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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine | 中国法国工商会季刊 w w w.ccifc.org

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AUTOMNE | 秋

Entrepreneurs Leurs ambitions chinoises Interview exclusive - Jean-François Roubaud : « Renforcer la compétitivité des PME »



Éditorial Chine, l’accessible étoile « L’eldorado chinois », « l’usine du monde », « le géant prometteur »… Formules devenues clichés ? Peut-être. 13 ans après son entrée à l’OMC, le géant d’Asie continue plus que Cédric BARRIER Pharos Education

jamais à attirer les investisseurs étrangers et entrepreneurs de tous horizons mais n’est plus tout à fait un marché émergent. Il s’est « normalisé ». Pour beaucoup néanmoins, cette Chine reste un mythe… accessible. Et tous ceux qui ont gouté à cette aventure sont unanimes : dès les premières visites, les premiers séjours prolongés, la Chine s’impose comme une évidence et très vite

Benjamin BILTERYST Noeli Gallery

comme un objectif persistant. Ce qui souvent relève d’une simple aspiration semble tout à coup possible et surtout terriblement tentant. En

Chine,

le

désir

d’entreprendre

se

fait

fort…

Tout y est favorable : la taille du marché, les opportunités (encore pléthores) et un climat général propice aux affaires. En témoignent les nombreuses success-stories à la française. Gilles COLLIN PCS

Passer à l’acte n’est pourtant pas si simple ; le pays pouvant s’avérer être un piège terrible pour qui n’est pas mûr à vivre cette expérience entrepreneuriale hors du commun. Et même si « l’échec est mère de la réussite » (失败乃成功之母), comme dit le proverbe, une préparation méticuleuse et une rigoureuse prudence – aujourd’hui toujours – s’imposent donc. Entrepreneurs et membres élus de la CCIFC

Vincent GIUGE Maison Délice

中国,触手可及的恒星 “中国黄金国”, “世界工厂”, “前程似锦的巨人”…… 这 Vaizoue HUYNH Plus Events Consulting

些已成为老生常谈?可能吧。自它加入世贸组织13年后,这个亚 洲巨人前所未有地吸引着外国投资者和各个领域的企业家,却 不再完全是个新兴市场了。它已经“常态化”了。 然而,对于很多人来说,中国依然是个传奇,一个可以参与 其中的传奇。所有在中国有过冒险经历的人都认为:从初来乍 到,然后将首次逗留期一延再延,中国自然而然的迅速成为其 长期的目标。曾经的幻想似乎瞬间成为可能,并有着非凡的诱惑

Alexandre LEVY Chinexpansion

力。 在中国,干一番事业的愿望十分强烈…… 一切都很有利:市场规模,商机(仍然过剩)和良好的商务 环境。许多法国企业家的成功也证明了这一点。 然而,付诸行动并不容易;对于那些没有足够经验在中国这 个与众不同的环境中试水的人来说,这个国家就像一个可怕的陷 阱。虽说“失败乃成功之母”,但精心准备和严格谨慎如今依然

Éric TARCHOUNE Dragonfly Group

是必要的。 中国法国工商会理事会成员,法国在华企业家

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Comité de Patronage

Le magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 71, automne 2014 Direction de la publication Michael Amouyal & Laila TAYEBI Rédacteur en chef Pierre TIESSEN Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro Raphaël BALENIERI, Edgar DASOR, Renaud de SPENS, Françoise BLÉVOT, HE Feng. Traducteur Beijing Kyowa Translation Co., Ltd. Comité de relecture : Commission communication de la CCIFC Couverture © Imagine China Publicités CHINE DU SUD : Michaël Bouchut bouchut.michael@ccifc.org Pékin : Yin Yan GAO gao.yinyan@ccifc.org Félix FEI fei.bo@ccifc.org SHANGHAI & CORPORATE : Morgan LEFEVRE lefevre.morgan@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O CCI France International 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et docu- ments parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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EntrEprEnEurs DR

Leurs ambitions chinoises

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« La Chine n’a rien d’un eldorado. S’y implanter s’avère en effet extrêmement difficile, exige d’apprendre très rapidement la langue et nécessite beaucoup d’énergie », prévenait il y a quelques années le sinologue Jean-Luc Domenach1. Le constat depuis n’a guère changé : la destination chine — pour un entrepreneur qui la découvre et l’appréhende — s’avère souvent semée d’embûches. Il n’est pourtant pas de pays au monde qui offre encore autant d’opportunités pour qui sait « oser entreprendre ». e-commerce, biotechnologies, agroalimentaire, services à la personne… autant de secteurs à saisir. À condition d’éviter les pièges et d’être bien accompagné. 1. CA l’occasion de la 12 Université des CCI, à Paris (2006) e

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Imagine China

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Dossier spécial

L'ActualitÉ business EN CHINE L’actualité Business EN Chine 8 Grande Interview : Jean-François Roubaud « Renforcer la compétitivité des PME » 12

DOSSIER Numéro spécial Entrepreneurs, leurs ambitions chinoises 16 Analyse Thomas Chen, Les contraintes de « l’eldorado chinois » pour les nouveaux entrepreneurs

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Interview croisée Paroles d’entrepreneurs

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FOCUS S’implanter en Chine Quelle structure juridique adopter ?

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« Pack français » Entreprendre, c’est (aussi) être accompagné 32 PAROLE à Philippe Bardol : « Il faut également viser la Chine de l’intérieur ! » 32

CCIFC Trois questions à… Michaël Amouyal 32 Chengdu : Étape PME

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46 MOQ Wines : Le vin en poupe

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Enquête Ifop : Les entrepreneurs français dans un marché dynamique

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5 Questions à 15 Entrepreneurs 36

ABÉCéDAIRE 56

Analyse Stéphane Grand, Fiscalité des entreprises Transparence et anticipation

ActualitÉS DE LA CHAMBRE 41

Analyse L’initiative en Chine

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DÉCRYPTAGE

RETOURS D'EXPÉRIENCE 5 PME françaises Eplus more : « Un pays extrêmement compliqué »

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AS Architecture : Au pays de la folie immobilière AS Architecture-Studio sait garder la tête froide

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DePack : Hong Kong , Paradis des entrepreneurs ?

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Accord IBC : Le « Pavillon français »  de Qingdao - Nouvel incubateur pour PME tricolores ?

CCIFC 58 Business Services 60 Antennes 61 Membres 68

Une des médias Clichés Livres

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联结 来中国创业 聚焦法国中小企业特刊 76 会员企业简讯 78

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L’actualité business en Chine

Nucléaire

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Les ambitions du

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made in China

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à l’international

L’homme

Jean Nouvel

L’architecte français (69 ans) - lauréat du prix Pritzker en 2008 – est chargé de concevoir le « Musée des Arts de la Chine » (Namoc) à Pékin, un des plus grands projets muséaux dans le monde. Réalisé avec le Beijing Institute Architecture Design (Biad), le futur musée sera construit, précise l’AFP, à proximité du stade « Nid d'oiseau », sur un axe nord-sud allant de la Cité interdite au site olympique. Par sa taille et son étendue (225 mètres de long, 130 000 m2 de superficie totale) et par la richesse de ses collections – quelque 100 000 pièces de l’ère de la dynastie des Ming à nos jours –, il sera le plus grand musée jamais

Atelier Jean Nouvel Nouvelle & Biad

Pouvoir d’achat, en milliards de dollars, des Chinois de plus de 60 ans à l’horizon 2050, selon le centre chinois de recherche sur le vieillissement. Le pays sera alors l'un des plus grands marchés de services aux personnes âgées alors que le nombre de ces seniors devrait représenter un quart de la population du pays. « Les personnes âgées auront un niveau d'éducation plus élevé, mais moins d'enfants. Il y aura plus de personnes âgées dont les enfants ont quitté le foyer familial et plus qui possèdent au moins deux appartements », a indiqué à l’agence Xinhua, Dang Junwu, directeur adjoint de ce centre de recherche.

Pékin s’est récemment invité dans le club – déjà très encombré - des grands vendeurs mondiaux de centrales. De fait, « après avoir manifesté de l'intérêt pour le Royaume-Uni, la Chine se tourne aujourd'hui vers l'Amérique du Sud », notait récemment Le Monde. Et de rappeler la signature début septembre d’un accord entre China National Nuclear Corporation (CNNC) et Nucleoelectrica Argentina (Na-Sa) prévoyant un financement de 1,5 milliard d'euros pour la construction d'un quatrième réacteur en Argentine. Ce pays dépend essentiellement du gaz naturel et de pétrole pour son énergie ; le nucléaire ne représentant qu'environ 10 % de la production d'électricité. Il reste néanmoins « quelques zones d’ombre », soutient le quotidien français, dans la politique chinoise d'exportation du nucléaire. Pékin a soutenu le programme nucléaire civil du Pakistan. « Il y a même vendu deux nouveaux réacteurs, des CPA 1000 à 100 % chinois, dont elle financera l'essentiel du coût, soit 7 milliards de dollars ».

construit en Asie et comptera parmi les plus grandes institutions muséales de la planète. Jean Nouvel est actuellement en train de terminer la Philharmonie à Paris et le Louvre Abu Dhabi qui ouvriront en 2015.

I L S ONT DIT.. .

« Nous devrions éduquer nos citoyens à être plus civilisés lorsqu’ils voyagent à l'étranger : à ne pas jeter des bouteilles d'eau, à ne pas détruire les récifs de corail. A manger moins de nouilles instantanées et plus de fruits de mer locaux »

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Xi Jinping, lors d’une visite aux Maldives en septembre dernier. Le Président chinois a ainsi insisté pour que soit amélioré le comportement des touristes chinois à l'étranger ; comportement qui, précise Le Figaro,« a fait l'objet de nombreuses critiques ces dernières années: trop bruyants, s'imposant dans les files d'attentes, endommageant le patrimoine culturel, ou crachant abondamment ».


L’exil

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D’après le dernier rapport du forum économique mondial sur la compétitivité, la Chine se classe à la 28ème position (contre 29ème en 2013)– rang le plus élevé des BRICS alors que la Suisse truste la première place pour la 6ème année consécutive. Parmi les critères d’évaluation figurent l'innovation, la taille du marché, les conditions des marchés financiers, les infrastructures, le niveau de technologie, le niveau d'éducation etc. Le rapport note que la compétitivité de la Chine est, dans une certaine mesure, due à son excellent environnement en matière d’entrepreneuriat et d’innovation. Singapour et les Etats-Unis sont respectivement 2ème et 3èmedu classement.

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La Chine en tête des BRICS

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a vague d’émigration des riches hommes d’affaires fait du bruit en Chine. En 2012 déjà, le quotidien du Sud NanfangZhoumo dressait le portrait de ceux qu’on appelle les « businessmen nus », « cadres nus » 裸官– ces hauts fonctionnaires restés seuls en Chine après avoir envoyé leur famille et leur argent à l’étranger. Pour cette enquête, le journal était allé à la rencontre de ces hommes d'affaires d'un genre particulier, qui ont en moyenne « 35-45 ans et dont la fortune s’élève à 10, jusqu’à 40 millions de yuans ». Un phénomène qui touche près de 50 %

de ces riches hommes d’affaires, selon une étude menée par Barclays Wealth, dont les résultats ont été publiés cet auromne. Menée à travers 17 pays sur 2 000 personnes disposant d'un patrimoine net supérieur à 1,5 million de dollars, cette étude suggère que 47 % des riches Chinois (de Chine populaire) interrogés envisagent d'émigrer dans les cinq prochaines années. Mais a priori, pas pour des raisons fiscales. Ces riches Chinois tentés par le départ seraient en effet, souligne l’Expansion, principalement à la recherche de « meilleures conditions éducatives et de meilleures opportunités d'emplois pour leurs enfants ».

70 000 Nombre de véhicules électriques actuellement en circulation en Chine – chiffre décevant alors que Pékin s’est fixé pour objectif d’en écouler 5 millions d’ici à 2020. Mais depuis cet automne, les autorités proposent une exemption de taxe pour l'achat d'un véhicule à énergie alternative, « correspondant à environ 10 % du prix net ».Les constructeurs étrangers semblent y croire, notait la presse spécialisée en septembre alors que l’allemand Daimler et son partenaire chinois BYD dévoilaient la Denza, voiture tout électrique conçue par leur filiale commune. Renault entend lui commercialiser son modèle Fluence électrique tandis que Nissan propose déjà la Leaf, une voiture également électrique.

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des grandes fortunes chinoises

Compétitivité

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« Il y a dix ou quinze ans, pour créer 1 million d'emplois, la Chine avait besoin d'une croissance de son PIB de l'ordre de 1,4 %. Il y a cinq à dix ans, il lui fallait 1 %. Maintenant, elle n'a besoin que de 0,8 % de croissance de son PIB» Markus Rodlauer, chef de la mission Chine du FMI. La Chine, a-t-il précisé, a progressé pour devenir une économie stimulée par le secteur tertiaire dans laquelle une unité donnée de croissance crée davantage d'emplois que par le passé.

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Tech&web

La Chine développe son propre système d’exploitation qui viendrait concurrencer Windows (qui équipe plus de 90 % des ordinateurs de bureau en Chine), Android ou IOS d’Apple… Baptisé COS - China Operating System – cet OS chinois est développé par l'institut du Logiciel au sein de l'académie chinoise. La Chine souhaite ainsi s'affranchir du monopole des éditeurs étrangers et entend protéger, relève le site spécialisé Clubicpro, son OS grâce à un ensemble de propriétés intellectuelles. « Mingshu Li, directeur de l'académie des sciences en Chine, expliquait qu'Apple entretient une stratégie trop fermée tandis qu'Ubuntu et Android sont pointés pour leurs vulnérabilités. Avec COS, la Chine a donc pour ambition d'obtenir davantage d'autonomie tout en renforçant ses technologies internes ».

industrielle

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TÉ L E X

La production industrielle en Chine a gonflé de 6,9 % sur un an au sortir de l’été marquant un brutal ralentissement, résume l’AFP, « par rapport aux mois précédents, selon des chiffres gouvernementaux publiés samedi, qui suggèrent un essoufflement de la deuxième économie mondiale ».

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Montant en dollars US de l’introduction en à la Bourse de New-York la capitalisation, mi-septembre, du géant du e-commerce Alibaba – il s’agit de l’introduction la plus importante jamais réalisée. L’action a ainsi clôturé à 93,89 dollars pour une capitalisation boursière de 232 milliards de dollars, au-dessus de Facebook (202,31 milliards de dollars) et Amazon (153,08 milliards). « Je suis très honoré et enthousiasmé », a alors déclaré le fondateur Jack Ma – qui détient 7,8 % des parts de Alibaba et devient avec cette introduction en Bourse l’homme le plus riche de Chine. Grâce à cette opération, précise l’AFP, « il est devenu l'homme le plus riche de Chine avec une fortune estimée à plus de 17 milliards de dollars, d'après le site Forbes ». (Voir notre chronique « Une des médias », p. 70)

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MiLLIards

COS, nouvel OS… 100 % chinois

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énergie La Russie a récemment lancé la construction du gazoduc par lequel elle va exporter du gaz vers la Chine à partir de 2018. Baptisé « Force de Sibérie », le chantier est immense : 4000 km pour un cout total estimé à 55 milliards de dollars. D'une capacité de 61 milliards de m3, le pipeline reliera les gisements de Sibérie orientale au réseau gazier

économie Le gouvernement chinois a approuvé la création d'une zone pilote pour la coopération économique et culturelle avec les Chinois d'outre-mer, à Shantou, dans la province du Guangdong (sud). La zone pilote couvrira quelque 36 km2, dont 20 km2 de terre gagnée sur la mer, selon l’agence Xinhua.


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Téléchargez le bulletin économique mensuel à cette adresse : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/chine/cadrage-general

Croissance du PIB : 7,5 %

+ 5,0 % ECHANGES COMMERCIAUX : les importations chinoises de biens ont augmenté de 5,0 % tandis que les exportations ont diminué de 1,8 % en USD et en g.a.(1). au deuxième trimestre 2014.

+ 2,2 % INFLATION : l'indice des prix à la consommation a enregistré une croissance moyenne de 2,2 % en g.a.(1) durant le deuxième trimestre 2014.

+ 10 %

Les ventes de détail ont augmenté en moyenne de 12,4 % (en g.a.(1) et en valeur nominale) durant le deuxième trimestre 2014.

mDs USD

44 % pourcentage de paiements entre la France et la Chine (y compris HongKong) libellés en RMB selon Swift. A l’occasion du 2ème Dialogue Economique et Financier de haut niveau franco-chinois le 15 septembre, la Bank of China a été désignée banque de règlement en RMB à Paris, ouvrant la voie à la mise en place d’un système de paiement en RMB sur la place de Paris. (1) g. a. : glissement annuel

Consommation : 12,4 %

SALAIRE MOYEN : le salaire nominal moyen urbain public a augmenté de 10 % (en g.a.(1)) au deuxième trimestre 2014.

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La croissance du PIB chinois s’est établie à 7,5 % au deuxième trimestre 2014 (en g.a.(1) ).

Valeur des flux d’investissements directs chinois à l’étranger sur l’année 2013, soit une croissance de 22,8 % en glissement annuel selon les données officielles chinoises. Sur cette période, Hong-Kong est de loin la première destination des IDE chinois (58 %) suivi par l’Amérique Latine (13 %), le continent européen (5 %), l’Amérique du Nord (5 %), l’Afrique (3 %) et l’Océanie (3 %). Dans le sens inverse, les flux d’investissements directs étrangers en Chine ont représenté 118 Mds USD en 2013.

50 Mds USD 2

Capital initial de la Nouvelle Banque de Développement créée par les pays des B.R.I.C.S., dont le siège sera établi à Shanghai.

MdS CNY

Montant de la première émission obligataire en devise chinoise à Paris réalisée le 8 juillet par la Bank of China.

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Grande Interview Jean-François

Roubaud

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Président de la CGPME

« Renforcer la compétitivité des PME » Le président de la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME) analyse spécialement pour Connexions les opportunités de croissance en Chine pour les PME tricolores. Entretien.

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Connexions : « Ne pas venir en Chine, c’est mourir », estiment de nombreux entrepreneurs qui ont justement fait le pari de la deuxième puissance économique mondial. Partagez-vous ce même constat ? Jean-François Roubaud : Le marché

chinois fait rêver les PME françaises et c’est normal car il est attractif à bien des égards : une taille gigantesque, une modernisation extrêmement rapide, un rythme annuel de croissance toujours élevée, l’émergence d’une classe moyenne désireuse d’acquérir des produits de qualité, une culture millénaire et une cuisine parmi les plus réputées.Un véritable eldorado ! Mais je ne pense pas que les PME ont toutes vocation à travailler sur ce marché. C’est un marché difficile, du fait de son éloignement, des différences culturelles, de la langue. C’est un marché exigeant qui nécessite d’être bien préparé, de bien identifier sa cible et de réfléchir à une stratégie gagnante sur lemoyen terme. Il faut pouvoir y consacrer des moyens humains et financiers, faire preuve de rigueur et de professionnalisme sans quoi c’est l’échec assuré.


Selon vous, comment les Chinois se représentent-ils le savoir-faire des PME françaises et quel est leur intérêt pour ce savoir-faire ?

Les produits français véhiculent une bonne image ;leur qualité et leur design sont appréciés. La montée en puissance de la classe moyenne a fait naître des besoins et des envies d’accéder à certains produits technologiques ou de luxe. L’urbanisation rapide a créé des besoins considérables. Grâce à leur savoirfaire, des entreprises françaisesontété choisies pour mettre en œuvre des zones prioritaires dédiées à la protection de l’environnement et aux économies d’énergie. Le savoir-faire agro-alimentaire français a permis lasignature d’un accord pour ouvrirle marché chinois aux spécialités charcutières françaises ; les vins français y détiennent la moitié du marché. Pour la Chine qui ambitionne de monter ses produits en gamme, ces domaines d’excellence suscitent des appétences. L’acquisition de vignobles français par des investisseurs chinois n’est rien d’autre que l’acquisition de savoir-faire pour moderniser leur propre production quioccupe déjà le sixième rang mondial. Notre enjeu est de limiter tout transfert non volontaire de savoirfaire et d’accroître la capacité de nos entreprises françaises à renouveler rapidement leur technologie.

Comment soutenir la croissance de ces mêmes PME tricolores sur le marché chinois, marché réputé particulièrement difficile ?

Travailler sur le marché chinois, mais c’est également vrai pour tous les marchés à l’export, ne s’improvise pas. Si les PME veulent pérenniser leurs flux, augmenter leurs volumes de ventes, établir une relation de confiance indispensable, elles doivent être bien préparées, définir une stratégie sur le long terme, et se faire accompagner. Les PME ont à leur disposition bon nombre d’organismes, publics et privés, qui détiennent une expertise et qui sont à même de les aider à éviter les chausse-trappes.Surtout, leur compétitivitédoit être renforcée. Elles ont besoin d’une politique globale soutenant leur développement. Une attention particulière doit être accordée à l’innovation pour encourager la montée en gamme des produits français.

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Soutenez-vous des aides et dispositifs à 170x125 l’export en faveur des PME ?

Nous recommandons notamment la révision du crédit d’impôt export pour qu’il réponde véritablement aux attentes des entreprises. Cela passe par la prise en compte, au titre des dépenses éligibles, des salaires et charges liées à l’embauche d’un salarié dédié à l’export, mais aussi l’élargissement du champ des entreprises bénéficiaires pour que les ETI, globalement

« Le marché chinois est un marché exigeant qui nécessite d’être bien préparé, de bien identifier sa cible et de réfléchir à une stratégie gagnante sur le moyen terme. Il faut pouvoir y consacrer des moyens humains et financiers, faire preuve de rigueur et de professionnalisme sans quoi c’est l’échec assuré.»

Le caractère interprofessionnel de la CGPME lui permet de se positionner sur l’organisation de rendez-vous BtoB multisectoriels. Cette année, l’évènement avait une résonnance particulière compte tenu de la commémoration du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Plusieurs rencontres d’entreprises se sont tenues en marge de cette journée avec différentes provinces chinoises. Le secteur agroalimentaire a fait l’objet de toutes les attentions qu’il s’agisse de la transformation d’aliments (produits laitiers, biscuits) ou de projets de création de parcs industriels.Nous prolongeons ces échanges fin octobre pendant la Grande Foire de l’Ouest à Chengdu (Sichuan) et du Forum PME initié par Jean-Pierre Raffarin. J’espère que cette nouvelle opportunité de rencontres permettra de finaliser les premiers contacts initiés par les entreprises.J’ai prévu, de mon côté, de rencontrer les responsables du MOFCOM-CITEC à Pékin pour approfondir notre partenariat et faciliter, pour les PME françaises, l’identification de partenaires commerciaux sérieux et motivés.

Quid de la présence des investissements des entreprises chinoises, type PME, en France ? Faut-il mieux les accompagner ?

plus exportatrices que les PME, puissent en bénéficier.Pour les PME qui ont recours à des VIE, la CGPME suggère d’assurer une transition entre le statut VIE, totalement exonéré de charges sociales, et le régime d’un CDI. Une exonération de charges sociales à hauteur de 50 % pendant les 12 mois qui suivent l’embauche en CDI permettrait de consolider l’apport de compétences export dont les PME ont fortement besoin.Le groupement de PME au sein d’une même filière doit également être encouragé. Les structures de moyens existantes telles que le groupement d’intérêt économique (GIE) comportent des inconvénients majeurs. Des réflexions doivent être poursuivies pour rendre ces groupements attractifs et favoriser leur reconnaissance par les organismes d’appui au commerce extérieur.

Cette année, le Congrès annuel de la CGPME – Planète PME – a accueilli une délégation chinoise emmenée par le MOFCOM, délégation avec laquelle une centaine de rendez-vous d’affaires ont été organisés. Quelles ont été les retombées du côté français ? La Chine participe à Planète PME depuis 2011.

Le niveau des investissements de la Chine à l‘étranger est encore limité par rapport à sa placedans le commerce mondial.Mais la crise économique a fait surgir des perspectives d’investissementet la Chine ne veut plus être l’atelier du monde à bas coût. Elle a donc besoin d’acquérir des technologies. Notre pays semble faire preuve d’une ouverture nouvelle à l’égard des investissements chinois qui, selon les propos récents du Ministre français des finances « sont créateurs d’emplois et de croissance dans notre pays ». Certes, les entreprises, en particulier les PME, ont besoin d’un apport en capital et ces apports peuvent leur redonner du souffle. Il faut néanmoins être vigilant et veiller à conserver notre modèle économique et social. Jusqu’à présent et de manière informelle, le gouvernement français s’est réservé la possibilité de remettre en cause certains investissements pour des raisons stratégiques. Peut-êtreserait-il préférable d’opter pour la mise en place d’un dispositif visant à apprécier, en toute transparence, l’opportunité de chaque opération d’investissement et limiter le transfert involontaire de technologies. Dans le même temps, l’innovation doit être placée en tête des priorités françaises. Innover encore et toujours est la condition sine qua non pour que les industries françaises assurent le renouvellement permanent de leur parc technologique. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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P U B L I - R E P O R TA G E

“STANDIS , accompagnez moi en Chine” STANDIS a fêté l’an dernier ses vingt premières années d’existence.

mobilier professionnel bois et métal destiné à la même catégorie de clientèle que celle de STANDIS ainsi que des articles tels que mannequins, cintres, caddies, articles d’éclairage… et proposant des prestations Tous Corps d’Etat. c) une marque commerciale commune ACI (ART CREATIVE INDUSTRY). Cette entité a pour objectif d’accompagner les entreprises européennes clientes de notre Groupe en Asie. 3 magasins test viennent d’être réalisés à Pékin, Shanghaï et Singapour pour des enseignes françaises très connues. Ainsi nous nous affirmons comme l’une des entreprises à capitaux français du secteur susceptible de répondre à l’attente particulière et à la réalisation de la satisfaction des besoins des firmes qui lui font confiance non seulement sur le territoire hexagonal mais aussi de leurs extensions d’activité à l’international dans deux régions du globe à fort développement économique : l’Est de l’Europe et l’Asie du Sud-Est. Les deux derniers salons dédiés à l’aménagement des points de vente, EuroShop à Düsseldorf et Marketing Point de Vente à Paris Porte de Versailles, ont permis à STANDIS et EZIDONE de faire cette année une belle opération marketing sur le même stand en communiquant sur ACI qui se positionne maintenant comme le spécialiste incontournable de l’accompagnement des enseignes dans leur déploiement international.

Magasin réalisé à Shanghaï

Une entreprise européenne Elle est localisée en France avec son siège social à Salbris au cœur de la Sologne, berceau historique de ses activités de fabricant de meubles d’entreprise, ainsi qu’à Paris et à proximité de Wroclaw près de la frontière Est de l’Allemagne, de la République Tchèque et de la Slovaquie. Aujourd’hui les PECO (Pays de l’Europe Centrale et Orientale) génèrent plus de 25% du chiffre d’affaires annuel du Groupe.

