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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie France Chine | 中国法国工商会季刊 w w w.ccifc.org

N.73

PRINTEMPS | 春

Santé

Quand la Chine

fait sa révolution



Éditorial

DR

Réforme de la santé : quand la Chine construit son avenir

Javier GIMENO

Président de la CCIFC

孟昊文 中国法国工商会会长

C’est dans ce magazine que j’ai souvent lu et apprécié, que j’ai le plaisir de m’exprimer pour la première fois en tant que Président de la CCI France Chine, succédant à Olivier Guibert, que je félicite chaleureusement au passage pour le travail remarquable accompli ces deux dernières années. J’ai eu l’occasion par le passé d’y partager mon expérience et mon point de vue sur différents sujets d’actualité économique en Chine, notamment lors du dernier numéro sur l’urbanisme durable. Sur ce sujet, nous avons pu démontrer les opportunités significatives pour le savoir-faire des entreprises françaises, mais il en est un autre où notre expertise est tout aussi reconnue, à en juger l’intérêt porté à nos produits et nos nombreuses collaborations … celui de la santé. Dans un pays où la société, ses structures sociales, son environnement, sa pyramide des âges, ses préoccupations sont en pleine mutation, les défis – et les opportunités qui y sont associées – sont nombreux et représentent un enjeu majeur pour son développement. Que ce soit sur les sujets liés à la pollution, au vieillissement de la population, à la sécurité alimentaire ou encore à l'accès aux soins, le pays le plus peuplé au monde a besoin de relais d’expertise, et donc de partenariats internationaux. Dans ce contexte, la France compte bien conforter sa position de partenaire privilégié, ainsi qu’en témoignent, entre autres, les nombreuses collaborations historiques, dont l’Institut Pasteur de Shanghai et l’Institut Mérieux. La CCIFC l’a d’ailleurs bien compris, et en fait un des thèmes centraux de la première édition de son grand Forum d’Affaires Franco-chinois qui se tiendra à Pékin les 26 et 27 Novembre prochains. Cet évènement réunira communauté d’affaires et personnalités politiques franco-chinoises de premier plan, afin de promouvoir le savoir-faire et l’offre française en matière de santé, mais également de Climat et d’Agro-alimentaire. Nous faisons donc appel à l’implication de chacun d’entre vous pour en faire un succès collectif pour l’équipe de France en Chine! Cependant, cette initiative, non des moindres, n’est qu’un des aspects de notre implication sur le sujet de la santé. Par exemple, nous entendons également créer des liens forts avec la filière en France afin de favoriser la création d’opportunités concrètes pour les entreprises. Ce numéro sera également l’occasion pour vous de découvrir notre nouveau Bureau, composé d’élus volontaires et impliqués, et avec lesquels je me réjouis d’ores et déjà de collaborer au service d’une Chambre que nous voulons dynamique et ambitieuse, à l’image des projets qu’elle porte !

医疗改革:正值中国构建未来之时 我经常阅读也十分欣赏《联结》杂志。今天我首次以中国法国工商会会长的身份在此发表感言。 我对我的前任欧技先生两年来的出色工作表示热烈的祝贺。之前,我曾有机会在《联结》杂志就中国 经济现状的各种问题分享自己的经验和观点,尤其在上一期,就可持续城镇化的主题,我们介绍了拥 有专业技能的法国企业面临的重要发展机遇。而在另一个领域,我们的专业技能同样得到广泛认可,现 在要对其给咱们产品和诸多合作带来的利益进行评估......这就是中国的医疗健康产业。 在一个社会结构、环境、年龄结构及社会关注不断变化的国家, 诸多挑战与机遇并存,这正是国家 发展的重要时机。无论事关污染、人口老龄化、食品安全,还是就医条件,这个全世界人口最多的国家 需要引进先进技术,开展国际合作。在此背景下,法国理应巩固其优先合作伙伴地位,一如上海巴斯德 学院和梅里埃研究院等以往合作所证实的那样。 中国法国工商会充分认识到了这一点,将医疗健康作为今年11月26日至27日在北京举办的首届法 中商务论坛的中心议题之一。该活动将汇聚中法顶级商务团体与政界要人,旨在推广法国在医疗健康、 气候以及农业和食品领域的专业技能和合作意向。为此,我们号召每个会员都积极参与其中,努力促 成在华法国团队的集体成功!当然,论坛只是我们介入医疗领域的众多形式之一。例如,我们还希望与 法国医疗界建立紧密联系,以便为企业创造切实可行的机会。 此外,该期杂志还会向大家介绍我们新的理事会及其成员。我将非常乐意和他们合作,同心协力, 打造一个活力四射、雄心勃勃的中国法国工商会!

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Comité de Patronage

Le magazine de la CCI France Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 73, printemps 2015 Direction de la publication Michael Amouyal & Laila TAYEBI Rédacteur en chef Pierre TIESSEN Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro Raphaël BALENIERI, Edgar DASOR, Renaud de SPENS, Françoise BLÉVOT Comité de relecture : Commission communication de la CCIFC Couverture © Imagine China Publicités CHINE DU SUD : Michaël Bouchut bouchut.michael@ccifc.org Pékin : Yin Yan GAO gao.yinyan@ccifc.org Félix FEI fei.bo@ccifc.org SHANGHAI & CORPORATE : Morgan LEFEVRE lefevre.morgan@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O CCI France International 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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N.73 | printemps | 春

Santé

Quand la Chine

Engagée depuis 10 ans dans une vaste réforme de son système santé, la Chine tente de réduire l’énorme fossé sanitaire qui sépare les villes et les campagnes où près d’un million de médecins aux pieds nus – souvent formés aux techniques médicales sur le tas – font encore office sur place de seuls spécialistes. Confrontées à un vieillissement rapide, au creusement des inégalités, à une puissante urbanisation, à des déséquilibres territoriaux majeurs, à l’envol des prix immobiliers, « aux attentes des classes moyennes, aux défis de la pollution, à de nouvelles mobilisations contestataires, les autorités doivent investir », comme le relevait récemment le quotidien Les Echos. Les dépenses de protection sociale sont ainsi passées de 4 % du PIB en 2000 à 6 % environ aujourd'hui. Un secteur qui fait donc sa révolution. Quelles sont, dans ce contexte de forte croissance, les opportunités d’affaires et de collaborations pour les entreprises françaises ?

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Dossier et analyses

L'ActualitÉ business EN CHINE L’actualité Business EN Chine 8 Grande Interview : Arnaud Vaissié « Des risques variables entre villes et villages » 12

DOSSIER Numéro spécial : Santé Quand la Chine fait sa révolution

14

Analyse : Gabriel Gras Maladies Infectieuses Priorité de la coopération scientifique franco-chinoise 28 Revue de presse Laboratoire P4 de Wuhan - l’avenir en marche

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Coopération France-Chine « Notre approche consiste à renforcer notre réseau d’influence » 34 Analyse : Harold Pradal Quelles opportunités pour le "pack français" ?

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Imagine China

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fait sa révolution

Industrie pharmaceutique : « La Chine a développé une politique de préférence nationale » 38

12

28 ActualitÉS DE LA CHAMBRE Élections 2015 Business Services

54 56

La ccifc rend hommage à François Michelin

58

Stago : Leader dans les hôpitaux haut de gamme 41

La Ccifc soutient l'association ELA et sa campagne «Mets tes baskets et bats la maladie»

60

Essilor : Structurer sans monopoliser le marché

Antennes 62 Membres 68

RETOURS D'EXPÉRIENCE 5 entreprises françaises TheCareVoice : Le « Tripadvisor de la santé » qui monte en Chine

40

43

Ceva : La santé animale en ligne de mire 44 Abacare :L’option « indispensable » des expatriés 45 Grand témoin Alain Mérieux « Une réforme qui adopte un modèle gaulliste » 46 Enquête Ifop Le rapport particulier des Chinois à la santé

DÉCRYPTAGE Une des médias Clichés Livres Ils arrivent

70 72 74 80

联结

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中国医疗改革 机遇与挑战并存 76

ABÉCéDAIRE 52

会员企业简讯 78

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L’actualité business en Chine E n CHIF F R E

10 MiLLIards

Le Vent de la Chine

Montant en dollars, débloqué ce printemps, de la première tranche d’investissements dédiés au projet « Nouvelle Route de la Soie » impulsé par Xi Jinping lui-même. Ce projet politique et économique vise à créer une ceinture économique, depuis Pékin, dans toute l’Eurasie ainsi qu’une nouvelle route maritime – 100 % chinoise – orientée vers le continent africain. Il devrait « profondément marquer le futur de la Chine et de ses relations avec l'Eurasie », selon David Gosset, directeur de l’Academia Sinica Europæa, fondateur du Forum Euro-Chinois. Sur ces 10 milliards, 65 % proviennent des réserves en devises étrangères, 15 % du fonds souverain CIC, 15 % de la banque chinoise d'import export et 5 % de la banque de développement de Chine. Le fonds dédié à ce projet, créé en décembre dernier, sera à terme crédité de 40 milliards de dollars, destinés notamment à la construction d’infrastructures dans les pays visés.

AIIB, la « petite » banque qui monte

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out le monde veut en être : en plus de ses 27 membres fondateurs, le Royaume-Uni et après lui la France, l’Italie, l’Allemagne ont au mois de mars rejoint l’AIIB (pour Asian Infrastructure Investment Bank) créée en 2014 à l’initiative de la Chine. La raison d’être de l’AIIB est de permettre « d’orienter des capitaux, essentiellement chinois, vers la construction d’infrastructures dans des pays asiatiques qui en ont besoin, mais qui pourraient difficilement accepter des financements ouvertement chinois pour des raisons politiques », résumait récemment Jean-François Dufour (directeur de DCA Chine-analyse) dans les colonnes de l’hebdomadaire Challenges. Les Etats-Unis – qui y voyaient jusqu’alors (et y voient encore) – une

concurrente à la Banque Mondiale et l’Asian Bank se sont dits prêts à « accueillir une nouvelle extension » de l'architecture financière internationale dont l’AIIB. A condition toutefois que cette institution « soit complémentaire des autres institutions financières internationales ». Pour les médias officiels chinois, à l’instar de l’agence Xinhua, « la création de l'AIIB n'est ni un affront à l'ordre financier mondial mené par les USA, ni une initiative destinée à défier les institutions mondiales établies comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque asiatique de développement. Au mieux, la création de l'AIIB est une étape logique pour la Chine dans sa volonté de mener à bien ses projets de Ceinture économique de la route de la soie et de Route de la soie maritime du 21e siècle et vise à stimuler le développement régional ».

IL S ONT DI T.. .

« Alors que l'économie {chinoise} continue à grossir, une croissance d'environ 7 % serait assez impressionnante, et l'élan qu'elle génèrerait, serait plus grand que la croissance à deux chiffres des années précédentes. »

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Le président chinois Xi Jinping, en mars dernier lors de la cérémonie d'ouverture de la conférence annuelle du Forum de Bo'ao (Hainan) pour l'Asie 2015. L'économie chinoise a progressé de 7,4 % l'année dernière, la plus faible croissance depuis 24 ans.


2015, année de la décélération ?

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es chiffres attestent d'un mauvais démarrage pour l'économie chinoise en 2015. Au point que « les doutes sur la viabilité du "modèle chinois", hier encore encensé, se multiplient », estimait récemment Jean-François Florina (ESC Grenoble) dans les colonnes du Huffington Post. De fait, même si l'activité dans le secteur des services en Chine s'est accrue en mars, « la croissance de l'emploi et des nouveaux contrats a nettement ralenti », relève l’AFP ; ce qui

pourrait inciter la Banque populaire de Chine et le gouvernement à prendre de nouvelles mesures pour relancer une économie en perte de vitesse. « Face au relatif manque de dynamisme de la deuxième économie du monde, la Banque populaire de Chine pourrait en effet prendre au cours de l'année des mesures d'assouplissement en réduisant à nouveau ses taux ainsi que le coefficient des réserves obligatoires. Le gouvernement pourrait pour sa part annoncer des mesures de soutien à l'économie, notamment au marché de l'immobilier ».

E n C HI F F R E

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MiLLIards Montant estimé, en dollars, des investissements chinois en Europe alors qu’ils étaient quasi nuls au début des années 2000. L’usine du monde s’est ainsi muée, en un temps record, en une puissance prête à mettre des milliards sur la table pour s’emparer de fleurons étrangers. Aussi en avril 2014, le géant China Minmetals – accompagné du groupe Guoxin et du fonds d’investissement CITIC – rachetait-il au suisse Glencore Xstrata la mine de cuivre de Las Bambas (Pérou). Montant de la transaction : 7 milliards de dollars. En 2014 toujours, le chinois Jin Jiang mettait quant à lui la main presque naturellement sur le groupe Louvre Hotels, numéro deux derrière Accor de l’hôtellerie économique en France (contre 1,5 milliard de dollars)… Sans compter début janvier l’OPA – réussie au forceps face à l’italien Bonomi – du conglomérat shanghaien Fosun sur Club Med. Opération qui valorise à présent « l’ex » groupe français à 939 millions d’euros. Et plus récemment encore le rachat de l’italien Pirelli par le géant de la chimie ChemChina.

« La communauté internationale a atteint un consensus pour le renforcement de la coopération dans la recherche des fugitifs et des biens illégaux. Aucun pays ne souhaite devenir un paradis pour les fonctionnaires {chinois} corrompus. »

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Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Pour rappel, les autorités chinoises ont pris des mesures pour renforcer leur coopération avec la communauté internationale suite à la récente campagne anti-corruption "Sky Net" visant, dixit, « à capturer les fugitifs à l'étranger impliqués dans des crimes économiques ».

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nucléaire

D’après Les Echos, les autorités chinoises ont validé en mars leur premier chantier nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima. Elles viennent ainsi « de donner leur feu vert pour que soient construites deux nouvelles tranches sur le territoire national. China General Nuclear Power Group (CGN) s'est vu autoriser la construction de deux réacteurs d'un gigawatt chacun, dans le cadre de la deuxième phase du projet de Hongyanhe, au nord de la Chine (province du Liaoning) », explique le quotidien économique. Il s'agira de « réacteurs de facture chinoise dits de troisième génération, de type ACPR 1000 ». Le drame de Fukushima avait obligé Pékin à marquer un temps d’arrêt et de réflexion sur sa question nucléaire. Au lendemain de la catastrophe, le représentant au sein de l’AIEA du gouvernement chinois appelait en effet à tirer les leçons de la catastrophe, à renforcer les standards de sûreté et l’échange d’informations entre pays.

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Le retour de l’atome

La Centrale nucléaire de la baie de Daya

Industrielle L'indice des directeurs d'achats (PMI) officiel publié par le Bureau national de la statistique a progressé à 50,1 en mars contre 49,9 en février et 49,7 attendu. Néanmoins, l'indice dépasse à peine la barre des 50 qui délimite la croissance de la contraction de l'activité, ce qui laisse penser que l'activité industrielle chinoise reste poussive. Les autorités ont estimé à 7 % le taux de croissance chinois en 2015.

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millionnaire Insolite. Zhou Qunfei, ancienne ouvrière dans une usine qui fabriquait des écrans pour téléphones mobiles, serait aujourd’hui la femme la plus riche de Chine, avec une fortune personnelle estimée à 7,4 milliards d’euros. En 2003, elle a lancé sa propre entreprise, Lens Technology, fabriquant elle aussi des écrans tactiles pour téléphones mobiles, ordinateurs et appareils photos qui a connu un succès fulgurant.

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T ÉLE X

énergie Selon l’agence Xinhua, la Chine va mettre en place un système de normes concernant la conservation énergétique afin de limiter la consommation de l'ensemble des industries gourmandes en énergie d'ici 2020. 80 % des normes chinoises sur l'efficacité énergétique, aujourd’hui jugées « limitées et dépassées », devront alors, d’ici à 5 ans, respecter les normes internationales en vigueur.

Internautes La Chine comptait 650 millions d’internautes début 2015, selon le Centre d'information sur l'internet en Chine (CNNIC). Ce chiffre représente une augmentation de quelque 30 millions par rapport à 2013. Est incluse dans la population d'internautes toute personne ayant utilisé le web au moins une fois dans les six derniers mois.


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Abonnez-vous au bulletin économique mensuel à cette adresse : http://www.ambafrance-cn.org/Abonnez-vous-au-Bulletin-Economique-Chine

24 % | 15 %

Il y aura en Chine en 2035

2 enfants par personne âgée, La proportion de la population respectivement âgée de plus de 65 ans et de moins de 15 ans en Chine en 2050 selon des projections de l’ONU (contre respectivement 8 % et 18 % en 2010).

90 % | 7 % | 3 % La structure de l’offre de soins aux personnes âgées en Chine (90 % des personnes âgées bénéficient de soins à domicile ; 7 % d’un accueil dans des centres de jour ; 3 % d’un accès à des résidences médicalisées).

816

contre 6 pour 1 en 1975, selon des projections de l’ONU.

Chaque jour en Chine, environ

25 000 personnes atteignent l’âge de la retraite.

millions d'euros Les exportations françaises de biens du secteur de la santé vers la Chine en 2014 selon les douanes françaises (soit 5,7 % de part de marché).

5 millions

Le nombre de lits en résidences de personnes âgées. On estime que 10 millions de lits seront nécessaires en 2020.

107

Le nombre de membres du Club Santé Chine* en France et en Chine fin mars 2014. * plateforme regroupant les entreprises françaises du secteur intéressées par le marché chinois et celles qui y sont déjà implantées ainsi que les services de l’Etat.

33 %

516

La part dans le PIB chinois des biens et services destinés aux seniors en 2050 (contre 6,8 % en 2013) selon le livre bleu sur le développement de l’industrie du vieillissement en Chine publié en septembre 2014 par le Comité national du vieillissement.

milliards USD

Les dépenses de santé en Chine en 2013 soit 5,6 % du PIB (moyenne OCDE : 9,3 % du PIB).

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Grande Interview Connexions : Vous avez cofondé International SOS en 1985. 40 ans plus tard, l’entreprise compte 13 centres régionaux et emploie plus de 12.000 salariés qui peuvent intervenir sur quelque 70 pays. Quels ont-été, sur ces 40 années écoulées, les grands moments de cette « success story » française à l’international ? Arnaud Vaissié : En trente ans, le monde

s'est véritablement métamorphosé. Nous avons dû faire face à des tsunamis, des séismes, des guerres civiles ou encore des épidémies comme le SRAS (voir page 53) et Ebola. Nous avons il est vrai commencé comme un service d'aide d'urgence. Aujourd'hui, nous nous montrons tout aussi performants en matière de prévention, notamment par la formation, la préparation et la planification. Toutes ces mesures nous permettant de réduire sensiblement les risques de santé et de sécurité. Nous proposons des services qui permettent aux entreprises, aux gouvernements et aux ONG de poursuivre leurs activités tout en maîtrisant ces risques pour leurs employés.

Arnaud Vaissié DR

Co-fondateur et Président de International SOS

LA SANTÉ EN CHINE

« DES RISQUES VARIABLES ENTRE VILLES ET VILLAGES » Président du groupe International SOS (12 000 employés dans le monde) et par ailleurs, président du réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie Françaises à l’International analyse pour Connexions les enjeux de l’actuelle réforme de la santé en Chine.

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Quelle est la stratégie de développement de l’entreprise pour l’horizon 2025 ?

Nous allons continuer à nous concentrer sur l'innovation qui fait partie de notre ADN. Que ce soit en termes de services ou de technologies, l'innovation est à la base de nos activités dans le monde entier. Nous allons ensuite accélérer notre expansion géographique, en Amérique latine notamment. Enfin, nous allons investir dans les technologies, car nous sommes persuadés que l'ère du numérique est en train de révolutionner l'accès aux soins.

Envisagez-vous l’ouverture de nouveaux centres ou une présence renforcée en Chine continentale, dans des villes dites de deuxième ou troisième catégorie par exemple ?

Nous allons là où nos clients ont besoin de nous, en particulier pour créer des centres médicaux et développer des projets de médicalisation de sites. Nous avons ouvert notre premier centre médical à Pékin en 1989 et depuis nous proposons des services de santé de standards internationaux à plus de 80 000 patients chaque année en Chine. Nos centres médicaux de Shenzhen, Nanjing, Tianjin et plus récemment, celui de Dalian, soulignent notre capacité à fournir des services de santé là où nos clients sont implantés. Ces structures aident les expatriés à mieux appréhender leur vie en Chine en leur donnant accès à des soins de grande qualité, ainsi qu'à un véritable centre communautaire. Nous offrons également nos services de médicalisation et mise à disposition de personnel médical dans 40 autres sites chinois. Nos clients


peuvent ainsi répondre aux besoins de leurs collaborateurs en matière de santé dans des zones où l'aide médicale est généralement très limitée.

Quelle analyse portez-vous sur la grande réforme de la santé en Chine qui a certes permis en quelques années de généraliser à l’ensemble de la population le principe d’une couverture médicale de base mais n’a pas significativement réduit le fossé sanitaire entre villes et campagnes ?

La Chine est un pays gigantesque en plein essor. Dans les grandes villes, on trouve des prestataires de qualité dotés du matériel et du personnel adéquats pour des services de santé conformes aux normes internationales. Ailleurs, il n'est pas rare que l'accès aux soins médicaux, d'urgence et dentaires, ainsi que l’approvisionnement en médicaments soient limités et que les personnes soient en plus confrontées à une surcharge des hôpitaux. Vous risquez également, selon les endroits, d'être exposé à des maladies graves telles que la dengue, la typhoïde et le choléra. Les dernières réformes en matière de santé mises en place par le gouvernement visent à promouvoir le développement des services de santé communautaires afin de soulager les principaux hôpitaux publics et de garantir un accès aux soins primaires et spécialisés plus uniforme en Chine. Dans le même temps, on constate une augmentation de l'investissement de capitaux privés (chinois comme étrangers) dans le secteur privé. De nouveaux hôpitaux avec des équipements à la pointe font leur apparition. Voilà pour le côté « hardware ». L'aspect « software » est à venir, notamment concernant la gestion de structures médicales, les prestations de santé, les parcours cliniques, les dossiers médicaux, les formations, le service client, etc. Les réformes des modèles financiers et du secteur des assurances seront également déterminants dans la manière dont les hôpitaux interagiront et apporteront leurs services aux communautés dans le futur. Tout comme le seront les réformes concernant les nouvelles technologies et le secteur pharmaceutique.

Quels sont alors les grands enjeux sanitaires de la Chine ?

Les risques sont variables 1/2entre les villes et les villages. Le pays est confronté à des problèmes 170x125 de santé, mais également à des problèmes de processus, caractéristiques des pays en voie de développement. On constate en outre des différences culturelles notables en termes de gestion de la douleur et d'approche des traitements. Les soins pré-hospitaliers sont un concept encore méconnu en Chine ; ainsi, en cas d'urgence médicale, il se peut que ni la durée ni la qualité de l'intervention ne soient adaptées. On peut égale-

« La Chine est confrontée à des problèmes de santé, mais également à des problèmes de processus, caractéristiques des pays en voie de développement. On constate en outre des différences culturelles notables en termes de gestion de la douleur et d'approche des traitements. ».

ment être confronté à des problèmes d’approvisionnement en sang et en médicaments, ou encore à des risques de contrefaçon sur le marché.

Cette réforme constitue-t-elle une opportunité de croissance pour International SOS ?

La prévention constitue la base de nos activités avec les entreprises multinationales et chinoises. Notre objectif est de nous assurer que les employés bénéficient des soins de santé les plus adaptés possibles pendant toute la durée de leur déplacement. Dans cette optique, notre rôle est de savoir comment accéder aux meilleurs soins où qu'ils se trouvent dans le monde, dans un contexte sanitaire en pleine mutation. À cet égard, International SOS a cette capacité pour rechercher les prestataires locaux les plus efficaces en termes de qualité et de compétence en Chine. Notre équipe de spécialistes en charge de la gestion des relations avec notre réseau de prestataires s'emploie sans relâche à établir et préserver les liens avec les organisations médicales et les individus dans toute la Chine. C'est pour toutes ces raisons que je pense effectivement que la réforme génèrera de nouveaux axes de croissance en Chine, ainsi que de nou-

velles possibilités pour International SOS et ses clients. Nous avons également ouvert une division au sein de notre service de conseil médical en vol pour suivre l'évolution de la croissance du transport aérien en Chine. Après les ÉtatsUnis, ce sont en effet les compagnies aériennes chinoises qui transportent le plus grand nombre de passagers dans le monde.

Vous présidez également depuis 2013 le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie Françaises à l’International (CCIFI). Quelles sont les perspectives de développement du réseau et les grands projets en cours ?

Dirigeant un groupe né de la mondialisation et de ses échanges, j’ai pu mesurer combien la logique de réseau est essentielle au sein d’une économie mondialisée. Il est aujourd’hui impératif pour les entreprises françaises exportatrices de bénéficier de structures d’appui leur permettant de se projeter plus efficacement à l’international. Les Chambres de Commerce et d’industrie françaises jouent un rôle important pour le rayonnement de la France à l’étranger. Nous sommes le réseau franco-étranger le plus important dans le monde, avec 32 000 entreprises adhérentes dont l’une moitié est française et l’autre moitié, locale, dans chacun des pays où nous sommes. Elu il y a deux ans à la présidence de l’Union des chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (UCCIFE), il m’est apparu indispensable de faire évoluer le nom et l’identité visuelle de notre réseau. En effet, les 112 chambres présentes dans 82 pays qui composent notre organisation affichaient des noms et des logos différents. Nous sommes devenus l’année dernière CCI France International pour gagner en lisibilité et en efficacité. La nouvelle identité CCI France, suivie du nom du pays d’implantation, est désormais adoptée localement par la majorité de nos chambres. Nous disposons donc aujourd’hui d’une marque réseau immédiatement identifiable en France et dans le monde. Cette harmonisation passe également par la mise en place d’un outil commun de gestion des relations clients que nous mettons en place actuellement. L’objectif est d’apporter aux entreprises un service lisible et efficace. J’ajoute que le nouvel accord entre les CCI – en France et à l’étranger – et Business France, signé le 11 mars dernier par le Secrétaire d’Etat au commerce extérieur, devrait permettre une mobilisation plus judicieuse de chacun des réseaux. Les CCI de France et de l’étranger démontrent ainsi, par cette signature, leur volonté de contribuer à une meilleure coordination avec l’ensemble des acteurs publics nationaux. L’enjeu est de taille : renforcer la dynamique à l’export des entreprises françaises, mais aussi le rayonnement de la France sur la scène internationale. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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Santé

Quand la Chine

fait sa révolution


Engagée depuis 10 ans dans une vaste réforme de son système santé, la Chine tente de réduire l’énorme fossé sanitaire qui sépare les villes et les campagnes où près d’un million de médecins aux pieds nus – souvent formés aux techniques médicales sur le tas – font encore office sur place de seuls spécialistes. Confrontées à un vieillissement rapide, au creusement des inégalités, à une puissante urbanisation, à des déséquilibres territoriaux majeurs, à l’envol des prix immobiliers, « aux attentes des classes moyennes, aux défis de la pollution, à de nouvelles mobilisations contestataires, les autorités doivent investir », comme le relevait récemment le quotidien Les Echos. Les dépenses de protection sociale sont ainsi passées de 4 % du PIB en 2000 à 6 % environ aujourd'hui. Un secteur qui fait donc sa révolution. Quelles sont, dans ce contexte de forte croissance, les opportunités d’affaires et de collaborations pour les entreprises françaises ? Dossier et analyses


Repère

• Un médicament contre la grippe vendu en moyenne 3.74 yuans en 1991 était vendu moins de 15 ans plus tard 25,97 yuans. L’achat de médicaments représentait en 2011 encore jusqu’à 50 % du budget santé d’un Chinois. (Sources : China Health Nutrition / revue China Pharmacy).

