Connexions 70

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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine | 中国法国工商会季刊 www.ccifc.org

N.70 été | 夏

Innovation s & nouvelle gies technolo

CHINE

LABORATOIRE

DU MONDE Interview exclusive - Fleur Pellerin « Il nous semble capital de développer et entretenir une relation privilégiée avec le patronat chinois »



Éditorial

DR

Positionner l’innovation au cœur des relations France-Chine

Olivier GUIBERT

Président de la CCIFC

DR

欧技,中国法国工商会 会长

Norbert PALUCH

Conseiller pour la science et la technologie à l’ambassade de France en Chine

包若柏,法国驻华大使馆 科技参赞

Alors que la France et la Chine célèbrent le 50 e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques, nous avons voulu avec Connexions nous tourner vers un thème d’avenir, tout en démontrant que la France n’est pas que le pays du luxe, de la culture et du savoirvivre. C’est vrai mais très réducteur. Cette image encore trop répandue en Chine — bien qu’elle représente une force pour de nombreuses entreprises françaises implantées dans l’empire du Milieu — dissimule bien souvent les savoir-faire de nos entreprises françaises en termes d’innovation et de nouvelles technologies de pointe. Il nous apparaît ainsi essentiel pour le renforcement des échanges entre nos deux pays, de rappeler aux autorités et à la communauté d’affaires chinoises, les compétences dont disposent les entreprises françaises évoluant avec ou en Chine, et de démontrer que les technologies françaises peuvent apporter des solutions concrètes et innovantes aux défis auxquels la Chine fait face dans plusieurs secteurs clés (santé, développement durable, aéronautique, numérique). L’innovation est un thème cher à la France comme à la Chine. Alors qu’en France elle est le symbole du renouveau industriel, illustré par les 34 plans de reconquête du gouvernement ou encore le concours mondial d’innovation lancé fin 2013, l’innovation est perçue — à juste titre — par la Chine comme le nouveau moteur de son développement. Ainsi, le rythme de l’innovation en Chine s’accélère, faisant du pays un acteur incontournable du domaine scientifique. Cette montée en puissance, qui s’accompagne d’un accroissement de la concurrence, doit-elle nous faire douter de l’intérêt d’intensifier nos coopérations scientifiques ? Il nous semble plutôt que ce mouvement représente une opportunité formidable de fortifier les liens franco-chinois et de se saisir d’enjeux déterminants pour l’avenir de la Chine. Un thème qui en appelle d’autres, celui de l’environnement légal chinois, surtout en termes de protection intellectuelle et de transferts de technologies, ou encore celui de l’éducation, pour former les innovateurs et concevoir les progrès de demain.

将创新置于中法关系发展的核心地位 值庆祝中法建交50周年之际,我们希望借《联结》杂志共同关注一个引领未来的主题,以展示法国不 仅仅是一个奢侈品、文化与礼仪之邦。这一正确但也片面的认识在中国依旧深入人心,对于众多进驻中国 的法国企业来说,这种形象虽然代表了一种实力,却往往掩盖了法国企业在创新与高新技术方面的优势。 因此我们认为,为了加强两国之间的交流有必要呼吁中国政府部门与中国事务团体重视法国企业同 中方联合发展的,或在华独立发展的技术,同时需要证明法国技术能为中国在卫生、可持续发展、航空及 数字等多个关键领域所面临的挑战提供切实可行与全新的解决方案。 无论对于法国还是中国,创新都是一个极为重要的主题。在法国,创新是工业复兴的象征,政府的34 项振兴计划,或者2013年底推出的国际创新大赛都突显了这一点。在中国,创新也被理所当然地看作发 展的新动力。而且,中国日益加快的创新步伐使该国成为国际科技领域不可或缺的参与者。中国实力的增 长,伴随着竞争力的增强,我们还需要怀疑两国加强科技合作的意义吗?我们更认为这一发展预示着一个 大好机会,我们需要抓住它来加强中法联系并参与中国未来决定性问题的建设中。这一主题还使我们思考 到其他问题,例如中国法律环境(尤其是知识产权保护与技术转移方面的法律)或教育问题(培育创新人 才和构建明日发展)。

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Comité de Patronage

Le magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 70, été 2014 Direction de la publication Michael Amouyal & Marion Sardou Rédacteur en chef Pierre TIESSEN, avec Madeleine BARBIER Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro Raphaël BALENIERI, Edgar DASOR, Erwan PACAUD, Renaud de SPENS, Françoise BLÉVOT, HE Feng. Traducteur QIN Zhiyu Comité de relecture : Commission communication de la CCIFC Couverture © Imagine China Publicités CHINE DU SUD : Michaël Bouchut bouchut.michael@ccifc.org Pékin : Frédérique BELLOY belloy.frederique@ccifc.org Félix FEI fei.bo@ccifc.org SHANGHAI & CORPORATE : Morgan LEFEVRE lefevre.morgan@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O UCCIFE 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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N.70 ÉTÉ | 夏

InnovatIon & nouvelles technologIes

Nicolas Reitzaum

Chine

laboratoire du monde

Confrontée à de véritables défis scientifiques et technologiques, la Chine rattrape son retard en R&D et renforce l’innovation sur son territoire. Le renforcement des politiques en soutien à l’innovation fait partie des priorités affichées par les autorités chinoises « dans le programme national à moyen et long terme pour le développement des sciences et technologies sur la période 2006-2020, produit par le Conseil des affaires d’État », note l’ambassade de France à Pékin. Et de préciser : « En dehors du financement direct par le biais de programmes gouvernementaux, des politiques de stimulation de l’innovation ont été mises en œuvre dans différents domaines, tels que la fiscalité, la propriété intellectuelle, l’attraction des talents, la popularisation des sciences ou encore le développement de nouvelles plateformes d’innovation ». Comment les entreprises françaises peuvent-elles profiter de cet élan ? Sur quels secteurs en particulier ? Quelles stratégies adopter ?

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L'ActualitÉ business EN CHINE L’actualité Business EN Chine 8 Grande Interview : Fleur Pellerin « Il nous semble capital de développer et entretenir une relation privilégiée avec le patronat chinois » 12

DOSSIER Numéro spécial Innovation & nouvelles technologies Chine, laboratoire du monde

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Analyse Xavier BAILLARD, L’innovation au coeur des ambitions chinoises 24 exclusif Interview croisée Pour accéder au marché chinois, « il faut faire de la science » 28 Lenovo Une stratégie de micro-innovations et de méga-acquisitions

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Analyse Antoine Mynard, La Chine et l’innovation : les chaînons manquants

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Imagine China

Imagine China

Dossier spécial

PAROLE à Wang Haofeng Dassault Systèmes « L’innovation : notre ADN » 37 Analyse Olivier Dubuis, Transfert de technologie, Prudence et précaution 38 EDF R&D, « La Chine offre des conditions exceptionnelles » 40 Veolia Trois questions à… Goulven Inial 42

50 Novacyt : pleins feux sur la Chine

Ip- Label : Le savoir-faire informatique « made in France » 54 Enquête Ifop : High-tech : ces tendances qui rapportent

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ABÉCéDAIRE 58

ActualitÉS DE LA CHAMBRE CCIFC 60 Business Services 62 Antennes 64 Membres 70

AFD La Chine : « un laboratoire à grande vitesse »

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DÉCRYPTAGE

Décryptage Olivier Vérot, L’exemple de Xiaomi, une « start-up » qui explose

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Une des médias Clichés Livres

5 PME françaises INNOVANTES SAFT : « Un écosystème encore peu favorable aux entreprises étrangères » 48

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联结

TERAO : Green tech : l’innovation par “absorption”

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Ceva : mise sur l’industrialisation de l’agricole chinoise

科技创新与高新技术 中国,世界实验室 78

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会员企业简讯 80

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L’actualité business en Chine

C onj onctu r e

Hausse en mai dernier de l’excédent commercial chinois sur un an (pour un total de 35,92 milliards de dollars). Une performance très nettement au dessus des prévisions des analystes. Pour les économistes de la banque ANZ, indique La Tribune, « ces chiffres vont conforter les Américains dans leur critique de la politique monétaire chinoise. Washington s'inquiète en effet de voir la Chine maintenir sa monnaie à un niveau artificiellement bas afin de doper les exportations du pays ».

Number one ? La Chine — deuxième puissance mondiale — pourrait dès cette année voler la première place aux ÉtatsUnis, selon une récente étude de la Banque Mondiale. Un tel scénario — qui était jusqu’alors attendu et prédit pour 2020 — bousculerait le rapport de force entre les deux hyper puissances du globe. La Chine reste un « pays en voie de développement », comme aime à le rappeler le régime de Pékin. Selon Jean-Louis DUFOUR dans les colonnes du l’Économiste et conformément au classement du FMI pour 2010, la Chine se situe « au 93e rang pour le PIB par habitant (7 500 USD), quand les États-Unis sont 6e(47 000 USD), l’Allemagne 19e (36 000 USD), la France 23e, (34 000 USD), le Japon 24e (33 000 USD) ».

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+ 75 %

En ligne

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L’internet chinois devient une aire de plus en plus convoitée des grands groupes alimentaires et autres géants du e-commerce. Amazon a ainsi investi en mai dernier 20 millions de dollars, soit 14,7 millions d’euros dans l’e-commerçant alimentaire chinois Yummy77. Son but est d’intégrer le catalogue du shanghaïen dans son site, note Les Échos. Et de préciser : « les ventes numériques de produits de bouche sont estimées à 1 ou 2 %. Mais cette part pourrait grossir jusqu’à représenter un quart ou un tiers du marché, selon le patron du supermarché en ligne Yihaodian ». L’épicerie shanghaienne Fields China est également « en discussion avec des

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Une « toile » à croquer

investisseurs », relève le quotidien économique. « Elle a déjà noué récemment un partenariat avec un logisticien, ce qui lui a permis d’étendre sa couverture géographique » sur d’autres provinces.

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« Certains ont parlé d'un ralentissement de l'économie chinoise et craignent un atterrissage brutal. Je serai très franc avec vous et aussi très solennel : cela ne se produira pas. »

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Li Keqiang, lors de sa visite à Londres mi-juin. Le Premier ministre chinois a souligné que la Chine n'aurait pas recours à de « puissants stimulus » pour atteindre ses objectifs de croissance, mais qu'elle comptait plutôt sur des mesures réfléchies et ciblées. Des propos confirmés par le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, qui a déclaré être convaincu que la croissance soutenue et la stabilité financière assureraient la confiance du marché dans la monnaie chinoise, le yuan.


« Made in France » : la force de frappe de Alibaba

Nouveau record de ventes Selon un rapport du ministère du Commerce chinois publié en mai, le marché des achats en ligne en Chine a généré une valeur de 1 850 milliards de yuans (297 milliards USD), représentant 7,8 % de l'ensemble de la vente au détail l'année dernière. Les transactions de commerce électronique ont augmenté de 26,8 % par rapport à 2012, tandis que la vente au détail en ligne a bondi de 41,2 %. La Chine comptait en 2013 quelque 300 millions d’acheteurs en ligne.

Nombre de modèles du groupe PSA vendus en Chine au mois de mai, contre 57 700 en France. C’est la première fois dans l’histoire du Groupe que les chiffres de vente en Chine se retrouvent ainsi supérieurs à ceux de l'Hexagone. « Ces données ne sont pas franchement une réelle surprise », relève Le Monde. « Avec près de 20 millions de voitures vendues par an, le marché chinois est dix fois plus important que le français, encore déprimé par la crise ». En Chine, PSA détient désormais 4 % du marché avec 557 000 ventes en 2013 (loin cependant derrière Volkswagen et ses 3 millions d’unités écoulées la même année).

un communiqué commun. « Quiconque veut croître rapidement sur le marché online en Chine devra se faire aider par Alibaba, qui avec 231 millions d’utilisateurs actifs domine l’e-commerce chinois », estime le site spécialisé retail detail. Alibaba — qui s’apprête à faire une entrée fracassante à la Bourse de New-York — a récemment absorbé son compatriote UC Web, dont il contrôlait déjà 66 % des parts.

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E-commerce :

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aris a choisi un partenaire de choix pour promouvoir le « made in France » sur la toile chinoise. En visite officielle à Shanghai, Laurent Fabius a ainsi signé en mai un protocole d’entente avec Jack Ma (PDG du géant du e-commerce) afin de mettre en avant les produits tricolores. « {C’est} une excellente opportunité pour que davantage de consommateurs chinois découvrent de nouvelles marques françaises, à travers un système de distribution moderne », a alors estimé le ministre français des Affaires étrangères. Cet accord permettra ainsi, note l’AFP, « de renforcer la visibilité des articles tricolores sur les différentes plateformes d'Alibaba ». Ce dernier s'engage à accorder aux entreprises françaises « une procédure d'inscription accélérée » sur sa plateforme Tmall, ainsi que des « services sur mesures » et un « soutien marketing » privilégié, est-il indiqué dans

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ag ine Ch ina

« Avec cette nouvelle norme de surveillance de la qualité de l'air, seules 4,1 % des 74 villes ont un niveau acceptable. Parmi les 256 villes qui sont toujours contrôlées avec les anciens standards, 69,5 % ont décroché une note satisfaisante. La question des pluies acides s'avère très sérieuse dans les régions du fleuve Yangtsé. 10,6 % du territoire chinois est confronté à ce genre de problème. »

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Li Ganjie, vice-ministre chinois de la Protection de l'environnement. La Chine a récemment « déclaré la guerre à la pollution », tout en reconduisant pour 2014 un objectif de croissance de 7,5 %. Le gouvernement chinois veut soutenir l’activité, actuellement ralentie, mais il veut dans le même temps, faire évoluer un modèle de croissance oublieux des questions environnementales. Exercice d’équilibriste.

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Tourisme

Le CIC dans le collimateur La Cour des comptes chinoise a épinglé, mijuin, le fonds souverain chinois CIC et deux des plus grosses banques en annonçant jeudi avoir identifié des irrégularités impliquant l’équivalent de 3,7 milliards d’euros. Comme le rappelait alors le quotidien Les Échos, « ce fonds, China Investment Corporation (CIC), ainsi que les établissements financiers Bank of China (BOC) et Agricultural Development Bank of China (ADBC) auraient « enfreint les règlements » de façon multiple, avec notamment des cessions d’actifs et des facturations frauduleuses ». Le CIC, qui était fin 2012 à la tête de 575 milliards de dollars d’actifs, a été mis en place en 2007 avec pour mission de réaliser des investissements rentables à partir des colossales réserves de devises étrangères du pays.

La France se fixe comme « prochain objectif », selon Laurent Fabius, d'accueillir 100 millions de touristes étrangers, contre 83 millions en 2012. « Le tourisme est la première industrie au monde, représentant 12 % du PIB mondial et plus de deuxcent-millions d'emplois », et pour la France, « je pense que nous pouvons nous fixer un objectif à la fois simple et mobilisateur : nous devons avoir pour ambition d'être le premier (tourisme) au monde », a-t-il précisé aux Assises du tourisme à Paris, en juin dernier. Pour booster cette fréquentation, Paris mise sur la clientèle chinoise, de plus en plus nombreuse ; touristes de plus en plus dispendieux. La Chine en effet est passée première en 2012 en termes de dépenses des touristes à l'étranger, avec un total de plus de 75 milliards d'euros. À l’horizon 2020, plus 2 millions de touristes chinois (contre 1,2 million actuellement) feront chaque année le voyage en France, leur destination préférée après les ÉtatsUnis et Singapour.

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Objectif 100 millions

Immobilier D’après Reuters, Les prix immobiliers dans les principales métropoles chinoises ont enregistré en mai leur première baisse mensuelle depuis juin 2012. Le prix moyen d'un logement neuf dans 100 des plus grosses villes du pays a reculé de 0,32 % en mai par rapport à avril, à 10.978 yuans (1 306 euros) le mètre carré, selon le cabinet China Index Academy qui a réalisé l'étude.

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Hôtellerie Le Club Méditerranée a partiellement (72 chambres sur 267 au total) ouvert vendredi 20 juin un troisième village de vacances en Chine, à Dong'ao Island sur une île au large de Hong Kong et Macao, qui sera le premier village balnéaire du groupe dans ce pays. Ce village cinq tridents sera ouvert complètement en novembre. Le groupe Accor a par ailleurs ouvert, fin mai, son 19e établissement Sofitel en Chine ; ce dernier (Sofitel Legend) se trouve à Xian.

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T ÉLE X

Inflation La hausse des prix à la consommation a ralenti en juin à 2,3 % ; une modération qui pourrait ouvrir la voie à des mesures accrues pour stimuler l'activité économique. Ce ralentissement de l'inflation est un peu plus marqué que ce qu'attendaient les analystes. Les mois précédents, la hausse des prix avait fortement accéléré, passant de 1,8 % en avril à 2,5 % en mai, au plus haut en quatre mois.

Automobile Selon une étude de PwC, le taux de croissance annuel en Chine du secteur des voitures de luxe devrait être en progression de 11,5 % entre 2013 et 2020, soit près du double de celui des automobiles de moyenne gamme. « Quelque trois millions d'unités de cette gamme devraient être vendues d'ici 2020 », relève le magazine Challenges. « Le marché chinois pourrait même dépasser le marché américain d'ici 2016 ».


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Téléchargez le bulletin économique mensuel à cette adresse : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/chine/cadrage-general

+ 2,0 % ÉCHANGES COMMERCIAUX : les importations chinoises de biens ont augmenté de 2,0 % tandis que les exportations ont diminué de 3,5 % en USD et en g.a. au premier trimestre 2014.

+ 2,3 % INFLATION : l'indice des prix à la consommation a enregistré une croissance moyenne de 2,3 % en g.a. durant le premier trimestre 2014.

+ 10,3 % SALAIRE MOYEN : le salaire nominal moyen a augmenté de 10,3 % (en g.a.) au premier trimestre 2014.

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Nombre d’entreprises françaises représentées au salon international de l’agroalimentaire à Shanghai (en hausse de 14 % par rapport à 2013).

3 millions RMB Nouveau plafond d’indemnisation en cas d’utilisation illicite des marques (soit six fois le niveau précédent) selon la loi révisée sur les marques entrée en vigueur le 1er mai 2014.

Croissance du PIB : 7,4 % La croissance du PIB chinois s’est établie à 7,4 % au premier trimestre 2014 (en g.a., glissement annuel, c’est-à-dire par rapport au premier trimestre 2013).

Consommation + 11,8 % Les ventes de détail ont augmenté en moyenne de 11,8 % (en g.a. et en valeur nominale) durant le premier trimestre 2014.

millions

Nombre de passagers transportés par la ligne TGV Pékin-Shanghai au 13 avril 2014 (soit environ 200 000 passagers par jour depuis sa mise en service le 30 juin 2011).

100 Mds USD Stock d’investissements directs étrangers chinois sur le continent africain à l’horizon 2020 selon l’objectif annoncé par LI Keqiang le 5 mai dernier à Addis-Abeba.

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Md USD

Depuis le 8 mai 2014, conformément à l’annonce de la NDRC, seuls les investissements chinois à l’étranger de plus de 1 Md USD sont soumis à une demande d’autorisation préalable (pour les autres, elle sera remplacée par une procédure d’enregistrement).

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Grande Interview F leur Pe ller i n

Nicolas Reitzaum

Secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur

« Il nous semble capital de développer et entretenir une relation privilégiée avec le patronat chinois » Fleur Pellerin détaille pour Connexions la rénovation du dispositif public d'accompagnement des entreprises à l'international et analyse les opportunités des entreprises tricolores en Chine.

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Connexions : Vous êtes venue en Chine pour appuyer l'image de la France en tant que puissance économique, industrielle et technologique. Une mission difficile ? Fleur Pellerin : Au cours de mon

déplacement en Chine, je me suis rendue compte que la France jouit d'une image très forte, mais que celle-ci tourne plus autour de son art de vivre que du dynamisme de ses entreprises. Mon premier objectif est bien entendu de changer cette perception et de faire connaître l'excellence de nos entreprises et l'intérêt pour les Chinois de leur faire confiance. Pour l'atteindre, notre premier atout, ce sont les 2 200 implantations des 1 600 entreprises françaises présentes en Chine. Leur succès est la meilleure démonstration que nous disposons d'une offre industrielle et technologique de haut niveau, propre à répondre aux attentes des entreprises chinoises. Elles répondent aux besoins de l'économie chinoise qui accompagnent l'émergence d'une classe moyenne de masse, en matière d'équipements, de transports, de technologies de pointe, de santé, de produits et de solutions agroalimentaires. Aux côtés de nos grandes filières classiques d'excellence — luxe, automobile, aéronautique, métallurgie et mécanique, énergie, les filières, ou familles, prioritaires que nous avons identifiées et structurées pour stimuler notre commerce extérieur — « mieux se soigner », « mieux communiquer », « mieux vivre en ville », ou « mieux se nourrir » — rassemblent des opportunités considérables pour répondre à cette demande nouvelle et donnent de la visibilité à notre offre industrielle et technologique.

Vous avez également participé le 20 avril au 7e Green Companies Summit de Nanning, événement visant à promouvoir le développement économique durable, et dont la France était l'invitée d'honneur. Est-ce un secteur synonyme d'opportunités pour les sociétés tricolores ?

Ce déplacement en Chine a constitué ma première mission en tant que Secrétaire d'Etat chargée du Commerce extérieur, de la promotion du Tourisme et des Français de l'étranger, moins de deux semaines après ma nomination. Le 7e Green Companies Summit, organisé par le China Entrepreneur Club, a rassemblé à Nanning des chefs d'entreprises chinois et internationaux de très haut niveau. Dans le cadre de l'action menée par le gouvernement en faveur du renforcement de l'attractivité de la France, il nous semble capital de développer et d'entretenir une relation privilégiée avec le patronat chinois. Le CEC a été reçu par le Président de la République en juin 2013. Ma présence à cet événement témoigne de notre intention d'inscrire cette relation dans la durée.


J'y étais accompagnée par une délégation d'une quinzaine d'entreprises françaises organisée par le Comité France Chine et menée par Jean-Pascal Tricoire, président du directoire de Schneider. J'encourage les entreprises françaises à renforcer leurs efforts de développement de partenariat avec des décideurs chinois. Il importe désormais de mettre en œuvre sur le terrain notre stratégie du commerce extérieur. La famille à l'export « Mieux vivre en ville » (sous le label « Vivapolis »), réunie autour de sa fédératrice Michèle Pappalardo, doit permettre de fédérer l'offre françaises dans le domaine de la ville durable afin que l'équipe de France soit capable de proposer une offre intégrée en réponse aux appels d'offres lancés par les municipalités chinoises. Les offres ainsi constituées en réponse aux marchés que les villes de Wuhan, Shenyang et plus récemment Chengdu ont lancés font l'objet d'un fort soutien des autorités locales chinoises.

La Chine est-elle une « nation où il fait bon investir » (comme vous avez récemment qualifiée la France) pour ces entreprises French Tech ?

La Chine recèle de grandes opportunités, mais seulement pour ceux qui préparent leur implantation avec la plus grande rigueur. La Chine est un marché complexe, dont les usages et les modes de fonctionnements sont différents de ceux qui existent en France. Cela ne veut pas dire qu'il faille faire l'impasse sur un marché de 1,3 milliard d'habitants. Mais cela rend d'autant plus nécessaire pour les entreprises intéressées de s'appuyer sur l'ensemble des structures en Chine pour l'accompagnement des entreprises : services de l'ambassade, Ubifrance, Sopexa, CCI, CCEF, régions, acteurs privés. Je les ai rencontrées au mois d'avril, et je peux témoigner de leur expérience et de leur professionnalisme. Ce sont des ressources précieuses pour les entreprises, et j'encourage chacune à s'adresser à elles.

Le gouvernement français entend-il les accompagner différemment afin qu'elles puissent pénétrer davantage le marché chinois ?

Le gouvernement français 1/2 a engagé une rénovation du dispositif public d'accompagne170x125 ment des entreprises à l'international. Cette rénovation va se traduire par la fusion entre Ubifrance et l'AFII mais elle ne s'arrêtera pas là. J'engage des étapes nouvelles notamment par un dialogue et un diagnostic partagé entre les deux grands réseaux que sont Ubifrance et l'AFII, d'un côté, et les CCI, de l'autre. En Chine comme ailleurs, le dispositif d'appui aux entreprises doit être rendu plus lisible et

« Notre premier atout, ce sont les 2 200 implantations des 1 600 entreprises françaises présentes en Chine. Leur succès est la meilleure démonstration que nous disposons d'une offre industrielle et technologique de haut niveau, propre à répondre aux attentes des entreprises chinoises »

encore plus performant. Chaque membre de « l'Équipe de France de l'export » doit connaître son rôle et sa place, pour des prestations claires, accessibles, homogènes et de qualité. Cela permettra d'améliorer encore le service rendu aux entreprises françaises et le marché chinois sera un des premiers à en bénéficier. Nous ne partons pas de rien : de nombreuses initiatives positives ont déjà été lancées depuis deux ans. Il faut consolider et amplifier ce qui fonctionne et compléter le dispositif par de nouvelles actions. Mon approche se veut à la fois pragmatique et volontariste. Je me concentre sur des solutions pratiques qui répondent aux attentes des entreprises, qui doivent être encore davantage placées au centre du système. Je pense notamment au French Tech Hub développé à San Francisco et qui doit être créé en Chine pour soutenir nos entreprises les plus innovantes. J'envisage également d'initier une « plate-forme export Chine » dans nos grands ports français où les PME pourront trouver toutes les facilités pour exporter en mutualisant les coûts et en réduisant la complexité des opérations. Le gouvernement entend également accompagner plus d'entreprises chinoises à investir en France, les investissements chinois n'étant pas au niveau de nos relations politiques et économiques. Les entreprises qui investissent en France sont en grande majorité satisfaites de leurs opérations et réinvestissent dans notre pays. Les deux fonds d'investissements franco-chinois, dont l'un créé lors de la visite du Président Xi Jinping en France en mars dernier, doivent y contribuer.

On sait qu'une telle action en faveur de l'attractivité exerce une influence positive sur nos exportations. D'autres initiatives sont naturellement possibles et je souhaite que cette année de célébrations du cinquantenaire de nos relations diplomatiques soit l'occasion de mettre en valeur les secteurs sur lesquels nous pouvons travailler ensemble avec notre partenaire chinois, afin d'approfondir notre partenariat. Propos recueillis par Marion Sardou et Pierre Tiessen

La French Tech en quelques mots La French Tech a été lancée en novembre 2013 et a pour ambition d’accélérer la croissance des start-up numériques et de renforcer l’attractivité de la France dans la course mondiale à l’innovation. Il s’agit d’une initiative soutenue par le Programme d’Investissements d’Avenir à hauteur de 215 millions d’euros. Pour atteindre ces objectifs, la French Tech a été structurée autour de trois leviers : • Labellisation : les métropoles développant un écosystème dynamique d’entreprises numériques et portant un projet ambitieux de croissance et de visibilité internationale seront identifiées et distinguées par le label French Tech. • Accélération : l’État disposera d’une enveloppe de 200 millions d’euros pour soutenir et accélérer des initiatives privées portées par des entrepreneurs du numérique présentant un modèle économique viable. • Attractivité : les écosystèmes labellisés seront mis en réseau dans un effort de marketing et de promotion de la French Tech à l’international. Une enveloppe de 15 millions d’euros sera consacrée à cet effort.