Siège social à Salbris (41)

Le spécialiste de l’aménagement de vos espaces commerciaux STANDIS intervient de la conception à l’installation sur site de votre mobilier professionnel ainsi que de vos articles de PLV (Publicité sur le Lieu de Vente) le tout bénéficiant d’un savoir-faire maîtrisé grâce à la détention d’un outil industriel performant : 15 000 m² d’ateliers, plus de 250 salariés hautement qualifiés et un parc de machines-outils moderne. STANDIS c’est aussi une entreprise de maîtrise de prestations de second oeuvre capable de piloter les dossiers de l’élaboration des concepts et la relation avec les autorités administratives jusqu’à la réception définitive des travaux. STANDIS ce sont des références pérennes dans le secteur du prêt-à-porter avec des enseignes de premier standing en France (CELIO, JENNYFER, BEAUMANOIR, ERAM, ERIC BOMPARD…), en Pologne (HOUSE, MOHITO, RESERVED, CROOP…), en Russie (OODJI…).

STANDIS ■ C’est près de 20 millions d’€ de chiffre d’affaires annuel, ■ C’est environ 300 000 heures de production globale par an, ■ C’est environ 95 000 m² de surfaces de vente équipées correspondant à 680 magasins, ■ C’est environ 100 postes de travail.

Contacts FRANCE : M. Christophe BAZIN e-mail : c.bazin@standis.com

Equipe d’ACI au salon EuroShop 2014 à Düsseldorf STANDIS recherche en permanence des partenariats : SHOP EXPERT VALLEY, un pôle de professionnels au savoir-faire varié dans tout ce qui concerne l’aménagement de points de vente (c’est-à-dire aussi les enseignes, l’éclairage, la sécurité, l’affichage dynamique…), VALDELIA créée par les fabricants de mobiliers professionnels pour répondre à la règlementation environnementale.

L’objectif CHINE ■ Pourquoi ? L’avenir de STANDIS est lié à la satisfaction des besoins du secteur de la distribution en général et de celle du vêtement et articles assimilés en particulier dans la création de magasins physiques. Aujourd’hui on observe une attirance des enseignes commerciales nationales vers l’Asie et en particulier vers la Chine, un énorme vivier de consommateurs de plus de 1,3 milliard de personnes dans cette partie du monde. L’urbanisation de la population s’accroît. Le

niveau de vie augmente. Le modèle économique de la distribution européenne s’implante. La mode française est recherchée.

■ Comment ? L’implantation de boutiques en Chine non seulement ne s’improvise pas mais nécessite une assistance conséquente. STANDIS a consacré ces derniers mois à créer l’infrastructure adaptée pour mettre à la disposition du marché l’ensemble des outils et services indispensables à la création d’un réseau de points de vente dans le Sud-Est asiatique : a) un délégué français à Shanghaï, professionnel anglophone parlant chinois, salarié de notre Groupe à la disposition de nos clients pour les assister dans l’ensemble de leurs démarches d’implantation sur site : conseil juridique, merchandising, géolocalisation, services bancaires, fournisseurs d’aménagements de magasins quels qu’ils soient. b) un partenaire industriel associé exclusif de taille identique, EZIDONE, disposant de plusieurs ateliers dans la région de Shanghaï d’une surface globale de 25 000 m² employant plus de 200 salariés, fabriquant du

STANDIS SAS Technoparc - ZI des Cousseaux 41300 SALBRIS - FRANCE Tél : 0 (033) 2 54 94 67 67 Fax : 0 (033) 2 54 94 67 68

POLOGNE : M. Wojciech DOROCIAK e-mail : wojciech.dorociak@standis.com STANDIS SP z.o.o Ul. Rybacka 5 55200 OLAWA k/WROCLAWIAPOLOGNE Tél : (+48) (71) 313 58 10 Fax : (+48) (71) 303 29 82

CHINE : M. Amine SINI e-mail : a.sini@standis.com ACI (ART CREATIVE INDUSTRY) 2/F Mayfair Tower, 83 Fu Min Road SHANGHAÏ, 200040, PRC Tél : + 86 21613 27 122 Ext 122 Fax : + 86 216 13 27 198 Mobile : + 86 139 17 00 19 53

Sites internet STANDIS : www.standis.com EZIDONE : www.ezidonegroup.com



Entrepreneurs Leurs ambitions chinoises

« La Chine n’a rien d’un eldorado. S’y implanter s’avère en effet extrêmement difficile, exige d’apprendre très rapidement la langue et nécessite beaucoup d’énergie », prévenait il y a quelques années le sinologue Jean-Luc Domenach1. Le constat depuis n’a guère changé : la destination Chine — pour un entrepreneur qui la découvre et l’appréhende — s’avère souvent semée d’embûches. Il n’est pourtant pas de pays au monde qui offre encore autant d’opportunités pour qui sait « oser entreprendre ». E-commerce, biotechnologies, agroalimentaire, services à la personne… Autant de secteurs à saisir. À condition d’éviter les pièges et d’être bien accompagné. 1

À l’occasion de la 12e Université des CCI, à Paris (2006)

Dossier spécial


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P ar o l e d ' e n t r e pr e n e u r

E ri c TA RC H O U N E

Fondateur, Directeur général et Coach

Dragonfly Group Qu’est ce qui nous motive à vouloir prendre des risques, nous jeter à l’eau, surnager puis nager plus vite, plus loin, ne pas compter ses heures, voir sa vie personnelle intimement envahie par la pression du quotidien professionnel, définir, tester et constamment améliorer son business model voire radicalement le changer suivant l’évolution rapide du marché chinois, créer une culture d’entreprise dans un contexte interculturel, différer sa rémunération en réinvestissant dans son entreprise ? Quand nos amis chinois nous disent « qu’entreprendre en Chine est difficile pour les chinois alors pour les étrangers… », quel est ce grain de folie ou de génie, qui nous pousse à explorer l’ambiguïté de l’inconnu et apprendre de nos erreurs ? Peut-être une envie tripale d’avoir la sensation d’être l’Acteur de sa destinée, de matérialiser ses idées en leur donnant vie et de les partager avec un groupe de personnes qui ont confiance dans le projet ? « La seule véritable entreprise de l’homme est de se réinventer lui-même » dixit Fernando Savater, philosophe espagnol. Chacun trouvera la réponse qui lui convient…

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C’

est souvent une histoire de hasard ; un goût prononcé pour l’aventure ou une opportunité professionnelle qui les ont poussés jusqu’ici. Dans cette Chine – véritable terre de conquête entrepreneuriale – si envoutante et si tentante… « Eux », ces entrepreneurs français – à la tête de TPE/PME transformées pour certaines en florissantes ETI – tous piqués par le « virus Chine ». Ils y sont installés depuis 2, 5 ou 15 ans, à Pékin, à Shanghai, à Canton ou « dans les terres »… Ils y vivent un quotidien de patron, souvent difficile et stressant ; d’aucuns ont subi de lourds revers dans leur parcours Chine, d’autres une ascension fulgurante mais tous saluent « la dynamique » que

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leur offre ce pays dans lequel « oser entreprendre » est encore possible. « Il m'arrive de me demander pourquoi j'ai fait tout cela puis de m'en inquiéter, et enfin je pense aux tours de La Défense à Paris et je comprends à nouveau {mon parcours} », sourit par exemple Matthieu DAVID, diplômé de l’université de Pékin (Beida), à la tête depuis 2011 du cabinet Daxue Consulting, spécialisé dans les études de marché et marketing et qui embauche aujourd’hui pas moins de 12 personnes entre Pékin et Shanghai. « J'ai la chance de travailler avec une excellente équipe. Je suis vraiment chanceux », relève ce jeune serial entrepreneur, qui revendait en 2011 sa première structure (Elysée - 盒请盒 礼), alors positionnée dans la commercialisation de coffrets cadeaux. « Contrairement à ce que l'on

pourrait penser, vendre n'est pas si difficile en Chine. Construire l'équipe est sans nul doute une difficulté bien plus grande ». Un défi humain sur lequel insiste nombre de ces chefs d’équipes français. En Chine, « la confiance se gagne sur une longue durée et peut se perdre brutalement. Confiance entre employeur et employés, confiance entre prestataires et clients (sur les délais de paiement par exemple), etc. ». « Il faut en effet savoir s'entourer et retenir les meilleurs talents, femmes et hommes », note pour sa part Jérémy FAIN, co-fondateur de Verteego, agence de services de reporting extra-financier qui a ouvert cette année une filiale en Chine. Et de souligner qu’au quotidien, une des difficultés est également de « savoir dire 'non'. A des demandes de clients, de partenaires, de salariés. Faire du bon travail, c'est


Repères

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avant toute chose rester concentré sur ses objectifs donc apprendre à dire 'non' ». L’aventure chinoise Apprendre à dire non mais aussi apprendre à construire pas à pas son projet, avec dès le départ une vision claire et une fine – très fine – connaissance du marché. Fini le temps en effet où l’on débarquait à Pékin avec un sac à dos et le plein d’idées pour y créer sa PME. « Tout était possible », se souvient un industriel européen présent sur place depuis 2005. « Aujourd’hui, le marché s’est resserré. La concurrence est plus féroce ». La rançon du succès. Et même si « rien n’est impossible, il suffit de créer des solutions à tout moment », insiste Lili REN, general

manager de Parishine, une des premières agences francophones en Chine d’études de marché/ outils marketing et e-media (avec la création de l’agence Boway en 2010), rien n’est vraiment simple non plus pour tout (néo)entrepreneur qui découvre aujourd’hui le marché chinois. Et cette pékinoise d’origine d’ajouter : « Je relèverais deux sources de difficultés : trouver des talents créatifs expérimentés et de middle management de bon niveau. Les jeunes sont pour la plupart ambitieux, pressés, et fragiles parfois. Ils leur manquent des visions à long terme ». Une chose est sure : les obstacles en Chine sont pléthores. Julien URBAIN – fondateur de L2D (Licence 2 Dream), PME spécialisée dans la commercialisation de licences pour le marché

chinois – d’énumérer d’autres difficultés : « La langue et l’imprécision des traductions (staff, traducteurs, etc.), l’absence de source d’information fiable que ça soit du gouvernement ou autre, les changements constants des fournisseurs, des clients chinois, l’absence de middle management, le turnover du staff ». Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que le marché de l’empire du Milieu soit considéré de beaucoup d’entrepreneurs globe-trotters comme l’un des plus difficiles au monde. Immersion Du courage, de la persévérance, une pincée de folie, de rêve aussi. Et, dès le début, le pari de la réussite. « J'ai décidé d'entreprendre après un

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P ar o l e à

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ChinExpansion Une des difficultés de l’entreprenariat, est de jauger les opportunités en tachant de « garder le cap ». Or en Chine, en tout cas c’est mon cas depuis 12 ans, les opportunités d’affaires se présentent de manière quasi-quotidienne ; la forte croissance économique du pays et le dynamisme insatiable de nos amis chinois y étant pour beaucoup. Pour l’entrepreneur, c’est un réel challenge de résister à sa nature et continuer à avancer avec abnégation. Imagine China

calcul simple », se souvient Matthieu DAVID. « Un pari ‘à la Pascal’, soit je réussissais en Chine et je gagnais tout, soit j'échouais et alors j'aurais appris une langue et une autre culture - ce qui n'aurait pas été le cas en France. Dans tous les cas, je gagnais en entreprenant, comme Pascal gagnait en croyant. Et puis, qui me reprocherait d'avoir échoué en Chine ? » Dans un pays si prometteur et si singulier aussi dans ses pratiques des affaires. « La culture chinoise est très riche, de passé comme de présent ; ne cédez pas à la tentation de rester entre occidentaux »,

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conseille ainsi Hugo GARCIA-COTTE, de Five Doors, entreprise tricolore installée à Shenzhen et spécialisée dans les services d'outsourcing et de consulting IT aux entreprises françaises. En d’autres termes : « Laissez vos grosses chaussures à l'entrée. Il est important de venir ici avec l'esprit ouvert ... ainsi qu'une certaine humilité. Partez à la découverte du pays, de ses habitants » Une immersion absolument nécessaire. Afin de « ne porter aucun jugement sur rien car nos yeux d'occidentaux ne nous permettent pas de tout voir ni de tout comprendre », renchérit Jérémy FAIN.

L’union fait la force Mais la clé du succès est également ailleurs, dans une forme de détermination et d’ambition qui se doit d’être à toute épreuve. Car la Chine s’avère souvent éprouvante. « Il faut y aller à fond et s’investir à 200 % », insiste Laurent GINIOUX, shanghaien d’adoption – ville dans laquelle il a atterri il y a 13 ans, « avec un sac à dos pour tout bagage ». Il y est depuis – et après un riche parcours – à la tête de Creastyle, PME de 15 personnes, spécialisée dans le design et de production de la collection d’uniformes d’hôtellerie. « Ce qui est difficile c’est sans doute

os

« Je conseille de passer un an dans le pays avant d'entreprendre quoi que ce soit et avoir un bon budget d'investissement. On ne monte pas une société a moitié pour voir, il faut y aller a fond ou pas du tout. » Stéphanie CAREZ-DURIEZ (MusicMatic)

« Ce n'est pas forcément une évidence pour un entrepreneur français, mais même en ayant le dessus hiérarchique, il ne faut jamais ouvertement quereller et faire perdre la face à un collaborateur chinois. Dans un autre registre, si vous souhaitez attaquer le marché chinois, faites-le avec un associé local. Ne partez jamais du principe que vous connaissez ce marché. » Hugo GARCIA-COTTE (Five Doors)

« Prévoyez le budget pour votre projet. Refaites le plusieurs fois. Une fois que vous en êtes sur….. Multipliez-le par 5 ou par 10 par ce que c’est ce dont vous aurez réellement besoin ! La Chine a beau être un pays ou la vie n’est pas cher y lancer une entreprise - en tant qu’étranger en tout cas - y coute très cher, et pour ceux qui veulent prendre un raccourci, gare aux prête-noms. » Julien URBAIN (L2D) « Ayez une stratégie claire et soyez souple dans sa mise en œuvre, sachez vous adapter aux réalités du terrain en sachant que l’entrepreneuriat en Chine est une course d’endurance. Enfin, soyez pédagogue avec vos collaborateurs, vos fournisseurs, et vos clients. » Lili REN (Parishine)

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Focus Aden Services

Aden Services

L’entrepreneuriat XXL

T

out a commencé il y a 20 ans, en 1993 précisément. « L’Europe m’ offrait des perspectives limitées et l’Asie – la Chine en particulier – on en parlait peu », se souvient Joachim Poylo, président d’une entreprise devenue en moins de deux décennies, un mastodonte de plus de 20.000 personnes. « Mes premiers pas en Chine ont commencé en proposant de la restauration pour une école américaine

à Shanghai pour le compte de Sodexho », précise le Français qui avait alors 25 ans à peine. « J’ai eu très envie de proposer plus que de la restauration et j’ai alors créé ADEN Services en 1997. » D’abord au Vietnam. « Mais avec la crise asiatique, tous nos clients ont quitté le pays en quelques mois. Nous avons heureusement décroché un contrat de maintenance et de nettoyage dans la première tour de Hô-Chi-Minh-Ville ». Un contrat qui permet à la jeune pousse de

« En Chine, il faut y aller par étapes et surtout, dépenser, par étapes. Trop d'entrepreneurs "crament" leur investissement avant de connaitre le marché. Pour comprendre ce concept, lire The four steps to Epiphany de Steve Blank.{…} Il faut aussi accepter l'imperfection. La Chine est bureaucratique et l'entrepreneur est innovant. L'entrepreneur rentre difficilement dans des cases administratives et il faut accepter cette partie d'inconnue a gérer avec l'administration. Les règles ne sont pas toujours très claires. Cela est un vrai stress. » Matthieu DAVID (Daxue Consulting) « Créer sa société demande une bonne préparation au niveau juridique et il peut être assez difficile de naviguer à travers les arcanes de l’administration chinoise et d’accepter l’amour des fonctionnaires pour l’encre rouge et les tampons {…}. Il est préférable d’obtenir des soutiens locaux. Les spécificités du marché local de la culture d’entreprise et de la façon de faire des affaires en Chine nécessitent toujours un certain niveau d’adaptation du business model et des attentes en matière de résultat. » Corentin JEGOU (CityWise Property solutions)

rester à flot, relate aujourd’hui Joachim Poylo qui ouvre très vite un deuxième bureau à Hanoï. « Mais le vrai marché, c’était la Chine. Un marché « sans limite », dixit. « Toutefois nous sommes montés en puissance doucement. Le plus dur en fait, ce sont les équipes ; les hommes et les femmes qui font et forment l’entreprise. Il faut que tout le monde se sente impliqué dans le projet de l’entreprise ». ADEN Services est aujourd’hui présent en Chine sur une cinquantaine de villes. Et son président de faire remarquer que « chaque responsable d’antenne est chinois. C’est très important pour nous ». Les conseils de Joachim Poylo pour performer dans la première économie mondiale ? « Il faut avoir une forte présence sur place et la capacité à tenir bon dans la durée, car il faut beaucoup de temps pour mettre sur pied une plate forme solide en Chine ». D’où la nécessité d’apporter « quelque chose de différent. Il faut adapter son offre par rapport au marché et être très structuré. Dans le même temps, il faut investir dans les systèmes et les équipes, pour avoir à la fois une taille critique, des procédures aux standards internationaux, et les ressources indispensables pour avoir une croissance à la mesure du premier marché mondial» Voir loin et grand, tel est définitivement le credo de ce patron audacieux. P. Ti.

« Ce n'est pas difficile d'entreprendre en Chine ; il suffit finalement de faire de bonnes choses au bon moment. Avec le développement économique du pays et l'enrichissement de certaines couches sociales, les nouveaux consommateurs chinois recherchent la qualité. Et la France jouit d’une bonne réputation – le made in France est synonyme de luxe, gastronomie, créativité, etc. et haut de gamme dans des secteurs traditionnels. La Chine est encore un marché ayant un grand potentiel et une grande marge réservée aux entrepreneurs français. » SUN Mingjun (Consultant et conseiller CCIFC)

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l’incertitude que l’on éprouve au moment de monter le projet d’entreprise », témoigne cet entrepreneur qui aujourd’hui fournit certains des plus grands hôtels de Shanghai. « On ne sait pas toujours où l’on va – c’est la découverte du marché en temps réel souvent ». Alors ce qui fait (parfois) la différence, c’est une rencontre, un partenariat. « C’est la rencontre avec mon associé – déjà entrepreneur – qui m’a amenée en Chine », témoigne ainsi Stéphanie CAREZDURIEZ, general manager de MusicMatic, entreprise positionnée dans les solutions digitales audio, vidéo et mobile pour les réseaux de point de vente, créée il y a 12 ans et présent en Chine depuis 2011. « Dans ce type de projet, il est essentiel d'être au moins deux avec des compétences très différentes mais complémentaires lorsqu'on monte un business », confie-t-elle. « Il est très difficile d'être à la fois créatif, business-developer et financier ». Constat partagé par Eugénie DELEPIERRE, à la tête de Precinterior, société d’achat pour les entreprises occidentales, basée à Canton. « J’ai tout monté toute seule et c’est la dernière chose que je conseillerais à un entrepreneur qui désire s’implanter en Chine. J’ai cherché un partenaire pendant 2 ans… Aujourd’hui encore, avoir un partenaire local pourrait m’aider pour une activité d’import en Chine ».

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Sous-capitalisation Entreprendre en Chine, c’est aussi bénéficier de l’image – généralement positive – de l’Hexagone et des méthodes de management à la française – « plutôt appréciées de nos collaborateurs chinois qui y voient une voie de progression vers plus d’autonomie, plus liberté d’expression, plus de contacts humain », relève Lili REN. La France jouit en effet d'une image de créativité, de qualité et de "savoir faire". « Cela aide dans l'approche commerciale mais Il faut faire attention car parfois mettre en avant ses origines européennes peut être un frein », précise la responsable de MusicMatic. Est-ce pour autant suffisant pour permettre à toutes ces entreprises qui ont fait le choix de la Chine de grandir et de grossir « normalement » ? Car nombreuses sont les structures sous capitalisées qui ont difficilement accès aux prêts bancaires. et autres aides au financement. Dès lors, leur stratégie de croissance est freinée. « Aujourd’hui, c’est devenu très dur pour les PME », commente Eugénie DELEPIERRE, qui a connu l’empire du Milieu à la fin des années 1990. « C’était alors une forme d’Eldorado… On a du travail, mais l’argent facile n’existe plus en Chine. Je travaille beaucoup plus qu’en France… »

Et si c’était à refaire ? « Je le referais sans hésiter, mais avec une préparation moins théorique et un peu plus pratique », tranche Corentin JEGOU, managing director de CityWise Property solutions, agence immobilière spécialisée dans la relocation des expatriés à Pékin. « Avoir un projet sur papier c’est bien, le mettre en application c’est autre chose. J’ai parfois sous-estimé la difficulté de la mise en pratique ce qui m’a amené à prendre des décisions qui n’étaient peut-être pas les meilleures ou à me focaliser sur des choses qui n’étais pas aussi importante que je l’imaginais. Mais je pense que c’est une part intégrante de l’apprentissage de tout entrepreneur ». Et même si les pérégrinations d’un entrepreneur français en Chine ne sont généralement pas de tout repos – le milieu d’affaires français sur place réclamant de longue date une meilleure protection de leurs intérêts –, la plupart de ceux qui ont tenté (et tentent aujourd’hui) l’aventure ne regrettent rien de leur choix premier. Mieux, la plupart en redemandent ! Ce numéro « spécial Entrepreneurs » de Connexions leur donne la parole. Pierre Tiessen


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A retenir

50 ans

L’

50 entrepreneurs français en Chine

idée de ce livre, soutenu par les Conseillers du Commerce Extérieur de Chine, et qui vient après un premier ouvrage consacré aux entrepreneurs français en Asie du Sud-Est2, est de mettre en valeur le rôle de la diaspora entrepreneuriale française, tout en stimulant l’esprit d’entreprise. Ce livre rend hommage à la personne qui entreprend et répond à des questions clés : pourquoi crée-t-on une entreprise ? en Chine? Quels défis? Quelles qualités pour réussir? Les secteurs reflètent la diversité du génie français. Les chiffres d’affaires varient de centaines de milliers d’euros à plus de 140 millions d’euros. Le nombre d’employés d’un stagiaire à 21 000 personnes. Pourquoi entreprendre ? Pour créer son job, exprimer ses talents, vivre une aventure, mener le style de vie qu’on aime, rendre service, développer une action à laquelle on croit, innover, concrétiser un rêve, travailler avec les gens qu’on aime, être son propre chef et … ne pas s’ennuyer. Faire fortune ? Oui mais ce n’est pas la seule motivation. Pourquoi en Chine ? Coup de cœur ou choix raisonné, il y a la volonté de rester en Asie et d’entreprendre dans un pays dynamique, essentiel dans les années qui viennent, ouvert aux jeunes entrepreneurs et qui donne la possibilité de se réinventer. Les entrepreneurs ont envie de contribuer au développement du pays et, malgré les difficultés, ressentent une liberté,

www.france-chine50.com

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le sentiment d’être à un carrefour du monde. Inspirés par l’efficacité et le pragmatisme de Hong Kong, ils voient dans la Chine une plateforme pour se développer. Les difficultés ? En Chine continentale, trouver un statut légal dans un contexte où l’état de droit n’est pas systématiquement appliqué et où des « arnaques » en tous genres existent. Posent aussi problème la pollution croissante, l’insécurité pour l’entreprise, la méfiance de certains Chinois à l’égard des étrangers, les visas, les financements, la concurrence, les relations employeurs employés, le côté clanique, le décodage des messages, la perpétuelle course contre la montre, la fatigue, la montée des coûts et le risque du sans filet. Les qualités pour réussir ? Opiniâtreté, empathie, sens de la communication, pouvoir de conviction, ouverture, curiosité et tolérance. Il faut savoir saisir ses chances, être multitâches, prendre des risques et accepter d’être remis en question, être créatif voire visionnaire, écouter son intuition, être pragmatique, avoir une grosse capacité de travail, une dextérité avec les chiffres, être patient en restant optimiste, constructif et tourné vers le futur. 1. Edition Pearson, 25 euros 2. 40 Français qui entreprennent en Asie du Sud est http://issuu.com/magazineasies/docs/40_francais_qui_entreprennent

Anne Garrigue

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Thomas Chen Associé en charge de l’accompagnement des entreprises et l’externalisation comptable, Mazars

Les contraintes de « l’eldorado chinois » pour

les nouveaux entrepreneurs

Depuis l’ouverture de la Chine à l’économie de marché en janvier 1995, le nombre d’entreprises privées ne cesse de croître et les nouveaux entrepreneurs de l’époque sont aujourd’hui dans le classement Forbes des plus grandes fortunes mondiales. L’entrepreneuriat en Chine n’est pas réservé qu’aux entrepreneurs chinois, les étrangers – dont les Français occupent également une place importante dans ce paysage prometteur. Pourtant, si la Chine peut être encore un eldorado pour les nouveaux entrepreneurs, elle ne présente pas moins certaines difficultés. Pistes de réflexion avant de lancer un projet.

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Le business plan et l’environnement chinois Réussir en Chine ne peut se réaliser sans une compréhension approfondie de l’environnement chinois dans lequel le business model doit s’intégrer. La Chine est un pays-continent riche de complexité par sa multitude culturelle et ses modes de consommation. Cette étape, que beaucoup de jeunes entrepreneurs négligent à tort, permet non seulement de structurer son projet mais également de préparer le plan d’action en se posant les questions suivantes : - Quel est le marché / la taille du marché ? - Quels sont les acteurs déjà présents sur le marché ? - Quel est le business model ? Quelle est sa rentabilité ? - Quel est l’investissement de départ nécessaire ? - Quel type de structure juridique ? Le financement du projet L’estimation du besoin en fonds de roulement sur fonds propres est vitale dans la préparation du projet, beaucoup ne pouvant être menés à terme faute de fonds propres suffisants. Outre l’apport personnel, il est possible de faire appel à d’autres sources de financement : l’emprunt auprès d’une banque étrangère ou chinoise à condition de fournir les garanties nécessaires ; ou des Business Angels chinois ou étrangers, désireux de financer des projets innovants. Il est donc essentiel de constituer un dossier d’investissement dans lequel les éléments suivants doivent figurer : - Le business model - L’étude de marché - Le business plan - Les besoins en fonds de roulement, et notamment le tableau de flux prévisionnels de trésorerie - La structure organisationnelle de la société, notamment le management Le partenaire chinois Il est fréquent d’associer création d’entreprise ou installation en Chine avec intégration d’un partenaire chinois car ce dernier détient le « guanxi » (réseau en chinois) et/ou les licences nécessaires. Cette intégration peut prendre la forme d’une joint-venture et/ou d’un contrat commercial. Le partenaire chinois reste nécessaire dans certaines activités pour lesquelles il existe encore des restrictions (cf. le catalogue

Imagine China

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Analyse


« Réussir en Chine ne peut se réaliser sans une compréhension approfondie de l’environnement chinois dans lequel le business model doit s’intégrer. La Chine est un payscontinent riche de complexité par sa multitude culturelle et ses modes de consommation.»

d’orientation des investissements étrangers). La localisation La localisation est clé pour tout projet ! Il est impératif de définir le lieu d’implantation en fonction de la nature du projet et non de la fiscalité ou des contacts ou connaissances. Le choix de la localisation est stratégique et doit prendre en comptes tous les facteurs : proximité avec les fournisseurs, clients et talents, qualité des infrastructures, coût de la location des locaux, etc. L’administration La gestion d’une société passe également par une bonne organisation administrative : d’une part, cela limitera les risques de problèmes avec les autorités et d’autre part, si la société est amenée à faire entrer de nouveaux investisseurs, la bonne tenue de la comptabilité, fiscalité, ressources humaines, etc. ne pourra qu’être appréciée et jouera en faveur de la société durant la phase de négociation. La complexité administrative liée au contrôle des changes Les transferts de fonds de l’étranger vers la Chine et vice versa sont soumis au contrôle des changes. Les démarches administratives pour chaque transfert de fonds peuvent être complexes et varient en fonction de la nature du transfert.

