Connexions 72

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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie France Chine | 中国法国工商会季刊 w w w.ccifc.org

N.72

Hiver | 冬

Interview exclusive MATTHIAS FEKL : « Rééquilibrer nos échanges "par le haut"»

Urbanisme ble ra & Ville du

La Chine

se met au VERT



Éditorial

DR

La Révolution Verte

Michael Amouyal

directeur général de la CCIFC

米沐 中国法国工商会总经理

De la Chine, nous connaissions la couleur rouge héraldique, symbole de réussite, mais aussi le gris, le gris de son « smog ». En ce début de 21ème siècle l’enjeu majeur du pays est de se mettre au vert, ou même au bleu, le APEC 蓝 (lán – bleu). Depuis les réformes de la fin des années 1970 ayant conduit à une « économie socialiste de marché », en passant par l’étiquette du « Made in China », jusqu’à la période charnière actuelle, la Chine a parcouru une longue marche et n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Elle doit aujourd’hui faire face aux défis grandissants d’un pays en pleine mutation et en voie de « normalisation ». La première puissance mondiale ne veut plus être un « Far West d’ExtrêmeOrient », elle aspire à devenir citadine et son programme s’affiche comme un slogan en caractères gras dans les rues. Le développement de la ville idéale sera selon la doxa : civilisé, agréable, harmonieux, égalitaire, honnête, et ce, malgré le plus grand exode rural jamais enregistré dans l’histoire de l’humanité. Le défi est de taille et les autorités chinoises n’ignorent en rien les déséquilibres engendrés par la croissance à tout crin et qu’ils sont bien décidés à résorber (surpopulation, problèmes de pollution, congestion des transports, développement anarchique des villes, etc.). Dans ce contexte, l’Empire du Milieu sait qu’il doit aussi s’appuyer sur les savoirs-faires étrangers pour relever les défis auxquels il fait face. Le « Thousand Talent Plan», programme lancé en 2008 et faisant appel à environ 1000 experts internationaux, toutes spécialités confondues, vise à introduire des talents venus du monde entier en vue de favoriser le développement dans de nombreux domaines tels les énergies nouvelles, la technologie de pointe et l’économie, etc., témoigne bien de cette volonté d’évoluer vers une Chine plus moderne, plus efficace, plus propre, et donc plus équilibrée, en s’appuyant sur des modèles collaboratifs. C’est justement à cette recherche d’équilibre que la France peut contribuer, car elle possède une expertise reconnue dans le développement durable, l’urbanisme vert, l’éco-construction, etc. C’est là certainement une opportunité pour les entreprises tricolores de se démarquer et d’apporter une « french touch » toujours fortement appréciée. Les défis sont grands et le plus dur reste à faire. La France s’est engagée à aider la Chine à réaliser ses objectifs et à être moteur sur des projets pilotes de premier plan, notamment des éco-quartiers à Chengdu, Wuhan et Shenyang. La réussite de ces projets suppose tout d’abord d’aider les donneurs d’ordre chinois à affiner leurs objectifs afin que l’exigence économique et le développement durable aillent de pair. Ils supposent aussi que des plateformes de développement soient créées pour mutualiser les forces françaises, institutions, grands groupes et PME, constituant ainsi des vitrines extraordinaires pour le savoir-faire français en Chine. Je souhaite également, avec l’ensemble des permanents de la CCIFC, profiter de cette édition pour rendre hommage aux victimes des attentats du mois de janvier à Paris.

绿色革命 提到中国,我们自然就想到了中国红,它象征着成功祥和。但同时也想到了中国灰,代表了雾霾的灰暗。二十一 世纪伊始,绿色转型亦或是拥有APEC蓝是这个国家面临的最大挑战。 上世纪七十年代末,中国实施了“社会主义市场经济”改革,而后又经历了“中国制造”阶段,中国完成了又一 个“长征”,而且根本不打算在这条道路上浅尝辄止。时下,和任何一个处在巨大变化并逐步走向标准化的国家一 样,中国必须应对可能遇到的各种挑战。 作为世界第一大经济体,中国想要摆脱“远东荒蛮之地”的传统形象并渴望成为现代的“世界文明公民”。这一 宏伟目标化作张贴于中国大街小巷中用粗体中国字写着的口号标语。尽管中国正上演着人类历史上从未有过的最大 的农村人口大迁移,理想城市的发展仍将遵循文明、惬意、和谐、平等、诚信的原则。 面对如此巨大的挑战,中国领导人丝毫没有忽视高速发展引发的各种失衡问题并决意一一解决:人口过密、污 染问题、交通堵塞,城市畸形发展等。在这样的大背景下,中国深知需要借助于国外的先进技术和经验来解决面临 的诸多挑战。2008年,中国政府启动《千人计划》,意在引进各领域国际人才来促进中国在诸多领域的发展,例如: 新能源、新技术和经济等领域。该计划也突显出中国的决心,朝着更现代、更高效、更环保和更平衡的方向前进。 中国寻求平衡发展,法国可以助其一臂之力。法国在可持续发展、城市规划和生态建筑领域有着举世公认的专 业技能。正是在这些领域,法国企业有机会脱颖而出,在中国的绿色转型进程中抹上一笔浓烈的法兰西色彩。 中国的绿色转型任重而道远。法国承诺帮助中国尽早实现目标,并带来许多新项目。两国已经就可持续城市项 目携手合作,带领众多的大型集团和中小企业参与其中。这是法国向世界展示其先进专业技能的绝佳“窗口”。 中国法国工商会全体员工借本期刊物向今年一月巴黎系列恐怖袭击案中的遇难者静默致哀。

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Comité de Patronage

Le magazine de la CCI France Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 72, hiver 2014-2015 Direction de la publication Michael Amouyal & Laila TAYEBI Rédacteur en chef Pierre TIESSEN Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro Raphaël BALENIERI, Edgar DASOR, Renaud de SPENS, Françoise BLÉVOT, HU Yu Traducteur HU Yu Comité de relecture : Commission communication de la CCIFC Couverture © Imagine China Publicités CHINE DU SUD : Michaël Bouchut bouchut.michael@ccifc.org Pékin : Yin Yan GAO gao.yinyan@ccifc.org Félix FEI fei.bo@ccifc.org SHANGHAI & CORPORATE : Morgan LEFEVRE lefevre.morgan@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O CCI France International 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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N.72 | HIVER | 冬

Urbanisme & Ville dUrable

vert

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Auteur de The Extreme Future, directeur de l’Institute for Global Futures, think tank basé à San Francisco

Dossier spécial

Imagine China

La Chine se met au

Nouvelles vagues de migration vers les grands pôles industriels, manque d’espace sur les régions côtières, pollution accrue … « Les prochaines années vont être très critiques », prédisait en 2010 déjà le chercheur américain James CaNtoN1. « La Chine va devoir répondre aux besoins d’une population urbaine énorme et gérer de nombreuses mégapoles disproportionnées ». La gestion de ces mégapoles et l’accompagnement de la puissance chinoise vers un nouveau mode de développement urbain constituent certains des enjeux majeurs de la prochaine décennie. Et offrent déjà aux entreprises françaises la possibilité de monter en puissance sur des questions d’urbanisme et de ville durable. De Wuhan à Shenyang, la « French touch » est aujourd’hui à l’essai.

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Imagine China

Imagine China

14 32 L'ActualitÉ business EN CHINE

Analyse La Chine verte, en quête de standards

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L’actualité Business EN Chine 8

Green business

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Grande Interview : Matthias Fekl « Rééquilibrer nos échanges "par le haut" » 12

Cabinet Daxue La gestion du parc automobile Étape cruciale vers un urbanisme durable 36

DOSSIER

Parole à MonZen TZEN : Portrait d’une ville idéale chinoise

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Numéro spécial Urbanisme & Ville durable La Chine se met au vert

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Zoom sur : Le projet TEDA Améliorer « la conscience écologique des entreprises »

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Coopérati on La France en exemple

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À LA LOUPE Nom de code : SSGKC

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Siveco : Roi de la maintenance en Chine 49 NetSpring : Quand l’entreprenariat social fait « clic » 50 ABÉCéDAIRE 52

ActualitÉS DE LA CHAMBRE Business Survey 54 Trophées 2014 58 CCIFC 61 Business Services 62 Antennes 65 Membres 72

DÉCRYPTAGE

PAROLE à Benoît Vermander : En Chine, « la revendication écologique peut être facteur de transformation sociale » 23

Grand témoin : Paul Andreu « La ville durable pour la Chine n’est pas une option, c’est une nécessité » 42

I ntervi ew : Jean Leviol « Un marché de 10 000 milliards de RMB ! »

RETOURS D'EXPÉRIENCE 5 entreprises françaises GSE : Nouvel enjeu pour GSE

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联结

WeSmart : Une « app » intelligente pour limiter la facture énergétique

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Egis : L’éco-ville de Hengqin, La vitrine « verte » de Egis

城市规划与可持续发展 中国的绿色转型 80

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会员企业简讯 82

I ntervi ew : Emmanuel Debroise La « transition verte » de l’économie chinoise

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Une des médias Clichés Livres Ils arrivent

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L’actualité business en Chine

Xiaomi

« L’apple Chinois »

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met le turbo

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PIB estimé (en milliards de dollars) de la Chine en 2014, ce qui fait de l’Empire la première puissance économique du globe, devant les EtatsUnis (17 416 milliards de dollars) ; selon les dernières données du FMI. Voilà donc la Chine sur la première marche du podium. Et, à en croire les projections du FMI, c’est parti pour durer. En 2019, ce PIB chinois devrait en effet atteindre en valeur près de 27 000 milliards de dollars. « Reste toutefois une catégorie dans laquelle Pékin devrait longtemps rester à la traîne : le PIB (PPA) par habitant », relève le quotidien Libération. « Dans ce classement, en 2013, son abondante population valait à la Chine d’occuper le 89e rang, entre les Maldives et la Jordanie ».

Juste avant 2015, le « start-up » pékinoise - fabricant de smartphones - levait 1,1 milliard de dollars auprès A RJ - 21

Quand la Chine prend son envol Enfin… le voici. Son nom de code ARJ-21. Le premier avion de transport régional « 1OO % » chinois (fabriqué par la COMAC depuis 2008) tout juste certifié par l’administration de l’aviation civile du pays (CAAC). Il s’agit d’un bimoteur (décliné du McDonnell Douglas MD90) de 79 à 90 places, « concurrent potentiel du Canadien Bombardier et du Brésilien Embraer », relève l’AFP. L’appareil doit néanmoins « encore décrocher la certification-clé pour voler à l'international, celle de l'Administration fédérale américaine de l'aviation civile (FAA) ». Sa certification par la FAA ouvrirait à l'ARJ-21 le ciel américain, avec une garantie renforcée de sécurité. A défaut, ses débouchés seraient plus limités, estiment des responsables de l'aéronautique. « Il y aura

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d’investisseurs consolidant ainsi sa place parmi les plus grosses entreprises au monde dans le secteur des nouvelles technologies, avec une valorisation de 45 milliards de dollars (36,9 milliards d'euros). « Parmi ces investisseurs figurent les fonds AllStars Investment, DST Global, Hopu Investment Management et Yunfeng Capital, propriété du patron d'Alibaba Jack Ma, ainsi que le fonds souverain de Singapour, GIC », détaille l’agence Reuters. Créée en 2010 seulement par Lei Jun (8ème fortune de Chine, selon un dernier classement Forbes) Xiaomi est la « start-up » qui a connu au monde la plus forte croissance en un temps aussi court. D'après les chiffres des ventes du secteur de la téléphonie mobile, l’entreprise s'est ainsi hissé en trois ans seulement au rang de troisième fabricant mondial de smartphones. « Il est seulement devancé par les géants Samsung et Apple », relève Reuters. « A 45 milliards de dollars, Xiaomi vaut désormais quasiment trois fois plus que la capitalisation boursière de Lenovo, le premier fabricant mondial de PC. Sa valeur a plus que quadruplé depuis son dernier tour de table auprès d'investisseurs en 2013 ».

une phase d'amélioration de la conception de l'appareil, des systèmes et de ses opérations avant son entrée sur le marché », a ainsi déclaré le vice-président de la CAAC, Luo Ronghai, cité par Chine nouvelle et repris par l’AFP.

I L S ONT DIT.. .

« La Chine encourage actuellement l'entrepreneuriat et l'innovation pour créer de nouveaux moteurs de croissance afin que l'économie chinoise croisse à un rythme modéré à rapide et à un niveau moyen à élevé »

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Li Keqiang, lors d’une rencontre avec le président irlandais début décembre. Au même moment, l'excédent commercial du géant asiatique, numéro un des échanges de produits manufacturés dans le monde, s'élevait à 54,47 milliards de dollars sur un mois.


Terres rares

Webank

La mue de l’internet chinois

La fin des

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La Chine a décidé de lever début janvier ses quotas d'exportation de terres rares (groupe de métaux utilisés dans l’industrie électronique et nucléaire en particulier). Pékin, qui concentre plus de 90 % de la production mondiale de ces minerais, « avait été condamné l’an dernier par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), qui avait jugé ces droits de douane illégaux au regard des principes du commerce international », rappelle l’AFP. En 2010, la Chine, producteur à l'époque de la quasi-totalité de cette famille de métaux, avait semé la panique en réduisant de 40 % ses quotas d'exportation. Les prix des terres rares avait alors décuplé.

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quotas

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e géant chinois de l’internet Te n c e n t ,   a u x commandes de la très populaire application de messagerie WeChat, a lancé une banque en ligne début janvier baptisée Webank. « La quasi-totalité des banques chinoises sont des banques d’État, régulièrement critiquées pour n'accorder de prêts qu'aux grosses entreprises nationales et privant ainsi d'oxygène les entreprises privées, chroniquement à court de crédits »,

note l’AFP. Le gouvernement chinois entend y remédier en introduisant plus de concurrence dans le secteur. « Il a ainsi autorisé l'ouverture en 2014 de cinq banques privées, dont une ouverte par le principal rival de Tencent, Alibaba, géant de la vente en ligne ». Alibaba a commencé à bousculer le secteur bancaire chinois « en lançant un fonds d'investissement, Yuebao, qui rémunère mieux les dépôts que les banques traditionnelles, bien que cellesci offrent déjà des services en ligne ».

26 Poids en milliards de dollars de la nouvelle société d’Etat, résultat de la fusion annoncée des constructeurs de trains (TGV) CNR Corp et CSR Corp. Le 21st Century Business Herald a indiqué que la nouvelle entité se nommerait « China Railway Rolling Stock Group ». Chacun des deux fabricants chinois de trains est évalué à quelque 13 milliards de dollars (10,7 milliard d'euro), « la capitalisation de CSR étant légèrement plus élevée. Les détails de cette fusion n'étaient toutefois pas disponibles immédiatement, bien que cette démarche ait fait l'objet de spéculations depuis des mois », note le quotidien en ligne latribune.fr. « La fusion aiderait également à empêcher une compétition "coupe-gorge" lorsque les deux fabricants devraient exporter leurs trains. CSR a fait partie d'une consortium qui a remporté un contrat de 3,75 milliards de dollars pour construire un train à grande vitesse au Mexique en novembre ».

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« Accor a une volonté farouche de se développer en Chine. Il y a 15 chambres pour 1 000 habitants aux USA, 10 chambres pour 1 000 habitants en Europe et moins de deux pour 1 000 habitants en Chine » Sébastien Bazin, PDG d’Accor. Le groupe français a signé en décembre une alliance stratégique avec China Lodging Group qui devrait doper « ses profits après la première année et donnerait un coup d'accélérateur à son expansion sur le marché en forte croissance du tourisme et de l'hôtellerie chinoise », précise l’agence Reuters.

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C l imat

Pékin et Washington ont signé en novembre un accord - un an avant la conférence sur la climat qui se tiendra à Paris - destiné à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Le président chinois a évoqué une « nouvelle étape historique » dans les rapports entre les deux premières puissances mondiales, voyant dans la coopération sur le climat un « nouveau modèle » pour les relations sino-américaines, rapporte The Wall Street Journal, cité par Courrier International. Premier émetteur mondial, la Chine a pris pour objectif un pic de ses émissions de gaz à effet de serre, responsables de la hausse des températures, «autour de 2030», avec l'intention « d'essayer d'y arriver plus tôt» selon la Maison Blanche. « C'est la première fois que Pékin s'engage sur un pic de ses émissions, c'est-à-dire sur l'année à partir de laquelle celles-ci cesseront d'augmenter avant de voir la courbe s'inverser », précise Le Figaro.

Industrie culturelle

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En 2014, la Chine comptait 23 600 salles de cinéma (5400 de plus qu’en 2013), pour une vente de billets d’entrée en hausse de 36 %. Malgré les quotas stricts pour les films étrangers (34 peuvent y être projetés chaque année), on compte 10 films américains dans le top du box office chinois, avec Transformers 4 : l’âge de l’extinction en tête.

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TÉ L E X

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Nouvelle valorisation, en millions d’euros, du Club Med suite à la confirmation, début janvier, du rachat par Fosun après une longue bataille boursière qui aura duré 18 mois entre le conglomérat chinois et l’italien Bonomi. En mai 2013, le groupe était alors valorisé 540 millions d’euros. Fosun a mis l'accent sur le développement en Chine, « premier marché du tourisme au monde », et au Brésil avec son partenaire l'industriel brésilien Nelson Tanure qui dirige le conglomérat Docas Investimentos. « La marque Club Med restera française », a assuré récemment sur Europe 1 un des proches l’actuel PDG, Henri Giscard d’Estaing. Et la France restera le bastion du club, avec 22 villages sur les 70 implantés dans 26 pays. Le Club Med emploie quelque 13 000 salariés.

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Chine et États-Unis à l’unisson

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Ouverture La Chine a entrepris de libéraliser les prix de 24 produits et services, dont la suppression de tout contrôle des prix des produits agricoles, dans le cadre des réformes économiques menées par le gouvernement, a annoncé début janvier l'agence de planification économique chinoise sur son site internet.

Automobile Au troisième trimestre 2014, la Chine représentait 28,4 % des ventes de PSA, contre 20,7 % un an plus tôt. « Dans un marché qui a pourtant nettement ralenti au second semestre, le groupe français a rempli son objectif de milieu d'année en dépassant les 700 000 ventes, soit des immatriculations en croissance de 28 % sur l’année », note le quotidien Les Echos.


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Téléchargez le bulletin économique mensuel à cette adresse : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/chine/cadrage-general

ECHANGES COMMERCIAUX : les importations et exportations chinoises de biens ont respectivement augmenté de 1,3 % et 13 % en g.a. (1) au troisième trimestre 2014.

+2% INFLATION : l'indice des prix à la consommation a enregistré une croissance moyenne de 2,0 % en g.a.(1) durant le troisième trimestre 2014.

+ 10,1 %

SALAIRE MOYEN : le salaire nominal moyen* a augmenté de 10,1 % (en g.a.(1)) au troisième trimestre 2014.

Les probables objectifs de puissance éolienne et photovoltaïque installée pour 2020 selon le 13ème plan quinquennal chinois (2016 – 2020). La capacité installée fin 2013 était de 75 GW d'éolien et 18 GW de photovoltaïque.

La croissance du PIB chinois s’est établie à 7,3 % au troisième trimestre 2014 (en g.a.(1) c’est-à-dire par rapport au troisième trimestre 2013).

Consommation : 11,9 %

Les ventes de détail ont augmenté en moyenne de 11,9 % (en g.a.(1) et en valeur nominale) durant le troisième trimestre 2014.

* urbain, public (1) g. a. : glissement annuel

9ème

millions d'euros

L’euro est devenu le 29 septembre la neuvième devise directement convertible avec le yuan (CNY).

Le prix payé pour l'acquisition de 49,9 % du capital de l’aéroport de ToulouseBlagnac par un groupement sino-canadien (fonds d’investissement de Hong-Kong Friedmann Pacific Investment, gestionnaire d’infrastructures de transport Shandong High Speed, aéroport de Shenzhen et entreprise canadienne SNC-Lavalin).

54 % La part que représentent les 21 économies membres de l’APEC dans le PIB mondial. Le 26ème Sommet de l'APEC s’est tenu à Pékin les 10 et 11 novembre 2014.

20% La part d’énergie d’origine non-fossile dans la consommation énergétique primaire de la Chine à atteindre d’ici 2030, selon l’accord climat sinoaméricain signé le 11 novembre.

95 %

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Etats

La part des exportations australiennes qui bénéficieront de concessions tarifaires d’ici 10 ans, selon les termes de l’accord de libre-échange Chine-Australie conclu le 17 novembre. L’élimination des droits de douanes concernera en premier lieu 85 % des exportations australiennes à compter de la date de ratification de l’accord.

Le nombre d'Etats ayant signé le protocole d'accord sur la création de la Banque d'investissement asiatique pour les infrastructures (AIIB) instituée à l’initiative de la Chine.

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200 GW et 100 GW

Croissance du PIB : 7,3 %

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+ 13 %

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microgrammes par m3 La densité quotidienne moyenne de particules fines (PM2.5) à Pékin durant le Sommet de l’APEC, entre le 1er et le 12 novembre dernier, selon les données officielles soit une chute de 55 % par rapport à la même période l’année précédente.

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Grande Interview

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M atthias Fekl Secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du Tourisme et des Français à l’étranger

France/Chine

« Rééquilibrer nos échanges "par le haut" » Matthias Fekl juge la relation commerciale entre la France et la Chine toujours « asymétrique ». Il détaille pour Connexions la politique du gouvernement pour permettre au « pack France » en Chine de se renforcer.

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Connexions : Vous avez participé au forum PME France-Chine à Chengdu en octobre 2014. Un premier contact, pour vous, avec la Chine ? Matthias Fekl : Ce voyage était en effet

le premier contact, en tant que Secrétaire d’Etat, avec la Chine. J’ai représenté le gouvernement français à la cérémonie d’ouverture de la Foire de l’Ouest ainsi qu’au forum des PME franco-chinoises en présence de Jean-Pierre Raffarin, lui-même à l’initiative de ce projet avec le Premier Ministre Li Keqiang, et des présidents des régions Aquitaine (Alain Rousset),

Rhône-Alpes (Jean-Jack Queyranne) et Midi-Pyrénées (Martin Malvy). 350 PME françaises et plus de 650 entreprises chinoises étaient présentes à ce forum qui a donné lieu à plus de 5 000 entretiens d’affaires bilatéraux. Lors de ma rencontre avec la communauté d’affaires française, les représentants des PME présentes ont insisté sur la nécessité pour elles d’avoir le soutien des grands groupes déjà bien implantés pour faciliter leurs premières étapes en Chine. Je compte discuter de ce sujet lors de mes entretiens avec les dirigeants de grandes entreprises pour envisager des actions concrètes.


La Chine, un pays d’opportunités (toujours) pour les PME et TPE tricolores ? Certes la croissance chinoise est en train de ralentir (+7 % pour 2015, +6,5 % de moyenne entre 2016 et 2020, et +4% vers 2030, selon les prévisions des autorités). Mais chaque année des millions de chinois accèdent à la classe moyenne, font l’acquisition de biens d’équipements pour leur logement, achètent une voiture, utilisent de nouveaux services, voyagent. Ce sont des opportunités que nos PME peuvent et doivent saisir, à travers des exportations depuis la France ou via une implantation sur place. L’État et les partenaires de l’export ont bien sûr un rôle à jouer pour accompagner cette internationalisation. Une majorité de PME et d’ETI françaises ne se tournent vers le marché chinois qu’après avoir acquis une expérience sur les marchés internationaux. En termes d’implantation sur le sol chinois, sur les 1500 entreprises françaises recensées en Chine, environ 1200 appartiennent à la catégorie PME/ETI. Elles sont pour une grande majorité d’entre elles installées dans les villes où la communauté d’affaires française est la plus importante : régions de Shanghai, de Pékin puis de Canton.

La France, avez-vous récemment affirmé, « est un pays qui compte sur le marché international ». Pourtant sa balance commerciale avec la Chine en particulier - reste très largement déficitaire…

S’agissant de la Chine, nos liens commerciaux sont anciens et diversifiés. Notre relation demeure toutefois asymétrique, puisque notre déficit commercial s’est établi à près de 26 Mds € en 2013, le premier en valeur pour la France (14,7 Mds € d’exportations ; 40,5 Mds € d’importations). Avec 1,3 % de part de marché détenue sur les dix premiers mois 2014, la France est toutefois le 2e exportateur européen vers la Chine, devant le Royaume-Uni et l’Italie, même si elle se classe derrière l’Allemagne (5,2 %). Lors de la venue en France du Président chinois Xi Jinping en mars 2014, nos deux chefs d’État ont acté la volonté commune de rééquilibrer nos échanges « par le haut », c’est-à-dire à travers un développement de nos exportations vers la Chine. Ceci passe notamment par la poursuite de ce que nous appelons les « partenariats structurants », en particulier dans les secteurs 1/2 de l’aéronautique, du nucléaire ou encore de l’automobile. Cela 170x125 passe également par le développement de notre coopération dans certains secteurs identifiés comme étant prometteurs, dans lesquels les besoins chinois sont importants et l’expertise française est reconnue. Je pense notamment à l’agroalimentaire, à la santé, à la ville durable et aux nouvelles technologies, qui correspondent à quatre de nos familles prioritaires à l’export. Nous récoltons les premiers fruits de cette

« Je partage le constat d’une insuffisante émulation entre nos grands groupes et nos PME/ETI. Ce que nous appelons le « portage » est un outil particulièrement efficace pour remporter des succès commerciaux à l’export. Nous pouvons et nous devons faire mieux dans ce domaine ».

stratégie. Durant les 9 premiers mois 2014, nos exportations vers la Chine ont progressé de 1,9 % (+4,7 % hors aéronautique et vins et spiritueux), notamment du fait de la progression de certains de ces secteurs prioritaires.

Quelles sont les priorités du gouvernement pour accroître la présence des entreprises françaises en Chine ?

En 2014, 23 opérations sur les 35 conduites par Ubifrance (qui a fusionné avec l’AFII au 1er janvier pour former Business France) en Chine concernaient les 4 grandes familles prioritaires (soit 62 % de son activité). 580 entreprises accompagnées sur un total de 745 appartenaient aux secteurs prioritaires soit 78 % des entreprises accompagnées. Ce travail sur les familles va se poursuivre en 2015. L’agence mène des opérations thématiques et ciblées comme l’opération « Vendre à un grand groupe », dont l’objectif est d’accompagner des PME et ETI françaises dans leur rapprochement avec un grand donneur d’ordre chinois, client ou partenaire potentiel. Par ailleurs, Business France s’implique dans des initiatives telles que le Club Santé Chine, créé lors de la visite présidentielle fin avril 2013, qui réunit les entreprises françaises du secteur en Chine et vise notamment à soutenir les PME innovantes. De plus, ces opérations démontrent une volonté de couvrir l’ensemble du territoire chinois, au-delà des villes phares où se concentre la présence

française. La recherche d’opportunités offertes par la montée en gamme de l’économie chinoise est réalisée dans le cadre du label Bpifrance export, au sein duquel Business France peut réaliser l’accompagnement d’ETI et PME de croissance à l’export. Par ailleurs, l’Ambassade de France coordonne les différents acteurs chargés de la promotion des intérêts économiques français.

Nombre de chefs d’entreprises de PME déplore le manque d’effet d’entrainement avec les groupes du CAC 40 installés en Chine. Comptez-vous renforcer le « Pacte PME » ? Je partage ce constat d’une insuffisante émulation entre nos grands groupes et nos PME/ETI. Ce que nous appelons le « portage » est un outil particulièrement efficace pour remporter des succès commerciaux à l’export. Nous pouvons et nous devons faire mieux dans ce domaine. Appuyons-nous pour cela sur des exemples de partenariats gagnants que nous connaissons, notamment en Chine. Je pense en particulier aux initiatives prises conjointement par EDF et certains de ses fournisseurs, qui ont donné lieu à la création d’une association, le PFCE, destinée à soutenir les initiatives partenariales à l’export. Ceci a notamment favorisé le développement en Chine du robinetier Vanatome, dont les technologies sont cruciales pour la sûreté nucléaire dans le monde.

