Connexions 69

Page 1

Numéro spécial N.69

Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine / 中国法国工商会季刊 www.ccifc.org PRINTEMPS / 春

FRANCE - CHINE

50

ans de relations diplomatiques Interview : Jean-Pierre Raffarin « Développer des projets communs franco-chinois est un cap d’avenir »



Éditorial

DR

Le couple France-Chine et la dynamique du cinquantenaire

Michael Amouyal

directeur général de la CCIFC

米沐 中国法国工商会总经理

À l’heure du cinquantenaire des relations franco-chinoises, la Chine n’est plus « le marché de demain », mais une réalité incontournable pour toutes les entreprises françaises, qu’il s’agisse de grands groupes solidement implantés et qui n’ont de cesse de se réinventer sur un marché en constante mutation, ou de PME cherchant des relais de croissance. Dans ce contexte, la CCIFC doit plus que jamais être le partenaire privilégié des entreprises françaises souhaitant créer ou développer leurs affaires en Chine, les assistant sur toute la chaîne de valeur pour pénétrer, décoder et conquérir ce marché. La Chambre ne peut accomplir cette mission de manière isolée, mais uniquement comme maillon solidaire du réseau des institutions françaises en Chine, collaborant pour maximiser la qualité des services aux entreprises françaises en Chine. J’aurai donc à cœur de renforcer notre offre conjointement avec nos partenaires en Chine, et dans le reste de l’Asie. Par ailleurs, la Chine affirme de plus en plus sa volonté de capter une plus grande partie de la valeur ajoutée générée par les entreprises internationales sur son territoire. En un mot, on ne peut prospérer en Chine qu’avec nos partenaires chinois. C’est pourquoi je souhaite que la CCIFC continue de développer ses relations avec ses partenaires institutionnels chinois et avec les groupes chinois de premier plan souhaitant se rapprocher de la France et des entreprises françaises. Je suis très honoré d’avoir le privilège de piloter cette mission, en collaboration avec les membres élus du bureau et les collaborateurs permanents des différentes antennes. Je souhaite tout particulièrement m’attacher à développer au sein de la Chambre des exigences toujours croissantes de qualité de services afin d’être en phase avec la réalité de nos membres. Le cinquantenaire des relations franco-chinoises sera le moment privilégié d’une part pour démontrer la panoplie des services que la Chambre offre (de l’aide à l’implantation à la mise en contact, en passant par la communication et l’organisation d’événements), la richesse des projets que nous montons en Chine (tournoi de golf, forum économique, galas, etc), et d’autre part pour donner le coup d’envoi d’une collaboration encore plus riche avec nos partenaires chinois et les institutions françaises en Chine. Je souhaiterais enfin profiter de cette occasion pour rendre un hommage sincère à Manuel DELEERS, mon prédécesseur qui nous a quittés prématurément en fin d’année dernière. Ne le connaissant pas personnellement, je ne peux l’honorer qu’en m’appliquant à poursuivre sa mission.

中法两国欢庆建交50周年 今年正值中法建交五十周年,对于所有的法国企业—扎根于中国的持续致力于在不断变化的市场 中实现重建的大企业或是寻找增长接力棒的中小企业来说,中国不再是未来的市场,它早已成为不可 回避的现实市场。 在这个背景下,中国法国工商会比任何时候都应该成为这些法国企业的特许合作伙伴,开拓或发 展它们在华的业务,协助它们进入全价值链条,解码并占领这个市场。 中法工商会无法单独完成该使命,它仅能作为在华法国机构网络中的相关链条,与其他机构相互 合作,最大程度的优化为在华法企所提供的服务的品质。因此,我应该同在中国以及亚洲其他国家的合 作伙伴一起充实发展我们提供的服务。 另外,中国在获取在华国际企业创造的更大的附加价值方面的意愿越来越强烈。总之,我们只有 同中国合作伙伴合作才能在中国繁荣发展。因此,我希望中国法国工商会能继续发展其与中国机构合 作伙伴以及期望首先接近法国和法国企业的中国企业的合作关系。 我非常荣幸能够被赋予这一使命,与中法工商会理事会成员以及来自我们不同分支机构的工商会 同仁进行合作。我希望自己能够致力于通过不断在工商会内部提升为会员企业的服务品质标准,以期 其与我们会员的实际需求相匹配。 在中法建交五十周年这个有着特殊意义的时期,一方面可以展示工商会提供的全套服务—从协助 创立到活动的联络组织再到建立联系,以及我们在中国策划的丰富项目—高尔夫联赛、经济论坛和盛 大的庆祝活动等,另一方面可以促进与中国合作伙伴以及在华法国机构之间更丰富的合作。 最后,我希望借此机会向我的前任——德博文先生(Manuel DELEERS)致敬,他于去年年底过早地 离开了我们。我与他素无私交,唯有继续他的使命来向其表达敬意。

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

3


Comité de Patronage

Le magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 69, printemps 2014 Direction de la publication Michael Amouyal & Marion Sardou Rédacteur en chef Pierre TIESSEN, avec Madeleine BARBIER Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro Edgar DASOR, Erwan PACAUD, Renaud DE SPENS, Françoise BLÉVOT, HE Feng. Traducteurs Matthias MASSOULIER, WANG Min Comité de relecture : Commission communication de la CCIFC Couverture © Imagine China Publicités CHINE DU SUD : Alexandre BEAUDOUX beaudoux.alexandre@ccifc.org Pékin : Frédérique BELLOY belloy.frederique@ccifc.org Paulo QI qi.paulo@ccifc.org SHANGHAI & CORPORATE : Morgan LEFEVRE lefevre.morgan@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O UCCIFE 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

4

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014


connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

5



Bruno GENSBURGER

Imagine China

DR

N.69 printemps / 春

18

14

66

L'ActualitÉ business EN CHINE

PAROLE à CHE er « Il faut porter les projets ensemble » 32

Calendrier des événements du cinquantenaire en France et en Chine 64

L’actualité Business EN Chine 8

Interview exclusive Claude Bartolone : « Parler de tout, franchement, sans offense, dans un climat de confiance » 34

xi jinping en france, L’homme qui valait 18 milliards ou le lion aux pattes de velours ? 66

Grande Interview Jean-Pierre Raffarin : « Développer des projets communs franco-chinois est un cap d’avenir » 14

DOSSIER Numéro spécial 50 ans de relations diplomatiques

18

À LA LOUPE - FOSUN : « Il y a beaucoup de choses à faire en france pour un Groupe comme le nôtre » 25 FOCUS ENTREPRISE HUAWEI : « Huawei France compte aujourd’hui 650 employés »

27

Analyse Hubert Bonin, Les offensives successives des entreprises françaises en Chine 28 RENCONTRE Sylvie Bermann : « Nous célébrons cette année une décision visionnaire et audacieuse » 30

Interview Jean-Pascal Tricoire : « Une relation en profonde mutation » 36 Jean Leviol, Relations commerciales franco-chinoises

38

Interview Ma She : « La Chine n’a de cesse de chercher à améliorer son environnement d’affaires » 40 Nouveaux horizons FAR WEST 42 FRANCE - CHINE 50 ANS Paroles de Mécènes

46

5 PME françaises pour les 50 ans

50

Grand témoin - Alain Mérieux 56 Liens culturels France-Chine

60

droit Le droit des investissements étrangers en chine 68 ABÉCéDARIE 70

ActualitÉS DE LA CHAMBRE CCIFC 72 Business Services 74 Antennes 76 Membres 82

DÉCRYPTAGE Une des médias Livres

84 86

联结 中法建交50周年特刊 88 会员企业简讯 90

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

7


L’actualité business en Chine |Conjoncture

E n chi ffre S

Baisse selon les statistiques officielles des frais de réception du gouvernement central chinois en 2013 suite à la campagne de lutte « contre la bureaucratie » et la corruption lancée il y a un an. Corruption devenue de l’aveu même de l’ancien Premier ministre Wen Jiabao, « la plus grande menace pour le parti au pouvoir ». Les solutions avancées pour éradiquer ce « cancer » : plus de transparence administrative avec l’obligation pour certains cadres de publier l’ensemble de leurs revenus, réduction des avantages en nature, frais de bouche, véhicules de fonction et voyages. Les « san song », en mandarin « 三公». Aucun élément chiffré permettant de mesurer cette baisse de 50 % des frais de réception n’a toutefois été communiqué.

Imagine China

- 50 %

croissance

Un coup de frein maîtrisé ?

L’

économie chinoise a fortement ralenti en janvier et février, la croissance de l’investissement, des ventes de détail et de la production industrielle étant tombée à son plus bas niveau depuis plusieurs années. Un coup de froid de début d’année qui n’a échappé à aucun observateur du monde chinois. « Les statistiques inférieures aux attentes publiées risquent d’alimenter les craintes d’un atterrissage brutal de la deuxième économie mondiale

et les spéculations sur la possibilité d’un prochain assouplissement de la politique monétaire de Pékin », estime l’agence Reuters. Un constat admis et anticipé par les autorités chinoises alors que le ministre des Finances, LOU Jiwei, affirmait mi-février : « si le taux de croissance devait être cette année de 7,2 % ou 7,3 %, ce serait quand même dans les clous ». Faut-il s’en inquiéter ? Les statistiques inférieures « risquent d’alimenter les craintes d’un atterrissage brutal de la deuxième économie mondiale », estime la même agence de presse.

IL S O N T D IT...

Imagine China

ag ine Ch ina

« Tant que les deux parties {Chine et Union européenne} se respectent mutuellement et mènent des consultations appropriées, les problèmes peuvent être résolus ».

Im

8

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Li Keqiang, Premier ministre chinois, à l’issue de la session parlementaire du PCC mi-mars. Il a par ailleurs fait la promotion des entreprises chinoises qui peuvent délivrer les équipements nécessaires à la construction des lignes ferroviaires à grande vitesse et des usines nucléaires plus rapidement et à un moindre coût. « Nous ne pouvons pas exporter seulement des jouets, des vêtements et des chaussures », a-t-il souligné.


AUTOMOBILE

940 millions

PSA sauvé par Dongfeng ? Un accord « historique », ont en tout cas applaudi les officiels des deux pays. La prise de participation du constructeur chinois – fondé sur ordre de Mao au début de la Révolution culturelle – permet de fait au français de sortir de ses difficultés financières du moment : 2,32 milliards d’euros de perte en 2013, venant après 5,01 milliards de perte en 2012. « Et l’entrée de Dongfeng au capital va permettre à PSA d’élargir son accès au marché asiatique de l’automobile, et au marché chinois en particulier », estimait en février Philippe Barret, dans les colonnes du Nouvel économiste. Il n’empêche une page se tourne. « Depuis 1810, la famille Peugeot présidait aux destinées du groupe qui porte son nom », rappelle ainsi Le Figaro. Dans un entretien accordé au quotidien français début mars, le directeur de Dongfeng a précisé quelques-unes des nouvelles

Imagine China

PSA : la mue du Dragon

responsabilités de son groupe : « Nous participerons au management, pour changer la structure du marché et mettre en œuvre le plan de redressement de Peugeot », a ainsi assuré Zhu Fushou. « Et nous créerons des synergies en Chine et sur les marchés asiatiques ».

LES AMBITIONS MONDIALES DU WEB CHINOIS Youku, Baidu ou Alibaba (valorisé à plus de 200 milliards de dollars)… Les poids lourds de la Toile en Chine se sentent désormais à l’étroit sur le marché domestique (le plus important au monde avec 800 millions d’utilisateurs en 2015) ! Et entendent se faire une place (aussi) hors de Chine. Mi-mars, Weibo (le Twitter chinois lancé en août 2009) dévoilait ainsi son projet d’entrée à la Bourse de New York, qui lui permettrait de lever 500 millions de dollars et d’accélérer sa croissance. Le réseau social cherche à « introduire des certificats de dépôt (American Deposit Shares, ADS) soit sur le New York Stock Exchange, soit sur la plateforme électronique Nasdaq ». Weibo a presque triplé son chiffre

d’affaires l’an dernier, à 188 millions de dollars contre 66 millions en 2012. D’autres géants du net chinois s’associent également à l’étranger pour percer sur les marchés émergents. C’est le cas de la coopération, actée début 2013, Baidu/Orange en Afrique. Pour l’entreprise française, « ce partenariat exclusif est destiné à développer l’usage de la data sur mobile dans les pays où la demande pour les smartphones et l’internet mobile est en croissance ». Tencent a également traduit son application de messagerie WeChat dans de nombreuses langues, « dont le français, et commence à connaître de beaux succès en Amérique du Sud et en Afrique », comme le précisait récemment un article du Figaro.

Nombre de citadins en Chine à l’horizon 2030 ! Selon l’Economist Intelligence Unit, le taux d’urbanisation de la Chine passera à 61 % en 2020, avant d’atteindre 67 % dix ans plus tard. Le pays devrait alors compter en 2020, 30 000 à 40 000 nouveaux gratteciels, soit l’équivalent au total de dix New York ! Vertigineux ! La gestion des mégapoles chinoises sera à n’en pas douter l’un des enjeux majeurs des prochaines décennies. Déjà, à l’université Tsinghua (département architecture) et à l’académie chinoise des sciences, on réfléchit depuis quelques temps au « visage » qu’aura la capitale chinoise à l’horizon 2050. Nom de code du projet : « Beijing 2049 ». Affaire à suivre.

Im

Xu Shaoshi, responsable de la Commission des réformes et du développement national chinois. Au premier trimestre 2014, les grandes villes du pays – Pékin en particulier – ont a nouveau été noyées dans un épais brouillard de pollution. Li Keqiang a annoncé, lors de la session parlementaire de mars, une “guerre” contre la pollution et la décélération du rythme de hausse des investissements. La pollution est devenue un sujet de préoccupation majeure, voire de colère, pour les Chinois.

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Imagine China

ag ine Ch ina

« 50 000 chaudières à charbon seront supprimées cette année, les centrales thermiques seront modernisées et six millions de véhicules anciens seront mis à la casse ».

9


Imagine China

Du jamais vu depuis début 2013 ! Fin mars, le « Renminbi » (monnaie du Peuple, en mandarin) affichait un cours à 6,2334 alors qu’elle s’était fortement appréciée tout au long de 2013, se renchérissant de plus de 3 % face au dollar. Une tendance qui s’est brusquement inversée à la mi-février. Une dépréciation qui est généralement considérée comme « un mouvement délibéré ou en tout cas accepté par les autorités bancaires chinoises, qui veulent entraver les fonds spéculatifs qui tablent précisément sur un renchérissement continu du yuan », considère l’AFP. Mi-mars, la banque centrale chinoise (PBOC) doublait « le couloir de fluctuation » autorisé pour sa devise : le yuan peut désormais « s’apprécier ou se déprécier de 2 % au maximum au cours d’une journée contre le dollars, contre 1 % auparavant ». Selon un porte-parole de la PBOC, cette souplesse accrue dans la fluctuation du yuan permettra d’accroître le rôle décisif du marché dans l’allocation des ressources.

358

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Bordeaux en baisse

Imagine China

Imagine China

Imagine China

TÉ L E X

Nombre de milliardaires en dollars en Chine, selon le magazine Hurun (le Forbes chinois). Environ un quart de ces milliardaires occuperait, parallèlement à leurs affaires, des hautes fonctions de conseil dans la sphère politique. Wang Jianlin (60 ans, en photo), patron du conglomérat Wanda, est de nouveau la première fortune du pays avec 25 milliards de dollars. Le classement des 1867 milliardaires au monde est dominé par les États-Unis et la Chine, qui comptent à eux seuls, précise Le Figaro, « plus de la moitié de ces très grandes fortunes mondiales, suivis par la Russie, la Grande Bretagne et l’Inde ».

10

Imagine China

Quand la « monnaie du Peuple » plonge

Carton plein pour Hermès

Tourisme, peut mieux faire

Les ventes de vins du Bordelais vers

Le groupe français a annoncé fin mars

L’industrie du voyage et du tourisme a

la Chine ont chuté en 2013 de 16 % en

un bénéfice net pour 2013 de 790

connu en 2013 en Chine une croissance

volume et de 18 % en valeur (pour un

millions d’euros, en hausse de 6,8 %

de 6 %, très inférieure aux attentes,

montant total de 276 millions d’euros).

par rapport à 2012 et une rentabilité

a estimé le Conseil mondial du voyage

L’une des causes de ce ralentissement,

opérationnelle record de 32,4 % des

et du tourisme (WTTC) qui a

précise la presse française, « est

ventes. Hermès a maintenu un chiffre

appelé en mars Pékin à assouplir sa

l’enquête anti-dumping sur les vins

d’affaires en hausse de 13,4 % en

politique de visas. Au total,

européens lancée par Pékin en juin

Asie — hors Japon — en 2013, porté

le secteur a contribué à hauteur de

dernier en guise de représailles aux

essentiellement par le marché chinois.

5 229 milliards de yuans

taxes imposées par la Commission

Pour 2014, le groupe toutefois évoqué

(610 milliards d’euros) au PIB du

de Bruxelles sur l’importation des

les incertitudes entourant l’économie

pays (soit 9,2 % du total), contre

panneaux solaires chinois ».

européenne et la situation en Chine.

4 935 milliards en 2012.



Publireportage

L’Écoparc sino-allemand de Qingdao Un nouveau parc écologique ouvert à toutes les entreprises étrangères désireuses de développer leurs affaires en Chine L es avantages d u parc Une situation stratégique • Port de Qianwan (7e plus grand au monde) en 10 min • À 20 km de l’aéroport aéroport Jiaodong de Qingdao (fin des travaux en 2018), et 50 km de l’aéroport Liuting de Qingdao • Facilité d’accès au centre de Qingdao • Desserte par les transports en commun : des lignes de métro traversent le parc et le relient à l’aéroport Jiaodong de Qingdao Un centre de services Une équipe vous accompagnera pour gérer les formalités d’implantation et celles d’enregistrement . Protection de la propriété intellectuelle Mise à disposition d’un centre de protection de la propriété intellectuelle et d’une société de services en charge de vous conseiller dans vos démarches : • Consultation • Procuration • Service de transaction Construction des usines Construction des usines par le parc, l’entreprise peut en louer ou en acheter. Une région dynamique • Plus de 5 000 entreprises étrangères ; • 12 universités et 150 000 étudiants. Site : www.sgep-qd.de E-mail : claire@qdwena.gov.cn

12

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Qingdao est une ville du littoral Est chinois située dans la province du Shandong. Elle est mondialement connue pour sa bière Tsingtao, mais aussi pour ses magnifiques paysages et son climat agréable. C’est dans la zone Ouest de cette ville que les autorités chinoises et allemandes ont conjointement décidé d’établir l’Écoparc sinoallemand, un parc d’activités économiques et industriels nouvelle génération. Les caractéristiques de l’Écoparc: Surface Une superficie de 11,6 km2 divisée en trois grandes zones : 1. Industries (base de production, usines...) ; 2. Centres d’affaires et résidences (école, commerces, bureaux, logements...) ; 3. Recherche et technologies (universités, centre de recherche...) ; Les zones 1 et 2 sont divisées en huit secteurs qui prennent la forme de galets, pierre très présente dans cette région de Chine ; quant à la zone 3, située à proximité des montagnes, elle prend la forme d’un serpent. 45 % de la surface de l’Écoparc est réservée aux activités industrielles et économiques, 25 % aux résidences et 30 % aux espaces verts. Un Écoparc a l’atmosphère très européenne car conçu et imaginé par des designers et architectes allemands. Les secteurs industriels du parc Trois principaux secteurs sont représentés sur cet Écoparc sino-allemand : • Les énergies nouvelles • La fabrication d’équipements de haute technologie • La biomédecine Entreprises françaises ? Vous êtes les bienvenues ! Compte tenu de l’implication des autorités allemandes sur ce projet, 50 % des zones d’implantation de ce parc sont réservées à des entreprises allemandes. Les 50 % restantes sont ouvertes à tous les entreprises étrangères désireuses de s’implanter dans l’Écoparc. En 2013, environ 560 représentants de 136 entreprises ou organismes étrangers (hors Allemagne) — dont une dizaine de structures

françaises — sont venus visiter le parc et s’entretenir avec les responsables du comité d’administration du parc. Plusieurs entreprises chinoises, américaines, italiennes, et aussi françaises sont en cours de négociations avec le comité d’administration. Un parc 100 % « écolo » ! Nous proposons un parc d’activités complètement éco-responsable : Construction verte Tous les bâtiments du parc — bureaux, résidences et usines — respectent les normes chinoises de constructions vertes : choix des matériaux de construction, fonctionnement par des énergies propres, etc. Priorité aux déplacements doux Marche, vélo, bus électrique, tout est mis en œuvre pour favoriser les déplacements doux sur le site. Grâce à son réseau de bus, vous pouvez faire le tour du parc en 15 minutes et vous déplacer rapidement à l’intérieur de chaque zone. La circulation aux voitures sur la zone sera interdite, elles seront garées dans des parkings souterrains. 40 normes L’Écoparc sino-allemand a fixé une liste de 40 normes qui garantissent un espace respectueux de l’environnement, pour en citer quelques unes : • Taux d’utilisation des énergies renouvelables : 15 % • Proportion de l’approvisionnement énergétique par des énergies distribuées : 60 % • Contraintes sur les émissions de CO2 par unité de GDP : 180tCO2/million USD • Contraintes sur les investissements R&D par rapport au GDP : 3 % • Espaces verts par habitant : 30 m2 • Ces normes devraient être atteintes en 2012. U-Energy Network Le « U-Energy Network » s’impose comme un atout de l’Écopark, qui lui permettra d’atteindre ses objectifs écologiques. Il s’agit d’un système de régulation du mix énergétique, qui grâce à des technologies innovantes et au cloud computing, permet de faire réguler la consommation en gaz naturel du parc, soutenue par des énergies renouvelables, éolien, solaires, géothermique,etc. Une fois l’U-Energy Network mis en place, le parc fonctionnera à 80,6 % grâces à des énergies propres, et 15 % grâce à des énergies renouvelables. Un système qui permettra également de fortes réductions des coûts de consommation d’énergie.


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Téléchargez le bulletin économique mensuel à cette adresse : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/chine/cadrage-general

360 Mds USD SOLDE COMMERCIAL : l’excédent commercial de la Chine (commerce de biens) en 2013.

2,6 % INFLATION : la croissance moyenne de l’indice des prix à la consommation en 2013.

10 millions l’objectif de création d’emplois urbains en 2014, annoncé par la NDRC.

56 %

46 %

la part du secteur des services dans le PIB chinois en 2013, qui dépasse, pour la première fois celle du secteur industriel (44 %).

189 millions le nombre de foyers chinois disposant d’un accès internet haut débit dont seulement 22,6 % avec un accès supérieur à 8 mégas.

Croissance en 2013 : 7,7 % 7,7 %

« Environ 7,5 % »

2013

2014

la croissance du PIB chinois pour l’année 2013 s’est établie à 7,7 % en g.a. Pour 2014, le Premier ministre LI Keqiang a annoncé le 5 mars aux « deux assemblées » (APN et CCPPC) réunies à Pékin, un objectif d’ « environ 7,5 % ».

Consommation

+13,1 %

la croissance moyenne en valeur nominale des ventes de détail en 2013.

du PIB : le ratio de la dette publique chinoise consolidée fin juin 2013 (30 275 Mds CNY dont 12 384 Mds CNY pour le gouvernement central et 17 891 Mds CNY pour les gouvernements locaux) selon les résultats de l’audit de la Commission nationale des Comptes.

55,2 Mds EUR la valeur des échanges commerciaux entre la France et la Chine en 2013 (14,7 Mds EUR d’exportations françaises et 40,5 Mds EUR d’importations).

e

7

le RMB est devenu en janvier 2014 la 7e devise la plus utilisée dans le monde pour les paiements, dépassant le franc suisse, selon l’entreprise SWIFT.

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

13


Grande Interview

Jean-Pierre R a ff a r i n Vice-président du Sénat

« Développer des projets communs franco-chinois est un cap d’avenir »

DR

Pour Jean-Pierre Raffarin – ancien Premier ministre et vice-président du Sénat – c’est notamment au travers de projets économiques conjoints que la France peut rééquilibrer les échanges avec la Chine. Interview.

14

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014


Connexions : Comment jugez-vous la dynamique de la relation France-Chine ? Jean-Pierre Raffarin : Le climat des

relations franco-chinoises est aujourd’hui très positif. Les différentes visites officielles qui se sont succédées se sont passées dans des contextes très favorables. La relation politique et culturelle entre la France et la Chine est de qualité. L’enjeu principal aujourd’hui est d’avoir une relation économique qui soit au niveau de la relation politique. Pour ce faire nous devons travailler à l’émergence de projets communs, non seulement de projets bilatéraux mais aussi de projets francochinois destinés à des pays tiers, notamment aux pays émergents l’ Afrique en particulier. C’est cet enjeu des grands projets sino-français dans le monde qui peut marquer la coopération dans les 50 années qui viennent.

La relation commerciale entre les deux pays est largement aujourd’hui à l’avantage de la Chine. C’est donc au travers de projets économiques conjoints que la France peut rééquilibrer ces échanges avec la Chine ?

Il faut essayer d’atteindre l’équilibre commercial, et donc de développer ce que les Chinois appellent le « gagnant-gagnant » — ce qu’en France nous appelons la réciprocité. Mais au delà des échanges économiques, il faut penser à tout ce que nous pouvons en effet inventer, produire et vendre ensemble : des automobiles aux réacteurs nucléaires et à toutes les autres innovations scientifiques et industrielles que les pays peuvent développer ensemble.

Quelle analyse faites-vous de la récente participation du constructeur chinois Dongfeng – dans le capital de PSA ?

C’est un dossier qui a été bien mené et qui est très favorable à la fois pour PSA et Dongfeng. Cette logique des projets communs me paraît être un cap d’avenir. Ces dernières années, nous avons cherché la promotion des échanges – aujourd’hui, il faut poursuivre ces échanges mais aussi investir davantage dans le projet commun. Une porte que nous avions ouverte par1/2 exemple avec le projet d’usine Airbus à Tianjin et d’autres initiatives qui 170x125 sont en développement et qui font du francochinois, une force créatrice.

Faut-il mettre en place de nouveaux mécanismes d’aide à l’export en Chine à destination des entreprises françaises, type PME/ETI ?

Il faut en effet un soutien public renforcé à travers les nouvelles ouvertures développées

« La relation politique et culturelle entre la France et la Chine est de qualité. L’enjeu principal aujourd’hui est d’avoir une relation économique qui soit au niveau de la relation politique. Pour ce faire nous devons travailler à l’émergence de projets communs, non seulement de projets bilatéraux mais aussi de projets francochinois destinés à des pays tiers, notamment aux pays émergents l’Afrique en particulier »

par la Caisse des dépôts et de consignation, notamment avec BPI France qui permet de financer les entreprises qui ont des projets d’internationalisation. Ce qui compte pour nous est de faire grandir nos PME. Nous avons en France beaucoup de PME – davantage qu’en Allemagne et qu’en Italie – mais moins d’ETI. La stratégie principale qui doit être la nôtre est donc de faire grossir nos PME. Pour cela il y deux possibilités : l’exportation et l’innovation ; deux voies qui nécessitent des capitaux propres importants. BPI France développe ainsi de nouveaux soutiens aux entreprises qui veulent se développer soit par l’internationalisation et l’ouverture à de nouveaux marchés, soit par des acquisitions sur place ou des partenariats, soit enfin par des logiques d’exportation.

Ces nouveaux soutiens sont-ils suffisants en Chine, marché réputé particulièrement difficile pour les PME étrangères, françaises notamment ?

La clé du succès en Chine reste toujours la même : la qualité du partenaire. C’est pour cela que dans le cadre du cinquantenaire de nos relations diplomatiques, nous avons voulu faire un grand sommet des PME à Chengdu les 23 et

24 octobre 2014 à l’occasion d’un rassemblement de plus de 1 000 PME chinoises et françaises. Notre objectif est de multiplier les contacts – chaque entrepreneur présent aura au moins une douzaine de rendez-vous BtoB en face à face pendant ce forum. Cela permettra, je l’espère, de pouvoir qualifier des partenariats. L’objectif est clair : choisir les bons partenaires et trouver ensuite toutes les assistances nécessaires pour renforcer le haut de bilan, soutenir l’innovation, promouvoir les exportations, recruter et/ou former les compétences pertinentes, etc.

Vous êtes en effet à l’initiative du projet « 1 000 PME/ETI françaises et chinoises » à Chengdu fin 2014. Quelles sont les perspectives de croissance pour les entreprises françaises dans l’Ouest du territoire chinois ?

Elles sont fortes. Cette région du Sichuan, au cœur même de la Chine, peuplée comme l’Allemagne, connaît un taux de croissance de 13 %. Il y a là d’excellents partenariats à bâtir pour nos PME. C’est un marché extrêmement dynamique où toutes les grandes entreprises chinoises sont présentes. Le Sichuan constitue une excellente porte d’entrée pour qui veut s’implanter en Chine. Monter cette grande opération à Chengdu est donc pour nous le moyen de faire connaissance, d’apprivoiser les partenaires et de voir si les choses sont ensuite fructueuses sur l’ensemble de la Chine.

Quelle analyse faites-vous du modèle de développement actuel de la Chine ?