Pour les transferts de l’étranger vers la Chine : - Transfert de capital : les versements ne peuvent se faire que sur le compte bancaire capital et chaque versement doit être accompagné des documents administratifs correspondant. - Prêts provenant de la maison-mère : le montant de l’emprunt est limité à la différence entre le total investissement (montant théorique) et le capital enregistré. Le contrat d’emprunt doit faire l’objet d’un dépôt auprès de la SAFE (State Administration of Foreign Exchange) au préalable. - Paiement de marchandises : le paiement doit pouvoir être réconcilié avec les documents d’export et de vente afin de débloquer les fonds auprès de la banque. - Paiement de prestation de services : le contrat de prestation et la facture sont nécessaires afin de justifier et débloquer les fonds auprès de la banque. Pour les transferts de la Chine vers l’étranger : - Paiement de marchandises importées : les documents douaniers et la facture sont nécessaires pour débloquer les fonds auprès de la banque. - Paiement de prestation de services et conseils : le contrat de prestation ainsi que le quitus fiscal correspondant au paiement de la taxe de la retenue à la source doivent être présentés à la banque pour procéder au transfert. - Dividendes : le rapport d’audit, le procès-

verbal de distribution de dividendes ainsi que l’acquittement de la taxe de la retenue à la source sont nécessaires afin de procéder au versement. L’immigration Détenir un visa et permis de travail est obligatoire en Chine. Les réglementations sur l’immigration peuvent être assez contraignantes et il est fortement recommandé de se renseigner auprès des autorités compétentes. Il est notamment plus difficile d’obtenir un visa de travail pour les professionnels justifiant de moins de deux ans d’expérience à moins qu’ils créent leur propre société et en soient les représentants légaux. L’anticipation et la bonne compréhension du marché sont essentielles à la réussite du projet. La Chine peut être encore un eldorado pour les entrepreneurs mais le prix du ticket d’entrée ne cesse de croître et le parcours n’est pas sans embûche. Être entrepreneur, c’est avant tout avoir du courage, prendre des risques, surmonter les difficultés mais également bien s’entourer. La Chine encourage l’esprit entrepreneurial et offre des chances égales de réussite à tout jeune entrepreneur talentueux. Cet article ne doit en aucun cas être considérééré comme un substitut au conseil d’un professionnel, ou comme soutien à la prise de décision. Veuillez contacter l’auteur pour plus d’information.

Thomas Chen

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Int e r v i e w c r o i s é e

Trois patrons français - Benjamin Devos (Comptoirs de France), Gilles Collin (Pendragon Consulting) et Jean-Charles Viancin (Super Silicone) – décryptent pour Connexions leur « parcours Chine » et analysent les atouts – mais aussi les points faibles – de l’entrepreneuriat made in France.

PAROLES

Comptoirs de France

Gilles Collin Pendragon Consulting

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Benjamin Devos

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D’ENTREPRENEURS

Jean-Charles Viancin Super Silicone

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« Ma principale difficulté au quotidien est de faire comprendre à mes collaborateurs et employés la vision globale que j’ai pour cette entreprise. Je pense également que la différence de culture peut poser un problème. C’est à nous de nous adapter à la Chine et non pas l’inverse ». Benjamin Devos, Comptoirs de France

Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre en Chine ? Benjamin Devos : Je suis venu en Chine en 2004 pour un stage dans l’hôtellerie. C’est à cette époque que j’ai compris qu’il y avait une opportunité à saisir en créant une chaine de boulangerie qui offrirait de bon produits français aux particuliers mais aussi aux entreprises. Venant d’une famille d’entrepreneurs, je ne me voyais pas faire autre chose que de monter mon entreprise et pourquoi pas en Chine… Gilles Collin : Je suis arrivé en Chine en 2005. J’ai occupé le poste de Directeur Administratif et Financier dans différentes structures (PME et grande société). Une même fonction au cœur de secteurs très différents (IT, trading, service). Après 7 ans à ce poste, et auparavant 6 ans au sein d’un cabinet d’expertise comptable en France, je me suis dit qu’il serait bon de partager mes expériences de terrain. J’ai donc créé un cabinet comptable afin d’accompagner les entreprises étrangères déjà présentes en Chine ou qui souhaitent s’implanter. Nous exerçons sur Shanghai, Hong Kong, Suzhou, Hangzhou et Nanjing. Jean-Charles Viancin : A 18 ans, j’ai créé ma PME en France… Deux ans plus tard, je gérais une vingtaine d’employés, finalement j’ai dû jeter l’éponge : trop de pression, trop de croissance, trop vite et pas assez de maturité,

« S’adapter aux pratiques et à la culture chinoise n’a pas été chose facile. Je l’ai appris à mes dépends : que ce soit au niveau de l’espionnage industriel ou de la loyauté du personnel qui est toute relative... Ce ne sont pas des phénomènes propres uniquement à la Chine, mais je les ai appréhendés dans ce qu’ils ont de spécifiques à ce pays ». Jean-Charles Viancin, Super Silicone

j’ai décidé alors de partir en Chine, porté par la vague de « l’eldorado Chinois » qui régnait alors dans l’Hexagone. Quelles principales difficultés devezvous affronter dans votre quotidien de « patron » ? B. D : Ma principale difficulté au quotidien est de faire comprendre à mes collaborateurs et employés la vision globale que j’ai pour cette entreprise. Je pense également que la différence de culture peut poser un problème. C’est à nous de nous adapter à la Chine et non pas l’inverse. Evidemment, la langue est une barrière qu’il faut essayer de surmonter le plus vite possible. Il faut rapidement arriver à comprendre l’essence de la conversation qui vous entoure afin d’éviter des surprises de traductions. J-C. V : Dans notre secteur industriel, c’est incontestablement le manque de personnels qualifiés qui nous pose le plus de problèmes. Ceci a un grand impact sur la maîtrise de la qualité et la recherche et le développement de nouveaux produits. Il est très difficile de trouver du personnel compétent, quelle que soit la fonction, dans les zones industrielles, car les bons profils ne souhaitent pas travailler dans les usines de production et préfèrent rester dans les grandes villes. Par ailleurs, s’adapter aux pratiques et à la culture chinoise n’a pas été chose facile. Je l’ai appris à mes

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dépends : que ce soit au niveau de l’espionnage industriel ou de la loyauté du personnel qui est toute relative... Ce ne sont pas des phénomènes propres uniquement à la Chine, mais je les ai appréhendés dans ce qu’ils ont de spécifiques à ce pays. J’ai dû m’adapter car rien ne s’est passé comme je l’avais imaginé ou pressenti ! G. C : Je navigue en permanence entre l’Administration chinoise et les chefs d’entreprise. Nous passons énormément de temps à expliquer à nos clients les procédures administratives ou règles à suivre en Chine. Il nous faut également souvent faire face à une concurrence très agressive qui ne respecte pas forcément les règles. Je crois que ce sentiment est partagé par l’ensemble des entrepreneurs étrangers. La Chine de 2014… toujours un eldorado ? J-C. V : Il est difficile de parler d’eldorado, tout dépend de l’activité choisie, et de la volonté de ses dirigeants à mener l’entreprise au plus haut niveau. Il est certain que la force de travail des ouvriers chinois impose le respect. Tout reste possible ici. La Chine est devenue incontestablement la principale usine du monde et on y fabrique à peu près tout : que ce soit des produits de bonne ou de mauvaise qualité, des produits de haute ou de basse technologie. Il n’y a qu’en Chine que l’on peut produire de manière aussi diverse. Cependant, je dois reconnaître que ce n’est plus aussi intéressant qu’avant. Depuis le début de Super Silicone en Chine, j'ai vu les coûts de production augmenter de manière assez spectaculaire : salaires, énergie, matériaux… : de 30 à 50% en 5 ans ! Les salaires des ouvriers sont ainsi passés de 2 000 à 5 500 yuans mensuels avec les heures supplémentaires. Ces augmentations sont relatives au contexte chinois mais pèsent lourds à la fin du mois pour les entreprises, car en parallèle la productivité est restée la même. Même si les salaires français sont encore quatre fois supérieurs aux salaires chinois, l’écart s’amenuise de plus en plus. B. D : Cela dépend de votre définition de l’eldorado. Si celle-ci est d’être dans un pays où l’argent et les affaires sont faciles alors pour moi, la Chine ne l’a jamais été. C’est un pays difficile car en plus de la barrière de la langue, les codes et les coutumes ne sont pas toujours compréhensibles au premier abord. De plus, ici tout va très vite et il faut apprendre à s’adapter constamment. Si en revanche, votre définition correspond à une forte énergie d’entreprendre, une vraie facilité à monter sa structure et développer son business alors oui cela est toujours le cas même si le pays est bien plus structure qu’il y a dix ans. G. C : La Chine à mon sens n’a jamais été un eldorado sauf peut-être pour les activités de

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« Nous passons énormément de temps à expliquer à nos clients les procédures administratives ou règles à suivre en Chine. Il nous faut également souvent faire face à une concurrence très agressive qui ne respecte pas forcément les règles. Je crois que ce sentiment est partagé par l’ensemble des entrepreneurs étrangers ». Gilles Collin, Pendragon Consulting

trading. Mais même dans ce domaine, il devient compliqué de faire fortune (prix de revient à la hausse, morosité des marches occidentaux, ventes sans intermédiaire, etc.). Le service semble devenir un secteur intéressant (dans les grandes villes). Les entrepreneurs français ont selon moi, une belle carte à jouer à condition de bien maitriser son sujet. Le facteur prix est tellement important que votre client trouvera toujours un autre prestataire deux fois moins cher. Viser la qualité et la proximité ! Quels selon vous les atouts – et les points faibles – en Chine de l’entrepreneuriat « à la française » ? B. D : Un entrepreneur, quel que soit sa nationalité reste un entrepreneur et pour moi ses qualités doivent être : persévérance, optimisme et patiente. Globalement, la France bénéficie tout de même d’une bonne image auprès des Chinois et cela aide dans nos relations business. Nous sommes également des personnes assez imaginatives ce qui est une vertu pour trouver les solutions à des problèmes qui ont l’air parfois insoluble. Nous partageons aussi le gout des affaires faites autour d’un bon repas ce qui est essentiel avec nos amis chinois. Nous devons en revanche mettre plus l’accent sur l’entraide et le développement de réseaux entre Français. G. C : Les Chinois nous perçoivent comme très bons dans certains secteurs (luxe, agroalimentaire, design, etc.). En revanche, j’ai souvent la réflexion que nous prenons les décisions lentement et manquons de rigueur.

Nous jouissons également d’une certaine « arrogance » ou « fierté » dans la façon de voir nos produits intégrer le marché chinois. Ce n’est pas parce qu’un produit se vend bien en Europe qu’il sera facile de le vendre en Chine. Enfin, un dernier point, le plus important, nous ne travaillons pas assez entre Français (contrairement aux Allemands). J-C. V : D’un point de vue extérieur, le savoir-faire français, et la force de travail chinoise est un mix qui fait sens. La France est un pays très apprécié dans le monde entier. Les produits français sont très recherchés sur les salons internationaux. Nous avons la chance d’avoir cette réputation que beaucoup d’autres pays n’ont pas. D’un point de vue intérieur, le point faible en serait notre ignorance de la culture locale et notre prétention sur la façon de réaliser une tache. Quels conseils donneriez-vous à un « néoentrepreneur » français qui s’installe en Chine ? B. D : Entrepreneurs arrivant en Chine, il vous faudra vous armer d’énormément de patiente, vertu qui paraît-il est chinoise. Il vous faudra également savoir vous focaliser sur un seul et unique projet. En effet, on vous proposera régulièrement de merveilleuses opportunités, qu’il faudra vous forcer à mettre de côté pour vous concentrer sur votre objectif principal. Rêvez en grand mais gardez la tête froide ! G. C : Il est important de se faire entourer (avocats, comptables,…) et de discuter avec d’autres entrepreneurs (rejoindre par exemple le club entrepreneur de la CCIFC que je co-anime avec Nicolas Milonas). Après il convient de faire le tri des informations et de bien analyser son propre cas. Je rencontre souvent des entrepreneurs qui me disent « oui on peut faire cela car M. Y a une société et il fait comme cela depuis x ans ». Information à prendre avec une grande réserve. Car souvent chaque cas est unique et une mauvaise orientation peut être très couteuse. Beaucoup fraudent en Chine sans le savoir… Derniers conseils : être patient et savoir adapter son offre. Il faut souvent réorienter la stratégie commerciale, voire modifier le produit ou le service afin de pouvoir réellement attaquer le marché chinois. L’expérience paie. J-C. V : Chaque entrepreneur sait qu’il n’y a pas de victoires sans souffrance et ce, peu importe le pays. C’est donc bien la capacité à s’adapter à son environnement qui prime. Il faut un équilibre personnel et de la sérénité professionnelle, deux conditions fondamentales pour réussir dans ce pays. Propos recueillis par Pierre Tiessen


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FOCUS

Agnès de L’ESTOILECAMPI

Imagine China

Associée CMS Bureau Francis Lefebvre

DR

S’implanter en Chine Nicolas Zhu Associé CMS China

L

es entreprises françaises doivent prendre en compte les points clés des différentes formes d’implantation pour déterminer laquelle correspond à leurs projets d’investissement en Chine.

Le bureau de représentation Un bureau de représentation est une implantation légère. Cependant, la réglementation régissant des bureaux de représentation s’avère plus rigide, le gouvernement chinois encourage plutôt la création des filiales locales. En règle générale, un bureau de représentation ne peut exercer que des activités auxiliaires et préparatoires et ne peut mener les activités commerciales. Contrairement aux sociétés, un bureau de représentation est toujours soumis à un examen annuel de l’administration de l’industrie et du commerce qui doit être effectué entre mars et juin de l’année suivante, sous peine de sanction. Au plan fiscal, un bureau de représentation est soumis à l’impôt (impôt sur les sociétés, business

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Quelle structure juridique adopter ? Le choix de la structure juridique est la première des questions à se poser lorsqu’un projet entrepreneurial en Chine est envisagé. L’évolution de la loi chinoise ainsi que celle du marché chinois rend souvent cette question plus complexe. Le choix de la forme juridique à adopter dépend non seulement de la réglementation en vigueur mais aussi d’autres aspects, notamment de la stratégie commerciale, du secteur d’activité ou encore de la propriété intellectuelle, etc. Tour d’horizon. tax, etc.) à un taux total d’environ 12 % sur le montant des dépenses encourues. WFOE ou JV Une entreprise étrangère peut créer, en Chine, une société à participation 100% étrangère (autrement dit « WFOE », « wholly foreign owned enterprise ») ou une joint venture (« JV »). Il est primordial que l’entreprise étrangère vérifie, en premier lieu, si son investissement en Chine est encouragé, restreint ou interdit conformément au « catalogue d’orientation des investissements étrangers ». Ce catalogue impose parfois la création d’une JV ou limite le pourcentage des parts détenues par une entreprise étrangère. La révision de la Loi sur les sociétés en date du 1 mars 2014 apporte des changements importants, notamment concernant le montant minimal du capital et le délai de libération du capital. La circulaire du Ministère du Commerce en date du 17 juin 2014 a confirmé que cette révision est également applicable

aux entreprises à participation étrangère. Ces changements assouplissent de façon significative la procédure d’investissement par des entreprises étrangères en Chine. A partir du 17 juin 2014, les investisseurs français peuvent librement définir leur capital social et fixer le délai de libération selon leurs statuts sauf exigence réglementaire particulière. En dépit des dispositions précédentes qui sont applicable à la fois aux WFOEs et JVs, ces deux structures ont des particularités distinctes : 1. WFOE Contrairement aux JVs dont le conseil d’administration est l’autorité suprême, l’assemblé d’actionnaires est l’autorité suprême d’une WFOE qui permet donc à l’actionnaire un contrôle direct en total. Contrairement aux JVs où certaines décisions doivent être prises à l’unanimité du conseil d’administration (telles qu’augmentation ou réduction du capital, amendement des statuts, fusion et scission), la WFOE peut prendre toutes les décisions à la majorité simple. Un


administrateur exécutif, en lieu et place d’un conseil d’administration composé d’au moins 3 administrateurs, peut être choisi pour faciliter la gestion. Cette structure est également avantageuse en matière de la protection des propriétés intellectuelles pour des raisons évidentes. Il est également plus facile de mettre en place des flux intra groupe (redevances, frais de prestation de services ou management) avec une WFOE. Par ailleurs, il peut être optimisant fiscalement d’organiser les flux chinois entre deux WFOE tout en limitant les flux Chine/ France soumis aux prix de transfert. 2. Joint Venture (JV) - Raisons réglementaires Une JV est obligatoirement requise en application de la loi chinoise ou des exigences des autorités locales, dans certains secteurs comme l’automobile, l’aviation, la formation, les études du marché, etc. En pratique, on observe parfois que les partenaires chinois sont dormants et sont présents uniquement afin de répondre aux besoins réglementaires; Une JV peut être également nécessaire dans certains domaines industriels (par exemple, construction), car une WFOE peut se voir limiter dans le champ de ses projets en Chine. De même, dans le domaine pharmaceutique, afin de pouvoir transférer la licence d’un produit pharmaceutique générique de son partenaire chinois, la création d’une JV peut être bonne solution. Raisons commerciales Une JV est souvent nécessaire dans les infrastructures, telle que l’industrie ferroviaire. Les appels d’offres exigent souvent que seules des JV constituées avec un partenaire local peuvent y répondre. Une JV est également souvent adaptée pour acquérir un réseau de distribution sur le marché chinois ou obtenir plus de support administratif ou commercial en misant sur les relations du partenaire chinois. Les entreprises chinoises ont de plus en plus d’expériences dans la collaboration avec des entreprises étrangères notamment sur la technologie, qui est de leur point de vue un élément essentiel. Société holding hongkongaise La réduction du taux de la retenue à la source prévue par la nouvelle convention fiscale entre la France et la Chine du 26 novembre 2013 (qui n’a pas encore été ratifiée) pourrait avoir un impact sur l’opportunité de détenir une filiale chinoise au travers d’une holding de Hong Kong. Selon la nouvelle convention fiscale francochinoise, le taux de la retenue à la source applicable à la distribution des dividendes d’une filiale chinoise à sa société mère française et à la plus-value en cas de cession des parts de

La révision de la Loi sur les sociétés en date du 1 mars 2014 apporte des changements importants, notamment concernant le montant minimal du capital et le délai de libération du capital. La circulaire du Ministère du Commerce en date du 17 juin 2014 a confirmé que cette révision est également applicable aux entreprises à participation étrangère.

participation par une société française dans sa filiale chinoise est comme suit : Société française

Retenue à la source Impôt sur la plus-value

Parts de participation dans la JV (plus de 25%)

5%

10%

Parts de participation dans la JV (moins de 25%)

10%

0

Si l’investissement se passe via une structure holding à Hong Kong, l’implication fiscale est comme suit : Retenue à la source Société hongkongaise

Parts de participation dans la JV (plus de 25%) Parts de participation dans la JV (moins de 25%)

Impôt sur la Substance Défaut de plus-value économique à substance Hong Kong économique à Hong Kong

5%

10%

10%

10%

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Cependant, le taux de la retenue à la source applicable aux redevances et intérêts demeure inchangé dans la nouvelle convention fiscale. L’impact fiscal porte donc essentiellement sur la baisse du taux de la retenue à la source pour la distribution des dividendes. L’opportunité de créer une société hongkongaise reste donc toujours d’actualité compte tenu de sa flexibilité juridique, la facilité de sortie (via la cession des parts de la société hongkongaise), le bénéfice d’un taux d’imposition avantageux, l’environnement international et la proximité avec la Chine continentale. Cependant, il faut prendre garde aux dispositions anti abus de la loi fiscale chinoise qui peut aboutir à faire abstraction de la société hongkongaise notamment pour imposer en Chine la plus value de cession des actions de la société hongkongaise dans la mesure où cette dernière n’a pas de substance économique à Hong Kong. De même, il faut également tenir compte des dispositions anti abus françaises (article 209 B du CGI) qui vise ) réimposer en France les profits réalisés par des sociétés détenues à au moins 50% par des entreprises françaises lorsqu’ils ont été soumis à un régime fiscal privilégié. N ic o l a s Zh u et A g n è s d e l’ E s t o i l e - Ca m p i

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DR

P ar o l e à

Phil i ppe Ba rdo l

Directeur Chine de Ubifrance

« Il faut également viser la Chine de l’intérieur ! » Entreprendre en Chine, implique une préparation minutieuse et une capacité d’adaptation rapide au marché local. Les PME françaises qui partent à l’assaut du marché chinois doivent par ailleurs pouvoir se projeter dans la durée. Ainsi, les partenaires et les relais locaux sont pour elles absolument essentiels. De surcroit, nous constatons aujourd’hui que ces PME – qui venaient en Chine il y a une dizaine d’années, davantage, sur ce qu’on pouvait appeler une « impulsion » - sont aujourd’hui de mieux en mieux préparées. Elles sont nombreuses désormais à viser la Chine dite de l’intérieur, car c’est exactement là que se trouve la nouvelle classe moyenne chinoise émergeante. En termes d’opportunités et de besoins, nous voyons là-bas s’imposer une sorte de « deuxième Chine », très équivalente à ce qu’était la Chine côtière d’il y a 20 ans. Ubifrance, en collaboration avec l’ensemble des acteurs institutionnels (Coface, BPIFrance, CCIFC, etc.), a pour mission d’aider les entreprises française à mieux comprendre ces nouveaux marchés. Ainsi, nous organisons en 2014 à leur intention, près de 40 opérations collectives représentant 70 sessions dans 13 villes chinoises, desservant bien sûr les « grandes » destinations de Pékin, Shanghai, Canton mais aussi celles de Wuhan, Chengdu, Shenzhen, Qingdao ou encore Shenyang…

S’IMPLANTER EN CHINE une offre sur mesure

ACCÉLÉREZ VOTRE EXPANSION À L’INTERNATIONAL AMORÇAGE DÉVELOPPEMENT IMPLANTATION

« Pack français »

Imagine China

ENTREPRENDRE C’EST (AUSSI)

ÊTRE ACCOMPAGNÉ

CCIFC, Ubifrance, Ambassade de France en Chine, BPIFrance, Coface… Tous les acteurs institutionnels qui forment « l’équipe France » en Chine accompagnent et conseillent au quotidien les entreprises qui visent le deuxième marché mondial.

L

a Chine, qu’on se le dise, est assurément un marché difficile. La Banque mondiale classe ainsi la deuxième économie du globe au 86e rang sur 189 pays « en termes de facilités et d’accès au business », précise

le centre européen PME (voir ci-contre). Cette même étude de la Banque mondiale montre cependant « un certain nombre d'améliorations par rapport à 2005, d’ordres administratifs pour démarrer une entreprise, ou pour obtenir des permis de construction, des crédit et payer des impôts ».

EXPORTATION

> STRATÉGIE D’ENTRÉE SUR LE MARCHÉ > DÉVELOPPEMENT DE RÉSEAUX COMMERCIAUX > RECHERCHE DE FOURNISSEURS

DOMICILIATION

> HÉBERGEMENT DE PERSONNEL CLÉS EN MAIN > RECRUTEMENT & GESTION DE PERSONNEL > PLATEFORME EXPORT / REPRÉSENTATION

IMPLANTATION & ACQUISITION > CRÉATION & GESTION DE FILIALE > FUSION & ACQUISITION > IMPLANTATION INDUSTRIELLE

PLAN D’ACCÉLÉRATION À L’INTERNATIONAL

> OPTIMISATION DE LA STRATÉGIE INTERNATIONALE > INGÉNIERIE DES FINANCEMENTS EXPORT > DÉPLOIEMENT INTERNATIONAL SUR MESURE

WWW.ALTIOS-INTERNATIONAL.COM WWW.ALTIOS-INTERNATIONAL.COM

info@altios-international.com

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ALTIOS C CHINA HINA SHANGHAI PUDONG ALTIOS ALTIOS ONGRK ONG 526 LAOSHHAN OAD , PUDONG T.HANGHAI (+86) 21 I S T. 6886 (+86) 8852 21 6886 8852I

ALTIOS ALTIOSFRANCE FRANCE 3939RUE DEDE COURCELLES RUE COURCELLES PARIS T.T.(+33) PARIS (+33)1 15383 53838921 8921


Pour tout renseignement à la CCIFC : bonadei.guillaume@ccifc.org

P. Ti

DR

Pourtant, les problèmes réglementaires, le manque de transparence et les obstacles culturels sont autant de défis que doivent relever tout entrepreneur français qui fait le pari de la Chine. Et la CCIFC de proposer trois types de services adaptés selon la maturité du projet de l'entreprise à destination de ces entreprises qui « entrent en Chine ». La domiciliation d’abord qui permet – avant de se lancer – de monter « un premier bureau sur place », précise Guillaume Bonadei, directeur du département appui commercial à la CCIFC. Un système d’incubation qui permet de faire des analyses marché et ainsi d’approcher le pays en douceur. « Avec nos équipes RH, nous développons également de l’aide au recrutement », poursuit Guillaume Bonadei – service-clé qui permet à l’entreprise d’identifier ses premiers collaborateurs. En parallèle, la Chambre propose un volet de formations (près de 100 sessions en 2013 pour 567 candidats formés) ; un dispositif complété enfin par un service d’appui commercial ciblé. Approche du marché, mise en relation avec des partenaires potentiels et/ou membres de la CCIFC… Autant de services qui permettent « aux entreprises qui décident de s’installer en Chine de mettre le pied à l’étrier ».

Trois questions à…

Mi c haë l Amouya l Directeur général de la CCIFC

« Encore de très belles opportunités » Quels sont les principaux dispositifs d’appui aux entreprises proposés par la CCIFC ? La CCIFC peut aider les entreprises tout au long de la chaine de valeur, en partant de missions de prospections pour des entreprises cherchant à s’implanter en Chine, jusqu’à l’organisation d’évènement ad hoc pour aider des sociétés bien installées à développer leur affaires, en passant par des services de mise en relation, de domiciliation, d’appui au recrutement, de formation, etc. Nous développons aussi des services de « sens inverse » pour aider les entreprises chinoises qui veulent se développer en France, au sein de notre « Chinese Desk » Quelles informations recherchent en priorité les entrepreneurs français qui « entrent » en Chine ? Les entreprises sont en général sûres qu’elles trouveront un marché potentiel significatif en Chine, et se posent peu la question de l’attractivité. Ce qui les intéresse, c’est le

« road-to-market », c'est-à-dire comprendre quelles sont les barrières et freins, quels sont les canaux / produits à privilégier, quels sont les clients / contacts / partenaires / investisseurs potentiels, comment les approcher, etc. En outre, elles se posent souvent la question si le fait de surmonter toutes les barrières qui existent leur permettra malgré tout d’être rentable. « Oser entreprendre », est-ce encore possible dans une Chine plus concurrentielle que jamais ? La Chine est certes concurrentielle, mais de nombreux secteurs ne sont pas encore matures et il existe / existera de très belles opportunités dans ces derniers. Si l’on prend l’exemple de la construction des éco-quartiers : les projets sont encore embryonnaires, mais la Chine ne pourra pas en faire l’économie, et des sociétés avec des technologies ou processus innovants pourront clairement se positionner. L’aventure n’est pas aisée, mais c’est aussi pour ça que les institutions françaises d’appui aux entreprises, et notamment la CCIFC, sont là ! Propos recueillis par P. Ti À retenir Études économiques et risques pays : www.tresor.economie.gouv.fr/pays/chine www.coface.com/fr/Etudeseconomiques-et-risque-pays/Chine Fonds franco-chinois pour les PME : www.bpifrance.fr

Le réflexe UE !