• 2000 hôpitaux de campagne ont été construits de 2008 à 2012 tandis que 11 000 dispensaires (ou cliniques de quartier) ont été dans le même temps reconstruits ou rénovés. Sur cette même période, 360 000 professionnels de la santé (médecins, infirmières, etc.) ont été formés dans les campagnes, 160 000 dans les villes. (Sources : K. Eggleston. Université de

À retenir

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vril 2009. Hu Jintao – maître à Zhongnanhai – tient alors les rênes du pays. Trois ans plus tard, ce sera au tour de Xi Jinping. Mais cette année-là, le président chinois en place sait que le temps presse… Car avant de passer la main, l’homme doit convaincre de l’efficacité de sa politique sociale alors que le « petit peuple » de Chine commence à exiger de meilleures conditions de travail et de vie. Comment ? En misant sur un système de santé, dixit, « plus harmonieux »… L’affaire n’est pas nouvelle. Depuis 2003 déjà – année justement de l’entrée en fonction du président Hu à la tête de la RPC – un nouveau système coopératif permet aux 730 millions

de ruraux de bénéficier, en échange d’une faible cotisation, d’une assurance santé de base. Mais un énorme fossé sanitaire sépare encore les villes et les campagnes. Hu Jintao lance alors une vaste réforme du système qu’il confie à son ministre de la Santé, le francophile Chen Zhu. Objectif du chantier, unique au monde par son ampleur : étendre à l’ensemble de la population le système d’assurance médicale, améliorer les services et les structures de santé de proximité, établir une liste de médicaments moins chers et casser le monopole des hôpitaux publics qui captent l’ensemble des prescriptions médicales. En d’autres termes : mettre à niveau un système jusqu’alors complètement éclaté et à plusieurs vitesses. La qualité des services (équipements, capacité d’accueil,

1979

De 1980 à 1991

Jusqu’en 2003

Avec la période de démaoïsation, l’Etat commence à casser le système médical centralisé qui prévalait jusqu’alors. Le patient doit désormais payer pour être soigné.

Pékin demande aux provinces de financer en partie les structures médicales locales. Apparaissent alors de nouveaux acteurs privés qui font exploser les prix des soins et des médicaments.

Le système s’emballe. La plupart des 800 millions de paysans ne sont pas assurés. En ville, le démantèlement des grandes entreprises d’Etat affaiblit le système de couverture médicale des fonctionnaires.

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Objectif de la réforme, unique au monde par son ampleur : étendre à l’ensemble de la population le système d’assurance médicale, améliorer les services et les structures de santé de proximité, établir une liste de médicaments moins chers et casser le monopole des hôpitaux publics qui captent l’ensemble des prescriptions médicales. En d’autres termes : mettre à niveau un système jusqu’alors complètement éclaté.

Pa r o l e à

Eri c B o ut e i l l e r

Président de Ipsen Chine & Vice-président senior de Asia Primary Care Operations

Le marché chinois : quelles caractéristiques ? Deux tendances de fond caractérisent le marché de la santé en Chine et le rendent particulièrement prometteur sur le long terme. D’une part, l’accroissement du revenu disponible par habitant se conjugue avec, d’autre part, le vieillissement de la population. Ces deux dynamiques devraient engendrer une croissance mécanique des dépenses de santé. Bien que la santé représente une part importante du budget des ménages, son financement au niveau étatique a longtemps été limité. Selon l’OMS, les dépenses de santé s’élevaient à 5,4 % du produit intérieur brut chinois en 2012, contre 11,8 % en France; soit une dépense moyenne de 320 dollars par citoyen en Chine, bien en dessous des 4700 dollars dans l’hexagone.1 Vu la taille de la population chinoise, le marché devrait croitre considérablement au cours des années à venir. Le financement du système de santé chinois fait actuellement l’objet d’une réforme d’envergure. En dehors de pôles de compétences de niveau mondial situés dans les grandes villes, la majorité des hôpitaux n’ont que des ressources limitées. L’État a un rôle prépondérant dans l’administration des soins en Chine. C’est pourquoi, des entreprises et des administrations publiques françaises se sont alliées pour former le « Club Santé Chine ». Cette initiative fait partie d’un projet global visant à promouvoir à l’international l’offre française en matière de santé. J’ai eu la chance de présider le Club Santé en Chine après sa création, l’année passée, avant de passer le flambeau à mon collègue de bioMérieux.

niveau de qualification du personnel), entre les villes et les campagnes pouvait alors varier de 1 à 10. « De 1979 au début des années 2000, l’Etat a consciemment privatisé le secteur de la santé dans le but d’améliorer l’offre des soins et des infrastructures proposés jusqu’alors », résume ainsi Carine Milcent, chercheur au CNRS spécialiste du système de santé chinois, actuellement en poste eu CEFC1 à Hong-Kong. « Mais le gouvernement n’a pas su stopper la hausse des prix. Sur la vente de médicaments par exemple, la marge des hôpitaux en 2009 était colossale [jusqu’à 70 % des revenus de certaines cliniques dans les grandes villes] 2 ». Ouverture au privé 6 ans plus tard, la réforme reste en chantier. D’aucuns estiment qu’il faudra encore entre

. Organisation mondiale pour la santé, données en ligne, accessibles sur http://apps.who.int/gho/data/view.

1

main.1920ALL. Les montants cités ont été calculés à partir de taux de change moyens pour l’année en question.

A propos de Ipsen en Chine

Ipsen est un groupe pharmaceutique de spécialité à vocation globale dont le chiffre d’affaires a dépassé 1.2 milliard d’euros en 2014. Le Groupe s’appuie sur une expertise dans le domaine des peptides et des toxines développée dans ses centres de recherche des Ulis sur le Plateau de Saclay/Paris (France), Slough/Oxford (Royaume-Uni) et Cambridge dans le Massachusetts (États-Unis). Ipsen a ouvert ses premiers bureaux en Chine en 1992, puis a créé le site industriel de Tianjin pour la production locale de Smecta®. Ipsen China est devenue la seconde filiale du Groupe, avec aujourd’hui environ 640 collaborateurs. Le site assure le conditionnement de Smecta pour le marché chinois. 28 millions de boîtes de sachets y ont été vendues en 2014. Désormais, les traitements dans les domaines de l’endocrinologie et de l’urologie-oncologie, par exemple Diphereline®, représentent une grande partie des ventes d’Ipsen China.

De 2003 à 2009

Avril 2009

Depuis 2009

Mise en place dans les zones rurales d’un nouveau dispositif coopératif (baptisé NCMS - New Cooperative Medical Scheme) qui permet à l’assuré, en échange d’une faible cotisation, d’avoir un accès gratuit à une base minimale de soins.

Adoption par le comité central de la présente réforme dont les principaux objectifs sont d’étendre à l’ensemble de la population le système d’assurance médicale, de renforcer ce système, d’améliorer les services de santé de proximité, d’établir une liste de médicaments moins chers - produits sous forme générique et d’établir une séparation (qui souvent n’existe pas) entre l’hôpital, fournisseur de services médicaux, et la pharmacie qui vend les médicaments.

Un plan d’investissements de 850 milliards de yuans est consacré à cette réforme. En 2012, les dépenses ont été plus élevées que prévues, exigeant l’affectation, relate l’ambassade de France en Chine, d’un montant supplémentaire de 280 milliards de yuans.

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5 à 10 ans avant d’en mesurer l’impact réel dans la société chinoise. Mais au moins, « des mesures ont été prises pour généraliser la prise en charge universelle de base qui couvre aujourd’hui, selon les estimations officielles, environ 97 % de la population », analyse Carine Milcent. Et même si la question – centrale – d’une meilleure prise en charge des populations rurales et des travailleurs migrants reste posée, la réforme a « donné du souffle au système », reconnait l’universitaire française. Et d’estimer que ladite réforme va permettre, à terme, un accès au marché à des structures privées, jusqu’alors très minoritaires (de l’ordre de 5 % de l’offre globale // part qui devrait peser 20 % du marché à l’horizon 2030).

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Constat partagé par Liu Weina, directrice des opérations de l’hôpital privé pékinois International Medical Center. « Avec la réforme actuelle, la Chine entend diversifier son offre en développant une médecine privée : hôpitaux internationaux ou départements privés au sein de structures publiques ». Mesures accompagnées « d’une ouverture progressive aux groupes étrangers dans le secteur de l'assurance. Une chose est sûre : il y aura dans les prochaines années plus d'hôpitaux internationaux établis en Chine car la demande est là ». 3 millions de médecins De fait, les Chinois ont, conséquemment à l’augmentation de leur niveau de vie, appris

(aussi) à prendre soin de leur santé. Un capital que la nouvelle classe moyenne veut entretenir, et à grand frais si nécessaire. La santé est ainsi devenue une affaire de gros sous – le prix d’une simple consultation avec un généraliste d’hôpital pouvant, dans une même ville, varier à l’infini. Il en est de même pour une hospitalisation, un accouchement, etc. Et même si la médecine traditionnelle chinoise – moins onéreuse – reste très populaire. « Une médecine jugée très efficace dans le traitement de maladies communes mais aussi infectieuses », précise Gabriella Filipovoci, du département médecine traditionnelle à l’hôpital pékinois Hong Yitang. « Dans les zones rurales

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Un habitant du village de Tianzhan présente sa carte de sécurité sociale à un hôpital local.


Zoom sur DR

L’Institut Pasteur de Shanghai

Trois questions à…

Inauguré en 2004, au lendemain de l’épidémie du SRAS, cette entité de l’Institut Pasteur à Shanghai (IPS), créé en partenariat avec l’Académie des Sciences de Chine (CAS) et la mairie de Shanghai, s’est doté comme objectif, souligne son directeur général Ralf Altmeyer, « de renforcer les capacités de recherche de la Chine sur les maladies infectieuses à travers des coopérations scientifiques avec la France». L’Institut propose également de promouvoir l’innovation internationale en Chine au bénéfice des sociétés biotechnologiques et de la santé publique. « L’Institut se positionne pour devenir un hub chinois de coopération avec les PME françaises et internationales du secteur biotechnologique et offrir son expertise technique, ses accès privilégiés aux laboratoires et hôpitaux tout en assurant un contexte favorable à la coinnovation et à la protection de la propriété intellectuelle », précise l’ambassade de France en Chine. « Les domaines d’application sont en particulier le développement de vaccins, thérapeutiques et diagnostiques contre les maladies infectieuses (hépatites virales, tuberculose multi-résistante, grippe aviaire, encéphalites) et les cancers d’origine virale ». En Janvier 2015 l’IPS a réalisé un transfert de technologie avec la société pharmaceutique chinoise « Hainan Honz pharmaceuticals » pour le développement du premier médicament antiviral contre la maladie Pieds-MainsBouche qui provoque environ 20 000 cas sévères chez des enfants de moins de 5 ans.

Ral f Alt m eye r

Directeur général de l’Institut Pasteur de Shanghai

« Une équipe de 300 personnes » Comment est composé et financé l’Institut Pasteur de Shanghai ? Actuellement, 27 équipes, composées de chercheurs et d’étudiants, travaillent dans ses laboratoires, soit 300 personnes. La structure dispose d’un financement récurrent de l’’Académie des Sciences de Chine. Nous travaillons en recherche fondamentale sur les maladies infectieuses – comme l’hépatite C, le Sida, la grippe ou encore la maladie pieds-mains-bouche. Pour cette pathologie, nous avons développé un candidat médicat en partenariat avec une société chinoise qui a acquis le brevet. L’Institut Pasteur de Shanghai travaille-t-il avec l’industrie privée ? Oui, mais la recherche publique en Chine est encore très focalisée sur la recherche fondamentale et moins sur ses applications. Cela pourrait changer prochainement grâce à la nouvelle loi de transfert de technologie – inspirée du modèle américain Bayh-dole Act mis en place dans les années 80 – laquelle pourrait rendre plus efficace la recherche publique dans l’économie. Elle pourrait être votée et appliquée dès cette année et permettrait alors aux instituts de recherche de négocier avec des partenaires industriels privés et de garder ces revenus si ceux-ci sont investis dans la recherche. Cela permettrait de créer des flux financiers dans la R&D académique et faciliterait la transition vers le privé. Ce qui est déjà le cas d’instituts phare mais ce n’est pas généralisé. Quelles opportunités cette loi peut-elle déclencher auprès des entreprises françaises ? Elles sont nombreuses, surtout pour les PME et les Med Tech présentes en Chine et qui n’ont pas la capacité financière et logistique des grands laboratoires d’ouvrir leur propre centre R&D. Les mondes du public et du privé vont pouvoir ainsi se croiser davantage, cela va permettre de mettre la recherche appliquée au même niveau que la recherche fondamentale qui a déjà atteint un niveau international. Dans le système actuel, qui va changer profondément avec cette nouvelle loi, ce sera désormais un plus de travailler avec un industriel. Nous allons passer d’un système où la coopération avec les industriels était un « good to have » à celui qui va imposer le « must have ».

mais aussi urbaines, la plupart des gens vont encore essayer la médecine traditionnelle et auront recours à la médecine occidentale, en cas de complication seulement ». Une chose est sûre : l’esprit de la réforme est de casser le fossé sanitaire qui au fil des années a lentement séparé Chine des villes et Chine des champs. « C'est une réforme essentielle dont les enjeux de santé publique sont évidents ; enjeux qui sont aussi économiques et sociaux », insiste Pascal Vincelot, président Chine de bioMérieux, l'un des grands laboratoires français présent en Chine depuis 1983 (480 personnes en Chine, chiffre d'affaires 2014 : 130 millions d'euros // voir interview de Alain Mérieux page 46). L'axe principal

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Propos recueillis par P. Ti

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Who’s who

Chen Zhu l’homme de la réforme Il est sans doute le plus francophile des ministres ou ex-ministres du régime chinois. Actuel vice-président du comité permanent de l’assemblée populaire nationale, non membre du PCC, ce médecin en hématologie a en effet été formé 5 ans à Paris. Nommé ministre de la santé en 2007, ce shanghaien d’origine hérite, soulevait l’hebdomadaire Le Vent de la Chine en 2009, « d’une maison en feu devant enrayer une série sans fin d’alertes qui culminèrent par le scandale du lait à la mélamine et 300 000 bébés atteints de calculs rénaux ». Il lançait alors la réforme de la santé dont le but, résumait-il, « est de pouvoir proposer un système d’assurance médicale universelle. Nous allons d’abord fixer un cadre général à cette réforme puis étaler son application jusqu’en 2020. Nous allons également remettre à niveau l’ensemble des infrastructures médicales du pays et lancer un vaste programme de formation du personnel dans tous les hôpitaux. » Chen Zhu a été remplacé au ministère de la Santé en 2013 par Li Bin, actuelle ministre et ancienne gouverneure du PCC de la province de l’Anhui.

de cette réforme ? « L'universalité du système (plus de 95 % de la population est maintenant couverte) ; même si le niveau de remboursement, exclusivement pour l'hospitalisation, reste faible : à l'exception de quelques pathologies comme certaines leucémies, désormais prises en charge à 100 % », analyse M. Vincelot qui préside également le Club Santé Chine (voir encadré). « Beaucoup d'argent a été débloqué, en priorité vers l'intérieur de la Chine sur des hôpitaux communautaires, avec la construction ou la remise à niveau de 7000 hôpitaux en 3 ans. Mais nous n'en sommes qu'au début. La réforme va prendre du temps. Le cap de 2020 fixé pour atteindre le niveau des meilleurs pays émergents - comme Cuba ou encore la Thaïlande - va sans doute être dépassé ». Faute de personnels suffisamment qualifiés. Un article du Shehui Baozhang, paru en 2014 et repris par Courrier International, insistait sur ce point. « Le personnel médical a encore un niveau de formation insuffisant », estimait son auteur.

A RETENIR

Le Club Santé Chine a été créé dans la foulée de la visite présidentielle de François Hollande en Chine en 2013. « Il réunit CES, différents départements de l’ambassade de France en Chine, des organismes de santé comme Lyon Biopôle, l’Institut Pasteur, des industriels, etc. », résume Pascal Vincelot, son président, par ailleurs président Chine de bioMérieux. En tout ce club, qui se réunit environ deux fois par an et qui permet dixit, « d’augmenter sensiblement la visibilité de l’offre française en Chine » réunit quelque 103 acteurs. Autant d’acteurs qui étaient présents aux rencontres franco-chinoises de la santé en août dernier, labellisé par le comité d’organisation du cinquantenaire des relations diplomatiques France-Chine et fléché par le Club des mécènes. Ce Forum a été l’occasion de valoriser une vision française de la santé publique et de la gestion hospitalière et de valoriser l’ensemble de la « filière santé » française.

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Le Club Santé Chine

« Selon nos estimations, sur les 3 millions de médecins chinois, un sur deux seulement a fait plus de quatre ans d'études (contre un sur trois en 2007). {…} Ces dix dernières années, seulement un diplômé d'une faculté de médecine sur sept choisit d'être médecin à l'issue de ses études. Pourquoi ? Parce que notre système de santé difforme conduit de nombreux étudiants en médecine à préférer changer carrément d'orientation. » Et de dénoncer également la corruption persistante qui gangrène le monde chinois de la santé : « Dans les hôpitaux chinois publics, les médecins sont payés selon une grille administrative et une échelle salariale strictes, qui ont peu varié au cours des trente dernières années. Les praticiens sont de ce fait dans l'impossibilité d'obtenir une juste valorisation de leurs services en restant dans le droit chemin. Aussi, les revenus illégaux tels que les dessousde-table et les commissions constituent désormais l'essentiel des rentrées d'argent dans la profession, et la part qu'ils représentent dans l'ensemble des revenus d'un médecin dépend seulement du culot de celui-ci ». (suite p. 22)


Pierre Fabre

« Nous allons pour ce faire croître notre équipe de +50 % environ par an sur 3 ans et lier des partenariats. En Chine comme dans tous les pays qui élargissent l'accès au soin, cet élargissement se traduit généralement par une plus forte pression sur les prix. »

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Pervenche tropicale, principe actif de Navelbine

Trois questions à…

Jacq u e s C h evallet Directeur régional Amériques et Asie-Pacifique, Pierre Fabre Médicament

Objectif 2018

« Faire croître en Chine notre équipe de 50 % par an » Quelle est la stratégie de développement Pierre Fabre Médicament en Chine à l'horizon 2020 ? La prise en charge des cancers est en croissance forte en Chine, de plus de 25 %. C'est également la croissance du marché. Il y a un besoin considérable et nos multiples expertises en oncologie, de la recherche à la commercialisation, vont nous permettre d'apporter notre contribution et d'être en phase avec cette dynamique. Notre stratégie pour les prochaines années est donc de continuer à nous développer prioritairement en oncologie en nous appuyant principalement sur Navelbine Orale. Dans les autres domaines thérapeutiques d’intérêt pour le groupe - dermatologie, santé bucco-dentaire et santé familiale - notre développement passera par des alliances. La santé en Chine se démocratise. Quels sont les enjeux - économiques notamment - de cette ouverture pour votre groupe ? Le développement économique de la Chine favorise effectivement l'accès au soin. Dans le

même temps, son développement économique génère également le développement de pathologies notamment liées à la pollution comme le cancer du poumon qui est le premier cancer en nombre de patients, sans réel distinction par sexe. Ces 2 effets créent bien évidemment la dynamique du marché pharmaceutique chinois qui va s'accompagner d'éléments favorables mais aussi d'éléments contraignants pour notre développement. Le pays a des difficultés pour accompagner notamment au niveau de l'offre hospitalière le triple effet de la démocratisation des soins, le développement de la population et l'accélération de l'épidémiologie de certaines pathologies. C'est le cas dans le cancer du poumon et ceci d'autant plus en dehors des grands centres urbains. Un traitement qui, comme Navelbine Orale permet de prendre en charge les patients avec un suivi à distance s'inscrit totalement dans ce besoin et soutend notre ambition sur le pays. Les enjeux de ces ambitions sont d'abord qualitatifs : faire évoluer la prise en charge des patients, développer leur éducation pour une bonne

efficacité des soins par l'observance médicamenteuse - nous travaillons pour cela avec des chaînes d'officines spécialisées. Ils sont ensuite quantitatifs et territoriaux, de la nécessité de rencontrer les équipes de soin dans des villes de niveau 3 et au-delà. Nous allons pour ce faire croître notre équipe de +50% environ par an sur 3 ans et lier des partenariats. En Chine comme dans tous les pays qui élargissent l'accès au soin, cet élargissement se traduit généralement par une plus forte pression sur les prix. La révision - toujours en cours - de la réglementation du prix applicable au médicament en Chine va aller dans ce sens avec un effet négatif sur notre chiffre d'affaires et notre rentabilité. Vous évoquez la difficulté d'accès au marché du médicament. Comment cette difficulté se traduit-elle ? Le premier obstacle d'accès au marché est tout d'abord réglementaire avec des processus longs et coûteux. Ainsi, nous avons du travailler 8 années pour amener Navelbine Orale sur le marché Chinois. C'est aussi un retard dans l'accès aux traitements innovants pour les patients et les récentes évolutions de la réglementation ne promettent pas d'amélioration. J'ai évoqué ensuite le prix des produits, une pression accrue sur les prix négociés au niveau hospitalier, provincial puis national et actuellement un flou sur la réglementation applicable puisque les textes définitifs n'ont pas été publiés. Une difficulté géographique enfin puisque le territoire est immense avec effectivement des disparités dans l'offre de soin qui certes tendent à se réduire mais l'effort est colossal pour concilier le développement de l'accès au soin, croissance démographique et effets collatéraux de la croissance économique. Navelbine Orale répond à ce besoin de soin pour les patients en dehors des métropoles mais il faut alors travailler sur la prise en charge financière et aussi en accompagnement des soins. Propos recueillis par P. Tiessen

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« Silver economy »

La stratégie gagnante de Colisée

La Chine, nouvel eldorado pour les spécialistes français des maisons de retraite ? Des entreprises tricolores du secteur tentent de s'implanter sur ce marché au potentiel gigantesque1, mais « doivent s'armer de patience et d'humilité vu le fossé culturel à combler », comme le relevait Le Parisien en 2014. Une nécessité : s’implanter sur place et trouver des relais de croissance via des partenariats avec des opérateurs ou investisseurs chinois. C’est le choix du groupe bordelais Colisée patrimoine Group (dans le Top 5 français du secteur) qui a ouvert dès 2008, une filiale à Pékin et créé une JV (49/51) avec China Merchant notamment pour la construction en Chine de plusieurs établissements d'hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad). « L’objectif est de développer avec ce partenaire plus de 1000 lits – soit 6 à 7 Ehpad - dans les 4 ans », précise Olivier Dessajan, directeur du groupe français en Chine. Le premier, en cours de construction, devrait ouvrir ses portes en 2016 dans le district de Panyu, à Canton. « Il s’agit d’une ville nouvelle avec 300 villas, une vingtaine de tours, un mall… Notre établissement sera accolé à une clinique moderne développée par un opérateur européen ». La cible ? Assurément, « haut de gamme ». « La clientèle est là en Chine. Les Français sont les seuls à apporter des soins à la grande dépendance. Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer par exemple cette offre n’existe pas », appuie Olivier Dessajan. Conséquence : « Nous allons devoir éduquer le marché et former les ressources. Mais nous avons l’élan et je crois à la valeur ajoutée des acteurs français. La Chine a besoin d’appartements senior ou maisons de retraite qui sont en capacité de recevoir des personnes autonomes ». 1. A horizon 2050, la Chine comptera 400 millions d'habitants de plus de 60 ans, contre 180 millions en 2010, dans un contexte d'urbanisation croissante.

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Sanofi

Présent en Chine depuis 2008, le groupe bordelais positionné sur le marché des maisons de retraite vise 1000 lits d’ici 4 ans, développés avec China Merchant.

Sanofi : 9 000 employés en Chine Déficit de médecins expérimentés, gigantisme du pays, corruption et fossé sanitaire important… Autant de défis pour une Chine où naguère – il y a 50 ans à peine – étaient formés sur le tas et par centaines de milliers des médecins aux pieds nus ; simples villageois transformés en « toubibs » des campagnes… Compte-tenu de ces spécificités uniques au monde, « il faut saluer la remarquable transformation du système de santé chinois », insiste Eric Bouteiller, président du laboratoire Ipsen Chine (voir « Parole à » page 17). Un système qui pendant de nombreuses années a été extrêmement dynamique. Et même si ce marché se contracte – avec l’émergence de concurrents domestiques performants et la mise en place de nouvelles règlementations qui freinent certains « nouveaux entrants » - le marché chinois de la santé est devenu incontournable pour les multinationales. En particulier dans le secteur pharmaceutique.