La France, première destination touristique des Chinois. Mais aussi un pays jugé par ces mêmes touristes, dangereux et peu sûr. Comment renforcer la sécurité à Paris notamment, capitale traumatisée par les attentats de janvier ? Vous le rappelez, la France est une destination qui peut encore renforcer son attractivité et son accueil pour les touristes chinois comme pour tous les touristes. Chaque année, Paris accueille 30 millions de visiteurs. La question de la sécurité des touristes chinois fait partie des sujets que nous traitons en priorité. Nous travaillons aussi sur toute la chaine de l’accueil, depuis la délivrance des visas jusqu’au transport, à l’information et à l’hébergement, afin de permettre aux touristes chinois de vivre la meilleure expérience possible et de disposer d’offres adaptées à leurs besoins et leurs attentes. C’est l’une des grandes priorités fixées par Laurent Fabius. Et avec succès. S’agissant de la sécurité, la politique volontariste de l’ensemble des services de l’État a déjà commencé à porter ses fruits en 2014 avec une amélioration notable des résultats obtenus. Nous renforcerons l’attention à ce sujet en 2015, notamment grâce à la poursuite des actions de partenariat engagées avec l’ambassade de Chine. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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Urbanisme & Ville durable

vert

La Chine se met au


Nouvelles vagues de migration vers les grands pôles industriels, manque d’espace sur les régions côtières, pollution accrue … « Les prochaines années vont être très critiques », prédisait en 2010 déjà le chercheur américain James Canton1. « La Chine va devoir répondre aux besoins d’une population urbaine énorme et gérer de nombreuses mégapoles disproportionnées ». La gestion de ces mégapoles et l’accompagnement de la puissance chinoise vers un nouveau mode de développement urbain constituent certains des enjeux majeurs de la prochaine décennie. Et offrent déjà aux entreprises françaises la possibilité de monter en puissance sur des questions d’urbanisme et de ville durable. De Wuhan à Shenyang, la « French Touch » est aujourd’hui à l’essai. 1

Auteur de The Extreme Future, directeur de l’Institute for Global Futures, think tank basé à San Francisco

Dossier spécial


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Le point de

Lau r e nt Ch eva l ie r

Président de Total Gas &Power Ventures China

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Énergie : la Chine en mutation « Les énergies nouvelles sont aujourd’hui une priorité du gouvernement chinois qui s’est engagé à ce qu’elles représentent 15 % du mix énergétique en 2020 et 20 % en 2030. Dans cette perspective, le Groupe Total a lancé plusieurs projets sur le solaire en Mongolie Intérieure (avec à terme plusieurs centaines de GW installés) ainsi que dans le Sichuan avec la signature le 31 octobre dernier d’un contrat sur place de joint-venture pour développer un programme qui atteindrait à terme 3GW. La biomasse est un pôle encore fortement drivé par la recherche. Le travail de Total en Chine, sur ce domaine, a été d’identifier les laboratoires et les académies. Nous avons par exemple lancé un programme de recherche avec un institut de Qingdao et un autre avec la China Agriculture University de Pékin avec lequel l’idée est de voir comment collecter des résidus agricoles, ce qui est plus difficile qu’aux Etats-Unis par exemple où les exploitations agricoles sont plus grosses, moins disséminées qu’en Chine. Pékin fait par ailleurs des efforts considérables pour fermer ses vieilles centrales au charbon. La pollution est en effet devenue une question sociétale et politique de premier ordre. Les Chinois fabriquent déjà les centrales au charbon les moins polluantes au monde et favorisent en outre la consommation de gaz domestique. Le pays a ainsi consommé environ 175 milliards de mètres cube de gaz domestique en 2014, soit 4 fois la consommation française. Depuis 4 ans, Total a alimenté l’équivalent de 8 à 10 % de la consommation nationale chinoise de gaz naturel liquéfié (GNL) établie à 18 millions de tonnes en 2013. La Chine représente ainsi le 3ème marché mondial après la Corée du sud et le Japon – ce dernier en consommant encore cinq fois plus que la Chine. Le GNL que nous livrons à la Chine vient du portefeuille de ressources du Groupe, majoritairement du Yémen. »

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érèglements climatiques, pollution atmosphérique, pénurie d’eau douce… La ville chinoise a décidément besoin d’air pur… et de nouvelles perspectives. Seulement, que faire quand la plupart des projections prédisent que trois Chinois sur quatre seront urbains à l’horizon 2025 (et que déjà plus de la moitié le sont) ? « En 20 ans, le taux d'urbanisation est passé de 25 à 50 %. En 2025, plus de 900 millions de Chinois seront urbains et 15 villes totaliseront plus de 25 millions d'habitants », précise Olivier Normand, responsable de l’équipe « ville durable » du centre R&D d’EDF Chine (voir « 3 questions à », page 19). Une situation potentiellement « explosive »,

comme le martelait en 2010 déjà le professeur Lu Bin, de l’université de Pékin. « Mais comme tout le monde le sait, l’urbanisation est un phénomène nécessaire qui permet de transformer la structure économique d’un pays. Nous ne pouvons pas vraiment l’empêcher, tout juste pouvons-nous tenter de l’anticiper ». Et après ? Comment le pays le plus peuplé de la planète arrivera-t-il à offrir un cadre de vie acceptable à ce futur milliard de consommateurs urbains ? « La demande énergétique va exploser inévitablement. Il faudra donc bien en arriver à dire non à certaines personnes », lance de son côté l’américain James Canton. « Vous verrez l'apparition de l'identification biométrique, vous ne serez pas autorisé à vous installer dans certaines villes


Un modèle urbain – à Pékin comme ailleurs – usé en apparence tant la ville made in China, version 2015, semble saturée ; asphyxiée. Pourtant, jamais probablement la nécessité de changement n’a été autant affichée par les autorités et réclamée par les populations locales.

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pour des raisons de sécurité et de saturation ». Un scénario, digne des meilleurs romans SF… Des mégapoles si « disproportionnées » ? En attendant, cette problématique fait émerger la question de la durabilité du modèle urbain chinois. Un modèle – à Pékin comme ailleurs – usé en apparence tant la ville made in China, version 2015, semble saturée ; asphyxiée. « De fait, l'urbanisation galopante de la Chine, si elle s'est améliorée depuis vingt ans, souffre de lourds handicaps », indiquait un article du quotidien Le Monde, paru en 2013. « De piètre qualité et peu durables, les quartiers résidentiels sont souvent mal connectés au centre urbain. D'imposantes infrastructures de transports viennent couper les villes, les équipements

publics manquent et l'environnement est négligé. » Pourtant, jamais probablement la nécessité de changement n’a été autant affichée par les autorités et réclamée par les populations locales. Et de cette volonté partagée, s’impose le désir de créer la ville de demain qui, combinée avec les éléments du passé, offrirait un cadre de vie durable (au sens sustainable) possible. « Il faut démocratiser les solutions d’économie d’énergie en Chine », estime Olivier Piccolin, directeur de Somfy Asie/ Amériques. Un « travail au quotidien », jure-t-il, pour cette ETI française (Haute Savoie) de 8 000 personnes – dont 3 000 en Chine – fondée dans les années 60, aujourd’hui leader mondial de la motorisation autour de la fenêtre (CA : 1 milliard d’euros dont 6 % en Chine ; 15 % si l’on compte ce

qui y est produit et exporté). « Le green building est le cœur de notre projet en Chine et l’on voit que la volonté des autorités se concrétise par des normes très concrètes ». Et de citer l’exemple de la province du Jiangsu ; dont les autorités locales obligent depuis 2009, à installer « des protections solaires ajustables externes dans toutes les résidences ». Un exemple suivi depuis dans d’autres régions chinoises. Comment néanmoins démocratiser davantage cette approche dans une Chine plus « brune que verte », selon le politologue Benoît Vermander (voir page 23) ? « En développant des solutions spécifiques à la Chine », estime Olivier Piccolin. Il y a aussi, relève-t-il, la question de la disponibilité de l’offre sur ce segment qui doit être « abordable et accessible », le tout accompagné par

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Mesure de la qualité de l’air

Le « gap » Chine/Europe « En Chine les limites diffèrent selon les zones, zones rurales, touristiques ou particulièrement sensibles d’un côté, zones urbaines de l’autre. En Europe, ce sont les mêmes normes et limites quel que soit le type de zone. Alors que les limites chinoises rurales sont similaires ou identiques aux normes européennes, voire aux recommandations de l’OMS, les limites chinoises urbaines sont plus hautes, à l’exception du NO2 (dioxyde d’azote) pour lequel les limites chinoises, européennes et de l’OMS sont identiques. On peut noter qu’en Europe, à la différence de la Chine, le SO2 (dioxyde de soufre) et le CO ne sont plus des enjeux, sauf dans quelques zones industrielles. L’Europe a par ailleurs, en plus des limites à respecter de façon ferme, fixé des valeurs cibles à atteindre, en général dans un temps donné, ainsi que des normes en case d’épisodes de pollution. Enfin, l’Europe a des règlementations supplémentaires par rapport à la Chine, sur certains composants tels que benzène, Oxyde d’azote, plomb, mercure, métaux lourds et polluants dangereux. La Chine quant à elle, a établi des réglementations seulement pour certains de ces composants et dans certaines provinces ou zones spécifiques ». Fabienne Rond

General Manager de Environnement SA en Chine

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un travail de sensibilisation et de dialogue avec les architectes et les développeurs locaux. La ville durable au cœur du développement de l’Empire… Mais par où commencer ? Car pour certains, les mégapoles – contrairement à ce qu’affirme le même James Canton – ne sont pas si « disproportionnées ». Et la géographe Denise Pumain, professeur des universités à l’université Paris 1 Panthéon La Sorbonne (voir page 20) de citer la première base de données, réalisée par Elfie Swerts dans le cadre de sa thèse (2013), délimitant les villes chinoises sur le principe de la continuité du tissu bâti et le caractère fonctionnel urbain. Celle-ci « dénombre environ 9 000 agglomérations de plus de 10 000 habitants pour le pays », note l’universitaire.

« Elle établit aussi que dans son ensemble la distribution des tailles des villes chinoises est moins contrastée, moins inégalitaire, que celle de l’Inde, ou que celles de l’Europe et des États-Unis. Donc, les grandes villes chinoises sont à la mesure de la très grande taille du pays, mais en aucun cas « disproportionnées ». « Nouvelles perspectives » pour les entreprises tricolores Mais il n’empêche, la ville intelligente – conceptuellement déjà – a le vent en poupe en Chine. Nicolas Papier, responsable Chine de l’agence A.S.Architecture-Studio, s’en réjouit – comme de nombreux cabinets d’architectes français présents sur le marché chinois, et


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Trois questions à…

O li v i e r No rm an d

Responsable de l’équipe « ville durable » du centre R&D d’EDF Chine

Le 21ème siècle

« Celui de l’urbanisation » Quels sont les enjeux et objectifs du programme « ville durable » du centre R&D de EDF à Pékin ? Les enjeux ? Le 21ème siècle est le siècle de l'urbanisation. Cette transition à l'échelle mondiale s'accompagne nécessairement par des défis énergétiques colossaux. En particulier, la Chine est le théâtre d'un processus d'urbanisation sans précédent. {…} Les activités de notre équipe R&D "Ville durable" en Chine s'inscrivent dans la ligne de programme lancée il y a 5 ans par la R&D d’EDF sur les villes à l'international. Ce programme vise en particulier à offrir aux décideurs urbains, l'expertise industrielle permettant d'intégrer les enjeux énergétiques des les premières phases de planification urbaine. Au-delà de cette expertise, initiée par la R&D en ce qui concerne la Chine, mais "industrialisée" dans une offre en France, le Groupe EDF met en œuvre toute une palette de solutions et de services énergétiques pour les villes (production décentralisée, réseaux de chaleur et de froid, efficacité énergétique, éclairage urbain, gestion du réseau électrique, smartgrids, ...). En tant qu'entreprise française, EDF s'inscrit bien évidemment dans la dynamique des programmes des éco-cités franco-chinoises comme à Wuhan, où nous mettons à disposition des acteurs notre expertise en matière d'énergie bas-carbone. Nous explorons également d'autres pistes localement en Chine.

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salue « une grande impulsion politique ». Dès lors, « les choses se font vite ». Et de noter que « chaque projet lié à une nouvelle construction auquel nous répondons exige désormais d’apporter des solutions écologiques précises » Nouvelle construction… Mais pas que. Car la ville durable telle que pensée aujourd’hui en Chine doit aussi englober le parc bâti (en plus des éco-cités et des programmes sur le neuf ). Un parc existant évalué à près de 45 milliards de mètres carrés ! Un marché immense – le cœur même du marché de la ville durable de demain… « C’est gigantesque », confirme Nicolas Papier. Les opportunités pour les entreprises françaises de la filière sont alors pléthores : « Nous venons par exemple

Comment favoriser l'effet d'entrainement entre un groupe comme EDF et des PME françaises performantes sur la filière « ville durable » ? Cette émulation se construit et s'anime autour d'une offre cohérente répondant aux besoins issus de processus d'urbanisation chinois. Pour mener une démarche efficace, il est important de partir de la réalité du marché chinois et de se poser les bonnes questions: de quoi le marché chinois a-t-il besoin ? Quelles sont les technologies performantes disponibles en France ? Lesquelles retenir ? Comment les adapter au marché chinois ? Comment intégrer les technologies de PME françaises innovantes dans une offre énergétique intégrée ? Il est possible de créer une dynamique d'entrainement à partir des grands groupes bien établis en Chine afin de faire profiter les PME de leurs réseaux tout en renforçant la cohésion de l'offre française. Il y a en Chine nécessité partagée au plus niveau pour investir sur cette filière. Reste qu’on a encore du mal à mesurer les effets réels d’une telle politique… En Chine, les projets urbains obéissent souvent à la logique industrielle ou commerciale des constructeurs et des promoteurs. Les efforts actuels de la Chine sur la dimension environnementale doivent être accompagnés, audelà des objectifs de moyens, d'objectifs de résultats. Mais mesurer les effets de l’urbanisation sur le terrain, pose la question du choix des indicateurs et leur suivi dans les différentes phases du projet. De même, les indicateurs et les critères définis au niveau du master plan par exemple ne sont pas toujours passés en revue au moment de l'étape du design, de la construction ou de l’usage des infrastructures. Autre complication, en matière d'environnement, prenons l'exemple de la qualité de l'air, le choix et le suivi des indicateurs dépasse largement la seule échelle d'un projet local ou d'une autorité en charge d’une activité (transport, construction, habitat, etc.). Il faut donc une approche transverse, globale et systémique. Nous pouvons contribuer à cet exercice. Propos recueillis par P. Ti

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P ar o l e à

De ni s e Pu m a in

Professeur des universités à l’université Paris 1 Panthéon La Sorbonne

Villes chinoises Des pôles d’innovation « La ville idéale ne peut pas être définie scientifiquement, même si à chaque période historique des aspirations communes sont mises en avant pour préconiser une direction aux aménagements urbains. Celles du moment tournent autour du développement durable, assuré par la créativité et l’inventivité des activités urbaines, la cohésion sociale empêchant les violences, les conflits et les trop grandes inégalités entre les groupes de résidants urbains, et la qualité environnementale incitant au recyclage et à la sobriété des consommations. De ces trois points de vue, les villes chinoises participent de plus en plus à l’innovation mondiale : un exemple, la nomination récente de Jingdezhen, Shunde et Suzhou parmi 28 villes mondiales du réseau des villes créatives de l’UNESCO. La forme des villes chinoises peut surprendre, avec ses constructions de tours gigantesques destinées aux résidences de la population, mais cela correspond à des densités d’environ 5 fois celles des villes européennes, 20 fois celles des villes américaines… Ce qui compte aussi pour assurer la pérennité de la vie urbaine dans un territoire, c’est la diversité des villes, en termes de taille, de spécialisation fonctionnelle, d’organisation morphologique et d’adaptation aux sites locaux, aux cultures régionales. Il faut mettre en avant cette géodiversité plutôt que d’imaginer une ville qui serait idéale pour tous… »

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de remporter un appel d’offre pour mettre « au vert » - aux normes - une partie de l’université de Ningbo », explique-t-il. Le coût du « green » Pour autant, quid de l’offre française sur ce thème de la ville durable ? « Les Chinois apprécient la capacité de gestion des entreprises françaises sur des projets complexes et à haute technologie », estime Javier Gimeno, délégué général pour l'Asie-Pacifique de Saint-Gobain. « Même si la Chine reste un pays compliqué pour elles, les choses changent petit à petit. Les entreprises

d’Etat sont obligées de se réformer : les appels d’offre publics sont de plus en plus exigeants et transparents. Ce qui offrent de nouvelles perspectives pour les entreprises tricolores ». « Nous sommes persuadés que la ville durable en Chine sera le résultat de plusieurs acteurs », estime pour sa part Pierre Tabary, global vice-président « Smart City Business » de Schneider Electric ; groupe qui emploie 30 000 personnes en Chine sur une trentaine de sites. Mais « ça ne va pas se faire du jour au lendemain. Il faut penser au business model, à la collaboration entre les acteurs, etc. Il existe certes

Repères

Urbanisation de la Chine

10,6 % 1949

20,5 %

1980

26,9 %

1989

47,2 % 2007


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des opportunités mais on est encore souvent sur des prototypes, tels que des "smart park" et de "smart tech park" ». Sans oublier que le « green » a un coût, comme le relève enfin Renaud Perez Chief Operating Officer à Pékin de la société française Corys, spécialiste de la simulation pour l’énergie et le transport. « Pour arriver à faire des projets en amont, il faut du budget ». Et de remarquer que beaucoup de villes chinoises « ne sont pas dans cette dynamique et n’ont pas encore les moyens nécessaires ».

« Les consommations de combustibles fossiles sont liées à la flotte automobile, elle même corrélée à la taille des infrastructures (4 voitures pour 1000 habitants à Lagos, 645 pour 1000 habitants à Los Angeles). Au cours des 30 dernières années le nombre de véhicules à moteur à Shanghai a été multiplié par 13. Le choix de l’automobile en Chine pourrait conduire vers 2040 la Chine à disposer d’une flotte de voitures supérieure à la flotte mondiale actuelle avec des proportions de consommation de combustibles fossiles analogues à Los Angeles ou Mexico ».

P ar o l e à

Jav i e r Gi m e n o

Délégué général de Saint-Gobain, Asie-Pacifique

Saint-Gobain La ville est au cœur de notre développement en Chine « Nous constatons des changements très profonds au sein de la société chinoise dans son rapport à l’environnement. Ce qui pousse les décideurs et les autorités à penser de nouveaux modes de développement », confirme pour Connexions Javier Gimeno, délégué général pour l'Asie-Pacifique de Saint-Gobain. « Aussi, sur le secteur de la ville dite durable, la Chine est en train de se transformer passant du concept à la réalisation aujourd’hui pratique de projets spécifiques. » Notamment dans la filière de l’habitat. « Nous venons d’ailleurs de passer des accords pour mettre en place un peu partout en Chine des maisons à basse énergie, avec plus de fonctionnalités et un confort d’ambiance optimisé. Aujourd’hui, le ville durable est au cœur de notre développement en Chine et y représente plus des deux tiers de notre chiffre d’affaires établi à 1,2 milliard d’euros. Nous fournissons des produits à fort contenu technologique. Notre objectif : doubler notre présence en Chine d’ici à 3 ans. »

Extrait de l’étude « Développement urbain durable, Chine. Evolutions, prospective et stratégies ». CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment)

Pierre Tiessen

2011

55 à 60 % 2015

+75 % 2025 (estimations) Imagine China

50, 1 %

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J e un e c h a m b r e é c o n o m i qu e ( J CE F )

Le réflexe vert !

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es antennes de la JCEF de Pékin et Shanghai sont mobilisées sur la thématique ville durable et environnement. Aussi, dans la capitale chinoise, la JCEF proposera cette année des ateliers participatifs (après celui sur la ville durable fin 2014) sur l’agriculture urbaine, les déchets, les bâtiments verts, etc. « Notre commission Verte proposera également des sorties ouvertes à tous, afin de découvrir les initiatives vertes et innovantes en développement à Pékin et ses environs (visites de fermes, fabriques artisanales, chantiers de réhabilitation écologique, potagers urbains, etc.) », détaille Ancia Drocourt, co-directrice de ladite commission. Enfin,

« nous maturons actuellement une nouvelle d'idée de projet de jardin partagé, qui part du constat d'une de nos membres de la présence d’espace cultivable non valorisé dans sa résidence. Le projet en est à ses tout débuts, dans une phase de recherches de contacts et de retours d’expérience ». Idée verte qu’a déjà mise en place la JCEF de Shanghai - à titre expérimental pour le moment sur un espace de 15 mètres carrés. Avec la volonté d’élargir. Deux sites sont d’ailleurs à l’étude – l’un dans les locaux de ERAI, l’autre dans une école bilingue de la concession française. Objectifs pédagogiques de ces « potagers city » : « Créer un lien social et éveiller la conscience écologique de chacun », résume David Gaspard, président de la JCEF à Shanghai.


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« On s’oriente aujourd’hui {en Chine} vers une ré-inflexion, vers un modèle économiquement et écologiquement plus « vert », même si les impératifs structurels sont sans cesse « pondérés » par des ajustements conjoncturels ».

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En Chine, « la revendication écologique peut être facteur de transformation sociale »

P ar o l e à

Beno ît V e rm a n d er

Directeur de l’Institut Ricci à Taipei (Taïwan), Jésuite français, sinologue et politologue

Les décisions qui seront prises par l’équipe dirigeante chinoise au cours des toutes prochaines années pourraient aussi bien précipiter le pays dans une crise structurelle que l’engager dans une nouvelle dynamique, expliquiez-vous dans votre ouvrage “Chine brune ou Chine verte ?”. Quel constat portezvous 7 ans après sa parution ? Comme il est fréquent, la réalité s’est placée à un point médian du curseur, quelque part entre les deux termes de l’alternative. En 2007, la Chine avait un véritable plan d’entrée dans une économie plus verte, une révision de son modèle de croissance. Ce plan a été provisoirement mis de côté du fait de la crise financière mondiale de 2008, à laquelle la Chine a répondu en actionnant ses engins traditionnels de croissance. Cette inflexion s’est traduite par plus de pollution et plus de corruption, même si elle a permis de juguler des crises conjoncturelles possibles. On s’oriente donc aujourd’hui vers une

ré-inflexion, vers un modèle économiquement et écologiquement plus « vert », même si les impératifs structurels sont sans cesse « pondérés » par des ajustements conjoncturels. Cet ajustement est assez tardif par rapport à la perception des défis. Il est donc difficile de dire si les inflexions économiques actuelles vont permettre d’entrer dans une « nouvelle dynamique » de la croissance chinoise. On a plutôt l’impression que c’est la marge de manœuvre globale des dirigeants chinois qui, sur le plan économique, s’est considérablement rétrécie. Les grandes mégapoles chinoises deviennent irrespirables. A quoi selon vous peuvent ressembler – si cette tendance se poursuit - ces énormes centres urbains à l’horizon 2020/2025 ? Cette tendance ne se poursuivra pas comme telle. Dans les plus grandes villes, les investissements anti-pollution auront la priorité, et des plans de long terme se mettent, et continueront à se mettre en place. Dans les nouveaux centres urbains, le modèle prendra davantage en compte les défis environnementaux. C’est dans les villes de seconde et troisième catégories que le problème risque de durer le plus longtemps, et parfois de s’aggraver. Par ailleurs, c’est dans la mobilisation écologique que la société civile trouve et trouvera son ferment le plus efficace. Le problème va persister pour de longues années, mais, sur le plan technologique et économique, le modèle théorique de la « ville compacte » va inspirer les investissements. Il faudra néanmoins que les comportements

citoyens suivent : responsabilité sociale des entreprises et des entrepreneurs individuels, habitudes de consommation, gestion des déplacements… C’est le plus grand problème chinois : les solutions apportées à des problèmes de cet ordre ne peuvent être entièrement « techniques », elles exigent aussi une prise en charge de la société par ellemême. Croyez-vous à une prise de conscience sociétale alors que les autorités à Pékin « investissent » dans les secteurs clés que sont l’urbanisme vert et la ville durable ? Il faut passer de la simple « rancœur » ou du sentiment d’impuissance face aux ravages environnementaux à une prise en charge raisonnée des problèmes par une société civile qui s’organiserait de multiples façons : conseils et initiatives ayant à faire avec les comportements individuels ; associations spécialisées sur certains sujets ; initiatives pour changer des facteurs « lourds » comme la localisation de certaines entreprises le long des cours d’eau… Il faut une collaboration éclairée entre les formes que se donne la société civile et l’Etat en ces matières. Cela exige aussi de pouvoir consulter plus formellement les citoyens sur certains sujets. La revendication écologique peut être facteur de transformation sociale, mais cela exige beaucoup de « doigté » de la part de chacun des intervenants. Quoi qu’il en soit, les villes chinoises vont continuer à être un laboratoire de changement des pratiques sociales…. Propos recueillis par P. TIESSEN

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Coopération

Chengdu Vitrine du durable « D’ici à trois ans, une ceinture verte entourera la ville », expliquait il y a 2 ans dans les colonnes du quotidien gratuit 20 minutes, le directeur du City planning center de Chengdu. Et d’ajouter : « Cela permettra de contenir le développement urbain et sera un lieu de promenade. Il y a déjà 133km2 d’espaces verts dans la ville et nous allons construire environ huit lacs où les gens pourront faire du bateau ». Depuis, la capitale des pandas continue sa mue : entre développements de projets pharaoniques et initiatives d’urbanisation verte et maitrisée. Sur place, un projet d’éco-quartier – sur une première tranche de quelques hectares pour commencer - impliquant l’expertise française est d’ailleurs à l’étude. Les projets sont les suivants : au sein de la zone de développement économique et technologique, un projet autour du développement immobilier porté par le groupe Yulong, la construction écologique d’un site automobile et un incubateur destiné à accueillir des entreprises françaises de l’économie verte. En parallèle, des discussions sont en cours avec une zone de niveau national à Tianfu, au sud de Chengdu. La ville a également accueilli, à l’automne 2014, la dernière édition du Challenge Bibendum , un rendez-vous qui a été fondé en 1998 par le groupe Michelin avec le soutien d’un grand nombre d’acteurs majeurs du secteur des transports routiers. Ce Challenge visait à l’origine à promouvoir une mobilité propre, sûre, connectée et économique en apportant des informations factuelles aux décideurs du monde politique et industriel. Année après année, le Challenge est monté en puissance pour devenir un « think and action tank » à part entière. Pour Philippe Verneuil, Président de Michelin Chine, « les dirigeants chinois sont très favorablement ouverts au développement de technologies innovantes ». Et de rappeler que « l'industrie des transports est l'un des secteurs chinois qui connaît la plus forte croissance ». La mobilité est évidemment au cœur de la réflexion sur la ville durable en Chine.

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Caidian La France en exemple C’est à Caidian, un district de la mégapole de Wuhan (province du Hubei) – sur une surface à terme d’une trentaine de kilomètres carrés – que les entreprises françaises vont construire l’une de leurs prochaines vitrines de la ville durable en Chine. Le compte à rebours pour ce projet ambitieux a commencé…

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n petit pas à l’échelle de projets en Chine mais un grand pas pour la coopération (en cours) franco-chinoise sur la ville durable… Depuis quelques mois, le projet d’éco-cité de Caidian – emblématique de cette coopération, à l’étude depuis 2013 – a en effet bénéficié de nouvelles impulsions politiques qui lui permettent de se mettre en marche. Quid du calendrier au juste ? « Il va s’étaler sur de nombreuses années, on parle d’un projet à terme de 30 km2 », prévient Jean Le pavec, conseiller économique (environnement, énergie, transport, BTP) au Service Économique Régional de l’ambassade de France à Pékin (voir aussi page 26). « Mais les choses avancent ». Mi-2014, la France et la Chine signaient ainsi une « déclaration commune » pour accélérer le projet. Dans la foulée, un appel d’offre était lancé pour la réalisation d’un schéma directeur d’intentions urbaines. Appel d’offre remporté en novembre dernier


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Trois questions à…

Aym e ri c Nov e l Directeur technique de TERAO

« Techniquement, une fabuleuse expérience »

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par Arep (filiale de la SNCF) et le groupement UMO, composé de 6 PME et ETI françaises – dont la PME TERAO (voir « 3 questions à » cicontre). Ce groupement couvre « tout le champ des compétences nécessaires à la planification

Caidian à la loupe • La zone visée est la porte ouest de la ville de Wuhan, elle dispose d’une zone de protection naturelle humide de 116 km2 et d’un lac. • Caidian est situé à environ 20 km de la gare de Wuchang, de celle de Hankou et de l’aéroport de Tianhe. • La surface utilisée à des fins de construction atteint plus de 2000 hectares, soit 72 % de la surface initiale de la zone de planification. • Fort réseau industriel sur place (industrie automobile et pièces détachées, électronique, nouvelles énergies, usinage de produits agricoles) Source : officielle

Que représente pour une structure comme TERAO le projet d’éco-cité de Caidian à Wuhan ? Caidian est une référence excellente pour notre marché en Chine. La taille du projet et son ambition d’être exemplaire, voire démonstrateur d’une autre urbanisation possible, nous ont immédiatement donné une visibilité accrue. Enfin, sur le plan technique, c’est une fabuleuse expérience qui s’annonce. Sur ce projet, l’échelle est grande et l’exigence technique l’est tout autant. C’est une expérimentation autant pour la partie chinoise que la partie française, tout à fait à l’image de la coopération franco-chinoise, qui est un co-développement pour résoudre des problèmes globaux qui nous concernent tous. Quels sont les point forts mais aussi les faiblesses de l’expertise française dans le « green building » en Chine ? Les points forts relèvent de l’expérience sur notre propre territoire qui date déjà de plusieurs décennies sur la question. En effet, la démarche française green building, qui se rassemble autour de son label HQE et HQE international, est une des plus anciennes. Elle date de 1993 alors que la démarche américaine LEED date de 1998. Nous étions donc en avance. De plus, l’expertise française se caractérise par une compétence métier, une volonté de protection du patrimoine et une démarche d’intégration et de gouvernance des projets en amont qui sont très importants pour la qualité environnementale et la performance énergétique. Les faiblesses de l’expertise françaises en Chine tiennent plus à son manque de capacité à se présenter

et à agir en filière qu’au contenu de son offre par segment. La qualité environnementale des bâtiments est un domaine transversal, avec plusieurs silos de spécialités. La notion d’intégrateur est cruciale et nous sommes malheureusement moins portés sur cet exercice, surtout en termes de communication, que nos concurrents internationaux, mais aussi chinois. Visez-vous également le marché en Chine, presque sans limite, du renouvellement urbain (mise aux normes du bâtit existant) ? Absolument ! Le green building et les éco-cités font beaucoup parler d’eux mais le plus gros potentiel se trouve sur l’existant. Quoiqu’on en dise, la Chine est en train d’amorcer sa transition énergétique. C’est un phénomène gigantesque. Et la rénovation des bâtiments existants est inévitable. L’expérience de beaucoup de pays, y compris la France, montre que ça n’est pas facile à déployer à grande échelle. Un nombre important de facteurs et d’incitations doivent être en place pour que cela devienne un marché. On parle tout de même de plus de 40 milliards de m2 construits ! Par extension, la réhabilitation énergétique des bâtiments nous emmène vers le renouvellement urbain. Alors que sur d’autres domaine on a du mal à se démarquer de nos voisins européens, sur le domaine du renouvellement de la ville dans la ville, les responsables chinois ont clairement vu et exprimé leur intérêt pour l’expérience française. 1. TERAO est une PME française, spécialisée dans l’efficacité énergétique, installée en Chine depuis 2008.