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DR

Regard d’un professionnel du trading

Innover sur les marchés financiers

Int e r v i e w

Bernard P r ats - D e s c la u x Trad e r

Connexions : Quelles ont été les évolutions du métier de trader ? Depuis la crise financière, le phénomène de remplacement des traders par des robots de trading pour les tâches d’achat et de vente sur les marchés n’a fait que s’accélérer. Le high frequency trading a aussi pris de l'ampleur et on note un clair changement sur certains comportements et la disparition de liquidités à certains moments de la journée (le flash krach du 6 mai 2010 en étant le triste symbole). En résumé, comme dans toutes les professions, le métier de trader n'échappe pas aux progrès, bons au mauvais. Si certains s'en émeuvent, il convient surtout d'en tenir compte dans nos actions au quotidien. C. : Quelle est la réalité des marchés financiers ? Depuis les attentats de 2001, les marchés sont essentiellement guidés par les actions des banques centrales. Ainsi, en ayant laissé le robinet des liquidités ouvert trop longtemps, la Réserve Fédérale américaine a eu une part de responsabilité forte dans la crise de 2007. Aujourd’hui, les mesures d’assouplissement mises en place par la BCE, la politique Abenomics au Japon et les plans d'assouplissement monétaire quantitatif aux États-Unis (QE), laissent craindre la création d’une nouvelle bulle sur les actifs dits risqués, notamment sur l'obligataire des pays périphériques en Europe, mais aussi sur certaines classe d'actifs des marchés actions, comme on a pu le voir en début d'année avec le secteur des biotechs et des valeurs internet.

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Bernard PRATS-DESCLAUX a plus de 20 ans d’expérience en tant que trader de produits dérivés ( futures et options). Il expose pour Connexions sa vision des marchés et ses solutions innovantes d’investissement.

« J’ai voulu quitter cet environnement formaté de gestion car j’estimais qu’il limitait les possibilités de performance et chargeait trop les clients en frais. Je m’inscris aujourd’hui dans un projet novateur qui doit privilégier le résultat rendu au client et dans le cadre des FinTechs, ces startups qui commencent à révolutionner le monde de la finance. »

C. : Pourriez-vous nous présenter votre parcours ? J’ai été trader pour compte propre pendant dix ans ce qui est une excellente école car l’on apprend réellement la maîtrise du risque et la valeur des capitaux que l’on a en gestion. Je crois que c’est grâce à cet apprentissage que j’ai réussi ensuite à performer régulièrement sur les marchés car je n’ai jamais considéré que la bourse était un jeu, que les marchés étaient un casino électronique.

Dès 2004, j’ai commencé à jouir d’une bonne réputation dans le milieu du trading grâce à mes interventions et surtout grâce à mes performances puisque dans une période plutôt délicate pour nombre de traders et d’investisseurs, j’avais réalisé un résultat de 164 % sur une année civile et de près de 300 % sur dix neuf mois, résultats que je publiais quotidiennement sur un site internet et mon ancien blog www.atbfinance.net. Cette exposition a attiré l'intérêt des éditeurs d'ouvrages financiers et boursiers et des professionnels. C’est ainsi que j’ai été recruté en tant que trader dans un Hedge Fund, Hermés Alpha Fund. Après quelques mois, devant les piètres résultats de l’équipe de gestion, j’ai été convoqué par le board en réunion qui m’a annoncé le licenciement du directeur du fonds et m’a demandé de prendre la responsabilité de la gestion du fonds et de l’équipe de traders. Je suis resté dans la gestion alternative durant sept ans. C. : Pourquoi avoir souhaité évoluer vers la gestion pour compte propre ? J’ai voulu quitter cet environnement formaté de gestion car j’estimais qu’il limitait les possibilités de performance et chargeait trop les clients en frais. Je m’inscris aujourd’hui dans un projet novateur qui doit privilégier le résultat rendu au client et dans le cadre des FinTechs, ces start-up qui commencent à révolutionner le monde de la finance. Pour cela, je suis en train de créer avec Éric OMS — trader depuis huit ans à


Pékin — et des partenaires financiers, une société de gestion. L’idée est de travailler sur des investissements à court terme, essentiellement des positions intradays, autrement dit, ouverture et clôture des positions dans la journée, à partir de stratégies algorithmiques propriétaires que j’ai développées depuis près de quinze ans. Nous avons démarré un compte de gestion pour compte propre depuis le 1er octobre 2013 afin de valider notre expertise commune pour nos futurs clients. Pour indication, à ce jour, la performance est de 26,7 % avec un drawdown (perte maximale atteinte sur la période) de 7,6 % (soit une performance annualisée en cours de près de 40 %). Mon objectif est clair, il n’est pas celui d’une

recherche de performance à tout prix mais bien de maximiser le couple rendement/ risque sur des périodes annuelles. En termes simples, il s’agit de dégager le maximum de performance tout en ayant toujours en tête que l’essentiel reste la sécurisation des avoirs, la préservation du capital et donc la gestion des risques encourus. Dès le premier juillet, nous lancerons la dernière version de nos stratégies de trading et nous publierons nos résultats mensuellement, audités par notre intermédiaire financier, de manière totalement transparente.

techniques spécifiques. Les marchés sont scannés par un logiciel d’analyse technique et de programmation qui s’appelle NinjaTrader et qui permet de travailler multi-sous-jacents et multi-timeframes afin de détecter des débuts de tendance dans un cadre de trading de type trend-following. La prise de décision est ensuite manuelle afin de laisser au trader discrétionnaire la possibilité de décider si l’environnement global se prête à l’ouverture de position ou pas. À ce jour, les robots seuls n’ont pas encore réussi à surperformer l’humain, mais ils sont une aide précieuse.

C. : Quelle est votre méthodologie? Nous travaillons à partir d’algorithmes de trading qui détectent des configurations

C. : En quoi votre approche est-elle innovante ? Il faut bien reconnaître que la finance n’a pas toujours bonne presse et même s’il y a des excès dans les critiques, certains comportements indécents nuisent à l’image de la communauté financière. Mon idée est simple et mes engagements forts. Il s’agit d’avoir une approche du métier cohérente, autrement dit, il est logique d’être rémunéré dès lors que la performance est là. Notre engagement sera donc de supprimer tous les frais de gestion ainsi que tous les frais indirects qui parfois n’apparaissent pas clairement, afin de rendre au client toute la performance réalisée. En contrepartie, notre future société de gestion recevra une rémunération basée uniquement sur le résultat. Autrement dit, nous acceptons de dire clairement à nos clients que si nous ne sommes pas suffisamment bons pour ne pas dégager des résultats trimestres après trimestres, nous n’avons pas à recevoir des commissions. C’est une assurance forte, un engagement clair vis-à-vis de tous les futurs clients qui nous ferons confiance. Nous avons choisi de travailler avec Activtrades pour le dépôt des fonds, un des meilleurs courtiers de la place londonienne car il assure les comptes clients à hauteurs de 500 000 £. Dans un contexte toujours tendu de crise latente, c’est un argument fort et décisif. Notre solution s’adressera donc aussi, bien évidemment, aux communautés d’expatriés en recherches de solutions d’investissement innovantes, dès que nous aurons finalisés l'obtention de tous les agréments, d'ici quelques mois. Contact : www.bpdtrading.com

Bernard PRATS-DESCLAUX a publié en 2008 aux éditions Eyrolles le livre « Trading et contrats futures ».

Propos recueillis par M. S

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Innovation & nouvelles technologies

Chine

laboratoire du monde

Confrontée à de véritables défis scientifiques et technologiques, la Chine rattrape son retard en R&D et renforce l’innovation sur son territoire. Le renforcement des politiques en soutien à l’innovation fait partie des priorités affichées par les autorités chinoises « dans le programme national à moyen et long terme pour le développement des sciences et technologies sur la période 2006-2020, produit par le Conseil des affaires d’État », note l’ambassade de France à Pékin. Et de préciser : « En dehors du financement direct par le biais de programmes gouvernementaux, des politiques de stimulation de l’innovation ont été mises en œuvre dans différents domaines, tels que la fiscalité, la propriété intellectuelle, l’attraction des talents, la popularisation des sciences ou encore le développement de nouvelles plateformes d’innovation ». Comment les entreprises françaises peuvent-elles profiter de cet élan ? Sur quels secteurs en particulier ? Quelles stratégies adopter ? Dossier spécial

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Bull : objectif Chine Présent en Chine depuis 1993, le groupe français (9 200 salariés dans le monde pour 1,3 milliard de chiffre d’affaires) entend s’attaquer au marché local. C’est en tout cas la mission confiée à Chen Yan, general manager Chine de l’entreprise, en poste depuis janvier dernier. « En Chine, nous travaillions jusqu’alors pour le Groupe dans le développement et la maintenance de nos logiciels1 », confie-t-elle. « Nous allons à présent renforcer nos relations avec nos partenaires chinois ». Avec la volonté de développer les affaires sur le marché des smart-city notamment mais aussi la sécurité, « un sujet très important en Chine », souligne Chen Yan. 1. Le Groupe Bull développe des logiciels très innovants de gestion pour les administrations publiques, les télécoms, les grandes entreprises de transport, l’énergie, la défense, etc.

Page précédente : Imagine China

« PM2.5 free » Ce n’est pas un nom de code mais un cap d’innovation à atteindre dans une Chine urbaine gravement touchée par des problèmes de pollution — Pékin et Shanghai en particulier, mégapoles régulièrement noyées sous les particules fines, type PM2.5. Et c’est pour un certain nombre d’entreprises, un créneau particulièrement porteur. « Proposer des logements « PM2.5 free », qui filtrent entièrement ces particules est véritablement l’enjeu d’ici à deux ou trois ans », soutient ainsi Alexandre Credoz, directeur R&D de Aldes en Chine, entreprise familiale lyonnaise spécialisée dans la VMC, créée en 1925 (230 millions d’euros de chiffre d’affaires (CA), dont 80 % en France). Proposer des solutions pour chasser ces particules des logements neufs et en renovation, est de fait un critère de différenciation important. « Nous sommes sur un marché de système centralisé qui amène l’air — purifié sur un seul point — dans toutes les pièces et extrait l’air pollué vers l’exterieur», détaille le Français. L’entreprise qui réalise aujourd’hui 6 à 7 millions d’euros de son CA en Chine s’est fixée pour objectif de multiplier par deux ce volume d’ici à 2016.

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L

a Chine, « un paradis pour chercheurs », s’enthousiasme un ingénieur français, fasciné par les moyens déployés par Pékin pour booster la recherche. « La dynamique y est incroyable ». Et ce, dans tous les domaines jugés prioritaires : l’agriculture, les biotechnologies, l’énergie, l’urbanisation dite « durable », l’environnement, etc. Là, l’argent et les projets coulent à flot… La Chine serait-elle devenue, en moins de dix ans, l’Eldorado mondial pour laborantins en tous genres ? Elle ne consacre pourtant que « 2,09 % de son PIB1 » à la R&D, précise la délégation de l’Union

européenne (UE) à Pékin. Effet de taille oblige, le résultat est néanmoins surprenant. Les progrès dans la science et les technologies notamment y sont « sans précédent ». « Il y a en Chine un énorme prestige lié à l’innovation et à la recherche », précise Phong Nhuyen, directeur du LIAMA (Laboratoire SinoEuropéen d'Informatique, d'Automatique et de Mathématiques Appliquées, voir p. 59). « Les gens sont prêts à investir sur des projets innovants ! » « Point de bascule » Une dynamique qui impacte quantité d’entreprises qui veulent croire à une Chine


DR

Repères

P ar o l e à

Innovation, ce que pèse l’Europe

Fran k Zhan g

Chargé d’affaires grands comptes ventes et marketing

Saint Gobain Sekurit

24 % des dépenses mondiales en recherche

32 % des publications à fort impact

32 % des demandes de brvets

Imagine China

high-tech et innovante. « Nous sommes à un point de bascule où la Chine n’est plus l’usine du monde ; elle ne se contente plus d’imiter. Dans le domaine du numérique en particulier, elle développe ses propres logiques, ses propres services », argumente Thomas Alix, directeur consulting et digital Chine du groupe Keyrus, présent à Shanghai depuis trois ans, spécialisé dans la Business intelligence, le commerce digital et le big-data analytic. « On voit clairement émerger en Chine des usages différents » de ceux en place en Europe. Cet écosystème — dans lequel le digital « est un driver d’innovation très fort » — vit sa propre vie, dixit Thomas Alix. Mieux : « sur certains usages, la Chine est en avance »,

Chiffres présentés lors du symposium « Enseignement supérieur, recherche, innovation – La coopération franco-chinoise en mouvement » qui s’est tenu à Pékin les 19 et 20 juin 2014, par Pierre Vialatte (Head, Science, Technology and Environnement Section ; EU Delegation to China and Mongolia).

soutient le Français. Un constat que partagent de nombreux experts. « Ca va décoller », prédit pour sa part Mathieu Verove, directeur Chine de Ecritel, ETI spécialisée dans l’hébergement de site internet et le développement d’applications e-commerce, qui a ouvert une filiale à Shanghai (quinze personnes sur place) en 2008. Un décollage programmé avec l’amélioration des connectivités internet sur l’ensemble du territoire et la montée en qualité du réseau. « Les Chinois avaient il y a peu un certain retard dans les nouvelles technologies mais ils le rattrapent à une vitesse impressionnante », constate lui aussi Mathieu Verove. Les consommateurs « prennent de plus en plus

L’innovation, un moteur « L’innovation est le moteur de notre croissance en Chine ; moteur qui nous permet de nous différencier de nos concurrents, qu’ils soient locaux ou internationaux. L’innovation permet en effet pour SaintGobain Sekurit d’offrir aux constructeurs automobiles des solutions adaptées au design de leurs véhicules mais aussi adaptées à leur effort de réduction des coûts. L’innovation apporte également de la valeur au client final, avec davantage de sécurité, de confort, de design. {…} Nous nous appuyons pour cela sur notre réseau R&D mondial, ainsi que sur notre centre de recherche local basé Shanghai où travaillent plus de 300 chercheurs expérimentés. En tant que fournisseur de verre automobile, nous travaillons beaucoup dans le domaine de la gestion de la chaleur, la sécurité, et le confort. Nous avons également examiné toutes les possibilités pour remplacer l'acier par du vitrage transparent, afin d'offrir un espace intérieur plus lumineux tout en améliorant le confort thermique et la vie privée. {…} Avec la forte croissance du marché automobile en Chine, l’innovation prend une place très importante et le gouvernement central met en place des politiques incitatives pour booster l’innovation — politiques qui s’adressent non seulement aux sociétés locales mais qui profitent également aux entreprises internationales comme la nôtre. Au fil des années, nous notons par ailleurs que la propriété intellectuelle est mieux protégée en Chine. Mais il reste beaucoup à faire. Certains de nos concurrents développent ainsi des applications qui sont la copie des nôtres ou d’autres brevets. {…}Pour Saint-Gobain Sekurit, la Chine est un pays très important en termes d'innovation et de R&D. Les constructeurs automobiles internationaux développent de plus en plus de voitures adaptées spécialement pour le marché chinois et ceci est inévitablement un appel pour innover localement. Cela peut paraître évident mais on ne peut pas innover en Europe pour des besoins en Chine ».

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L’Oréal L’innovation permanente Ce que représente la Chine pour le premier groupe cosmétique mondial ? « C’est un marché absolument stratégique », tranche Stéphane Ortiz, responsable R&I (Research & Innovation) du groupe en Asie. C’est bien sur ce pays-continent — entre Shanghai, Pékin, la Chine du Sud et les régions du centre — que le Groupe entend capter un maximum du nouveau milliard de consommateurs qui, espère son état major, achèteront des produits L’Oréal en 2025. Au cœur de cette stratégie de conquête : l’innovation, alors que le Groupe compte déjà en Asie trois pôles de recherche (en Inde, à Tokyo et à Shanghai, lequel est ouvert depuis 2005), tous à vocation mondiale. « Nous développons un modèle d’innovation unique, basé sur la science et aussi sur le choix de l’entreprise de focaliser exclusivement sur le bienêtre et la beauté, ce qui fait partie de l’ADN de la société. Ce n’est donc pas une approche multi-secteurs », précise Stéphane Ortiz. Stratégie amont/aval Concrètement, l’Oréal investit 3,5 % de son chiffre d’affaires dans la recherche et l’innovation. « En amont, nous privilégions la recherche avancée et appliquée afin de maximiser les effets des actifs — nous travaillons en Chine sur la connaissance de la peau chinoise, et des modèles uniques de peau reconstruite développées dans notre Centre de Recherche à Shanghai permettent d’évaluer l’efficacité de nouvelles molécules... En aval, nous appliquons les résultats de ces recherches sur des catégories de produits. Pour les shampoings et les traitements des cheveux par exemple, les technologies sont très spécifiques ». Ou encore les produits de soin, avec un travail appuyé sur les effets de blanchiment, d’hydratation, de nettoyage du visage, mais aussi de maquillage du teint et des lèvres. « Nous avons tout un ensemble de dispositifs qui étudient les caractéristiques des peaux chinoises et des cheveux chinois au service de l’innovation pour ce pays ». Stratégie inévitable tant le marché chinois est « extrêmement compétitif »… P. Ti

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conscience de la force du réseau internet avec notamment l’arrivée de la fibre optique dans les grandes villes ». Mais pour profiter de cet élan sur le numérique, il vaut mieux, conseille Thomas Alix, « faire preuve d’humilité, et bien comprendre comment la société chinoise vit et pense l’innovation, dans le digital notamment ». Atout stratégique Pour nombre de PME/ETI françaises, l’innovation reste au cœur de leur stratégie de développement, selon une dernière étude CCI International2. À la question, quels sont les principaux enjeux stratégiques de votre entreprise, 30 % misent sur l’innovation de

leurs produits et de leurs services (et 11 % sur les nouvelles technologies). Surtout, 86 % des structures interrogées estiment « que l’innovation est un atout pour se développer à l’international ». Et en Chine, reconnaît Lin Ping, « ça bouge dans tous les sens ». Pour le general manager Chine de Micropole (groupe de Business intelligence et services informatiques, créée en 1988 — 1 300 salariés —, présent en Chine depuis 2011), « le marché n’est pas encore saturé, ce qui permet aux compétiteurs locaux d’être très réactifs et particulièrement innovants. Dans le BtoC par exemple, il y a des idées intéressantes à prendre même si nous remarquons plus de faiblesses sur le BtoB ».


Imagine China

Le robot Pepper, développé par la société française Aldebaran basée dans le Shandong (voir abécédaire p. 59).

Écosystèmes brouillés Quoiqu’il en soit, l’innovation reste le grand défi d’une Chine longtemps portée par un modèle low-cost et qui cherche aujourd’hui à valoriser le travail de ses armées d’ingénieurs. Seulement, les écosystèmes d’innovation proposés peuvent présenter « des chaînons manquants » (voir l’article de Antoine Mynard, p. 34). Même si les clusters chinois sont très visibles et que l’argent privé injecté dans certains parcs technologiques permet une très bonne interaction des chercheurs avec le monde de l’entreprise, il est en effet parfois difficile de s’y retrouver. « La parcellisation de cet écosystème chinois donne certes beaucoup de souplesse

DR

« Nous sommes à un point de bascule où la Chine n’est plus l’usine du monde ; elle ne se contente plus d’imiter. Dans le domaine du numérique en particulier, elle développe ses propres logiques, ses propres services», argumente Thomas Alix, directeur consulting et digital Chine du groupe Keyrus.

Trois questions à…

Paul Ran jart Avocat à la Cour, spécialiste des questions de propriété intellectuelle. Cabinet Wan Hui Da. www.wanhuida.com

Propriété intellectuelle

« Personne n'est à l'abri de tout pillage » Le droit chinois en matière de propriété intellectuelle évolue-t-il ? Il évolue constamment. La Loi sur les marques de 1982 a été révisée trois fois : 1993, 2001 et récemment. La troisième révision vient d'entrer en vigueur le 1er mai dernier. La loi sur les brevets a également été révisée trois fois déjà, et le Conseil des Affaires d'État vient de commencer la discussion sur une quatrième version qui s'attache à renforcer les moyens de l'administration, pour la mise en œuvre des droits de brevets. Par ailleurs, la Cour Suprême émet régulièrement des « Interprétations », qui servent de guide (sorte d'équivalent de jurisprudence) aux tribunaux inférieurs. Les Cours de Pékin ou de Shanghai émettent également des « opinions », ou des « guidelines », pour exprimer leur avis sur la manière dont tel ou tel problème doit être traité. Les procédures sont-elles plus efficaces qu'auparavant ? Le droit est appliqué, d'une manière générale, d'une façon globalement satisfaisante. Mais il est difficile de prévoir à l'avance, avec une raisonnable marge de certitude quelle sera l'issue d'un procès. On peut citer d'excellentes décisions comme d'autres très... surprenantes. De nombreux paramètres entre en jeu, qui tiennent au fait que, structurellement, les juges sont placés sous la tutelle des congrès locaux. L'application du droit est un paramètre très important, certes, mais pas le seul. Quant aux services de l'administration, heureusement qu'ils existent (surtout pour les marques), et permettent de « nettoyer ». L'efficacité reste limitée, cependant. En revanche, le projet de renforcer les pouvoirs de l'administration des brevets pour la monter au niveau des AIC (marques) est très contesté. Ce sont des sujets trop techniques, et qui devraient rester de la compétence des juges. Un investisseur étranger nouvellement installé en Chine peut-il dans ce contexte se sentir « à l'abri de tout pillage » selon vous, au moins suffisamment protégé ? Personne n'est à l'abri de tout pillage. Il faut s'organiser pour affronter le pire. Moyennant quoi, les derniers sondages effectués auprès des entreprises européennes, ont fait glisser la contrefaçon en dehors des préoccupations primordiales des entreprises. Cela reste un problème mais on « vit avec »... Propos recueillis par P. Ti

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mais pose des problèmes d’indentification des bons acteurs », relève ainsi Jean-François Di Meglio, directeur de Asia Centre. « À côté des mastodontes, il y a en Chine une poussière de PME très innovantes mais leur cartographie est difficile à faire », et peut s’avérer très coûteuse… « Dans ces conditions, il faut être particulièrement décidé pour travailler avec la R&D chinoise. Qui peut le faire ? D’abord, les grands groupes,lesquelsn’ont pastousenvie de trop collaborer avec des entreprises locales ». Pour des raisons souvent de partage technologique. Car, de ce point de vue, la Chine reste pour beaucoup une destination à risque. Et la délégation de l’Union européenne de réclamer un meilleur « accès au marché et une plus grande protection — sur la question de la propriété intellectuelle par exemple — pour nos produits et investisseurs ». Le coût de la recherche D’autres experts insistent sur la nécessité de mieux informer les entreprises tricolores innovantes souhaitant « miser » sur la Chine. Sur ce point, « la France manque de politique forte » estime Me Nicolas Coster, du cabinet d’avocats Lefébure Coster Avocats à Shanghai. « Beaucoup de PME françaises ne souhaitent pas se protéger par des brevets en Chine estimant le coût trop important — pourtant limité à quelques milliers d’euros en général pour un brevet. C’est très dangereux ! On devrait imposer en France un permis international à l'export cofinancé par des aides étatiques, sous condition de remboursement en cas de réussite dans les pays visés, qui obligerait nos entreprises — PME ou autres — à déposer leurs principaux brevets avant de s'implanter dans tel ou tel pays… », propose-t-il. Certaines régions cofinancent déjà les dépôts de marques à l'international. « La recherche a certes un coût… mais il s'agit de nos emplois de demain ». 1. Chiffres de 2013 2. Baromètre OpinionWay / CCI International : Les PME/ETI françaises et l’internationalisation ( juin 2014)

Pierre Tiessen

à R E T ENI R

France Technologie : si français, si innovant Les Français ne sont pas que langman (romantiques), ils sont aussi technologiques et innovants et ils le revendiquent !

Dans le cadre du cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques franco-chinoises, le Comité France Chine est l’opérateur de la campagne de promotion « France Technologie - si français, si innovant » qui ciblera les parties-prenantes des entreprises françaises innovantes en Chine — partenaires d’affaires, institutionnels, alumni, étudiants ingénieurs, médias. Cette campagne

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d’influence, inaugurée début juillet et qui durera six mois à travers toute la Chine, se veut très digitale avec un site internet dédié et l’animation de réseaux sociaux influents. Deux événements majeurs rythmeront « France Technologie » : • La Fête de l’innovation française (du 1er au 15 novembre) durant laquelle se tiendra un parcours découverte de la technologie française à travers des portes ouvertes organisées par des entreprises au sein de leurs implantations chinoises. • Les Prix de l’innovation franco-chinois, décernés à des équipes franco-chinoises de l’innovation le 4 décembre et parrainés par le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.


DR

L’innovation reste le grand défi d’une Chine longtemps portée par un modèle low-cost et qui cherche aujourd’hui à valoriser le travail de ses armées d’ingénieurs.

St é phan e Lam

De Lowendalmasaï, spécialiste de l’optimisation fiscale

R&D

les meilleurs dispositifs fiscaux

D

epuis 2008, le gouvernement chinois a mise en place un certain nombre de dispositifs fiscaux pour inciter les entreprises à développer des activités de R&D en Chine dans des secteurs jugés stratégiques. Les entreprises résidentes chinoises (WOFE et JV inclus) peuvent notamment profiter du dispositif de super-déduction et du statut HNTE (High and New Technology Enterprise).

Imagine China

Toutes les informations sur : www.francetechnology.com Contact Comité France Chine : Flore COPPIN / fcoppin@medef.fr Cette opération est organisée dans le cadre de France-Chine 50 www.france-chine50.com

• Super-déduction Ce dispositif permet à l’entreprise de déduire les coûts de ses projets R&D éligibles à hauteur de 150 %, ie d’augmenter artificiellement les coûts de ses dépenses R&D de 50 % supplémentaire. Si un projet R&D éligible à la super-déduction coûte 100, l’entreprise pourra reporter dans ses charges 150 au lieu de 100, gonflant ses charges artificiellement et réduisant son assiette imposable et in fine son impôt sur la société. Si une société paie le taux normal d’impôt sur la société de 25 %, elle pourrait réaliser une économie jusqu’à 12,5 % du montant total du projet R&D éligible, ce qui n’est pas négligeable. Pour bénéficier de la super-déduction, l’entreprise doit prouver auprès du bureau scientifique et le bureau des taxes qu’elle conduit bien des projets R&D dans les industries encouragées par le gouvernement. Ce dispositif n’a pas d’exigences de posséder des brevets ou un minimum de personnels qualifiés ni de montant minimum de dépenses R&D. • HNTE La société qui obtient le statut HNTE peut bénéficier d’un taux d’impôt sur la société réduit de 15 %. Pour être éligible à ce statut, ce dispositif impose notamment de posséder des propriétés intellectuelles en Chine, un nombre minimum de personnels diplômés et dédiés à la R&D ainsi que des dépenses R&D minimums. L’entreprise doit pour cela aussi fournir des documents techniques, financiers et administratifs auprès des autorités chinoises pour prouver la qualité de ses activités R&D et son éligibilité aux critères requis.

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Xavier BAILLARD Attaché au service pour la science et la technologie, ambassade de France en Chine

L’innovation

au cœur des ambitions chinoises Confrontée aujourd’hui à une croissance économique moins vigoureuse et à des défis sociétaux (vieillissement de la population, pollution de l’air et des sols, sécurité alimentaire en tête) de plus en plus pressants, la Chine entend faire de l’innovation le nouveau moteur de son développement. Augmentation du niveau de la recherche académique, montée en gamme de l’industrie, tels sont les objectifs fixés par le gouvernement.