Il faut être prudent dans toute forme d’analyse : la Chine est sur un modèle de développement que je qualifierais de paradoxal. C’est à la fois un pays à grande pollution mais il est le premier au monde pour les nouvelles énergies ; il est à la fois très centralisé, mais les provinces chinoises ont aussi beaucoup de pouvoirs, etc. C’est donc un pays dans lequel le jour où vous saisissez une vérité, vous pouvez être certain que la vérité contraire existe à côté. La Chine est, comme d’autres pays émergents, une destination à fortes opportunités mais aussi à grands risques. Elle doit être abordée avec humilité – certainement pas avec un sentiment de supériorité – et dans la recherche de partenariats solides et fiables. Enfin, en Chine, il ne faut jamais sous-estimer la relation d’amitié qui peut être durable à la condition d’y consacrer les efforts nécessaires. Pour réussir en Chine, il faut aimer les Chinois. Propos recueillis par Pierre Tiessen

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

15


Publireportage

Les principales réformes légales encadrant le développement des relations commerciales franco-chinoises Par Germain Sinpraseuth1

D

epuis l’établissement des relations diplomatiques franco-chinoises en 1964, les liens économiques entre ces deux pays n’ont cessé de se renforcer. Malgré des fluctuations conjoncturelles et des désaccords commerciaux médiatisés, le volume annuel des échanges commerciaux représenterait aujourd’hui plus de USD 50 milliards d’après M. Zhai Jun, Ambassadeur de Chine en France. Quand bien même des détracteurs avanceront que ces échanges se font au détriment du déséquilibre de la balance commerciale française. Ces critiques ne tiennent toutefois pas longtemps face à la conjoncture mondiale actuelle, à l’enjeu que représente le marché chinois et au « choix de l’évidence et de la raison » qui en découle tel que le prédisait le général de Gaulle. La coopération économique est donc un élément clé de l’évolution des relations franco-chinoises. La France et la Chine sont deux puissances économiques qui plaident pour un monde multipolaire ; et chacun voit en l’autre un partenaire stratégique, global et innovant avec lequel il souhaite s’associer pour développer des coopérations dans des domaines vitaux tels que l’énergie, l’agroalimentaire, la santé, les transports, l’aérospatial, le numérique et l’éducation. La coopération économique franco-chinoise n’a toutefois pu avancer qu’à partir du lancement de la politique de réforme et d’ouverture de la Chine en 1979. Les entreprises françaises figurent ainsi parmi les pionniers des investisseurs étrangers en Chine. Après un demi-siècle de relations diplomatiques et économiques, la Chine a connu de nombreuses réformes qui ont permis aux entreprises françaises d’étendre

16

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

leurs activités en Chine. Il est évidemment impossible d’établir un état des lieux exhaustif de l’ensemble desdites réformes en quelques pages et nous ne pouvons que trop recommander de vous référer à notre manuel de « Droit chinois des affaires » paru aux éditions Larcier afin d’approfondir ce sujet. Nous souhaitons toutefois faire un récapitulatif des principales réformes légales ayant forgé durant ces 50 ans l’« économie socialiste de marché » à la chinoise qu’on peut diviser en deux grandes catégories : (I) les réformes structurelles et (II) les réformes sectorielles. LES PRINCIPALES RÉFORMES LÉGALES STRUCTURELLES La Chine qui jusqu’en 1979 ne comptait que sur ses propres forces a progressivement repris sa place sur la scène internationale tout en réformant son système économique et légal afin de s’adapter aux enjeux économiques et humains de l’Empire du Milieu et ouvrir ses frontières aux investissements étrangers. On peut citer parmi les réformes les plus importantes : le rétablissement du ministère de la Justice (1979) ; l’adoption d’une nouvelle Constitution (1982) ; l’adoption de la nouvelle loi pénale (1979) et de procédure civile (1982) ; la promulgation des Principes Généraux du Code Civil (1986) et de diverses lois sur les contrats (1981, 1985, 1987) ; l’adoption de la loi sur la responsabilité délictuelle (2009) ; l’émergence d’un droit administratif ; la ratification de conventions internationales en matière de propriétés intellectuelles et la promulgation de lois nationales dans ce même domaine ; et la création de zones économiques spéciales. Les premières avancées qui peuvent être considérées comme « significatives » demeurent toutefois l’adoption de la Loi sur

les Equity Joint Ventures (EJV) en 1979, symbole de l’ouverture de la Chine aux investissements directs étrangers (IDE). Le Catalogue d’Orientation des IDE (le « Catalogue ») adopté en 1995 cristallise les principes et limites de cette ouverture du marché chinois aux IDE. Le Catalogue classe ainsi en trois catégories les domaines d’activités dans lesquels les IDE sont « encouragés », « restreints » ou « interdits » (les activités non répertoriées par le Catalogue étant « autorisées » aux IDE. Ce Catalogue inclut également le calendrier de libéralisation des secteurs répertoriés. Entre 2005 et 2007, on constate ainsi que des IDE dans des secteurs autrefois réservés aux joint-venture sino-étrangère (JV) notamment dans les domaines du tourisme, du transport, de l’assurance, des banques, etc. sont progressivement autorisés à établir des sociétés à capitaux exclusivement étrangers (WFOE) en Chine pour ces activités. D’autres domaines tels que la radiodiffusion, la télévision et l’internet, auparavant exclusivement réservés aux sociétés domestiques chinoises, deviennent accessibles aux JV. De plus, les sociétés étrangères exerçant des activités « encouragées » pouvaient bénéficier d’avantages fiscaux (exemption de taxes, de droits de douanes, etc.). L’amendement de la Loi sur le Commerce Extérieur (« Foreign Trade Law ») et la promulgation du Règlement du ministère du Commerce chinois (« MOFCOM ») sur la distribution en 2004 marquent également l’abolition du monopole des importationsexportations autrefois réservés à peu de sociétés licenciées par l’État. Depuis le 1er juillet 2004 et sous réserve d’une simple procédure d’enregistrement auprès de l’Administration de l’Industrie et du Commerce (AIC) compétente, la majorité des sociétés étrangères peuvent importer leurs produits via leur filiale implantée en Chine. La Foreign Trade Law et autres textes complémentaires constituent une véritable révolution pour les PME (moins d’intermédiaires, autorisation d’Entreprise Commerciale à Investissements Étrangers (ECIE) sous forme de JV ou de WFOE, assouplissement du régime de franchise). Les Principes Généraux du Droit Civil (modifié en 2009) et la Loi sur les Contrats (adoptée en 1999) renforcent la sécurité juridique des IDE en Chine. Par ailleurs, la Constitution chinoise de


1982 (amendée particulièrement en 2004) entérina le principe de propriété privée en Chine ainsi que la distinction entre propriété privée et publique. Il en résulte une division du sol (propriété de l’État mais dont l’usage peut être concédé aux personnes privées) et des édifices (pouvant être la propriété de personnes privées). La Chine connaît également de grands changements en matière de droit des sociétés en adoptant des lois régissant les différentes formes sociales que peuvent prendre les projets d’IDE en Chine (Entreprises à Investissements Étrangers (EIE) incluent WFOE ; EJV ; « Cooperative Joint Venture », Holdings, Foreign Invested Partnership Enterprise). Parallèlement, on constate une tendance à l’uniformisation et à la simplification notamment en matière de formalités administratives relatives à la création d’entités légales (bureau de représentation, succursale, etc.) ou d’EIE (raccourcissement de délais d’approbation). Un cadre légal aux opérations de fusionsacquisitions de sociétés domestiques chinoises par des opérateurs étrangers a été érigé entre 2003 à 2009. Il apporte plus de transparence sur les conditions de ces opérations (forme légale, prix d’acquisition, contrôle de concentration, procédure d’approbation administrative, etc.). Enfin, on notera les règlementations nationales et locales instaurant des zones de développement prioritaires qui ont permis à la Chine d’attirer des IDE dans des zones spécifiques en contrepartie du bénéfice d’un régime légal (et parfois fiscal dans des secteurs de hautes technologies) privilégié telles que dans les régions du Centre et de l’Ouest de la Chine, et dans les « Zones Économiques Spéciales », les « Zones Franches », etc. DES EXEMPLES DE RÉFORMES SECTORIELLES Durant la dernière décennie, il y a eu intensification des réformes sectorielles ayant pour objectifs aussi bien la régularisation que la libéralisation de certains secteurs. Le Catalogue a non seulement permis la libéralisation de divers secteurs d’activités mais a également donné lieu au développement de « zones grises » faisant de la Chine un Eldorado dans de nombreux secteurs. La Chine a toutefois progressivement remis de l’ordre en forçant les investisseurs étrangers à « officialiser » leurs activités commerciales en Chine. À défaut de régularisation dans un délai imparti,

les entreprises étrangères en infraction ne seraient plus autorisées à continuer leurs activités en Chine. Parallèlement à cette politique de « régularisation » qui visait à mettre un frein à certains abus, la Chine a poursuivi la libéralisation progressive de son marché selon le calendrier du Catalogue. L’ouverture du marché de la distribution en 2004 a redynamisé les IDE dans de nombreux domaines. On peut ainsi énoncer la réforme de 2010 qui autorise les EIE de vente au détail ou en gros à demander l’extension de leur objet social afin d’inclure la vente en ligne. Enfin, on relève une tendance générale à l’uniformisation du régime légal (droit des sociétés en 2005) et fiscal (en 2007)

applicable aux EIE et sociétés domestiques chinoises. La Chine souhaite cependant maintenir certains privilèges pour attirer les IDE dans des secteurs innovants et de haute technologie (tel que dans le domaine des transports, de l’énergie, l’aéronautique, l’agro-alimentaire, les centres de R&D, etc.) ou dans les régions du Centre et de l’Ouest de la Chine. Les derniers amendements au Catalogue en 2011 s’inscrivent dans ce sens. La France présentant de nombreux atouts dans ces domaines, il est vraisemblable que les relations économiques franco-chinoises ont un bel avenir devant elles. 1. Avocat associé, ADAMAS


Numéro spécial

法 中 18

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014


50 ans de relations diplomatiques C'est le 27 janvier 1964 que furent établies les relations diplomatiques entre la France et la République populaire de Chine, à l'initiative du général de Gaulle. « La France a ainsi été le premier grand pays occidental à nommer à Pékin un ambassadeur de plein exercice », rappelle le ministère français des Affaires étrangères. « La relation bilatérale est caractérisée depuis 1997 par un partenariat global stratégique qui se traduit par un flux régulier d’échanges politiques de haut niveau et par un dialogue qui englobe tous les sujets, à la mesure de l’émergence de la Chine dans tous les domaines ». Connexions revient sur ce demi-siècle d'histoire et donne la parole à celles et à ceux – personnalités du monde politique, diplomatique et artistique mais aussi entrepreneurs français et chinois – qui aujourd’hui font vivre la relation France-Chine.

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

19


DR

Enfin, le « moment français » ?

Imagine China

Pour Emmanuel Gros, associé à Shanghai au sein de la banque d’affaires Benoit & Associés – spécialisée dans les opérations de fusions-acquisitions des entreprises chinoises en France – l’Hexagone est plus que jamais convoité par les investisseurs de l’Empire du Milieu. « La France a beaucoup d’atout. Je crois au moment français comme il y a eu un moment allemand », explique-t-il. Une chose est sûre : la Chine vise l’Europe qui concentre désormais plus du tiers de toutes les fusions-acquisitions chinoises dans le monde (soit quelque 90 milliards de dollars l’an dernier, huit fois plus qu’en 2005). La France aujourd’hui ne capterait encore qu’une infime partie de ces investissements directs chinois (IDC). « Depuis la visite de François Hollande l’année dernière, j’ai le sentiment que l’image de la France est meilleure auprès des investisseurs chinois », juge Emmanuel Gros. « Nous sommes très bons sur les biens de consommation, l’agroalimentaire, les cosmétiques, la mode, l’industrie de loisirs, etc. Il y a sur ces secteurs de vrais enjeux pour les Chinois ! ».

N

oces d’or des relations diplomatiques pour le couple franco-chinois ! 50 bougies sur le gâteau… Un anniversaire dont compte bien se servir la France pour — notamment — rééquilibrer la balance commerciale avec Pékin (largement à l’avantage de la Chine : + 25,8 milliards d’euros en 2013). La Chine est le deuxième fournisseur de la France après l'Allemagne, alors que la France n'est que le

Page précédente : Imagine China

20

« Depuis un an, les résultats sont au rendez-vous », citant « le nucléaire civile, une coopération ancienne, l'aéronautique où nous avons déjà multiplié les échanges mais aussi sur de nouveaux domaines » comme « l'agroalimentaire », « la ville durable » et « toutes les questions des technologies ». La balance commerciale, fil rouge de ce cinquantenaire ? C’est à l’évidence « un point important », relève un observateur français à Pékin. Xi Jinping a signé en France une salve de contrats/commandes pour un montant total

1964

1973

27 janvier

Septembre

Point de départ des relations officielles entre la République populaire de Chine et la République française. Un bref communiqué publié simultanément à Paris et à Pékin annonce que « le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé d’un commun accord d’établir des relations diplomatiques ». La France a ainsi été le premier grand pays occidental à nommer à Pékin un ambassadeur de plein exercice.

Georges Pompidou est le premier chef d’État français et du monde occidental à se rendre en République de Chine populaire, où il rencontre le président Mao Tsé-Toung.

DR

France-Chine 50 ans de relations diplomatiques

19e fournisseur de la Chine. Avec 1,2 % de part de marché en Chine en 2013, la France se place devant le Royaume-Uni (1,0 %) et l'Italie (0,9 %) mais très loin derrière l'Allemagne (4,8 %). François Hollande l’a d’ailleurs fortement souligné lors de la visite d’État en France de Xi Jinping fin mars. « Sur le plan bilatéral, nous avons d'excellentes relations, même si nous avons un devoir pour ce qui nous concerne, c'est de rééquilibrer le commerce extérieur entre nos deux pays ». Et de poursuivre :

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

DR

P. Ti.


2005 2007 2010

0,32 1,5 3,1

2012

4,4

2013

5

2014

5,5

2015

6

2016 2017

8 9 10

2018

12

2019

15

2020 Sources : AFII/DGCIS/IAE Lyon En rouge : hypothèses

record de 18 milliards d’euros. Et même si de nombreux événements et rendez-vous politiques et culturels sont organisés durant toute cette année commémorative (voir pages 64 et 65), l’enjeu principal aujourd’hui, rappelle Jean-Pierre Raffarin (voir pages 14 et 15) est bien « d’avoir une relation économique qui soit au niveau de la relation politique ». Relation historique Mais pour qu’il y ait impact économique,

relève Ding Yifan, directeur adjoint de l’Institut d’études sur le développement mondial à Pékin, « il faut qu’il y ait une impulsion politique. Et ça, de Gaulle et Mao l’avaient parfaitement compris ». En 1964 en effet, le leader chinois considérait qu’à offre commerciale égale entre plusieurs pays, la Chine devait donner la priorité à la France. « Les affaires entre les deux pays étaient bonnes », estime Ding Yifan. Vint ensuite la Révolution culturelle — dix longues années d’isolement pour la Chine.

« Mais dès 1974/1975, les relations France-Chine ont repris. Pékin avait besoin de moderniser ses équipements de production — la France a fourni clé en main des éléments de production pétrochimique à Anqing, Luoyang, etc. De tous les pays occidentaux, seule la France pouvait commercer avec la Chine ». Et ce jusqu’aux événements de Tiananmen en 1989. « Mais avec Jacques Chirac, les échanges ont repris. En revanche, Nicolas Sarkozy, lui, n’avait pas une vision très claire de la Chine. De même pour François Hollande, on n’y voit pas très clair dans sa politique avec la Chine », estime Ding Yifan. Un jugement sévère ? Pour l’économiste, la France — et ses grandes entreprises — n’ont pas toujours su profiter de cette « relation historique » avec la République populaire de Chine, « alors même qu’elles furent à une époque les seules à rentrer sur le marché chinois. Certaines ont beaucoup hésité… Aujourd’hui, ce déficit commercial avec la Chine préoccupe la France et je le comprends mais la compétitivité des entreprises chinoises est telle que la Chine a des excédents commerciaux avec l’ensemble de ses partenaires, à l’exception des pays de l’ASEAN ». Sur le plan diplomatique, ce cinquantenaire devrait inciter la France à jouer un rôle actif sur le projet de « nouvelle route de la Soie », que Xi Jinping aimerait accélérer. Un projet auquel le numéro 1 chinois est particulièrement attaché et qui vise « à reconstruire un corridor logistique, capable d'offrir des débouchés stables aux provinces de l'intérieur de la Chine, mais aussi d'ouvrir le marché chinois aux importations européennes », comme le précisait récemment Le Monde. Paris pourrait alors, en cette année anniversaire, « prendre l’initiative et pousser le dossier au niveau européen », prédit Ding Yifan. « Tapis rouge » pour les investisseurs chinois Importante, la question du poids économique de la Chine en France l’est aussi. Alors que certains veulent croire à

1983

Octobre

Mai

Deuxième visite officielle d’un président français en Chine populaire. Valéry Giscard d’Estaing rencontre Deng Xiaoping, qui mène alors une politique d’ouverture après l’annonce de la fin de la Révolution culturelle. La rencontre est marquée par la signature d’un accord sur la construction de deux réacteurs nucléaires en Chine.

Troisième visite officielle d’un président français en Chine. François Mitterrand reste deux jours à Pékin pour parler politique et inaugurer une exposition Picasso ; un jour à Xi’an, pour admirer les statues des 6 000 guerriers de l’Armée de terre cuite ; un jour à l'université de Nankin, et quelques heures à Shanghai, pour remettre la Légion d'honneur au célèbre écrivain Pa Kin.

DR

1980

DR

Flux des IDE chinois et hongkongais en France en milliards de dollars

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

21


L e r e g a rd d e

José Frèches

Si, avec un peu plus de 10 millions de visiteurs, le pavillon de la France à l’Exposition Universelle de Shanghai en 2010 fut le plus visité de tous, y compris celui de la Chine, c’est parce qu’il donnait à voir ce que le public chinois attend de la France : Paris, la Tour Eiffel, Millet et son Angélus, Manet et son balcon, Van Gogh et ses couleurs magiques, Louis Vuitton et le rêve du voyage qu'il induit…

Comment aujourd’hui continuer à tirer parti de l’excellence de notre image en Chine, image qui, en raison même de la mondialisation, doit être régénérée en permanence si nous voulons la préserver ? Nous devons : - développer les échanges entres les jeunes de nos deux pays. Aujourd’hui, ce sont plutôt les grandes

1999

Mai

Octobre

Première visite de Jacques Chirac en Chine (il s’y rendra ensuite à trois reprises en 2000, 2004 et 2006). La relation francochinoise est qualifiée de « partenariat global ». Cette décision prise par la France en 1997, confirmée à chaque rencontre bilatérale de haut niveau, repose sur la conviction qu’un dialogue confiant avec la Chine est de nature à favoriser l’évolution du pays vers davantage de stabilité, de croissance et de liberté.

Jacques Chirac accompagne Jiang Zemin en Provence, lors d'un voyage en Europe du président chinois. Avec son épouse, ils sont invités dans le château des Chirac en Corrèze. À cette occasion, Jiang Zemin fera des pas de valse avec Bernadette Chirac…

DR

1997

22

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Imagine China

La France en Chine : l’image d’un pays « rêvé »

DR

Pierre Tiessen

DR

un « moment français » (voir encadré p.20) en cette année anniversaire, la presse chinoise titre désormais sur une France qui déroule « le tapis rouge aux investisseurs chinois » depuis que François Hollande a appelé, lors de sa première visite officielle en Chine en avril 2013, à lever « tous les obstacles et les freins aux investissements chinois en France ». La France dans la ligne de mire des capitalistes chinois… Selon les projections de la direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS), Paris et les provinces françaises pourraient alors, à l’horizon 2020, accueillir chaque année plus de 15 milliards de dollars de flux chinois (contre 4,4 milliards d’euros en 2012). Déjà, « il y a de plus en plus de sociétés chinoises qui nous contactent pour créer des sociétés », explique à Connexions Yan Jufen délégué général en France du CCPIT (conseil chinois pour la promotion du commerce international) et secrétaire général de l'AECF (Association des entreprises de Chine en France qui recense 50 entreprises chinoises sur 200 environ enregistrées en France). Ce qui pousse ces capitalistes chinois en France ? « Cela correspond à un niveau de développement de l’économie chinoise », selon Yan Jufen. Même si, insiste-t-il, « la Chine est encore malgré tout un pays émergent. C’est comme un nouveau diplômé : on a des doutes sur ses compétences. Mais indéniablement la Chine s’améliore dans sa gestion et dans la maitrise de ses investissements à l’étranger ». Surtout, cette poussée chinoise en France pourrait se concrétiser sur davantage de projets conjoints franco-chinois « hors France », en Afrique notamment (voir pages 14 et 15 notre interview de M. Raffarin). Une coopération franco-chinoise sur le continent noir qui aurait déjà commencé, selon les médias officiels à Pékin. Se cache aussi derrière ce discours une rivalité économique sur le terrain entre entreprises françaises et chinoises qu’aucun anniversaire ne saurait dissimuler…

Pragmatisme, humilité, mais aussi, bien sûr, inventivité, tels sont les trois mots clés pour une présence renforcée de la culture française en Chine.


Le Pavillon France pendant l'Exposition Universelle de Shanghai en 2010

universités américaines qui attirent les jeunes chinois les plus brillants. Nos grandes écoles sont autant de centres d’excellence qui doivent pouvoir remplacer avantageusement la plupart des universités anglo-saxonnes. Inversement, il faut, par différents moyens, y compris financiers, encourager les étudiants français à partir étudier en Chine. J’appelle ainsi à la création d’une Fondation franco-chinoise qui serait financée par de grandes entreprises des deux pays et dont l’objet serait d’offrir des bourses de séjour en France et en Chine à des étudiants des deux pays. - mais aussi améliorer l’accueil des touristes chinois lorsqu’ils viennent en France. Et d’abord la porte d’entrée : l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, qui fait si pâle figure, en termes d’ergonomie, de propreté et de rapidité

2004

de livraison des bagages, comparé aux grands aéroports asiatiques ou ceux du Golfe. - et enfin, permettre à de nouveaux visages de la culture française (au sens le plus large du terme) d’apparaître en Chine. L’État français doit œuvrer à l’émergence de l’Alain Delon et de la Sophie Marceau de demain. Nous devons pour cela développer davantage encore les secteurs de la musique et du cinéma, qui sont deux vecteurs clés de la diffusion des cultures dans le monde d'aujourd'hui. Pragmatisme, humilité, mais aussi, bien sûr, inventivité, tels sont les trois mots clés pour une présence renforcée de la culture française en Chine.

biographie

José Frèches ancien élève de l’ENA, diplômé d’histoire, d’histoire de l’art et de chinois, est écrivain, auteur notamment de La Disque de jade, l’Impératrice de la soie et L’empire des larmes. Il a été le commissaire général du Pavillon France à l’Exposition Universelle de Shanghai en 2010.

José Frèches

Août

Années croisées de la Chine en France et de la France en Chine. De très nombreux événements culturels sont organisés dans les deux pays pour célébrer ces années croisées et le 40e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays. Première visite en France du président chinois Hu Jintao.

L’organisation des Jeux olympiques à Pékin en août 2008 intervient dans un contexte de crise entre la France et la Chine. Il faut attendre 2010 et la 3e visite en Chine du président français Nicolas Sarkozy, essentiellement culturelle, pour entrevoir une amélioration des relations.

Imagine China

Octobre

Imagine China

2008

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

23


DR

La Bibliothèque chinoise, lancée grâce à l’esprit audacieux des Belles Lettres et au soutien de poids du Collège de France, a pour ambition de présenter à un public élargi des textes originaux en chinois classique avec la Percevez-vous un appétit plus fort traduction française annotée en vis-à-vis, du public français pour les études ainsi qu’une introduction chinoises ? substantielle et détaillée, L’intérêt du public français dans la tradition des « Budé » pour la culture et les études grecs et latins. La collection, qui chinoises ne date pas d’hier et, à la a fait paraître quatre nouveaux différence de ce qui se passe dans titres chaque année depuis nombre d’autres pays (comme sa création en 2010, inclut en les États-Unis, par exemple), il réalité des ouvrages de toute concerne une assez large portion l’Asie orientale (Corée, Japon, de la société. De la même façon Vietnam…) rédigés en chinois que les Chinois (étudiants, classique, langue savante qui a entrepreneurs, touristes) sont joué un rôle comparable à celui du présents en nombre croissant en latin dans l’Europe du Moyen-Âge France, les Français sont de plus jusqu’à l’ère pré-moderne. Les en plus attirés par la Chine, que ce « De la même genres représentés recouvrent soit par son marché ou sa culture, également un domaine élargi et ils ont désormais de bons façon que et diversifié : au programme, moyens d’y être bien préparés, les Chinois on trouvera aussi bien de la notamment du fait de l’offre philosophie que des sciences déjà considérable en matière (étudiants, et des techniques, de la poésie d’apprentissage linguistique. entrepreneurs, que des récits de voyage, de Beaucoup d’ « expatriés » français la théorie politique que du en Chine parlent couramment touristes) sont théâtre… Désormais, le lecteur chinois et prennent une part présents en curieux et pas nécessairement active à la vie sociale sur place. nombre croissant sinisant a ainsi moyen d’accéder Dorénavant, la Chine ne pourra directement au texte original donc plus jamais apparaître en France, les (dont la forme a toute son comme le grand « Autre » de Français sont importance) et à ce qui s’est l’Europe… de plus en plus pensé en Chine et en Asie depuis deux millénaires, sans Vous dirigez, avec Marc Ka- attirés par la se contenter de synthèses linowski, la Bibliothèque et d’interprétations souvent chinoise (photo ci-contre) Chine, que ce soit réductrices. L’objectif est de inaugurée par les Éditions par son marché constituer pour l’« honnête des Belles Lettres en 2010. ou sa culture ». homme » de notre temps une Comment favoriser selon culture générale sur un domaine jusque là vous l’accès en France aux sources considéré comme exotique, voire ésotérique. chinoises en langue classique dans s’élargir également aux régions avoisinantes, l’Europe pour la Chine, et l’Asie orientale pour la France.

Parole à

Ann e C h e n g Professeur au Collège de France Chaire d’Histoire intellectuelle de la Chine

Dorénavant, la Chine ne pourra plus jamais apparaître comme le grand « Autre » de l’Europe… Comment analysez-vous la dynamique (échanges, collaborations) intellectuelle entre la France et la Chine aujourd’hui ?

La dynamique intellectuelle entre la France et la Chine n’a certes pas attendu l’établissement de relations diplomatiques il y a 50 ans pour prendre sa vitesse de croisière. Les contacts entre ces deux pays de haute culture remontant au siècle des Lumières, les multiples formes d’échanges et de collaborations ne se sont jamais limitées à l’aspect officiel, elles ont une implantation en profondeur dans les institutions et dans les relations personnelles qui sont autant de carburants pour une circulation toujours plus intense. Il n’y a donc aucune raison que cette tendance de fond faiblisse, bien au contraire ! On ne peut que s’en réjouir, tout en formulant le souhait que cet intérêt réciproque puisse

tous les domaines des lettres et des sciences ?

Propos recueillis par Pierre Tiessen

2014

Novembre

25/26 Avril

25/27 mars

Visite d’État du président chinois Hu Jintao en France. Paris déroule le tapis rouge afin d'obtenir de la Chine la signature de plusieurs contrats d'une valeur estimée de plus de 20 milliards d'euros.

Visite d’État en Chine du président français François Hollande. Reçu avec maints égards par ses hôtes chinois, le président français a dit souhaiter que les rencontres franco-chinoises au sommet aient lieu désormais chaque année, alternativement en Chine et en France.

Visite d’État en France du président chinois Xi Jinping. La France est le premier pays en Europe dans lequel le président XI Jinping effectue une visite d’État depuis sa prise de fonction en 2013. Ce symbole fort s’inscrit aussi dans la commémoration du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux pays.

24

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Imagine China

2013

DR

2010


Imagine China

À LA LOUPE

La Chine en France

« Des opportunités d’investissements pourraient se présenter à nous dans le secteur du luxe par exemple alors que la Chine est devenu le premier marché mondial. »

« Il y a beaucoup de choses à faire en France pour un groupe comme le nôtre »

Fosun

DR

Votre groupe – connu en France pour être présent depuis 2010 dans le capital de Club Med – est l’un des plus gros conglomérats privés de Chine…

Q ia n J i a nnon g

Président de Fosun Tourism & Commercial Group

Le plus gros conglomérat privé chinois cherche à investir dans des groupes européens – français notamment – visant la Chine.

Oui, en effet. Nous sommes très contents d’avoir établi une telle coopération avec une entreprise française, c'est un très bon investissement, le développement de Club Med en Chine est rapide et nous croyons en son potentiel. Notre ambition est de nous développer sur tous les marchés en particulier aux États-Unis, en Europe et en Asie. Notre stratégie repose donc aussi sur une logique d’investissements hors Chine. Et ce afin de répondre notamment aux nouveaux standards exigés par la classe moyenne chinoise – classe moyenne qui monte en gamme. C'est ce que l’on appelle « China momentum, global resources ».

Quelles sont les ambitions de Fosun en France ?

La France est très performantes dans les domaines comme l’industrie, le luxe, le tourisme et l’agroalimentaire. Il y a beaucoup d’opportunités dans ces domaines en Chine, notre travail c’est de trouver les meilleures entreprises en France sur ces secteurs et les aider à se développer en Chine. Nous sommes actuellement en discussion avec plusieurs entreprises françaises dans lesquelles nous pourrions investir. Il y a beaucoup de choses à faire en France pour un groupe comme le nôtre qui est un conglomérat unique. Des opportunités d’investissements pourraient se présenter à nous dans le secteur du luxe

par exemple alors que la Chine est devenu le premier marché mondial. La France est également la première destination touristique mondiale – nous souhaiterions développer nos affaires sur ce secteur dans les deux sens : Chine-France / France-Chine. Enfin, nous pourrions aussi renforcer notre présence en France dans le secteur de l’agroalimentaire. Nous avons des contacts locaux qui nous aident à identifier les meilleurs acteurs en France sur ces secteurs.

Comment jugez-vous l’environnement d’affaires en France ?

Nous travaillons en parfaite entente avec nos partenaires français. Tout dépend finalement du modèle dans lequel vous êtes en tant qu’investisseur. Nous avons, avec Club Med par exemple, une vraie stratégie de coopération. C’est une entreprise mature, très expérimentée sur le marché français et plus européen globalement. Il y a une réelle compréhension mutuelle. Avec Club Med, nous travaillons tous ensemble à faire grandir le groupe sur le marché chinois, c’est notre stratégie prioritaire. C’est très important – voire fondamental – de travailler avec un bon partenaire avec lequel la confiance est totale. En France, le système législatif est complet, l’environnement commercial est juste pour tout le monde. Cela crée un bon environnement d’investissement pour les capitaux étrangers et rassure leur sécurité. Propos recueillis par P. Ti

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

25


DR

D é cry p t a g e

Directeur du département de science politique et d’études internationales à l’Université baptiste de Hong Kong

Imagine China

Jean-Pierre Cabestan

France-Chine « Une coopération encore limitée » Connexions : Pour la Chine et les Chinois, que représente la France ? Jean-Pierre Cabestan : La Chine est

aujourd’hui plurielle et mieux informée sur la France et l’étranger. L’on connaît les clichés : les Français sont « romantiques », ils aiment le parfum, les produits de luxe et le bon vin. Mais l’on pourrait inverser les choses et attribuer tous ces penchants et ces gouts aux Chinois eux-mêmes qui à mon sens sont par exemple beaucoup plus romantiques ou pour être plus exact sentimentaux que nous. Force est de reconnaître la persistance de ces clichés afin de mieux faciliter leur dépassement et leur destruction… L’essor du tourisme a permis à de nombreux Chinois de dépasser ces images d’Épinal, mais de manière assez imparfaite : sur le plan politique, il y a évidemment de Gaulle pour les Chinois de Chine populaire, puis dans un ordre décroissant, les présidents qui ont le plus œuvré pour un rapprochement avec la République populaire, avec probablement Jacques Chirac au sommet et Nicolas Sarkozy en fin de liste. Sur le plan économique, les Chinois tendent à méconnaître nos technologies et notre savoir-

26

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

« La relation France-Chine est aujourd’hui faite de multiples relations interpersonnelles, privées, familiales, amicales et autres. Et au fond, ce sont ces relations qui sont importantes car elles rapprochent les deux sociétés de manière indépendante des regards et des discours officiels et leur permettent de se mieux comprendre. »

faire pour n’avoir d’yeux que pour l’Allemagne en Europe ou pour Londres pour la finance, ce qui est connu. Ceux qui sont venus chez nous trouvent souvent notre pays un peu trop vieux, plus pauvre et moins sûr qu’ils ne le pensaient…

Comment analysez-vous le développement actuel de la Chine, alors que probablement jamais le coefficient Gini — mesurant les inégalités au sein d'une même population — n'y a été aussi élevé ?

Les inégalités sociales se creusent en Chine, pour se rapprocher de celles que l’on observe au Brésil et dans les pays ou les régions les plus inégalitaires, comme Hong Kong. La gestion de ces inégalités va exiger des autorités chinoises la mise en place à la fois de systèmes de transferts sociaux plus efficaces et de mécanismes de consultation politique plus crédibles. Cependant, il faut garder à l’esprit que ce ne sont pas les inégalités sociales en tant que telles qui choquent le plus les Chinois, et surtout les plus pauvres d’entre eux, mais plutôt le sentiment d’injustice, par exemple l’impossibilité pour les syndicats officiels, les tribunaux ou les organes administratifs de médiation de mettre fin aux


FOCUS ENTREPRISE

La Chine en France

La relation France-Chine depuis 50 ans a connu de nombreux couacs et soubresauts. Comment politiquement et économiquement se porte-t-elle aujourd'hui ?

La réponse à cette question dépend de ce que chacun d’entre nous attend des relations officielles entre la France et la Chine. Personnellement, de celles-ci, je n’ose trop espérer. L’on peut mettre en place tous les dialogues stratégiques que l’on voudra, l’écart entre nos intérêts et nos valeurs restera insurmontable. Certes, on peut coopérer ou trouver un modus vivendi, notamment loin de l’environnement régional de la Chine, comme en Afrique ou sur des sujets comme le réchauffement climatique, mais la coopération avec la Chine est encore limitée et frustrante, car le plus souvent destinée à légitimer les politiques intérieures et extérieures de Pékin. Mais la relation France-Chine est aujourd’hui faite de multiples relations interpersonnelles, privées, familiales, amicales et autres. Et au fond, ce sont ces relations qui sont importantes car elles rapprochent les deux sociétés de manière indépendante des regards et des discours officiels et leur permettent de se mieux comprendre. Elles contribuent enfin à rappeler à nos dirigeants que cette relation est bien plus ancienne qu’on a voulu le montrer à l’occasion de la commémoration que vous évoquez : elle remonte aux Jésuites, à Kang Xi, aux pères salésiens, aux hommes d’affaires français de la concession de Shanghai et d’ailleurs, à nos diplomates installés au Guangxi et au Yunnan, au temps de l’Indochine française et aux ouvriers chinois venus aider à notre effort de guerre contre l’Allemagne en 1914-1918, il y a exactement cent ans.

Huawei

DR

abus de pouvoir des autorités locales (ou des patrons) et de redresser les torts causés par celles-ci (ou ceux-ci) à un citoyen ou un groupe de citoyens. C’est ici que le PC chinois devra le plus innover pour maintenir la stabilité sociale. La lutte contre la corruption participe des réponses apportées par le pouvoir au mécontentement social, mais elle ne suffira sans doute pas tant le patrimoine des dirigeants et l’enrichissement impressionnant de nombreux cadres du PC ainsi que de leur famille restent opaques ou inexpliqué.

Wang Ye m i ng

Directeur général de Huawei France

« Huawei France compte aujourd’hui 650 employés »

L’équipementier télécom Huawei est désormais un acteur incontournable – devenu notamment le 11e dépositaire de brevets en Europe. Quelles sont les ambitions de l’entreprise en France en particulier ? Installer l’entreprise en France fut une étape importante qui a coïncidé avec notre entrée sur le marché mondial. Après dix ans de développement, Huawei France compte maintenant 650 employés et nous avons installé notre siège social à Boulogne Billancourt. Nos équipes sont aussi présentes à Issy-les-Moulineaux, Lyon, Bordeaux, Nantes et nous travaillons principalement avec les opérateurs français tels que Orange, SFR, et Bouygues Télécom mais aussi avec des entreprises telles que Alstom ou Thales avec lesquelles nous développons des marchés à l’export. Nos ambitions, en tant qu'entreprise internationale implantée en France, sont le développement d’initiatives locales comme l’ouverture et le développement de centres d’innovation pour apporter des réponses adaptées aux besoins du marché français mais aussi soutenir de nombreuses PME qui travaillent dans le secteur des télécommunications afin de construire ensemble un véritable écosystème d’innovation. Avez-vous un plan d’embauches en France pour les prochaines années ? Nous avons prévu de nous développer localement sur le long terme et continuer à investir sur le marché français avec des créations d’emplois à la clé. Nous avons choisi quatre domaines d’activités en France : les mathématiques, les objets connectés, la micro-électronique (puces), le design et les arts appliqués.

de Sciences Po, 2014.

