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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie France Chine | 中国法国工商会季刊 w w w.ccifc.org

N.76

HIVER | 冬

Ressources humaines

La nouvelle donne chinoise


4 GREAT REASONS TO RECRUIT AN ESSCA STUDENT OR GRADUATE

1 - High-level management training ending up with a master’s diploma

Conception BLEUGRIS communication - 06 04 65 60 88 - Janvier 2016 - Photo : Olivier Bahier

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Éditorial

DR

Ressources humaines, le défi chinois

Caroline PENARD

Directrice général adjointe de la CCIFC et Directrice de Bureau de Shanghai

韦嘉玲 中国法国工商会副总经 理兼上海分部经理

Nous entrons dans la nouvelle année chinoise, sous le signe du singe, animal qui selon la tradition se caractérise par son intelligence, sa grande confiance en lui et son optimisme. Autant de qualités nécessaires aux entreprises tricolores pour réussir sur un marché chinois en pleine mutation. Dans ce contexte - marqué par la modernisation de l’économie chinoise - savoir s’entourer des bonnes personnes, recruter du personnel qualifié, en somme bien gérer ses ressources humaines est désormais une condition indispensable au développement des affaires. Pourtant, cette dimension humaine représente un véritable défi pour les entreprises françaises implantées en Chine. Défi qui se résume ainsi: comment dans ce pays – pourtant le plus peuplé au monde – attirer et retenir les talents ? Ceux qui, sur un marché de plus en plus concurrentiel, ont su se former à l’étranger ou sur des doubles cursus, maitrisent une ou plusieurs langues étrangères et ont intégré les codes de management à la française… Des « pépites » qui valent de l’or dans un pays par ailleurs marqué par une pénurie de main d’œuvre. Cette pénurie, selon une étude de l’Ambassade de France, est considérée par 8 dirigeants d’entreprises sur 10 comme un risque pour leur développement, au même titre que le turnover, particulièrement élevé chez les jeunes diplômés (un cadre shanghaien changerait d’emploi tous les 18 mois en moyenne). Malgré ces difficultés, force est de constater au fil des pages de notre dossier spécial que tous les acteurs de la filière RH redoublent d’inventivité afin de trouver des solutions pragmatiques pour recruter, former, développer les compétences et fidéliser les employés. Des témoignages précieux qui font souvent écho aux expériences partagées au sein des groupes de travail et clubs de la CCIFC dédiés à la gestion des ressources humaines. Cette thématique a d’ailleurs fait l’objet d’une table ronde particulièrement suivie lors de la première édition de notre forum d’affaires sino-français national organisé à Pékin les 26 et 27 novembre 2015. A la CCIFC, nous disposons d’un service de recrutement particulièrement dynamique qui permet de fournir des solutions RH aux entreprises cherchant à recruter des talents français et chinois. C'est dans cette optique qu'a été créé le « Trophée des talents », concours national à destination d’étudiants chinois francophones organisé tous les ans à Guangzhou en partenariat avec quelques 60 universités réparties dans tout le pays. Organisé par la CCIFC, ce concours a le double avantage de débusquer les talents mais surtout d'accroître la visibilité des entreprises françaises en Chine auprès de ces jeunes diplômés et de gagner en notoriété. Nous organiserons aussi en novembre prochain à Shanghai les « Journées de la France », en partenariat avec de nombreuses écoles et universités de Shanghai. Ces journées portes ouvertes auront pour objectif de promouvoir l’excellence française auprès des jeunes diplômés, des professionnels et des autorités chinoises. Elles permettront, en outre, aux membres de la CCIFC de rencontrer plusieurs centaines de candidats présélectionnés afin de répondre à leurs besoins en recrutement. La preuve que bien gérer le facteur humain reste plus que jamais primordial pour le succès des entreprises en Chine.

人才管理,在华企业面临挑战 猴年新春悄然而至,又到了一年一度的中国新年。猴,是中国十二生肖排行第九的动物,有着聪慧、自信和积极 乐观的象征意义。对法国公司来说,要想在瞬息万变的中国市场上获得成功,需要具备很多条件。时下,中国经济不 断转型升级,知晓如何汇聚人才,更好地招贤纳士,建立更好的人力资源管理平台已经成为公司发展的必要前提。 然而,人力资源方面对在中国发展的法国公司来说仍是一项挑战:如何在这个世界上人口最多的国家吸引和留住 人才?尤其是在市场竞争日益激烈的当下,如何吸引和招纳“海归”或者双学位人才、法语人才以及多文化和多语种的 专业人才……根据法国大使馆的研究数据,10位企业领导人中有8位认为人才短缺现象将会导致公司面临一定的风险。 同样的风险也存在于“跳槽”现象,尤其是在年轻的毕业生中较为普遍(上海的企业主管平均每18个月就会换工作)。 面对这些问题,您都可以通过我们的本期专栏找到答案。我们邀请了人力资源方面的各界专家特别编写了本期专 栏,在创新的基础上,为招聘、培训、拓展员工才能和建立员工忠诚度等问题给出了切合实际的解决办法。中国法国 工商会的工作小组和俱乐部也经常组织活动,分享经验,得到了很好的反响,也为人力资源管理方面的工作做出了贡 献。2015年11月26、27日举办的中国法国工商会首届中法商务会谈圆桌会议的成功举办也得益于此。 中国法国工商会的人力资源服务平台为企业提供招聘服务,帮助企业寻找法国与中国的应聘者。由此,我们组织举 办了“法语人才竞赛”。这是面对学习法语专业的学生的一个全国性比赛,我们与全国60余所高等院校进行了合作,比 赛每年在广州举办。中国法国工商会举办的此项比赛不仅鼓励了高等院校的教学发展,促进了相关专业稀缺人才的培 养。同时,该比赛更使中国法国工商会以及合作企业成为中国大学生面向就业市场更有效的一个窗口。 今年11月,我们还将在上海和本地的许多高等院校合作举办“法国日”活动。我们希望能够通过此次开放日活动, 更好地向广大高校学生,业内人士以及政府相关部门工作者宣传法国的优势与特色。同时,我们也希望此次活动能够 为我们的会员企业提供一个招聘预选的平台。今天,人才管理因素前所未有地成为了企业在中国成功发展的一项首要 因素。

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Comité de Patronage

Le magazine de la CCI France Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 76, hiver 2015-2016 Direction de la publication Michael Amouyal & Diane VANDESMET Rédacteur en chef Pierre TIESSEN Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro Raphaël BALENIERI, Françoise BLÉVOT, Renaud de SPENS, Zhao Jing Comité de relecture : Commission communication de la CCIFC Couverture © Imagine China Publicités CHINE DU SUD : Marc-Olivier ROBERT robert.marc-olivier@ccifc.org Pékin : Yin Yan GAO gao.yinyan@ccifc.org Difei REN ren.difei@ccifc.org SHANGHAI & CORPORATE : Morgan LEFEVRE lefevre.morgan@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O CCI France International 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à TOTAL TOTAL_brand_block_CHN_RGB 05/03/2014 24, rue Salomon de Rothschild - 92288 Suresnes - FRANCE Tél. : +33 (0)1 57 32 87 00 / Fax : +33 (0)1 57 32 87 87 Web : www.carrenoir.com

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son attention. Les propos tenus dans les articles n’en-

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La fête du footbaLL ! Le rendez-vous du business uefa euRo 2016tm

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10 JUIN - 10 JUILLET 2016

L’Europe du football a rendez-vous en France l’été prochain. Deuxième plus grand événement de football après la coupe du monde, l’UEFA EURO 2016TM réunira pour la première fois les 24 meilleures nations européennes. Le programme est alléchant : 51 matchs d’exception dans 10 villes hôtes, à partir du 10 juin et jusqu’au 10 juillet 2016, le jour du sacre du champion d’Europe. Rendez-vous de l’excellence sportive, l’UEFA EURO 2016TM réunira tous les amateurs de foot, chefs d’entreprise compris, présents pour le foot... et pour le business. Avant et après les matchs, les entrepreneurs pourront, dans un cadre et une ambiance exceptionnels, y booster leur réseau, rencontrer leurs futurs clients, prospects et partenaires. Y serez-vous ? Si vous souhaitez faire de votre passion et de votre déplacement en france une opportunité commerciale, contactez-nous pour organiser vos rendez-vous d’affaires personnalisés. A bientôt, en France.

Contact CCI france Chine : Guillaume BONADEI Tél. : +86 (10) 64 61 02 60 ext. 111 Mail : bonadei.guillaume@ccifc.org

Pour en savoir plus sur le programme entreprise de l’uefa euRo 2016tm : SHANKAI SPORTS INTERNATIONAL Building A3, Yansha Courtyard 50, Anjialou Road, Chaoyang District, 100125 Beijing, China Tel. : +86 (10) 8567 0881 Mail : larry.zheng@shankaisports.com Site : http://www.shankaisports.com


N.76 | HIVER | 冬

RessouRces humaines

La Chine, pays de plein emploi. Une affirmation à nuancer alors que le pays affiche un taux de chômage officiel de 5 %. Il n’empêche, le marché de l’emploi chinois – réputé particulièrement dynamique - implique une gestion des ressources humaines davantage focalisée sur l’attractivité et la fidélisation des talents. Et ne pas mesurer ces spécificités, « c’est prendre, pour l’employeur, le risque d’échouer sur le marché chinois », assure FEng Lijun, sociologue pékinois. Plusieurs facteurs confèrent ainsi à la gestion des ressources humaines une importance accrue. Point que soulevait au début de cette décennie une étude de l’Ambassade de France en Chine. Et de détailler ces facteurs : en premier lieu, « la pénurie de main d’œuvre qualifiée […], ensuite (et en opposition au facteur précédent), la nécessité de maîtriser les coûts de production, dans le contexte d’une concurrence renforcée ; enfin, la « judiciarisation » de la relation de travail et l’augmentation des risques qu’elle implique pour l’employeur ». Quid aujourd’hui du contexte RH au sein des entreprises - françaises en particulier – présentes en Chine ? Celles-ci ont-elles mis en place des politiques de ressources humaines spécifiques ? Dossier

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La nouveLLe donne chinoise

L'ActualitÉ business EN CHINE

Trois questions à Mathieu Ausseil

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L’actualité Business EN Chine 8

A la loupe Instituts franco-chinois

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Parole à Mathieu Thomas de la Pintière

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Trois questions à Pu Tong

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Grande Interview : Patrick Artus « La Chine doit réformer son industrie» 12

DOSSIER Numéro spécial : Ressources humaines La nouvelle donne chinoise Analyse : Eric Tarchoune Comprendre les motivations des talents chinois… pour mieux les fidéliser Analyse : Benoit SEVCIK Emploi, santé & sécurité au travail Ressources humaines Les enjeux de la formation

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RETOURS D'EXPÉRIENCE - focus entreprises Adecco : Les RH, ce n’est jamais du one-shot

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Maison France Voyage : Des voyages qui « forment »

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Somfy : Les ressources humaines “du global au local”

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Enquête Ifop Les paradoxes de la gestion des RH

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ActualitÉS DE LA CHAMBRE Forum d’affaires sino-français

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Business Services 58 Antennes 60 Membres 66

DÉCRYPTAGE Une des médias Clichés Livres Ils arrivent

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联结 如何解决在华人才招聘难题 76 会员企业简讯 78

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L’actualité business en Chine 2016

DÉVALUATION DANS L’AIR

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xportations à la baisse, marché de l’immobilier plombé, appareil industriel en surcapacité… Les indicateurs de l’économie chinoise en ce début d’année virent au rouge. Faut-il pour autant craindre une panne généralisée de la deuxième économie mondiale ? Peu probable. Car le pays a de la réserve. Il pèse désormais 18 % du PIB mondial (contre 20 % pour les États-Unis) et ses objectifs de croissance – fixés dans le 13e Plan quinquennal adopté cet automne – restent ambitieux. « Ce nouveau Plan quinquennal prévoit de doubler d’ici à 2020 le revenu par habitant en prenant comme référence celui de 2010. Ce qui impose d’ici là un taux de croissance plancher de 6,5 % par an », précise Hervé Lievore, macro stratégiste basé à Hong Kong pour HSBC

Global Asset Management. Et difficile d’imaginer – dans un système chinois dirigiste – que cet objectif de croissance minimum ne puisse être atteint. « Les autorités centrales disposent en effet d’importants instruments qu’elles peuvent utiliser afin d’orienter la politique économique, notamment celui de jouer à loisir sur la monnaie nationale », précise quant à lui Julien Marcilly, économiste en chef de Coface. Pékin, dans les mois à venir, pourrait ainsi être tenté de dévaluer à nouveau le yuan. Et ce, après avoir abaissé son taux de référence de plus de 3 % en août dernier. « Une nouvelle vague de dévaluation est d’autant plus à prévoir qu’avec l’augmentation du coût du travail, la Chine perd en compétitivité vis-à-vis de ses voisins, comme le Vietnam, où est délocalisée une partie de la production manufacturière chinoise », commente Julien Marcilly.

En CHIFFR E

Nombre d’abonnés mobiles en Chine fin 2015, soit une hausse de 1,77 % sur un an d’après le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’Information (le MIIT). Plus de 73 % des abonnements mobiles comprennent de la data. La Chine compte ainsi aujourd’hui 953,6 millions de mobinautes. « Un record », note le site spécialisé silicon.fr. « La 4G est en forte hausse, avec 355,7 millions d’utilisateurs, soit 27,3 % du total. La 3G reste toutefois bien présente : 408,3 millions de contrats, 32,3 %. Les autres utilisateurs s’appuient sur des services mobiles d’accès à Internet à bas débit. Ils sont encore 189,5 millions à opter pour ce choix (13,54 % des abonnés mobiles) ».

IL S ONT DI T.. .

Selon les prévisions et en dépit d'un récent ralentissement de son économie, « la Chine devrait connaître une croissance d'environ 7 % en 2015 et continuera de contribuer à hauteur de 30 % de la croissance mondiale ». Xi Jinping, fin 2015, lors du sommet du G20 qui s’est tenu en Turquie. Dans un climat mondial marqué par un difficile retour à la croissance et l'aggravation de la situation dans certains marchés émergents, l'économie chinoise est restée en 2015 « un solide moteur pour l'économie de la planète », estime l’agence Chine Nouvelle. DR

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Huawei

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L’envol de « l’Apple Chinois »

Les Chinois ne raffolent pas que du baijiu ou de la Tsingtao… Depuis 10 ans au moins, la classe moyenne découvre la finesse et la variété des cépages vinicoles. Mieux, selon les prévisions du groupe Coface, l'empire du Milieu sera en 2027 le pays où l'on boira le plus de vin au monde. Avec un doublement de la consommation, autour de 30 millions d'hectolitres (soit 2 litres par habitant et par an, contre plus de 40 litres par personne chaque année dans l'Hexagone), situant la Chine au coude-à-coude avec les États-Unis. « Actuellement, Washington, associé à Paris, Rome et Berlin se répartissent près de la moitié de la consommation mondiale de vin », précise Le Figaro. « La Chine, avec 16 millions d'hectolitres en 2014, se classe au cinquième rang de la consommation mondiale de vin selon l'OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin) ». Le consommateur chinois est actuellement jeune (40 % d'entre eux sont âgés de 18 à 29 ans) « laissant supposer une certaine fidélisation dans le temps dans la clientèle », relève BFMbusiness. A cela s'ajoute la volonté, pour les Chinois, « de converger vers les standards européens », selon Coface.

Montant en yuans (soit plus de 7,5 milliards d’euros) des bénéfices du secteur du transport aérien en Chine sur les 11 premiers mois de l’année 2015. Soit une hausse, précise Les Echos, de 76 %. Selon l'administration chinoise de l'aviation civile, « 440 millions de trajets ont été effectués de janvier à novembre, soit 11,4 % de plus que sur la même période de 2014 », relève le quotidien économique. « Avec 6,3 millions de tonnes, le fret n'est pas en reste puisqu'il affiche une croissance de 6 % des marchandises transportées. » Et de préciser que « les perspectives restent bien orientées pour 2016 avec des taux de croissance attendus du même ordre ».

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Bacchus au pays de confucius

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ongtemps équipementier à l’image « low cost » – tout comme ZTE, son concurrent national – l’équipementier Huawei cherche à passer à l’offensive sur les principaux marchés porteurs. 3ème fournisseur mondial de smartphones derrière Apple et le sud-coréen Samsung. « Depuis des années, nous montons en gamme en injectant entre 10 et 15 % de notre résultat net dans la R&D. Avec la perte de vitesse de Sony ou encore de Motorola, nous avons une belle fenêtre de tir en Europe – Allemagne, Royaume-Uni Italie et France – mais aussi en Amérique latine et Amérique du Nord », appuie He Gang, responsable de la stratégie produits de cette entreprise qui génère un chiffre d'affaires de plus de 40 milliards de dollars, dont près d'un tiers généré par la vente de smartphones. Et d’énumérer les derniers modèles qui permettent aujourd’hui à la marque de jouer, dixit, « dans la cour des grands ». Le P8 et le Mate S, lancés coup sur coup cette année avant l’arrivée du Mate 8, prévue au premier semestre 2016. Trois appareils haut de gamme et grands formats (versions 5,5 ou 6 pouces) qui viennent directement concurrencer les séries Galaxy de Samsung.

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« Le marché chinois des réseaux professionnels s’est considérablement transformé au cours de ces derniers semestres, notamment avec l’explosion des mobiles qui a entraîné des changements profonds des usages ».

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Dan Serfaty, cofondateur et président du réseau social professionnel Viadeo, qui a décidé fin décembre de fermer sa filiale chinoise, faute de rentabilité. L’entreprise veut ainsi se recentrer sur le marché français où elle réalise 95 % de son chiffre d’affaires et de ses profits.

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Géopolitiq u e

Xi Jinping, l’Africain. Au sixième sommet Chine-Afrique, qui s'est tenu les 4 et 5 décembre dernier à Johannesburg, le numéro 1 chinois aura fait sensation. Et promis au continent Noir un flot de billets rouges (yuans). « Les initiatives et montants annoncés sont à la hauteur du gigantisme qui caractérise la Chine », note ainsi dans les colonnes de Jeune Afrique l’ancien ministre de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques du Togo. Soit une enveloppe de 60 milliards de dollars annoncé par Xi Jinping, « dont 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiels ; un vaste projet comprenant un réseau ferroviaire à grande vitesse, un réseau autoroutier et un réseau régional d’aviation ; la formation de 200 000 techniciens africains, dont 40 000 iront sur le territoire chinois ; l’octroi de 30 000 bourses à des étudiants africains et l’invitation annuelle en Chine de 200 chercheurs africains »... Fin décembre, le Sénégal annonçait par ailleurs la signature d’un partenariat avec le géant chinois China Railway Construction Corporation International (CRCCI) pour reconstruire entièrement la ligne Dakar-Bamako. Le contrat engage les travaux de Dakar à Kidira, juste avant la frontière avec le Mali. L’investissement global est de 754 milliards de francs CFA. 15 % de ce montant sera exécuté par des entreprises du Sénégal, le reste par la Chine, selon RFI.