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Imagine China

DR

Analyse

C

es nouveaux objectifs doivent désormais être portés par un système national d’innovation réformé qui soutienne plus fortement les initiatives personnelles et la prise de risque. En effet, les décennies de rattrapage économique qui ont suivi l’ouverture de la Chine par DENG Xiaoping, portées par une forte planification et une vision quelque peu utilitariste de la science et de la technologie, ont favorisé le développement des grandes entreprises d’État dont la vocation innovante s’est révélée limitée. Et si aujourd’hui certains indicateurs semblent montrer la vigueur de l’innovation en Chine, le résultat d’une telle politique est en réalité plutôt contrasté. Certes la Chine a investi en 2013 près de 2,1 % de son PIB dans la R&D (un chiffre supérieur à la moyenne de l’Union Européenne et en croissance de 20 % par an depuis 2005), est devenue le premier déposant mondial de brevets et a investi plus de 6 milliards de RMB sur la période 2006-2010 dans des grandes infrastructures de recherche de niveau international. Pour autant, elle n’a consacré que 4 % de son effort pour des activités de recherche fondamentale et ses entreprises ont investi moins de 1 % de leur chiffre d’affaires dans la R&D en 2013, des chiffres aujourd’hui très en-deçà des performances des grandes nations innovantes. De l’avis

« Le gouvernement central chinois finance directement ou indirectement un grand nombre de projets de recherche au travers de grands programmes nationaux. »


« Côté entreprises, des mesures d’allègement fiscal ont été mises en place, parfois en s’inspirant de mesures existantes dans les pays occidentaux. »

même des autorités chinoises, la qualité des brevets ou des publications scientifiques vient également relativiser des volumes en très forte croissance. Conscientes que ces déséquilibres ne permettent pas à leur pays de se hisser dans le haut du palmarès de l’innovation technologique, les autorités chinoises ont élaboré un système d’innovation adapté qui tient compte des forces du modèle chinois pour s’attaquer à ses faiblesses. Ce système s’appuie sur deux piliers : des programmes nationaux pour le financement de la recherche et des avantages fiscaux pour soutenir les entreprises fortement engagées dans la R&D. L’environnement légal, par exemple le droit de la propriété intellectuelle ou le droit relatif à la création d’entreprises, est quant à lui sans cesse amélioré. Des financements généreux… Le gouvernement central chinois finance directement ou indirectement un grand nombre de projets de recherche au travers de grands programmes nationaux. Ainsi le ministère de la Science et la Technologie (MOST) soutient la recherche fondamentale par le programme 973 (2,7 milliards de RMB en 2012), au même titre que la fondation chinoise des sciences naturelles (NSFC, 17 milliards de RMB de budget en 2012) ou l’Académie des sciences de Chine (CAS, 32 milliards de RMB). Le programme 863

et le programme pour les technologies clés du MOST, avec leurs budgets respectifs de 5,5 et 6,4 milliards de RMB, viennent en soutien à des projets de recherche appliquée, alors que le programme Torch (88 milliards de RMB) vient en aide aux projets de préindustrialisation des entreprises. Le MOST possède même un fonds d’innovation doté de 4,7 milliards de RMB qui soutient les PME notamment en phase de démarrage et les fonds de capital-risque pour les entreprises innovantes. La Chine a en outre mis en place un système de labels qui facilitent l’accès aux financements publics à leurs détenteurs. Le MOST a par exemple en charge l’attribution des labels d’excellence « laboratoire national » (six plateformes de recherche ouvertes à la communauté des chercheurs labellisées en 2012) et « laboratoire clef d’État » (attribué en 2012 à 260 laboratoires académiques et 115 laboratoires en entreprise). Une distinction de même type est également attribuée aux centres nationaux d’ingénierie (464 centres en 2012). Le ministère a par ailleurs en charge la labellisation d’incubateurs technologiques au niveau national (près de 500 incubateurs labellisés sur un total de 1 500 sur l’ensemble de la Chine continentale). … et des réductions fiscales avantageuses Côté entreprises, des mesures d’allègement fiscal ont été mises en place, parfois en

« Innover, innover, encore innover » Lors de son allocution devant les académiciens chinois le 9 juin 2014, le président Xi Jinping a exhorté le pays à placer l’innovation au cœur de sa stratégie de développement et à éliminer les obstacles systémiques afin de libérer le potentiel de la science et de la technologie au service de la productivité.

Coopération franco-chinoise S’inscrivant pleinement dans la dynamique du pays, la coopération franco-chinoise en recherche et innovation s’appuie sur un accord intergouvernemental signé dès 1978, et n’a eu cesse de se renforcer depuis. Une cinquantaine de laboratoires et de réseaux conjoints (le LIAMA, le plus ancien laboratoire en sciences exactes, a été créé en 1997), structurent cette coopération dans une grande variété de domaines de la recherche académique. Ces laboratoires et réseaux conjoints impliquent près de 3 000 chercheurs des deux pays issus de plus de 600 unités de recherche différentes. Les entreprises françaises sont également très actives, une cinquantaine d’entre elles ayant développé en Chine des partenariats avec des universités ou des instituts de recherche locaux. Certaines y ont également des centres de R&D qui totalisent plus de 10 000 emplois.

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Imagine China

Des mesures de soutien à l’innovation d’inspiration française

s’inspirant de mesures existantes dans les pays occidentaux. La « super déduction » des dépenses de R&D et le statut d’entreprise de haute et nouvelle technologie (HNTE), sont par exemple d’inspiration française (voir l’encadré) et ont représenté en 2012 des avantages fiscaux de 42 milliards de RMB et 85 milliards de RMB respectivement. D’autres mesures viennent en aide aux très petites entreprises ou allègent les coûts de formation continue des employés d’entreprises innovantes. Les 115 parcs de hautes technologies placés sous l’égide du MOST offrent des avantages fiscaux supplémentaires aux entreprises qui y sont implantées. Une série de mesures supplémentaires encourage une meilleure valorisation de la recherche : plus grande facilité à utiliser les résultats de la R&D publique, exemption de taxes sur les transactions de transfert de technologies, mesures assurant la rémunération des inventeurs, etc. La propriété intellectuelle n’est pas oubliée. En sus des objectifs très largement atteints en termes de nombres de brevets déposés, l’accent est désormais mis sur une amélioration de la qualité des brevets, une

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accélération du traitement des demandes et une simplification du système légal assurant la mise en application des lois relatives aux brevets. Facteur humain : le dernier obstacle ? Reste la question des ressources humaines. Avec plus de 3,2 millions de personnes employées dans la R&D en Chine et des efforts redoublés pour attirer les talents étrangers et chinois expatriés grâce aux nombreuses déclinaisons du programme « mille talents », l’inventivité et l’esprit d’initiative des chercheurs issus du système éducatif chinois restent régulièrement pointés du doigt par les autorités chinoises elles-mêmes. Certaines des plus grandes universités du pays comme l’université Tsinghua, souvent à l’initiative de nouvelles méthodes d’enseignement et de nouveaux contenus pédagogiques, commencent à imaginer la formation universitaire de demain. Transdisciplinarité, plus grande immersion dans le monde de la recherche, développement de projets personnels tout au long de la scolarité : telles sont peut-être les clefs de la réussite. Xavier Baillard

S’inspirant du statut de jeune entreprise innovante (JEI) lancé en 2004 en France, le label high and new technology enterprise (HNTE) a été lancé en 2008 afin d’offrir une fiscalité réduite aux entreprises innovantes. Les critères d’attribution du label sont par contre bien spécifiques à la Chine : alors que le statut de JEI se concentre sur les jeunes entreprises (moins de huit ans d’existence) à forte intensité de R&D (au moins 15 % des charges fiscalement déductibles), le label HNTE privilégie des entreprises de toutes tailles, engagées plus modestement dans des activités de R&D (au moins 6 % du chiffre d’affaires) mais indépendantes en ce qui concerne la propriété intellectuelle et dont les bénéfices en sont principalement issus. Une manière de favoriser l’innovation « indigène » si souvent mentionnée par les autorités. Également d’inspiration française, la « super déduction » des dépenses de R&D est un crédit d’impôt recherche qui s’applique aux coûts humains et matériels des projets de R&D, ainsi qu’aux dépenses effectuées pour le développement de prototypes, de tests cliniques de médicaments, etc. Les déductions d’impôts atteignent alors 150 % des dépenses éligibles, à condition que lesdites dépenses mènent à la création d’un bien tangible. Autrement dit, l’accent est encore une fois porté sur la production industrielle et non sur la production intellectuelle.


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exclusif I n t e rv i e w cr o i s é e

Innovation et nouvelles technologies… Quelles sont les synergies entre la France et la Chine en matière de coopération scientifique ? Réponses « croisées » de Florence Lelait et Brigitte Schars.

Pour accéder au marché chinois,

Florence Lelait

Adjointe recherche à la direction générale de la Recherche et de l’Innovation, ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

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CCIFC

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« il faut faire de la science »

Brigitte Schars

Chargée de mission Inde, Chine et Asie du Sud-Est, ministère de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique.


Comment se porte la coopération francochinoise en matière d'innovation et de recherche? Brigitte Schars : Du côté des entreprises françaises, il y a une montée en puissance : de plus en plus de sociétés hexagonales sont impliquées dans des activités de recherche et innovation en Chine, à travers des structures conjointes avec leur partenaire industriel, ou encore des partenariats avec des universités, laboratoires ou des entreprises chinois. Faire de la recherche et de l’innovation en Chine est devenu incontournable pour les entreprises françaises souhaitant s’y implanter durablement. Florence Lelait : La recherche est effectivement un moyen pour les entreprises françaises d'accéder au marché. On s'aperçoit qu'elles choisissent différents modes de coopération : installation d’un centre de R&D complet ou contractualisation avec les acteurs chinois. Progressivement, le monde découvre que la Chine est aussi un pays de recherche, et qu’elle produit une recherche d’excellence. Les entreprises françaises ont donc tout intérêt à collaborer avec des laboratoires chinois pour repousser ensemble les frontières de la connaissance. Qu’en est-il dans le secteur public ? F. Lelait : La France est le 6e partenaire scientifique de la Chine. C’est un partenariat extrêmement fort. Tous les grands acteurs de la recherche française ont signé des accords avec un ou plusieurs partenaires chinois. Le CNRS (Centre nationale de la recherche scientifique) a par exemple, un bureau de représentation à Pékin. Il représente à peu près 70 % de la production scientifique conjointe. D’autres organismes français de recherche ont aussi ouvert des laboratoires franco-chinois, depuis parfois plus de quinze ans. Ce qui est intéressant en Chine, c’est que la diversité de ces structures permet de travailler dans tous les domaines, à la fois en recherche fondamentale et appliquée. L’Agence nationale de la recherche contribue fortement à cette coopération : la Chine est son premier partenaire hors Union européenne, elle a cofinancé avec la NSFC1 et le MOST2 55 projets franco-chinois entre 2007 et 2013 à hauteur de 15 millions d’euros. Cela dit, les coopérations pourront se développer bien davantage quand l’ensemble de la communauté scientifique française sera au fait de l’excellence de la recherche chinoise. Pour cela il est primordial d’impliquer les jeunes chercheurs. Par quelles actions et quelle politique est-il possible de renforcer concrètement cette coopération ? F. Lelait : La France et la Chine ont défini

« La France est le 6e partenaire scientifique de la Chine. C’est un partenariat extrêmement fort. Tous les grands acteurs de la recherche française ont signé des accords avec un ou plusieurs partenaires chinois ». F. Lelait

une stratégie de coopération scientifique en impliquant, des deux côtés, les ministères concernés. Six priorités ont été définies lors de la commission mixte de 2011. Une nouvelle commission mixte scientifique et technologique doit maintenant avoir lieu d’ici la fin de l’année : elle se réunira en Chine pour faire le bilan des efforts menés depuis 2011 et établir les nouveaux objectifs. Nous nous fondons aussi sur la feuille de route du président de la République. Depuis sa visite en Chine, en avril 2013, la diplomatie économique se développe : un de ses piliers est justement la coopération technologique. Pour accéder au marché, il faut faire de la science. B. Schars : Il faut également citer le dialogue ouvert par la signature de la Déclaration commune sur l'innovation lors de la visite présidentielle en avril 2013. Cette plate-forme doit permettre d’approfondir la connaissance des systèmes nationaux de recherche et d’innovation et de partager des informations et des bonnes pratiques sur les conditions-cadre de l’innovation. Nous souhaitons capitaliser sur les retours d’expérience, comprendre ce qui a permis aux entreprises de réussir, identifier les éventuelles difficultés et proposer des pistes pour fluidifier ces coopérations. Quelle place occupent les pôles de compétitivité en Chine ? F. Lelait : Les pôles ont une stratégie d’internationalisation qui mûrit au fur et à mesure qu’ils grandissent. Il y a eu, au début et c’est normal, un focus fort sur l’Europe, puis les États-Unis. C’est maintenant le tour de la Chine. L’enjeu aujourd’hui, c’est de soutenir les entreprises rassemblées en pôles de compétitivité de façon individualisée. B. Schars : La plupart des dix-huit pôles de compétitivité à vocation mondiale ont ciblé la Chine dans leur feuille de route 2013-2018. Plusieurs ont déjà un accord avec un homologue chinois, le plus souvent un parc scientifique et technologique pour les aider à identifier des opportunités pour les adhérents du pôle. D’autres ont choisi d’avoir un représentant sur place, qui met sa connaissance du milieu chinois au service des entreprises du pôle. À travers des activités de veille et de conseil, ils peuvent alerter les pôles sur de nouvelles opportunités de développement en Chine et aider les entreprises dans leur recherche de contacts. « Innover, innover et encore innover » a récemment lancé Xi Jinping à des académiciens chinois. Est-ce également le mot d’ordre de la France à ses chercheurs ? F. Lelait : La France a une excellente recherche mais les efforts doivent être

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Imagine China

« L’ambassade de France en Chine a été la 1ère ambassade française à nommer un attaché spécialisé dans l’innovation. C’est unique dans le réseau diplomatique français — à l’exception des États-Unis ». B. Schars

poursuivis pour parvenir à en tirer tous les résultats pour créer de nouveaux produits. Dès octobre 2012, la ministre chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, avait publié un plan « transfert » qui a été intégré ensuite dans la « nouvelle donne pour l’innovation » voulue par François Hollande. Puis la loi relative à l’enseignement supérieur et la recherche du 22 juillet 2013 inscrit clairement ce « transfert » comme étant une nouvelle mission des universités. C’est très important. Enfin, dans le cadre du programme des investissements d’avenir, le gouvernement a lancé un fonds national de valorisation pour créer les « sociétés d’accélération du transfert technologique (SATT) ». Ces sociétés ont vocation à aller dans les laboratoires pour repérer les innovations qui pourraient être industrialisées sur le marché. Chaque SATT a été dotée d’une somme de 10 millions d’euros avec pour objectif de devenir autonome financièrement d’ici dix ans. On a toutefois, vu de Chine, l’impression que la France en matière de recherche manque de moyens. C’est en tout cas le constat que font de nombreux chercheurs français qui coopèrent avec des laboratoires chinois, de mieux en mieux dotés… F. Lelait : Nous mettons des moyens. Le budget de la recherche publique en France est le 3e budget de l’État. Depuis dix ans, il n’a cessé d’augmenter, et, en 2012, l’effort français de recherche atteignait 2,26 % du PIB (contre 2,16 % en 2004). La recherche bénéficie également de financements exceptionnels depuis 2010 grâce au Programme des Investissements d’Avenir (PIA). Les labex, equipex, instituts hospitalo-universitaires etc. financés par le

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PIA constituent une force essentielle de notre recherche. Et ces efforts vont se maintenir : le président de la République a déclaré que le budget de la recherche sera « sanctuarisé ». Nous lançons actuellement la deuxième vague de PIA. Les financements viennent aussi de l’Union européenne, donc des États membres. Ce sont 79 milliards d’euros que l’Europe va injecter dans la recherche et l’innovation sur les sept ans du 8e programme cadre « Horizon 2020 ». Il est essentiel que nos chercheurs et nos entreprises participent toujours davantage aux appels à projets de ce programme cadre. Par ailleurs, le service scientifique de l’ambassade de France en Chine fait un excellent travail de relais auprès de la communauté française et chinoise. Il tient véritablement son rôle « d’ambassadeur » de manière tout à fait remarquable et exemplaire. Il y aussi une excellente coopération avec les ministères concernés par l’innovation. Nous nous attachons à travailler de manière coordonnée. Comme le montre l’année de célébration du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques et les visites d’État respectives des présidents François Hollande et Xi Jinping, il y a une attention toute particulière portée à la coopération entre nos deux pays. B. Schars : L’ambassade de France en Chine a été la 1ère ambassade française à nommer un attaché spécialisé dans l’innovation. C’est unique dans le réseau diplomatique français — à l’exception des États-Unis. C’est aussi la seule ambassade qui a mis en place un programme pour l’organisation et le financement de missions ciblées de PME françaises innovantes à la recherche d’un partenaire de recherche chinois. Le dialogue entre le ministère de l’Économie, du Redressement productif et

du numérique et le ministère de l’industrie et des Technologies de l’Information (MIIT) contribue également à donner à nos entreprises une plus grande visibilité sur l’environnement industriel chinois et à développer des échanges sur des sujets d’avenir (véhicules connectés et véhicules autonomes par exemple). Il y a une forte priorité donnée sur la Chine : les moyens mis en œuvre sont à la hauteur des enjeux, mais aussi des difficultés à appréhender ce marché. 1. Fondation nationale des sciences naturelles 2. Ministère de la Science et de la Technologie

Propos recueillis à Pékin par Raphaël

Balenieri

Besoin d’aide pour vos marques ou brevets en Chine ?

Pékin

www.llrchina.com

Paris

www.llr.fr


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CCIFC

Showroom où sont présentés les derniers produits de la marque.

Lenovo Une stratégie de micro-innovations

et de méga-acquisitions

Le numéro Un mondial du PC n’innove pas autant que ses compétiteurs, qu’ils soient chinois ou internationaux. Le groupe chinois privilégie davantage les acquisitions pour obtenir brevets et centres R&D nécessaires à son développement.

R e p o rta g e

E

n imaginant à peine, on pourrait se croire dans une université de la côte Est américaine. D’ailleurs, on ne parle pas ici de « bureaux » ou de « siège social » mais bien de « campus » pour désigner cette étendue de pelouses vertes et ces bassins d’eau d’inspiration feng shui traversés par de petits ponts. Bienvenue dans les quartiers généraux de Lenovo. C’est à Shangdi, au nord-ouest du cinquième périphérique de Pékin, que le numéro Un mondial du PC s’est installé, à quelques mètres de Baidu et des autres valeurs du high-tech chinois. Derrière la grille de sécurité, de grands bâtiments gris sur plusieurs étages encadrent la perspective. À l’intérieur, les 10 000 employés du site (dont trois Français) vont et viennent d’un pas calme, le badge porté nonchalamment autour du coup. Que de chemin parcouru ! Il suffit de visiter le musée consacré à l’évolution du groupe pour saisir l’ampleur de la transformation. Fondée en 1984 par Liu Chuanzhi, le « père »

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« Lenovo a la capacité de réaliser de l’innovation incrémentale ce qui lui permet de casser les prix et de gagner de nouveaux marchés, tout en capitalisant sur les tendances lancées par les leaders de l’industrie »

de l’industrie IT en Chine, et dix autres ingénieurs, Legend Holdings — la société changera de nom et deviendra Lenovo en 2004 pour conquérir les marchés internationaux — n’est alors qu’une modeste entreprise d’État adossée à l’Académie chinoise des sciences. Grâce au soutien du gouvernement, elle opère néanmoins une percée fondamentale en fabricant en 1990 le premier ordinateur « made in China », le fameux Q286. La success story peut commencer. Trente ans après sa fondation, Lenovo continue sur sa lancée. Ce géant de l’informatique emploie aujourd’hui 3 200 ingénieurs, chercheurs et scientifiques à travers le monde (6 % des effectifs mondiaux) et consacre environ 2 % de son chiffre d’affaires à la R&D, soit 624 millions de dollars (460 millions d’euros). Mais ses concurrents font cependant beaucoup plus : presque 14 % pour Huawei et 10 % pour ZTE. En matière d’innovation, la force de Lenovo serait-elle ailleurs ? « Nous sommes connus pour nos cas de micro-innovations centrés sur l’expérience des utilisateurs » explique, dans un anglais parfait, un cadre de Lenovo en charge de faire visiter le showroom aux grands clients. C’est ce qui a fait été fait par exemple sur la tablette tactile Yoga : Lenovo l’a équipée avec une batterie


d’ordinateur portable, ce qui lui permet d’avoir une autonomie exceptionnelle de dix-huit heures. « Lenovo a la capacité de réaliser de l’innovation incrémentale ce qui lui permet de casser les prix et de gagner de nouveaux marchés, tout en capitalisant sur les tendances lancées par les leaders de l’industrie », écrivent Nathaniel Ahrens et Yu Zhou, chercheurs au Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS), un think-tank basé à Washington, dans une étude de janvier 2013. Autrement dit : contrairement à Apple ou Samsung, Lenovo n’a pas encore chamboulé l’industrie du high-tech avec un produit ultra-innovant et vise avant tout le marché de masse. Pour innover, Lenovo multiplie plutôt les acquisitions, une stratégie amorcée en 2005 avec le rachat de la branche PC de l’américain IBM. Grâce à cette opération (1,75 milliard de dollars, soit 1,3 milliard d’euros) Lenovo a gagné 500 nouveaux brevets et mis la main sur le centre R&D détenu par IBM à Yamato, au Japon. Aujourd’hui Lenovo poursuit dans cette voie : fin janvier la société a annoncé le rachat de Motorola Mobility, le 3e plus gros fabricant de smartphones Android aux États-Unis, dont les brevets sont détenus par Google. Objectif de la transaction (2,9 milliards de dollars, 2,1 milliards d’euros) : pouvoir exploiter, sous licence, les brevets de Motorola Mobility qui resteront cependant la propriété du moteur de recherche américain. R ap h a ë l B al e n i e r i

Lenovo en chiffres

54 000

le nombre d’employés à travers le monde

6 500

le nombre de brevets internationaux détenus par Lenovo

+ 72 %

le taux de croissance annuel, en pourcentage, de l’activité smartphone du groupe

55

le nombre, en millions d’unités, d’ordinateurs produits par Lenovo en 2013

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34 Siège social du groupe à Pékin dans le quartier de Haidian.

le chiffre d’affaires, en milliards de dollars, réalisé en 2013 Source : site officiel et rapport annuel 2013-2014

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Analyse

Imagine China

Le CEO de Weibo WANG Gaofei, célèbre l'introduction en bourse de sa société en avril 2014.

DR

La Chine et l’innovation : Antoine Mynard est depuis peu à la tête du bureau du CNRS en Chine après une expérience de cinq ans à Boston, comme attaché pour la science et la technologie, chargé des questions d’innovation.

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les chaînons manquants L’innovation en Chine, c’est assurément une vaste question, d’où la difficulté de l’aborder dans son ensemble. L’auteur prend donc ici le parti d’évoquer le sujet selon deux angles, celui du financement et celui des écosystèmes d’innovation.

M

algré des chaînons (encore) manquants, la Chine construit son propre système, à son rythme. Contre toute attente, un important facteur d’accélération de l’innovation en Chine est sans doute lié au transfert massif vers ce pays d’activités manufacturières pendant les dernières décennies. Or, explique l’auteur, en relocalisant certaines activités à contenu technologique autrefois installées en Occident, c’est aussi l’innovation qui s’est déplacée en Chine, à l’instar des panneaux solaires ou de la photonique intégrée. Deux domaines où la Chine sait désormais innover. « Weibo, le Twitter chinois, s’envole pour son début à Wall Street », titrait l’AFP sur son fil

du 14 avril 2014. WB, c’est son nom de code boursier au Nasdaq, vient en effet de lever 285 millions de dollars, ce qui permet de valoriser la société à quelque 4 milliards de dollars. D’ici peu, une autre société chinoise qualifiée de « technologique », va sans doute s’introduire sur le même marché. Actionnaire à 32 % de Weibo, il s’agit d’Alibaba dont la valorisation totale atteindrait 150 milliards de dollars. Alibaba compte faire au moins aussi bien que Facebook en 2012 qui avait alors levé 16 milliards dans un contexte boursier incertain. Les deux sociétés vont rejoindre la petite quarantaire de sociétés « chinoises » cotées sur le Nasdaq. Que signifient ces mouvements ? Avant tout que la Chine se globalise et exploite les opportunités de financement que lui offrent


les marchés du monde entier pour financer le développement international de quelques grandes sociétés « technologiques » avec un potentiel de croissance sur des marchés matures. Le financement de l’innovation : des trous dans le système Quel rapport avec l’innovation ? Le financement est le chaînon supérieur de la chaîne de l’innovation, et ce, dans tous les pays. La voie royale et l’aboutissement de l’innovation, c’est bien entendu l’introduction en bourse (IPO). Il y a beaucoup d’appelées et très peu d’élues, même pour les entreprises évoluant sur des marchés à cycle court ou moyen d’innovation (TIC, innovation de service, procédés, énergie, etc.), encore moins pour celles qui exploitent des technologies en sciences de la vie (cycle long). Dans la pratique, les entreprises « innovantes » bénéficient d’autres sources de financement, notamment des fonds non bancaires ou de sociétés de capital-développement qui font en ce moment d’excellentes affaires en Chine. Certaines sont d’origine étrangère, essentiellement américaines. Certaines se présentent même comme des sociétés de capital risque ou se font connaître comme des franchisées de grands acteurs du capital risque américain. Or, tous les financiers le savent bien, il n’y a pas (encore) d’industrie du capital risque en Chine. On ne trouve pas non plus de financeurs « providentiels » (« business angels », sorte de mécènes qui financent les phases d’amorçage) qui aux États-Unis financent presque autant l’innovation que le capital risque (approx. 23 milliards de dollars pour les premiers contre 28 pour les seconds). Nous ne sommes pas dans ce scénario en Chine. Difficile donc de faire émerger de vraies sociétés innovantes dans ce cadre. Autre limitation : l’existence de banques d’affaires qui ne réalisent pas seulement des fusions et acquisitions, des participations croisées ou de la gestion de titres non-cotés (« private equities ») mais aussi des fonctions liées à l’innovation : la valorisation d’actifs immatériels, comme les brevets, les découvertes et les inventions. Modérément développées en Europe mais très répandues aux États-Unis, ces pratiques sont embryonnaires en Chine, notamment en raison d’un cadre de protection de la propriété intellectuelle insuffisamment fiable. Écosystème Mais le financement de l’innovation, c’est après tout la partie émergée de l’iceberg. Il convient de prendre en considération les maillons en amont de la chaîne de l’innovation chinoise pour essayer d’y voir clair. Cela nous amène à évoquer la notion d’«écosys-

« Les choses avancent très vite en Chine. Et plaquer sur la Chine la grille d’analyse qui nous permet d’évaluer l’innovation dans d’autres pays à l’instar des classements sur les économies innovantes, serait une grave erreur. »

tème d’innovation ». Elle est abondamment documentée dans la littérature spécialisée, notamment américaine et française. Dans la pratique, un écosystème d’innovation a quatre composantes (cf. schéma ci-dessous). Il se développe dans un environnement local ou national, lui-même favorisé par des politiques publiques, « une culture » ou « un état d’esprit » (entrepreneuriat, interactions entre les personnes, créativité, etc.), ainsi que de multiples interactions entre les acteurs (réunions, concours, appels d’offre, projet, etc.). Un écosystème suppose également une économie de marché et la liberté d’entreprendre, le tout dans un cadre juridique appliqué en matière de propriété intellectuelle et de droit commercial (faillite, affaires, etc.). Je ne développerai pas davantage mais tout le monde comprend que ces dimensions font encore défaut à la Chine. Certaines composantes de l’innovation en Chine sont pourtant observables et fonctionnent très bien : je pense aux parcs technologiques, aux programmes du MoST (973, Torch, etc.) aux interactions entre grandes entreprises (elles réalisent les 2/3 de l’effort national de recherche) et petites entreprises, etc. L’exemple qui vient spontanément à l’esprit est la tentative des autorités de décloisonner les institutions, à l’intérieur de la sphère publique bien sûr (ex. l’Académie des sciences et les universités qui ont deux

L'écosystème d'innovation

Environnement universitaire de qualité

Fort vivier d’investisseurs

Structures et initiatives nombreuses

Entreprises et instituts phares

Antoine Mynard

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Les mots et leur importance :

Imagine China

Le parc technologique de Zhangjiang à Pudong, Shanghai.

tutelles différentes) mais aussi entre les secteurs publics et privés. Un autre exemple très parlant est celui de l’abandon progressif du système de la co-entreprise pour les investissements étrangers, ce dernier constituant un frein au développement indigène de l’innovation dans les entreprises concernées. Des atouts Les choses avancent très vite en Chine. Et plaquer sur la Chine la grille d’analyse qui nous permet d’évaluer l’innovation dans d’autres pays à l’instar des classements sur les économies innovantes, serait une grave erreur. La Chine détient des atouts. Le fait que la Chine soit devenue l’atelier du monde a des conséquences inattendues et très mal anticipées, au moins en ce qui a trait à l’industrie manufacturière. En effet, les marchés liés à des productions de masse favorisent les économies d’échelle1 et d’envergure2. Or, en laissant filer la production manufacturière vers la Chine pour des raisons de coûts, c’est la capacité d’innovation qui a été transférée vers le manufacturier et le pays dans son ensemble, non seulement en termes de process industriel mais aussi en termes de produits innovants. L’exemple le plus frappant de cette réalité est le marché des panneaux solaires. Il y a douze ans à peine, les États-Unis abritaient avec l’Allemagne et le Japon les principaux fabricants. Désormais, et malgré la crise dans le secteur (surcapacité, quasi-faillite de Suntech), la Chine réalise 50 millions de panneaux, soit la moitié du marché mondial. Conséquence, les fabricants chinois, grâce à une position de marché reposant sur les coûts et l’échelle de production, ont pu innover3. La grande entreprise chinoise du secteur, Suntech, a été en mesure de concevoir des panneaux selon des process radicalement nouveaux, il y a peu qualifiés de « terriblement complexes » par les experts américains

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« Tous les financiers le savent bien, il n’y a pas (encore) d’industrie du capital risque en Chine. On ne trouve pas non plus de financeurs « providentiels » (« business angels », sorte de mécènes qui financent les phases d’amorçage) qui aux États-Unis financent presque autant l’innovation que le capital risque. »

Désormais, si vous voulez séduire vos partenaires chinois, ne parlez plus d’investissements, de co-entreprises (années 1990) ni même de centres conjoints de recherche (années 2000). Le mot clé pour obtenir des financements publics ou privés, s’assurer de la considération est désormais « plate-forme d’innovation ». Comme souvent en Chine, le concept reste à définir et prend la forme que vous voulez lui donner ! Mais cette évolution sémantique est au fond un bon indicateur de la pensée ambiante : la Chine se veut innovante !

qui n’envisageaient pas d’innovations de production similaires avant 2020. Au total, ce n’est donc pas seulement un marché qui est détenu, c’est aussi un système d’innovation du secteur industriel que la Chine est parvenue à constituer4. D’autres secteurs5 ou branches ou technologies suivent la même tendance : les écrans LCD, les galettes de silicium cristallin, les semi-conducteurs de puissance, les batteries, la photonique intégrée etc.. Ce ne sont là que quelques exemples parmi d’autres. Ils illustrent cependant le fait que la Chine est bel et bien en train de tirer parti de plusieurs décennies de relocalisation d’activités manufacturières dont certaines à fort contenu technologique. Ce phénomène est également entretenu par le fait que les deux tiers des dépenses de R&D de la Chine proviennent des entreprises. D’autres aspects de l’innovation mériteraient d’être abordés, en particulier le rôle de la recherche fondamentale, parent pauvre du système d’innovation, les relations entre petites et grandes entreprises ou la question du transfert de technologies. Des sujets qui méritent à eux seuls un traitement spécifique mais qui compose les nombreuses pièces du grand puzzle de l’innovation en Chine ! 1. Notion économique qui veut le coût unitaire d’un produit réalisé est fonction de la taille de sa série. 2. Principe d’économie industrielle selon lequel un établissement industriel dégage plus de valeur grâce à sa capacité à pouvoir manufacturer davantage de types de produits avec le même outil industriel. 3. Cf. « The Chinese Solar Machine », in « MIT Technology Review » (fév. 2012). 4. Cette réalité est très bien décrite dans le rapport d’expertise « Photovoltaïque en Chine », Ambassade de France en Chine (p. 52, mars 2013) 5. Prof. Willy Shih, école de commerce de l’université de Harvard (HBS).

