français fasse travailler une PME en Chine, il faut qu’il y ait une impulsion managériale, que ce soit inscrit dans l’ADN de l’entreprise et que les décisionnaires soient installés depuis longtemps pour comprendre que dans le monde des affaires en Chine on est pas dans une relation où le donneur d’ordre impose ses conditions à son sous-traitant (dont le non- respect des conditions de paiements) mais dans une relation partenariale sur le long terme la plus égalitaire possible. Chez Veolia, nous avons les

mêmes interlocuteurs depuis au moins huit ans et cela change beaucoup de choses ». Faut-il alors – afin de faciliter cet effet d’entraînement – obliger certains grands groupes français (en particulier ceux dans lesquels l’État est actionnaire) à collaborer en Chine avec leurs fournisseurs historiques ? « On pourrait en effet imaginer un système proposant des avantages fiscaux pour ceux qui font travailler un certain nombre de PME françaises ici », soumet Alban TARAIRE. Toutefois, forcer les entreprises - quelles qu’elles soient - à travailler ensemble ne peut être la solution, reconnaissent la plupart des PME concernées. Il faut en revanche renforcer la solidarité. « Moi j’ai besoin de références en Chine », reconnaît un dirigeant de PME. « Si un grand groupe français ne me fait pas travailler pour m’aider à construire ces référence, comment vais-je ensuite pouvoir développer mon marché localement ? » La question est posée… 1. Les PME françaises et le marché chinois, octobre 2013

Pierre Tiessen


Imagine China

Stratég i e

Pose d’un dôme sur le site nucléaire de Taishan

LES MAÎTRES DE L’ATOME Les Français – Areva et EDF et dans le sillage de ces deux géants, une myriade de ETI et PME tricolores performantes – vendent à la Chine un savoir-faire incontesté dans le domaine du nucléaire civil. Au cœur de cette dynamique : le Partenariat France Chine Électricité.

P art e n ar i at F ra n c e Ch i n e É l e c tr i c i té

PFCE. Acronyme de Partenariat France Chine Electricité. Association de PME/ PMI françaises associées avec EDF dans la réalisation du programme nucléaire chinois, « en particulier, explique-t-on au sein de l’association, à travers l’implantation d’unités en Chine et la création de partenariats entre entreprises françaises et chinoises dans les domaines de la conception, de la fabrication, de la construction, de la mise en service, et de la maintenance des centrales nucléaires ». L’un des meilleurs exemples de coopération en Chine entre un grand groupe français et ses fournisseurs. « C’est une longue histoire, qui a commencé en 1996 », explique JeanClaude PRENEZ, président de PFCE (sous statut association loi 1901) depuis 2004. « À l’époque, il n’y avait plus de grands projets en France dans le nucléaire. Nos tranches étaient neuves et l’on s’orientait vers un marché de la maintenance. EDF, qui était engagé à Daya Bay et Ling Ao 1, a alors demandé à ses fournisseurs historiques s’ils étaient prêts à continuer l’aventure en Chine. » Succès dès le départ et au fil des ans, ce « club » s’agrandit.

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Près de trois ans après Fukushima, le pays le plus énergivore au monde a-t-il mis un coup de frein net à son - très - ambitieux calendrier nucléaire ? La réponse est non. La Chine entend ainsi construire d’ici à 2020, plusieurs unités capables de fournir une capacité totale de 50 à 70 GW (en plus de 12 GW actuellement installés). Quelques semaines après Fukushima, le président de CNNC (China National Nuclear Corporation), SUN Qin avait en effet déclaré que cet accident n‘affecterait pas « le développement à long terme » de l’industrie nucléaire chinoise. D’aucuns estimaient que les fondamentaux de l’énergie restaient inchangés ; que d’ici à 2050, les besoins d’énergie devront en Chine être doublés tandis que la production de CO2 devra être divisée par deux. Le drame au Japon aura toutefois obligé Pékin à marquer un temps d’arrêt et de réflexion sur sa question nucléaire. À l’occasion de la première conférence organisée à Vienne par l’AIEA à l’été 2011, le représentant du gouvernement chinois appelait en effet à tirer les leçons de la catastrophe, à renforcer les standards de sureté et l’échange d’informations entre pays. Le Conseil des Affaires d’État chinois a alors pris « la décision de procéder à un audit de sûreté des installations existantes et en construction, mais aussi de geler provisoirement l’examen des nouveaux projets de centrales nucléaires », précise l’ambassade de France en Chine. Il y a aujourd’hui dans le pays 29 centrales en construction (sur 72 au monde !), et la barre des 40 GW installés devrait être dépassée en 2015.

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La Chine, toujours pro-nucléaire ?

Site de Daya Bay

« Le nucléaire est très exigeant en matière de référentiel. Cela nécessite un accompagnement très poussé. Il faut donc qu’il y ait un partage des expériences»

De 20 membres en 2004, l’association en compte aujourd’hui 87, dont 70 % au moins sont présents en Chine (à l’instar de Bernard Controls, Velan, etc.). Seule règle pour y adhérer : être un fournisseur qualifié de EDF. « Avec le PFCE, nous avons tracé un sillon. Nous avons essayé de rassembler un panel d’activités et de technologies maximal pour répondre aux demandes de nos donneurs d’ordre. Nous avons élargi les domaines couverts afin de couvrir tout le champs des activités sur le nucléaire », poursuit Jean-Claude PRENEZ. « C’est un secteur qui est très exigeant en matière de référentiel. Cela nécessite un accompagnement très poussé et également un partage des expériences ». Le Guangdong, « épicentre » du nucléaire mondial Car le défi pour les PME françaises en Chine dans le nucléaire « consiste à profiter des têtes de pont que sont EDF ou Areva », comme le soulignait en 2010 déjà le quotidien Les Échos, « tout en s'imposant comme un interlocuteur à part entière ». « EDF a des contacts au plus haut niveau en Chine avec les autorités de sureté, la CGNPC (China General Nuclear Power Corporation), la CNNC (China National Nuclear Corporation), etc. Ses fournisseurs, réunis au sein du PFCE, ne se retrouvent pas seuls », commente ainsi Jean-Claude PRENEZ. L’objectif de l’électricien français, en Chine en particulier, est « d’avoir des fournisseurs qui continuent


in eC hin a

Témoignage ag Im

IL A DIT « C’est à Taishan que notre coopération en matière de réacteurs (nucléaires) franchit avec brio un nouveau cap. {Les travaux y avancent} à un rythme soutenu. {Nous espérons que cela puisse ouvrir} rapidement la voie au lancement de deux tranches supplémentaires ». Le Premier ministre français Jean-Marc AYRAULT en visite officielle en Chine en décembre dernier.

à se développer ». L’Empire sert en effet aujourd’hui de modèle et de terrain d’expérimentation pour l’ensemble des acteurs de la filière. « Le Guangdong {bassin historique du nucléaire civil chinois avec le site de Daya Bay et celui de Taishan en construction, ndlr} veut se doter d’une vraie industrie du nucléaire », précise Jean-Claude PRENEZ. Déjà, pas moins de dix-neuf entreprises françaises y ont une présence sur place. La région va devenir, à en croire nombre d’experts, « l’épicentre » du nucléaire mondial même si Fukushima (voir encadrés ci-contre) a stoppé une partie de ce programme. « Il y a actuellement des difficultés dans l’obtention des qualifications et un problème de visibilité sur le marché chinois », surtout pour les PME qui ne peuvent pas se permettre d’attendre. Mais les opportunités et les perspectives sont énormes, notamment dans le service et la maintenance alors qu’une trentaine de réacteurs seront en service d’ici à 2015/2016. « L’ouverture va aller grandissante », prédit Jean-Claude PRENEZ. « Les fournisseurs chinois vont aussi s’internationaliser, ils vont alors devoir s’associer avec des fournisseurs français ». Fin 2013, la Chine, comme le rappelait récemment L’Express, franchissait déjà « un pas en dehors de ses frontières, en participant à la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point, en Grande Bretagne » … au côté d’EDF. Pierre Tiessen

ACPP : « On est arrivé deux ans trop tôt ! » « Nous n’avons aucune visibilité : ni de nos amis chinois, ni de nos partenaires français »

Samuel DUREL a une petite voix. « On est en très faible activité », se désole le responsable Chine de l’entreprise française ACPP (Ateliers de Constructions du Petit Parc), rattachée au groupe CTI et spécialisée dans les activités de chaudronnerie et de tuyauterie industrielle dans le nucléaire. Au milieu de son site de production flambant neuf ouvert il y a tout juste un an, idéalement situé à une heure du site de Taishan, le Français dit « attendre les commandes ». Inlassablement. « Nous tournons à bas régime. 25 personnes travaillent alors que l’usine est dimensionnée pour 160 collaborateurs. On attend le boulot. Nous sommes confrontés à des retards de projets après la suspension des tranches trois et quatre du site de Taishan ». En cause : Fukushima (qui a gelé un temps le programme nucléaire chinois). Mais aussi la technologie EPR. « Il y en a seulement quatre dans le monde – un en Norvège, un en France et deux en Chine mais ils sont tous en construction. Du coup, les Chinois veulent voir comment ça fonctionne. Ils attendent… » Et Samuel DUREL, bien malgré lui, aussi. Pourtant, cette ETI française, qui emploie en tout 400 personnes, nourrissait jusqu’alors de très gros espoirs sur la Chine, un marché qu’elle connaît depuis 20 ans. « On est intervenu sur le site de Daya Bay (Guangdong) dès 1992 pour Areva – on fournissait alors du personnel. On est revenu au début des années 2 000 puis l’électricien chinois CNEC nous a contacté directement pour faire des pièces de chaudronnerie à Taishan ». Les choses s’enchaînent alors naturellement. « Areva et EDF ont pris contact avec leurs sous-traitants. Ils nous ont dit : la Chine ça va être énorme ! En parallèle, nos clients chinois ont commencé à nous faire comprendre qu’il serait préférable de relocaliser la production en Chine ». En d’autres termes : de s’installer dans le Guangdong, au plus près des sites en construction. « On a fait le cycle complet : acheté le terrain, monté l’usine… Nous étions le premier investisseur étranger à nous installer ainsi à Taishan », explique le Français. En tout, un investissement de 4 millions d’euros. Mais aujourd’hui, il reconnait « être le directeur d’une entité un peu vide. Nous n’avons aucune visibilité : ni de nos amis chinois, ni de nos partenaires français. On est arrivé deux ans trop tôt ! ». Et l’homme d’attendre du gouvernement français et des grands groupes « des gestes ». « Il va falloir qu’il se passe quelque chose rapidement. Ça ne peut pas durer ». P. Ti

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PIERRE M OSCOVICI Ministre de l’Économie et des Finances

« La dynamisation du portage nécessite de mobiliser pleinement tous les acteurs » 30

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I n t e rv i e w e x c lu s i v e

Connexions : Les PME françaises présentes en Chine collaborent-elles suffisamment avec les grands groupes ?

Le Partenariat France Chine Electricité (PFCE), regroupant plus de 80 entreprises du secteur du nucléaire civil est un exemple marquant de collaboration entre PME et grands groupes en Chine. Les membres de cette association sont tous fournisseurs qualifiés d’EDF. En tant que membres du PFCE, les entreprises sont informées de l’évolution de l’économie, de l’industrie et du marché de l’énergie nucléaire en Chine, ainsi que sur les souhaits de partenariats exprimés par l’industrie nucléaire chinoise. Le PFCE organise régulièrement des missions en Chine et organise des rencontres entre les électriciens, les donneurs d’ordre, les exploitants, les organismes officiels et les entreprises. Si, dans d’autres secteurs, plusieurs entreprises s’investissent sur le portage à l’exportation, surtout en s’appuyant sur leurs implantations en régions (Total, GDF Suez, Saint Gobain, Thales, IBM, Michelin), je souhaite que ce dispositif soit encore amélioré pour de meilleures performances à l'exportation.

Comment renforcer ces liens ?

La dynamisation du portage nécessite de mobiliser pleinement tous les acteurs. Les régions pourraient devenir les principaux promoteurs du portage dans les territoires, à travers la place qu’elles voudront bien donner à cet outil dans les Plans Régio-

« Des mesures visant à accroître l’efficacité de notre dispositif de soutien à l’internationalisation des PME sont actuellement à l’étude. Le portage des PME à l’export pourrait être renforcé par l’intermédiation des instruments financiers. »


Pierre MOSCOVICI participe à une conférence de presse avec MA Kai, vice Premier ministre chinois, le 26 novembre 2013 à Pékin.

naux d’Internationalisation des Entreprises (PRIE) en cours d’élaboration aujourd’hui. Les CCI et pôles de compétitivité pourraient jouer un rôle dans l’accomplissement de cette mission. Certains pôles ont déjà conduit des expérimentations qui pourraient être reproduites dans d’autres régions (dispositif Pass’Compétences du pôle francilien Systematic, ou mise en réseau par le pôle Cosmetic Valley, en région Centre, des acteurs de la filière). Ubifrance, en lien avec la Banque Publique d'Investissement (BPI), constitue également un acteur clé du dispositif, notamment via sa connaissance des pôles de compétitivité et son positionnement sur les VIE. Enfin, le portage par les comités régionaux des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), par le parrainage de PME et ETI, pourrait se développer et est désormais inscrit dans la lettre d’engagement que chaque CCEF signe lors du dépôt de sa candidature.

Envisagez-vous de mettre en place de nouveaux dispositifs d'aides à l'export pour les PME intéressées par le marché chinois ?

Le dispositif public de soutien à l’export propose des outils particulièrement adaptés aux besoins des PME exportatrices. À titre d’exemple, la Coface gère pour le compte de l’État : • l’assurance prospection qui touche plus de 9 000 entreprises à ce jour dont une grande majorité de PME et d’ETI. Elle est desti-

née à soutenir des entreprises dans leurs démarches de prospection commerciale. La procédure présente pour les entreprises deux avantages : un allégement de trésorerie et une assurance contre l’échec de leur démarche commerciale. Elle a été réformée en depuis 2008 pour en améliorer l’efficacité et a été complétée en 2012 par un nouveau dispositif destiné aux entreprises primo-exportatrices, l’assurance prospection premiers pas – A3P dont l’octroi est plus rapide. • la garantie du risque exportateur, qui consiste à garantir des cautions ou des crédits de préfinancement émis par des banques contre le risque de nonremboursement en cas de défaillance de l’exportateur, a un effet incitatif sur le financement bancaire des PME . Bpifrance a lancé en mai 2012 à l’occasion du lancement le Prêt de Développement Export (PDE) montant compris entre 30 000 euros et 3 millions d’euros de Bpifrance destiné au financement du BFR des exportateurs. Des mesures visant à accroître l’efficacité de notre dispositif de soutien à l’internationalisation des PME sont actuellement à l’étude. Le portage des PME à l’export pourrait être renforcé par l’intermédiation des instruments financiers. Des travaux sont actuellement en cours afin d’étudier comment le soutien financier export par la Coface et les dossiers relatifs à des projets financés par la Réserve Pays Emergents (RPE) pourraient davantage intégrer des plans de portage. Afin de se doter d’instruments de riposte en cas de concurrence ou de défaillance de marché, il est ainsi prévu de mettre en place, via la prochaine loi de finances rectificative, un cadre permettant de garantir des opérations de commerce courant, afin que, en cas de crise, un dispositif public puisse prendre sans délai le relai des assureurs-crédit privés. La procédure qui sera mise en place s’inspirera directement des dispositifs « Cap Export » et « Cap + Export », qui ont fonctionné au cours des années 2009 à 2011, et sera basée sur la réassurance par Coface agissant pour le compte de l’État des assureurs-crédit privés pour leurs opérations réalisées sur des zones spécifiques sur lesquelles ils ne souhaitent plus intervenir seuls. Enfin, le gouvernement a mis en place un mécanisme de refinancement des créditsexport. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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« Nous jouons tous un rôle de fédérateur de filières » Jean Leviol Ministre conseiller pour les affaires économiques et commerciales à l’ambassade de France en Chine

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I n t e rv i e w

Connexions : Selon vous, les ETI et PME françaises présentes en Chine travaillent-elles suffisamment avec les grands groupes ? Jean LEVIOL : Elles n’en font jamais de trop

bien entendu. Elles peuvent donc faire mieux mais il est des domaines où cette relation PME/ grands groupes est très forte et dans lesquels on constate un véritable effet d’entraînement. Il en est ainsi dans le nucléaire avec le partenariat PFCE (Partenariat France Chine Electricité, voir page 27) mais aussi dans l’aéronautique, même si cet effet d’entrainement se forge plutôt en France qu’en Chine. Mais Airbus – en tant que concepteur et qu’ensemblier – travaille en permanence avec ses sous-traitants, c’est très structuré. Dans l’agroalimentaire, une approche par filières s’est développée au cours des derniers mois, associant entreprises, interprofessions et pouvoirs publics, qu’il s’agisse de défendre collectivement nos intérêts face à une procédure antidumping ou d’obtenir des agréments sanitaires pour débloquer nos exportations dans les filières viande et lait.

C’est depuis la France souvent que les grandes entreprises encadrent et accompagnent leurs sous-traitants sur des projets en Chine, à l’image de l’aéronautique comme vous le soulignez. Est-ce possible sur d’autres secteurs ?

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Quels sont les dispositifs et initiatives qui ont permis ces dernières années de renforcer l’effet d’entraînement entre PME et grands groupes présents en Chine ?

Ces dispositifs, proposés par le service économique de l’ambassade, Ubifrance, la CCIFC ou encore ERAI pour la région RhôneAlpes, etc. – sont multiples. Nous jouons tous un rôle de fédérateur de filières. Nous rassemblons les entreprises pour aller ensemble sur des projets. Nous le faisons par exemple sur le secteur de la ville durable (éco-quartier), à Shenyang ou encore à Wuhan, où nous avons rassemblé l’offre française. Là, nous associons les architectesurbanistes, l’ingénierie, les exploitants de services publics, les équipementiers pour créer une dynamique forte. Nous faisons la même chose dans l’agroalimentaire comme mentionné. Nous favorisons sur ce secteur pareillement ce regroupement d’acteurs. C’est ce que fait également la CCIFC sur son programme Villes d’Avenir en Chine en amenant « l’équipe de France » des entreprises sur une même ville.

Le portage peut prendre mille formes possibles. Le groupe Carrefour a par exemple développé en Chine sa marque Reflets de France qui propose des produits d’une soixantaine de PME françaises. Dans l’automobile, les liens sont également très forts entre les constructeurs et leurs sous-traitants. Ils ont derrière eux des équipementiers de premier et second rang très performants et souvent très bien positionnés sur le marché chinois. La catalyse se fait. On sousestime souvent la force des liens qui lient nos PME/ETI à nos grandes entreprises en Chine.

Pourtant, c’est bien le modèle allemand qui est généralement cité en modèle. Estil transposable au nôtre ?

Il est difficile de transposer un modèle qui n’est pas le nôtre. Cela étant, il est toujours possible d’atténuer cette différence de culture. Dans le domaine de la santé, un club France s’est créé réunissant notamment Ipsen, Sanofi, Mérieux, ou encore Colisée patrimoine {5e groupe français indépendant du classement des groupes de maisons de retraite}... Ensemble, ils serrent les coudes sur des thèmes d’intérêt commun pour travailler sur les normes par exemple. Autour de ce noyau, il y a une aimantation vers les PME/ ETI qui se fait. Ce club a décidé de créer un répertoire de l’offre française dans l’offre de soin en Chine de façon à promouvoir l’expertise de nos entreprises.

« Il est difficile de transposer un modèle qui n’est pas le nôtre. Cela étant, il est toujours possible d’atténuer cette différence de culture. ».