Le géant français Sanofi, leader mondial de la santé, présent sur ce marché depuis 1982, y emploie quelque 9 000 personnes et y dispose de 11 bureaux régionaux (Pékin, Tianjin, Shenyang, Shanghai, Hangzhou, Nankin, Wuhan, Chengdu, Canton, Jinan et Urumqi). « Nous sommes dans une position unique pour répondre aux besoins de santé publique à travers un large portefeuille de médicaments innovants, de vaccins et de services », fait-on savoir au siège Chine de Sanofi à Shanghai. « Nous travaillons également en partenariat avec le gouvernement chinois et les sociétés médicales pour aider les médecins chinois à améliorer leurs compétences et connaissances. Par exemple, le partenariat public/privé « China Initiative of Diabetes Excellence (CIDE) ». Cette initiative sur 5 ans développe un modèle de gestion du diabète centré sur le patient. Fin 2014, plus de 500 experts, ainsi que 10 000 médecins de comptés et d’hôpitaux communautaires avaient ainsi été formés à ce programme. »


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Déficit de médecins expérimentés, gigantisme du pays, fossé sanitaire important… Autant de défis pour une Chine où naguère – il y a 50 ans à peine – étaient formés sur le tas et par centaines de milliers des médecins aux pieds nus ; simples villageois transformés en « toubibs » des campagnes…

Le “tsunami” GSK Il y aura, pour les grands laboratoires présents en Chine, un avant 19 septembre 2014 et après. Ce jour-là, la cour intermédiaire de Changsha jugeait le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) coupable d'avoir versé des pots-de-vin pour doper ses ventes en Chine. Le laboratoire a été condamné à une amende de 3 milliards de yuans, soit l'équivalent de 378 millions d'euros - la pénalité "la plus élevée" jamais infligée par la justice chinoise à une entreprise, selon des médias officiels. D'après l'agence officielle Chine nouvelle, cinq cadres dirigeants du groupe, épinglés pour « avoir activement organisé et soutenu (...) les versements de pots-de-vin », ont été condamnés par le même tribunal à des peines d'emprisonnement à l'issue d'un procès à huis clos. Parmi eux, l'ex-patron de GSK en Chine, le Britannique Mark Reilly, s'est vu infliger trois ans de détention, mais il a depuis bénéficié d'une remise de peine et a été expulsé. Au terme de 10 mois d'enquête, la police avait conclu en mai 2014 que Mark Reilly lui-même avait ordonné à ses équipes de commerciaux de verser, selon l’AFP, des pots-de-vin à des hôpitaux, des médecins et des cadres politiques. « GSK avait cependant répété à de multiples reprises qu'il avait une "tolérance zéro pour toute forme de corruption", revendiquant "une pleine coopération" avec l'enquête ».

Un marché… difficile Il n’empêche, le marché chinois – pour les grands comme pour les petits laboratoires pharmaceutiques étrangers – s’est durcit. « Depuis 2007, la Chine a voulu professionnaliser son marché pharmaceutique et s’actualiser sur les normes de bonne fabrication, dites GMP (good manufacturing practices). Celles-ci sont devenues très restrictives », commente Petruzzi Giancardo, un « ex » de Sanofi Pasteur en Chine, aujourd’hui consultant indépendant. « Il faut beaucoup de temps pour « libérer » un produit qui rentre sur le territoire chinois ». « Le processus de certification et d’approbation… tout s’est compliqué », commente de la même façon Stéphane Hollande, patron de MBC Technology, PME spécialisée dans l’exportation de consommables médicaux - gants, cotons imbibés, aiguilles - et également des traitements diabétiques (sauf l’insuline). « Les barrières techniques sont très importantes en Chine aujourd’hui. Il faut compter au minimum un an pour obtenir la certification de matériels

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Repère

• Priorité à la prévention. En 2010, la population – rurale et urbaine – avait la possibilité de se faire vacciner gratuitement dans des établissements spécialisés contre 15 types de maladies contagieuses. • Dans les campagnes, la souscription à un système d’assurance de santé se fait sur la base du volontariat. Nul n’est donc obligé d’être assuré. Les salariés urbains (à l’exception encore de nombreux travailleurs migrants rattachés au régime des campagnes) cotisent normalement à une assurance proposée par leurs employeurs. 96 % de la population chinoise cotise actuellement à un système d’assurance maladie. L’accès aux soins varie énormément d’une région à une autre.

« Les barrières techniques sont très importantes en Chine aujourd’hui. Il faut compter au minimum un an pour obtenir la certification de matériels sans danger et pendant ce temps, il faut financer les tests, etc. Je connais une PME hongroise qui attend depuis 2 ans pour l’enregistrement de matériels pourtant basiques ». Stéphane HOLLANDE, patron de MBC Technology

sans danger et pendant ce temps, il faut financer les tests, etc. Je connais une PME hongroise qui attend depuis 2 ans pour l’enregistrement de matériels pourtant basiques ». Une analyse également partagée par Eric Bouteiller : « Pour des raisons règlementaires, les nouveaux produits entrent très tardivement sur le marché chinois. Dans certains cas, il faut attendre plusieurs années après leur commercialisation en Europe ou aux États-Unis. Les grands perdants sont évidemment les patients qui ne peuvent pas bénéficier des meilleures thérapies disponibles. Or, la China Food and Drug Administration a récemment annoncé qu’elle allouera des ressources supplémentaires pour diminuer les délais d’approbation des essais cliniques. Cette évolution est très positive pour les malades ». Nouvelles opportunités Mais à nouvelle Chine, nouveau marché. Et certains entrepreneurs tricolores de profiter de cette réforme de la santé tous azimuts pour capter de nouveaux besoins. A l’instar de Dr Com, groupe français créé en 1996 (suite p. 26)

Centre Médical International - Pékin Médecine familiale Médecine interne Chirurgie Endoscopie Orthopédie Urologie Dermatologie Pédiatrie Obstétrique/Gynécologie Consultation Psychologue

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Fax: 86-10-6462 2081


DR

Le point de vue de

An drew Y u

Expert stratégie & opération chez Deloitte Consulting Chine

« Encore d’importantes lacunes »

Dans quels secteurs la demande de la santé est-elle la plus élevée ? La Chine est confrontée à une crise sans précédent de maladies chroniques. Le pays compte ainsi 250 millions de personnes atteintes d’hypertension, l’équivalent presque de la population américaine. D'autres maladies chroniques, comme le diabète, l'arthrite et d'autres troubles immunologiques sont également en croissance à un rythme alarmant en raison de l'urbanisation et du changement dans le style de vie. La demande de prévention, de traitement et de soins de gestion est très élevée, mais des lacunes importantes existent encore, qui exige des efforts concertés pour sensibiliser le public, faire progresser le diagnostic et améliorer l'offre pour les thérapies innovantes. D'autre part, la dégradation de l'environnement (pollution de l’air et de l’eau) est à l'origine de nombreuses pathologies : maladies respiratoires, oncologie, etc. Les cancers ont augmenté rapidement dans les années 2000 pour devenir la principale cause de décès en Chine. Pourtant, d'importantes lacunes subsistent, de nombreux patients sont mal diagnostiqués et ne peuvent pas s‘offrir des thérapies innovantes qui représentent plusieurs fois leur revenu annuel et ne sont pas remboursés.

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Quel est l'impact de cette réforme pour les entreprises étrangères, notamment françaises ? La réforme actuelle handicape la rentabilité des entreprises étrangères présentes sur le marché chinois. Nous constatons par ailleurs un changement rapide des produits domestiques qui offrent une qualité désormais presque standard, ce qui freine la croissance des recettes de ces mêmes multinationales en Chine, en particulier pour des produits plus innovants. Cette utilisation plus marquée des produits domestiques s’explique par l’expansion des LME (liste des médicaments essentiels), combiné à une réduction des majorations pour les produits haut de gamme dans les pharmacies des hôpitaux. {..}

« La Chine est confrontée à une crise sans précédent de maladies chroniques. Elle compte ainsi 250 millions de personnes atteintes d’hypertension, l’équivalent presque de la population américaine ».

Qu'est-ce que les villes de deuxième et troisième catégorie peuvent représenter en termes d'activités ? Nous croyons que les villes de deuxième et de troisième rang deviendront un marché de plus en plus important à la fois pour les multinationales et pour les entreprises domestiques. D’abord, parce que le gouvernement augmente les investissements afin de créer des centres locaux / régionaux. Mais aussi parce que plusieurs provinces commencent à offrir une plus grande couverture de prise en charge pour les thérapies innovantes, de l’ordre parfois de 80 à 90%. Cette amélioration devrait encourager la croissance de la consommation plus soutenue pour certaines thérapies innovantes. Enfin, la création de centres de soins primaires – au niveau du comté – devrait augmenter le volume de consommation de produits génériques et conduire à des opportunités de croissance dans les médicaments hors brevet. Propos recueillis par P. Tiessen

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Pa r o l e à

Davi d L i

Chief Marketing Officer, Allianz Global Assistance en Chine

« Priorité à la prévention » « En 2013, le Conseil d'Etat a publié « plusieurs avis sur la promotion du développement de l'industrie des services de santé », indiquant explicitement que la Chine « doit vigoureusement mener des conseils de santé et faire un travail sur la prévention de la maladie, et promouvoir la transition des services axés sur le traitement aux services de prévention orientée ». {..} Des orientations très concrètes qui donnent la priorité à la prévention. Résumé en chinois par ce dicton : «防患于未然, 治未病», l’équivalent en français de « Mieux vaut prévenir que guérir ». {..} Déjà, j’ai vu des améliorations considérables dans les hôpitaux au cours des dernières années. Beaucoup de ces structures offrent désormais des services de réservation en ligne, protègent davantage la vie privée des patients, dirigent les patients atteints de maladies mineures vers des cliniques communautaires pour soulager la pression des hôpitaux surpeuplés, etc. Avec la croissance du revenu disponible en Chine, les clients exigent plus de leurs fournisseurs de services de santé, et ils veulent pouvoir accéder à des services médicaux appropriés en cas de besoin. Nous voyons des opportunités d'affaires dans de nombreuses villes. Allianz Global Assistance a maintenant sept bureaux en Chine - à Beijing, Shanghai, Canton, Shenzhen, Dalian, Qingdao et Chengdu ».

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“Assurance” en chinois

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(présent en Chine – à Pékin et à Shanghai – depuis 2013), positionné notamment sur le close loop marketing médical. « Le marché chinois est un marché à forte croissance pour l’industrie pharmaceutique avec de nombreux besoins digitaux, les chinois ayant une appétence très forte pour ce support », commente Thierry Pennel, managing directeur de DrCom en Chine. « Nous nous adossons à de gros laboratoires. Notre core business se porte sur le e-detailing, les entreprises ayant équipé leurs équipes medicale et commerciale de supports Ipad ou Android. Maintenant il leur faut des contenus attractifs, le contenu étant clé pour générer de l’interactivité, des remontées d’informations. Nous proposons ce contenu. » Dans un tout autre genre, le projet Wishu – lancé en 2012 depuis Shanghai par les Français Virginie Pré et Jérémy Rigaud – spécialisé dans les produits d’hygiène intime pour les femmes, type tampons. « Des produits jusqu’alors non utilisés ou très peu en Chine », reconnaît ce dernier. « Pour des raisons culturelle et d’accessibilité.

Nous nous sommes d’abord développés sur internet et visons aujourd’hui, en complément, la vente retail, via des distributeurs haut de gamme comme Parkson, Bazar Lotus, etc. » Une TPE en plein boom qui devrait passer de 3 à 8 salariés fin 2015. Même dynamique également pour Natéo Santé, structure basée en France et spécialisée dans les purificateurs d’air qui génère 70 % de son chiffre d’affaires (875 000 euros) en Chine. « Avant fin 2015 – parce que la demande est pressante – nous allons sortir une gamme spécifique pour le marché chinois, 100 % made in France », s’enthousiasme Thierry Ricci son fondateur. Au delà de ces initiatives françaises, c’est bel et bien l’avenir sanitaire d’un pays qui abrite le cinquième de la population mondiale qui se joue avec cette réforme de la santé. Un enjeu hors norme. 1. Centre d’étude français sur la Chine contemporaine – www.cefc. com.hk 2. En Chine, l’hôpital est traditionnellement l’endroit où les patients, à la fois, se font prescrire les médicaments et celui où ils les achètent.

Pierre Tiessen


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DR

Analyse

Ga br iel G ras

Service pour la Science et la Technologie Ambassade de France en Chine

Imagine China

Maladies Infectieuses Priorité de la coopération scientifique franco-chinoise

Les maladies infectieuses et parasitaires représentent la deuxième cause de mortalité dans le monde, soit 26 % de la mortalité globale pour 17 millions de décès par an. Ces maladies frappent inégalement les pays en fonction de leur localisation géographique mais également de leur niveau de développement. Cependant, malgré ces disparités, tous les pays sont confrontés à des pathologies infectieuses émergentes ou ré-émergentes liées à la mondialisation, au changement climatique, à de nouvelles pratiques agricoles ou à l’évolution du mode de vie : les agents pathogènes ne connaissent pas de frontières.

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L

a France possède une longue tradition de recherche et d’excellence dans le domaine des maladies infectieuses, comme l'atteste le grand nombre d'éminents scientifiques français (voir encadré en page 29). La recherche dans le domaine de la microbiologie et des maladies infectieuses est une priorité pour la France. Les grands acteurs de la recherche en microbiologie et sur les maladies infectieuses sont rassemblés au sein d’un institut thématique appartenant à l’Alliance AVIESAN. Cet institut regroupe plus de 1 300 chercheurs et autant d’ingénieurs et techniciens travaillant dans près de deux cents laboratoires appartenant à l’Institut Pasteur, à l’INSERM, au CNRS, au CEA, à l’INRA, et à l’IRD. Outre la recherche fondamentale, la recherche

La Chine est un lieu naturel d’émergence de nouvelles maladies infectieuses, comme l’ont illustré l’épidémie de syndrome respiratoire aigu et sévère (SRAS) en 2003 et les épisodes de grippe aviaire de 2005 (H5N1) et 2013 (H7N9)


clinique et la recherche épidémiologique, de nombreuses équipes travaillent sur le développement de méthodes de diagnostic rapide, les mécanismes de résistance aux traitements, le développement de nouvelles molécules thérapeutiques et la mise au point de vaccins. La Chine est un lieu naturel d’émergence de nouvelles maladies infectieuses, comme l’ont illustré l’épidémie de syndrome respiratoire aigu et sévère (SRAS) en 2003 et les épisodes de grippe aviaire de 2005 (H5N1) et 2013 (H7N9). La coopération franco-chinoise dans le domaine des maladies infectieuses répond aux défis liés à ces émergences. L’accord intergouvernemental sur la coopération franco-chinoise en matière de prévention et de lutte contre les maladies infectieuses émergentes, signé en octobre 2004, donne un cadre à la coopération bilatérale. Il comporte six volets : • la création de l’Institut Pasteur de Shanghai ; • l’acquisition de quatre laboratoires mobiles de haute sécurité biologique P31, stationnés à Pékin, Shanghai et Canton ;

Les grands découvreurs français Louis Pasteur et ses découvertes sur le virus de la rage, 1885. Albert Calmette et Camille Guérin, découvreurs du BCG, vaccin contre la tuberculose, 1912. Alphonse Laveran (prix Nobel 1907) découvreur du parasite responsable du paludisme, Charles Nicolle (prix Nobel 1928) pour ses travaux sur le typhus. André Lwoff (prix Nobel 1965) pour sa contribution à la connaissance des bactériophages. Jacques Monod et François Jacob (prix Nobel 1965) pour leurs travaux sur la régulation génétique. Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier (prix Nobel 2008) pour la découverte du virus de l’immunodéficience humaine. Jules Hoffmann (prix Nobel 2011) pour ses travaux sur l’immunité innée dans la défense anti-infectieuse.

. Il existe quatre niveaux de sécurité biologique (P1 à P4). Le niveau

1

le plus élevé P4 permet la manipulation d’agents hautement patho-

MAEDI

gènes facilement disséminés et transmissibles.

Le laboratoire mobile de sécurité biologique P3 du CDC de Chine est stationné sur le campus du CDC à Changping (Pékin).

Laboratoires P3 mobiles

Académie des Sciences de Chine

M. François HOLLANDE, président de la République française, rencontre le personnel de l’institut Pasteur de Shanghai lors de l’inauguration de son nouveau campus, le 26 avril 2013.

Quatre laboratoires de construction française (société Labover) sont exploités en Chine depuis 2004 et font partie du dispositif de réponse en cas de crise sanitaire, comme ce fut le cas pour le dépistage de la peste sur le site du tremblement de terre de Yushu en 2012. Le CDC de Chine a ainsi mis en place une structure performante de projection du laboratoire mobile, y adjoignant d’autres véhicules permettant la supervision et la gestion de crise.

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laboratoire P4 de Lyon et le laboratoire P4 de Wuhan, ainsi qu’une collaboration en matière de recherche, de prévention et de traitement des maladies infectieuses ; • une déclaration d’intention entre le CDC de Chine et l’Institut français de veille sanitaire, portant en particulier sur la coopération en matière de veille sanitaire pour les maladies infectieuses. La coopération franco-chinoise sur les maladies infectieuses bénéficie donc d’un cadre clair, avec en particulier deux partenaires privilégiés que sont la CAS et son institut de virologie de Wuhan, et le CDC de Chine. Institut Pasteur et laboratoire Mérieux Dans ce contexte général, outre de nombreuses collaborations ponctuelles, deux structures conjointes de coopération francochinoise agissent dans le domaine des maladies infectieuses : l’institut Pasteur de Shanghai et le laboratoire Christophe Mérieux. La structuration des réseaux de chercheurs est

relativement récente, les deux structures conjointes étant créées en 2004 et 2005. Au total, près de 260 chercheurs français et chinois sont associés dans les deux structures et soixante-douze doctorants et postdoctorants y ont été formés ou y ont séjourné. Après dix années d’engagement de la France auprès de la Chine dans la lutte contre les maladies infectieuses, le constat des progrès considérables effectués par la Chine dans ce domaine est encourageant. Les mauvais souvenirs de l’épidémie de SRAS de 2003 sont loin. Deux ans après avoir montré leur capacité à contenir efficacement l’émergence de grippe aviaire H7N9 les autorités chinoises, conscientes du risque de voir le virus Ebola atteindre la Chine via des cas importés, se sont pleinement impliquées dans la surveillance et la gestion de l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Une nouvelle piste pour la coopération franco-chinoise ? Gabriel GRAS, Service pour la Science et la Technologie, Ambassade de France en Chine

MAEDI, TJ Architectes

• la construction d’un laboratoire de haute sécurité biologique P4 à Wuhan (institut de virologie de Wuhan, Académie des sciences de Chine - CAS) ; • la formation à la sécurité et à la sûreté biologiques des personnels chinois impliqués dans l’exploitation du laboratoire P4 de Wuhan ; • un travail bilatéral d’harmonisation des normes et règlements concernant la sécurité et la sûreté biologiques ; • un volet de coopération scientifique. Fin 2014, la signature de deux déclarations d’intentions couvrant des actions dans le domaine des maladies infectieuses émergentes vient renforcer cet accord intergouvernemental : • une déclaration d’intention pour une coopération stratégique entre l’institut Pasteur, la fondation Mérieux, l’Inserm et le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) qui vise notamment la formation d’experts et de personnels en relation avec à la fois, le

Le laboratoire P4 de l’institut a été inauguré à Wuhan le 31 janvier 2015 en présence de Mme LI Bin, directrice de la Commission nationale pour la santé et le planning familial et de M. Jean-Marie LE GUEN, secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement.

Fin des travaux du laboratoire P4 de Wuhan Le laboratoire de Wuhan, construit pour l’Académie des sciences de Chine (Institut de virologie de Wuhan), sera le premier laboratoire de haute sécurité biologique de niveau P4 en Chine. Ce laboratoire bénéficie du haut niveau technologique actuel. Ses concepteurs français, les entreprises T&J architectes (cabinet d’architecture), Clima-Plus (cabinet d’ingénierie du confinement) et Altergis (bureau d’études) ont déjà à leur actif la construction en 1998 du laboratoire P4 Inserm - Jean Mérieux à Lyon, et de son extension en 2014. Nombre des équipements spécifiques, nécessaires pour assurer le meilleur niveau de confinement biologique, sont fournis par des entreprises françaises et européennes. Le laboratoire P4 de Wuhan, outil indispensable

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permettant de manipuler en toute sécurité les agents pathogènes les plus virulents, sera exploité conjointement par la CAS et le CDC de Chine. Il permettra tout à la fois de mener des recherches, par exemple pour trouver de nouveaux médicaments ou de nouveaux vaccins contre des maladies mortelles telles que la maladie à virus Ebola, et de participer aux actions de prévention et de lutte lors des alertes sanitaires (permettant en particulier le diagnostic et la détermination des souches impliquées dans les épidémies). A terme, ce laboratoire devrait être intégré au système global d’alerte et de réponse aux épidémies de l’Organisation mondiale de la santé, contribuant ainsi à la sécurité des populations en Asie et dans le monde.


Imagine China

Revue de presse

Laboratoire P4 de Wuhan

L’AVENIR EN MARCHE Inauguré fin janvier, le laboratoire de haute sécurité P4 de Wuhan, inspiré de celui de Lyon, sera destiné aux recherches sur la pathologie immunitaire du virus Ebola. Il est le fruit de dix longues années d’échanges entre les gouvernements chinois et français.

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epuis quelques mois, la Chine a donc son premier laboratoire P4 de haute sécurité biologique, à un moment « crucial » pour Paris et Pékin, engagés dans la lutte contre Ebola en Afrique. Ce laboratoire, premier de ce niveau de sécurité en Chine, a été construit à Wuhan en coopération avec l’Institut Mérieux (voir plus l’interview de Alain Mérieux, page 46), « l’un des rares organismes dans le monde à gérer un tel centre de recherches hébergeant des germes extrêmement pathogènes », note le quotidien lyonnais Le Progrès. Le projet a été initié au début des années 2000 pour un accord signé en 2004. En 2014, l’AFP soulignait également la collaboration dans ce projet de Mérieux l'un des rares organismes dans le monde à gérer un tel centre de recherche, hébergeant des germes extrêmement pathogènes. Faire face aux risques d’épidémies La presse rhônalpine de rappeler que Alain Mérieux avait souhaité, lors de

la précédente visite d’État en France du président chinois Xi Jinping l’année dernière (qui avait débuté par Lyon) établir une collaboration étroite entre le laboratoire P4 de Wuhan et celui de Lyon. « Entre les entreprises Mérieux et la Chine, il existe ainsi une longue tradition d'échanges. Leur collaboration a débuté en 1978 par les vaccins, en 1978, puis, à partir de 1994, elle s'est étendue au domaine du diagnostic médical, de l'immunothérapie, des contrôles de sécurité alimentaire et plus largement à la lutte contre les maladies infectieuses. Alain Mérieux a aussi milité pour établir une coopération scientifique et économique pérenne avec la municipalité de Shanghai. Des laboratoires de recherche mixte associant équipes chinoises et collaborateurs de l'Institut Mérieux ont également vu le jour ces dernières années. » Pour Chine Radio International, relais sur les ondes du discours officiel, « cet établissement montre que la Chine dispose de moyens importants pour faire des recherches sur des virus pathogènes ». Et de citer les propos de Bai Chunli, président de l’Académie des sciences de Chine : « En tant qu'élément essen-

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tiel du système défensif chinois en matière de santé publique, ce laboratoire P4 basé à Wuhan jouera un rôle majeur dans la réaction face aux épidémies nouvelles et soudaines et dans la recherche sur les médicaments et vaccins ». Deuxième P4 à l’étude Il existe moins de trente "vrais P4" dans le monde, la moitié américains, selon les spécialistes pour qui la nécessité de celui de Wuhan fait consensus, indiquait un récent article du Parisien. Et de mettre en avant le témoignage du Belge Peter Piot, codécouvreur d'Ebola en 1976, qui juge la Chine "particulièrement vulnérable", avec sa vaste communauté en Afrique de l'Ouest et ses milliers d'immigrés africains dans sa métropole de Canton. « C'est dans le plus peuplé des pays qu'ont émergé le SRAS (pneumonie atypique) et les virus aviaires H5N1 et H7N9, sources de psychoses planétaires », ajoute le quotidien français. « Or, un P4 est l'unique moyen de manipuler

Selon le Parisien, « un P4 est l'unique moyen de manipuler des virus très pathogènes. La rapidité d'action est cruciale, elle peut faire basculer la situation entre une petite émergence ou une grosse épidémie »

des virus très pathogènes. La rapidité d'action est cruciale, elle peut faire basculer la situation entre une petite émergence ou une grosse épidémie ». A l'opposé, sans P4, « c'est des tractations pour la douane, des échantillons qu'il faut amener à l'autre bout de la Terre, dans la carboglace, des avions spéciaux ». Conscientes des carences, les autorités chinoises viennent d'annoncer prévoir un deuxième P4, après Wuhan. Pour le Parisien toujours, le projet a au départ « suscité des réticences chez des responsables français, craignant qu'il puisse aider les Chinois à fabriquer des armes bactériologiques. Pékin a pourtant signé la convention internationale les interdisant. De 2004 à 2010, le programme a "avancé cahin-caha", confirme un responsable, également sous couvert d'anonymat. Le 1er juillet 2011 a finalement été posée la première pierre du chantier, ultrasensible vu les transferts de technologies opérés ». P. Ti

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Coopération France-Chine

Interview

Beno it S evcik Conseiller Santé et Affaires Sociales

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Ambassade de France en Chine

Notre approche consiste à renforcer notre

réseau d’influence Comment mesurer l’apport de l’expertise française dans l’actuelle réforme de la santé chinoise ? La France a joué, à la demande des autorités chinoises, un rôle important d’appui à la mise en place de la réforme initiée à la fin des années 2000. Concrètement, l’expertise hospitalière française a été sollicitée en 2010 pour un partenariat avec 16 villes chinoises pilotes de la première phase de la réforme. Cette coopération, qui s’est ajoutée à des collaborations plus anciennes, a porté sur des éléments forts de la réforme en cours, comme le management, la qualité et la sécurité des soins, le financement des hôpitaux et la coordination des activités médicales. Grâce à cet historique commun, la place de notre expertise est en train de se renforcer

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« La place de notre expertise est en train de se renforcer dans le cadre des nouvelles orientations déclinées, mi-2014, par les autorités chinoises. Nous sommes ainsi entrés dans une nouvelle phase de collaboration. »

dans le cadre des nouvelles orientations déclinées, mi-2014, par les autorités chinoises. Nous sommes ainsi entrés dans une nouvelle phase de collaboration. Nous donnons désormais la priorité à des thématiques médicales de coopération institutionnelle qui sont en phase avec les points forts de la filière santé française: maladies chroniques, maladies infectieuses, vieillissement, mère/enfant, urgence et médecine de catastrophe. Sur cette dernière thématique par exemple, l’expertise française – avec son système de SAMU qui consiste à projeter une compétence médicale au plus près de l’accident - est internationalement reconnue et nous cogérons depuis 2008 avec les autorités de Pékin et l’appui du mécénat de Total un centre franco chinois de formation qui a déjà accueilli plus


« Il y a en résumé 3 axes traditionnels de coopération institutionnelle : la santé publique, la formation des professionnels de santé et la coopération hospitalière. Chaque axe présente des points forts qui correspondent à une demande chinoise ( formation, expertise de nos agences sanitaires, conception hospitalière …). »

de 7 500 médecins chinois. Nous entendons désormais accompagner le développement par les autorités chinoises d’un réseau d’hélicoptères sanitaires sur le territoire chinois sur le modèle français et avec l’appui d’opérateurs français publics et privés.