Propos recueillis par P. Ti

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Rattraper la concurrence Après cette étape, sonnera l'heure alors de choisir les entreprises qui participeront à l'aventure. Une chose est sûre : pour le « pack français », l’enjeu de Caidian (projet pour lequel le gouvernement local va injecter l’équivalent de 1,2 milliard d’euros) est de taille. Un tel projet – par son ampleur - va en effet servir de vitrine à grande échelle des savoir-faire des grands groupes, de SaintGobain à Transdev et des PME spécialisées. « A Wuhan (Caidian), nos efforts consistent à entretenir la dynamique politique permettant la mise en valeur du savoir-faire français, ainsi à faciliter la rencontre des partenaires et à élaborer, petit à petit, une vision commune du développement urbain pour le site », actait récemment Martine Aubry représentante spéciale du ministre des Affaires étrangères pour le partenariat avec la Chine. Le tissu économique français, lui, n’attend plus que le « go » pour valoriser ce savoir-faire. « C’est une vraie opportunité. On a de fait rarement la possibilité de partir d’une feuille blanche comme c’est le cas sur ce projet », témoigne Marcellin Darrou, directeur Chine-Asie du sud-est de l’opérateur privé de transport public de voyageurs Keolis. Ce groupe tricolore – qui a récemment signé un accord de JV à Shentong Metro Group pour l’exploitation de systèmes ferrés – devrait ouvrir prochainement une antenne à Wuhan. « Sur Caidian, nous sommes en contact avec les équipes et devrions être concernés sur la réflexion de l’implantation d’un système de mobilité en commun », résume-t-il. Caidian, une opportunité donc pour la « marque France », marque talonnée – voire distancée – par la concurrence étrangère. Car « même si les entreprises françaises sont déjà bien implantées en Chine dans le domaine de la ville, avec près de 200 réalisations répertoriées dans 50 villes chinoises par Vivapolis (voir Abécédaire en fin de dossier, ndlr), elles n’étaient pas les seules à faire valoir leur expérience auprès de Pékin », rappelait un récent un article de l’Usine Nouvelle. « Dans les projets d’éco-quartiers, la France accuse un retard par rapport à ses concurrents suédois, allemands ou anglais ». Un retard que le projet de Caidian devrait largement combler.

Shenyang, le pari vert Dans ce bastion industriel de 7 millions d’habitants en pleine mutation, l’expertise française devrait très prochainement être sollicitée pour la réalisation d’un « parc écologique sino-français » de 10 km2 « Le financement du projet est garanti par la partie chinoise, financement qui est en train d’être finalisé », assurait début janvier pour Connexions Jérome Delahaye, directeur de la promotion immobilière chez Centuria Capital, groupe français porteur du projet de cet éco-quartier de Shenyang. De quoi s’agit-il au juste ? D’une zone de 10 km2 - dont 3 km2 réalisés dans les cinq ans – à usage mixte : industriel/commercial et résidentiel. Le projet doit se dérouler en trois phases distinctes : d’abord la définition des critères environnementaux puis la réalisation du schéma directeur de l’éco-quartier et enfin le lancement du développement avec la mise en place des coopérations techniques, technologiques et financières, des appels d’offres de construction et d’exploitation mais aussi l’installation d’entreprises sur la zone. Centuria Capital s’est par ailleurs doté d'une plateforme collaborative française, baptisée SAS Urb Intl (Urban Areas International), qui entend fédérer – sur ce projet en priorité – des entreprises françaises spécialisées dans le développement durable, la gestion des ressources naturelles et les économies d’énergie.

Shenyang à la loupe • Site : dans le district de Tiexi, à 80 km à l’ouest de Shenyang, capitale de la province du Liaoning • Maître d’ouvrage : mairie de Shenyang • Surface : 10 km2 • Nature des travaux : 10 % espace vert, 30 % logement, 50 % activité et 10 % équipements publics. • Planning : les 3 premiers km2 dans les 5 ans et l’ensemble d’ici 8 à 10 ans. Source : officielle

P. Ti

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des éco-cités », estime André Durbec de la direction générale de Burgeap - bureau d’ingénierie spécialisé dans l’environnement, membre de UMO. « Nous nous sommes rendu compte que pour attaquer le marché chinois – et nous positionner sur le projet de Caidian notamment - il nous fallait réunir l’ensemble des compétences liée à la ville : la mobilité, les transports, les services essentiels, etc. »

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Repères

Vivapolis, une aventure collective Lancée en septembre 2013, Vivapolis est la marque ombrelle visant à distinguer la ville durable « à la française » et ses spécificités, et à fédérer les acteurs français – publics et privés – qui souhaitent promouvoir à l’international une ambition partagée d’un développement urbain durable. Le site internet www.vivapolis.com renforce la visibilité de ces acteurs en leur offrant une vitrine pour valoriser leur savoir-faire en matière de développement urbain durable, en France et à l’international. La démarche Vivapolis est développée et soutenue de manière collaborative par de nombreux acteurs, parmi lesquels des fédérations professionnelles (ADVANCITY, AFEP, AFEX, Club ADEME International, France GBC, PEXE, SYNTEC INGENIERIE), des ministères (Ministère des Affaires Etrangères, Ministère du Commerce Extérieur, Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, Ministère de l’Egalité des Territoires et du Logement, Ministère du Redressement Productif ), et des agences et organismes publics (ADEME, ADETEF, AFD, CDC, CSTB, PFVT, UBIFRANCE).

« Un marché de 10 000 milliards de RMB ! » DR

Source : http://www.vivapolis.com

I n t e rvi e w

Jea n Lev i ol Ministre Conseiller pour les affaires économiques Service économique régional de Pékin, Ambassade de France en Chine

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La France n’est-elle pas en retard sur ce secteur en Chine, pourtant prioritaire ? Nous avons été quasiment les premiers, il y a 30 ans en arrière, à nous positionner sur ces thématiques en Chine. A l’instar du groupe Suez qui démarrait en Chine son action dans le traitement de l’eau.

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Veolia suivait quelques années après en mettant en place des projets de concession à Tianjin et dans le Shandong. Nos entreprises fournisseur d’équipements ont accompli un pas gigantesque, citons également Schneider Electric, Legrand, Saint-Gobain, Lafarge. Un nombre significatif de cabinets d’architecture sont également présents et reconnus, sans oublier Dassault Systèmes, Alstom, Thales et nos entreprises qui travaillent sur la prévention et la mesure de la pollution atmosphérique. La France – qui tisse sa toile en Chine dans le domaine de la ville durable – y dispose en réalité d’un grand nombre de références, très loin devant beaucoup de ses concurrents. Le projet de Caidian à Wuhan devrait être la vitrine en Chine de la ville durable « à la française ». Peut-on mesurer l’impact de ce projet de 30 km2 pour les entreprises françaises impliquées ? Ce projet va agglomérer toute une série d’entreprises françaises. Il est en effet très ambitieux. 30 km2, c’est l’équivalent du tiers


« La France – qui tisse sa toile en Chine dans le domaine de la ville durable – y dispose en réalité d’un grand nombre de références, très loin devant beaucoup de ses concurrents. »

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de Paris intro-muros. Il va falloir aussi que l’on se mette bien d’accord avec la partie chinois sur les ambitions écologiques. Car plus les ambitions sont fortes plus l’expertise des entreprises françaises sera mise à contribution. Urbanisme vert et ville durable en Chine… Quels sont les enjeux économiques, à l’horizon 2020, pour les entreprises françaises implantées sur place ? La ville durable en Chine c’est l’équivalent de 10 000 milliards de RMB d’ici à 2020/2025 ! La France – et c’est là l’un de ses grands atouts – a su développer une offre complète. Au delà des entreprises précédemment citées mais aussi, dans le transport avec Keolis, qui promeut l’intermodalité, ou encore RTDC, on voit des grands acteurs tricolores qui interviennent pour optimiser la gestion de l’énergie et des réseaux de chaleur et de froid (par exemple avec de projets de trigénération qui permettent de produire de l'électricité, de la chaleur et du froid de façon combinée). Propos recueillis par P. TIESSEN

À LA LOUPE

ISO L’international standard organisation (ISO) a lancé un processus d’élaboration de normes pour encourager l’élaboration et la mise en œuvre d’approches transversales et globales du développement durable à l’échelle territoriale. Elle inclura des normes d’exigences et des normes guides relatives aux systèmes de management ainsi que d’autres normes internationales. La France préside la commission internationale chargée de les élaborer. De son côté la Commission européenne a confié à l’ingénierie française, le soin d’animer un groupe de réflexion européen sur les besoins normatifs pour les villes et communautés intelligentes et durables et de proposer une harmonisation des principes généraux et de la terminologie. L’AFNOR, pour la France, est au cœur de ce dispositif et marque une étape nouvelle en proposant une normalisation à l’internationale. Source : www.iso.org

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I n t e rvi e w

Em m a nue l D e b ro is e Directeur Chine de l’Agence française de développement (AFD)

« la Chine s’est fixé des objectifs ambitieux pour rendre son développement urbain plus sobre en carbone ». Une politique forte qui offre « un champ d’expression privilégié pour le savoir-faire des entreprises françaises qui est connu dans ce secteur ». Emmanuel Debroise

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La « transition verte » de l’économie chinoise Quels sont aujourd'hui les projets soutenus par l'AFD liés au développement durable de l'habitat en Chine et plus globalement à la ville durable ? La ville durable est l’une des priorités des interventions de l’AFD dont le mandat, en Chine, s’inscrit dans le dialogue stratégique bilatéral qui place le développement durable au cœur du partenariat entre nos deux pays. Cette priorité a, d’ailleurs, été entérinée avec la signature de plusieurs accords bilatéraux dont celui sur le développement urbain durable, renouvelé en 2013, ou l’accord de coopération technique et commercial en matière d’écoquartiers. L’agence a financé en 2008 un projet dans la province du Sichuan pour contribuer à la reconstruction, post séisme avec un important volet d’infrastructures (routes, ponts, aménagement de berges, stations de

« Dans un pays émergent comme la Chine, au-delà des financements, l’AFD doit apporter une véritable valeur ajoutée, c’est-à-dire soutenir des projets à caractère innovant permettant aux autorités chinoises de mettre en place des solutions susceptibles de contribuer à une véritable « transition verte » de l’économie chinoise ».


« De nombreuses initiatives ont été récemment lancées à l’initiative du Ministère du Plan (NDRC – National Development and Reform Commission) mais également du ministère de la construction (MOHURd) et du ministère de l’environnement (MEP) pour donner corps à cette vision et il faudra le temps d’en mesurer les effets ».

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production d’eau potable et d’assainissement, station de collecte des déchets) ainsi que la publication d'un guide de reconstruction pratique et didactique présentant des mesures simples pour améliorer la résistance parasismique et réduire la consommation énergétique des maisons. Depuis lors, l’AFD a financé en réponse aux demandes du gouvernement chinois plusieurs projets favorisant un développement urbain sobre en carbone, notamment dans les secteurs du chauffage urbain, de la réhabilitation énergétique des bâtiments publics ou encore de l'intermodalité qui encourage les transports urbains publics. Certains de ces projets sont aujourd’hui en cours de mise en œuvre voire de finalisation (projets d’efficacité énergétique dans les bâtiments publics ou de transports urbains dans le Hubei à Wuhan, projets de chauffage urbains dans le Shandong et le Shanxi), d’autres verront le jour en 2015 notamment dans le secteur de l’assainissement dans le Hubei ou sont pris en considération pour l’octroi de nouveaux financement (efficacité énergétique dans l’éclairage public, tri génération, adduction en eau potable) et, si approuvés, pourront être mis en œuvre à partir de 2016.

Quels en sont les enjeux (pour l'AFD et les entreprises françaises concernées) ? Dans un pays émergent comme la Chine, au-delà des financements, l’AFD doit apporter une véritable valeur ajoutée, c’est-à-dire soutenir des projets à caractère innovant permettant aux autorités chinoises de mettre en place des solutions susceptibles de contribuer à une véritable « transition verte » de l’économie chinoise. De tels projets innovants, à caractère pilote, dont la vocation est d’être répliqués, sont un champ d’expression privilégié pour le savoir-faire des entreprises françaises qui est connue dans ce secteur. A cette fin, l’Agence de Pékin, en étroite coordination avec tous les services français chargés de l’internationalisation des entreprises, veille à développer les contacts avec les différents acteurs de l’expertise française. Nous souhaitons également promouvoir les partages d’expérience ou d’expertises à l’image du groupement d’experts français qui vient juste d’être sélectionné sur l’appel d’offres pour appuyer la mairie de Wuhan dans la conception d’un écoquartier dans le district de Caidian.

A l'évidence, les autorités chinoises semblent décidées à "investir" dans l'urbanisme vert et/ ou la ville durable (ou dite "intelligente"). On a toutefois du mal parfois à concrètement mesurer les effets sur le terrain. Partagez-vous ce constat ? Comme vous le soulignez, la Chine s’est fixée des objectifs ambitieux pour rendre son développement urbain plus sobre en carbone. De nombreuses initiatives ont été récemment lancées à l’initiative du Ministère du Plan (NDRC – National Development and Reform Commission) mais également du ministère de la construction (MOHURd) et du ministère de l’environnement (MEP) pour donner corps à cette vision et il faudra le temps d’en mesurer les effets. En outre, ces orientations s’inscrivent dans le contexte d’une urbanisation particulièrement rapide qui constitue le plus grand mouvement de personnes dans l’histoire de l'humanité. Les villes chinoises accueillent, chaque année, 25 millions de nouveaux arrivants et d’ici 2020 la Chine pourrait compter 126 villes de plus d’un million d’habitants. Les décideurs locaux sont donc confrontés à d’importants défis où l’urgence de répondre à court terme aux exigences d’objectifs ambitieux d’urbanisation, qui selon l’Académie Chinoise des sciences sociales devrait dépasser 60 % en 2020, peut parfois entrer en conflit avec le temps nécessaire pour concevoir, planifier puis développer de nouveaux modèles de villes intelligentes. Comment l'expertise française dans ces domaines (urbanisme vert/ville durable) est-elle ici, en Chine, appréciée ? Nous constatons dans nos contacts réguliers avec les autorités centrales et locales chinoises une véritable appétence pour l’expertise française dans le développement urbain durable. Cette expertise reconnue d’une gamme d’acteurs très large associant les entreprises, les bureaux d’études, les collectivités territoriales ou les établissements publics locaux s’est forgée en réponse aux évolutions des politiques françaises en la matière dont les réalisations concrètes dans nos territoires sont autant de vitrines de solutions qui peuvent être évaluées par les experts et les décideurs chinois. L’AFD souhaite, dans son action, agir en tant que facilitateur de ce type de partenariats. Propos recueillis par Pierre Tiessen Pour aller plus loin : www.afd.fr

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Analyse

Nicolas Ba h m a nya r Responsable Grand Comptes Grande Chine (Bureau Veritas)

LA CHINE VERTE

EN QUÊTE DE STANDARDS

Face au défi sans précédents de la réduction de ses émissions de CO2, la Chine combat sur tous les fronts et développe ses propres atouts pour remporter une bataille contre elle-même. Complémentaire du renouvellement des sources d’énergie, la modération de la consommation représente l’autre face de la même pièce lancée avec optimisme par la Chine pour son 12ème plan quinquennal.

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a Chine génère à elle seule 29 % des émissions mondiales de CO2, parmi lesquels 28 % proviennent des bâtiments civils et commerciaux. Il existait en 2004 plus de 43 milliards de m2 de bâtiments, excluant les surfaces industrielles. Or 95 % n’étaient pas considérés comme énergétiquement efficaces. A ceux-ci viennent s’ajouter 80 % des bâtiments construits chaque année. Lors de la construction de ces derniers, la consommation d’énergie compte pour 47 % du total national. La tendance tend fortement à s’accentuer avec les 400 millions de personnes s’urbanisant d’ici 2030. La gestion d’énergie des bâtiments civils est appréciée en Chine par deux principaux standards : LEED et 3 Stars. Chacun observe une philosophie et une évolution quelque peu différente. Lancé en 2000 le Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) démontre une neutralité par son mode d’organisation et l’absence d’incitation ou

« Il existait en 2004 en Chine plus de 43 milliards de m2 de bâtiments, excluant les surfaces industrielles. Or 95 % n’étaient pas considérés comme énergétiquement efficaces. A ceux-ci viennent s’ajouter 80 % des bâtiments construits chaque année »


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« La gestion d’énergie des bâtiments civils est appréciée en Chine par deux principaux standards : LEED et 3 Stars. Chacun observe une philosophie et une évolution quelle que peu différente. »

d’obligation gouvernementales. La vocation du LEED est de fournir la vérification indépendante en tierce partie qu’un bâtiment a été conçu et construit en utilisant des stratégies visant une excellente performance. Bien consciente de l’attrait de LEED, la Chine y a rapidement pris goût : en 2000, il n’existait aucun bâtiment certifié, on en comptait 4 en 2004, puis 200 en 2009 et enfin 409 en 2013. La Chine dispose désormais de la plus grande surface de bâtiments certifiée LEED hors Etats-Unis. « 3 Stars » ou Green Building Label (GBL) Dès 1999 cependant, des initiatives locales émergent : le Ministère de la Construction ébauche à Chongqing un standard d’économie d’énergie pour les bâtiments résidentiels, en se basant sur les expériences et enseignements passés. Cette étape fut la première dans l’appréciation de la gestion énergétique dans une zone climatique donnée. Le gouvernement central espérait alors développer sur ce modèle un standard énergétique par zone climatique. Le standard local fut lancé en 2001, suivi en 2003 par le standard national. Une autre initiative vit le jour peu de temps avant celle de Chongqing, en 1998 avec la collaboration entre le Ministère chinois de Science et Technologie et le Département américain d’Energie autour d’un projet de démonstration à Pékin. A l’origine un simple exercice de guidage de l’industrie chinoise par les experts américains, le projet Agenda21 gagna rapidement en popularité comme « le premier bâtiment écologique chinois ». Les performances de l’Agenda21 en termes énergétiques et financiers ont largement marqué le gouvernement central puisque celui-

ci exigea que les bâtiments gouvernementaux soient rénovés sur les principes posés par le projet. Finalement, le modèle de l’Agenda21 a constitué la base de réflexion et de développement du standard chinois. Le Ministère de la Construction a tenu à ce propos la première Conférence internationale de Bâtiment écologique en 2005, reconduite chaque année au premier trimestre. De plus, le Ministère promeut tous les deux ans l’innovation en décernant un prix d’excellence aux projets exceptionnels. Le standard chinois a été finalement lancé en 2006, soit 2 ans après la livraison de l’Agenda21. Sa forme aboutie apparaît en 2007 sous le titre officiel de Green Building Label (GBL) plus connue sous le nom de 3 Stars de par son système de notation. Si historiquement il est aisé de constater des similarités entre GBL et LEED, notamment dans le système d’évaluation à points, la différence s’accrue à chaque évolution. Critères refondus depuis janvier 2015 Dès 2006 le gouvernement central cherche davantage à étendre la part de l’immobilier écologique et s’est fixé pour son 12ème plan quinquennal les objectifs suivants : • 1 milliard de m2 de construction nouvelle doit atteindre les standards ; • 20 % des nouvelles constructions urbaines doivent être certifiés fin 2015 ; • dès 2014 les bâtiments financés par l’Etat, incluant les bâtiments résidentiels à loyers modérés et bâtiments commerciaux, doivent satisfaire au standard écologique. De plus, une prime de 45RMB / m2 pour 2 étoiles ou 80RMB / m2 pour 3 étoiles sera versée au propriétaire d’un bâtiment certifié, par le Ministère des Finances, l’Administration centrale fiscale et le

MOHURD. La combinaison de standards, réglementations, et subventions favorise la croissance de la construction écologique en Chine : jusqu’à 2013, 1260 projets certifiés ont été publiés en ligne. Dès le 1e janvier 2015, le GBL mute une nouvelle fois pour s’adapter de plus près à la réalité chinoise. Les critères sont refondus pour apprécier la qualité de gestion du terrain, de l’énergie, de l’eau, des matériaux, de l’environnement intérieur, de la construction, et des opérations. A l’instar des standards et codes les plus récents, le nouveau 3 Stars présente désormais une difficulté accrue d’obtention. En matière d’éclairage (Lighting Design 2013), d’éclairage de jour (Daylight Standard 2013), d’économie d’énergie (Public Building Energy Conservation Design code 2014), on observe d'ores et déjà une tendance au durcissement des normes. Le GBL peut aussi bien s’appliquer à l’étape de conception que celle d’opération et maintenance. Dans le second cas, il est requis au minimum 1 an d’occupation du bâtiment. Cette période de carence permet de confronter les performances estimées en conception avec les performances réelles : seulement 10 % des bâtiments certifiés en conception parviennent en phase de certification opérationnelle, et uniquement 1 % décroche les 3 étoiles. Il appartient donc au gestionnaire de projet de s’entourer d’experts aguerris afin d’assurer la plus grande fidélité entre efficacités prévisionnelle et réelle et gagner le pari de la Chine verte. Bahmanyar, Key Accounts Manager Grande Chine, Bureau Veritas Test, Inspection, Certification

Nicolas

Les labels "vert"

Origine

USGBC (United States Green Building Council), 2000

MOHURD (Ministry of Housing and Urban-Rural Development), 2006

Organisation

Non-gouvernementale

Gouvernementale

Période de notation

Pour une nouvelle construction : à la livraison

1 an après occupation

Reconnaissance

Monde

Chine

Eligibilité

Construction nouvelle, existante, école, commerce, hôpitaux, habitations

Tout bâtiment civil (nouveau en 2015)

Notation de l’innovation

Oui

Oui (nouveau en 2015)

Evaluation en opération et maintenance

LEED classique : Non LEED EBOM : Oui

Oui

Bureau Veritas

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L e p o i n t d e vu e d e

Mich e l Pé ris s e

Du cabinet d’architecture Aube, installé à Shenzhen depuis 13 ans

« La méthode française paraît compliquée, intellectuelle » Ce qui intéresse un professionnel chinois, c’est avant tout d’obtenir une certification, un label - américain par exemple - qui va lui permettre de vendre ses lots plus cher. Mais il y a aussi beaucoup d’initiatives locales, dans les villes de troisième catégorie par exemple, très intéressantes et qui changent la donne. Je pense à Guiyang, la capitale du Guizhou où les autorités ont institué une économie du recyclage. Les Français dans tout ça ? Autant il y a une forte amitié franco-chinoise, autant sur le plan de l’expertise, « le pack France » a des progrès à faire. Nous sommes forts sur l’expertise (traitements des eaux…) mais nous ne sommes pas considérés comme des grands experts à cause de notre démarche HQE sur l’environnement. Les maires – à Chongqing, à Chengdu par exemple - n’y croient pas trop. Les Chinois ont une pensée pragmatique : ils veulent des résultats dès le moment de la conception. Dans le système HQE, il y a une évaluation d’une méthodologie mais il n’y a pas de note. La méthode française paraît compliquée, intellectuelle et peu pragmatique, elle ne correspond pas toujours à l’approche chinoise qui est pragmatique et qui doit aussi répondre à des impératifs économiques. Car le secteur des clean technologies, c’est aussi un marché ; il ne faut pas l’oublier.

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GREEN BUSINESS En Chine, les limites de la ville changent, elles deviennent floues. Cette mutation urbaine a une incidence directe sur le vivre-ensemble et sur les comportements individuels. On ne vit pas de la même façon dans le Pékin d’aujourd’hui qui abrite 18 à 20 millions d’habitants que dans celui d’il y a 10 ans qui ne comptait que 12 millions d’habitants. Alors que de nouveaux modèles urbains en Chine émergent, se développe également une nouvelle « économie verte ».

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es pressions démographique, écologique et économique obligent la Chine à innover. La ville devient ainsi un formidable terrain d’expérimentation pour « urbanistes-écolos » qui travaillent directement pour les autorités. Des hordes de jeunes formés en général à l’étranger (en France par exemple où Sciences po et l’Ecole nationale des ponts et chaussées proposent des programmes de formation pour les urbanistes chinois) reviennent au pays avec dans leurs cartons des projets de quartiers entiers à économie d’énergie. Ces mini-villes du futur, testées pour le moment sur des micros-projets, sont le plus souvent composées d’îlots ouverts, orientés nord-sud et reliés entre eux par un réseau dense de


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voies piétonnes. Les structures sont allégées en matériaux, inondées de lumière naturelle, super-isolées du froid dans le nord de la Chine glacial en hiver et mieux ventilées dans le Sud. Le plus souvent, on s’y éclaire, on s’y chauffe à l’aide de panneaux photovoltaïques. L’Académie des Sciences de Chine prévoit d’ailleurs – grâce à un programme de développement de plusieurs dizaines de milliards d’euros dévoilé dès 2009 – de faire du solaire la première source d’énergie du pays d’ici à 20 à 30 ans. Proposer des solutions rentables « La ville chinoise de demain sera beaucoup plus harmonieuse », prédisait à l’époque Li Xing, alors étudiante en urbanisme à l’université de Pékin. « Elle privilégiera les énergies renouvelables sur le charbon. On ne pourra plus construire de simples bâtiments en béton sur des quartiers entiers. Il va falloir innover, être audacieux et imaginer des projets propres ». Cette tendance verte constatée chez de nombreux jeunes urbanistes est en outre largement partagée par la population. La prise de conscience des problèmes environnementaux par les Chinois est en effet

attestée par de nombreuses enquêtes. Il y a 5 ans déjà, les citadins chinois plaçaient ainsi l’environnement au quatrième rang de leurs préoccupations après la sécurité sociale, le chômage et le logement, mais avant la réforme du système de santé, le niveau de croissance et la sécurité publique. Depuis « cette prise de conscience est même devenue une priorité nationale », reconnaît Michel Périsse, du cabinet d’architecture Aube (voir ci-contre). Depuis qu’un livre Blanc sur l’environnement était publié peu avant le plan quinquennal en cours (2011-2015) affirmant, et c’était une première, que le « développement propre […] et maîtrisé » doit être encouragé [et subventionné en partie par Pékin], de nombreuses villes de l’intérieur se lancent dans le business vert. « Non seulement, les autorités centrales félicitent ceux qui développent de tels business », explique un observateur à Pékin, « mais en plus, ça commence à profiter à certaines économies locales. Ce dernier point est très important. Il faut proposer des solutions de développement rentables. C’est la seule façon, selon moi, d’imposer le vert en ville…» P. Ti

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« La ville chinoise de demain sera beaucoup plus harmonieuse , elle privilégiera les énergies renouvelables sur le charbon. On ne pourra plus construire de simples bâtiments en béton sur des quartiers entiers. Il va falloir innover, être audacieux et imaginer des projets propres ». prédisait à l’époque Li Xing, alors étudiante en urbanisme à l’université de Pékin.

R e t o ur d ’ e x péri e n c e

Pat ri ck Chavan n e s

Fondateur de l’agence d’architecture, urbanisme et paysage AAUPC Agence présente en Chine, à Canton, depuis 2008.

« Nous avons en France une culture du cousu main » En tant qu’agence d’urbanisme, nous avons travaillé à nos débuts en Chine avec certains instituts mais nous avons vite réalisé des déséquilibres. En d’autre termes : on faisait l’essentiel du travail mais eux, chargeaient souvent la barque de leur côté… Aujourd’hui, – et alors que nous employons plus d’une vingtaine de personnes – nous essayons de fonctionner en direct avec des clients chinois sur 50 à 60 % des projets. Ici, nous travaillons sur l’urbanisme, les paysages, le renouvellement urbain et le développement durable. Ce ratio de projets gérés en direct est important, il marque notre degré d’autonomie. Cela nous permet d’abord d’obtenir de meilleurs résultats financiers mais aussi de nous faire connaître pas nous-mêmes. Parfois certains clients nous imposent de nous associer avec des cabinets locaux, mais nous essayons de ne pas dépendre de gros instituts, lesquels fonctionnent un peu comme des sociétés d’économie mixte. Nous, si nous perdons de l’argent, personne ne nous va aider. Pour ce qui est de l’expertise française sur le développement durable… Nous avons je crois en France une culture du cousu main, du prototype. Et la ville durable, c’est ce qu’elle demande, autrement il n’y a pas de ville durable sur les villes génériques. Les Américains et les autres cabinets étrangers ont fait croire qu’on pouvait toujours suivre les même typologies et trames urbaines en Chine. Cela a permis le décollage le la ville chinoise moderne mais désormais les Chinois sentent qu’il faut passer à autre chose. Et lorsqu’ils reconnaissent leurs erreurs, ils y mettent les moyens. On est donc dans une nouvelle demande chinoise qui peut être rentable centrée sur ces problématiques.