Comment mieux accompagner les PME et ETI intéressées par le marché chinois ? Il y a un certain nombre d’outils à l’étude. La priorité du gouvernement est d’appuyer les ETI et les PME de croissance, en proposant un accompagnement dans la durée et personnalisé plus important que sur les primo-exportateurs. Ubifrance va mettre en œuvre ces orientations dès 2014. La DG Trésor, la Coface, la BPI, tous ensemble améliorent aussi année après année la gamme et l’efficacité des instruments de couverture de risques et de financement mis à disposition des exportateurs. Enfin, l’organisation de la « maison France » à l’étranger. Le Premier ministre a souhaité que les partenaires qui s’appuient sur le commerce extérieur puissent mieux travailler ensemble. De façon à ce que tout le monde soit complémentaire. Se met ainsi en place une complémentarité des accompagnements et des conseils proposés notamment par Ubifrance et la CCIFC et ce afin de créer un écosystème encore plus performant. Les CCE {conseillers du commerce extérieur} participent également à l’amélioration des dispositifs existants en proposant un répertoire d’experts français en Chine. Ces personnes – une quarantaine au total - ont ainsi mis leurs compétences sur un support internet de façon à permettre à toute entreprise française intéressée par le marché chinois de les solliciter. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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À LA LOUPE

Resonate mp4/ThalEs :

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ntrepreneur basé à Pékin depuis deux ans et demi, Frédéric BOUILHAGUET avait tout, a priori, pour nouer un partenariat durable avec Thalès : un logiciel innovant mis au point par sa propre PME et introuvable sur le marché chinois ; des contacts directs avec le géant français de l’électronique de défense et surtout, plus de dix ans d’expérience dans les technologies de l’information. Après un doctorat en France et un passage en Allemagne, c’est en Chine que cet ingénieur de 43 ans décide de déménager, en 2011. Avec en tête, deux objectifs. « Quand j’ai déménagé en Chine pour mon entreprise, j’avais deux préoccupations : trouver un partenaire chinois, et travailler à l’allemande – c’est à dire coopérer avec de grands groupes français de notre filière », explique l’ingénieur dans les bureaux qu’il occupe à Shangdi, au nord-ouest de Pékin. « En Allemagne, c’est dans leur doctrine : quand un grand groupe et une PME d’un même secteur d’activité s’établissent en Chine, ils ont presque l’obligation de travailler ensemble. En France, ce n’est pas le cas », explique-t-il (voir page 42 article sur le modèle allemand). Trouver un partenaire chinois fut relativement aisé. Après avoir signé, en décembre 2012, un accord de co-entreprise entre sa PME et Teleframe – une société chinoise spécialisée dans la vidéo surveillance –, il est

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« Aujourd’hui, c’est très politiquement correct de dire qu’il y a un ‘pacte PME’ entre d’une part, les petites et moyennes entreprises et, d’autre part, les grands groupes français. Mais en réalité, la plupart des grandes entreprises françaises basées en Chine ne voient pas toujours dans les PME des partenaires potentiels. » Frédéric BOUILHAGUET, fondateur de Resonate MP4

aujourd'hui à la tête d’une petite équipe de 40 personnes. Sans compter les six ingénieurs français en région parisienne, où est toujours domiciliée Resonate MP4, la PME qu’il a fondée après son doctorat, en 2001. Parallèlement, Resonate MP4 met en place un partenariat avec une autre PME innovante française présente en Chine : ip-label. Cette collaboration permet de disposer d’une existence commerciale locale légale. Un pré requis administratif exigé par les clients chinois… et par les groupes français dont Thales - « Nous avions rencontré les mêmes difficultés que Resonate MP4 en arrivant en Chine et y étions sensibilisés », explique Arthur HAMON, Directeur Asie Pacifique d’ip-label. « En échangeant ensuite avec Frédéric BOUILHAGUET, nous avons identifié des synergies entre nos technologies et pu organiser des rendez-vous communs avec des clients potentiels chinois ! ». En revanche, son deuxième objectif – travailler avec les grandes entreprises fran-

Décembre 2009 Date clés

Pas facile de travailler avec un grand groupe du CAC40 quand on est une PME française en Chine… Frédéric BOUILHAGUET, fondateur de Resonate MP4, une société française spécialisée dans l’analyse vidéo, témoigne.

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retour d’expérience

Premier séjour en Chine dans le cadre d’une mission PME organisée par le pôle de compétitivité Systematic Paris Région.


çaises – fut moins facile à atteindre. « Aujourd’hui, c’est très politiquement correct de dire qu’il y a un ‘pacte PME’ entre d’une part, les petites et moyennes entreprises et, d’autre part, les grands groupes français. Mais en réalité, la plupart des grandes entreprises françaises basées en Chine ne voient pas toujours dans les PME des partenaires potentiels. » Medianate fait tilt Tout a commencé en 2011, lorsque Frédéric BOUILHAGUET rencontre des responsables chez Thales via le service scientifique de l’ambassade de France. Après plusieurs échanges, il leur présente un produit phare de Resonate MP4: Medianate, un logiciel de pointe permettant de compresser et d’analyser, de façon industrielle, de très grandes quantités de vidéos. En apparence complexe, ce produit innovant peut en fait être utilisé dans de nombreux secteurs d’activité : services de vidéo à la demande, télécommunications et vidéo surveillance des réseaux de transports

– un marché important pour Thales dans une Chine qui inaugure, chaque année, de nouvelles lignes de métro. Grâce à ses algorithmes, Medianate permet par exemple de coder des flux vidéo pour qu’un contenu d’abord posté sur les plateformes comme Youku ou Youtube soit également visible sur un téléphone portable, une tablette et même une console de jeux. Mais il est surtout très utile pour l’analyse, à large échelle et en temps différé, des signaux numériques contenus à l’intérieur même d’une vidéo, qu’elle soit commerciale (publicité de marque, clip de musique) ou destinée à des fins de sécurité intérieure. Sans ce logiciel, impossible par exemple pour un service de police d’identifier, en fin de journée, une plaque d’immatriculation suspecte qui serait apparue plusieurs fois dans le cadre d’une caméra… Chez Thalès, Medianate a vite fait tilt. « La technologie de Medianate correspondait bien à nos activités. Elle avait par ailleurs déjà séduit les Chinois de Teleframe. Cela nous aurait permis de pénétrer d’avantage sur le marché. Et de proposer, en couplant les réseaux commerciaux de Thalès et de Resonate MP4, une offre à prix intéressant à la mairie de Shanghai », explique Patrick PLANTE, à l’époque responsable en Chine de la stratégie recherche et développement (R&D) du groupe. C’est ce haut dirigeant que Frédéric BOUILHAGUET avait approché pour tenter de nouer un partenariat. L’idée ? Proposer à la municipalité de Shanghai une « version augmentée » de Hypervisor, un logiciel de Thalès similaire à celui conçu par Resonate MP4 mais qui, contrairement à ce dernier, ne permet pas l’analyse en temps différé de vidéos.

proposer un produit qui, avec la technologie Medianate aurait pu incorporer l’analyse en temps différé. « La technologie interne de Thales était parfaite pour le traitement d’image en temps réel. Mais on n’avait pas la technologie pour faire de même en temps différé » concède Patrick PLANTE, aujourd’hui basé à Paris. Resonate MP4 espérait réaliser avec Thalès un cas concret « d’innovation ouverte » à l’export, un concept imaginé par un professeur américain de Berkeley qui prône la mise en partage de technologies entre entreprises partenaires pour étendre le champ de leurs innovations. « On aurait assis un projet à long terme. Cela nous aurait permis de mieux nous structurer en Chine, autrement on continue à travailler trop isolé comme des VRP», poursuit l’ingénieur français. Thales aurait fourni les installations techniques et Resonate MP4, le logiciel. « Un cercle vertueux » estime le patron de PME. Mais le projet, malgré des travaux de développement de prototypage pour en valider la faisabilité, avorte avec le retour définitif en France de Patrick PLANTE en septembre 2013 et n’est finalement pas présenté à la mairie de Shanghai. Preuve que les partenariats entre les PME et les grands groupes sont avant tout une histoire d’hommes ? « La leçon qu’il faut en tirer, c’est que ces initiatives sont toujours liées à des relations humaines », estime le dirigeant chez Thales. Selon lui, passés les premiers contacts, la plus grande difficulté est celle de faire converger les intérêts et marier deux cultures d’entreprises – l’une commerciale, l’autre plus technique. « Et pourtant, Thalès fait un métier technique » poursuit, de son côté, Frédéric BOUILHAGUET. Aujourd’hui, les deux parties veulent rester optimistes. Prochaine étape ? Développer une nouvelle version de prototype suffisamment finie et passer rapidement à la phase de l’avant-vente. Avec à l’appui, de solides arguments techniques. « On a passé la première étape, il faut continuer » plaide Patrick PLANTE. Affaire à suivre.

« La technologie interne de Thales était parfaite » Capable de « visualiser et de gérer des événements en temps réel et de les archiver », comme le précise le site internet du groupe hexagonal, Hypervisor était déjà utilisé par le métro de Shanghai pour vérifier notamment la température des rames et la solidité des freins. L’objectif de Resonate MP4 était donc de s’associer à Thalès pour

R aphaë l B al e n i e r i

Mars 2011

Juillet 2011

Décembre 2012

Mise en contact avec Teleframe par des ingénieurs chinois du même domaine chez Orange Labs Beijing.

Première rencontre avec Patrick PLANTE à Pékin lors d'une réunion PME Grands Groupes à l’occasion d’une nouvelle mission organisée par Systematic.

Signature d’un accord de co-entreprise entre Teleframe et Resonate MP4. R

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À LA LOUPE

Maison-Délice

Dans le secteur de la crème glacée, les relations entre les multinationales et les PME françaises basées en Chine, à l’instar de Maison-Délice, existent sans être forcément essentielles pour leur développement.

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Un appui certain (mais pas crucial) de grands groupes

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epuis une dizaine d'années, le consommateur urbain chinois succombe aux charmes des crèmes glacées largement popularisées par les chaînes de fast-food. Si en 2009 les Chinois n'ont consommé que 1,8 litres de glaces (loin derrière la NouvelleZélande avec 27 litres par an et par habitant), la vente de desserts glacées a représenté la même année un volume de 2,8 milliards de litres (soit 40 milliards de yuans de chiffre d’affaires). C'est dire le potentiel du marché chinois sur ce secteur. En plus des compagnies chinoises comme Yili Group et Mengniu qui trustent les premières places de ce marché, trois grandes entreprises étrangères suivent derrière : Unilever, Nestlé puis Häagen-Dazs loin-derrière. Des petites structures marchent également dans les pas des grands groupes. Leur stratégie ? Offrir aux clients de plus en plus exigeants de la classe moyenne une crème glacées premium, sécurisée sur le plan alimentaire après les nombreux scandales notamment sur le lait

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« Même si ce partenariat {avec Servair} n'a pas été crucial pour notre croissance, il nous a cependant permis de développer un marché supplémentaire en plus des grandes chaînes hôtelières avec lesquelles nous travaillons », Vincent GIUGE, directeur général de Maison-Délice.


DR

Un stand de glaces Maison Délice sur un événement de la CCIFC à Canton.

contaminé. C'est le cas de la société MaisonDélice, basée à Guangzhou depuis 2004, et dirigée depuis 2010 par Vincent GIUGE, qui propose ce type de produits aux chaînes d'hôtels cinq étoiles. Anciennement baptisée Cornucopia, Maison-Délice a choisi de se concentrer sur une vente exclusivement en BtoB. Une stratégie payante puisque l'entreprise envisage une croissance de 100 % en 2014 et l’ouverture de plusieurs usines. « Business is business » Qu'en est-il de sa relation avec les grands groupes français ? « Le groupe avec lequel nous avons des relations commerciales est la société Servair ( filiale d'Air France et troisième acteur mondial de la restauration à bord, ndlr) grâce à laquelle nous avons pu vendre nos crèmes glacées sur une compagnie aérienne. Même si ce partenariat n'a pas été crucial pour notre croissance, il nous a cependant permis de développer un marché supplémentaire en plus des grandes chaînes hôtelières avec lesquelles nous travaillons », précise Vincent GIUGE. Pour

l'entrepreneur français de Guangzhou, le partenariat avec Servair est avant tout économique : « S'il est plus facile pour un grand groupe français de travailler avec une PME tricolore en Chine - car l’on parle le même langage et le système de management est similaire - cela reste quand même du commerce. Business is business ! ». De fait, pour décrocher le marché avec Servair, Maison-Délice a été en compétition avec une société japonaise et a dû se plier au jeu de la négociation. Certaines initiatives offrent toutefois un rapprochement entre grands groupes et PME. Les journées de rencontres mises en place par la CCIFC notamment permettent à ces acteurs de nouer des liens en vue d'éventuelles collaborations. Ces initiatives « aident forcément », reconnaît Vincent GIUGE, par ailleurs élu au bureau Chine du Sud de la CCIFC. « Elles facilitent les contacts mais cela doit également s'accompagner d’un vrai travail en amont du commercial de la PME… » Erwa n Pa caud

Dates-clés

2004

Création à Guangzhou de la société DuoMier par Antoine SORROCHE qui fabrique de la crème glacée artisanale en vente directe.

2010

Intervention de Vincent GIUGE qui rachète la société et en devient le directeur général. Il met alors en place la stratégie de vente en BtoB. Mise en place de la marque Cornucopia.

2013

La marque Maison-Délice remplace Cornucopia. Augmentation du chiffre d'affaires annuel de 70 %. Croissance de 100 % prévue en 2014.

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PME À LA LOUPE

Lookadok

Lookadok

Formation Lookadok à Shanghai

Le portage : avant tout, « une affaire de personne » Pour Éric PESTEL, directeur de la société Lookadok (créée il y a quatorze ans et présente en Chine depuis 2007), l’effet d’entraînement PME/grands groupes fonctionne même s’il faut aussi, estime-t-il, davantage « s’inspirer du modèle allemand ».

U

n million d’euros de chiffre d’affaires, 45 formateurs (dont cinq en Chine) et 26 langues possibles. La (petite) entreprise – créée en 2000 par Éric PESTEL et Nathalie DELHOUME – fonctionne à plein régime. La clé du succès : avoir notamment su répondre aux besoins de leurs (gros) clients à l’international. Lookadok – spécialisée dans les formations visant à accompagner les entreprises, leurs dirigeants et leurs équipes « aux techniques de la communication non verbale et à l’adaptation comportementale », dixit - a ainsi adapté son offre à des clients comme Louis Vuitton, Hugo Boss ou encore L’Oréal, qui tous « cherchent à avoir une approche managériale harmonisée à l’échelle monde, tout en prenant en compte les spécificités locales », explique Éric PESTEL. « On s’est donc internationalisé en accompagnant nos clients à l’étranger, en Chine notamment. Notre business model a été fait pour ça », convient-il. Gagnant/gagnant Résultat : l’entreprise dispose désormais, en plus de sa filiale à Shanghai, d’antennes à

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« Le portage PME/ grands groupes : une relation donc « gagnant/gagnant ». Définitivement. À la condition toutefois que cette relation s’accompagne d’une vraie stratégie pensée et mise en œuvre au plus haut niveau dans l’entreprise donneur d’ordre. »

Hong Kong et en Allemagne. Une stratégie d’ouverture et de développement qui a permis aux équipes de Lookadok d’innover, et d’avoir « une vision plus large, plus performante ». « Si les PME prestataires comme la nôtre se développent sur des nouveaux marchés avec leurs clients, cela permet aussi à ces derniers de développer leurs acticités au bénéfice du siège en France », analyse Éric PESTEL. Le portage PME/grand groupes : une relation donc « gagnant/gagnant ». Définitivement. À la condition toutefois que cette relation s’accompagne d’une vraie stratégie pensée et mise en œuvre au plus haut niveau dans l’entreprise donneur d’ordre. Et c’est parfois là que le bât blesse. « C’est en effet nous qui avons pris l’initiative de venir en Chine et avons été proactifs », note le dirigeant de Lookadok. « Nous n’avons pas répondu à une demande explicite de nos clients ». Et l’intéressé de plaider davantage pour une politique plus systématique – à l’instar du modèle allemand – d’accompagnement par les grands groupes des entreprises prestataires. « En France, le portage est souvent une affaire d’homme et non de stratégie globale… Il est rare que les choses soient systématisées et décidées au plus haut niveau de l’entreprise », reconnaît-il. Et quand l’homme s’en va… tout peut casser. « Tout se que l’on a fait {avec nos clients} en Chine s’est fait de façon spontanée », témoigne Éric PESTEL. « Il n’y a rien eu de formalisé ». Aucun engagement ne lie donc l’entreprise à ses clients avec lesquels pourtant elle peut collaborer ailleurs, sur d’autres marchés. Le portage à la française « n’est pas aussi efficace qu’en Allemagne où il y a finalement une visibilité d’actions {pour les PME et les grandes entreprises} plus forte », juge-t-il. Pierre Tiessen


Dates-clés

PME À LA LOUPE

2006

Création à Shanghai d'un bureau de sourcing pour le compte de Sodime, entreprise-mère.

Sodime Asia Pacific

2008

Ouverture d'une unité de production dans le quartier Puxi et d'un service commercial à Pudong. Début de l'activité commerciale de la filiale Sodime Asia Pacific. Développement de l'activité commerciale avec Nestlé.

Collaboration avec L'Oréal, Nestlé, Danone, Unilever, Yili, Bright Dairy... 3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Quand l’union fait la force

E

n Chine, la production d'acier brut et inoxydable bat actuellement tous les records. En 2013, plus de la moitié de la production mondiale d'acier a été réalisée par les aciéries chinoises avec 66,277 millions de tonnes, selon Worldsteel, l'association qui regroupe les grands groupes internationaux de ce secteur. Filiale de la société française Sodime, Sodime Asia Pacific, basée dans le district de Pudong à Shanghai, s'est peu à peu imposée dans ce domaine d'activité en produisant des objets en acier inoxydable haut de gamme pour le secteur agroalimentaire, les industries pharmaceutique et vinicole, comme la robinetterie, la tuyauterie ou encore des tubes en acier. Ses principaux partenaires ? Des grands groupes internationaux comme Nestlé, son tout premier client qui a permis à la filiale de se développer rapidement dès 2008, mais aussi Danone, P&G et L'Oréal mais pas seulement. « Nous collaborons également avec des groupes chinois comme les géants du lait Yili et Bright Dairy. Mais d'ici deux ou trois ans, la balance va s'inverser grâce

Sodime

2013

La société Sodime Asia Pacific s'est imposée dans le domaine pointu de la fabrication d'objets en acier inoxydable grâce à ses relations avec les multinationales. Mais elle a également su tisser des liens commerciaux avec les autres PME tricolores du même secteur.

aux nouvelles lois sur l'hygiène et la sécurité imposées par le nouveau plan quinquennal du gouvernement chinois », souligne Laurent LE DU, le manager général de la société. Standards internationaux Les relations entre les multinationales et la filiale shanghaienne se sont naturellement imposées grâce aux accords-cadres mis en place avec la maison-mère Sodime basée en France. Cependant, pour Laurent LE DU, travailler avec ces grands groupes ne suffit pas. « Cela permet d'ouvrir une porte, certes, mais cela ne garantit pas une augmentation du chiffre d'affaires significative. Leur façon de travailler avec nous est purement pragmatique et homogène, comme en Europe. Il n'y a pas de cadeaux ! D'ailleurs, les grands groupes chinois se rapprochent de plus en plus des standards internationaux en termes de relations commerciales et sortent peu à peu du système du "guan xi", notamment dans le référencement d'audit de produits et des procédures de travail », précise Laurent LE DU. Pour pérenniser sa présence dans ce marché très concurrentiel, la PME shanghaienne a opté pour une solution originale : « Depuis le mois d'août 2013, nous

nous sommes associés avec d'autres PME françaises comme PCM, spécialisée dans la fabrication de pompes, Méca-Inox, (vannes à boules) et Venair ( flexibles). Le but de ce regroupement d'entreprises est de présenter des offres communes, complémentaires et non compétitives, qui nous permettent de concurrencer les grands groupes qui fabriquent l'intégralité de la chaîne ». Cela leur permet également, lors de salons professionnels, de mettre en commun les moyens et de présenter les produits des autres sociétés. Car le marché des produits en acier inoxydable arrive actuellement à pleine maturité. Grâce au nouveau plan quinquennal qui impose des règles d'hygiène et de sécurité drastiques, les sociétés françaises et européennes ont une longueur d'avance sur leurs homologues chinoises. « Ces nouvelles lois qui vont être mises en place par le gouvernement central vont être bénéfiques pour nous. Car nous sommes déjà aux normes, contrairement aux entreprises locales », explique le general manager de la Sodime Asia Pacific. L'avenir est donc prometteur. Erwan Pacaud

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China Cities of the Future

DR

明日之城 未来市场 2014 Tour

Institutions

Le « pack français » en rangs serrés Des nombreuses initiatives – mises en place par les institutions et associations d’entrepreneurs français en Chine – visent à renforcer les synergies entre donneurs d’ordre et PME tricolores. Tour d’horizon.

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L

e forum Travailler ensemble ? C’est « un excellent outil », note Benjamin DENIS, general manager Chine du groupe Mixel. « Le premier réflexe des grands groupes n’est pas nécessairement de demander à leurs fournisseurs historiques de prendre le relais en Chine… » Alors ce forum – organisé depuis plusieurs années par la Jeune chambre économique (JCE), avec le soutien de la CCIFC et de Ubifrance, et qui se tient tous les huit mois alternativement entre Pékin, Shanghai et Canton – cherche à gommer cette distance. Il réunit ainsi PME et grands groupes pour une séance de speed dating BtoB afin de faciliter cette logique de regroupement. Le dernier en date – qui s’est tenu en octobre dernier à Pékin – a réuni quelque 45 entreprises. « Les grands groupes jouent le jeu », fait-on savoir à la JCE.

Total, Areva, Veolia, Société Générale ou encore Bureau Veritas font régulièrement le déplacement. 260 000 entreprises européennes exportent en Chine Autre relais qui facilite les échanges d’informations : les services aux PME, notamment ceux fournis par UbiFrance, l’établissement public français « chargé d’appuyer les entreprises – en premier lieu les PME – pour leurs projets d’exportation et d’installation », comme le précise l’étude de l’ambassade de France de 2011 sur les PME françaises en Chine. « Ubifrance a vu son rôle renforcé avec le constat d’une présence insuffisante des PME françaises à l’international, et particulièrement sur les marchés émergents. L’établissement public s’est donc vu fixer des objectifs ambitieux d’accompagnement des entreprises {…}.