Le centre européen PME1 ouvert à Pékin depuis 2010 est le premier support d’affaires en ligne de UE à destination des petites et moyennes structures désireuses de sonder le marché chinois. Les entrepreneurs européens peuvent ainsi obtenir le soutien d’équipes d'experts multilingues du centre dans les domaines du développement des affaires, les questions juridiques, les normes et la conformité, et des ressources humaines. « Si elles sont à la recherche d'informations plus vastes sur le marché chinois, notre Centre de connaissances (Knowledge Center) est un bon endroit pour commencer », précise Chris Cheung qui dirige le centre européen PME (EU SME). « Ce Knowledge Center comprend plus de 110 rapports sectoriels, des lignes directrices sur des questions techniques, juridiques et culturelles et des études de cas sur des entreprises déjà implantées sur place. Pour les nouveaux arrivants, notre kit de diagnostic "Êtes-vous prêt pour la Chine ?" est également incontournable ». Une référence désormais disponible en français. 1

EU SME - www.eusmecentre.org.cn

Imagine China

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Imagine China

Chengdu Étape PME La mégapole du Sichuan – 12 millions d’habitants – a accueilli fin octobre le 1er forum des PME France-Chine. Objectif : encourager les échanges entre les PME-ETI des deux pays pour multiplier les partenariats et les opportunités d’affaires.

L

É vé n e m e n t

e concept : 300 entreprises françaises et autant de partenaires chinois potentiels réunis dans un même lieu et des centaines de rendez-vous individuels personnalisés sous forme de speed-dating de 45 minutes… Le premier forum de PME France-Chine – qui s’est tenu du 23 au 26 octobre dans la capitale du Sichuan – a ainsi permis aux participants venus d’Hexagone (dont la moitié ne connaissaient pas le marché chinois) de se transformer en ambassadeurs du made in France. Une opportunité également « de leur faire découvrir cet immense marché et son potentiel », relève Vincent Grosyeux de la plateforme Futurallia, l’un des partenaires qui a coordonné l’événement côté français. Les entreprises inscrites ont reçu le jour de leur arrivée un programme de rencontres « B to B » avec des sociétés dont les activités correspondent globalement à leurs objectifs de développement. « Nous espérons que chaque participant a pu générer sur ces deux journées l’équivalent de deux à trois courants d’affaires ou liens contractuels avec les entreprises chinoises qui ont été sélectionnées », précise l’organisation. Reste aujourd’hui à mesurer les retombées en termes business de ces rencontres.

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« Dans notre secteur en Chine, plus on vend cher et mieux on vend. Ce rendez-vous de Chengdu nous permet également de rencontrer nos compétiteurs et possibles partenaires de demain, de comprendre les nouvelles tendances mondiales du marché » Jean-Marc Chalot PDG du groupe Peters Surgical

Chine, destination incontournable Cet objectif ambitieux a en tout cas su séduire ces centaines d’entrepreneurs, dont certains sont de vieux routiers de la Chine. « C’est une initiative enrichissante », témoigne ainsi Jean-Marc Chalot, PDG du groupe Peters Surgical, spécialisé dans le matériel chirurgical (200 personnes en France pour un CA de 60 millions d’euros). « La Chine est le pays qui globalise les plus grandes ressources de production au monde, c’est important d’y aller », souligne cet entrepreneur qui a vécu 5 ans à Shanghai à la fin des années 90. « C’est un marché réputé difficile et opaque », témoigne-til. Un marché par ailleurs « paradoxal ». « Dans notre secteur en Chine, plus on vend cher et mieux on vend. Ce rendez-vous de Chengdu nous permet également de rencontrer nos compétiteurs et possibles partenaires de demain, de comprendre les nouvelles tendances mondiales du marché ». Lancé à l’initiative de Jean-Pierre Raffarin, l’événement a été labellisé par le Comité d’organisation de la Commémoration du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République Française et la République Populaire de Chine. « L’avenir de notre monde sera en partie asiatique », précise l’ancien Premier ministre français, « Il nous faut connaître cet horizon, aimer cet avenir.{…}. La Chine est prête à nous faire partager ses réussites. Présentons nos entreprises, {…}, fidélisons nos contacts ».



5 Questions à 15 Entrepreneurs

Aur é l ien H ivonnet Directeur Asiaction Sourcing

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Il fut un temps où l’on pouvait venir en Chine monter un projet avec pour seuls bagages des idées, sa volonté et son humour. Ce n’est plus aussi simple aujourd’hui...

Il fut un temps où l’on pouvait venir en Chine monter un projet avec pour seuls bagages des idées, sa volonté et son humour. Ce n’est plus aussi simple aujourd’hui. Aurélien Hivonnet

Asiope China

DR

www.asiope-china.com

Bertr and C ristau PDG

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Oui certainement ! On est en permanence confronté à des imprévus, c’est ce qui en fait le charme.

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Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Mon 1er diner à Pékin le 4 Juillet 80. A 18 : 30 tout était déjà fermé, seul un petit restau blafard vendait des nouilles froides et de la bière dégazée. Tickets de rationnement, clients effrayés, 2 clientes qui s’arrachent les cheveux. D’un coup plongé dans un monde si différent, j’ai compris que j’étais parti pour de nombreuses surprises. Le pire… Un client devenu un ami. Cela faisait 5 ans que nous coopérions dans une confiance totale et tout d’un coup il nous a plantés de 300K€. Une trahison dont je me méfie dorénavant même avec les partenaires les plus fidèles. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Pas qu’elle se développe beaucoup car je me méfie maintenant de la croissance trop vive, mais être toujours présent, ce qui n’est jamais acquis… Et si c’était à refaire ? Je recommencerais sans hésiter et sans rien changer, mais les chinois refuseront probablement eux de retourner 30 ans en arrière.

Bernard Controls www.bernardcontrols.com

DR

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www.asiaction.com

Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Le plaisir de porter des projets à bien. Partir de rien, suivre le développement de produits et être félicité pour le résultat. Les bons souvenirs sont ces réussites et les rencontres qui les accompagnent. Le pire… C’est de réaliser qu’en Chine un patron ne peut pas être ami avec ses employés. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? En 2020, notre clientèle sera plus internationale, et nous maitriserons plus de gammes de produits. Et si c’était à refaire ? Oui sans hésitation. Idéalement 10 ans plus tôt, à une époque où il y avait encore plus à construire.

GUILLAUM E B E RN ARD

Directeur General des Opérations Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Entreprendre où que ce soit est toujours une aventure ex-tra-or-di-naire. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Beaucoup de très beaux souvenirs : le « familly day » organisé tous les ans en janvier qui voit nos collaborateurs se développer et agrandir leur famille, les premiers profits après 5 ans d’investissements, la surprise des projets d’artistes avec les collaborateurs. Le pire… La trahison. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Des collaborateurs qui se développent, un centre de R&D beaucoup plus important, des acquisitions. Et si c’était à refaire ? Plus de capital, plus de management RH, plus de R&D.

Chocolat C/Cret www.chocolatccret.com

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Asiaction Sourcing

Yann i ck Ravi er

China Managing Director Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? La Chine est le pays de l’harmonie. Donc du compromis. Mais il y a aussi un certain flou dans la mise en œuvre de nombreuses règles.


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www.five-doors.com

www.flochinternational.com

Jean -M i chel Floch Président , CEO

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? C’est toujours une aventure de venir travailler dans un pays etranger bien sûr La Chine restera «L’aventure» Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Des opportunites multiples et des propositions d’affaires constantes Le pire… Des partenaires Chinois qui ne sont pas fiables. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Croissance des acquisitions chinoises en Europe et des investisments etrangers en Chine. Et si c’était à refaire ? Bien sûr , toujours entreprendre en Chine et en Asie: c’est l’avenir.

HU G O Ga rcia- Cotte

License 2 dream www.l2d.asia

Jul i en Urba i n

CEO

Fondateur / PDG

Insigneum www.insigneum.com

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Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? La Chine reste un marché difficile. Les barrières administratives ont laissé place désormais à des barrières concurrentielles. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Mettre les pieds dans un hackerspace de Shenzhen. Partout, des boites de composants, des kits de fabrication de robots, une imprimantes 3D, un canapé où visiblement plusieurs personnes avaient dormi la veille... Le paradis, quoi ! Le pire… La lettre d'invitation pour obtenir un visa de travail depuis Hong Kong, simple formalité administrative mais qui se transforme en cauchemar. Je reste coincé un mois sur place ; le tout avec des clients qui attendent mon retour... Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Le round B (levee de fond pour plus de 10 millions de dollars), l'IPO ou la revente à Amazon. Le rêve de tout entrepreneur. Et si c’était à refaire ? J'aurais encore moins hésité avant de venir !

Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). La satisfaction tient de cette expérience continuelle de création et d'adaptation, en entités sociales, en business modèles, en marques et produits, etc. Le pire… Le manque de transparence des règlementations gouvernementales qui vous use à la longue, surtout quand vous démarrez un projet. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Croitre rapidement pour bénéficier d'une économie d'échelle, et de là, être plus solide sur le marché, pour mieux garantir la pérennité à cette entreprise. Et si c’était à refaire ? Nous la referions, avec des moyens financiers mieux préparés. Car sur ce marche, il faut avoir des ressources pour saisir au mieux les opportunités.

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Five Doors

Floc’h International Group

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Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Notre récent lancement d’offre corporate mooncake. Nous avons déjà des retours très positifs de présentateurs télé et stars pourtant déjà très sollicités. Le pire… Un fournisseur qui ne vous livre pas dans les temps, des produits bloqués en douane… Des difficultés qui sont parfois difficiles à gérer sans que le client ne soit impacté. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Conquérir la Chine… Avoir une implantation retail en propre avec l’appui de distributeurs bien implantés localement ou en franchise. Et si c’était à refaire ? Définitivement je le referais ! C’est un choix de vie. L’envie et l’énergie sont des moteurs essentiels.

Zhang Li an

Co-fondateur et directeur général Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Oui, car il y a en Chine un environnement entrepreneurial unique, en particulier en ce qui concerne les règlementations administratives, les pratiques d'affaires, les valeurs de références, etc.

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Totalement ! elle peut être fantastique comme catastrophique. Mais quoiqu’il arrive elle sera dure et nécessitera beaucoup de travail et de courage. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Décrocher les licences Nickelodeon et ELLE pour l’Asie dans mes catégories produits « sans avoir une société cotée au CAC40 ». Le pire… Des arnaques et retards des usines. Que je n’aurais d’ailleurs jamais pu résoudre sans mes AMIS chinois ! Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Etre la société détenant, commercialisant le plus de licences sur le marché chinois et figurer parmi les trois plus importants fournisseurs de grandes surfaces et chaine de magasins spécialisés en produits. Et si c’était à refaire ? Evidemment, mais certainement différemment.

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5 Questions à 15 Entrepreneurs

www.mixel.fr | www.jiaoban-qi-mixel.com

Mon souhait : pouvoir continuer à croître et créer des emplois en Chine, en France et générer des bénéfices pour nos actionnaires…

DR

Benjamin Denis

Mixel

Directeur Commercial et Vice President de Mixel Beijing Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Entreprendre en Chine comme dans le reste du monde est je pense toujours une aventure. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). La possibilité de prendre des commandes en Chine pour notre usine en France et donc d’y contribuer à maintenir des emplois. Le pire… De ne pas pouvoir payer mes employés en fin de mois plusieurs fois. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? De pouvoir continuer à croitre et de créer des emplois en Chine, en France et générer des bénéfices pour nos actionnaires… Et si c’était à refaire ? C’est dur mais cela en vaut la peine.

Le pire… La solitude et la malhonnêteté de certains responsables d’usines. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Que ma société ne soit plus seulement orientée dans le sens Chine-Europe mais qu'une forte activité de la France vers la Chine se soit développée. Et si c’était à refaire ? Je créerais à nouveau ma société mais pas seule. Pouvoir être au minimum à deux est un gage de réussite pour affronter les difficultés et prendre les bonnes décisions.

Fondateur

www.sae-asia.com

DR

DR

www.preciconcept.com

Directrice Générale

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? L'aventure oui toujours, mais définitivement plus l'eldorado. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Le contact avec les ouvriers chinois et la possibilité de créer ses propres produits à moindre coût.

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www.epermarket.com

M r. Lu

SAE Asia

Preciconcept

Eugenie De l ep ie rre

SEO Epermarket

DR

B enjam in Denis

Le pire… Honnêtement, pas de mauvais souvenir… mais des coups de chauds, beaucoup de stress et de longues journées. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Que nous ayons réussi notre implantation dans d’autres pays de la zone Asie, dont Singapour et le Vietnam en particulier. Et si c’était à refaire ? Je le referais, sans la moindre hésitation et sans véritable changement non plus dans la manière dont les choses se sont faites.

T ea F e r ass e Directeur Qualité

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? La Chine est un lieu favorable aux entrepreneurs. Les opportunités y sont nombreuses et les modalités pour créer une société y sont… flexibles. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Après beaucoup de projets et d’idées non concrétisées, avoir finalement réussi à me mettre à mon compte est définitivement mon meilleur souvenir.

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Nous rencontrons un dynamisme hors norme en Chine, il y a en effet toujours autant d’opportunités à saisir. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Les débuts… lors du lancement du site ; la phase d’incertitude est un moment à la fois stressant et plein d’adrénaline! Le pire… Lorsque l’on doit faire face aux problèmes de partenariat et à la concurrence déloyale. Ces problèmes sont évitables à condition d’être bien préparé. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Être connus à travers toute la Chine, en respectant nos standards de qualité. Notre objectif est de faire de notre programme respectueux de l’environnement, une norme auprès des consommateurs chinois. Et si c’était à refaire ? Je reproduirais un schéma identique, car c’est avec nos forces et nos faiblesses que nous progressons !


Sigmaphi

www.elico-corp.com

www.sigmaphi.fr

Mon meilleur souvenir ? Le contact avec les ouvriers chinois et la possibilité de créer ses propres produits à moindre coût.

Shanghai Elico Ltd

E ric Cau da l

A r naud Lan celot

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Oui, au delà des grandes villes (Shanghai, Beijing, etc.). Là, de nombreuses spécificités chinoises sont souvent sous-estimées et les erreurs coûteuses en temps et argent. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). Mon premier contrat avec une société leader mondial sur son secteur. J'ai alors découvert qu'en Chine tout est possible pour un entrepreneur jouant bien ses cartes.. Le pire… Le jour où mon chef de projet m'a lâché la veille du lancement officiel, pour 50 euros de plus par mois chez un concurrent... Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Rester leader sur mon secteur de l'ERP opensource tant sur le marché chinois que celui des étrangers avec un partenaire Chinois solide. Et si c’était à refaire ? Avec l'expérience acquise, j'irais surement beaucoup plus vite ! J'hésiterais moins à me faire accompagner ou à m'associer.

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? C’est toujours l’aventure. La Chine, par sa complexité, agit surtout comme un accélérateur (de prise d’expérience, d’échec, de succès…) Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). La négociation d’un contrat dans le centre de recherche nucléaire de Lanzhou dans le Gansu se finissant autour d’une bouteille de baijiu. Le pire… Un contrat fini avec énormément de retard car nous étions dans l’impossibilité de trouver la qualité recherchée chez les sous traitants et fournisseurs. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Un chiffre d’affaire largement développé grâce à une présence plus importante sur le marché local. Et si c’était à refaire ? Je le referais avec un immense plaisir. En Chine, rien ne se passe comme prévu et la dose de stress est importante mais on s’en sort toujours… Le calme et la prise de recul devient une arme de tous les jours.

C'est toujours " l'aventure" en Chine, au delà des grandes villes (Shanghai, Beijing, etc.). Là, de nombreuses spécificités chinoises sont souvent sous-estimées et les erreurs coûteuses en temps et argent. Eric Caudal

Wishu

Directeur général

www.wishu-tampons.com

DR

Directeur Général

DR

DR

DR

Eugenie Delepierre

V i rgi ni e P re & Jeremy RIGAU D Fondatrice et Manager & Fondateur et CEO

Entreprendre en Chine… Est-ce encore « l’aventure » ? Entreprendre en Chine, ou ailleurs, c’est toujours une aventure ! Mais il est vrai qu’en Chine, l’expérience est aussi bien professionnelle qu’humaine tant le changement de culture est marquant. Votre meilleur souvenir d’entrepreneur (français en Chine). L’obtention de notre licence d'abord, puis la soirée d’ouverture officielle, enfin les témoignages quotidiens de nos clientes chinoises. Le pire… Si peu de mauvais souvenirs… Seulement quelques incompréhensions et quiproquos dûs aux différences culturelles auxquels nous avons su trouver des solutions adaptées. Votre souhait, à l’horizon 2020, pour votre entreprise en Chine ? Pérenniser notre start-up en élargissant notre gamme Wishu et devenir une référence en Chine de la distribution, notamment online, des produits d’hygiène pour la femme. Et si c’était à refaire ? Nous changerions quelques détails mais nous revivrions cette aventure avec beaucoup de plaisir !

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DR

Analyse

Imagine China

Stéphane Grand CEO Cabinet S.J. GRAND

Fiscalité des entreprises

Transparence et anticipation « Entrepreneur » est un mot à la mode. C’est l’entrepreneur qui fait tourner l’économie et qui va sauver le monde. A quel moment passe-t-on d’entrepreneur à patron de PME n’est pas clair, mais quelque subtile que soit la taxonomie en Occident, l’entrepreneur et le patron de PME étrangère en Chine partagent une caractéristique, celle de travailler sans filet. Analyse du système fiscal chinois.

E

n dépit d’une fiscalité française que l’on qualifie volontiers d’écrasante et de décourageante, le système en général permet une certaine flexibilité et prévisibilité avec un système de contrats et un système judiciaire fiables, et des niveaux de qualité et de confiance certains. En Chine, l’entrepreneur et le patron de PME étrangers ne bénéficient pas de cet environnement et doivent de ce fait agir avec beaucoup de précaution, ce qui n’est pas toujours dans leur nature.

« L’entrepreneur se doit de se projeter dans l’avenir, au risque de rester coincé dans le passé. »

Si l’entropie générale chinoise peut donner l’impression que tout est permis, ce n’est jamais le cas pour l’étranger. La fiscalité, le droit social et les difficultés notoires d’accès au financement bancaire sont des carcans qui limitent la marge de manœuvre dudit entrepreneur. Qu’il construise pour la postérité ou pour une revente de son activité, il doit le faire avec un but de solidité et de transparence. Le rebelle au fond de chaque entrepreneur souffre à l’idée de créer des systèmes et de mettre en place des contrôles alors qu’il voudrait consacrer toute son énergie à la

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création et au développement. Il veut agir vite, parer au plus pressé et prend quelquefois des raccourcis qu’il imagine anodins. En fait l’expérience prouve que tous les raccourcis sont dangereux, mais il ne s’en rend compte qu’une fois que l’entreprise a pris son essor et qu’il est trop tard, trop compliqué ou trop coûteux de changer les systèmes fondamentaux. Penser à long terme La création de structures inadéquates basées sur des relations personnelles (telle la proverbiale société au nom de l’épouse chinoise), l’évitement de l’investissement et les économies sur le personnel critique, l’absence de déclaration des revenus reçus à l’étranger ne sont que quelques-uns de ces raccourcis. Il serait dangereux d’imaginer que les administrations chinoises voient avec autant de bienveillance les libertés prises par les étrangers et celles prises par leurs contreparties locales, ou qu’il est possible à long terme de passer au travers des mailles du filet. Le résultat de cette attitude est un risque permanent, et de ce fait, la création de structures seulement utiles à court terme, sans possibilité de financement, de revente, et d’intégration à des groupes. L’entrepreneur se doit de se projeter dans l’avenir, au risque de rester coincé dans le passé. Le système fiscal chinois est toujours en cours de développement et de modernisation. Ceci crée des incertitudes, mais semble aussi augurer des changements très positifs pour les entreprises françaises. Taxe sur la consommation Aujourd’hui, la taxe sur la consommation créée en 1994 a vécu. Affectant les personnes privées, les administrations et bien sur les entreprises privées. Cette taxe affecte non seulement la consommation privée, mais bien sur les coûts des entreprises. Il semblerait qu’il y ait une intention au niveau du gouvernement de faire de la taxe sur la consommation une taxe locale, alors que c’était une taxe nationale. Ladite taxe est lourde, avec des taux qui peuvent s’élever à 45% pour des produits de consommation relativement courante, et représente avec la TVA la principale source de revenu pour le gouvernement central. Il est donc difficile d’imaginer que cette réforme soit une grande priorité pour le gouvernement, bien que le fait de la localiser permettrait d’aider les gouvernements provinciaux à financer leurs projets et les forcerait à utiliser leurs revenus de manière plus sage qu’ils le font actuellement. L’impact sur les entreprises industrielles privées se verrait plutôt si l’effort de réforme venait, comme cela semble

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Connexions Automne 2014

« Le système fiscal chinois est toujours en cours de développement et de modernisation. Ceci crée des incertitudes, mais semble aussi augurer des changements très positifs pour les entreprises françaises. »

être le cas, à augmenter les taux sur les produits polluants ou à forte consommation énergétique. Nos industries nationales seraient peut-être aussi touchées par une augmentation des taux sur les produits de luxe, laquelle augmentation irait dans le sens des orientations politiques actuelles. En revanche, la réduction prévue du taux sur les produits cosmétiques pourrait aider les entreprises françaises dans le domaine. Impôt sur le Revenu C’est dans l’impôt sur le revenu des personnes que l’on trouve sans doute le seul vestige notable des avantages qui étaient jusqu’à récemment octroyés aux entreprises étrangères en Chine employant des expatriés. Les étrangers profitent toujours d’avantages non-intégrés à l’assiette de calcul de leur revenu privé, comme le loyer d’un appartement remboursé par l’employeur ou les frais de scolarité de leurs enfants. Il faut cependant faire attention aux points suivants : • Il semble qu’il y ait un mouvement d’intégration vers le système applicable aux employés chinois, sachant qu’il faut déclarer les remboursements de loyers, même si ceux-ci ne sont pas encore imposables. • Les avantages sont déductibles par l’entreprise seulement à hauteur de 14% de la masse salariale. • D’une manière générale, il convient de garder la proportion d’avantages à moins de 40% du salaire total afin d’éviter d’apparaître suspect à l’administration fiscale. Transition de la Taxe sur le Chiffre d’Affaires (BT pour « Business Tax ») à la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) Un programme pilote de transformation

du système de la BT vers un système de TVA est en cours depuis plusieurs années. Sous le système de la TVA, certains services produits en Chine et vendus à l’étranger pourraient passer à un taux de TVA zéro ou être exemptés. Une directive (Annonce no. 52 du 13 Septembre 2013) de l’Administration Fiscale Centrale donne les critères précis pour bénéficier de ces exemptions. S’ils demeurent relativement restrictifs, le simple passage de la BT à la TVA est déjà un progrès considérable en permettant déduction, ce qui n’était pas possible sous le système de BT. Traité contre la double-imposition et l’évasion fiscale Un nouvel accord a été signé par la France et la Chine le 26 Novembre 2013 et demeurant en attente de ratification, il n’est pas encore entré en vigueur. Cette incertitude, notamment quant à la façon dont l’administration fiscale chinoise l’appliquera, cause une incertitude pénible. Ceci étant, la réduction du taux d’imposition sur les dividendes de 10 à 5% aura un impact positif pour les entreprises dont l’actionnariat est en France. Les évolutions du système fiscal chinois auront un impact positif, sans aucun doute. Il faut souhaiter que de mêmes évolutions toucheront celui de l’équilibre en devise et que les financements locaux seront plus accessibles aux entreprises étrangères. Typiquement, en Occident, les changements d’équipe dirigeante aux plus hauts niveau de l’Etat s’accompagnent de libéralisation du crédit, afin d’améliorer la performance des entreprises. Lors d’une recherche récente menée avec le Carlson Center de l’université du Minnesota, nous avons confirmé que ce n’était pas le cas en Chine. En dépit du remplacement des têtes des plus hautes instances, les banques chinoises continuent à travailler de la même façon en pratique, n’offrant en général de financement qu’aux sociétés publiques. Les sociétés étrangères souffrent encore plus de leur incapacité à souscrire des emprunts lorsqu’elles sont de petite taille ou au début de leur vie et qu’elles ne peuvent pas bénéficier du soutien d’un groupe. Il convient alors d’optimiser autant que possible le besoin en fonds de roulement, ce qui ne peut se faire que par des mesures énergiques et cohérentes dans la gestion quotidienne. Les entrepreneurs bénéficieront grandement de s’imaginer déjà à la tête de grands groupes et d’utiliser des méthodes de gestion strictes. Le risque demeure alors présent, mais il peut être réduit. St épha n e G ra n d


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Il existe deux limites liées à la tradition, celle de la copie parfaite avant de dépasser le maitre, qui limite la capacité à inventer à partir d’une page blanche, ainsi que celle d’une absence de culture de la contre-proposition que pratiquent en revanche beaucoup les Français.

Imagine China

Analyse

L’initiative en Chine Ce que des dirigeants français en disent

À l’heure où la question se pose d’une Chine, futur laboratoire du monde (cf. Connexions 70,), une critique récurrente persiste sur le manque de prise d’initiatives des équipes chinoises. Comment expliquer ce paradoxe entre une économie dynamique et pleine d’initiatives et des comportements de collaborateurs plus passifs qu’en Europe ? ingt dirigeants français représentants des sociétés européennes1 ont répondu à un questionnaire pour tenter d’explorer plus en profondeur ce sujet complexe. Une première découverte est le besoin urgent des dirigeants de se réinventer et de développer l’initiative dans les équipes afin de faire face à leurs ambitions de croissance, de profitabilité et/ou de part

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Connexions Automne 2014

de marché. La deuxième évidence est leur immense frustration : ils sont prêts à déléguer, mais sont confrontés à des équipes qui préfèrent obéir. Ils ont eu la possibilité d’évaluer de 1 à 10 les principales qualités des collaborateurs chinois et des managers français ; le diagramme ci-dessus est sans équivoque (1 est la note la plus faible et 10 la plus élevée): Pourtant une partie d’entre eux étaient enthousiastes : « Il y a 2 ans et demi, il n’y avait pas de

budget innovation en Chine, maintenant c’est 10% du budget mondial » ; « L’initiative est plus développée qu’en Europe ; il y a un esprit d’entrepreneur qui aide à la développer … De nombreux salariés qui montent leur entreprises » ; Quel est alors le secret ? « La Chine est frappante d’initiatives dans son cadre et ses propres règles », a confié un des interviewés. L’idée clé ici est que l’initiative n’a pas la même forme qu’en Europe, elle est en général plus pragmatique, mise en œuvre pour régler un problème, elle est moins structurée et souvent moins communiquée. • Le premier secret est donc d’accepter cette différence, cette forme d’invisibilité pour les yeux européens, afin de reconnaitre l’initiative à la chinoise et la développer. Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire : pour les dirigeants interrogés l’initiative en Chine c’est trop ou trop peu. « Trop », car les Chinois vont vite et les idées affluent sans être triées : « Ils ont une impatience absolue et une capacité à voir extrêmement loin, mais pas entre les deux » ; « Un sens aigu de l’opportunité, ils sont hyper réactifs » « Ils peuvent être trop court-termiste dans leurs idées ».