Comment vous différenciez-vous, sur le marché français et européen plus globalement, des autres équipementiers japonais, coréens ou américains ? Nous avons une force d’innovation importante puisque nous investissons fortement dans la R&D, avec plus de 10 % de notre chiffre d’affaires annuel, et près de 70 000 chercheurs dans le monde, — notamment en Europe où nous avons treize centres de recherche. Depuis plusieurs années nous figurons dans le top 3 des déposants de brevets auprès de l’OMPI.

Propos recueillis par Pierre Tiessen

Propos recueillis par P. Ti

Jean-Pierre Cabestan a récemment publié : Le système politique chinois. Un nouvel équilibre autoritaire, Paris, Presses

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

27


DR

Les offensives successives des entreprises françaises en Chine

Hubert Bonin professeur à Sciences Po Bordeaux, revient pour Connexions sur les relations économiques franco-chinoises des 50 dernières années. Analyse.

28

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Imagine China

Analyse

S

i les têtes de pont chinoises se multiplient en France, n’oublions pas le tropisme récurrent ressenti par de nombreuses entreprises françaises vis-à-vis de la Chine ! Certes, en histoire économique, les traditions se transmettent fort peu, et la rupture des années de guerres et de communisme entre 1938 et 1978 aura marqué un temps de repli massif : ce fut la débâcle pour quelques centaines de sociétés de négoce, les banques, divers services (assurances, armateurs, gestion de services publics), dont beaucoup ont été balayés (Olivier, un géant du négoce) ou se sont redéployés ailleurs. L’aventure en terre maoïste Pourtant, même pendant « les années Mao », des « aventuriers » sont fascinés par le potentiel chinois. Mais les rapports de la Mission économique française d’ExtrêmeOrient en 1946-49 ne peuvent déboucher, car les États-Unis imposent un embargo occidental drastique. Ce n’est que peu à peu que l’étau se resserre. Des firmes habituées aux relations délicates avec les pays tiers-mondistes tâtent le terrain. Des accords ponctuels sont ainsi conclus par le spécialiste lyonnais des poids-lourds, Berliet (l’ancêtre de Renault Trucks) pour des ventes de camions en 1959/74 et l’octroi de licences pour une usine en 1965.

L’électrotechnicien Alstom tente sa chance : des technologies sont cédées à des usines chinoises, comme pour celle de locomotives de Datong, dans le Shanxi. Mais ce n’est pas le royaume de la libre entreprise car de telles relations doivent être « institutionnalisées », avec des combinats publics ou des autorités locales, sous couvert du pouvoir central et avec la bénédiction de la direction des relations économiques extérieures, au ministère des Finances français, et des Affaires étrangères. Des pionniers Puis une stratégie d’ouverture économique prend corps sous l’ère de Deng Xiaoping. Mais c’est souvent encore hors de l’économie de marché que se négocient les investissements. Avec la livraison de turbines, Alstom devient l’un des gros fournisseurs des équipements (16 des 26 turbines et générateurs) du fameux barrage des Trois-Gorges (en 1994/2008), sur le le fleuve Yangzi, en amont de Wuhan, ainsi que des réseaux le reliant aux régions de consommation (par le biais d’Alstom Grid). À Wuhan, Peugeot-Citroën noue en 1992 un partenariat avec la firme d’État DongFeng ; on produit des ZX ( jusqu’à 150 000 en 2000), qui sont surtout destinées à équiper des compagnies semi-publiques de taxis rouges dans le Nord-Est. Le partenariat de Peugeot conclu de son côté avec une firme de Canton n’est pas un succès durable (100 000 504


C’est seulement depuis les années 2000 qu’une offensive systématique est conduite, en jouant sur les avantages comparatifs français. Désormais, la Chine est entrée dans la « stratégie multidomestique » des grandes entreprises globalisées.

et 505 assemblées en 1985-1997). Le grand pionnier est EDF qui, à Daya Bay, assume en 1984/94 la responsabilité technique de la conception d'ensemble, la surveillance des fabrications, la maîtrise d'ouvrage de la construction et la mise en exploitation d’une centrale nucléaire, avec deux réacteurs. Des freins En fait, les experts envoyés en Asie ont dû s’initier aux arcanes juridiques et financiers, aux coutumes des affaires, en un lent apprentissage, tant le fossé culturel était vaste et les formations en France rares. On peut considérer que les firmes françaises, peut-être déconcertées par ces pratiques et mal à l’aise dans les joint ventures imposées par le pouvoir, ont manqué de punch stratégique dans les années 1990 : PSA a ronronné autour de sa petite usine de Wuhan, tandis que VW et GM investissaient massivement ; Carrefour et Danone ont prospecté le terrain, mais ont subi des déboires juridico-commerciaux. La Chine cible des entreprises françaises globalisées C’est donc seulement depuis les années 2000 qu’une offensive systématique est conduite, en jouant sur les avantages comparatifs français. Désormais, la Chine est entrée dans la « stratégie multidomestique » des grandes entreprises globalisées. Aussi ce front de la

guerre économique est-il devenu prioritaire. Les groupes énergéticiens bataillent pour gagner des contrats pour des centrales (Areva, Alstom, EDF) ; cela explique par exemple la rénovation et l’extension à Tianjin en 2013 de l’usine de matériel hydroélectrique contrôlée depuis 1995 par Alstom Renewable Power, capable de produire jusqu’à 26 groupes turbines-alternateurs par an ; auparavant, le groupe s’est doté d’Alstom Beizhong à Pékin (alternateurs et turbines à vapeur pour centrales à charbon) en 2004 et de Wuhan Boilers (chaudières) en 2006. Les groupes de services collectifs (GDF Suez, Veolia) y font essaimer leur savoir-faire en gestion déléguée (déchets, eau, génie climatique). EADS-Airbus bâtit un pôle de compétences dans son usine de Tianjin (2008), capable de monter quatre douzaine d’avions 320 par an, en une sorte de levier des ventes d’avions européens (dans les 150 en 2012), même si l’on peut considérer que l’établissement dépend techniquement de son parrain qu’est le pôle de Hambourg. Les entreprises de grande consommation se sont adaptées aux mentalités et pratiques chinoises (Carrefour), tout comme les fournisseurs de services (Accor, Sodexo), tandis que les exportateurs de produits de luxe (LVMH ; haut de gamme L’Oréal, avec son siège AsiePacifique à Shanghai depuis 2013 et deux usines à Yichang, Hubei, et Suzhou, Jiangsu ; alcools, comme Pernod-Ricard, MoëtHennessy, Rémy Cointreau) y prospectent les couches bourgeoises issues de l’économie entrepreneuriale. Les constructeurs automobiles ont enfin pris conscience de la nécessité de gammes spécifiques, correspondant aux goûts des acheteurs, d’où une vague d’investissements récents (PSA, Renault). À l’inverse, on le sait, la puissance industrielle chinoise nourrit depuis un quart de siècle d’énormes filières d’importation qui sous-tendent plusieurs filières de distribution en France (habillement, équipements de sport, électronique) et, en amont, la prospérité de sociétés de logistique (CMA-CGM, SDV Bolloré, Air France). En support de cette intégration dans les deux sens, nombre d’universités et écoles de management françaises (comme Kedge ou Skema) forment des manageurs français et chinois dotés d’une culture mixte qui ne pourra qu’être utile à l’osmose entre les deux pays.

QUELQUES RÉFÉRENCES

Jacques Weber (dir.), La France en Chine, 1843-1940, Nantes, Presses académiques de l’Ouest-Ouest Éditions, Université de Nantes, 1997. Laurent Cesari & Denis Varaschin (dir.), Les relations franco-chinoises au vingtième siècle et leurs antécédents, Arras, Artois Presses Université, 2003. Marc Meuleau, Des pionniers en Extrême-Orient. Histoire de la Banque de l'Indochine (1875-1975), Paris, Fayard, 1990. François Gipouloux, La Méditerranée asiatique. Villes portuaires et réseaux marchands en Chine, Japon et en Asie du Sud-Est, XVIe-XXIe siècles, Paris, CNRS Éditions, 2009. Chunlai Chen (dir.), China’s Integration with the Global Economy, Cheltenham, Edward Elgar, 2009. Barry Eichengreen, Yung Chul Park & Charles Wyplosz, China, Asia, and the New World Economy, Oxford, Oxford University Press, 2008. Bernard Krouck, De Gaulle et la Chine. La politique française à l’égard de la République populaire de Chine, 1958-1969, Paris, les Indes savantes, 2012. Thierry Robin, Les relations économiques et financières entre la France et la Chine (1945-1973), Genève, Droz, Collection « Publications d'histoire économique et sociale », 2013. Félix Torres, Le chemin partagé : Une histoire d’EDF en Chine (1983-2011), Paris, François Bourin, 2011. Chambre de commerce et d’industrie en Chine, Le temps de la Chine. La France au défi du plus grand marché du monde, Paris, Félix Torres Éditeur, 2013. Jean-Charles Guézel, « La Chine rend sa fierté à Alstom », L’Usine nouvelle, 4 mai 2006.

Hubert Bonin

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

29


RENCONTRE

« Nous célébrons cette année une décision visionnaire et audacieuse »

Sylvie Bermann Ambassadeur de France en Chine

30

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Que symbolise/représente cet anniversaire qui célèbre 50 années de relations diplomatiques entre la France et la Chine ? Il y a 50 ans, la décision du général de Gaulle de reconnaître la République populaire de Chine a fait de la France la première nation occidentale à renouer le dialogue avec Pékin. En fêtant cette année le cinquantenaire de cet événement, nous célébrons une décision visionnaire et audacieuse, une rencontre entre deux puissances indépendantes qui a contribué à façonner les équilibres du monde d’aujourd’hui, et un dialogue qui durant cinquante ans s’est toujours caractérisé par la franchise et l’amitié, et qui a permis de surmonter les divergences qui surgissent dans toute relation. En Chine comme en France, plus de deux cent événements célèbrent en 2014 cet anniversaire dans tous les domaines où les deux pays excellent et se retrouvent : sciences et technologies, santé, environnement, création artistique, tourisme et échanges humains, économie. Citons par exemple, en Chine, la venue de dix chefs-d’œuvre des musées nationaux (avril), une déclinaison de la fête des lumières à Xi’an (septembre), ou encore un concours commun de mathématiques organisé en France et en Chine (19 septembre). Surtout, j’espère que les jeunesses chinoises et françaises s’approprieront ces célébrations, car ce sont eux les acteurs de demain du dialogue franco-chinois.

« La France est ouverte aux investissements chinois. De son côté, la Chine doit aussi s'ouvrir davantage, non seulement aux investissements français mais aussi à la pénétration d'un certain nombre de produits. »


Ambassade de France en Chine

Cet anniversaire est-il l'occasion de renforcer les liens — politiques et culturels — entre Paris et Pékin ? Naturellement, il ne s’agit pas que de célébrer le passé. Nous célébrons aussi et surtout une relation tournée vers l’avenir, qui sait se renouveler. L’an dernier, la visite du président François Hollande a engendré un nouvel élan dans les relations entre les deux pays, alimenté par les nombreuses visites françaises de haut niveau qui ont suivi en Chine, dont celle du Premier ministre en décembre dernier. Ce printemps, la première visite en France du président chinois Xi Jinping est une occasion de poursuivre cet élan. Elle permettra de poursuivre, au-delà de nos partenariats stratégiques et structurants (énergie nucléaire, aéronautique), le renforcement des coopérations ouvertes depuis plusieurs mois dans des domaines d’avenir comme le développement urbain durable, la santé, l’agroalimentaire, mais aussi dans le domaine des échanges humains, qui sont une priorité de ce cinquantenaire. En témoigne la décision prise par le gouvernement, appliquée depuis le mois de janvier, de réduire à 48h les délais de délivrance des visas de court séjour pour les ressortissants chinois désirant se rendre en France.

« En Chine comme en France, plus de deux cent événements célèbrent en 2014 cet anniversaire dans tous les domaines où les deux pays excellent et se retrouvent : sciences et technologies, santé, environnement, création artistique, tourisme et échanges humains, économie. »

Comment aujourd'hui rééquilibrer les échanges économiques entre les deux pays — échanges largement à l'avantage de la Chine ? Il est vrai que ces échanges ne sont pas encore satisfaisants. La France accusait l’an dernier un déficit de près de 26 milliards d'euros par rapport à la Chine, c'est-à-dire 40 % de son déficit total commercial. Cela ne peut pas continuer de cette façon, et nos interlocuteurs chinois l'ont également compris. La priorité, c’est donc de rééquilibrer par le haut nos échanges économiques, c’està-dire non en limitant les importations chinoises en France mais en renforçant les exportations françaises en Chine. Comment peut-on procéder ? D'abord en approfondissant nos partenariats industriels de long terme. Nous le faisons et nous devons l'amplifier encore sur le nucléaire civil, dans le domaine aéronautique — des discussions sont d’ailleurs en cours pour renouveler et approfondir très fortement ce partenariat exemplaire. Nous devons aussi étendre notre coopération à de nouveaux domaines, par exemple dans l'agroalimentaire, dans le développement urbain durable ou dans la santé. Nous devons aussi attirer davantage d'investissements chinois en France parce que ceux-ci sont encore trop faibles. Ce message d'accueil des investissements chinois a été exprimé très fortement par le président français de la République en février. Quelques investissements emblématiques ont déjà eu lieu. La prise de participation de Fosun dans le ClubMed, l'entrée de Dongfeng dans PSA, l'investissement de Synutra dans une laiterie en Bretagne, l'arrivée de Hainan Airlines dans Aigle-Azur, tout cela va dans le bon sens mais il faut aller plus loin. La France est ouverte aux investissements chinois. De son côté, la Chine doit aussi s'ouvrir davantage, non seulement aux investissements français mais aussi à la pénétration d'un certain nombre de produits ; je pense par exemple au vin, toute une série de produits agroalimentaires. C'est une évolution que nous souhaitons, car elle permettra de mieux promouvoir notre savoir-faire dans des domaines d’excellence de la France, pour lesquels il existe une demande et des attentes en Chine. Propos recueillis par M a r i o n SARDOU

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

31


DR

est pour nous synonyme de technologie, de produits de luxe, de gastronomie, de raffinement. Les Français sont des gens avec une vision, et la France est un pays avec une réelle vision. À mon retour en Chine — après 15 ans passés en France et aux États-Unis — j’ai publié plusieurs livres et 200 articles sur mon expérience de travail en Occident dont deux livres sur la France qui ont été publiés en Chine et à Taiwan. L'impact de ces ouvrages et articles est encore très important, preuve que la relation Chine-France est forte.

Parole à

Che Er Vice-président du China International Economic Consultants

Vous êtes désormais vice-président du China International Economic Consultants (CIEC). Quel est son rôle ? A-t-il des intérêts, des activités en France ?

France-Chine « Il faut porter les projets ensemble » Connexions : Vous avez longtemps travaillé en France pour le compte de CITIC. Que représentait alors la France pour cette banque chinoise de premier ordre et que représente-t-elle aujourd'hui ? Che Er : CITIC a été fondée en 1979 par

son président M. Rong (qui est devenu viceprésident de la République populaire de Chine dix ans plus tard). Il a fait la connaissance de Michel David Weil, qui était alors le président de la banque Lazard Frères. En 1986, les deux parties ont établi une nouvelle société d'investissement — China Partners — première du genre entre la RPC et une banque d'investissement occidentale. J'ai alors travaillé chez Lazard Frères comme directeur puis directeur général quatre ans plus tard. Aujourd’hui, la France

32

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

« L'amitié et les relations personnelles sont des valeurs essentielles– elles permettent d’établir de la confiance et de créer du business. »

Avec CITIC Trust, nous fournissons des services financiers et des conseils de gestion. Nous fournissons également des prêts en devises étrangères pour les entreprises chinoises. Par exemple, une entreprise chinoise a investi environ 400 millions d'euros dans une entreprise au Portugal. Comme ils ne pouvaient pas emprunter assez en Europe, ils ont alors déposé de 3 milliards de RMB (soit environ 400 millions d’euros) sur notre compte désigné comme l'hypothèque. Nous leur avons versé 400 millions d'euros afin qu'ils puissent compléter leur investissement en temps. Ce processus est complété au Luxembourg, alors qu'il aurait dû être complété en France également. J’ai personnellement introduit le vin de Loire sur le marché chinois. J'ai également représenté une société minière chinoise qui opère en Afrique pour ouvrir leur compte bancaire en France.

Comment selon vous renforcer les échanges entre les deux pays ?

L'amitié et les relations personnelles sont des valeurs essentielles — elles permettent d’établir de la confiance et de créer du business. Les occasions sont là mais tout dépend de ce que nous sommes prêts à partager. Il faut porter les projets ensemble. Je me souviens par exemple de l’ancien chancelier allemand Schröder qui est souvent venu en Chine. Il a entretenu une très bonne relation personnelle avec l’ancien Premier ministre Zhu Rongji. Les entreprises allemandes ont depuis beaucoup avancé sur le marché chinois… Propos recueillis par P. Ti



assemblée nationale

I n t e rv i e w exclusive

Président de l’Assemblée nationale

« Parler de tout, franchement, sans offense, dans un climat de confiance »

34

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Imagine China

Claude Bartolone

Connexions : Comment analysez-vous la relation diplomatique France-Chine ? Claude Bartolone : Tous les ingrédients

sont réunis pour que la France et la Chine approfondissent encore leurs relations. Nous célébrons en 2014 leur cinquantième anniversaire. J’ai pu mesurer, lors de ma visite en Chine en janvier, combien ces cinquante ans d’histoire commune pèsent favorablement dans nos échanges. Aujourd’hui les dirigeants chinois nous sont encore reconnaissants de la décision pionnière du général de Gaulle, le 27 janvier 1964, de nouer des relations diplomatiques avec la jeune République populaire de Chine, à rebours de vents dominants et du climat de guerre froide. Avec la mise en place de la nouvelle équipe dirigeante chinoise l’année dernière, 2014 se présente à bien des égards comme une année pivot pour notre relation, à condition de ne pas se cantonner au rituel des commémorations et de veiller à préparer l’avenir. Et les défis communs sont nombreux dans le nouveau monde dans lequel nous avons basculé depuis quelques temps déjà, où la France et la Chine se trouvent démunies si elles ne mettent pas leurs ressources en commun : réguler la mondialisation et renforcer nos positions économiques respectives ; faire face ensemble aux grands déséquilibres globaux comme le changement climatique, la démographie, les risques communs comme la prolifération des armes de destruction massives, les crises régionales, le terrorisme. Dans ce contexte nos


LIU Yandong vice-premier ministre de la République populaire de Chine, sourit devant Claude BARTOLONE à la cérémonie d'ouverture du cinquantenaire

« Avec la mise en place de la nouvelle équipe dirigeante chinoise l’année dernière, 2014 se présente à bien des égards comme une année pivot pour notre relation, à condition de ne pas se cantonner au rituel des commémorations et de veiller à préparer l’avenir. »

dirigeants doivent apprendre à mieux se connaître et à travailler ensemble sur les priorités que nous voulons nous donner. La visite d’État du président Hollande début 2013, celle du Premier ministre en décembre, celle de la délégation parlementaire que j’ai eu l’honneur de conduire en janvier 2014, ont posé des jalons importants. La visite d’État en France du président Xi Jinping à la fin mars constitue une nouvelle étape, qui doit confirmer les premiers engagements pris, notamment sur le plan économique. Je pense en particulier à deux secteurs. D’une part le nucléaire civil, dans lequel notre partenariat est exemplaire depuis 30 ans, avec la tenue du calendrier pour les deux tranches EPR de Taishan et le travail préparatoire pour les tranches 3 et 4. D’autre part la coopération dans le domaine de l’aviation civile et de l’aéronautique, avec le renouvellement du contrat pour la chaîne d’assemblage d’A320 à Tianjin. Alors que l’urgence du redressement de notre balance commerciale ne s’est jamais fait sentir avec autant d’urgence en France, le rééquilibrage de nos échanges avec la Chine est un objectif primordial. Les dirigeants chinois rencontrés lors de ma visite à Pékin l’ont bien compris et sont prêts à accompagner nos efforts en termes de soutien à nos entreprises exportatrices et de promotion des investissements chinois sur le territoire français. Mais notre relation économique repose sur un terrain qu’il faut valoriser avec autant d’attention, je veux parler des échanges humains et de la mobilité. Cette dimension humaine de notre relation fait l’objet d’initiatives appréciées de part et d’autre, comme le raccourcissement du délai d’obtention des visas, la signature prochaine d’une convention bilatérale en matière de sécurité sociale, qui facilitera la circulation des travailleurs, ou le renforcement de nos échanges universitaires, qui crée un espace de compréhension commune entre nos peuples et démultiplie les opportunités professionnelles pour nos jeunes. Le nouveau monde exige ainsi plus de mobilité, plus d’ouverture, plus de fluidité.

Une relation qui, en cinquante ans, a été souvent mouvementée… Est-ce du passé ?

Ce qui est vrai des relations humaines l’est aussi des relations entre pays : le respect tolère la différence, et si tout le monde pense pareil, c’est qu’en vérité plus personne ne pense rien. La Chine respecte la France pour sa liberté et sa tradition d’indépendance. Alors, qu’il y ait eu des accrocs par le passé, c’est aussi la conséquence d’une certaine franchise que nous nous devons

mutuellement. Si c’est à la question des droits de l’homme à laquelle vous pensez, alors nul ne conteste à la France le droit de les évoquer dans son dialogue politique : elle fait partie de l’ADN de la diplomatie française, et nos partenaires chinois sont prêts à ces discussions dès lors qu’elles ne versent pas dans la caricature ou la manipulation. Parler de tout, franchement, sans offense, dans un climat de confiance : c’est l’approche qui domine aujourd’hui entre les nouvelles équipes dirigeantes à Paris et à Pékin. Je suis convaincu qu’elle est la bonne. Du côté de l’Assemblée nationale, nous voulons aussi mettre toutes les ressources de la diplomatie parlementaire au service de la relation FranceChine. Le groupe d’amitié est particulièrement actif, et notre dialogue bénéficie depuis quelques années de l’installation d’une Grande Commission France Chine, qui réunit les deux assemblées à haut niveau.

Depuis 1964, la Chine a connu des changements extrêmement profonds. Quelles sont les opportunités pour la France dans la Chine d’aujourd’hui ?

La Chine est en train de se doter d’une classe moyenne, dont les revenus, les modes de vie, les pratiques de consommation se rapprochent à un rythme impressionnant de celles que nous connaissons en Europe. Dans le même temps le pays doit faire l’apprentissage dans un délai très raccourci des leçons que nous avons mis des décennies à tirer : concilier le développement économique et la contrainte écologique, construire des villes sûres, saines et durables, mettre en place des modèles de protection sociale qui protègent des accidents de la vie et mettent les aînés à l’abri du besoin, entamer la transition vers des énergies propres. Dans tous ces domaines la France a développé des savoir-faire et des technologies qui rencontrent les besoins chinois. Et nous avons, grâce à nos grands groupes mais aussi nos PME/ETI, des avantages comparatifs très importants par rapport à nos concurrents. Je l’ai constaté en matière d’écoconstruction ou de mobilité urbaine lors de ma visite à Shenyang, mais de nombreux autres secteurs pourraient être cités : l’automobile, l’énergie, les services, la santé. Les potentialités sont considérables, à condition que l’environnement d’affaires chinois progresse encore vers plus de clarté, de sécurité et de visibilité pour nos entreprises. Ces questions sont également très présentes dans nos échanges politiques. Propos recueillis par MARION SARDOU et Pierre Tiessen

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

35


Schneider Electric

Investissements

I n t e rv i e w

Jean-Pascal Tricoire PDG de Schneider Electric

« Une relation en profonde mutation » Classé 9e patron du CAC 40 le plus performant par le magazine Challenges fin 2013, Jean-Pascal Tricoire décrypte les stratégies de rééquilibrage de la relation économique et commerciale entre la France et la Chine.

Schneider Electric

Président du Comité France Chine

Comment analysez-vous les relations économiques bilatérales ?

La France et la Chine entretiennent depuis 50 ans une relation que nous pourrions, à bien des égards, qualifier d’affective. En établissant dès 1964 des relations diplomatiques avec la Chine, la France a contribué au bon développement des relations de la Chine avec les autres pays occidentaux. Les secteurs historiques de notre coopération industrielle peuvent être approfondis, mais de nouveaux espaces d’échanges restent à explorer. Le temps de la relation fournisseur-acheteur est révolu depuis longtemps. Nous ne sommes plus à l’époque où la partie française apportait numéraire et technologie aux partenaires chinois. Aujourd’hui, dans la relation d’affaires, chaque partenaire se doit de démontrer sa valeur ajoutée, qui selon les projets peut s’avérer aussi bien française que chinoise. Nous apprenons les uns des autres. Notre relation est donc en profonde mutation et nous devons reconnaître sa valeur stratégique dans un contexte mondial en constante évolution, où les partenaires chinois sont incontournables en Chine, mais aussi hors de Chine. La relation économique franco-chinoise reste très inférieure à ce qu’elle devrait être. Il nous appartient de rattraper ce retard dans les années à venir.

Le déficit commercial pour la France reste important. Comment rééquilibrer, selonvous, les échanges commerciaux entre les

36

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

deux pays ? Sur quels secteurs, la France (ses PME et ETI en particulier) peut-elle renforcer sa présence en Chine ?

Au lendemain de 1964, le volume des échanges entre la France la Chine s’élevait à 4 milliards de dollars… En 2013, il était de 55,3 milliards d’euros. Notre déficit commercial est certes important mais la situation tend à se stabiliser (il s’établit fin 2013 à 25,8 milliards d'euros contre 26,1 milliards d'euros fin 2012 et 27 milliards d'euros fin 2011). Cette évolution contrastée ne doit pas nous faire oublier les nombreux succès enregistrés et le fait que les échanges commerciaux ne sont pas toujours une bonne mesure des équilibres. La présence française en Chine est beaucoup plus locale, alors que la présence chinoise en France s’appuie sur l’export. La France a la capacité de renforcer sa présence dans les secteurs clés qui ont été identifiés pour accompagner la réforme économique et les défis sociaux et environnementaux de la Chine. Le développement durable, l’efficacité énergétique, la santé, l’agroalimentaire, le numérique, la silver economy, les normes/standards, la finance, les biens de consommation, etc. Elle a également les moyens d’accompagner les grands mouvements impulsés par l’état chinois. Schneider Electric a initié en Chine une approche volontariste d’accompagnement social, sociétal et environnemental, en étant l’une des premières sociétés mondiales étrangères à aller vers l’ouest et le centre de la Chine, où elle emploie des milliers de collaborateurs, avec des centres de


R&D à Xi’an et des centres de services à Wuhan. La France doit convaincre ses partenaires chinois qu’ensemble nous pouvons faire encore plus : innover en commun, explorer ensemble les marchés internationaux comme l’Afrique ou l’Asie du sud-est, envisager davantage d’investissements croisés. La Chine a clairement exprimé sa volonté d’internationalisation et de montée en gamme de son économie. Nous pouvons par conséquent créer de nouvelles synergies et nous gagnerons à considérer ce partenaire à sa juste valeur. Parallèlement, nous devons garantir la réciprocité de notre relation : les investissements croisés se sont accrus en 2013, mais affichent encore un réel déséquilibre, avec 16,7 milliards d'euros de stocks d'investissements français en Chine, contre 3,5 milliards d'euros, côté chinois en France. Nous devons convaincre les investisseurs chinois de l’opportunité d’investir en France. Ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui, car ils ont investi l’an passé beaucoup plus en Allemagne ou en Grande Bretagne. Les grandes entreprises du CFC entraînent souvent les entreprises plus petites qui se positionnent sur des secteurs niches et porteurs sur le marché local, pourvu qu’elles en aient la stratégie, la volonté et les moyens.

« La France doit convaincre ses partenaires chinois qu’ensemble nous pouvons faire encore plus : innover en commun, explorer ensemble les marchés internationaux comme l’Afrique ou l’Asie du sud-est, envisager davantage d’investissements croisés. »

Comment le comité France Chine entendil accompagner le « pack français » en Chine ? Quels vœux formulez-vous pour la relation France-Chine pour les années à venir ?

Nous entretenons depuis de nombreuses années des relations privilégiées avec les dirigeants économiques et politiques chinois et avec la communauté d’affaires chinoise des sphères publiques et privées. Il y a 35 ans, Paul Berliet (fondateur et président des poids lourds Berliet) a compris l’importance de créer une plate-forme dédiée pour les relations économiques avec la Chine, en créant le Comité France Chine (CFC). Cofondé par le CNPF1, la CCIP2 et la CFCE3,

À retenir

le CFC est un acteur opérationnel majeur pour susciter, faciliter, et accompagner le développement de nos relations d’affaires, au bénéfice de nos deux pays et de nos économies. Le mois dernier dans le cadre de la visite d’État du Président XI en France, le CFC a co-organisé avec son partenaire chinois la CCCME et sous le haut patronage des ministères français de l’Économie et des Finances et du Commerce extérieur et du ministère chinois du Commerce, le Forum économique franco-chinois : « Célébrons nos succès, construisons l’avenir ». Avec plus de 500 hommes d’affaires réunis à Bercy (350 entreprises représentées dont 145 chinoises), l’événement fut le plus important rassemblement d’entreprises chinoises et françaises jamais organisé en France. Ces entreprises, pour moitié des PME et pour l’autre des grandes entreprises, étaient issues des secteurs clés de demain que sont l’énergie, l’industrie, le développement durable, l’agroalimentaire, la santé, le numérique. Ce forum a été un succès et a permis aux participants de se rencontrer à travers des rendez-vous, d’échanger et d’élargir ainsi leur réseau. J’ai toujours cru que le business était une affaire de relations humaines et de confiance et j’ai la conviction forte que le développement des relations personnelles entre les chefs d’entreprises français et chinois renforce nos relations économiques. Il faut se rencontrer souvent pour se connaître, s’apprécier et construire des projets ensemble. En cette année anniversaire de la relation franco-chinoise, la programmation très riche du CFC permettra je l’espère d’ancrer cette volonté affirmée et ce souhait que les entreprises françaises puissent se développer, partager et croître avec la Chine. 1. CNPF : Comité National du Patronat français devenu le MEDEF 2.CCIP : Chambre de commerce et d’industrie de Paris devenu la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France 3.CFCE : Centre Français du Commerce Extérieur

Propos recueillis par P. T i

Événements du Comité France Chine organisés dans le cadre de France-Chine 50 en 2014 www.france-chine50.com / www.comitefrancechine.com

20 au 22 avril 2014

12 au 14 juin 2014

1er et 2 juillet 2014

juillet à décembre 2014

Green Companies Summit - 20 au 22 avril 2014 Nanning, Guangxi

IXe Édition de la Table Ronde des Maires français et chinois — 12 au 14 juin 2014 — Lille

XXe Colloque économique franco-chinois — 1er et 2 juillet 2014 — Pékin

France Technologie : campagne de promotion de la technologie française en Chine — juillet à décembre 2014 — à travers toute la Chine

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

37


Relations commerciales franco-chinoises : le voyage de mille Li qui a commencé par un pas

DR

千 里 之 行 始 于 足 下

Jean Leviol, Ministre conseiller pour les affaires économiques et commerciales à l'ambassade de France en Chine

L

ors de l’établissement des relations diplomatiques, le 27 janvier 1964, la France comme la Chine sont deux pays en pleine mutation. Après cinq années de croissance à un niveau très élevé (+8,1 % en moyenne de 1959 à fin 1963), la France entre en 1964 dans une phase de consolidation de son économie, avec une croissance à 5,4 % en moyenne annuelle de 1964 à 1968, une inflation se stabilisant à un niveau plus bas (+3 %) et une population active en forte progression, tant en nombre qu’en productivité. Le produit intérieur brut français (exprimé en parité de pouvoir d’achat) s’élève en 1964 à 69,24 milliards d’Euros, soit 1 415 euros par habitant1. En matière d’échanges internationaux, la balance des paiements courants

38

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

comme celle des biens et services sont légèrement excédentaires. Dans son étude annuelle sur l’économie française, l’OCDE fait néanmoins remarquer que « les exportations risquent désormais d’augmenter moins vite, en fonction d’un ralentissement probable du commerce international2 », et préconise en conséquence le soutien à la consommation par l’augmentation des dépenses publiques et la poursuite des réformes structurelles : réforme de la fiscalité des entreprises, suppression des taxes spéciales et élargissement de l’assiette de la TVA, unification de la réglementation sanitaire notamment pour « assainir le marché de la viande ». Quelques-uns des 49 millions de Français n’ont toutefois pas attendu le geste du général de Gaulle pour nouer des relations commerciales avec les « 700 millions de Chinois » de la chanson3. En 1964, la France expédie déjà pour près de 50 millions USD courants de marchandises vers la Chine continentale. S’il ne s’agit que d’une faible part des exportations françaises de l’époque (0,5 % de 8,9 Mrds USD), ce volume représente néanmoins la moitié des exportations totales de la CEE (France, Allemagne, Italie, Benelux). Il est presque équivalent au montant des exportations françaises vers le Japon (53,6 millions USD) et largement supérieur aux exportations à destination de Hong Kong et de Formose (respectivement 14,3 et 2,3 millions USD). Ces exportations sont en premier lieu compo-

sées de céréales vendues en vrac ou en farine : froment, orge, épeautre (63 % du total, soit 31,3 mio USD). Viennent ensuite les métaux (nickel essentiellement) et certains équipements métalliques : tôles, mais aussi tubes et accessoires de tuyauterie, qui représentent 17 % des exportations françaises (8,9 mio USD). La France participe à la mise en place de l’appareil productif chinois : elle lui vend des produits textiles de base (6,5 %, à 3,2 mio USD), des machines-outils (5 %, soit 2,6 mio USD) et des produits chimiques destinés à l’industrie (4,7 % ; 2,4 mio USD). Des exportations de véhicules automobiles sont déjà recensées, mais en nombre très modeste (0,95 % du total, soit 471 000 USD), de même que les produits pharmaceutiques et équipements médicaux (0,60 %, à 300 000 USD). Autres temps, autres mœurs, les ventes de boissons alcoolisées et de sacs à main ne représentent respectivement que 6 000 et 1 000 dollars pour l’ensemble de l’année 1964. Dans plusieurs documents de l’époque transparaît déjà la volonté des autorités chinoises d’avoir des échanges équilibrés avec ses partenaires étrangers. « Dans nos achats à la Chine se trouve la clé du développement de notre commerce », peut-on ainsi lire dans une note du Centre national du Commerce extérieur datée de 1962. Les importations françaises de l’année 1964 se composent pour un tiers de produits textiles et de vêtements (10,3 millions USD), au premier


Les exportations françaises vers la Chine populaire en 1964, en milliers USD Source : statistiques CEE

31 288

Produits agroalimentaires 63,1 % (essentiellement céréales)

8 460

Métaux et matériaux 17,1 % 1 175

Textiles et vêtements 2,4 % 1 860

Machines et appareils de 3,8 % télécommunication 1 087

Produits et équipements médicaux 2,2 % 998

Produits chimiques 2,0 % 471

Automobile 0,9 %

rang desquels figure la soie (5 millions USD, soit 17 % du total des importations de l’année), ainsi que des matières brutes, des cuirs et des peaux. La France importe également des métaux de Chine, notamment de l’étain (pour une valeur de 5 millions USD soit 80 % des importations de ce secteur) et des métaux non ferreux. On recense enfin des achats d’articles d’huiles essentielles, d’articles manufacturés et de produits agroalimentaires (thé, épices, noix, viande congelée, tabacs…). Même si les échanges franco-chinois sont encore de niveau modeste, ceux-ci sont donc déjà remarquablement diversifiés. La reconnaissance officielle de la Chine populaire va permettre de multiplier les contacts et les partenariats au fil des années. Air France inaugure le vol Paris-Shanghai en 1966, puis le Paris-Pékin en 1973. Technip conduit un consortium d’entreprises françaises dans la province du Liaoning en vue de l’édification d’un complexe pétrochimique, et ouvre son bureau de représentation en Chine en 1975. Fort de la vente de 25 locomotives électriques à la Chine en 1958, pour 6,1 millions de dollars, le groupe Alstom ouvre ses premiers bureaux à Pékin en 1979, suivi de quelques mois par de nombreux groupes français, dont notamment Elf, Total, Rhône Poulenc et la BNP (1980), la Société Générale (1981), Sanofi (1982), Accor, Peugeot (1985), France Telecom (1986), Schneider (1987), Snecma (1989)... La dynamique se poursuivra

La reconnaissance officielle de la Chine populaire va permettre de multiplier les contacts et les partenariats au fil des années. Air France inaugure le vol Paris-Shanghai en 1966, puis le Paris-Pékin en 1973.

en s’amplifiant dans les années 1990, avec l’arrivée d’un nombre toujours plus grand d’entreprises françaises et le développement d’antennes dans les provinces par les groupes « pionniers ». Aujourd’hui, si les partenariats historiques n’ont en rien perdu de leur importance et contribuent toujours autant au prestige de la longue histoire franco-chinoise, l’attention se porte également vers les secteurs répondant aux besoins nouvellement exprimés par la société chinoise et dans lesquels la France possède des savoir-faire et des expertises encore insuffisamment reconnus en Chine. Une agriculture moderne et raisonnée, l’accès à des produits agroalimentaires et à des soins de qualité tout au long de la vie, le développement urbain durable sont autant de thématiques que les autorités françaises entendent promouvoir au plus haut niveau. L’année 2014, avec les nombreux événements franco-chinois doit à ce titre être une année de célébration du chemin parcouru ensemble, mais aussi une année d’enthousiasme devant les nombreuses voies que la France et la Chine peuvent encore explorer ensemble. 1. Euros courants. Source : Comptes nationaux annuels de l’INSEE 2. Études économiques de l’OCDE (année 1965) 3. Les statistiques officielles chinoises faisant état de 704 990 000 habitants pour l’année 1964.