Ubifrance s’occupe non seulement de l’implantation, mais aussi du développement des entreprises françaises en Chine, par des prestations individuelles et collectives (séminaires, salons, missions de prospection, etc.). Ubifrance gère notamment le volontariat international en entreprises (VIE), hérité des anciens coopérants du Service national ; ce dispositif permet la mise à disposition, au profit des entreprises, de jeunes dotés de compétences solides, dans des conditions favorables. » L’Union européenne et le centre EU SME en Chine renforce ce dispositif. « 260 000 entreprises européennes environ exportent aujourd’hui en Chine. Certaines ont évidemment besoin d’aide, de conseils », explique pour Connexions Chris CHEUNG, le directeur. Le centre fournit ainsi gratuitement des services aux entreprises qui découvrent le marché chinois (premiers pas avant de les orienter vers des cabinets spécialisés).

P. Ti

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DR

Le Comité France Chine lance au printemps un nouveau programme, baptisé « Ensemble en Chine, pourquoi pas vous ? ». Objectif : favoriser les échanges entre ses membres et des ETI ou des PME intéressées par le marché chinois. « Nous demandons à nos membres d’identifier un certain nombre d’entreprises qui font partie de leur écosystème ; de travailler avec elles pour leur apporter du temps et de l’expertise sur la Chine »,

DR

Comités sectoriels et programme Ville d’Avenir Enfin, les actions – multiples et variées – de la CCIFC permettent de resserrer les liens au sein de la communauté d’affaires française en Chine, notamment entre PME et grands groupes. « Nous avons de nombreux outils qui facilitent ces rencontres », explique Guillaume BONADEI, directeur Business Development de la CCIFC. Et de citer les différents groupes de travail organisés par l’ensemble des antennes de la CCIFC mais aussi la mise en place du comité sectoriel agricole, depuis décembre 2012, qui permet d’ouvrir plus largement à tous les acteurs de cette filière – troisième poste d’exportation française en Chine après l’aéronautique et le nucléaire. « Ce comité – qui se réunit toutes les six semaines - permet de fédérer la profession afin d’arriver en groupe. On a besoin de tout le monde », résume Guillaume BONADEI. D’autres comités sectoriels – sur le développement urbain par exemple – sont également à l’étude. Enfin, la CCIFC organise le programme Ville d’Avenir qui permet à des délégations d’entreprises de prospecter des marchés sur des villes chinoises secondaire et de travailler en synergie. En 2013, le programme portait sur Zhuhai, Hohhot et Shenyang. En 2014, les villes de Nanning, Harbin et Chongqing ont été retenues. Toutes les précisions sur www.ccifc.org.

« Ensemble en Chine, pourquoi pas vous ? »

explique Sybille DUBOISFONTAINE TURNER, directeur général du Comité France Chine. L’organisation vise pour cette première mission une vingtaine d’entreprises ainsi repérées lesquelles seront ensuite accompagnées en Chine à la rencontre notamment du CEO Chine et des équipes locales des membres du Comité. Mais pas question « d’appel au peuple ». Une sélection est en effet nécessaire. « Il faut que l’entreprise membre du Comité juge que cette ETI ou cette PME soit suffisamment mûre pour le marché chinois, qu’elle ait une taille suffisante, une volonté et une structure adéquat », précise Daniel CUKIERMAN, conseiller du président de Transdev, et responsable du programme « Ensemble en Chine : pourquoi pas vous ? ». Pour plus d’informations : cfc@medef.fr

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Le modèle allemand

Des milliers de ETI/PME d’outre-Rhin - qui sont la force de l’Allemagne « chassent en meute », et performent sur un marché chinois réputé de plus en plus concurrentiel. Décryptage.

E

n Chine aussi (et évidemment), l’Allemagne est en pole position ! La première puissance européenne est de fait le premier partenaire commercial européen de Pékin. En 2012, les échanges entre les deux pays ont ainsi représenté 143,9 milliards d'euros selon l'office fédéral des statistiques allemand. Deux fois plus qu'en 2006. « Nous voulons atteindre un volume d'échanges de 280 milliards de dollars en 2015 », promettait le Premier ministre WEN Jiabao, avant de quitter le pouvoir. Une position qui permet à Berlin de jouer un rôle de premier relais au niveau européen avec la deuxième puissance mondiale. « Les relations que l'Europe va développer avec la Chine – l'un de ses plus importants partenaires stratégiques – seront, dans une large mesure, déterminées par l'émergence de cette relation particulière entre la Chine et l'Allemagne », précisait en 2012 déjà le quotidien Le Monde, dans une article signé

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Imagine China

Ensemble, Zusammen !

« Les PME allemandes disposent d’une avance sur le marché chinois qui s’explique par une stratégie plus agressive mais aussi plus solidaire que celles des PME françaises » D’après une étude de l’ambassade de France en Chine


Parmi les 4 500 entreprises allemandes qui traitent (sur place ou depuis l’Europe) avec la Chine, « la plupart – de l’ordre de 70 % du total - sont des PME ».

70 % PME

30 % NON PME

Et chaque année, ce volume augmente de 10 %... Ces entreprises sont positionnées sur les « secteurs industriels traditionnels allemands : équipement industriels

automobile

23 %

17 %

service aux entreprises

10 %

notamment de Jonas PARELLO-PLESNER, membre éminent du Conseil européen des relations étrangères. Et de poursuivre : « la symbiose est presque parfaite entre les économies chinoise et allemande : la Chine a besoin de technologies et l'Allemagne des marchés ». Mise en commun des moyens Résultat : les PME d’outre-Rhin (kleine und mittlere unternehmen – KMU en allemand) ont su en Chine tisser un maillage très fort et surtout imposer un « label allemand » qui séduit aussi bien leurs partenaires industriels locaux que les consommateurs chinois. « Les PME allemandes disposent d’une avance sur le marché chinois qui s’explique par une stratégie plus agressive mais aussi plus solidaire que celles des PME françaises », confirmait il y a peu une étude de l’ambassade de France en Chine1. « Elles sont généralement d’une taille importante, correspondant à des ETI. L’Allemagne est spécialisée dans

l’industrie et ses PME n’échappent pas à la règle. La vigueur et la réputation du secteur industriel allemand leur permettent de répondre mieux que leurs consœurs françaises à la demande en biens d’équipement des marchés émergents asiatiques ». Mais la force des PME allemandes réside aussi beaucoup, précise l’étude, dans leur stratégie d’implantation. L’approche allemande est en effet « fondée sur la mise en commun des moyens, avec un regroupement des PME par secteur d’activités, souvent dans le sillage d’une grande entreprise chef de file, dont les PME sont les fournisseurs ». Cet accompagnement facilite alors le soutien des PME entre-elles, « qui se regroupent même pour mettre en place des centres de R&D communs, limitant les coûts pour chacune ». Clusters régionaux Parmi les 4 500 entreprises allemandes qui traitent (sur place ou depuis l’Europe) avec la Chine, « la plupart – de l’ordre de 70 % du to-

tal - sont des PME », précise pour Connexions la Chambre de commerce allemande à Pékin. Et chaque année, ce volume augmente de 10 %... Ces entreprises sont positionnées sur les « secteurs industriels traditionnels allemands : équipement industriels (23 %), automobile (17 %), service aux entreprises (10 %) ». Leur autre force : l’international. « Pour 55 % des entreprises allemandes ayant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 2,5 millions d’euros, les marchés à l’étranger font partie des affaires quotidiennes (74 % pour les grands groupes) », précise une étude réalisée fin 2012 par la Commerzbank AG2. « Qu’est-ce qui permet à une PME une internationalisation réussie ?, » se demande dans la même étude Rudiger KABST, professeur à l’université de Paderborn. Et de privilégier notamment la mise en place de « clusters régionaux », en Chine par exemple, regroupant plusieurs PME et ce afin de mutualiser les forces. Mittelstand Un tel modèle est-il transposable pour les PME françaises ? Pas sûr. Certes la France, comme le soulignait en 2012 au Figaro David SEJOURNÉ, dirigeant de Management Europe, « ne manque pas d'entrepreneurs de type TPE/PME ni de grandes multinationales (CAC 40) qui réussissent à chercher la croissance dans les zones les plus dynamiques du globe ». Mais ce qui fait globalement défaut au tissu économique français c’est son manque d’entreprises de taille intermédiaire, correspondant à des entreprises dont le nombre d'employés est compris entre 250 et 5 000. « Ces ETI sont la force de l'Allemagne et composent le "Mittelstand" {qu’a su renforcer les réformes de l’ancien chancelier Gerard SHROEDER, ndlr}. La France en compte 4 000 contre environ 10 000 pour l'Allemagne. Il en faudrait presque 4 000 de plus compte tenu des populations respectives. » Et l’Allemagne sait aussi faire la différence sur l’offre business qu’elle propose en Chine : un savoir-faire indiscutable dans l’industrie lourde, des exportations concentrées sur le haut de gamme… Et toujours le souci de renforcer cet effet d’entraînement et de « solidarité économique » entre grands groupes et ETI/PME. 1. Les PME françaises en Chine. Service économique régional – Shanghai (2011) 2. New markets, new opportunities – internationalisation as a driver of growth (2012)

P i e rre T i e s s e n

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Enquête Ifop « Les entreprises françaises ont un devoir d'entraide entre-elles » Interview Stéphane COURQUEUX, directeur général d’Ifop Asie

I n t e rv i e w

Comment renforcer ces liens et « l’effet d’entraînement » entre PME et grands groupes français ? Les entreprises françaises ont pratiquement un devoir d'entraide entre elles : les PME d'apporter des solutions aux grands groupes qui soient innovantes, compétitives et ultra réactives, et les grands groupes de favoriser la consultation des PME françaises. Nous avons aussi des filières fortes sur plusieurs catégorise d industrie et de service. Ces filières pourraient systématiser l'aide aux PME de culture française depuis la France ou depuis la Chine Enfin, les PME françaises en Chine, les startups, installées depuis plus récemment sur le territoire chinois que leurs partenaires de grande taille, connaissent pour beaucoup des limites en capacité d'investissement, des tensions au niveau de leur trésorerie ; les conditions de paiement généralement appliquées aux PME sont identiques à celles définies en France et appliquées aux fournisseurs de taille importante ; cela limite la capacité de développement des PME, voire en fragilise certaines, et ne les aide pas à rentrer dans un cercle vertueux. L’Ifop – en Chine – s’est développé sous l’impulsion de grands groupes français. Sur quels secteurs essentiellement ? L'Ifop a en effet réellement bénéficié du soutien de plusieurs groupes français dans des domaines d'excellence de la France : la beauté/les cosmétiques, le luxe, l'alimentaire de qualité, etc. La relation s'est d'abord développée depuis Paris, mais l'Ifop a ensuite construit son expérience catégorielle localement, ce qui est indispensable et ce afin de comprendre, suivre et anticiper les tendances du marché chinois qui évolue à une vitesse qui ne peut être appréhendée à distance mais aussi afin d’être connecté avec les équipes locales,

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« Les PME françaises en Chine, les startups, installées depuis plus récemment sur le territoire chinois que leurs partenaires de grande taille, connaissent pour beaucoup des limites en capacité d'investissement, des tensions au niveau de leur trésorerie »

qui ont des besoins et des façons de travailler différentes de Paris. Aujourd'hui, l'Ifop en Chine et en Asie a construit son "equity" et même sa visibilité sur ces secteurs spécifiques grâce à ces groupes français auprès desquels l'Ifop pouvait déjà jouir d'une notoriété et d'une image préalables, et qui ont joué le jeu du partenariat avec une marque française. Pourquoi ces grands groupes font-il appel à vos services ? Pour plusieurs raisons : notre expertise sur leurs marques, sur leurs secteurs, avec au centre la connaissance de leurs consommateurs. Par extension, l'Ifop a développé une expertise élargie à l'ensemble des marques du marché, y compris les concurrentes, qui ne peut qu'être bénéfique pour nos clients aussi bien en logistique, qu'en savoir et interprétation des comportements du consommateur. Nous sommes également un "bridge" non seulement entre les grands groupes et leurs consommateurs, mais également entre leurs équipes chinoises ou d’expatriés installées en Chine et leur siège parisien : un facilitateur dans la communication de tous les jours, la transmission de messages de part et d'autre (sur ce que le consommateur chinois peut accepter ou non), voire dans leur propre politique. C'est un exercice d'équilibrisme, mais qui est un élément de différentiation. Quelles sont les attentes et les craintes des PME françaises quant aux opportunités qu’offrent le marché chinois ? Les PME gardent un grand optimisme quant à leurs perspectives de développement. En revanche, notre étude Business Climate de 2013 réalisée pour la Chambre de commerce et d'industrie française en Chine (voir page 14), révèle deux éléments importants : plus d'un quart des PME indique une absence de croissance, voire une baisse d'activité en Chine, contre seulement 11 % des grands groupes. Alors que toutes les sociétés françaises, grands groupes et PME, reconnaissent que leur principale préoccupation est le ralentissement de croissance en Chine, la seconde préoccupation des PME est très clairement liée aux défauts de paiement ou aux risques de défauts de paiement de leurs clients, dans le contexte des ventes donc ; alors que les autres préoccupations des grands groupes restent liées à l'instabilité financière, à l'inflation et augmentation du coût de leurs achats. Il est donc clair que si nos PME ont toujours de l'appétit pour le marché chinois, leur viabilité reste totalement liée à leur capacité de développement et de financement. Les grands groupes ont pu patienter (ou peuvent encore patienter pour certains) avant d'atteindre la profitabilité, il n'en est visiblement pas de même pour les PME. Propos recueillis par P ie rre T ie s sen


Étude sur le climat des affaires 2013 - CCIFC & Ifop

Comparatif entre les PME et les grands groupes 1. Des profils très différents

2. Une perception différente de l'année 2013 Grands groupes

PME

Croissance

Stratégie d'entrée sur le marché

56 48

Investissement direct (installation de nouveaux moyens de production)

19

42

14 9

44

4

63

Parmi les PME interrogées, la création d'une filiale entièrement nouvelle est plus fréquente qu'une implantation en joint-venture. Les grands groupes s'implantent majoritairement en Chine via des jointventure.

Pour se développer à l'étranger les PME créent des nouvelles filiales alors que les grands groupes s'implantent en joint-venture.

42

10 4 no answer

decrease

Une proportion importante de grands groupes anticipent une augmentation de leurs revenus en 2013 .

Résultats financiers

37

32 11

Profitable

Break-even

23

7 4

0

You prefer not to answer

Loss

Les grands groupes ont de meilleurs résultats que les PME, alors que moins de 4 entreprises sur 10 affichent un exercice rentable.

19

3

17 7

little change or no change

85

0

Chiffres d'affaires de plus de 51 M

85

increase

Chiffres d'affaires inférieur à 2M

Chiffres d'affaires compris entre 2 et 50M

63

48

On note d'importantes différences de chiffres d'affaires entre PME et grands groupes.

Développement

85

53

Les grands groupes souhaitent se développer dans de nouvelles provinces, alors que plus de la moitié des PME ne l'envisagent pas.

Présence en Chine

37 34

Facteurs de risques

Moins de 5 ans

0

De 6 à 10 ans

Plus de 10 ans

15

Non

Yes

29

0

>20 %

10-20 %

10 4

Chiffre d'affaires annuel 44

20

Amélioration des revenus

33

36

52

Les PME sont optimististes vis à vis de leurs performances de croissance alors que les grands groupes anticipent une croissance de 0 à 20 %.

Un mélange de ces différentes approches

24

0-10 %

Joint-venture

Acquisition

Grands groupes

PME

36 48

Augmentation des coûts de matières premières et d'énergie

11 89

Les grands groupes sont implantés en Chine sur des durées deux fois plus importantes que les PME.

41

22

Appréciation du RMB

34 44

Augmentation du coût des produits de base

32

52

Inflation

61 41

20 11

Retard de paiements des clients

51

Accès limité au capital

33

Ralentissement de l'économie mondiale

39 52 Instabilités financières

64

67

Ralentissement de l'économie chinoise

Les PME s'inquiètent du ralentissement de l'économie mondiale, de l'appréciation du RMB et des retards de paiements, quand les grands groupes s'inquiètent de l'inflation, des instabilités financières et de l'augmentation des coûts d'énergie.

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Le modèle chinois

L’EFFET IDE* C’est sur l’accroissement de leurs investissements dans le monde que comptent les Chinois pour aider leurs entreprises privées, petites ou moyennes, à l’international. « Il n’existe pas, à ce jour, de structure de soutien chinoise telle que le portage », confirme YAN Jufen, secrétaire général de l’association des entreprises de Chine en France. « Les relations entre nos grands groupes et les entreprises privées, petites ou moyennes, sont essentiellement commerciales ».

Imagine China

*investissements directs étrangers

Le groupe Shanghui, propriétaire, entre autre des marques Justin Bridou, Cochonou.

L’État chinois a beaucoup insisté, ces dernières années, sur la nécessité de soutenir ces entreprises privées, mais c'est surtout parce que les efforts déployés à cet égard étaient jusque-là insuffisants, voire inexistants. Toutefois, poursuit YAN Jufen, la Chine a réalisé de grands travaux d’infrastructures au niveau international, notamment dans les domaines de l’hydraulique, de l’électricité, du gaz, des télécommunications et des transports. Dans le même temps, son modèle économique a évolué et tout cela crée des opportunités de développement ». Opportunités qui touchent même les PME, tant la règle de la préférence nationale est ici une évidence. Les éléments de la Maison Chine s’entraident à l’international, c’est un fait, qui n’empêche nullement les grands concurrents de poursuivre parfois hors des frontières les guerres qui les opposent sur le marché national, y compris par procès interposés, comme ce fut le cas entre ZTE et Huawei autour de la propriété intellectuelle. À l’international, le rattrapage reste à faire Les montants de ces investissements chinois bénéfiques pour tous, grands et petits, n’étant pas près de diminuer, les entreprises privées chinoises, PME comprises, peuvent se montrer optimistes. Après un bond qui a propulsé en treize ans le flux annuel des investissements extérieurs chinois d’à peine un milliard de dollars à plus de 80 milliards

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Imagine China

Les dix plus grands investissements chinois en France

1

GDF Suez -2011CIC acquiert 30 % des activités d’explorationproduction de gaz et de pétrole de GDF Suez pour 3,18 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros)

2

GDF Suez -2011- CIC rachète participation dans l’usine de liquéfaction Atlantic LNG de Trinité et Tobago pour 831 millions de dollars (600 millions d’euros)

3

Eutelsat Communication -juin 2012- CIC achète 8 % de l’opérateur de satellites pour 484 millions de dollars (385,2 millions d’euros)

4

Aigle Azur -octobre 2012- HNA, groupe spécialisé dans le secteur touristique, acquiert 48% du capital de la compagnie aérienne pour 40 millions de dollars (30 millions d’euros)

5

Diva Bordeaux -2012SSCW, leader chinois de l’agroalimentaire, filiale de Bright Food, entre au capital du négociant des grands vins de Bordeaux à hauteur de 70% pour 39 millions de dollars (30 millions d’euros)

6

Club Med -2010Fosun acquiert 7,1 % du capital du Club Med pour 35 millions de dollars (26 millions d’euros)

7

Echosens -2011- le groupe pharmaceutique chinois Inner Monglia Free Han et Mongolia pharmaceuticals C° rachète Echosens pour 20 millions d’euros

8

Lisa Airplanes -2013- Tiri Maha et Yao Zhang, les deux dirigeants de la société chinoise Lisa Airplanes reprennent Lisa Airplanes entreprise en Savoie pour 28 millions de dollars (20 millions d’euros)

9

Château de Viaud -2011- Cofco, groupe chinois spécialiste du commerce de céréales, huile et nourriture rachète ce vignoble bordelais pour 14 millions de dollars (10 millions d’euros)

10

McCormick SAS -2011le groupe chinois Yto reprend McCormick France après liquidation judiciaire pour 11 millions de dollars (8 millions d’euros)

« La croissance, on le sait, se gagne à l’international; faire connaître ses atouts d’une Chine en plein rattrapage d’investissements à l’étranger est désormais devenu l’ardente obligation d’une France qui doit prendre conscience de toutes ses richesses, dont la sécurité alimentaire et la santé. »

pour les seuls onze premiers mois de 2013, le montant annuel des achats chinois dans le monde devrait dépasser les 150 milliards de dollars dès 2015. Pékin, qui ne cesse d’encourager les entreprises du pays à « se développer à l’international », comme le rappelle SHEN Danyang, porte parole du ministère chinois du Commerce, s’est en effet fixé un objectif de croissance de ses IDE de 17 % l’an. Pour le moment ! Car en termes de stocks, la Chine a encore beaucoup à faire pour atteindre un niveau plus en accord avec la place qu’elle occupe désormais dans l’économie mondiale. Avec un total cumulé de 532 milliards de dollars fin 2013, elle arrive en 13e position, loin derrière les États-Unis dont les stocks d’IDE pèsent près de dix fois plus. Comme l’indiquait A CAPITAL dans son Index de décembre 2013, les investissements chinois à l’étranger ont grossi presque trois fois plus vite que sa croissance au cours des trois premiers trimestres de l’année (+20 %). Parmi les grosses progressions, on note la Russie, et surtout l’Amérique du Nord. Très fort retour dû à deux grosses opérations : le rachat pour plus de 15 milliards de dollars - le plus important jamais réalisée par un groupe chinois à l’étranger - par CNOOC (China National Offshore Oil Corporation) du canadien Nexen et l’acquisition de Smithfield, premier fabricant de saucisses de hotdogs aux États-Unis, propriétaire, entre autre des

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La précieuse poudre de lait française À Carhaix (Finistère) une usine d’un lait en poudre totalement destinée aux besoins des petits Chinois sort actuellement de terre. Coût de l’opération : 100 millions d’euros, financés à 90 % par le groupe laitier chinois Synutra, en partenariat avec le groupe coopératif Sodiaal. Le nouveau site génèrera 260 emplois sur trois ou quatre ans. En juillet dernier, dans la région d’à côté, la société normande Isigny Saint-Mère ouvrait son capital au chinois Biostime. Apport chinois, 20 millions d’euros qui lui garantissent la fourniture du tiers de la production de lait infantile de la coopérative pendant quinze ans. Le deal permet à Isigny Saint-Mère de construire une nouvelle usine de poudre de lait qui commencera à produire dès 2015 ; investissement : 50 millions d’euros et la création d’une centaine d’emplois. La croissance, on le sait, se gagne à l’international ; faire connaître ses atouts d’une Chine en plein rattrapage d’investissements à l’étranger est désormais devenu l’ardente obligation d’une France qui doit prendre conscience de toutes ses richesses, dont la sécurité alimentaire et la santé. On n’imagine pas les retombées que pourront avoir de tels échanges entre deux pays maîtres dans l’art de la gastronomie. 1. Étude IAE Lyon : les investissements chinois en Europe et en France. Décembre 2013.