« Pas assez », car pour les logiques hiérarchiques confucéennes respectant la face du chef, s’ils ont des idées, ils vont peutêtre les garder pour eux, d’autant qu’il n’y a pas de volonté de briller individuellement : « Prudence et silence vis-à-vis de la hiérarchie », 枪打出头鸟qiang da chu tou niao, dit le proverbe. Il ne faut pas être le premier oisillon à sortir la tête du nid, sinon on est le premier sacrifié ! Il existe deux autres limites liées à la tradition, celle de la copie parfaite avant de dépasser le maitre, qui limite la capacité à inventer à partir d’une page blanche, ainsi que celle d’une absence de culture de la contre-proposition que pratiquent en revanche beaucoup les français. • L e deuxième secret consiste à accepter ces limites culturelles et à être à la fois persévérant et attentif pour mieux développer les talents des équipes et les cadrer quand nécessaire.

Comment concrètement faire en Chine ? Cinq axes essentiels peuvent être engagés pour développer l’initiative, avec l’aide de certaines racines de la culture chinoise. • Affirmer et répéter le droit à l’erreur ; 失败是成功之母 L’échec est la mère du succès. • Réinventer et réannoncer le rapport à la hiérarchie 人至察则无徒 Un élève ne peut rien apprendre d’un professeur rigide et sévère. 授 人 以 鱼 , 不 如 授 之 以 渔 Mieux vaut apprendre à pêcher que donner du poisson • Reconnaitre et valoriser le pragmatisme et le rapport au concret. • Favoriser les rôles dans le groupe et le fonctionnement d’équipe qui protègent des risques de l’individualisme. • Donner de l’air et du temps, grâce à la culture de l’organisation, soutenir le management dans le changement en cours. À noter, avoir des idées et aller en parler, audelà de la culture du pays, est également lié à la personnalité, à la motivation, au fonctionnement des équipes et à la culture de l’entreprise.

L'initiative dans l'entreprise vue par 20 dirigeants français 9 8 7 6 5 4 3 2

Sens d e l'in être à l' itiative é c o u te P e n s er favoris er la pr out of the bo ise d'in x itiative Savoir ven Valoris dre ses idées er les s uccès E t re s e nsible a um Savoir fixer un arché c a d re S Porter uens de la créa tiv ne idée du terra ité Capacit in é à p re Savoir ndre des risq vendre u ses idé es C o n c ré es commu tisation et suiv niquer i une vis ion strade projet tégique Suivre des ins tructio Controlens r Reconn aître se Accept s erreurs er les e rreurs Accueil lir le co Capacité nflit ou à la cont débattre radictio n

1 0

Collaborateur chinois 1 est la note la plus faible, 10 la plus forte

Manager français

Comme dans tous les pays, développer l’initiative, c’est intégrer cette complexité et s’assurer que la culture d’entreprise et le style managérial vont valider le changement attendu. C’est une véritable politique d’accompagnement du changement qui favorisera la transformation souhaitée. Le premier pilier du changement c’est le style managérial ; c’est aussi le plus fragile puisqu’il s’appuie sur des êtres humains qui ont chacun leurs habitudes et leurs préférences. Un outil baptisé «l’escalier de l’initiative© » permet de former des managers en Chine qui souhaite développer cette compétence dans leurs équipes. C’est une méthodologie opérationnelle, qui donne des clés comportementales aux dirigeants ou managers de proximité. L’objectif est de développer un style managérial favorisant une confiance et une prise d’initiative progressive par les collaborateurs. L’essentiel en Chine est une évolution, étapes par étapes «一步步做, yi bu bu zuo ». La première marche de l’escalier valorise déjà la remontée d’informations, de problèmes. Il s’agit d’encourager l’expression du collaborateur, même s’il n’apporte qu’un problème sans solution pour le résoudre. En Europe, un collaborateur qui identifie un problème est conscient qu’il doit proposer une solution ; en Chine, comme la culture est différente, l’effort d’adaptation doit être partagé par les deux parties, managers et collaborateurs. Du fait de la diversité des personnes, l’escalier est plus ou moins long et difficile à monter pour atteindre le plus haut niveau, celui de l’initiative en toute autonomie et pertinence stratégique. Les différentes étapes sont donc conçues pour permettre une évolution adaptée et progressive vers la prise d’initiatives des collaborateurs. Les conclusions de l’étude démontrent également que lorsque des intervenants extérieurs accompagnent le développement de la créativité et de nouvelles pratiques qui favorisent l’initiative, ils devront avoir un style d’animation adapté à la culture chinoise, plus informel, plus ludique. Capitalisant sur la culture et les proverbes chinois, l’objectif sera de développer une logique locale, tout en élargissant le cadre de référence et en métissant les deux approches. 1. Liste des entreprises qui ont participé à l’étude : Air Liquide, Arkema, Bohler Welding Group, Cache-Cache, Crédit agricole, Gefco, Métro, Michelin, Modern Media, Nestlé, Open, Pramet, Puma, Roquette, Saint Gobain, Shanghai Lihai Consulting, Schneider, Volvo, Yanfeng Johnson Controls, Benoît et associés.

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RETOURS D'EXPÉRIENCE - 5 PME françaises

FOCUS PME

Imagine China

Eplus more

Dates-clés

1993 Emmanuel Paget Kellner commence sa carrière dans le monde du digital après un MBA à l’Institut européen d’Administration des Affaires.

2004 Arrivée en Chine. Lancement de F-Emotion, société évènementielle rachetée plus tard par Publicis Events.

2010 Retour dans le numérique. Emmanuel Paget Kellner pilote le développement commercial en Chine de Nurun, société canadienne de conseil en communication digitale..

2013 Lancement à Shanghai, en juin, de la société eplusmore.

2014 La PME facture, en janvier, son premier client payant.

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« Un pays extrêmement compliqué » Pas facile de monter sa société en Chine, même quand on y vit depuis dix ans… Emmanuel Paget Kellner, entrepreneur et fondateur de la société eplusmore, témoigne pour Connexions. J’essaie d’être le Google Analytics du offline. » Elle a beau être un peu jargonneuse, la phrase résume parfaitement l’activité d’Emmanuel Paget Kellner, fondateur de la société eplusmore. Lancée en juin 2013, cette PME française basée à Shanghai vend un service qui rappelle, à une grosse différence près, celui offert par le célèbre moteur de recherche américain. Installé en Chine depuis dix ans, Emmanuel Paget Kellner ne mesure pas le nombre de « visiteurs uniques » ou le nombre de « clics » sur un site Internet, mais bien le va-et-vient réel des personnes physiques devant et autour d’un emplacement fixe, par exemple une boutique de vêtements. Son produit phare s’appelle ShoppAnalytics™ et il a déjà conquis plusieurs marques internationales, dont Yves Rocher. Implanté en Chine dans 28 points de vente, le distributeur français de produits de beauté a craqué pour cette technologie qui lui permet d'analyser finement le passage devant ses enseignes.

« Le marché est loin d’être uniforme et les démarches ne sont pas faciles pour les étrangers »

D’apparence complexe, ShoppAnalytics™ ressemble en fait à un petit boitier : une fois installé dans le magasin, il capte, comme une antenne, le passage des chalands en géolocalisant leurs téléphones portables. « En Chine, les propriétaires des centres commerciaux utilisent encore des chiffres aléatoires et pas rationnels. Ils donnent souvent aux potentiels locataires des chiffres basés simplement sur le nombre d’employés qui travaillent dans les tours à proximité » explique ce Français de 46 ans. Tout en restant anonyme, ShoppAnalytics™, au contraire, permet de compter très exactement le nombre de consommateurs qui passent devant tel ou tel magasin. De quoi séduire les grands noms de la mode et du luxe dans un pays où l’augmentation du prix du mètre carré, combinée à la profusion des surfaces commerciales, pousse nécessairement à faire des choix. Le big-data, une nouveauté Entrepreneur aguerri, Emmanuel Paget Kellner connait bien l’Asie et notamment la Corée du Sud où il avait monté en 2004 la filiale d’un de ses précédents employeurs. La Chine, en revanche, s’est révélée être une autre paire de manches. « C’est extrêmement compliqué. Le marché est loin d’être uniforme et les démarches ne sont pas faciles pour les étrangers. » Il procède d’abord au rachat d’une société chinoise détenue par une holding hongkongaise. Transaction qui lui permet d’obtenir une structure existante et de sauter les étapes. « En Chine, il faut environ six mois pour monter une entreprise, entre le début des démarches et l’émission des premières factures. Avec eplusmore, cela ne m’a pris que deux mois. » Aujourd’hui, cette start-up compte quatre associés. Leur mission désormais : lever les freins psychologiques pour gagner davantage de clients chinois, encore dans des logiques de croissance. « Le big data est quelque chose de vraiment neuf en Chine. Je me heurte à une incompréhension de l’outil » poursuit le fondateur. Malgré cela, la deuxième économie mondiale reste incontournable : « les opportunités sont là et elles sont réelles. » Raphaël Balenieri


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Olivier Marceny

AS Architecture

Au pays de la folie immobilière FOCUS PME

AS Architecture

P

AS Architecture-Studio sait garder la tête froide

La Chine est assurément un eldorado pour les architectes occidentaux mais le chemin n’est pas sans embûche.

ourvue d’agences permanentes à Shanghai et à Pékin, au total composées de plus de 60 employés, AS ArchitectureStudio [AS] est devenu en Chine un cabinet

d’envergure. L’ampleur de ses projets est significative : Centre régional culturel de Jinan livré en 2013 (380 000 m 2 pour un coût de construction de 240 millions d’euros), Musée des sciences et technologies de Lhassa (32 000 m 2 de surface bâtie pour 48 millions d’euros) ou encore le complexe de la gare sud de Taiyuan , tous deux livrés cette année. « La Chine est devenue d’autant plus cruciale pour nous que ce genre de projets est plus rare en Occident, explique Li Shuwen, directrice de l’agence pékinoise

L’année charnière reste 2001, quand AS est retenu pour la conception du « Master Plan » [le plan d’ensemble] de l’Exposition universelle de Shanghai de 2010, un projet de prestige qui lui ouvre de nombreuses portes en Empire du milieu.

d’AS. Mais notre réussite n’est pas le fruit du hasard. Nous sommes ici depuis plus de 20 ans. » Fondé en 1973 à Paris, c’est en effet dès 1992 qu’AS fait ses premiers pas en Chine. « Nous faisions partie des premiers cabinets occidentaux du pays », raconte Mme Li. Mais l’année charnière reste 2001, quand AS est retenu pour la conception du « Master Plan » [le plan d’ensemble] de l’Exposition universelle de Shanghai de 2010, un projet de prestige qui lui ouvre de nombreuses portes en Empire du milieu. Projets d’avenir Aujourd’hui, les clients d’AS sont pour la plupart des collectivités territoriales ou des sociétés privées pourvues de fonds publics. Un mélange typique du capitalisme d’Etat

Dates-clés

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1973

1987

2001

2013

Création à Paris d’AS. Architecture-Studio

Inauguration de l’Institut du Monde Arabe, dont AS, Jean Nouvel, G. Lezenes et P. Soria sont co-concepteurs

« Master Plan » proposé par AS retenu pour l’Exposition Universelle de Shanghai de 2010

Livraison de la première phase du Centre culturel régional de Jinan

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FOCUS PME

DePack Ceva

à la chinoise, que l’agence a mis du temps à appréhender. Désormais, l’écologie est devenue en Chine un « enjeu d'avenir », fait-on savoir chez AS. « Un virage écologique parfois compliqué à mettre en œuvre mais dont le processus est en marche ». Témoin la multiplication de projets développés autour de la construction de "quartiers durables", lesquels permettent aux promotteurs de justifiers des prix immobiliers élevés et aux cabinets comme AS de déployer tout leur savoirfaire. A Caidian, dans la banlieue de Wuhan, première ville durable francochinoise, c’est justement l’expertise française qui a été sollicitée. AS participe à cette réflexion et interviendra les 30-31 octobre durant le séminaire sur la ville durable, organisé par la municipalité de Wuhan et le Consulat général de France à Wuhan. Preuve enfin de son sérieux et de sa reconnaissance institutionnelle, cruciale en Chine, AS organise, sous l’égide du 50ème anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises, l’exposition « Habiter le monde autrement. La ville écologique ». Le but : à travers 50 projets, « promouvoir l’urbanisme intelligent ». Rendez-vous du 28 octobre au 9 novembre prochain à l’Institut Français de Pékin. Edgar Dasor

Octobre 2014 Organisation de l’exposition « Habiter le monde autrement. La ville écologique » à l’Institut Français de Pékin

Hong kong

Paradis des entrepreneurs ? La région administrative spéciale est particulièrement favorable à la création d’entreprise. C’est ici que la société française Depack Design s’est installée, en 2011, pour aborder en douceur le marché chinois.

À

seulement 27 ans, Guilhem Uberti est déjà responsable d’une équipe franco-chinoise de cinq personnes. Basé à Hong Kong, ce jeune diplômé arrive dans l’ancienne colonie britannique en 2011 pour lancer la filiale locale de Depack Design, une agence de création née à Bordeaux 22 ans plus tôt et spécialisée dans la réalisation de stands commerciaux pour les salons professionnels et la conception de boutiques pérennes dans le secteur du retail. Arrivé d’abord en VIE puis embauché, le jeune Français se félicite aujourd’hui du chemin parcouru. Devenu directeur de la filiale, il vient de terminer une grosse commande : la réalisation de 39 stands sur-mesure, soit 1700 mètres carrés, pour le salon international Vinexpo. Une étape de plus pour la société tricolore, déjà remarquée en 2009 pour le corner de Fauchon qu’elle avait réalisé pour la célèbre enseigne de la place de la Madeleine dans l’aéroport de Hong Kong. Avant de mettre le cap à l’étranger, Depack Design (4,7 millions d’euros de chiffres d’affaire global en 2013, dont 700 000 euros à Hong Kong) s’est longtemps concentrée sur ses clients historiques du Bordelais. Faute de ressources en interne, la PME confie pendant dix ans ses projets chinois à une entreprise hongkongaise via un accord de licence. « Il y avait assez peu de valeur ajoutée. Ce n’était que du traitement

« C’est une ville très facile pour les entrepreneurs. On arrive avec un passeport et un compte bancaire et c’est fait dans la journée », explique le jeune manager.

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de projet. La société locale avait sa propre marque et n’avait donc pas intérêt à développer la nôtre » se souvient Guilhem Uberti. Hong Kong : destination business Le tournant arrive en 2010, lorsque Depack Design monte une structure en propre dans la grande mégalopole cantonaise. « C’est une ville très facile pour les entrepreneurs. On arrive avec un passeport et un compte bancaire et c’est fait dans la journée » explique le jeune manager. Les opérations commencent véritablement en octobre de l’année suivante et c’est tout naturellement que la société se tourne vers ses clients, acquis en France, dans l’industrie des alcools et du luxe. Depack Design commence ensuite à vendre ses services en Chine continentale, tout en maintenant toutefois son ancrage opérationnel dans la région administrative spéciale. « Hong Kong, c’est une bonne base. C’est très facile pour le business mais pour construire quelque chose de durable, c’est plus compliqué », témoigne Guilhem Uberti. Aujourd’hui il est également contacté par des clients chinois (Shanghai Tang notamment) qui souhaitent participer à des salons professionnels en Europe ou ouvrir des points de vente pérennes sur le Vieux Continent. Guilhem Uberti ne prévoit pas cependant d’ouvrir une filiale en Chine continentale, même si ses fournisseurs sont quasiment tous de l’autre côté de la frontière. « Hong Kong reste très porteur, on n’en a pas encore fait le tour. » En revanche, il développe un réseau de partenaires à Pékin, Shanghai et Canton et s’y rend, bien évidemment, dès qu’un client lui demande de l’accompagner sur place.

FOCUS PME

Accord IBC

Raphaël Balenieri chiffres clés

4,7

Chiffre d’affaire global, en million d’euros, réalisé en 2013 par Depack. Design. L’activité « stand » pèse pour 60 % des ventes de la société.

5

Nombre d’employés à Hong Kong. Depack Design y emploie, outre le directeur de la filiale, deux chefs de projet, une coordinatrice, une designer et un stagiaire.

Le « Pavillon français »  de Qingdao

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Nouvel incubateur pour PME tricolores ?

Nombre de stands réalisés en mai à l’occasion du salon Vinexpo à Hong Kong. Vinexpo est un partenaire historique de la société qu’elle accompagne depuis 1992.

250

Prix minimum, en euro et au mètre carré, pour un stand conçu par Depack Design. Les stands les plus élaborés peuvent coûter jusqu’à 1500 euros au mètre carré.

700

Chiffre d’affaire, en milliers d’euros, réalisés par la filiale hongkongais de Depack Design en 2013.

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Conçu comme un pôle culturel, économique et commercial dédié à la France, ce projet mené par Accord IBC vise à faciliter l’implantation des PME qui peinent encore à s’affirmer en Chine.


Le pavillon se situe au cœur du centre économique de cette cité balnéaire, dans le HNA Center, propriété de la compagnie aérienne étatique Hainan Airlines.

autour du 20 octobre à Qingdao. Le concept est innovant : sur 2400 mètres carrés, le site va concentrer plusieurs dizaines de points de vente de PME (de coutellerie, linge, gastronomie…), toutes hexagonales et dument sélectionnées. Moins esseulées, ces dernières profiteront aussi d’une implantation à bas coût, tout en déléguant la gestion du personnel… en échange d’une commission de 32 % sur les ventes. Enfin, le pavillon se situe au cœur du centre économique de cette cité balnéaire, dans le HNA Center, propriété de la compagnie aérienne étatique Hainan Airlines [HNA]. Ouvert à partir de 2012, ce complexe haut de gamme regroupe une tour de bureau et une résidence, respectivement de 51 et 30 étages, reliées par un centre commercial. Imagine China

L

e Made in France peut-il rayonner en Chine au-delà des inévitables Louis-Vuitton, Cartier et autres Lancôme ? « Le problème est connu. Certes, les grandes enseignes disposent d’une force de frappe importante jusqu’en Chine, reconnait Marc Lacharme, directeur général adjoint de la société de conseil Accord IBC, une « WFOE » (entité à capitaux étrangers) basée à Qingdao et fondée entre 2010 et 2011. Mais nos PME, en dépit de la qualité de leurs produits, peinent, elles, à se développer dans un environnement qui manque de synergie. » C’est précisément ce verrou qu’entend faire lever Accord IBC, grâce au « Pavillon Français », sa réalisation la plus ambitieuse à ce jour et dont le coût d’environ 12 millions de rmb a nécessité la recapitalisation du groupe en 2013. L’inauguration devrait survenir

Implantation en Chine à bas coût La première rencontre avec HNA remonte à 2010. « Après l’Expo de Shanghai, nous réfléchissions à réimplanter des pavillons nationaux dans des grandes villes de Chine, une idée qui intéressait notamment Qingdao, se souvient Olivier Baleix, directeur général d’Accord IBC. Conseiller une seule entreprise à la fois ne nous suffisait plus, nous voulions créer un espace doté d’une synergie susceptible de profiter à de multiples acteurs en même temps. HNA, pour sa part, voulait donner à son centre commercial de Qingdao une ‘French Touch’ afin de se démarquer des concurrents. Nos idées se sont rencontrées. » Pour le grand lever de rideau, le Pavillon Français sera opérationnel, sans pour autant fonctionner à plein régime. À peine plus d’une vingtaine de PME ont signé, quand la structure pourrait en accueillir près d’une quarantaine. « Mais nous sommes confiants, assure M. Baleix. D’ailleurs, des pourparlers ont lieu avec une entreprise intéressée pour un espace de 300 mètres carrés ». Signe supplémentaire d’optimisme : Accord IBC prévoit d’ores et déjà de dupliquer le concept du Pavillon Français dans d’autres villes chinoises, dont Pékin. Edgar Dasor

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MOQ Wines

FOCUS PME

MOQ Wines

MOQ Wines

Le vin en poupe Jean-Michel Weiss a fondé sa société en 2006. Huit ans plus tard, cet Alsacien est devenu le quatrième importateur de vin français en Chine. Témoignage..

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a Chine n’a presque plus de secret pour Jean-Michel Weiss : cet entrepreneur y fait des affaires depuis plus de trente ans. D’abord trader à Hong Kong pour la grande distribution française, il arrive à Shenzhen « le 1er mai 1982, à 14 heures » pour visiter ce qui n’était, à l’époque, qu’un tout petit village de pêcheurs. « Il y avait des vélos partout. Les Chinois étaient habillés intégralement en gris, ou en vert » se souvient aujourd’hui cet Alsacien de 56 ans. Pendant des années il multiplie les allers retours entre la France et la Chine. Puis il tombe amoureux et décide de s’y installer pour de bon après la période de glaciation post-Tiananmen. Il travaille, dans un premier temps, pour de grands comptes tricolores avant de lancer, en 2006, sa propre entreprise : MOQ Wines, spécialisée dans

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« Le choix de Shenzhen ne s’est même pas posé. Tous nos réseaux, nos amis et nos guanxi sont ici » explique JeanMichel Weiss. « La société a été créée en trois jours. Quand on a des relations, c’est très facile. »

l’importation de vins français. « Le choix de Shenzhen ne s’est même pas posé. Tous nos réseaux, nos amis et nos guanxi sont ici » explique-t-il. « La société a été créée en trois jours. Quand on a des relations, c’est très facile. » Huit ans plus tard, cette PME réalise un chiffre d’affaires global de 9 millions d’euros. Elle importe des vins français (de 120 à 900 yuans, selon la bouteille) qu’elle distribue à ses clients (hôtels, restaurants, grossistes) via ses 40 points de vente à travers la Chine. « Gérer un tel réseau ne pose aucun défi particulier. Je n’ai fermé aucune boutique » rappelle fièrement le fondateur, à la tête désormais d’une petite équipe de 25 personnes dans la grande mégalopole cantonaise. Outre la société de Shenzhen, Jean-Michel Weiss a également ouvert une branche à Hong Kong qui lui permet de réexporter plus facilement, vers le Sud-est asiatique, les vins arrivés en Chine en provenance de l’Hexagone. L’ancienne colonie britannique n’applique en effet aucune taxe sur les vins contenant moins de 30 % de volume d’alcool, alors que la Chine continentale, en revanche, pénalise tous les alcools et spiritueux avec une taxe de 48,2 %. 500 000 bouteilles entreposées Aujourd’hui, l’entrepreneur mise particulièrement sur la Thaïlande et le Vietnam, un pays « qui sera, dans dix ans, ce que la Chine


MOQ Wines

A retenir

DR

est aujourd’hui. » Mais pour l’instant c’est en Chine que le gros du marché se trouve. « Ce qui nous sauve, c’est le nombre d’habitants. Si on perd un client, on peut rapidement en gagner un autre » remarque-t-il. Fils d’un exploitant viticole, Jean-Michel Weiss retourne chaque année en France pour choisir personnellement les vins « pas trop sucrés, ni trop secs » susceptibles de plaire aux Chinois. Il lui faut désormais 7 jours pour rassembler les vins, puis trente jours de shipping par bateau et enfin 3 à 7 jours pour le dédouanement. Une fois réceptionnés, les vins sont ensuite stockés dans son entrepôt de Shenzhen, véritable caverne d’Ali Baba avec ses 500 000 bouteilles. Parmi elles, celle qui plait le plus à ses clients chinois est justement un vin d’Alsace, « Le Gentil », à 373 yuans l’unité. Composé à 50 % de Gewurztraminer, avec quelques touches de muscat et de pinot gris, ce vin blanc figure en bonne place dans son catalogue. À côté d’un autre vin, du Bordelais cette fois, que Jean-Michel Weiss a sobrement appelé : « Le Romantique ».

Le festival ICWFF Du 13 au 17 novembre, la gastronomie européenne sera à l’honneur à Shenzhen. Lancé par Jean-Michel Weiss, en partenariat avec China Merchants Group, l’International Culture Wine and Food Festival (IWCFF) ambitionne d’ouvrir les portes du marché chinois aux meilleures marques gastronomiques (vins et haute cuisine) du Vieux Continent. Pendant 5 jours et sur 86 000 mètres carrés d’exposition, les professionnels du secteur pourront montrer l’étendue de leur savoir-faire. Entre 300 000 et 500 000 visiteurs sont attendus.

Raphaël Balenieri

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Enquête Ifop

Les entrepreneurs français

dans un marché dynamique Les entrepreneurs « tricolores » considèrent toujours l’environnement des affaires en Chine comme dynamique. Ils vivent une pleine passion pour ce marché. Cependant, beaucoup affrontent aussi des difficultés : le système administratif très complexe, les barrières à l’obtention de prêts bancaires, l’augmentation du coût des ressources humaines, etc.

P

our étudier la perception et les attentes des entrepreneurs français à l’égard de l’environnement d’affaires en Chine, l’Ifop a réalisé quatre entretiens approfondis en Octobre avec des entrepreneurs français travaillant localement dans différents secteurs : les relations publiques, la distribution de boissons, le développement de marques et l’équipement de laboratoires.