A n t o i n e M y n ard


DR

P ar o l e à

Wa ng H ao f e n g

General manager de Dassault Systèmes, Grande Chine

Dassault Systèmes « L’innovation : notre ADN » Les solutions de Dassault Systèmes visent principalement une douzaine d’industries, comme l'aérospatial, l’aviation, l'automobile, l'énergie, la construction, etc. Pour chacun de ces secteurs, nous concevons donc des

solutions uniques en conformité avec les problèmes auxquels nos clients sont confrontés tout en aidant tous les industriels à se rapprocher de leurs clients d'une manière plus efficace. Nous adoptons en outre la technologie 3D pour explorer les problèmes auquel l'Homme est confronté. Le business plan « Innovation & Passion » est un programme dans lequel Dassault Systèmes a grandement investi, y compris Revelation of Khufu Pyramid, Icedream, 3D Paris Saga, etc. Parallèlement, la technologie de pointe de Dassault Systèmes aide des historiens, des archéologues, des chercheurs ainsi que toutes sortes d'inventeurs à explorer, à découvrir et à faire une évaluation de la faisabilité dans des champs inconnus. En 2012, le nombre de nouveaux utilisateurs au niveau mondial de Dassault Systèmes a augmenté de 18 %, tandis que la croissance en Chine (avec Hong Kong) a été plus de deux fois plus forte. Le marché chinois recèle donc pour nous un potentiel très fort.

R e t o ur d ’ e x pér i e n c e

Réseaux sociaux, une arme stratégique « Communiquer moins mais communiquer mieux », tel est l’adage de Alexis Bonhomme, arrivé en Chine il y a tout juste quatre ans, aujourd’hui General manager de l’agence digitale China Curiosity. « J’ai d’abord travaillé à la division e-commerce de Tencent », expliquet-il. Un plongeon dans le cœur de la sphère numérique « made in China ». Un tournant pour ce Français, juriste de formation. « J’ai participé au début de Wechat », — Weixin en mandarin — l’application mobile de messagerie instantanée. Depuis, avec Curiosity China et une équipe de 20 personnes entre Pékin, Shanghai et Hong Kong, il gère un portefeuille d’une vingtaine de marques premium pour lesquelles il ouvre, opère et promeut les comptes Wechat Weibo, Youku, Douban, Tmall, JD. L’agence propose également du développement technique haut de gamme. « Nous ne sommes plus sur une communication de masse. Avec ces nouveaux outils, nous avons la possibilité d’acquérir une base de donnée segmentée extrêmement qualitative ».

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D

DR

Analyse

Olivier Dubuis Avocat au cabinet UGGC Avocats

Transfert de technologie

Prudence et précaution Les investisseurs étrangers ont d’ores et déjà intégré le fait que la Chine n’est plus uniquement le grand atelier du monde, mais est devenue également l’un des piliers de l’innovation mondiale portée par un marché intérieur en constante croissance. Pour les entreprises européennes, s’implanter en Chine nécessite donc désormais le plus souvent de loger dans les structures locales des actifs de propriété intellectuelle, des savoir-faire et des activités de recherche et développement permettant d’assurer leur développement dans un environnement concurrentiel très tendu, où l’innovation et l’adaptation jouent un rôle de plus en plus important. Analyse.

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ans ce contexte, les partenariats avec des entreprises chinoises ne peuvent plus s’envisager uniquement comme un moyen d’accéder plus rapidement au grand et incontournable marché chinois, mais doivent dorénavant se construire comme de véritables alliances stratégiques à vocation mondiale, ce qui nécessite d’y transférer des technologies et des savoir-faire essentiels, parfois sous la pression d’une industrie chinoise conquérante qui ne cache pas ses ambitions internationales et ne se contente plus des versions obsolètes de technologies étrangères. Les entreprises de l’Union européenne figurent tout en haut du palmarès des partenaires de la Chine les plus actifs dans ce domaine. Ainsi, les transferts de technologie en provenance de l’Union européenne (UE) sont désormais les plus nombreux en Chine, tandis que la Chine s’est dans le même temps hissée à la deuxième place des destinations pour les technologies transférées par des entreprises ressortissantes de l’UE. Si transférer des technologies ou un savoir-faire peut être un moyen efficace, et parfois incontournable, pour permettre aux entreprises étrangères d’accéder, de s’adapter et de prospérer sur le marché chinois, les inconvénients liés à de telles opérations ne sont pas négligeables puisque toute divulgation porte le risque pour l’investisseur étranger de se faire déposséder rapidement de son actif par des moyens divers de contournement du bénéficiaire de la technologie, problème souvent rencontré dans les relations avec des entreprises chinoises lorsque les précautions nécessaires n’ont pas été prises… Forme des transferts Les transferts peuvent se matérialiser par un montage contractuel, parfois complexe puisque collaboratif (notamment lorsqu’il vise des transferts de savoir-faire) dont l’objet est de transférer la technologie à une entreprise domestique chinoise ou à une filiale de l’entreprise étrangère (sous la forme d’une cession ou d’une licence), ou par l’apport d’une technologie au capital social d’une entreprise à investissement étranger (qu’il s’agisse d’une entreprise à capitaux 100 % étrangers ou d’une société commune). Quel que soit le montage, un contrat de transfert de technologies devra nécessairement être conclu et les mécanismes de protection contractuels à mettre en place dépendront précisément de la nature des technologies (brevets, modèles, savoir-faire, etc.) et donc de leur protection juridique en Chine, ainsi que de l’identité du destinataire des technologies. Les points d’attention particulière ne seront,

« Si transférer des technologies ou un savoir-faire peut être un moyen efficace, et parfois incontournable, pour permettre aux entreprises étrangères d’accéder, de s’adapter et de prospérer sur le marché chinois, les inconvénients liés à de telles opérations ne sont pas négligeables {…} »


« La meilleure protection, cependant, n’est jamais seulement juridique. C’est ainsi sous l’angle technique et sous celui de l’équilibre économique sousjacent du contrat que doit également être envisagée la protection du concédant étranger {…} »

Imagine China

en effet, pas les mêmes si l’on fait apport d’un brevet à une filiale contrôlée à 100 %, ou si l’on souhaite transférer un savoir-faire essentiel vers un fabricant chinois… Régime des importations de technologies Le Catalogue d’Importation de Technologies publié par le ministère des Sciences et des Technologies énumère les technologies dont l’importation est interdite ou restreinte, toutes celles qui ne figurent pas dans le Catalogue étant considérées comme pouvant être importées librement. De la même manière, si la technologie doit faire l’objet d’un apport dans le cadre d’un investissement direct, il convient de consulter le Catalogue d’Orientation des Investissements Étrangers qui permettra d’identifier d’éventuelles restrictions sur la forme de l’investissement (société à capitaux 100 % étrangers ou société mixte avec niveau de participation minimum du partenaire chinois). Dans tous les cas, le contrat de transfert de technologie doit être enregistré auprès de l’autorité locale en charge du commerce dans les 60 jours suivants la conclusion du contrat. Concernant les technologies faisant l’objet de restrictions, il existe un régime d’approbation préalable auprès des autorités locales du ministère du Commerce, lesquelles délivrent dans un premier temps une lettre d’intention. Ensuite, une licence d’importation de technologie est

délivrée par la même autorité, laquelle rend le contrat valide. Contrats de transfert À titre d’exemple, dans tout contrat de transfert de technologie sous forme d’une Licence, une attention particulière devra être portée aux clauses relatives au sort des améliorations au cours de l’exécution du contrat. Il s’agit de clauses qui sont souvent âprement négociées puisque chaque partie, pour des raisons diverses, a vocation à vouloir être le seul bénéficiaire juridique et économique des améliorations apportées, par l’une ou l’autre des parties, à la technologie initiale. Sur ce sujet, la loi chinoise prévoit un certain nombre de dispositions impératives, pour l’essentiel protectrices du bénéficiaire chinois de la technologie étrangère (droit du licencié de réaliser des améliorations, pas d’automaticité du transfert des améliorations au concédant, etc.) et il est donc important de structurer l’accord de telle sorte à lui conférer une efficacité juridique maximum tout en assurant un niveau de adéquat de protection. Anticiper les risques La meilleure protection, cependant, n’est jamais seulement juridique. C’est ainsi sous l’angle technique et sous celui de l’équilibre économique sous-jacent du contrat que doit également être envisagée la protection

du concédant étranger : quelle technologie transférer (ou quelle partie de technologie) et selon quel calendrier sont des choix techniques déterminants qui conditionnent le niveau de risque pris. Connaître l’entreprise à qui on transfère la technologie (est-ce un concurrent, quel est son niveau de compétence dans le secteur considéré, qui sont ses partenaires industriels ou techniques, etc.) est également essentiel pour être en mesure de comprendre ses objectifs et les risques induits par l’utilisation qui pourrait être faite de la technologie transférée. Surtout, identifier des mécanismes de rémunération contrôlables qui soient susceptibles de satisfaire les deux parties (assiette et mode de calcul des royautés, par exemple), ou inscrire le transfert de technologie dans un plan de développement conjoint plus vaste sont des enjeux déterminants pour solidifier le lien contractuel. Le défi pour les sociétés étrangères qui s’intéressent au marché chinois et souhaitent s’y développer n’est donc plus de savoir si elles doivent transférer des technologies mais plutôt comment le faire de la meilleure manière, de façon à anticiper et contrôler les risques inhérents à de telles opérations. Or, toute erreur dans ce domaine peut coûter très cher et est difficilement rattrapable. Oli v i e r Dubu i s

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DR

I n t e rv i e w

Che n G u o f e i

Directeur du centre R&D Chine du Groupe EDF

Faire de la R&D en Chine, pour un groupe comme le vôtre, qu’est-ce que ça représente ? En l’espace de vingt ans, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale derrière les États-Unis. La Chine est passée « d’atelier du monde » à « laboratoire du monde ». En 2011, la Chine a ainsi déposé plus de brevets que le Japon ou les ÉtatsUnis ! De plus, la Chine offre des conditions exceptionnelles pour mettre en œuvre des projets pilotes ou des démonstrateurs de grande taille à des coûts compétitifs. La R&D d’EDF, qui ambitionne de rester à la pointe de la recherche et de l’innovation, se devait d’être présente en Chine pour profiter de cet environnement très porteur. Quel est le contexte énergétique chinois de vos projets de R&D ? La Chine est en train de vivre un phénomène d’urbanisation d’une ampleur sans précédent. Chaque année, une ville équivalente à New-York se crée en Chine ! Cette urbanisation s’accompagne d’énormes challenges liés à la pollution de l’air et aux émissions de CO2… La préservation du cadre de vie devient, avec l’urbanisation, un sujet majeur du gouvernement chinois. L’énergie est au cœur de cette préoccupation. En effet, le charbon est encore très dominant dans la production d’électricité chinoise (80 %). Le 12e Plan quinquennal (20112015) prévoit en même temps une réduction des émissions de CO2 par unité de PIB. Pour répondre à ce défi, le gouvernement prévoit d’augmenter la part des énergies renouvelables, du gaz, du nucléaire et vise une forte réduction de l’intensité énergétique. Comment la recherche chinoise accompagne-t-elle cette évolution ? Dans le Plan quinquennal, un ambitieux programme de R&D a été lancé pour soutenir les technologies à développer en priorité. Il couvre les filières charbon à haut rendement et faibles émissions, le nucléaire, les énergies renouvelables, les smart grids, les microgrids, le stockage de l’électricité et le véhicule électrique, ainsi que la technologie de courant

« La Chine est en train de vivre un phénomène d’urbanisation d’une ampleur sans précédent. Chaque année, une ville équivalente à New-York se crée en Chine ! Cette urbanisation s’accompagne d’énormes challenges liés à la pollution de l’air et aux émissions de CO2… »

continu très haute tension (1 million de volts). La Chine a identifié une série d’équipements clé à développer en priorité. Il s’agit par exemple des principaux éléments des circuits primaires des centrales nucléaires, des équipements pour les centrales au charbon ultra-supercritique, des éoliennes de forte puissance allant de 7 à 10 MW, des équipements pour le solaire à concentration, et des équipements de stockage d’énergie. Comment s’organise la R&D d’EDF dans le monde ? La R&D du Groupe EDF, c’est plus de 2 000 personnes qui mettent l’innovation au service des métiers du Groupe EDF : production et distribution d’électricité, commerce & services énergétiques. Partout dans le monde et sur toute la chaîne de valeur de l’électricité, la R&D d’EDF innove afin d’améliorer les performances techniques et commerciales de l’entreprise. EDF dispose d’un réseau de centres R&D dans le monde (France, Chine, Allemagne, Italie, États-Unis, Royaume-Uni et Pologne) permettant de faire le lien entre la communauté scientifique, les industriels et tous les acteurs de l’innovation. En complément, depuis 2009, la R&D d’EDF a lancé une démarche « d’open innovation » afin d’intégrer dans son champs d’activité l’innovation issue des startups du secteur de l’énergie et des Cleantech. L'équipe Open Innovation évalue les technologies et propose aux entités du Groupe EDF partout dans le monde une sélection des meilleures solutions. La Chine a toute sa place dans ce dispositif. Depuis quand existe le centre R&D d’EDF en Chine ? Le centre R&D Chine du Groupe EDF a été créé en juin 2011 avec une double mission : bénéficier du contexte chinois très dynamique dans le domaine de R&D, en lien avec la communauté scientifique chinoise, tout en mettant ses compétences au service des activités d’EDF en Chine et de nos partenaires chinois. Quels sont les sujets concrets qui mobilisent votre R&D en Chine ? Les sujets d’intérêt ne manquent pas en Chine ! Nous travaillons sur des sujets pertinents pour EDF et porteurs dans le contexte chinois. Il s’agit, pour citer les principaux, de la pollution de l’air dans les villes, de la planification d’énergie dans la ville durable, des technologies déployées dans l’énergie distribuée, d’analyse autour de démonstrateurs smart grid, des modèles d’affaire innovants autour du véhicule électrique, des microgrids, de la simulation numérique dans le domaine de la production d’électricité, ainsi que de l’activité Open Innovation. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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Recherche académique tissu économique : une très forte connexion Trois questions à… Gou lve n I nia l Manager Asie recherche et innovation chez Veolia

Veolia

DR

Veolia

Quelle est la part de R&D de Veolia en Chine ? Le budget investit directement par Veolia Environnement Recherche et Innovation en Chine est en progression de 10 % cette année, notamment avec le développement de notre programme dédié aux déchets urbains. Les programmes d’innovation en Chine profitent également de la montée en exigence de nos clients qui attendent de Veolia des solutions de plus en plus pointues.

« Innover c’est également proposer des solutions inédites à nos clients industriels qui doivent, sous l’impulsion du gouvernement central, transformer rapidement l’outil de production pour atteindre des standards désormais souvent les plus contraignants au monde. »

Quelle analyse faites-vous de l’écosystème proposé en Chine aux entreprises françaises innovantes comme Veolia ? Le corpus permettant de protéger la propriété intellectuelle est bien développé en Chine et Veolia l’utilise pleinement. Par ailleurs, le gouvernement central encourage les entreprises dans les domaines de la protection de l’environnement et de la conservation de l’énergie ou de l’eau ; trois domaines qui correspondent justement aux métiers historiques de Veolia en Chine.

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Propos recueillis par P. Ti

Le LC-MS/ MS (liquid chromatography tandem mass spectrometry), l'un des premiers investissements du centre de recherche conjoint Tsinghua Veolia. Veolia

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Votre entreprise pourrait-elle s’inspirer d’un certain modèle chinois qui favoriserait l’innovation et l’émergence d’entreprises innovantes ? À mon sens, un des atouts de la recherche en Chine est la très forte connexion entre la recherche académique et le tissu économique. Beaucoup des recherches en laboratoires débouchent sur des installations pilotes qui sont immédiatement exploitées commercialement par une spin-off de l’université ou de l’entreprise en charge de l’opération du site sur lequel a été déployé le pilote. Les chercheurs sont donc associés très en amont dans les projets à la logique économique qui dictera à terme leur industrialisation.


Ce qu’est « innover » pour Veolia en Chine…

Goulven Inial

Agence française de développement

AFD AFD

La Chine : « un laboratoire à grande vitesse »

DR

C’est tout d’abord contribuer au développement des solutions les plus adéquates pour nos clients chinois dans des marchés aux caractéristiques bien spécifiques. Prenons le cas du traitement des déchets municipaux : les habitudes d’alimentation et de consommation propres à la Chine ont un impact important sur les caractéristiques physiques et chimiques des déchets à traiter. Un effort de recherche important est en train d’être réalisé en Chine pour adapter les technologies classiques (enfouissement technique et digestion notamment) et satisfaire aux attentes croissantes de la société en matière de performance environnementale. Veolia participe activement à cet effort de recherche au travers son centre de recherche conjoint avec l’École d’environnement de l’université Tsinghua à Pékin. Un doctorant colombien y conduit par exemple depuis début 2013 des recherches sur les mécanismes d’inhibitions de la méthanisation au sein des centres d’enfouissement de déchets en Chine. Les résultats de ses recherches intéressent particulièrement Veolia qui collecte et brûle ce méthane issu de la décomposition des déchets pour produire de l’énergie sur cinq sites en Chine. Dans ce cas, l’innovation nécessite le détour par la recherche académique pour enrichir la compréhension des phénomènes physiques, chimiques et biologiques et permettre une meilleure exploitation des déchets municipaux comme ressource. Innover c’est également proposer des solutions inédites à nos clients industriels qui doivent, sous l’impulsion du gouvernement central, transformer rapidement l’outil de production pour atteindre des standards désormais souvent les plus contraignants au monde. Je pense en particulier à l’objectif prioritaire d’atteindre le Zero Liquid Discharge. Enfin, innover pour Veolia c’est être prêt à capter les innovations différenciantes qui ne manqueront pas d’éclore au sein de l’écosystème cleantech qui est en train de se structurer autour de grands incubateurs et de fonds d’investissements dédiés. Nous réfléchissons actuellement activement au déploiement en Chine d’une plate-forme dédiée à l’innovation ouverte.

I n t e rv i e w

San d ri n e Bo uche r Quelles sont les actions de l'AFD en Chine sur les thématiques liées à l'innovation et aux nouvelles technologies ? L’AFD intervient en Chine depuis dix ans dans le cadre d’un partenariat avec le ministère chinois des Finances et la commission nationale du développement et de la réforme pour développer des actions de coopération contribuant à la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement. Les actions de l’AFD en Chine visent

« La Chine montre un véritable appétit pour l’innovation, particulièrement dans le domaine de l’environnement, et ce contexte est très favorable pour un positionnement des entreprises françaises sur des offres innovantes sur certaines niches. »

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AFD

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à accompagner la transition écologique du pays à travers la réalisation de projets innovants et exemplaires pouvant être répliqués sur l’ensemble du territoire voire dans d’autres pays confrontés aux même enjeux dans le monde. À cet effet, l’AFD privilégie des secteurs d’intervention où l’expertise et les solutions technologiques des entreprises de la filière verte française peuvent répondre aux besoins des partenaires chinois et contribuer à faire évoluer les pratiques par l’adoption des meilleurs standards de qualité et de performance. Nous pouvons illustrer cette approche par quelques exemples concrets : ·Dans le secteur du chauffage urbain où les sources et réseaux sont encore peu efficaces, l’AFD a accompagné trois villes du nord de la Chine (Jinan, Taiyuan et Jinzhong) dans leur programme de rénovation de réseau de chauffage urbain. Nous avons promu l’adoption de solutions techniques innovantes et performantes telles que l’installation de sous-stations de chaleur préfabriquées compactes (« skids »), la création de centres de contrôle automatique et de gestion d’énergie et l’utilisation de pompes à haut rendement énergétique afin d’exploiter les importants gisements d’économie d’énergie de ces réseaux. ·Dans le secteur de l’eau, l’AFD vise à promouvoir des solutions de pointe en matière de traitement des eaux et de gestion des boues, ce que nous avons pu faire dans le cadre du projet d’aide à la reconstruction au Sichuan après le séisme de 2008 pour

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« Une chose est certaine : le « laboratoire à grande vitesse » qu’est la Chine permet de réaliser des projets innovants en un temps parfois record, et offre ainsi la possibilité de reproduire ce premier schéma dans des contextes parfois plus contraints. »

la réalisation d’une nouvelle usine d’eau potable. Nous proposons aux partenaires chinois d’adopter des technologies avancées et éprouvées leur permettant d’atteindre les standards les plus exigeants en matière de qualité de l’eau. La compacité des installations est également un critère important dans des contextes urbains où le foncier est cher. ·Dans le secteur de la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité, l’AFD accompagne la restauration d’écosystèmes fragiles et apporte l’expertise nécessaire pour une gestion plus concertée de ces espaces en s’inspirant des meilleures pratiques dans ce domaine. Les cabinets d’expertises français disposent d’une expérience reconnue et de solides références et peuvent proposer des approches et des outils inédits en Chine. Quelles sont les spécificités de la Chine en matière d’innovation ? La Chine montre un véritable appétit pour l’innovation, particulièrement dans le domaine de l’environnement, et ce contexte est très favorable pour un positionnement des entreprises françaises sur des offres innovantes sur certaines niches. L’élaboration d’une stratégie de développement sur le long terme en Chine, une certaine connaissance des pratiques locales, et idéalement la mise en place rapide d’un relais local, constituent des conditions importantes pour une implantation réussie et durable.


La Chine serait-elle alors le « laboratoire du monde » ? Une chose est certaine : le « laboratoire à grande vitesse » qu’est la Chine permet de réaliser des projets innovants en un temps parfois record, et offre ainsi la possibilité de reproduire ce premier schéma dans des contextes parfois plus contraints. Les autorités chinoises elles-mêmes pratiquent ce système de projets pilotes testés quelques années avant d’être répliqués à grande échelle s’ils fonctionnent bien. En outre, les dimensions sont très impressionnantes comparativement à d’autres géographies, notamment dans le secteur du développement urbain où une opération dite pilote peut concerner des nouveaux « quartiers » d’une superficie supérieure à 100 km2 (la taille de Paris intra muros !) conçus pour accueillir dans les décennies à venir des populations de plusieurs centaines de milliers d’habitants. La Chine constitue donc un terrain favorable pour les solutions et technologies innovantes qui répondent à un enjeu fort pour le pays confronté à une destruction de l’environnement sévère dans un contexte de montée en puissance des aspirations d’une classe moyenne de plus en plus soucieuse de sa qualité de vie. Propos recueillis par P. Ti

Repères L’AFD vise à travers les projets qu’elle soutient à promouvoir l’émergence de partenariats franco-chinois. Dans ce cadre, les différents acteurs français — bureaux d’études, entreprises, collectivités territoriales, instituts de recherche, ONG — compétents dans les domaines du climat, de la protection de l’environnement, du développement durable, des énergies vertes, de l’eau et de l’assainissement peuvent tous contribuer à la réussite des projets. Les partenaires chinois avec lesquels l’AFD travaille sont très intéressés par les solutions innovantes proposées par les entreprises et experts français ; l’AFD favorise les lieux de rencontre pour permettre la présentation de cette offre aux décideurs locaux. C’est dans une seconde étape, par la réponse à un appel d’offre international, que se fait la sélection des entreprises pour mettre en œuvre les projets financés par l’AFD.

IFOP Asia-­‐ Connection Creates Value International Market Company focus on Asia and Europe

IFOP Asia helps Western companies and brands to understand and better connect with their Chinese consumers and helps Chinese companies and brands to understand and better connect with international consumers. l

For western companies doing business in China: in 2010, IFOP Asia talked to more than 30 000 Chinese consumers across China.

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For Chinese companies interested in doing business in France: in 2010, IFOP talked to more than 100 000 consumers across France.

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Focus on beauty, luxury, lifestyle, food & beverage and Marcom categories

l Manohar Balivada VP Regional & Head of Quantitative manohar.balivada@ifopasia.com / +86 13761909240

ifop.com

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Imagine China

Imagine China

DR

Stratégie et marketing

D écrypta g e

Olivier Vérot Rédacteur en chef de www.marketing-chine.com

L’exemple de Xiaomi, une « start-up » qui explose En seulement trois ans, la « jeune pousse » Xiaomi s’est hissée à la 5e place sur le marché de la téléphonie mobile en Chine et a dépassé Apple en termes de volume de vente, avec 18,7 millions de smartphones vendus en 2013, soit une augmentation de 160 % en un an. Les raisons du succès ? De l’innovation bien sûr… mais aussi une stratégie marketing imparable. Leçon en quatre points.