Constructeurs de chemin de fer Chinois en Ethiopie.

Indice

investissement

L'activité dans le secteur manufacturier chinois s'est contractée en décembre pour le cinquième mois d'affilée. L'indice PMI s'est établi à 49,7 en décembre, conformément aux attentes des économistes interrogés par Reuters. Il était quasiment au même niveau en novembre, à 49,6.

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Au premier semestre 2015, les investissements chinois sur le continent africain ont plongé de plus de 40 % à 1,2 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros), a récemment rappelé Le Monde. Les importations chinoises ont suivi le même mouvement en recul de 43 %.

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Les sirènes de l’Afrique

Institution La récente réforme du FMI redistribue la hiérarchie de ses plus grands actionnaires au profit notamment de la Chine, de l'Inde et du Brésil. Désormais, la Chine est numéro trois, avec plus de 6 % du capital devant l'Allemagne et la France. Les droits de vote de l'Inde passent de 2,3 % à 2,6 %, ceux du Brésil d'1,7 % à 2,2 %.

Exportations Les exportations chinoises ont baissé en novembre de 3,7 % sur un an, à 1250 milliards de yuans (environ 195 milliards de dollars), selon des chiffres de l'Administration des douanes exprimés dans la monnaie chinoise. De leur côté, les importations ont diminué en novembre de 5,6 % sur un an, à 910 milliards de yuans.


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Abonnez-vous au bulletin économique mensuel à cette adresse : http://www.ambafrance-cn.org/Abonnez-vous-au-Bulletin-Economique-Chine

1 000 stagiaires français et chinois bénéficieront en 2016 de l’accord signé par les Présidents français et chinois en novembre dernier leur permettant de réaliser un stage de 6 mois maximum dans le pays de contrepartie (plus d’informations en page 41)

+11,6 % la hausse annuelle en moyenne des salaires dans les villes chinoises entre 2011 et 2014

4,9 pour 1 le ratio des personnes en âge de travailler par rapport aux 65 ans et plus en 2025 (9,2 pour 1 en 2015) selon les projections

570 000 le nombre d’emplois créés par les entreprises françaises implantées en Chine selon les estimations du SER de Pékin

Près d’1/4

la part des entreprises européennes considérant l’augmentation des coûts du travail comme l’un des trois premiers défis à relever sur le marché chinois, selon la dernière enquête de confiance de la Chambre européenne de commerce en Chine

16 %

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la part des entreprises d’Etat dans l’emploi urbain en 2014 (contre 59% en 1995) selon le FMI

le taux allégé d’impôt sur les sociétés appliqué en Chine aux entreprises high-tech (10 points de moins que le taux d’IS normal) pour faciliter l’innovation et attirer les talents

la part des emplois chinois dans le secteur des services en 2014 selon le FMI

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Grande interview

Connexions : En janvier, la banque centrale chinoise a injecté à plusieurs reprises des centaines de milliards de yuans pour soutenir le système financier. La Chine aurait-elle perdu le contrôle de son économie ? Patrick Artus : A court terme, les au-

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Pat ri c k Art us Directeur de la recherche et des études de Natixis et membre du Cercle des économistes

« La Chine doit réformer son industrie » Le directeur de la recherche et des études de Natixis analyse et décrypte pour Connexions la situation boursière et macroéconomique chinoise.

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torités chinoises ont réagi assez fortement et tous azimuts à cette grande faiblesse de la croissance que l’on a constate depuis mi2015. Et ce en adoptant une politique monétaire plus expansionniste avec des opérations classiques d’open-market. Jusqu’à présent la politique monétaire chinoise consistait en effet à changer les taux d’intérêt des crédits et les taux de réserves obligatoires des banques. En janvier, les autorités ont en effet décidé d’injecter des liquidités sur le marché interbancaire, ce qui est finalement la pratique normale des banques centrales partout ailleurs dans le monde. Les autorités chinoises s’appuient également sur un programme massif d’investissements publics et ont récemment baissé la TVA sur les voitures. On a donc un programme global de relance qui a déjà donné des résultats, avec une très forte amélioration dans l’automobile et dans le secteur de la construction.

Cette politique « pompier » donne aussi le sentiment que les autorités de régulation chinoises sont débordées et ne savent pas comment arrêter l’incendie…

Le secteur des services (soit 45 % du PIB du pays) se porte bien avec une croissance de 7 % par an, celui de la construction – résidentiel et infrastructures – se redresse (avec un investissement en croissance de 15 % sur un an) et le secteur automobile reprend donc des couleurs. Le problème vient, c’est vrai, du reste de l’industrie (30 % du PIB), en déflation, du fait notamment de l’augmentation des coûts salariaux unitaires (de l’ordre de 5 à 6 % par an), alors que les prix industriels, à cause des surcapacités, diminuent (environ 7 % en 2015).

Comment alors redresser la barre du « paquebot » Chine ?

A court terme, les autorités ont raison de prendre des mesures de relance. Mais la seule façon de sortir l’industrie chinoise de cette déflation est de réformer complètement le secteur industriel, en parti-


culier les grandes entreprises d’Etat, et de détruire les capacités excédentaires en fermant les entreprises non compétitives. Cela passe donc par une politique de nettoyage de l’industrie afin de rétablir la rentabilité du capital dans l’industrie. Le problème macro-économique de la Chine est aussi un problème politique sur la volonté (ou non) de réformer ces entreprises d’Etat. Il y aurait aussi une solution de facilité – catastrophique à moyen terme mais efficace sur le moment – qui consisterait à dévaluer fortement le RMB.

Opérations de dévaluations qui ont pourtant été faites récemment... Qu’en pensez-vous ?

Cette vague de dévaluation était modeste, de l’ordre de 10 %. Si les Chinois cherchaient à rétablir leur compétitivité de leur industrie par le RMB, il faudrait alors le dévaluer rapidement de 12 à 15 % supplémentaires. Il suffirait pour cela d’arrêter les interventions de change – la Chine perd 100 milliards de dollars (sur 3 100 milliards) par mois de réserves de change en freinant la baisse du RMB – ce qui n’est pas une stratégie tenable. Mais le vice-président chinois, Li Yuanchao, dans un entretien à Bloomberg à Davos, a précisé que la Chine de dévaluerait pas. Ce qui est une bonne chose me semble-t-il car cette solution si elle était mise en place dispenserait les entreprises, pendant quelques années, de se réformer.

En attendant, la Chine doit surmonter une fuite de ses capitaux. Entre 1000 à 1500 milliards de dollars sur 2015 – dont 170 milliards rien qu’en décembre dernier – sont ainsi sortis du territoire…

C’est en effet le problème majeur de l’économie chinoise. Tant que les autorités n’ont pas corrigé la rentabilité de l’industrie nationale, les capitaux – d’entreprises pour l’essentiel - continuent à sortir du pays. Ces sorties vident les réserves de change du pays puisque la banque centrale empêche que ces sorties déprécient le taux de change. La seule solution – pour freiner cette sortie de capitaux et faire en sorte que les entreprises chinoises aient envie d’investir dans l’appareil industriel national – est de réformer le secteur. La politique de change chinoise est donc intimement liée

« Le problème vient de l’industrie (30 % du PIB), en déflation, du fait notamment de l’augmentation des coûts salariaux unitaires (de l’ordre de 5 à 6 % par an), alors que les prix industriels, à cause des surcapacités, diminuent (environ 7 % en 2015). ».

à la réforme des entreprises industrielles. J’ai néanmoins des doutes sur la volonté réelle des autorités de réformer ces entreprises. Je note, comme tout le monde, des déclarations de principe dont celle fin janvier qui explique qu’il faut absolument détruire les capacité excédentaires, ajuster la productivité, moderniser l’appareil de production, etc. Mais que valent dans la réalité ces déclarations ? Pour le moment, pas grand chose.

Que vaut selon vous le taux de croissance du pays établi autour de 6,9 % en 2015 ?

Chez Natixis, nous sommes bien placés pour ne pas prendre en compte ces chiffres au point même que certaines autorités chinoises nous appellent pour nous demander notre propre estimation de la croissance chinoise. On utilise une technologie simple qui est celle de la fabrication des comptes trimestriels dans la plupart des pays – on prend ainsi tous les indicateurs sur la Chine disponibles en fréquence mensuelle. On fabrique à partir de ces éléments une estimation de la croissance qui est calée sur les valeurs de la croissance du passé. On estime ainsi en 2015 la croissance du pays à 4 % environ. Elle devrait être de 5 % cette année.

L’attention des investisseurs se tourne aujourd’hui vers d’autres zones « émergentes », comme l’Iran et certains pays d’Afrique. Quelle sont malgré ce constat les nouvelles opportunités d’investissements et de croissance pour les entreprises étrangères en Chine ?

C’est une excellente question : il ne faut pas en effet passer un message noir sur la Chine. On est là sur une économie qui fait 5 % (selon nos propres estimations) de croissance chaque année. Ce n’est pas négligeable - les Etats-Unis et l’Europe sont à 2 %. C’est une économie par ailleurs où certains secteurs sont en hyper croissance comme celui de l’énergie (renouvelable, hydraulique et nucléaire confondus), de l’environnement, des transports, et bien évidemment le secteur de biens et services. avec l’explosion de la consommation des ménages. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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Publireportage

Interview

H UA N G W e i g u o DR

Pré s id e nt de North As ia Ge neral Avi ati on Inves tment & Ma na g eme n t Co r po ra ti on (NAG A )

Le siècle du développement de l’aéronautique sino-français « En sanscrit, NAGA signifie "Dragon dans le ciel". Depuis les débuts de notre entreprise, l’équipe a travaillé dur pour créer une entreprise de dimension internationale. » Connexions : Avant l’an 2000, le secteur aéronautique chinois n’était pas développé. On considère que l’industrie a surtout pris son essor à partir de 2012. Pourquoi avoir décidé de travailler dans ce domaine ? M.HUANG : J’ai la passion de l'aviation, et j’ai toujours rêvé de voler, tout comme des millions des Chinois. Hegel a dit : « Une nation est sans espoir à moins que son peuple ne regarde les étoiles». Ces mots sont également appropriés pour décrire l'aviation mondiale d'aujourd'hui car il faut avoir une vision sur le long terme. Il faut approfondir la culture de l'aviation chinoise en choisissant le chemin le plus adapté. En 2008, j'ai commencé à faire des recherches sur l’aviation. C’est par passion que j'ai commencé à m’intéresser à ce domaine, un intérêt qui ne m’a jamais quitté depuis. Connexions : Vous avez créé NAGA. Après sa fondation, comment a évolué votre groupe ? M.HUANG : En sanscrit, NAGA signifie "Dragon dans le ciel". Depuis les débuts de notre entreprise, l’équipe a travaillé dur pour créer

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une entreprise de dimension internationale. Désormais, nous sommes à la tête de quatre grands centres : le centre des opérations aériennes, le centre de la planification et de la recherche, le centre d’affaires commerciales internationales et le centre d'information international. Jusqu'à aujourd'hui, NAGA a participé à plusieurs projets liés à l'industrie aéronautique. Nous avons également accompli des progrès considérables dans le développement des liens avec l’étranger, notamment avec l’établissement de la plateforme aéronautique sino-française, la plateforme aérospatiale sino-italienne etc. Connexions : Le lancement de la première plateforme aéronautique sino-française a été un véritable succès. Pourquoi avezvous décidé d’organiser cet événement et quel est son impact sur l'ensemble du domaine de l'aviation ? M.HUANG : Cette première session a été organisée conjointement par le « Sino-French Aeronautic Network » (S-FAN), la CCI France Chine, NAGA et Chinadaily.com. Plus de 100 responsables et managers d’entreprises chinoises et françaises étaient présent, y compris l'ambas-

sadeur de France en Chine, le Bureau de promotion des investissements du Ministère du commerce de Chine, la Chambre de commerce de Paris, l'Association chinoise de l'aviation civile de Chine, le Centre de recherche et de développement de l'industrie de l'aviation de la Chine, l’AVIC INTL, le China Aviation Supplies Holding Company, Airbus hélicoptères, l’ATR France et le Groupe Thales (Chine). Il y avait également les représentants de l'industrie aérospatiale National Park, des entreprises nationales de l’aviation d’affaires et d'entreprises spécialisées dans les investissements et le financement de projets. En présence de tous les invités, NAGA et la CCI France Chine ont annoncé la création du « Sino-French Aeronautic Network » (S-FAN). Vous savez, il existe de grandes différences culturelles entre la Chine et la France, en particulier dans la culture d'entreprise. A mon avis, pour avoir une bonne coopération, il faut d’abord avoir une communication efficace. Ensuite, on peut élaborer un programme de développement pour les entreprises en discutant avec les experts des deux pays. Notre objectif idéal est de renforcer la coopération aéronautique de façon professionnelle pour la réalisa-


tion d’investissements bi directifs en Chine et en France. Cette plateforme de services et de commerce garantit des relations de coopération entre les entreprises chinoises et françaises. Connexions : Depuis plus de cent ans, la France et la Chine coopèrent dans le domaine de l'aviation, que pensez-vous des nouvelles opportunités apportés par l'établissement du Sino-French Aeronautic Network (S-FAN) pour la coopération aéronautique entre deux pays ? M.HUANG : Depuis plus de 100 ans nos deux pays coopèrent dans le domaine aéronautique. Voici quelques exemples de réalisations communes : l'établissement de l’aéroport de Beijing Nanyuan en 1910 ; l’ouverture de la première école d’aviation Nanyuan en 1913 ; l’ouverture de la route internationale de navigation Paris - Athènes - Le Caire - Phnom Penh Karachi - Shanghai en 1966 ; l'installation de la ligne d'assemblage du projet Airbus A320 à Binhai en 2006 ; la transaction de 30 avions de la série A330 et de 100 avions A320 entre China Aviation Supplies Holding Company et Airbus en 2015. La coopération et les échanges aéronautiques entre la Chine et la France existent depuis plus de cent ans. Chaque pays possède forcément des avantages à partager. L’histoire de l’aviation industrielle française date également de plus d'un siècle. Le pays dispose d’un fort potentiel de production et de recherche, ainsi que d’un système complet de production aéronautique industriel. Le projet de joint-venture entre Airbus Tianjin (Chine) et le Groupe Thales (Chine) a été réalisé en Chine. Cela a permis d’amener en Chine une technologie de fabrication et de recherche bien développée, et des expériences avancées d’organisation et de gestion, ainsi qu’un capital industriel efficace. Le capital chinois privé a aussi servi l'industrie aéronautique française. La France est devenue un des plus importants partenaires de la Chine dans le domaine de l'aéronautique au sein de l’Union européenne. La Chine est actuellement le plus grand pays en développement. Elle possède un énorme marché aéronautique et la France souhaite conquérir des parts de ce marché, mais aussi réduire ses coûts de fabrication, augmenter sa compétitivité internationale et améliorer l'influence de l'industrie aéronautique française, tout en créant de nouveaux relais de croissance économique. « L’objectif du Sino-French Aeronautic Network (S-FAN) consiste à approfondir la coopération dans le cadre des échanges commerciaux extérieurs et la communication entre les entreprises des deux pays ; à construire une plateforme de coopération et d'investissement bidirectionnelle pour le développement indus-

« L’objectif du Sino-French Aeronautic Network (S-FAN) consiste à approfondir la coopération dans le cadre des échanges commerciaux extérieurs et la communication entre les entreprises des deux pays ; à construire une plateforme de coopération et d'investissement bidirectionnelle pour le développement industriel de l'aviation et à fournir plus de services innovants pour les projets et les coopérations entre la France et la Chine. »

triel de l'aviation et à fournir plus de services innovants pour les projets et les coopérations entre la France et la Chine. » Connexions : De quelle manière la plateforme aéronautique sino-française peut-elle établir la connexion entre entreprises chinoises et françaises ? Quels sont vos projets pour le futur ? M.HUANG : La plateforme aéronautique sino-française joue un rôle important dans les échanges d’informations, le conseil en affaires, les projets d’investissements et l'amélioration des relations entre le gouvernement et l’entreprise. Dans le domaine des communications, S-FAN a construit des plateformes et des ponts d’échanges d’informations entre les entreprises ou entre l'entreprise et le gouvernement pour bien analyser le marché chinois, le marché français ainsi que le marché international; mais aussi pour interpréter la nouvelle politique de l'industrie aéronautique des deux pays ou de l’Union européenne. Dans le domaine du développement des affaires, S-FAN aide à la recherche de partenaires pour les entreprises et à la promotion du commerce. Dans le domaine des investissements, S-FAN peut favoriser l’investissement et le financement bidirectionnel du secteur aéronautique entre la Chine et la France, soutenir des projets d'investissement et de financement dans les parcs industriels des deux pays ainsi que des projets d’incubation, aider à l'acquisition et aux fusions entre entreprises et promouvoir des projets de financement d'entreprises. Dans le domaine des relations publiques, S-FAN permet de construire des ponts et des plateformes de coopération entre les institutions gouvernementales et les médias afin de promouvoir la coopération entre les deux parties. Le Sino-French Aeronautic Network (S-FAN) a prévu une visite en France du 18 au 23 avril, sur un des plus importants pôles de l'industrie aéronautique française. Seules une vingtaine d’entreprises pourront participer à cette délégation. Elles devront posséder l’envie de coopérer avec des entreprises aéronautiques françaises et d’investir dans ce secteur. Cette délégation sera organisée à la suite de la première session de table ronde de la plateforme aéronautique, un des plus importants promoteurs de l'accélération et de l'approfondissement de la coopération aéronautique sino-française. Nous ferons de notre mieux pour aider les entreprises des deux pays à surmonter les différences culturelles de l'aviation, améliorer la communication, soutenir les échanges commerciaux. Puis pour des projets de grande qualité, nous organiserons des rencontres de groupes d'experts afin d’effectuer des recherches de faisabilité, financer des projets aéronautiques et stimuler les investissements dans ce secteur.