(Chongqing, Jiangsu, Guangdong, Dongbei …). Cette nouvelle cartographie de nos coopérations nous permettra d’agréger notre historique de coopération et de mettre en résonance nos actions locales et nationales pour le plus grand bénéfice de toute la filière santé.

En quoi ces nouvelles orientations décidées l’année dernière peuvent changer la nature des partenariats existants entre la France et la Chine ? Les autorités chinoises, avec ces nouvelles orientations, veulent étendre les programmes pilotes à 1100 hôpitaux de district. Dans cet élan, nous restructurerons nos partenariats en les plaçant au niveau des provinces, ce qui nous permettra de nouer des dialogues plus forts avec les bureaux provinciaux de la santé qui sont en lien direct avec le Ministère de la Santé et de nous faire connaître de plus d’hôpitaux dans chaque province. Nous signons actuellement des accords de coopération avec quatre provinces pilotes de cette nouvelle phase de la réforme du système de santé. Nous réinvestissons aussi actuellement certaines provinces-clés pour le développement du système de santé chinois et pour nos entreprises

Quels sont les autres domaines de la santé dans lesquels la Chine pourrait solliciter des « solutions françaises » ? La Chine est très demandeuse d’expertise française en matière de santé et de prise en charge du vieillissement. Il y a en résumé 3 axes traditionnels de coopération institutionnelle : la santé publique, la formation des professionnels de santé et la coopération hospitalière. Chaque axe présente des points forts qui correspondent à une demande chinoise (formation, expertise de nos agences sanitaires, conception hospitalière …). Notre dynamique actuelle est de faire converger ces 3 axes afin de structurer une action coordonnée et complète. Notre approche consiste à appuyer la réforme chinoise, renforcer notre réseau d’influence et faire ainsi mieux connaître l’excellence du système de santé français à répondre

à des défis communs de santé publique. Nous projetons ainsi quatre événements sur les maladies chroniques et le vieillissement cette année dans quatre grandes régions chinoises (Chongqing, Jiangsu, Hubei, Dongbei). Cette dynamique sera ensuite agrégée dans des événements de niveau national à Paris (octobre 2015) et Pékin (2016). La convergence des coopérations institutionnelles nous permettra de former une plateforme institutionnelle de coopération plus complète et lisible pour la promotion de nos filières santé et vieillissement. Nous favoriserons la tenue régulière d’événements « mixtes » comprenant une partie institutionnelle et une partie plus commerciale sur des thématiques médicales précises. La finalité est que le préjugé favorable dont bénéficient notre système de santé, nos grandes universités médicales et nos grands hôpitaux profite progressivement à tous nos opérateurs et influence les choix des prescripteurs chinois en leur faveur. Le Ministère des Affaires étrangères et du développement international et le Ministère des affaires sociales et de la santé appuient déjà fortement cette dynamique. Les célébrations du 50ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la République populaire de Chine en 2014 ont- elles par ailleurs permis de renforcer ces liens sur la santé ? Assurément. Nous avons eu de très nombreux événements dans le domaine de la santé à travers tout le pays. Mais, s’il ne faut en retenir qu’un, je citerai la place exceptionnelle donnée à la France lors du China Health Forum – China Hospital Forum en août dernier. Cet événement réunit chaque année mi-août à Pékin près de 5000 congressistes issus du domaine de la santé et notamment des représentants du Ministère de la Santé chinois, des bureaux provinciaux de la santé, de nombreux directeurs d’hôpitaux. Il accueille des représentants des Ministères de la Santé d’autres pays et des experts internationaux de santé publique et du monde hospitalier. Ce Forum 2014 a ainsi été l’occasion de valoriser une vision française de la santé publique et de la gestion hospitalière, de revenir sur les grands axes de la coopération franco-chinoise et de promouvoir l’ensemble des entreprises de notre « filière santé », notamment à travers une exposition commerciale efficacement coordonnée par Business France. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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Analyse

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Quelles opportunités pour le "pack français" ?

Harol d Pra da l

International SOS, General Manager, Chine

Lorsque la Chine a fait sa révolution, tout a changé. En ce début de XXIème siècle, une nouvelle révolution suit son cours en Chine, plus technologique que culturelle, et tout continue de changer, de plus en plus rapidement: consommation, voyages, espoirs, et même demandes de services de santé.

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a Chine connait maintenant les maladies des pays développés, hypertension, accidents cérébro-vasculaires et diabète par exemple. On le voit même parmi les demandes que reçoivent les compagnies d’assistance médicale et de gestion des risques : les requêtes de clients chinois qui voyagent hors-Chine croissent très rapidement et se rapprochent désormais du type de demandes d’assistance des organisations internationales opérant en Chine. Par ailleurs, les appétits sont de plus en plus « exotiques », telles les sollicitations d’aide médicale liées aux investissements et projets de nombreuses organisations en régions reculées ou par rapport à de nouvelles activités telles que plongée sous-marine, ski ou randonnée en altitude. Les besoins de santé en Chine aujourd’hui sont donc en constante évolution, avec une offre très inégalement répartie sur le territoire.

Selon un rapport officiel du Ministère de la Santé, le nombre de lits total en Chine était de 5,7 millions en 2012, dont 635 000 lits au sein d’hôpitaux privés.


Trente années de développement Les groupes de santé internationaux en Chine, tel International SOS qui célèbrera ses 30 ans fin 2015, se multiplient. En effet, les groupes de santé privés locaux en Chine vont bientôt compter plus de 20 000 établissements, se rapprochant du nombre d’établissements publics. Les hôpitaux publics ne croissent pas autant en nombre, mais s’agrandissent et s’améliorent peu à peu, tant sur le plan infrastructurel qu’au niveau de la formation de leurs médecins. Bien qu’ils connaissent encore de grands défis liés aux pressions constantes du traitement de la plus grande population mondiale, ces établissements publics sont à la fois fiers de leur histoire (certains fêtant plus de 170 ans d’existence) et conscients de leur futur prometteur. Les communes et les médecins aux pieds nus œuvrant depuis 1949 jusqu’aux années Deng Xiaoping ont évidemment en grande partie fait place à la vague de privatisation importante des soins de santé des années 80 et 90. L’effet imprévu de cette décentralisation a été alors un niveau de contribution aux coûts des services de santé par la population jamais atteint en Chine et jugé intolérable, incitant le gouvernement au lancement des réformes de 2009. Tandis que les médecins aux pieds nus n’ont plus ce nom, un grand nombre de médecins en Chine – estimé à près d’un million – sont loin d’avoir le niveau d’éducation attendu par les citoyens des villes de « premier rang » sur la ligne

côtière. Les réformes sont donc entamées dans le système d’éducation médicale et de soins primaires à travers le pays. La réforme du système de santé Les réformes du secteur de la santé qui ont débuté en 2009 touchent quatre secteurs principaux : assurance, médicaments, soins primaires, et gestion hospitalière. Première étape : étendre le spectre de l’assurance publique – accroître le nombre de personnes couvertes, avec de nouveaux programmes d’assurance spécifiques citadins et ruraux – manquant encore parfois de profondeur; les flux de patients migrant vers les métropoles en quête de grands hôpitaux et de médecins de renommée ne cessent d’augmenter. Deuxième étape : réformes pharmaceutiques, avec un objectif principal d’obtenir la disponibilité d’un plus grand nombre de molécules, de manière plus uniforme à travers le pays. Ce secteur est en même temps pointé du doigt, au milieu de la tourmente anti- corruption qui fait rage actuellement. Efficacité et confiance du peuple dans un système de santé « brisé » sont les enjeux auxquels le gouvernement fait face à ce niveau. Troisième étape : l’objectif de répartition équitable de l’offre de soins primaires et spécialisés, au sein duquel se nouent des problématiques d’alliances d’un grand nombre d’hôpitaux de ville avec des hôpitaux en banlieue et en régions éloignées.

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Opportunités d’affaires et de collaborations Les opportunités de création de valeur et de nouvelles options dans le domaine de la santé en Chine abondent : Équipements médicaux : comme dans les autres secteurs d’activité, le « hardware » semble être le premier élément d’intérêt – et on observe aujourd’hui diverses opportunités attrayantes liées à un transfert de technologie déjà existant. Nouvelles technologies : la Chine porte davantage attention aux problématiques environnementales incluant les impacts directes sur la santé publique : qualité de l’air et sécurité alimentaire. La recherche constante d’amélioration de la qualité tout en explorant des solutions disponibles en quantité astronomiques, étant deux éléments concrets sur lesquels les technologies émergentes liées à la santé joueront un rôle prédominant au cours de la décennie à venir. Services de santé : l’étau se desserre plutôt lentement autour du système en général, lar-

gement en raison des limites de formation et de disponibilité du capital humain. Prenant en exemple la gestion du système de santé et des hôpitaux, le gouvernement souhaite que 20 % des lits soient gérés de façon privée d’ici 2020. Selon un rapport officiel du Ministère de la Santé, le nombre de lits total en Chine était de 5,7 millions en 2012, dont 635 000 lits au sein d’hôpitaux privés. Ceci représente donc une croissance attendue de 11 à 20 % en 8 ans. Assurances : ce secteur nouvellement ouvert aux investissements étrangers est encore balbutiant en Chine, mais avec un potentiel d’affaires absolument gigantesque, également lié aux politiques d’expansion des entreprises chinoises en dehors des frontières, tels les projets étendus le long de la Route de la Soie. Écosystèmes et informatique : de nombreux types et modèles de services existent déjà, cependant il reste compliqué d’accéder à une offre complète et sur-mesure. Il existe de larges potentiels dans ces secteurs, bien que de très sérieux joueurs soient déjà sur le terrain comme le puissant Neusoft, leader sur le marché IT en Chine. Pharmaceutiques : le challenge majeur demeure l’obtention de l’approbation de la China Food and Drug Administration, ceci contraste avec le vif intérêt généré par le potentiel énorme d’une population chinoise immense et vieillissante. La réponse d’International SOS à ces multiples problématiques est une expansion d’une part géographique – vers le centre et l’ouest de la Chine afin d’accompagner nos clients membres en agrandissant toujours notre réseau de partenaires à travers le pays – d’autre part technologique. Nous apportons ainsi des solutions de prévention et de mitigation des risques, en préparant les employés de nos clients de manière plus concrète et systématique : avec des outils « d’information & technologie » au cœur de notre offre. Forts de toutes ces d’expérience en Chine, nos implications fréquentes tant auprès d’organisations transversales comme les chambres de commerce et d’industrie, qu’au niveau de différents échelons du gouvernement, nous assurent un contact privilégié avec la communauté expatriée, ainsi qu’une reconnaissance de nos efforts, illustrée par exemple par notre collaboration dans la rédaction des trois tomes de l’incontournable . Harold Pradal, China Disaster and

Emergency Medicine

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Industrie pharmaceutique

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« La Chine a développé une politique de préférence nationale »

Trois questions à…

B e n o it C oli n ot Conseiller export santé – Business France (Chine)

Comment se traduit la présence des laboratoires français en Chine ? La grande majorité des grands groupes pharmaceutiques tricolores sont implantés en Chine, sans pour autant tous couvrir l’ensemble du territoire. Je pense à Servier, Ipsen, Sanofi, Pierre Fabre, Biomérieux, Ethypharm, etc. Sans oublier l’Institut Pasteur à Shanghai (voir interview de M. Altmeyer, page 19). Notons également l’implantation d’autres acteurs spécialisés dans la production d’ingrédients pharmaceutiques et de produits biologiques. La plupart de ces entreprises ont une longue histoire en Chine, avec un ancrage local de plus en plus fort. Certains produisent en Chine et sont associés à des acteurs domestiques, voire réalisent de la R&D sur place à l’instar de Sanofi. Leur objectif est d’être au

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« L’environnement s’est aujourd’hui durci. La pression sur les prix s’est intensifiée. Mais le « gâteau » à se partager est aussi tellement plus important qu’il y a encore 10 ans ».

plus près des patients chinois, « en Chine pour la Chine ». La Chine est ainsi devenue un marché stratégique pour tous ces groupes. Un marché convoité donc mais qui a énormément changé en quelques années. Quid aujourd’hui pour ces laboratoires français de la concurrence domestique ? L’industrie pharmaceutique chinoise est encore très fragmentée et régionalisée avec 4 000 à 5 000 producteurs locaux, pour la plupart spécialisés dans les génériques ou les ingrédients pharmaceutiques Il y a peu d’acteurs de taille nationale, et encore moins de laboratoires engagés dans le développement de produits innovants. Historiquement, la Chine s’est ouverte au début des années 80 aux investissements pharmaceutiques étrangers et l’industrie domestique a su en profiter pour monter en gamme ; ingrédients pharmaceutiques, génériques, biosimilaires, etc. Il est vrai que les investissements en R&D de l’industrie chinoise restent faibles, de l’ordre de 3-5 % de leur chiffre d’affaires (contre 12 à 25 % pour les laboratoires internationaux, NDLR). Les laboratoires étrangers connaissaient des taux de croissance annuelle de 20-50 % dans les années 2000. L’environnement s’est aujourd’hui durci. La Chine a développé une politique de préférence nationale. La pression sur les prix s’est intensifiée. Mais le « gâteau » à se partager est aussi tellement plus important qu’il y a encore 10 ans. Par ailleurs, la montée en gamme de l’industrie locale est de toute façon inéluc-


table. En 2014, la Chine a ainsi annoncé avoir développé le 1er médicament contre Ebola. Le groupe BGI à Shenzhen est pionnier dans tous les « –omics » : genomics, proteomics, metabolomics, etc. Les groupes étrangers souhaitent être au plus près de la meilleure recherche, et compte tenu de la taille du marché et du réservoir de talents, la Chine est devenue incontournable. Quelles stratégies doivent alors adopter les nouveaux entrants français intéressés par le marché chinois ? S’implanter en Chine implique évidemment d’adapter son positionnement aux contraintes et opportunités locales. Il y a par exemple des cancers qui touchent davantage les patients asiatiques. Les Chinois ont aussi plus de risque de développer un diabète comparativement aux Caucasiens pour un surpoids identique. La Chine a par ailleurs encore de nombreux patients naïfs, qui n’ont jamais été traités pour des pathologies chroniques, ce qui est un atout pour la recherche clinique. Une chose est sûre : le marché pharmaceutique chinois – qui est en passe de devenir le deuxième mondial en valeur derrière le marché américain (il était classé 10ème en 2000 !) – est très prometteur. Toutefois, il faut se différencier, miser sur l’excellence du service médical rendu, la qualité de ses produits. Le nerf de la guerre en Chine, c’est aussi la maitrise de la distribution dans un environnement où les provinces de l’intérieur s’enrichissent rapidement. Bref de nombreux challenges et de belles perspectives ! Propos recueillis par Pierre Tiessen

Note Business France Chine accompagne chaque année plus d’une soixantaine d’entreprises françaises des secteurs de la santé et coanime le Club Santé Chine (French Healthcare Alliance), qui rassemble plus d’une centaine d’acteurs français actifs en Chine dans les secteurs de la santé (http://france-china-for-better-health. com).

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« Une chose est sûre : le marché pharmaceutique chinois – qui est en passe de devenir le deuxième mondial en valeur derrière le marché américain (il était classé 10ème en 2000 !) – est très prometteur ».

Cabinet Daxue

La percée des services on-line Les dépenses médicales en Chine devraient atteindre la somme de 1000 milliards de dollars d’ici à 2020. Cela dénote d’un développement des différents secteurs relatifs à la santé en Chine. L’un des secteurs en plein boom concerne les soins dématérialisés et le mHealth. Alors qu’Internet et les applications mobiles font maintenant parties intégrantes du quotidien de l’ensemble des consommateurs chinois, ce marché va jouer un rôle qui sera primoridial pour la transmission de données, la communication entre patients et médecins, le suivi quotidien des traitements ou encore l’accès aux médicaments. Les transactions pharmaceutiques en ligne - ou e-pharmacie – est notamment particulièrement florissant. Fin 2014, les données du China e-business Research Center montrent que plus de 250 e-pharmacies avaient été enregistrées auprès de la China's State Food and Drug Administration. Aujourd’hui, la plupart des grands acteurs du marché pharmaceutique chinois ont développé leur propre site d’e-commerce. On citera par exemple Kangmei Pharmaceutical, Sinopharm group, Shanghai Pharmaceuticals Holdings, Shanghai Pharma, Zhejiang Conba Pharmaceutical, Yunnan Hongxiang

Yixintang Pharmaceutical ou encore Guangdong Taiantang Pharmaceutical. Les géants du e-commerce chinois Tmall et Jingdong ont également lancé leurs propres plateformes dédiées à la vente de médicaments suite à l’autorisation de l’administration gouvernementale. Cette tendance va être amenée à se renforcer alors que la vente en ligne s’est étendue aux médicaments sur ordonnance en janvier 2015. Le catalogue de produits autorisés pour être vendus en ligne inclut près de 200 types de médicaments sur ordonnance. Les grands groupes ont déjà adapté leur stratégie. Shanghai Pharma a récemment investi plus de 100 millions et Kangmei Pharmaceutical, le plus grand producteur de médicaments en Chine avec plus de 14 milliards de RMB de vente par an, a investi près de 200 millions de RMB pour se construire sa plateforme d’e-commerce. Dans le même temps, près de 200 pharmacies offlines du groupe ont enregistré des résultats négatifs ces dernières années. De manière générale, au contraire du marché online, les chaines offlines ont vécu une baisse significative de leur performance et ont même du fermer un certain nombre de magasins en dur. Thibaud André Daxue Consulting

Connexions printemps 2015

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RETOURS D'EXPÉRIENCE - 5 entreprises françaises

FOCUS PME

TheCareVoice

E

Le « Tripadvisor de la santé » qui monte en Chine Le meilleur pédiatre de Shanghai, l’hôpital le plus propre, l’infirmière la plus attentionnée…Cette app innovante lancée par un Français aide les Chinois à faire le tri dans les établissements de santé.

TheCareVoice

ntre les hôpitaux publics noirs de monde, les cliniques privées à l’américaine hors de prix et les petits dispensaires de quartier, se soigner en Chine n’est pas toujours évident. Mais à présent, TheCareVoice, une nouvelle application pour smartphone, permet heureusement d’y voir plus clair. Lancée en décembre 2013 à Shanghai, cette plate-forme créée par un Français classe en effet, sur la base des critiques postées en ligne par ses utilisateurs, les meilleurs prestataires de soins de la capitale économique chinoise parmi 700 établissements référencés. Impossible maintenant de tomber sur un mauvais médecin ! « C’est un peu le Tripadvisor de la santé » explique son fondateur, Sébastien Gaudin, en référence au célèbre site américain d’organisation de voyages où les

40

Connexions printemps 2015

Chiffres-clés

400

Nombre, en milliers de dollars, de l’investissement initial

Disponible sur iPhone, iPad et Android, cette application entièrement gratuite a déjà séduit 10 000 utilisateurs enregistrés, dont de nombreuses Chinoises de la classe moyenne supérieure (le cœur de cible) qui ont posté en tout plus de 15 000 avis.

15

Nombre, en milliers, des commentaires postés à ce jour sur la plate-forme par les utilisateurs de Shanghai

11

Nombre de collaborateurs

10

Nombre, en milliers, des utilisateurs enregistrés sur The CareVoice

10

Nombre d’acteurs de la santé avec qui la start-up a noué des partenariats


Un ancien de Sanofi « L’idée, c’est que ça peut vraiment aider les relations patient-médecin » poursuit Sébastien Gaudin. « En Chine, il y a une énorme offre de soins, et en même temps, une mauvaise utilisation des ressources avec une grande défiance des consommateurs » explique-t-il. Pour autant, il a fallu du temps pour convaincre les professionnels chinois de santé de se laisser évaluer en temps réel par leurs patients via une app d’origine française… « C’est nouveau et ça prend bien sûr un peu de temps », reconnaît cet ancien de Sanofi à la tête aujourd’hui de cette petite start-up de 11 personnes. Ce Français, devenu expert en business development et en marketing pendant douze années passées au sein du grand laboratoire pharmaceutique tricolore, avait planché pendant 9 mois avant de lancer cette nouvelle app. Après avoir déjà investi 400 000 dollars (370 000 euros environ) dans cette aventure technologique, il prépare aujourd’hui une nouvelle levée de fonds. Et supervise, de loin, le développement de TheCareVoice à New Dehli. La jeune pousse a en effet été déclinée sur le continent indien par un partenaire local six mois seulement après avoir déboulé sur le marché chinois. Affaire à suivre ! Raphaël Balenieri

Imagine China

établissements touristiques du monde entier sont évalués – parfois très sévèrement – par les vacanciers. Comme lui, TheCareVoice (Kangyu, en mandarin) permet de noter toute une série d’éléments grâce à un système d’étoiles (de une à cinq) et un encadré pour les commentaires. « Ce n’est pas juste ‘j’aime, j’aime pas’. On peut donner une note sur l’infrastructure, la propreté, l’écoute du médecin, la qualité de l’information reçue, du diagnostic et même du traitement » poursuit ce pharmacien de 36 ans, passé ensuite par l’Essec, en Chine depuis quatre ans. Disponible sur iPhone, iPad et Android, cette application entièrement gratuite a déjà séduit 10 000 utilisateurs enregistrés, dont de nombreuses Chinoises de la classe moyenne supérieure (le cœur de cible) qui ont posté en tout plus de 15 000 avis. À terme, TheCareVoice vise cependant 150 000 utilisateurs enregistrés, une base suffisamment large lui permettant d’envisager, dans un troisième temps, une déclinaison hors de Shanghai dans les autres grandes villes de Chine.

FOCUS ENTREPRISE

Stago

Leader dans les hôpitaux de Grade 3A La rationalisation en Chine du secteur de la santé pourrait renforcer la position de Stago… tout en profitant aux patients chinois.

E

ntreprise familiale française, Stago a réalisé très tôt l’importance du marché chinois. « Notre spécialité, le diagnostic de l’hémostase [la capacité à coaguler] et de la thrombose, pèse 5 % du secteur laboratoire, explique Philippe Barroux, General Manager de Stago Chine. C’est un marché de niche et nous étions satisfaits de nos 15 % de croissance dans les années 2000. Mais comme les concurrents locaux avaient une croissance supérieure, nous avons décidé de créer notre propre filiale pour prendre une plus grande part de marché ! » En 2008, l’arrivée à Pékin de cet homme, qui a fait toute sa carrière chez Stago, a marqué la reprise en main de la maison sur la filiale, laquelle connaît depuis une croissance supérieure à 35 %. Aujourd’hui, le pays est même devenu pour le groupe le marché le plus profitable au monde. En 2014, le chiffre d’affaires s’est élevé en Chine à plus de 500 M CNY.

Sur les 19 000 hôpitaux de Chine, Stago est déjà présent dans plus d’un millier d’entre eux, la plupart classés « Grade 3 ou Grade 2».

Connexions printemps 2015

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La stratégie de positionnement de Stago s’apparente à celle des imprimantes. Comme l’explique M. Barroux : « En plaçant nos instruments, nos clients hospitaliers nous achètent ensuite des réactifs et des consommables dont ils ont besoin pour analyser le sang de leurs patients. » Ainsi, le réactif star D-Dimer, qui permet d’exclure une thrombose veineuse ou une embolie pulmonaire, devrait s’écouler cette année à quelque 10 millions d’exemplaires en Chine. 27 mois pour l’homologation de nouveaux produits Sur les 19 000 hôpitaux de Chine, Stago est déjà présent dans plus d’un millier d’entre eux, la plupart classés « Grade 3 ou Grade 2», c’està-dire les hôpitaux les plus grands, niche où le groupe est passé leader. « Nous avons acquis deux STA-R Evolution dès 2003, indique-t-on au réputé China-Japan Frienship Hospital de Pékin. La fiabilité de ces machines est très précieuse, car nous traitons 200 à 300 échantillons chaque jour. » Prochaine cible : les hôpitaux de petit segment, à qui Stago voudrait proposer des produits de même qualité, mais avec un service et un prix adapté. Mais les fabricants étrangers sont défavorisés. L’importation de réactifs et de pièces détachées est compliquée. En outre, Stago et consorts doivent désormais attendre 27 mois pour homologuer en Chine leurs nouveaux produits… tandis que les fabricants locaux, moins contrôlés, peuvent obtenir leurs enregistrements plus rapidement ! « Le système de santé chinois avec ses nombreux intermédiaires est un système très particulier reconnaît M. Barroux. La formation scientifique continue permettra de faire comprendre aux professionnels de la santé chinoise que certains paramètres, certes peu rentables financièrement aujourd’hui, pourront leur permettre de mieux traiter leurs patients dans le futur. Mais c’est bien une refonte du système, de meilleur qualité et plus rationnel sur le plan de la distribution, qui permettra vraiment de développer le marché de la santé en Chine. » Edgar Dasor Dates-clés

1990

Premières ventes en Chine, via un réseau de distributeurs locaux

2003

Création de la filiale chinoise de Stago

2006

Enregistrement du test D-Dimer en Chine

2015

Lancement du STA Compact Max

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Connexions printemps 2015

FOCUS ENTREPRISE

Essilor

« En Chine, entre 350 et 400 millions de personnes ont des problèmes de vision mais ne portent pas de lunettes, essentiellement pour des raisons économiques » rappelle He Yi président de la holding Essilor à Shanghai


Essilor Structurer sans monopoliser le marché En Chine, Essilor joue un rôle de catalyseur. Nous ne voulons en aucun cas avoir une position de monopole. » C’est comme cela que HE Yi, président-directeur général pour la Chine du numéro 1 mondial des verres correcteurs, résume la stratégie chinoise de la multinationale française. Une stratégie qu’il supervise d’ailleurs…depuis 1996, puisqu’à l’époque cet originaire du Hunan, passé d’abord chez Danone, fut le tout premier Chinois recruté par Essilor pour assurer son développement commercial dans le géant asiatique. Vingt ans plus tard, Essilor compte 8 000 employés en Chine (soit 14 % des effectifs mondiaux) et HE Yi, 62 ans, s’approche peu à peu de la retraite. Cette longue carrière sur deux décennies lui a donné une connaissance presque encyclopédique sur le marché local des lunettes et sur les rapports qu’entretiennent les Chinois avec leurs yeux. « Il n’y a pas d’autres pays au monde avec autant de fabricants de verres optiques. On est encore dans une période de croissance sauvage » explique-t-il dans le lobby rococo-kitsch du Legendale Hotel où il pose ses valises lors de ses brefs passages à Pékin. Malgré cela, Essilor n’a jamais essayé, ditil, à dominer ce marché « peu mature » et privilégie plutôt la pédagogie. Techniquement, le groupe français, né il y a cent-soixante ans, est certes numéro 1 en Chine, avec 30 000 boutiques à travers le pays, une bonne dizaine d’entités juridiques et des partenariats à 50-50 avec plusieurs marques chinoises, dont Bolon, leader sur le segment très porteur des lunettes de soleil. Chiffres-clés

450

Nombre, en millions, des verres organiques produits chaque année en Chine, soit plus de la moitié des besoins mondiaux

Imagine China

400 Nombre, en millions, de personnes en Chine ayant besoin d’une correction visuelle

DR

Le leader mondial des verres correcteurs est présent en Chine depuis 1996. HE Yi, président de la holding à Shanghai, revient pour Connexions sur la stratégie chinoise du groupe tricolore

Sur le marché des verres correcteurs, les besoins sont énormes. Entre le vieillissement accéléré de la population, et l’usage quasi-addictif des smartphones chez les jeunes urbains, la vue des Chinois se détériore.