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L’impact du trafic automobile sur les problématiques d’urbanisme est essentiel en Chine. Le développement d’un urbanisme durable passera alors par le contrôle des émissions et du nombre de véhicules.

Illustration : Daxue Consulting

Cabinet Daxue

La gestion du parc automobile Étape cruciale vers un urbanisme durable vec plus de 15 milliards de dollars investis pour développer le marché des véhicules électriques, le gouvernement chinois ambitionne de mettre en circulation plus de 5 millions de véhicules propres d’ici à 2020. Pour cela, les autorités font également évoluer la législation. De fortes subventions sont ainsi proposées aux consommateurs lors de l’achat (près de 7000€) jusque fin 2015, avant un probable renforcement de ces aides. Le gouvernement a également assoupli sa réglementation sur la production, permettant à des entreprises ayant moins de 3 années d’expériences de développer et de commercialiser ce type de véhicules. Ces réformes doivent soutenir le développement d’un marché à grand potentiel et ont également pour objectif de soutenir un nouveau mode de développement urbain. Alors que 70 % de la pollution de l’air est due aux émissions automobiles, la gestion du parc automobile est complétement intégrée dans la stratégie d’urbanisme du gouvernement chinois. En effet, augmenter le contrôle des émissions mais également du nombre des véhicules en circulation sont deux critères cruciaux pour développer un urbanisme plus durable et améliorer la qualité de l’air dans les grandes villes chinoise. Les

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urbanistes chinois s’intéressent alors, au delà de la régulation sur le parc automobile, au développement de systèmes de transport urbain se substituant plus efficacement à la voiture individuelle et à une intégration plus importante d’autres voies de mobilité dans l’architecture urbaine (pistes à vélo, routes pédestres...). La réorganisation spatiale des centres urbains doit également permettre un contrôle de la durée des déplacements, rendant le besoin en voiture individuelle moins crucial. Enfin, la Chine souhaite remettre en cause la place de la voiture individuelle comme un symbole de réussite sociale. Pourtant, malgré ces efforts conséquents, le marché des véhicules électriques tarde encore à se développer en Chine. En 2013, on comptait à peu près autant de véhicules électriques commercialisés qu’en France (14 600 véhicules 100 % électriques et 3000 hybrides avaient aini été vendus cette même année). Le marché des bicyclettes électriques est en revanche plus prometteur. Selon China Bicycle Association, la Chine comptait fin 2013 pas moins de 180 millions de vélos électriques en circulation. Au cours de cette seule année, près de 37 millions d’appareils ont été écoulés sur le marché chinois. Thibaud André, Cabinet Daxue Consulting

(www.daxueconsulting.com)

Le point de

Marc Bart hé lé m y

Chercheur à l’Institut de Physique Théorique (CEA)

La ville « polluante » « Selon nos récentes études, la théorie selon laquelle plus une ville est grande, plus son empreinte environnementale (émissions de CO2) par habitant est faible ne tient pas. Cette théorie, soutenue notamment par le chercheur américain Edward Glaeser (Harvard) sous-tend en effet que plus la ville grossit plus elle est « green » en quelque sorte (ramené à la consommation par habitant). Et qu’en définitive, il vaut mieux une grande mégapole de 10 millions d’habitants plutôt que 10 villes de 1 millions d’habitants. Mais en vérité une ville se comporte comme une petite ville démultipliée. Il faut alors inciter à développer des villages urbains, avec l’idée de polycentrisme et non de monocentrisme ».


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P ar o l e à

Mo nZ e n TZEN

Directeur français de l’Université de Technologie Sino-Européenne de l’Université de Shanghai. Directeur français du laboratoire de recherche ComplexCity

(à l’heure du numérique et du développement durable) « Ainsi ces anciennes cités qui, n’ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues par succession de temps de grandes villes, sont ordinairement si mal compassées, au prix de ces places régulières qu’un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine. » René Descartes, Discours de la méthode

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Connexions HIVER 2014-2015

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epuis l’établissement des premières villes au sens actuel du terme, les Hommes ont sans cesse cherché à comprendre et améliorer les ensembles urbains pour qu’ils correspondent à leurs idéaux et ambitions. Les exemples ne manquent pas : Auroville en Inde conçu selon les principes philosophiques de la Mère, Germania, la capitale rêvée par Hitler, Brasilia, la ville qui sortit de terre en 1 000 jours... Plus récemment, la Chine a vu se créer et se développer de nouvelles villes sur la côte Est et dans les espaces économiques attractifs pour répondre aux exigences de l’exode rural. A bien des égards, l’exemple de la création en 2007 de l’eco-city de Tianjin est le reflet des


A bien des égards, l’exemple de la création en 2007 de l’eco-city de Tianjin est le reflet des idéaux et des réalités de notre temps. Numérique et développement durable se conjuguent pour donner naissance et faire évoluer nos villes vers de véritables smartcities.

Imagine China

idéaux et des réalités de notre temps. Numérique et développement durable se conjuguent pour donner naissance et faire évoluer nos villes vers de véritables smartcities. Cette ville qui doit accueillir à terme 350 000 habitants est aujourd’hui officiellement construite pour devenir « une ville prospère, harmonieuse socialement, respectueuse de l’environnement et économe en ressources ». Cet idéal s’appuie sur les concepts des « trois harmonies » (économique, sociale et environnemental) et des « trois capacités » (un modèle abordable, reproductible et adaptable). A l’opposé de ce développement basé sur l’idée ou l’idéologie et à l’aune de la durabilité, de la prise en compte de l’existant et des véritables besoins des habitants des villes mo-

dernes, il est cependant devenu presque impossible « qu’un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine. » Le numérique et les nouvelles technologies, par leur analyse, apportent alors des clés nouvelles de compréhension des comportements humains en milieu urbain. Le traitement des données de masse permet par exemple de fluidifier le trafic et ainsi de réduire les émissions de particules fines si nocives pour la santé. Il s’agit là d’un enjeu majeur en Chine, où l’altération de la santé publique s’est imposée comme une des préoccupations majeures du gouvernement. La recherche actuelle s’inscrit pleinement dans cette logique, nous tentons d’apporter éclairages et solutions aux problématiques d’aujourd’hui. Empreinte numérique d’une

ville, gestion de l’énergie dans une maison intelligente, jeux sérieux au service de la compréhension des milieux urbains... Ces projets se basent dorénavant sur une approche innovante combinant capacités analytiques et computationnelles des sciences de l'ingénieur couplées à l'ouverture et la créativité des sciences humaines et sociales. Soyons clair. Il n’existe pas de ville idéale, ni en Chine, ni en France, ni ailleurs. Mais nous travaillons chaque jour à améliorer les conditions de vie des habitants des villes de demain et le numérique, notamment les sciences des données, y contribuent pleinement. www.utseus.com www.complexcity.org

MonZen TZEN

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Zoom sur

DR

Le projet TEDA

Song Yuyan

La ville durable en Chine a-t-elle un visage ? Oui. Exemple avec le projet TEDA Eco-centre (Tianjin). Son objectif : favoriser le développement écologique local. Explications de sa directrice Song Yuyan.

Améliorer « la conscience écologique des entreprises » Quel est l’historique du projet TEDA Ecocentre ? Au début de l’année 2010, dans un contexte de lutte contre le changement climatique et dans l’optique de favoriser le développement écologique de la zone TEDA (Tianjin Economic Technological Development Area), nous avons créé l’éco-centre TEDA, une institution qui stimule l’écodéveloppement local. Basé sur le besoin d’écodéveloppement des entreprises locales, la mission principale du centre-est d’introduire dans la zone de nouvelles technologies écologiques chinoises et étrangères. Nous mettons en œuvre des solutions et des projets pilotes tout en promouvant le développement durable. L’écocentre TEDA offre des services dans différents secteurs: la protection de l’environnement, le développement durable, l’économie d’énergie d’origine industrielle et BTP et en économie circulaire. Ses fonctions principales sont notamment, l’échange d’informations, la coopération (nationale et internationale), la formation, la prospection, l’éducation et le développement. Concrètement, quels sont les résultats observés depuis la mise en place du projet ? Depuis la création du centre, en nous inspirant du modèle anglais, nous avons commencé un projet de recyclage industriel. Ce projet a duré 4 ans et presque 1000 entreprises y ont participé. Au total, la quantité de déchets enterrés a été réduite de 1 430 000 tonnes et

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La zone TEDA se doit d’évaluer le respect ou non des normes environnementales des entreprises et de renforcer leur conscience écologique.


SSGKC

À LA LOUPE

Imagine China

Selon vous comment augmenter la prise de conscience sur les questions et les défis environnementaux dans les entreprises chinoises ? En tant que gouvernement local, nous devons œuvrer à l’amélioration de la conscience écologique des entreprises et les rendre dynamiques dans ce secteur. Le but est d’établir un modèle de gestion, combinant surveillance et encouragement. Il faut, d’une part, améliorer les réglementations et d’autre part, encourager ces entreprises en les aidant financièrement. D’ailleurs, la zone TEDA se doit d’évaluer le respect ou non des normes environnementales des entreprises et de renforcer leur conscience d’écologie. A quoi peut ressembler une Chine, notamment après 2030 lorsque le pays aura atteint son seuil de la pollution maximum ? Au cours du dernier sommet de l’APEC, les dirigeants chinois et américains ont publié une déclaration conjointe dans laquelle il est spécifié que la pollution en Chine aura atteint son seuil maximum en 2030. Selon M. Xie Zhenhua, vice-directeur de la Commission nationale du développement et de la réforme, ce résultat a été prouvé par une expérience scientifique de presque 2 ans, qui a étudié notamment les caractéristiques et les conditions du développement économique chinois. A l’horizon 2030, j’espère personnellement, premièrement, une réduction des émissions de dioxyde de carbone, l’utilisation de nouvelles sources d’énergie et une optimisation des ressources d’énergie ; ensuite, une réduction de la consommation carbone, le développement de nouveaux moyens de transport en commun écologiques et enfin, l’amélioration de la qualité de l’eau et des sols pour redonner aux gens un environnement plus sain. Propos recueillis par Pi e rr e T i e ss e n

Nom de code :

SSGKC

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DR

celle de dioxyde de carbone est été diminuée de 168 000 tonnes. Nous avons aussi mis en œuvre un projet de publication d’informations d’entreprises en vue d’aider le gouvernement à établir un guide d’information environnementale et d’encourager 128 entreprises à publier leur bilan environnemental.

Chin Pheichen « SSGKC - projet conjoint entre Singapour et le Guangdong - vise à développer une nouvelle ville intégrée. Le projet est dirigé par le district de développement du Guangzhou et Singbridge ( filiale du fonds souverain singapourien Temasek Holdings). {…} Notre société, en tant que maitre d’œuvre de SSGKC, servira de plate-forme de collaboration entre le Guangdong et Singapour. SSGKC est l’un des premiers projets pilotes de la ville intelligente en Chine. Nous allons ainsi y introduire les meilleures pratiques et les meilleures expériences de Singapour mais aussi d'autres villes dans le monde. Nous avons déjà développé un plan directeur de cette ville intelligente afin d’identifier les stratégies, les méthodologies et les indicateurs clés de performance requis, tels que les smart-grids, les infrastructures, le transport, l'éducation, la gestion urbaine, etc. Nous allons lancer plusieurs projets pilotes dans la santé, le transport intelligent et d'autres domaines dans les années à venir.{…} Nous avons établi des contacts avec de nombreuses entreprises françaises développant des solutions en matière de développement durable. Leurs concepts innovants sont impressionnants et seront sollicités, j’en suis certain, par les experts et les décideurs chinois ».

« Nous avons établi des contacts avec de nombreuses entreprises françaises développant des solutions en matière de développement durable. Leurs concepts innovants sont impressionnants et seront sollicités, j’en suis certain, par les experts et les décideurs chinois ».

1. Sino-Singapore Guangzhou Knowledge City

Chin Pheichen,

CEO du programme SSGKC

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Paul Marer

Imagine China

Grand témoin |Paul Andreu

« La ville durable pour la Chine n’est pas une option, c’est une nécessité » L’architecte français Paul Andreu – à qui la Chine doit notamment son Grand Théâtre National à Pékin (2007) – décortique pour Connexions la thématique de la ville durable et s’interroge sur la place laissée à l’architecture en Chine.

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Que représente aujourd’hui la Chine dans votre travail ? Mon projet le plus récent concerne l’opéra de Jinan, en service depuis un peu moins d’un an. Nous avons également fait quelques concours. Nous en avons gagné certains mais ils sont à l’arrêt pour le moment. J’ai également quelques activités dans le secteur privé. Mais en définitive, j’ai plutôt un creux d’activité en ce moment en Chine. Peut-être y a-t-il moins de demandes… Sans doute aussi que les donneurs d’ordre ont-ils moins recours à des architectes étrangers. Il y a, je sais, un certain nombre de recommandations – voire d’instructions – qui vont dans ce sens. Mais cela vient aussi de moi : ayant terminé un certain nombre

« En tant que citoyen du monde, j’espère que les Chinois vont nous apporter quelque chose de nouveau qui tiendra forcément compte des problèmes d’environnement et d’équipements durables ».


aéroports, des métros, mais beaucoup aussi sont déjà construits… Une vitesse de croisière risque de s’installer en Chine qui ne correspondra plus aux investissements (nécessaires mais presque frénétiques) que l’on a connus. Par ailleurs, les architectes chinois montent en gamme : ils ont d’excellentes formations, des moyens importants. Il est donc normal qu’ils couvrent en priorité leur territoire. Le recours à des architectes étrangers s’impose moins – ce recours est finalement celui d’un pays développé qui a ses propres architectes et qui a envie de mélanger les choses, comme sont la France, les Etats-Unis, etc. qui attirent à eux les talents…

de projets en Chine, je n’ai sans doute pas pris le temps de bien « recharger le panier ». Quand on termine une chose importante – comme ce projet de Jinan – on a toujours une période plus calme… Vous restez le plus chinois des architectes français – en tout cas l’un des plus célèbres. Comment l'expliquez-vous ? Est-ce un pays « taillé » pour vos projets ? Ma notoriété en Chine est indéniable et j’en suis très fier. Cela s’explique par le fait que les Chinois ont été satisfaits de mon travail - je n’ai jamais adopté de position commerciale avec eux et n’ai donc pas cherché à en faire plus qu’il n’en faut. A partir du moment où on a trop d’affaires, on commence à moins les surveiller. J’ai toujours pris soin d’être disponible et concentré pleinement sur mes projets. J’ai une position de grand couturier de l’architecture : je fais bien ce que je fais. Qu’aujourd’hui la Chine m’en soit reconnaissant, c’est finalement normal… Comment définiriez-vous l’architecture en Chine actuellement ? Il y a eu une effervescence extraordinaire ces dernières années mais je ne serais pas étonné qu’il y ait très prochainement une forme de palier, dans l’excitation au moins. Il y a toujours des besoins énormes. Il reste par exemple à construire des

Percevez-vous toutefois, dans ce domaine, un certain réflexe patriotique en Chine… Mes associés chinois me disent que dans les villes de deuxième et troisième catégorie il est désormais recommandé de ne pas compliquer les choses en venant avec des architectes étrangers. Je ne trouve pas cela déraisonnable. Si la Chine forme des architectes c’est bien pour faire appel à eux. Je pense aussi que l’ambition des Chinois en la matière ne passe pas par des choses tarabiscotées. Quand les autorités chinoises disent qu’il ne faut plus de bâtiments bizarres, je l’interprète comme « il ne faut pas dépenser son argent bêtement ». En d’autres termes : ne faites pas des choses inutiles et couteuses ». Les Chinois disent : « Ayez de l’ambition mais soyez raisonnables ». « Une ville meilleure, une vie meilleure » promettait le slogan de l’Expo universelle de Shanghai en 2010. Pourtant aujourd’hui cette ville chinoise est toujours aussi asphyxiante… Mon regret - en tant qu’acteur et spectateur de la vie architecturale en Chine – est de voir ce grand pays dépourvu de nouveaux modes de développement urbain qui lui soient propres. La Chine a pourtant construit énormément ces dernières décennies – c’est dans ces moments là qu’il faut inventer car ensuite c’est infiniment lent de reprendre une ville pour la transformer. Il y avait certes une urgence en Chine mais il n’y a pas eu assez de modèles nouveaux qui ont émergé. C’est dommage. La Chine a préféré écouter ses promoteurs plutôt que ses intellectuels. Elle aurait mieux fait d’écouter les théoriciens de l’urbanisme qui – contrairement aux promoteurs - sont plus lents et jouent le long-terme. Je le pense profondément mais tout n’est pas perdu, bien entendu. En tant que citoyen du monde, j’espère que les Chinois vont nous apporter quelque chose de nouveau

qui tiendra forcément compte des problèmes d’environnement et d’équipements durables. C’est impossible aujourd’hui – quand on décide de construire un quartier – de faire l’impasse sur les questions d’utilisation d’énergie, de l’eau, etc. La ville durable… Quel visage aura-t-elle en Chine ? La ville durable pour la Chine n’est pas une option, c’est une nécessité qui doit faire partie de la réflexion globale de ceux qui pensent la ville en Chine. Mais il ne s’agit pas de faire un exemple ou des expériences - comme celles de villes dites durables au milieu de l’océan, ou dans le désert. Ce genre de projets creux ne m’intéresse pas car ils poussent à faire des choses outrées qui n’auront que très peu d’usage. Ce qui n’est pas du tout le problème de la Chine qui doit expérimenter raisonnablement et successivement dans plusieurs secteurs et ce sans mot d’ordre, la ville durable qui est extrêmement compliquée à faire. Il y a tellement de facteurs et d’hypothèses possibles que prétendre être à l’optimum est un mensonge. En revanche, on peut maîtriser certains secteurs et chercher des méthodes pour avancer, faire des hypothèses et faire de grandes expérimentations. Aucune ne sera parfaite mais elles feront évoluer les choses. Voilà ce qu’il faut faire. Il faut un corpus fort de recherche fondamentale et appliquée. Dans 5 ans, on en saura un peu plus, puis dans 10 ans davantage, dans 30 ans, encore plus, etc. C’est dans cette échelle là qu’il faut travailler – le reste c’est de la rigolade. Comment l'expertise française dans le secteur du bâtit vert (green building) estelle, selon vous, appréciée par les experts et décideurs chinois ? Elle est très appréciée et peut être amenée à plusieurs niveaux : des physiciens du globe jusqu’à des météorologues, en passant par ceux qui font de la recherche de matériaux ou ces talents qui étudient les transports de demain, etc. On a tout – il suffit d’arriver en bande coordonnée. La Chine commence par ailleurs à avoir des personnels très compétents dans ces domaines, il s’agit de privilégier des coopérations efficace et d’apprendre ensemble comment faire. Ce qu’il faut éviter c’est la fausse science. Des gens qui vous vendent du faux développement durable avec de la récupération d’eau, des pistes cyclables, etc. Il faut s’appuyer sur une science plus fondamentale. Et là, nous avons une carte à jouer. Propos recueillis par P i e rre Tiessen

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RETOURS D'EXPÉRIENCE - 5 entreprises françaises tio d’un bâtiment tertiaire à Shanghai, couvert et vitré en toiture, bénéficiera d’une lumière naturelle toute l’année, réduisant donc les besoins de chauffage et de climatisation. »

FOCUS ENTREPRISE

GSE

GSE

Labels verts

Nouvel enjeu pour GSE Pour leurs infrastructures en Chine, les clients de GSE - spécialisé dans l’immobilier pour entreprises - visent de plus en plus à l’obtention de labels verts. Par souci éthique autant que par intérêt bien compris.

D

epuis près de 20 ans, GSE Chine, bâtisseur d’usines et d’entrepôts, assiste, en première ligne, à la progressive montée en gamme de l’économie chinoise, qui entend dorénavant réduire son empreinte écologique. « Depuis 3 ou 4 ans, nos clients, tous occidentaux, [DHL, Wal-Mart, Adidas, Daimler…] nous demandent en effet d’intégrer de plus en plus la contrainte environnementale », témoigne Arnaud Sebban, directeur commercial de GSE Chine, filiale qui, avec 60 millions d’euros de chiffre d’affaires, génère un cinquième des revenus du groupe. Pour ce faire, GSE Chine analyse de concert éléments « passifs » du bâtiment (sa qualité thermique et énergétique) et « actifs », qui dépendent notamment de son utilisation. « Ainsi, avec des protections solaires bien orientées et une ventilation adéquate, explique Christophe Malergue, directeur général de la filiale, le pa-

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« Depuis 3 ou 4 ans, nos clients, tous occidentaux, [DHL, Wal-Mart, Adidas, Daimler…] nous demandent d’intégrer de plus en plus la contrainte environnementale », témoigne Arnaud Sebban, directeur commercial de GSE Chine.

Projets clés en main En Chine, pour rassurer ses clients, GSE ne livre que des projets clés en main. « Gérer un chantier est, ici, très risqué pour une entreprise non spécialisée dans la construction, assure Christophe Malergue. Mais ça, c’est notre corps de métier et nous pouvons garantir la qualité, les délais et le budget impartis. » Un suivi rigoureux et nécessaire, puisque la filiale dépêche 12 à 15 de ses employés en permanence sur chacun de ses chantiers, contre 2 à 3 seulement en France. C’est ce sérieux qui a séduit Philippe Queille, directeur du prochain centre de recherche Air Liquide. « Nous avons fait appel à GSE pour sa capacité de proposition et sa fiabilité, précise cet homme à la tête d’un projet au budget total de 200 millions de RMB (près de 27 millions d’euros) et situé dans le nouvel « écoparc » industriel de Xinzhuang, à Shanghai. « C’est que l’obtention du label chinois ‘two stars’ était une condition sine qua non posée par la municipalité. De toute façon, nous voulons limiter nos émissions carbone, conformément à notre charte éthique… et à nos recherches qui portent sur l’environnement ! D’ailleurs, nous visons aussi le label LEED Gold, encore plus exigeant. » Côté rentabilité, GSE Chine propose des systèmes de régulation de chauffage et d’éclairage payant dès la troisième année. Mais une centrale photovoltaïque sera seulement rentable à la deuxième décennie d’activité… Pas étonnant donc si ce sont les clients propriétaires de leur site qui commandent à GSE les infrastructures « vertes » les plus coûteuses. D’autant que, comme a pu le constater M. Queille, les incitations fiscales liées à l’obtention d’un label vert sont, en Chine, encore « minimes ». Edgar Dasor Dates-clés

1996

Création de la filiale GSE Chine.

2005

Entrepôt Ikea de 70 000 m2 à Shanghai

2009

Complexe industriel de 150 000 m2 d’Alstom à Wuhan

2014

Pose de la première pierre du centre de recherche et développement d’Air Liquide


MAGAZINE CONNEXIONS Connexions, Le trimestriel des affaires en Chine Rédigé par des experts et pour des experts, Connexions vous informe depuis 15 ans sur les enjeux économiques franco-chinois

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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie France Chine | 中国法国工商会季刊 w w w.ccifc.org

N.72

Hiver | 冬

Interview exclusive MATTHIAS FEKL : « Rééquilibrer nos échanges "par le haut"»

Laila TAYEBI Direc trice de la Communication t ayebi.laila@ccifc.org Urbanisme ble & Ville dUra

La Chine

se met au VeRt WWW.CCIFC.ORG JOB.CCIFC.ORG


WeSmart

WeSmart FOCUS PME

WeSmart

P

Une « app » intelligente pour limiter la facture énergétique Cette plate-forme permet aux entreprises de suivre en temps réel leur consommation en énergie. Aujourd’hui, la jeune PME vise surtout les promoteurs immobiliers chinois qui se mettent au green building.

SA, Carrefour, mais aussi Novotel ou Michelin : pour maîtriser leur facture énergétique, tous ces grands comptes français ont fait appel à WeSmart. Basée à Shanghai, cette filiale d’une petite société française, MyCO2, est pourtant née il y a seulement deux ans. Florian Bohnert, directeur Chine de cette PME tricolore, en convient : « Ça a été assez rapide. Mais c’est parce qu’il y a vraiment un besoin pour ce genre de service. Le time to market a été parfait » explique cet ingénieur des Mines, installé en Chine depuis cinq ans après six ans passés aux États-Unis. Aucun doute, WeSmart a fait mouche sur le marché. À mi-chemin entre le réseau social et le classique BMS (building management system), cette plate-forme permet de

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« Si une tour résidentielle utilise WeSmart, c’est tout de suite 10 000 logements concernés. Là, on y gagne vraiment. Pareil pour les écoquartiers », explique Florian Bohnert, directeur Chine de cette PME tricolore.

mesurer, en temps réel, la consommation en énergie. Électricité, eau, gaz, pression, chauffage, ventilation, climatisation… Pas moins de vingt éléments peuvent être analysés avec précision grâce à des compteurs. « Lorsqu’une entreprise a un compteur mais pas notre plate-forme, les données typiquement restent dans un boitier électronique. Seul le propriétaire du bâtiment y aura accès. Le relevé peut être trimestriel ou mensuel, mais ne comportera qu’un seul chiffre. WeSmart permet d’aller beaucoup plus loin. » Ergonomie soignée Une fois collectées, les informations sont mises en forme, illustrées avec de jolies icônes et accessibles à chaque instant. Un simple mot de passe et l’utilisateur peut évaluer, à la minute près, son empreinte


Dates-clés

Printemps 2013 Approche du marché chinois dont une étude de faisabilité pour le centre de R&D de PSA à Shanghai

Automne 2013 Première signature d’un partenariat commercial avec Legrand et showcase

FOCUS ENTREPRISE

Egis

Printemps 2014 Lancement du projet PSA et lancement de l’application mobile WeSmart pour iPhone et Android

Eté 2014 Nouveaux projets avec Carrefour, Novotel, BP Castrol et Michelin

Automne 2014 Lancement de l’interface WeSmart Pro dédiée aux managers La ville nouvelle de Hengqin, à Zhuhai

environnementale. « Si un client veut que l’employé du troisième étage n’ait accès qu’à un seul paramètre, c’est possible. Si, en revanche, il faut que le PDG puisse avoir tous les indicateurs importants, c’est possible aussi », poursuit Florian Bohnert, 28 ans. L’ergonomie a été particulièrement soignée. « Au lieu d’aller regarder sur une feuille Excel, qui est complexe avec que des graphiques, là on a quelque chose de simple qui permet de prendre les bonnes décisions rapidement. » Aujourd’hui, la PME compte une quinzaine d’employés dans le monde, dont 4 à Shanghai. En Chine, WeSmart veut à présent se développer à plus grande échelle. Objectif : séduire les promoteurs immobiliers chinois qui, petit à petit, se mettent eux aussi au green building. « Les projets avec les entreprises, c’est très bien, car cela permet de populariser notre solution. Mais l’objectif à terme, c’est d’animer des communautés entières d’utilisateurs » assure le jeune Français. « Si une tour résidentielle utilise WeSmart, c’est tout de suite 10 000 logements concernés. Là, on y gagne vraiment. Pareil pour les éco-quartiers. » Entre les frais de développement, les honoraires de conseil et la cotisation annuelle, WeSmart n’est pas encore très bon marché : comptez entre 100 000 à 1 million de RMB, selon le nombre de compteurs utilisés et leur complexité. Le prix à payer pour se mettre au vert. Mais grâce cette application, le centre R&D de PSA à Shanghai a fait baisser de 15% le coût de sa facture énergétique cette année. Raphaël Balenieri

Babylone paysagistes

L’éco-ville de Hengqin La vitrine « verte » de Egis Sur cette île, l’optimisation des ressources, notamment hydrauliques, devrait selon ses concepteurs s’avérer payant économiquement et écologiquement.

vec 30 employés et 2 à 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires (sur un total monde de 880 millions d’euros), Egis Chine, qui conçoit des ‌infrastructures dans tous les domaines, reste (pour le moment) un « petit », sur le sol chinois. De fait, l’arrivée de 250 millions de personnes dans les villes du pays, prévue d’ici 2025, devrait changer la donne. « Pour absorber cet afflux de population, les municipalités ont trois solutions, note Laurent Malet, directeur de la filiale chinoise d’Egis. La construction sur des zones inhabitées, la destruction puis la reconstruction ou encore la réhabilitation, solution dont l’empreinte environnementale reste la moins forte… mais aussi la moins lucrative à court terme. Or, en Chine, comme ailleurs, la rentabilité sur 30 ans n’intéresse pas les bailleurs de fond. » Alors, puisqu’il faut bâtir ex-nihilo,

A Hengqin dans la ville de Zhuhai, Egis a assuré la conception d’un de ces quartiers nouvelle génération dont le budget total s’élève à quelque 2,8 milliards d’euros.