Madeleine Barbier

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F R A NCE - C H INE

UNE OFFRE EN PHASE AVEC LA DEMANDE

Imagine China

marques Justin Bridou, Cochonou…, par Shuanghui, un des principaux producteurs de porcs en Chine et premier préparateur industriel de viande, pour plus de 7 milliards de dollars. L’Europe, qui avait fait une entrée marquée sur les radars des investisseurs chinois en 2012, s’est bien maintenue en 2013 et, comme l’évoque l’IAE Lyon1 dans un rapport récemment réalisé pour la DGCIS : à croissance de 17 % l’an, le montant des flux chinois pourrait dépasser 41 milliards de dollars en 2020. La France pourrait alors en accueillir 15,5 milliards de dollars, contre 4,4 milliards en 2012. « C’est bien la qualité de la main-d’œuvre, le développement de l’innovation ou la proximité de leurs clients qui motivent les investisseurs chinois », soulignent les auteurs de cette étude. À ces atouts, on peut sans risque ajouter la forte notoriété du site France pour tout ce qui touche à l’agroalimentaire de qualité. En témoignent les récentes opérations destinées à sécuriser les approvisionnements chinois en une des denrées actuellement les plus précieuses dans l’empire du Milieu : le lait infantile.

Trois questions à André LOESEKRUGPIETRI, président de A CAPITAL

La Chine investira de plus en plus dans le monde, notamment en Europe, dont en France. Quel type d’investisseur chinois sera le plus intéressé par notre pays et pour quelles raisons ? L’Europe est depuis trois ans une des toutes premières sinon la première destination d’investissement des groupes chinois. Audelà de toutes les spéculations peu informées qui circulent (euro versus dollar, effet politique…) la raison de cet afflux est surtout stratégique. On constate effectivement une grande complémentarité entre les points forts français, et européens, et les secteurs où le besoin chinois est toujours plus criant : l’énergie (à l’image des spectaculaires opérations dans GDF-Suez ou avec EDF au RoyaumeUni), l’environnement, l’agroalimentaire (Isigny), les technologies, les marques (Club Med)... Divers éléments poussent à cette stratégie de montée en gamme : une très forte augmentation des coûts en Chine - une bonne nouvelle pour l’industrie en France - et un écrasement des marges pour les acteurs ne


Très concrètement, les secteurs liés à l’urbanisation chinoise recèlent tous un réservoir de croissance pour les vingt prochaines années : dans à peine douze ans, la Chine comptera cent nouvelles villes d’un million d’habitants en plus ! Le secteur du transport (automobile, ferroviaire, logistique), les secteurs bénéficiant de l’émergence d’une immense classe moyenne (grandes marques, tourisme) en font partie, tout comme ceux qui sont liés au côté « sombre » de l’urbanisation et à la dégradation de l’environnement (technologies environnementales et énergétiques) ainsi qu’à la sécurité alimentaire et au vieillissement de la population…

possédant ni différenciation technologique ni marque forte. Quels types d’entreprises ont le plus de chances d’être repérées par des investisseurs chinois ? Il y a de bonnes et de très mauvaises raisons d’être identifié : être dans une situation difficile fait partie des mauvaises. Pendant très (trop) longtemps, les groupes chinois pensaient faire une bonne affaire en reprenant des groupes européens en difficultés. D’après nous – et il y a évidemment des exceptions – c’est une grande erreur, car ces opérations cumulent à la fois la difficulté inhérente à toute opération d’investissement, le choc culturel et enfin une restructuration toujours douloureuse. Nous pensons donc que l’opportunité se situe plutôt dans les groupes français performants, qui ont euxmêmes identifié la Chine comme une immense réserve pour leur propre croissance, mais ont la sagesse de comprendre que c’est aussi un marché de plus en plus compétitif, où seul un partenariat astucieux peut aider à la réussite.

Quels conseils donner à une société recherchant d’éventuels partenaires pour apparaitre sous son meilleur jour ? Mon premier conseil est de ne surtout pas partir seul : la Chine sera de plus en plus souvent « premier marché du monde » mais elle est aussi en train de devenir le marché le plus compétitif. Au risque de ne pas être politiquement correct, nous pensons que ce n’est pas un marché pour les PME. Il y a évidemment des exceptions, mais c’est un investissement lourd, sur plusieurs années, où il faudra envoyer les meilleurs collaborateurs, et où le rapport de force compte, donc un investissement compliqué pour une société qui ne réalise pas au moins 50 à 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il est aussi important de bien mesurer son potentiel de développement en Chine : l’investisseur chinois sera très souvent plus intéressant par l’aide qu’il pourra apporter sur le marché chinois que pour des développements en Europe. Tout comme il est important d’identifier précisément ce dont l’entreprise a vraiment besoin pour réussir en Chine : d’un appui réglementaire pour homologuer ses produits ? D’un appui en termes de distribution ? D’un appui en terme relationnel pour accéder à des marchés publics… J’ajouterais que, tout comme il y a trente ans les groupes européens avaient besoin d’un partenaire pour démarrer en Chine, un partenaire français ou européens est aujourd’hui essentiel pour rassurer un investisseurs chinois, l’aider à franchir le pas et à investir en France. De très nombreuses négociations créatrices de valeur ne se concrétisent pas faute d’un catalyseur connaissant bien les deux marchés et ayant une véritable vision industrielle. C’est la mission de A CAPITAL.

A CAPITAL fonds d’investissement France & Europe / Chine

• Objectif : aider des entreprises, européennes et françaises, à exploiter pleinement leur potentiel de développement en Chine. Principales intéressées : les ETI, qui trouveront là un marché essentiel dans un nombre croissant de secteurs (automobile, luxe, agroalimentaire, santé, énergie, environnement, tourisme...). • Références : l’opération Club Med (initiée par A CAPITAL) et, sur le même modèle, l’investissement dans le danois Bang & Olufsen. Schéma suivi : le fonds investit avec un co-investisseur stratégique qu’il identifié et qui sera, pour la société française ou européenne, un allié de poids en Chine. Cela avec un alignement d’intérêt complet au niveau de la société mère pour éviter les problèmes souvent posés par les JVs : création d’un concurrent potentiel, transferts de technologie moins contrôlés, sempiternels problèmes de prix de transfert… Intérêt pour le groupe chinois : investir à moindre risque et dans des groupes qui lui auraient été difficilement accessibles. • Le « plus » A CAPITAL : une connaissance pointue des groupes chinois (privés ou d’État) aux ambitions internationales et le soutien de China Investment Corporation CIC, le fonds souverain chinois ainsi que du holding belge SFPI, au capital de A CAPITAL (www.acapital.hk et contact@acapital.hk)

Madeleine Barbier

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Abécédaire | PME/GRANDS GROUPES

ABCG

Accès au crédit Disposer de capitaux de la part d’une banque chinoise ou étrangère… Un exercice encore délicat pour les PME françaises en Chine. Difficile en effet pour elles d’accéder au crédit. Résultat : « cette pénurie de capitaux pénalise leur activité notamment en phase de démarrage », comme le constatait une étude 2011 de l’ambassade de France en Chine. Toutefois, « les outils de financement de l’export (BpiFrance) », note le service économique français régional de Pékin, fournissent « un appui important » au développement des entreprises françaises, type ETI/ PME.

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Baromètre L’association d’aide au développement de PME, Pacte-PME, a réalisé en 2013 un sondage baromètre sur les relations PME/ grands groupes à l’étranger auprès de 1500 entreprises. Il apparaît, relate le magazine L’Usine Nouvelle, que 68 % des fournisseurs se disent « satisfaits », voire « très satisfaits des relations qu’ils entretiennent avec les grands groupes de l’association (au nombre de 54, parmi lesquels Alstom, EADS, Air Liquide, Danone, LVMH, MBDA ». Et les PME interrogées de saluer en particulier le respect des engagements contractuels des grands groupes.

Charte Ou « Pacte export » - les grands comptes signataires (parmi lesquels GDF Suez, Total, Safran, Schneider Electric, etc.) de cette charte en 2011 s'engagent théoriquement « à intégrer les PME françaises dans leurs stratégies de développement international ; informer les fournisseurs français sur les besoins à l'export ; encourager des cadres à l'international à s'investir dans le portage des PME ; et mettre en place des outils d'évaluation des actions d'accompagnement », et même à organiser une consultation systématique de leurs fournisseurs français pour les appels d'offres à l’étranger.

Guanxi Ou « relations » en français, sorte de carnet d’adresses. Aspect fondamental pour qui veut faire des affaires en Chine. Certaines PME estiment que « près de 80 % de leurs ventes se réalisent grâce au guanxi », relève l’étude de 2011 de l’ambassade de France en Chine. « L’élaboration d’un réseau constitue une barrière pour les sociétés arrivantes ou qui n’arrivent pas à établir de relations d’affaires suffisantes. Or, les PME sont moins aptes à y accéder que les grandes entreprises, car elles ne peuvent s’appuyer sur leur renommée internationale et doivent se reposer sur leurs employés chinois pour construire ce réseau ».


L P RW

Levier de développement Le portage par des grands comptes de PME françaises en Chine est assurément un véritable levier de développement pour ces dernières. Cet accompagnement peut prendre différentes formes ; il peut s’agir d’un portage information-conseil : « le grand groupe partage avec la PME des informations ainsi que des conseils sur le marché à implanter », précise dynamique-mag.com. Ou encore un portage mise en relation : « le grand groupe met la PME en relation avec des clients et des opérateurs locaux, lui fait bénéficier de son carnet d'adresse », voire d’un portage assistance juridique et commerciale, ou encore d’un portage abri ou logistique.

PME de croissance Véritable statut mis en place afin d’apporter à celles-ci des aides significatives facilitant la poursuite de leur croissance : réduction d’impôt, report de cotisations patronales, remboursement anticipé du crédit d’impôt recherche, mobilisation de nombreux partenaires ». Pour être éligible au statut de la PME de croissance, il est nécessaire de remplir plusieurs critères, notamment employer au minimum 20 salariés et maximum 250 ou encore supporter des dépenses de personnel en augmentation d'au moins 15 % par exercice, et ce sur au moins deux exercices consécutifs.

Réduction des coûts Dure réalité à laquelle sont confrontées les PME françaises en Chine, moins compétitives souvent que leurs concurrentes chinoises. Pour nombre d’experts toutefois, un grand compte tricolore aurait tout intérêt à choisir une PME française qu’il connaît sur un devis (à offre technique comparable) proposant jusqu’à 15 % de plus qu’une société chinoise. « Ce donneur d’ordre reste gagnant car il y a de nombreux coûts non-exprimés à travailler avec un nouveau fournisseur », estime un entrepreneur français basé à Pékin. Et des risques liés à la qualité du service rendu.

WFOE Pour « Wholly Foreign Owned Enterprise » - type d’entreprise en Chine destiné aux investisseurs ou entrepreneurs étrangers. La participation d’un investisseur chinois n’est pas nécessaire. Concernant sa forme juridique, il s’agit d’une entreprise à responsabilité limitée – forme particulièrement privilégiée par les PME. Or, ce statut pénalise ces dernières lorsqu’elles se trouvent en sous-capitalisation et confrontées à une insuffisance de liquidités. Une recapitalisation est en effet difficile pour une WFOE « une fois l’investissement initial réalisé », note la même étude de 2011, « du fait du contrôle administratif des flux de capitaux ».

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Hommage

Manuel Deleers Directeur Général de la CCIFC

C’

est avec une immense tristesse que nous avons appris la disparition soudaine de Manuel DELEERS, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine. C’est une grande figure de la CCIFC qui s’est éteinte le dimanche 24 novembre 2013 à l’âge de 50 ans, des suites de complications liées à une maladie rare qu’il combattait depuis plus d’un an. Le décès de Manuel DELEERS a profondément affecté la Chambre de Commerce. Les témoignages de ceux qui ont travaillés avec lui sont unanimes, Manuel DELEERS était un passionné, un défenseur indéfectible de la Chambre qui - dès sa

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nomination - a eu à cœur de la moderniser, en développant l’ensemble de ses services et en initiant de nombreux partenariats structurants avec des institutions chinoises. Il était porté par cette volonté de faire de la CCIFC une véritable plate-forme intégrée de services commerciaux et de gestion, d’informations et de networking. Manuel DELEERS avait commencé sa carrière en 1988 comme consultant financier chez Ernst & Young, avant de rejoindre en 1994 l’entreprise industrielle américaine, AptardGroup, comme contrôleur de gestion Europe, puis l’entreprise de services anglaise Alliance Boots en 2000, comme directeur de l’Audit Groupe, et enfin en 2004 l’entreprise

industrielle française Imerys comme directeur de l’audit et du contrôle Groupe. C’est par cette entreprise qu’il découvre la Chine en 2007 où il est nommé représentant général de Imerys. Il était devenu directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine au mois de février 2011. Nous rendons hommage au professionnalisme de Manuel DELEERS et à son esprit combatif. Sa personnalité affirmée, son intelligence aigüe et sa vision stratégique manqueront cruellement à la CCIFC. L’ensemble des membres du Bureau et des équipes de la CCIFC partagent l’immense peine de ses proches et souhaitent présenter leurs plus sincères condoléances à toute sa famille.

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MESSAGES Dans la nuit du 24 au 25 novembre, je me suis réveillée brusquement vers 2h00 du matin, étrangement mes pensées furent pour Manuel. Je fus particulièrement bouleversée d’apprendre, quelques heures plus tard, qu’il s’est éteint juste à ce moment-là ! Cette nouvelle fut un choc pour nous tous, que ce soit l’ensemble des élus de la Chambre, mais aussi les permanents et tous les membres qui le connaissaient. Pour preuve, les nombreux témoignages de sympathie qui affluèrent à la CCIFC. Lorsqu’il fut nommé représentant général d’Imerys pour la Chine, en 2007, il découvrit l’Empire du milieu et son amour pour ce pays ne fit que grandir. Il fut tout d’abord un élu du Bureau de Shanghai et s’engagea activement dans toutes les activités de la CCIFC, notamment, dans l’organisation des événements et des galas, surtout lorsqu’il créa sa société d’événementiel, après sa démission d’Imerys. Il s’intéressait à tout ce qui touchait cette ins-

titution. Lorsque le poste de directeur général fut vacant, après le départ de Jacques LECLERC DU SABLON, pour des raisons de santé, il se porta tout naturellement candidat en février 2011. Manuel DELEERS ne faisait rien à moitié, ayant appris à connaître la Chambre en tant qu’élu, dès sa nomination au poste de directeur général, il mit tout en œuvre pour mettre en place des outils et des moyens pour la moderniser , et, en parallèle, professionnaliser les équipes. Il insuffla une énergie nouvelle à la Chambre. Son expérience dans l’audit, le contrôle de gestion et dans l’entrepreneuriat l’ont certainement aidé dans cette tâche. D’une intelligence rare, assortie d’un esprit déterminé, il avait également de grandes qualités de cœur. Je conserverai de ces années où nous avons travaillé ensemble presqu’au quotidien, le souvenir d’un Manuel courtois, chaleureux, efficace, discret, à la capacité de travail remarquable et surtout passionné.

La Chambre était devenue en quelque sorte sa famille et sa raison de vivre ! La récente disparition de Joël PUJOL, ancien viceprésident de la Chambre de la Chine du sud et membre du directoire, l’avait beaucoup affecté, ils se parlaient régulièrement au sujet de leurs maladies respectives. De toutes ses nombreuses initiatives, il en est une qui restera son legs incontestable, il s’agit du livre Le temps de la Chine. Il l’a imaginé et conçu avec ses équipes, en partenariat avec Félix Torres Éditeur. Il a mené le chantier jusqu’à la publication de l’ouvrage. Ce livre est un monument dans tous les sens du terme. Il a incontestablement marqué la CCIFC et elle lui doit beaucoup. Il nous manquera à nous tous ! Adieu cher Manuel !

Cher Manuel, Tu as été pour nous un modèle, un exemple à suivre. Tu étais respecté, apprécié, aimé à ta juste valeur. Tu savais te faire écouter, entendre et nous étions tous derrière toi unis pour développer la CCIFC. Tous les salariés de la CCIFC avaient beaucoup d’admiration pour toi, tu impressionnais par ta vision, ta détermination et ton courage. Jusqu'à la fin de ta vie tu pensais encore à la stratégie de la CCIFC et

tu continuais à initier de nouveaux projets. En te perdant nous perdons notre directeur, mais aussi notre ami. Tu étais à l’écoute de tous, tu prenais soin de tes collaborateurs, tu avais toujours un mot sympathique pour chacun d’entre nous. Tu nous laisses dans un grand désarroi. Ton sourire et ton humour nous manquent. Nous, qui t’avons côtoyé au quotidien mesurons le vide de ta présence, de celui qui savait prodiguer les bons conseils, de celui qui s’était tant investi au sein de la

CCIFC, de celui qui nous a tant apporté. C’est en perdant un être cher que l’on se persuade qu’il y a un monde meilleur, qu’il t’apporte Manuel le bonheur et la sérénité que tu mérites. Ce qui reste de toi cher Manuel est immortel, les souvenirs que tu nous laisses sont gravés dans nos esprits pour toujours.

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Annick de KERMADEC -BENTZMANN Présidente d’honneur de la CCIFC

Caroline PENARD Directrice adjointe de la CCIFC et directrice d’antenne de Shanghai

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Actualités de la Chambre | Trophées 2013

Les entreprises

Beaumanoir, Carrefour, Plastic Omnium et Splio primées aux Trophées France Chine 2013

À

la veille de la célébration du cinquantenaire de la reconnaissance diplomatique de la République Populaire de Chine par la France, il faut encourager, plus que jamais, les entreprises françaises à utiliser le tremplin du marché chinois pour s’imposer mondialement. Le cabinet de conseil OC&C Strategy Consultants, en collaboration avec la Chambre de commerce et d'industrie de région Paris Ile-de-France, la chambre de commerce et d’industrie française en Chine (CCIFC), et Premier Cercle, ont souhaité contribuer à aider les entreprises françaises à modifier leur vision sur la Chine en créant les « Trophées France Chine ». Cet événement annuel dévoile et récompense l’expérience remarquable d’entreprises françaises en Chine sur trois dimensions : la Croissance, l’Audace et les stratégies d’Alliance. Pour cette deuxième édition, un quatrième trophée a vu le jour, celui de l’Entrepreneuriat. Il visait à récompenser une PME française pour ses efforts et ses succès en Chine. Les Trophées France Chine 2013 de la Croissance et de l’Audace ont été remis le 5 novembre à Paris au siège de la CCI Paris Ile de France et ceux de l’Alliance et de l’Entrepreneuriat le 23 novembre à Pékin lors du gala de la CCIFC au Sofitel Wanda. Le trophée de la Croissance revient à Plastic Omnium, celui de l’Audace au Groupe Beaumanoir et celui de l’Alliance à Carrefour. Ces trois sociétés succèdent respectivement à Air Liquide, Seb et Legrand, les lauréats de 2012. Quant au trophée de l’Entrepreneuriat, il a été remis pour la première fois à la PME Splio.

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Henri-Pierre DEWULF, directeur général du GROUPE BEAUMANOIR, reçoit le trophée de l'Audace remis par Thierry de LA TOUR D'ARTAISE, président directeur général du GROUPE SEB.

Emmanuel GACHES, vice président de Carrefour Chine reçoit le trophée de l’Alliance remis par Nhay PHAN, directeur général de Bank of China à Paris.