L’environnement général de l’entreprenariat en Chine « Dynamique » est l’adjectif couramment utilisé lorsque nous demandons aux entrepreneurs français de décrire le marché chinois. Les Chinois, dont les revenus augmentent, sont de plus en plus intéressés par les produits français : parfum, vin, fromage, chocolat, produits de haute technologie, ainsi que par le mode de vie français. Ainsi, même les entrepreneurs entrant dans un marché dit « de niche » peuvent prospérer grâce au fort potentiel de ce marché. Mais il n’est pas si facile de se faire une place. Même si les opportunités sont nombreuses, la Chine se situe seulement à la 96ème place dans le classement 2014 de Facilité à faire des affaires,

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« Même si les opportunités sont nombreuses, la Chine se situe seulement à la 96ème place dans le classement 2014 de Facilité à faire des affaires, sur 189 pays dans le monde, d’après une étude de Banque Mondiale. »

Imagine China

sur 189 pays dans le monde, d’après une étude de Banque Mondiale. Cet environnement est particulièrement peu favorable dans certains domaines qui impactent directement l’activité des PME : la création d’entreprise (158ème place), le paiement des impôts (120ème place), l’obtention de prêts (73ème place), entre autres. Lancer et gérer son entreprise en Chine n’est donc pas de tout repos. Ces difficultés ne semblent néanmoins pas arrêter de nombreux entrepreneurs. La promesse d’un « marché dynamique » semble avoir primé sur d’autres facteurs défavorables. Comment les entrepreneurs français se lancent-ils en Chine ? Les créateurs de PME françaises en Chine acquièrent souvent une grande expérience de l’environnement chinois de par leur vie personnelle et professionnelle avant de se lancer dans l’entreprenariat. Cyrielle MOHARA, directrice de Spectrum Events, a vécu en Chine depuis ses études à l’université. Elle a travaillé pendant six ans dans le secteur des relations publiques où elle a construit son réseau professionnel avant de créer sa propre agence. Avec ses trois collaborateurs Chinois,

elle dirige avec succès une start-up dont les fournisseurs et clients sont majoritairement Chinois. « L’environnement dynamique et créatif, basé sur un esprit entrepreneurial, un environnement multiculturel, et un networking très efficace » permet aux entrepreneurs de se développer comme l’explique Julie BRUMENT, la co-fondatrice de Bio In-Bev, un distributeur de boissons organiques françaises. Erlab, un expert de la filtration d'air pour la protection du personnel de laboratoire, s’est installé en Chine non seulement pour bénéficier de ce marché dynamique à fort potentiel mais considère également la Chine comme point de développement du marché asiatique en général. Points forts et difficultés des entrepreneurs français Pour réussir, Benjamin DUPUY D'ANGEAC et Nicolas VAN DE CASTEELE ont développé leur société Asia Retail Partners, une entreprise de distribution de marques européennes dans les secteurs de la mode et de la restauration en Chine, grâce à leurs expériences respectives en Chine dans le conseil et la distribution. Julie BRUMENT nous explique que leur

succès vient de leur positionnement unique – gamme de boissons biologiques françaises – qui est aujourd’hui un marché de niche sans compétiteurs directs. Dominique LALOUX, Directeur Général d’Erlab Chine, insiste sur l’importance d’investir en permanence pour renforcer l’image de marque et de leadership, la meilleure arme contre les copieurs qui sévissent si facilement en Chine. Les entrepreneurs français font néanmoins face à de nombreuses difficultés. La première est que les PME doivent affronter un système administratif très compliqué dont les règles changent régulièrement. Comme dans le cas de Bio In-Bev, une licence de vente directe n’inclut pas le droit de vendre sur internet. Ce serait illégal. Il est uniquement possible de vendre les produits à une société chinoise qui, elle, pourra développer la vente en ligne. La complexité du système administratif, juridique et légal impose d’être bien entouré et conseillé. L'analyse, la vision et la pro-activité sont trois qualités généralement indispensables à un entrepreneur, mais cela se vérifie encore plus en Chine. Les attentes des entrepreneurs français Les entrepreneurs interviewés n’ont pas noté d’amélioration majeur sur l’environnement des affaires chinois au cours de la dernière décennie. Cependant, ils mentionnent deux points qui impactent de plus en plus leur activité entrepreneuriale : la concurrence accrue et l’augmentation du coût des ressources humaines. Par ailleurs, l’appréciation du RMB a particulièrement impacté l’entreprise exportatrices. Bien gérer son entreprise, fidéliser les clients et proposer en permanence des innovations sont les actions perçues par les entrepreneurs comme les solutions pour réussir. En termes des attentes, d’après les personnes interrogées par l’Ifop, les banques chinoises refusent souvent des prêts aux PME car elles considèrent celles-ci comme instables. Il s’agit d’un aspect de l’environnement d’affaires qu’il est prioritaire d’améliorer selon les entrepreneurs français. Simplifier les procédures administratives et relâcher les restrictions sur les opérations commerciales sont aussi des attentes des entrepreneurs et des éléments perçus comme déterminants pour la réussite ou l’échec de leurs entreprises. Enfin l’accès à l’information est un enjeu d’autant plus important que l’entreprise est de petite taille, notamment pour suivre et comprendre les évolutions de la réglementation et les changements du niveau des salaires. Équipe IFOP Asia

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Abécédaire

CE IM

CLASSE MOYENNE D’après une récente étude du cabinet Ernst & Young, plus de 80 millions de ménages Chinois auront des revenus annuels supérieurs à 35000 dollars en 2022. Mieux, selon l'OCDE, 10 % des 1,35 milliard de Chinois appartiennent déjà à la classe moyenne (dont les revenus se situent entre 17000 et 35000 dollars). Ceux-là devraient être 40 %, ou 560 millions d’habitants dans 8 ans. Cette nouvelle classe moyenne – qui consomme de nombreux produits importés : voitures, cosmétiques, produits alimentaires, etc. - constitue un vrai enjeu de croissance pour les entreprises de services implantées en Chine.

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E-COMMERCE Difficile de faire l’impasse sur le commerce en ligne pour un entrepreneur qui décide de partir à la conquête du marché chinois. Son taux de pénétration dans le pays est de 6,3 % selon l’agence iClick Interactive, contre seulement 5 % aux Etats-Unis. « On estime désormais que 475 millions de Chinois ont un pouvoir d’achat équivalent à un Occidental » relève le site spécialisé www.lsa-conso.fr. « Or cette population, qui est par ailleurs très connectée (on dénombre 500 millions d’internautes chinois), ne bénéficie pas d’une offre commerciale équivalente à celle des Etats-Unis et de l’Europe ».

IDE Ou Investissements Directs Étrangers. Selon le MOFCOM, au cours des cinq premiers mois de 2014, la Chine a autorisé 8 744 nouvelles entreprises à investissements étrangers à s’installer sur son territoire, en hausse de 1,6 % par rapport à la même période l’année précédente ; le montant des i nv e s t i s s e m e n t s   é t r a n g e r s effectivement utilisés a atteint 48,9 milliards de dollars (environ 301,1 milliards de yuans), en hausse de 2,8 %. La France, avec 320 millions de dollars,, fait partie du Top 10 des pays qui ont le plus investis durant cette période (contre 2,33 milliards de dollars pour Taïwan).

MÉGAPOLES « Penser Chine » pour un entrepreneur étranger, c’est devoir penser pôles urbains gigantesques en devenir. De fait, la deuxième puissance économique mondiale – qui compte déjà 90 villes de plus de 5 millions d’habitants – abritera à l’horizon 2025, quelque 400 millions d’urbains supplémentaires comme le prédisent nombre de démographes, soit plus d’un milliard au total de citadins. Vertigineux ! La gestion de ces mégapoles sera à n’en pas douter l’un des enjeux majeurs de la prochaine décennie et l’expertise française en matière d’éco-construction notamment sera fortement demandée. A bon entendeur.


PSVZ

PROCÉDURES Se lancer en Chine offre l’avantage d’accéder à un marché colossal et de profiter d’une (encore) forte croissance mais encore faut-il savoir sous quel régime créer son activité. Il est nécessaire de bien respecter les procédures en vigueur pour éviter les mauvaises surprises. Et même si la Chine montre depuis quelques années une volonté de libéralisation progressive du cadre juridique des projets à capitaux étrangers, les procédures d'enregistrement d'une entreprise ou d'un bureau de représentation, restent nombreuses et requièrent une maîtrise des arcanes de l'administration chinoise.

SECTEURS Entreprendre en Chine, c’est aussi et avant tout bien comprendre son marché et définir les secteurs dits stratégiques, tels que définis dans le Plan quinquennal en cours (2011 - 2015) et dans lesquels les investissements étrangers sont particulièrement encouragés. Ils sont au nombre de 7, comme le rappelait récemment le quotidien Les Echos : les véhicules à énergie propre, les nouveaux matériaux, les énergies renouvelables (éolien, solaire, barrages hydrauliques, etc.), les biotechnologies, les technologies de l’information ainsi que l’environnement et les équipements industriels avancés.

V.I.E Ou Volontariat International en Entreprises. Le V.I.E permet aux entreprises françaises de confier à un jeune, homme ou femme, jusqu’à 28 ans, une mission professionnelle à l’étranger durant une période modulable de 6 à 24 mois, renouvelable une fois dans cette limite. Commerciales ou techniques, les missions sont décidées par l’entreprise : études de marchés, prospection, renforcement d’équipes locales, accompagnement d’un contrat, d’un chantier, participation à la création d’une structure locale ou encore animation d’un réseau de distribution... Toutes les informations sur www.ubifrance.fr

ZONES FRANCHES Viser une zone franche lorsque l’on s’implante en Chine peut offrir des avantages non négligeables. Ces zones sont au nombre de 3 : à Shanghai, à Tianjin et à Shenzhen. Les importations y sont libres de tous droits de douane et taxes, précise Planet Expert, à condition qu'aucune marchandise produite à l'intérieur de la zone ne soit revendue sur le marché local. « Entrepôts sous douane, sociétés de négoce et production destinée à l'exportation y sont autorisés. Il existe 2 autres zones dans les même régions (Export Processing Zones) bénéficiant également d'exemptions de droits de douane ».

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Actualités de la Chambre

TROPHÉE DES TALENTS CHINE 2014

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a Chambre de commerce et d’industrie française en Chine (CCIFC), en partenariat avec le Service de Coopération et d’Action Culturelle – Institut Français de Chine de l’Ambassade de France en Chine, Decathlon, EDF et Valeo, a lancé le jeudi 18 septembre 2014, la deuxième édition du Trophée des Talents 2014, et pour la première fois à l’échelle nationale, au Sofitel Guangzhou Sunrich à Canton. Le Trophée des Talents Chine est un concours destiné aux étudiants chinois évoluant dans les filières universitaires d’excellence sinofrançaises, de manière à sensibiliser ces jeunes générations aux enjeux de demain. Le but est d’évaluer les compétences commerciales, techniques et linguistiques des meilleurs étudiants autour d’une problématique d’actualité, choisie par les Partenaires Officiels, et ainsi récompenser les plus innovants et les plus talentueux d’entre eux. Le concours comprend dans un premier temps une série d’épreuves internes aux 40 universités partenaires, au travers 15 différentes provinces, du 27 juin au 15 août 2014. Le lauréat de chaque établissement, a été ensuite soumis à la préparation d’un dossier et d’une soutenance orale tenue séparément le 27 et 28 août 2014 à Pékin, le 30 août à Canton ainsi que le 4 et 5 septembre 2014 à Shanghai devant un jury. Ce dernier, composé de managers des entreprises organisatrices, a évalué et sélectionné les meilleurs profils selon des critères précis tels que la maitrise du sujet, la communication ou encore la culture générale. Cette année les étudiants ont répondu à la problématique suivante : « Comment répondre aux craintes exprimées par les populations vis-àvis des risques industriels en Chine ? » Cette initiative unique en Chine permet notamment aux entreprises françaises à la fois d’identifier les talents chinois de demain et de

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valoriser leurs opportunités de carrière au sein de leurs structures. L’objectif est donc double : mettre en avant et encourager les sections d’études sinofrançaises, et soutenir les liens entre le monde de l’entreprise et celui de l’enseignement. Cette année, la CCIFC et ses partenaires ont eu l’honneur de féliciter et de récompenser 4 étudiants, puisque deux d’entre eux ont obtenu les mêmes résultats et sont alors ex-æquo à la 3e place : • 1er prix : Mlle FANG Yu de l’Université Normale de Shanghai, récompensée par une bourse de 8000 RMB ; • 2e prix : M. QIU Lu de l’Université des Minorités Nationales du Guanxi, récompensé par une bourse de 5000 RMB ; • 3e prix : Mlle LI Qiwei de l’Université de Xiamen, récompensée par une bourse de 2500 RMB ; • 3e prix : Mlle CHEN Kangying, Université Internationale de Business et d’Économie, récompensée par une bourse de 2500 RMB. La remise des prix s’est déroulée lors du Cocktail Annuel de Rentrée de la CCIFC, qui a réuni au Sofitel plus de 150 personnes

dont l’ensemble des étudiants et universités participant au concours, les Partenaires Officiels ainsi que les décideurs d’entreprises des sphères d’affaires françaises et chinoises membres de la Chambre.

Contacts : Mlle Emeline HESPEL Responsable Évènementiel et Communication hespel.emeline@ccifc.org Tél. : (20) 2916 5531 Port. : 189 2239 6833 WeChat : emelinehespel


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Nouveaux collaborateurs... Arrivée de : Laila TAYEBI A rejoint la Chambre le 12 Août dernier au poste de directrice de la communication, après plus de 7 années dans le même domaine pour divers grands groupes français couvrant le Moyen Orient, l’Afrique et l’Inde. Elle remplace Marion Sardou que nous remercions pour l’immense travail accompli ces deux dernières années. Contact : tayebi.laila@ccifc.org

A l’occasion de la visite officielle de Laurent Fabius en Chine, UBIFRANCE, l’Agence française pour le développement international des entreprises, la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine (CCIFC) et Entreprises Rhône-Alpes International ont signé, en présence du ministre des Affaires étrangères et de Jean-Jack Queyranne, Président de la Région Rhône-Alpes, une lettre d’intention afin de coordonner leurs actions. Au terme de ce texte, les trois institutions s’engagent à établir une charte commune visant à définir un « parcours à l’export en Chine » lisible et cohérent à destination des PME et ETI françaises qui souhaitent exporter et s’implanter dans le pays. Ces dernières bénéficieront ainsi dès 2015 d’un catalogue de services et prestations unifiés pour leur faciliter la démarche export dans l’Empire du milieu.

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a Chine offre des potentiels de marché majeurs pour l ’o ff r e   f r a n ç a i s e .   M a i s l ’e n v i r o n n e m e n t   d e s affaires y est exigeant et nécessite souvent une implantation physique de l’entreprise qui souhaite s’y développer. C’est dans ce sens qu’UBIFRANCE, la CCIFC et ERAI ont signé une lettre d’intention tripartite définissant le cadre d’une coordination de leurs actions et de leur offre. Le but à terme est de créer une véritable chaîne de valeur unifiée à chaque étape du parcours export des entreprises françaises en Chine. Les trois opérateurs proposeront très prochainement un catalogue de services et de prestations unifié centré sur leurs expertises respectives ; accompagnement et orientation des PME, ouverture de nouveaux marchés, développement de nouveaux courants d’affaires pour UBIFRANCE Chine ; proposition de solutions d’implantation et de services associés pour permettre aux entreprises de pérenniser leur présence sur le marché pour CCIFC et Erai. Ce

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Accompagnement des PME/ETI en Chine UBIFRANCE, la CCIFC et ERAI posent les bases de « l’Equipe France Chine »

IL A DIT

partenariat, non exclusif dans sa forme, permettra à tout acteur spécialisé dans le commerce international, privé ou public, d’apporter sa contribution. Ce socle commun de collaboration s’appuiera également sur des plateformes physiques d ’a c c u e i l   d i s p o s a n t   d e   f a c i l i t é s d’hébergement, qui permettront de regrouper l’offre de services dans un lieu unique dans les principaux bassins de développement économique en Chine, notamment à Shanghai avec l’Espace Rhône-Alpes en étroite collaboration avec UBIFRANCE et le Business center local de la CCIFC, mais aussi à Pékin qui accueillera le regroupement, à l’initiative de la CCIFC, de plusieurs acteurs de la présence économique française en Chine. Une communication unifiée à travers des supports communs mis à disposition dans les bureaux et sur les sites web de chacun des partenaires permettra d’accroître la cohérence de ce dispositif. Les trois partenaires se sont félicités de la signature de cet accord dont Laurent Fabius a souligné la nécessité et la valeur d’exemple.

« Notre objectif commun est la réussite des entreprises françaises en Chine. Face à la multitude des services proposés par les nombreux operateurs français, et à la complexité de l’accès au marché chinois, il est plus qu’urgent de coordonner nos efforts afin d’unifier et de clarifier notre offre. Nos entreprises n’ont pas de temps à perdre à démêler les dispositifs existants, elle doivent se concentrer uniquement sur leur stratégie de développement en Chine. » Michael AMOUYAL Directeur Général de la CCIFC

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Actualités Business Services

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Par ailleurs, du fait de notre technologie en bambou, une partie de notre production se fait en Chine, ce qui simplifierait notre logistique et la rendrait moins coûteuse en cas de commercialisation locale.

Interview du Fondateur et Directeur Général de Gla Gla shoes

Karim OUMNIA Un produit innovant et tendance, un succès incontestable à l’international et une seule idée en tête… conquérir le marché chinois. Comment Karim Oumnia, fondateur et Directeur Général de Gla Gla shoes, a choisi le Service d’Appui aux Entreprises de la CCIFC pour faire son entrée en Chine. Pouvez-vous nous décrire votre activité ? Nous avons conçu et nous commercialisons une gamme de chaussures de sport ventilées, ultralégères et lavables en machine. Grace à plusieurs technologies innovantes dont un intérieur 100 % en bambou, les chaussures Glagla sont 3 fois plus respirantes que la moyenne des chaussures sur le marché et sont si légères qu’on les surnomme communément les « T-shirts du pied ». Pour une start-up née il y a seulement 4 ans à Nancy, je suis assez fier de nos résultats : nous employons aujourd’hui 12 personnes pour un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros, et notre croissance se poursuit avec une offre disponible dans déjà 40 pays. Pourquoi vous êtes-vous intéressé au marché chinois ? Comment ne pas être intéressé par la Chine ? Il s’agit du second marché de chaussures au monde, avec aussi la plus forte croissance. Sa classe moyenne émergente ne demande qu’à consommer et elle est particulièrement friande de produits français, reflets parfaits de ce nouveau statut qu’elle souhaite clairement afficher. En plus de la touche française, nous jouons également la carte de l’innovation. C’est la combinaison de toutes ces technologies que nous avons développées qui rend nos chaussures innovantes et donc attrayantes pour le consommateur chinois. Malgré les challenges réels qu’il représente, c’est un marché stratégique et prometteur qu’il faut aborder le plus tôt possible pour s’assurer une pénétration plus facile et une croissance durable.

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Comment la CCIFC vous a-t-elle accompagné dans votre approche du marché chinois ? J’avais dans un premier temps contacté la CCI Lorraine, qui m’a elle-même proposé une mission avec la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine. Il s’agissait d’une mission personnalisée au cours de laquelle je pouvais rencontrer des contacts présélectionnés par la CCIFC en fonction de mes attentes. Cette formule m’a immédiatement séduit car la Chambre jouit d’une base de données solide au travers de ses membres et d’une connaissance du marché que je ne maitrise pas encore. Il est important de pouvoir s’appuyer sur des experts de confiance lorsqu’on aborde un nouveau marché tel que celui-ci. J’ai aussi tout de suite compris que pour optimiser ce type de mission, il fallait un engagement significatif de ma part pour guider la CCIFC au mieux dans sa prospection de partenaires potentiels. J’ai donc entrepris de faire le déplacement en Chine en amont pour rencontrer mes interlocuteurs à la Chambre et leur transmettre un cahier des charges précis de mes attentes : détail de l’offre, arguments commerciaux, stratégie d’expansion en Chine, profils souhaités de partenaires… Nous avons ensuite été en contacts réguliers par téléphone pour échanger, aiguiller la prospection et la recadrer si besoin. La mission s’est déroulée sur 4 jours (2 jours à Pékin et 2 jours à Shanghai) en juin dernier et a requis a peu près 4 semaines de préparation. J’ai été heureux de constater que l’engagement de l’équipe « Service d’Appui aux Entreprises » a été égal au mien, ayant investi autant de temps et d’énergie que nécessaire pour garantir la réussite de la mission. Et pour moi ce fut une réussite : la quasitotalité des prospects étaient au rendez-vous (seul un a manqué à l’appel), et ils furent tous pertinents et de qualité. Avez-vous observé des résultats concrets ? Oui les résultats sont là. J’ai eu deux propositions concrètes de la part de partenaires potentiels solides et fiables. J’ai même été convié une seconde fois à Pékin par notre favori, qui m’a ensuite accompagné à Shanghai à leurs frais, afin de rencontrer le CEO du groupe et faire le tour des points de ventes où les chaussures pourraient être exposées. Nous ne sommes pas encore parvenus à un accord mais cela ne relève plus de la CCIFC… Recommanderiez-vous à un entrepreneur les services de la CCIFC ? Oui, je les recommande vivement car c’est un format parfaitement adapté aux PME et beaucoup plus rentable qu’un salon par exemple, pour lequel on mobilise énormément de temps, d’énergie et de ressources, et sur lequel on rencontre beaucoup de monde pour finalement repartir avec à peine une poignée de contacts de qualité… En revanche, je conseille de passer du temps à bien définir son cahier des charges et à faire le suivi pour garantir un résultat optimal. La CCIFC ne peut faire de miracle, ses résultats ne seront que proportionnels à l’engagement du client, et plus on s’investit, plus la Chambre s’investit en retour, j’en suis témoin ! Propos recueillis par L aila TAY E BI


Actualités des Antennes

Nomination d’Aurore POULAIN au poste de Responsable du bureau de Chengdu La CCIFC est heureuse de vous annoncer la nomination d’Aurore POULAIN au poste de Responsable du bureau de Chengdu. Diplômée d’un Master de création d’entreprises et entrepreneuriat, Aurore a développé une certaine passion pour la culture chinoise qui l’a ame-

née à s’installer dans la province du Sichuan il y a 3 ans. Elle a travaillé pour Carrefour au poste de manager des produits importés pendant près de 2 ans. Elle est également secrétaire générale de l’UFE Chengdu depuis 2012, en parallèle de ses nouvelles fonctions à la CCIFC qu’elle a rejoint en juillet 2014.

Cocktail de rentrée 2014 le 19 septembre

Le 19 septembre dernier, dans le cadre très élégant de l’hôtel Ritz Carlton, la CCIFC Chengdu a organisé son premier« Cocktail de rentrée ». Un moment opportun pour réunir membres et institutions françaises afin de présenter la nouvelle Responsable de l’antenne de Chengdu. Le Directeur Général, Michael Amouyal, était présent, de même que Marie Massard, la représentante de la Chambre à Chengdu.

L’invité d’honneur, Monsieur le Consul Général de France à Chengdu, Olivier Vaysset, a participé à cet évènement et a également prononcé un discours d’encouragement autour du rôle de la Chambre en Chine et à Chengdu en particulier. Tous se sont retrouvés autour de délicieux canapés concoctés par le chef du Ritz-Carlton et ont pu déguster du vin offert par la plateforme des vins de Montpellier Agglomération et d’EUPIC, sponsor de la soirée.

CCIFC

成 都

CHENGDU

Inter-Chamber Autumn Mixer 2014 La chambre de commerce et d’industrie française de Chengdu, ainsi que ses membres, ont cordialement participé à l’«Inter-Chamber Autumn Mixer 2014 », le

mercredi 3 septembre 2014. Les chambres américaine, anglaise et européenne ont organisé cet évènement avec l’aide de son hôte le Crowne Plaza Chengdu City Center.

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Actualités des Antennes

Cocktail de rentrée le 22 septembre

CCIFC

Ce sont plus de 300 personnes qui ont participé au Cocktail de rentrée organisé au DS World Store, démontrant une fois de plus le dynamisme de la communauté d’affaires à Shanghai. Ce cocktail s’est tenu avec la participation exceptionnelle de Mme Martine Aubry, Représentante spéciale pour la Chine du Ministre français des affaires étrangères, de S.E.M l’Ambassadeur Gourdault-Montagne, et de M. Emmanuel Lenain, Consul général de France à Shanghai. La CCIFC Shanghai tient particulièrement à remercier les partenaires de cet événement : DS, Le Gourmand, la Crêperie, le Grand Mercure Shanghai Hongqiao et la maison Val d’Orbieu.

CCIFC

上 海

SHANGHAI

Conférence

Une vie d'influence

Dans les coulisses de la Ve République par Bernard Esambert

CCIFC

le 23 septembre

Conférence

Les nouvelles tendances de l’industrie du luxe

À l'occasion de la sortie de son livre, Bernard Esambert nous a fait l'honneur de venir témoigner de son expérience hors-norme au sein des différents gouvernements de la Vème République. De De Gaulle à Hollande, pendant un demi-siècle Bernard Esambert a été au cœur des secrets de la nation et a choisi de témoigner de son expérience au sein du monde clos des puissants.

La CCIFC a organisé une conférence sur les dernières tendances de l’industrie du luxe en Chine. Plus de 100 personnes ont assisté à cette conférence présentée par M. Ivan Coste-Manière, Professeur de Marketing à Skema.

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CCIFC

le 11 septembre


Pascal Chen Coordinateur évènementiel et formation chen.pascal@ccifc.org

Principaux événements à venir DE NOVEMBRE A JANVIER 4e Edition du GMP

Long LIN Coordinateur centre d'affaires lin.long@ccifc.org

Devenez Sponsor du

Gala annuel de la CCIFC Shanghai au Shangri La Jingan le 23 Mai 2015

CCIFC

La CCIFC est heureuse de lancer la 4e édition du GMP au premier semestre 2015. Formation hautement qualifiante, certifiée par la CCI Paris Ile-de-France. Les professeurs, issus de l’ESCP Europe, dispensent les bases du management via 5 thématiques : Motivation d’Equipe, Management de Stratégie, Comptabilité et Analyse Financières, Management de Marketing et Leadership & Coaching.

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Nouveaux collaborateurs... Arrivée de :

Formations in-House

(en français, anglais et chinois) Afin de répondre aux besoins spécifiques des entreprises, la CCIFC propose des formations intra-entreprises. Grâce à nos formateurs et coachs professionnels spécialisés dans différents domaines tels que le Management, les RH, la Finance, la Vente, le Marketing, le Développement Personnel, etc., nous créons des programmes surmesure adaptés à vos besoins qui peuvent être dispensés au sein de votre entreprise ou à la CCIFC.

Cours de Chinois Particuliers La CCIFC, forte de ses professeurs chinois expérimentés et parfaitement francophones, vous propose des cours de chinois individuels, dispensés dans votre langue natale, à votre domicile ou sur votre lieu de travail, afin de vous permettre d’améliorer votre connaissance du chinois. Du niveau débutant au niveau avancé, les cours particuliers vous garantissent un apprentissage sur mesure correspondant à vos attentes. Vous souhaitez vous concentrer sur l’écrit, l’oral, sur le chinois de la vie quotidienne ou de la vie professionnelle, nos professeurs s’adaptent à vos besoins. Contact : Anthony LOPEZ, sh-training@ccifc.org 86 (21) 61327120

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Actualités des Antennes

北 京

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Arrivée de Yin Yan GAO

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Contact : Yin Yan GAO | gao.yinyan@ccifc.org 86 (10) 6461 0260 ext 15

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Yinyan a rejoint la CCIFC en tant que Directrice de l’Événementiel et du Sponsoring au mois d’août dernier. Elle a la responsabilité de l’organisation des évènements et de la vente de publicité au sein de l’antenne de Pékin avec son équipe : Félix FEI (Responsable Événementiel ) et Célia CUI (Assistante Événementiel). Yin Yan a plus de 12 ans d’expérience en relations publiques et communication dans plusieurs entreprises françaises telles que Pernod Ricard, Schneider Electric, Prisma Presse et Sopexa. Elle est diplômée de l’Université des Langues de Pékin et possède un master en gestion des entreprises de l’IAE Grenoble et un master en marketing et communication de l’Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse.

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Directrice évènementiel et sponsoring Pékin

Cocktail de rentrée le 9 septembre

Ce traditionnel rendez-vous CCIFC de la rentrée s’est tenu à Pékin le 9 septembre dernier au Novotel Sanyuan. L’Ambassadeur de France en Chine, M. Maurice Gourdault-Montagne, nous a fait l’honneur de sa présence et s’est adressé aux plus de 180 représentants de la communauté d’affaires française réunis autour d’un cocktail convivial. Plusieurs membres de la CCIFC situés hors de Pékin avaient fait le déplacement, et cette rencontre a été l’occasion pour tous de faire connaissance avec les nouveaux arrivants. L’équipe de la Chambre s’est également présentée à cette occasion.