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les villes chinoises tentent de bâtir bien, d’où la multiplication de ces « éco-villes » censées rendre plus supportable cette poussée urbaine. « Evolutivité des infrastructures » Justement, à Hengqin dans la ville de Zhuhai, Egis a assuré la conception d’un de ces quartiers nouvelle génération dont le budget total s’élève à quelque 2,8 milliards d’euros. A terme, sur cette île méridionale de 106 kilomètres carrés en face de Macao, vivront 300 000 nouveaux citadins, avec son lot d’industries, d’universités et d’attractions touristiques... Egis appelle à « l’intégration la plus douce possible des activités anthropiques et l’utilisation optimale des ressources du site. » Ainsi, en cas de faibles précipitations, l’eau pluviale est affectée vers des espaces verts. En cas de fortes pluies, des bassins de rétention prennent le relais, évitant toute inondation. « Réfléchir à une mise en correspondance des lieux de vie, de travail, des transports et de l’environnement existant a un prix, reconnaît M. Malet. Mais à long terme, notamment grâce à une meilleure gestion énergétique, cet habitat se révèle écologiquement mais aussi économiquement moins coûteux. »

FOCUS ENTREPRISE

Siveco

Signes inquiétants ? Autre principe innovant : l’évolutivité des infrastructures. Les canalisations de Hengqin devraient ainsi être plus larges. Le but : même en cas de croissance de la population, et donc des flux, éviter les démolitions et reconstructions à tout-va de la chaussée, permettant là encore une réduction des coûts de possession. Une chance pour les futurs acquéreurs ? Pourvu que le prix de l’immobilier local ne flambe pas. Pourvu aussi que l’urbanisme durable de l’île… voie vraiment le jour. C’est que le rôle d’Egis a été circonscrit à la seule conception, des entreprises locales se chargeant de l’exécution. Par ailleurs, la municipalité refuse de communiquer sur des objectifs chiffrés. Autant de signes inquiétants ? « C’est frustrant de ne pas être présent, avoue M. Malet. Mais je pense que nos préconisations seront respectées. » Edgar Dasor Dates-clés

2007

Début de la collaboration avec Areva sur les centrales nucléaires de Taishan

2010

Signature du contrat avec la muncipalité de Hengqin pour le projet d’éco-ville

2012

Création de la filiale chinoise d’Egis à capitaux 100 % étrangers

2013

Début du contrôle du tronçon TGV de Zhengzhou à Xuzhou Tour Zifeng à Nanjing, sur laquelle Siveco a travaillé

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Siveco Roi de la maintenance en Chine Fondée il y a 10 ans, cette PME française est numéro 1 de la maintenance dans le pays. L’urbanisation verte lui a ouvert de nombreuses portes Quand on parle d’urbanisation verte, c’est surtout pour évoquer le développement durable et les technologies qui vont avec. La maintenance, on n’en parle jamais ! » Le métier de Bruno Lhopiteau, fondateur et directeur général de Siveco China, a beau, dit-il, « ne pas être sexy », il est néanmoins fondamental pour s’assurer que les bâtiments écologiques qui poussent en Chine restent bien aux normes tout au long de la vie. « C’est une partie sous estimée du développement durable et qui est pourtant en son cœur » regrette ce manager atypique de 42 ans, entré dans ce secteur d’activité comme d’autres entrent en religion. Filtres de la climatisation jamais changés, escalators et ascenseurs en panne, entretien des machines réalisé aléatoirement, selon le bon vouloir du patron…La Chine revient de loin en termes de maintenance. Typiquement, elle est effectuée aujourd’hui cahin-caha par de jeunes techniciens, souvent mal formés et peu rémunérés. « Ce n’est pas construit. Les méthodologies, les formations, présentes chez nous depuis Napoléon, n’existent pas en Chine. Les Chinois ont été trop occupés à construire. La maintenance, ça vient derrière. On a à présent des installations très compliquées, comme le métro de Shanghai, à gérer. Les coûts s’envolent. »

« Quand on parle d’urbanisation verte, c’est surtout pour évoquer le développement durable et les technologies qui vont avec. La maintenance, on n’en parle jamais ! », relève Bruno Lhopiteau, directeur général de Siveco China.

Projets d’envergure Pour sa société, Siveco China, c’est toutefois une aubaine. Créée il y a 10 ans, cette entreprise de 44 employés travaille avec de très gros comptes, dont Saint-Gobain, les promoteurs immobiliers chinois Green Land ou Changcheng et l’industrie pétrolière (Hanas et Fushun Mining Group). Elle leur

apporte surtout du conseil (mini-audit en amont, contrôle à distance, coaching) et des outils informatiques. Objectif : aider ces clients à adopter les bonnes pratiques. « Le plus souvent en Chine les responsables maintenance ont une simple check-list » raconte Bruno Lhopiteau. « Sur le papier, c’est souvent : ‘oui oui oui tout a été contrôlé’. Là, on force le responsable à venir sur le point d’inspection. » Par exemple, pour inciter les entreprises à vérifier régulièrement leurs systèmes de climatisation, Siveco China appose un code barre sur chacun des filtres à changer. Au lieu de cocher les cases d’une feuille de suivi, le responsable en charge de l’entretien pourra le scanner avec son téléphone portable, permettant à la PME française de suivre, même à distance, l’avancée de la maintenance. « On donne des guides, on met des béquilles là où il faut » résume l’ingénieur. Arrivé en Chine en 1999 avec déjà deux expatriations à son actif (Singapour et Suède), Bruno Lhopiteau aime décrocher des gros projets. L’ambassade de France à Pékin, les deux plus grands sites de Saint-Gobain en Chine, la réhabilitation du vieux Wuhan…Il faut dire qu’il avait commencé très tôt, dès son arrivée dans le pays, en travaillant pour une société suédoise en charge de la maintenance du barrage des Trois Gorges, de centrales nucléaires ou hydroélectriques. Quinze ans plus tard, Bruno Lhopiteau se félicite du chemin accompli. « Au début, c’était difficile » dit-il par téléphone en sortant d’une réunionclient à Chengdu. « Tout reposait sur moi. Et puis petit à petit tout cela a pris forme… » Raphaël Balenieri

Dates-clés

Septembre 2004

Novembre 2009

Mars 2009

Avril 2012

Siveco

Création de Siveco Chine à Shanghai, premier contrat avec l’Oriental Plaza à Pékin établissement du centre de R&D à Shanghai, dédié aux solutions mobiles bluebee « for the worker of tomorrow »

Premier grand projet à l’export, avec la centrale électrique Ranhill Powertron II en Malaisie

Ouverture du bureau “Chine de l’Ouest” à Chengdu

Novembre 2012

Projet avec la filiale « gestion immobilière » du promoteur immobilier chinois Greenland

Septembre 2014

Siveco célèbre ses dix ans

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FOCUS PME

NetSpring

NetSpring

NetSpring

Equipe de Netspring

NetSpring Quand l’entreprenariat social fait « clic » Cette PME française née à Shanghai met au point des classes informatiques dans les écoles en utilisant des ordinateurs obsolètes récupérés auprès des entreprises. Sa co-fondatrice, Soline Bich, témoigne pour Connexions.

D’

un côté, des montagnes de déchets électroniques, faites d’ordinateurs à peine utilisés, qui s’accumulent un peu partout en Chine. De l’autre, 50 millions d’enfants qui n’ont pas accès à l’informatique à travers le pays. C’est ce paradoxe alarmant qui a poussé Soline Bich à fonder, avec une associée, NetSpring Social Enterprise. Basée depuis 2012 à Shanghai, cette PME est une société presque comme les autres. Elle verse des salaires (3 personnes à temps plein), tient une comptabilité et n’accepte aucun don, conformément à la législation. Mais elle ne cherche pas à faire des bénéfices et se contente simplement de rechercher l’équilibre.

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Connexions HIVER 2014-2015

Concrètement, NetSpring propose aux entreprises une solution clé en main qui consiste à sponsoriser une classe informatique (entre 20 à 40 ordinateurs identiques) dans une école chinoise défavorisée, le plus souvent à proximité des bureaux ou des usines du client.

Enfant d’une classe informatique mise au point par NetSpring

Il faut dire que sa raison d’être est un peu différente : convaincre ses clients de lui confier leurs vieux ordinateurs pour les mettre à disposition, une fois réparés par un sous-traitant, à des enfants défavorisés aux quatre coins de Chine. « En un mot, on transforme l’e-waste en éducation » dit cette Française de 37 ans, venue en Chine en 2005 avec son mari. « Les boîtes se débarrassent de leurs ordinateurs tous les trois à cinq ans alors qu’ils ont une durée de vie de sept à dix ans » rappelle cette mathématicienne fan de chiffres. « Tout le monde y gagne » Monter une ONG ou une association aurait certes été bien plus facile. L’entreprenariat social étant « tout nouveau en Chine », NetSpring est soumise aux mêmes règles que les grands groupes. « J’ai été très attirée par le modèle innovant de l’entreprenariat social et je crois qu’il y a une place pour cette troisième voie » affirme cependant Soline Bich, par ailleurs cadre dans un cabinet de recrutement à Shanghai. « Les ONG sont indispensables, et si demain vous avez un tremblement de terre, il faut une association capable de lever de l’argent tout de suite » poursuit-t-elle. « On a vraiment besoin des ONG. D’un autre côté, on a vraiment besoin des entreprises. Je trouve qu’au milieu, l’entreprenariat social permet de résoudre certains problèmes de façon rentable. Tout le monde y gagne. »


Concrètement, NetSpring propose aux entreprises une solution-clé en main qui consiste à sponsoriser une classe informatique (entre 20 à 40 ordinateurs identiques) dans une école chinoise défavorisée, le plus souvent à proximité des bureaux ou des usines du client. La formule de base commence à 65 000 yuans par classe, à quoi il faut ajouter 25 000 yuans pour l’année 2 puis 3. « Il y a un travail de maintenance derrière qui est énorme et qui fait que ça marche. Sinon, ça s’arrêterait très vite. » Trois ans après sa fondation, NetSpring a déjà touché plus de 25 000 enfants et 70 % de ses clients (Air Liquide, Faurecia, Bayer, Nu Skin…) reviennent pour financer une autre classe à l’issue du premier projet. Petit bémol, la société n’a pas encore séduit les groupes chinois. « À partir du moment où elles ont donné les ordinateurs, certaines sociétés estiment déjà avoir fait beaucoup, alors que pour nous c’est à ce moment là que les coûts commencent » regrette Soline Bich. Elle et son associée, Chia-Lin Coispeau, ont néanmoins le vent en poupe : récemment les deux femmes ont été contactées par des écoles en Turquie et à Madagascar qui se sont dites intéressées par ce modèle d’économie sociale et solidaire. Raphaël Balenieri

chiffres clés

25 000

Le nombre d’enfants dans des zones défavorisées en Chine qui ont bénéficié des classes informatiques de NetSpring

85

Le nombre de classes informatiques mises au point par NetSpring en Chine avec les ordinateurs récupérés auprès des entreprises

20

Le nombre, en tonnes, de matériel informatique démantelées de façon écologique par NetSpring depuis sa fondation

9

Le nombre de classes informatiques financées par Air Liquide en partenariat avec NetSpring. Le leader français des gaz industriels fut parmi les premiers clients de la PME

3

La durée, en années, des contrats signés entre NetSpring et les écoles chinoises

Connexions HIVER 2014-2015

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Abécédaire

ACDG

Advancity Advancity, The Smart Metropolis Hub, est le seul cluster en France dédié à la Ville et à la mobilité durables. Il regroupe plus de 260 membres (180 PME-ETI et 18 grands groupes leaders mondiaux, 31 établissements d’enseignement supérieur et de recherche, 31 collectivités territoriales), qui explorent les champs d’innovation urbaine au sein de 4 Comités Stratégiques (CoS), véritables ateliers d’émergence de projets. Ces 4 Cos sont : Technologies Urbaines (eau, déchets, air,…) & énergies renouvelables, Bâtiment Durables & Infrastructures, Transports, Accessibilité, Mobilité et enfin Ville, Organisation, Pilotage, Aide à la décision.

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Connexions HIVER 2014-2015

Coopération La ville durable est un domaine bénéficiant d’une forte impulsion politique entre la Chine et la France. En mars 2014, les deux pays renforçaient ainsi leur coopération par des accords signés à l'occasion la visite en France de Xi Jinping. Un accord définissant les villes chinoises de Shenyang et de Chengdu comme prioritaires pour cette coopération a été signé par la ministre française du Commerce extérieur de l’époque, Nicole Bricq et le ministre chinois du Commerce, Gao Hucheng. Tout comme une lettre d'intention sur la construction du projet à Caidian (Wuhan). Depuis, ce projet de Caidian en particulier s’est accéléré.

Dongtan Ce devait être la vitrine verte de Chine ! Et pourtant, la ville expérimentale de Dongtan, un projet révolutionnaire qui devait être exhibé lors de l'Exposition universelle de Shanghai en 2010, « n'est jamais sortie de terre », comme le rappelait un article du magazine L’Express de l’époque. Le projet promettait la construction de la première ville chinoise sans émission de dioxyde de carbone. Pour nombres d’observateurs, la mise en sommeil de Dongtan serait imputable à la chute de Chen Liangyu, secrétaire du parti de Shanghai tombé pour corruption en 2006, et qui était un des principaux animateurs du projet.

Green China L’avenir en Chine sera « vert » ou ne sera pas. C’est en tout cas les ambitions affichées du 12ème plan quinquennal, acté en 2011 et qui s’achève cette année. A travers cette « feuille de route », adopté à l’époque à l’unanimité par les 2987 délégués du Parti communiste chinois, la Chine entend réduire de 17 % son intensité carbone avant 2015 et s'engage également à faire passer à 11,4 % (contre 9,6 % actuellement) la part des énergies non-fossiles dans son « mix énergétique ». La demande chimique en oxygène doit baisser de 8%. L’utilisation de l’eau est enfin plafonnée à 620 milliards de m3 fin 2015 contre 590 fin 2009.


H I MP

HQE La haute qualité environnementale (HQE) est un concept environnemental français datant du début des années 1990, qui a donné lieu à la mise en place de l'enregistrement comme marque commerciale et d'une certification « NF Ouvrage Démarche HQE® » par l’AFNOR inspirée du label haute performance énergétique auquel il ajoute une dimension sanitaire, hydrologique et végétale. La Haute Qualité Environnementale est une démarche qui vise à limiter à court et à long terme les impacts environnementaux d’une opération de construction ou de réhabilitation, tout en assurant aux occupants des conditions de vie saine et confortable.

ISO/TC 268 L’ISO/TC 268 « Aménagement durable » a été créé par l’ISO sur initiative française en février 2012. Sur cette thématique de l’aménagement et des villes durables, la proposition française portée par AFNOR et visant la création d’un comité structurant ce thème de travail s’est retrouvée en « compétition » avec deux autres propositions qui ont été fusionnées avec la proposition française. La France se trouve en situation de pilote de ce comité technique pivot sur l’aménagement durable qui comptait près d’une trentaine de pays membres un an après sa création, et des liaisons avec des organisations tel que la Banque mondiale.

Mobilité Une mobilité fluide, peu polluante et accessible à tous est une condition majeure de l’attractivité de la ville et de la qualité de vie de ses habitants. Si une bonne intégration de cette problématique est envisagée dès la conception de la ville et dès la réflexion sur l’organisation du territoire, la répartition des activités et la maîtrise de l’urbanisation peuvent réduire les « besoins » de mobilité. L’offre de transports joue également un rôle important pour faciliter la mobilité et réduire son impact sur l’environnement, insiste Vivapolis. Priorité est donnée notamment au développement des transports collectifs urbains.

PFVT Le Partenariat français pour la ville et les territoires (PFVT) fédère une centaine d’organisations actives dans le champ de la coopération urbaine : l’État et ses établissements publics, les collectivités territoriales, les professionnels, les entreprises et les bureaux d’études, les organismes techniques, de recherche et de formation, les organisations non gouvernementales et des personnalités qualifiées. Lancé en 2011, le PFVT rassemble toute l’expertise française dans ses différentes composantes dans le domaine de la ville et des territoires qui est désormais un champ privilégié de l’action internationale de la France.

Connexions HIVER 2014-2015

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Business Survey

Étude sur le climat des affaires 2014

Depuis le lancement de la Business Climate Survey en 2012, les tendances observées restent relativement semblables, ces trois dernières années, la Chine est perçue comme un marché stratégique majeur grâce auquel les entreprises françaises observent à 68 % une hausse de leurs revenus sur toute l’année. Le marché chinois est toujours source d’optimisme, néanmoins, la grande majorité des entreprises avaient aussi exprimé de nombreuses inquiétudes sur l'environnement des affaires chinois: pénurie de main-d'oeuvre, protection des droits de la propriété intellectuelle, pression des entreprises locales, obstacles réglementaires, appréciation et inflation du RMB. En 2013, les membres de la CCIFC étaient à la fois inquiets du ralentissement économique chinois, mais restaient optimistes. En 2014, les tendances restent semblables, avec en premier lieu un échantillon d’entreprises similaire à celui de 2013. Les participants à l’enquête sont en majorité des PME alors que les grands groupes industriels représentent moins de deux entreprises sur dix. Un tiers des entreprises ont un chiffre d’affaires de moins de 2 millions d’euros, un second tiers enregistre un chiffre d’affaires de 2 à 50 millions d’euros, alors que deux entreprises sur dix affichent un chiffre d’affaires de plus de 51 millions d’euros. 87 % des entreprises interrogées ont une présence physique en Chine.

Malgré sa baisse de croissance, la Chine reste attractive pour les entreprises françaises, le marché chinois est encore une fois, comme les années précédentes, cité comme un passage incontournable où les opportunités de développement et de croissance sont réelles.

Les trois messages clés de 2014

1. « Des entreprises relativement inquiètes sur les questions RH » Ce qui retient l’attention dans les résultats de l’enquête 2014, c’est l’inquiétude majeure des entreprises françaises quant au recrutement de personnel qualifié. En effet, on observe une augmentation du coût de la main d’œuvre et parallèlement on assiste à une pénurie de main d’œuvre qualifiée, ceci est perçu par les entreprises françaises comme un risque majeur, 71 % contre 55 % en 2013, avant même le

ralentissement de l’économie chinoise. Une inquiétude d’autant plus forte que les entreprises sont 72 % en 2014 à noter l’augmentation du coût de la main d’œuvre, contre 64 % dans l’étude de 2013. En 2014 toujours, 67 % d’entre elles considèrent que le ralentissement de l’économie chinoise est un risque considérable, contre 64 % en 2013.

Main-d'oeuvre Q15 : Indiquez quels sont les risques pour vos affaires en Chine. Augementation du coût de la main-d'oeuvre

64%

Ralentissement économique chinois

64%

55%

Pénurie de personnel qualifié

55%

Ralentissement de l'économie globale

46%

44%

Instabilité financière/bulles

2013 connexions HIVER 2014-2015

72%

Pénurie de personnel qualifié

71%

Ralentissement de l'économie chinoise

67%

Paiements différés de la part des clients

Paiements différés de la part des clients

54

Augmentation du coût de la main-d'oeuvre

60%

Ralentissement de l'économie globale

55% 51%

Risques juridiques

49%

Pénurie de main-d'oeuvre

2014


La Chambre de Commerce et d’Industrie France Chine (CCIFC), en partenariat avec l’Ifop (Institut Français d’Opinion Politique) Asie, ont initié, à partir de 2012, un sondage annuel, Business Climate Survey, parmi les entreprises françaises membres de la CCIFC. Le travail donne ainsi un aperçu sur l’indice de confiance des entreprises françaises envers le marché chinois et permet aussi de mieux comprendre, les défis et préoccupations, auxquels elles doivent faire face. De même, cela permet de récolter des retours intéressants sur la vision des entreprises françaises sur le monde des affaires en Chine. L’étude quantitative a été gérée par un questionnaire en ligne envoyé à environ 800 personnes assumant des postes de direction dans leurs entreprises respectives (ex. administrateur, directeur général, directeur des opérations, directeur régional, DRH, secrétaire général, etc.) La plupart des participants proviennent de villes de 1er et 2e

plan telles que Pékin, Canton, Shanghai, Shenzhen, etc. Nous avons atteint un taux de 9% de réponses pour cette étude 2014. Dans ce sondage, mené entre le 1er septembre et le 19 octobre 2014 puis publié en décembre de la même année, ont été évoqués trois thèmes fondamentaux : l’état actuel des entreprises françaises en Chine ; les défis et difficultés sur le marché chinois (embauche de personnel, propriété intellectuelle, discrimination et difficultés du marché, progrès de la concurrence locale) ; les stratégies et les perspectives. En 2013, le taux de réponse avait atteint 8% sur un sondage couvrant des thèmes tels que stratégie d’entreprise en Chine, environnement des affaires et perspective de nouveaux développements. Ce travail n’est pas un recensement, mais un sondage conduit sur un échantillon d’entreprises qui scrute les comportements et opinions des représentants d’entreprises, les résultats reflètent uniquement des réponses et opinions individuelles.

2. « Un optimisme toujours présent provenant de la compétitivité des entreprises françaises » Le récent ralentissement de l’économie chinoise apparaît désormais comme un nouveau défi dans ce pays complexe, mais n’entame pas l’optimisme des entreprises tricolores. Malgré les inquiétudes, la majorité des entreprises qui ont participé à l’enquête se montrent optimistes et confiantes quant à l’évolution du marché chinois. Ainsi, les deux tiers des entreprises prévoient une augmentation de leur niveau d’investissement, contre un tiers en 2013. Les entreprises

Investissements Q25 : Estimation de l'investissement de votre entreprise en Chine en 2013

Ne prévoit pas d’augmenter son niveau d’investissement

1% to 15%

40%

25%

Plus de 50 %

20%

Q11 : Votre entreprise souhaite-t-elle relocaliser tout ou en partie dans un autre pays?

Non

De 31 % à 50 %

6%

Relocalisation

Oui

5%

Ne prévoit pas d’augmenter son niveau d’investissement

françaises considèrent qu’elles disposent d’avantages clés vis-à-vis de la concurrence locale, comme la qualité de leurs produits, l’image de leur marque et les services clients. Preuve de leur confiance envers le marché chinois, 83 % des entreprises n’envisagent pas de relocalisation dans un autre pays. Enfin, 64 % des entreprises pensent à étendre leurs activités à d’autres provinces chinoises (59 % en 2013). Malgré le ralentissement de la croissance des entreprises, l’optimisme des membres de la CCIFC reste fort.

De 16 % à 30 %

24%

14%

17%

86%

83%

2013

2014

Expansion en Chine

Plus de 50 %

De 1 % à 15 %

9%

49%

Q10 : Pensez-vous vous développer dans d'autres provinces chinoises?

De 31 % à 50 %

5%

Oui

De 16 % à 30 %

17%

2014

Non

59%

64%

41%

36%

2013

2014

connexions HIVER 2014-2015

55


Les trois messages clés de 2014

3. « Les défis et difficultés de l’environnement chinois de 2014 sont semblables à ceux de 2013 » Les problèmes et inquiétudes soulevés en 2013 par les entreprises, restent les mêmes en 2014, particulièrement la protection des droits de la propriété intellectuelle. Ainsi, 52 % des entreprises en 2014 considéraient que les moyens mis en place pour protéger la propriété intellectuelle étaient inefficaces voire très inefficaces, un pourcentage à la baisse tout de même, qui atteignait 59 % en 2013.

Le turnover des équipes est un autre sujet d’inquiétude majeur pour les entreprises qui font part de leurs difficultés pour attirer et conserver les talents compétents (surtout locaux). 37 % des entreprises en 2014 et 40 % en 2013 considèrent que la hausse des prétentions salariales est un défi majeur pour retenir les meilleurs profils en Chine.

Attente salariale et mauvaise performance au travail • Difficultés à conserver le personnel Q23A : Quel sont vos plus grands défis pour attirer des talents ? (employés locaux) Fortes attentes salariales/ avantages Employé sans perspective de carrière Mauvaise performance de l'employé

16% 14%

Autres Attentes élevées pour l'expatriation

1% 1%

13% 12% 5%

Employé changeant d'industrie

6% 3%

25%

Employé commençant son propre business

7%

Employé changeant d'industrie

37%

Employé partant à la concurrence

12%

Employé partant à la concurrence

Cadre de vie (impôt sur le revenu, autres coûts, pollution, éducation) Entreprises d’État perçues comme offrant de meilleures perspectives

Fortes attentes salariales/ avantages Mauvaise performance de l'employé Employé sans perspective de carrière

40%

2013

Entreprises d’État perçues comme offrant de meilleures perspectives Employé partant à l'étranger Cadre de vie (impôt sur le revenu, autres dépenses, pollution, éducation)

3% 2% 1% 2%

2014

Protection efficace Q19a : Quelle est l'efficacité de la protection intellectuelle mise en place ?

2013

2014 7%

Très efficace

7%

connexions HIVER 2014-2015

Efficace

53%

41%

56

5%

Inefficace

Efficace

45%

6%

Très efficace

36%

Très inefficace

Inefficace

Très inefficace

L’étude sur le climat des affaires 2014 nous apprend que les membres de la CCIFC ont dû faire faire aux mêmes défis qu’en 2013 dans un climat d’inquiétude croissante vis-à-vis de ralentissement économique chinois. Contrairement aux PME, les plus grosses structures étaient mieux équipées pour faire face à ce nouveau défi majeur. Néanmoins, même si les entreprises évoluent dans un contexte dégradé, elles restent très optimistes envers les opportunités offertes par le marché chinois et prévoient de maintenir leurs investissements.


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Actualités de la Chambre | Trophées 2014

Les entreprises

Valeo et A.S.Architecture-Studio primées aux Trophées France Chine 2014

E

n cette année de célébration du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine, très riche en événements, les entreprises françaises sont à l’honneur. Le cabinet de conseil OC&C Strategy Consultants, en collaboration avec la Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France, la Chambre de commerce et d’industrie France Chine (CCIFC), et Premier Cercle, ont souhaité créer les « Trophées France Chine » afin de soutenir les entreprises françaises et de les encourager sur le marché chinois. Ils mettent en lumière chaque année

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les entreprises françaises connaissant un parcours remarquable en Chine. Vingt-six grandes entreprises et dix PME ont ainsi été nominées depuis 2012. Elles sont venues partager leurs enseignements dans le cadre des soirées-conférences Trophées France Chine. Pour cette troisième édition, il a été décidé de mettre à l’honneur un grand groupe français et une PME française en octroyant deux trophées, celui de la Croissance et de l’Entreprenariat. Les Trophées France Chine 2014 de l’Entreprenariat ont été remis le 22 novembre 2014 à Pékin lors du gala de la CCIFC au Sofitel Wanda et ceux de la Croissance, le 25 novembre à Paris, à l’hôtel Potocki.

ENSEIGNEMENTS CLÉS

1. Les entreprises occidentales prennent la mesure de la complexité du marché chinois, qui tend à ralentir et se « normaliser »

La croissance chinoise ralentit, en ligne avec le 12ème plan quinquennal qui tablait dès 2011 sur +7 % de croissance du PIB par an à 2020 (contre plus de 10 % par an sur la précédente décennie). La Chine entre dans l’ère du « New Normal » décrite par les autorités comme une phase de croissance plus modérée mais plus qualitative. Ce faisant, elle s’apprête à relever un défi à la hauteur de son gigantisme : il s’agit de passer d’un modèle fragilisé par une double dépendance aux exportations à bas coût et aux investissements publics, à un modèle plus pérenne porté par le développement de la consommation intérieure, la tertiarisation de l’économie, et la montée en gamme de sa production (incluant l’internationalisation des grandes entreprises chinoises). Vaste programme, auquel il faut ajouter la maîtrise de son haut niveau d’endettement et du dégonflement de la « bulle immobilière ». Selon le baromètre 2014 de la Chambre de Commerce Européenne en Chine, une entreprise européenne sur deux estime que l’âge d’or est révolu pour les multinationales en Chine. Au premier rang des facteurs évoqués : le ralentissement économique, la montée en puissance des concurrents locaux – tout particulièrement des entreprises d’État – et bien sûr les défis RH (inflation des salaires, capacité à attirer et retenir les talents). Autre élément de complexité,

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Le Groupe Valeo, remporte le Trophée de la Croissance pour sa croissance exceptionnelle en Chine aussi bien en termes de chiffre d’affaires, de taux de croissance sur longue période que de stratégie d’alliances et la PME d'A.S.Architecture-Studio, remporte le Trophée de l’Entreprenariat pour son implantation ambitieuse et réussie en Chine. Le jury des Trophées salue également la trajectoire de 3 autres grands groupes français nominés pour leurs succès en Chine : Air France-KLM, bioMérieux, et Pierre Fabre. « Il est fondamental d’encourager les entreprises françaises à utiliser le tremplin chinois pour s’imposer mondialement. La mutation en cours du modèle chinois constitue une opportunité unique pour la France », souligne Serge Blanchard,

connexions HIVER 2014-2015

les autorités chinoises ont décidé de faire appliquer les lois anti-trust votées en 2008, avec beaucoup plus de systématisme donnant lieu à une multiplication des enquêtes et des sanctions en matière de pratiques tarifaires exagérément élevées ou de corruption. Le Far West est révolu : la Chine ralentit progressivement, se normalise et fait respecter ses règles.

2. Ne pas se tromper : la Chine va rester durablement au centre de l’échiquier

Elle pèse 1/8ème du PIB mondial. Mais surtout, elle va tirer près de 22 % de la croissance mondiale à horizon 2019, soit autant que l’ensemble des 24 premières économies dites « émergentes » (Inde, Brésil, Mexique, Indonésie, Russie, Egypte, etc.). Pour toute entreprise à vocation de leadership mondial, ne pas s’ancrer en Chine avec détermination revient à hypothéquer lourdement ses marges de manœuvre. D’autant plus que face aux défis qu’implique un tel élan, la Chine se transforme et ouvre au moins quatre sources d’opportunités majeures : l’essor de sa consommation intérieure, la poursuite d’un chantier d’urbanisation inégalé sur la planète, le doublement de son secteur tertiaire en 7 ans, et enfin des besoins énergétiques édifiants combinés à une attention croissante au développement durable.