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La Chine, pays de plein emploi. Une affirmation à nuancer alors que le pays affiche un taux de chômage officiel de 5 %. Il n’empêche, le marché de l’emploi chinois – réputé particulièrement dynamique - implique une gestion des ressources humaines davantage focalisée sur l’attractivité et la fidélisation des talents. Et ne pas mesurer ces spécificités, « c’est prendre, pour l’employeur, le risque d’échouer sur le marché chinois », assure Feng Lijun, sociologue pékinois. Plusieurs facteurs confèrent ainsi à la gestion des ressources humaines une importance accrue. Point que soulevait au début de cette décennie une étude de l’Ambassade de France en Chine. Et de détailler ces facteurs : en premier lieu, « la pénurie de main d’œuvre qualifiée […], ensuite (et en opposition au facteur précédent), la nécessité de maîtriser les coûts de production, dans le contexte d’une concurrence renforcée ; enfin, la « judiciarisation » de la relation de travail et l’augmentation des risques qu’elle implique pour l’employeur ». Quid aujourd’hui du contexte RH au sein des entreprises - françaises en particulier – présentes en Chine ? Celles-ci ont-elles mis en place des politiques de ressources humaines spécifiques ? Dossier


Ressources humaines

La nouvelle donne chinoise


Page précédente : Imagine China

L

es ressources humaines en Chine : un vrai casse tête... Le pays du milliard est encore - en termes RH – un « problème » ; du moins une terre à défricher. Détection des talents, engagement des équipes, créativité, autonomie… Autant de problématiques qui en Chine trouvent un écho redoublé. Sans compter la difficulté – véritable « cancer » des ressources humaines - de la rétention des talents. Le turnover y est de fait si élevé qu’il freine, voire empêche nombre d’entreprises dans leurs stratégies de développement. Enfin, la montée en gamme industrielle du pays provoque – dans une

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Chine qui ne compte encore que 1 500 ingénieurs pour un million d’habitants, contre 4 à 5 000 en Allemagne, au Japon ou en France - une réelle course au recrutement et une explosion des salaires. « L’évolution de l’économie chinoise, aussi bien spontanée que souhaitée par les autorités, conduit à une hausse des besoins en main d’œuvre qualifiée », relève la même étude de l’ambassade de France. Et d’énumérer : « la montée en gamme de la production industrielle, le développement de l’innovation et de produits à plus haute technologie, ainsi que le développement des services constituent autant d’évolutions nécessaires à la durabilité de la croissance chinoise ». Croissance qui

implique une « hausse des emplois qualifiés » devenus particulièrement difficiles à retenir, même si la période de crise économique que traverse le pays permet à des structures de retenir plus longtemps leurs talents – qui préfèrent « rester au chaud », note Grace Tian, DRH du groupe de prêt à porter Montagut (135 employés au bureau de Canton). « Le turn over reste une vraie difficulté, notamment dans le secteur des IT. Aujourd’hui, même en période de croissance moins soutenue, un employé, type développeur, dont le salaire se situe entre 5 et 10 000 RBM qui a 2/3 années d’expérience et un bon anglais n’a aucune difficulté à trouver un poste ».


DR

La montée en gamme industrielle du pays provoque – dans une Chine qui ne compte encore que 1 500 ingénieurs pour un million d’habitants, contre 4 à 5 000 en Allemagne, au Japon ou en France - une réelle course au recrutement et une explosion des salaires.

L a par o l e à

Cat he ri n e L i u

Directrice du recrutement et de la communication, Saint-Gobain (Chine et APAC)

« Seules 15 % de nos offres se font via un cabinet de recrutement » « Saint-Gobain compte quelque 9 500 collaborateurs en Chine – avec un niveau de recrutement élevé, de l’ordre de 400 personnes par an (sans compter les ouvriers sur les sites de production). Notre turnover est de 6 à 8 %, c’est heureusement assez faible comparé aux marchés qui affichent un turnover moyen de 15 à 20 %. Avec un tel volume d’embauches, nous devons faire un travail continu de détection des talents. Nous avons pour cela un système – baptisé ATS, pour Applicant Tracking System – qui permet de publier nos offres validées par notre hiérarchie, qui sont ensuite publiées sur le site 51job.com et de recevoir les candidatures. Nous laissons toujours un délai de 8 jours entre l’annonce d’une ouverture de poste et sa publication sur l’intranet de façon à donner à nos collaborateurs en interne la possibilité de candidater. Nous utilisons beaucoup les réseaux sociaux comme Wechat et LinkedIn. Seules 15 % de nos offres se font via un cabinet de recrutement. Saint-Gobain bénéficie d’une très bonne image auprès des diplômés chinois : c’est en effet une entreprise créée il y 350 ans, stable, innovante. Pour la cinquième année consécutive, Saint-Gobain figure dans le classement des 100 organisations les plus innovantes dans le monde, établi par le groupe Thomson Reuters. Nous sommes par ailleurs certifiés « Top employer »1 pour l’Asie-Pacifique, la Chine et l’Europe depuis 3 ans. »

Imagine China

1. Certification délivrée par l’institut néerlandais Top Employer Institut

Imagine China

« Il y a une grosse concurrence sur ce point des entreprises privées et publiques chinoises qui souvent proposent des salaires alignés sur ceux des entreprises étrangères », confirme pour sa part Sophie de la Noue, chargée du développement international Chine de l’association Entreprises & Personnel spécialisée sur les questions RH et sur le management des hommes et des organisations (voir également l’interview de Martine Leboulaire ci-après). « Il faut avoir une offre différente qui puisse attirer les talents et les retenir. Ceux-ci réclament de plus en plus un équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Une entreprise doit désormais pouvoir offrir – au delà d’un sa-

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L a par o l e à

Chr isto ph e Ga m et Directeur des Ressources Humaines L’Oréal Chine

« Nous recherchons des personnalités » « L’Oréal compte environ 4 400 collaborateurs en Chine – dont près d’un tiers sont des commerciaux terrain, basés dans toutes les régions du pays. Et 350 personnes travaillent dans notre centre Recherche et Innovation, à Shanghai. Nous recrutons chaque année jusqu’à 500 nouveaux collaborateurs – dont 20 à 25 % de jeunes diplômées – et recherchons avant tout des forts potentiels, des personnalités. Mais il n’est pas toujours aisé, du fait de la très forte compétitivité locale, de détecter et d’attirer les meilleurs talents. Pour cela, nous avons mis en place des techniques de recrutements plus souples et modernes, soit délocalisées pour être au plus près de certains viviers de candidats, soit online. Pour les profils expérimentés, nous adoptons surtout des techniques d’approches directes. Nous avons par exemple « insourcé » une partie de notre activité de recrutement, et plusieurs personnes dans notre équipe font uniquement de l’approche directe. Du fait de nos marques, on a aussi pour nous d’être une entreprise avec une très forte visibilité et identité en Chine. L’Oréal est également reconnue pour la qualité de son management et les opportunités de développement, de formation et de carrière proposées en interne. En RH, ce sont des atouts qui font aussi la différence ».

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laire attractif – cet équilibre et un accompagnement dans la carrière de ses collaborateurs ».

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Jeunesse des managers Cette nouvelle donne chinoise suppose également que « la direction et le top management de l’entreprise s'impliquent vraiment et personnellement dans le processus de transformation. Et accepte que cela prenne du temps, de l'énergie quelle que soit la position hiérarchique », insiste Tristan Roquette de Teamacting, société de conseils, basée dans le Guangdong et spécialisée dans la conduite de changement et l’accompagnement des dirigeants d’entreprises (voir cicontre). Cela suppose également, relève-t-il, « de communiquer clairement et efficacement l'ambition de l'entreprise et de créer des outils RH pertinents, permettant d'attirer, de recruter, de développer et de récompenser les meilleurs ». Néanmoins – de l’aveu général

des DRH approchés – fidéliser, voire mobiliser une main d’œuvre qualifiée en Chine est un combat de tous les jours. « La difficulté n’est pas tant de recruter que de retenir », confirment-ils en chœur. « Il faut alors proposer des carrières plus rapides, plus denses. Il n’est pas rare de voir un manager âgé seulement d’une trentaine d’années », reconnaît ainsi Hong Yang, DRH Chine du groupe Valeo (16 000 collaborateurs dans le pays) qui recrute chaque année pas moins de 1 200 profils d’ingénieurs/managers. « L’accompagnement et la formation des talents sont des critères essentiels en Chine, sans doute plus qu’ailleurs ». Constat que partage également Philippe Vigoureux, ancien cadre de British Petroleum, par ailleurs ex-intervenant de 2000 à 2004 auprès de l’Union européenne sur un programme RH dans le Nord-est de la Chine, aujourd’hui consultant chez Managing Worldwide Teams. « Il


DR

De l’aveu général des DRH approchés – fidéliser, voire mobiliser une main d’œuvre qualifiée en Chine est un combat de tous les jours.

Le point de vue de

Tri stan Ro q uet t e

Fondateur & GM de Teamacting (www.teamacting.com)

Les problématiques RH peuvent trouver des solutions quand :

Imagine China

• L'entreprise crée du sens, du dynamisme, de l'ambition, et le communique clairement • L'entreprise rend la direction concrète, sait y associer ses collaborateurs, et sais mesurer les étapes • L'entreprise crée un climat "familial", de collaboration, d'entraide, de synergies, et le rend visible • L'entreprise crée un climat de confiance "a priori" d'équité (collaborateurs étrangers vs collaborateurs chinois), et sait reconnaitre ceux qui se distinguent • L'entreprise rend les employés fiers de leur travail, mais sait aussi dynamiser la "soif de challenges" de ses équipes • L'entreprise rend les plans de carrière plus clairs, et sait créer / utiliser les bons outils pour faire grandir et progresser les hommes • L'entreprise sait utiliser efficacement les "bons" outils de communication, pour créer une connexion émotionnelle avec ses équipes • L'entreprise crée un climat d'entrepreneuriat dans l'entreprise, et sait encadrer la prise de risques, tout en sachant la récompenser

Imagine China

y a plusieurs façons de travailler sur la rétention des talents. On peut jouer sur le « hard », sous la forme de bonus et de revalorisation salariale. Mais aussi sur le « soft », avec des programmes de formation mis à la disposition des gens qui réussissent le mieux ». Selon lui, la Chine s’est modernisée mais pas forcément dans ses méthodes de travail. L’aspect traditionnel, dans les organisations de travail, reste très fort. Aussi est-il important « de mettre en place en interne des critères de satisfaction permettant de mesurer de près l’implication et les attentes des collaborateurs ». Et pour ceux à fort potentiel, proposer des postes de cadres dirigeants. « Il existe encore un plafond de verre que ne peuvent pas dépasser les salariés chinois brillants qui travaillent dans des entreprises étrangères. Certaines structures - à l’instar de Schneider Electric par exemple – savent briser ce plafond de verre mais ce n’est pas la majorité ».

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DR

Trois questions à…

Mart in e L e B o u la ire

Directrice du développement de Entreprises&Personnel

Les salariés chinois veulent être reconnus Quels sont les principaux enjeux RH pour les entreprises européennes présentes en Chine ? Le sacrifice et le don de soi sont des valeurs prégnantes dans la société chinoise. Toutefois, on observe depuis plusieurs années une réinterprétation de ces valeurs dans le cadre de la montée d’une forme d’individualisme, du moins au travail. Par ailleurs, les salariés chinois ne se reconnaissent pas dans l’entreprise de la même façon que les salariés européens par exemple. De fait, il n’y a pas vraiment de réalité sociologique de l’entreprise en Chine. Et c’est un enjeu majeur dans les années à venir pour les employeurs sur place. Il leur faut insister sur la culture en interne, ce que font plutôt bien les entreprises européennes ; les Allemands en particulier mais aussi les Suédois et les Français. Et cela passe par quoi selon vous ? Indéniablement par la formation et le développement des compétences. Ce qu’ont très bien compris des groupe comme Schneider Electric, Danone ou encore Saint-Gobain. Ils savent offrir à leurs collaborateurs des perspectives professionnelles intéressante. Les employeurs doivent également investir sur le management des hommes. Sur ces points, les Européens ont un vrai savoir-faire que recherchent les Chinois. Ils sont très demandeurs de formations sur le développement des compétences. Quelles sont aujourd’hui les attentes des salariés chinois ? Ils veulent être reconnus et ne pas sentir ne « plafond de verre » comme cela a longtemps été le cas en Chine dans les entreprises étrangères. Les meilleurs ont ainsi vocation a intégrer les comités de direction et les postes à responsabilité. Sur ce point, et même si le management social à l’européenne est de plus en plus préféré anglo-saxon, les Français ont un énorme effort à faire. Nous devons investir encore plus sur la connaissance du pays - les Chinois sont particulièrement reconnaissants de ceux qui font un effort sur les enjeux culturels. Propos recueillis par P. Ti.

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Digital RH La marque employeur a aussi son importance. Ce que représente l’entreprise - économiquement mais aussi à travers les valeurs qu’elle transmet - est essentiel aux yeux des possibles recrues. « La société chinoise est une société très concurrentielle : les gens pensent à court terme », relève Eric Tarchoune, fondateur et directeur général de Dragonfly Group (voir son analyse page 32). Pour faire la différence, il est donc nécessaire de donner du sens et d’accompagner ses collaborateurs. « Ce qui est encore plus vrai dans le cas d’une start-up ou d’une petite structure. Le dirigeant doit alors se faire apprécier pour fidéliser les gens. Il faut offrir un environnement flexible. Il faut faire comprendre au dirigeant - français notamment - qu’en Chine il faut donner plus. Les Chinois sont en demande de développement personnel. Un manager doit fédérer les cœurs


EDF

« Notre statut d’entreprise étrangère est un atout » DR

« Il faut avoir une offre différente qui puisse attirer les talents et les retenir. Ceux-ci réclament de plus en plus un équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle », relève Sophie de la Noue, chargée du développement international Chine de l’association Entreprises & Personnel

Trois questions à…

Ali n e Pe n ot

Directrice des Ressources Humaines, EDF Chine

Imagine China

Quels sont les besoins RH d’EDF en Chine ? EDF a créé en Chine une Holding et possède plusieurs filiales souvent associées à des sites industriels, ainsi qu’un centre R&D. Nos activités de développement de projets et d’offre de services énergétiques s’appuient sur des équipes d’ingénieurs très qualifiés, chinois à 90%, qui ont souvent une expérience de la culture française. Cette flexibilité est un atout pour leur carrière car, dans le nucléaire, nous avons des projets à l’international avec nos partenaires chinois, notamment en Grande-Bretagne. Il faut donc pouvoir travailler dans des contextes culturels variés, sur des projets exigeants. et les esprits. » Reste qu’en Chine, il n’est pas simple toujours de trouver la perle rare. « Difficile par exemple de recruter un bon DAF ou un contrôleur de gestion. Surtout dans la cas d’une JV : le partenaire chinois veut souvent contrôler la partie ressources humaines », analyse Nicolas Milonas, fondateur de Acropolis Associates (voir ci-après). « Dans le cas de recrutements de GM, on manque de talents locaux qui ont les capacités de leadership et d’animation d’équipe. » Même si évidemment, en matière de ressources humaines, insiste Sophie de la Noue, « les choses changent en Chine ». Et les pratiques aussi. L’Empire est ainsi à la pointe sur la partie digitale (recrutements, actions entreprises, etc.) des RH. « Ce qui parfois peut créer des décalages avec les head office des entreprises étrangères… » Pierre Tiessen

Quels sont les défis du marché chinois pour les RH ? Les grandes entreprises d’Etat chinoises

DRH

attirent les talents de façon précoce et leur propose des évolutions de carrière rapide. Chez EDF en Chine, nos employés sont jeunes, 3 sur 5 ont moins de 35 ans, et des niveaux de compétence élevés. Il faut donc répondre à leurs attentes professionnelles qui sont fortes. Dans ce contexte, EDF a des atouts pour séduire les jeunes Chinois les plus brillants : notre statut d’entreprise étrangère, nos métiers variés et nos activités internationales qui permettent de beaux parcours, et enfin notre culture d’entreprise du dialogue et du respect des personnes, très appréciée par nos salariés chinois. Comment vous adaptez vous au contexte chinois ? Nous avons un programme de détection et de suivis des talents, notamment via des partenariats avec des universités comme l’IFCEN (institut franco-chinois d’énergie nucléaire) à Zhuhai. Une fois intégrés, les jeunes ingénieurs chinois suivent un parcours de formation personnalisé avec un séjour en France de 3 ans en « immersion » dans le Groupe EDF. Nous facilitons également leur mobilité en créant des passerelles entre les filiales du Groupe, dans le monde entier. Nos salariés chinois francophones savent qu’ils peuvent accéder à des postes à responsabilités, y compris en France, c’est un facteur de motivation. Bien sûr, pour rester compétitif en Chine nous ajustons régulièrement nos niveaux de rémunération pour suivre les évolutions du marché local.

L’art de concilier l’impossible

Qu’est-ce qu’un DRH aujourd’hui ? Un cadre dirigeant qui sans cesse doit concilier l’impossible… Qui doit constamment anticiper, être vigilant en particulier visà-vis des évolutions réglementaires du droit du travail. Une chose est sûre : la mission est ardue. « Il faut à ce poste des femmes et des hommes solides », confirme Sophie de la Noue. Ils ont aussi besoin de benchmarks, de conseils de l’extérieur. « On constate une sinisation des équipes, ce qui permet aux DRH chinois d’adopter des modes de management français ».