Dates-clés

6 avril 2010

Création de Xiaomi. Premier produit : le système d’exploitation MIUI

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Avril 2013

Deux nouveaux marchés s’ouvrent à la start-up : Hong Kong et Taïwan

2013

Chiffre d’affaires estimé à 30 milliards de yuans (environ 3,5 milliards d’euros)

Février 2014

Nouveau marché à Singapour


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Susciter le manque chez les consommateurs Xiaomi mise sur des opérations de communication, propose des prix attractifs, et joue sur l’insuffisance en limitant volontairement le nombre de produits mis en vente sur le marché. La demande devient alors supérieure à l’offre, suscitant un manque et un optimisme sur le succès du produit chez les consommateurs. En 2014, Xiaomi adopte la même stratégie : son PDG — le charismatique Lei Jun — vient d’annoncer qu’il vendrait 40 millions de smartphones en 2014, et que seule une production insuffisante de ses terminaux pourrait l’empêcher d’atteindre son objectif de vente. En lançant la rumeur que la production pourrait être insuffisante, l’homme cherche ainsi à inciter les consommateurs à se précipiter pour avoir un smartphone avant les autres. L’objectif de la marque est avant tout d’attirer l’attention du grand public et des médias en proposant à la presse un message et des chiffres attractifs afin qu’ils diffusent en masse l’information.

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Jouer sur la réputation Le PDG de Xiaomi n’hésite pas à faire appel à des personnalités pour « vendre » ses produits. Ainsi, cette année, à l’occasion du Nouvel An, Xiaomi a invité Steve Wozniak — cofondateur d’Apple — en Chine, véritable VRP des smartphones, des routeurs Wifi et des télévisions connectées Xiaomi. Ce dernier a d’ailleurs déclaré que les terminaux de Xiaomi étaient, dixit, prêts à affronter le marché international. Un énorme coup de projecteur. La société fait également appel à des personnes d’influence (magazines spécialisés, jeunes geeks ou autres leaders d’opinion). Grâce à cette stratégie, l’entreprise a reçu des dizaines de milliers de critiques favorables d’internautes chinois sur des sites orientés digital tels que digi.tech.qq.com ; Lei Jun a même été nommé « personnalité de l'année 2013 » par le site d'information Sina.

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Créer une communauté La marque a réussi à conquérir la communauté des geeks chinois composée de jeunes qui rêvent de voir des sociétés high-tech chinoises concurrencer les plus grands acteurs du secteur. En Chine, 10 % des personnes influencent la grande majorité de la population. Les jeunes passionnés d’informatique sont acquis à la cause de Xiaomi, et jouent le rôle de leaders d’opinion auprès de leurs communautés ou de leurs fans. Lei Jun est ainsi suivi par des millions de fans sur Weibo.

Entreprises chinoises : leur stratégie à l’international

Imagine China

LEI Jun, CEO de la start-up chinoise Xiaomi.

Le PDG de l’entreprise – le charismatique Lei Jun – vient d’annoncer qu’il vendrait 40 millions de smartphones en 2014, et que seule une production insuffisante de ses terminaux pourrait l’empêcher d’atteindre son objectif de vente.

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Casser les prix Xiaomi suit les traces d’Apple : l’entreprise fait appel aux mêmes fournisseurs et au même assembleur taïwanais Foxconn, et utilise les mêmes composants que son concurrent, pour finalement vendre ses smartphones deux fois moins cher qu’un iPhone. Le principe est ensuite de diffuser cette image de smartphone de bonne qualité à prix très bas. Xiaomi adopte une politique très agressive en la matière, proposant certains smartphones à 1 500 RMB (soit environ 170 euros). La marque surfe sur la tendance low-cost qui fonctionne très bien dans le pays.

Olivier Vérot

Lorsque qu’elles rencontrent un succès sur leur marché domestique, les marques high tech chinoises s’exportent. Quelle stratégie adoptentelles alors à l’international ? Elles ne jouent pas ou peu sur l’image high tech/innovation, mais misent sur la qualité des produits qu’elles proposent, avec également un positionnement low-cost. Lei Jun, PDG de Xiaomi, a lui compris que dans tous les pays, il y a toujours une place pour un concurrent qui propose des produits de bonne qualité à des prix cassés. Xiaomi vise désormais de nouveaux marchés à l’international et s’apprête à affronter les géants du secteur. Cependant, cette stratégie ne fonctionne pas dans tous les pays. Pour pouvoir commercialiser des produits électroniques en Europe et aux ÉtatsUnis, Xiaomi doit faire passer de nombreux tests et certifications à ses produits, dont le coût vient s’ajouter aux taxes d’importations, ce qui obligerait le fabricant chinois à réduire ses marges et à devoir augmenter le prix de ses produits commercialisés dans ces deux zones géographiques. Aussi, Xiaomi vise-t-il pour l’heure d’autres pays : la Malaisie, les Philippines, l'Inde, l'Indonésie, la Thaïlande, le Vietnam, la Russie, la Turquie, le Brésil et le Mexique ; et reporte sa décision de conquérir le marché occidental. Lin Bin — l’associé de Lei Jun — estime que dans cinq à dix ans, le monde aura l'occasion de voir apparaître d'autres entreprises chinoises aptes à proposer des produits de bonne qualité et fières de revendiquer leur « made in China ». Il cite Lenovo, première marque mondiale d'ordinateurs d’origine chinoise. (voir p. 32-33). Geely cherche à faire valoir la supériorité de ses produits à l’étranger et entend imposer ses voitures comme ayant un excellent rapport qualité/ prix et comme étant « les plus sûres au monde ». Son rachat de Volvo en 2010 a attisé la curiosité des médias internationaux et l’a fait gagner en notoriété en Chine et à l’étranger, bénéficiant de l’image de la marque mondialement connue. Cette année, Geely souhaite s’appuyer sur un centre de développement commun avec Volvo qui sera établi à Göteborg, en Suède, afin d’adapter les modèles chinois aux marchés occidentaux pour les futures exportations du groupe automobile. O.V

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5 PME françaises INNOVANTES

Subventions publiques, propriété intellectuelle, recrutement des talents : tour d’horizon du soutien chinois à l’innovation avec Angel Li, directrice générale de la société française SAFT à Zhuhai.

SAFT

S

i vous habitez en Chine, il est très probable que les compteurs calculant chaque mois votre consommation en eau, en gaz et en électricité soient équipés de piles françaises fabriquées par SAFT. Depuis son entrée en 2005 sur le marché chinois, cette société fondée en 1918 est en effet devenue leader en Chine sur le segment des batteries à usage industriel. 28 millions de piles par an : c’est la production qui sort, chaque année, de son usine de Zhuhai, dans la province méridionale du Guangdong. Autrefois détenue par Alcatel, cette société internationale (3 850 employés répartis dans 18 pays) conçoit et manufacture quatre types de batteries. Si les piles au nickel pèsent encore pour 48 % de son chiffre d’affaires global en 2013, elle en produit également à base de lithium, de lithium-ion et même d’argent — ces dernières étant principalement utilisées dans les missiles militaires et les torpilles. En Chine, SAFT peine encore à décrocher des contrats avec l’armée, même si elle a réussi, tout récemment, une percée en équipant les satellites chinois avec ses batteries nouvelle génération. C’est plutôt le développement effréné du réseau ferré à haute vitesse — le fameux gaotie — qui lui a donné, ces dernières années, un véritablement élan. « Il est clair que la Chine, parce qu’elle en a besoin, promeut

Dates-clés

En Chine, SAFT peine encore à décrocher des contrats avec l’armée, même si elle a réussi, tout récemment, une percée en équipant les satellites chinois avec ses batteries nouvelle génération.

le développement des nouvelles technologies », affirme Angel Li, directrice générale des bureaux de SAFT à Zhuhai, dans une interview par téléphone. « Il suffit de prendre pour exemple le TGV chinois pour comprendre l’ampleur des changements. » Contrefaçons L’écosystème chinois en matière d’innovation et de high-tech, affirme cependant Angel Li, est encore peu favorable aux entreprises étran-

SAFT

FOCUS PME

« Un écosystème encore peu favorable aux entreprises étrangères »

gères. « Les subventions publiques vont principalement aux entreprises chinoises », témoigne la dirigeante. Autre problème : la protection de la propriété intellectuelle. Comme tant d’autres entreprises françaises et étrangères, SAFT souffre des contrefaçons, disponibles en un clic sur Taobao et les autres sites de e-commerce. « C’est notre souci numéro Un. Nous espérons que la propriété intellectuelle sera mieux protégée à l’avenir. Fondamentalement, cela suppose une réforme du système légal », affirme-t-elle. En revanche, SAFT n’a aucun mal à recruter des talents pour imaginer les piles de demain. « Le recrutement ne pose pas de problème. Nous parvenons à recruter du personnel qualifié et à le retenir », poursuit Angel Li, qui a rejoint la société il y a huit ans comme manager RH. SAFT emploie aujourd’hui en Chine 200 personnes, dont la moitié sont des ingénieurs. Ces derniers travaillent étroitement avec les deux centres de recherche et développement (R&D) de l’entreprise: le premier à Bordeaux et le second dans le Maryland, aux États-Unis. Pour l’instant, SAFT n’envisage pas d’ouvrir un centre de recherche en Chine. Ce qui n’empêche pas pour autant la société tricolore de consacrer, à l’échelle mondiale, plus de 9 % de ses ventes totales à la R&D, soit 55 millions d’euros l’année dernière. Raphaël Balenieri

1918

1928

1988

2005

La Société des Accumulateurs Fixes et de Traction (SAFT) est créée en France au lendemain de la Première Guerre mondiale.

L'entreprise est rachetée par la Compagnie générale d’électricité, qui deviendra plus tard Alcatel.

SAFT approche le marché chinois en ouvrant un sales office à Hong Kong, toujours en place aujourd’hui.

La société s’installe en Chine continentale en ouvrant une usine à Zhuhai.

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Imagine China

TERAO

Green tech : l’innovation par “absorption” FOCUS PME

TERAO

Après avoir fait émerger des champions nationaux des technologies vertes, la Chine veut à présent mener des projets bilatéraux pour reprendre à son tour les meilleures pratiques.

C’

était il y a un peu plus d’un an. Le 20 mars 2013, le géant chinois des panneaux solaires Suntech déposait officiellement le dépôt de bilan. Devenue, en douze ans, numéro Un mondial sur le marché photovoltaïque, la société de Wuxi, après avoir fait plié ses concurrents européens et américains, tombait à son tour à terre, victime d’une crise de surcapacité provoquée par la politique d’expansion très agressive de Pékin. Seize mois plus tard, où en est la Chine dans son soutien aux fameuses « green tech » ? « La toute dernière tendance, c’est le développement d’éco-quartiers construits dans le cadre de la coopération bilatérale, par exemple le futur écoquartier franco-chinois de Shenyang », estime Valentin Grimaud, chef de l’agence de Terao à Pékin, un bureau français d’étude environ-

« La Chine veut maintenant développer des projets pilotes pour s’imprégner des retours d’expérience. C’est de l’innovation par absorption. » Valentin Grimaud, chef de l’agence de Terao à Pékin

nementales qui depuis 1994 accompagne maîtres d’ouvrage, architectes et constructeurs dans la réalisation de bâtiments écoresponsables. « La Chine veut maintenant développer des projets pilotes pour s’imprégner des retours d’expérience. C’est de l’innovation par absorption », poursuit le jeune ingénieur, diplômé de l’école des Mines de Saint-Etienne. Finis, donc, les millions de yuans investis par Pékin pour faire émerger des champions nationaux dans les technologies vertes ? Pas totalement. En matière de constructions écologiques, la Chine reste, par exemple, encore prisonnière de schémas assez classiques. « On pense encore en Chine qu’un bâtiment écologique doit être bourré de technologies vertes », note Valentin Grimaud. « Ici, l’écologie doit se voir : il faut des panneaux solaires sur le toit et pourquoi pas sur les façades ! », plaisante le jeune Français installé en Chine depuis quatre ans.

Chiffres clés

50

5

10

20

Nombre d’employés de Terao en Chine. Outre l’agence de Pékin, la société compte des bureaux à Paris et à Lyon. Elle intervient également au Vietnam, en Thaïlande, en Afrique du Sud, en Tunisie et au Maroc.

Surface, en kilomètre carrés, du futur éco-quartier franco-chinois de Shenyang. La première phase des travaux doit être terminée d’ici cinq ans.

Montant, en millions d’euros, du prêt accordé par l’Agence française de développement (AFD) au gouvernement chinois pour réhabiliter 30 bâtiments administratifs appartenant à la municipalité de Wuhan.

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FOCUS PME

Ceva

Ceva Subventions Peu à peu cependant les choses changent. Notamment en matière de certification. Inspiré par le label américain LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), le ministère chinois de la Construction a ainsi lancé, en 2006, son propre standard de certification écologique, le Green Building Evaluation Standard (GBES). Articulé autour de six critères, il récompense, via des subventions, les constructions écologiques qui économisent « le maximum de ressources dont l'énergie, l'eau, les matériaux et la terre, protègent l'environnement, réduisent la pollution, existent en harmonie avec la nature et fournissent un espace confortable, efficace et hygiénique aux occupants. » Aujourd’hui, ce sont surtout les bâtiments publics (mairies, hôpitaux, bureaux gouvernementaux) qui se pressent d’obtenir les « trois étoiles » du label, son niveau le plus élevé. « Il y a une course au green entre les provinces chinoises mais le gros chantier, à l’avenir, c’est le privé », anticipe cependant Valentin Grimaud. De fait, ses clients sont essentiellement des entreprises familiales et des grands groupes chinois qui ont déjà une politique de responsabilité sociale (RSE). « En France, l’activité de Terao est tirée par la réglementation très stricte qui pousse les bâtiments à se mettre aux normes. En Chine, nos clients veulent surtout faire des économies d’énergie pour, in fine, dépenser moins », conclut Valentin Grimaud dans les locaux de cette PME bien décidée à faire sa place dans le marché chinois du green building. Raphaël Balenieri

Ceva mise sur

l’industrialisation de l’agricole chinoise La santé animale est un secteur stratégique pour la Chine qui doit rationnaliser son agriculture. Devant cet enjeu majeur, le Français Ceva entend valoriser son expertise.

P

romouvoir des poulains nationaux de la santé animale ou, grâce à des vaccins, occidentaux certes mais surtout efficaces, protéger le consommateur de viande ? Les autorités chinoises pourraient bientôt pleinement pencher pour la deuxième option. De fait, longtemps, Ceva, 8e groupe vétérinaire au monde, spécialisé dans la culture avicole, a dû en Chine se résoudre à un développement bridé. Dès 2002, le groupe français y a ouvert un bureau de représentation, mais pour produire sur place vaccins et antibiotiques, il a fallu attendre 2011 et la création d’une joint-venture avec un partenaire chinois majoritaire. Et encore aujourd’hui, Ceva Chine ne peut proposer ses propres vaccins contre, notamment, la grippe aviaire pourtant mortelle. Même si le groupe

Au monde, un porc sur deux provient de Chine, pays qui consomme aussi plus d’un quart de la production mondiale de viande.

50 Pourcentage des économies d’énergie réalisées par le Parkview Green Fangcaodi à Pékin, le premier bâtiment commercial en Chine à avoir obtenu la certification platine du standard LEED américain. Ceva

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Création d’un centre de recherche « Malgré ces embûches, nous croissons à 30 % par an et notre chiffre d’affaires s’est élevé en 2013 à 193 millions de RMB [ventes de produits importés et locaux conjuguées] », se réjouit-il. Le marché chinois de la viande reste donc immense. Au monde, un porc sur deux provient de Chine, pays qui consomme aussi plus d’un quart de la production mondiale de viande. Le plus gros client de Ceva Chine, Wen’s, produit à lui seul un milliard de poulets par an... contre à peine 600 millions dans la France entière ! Mais surtout, c’est le potentiel qui attire : la Chine représente encore moins d’un cinquième du marché mondial de la santé animale. Sous les effets de l’industrialisation à marche forcée de son agriculture, cette part devrait vite augmenter. Car pas question d’investir massivement dans une ferme sans que son bétail ne soit bien traité... « La Chine veut produire plus et mieux », confirme un observateur. « Pragmatiques, les dirigeants, qui veulent stabiliser voire réduire les importations alimentaires, savent que l’expertise de groupes comme Ceva sera cruciale. » Désormais, la filiale, qui par exemple assure déjà la vaccination d'un tiers des poulets blancs de Chine contre la maladie de Gumboro, redouble donc d’ambition. D’où, fin 2013, la création sous la houlette de Ceva et de l’université agricole de Pékin d’un centre de recherche sur les vaccins porcins. « Les recherches sur les vaccins locaux sont nombreuses », constate Wang Bin, jeune coordinateur du centre. « Mais maintenant, Ceva pourra aussi étudier leur applicabilité en vue de lancer de nouveaux produits. » Qualifiée de « gagnant-gagnant », cette association a toutes les chances de rassurer, voire de ravir, en haut lieu. Edgar Dasor Dates-clés

2002

Ouverture d’un bureau de représentation en Chine.

2011

Création d’une joint-venture avec Huadu, partenaire chinois majoritaire.

2013

Ouverture à Pékin d’un centre de recherche sur les vaccins porcins. En cours Création avec Hengtong d’une nouvelle JV dans le domaine des antibiotiques.

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FOCUS PME

Novacyt

Novacyt pleins feux sur la Chine Cette biotech francilienne créée en 2006, spécialisée dans les solutions innovantes dédiées au domaine de la cytologie en milieu liquide, nourri — depuis son bureau de Shanghai — d’énormes ambitions. Et pour cause…

N

ovacyt, l’histoire d’une petite pousse qui monte, qui monte… et n’en finit plus de monter. Cette TPE, cotée sur l’Euronext depuis 2012, est de fait scrutée par nombre d’investisseurs attentifs au secteur — particulièrement prometteur — des biotechs. « Même petits, nous sommes toujours très surveillés », assure ainsi Bruno Gaffier, responsable du bureau de Novacyt à Shanghai, ouvert il y a quelque dix-huit mois. Cette TPE — qui déploie un équipement performant destiné au dépistage du cancer du col de l’utérus — est d’autant plus « surveillée », qu’elle entend « conquérir » la Chine. Un pays qui réalise à lui seul « 30 à 40 millions de frottis par an », comme l’indiquait déjà il y a deux ans un article paru dans la revue spécialisée, Biotech Finance. « Il y a en Chine une vraie prise de conscience de l’intérêt de faire du diagnostic », poursuit aujourd’hui Bruno Gaffier. Objectif : plusieurs millions de tests par an En clair, Novacyt cherche à nouer sur place un accord avec, dixit, « un distributeur connu et réputé et créer ainsi un réseau avec les hôpitaux chinois » ; accord qui lui permettrait de se démarquer sur un marché concurrentiel et dès lors de viser plusieurs millions de tests par an . « Nous avons une très bonne technologie, il nous manque plus qu’un très bon partenaire en Chine… », explique Bruno Gaffier. Cette jeune entreprise innovante — dont

Novacyt

refuse de parler de protectionnisme, les parts de marché s’en ressentent. « Ailleurs, les dix premiers groupes au niveau mondial figurent à peu près dans le top 10 national », note Damien Monzein, porte-parole de Ceva Chine. « Mais ici, les leaders mondiaux sont en dehors du top 20 ! »

Le 1er flacon conçu par Novacyt pour les gynécologues.

Cette TPE qui déploie un équipement performant destiné au dépistage du cancer du col de l’utérus — est d’autant plus « surveillée », qu’elle entend « conquérir » la Chine.


les produits utilisés pour le diagnostic sont « made in France » — a pour elle une réputation solide et un palmarès particulièrement impressionnant. Incubée au Génopôle — le bioparc d’Evry — en 2005, elle a reçu dès l’année suivante, le prix national de l’innovation du ministère de la Recherche et de l’Éducation. En 2008, elle recevait le 2e prix au concours de l’AGBM de technologies médicales avant d’obtenir en 2012 le label Oséo « Entreprise Innovante » ; sésame qui confirme la possibilité pour les Fonds Communs de Placement pour l’Innovation (FCPI) d’investir dans le capital de l’entreprise et de bénéficier ainsi d’avantages fiscaux. Loi du nombre Un pedigree de qualité qui « permet à Novacyt en Chine de faire la différence avec une offre locale qui laisse la place à un produit innovant », considère Bruno Gaffier. Une chose est sûre : loi du nombre oblige, la demande est là. Mieux, elle devrait connaître une très forte croissance dans les prochaines années. « On estime qu’une femme adulte en Chine — qui est informée des méthodes de dépistage du cancer de l’utérus — fait un frotti en moyenne tous les deux ans ». Imagine China

P. Ti

ALTYOR est un groupe français spécialisé dans les services de conception, fabrication & distribution de produits grand public électroniques & objets connectés embarquant cartes électroniques, pièces plastiques & mécaniques. Nous travaillons actuellement avec les principaux acteurs européens dans les secteurs de la maison intelligente (Smart Home), les objets connectés & leurs accessoires ainsi que les télécommunications, systèmes de construction et de détection incendie. Du design artistique & industriel à la fabrication & livraison des produits, ALTYOR propose, de part son équipe R&D et ses 3 usines à Shanghai, une offre concurrentielle, intégrée & flexible. N’hésitez pas à nous contacter dans le cas où vous souhaiteriez bénéficier d’une solution complète pour la conception, production & distribution de vos produits. Conception & fabrication en sous-traitance de produits électroniques grands publics

Conception, fabrication et distribution d’objets connectés

Services de fabrication de cartes électroniques (PCBA) & d’intégration en produits finis

lectron cs l t y o r

l t y o r

G ro u p

l t y o r

Aurélien BRIANT

Felipe CABRERA

Camille HU

Thomas GAUTHIER

abriant@technochina.cn

Business Development fcabrera@technochina.cn

Communication Manager camille@technochina.cn

CEO ID-RF tgauthier@id-rf.net

CEO TECHNOCHINA Industries CEO FC Electronics

G ro u p &

G ro u p

152/1421 Zhuan Xing Dong Lu Minhang Industrial Park Shanghai 201108, CHINA T +86 21 64 42 99 91

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Ip-Label

FOCUS PME

Ip - L a b e l

Le savoir-faire informatique « made in France » S’adapter aux réalités des nouvelles technologies en Chine, c’est le défi qu’est en train de relever ip-label, PME spécialisée dans le diagnostic des applications internet, mobiles et vidéos.

S

pécialisée dans la mesure de performance des applications digitales pour les entreprises, la PME française Ip-label s'est implantée dans l'empire du Milieu à la demande de ses clients français, comme Schneider Electric notamment. Mais il a fallu s'adapter aux réalités du marché chinois. « Nos clients nous ont demandé de nous installer en Chine pour accompagner leurs filiales ici. Cependant, plutôt que l’achat de licence ou de jours/hommes comme en Europe, les équipes locales ont mieux répondu sur nos offres alliant technologie et expertise : les offres SaaS (Software as a service). Nous avons donc poussé ces solutions en priorité et nous sommes focalisés sur le monitoring des sites et services Internet », explique Arthur Hamon, directeur de la filiale asiatique de cette PME. Ce sont en particulier les grandes marques françaises du luxe, du secteur cosmétique et du retail (Groupe LVMH, L’Oréal, Decathlon, Clarins) et plus globalement internationales (Converse, P&G, Philips) qui ont souscrit à ces services. En 2013, ces dernières représentaient ainsi 75 % des clients de la société. Les entreprises chinoises — à l’instar du groupe de presse Rayli — font par ailleurs appel depuis 2010 à ses solutions, principalement SaaS. « Nous nous sommes d’abord appuyés sur nos clients occidentaux pour notre développement en Chine. Même si les sociétés chinoises préfèrent développer leurs propres logiciels en interne, leurs directions informatiques n’ont en effet pas le même poids dans l’organisation qu’en Europe notamment », précise Arthur Hamon.

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« Plutôt que l’achat de licence ou de jours/ hommes comme en Europe, les équipes locales ont mieux répondu sur nos offres alliant technologie et expertise : les offres SaaS (Software as a service). Nous avons donc poussé ces solutions en priorité et nous sommes focalisés sur le monitoring des sites et services Internet ». Arthur Hamon, directeur de la filiale de l’entreprise à Shanghai.

« Cependant, ce mode de « consommation » de l’informatique est prometteur en Chine pour les offres de services opérés comme le SaaS et le cloud computing plus largement. » Talents IT français en Chine Une stratégie qui semble porter ses fruits au vu des grandes réussites commerciales des entreprises chinoises spécialisées dans les nouvelles technologies comme Tencent, Huawei, Baidu, ZTE ou encore Alibaba dont le patron Jack Ma vient d’ailleurs de signer un accord avec Laurent Fabius. Accord qui va permettre aux entreprises tricolores de faciliter leur accès à la vitrine commerciale du groupe chinois (voir nos actualités business, p. 9). « Cela va être l’occasion de mettre en avant non seulement des produits typiquement français mais également le talent des entreprises françaises innovantes dans le domaine des nouvelles technologies. Et ça, nous savons faire ! », s’enthousiasme Artur Hamon. « D’autant plus qu’Internet en Chine est en forte croissance et nous avons tous à y gagner, notamment sur ce que nous proposons, le diagnostic et les mesures des applications digitales liées au web, aux mobiles et à la vidéo ». Un savoir-faire que le Français transmet au quotidien à ses équipes chinoises du bureau de Shanghai. Car ce qui fait assurément la force d’une entreprise tricolore en Chine, en plus de la qualité de ses ingénieurs, ce sont également les éléments capables « d’apporter une vision et une compréhension du marché chinois », ajoute Arthur Hamon. Erwan Pacaud


Dates-clés

2000

2008

2010

2013

2014

Chiffre d’affaires global de 11 millions d’euros. En croissance de 25 % par an depuis 2009

Création d’ip-label.

25 % Achat d’une société en Europe du Nord et progression de l’internationalisation de la société.

Ip-Label

Ouverture d’une WOFE ( filiale en propre) à Shanghai.

Introduction et premières ventes des solutions de mesures Intranet. Nomination d’un Country Manager Chine par promotion interne d’un ingénieur d’origine shanghaienne.

Imagine China

@

Nous fournissons des solutions. Avec plus de quarante années d’expérience à Hong Kong et en Chine, nous sommes vos interlocuteurs privilégiés dans les domaines suivants:

Installation de Bureau de représentation et de WFOE en Chine Continentale Comptabilité et mise en conformité fiscale des entités chinoises Outsourcing des services RH et de paie Conseil en optimisation et mise en conformité fiscale pour les opérations transfrontalières (Hong-Kong/Chine) Comptabilité, audit et due diligence financières pour les sociétés Hongkongaises Nos équipes d’experts à Hong Kong, Shanghai, Pékin et Canton sont là pour vous assister. N’hésitez pas à nous contacter et nous nous appliquerons à vous servir au mieux – comme les milliers de sociétés que nous avons aidées par le passé. Pour des informations plus détaillées, contactez nous:

Philip Yu

Principal - Corporate & PRC Services philipyu@fungyucpa.com

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Manager - Shanghai & Pékin jimmy.he@harriscorps.com.cn

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Tel: (+86)21-6289 8813 Address: Suite 904, OOCL Plaza, 841 Yan An Zhong Road, Jing-An District, Shanghai, PRC.