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ENSEIGNEMENTS CLÉS

1. La Chine va rester durablement au centre de l’échiquier.

Elle pèse 1/8e du PIB mondial. Mais surtout, elle va tirer, selon le FMI, près de 30 % de la croissance mondiale à l’horizon 2018, soit autant que l’ensemble des 25 premières économies dites émergentes (Russie, Inde, Brésil, Indonésie, Mexique, Turquie, etc.). Pour toute entreprise à vocation de leadership mondial, ne pas s’ancrer en Chine avec détermination revient à hypothéquer lourdement ses marges de manœuvre. D’autant plus que face aux défis qu’implique un tel élan, la Chine se transforme et ouvre au moins quatre sources d’opportunités majeures : l’essor de sa consommation intérieure, la poursuite d’un chantier d’urbanisation inégalé sur la planète, le doublement de son secteur tertiaire en sept ans, et enfin des besoins énergétiques édifiants combinés à une attention croissante au développement durable.

2. La France est (très) en retard, l’Allemagne a creusé l’écart.

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Jean-Michel SZCZERBA, directeur général délégué de PLASTIC OMNIUM reçoit le trophée de la Croissance remis par Jean-Pierre DUPRIEU, directeur général adjoint du groupe AIR LIQUIDE

Dans ce remarquable univers d’opportunités, la France accuse un retard inquiétant, notamment par rapport à l’Allemagne, qui exporte quatre à cinq fois plus vers la Chine et y a implanté trois à quatre fois plus d’entreprises (environ 1 500 contre 5 000). Premier facteur d’explication, nous n’étions pas les mieux placés pour équiper le premier atelier du monde. Deuxième facteur, les ETI allemandes sont près de quatre fois plus nombreuses, généralement bien organisées et mieux capitalisées, ce qui leur permet d’investir plus facilement pour s’ancrer en Chine. Enfin, les Allemands font preuve de plus de pragmatisme au niveau collectif et individuel – une qualité qui semble manquer aux Français, du point de vue des instances chinoises.

3. Cependant, la mutation en cours du modèle chinois est une formidable opportunité de rattrapage.

La mutation en cours du modèle chinois est une chance unique pour la France : elle constitue un puissant appel d’air pour nos dizaines de champions mondiaux et notre large palette d’expertises (grande consommation, urbanisation, tertiaire, énergie et développement durable). Il faut tout mettre en œuvre pour éviter que cette nouvelle opportunité ne nous échappe. « Il y a urgence à réaffirmer notre ambition et nous remettre en ordre de bataille, au niveau collectif et individuel. Nous pouvons pour cela nous inspirer du pragmatisme allemand, mais aussi prendre modèle sur la détermination, l’audace, et les stratégies d’alliance des nominés à ces Trophées France Chine » souligne Serge Blanchard, Partner, OC&C Strategy Consultants.

4. Des opportunités d'alliance s’ouvrent aux champions français en mesure de se rapprocher des géants chinois.

Olivier BOISNARD, general manager de Splio, reçoit le trophée de l’Entrepreneuriat par Thierry MARIANI, député des Français de l’étranger. CCIFC

La Chine est déjà une terre de géants : selon le dernier classement Fortune, parmi les 500 premières sociétés du monde, 89 sont chinoises (contre 31 françaises, 29 allemandes, huit brésiliennes, huit indiennes et sept russes). Loin d’y voir une menace, certains de nos champions, parmi les plus forts et les mieux gérés, saisissent là l’opportunité de nouer des méga-alliances pour gagner ensemble en Chine et à l’échelle mondiale. « Ces géants chinois sont bien souvent en quête de partenaires étrangers pour les aider à relever trois défis majeurs : monter en gamme (qualité, productivité), s’inscrire dans une logique de développement durable, et bien sûr s’internationaliser. Compte tenu de la maturité croissante des acteurs, il faut s’attendre à de plus en plus de fusionsacquisitions d’envergure, et à un retour en force des joint-ventures » estime Frédéric FESSART, Associate Partner, OC&C Strategy Consultants.

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Actualités de la Chambre | Trophées 2013 Trophée de la croissance 2013 Spécialiste de la transformation et commercialisation des matières plastiques chiffres clés

Monde

CA 2006 : 2,3 Mds € CA

Croissance annuelle

2006-2012 : +14 % Effectif : > 21 000 Effectif : > 3 800

Chine

2006 : 8 M€ (0,3%) CA 2012 : 4,8 Mds € CA 2012 : 475 M€ (10 %)

Croissance annuelle 2006-2012 : +98 %

Dates clés

2006

Entrée en Chine par la jointventure XieNO avec Xie Tong

2007

Joint-venture YFPO avec Yanfeng-Visteon

Pourquoi la Chine ?

Construire une base industrielle pour accompagner les grands clients internationaux en Chine et préserver son leadership mondial • Pour Plastic Omnium, maintenir sa position de leader mondial passe par la conquête du marché chinois : la Chine est le premier marché automobile en vente et en production (15,5 M d’unités en 2012, +7 %) • L’implantation en Chine est nécessaire pour répondre aux attentes des usines chinoises des producteurs automobiles chinois et internationaux

Quelle trajectoire en Chine ?

Plastic Omnium a connu une croissance impressionnante depuis 2006 devenant leader sur tous ses segments clés • En Chine, le chiffre d’affaires est passé de 8 M€ en 2006 à 475 M€ en 2012, avec une croissance de 27 % en 2012 • Plastic Omnium est devenu le leader du marché des extérieurs automobiles et n°2 du marché des systèmes à carburant Plastic Omnium a déployé une véritable stratégie de croissance à très grande vitesse

2008

Ouverture des sites de production et Pudong (YFPO) et Wuhan (Inergy, détenu à 100 %)

2009

Ouverture du site de production à Shenyang

• Grâce aux joint-ventures établies avec Xie Tong (2006) et Yanfeng-Visteon (2007), Plastic Omnium a réussi une implantation industrielle rapide tout en garantissant un accès au marché chinois • De 2008 à 2012, Plastic Omnium ouvre six nouvelles usines pour monter à treize sites de production • En 2012, Plastic Omnium annonce son intention de doubler ses capacités de production d’ici 2016 avec treize nouvelles usines et un chiffre d’affaires cible de 1 Md € • Le groupe s’est appuyé sur un centre de R&D à Shanghai et souhaite poursuivre avec le doublement de ce centre spécialisé sur les extérieurs automobiles

Une leçon à partager sur la Chine ?

« Avoir des ambitions de leader. Rien n’est impossible en Chine » Jean-Michel SZCERBA (Directeur général délégué) Ne pas sous-investir pour ne pas finir petit suiveur : mettre en place une solide équipe locale, apporter une offre et une technologie des plus innovantes Se fier au dynamisme du marché : une forte croissance combinée à une relative flexibilité des autorités locales

2010

Ouverture du site de production à Chengdu et Guangzhou (YFPO) et Pékin (Inergy)

2012

Joint-Venture avec BAIC pour l’usine de Pékin

2013

Prise de contrôle total de XieNo Ouverture d’un centre de R&D six sites en construction

TROPHÉE DE L’AUDACE 2013 Pourquoi la Chine ?

Groupe de distribution de prêt-à-porter chiffres clés

Monde

CA 2006 : 0,5 Mds € CA CA 2012 : 1,2 Mds € CA

Croissance annuelle 2006-2012 : +16 % Effectif : > 6 400

Chine

2006 : 1 M€ (0,3 %) 2012 : 144 M€ (12 %)

Croissance annuelle 2007-2012 : +116 % Effectif : > 1 900

Dates clés

2004

Création de Beaumanoir Shanghai

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2005

Cinq points de vente CacheCache en Chine

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« Quatre malouins en route vers la Chine, et tout à y gagner » Stéphane TORCK (Directeur Général Beaumanoir Chine) Le groupe Beaumanoir a profité de la dérégulation de 2004 autorisant les investissements en Chine sans joint-venture pour s’implanter en Chine avant les concurrents sur le segment du ”mass fashion” accessible • La Chine constitue le premier déploiement à l’étranger du groupe.

Quelle trajectoire en Chine ?

Une véritable ”success story” pour Beaumanoir en Chine • Aujourd’hui, la Chine est le deuxième plus grand marché du groupe après la France avec des revenus de 144 M€ en 2012 en croissance de 50 % • Le parc chinois de Beaumanoir connaît une croissance exponentielle : cinq points de vente en 2005, 702 en 2012 et environ 900 fin 2013 Beaumanoir a réussi ce tour de force en adaptant son modèle français au marché chinois • De 2005 à 2007, ouverture de 80 succursales CacheCache dans des villes de deuxième rang, offrant des produits à prix compétitif en profitant de l’expertise croisée des deux marchés

2008

100 points de vente en Chine, dont quatorze via partenaires

2009

Ouverture du bureau d’achat à Shanghai • Plus de 200 points de vente CacheCache en Chine

• À partir de 2008, Beaumanoir adapte totalement ses collections au marché chinois (mode, gabarits, prix) • Le groupe connaît également une croissance rapide grâce au recours au modèle de franchise (de 14 franchises en 2008 à 645 franchises fin 2013) permettant aussi de faciliter les relations avec les autorités locales et de profiter de conditions fiscales avantageuses À partir de 2013, nouvelle dynamique • Ouverture de boutiques grand format, dans des zones premium plus concurrentielles, lancement de la marque Bonobo, déploiement d’une plateforme d’e-commerce multimarque et mise en place de relations plus intégrées avec les fabricants

Une leçon à partager sur la Chine ?

« Aller vite : les Chinois ne connaissent pas l’avenir mieux que nous, mais tandis que nous réfléchissons, les Chinois avancent à grands pas » Stéphane TORCK (Directeur général Beaumanoir Chine). • Décentraliser le processus de décision pour coller au besoin de réactivité en Chine • S’appuyer sur des partenaires locaux (franchisés, fournisseurs) : être chinois en Chine • Adapter ses gammes aux besoins locaux (mode, gabarits, prix, etc.)

2011

• Plus de 500 points de vente en Chine • Ouverture d’un centre de logistique à Shanghai

2013

• Plus de 900 points de vente Cache Cache en Chine dont ~2/3 via partenaires • Lancement de l’enseigne Bonobo en Chine


TROPHÉE DE L’ALLIANCE 2013 Pourquoi la Chine ?

Être pionnier sur un marché en plein développement • La Chine représente une porte ouverte pour développer le commerce moderne en Asie • Aujourd’hui, la Chine constitue un contributeur majeur en Asie, représentant plus de 75 % du CA 2012 en Asie

Quelle trajectoire en Chine ?

Carrefour s’est fait une place parmi les leaders de la grande distribution en Chine • Entré sur le marché en 1995, Carrefour opère en 2013 à travers 282 hypermarchés et supermarchés et emploie près de 60 000 personnes • 4e acteur en Chine avec 5 % de part de marché fin 2012 Le développement de Carrefour en Chine s’est fait en plusieurs étapes • De 1995 à 1999, Carrefour initie sa phase d’exploration du marché chinois avec la mise en place de joint-ventures à partir de trois marchés : Shanghai, Pékin et Shenzhen • À partir des années 2000, Carrefour décide de centraliser ses activités afin de réduire ses coûts et de renforcer le contrôle de ses magasins

Dates clés

1994

Première jointventure à Pékin

1995

2000

• Profitant de la loi de 2004 permettant aux entreprises étrangères de posséder à 100 % leurs activités commerciales, Carrefour rachète certaines de ses joint-ventures • Depuis 2007, Carrefour a renforcé son expansion dans les villes secondaires et continue de défricher des villes et régions au Centre & à l’Ouest La réussite de Carrefour provident notamment de la mise en place d’un solide réseau de partenaires • Carrefour s’est constitué un réseau stable grâce à une base de 40 joint-ventures à travers la Chine, dont 23 avec des partenaires locaux, la mise en place de profit sharing avec ses salariés pour partager la création de valeur, le co-développement avec ses fournisseurs locaux pour mettre en place des filières d’approvisionnement direct

Une leçon à partager sur la Chine ?

« Ce n’est pas une course de vitesse mais une épreuve d’endurance » Thierry GARNIER (Président de Carrefour Chine) • Il ne faut pas voir la Chine comme un marché homogène mais comme un ensemble de provinces, et prendre le temps de travailler avec des partenariats locaux pour s’intégrer dans la durée

Le premier hypermarOuverture d’un ché est ouvert par centre de formation Carrefour à Pékin (une à Shanghai première en Chine) Implantation à Shanghai

2002

Ouverture du centre d’achat à Shanghai

2003

Implantation de Dia en Chine (Spin-Off en 2011)

2007

Ouverture du 100e magasin en Chine Lancement du projet des achats directs

N° 2 mondial et N° 1 européen de la grande distribution chiffres clés

Monde

CA 2002 : 69 Mds € CA 2012 : 77 Mds €

Croissance annuelle 2002-2012 : +1 %, + 2,5 % hors effet cession de Dia Effectif : > 365 000 Effectif : > 3 800

Chine

CA 2002 : 0,9 Md € (1 %) CA 2012 : 4,8 Mds € (6 %)

Croissance annuelle 2002-2012 : +18 % Effectif : > 60 000

2011

Ouverture du 200e magasin en Chine

2012

282 magasins en Chine et Taiwan

TROPHÉE DE L’ENTREPRENEURIAT 2013 Pourquoi la Chine ?

Accompagner la demande de grands clients et offrir des évolutions de carrière aux talents • Demande de L’Oréal d’opérer des services d’emailing en Chine • Demande d’un des ingénieurs clés, en charge de Splio Asia depuis 2009, de retourner travailler en Chine

Quelle trajectoire en Chine ?

De 2009 à 2010, les dirigeants étudient le marché chinois et, après une visite à Pékin, décident de lancer le processus de création d’une WOFE. De 2010 à 2012, Splio déploie son offre et remporte des contrats majeurs, avec des groupes français, puis avec des acteurs chinois • Compréhension des règles de la délivrabilité des emails en Chine et développement de relations de confiance avec les emails managers des FAI chinois (Tencent, Sina, Sohu) • À partir de mi-2010, déploiement des plate-formes techniques Splio (email, SMS), plus sophistiquées que l’offre locale donc positionnées milieu/ haut de gamme en prix : « En nous appuyant sur Splio Asia, nous avons amélioré de façon significative les performances de nos campagnes en Chine, grâce notamment à une configuration spécifique de la plate-forme de marketing par courriel EmailForge.

Dates clés

2001

Création de SPLIO

2010

Création d’une WOFE en Chine, après étude du marché chinois Installation du siège à Pékin

Ces bons résultats ont permis à Splio de prendre en charge l’acheminement des messages pour toutes nos marques de luxe, comprenant Lancôme, Biotherm et Giorgio Armani ». P. LEURQUIN, Directeur Digital & CRM L’Oréal China Recrutement en octobre 2011 du DG Chine pour poursuivre le développement de l’offre et du portefeuille de clients chinois et internationaux • Contrats d’e-commerce avec L’Oréal China puis Sergent Major Chine Après le décès du DG Chine en octobre 2012, focalisation sur le cœur d’expertise de Splio (email, SMS, social CRM) • Lancement en 2013 d’une nouvelle plate-forme (Engage) autour du Social CRM • Poursuite des efforts d’éducation du marché chinois sur l’importance des programmes CRM orientés sur la fidélisation (dans un marché encore presque exclusivement focalisé sur l’acquisition de clients)

Une leçon à partager sur la Chine ?

• Se focaliser sur son cœur d’expertise. Le champ d’opportunités est immense en Chine, mais la tentation d’une expansion tous azimuts n’est pas soutenable pour une petite structure • Conserver ses talents, grâce à une culture d’entreprise forte et une gestion RH attentive

2010-2011

Mise en place des plateformes email et SMS en Chine. Premiers contrats (L’Oréal). Ouverture d’une branche à Shanghai, recrutement du DG Chine avec une solide expérience locale

2011-2012

Lancement d’un site e-commerce pour L’Oréal China, puis pour Sergent Major China

Agence de communication digitale, spécialisée en gestion de la relation client chiffres clés

Monde

CA 2002 : 0 M € CA CA 2012 : 8 M € CA Objectif 2017 : 30 M € Effectif : 81 Siège : Versailles

Chine

2002 : 0 M€ 2012 : 0,8 M€ (10%) Objectif 2017 : 4 M € Effectif : 21 Siège Chine : Pékin Bureau à Shanghai

Fin 2012

Décès soudain du DG Chine. Fermeture des activités e-commerce en Chine et, focalisation sur le cœur d’expertise (email, SMS, social CRM)

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Actualités de la Chambre

Le temps de la Chine est disponible : • en France au tarif de 45 euros TTC http://www.ftediteur.com/ • en Chine au tarif de 350 RMB sardou.marion@ccifc.org

À l’occasion de la publication en France du livre Le temps de la Chine, la CCIFC et Félix Torres Éditeurs ont organisé le 20 novembre 2013 avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie de Région Paris-Ile-de-France, une conférence-débat traitant de la Chine du 12e Plan quinquennal et des opportunités à y saisir pour l’économie française.

La conférence de lancement en France du livre de la CCIFC Le temps de la Chine qui s’est tenue à Paris au mois de novembre, était animée par l’historien et anthropologue Félix TORRES et présidée par Jean BESSON, Sénateur de la Drôme et président du groupe d’amitiés franco-chinois du Sénat ainsi que Frédéric VERNHÈS en présence de plusieurs entreprises venues témoigner de leur expérience du marché chinois ainsi que des enjeux de la présence française en Chine devant une centaine d’invités. Une variété de secteurs était représentée, démontrant les nombreuses possibilités encore offertes pour les entreprises françaises par ce pays souvent malmené dans les médias : Bank of China, PENG Wei, Directeur général adjoint Accor, Christian KARAOGLANIAN, Directeur général du développement hôtelier Arte Charpentier, Pierre CLÉMENT, Président LVMH, Bruno-Roland BERNARD, Directeur de la communication SDV, Laurent PILI, Responsable des ventes centrales marchés EstOuest SKEMA Business School, Bernard BELLOC, Conseiller stratégique auprès de la direction Deux heures de présentation et de débat pour un livre d’exception, dont son éditeur Félix TORRES nous fait ici une présentation : « La crise économique qui frappe la planète depuis 2008, le ralentissement de la croissance chinoise après trois décennies d’un essor à deux chiffres suscitent nombre d’interrogations : le « miracle chinois » basé sur les exportations est-il achevé ? Le surinvestissement, les bulles financières et immobilières nées dans son sillage vont-ils exploser ? Des interrogations souvent réductrices qui « impactent » la présence des entreprises françaises en Chine. Et l’installation de celles qui n’y sont pas encore : à quoi bon aller en Chine, un pays qui représenterait une menace pour nos industries ? Et n’estil pas déjà trop tard ?