Leurs missions ? Aux DRH la supervision des activités, la mobilisation des acteurs, et, plus globalement, l’amélioration de la valorisation de l’entreprise et de ses collaborateurs. A eux par ailleurs de mettre en place les plans de formation et de définir le bon sourcing pour accueillir les meilleurs talents. La fonction évolue enfin beaucoup vers du conseil de proximité en interne ; les services RH créent alors des fonctions au plus près des managers. P. Ti

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Imagine China

« Souvent les services RH des entreprises ne veulent pas s’engager avec des prestataires de façon fiable. Réduire le turnover des employés commence par bien recruter, c’est une évidence. Un autre facteur qui participe au turnover est la forte corruption des services RH qui sélectionnent leurs prestataires par copinage et autres « critères » qui ne sont pas liés à l’efficacité du prestataire. »

DR

Une surévaluation des salaires

Trois questions à…

Nico las M ilo n as

Fondateur de Acropolis Associates

La Chine compte quelque 20 000 cabinets de recrutement. Qu’est-ce qui différencie Acropolis Associates des autres structures ? Nous sommes spécialisés dans le recrutement par approche directe « chasseur de têtes » - processus contraignant qui suppose de la part de nos équipes un travail de 4 à 6 semaines à temps plein mais qui est extrêmement qualitatif. De ce fait, nous figurons dans le Top 10 des cabinets en Chine sur l’approche de cadres et de dirigeants. Présents en Chine depuis fin 2003, nous assurons environ 120 recrutements de cadres supérieurs par an. Quelles sont les particularités du marché RH en Chine ? Les RH en Chine représentent un vaste sujet et constituent souvent un gros problème pour les entreprises étrangères. Il y a d’abord l’inflation des salaires. Pour attirer les bons, il faut de fait payer le prix du marché. Mais au risque de créer des conflits internes, en brisant l’homogénéité de la grille des salaires, car cela supposerait de mettre tout le monde au même niveau. On constate aussi une forte surévaluation des salaires de l’ordre 25 à 30 % par rapport aux compétences, surtout dans le milieu industriel. Enfin, il est devenu très difficile de

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Connexions HIVER 2015-2016

se séparer d’un salarié. La loi sur les contrats de travail de 2008 a en effet fortement encadré le marché. Il existe désormais des avocats dont la spécialité est de faire payer très cher à l’employeur tout manquement à la loi. Les salariés chinois sont réputés ne pas être très fidèles à leur entreprise. Qu’en pensez-vous ? Il existe c’est vrai un turn-over important en Chine mais cela est souvent dû à la mauvaise qualité des recrutements. Souvent les services RH des entreprises ne veulent pas s’engager avec des prestataires de façon fiable. Réduire le turnover des employés commence par bien recruter, c’est une évidence. Un autre facteur qui participe au turnover est la forte corruption des services RH qui sélectionnent leurs prestataires par copinage et autres « critères » qui ne sont pas liés à l’efficacité du prestataire. Cela touche la quasi-totalité des services RH. C’est une réelle pandémie. Les directions n’ont aucun contrôle ou ferment les yeux. Cela génère un gâchis aussi bien humain que financier. 100 % de nos interlocuteurs, ceux qui nous signent les contrats, sont les directeurs financiers ou les dirigeants eux-mêmes. Propos recueillis par P. Ti.


@ AIRBUS S.A.S. 2009 - photo by exm company / H. GOUSSÉ

« Notre défi : intégrer la culture

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locale à “l’Airbus

I n t e rv i e w

P h i l i p p e P ezet Directeur des Ressources Humaines Airbus Group en Chine

way” »

Que représente aujourd’hui la Chine pour le groupe Airbus ? C’est un marché majeur pour l’aviation commerciale mondiale dans lequel nous détenons désormais quelque 50 % des parts de marché. Plus d’un millier d’avions Airbus volent ainsi dans le ciel chinois et – selon les prévisions du marché et nos carnets de commandes – il y en aura 2000 d’ici à 2020. Boeing dominait pourtant le marché chinois il y a moins de 20 ans. Comment expliquer cette « sucess story » d’Airbus ? A la différence de notre concurrent américain qui n’a pas de footprint local, nous avons adopté une politique de coopération forte avec l’industrie chinoise. Ce qui peut expliquer notre percée en Chine. Nous avons par exemple très tôt mis en œuvre des JV de training et décidé de l’installation de notre usine d’assemblage A320 à Tianjin. Nous allons également y installer un centre de finition et de livraison des A330. Airbus Group emploie directement ou via des JV environ 1 500 personnes en Chine. Quels sont les principaux enjeux en terme de gestion des ressources humaines ? Airbus en Chine, ce sont plusieurs entités dans lesquelles le groupe a des participations plus ou moins majoritaires. Notre stratégie

« Nous avons de nombreux programmes internes qui permettent à chaque collaborateur de s’approprier les valeurs de l’entreprise. Je pense notamment à notre « leadership model » qui décrypte et exprime ce que l’entreprise attend de chaque leader Airbus ; des CEO aux cadres. »

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RH doit intégrer cette spécificité et demande donc de l’agilité à pouvoir intégrer la culture locale à “l’Airbus way”. Il faut trouver ce point d’équilibre. Ce n’est pas toujours évident : nos partenaires chinois, avec lesquels nous sommes en JV, ont souvent leurs propres process, leur culture. Mais Airbus Group, sur ce point, n’a pas une position dogmatique. Nous sommes dans une stratégie où nous déployons nos propres standards seulement quand cela est nécessaire. Cette stratégie fait partie de l’ADN d’Airbus en Chine ; elle a cimenté notre succès sur place. Comment dans ces conditions instillez-vous au sein des équipes un « esprit » Airbus ? Nous avons de nombreux programmes internes qui permettent à chaque collaborateur de s’approprier les valeurs de l’entreprise. Je pense notamment à notre « leadership model » qui décrypte et exprime ce que l’entreprise attend de chaque leader Airbus ; des CEO aux cadres. Il faut faire attention à ce que l’état d’esprit et les valeurs soient partagés de tous. Nous menons également tous les 18 mois des études sur l’engagement de l’ensemble des

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Sans titre-3 1

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collaborateurs vis à vis d’Airbus. Par ailleurs, et même si chaque JV est responsable de sa politique salariale, nous déployons auprès de toutes les équipes plusieurs initiatives d’intéressement commun à l’ensemble du groupe. Est-ce facile pour Airbus d’attirer en Chine les meilleurs talents ? La concurrence dans le milieu est très soutenue et les acteurs finalement sont peu nombreux. Aussi, même si notre image est positivement très forte pour les gens qui s’intéressent à l’aéronautique, recruter les bons profils est un défi permanent. On gère environ une centaine de nouveaux postes par an. Et avec le centre de finition et de livraison des A330, nous allons cette année devoir créer jusqu’à 300 postes (soit environ 170 embauches directes). Nous avons donc de vrais besoins et la guerre des talents – compte-tenu de la dynamique que connaît le marché chinois de l’aéronautique – est féroce. Il faut être attractif au niveau salarial et inventif en terme d’évolution des carrières et des opportunités proposées à nos collaborateurs.

En chiffres

Airbus Group en Chine 1 500

salariés (dont 1300 pour l’aviation commerciale)

30 %

de femmes

37 ans

moyenne d’âge

6 ans

d’ancienneté en moyenne Source : Airbus Group

Propos recueillis par P. Ti.

10/12/2015 13:38:55


Le syndicalisme chinois n’est pas porteur des aspirations des salariés

Imagine China

« Malgré ses évolutions récentes, le système de représentation des salariés en Chine reste peu utile pour les entreprises occidentales, qui n’y décèlent pas de potentiel de régulation. De fait, le syndicalisme y joue un rôle atypique en comparaison des pays occidentaux. La conception harmonieuse de l’économie que défend le gouvernement chinois implique la minimisation, pour ne pas dire le déni, des conflits d’intérêts qui animent le capitalisme. Dit autrement, il ne saurait y avoir, dans un système de ce type, d’espace pour la négociation, celle-ci se justifiant par la rencontre d’intérêts plus ou moins opposés. Cette recherche de l’unité se traduit par un unilatéralisme fort en matière de production des normes sociales : c’est au gouvernement qu’il revient d’accorder de nouveaux droits sociaux aux salariés chinois – ce qu’il s’efforce, au demeurant, de faire depuis quelques années pour développer un marché économique interne, comme nous l’avons vu avec la législation de 2008 sur le contrat de travail. Reste que le syndicalisme chinois n’est pas porteur des aspirations des salariés, mais se présente plutôt comme un outil au service du gouvernement pour garantir l’effectivité de cette unité en contraignant les employeurs à respecter le droit du travail. Si les conflits sociaux croissent ces dernières années en Chine, ils ne concernent

« C’est au gouvernement qu’il revient d’accorder de nouveaux droits sociaux aux salariés chinois – ce qu’il s’efforce, au demeurant, de faire depuis quelques années pour développer un marché économique interne, comme nous l’avons vu avec la législation de 2008 sur le contrat de travail. » que marginalement des revendications de droits nouveaux. Comme l’indique le rapport 2010 de la Confédération syndicale internationale, les conflits du travail portent, dans la plupart des cas, sur des différends liés aux contrats de travail, aux arriérés salariaux, au non-paiement de certaines prestations et à la non- compensation des heures supplémentaires. Le marché chinois des télécommunications n’est toujours pas ouvert à la concurrence. Aussi, les entreprises respectueuses du droit du travail et offrant même parfois des condi-

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tions de travail et d’emploi supérieures aux habitudes locales, comme c’est le cas des entreprises occidentales, connaissent une activité syndicale limitée. Quand celle-ci existe, elle se définit explicitement comme une part de l’action managériale, à l’image de cette entreprise française dans laquelle la représentante syndicale n’est autre que la responsable rémunérations et avantages sociaux de l’entreprise... Cette faiblesse du système de relations apparaît comme un défi majeur pour les entreprises françaises, et surtout allemandes, habituées à la concertation et à la participation des salariés à la conception des process. D’autant que s’y ajoute la faible appétence des salariés chinois pour l’autonomie dans le travail. Alors que les managers occidentaux s’en remettent spontanément à la responsabilité des salariés pour adapter les process aux problématiques organisationnelles locales, les entreprises rencontrées sont confrontées à la tendance des salariés chinois à la stricte application des prescriptions » 1. Extrait de : « Les entreprises françaises et allemandes en Chine : des pratiques de management contrastées dans un contexte en mutation » (2011) Etude menée par Martine Le Boulaire (Entreprise&Personnel), Jean-Louis Rocca (Sciences Po CERI), Rémi Bourguignon (IAE Paris I Panthéon Sorbonne) et Solène Hazouard (Centre d’Information et de Recherche sur l’Allemagne Contemporaine - CIRAC)

A retenir

Contrat de travail En 20081, deux nouvelles lois – l’une sur le contrat de travail, l’autre sur la promotion de l’emploi – sont entrées en vigueur en remplacement de la législation de 1994. Ces lois font du CDI la norme et tendent à limiter la précarité. En effet, elles encadrent les possibilités de recours au travail à durée déterminée et prévoient des indemnités de licenciement en cas de rupture du contrat par l’employeur. La durée légale du travail est désormais fixée à quarante heures et les salariés bénéficient de jours de repos, de journées fériées et de congés payés. 1. Extrait de la même étude

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Le mindset change L a par o l e à

Jea n-Ma rc Gu yot CEO ENGIE (Chine)

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« La difficulté en Chine pour un acteur global comme l’est ENGIE est de recruter les profils chinois pertinents qui ont la capacité technique de vendre ses produits. On privilégie pour ce faire des candidats ayant une expérience vers l’international. Dans notre monde de plus en plus connecté, nous cherchons de fait des profils plus jeunes, plus modernes et surtout, visionnaires. Mieux vaut choisir quelqu’un issu de Google ou de Alibaba, capable de « googoliser le monde » et de le former aux bases techniques de nos métiers plutôt qu’un candidat ayant un profil classique d’ingénieur. Ce n’est pas simple car il y a finalement peu de profils qui

« Mieux vaut choisir quelqu’un issu de Google ou de Alibaba, capable de “googoliser le monde” et de le former aux bases techniques de nos métiers plutôt qu’un candidat ayant un profil classique d’ingénieur. »

sortent du lot. Mais le mindset change. De fait, les autorités chinoises font en sorte que le pays bascule dans cette ère du digital complètement dématérialisée, en soutenant et en poussant les filières du numérique. Il en résulte un changement très rapide du paysage des ressources humaines en Chine. Ici, avec une soixantaine de collaborateurs, nous sommes encore une start-up ; tout reste à écrire pour Engie qui entend jouer un rôle important dans la transition énergétique que prévoit la Chine. Nous avons de très fortes ambitions sur les filières du GNL, du solaire mais aussi du trading en énergie. Pour relever ces défis, nous devons nous entourer des meilleurs ».


Imagine China

« Le digital a changé les

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pratiques de recrutement »

I n t e rv i e w

Wei Hsu Directeur général de INS Global Consulting

Basé à Shanghai depuis 2006, INS Global Consulting prend en charge la gestion administrative du personnel (procédures de visa, externalisation de la paie, déclarations fiscales, facturation, gestion des dépenses, recrutement) d'entreprises à l'étranger souhaitant avoir une présence en Chine.

Quels services en priorité vos clients vous proposent-ils de prendre en charge ? Et pour quelles raisons ? Nos clients choisissent en priorité notre service de gestion administrative (visa, portage salarial, déclaration de taxes, facturation) qui leurs permet d’avoir une équipe locale en Chine, facteur essentiel pour prospecter sur ce marché. Ils peuvent alors créer un portefeuille de clients, de distributeurs ou de fournisseurs et générer des profits sans ouvrir de filiale (procédure longue et complexe). En fait, INS agit comme la filiale de ses clients. Nous accompagnons aussi l’installation en Chine des consultants seniors (assurance, déplacements logements, école, etc.), envoyés, notamment, pour des missions à caractère confidentiel dans les secteurs de l’Agroalimentaire, des Gas&Pétrole, ou du Médical. Enfin, grâce à notre réseau de professionnels et à notre expertise du marché du travail en Chine, nous recrutons, à la demande, des candidats à des postes tels que : Responsable Commercial Asie, Marketing, Import/Export Manager, etc… Quelles sont les spécificités du marché chinois en matière de recrutement (turnover / profil des candidats / bassins d'emplois) ? Les professionnels de Chine demeurent en majorité à l’écoute du marché. Le turn-over est important pour les profils de superviseur, manager et assistant (entre quelques mois et

« Une entreprise lorsqu’elle implémente sa stratégie de recrutement doit prendre en compte l’importance du branding. En effet, d’après un récent rapport d’Hudson : 98 % des professionnels chinois considèrent l’image de l’entreprise comme élément important dans leur décision de candidater à un poste. »

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Focus

Bri gitte Wo l ff Présidente EIM Asie

EIM L’excellence managériale Excellence in Management (EIM) a inventé le concept de management de transition aux Pays-Bas, et l’a ensuite déployé en Europe et dans le monde, dont en Chine. En un quart de siècle, plus de 8 000 missions ont été menées à bien, faisant d’EIM le leader international du management de transition, avec 19 bureaux implantés dans 15 pays. EIM a élargi son offre au support opérationnel et au recrutement accéléré apportant à ses clients l’excellence de ses solutions managériales temporaires et permanentes sur mesure. En Chine, EIM, souligne Brigitte Wolff, Présidente EIM Asie (photo), s'est constitué un réseau de plus de 850 dirigeants, managers et professionnels indépendants, immédiatement disponibles, pour accompagner et mettre en œuvre les transformations de ses clients, dans les phases d’expansion comme en période de redéploiement.

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2 ans). Il est faible pour les postes hautement qualifiés. Aujourd’hui, un changement visible est le remplacement d’étrangers, à des rôles à responsabilités, par des talents chinois qui ont souvent maintenant une expérience à l’étranger, maitrisent l’anglais et parfois même une troisième langue. La question du salaire est au centre des négociations due à l’augmentation du coût de la vie ; la stabilité de l’emploi, la satisfaction au travail et la distance maison-bureau sont aussi des éléments décisifs dans l’acception d’une offre d’embauche. Enfin, la demande de candidats experts en IT, en Logistique, en Marketing, en E-Commerce, en R&D et en finance ne cesse de croître. Avez-vous recours à de nouvelles formes de recrutement ? Les bons profils ne sont pas à la recherche d’un emploi. Le recruteur professionnel entre alors en jeu pour débaucher ces talents pour ses clients. La montée du digital en Chine a réellement changé les pratiques de recrutement. Cependant, La stratégie de recrutement ne s’appuie pas seulement sur l’outil Internet et les réseaux sociaux professionnels. Les méthodes les plus efficaces de sourcing de talent en Chine sont dans l’ordre : l’agence de recrutement, spécialisée dans un secteur en particulier ; elles mâchent tout le travail de fondation derrière la création d’un réseau personnel et la collecte de profils. Puis vient le réseau personnel du recruteur, des employés de l’entreprise : mise en contact direct avec les candidats grâce à une relation fiable ; LinkedIn: les utilisateurs en Chine ont pour majorité un profil à jour et sont actifs sur le site. Enfin, il y a la page d’offres d’emploi du site internet de l’entreprise. Une stratégie efficace de recrutement est la combinaison de tous ces éléments. Quels sont les pièges à éviter en matière de recrutement en Chine ? Le recruteur doit trouver pour son client une

personne qui connait bien la culture et le fonctionnement de l’entreprise concernée ainsi que ses produits. Chaque candidat approché et les personnes recrutées doivent faire l’objet d’un suivi régulier pour mesurer leur ouverture au marché et prévoir les changements dans leur vie personnelle. Ensuite, il faut définir de manière claire et concise les conditions salariales des employés, en particulier chinois. En effet, en cas de rupture de contrat, les salariés chinois ont souvent tendance à se référer au contrat. Enfin, une entreprise lorsqu’elle implémente sa stratégie de recrutement doit prendre en compte l’importance du branding. En effet, d’après un récent rapport d’Hudson : 98% des professionnels chinois considèrent l’image de l’entreprise comme élément important dans leur décision de candidater à un poste. Quid enfin de la formation continue ? Estce un point important pour les nouveaux cols blancs chinois ? La formation continue est importante pour les cols blancs chinois. Certaines entreprises envoient donc leurs meilleurs employés en formation continue à l’étranger (en Europe, par ex.). Ce type d’activités permet d’occidentaliser le personnel, d’améliorer leurs compétences et s’accompagne souvent d’une promesse de promotion au retour. Cependant, la démarche des employeurs est plus de former des superviseurs et des managers agissant comme modèle de comportement au travail plutôt que d’un réel intérêt et effort pour le développement de la carrière de leurs personnels. De plus, une sanction s’applique aux personnes qui ne veulent pas assister aux formations. Les employeurs chinois doivent s’investir dans le perfectionnement de leur personnel afin de non seulement améliorer leur productivité mais aussi de réduire le phénomène de turn-over en créant un sentiment d’appartenance. Propos recueillis par P. Ti.