Stratégie « multi-canaux, multi-produits » Sur le marché des verres correcteurs, les besoins sont énormes. Entre le vieillissement accéléré de la population, et l’usage quasi-addictif des smartphones chez les jeunes urbains, la vue des Chinois se détériore. De son côté, le développement du tourisme balnéaire tire le marché « gigantesque » des verres solaires. « En Chine, entre 350 et 400 millions de personnes ont des problèmes de vision mais ne portent pas de lunettes, essentiellement pour des raisons économiques » rappelle cependant HE Yi dans un français parfait. « Et on estime que l’économie chinoise perd chaque année entre environ 183 milliards de yuans, soit 300 milliards dollars, à cause des pertes de productivité dues à la mauvaise vision. » Fidèle à sa stratégie « multi-canaux, multi-produits », Essilor joue simultanément sur deux tableaux. D’un côté, il sensibilise, via sa fondation, la population rurale du Yunnan et de Mongolie-Intérieure à l’importance de la vision. De l’autre, il a lancé une petite cellule de recherche et développement (R&D) pour que ses verres anti-fog, anti-eau et même anti-fatigue continuent de plaire à cette classe moyenne urbaine chinoise « toujours plus exigeante. » Enfin, Essilor mise beaucoup sur la formation professionnelle dans ce pays où, faute de reconnaissance officielle, la carrière d’opticien attire de fait très peu de candidats. Un problème que HE Yi espère résoudre, à sa façon, en aidant l’Institut Supérieur d’Optique (ISO), réseau français regroupant 11 écoles formant aux métiers de l’optique, à avoir un pied en Chine. Raphaël Balenieri

80

Part, en pourcentage, des jeunes Chinois urbains âgés de 16 à 18 ans souffrant de myopie

58

10

Investissement, en millions de yuans, consacré chaque année à la formation professionnelle par Essilor en Chine

Nombre, en milliers, de collaborateurs d’Essilor à travers le monde. Le groupe français est déployé dans 62 pays

Connexions printemps 2015

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FOCUS ENTREPRISE

CEVA

Ceva

La santé animale en ligne de mire L’entreprise tricolore est présente en Chine depuis treize ans. Entrée via la filière avicole, elle mise désormais sur le gigantesque marché porcin.

La moitié des cochons du monde vit en Chine, c’est aussi le premier marché mondial pour les poules pondeuses et le troisième pour les poulets de chair. Quelque part, on est obligé d’être ici », affirme sans hésiter Damien Monzein, directeur général pour la Chine de Ceva, un laboratoire vétérinaire français né en 1999 et implanté aujourd’hui dans 42 pays à travers le monde. Parmi eux, la Chine est de loin le marché le plus important pour cette ex-filiale de Sanofi-Avantis qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger. Mais c’est aussi l’un des plus difficiles d’accès. Entre les impératifs de sécurité alimentaire (la fameuse food safety) et d’autosuffisance, les besoins sont certes énormes, mais les autorités chinoises veillent au grain dans le secteur stratégique de la santé animale. Pour réussir, les sociétés étrangères comme Ceva doivent donc être patientes. « À l’époque, l’obtention d’une licence permettant la mise sur le marché d’un vaccin nécessitait deux ans de travail. Aujourd’hui, les règles sont plus strictes. Il faut désormais compter quatre à six ans d’attente », regrette ce manager de 44 ans, basé à Pékin depuis cinq ans, après une longue carrière en Asie qui l’a amené en Inde et aux Philippines. Malgré ces délais, Ceva a obtenu avec seulement 300 employés sur place plusieurs succès.

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Connexions printemps 2015

« Notre objectif à présent, c’est d’être leader sur la filière porcine. Nous voulons participer à ce tournant en Chine, éduquer les éleveurs, les fermiers et les vétérinaires chinois pour les inciter à utiliser les meilleurs antibiotiques, et de manière plus efficiente. » Damien Monzein, directeur général pour la Chine de Ceva

La société a en fait deux activités : l’importation de vaccins, et la production en Chine de traitements pharmaceutiques pour les volailles et les porcs. « Le plus gros marché, de loin, c’est le marché porcin », note ce diplômé de l’École d’Ingénieurs de Purpan, près de Toulouse. « Notre objectif à présent, c’est d’être leader sur la filière porcine. Nous voulons participer à ce tournant en Chine, éduquer les éleveurs, les fermiers et les vétérinaires chinois pour les inciter à utiliser les meilleurs antibiotiques, et de manière plus efficiente. » En Chine, « pour le long terme » Si les perspectives de croissance à l’avenir sont dans le porc, c’est via la filière avicole que Ceva était toutefois entrée, il y a treize ans, en Chine. Leader mondial pour le traitement de la maladie de Gumboro, un virus contagieux touchant les oiseaux, elle obtient à l’époque auprès des autorités chinoises une première licence permettant la mise à disposition du vaccin IBD-L dans le pays. Après avoir ouvert un simple bureau de représentation, la société monte ensuite une joint-venture avec un partenaire chinois, basée à Daxing, le grand district au sud de Pékin. « On est en Chine pour le long terme. De toute façon, vu qu’il faut, dans le pire des cas, six ans avant de pouvoir mettre nos produits sur le marché, comment être sur le court terme ? » plaisante Damien Monzein. « Quoi qu’il arrive, il y a ici 1,3 milliards de personnes qui continueront à manger plus de viande. Alors cela sera peut être un petit peu plus, ou un petit peu moins selon les régions et les catégories sociales, mais globalement la tendance est bonne. » Voilà un message optimiste qui devrait maintenant inciter les autres PME françaises de la santé animale à répliquer le succès de Ceva en Chine… Raphaël Balenieri Chiffres-clés

3 500

Nombre de collaborateurs de Ceva à travers le monde

700

Chiffre d’affaire, en millions d’euros, réalisés en 2013 par Ceva

110

Nombre de pays dans lesquels Ceva est présent commercialement

21

Nombre de sites de production dans lesquels Ceva met au point ses vaccins

14

Nombre de centres de recherche et développement (R&D) opérés par Ceva


FOCUS PME

Abacare Abacare L’option « indispensable » des expatriés Le service de ce courtier d’assurance implanté à Hongkong depuis 1997 est d’autant plus nécessaire que le prix des hôpitaux internationaux de Chine a explosé ces dernières années.

ac ar e

1000 milliards de RMB de dépenses publiques d’ici 2020 Selon le cabinet d’analyse McKinsey & Company, les dépenses de santé devraient passer, en Chine, de 350 en 2011 à 1000 milliards de dollars en 2020. La place des assurances, privées notamment, n’en est que plus centrale. Incapable ou refusant de financer ces besoins, Pékin mise sur une privatisation partielle du secteur hospitalier. Ainsi, les hôpitaux à capitaux 100 % étrangers sont, depuis 2011, autorisés sur le sol chinois. Or, « ces nouveaux entrants, dont la plupart, haut de gamme, résultent de conglomérats pharmaceutiques, médicaux ou immobiliers, sont motivés par le profit », notent les universitaires Winnie Yip et William Hsiao, dans un article paru en 2014 sur la privatisation de la santé en Chine. Comme Abacare, les chercheurs craignent une inflation généralisée du coût de la santé, obligeant les assurances à dérembourser les actes médicaux les plus coûteux. Pour l’heure, au United Family Hospital de Pékin, les césariennes, que les médecins ont tout intérêt à prescrire, au grand dam des assurances, sont déjà facturées 88 000 yuans. Un montant plus de deux fois plus élevé que dans les cliniques privées françaises… « C’est la loi de l’offre et de la demande, déplore

Abacare

I

mplanté à Hongkong depuis 1997, Abacare, société de courtage, conseille à ses clients, particuliers o u   e n t r e p r i s e s ,   l ’a s s u r a n c e internationale censément la plus adaptée, laquelle assurance verse au courtier une commission de 5 à 10 %. Côté client, le montant de la prime à payer reste inchangé. En outre, celui-ci bénéficie d’un conseil « objectif », le courtier, souligne-t-on chez Abacare, n’étant pris « dans aucun conflit d’intérêt ». Cette PME compte aujourd’hui 90 salariés et collecte annuellement 40 millions d’euros de primes d’assurance. Sa clientèle typique : les expatriés basés à Hongkong, en Chine continentale, mais aussi à Singapour où un bureau vient d’être ouvert, assurés qui préfèreraient être traités dans un hôpital international, et donc privé. « Mais nous nous intéressons aussi aux locaux », remarque Patrick Marie Herbet, directeur d’Abacare, arrivé en Chine dès 1982. « S’assurer, quand on est en bonne santé, reste indispensable en Chine, car la prise en charge reste sinon très limitée, continue l’imposant quinquagénaire. Avec les Français, habitués aux soins gratuits, un travail de pédagogie est particulièrement nécessaire sur cette question. Sachez juste : en cas d’attaque cardiaque au fin fond du Yunnan, les autorités locales ne vont pas dépêcher un hélicoptère pour vous… au contraire des assurances que nous recommandons ! »

Ab

« Avec les Français, habitués aux soins gratuits, un travail de pédagogie est particulièrement nécessaire sur cette question. Sachez juste : en cas d’attaque cardiaque au fin fond du Yunnan, les autorités locales ne vont pas dépêcher un hélicoptère pour vous… au contraire des assurances que nous recommandons ! » Patrick Marie Herbet, directeur d’Abacare

M. Herbet. Les hôpitaux internationaux pratiquent des prix élevés car ils sont rares et qu’ils ne souffrent pas de la concurrence des hôpitaux publics. Les assurances devraient s’unir pour contraindre ces hôpitaux à revoir leurs tarifs, mais hésitent encore par effet de concurrence. » Edgar Dasor Dates-clés

1997

Enregistrement à Hongkong d’Abacare

2002

Présence accrue en Chine via des partenariats avec des courtiers locaux

2011

Loi autorisant l’implantation d’hôpitaux à capitaux intégralement étrangers

2014

Ouverture d’un nouveau bureau de représentation à Singapour

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Grand témoin |Alain Mérieux

UNE RÉFORME QUI ADOPTE UN MODÈLE GAULLISTE Interview exclusive. Observateur privilégié du monde chinois depuis plus de 35 ans, Alain Mérieux, fondateur de bioMérieux, analyse pour Connexions l’impact sanitaire et les enjeux économiques de la réforme de la santé chinoise.

Vous inauguriez le 31 janvier dernier le laboratoire P4 à Wuhan1… Vos impressions ? J’ai eu en effet le privilège de rencontrer le président Xi Jinping la veille à Pékin à qui j’ai renouvelé notre engagement de livrer ce laboratoire avant la fin de l’année du Cheval. Il a apprécié. Ce laboratoire est l’aboutissement d’une longue coopération qui a duré de 2008 à maintenant. Au cours de toutes ces années nous avons ainsi pu établir des liens de confiance avec nos partenaires et amis, en particulier Ren Minghui du Ministère chinois de la santé et Yuan Zhiming de l’Académie des sciences de la province de Hubei. Ce laboratoire est aujourd’hui achevé et magnifiquement achevé. Je souhaite désormais qu’entre ce nouveau laboratoire P4 de Wuhan et le laboratoire P4 Jean Mérieux de Lyon, dirigé par l’Inserm, s’instaure une collaboration étroite et confiante car nous devons, ensemble, mener une bataille sans frontières contre les nouveaux agents infectieux. Comment analysez-vous, observateur que vous êtes du monde chinois depuis les années 70, l’actuelle réforme de la santé ? C’est une réforme lancée par Chen Zhu – l’ancien ministre de la Santé – qui adopte, j’aime à le souligner, un modèle gaulliste universel. De fait, 97 % des Chinois sont aujourd’hui couverts par une assurance médicale aux besoins essentiels, y compris en milieu rural. Lorsque j’ai pu m’entretenir avec Mme Li Bin, qui a remplacé depuis M. Chen Zhu, celle-ci m’a assuré que la priorité des autorités est d’assurer les 300 millions de ruraux qui, dans les 10 ans, seront amenés à vivre en milieu urbain. C’est un défi colossal ! D’autant plus colossal que le pays est actuellement sujet à des secousses importantes – j’en veux pour preuve l’actuelle campagne anti-corruption voulue au plus haut niveau, et que je comprends, mais qui amène aussi un coup de frein sur l’économie.

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97 % des Chinois sont certes couverts mais ils ne le sont pas toujours très efficacement… C’est quand même un pas en avant. De fait, c’est la première fois que l’on s’occupe véritablement de ces populations rurales auparavant totalement ignorées du pouvoir central au niveau des soins. Ils arrivent par ailleurs à mélanger efficacement médecine chinoise efficace et médecine occidentale … le tout à prix abordable. Ce qui n’empêche effectivement pas l’émergence d’une médecine à plusieurs vitesses. Si vous êtes un paysan propriétaire d’un lopin de terre ou alors un haut cadre du Parti, vous ne serez évidemment pas soigné de la même façon. Tout ça ne se fera pas en un jour… Mais je trouve que la volonté politique actuellement menée sur cette réforme de la santé est la bonne. Quels sont aujourd’hui les grands enjeux sanitaires du pays ? La médecine préventive est une priorité qu’ils veulent développer à outrance. Il y a aussi de forts enjeux sur les infections nosocomiales et sur la résistance aux antibiotiques en milieu hospitalier, comme le monde entier. Ils ont aussi des problèmes importants liés à la sécurité alimentaire (en particulier en milieu scolaire). La Chine est un pays qui émerge que j’ai connu il y a 35 ans et qui n’a plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui. A l’époque, mes interlocuteurs avaient l’âge que j’ai aujourd’hui. Aucun jeune alors n’était formé à la santé, et ce à cause des ravages de la Révolution Culturelle. Je suis excessivement admiratif du travail accompli en seulement 3 décennies… Le scandale GSK – dont l’ex-patron Chine a été condamné à 3 ans de prison pour faits de corruption en 2014 – a-t-il fait des vagues ? Oui, ce scandale a eu des répercussions sur les activités de tous les acteurs étrangers du


DR

« Économiquement, nous n’avons plus d’intérêt à produire en Chine, surtout dans les régions où nous sommes implantés, c’est à dire les zones universitaires comme Pékin ou Shanghai. Mais stratégiquement, oui évidemment. »

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Imagine China

« Dans le domaine des vaccins, il y a une certaine difficulté à une implantation directe en Chine. Il faudra trouver demain les bons partenariats locaux. Cela fait partie des axes stratégiques sur lesquels les Chinois estiment qu’un pays de 1,4 milliard d’habitants ne peut pas dépendre de l’extérieur pour les grands besoins de santé publics. »

secteur de la santé présents en Chine. Il y a eu une méfiance liée à des problèmes d’achat de prescriptions, des prix de ventes très gonflés… Des tas de choses pas saines. Comment jugez-vous les échanges franco-chinois en matière de santé ? Ils fonctionnent bien. J’étais au P4 de Wuhan avec Jean-Marie Le Guen, médecin de formation, qui connaît bien la Chine. Il est conscient que les échanges doivent se développer en sachant toutefois que la Chine a la volonté d’être autonome pour ses grands besoins de santé publique. Il faut le comprendre. Aussi, dans le domaine des vaccins, il y a une certaine difficulté à une implantation directe en Chine. Il faudra trouver demain les bons partenariats locaux. Cela fait partie des axes stratégiques sur lesquels les Chinois estiment qu’un pays de 1,4 milliard d’habitants ne peut pas dépendre de l’extérieur pour les grands besoins de santé publics. Les grandes entreprises françaises doivent donc s’adapter à l’environnement. On ne peut aborder la Chine, comme on aborde l’Allemagne ou l’Italie. Dans de grands pays comme la Chine ou l’Inde, vous êtes forcés de vous adapter à leurs besoins.

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Ce qui peut aussi vouloir dire un risque, pour les acteurs français notamment, d’être exclu du marché sauf JV obligatoire ? Je n’ai sur ce point aucune certitude mais j’ai une grande adaptabilité. Nous devons nous adapter progressivement en restant très ouvert. Mes collaborateurs de l’Institut Mérieux savent d’ailleurs quelle importance j’accorde à la Chine. Et sans doute faudra-t-il à terme y déployer une stratégie différente de celle que nous déployons ailleurs. Je pense depuis longtemps qu’il faut nous appuyer à la fois sur les Etats-Unis et sur la Chine. Et demain l’Inde. Et pour cela, le moteur reste l’innovation. Nous ne demeurerons en effet attractifs que dans la mesure où nous proposerons des produits innovants. C’est la règle du jeu partout. Quel impact a sur vos activités - et celles d’autres entreprises françaises - la montée en gamme d’une Chine dont le coût de la vie a monté en flèche ? Les impacts sont multiples et considérables. Produire en Chine aujourd’hui n’offre plus aucun avantage par exemple par rapport au "produire en France". Il y a une petite

différence de salaire encore mais qui est compensée par l’importance du turn-over en Chine dans les équipes d’encadrement. Economiquement, nous n’avons donc plus d’intérêt à produire, surtout dans les régions où nous sommes implantés, c’est à dire les zones universitaires comme Pékin ou Shanghai. Mais stratégiquement, oui évidemment. Que peut attendre la France de la Chine aujourd’hui, selon vous, d’un point de vue économique ? La Chine offre des créneaux très porteurs, dans la santé bien sur, mais également dans l’automobile et aussi dans le nucléaire. La Chine est également fondamentale pour un tas d’autres structures françaises qui réalisent plus de 50 % de leurs chiffres d’affaires sur place, comme le groupe Seb par exemple et pour de nombreuses PME de l'agroalimentaire. On ne peut évidemment pas ignorer un pays qui représente 20 à 25 % de la population mondiale. 1. Voir aussi pages 30 à 33

Propos recueillis par P ie r r e T ie s sen


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Enquête Ifop

e rapport à la santé est un élément central de la culture et du mode de vie des Chinois. Il est marqué par la philosophie taoïste qui prône le respect des rythmes de la nature et une approche de l’alimentation équilibrant le yin et le yang. Mais ce qui caractérise surtout la posture des citoyens chinois et la distingue de celle observée dans la plupart des autres pays, occidentaux en particulier, est une vision holistique, élargie, inclusive. Dans cette vision, la santé mentale et la santé physique sont fortement imbriquées, beaucoup plus directement associées l’une à l’autre dans l’esprit des gens que dans beaucoup de pays. Le corps est abordé « à l’extérieur » mais aussi et surtout « à l’intérieur », avec l’idée que ce qui nourrit les manifestations extérieures relève avant tout de l’intérieur. Ainsi de la croyance que l’apparence physique, par exemple l’éclat de la peau, se traite au moins autant via la nutrition et le mode de vie (sommeil, absence d’exposition au soleil..) que par les produits cosmétiques s’appliquant sur l’enveloppe cutanée. Dans la posture des Chinois, les notions de prévention, d’anticipation, d’harmonie sont au moins aussi importantes que l’idée de soigner ce qui ne va pas. Le rythme de vie, l’alimentation, la médecine traditionnelle, le feng shui, etc. contribuent tous à cette approche. La population est ainsi naturellement dans une posture de gestion anticipée de sa santé, plus que les occidentaux qui l’abordent plus généralement sous l’angle curatif. L’impact du modèle de développement chinois La croissance et l’ouverture de la Chine ces trente dernières années ne sont pas sans impacter le rapport des citoyens à la santé. La pollution et les effets de l’environnement sur l’organisme sont devenus des préoccupations majeures pour les Chinois qui sont aujourd’hui les citoyens les plus inquiets au monde de l’état de l’environnement. 53 % d’entre eux pensent même que « les effets de la société sur l’environnement sont tellement importants qu’il n’est pas possible pour les gens d’avoir un impact au niveau individuel » (GlobeScan 2012). Une raison simple à cela : les grandes villes chinoises sont parmi les plus polluées de la planète et leurs habitants en vivent les conséquences au quotidien. Pour eux, la dégradation de l’environnement n’est pas un concept théorique mais une réalité vécue avec des conséquences très concrètes : concentration de particules fines dans l’air, augmentation des allergies, eau impropre à la consommation, etc. Le rapport du grand public à la santé se trouve aussi confronté à l’influence de l’occident dont le modèle de mode de vie – alimentation individualisée, fortement carnée, développement des acti-

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Connexions printemps 2015

Le rapport particulier des Chinois à la santé Avec l’accroissement du niveau de vie et le développement des infrastructures médicales, la santé des citoyens chinois et leur espérance de vie se sont considérablement améliorées au cours des trente dernières années. Mais la relation qu’entretient la population à la santé est complexe et marquée par des incidents à répétition dans le domaine de la sécurité alimentaire et de l’accès aux soins. figure 1

Facteurs ayant le plus d’impact sur la santé de la population selon les médecins - Aujourd’hui et dans dix ans 56 %

Une alimentation mal équilibrée

43 % 50 %

La pollution de l'environnement

43 % 39 %

Le manque d'exercice physique

27 %

Le stress

48 %

La surconsommation d'alcool et/ou tabac Aujourd'hui

58 %

24 %

12 %

Chaque médecin pouvait donner 2 réponses

Dans 10 ans

figure 2

Facteurs liés à la nutrition ayant le plus d’impact sur la santé de la population dans les 10 années à venir, selon les médecins La présence d'ingrédients dangereux dans la nourriture

77 %

Un régime mal équilibré

38 %

L'excès de graisse et/ou de sucre dans la nourriture

25 %

Les mauvaises conditions d'hygiène de la nourriture

23 %

Une alimentation peu naturelle

15 %

La mauvaise qualité de l'eau

9%

Une quantité excessive de nourriture consommée L'excès de sucre dans les boissons

8% 3%

Chaque médecin pouvait donner 2 réponses

Etude réalisée auprès de 120 médecins généralistes dans les grandes villes chinoises


Une grande sensibilité aux enjeux de sécurité alimentaire Dans un contexte où les crises liées à des produits d’alimentation contaminés se sont succédées ces dernières années, les consommateurs chinois se méfient de plus en plus de la qualité des produits alimentaires. La viande, les produits de la pêche, les fruits et les légumes font l’objet d’une suspicion particulière. Et une étude conduite par l’Association Chinoise de Sciences et Technologie montre que 70 % des Chinois pensent que les aliments transgéniques sont dangereux pour la santé. Dans certains segments sensibles comme l’alimentation pour bébés ou les produits laitiers, les consommateurs des grandes villes s’ouvrent massivement aux marques étrangères, associées à des modes de production et des ingrédients plus sûrs. Les marques locales gardent cependant leur atout de proximité avec les consommateurs et d’adaptation au goût local. Ici aussi la vision des professionnels de la santé fait écho à celle des consommateurs. Parmi les effets sur la santé liés à la nutrition, une très large majorité de médecins (77 % - figure 2) pense que la présence d’ingrédients dangereux dans la nourriture représentera une menace importante pour la population dans les années à venir. Cette posture distingue la Chine de 8 autres pays répartis sur 3 continents dans lesquels l’Ifop a réalisé cette enquête. Une certaine crispation à l’égard du système de santé Les cas d’agressions de personnel médical apparaissent régulièrement dans les médias et sont discutés abondamment sur les réseaux sociaux. Un rapport de tension entre patients et médecins s’est effectivement développé ces dernières années, es-

Dans la posture des Chinois, les notions de prévention, d’anticipation, d’harmonie sont au moins aussi importantes que l’idée de soigner ce qui ne va pas. Le rythme de vie, l’alimentation, la médecine traditionnelle, le feng shui, etc. contribuent tous à cette approche.

sentiellement lié à l’opacité du fonctionnement du système de santé, souvent réformé mais rarement simplifié et mal expliqué, ainsi qu’aux cadences infernales imposées dans les hôpitaux. Une patiente souffrant d’une infection cutanée interrogée récemment par l’Ifop à Shanghai racontait par exemple : « Je ne pense pas que le médecin aie prêté assez d’attention à ma pathologie, j’ai attendu une heure quinze pour le voir, nous avons eu une discussion de cinq minutes, il m’a à peine auscultée et il m’a remis sa prescription sans me l’expliquer. » On entend effectivement souvent dire que les Chinois ne sont pas contents de leur système de santé, en particulier à l’hôpital. Même s’ils fréquentent les médecins de quartier au quotidien, les hôpitaux sont le lieu de consultation de choix lorsqu’on est vraiment malade. La sur-fréquentation de ces derniers ainsi que les moyens limités font que des tensions ne cessent de se développer. L’évolution vers la santé digitale Pour prendre le contrôle de leur santé et réduire leurs angoisses les consommateurs se renseignent fréquemment sur internet. Ils y échangent leurs expériences sur de nombreux espaces de discussion ou dialoguent directement avec des médecins locaux et étrangers sur des sites comme www.haodf.com. Les Chinois sont en avance en matière de pratiques digitales : très présents sur les réseaux sociaux, ils sont parmi les plus actifs au monde dans l’usage du e-commerce et des applications mobiles. Cette affinité avec les outils digitaux se traduit dans l’univers de la santé par le développement des achats en ligne comme sur le site dédié de Tmall www.yao.tmall.com et par la croissance d’utilisation d’applications santé telles que Lifesense. Les grands acteurs de la santé doivent maintenant tenir compte de cet aspect pour optimiser la communication avec leurs publics et apporter des services porteurs de valeur.