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Thierry Foulon

Conférence de lancement du livre Le temps de la Chine à Paris le 20 novembre

Le temps de la Chine, dissipe à ce sujet nombre d’idées reçues. Combinant analyses d’experts chinois et français, portraits sectoriels, régionaux et d’entreprises de toutes sortes, reportages, rencontres et entretiens aux quatre coins d’un continent, informations pratiques, il montre la nécessité renouvelée de travailler avec la Chine. Parce qu’il n’y a pas « une » Chine, celle de Pékin, Shanghai, Canton ou Chengdu, mais un pays immense et divers – trois fois l’Europe, comme le remarquait déjà un certain Adam Smith dans La richesse des nations ! –, qui connaît un processus d’urbanisation dont on ne saisit pas assez l’ampleur. La Chine comptera un milliard d’urbains en 2030, ce qui signifie qu’un habitant du globe sur huit vivra, travaillera et consommera dans une ville chinoise moderne ! D’où, pour les entreprises françaises, grandes ou petites, de tous les secteurs, partout des opportunités. Tout d’abord le « produit ville », avec la poursuite de la marée urbaine et de tous ses besoins adjacents. Mais aussi la nouvelle frontière régionale, au-delà des provinces littorales du décollage chinois, qu’il ne faudrait pas résumer à la Chine du centre-Ouest (Chengdu et le Sichuan, Chongqing) et du « grand Ouest » (Xinjiang), c’est aussi celle du Nord-Est en pleine reconversion et de la quinzaine de provinces du cœur traditionnel du pays. Au-delà, les besoins et les attentes des Chinois en matière de consommation sont immenses, d’où l’importance de l’agriculture, de l’alimentation et de la sécurité alimentaire. Mais aussi des enseignes de distribution, des services, du luxe au sens large du terme. Car un nouveau consommateur chinois est en train d’apparaître, plus informé, plus exigeant, aux motivations plus complexes et plus pointues. Il convient de penser globalement le défi global que représente la Chine. La question n’est plus : “Être ou ne pas être en Chine” (voire “contre la Chine” !), mais désormais de croître avec la Chine, en Chine, en Europe et en France. » Félix T o r r e s



Actualités Business Services

DR

Rencontre avec Fabrice RAINA

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ? So Love est une société axée sur la création d'événements culturels sur mesure, gérée par Sophie AUTRAN-VINOTTI créatrice d’événements depuis plus de quinze ans tant dans le secteur privé que public. Grâce à ses réseaux professionnels et son expertise, So Love accompagne ses clients tout au long des projets. Le défi de notre société est de créer des manifestations culturelles uniques en apportant un conseil artistique ou créatif adapté. So Love diffuse des artistes, organise des concerts et spectacles (Bruel, Paradis, IAM, De Palmas, Leroy …), des animations culturelles, tout comme elle aide ses clients à innover en étant force de propositions. Revisiter les codes traditionnels du marché de Noël en proposant une décoration atypique sur une place de 4 000 m2, réussir le pari de réunir chaque année des milliers de personnes à un concert Live pied dans la neige à 1 800 m d’altitude … autant de challenges qui nous sont confiés tant en France qu’en Chine. Quelles sont vos activités et ambitions vis-à-vis du marché chinois ? C’est avant tout la passion pour ce pays continent s’intéressant à « l’art de vivre à la française » qui nous a naturellement conduit en Chine. Dans un même temps, nous sommes persuadés que la France est désormais prête à recevoir culturellement de la Chine. « Une route de la soie culturelle » a été tissée et ne manque plus qu’à se développer. Pour l'heure, notre seule ambition est d'apprendre et comprendre le fonctionnement de la Chine, puis de répondre à certaines attentes du marché culturel chinois dans un sens aller et retour. Le SAE (service d’appui aux entreprises) avait organisé à votre demande une mission de rendez-vous en novembre 2012, qu’estce que cette mission a pu vous apporter, comment aviez-vous eu connaissance de la CCIFC ? En me renseignant et étudiant de près le tissu français installé en Chine via Internet, il m’est très vite apparu que la CCIFC était, par sa présence historique et sa vocation, l’organisme référent pour rencontrer les acteurs et décideurs que je cherchais dans notre domaine. Être accompagné, m’a permis de me sentir professionnellement et humainement moins seul, de comprendre plus vite… d’aller à l’essentiel, tout en restant conscient du temps nécessaire à passer pour voir naître des projets dans un pays aussi impressionnant et singulier que la Chine. Le SAE m’a permis de multiplier les rencontres et d’avoir directement accès à des interlocuteurs privilégiés que je n’aurais

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Responsable du développement à l’international de So Love. Cursus professionnel artistique en parallèle d’une formation de cadre technique, Fabrice RAINA œuvre depuis quinze ans pour l'univers du spectacle vivant (théâtre, musique, danse, art de rue…) de « l’autre côté du décor ». jamais pu rencontrer aussi vite. Enfin j’ai été très sensible à la qualité des relations humaines de celles et ceux qui m’ont guidé. Interprètes, assistantes de direction, business manager, directeurs et directrices, chinois et français… tous ont convergé vers l’idée de réussite de la mission. Les galas de la CCIFC en 2013 vous doivent beaucoup ! Pouvezvous nous présenter votre rôle sur ces deux événements et les artistes qui sont venus à la rencontre de nos invités ? Quelle que soit l’ampleur d’un succès, qu’il s’agisse de succès professionnel ou d’ordre privé… il y a toujours des personnes autour. Concernant le gala CCIFC de Shanghai en mai dernier ou celui de Pékin en novembre, c’est avant tout parce que nous avons travaillé en équipe que les soirées ont été couronnées de succès. Savoir associer au mieux les compétences, tout en travaillant de concert dans un rapport de confiance qui n’empêche pas le débat, est souvent le secret pour atteindre ses objectifs. Les soirées auraient-elles été les mêmes sans la magie des lieux de réception choisis, la qualité et le soin de la décoration, la composition des menus, les choix de configuration scénique et technique ? Assurément pas. Les équipes de la CCIFC ont œuvré dans tous ces domaines. À So Love, nous avons fait en sorte de proposer les artistes qui nous paraissaient les plus appropriés en fonction du cadre défini par les directrices respectives des soirées de gala. Nous avons été force de propositions tant en matière de préparation que de suivi et saluons la confiance qui nous a été faite pour les choix de Christophe WILLEM au Gala de Shanghai et celui des Pockemon Crew au gala de Pékin. Nous savions que les tubes et la voix particulière de Christophe WILLEM, à plus forte raison mis en avant avec le registre piano / voix, allaient apporter une incontestable valeur ajoutée à l’intervention artistique du gala de Shanghai. Le choix des Pockemon Crew à Pékin a été fait en suivant ce même critère d’excellence au travers d’une discipline artistique différente qui respecte à la fois le protocole et le modernise. D’où l’idée de la danse Hip Hop / Breakdance fusionnée au Charleston des années 1930, le tout dansé par une compagnie française distinguée au plus haut niveau international. Site Internet : www.solove-concept.fr Courriel : solove.contact@gmail.com Port : +33 (0)6 87 84 72 13 et +33 (0)6 19 93 55 45 Propos recueillis par M a r io n s a r d ou


DR

Programmation 2014 Vars en Scène

Sophie Vinotti

Pour 2014, la Chambre vous propose de vous faire découvrir trois secteurs qui ont le vent en poupe et sur lesquels les entreprises françaises ont tous les atouts pour gagner des parts de marché.

Nuits du Château Sollies Pont

China Cities of the Future 明日之城 未来市场 2014 Tour

Villes d’avenir 2014 Le programme Villes d’avenir se poursuit en 2014. La Chambre de commerce conduira la délégation dans trois nouvelles étapes au cours de l’année. Nous viserons à nouveau des villes à fort potentiel comme Nanning (Guangxi) et Harbin (Heilongjiang). Pour cette 5e année de tournée, la Chambre effectuera un retour sur l’une des villes déjà visités lors de la première édition de Villes d’avenir en 2010 : Chongqing. Nous apporterons quelques innovations en plus sur le programme tels qu’un volet dédié aux investisseurs chinois avec l’organisation de tables rondes avec des prestataires de services membre de la

CCIFC sur le droit, la fiscalité… Longtemps plébiscité par les participants, le programme tentera également une approche au niveau provincial sur le Heilongjiang.

Mission e-business : programme permettant de développer ses ventes en lignes en Chine, en propre ou via des plateformes telles que Tmall ou Jingdong, les leaders de la vente en ligne en Chine. Mission agricole – Focus élevage : mission en marge du China Animal Husbandry Exhibition qui se déroulera à Qingdao. Au programme, visite de ferme chinoise, table ronde sur les pratiques françaises et chinoises et rencontres BtoB. Mission silver economy : programme de rencontre avec des professionnels du secteur afin de mieux comprendre les opportunités du marche et rencontre BtoB.

Les dates de Ville d'avenir : Nanning : 10 – 11 avril Heilongjiang (Harbin) : 9 – 10 juin Chongqing : 23 – 24 octobre

Dates : 24 – 26 mars 2014 : Mission e-business 21 – 23 mai 2014 : Mission agricole 8 – 10 décembre 2014 : Mission silver economy

Contact : Guillaume Bonadei Business Development Director Bonadei.guillaume@ccifc.org 86 (10) 6461 0260 ext. 12

Contact : Evan Martin-Brocard Business Developer martin-brocard.evan@ccifc.org 86 (10) 6461 0260 ext. 22

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Actualités des Antennes

北 京

Beijing Catalogue de formation 2014 Conférence investir dans l'immobilier en France Nous sommes ravis d’annon- le 29 octobre cer la sortie du catalogue 2014 de formations à Pékin. Plus de 50 formations (en ressources humaines, informatique, management, langue, interculturel etc.) sont programmées pour développer les compétences de vos équipes et la performance de votre entreprise. Disponible en ligne et en version papier à la CCIFC.

Hugues MARTIN et Vincent LEROY, partenaires et associés de la société Expatrimo, se sont déplacés à Pékin pour présenter des solutions à destination des expatriés pour investir dans l’immobilier en France. Plus de 30 personnes étaient présentes et ont pu poser de nombreuses questions pour identifier la solution la plus adaptée à leurs besoins.

Contact : HUANG Hailing huang.hailing@ccifc.org 86(10) 6461 0260 Ext 40.

Dîner Club R&D le 11 décembre

Ladies afterwork le 31 octobre

La dernière réunion de l’année du Club R&D a débuté par les trois présentations de représentants d’EDF (Fabien NILSSON), et de China Materialia (Patrick BERBON) autour du thème de l’open innovation. Elle s'est poursuivie par un dîner en présence des intervenants, de responsables R&D et du Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France, et notamment Xavier BAILLARD et Norbert PALUCH.

CCIFC

Françaises, Belges, Néerlandaises, Britanniques, Danoises, Allemandes et Suisses se sont réunies lors de notre Ladies afterwork spécial Halloween au Scarlett Bar pour développer leur réseau en passant un agréable moment ensemble !

Cocktail de Noël le 17 décembre Nous avons eu le plaisir de célébrer la fin de l’année avec nos membres au restaurant Maxim’s de Paris à Solana.

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Petits fours, vin français et cadeaux ont été distribués à tous nos invités dans une ambiance chaleureuse et conviviale.


DR

Bienvenue à Penny et bonne continuation à Jane ! Penny PAN est votre nouveau contact pour l’adhésion et la domiciliation. Elle remplace Jane ZHANG que nous sommes ravis d’avoir eu à nos côtés pendant cinq ans à la CCIFC. Nous avons actuellement deux bureaux disponibles dans notre business center au Lufthansa Center, n’hésitez pas à la contacter. Contact : Penny PAN | pan.hui@ccifc.org | 86 (10) 6461 0260 Ext 11

La CCIFC fait son cinéma lors de son gala annuel à Pékin le 23 novembre Plus de 600 personnes se sont réunies pour le gala de Pékin, le 23 novembre au Sofitel Wanda Beijing. La soirée était placée sous le thème du cinéma des années 1930 avec le spectacle époustouflant Silence on tourne ! de la compagnie de danse Pockemon Crew. Les entreprises françaises ont été mises à l’honneur avec la cérémonie des « Trophées des entreprises françaises en Chine », pendant laquelle Splio et Carrefour se sont vus remettre les prix Entrepreunariat et Alliance. Dans une ambiance festive, les invités ont pu apprécier un délicieux repas et gagner de nombreux cadeaux lors de la tombola. Nous remercions chaleureusement nos sponsors et partenaires, sans qui cette soirée n’aurait pu être un succès. PLATINUM

GOLD

SILVER

BRONZE

CCIFC

PARTNERS

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Actualités des Antennes

上 海

SHANGHAI

Devenez sponsors du gala de la CCIFC en 2014 ! Le 10 mai

CCIFC

Le gala de la CCIFC à Shanghai c’est l’événement haut de gamme incontournable de la communauté d’affaires française. En présence d’officiels et de grandes personnalités françaises et chinoises, de médias, et de plus de 800 membres actifs du monde des affaires français et chinois, le gala se présente comme la vitrine de nos membres ! Exposition, défilés de mode, cocktails, concerts, ne manquez pas cette occasion exceptionnelle de mettre en scène et de faire connaître vos savoir-faire !

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En 2013, le célèbre chanteur français Christophe WILLEM avait interprété ses plus grands succès à nos invités.


CCIFC CCIFC

CCIFC

À venir en 2014… Déjeuner Réseaux Chine

CCIFC

Déjeuner regroupant plus d’une centaine de CEO de grands groupes français et chinois ( juin 2014).

14 juillet 2014

CCIFC

Fête nationale française en présence du Consul général de France à Shanghai et des élus de la CCIFC. (500 personnes).

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Actualités des Antennes

Santé !

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DON SENO DON SENO

La CCIFC à Canton, en partenariat avec le Consulat Général de France à Canton, a célébré l'arrivée du Beaujolais Nouveau au Sofitel Guangzhou Sunrich. Le nouvel élixir rouge, servi par MOQ, a réuni dans une ambiance conviviale et gastronomique plus de 600 invités. Lors de ce rendez-vous incontournable de la Chine du Sud, un test de dégustation en aveugle a été réalisé entre une équipe chinoise et française. Vins blanc, rouge, rosé, armagnac et cognac ont été sélectionnés par Georges Duboeuf pour ce jeu, et c’est l’équipe chinoise qui est sortie triomphante de la compétition, face à une équipe française néanmoins ravie d’avoir pu déguster ces vins. Rillettes de porc, purée de pommes de terre, soupe à l’oignon gratinée, blanquette de veau et les restaurants Jardin d'Olive, Maison Délice, Paris Jie et Pizza2Pizza se sont surpassés et ont servi leurs meilleures spécialités aux invités présents dans le souci de promouvoir la cuisine française. L'événement Beaujolais Nouveau c’est aussi un lieu d’échanges professionnels pour les entreprises désirant diversifier et étendre leurs activités d’affaires. De nombreuses enseignes, internationales et TPE ont ainsi pu profiter de cette délicieuse soirée pour présenter leurs produits et échanger avec leurs clients et potentiels partenaires autour d’une quarantaine de tables. Les plus chanceux de la soirée ont remporté au cours de la tombola de nombreux présents offerts par nos généreux sponsors : Air France, China Hotel, A Marriot Hotel, Garden Hotel, Pullman et le restaurant Saint Tropez. Cet événement exceptionnel a pu se tenir grâce au soutien de tous les partenaires de la CCIFC : Sofitel, Wine Magazine, Comex Holdings-ITEC, GAC sofinco, SDV, Air France, CYTS, Dr Lu, Easybox, MBA EM Lyon-Sun Yat Sen University, Mercator, P'Art Sino-Français et Sogal.

DON SENO

Le Beaujolais Nouveau 2013 est arrivé ! le 21 novembre

DON SENO

中 国 南 部

canton


CCIFC

Dîner de Noël Inter-Chambre 2013 le 10 décembre

Interwine : la prestigieuse vitrine des vins et spiritueux en Chine du Sud du 28 à 30 novembre

Les Chambres française, britannique et allemande ont organisé sous la neige de l’hôtel Westin Guangzhou le plus magique des événements de l’année : le Dîner de Noël InterChambre 2013 ! Une chorale composée des petits anges de la British School ont entonné des chants pendant que les 400 invités savouraient un merveilleux buffet de Noël accompagné d’un verre de vin servi par Kai-Kam, d'une pinte de bière par Hofbräuhaus München et des cocktails de Finsta et Happy Monk. Les cadeaux de Noël étaient bien sûr nombreux, offerts par nos partenaires Women’s Elizabeth Hospital, China Hotel, A Marriott Hotel, Letian World, Sofitel Guangzhou Sunrich, Langham Place Guangzhou, Sheraton Guangzhou Hotel, Hilton Tianhe, Bene International, Citic Prudential, Artist 64, Garden Hotel, Dr. Lu International, Hilton Baiyun, DoubleTree by Hilton Guangzhou, Meiying Commerce & Travel Service, Guangzhou Baoze Auto, China Unicom et Soluxe Hotel Guangzhou. Petits et grands se sont régalés avec les friandises distribuées par Trolli, les délicieuses crèmes glacées de Maison Délice et les douceurs des boulangeries Backstube et Baeckerei Thomas sous la musique entraînante du live-band « Mario and the Perftectones » basé à Hong Kong et du DJ Costef. Nous remercions nos loyaux partenaires : Wragge&Co et ChinaHR et nos dévoués partenaires média.

SENNHEISER

SENNHEISER

La dernière session du salon international Interwine s’est tenue à Canton, au complexe China Import & Export Fair du jeudi 28 au samedi 30 novembre dernier. Pour la 3e année consécutive, la CCIFC a mis en place sur le salon son Pavillon France afin d’accompagner et d’aider les exposants dans leurs démarches et approches du marché des vins et spiritueux en Chine du sud. Grâce à son équipe spécialisée, la CCIFC Chine du sud permet aux entreprises présentes sous le Pavillon France de bénéficier de tarifs préférentiels, d’un design spécifique pour une visibilité accrue et du support de la CCIFC. Le salon Interwine s’impose comme une prestigieuse vitrine pour les vins et spiritueux étrangers, réunissant plus de 27 000 visiteurs et 530 exposants lors de cette session de novembre. Participer à cet événement permet de confirmer sa présence sur le marché, de développer de façon importante son portefeuille clients et de renforcer sa visibilité en Chine du sud en rencontrant tout profil relatif au secteur des vins et spiritueux. Contact : Emeline HESPEL hespel.emeline@ccifc.org 86 (20) 81865799

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Actualités des Antennes

Séminaire sur les nouvelles réglementations en matière d'immigration le 21 novembre Le jeudi 21 novembre 2013 à l’hôtel Novotel Shenzhen Watergate, nous avons réuni 150 personnes pour le séminaire « New immigration regulations -Entry and Exit Management Regulations 2013 ».

Soirée du Beaujolais Nouveau 2013 à Shenzhen le 23 novembre Cette année encore, la soirée du Beaujolais Nouveau de la CCIFC Shenzhen organisée à l’hôtel Crowne Plaza Hotel & Suites Landmark Shenzhen, en présence de M. le Consul Général de France à Canton, a remporté un vif succès. Lors des discours, un hommage fut rendu à notre ami, Joël PUJOL, ancien vice-président de la CCIFC à Canton, décédé prématurément en septembre dernier. Puis, Isabelle CARLIER, directrice du Bureau de Shenzhen, annonça son retour définitif en France. Près de 450 Français et Chinois se sont réunis autour d’un buffet français accompagné de Beaujolais Nouveau 2013 Cuvée spéciale Paul Bocuse, suivi d’un Blind Test de vins et aliments du terroir, d’une tombola, puis enfin d'un bal. Cette soirée du Beaujolais Nouveau a pu être organisée grâce à nos partenaires du Consulat Général de France à Canton, de la société MOQ avec le domaine Georges Duboeuf, le Crowne Plaza, et Colorful Media pour l’animation son et lumière et la photographie. Nous remercions, également, notre sponsor platinium DS pour son soutien et sa générosité; mais aussi EDF, Sanofi-Pasteur, Carrefour, SDV, Eurocave, Œttinger, Maison Délice, Abatilles, Palme d’or, Sofitel, Easy box et Montrichard.

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CCIFC

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Actualités des Membres

Cérémonie de signature de Ceva Hengtong Le 14 novembre 2013, Ceva Santé Animale, le gouvernement populaire du District de Dongpo, la ville de Meishan, la province de Sichuan et le Groupe Hengtong de Sichuan ont officiellement signé un accord portant sur un projet d’usine de fabrication de produits pharmaceutiques en santé animale Ceva-Hengtong. Les deux parties établiront une joint-venture dans la ville de Meishan. Ceva-Hengtong fournira des gammes complètes de produits et services pharmaceutiques afin de renforcer la fabrication de produits chinois aviaires et porcins. « Hengtong et Ceva sont tous deux experts dans le domaine de la santé animale. La santé animale est très importante pour la Chine. En conséquence, nous avons une lourde responsabilité et nous savons que les médicaments et vaccins, qui font l’objet de notre recherche et développement, ont un gros impact sur la santé et l’avenir de l’être humain. Nous nous devons de fournir une quantité suffisante d’aliments qui répondent aux exigences de qualité et de protéger l’être humain des zoonoses », a déclaré M. Marc PRIKAZSKY, PDG de Ceva Santé Animale, lors de son discours.

BIGNON LEBRAY aux côtés du géant ChangYu en territoire cognaçais BIGNON LEBRAY accompagne le géant chinois des vins et spiritueux ChangYu dans l’acquisition de la maison de négoce

cognaçaise Roullet – Fransac. La société Yantai ChangYu Pioneer Wine Company Ltd. cotée en bourse, 1er groupe de vins et spiritueux en Chine et 10e groupe mondial, a réalisé le 16 octobre sa première acquisition en France. Elle devient propriétaire de l’intégralité des actions et de tous les biens immobiliers de la Maison Roullet – Fransac ; maison de négoce prestigieuse depuis 1838, spécialisée dans la vente de cognac et de pineau. Créée en 1892, ChangYu s’adjuge ainsi un périmètre de près de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, une clientèle prestigieuse (dont le Fouquet’s Bar et le Café de Paris), un emplacement idéal (le bâtiment côtoie celui de la Maison Henessy et du Musée du cognac à Cognac) et une renommée bien établie dans la région. Cette acquisition permet au groupe chinois d’étoffer la gamme des cognacs qu’il commercialise, en particulier à destination du marché chinois, 1er marché mondial du cognac en terme de valeur. BIGNON LEBRAY (Jacques Goyet, avocat associé responsable du Département Fusions Acquisitions, Rémi de Gaulle, avocat associé responsable du bureau de Shanghai et XiaoLin Fu-Bourgne, avocat Of Counsel responsable du desk Chine à Paris) est intervenu comme conseil juridique de ChangYu.

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La charcuterie française aux portes de la Chine ! Le 05 Décembre 2013 à Pékin, la France et la Chine ont signé deux protocoles sanitaires pour l’export de charcuteries françaises, sèche et cuite ( jusqu’à présent, la France ne pouvait exporter que de la viande fraiche de porc). Ces deux documents qui informent des conditions sanitaires pour exporter vers la Chine sont un préalable. La France sera tout à fait autorisée à exporter vers la Chine ses produits de charcuteries seulement après inspection des autorités chinoises en France. Une délégation d’inspecteurs est d’ailleurs attendue début janvier 2014 , afin d’agréer une dizaine d’établissements français. Cette signature intervient alors que la France et la Chine s’apprêtent à fêter le 50e anniversaire de l’amitié franco-chinoise en 2014, année pendant laquelle de nombreux événements franco-chinois sont en préparation. INAPORC et ses fédérations, en lien avec l’ambassade de France à Pékin, travaille sur ce dossier depuis 2007. Nous espérons à terme exporter quelques dizaines de milliers de tonnes vers la Chine, notamment du jambon cuit, des saucissons et jambons secs. Les premières exportations de charcuterie pourraient intervenir cet été !