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Enquête Ifop

es tendances actuelles sur le secteur des nouvelles technologies en Chine se regroupent autour de deux grands secteurs : le e-commerce qui comprend le mobile commerce ; et le cloud. En Chine, la connexion est devenue aujourd’hui essentielle aux yeux des consommateurs chinois. Surfant sur cette tendance, les principaux acteurs, qui se concentrent en une poignée d’entreprises chinoises, se sont spécialisées dans le domaine du digital. Ainsi elles ont su capturer l’attention avec des produits innovants. « Un très bon exemple de réussite est la plate-forme Wechat qui a conquis plusieurs centaines de millions d’utilisateurs grâce à sa messagerie instantanée (similaire à What’s up) et ainsi a pu exploiter une énorme base de données utilisateurs sur d’autres services périphériques, notamment du payement en ligne », confie Louis Cheng, ancien manageur du développement commercial à Atos, entreprises de solutions informatiques. Mais qu’en est-il de la place de la France sur le secteur des nouvelles technologies en Chine, alors que de très nombreux pays viennent tenter leurs chances. Le e-commerce est en vogue en Chine. Hacène Taibi, président et directeur général de Them Altima Group, agence web présente en Chine, spécialiste de la création de site corporate et d’e-commerce, nous explique qu’« avec une croissance à deux chiffres, le e-commerce en Chine est une belle opportunité pour les entreprises étrangères notamment avec le développement très rapide du mobile commerce ou m-commerce. Par ailleurs, seul 49 % des chinois achètent en ligne, donc la marge de progression est grande ». Un exemple serait Taobao, le site de e-commerce le plus répandu en Chine. De plus, la Chine détient une longueur d’avance sur certains comportements d’achat sur téléphone mobile avec une pénétration de 400 à 500 millions de smartphones. Cela représente une énorme opportunité puisque le smartphone est l’un des moyens les plus privilégiés pour surfer sur le net. Les Chinois utilisent leurs téléphones mobiles pour accéder à des sites qui ne sont pas encore prévus à cet effet. Un autre secteur majeur en plein boom est le cloud. Il permet d’avoir des infrastructures pour dématérialiser les datas-centers et la puissance de calcul. Les capacités de stockage s’adaptent aux besoins et l’accès se fait de n’importe quel ordinateur ou autre interface internet. Sur la scène internationale, le cloud est encore dominé par les États-Unis avec

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High-tech : ces tendances qui rapportent Les tendances actuelles sur le secteur des nouvelles technologies en Chine se regroupent autour de deux grands secteurs : le e-commerce qui comprend le mobile commerce et le cloud.


selon le classement 2013 Deloitte Technology Fast 500TM EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique)1, la France obtient la première place en termes d’entreprises technologiques. D’ailleurs, c’est la quatrième année consécutive qu’elle gagne ce classement, avec 86 entreprises, alors que l’Angleterre obtient un score de 71 entreprises et les Pays-Bas de 52 entreprises. Toujours selon ce classement, c’est une entreprise française, YMagis, spécialiste du cinéma digital en Europe, qui est première du classement avec un impressionnant taux de croissance de 60 000 %. Cependant, la place de la France sur le secteur des nouvelles technologies en Chine reste mineure avec une faible part de marché. Lorsque l’on parle de e-commerce, Hacène Taibi explique qu’en France « nous avons de très bons produits mais ils sont peu distribués sur les canaux e-commerce chinois. Les détaillants français devraient davantage profiter de l’attrait des consommateurs chinois pour les produits français. » En d’autres termes, les entreprises technologiques françaises doivent acquérir un savoir marketing pour s’implanter en Chine. Il n’y a pas de pure players français en e-commerce en Chine. Imagine China

Microsoft et Oracle. Cependant, le cloud est en rapide expansion en Chine et représente un commerce qui va se chiffrer à quelques milliards. La plate-forme de vente chinoise Alibaba, qui a récemment rattrapé le grand américain Amazon, est dorénavant en compétition avec celui-ci sur le domaine du cloud avec son site d’hébergement TMall qui permet aux marques de ne pas avoir besoin de créer leurs propres sites et d’avoir accès à un nouveau package de service incluant la maintenance, la gestion et l’installation. Les entreprises américaines et chinoises sont donc les plus présentes sur le marché chinois au niveau de ces deux secteurs. La France, quant à elle, est réputée en Chine pour sa fine gastronomie et ses grandes marques de luxe telles que Dior et Chanel. Elle a une stratégie gagnante sur le secteur du luxe et cosmétique avec des marques comme L’Oréal, Avène ou Yves Rocher, ainsi que sur le secteur des détaillants d’habillement. Cependant, lorsque cela se rapporte au secteur des nouvelles technologies, la France est moins connue du grand public. Mais lorsque l’on s’y intéresse de plus près, et

« Un très bon exemple de réussite est la plate-forme Wechat qui a conquis plusieurs centaines de millions d’utilisateurs grâce à sa messagerie instantanée (similaire à What’s up) et ainsi a pu exploiter une énorme base de données utilisateurs sur d’autres services périphériques, notamment du payement en ligne » Louis Cheng, ancien manageur du développement commercial à Atos.

Et pourtant les débouchés sont majeurs car la Chine va rapidement devenir le premier marché du monde. « L’intérêt d’un marché qui est un peu moins mature est de pouvoir prendre plus vite des parts de marché avec moins d’investissements. Les entreprises françaises devraient regarder un peu plus à l’Est, au moins autant qu’à l’Ouest », explique Hacène Taibi. Louis Cheng ajoute que « la Chine fait face à beaucoup de problèmes dû à sa grande population. Néanmoins, une base de plusieurs centaines d’utilisateurs de smart devices constitue un avantage unique pour les entreprises de nouvelles technologies. » La Chine est une porte ouverte pour les entreprises françaises bien que celles-ci hésitent encore à venir en Chine, synonyme pour l’instant de contrefaçon, de copie. Les avancées au niveau de la propriété intellectuelle et des licences (concernant les logiciels et les sites internet) confortent cette idée, comme le confirme Viadeo, réseau social français, qui a su pénétrer le marché chinois et qui a racheté Tianji, réseau social professionnel. Il est donc possible de s’implanter avec succès en Chine. 1. Deloitte Touche Tohmatsu Limited (DTTL) Global Technology, Media & Telecommunications (TMT) industry group’s 2013 Technology Fast 500TM EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique).

Équipe IFOP Asia

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Abécédaire

ABCL

Attractivité Les autorités de Pékin ont créé des programmes incitatifs d’aide au retour visant les diplômés et « cerveaux » chinois. Ainsi des mesures d’attractivité, à l’égard des chercheurs installés à l’étranger ont été mises en place, précise le site internet de l’ambassade de France à Pékin, « comme notamment le programme « mille talents » offrant aux ressortissants chinois ou d’origine chinoise travaillant dans des laboratoires étrangers des conditions de retour très avantageuses. De telles conditions sont aussi parfois offertes à des chercheurs étrangers qui se voient offrir la possibilité d’effectuer leurs recherches en Chine dans les meilleures conditions ».

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Brevet Selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, le Chine est devenue en 2011 le pays déposant le plus de brevets au monde — politique qui constitue l’une des clés de la compétitivité du pays. Ainsi, « plus de 520 000 requêtes ont été déposées dans l’empire du Milieu » en 2012, rappelait récemment Les Echos. « Celles-ci émanent aussi bien de déposants locaux que d’étrangers, ces deux catégories enregistrant, ces quinze dernières années, une multiplication par huit du nombre de demandes formulées ». Cette accélération confirme « la fulgurante intégration du « continent » chinois dans le paysage industriel mondial », concluait le quotidien économique.

Cycles Les cycles d’innovation sont généralement considérés en Chine comme des cycles courts, ce qui permet davantage de réactivité, au détriment parfois à d’un travail plus poussé dans certaines disciplines de sciences dures. « Ce qui compte ce n'est pas la rupture techno mais la nouvelle fonctionnalité ». C'est ce que montre le travail réalisé récemment par McKinsey, avec l'aide du MIT, pour identifier les spécificités du processus chinois de R&D, expliquait récemment le magazine Industrie & Technologie. Pour Jean-François Di Meglio, de Asia Centre, plus on est sur des cycles courts, « plus vite le rattrapeur — en l’espèce la Chine — rattrape ses concurrents ».

Lapin de Jade Nom du véhicule téléguidé « made in China » qui s’est récemment posé sur la Lune, grâce à la sonde spatiale Chang’e-3, faisant de la Chine la troisième nation au monde capable de faire rouler un engin sur le satellite naturel de la Terre. Cet exploit technologique, qui marque une étape importante dans l'ambitieux programme spatial de la Chine, est une première depuis trente sept ans : il s'agit en effet du premier alunissage en douceur réussi depuis la mission soviétique Luna 24, en août 1976. Doté de panneaux solaires pour se fournir en énergie, Le « Lapin de jade » a été chargé d'effectuer des analyses scientifiques, notamment géologiques.


HLPZ

Horizon 2020 Nouveau programme de financement de la recherche et de l'innovation de l'Union européenne pour la période 2014-2020. C’est le successeur du 7e programme-cadre de recherche et développement technologique. Ce programme unique regroupant les financements en matière de recherche et d’innovation est doté de 79 milliards d’euros pour la période visée afin de soutenir les travaux des acteurs de la recherche et de l’innovation (organismes, établissements d’enseignement supérieur et de recherche, entreprises...). Horizon 2020 concentre ses financements sur la réalisation de trois priorités : l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux.

LIAMA Laboratoire Sino-Européen d'Informatique, d'Automatique et de Mathématiques Appliquées ; il a été crée par l'INRIA et le CASIA en 1997, puis rejoint par le CNRS en 2000. Ses principales missions consistent à mettre en place des projets de recherche conjoints impliquant des chercheurs chinois et européens, à promouvoir le développement de méthodes et logiciels innovants, à renforcer les liens entre les communautés universitaires et industrielles françaises et chinoises, à stimuler la participation dans des projets collaboratifs, et à développer la formation par la recherche d’étudiants et de chercheurs chinois et européens.

PEPPER Premier robot conçu pour vivre aux côtés des humains développé par la société française Aldebaran (présente en Chine) pour le compte de SoftBank mobile — l'un des plus grands opérateurs de téléphonie mobile du Japon. Ce robot mesure 1,20 m environ, pèse 28 kg, et est équipé d’une batterie lui permettant de tenir jusqu’à douze heures. Pepper, petit modèle conçu pour mimer au plus près l’être humain, devrait être en vente dès février 2015 pour 1 400 euros. « Il adore parler aux humains, il est très curieux d'en apprendre plus sur nous! », note-t-on chez Aldebaran. « Au fur et à mesure de vos discussions, Pepper se souviendra de vous, des choses que vous aimez ou pas ».

Zhongguancun Parc technologique à Pékin (entre le 3e et le 4e périphérique) de plus de 330 km2, ce qui en fait le plus important de Chine. Créé en 1998, il est spécialisé dans les sciences et technologies de l’information et de la communication, les circuits intégrés et les logiciels. Zhongguancun est souvent comparé à une « Silicon Valley chinoise ». Le pays compte des dizaines de parcs similaires, comme celui de Canton ouvert depuis 1991 ou encore celui de Guilin (1998), sciences et technologies de l’information et de la communication, nouveaux matériaux, systèmes opto-électro-mécaniques, biotechnologies, applications de la médecine chinoise à la médecine moderne.

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Actualités de la Chambre

Trophées France Chine 2014 3e édition

E

n cette année de célébration du cinquantenaire de la reconnaissance diplomatique de la République populaire de Chine par le général de Gaulle, il faut encourager, plus que jamais, les entreprises françaises à utiliser le tremplin du marché chinois pour s’imposer mondialement. Le cabinet de conseil OC&C Strategy Consultants, en collaboration avec la

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enseignements clés

• La Chine va rester durablement au centre de l’échiquier • La France est (très) en retard, l’Allemagne a creusé l’écart • La mutation en cours du modèle chinois est une formidable opportunité de rattrapage pour la France • Les géants chinois se développent dans tous les domaines, ouvrant des opportunités de rapprochement pour les champions français

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connexions ÉTÉ 2014

Chambre de commerce et d’industrie française en Chine (CCIFC), la Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile de France, et le Think Tank Premier Cercle, ont souhaité contribuer à aider les entreprises françaises à modifier leur vision en créant les « Trophées France Chine ». L’objectif est de mettre sur le devant de la scène des entreprises dont l’expérience en Chine est remarquable, tout en essayant de décoder les ingrédients de leur stratégie et les clés d’une intégration réussie en Chine. Novembre 2014 : la troisième édition Des appels à candidatures ont été lancés en mai et juin dernier pour les cinq trophées suivants : • Le trophée Croissance, qui récompense une forte augmentation du chiffre d’affaires ; • Le trophée Audace, qui prime le succès d’un pari osé pris par une entreprise ; • Le trophée Alliance, qui honore la réussite de partenariats avec des acteurs locaux ; • Le trophée Entrepreneuriat, qui distingue une PME française qui a remarquablement développé ses activités en Chine ; • Le Prix de la Coopération FranceChine, organisé par l’Association des Entreprises de Chine en France (AECF), qui met en avant une entreprise chinoise ayant connu une trajectoire remarquable et établi des coopérations gagnantes pour la Chine comme pour la France. L’appel à candidature se clôt à la fin du mois de juillet. Les lauréats sont par la suite choisis par un jury indépendant, sur la base d’études de cas préparées par les candidats en relation avec le cabinet de conseil OC&C Strategy Consultants. Le jury présidé par Pierre-Antoine Gailly est composé d’une douzaine de membres dont des représentants d’institutions (CCIFC, CCI Paris Ilede-France, Comité France Chine), des directeurs de grandes écoles, et divers experts internationaux.

Les noms des lauréats 2014 seront révélés au cours de deux soirées : • Le samedi 22 novembre 2014 à Pékin : les trophées Alliance et Entrepreneuriat seront remis à l’occasion du gala de la CCIFC à Pékin au Sofitel Wanda, en présence de 600 invités de la communauté d’affaires française et chinoise et d’une sélection de médias français et chinois. • Le mardi 25 novembre 2014 à Paris : les trophées Croissance, Audace et le Prix AECF de la Coopération France-Chine seront révélés lors d’une conférencedébat à l’hôtel Potocki à Paris à partir de 18h00. Nous espérons vous voir nombreux à ces deux événements et célébrer cette année encore les lauréats des Trophées France Chine. Retour sur les éditions 2012 et 2013 Les deux précédentes éditions ont mis à l’honneur les neuf entreprises suivantes : • Air Liquide puis Plastic Omnium (trophées de la Croissance 2012 et 2013), • Seb puis Beaumanoir (trophées de l’Audace 2012 et 2013), • Legrand et Carrefour (trophées de l’Alliance 2012 et 2013), • Splio (trophée de l’Entrepreneuriat 2013), • Huawei et CGN (prix AECF de la Coopération France-Chine 2013). La précédente édition a également permis de partager des enseignements éclairants (voir encadré). Ces éléments sont détaillés dans la brochure remise à l’ensemble des participants et accessible sur le site www.tropheesfrancechine.com. Contacts : • à la CCIFC Marion Sardou sardou.marion@ccifc.org • chez OC&C Strategy Consultants Frédéric Fessart fredericfessart@occstrategy.fr


CCIFC

CCIFC

2e Forum d’affaires sino français

La deuxième édition du Forum d’affaires sino français, réalisée grâce à l’étroite collaboration entre la CCIFC et le Conseil Chinois pour la Promotion du Commerce International (CCPIT) et en partenariat avec le Consulat Général de France à Canton, la Chambre de commerce et d’industrie à Hong Kong, l’Agence française pour les investissement Internationaux et Ubifrance, a eu lieu le jeudi 15 mai 2014 à Canton, de 15h30 à 20h00. S’inscrivant dans le cadre du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France, les participants, directeurs d’entreprise et décideurs politiques, sont venus en nombre : plus de 125 personnes, représentant PME et grands groupes de nos deux pays, ont eu le privilège et la satisfaction d’assister à ce rendez-vous unique. Le Forum d’affaires sino français permet à l’ensemble des invités d’identifier leurs homologues étrangers et leurs potentiels

French chamber oF commerce and Industry In chIna

2 0 1 4 Business Climate survey

China

France

in collaboration with

partenaires ou clients pouvant les aider à développer leurs affaires. Les entreprises chinoises ont alors effectivement pu se renseigner sur les possibilités d’investissement en France, et parallèlement, les entreprises françaises ont su trouver des leviers pour leur développement en Chine. Avec un programme très complet, les participants ont tout d’abord assisté à deux conférences : • La première, présentée par Roland HUANG (associé du cabinet d’avocats chinois Geneen Law Office), leur a permis de recueillir toutes les informations utiles quant à la gestion des contentieux en Chine. • Ensuite, le cabinet d’avocats français, représenté par Me Vivian DESMONTS et Me CHEN Haijuan, s’est concentré sur les éléments clés et les risques pour les investissements chinois en France.

À l’issue de cette première rencontre franco-chinoise de la journée au Sofitel Guangzhou Sunrich, l’ensemble des invités a pu interagir davantage lors du cocktail. Le dîner d’affaires, a été ensuite l’occasion pour les participants de présenter leur secteur d’activité et échanger efficacement grâce aux tables à thématique sectorielle : agroalimentaire, architecture, design & décoration, biens de consommation, environnement, investir en France, vins & spiritueux et la table des officiels. Mme Caroline PENARD, directrice générale adjointe de la CCIFC nous a fait l’honneur d’introduire cet événement exceptionnel, aux côtés de M. ZENG Kaizhang, président du CCPIT Canton et de M. le consul général de France à Canton, Bruno BISSON. Les cultures françaises et chinoises ont également été mises en avant au travers d’une excellente sélection de grands crus français, proposée par Red Pony, accompagnée de plats traditionnels chinois. Cette deuxième édition du Forum d’affaires sino français, pleine de succès et prometteuse pour les entreprises françaises et chinoises, est en passe de devenir l’événement annuel de la communauté d’affaires franco chinoise à ne pas manquer, afin de développer davantage les relations d’affaires mutuellement bénéfiques entre la Chine et la France. Contact : Emeline HESPEL Responsable événementiel & communication hespel.emeline@ccifc.org 86 (20) 2916 5531

Édition 2014 de l’enquête sur le climat des affaires La CCIFC et l’agence Ifop Asia renouvellent en 2014 leur étude annuelle sur le climat des affaires. Cette étude destinée à prendre le pouls du climat des affaires en Chine, sera lancée auprès des entreprises française membres de la CCIFC du 1er au 30 septembre 2014. Afin d’obtenir une évaluation riche de l’environnement des affaires et de mieux appréhender les défis et

inquiétudes des entreprises françaises, nous vous invitons à participer en nombre à cette enquête en répondant au questionnaire qui vous sera directement envoyé. Nous vous remercions de votre implication. Pour télécharger les résultats des études 2013 et 2012, rendez-vous sur www.ccifc.org, rubrique business intelligence.

www.ccifc.org

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Actualités Business Services

Lactalis ou Bonilait ; d’autres sont en prospection — telle Reverdy pour l’alimentation des chevaux. Notre porte étendard était Adisseo, du groupe Blue Star, bel exemple de coopération franco-chinoise dans le secteur de l’alimentation animale depuis 2006. M. Jean-Muichel BOUSSIT, président d’OQALIM (l’association professionnelle pour la qualité en alimentation animale), était présent et représentait l’intégralité de la filière. Installé au centre du hall principal du salon, le pavillon français a été visité par différents responsables du ministère de l’Agriculture chinois, dont le vice-ministre en charge de ce secteur, offrant aux entreprises présentes une visibilité forte auprès des institutions en charge des autorisations administrative. Les entreprises ont également pu établir de nombreux contacts commerciaux sur ce stand conceptualisé et animé par la CCIFC.

Interview du conseiller agricole adjoint à l’ambassade de France en Chine

Thomas PAVIE La CCIFC et le service économique régional de l’ambassade de France en Chine initiaient en 2012 un comité sectoriel fédérant les acteurs du secteur agricole et agroalimentaire. En 2014, les deux structures ont poursuivi ce travail de regroupement des entreprises en les amenant au salon du Feed de Shenyang. En partenariat avec la CCIFC vous avez récemment participé au salon du Feed à Shenyang, quels étaient les objectifs de votre présence et de celles des entreprises françaises ? Les entreprises du secteur de l’alimentation animale ont fait le constat de la difficulté de l’accès du marché chinois pour leurs produits, difficulté en premier lieu d’ordre administratif. En participant de manière collective à ce salon professionnel — le plus important en Chine pour ce secteur — en liaison avec la China feed industry association et le ministère de l’Agriculture chinois, nous souhaitions démontrer aux partenaires institutionnels et industriels chinois du secteur que la France dispose d’une offre de qualité et adaptée aux besoins du marché chinois, mieux comprendre leurs attentes et leurs « codes » culturels, et tisser des liens pour une relation de confiance dans la durée. Pouvez-vous nous citez les entreprises présentes sur le Pavillon France ? Quels bénéfices réels ont-elles pu retirer de leur participation ? Nous avons reçu un total de huit entreprises du secteur : des PME telle que Olmix ou des grandes coopératives de taille internationales telles que In vivo ou encore Limagrain. Certaines sont déjà implantées pour produire en Chine — comme SPF Diana ; ou exportent déjà en Chine — comme

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Fiona QIAO Fiona a intégré l’équipe en tant que Business Consultant au Chinese Desk suite au départ de YANG Fan à qui nous souhaitons le meilleur pour la suite. Contact : qiao.fiona@ccifc.org | 86 (10) 6461 0260*17

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Vous avez organisé au cours de ce salon un forum sur l’alimentation animale en Chine, en quoi ce secteur est-il important pour les entreprises françaises ? Le forum a regroupé 200 experts professionnels et académiques chinois et a permis aux entreprises de présenter leurs solutions innovantes, mais aussi d’avoir une présentation par la China Feed Industry Association de la nouvelle réglementation chinoise qui s’applique dans le domaine. La Chine est le 1er pays pour l’élevage dans le monde. Son agriculture et son élevage sont en pleine période de transition afin de répondre à une demande exponentielle des consommateurs chinois pour les produits animaux (laits, viande, œufs), avec également une exigence élevée en termes de qualité et de sécurité des aliments. Les fluctuations sur l’offre et la demande en Chine ayant des répercutions sur les coûts des matières premières utilisées en France, les entreprises du secteur en France se doivent de suivre de près l’évolution du marché chinois et les acteurs chinois. Parallèlement, ce marché présente de formidables opportunités pour nos entreprises, que ce soit pour les produits ou les services, ou même l’équipement. Qu’est ce que le partenariat avec le service SAE de la CCIFC vous a apporté sur cet événement ? Depuis plus d’un an le service économique de l’ambassade a engagé des négociations pour ouvrir le marché chinois à différentes catégories de produits de l’alimentation animale. Mais nous nous sommes heurtés au mur de l’administration chinoise. Les négociations pour l’ouverture du marché progressent quand elles sont menées sous trois angles complémentaires : politique, technique mais aussi industriel. Il ne peut pas y avoir de bonne diplomatie économique sans les entreprises. Mais pour que cette approche économique de la diplomatie soit efficace, il faut que l’intervention des entreprises soit coordonnée et convergente. La CCIFC et son comité sectoriel agricole permettent cette coordination efficace avec pour objectif d’apporter des réponses collectives aux enjeux du secteur de l’alimentation en Chine. Propos recueillis par M arion S A R D OU


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YUAN Qifei Qui rejoint notre service d’appui aux entreprises en qualité de consultante commerciale. Bonne continuation à LUO Jingwen, son prédécesseur. Contact : yuan.qifei@ccifc.org | 86 (21) 6132 7100*112

China Cities of the Future 明日之城 未来市场 2014 Tour

Imagine China

La France a l’honneur dans l’Ouest de la Chine

Imagine China

Chongqing

Chengdu

Le mois d’octobre sera un mois français pour l’Ouest de la Chine. Deux opérations majeures et labellisées comme événement économique marquant le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine, seront organisées dans la région du 22 au 26 octobre.

Il y aura tout d’abord l’opération Ville d’Avenir à Chongqing les 22 et 23 octobre, organisée par la CCIFC et soutenue par l’ambassade de France en Chine. Il s’agit d’un voyage de suivi de la première mission menée en 2010 dans cette ville, en partenariat avec Ubifrance et le DOFTEC. L’objectif de ce voyage est d’approfondir les relations et les possibilités de partenariats sur Chongqing au travers de tables rondes et de rendez-vous individuels avec le tissu économique local. À la demande de la municipalité, l’opération se focalisera sur plusieurs secteurs : • Santé (gestion d’établissement pour senior, pharmaceutique) • Cosmétique (production d’essences naturelles, R&D, packaging…) • Vins et spiritueux & agroalimentaire • Agriculture (industrie porcine) • Développement urbain (projet low carbon city) • Industrie Du 23 au au 26 octobre aura lieu le Forum des Pme France/Chine à l’initiative de la Fondation Prospective et Innovation, présidée par M. Jean-Pierre Raffarin. Cette opération, organisée au moment de la grande foire commerciale de l’Ouest de la Chine, rassemblera 800 PME/ ETI françaises et chinoises. Il s’agit d’un Forum bilatéral de rendez-vous d'affaires destiné aux dirigeants de PME/ETI françaises qui recherchent des alliances stratégiques commerciales, financières et technologiques, pouvant leur permettre de développer leurs affaires en Chine.

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Actualités des Antennes

Beijing

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北 京

Nathalie ANIEL a repris le 13 juin dernier le poste de directrice de l'antenne de Pékin. Un grand merci à Carine LEBECQUE pour l'immense travail accompli pendant ses trois années passées à la CCIFC. Contact : aniel.nathalie@ccifc.org | 86 (10) 6461 0260*43

Journée CCIFC à Dalian le 25 avril

CCIFC

Nous avons été ravis de rencontrer une trentaine d’entreprises françaises le 25 avril, grâce à l'appui et le dynamisme de Frédéric Choux, notre représentant à Dalian. La journée, organisée avec le soutien du EU SME Center, s’est déroulée en deux parties, la matinée

étant consacrée aux problématiques de la communauté française avec la présence notamment de Mme la consule générale Isabelle Miscot, et l’après midi réunissant entreprises françaises et européennes. Edouard de la Marandais (services Aden), Ludmila Hyklova (EU SME Centre), Alina Quach (Asiallians) et Han Qiang (Bureau des affaires étrangères chinois et d'outre-mer de Dalian) qui ont partagé leur expertise avec nous au cours de cette journée riche en échanges.

Networking franco-chinois le 8 mai Notre soirée networking spéciale 50e anniversaire des relations France Chine a été un grand succès. Nous

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avons accueilli sur la terrasse de la Brasserie Flo plus de 200 personnes, membres de la section française de la WRSACC, de Club France et de la CCIFC. De nombreuses retrouvailles et rencontres ont eu lieu tout au long de la soirée, dans ce cadre prestigieux et dans une ambiance conviviale.


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Arrivée de :

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Arrivée d’Audrey Rehby au poste de Business Director Beijing

Félix Fei a rejoint l’équipe événementiel début juin et remplace Paulo Qi qui est resté quatre ans à la CCIFC. Bienvenue à Félix Fei et merci à Paulo pour son excellent travail. Contact : fei.bo@ccifc.org | 86 (10) 6461 0260*49

Célébration de la Fête nationale le 14 juillet

Depuis juin, Audrey a la responsabilité des activités recrutement, formation, adhésion et domiciliation au sein de l’antenne de Pékin avec ses équipes : Liliane Liang (responsable RH) et Penny Pan (responsable domiciliation et adhésion). Audrey a plus de cinq ans d’expérience en tant que chef de projet dans une société de conseil. Elle est diplômée de Sciences Po Grenoble en gouvernance et administration européenne et possède un master en gestion des ressources humaines de l’IAE Toulouse. Nous lui souhaitons la bienvenue et beaucoup de succès dans ses nouvelles fonctions ! Audrey a repris les responsabilités de HUANG Hailing qui rentre en France cet été. Nous remercions vivement Hailing pour son excellent travail pendant les trois années en tant que responsable RH qu’elle a passées à la CCIFC, et lui souhaitons bonne chance dans ses nouvelles aventures ! Contact : Audrey REHBY | rehby.audrey@ccifc.org 86 (10) 6461 0260 ext 38

Comment développer votre innovation en Chine ? le 20 mai Nos experts Fabien Nilsson, spécialiste de l’innovation (EDF, Open Innovation Asia Director), Bertrand Schmitt, entrepreneur (App Annie, CEO), et Clémence Vallée Thiollier, spécialiste en propriété intellectuelle (LLR, Partner) ont partagé leur expérience et donné leurs conseils sur les meilleures pratiques pour mener votre innovation en Chine.