Imagine China

vités de loisirs, locomotion motorisée, etc. – vient impacter les pratiques locales. Ceci est perçu par la population à la fois comme un danger – celui de perturber des pratiques ancestrales qui ont fait leurs preuves – et une opportunité pour régler ou contourner certains problèmes spécifiques à la société chinoise, par exemple dans le domaine de la sécurité alimentaire. Cette vision est reprise par les médecins chinois qui voient dans deux manifestations du développement de la société de consommation – l’augmentation de la pollution et l’accroissement du stress – les facteurs dont les conséquences sur la santé des citoyens vont le plus progresser au cours des 10 prochaines années (figure 1).

Des opportunités pour les acteurs français Dans ce paysage de la santé chinoise, les entreprises françaises, notamment celles présentes dans le domaine agro-alimentaire, les services aux patients et les objets connectés ont de vrais atouts pour rencontrer le public local. Elles ne doivent pas hésiter à mettre en avant les garanties d’innocuité et d’efficacité auxquelles les Chinois sont particulièrement sensibles. Et comme souvent en Chine, pays de grandes diversités géographiques et socio-économiques, avoir une approche segmentée de leur marché. Christophe Jourdain, IFOP Asia

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Abécédaire

CDEH Corruption Le milieu de la santé en Chine est considéré comme fortement corrompu ; corruption qui crée une relation anxiogène entre les praticiens et leurs patients. De fait, les salaires des professionnels de la santé, rémunérés pour beaucoup au rendement, sont faibles encore. Par ailleurs, les hôpitaux publics sont presque autofinancés puisque moins de 10 % de leurs revenus proviennent de subventions du gouvernement. Ils tirent ainsi 90 % de leurs revenus du marché ; un système qui encourage certaines pratiques de corruption.

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Connexions printemps 2015

Dépense Selon ERS Healthcare Innovation, le taux du budget accordé à la santé est passé de 7,1 % à 10 % des dépenses de consommation pour les habitants ruraux entre 2007 et 2012. Pour les ménages urbains cependant, cette part a baissé de 7,1 % en 2007 à 6,2 % en 2011. « Ces taux sont plus élevés que ceux des principaux pays développés et que ceux d’autres pays émergents et peut notamment s’expliquer par le coût élevé des soins médicaux en Chine ». La Chine consacre 6 % de son PIB à la réforme de son système de santé.

Espérance de vie Le pays le plus peuplé au monde a vu son espérance de vie augmenter de façon sensible en moins de 20 ans. Celle-ci était ainsi de 71,8 ans en 1991 (femmes et hommes confondus) contre 74,5 ans en 2010. La mortalité infantile qui reste encore très élevée - est passée de « 29,1 ‰ en 2002 à 12,1 ‰ aujourd’hui (versus 3,6 ‰ en France) », précise Carine Milcent chercheur au CNRS. La mortalité infantile à 5 ans était de 15,6 ‰ en 2010 (versus 34,9 ‰ en 2002) et la mortalité maternelle de 31,9 sur 100.000 naissances.

Hôpital public L'hôpital public est au cœur du système de soins chinois. Les cabinets privés sont en effet encore très rares et les circuits des soins obligent souvent les patients à se rendre à l’hôpital même pour des affections bénignes ou courantes. Ce qui engorge un système hospitalier par ailleurs financé majoritairement par la vente de médicaments et aux hospitalisations. Celles-ci sont parfois abusives : la durée moyenne d’un séjour en hospitalisation en Chine est en effet de 10 jours (contre 5,5 jours en France).


MN S V Médecins aux pieds nus Ou 赤脚医生 (chijiao yisheng) en mandarin. Anciens personnels médicaux, le plus souvent d’anciens agriculteurs formés sur le tas à la médecine à l’époque maoïste. L'objectif était alors d'apporter les soins dans les zones rurales reculées où des médecins formés à la ville ne viendraient pas s'installer. Ces médecins-villageois, dont encore certains pratiquent, avaient pour mission de diffuser des règles d’hygiène, de faire de la médecine préventive, du planning familial et de traiter les maladies les plus communes.

NCMS Pour « New Cooperative Medical Scheme ». Marque le début de la réforme de la santé dans les années 2000. Ce système permet de mettre en place dans les zones rurales et isolées un nouveau dispositif coopératif qui assuré à l’assuré, en échange d’une faible cotisation, un accès gratuit à une base minimale de soins. L’assure s’acquitte alors au départ d’une cotisation annuelle équivalente à 10 ou 20 yuans, auxquels s’ajoutent en moyenne 40 yuans payés par le comté et 40 yuans payés par le gouvernement central.

SRAS Ou « syndrome respiratoire aigu sévère ». Maladie infectieuse des poumons due à un virus de la famille des coronavirus. Il est apparu pour la première fois en Chine en novembre 2002 et a provoqué une épidémie en mai 2003. La Chine, qui semble avoir été le foyer originel de la maladie, a été très durement touchée par l'épidémie. En tout, 812 décès ont été recensés (sur 8 445 cas déclarés) par l’OMS, dont 348 en Chine continentale et 204 à Hong-Kong. Quelque 200 personnes en seraient encore aujourd’hui atteintes.

VIH Les autorités chinoises ont comptabilisé en 2014, selon l’agence officielle Chine Nouvelle, 104 000 nouveaux cas de VIH et sida, soit une hausse de plus de 14 % sur un an. « Les relations sexuelles sont devenues le principal vecteur de transmission du virus, et donc le principal sujet d'inquiétude », selon Wang Guoqiang, haut responsable à la Commission nationale de la santé et du planning familial, cité par l’AFP. Les infections au VIH sont notamment en hausse chez les personnes âgées et les étudiants.

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Actualités de la Chambre Élections CCI France Chine

CCIFC

Assemblée Générale 2015 à Pékin

Assemblée Générale 2015 à Pékin

CCIFC

qui s’est tenue à Pékin le 27 mars 2015. Le second temps fort de ces élections a été la nomination, le 7 avril dernier, du Président de la CCIFC, des Viceprésidents locaux, ainsi que du Trésorier national et des Trésoriers locaux, élus par les membres du Bureau National. Nous sommes donc heureux de vous dévoiler les élus qui représentent le nouveau visage de la CCIFC !

L’année 2015 marque celle du renouvellement puisque, comme tous les deux ans, ont eu lieu les élections du Bureau de la CCI France Chine. Dans un premier temps, les membres de chaque antenne (Pékin, Shanghai et Chine du Sud) ont voté pour leurs élus locaux respectifs, puis validé la composition du Bureau National et approuvé les comptes lors de l’Assemblée Générale

DR

Javier Gimeno Nouveau Président 2015-2017

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connexions printemps 2015

M. Javier Gimeno est né en 1964 à Madrid, en Espagne. Diplômé de l’Université de Navarra en 1987, il complète sa formation par un second diplôme de l’école de commerce Instituto de Empresa en 1990. La même année, M. Gimeno rejoint le groupe Saint-Gobain où il occupe successivement différentes positions managériales dans plusieurs pays, avant d’être nommé en 2002 Vice Président Sales & Marketing de Saint-Gobain Sekurit International. En 2007, il devient Président et Directeur Général de Saint-Gobain Glass Solutions France, puis CEO de Saint-Gobain Sekurit Asie Pacifique en 2010. En octobre 2012, M. Gimeno est nommé Délégué Général et CEO du groupe Saint-Gobain Asie Pacifique. En mars 2015, il est élu au Bureau de Shanghai de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Chine, puis à la Présidence de la CCIFC en avril. M. Gimeno est marié et père de deux enfants.


Nouveau bureau national Comité Exécutif

Président Javier GIMENO Saint-Gobain Présidente d'honneur Annick de KERMADEC-BENTZMANN Acropolis Associates Group

Trésorier NATIONAL Thierry LABARRE Mazars

Vice-président Olivier DUBUIS UGGC Avocats

Vice-président François ISSARD TOTAL Exploration & Production

Vice-président Jean-Pierre TEMPERVILLE Veolia Environmental Services

Vice-président Emmanuel GROS B&A

Vice-présidente Alina QUACH Asiallians Avocats

SUPPLÉANTE DU VICE-PRÉSIDENTE Vaizoue HUYNH Plus Events Consulting

Trésorier Yann CHEN Mersen

Thierry DOUET Novotel Beijing Peace

Trésorier Benoît de GÉRAULT de LANGALERIE EASYBOX

Alexandre CHIENG Edmond de Rothschild Group

Bruno GENSBURGER Sanofi Raphaël GOUÉ Euracific/GTE

Nicolas CLÉMENT ADEN services Frédérik CORNU Bureau Veritas

Marc BAUDEN CAPSA Zheng Sheng YEH Cegid Software

Anne MARION-BOUCHACOURT Société Générale

Christophe LAURAS ACCOR Stéphane PARIENTE Carrefour

Harold PRADAL International SOS Christophe SOLAS Sodexo Jie WANG Schneider Electric

Jean-Michel VALLIN FAURECIA

Bruno WEILL BNP Paribas

Philippe VERNEUIL MICHELIN

Antoine ZHANG AREVA

BUREAU SHANGHAI

Xiaomin YU Schmidt Suofeiya Kitchen

BUREAU Pékin

BUREAU Chine du Sud

connexions printemps 2015

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CCIFC

Actualités Business Services Nomination de Guillaume Bonadei au poste de Directeur du Service Appui aux Entreprises Après 5 ans d’évolution au sein du Service Appui aux Entreprises de la CCIFC, Guillaume prend la tête du département avec pour objectif de développer et d’améliorer la gamme de services offerte aux entreprises et aux membres et de poursuivre le développement de l’accompagnement des entreprises chinoises vers la France.

China Cities of the Future

Imagine China

D

epuis 2010, la CCIFC propose les visites de Villes d’Avenir qui nous ont conduits dans de multiples villes et régions aux perspectives économiques prometteuses. L’année 2015 sera l’occasion de poursuivre ces aventures, dans une formule optimisée. Organisé en partenariat avec l’Ambassade de France, le programme de cette nouvelle édition vous conduira à la rencontre des autorités et acteurs clés de l’économie locale. Emmenée par l’Ambassadeur ou le Consul Général en personne, la délégation se rendra en premier lieu dans la province du Jilin le 21 mai 2015, puis dans le Shaanxi et le Xinjiang respectivement aux mois de septembre et octobre prochain. Désormais, le format de ces événements sera plus large et portera, au-delà des villes, sur l’ensemble des provinces visitées. Les échanges seront quant à eux plus dynamiques et concentrés sur une journée. Les rencontres avec les acteurs institutionnels et les autorités officielles des provinces vous permettront de découvrir les régions ainsi que leurs enjeux et perspectives. Les conférences et tables rondes sectorielles vous offriront la possibilité d’approfondir vos connaissances et d’échanger avec des représentants d’entreprises locales de premier plan. Les thématiques abordées seront principalement axées autour de sujets innovants et au cœur des besoins : • smart cities, transports et grands enjeux de demain ; • énergies nouvelles et développement durable ; • l’évolution de l’industrie (santé, automobile…) ; • l’agroalimentaire, etc.

Changchun, capital de la province du Jilin.

DR

Villes d’Avenir 2015 un nouveau format pour des rencontres plus interactives

Imagine China

明日之城 未来市场 2015 Tour

Des grands groupes multinationaux aux PME implantées localement, de multiples acteurs sont attendus sur cette nouvelle édition et l’objectif principal de Villes d’Avenir est de répondre aux attentes de ces participants qui souhaitent : • Rencontrer des représentants officiels ; • Développer leurs connaissances des enjeux locaux ; • Etendre leur visibilité et leur présence au niveau provincial ; • Bénéficier du réseau et de l’accompagnement CCIFC/ Ambassade. Heilongjiang

Urumqi

Changchun Jilin

Inner Mongolia

Xinjiang

Liaoning

Hebei

Gansu

Beijing Ningxia

Qinghai

Shanxi

Shandong

Xi'An Tibet

Shaanxi Sichuan

Hubei Chongqing

Hunan Guizhou Yunnan

Contact: Jérémy MARTI Business Development Manager marti.jeremy@ccifc.org

Jiangsu

Henan

Shanghai

Anhui

Zhe jiang

Jiangxi Fujian

Guangxi

Canton Guangdong Hong Kong

Taiwan

Hainan

Arrivée

DR

Jérémy Marti, nouveau business development manager

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Titulaire d’un Master en Droit privé puis diplômé de Sciences Po Toulouse, Jérémy a passé plus de cinq ans en tant qu’associé dans un cabinet Parisien, à accompagner et conseiller des PME et des grands groupes internationaux. Depuis mars 2015, il a rejoint l’équipe du Service d’Appui aux Entreprises avec pour responsabilité le développement commercial, le conseil et l’accompagnement des entreprises. Jérémy est notamment chargé d’animer le programme de Villes d’Avenir.

connexions printemps 2015


BUSINESS CENTRES

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LA CCIFC REND HOMMAGE À

François Michelin Figure emblématique de l’industrie française et ancien dirigeant d’un des plus grands groupes français au monde, il s’est éteint à Clermont Ferrand à l’âge de 88 ans. Gérant du Groupe de 1955 à 2002, visionnaire et humaniste, François Michelin porté par sa passion pour l’innovation autant que par son exigence de rigueur au service de la qualité, a donné au Groupe toute sa dimension internationale. La CCIFC s’associe à la douleur de sa famille et de ses proches, ainsi qu’à celle de l’ensemble des salariés du Groupe MICHELIN. « Il fut l’un des plus grands industriels de l’après-guerre. Il avait compris l’importance de l’innovation et du développement industriel à long terme. En développant le pneu radial, il fit d’une entreprise familiale régionale l’un des plus grands groupes français et l’une des sociétés les mieux connues des Français. » François Hollande Président de la République

Le Comité de Direction de CEIBS China Europe International Business School

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connexions PRINTEMPS 2015

Marc Tulane

« C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris la disparition de François Michelin, ancien dirigeant du Groupe Michelin. La coopération entre CEIBS et Michelin remonte à l’année 2001, lorsque la société française a occupé pour la première fois une chaire au sein de notre Université, l’aidant ainsi dans sa perpétuelle quête d’excellence académique. Au fil des années cette chaire a été consacrée aux thèmes liés au Leadership et aux RH, et a conduit à de nombreuses études de cas, projets de recherche en leadership, études transculturelles et pratiques RH. Michelin représente l’un de nos sponsors les plus estimés, et nous présentons nos condoléances les plus sincères en cette triste occasion. »

François Michelin, portrait en 2000.


« En véritable capitaine d’industrie, François Michelin a su maintenir le cap malgré les tempêtes. »

F

en 1966, puis René Zingraff en 1986. En 1991, peu avant la cessation des fonctions de François Rollier, les co-gérants demandent à Édouard Michelin, l’un des fils de François Michelin, de les rejoindre. Édouard Michelin était déjà dans l’entreprise depuis plusieurs années, avec notamment un parcours en France et en Amérique du Nord. Avant de subir le destin tragique qu’on lui connait… une mort accidentelle et brutale le 26 mai 2006, à seulement 43 ans. Sous l’impulsion de François Michelin, le Groupe est passé de la dixième à la première place mondiale. En véritable capitaine d’industrie, il a su maintenir le cap malgré les tempêtes et rester fidèle à ses convictions. Il a incarné les valeurs de l’Entreprise : respect des hommes, respect des faits, respect du client, respect des actionnaires, respect de l’environnement. Visionnaire, il a assumé des choix de long terme, qui ont permis de pérenniser la croissance de Michelin. C’est au cours de l’Assemblée Générale de mai 2002 que François Michelin passe définitivement le relais à son fils Édouard. Un hommage exceptionnel est alors rendu à celui qui a donné le meilleur de lui-même pendant plus de 50 ans pour perpétuer le développement de la Maison.

Assemblée Générale , juin 1999, Édouard Michelin, François Michelin et René Zingraff.

Michelin

Pierre Chambon

rançois Michelin est né le 15 juin 1926. Il est le fils d’Étienne Michelin et petit-fils d’Édouard Michelin, co-fondateur avec son frère André de Michelin et Cie en 1889. Orphelin de père à 6 ans, il est passionné de sciences et fait des études de mathématiques avant de rentrer en 1951 à l’usine des Carmes où il suit le stage d’intégration des ingénieurs. Pendant deux ans, il travaille avec les équipes qui font les 3x8, d’abord comme ouvrier à l’atelier Poids Lourd des Carmes puis comme confectionneur de pneus de tourisme à Cataroux. Il fait ensuite le stage Commerce avec les Voyageurs pendant lequel il fait le tour de France des garagistes, puis il effectue un stage de plusieurs mois en Italie, à l’usine de Turin. De retour en France, il devient chef de l’atelier Poids Lourd aux Carmes puis passe un an dans les services de Recherche. Fort de cette solide expérience de terrain, il devient le 28 mai 1955, alors âgé de 29 ans, co-gérant de la Manufacture Française des Pneumatiques Michelin (MFPM) et de la Compagnie Générale des Établissements Michelin (CGEM), au côté de son oncle Robert Puiseux. En octobre 1959, il devient seul gérant, puis appelle à ses côtés François Rollier

Visite de François Michelin à l’usine MICHELIN à Shanghai.

connexions PRINTEMPS 2014

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La Ccifc soutient

ELA

F

ondée en 1992 par Monsieur Guy ALBA, l’Association Européenne contre les Leucodystrophies (ELA) regroupe en son sein des malades et leurs familles qui se mobilisent pour vaincre les Leucodystrophies, des maladies génétiques orphelines et mortelles. Depuis quinze ans, Zinédine ZIDANE, champion du Monde de football et actuel entraîneur de l’équipe de Real Madrid Castilla, est engagé au côté d’ELA. Plus de 30 millions de personnes sont concernées par une maladie génétique en Europe, dont 3 millions en France. Afin de sortir les leucodystrophies de l’anonymat et d’accélérer la prise de conscience sur l’importance du financement de la recherche médicale sur les médicaments orphelins, ELA a eu l’idée originale de mettre en place une campagne de sensibilisation sous forme de challenge en entreprise : «Mets tes baskets et bats la maladie». Un challenge des plus simples à relever puisqu’il s’agit de faire le plus de pas possible, chaque pas étant comptabilisé par un podomètre et rémunéré par l’entreprise, qui reverse les fonds à ELA. Près de 20 000 participants ont ainsi réalisé plus de 4,5 millions de pas pour ELA en 2014. La collecte des données auprès d’un grand nombre de malades atteints de maladies rares est un facteur important pour la dé-

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connexions printemps 2015

ELA

L'association ELA et sa campagne «Mets tes baskets et bats la maladie»

couverte de nouveaux traitements, d’où la volonté de l’association ELA de multiplier les coopérations internationales. Déjà présente en Europe et au Japon, elle espère à présent établir des coopérations avec un partenaire local, en vue d’ouvrir une antenne en Chine. Monsieur Jean-Pierre RAFFARIN, ancien Premier Ministre, a d’ailleurs accepté d’en être l’ambassadeur d’honneur auprès de l’Empire du Milieu. A cette occasion, la première opération «Mets tes baskets» en Chine sera lancée le 28 avril 2015 à Shenzhen, lors du dîner des managers de la CCIFC. La Chambre continuera ensuite de présenter la campagne auprès de ses membres au cours de divers évènements. L’opération a pour avantage de pouvoir se pratiquer n’ importe où, n’importe quand. Elle est basée en effet sur une organisation facile à mettre en place et s’intègre totalement dans le cadre de travail quotidien de l’entreprise sans perturber le rythme habituel des employés. Cette opération solidaire se veut un moment fort dans la vie d’une entreprise, fédérant ses collaborateurs autour d’une cause porteuse de sens et de la prise de conscience de leur capital santé sur leur lieu de travail. C’est une occasion unique également de communiquer sur leur politique de Responsabilité Sociétale et Environnementale. Afin de permettre à des structures de toutes tailles d’apporter leur contribution à

cette aventure humaine, les partenaires ont le choix de sponsoriser l’opération et/ ou de compléter leur soutien, sous forme de donations en nature ou de mise à disposition de services et/ ou de produits. Les podomètres sont disponibles à Pékin auprès de la société F.E.E. et à Shenzhen auprès de Les Vignes du Soleil (voir coordonnées ci-dessous). NB : Reconnue d’utilité publique, ELA est habilitée à recevoir des legs, des donations, et des primes d’assurance-vie en totale exonération.

Coordination logistique à PEKIN : Société France Emergents Entreprises (F.E.E.) Monsieur Weijing GUAN Mob. : + 86 139 119 92 135 Email : w.guan@ajaxxl.fr Lufthansa Center C512 N°50 Liangmaqiao Road Chaoyang District, Beijing 100125. P.R.C. Coordination logistique à SHENZHEN : Société Les Vignes du Soleil Mademoiselle WANG Luyao Tél. : +86 755 2396 8026 Email : contact@vignesdusoleil.fr E13 B Jinyun Century Building, N° 6033 Shenan Avenue, Shenzhen 518041. P.R.C. Plus d’informations sur www.mtbela.com


Actualités des Antennes

Conférence sur la communication et la collaboration interculturelles le 22 janvier

organisation internationale», à l’Hôtel Jinjiang. Cette conférence a remporté un franc succès auprès des participants.

L’entreprise Berlitz a donné une conférence sur le thème suivant: «Comment communiquer et collaborer efficacement à travers diverses cultures au sein d’une

Après-midi ping-pong en réseau franco-chinois

Le samedi, 31 janvier 2015, le Club France et le bureau CCIFC de Chengdu ont proposé à leurs membres respectifs un après-midi sport et réseau, au Centre de Formation National de Tennis de Table de l’Ouest de la Chine. Le Club France, le réseau des anciens étudiants chinois de France, et la Chambre de Commerce et d’Industrie France Chine, se sont associés pour la première fois afin de proposer à leurs membres de se rencontrer autour d’un évènement sportif, à la fois professionnel et convivial. Tous les ingrédients étaient au rendez-vous pour permettre aux membres de nouer de nouveaux contacts dans une ambiance chaleureuse : séance d’échauffement sous forme de « speed dating », tournoi de tennis de table et dégustation de pâtisseries françaises. L’événement s’est déroulé au Centre de Formation National de Tennis de Table de l’Ouest de la Chine, institution prestigieuse qui prépare les champions de tennis de table de demain. Monsieur CHEN, entraîneur en chef du centre et ancien joueur professionnel au palmarès impressionnant, a mobilisé son équipe pour accompagner et conseiller les membres Club France et CCIFC tout au long de l’évènement. Cette collaboration fructueuse marque une étape essentielle dans la coopération entre le Club France et le bureau de la CCIFC à Chengdu, à travers laquelle, les entreprises françaises et jeunes actifs, qualifiés et diplômés de France, sont appelés à se réunir pour un mariage de raison.

CCIFC

le 31 janvier

CCIFC

成 都

CHENGDU

Séminaire sur les nouvelles politiques chinoises en matière d’investissements étrangers le 16 mars

Le Cabinet d'avocats Adamas, a présenté, le 16 mars 2015, les nouvelles tendances des politiques chinoises en matière d’investissements étrangers, lors d’un séminaire. Ce dernier, s’est tenu sous forme de banquet à la Maison du Sud Ouest à Tongzilin.

Evènement inter-chambres – édition printanière le 18 mars

Le bureau de Chengdu (CCIFC) a été invité, pour la troisième fois consécutive, à participer au Networking A.B.E.* co-organisé, le mercredi 18 mars 2015, par les Chambres américaine, anglaise et européenne. *. A.B.E. pour Amcham, Britcham et European Chamber.

connexions printemps 2015

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Actualités des Antennes

Saint-Gobain

上 海

SHANGHAI

350 ans de Saint-Gobain

et l'histoire de la société. Après avoir commencé à Shanghai cette exposition aura lieu dans le monde entier. La Chambre de Commerce et d'Industrie France Chine tient particulièrement à remercier monsieur Javier Gimeno, délégué général de Saint-Gobain Asie Pacifique, pour cette soirée privée. Plus de 150 membres de la Chambre de Commerce et d'Industrie France Chine à Shanghai ont pu visiter les pavillons et prendre part au cocktail clôturant cet événement exceptionnel.

le 16 janvier

Le 16 janvier dernier Saint-Gobain et la Chambre de Commerce et d'Industrie France Chine à Shanghai ont eu le plaisir d’inviter les membres du comité de patronage à une visite privée d’une exposition célébrant l’anniversaire des 350 ans de Saint-Gobain. A l’occasion de cet anniversaire, Saint-Gobain a conçu cinq pavillons innovants définissant les valeurs

Cocktail domiciliés pour célébrer le Nouvel an Chinois

CCIFC

le 2 février

La Chambre de Commerce et d'Industrie France Chine à Shanghai a convié les entreprises domiciliées au sein de son centre d’affaires pour un cocktail afin de célébrer le nouvel an chinois dans une ambiance chaleureuse et conviviale.

Conférence

"Le Pouls de la Chine" le 4 avril

CCIFC

Eric Meyer, journaliste écrivain et rédacteur du Vent de la Chine, a tenu une conférence intitulée le « pouls de la Chine ». Plus de 60 personnes ont assisté à cette conférence au cours de laquelle Eric Meyer a présenté l’actualité économique de la Chine et a notamment évoqué la campagne anticorruption et les nouvelles « routes de la soie » mise en place par le gouvernement de Pékin.

Visite de NTSJ Nantong

CCIFC

le 11 avril

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connexions printemps 2015

Les équipes de Skema Business School et de la CCI France Chine à Shanghai ont rendu visite à l’entreprise NTSJ, 4e acteur du marché de la construction chinois, afin de consolider notre partenariat et découvrir les atouts de la ville de Nantong pour nos membres. Cette rencontre était placée sous le signe de l’amitié et de la convivialité.


Gala annuel de la CCIFC Shanghai

Principaux événements à venir

Global Manager Program

au Shangri La Jingan le 23 Mai 2015

4e Edition – Septembre 2015

Dispensé en anglais par des professeurs de l’ESCP Europe, ce programme est certifié par la CCI Paris Ile-de-France.

CCIFC

Pour cette édition, la chanteuse Natasha St-Pier se produira pour la première fois en Chine lors d’un concert privé.