Abacare vous offre une présence permanente en Chine du sud ! Fondée par Patrick-Marie HERBET (Conseiller du commerce extérieur de la France en Chine) arrivé en Chine en 1982, Abacare est spécialisé dans le courtage d’assurance en Asie. Avec des bureaux à Pékin, Shanghai et Hong Kong, nous assurons une présence active à nos clients avec nos 80 conseillers de 16 nationalités différentes. Abacare offre assurances et conseils aux entreprises internationales, aux PME et aux expatriés pour la Grande Chine et dans toute l’Asie. Thibaud SARRAZIN-BOESPFLUG*, résident en Chine depuis cinq ans s’occupe désormais de la représentation permanente d’Abacare en Chine du sud. Abacare est membre de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine depuis 2003. * T h i b a u d   S A RR A Z IN BOESPFLUG est également membre du Conseil d’administration de l’Union des français de l’étranger, Président de l’UFE Shenzhen et Président des diplômés d’HEC en Chine du sud. Vous pouvez le contacter : +86 186 8876 1280 | thibaud. sarrazin@abacare.com

L ' A r d i d e n   3 C/ W Z 1 6, nouveau moteur de Turbomeca/AVIC, a effectué sa première rotation au banc d'essai Conformément au planning, la première rotation du moteur d'hélicoptère Ardiden 3C, connu sous le nom de WZ16 en Chine et développé conjointement à parts égales par Turbomeca (Safran) et AVIC Engine, a été réalisée avec succès sur le site de Turbomeca à Bordes (France). Ce jalon significatif confirme le bon comportement aéromécanique et les performances de ce moteur de nouvelle génération et permet d'engager les phases d'essais et de certification du programme de développement. Ce moteur Ardiden 3C/ WZ16, mis au point conjointement par Turbomeca et AVIC Engine, répondra pleinement aux attentes du marché dans le segment en expansion des hélicoptères de six à huit tonnes. La conception modulaire et le FADEC double canal en font un moteur très fiable et facile à exploiter avec une faible consommation de carburant. Ce programme 3C/WZ16 est le fruit d'une étroite coopération continue de 30 années entre Turbomeca (Safran) et AVIC. Grâce à ce partenariat, les opérateurs et hélicoptéristes bénéficieront du savoir-faire et de l'expérience de deux acteurs-clés intervenant dans le domaine de la propulsion aéronautique.

Ouverture du nouveau concept store Wine Connexion by La Marina à Canton ! Le vin, le pain, le fromage et la charcuterie sont des produits qui se complètent mutuellement. Cette complicité naturelle donne l’occasion de découvrir des accords subtils et des harmonies ineffables. Wine Connexion est un concept unique qui vous permet d’apprécier des variétés de fromages, de charcuterie et de nombreux vins du monde. Ces spécialités sont prêtes à déguster sur place, à emporter ou bien en livraison à domicile : le choix est à vous. Une autre adresse pour les amateurs de gourmets grâce l’ouverture de notre nouvel établissement en février 2014 ! Wine Connexion vous propose de savourer ses spécialités dans un nouveau cadre toujours au cœur de la ville ; laissez-vous tenter et préparez votre commande dès maintenant ! Adresse : Xing Sheng Hui G21 - 11-17 Xing Sheng Road, Liede, Zhujiang New Town, Canton, Guangdong, PRC. Website : www.lamarina. com.cn Toute l’équipe de Wine Connexion vous attend avec impatiente dès le nouvel an chinois et vous souhaite de bonnes fêtes françaises et chinoises !

Gide conseille Renault pour son implantation en Chine Gide a conseillé Renault, l'un des derniers grands constructeurs automobiles à ne pas être présent en Chine, dans le cadre de l’établissement d'une joint-venture avec Dongfeng Motor Corporation (Dongfeng), deuxième constructeur automobile chinois. La structure sera basée à Wuhan, dans la province du Hebei, où se trouve le siège social de Dongfeng. Renault y investira 11 milliards de RMB (1,8 milliard USD). La production devrait débuter en 2014 et s'élèvera à un volume annuel initial de 150 000 unités. Gide a conseillé Renault dans toutes les phases de la constitution de la joint-venture, depuis le transfert à Dongfeng des actions de Sanjiang, partenaire d'une ancienne joint-venture avec Renault, jusqu’à la négociation de l’investissement et la signature de la documentation contractuelle relative au projet. L'équipe juridique de Renault était coordonnée par Concepcion PIRES-DE-PAZ. L'équipe Gide était dirigée par les associés Stéphane VERNAY et Thomas URLACHER, basés respectivement à Paris et à Pékin, et composée des collaborateurs Pierre WIEHN, Christine MILES, SUN Lei et WANG Kai.

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Renaud de Spens

Décryptage | Une des médias

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our ceux qui ont manqué l’épisode précédent : en novembre 2013 s’est tenu le 3e plénum du 18e congrès du Comité Central du Parti Communiste Chinois. Depuis 1978, les 3e plénums de chaque congrès sont particulièrement attendus par les observateurs. Dans le régime actuel, le troisième plénum d’un nouveau congrès, qui a lieu un an après le premier plénum qui a élu la nouvelle équipe dirigeante (ce qui montre bien la lenteur de la vie politique chinoise comparée à celle des pays occidentaux), divulgue enfin les grandes lignes du cap politique attendu pour les dix ans à venir - une sorte de “discours sur l’état de l’Union” très développé ; le document final publié avoisine cette année les 20 000 caractères en chinois. Alors que les media anglo-saxons ont dans leur majorité accueilli les déclarations issues du 3e plénum de 2013 avec scepticisme Bloomberg n’hésitant par exemple pas à employer le mot “flop” - et que la bourse de Hong Kong a également montré sa déception par un repli des valeurs boursières, les media français ont généralement fait exception. On ne tirera pas sur les ambulances des “experts” jamais entendus auparavant et qui ont tenu à nous faire partager leur sentiment qu’une “révolution” avait lieu dans cet Orient lointain, mais il est plus frappant de constater

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« Sur le plan macroéconomique, le discours met l’accent sur le rééquilibrage du marché en faveur du secteur privé. C’est presque exactement ce qui se dégageait déjà du 3e plénum de 2003… »

que ce même terme a été utilisé dans les titres du Monde. Pour se forger une opinion éclairée sur le sujet, entrons un peu dans les détails, et lisons avec attention ce qu’écrivent les éditorialistes chinois les mieux informés… Soft power Premier constat, sur la forme, on note un réel progrès par rapport à la mandature précédente : les journalistes étrangers ont été choyés, les conférences de presse grandioses, la communication fluide et maîtrisée. Le ton avait été donné dès le premier plénum, quand XI Jinping s’était avancé vers le micro d’une manière détendue et assumée dont son prédécesseur était incapable. Ce nouveau style s’est confirmé tout au long de l’année : les nouvelles affiches de propagande posées dans les villes depuis juillet sont des chefs d’œuvres de graphisme et de subtilité qui tranchent avec les compositions habituelles et ternes de l’ère post-maoïste. Bref, il faut s’y faire, le régime, après avoir employé pour la première fois le terme en octobre 2007, et commencer à y travailler concrètement en mars 2008, maîtrise à présent ce que Joseph NYE et les Étasuniens ont appelé la “puissance douce” : il sait désormais utiliser les moyens modernes de la communication globalisée comme force de persuasion.


Plénum et boules de gomme

Deuxième constat, les grands points saillants qui ont été mis en avant ont été préparés sous la mandature précédente et n’ont donc rien d’une révolution. Les réformes sociétales comme le passage d’une politique de l’enfant unique à un planning familial autorisant deux enfants ont commencé à être mises en œuvre il y a plusieurs années, afin de s’adapter au vieillissement de la population chinoise et répondre aux cris d’alarmes des experts qui constatent par exemple depuis 2007 la baisse des effectifs des candidats au baccalauréat. Près de 40 % de la population était déjà autorisée, selon diverses exceptions légales, a avoir un deuxième enfant. L’impact sera donc sans doute modéré, d’autant qu’un sondage d’opinion récent montre que seuls 48 % des Chinois âgés de 20 à 30 ans souhaite absolument avoir deux enfants. Le démantèlement du système des camps de rééducation par le travail, quant à lui, intervient dans un double contexte. D’abord ces institutions de détention policière, non seulement impopulaires, devenaient aussi très improductifs, coûteux et gangrenés par la corruption. Ensuite, les nombreuses arrestations et purges de 2013 montrent que la direction du Parti n’est pas encore prête à l’indépendance de la justice et à la libéralisation de la vie publique. On a

donc l’impression d’une mesure surtout cosmétique, et on a donc peine à voir la promesse de la disparition de ce para-carcéral (et pour mettre quoi à la place ?) comme une avancée spectaculaire de l’État de droit - en tout cas moins que la réforme de la peine de mort en 2007. Quant à la réforme du permis de résidence (hukou), elle est promise et à l’ordre du jour parlementaire depuis plus de dix ans ; on attendra donc avant d’en prendre acte. Sur le plan macro-économique, le discours met l’accent sur le rééquilibrage du marché en faveur du secteur privé. C’est presque exactement ce qui se dégageait déjà du 3e plénum de 2003… Il est d’ailleurs amusant de constater que les éditorialistes chinois, dans des formulations alambiquées typiques des régimes de censure, font des commentaires très critiques de la situation d’il y a dix ans, qui semblent s’appliquer à la situation actuelle (“le 3e plénum de 2003 avait été très décevant” - on trouve cette remarque étonnante dans de nombreux media chinois qui évidemment disaient le contraire en 2003). Alors certes, la proposition du 3e plénum de 2013 de faire passer la taxe des entreprises publiques de 20 à 30 % du chiffre d’affaire à l’horizon 2020 est par exemple une réforme substantielle, qui, si elle est effectivement appliquée, jouera sans doute un rôle pour affaiblir quelque peu la part des grands conglomérats d’État dans l’économie chinoise. Mais on trouvait des mesures ayant la même inspiration en 2003, et qui d’ailleurs avait déjà été préparées sous la mandature précédent celle de HU Jintao et WEN Jiabao. La libéralisation économique de la presse, pour ne citer qu’un exemple mis en oeuvre dès 2004, avait sans doute un caractère plus “révolutionnaire”. « ÉQUILIBRE RÉDUIT » Plus novatrice est la création d’une “Commission de la Sureté de l’État” (国安 委), qui paraît si importante à l’hebdomadaire Kan Tianxia qu’il en a fait une “une” et un dossier complet. Elle consacre un pouvoir accru de la nouvelle équipe, notamment sur l’armée et la sécurité - mais d’autres créations institutionnelles témoignent aussi d’une volonté de contrôler plus directement l’économie et la finance. De nombreux analystes occidentaux s’en réjouissent, car ils souscrivent à la théorie selon laquelle la mandature de HU et WEN n’a pas pu aller assez loin dans les réformes parce qu’elle aurait gouverné par “consensus”

et n’aurait pas eu assez de pouvoir. C’est toutefois une opinion discutable, et l’histoire institutionnelle du régime communiste est riche en rebondissements - on pense par exemple à l’histoire de l’influence de la fameuse “Commission du Développement et de la Réforme” (发改委), réduite à un rôle décoratif au début de la mandature HU-WEN, et qui est revenue en force dans le jeu politique en septembre 2009 quand le gouvernement chinois a résolument pris un tournant plus conservateur. La valse des “commissions” est une sorte de “système des dépouilles” bien rodé, qui permet de renouveler une partie du personnel politique chinois ; les éditorialistes chinois y sont tellement habitués que leurs analyses sur les nouvelles commissions sont toujours précédées d’un historique institutionnel. Ce manque de caractère révolutionnaire du 3e plénum de 2013, dont témoigne encore l’analyse sémantique (le mot “marché” apparaît 82 fois dans le document final, mais le mot “Parti” le suit de près à 76 fois, la “démocratie” se traîne à 34 occurrences, “l’État de droit” à 17, et le concept gagnant est le terrible “système” à 183), s’il peut être décevant, n’est certes pas forcément un “flop”. De nombreux analystes soulignent avec raison que le plus important est de scruter les mesures d’application, et que celles-ci prendront quelque temps avant de se mettre en place. La posture crypto-défiante de la presse chinoise est d’ailleurs peut-être plus représentative de l’affirmation discrète mais croissante de son rôle de contre-pouvoir que d’une réelle inquiétude à avoir sur la capacité du régime chinois à se réformer (on admire l’introduction impertinente du magazine Caixin à un entretien avec le viceprésident de la Banque Centrale de Chine - “Alors que l’optimisme pour des réformes financières a baissé pour certains…”). Cependant, l’éditorial de ZHAO Yi dans le Nanfeng Chuang (subrepticement intitulé “L’ère des grandes réformes”) pose bien les dangers de l’approche politique actuelle : face aux changements sociaux et aux nouvelles exigences du peuple, la tentation est grande de continuer dans les vieilles routines qui prônent l’ignorance arrogante des mutations afin d’éviter les “désagréments” (不必要的 麻烦), et de ne proposer pour l’avenir qu’un “équilibre réduit” (缩小的均衡) à la place des grands ajustements que la Chine attend. REN AUD D E S P ENS

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Décryptage | Clichés

A R T S VIS U E L S

Loin de vous, proche de vous Exposition personnelle des œuvres photographiques de Gabriela Morawetz Date : 10 novembre 2013 – 6 janvier 2014 Lieu : see+ gallery, B10, 798 Art Zone, Beijing

Continuum Gabriela Morawetz

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otre quotidien est envahi par des images photographiques qui s’immiscent jusqu’au plus profond de notre inconscient– produits alimentaires alléchants, vêtements à la mode, portraits flatteurs de célébrités du showbiz … rien que des clichés, des clichés, des clichés. On n’arrête pas de retoucher et au prix de quelques habiles manipulations techniques, n’importe quel visage deviendra magnifique. La photographie est à la portée de tout le monde. On n’est plus au temps où Désiré CHARNAY transportait un matériel de plus de soixante kilos pour photographier les temples du Yucatán. Aujourd’hui les milliers de touristes qui s’y rendent avec un petit appareil de quelques grammes peuvent prendre des photos par dizaines en quelques instants. Il y a une question essentielle qui se pose : est-ce que la télévision ou la photographie industrielle, leur ont appris à mieux voir dans « la petite fenêtre rectangulaire » ? Ceux qui pensent la photographie comme un art savent cela d’instinct et se jouent, du format, du cadrage, de la surimpression, de la solarisation… etc. Nous savons bien que plus les techniques, les « trucs » sont abordables par le plus grand nombre, et plus il est difficile de sortir du lot, de se faire remarquer, d’être… unique. Écrasés sous tant de clichés, il faut être reconnaissant à tous ces artistes qui par leur force les mettent à jour et nous en délivrent un peu. Il y a aujourd’hui toujours de nouveaux territoires à explorer et pour cela de nouveaux et de très bons photographes comme Gabriela Morawetz.

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Une de ses forces, c’est qu’elle possède une technique irréprochable, avec une palette personnelle très diverse. Elle ne cherche pas à impressionner par des moyens ostentatoires, avec par exemple, les très grands formats ou les caissons lumineux. Quand ses photographies sont regroupées en installation, cela se fait à sa façon à elle. La couleur est également discrète, la mise en scène simple. Chez Gabriela Morawetz, le sujet est seul, face à nous, il nous fait front. Pour qu’il change, il faut que nous changions d’angle de vue. Alors, seulement, un faciès se transforme, de la fumée devient créatrice. Une photographie normale n’a que deux dimensions. Pour obtenir de la profondeur de champ, il y a l’installation en autel, et aussi ces doubles images convexes d’où, peut-être, on nous observe comme par un hublot. D’autres objets, plus élaborés, apparaissent en surimpressions imprimées sur deux couches tenues à une certaine distance l’une de l’autre, ce qui produit des effets surprenants de lumière tamisée où le sujet semble flotter légèrement. Aux sujets qu’elle met en lumière, il plaît à Gabriela Morawetz de leur donner un air de fragilité, la marque de beaucoup d’objets d’art. Les œuvres de Gabriela MORAWETZ surprennent par leur influence moins immédiate, plus insidieuse et durable sur le spectateur. Ses sujets n’ont rien de particulier, hormis leur complet abandon quand ils sont en plein rêve. La plupart des objets qu’on rencontre dans ses photos sont d’une grande banalité : un lit, des branchages, des bulles de verre, toutes sortes de choses qui évoquent le quotidien et qu’on découvre, transfigurées dans les rêves.

Experience in the Earth's Field Gabriela Morawetz


Exposition Gabriela Morawetz

Experience in the Earth's Field Gabriela Morawetz Games of Angels Gabriela Morawetz

Bio de Gabriela MORAWETZ

Grâce aux nombreux traitements qu’elle utilise dans ses photographies, Gabriela MORAWETZ semble vouloir capter l’aura du banal. Des personnages de ses photographies on ne sait rien, aucun signe ne trahit quoi que ce soit de leur vie sociale et de leurs aspirations. Ce sont des dormeurs dans le creux de leurs lits, plongés dans leurs rêves. Les œuvres de Gabriela MORAWETZ sont comme des moments suspendus, des instants figés d’une action dont on ne sait rien, des scènes d’une évidence plastique, pleines, complexes, riches de sens multiples, immédiats ou cachés. Le travail de Gabriela MORAWETZ présenté par Beijing see+gallery provient des séries « Le corps et le souffle » et « Jeux des anges ». Une installation photographique "Un monde loin du monde " nous enveloppe de feux, de fumées, de pierres, de nuages, de silhouettes d’hommes et de femmes qu’on devine issus des nombreuses mythologies qui l’ont inspirée…

Née en Pologne, Gabriela MORAWETZ fréquente l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie, où elle étudie la peinture, la gravure et la sculpture. Elle commence avec passion à expérimenter le médium photographique dès sa deuxième année d’études. De 1975 à 1981 Gabriela MORAWETZ voyage souvent en Amérique du Sud (Péru, Colombie, Ecuador), aux États-Unis et en Europe. Elle s’installe à Paris définitivement en 1983 où elle expose régulièrement à la galerie du Dragon et dans de nombreux salons. Dans les années 1990, la photographie prend l’ascendant sur les autres médiums dans la création artistique de MORAWETZ. C’est à Baltimore, à la galerie Gomez, en 1996, qu’elle présente sa première exposition de photographies. Par la suite, les galeries Pokaz à Varsovie, la galerie Maya Polsky de Chicago, la galerie Thessa Herold à Paris, lui consacrent des expositions. L’œuvre de Gabriela MORAWETZ est exposée régulièrement en France et dans le monde.

Extrait de l’article écrit par Serge Fauchereau1 et édité par Honglu Wang2

1. Serge FAUCHEREAU, après avoir enseigné la littérature américaine à l'université de New York, puis du Texas, il a travaillé pendant une dizaine d'années au Centre Pompidou comme commissaire de grandes expositions (Paris-New York, Paris-Berlin, Paris-Moscou, Les Réalismes, etc.) ; il exerce aujourd'hui dans diverses institutions muséales internationales. Auteur d'une trentaine d'ouvrages dont une douzaine de monographies (Braque, Kupka, Mondrian, Léger, Malévitch, Brancusi...), il a publié chez Flammarion Avant-gardes du XXe siècle (2010). 2. Honglu WANG, docteur en Sciences du Langage, EHESS, Paris. Collectionneuse de la photographie d’art depuis une dizaine d’année, elle collabore actuellement avec des galeries d’art et des institutions en tant que commissaire d’exposition.

The Sleeping Self Gabriela Morawetz

www.g.morawetz.free.fr

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Décryptage | Livres

Par Françoise BLÉVOT La Souplesse du Dragon Les fondamentaux de la culture chinoise Editions Albin Michel 216 pages – 19,50 €

BONNES RELATIONS

CONTRE LA MONTRE

Il sort régulièrement de ces petits livres susceptibles d’aider les nouveaux arrivants français sur le sol chinois. Le potasser instruit en s’amusant ; au moyen de petites anecdotes, d’histoires issues du monde du travail entre autres, il explique succinctement les coutumes, les traditions, les codes relationnels qui permettent d’éviter au maximum les malentendus, que l’on soit « expat » ou touriste.

C’est l’histoire d’une lutte engagée par les habitants d’un village qui refusent la fatalité. Celle-ci a les traits d’une maladie qui les emporte toujours avant l’âge de quarante ans, car l’eau et la terre de leur région est gavée de fluor. Comment envisager une vie si dure, si âpre, si brève ? Naître, grandir, aimer, se battre…. Un livre magnifique, ardent, imprégné de foi dans la vie, « malgré tout ».