Jean Leviol

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

39


DR

Investissements

I n t e rv i e w

Ma She Directeur général adjoint du département des affaires européennes du ministère du Commerce chinois

« La Chine n’a de cesse de chercher à améliorer son environnement d’affaires » Imagine China

Pour Ma She, la Chine s’est notamment fixée comme objectif d’uniformiser « la législation entre les investissements étrangers et les investissements nationaux ». Interview.

40

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Quelle analyse faites-vous des relations économiques entre la France et la Chine ? Après 50 ans de relations et d’échanges, la coopération économique et commerciale sino-française se caractérise dans de nombreux domaines, par la volonté de mettre en place des échanges équilibrés et d’obtenir des bénéfices mutuels. Actuellement, la France est le 4e partenaire commercial européen de la Chine ; quant à la Chine, elle est le 5e partenaire commercial de la France au niveau mondial et le 1er en Asie. Ces deux dernières années, affectés par la crise de la dette européenne, les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu une légère baisse. Selon les statistiques des douanes chinoises, le commerce franco-chinois représente ainsi au total en 2013, 49,83 milliards de dollars, avec un résultat en recul de 2,3 % par rapport à 2012. Les échanges entre la France et la Chine ont en revanche augmenté de 14,3 % pendant les deux premiers mois de l’année 2014. Parallèlement, la France figure dans le Top 4 des investisseurs européens en Chine alors que la Chine se place au 8e rang des investisseurs étrangers en France. Aujourd’hui, la Chine s’engage dans une période cruciale nécessitant le réajustement structurel de son modèle économique. Les exigences d’industrialisation, d’informatisation, d’urbanisation

et de modernisation agricole sont importantes et offrent de larges espaces de collaborations nouvelles au partenariat sino-français. Dans les secteurs où l’expertise des entreprises françaises prédomine – l’agroalimentaire, les villes vertes, les services à la vieillesse et les soins médicaux, l’énergie et la protection environnementale, ainsi que l’économie numérique, etc. – de nouvelles opportunités de collaboration voient le jour. La Chine entend-elle améliorer l'environnement d’affaires pour les entreprises françaises désireuses de s'implanter ou de gagner des parts de marché sur place ? En 2013, la Chine a autorisé la création de 22 772 entreprises à capitaux étrangers sur son territoire – un chiffre en baisse de 8,63 % par rapport à 2012 – mais représentant plus de 117,586 milliards de dollars d’investissements, soit une augmentation de 5,25 % par rapport à l’année 2012. Fin décembre 2013, la Chine enregistrait un total de 786 051 entreprises à capitaux étrangers, recevant 1 396,491 de milliards de dollars. Recevoir des investissements étrangers constitue une part importante de la politique d’ouverture de l’État chinois qui maintient avec vigueur sa politique visant à encourager les entreprises étrangères à investir en Chine. La 3e session plénière du 18e comité


Top 5

des entreprises chinoises et hongkongaises en France en termes d’emplois Source : AFII

Effectifs France

CHINA NATIONAL CHEMICaL CORPORATION (CHEMCHINA)

1 500-2 000

(Chimie, plasturgie)

1 000-1 500

YANTAI TAIHAI

(Métaux, travail des métaux)

HAINAN AIRLINES (AIR AZUR) (48 %) (Transport, stockage)

PETROCHINA

(Énergie, recyclage, autres services concédés)

HUAWEI

(Logiciels et prestations informatiques, autres activités de services)

Imagine China

900-1 000

600-700

300-400

Imagine China

central du Parti communiste chinois qui s’est tenue en 2013, a fixé les objectifs suivants : structurer un nouveau système économique fondamental, élargir l’entrée des investissements, uniformiser la législation entre les investissements étrangers et les investissements nationaux, maintenir une politique d’investissement stable, transparente et prévisible ; réformer la procédure de validation des investissement étrangers en traitant les entreprises étrangères comme des entreprises chinoises et en leur communiquant avant leur implantation en Chine la liste des secteurs non autorisés. La Chine n’a de cesse de chercher à améliorer son environnement d’affaires, afin d’offrir les meilleurs services possibles à l’ensemble des investisseurs étrangers, dont bien sûr, les investisseurs français. L’objectif étant de proposer à court terme un environnement d’affaires fiable proposant des formalités simples et pratiques aux entreprises étrangères désireuses de s’implanter en Chine. Quels sont à l'inverse les améliorations possibles pour les entreprises chinoises qui investissent en France ? Ces dernières années, le nombre d’entreprises chinoises investissant en France a rapidement augmenté. Selon

« Les investisseurs chinois désireux de s’implanter en France font face à plusieurs difficultés pratiques : la reconnaissance des permis de conduire entre les deux pays, l’exemption des charges sociales pour les expatriés français en Chine et les expatriés chinois en France, les problèmes de visa et permis de résidence, etc. »

des statistiques du ministère chinois du Commerce, la Chine a investi plus de 4 milliards de dollars en France en 2013. L’Agence française pour les investissements internationaux (AFII), recense aujourd’hui, plus d’une centaine d’entreprises chinoises (y compris hongkongaises) établies en France, employant 13 000 personnes. La Chine est aujourd’hui le 8e investisseur étranger en France, ce qui prouve que les investisseurs chinois ont bien identifié l’importance du marché français et souhaitent y investir. Pourtant, les investisseurs chinois désireux de s’implanter en France font face à plusieurs difficultés pratiques : la reconnaissance des permis de conduire entre les deux pays, l’exemption des charges sociales pour les expatriés français en Chine et les expatriés chinois en France, les problèmes de visa et permis de résidence, etc. Nous espérons que ces problèmes pourront être résolus au plus vite. Il nous semble que la France se doit é g a l e m e n t   d ’e n c o u r a g e r   d a v a n t a g e d’entreprises étrangères à investir sur son territoire en communiquant plus et mieux sur son environnement d’affaires et sur les exemples des projets chinois déjà existants. Propos recueillis par M a r io n SARDOU et P i e rre T i e s s e n

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

41


Imagine China

La France en Chine

Nouveaux horizons

FAR WEST Cap sur la Chine de l’intérieur… À Chongqing, Zhengzhou, Xi’an mais aussi (et peut-être surtout) Wuhan et Chengdu. Des mégapoles devenues en quelques années, les principaux moteurs de la deuxième économie mondiale. C’est là en effet, dans cette Chine de l’Ouest où le taux de croissance annuel frôle 15 % (contre 7,6 % à l’échelle nationale en 2013) que tout se tente, tout se crée et que sont appliquées en direct les grandes réformes dictées depuis Pékin visant à pousser les investisseurs étrangers au cœur de l’Empire du Milieu. Une plongée dans ce gigantesque « Far West » chinois – grand comme dix à quinze fois la France ! – qui a déjà séduit des entrepreneurs tricolores.

42

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Sommet de la montagne Emeishan, près de Chengdu

« C’est à Chengdu qu’il faut vivre ! », affirme sûr de lui un étudiant originaire du Sichuan — « exilé » à Pékin, pour ses études de droit et pour son plus grand malheur. « Il n’y a pas de ville plus agréable en Chine. Surtout, Chengdu et la région attirent du monde – et du beau monde ». Taïwanais, hongkongais, européens, tous accourent. « La ville offre aujourd’hui de belles opportunités pour les nouveaux diplômés ». En moins de quinze ans, des filières industrielles complètes se sont constituées – l’automobile, la fonderie et l’aviation bien sûr, avec la prestigieuse China Aviation Flight University, qui forme plusieurs milliers de pilotes et des centaines de stagiaires mécaniciens à l’année. Des Français ? Il y en a… mais relativement peu encore. « 200 sont inscrits au consulat dans le Sichuan, 450 pour l’ensemble de la circonscription qui englobe le Yunnan, le Guizhou et Chongqing », précise Sébastien Jouin, délégué à Chengdu du Service Économique de Pékin pour la Chine du SudOuest. Et l’on compte seulement une cinquantaine d’entreprises françaises à Chengdu (60 sur l’ensemble de la province). Et surtout peu de petites structures implantées… pour l’instant alors que 1 000 PME chinoises et françaises sont attendues à la prochaine foire de Chengdu en octobre prochain (voir l’interview de Jean-Pierre Raffarin pages 14 et 15). « Nous constatons que le tissu de PME françaises est encore assez frileux lorsqu’il s’agit de la Chine en général et donc également dans le cas d’une implantation dans l’Ouest du pays », analyse de la même façon Emmanuel Rousseau, ancien consul général de France à Chengdu dans le livre, édité en 2013 par la CCIFC, Le Temps de la Chine1. Avantages fiscaux ancien Des atouts, cette province de 90 millions d’habitants n’en manque pourtant pas. « Depuis l’année dernière, dix nouveaux vols directs internationaux — dont deux vers l’Europe — sont assurés chaque semaine. Et deux lignes ferroviaires de fret rejoignent désormais la Pologne et l’Allemagne », explique Sébastien Jouin. Sans compter les avantages fiscaux proposés : jusqu’à trois années d’exonération fiscale sur les bénéfices et des coûts de ressources (comme l’eau) moins élevés. Et même si les primes pour les nouveaux arrivants ont baissé, voire ont disparu à Chengdu, elles sont encore intéressantes « dans les villes à très fort potentiel, à Dujiangyan par exemple où est installé Lafarge, note Sébastien Jouin, ou encore à Guanghan où se trouve une filiale de Saint-Gobain ». Filiale


Focus Wuhan

Imagine China

La plus française des villes chinoises

« En moins de quinze ans, des filières industrielles complètes se sont constituées à Chengdu – l’automobile, la fonderie et l’aviation bien sûr, avec la prestigieuse China Aviation Flight University, qui forme plusieurs milliers de pilotes et des centaines de stagiaires mécaniciens à l’année. Des Français ? Il y en a… mais relativement peu encore. »

implantée depuis 2004 et spécialisée dans les billes de soutènement en céramique, utilisées dans le processus de fracturation hydraulique. « Nous avons été très bien accueillis », confirme Paul Massard, son directeur général, en poste depuis trois ans (auparavant basé à Shanghai pendant plus de cinq ans). « Être implanté dans le Sichuan offre de réels avantages : il y a de nombreuses structures d’appui et d’accompagnement, on y est plus facilement entendu par les autorités – surtout pour une entreprise du Top 500 mondial, et l’on peut y créer des relations solides, ce qui est devenu difficile dans les grandes villes de l’Est ». Dynamique française ? Beaucoup viennent chercher sur place une dynamique qu’ils ne trouvent plus ailleurs. « On a très vite senti que le potentiel était là. On y est allé plusieurs fois, et systématiquement, on ressentait sur place le même esprit qu’avait Shanghai il y a dix ans. On s’est alors dit qu’il fallait absolument être là avant le gros de la vague », témoigne Joseph Tronchi de l’entreprise AES, spécialisée dans l’assistance (assistance technique dans les projets de construction / transfert d’usine, déménagement intra Chine / installation

Des ouvriers chinois examinant une Citroën Elysée sur la chaîne d’assemblage d’une usine Dongfeng Peugeot Citroën Automobile à Wuhan

Wuhan ? Bastion historique de l’industrie automobile tricolore en Chine, symbolisé par le « couple » PSA/Dongfeng (DPCA) évidemment. Et désormais Renault. Dans le cadre d'une coentreprise détenue à parts égales, la marque au losange et Dongfeng (le même) annonçait en effet fin 2013 un investissement de 77,6 milliards de yuans (934 millions d’euros) pour la construction d'une usine sur place, qui produira dans un premier temps 150 000 véhicules par an. Une attirance des Français pour Wuhan qui ne touche pas exclusivement le secteur automobile. De fait, la ville concentrait 40 % des investissements tricolores dans le pays en 2012, selon le quotidien Les Echos, et le plus grand nombre d’entreprises françaises installées selon Serge Lavroff, l'ancien consul général de France à Wuhan, cité par le quotidien économique et Thomas Baietto, de francetvinfo. « Eurocopter, la Société générale, L'Oréal, Pernod Ricard, Alstom, Total ou Alcatel y sont présents. Air France a ouvert l'an dernier la première ligne entre l'Europe et Wuhan ». Ils sont tous sur place ! « Cet engouement ne s'explique pas simplement par les liens historiques avec la ville », poursuit le journaliste. La ville se trouve en effet « au carrefour entre Canton et Pékin d'une part, Shanghai et Chengdu d'autre part ». Selon Les Echos enfin, « les autorités prévoient de construire une nouvelle ligne de métro chaque année, 400 kilomètres de voies ferroviaires régionales et le quatrième aéroport de Chine. Et Wuhan a été choisi par le pouvoir central en 2007 pour être un modèle en matière de développement urbain durable ».

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

43


DR

Focus Chengdu

L ’ a v i s d e...

PME, comment faire ?

… Jean-Pierre Palier, serial entrepreneur, président de l’Union des Français de l’Étranger à Chengdu

Quelques coordonnées* d’institutions à contacter en priorité pour mieux comprendre les opportunités sur place.

Je suis tombé amoureux de Chengdu. Ici, c’est le paradis pour un entrepreneur. C’est véritablement la capitale de l’Ouest de la Chine qui va passer, selon les projections, de 15 millions aujourd’hui à 30 millions d’habitants à l’horizon 2030. Il y a donc énormément d’opportunités à saisir – beaucoup plus qu’à Shanghai ou qu’à Pékin ! Ici, c’est une sorte de Far West, une région lointaine mais dotée d'important moyens. Pour exemple, la ville abrite onze zones économiques, dont plusieurs au niveau provincial et une au niveau national ! Par ailleurs, les Sichuanais profitent de la vie, ils sont plus dépensiers et plus fiables aussi. Pour une entreprise française en Chine, ne pas être ici à terme serait une erreur !

Pour tout renseignement sur les régulations locales et la politique fiscale : www.chengduinvest.gov.cn (parties en anglais) ; www.sc-l-tax.gov.cn * Depuis la France, les numéros indiqués doivent être précédés de l’indicatif 0086.

Go West ! Nom donné à une politique économique, lancée en 1999, visant à rééquilibrer le développement très inégalitaire du territoire chinois. Dictée par Pékin, elle se concentre sur les provinces de l’Ouest chinois (en particulier le Henan, le Hubei, le Sichuan et la municipalité de Chongqing). Cette politique est censée soutenir et financer des projets de développement des infrastructures, des voies de communication et proposer des politiques fiscales avantageuses.

44

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Imagine China

Consulat de France à Chengdu (028) – 66 66 60 60 www.consulfrance-chengdu.org Bureau municipal chargé de la propriété intellectuelle (028) – 8627 3513 Bureau des affaires du gouvernement du Sichuan (028) – 8693 6179 www.sczw.gov.cn sczw@sczw.gov.cn Bureau des affaires commerciales et industrielles (028) – 8639 4280 CCIFC : Nathalie ANIEL (010) – 6461 0260*36

Le centre ville de Chengdu pris d’assaut par un panda géant, symbole de la ville

et démarrage des unités de production ou encore étude, conception et construction de machines spéciales techniques). « Depuis dix ans, on rayonne sur Pékin, Shanghai et Canton ; on suit les investissements industriels ce qui explique aussi notre présence à Chengdu désormais ». Et de relever néanmoins « une vraie difficulté pour créer une dynamique française. On manque d’esprit de corps. On souffre de ça. Il n’y pas réellement pas de modèle français. » Pionniers Autre épine possible : la gestion logistique dans cette région placée à quelques 2 000 kilomètres du port de Shanghai. « Il faut être prudent et bien calculer ses coûts de logistique avant de décider une implantation sur place », prévient Paul Massard. C’est aussi ça, le prix de l’aventure… Car aller dans l’Ouest, c’est être une sorte de « pionnier », reconnaît volontiers

Bruno Lhopiteau, GM de Siveco (50 salariés), spécialiste du conseil en ingénierie de maintenance en Chine, présent à Chengdu depuis 2012. « Aujourd’hui, l’Ouest de la Chine représente 10 à 15 % des activités de notre entreprise. Il y a des avantages évidents à être sur place, c’est plus facile pour les affaires. On couvre également les frais du bureau en envoyant nos équipes locales sur des projets dans la Chine dite de l’intérieur », explique-t-il. Et de reconnaître également que « les habitudes de travail ressemblent peut-être plus à ce qu’elles pouvaient être à Shanghai et à Pékin il y a une quinzaine d’années ». Tout en précisant que Chengdu « n’est pas un eldorado plus qu’ailleurs ». Il faut être patient. De fait, « on fait vite le tour des multinationales et leurs centres de décisions ne sont pas là-bas ». 1. Le Temps de la Chine. La France au défi du plus grand marché du monde (Félix Torres éditeur & CCIFC – 2013)

P ie rre T ie s s e n


Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

45


FRANCE - CHINE 50 ANS | Paroles de mÉcÈnes

GROUPAMA

www.biomerieux.com

www.groupama.com.cn

DR

DR

bioMérieux

Corporate vice-président de bioMérieux SA Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… La fidélité et la valeur donnée à l’engagement long terme. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois … Le pragmatisme et l’alliance du tactique et du stratégique. Leur principal défaut… Le manque de connaissance de certaines réalités / pratiques internationales. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… L’arrogance et le manque de patience. Leur force… Une proximité culturelle certaine, un sens donné à l’histoire, une volonté de compréhension de la Chine qui favorise une complicité naturelle. Malheureusement, beaucoup confondent naturelle et acquise. Les grands succès de votre entreprise en Chine… Plus de 25 ans de constance et d’investissements, une reconnaisance de la valeur ajoutée de bioMérieux à la santé chinoise au plus haut niveau, la participation à des programmes majeurs de santé publique ( HIV, tuberculose, cancers), une présence composite (ventes, manufacturing , R&D…) renforcée par des joint-ventures et des Unités Mixtes de Recherche ( FUDAN) et la présence forte d’autres entreprises du Groupe Institut Mérieux ( Mérieux Nutrisciences, Transgène). Votre occupation préférée en Chine… À la decouverte des peintres contemporains chinois. Votre rêve en Chine… bioMérieux, acteur majeur de la santé publique chinoise, contribuant à l’accés aux soins du plus grand nombre. Votre rêve pour la Chine… Un grand pays qui saura concilier modernité et respect de ses spécificités culturelles et investir dans la résolution de challenges majeurs (environnement, transparence…). La France en Chine… Des atouts technologiques pas assez promus / connus et donc un formidable réservoir de partenariats et succès. La Chine en France… Encore trop méconnue, caricaturée, voire décriée par des poncifs. Votre devise… EN Chine, POUR la Chine, AVEC la Chine.

46

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Y ur i NAROZ NIAK Directeur Général Adjoint

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… L’agilité. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois … Le pragmatisme. Leur principal défaut… La rudesse émotionnelle. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Le manque d’agilité. Les grands succès de votre entreprise en Chine… Le partenariat stratégique avec l’une des plus importantes sociétés d’État chinoise. Votre occupation préférée en Chine… Les voyages. Votre rêve en Chine… Lire en chinois la littérature contemporaine chinoise. Votre rêve pour la Chine… Une société harmonieuse qui respecte l’individu. La France en Chine… Une référence culturelle et intellectuelle et en matière d’innovation. La Chine en France… Un partenaire fiable sur le long terme. Votre devise… « Un bon général modifie ses objectifs, bouleverse ses plans et nul ne le devine. Il déplace ses bivouacs, varie ses itinéraires et déjoue toute prévision. » Sunzi – traduction de Lévi, p84

L’Oréal www.loreal.fr

DR

T hi e rry B ERNARD

A lex i s P er ak i s-Valat

L’Oréal China CEO and Group Exécutive vice-président, L’Oréal Asia-Pacific

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… Imprévisible. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois … Pragmatiques. Leur principal défaut… Pragmatiques. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Pas à moi de juger. Leur force… L'image de la France, leur volonté de s’adapter au marché chinois, leurs capacités entrepreneuriales. Les grands succès de votre entreprise en Chine… Le talent de nos collaborateurs chinois et l'amour des Chinoises et des Chinois pour nos Marques. Votre occupation préférée en Chine… Découvrir le pays. Votre rêve en Chine… Celui de notre ancien CEO qui nous anime encore aujourd'hui : mettre un rouge à lèvres dans les mains de chaque Chinoise. Votre rêve pour la Chine… Faire émerger la plus nombreuse et la plus heureuse classe moyenne du monde. La France en Chine… Doit faire rimer romantisme et modernité. La Chine en France… Doit continuer à donner envie. Votre devise… 众志成城 ("l’union fait la force")

Mazars www.mazars.cn

DR

Grands donateurs

Pat ri ck d e Cam bo urg Chairman du Groupe Mazars

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… Une société fondée sur la confiance relationnelle. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois… La combinaison de la patience, de l’ambition et du réalisme. Leur principal défaut… Une vision géopolitique en cours d'évolution et encore (naturellement ?) assez sino-centrique. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… La volonté d’importer leurs « modèle» sans adaptation culturelle et une forme excessive de rationalité théorique. Leur force… Leur capacité à comprendre la culture, à adapter leur démarchecarl’internationalisationdesentrepriseschinoises


l’enracinement industriel et commerciale, le sentiment d’appartenance de notre personnel à travers une adhésion forte aux valeurs de l’entreprise. Votre occupation préférée en Chine… La découverte de la Chine, de son histoire, de sa géographie, de sa culture et… l’apprentissage de la langue ! Votre rêve en Chine… Michelin, un acteur incontournable dans le développement durable du transport des personnes et des biens en Chine. Votre rêve pour la Chine… Avoir conduit sa transformation de manière responsable vis-à-vis de son écosystème. La France en Chine… Par sa relation historique respectée, estimée mais pas toujours bien comprise car versatile et provocatrice dans le comportement de ses leaders ou dans ses décisions. La Chine en France… Mal connue, mal traitée, caricaturée, voire une menace pour certains intellectuels ou média mais une opportunité pour le monde du business. Votre devise… « Avancer ensemble ».

DR

DR

www.michelin.com

Ph il i pp e V ERNEUIL Président Michelin Chine

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… Complexe, dynamique, entreprenante, ambitieuse. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois… La fidélité, le pragmatisme, la volonté d’entreprendre et la prise de risque, le sens du business, la vitesse. Leur principal défaut… Un manque d’expérience dans le management des personnes, une difficulté à travailler en équipe, un manque de spontanéité dans la communication, une méfiance initiale. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… L’impatience, l’autisme, l’arrogance. Leur force… L’ouverture internationale, la puissance d’innovation, la technologie, le respect de la diversité, l’histoire de la relation entre la France et la Chine. Les grands succès de votre entreprise en Chine… Une présence dans la durée (25 ans), la notoriété de la marque, l’image sociétale de l’entreprise,

Total www.total.com

B e rt ran d d e La No ue

Représentant général de Total en Chine

SANOFI www.sanofi.com

Michelin

La France en Chine… 50 ans : l'heure du bilan. La Chine en France… Un panda dans un jeu de quilles. Votre devise… Venez armés et quoi qu'on vous raconte, gardez les pieds sur terre.

DR

suit un chemin très comparable à celui suivi par les entreprises françaises, avec des challenges très proches. Les grands succès de votre entreprise en Chine… La contribution à la modernisation de notre profession et à la réflexion, un service sur-mesure aux entreprises étrangères. Votre occupation préférée en Chine… Mieux comprendre une culture pluri-millénaire et sophistiquée. Votre rêve en Chine… Etre dans les 10 premières entreprises avec les facteurs essentiels de différentiation multiculturels. Votre rêve pour la Chine… Un grand pays contribuant au bien-être de ses citoyens et participant avec sagesse à un monde multi-polaire et pacifique. La France en Chine… Une France porteuse de l’idée d’un partenariat stratégique et dynamique entre la Chine et l’Europe, avec toutes les dimensions nécessaires, économiques et bien au –delà. La Chine en France… Relativiser les épisodes qui ont contribué à une forme de caricature pour retrouver les fondamentaux d’une culture multi-millénaire et d’une sagesse fondée sur la combinaison de tradition et modernité. Votre devise… Etre soi-même chinois et international, en Chine.

B r un o G ENS BUR G ER

External Affairs Director pour Sanofi Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… La vivacité. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois… L'honnêteté. Leur principal défaut… Leur inconstance. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Le manque d'écoute. Leur force… La qualité de leurs hommes. Les grands succès de votre entreprise en Chine… Traitements (diabète, cancer, cardio-vasculaire) et vaccins innovants (polio, vaccins combinés) contribuant fortement à l'amélioration de la santé en Chine. Votre occupation préférée en Chine… Voyager le long des frontières. Votre rêve en Chine… La quitter en bonne santé. Votre rêve pour la Chine… Redevenir naturellement attirante.

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… Opiniâtre. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois… Les plus remarquables, l’utilisation du temps et la patience, mais pas forcément les préférées… Leur principal défaut… Leur processus de décision. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… L’impatience. Leur force… La créativité et l’esprit entrepreneurial. Les grands succès de votre entreprise en Chine… Avoir noué de nombreux partenariats avec les entreprises d’États chinoises en Chine et en dehors de Chine. Votre occupation préférée en Chine… Peut-être pas la préférée, mais la plus chronophage, essayer d’apprendre le chinois ! Votre rêve en Chine… Personnel : avoir le temps de visiter le Xinjiang et le Tibet. Professionnel : « level playing field » nous permettant de développer nos activités sur l’ensemble de la chaine énergétique. Votre rêve pour la Chine… Un ciel bleu dans un pays développé. La France en Chine… Culture, romantisme, luxe, 50 ans, mais – 26 milliards d’euros : on doit faire mieux ! La Chine en France… Clichés, peur, touristes, méconnue… là aussi, on peut faire mieux et c’est aussi notre rôle. Votre devise… « Committed to better energy », la nouvelle signature du Groupe, tout à fait d’actualité en Chine ! Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

47


FRANCE - CHINE 50 ANS | Paroles de mÉcÈnes

Pierre Fabre

donateurs Air France

DR

www.airfrance.com.cn

Sylvain GRADOS Sales Director

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… L’immensité.

GDF Suez

DR

www.gdfsuez.com

Raph a e l S ch o e n tg en Président GDF SUEZ Chine

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… Visionnaire. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois… Le pragmatisme. Leur principal défaut… Parfois un certain immobilisme en attendant la décision du chef.

48

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois… Leur pragmatisme. Leur principal défaut… Le processus de décision, parfois complexe à décrypter. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Leur empressement. Leur force… L’image de la France. La France en Chine… L’art de vivre à la française, une image si romantique avec Paris qui demeure la première destination de voyage pour les chinois. La Chine en France… Entre incompréhension et curiosité. Une image qui demeure dessuée et sous-estimée. Votre devise… Avec nos partenaires chinois, bâtissons ensemble un pont entre l’Asie et l’Europe !

Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Ne pas penser suffisamment local et tarder à s’organiser localement, avec une forte capacité de décision rapide et locale, afin de fonctionner en circuit court et mode très réactif avec les Chinois qui adorent cela. Leur force… La créativité et une formation initiale des cadres (notamment les ingénieurs) multidisciplinaire qui est très utile en Chine pour appréhender l’ensemble des contraintes. La France en Chine… Une image romantique et charmante, mais qui laisse largement dans l’ombre les nombreuses compétences technologiques françaises (BTP, énergie, agroalimentaire, médecine, etc …) qui pourtant peu à peu se font une place en Chine. La Chine en France… Une croissance des investissements qui me semble la bienvenue pour favoriser un accroissement de nos interactions et de notre compréhension mutuelle. Votre devise… Le pragmatisme, la curiosité, la patience et être profondément soi-même ouvrent toutes les portes et mènent au succès.

DR

www.pierre-fabre.com/fr

Franci s Canet

Directeur général Pierre Fabre Chine Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… Imprévisible : la Chine offre d’agréables surprises à différents niveaux : la rapidité de son développement économique, ses variétés culturelles, sa volonté d’adaptation, et son changement continue. Mais elle est aussi vivace : la Chine est un pays qui va de l’avant où tout est possible. Son dynamisme économique, sa volonté de réussir et sa population chaleureuse en font un pays accueillant. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois … Le pragmatisme : les Chinois après une négociation sont prêts à agir et à concrétiser les projets très rapidement. Leur principal défaut… Le manque d’opinion personnel : il est difficile d’obtenir un avis honnête, dans le cas d’un désaccord ils s’abstiendront par respect d’autrui. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Vouloir imposer précipitamment un modèle entrepreneurial français sans respecter les différences de pratiques culturelles et de fonctionnement. Leur force… Les entreprises françaises apportent une stratégie de développement à long terme nous construisons pour un meilleur futur. La France en Chine… Un pays reconnu pour ses produits de qualité, sa technologie et apprécié pour son patrimoine et sa culture, une relation qui ne peut que s’approfondir. La Chine en France… Une future puissance économique par sa forte productivité, de nombreux échanges culturels à travers les étudiants et touristes, mais encore mal comprise et caricaturée. Votre devise… Être à l’écoute, réactif et innovant.


www.schneider-electric.com/site/home/index.cfm/cn/en/

Donateurs associés

Schneider Electric

Adamas www.adamas-lawfirm.com

Jea n - Pas ca l T r i c oi r e

A lba n REN AUD

Avocat associé, responsable en Chine du Cabinet ADAMAS Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… Inébranlable. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois … L’enthousiasme. Leur principal défaut… L’ambigüité. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… L’arrogance. Leur force… La détermination. Votre devise… En Chine depuis plus de vingt ans pour mieux vous assister.