Imagine China DR

Areva en Chine Une entreprise, deux histoires L a par o l e à

An to ine Z h a ng Senior vice-président & responsable régional des ressources humaines - Areva Asie

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ême si Areva collabore en Chine exclusivement avec des entreprises d’Etat (State Grid, South Grid, chemin de fer, pétrole et gaz, etc. pour la partie transmission et distribution (T&D) jusqu’en 2010 // CGNPC ou CGN et CNNC pour le nucléaire), le business diffère d’un secteur à l’autre. Dans le secteur de T&D, la prise de décision reste en effet aux mains des entreprises alors que dans le nucléaire, les décisions sont prises principalement par la NDRC (National Development and Reform Commission) et parfois même au plus haut niveau de l’Etat. Face à cette situation spécifique, nous avons mis en œuvre une stratégie RH adaptée. Pour les T&D (1 000 salariés au siège d’Areva

Chine et dans nos 5 JV dans lesquelles Areva est majoritaire), nous avons ainsi créé ou renforcé jusqu’en 2010 : • le processus et le suivi de recrutement pour cibler les meilleurs talents • la formation locale et la formation localisée afin de satisfaire aux besoins locaux • l’harmonisation de rémunération entre les différentes entités pour mieux faciliter la mobilité interne et donc le développement de carrière • l’alignement de bénéfices avec les ‘‘best practices’’ du marché • l’identification des Hipo (high potential) et l’établissement de plans de carrière individuels Cette stratégie et les actions associées ont obtenu un soutien total de la direction d’Areva T&D. Toutes les business units de notre groupe ont su parfaitement travailler avec la fonction RH en Chine. Et en 4 ans, nous avons triplé localement notre effectif T&D (le chiffre d’affaire a également été multiplié par trois!). Nous avons également augmenté le nombre de JV, passant de 5 en 2006 à 14 en 2010. La plupart de fonctions support étaient alors gérées localement. Parallèlement, nous avons donné un coup d’accélérateur à nos activités liées au nucléaire. En remportant le contrat pour la construction de la centrale nucléaire de Taishan (Guang-

dong), nous sommes en effet garants du design, de l’ingénierie et des composants clés de l’équipement. En termes de RH, nous envoyons nos experts depuis l’Europe pour former les ingénieurs locaux de nos clients. Nous avons donc adopté deux stratégies RH distinctes entre nos activités T&D jusqu’en 2010 et nos activités nucléaires. Longtemps, nous n’avons recruté localement sur Taishan que des postes administratifs (assistants, documentalistes, etc.). Ce n’est qu’en 2012 qu’Areva a décidé de mettre en place une équipe dirigeante, basée à Pékin, dédiée exclusivement au marché régional, incluant la Chine. Il a été décidé de constituer un comité de management Asie/Chine, alors composé de 11 expatriés sur 12 membres ! Ce qui est disproportionné. Pour pallier ce problème, nous avons de suite mis en place une stratégie qui permet à des managers européens d’amener leur savoir-faire en Chine et de recruter des talents locaux pour les sensibiliser à la culture d’entreprise, aux processus et méthodes internes. Ce programme permet également de faire travailler ensemble les managers expatriés et locaux pour compléter les compétences du groupe en local. Vue la nature des business d’Areva, nous avons toujours besoin d’un nombre raisonnable d’expatriés de haut niveau. Mais nous devons aussi développer la force de travail de nos talents locaux. C’est capital pour la réussite d’Areva en Chine.

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Imagine China

Analyse

Comprendre les motivations des talents chinois…

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pour mieux les fidéliser

Er ic Tarc h o u ne Fondateur et directeur général – Dragonfly Group

Dotée d’une population importante, réputée travailleuse, diligente et possédant une farouche volonté d’amélioration constante de ses capacités de développement personnel et professionnel, la Chine connait toutefois un manque criant de personnel qualifié à certains postes (marketing, vente, RH, experts, etc.) ainsi qu’au niveau de l’encadrement, ce qui place le management des talents, véritable avantage concurrentiel, au centre des préoccupations des entreprises françaises.

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n mettant en œuvre une véritable démarche stratégique de captation des talents, la DRH joue un rôle crucial, d’abord dans l’attractivité de l’entreprise auprès de la population cible ( jeunes diplômés comme salariés plus expérimentés), en relation avec la direction générale et les directions opérationnelles et de la communication. Ensemble, elles établissent le contenu du message destiné à attirer les talents (ancrage local, culture de développement des carrières, savoir-faire et innovation par exemple) et les supports de communication auprès de ceux-ci. Ensuite, en utilisant des solutions performantes visant à déterminer l’adéquation entre le profil des candidats et le poste à pourvoir, on vise à sélectionner des profils qui vont s’épanouir dans leur activité, constituer un vivier de talents (« talent pool ») et contribuer à la performance générale de l’organisation sur le long terme. Dès l’arrivée des nouvelles recrues, le processus d’intégration - mis en place

« On croit souvent que le salaire est le seul élément déterminant dans le choix de l’entreprise par les candidats, alors que les opportunités de formation, de développement des compétences ainsi que la progression de la carrière sont plébiscitées, avec en plus chez certains la recherche d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et carrière. »


« Créer et développer la confiance et le respect mutuel entre salariés chinois et français est une mission difficile mais essentielle, reflet de l’importance du concept d’harmonie sociale dans la pensée chinoise. Les salariés attendent de leur employeur qu’il sache susciter des relations sereines à tous les échelons de l’organisation, privilégiant un management plus paternaliste que celui pratiqué en France. »

et piloté par la DRH en relation avec les responsables de départements – doit permettre aux nouveaux salariés de prendre leurs marques au sein de l’organisation, d’en comprendre la culture organisationnelle afin de faciliter leur prise de poste et leur développement dans la durée. Le recours aux pratiques de mentoring (accompagnement par un cadre expérimenté de l’entreprise), de journée ou semaine d’intégration ainsi que du « onboarding » coaching (accompagnement initial par un coach extérieur à l’entreprise) vise à accélérer l’intégration des salariés dans l’entreprise. La formation aux règles, attitudes, méthodes de travail doit être réalisée car elle est attendue par les employés chinois, en quête de repères au sein d’une organisation nouvelle pour eux. Rémunération & formation La politique de rémunération globale (C&B, Compensations & Benefits) mise en place par l’entreprise doit être équilibrée et proche de celle des autres acteurs de son secteur d’activité. Innovante, anticipant les évolutions du marché, elle se complexifie au fur et à mesure de la croissance de l’entreprise. C’est pourquoi de nombreuses sociétés mettent en place des formules à la fois individuelles et collectives, répondant au besoin de protection de leurs talents clés. De même, l’acquisition de nouvelles compétences permettant le développement durable de l’employabilité, alliée à un

fonds culturel privilégiant l’éducation tout au long de la vie, illustre le rôle clé que joue la formation non seulement dans le développement de l’entreprise en Chine mais aussi dans la fidélisation de ses talents. En effet, il manque encore fréquemment aux jeunes talents chinois les compétences requises par les entreprises (leadership, créativité, expérience pratique, capacité à travailler en groupe, empathie, ouverture sur le monde, etc.) afin d’exceller à des postes de responsabilité en entreprise. On croit souvent que le salaire est le seul élément déterminant dans le choix de l’entreprise par les candidats, alors que les opportunités de formation, de développement des compétences ainsi que la progression de la carrière sont plébiscitées, avec en plus chez certains la recherche d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et carrière. Harmonisation des relations entre Français et Chinois. Créer et développer la confiance et le respect mutuel entre salariés chinois et français est une mission difficile mais essentielle, reflet de l’importance du concept d’harmonie sociale dans la pensée chinoise. Les salariés attendent de leur employeur qu’il sache susciter des relations sereines à tous les échelons de l’organisation, privilégiant un management plus paternaliste que celui pratiqué en France. L’attachement des salariés à leur respon-

sable direct est y ici bien plus fort, son départ entraînant souvent des démissions au sein de son équipe. Pour comprendre les relations liant le chef à son équipe, il est nécessaire d’intégrer le fait que la relation va au-delà du temps de travail passé ensemble, elle est émotionnelle et s’illustre par de multiples interactions sociales, des sorties communes au restaurant, au karaoké, des pratiques festives et culturelles collectives (mariages, naissances, etc.) voire la connaissance d’autres membres de la famille du salarié (qui peuvent jouer un rôle important dans la relation entre le salarié, son responsable hiérarchique et l’entreprise). La puissance de la relation entre le manager et son équipe peut servir de base solide à la mise en place d’une culture de management par objectifs pour récompenser l’atteinte de ceux-ci. Les Chinois ont une culture davantage orientée vers le résultat, la fin important bien plus que le chemin parcouru et les moyens utilisés pour parvenir au but. Les talents (notamment ceux issus de la Génération Y) veulent être reconnus par leur hiérarchie, associés aux objectifs et aux projets de l’organisation afin de se sentir part intégrante et contributive de cette dernière qui leur offrira un cadre de référence identitaire stable, vecteur de socialisation et de fidélisation. Expatriés et passeurs culturels Afin de bâtir puis de consolider cette culture d’entreprise orientée vers le management des talents, la présence d’expatriés joue un rôle majeur. Porteurs des valeurs de l’entreprise d’origine, ils possèdent une solide expérience de leur métier, une bonne crédibilité professionnelle, une ouverture d’esprit leur permettant de bien communiquer. Une préparation adéquate de ces expatriés est néanmoins utile pour les aider à comprendre et accepter le point de vue chinois afin d’établir de bons rapports avec ceux-ci, ce qui facilitera grandement le transfert de leur savoir-faire localement. L’une des clés majeures de la réussite en Chine des entreprises françaises se trouve dans l’intelligence d’hommes et de femmes unis dans une aventure collective conjuguant harmonie sociale et objectifs marchands. Les entreprises françaises qui obtiendront la fine alchimie issue d’un management des talents plus empathique, à la fois centré sur l’individu tout en étant orienté vers le groupe, pourront compter sur un personnel local engagé et loyal, fédéré autour du « vivre et travailler ensemble », véritable épine dorsale de leur développement économique en Chine.

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Coopération France-Chine

Beno it S evc ik Conseiller Santé et Affaires Sociales Ambassade de France en Chine

Imagine China

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Analyse

Emploi, Santé & Sécurité au travail La France et la Chine sont engagées depuis près d’une décennie dans un partenariat étroit dans les domaines du travail, des politiques de l’emploi, de la santé et la sécurité au travail et du système de protection sociale. De nombreux échanges d’experts ont été organisés entre les deux pays. Nos représentations au Bureau international du travail (B.I.T.) à Genève ou dans le cadre des G20 successifs ont noué des relations de respect, de confiance et de proximité. La présidence chinoise du G20 en 2016 va nous donner l’occasion d’approfondir ce partenariat et d’en faire une des priorités de nos coopérations.

C’

est une dimension commune de toutes les coopérations institutionnelles que nous menons avec la Chine que de favoriser les échanges d’experts, de contribuer à faciliter la vie de la communauté française expatriée et d’appuyer l’action de nos entreprises. Grâce au dynamisme de la Chambre de commerce France Chine, nous avons ainsi eu l’occasion au cours de l’année 2015 de développer les échanges entre les responsables des ressources humaines de nos entreprises implantées en Chine et les experts missionnés pour coopérer avec la Chine par le Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, le Ministère du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social grâce au soutien du MAEDI. Des réunions ont ainsi été organisées à l’Ambassade de France les 23 mai et 30 novembre 2015 respectivement sur

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« Le développement du capital humain et le fonctionnement efficient du marché du travail sont des leviers essentiels pour l’affirmation pérenne de la Chine comme une grande puissance économique mondialisée et pour la préservation de sa cohésion interne. »

la négociation de l’accord de sécurité sociale et sur les relations du travail et la formation professionnelle. Ce dernier événement a permis de mettre en valeur l’action d’une de nos entreprises en matière de responsabilité sociale des entreprises. 2016 nous donnera sans nul doute l’occasion de poursuivre cette dynamique. Echanges multilatéraux La France est, comme toujours, déterminée à ce que l’emploi soit un sujet majeur des échanges multilatéraux. Elle l’a concrétisé à nouveau, le 11 juin 2015, par la signature d’un nouveau partenariat avec le Bureau International du travail lors de la Conférence Internationale du Travail à Genève. Ce partenariat met notamment l’accent sur les six axes de coopération suivants : la dimension sociale de la mondialisation, la réduction de la pauvreté par la création d’emplois, la sortie de l’économie informelle et la promotion des droits fondamentaux au travail, y compris la lutte contre le travail des enfants ; la respon-


« La réforme du système de formation professionnelle fait de même l’objet d’une attention soutenue des autorités : en 2014, près de 30 milliards de dollars ont été consacrés à l’éducation professionnelle dans le secondaire et 24 milliards dans le supérieur, soit une augmentation de l’ordre de 60 % par rapport à 2009. »

sabilité sociétale des entreprises ; la recherche ; la protection sociale. Dès le lendemain, le 12 juin 2015 à Paris, le Ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social signait avec le Ministère des ressources humaines et de la sécurité sociale chinois un mémorandum d’accord sur une coopération technique entre nos deux pays dans le domaine des politiques de l’emploi, de la législation du travail, du dialogue social et de la formation professionnelle. Ce renouvellement de notre coopération a donné récemment lieu à la venue à Pékin d’une mission d’experts délégués par la Direction générale du travail, Pôle emploi et l’Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA). Outre des échanges nourris avec l’administration chinoise du travail, les bureaux en Chine du BIT et de la Banque mondiale et plusieurs organismes de formation professionnelle, cette mission a été l’occasion d’un séminaire sur les relations du travail et la formation professionnelle à l’Ambassade de France. Ce séminaire ouvert aux responsables des ressources humaines de nos entreprises implantées en Chine a été l’occasion d’échanges sur la prévention et la médiation des conflits du travail en France et en Chine. Il a également permis de valoriser l’action en matière de Responsabilité sociale des entreprises d’Orange (projet « JAC ») et de faire connaître le projet d’une ONG française (Ressources Humaines sans frontières) à Shenzhen pour démontrer l’efficience dans le contexte chinois d’une gestion responsable des ressources humaines. Cette coopération entre les Ministères chinois et français du travail devrait se poursuivre en 2016 par la

tenue de séminaires croisés sur les relations du travail, la santé et la sécurité du travail (notamment dans le cadre de notre partenariat avec la State Administration for Work Safety), les droits des femmes au travail … Accès à l’éducation professionnelle En dépit de progrès incontestables qui ont permis de renforcer la législation du travail depuis la loi de 1995, la question de l’emploi et les relations du travail demeurent des sujets de préoccupation pour les autorités chinoises. Le développement du capital humain et le fonctionnement efficient du marché du travail sont en effet des leviers essentiels pour l’affirmation pérenne de la Chine comme une grande puissance économique mondialisée et pour la préservation de sa cohésion interne. Les questions d’ajustement de l’offre et de la demande sur le marché du travail deviennent cruciales dans un contexte de vieillissement accéléré de la population et de recul programmé de la population active. Si le taux de chômage urbain reste faible (de l’ordre de 5 %), le taux de chômage national demeure incertain et la recherche d’emploi des jeunes diplômés devient plus complexe. On estimait à la fin de l’année 2014 que près de 5 millions de postes étaient vacants, tout particulièrement pour les techniciens spécialisés. Des mesures nationales récentes visent à favoriser la mobilité géographique de travailleurs, notamment par l’assouplissement du dispositif de hukou et l’accès des migrants (280 millions de personnes) aux services publics essentiels et aux droits sociaux dans leur commune de résidence. La réforme

du système de formation professionnelle fait de même l’objet d’une attention soutenue des autorités : en 2014, près de 30 milliards de dollars ont été consacrés à l’éducation professionnelle dans le secondaire et 24 milliards dans le supérieur, soit une augmentation de l’ordre de 60 % par rapport à 2009. Parallèlement, un programme de 100 villes pilotes de la réforme du système de formation professionnelle a été lancé en 2013 et renouvelé en 2015. En août 2015, le MOHRSS et le MOFCOM ont pour leur part publié une circulaire sur un projet pilote de réforme du système d’apprentissage dans l’entreprise qui prévoit des subventions aux entreprises participantes. Dans ce contexte, la formation professionnelle s’affirme comme un élément transversal de nos coopérations avec la Chine en matière d’échanges humains. Portabilité des droits sociaux Notre coopération en matière de protection sociale est de même un élément essentiel de nos échanges avec les autorités chinoises. Nos entreprises sont souvent confrontées en Chine à la question de la portabilité des droits sociaux des salariés originaires d’autres provinces que leur lieu d’exercice professionnel. Pour parvenir à édifier un système de sécurité sociale qui ne soit plus fragmenté, les autorités chinoises se sont associées à l’Union européenne pour développer un programme (European Union China Social Protection Reform Project) qui comprend différents volets. Le volet consacré à la réforme du système des retraites est animé par un expert français appuyé par Expertise France. L’Ecole Nationale de la Sécurité sociale entretient, à la demande des Ministères concernés, une coopération en matière de formation des cadres de l’administration chinoise de sécurité sociale. Enfin, la négociation de l’accord de sécurité sociale est parvenue en 2015 à son terme et devrait faire l’objet d’une très prochaine signature officielle. La grande inégalité des taux de couverture sociale entre les deux pays n’a pas rendu possible l’extension de son périmètre à toute la communauté expatriée et l’accord se focalisera, comme les accords signés par d’autres pays européens, sur les personnels détachés en Chine. Nous avons bon espoir que les évolutions rapides constatées en Chine en matière de protection sociale nous offriront une fenêtre pour le réviser et l’étendre dans quelques années. Dans son discours du 1er mai 2015, le président XI soulignait que les relations du travail sont parmi « les plus fondamentales » des relations sociales. Nous poursuivrons en 2016 nos coopérations pour soutenir les évolutions en Chine dans ce domaine, promouvoir le modèle social français et appuyer par là-même les acteurs du rayonnement économique de notre pays en Chine. Benoit Sevcik

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Imagine China

Ressources humaines

Les enjeux de la formation Entreprise française cherche profils biculturels. Urgent. » Ce genre de « SOS » n’est assurément plus en Chine une exception. « Le temps des expatriés est révolue », assène ainsi Michel Gutsatz, doyen associé, directeur MBA/DNA de la Kedge Business School (voir ci-après). Conséquence : l’heure est au recrutement de profils locaux et bien formés. « Or, les entreprises étrangères – françaises inclues – sont confrontées à un vrai manque de talents chinois formés à l’international ». Et ParisTech Review de relever – dès 2012 – qu’en Chine « de nombreuses multinationales ont commencé à réduire leur nombre d'expatriés. Mais elles sont confrontées à une difficulté imprévue: attirer, former et retenir les cadres locaux, indispensables pour saisir les particularités du marché chinois. » Depuis (et même avant) : de nom-

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Connexions HIVER 2015-2016

breuses écoles « made in France » – positionnées en sciences dures, gestion et management mais aussi en sciences humaines et sociales – ont multiplié les échanges vers la France et les formations, parfois sur-mesure pour un public chinois, délocalisées à Pékin, à Shanghai ou ailleurs. Avec 10 000 étudiants accueillis chaque, la France est ainsi classée 5ème pays le plus attractif au monde, vu de Chine. « Loin néanmoins derrière les pays anglo-saxons, qui trustent les premières places, dont les Etats-Unis : 300 000 étudiant chinois sur les 400 000 qui chaque année commencent un cursus à l'étranger », précise Cédric Barrier, co-fondateur en 2008 de Pharos Education, agence de conseils en stratégie spécialisée dans l'enseignement supérieur, qui propose depuis 3 ans des programmes de préparation à la mobilité à l'étranger à destination d'étudiants chinois. Ces pro-

grammes qui se déroulent sur des périodes de 2 à 11 mois, préparent également les étudiants à leur première expérience professionnelle via l'acquisition de " soft skills " à travers 5 blocs pédagogiques (langue, méthodologie, culture générale, introduction à leur spécialité et développement personnel). « Nous essayons de donner une "roadmap" à l'étudiant pour pouvoir lui permettre, sur la base d'un projet d'étude et professionnel, de capitaliser ce sur quoi il est bon et de s'améliorer là où il a une marge de progression », explique Cédric Barrier. Une absolue nécessité dans un monde de l’éducation de plus en plus en concurrence pour capter les meilleurs qui seront demain (et pour beaucoup déjà, dès aujourd’hui) les cadres à hauts potentiels de nos entreprises. P. Ti.