Job Fair le 5 juillet Club France, le réseau des anciens étudiants chinois en France animé par l’ambassade de France en Chine, a organisé le Forum Emploi le samedi 5 juillet 2014 à Pékin, Canton, Chengdu, Shanghai et Wuhan, en collaboration avec le site de recrutement Zhaopin, la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine (CCIFC), la Jeune chambre économique des Français (JCEF Pékin, Shanghai et Canton) et la zone de développement économique et technologique de Wuhan (WEDZ). Pendant cette demi-journée, une vingtaine d’entreprises ont rencontré, au cours d’entretiens rapides de trois minutes, des candidats français et chinois en recherche d’emploi ou de stage.

法国国庆日 14 Juillet 2014 Dans les salons et jardins de la Résidence de France à Pékin

Platine

Or

Argent

Bronze

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Actualités des Antennes

CCIFC Shanghai - GALA 2014 le 10 mai Cette année le dîner de gala de la Chambre de commerce et d'industrie française en Chine a rassemblé plus de 900 invités le 10 mai 2014 à l’hôtel Jingan Shangri-la de Shanghai !

CCIFC

上 海

SHANGHAI

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Événements à venir Participez au cocktail de rentrée de la CCIFC Shanghai qui rassemblera la communauté d’affaires franco-chinoise de Shanghai courant septembre. Contact : Matthieu DUMONT, 86 (21) 6132 7116 Anthony LOPEZ, 86 (21) 6132 7120 SHUANG Fei, 86 (21) 6132 7128 sh-event@ccifc.org

Le 28 mai dernier, une présentation des avantages offerts par la Shanghai Free Trade Zone a eu lieu dans les locaux de la CCIFC. Cette conférence, qui a réunit plus de 70 personnes, a permis à M. Jing Xu, Deputy Director of Operation Planning Departement, de présenter en détails les règles en vigueur dans cette zone économique spéciale.

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Conférence : Présentation de la Shanghai Free Trade Zone le 28 mai

Le 16 mai 2014, à Hangzhou, en présence de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, et du développement International et de Jack Ma, CEO d’Alibaba, un protocole d’entente a été signé afin de faciliter les procédures d’enregistrement des marques françaises sur la plate-forme d’e-commerce Tmall.com. Cette conférence a été l’occasion pour les représentants d’Alibaba de présenter les nouveautés et avantages de cette procédure simplifiée.

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Une réunion d'information et de présentation du processus d'enregistrement simplifié sur Tmall a eu lieu dans les locaux de la CCIFC le 10 juin

FORMATIONS Cours de Chinois particuliers

Formations in-House

La CCIFC, via un réseau de professeurs chinois expérimentés et parfaitement francophones, vous propose des cours de chinois individuels, dispensés dans votre langue natale, à votre domicile ou sur votre lieu de travail, afin de vous permettre d’améliorer votre connaissance du chinois. Du niveau débutant au niveau avancé, les cours particuliers vous garantissent un apprentissage sur mesure correspondant à vos attentes. Vous souhaitez vous concentrer sur l’écrit, l’oral, sur le chinois de la vie quotidienne ou de la vie professionnelle. Nos professeurs s’adaptent à vos besoins.

Afin de répondre aux besoins spécifiques des entreprises, la CCIFC propose des formations intra-entreprises. Grâce à nos formateurs et coachs professionnels spécialisés dans différents domaines tels que le management, les RH, la finance, la vente, le marketing, le développement personnel, etc., nous créons des programmes surmesure adaptés à vos besoins qui peuvent être dispensés au sein de votre entreprise ou à la CCIFC.

Contact : Anthony LOPEZ sh-training@ccifc.org 86 (21) 6132 7120

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Actualités des Antennes

C’est lors de la dernière session du salon international Interwine qui s’est tenue à Canton, au complexe China Import & Export Fair, que la CCIFC rassemblait douze exposants venus de toute la Chine et de France. Ce fut pour la 4e année consécutive que la CCIFC organisait le Pavillon France afin d’accompagner et d’aider les exposants dans leurs démarches et approches du marché des vins et spiritueux en Chine du Sud. Grâce à son équipe spécialisée, la CCIFC Chine du Sud permet aux entreprises présentes sous le Pavillon France de bénéficier de tarifs préférentiels, d’un design français spécifique et unique pour une visibilité accrue, et du support de la CCIFC et de ses services avant, pendant et après le salon. En effet, la province du Guangdong, avec sa capitale Canton, est un des marchés les plus importants de vins et spiritueux en constante croissance et représente 53 % du vin importé en Chine. Dans ce contexte, le salon Interwine s’impose comme une prestigieuse vitrine pour les vins et spiritueux étrangers, réunissant plus de 27 000 visiteurs et 530 exposants lors de cette session de novembre. La surface du salon accueillant tous les professionnels du vin et des spiritueux issus des quatre coins du monde, a été multipliée par six en seulement cinq ans. Cet événement offre l’opportunité de confirmer sa présence sur le marché, de développer de façon importante son portefeuille clients et de renforcer sa visibilité en Chine du Sud en rencontrant tout profil relatif au secteur des vins et spiritueux. Distributeurs, grossistes, restaurateurs & hôteliers, négociants, importateurs, acheteurs en gros et producteurs se donnent rendez-vous chaque mois de mai et de novembre dans le but d’échanger et de proliférer dans ce marché en constante évolution.

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Salon International Interwine du 22 au 24 mai

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中 国 南 部

canton

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Contact : Emeline HESPEL hespel.emeline@ccifc.org 86 (20) 2916 5531

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Nouveaux collaborateurs... Arrivée de :

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Stéphanie MING Bienvenue à Stéphanie MING qui depuis juin a rejoint l’équipe de Shenzhen en tant que responsable événementiel.

Contact : ming.stephanie@ccifc.org | 86 (755) 8632 9602

SHENZHEN Cocktail de Printemps de Shenzhen le 12 juin Un vent de nouveauté a soufflé sur le cocktail de printemps 2014 à Shenzhen ! L’événement ne s’est déroulé ni dans un hôtel, ni dans un restaurant, mais dans une banque d’affaires — la China Merchant — au 26e étage de la plus grand tour du quartier de Shekou. La China Merchant est omniprésente à Shenzhen, et participe activement au développement rapide de nouveaux quartiers. Au cours de ce cocktail, le nouveau responsable du bureau de Shenzhen, Michaël BOUCHUT, a pu présenter son plan d’actions aux membres présents et affirmer sa volonté de développer les activités et les services de la CCIFC à Shenzhen dans le souci constant de répondre aux besoins de chacun de ses membres. Le directeur de l’antenne Chine du Sud de la CCIFC, Alexandre BEAUDOUX était présent, accompagné de Vaizoue HUYNH, vice-présidente de la CCIFC. Les invités ont passé un excellent moment, de nombreuses rencontres se sont créées avec à la clé de possibles futurs partenariats.

Le Salon Food & Beverage 2014 de Shenzhen du 27 au 29 juin Le salon Food & Beverage dédié à la nourriture et à la boisson s’est tenu du 27 au 29 juin 2014 à Shenzhen au parc des expositions. Ce salon, ouvert au public, permet à des professionnels de la distribution chinoise de trouver sous le Pavillon France toutes sortes de produits alimentaires, de vins/spiritueux et d'ingrédients de haute qualité. Pour cette dernière édition, un grand nombre de produits ont été exposés sur une surface de 15 000 m2, et les produits et savoir-faire français ont pu bénéficier d’un espace privilégié. Cette exposition se place ainsi en vitrine de la diversité et de la qualité de l’alimentation française. Une belle opportunité pour les enterprises françaises de : • Faire connaître leur marque, leurs produits et leur savoir-faire • Accroître leur visibilité auprès d’un large public • Associer leur image à un événement spécifique du salon • Développer des contacts auprès de professionnels de la filière • Vendre sur place Au cours de cette troisième édition, quatre participants ont pu défendre les qualités culinaires françaises : La Crêperie Rozell, Alce Nero, Shenzhen HBN Wines ainsi que Sinoexport.

Les nombreux visiteurs chinois du salon ont pu apprécier les délicieuses galettes et crêpes bretonnes de La Crêperie Rozell, première crêperie installée dans la province du Guangdong ; des produits organiques dans lesquels on retrouve l'essence de la marque Alce Nero du groupe Denis Frères ; et les merveilleux vins de plusieurs régions françaises proposés par Shenzhen HBN Wines et Sinoexport.

Les groupes de travail à Shenzhen : beaucoup de nouveautés à venir Une première session du groupe de travail RH a eu lieu le 12 juin dernier et a réuni plusieurs RH d’entreprises françaises. L’objectif de cette rencontre menée par Huaxia CHEN, responsable recrutement et formation de l’antenne de Shenzhen, était de définir les thèmes des prochaines séances afin de développer un plan d’actions concret et réaliste qui réponde aux besoins de chaque participant. Durant l’été, les membres de la CCIFC à Shenzhen pourront également participer à notre nouveau groupe de travail entrepreneur. L’objectif de ce groupe est d’accompagner les entrepreneurs membres de la CCIFC dans le développement de leurs entreprises en faisant appel à des experts du management et de divers secteurs. Nous prévoyons également la création à la rentrée de trois nouveaux groupes de travail : qualité & fournisseur, communication & marketing et PME.

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Actualités des Membres

International SOS s’agrandit en Chine : ouverture d’un bureau à Chengdu et arrivée d'un nouveau médecin français au centre d’assistance de Pékin Afin d’être toujours plus proche de ses clients qui s’installent à l’Ouest de la Chine, International SOS ouvre un bureau à Chengdu, en complément des bureaux de Pékin, Shanghai et Canton. Ce nouveau bureau se situe au Yanlord Centre, Section 2 Renmin South Road, Chengdu. Le centre d’assistance accueille également un nouveau médecin français, Jean-Baptiste Adrien, qui fut l’attaché médical de l’ambassade de France en Chine de 2000 à 2003. Il a, à cette époque, collaboré activement avec les autorités médicales lors de l’épidémie de SRAS. Jean-Baptiste vient compléter notre équipe médicale francophone de médecins généralistes, urgentistes, pédiatres, psychologue, dentiste au service de la communauté. Les centres d’assistance d’International SOS sont accessibles par téléphone 24/24 pour les membres ayant besoin d’informations avant de partir en voyage, d’un avis médical, d’une recommandation pour se rendre à l’hôpital ou d’assistance en cas d’urgence. International SOS gère également des cliniques à Pékin, Shenzhen, Nanjing et Tianjin.

Félicitations : Algeco ChengDong officiellement en Chine ! Après quelques mois de préparation, la nouvelle joint-venture d 'Algeco Scotsman a obtenu sa licence d'exploitation le 12 mars 2014. S’appuyant sur plus de 60 ans d’expériences dans 37 pays, Algeco offre désormais en Chine, des solutions clé en main, pour des espaces temporaires, directement sur le site de ses clients : bureaux, sanitaires, dortoirs, espace événementiels… Quelques sociétés renommées comme China State Construction, Andros et Siemens ont déjà pu tester à Pékin, le confort, la flexibilité, la sécurité et le respect de l’environnement de nos modules.

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Altéréa & aden Services saisissent ensemble l’opportunité de la transition énergétique engagée par la Chine ADEN Services, un des leaders du facility management en Chine et Altéréa, ingénieriste français de l’énergie et du bâtiment, annoncent la création d’une joint-venture pour développer de nouvelles solutions d’économies d’énergie en Chine. Cette association permettra à ADEN Services de capitaliser sur l’expertise d’Altéréa dans le domaine de la performance énergétique des bâtiments, ses 100 ingénieurs et sa technologie de gestion énergétique ; tandis que la PME nantaise profitera de la puissance du réseau commercial d’ADEN Services présent dans 40 villes chinoises avec 18 000 salariés et de l’explosion de la demande de solutions d’économie d’énergie sur le marché chinois. Avec une gamme complète de services en gestion énergétique incluant la modernisation et la rénovation en profondeur des bâtiments pour aider ses clients à réduire leurs consommations d'énergie, à maîtriser leurs coûts d'exploitation et leurs émissions de gaz à effet de serre, Altéréa permettra au groupe ADEN Services d'élargir son offre actuelle et de répondre à la demande croissante des clients locaux et internationaux en recherche de solutions intégrées.


EDF et Datang vont construire et exploiter une centrale à charbon ultrasupercritique de 2 000 MW en Chine Le 18 avril 2014, EDF a annoncé la signature d’un accord de partenariat pour un projet de centrale thermique à Fuzhou. À travers cet accord, EDF et l’électricien China Datang Corporation (CDT) créent ensemble une joint venture dans laquelle EDF participe à hauteur de 49 %. Cette coentreprise va construire et exploiter une centrale ultrasupercritique au charbon de deux unités de 1 000 MW chacune. La construction de cette centrale a commencé sur le site de Fuzhou, dans la province du Jiangxi, au Sud-Est de la Chine. Avec une mise en service prévue pour l’été 2016, Fuzhou sera la première centrale charbon de type ultra-supercritique exploitée par EDF. Cette technologie garantit un rendement élevé ainsi qu’un impact environnemental moindre. La Chine se trouve actuellement à la pointe de cette technologie. Cet accord va permettre à EDF de renforcer ses compétences d’ingénierie et d’exploitant thermique grâce à une large implication dans le processus industriel de construction et d’exploitation de la centrale. Cette participation marque aussi une nouvelle étape dans la collaboration initiée entre EDF et Datang en 2006 qui a déjà permis aux deux entreprises de devenir coexploitants de la centrale à charbon supercritique de Sanmenxia en 2009.

Saft alimente des compteurs intelligents de gaz en Chine avec des batteries lithium primaire Saft, leader mondial de la conception et de la fabrication de batteries de haute technologie pour l’industrie, vient de remporter un contrat pour la fourniture de batteries lithium primaire pour l'un des cinq principaux constructeurs de compteurs de gaz en Chine. Les batteries LS17500, de format A, développées pour assurer des performances fiables et sans maintenance sur une durée de vie de plus de dix ans, alimenteront des compteurs intelligents résidentiels installés dans la province du Zhejiang par les principales sociétés de gaz de la Chine. Par ce contrat, Saft étend encore sa présence sur le marché des compteurs de gaz. Ce marché, en forte croissance, devrait atteindre 24,3 millions d'unités en 2016, selon le rapport China Smart Meter Industry Report 2013-2016. En 2013, Saft a déjà remporté un premier contrat sur ce marché, pour fournir environ 500 000 batteries de la série LS, pour les quatre prochaines années à un grand constructeur de compteur de gaz.

TECHNOCHINA Industries oriente sa stratégie vers les services de sous-traitance en conception et fabrication de produits de consommation électroniques et d’objets connectés TECHNOCHINA est une société française spécialisée dans les services de conception et de fabrication en soustraitance pour des produits de consommation électroniques & objets connectés embarquant cartes électroniques, pièces plastiques & mécaniques. Nous travaillons actuellement avec les principaux acteurs Européens dans les secteurs de la maison intelligente (Smart Home), les objets connectés & leurs accessoires ainsi que les télécommunications, systèmes de construction et de détection incendie. Du design artistique & industriel à la fabrication & livraison des produits, TECHNOCHINA propose, de part son équipe R&D et ses trois usines à Shanghai, une offre concurrentielle, intégrée & flexible. Nos moyens de production et de conception sont les suivants : • Unité d’injection plastique de 19 presses • Unité de câblage SMT de cartes électroniques • Unité d’intégration de produits finis électroniques et de conditionnement L’équipe de TECHNOCHINA est prête à vous accueillir avec plaisir pour une visite de nos locaux & usines dans le cas où vous souhaiteriez bénéficier d’une solution complète pour la conception, production & distribution de vos produits.

Acquisition de JF Natural par l’entreprise Diana Fondée en 1999, JF Natural est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation d’extraits de fruits, de légumes et de plantes médicinales. Située dans la zone de développement économique et technologique (TEDA) de Tianjin, en Chine, l’entreprise jouit des locaux industriels fournis par la TEDA et dispose d’un accès facilité au port de Tianjin. Olivier Caix, PDG de DIANA, indique : « L’ambition de DIANA consiste principalement à booster son positionnement dans des marchés émergents tels que la Chine tout en se rapprochant davantage de nos clients locaux. L’acquisition de JF Natural représenterait une étape clé, car elle nous permettrait d’accéder à un approvisionnement stratégique sûr, ainsi qu’à un réseau commercial dense en Chine sur le marché agroalimentaire.» DIANA, FOOD DIVISION fournit des solutions à haute valeur ajoutée à base d’ingrédients naturels à ses clients de l’industrie agroalimentaire du monde entier. À partir d’une gamme naturelle de fruits, de légumes, de produits carnés et marins transformés en concentrés, poudres, flocons, morceaux et plaques, DIANA, FOOD DIVISION propose des solutions aux bénéfices sensoriels et nutritionnels.

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Décryptage | Une des médias

La lutte anti-corruption ralentit-elle l'économie chinoise ? Le 22 janvier 2013, à peine plus de deux mois après avoir été sacré par le XVIIIe congrès du PCC, le président Xi Jinping prononçait un discours devant la Commission Centrale de Discipline du Parti (中纪委全会) , et lançait le slogan “Frapper à la fois les tigres et les mouches” (老虎苍蝇一起打), soulignant qu'il désirait à la fois s'attaquer aux petits fonctionnaires corrompus, les « mouches », mais aussi ne pas épargner les hauts dignitaires, les « tigres ».

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epuis une vingtaine d'années, les campagnes anti-corruption constituent un événement régulier de la vie politique chinoise ; c'est un moyen commode de se débarrasser de ses adversaires politiques (une sorte de « système des dépouilles » à la chinoise) qui sert aussi à essayer de grappiller un peu de popularité. Cependant, leurs impacts restaient très ciblés et très limités sur le pays. Cette foisci, l'échelle est beaucoup plus importante. Selon les chiffres officiels du Parti, il y a eu

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Imagine China

REN AUD DE SP E NS

182 000 sanctions disciplinaires en 2013, soit 13 % de plus que l'année précédente. Audelà des statistiques, on constate qu'un vent de panique souffle désormais dans la haute administration, tandis que les flics de quartier n'osent plus demander des pots-de-vin. Les marques de luxe tirent la tête, et certains importateurs de vins français expliquent que leur chiffre d'affaires a chuté de 30 % à cause de cette campagne. Et ces derniers mois, plusieurs économistes chinois sont allés jusqu'à s'interroger sur le coût économique de la lutte anti-corruption. Le débat trouve un certain écho dans la presse chinoise. Les 350 appartements d’un ancien ministre Pour l'analyste Lu Ting, basé à Hong Kong, la lutte anti-corruption du gouvernement Xi aurait déjà coûté de 0,6 à 1,5 point du PNB chinois ; les fonctionnaires chinois, soucieux de moins dévoiler leur enrichissement illégal, auraient diminué leurs dépenses personnelles de 326 milliards de yuans (plus de 38 milliards d'euros). Le bureau national des statistiques a implicitement confirmé l'ampleur de l'impact : ce coût serait inévitable pour obtenir une

meilleure gouvernance. Mais pour d'autres économistes, plus que le ralentissement de la consommation, qui ne toucherait pratiquement que l'industrie du luxe, c'est surtout un ralentissement des réformes, et donc de la compétitivité internationale de la Chine, qu'il faudrait craindre. En effet, l'atmosphère de terreur qui règne à présent dans la haute administration chinoise paralyserait toute initiative, et spécialement l'implémentation de mesures libérales, les occasions ou suspicions de corruption étant particulièrement importantes lors d'attributions de terrains, du démantèlement de conglomérats d'État, et d'ouverture à la concurrence. On pourrait aussi ajouter l'augmentation de la fuite des capitaux, qui atteignait déjà 3 % du PIB en 2011. Le nombre de fonctionnaires pouvant être inquiétés par la lutte anti-corruption est potentiellement considérable. Près de 42 000 auraient déjà été formellement inculpés depuis 2013 (certains ont été sanctionnés plusieurs fois), et selon un document interne du Parti qui a fuité l'an dernier, le pouvoir considère qu'un tiers de ses agents est corrompu à un degré ou un autre. Cela fait sourire les commentateurs internet et les éditorialistes


Pour l'analyste LU Ting, basé à Hong Kong, la lutte anti-corruption du gouvernement Xi aurait déjà coûté de 0,6 à 1,5 point du PNB chinois ; les fonctionnaires chinois, soucieux de moins dévoiler leur enrichissement illégal, auraient diminué leurs dépenses personnelles de 326 milliards de yuans (plus de 38 milliards d'euros).

chinois, qui savent bien qu'en réalité la quasitotalité des fonctionnaires chinois, dont les émoluments officiels sont très faibles, bénéficient de nombreux avantages illégaux, au minimum des « revenus gris » provenant « d'enveloppes rouges » données pour faciliter des démarches administratives, mais bien souvent aussi de pots de vins ou de détournements de biens publics extrêmement importants aux niveaux hiérarchiques supérieurs. En mai, c'est près d'une tonne de billets de banque qui a été découverte chez Wei Pengyuan, fonctionnaire en charge du charbon au ministère de l'Énergie ; Liu Zhijun, ancien ministre des Chemins de fer condamné à mort avec sursis en juillet 2013 possédait plus de 350 appartements ; le général de corps d'armée Gu Junshan, inculpé début avril 2014, vendait 30 millions de yuans (3,5 millions d'euros) le grade de général de division, ce qui laisse deviner le niveau des bénéfices qu'un tel poste peut permettre d'obtenir. Le cœur même du pouvoir est également touché, comme l'a montré le journaliste David Barboza du New York Times, prix Pulitzer 2013 : la famille de l'ancien Premier ministre Wen Jiabao avait pu se construire une fortune de plus de 2 milliards d'euros.

« Atmosphère de terreur » Certes, la campagne actuelle n'entrainera des conséquences disciplinaires ou judiciaires que pour une infime partie des quelque 40 millions d'agents publics chinois. Cependant, le chercheur Anthony Saich affirme qu'il faut remonter à l'époque de Mao pour trouver une lutte anti-corruption aussi ambitieuse. Pour Zhao Yi, vice-rédacteur en chef du bimensuel Nanfang Chuang, il est clair que le but du mouvement est aussi d'instaurer « une atmosphère de terreur » dans tous les corps de l'État et du Parti. Cet objectif a déjà été débordé : alors que la crise financière de 2009 avait fortement augmenté le nombre de candidats aux concours administratifs, ceux-ci diminuent à nouveau depuis 2013, et de nombreux parents recommandent désormais à leurs enfants envoyés étudier à l'étranger d'y rester. L'immobilier a également tendance à stagner, notamment pour les résidences de luxe : beaucoup de logements de prestige sont discrètement bradés par des intermédiaires derrière lesquels se cachent des hauts fonctionnaires qui espèrent diminuer ainsi la partie émergée et trop

ostentatoire de leurs richesses. Quant aux hommes d'affaires, ils expriment en majorité leur agacement : ils n'arrivent plus à régler leurs problèmes avec l'administration ; le manque de construction de l'État de droit fait que seules les « enveloppes rouges » leur permettaient de se sortir de situations conflictuelles avec les autorités. Même certains dirigeants de cafés et restaurants sont parfois dubitatifs, contents de ne plus se faire racketter par la police municipale à chaque prétexte, mais s'estimant victimes d'un plus grand harcèlement autoritaire sans aucun recours. La filière charbon dans le collimateur Le gouvernement a semble-t-il deux ambitions principales : la première, classique, est d'éliminer les factions qui lui contestent le pouvoir absolu. Après avoir démantelé le clan de l'ex-chef de la sécurité d'État Zhou Yongkang dans le pétrole et le Sichuan (et ainsi, dit-on défié l'autorité de l'ex-président Jiang), il s'attaque aujourd'hui à la filière du charbon (centrée autour du Shanxi) et contrôlée par des amis de la famille de LING Jihua, ex-secrétaire de l'ancien président Hu, déjà fragilisé depuis que son fils s'était encastré dans le décor à bord d'une Ferrari noire alors que deux jeunes femmes le papouillaient en mars 2012. Xi Jinping se débarrasse ainsi des fidèles de ses deux prédécesseurs, et parvient à concentrer des pouvoirs inédits pour un chef d'État chinois depuis Deng Xiaoping. La seconde de ces ambitions, qui porte probablement la marque de Wang Qishan, à la tête de la discipline du Parti et fervent lecteur de Tocqueville, est d'éviter que la société chinoise, très remontée contre la corruption, ne finisse par détruire le système. C'est aujourd'hui un succès, le gouvernement jouissant encore d'une popularité sans précédent depuis 30 ans. L'éditorialiste Zhao Yi balaye comme la majorité de la presse chinoise la critique des économistes : si la lutte anti-corruption actuelle a peut-être un coût économique, celui-ci reste marginal et est compensé par les gains sociaux et politiques qu'il procure. Néanmoins, son défaut principal est de ne pas s'attaquer aux racines systémiques du mal, la collusion entre public et privé et l'absence d'opposition et de liberté d'expression. Sans un État de droit et une justice indépendante, toutes les campagnes anti-corruption, aussi sévères soient-elles, resteront en grande partie inefficaces. Elles ne peuvent remplacer les réformes structurelles que la Chine attend. R E N AU D D E S P E N S

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Décryptage | Clichés

ARTS VISUELS

Regards croisés À l’occasion du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République française et la République populaire de Chine, plusieurs expositions photographiques présentées dans le cadre du festival Croisements 2014 nous permettent de découvrir une Chine oubliée ou méconnue à travers des clichés d’une rare sensibilité.