DS avocats

Thales www.thalesgroup.com

Ol i v i e r Gui b e rt

Président Asie du Nord, Thales

www.dsavocats.com

DR

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… La croissance. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois … La diligence. Leur principal défaut… En raison de la faible connaissance sur la protection environnementale et sur la gestion de l’énergie, la Chine a payé coûteusement dans l’environnement. Aujourd’hui, la Chine se trouve devant une crise grave aux aspects énergétiques et environnementaux. Le gouvernement chinois est bien conscient de ce problème et a travaillé sur la bonne voie. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Des heurts culturels. Par conséquent, Schneider Electric maintient fermement le principe de la localisation, et a obtenu des résultats actifs. Leur force… Avec sa technique avancée, ses produits et ses solutions, Schneider Electric aide ses clients et les professionels chinois à améliorer sans cesse leur capacité de gestion d’énergie, et a contribué remarquablement dans la promotion de construction de l’économie de gestion d’énergie en Chine. La France en Chine… La France est le premier grand pays occidental qui a établi une relation diplomatique avec la Chine nouvelle. Depuis de nombreuses années, les entreprises et les organisations non gouvernementales françaises ont établi des échanges fréquents avec la Chine, et ont participé positivement à la construction de la modernisation chinoise. La Chine en France… La Chine a établi une relation étroite de partenariat stratégique avec la France. Les échanges gouvernementaux ou non-gouvernementaux dans les domaines politiques, économiques et culturels entre la Chine et la France ont augmenté chaque jour davantage. Votre devise… Tirez le meilleur de votre énergie, et création d’origine chinoise.

DR

Chairman & CEO

Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois… Le pragmatisme et la réactivité. Leur principal défaut… Le défaut d’anticipation. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Le manque d’humilité et l’incapacité parfois à s’adapter aux spécificités du marché chinois. Leur force… La persévérance. Votre devise… Être toujours en capacité de saisir les opportunités .

CCIFC

Schneider

Ann e Sév e ri n

Responsable de DS Avocats à Shanghai Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… L’attachement à une identité culturelle très forte.

Si vous deviez définir la Chine par un trait de caractère… La force tranquille. Dans les affaires, la qualité que vous préférez chez les Chinois … Pragmatiques et importance de la relation personnelle. Leur principal défaut… Travaillent 24/24... pour certains. Le principal défaut des entreprises françaises en Chine… Une certaine forme d’arrogance doublée d’une vision court terme. Leur force… Humaines et ouvertes. Votre devise… Être chinois en Chine.

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

49


5 PME françaises pour les 50 ans Dates-clés

Janvier 2001

Création de Splio en France. FOCUS PME

LA FRANCE EN CHINE

CCIFC

Splio

La génération web à l'assaut du marché chinois Présente en Chine depuis 2011, la PME française Splio profite de l'essor de l'utilisation de l’Internet par les entreprises chinoises et renouvelle la confiance de ses clients traditionnels européens.

S'

implanter en Chine ou non, la question a été vite réglée pour les dirigeants de la société Splio, créée en 2001 en France et qui a ouvert son bureau de Shanghai en juillet 2011. Spécialisée dans le marketing web multicanal et le CRM (Customer Relationship Management), la PME française, à la demande en 2009 d'un de ses plus gros clients, a tenté l'aventure commerciale dans l'Empire du Milieu pour développer ses campagnes d'e-mailing commerciaux. « Quelques-uns de nos clients nous demandaient si l'on était déjà présent en Chine, explique Olivier Boisnard, manager général de Splio Chine. « Un de nos premiers ingénieurs avait déjà travaillé deux ans à Pékin et s'était doté d'un carnet d'adresse intéressant. Par conséquent, l'opportunité de s'installer en Chine s'est faite naturellement ». Quatre ans plus tard, le défi chinois a porté ses fruits. Le chiffre d'affaires de la filiale shanghaienne a dépassé les 9 millions de yuans en 2013 et la société vient, en cette année qui célèbre les 50 ans de relations diplomatiques France-Chine, d'accueillir son… 50e client. Parmi eux, des grands groupes français leaders dans la cosmétique mais aussi des entreprises chinoises. « Celles-ci représentent désor-

50

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

« Le trophée CCIFC de l’entrepreneuriat a été une étape très importante pour nous ; il récompense les efforts de nos 25 employés ces dernières années ». Olivier Boisnard, manager général de Splio Chine.

Juillet 2011

Ouverture du bureau de Shanghai

2013

50e client de la société et remise du trophée CCIFC de l'Entrepreneuriat pour Olivier Boisnard, le manager général de Splio Chine mais la moitié de nos clients », précise le jeune manager âgé de 30 ans. Ce que propose la PME française, c'est d'aider ses partenaires à mieux communiquer sur internet et notamment proposer une communication de masse pour une stratégie web de publicité multicanale ciblée par le biais de campagnes d'e-mail, de SMS et sur les réseaux sociaux. Et ce, grâce à des plates-formes informatiques d'e-mail marketing et CRM directement gérées par les clients. Ces logiciels « haut de gamme » permettent ainsi d'envoyer dans le monde entier plus d'un milliard de mails par mois. Prix CCIFC de l'entrepreneuriat en 2013 Tous ces efforts ont payé puisque Olivier Boisnard a reçu en 2013 le trophée CCIFC de l'entrepreneuriat : « Ce prix a été une étape très importante pour nous ; il récompense les efforts de nos 25 employés ces dernières années. Cela sonne pour le bureau de Shanghai également la fin de la tempête car nous avons connu un événement tragique en 2012 avec la disparition tragique d'Arnaud Stasse, qui dirigeait la filiale shanghaienne et qui a entraîné une période de doutes et d'incertitudes chez toute l'équipe », témoigne son successeur qui a repris les rênes de la société dans un climat difficile. Dans un milieu particulièrement en pointe sur le plan technologique, Olivier Boisnard juge que l'environnement business n'est pas si difficile : « Malgré un marché très concurrentiel, faire du business dans notre domaine en Chine n'est pas impossible, au contraire d'autres secteurs plus industriels. Nous avons la chance de faire partie d'une génération qui a grandi avec internet. Nos interlocuteurs chinois ou européens font également partie de cette même génération. C'est peut-être plus facile pour nous car nous parlons le même langage de geeks », ajoute-t-il. « Même si les coûts salariaux chinois augmentent depuis quelques temps et la profitabilité est moins bonne, le marché chinois reste un marché d'opportunités très intéressant ». Un marché prometteur qui permettra cette année à Splio Chine de développer une nouvelle solution de gestion multicanale dont l'objectif sera de fidéliser et de récompenser les clients potentiels grâce à un système de points. Erwan Pacaud


Le vent en poupe pour ODC Marine Dans un marché nautique en pleine expansion, cette PME fondée à Dalian par trois Français a fait son nid. Et, sous l’effet de l'actuelle vague anticorruption, s’oriente vers la vente de bateaux moins « bling bling ».

FOCUS PME

ODC Marine

LA FRANCE EN CHINE

ODC M a r i n e

T

out a commencé en 2006 dans un petit hangar de Dalian, avec à peine 100 000 dollars de capital en poche. « Après avoir travaillé dans la région de Dalian, les deux autres co-fondateurs d’ODC Marine et moi voulions nous mettre à notre compte », se souvient Stéphane Gonnetand, 35 ans, ingénieur de formation et venu en Chine « pour l’aventure ». « Les chantiers locaux ne satisfaisaient pas les besoins des clients occidentaux, en termes de normes et de qualité. Alors, même si personne ne croyait en nous, nous, nous sentions qu’il y avait un marché ! Et nous nous sommes lancés. » Ce pari de jeunesse a été gagné. Aujourd'hui, ODC Marine emploie près de 50 personnes et a généré, sur la saison 20122013, 3 millions d'euros de chiffre d'affaire. D'abord spécialisée dans la construction de bateaux de technologie haut de gamme, notamment hybride et électrique, la PME se fait aussi, depuis 2009, concessionnaire et revend des navires Bénéteau et Lagoon. Politiquement, cette double casquette protège. « Aux autorités chinoises, qui verraient d'un mauvais œil une PME comme la nôtre, pourvue de fonds 100 % étrangers, nous désignons nos propres bateaux Made in China, confectionnés grâce à de la main d'œuvre locale », explique le co-fondateur d'ODC. « Et aux Français qui, eux, nous accuseraient, de façon impropre, de délocalisation, nous montrons les bateaux Made in France que nous revendons ici ! » Idéal donc en cette année de célébration du cinquantenaire des relations franco-chinoises ! À double casquette, clientèle double. Les gérants de sites touristiques européens

« Les chantiers locaux ne satisfaisaient pas les besoins des clients occidentaux, en terme de normes et de qualité. Alors, même si personne ne croyait en nous, nous, nous sentions qu’il y avait un marché ! Et nous nous sommes lancés. » Stéphane Gonnetand, cofondateur de ODC Marine

Dates-clés

2006

Création d'ODC Marine

2009

ODC Marine opère aussi comme concessionnaire pour Bénéteau et Lagoon

2009

Prix des meilleurs entrepreneurs décerné par la CCIFC

2012

Premier bateau à passagers hybride lithium (100 places)

apprécient la discrétion des moteurs électriques et leurs batteries au lithium permettant des visites en toute quiétude. ODC vient d'ailleurs tout juste de vendre un 18 mètres hybride pour la Corse. Quant aux riches entrepreneurs chinois, eux veulent pouvoir organiser des réceptions en mer. Vers plus de ludisme ? Mais une recomposition du secteur semble être à l'œuvre : lors de l'achat d'un navire, sa fonction ludique et sportive, et non plus seulement sociale, pourrait devenir aussi déterminante. « Je n'ai pas besoin d'en jeter plein la vue », s'exclame ainsi M. Xu, un entrepreneur de Dalian, déjà possesseur de deux bateaux et qui a maintenant dans le viseur un voilier, le Lagoon 450 vendu par ODC pour quelque 6 millions de yuans [700 000 euros]. « Les engins motorisés font trop de bruit ! Je veux être tranquille et profite. Mais il va falloir que je prenne des cours de voile ! » Avérée, cette évolution du marché est favorisée par l'actuelle campagne anti-corruption menée tous azimuts par Pékin. Car la richesse en Chine étant, presque par définition, d'origine douteuse, les élites doivent désormais délaisser la distinction pour plus de discrétion. Alors fini le "bling bling" en mer, place à la pêche et à la voile? "Peut-être", glisse M. Gonnetand. « En tous cas, les yachts utilisés pour des réceptions se vendent maintenant moins facilement, alors que les voiliers suscitent de plus en plus d’intérêt. À nous de nous adapter... » Edgar Dasor

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

51


Dates-clés

2006

Création d'Easybox Jewellery packaging

2010

Arrivée de Benoit de Langalerie à la tête d'Easybox. Refonte complète de la stratégie industrielle, de l'identité visuelle et corporative de la société.

2011

Création de l'atelier peinture. Chiffre d'affaires : 1 million d'euros

2013

Easybox

Création d'Easymetal et EASY DESIGN dans l'usine de Shunde et d'EasySource à Shenzhen. Chiffre d'affaires : 3 millions

FOCUS PME

LA FRANCE EN CHINE

Easybox

Pour Benoit de Langalerie, directeur général d'Easybox, spécialiste du packaging de luxe, innovation permanente, savoir-faire artisanal et attitude positive sont les clés pour créer un bon climat d’affaires en Chine.

Easybox Des écrins de luxe et un mental d’acier

I

mplantée au milieu des champs de canne à sucre à Shunde, située à quelques encablures de Foshan et de Ghangzhou dans le sud de la Chine, l'usine de production de la PME française Easybox, créée en 2006 et dirigée depuis 2010 par Benoit de Langalerie, tourne à plein régime. Spécialiste du packaging de luxe sur mesure, Easybox Jewellery Packaging propose à ses clients une gamme d'écrins de luxe aussi bien dans les domaines de l'horlogerie, de la bijouterie et de la joaillerie que dans ceux que de la parfumerie, des vins et des spiritueux. Ce qui, au moment de la commémoration des 50 ans des relations diplomatiques entre la France et la Chine, rappelle l'identité de la France des années 1960. Mais pour se différencier des entreprises du même secteur, le directeur général d'Easybox s'est lancé, à contre-courant de la tendance générale, dans la préservation des savoir-faire d'autrefois. « La gainerie, le travail du bois, la marqueterie, le marquage à chaud ainsi que l'utilisation de la peinture à laque font appel à un savoir-faire artisanal très ancien que nous essayons de préserver et de transmettre à nos

52

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

« Les mentalités des sociétés chinoises sont en train de changer. Elles connaissent grâce au bouche à oreille notre façon de travailler et nous demandent des produits haut de gamme et de qualité française ». Benoit de Langalerie, directeur général d'Easybox.

employés », précise Benoit de Langalerie. Autre point fort de la PME, toutes ces compétences sont réunies sous un même toit, ce qui évite de sous-traiter et permet de gagner un temps précieux. Et même si le carnet de commandes est bien rempli, l'objectif d'Easybox n'est pas forcément de grossir : « Nous voulons rester à taille humaine et produire un travail de qualité dans des quantités raisonnables ». Les mentalités des sociétés chinoises évoluent Et le résultat est là. Un chiffre d'affaires qui a été multiplié par trois en deux ans (de 1 millions d'euros en 2011 à 3 millions en 2013, et 3,5 millions prévus en 2014). Si les grands groupes de luxe restent les principaux clients de l’entreprise, les marques chinoises, elles aussi, s’intéressent au savoir-faire d'Easybox. « Les mentalités des sociétés chinoises sont en train de changer. Elles connaissent grâce au bouche à oreille notre façon de travailler et nous demandent des produits haut de gamme et de qualité française ». Conséquence : ces entreprises captent désormais 20 % du CA d'Easybox. « Nous fournissons notamment des coffrets et objets de décoration pour la maison Shanghai Tang, marque de vêtements et des arts de la table », ajoute Benoit de Langalerie. Easybox a par ailleurs créé l'année dernière un bureau de design EASYDESIGN ainsi qu'un bureau de sourcing EASYSOURCE à Shenzhen. Comment expliquer ce succès ? « Avoir une positive attitude aide beaucoup », note le dirigeant d’Easybox. « Il faut toujours être positif et aller de l’avant. J'ai monté un atelier de laque pour perfectionner mes produits et cela a payé ! Le fait de toujours innover contribue au succès. Par ailleurs, lorsque l'on me dit que le climat d’affaires en Chine est morose pour les PME françaises et européennes, notamment à cause de l'augmentation des coûts salariaux, je pense que c'est un faux problème. Si vous cherchez à professionnaliser et bien former la main-d'œuvre, c'est forcément payant à long terme — il y a ainsi moins de produits à retravailler (rework). Et au bout du compte, nous produisons plus avec moins de personnes ». Erwan Pacaud


FOCUS PME

LA FRANCE EN CHINE

NConcepts

La force de la proximité Pour cette jeune PME française basée à Shenzhen – spécialisée dans le développement de logiciels sur mesure – le bouche à oreille notamment a été un levier de croissance important.

L’

entreprise NConcepts, c’est d’abord l’itinéraire en Chine de son fondateur et directeur général, Yannick Silva, ingénieur de formation ; un « ex » de Sagemcom (propriété de Carlyle group). « Je suis venu en Chine il y a huit ans pour cette entreprise de haute technologie et suis tombé amoureux du Sud ». De Shenzhen, plus précisément. Cet ancien village de pêcheurs devenu à la fois une zone économique spéciale et l’un des plus grands ports au monde. C’est d’ailleurs là qu’il décide, il y a deux ans, de « larguer les amarres », de quitter Sagemcom et de montrer sa propre structure. « Une entreprise au scope large », précise-t-il . Et pour cause : NConcepts propose des services sur mesure, du logiciel éducatif, à des applications marketing pour grands groupes (comme Alcatel Onetouch ou Hamelin) en passant par un système de gestion de production pour une industrie locale (ON Limited)… « On touche un peu tout le monde. Nos clients sont à 95 % français », et tous implantés localement.

Difficultés à recruter Les ambitions de NConcepts : se transformer en banque de services et mettre en place un département R&D interne. « On a déjà commencé sur des produits innovants dédiés davantage à l’industrie », explique Yannick Silva, qui emploie à Shenzhen trois personnes et fait « tourner une dizaine de freelancers », dixit, sur l’ensemble de la Chine. « On aimerait passer à dix ou quinze personnes intégrées en 2015 ». L’entreprise a notamment des besoins en marketing mais aussi d’ingénieurs, « profils encore difficiles à recruter en Chine », selon son directeur général. Ce que peut attendre NConcepts du cinquantenaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine ? Avant tout, une simplification des démarches consulaires pour l’obtention et le renouvellement de visas chinois, espère Yannick Silva. « Car les délais sont de plus en plus long, ce qui peut nous freiner dans notre développement ». Pierre Tiessen

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

53


FOCUS PME

Avec Green United Music (GUM), la French Touch débarque en Chine

Un vrai couteau suisse ! Voilà ce que je serai à mon arrivée en Chine », s’amuse Thomas Faucheur, 53 ans, directeur, à compter d’avril, des deux studios chinois flambant neuf de Green United Music. « C’est que je cumulerai les casquettes de directeur, mais aussi de producteur et d'ingénieur du son ! » Pour les co-fondateurs de « GUM », l’ancien musicien Frédéric Monvoisin, 43 ans, et son producteur d’alors, Fabrice Dumont, 40 ans, cette ouverture internationale marque une étape charnière. Créé en 2008, en pleine crise de l’industrie musicale, GUM est « une music house d’un type inédit », affirme Frédéric. « Nous avons créé deux départements. D’une part, nous produisons de la musique originale pour la publicité, la télévision et le cinéma. D’autre part, grâce à notre label électro et indie pop, nous produisons des artistes. » Le modèle : avec les stables revenus du premier pôle financer le second. En 2013, le département production et le label ont, respectivement, généré 3 et 2 millions de chiffre d’affaires. « Maintenant, les deux pôles se renforcent. C’est même grâce à notre vitrine label que certaines agences de publicité font appel à nous », complète Fabrice. Aujourd’hui, GUM produit le son de 150 publicités par an, à l’esthétique léchée. Côté cinéma, ils ont notamment réalisé le mixage de la musique du film The Artist. Enfin, via leur

Dates-clés

2008

création de GUM

54

2011

« Grâce à un bureau de représentation ouvert dès 2012, la compagnie a déjà fait ses premiers pas à Shanghai et signé une quinzaine de pub, notamment pour Porsche et Levis. »

label, ils ont signé avec le chanteur français Woodkid, dont le premier album s’est écoulé à 500 000 albums. Un marché chinois qui se structure En 2014, GUM vise donc l’Empire du Milieu. Certes, grâce à un bureau de représentation ouvert dès 2012, la compagnie a déjà fait ses premiers pas à Shanghai et signé une quinzaine de pub, notamment pour Porsche et Levis. Deux musiques de films chinois sont en outre à l’étude. « Mais pour vraiment se développer,

mixage de la musique du film The Artist

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

GUM

GUM

Studios d’enregistrement en construction, musiques de film en prévision… Green United Music, label mais aussi producteur de son, renforce ses ambitions en Chine. Le cinquantenaire des relations franco-chinoises se fera en musique !

LA FRANCE EN CHINE

2012

ouverture d’un bureau de représentation à Shanghai

une présence continue sera nécessaire, d’où la construction de nos deux studios », explique Frédéric. « Faire produire la musique à Paris prend trop de temps ! De plus, nos clients chinois exigent beaucoup de réactivité et de souplesse ». C’est ainsi que, fin février, depuis Paris, GUM a dû fournir, en 24 heures, la musique d’une publicité pour Dodge. « Mais le résultat nous a pleinement satisfaits », témoigne Edmond Tao, directeur d’une société de production de film à l’origine de la commande. La publicité low-cost, qui prévaut encore en Chine, n’est pas l’affaire de GUM, qui veut plutôt véhiculer une image « premium ». Pas question alors, officiellement, de sacrifier à la qualité, ni aux budgets, sur lesquels GUM ne souhaite néanmoins pas communiquer. Pour Fabrice, le message sera le suivant : « la musique est un élément important d’un film, ce qui nécessite des moyens ». Les parts de marché, plus réduites que dans l’Hexagone, seront, espèrent les deux Français, compensées par la taille du gâteau chinois. De quoi assez les sustenter ? Pas sûr. Car les compères ambitionnent d’ouvrir bientôt des studios à Berlin, Londres et Los Angeles. « Mais il faudra être plus fort », préviennent-ils. « Car là bas, les marchés sont plus structurés et compétitifs. » Edgar Dasor

2014

construction de deux studios d’enregistrement à Shanghai


Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

55


Grand témoin

S. Audras

La « grande aventure chinoise » de Alain Mérieux Ce patron lyonnais, président du Comité des mécènes du cinquantenaire des relations diplomatiques France-Chine, a découvert la Chine à la fin des années 1970. Rencontre.

Votre premier contact avec la Chine remonte à 1978… Je suis en effet allé présenter cette annéelà à l’hôtel de l’Amitié à Pékin auprès de 80 scientifiques chinois, les vaccins humains et vétérinaires de l’Institut Mérieux. La Chine sortait alors de sa Révolution culturelle avec ses gardes rouges.... Par la suite, j’ai reçu énormément de délégations chinoises. J’ai ensuite été premier vice-président de la région Rhône-Alpes en charge de l’international, de la recherche et l’enseignement supérieur. Cela a été alors la « grande aventure chinoise » : pendant douze ans, accompagné d’universitaires lyonnais et grenoblois, j’allais à Shanghai au moins deux fois par an. Nous avons initié de nombreux accords de collaboration. C’est ainsi qu’a été créée pendant cette période l’antenne d’ERAI à Shanghai et que se sont développés

« C’est grâce à Zhu Rongji que j’ai rencontré pour la première fois en 2005 Xi Jinping lors d’un déjeuner à Hangzhou. »

Mérieux en Chine, une relation de longue date 1965

1975

1978

1986

2005

Paul Berliet – beau-père de Alain Mérieux – présente ses camions à l’Exposition de Pékin. Premiers transferts de technologie

Deng Xiaoping est reçu par Paul Berliet à Vénissieux

Premier voyage d’Alain Mérieux en Chine pour présenter les activités de vaccins humains et vétérinaires de l’Institut Mérieux

Alain Mérieux, premier vice-président de la région Rhône-Alpes, initie un accord de coopération scientifique et culturelle entre la région Rhône-Alpes et la municipalité de Shanghai

Création à Pékin sous l’impulsion de Christophe Mérieux, avec l’Académie chinoise des sciences médicales (CAMS), d’un laboratoire de recherche commun, dans le domaine des pathologies respiratoires. Zhu Rongji et Xi Jinping reçoivent Alain Mérieux

56

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014


« Il y a une foultitude d’entreprises tricolores dont la croissance repose en grande partie sur le marché chinois. L’économie chinoise est aujourd’hui incontournable ! »

les échanges académiques entre Rhône-Alpes et Shanghai. Une période durant laquelle vous avez également noué des contacts au plus haut niveau de l’appareil politique chinois… J’ai eu en effet l’occasion de nouer des liens personnels avec le maire de Shanghai de l’époque, Zhu Rongji, devenu ensuite Premier ministre en 1998. Je l’ai revu plusieurs fois depuis sa retraite. C’est grâce à lui que j’ai rencontré pour la première fois en 2005 Xi Jinping lors d’un déjeuner à Hangzhou. J’ai ensuite revu Xi Jinping à Pékin en octobre 2012 avant qu’il ne devienne président et ensuite dans le cadre de la visite de François Hollande en Chine en 2013. Le président nous a fait l’honneur de sa visite dans nos laboratoires de Marcy l’Étoile le 26 mars dernier, et cela a été notre quatrième

rencontre. À plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de rencontrer la Première Dame de Chine dans le cadre de son engagement comme Présidente du Comité chinois de lutte contre le sida et la tuberculose. Enfin, mon fils Christophe et moi-même avions des relations d’amitié avec le Professeur Chen Zhu, l’ancien ministre de la Santé chinois. Que représente aujourd’hui la Chine pour l’Institut Mérieux ? Nous avons privilégié la création en Chine de pôles intégrant l’ensemble des fonctions de l’entreprise, notamment la recherche et la production. Dans ce pays bénéficiant d’une expertise de haut niveau dans le domaine biomédical, l’Institut et la Fondation Mérieux se sont engagés dans une politique active de partenariats avec la communauté scientifique et hospitalière chinoise pour répondre aux priorités de santé publique: pathogènes émergents, résistances bactériennes, infections nosocomiales, tuberculose, cancérologie, sécurité alimentaire.... Dans le cadre du Groupe Franco-Chinois sur les maladies infectieuses émergentes que je co-préside avec le Professeur Chen Zhu, j’ai contribué à la création du laboratoire de recherche P4 de haute sécurité, qui sera inauguré à Wuhan fin 2014 et qui travaillera sur les nouveaux pathogènes émergents. Comment jugez-vous le climat d’affaires en Chine ? Je le trouve très bon. Nous avons d’ailleurs le désir de nous renforcer dans un pays où les besoins de santé sont immenses. Nous avons longtemps travaillé avec cette devise : « In China, for China » et ajoutons aujourd’hui « with China ». Nous devons mener notre action en partenariat avec les acteurs de santé chinois, notamment par des accords locaux. S’agissant de santé publique, nous ne pouvons faire les choses seuls. Quid de la concurrence chinoise, dans le domaine du vaccin notamment ? Les Chinois sont sur ce point en particulier

très nationalistes… Et je les comprends : il y a 30 ans, j’ai fait exactement ce que font les Chinois actuellement… Nous avons développé le marché français des vaccins et pour cela, nous avons fermé les frontières le temps nécessaire à ce développement. Certes, les Chinois veulent ouvrir leur marché mais la santé publique reste un monde un peu à part. De fait, lorsque vous avez 1,3 milliard d’habitants à soigner, à nourrir et à éduquer, vous ne pouvez pas vous permettre d’être à la merci d’approvisionnements extérieurs… En tant que président du Comité des mécènes du cinquantenaire des relations diplomatiques France-Chine, quel regard portez-vous sur la dynamique économique entre les deux pays ? À l’évidence, la Chine est devenue avec les États-Unis l’un des principaux moteurs de l’économie mondiale. Pour énormément d’entreprises françaises, si ce moteur chinois devait s’arrêter, ce serait dramatique. Il y a une foultitude d’entreprises tricolores dont la croissance repose en grande partie sur le marché chinois. L’économie chinoise est aujourd’hui incontournable ! Néanmoins de nombreux entrepreneurs français se plaignent des difficultés d’accès au marché chinois tandis que le déficit commercial avec la Chine reste très important… Je ne vais pas vous dire qu’aborder le marché chinois est chose facile. Il faut énormément de temps et de patience. On ne peut pas arriver dans ce pays sans une vision de partenariat dans le long terme. Quant au déficit commercial, on ne peut pas mettre sur le compte de la Chine les erreurs françaises. Nous payons aujourd’hui la « financiarisation » de notre économie et le passage aux 35 heures ! Ce sont deux erreurs fondamentales. On réindustrialisera notre pays le jour où on réalisera qu’il faut lever certains tabous ! Et dans tout ça, la Chine n’y est pour rien. Propos recueillis par P ie rre Ti es s en

2006

2008

2009

2010

2012

2013

L’unité de recherche mixte Institut Mérieux/ Fudan University Shanghai cancer Center créée en 2005 par Christophe Mérieux devient opérationnelle dans le domaine de la cancérologie

La Fondation Mérieux est officiellement reconnue par le ministère de la santé chinois et devient la troisième fondation étrangère enregistrée en Chine

JV de Mérieux NutriSciences avec le CIQ de Pékin. Ouverture du premier laboratoire accrédité de Mérieux NutriSciences à Shanghai

JV entre Transgene et Tasly Pharmaceuticals (Tianjin)

Lancement du programme de recherche sino européen IMMUNOCAN dans le domaine de la médecine personnalisée en cancérologie. Alain Mérieux rencontre Xi Jinping à Pékin

Alain Mérieux est nommé Président du comité des mécènes du 50e anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

57


DR

En marche pour un « centenaire renforcé » des relations France-Chine

L e r e g a rd d e

Jean Besson1

fin de pouvoir accomplir au mieux sa mission de législateur, il est particulièrement intéressant pour un parlementaire de connaître la législation de pays étrangers sur un sujet donné. L’étude d’autres systèmes juridiques permet en effet de tirer des conclusions

58

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

d’expériences et de s’inspirer de dispositifs ayant fait leurs preuves ou d’éviter des erreurs. C’est dans cet esprit d’enrichissement réciproque que s’inscrit le groupe d’amitié sénatorial, depuis plusieurs années, dans le cadre de l’accord de coopération signé entre l’Assemblée populaire nationale et le Sénat français, visant à organiser à intervalle régulier un « séminaire législatif », une « grande commission » rassemblant sur plusieurs sujets choisi d’un commun accord (la médecine de proximité, l’hôpital public, la gestion du patrimoine, la collaboration entre PME, etc.) des parlementaires des deux pays. La manifestation se déroule alternativement en France et en Chine. Voilà probablement l’une des raisons pour laquelle le groupe d’amitié sénatorial, que j’ai l’honneur de présider depuis plus de quinze ans, constitue le plus important groupe d’amitié du Sénat et comprend 98 sénatrices et sénateurs de toutes les origines politiques, ce qui démontre l’intérêt que le Sénat accorde au bon développement des relations franco-chinoises. En ce qui concerne les relations politiques entre nos deux

pays, je suis convaincu que l’arrivée au pouvoir en Chine l’année passée pour la décennie à venir d’une nouvelle équipe dirigeante avec Messieurs XI Jinping, président de la République ainsi que LI Keqiang, Premier ministre s’avère très prometteuse. Les premières rencontres entre nos dirigeants depuis plus d’un an auxquelles j’ai pu participer confirment le renforcement des relations franco-chinoises. Les fondamentaux sur lesquels repose la relation entre la Chine et la France sont solides. Ayant la même vision de l’organisation des relations internationales, et tirant des bénéfices mutuels d’une coopération intense, la France et la Chine doivent intensifier sans relâche leurs relations. Le groupe interparlementaire France-Chine s’efforce de faciliter cet objectif important et veille à ce que le développement des liens entre les deux pays concerne aussi bien les aspects politiques qu’économiques ou culturels. 1. Sénateur de la Drôme. Membre de la Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat de la République Française. Président du Groupe interparlementaire France-Chine


Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

59


Wang Xiaoshuai, réalisateur chinois. Son long métrage 11 Fleurs a été le premier film chinois à bénéficier de l’accord de coproduction signé en 2010 entre la France et la Chine. Rencontre avec son réalisateur.

« L’accord de coproduction entre la France et la Chine a permis à 11 fleurs d’exister ! »

60

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Imagine China

DR

Liens culturels | France-Chine

L'affiche du film 11 fleurs

Comment le dispositif de coproduction cinématographique entre la France et la Chine vous a-t-il aidé à réaliser 11 fleurs ? Cet accord de coproduction a permis à 11 fleurs d’exister ! Les subventions du CNC et le préachat par la chaîne Arte ont ainsi représenté la moitié du budget du film, et j’ai moi-même financé l’autre moitié. L’accord de coproduction m’a par ailleurs permis d’intégrer de nombreux professionnels français dans toutes les phases du projet : l’écriture, le montage, le son et la musique. Mes producteurs français m’ont apporté la dimension transculturelle, grâce à leurs connaissances du public français, tout en respectant ma liberté de création. Avec sa « double nationalité », 11 fleurs a également été diffusé en salle dans les deux pays – ce qui a permis au film de mieux équilibrer ses comptes. Pourquoi depuis la signature de ce dispositif de coproduction en 2010, relativement peu de films en ont bénéficié 1 ? De nombreux jeunes réalisateurs chinois produisent leur premier film sur leurs fonds propres. Passionnés et créatifs, ils ne sont pourtant pas au courant de l’existence de ce dispositif de coproduction. Il faut aussi admettre que les démarches administratives – qui permettent d’obtenir l’approbation de ce type de coproduction – sont longues et couteuses. En outre, comme en Chine ni les acteurs ni les salles ne veulent s'adapter aux délais de productions, si les films ne se précipitent pas pour arriver aux bons moments du marché, leur box-office en pâtira, alors qu'en France je vois que les cinéastes prennent plus de temps pour bien faire.

« Mes producteurs français m’ont apporté la dimension transculturelle, grâce à leurs connaissances du public français, tout en respectant ma liberté de création ».