DR

CCIFC

Fan CHENG, Vice-Président d'Air China Limited, reçoit le prix AECF de la Coopération Chine-France à Paris par Pierre-Antoine Gailly.

3.  La France est (très) en retard, l’Allemagne a creusé l’écart

Dans ce remarquable univers d’opportunités, la France accuse un retard inquiétant, notamment par rapport à l’Allemagne, qui exporte 4 à 5 fois plus vers la Chine, y a implanté 3 fois plus d’entreprises. Premier facteur d’explication, nous n’étions pas les mieux placés pour équiper le premier atelier du monde. Deuxième facteur, les ETI allemandes sont 3 fois plus nombreuses, généralement bien organisées et mieux capitalisées, ce qui leur permet d’investir plus facilement pour s’ancrer en Chine. Enfin, les Allemands font preuve de plus de pragmatisme au niveau collectif et individuel – une qualité qui semble manquer aux Français, du point de vue de nos amis chinois.

4. La mutation en cours du modèle chinois est une formidable opportunité de rattrapage pour la France

La mutation en cours du modèle chinois est une chance unique pour la France : elle constitue un puissant appel d’air pour nos dizaines de champions mondiaux et notre large palette d’expertises (grande consommation, urbanisation, tertiaire, énergie et développement durable). Il faut à présent tout mettre en œuvre pour éviter que cette opportunité inédite ne nous échappe. « Il y a urgence à réaffirmer notre ambition et nous remettre en ordre de bataille, au niveau collectif et individuel. Nous pouvons pour cela

DR

Jean-François TARRABIA, Directeur délégué R&D et marketing produits de Valeo, reçoit le trophée de la Croissance à Paris par Thierry de La Tour d'Artaise.

DR

Partner chez OC&C Strategy Consultants. Une analyse partagée par Pierre-Antoine Gailly, président de la CCIP-IDF : « La France doit accélérer en Chine et rattraper son retard. Les nominés des Trophées France Chine montrent la voie. Ils donnent espoir et confiance aux entreprises françaises désireuses de s’installer en Chine. » L’Association des entreprises de Chine en France (AECF) se joint à cet événement des Trophées France Chine pour remettre le Prix AECF de la Coopération Chine-France au groupe Air China. Ce prix met à l’honneur des acteurs chinois implantés en France ayant établi des coopérations gagnantes pour la Chine comme pour la France. Il avait récompensé l’an dernier les groupes Huawei et CGN.

Nicolas PAPIER, Directeur Chine de A.S.ARCHITECTURESTUDIO, reçoit le trophée de l'Entrepreunariat à Pékin, par Maurice Gourdault-Montagne, Ambassadeur de France en Chine.

Martin ROBAIN, Associé fondateur d'A.S.ARCHITECTURESTUDIO, reçoit le trophée de l'Entrepreneuriat à Paris par Pierre-Antoine Gailly.

nous inspirer du pragmatisme allemand, mais aussi prendre modèle sur la détermination, l’audace, et les stratégies d’alliance des nominés à ces Trophées France Chine » souligne Serge Blanchard, Partner, OC&C Strategy Consultants.

5.  Les géants chinois se développent dans tous les domaines, ouvrant des opportunités de rapprochement pour les champions français

La Chine est une terre de géants, où siègent déjà 95 des 500 premières sociétés du monde selon le dernier classement Fortune (contre 128 américaines, 57 japonaises, 31 françaises et 28 allemandes). Loin d’y voir une menace, certains de nos champions, parmi les plus forts et les mieux gérés, y voient l’opportunité de nouer des mégaalliances pour aller gagner ensemble en Chine et à l’échelle mondiale (à l’image d’EDF avec CGN depuis 1990, d’Auchan avec le taïwanais Ruentex depuis 2000, et plus récemment de Danone avec COFCO/Mengniu depuis 2011). « Ces géants chinois sont bien souvent en quête de partenaires étrangers pour les aider à relever trois défis majeurs : accélérer la montée en gamme (qualité, productivité), s’inscrire dans une logique de développement durable, et bien sûr s’internationaliser. Compte tenu de la maturité croissante des acteurs, il faut s’attendre à de plus en plus de fusionsacquisitions d’envergure, et à un retour en force des joint-ventures » estime Frédéric Fessart, Associate Partner, OC&C Strategy Consultants.

connexions HIVER 2014-2015

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Actualités de la Chambre | Trophées 2014 Trophée Entrepreneuriat 2014

Les deux nationalités française et chinoise sont représentées dans nos agences en Chine, un tiers des architectes sont Européens, l’équipe dirigeante se partage entre les deux cultures. Cela facilite la compréhension des besoins chinois ainsi que les échanges interculturels au bureau et avec les partenaires de AS. Architecture-Studio. • Autonomie de la structure de A.S.Architecture-Studio : Entreprise chinoise et capital étranger En faisant une WFOE (Wholly Foreign Owned Enterprise) en Chine, A.S.Architecture-Studio conserve son autonomie et l’éthique de l’entreprise. • Maintenir une clientèle chinoise / projets publics : installations culturelles d’importance Bonnes relations avec les responsables publics et le bureau de la planification urbaine dans toute la Chine. Reconnaissance du travail de A.S.Architecture-Studio en Chine, réalisations publiques et culturelles à Chongqing, Jinan, Shanghai et dans les provinces du Guangdong et du Guangxi. • être durable. • Transférer notre expertise européenne en Chine grâce à une plateforme de partenaires et consultants de A.S. Architecture-Studio. • Comprendre les médias sociaux chinois, la clé pour l’optimisation de notre communication et marketing.

Pourquoi la Chine ?

• Fondé en 1973 à Paris, A.S.Architecture-Studio définit l’architecture et l’urbanisme comme « un art engagé dans la société, la construction du cadre de vie de l’homme » dont les fondements se basent sur le travail en groupe et le savoir partagé, la volonté de dépasser l’individualité au profit du dialogue et de la confrontation, transformant l’addition des savoirs individuels en un potentiel créatif démultiplié. » • La présence d'A.S.Architecture-Studio à l’international est particulièrement marquée en Chine, avec deux bureaux permanents à Shanghai (depuis 2004) et à Pékin (depuis 2007) dirigés respectivement par Nicolas Papier et Li Shuwen. • La Chine emploie 70 architectes qui mettent en pratique la philosophie de l’entreprise en combinant mentalités et compétences françaises et chinoises.

chiffres clés

Monde

CA 2013 : 15 millions euros Bénéfice net d’exploitation : 2013 : 15 millions Effectif : 2013 : 190 personnes

Chine

CA 2013 : 3 millions euros Bénéfice net d’exploitation : 2013 : 10% Effectif : 2013 : 70 personnes

Une leçon à partager sur la Chine ? • Management Franco-chinois

Dates clés

1999

2001

2010

2012

1er bureau ouvert pour une durée d’un an

Lauréat du concours sur l’urbanisme lors de l’Exposition Universelle à Shanghai

Organisation du concours et de l’exposition “Jeunes architectes chinois”

2003

2004

2007

2013

2013

2014

Premier bâtiment construit en Chine: Wison Chemical Headquarters

Publication de “La ville écologique” en français et chinois

Ouverture à Shanghai du premier bureau permanent de A.S.Architecture-Studio

Martin Robain, fondateur et partenaire, se rend en Chine avec le Président François Hollande

Médaille d’or lors du Steel Prize pour la réalisation du siège de Wison Chemical à Shanghai (2003)

Trophée Croissance 2014 Pourquoi la Chine ?

chiffres clés

Valeo s’est implanté en Chine il y a vingt ans pour accompagner ses clients constructeurs européens et internationaux en Asie et Chine. La Chine est devenue depuis, le premier marché automobile du monde et le premier pays pour Valeo en nombre d’employés avec 15 000 personnes réparties dans 26 sites de production.

Monde

Quelle trajectoire en Chine ?

CA 2013 : 12.110 milliards d'euros Effectif : 79 500

Chine

CA 2013 : 12 milliards de RMB Effectif : 15 000

Dates clés

1994

Arrivée de Valeo en Chine

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connexions HIVER 2014-2015

2004

Notre objectif est de croître en Asie, dans tous les pays, au Japon, en Corée, en Inde, en Asie du Sud-Est et bien entendu en Chine. Nous avons créé en 1974 nos deux premières entreprises en Chine. La Chine représente un quart des prises de commandes de Valeo dans le monde aujourd’hui. Et 30 % de nos prises de commandes en Chine sont faites avec les constructeurs chinois.

Ouverture du premier centre de recherche à Wuhan

2012

Valeo acquiert une participation de 80 % dans le capital de la société d'éclairage Ruby Lighting du Groupe Chery

2013

Ouverture à Pékin du deuxième bureau permanent de A.S.Architecture-Studio Accord de cooperation avec Zhongnan Institute, Central-South Architectural Design Institute of Wuhan

En Chine 80 personnes sur 1000 possèdent une voiture versus 600 en Europe. Il y a donc un formidable potentiel de développement pour le marché automobile. Le principal atout de Valeo en Chine est d’être « chinois en Chine ». Nous produisons en Chine pour l’industrie chinoise, pour des voitures qui sont produites et vendues en Chine. Les sites de Valeo sont dans leur quasi-totalité dirigés par des collaborateurs chinois avec 24 directeurs d’usines chinois sur les 26 usines que compte le Groupe dans le pays. La Recherche & Développement de Valeo en Chine s’adapte avant tout aux besoins des consommateurs chinois qui recherchent des voitures avec des phares à LED par exemple, des voitures qui consomment moins aussi.

Une leçon à partager sur la Chine ?

Nous voulons développer des technologies en Chine pour la Chine. Et nous sommes persuadés que ce sont les dirigeants chinois qui développeront le mieux Valeo en Chine. Ce qui compte est de donner la possibilité aux employés sur place de croître, de grandir, de développer l’entreprise.

Ouverture de quatre nouvelles usines à Shenyang, Jingzhou, Tianjin et Wuxi, et extension de trois usines à Wuhan, Foshan et Nanjing

2014

20 ème anniversaire de Valeo en Chine et ouverture du plus grand site chinois de Valeo à Shanghai.


Actualités de la Chambre Nouveau logo pour la CCIFC !

a Chambre de commerce et d’industrie France Chine (CCIFC) a fait peau neuve, le 1er décembre 2014, en se dotant d’un nouveau logo, tout en prenant l’appellation de CCI France Chine. Cela marque le début d’une nouvelle étape en termes de stratégie de communication. La CCIFC est membre du réseau CCI France International, tout comme 112 autres chambres de commerce françaises à travers le monde, implantées dans 82 pays, elle s’offre ainsi un accès privilégié à un vaste réseau d’acteurs et de pratiques. En avril 2014, l’UCCIFE est devenue CCI France International, elle a adopté le logo des chambres de commerce locales françaises pour plus de cohérence dans sa communication. Les 112 membres répartis à

travers le monde ont, eux aussi, été invités à utiliser la même identité visuelle, afin de bien insister sur leur affiliation au réseau, matérialisant ainsi les liens, déjà existant, mais pas toujours visibles au grand public. La nouvelle identité visuelle a pour principal objectif de traduire la dynamique qui anime le réseau des CCI. Plus qu’une simple évolution graphique, ce nouveau langage visuel s’inscrit dans un dessein plus vaste, celui d’installer la marque CCI (Chambre de commerce et d’industrie) comme un acteur incontournable du paysage institutionnel et économique français. Le sigle CCI, élément central de cette nouvelle identité, est impactant, reconnaissable et mémorisable par tous. Il symbolise l’unité de la famille CCI et offre cohérence et constance au réseau.

Cette identité est la conjugaison de trois idées directrices :

une présence locale (l’ancrage multilocal qui est la force du maillage CCI)

un rouage essentiel (l’impulsion essentielle au fonctionnement d’un entreprise, d’un territoire ou d’une économie)

A noter que le changement pour l’appellation CCI France International, est uniquement valable pour le français, en anglais cela reste French Chamber of Commerce and Industry Abroad (FCCIA)

un rayonnement large (un élan innovant, qui rayonne sur l’ensemble des territoires). Ce sigle est le socle de la conquête d’une nouvelle notoriété. Il est la vitrine de la dynamique qui anime la famille des CCI afin de regagner une place forte dans les esprits. Les couleurs quant à elles, reflètent la dimension institutionnelle et étatique des CCI

connexions HIVER 2014-2015

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Actualités Business Services

Formations in-house aux entreprises

Service Recrutement de la CCIFC

Forte de sa longue expérience au service des entreprises françaises, la Chambre de commerce et d’industrie France-Chine, développe chaque année des prestations de plus en plus diversifiées afin de répondre à la demande, mais aussi afin de mieux s’adapter aux besoins du moment. Depuis 2004, la CCIFC organise, de façon indépendante ou en collaboration avec ses partenaires, une cinquantaine de formations professionnelles publiques et inhouse dont les thèmes abordent : le Management, la Communication, le Protocole, les Compétences en leadership, la Négociation, les Ressources Humaines, la Finance, la Vente, le Marketing le Développement personnel, les cours de langues etc. Toutes ces formations, destinées à ses membres et clients, sont dispensées en anglais et/ou en chinois. Le catalogue 2015 s’enrichit de nouvelles thématiques telles que : les relations de vente ; la gestion de projet : la négociation gagnant-gagnant ; la communication interculturelle et le management en Chine ; les 6 chapeaux ou les différentes façons de penser ; la gestion du temps et du stress ; la finance destinée aux managers et exécutifs non spécialisés ; la comptabilité de gestion ; ainsi que des cours d’anglais pour débutant. Parallèlement, la CCIFC s’implique aussi dans l’organisation de sessions in-house qui peuvent, soit reprendre les formations publiques ou alors être adaptées sur mesure, selon les demandes et objectifs des entreprises. Les entreprises nous ont manifesté leur confiance à travers différents témoignages.

D’après la Business Climate Survey 2014, environ 70 % des entreprises françaises ont l’intention d’embaucher plus de personnel en 2015. Les ressources humaines sont un enjeu majeur dans le monde des affaires. C’est pourquoi la CCIFC prend un soin tout particulier à aider ses membres dans le recrutement de personnel qualifié. Embaucher en Chine est une préoccupation majeure des entreprises tricolores implantées dans ce pays à l'économie prospère et à faible taux de chômage, trouver la perle rare n’est pas une mince affaire, cela nécessite une approche novatrice et une expertise pointue. Avec déjà plus de 10 années d’expérience dans le recrutement, les services RH de la CCIFC sont bien placés pour aider au recrutement des employés. La CCIFC est toujours proactive dans la recherche de nouveaux candidats, Chinois et Français, et est très présente en Chine lors d'évènements orientés RH comme des forums emplois, des jurys de sélection de candidats. De plus, la Chambre de commerce et d'industrie France-Chine a développé de nombreux partenariats avec des universités en France comme en Chine. « Le processus de recrutement est invisible pour nous, mais les profils proposés étaient en accord avec nos attentes » selon Guillaume Rosec, représentant en chef d’IER -filiale du Groupe Bolloré, spécialisée dans les solutions d’amélioration des flux des biens et des personnes. « Nous sommes conscients qu’il est difficile de trouver un candidat idéal, mais ceux proposés par la CCIFC avaient un profil intéressant, nous avons été absolument satisfaits », ajoute-t-il. Le recrutement du personnel qualifié se fait de la même manière qu’en France, nous nous attachons à bien connaître les réels besoins de l’entreprise avant de pouvoir proposer les candidats les plus appropriés. « Les profils proposés par la CCIFC sont toujours de bonne qualité. Je dois dire que le taux de succès est élevé grâce à la compréhension de la CCIFC des besoins contextuels et des affaires », d’après Richard Xu, gestionnaire des ressources humaines pour Mattel en Chine. « Le processus de recrutement est très bien pensé. Il va toujours avec la compréhension des besoins et la culture de l’entreprise. C'est vraiment une approche professionnelle » ajoute-t-il. « Le fait que la personne en charge du recrutement soit la même du début jusqu’à la fin, est vraiment appréciable », note Jenny Dong, HR & Admin Manager chez Andros.

témoignage

« Nous sommes ravis d’avoir choisi la CCIFC pour une formation de deux jours axée sur le « management team » avec la participation de dix responsables. L’animateur a rendu les sessions interactives très amusantes et informatives, pleines de défis, d’échanges et de rôles à jouer. Le retour que nous avons pu avoir des participants est très positif. A l’avenir, nous envisagerons de faire participer d’autres responsables à ce type de formation. » A B IG AIL LIU , HR Director, Thalès China

témoignage

« La formation interculturelle organisée par la CCIFC a été une vraie réussite pour mes équipes. La prise en compte de notre cahier des charges et les discussions en amont ont permis de construire un module "sur mesure". La qualité de l'intervenant: Anne-Claire de laVigerie, a été remarquable, dynamique, mettant en situation l'ensemble des intervenants, et permettant de prendre le recul nécessaire à la bonne compréhension des concepts étudiés. Le bilan de 2h effectué quelques semaines plus tard, a été également une des clefs de succès de cette formation. La salle mise à disposition par la CCIFC était parfaite, l'espace, le matériel, le coin pause sans oublier les très bonnes viennoiseries du matin. L'organisation et la logistique ont été irréprochables. En conclusion, la concept proposé par la CCIFC a été de haut niveau et a permis d'accéder à une efficacité de formation optimale. » Philippe T issot , Asia Division Director, CGR Jiaxing Plant

Manager

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témoignage

« Je suis impressionné par l’attitude et le service fourni par les équipes de la CCIFC. Ils ont toujours répondu avec précision aux demandes et d'une manière très professionnelle, avec toujours une attitude de "peut faire". Honnêtement, la CCIFC est l'un des canaux de recrutement des plus efficaces, que je conseille fortement. » R ichard Xu , Head of HR, Greater China, Mattel

connexions HIVER 2014-2015


HR SERVICES Recruitment and Training We know you, we know them French Chamber HR services: A qualified HR team, whenever you need it

▶ F ind the best talents ▶ Train your staff

Your Chamber team:

WWW.CCIFC.ORG

BEIJING Audrey REH BY rehby. audrey@ccifc .org Tel: +86 (10) 6 461 0260

SHANGHAI Noelle WU wu .noelle@ccifc .org Tel: +86 (21) 6132 710 0

CANTON Charlène WU wu .charlene@ccifc.org Tel: +86 (20) 2916 5526

SHENZHEN Yifei LUO luo.yifei@ccifc .org Tel: +86 (755) 8632 9726

JOB.CCIFC.ORG


Imagine China

Actualités Business Services

Place Sukhbaatar à la tombée de la nuit, Ulan Bator, Mongolie

FRENCH MONGOLIAN CHAMBER OF COMMERCE

Mission découverte en Mongolie A l’occasion de l’ouverture de la Chambre de Commerce Française en Mongolie, la CCIFC vous propose de découvrir ce fabuleux pays et ses opportunités économiques.

En trois jours, vous aurez l’occasion d’affiner votre connaissance du pays et de ses secteurs clés : les mines, la construction, l’énergie ainsi que l'agriculture. Le programme proposera des séminaires sectoriels, des rendez-vous BtoB, des visites d’entreprises ainsi que des sessions de networking avec la communauté d’affaires locale. Imagine China

Date de la mission : 30 mars au 1er avril 2015 Tarif : 16 900 RMB TTC (incluant hôtel et repas) Femmes Mongoles en costumes traditionnels durant le Naadam à Ulan Bator

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connexions HIVER 2014-2015

Contact : Guillaume Bonadei bonadei.guillaume@ccifc.org


Actualités des Antennes

Conférence de la communauté de CATIA en Chine

CCIFC

les 22 et 23 Octobre

Monsieur WANG Haofeng, Directeur Général Chine, prononçant le discours d'ouverture de la cérémonie

DASSAULT SYSTEMES apporte son soutient aux universités chinoises depuis plusieurs années. Cette année, dans le but de développer de nouveaux talents dans l’industrie du design en Chine, CATIA, un des produits de marque de DASSAULT SYSTEMES, a organisé une compétition 3DEXPERIENCE, la sixième édition Eco design.

Deuxième Conférence de la communauté de CATIA en Chine, organisée par les équipes de DASSAULT SYSTEMES Great China. Cette conférence a eu lieu dans le Sud de Chengdu les 22 et 23 Octobre 2014 et a permis de réunir ingénieurs, designers et autres pairs, soit plus de 300 personnes.

HR Workshop le 4 Décembre

CCIFC

Premier évènement organisé en commun avec la Chambre Européenne du Sud-Ouest de la Chine. Ce HR workshop a pris place à l’hôtel Crowne Plaza, le 4 Décembre 2014. Eric Tarchoune, fondateur, directeur général chez Dragonfly Group animait ce workshop. Une collaboration inter-chambre remplie avec succès que nous ne manquerons pas de renouveler.

Conférence Annuelle de Nactalia à Chengdu le 9 Décembre

CCIFC

成 都

CHENGDU

Madame July MENDEL, Responsable Marketing International chez Nutribio

Le 9 Décembre 2014, Monsieur le Consul Général ainsi que la CCIFC Chengdu ont apporté leur soutien à la Conférence Annuelle de Nactalia à Chengdu. Cette conférence a rassemblé la marque française de nutrition infantile Nactalia, le Groupe coopératif Sodiaal comprenant 14 000 producteurs de lait français, Nutribio, filiale de Sodiaal fabricant du lait infantile en France et leur partenaire chinois Century International Trading importateur et distributeur de NACTALIA en Chine. Plus de 350 distributeurs issus de Chengdu et de la province du Sichuan étaient présents à cet événement pour célébrer les bonnes performances de la marque Nactalia dans la région.

connexions HIVER 2014-2015

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Actualités des Antennes

Conférence

Groupe de travail

Avec le bureau de la sécurité publique de Shanghai le 4 novembre

CCIFC

上 海

SHANGHAI

Le 4 novembre dernier plus de 100 personnes ont assisté à une présentation des autorités de Shanghai sur les dernières évolutions de la réglementation des visas.

Petit déjeuner et séance de questions réponses avec Thierry Mariani

Groupe de travail propriété intellectuelle : Gestion de la propriété intellectuelle et sourcing en Chine – 25 Novembre Groupe de travail fiscalité : Présentation du nouveau guide des investissements étrangers en Chine et de l’actualité fiscale en France - 27 novembre Groupe de travail IT Telecoms: Présentation des innovations en matière de système de gestion des achats - 3 décembre Groupe de travail agroalimentaire : Présentation du nouveau label Carrefour Quality line, lancement de nouvelles filières garantissant la fraicheur des produits - 4 Décembre Groupe de travail communication et marketing : Présentation des nouveaux outils de communication et de marketing sur Wechat – 9 décembre Groupe de travail ressources humaines : Quelles sont les spécificités de la génération Y (personnes nées entre 1980 et 1995) dans le monde de travail en Chine.

Cocktail de Noël

le 6 novembre

CCIFC

CCIFC

le 11 décembre

En novembre et décembre une douzaine de réunions de groupe de travail et de clubs ont été organisées.

Plus de 150 membres de la chambre de commerce Française à Shanghai se sont réunis le 11 décembre dans les locaux de la CCIFC afin de célébrer les fêtes de fin d’année dans une ambiance chaleureuse.

CCIFC

Formation Executive Assistant

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connexions HIVER 2014-2015

Dernière formation de l’année 2014, la formation Executive Assistant entièrement dispensée en chinois, est destinée aux assistantes qui désirent acquérir et développer de nouveaux outils et techniques, afin de faciliter leurs tâches quotidiennes.


UGGC Avocats has moved. See our new address in Shanghai below Suite 1102, Building A, No. 388 Madang Road, SOHO FuxingPlaza Huangpu District, Shanghai 200025 Tel : (+ 8621) 6249 0302, Fax : (+ 8621) 6249 0501 Email : o.dubuis@uggc.com Site : www.uggc.com

Gala annuel de la CCIFC Shanghai

Principaux événements à venir de janvier à avril 4e Edition du GMP

au Shangri La Jingan le 23 Mai 2015

La CCIFC est heureuse de lancer la 4e édition du GMP au premier semestre 2015. Formation hautement qualifiante, certifiée par la CCI Paris Ile-de-France. Les professeurs, issus de l’ESCP Europe, dispensent les bases du management via 5 thématiques : Motivation d’Equipe, Management de Stratégie, Comptabilité et Analyse Financières, Management de Marketing et Leadership & Coaching.

CCIFC

Pour cette édition, la chanteuse Natasha SAINt-Pier se produira pour la première fois en Chine lors d’un concert privé.

Formations in-House

(en français, anglais et chinois) Afin de répondre aux besoins spécifiques des entreprises, la CCIFC propose des formations intra-entreprises. Grâce à nos formateurs et coachs professionnels spécialisés dans différents domaines tels que le Management, les RH, la Finance, la Vente, le Marketing, le Développement Personnel, etc., nous créons des programmes surmesure adaptés à vos besoins qui peuvent être dispensés au sein de votre entreprise ou à la CCIFC.

Cours de Chinois Particuliers La CCIFC, forte de ses professeurs chinois expérimentés et parfaitement francophones, vous propose des cours de chinois individuels, dispensés dans votre langue natale, à votre domicile ou sur votre lieu de travail, afin de vous permettre d’améliorer votre connaissance du chinois. Du niveau débutant au niveau avancé, les cours particuliers vous garantissent un apprentissage sur mesure correspondant à vos attentes. Vous souhaitez vous concentrer sur l’écrit, l’oral, sur le chinois de la vie quotidienne ou de la vie professionnelle, nos professeurs s’adaptent à vos besoins. Contact : Anthony LOPEZ, sh-training@ccifc.org 86 (21) 61327120

connexions HIVER 2014-2015

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Actualités des Antennes

CCIFC Beijing Gala Diner 2014 le 22 novembre

CCIFC

北 京

PEKIN

Cette année le Gala de la CCI France Chine a rassemblé plus de 500 invités au Sofitel Wanda Beijing. Sous le thème « 2064 », la soirée était une occasion pour nos invités d’imaginer ensemble le monde en 2064…lorsque nous fêterons le 100e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sinofrançaises !

Dans une ambiance conviviale, les invités ont pu apprécier un repas créatif et les spectacles magnifiques de DJ Fly, de la chorégraphe et danseuse Shi Jingxin et de nombreux cadeaux de tombola. Nous remercions chaleureusement nos sponsors et partenaires pour le soutien précieux qu’ils ont apporté au Gala 2014.

Première rencontre « Ambassador’s brief » le 28 novembre

La CCIFC, en partenariat avec le Service Economique Régional de l’Ambassade, a eu le plaisir d’organiser à l’attention de ses membres la première édition de « l’ Ambassador’s brief » le vendredi 28 novembre dernier. S.E. M. Maurice Gourdault-Montagne, Ambassadeur de France en Chine, a ainsi convié une soixantaine de dirigeants d’entreprises françaises en Chine membres de la Chambre à une rencontre informelle pour évoquer ensemble la relation franco-chinoise et les moyens de la renforcer. Qu’est-ce que l’ Ambassador’s brief ? L’ Ambassador’s brief réunit autour de l’Ambassadeur de France en Chine les membres de la communauté d’affaires française, des sociétés chinoises partenaires ou ayant des

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connexions HIVER 2014-2015

intérêts en France dans une discussion informelle. L’ Ambassador’s brief c’est un réseau, c’est un moment d’échanges et d’information avec la communauté d’affaires franco-chinoise sur les derniers développements du partenariat bilatéral. L’ Ambassador’s brief, c’est un dialogue informel, nourri et constructif entre les acteurs majeurs de notre partenariat économique et l’Ambassade de France, c’est réfléchir ensemble aux perspectives de la relation, c’est être plus forts ensemble. Cet échange s’est déroulé en français avec interprétation simultanée en Mandarin et a été hautement apprécié par les participants. Rendez-vous est donc pris pour une prochaine édition en début d’année 2015 !


Cocktail de Noël

Création du Club Government Affairs à la CCIFC Pékin

CCIFC

le 15 décembre

Le traditionnel cocktail de Noël de CCI France Chine s’est tenu à Pékin le 15 décembre au bar Enoterra Sanlitun. Dans une ambiance chaleureuse, les invités ont savouré de bons vins de Bordeaux, du vin pétillant italien, de savoureuses charcuteries d'Enoterra et de délicieuses pâtisseries Comptoirs de France. Nous avons eu le plaisir de célébrer les fêtes de fin d’année avec la Communauté d'affaires franco-chinoise à Pékin.

En septembre dernier, suite à l’impulsion donnée par plusieurs directeurs des Affaires Gouvernementales d’entreprises françaises en Chine, la CCIFC a décidé de créer un Club « Government Affairs » dont la vocation est de réunir, 6 fois par an environ, les représentants de cette fonction au sein des entreprises membres de la Chambre, autour de thématiques définies par les participants. L’objectif du Club de l’antenne de Pékin, présidé par Monsieur Bruno Gensburger, External Affairs Director - Sanofi (China) Investment Co., Ltd. et Vice-Président de la CCIFC, est d’échanger et de partager les bonnes pratiques afin de servir au mieux le développement des entreprises françaises en Chine, dans un environnement des affaires qui se complexifie. Le thème de la première réunion qui s’est tenue le 14 octobre était « entreprises et règles d’éthique : quel environnement ? », thème traité par Monsieur Thierry Labarre, Senior Founding Partner – Mazars. La deuxième réunion a eu lieu le 16 décembre et a donné lieu à un échange sur les points d’actualité des différentes entreprises présentes. Ce nouveau Club, coanimé en langue chinoise par Bruno Gensburger et Claire Zhang, Government Affairs Director – CCIFC est très apprécié et voit son audience grandir à chaque nouvelle rencontre.