Dîner Réseaux Chine le 23 septembre

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La 4ème rencontre Réseaux Chine à Pékin a eu lieu à l’hôtel Aman, dans la magnifique enceinte du Palais d’Eté. Le cocktail et le dîner ont permis de fructueux échanges entre CEO français et chinois.

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de gauche à droite : Mme Claire ZHANG directrice des Relations Gouvernementales de la CCIFC, Mme Yanling NIE, déléguée générale de la CCI Paris-Ile de France, M. LI Lu, vice-président de l’ACFIC, M. Olivier Guibert, président de la CCIFC, Mme LIU Chun, secrétaire générale de la CCCME, Mme Lucia LI, vice-présidente du CCPIT Beijing, et M. YANG Yihang, DGA de la CIPA du MOFCOM.


Devenez sponsor et joignez-vous à la soirée de

Gala de la CCIFC à Pékin !

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le 22 novembre

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Le thème de cette année, 2014-2064, nous projette dans le futur des 50 prochaines années : que sera le monde, quel progrès et innovations verront le jour, saisissez cette excellente opportunité de vitrine pour tous vos produits!

CCIFC

Le Gala de la CCIFC est un temps fort incontournable qui réunit chaque année plus de 600 membres de la communauté d’affaires franco-chinoise : associez-vous à cette magnifique soirée en invitant vos clients, partenaires et collaborateurs.

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Actualités des Antennes

中 国 南 部

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canton


SHENZHEN

1ère session du club Entrepreneur le 11 septembre

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La première session du Club entrepreneur de Shenzhen a eu lieu le 11 septembre 2014 dans le cadre très français du restaurant L’Epicerie. Le coordinateur Sébastien Druvent (CEO Imaze) a invité Serge Darrieumerlou (DG France Somfy) à se joindre à l’événement pour partager son expérience sur l’innovation. Serge D. fut en effet à l’initiative de la plateforme innovation de Décathlon et de ses marques Sport, où il avait travaillé pendant plusieurs années. La première séance fut donc orienté sur l’innovation et permis à de jeunes entrepreneurs tel que Prynt dont la start-up a intégré l’incubateur HXLR8R, de se rencontrer et échanger avec des personnes d’expériences.

Club R&D : visite de Sanofi Pasteur

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le 24 septembre

Cocktail de rentrée Le cocktail de rentrée de la CCIFC Shenzhen s’est tenu dans le premier et seul antiquaire Français de Shenzhen se situant à OCT Harbour. Les nouveaux membres ont pu rencontrer les ‘Anciens’ ainsi que Dominique Perdreau, Membre Elu en Chine du Sud entre des mobiliers uniques datant pour certains de l’époque Louis XIV et pour d’autres plus récents. La remise de prix a permis à Maxime Fabre de remporter un lot « gourmet européen » sponsorisé par Carrefour et à Sébastien Bourgeois et Vivian Liu de remporter un diner pour deux dans le restaurant du Hilton Shekou.

Le 24 septembre a eu lieu la visite des locaux de Sanofi Pasteur dans le cadre du Club R&D. Cet événement a permis à ses participants de découvrir le processus de production et la sécurité nécessaire qu’a mis en place Sanofi Aventis pour éviter tous risque lors de la création de vaccins. La visite a été suivie par une conférence sur le sujet de la coopération entre entreprises multinationales et institutions académiques chinoises tenue par Ms Ulrike Tagscherer, spécialiste à l’Institut Fraunhofer de Pékin.

GT Merchandising & Manufacturing Un nouveaux groupe de travail va apparaitre durant le mois d’Octobre : le GT Merchandising & Manufacturing. Cette première séance sera orientée sur la logistique en Chine du Sud grâce à une conférence par PWC.

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Actualités des Membres

Euralis démarre une filière complète de production de Foie Gras en Chine Pierre Couderc Directeur Général d’Euralis, Guy de Saint Laurent Directeur de Rougié Chine et Alain Rougié descendant du fondateur de la marque ont inauguré le 17 septembre 2014 le site de transformation de canards gras à Lianyungang (province de Jiangsu). Euralis démarre ainsi une filière complète comprenant une ferme de reproduction et d’élevage, une unité de transformation et une organisation commerciale permettant à terme de faire de Rougié le premier fournisseur de foie gras de la restauration gastronomique Chinoise. Produire en Chine pour être consommé en Chine. La marque s’adapte aux interdictions sanitaires d’exporter du foie gras cru vers la Chine. « Notre nouveau projet à Lianyungang est approprié aux attentes du marché chinois : une nouvelle ferme avec les normes internationales les plus élevées en termes de processus de sélection et de bien-être animal. Un contrôle total sur la traçabilité et la sécurité alimentaire est mise en œuvre à chaque niveau de la production, garantissant l’authenticité du savoir-faire de Rougié et les exigences de sécurité de la production alimentaire moderne. Nous investissons 14 millions d’euros car nous croyons très fortement au développement de ce marché » précise Pierre Couderc, Directeur Général d’Euralis. Le foie gras des grands chefs Rougié est implanté en Chine depuis 2007, mais en décembre 2012 l’ensemble de la ferme d’élevage a été détruite par une tempête de neige. Produire sur place permet à la marque de fournir les grands chefs des hôtels et restaurants de luxe. « Rougié est présent en Asie depuis plusieurs décennies, la marque est reconnue pour sa qualité, son savoir-faire. C’est un marché qui connait une forte croissance. En Chine, le foie gras apparait de plus en plus dans la restauration gastronomique, nous croyons fermement que le foie gras deviendra un ingrédient de la cuisine Chinoise » détaille Guy de Saint Laurent, Directeur Rougié Chine et GM Asie pacific.

Naidao ouvre sa première unité de recherche en Chine continentale Le Centre de recherche Naidao (Hong Kong) a pour vocation de réaliser de la recherche action sur quatre thématiques : économie rurale, urbanisation durable, vieillissement de la population, amélioration des modes de vie. Le centre vise à offrir une plateforme pour que des étudiants de niveau master à post doctorat puissent réaliser des travaux terrain de qualité, ancrés dans la réalité chinoise. Notre objectif est de promouvoir l'excellence de la recherche française afin de se placer de manière stratégique en Chine, au travers de partenariats avec des entreprises et universités françaises. Nous sommes heureux d'annoncer l'ouverture de la première unité de recherche en Chine continentale : l'unité Huatacun. Située sur le district Changping à Pékin, l'unité se trouve sur un site exceptionnel ouvert aux visiteurs, qui peuvent prendre une part active dans les systèmes mis en place pour le développement local. En jetant des ponts entre monde professionnel et universitaire et en amenant la recherche au public, nous souhaitons activement participer à la valorisation du savoir faire de la recherche française en Chine, et préparer de jeunes chercheurs à une carrière en Chine par une spécialisation sur le terrain. Vous trouverez nos programmes et projets sur notre site : www.naidao.org

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Grand Paris, la France avance ! L’aménagement de la Région Parisienne est un chantier très important pour la France. Même si le développement est moins rapide qu’en Chine, de grands projets sortent de Terre. Deux exemples en construction : • Rénovation de l’entrepôt Macdonald : Ancien entrepôt de stockage d’automobiles construit en 1970, le bâtiment mesure 670 m de long (plus que l’ile de la Cité) pour une surface de 5.5 hectares. Il est situé dans le Nord du 19ème arrondissement, le long du Boulevard Macdonald. La construction a été utilisée comme socle pour un nouveau quartier qui ouvrira en 2014-2015. Il accueillera des bureaux, un hôtel, un collègelycée et des centaines de logements. • Village Nature - Marne-la-Vallée : Ce nouveau projet de parc à thème, collaboration entre Disney et Pierre & Vacances, ouvrira ses portes en 2016. Bulle de nature proche de Paris, il offrira 1700 cottages et appartements à la location pour de courts séjours. Le projet créera 4500 emplois. La clientèle ciblée sera autant les habitants de la région parisienne que les millions de touristes visitant Paris. Il s’agit de deux très belles opportunités d’investissement dans l’immobilier en France.


Bureau Veritas reconnu officiellement comme Organisation de Contrôle pour le Règlement du Bois Européen Récemment, Bureau Veritas a été officiellement reconnu comme Organisation de Surveillance pour le Règlement Européen du Bois (n ° 995/2010) pour tous les 28 États Membres de l’Union Européenne. Bureau Veritas a une longue histoire dans la certification du bois et de la chaîne de l’approvisionnement du bois. Il a abordé de front ce nouveau défi par le développement de son propre système de diligence raisonnable. Les experts de Bureau Veritas ont créé un système complet pour aider les importateurs et les exportateurs à prouver, et suivre, la légalité de leur bois sans interruptions coûteuses dans leur commerce. La Solution de Diligence Raisonnable est basée sur des rigoureuses procédures d’évaluation du risque et des facteurs clairs affectant la légalité du bois. Ce procédé robuste a été reconnu par la Commission Européenne pour soutenir les Sociétés Européennes à importer des produits à base de bois. Les importateurs européens peuvent déléguer l’ensemble du procédé de diligence raisonnable à Bureau Veritas qui utilise un procédé normalisé pour vérifier les fournisseurs et est équipé de la connaissance des conditions commerciales locales. De même, les fournisseurs des Sociétés Européennes peuvent être vérifiés par Bureau Veritas afin de démontrer que leurs produits sont aptes à entrer sur le Marché Européen.

Les soins médicaux à la disposition des étrangers de Chine Plus de 600 000 étrangers sont présents en Chine, dont 250 000 sont titulaires d’un permis de travail. Même si l’on trouve des cliniques dans la plupart des villes, de nombreux établissements en milieu rural, restent à la traîne. Les frais médicaux y sont peu onéreux mais leur qualité varie. Il existe beaucoup de cliniques privées, où les médecins traitent les patients selon les normes occidentales. Ainsi il est conseillé de se renseigner quant à l’assurance médicale la plus adaptée avant toute hospitalisation dans ces hôpitaux. Les étrangers peuvent se rendre dans les hôpitaux publics chinois où les tarifs sont beaucoup plus attractifs. Au sein de certains établissement, un service « VIP » prend en charge les étrangers souhaitant bénéficier d’un niveau de technologie médicale avancé. En Chine, les étrangers peuvent se couvrir d’une assurance médicale, et depuis 2011 les titulaires du permis de travail peuvent bénéficier de la couverture médicale chinoise. En parallèle, les entreprises d’accueil complètent avec une assurance santé pour les expatriés, qui couvrent tous les frais sur le territoire et en dehors. ICBC-AXA est une compagnie d'assurance, joint-venture entre ICBC China, le groupe Anheng AXA et China Minmetals. ICBC-AXA fournit un plan d'assurance complet « vivre en Chine » ainsi qu’un programme d'assurance médicale mondiale.

Pacific Prime finaliste au « Courtier de l’année » Pacific Prime est fier et heureux d'annoncer que l’entreprise vient d'être sélectionnée comme finaliste dans la catégorie «Courtier de l'année» pour la 18e édition de l’Asia Insurance Industry Awards (AIIA). La participation de Pacific Prime au concours pour le prix du « Courtier de l’année » a été acceptée et mise en avant par le célèbre media régional de l’industrie de l’assurance, Asia Insurance Review (AIR). AIR a été lancé en janvier 1991 pour répondre aux besoins d'information des spécialistes de l'assurance dans le monde et particulièrement en Asie. Pacific Prime est l’un des leaders du courtage en assurance, offrant un service de haute qualité et des contrats d’assurance compétitifs pour particuliers, familles, sociétés internationales et PME. Nos bureaux à Shanghai, Hong Kong, Singapour et Dubaï, nous permettent d’assurer à nos clients le soutien dévoué dont ils ont besoin, appuyé en cela par notre Département Remboursement et Administratif interne. De l’assurance santé (haut de gamme et couverture complémentaire), aux contrats commerciaux, assurances habitation, voyage et accidents corporels, nos équipes d’experts sont présents pour simplifier tous les aspects de l'assurance et répondre au mieux à votre budget, vos besoins, vos activités.

L’OAK Racing a remporté des victoires au Mans à la faveur de TOTAL Avec un grand enthousiasme se déroule l’Asian Le Mans Series 2014 où l’ OAK Racing Team Total a obtenu avec succès les premières places des deux circuits terminés et a par conséquent plus de chance à gagner le championnat pour la deuxième fois. Elle est la première équipe composée entièrement de ressortissants chinois. L’assistance du géant de l’or noir portée à l’équipe représente son soutien aux pilotes chinois pour faire concurrence aux adversaires du premier rang planétaire. La société a financé également la célébration du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, ce qui a donné à la coopération entre les deux côtés d'une plus profonde signification. En effet, leur première association peut remonter à 2013 où l’équipe chinoise a participé au premier Asian Le Mans Series à la faveur de la société française et a déniché la couronne du laurier en ayant ainsi accès au 24 Heures du Mans. En 2014, TOTAL a préparé minutieusement pour assister l’OAK Racing durant les 82e 24 heures du Mans et 2e Asian Le Mans Series. L’équipe s’est classée onzième pour le score total et septième au groupe LMP2 dans la compétition de l’Hexagone, et a battu le record chinois. On est convaincu qu’elle gagnera le circuit de Shanghai et prendra les devants jusqu’à la finale.

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Décryptage | Une des médias

REN AU D DE SP E NS

Alibaba ? Le 19 septembre 2014, le groupe chinois Alibaba a réalisé l’introduction en bourse la plus importante de l’histoire de la bourse de New York, levant près de 25 milliards de dollars (20 milliards d’euros), et devenant ainsi la 3e entreprise internet du monde, derrière Google et Facebook. 35 ans après le débuts des réformes de Deng Xiaoping, près de 15 ans après l’accession de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce (et la création d’Alibaba), un pur produit du “socialisme de marché aux caractéristiques chinoises”, immatriculé aux Iles Caïmans, dépasse les records d’Amazon et d’Ebay et devient l’hégémon du jour dans le grand temple du capitalisme mondial. Parmi les 800 investisseurs patientant dans une queue de 40 minutes devant les ascenseurs du WaldorfAstoria pour aller écouter Ma Yun (马云, Jack Ma), le patron-fondateur du groupe, certains ont dû penser que le “siècle chinois”, prophétisé dès le début de la croissance fulgurante de “l’atelier du monde”, était en train de prendre forme.

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Imagine China

Jusqu'où montera

a presse internationale a largement traité le sujet, mais a dû plus souvent se contenter de présenter l’entreprise - inconnue ou presque dans l’opinion publique occidentale -, que se risquer à des analyses. Pour la presse chinoise, pas de surprise non plus, la plupart des articles sont restés des florilèges de chiffres, tandis que les plus techniques expliquaient aux boursicoteurs passionnés qu’il était difficile pour les Chinois de participer à l’opération (en dollars uniquement) mais pas complètement impossible via un certains nombres de procurations plus ou moins rusées. Les meilleurs magazines économiques de la Chine continentale ont cependant produit des papiers qui dressent un tableau bien plus nuancé que celui des manchettes euphoriques. Dans son discours du 8 septembre à New York, le sémillant MA Yun a laissé entrevoir que son triomphe avait le goût de la revanche. Une étude d’Harvard d’il y a quelques années, a t-il exulté devant une salle comble, avait prédit qu’Alibaba allait s’effondrer au profit de ses concurrents ! Le très sérieux

bimensuel économique Caixinraconte qu’une photographie d’enfant où l’on reconnaît bien le visage carré du dirigeant circule sur Weibo, faisant les délices des nombreux internautes chinois amateurs de physiognomonie. « C’est fou de penser qu’un gamin avec une tête aussi bizarre est aujourd’hui devenu l’homme le plus riche de Chine », résument ingénument de nombreux commentateurs, qui constatent cependant que ses traits n’ont pas beaucoup changé. Il est intéressant de constater que la plupart des analystes cités dans les colonnes de la presse chinoise demandent à rester anonymes quand ils acceptent de tenter d’anticiper les perspectives économiques du groupe Alibaba. Ils s’affirment en général plutôt confiants sur le court terme. Cependant, la baisse continue des profits en Chine dans le secteur du commerce aux particuliers, au cœur de l’activité d’Alibaba, conjuguée aux incertitudes que fait peser la structure très particulière du groupe, « entité à intérêt variable » ou VIE (en pratique, les actionnaires n’ont pas autant de pouvoir que


Le record de l’introduction publique d’Alibaba à la bourse de New York montre l’aboutissement d’une logique d’investissement qui fait confiance à la doxa officielle chinoise. {…}Les investisseurs internationaux soutiennent désormais les orientations économiques du gouvernement chinois, qui parie d’abord sur le potentiel du marché intérieur pour maintenir la croissance du pays et sa prospérité économique Alibaba est encore moins tourné vers le développement à l’international que ses concurrents domestiques.

d’actions, et la direction est donc protégée des risques d’éviction). Le magazine Vista (看天下) se demande « Qui peut contrôler Alibaba », et, après une analyse détaillée de ses principaux actionnaires historiques (Yahoo et le japonais Softbank), explique que ces grands groupes, en accord complet avec la stratégie de l’entreprise, ont laissé Ma Yun se verrouiller la direction de l’entité. L’introduction publique à la bourse de New York a permis de ramasser du capital sans pour autant remettre en cause ce contrôle. Les actions vendues viennent pour l’essentiel des anciennes parts de Yahoo et de Softbank, permettant de remercier ces deux structures de leur soutien en leur faisant empocher un bénéfice substantiel. Mais si Alibaba a choisi la bourse de New York et non celle de Hong Kong, c’est que la première permet, au contraire de la seconde, un arrangement spécial qui fait que la direction du groupe (et les bonus alloués aux dirigeants) n’est pas soumise au vote des actionnaires mais seulement à celui d’une minorité d’entre eux, appartenant à des

catégories privilégiées et fermées (comme les “fondateurs” par exemple, qui comprennent 18 personnes que Ma Yun a sélectionné en 2010). Cela rassure la majorité de la presse chinoise, Alibaba ne pourra donc pas être contrôlé par des intérêts étrangers. Vers une maximisation des profits ? Cependant, les titres les plus économiques comme Caixin et Caijing font un écho discret aux craintes des analystes occidentaux : dans une Chine où l’économie est fortement soumise au politique et où celle-ci tourne selon des vents arbitraires, la structure particulière du groupe constitue un risque pour les actionnaires, qui n’ont aucun moyen statutaire pour contribuer à infléchir si besoin était la stratégie de l’entreprise ; et surtout, on peut aussi craindre que la structure ne soit un peu trop orientée vers l’opacité et la maximisation à outrance des profits de ses dirigeants, ce qui constitue également un risque politique dans la Chine de Xi Jinping appliquée à démanteler cartels et factions qui peuvent lui disputer le monopole du pouvoir.

D’autant que, comme le remarquent de nombreux analystes interrogés par les magazines chinois, le secteur du commerce en ligne est en train de subir de profonds changements. L’écosystème d’Alibaba générait ses plus grands profits sur l’achat de services de mots clef et de positionnement sur les sites Taobao (commerces à particuliers et particuliers à particuliers) et Tmall (marques à particuliers), et ses meilleures perspectives de développement venaient de l’intégration à ses services de son système de paiement Alipay. Or, la hausse continue des coûts d’exploitation des commerces et la baisse de leurs profits liés à la massification de la vente en ligne, font que ceux-ci diminuent leur budget marketing, qui est d’ailleurs âprement disputé par la concurrence. Et non seulement le moteur de recherche Baidu est en position dominante sur ce segment face à Alibaba, mais le groupe n’a pour l’instant pratiquement pas pris pied non plus dans les nouvelles applications de téléphonie mobile comme Weixin, qui représentent sans doute le réservoir de croissance le plus intéressant pour les micro-paiements. Marché intérieur Mais surtout, plus qu’un pari sur l’avenir du groupe et de l’économie chinoise, le record de l’introduction publique d’Alibaba à la bourse de New York montre l’aboutissement d’une logique d’investissement qui fait confiance à la doxa officielle chinoise. Après s’être largement enrichis en finançant un développement chinois fondé sur un modèle industriel d’exportation permis par l’intégration du pays dans l’OMC, les investisseurs internationaux soutiennent désormais les orientations économiques du gouvernement chinois, qui parie d’abord sur le potentiel du marché intérieur pour maintenir la croissance du pays et sa prospérité économique - Alibaba est encore moins tourné vers le développement à l’international que ses concurrents domestiques. D’une certaine manière, cela traduit aussi l'extrême difficulté du pays à désormais faire croître d’autres avantages comparatifs que celui des économies d’échelles liées à sa simple masse démographique. Cependant, même si ce modèle réussissait, il n’est pas sûr que cela profiterait pleinement à ceux qui ont investi dans l’action Alibaba. Pour un analyste cité par Caixin, « le plus gros potentiel de profits futurs pour Alibaba est dans le micropaiement, or cette partie n’a pas été incluse dans l’entité concernée par cette introduction publique en bourse. C’est pourquoi on gagnera sans doute à rester réservé sur cette opération. » R E N AUD D E S P E N S

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Décryptage | Clichés

patrimoine fran ç ais

Le regard de

Maia Flore 28 clichés de la jeune et talentueuse photographe françcaise sont proposés au public à l'Institut frnçais de Pékin, du 3 au 24 novembre. A ne pas manquer.

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tout France, l'agence de développement touristique de la France et l'Institut français, l'opérateur du ministère des Affaires étrangères et du Développement international pour l'action culturelle extérieure de la France, en partenariat avec l'agence VU', proposeront du 3 au 24 novembre prochain, à l'Institut français de Pékin, l'exposition « Imagine France » de la jeune et talentueuse photographe française Maia Flore. Diplômée de l'école des Gobelins à Paris en 2010, Maia Flore a été présentée aux Rencontres d'Arles dès 2011. Depuis, elle développe un univers singulier, en axant son travail autour de la recherche des coïncidences entre le réel et son imagination, afin de faire naître des photographies narratives émouvantes et envoutantes. Tour à tour spectatrice ou actrice, les photographies de Maia Flore se situent souvent à la frontière de la réalité et l'artiste aime évoluer dans des paysages fantastiques. L'exposition « Imagine France », véritable voyage onirique à travers vingt-cinq sites patrimoniaux

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Maia Flore

Maia Flore

français, présente une série de vingt-huit photographies poétiques, mystérieuses et aériennes de châteaux, musées, églises, grottes et jardins. Durant soixante-six jours, entre juillet et septembre 2013, l'artistes Maia Flore a effectué un tour de France avec son appareil photo et son ordinateur afin de jeter un regard original et décalé sur le patrimoine culturel français. Photographe de la nouvelle génération, Maia Flore utilise le numérique pour jouer avec les décors et les réenchanter. Le travail de retouche est aussi important dans sa démarche artistique que la prise de vue en elle-même. Décidée à poser un regard différent sur son pays au riche passé culturel mais également à la scène artistique contemporaine vibrante, Maia Flore a cherché à offrir à chaque lieu une histoire et aux spectateurs une rencontre inattendue. Grâce à un important travail de mise en scène sont nées des photos magiques et légères où le patrimoine culturel français est mis à l'honneur, qu'il s'agisse du Pont du Gard, du château du Clos-Lucé, du Mont Dore en Auvergne ou de la gare Saint Sauveur à Lille. Projet artistique résolument original, cette exposition sera présentée dans le monde entier pendant trois ans. Elle offrira ainsi aux touristes internationaux un regard inédit et élégant sur le patrimoine français. Cette série photographique est une véritable invitation au voyage. En découvrant les symboles de l'histoire de France, chaque visiteur réalise une promenade fantastique et féérique. Les photographies, en sublimant le patrimoine français, ont un véritable pouvoir d'attraction et font rêver celui qui les observe. Cette exposition, présentée à l'occasion des célébrations du cinquantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la République française et la République populaire de Chine, s'inscrit également dans le cadre de la diplomatie d'influence de la France et plus spécifiquement de son attractivité touristique, élément essentiel de son développement économique. En effet, le secteur du tourisme représente 7 % du produit intérieur brut de la France et deux millions d'emplois sur son territoire. L'offre touristique française, ce sont trente-huit sites classés au patrimoine de l'UNESCO, huit mille musées et plus de quarante-cinq mille monuments historiques. Pour renforcer l'attractivité de notre territoire, il est important de promouvoir en Chine la richesse et la diversité de l'offre culturelle française mais également, d'offrir une image renouvelée et attrayante de notre territoire et de son patrimoine. Fabrice Rousseau, conseiller adjoint de coopération et d'action culturelle, directeur adjoint de l'Institut français de Chine

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Décryptage | Livres

L’ÉTERNITÉ N’EST PAS DE TROP…

DR

Par Françoise BLÉVOT

Puyi Le dernier empereur de Chine Danielle Elisseeff Éditions Perrin 296 pages – 22 €

EMPEREUR DE PAPIER Pour avoir vu « Le dernier Empereur » de Bertolucci, on pensait avoir fait le tour de ce personnage au destin extraordinaire, mais au caractère faible et pâlot. Danielle Elisseeff cependant n’a pas trop de 296 pages pour raconter en détails précis et minutieux le contexte dans lequel cette vie exceptionnelle s’est déroulée (l’historienne a eu accès à des documents récemment déclassés), pour brosser un portrait sans concessions de Puyi, mais non sans parfois lui accorder les circonstances atténuantes, et allant par moments jusqu’à laisser passer entre les lignes un peu de compassion pour cet homme qui fut un temps le jouet des Japonais… (Il tombait à pic semblait-il pour servir leurs ambitions hégémoniques), avant de devenir un simple citoyen de la République populaire de Chine. Subtil et passionnant.

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Pour savourer ces poèmes et le paradoxe qu’ils expriment en parlant presque exclusivement d’impermanence, des perpétuelles mutations cycliques des êtres et de la nature, des transformations, de tout ce qui change tout le temps en nous et autour de nous, alors qu’ils ont traversé les siècles, pour trouver à jamais semble-t-il leur demeure dans le cœur des Chinois, lieu qu’ils désignent pour parler de la mémoire, tandis que, dans le même cas, nous désignons notre tête ! Merveilleux travail de sélection, de documentation et de traduction. Nous retrouvons les plus grands noms, de moins connus aussi. Chaque

auteur est présenté au moyen d’une biographie détaillée comportant ses itinéraires créatifs. Comparant la poésie classique chinoise avec la musique classique occidentale, Guilhem Fabre en utilise les clés communes qui permettent la variété d’interprétations, de correspondances, d’images évocatrices. Quel bonheur !

Instants éternels Cent et quelques poèmes connus par cœur en Chine Guilhem Fabre Éditions La Différence 286 pages – 30 €

REGARD SUR LA CHINE

CHOSES CROQUÉES Pékin et Shanghaï ont inspiré trois artistes qui livrent ici leurs impressions. Nathalie Man offre seule une description de Pékin et de sa vie dans la capitale du nord, partagée entre la séduction que la ville exerce sur elle et la fatigue et les inconvénients que lui inspire le fait d’y vivre au quotidien. Shanghaï Zen, petit livre plein du charme des croquis d’une précision surprenante d’Evgeny Bondarenko, séduit aussi par les jolis textes de Geneviève Flaven, bilingues français-anglais, et comme tapés sur la vieille Remington portative de Papa. Impressions de Pékin Shanghaï Zen Éditions Les Xérographes 67 pages – 10 € chacun


ET AUSSI...