Le regard de…

Quelle est la portée de cet accord de coproduction sur le cinéma chinois ? Cet accord peut-il encore être amélioré ? Le fait que les autorités chinoises aient signé un accord de coproduction avec la France, pays de l’exception culturelle, demeure un geste d’ouverture à mes yeux. Avec tous mes confrères, nous percevons une tendance d’assouplissement de la censure dans nos projets. Dans le cadre d’un projet de coproduction, je parle parfois directement avec des hauts responsables qui ont conscience que la censure tue nos films. Je ne veux pas dire que le changement sera pour demain, bien évidement. Il faudra beaucoup plus de pression pour que le système change. Nous, les cinéastes, nous ne devons jamais cesser de nous battre. Concrètement, les chaînes publiques en Chine doivent nous accorder plus de visibilité et nous acheter les droits de diffusion de nos films à meilleur prix. Les autorités chinoises doivent aussi imposer un minimum de jours de présence en salles pour nos films d’auteur afin de renforcer leur visibilité et leur rentabilité. Lors de la distribution de 11 fleurs, aucune mesure n’a été mis en place, et je constate que c’est encore le cas aujourd’hui. D’autre part, j’aurais plus de facilité à lancer mes projets si en France les subventions peuvaient couvrir l’ensemble des frais liés à la préparation et le tournage du film.

… Lou Ye

« La Chine connaît un développement rapide de son industrie cinématographique. Les admissions de diffusion sur les écrans se font de plus en plus rapidement et le marché grandit, ce qui est très positif. D’un autre côté, l’industrie française est mature et propose des réalisations et de productions admirables. Les collaborations cinématographiques entre la France et la Chine sont donc très fructueuses ; elles font avancer, je crois, l'industrie du film en Chine et également en France ». •

Cinéaste, né à Shanghai en 1965. A notamment réalisé « Une jeunesse chinoise » (2006), « Love and Bruises » (2011), « Mystery » (2012), travaille actuellement sur la version finale de son dernier film « Blind Massage »

Les films d’auteurs chinois profitent-ils actuellement du boom du cinéma chinois ? Non seulement le boom ne leur profite pas, mais en plus ils en souffrent ! Auparavant, chaque film attirait l’attention du public car leur nombre était restreint. Aujourd’hui les films d’auteurs, surtout des jeunes cinéastes, se noient automatiquement à leur sortie dans l’océan de films commerciaux. Sur quel projet travaillez-vous actuellement ? Mon prochain film s’intitule Red Amnesia, se déroule dans la Chine d’aujourd’hui mais examine les conséquences des actes criminels perpétrés à l’époque de la création de la Chine Populaire en 1949. Il est entièrement financé par des fonds privés en Chine. Le tournage s’est achevé fin 2013 et nous sommes actuellement en post-production. La sortie dans les salles chinoises est programmée pour fin 2014. 1. 11 Fleurs (réal : Wang Xiaoshuai) et Le promeneur d’oiseau (réal : P. Muyl) ont bénéficié de cet accord de coproduction auxquels s’ajoutent trois ou quatre projets en cours de production et

Propos recueillis par H e F e ng

DR

de post-production.

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

61


RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

ÉCHANGES CULTURELS | FRANCE-CHINE

Auguste Renoir Le Bal du moulin de la Galette huile sur toile 131 x 175 cm, l’une des 10 toiles exposées à Pékin, au Musée National de Chine, jusqu’au 15 juin.

Chefs-d’œuvre français en Chine Une sélection de tableaux célèbres sont exposés à Pékin pour y tenir le rôle d'ambassadeurs de la culture française.

62

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

P

révue au printemps à l’occasion de l’inauguration du festival Croisements l’exposition de chefs-d’œuvre français issus des collections des musées nationaux de Versailles, du Louvre, d’Orsay, du Musée national d’Art moderne, et du Musée national Picasso, se tient à Pékin, au Musée National de Chine, depuis début avril. Constituée d’œuvres majeures des collections nationales, cette proposition forme un très bel ensemble sur l’esprit français qui couvre une période large et des thèmes divers. La rencontre avec ces toiles, jalons de l’art pictural français, offrira au public chinois une occasion unique de découverte et d’émotion. « La scénographie de cette exposition s’articule autour des musées prêteurs », explique pour Connexions, Marion Mangon chef des expositions au Grand Palais à Paris. Et de préciser qu’une partie de ces tableaux d’exception – qui ont été envoyés en plusieurs fois « pour des raisons d’assurance » — seront ensuite exposés à Macao, à l’occasion du festival French May, avant de revenir en France. « On espère évidemment que d’autres projets vont suivre avec la Chine ; que c’est une première d’une longue suite ». Organisé par l’ambassade de France en Chine, le festival Croisements fête ses neuf ans cette année. Aujourd’hui premier festival culturel étranger en Chine, il est aussi le plus important festival français à l’étranger. Dans

une quarantaine de villes, pendant trois mois, environ 1 000 artistes viennent à la rencontre d’un public de plus d'un million de personnes (voir l’Abécédaire pages 70 et 71). Mais aussi Mozart, Schubert, Ravel, Chopin... Pour cette édition spéciale, le festival accueillera d’autres expositions telles qu’une sélection d’artistes majeurs du XXe siècle présentée par le musée Unterlinden de Colmar. Autre moment, l’exposition « Dans quelle vie tu monde(s) ? » mettra en lumière trente artistes français et chinois s’interrogeant sur leur environnement. Une itinérance d’œuvres du sculpteur Volti, une exposition consacrée au thé et au vin à la maison des arts de Pékin Yishu 8 viendront s'ajouter à cette riche programmation. Le cinéma sera à l’honneur avec le 11e panorama du cinéma français. Le spectacle de danse de la compagnie LA Dance Project, des œuvres de MOZART, SCHUBERT, RAVEL et CHOPIN interprétées par le pianiste Alexandre Tharaud, l’opéra contemporain né d’une collaboration entre l’artiste Zheng Ziru et l’opéra de Reims viendront enrichir la programmation de cette 9e édition de Croisements. Voir pages suivantes l’ensemble de la programmation du cinquantenaire des relations diplomatiques France-Chine. Source : avec l’Institut Français


Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

63


juin

mai

avril

mars

février

janvier

Calendrier des événements du cinquantenaire en France et en Chine

En F r a n c e

En C h i n e

Spectacle « Nuit de Chine au Grand Palais » à Paris le 27 janvier

« L’Odyssée sauvage » de Nicolas Vanier : traversée avec un traîneau tiré par dix chiens des provinces chinoises du Heilongjiang et de la Mongolie intérieure dans le cadre d’un périple allant de la côte Pacifique de la Sibérie au lac Baïkal (21 décembre 2013 – 15 mars 2014) Exposition de la Fondation Charles de Gaulle et concert de l’orchestre symphonique de la Garde Républicaine le 27 janvier à Pékin et le 28 janvier à Shanghai Participation de Sophie Marceau au gala du nouvel an chinois le 30 janvier : interprétation de « La vie en rose » avec le chanteur chinois LIU Huan

Exposition « De la Chine aux arts décoratifs » du 13 février au 29 juin à Paris au musée des Arts décoratifs

Cérémonie de remise des diplômes de la première promotion d’ingénieurs de l’Institut sino-européen d’ingénierie de l’aviation (SIAE) le 18 février Soirée « Étudier en France : souvenirs partagés, devenir commun » le 23 février en l’honneur des premières promotions d’étudiants chinois ayant rejoint la France en 1964 et 1965

Ballet de Shanghai au Palais des Sports de Paris du 13 au 20 mars Shanghai, ville invitée d’honneur de la 34e édition du Salon du livre de Paris du 21 au 24 mars à la porte de Versailles

Exposition « Le maître de l’impressionnisme – Claude Monet » au K11 de Shanghai du 8 mars au 15 juin « Compter avec l’autre » : concours de mathématiques organisé dans 50 lycées de France et de Chine le 19 mars. 25 lauréats français et 25 lauréats chinois se verront offrir à l’été un séjour de découverte scientifique dans le pays tiers Asian Side of the doc : marché du film documentaire en Asie du 18 au 21 mars à Chengdu Lancement d’une campagne de promotion du tourisme en France par Atout France dans les trois principaux aéroports chinois (Pékin, Shanghai Hongqiao et Shanghai Pudong) à partir du 27 mars Lancement du cycle national de conférences « Excellence française en science, technologie et innovation » à Canton le 29 mars

Journée de l’école Polytechnique : rencontres sur la coopération franco-chinoise et bal de l’X à l’opéra Garnier le 4 avril 2014 : une année de la Chine dans les châteaux de la Loire (printemps-automne) Séminaire pour le renforcement de la coopération scientifique francochinoise organisé par le LIAMA (laboratoire franco-chinois de recherche en informatique, automatique et mathématiques appliquées ) à Paris

Exposition « 10 chefs-d'œuvre de la peinture française » issus des collections des musées nationaux de Versailles, du Louvre, d’Orsay, du musée national d’Art moderne et du musée Picasso au Musée national de Chine à partir du 11 avril en ouverture de la 9e édition du festival Croisements Forum « Formations-Entreprises-Régions » organisé du 11 au 13 avril par l’Institut franco-chinois de l’université du peuple de Chine à Suzhou La France invitée d’honneur de la 7e édition du China Green Companies Summit (CGCS) du 20 au 22 avril à Nanning (Guangxi) La « Semaine de la France » dans les enseignes françaises Carrefour et Auchan du 24 avril au 18 mai Mois franco-chinois de la science et de la culture organisé par ParisTech Shanghai Jiao Tong du 26 avril au 24 mai

Sortie le 7 mai de la coproduction franco-chinoise « Le promeneur d’oiseau », un film de Philippe Muyl La Chine au festival de Cannes du 14 au 25 mai Symposium « Médecine chinoise – médecines complémentaires, pour une pratique fondée sur les preuves » organisé le 15 mai par l’Assistance publique Hôpitaux de Paris à l’hôtel Scipion (Paris) « Made in China » à la Cité de la musique de Paris du 16 au 23 mai « La Chine à Versailles : art et diplomatie au 18e siècle » du 27 mai au 26 octobre

Colloque « Impact des changements climatiques passés sur la biosphère » à l’université Sun-Yat-Sen de Canton du 10 au 15 mai « La Fourchette et la Baguette : semaine de rencontres sur l’alimentation (qualité, sécurité, diversité) » du 12 au 16 mai à Pékin, Shanghai et Canton en marge du Salon international de l’agroalimentaire de Shanghai (SIAL) Inauguration du Centre d’études françaises de l’université Fudan à Shanghai les 15 et 16 mai Sortie à la mi-mai de la coproduction franco-chinoise « Le promeneur d’oiseau », un film de Philippe Muyl

Biovision, forum mondial des sciences de la vie : la Chine invitée d’honneur les 5 et 6 juin à Lyon 2e colloque sur l’enseignement du chinois aux apprenants francophones à Paris les 6 et 7 juin La Chine au festival du film romantique de Cabourg du 11 au 15 juin 9e édition de la Table Ronde des Maires français et chinois le 13 juin 2014 à Lille Pavillon Chine au congrès annuel de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) le 19 juin au Palais des congrès de Paris

Cycle de conférences sur le changement climatique, enjeux et débats du 1er juin au 15 juillet à Canton, Chengdu, Pékin, Shanghai, Shenyang, Wuhan Regards croisés sur la formation professionnelle en hôtellerie-tourisme du 4 au 6 juin à Pékin Conférence franco-chinoise de mathématiques appliquées et calcul scientifique à Xiamen du 2 au 6 juin Convention des structures franco-chinoises de coopération universitaire et scientifique les 19 et 20 juin à Pékin

64

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014


En C h i n e

Festival Avignon off (7 au 30 juillet) : accueil de trois créations chinoises Exposition « BAI Ming : la tradition renouvelée » au musée Cernuschi à Paris du 10 juillet au 3 août Tournée de l’orchestre symphonique de Qingdao en Pays de la Loire du 15 au 19 juillet

20e colloque économique franco-chinois organisé par le comité France-Chine à Pékin les 1er et 2 juillet « France Technologie : terre d’innovation et d’ingénieurs » : lancement le 2 juillet de la campagne de promotion de la technologie et de l’innovation française en Chine Inauguration du P’art, un parc artistique franco-chinois le 14 juillet à Shunde (Canton)

Piano aux Jacobins : accueil de 25 étudiants pianistes du conservatoire de Shanghai pour une académie d’été à l’Abbaye école de Sorrèze « Cinquantenaire franco-chinois, confluence lyonnaise » : exposition à la Bibliothèque municipale de Lyon du 16 au 24 août

« Rêve de Chine » : tournoi de football amical entre 4 équipes françaises et 4 équipes chinoises de moins de 19 ans à Qingdao et Chengdu, début août Rencontres France-Chine de la santé à Pékin et colloque « Mieux se soigner », dans le cadre du China Health Forum du 15 au 17 août

« Les 50 artisans de la relation franco-chinoise » au château de la Celle SaintCloud en septembre Trésors méconnus du cinéma chinois d’animation au Centre culturel de Chine à Paris du 17 au 23 septembre Les duos gagnants de chefs d’entreprise : manifestation organisée par le comité d’échanges franco-chinois de la Chambre d’industrie et de commerce de Paris en septembre

Convention d’affaires China-Europa 2014 à Shenyang et Dalian, en partenariat avec la ville du Havre du 16 au 18 septembre Exposition « La Trilogie des modernes » par Gérard Rancinan et Caroline Gaudriault à l’Himalayas Museum de Shanghai du 19 septembre au 3 novembre Tournée de l’orchestre national de Lille du 19 au 25 septembre à Shanghai (19), Changzhou (20), Yangzhou (21) et Suzhou (23) Avignon Off invité au Beijing Fringe Festival à la fin septembre : sélection de trois créations théâtrales françaises Fête des lumières à Xi’an : le savoir-faire de la ville de Lyon s’exporte aux pieds des remparts de la ville pour des spectacles exceptionnels à la fin septembre Séminaire économique Rhône-Alpes - Shanghai fin septembre - début octobre

« Art, techniques et savoir-faire », exposition autour du don d’une Hong Qi de 1976, symbole de la culture chinoise, au Musée national de l’automobile de Mulhouse (3 octobre au 29 mars 2015) Tournée de la troupe nationale d’Opéra de Pékin du 21 au 27 octobre (21 et 22 à Angers, 24 et 25 à Marseille, 27 à Paris au théâtre du Châtelet) Exposition « Les Han, essor de la Chine impériale » au musée Guimet du 21 octobre au 15 janvier 2015

« Waterworld » : festival d’architecture à Wuhan du 2 au 6 octobre (cycles de conférences autour de l’architecture et de l’eau + projet de construction d’une ville flottante éphémère) « La révolution urbaine du XIXe siècle en héritage » : exposition itinérante organisée par le centre franco-chinois de formation et d'échanges notariaux et juridiques à partir du 9 octobre à Pékin Symposium « De la recherche sur les maladies infectieuses dans un monde globalisé » à l’occasion du 10e anniversaire de l’Institut Pasteur de Shanghai à la mi-octobre France, pays invité d’honneur de la Foire de l’Ouest de Chengdu du 22 au 26 octobre / « 1 000 entreprises françaises et chinoises » 3e forum franco-chinois de l’enseignement supérieur le 24 octobre à Pékin La France, pays invité d’honneur du salon de l’éducation de Chine du 25 octobre au 2 novembre à Pékin, Canton, Chengdu et Shanghai 3e édition du French Tech Tour à Pékin, Shanghai et Shenzhen du 27 au 30 octobre Semaine de l’innovation à l’université de technologie de Shanghai (UTSEUS) en partenariat avec les trois universités de technologie françaises Rétrospective Rodin au Musée national de Chine à Pékin à partir de la mi-octobre

novembre

4e rencontres franco-chinoises de la coopération décentralisée les 6 et 7 novembre à Strasbourg 9e édition du festival du cinéma chinois de Paris du 28 octobre au 13 novembre Sortie de la coproduction franco-chinoise « Papa Lanternes » de Alon Chan dans les salles de cinéma françaises

Dîner gastronomique France à l’occasion de l’ouverture du salon Food and Hospitality China le 12 novembre à Shanghai Challenge Bibendum Michelin à Chengdu du 16 au 24 novembre Forum franco-chinois : « Pouce 80, entreprises créatives / expériences numériques » en novembre à Pékin Sortie de la coproduction franco-chinoise « Papa Lanternes » de Alon Chan dans les salles de cinéma chinoises

Fête des lumières à Lyon : hommage à la ville de Xi’an du 5 au 8 décembre

Sortie dans les salles de cinéma chinoises de la coproduction franco-chinoise « Le Totem du loup », un film réalisé par Jean-Jacques ANNAUD d’après le roman de JIANG Rong « Légende de la mode » : défilé théâtral au Centre national des arts du spectacle de Pékin le 31 décembre

octobre

septembre

août

juillet

En F r a n c e

décembre

Les grands événements de la CCIFC : • Janvier : Publication du livre Le temps de la Chine, un livre qui dresse le portrait de la France dans la Chine du 12e Plan quinquennal. • Avril : Lancement le 10 avril à Nanning de la tournée Villes d’Avenir 2014 qui passera par le Heilongjiang (9-10 juin) et Chongqing (23-24 octobre) • Mai : Organisation d’un networking franco-chinois le 8 mai à Pékin avec l’ambassade de France en Chine, dans le cadre de Club France et l’association des Western Returned Scholars Association • Juin : 1ère édition du French Chinese Business Club Golf Tournament à Pékin • Septembre : Trophée des talents en Chine du Sud en partenariat avec le consulat général de France à Canton, BNP PARIBAS et EDF le 18 septembre • Novembre : Forum d’affaires à Shanghai pour mettre en avant les réussites d’entreprises et d’entrepreneurs français en Chine Remise des trophées France Chine en partenariat avec le cabinet OC&C, la CCI Paris Ile-de-France et Premier Cercle

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

65


xi jinping en france

L’homme qui valait 18 milliards ou le lion aux pattes de velours ?

La visite d’État du président chinois en France, du 25 au 27 mars 2014, est d’autant plus intéressante qu’elle a également suscité de nombreux commentaires de la presse internationale, et qu’elle a été suivie d’une visite d’État en Allemagne ; beaucoup d’éléments permettent donc de la mettre en perspective.

66

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Bruno GENSBURGER

Revue de presse

I

l est toujours amusant de comparer la perception d’événements politiques bilatéraux en France et en Chine : on n’y trouve souvent presque rien de commun et de cet océan de points de vue différents, les faits objectifs qui en ressortent ne sont pas forcément ceux qui sont le plus mis en avant… Comme le rappelle Courrier International, pour les médias anglo-saxons, la Chine “achète la France”. L’ironie en moins, c’est également ce que semble dire la majorité de la presse française, qui se dispute l’exploitation des clichés “moisson”, “pluie”, ou encore “salve de contrats”, brandissant le chiffre de 18 milliards d’euros pour essayer de ragaillardir le moral des Français entre les deux tours des municipales. Parmi les rares voix discordantes, Libération s’est plu à remarquer que la majorité de ces investissements chinois auraient en fait lieu sur le sol de la

De manière intéressante également la presse allemande estime que la pierre angulaire de la stratégie française pour diminuer son déficit commercial de 24 milliards d’euros avec la Chine n’est en réalité pas ces grands contrats, mais la séduction des touristes chinois.


République Populaire, que cela soit pour la fusion PSA-Dongfeng, la co-production d’hélicoptères Avicopters, ou encore l’usine Airbus à Tianjin. Dans le reste des achats, certains, comme la grande commande de 70 Airbus, bénéficieront à toute l’industrie européenne. Et finalement, la plupart de ces contrats, mais peut-il en être autrement dans les relations diplomatiques, profiteront surtout au capitalisme institutionnel des deux pays — pas sûr qu’ils aient un grand impact en termes d’emploi en France. Touristes chinois En Allemagne, les contrats signés (notamment avec Daimler, Volkswagen, BMW, etc) se comptent aussi en milliards d’euros, mais ne font pas l’objet de tentatives d’estimation cumulée aussi précises, et on met plutôt l’accent sur le fait que Frankfort va devenir la première place financière européenne pour les échanges en renminbi (damant ainsi le pion à Londres), suite à un accord avec la Banque de Chine. De manière intéressante également, la presse allemande (le quotidien Handelsblatt en particulier) estime que la pierre angulaire de la stratégie française pour diminuer son déficit commercial de 24 milliards d’euros avec la Chine n’est en réalité pas ces grands contrats, mais la séduction des touristes chinois. Si ceux-ci, aujourd’hui 1,2 million à visiter la France, augmentaient à 5 millions, les planificateurs français imaginent que cela ferait baisser le déficit de 10 %. Cela explique à la fois la course à la rapidité de délivrance des visas aux touristes chinois que la France joue avec le Royaume-Uni, son concurrent le plus redoutable en la matière, et l’aspect “gastronomique et culturel” prononcé de la visite d’État du président chinois en France, photographié mangeant du saucisson à Lyon et reçu magnifiquement à Versailles (on comprend donc d’autant mieux le psychodrame généré par la critique de la cuisine de l’Élysée par une ministre française). Soft power à la française ? Du côté des médias chinois, le message donné à l’opinion publique est bien évidemment tout autre, destiné à la fois

Suivant le voyage en France, la plupart des journaux ont mis en une l’extrait d’un discours de Xi à Paris, qu’aucun média français n’a cité : “Le lion chinois s’est réveillé” (中国这头狮子已经醒了).

à renforcer encore la stature de “Xi Dada”, et à façonner un nouveau patriotisme chinois, plus mature et plus compatible avec la globalisation du pays que le nationalisme des années 1990-2000. Suivant le voyage en France, la plupart des journaux ont mis en une l’extrait d’un discours de Xi à Paris, qu’aucun média français n’a cité : “Le lion chinois s’est réveillé” (中国这头狮子已经醒 了). À l’occasion de la visite en Allemagne, c’est la phrase 我们不惹事也不怕事, et que l’on pourrait traduire librement “on est gentil mais faut pas venir nous chercher”, qui a été mise en exergue par la communication présidentielle chinoise. Celle-ci a également à cœur de construire une image de Xi comme un lettré à la Qianlong, et note que le président a cité 20 auteurs français dans une longue tirade destiné à décrire l’influence de la culture française sur sa perception du monde. Si l’on y trouve les classiques de l’héritage communiste (Fourier, etc.), on sera par exemple plus surpris d’y remarquer également Jules Vernes. Et si, finalement, ce que la France avait le plus gagné de cette visite, n’était pas tout simplement de la puissance douce ? Renaud de Spens

Principaux contrats signés lors de la visite d’État de Xi Jinping en France Airbus Commande à Airbus de 70 avions pour une valeur de plus de dix milliards de dollars (plus de 7 milliards d'euros). Cette commande comprend 43 appareils moyen-courriers A320 et 27 long-courriers A330. Par ailleurs le constructeur aéronautique a annoncé l'extension pour dix ans de son entreprise commune avec Aviation Industry Corporation of China (AVIC) pour assembler les avions de la famille A320 dans l'usine de Tianjin.

Airbus Helicopters et Avicopters

Accord de production de 1000 hélicoptères entre Airbus Helicopters et Avicopters (division hélicoptères du groupe AVIC).

Dongfeng et PSA

Signature de l’accord entre le constructeur Dongfeng et le groupe automobile PSA Peugeot Citroën.

Safran

Commande à Safran de 120 moteurs pour équiper des hélicoptères AC352.

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

67


DR

droit

LE DROIT DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS EN CHINE : DE L’OUVERTURE MAÎTRISÉE À LA NORMALISATION ? Repères 92

La France a signé 92 traités bilatéraux avec la Chine

652 millions de UDS

Flux d’IDE français vers la Chine : 652 millions de UDS (3e pays européen) (2012, source statistiques chinoises)

400 000

2 200 implantations réalisées par 1 400 entreprises françaises et générant 400 000 emplois en Chine

763 000

Fin 2012, la Chine comptabilisait 763 000 entreprises étrangères implantées, dont 52,5 % sous forme de WOFE et 47,5 % sous forme de JV. Sur les implantations françaises, 79,8 % étaient sous forme de WOFE, 18,2 % sous forme de JV

68

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Imagine China

Alina Quach Avocat associé, ASIALLIANS

Le droit des investissements étrangers en Chine reflète l’évolution économique et sociale du pays La réglementation sur les investissements étrangers est passée en 30 ans de quelques textes diffus, généraux et prônant l’économie socialiste à un corpus de lois et règlementations sophistiqué et abouti, intégrant la plupart des traités internationaux. La politique sur les investissements étrangers a évolué à l’aune des plans quinquennaux qui ont été successivement adoptés. La Chine est passée d’une volonté de croissance effrénée à l’harmonie sociale, de l’ouverture à l’extérieur au développement de l’intérieur. Si l’ouverture du pays vers la fin des années 1980 a été marquée par une politique prononcée d’incitation des investissements étrangers, la remarquable croissance de la Chine a conduit à un rééquilibrage et à un traitement égalitaire entre les entreprises étrangères et chinoises. Les réformes récentes du système juridique chinois semblent amorcer un tournant vers la normalisation du traitement des investissements étrangers D’un point de vue sociétal, la Chine marche indéniablement vers une progression des droits de ses concitoyens : réforme de la loi sur les contrats de travail, instauration d’un système généralisé de sécurité sociale, proclamation des droits des consommateurs témoignent d’une protection accrue des droits individuels. Le contrôle et les exigences accrus pour protéger l’environnement naturel et les scandales sanitaires ont amené à

Le contrôle et les exigences accrus pour protéger l’environnement naturel et les scandales sanitaires ont amené à une multiplication de réformes drastiques tout au long des trois dernières années visant à contrôler toute la chaîne alimentaire, de la production à la consommation.


une multiplication de réformes drastiques tout au long des trois dernières années visant à contrôler toute la chaîne alimentaire, de la production à la consommation. La refonte du cadre juridique dans ce domaine s’est accompagnée d’un renforcement des pouvoirs de sanctions des organes de contrôle et l’émergence de la société civile (au travers notamment des associations de consommateurs). En matière environnementale, une entreprise industrielle en Chine se verra imposer des contrôles renforcés en amont et en aval de ses activités, même si les effets bénéfiques se font attendre... Sur le plan de la pratique judiciaire, les Chinois ont de plus en plus recours aux tribunaux pour faire valoir leurs droits, y compris dans les affaires d’ordre économique, et les juges se professionnalisent et se spécialisent. L’indépendance de la justice n’est pas encore à l’ordre du jour, mais se développe une indépendance de juger. Les avancées dans les matières directement liées aux sociétés accompagnent ce mouvement général. Dans le

domaine de la propriété intellectuelle, les révisions récentes des lois sur les brevets et les marques ont visé à affiner les droits des titulaires, alourdir les sanctions, optimiser les procédures d’examen, oeuvrant ainsi à une meilleure protection de la propriété industrielle et artistique. Ces améliorations se sont naturellement accompagnées d’une augmentation constante à la fois des dépôts de droits et des actions contentieuses en la matière. Le droit des sociétés a tout récemment été modifié. La réforme de décembre 2013 de la Loi sur les sociétés tend vers une simplification des procédures d’enregistrement des sociétés. Ainsi, à compter du 1er mars 2014, l’exigence de capital social minimum est supprimée, la notion de capital libéré est remplacée par celle de capital souscrit, la vérification administrative de la libération du capital social est annulée. Dans la foulée, la SAIC a annoncé que l’inspection annuelle des sociétés sera remplacée par la publication d’un rapport annuel à partir du 1er mars 2014. Le MOFCOM a

récemment initié les traditionnelles consultations relatives aux lois spécifiquement appliquées aux entreprises étrangères (loi sur les entreprises à capitaux 100 % étrangers, loi sur les joint ventures), ce qui augure d’un assouplissement du régime des sociétés à capitaux étrangers. Ces modifications induiront une mise en conformité générale des lois et réglementations afférentes dans le courant de l’année 2014. Ainsi, ces différentes réformes ébauchent un recul de l’ingérence des autorités chinoises dans le domaine des investissements étrangers. Le contrôle administratif recule au profit de l’autonomie de la volonté, et nous glissons progressivement d’un système d’approbation préalable vers une surveillance a posteriori. S’achemine-t-on pour autant vers une libéralisation dans ce secteur ? Si la tendance se dessine dans les textes, il n’en reste pas moins qu’à ce jour, le droit des investissements étrangers reste un secteur fortement contrôlé.

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

69


Abécédaire | France-Chine 1964-2014

ACDE

Afrique C’est aussi sur le continent noir que la France et la Chine pourraient à l’avenir renforcer leurs coopérations. Et ce alors que le commerce entre la deuxième puissance mondiale et l’Afrique a dépassé le volume du commerce franco-africain depuis 2007 et que la Chine est désormais le premier partenaire commercial de l’Afrique, comme le rappelait récemment Le Nouvel Economiste. Et de poursuivre : « La Chine a besoin de l’Afrique. Elle a besoin de son marché, de ses ressources naturelles et de ses terres. Mais de tout cela, elle ne peut vraiment profiter que dans un climat de paix civile et internationale. Or sur ce terrain, la Chine a besoin de la France ».

70

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Croisements Nom du festival artistique annuel, créé à l'issue des années croisées France-Chine (2003-2005) à la demande de Jacques Chirac. Ce festival qui fête cette année sa 9e édition permet d’approfondir la connaissance des cultures et d’offrir d’une image renouvelée de la France. Rassemblant plus de 500 000 spectateurs en 2011, l’édition 2012 a proposé 134 événements dans 24 grandes villes de Chine, allant de la danse au théâtre, en passant par le cinéma, la musique et des expositions. Sont mis à l’honneur les projets novateurs, comme le nouveau cirque, la danse contemporaine, ainsi que les coproductions artistiques franco-chinoises (Source : Élysée).

Deng Xiaoping Le « Petit Timonier » a été le premier président (ou futur président) de la République populaire de Chine à faire une visite en France. C’était en 1975 – il est alors vice-Premier ministre (il dirigera la RPC de 1978 à 1992). C’était alors la première visite d'un dirigeant chinois dans un grand pays occidental. Comme le Premier ministre Zhou Enlai, Deng Xiaoping a participé dans sa jeunesse, dans les années 1920, au programme Travail-Études, qui lui a permis de séjourner cinq ans en France. Période durant laquelle il fut « influencé par la Révolution socialiste d'octobre en Russie », comme aiment à le rappeler les médias chinois.

Échanges Renforcer la présence chinoise en France en développant les échanges humains et culturels… C’est l’une des priorités de la politique étrangère de la France en ce cinquantenaire des relations diplomatiques avec la Chine, rappelée lors du passage de Xi Jinping en France fin mars. Sur le plan universitaire, plus de 35 000 jeunes chinois étudient actuellement en France. L’objectif est d’atteindre 50 000 d’ici 2015. Sur le plan touristique, la France a accueilli 1,5 million de touristes chinois en 2013. L’objectif est d’atteindre 5 millions en 2020 en développant une véritable stratégie de promotion et d’accueil. (source : Élysée)


J LPR

Joint-venture Une très grande majorité d’investisseurs chinois (hors grands groupes) en Europe – et a fortiori en France – privilégient toujours des opérations sous la forme de joint-ventures ou d'acquisitions plutôt qu'en nom propre. Cette stratégie leur permet en effet d'hériter localement d'une notoriété déjà établie et de technologies éprouvées. Une étude du gouvernement chinois datant de 2011 montrait ainsi que 8 fois sur 10, ces investisseurs préfèrent, à l’étranger, acquérir (ou passer par une JV) plutôt que de se lancer seuls dans un business. En 2013, la France était le 2e pays d’accueil des investissements créateurs d’emploi en provenance de la Chine, selon l’AFII.

Lucien Paye Ce sont à l’évidence les ambassadeurs des deux pays qui vivent et construisent la relation diplomatique France-Chine depuis 50 ans. Le premier, pour la France, à avoir occupé ce poste en République populaire de Chine (RPC) été Lucien Paye, ministre de l’Éducation Nationale sous le gouvernement de Michel Debré en 1961/1962, puis haut représentant de la France au Sénégal avant d’être ambassadeur à Pékin de 1964 en 1969. Lucien Paye sera ensuite, de 1970 à 1972, premier président de la Cour des comptes. En 1964, c’est le général Huang Chen qui représente la RPC en France – il sera rappelé à Pékin en 1967 et occupera à nouveau ce poste deux ans plus tard.

PSG Pour Partenariat Stratégique Global. L’instauration du partenariat global en 1997, qui devient partenariat stratégique global en 2004 et offre un cadre d’ensemble à la relation bilatérale, est le marqueur du niveau exceptionnel atteint par cette relation entre la France et la Chine. Ce partenariat pionnier repose sur un mécanisme central : le dialogue stratégique francochinois, conçu pour offrir aux deux présidents une enceinte privilégiée de concertation au sein de laquelle tous les sujets, bilatéraux comme globaux, peuvent être abordés. Le mécanisme prévoit une session plénière régulière, alternativement en France et en Chine (source : MAE).

Révolution culturelle « Les relations franco-chinoises ont été ponctuées de hauts et de bas », rappelait le quotidien La Croix en janvier. « Ainsi, un an après la visite en Chine du ministre d'État français André Malraux, reçu en 1965 par Mao, le président chinois lance la Révolution culturelle qui ferme la Chine au monde ». Une longue parenthèse qui va durer dix ans et geler en partie les relations économiques bilatérales (comme au lendemain des événements de Tiananmen en 1989). Néanmoins, les deux pays – de 1966 à 1976 – continuent à entretenir des relations diplomatiques. Ainsi en octobre 1970, Maurice Couve de Murville – Premier ministre du général de Gaulle – se rend en Chine.

Connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

71


Actualités de la Chambre

Assemblée Générale annuelle de la CCIFC le 31 mars

CCIFC

CCIFC

L’

Assemblée Générale de la CCIFC s’est tenue le lundi 31 mars 2014 au Sofitel Wanda à Pékin, en présence des élus du bureau national de la CCIFC et de plus de 80 membres. Le nouveau directeur de la CCIFC, Michael AMOUYAL a été officiellement présenté aux entreprises membres au cours de cet événement. Nommé au mois de mars par l’organe exécutif de la CCIFC, Michael AMOUYAL a officiellement pris ses fonctions le 1er avril (voir éditorial page 3). Cette assemblée est l’occasion de présenter aux membres de la CCIFC, le rapport d’activités, le rapport financier et le rapport d’audit de l’année 2013 ainsi que le budget de l’année 2014. L’audit 2013 a été réalisé par le cabinet C&A Advisors. À l’issue de ces présentations, les membres présents ou représentés par des délégations de pouvoir ou procurations ont été invités à valider le rapport des comptes 2013. L’Assemblée Générale s’est clôturée par un cocktail. Vous pouvez consulter le rapport annuel de la CCIFC sur notre site internet www.ccifc.org. Les chiffres que nous vous invitons à découvrir dans ce rapport d’activités sont sans équivoque, 250 événements organisés, 1 500 participants aux splendides soirées de galas de Shanghai et Pékin, 69 réunions de groupe de travail avec plus de 1 210 participants, etc. Ils soulignent l’importance du rôle de la CCIFC en tant qu’animateur de la communauté d’affaires française et notre volonté d’être actifs sur tous les sujets qui peuvent vous aider à décrypter ce marché en constante évolution.

à télécharger sur www.ccifc.org

72

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

CCIFC

W W W.C C I FC.O RG

J O B .C C I FC.O RG

2013


Un nouveau site pour la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine La CCIFC a mis en ligne le 21 février dernier son nouveau site internet grâce au soutien de son partenaire l’UCCIFE. Entièrement repensé, ce site internet www.ccifc.org se présente comme une plateforme d’information sur l’économie et les affaires en Chine et comme une plate-forme de promotion des entreprises membres de la CCIFC. Un site qui répond aux trois objectifs stratégiques de la communication de la Chambre : mieux faire se connaître les membres entre eux, mieux faire connaître les actions de la CCIFC aux membres, mieux faire connaître la CCIFC à l’extérieur. Un site pour vivre l’expérience CCIFC Ce nouveau site internet se positionne comme le principal outil de promotion des services et des nombreux événements organisés par la CCIFC. Son menu, permet de communiquer de manière claire et efficace sur toutes ses activités : appui aux entreprises, recrutement et formations, Chinese desk, domiciliation, trophées, galas, services visas, adhésion, conférences, annuaire, etc. Grâce à la mise en place d’un nouveau calendrier interactif des événements et formations et d’un code couleur par antenne qui s’inscrit dans l’identité visuelle de la CCIFC, chaque visiteur peut rapidement identifier les activités auxquelles il souhaite participer et s’inscrire directement en ligne en toute simplicité. Ce calendrier qui peut filtrer les événements par semaine, par mois et par année, permet de mettre en valeur le dynamisme de la Chambre. Dans le souci de pouvoir diffuser de manière

optimum l’information sur nos services et nos événements à l’ensemble de nos membres, la version du site est par défaut en anglais. Des versions en français et en chinois sont en cours de développement. Un site au service des membres de la CCIFC Un des premiers objectifs de ce site internet était d’offrir une visibilité plus forte aux entreprises membres de la CCIFC afin que nos entreprises membres se connaissent mieux entre elles, et qu’elles soient mieux identifiées par de potentiels partenaires français ou chinois. Pour ce faire, nous avons mis en ligne de nouveaux outils dynamiques et fonctionnalités interactives : l’annuaire des membres de la CCIFC en ligne, l’annuaire des membres du comité sectoriel agricole, des communiqués de presse des membres de la CCIFC, une présentation des nouveaux membres par trimestre, des interviews vidéos et podcasts des membres sponsors des grands événements de la CCIFC, la possibilité de laisser des commentaires en ligne etc. De l’information gratuite sur le marché chinois Sur le long terme, nous avons pour ambition de faire de ce site internet un centre d’intelligence économique où entreprises membres, non membres, françaises ou chinoises pourront trouver des informations à jour et pertinentes

sur le marché chinois. Afin de nourrir ces rubriques, nous capitalisons sur nos savoir-faire (club, groupes de travail, magazine Connexions, enquêtes) et sur des partenariats : • Lors de nos conférences animées par des intervenants de renom ou lors de nos groupes de travails, clubs et comités sectoriels pendant lesquels les entreprises de secteurs clés conversent librement de leurs échecs, succès, difficultés, nous recueillons des informations très concrètes et pratiques qui pourront désormais être partagées sur le site internet via des comptes-rendus et podcasts. • Tous les numéros de notre magazine économique trimestriel Connexions peuvent être téléchargés gratuitement sur notre site internet de même que notreenquêteannuelleréaliséeenpartenariatavec l’Ifop sur le climat des affaires pour les entreprises françaises en Chine, notre veille sanitaire hebdomadaire, ou les grands enseignements de nos trophées France-Chine. • Nous avons également établi une série de partenariats avec différents organismes et entreprises qui partagent gratuitement sur notre site des articles sectoriels et macroénomiques sur la Chine ainsi que des actualités économiques qui concernent la zone Asie et le marché chinois. Contact : Marion SARDOU sardou.marion@ccifc.org

Rencontres à Pékin et Shanghai avec Marylise LEBRANCHU, ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique Marylise LEBRANCHU était de passage en Chine en début d’année afin de présenter aux entreprises françaises les mesures de simplifications administratives engagées par le gouvernement français en faveur des entreprises. Une première table ronde a été organisée dans les locaux de la CCIFC le vendredi 10 avril en présence de son excellence l’Ambassadeur de France, auxquelles avaient été directement conviées une dizaine d’entreprises membres ; une deuxième conférence suivie d’un cocktail avait

rassemblé 70 personnes à Shanghai le lundi 31 janvier en présence du Consul Général de France à Shanghai. Les entreprises présentes aux deux événements ont pu poser plusieurs questions à la Ministre et lui faire librement part des problèmes auxquelles elles sont confrontées, notamment dans leurs démarches de recherche d’investissements en tant qu’entreprises français implantées en Chine ou souhaitant s’implanter en Chine.

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

73


DR

Actualités Business Services

Interview de la présidente du groupe chinois Huang Jin Jia

XIAO Xue Client du service d’appui aux entreprises de la CCIFC, le groupe Huang Jin Jia œuvre pour la construction d’une plate-forme internationale d’échange en matière d’agriculture dans le district de Yongqing de la province du Hebei, à 30 minutes en voiture du 3e périphérique sud de Pékin. Pouvez-vous nous présenter votre entreprise et ses activités ? Le groupe Huang Jin Jia a été créé en décembre 2003. Après dix années d’efforts, Huang Jin Jia est devenue une grande entreprise ouverte à l’international qui se diversifie dans plusieurs secteurs allant des métaux précieux à l’agriculture en passant par l’électroménager et l’immobilier. Elle compte près de 2 000 sites sur l’ensemble de la Chine. Nous avons fait le choix de nous développer dans les régions rurales car elles représentent un vaste marché qu’il est urgent de développer et où nos activités trouvent parfaitement leur place. Notre choix du district de Yongqing pour le développement de l’agriculture moderne est lié à mon attachement à mes racines, car c’est là où je suis née et où vivent des milliers de mes compatriotes, qui pourront ainsi je l’espère accéder à une vie plus heureuse et réaliser ensemble le grand rêve chinois. Aujourd’hui, quelles sont vos ambitions et comme les entreprises françaises peuvent y être associées ? Huang Jin Jia a commencé à s’intéresser à l’industrie verte en 2007, et l’entreprise de technologie agricole Hebei Meisheng a officiellement été créée en 2010. C’est maintenant un grand groupe agricole, à la tête de filiales comme Meisheng International, Luye Xianzhuang, Luhuanong, Jinernong, et surtout du parc de développement pour l’agriculture moderne Meisheng International axé sur l’agriculture. Ce parc est un lieu de loisir et un complexe agricole moderne où se regroupent des entreprises des industries primaires, secondaires et tertiaires. Le parc est divisé en deux parties, l’une est nationale (centre de recherche en sciences et technologies agricoles, centre de promotion des sciences et des techniques agricoles de pointe, etc.) ; l’autre internationale, qui

74

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

présente les sciences et technologies agricoles de plusieurs pays dont la France. Nous avons pour ambition de continuer à attirer de nouvelles technologies sur ce parc, de nouvelles variétés, étudier, assimiler, démontrer, et promouvoir les techniques de pointes internationales en matière de production agricole et bien sur les pratiques françaises. Nous souhaitons par exemple coopérer avec le groupe Limagrain dans la secteur de l’agriculture biologique et l’agriculture urbaine. Je souhaite construire une plate-forme de dialogue sur les technologies agricoles de pointe françaises et internationales, afin de permettre aux visiteurs de découvrir différentes coutumes et cultures ainsi que d’assister au développement agricole en Chine et à l’étranger. Ce lieu regroupera les plus grandes entreprises agricoles internationales, pour former un parc agricole moderne de renom. Comment s’est mise en place la coopération avec la CCIFC ? Les liens avec la CCIFC se sont noués autour d’une coupe de vin. Dans sa phase préparatoire, le parc de développement pour l’agriculture moderne Meisheng International a noué des liens indissolubles avec la CCIFC. Un des objectifs de la CCIFC est de promouvoir les échanges culturels issus de l’agriculture entre nos deux pays et c’est précisément cet objectif qui a réuni la CCIFC et Meisheng International. La première rencontre a eu lieu en 2011, dès lors j’ai perçu que cette rencontre était une opportunité pour la réalisation de mon rêve écologique. La France est l’un des pays dont l’agriculture est la plus avancée au monde. Le 26 septembre 2013, à l’occasion de la 17e Foire des produits agricoles de Chine à Langfang, le groupe Huang Jin Jia a signé officiellement avec la CCIFC un accord de coopération stratégique afin de développer conjointement le parc de développement agricole moderne Meisheng International. Que vous a apporté la mission réalisée pour vous par la CCIFC, et en quoi peut-elle vous aider à nouveau dans le futur ? Avec l’aide de la CCIFC, nous avons pu effectuer un voyage d’étude en France en 2013. Notre but était d’obtenir des techniques agricoles avancées et modernes françaises, et d’établir des échanges sur le mode de développement de l’agriculture. Lors de ce voyage, je me suis rendue dans un élevage ovin breton, j’ai pu prendre conscience des changements considérables qu’apporte la mécanisation de l’élevage. J’ai également visité le marché électronique des produits agricoles qui permet aux acheteurs comme aux vendeurs de réaliser des transactions de gros volumes de produits agricoles le jour même grâce à une plate-forme internet dédiée. Ce voyage a renforcé ma détermination d’établir une coopération avec la France. De retour de ce voyage en France, la CCIFC a également présenté les techniques de productions du vin français à la société Meisheng Agriculture qui cultive elle-même du raisin de variété Moldova. Depuis l’établissement de notre coopération avec la CCIFC en 2013, nous sommes parvenus à de nombreux consensus concernant l’aménagement du parc de développement agricole moderne Meisheng International. Nous espérons que la CCIFC nous aidera à trouver davantage d’opportunités de coopération avec des entreprises françaises ainsi que des partenaires commerciaux de haut niveau répondant aux besoins du groupe Huang Jin Jia. Propos recueillis par M arion S A R D OU et YA N G Fan Traduits par M atthias M A S S OUL I E R


CCIFC

CCIFC

Développement des services aux entreprises chinoises Signature de MOU, le 26 septembre 2013

Voyage d'étude en France

China Cities of the Future 明日之城 未来市场 2014 Tour

Villes d’Avenir Heilongjiang Du 9 au 10 juin

En juin prochain, Villes d’Avenir passera sur l’échelle provinciale pour découvrir le Heilongjiang, une région connue pour ses ressources naturelles (pétrole et minerai) ainsi que son agriculture (blé et mais). La région est surnommée à juste titre le grenier de la Chine en raison de son importante production de céréales et l’importance des fermes étatiques. La CCIFC travaillera avec le MOFCOM Heilongjiang afin de permettre aux entreprises de la délégation de rencontrer les administrations et entreprises provinciales. Un accent particulier sera porté à l’agriculture avec l’organisation d’une table ronde

entre entreprises françaises et chinoises sur la thématique des cultures céréalières et du machinisme agricole. Cette étape sera spéciale puisque le gouvernement du Heilongjiang a place la France comme l’une de ses priorités cette année. La CCIFC à notamment organisé le déplacement du gouverneur de la province en France qui se déroulera en avril.

La CCIFC accompagne les entreprises chinoises souhaitant tisser des liens commerciaux avec la France depuis 2013. Cette nouvelle orientation a pour but d’étendre l’influence de la CCIFC auprès du monde chinois et de multiplier les contacts au sein de la communauté d’affaires chinoises et des institutions. Les opportunités pour les entreprises françaises en seront renforces grâce au matchmaking réalisé par l’équipe d’appui. Après des débuts timides, le Chinese Desk est de plus en plus sollicité. L’aura de la Chambre française parmi les businessmen chinois se développe rapidement et souligne la crédibilité et la qualité des réponses apportées à leurs besoins. L’existence du comité agricole, nous a permis de capter plus facilement les entreprises de ce secteur pour lequel trois missions sont prévues pour le cours de l’année 2014. Plusieurs missions sectorielles devraient être organisées en cours d’année dans les domaines du design, de la santé, de la culture et de l’industrie. Contact : YANG Fan yang.fan@ccifc.org

Contact : Guillaume Bonadei Business Development Director Bonadei.guillaume@ccifc.org 86 (10) 6461 0260 ext. 12

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

75


Actualités des Antennes

DR

北 京

Beijing

Journée CCIFC à Qingdao le 14 février Nous avons été ravis de réunir une cinquantaine d’entreprises françaises grâce à l'appui et au dynamisme d’Olivier Baleix (Impact) notre représentant à Qingdao, et de Ludovic Le (New Continent International Engineering Project Management) pour une journée riche en échanges à Qingdao.

David Iosub, Jack Li et Alexandre Quinton (Veolia) nous ont fait visiter l'usine Veolia de traitement d'eau de Qingdao qui a une capacité de traitement de 140 000 m3/jour pour une population de 700 000 personnes. La journée, organisée avec le soutien du EU SME Center, s’est poursuivie par des présentations d’Helen Ju (EU SME Center) « comment connaitre votre partenaire chinois » et d'Alina Quach (Asiallians) « Comment sécuriser ses opérations juridiques en Chine ? ».

Christian Masson, Conseiller financier et représentant de la Banque de France en Chine (Service économique régional de l’ambassade de France en Chine) nous a présenté les dernières analyses macroéconomiques sur la Chine. Après une croissance de 7.7 % en 2013, supérieure aux objectifs du gouvernement chinois, un consensus des économistes prévoit 7.5 % de croissance cette année. Un ralentissement a été observé au 4e trimestre, mais une croissance des exportations liée à la reprise du commerce mondial est anticipée en 2014.

CCIFC

Quelles perspectives pour l'économie chinoise en 2014 ? le 4 mars RH Salon le 26 mars Notre premier RH salon a réuni une trentaine de DRH d’entreprises françaises lors d’une après midi d’échange avec nos formateurs et partenaires : Alistair MCARTHUR et Dennis LOMBARDO.

Ladies Afterwork le 27 Mars Grand succès depuis 2011 plus de 80 françaises, belges, britanniques, canadiennes, danoises, allemandes, italiennes, singapouriennes et suisses se sont retrouvées au restaurant-bar Parnas à Sanlitun pour

76

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

un nouvel événement de networking réservé aux femmes qui exercent une activité professionnelle à Pékin.


CCIFC

Tournoi de golf France Chine du 50e anniversaire le 13 juin

Événements phare 2014

Consultez notre site internet : www.ccifc.org pour voir tous nos événements et formations à venir.

Vendredi 13 juin : Tournoi de golf France Chine du 50e anniversaire Lundi 14 juillet : Célébration de la fête nationale Mardi 9 septembre : Cocktail de rentrée Mardi 16 septembre : Dîner Réseau Chine pour les membres du comité de patronage Samedi 22 novembre : Gala spécial 50e anniversaire des relations France Chine Mardi 16 decembre : Cocktail de Noël

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

77


Actualités des Antennes

Événement à venir CCIFC Shanghai - GALA 2014 le 10 mai Participez au GALA 2014 de la CCIFC Shanghai qui célébrera le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine Le Gala annuel de la CCIFC Shanghai est une occasion unique pour la communauté d’affaires franco-chinoise de se retrouver lors d’une soirée exceptionnelle et incontournable. De nombreux officiels et personnalités français et chinois nous feront l’honneur de leur présence. Cet événement sera très largement relayé par la presse. Cette année, nous organisons ce moment privilégié au sein d’un des plus prestigieux hôtels de Shanghai, le Jing An Shangri-La, le samedi 10 mai 2014. Pour plus de détails : www.ccifc.org Contacts : Matthieu DUMONT 86 (21) 6132 7116 Anthony LOPEZ 86 (21) 6132 7120 Fei SHUANG 86 (21) 6132 7128 sh-event@ccifc.org

78

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

DR

上 海

SHANGHAI


SHI Tingting en tant que responsable du Centre d'Affaires (12 mars 2014)

CCIFC

CCIFC

Nouveaux directeurs, collaborateurs... Arrivée de : Violaine ZHANG en tant que consultante RH Junior (17 mars 2014)

Cocktail des domiciliés le 20 mars Nous hébergeons 56 domiciliés au sein de nos 38 bureaux de la CCIFC à Shanghai. Tous les mois nous nous réunissons autour d’un cocktail afin d'accueillir les sociétés nouvellement arrivées.

CCIFC

Pour plus d’information : sh-bizcenter@ccifc.org

Principaux événements à venir d’avril à juillet Forum Travailler Ensemble le 14 juin

Formations in-House (en français, anglais et chinois)

Cette initiative de JCEF de Shanghai, organisée en partenariat avec la CCIFC, a pour ambition de dynamiser les relations entre les entreprises françaises installées sur le territoire chinois en mettant en avant leurs synergies et complémentarités.

Afin de répondre aux besoins spécifiques des entreprises, la CCIFC propose des formations intra-entreprises. Grâce à nos formateurs et coachs professionnels spécialisés dans différents domaines tels que le management, les RH, la finance, la vente, le marketing, le développement personnel, etc., nous créons des programmes sur-mesure adaptés à vos besoins qui peuvent être dispensés au sein de votre entreprise ou à la CCIFC.

Réussir en Chine ( formation interculturelle)

3e Édition du GMP (Global Manager Program)

Ce séminaire a pour but d’accroître et d’améliorer la synergie des équipes dirigeantes franco-chinoises de multinationales françaises implantées en Chine. D’une conception inédite, entouré par quatre experts des relations franco-chinoises, ce séminaire permet à chaque participant de mieux comprendre la culture de son homologue chinois ou français. Lancement au deuxième semestre 2014.

La CCIFC est heureuse de lancer la 3e édition du GMP du 31 mars au 27 juin 2014. Formation hautement qualifiante, certifiée par la CCI Paris Île-de-France. Les professeurs, issus de l’ESCP Europe, dispensent les bases du management via cinq thématiques : motivation d’équipe, management de stratégie, comptabilité et analyse financières, management de marketing et leadership & coaching.

Contact : Anthony LOPEZ, sh-training@ccifc.org 86 (21) 61327120

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

79


Actualités des Antennes

2e forum d’affaires sino-français le 15 mai Organisé pour la 2e fois avec le China Council for the Promotion of International Trade, la Chambre de commerce et d'industrie française en Chine vous invite à rejoindre le forum d'affaires sino-français organisé à Canton le mercredi 9 avril 2014, au Sofitel Guangzhou Sunrich, en partenariat avec le Consulat Général de France à Canton, la municipalité de Canton, la Chambre de commerce et d'industrie française à Hong Kong, l'Agence Française pour les Investissements Internationaux, et Ubifrance. Le forum d’affaires sino-français se présente comme la plate-forme d’échanges professionnels où l’offre française rencontre la demande chinoise correspondante en Chine du Sud. Cet événement est ainsi l’occasion de réunir plus d'une centaine de dirigeants d’entreprises chinoises et françaises autour de tables à thématique sectorielle, dans le cadre d'un dîner d'échanges. Le forum d'affaires sino-français vous permet d'accéder au marché chinois, d'offrir vos services, d'être mis en relation avec de futurs partenaires et clients, afin de vendre en Chine. En 2013, lors de sa 1ère édition, plus de 120 personnes se sont réunies autour des dix tables représentant des secteurs aussi divers et variés tels que les biens de consommation, les biens d'équipements industriels, l’environnement, les investissements et acquisitions,

Domiciliation L'antenne de Canton de la CCIFC a le plaisir de vous accueillir désormais dans ses nouveaux locaux au sein du Leatop Plaza, à Zhujiang New Town, dans le district de Tianhe. Ce changement a été motivé par les membres élus de la CCIFC avec l'ambition de s'adapter à l'évolution rapide de la ville de Canton et d'investir sur l'avenir en offrant à la communauté d'affaires française une image moderne et innovante de nos entreprises. C'est donc un nouveau chapitre qui s'écrit pour la communauté d'affaires française en Chine du Sud, après avoir passé près de dix ans sur l'île historique de Shamian à Canton. Nous remercions toutes les personnes et organisations qui ont contribuées à la réalisation de

80

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

CCIFC

中 国 南 部

canton

les services, l’agroalimentaire, etc. Cette année, nous attendons plus de 150 dirigeants d’entreprises françaises et chinoises, dans un contexte convivial et chaleureux, pour leur permettre de rencontrer les interlocuteurs qu’ils recherchent tout en optimisant leur temps. Contact : Emeline HESPEL hespel.emeline@ccifc.org 86 (20) 2916 5531

ce projet, notamment Jones Lang Lasalle, société spécialisée dans le conseil en immobilier, ainsi que le cabinet d'avocats français LPA, Lefèvre, Pelletier & Associés pour ses conseils juridiques pro bono. Avec huit bureaux disponibles, la domiciliation à Canton offre toujours un soutien matériel, juridique et commercial, ainsi qu'un service de back-office complet aux start-up françaises ayant des nouveaux projets d'expansion en Chine du Sud. Des bureaux privés, tout-équipés, une adresse prestigieuse, un service de réception et enlèvement des colis, une salle de réunion à votre disposition ; la domiciliation à la CCIFC est l'étape idéale pour développer vos activités en Chine du Sud ou accueillir un VIE, en toute flexibilité et peu d'investissement. Contact : Noémie CHEN chen.noemie@ccifc.org 86 (20) 2916 5520


GIFIF Food and Ingredient Fair du 26 au 29 juin La Chambre de commerce et d’industrie française en Chine vous invite à participer à son Pavillon France lors du salon de la GIFIF : Guangzhou Food and Ingredient Fair. Cette troisième édition aura lieu au Poly World Trade Centre de Canton, à Pazhou du jeudi 26 au dimanche 29 juin de cette année. Grâce au support de la CCIFC Canton, en partenariat avec le China Council for Promotion of International Trade (CCPIT) et via le Pavillon France, les enterprises françaises exposantes bénéficient de tarifs préférentiels et d’un service professionnel complet. Inauguré en 2012, ce salon a déjà accueilli plus de 1 500 exposants provenant de plus de 20 pays et régions à travers le monde, sur une surface totale de 25 000 m2 où près de 700 000 visiteurs se sont rendus. Ces quatre jours de salon ont déjà été témoins de plus de 280 négociations et de plus de 20 millions de RMB de signatures de contrats. Désormais la GIFIF est identifiée comme le « salon agroalimentaire le plus international en Chine du Sud » qui assure les meilleurs ventes. Ce salon réunit traders, agents, distributeurs mais aussi des supermarchés, des chaînes de magasins, des hôtels et restaurants ainsi que des acheteurs professionnels.

La 18e édition du Forum Travailler Ensemble c’est reparti, save the date ! le 7 Juin Créé en 2009 à l’initiative de la JCEF et en collaboration avec la CCIFC, le forum est un événement de networking et de rendez-vous commerciaux personnalisés entre décideurs d’entreprise françaises.

SHENZHEN

CCIFC

Contact : Emeline HESPEL hespel.emeline@ccifc.org 86 (20) 2916 5531

Networking Interchambre le 20 février Le jeudi 20 février 2014 à l’Hôtel Langham Shenzhen, nous avons réuni 150 personnes pour l’Interchambre Networking Drinks – New Year Acception.

CCIFC

Séminaire le 25 février « Finance Seminar on Tax Treaties and Structures and their implications on Holding Structures », le mardi 25 février 2014.

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

81


Actualités des Membres

COURBIS inaugure son activité PDCPD pour le marché local Pour ses 50 années d’existence, le groupe COURBIS, présent physiquement en Chine depuis 2007, vient d’inaugurer son nouveau site de production. D’une surface de 6 000m2, il est situé dans la périphérie de Tianjin. Le lancement de l’activité Mastershock® en Chine marque la volonté du groupe COURBIS de se rapprocher de ses partenaires internationaux. Ce procédé est particulièrement adapté pour la fabrication de pièces volumineuses tels que des capotages d’engins de chantier ou agricoles. Les produits Mastershock® sont fabriqués par le procédé RIM, injection d’une matière appelée PDCPD dans un outillage en aluminium. La machine d’injection, unique en son genre, a été spécialement conçue pour produire les pièces les plus volumineuses du groupe. Suite à l’application sur la chaîne de peinture de la couleur client, les pièces sont équipées de composants de natures diverses de manière à livrer des modules complets aux clients. Sur le même site sont également moulées des pièces techniques en COURBHANE®, matière propre de COURBIS. L’implantation de l’activité polyuréthane en Chine a permis à COURBIS de développer de nouveaux marchés dans les domaines de l’automobile et du photovoltaïque.

Airbus Group décolle en 2014 sous une marque conjointe Le Groupe EADS change de nom pour devenir « Airbus Group ». En regroupant l’ensemble de ses activités sous une seule et puissante enseigne, le Groupe comprend: Airbus, qui concentre les activités Avions commerciaux ; Airbus Defence and Space, qui regroupe les activités Défense et Espace de Cassidian, Astrium et Airbus Military ; Airbus Helicopters, qui comprend toutes les activités Hélicoptères civils et militaires. « Depuis maintenant longtemps, Airbus est devenu synonyme de rupture technologique, passion et fierté aéronautique à l’échelle internationale », a déclaré Tom Enders, CEO d’Airbus Group. « Le fait d’unir nos forces derrière la bannière d’Airbus Group confère à l’ensemble de nos opérations et employés l’élan nécessaire pour conquérir de nouveaux marchés dans le monde entier ». Airbus Group est un leader mondial de l'aéronautique, de l'espace, de la défense et des services associés. En 2013, le Groupe, qui comprend Airbus, Airbus Defence and Space, et Airbus Helicopters, a réalisé un chiffre d'affaires de 59,3 milliards d'euros et a employé plus de 144 000 personnes.

82

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Acropolis Associates Executive Search a organisé une séance d’information à Shanghai le 2 avril sur le thème « Relations Gouvernementales en Chine pour les entreprises étrangères. » Cette conférence avait pour but d’informer les dirigeants d’entreprises étrangères en Chine sur les bonnes pratiques à mettre en œuvre : comment gérer les relations avec le gouvernement central, provincial ou municipal, importance de bâtir une stratégie de communication BtoG, exemples de résolution et gestion des situations de crise, ainsi que les différents services BtoG fournis par Acropolis. Suite à la 3e réunion du 18e Congrès, quelles sont les conséquences du changement d’environnement pour les sociétés étrangères ? Analyse de la politique menée par le Président actuel, et comparaison avec celle menée par son prédécesseur, analyse du parcours du Président actuel et comparaison avec celui du précédent, deux parcours différents qui expliquent des politiques différentes. La conférence était animée par Nicolas MILONAS, VP Asie Acropolis Associates Executive Search, et Monsieur XI Yong, Expert en Relations Gouvernementales et VP en charge de la business Unit « Government Affairs » d’Acropolis.


8 Faubourg : Nouveau bar en terrasse au Sofitel de Canton Le Sofitel Guangzhou Sunrich est fier de vous annoncer l’ouverture de leur nouveau bar 8, Faubourg. Son nom, en référence à la rue du Faubourg de Paris, s’inspire de l’une des plus chic et élégante rue au monde. Afin de recréer l’ambiance des appartements typiques parisiens haussmanniens, le 8 Faubourg propose quatre zones de détentes différentes : le boudoir pour savourer un cigare et un single malt whisky; la terrasse, un jardin romantique à la française ; le bar avec son DJ résident et ses cocktails innovants et la salle à manger pour déguster toute sorte de vin et champagne accompagné de la cuisine fine du Chef français Nicolas Vienne. Situé dans le quartier stratégique de Tianhe, le plus dynamique de Canton, le 8 Faubourg vous donne rendez-vous au 8e étage du Sofitel Guangzhou Sunrich. Avec 493 chambres, toutes décorées dans un style français parisien, le Sofitel vous offre un séjour détente grâce à son Spa et piscine intérieure avec vue panoramique, son centre de fitness ouvert 24/7 et ses cinq bars et restaurants.

Gide conseille le groupe chinois ICICLE pour son implantation en France Gide a conseillé le groupe chinois ICICLE, une célèbre marque de prêt-à-porter originaire de Shanghai, pour son installation en France. Fondé en 1997 et spécialisé dans le prêt-à-porter haut de gamme pour la population active chinoise, ICICLE a été le premier à prôner le respect de l'environnement dans toute la chaîne de fabrication. Gide a conseillé ICICLE pour la création de deux filiales et l’acquisition de locaux en France. Gide a également assisté ICICLE sur la rédaction des documents transactionnels, les questions de propriété intellectuelle et le droit du travail français. L’équipe de Gide était dirigée par les associés Fan Jiannian (basé à Shanghai) et, David Boitout et Arnaud Michel (basés à Paris).

Preci'nterior devient PRECI Concept PRECI Concept est une société de service dont le siège est à Hong Kong et membre de la CCIFC. Son équipe dévouée de professionnels français, parlant le mandarin, est expérimentée dans les achats en Chine notamment sur le marché des meubles (intérieur et extérieur) de la décoration et des supports de communication. PRECI Concept vous offre un service efficace en associant la maîtrise du fonctionnement industriel chinois à la connaissance des tendances et du degré d’exigence des marchés occidentaux. Toute l’équipe accompagne ses clients dès la création de leurs projets jusqu’à l’expédition des commandes. PRECI Concept travaille avec un éventail de fournisseurs qui ont été sélectionnés selon des critères d’efficacité, de fiabilité et de constance.

Total et CPI ont reçu le feu vert à l’étude de leur projet de transformation du charbon en Polymères. Décryptage de J. Louvel, General Manager de Total Raffinage-Pétrochimie en chine La NDRC, Commission d’État chinoise, a donné récemment son feu vert à notre projet Coal To Olefins (CTO). Cela lance les études nécessaires à la fois au processus d’approbation par les autorités et à la décision finale d’investissement par les partenaires. Ce projet de 3.5Bn$ transformera environ 3,5 Mt/an de charbon en 800 kt/an de produits pétrochimiques (polyoléfines). L’usine sera à Ordos, Mongolie intérieure. Total est en partenariat avec China Power Investment (CPI), électricien et entreprise d’état. CPI fournira le charbon et apporte son expertise industrielle et dans les relations avec l’administration. Total contribue par son expérience en conduite de grands projets, sa connaissance du marché des polyoléfines de spécialité, ainsi que son expertise technologique, comme dans le « MTO/OCP » (production d’oléfines à partir de méthanol). Le projet approvisionnera la Chine en polyoléfines de spécialité en mettant en œuvre des procédés performants, tant d’un point de vue énergétique qu’environnemental.

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

83


Décryptage | Une des médias

De l'usine du monde au marché du monde ?