CCIFC

CCIFC

Service Domiciliation Pékin Les bureaux de la CCIFC à Pékin mis à la disposition des entreprises et institutions françaises rencontrent un franc succès ! Nous atteignons 100 % de taux d’occupation depuis le 1er septembre 2014, et sur l’ensemble de l’année, ce taux a atteint une moyenne de 94 %. Nous avons eu le plaisir d’accueillir plusieurs nouveaux locataires durant l’année 2014 : nos derniers arrivants en ce début d’année, à qui nous souhaitons une chaleureuse bienvenue, sont DR COM le 1er janvier, et Signature le 1er février.

connexions HIVER 2014-2015

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Actualités des Antennes

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connexions HIVER 2014-2015

Le Beaujolais Nouveau 2014 est arrivé en Chine du Sud ! La Chambre de commerce et d'industrie France Chine, en partenariat avec le Consulat Général de France à Canton, a célébré le vendredi 21 novembre 2014 l'arrivée du Beaujolais Nouveau au Sofitel Guangzhou Sunrich. Le nouvel élixir rouge, produit par Georges DUBOEUF et servi par Grandgle, a réuni dans une ambiance conviviale et gastronomique plus de 600 invités. Ce rendez-vous universel représente pour les communautés française et chinoise une occasion unique de se retrouver autour d'un verre du vin primeur. La célébration du Beaujolais Nouveau est non seulement le résultat d'un réel désir des vignerons et commerçants à développer le vignoble, mais aussi un engagement des professionnels et amateurs pour la convivialité de ce vin si réputé. Le Beaujolais Nouveau, vin rouge produit essentiellement à partir du cépage gamay dans le vignoble du Beaujolais, est le vin de primeur le plus populaire. Sa commercialisation est autorisée immédiatement à la fin de la vinification ; il est mis en vente le troisième jeudi de novembre. Évènement fondamental et historique français, la fête du Beaujolais Nouveau permet aux producteurs du monde entier de présenter leurs dernières vendanges. Pour aller de pair avec le vin, un menu voulu traditionnel français composé, entre autres, de rillettes de porc, de purée de pommes de terre, de hachis Parmentier, de mousse de foie de canard à la truffe, accompagnés de la fameuse baguette et de moutarde de Dijon, fut concocté par Nicolas VIENNE, chef français du Sofitel, a été servi sur les buffets. Un défilé de mode, mis en scène par les créateurs de la marque de prêt-à-porter Single Life DS et grâce aux mains expertes des coiffeurs et maquilleurs de l’Image et So’o, a ainsi ravi tous les participants. De plus, un stand tenu par Grandgle, permettait également aux amateurs de Cognac et de whisky de déguster diverses notes de spiritueux. Puis, les plus chanceux de la soirée ont remporté de nombreux et fabuleux cadeaux durant le tirage au sort, offerts par le généreux partenaire du dîner du Beaujolais Nouveau 2014 : Qatar Airways avec un billet d'avion aller-retour au départ de Canton vers

DR

le 21 novembre

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中 国 南 部

canton

n’importe quelle destination. Le dîner du Beaujolais Nouveau est aussi un lieu de rencontre pour de nombreuses entreprises désirant diversifier et étendre leurs activités. Rassemblées autour de tables de banquet, beaucoup d'enseignes, internationales et de TPE, ont eu l'opportunité de représenter leur industrie et d'échanger de manière productive. Une quarantaine de tables étaient réservées pour permettre aux invités de profiter pleinement de cette délicieuse soirée dans une ambiance adéquate aux échanges professionnels. Cet exceptionnel évènement annuel a été réalisable grâce au chaleureux soutien de tous les loyaux partenaires de la CCIFC tels que Sofitel Guangzhou Sunrich, Wine Magazine, Extruflex, GAC Sofinco, CYTS, Pullman Baiyun Airport, SLA, SDV, Albar, Easybox, Maison Délice, MBA EM Lyon et Schmidt. C’est dans une ambiance de partage et de dégustation que les verres de vin ont alors résonné en Chine du Sud. Santé !


Dîner de Noël 2014

SLA

le 11 décembre

Le Père Noël est sur les routes de la Chine du Sud ! C’est lors du dernier InterChambre Networking Drinks de l’année, tenu le jeudi 11 décembre 2014 au Grand Hyatt Guangzhou, que petits et grands, ont savouré un délicieux buffet de Noël. Cet évènement, unique en son genre, fut un réel succès, grâce à l’étroite coopération entre les Chambres de Commerce Britannique,

Française et Allemande, qui ont rassemblé plus de 300 personnes sous les flocons de neige de Canton. Le groupe live ‘5 sense’ a enflammé la scène avec ses rythmes endiablés et les heureux gagnants du tirage au sort sont repartis avec, entre autres, un Iphone 6 offert par China Unicom et des cartes de membres British Airways. Kaikam a régalé les participants avec ses vins, Happy Monk a réchauffé l’ambiance avec ses cocktails alors que Maison Délice tempérait grâce à ses 16 saveurs de crème glacées. Finsta, San Miguel et Hofbräuhaus München ont eux aussi étanché quelques soifs en offrant liqueurs et bières à volonté. Enfin Backstube illustrait parfaitement le buffet de Noël avec ses traditionnels bretzels. Cette soirée magique a été rendue possible grâce au soutien de l’école Internationale de Canton (ISA) et SLA Video Factory. C’est donc dans la joie et la bonne humeur que toute l’équipe de la CCI France Chine vous souhaite une excellente année 2015 !

SHENZHEN

Le Beaujolais Nouveau 2014 est arrivé à Shenzhen le 22 novembre

Le Beaujolais Nouveau 2014 est arrivé en Chine du Sud ! La soirée organisée par la Chambre de commerce et d’industrie France Chine au sein du Shangri-La Hotel Shenzhen le 22 novembre 2014 a été couronnée de succès. Le nouvel élixir rouge, produit par Georges Duboeuf et servi par Grandgle, a réuni dans une ambiance conviviale et gastronomique plus de 500 invités. Le mobilier antique présenté par Long Life Museum a fait découvrir l’histoire et la culture française à nos convives. Durant la célèbre soirée annuelle de la CCIFC, nos invités d’honneurs, M. Thierry MARIANI, le député des Français de l'étranger, ancien Ministre des transports, M. Bertrand FURNO, le Consul Général de France à Canton et Mme Vaizoue HUYNH, vice-présidente de la CCIFC ont chacun, tour à tour, pris la parole. Afin de divertir les invités, des jeux autour du vin ont été organisés par Grandgle : "Guess Who I Am" et "Blind Tasting", chaque gagnant a remporté une bouteille de vin; une série de représentations de danse, de piano et de chanson par Marguerite, l'école de musique; un tirage au sort avec 20 différents lots, dont un billet d’avion aller-retour de Hong Kong vers l’Europe offert par Cathay Pacific, et de nombreuses autres surprises ont été offertes tout au long de l'événement. La soirée s'est conclue par un Grand Ballroom transformé en piste de danse sous les pas de nos merveilleux convives. C’est grâce au précieux soutien de nos partenaires et sponsors que nous avons pu atteindre ce résultat: le Consulat Général de France à Canton, Grandgle, Georges DuboEuf, Shangri-La Hotel Shenzhen, Wine Magazine, EDF, Cathay Pacific, Sanofi Pasteur, Carrefour, Maison délice, SDV, Shekou International School, Joytrain, Long Life Museum, Maguerite, Eurocave, Beauty Farm, Kempinski Hotel Huizhou, The Langham Shenzhen, TTF, Omate, Easybox et Tannet.

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Actualités des Membres

Fort d’une expérience reconnue en matière « d’extension de garantie mécanique » pour le secteur automobile en Chine, Allianz Global Assistance propose une solution d’extension de garantie couvrant les produits électroménagers. Commercialisée à Hong-Kong par l’un des acteurs majeurs de la grande distribution, cette initiative participe, pour notre partenaire, d’une stratégie de différentiation fondée sur la qualité de service. L’évolution du comportement des consommateurs chinois alimente, à moyen terme, un marché porteur pour ce type de services. Voiture, réfrigérateur, climatiseur, écran plasma… de plus en plus de ménages chinois possèdent désormais ces équipements si précieux. L’intérêt récent pour les produits de consommation en Chine a conduit Allianz Global Assistance Chine (AGA, anciennement Mondial Assistance) à lancer en 2014 une gamme d’extension de garanties automobile – et ensuite pour l’équipement ménager – sur tout le territoire, ceci 10 ans après que la compagnie a été précurseur dans les services d’assistance en Chine. Ces produits offrent au client une ou plusieurs années supplémentaires de couverture à la suite de la garantie initiale du constructeur. Les « experts sinistres » d’extension de garantie AGA ont pour objectif de fournir au client un accord de principe dans les 2 heures, alors que les sinistres d’assurance exigent d’ordinaire un jour en cas d’accident de voiture. Ensuite, AGA valide le dossier en se basant sur une description détaillée de l’incident et un diagnostic technique. La réparation des produits couverts s’organise au travers de son réseau de prestataires ou de concessionnaires, entièrement gratuitement pour le client. L’évolution du comportement des consommateurs chinois à l’ère du numérique et le faible niveau de satisfaction client alimentent un marché porteur de risques mais aussi d’opportunités. De plus en plus versatiles, ils aspirent aujourd’hui à bénéficier d’une gamme complète de services d’assistance et d’assurance liés aux biens électroménagers et électroniques. Grâce à un produit au bon rapport qualité-prix coûtant moins de la valeur de 2 services annuels de maintenance automobile, les services d’extension de garantie d’AGA confortent le slogan « Aider les gens partout et tout le temps » et vont même au-delà en garantissant à leurs clients l’esprit tranquille au quotidien.

Allied Pickfords a remporté le prix de “L’Entrerprise de Déménagements internationaux de l’Année” au FEM (Forum for Expatriate Management) pour la deuxième année consécutive Asie Pacifique – (le 4 Décembre 2014). Allied Pickfords, un des plus grand fournisseurs mondiaux de services de déménagements, faisant partie du Groupe SIRVA Worldwide, Inc. a reçu un prix de la part des EMMAs (Expatriate Management and Mobility Awards) au Forum FEM pour la zone Asie Pacifique. Allied Pickfords a remporté le prix de “L’Entrerprise de Déménagements internationaux de l’Année” pour son utilisation des technologies et sa communication accentuées vers la responsabilisation sociale et les employés et continue d’être un acteur majeur au sein de l’industrie de la mobilité internationale. Il s’agit de la deuxième année consecutive qu’Allied Pickfords remporte ce prix. Le FEM a aussi récompensé Alice Chan dans la catégorie “Global Mobility Rising Star of the Year”. Alice tient la fonction d’ “Implementation Manager” au sein de SIRVA Asie / Moyen Orient. Le Forum FEM accueille chaque année les EMMA’s pour promouvoir l’excellence dans la mobilité internationale. Ces prix sont décernés par un jury indépendant représenté par des leaders et dirigeants de l’industrie de la Mobilité internationale.

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EPEROFFICE, un nouveau service pour améliorer le quotidien des professionnels en Chine ! Fondé en 2011, Epermarket est un supermarché en ligne qui apporte aux expatriés de Shanghai les saveurs de France et d'ailleurs! Le lancement de la livraison à l'échelle nationale en décembre dernier, marque un nouveau tournant pour la société. Epermarket est toujours resté à l’écoute de ses clients, et en raison d’une demande croissante pour une solution B2B, l’enseigne a décidé de créer Eperoffice, une plate-forme dédiée aux entreprises chinoises et étrangères. Cette offre Eperoffice est variée, avec des prix très compétitifs, et correspond à 100 % aux besoins des professionnels en Chine. Ce service comprend différents plateaux repas pour vos déjeuners et vos réunions, un prêt gratuit de machines à café pour votre entreprise, une plateforme d’achat pour vos besoins en papeterie et plus encore. Apporter de l’attention à ses équipes reste un enjeu majeur de la performance en entreprise ! Epermarket vous propose de mettre en place une prestation qui améliorera le bien être de vos salariés sur leur lieu de travail. Ce service est bien plus qu’une initiative commerciale, elle a été créée dans l’optique d’accompagner les expatriés tout au long de leurs séjours à l’étranger. Avec Epermarket, restez concentré sur vos missions professionnelles et ne vous préoccupez plus du reste !


Comptoirs de France : beaucoup de nouveautés pour 2015 : design, packaging, menu, équipe... et nouvelle boutique au Kerry Center ! Mais toujours la même qualité de produits faits maison et sans conservateur à base de matières premières importées. Comptoirs de France s’efforce depuis près de 10 ans de fournir à ses clients la même qualité de produits que si vous étiez dans une bonne maison en France. Aujourd’hui, Comptoirs de France a 12 Boulangeries de tradition dans Pékin, 1 Boulangerie à Tianjin et l’ambition de se développer dans plusieurs villes de Chine. Venez visiter notre dernière boutique au Kerry Center, une surprise vous y attend ! Depuis 3 ans, nos chefs français mettent au point une gamme de sandwiches, paninis, salades qui est aujourd’hui distribuée dans toutes nos boutiques. Pour le business lunch, pour le brunch du week-end, pour offrir une boîte de chocolats, pour les petites et grandes occasions, pour les grosses ou les petites faims... CDF est là ! Pour les entreprises et les particuliers nous avons créé il y a maintenant 4 ans un département banquet/catering (Vous pouvez contacter : Events@ fameiwei.com ) Nos propositions vont de la livraison de petits canapés pour 10 personnes à la mise en place d’un événement de 400 personnes. Pour plus d’informations, vous pouvez visiter notre site internet : www.comptoirsdefrance.com

Dragonfly Group, associé Chine de Praxi Alliance, réseau international de chasseurs de têtes et de conseil en ressources humaines, a organisé le premier sommet de l’Alliance en Chine les 17-18 octobre derniers à Shanghai. Ce fut l’occasion pour les membres de Praxi Alliance d’être confrontés aux problématiques rencontrées par les entreprises étrangères en Chine (Ressources Humaines et Opérations notamment) ainsi que de comprendre la globalisation des entreprises chinoises lors de table-rondes réunissant des dirigeants européens, chinois, américains et australiens. Praxi Alliance crée en Europe (Allemagne, Benelux, Danemark, Finlande, France, Espagne, Italie, Norvège, Pologne, Royaume-Uni, Russie, Suisse, Suède), est également représenté aux Etats-Unis, au Brésil, en Argentine, en Australie, en Chine, à Hong Kong, en Inde et se développe vers d’autres pays. Dragonfly Group dont le siège chinois est à Shanghai est présent à Pékin, Shanghai, Chengdu, Wuhan, Guangzhou, Shenzhen, Hong Kong ainsi qu’ à Paris et dispose d’un vaste réseau de partenaires en Asie-Océanie : Australie, Cambodge, Corée, Inde, Indonésie, Japon, Laos, Malaisie, Myanmar, Singapour, Thailande et Vietnam.

Névo, la première montre connectée minimaliste, s’allie à Sunpartner Technologies, pour la réalisation d’une version solaire autonome de sa montre connectée Névo propose une montre au monde alliant mécanisme d’horlogerie de précision Suisse, des capteurs d’activité physique et le suivi des notifications d’appels dans un design minimaliste élégant, pour ceux qui veulent allier mode vie sain et style. Cette collaboration va permettre d’optimiser et commercialiser d’ici mi-2015 une version à énergie solaire de la montre connectée névo. La promesse d’autonomie extra longue durée - même en usage fréquent des capteurs d’activité et de santé intégrés! - est rendue possible grâce aux performances énergétiques des solutions Wysips®. « Lors du développement de la névo, nous avons attaché une grande importance à la durée de la batterie. Nos technologies nous ont permis d’épargner à nos utilisateurs l’obligation de rechargement journalier, mais nous voulions chercher plus loin. C’est avec ce concept que l’idée de solaire autonome surgit. Avec Névo Solar, nos utilisateurs n’auront jamais à se soucier d’un chargement de batterie » s’enthousiasme Sébastien Druvent, co-fondateur de Névo.

TONGJI-ESCP Executive MBA L’Executive MBA créé en partenariat entre l’université de Tongji et l’ESCP est le 6ème partenariat dans le monde pour l’ESCP. Dans un esprit d’innovation et depuis 40 ans, l’ESCP a été la première école de commerce à offrir des formations transfrontalières grâce à des partenariats avec les universités de Paris, Londres, Berlin, Madrid et Turin. Le campus de Shanghai permet aux dirigeants des entreprises implantées en Asie d’avoir accès aux formations de l’ESCP. Classement mondial du Financial Times : N ° 2 mondial pour l’expérience international des cours ; N ° 16 dans le classement mondial des Executive MBA 2014. Fondée en 1819, l’ESCP Europe est la plus ancienne école de commerce dans le monde et est considérée comme l'une des meilleures écoles de commerce en Europe. Elle est classée en France comme l'une des trois grandes écoles de commerce. Son programme de maîtrise en gestion est toujours classé dans le top trois au niveau mondial. L'ESCP est l’une des rares écoles à être certifiée à la fois par EQUIS, AMBA et AACSB. Au cours de ses 200 ans d'existence, de nombreuses célébrités ont suivis les formations de l'ESCP, dont l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin.

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Décryptage | Une des médias

REN AU D DE SP E NS

A la fin de 2014, certains analystes ont affirmé que la Chine était désormais la plus grande économie du monde, détrônant les Etats-Unis qui avaient gardé ce rang pendant 142 ans. Malgré quelques voix discordantes mettant en doute la validité des statistiques chinoises, ou encore pointant que rapportée à la population du pays, l’économie chinoise était encore 5 fois moins importante que celle des Etats-Unis, et à peine au niveau de celle du Turkménistan, l’annonce a été largement relayée dans la presse occidentale. Elle est cependant restée assez discrète dans les media chinois.

La plus grande économie du monde va-t-elle s’effondrer ?

S

i l’on met de côté les communiqués officiels de l’agence Chine Nouvelle, c’est plutôt l’inquiétude qui domine dans les éditoriaux de la presse économique du pays. Ainsi, pour l’économiste Li Xunlei, auteur d’une tribune dans le Nanfang Zhoumo du 15 janvier, l’économie chinoise oscillera en 2015 dans une marge étroite, menacée à la fois par la déflation et l’éclatement des bulles. Pour Li Xunlei, au diapason de la plupart de ses confrères, 2015 est l’année cruciale du premier mandat de Xi Jinping, celle qui porte le plus d’attentes en terme de réformes et de restructurations économiques. En effet, chacun reconnaît que le moteur de la crois-

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Chacun reconnaît que le moteur de la croissance est désormais bien essoufflé, et que le pays fait désormais face à de fortes pressions sur l'activité. En décembre 2014, l'indice de production manufacturière (PMI) est tombé à 50,1.

sance est désormais bien essoufflé, et que le pays fait désormais face à de fortes pressions sur l’activité. En décembre 2014, l’indice de production manufacturière (PMI) est tombé à 50,1. C’est déjà la troisième fois depuis 2010 qu’il approche voire passe en dessous de 50, qui est le seuil de la récession, tandis que l’inflation est particulièrement basse (1,5 % en décembre), que le prix du porc chute, et que l’immobilier semble aller vers une baisse au premier semestre de 2015 : tout indique que le taux de croissance en 2015 sera encore inférieur aux 7,3 % de 2014. 7 000 milliards de RMB En réponse, taraudé par la hantise d’une hausse du chômage qui risquerait d’engendrer des désordres sociaux, le gouvernement chinois a décidé d’injecter 7 000 milliards de RMB dans l’économie. Peut-on s’attendre à un effet semblable au plan de relance de 2008, qui totalisait 4 000 milliards de RMB ? Li Xunlei est sceptique. La situation s’est en effet fortement dégradée depuis. Les prix immobiliers ont continué à monter, la croissance de la dette des autorités locales n’a pas pu s’enrayer, et le ratio d’endettement des entreprises


Imagine China

par rapport au PIB est le plus élevé au monde. Cela veut dire, que contrairement aux ÉtatsUnis par exemple où une baisse du marché immobilier est intervenue dès l’éclatement de la crise financière, le levier économique chinois qui peut transformer des investissements en croissance est désormais très haut, tandis que le risque d’éclatement de bulles spéculatives augmente. D’autant que d’autres facteurs moins connus témoignent de la fin du modèle de croissance structurelle chinoise et jettent une ombre sur les espoirs d’une activité maintenue grâce à la demande intérieure. Li Xunlei montre ainsi que la consommation électrique des ménages chinois n’a crû que de 2 % sur les onze premiers mois de 2014, à une vitesse qui n’est plus qu’une fraction infime de ce qu’elle était quelques années auparavant. Cela indiquerait un phénomène allant bien au-delà de la déflation ou le ralentissement industriel : la fin de la grande vague d’urbanisation du pays. En 2010, il y avait encore 12 millions de migrants qui quittaient leur campagne pour travailler dans les villes. En 2013, ils n’étaient plus que 6 millions. La Chine serait donc désormais entrée dans une ère de post-urbanisation. La démo-

La consommation électrique des ménages chinois n'a crû que de 2 % sur les onze premiers mois de 2014, à une vitesse qui n'est plus qu'une fraction infime de ce qu'elle était quelques années auparavant. Cela indiquerait un phénomène allant bien au-delà de la déflation ou le ralentissement industriel : la fin de la grande vague d'urbanisation du pays.

graphie amplifie le poids de ce facteur sur les marchés : en 2015, la tranche d’âge 25-44 ans de la population, c’est à dire celle qui est la plus à même d’acheter, va commencer à diminuer pour la première fois. Déficit budgétaire C’est pourquoi Li Xunlei affirme que les 7 000 milliards de RMB d’investissement annoncés pour les sept grands projets définis en septembre 2014 ne pourront pas avoir un impact déterminant pour sortir du risque déflationniste. Déjà, les dépenses réelles de l’Etat s’étaleront sur quelques temps, diluant ainsi leur effet, et les autorités locales, endettées et de plus en plus contrôlées, n’auront pratiquement plus de possibilité d’investir dans le sillage de ces grands projets, réduisant tout effet de levier. Pour tenter de compenser, la plupart des économistes préconisent de baisser encore les taux d’intérêt. Le déficit budgétaire chinois atteindra par ailleurs probablement les 1 650 milliards de yuan en 2015, en augmentation de 300 millions par rapport à 2014. Cependant, malgré ces inquiétudes encore avivées par l’affaiblissement des exportations, 2015 sera probablement encore une bon cru pour les entreprises chinoises affirme le chercheur Song Guoqing au Shanghai Daily. En effet, la baisse du chiffre d’affaires sera compensée par l’effondrement des prix des matières premières, hydrocarbures, minerais de fer et cuivre notamment. Selon Ma Jun, chef du bureau de recherche de la Banque Populaire de Chine, ces réductions de coûts pourraient même offrir jusqu’à 0,12 % de croissance au PIB de 2015. Toutefois, pour Li Xunlei, ce répit inespéré a aussi le risque de faire retarder la prise de conscience de la nécessité d’ajustements structurels de l’économie et des entreprises chinoises. Il estime que seule une politique de réformes vigoureuses peut faire baisser le levier économique chinois et dégonfler les bulles spéculatives. Pour 2015, les deux axes principaux des réformes dirigées par Xi Jinping continueront à être la privatisation des entreprises publiques locales, pour libérer les collectivités locales d’une partie de leur dette, et la lutte anticorruption, pour tenter de les contrôler plus étroitement. Beaucoup d’économistes chinois craignent cependant que leur impact reste trop en surface et souhaitent un changement plus profond du système. Li Xunlei, prenant acte que le ralentissement de la croissance en 2015 est probablement impossible à éviter, va même jusqu’à la considérer comme une opportunité afin de pousser à plus de réformes : l’espoir d’une mutation réussie de l’économie chinoise, affirme-t-il, se nourrira aussi de la diminution de la croissance du pays. R E N AUD D E S P E N S

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Décryptage | Clichés

A rchitectures

Pavillon France de l’exposition universelle de Shanghai

L’ Airbus Delivery Center

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année 2015 sera en grande partie consacrée aux questions environnementales et climatiques, avec en ligne de mire, la tenue de la conférence Paris-Climat 2015. L’Institut français de Pékin a décidé de présenter, en prémices au mois francochinois de l’environnement du 5 juin au 5 juillet 2015, le travail de l’agence Jacques Ferrier, qui se distingue par la volonté de créer une architecture et une ville pour une société durable. Pour cette agence, l’une des premières à intégrer les panneaux photovoltaïques dans ses constructions, les critères environnementaux sont indissociables de tout projet architectural, ils doivent être intégrés à la réflexion, de même que la prise en compte des facteurs humains et urbains. Jacques Ferrier, architecte et ingénieur diplômé de l’Ecole centrale de Paris, ne peut dissocier l’architecture de l’innovation technique. Après des débuts à Londres au sein du cabinet de Norman Foster, Jacques Ferrier fonde

© Jacques Ferrier Architectures - image Ferrier production

© Jacques Ferrier Architectures - photo Dominique Viet

L’Institut français de Pékin proposera la première quinzaine du mois de mai 2015 une rétrospective du travail de l’agence Jacques Ferrier Architectures, qui présentera une dizaine de projets récents, réalisés en France et en Chine.

©Jacques Ferrier Architectures - photo Luc Boegly

Un regard réciproque

Lycée français international de Pékin


© Jacques Ferrier Architectures - photo Luc Boegly © Jacques Ferrier Architectures

Siège social de Piper-Heidsieck

Maquette de la future gare du Grand Paris

sa propre agence à Paris en 1990 afin de réaliser des constructions qui ressemblent à celles de son imagination. Son premier bâtiment, le centre de recherche des matériaux de l’école des Mines à Evry a reçu le prix de la première œuvre du Moniteur. Depuis, il enchaîne les constructions de bâtiments publics, équipements culturels, bureaux, centres de recherche, logements, projets de développement urbain avec la même approche pragmatique et écologique. Il se refuse à créer une architecture spectacle, ce qui l’intéresse, c’est l’étude des changements radicaux des modes de vie urbain et la nécessité pour ses constructions de procurer du plaisir à leurs utilisateurs, de leur offrir une véritable qualité de vie. La vision humaniste de Jacques Ferrier l’a amené à développer, notamment pour le Pavillon français de l’exposition universelle de Shanghai, le concept de « ville sensuelle », un thème de réflexion qu’il développe au sein du Sensual City Studio, un laboratoire d’idées et de prospection. Cet architecte voyageur aime réfléchir sur son métier, analyser les mutations de l’architecture, de la ville et du design, et proposer de nouvelles façons de vivre ensemble. L’agence Jacques Ferrier Architectures a mené de nombreux projets en France et à l’étranger et notamment en Chine tels que la cité de la voile – musée Tabarly à Lorient, les futures gares du Grand Paris, le Pavillon français de l’exposition universelle de Shanghai en 2010 et le futur lycée international français de Pékin. Ce dernier bâtiment a été conçu avec une volonté forte de répondre aux prérogatives environnementales. Optimisation des besoins énergétiques du bâtiment, utilisation de la lumière naturelle afin de réduire la consommation énergétique, qualité de l’air intérieur, choix de matériaux de haute qualité sanitaire et environnementale, autant de prérequis qui ont guidé ce projet, tout comme la volonté d’y faire entrer la nature, en conservant partiellement les anciens vergers sur lesquels le lycée est construit. Pour Jacques Ferrier, la technique doit être au service de l’homme, il est donc normal de réfléchir à des bâtiments astucieux, intelligents et consommateurs de moins d’énergie. Pour lui, l’architecture ne peut être qu’un projet de développent urbain durable et humain, cherchant à créer un univers multi-sensoriel. C’est cette réflexion riche et innovante que nous vous invitons à découvrir à l’Institut français de Pékin. FABRICE ROUSSEAU, conseiller adjoint de coopération et d’action culturelle, directeur adjoint de l’Institut français de Chine

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Décryptage | Livres

DR

Par Françoise BLÉVOT Le septième jour Yu Hua

Traduit du chinois par Angel Pino et Isabelle Rabut Éditions Actes Sud 272 pages – 22 €

du compte, ils tombent d’accord sur les effets pervers de la modernité et sont à ce sujet partisans d’un pessimisme qui arme pour affronter les difficultés plutôt que d’un optimisme fuyant les réalités.

Du Ciel à la Terre La Chine et l’Occident Régis Debray – Zhao Tingyang

Traduit et présenté par Jean-Paul Tchang Editions Les Arènes 242 pages – 18 €

CONTE A REBOURS

La richesse et la beauté de ce roman sont exceptionnelles. Yu Hua relie, au moyen d’un chapitre par jour de Création, le Livre de la Genèse à une sorte de Jugement Dernier sans dieu, où les « damnés de la terre » essaient de trouver la paix par eux-mêmes, principalement par l’amour qu’ils ont donné -ou reçu- sur terre, et cherchent le sens de la mort comme on cherche celui de la vie, tout en se heurtant aux inégalités qu’ils ont connues de leur vivant. Il y a aussi des Béatitudes évangéliques dans ce récit, et des références aux histoires de fantômes qu’appréciaient tant les Chinois d’autrefois … Et encore une dérision distillée avec subtilité. Comme dans « Brothers », les personnages ont une épaisseur humaine extraordinaire. … Qui a dit que Yu Hua prenait ses distances avec ses héros ? C’est tout le contraire, il les aime comme des êtres de chair et de sang !!