Trois questions à…

M ath ie u Au s s ei l

Coordinateur national Campus France en Chine Adjoint de l’Attaché de coopération universitaire (Ambassade de France)

Quels sont les profils des 10000 étudiants chinois qui chaque année partent étudier en France ? La France attire d’excellents profils d’étudiants chinois. Ainsi, l’année dernière, ce sont des étudiants qui étaient pourtant admis dans des universités chinoises de prestige qui ont préféré partir en France pour étudier dans les universités technologiques de Troyes, Compiègne ou Belfort-Montbéliard. Les établissements qui attirent le plus de Chinois sont ceux qui sont le plus actifs en Chine. Cela explique en partie le fait que les étudiants chinois se dirigent principalement vers les grandes écoles, qui ont globalement pris ce virage avant les universités. Mais ce phénomène trouve également son origine dans le fait que les étudiants chinois sont particulièrement sensibles aux classements internationaux qui font la part belle aux écoles de commerce françaises (HEC et ESSEC dans le top 3 du classement 2015 du Financial Times) et à nos écoles d’ingénieur. La France est classée au 6e rang des pays attirant le plus d’étudiants chinois, loin derrière les pays anglo-saxons (EtatsUnis en tête). Comment améliorer l’attractivité de l’offre tricolore ? Elle est en l’occurrence très bien placée, puisque

nous sommes le premier pays d’Europe continentale pour l’accueil des étudiants chinois. Toutefois, notre offre à destination des étudiants chinois est pour l’instant trop peu diversifiée. Par exemple, nos grandes écoles payent la rançon de leur succès par un risque de saturation à moyen terme. Former à la française plus d’étudiants chinois suppose donc une mobilisation des universités au-delà des formations sélectives (IUT, IEP, IAE, etc.) qui constituent les quelques bastions déjà bien identifiés par les étudiants chinois. Elle est également trop peu diversifiée par domaine d’études puisque les demandes des Chinois sont concentrées à 60 % sur les formations en gestion et en ingénierie. Il nous faut arriver à faire connaître en Chine nos formations d’excellence en sciences fondamentales, en sciences humaines et sociales ou encore en patrimoine et architecture.

Pourquoi les alumni chinois ayant un parcours en France sont-ils particulièrement appréciés des entreprises tricolores ? Pour trois raisons principales. D’abord pour leur profil biculturel (français-chinois), voire très souvent « triculturel » et « trilingue » (français-anglais-chinois), ce qui est encore très rare en Chine. Pour leur connaissance du monde du travail français via les stages obligatoires effectués durant leurs formations. La plupart d’entre eux possèdent une première expérience professionnelle en France avant leur retour en Chine. Enfin et assez naturellement, ils sont très appréciés pour leur ouverture vers l’international et leur capacité d’adaptation dans un contexte professionnel non-chinois. Propos recueillis par P. Ti.

A retenir

Club France

DR

« Les étudiants chinois sont très sensibles aux classements universitaires »

Club France Le nombre total d’étudiants chinois actuellement en cours d’études en France s’élève à environ 35 000 inscrits, avec un flux annuel de plus de 10 000 Chinois qui partent étudier en France. Afin de maintenir une relation spéciale entre la France et ces jeunes chinois francophiles et francophones de retour dans leur pays, l’ambassade de France en Chine a lancé Club France en octobre 2008. Le réseau s’étend à toute la Chine et

compte plus de 9 000 membres actifs et près de 20 000 inscrits à sa lettre d’information mensuelle. L’inscription – libre et gratuite – à Club France est réservée aux personnes de nationalité chinoise, ayant effectué leurs études en France, réalisé un stage ou justifiant d’une expérience professionnelle d'au-moins un mois en France, ou ayant été diplômé d’une formation supérieure française en Chine.

Connexions HIVER 2015-2016

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A retenir

A la loupe

Instituts franco-chinois

Club France

Les instituts franco-chinois (IFC) de coopération universitaire offrent des formations d’excellence accréditées par l’État français et le ministère chinois de l’Éducation, dans les domaines de l’ingénierie (ECPk, IFCEN, SIAE, SPEIT, UTSEUS) et des sciences humaines et sociales (IFC Renmin)1.

Comment recruter les membres de Club France ? Les entreprises ont la possibilité de faire paraître leurs offres d’emploi sur le site de Club France. Par ailleurs, chaque année, depuis 5 ans, l’ambassade de France en Chine et les consulats généraux de France organisent le Forum Emploi Club France. Il s’agit d’une occasion unique pour les entreprises de recruter un ancien alumni chinois en France. Les entreprises françaises et chinoises peuvent en effet rencontrer les membres Club France lors d’entretiens au format original (Speed-networking ou entretiens de 10 à 20 minutes). Ces entretiens constituent souvent un premier pas vers une embauche. En 2015, Zhaopin.com, premier site de recrutement en Chine, la Chambre de commerce et de l’industrie de France en Chine, la Jeune Chambre Économique de Pékin et la Zone de développement économique de Wuhan ont renouvelé leur soutien au Forum Emploi. Lors de cette 5ème édition, plus de 500 offres d’emploi ont été proposées par près d’une centaine d’entreprises aux 1 000 membres Club France participants dans toute la Chine.

Chaque programme offre : • une formation de haut niveau scientifique et technologique, • un enseignement ouvert sur le monde dans une dynamique interculturelle avec trois langues (français, chinois et anglais), • une pédagogie fondée sur l’innovation, la créativité et la gestion de projets en étroite synergie avec des industriels, • un accompagnement personnalisé de l’étudiant tourné vers l’écoute de ses besoins, une immersion internationale favorisée par les échanges avec de prestigieux partenaires dans le monde, • une excellente insertion professionnelle grâce aux stages et à la mise en réseau, • des diplômes accrédités par les deux États et reconnus au niveau international. 1. ICARE, institut euro-chinois, spécialisé dans le domaine des énergies propres et renouvelables, est aussi présenté dans ce livret, car il est piloté coté européen par ParisTech.

Implantation des Instituts franco-chinois en Chine

Pékin Tianjin

Wuhan

École Centrale de Pékin Université d'aéronautique et d'astronautique de Pékin École d'ingénieur SJTU-ParisTech Université Jiaotong de Shanghai Institut franco-chinois de l'énergie nucléaire Université Sun Yat-sen Institut franco-chinois de l'université Renmin de Chine Institut sino-européen d'ingénierie de l'aviation Université de l'aviation civile de Chine Université de technologie sino-européenne de l'université de Shanghai Institut euro-chinois pour les énergies propres et renouvelables Université de service et technologie de Centre Chine École sino-française d’ingénieurs de NUST à Nanjing

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Nanjing

Zhuhai

Shanghai Suzhou


IFC Renmin 5 années = 3 diplômes

En chiffres

Répartition des étudiants chinois en France

DR

43 %

P ar o l e à

M ath ie u T h o mas d e la P i n t i èr e Responsable administratif et financier de l'Institut franco-chinois de l'Université Renmin

« Le partenariat noué entre une université d'élite chinoise (l'Université Renmin de Chine) et trois grands établissements français (Kedge Business School, Université Paris-Sorbonne et Université Paul-Valéry Montpellier) nous permet de proposer un cursus extrêmement intéressant, offrant à nos étudiants trois

diplômes au bout de cinq années d'études. Les deux premières années, passées en Chine, sont consacrées aux cours de tronc commun, au renforcement de l'anglais et à l'apprentissage du français. La troisième année s'effectue en France dans l'établissement correspondant à la spécialité parmi les trois proposées (Finance, Gestion des entreprises et Négociation de projets internationaux) avec à la clé le diplôme de licence ou de bachelor. Les étudiants reviennent ensuite en Chine pour valider en 4e année leur licence longue chinoise et suivre les enseignements de spécialité de M1 français. Le cursus s'achève en cinquième année en France avec l'obtention du M2 de l'établissement français. Depuis les débuts de l'institut, nous avons à cœur de former des talents adaptés aux besoins présents des entreprises, mais aussi et surtout les futurs professionnels qui porteront leur développement à moyen et long termes. »

en management, gestion, finances, commerce

23 %

en filières scientifiques (sciences de l’ingénieur, agroalimentaire, biologie, chimie, informatique, physiques, sciences de la terre)

11 %

en langues et lettres

8%

en architecture, arts, culture, design et mode

3%

en tourisme et hôtellerie Source : Campus France

Kedge

Focus

Kedge Business School Kedge Business School est une École Supérieure de Commerce française créée en 2013 suite à la fusion de Bordeaux Ecole de Management et d’Euromed Management Marseille. Cette école a deux campus en Chine, un à Shanghai depuis 2002 et un campus à Suzhou depuis 2010. Cette ouverture s’inscrit « dans le cadre d’une politique de développement de notre activité en Chine depuis 2003 et plus précisément dans celui de la création de l’Institut France Chine en partenariat avec Renmin University of China », précise Michel Gutsatz, doyen associé, directeur des MBA à Kedge Business School. « A Shanghai nous proposons actuellement deux importants programmes :

notre Global Executive MBA dispensé en temps partiel depuis 2002 en France et en Chine et qui compte aujourd’hui 70 étudiants à Shanghai et 50 en France. Depuis 2008, nous avons par ailleurs mis en place un double diplôme avec Shanghai JiaoTong University l’Antai Kedge Executive MBA, avec 36 étudiants cette année, dispensé uniquement à Shanghai », préciset-il. « Nous avons pour priorité également de nouer des relations très étroites avec les entreprises françaises en Chine afin de les accompagner dans leurs besoins en ressources humaines ». Dans ce cadre, un nouveau programme de conférences organisé conjointement par Kedge Business School et la CCIFC est actuellement à l’étude.

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Directeur d'École Centrale Pékin

École Centrale de Pékin Ouverte en 2005, l’École Centrale de Pékin forme en 6 ans des ingénieurs de haut niveau, polyvalents, trilingues (chinois, français et anglais) qui prendront rapidement des responsabilités de tout premier ordre, dans les entreprises en Chine comme en France : après un an d’apprentissage intensif de la langue française, les élèves effectuent deux ans de classes préparatoires avant de suivre un cycle ingénieur généraliste de 3 ans. Créée à la demande du gouvernement chinois en 2005, l’École Centrale de Pékin est la première Grande École d’ingénieurs francophones en Chine. Née d’un partenariat étroit entre le Groupe des Écoles Centrale (France) et l’Université Beihang (Chine), cette École constitue un véritable levier pour le développement des liens économiques entre la France et la Chine, mettant à disposition des entreprises un vivier d’ingénieurs bi-culturels de très haut niveau. « A la sortie, un tiers de nos étudiants diplômés se dirigent vers des entreprises françaises en Chine, un autre tiers vers des entreprises chinoises, en demande d’ingénieurs francophones, et le dernier tiers font un doctorat », précise Gilles Fleury, directeur depuis 2013 de Centrale Pékin, anciennement directeur de la recherche et des relations industrielles de Supélec.

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« Etendre les formations aux industries créatives »

DR

Gi ll e s Fl e u ry

Imagine China

DR

Focus

Trois questions à…

P u Ton g

Ancien DGA du bureau des relations extérieures du ministère chinois de la Culture

Le 15 mai 2015, lors de la deuxième session du dialogue franco-chinois de haut niveau sur les échanges humains, la France et la Chine ont signé à Pékin un accord relatif à la coopération pour la promotion des échanges entre les professionnels de la gestion culturelle pour la période 2015-2017. Pouvez-vous nous expliquer la genèse de cet accord ? Le succès des Années croisées en 2003 - 2005 a permis aux échanges culturels sino-français d'entrer dans une nouvelle ère. L'approfondissement et l'enrichissement de ces échanges sont devenus une question prégnante à laquelle nos deux pays essaient activement de trouver une réponse depuis dix ans maintenant. La Chine et la France se sont en effet rendues compte que les échanges sur la théorie, les connaissances, les expériences et les savoir-faire en matière de management culturel étaient essentiels et devaient être l'une de nos priorités : le management culturel est étroitement lié à la créativité culturelle, qui est à l'origine-même de nos échanges culturels. Il est donc naturel que les accords communs et les expériences acquises pendant ces dix dernières années soient réaffirmés au sein d'un accord gouvernemental, visant à faciliter le développement de nos échanges culturels sur le long terme. La Chine coopère avec de nombreux pays dans le domaine de la culture. Qu’est-cequi distingue d’après vous les formations dispensées par les institutions culturelles françaises ? Les structures culturelles chinoises et françaises participent de manière très active à la


Zoom sur

Opportunités RH Les échanges culturels France-Chine

« Pour le management culturel, ce qui est essentiel, c'est la formation sur le plan humain. Comment élargir l'horizon de nos équipes, animer leurs pensées, stimuler leur créativité : ce sont des points prioritaires sur lesquels la Chine et la France doivent réfléchir ».

conception, l'organisation et la concrétisation de ces formations. Les formations ont lieu alternativement en Chine et en France, ce qui a l'avantage de permettre aux participants d'élargir leur horizon et de rendre les formations attractives. Par ailleurs, la volonté de coopération des deux parties est entière et se traduit pleinement : cofinancement, organisation conjointe. Les participants chinois découvrent l'expérience française par ces formations et ils peuvent s'en inspirer. De leur côté, les intervenants français peuvent mieux connaître les pratiques chinoises et cibler les structures avec lesquelles développer des échanges et des programmes de coopération. Une centaine de nouveaux musées ouvre chaque année en Chine ainsi que des dizaines de salles de spectacle. L’impact, en termes de ressources humaines, est conséquent. Quelles sont d’après vous les compétences les plus recherchées ? La formation sino-française en management culturel est actuellement axée sur les musées et les salles de spectacle. Depuis le début des années 2000, la Chine a connu un essor certain dans ces deux domaines. De son côté, la France a accumulé pendant de nombreuses années de l'expérience et un savoir-faire autour de ces questions, la complémentarité entre nos deux pays est donc évidente. La formation doit désormais s'étendre à d'autres domaines et notamment aux industries culturelles et créatives. D'après moi, il n'y a pas une compétence plus recherchée qu'une autre, tout dépend du domaine. Néanmoins, pour le management culturel, ce qui est essentiel, c'est la formation sur le plan humain. Comment élargir l'horizon de nos équipes, animer leurs pensées, stimuler leur créativité : ce sont des points prioritaires sur lesquels la Chine et la France doivent réfléchir. Propos recueillis par Elodie Franco-Ritz Ambassade de France en Chine

Les échanges culturels occupent une place centrale dans les relations franco-chinoises, qu’il s’agisse des Années croisées France-Chine en 20032005, du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques en 2014, ou depuis dix ans du festival Croisements. Depuis 2013, la France et la Chine ont mis en place des formations professionnelles croisées autour de la protection du patrimoine, de la gestion des musées ou des salles de spectacle. « Face à l’explosion de l’offre culturelle en Chine, il est en effet important que l’offre se structure et se professionnalise, qu’elle prenne pleinement mesure des différents enjeux en termes de direction artistique, de relations avec les publics ou de développement international par l’apport d’un savoir-faire français, c’est là la motivation originelle de ces sessions de formation », précise-t-on à l’Ambassade de France en Chine. « A terme, la France souhaite favoriser l’établissement de relations pérennes entre les institutions de nos deux pays et favoriser l’émergence de projets audacieux et innovants ». Un institut franco-chinois de coopération universitaire devrait d’ailleurs voir prochainement le jour dans le domaine du management des arts et des organisations artistiques et culturelles, ainsi que des industries créatives et du design, fruit de la coopération entre l’Académie centrale des beauxarts de Chine, Kedge Business School et d’autres établissements français prestigieux.

A retenir

1 000 stagiaires Le programme 1 000 stagiaires, permettant de faciliter le recrutement de jeunes stagiaires français en Chine et chinois en France, est désormais opérationnel jusqu’au 31 décembre 2016. Un livret d’information sera disponible prochainement auprès de la CCIFC. Point de contact pour toute question : 1000stagiaires@institutfrancais-chine.com

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RETOURS D'EXPÉRIENCE - focus entreprises

FOCUS ENTREPRISE

DR

Adecco

« En Chine, on est face désormais à un marché ‘pénurique’, avec une demande de travail des entreprises plus importante que l’offre de travail de la population active. Dans certains secteurs, on a 11 postes ouverts, mais seulement 10 candidats. Pour les ingénieurs, c’est pire, 20 postes ouverts pour 10 candidats », selon Fabrice Faure (Adecco en Chine)

Les RH, ce n’est jamais du one-shot Présent en Chine depuis vingt ans, Adecco, numéro Un mondial du travail temporaire, a donné un nouveau souffle à son aventure chinoise en formant en 2011 une co-entreprise avec la société d’Etat FESCO. La nouvelle entité, basée à Shanghai, propose toute une gamme de services RH à ses clients. Fabrice Faure en parle à Connexions.