PORTRAITS « CRASHÉS »

BRRR !

Onze villes servent de toiles de fond devant lesquelles onze « expats » (plus quelques autres qui leur tiennent compagnie) vont balader leur spleen, leur enthousiasme, leurs désenchantements, leurs ambitions, leurs désillusions, leurs audaces, leurs transgressions, leur curiosité, leurs étonnements, face à ce « Far East » modernisé si vite, si étrangement parfois… C’est si déroutant d’être confronté à une interprétation « exotique » de sa propre évolution ! Et puis, être loin de chez soi, si cela peut abolir le passé, cela peut aussi le faire remonter à la surface et jouer de bien drôles de tours…

On croise du beau linge et des gens louches dans des décors chinois, certes, et pour cause, mais peu éloignés de ceux qui servirent de cadre aux méfaits de Jack l’Eventreur… Paul French reprend l’histoire d’un crime mystérieux qui a bien eu lieu à Pékin en 1937 et qui ne fut jamais élucidé totalement. L’occasion est donnée au lecteur d’entrer de plain-pied dans une époque historiquement complexe, et de voir de près les agissements d’une faune européenne « échouée » en Extrême-Orient, dans des buts inavouables la plupart du temps…

Villes chinoises Virginie Bouyx Éditions Gallimard 222 pages – 18,90 €

Minuit à Pékin Paul French

Traduit de l’anglais par Samuel Sfez Éditions Belfond 312 pages – 21,50 €

ARBRE GÉNÉALOGIQUE Tels des pionniers, partis bâtir les fondations d’un pays nouveau « colonisé » par le Japon, pauvres et déracinés, deux jeunes Japonais décident d’unir leurs deux vies misérables au Mandchoukouo. Revenus au Japon après la défaite, ils ne gardent de leur rencontre et de leur expérience qu’un souvenir honteux enfoui comme un secret, sur lequel se fondera une famille dont chaque membre exprimera d’une manière différente la douleur non dite, l’absence de racines. Les générations que l’on voit se succéder symbolisent, par leurs transformations, une adaptation tout à fait spécifique à la modernité japonaise.

La Maison dans l’arbre Mitsuyo Kakuta Traduit du japonais par Isabelle Sakaï Éditions Actes Sud 342 pages – 23,50 €

AU X G R A N D E S M A R Q U E S L E S GRANDS REMÉDES La jeune femme qui était laissée débutante en galanteries à la fin de la « Promesse de Shanghaï » est-elle cette Ai Guo cynique et prodigue qui a fait son chemin « à l’horizontale » comme l’on disait autrefois, pour parler des courtisanes de la fin du dixneuvième siècle ? Rien n’est trop beau pour satisfaire sa fièvre acheteuse et son besoin d’arborer un luxe ostentatoire, mais ne suffit jamais à lui faire oublier d’où elle vient… De la saturation au vide il n’y a qu’un pas… De quelle manière va-t-elle le franchir du haut de ses talons aiguilles ??

Une Chinoise ordinaire Stéphane Fière Éditions Métaillié 284 pages – 18 €

Investissements chinois en France Camille-Yihua Chen Mythes et réalités. 2014

Bien que les investissements chinois en France n'arrivent pas encore au tiers des investissements français en Chine, ils augmentent continuellement. Camille-Yihua Chen, ancienne journaliste de Chine Plus, est la première a essayer d'en dresser un long tableau détaillé. Malgré un parti-pris un peu trop démonstratif et qui fait parfois plus penser à une brochure d'une mission économique qu'à du journalisme d'investigation, l'auteur donne aussi dans la nuance : il n'est pas facile pour les Chinois d'investir en France, et malgré l'empressement de certains à essayer d'attirer des capitaux de Chine Populaire, les difficultés inter-culturelles et les différences d'approche stratégique font que les franches réussites dans ce domaine restent encore exceptionnelles. Quatre chapitres présentent l'immobilier de luxe, le vin, le lait et l'industrie. Si la partie chinois bling-bling n'apprend rien de très nouveau (mais au contraire de l'auteur, on aura facilement tendance à rêver de protectionnisme à la lecture de son florilège), en revanche les études de cas dans le lait et l'industrie sont extrêmement intéressantes. Les partenariats intelligents et bien négociés fonctionnent, à condition que les investissements soient faits pour le long terme. Bref, un peu comme pour les entreprises françaises en Chine... Renaud de Spens

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联结 N.71|2014 秋

来中国创业

EntrEprEnEurs

聚焦法国中小企业

Leurs ambitions chinoises

来中国创业往往是因为机缘巧合:冒险的天性,或者一个珍贵的

« La Chine n’a rien d’un eldorado. S’y implanter s’avère en effet extrêmement difficile, exige d’apprendre très rapidement la langue et nécessite beaucoup d’énergie », prévenait il y a quelques années le sinologue Jean-Luc Domenach1. Le constat depuis n’a guère changé : la destination chine — pour un entrepreneur qui la découvre et l’appréhende — s’avère souvent semée d’embûches. Il n’est pourtant pas de pays au monde qui offre encore autant d’opportunités pour qui sait « oser entreprendre ». e-commerce, biotechnologies, agroalimentaire, services à la personne… autant de secteurs à saisir. À condition d’éviter les pièges et d’être bien accompagné.

职业机遇,把这些企业家们带到了中国。今天的中国充满诱惑和 挑战。他们往往从小企业做起,渐渐扩大,不轻言放弃,好像感 染了极具传染力的《中国病毒》一样。他们分布在北京,上海, 广州等大城市,来到中国的年份不等。他们过着老板的日常生 得巨大成功的,还是尚在挣扎中的,他们一致认为中国给他们提 供了创业的机会,就这一点已经弥足珍贵。

1. CA l’occasion de la 12 Université des CCI, à Paris (2006) e

Eplusmore:

《 我 们 就 是 离 线 的 谷 歌 分 析 》 创 始 人  Emmanuel Paget Kellner的这句话尽管听起来 过于行话,但是精准的概括了Eplusmore的核心 业务。Emmanuel Paget Kellne从93年开始就 进入了数码领域,2004年来到中国,首先在庆 典组织行业工作了几年,2010年的时候回归数 码界。2013年在上海创立了Eplusmore. 公司的核心产品是一个貌不惊人的小盒 子,冠名为ShoppAnalytics™。把它安装到店 铺中,它通过定位顾客的手机,向天线一样扫 描和记录消费者的数据,由此掌握店铺准确的 消费群体的数量。对于大的品牌,特别是大众 时尚品牌来讲,由于北京的购物面积的不断扩 充,连锁经营的品牌需要对经营的地段做出分 析和取舍,Eplusmore的产品满足了他们对精准 分析数据的需求,因此得到了青睐。 今天,这家小公司有4位合伙人,他们的 目标很清晰,用大数据来招揽更多的中国客 户。《对中国客户而言,大数据还是一个他们 没有领会的工具,我们的机遇就在眼前。》 Emmanuel Paget Kellner如是总结。 AS建筑工作室: 2001年,当上海世博会决定采用AS工作 室设计的总规划图时,后者在中国的地位和发 展前景得到了肯定。今天,AS建筑工作室在北 京和上海都设有办公室,员工总数超过60人, 颇具规模。 AS旗下有众多的在建项目,包括济南文化 中心、拉萨科技博物馆、太原南站综合体,等 等;这些项目无论从体量来讲,还是从总投资 额来讲,都具有重大意义。

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Dossier spécial

Imagine China

活,紧张而忙碌,然而没有人后悔最初的选择,因为无论是已获

今天,环保是中国面临的重大挑战,也是 建筑领域新的风向标,为工作室未来的发展带 来了新的促动。在武汉蔡甸的中法生态示范城 表明法国在环保领域的经验深受中国城市规划 界的器重。 值中法建交50周年之际,AS牵头组织的 《另一种角度—可持续城市》展览又是一个亮 点,也是对工作室出色工作和认真努力的充分 肯定。

Depack Design

做为会展展位设计公司,在开拓海外之 前,Depack Design在波尔多创立后,很长时间 以来都一直把精力投注在发展当地的客户。 2010年,当Depack Design决定在香港开 立子公司,成为了公司历史上结构性转变的重 要一刻。 今天,中国大陆的客户也寻求Depack Design的帮助,设计在他们在欧洲专业会展的展 位,为进入欧洲市场打开出路。 但是,香港子公司的负责人Guilhem Uberti表示不急于在大陆设点,对他而言,香港是 个好的基地,便于辐射罗湖的那一边。《香港 还有待我们进一步发掘!》与此同时,公司稳 步地扩展在北京,上海和广州的客户群,为未 来的发展做好准备。

Accord IBC Accord IBC是一家外资咨询公司,位于 青岛,成立于2010-2011年间。公司的创始人 Marc  Lacharme是这样解释创业的初衷的:  “法国制造能不能跨越路易·威登、卡地亚和 兰蔻?法国的创造力是否仅限于这些大的国际


知名品牌?法国中小企业的创造力如何能被释 放出来?”这样的疑问由来已久,在他看来, 法国中小企业要想闯出一片天地,除了优质产 品,还需要抱团发展。 由此,Accord IBC产生了发展法国会馆项 目的念头。法国会馆总投资额一千两百万人民 币,集团为此在2013年再融资,已于今年10月 20日在青岛揭幕。这是个极具新意的项目:在 2400平米的面积上,10多家通过精心挑选和搭 配的法国中小企业集中进行展览和销售,同时 为了减少每个小企业的运行成本,人员由法国 会馆统一管理,会馆则提取销售额的32%做为 回报。 会馆位于海滨城市青岛的市中心的海航大 厦。Olivier  Baleix回忆和海航的首次接触:  “那是在上海世博会上,我们有意把法国厅的 模式移植到多个中国城市,做为公司顾问,我 们希望能够同时为多家企业工作,青岛市对我 们的想法很感兴趣,而海航希望他们的大厦更 具法国风情,这个项目由此落地。”

MOQ Wine Jean-Michel  Weiss于2006年设立了这间公 司,8年的时光飞逝,这位来自阿尔萨斯的法 国人已摇身成为在中国的第四大红酒进口商。 对他来说,中国已经不再是一个神秘的国 度,因为他在这里做买卖已有30年的时间了。 起初,他在香港做交易员,1982年当他来到深 圳的时候,深圳还只是个小渔村。之后他开始 了两地穿梭的生活,在90年代后,他决定定居 中国。 现在,MOQ Wine年营业额达到了九百万 欧元。通过遍布全中国的40多个分销点,各类 档次的法国红酒供应着酒店,餐厅和批发商。 《我的经营一帆风顺,没有关过一家店。》 Jean-Michel Weiss说起来一脸自豪。 在深圳的分公司之后,Jean-Michel  Weiss 又在香港注册了一家公司,为东南亚供应红酒。 值得一提的是,11月13号到17号,在深 圳将举办由Jean-Michel  Weiss发起的欧洲美食 节,为欧洲更多的美食品牌和集团进入中国提 供了便利。 在中国创业的困难 在一个法治不完善和诚信不坚实的国度, 如何用法律的武器保护自己?环境问题对生活 质量的影响?行政手续、融资困境、不合理 竞争、人与人之间的紧张关系、忙碌的生活节 奏、生活成本的日益增加、等.......《联结》通 过对企业家和专家的访谈,综合百家言,提出 了一长串在中国创业需要面对和解决的问题。 在中国创业所需的品质 《50年间的50位创业者》一书的作者 Anne  Garrigue如是总结道:坚持、富于理 解、善于沟通和说服、开放的心态、好奇心和 容忍力。

法国制造能不能跨 越路易威登,卡地 亚和兰蔻?法国的 创造力是否仅限于 这些大的国际知名 品牌?法国中小 企业的创造力如何 能被释放出来?” 这样的疑问由来已 久,法国中小企业 要想闯出一片天 地,除了优质产 品,还需要抱团发 展。

Comptoir de France的Benjamin Devos认 为:创业者无论国籍和文化,首先是创业者。 他们必须要懂得坚持,保持乐观,充满耐心。 法国创业模式的优势和不足 Super Silicone的Jean-Charles Viancin认为: 一方面,法国的技能和中国的劳动力是一对良 好的组合。法国的技术和产品在国际上享有很 高的认可,这是我们的幸运,也有助于我们在 中国开展业务。我们这些创业者脑筋很活,总 能找到解决问题的办法,而且我们喜欢丰盛的 工作餐,这和我们的中国朋友的餐桌文化很接 近;另一方面,我们开拓的领域过于局限,并 且决策的速度太慢,这限制了我们在新兴市场 的发展。其次,我们在文化上会不自觉的表现 出了一种优越感。再次,在中国的法国社群之 间联系还不够密切,需要加强互帮互助。 给后来者的忠告 - MusicMatic的Stéphanie CAREZ-DURIEZ: 我建议创业之前先来中国生活一年,其次,准 备好一大笔投资也很重要。要知道一旦启动创 业,就要一路高歌前行,不能走走停停。 - Five Doors的Hugo GARCIA-COTTE:身为 法国老板,即使拥有行政管理权,也一定要避 免和中国同事公开的争辩,避免使他们感到丢 了面子;要进入中国市场,必须找到一个当地 的合伙人,要知道你才是外来的。 - L2D的Julien URBAIN:准备好你想要实现 的项目所需的预算,这方面一定要慎思稠密, 计算的时候要留有余量,以备万一。虽然中国 的生活消费水平不高,但是身为外国人在中国 创业,成本却是极高的。 - 博立信的任丽莉:要保持头脑清晰,有 战略目标,但也有灵活适应国情和当地现状, 在中国创业很考验耐力,要和你的合作伙伴把 意图和想法充分解释清楚。 - Daxue Consulting的Matthieu David:进 入中国要分阶段走,花钱要有计划。我知道很 多人一开始就大手脚把钱烧光了。其次,要接 受不完美的现实,中国的官僚风盛行,但是企 业家很有创新能力,创业处处收到行政部门的 制约,这是实情,必须接受。 - CityWise Property Solutions的Corentin Jegou:要想管理好公司,必须具备有相当的 法律知识的储备,政府部门行事隐晦,公务员 喜欢红头文件和公章......最好能在当地找到支 持。不同的商业文化和企业文化都意味着我们 需要付出很大的努力来调整自身。 - 中国法国工商会顾问孙明君:在中国创 业并不难,只需要在好的时机做好的选择。 随着中国经济的发展和某些阶层的富裕,新 的消费者寻求高质的产品,法国产品正享有 这样良好的声誉。法国制造意味着奢侈, 美食,创意,和高端的传统手艺,等等。对 法国企业家来说,中国市场具有很大潜力。

何枫

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会员企业简讯

露杰中国在江苏省连云港市经济技术开发区举行了盛大的 开幕仪式 9月17日,露杰中国在江苏省连云港市经济技术开发区举行了盛大的开幕仪式。法国欧立斯集 团总裁皮埃尔·科多(Pierre  Couderc)先生,露杰品牌中国区总裁盖·圣罗兰(Guy de SaintLaurent)先生,以及露杰在亚太地区的高级管理人员均出席了此次开幕仪式。 这一盛会的圆满举办标志着露杰品牌在中国的全新开始。2012年11月,暴风雪袭击了当时坐落 在延庆(近北京)的露杰农场。这场未曾预料的灾害直接导致了露杰自2013年初开始,就不再能够 正常供应肥肝给国内市场了。 意识到肥肝产品在中国市场所具有的强劲增长潜力,露杰决定在中国投资1400万欧元设立包括 养殖农场和加工工厂的完整生产设备流程,并同时建立专业的营销团队及完善的行政管理结构。 露杰在中国的商业策略展现了露杰品牌的经营宗旨,即为世界各地的厨师提供肥肝产品,并保 证其卓越品质始终如一。 露杰在中国采用了最先进的生产设施,旨在将品牌打造为国内领先的,专为高端餐饮服务的肥 肝供应商。2012年,以鸭胸和鸭腿为食材制作的菜肴首次在法国国内夺得了法国人民最喜欢的一道 菜的称号,露杰也希望将这股新的热潮引入中国。对于露杰来说,如何在中国成功推广法式鸭胸和 鸭腿(油浸)产品将会是一次全新的挑战。 鉴于国内市场出于食品安全的考虑而禁止生/加工的肥肝制品进口中国的情况,在境内设立农场 工厂直接进行肥肝生产,使得露杰为国内的高端酒店和餐厅厨师提供优质肥肝产品的愿望最终得以 实现。

耐道研究中心在中国大陆建立第一个 研究点 耐道研究中心(香港)进行行动项目 研究在四个方面:农村经济、可持续城 市化、老龄化、审美生活方式。 该中心旨在为学生提供一个平台从硕士到博士后做质量领域工 作,植根于现实中国。我们的目标是促进法国的卓越研究将自己定位 在中国战略与公司和法国大学建立合作伙伴关系。 我们很高兴宣布开幕在中国大陆的第一个研究点:花塔村研究 点。位于北京昌平区,它是一个特殊的网站对游客开放可以积极参 与系统设置为当地发展。 通过建立业务和学术世界之间的桥梁,允许公众访问的研究项 目,我们要积极参与提高法国的知识在中国的研究。 您会发现我们的计划和项目在我们的网站:www.naidao.org

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大巴黎,法国向前进! 巴黎大区的整新规划对法国来说是 一项非常重要的工程。尽管其发展的速 度落后于中国,但众多项目都已开始破 土而出。例如以下两个工程建设: Macdonald仓库的翻新:原本这座汽车仓库建成于1970年, 占地5.5公顷,长约670米(它的长度比西岱岛还长)。该建筑位于 19区北部的Macdonald大街上。如今新的街区正围绕着这座建筑 为基础进行建设,并将于2014至2015年间建成开放。 届时这个新 街区将会迎来办公楼,酒店,中学以及住宅楼的入驻。 自然生态小镇-Marne-la-Vallée:这个由迪士尼与Pierre & Vacances联合兴建的新主题公园项目将于2016年开门迎客。这座 位于巴黎附近的自然生态小镇将配备1700套别墅及公寓以供游客们 短期住宿。并且这个项目将新增4500个职位。而它不仅仅把目标顾 客局限于所有居住在巴黎地区的人,同时还希望能吸引到数以万计 的巴黎游客。 这将是在法国投资不动产的两个好机会。


必维被欧盟正式认可成 为欧盟木材法规监督机 构 近日,必维国际检验 集团(Bureau Veritas, 以下简称“必维”)被欧 盟正式认可成为欧盟木材 法规监督机构。 尽职调查解决方案 必维在森林认证方面 有着丰富的经验,并通过 开发自己的尽职调查系统 解决了这一新的挑战。必 维的专家已经创建了一个 完整的系统,以帮助进口 商和出口商证明及跟踪木 材的合法来源,避免了中 断贸易引起的高额损失。 尽职调查的解决方案 主要基于严格的风险评估 程序和影响木材合法性的 关键因素。这个尽职调查 过程已经被欧盟委员认可 用于帮助欧洲市场的木制 品进口商。 欧洲进口商可以将整 个尽职调查过程委托给掌 握当地贸易条件的必维团 队,必维将使用一个标准 化的程序来验证供应商。 同样,欧洲企业的供应商 也可以通过必维团队来进 行验证,以证明他们的产 品适合进入欧洲市场。 必维尽职调查体解决 方案已经服务于中国、东 南亚、刚果盆地以及俄罗 斯等关键地区的100多家 供应商。

外国人在中国的健康医 疗保险 加入WTO后中国经济 快速的发展,大量的外资 及外企涌入中国,绝大多 数世界500强的企业已在 中国设有分支。据统计, 现中国已拥有约60万外籍 人士,持外国人就业证在 华工作的外国人约有25万 人。 中国的医疗体系覆盖 很广, 大部分乡村都有诊 所, 公立医院的费用也较 低。一些大城市中,设有 符合西方标准的先进医疗 设施和国际医护人员,而 这些外资医院的收费是公 立医院的十倍。在华外国 人也可选择收费便宜的公 立医院,部分公立医院特 设“贵宾”或“外国人” 病房,设施先进。选择在 外资医院就诊之前,最好 确认有购买适用的医疗保 险。 2011年起,在中国 工作的外国人也被纳入中 国社保的覆盖范围内,此 外,一般公司还会为外籍 人士购买一定的商业保 险,这类医疗保险涵盖了 在中国境内及境外发生 的所有医疗费用。ICBCAXA是由中国工商银 行、AXA安盛集团及中国 五矿集团合资的人寿保险 公司,我们提供的“宜居 中国”保险计划和全球医 疗保险方案,帮助在中国 工作的外籍人士解决在中 国的医疗保障问题。

寰宇保险在第十八届亚 洲保险行业大奖会上入 围年度最佳保险经纪人 的获奖名单 我们怀着非常自豪和 激动的心情告诉大家,寰 宇保险在第十八届亚洲保 险行业大奖会上,入围年 度最佳保险经纪人的获奖 名单。此项殊荣已经被地 区知名保险媒体亚洲保险 评论报道。亚洲保险评论 成立于1991年1月,是一 个旨在满足亚洲读者以及 其它地区读者对保险资讯 的需求的信息平台。 寰宇保险是国内领 先的保险咨询专家,能够 为个人、家庭、团体以及 中小型企业提供最好的保 险咨询服务以及最具竞争 力的保障。我们分别在上 海、香港、新加坡以及迪 拜成立了分公司,能够确 保无论何时何地都能够为 客户提供贴心的理赔协助 服务以及保单管理服务。 从高端医疗保险、补充医 疗保险、家庭财产保险、 旅行险以到人身意外伤害 险,我们的资深保险顾问 都能够根据您的预算以及 需求,为您量身定制适合 您的保险。 我们的资深保险顾问 提供完全免费的保险咨询 服务。此外,截止至2014 年底,所有通过寰宇保险 购买保险的中国法国工商 会会员及其季刊的读者, 寰宇保险将为其提供高达 5000元的折扣。

道达尔鼎立支持OAK Racing车队,三战勒 芒赛捷报频传 目前,第二届亚洲勒 芒系列锦标赛正在如火如 荼地进行,OAK道达尔车 队顺利斩获两分赛冠军, 卫冕之势愈见清晰。 OAK道达尔车队是 首支由全华人车手组成的 车队,道达尔赞助OAK 道达尔车队征战勒芒赛, 正是为了支持更多的华人 车手征战世界顶级赛车运 动。2014年正值中法建交 50周年,而道达尔是周年 系列庆典活动的主要赞助 商之一,这便赋予了双方 合作的更深层意义。 早在2013年道达尔 就助力OAK道达尔车队参 加首届亚洲勒芒系列锦标 赛,并夺得总冠军,顺利 晋级2014法国24小时勒芒 赛。 2014年,道达尔炮 火全开,全力助战OAK道 达尔车队参加第82届法国 24小时勒芒耐力赛及第二 届亚洲勒芒系列锦标赛。 在2014法国24小时勒芒赛 上,这支车队创造了华人 赛车史上最好的成绩—— 总成绩第11名,LMP2组 第7名。 在即将迎来的第二届 亚洲勒芒系列锦标赛上海 站分赛中,相信OAK道达 尔车队能够拿下第三个分 赛冠军乃至2014亚洲勒芒 赛年度总冠军。

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Ils arrivent CDP Chinese Business Club - (Non profit/Administration), Harold Parisot Conseils - (Immobilier/ Banque)

PEKIN AIA Architectural Design Consulting (Beijing) Co., Ltd. - (Architecture), Amandine - (Agroalimentaire/Loisirs Restauration), Aurora (Dalian) Yachts Co., Ltd. - (Industrie Manufacturière), Bayard Presse SA - (Enseignement/Média), Brasserie FLO - (Loisirs Restauration), Catherine de France Hair & Beauty Salon - (Produits de Beauté/Santé), Centuria Capital - (Finance/Immobilier), Claas-Jinyee - (Industrie Manufacturière), Comptoirs de France Bakery (Beijing) Co., Ltd. - (Biens de Consommation/Agroalimentaire), CSDH - (Conseil/Immobilier), Doriane - (Logiciels/Biotechnologie), Entertainment Creative Interface Hongkong Ltd. - (Communication, Publicité, RP), FJA & Partners - (Conseil/Finance), In Vino Cultura - (Enseignement/Vins et Spiritueux), Interactif SAS - (Enseignement), M&I Research Ltd. - (Conseil/Banque), MAF Roda Machinery (Yantai) Co., Ltd. - (Agroalimentaire/Industrie lourde), Montsalvy Consulting - (Conseil), Naidao Research Center - (Enseignement), Pays de la Loire - (Administration), Poujoulat - (Envi-

ronnement/Industrie), PRCP - (Coneil), Rushan Fasun Industrial Process and Equipment Co., Ltd. - (Industrie lourde), Shangri-La Hotel, Qingdao - (Voyages et Hôtellerie/Loisirs Restauration), Signature Group - (Industrie Manufacturière/ Conseil), Sunrise Kempinski Hotel, Beijing &Yanqi Island - (Voyages et Hôtellerie), Weggener Edstrom Communication - (Communication, Publicité, RP)..

Canton CREA-D hong Kong - (Distribution/Import-export), Guangzhou Artovino Co,. Ltd. - (Retail/Import-export), Plateno Ho tels Group - (Hotel/Restaurant/ Tourism), Guangzhou Allioss Machinery Company – (Consumer Goods), Génia Hong Kong Ltd. – (Industry/ Healthcare), Esmod Education – (Art & Design), Laboratoires Pourquery (HK) Ltd. – (Other Professional Services), Larcher Oliver Jacques – (Individual member), Schmidt Suofeiya Kitchen Co., Ltd. – (Consumer Goods), Bordeaux Wine Team – (Wine & Spirits), Prevor China – (Chemicals).

SHANGHAI ALTIMA (Autres Services Professionnels), Baccarat (shanghai) Trading Co., Ltd (Commerce de détail), Carole Property Shanghai

(Immobiliers), CCI Paris Consulting (Education); VALANCE Aurelien (Vins et Spiritueux), ROGER Chloé (Avocats), Chocolats C/CRET (Commerce de détail), Flavors of France (Agroalimentaire), KEOLIS (Environnement), Mar Vivo Studio (Communication, Publicité, RP), MOREL Philip (Architecture), THIERRY Gilles (Biens de Consommation), O'SHENG (Conseil); Octopus Innovation (Architecture), ONTONOMIA (Recruiting), PRESENCE (Conseil); Sediver Insulators (shanghai) Co., Ltd. (Industrie), Shanghai Sailang Solutions International Trading Co., Ltd. (Vins et Spiritueux), Spectrum Events (Communication, Publicité, RP), TONGJI University SIMBA (Education), Yves Saint Laurent (Commerce de détail), D&J Associates (Recrutement), Nateosante (Industrie), BURDIGALA (Entertainment Restaurant), IT Consultis (Technologie), Opera (China) Co., Ltd. (Santé), KPMG Advisory (China) Limited (Comptabilité).

SHENZHEN Falernia Wines – (Wine and Spirits), Five – (Consulting / Software), L’epicerie – (Entertainment Restaurants), Pacteam – (Industry/ Manufacturing), Prynt – (Consumer Goods), Supersilicone – (Industry/ Manufacturing), The OCT Harbour Shenzhen Marriott Executive apartments – (Tourism), TTF Haute Joaillerie – (Art & Design/ Manufacturing). doors

800.988.6683

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