Formation hautement qualifiante, le Global Manager Program permet aux participants d’avoir un regard neuf sur les fondements du management et les bonnes pratiques à mettre en œuvre. Ce programme est composé de 5 modules de 2 jours et axé autour de 5 thématiques :

• Motivate your Team

7 et 8 septembre

• Marketing Management

12 et 13 octobre

• Key Aspects of Financial Accounting and Analysis 2 et 3 novembre

• Strategy Management

23 et 24 novembre

• Leadership and Coaching

7 et 8 décembre

Contact : Anthony LOPEZ, sh-training@ccifc.org 86 (21) 6132 7120

connexions printemps 2015

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Actualités des Antennes

Conférence Biznest le 15 janvier

CCIFC

北 京

PEKIN Le partenariat entre la JCEF et la CCIFC pour l’organisation de conférences a été créé en 2013 et propose 4 fois par an une conférence initiée et montée par la Jeune Chambre Economique dans les locaux de la CCIFC. Le 15 janvier dernier, près de 50 personnes participaient à la conférence « Créer son entreprise en Chine, par où commencer ? » : membres de la CCIFC et de la JCEF, étudiants et Français vivant et travaillant à Pékin ont pu apprécier la qualité des présentations dispensées par les entrepreneurs Ludovic Bodin, CEO de Cmune, Matthieu David, CEO de Daxue Consulting, Thomas Graziani, CEO de Walk the chat et Pauline Lahary, CEO et Directrice commerciale de MyCVfactory. Les 2 experts Christine Miles, Avocate chez Gide et Philip Beck, Business Angel et Chairman de 4 startup ont également partagé leurs précieux conseils avec l’assistance.

Déjeuner Nouveaux Membres le 6 février

Cet événement, créé depuis de nombreuses années à la CCIFC Pékin, a pour objectif de réunir tous les 2 mois environ, autour d’un déjeuner convivial gracieusement offert par le groupe Accor, une douzaine de nouveaux adhérents à la Chambre. C’est l’occasion pour eux de présenter leur activité en Chine, de faire connaissance des autres nouveaux arrivants, et surtout de faire connaître, à l’issue d’une présentation des activités de la

Chambre faite par l’un de ses directeurs, leurs attentes vis-à-vis de la Chambre. 2 élus du Bureau de Pékin se joignent à ce déjeuner et présentent quant à eux leur rôle au sein de la Gouvernance : projets stratégiques pour l’année en cours, actions concrètes mises en place au service des membres et écoute des attentes non encore satisfaites, ceci dans le seul but de toujours mieux servir le développement des entreprises françaises en Chine.

Journées CCIFC à Dalian et Qingdao le 29 mai et le 5 juin

Afin d’aller à la rencontre de nos membres situés hors de Pékin, nous organisons le 29 mai à Dalian et le 5 juin prochain à Qingdao une journée CCIFC. Le programme de ces 2 journées, conçu avec nos représentants Frédéric CHOUX (DCT Wines) à Dalian et Olivier BALEIX (ACCORD-IBC) à Qingdao, est composé de conférences et présentations sur des thématiques choisies par les membres sur place. La Consule de France à Shenyang nous fera l’honneur de sa présence à Dalian le 29 mai prochain et fera un point sur les aspects consulaires à l’attention des Français de Dalian. L’après-midi se joindront à nous des représentants des

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entreprises européennes, afin d’enrichir les partages d’expérience et les échanges de bonnes pratiques sur les problématiques RH (contrats d’embauche, nouvelles modalités de licenciement, assurances obligatoires pour les salariés…), et sur la gestion des risques et la sécurisation des implantations. La fin de journée sera consacrée à un moment plus informel de Networking autour d’un verre. Les entreprises françaises non encore membres de la Chambre sont naturellement les bienvenues à ces rencontres, dont un des objectifs est de convaincre les «indécis» de l’intérêt pour eux de rejoindre la Chambre !


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CCIFC

Le e-commerce n'a plus de secret

Networking Interchambres de printemps

Le 17 mars dernier s’est tenue une formation sur le e-commerce et comment établir son propre site de e-commerce en Chine. Le formateur, Cyril Drouin, a animé un groupe de 9 personnes pendant une journée pour leur donner les outils nécessaires à l’élaboration de leur site internet de e-commerce. Cette formation a rencontré un franc succès. Pour ceux qui n’ont pas pu participer à cette session, elle sera reconduite en septembre prochain.

le 4 mars

Le 4 mars dernier, 16 Chambres de commerce étrangères en Chine se réunissaient au Marriott Hotel East ring pour proposer à leurs membres un moment de rencontres et d’échanges durant lequel on pouvait entendre parler un peu toutes les langues, le chinois et l’anglais servant souvent de langue commune. Chaque invité avait un badge indiquant « sa » Chambre, de façon à faciliter les rapprochements et à rendre plus efficaces les interactions, dans cet événement réunissant plus de 630 participants.

Nouvelles formations à venir en mai et juin En 2015, le service formation de Pékin a décidé de donner un caractère plus professionnalisant à ses formations. Dans les prochains mois, de nouvelles formations seront dispensées. Si vous cherchez à développer des compétences en gestion de projet, négociation, finance, règlementations budgétaires et contrôle des coûts ou encore en management d’équipes, n’hésitez pas à jeter un œil à notre catalogue qui est disponible sur notre site ou dans nos locaux.

A vos recrutements !

Dalian

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Depuis le début de l’année 2015, le service de recrutement de Pékin s’est renforcé. Il a d’ailleurs obtenu la confiance de nouveaux clients et travaille actuellement sur une quarantaine de recrutements en parallèle. Déjà 10 placements ont été assurés par notre service depuis janvier et d’autres sont en cours de finalisation. N’hésitez plus à nous faire confiance !

Qingdao

Contact : Audrey REHBY rehby.audrey@ccifc.org 86 (10) 6461 0260

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Actualités des Antennes

中 国 南 部

canton

Création du Club Entrepreneur et du Groupe de Travail Sales & Marketing le 12 mars & le 2 avril

Du nouveau à Canton : la première session du Club Entrepreneur a été lancée le 12 mars 2015 sous forme d’un cocktail et reviendra en table ronde. Peu après, le jeudi 2 avril s’est tenu un nouveau Groupe de Travail Sales & Marketing autour d’un bon repas. L’évènement organisé en partenariat avec la Chambre de commerce allemande a réuni des experts venant d’entreprises françaises et allemandes pour de fructueux échanges.

Ces deux rencontres ont pour vocation de rassembler les entrepreneurs, dirigeants de PME à Canton et de leur offrir une plate-forme où informations et bonnes pratiques s'entrecroisent. Faire face aux difficultés que la Chine présente, répondre à une question commune ou échanger de bonnes adresses sont donc les moteurs de ces deux initiatives prises par les membres de la CCI France Chine eux-mêmes.

Visite EDF à Taishan

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le 24 mars

Le 24 mars a eu lieu la visite de la Centrale nucléaire EDF à Taishan, fruit emblématique d’une coopération franco-chinoise de longue date. Cette visite a permis à ses participants de découvrir la construction d’une centrale nucléaire et son fonctionnement via une maquette d'enceinte. Nous remercions l’équipe EDFAréva et le Consulat Général de France à Canton pour leur soutien et tous les participants pour leur patience matinale.

GIFIF

La CCI France Chine offre l’opportunité aux professionnels de l’alimentation de rejoindre le Pavillon France sur le salon GIFIF (Guangzhou International Food & Ingredients Fair) du 11 au 14 juin 2015 à Canton. Entrepreneurs, importateurs, acheteurs, restaurants, traiteurs, chefs, etc. en lien avec l’agroalimentaire français sont les bienvenus sur ce carrefour majeur de l’alimentation pour exposer et vendre leurs produits tout en bénéficiant d’un design français valorisant.

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du 11 au 14 juin


SHENZHEN

1er séance du Club Production le 5 mars

CAPSA

CAPSA

Le bureau de la CCI France Chine à Shenzhen a créé un Club Production qui vise à fournir des informations de première main et les expériences des experts aux entreprises de production, à améliorer les procédés de fabrication en identifiant les problèmes et en apportant des solutions. Ce club est exclusivement réservé aux membres CCI France Chine liés à la production. La première séance de ce Club Production s’est tenue le 5 mars dernier dans les usines de CAPSA. Le coordinateur du Club, Nicolas BOUVIER (TÜV Rheinland Shenzhen) a présenté le Club et divisé les membres en différents groupes afin de permettre une meilleure compréhension et analyse de la visite : production/ingénierie, interaction homme/ machine, approvisionnement, maintenance et contrôle de qualité. Après la visite de l’usine de mécanique, de ferrage et d’assemblage, s’en est suivi un débriefing toujours animé par Nicolas. Chaque groupe a partagé son point de vue et a échangé leurs impressions, avec l’intervention du directeur de production et d’approvisionnement de CAPSA, Marc BAUDEN. Pour finir, une table ronde sur « Lean Manufacturing » a été animée par Tim ZHANG (EIM), expert en Lean Manufacturing, ancien Directeur Global Lean chez Lenovo.

Nouvel outil du Club Entrepreneur : Radio Village Innovation

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En partenariat avec « Radio Village Innovation », le Club Entrepreneur a évolué avec un nouvel outil : « Planète Innov », en réalisant l’interview des membres entrepreneurs sur une émission radio via internet. Les deux premières émissions ont été diffusées avec Sébastien DRUVENT, PDG d’une startup spécialiste des montres connectées Névo, et Hugo GARCIA-COTTE, Directeur de Five-doors. Réf. : www. radiovillageinnovation.com

Club Entrepreneur chez l’incubateur Haxlr8r

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Actualités des Membres

Valeo et Safran présentent les innovations issues de leur coopération technologique

Valeo et Safran, les deux équipementiers français mondialement reconnus - l’un dans l’automobile et l’autre dans l’aéronautique, la défense et la sécurité - pour leurs technologies de pointe et leur capacité d’innovation, ont dévoilé le 27 mars leurs dernières avancées technologiques à l’Hôtel des Invalides à Paris. Dix-huit mois après la signature de leur partenariat de Recherche sur l’assistance au pilotage et le véhicule autonome, Safran et Valeo démontrent, en un temps record la mise en commun de leurs compétences et de leurs savoir-faire en présentant des innovations autour de 4 grandes thématiques communes : • « L’Homme au cœur des préoccupations » • « La connectivité » • « Voir et Naviguer » • « La Robotisation » Safran et Valeo se sont associés car ils travaillent sur des technologies et des problématiques semblables, chacun dans ses domaines d'activités : pilotage automatique de véhicules ou de drones dans des environnements complexes, traitement d'images et de données, vision dans des conditions difficiles, reconstitution 3D de l'environnement et réalité augmentée, biométrie et sécurisation, capteurs (imagerie, acoustique, radar, laser). Bien qu’opérant sur les marchés distincts, Safran et Valeo partage les mêmes valeurs, la même obsession de l’innovation et de la rapidité d’exécution. Le résultat d’aujourd’hui n’est que le début d’une longue histoire, emblématique de leur capacité à développer une filière d’excellence technologique française.

ADEN Services : le facility management au service du Patient Le rôle d'un hôpital est de soigner des patients, pas de s’occuper des services généraux. C'est sur la base de ce postulat élémentaire qu’ADEN Services et l’Hôpital international BenQ de Suzhou ont signé une convention de partenariat. Depuis 2012, ADEN Services assure la sécurité pour un des plus grands hôpitaux internationaux de Suzhou. Ce partenariat prend aujourd'hui une nouvelle dimension avec la mise en opérations d'un contrat d'« Hospitalité globale ». « L'idée est de permettre a l’Hôpital BenQ de se consacrer pleinement à son cœur de métier : les soins hospitaliers, explique Joachim Poylo, Fondateur et Président d’ADEN Services, en apportant nos solutions de facility management pour prendre soin des bâtiments, des patients, et des impacts environnementaux. » ADEN Services est devenu en 15 ans un des acteurs principaux en Facility Management (services généraux) en Chine (maintenance, performance énergétique, restauration collective, sureté, propreté) et intervient sur tous types de secteurs : santé, hôtellerie, éducation, industriel, etc. Présent dans plus de 50 villes en Chine, ADEN Services emploie plus de 20 000 personnes.

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La Maison Sud Ouest France à Chengdu La Maison Sud Ouest France à Chengdu est issue de la coopération entre le gouvernement français et le Groupe SENYU dans le contexte du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques FrancoChinoises. La danse, le chant, la communication et une ambiance chaleureuse lors du 25 Octobre dernier au parc Nanhu, ont donné matière à l’inauguration de la Maison Sud Ouest France à Chengdu. Le Secrétaire d’État, Matthias FEKL, le Président de la Région Aquitaine, Alain ROUSSET, le Président de la Région Midi-Pyrénées, Martin MALVY ainsi que l’ancien Premier Ministre, Jean-Pierre RAFFARIN, ont été témoins de cette soirée marquante. La France, pays de la gastronomie et du vin, a bien marqué l’esprit des Chinois avec son image. La société bordelaise Chendi partner a été le relais entre l’association Sud Ouest France initiée par les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées et le groupe immobilier SENYU de la province du Sichuan. Le projet a pour objectif de mettre en avant les produits viticoles et agroalimentaires authentiques de la région du Sud-Ouest de la France ainsi que de partager la culture unique du Sud-Ouest de la France avec les consommateurs du monde, notamment ceux de la Chine. Les Maisons Sud Ouest France sont garantes de l’authenticité et des produits non contrefaits pour le public et les professionnels chinois et ont pour vocation de standardiser les prix du marché, éviter les intermédiaires et atteindre directement le consommateur final.


Extruflex Extruflex est le leader mondial dans le domaine de l'extrusion de PVC souple en lanières et panneaux et portes battantes. Depuis plus de 50 ans, les produits sont réputés pour leur qualité et leur versatilité. Le siège se situe en France, et une usine fut construite à Zhongshan il y a déjà de nombreuses années. Nos lanières et panneaux flexibles sont respectueux de l'environnement et conçus pour améliorer le confort au travail, durant les loisirs et à la maison. Nous fabriquons des produits innovants tels que des antistatiques, anti-bactéries, ignifuges, et autres concepts adaptés aux chambres froides et screenflex pour l’économie d'énergie, la sécurité et le confort. Grâce à notre PVC souple, nous avons aussi spécialement conçu une gamme de portes souples proposées aux architectes, maîtres d'œuvre, supermarchés, chaînes du froid, commerçants au détail, fournitures industrielles, spécialistes de la soudure, hôpitaux, écoles, industriels de l’agro-alimentaire et de la santé, professionnels de la haute technologie et de l’aérospatial. Nos séries de portes flexibles sont équipées de battants et de kits de faciles à monter, particulièrement concentrés sur la sécurité, l’efficacité et la satisfaction des clients. Nos produits sont vendus dans le monde entier, en Europe, en Amérique et dans l'ensemble de l'Asie-Pacifique. Nous nous appuyons sur la confiance et la fiabilité qu’ont nos clients envers nous ; nous restons en bonnes relations avec tous nos clients pour une longue durée. Extruflex innove en permanence pour satisfaire les besoins des industriels du monde entier.

IT Consultis étend ses services de développements web au réseau social WECHAT, pour le marketing mais aussi pour les Ressources Humaines ! L’agence digitale, fondée il y a 4 ans à Shanghai, connaît une croissance exceptionnelle grâce à une équipe qualifiée, créative et ambitieuse. En plus des projets de E-commerce et de web design, l’équipe IT Consultis s’est enrichie d’une sorte de corde indispensable à l’arc de tous les marqueteurs en Chine : celle du réseau social WECHAT. L’expérience acquise avec la marque ZARA est un exemple parfait. IT Consultis a été choisi pour développer la plateforme de recrutement des postes en magasin. Par l’intermédiaire d’un QR code « in-store », d’un Hyperlien ou d’un lien dans les « moments », les intéressés peuvent désormais voir facilement la liste des postes disponibles et envoyer leur candidature. Cette plateforme peut être déployée en 1 mois pour tout retail soucieux d’embaucher plus facilement, en pré-qualifiant les candidats depuis leurs mobiles. Enfin, cette plateforme peut être intégrée à d’autres systèmes RH (ERP) existants ! Pour les évènements, les lancements de produits, le m-commerce, les jeux ou le recrutement sur WECHAT, IT Consultis est désormais une agence digitale indispensable.

A chacun son cv avec mycvfactory Fondée par Pauline LAHARY, une jeune entrepreneuse débarquée en Chine en 2009, Mycvfactory a pour mérite de réunir en un seul portail en ligne tous les outils nécessaires à une candidature réussie. Mycvfactory offre des modèles de CV prêts à l’emploi et d’autres sur mesure, pour coller à tous les profils, et à tous les budgets. Sa spécialité ? Allier sur un même site 2 offres claires : le modèle de CV à télécharger, qui répond aux petites bourses et aide ceux qui manquent de créativité. Puis le CV sur mesure, qui contient la rédaction du contenu, répondant ainsi aux personnes qui ont besoin d’un réel accompagnement. Mycvfactory propose plus d’une centaine de modèles de CV disponibles, allant du CV créatif au CV plus classique. L’objectif ? Etoffer l’offre du CV prêt à l’emploi pour devenir une plateforme reconnue sur laquelle venir faire son marché pour l’emploi. What’s next ? Mycvfactory s’internationalise avec une version anglaise du site internet à la conquête d’un marché plus global. 2016 sera l’année de la Chine avec une version chinoise du site internet. Retrouvez-nous: www.mycvfactory.com

De Shenzhen à la Silicon Valley Les objets connectés ont le vent en poupe. Apres avoir levé plus d’un million de dollars sur Kickstarter en 2013, la startup Omate – www.omate.com - dirigée par le Français – Laurent Le Pen, est en pleine croissance après avoir annoncé un partenariat avec l’un des principaux distributeurs mondiaux de joaillerie, l’Américain - Richline Group - www. richlinegroup.com. Richline appartient à Berkshire Hathaway, le conglomérat dirigé par Warren Buffett. Omate vient de rentrer dans son capital la société 500Startups et va participer au prochain programme de 500Startups en Californie à Mountain View en plein cœur de la Silicone Valley pendant quatre mois. L’équipe Californienne va notamment travailler sur de nouveaux objets connectés dédiés à l’industrie de la joaillerie ainsi qu’à l’intégration de la technologie Cypheme – www.cypheme. com - qui lutte contre la contrefaçon au travers d’une étiquette intelligente via une application mobile iOS et Android.

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Décryptage | Une des médias

REN AU D DE SP E NS

Imagine China

Alors que les ONG étrangères sont harcelées pour quitter le pays et que l'information se corsète encore dans certains domaines (depuis quelques mois, les médecins ont ainsi interdiction totale de communiquer sur les conséquences sanitaires de la pollution), le gouvernement Xi, bien qu'il soit à l'origine de cette reprise en main, butte sur une contradiction.

Finances publiques

La société civile peut-elle imposer la transparence ?

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ans l'ombre, l'administration résiste à son emprise, habituée depuis des lustres à cacher ses travers aux rouages supérieurs et à enterrer les lois qui la gênent dans les sables de la bureaucratie ; la pression hiérarchique n'est souvent pas suffisante pour briser cet obstacle et faire passer des réformes. Alors que le Parti n'a plus tellement la confiance du pouvoir que celui-ci dote tous ses échelons de « comités de discipline », seuls les mouvements citoyens semblent aujourd'hui avoir une chance, par le bas, de faire plier le système transversal des intérêts claniques. Mais, si tous les organismes financés par

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l'étranger sont devenus suspects, et si l'opinion internet et les groupes citoyens ont été muselés ou mis au pas, existe t-il encore des structures non-étatiques qui peuvent faire bouger la Chine ? Un phénomène aux racines déjà anciennes refleurit aujourd'hui : les zhiku (智 库, littéralement les « armureries de savoir »), rassemblements d'experts, copiés sur les think tanks étasuniens. Alors que les années 80, puis encore la première décennie du XXIe siècle, avaient été inspirées par les « shalong », (沙龙), ces groupes de réflexions informels modelés sur les « salons » français du XVIIIe siècle, la nouvelle ère Weixin-Xi Dada est marquée par une professionnalisation des idées : finis les intellectuels dilettantes, les

étudiants et les poètes, les zhiku regroupent plutôt des experts, des titulaires ou d'anciens titulaires de postes officiels, et beaucoup de journalistes spécialisés ; ces sortes d'associations dont les membres sont bien ancrés dans le système inquiètent pour le moment moins le pouvoir. Association spécialisée En mars 2015, plusieurs titres de presse (l'hebdomadaire Nanfang Zhoumo 《南 方周末》, le Kan Tianxia 《看天下》, le magazine Taxe et Société 《税收与社会》...) se sont faits l'écho de l'initiative audacieuse d'une association spécialisée dans les finances publiques, le Bureau de recherches


C'est bien évidemment dans le contexte de sa campagne anti-corruption que le pouvoir s'est désormais résolu à permettre expressément que ses administrés prennent connaissance des comptes publics.

économiques du groupe de réflexions Tianhe (《天和智库经济研究所》tianhenet.com. cn). Alors que la nouvelle loi sur les finances de l'Etat qui venait d'entrer en vigueur le 1er janvier disposait que les budgets définitifs des administrations devaient être publics, Tianhe s'est fixé l'objectif de contribuer à son application effective : le 9 février, elle a envoyé 3352 lettres pour inviter les services budgétaires des villes, provinces, régions et districts à fournir leurs comptes. Une telle démarche aurait été impensable avant 2008 : les chiffres budgétaires étaient, depuis 1989, classés dans la catégorie des « informations confidentielles » (机密). Mais en pleine année olympique, une loi sur la transparence des actes gouvernementaux entre en vigueur le 1er mai. Aussitôt, Wu Junliang (吴君亮), citoyen de Shenzhen, demande les budgets d'une dizaine de services centraux. Toutefois, sa tentative est un échec, car l'exécutif chinois décide alors que le budget n'entre pas dans le cadre de cette réforme. Ce refus alimentera dans les années suivantes l'insatisfaction des activistes, qui pointeront sur les réseaux sociaux le lien entre opacité budgétaire et pratiques corrompues, comme

les voyages à l'étranger, les abonnements aux clubs de golf et autres banquets somptueux que s'offrent les fonctionnaires indélicats sur les fonds alloués à leurs services. Opacité C'est bien évidemment dans le contexte de sa campagne anti-corruption que le pouvoir s'est donc désormais résolu à permettre expressément que ses administrés prennent connaissance des comptes publics. Les discussions sur le nouveau projet de loi ont été vives, et déjà, la participation d'experts professionnels venant de la société civile s'est révélée décisive dans son adoption. Tianhe avait suivi tout le processus de très près. En octobre 2014, l'association avait déjà mené une recherche pour identifier les responsables des services budgétaires territoriaux, qui avait donné des résultats inquiétants : la plupart des administrations ne fournissaient que très peu de renseignements dessus, seulement 10 % donnaient des éléments biographiques sur les responsables, et certains ne précisaient même pas leur identité. Pour Gong Chengyu (龚成 钰), un des responsables de Tianhe, il est important que le public puisse connaître le par-

cours de ces chefs de service : « Si un fonctionnaire n'est pas spécialisé, qu'il ne connaît rien aux finances publiques, comment peut-il bien faire son travail s'il est nommé à la tête d'un bureau qui s'occupe du budget ? ». L'adressage des 3352 invitations à communiquer les budgets n'a d'ailleurs pas toujours été simple : pour certaines administrations, aucune information n'était disponible sur leur localisation, et les organisateurs ont dû se résoudre à ne mettre que « service du budget » suivi du nom du district sur l'enveloppe, espérant que la poste saurait faire suivre. Si quelques réactions ont été de bonnes surprises – le district de Yanqing à Pékin a répondu le premier en quelques jours ; la ville de Jining, dans le Shandong, a contacté spontanément Tianhe parce qu'elle n'avait pas encore reçu le courrier dont elle avait entendu parler ; la ville de Jiaozuo de la province du Henan a envoyé des dizaines de documents budgétaires extrêmement détaillés – la plupart des réponses se sont contentées de fournir des chiffres trop généraux pour être analysés. Or, Gong Chengyu explique que le diable est dans les détails, et que les administrations ont souvent de beaux résultats pour les statistiques du PNB, qui masquent des pratiques décrites par l'expression « détruire le mur de l'est pour réparer le mur de l'ouest » (折东墙补 西墙). L'obsession des apparences est parfois telle, qu'il arrive que cela soit des services de communication qui répondent à Tianhe, plaidant pour que leur administration soit « bien notée », sans pour autant daigner fournir le budget demandé ! « On trouve des districts reculés qui ne versent aucun salaire à leurs fonctionnaires, alors que certains de leurs services dépensent à tout rompre... les districts ont typiquement 172 bureaux différents, et de moins en moins de ressources pour tout financer, c'est ce qu'on appelle « avoir 9 bouchons pour 10 jarres » (十个缸九个盖). Dans ces cas-là, les administrations ne peuvent que recourir aux malversations et aux maquillages budgétaires », explique le responsable de Tianhe. Ces facteurs ajoutés au maintien de la culture opaque de l'administration chinoise ont probablement contribué au fait que l'initiative n'a reçu qu'environ 1 % de réponses, malgré l'obligation de la loi. Cela importe peu à Gong Chengyu, adepte de la politique des petits pas : « Si on ne regarde que les chiffres, ce n'est pas très satisfaisant, mais la transparence désormais en vigueur, malgré toutes ses difficultés de mise en œuvre, vaut mieux que pas de transparence du tout. En faisant entrer un peu de soleil dans les recoins sombres de la bureaucratie, les problèmes pourront être réglés petit à petit ». R E N AUD D E S P E N S

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Décryptage | Clichés

C U LT U R E

100 programmes à ne pas manquer du 10 avril au 10 juillet 2015 dans 30 villes de Chine.