La Communication à la chinoise

La Fuite du Temps

Véronique MICHEL

YAN Lianke

Editions Sépia 128 pages – 12 €

Traduit du chinois par Brigitte GUILBAUD Editions Philippe Picquier 606 pages – 22 €

DRAGON MODE D’EMPLOI Cyrille JAVARY a le chic pour expliquer la Chine aux longs nez ignorants que nous sommes… Au commencement était la lecture… Étonnant, non ?? En effet, c’est à partir d’un déchiffrement de signes, puis d’une communication avec l’invisible que les Chinois ont développé une civilisation totalement unique, qui perdure et établit avec l’ère moderne une relation et une adaptation qui ne le sont pas moins. À l’aube des temps historiques, les Chinois choisissent un mode de fonctionnement et d’appréhension du vivant qui a échappé aux autres cultures en train de naître, trop occupées sans doute à explorer d’autres voies. Il s’agit d’un mode ouvert dont l’observation des changements perpétuels de la nature était la base. En Occident, ce qui est en mouvement a vite fait d’être considéré comme instable, donc inconfortable et dangereux, susceptible d’inspirer la peur, alors qu’un Chinois se sentira dans la mobilité comme chez lui, et ce « chez lui » sera en phase avec l’harmonie universelle, ellemême en perpétuelle mutation. Ce jeu d’emboîtement a engendré la construction fractale dont ils sont si friands, et d’où découle tout le reste, le rapport au temps et à l’espace, le dynamisme Yin/ Yang, une médecine holistique, le Yijing, l’écriture idéographique, le Qi, véhicule de tout ce qui respire, les structures familiales…. La liste n’est pas exhaustive ! Que cette surprenante relation à l’immatériel ait donné naissance à un pragmatisme aussi original et inégalé nous éblouira toujours !

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UN VOYAGE POETIQUE

CHIENNE DE VIE !

Emaillé de haïkaï de l’auteur et de brèves extraits des poèmes des plus célèbres lettrés chinois, c’est le récit d’un voyage au cours duquel il a eu la chance d’avoir pour guides des connaisseurs expérimentés tels que, entre autres, Roger DARROBERS. Que de surprises quand un poète en est à son premier voyage dans l’Empire du Milieu ! Ce pays lui parle si profondément que remontent en lui des souvenirs anciens donnant à ses étonnements un ton très personnel. L’élégante écriture est joliment déposée sur un très beau papier vergé d’Ingres.

Les œuvres de Hwang Chun-ming, célèbre auteur taiwanais, ont été adaptées pour le cinéma à plusieurs reprises. Les quatre nouvelles de ce recueil témoignent d’une écriture pleine d’humour et d’humanité, d’un talent pour l’analyse psychologique sans concessions et cependant non dénuée de tendresse. La chienne Mary bouleverse la vie d’une famille. On rencontre aussi un ouvrier renversé par une voiture, un homme-sandwich et un représentant en cocottes-minute qui ont comme point commun de susciter compassion et sympathie. De la belle ouvrage.

Haïkaï de Chine

J’aime Mary

Fouad EL-ETR

HWANG Chun-ming

Editions la Délirante 88 pages – 25 €

Traduit du chinois (Taiwan) par Matthieu KOLATTE Editions Gallimard - Collection Bleu de Chine 210 pages – 22€


RE G A R D S U R L A CHINE

COULISSES Avec ce tout petit livre, Maël RENOUARD a obtenu le « Prix Décembre », peu connu mais prestigieux. Un auteur d’opéras se penche sur son passé, alors qu’il fréquentait les acteurs tristement célèbres de la Révolution culturelle. Ses souvenirs s’égrènent entre amertume et paix retrouvée. Subtil et poétique.

La Réforme de l’Opéra de Pékin Maël RENOUARD

Editions Rivages poche – Petite Bibliothèque 96 pages – 5,10 €

LA CHINE DE A à Z José FRÈCHES, qui fut conservateur au Musée Guimet et Commissaire de la France à l’exposition universelle de Shanghai, raconte sa Chine à la manière des dictionnaires amoureux, collection devenue célèbre par la qualité de ses auteurs et des thèmes choisis. La Chine, enfin ! De A comme « abalone » à Z comme « Zhuangzi » pour se cultiver, voyager en chambre ou en vrai !

Dictionnaire amoureux de la Chine José FRÈCHES Editions Plon 1032 pages – 25,50 €

MAL DE MERE On peut profiter de cet excellent roman pour découvrir une auteure peu traduite en français jusqu’à maintenant. Ce gros roman, autobiographique, se passe à Chongqing dont elle est native. Alors que se déroule, selon les rites, les funérailles de sa mère, les souvenirs remontent et la taraudent. Sixième enfant et illégitime, elle s’est crue rejetée, et cherche à comprendre pourquoi elle se sent si différente, en défaisant l’écheveau emberlificoté des relations familiales. Elle se compare au datura, plante qui cache une épine au cœur de ses corolles et qui secrète un liquide toxique. Douloureux et attachant.

Enfants des Fleurs Hong Ying

Traduit de l’anglais par Lisa ROSENBAUM Editions Calmann-Lévy 481 pages – 22,90 €

Le livre indispensable quand on travaille avec la Chine Être en Chine, pour quoi faire ? Et dans quelle Chine, ce pays-continent en quête d'un nouveau modèle, la page du rattrapage et de l'hyper croissance à deux chiffres étant manifestement tournée ? Publié à l'occasion du 20e anniversaire de la Chambre de commerce et d'industrie française en Chine, Le temps de la Chine. La France au défi du plus grand marché du monde propose un portrait croisé de la Chine aujourd'hui, ses mutations, réelles ou moins nettes, son regard sur la mondialisation, et de la France en Chine, celle notamment de milliers d'entreprises au coeur d'une économie qui change le devenir de notre planète. Associant analyses d'experts et d'universitaires chinois et français, enquêtes de terrain et entretiens avec des acteurs de tous horizons, Le temps de la Chine bouscule les idées reçues. Si une nouvelle donne sociale fait jour, le modèle chinois de développement a moins changé qu'on ne l'imagine en Occident, les relations franco-chinoises, moins privilégiées qu'on ne le dit, ont souvent été mouvementées, ce marché difficile et risqué offre aussi, dans la plupart des secteurs, des opportunités considérables aux grands groupes, PME et entrepreneurs individuels qui savent le comprendre et s'adapter aux besoins de consommateurs toujours plus exigeants et nombreux... Il faut désormais construire avec la Chine une relation de réciprocité et de partenariat dans laquelle notre pays et notre économie auront tout à gagner. La question n'est plus "Être ou ne pas être en Chine", mais désormais de croître avec la Chine, en Chine et partout ailleurs, en Europe et en France notamment. Tous ceux qui s'interrogent actuellement sur la nécessité et sur les clés du succès en Chine trouveront dans Le temps de la Chine. La France au défi du plus grand marché du monde matière à réflexion et à action. Par Marion sardou

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联结 N.68|2013 冬

专题《中小企业与大集团 合作关系》综述 如何推动中小企业与大集团 的抱团发展和集群效应? 虽然无论是法国跨国大集团还是法国中小企业都清楚的意识到,加强合作,抱团 发展能够产生联动效应,不但能够促进各自的发展,还特别有助于法国中小企业 在激烈的中国市场站稳脚跟。但据观察,事实上,法国大集团和法国的中小企业 大企业和小企业的合作现状如何?欧盟的另一大经济体德国的大集团和中小企业 是如何联动发展的?开始走向海外的中国企业采取何种策略?法国大小企业合作 不足的深层原因是什么?未来的希望在哪里?联结第68期为您答疑解惑。

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Imagine China

之间的合作还远远不够,是法国经济在中国进一步发展的一个急需弥补的弱点。

一个好的商业机遇是如何被错失的?

德国企业在中国的扩展模式

《联结》特约记者Raphaël BALENIERI带 我们聚焦一个典型的案例:法国小企业Resonate mp4创立于2001年,在法国总部聘用6 位工程师,中国的合资公司有40多位员工,专 攻视频数据分析。Medianate是他们的一款 旗舰产品,是目前市场上唯一一款可以延时分 析视频数据的创新产品。这款独创的产品从技 术上正好满足了法国跨国集团Thales的需求, 因为后者在中国管理着庞大的公共交通网络的 通讯和监控,Medianate能够在短时间内分 析大量视频数据的能力马上吸引了Thales研发 部门负责人的注意。Resonate  mp4希望和 Thales建立长期了合作关系,Thales负责网络 的铺设,Resonate-mp4负责软件的设计和提 供,用高端技术产品共同开拓新的市场,双方 对此前景都兴奋不已。但是随着2013年Thales 研发部门负责人的人事变动,这个合作计划暂 时搁浅。 这个案例给我们的启示是,法国大的跨国 集团的高管层对于法国企业抱团发展的看法不 相一致。即使合作的技术条件成熟,但是由于 企业文化的不同,和法国大公司高管在抱团发 展策略上的看法的分歧,大小合作往往取决于 大公司在位的负责人的意图和投入的精力,结 果难以预计。时至今日,法国企业抱团发展尚 未制度化和形成体系。

《联结》编辑Pierre  TIESSEN用数据和分 析解析了德国抱团发展的模式的成功之处。中 德经济合作的巨大成功,不仅帮助德国经济上 升到欧洲第一大经济体的位置,也使得德国在 未来中欧贸易的发展中起到了举足轻重的作 用。 毋庸置疑的是,德国大集团把带动德国 中小企业在中国的发展视为己任,并且德国的 中小企业之间也习惯互帮互助,以资源共享, 比如设立共同的研发中心以降低创新成本的做 法,就是一个很典型的例子。 在德国跨国集团的带动下,德国中小企业 国际化的成本大大降低,而国际化的丰富经验 又提高了他们开拓新市场的能力,由此形成了 一个良性循环。 值得注意的一点是,法国的中小企业的 过小的企业规模为和跨国集团直接合作带来了 一定的难度。研究表明,雇员人数在250-5000 人的中型企业是最适合成为大的跨国集团的 分包或者供应商,在德国,此类企业的数量有 10 000多家,而法国仅有4 000家,这也揭示了 法国大小合作中的一个需要解决的结构性问题。

中国企业在海外的抱团发展 法国中资企业协会的首席代表严炬奋向 《联结》的特约记者Madeleine  BARBIER坦


诚的指出,最近几年,中国政府一直强调要支 持中国企业走出国门,但是直到目前为止, 政府在这一方面并没有提供任何制度方面的支 持。目前中国企业所赢得的海外发展的机遇, 有很大一部分来自中国在海外的基建项目的进 一步发展。 除此以外,财大气粗的中国企业希望通 过海外直接投资来实现国际化和业务的进一步 扩展,他们看中的或者是优质的劳动力,或者 是很强的技术创新能力,或者是瞄准了目标消 费群体。在这些中国海外直接投资的热点领域 里,我们不能不提婴儿奶粉这个行业,毒奶粉 事件对奶粉行业造成重创,在普遍的不信任情 绪下,中国的乳业公司来法国投资建厂,希望 能够重振消费者对国产奶粉的信心。中国企业 走向海外是股不可阻挡的洪流,必然会对法国 的经济走势造成影响,值得密切关注。

PFCE,核电领域抱团发展的成功典范

法国大的跨国集团 的高管层对于法国 企业抱团发展的看 法不相一致。即使

能够极大限度的发挥法国中小企业的潜能,帮 助他们在竞争中站稳脚跟。主编Pierre Tiessen 的文章做这些机构做了一个综述,这些有用的 信息,为中小企业优化自身结构和组织安排, 据有一定的借鉴意义。

合作的技术条件成 熟,但是由于企 业文化的不同,和 法国大公司高管在 抱团发展策略上的 看法的分歧,大小 合作往往取决于大 公司在位的负责人 的意图和投入的精 力,结果难以预计。

PFCE是由法国电力集团EDF在中国的供 应商组成的一个企业协会,创立于1996年,目 前会员单位共计87家,入会条件是成为EDF在 中国的供应商,这也是法国抱团发展的一个少 见而成功的案例。 当然,PFCE的成功和核电领域的特殊性 是联系在一起的,核电领域的高尖钻需要EDF 和上游供应商企业维持牢固而长期的伙伴合作 关系。从历史的角度纵向来看,在上世纪90 年代的时候,法国的核能建设市场已趋于饱 和,EDF的工作中心转向维护和运营,集团把 视线转向新兴的中国市场,在拿下了大亚湾和 岭澳两大单后,邀请在法国的老供应商们一起 到中国来打拼,抱团发展的格局在一进入中国 市场的时候就形成了,今天PFCE模式的成功 有目共睹。 EDF和中广核,中国核工业集团等中国核 电高层的特殊关系为跟随他们的中小企业落 户广东带来了很大的便利;中国对民用核能的 大力支持并未受到日本福岛核电泄露事故的影 响,未来以广东为中心的核能工业圈的进一步 发展为EDF,AREVA等核电巨头,以及旗下的 法国供应商在中国的事业展开了美好前程。

法国政府将全力支持中小企业走向海外 法国经济和财政部部长Pierre Moscovici 在接受《联结》的采访时表示了法国政 府对集群发展策略的赞同。在PFCE模式 的激励下,如何弥补法国大集团和中小企 业的合作的不足呢?Pierre  Moscovici 给出了多条行动路线。首先,在经济工作去除 中心化和权力下放的大趋势下,大区政府在PRIE (企业国际化的大区行动纲领)的项目的框架 下,可以发挥更大的大小合作催化剂的作用;其 次,商会和企业集群产业园等协会组织可以发挥 自身网络优势,为大小合作牵线搭桥;最后, 法国政府将利用驻外外交机构下设的经济发展部 门,例如法国企业国际发展局,和法国国家投资 银行,科法斯保险公司(编者注:作为一家私人 保险公司,科法斯一直承担着以法国政府的名义 为法国出口企业提供优质信用保险的服务)等金 融服务部门的优势,并不断督促这些实力雄厚的 大型服务机构创新服务方式,提供更强有力的金 融服务和制度保障,为法国出口企业开拓新的海 外市场保驾护航。

何枫

法国无论是在政府层面,还是在民间层 面,都存在着众多的机构,致力于向中小企业 提供服务,辅佐和陪伴进入中国市场的新兴法 国企业,了解这些机构的用处,成为现行辅助 项目的参与者,优化使用以刺激出口和抱团发 展为目的的金融工具,通过制度的杠杆效用,

DR

哪些机构在帮助法国中小企业?

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会员企业简讯

诗华恒通动保制药生产基地项目签约眉山市 2013年11月14日,法国诗华动物保健公司与四川省眉山市东坡区人民政府、四 川恒通兽药集团在北京正式签订诗华恒通动保制药生产基地项目协议,双方将在眉 山市建立合资公司。诗华恒通将提供品种齐全的医药产品与服务,加强中国家禽与 猪产品的生产。 法国诗华全球总裁马克先生在致辞中表示,恒通和诗华均是动物保健领域的专 家。动物保健对于中国来说非常重要,因此,我们肩负重担,我们深知我们研发的 药品与疫苗关系到人类的福祉与未来,我们有责任保质保量地向人类供应食品,有 责任使人类免受人畜共患病的危害。

法国百能律师事务所协助烟台张 裕葡萄酿酒股份有限公司收购 Roullet  – Fransac公司 法国百能律师事务所为中国酒业龙 头企业烟台张裕葡萄酿酒股份有限公司 收购法国Roullet-Fransac干邑贸易公司提

供法律咨询服务。 烟台张裕葡萄酿酒股份有限公司始建于1892年,是一家大型的 上市公司,在中国酒业居首位、全球酒业领域排名第十位。张裕葡 萄酿酒股份有限公司于2013年10月16日完成了在法国的第一个收 购项目:收购Roullet – Fransac公司的全部股份和所有不动产。 被收购的Roullet – Fransac公司为一家法国干邑酒贸易公司,于 1838年成立,专门从事干邑酒和比诺甜酒的销售。公司的年营业额 近贰佰万欧元,拥有顶级客户(如le Fouquet’s Bar和le Café de Paris)并 享有得天独厚的地理位置(位于夏朗河对岸的轩尼诗公司和干邑博 物馆之间)在干邑地区享有盛名。 目前中国的干邑酒市场是世界第一大干邑市场,本次收购将使 烟台张裕葡萄酿酒股份有限公司继续扩大其在中国及其他市场上对 各类干邑酒的销售。 百能律师事务所(高叶律师,公司兼并与收购团队负责人;海 谧‧戴高乐律师,百能律师事务所上海代表处负责人和傅晓麟律师,巴 黎中国团队负责人)为本次收购提供了法律咨询服务。

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法国猪肉制品即将来到中国 2013年12月5日,中法两国政 府在北京正式签署了两份关于法国 猪肉制品对华出口的卫生条件议定 书:《法兰西共和国农业、食品和 林业部与中华人民共和国国家质量监督检验检疫总局关于中国从法 国进口腌制猪肉制品的检疫和兽医卫生条件的议定书》和《法兰西 共和国农业、食品和林业部与中华人民共和国国家质量监督检验检 疫总局关于中国从法国进口熟制猪肉制品的检疫和兽医卫生条件的 议定书》。这两份议定书几乎涵盖了法国猪肉制品的所有种类。 该议定书签署后,法国肉制品生产企业在接受中国官方的注册 认证检察后,将正式获得对华出口权利。这一工作预计在2014年春 节前进行。法国猪肉制品实现对华出口是为庆祝2014中法建交50周 年,两国农业食品领域的一项重要工作。 法国猪业联盟协调其会员单位,配合法国使馆和政府的工作, 从2007年起便致力于促进法国猪肉制品的对华贸易。现在,我们希 望今年夏天可以让中国消费者品尝到正宗的法国火腿和香肠!


Abacare 在中国华南地 区的办事处正式成立!

Abacare,由Patrick-Marie HERBET(法国驻 华对外贸易顾问)创办, 于1982在中国成立,专注 于亚洲保险经纪业务。 Abacare在 北 京 , 上 海和香港都设有办事处, 我们团队有80名来自16 个不同国家的专业顾问, 积极为客人提供优质的服 务。我们为国际企业,中 小型企业以及外籍人士提 供保险及保险咨询服务, 其中服务对象遍及中国和 整个亚洲。Thibaud SARRAZIN-BOESPFLUG*,在中 国居住近5年,今后将担 任Abacare在中国华南地区 的事务负责人。Abacare于 2013年正式成为中国法国 工商会会员。 *Thibaud SARRAZIN-BOESPFLUG是l’Union des français de l’étranger董 事会成员、l’UFE Shenzhen 主席及diplômés d’HEC中国 华南地区主席。 联系方式:+86  186 8876 1280 | thibaud.sarrazin@abacare.com

透博梅卡/中航发动机 新型发动机阿蒂丹3C /WZ16完成首次台架 试车 由赛峰集团透博梅 卡公司和中航工业发动 机公司在对等合作基础 上联合研制的阿蒂丹(Ardiden)3C直升机发动机, 中方命名为WZ16,在法国 波城透博梅卡公司按计划 成功实现首次台架试车。 此次试车标志着这款新型 发动机具有良好的空气动 力学性能,并可进入研制 计划的后续试验和取证阶 段。 阿蒂丹3C/WZ16发动 机由透博梅卡与中航工业 发动机公司共同设计,符 合日益增长的6-8吨级直升 机市场需求。模块化设计 和双通道FADEC使这款发 动机具有高可靠性,易于 使用,同时具有低油耗的 优点。 中航工业集团公司 与赛峰集团/透博梅卡 之间拥有30年的合作历 史,WZ16/Ardiden 3C项 目是双方长期、持续合作 的结果。通过此次合作, 双方将结合各自的核心技 术与经验,为运营商和飞 机制造商带来诸多裨益。

La Marina – Wine Connexion新概念店 在广州正式开幕了!

基德律师事务所为雷诺 在中国的汽车合资企业 提供法律咨询

从所周知,葡萄酒, 面包,奶酪和肉类是食品 的完美搭配。这种天然的 搭配将为你带来美妙的口 感和难以言喻的味蕾体 验。 Wine Connexion的独 特概念意在让你品尝到不 同种类的奶酪,肉类食品 和世界各地的葡萄酒。 欢迎来到现场,或者 外带回家细细品尝这特色 美食。 我们的新店将于2014 年2月在市中心开张,届时 诚邀喜爱美食的你前来尝 味。从现在开始,心动不 如行动! 地址:中国广东省广 州市天河区珠江新城兴盛 路兴盛汇G21 - 11-17铺。 主页: www.lamarina.com.cn Wine Connexion全体 成员在新一年来临之际预 祝大家新年快乐!

在欧洲领先的汽车制 造商雷诺与中国第二大汽 车制造商东风汽车公司设 立合资企业的过程中,基 德为雷诺提供了法律咨询 服务。 雷诺将向位于东风总 部所在地——湖北武汉的 合资公司投资110亿元人 民币(18亿美元)。合资 企业计划于2014年投产, 初始年产量将达15万台汽 车和发动机。 基德就交易的所有方 面向雷诺提供咨询,包括 将雷诺原先与三江的合资 公司的股份转让给东风, 以及起草和谈判投资合同 及项目文件等。 Concepcion PIRES-DEPAZ作为雷诺主要的内部法 律顾问负责对雷诺法律团 队进行协调。 基德团队由巴黎的 合伙人Stéphane VERNAY 和北京的合伙人Thomas URLACHER领导,由Pierre WIEHN、Christine MILES、 孙磊和王凯分别在巴黎和 北京提供协助。

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