Le Clan du Sorgho rouge Mo Yan

Traduit du chinois par Sylvie Gentil 446 pages – 23,50 €

AU LONG COURS

ÉPISTOLAIRE

Après s’être rencontrés en 2011 à un colloque, Régis Debray et Zhao Tingyang, professeur à l’académie chinoise des sciences sociales et professeur à Harvard, ont poursuivi leurs conversations par de longs échanges de lettres. On y découvre deux visions qui ne se heurtent pas mais s’enrichissent l’une l’autre grâce au respect mutuel et à l’honnêteté intellectuelle de chacun. Ils abordent une multitude de sujets et il est particulièrement amusant de les voir comparer leurs visions respectives de « la Révolution ». Celui qui a fait table rase de la culture ancestrale n’est pas forcément celui qu’on croit… L’avenir du monde les préoccupe tout comme celui de la Chine, et, au bout

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VERSION INTÉGRALE

D’une âpreté foisonnante, sanglante, rustique et passionnée. Comédie et drames se mêlent, caracolant à un rythme effréné. Lecteur qui avez aimé le Clan du Sorgho il y a quinze ans, vous adorerez le Clan du Sorgho rouge, la saga complète ! Avec GrandMère en tête, dirigeant sa distillerie et ses amours avec la même fougue, un vrai personnage de roman ! Du début des années 30 à l’invasion japonaise, voici une geste familiale où le sordide côtoie la bravoure… Du Mo Yan tout craché !!

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Hong Kong bien avant la mondialisation… Un nom qui sentait bon les mystères de l’Extrême-Orient… En 1924, aux grandes heures des Messageries Maritimes, il était le deuxième port du monde en matière de tonnage. Voici l’histoire de cette compagnie, et, « derrière les scènes de cartes postales », les coulisses de l’aventure, entre les mouvements commerciaux et la vie coloniale.

Les Messageries Maritimes à Hong Kong 1918 – 1941 François Drémeaux Éditions Gope 164 pages- 24 €

RAYONNEMENT UNIVERSEL

François Cheng, premier académicien français d’origine chinoise, raconte son voyage à Assise en 1971, alors que, dix ans auparavant, il avait choisi pour sa naturalisation le prénom François, par admiration pour le saint et parce qu’il signifiait « Français ». C’est à Assise qu’il a senti son exil prendre fin, qu’il imagine François dormir au creux des rochers comme un ermite taoïste, dans un paysage dont le « fengshui » ne peut laisser un Chinois indifférent… Il s’y sent « propulsé vers le règne supérieur de l’esprit ». Une très belle rencontre…

Assise Une rencontre inattendue François Cheng Editions Albin Michel 56 pages - 9,50 €

CHINAFRIQUE

… Autrement dit, en matière de relations humaines, le mariage de la carpe et du lapin ! Et pourtant, se considérant toutes deux comme ayant été colonisées par l’Europe, cela fait plus longtemps qu’on ne le croit que des liens se sont tissés. De nos jours des Chinois s’installent en Afrique, des Africains vivent en Chine, d’autres font la navette, en Chine, des containers entiers partent en Afrique bourrés d’articles bon marché, même certains tissus « boubou » sont d’origine chinoise ! Les uns et les autres se regardent de travers mais ont « les affaires » en commun. Lieve Joris brosse une multitude de portraits qui nous ouvrent les yeux sur ces mouvements migratoires et commerciaux appelés par certains sociologues « la migration par le bas ».

Sur les ailes du dragon Voyages entre l’Afrique et la Chine Lieve Joris

Récit traduit du néerlandais par Arlette Ounanian Editions Actes Sud 400 pages – 23 €


BEAUX LIVRES MALIN COMME UN SINGE

Après « Au bord de l’eau » et « Les trois Royaumes », la même fine équipe a entrepris de nous faire accomplir le voyage chinois le plus célèbre, le plus fantastique, le plus aventureux aussi ! La bande dessinée chinoise traditionnelle « lianhuanhua » retranscrit à la perfection l’esprit du récit et de ses innombrables rebondissements. V. Durand-Dastès, professeur à l’Inalco commence par l’historique de l’œuvre et de ses différentes interprétations. Viennent ensuite les trente-six petits volumes de 14 cm x 10 comportant une illustration toutes les deux pages permettant de savourer cette aventure haute en couleurs… bien qu’ici en noir et blanc ! D’après l’œuvre de Wu Cheng’en Traduction de Nicolas Henry et Si Mo Éditions Fei 2879 pages – 89 €

Les Trésors d’Emile Guimet

L’ESPRIT GUIMET

Belle et captivante histoire que celle d’Emile Guimet, qui fut en son temps, à l’instar d’un autre passionné d’horizons lointains -Albert Kahn- un révélateur de contrées peu connues, en même temps que farouche partisan d’un partage des connaissances et de la beauté, se traduisant par l’installation de ses collections personnelles dans deux musées ouverts à tous. C’est l’inauguration du premier, à Lyon en 1904, qui est célébrée par une exposition-anniversaire dont ce catalogue présente les merveilles en même temps que l’histoire de son illustre concepteur. Sous la direction d’Hélène Lafont-Couturier Éditions Actes Sud 288 pages – 35 €

Fabienne Verdier La Traversées des Signes

UNE VIE TOUTE TRACÉE

Fabienne Verdier parcourt sa déjà longue carrière artistique, au moyen Daniel Abadie de photos d’événements impor ta nts Éditions Albin Michel qui ont jalonné sa route, et d’œuvres 256 pages – 20 € qui témoignent de sa superbe évolution jusqu’à ses rencontres/méditations avec les tableaux des primitifs flamands, qui lui ont inspiré des toiles surprenantes… Ou comment « la Passagère du Silence » qu’elle fut poursuit sa Voie… La Marque rouge

GRIFFÉ

Mais d’où vient donc cet engouement des Chinois pour les marques ? C’est ce que raconte Catherine Becker tout au long de ce livre passionnant et abondamment illustré. Que d’hypothèses ethno-psycho-politico sociologiques ! D’auteurs rappelés en renfort pour appuyer ses thèses et examiner la question sous toutes les coutures… A la fois culture et contre-culture, la passion des marques a correspondu à la montée de la classe moyenne. Auparavant on consommait « de quoi vivre »… Pendant l’ère Mao, la Chine était refermée sur ses marques, celles de quelques produits alimentaires et d’articles essentiels tels que la bicyclette, la montre et la machine à coudre ! Puis vint la modernité chinoise, la marque donne alors l’illusion de se connecter à des valeurs universelles. Or, les pictogrammes des marques renvoient aux débuts de l’écriture chinoise, devenus idéogrammes. La logique de la relation aux marques vient donc de très loin, y compris du « système confucéen » prônant la situation sociale, la méritocratie, la possible perfectibilité… En Occident on s’arrête à l’importance du « paraître » mais il ne sous-tend pas les mêmes choses. Si à l’Opéra de Pékin le masque dit de quel personnage il s’agit, la marque elle, permet de « gagner de la face ». Catherine Becker Éditions du Cherche Midi 224 pages – 40 €

XU Gefei Éditions Fei

Voyage vers l’Ouest

TROIS QUESTIONS A

Directrice générale des Éditions Fei 1. Puisque votre nom a une forte charge symbolique « progressivement changer les choses fausses et injustes » qu’aimeriezvous voir changer en Chine et en France ? J’aimerais que les Français râlent moins en regardant en face tout ce qu’ils possèdent et que les Chinois, au lieu de chercher ailleurs, retrouvent tous les trésors culturels dont ils ont hérité. 2. Après avoir publié en France « Au bord de l’eau », « Les trois royaumes » et le « Voyage vers l’ouest », avez-vous l’intention de publier maintenant le quatrième des plus célèbres romans classiques chinois qu’est « Le rêve dans le pavillon rouge » ? Un grand OUI, la date de sortie est prévue pour le 23 octobre 2015. Et après avoir sorti les 4 monuments de la littérature chinoise en haute qualité et avec beaucoup d’amour, je peux quitter ce monde en pensant avoir laissé quelque chose qui existera après moi. 3. N’aimeriez-vous pas faire connaître en Chine quelques classiques de la littérature française sous forme de « linhuanhua » ? Il y a déjà beaucoup de grandes œuvres françaises adaptées en lianhuanhua par les Chinois. D’ailleurs, grâce aux lianhuanhua, j’ai lu mon premier Victor Hugo. En fait, les Chinois moyens connaissent bien mieux les classiques de la littérature française que les Français ne connaissent les classiques de la littérature chinoise. Mon père qui n’a pas dépassé le collège, connaît Balzac. Si oui, quels seraient vos choix ? Pour le moment, je me consacre principalement à faire connaître la culture et la littérature chinoise en France, et ce n'est pas une mince affaire !

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联结 N.72|2014-2015 冬

城市规划与可持续发展

Urbanisme & Ville dUrable

vert

La Chine se met au

中国的绿色转型

Nouvelles vagues de migration vers les grands pôles industriels, manque d’espace sur les régions côtières, pollution accrue … « Les prochaines années vont être très critiques », prédisait en 2010 déjà le chercheur américain James CaNtoN1. « La Chine va devoir répondre aux besoins d’une population urbaine énorme et gérer de nombreuses mégapoles disproportionnées ». La gestion de ces mégapoles et l’accompagnement de la puissance chinoise vers un nouveau mode de développement urbain constituent certains des enjeux majeurs de la prochaine décennie. Et offrent déjà aux entreprises françaises la possibilité de monter en puissance sur des questions d’urbanisme et de ville durable. De Wuhan à Shenyang, la « French touch » est aujourd’hui à l’essai. 1

Auteur de The Extreme Future, directeur de l’Institute for Global Futures, think tank basé à San Francisco

工业大城市人口不断膨胀,沿海地区空间紧缺,污染指数不断 攀升……“未来的几年对中国来说是非常关键和危急的。”美 国学者James Canton早在2010年就做出预测。“中国不仅要满 足庞大的城市人口需求,还要管理众多比例严重失调的特大 如何管理这些城市?如何建立城市发展的新模式?这些都是未来 十年中国将要面临的严峻挑战,但同时也给法国企业提供了绝佳 机会去展示其在城市规划和可持续发展等领域的雄厚实力。

Paul Andreu(保罗·安德鲁) 中国缘 济南大剧院项目完成后,我在中 国的工作节奏逐渐放慢。一方面由于中 国的需求量减少,另一方面原因是中 国的决策层决定减少聘用外国设计师。 但也因为大项目工作紧张(如济南大剧 院),我没有多余时间去谈新的项目。 我一贯保持自己独特的创作风格, 并未特意取悦中国人。为了保证质量, 我十分注意控制项目数量。当然,在中 国获得良好声誉也令我感到非常自豪。 中国建筑设计现状 经历了一个飞速发展的时期之后, 中国建筑设计业有可能进入了瓶颈期。 此外,中国自己的建筑师水平不断上升, 他们有着良好的专业背景和强大的资金支 持,很自然成为这个领域的首选人才。 如今,在中国的二三线城市,的确 有不成文的规定,要求尽量使用中国设计 师。可以认为这是保护主义,但这也很正 常。培养这么多人才,目的就是发挥他们 的价值。中国说不再要奇形怪状的建筑, 我的理解就是“不能挥霍”“要有理性”。 近几十年中国的建设高峰本应成为建 筑设计的黄金期,但中国只对短期效益感 兴趣,令人遗憾。应该更多倾听国内学者 的意见,他们比开发商有更长远的眼光。作 为世界公民,我殷切盼望看到中国的成绩。 可持续城市对中国而言不是一道选 做题,而是一道必答题。中国应该在不 同的领域,进行理性、科学的建设项目研

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Imagine China

城市”。

究,而非异想天开地做一些毫无意义的 试点工程。此外还需有强大的学者队伍 进行基础和应用研究。这是必经之路。

企业牵线搭桥。我们刚刚与武汉政府签署合 同,派遣法国城市规划专家团,与中方合作 创建蔡甸生态城。希望能够复制类似经验。

中国人眼里的法国绿色经验 法国在绿色建筑方面人才济济(物理、 气象、高新物质材料、未来交通)。而中国 的人才成长也十分迅速。两国需要做的就 是进行有效合作。要防止伪科学。警惕那 些到处兜售伪科学技术的人,如:中水回 收、自行车专用道等。基础科学研究才是 重中之重,是我们实现可持续发展的关键。   Emmanuel Debroise(邓博) 法国开发署总监 可持续居住和可持续城市:法开署投资项目 可持续城市是法开署在中国的工作重点 之一。中法两国已经签署多项合约。2008年 法开署投资四川灾后重建,以基础设施建设 和出版城市重建指南为主,指导如何有效抗 震并降低能耗。之后,我们又参与了多项低 碳城市项目、公共建筑减耗工程以及城市公 交发展项目。其中一部分即将投入使用(如 武汉城市交通、山东山西城市供暖等),一 部分2015年竣工(湖北清洁水工程),另有 一部分在申请追加投资,有望2016年投入使 用(城市照明、垃圾分类、饮用水供给)。 在中国这样的新兴国家,法开署的任 务不仅是提供资金,还应该创造附加值。 对于能够推动中国绿色转型的创新项目, 法开署给予大力支持。这类试点项目有推广 效应,应该成为法国企业的重要目标。北 京法开署还致力于为寻求国际合作的法国

可持续城市:投资与收效 中国设定了城市低碳发展的宏伟目标, 发改委、住建部和环境部也都出台了新政 策。但是成效的显现需要时间。中国正在上 演人类历史上最大规模的人口迁移,其城 市化速度飞快。到2020年,百万人口以上 的城市数量将达到126个,那时中国城市化 程度将超过60%。如此惊人的发展速度带 来了时间上的巨大挑战,中国很难按照长 远发展的要求进行绿色智能城市的规划。 中国人眼里的法国经验 中国政府十分希望汲取法国经验。 在法国,无论是企业、设计室、地方政府 还是地方公共部门,都积极响应法国的绿 色发展策略,成为展示法国经验的最好窗 口,成功地说服了中国专家和决策者。法 开署希望能促成更多的类似的合作关系。

Nicolas Bahmanyar 必维国际检验集团

全世界碳排放量中的29%来自中国, 其中28%源自民用和商业建筑。2004年中国 的非工业类建筑面积达到430亿平方米,其 中95%是高能耗建筑。此外,每年新增加建 筑中80%都属于高能耗建筑。而这些楼宇的 建设能耗占全国总能耗的47%。2030年中 国将拥有4亿城市人口,将能耗推至顶峰。 中国民用建筑的能耗管理有两个参照

Dossier spécial


系 统 : 美 国 LEED和 三 星 认 证 。 LEED成 立 于 2000年,组织形式中立,旨在作为独立第三 方检验建筑的能耗水平。中国从2000年的 零认证到2013年的409份认证,现已成为除 美国以外的拥有最多LEED认证面积的国家。

法国在绿色建筑方

三星绿色建筑标识 中国国内在这方面也有不懈的努力。2001 年住建部在重庆首设住宅建筑节能标准并推广。 1998年,科技部与美国能源部合作开发 一个北京的试点项目Agenda 21。该低碳工业 园区项目以其低碳和节约开支的优秀表现一举 成为“中国第一环保建筑”,政府随即要求以 它为蓝本对政府建筑进行节能改造。此外,从 2005年起,住建部每年召开一次生态建筑国 际会议,并设立创新奖鼓励推广低碳建筑。 中国国内认证系统“三星绿色建筑标识” 确立于2007年。

交通)。而中国的

2015年新标准 政府的十二·五规划确立低碳建筑的目标: • 10亿平米的新建筑必须达标 ; • 20%的城市新建筑须在2015年底获得 认证 ; • 2014 国家投资的建筑必须达标。 此外国家对获得二星和三星的建筑实施 单位面积奖励机制。中国生态建筑取得长足发 展:至2013年,已有1260个建筑获得认证。 2015年,三星系统再次作出调整,节地、 节能、节水、节材、内部环境、建造等方面 确立新规范。在照明、日间照明和节能等方 面,新三星认证难度有所增加并成为趋势。 三星系统可用于设计评估,也可在投 入使用一年后用于使用和维护阶段的评估。 一年的时间差用于观察预期效果和真正使用 效果的差距:目前获得设计阶段认证的建 筑中只有10%获得使用阶段认证,其中只有 1%获得三星。在这一点上,唯有经验丰富 的专家队伍才能保证使用效果与预期效果高 度吻合,才能帮助中国打赢这场绿色战役。   Benoît Vermander(魏明德) 台北利氏学社主任,法国耶稣会士、汉学家、 政治学家 绿色中国还是雾霾中国? 中国曾在2007年制定过真正的绿色发 展计划。但2008年经济危机发生后,中国 再次求助于传统模式,使该计划搁浅。这一 阶段性的挽救策略带来了更多的污染和腐 败。今天,人们再次寻找绿色经济道路。 很难说中国是否找到新的出路,因为中国 领导人在经济上的操作空间已经十分狭小。 城市未来走向与公民社会的成长 目前大城市严重污染的趋势不会持续太 久。大城市的污染治理会成为工作重点,一 些长期规划已经开始实施。而新兴城市发展

面人才济济(物 理、气象、高新 物质材料、未来 人才成长也十分迅 速。两国需要做的 就是进行有效合 作。要防止伪科 学。警惕那些到处 兜售伪科学技术的 人,如:中水回 收、自行车专用道 等。基础科学研究 才是重中之重,是 我们实现可持续发 展的关键。

也会兼顾环保。真正会有长期挑战的是二三 线城市,那里的环境问题甚至有可能会加剧。 从技术和经济层面来看,“紧凑城市”理论会 吸引投资。但技术无法解决所有问题,公民 也需要反思自己的生活方式。这是中国最大的 挑战,但也是提高公民整体素质的良好契机。 埋怨或无奈都无济于事,公民需要 意识觉醒并且采取行动:教育引导个人行 为、成立社团、与重大污染源博弈(如污 染企业迁址等)。同时还需要政府与民间 进行明智理性的对话和合作,在重大问题 上更加正式严肃地征询公民意见。生态意 识的觉醒会推动社会发展,但这还需要各 方面智慧行事。在未来很长时间内,中国 的大城市都将是绿色实践的科学实验室。

Jean Leviol(罗伟仁) 法国驻华使馆经济事务公使衔参赞

我们早在30年前就开始进军中国绿 色城市建设市场,可谓捷足先登。暨苏伊 士集团(水处理)开启中国业务之后,威 利雅集团在天津和山东开展了BTP业务。 法国的设备制造商,如施耐德、圣戈班、 拉法基等也成绩斐然。建筑设计工作室、 达索系统、阿尔斯通、泰雷兹和大气污 染防测专业公司都在中国有良好的声誉。 占地30平方公里的武汉蔡甸生态 城将充分展示法国在可持续城市领域的 先进经验。目前中法双方还在协商这个 试点在环保方面的目标。总之,目标越 高,法国企业发挥的贡献作用也就越大。 到2020/2025年,中国的可持续城市 建设市场的潜力可达到十万亿人民币。 法国企业不仅在各专业领域有杰出表现 (如法国国营铁路公司SNCF旗下子公司 凯欧利Keolis),在能源联合生产管理 方面法国企业也拥有强劲的竞争实力。

Vivapolis,合作创新之路 Viviapolis网站(www.vivapolis.com)创 建于2013年9月,汇集了众多在绿色智能城 市建设领域的杰出国营和私有企业。该网站 的建立得到了多方支持:行业联盟(低碳 城 市 中 心 、 法 国 大 型 私 有 企 业 协 会 等 ) 、  国家部委(外交部、外贸部、生态能源部 等)以及公共组织部门(法国能源环境 署、法开署、法国企业国际发展局等)。

ISO

为促进可持续发展的全面综合模式 开发,国际标准化组织ISO已开启标准制 定工作,并委托法国工程界成立相关团队 参与欧洲绿色智能城市的标准制定和术 语统一工作。法国标准化协会将在国际 化标准制定的工作中发挥其核心作用。

胡瑜

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会员企业简讯

安联全球救援延保服务助行天下

如今,越来越多的中国家庭拥有如汽车,冰箱,空调,等离子电视这样的昂贵消费品。 伴随着国人对昂贵消费品不断增长的需求,安联全球救援中国(原蒙迪艾尔救援中国)在服务道路救 援行业10年之际,于2014年在全国范围内推出了一项让用户安心的服务产品—延长保修服务。 这项服务目前着眼于私家车及公务非运营车,之后会延伸到家用电器领域。在汽车延长保修服务推出 的很短时间内,销售额便快速增长,这反映出了中国消费者对这项服务的强劲需求。 安联全球救援及其母公司安联集团,一直致力于为中国消费者提供一流的保险和救援服务,同时也为 客户带来了过去五年在欧洲和美国开展延长保修服务所收获的丰富经验。 安联全球救援的延长保修产品为超出保修期车辆的车主提供了安心的服务。该公司是国内为数不多能 为顾客提供每周7天不间断政策咨询和索赔的服务提供商之一,其延保索赔专家在2小时内就能为客户提供 维修授权(传统的车险索赔则需要一天)。顾客在车辆发生故障时,只要通知他信任或熟悉的维修中心, 之后将依据客户事先购买的服务范围提供维修安排,真正实现了车主安心用车。 与此同时,此项服务的价格也十分吸引人,通常车主只要支付相当于两次常规保养的费用就可以获得 车辆最基本的延长保修服务。延长保修服务的推出,再一次印证了安联全球救援“随时随地,帮助他人” 的宗旨。

连续第二年获得外籍管理者论坛颁发的年 度最佳国际搬家公司的称号!

EPEROFFICE, 提升您在中国的商务生活 品质!

亚太区-(2014年12月4日)Allied Pickfords,是世界最大的搬迁服务供应商之 一,也是SIRVA Worldwide集团的组成部分,获得了外籍管理者论坛颁 发的APAC EMMAs 的荣誉奖项。 Allied Pickfords凭借优秀的技术能力,有效的沟通能力以及一直 强调社会责任感和重视员工,获得年度最佳国际搬家公司的称号,并且 一直是国际搬迁的行业里可靠和专业的一员。这是Allied Pickfords连续 第二年获得这个荣誉称号。 FEM也在全球搬迁新星奖项里高度赞扬了Sirva的中东区的项目实 施经理Alice Chan。 外籍管理者论坛设立的EMMA奖项是为了表彰每年在国际搬迁行 业里的表现卓越的公司。该奖项的胜出者由行业里颇受尊敬的管理者独 立选出。

赢盘网创立于2011年,是一家为在中国 的外籍人士和高端人群提供丰富进口食品的网 上商城。2014年12月开始实施全国范围的配送,公司开始进入新的发 展阶段。公司自创立之初起便以客户的需求为根本,鉴于B2B需求的不 断增加,赢盘网开始创立EPEROFFICE。这是一个致力于帮助在中国的 外国公司以及中国公司商务需求的一个平台。EPEROFFICE内容丰富多 样,价格有竞争力,能充分满足您的商务需求:多样化的早、午会议简 餐、办公用品、咖啡以及免费咖啡机等等。如今,为外籍人士及高端人 群提供日常进口食品并获得优良口碑的赢盘网也将方便您的商务生活! 每一个成功的企业管理者都明白员工的满意度是公司长久发展及成功的 关键,而赢盘网将帮助您达成这一目标,全面提升您外籍及本地员工的 日常商务生活品质。赢盘网为您的商务提供便捷,值得您的期待!

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法 派 1 8 5 5 新 消 息:2015年新年新 气象:全新的设计, 包装,菜单,团队… …还有嘉里中心新店隆 重开业! 焕然一新的外在改变 毫不影响内在好品质!我 们的产品会一如既往地坚 持手工制作,不添加任何 防腐剂,并选用上好新鲜 食材! 近十年来,法派1855 一直致力于提供给顾客高 品质纯正口味的产品,就 如同您在法国正宗面包店 里品尝到的口味一样。 如今,法派1855已经 在北京开设了12家分店, 在天津一家,并且计划在 中国其他城市设立分店, 扩大经营范围。 欢迎光临我们在嘉里 中心开设的新店!有大大 的惊喜等着您哟! 三年来,我们的法国 糕点师一直不间断地精心 调配三明治、沙拉的种类 和口味,如今这些产品都 已经在我们所有的店里售 卖。 您想订购商务午餐还 是周末餐?想赠送盒装巧 克力?举办大小型聚会活 动?您已饥肠辘辘还是有 点小饿?法派1855就在这 里等着您,满足您各种需 求! 无论是企业还是私人 聚会,四年来,我们一直 承办并提供优质的宴会餐 饮服务。

上海唐沪人才咨询有限 公司,是笃智联盟(猎 头和人力资源的国际网 络组织)在中国的合作 伙伴,并于2014年10 月17-18日首次选择在 亚洲的中国上海成功举 办了联盟成员高层会议 此次会议为联盟成 员们提供的一个非常好的 交流机会。在圆桌会议期 间,集结了欧洲的,中国 的,美国的以及澳洲的成 员企业的高层,在了解外 资企业在中国运营中所面 临的一些问题(主要是人 力资源和运营方面的)和 在中国企业全球发展过程 中会产生的一系列问题进 行了讨论交流。 笃智联盟在欧洲建立 (比利时,丹麦,芬兰,法 国,德国,意大利,挪威, 波兰,俄罗斯,西班牙, 瑞士,瑞典,英国),已 蔓延到美国,巴西,阿根 廷,澳大利亚,中国(包 括香港),印度,并且正 在不断发展到新的国家。 猎头和人力资源咨询 公司-上海唐沪人才咨询 有限公司,在上海成立了 他们的中国区总部,目前 他们业务网络已辐射到北 京,上海,成都,武汉, 广州,深圳,香港和巴 黎,并且在东南亚-大洋洲 西海岸区拥有合作伙伴: 澳大利亚,柬埔寨,韩 国,印度,印度尼西亚, 日本,老挝,马来西亚, 缅甸,新加坡,泰国和越 南。

névo和SunPartner 宣布达成战略合作伙伴 关系,共同研发névo Solar — 全球第一款光 动能智能手表 névo和SunPartner 的这次合作将会诞生一款 由光能供电的névo智能 手表,给névo的使用带 去史无前例的自由。虽然 névo集成了许多活动和健 康的传感器,但是多亏了  Wysips ® 这项不可见光动 能技术的超高能源转化 率,让névo可以拥有无限 的续航时间。 "在我们研发névo 时,我们把续航作为首要 考虑的部分,我们的双电 池系统和低功耗技术让用 户不再受每晚充电的困 扰。而如今,我们又更进 了一步,利用光动能技术 将névo的续航带到了一个 全新的高度。névo Solar 可以捕捉无限量的光能, 转化为电能,为你的健康 与时尚提供持续的动力, 而永远不需要担心电量问 题!"  névo联合创始人 Sebatien Druvent说道。

同济大学-欧洲高等 商学院TONGJI-ESCP Europe Executive MBA项目由同济大学 和欧洲高等商学院联袂 打造 全球荣誉 • ESCP Europe Executive MBA国际化课程名列英 国《金融时报》2014年 全球第2位 • ESCP Europe Executive MBA荣获英国《金融时 报》2014年全球16名 学制学区:每年1月开学, 学制18个月,纯英文授 课。此外还有巴黎、伦敦、 柏林、马德里和都灵五大校 区,同时开学。 授予学位:毕业时授予欧 洲高等商学院(ESCP Europe)MBA学位 课程优势:全球校区课程 统一,由9门核心课,9门 选修课,5次游学(法国、 比利时、西班牙、美国、中 国/巴西/印度),1个实战 案例组成,总学时520h。 欧洲高等商学院(ESCP Europe)是最著名的商学 院之一,也是全球1%通过 三大权威商学院认证机构 (EQUIS、AACSB、AMBA)认证的学院之一。 学院培养了众多名人:法国 前总理Jean-Pierre Raffarin、道达尔集团总裁Christophe de Margerie、爱马 仕总裁Patrick Thomas、法 国农渔业部长Michel BARNIER、芝华士总裁Christian PORTA 等。

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Ils arrivent

CDP

SHANGHAI

EMLYON Business School - (Enseignement).

Châteauform' Management SA - (Loisirs Restauration), Galeries Lafayette (Beijing) Ltd. - (Commerce de détail), Moët Hennessy Diageo (China) Co., Ltd. - (Biens de Comsommation/ Vins et Spiritueux).

Cinq Etoiles - (Communication, Publicité, RP), CORNUDET Cyril - (Textile), Delhom Acoustics - (Ingénierie), GLI CHINA - (Conseil), JOLY Marc - (Finance), Kerry Hotel - (Voyages et Hôtellerie), LBI Enterprise Management Consulting (shanghai) Co., Ltd. - (Conseil), LVMH Fashion Group (haute-couture) - (Commerce de détail), ANGEVELLE Romain - (Immobilier), Orpea - (Santé), SAFT (Zhuhai FTZ) Batteries., Ltd. - (Electronique), Sesame, an ALTEN Group Company - (Conseil), Sodimate China - (Environnement), Widely World Global SARL - (Vins et Spiritueux).

Canton

SHENZHEN

Action Service HK Ltd. - (Consulting/Conseil Juridique), Royance - (Vins & Spiritueux), FB So lutions - (Agroalimentaire).

Ly Corp - (Consumer Goods), Big Ben - (Consumer Goods/Industry), Mony&Co - (Wine & Spirits), Maison Délice - (Manufacturing).

PEKIN

800.988.6683

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