© 小艺术家Xiaoyishujia

Le Festival Croisements 2015 Atelier organisé par Hou Wei et Stéphane Maggiacomo à Shanghai, avril 2015

Gustave Courbet, Le Désespéré (1845, collection privée)

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© Lionel Sabatté

© Ambassade de France en Chine

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é des Années croisées France – Chine (2003 – 2005), le festival Croisements célèbre cette année son 10e anniversaire. Près de dix millions de spectateurs ont été conquis, émus et transportés par les éditions successives de ce festival qui a su s’imposer sur la scène culturelle chinoise et devenir le plus important festival étranger en Chine. La 10e édition du festival Croisements, qui se déroule du 10 avril au 10 juillet 2015, propose plus de 100 programmes d’une exceptionnelle diversité, soit 400 événements dans 30 villes de Chine. Dix ans, c’est un cycle qui s’achève mais c’est également le début de la maturité pour un festival qui n’a jamais cessé de se renouveler et de proposer des manifestations d’une grande créativité. S’adressant à un public très large, aux adultes mais également aux enfants et aux adolescents, le festival Croisements illustre l’affinité culturelle qui lie la France à la Chine et s’emploie à permettre au

Bouc en thé, 2014


© Ambassade de France en Chine

© Ambassade de France en Chine / Laurent Hou

Festival Croisements 2015

© Ambassade de France en Chine

Le Fil rouge de Kilina Crémona et Alain Goudard

Yif , Spectacle Couac

Enfant au petit chien noir (vers 1766, Metropolitan Museum)

plus grand nombre d’accéder à l’art. C’est pourquoi depuis sa création, le festival Croisements, via ses nombreux mécènes, propose des actions de sensibilisation et de médiation culturelle ou d’artthérapie à destination d’enfants de migrants, d’enfants hospitalisés ou d’handicapés. En 2014, dans le cadre du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République française et la République populaire de Chine, Le Fil rouge, un spectacle franco-chinois de musique et danse contemporaine a été présenté dans plusieurs villes de Chine. Cette manifestation, qui a réuni artistes valides et en situation de handicap, dont notamment la danseuse chinoise Liu Yan, paraplégique depuis 2008, visait à changer le regard de la société sur le handicap. Premier spectacle de Liu Yan après son accident, il a marqué sa renaissance sur scène et son combat pour la vie. En lien avec ce spectacle, des ateliers ont été réalisés avec des personnes valides et en situation de handicap afin de mettre en avant nos valeurs communes. L’art permet d’abolir les différences et de dépasser les préjugés. Favoriser l’accès à la culture et aux pratiques artistiques pour tous est l’un des objectifs du festival Croisements, partagé par nombre de nos mécènes. En 2015, plusieurs actions seront de nouveau menées avec l’entreprise Sanofi pour lutter contre l’exclusion et promouvoir la vie et l’espoir à travers l’art. Autour de l’exposition de Lionel Sabatté Boucs au mois de mai qui sera présentée à la maison des arts Yishu 8 à Pékin, plusieurs ateliers de pratiques artistiques sont organisés à Shanghai pour des enfants de travailleurs migrants, à Canton, pour des enfants cancéreux et à Xichang dans le Sichuan pour des enfants issus des minorités. Ces ateliers destinés à des enfants de 8 à 12 ans, sont animés par deux médiateurs, un Français et un Chinois, et permettent à chacun de s’exprimer grâce à la création artistique. Les œuvres de ces jeunes artistes seront ensuite exposées à Pékin, en miroir aux œuvres de Lionel Sabatté. Le spectacle pour le jeune public Couac, par la compagnie Succursale 101, librement inspiré du Vilain petit canard d’Andersen, explique de façon poétique et ludique comment le vilain petit canard qui sommeille en chacun de nous peut surmonter les épreuves de la vie pour se construire et s’épanouir. Une leçon de vie selon le magicien Yif ! Anthony Chaumuzeau, conseiller de coopération et d’action culturelle, directeur de l’Institut français de Chine, ambassade de France en Chine

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Décryptage | Livres

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Par Françoise BLÉVOT LE PARCOURS DE LA COMBATTANTE

Une jeune femme enceinte d’un deuxième enfant cherche comment éviter les ennuis consécutifs à cette deuxième grossesse non autorisée, et échafaude un plan à la suite duquel elle va se trouver embarquée dans un engrenage aussi absurde que cocasse. On pénètre dans les profondeurs de la société chinoise pour s’y amuser du petit théâtre des combines ruses et tromperies d’une certaine catégorie de fonctionnaires corrompus et de petites gens cherchant la bonne affaire. Liu Zhenyun nous avait déjà régalés dans « En un mot comme en mille » en 2013.

Je ne suis pas une garce Liu Zhenyun

Traduit du chinois et annoté par Brigitte Guilbaud Éditions Gallimard – Collection « Bleu de Chine » 298 pages – 21,50 €

PATCHWORK

Présenté en quatrième de couverture comme étant une « petite anthologie délibérément hétéroclite », ce recueil tient ses promesses pour notre plus grand plaisir. C’est un condensé de charme et d’érudition parrainé par le sinologue Jacques Pimpaneau, qui a choisi de rendre hommage à la « poétesse courtisane artisane » du 9ème siècle Xue Tao en lui dédiant ce florilège délicieux. Il est composé de textes, contes, poèmes, théâtre rassemblés et traduits par d’anciens professeurs et étudiants aux Langues O.

Une robe de papier pour Xue Tao Éditions Espaces et Signes 242 pages – 20 €

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INOUÏ

« Il y a quarante ans, les Chinois n’avaient pour ainsi dire aucune chance de faire fortune, de connaître la vérité ou de pratiquer une religion. Leur système politique et la pauvreté les en empêchaient. Ils n’avaient aucun moyen de fonder une entreprise ou de satisfaire leurs désirs… Puis tout a basculé. » Huit années de conversations confiantes ont permis à Evan Osnos, journaliste américain en poste à Pékin, de s’imprégner du monde paradoxal né de ce basculement : un « joyeux tumulte» comme il l’appelle, sous un contrôle omniprésent. L’exploration tout en finesse d’une expérience inouïe et des interrogations qu’elle génère.

Chine L’âge des Ambitions Evan Osnos Traduit de l’américain par Pierre Reignier Éditions Albin Michel 496 pages – 25 €

FEMMES DE TETE

La vie n’était pas rose pour les Chinoises d’autrefois, c’est bien connu. Les plus énergiques d’entre elles sont restées à la postérité pour avoir été criminelles par amour. Jacques Pimpaneau les réhabilite eu égard aux rigueurs de la société chinoise d’autrefois à leur encontre. Le même éditeur publie deux très petits recueils de ces courtes histoires édifiantes dont les Chinois sont si friands, l’un, « Le singe obscène et la tortue bavarde » sont des contes du Tripitaka venus d’Inde avec le bouddhisme, l’autre « La femme qui ne perdait jamais rien », est plein d’ironie vis-à-vis de « l’autre moitié du ciel » !

Chroniques sanglantes de Chinoises amoureuses Jacques Pimpaneau

Éditions Espaces et Signes 112 pages - 13 €

BEAUX LIVRES La Chine Une passion française – Archives de la diplomatie française – XVIIè-XXIème siècle Éditions Loubatières 232 pages – 60 €

MISSIONS ACCOMPLIES

Avec la parution de ce livre s’achève en beauté la commémoration des cinquante ans de relations diplomatiques entre la France et la République Populaire de Chine. Il contient des documents magnifiques venant des archives du ministère des affaires étrangères, certains acquis récemment pour enrichir les fonds et concernant un grand nombre de domaines, fouilles archéologiques, grands chantiers, missions de santé, expéditions géographiques, botaniques, ethnographiques. Souvenirs littéraires aussi, tels ceux de Claudel, Saint John Perse. Un florilège de témoignages rares.

Scènes de la vie en chine

Les figurines de bois de T’ou-Sè-Wè Christian Henriot – Ivan Macaux Éditions Equateurs 292 pages – 28 €

BELLES AU BOIS DORMANT

Ce petit trésor a dormi dans une malle rapportée de Shanghaï par l’amiral Le Bigot, qui fut commandant en chef des Forces Navales d’Extrême-Orient à la fin des années trente. Il s’agit de cent neuf figurines en bois de fusain sculptées par les pensionnaires d’un orphelinat que l’amiral Le Bigot sauva de la destruction en l’incluant dans une zone militaire. Ces petits personnages racontent la vie quotidienne en Chine, bien qu’à l’époque de leur fabrication certains petits métiers représentés n’existaient déjà plus. La délicatesse des physionomies, les costumes jusqu’au moindre détail, tout est minutieusement reproduit.


MARCHE A SUIVRE

En 1935, après l’injuste exécution de toute sa famille à la suite d’un meurtre, un jeune paysan s’engage dans l’armée et devient malgré lui un « héros du peuple » fabriqué de toutes pièces. Traîtres, espionne de charme et morceaux de bravoure complètent le tableau. Un « thriller rouge » original, bien ficelé, dans lequel l’aventure est révolutionnaire et le crime presque parfait.

Marche rouge Montagnes blanches Michel Imbert

Éditions Philippe Picquier 332 pages- 19 €

CULTURE DE LA PERFECTION

Le dressage du buffle illustrant la quête spirituelle et l’apaisement de l’esprit a été bien des fois représenté en peinture et sculpture chinoises. Catherine Despeux a une connaissance remarquable des anciens traités spirituels et martiaux. Elle en commente ici deux des principales versions et y ajoute le dressage du cheval dans le taoïsme et celui de l’éléphant dans le bouddhisme tibétain. (A signaler, l’Asiathèque publie aussi une charmante nouvelle « Une tablette aux ancêtres » de Stéphane Corcuff, qui amusera les amateurs de croyances chinoises et de surnaturel).

Le Chemin de l’Eveil Catherine Despeux Éditions l’Asiathèque 136 pages – 18 €

CHAUD DEVANT !

Radioscopie de l’internationalisation de la Chine et de ses entreprises, l’un « des phénomènes les plus importants de ce début du XXIème siècle ». Les investissements directs chinois dans le monde dépassent désormais la masse des investissements étrangers en Chine, et ce n’est qu’un début. Dans quelques années, les grands groupes chinois génèreront, comme le font les multinationales occidentales et d’Asie du Nord, l’essentiel de leurs revenus à l’international ; aujourd’hui, c’est l’inverse. Et l’Europe, nous confirmet-on, est nettement en ligne de mire.

L’Offensive chinoise en Europe Philippe Le Corre – Alain Sepulchre Éditions Fayard 196 pages – 17 €

LIBERTAIRE

Patrick Rambaud fait de TchouangTseu un enfant curieux, un ado contestataire, un adulte fils-à-papa paresseux et un vieillard j’en f…Un peu facile ! Ses célèbres rencontres (le charron, le boucher, le nageur, ainsi que le fameux rêve du papillon) sont ici mises en situation pour meubler le propos et arrivent dans le récit comme un cheveu sur le brouet de racines d’un taoïste… Mais il arrive un moment où il devient attachant, le bougre, et où l’on commence à croire qu’il a vraiment existé… Etonnant !

Le Maître Patrick Rambaud Éditions Grasset 238 pages – 19 €

ET AUSSI...

Scènes de la vie en Chine Les figurines en bois de T'ou-Sè-Wè. Christian Henriot, Ivan Macaux Éditions des Equateurs, 2014

Une malle en bois redécouverte dans un bureau fermé d'une maison de famille, ayant appartenu au vice-amiral Jules Le Bigot, renfermant 109 figurines représentant personnages et scénettes de la vie quotidienne de la Chine du début du XXe siècle... c'est le point de départ de l'histoire de ce beau livre qui évoque à la fois l’œuvre de l'orphelinat des Jésuites de Xujiahui, au sud de Shanghai, où le travail du bois était enseigné (nombre de santons en étaient exportés dans le monde entier dans les années 1930), et qui est devenu un refuge lors de l'invasion japonaise de 1937, l'éclat de Jules Le Bigot, commandant les forces navales françaises d'Extrême-Orient, qui su s'opposer aux Japonais pour défendre la concession française, et mieux encore su désobéir aux ordres pour étendre la protection de ses forces à l'orphelinat, pourtant situé hors du périmètre français, et enfin tous les détails aujourd'hui disparus de la vie chinoise d'entre la fin des Qing et le début de la république, des coolies aux coiffeurs, en passant par les palanquins et les facteurs. Toutes les figurines ayant été offertes au vice-amiral par les Jésuites en remerciement de son action font l'objet de photographies détaillées, souvent accompagnés de clichés d'époque qui montrent la grande fidélité des représentations. Une référence pour illustrer la vie quotidienne de la Chine traditionnelle.... Renaud de Spens

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联结 N.73|2015 春

中国医疗改革

Santé

Quand la Chine

fait sa révolution

机遇与挑战并存 近十年来,中国一直在寻求缩小城乡之间医疗健康体系巨大差距 的解决办法。在中国农村有近百万没有经过正式医疗技术培训的 赤脚医生,他们依旧是当地农民唯一的医疗求助对象。如今的中 国,面临着诸多问题和挑战:环境污染,人口老龄化的加速, 医疗权益不平等,城市化飞速发展,区域发展不平衡,房价飙涨

Engagée depuis 10 ans dans une vaste réforme de son système santé, la Chine tente de réduire l’énorme fossé sanitaire qui sépare les villes et les campagnes où près d’un million de médecins aux pieds nus – souvent formés aux techniques médicales sur le tas – font encore office sur place de seuls spécialistes. Confrontées à un vieillissement rapide, au creusement des inégalités, à une puissante urbanisation, à des déséquilibres territoriaux majeurs, à l’envol des prix immobiliers, « aux attentes des classes moyennes, aux défis de la pollution, à de nouvelles mobilisations contestataires, les autorités doivent investir », comme le relevait récemment le quotidien Les Echos. Les dépenses de protection sociale sont ainsi passées de 4 % du PIB en 2000 à 6 % environ aujourd'hui. Un secteur qui fait donc sa révolution. Quelles sont, dans ce contexte de forte croissance, les opportunités d’affaires et de collaborations pour les entreprises françaises ?

等。法国《回声》报报道称:“面对广大中产阶级的需求,环境 污染问题以及民众对社会现状种种不满行为,为应对这些挑战, 例从2000年的4%增长到如今的6%。这意味着医疗领域正在做出 相应的改革和回应。在经济大幅增长的背景下,法国企业是否能 够抓住中国医疗健康领域带来的新的商业机遇?

Imagine China

中国政府需要加大相关资金投入。”中国社会保障支出占PIB比

Dossier et analyses

华法国企业带来了了诸多影响。从经济层面上

占据20%的市场份额。可以肯定的是,几年之

Alain Mérieux,是中国三十五年变迁的见

来说,成本优势已不复存在,尤其是在京沪的

证者。他于今年1月31日在武汉参加P4实验室

后,会有更多的国际医院来到中国满足其市场

技术开发区建厂的法国企业;但从战略角度上

揭幕典礼时表示,中国医改走的是戴高乐主义

需求。

来说,这种影响更加明显。

Alain Mérieux中国医疗改革的见证者

道路。

医改的目的就是要缩小城乡之间存在的

对法国企业来说,无论在医疗卫生领域,

97%的中国人口包括农业人口都享有基本

巨大医疗卫生条件差距。中国医生的普遍专业

还是在汽车与核工业领域,中国都是一个拥有

医疗保险。医疗改革的政治方向是正确的,但

水平仍有待进一步提高。近10年来,只有1/7

极大潜力的市场。某些法国企业,例如赛博集

整个医疗行业的发展仍然不同步,患者的收入

的医科专业大学生选择当医生,畸形的医疗体

团和众多农业食品领域的中小企业,他们50%

和社会背景的差异影响着医疗服务质量,这是

制迫使他们转向其他行业。中国公立医院工资

的营业额都来自于中国市场。我们无法忽视这

长久以来累积的问题。

制度僵化,医生的价值得不到应有体现,因此

个占世界20-25%人口数量的国家所拥有的市场

灰色收入、医药回扣等非法收入成为很多医生

潜力。

的重要收入来源,同时也导致了严重的医疗腐

中国医学目前面临着三个挑战:预防医学 的发展,解决抗生素滥用问题以及食品安全问 题。

败。 中国医疗改革挑战与机遇

中国,一个在50年前主要依靠赤脚医生行

葛兰素史克事件证实肮脏的交易确实存

为了改善混乱无序的医疗体制,早在胡

在,这对在华的外国药企产生了恶劣影响,人

锦涛担任国家主席期间,中国就已经开始了

们开始质疑高昂的药品采购价格。

大规模医疗改革:扩大医保覆盖范围,改善医

由于中国希望自主解决公共医疗需求,期

中国是跨国企业无法忽视的重要市场,尤

疗服务,完善社区医疗系统,制定药品合理价

望与本土医药企业合作以满足其巨大的公共医

其在医药领域。例如法国医疗行业的领军企业

格表,打破公立医院医药垄断局面。然而改革

疗需求,所以尽管法中两国在医疗卫生领域的

赛诺菲,自1982年进入中国以来,目前已拥有

并没有根治某些问题,如药品价格的攀升,据

合作进展良好,但在疫苗领域,法国医药企业

9000名员工,分布于11个城市,在与中国公共

2009年相关数据显示,医院的药品出售利润仍

直接打入中国市场仍有难度。

医疗机构合作方面占有极大优势。

占其医疗业务总利润的70%。

医的国家,如今面临着诸多挑战:医疗资源匮 乏,医疗腐败,地区医疗发展不平衡等。

2007年以来,新修订的制药行业法规增加

法国企业面临只能通过合资方式才能进入

普遍认为,医疗改革对中国社会产生的真

中国市场的局面。对于在华法国企业来说,需

了多条限制性条款。医药产品的认证和批准程

正作用需要五到十年的时间才能显现出来,但

要因地制宜,保持开放的态度,不断创新才能

序变得更为复杂。想要获得一种医疗器械的认

是一些已付诸实施的举措已初见成效,如基本

保持吸引力,这是四海皆准的游戏规则。

证许可,不仅需要等待至少1年时间,期间还

医疗保险已经覆盖了约97%的人口。医改允许

要支付各项测试的费用。因此新产品进入中国

私营机构进入市场,至2030年,私人资本会

市场要比欧美晚很多年。在此情况下,患者的

中国飞速发展导致生活成本提高,这对在

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损失是最大的,失去了及早治疗的机会。最近

对法国企业来说,

疗体制表示不满,如抱怨医生草率行医,医疗

中国药监局宣布要增加必要手段以缩减临床实

无论在医疗卫生领

资源紧张等。

验批准时限。这是中国患者的福音。 法国企业要利用这次全面医改来发掘新的 市场需求。由于中国人对电子医疗有着极大需

域,还是在汽车与 核工业领域,中国

为了更好的进行健康管理,消费者选择网 络咨询或直接问诊。中国在电子商务领域处于 领先地位,而中国人是当今世界电子商务服务

求,中国电子医疗市场得到了迅速发展。建议

都是一个拥有极大

法国医药企业可以进行通过网络或移动终端推

潜力的市场。某些

也反映在线上保健医疗产品交易中,例如天猫

广产品的全新尝试。

法国企业,例如赛

药店。

中国人与健康 中国人的健康理念受道家哲学影响,讲究

博集团和众多农业 食品领域的中小企

和移动设备使用应用频率最高的群体之一。这

法国企业拥有能够真正满足本地民众需求 的优势,尤其是农产品食品企业及提供医疗服务 和相关产品的企业。中国人对医疗产品的无害

顺应自然及饮食结构的阴阳平衡之道。他们认

业,他们50%的营业

为精神健康与肉体健康紧密相关。身体健康不

额都来自于中国市

给出承诺。在中国这样一个地理、社会、经济

仅与外在因素有关,更有赖于内在因素。中国

场。我们无法忽视

环境多样化的国家,法国企业定能在中国市场

人认为预防与治疗同样重要,因此,相对西方

这个占世界20-25%

中找到自己的一席之地。

人来说,他们更注重于疾病预防及日常调理。 自改革开放以来,由于中国粗放式的发展 模式给环境造成了极大的破坏,因此国民健康

人口数量的国家所 拥有的市场潜力。

性与有效性尤为重视,法国企业应该就这两点

传染病防治 : 法中科技合作的优势 传染病与寄生虫病是世界两大致死疾病,

状况也深受影响。环境污染对人体的危害已成

每年致死人数占全球疾病死亡人数的26%。由

为中国人的一大忧虑,如今他们是全世界最担

于全球化发展、气候变化、新型农业及生活方

忧国家环境状况的国民。其中53%的人甚至认

式的改变等原因,病原体在全球范围内进行传

为“社会发展对于环境的破坏如此严重,仅凭

播。在传染病治疗领域,法国有着长期的研发

个人力量难以挽救这种局面”(GlobeScan 2012)

经验和精湛的专业技能。微生物与传染病研究

。中国大城市已被列于全球重度污染城市榜单

更是法国的强项学科。

之上。如今环境恶化不再只是一个概念,而是

中国是新型流行病多发国家,例如2003

活生生的现实:可吸入颗粒物浓度增高、病变

年的SARS,2005年的H5N1,以及2013年的

反应增加、饮水污染等等。同时,受到西方生

H7N9。法中在流行病领域的合作将有助于遏

活方式的影响,中国人养成了一些不良的生活

制这些疾病的爆发。2004年,法中两国政府签

习惯:饮食结构不平衡,沉迷娱乐活动,过度

署了关于预防和控制新发传染病的合作协议。

依赖驾车出行......中国医生们意识到:近十年

在此双边合作框架下,上海成立了巴斯德研究

来,消费型社会发展导致的环境污染和生活压

院,在武汉成立了P4(生物安全四级)实验室

力的增加正在严重影响居民的健康。

并开展了一系列的生物安全培训以及新发传染

食品安全危机频发,中国消费者愈来愈怀

病合作研究。

疑食品的质量,尤其是肉鱼果蔬类食品。中科

2014年底,两国签署的预防流行病行动意

院的一项调研证明,70%的中国人认为转基因

向书加强了这一政府间协议:巴斯德研究院、

食品会危害健康。在某些敏感领域,例如婴幼

梅里埃学院以及法国国家健康医学研究院将与

儿食品与奶制品,大量的城市消费者开始倾向

中国疾控中心进行战略合作。与此同时,法国

于选择购买可信度高的外国品牌,然而国内品

里昂与中国武汉P4实验室将进行人才联合培养

牌在品牌亲和度和口味本地化方面依然保有优

并开展流行病防治领域的研究合作。

势。健康专业人士的观点也反映出消费者的担

经过法中两国近10年的努力,中国在流

忧:77%的中国医生认为不安全的食品原材料

行病防治领域取得了骄人的成绩。2003年的

将成为未来几年国民健康的重大威胁。

SARS噩梦已经成为遥远的回忆。

随着医患纠纷不断曝光,近几年医患关系

中国在成功地遏制了H7N9病毒之后,已

更加紧张,这主要与不透明的医疗体制有关。

经投身于对埃博拉病毒的研究。也许这是法中

虽几经改革,但依旧繁琐低效。患者对现行医

合作的又一新契机。

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会员企业简讯

法雷奥和赛峰集团联合展示其合作研发的创新解决方案

法雷奥和赛峰集团是法国两家设备制造商,凭借其前沿技术和创新性思维,分别在 全球汽车行业及航空航天、防务与安全市场得到了广泛认可。3月27日,这两家公司在巴 黎荣军院(Hôtel des Invalides)展出了其最新的技术创新成果。 18个月前,赛峰集团和法雷奥签署了一项合作协议,共同研发驾驶辅助系统及无人 驾驶技术。如今所展示的研发成果,正是两家公司技术和专长优势互补的结果。该项目 研发时间之短创历史之最,项目主要在“以人为本”、“连通性”、“可视与导航”以 及“自动化”四大领域进行创新。 赛峰集团和法雷奥虽然有各自的市场,但是两家公司一直致力于相似的技术和问 题,研究重点领域包括复杂环境下的自动驾驶及无人机控制技术、恶劣条件下的视景技 术、3D显示及增强现实技术、生物识别及安全功能以及传感器(成像、声学、雷达、激 光)技术等。 两家公司有着相同的价值观,对创新和快速执行力有着相同的执着。这次取得的成 果虽然只是万里长征的第一步,但可以清楚反映出两家公司打造真正的法国卓越技术中 心的能力。

综合设施管理解决方案:埃顿服务助力 医疗健康

成都法国西南之屋是中法建交50周年的 背景下法国政府和森宇集团合作的结果

医院的作用在于关注病人,而不是管理其 设施。正是基于此理念,埃顿服务与苏州明基国际医院达成战略合作协 议。 从2012年开始,埃顿服务就为这家苏州大型的外资医院提供安 保服务。而今天达成的新的综合设施服务协议将开启双方合作的新篇 章。“通过引入埃顿服务的综合设施管理解决方案,有效管理建筑物, 提供给病人清洁的环境,从而帮助明基医院更加专注于自己的核心业 务。”埃顿服务创始人及首席执行官博龙先生评论道。 进 入 中 国 市 场 1 5 年 来 , 埃 顿 服 务 已 成 为 中 国 市 场 主 要 的 综 合 设施管理解决方案供应商(业务内容涵括设施维护,能源,配餐,安 保,保洁等),服务领域涉及医疗,服务,教育,工业等。目前,埃 顿服务已进入中国50多个城市运营,拥有20,000名员工(全球员工为 23,000名)。

10月25日南湖公园温暖的氛围,唱歌、跳 舞、交流揭开了成都法国西南之屋开业的面纱。法国国务秘书马提亚·费 科尔、阿基坦大区主席阿兰·卢塞、南比利牛斯大区主席马丁·马尔维以 及法国前总理让·皮埃尔·拉法兰在这个见证了这个有意义的晚会。 法国,是一个在中国人心目中出产美食和美酒的国度。波尔多公司谌 谛战略咨询公司扮演了桥梁的作用把法国阿基坦大区和南比利牛斯大区支 持而建立的西南协会和四川有名的地产公司森宇集团紧密的结合在一起。 法国西南之屋的目标 • 展示正宗的法国西南部的葡萄酒和农副产品。 • 与世界的消费者一起,尤其是在中国的消费者分享法国西南部的 独特文化。 • 法国西南之屋保证提供给中国大众以及业内人士正宗的产品。 • 直销模式,物美价廉,绕过中间商,直接送达到消费者手中。

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connexions printemps 2015


爱托福集团 爱托福集团是世界领 先的PVC软片材生产商, 拥有超过50年的软片材生 产经验,一直以高质量及 可靠性引领市场。集团总 部位于法国,并在中山市 设立工厂。 我们的主要产品是: 软片材:大片和小片 软门产品系列 我们的产品是环保等级, 能提升工作、居家环境的 舒适性。我们致力于新产 品的开发:防蚊虫,抗 菌,阻燃,低温及防火 膜,为客户提供更为节 能、安全、舒适的环境。 我们同时向建筑、 承包商、超市、冷链、 零售、工业用材、焊接、 医院、学校、健康管理、 数据服务、高科技及航空 等领域提供特殊设计的高 质量软门产品。主要系列 为:平开门及QuickMount 悬挂系统,专注于安全, 高效及用户使用体验。 我们的产品服务于全 球客户:欧洲,美洲及亚 太地区。基于稳定的互信 和高品质的产品及服务, 我们和客户建立了长期合 作伙伴关系。 我们将持续地研发领 先市场的产品,更好地服 务于客户、伙伴及整个社 会。

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