L

es « RH », Fabrice Faure en a fait sa spécialité : voilà quatorze ans que ce Français évolue dans le monde du recrutement. Après avoir dirigé dans l’Hexagone trois agences Adecco, groupe franco-suisse leader mondial dans l’intérim, le conseil et la formation en ressources humaines (32 000 employés dans 60 pays), c’est à Shanghai que ce cadre a posé ses valises, en plein mois d’août, l’année dernière. Un nouveau départ pour ce responsable de 46 ans, l’occasion, aussi, de se confronter pour la première fois au marché chinois du travail : ses spécificités, sa diversité, ses difficultés également. « La Chine a longtemps privilégié la quantité sur la qualité pour son système d’éducation supérieure. Plus de 7 millions de diplômés quittent chaque année les bancs de l’université. Aujourd’hui, les entreprises ne s’y retrouvent pas », explique Fabrice Faure, en charge des clients français chez FESCO Adecco, la joint-venture formée en 2011 avec le Chinois FESCO, cette entreprise d’Etat créée en 1979 et par laquelle

les premières sociétés étrangères à venir s’installer en Chine dans les années 80 devaient toutes passer pour embaucher du personnel local. « En Chine, on est face désormais à un marché ‘pénurique’, avec une demande de travail des entreprises plus importante que l’offre de travail de la population active. Dans certains secteurs, on a 11 postes ouverts, mais seulement 10 candidats. Pour les ingénieurs, c’est pire, 20 postes ouverts pour 10 candidats » dit-il. Base de données de 300 000 CV Outre les ingénieurs, d’autres profils particulièrement difficiles à « sourcer », détaille Fabrice Faure : « techno-commerciaux », chargés de commerce, mais aussi cadres hautement qualifiés dans la finance ou les I.T. Cette « pénurie » est en fait la conséquence, d’une part, du vieillissement de la société chinoise qui a fait baisser la population en âge de travailler et, d’autre part, de l’inversion très rapide entre les secteurs primaire et tertiaire. Ces 40 dernières années, l’emploi dans l’agriculture a fondu comme neige au soleil (31 % de la population

active chinoise en 2013, contre plus de 70 % en 1978, selon les statistiques officielles) tandis que l’emploi dans les services majoritaires désormais dans la composition du PIB national est passé, lui, de 12 à 38 % au cours de la même période. Du coup, trouver le bon candidat parmi ces ex-ruraux, reconvertis sur le tard dans l’industrie ou les services, et ces cohortes de jeunes diplômés pas tous bien formés, revient presque à chercher une aiguille dans une botte de foin. « Ce n’est pas toujours évident. Il y a des recrutements qui prennent du temps », reconnaît Fabrice Faure. FESCO Adecco dispose pourtant d’une gigantesque base de données contenant 300 000 CV que ses équipes épluchent quotidiennement pour ses clients à la recherche de la perle rare. La plupart de ces clients sont des PME fraîchement arrivées en Chine qui, selon les cas, n’ont pas encore la structure juridique leur donnant le droit d’embaucher du staff chinois ou bien qui ont un service RH interne trop rudimentaire pour gérer le personnel. Dans ce cas, l’outsourcing (l’ex-

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ternalisation complète ou partielle du processus de recrutement vers un prestataire externe comme Adecco) peut être la solution : FESCO Adecco emploiera et rémunérera à son compte le salarié qui, physiquement, travaillera chez et pour l’entreprise cliente. Les sociétés à capitaux 100% étrangers (« WOFE ») ou les multinationales, elles, peuvent faire appel à FESCO Adecco pour d’autres prestations : paye, contrats assurance, relocalisation des collaborateurs dans d’autres villes de Chine, obtention des permis de travail, etc. Viser le long terme Le groupe Adecco (20 milliards d’euros de chiffre d’affaires global) était présent en Chine depuis 1995. Mais faute de partenaire local, il était limité au seul et simple recrutement. « Nous avons allié l’expérience de FESCO sur le marché chinois avec la ‘patte RH’ d’Adecco. On a maintenant toute une palette de services », se félicite Fabrice Faure. « L’objectif, à présent, c’est de travailler avec des entreprises clientes sur le long terme, devenir de véritables partenaires. Les RH, ce n’est jamais du one-shot » plaide le manager. Décathlon, Schneider Electric et Michelin ont fait appel à FESCO Adecco. « À Shanghai, je suis ici pour faire ‘bouger’ le marché français » dit Fabrice Faure. Il espère convaincre d’autres fleurons tricolores et accroître ainsi, petit à petit, son palmarès. « Même si c’est avec les PME qu’on peut vraiment apporter une pierre », conclut-il, philosophe. Raphaël Balenieri

Chiffres clés

650 000

Le nombre de collaborateurs intérimaires employés chaque jour par Adecco dans le monde

100 000

Le nombre d’entreprises clientes suivies chaque jour par Adecco à travers la planète

5 100

Le nombre de bureaux et agences opérés par Adecco dans plus de 60 pays

700

Le nombre d’employés à Shanghai pour la joint-venture FESCO Adecco

8

Le nombre de villes dans lesquelles FESCO Adecco est présente en Chine Source : site officiel du Groupe Adecco(groupe-adecco.fr), FESCO Adecco

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Connexions HIVER 2015-2016

FOCUS ENTREPRISE

Maison France Voyage

Maison France Voyage

Des voyages qui Lancée par la Maison de la Chine, cette nouvelle agence organise pour les entreprises et les administrations chinoises des « voyages RH » combinant formations, rencontres professionnelles et activités touristiques en France. Tour d’horizon avec Elisa Cousseran, directrice du développement de Maison France Voyage.

E

t si la gestion des ressources humaines passait aussi par le voyage, la découverte, l’échange -- loin du bureau -- avec des professionnels du même secteur ? C’est en tout cas le credo de la Maison France Voyage (Fazhongzhijia en chinois), nouvelle agence lancée en 2013 par sa société-mère, la Maison de la Chine. Avec ce nouveau « réceptif France » dédié au séjour des Chinois dans l’Hexagone, le célèbre voyagiste de la place Saint-Sulpice ne promet pas seulement de faire « voyager » : l’objectif, en effet, est aussi de former à la culture française les entreprises et les administrations chinoises qui souhaitent emmener leurs équipes en France dans le cadre de séjours personnalisés, thématiques, combinant formations ad hoc, networking avec des dirigeants locaux, et visites plus touristiques.


Le voyagiste ne promet pas seulement de faire « voyager » : l’objectif, en effet, est aussi de former à la culture française les entreprises et les administrations chinoises qui souhaitent emmener leurs équipes en France dans le cadre de séjours personnalisés, thématiques, combinant formations ad hoc, networking avec des dirigeants locaux, et visites plus touristiques. DR

« forment » « On ne vient pas vers nous pour faire six pays en cinq jours. On fait du sur-mesure », explique Elisa Cousseran, directrice du développement de Maison France Voyage. « On peut faire des choses inimitables. Nos clients ont tout en un » affirme la jeune femme, rentrée à Paris fin 2012 après un passage aux Etats-Unis et 8 années en Chine. Partages d’expériences Dès 2014, par exemple, Maison France Voyage conçoitetorganiselesvisitesenFrancedeShenzhen Airlines, China Southern Airlines et d’autres acteurs de l’aéronautique chinoise, tous venus suivre des séminaires de formation. Cette année-là, l’agence avait également emmené à Paris l’Office du tourisme du Yunnan pour une série de rencontres avec des professionnels du tourisme français, conférences de presse et expositions. Bien sûr, les activités touristiques ne sont jamais loin, car « en rentrant

en Chine, il faut aussi que nos clients puissent pouvoir montrer à tout le monde les photos prises dans les champs de lavande de Provence ! » plaisante Elisa Cousseran. « Mais l’objectif final, c’est quand même que les professionnels des deux côtés nouent des contacts, partagent leurs expériences, et aboutissent in fine à un possible accord de partenariat », dit-elle. La Bretagne : région-clé du business franco-chinois L’idée est aussi de mettre en avant des régions françaises pas tout à fait dans le radar des cadres blancs chinois. Comme la Bretagne, par exemple. « C’est paradoxal, car la région n’est pas encore dans le ‘circuit’ touristique des Chinois se rendant en France, et pourtant, c’est une région-clé pour le business franco-chinois, notamment sur l’agroalimentaire. En plus, la Bretagne a beaucoup d’atouts, c’est une région qui n’est pas chère par rapport aux autres et qui n’est pas connue » poursuit Elisa Cousseran. L’entreprise s’appuie sur un réseau de partenaires pour la logistique, le transport, la restauration, l’hébergement et les formations. « On a cet avantage de la sécurité, du réseau, et d’être Français » résume la responsable. Une belle carte à jouer que Fazhongzhijia veut utiliser pour joindre, en quelque sorte, l’utile et agréable et transformer, petit à petit, la culture des business trips à la chinoise. Raphaël Balenieri

Dates clé

1991

La Maison de la Chine est fondée à Paris par Patricia Tartour

1992-2014

Pilier du Groupe les Maisons du Voyage, La Maison de la Chine acquiert une position de leader sur le marché du voyage en Chine

2000

La Maison de la Chine ouvre un bureau de représentation à Pékin

2013

La Maison de la Chine lance Maison France Voyage/Fazhongzhijia et devient ainsi la seule agence française travaillant dans les 2 sens : France-Chine et ChineFrance

2016

Maison France Voyage lance des voyages thématiques en partenariat avec des entreprises, universités et institutions françaises

Connexions HIVER 2015-2016

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FOCUS ENTREPRISE

Imagine China

Somfy

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Connexions HIVER 2015-2016


Les ressources humaines

E

DR

“du global au local” Tina Lu est DRH Chine chez Somfy, leader mondial des solutions motorisées pour les maisons et les bâtiments : stores, volets, portails… Originaire de Shanghai, cette psychologue de formation apporte aussi un soutien RH dans les autres pays émergents dans lesquels le groupe français est implanté.

lle a fourbi ses armes de DRH chez Total et Lafarge, a passé quatre ans à Dubaï et s’exprime en anglais sans aucune difficulté : le parcours de Tina Lu est à l’image de la montée en compétence de la Chine sur les RH. Cette Shanghaienne pur jus de 45 ans est depuis 2012 directrice des ressources humaines pour la Chine chez Somfy, groupe de Haute-Savoie aujourd’hui numéro 1 mondial de « l’automatisation des ouvertures et fermetures de la maison et du bâtiment » : volets roulants, portes de garage, portails, stores intérieurs et extérieurs... Un rôle que cette diplômée en psychologie résume simplement : « Je fais la liaison entre le global et le local. Mon job, c’est de transférer et d’appliquer les politiques RH conçues au niveau corporate dans les différents pays où nous sommes présents », explique-t-elle tout en énumérant les gros dossiers qui l’attendent en 2016. Parmi eux, justement, il y a le lancement d’une politique RH au Brésil que Tina Lu, depuis Shanghai, va devoir coordonner. « La DRH pour le Brésil est arrivée en novembre dernier. C’est une femme, on devrait bien s’entendre ! Je la rencontrerai bientôt à Cluses, notre siège en France, et puis on continuera à se parler via Skype ». En effet, en plus de ses responsabilités pour Somfy China, cette pro des ressources humaines – 18 années de RH à son actif – vient aussi en appui à ses collègues dans les zones Asie et Amériques. Qu’une Chinoise ait été choisie, par une entreprise française comme Somfy, pour poser les

Chine, mais c’est mon expérience qui a primé », affirme-t-elle à propos de sa double casquette.

La société tricolore, née en 1969, est présente dans 60 marchés à travers la planète : 75 % de son chiffre d’affaires total est réalisé à l’étranger. Le groupe était arrivé en Chine en 1997 et y emploie aujourd’hui 65 personnes, essentiellement en charge des ventes et du marketing pour le marché chinois

fondations d’une gestion des talents…dans une filiale brésilienne, voilà qui fait sourire Tina Lu. « Certes, je suis Chinoise et je vis en

« Notre force : nos salariés » En Chine, le recrutement, la formation, et l’incitation des employés l’occupent du matin au soir. La Shanghaienne a vu ses responsabilités s’élargir parallèlement au développement de Somfy dans le pays. La société tricolore, née en 1969, est présente dans 60 marchés à travers la planète : 75 % de son chiffre d’affaires total est réalisé à l’étranger. Le groupe était arrivé en Chine en 1997 et y emploie aujourd’hui 65 personnes, essentiellement en charge des ventes et du marketing pour le marché chinois. La production, elle, est assurée par les 240 collaborateurs de Lianda, un partenaire basé au Zhejiang avec qui Somfy avait formé une coentreprise, il y a dix ans. Après s’être traditionnellement concentré sur le B-to-B, Somfy China veut maintenant cibler le consommateur final, via le B-to-C. Un changement de stratégie qui impose de reformer les équipes. « Nos salariés, c’est notre principale force. Environ 30 % d’entre eux sont chez nous depuis plus de six ans. Ils connaissent les process, les canaux de vente et les produits sur le bout des doigts. L’inconvénient de ce fort niveau d’engagement, c’est que les ajustements, quand on change quelque chose, prennent un peu plus de temps » remarque Tina Lu. Mais la DRH pourra s’appuyer sur toute une palette d’outils déjà mis au point : plate-forme de e-learning et séances de formation dispensées par des consultants étrangers. Raphaël Balenieri

Chiffres-clé

7 700

Nombre d’employés de Somfy à travers le monde

982

Chiffre d’affaires, en millions d’euros, de Somfy en 2014

Source : site officiel Somfy, Tina Lu, Les Echos

60

Nombre de pays dans lesquels Somfy est implanté

20

Part, en pourcentage, du chiffre d’affaires réalisé (en 2012) dans les pays émergents

4

Nombre de bureaux détenus par Somfy en Chine (Shanghai, Pékin, Guangzhou et Chengdu)

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Imagine China

Enquête Ifop

Les paradoxes de la gestion des RH Depuis 2012 l’Ifop interroge chaque année les chefs d’entreprises membres de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Chine sur l’état de leur activité et les enjeux auxquels ils font face. La gestion des ressources humaines tient une place de premier rang dans les préoccupations de ces dirigeants. Elle se caractérise par la difficulté à appréhender les forces contradictoires qui animent le marché du travail chinois. Une main d’œuvre pléthorique mais un sentiment de pénurie Avec une population active de 810 millions de personnes (selon la Banque Mondiale), dont 500 millions dans l’industrie et les services, on pourrait penser que la main d’œuvre est abordée comme une ressource abondante et bon marché par les chefs d’entreprises. Il n’en est rien, huit dirigeants d’entreprises étrangères en Chine sur dix considèrent que le manque de personnel qualifié représente un risque pour leur activité, au même niveau que les inquiétudes liées au ralentissement économique du pays et nettement devant tous les autres facteurs de préoccupation : conditions d’accès aux marchés, concurrence des acteurs locaux, instabilité financière, protection du droit de la propriété, etc. Ce sentiment d’insécurité des chefs d’entreprise via à vis de la disponibilité des ressources humaines tient essentiellement à trois facteurs : • la pénurie de personnels qualifiés, et plus particulièrement de personnels qualifiés expérimentés, la production par le système éducatif

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Connexions HIVER 2015-2016

et professionnel chinois de profils correspondant aux critères des entreprises étrangères peinant à suivre le rythme effréné de développement de ces vingt dernières années ; • la concurrence sévère entre les entreprises qui favorise des turnovers élevés ; • l’attirance des salariés Chinois pour les entreprises renommées, les grandes marques connues, qui rend d’autant plus difficile le recrutement par les PME, largement majoritaires en nombre parmi les acteurs étrangers en Chine. Dans les secteurs demandant beaucoup de qualifications (services, technologies..) les priorités qui prévalent dans les entreprises basées en occident, à savoir l’idée que la recherche de contrats prime et que les ressources en découlent, se retrouve parfois inversée en Chine : il faut d’abord trouver le bon personnel, les opportunités de marchés font que les contrats suivront. Des coûts de personnel qui croissent mais des compétences qui peinent à suivre.

Les préoccupations des chefs d’entreprises liées à la hausse du coût du travail sont elles aussi de tout premier ordre : neuf chefs d’entreprise sur dix considèrent qu’elles représentent un frein à leur activité, six sur dix qu’il s’agit d’un enjeu pour l’avenir de leur société. Ces observations recueillies auprès des dirigeants d’entreprises membres de la CCIFC se retrouvent d’ailleurs à l’identique parmi les affiliées à la Chambre Européenne. De fait, les salaires progressent vite en Chine. Dans son 12e plan quinquennal, le gouvernement central imposait que la hausse des salaires soit systématiquement supérieure à celle de la croissance. Il en a résulté une hausse moyenne des rémunérations de plus de 10 % chacune de ces cinq dernières années. Au point que, selon l’Organisation Internationale du Travail, le salaire moyen chinois est aujourd’hui trois fois supérieur à celui pratiqué au Vietnam et cinq fois supérieur à celui observé au Pakistan. Sur les postes d’encadrement les plus qualifiés, la loi de l’offre et de la demande fait que les salaires de haut niveau peuvent dépasser sensiblement ceux de leurs équivalents européens.


Christophe Jourdain, IFOP Asia

AMS T ER D AM . BA R CEL ON A . B EIJIN G . BR U SSE LS . H ON G K ON G . ISTA NB U L

Des salariés engagés mais infidèles Une large majorité des dirigeants interrogés par l’Ifop considère que les salariés chinois sont engagés à l’égard de leur entreprise. Un sur deux les disent même « très engagés ». Ils reconnaissent là une faculté particulière des travailleurs locaux à s’impliquer, à travailler sans compter leurs heures, à apprendre, à délivrer pour le compte de leur entreprise. Il y a là un engagement dans le travail plus qu’un engagement dans la durée à l’égard de l’employeur puisqu’il est très fréquent qu’un salarié change d’employeur dans les deux années qui suivent son embauche… le plus souvent pour aller gagner un peu plus d’argent ailleurs. La concurrence sur les salaires est ainsi citée par neuf dirigeants sur dix comme le premier facteur de difficulté pour fidéliser les salariés chinois. Face à cela, les chefs d’entreprises mettent en avant leur culture d’entreprise et la qualité de la relation nouée entre responsables expatriés et salariés locaux comme les principaux facteurs favorisant la rétention.. mais ils ne suffisent souvent pas à fidéliser les salariés dans la durée. A Shanghai on commence cependant à constater une tendance des cadres à ne plus orienter uniquement leur parcours professionnel en fonction de considérations salariales et à privilégier progressivement d’autres critères comme la cohérence de carrière ou la qualité de vie au travail. On retrouve dans ce rapport particulier au travail tel qu’il est transcrit par les chefs d’entreprises membres de la CCIFC tout le dynamisme de la société chinoise : une société dans laquelle, malgré le ralentissement de l’économie, les salariés des entreprises étrangères ou de capitaux mixtes ont conscience de faire partie d’une frange favorisée de la population et sont animés d’une confiance qui les invite à travailler pour progresser dans l’échelle sociale, à être mobile dans leurs parcours pour saisir de nouvelles opportunités, à se projeter sur des perspectives d’avenir. Dans les grandes villes, certains cadres insatisfaits sont même prêts à quitter leur employeur avant d’avoir trouvé un autre job tellement ils savent qu’un poste les attend ailleurs. On est loin du paysage RH de la « vieille Europe ».