L

e début de l'année est rarement propice à l'éclosion de sujets dans les médias chinois. La période consensuelle des longues festivités du Nouvel An chinois est suivie peu après par la session parlementaire annuelle : la presse est obligée de consacrer près d'un tiers de son contenu à la communication du gouvernement et du Parti. Certes, les pages économiques spécialisées se sont quand même fait l'écho de la bataille actuelle entre les groupes Alibaba et Tencent pour le contrôle du commerce en ligne et des applications mobiles d'appel de taxi, avec en toile de fond la création de formes de monnaie numérique. Mais, alors que des grèves paralysaient des usines d'IBM et de Pepsi en Chine, très peu de média n'a osé les évoquer, ni aborder la question cruciale de la transition du modèle économique du pays. Seul l'excellent bimensuel Nanfeng Chuang a publié récemment un dossier sur les derniers éléments de ce débat, intitulé « Que va devenir l'usine du monde ? » (世界工厂怎么当?en photo). En 2013, le revenu mensuel moyen des travailleurs migrants (农民工) s'est élevé à 2 609 yuan (304 euros). C'est depuis 2010 la 4e année où il augmente de plus de 10 % par rapport à l'année précédente. Alors que

84

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

Renaud de Spens

RE NAUD DE SPE NS

Finalement, se disent des éditorialistes, si la Chine n'est plus l'usine du monde, elle peut être le « plus grand marché du monde », et ainsi bénéficier aussi de la hausse de ses salaires, dans une logique fordiste.

les effets de la politique de l'enfant unique continuent de faire baisser la population active, la presse chinoise voit mal comment cette tendance haussière pourrait ralentir. Alors que la position des produits chinois sur le bas de gamme ne permet aucun contrôle sur les prix – le coût des matières premières augmente tandis que les produits chinois ne peuvent pas élever leur prix sous peine que les importateurs ne se tournent encore plus vite vers des substituts moins chers, cette pression salariale mets à mal le modèle de « l'usine du monde ». La Chine est prise dans le piège des « revenus moyens » (voir Connexions n°64), et les analystes voient mal comment elle pourrait s'en sortir à court terme. « Faille géante » Les médias chinois publient des enquêtes de terrain montrant que les grands magasins étrangers de prêt-à-porter des grandes métropoles du pays, comme H&M, proposent de plus en plus de produits fabriqués au Bangladesh ou au Cambodge. Par ailleurs, les négociations actuelles de la zone de libre échange du Partenariat Trans-Pacifique (TPP) entre l'Asie du Sud-Est (sans la Chine) et les pays américains montrent que les États-Unis


les éditorialistes chinois ne peuvent que constater que cet objectif dit de « croissance stable » (稳增长 wěn zēngzh ng) promu par le premier ministre Li Keqiang est encore lointain.

estiment que la production de biens à faible valeur ajoutée sera bientôt centrée en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Confronté à la faille géante (巨槛 jù k n) qui se creuse entre le ralentissement de l'industrie manufacturière chinoise et la vitalité continue d'un marché immobilier à la fois porté par la spéculation financière et l'accroissement de la consommation, le gouvernement chinois avait réagit par des « ajustements structurels » dont l'objet était d'essayer de faire monter en gamme l'industrie chinoise et d'avoir une croissance tirée par l'innovation, tout en se gardant la sécurité d'une garantie minimale de continuer à croître grâce à la locomotive immobilière au cas où cela ne fonctionnerait pas. Concrètement, cela s'était traduit à la fois par une tentative de réorientation de l'économie vers les petites et moyennes entreprises, et par un renforcement de la puissance douce chinoise qui devait par tous ses canaux possibles et l'internationalisation de ses médias fournir un appui au redressement de l'image des produits nationaux et permettre ainsi aux équipements chinois de continuer à se vendre dans le monde, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Aujourd'hui,

Industrie bas de gamme Le Nanfeng Chuang donne une illustration saisissante du modèle économique chinois actuel et de l'ambiguïté de sa croissance : aujourd'hui, un patron de Wenzhou, avec une entreprise employant 1 000 ouvriers, gagne 1 million de yuan par an, soit plus de 30 fois plus que ses ouvriers, tandis que sa femme qui a acheté dix appartements à Shanghai il y a 8 ans fait une plus-value de 30 millions (3,5 millions d'euro), soit 30 fois plus que le bénéfice annuel de son mari, et presque 1 000 fois plus que le salaire annuel de ses ouvriers. Les efforts importants consacrés depuis 2005 à transformer la Chine en un pays innovant n'auraient encore donné aucun fruit : la robotique, l'imprimerie 3D, la nouvelle révolution industrielle des pôles urbains de créativité et d'intelligence restent dominées par les États-Unis ; sauf rares exceptions, l'inventivité technologique et les stratégies de marchandisation et de marques ne quittent pas le Japon et la Corée, alors que la Chine reste désespérément marquée, souligne Cao Ailing du Nanfeng Chuang, par la contrefaçon et la copie bas de gamme (山寨 shānzhài), et n'arrive pas à se tertiariser. Pourtant, la crise de ce modèle et l'incapacité actuelle d'en sortir par le haut ne paraissent pas encore alarmer les patrons chinois. Les régions du Centre et de l'Ouest du pays leur semblent être un réservoir suffisant de croissance endogène en attendant que le pays soit mûr pour de plus grandes réformes structurelles (euphémisme pour décrire une ouverture politique, qui seule pourrait permettre d'augmenter la créativité des entreprises chinoises). Les délocalisations intérieures, soutenues massivement par le gouvernement depuis 2005, sont, malgré quelques difficultés sporadiques, plutôt réussies dans l'ensemble, surtout quand les entreprises choisissent de délocaliser leur production vers le centre-ouest tout en tout en gardant leur centre décisionnel et de marchandisation dans les régions côtières. Une autre stratégie consiste à investir et exporter des industries équipementières, main d’œuvre parfois incluse, dans des pays étrangers, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.

Grèves Finalement, se disent des éditorialistes, si la Chine n'est plus l'usine du monde, elle peut être le « plus grand marché du monde », et ainsi bénéficier aussi de la hausse de ses salaires, dans une logique fordiste. Deux mouvements de grève de ce début d'année jettent cependant une ombre sur ce tableau. En mars, une usine d'IBM de Shenzhen, vendue à Lenovo, a arrêté le travail pour protester contre les conditions de son transfert. Les ouvriers avaient peur que le maintien de leur pouvoir d'achat ne serait pas garanti et que leurs conditions de travail, passant sous administration chinoise, allaient se dégrader. La moitié d'entre eux a finalement choisi de démissionner, malgré une prime accordée à ceux qui restaient. Et leurs craintes pourraient être fondées : vendues en 2011 au Taiwanais Tinyi (50 % du marché des boissons rafraîchissantes en Chine), les ouvriers de 24 usines appartenant anciennement à Pepsi ont vu leur salaire perdre quelques centaines de yuan depuis, malgré les garanties données à l'époque, et se sont donc mis en grève le 5 mars. Fait exceptionnel, les syndicats officiels ont soutenu le mouvement, qui s'est répandu aux quatre coins du pays. Entre les ouvriers des entreprises étrangères qui se retrouvent sous gestion chinoise quand celles-ci quittent le pays, et ceux qui sont obligés par les délocalisations internes de revenir dans leur province d'origine, à un tarif inférieur, les petits salaires chinois subissent donc aussi des pressions vers le bas. Cela, combiné à un effet indésirable de la lutte anti-corruption, qui s'avère beaucoup plus sérieuse qu'avant et qui engendre une baisse du chiffre d'affaires du luxe ou des spiritueux de 30 % au moins, freine la croissance induite par la consommation. Le couple d'industriels de Wenzhou cité plus haut a l'an dernier acheté au prix fort un appartement dans le 5e arrondissement de Paris, pour que leur fils puisse aller au fameux lycée Henri IV et bénéficier de la formation d'élite française. En accroissant ses inégalités, la Chine les exporte, faisant le bonheur d'une poignée d'intermédiaires et de spéculateurs étrangers. Le communisme chinois, et même la démocratie, sont aujourd'hui dépassés : ce qui compte, c'est désormais l'immocratie. L'économie réelle, tout comme les classes moyennes, en font les frais. R E N AUD D E S P E N S

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

85


Décryptage | Livres

DR

Par Françoise BLÉVOT

Les rubans du cerf-volant Anthologie

Textes choisis par Geneviève Imbot-Bichet Éditions Gallimard – Collection Bleu de Chine 210 pages – 17,50 €

AMOUR GRINÇANT

YA TROIS CHEVEUX SUR LA TÊTE À SAN MAO

Il ne reste plus grand-chose des splendeurs passées de la famille Pai… La douairière tente encore d’arranger des mariages avantageux, de ceux qui mettent de l’huile de sésame dans le sauté de soja, mais ici, la rencontre manigancée n’aboutira pas au résultat escompté… Eileen Chang n’a pas son pareil pour dépeindre l’ambiance délétère qu’elle a connue avant de s’exiler en Amérique, et que l’on avait déjà pu goûter dans le magnifique « In the mood for love ». Son côté « L’année dernière à Marienbad » est plein de charme.

Il est bien pitoyable, ce petit San Mao, toujours aux prises avec plus puissant, plus astucieux et plus riche que lui (ce qui n’est pas difficile... ) Il a un lien de parenté avec Tchang du « Lotus Bleu » créé à la même époque, et aussi aux personnages de vagabonds de Chaplin, de Dickens ou d’Hector Malet. Pionnier de la B.D. en Chine, son auteur l’a « conçu » suffisamment tôt dans sa carrière pour qu’ensemble ils traversent tous les moments importants de l’histoire chinoise, de 1935 à 1992, date de la mort de Zhang Leping, ses tribulations l’ont même amené à être utilisé pour « l’édification des masses ». Très populaire en Chine, cet enfant des rues de Shanghaï s’est même incarné au cinéma à plusieurs reprises, ainsi qu’en série télé. Le frêle San Mao peut donc être considéré comme un monument.

Love in a Fallen City Eileen Chang Éditions Zulma 160 pages – 16,50 €

AU FIL DES ANS Ne sont-ce vraiment que cinquante années qui se sont envolées entre la sage prose militante de Lei Feng et les « trois blogs » du turbulent Han Han ? Entre ces deux extrêmes, il y a le « Paysage de fange avec tête » aux couleurs mortifères, l’humour grinçant du « dossier O », la dérision de « À la recherche du Chapeau » (l’humour à la chinoise distillé sur un ton qui n’appartient qu’à lui, se situe souvent là où on ne le cherche pas), le splendide « Mimodrame » déchirant de solitude… Toujours servis par des traducteurs talentueux, les textes choisis épousent l’histoire chinoise, prouvant une fois encore combien la littérature en est un témoin exceptionnel. Cette anthologie ne contient pas forcément les auteurs que nous connaissons le plus en Occident, ce qui en fait tout son intérêt.

86

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

San Mao Le petit vagabond Éditions Fei 416 pages – 33 €

INÉNARRABLE L’énigmatique Ge Ren, (« geren » veut dire « individu ») est le « héros » de cette histoire construite de façon à ce qu’il y fasse des « apparitions » et qu’en son absence, on ne cesse de penser à lui. Récit en anneau, sans vraiment de commencement ni de fin, comme si c’était juste une tentative de cerner le personnage (qui a participé à la naissance de la Chine nouvelle), enquête à plusieurs témoins correspondants à différentes époques. Huaquiang veut dire en français « le jeu du plus fin » et également « jouer un tour ». Cela convient à merveille à ce roman labyrinthique comportant une multitude d’impasses. Sans avoir l’air d’y toucher, Li Er démonte ainsi la geste héroïque maoïste comme s’il montrait un tableau monumental avec une loupe. Étrange et captivant.

Le jeu du plus fin Li Er

Traduit du chinois par Sylvie Gentil Éditions Philippe Picquier 520 pages – 22 €

À GRANDS PAS Haut comme trois baozi, certes, mais doté d’une vue à long terme, le Petit Timonier a fait décoller la Chine, les options qu’il a prises ayant singulièrement changé la donne, notre regard, notre relation à son endroit. On parcourt ici chaque étape de son itinéraire, chaque événement marquant de sa vie, naviguant entre son époque et la nôtre, chaque pas prenant la mesure du chemin parcouru, enquêtant à la fois sur les faits fondateurs et leurs conséquences contemporaines.

Dans les pas du Petit Timonier Adrien Gombeaud Éditions du Seuil 284 pages – 19,50 €


DR

Laurent Ballouhey est décédé Nous avons perdu au mois de février un grand ami de la CCIFC – Laurent BALLOUHEY – qui a animé les pages Livres de notre magazine Connexions pendant neuf années. Arrivé en Chine en 1982 en tant que correspond de l’Humanité, nous rendons hommage à ce passionné de la Chine, des belles lettres et de la littérature qui a tant œuvré pour la diffusion du livre français en Chine et en Asie à travers ses traductions et ses articles.

REGARD SUR LA CHINE Chine : L’Opéra classique

DANS LES COULISSES

L’Art de la Guerre

PAS AUSSI BELLIQUEUX QU’ON POURRAIT LE PENSER….

La France et la Chine 1248 – 2014

QUELLE HISTOIRE !

Le Consul qui en savait trop

DÉSILLUSIONS

Le Tao des Chats

RONRONNANT

Jacques Pimpaneau Éditions Les Belles Lettres 200 pages – 25 €

Sun Tzu Traduit du chinois et commenté par Jean Levi Illustrations choisies et commentées par Alain Thote Nouveau Monde Editions 256 pages – 29 €

De la méconnaissance à la Reconnaissance Jacques Dumasy Éditions Nicolas Chaudin 430 pages – 49 €

Les ambitions secrètes de la France en Chine Désirée Lenoir Nouveau Monde Editions 432 pages – 24 €

Christian Gaudin Éditions Le Relié 48 pages – 14,90 €

Cette passionnante étude ravira les amateurs de théâtre et de traditions populaires. Les origines du théâtre chinois sont à chercher du côté des rituels médiumniques. Chants et danses étaient exécutés en l’honneur des dieux ou pour les incarner. L’évolution de cet art extrêmement ancien ne l’a pas empêché de rester spécifiquement chinois, car contrairement au théâtre occidental où l’on assiste à la mise en scène de textes originaux, on adapte en Chine des histoires connues de tous, écrites ou transmises oralement, dont tous les protagonistes doivent rentrer dans un « moule » donné. Chez nous, seule la Commedia dell’arte peut s’en rapprocher. Le rêve et la magie opèrent comme si à chaque page on regardait répéter les bateleurs, acteurs, marionnettistes, musiciens, installés pour un soir que ce soit dans une petite ville du fin fond de la Chine, où sur la scène de grand théâtre impérial. Se servir d’un ouvrage dédié à « l’art de la guerre » comme d’une introduction à la culture chinoise pourrait paraître bien étrange à un Occidental, et cependant, devant une telle œuvre, si magnifiquement traduite, soutenue par des œuvres si astucieusement choisies et commentées, on se trouve bien face à l’un de ces ouvrages idéaux pour approcher la civilisation chinoise et mieux la comprendre. De Cao Cao à Mao, tous les grands hommes de la Chine ont étudié, commenté, utilisé ce traité. Il n’y a que les Chinois pour faire d’un traité stratégique un livre de sagesse ! Venant éclairer le Sun Tzu, les textes complémentaires sont choisis parmi les plus classiques avec un grand discernement, entre autres le Guanzi, le Liutao, les mémoires de Sima Qian. De la très belle ouvrage !

Ce livre est pas-sion-nant ! (Ne pas se fier à la couverture, peu lisible et, partant, un peu rebutante…). Il commémore la reconnaissance de la Chine de Mao par le général De Gaulle, il y a cinquante ans. Des premiers « rapprochements », Guillaume de Rubrouck, franciscain émissaire de Saint Louis chez « le Grand Khan », aux plus récents avatars des relations franco-chinoises, l’entrée de Dongfeng dans le capital Peugeot, spectaculaire signe des temps…L’histoire comme on l’aime, vivante tel un roman où se côtoient les politiciens, les diplomates, les artistes, les voyageurs, les commerciaux, dans des ambiances tantôt tendues tantôt harmonieuses, et aussi, pour en parler, les sinologues et les historiens, avec en toile de fond cette curiosité de part et d’autre, parce que chacun est situé à un bout de l’immense Eurasie…Avec, côté français, la fascination pour ce qui lui paraissait si étrange, si exotique, alors que côté chinois, comme l’écrit Jacques Dumasy « de tous temps la Chine n’a pas eu la curiosité intellectuelle de l’Occident pour les mondes qui n’étaient pas le sien »… à quelques exceptions près ! On ne résume pas l’histoire de 800 ans d’échanges… On la lit !

Auguste François fut de ces hommes de la fin du dix-neuvième siècle pionniers d’une ère nouvelle, de ceux qui partaient au loin avec un idéal pacifique et non dans un esprit conquérant. Très respectueux des autochtones et soucieux de les mieux connaître, il eut le courage de s’opposer à des stratégies « colonialistes » qu’il désapprouvait, de tenir tête à Paul Doumer, gouverneur général d’Indochine, décrit comme ce que l’on appellerait aujourd’hui « un beau modèle de psychorigide ». Auguste François fut le témoin effaré de ce que cachait le grand projet de chemin de fer TonkinYunnan, dont on suit les péripéties... Comme souvent, on en apprend beaucoup en se penchant sur des acteurs de l’histoire qui ne sont pas les plus connus.

Les chats, c’est bien connu, sont d’assidus pratiquants des sagesses et techniques orientales. Rien d’étonnant donc à ce qu’ils trouvent dans le Tao ce qu’après tout ils savaient déjà, et que le chat de Lao Tseu est certainement pour beaucoup dans le message laissé par son maître ! On s’instruit (mais oui !), on s’attendrit, on se régale !

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

87


联结 N.69|2014 春

中法建交50周年特刊 1964年1月27日,戴高乐将军决定和新中国正式建交,50年过去 了,中法两国今日欢庆50周年金婚。一系列的文化庆典表明, 在奥运期间短暂的外交危机以后,做为第一个在国际舞台上承认 中华人民共和国的西方国家,法国仍旧还是中国人民心目中那个 永恒的老朋友。一方面,如何抓住50周年的契机,借文化的力 量促进双方经贸领域的交流,互惠互利,成为当下两国政治界的 最强音;另一方面,如何重新审视双方在价值观念上的的分歧和 路,是很多读者感兴趣的问题。为了回答这些问题,《联结》遍 访政界,学界和商界的重量级人物,看看他们是怎么思考这些问 题的吧。

Imagine China

历史遗留的贸易不平衡问题,为建立新的平衡的双边关系铺平道

拉法兰:谨慎评价中国模式,求同存异,共 同发展 习近平主席2014年3月底首次以国家主席 身份访法,得到了法方的热情接待。奥朗德总 统在会晤中提到了两国贸易严重失衡问题。拉 法兰认为,贸易失衡是个既成事实,不能因此 否认过去双方经贸合作的积极意义。今天,我 们需要创新思维,找到新的合作模式,将双边 贸易带向新的平衡。拉法兰认为应该将视线转 向未来的双方共同投资的合作项目,包括瞄准 非洲等第三方市场,在新的利润空间里重新获 得双边贸易的平衡。 拉法兰也指出,中小企业规模过小是法 国经济的一个结构性问题。中小企业可以通过 两种方式实现扩大:出口和国际化。由拉法兰 牵头的“中法企业的洽谈会”将于2014年10 月在中国西部中心城市成都举行,届时千余法 国和中国的中小企业能够面对面的共议商机, 为全球化的经济下的中小企业的强强联手创造 机遇。

国民议会主席Claude Bartolone:坦诚和 中国展开对话和交流 中国和法国身处在全球化的时代背景下, 面临着相同的挑战:气候变化,能源危机,金 融监管,大规模杀伤武器的泛滥,地区危机, 乃至恐怖主义。这些问题都需要两国领导人协

88

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

商一致,找到共同解决的办法。 2013奥朗德访华,和2014习近平访法拉 近了两国新的领导团队的距离,是近期两国外 交的亮点。除了在核电和航天等传统领域的合 作,我们应该抓住政治升温的机会,利用50周 年建交庆典活动,开拓新的合作领域,特别是 深化人才的流动和交融。 国民议会内部的中法友谊小组非常活跃, 随着中法协会的创立,越来越多的高层议员为 推动两国的友谊的进一步发展贡献力量。

一位里昂人的中国大探险 Alain Mérieux是一位中国人民的老朋 友,他的故事要从上世纪70年代末讲起,那个 时候中国的文革刚刚结束,他就带着疫苗来到 中国,住进了北京的友谊宾馆。 90年代,由于和上海的研究机构合作频 繁,Alain Mérieux结识了当时的上海市市 长,后来的中国总理朱镕基,并在他的引荐 了,在2005年结识了习近平。2013年3月份, 习近平在访法期间专门参观了里昂的Marcy l'Étoile实验室,这已经是这位里昂人和习主席 的第四次会面了。 得益于中法友谊小组的积极工作,Alain Mérieux和中国原卫生部部长陈竺一起,2014 年将在武汉创立P4实验室,共同研究新型传染 病。


Alain Mérieux一直坚信要立足于中国, 和中国一起,为中国服务。在共同卫生领域, 保护主义的心态是正常的,因为疫苗的研制和 生产关系到国民的身体健康和国家安全,只要 互谅互让,中法企业的合作空间很大,而这正 是Alain Mérieux的努力方向。

纵观法国企业在中国的历史 波尔多政治学院的教授Hubert Bonin引 经据典,为我们重新描述了从新中国建国到改 革开放,在中国的法国企业的起伏和变迁。先 行者是勇敢的,挫败和停滞时有发生,记住这 些教训,分析失败的原因,是历史留给我们的 财富。 Hubert Bonin指出,今天对中国公司最具 吸引力的法国公司,是据有国际化经验的大的 法国跨国公司,因为全球化的经验,网络和市 场可以帮助这些中国公司快速升级,实现中国 政府打出的“走出去”的战略目标。

2013奥朗德访华, 和2014习近平访 法拉近了两国新的 领导团队的距离, 是近期两国外交的 亮点。除了在核电

告的高盈利可以投资电影的音乐制作,从来提 升整体的音乐制作水平。 虽然在中国的名气没有在法国本土那么 响,但是如果能在中国市场的大蛋糕中分得一 块,规模效应就已经可以弥补名气的不足了。 除了中国,GUM还打算在未来的几年内在柏 林,伦敦和洛杉矶开设制作室。这仅仅是个开 始。

和航天等传统领域 的合作,我们应该 抓住政治升温的机 会,利用50周年建 交庆典活动,开拓 新的合作领域,特 别是深化人才的流 动和交融。

聚焦中小企业: Easybox: 小包装盒里的大世界观 2006年在广东顺德的一片甘蔗地里建 厂,Easybox是一家专门为奢侈品打造个性包 装的法国公司。公司逆风飞行 ,风格定位在法 国60年代,使用传统手工艺,例如鞘套工艺, 木工工艺,镶嵌工艺,等等,得到了奢侈品行 业的青睐。公司的客户群中中国消费者的数量 正在逐年增加,反映了后者文化观念的转变, 和对法国品质的信任。

Splio: 互联中国 这家专攻企业宣传和多网络营销的法国的 互联网公司创始于2001年,2011年在上海开 设了分公司,对他们而言,这是个很自然的决 定,因为他们的法国客户曾经问过他们是否在 中国开展业务,并且公司内部的一位工程师曾 经在北京工作过2年,在当地有不少重要的联 系。 Splio推出的高端企业宣传软件每月在全 球约发送出十亿封以上的电子邮件。做为2013 年法国驻华商会优秀企业奖的得主,Splio庆幸 能够成长在互联时代,互联网的语言弥补了中 文和法语之间的鸿沟,不同国家的网迷可以很 容易的沟通。企业未来的目标是继续优化自主 研发的软件,并推出积分系统回馈优质客户。

何枫

GUM: 艺术与市场并存 GUM音乐制作室2012年在上海设立了办 事处,2014年开始在上海建设两个乐棚,虽 然公司的名称和标识尚未完全打响,但是提到 2011年由他们负责混音的奥斯卡获奖电影《艺 术家》却是无人不晓。GUM目前的业务分为 两类,一类是广告配乐,一类是电影配乐,广

Bruno GENSBURGER

ODC Marine: 一个市场,两手准备 ODC Marine是一家位于大连的小型造船 企业。身为创始人之一的Stéphane Gonnetand还记得当时的想法:本地的造船企业难 以满足欧美商家的订单要求,我们必有用武之 地。虽然当时没有人把他的话当真,但是今天 公司的规模和业绩证明了他当时的眼光。 今天的ODC Marine一方面自主设计,中 国制造,本地销售,另一方面也是外国高端游 艇的特许经销,两手准备为企业规避了市场的 波动和政治的无常所带来的风险。

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

89


会员企业简讯

库毕斯在天津又开设了一个新的PDCPD生产基地 为庆祝成立50周年,库毕斯集团自2007年入住中国以来,近期又新开设了一个 新的生产基地,占地6000平米,位于天津郊区。 为靠拢国际合作伙伴及加强合作,我集团开始在中国投放 Mastershock® 生产项 目。此项目紧密切合机械大型配件,如建筑或农业用大型机械外壳。Mastershock®产 品采用RIM方法进行生产,它包括在铝模具中注入一种叫PDCPD的材料进行生产,而 且此注塑机是一种经过特殊设计的专业用于生产集团大型产品的机器,然后经过专 业喷漆线,喷涂上客户指定的特定颜色,最后组装上其他各种零部件。最终发给客 户的产品是配备完整可直接使用或组装的产品。 在此生产基地我们也做聚氨酯产品,包括COURBHANE®(高科技复杂技术产品), 库毕斯专利材料。在中国实施发展聚氨酯产品生产项目为库毕斯集团在汽车及光伏 行业开发了更多的市场。

欧洲宇航防务集团正式更名空中客车 集团 自2014年1月1日起,欧洲宇航 防务集团正式更名为空中客车集团。 集团将其所有业务进行整合,并重 新命名了其中的两个子公司。至此,集团的所有业务都将统一在 “空中客车”这一品牌下。空中客车集团旗下公司包括:空中客车 从事商用飞机业务;空中客车防务及航天公司 整合原 公司 Cassisian、Astrium和空中客车军用飞机业务;空中客车直升机公司 从事商用和军用直升机业务。 空中客车集团首席执行官托马斯∙恩德斯说:“空中客车早已成 为世界领先科技的代名词和航空航天 领域的骄傲。集团所有业务部 门和员工将在空中客车这个强大的品牌下,共同迎接国际市场的挑 战。” “此次集团重组正当其时,我们也将因此成为欧洲工业整合 的先驱。集团的法律结构也将是多元化的,如同我们多元的企业文 化”。 空中客车集团是航空、航天、防务及相关服务领域的全球领导 者。2013年,空中客车集团(包括旗下空中客车公司、空中客车防 务及航天公司和空中客车直升机公司)收入达到593亿欧元,全球 范围内员工人数超过14万人。

90

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

4月2日,Acropolis Associates专业 猎头公司在上海举办了一场法语的 信息交流会。其主题为《外资企业 与中国政府的关系》 通过这场信息交流会旨在,我们与 在华的外资企业领导共同分享:如何协调与市级、省级或中央政府 的关系,认识建立企业和政府沟通策略的重要性,分享企业和政府 关系的解决方案和危机管理的案例,以及Acropolis所提供的服务。 继十八届三中全会之后,政治环境的变化对外资企业又有怎样 的影响呢?通过分析现任主席的政治主张,以及和上一届政府政策 的对比,通过分析和对比历届领导人各自的背景来解释政治策略的 不同。 Nicolas MILONAS倪国朗先生,Acropolis Associates专业猎头公司 亚太VP,以及席勇先生,中国政府事务专家,Acropolis政府事务部 VP,为信息交流会的主讲人。


8 Faubourg:索菲特大 酒店露天酒吧开张 广州圣丰索菲特隆 重宣布 巴 黎 8 号 酒 吧 开 张 营业。酒吧以巴黎市中心 最高雅浪漫的一条街道命 名。 酒吧的四个特色悠 闲区域营造了典型的巴黎 风雅,享受雪茄和威士忌 的小客厅;露天的法式小 花园;有着激情的DJ和 新鲜感十足的鸡尾酒小酒 吧,还有一个由法国名厨 Nicolas Vienne主理的法式 风情餐厅,尽情一边享受 美食,一边享受葡萄酒和 香槟带来的愉悦。 坐落在广州最有活 力的天河区,8 Faubourg 和您相约广州圣丰索菲特 酒店第八层。索菲特大酒 店有着493个法式浪漫风 格房间 , 5 间 特 色 餐 厅 酒 吧,24小时不间断的健身 中心,水疗中心及室内泳 池,配合俯瞰广州市的无 敌景致,定能给您一个舒 适的旅程。

基德律师事务所协助中 国之禾集团在法国设立 公司 之禾公司是一家中 国知名的高端时装品牌公 司,基德为其在法国设立 公司提供法律咨询服务。 之禾于1997年在上海 成立,是中国最受欢迎的 时装品牌之一,亦是中国 第一家关注环保的时装公 司。 基德协助之禾在法国 设立了两家子公司并购买 相关物业,亦就交易文件 的起草、法国劳动法和知 识产权事项为其提供法律 协助。 基德合伙人范建年、 杜大伟(David Boitout) 和Arnaud Michel分别在上 海和巴黎领导基德法律团 队开展了相关工作。

Preci’nterior 更名为 PRECI Concept Preci concept是一家 总部坐落在广州的信息咨 询公司,也是中国法国工 商会会员。Preci concept 拥有一支精通普通话的专 业法国团队,他们对中国 的贸易有深入的了解,对 中国的室内外家具市场和 装饰市场有特别丰富的经 验。Preci concept公司熟 悉贸易中的采购、物流、 质量控制和进口等流程。 Preci concept公司熟悉中国 的行业运作的趋势和西方 市场的要求,定能为您提 供高效的服务。 Preci concept只选择高 效的,可信的和稳定的供 应商。从计划的制定,标 准的设定和最佳的期限的 设计等,公司的团队将由 始至终陪伴左右直至您的 订单生效。 Preci concept采用美国 的MIL-STD 105 质量管理标 准,或者根据客户的需要 定制个性化的管理方案。 运输和参观(工厂、会展 等)将由Preci concept组织 和管理。

道达尔与中电投的煤制 烯烃项目获得发改委颁 发“路条” 道达尔炼油与石化中国 区总经理陆豪杰先生的 解读 近期,国家发改委向 我们的煤制烯烃项目颁发 了“路条”。这使我们可 以启动相关必要的研究以 获得官方的项目核准并使 项目业主做出最终投资决 定。 该项目投资总额达 35亿美元,每年将350万 吨煤炭加工生产为80万吨 的石化产品(聚烯烃)。 工厂将设立于内蒙古自治 区的鄂尔多斯。 该项目中,道达尔 与中国国有电力企业之一 的“中国电力投资集团公 司”(“中电投”)共同 合作。中电投将为项目供 应煤炭,并且在工业技术 和政府关系方面为项目带 来帮助。 道达尔将为项目带 来丰富的大型项目管理经 验、特种聚烯烃市场方面 的知识和以MTO/OCP甲醇 制烯烃工艺为代表的技术 专长。 该项目将向中国提供 高端聚烯烃产品,并运用 先进高效且环境友好的工 艺。

connexions Spécial 50e PRINTEMPS 2014

91


Ils arrivent Beijing

SHANGHAI

Bureau du CNRS en Chine - (Administration), DBR CITIC Wine Estate (Shandong) Co., Ltd. - (Vins et Spiritueux), FLOCH International Groupe - (Finance/Conseil), Globality Asia - (Transports & Logistique), Lisi Automo tive Beijing Co., Ltd. - (Industrie Manufacturière), Tour Relaxed International - (Autres)

Aerolia - (Aéronautique), Angélique BARRERE - (Santé), Anne Sophie MATERNE - (Commerce de détail), Atelier Cologne - (Produits de Beauté), Attractive Wines - (Vins et Spiritueux), Citroën Euro Pass - (Automobile), China Unicom - (Télécommunications), Condat China Chemicals Co.,Ltd - (Industrie Manufacturière), Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) - (Vins et Spiritueux), Dan LI-GEVREY - (Loisirs Restauration), Dynamo (Industrie Manufacturière), EDHEC - (Enseignement), EFG (Shanghai) Investment Consulting Co., Ltd. - (Conseil), Egencia (China) Information Technology Co., Ltd.- (Conseil), Global Asia Solutions HK - (Conseil), Hakim ZIANE - (Finance), Herport China Ltd. - (Transports & Logistique), IKONIK Beijing Technology Development Co., Ltd.(Conseil), JF Hillebrand China- (Transports & Logistique), Kunshan Erlab D.F.S Co., Ltd. - (Industrie), LOWENDALMASAI (Conseil), DAXUE Consulting - (Conseil), NDO - (Transports & Logistique), Ningbo

Canton Epicuria International Ltd. - (Agroalimentaire), Guangzhou Sites Structure Monitoring Technology Co., Ltd - (Construction BTP), La Gamme Beaujolaise - (Agroalimentaire), La Part des Anges Co., Ltd - (Biens de consommation/Immobilier), Lukson Wines - (Distribution/Import-export), Marcopolo International Business - (Conseil /Ingénierie/ Transport & Logistique), Meiming Agriculture Co., Ltd - (Agroalimentaire), Single Life DS – (Textile), Sofeast Ltd - (Conseil/Ingénierie), The Garden Hotel - (Voyages et Hôtellerie), Volition Spas - (Voyages et Hôtellerie)

92

connexions PRINTEMPS 2014

Adexsi Energy Saving Technology Ltd. (Construction BTP), Noeli Gallery - (Art et Design), Novacap - (Industrie Chimique), Façon Parfums - (Produits de Beauté), Relecom & Partners (HK) Ltd. - (Conseil), Shanghai Elico Ltd. - (Conseil), SIFEC (Enseignement), SOCOMEC ELECTRIC (SHANGHAI) Co., Ltd. - (Industrie), Ultraflux - (Industrie lourde), Westerly Partner - (Consulting), WISHU Tampons (Produits de Beauté), Zwiesel Kristallglas (Biens de Consommation)

SHENZHEN Erai Shenshen Business Services Co., Ltd. - (Autres service professionnels/Conseil), International SOS - (Santé), JIN Diane, Magaux Magaux - (Agroalimentaire), François VAUVILLÉ




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.