Exposition Inside / Out de JR © JR, avec l’aimable autorisation de la galerie Magda Danysz , projet « Close-up »

Exposition Wuhan photographiée par Chen Si et Jorge Alvarez

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© Chen Si

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L’exposition « Paris – Pékin : les Français photographient la Chine, 1844 – 2014 », commissionnée par M. Alain SAYAG, réunit plus de deux cents tirages de soldats, diplomates, missionnaires, artistes ou simples voyageurs qui ont chacun tenté de capturer leur Chine, des impressions diffuses qui traduisent leur fascination pour ce pays aux multiples visages. Que ce soient les plus grands noms de la photographie du XXe siècle, Henri CARTIER-BRESSON, Victor SEGALEN, Albert KAHN, Marc RIBOUD ou d’autres moins célèbres, tous reflètent le regard unique des artistes français sur la Chine. C’est cette attention particulière, que Français et Chinois se portent, que l’exposition « 50 ans de relations franco-chinoises », organisée conjointement par l’Agence France Presse et Chine Nouvelle, a cherché à mettre en avant. Témoignages précieux des relations bilatérales franco-chinoises et de leur évolution, tant au niveau diplomatique, économique, que culturel et social, cette rétrospective est une véritable mise à l’honneur des relations francochinoises. Événements historiques ou images de la vie quotidienne, ces photos symbolisent des moments de

Exposition Wuhan photographiée par Chen Si et Jorge Alvarez

© Jorge Fidel Alvarez


Festival Croisements 2014

Exposition Shanghai 94

© Bahai

Exposition Paris – Pékin, les Français photographient la Chine, 1844 – 2014

Exposition Paris – Pékin, les Français photographient la Chine, 1844 – 2014 © Bertrand Meunier

Milice locale, Shandong, entre 1906 et 1912, Michel de Maynard, collection Getty, Los Angeles

partage, ce lien étroit qui s’est créé entre la France et la Chine, entre nos deux peuples et nos deux cultures. « Un été 78 à Pékin » nous transporte dans une Chine d’une autre époque. Au fil des photographies en noir et blanc tirées du premier voyage en Chine de Grégoire de GAULLE, des scènes de vie se dévoilent, des instants suspendus, emprunts d’humanité et de délicatesse. Cette sensibilité de l’œil du photographe se retrouve dans l’exposition « Shanghai 94 » consacrée au travail de l’artiste franco-chinois Bahai. Peintre originaire de Shanghai, il décide de capturer avec poésie l’essence de la ville de son enfance, qui, plongée au cœur d’une urbanisation sans précédent, fait disparaître le Shanghai des lilongs. Photographies en noir et blanc, prises sur le vif au hasard des rencontres, les visages de Bahai témoignent de la permanence d’une Chine ancestrale. Dans une ville de Shanghai en pleine mutation, ils racontent l’histoire d’une époque bientôt révolue. L’exposition croisée « Wuhan photographiée par CHEN Si et Jorge ALVAREZ » nous permet quant à elle d'entrevoir Wuhan à travers l’objectif d’un photographe français qui découvre cette ville pour la première fois et celui d’un photographe chinois qui

y a vécu toute sa vie. Confrontations des points de vue, de l’espace, du temps et de l’humain, là encore, les deux artistes cherchent à raconter une histoire de la Chine qui leur est propre, une image fantasmée ou désirée. Ce portrait de la société chinoise s’anime avec l’artiste français JR, lauréat du Ted Prize 2011. Invité à formuler un « vœu pour changer le monde », il décide de créer Inside Out, un projet international d’art participatif visant à « retourner le monde » grâce à des séries de portraits mêlant idées et engagements, placardées au cœur de l’espace public. À bord d’un camion photomaton, JR amène la photographie et l’art contemporain dans des lieux inédits et propose aux passants de Shanghai de les immortaliser afin de réaliser une œuvre d’art urbain inédite. Pour plus d’informations : http://www.faguowenhua.com/ Anthony CHAUMUZEAU, conseiller de coo-

pération et d'action culturelle, directeur de l'Institut français de Chine, ambassade de France en Chine

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Décryptage | Livres

DR

Par Françoise BLÉVOT

Le vieux bateau Zhang Wei

Traduit du chinois par Annie Bergeret-Curien et Xu Shuang Éditions du Seuil 622 pages - 25 €

ANCRAGES Les auteurs chinois ont le secret de ces romans à histoires « communautaires », n’oubliant pas qu’ils ont érigé en culte la relation intergénérationnelle. En même temps qu’il visite un village dont la spécialité ancestrale est la fabrication des vermicelles, le lecteur pénètre au cœur du récit, dans les rivalités claniques. La Révolution Culturelle est mise à profit le moment venu, pour régler les vieux contentieux. Puis voici qu’arrive la modernité. Alors, la ruralité subit les assauts du consumérisme aussi sûrement que lorsque les slogans vociféraient qu’il fallait éradiquer « les quatre vieilleries »… Une œuvre remarquable.

DEUX + DEUX

INTERPRETATION D’UN RÊVE

Le vingtième siècle chinois a vu en son début s’écrouler un empire plusieurs fois millénaire, et à sa fin naître un « double système » unique en son genre. Entre-temps que de soubresauts, de tragédies, d’où ont émergé quatre personnages dont les existences se sont chevauchées. C’est cet entrecroisement qui fait de ce livre une quadruple biographie extrêmement vivante, « tricotée » avec habileté et dont la lecture est captivante. De Sun Yat-sen, « prophète malchanceux qui joue toujours à contretemps », à Deng Xiaoping, père de la modernisation, « qui place le volontarisme industriel et commercial au-dessus de nombre de considérations objectives et rejette l’aspect messianique de Mao ».

Qui n’a jamais rêvé d’une journée entière à lire, confortablement calé dans un bon fauteuil (l’hiver) ou un transat (l’été) ? Roman rivière inspiré du célèbrissime roman fleuve presqu’éponyme, des quelques cinq cents personnages du second, on ne retrouve dans le premier qu’une vingtaine d’entre eux, Jia Baoyu et ses amoureuses, quelques membres de la famille, dans la belle demeure où il faisait bon vivre, jusqu’à ce que les nuages s’amoncellent. Dépaysant et agréable.

Traduit de l’anglais (USA) par Odile Demange Éditions Robert Laffont 516 pages – 22 €

Rémi Kauffer Éditions Perrin 478 pages – 24 €

L’HOMME QUI EN SAVAIT TROP En la risquant à chaque aventure, Chen poursuit la carrière qui fera de lui, si ce n’est déjà fait, « le Sherlock Holmes chinois ». Ici cependant, notre policier lettré emprunte le costume de l’Eliott Ness des Incorruptibles, pour démêler avec impavidité les fils dangereusement noués d’une intrigue dont les protagonistes sont des personnages très haut placés. Princes rouges, tycoons prêts à tout pour arriver au sommet munis de comptes en banque bien garnis. À leurs yeux, la vie de Chen ne vaut pas grand-chose…

Qiu Xiaolong

Editions Liana Levi 292 pages – 19 €

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Pauline Chen

Le siècle des quatre empereurs

Dragon bleu, Tigre blanc

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Dans le Pavillon rouge

LA CHINE AU FOND DES YEUX Alors que le Centre Pompidou lui consacrait une rétrospective ce printemps, « les trois sœurs du Yunnan » étaient sur les écrans, et ce livre d’entretiens paraissait, important pour qui s’intéresse à l’œuvre sans fard d’un artiste sans fard, qui se dit simplement « en communion avec ceux qui vient en Chine aujourd’hui ». Il y raconte son itinéraire et commente chacun de ses films les plus connus. Dépouillé et instructif.

Alors, la Chine Wang Bing, entretien avec Emmanuel Burdeau et Eugenio Renzi Éditions « Les Prairies ordinaires » (Diffusion « Les Belles Lettres ») 172 pages – 17 €

UN FAMEUX « TRIP » Un chemin, c’est bien connu, se trace de lui-même à force d’être fréquenté… Que d’échanges, commerciaux, culturels, spirituels, que de produits extraordinaires, que de rêves aussi…


À pied, à cheval, à chameau, en bateau, ce grand long voyage dans le temps et dans l’espace, on le parcourt tout au long de ce livre comme s’il était sans fin, et le lecteur n’est pas au bout de ses surprises, car si les Romains ont effectivement été jusqu’en Chine à l’époque des Han, il semblerait que ce soit à la suite d’un bien curieux concours de circonstances !

qui s’éteint ; « Pékin, une vieille chinoiserie tout en or » et ses « décors de paravents »…

Les derniers jours de Pékin Pierre Loti

Petite Bibliothèque Payot 286 pages – 7,65 €

De Rome à la Chine Jean-Noël Robert Éditions Les Belles Lettres 422 pages – 29,50 €

SUBLIMES ARTISANS…

HORIZONS LOINTAINS François Jullien analyse avec brio la démarche paysagère occidentale, préoccupée de perspectives, cadrée dans tous les sens du terme, et l’intention picturale chinoise, guidée par le souffle, véritable méditation au sein de laquelle l’être humain se situe… à l’opposé de l’ethnocentrisme.

Vivre de paysage Ou l’impensé de la Raison François Jullien

… Honorés ce printemps au Musée Guimet à travers une passionnante exposition célébrant leur créativité cinq fois millénaire, leurs talentueuses productions à partir de matières dont ils tiraient parti de façon tout à fait unique, et générant des inventions qui ont vraiment « changé la face du monde » ! Soie, papier, encre, porcelaine… Autre ouvrage très réussi et complémentaire, par une spécialiste du même musée, l’Art du textile en Asie donne une quantité d’informations sur les vêtements — entre autres chinois — n’ayant rien à voir avec ce que l’on qualifie maintenant de « costumes traditionnels », mais véhiculant bien d’autres choses infiniment plus riches, authentiques et belles.

Éditions Gallimard 258 pages – 17,90 €

Sublimes matière Ouvrage collectif

PÉRIODE AGITÉE Acteur et témoin : à ce double titre, lettré occidental et officier de marine, Pierre Loti se trouve en Chine au moment de la révolte des Boxers. D’une écriture vive et raffinée il raconte, s’étonne, et, curieusement, alterne compassion avec l’inévitable complexe de supériorité d’un représentant des « grandes puissances ». Il se désole des déprédations constatées au cours de son avancée vers Pékin, alors que, quelques lignes plus loin, il parle de « droits de conquête ». On se régale de ses descriptions « kitch » d’un monde

Éditions Hermann/Musée National des Arts Asiatiques Guimet 112 pages – 19 €

L’art du textile en Asie Aurélie Samuel

Éditions Scala/Musée National des Arts Asiatiques Guimet 127 pages – 15,50 €

(R)ÉVOLUTIONNAIRE Ce petit « beau livre » est parfait pour comprendre les mouvements d’avant-garde les plus représentatifs de la grande mutation artistique chinoise, de l’assimilation de l’expression contemporaine occidentale associée aux particularités chinoises jusqu’à ce que ces dernières prédominent pour devenir un langage pictural tout à fait original.

L’art contemporain en Chine Nouvelles éditions Scala 129 pages – 15,50 €

ET AUSSI... Le Vin, le Rouge, la Chine Laurence LEMAIRE

Sirène Production Édition Version papier - 20 € Version électronique – 8 €

Alors que la Chine a pris la place de 1er marché des vins de Bordeaux à l’export, et que plus de 60 propriétés bordelaises ont été acquises par des investisseurs chinois ces trois dernières années, ce livre d’entretiens se veut une référence pour ce qui a trait à l’incomparable terroir bordelais, les cépages, les traditions, les métiers du vin ; et la passion des Chinois pour le vin de Bordeaux. On décrypte ici les attentes et les obligations des propriétaires des domaines viticoles achetés par des Chinois, les raisons qui ont poussées à la mise en vente de ces propriétés ainsi que les finesses du vin de Bordeaux. Un vin qui demande quelques égards, produit d’une rencontre miraculeuse entre des hommes, une terre et les deux fleuves qui la traversent.

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联结 N.70|2014 夏

科技创新与高新技术 InnovatIon & nouvelles technologIes

Chine

中国,世界实验室

Confrontée à de véritables défis scientifiques et technologiques, la Chine rattrape son retard en R&D et renforce l’innovation sur son territoire. Le renforcement des politiques en soutien à l’innovation fait partie des priorités affichées par les autorités chinoises « dans le programme national à moyen et long terme pour le développement des sciences et technologies sur la période 2006-2020, produit par le Conseil des affaires d’État », note l’ambassade de France à Pékin. Et de préciser : « En dehors du financement direct par le biais de programmes gouvernementaux, des politiques de stimulation de l’innovation ont été mises en œuvre dans différents domaines, tels que la fiscalité, la propriété intellectuelle, l’attraction des talents, la popularisation des sciences ou encore le développement de nouvelles plateformes d’innovation ». Comment les entreprises françaises peuvent-elles profiter de cet élan ? Sur quels secteurs en particulier ? Quelles stratégies adopter ?

《法国科技:多么法国,多么创新》,这是中法委员会值两国建 交50周年之际组织的法国科技推广活动的口号!为了弘扬法国 的科技实力,从7月初开始,组织方“中法委员会”将开启为期 半年的宣传和推广活动,旨在汇聚企业,机构,同学会,和种种 站,为各方人士的会面和合作项目的缔结,创造一个高效而诚信 的对话平台。

Dossier spécial

Imagine China

社交网络的影响力,特别是借助网络的力量,通过设立专门的网

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创新能力已成为目前评估项目潜力的关键词 法国国家科学研究院中国代表处负责人 Antoine Mynard注意到,现在在中国推介一 个项目,关键词已经不再是“投资规模”,或 者是“合资项目”,也不是“多方共同设立的 研究中心”,而是“创新平台”。虽然这样的 词汇有待于进一步定义,但是词义学上的这个 变化凸显了中国渴望创新的强烈愿望。

中国政府表示出对创新产业的大力支持 法国驻华使馆科技处的Xavier  Baillard 对中国政府的鼓励科技创新的政策和中法政府 层面的科技项目合作做了详细的介绍。中国的 决策者深知为了保证国民经济的持续增长,必 须加大对研发的投入,鼓励企业创新,特别是 鼓励私营经济的创新和风险承担的能力。但是 现状令人堪忧,虽然中国的许可注册数量逐年 快速递增,但是2013年,从宏观来看,仅有 PIB的4%投入了基础研究,从微观来看,企业 对研发的投入甚至不到营业收入的1%,和其 它创新经济相比较,中国需要弥补的差距是巨 大的。 中国政府创立了多项国家级鼓励创新的项 目:973计划是由科学技术部,中国自然科学 基金会和中科院共同投入的支持基础研究的国 家重点计划;另一项国家级项目火炬计划,旨 在以市场为导向,促进高新技术成果商品化、 高新技术商品产业化和高新技术产业国际化,

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laboratoire du monde

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由科学技术部组织实施。科技部同时设立有专 门支持中小企业的创新基金,体现了国家为了 创新发展,在思维方式上的转变。 受到西方模式的启发,中国也给予创新企 业税务减免的优惠政策。研发费用的减免税和 高新型企业的税收优惠这两项政策,正是得到 法国模式的启发而设立的。特别值得一提的是 科技部下属的高新技术园区的体制,园区数量 共计115个,在此落户的企业也能享受特区的 税务优惠政策。

知识产权被盗用的风险依然存在 在中国,对知识产权的保护一直是经济 发展的一个软肋。从政策的层面,对法律法 规的完善一直没有止步。1982年制订的《商 标法》先后修订过3次,第三次的修改今年5 月1号刚刚生效。《专利法》也已历经了3次 修改,第4次修改已经提上了国务院的议事日 程。与此同时,司法系统,包括最高法院, 不定期出台一些《司法解释》和《指导意 见》,为这类案件的裁决提供具体的意见。 尽管法律框架在不断完善,但是由于中 国体制的特殊设计,也就是说法官受命于地 方人大的这一特点,充分的保护知识产权非 常困难,使得中国的知识产权保护现状没有 根本的改变。外国企业的知识产权被盗用的 风险依然存在,加强行业合作,保护共同的 利益就显得尤为重要。


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市场的巨大潜力催生出若干优秀的中国创新 企业

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2014年4月14日,微信上市纳斯达克,一 举融资将近2.85亿美元,市值估算约为40亿美 元。阿里巴巴是另一家定义为科技企业的电商 公司,也将不久入市纳斯达克,它的上市被投 资者拿来和脸书的上市相比较,市场相信它的 融资甚至将高于脸书在2012年的160亿。目前 在纳斯达克上市的中国企业将近40余家。 中国30年的经济快速增长,加上中国人口 的巨大基数,培养了今天庞大的消费市场。这 些电商,依靠互联网的技术优势,能够充分发 挥规模经济的优势,在很短的时间内得到快速 的发展。通过在纳斯达克的上市,他们将能够 从全球化的资本市场中受益,冲向新一轮的快 速发展。 规模经济推动创新的步伐,光伏领域的 尚德是另一个典型的例子。中国成为世界工厂 后,带来了制造技术和制造工艺的大规模转 移,中国经济呈现规模发展的特点,也给科技 创新带来了外在的动力。在尚德破产之前, 曾经设计出了另西方同行诧异的高技术含量产 品,按照外国专家的原来的预期,这样的产品 本不会在2020年以前进入市场。

创新项目的融资困境和脆弱的生态格局 上市往往是一个创新企业成功的标志,在 中国的资本市场,成功上市的比例和成熟的资 本市场相比,还是比较低。股市不是独木桥, 创新企业在市场融资也还有其它的渠道,法 国国家科学研究院中国代表处负责人Antoine Mynard做了一一分析,并由此引开,对创新 企业和项目能够蓬勃发展需要的一个整体生态 格局做了剖析。

聚焦法国企业 Novacyt: Novacyt是一家年轻的创新型企业,专攻 细胞生物学,从创立之初就凭借尖端的技能赢 得过很多创新奖项。2012年,Novacyt在泛欧 交易所上市,引起了很多投资人士的关注。 这家特小型企业进入中国不到2年,办公室设 立在上海,瞄准的是宫劲癌检测的庞大中国 市场。目标:每年完成上百万的测试!公司虽 小,愿景甚高,要达到目标,最重要的是找到 优秀的本地合作伙伴,和公司的创新能力结合 在一起,未来的发展则不可小瞰。 特瑞欧(Terao): 绿色科技是今日中国政府大力发展的重 要领域之一,因为绿色科技的姿态既回应了中 国急需解决的环境问题,也为工业发展带来了

受到西方模式的启 发,中国也给予创 新企业税务减免的 优惠政策。研发费 用的减免税和高新 型企业的税收优惠 这两项政策,正是 得到法国模式的启 发而设立的。特别 值得一提的是科技 部下属的高新技术 园区的体制,园区 数量共计115个,在 此落户的企业也能 享受特区的税务优 惠政策。

新的广阔的市场。但是北京过度扩张的鼓励政 策,在打造出了尚德这样表面光鲜的商业成功 后,却想不到这个泥足巨人,一日轰然倒塌。 今天北京对绿色科技的理解有什么样的改 变呢?绿色产业的格局是否在发生变化?特瑞 欧的Valentin Grimaud指出虽然政府依然固执 的认为一个绿色项目就应该贴满绿色标签,但 是目前确实在开展一些有益的试点项目,希望 在实践的过程中对这些优秀的技术和理念逐步 吸收,此外,在标准的制订上,通过参考同业 的美标,国标也已经出台,为行业的发展打了 一针强心剂。 帅福得(SAFT): 做为专业的电池制造商,这家百年老店在 中国的发展势头喜人,稳坐工业电池的头把交 椅,在珠海的生产基地每年出产2800万块工业 电池。中国高铁的建设成为近些年帅福得快速 发展的机遇,未来这家科技企业希望能够成为 军队的供应商,为他们的卫星提供新一代的电 池。 帅福得珠海的经理李源先生指出在中国知 识产权的保护仍是他们最忧虑的问题,也感叹 政府对科技创新企业的支持往往最终只受益于 中国企业,外企难以企及。不过,令人高兴的 是,在中国找到创新型人才不是件困难的事情。 依贝莱比(Ip-Label): 依贝莱比是应施耐德的邀请来到了中国, 因为这家互联网科技公司能够为大型工业集团 提供专业的网络服务,无论是在法国,还是在 中国。依贝莱比在中国成功的组建了本地团 队,推出了Saas的软件服务模式,不但继续 为老顾客提供服务保障,还得到了一些中国客 户的青睐,比如传媒集团瑞丽。虽然现阶段, 大部分中国公司还是习惯于将网络管理的任务 交给内部的工程师管理,但是随着网络科技的 发展,外部的专业服务需求一定会不断增长。 诗华(Ceva): 做为一家从事动物保健的专业公司, 拥有先进的动物疫苗技术,诗华的才能在 深受食品安全问题困扰的中国市场。无疑 应该是如鱼得水,可以大展拳脚。但是诗 华 中 国 的 代 言 人 Damien  M o n z e i n并 不 隐 讳他们在中国发展遇到了障碍,《在别的 国家和地区,世界前十名的集团在当地的 市场排名都很靠前,但是在中国,他们排 在了20名以外。》机遇与挑战并存,但 是诗华还是相信未来在中国发展的潜力。

何枫

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会员企业简讯

国际SOS在中国的业务扩展:在成都开设新的办公地 点,并有新的法国医生加入北京援助中心服务团队。 为给西部的客户提供服务,国际SOS在成都开设了新的办公点,地点位于成都 市人民南路二段仁恒置地中心;另外国际SOS在北京、上海和广州也有办公点。 北京援助中心也迎来了一位新的法籍协调医生让·巴蒂斯特·阿德里安 (Jean-Baptiste  Adrien),他曾于2000至2003年在法国驻华使馆任医疗随员,并在 “非典”疫情期间与卫生当局建立了积极的合作关系。让·巴蒂斯特医生的加入, 对于国际SOS的法国协调医生、急诊医生、全科医师、牙医、妇幼保健专家所组成 的服务团队来说,更是如虎添翼。 国际SOS援助中心24小时全天候为会员服务,提供出行前信息咨询、电话医疗 咨询、并在紧急状况时为会员进行医生推荐和医院转诊,并在必要时提供紧急援助 服务。 国际SOS在北京、深圳、南京、天津和天津泰达均开设了国际标准的诊所。

祝贺Algeco诚栋正式开业 经过几个月的筹备工作, Algeco Scotsman集团旗下新合资企业Algeco诚 栋于3月12日正式注册成立。 享有在全球37个国家超过60年的丰富经验,Algeco品牌正在把 临时模块化空间交钥匙解决方案引入中国市场,直接应用于客户使 用现场:办公, 卫浴,住宿,活动事件… 许多国内外知名企业,例如中建集团、安德鲁、西门子集团, 都已率先在北京体验了其舒适灵活、安全环保的模块化产品。

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埃顿服务和埃特力合作组建公司成 为中国节能市场的领导者 中国领先的设施管理公司 -- 埃顿 服务宣布与法国工程公司埃特力组建一 家合资公司,为中国市场开发新的节能解决方案。这家合资公司将 埃顿服务在中国超过40个城市和18000名员工的独特地域网络的优 势,与埃特力100名专业工程师和自身的能源绩效技术相结合。新 公司会应对中国日益增长的需求,改善其能源效率政策。 依靠一套全面的集能源管理服务,能源改造和深度整合为一体 的解决方案系统,来帮助客户降低能耗和运营成本,最终以减少他 们的温室气体排放为目的。埃特力的专业知识将扩大埃顿服务集团 目前的服务,并会满足来自国际和本地客户不断增长的综合服务解 决方案的需求。


EDF与大唐集团将在中 国建造运营200万千瓦 超超临界燃煤发电厂

Saft一次性锂电池为中 国智能燃气表计提供理 想电源

技阳实业战略转向:电 子消费品及连接设备的 设计和制造外包服务

2014年4月18日,法 国电力集团声明与中国大 唐集团签署了一项在中国 江西省抚州市建设火电工 程的合作协议。法国电力 集团与大唐集团通过此协 议将共同创建合资企业, 法国电力将在其中占49% 的股权。 这一合资企业将 建造运营含两台100千瓦 机组的超超临界燃煤发电 机组。电厂建设工程现已 在中国东南部的江西省抚 州市启动,预计于2016年 夏投入运行。抚州电厂将 成为法国电力集团在中国 运营的第一个超超临界燃 煤发电厂。这项清洁煤技 术在减少电厂对环境影响 的同时确保了更高的发电 效益。中国目前在该技术 上处于领先地位。通过此 项合作协议,法国电力集 团将最大限度地参与电厂 的建设与运营,从而提高 其火电工程和运营的竞争 力。2006年法国电力集团 与大唐集团开始了首次合 作,2009年双方共同运营 河南三门峡超临界燃煤发 电厂。此次协议的签订也 标志着法国电力与大唐集 团合作的新进程。

Saft,先进高科技工 业电池的设计和制造专 家,新近与中国五大燃 气表OEM厂商之一签订了 一次性锂电池的合同, 向其提供近6000节A尺寸 LS17500电池。该款电池 安全可靠、免维护、在其 工况下使用寿命超过10 年。中国主要燃气公司将 其安装在浙江省,为智能 燃气表提供电源。这个最 新的合同,由Saft公司与 其水、热、气表代理商上 海戎天电子携手合作获 得,进一步扩大了Saft在 中国快速增长的智能燃气 表计市场。根据《中国智 能表计行业研究报告》预 计,2013年至2016年新增 表计将达到2430万台。在 2013年,Saft赢得了中国 的第一个智能燃气表计合 同,将在未来四年内向中 国某主要燃气表OEM厂商 提供约50万节LS系列的电 池。

技阳实业是一家法国 公司,专门从事内嵌电路 板、塑料注塑和金属加工 等多技术构成的电子消费 品和连接设备的设计及制 造外包服务。 目前,我们与智能住 宅(Smart Home)业界 的主要欧洲公司合作生产 连接设备及其配件,以及 远程通讯、建筑系统和火 灾探测系统。从艺术和工 业设计到产品的制造和交 付,技阳实业依靠自身的 研发团队和上海的3栋独立 的车间,为客户提供具有 竞争力的、灵活的集成解 决方案。 我们的生产和设计设 备如下: • 19台注塑机组成的注 塑车间 • 电路板SMT组装车间 • 电子成品和包装的整 合包装车间 如果您想享受从产品 设计、生产到分销的成套 解决方案,技阳实业的团 队随时欢迎您来我们的办 公室和工厂参观。

法国Diana公司收购JF Natural公司 JF Natural公司于1999 年成立,专门从事于生产 并销售水果、蔬菜、以及 草本植物萃取精华。该公 司位于天津经济技术开发 区内,因此能够充分利 用开发区内的工业便利设 施,交通便利,能够快速 方便地到达天津港口。 Diana总裁Olivier  Caix宣 布,Diana公司的目标就是 努力提升在中国等新兴市 场的地位,同时加强本地 客户的忠诚度。对JF Natural公司的收购体现了Diana 公司在获得稳定战略采购 资源以及在中国建立食品 销售网络方面迈出重要一 步。Diana公司食品部能够 利用天然成分向全球客户 提供高附加值产品。通过 将水果、蔬菜、肉类以及 海鲜产品等天然食物加工 成浓缩品、粉末、食物片 块等,Diana食品部为客户 提供提高感官与营养的解 决方案。

connexions ÉTÉ 2014

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Ils arrivent CDP

Canton

Club Med - (Voyage et Hôtellerie), Egis - (Ingénierie), Kedge Business School - (Éducation), PwC - (Conseil/Comptabilité), Suez Environnement (Énergie/Environnement).

Domaine Les 2 Marins - (Vins et Spiritueux), Go On China - (Vins et Spiritueux), Guangzhou License 2 Dream - (Biens de consommation/ Produits de Beauté), R&O Trading Co., Ltd. - (Commerce de détail/Textile), Ascendeo - (Biens de consommation), SNOP Automo tive Parts (Guangzhou) Co., Ltd. - (Industrie Manufacturière), The Westin Guangzhou - (Voyages et Hôtellerie).

Beijing Accord-IBC - (Commerce de détail), Criteo - (Technologie), Doriane - (Logiciels/Agroalimentaire), ENVY Fine Art (Beijing) Co., Ltd. - (Autres), Henner - (Santé/Assurance), Kuhn Tianjin Farm Machinery Ltd. - (Industrie lourde/ Agroalimentaire), Le Ponty Wines - (Vins et Spiritueux), Proteor (Beijing) Prostheses & Orthoses Commercial Co., Ltd. - (Santé), Qingdao Monroc Machanical Co., Ltd. - (Industrie lourde /Industrie Manufacturière), SAS JC Management - (Conseil), Vidon & Partners (Shanghai) Co., Ltd. - (Conseil), Vimex China - (Transports & Logistique).

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connexions PRINTEMPS 2014

SHANGHAI AES-International Consulting Co., Ltd. (Conseil), Alex LOPEZ - (Systèmes Informatiques), Amplitude Technologies - (Technologie), Joelle Brohier Meuter - (Conseil), BeThe1 - (Recrutement), Bio In-Bev - (Biens de Consommation), CCIParis Consulting - (Éducation), Charlotte Gambini - (Produits

de beauté), Chia-Lin Coispeau - (Conseil), Christophe PRADERE - (Architecture), Continental Industrie - (Industrie Manufacturière), Diane DE SAINT-REMY (Conseil), Eden Park - (Textile), GlamourSales - (Commerce de détail), HAMDI GUEZGUEZ - (Architecture), Harris Secretaries Limited - (Conseil/Comptabilité), Hasler Industrial Equipment - (Industrie), Kering - (China) Enterprise Management - (Biens de Consommation), LEAF Avocat - (Avocats), MALHERBE Design - (Architecture), Gilles THIERRY - (Biens de consommation), O'Live Concierges (Voyages et Hôtellerie), Staples - (Biens de Consommation), Suzhou Sinofas Rubber - (Industrie), Twenty-Fourteen Limited (Conseil).

SHENZHEN La Crêperie Rozell - (Agroalimentaire), Les duos - (Agroalimentaire), Le programme bilingue français de Shekou International School - (Éducation).




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