Une large majorité des dirigeants interrogés considère que les salariés chinois sont engagés à l’égard de leur entreprise. Un sur deux les disent même « très engagés ». Ils reconnaissent là une faculté particulière des travailleurs locaux à s’impliquer, à travailler sans compter leurs heures, à apprendre, à délivrer pour le compte de leur entreprise.

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MUNICH . NEW YORK . PARIS . SÃO PAOLO . SHANGHAI . STOCKHOLM . SYDNEY

Les chefs d’entreprises étrangères perçoivent cependant un certain décalage entre les rémunérations que le marché leur impose de pratiquer et le niveau de performance des salariés chinois. Un dirigeant étranger sur deux déplore en effet aujourd’hui un manque de performance de ses salariés locaux. Par comparaison, seul un sur six estime que ses salariés expatriés ne sont pas assez performants. Il en résulte un enjeu de compétitivité qui, combiné à l’appréciation du Yuan ces dernières années, pose un problème aux entreprise souhaitant s’attaquer depuis la Chine aux marchés internationaux.

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Abécédaire

CDE F Contrat Comme dans le droit du travail français, il existe en Chine trois catégories de contrats de travail : les contrats à durée déterminée, ceux à durée indéterminée et les contrats conclus pour la durée d’une mission donnée. Après modification de la loi sur le contrat de travail en 2008, un employeur ne peut imposer à un salarié de cumuler indéfiniment des CDD. Un employé qui a été soumis à un CDD pendant deux périodes successives doit voir son contrat de travail, en cas de renouvellement, devenir un CDI. (Sources : INS Global Consulting)

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DÉVELOPPEMENT Le développement des compétences est l’un des piliers de la gestion des ressources humaines en Chine. « Le recrutement doit prendre en compte le fait que le système éducatif chinois ne délivre pas les compétences adaptées au marché du travail, telles les compétences en ingénierie ou en management », relève ainsi l’étude « Les entreprises françaises et allemandes en Chine : des pratiques de management contrastées dans un contexte en mutation » (voir dans ce dossier l’interview de Martine Leboulaire – Entreprises & personnel).

EFFET CISEAU Malgré l’impressionnant effort d’éducation national, comme le relevait une étude (2011) de l’Ambassade de France en Chine, « les besoins d’une économie en croissance de 8 % par an et le plafonnement de la population active (aux alentours de 1.100 millions de personnes) créent un “effet ciseaux” entre l’accroissement des besoins et la pénurie de main d’œuvre ». Ce qui représente l’une des grandes difficultés de recrutement de la main d’œuvre qualifiée, laquelle privilégie souvent les grandes compagnies d’Etat chinoises.

FIDÉLISATION A sonder nombre DRH d’entreprises étrangères en Chine, la fidélisation des salariés chinois est l’un des défis les plus difficiles à relever. Les actifs chinois ressentent le besoin d’évoluer rapidement dans leur poste, tant au niveau de leur rémunération que de leurs responsabilités. Dans ce contexte, relève le site spécialisé archibat.com, « l’évolution de carrière se fait en accéléré dans le but de fidéliser les talents. Dans certains domaines, il n’est pas rare de voir des titres de poste Senior attribués à des personnes ayant seulement 5 ans d’expérience ».


HRST HIÉRARCHIE Le concept de hiérarchie, plus que tout autre, tient une place prépondérante dans la conception chinoise de l’entreprise. « Les employés se doivent d’obéir à leur manager, de la même façon que ce manager doit se référer à son manager supérieur pour certaines décisions, et ainsi de suite », relève l’agence INS Global Consulting (voir interview dans ce dossier de son DG Wei Hsu). « Dans les pyramides sociétales chinoises, les chefs et managers ont pour habitude de ne traiter qu’avec les managers du rang directement inférieur au leur ».

RÉSEAUX SOCIAUX La Chine n’échappe à la révolution numérique en cours dans le milieu RH. Nombre d’entreprises passent désormais en Chine par les réseaux sociaux ou application web pour recruter. Les responsables RH peuvent avoir accès à leurs plateformes de gestion en téléchargeant une application sur leur téléphone portable. « Il y a des fonctionnalités étonnantes : l’expérience professionnelle et le dossier d’un nouvel employé peuvent être consultés en envoyant sa photo par téléphone portable », détaille ainsi un récent article de Paris Tech Review.

SALAIRE MINIMUM Le salaire minimum a été augmenté dans 14 régions en 2015. Selon la Quotidien du Peuple, le salaire mensuel minimum à Shenzhen est désormais de 2020 yuans. Pour un employé à temps partiel, le niveau de salaire minimum horaire à Pékin est passé à 18,7 yuans, ce qui en fait le plus élevé du pays. Le Sichuan a également annoncé le relèvement de son niveau de salaire minimum. Le salaire mensuel minimum y est ainsi passé à 1 500 yuans. Pour un employé à temps partiel, le salaire minimum a été augmenté à 15,7 yuans/heure.

TURNOVER Le taux de rotation (ou turnover) - surtout chez les jeunes diplômés – est l’un des cauchemars des entreprises étrangères en Chine. Selon l’Ambassade de France (2011), un cadre shanghaien change d’employeur tous les 18 mois, en moyenne ; cette même année « plus de la moitié des cadres ont envisagé de changer d’entreprise ». Conséquence : l’engagement des employés dans leur entreprise est l’un des plus faibles au monde. Charge à l’employeur de capter et garder ces talents, à grand renfort de formations et de coûteux plans de carrière.

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CCIFC

Actualités de la Chambre

Forum d’affaires sino-français Déclencher une collaboration forte entre les entreprises françaises et chinoises

L

a Chine entre dans une nouvelle phase de son développement et loin de s’en inquiéter, les entreprises françaises considèrent les transformations de l’économie chinoise comme autant d’opportunités d’affaires. Tel était le message du premier forum d’affaires sino-français organisé les 26 et 27 novembre 2015, un événement dont l’objectif de « déclencher une collaboration forte dans les entreprises françaises et chinoises » a été atteint selon Javier Gimeno, président de la CCIFC. Une première édition prometteuse pour ce forum d’envergure nationale qui a rassemblé plus de trois cents participants, parmi lesquels des ‘keynote speakers’ de renom tels que le DG adjoint de la section Europe du MOF-

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connexions HIVER 2015-2016

COM, le vice président du CICCPS, l’Ambassadeur de France en Chine, l’ancien Ambassadeur de Chine en France ou encore David Baverez, auteur de « Génération tonique ». Parallèlement, quelque soixante-dix intervenants chinois et français étaient venus présenter leurs projets et leurs perspectives de développement. Des perspectives qui s’annoncent plutôt positives dans certains secteurs définis comme prioritaires pour les réformes du gouvernement chinois et pour lesquels les entreprises françaises disposent d’un savoir-faire reconnu. C’est le constat qui est ressorti de ces deux journées au cours desquelles entreprises françaises et partenaires chinois ont pu échanger lors de tables-rondes centrées sur six grandes thématiques sélectionnées par la Chambre pour

répondre aux défis du développement chinois actuel : ville durable; agroalimentaire; tourisme et loisirs; innovation, recherche et développement; ressources humaines et investissements chinois en France. Ville durable Organisé en amont de la COP21, le forum a mis l’accent sur le développement durable, thème en filigrane de toutes les discussions et particulièrement mis en avant dans les échanges sur la ville durable. Comme l’a rappelé François Issard, vice-président de la CCIFC, la ville durable est « un concept qui rassemble des projets holistiques intégrant beaucoup de paramètres à interconnecter (BTP, aménagement urbain, transport, énergie) avec un impératif :


Soixante-dix intervenants chinois et français sont venus présenter leurs projets et leurs perspectives de développement.

dans la coopération universitaire la recherche, l’éducation, les entreprises ou encore les incubateurs. Cependant, certaines problématiques notamment celles liées à la propriété intellectuelle représentent toujours un frein à la coopération pour certaines entreprises étrangères.

être économique et durable en termes de ressources ». Autant de domaines pour lesquels les entreprises françaises ont beaucoup à apporter… et à gagner, la ville durable représentant un marché de 10 000 milliards de renminbi d’ici à 2025. A l’heure actuelle, la France s’est déjà positionnée sur ce secteur, entreprises et gouvernement français travaillant avec trois villes chinoises Shenyang, Chengdu et Wuhan sur des projets qui pourront servir de vitrine à la France et être répliqués un peu partout en Chine. Agroalimentaire 25 millions de nouveaux arrivants sont attendus dans les villes chinoises d’ici 2020. La nécessité de nourrir cette population urbaine de plus en plus exigeante constitue un véritable défi pour un pays qui représente 21% de la population mondiale pour seulement 8% des terres arables. Améliorer la productivité et la qualité des produits, travailler sur la montée en gamme et la diversification de l’offre des produits agro-alimentaires sont autant d’impératifs pour l’avenir d’un secteur dans lequel les entreprises françaises ont une expertise qui couvre toute la chaine de valeur et tous les aspects.

Tourisme et loisirs Corollaire du développement de la classe moyenne, le secteur du tourisme et des loisirs est en plein essor en Chine. La France reste la destination favorite des Chinois, et malgré les défis sécuritaires, les entreprises sont convaincues que le pays peut continuer de tirer son épingle du jeu en s’adaptant aux évolutions du tourisme chinois qui se diversifie. Là encore, il est primordial pour les acteurs de bien comprendre l’influence du digital pour mieux communiquer et capter les touristes chinois. Les savoir-faire français s’exportent et attirent les Chinois qui souhaitent investir dans les domaines tels que la montagne, l’écotourisme, le tourisme thermal, la valorisation et la préservation du patrimoine. Innovation, Recherche et Développement Sujet stratégique majeur dans le contexte de la mutation économique chinoise vers une économie plus productive, plus efficace et plus durable, ce thème transversal est au cœur des réformes du gouvernement avec les plans Made in China 2025 ou Internet plus. La recherche de technologies et l’innovation sont le premier facteur poussant la Chine à s’ouvrir à l’international. Dans ce domaine, des écosystèmes franco-chinois vertueux voient le jour que ce soit

Ressources humaines En Chine, les entreprises sont confrontées à une problématique bien différente de leurs homologues européennes : attirer les talents, mais aussi les retenir. Certaines entreprises étrangères implantées en Chine souffrent du manque de visibilité nécessaire pour attirer les jeunes diplômés. Face à ce constat, différentes pistes de solutions ont été abordées comme le fait de nouer des partenariats avec les universités, proposer des stages pour offrir de la visibilité aux entreprises, ou encore former des managers pour retenir les talents. La formation, les jours de congés et la perspective d’une carrière internationale sont autant de facteurs de rétention des salariés chinois. Investissements chinois en France Les investissements chinois en France, dernier thème plus général qui aurait pu être un « constat de difficultés majeures » a montré que l’optimisme était de mise parmi les intervenants. En effet, la France est de plus en plus attractive pour les capitaux chinois. La Chine se classe au troisième rang pour les flux d’IDE en France, passés de 2,8 milliards de dollars en 2003 à 116 milliards de dollars en 2014. Même si le pays peut encore améliorer son modèle économique et simplifier le droit du travail, la France est aussi accueillante que la Grande-Bretagne ou l’Allemagne. Les Chinois qui souhaitent investir en France s’entourent de bons conseils juridiques, commerciaux et contractuels pour aborder le marché et éviter certaines déconvenues. Vos contacts CCIFC : Nathalie ANIEL Directrice de l’antenne de Pékin aniel.nathalie@ccifc.org

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Actualités de la Chambre

Merci à tous les intervenants ! Ville durable: Frédérik Cornu, BUREAU VERITAS, Director, Key Accounts Management, membre du bureau de la CCIFC CAO Peihui, INVESTMENT PROMOTION BUREAU OF SHANXIAN MUNICIPAL PEOPLE’S GOVERNMENT, SHANDONG PROVINCE, General Director GAO Xia, HONGBANG INVESTMENT CONSULTING CO. LTD, Managing Director Beijing Frédéric Guilloux, ADEN ServicesAlterea, Managing Director Valentin Grimaud, TERAO, China Chief Representative Jean Le Pavec, AMBASSADE DE FRANCE, Conseiller économique SER Martin TZOU, EDF, City Project Development Manager WAN Yiting, SICHUAN INVESTMENT PROMOTION BUREAU, General Director ZHANG Nan, CHINA INSTITUTE OF BUILDING STANDARD DESIGN & RESEARCH, Green Building Manager Philippe Marrec, BUSINESS FRANCE, Chef de Pôle Infrastructure, Transport Terrestre et Industrie Christophe Dedet, ENGIE, Président Energy Services Jacques Foulquier, RENAULT, Vice-Président Projet R&D Nicolas Nie, SAINT-GOBAIN GROUP, Vice-Président APAC Larry WANG, BUREAU VERITAS, Senior Project Manager WANG Jie, SCHNEIDER ELECTRIC, Vice-President Corporate Affairs & Sustainable Development Agroalimentaire: Carole LY, AMBASSADE DE FRANCE, SER, Conseiller Agricole LI Qin, NEW HOPE, Senior Manager Investment & Development Dept. LU Nan, OLMIX, General Manager Damien Monzein, CEVA, Country Manager Yann Morel, COOPERL, CEO YANG Jiashu, GROUPAMA, Deputy General Manager

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Brigitte Zeller, Experte dans l'agroalimentaire, 15 ans en Asie chez Nestlé Xavier Bodenes, CARREFOUR, National Quality and Food Safety Director Sylvain Dronet, ANDROS, General Manager Alexandre Fachinetti, SOPEXA, Directeur Pékin Alban Renaud, ADAMAS, Avocat au Barreau de Paris Guy de Saint-Laurent, ROUGIÉ, China CEO and General Manager Asia Pacific Linda YANG, GROUPE SAVENCIA, General Manager BSI (Tianjin) Foods Ressources humaines: Antoine Zhang, AREVA ASIA, Human Resources Senior Vice-President, Membre du Bureau CCIFC CHEN Haibin, THREEPAPAS, Co-founder Benjamin Denis, MIXEL, General Manager Fabrice Faure, FESCO-Adecco, Account Executive International Sales Sophie de La Noue, ENTREPRISE & PERSONNEL, Representative in China MA Chenggong, Letv UNIVERSITY, Vice-Président ( former President of JD.com University) Caroline Sirieix, AIR FRANCE, Human Resources Director Greater China Daphne WU, TOTAL (CHINA) Investment Co. Ltd., VP HR&Admin Tourisme et loisirs: Benoit Badufle, HORUS Development & Consulting, Managing Director - Monaco Government Tourist & Convention Bureau Asia office Michel Molliet, ACCOR, Senior Vice President Luxury and Upscale Greater China Jean-Raphaël Peytregnet, AMBASSADE DE FRANCE, Consul Général - Premier Conseiller Loic Prilot, AMBASSADE DE FRANCE, Consul adjoint – Responsable du service des visas Ian Stazicker, VALUE RETAIL, Group Tourism Director Emmanuel Suissa, VALUE RETAIL, Directeur du Tourisme ZHANG Dong, OFFICE DU TOURISME DE CHINE, Vice-directeur du Centre de recherche de tourisme

Arthur Courtinat, LES MAISONS DU VOYAGE Directeur Exécutif Lara Boursier, SIMON ASSOCIES, Head of China Desk Capucine Jacquemain, CHÂTEAUFORM’ Vincent Vahramian, ALTIPLANNING, General Manager Master Planner Investissements chinois en France: Emmanuel Gros, BENOIT&ASSOCIES INVESTMENT BANKERS, Co-Founder, membre du bureau de la CCIFC CHEN Peng, DS AVOCATS, Avocat DENG Lijuan, Groupe FURUI Yew Poh Mak, EY, Partner, Transaction Advisory Service Florent Mangin, BUISNESS FRANCE, Directeur délégué de la Zone Chine Anne Marion-Bouchacourt, SOCIETE GENERALE Group Chief Country Officer for China, membre du bureau de la CCIFC Dorothée Pineau, MEDEF, Conseiller d'Etat - DGA Denis Santy, ADAMAS, Avocat associé Emilio WANG, MAZARS, Partner audit & assurance Recherche et innovation: Abdo Malac, AMBASSADE DE FRANCE, Conseiller adjoint pour la Science et la Technologie Paul d'Azemar, SKEMA BUSINESS SCHOOL, Suzhou Campus Director Laurent Bochereau, DELEGATION EUROPE EN CHINE S&T, Minister ounselor Michel Farine, INSTITUT ESR SINO-EUROPEEN, Professeur FENG Shujie, Cabinet LLR China, Associé Yann Lebret, SAFRAN, Ingénieur YANG Shaofeng, AVIC UNITED INNOVATION TECHNOLOGY CO. LTD, CTO YAO Hongbo, INNOWAY, Chairman ZHOU Tao, EDF, Open Innovation Asia Manager ZHOU Wei, XNODE, Co-founder and CEO


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L’envoL des

+(86) 21 5238 5198 (Shanghai HQ) / contact.china@acropolis-associates.com

M&A, Partners identification, Financing: Mrs. Annick de Kermadec-Bentzmann or Mr. Nicolas MILONAS Recruitment & Executive Search: Mr. Nicolas MILONAS or Mr. Stephen FANG Government Affairs in China: Mr. Nicolas MILONAS Portage Salarial, Salary sponsorship, Office renting: Mrs. Suzy MA

Stephen FANG

RessouRces humaines

La nouveLLe donne chinoise

Une offre spéciale s’est glissée dans les bulletins d’adhésion de la CCIFC pour 2016 : 40 % de réduction sur vos publicités dans nos prochains numéros de Connexions ! L’occasion idéale d’accroitre votre visibilité dans le magazine phare de la communauté d’affaires françaises en Chine lu par plus de 20 000 personnes. Et pour mieux cibler votre communication, découvrez en exclusivité les thématiques de nos prochains grands dossiers :

Printemps Eté Automne Hiver

Connexions 77

Sports et loisirs en Chine

Connexions 78

La Chine à l’assaut du monde

La révolution numérique chinoise

Nourrir la Chine

Connexions 80

Vos contacts publicité : Pékin Yinyan Gao : gao.yinyan@ccifc.org Shanghai Morgan Lefevre : lefevre.morgan@ccifc.org Chine du Sud Marc-Olivier Robert : robert.marc-olivier@ccifc.org

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Connexions 79

Votre contact communication : Diane Vandesmet : vandesmet.diane@ccifc.org


A n n uair e d es m em br es Les chiffres clés de 2015

1 603 53 Comité de Patronage (2015)

Membres (2015)

Répartition des membres par secteurs Santé 3%

Communication ICT 4%

Autre6%

Énergie 2% Industrie 29%

ITT 7%

Hôtel 4%

Consommation / Distribution 11%

Services 26% Bâtiment / Travaux publics 3% Agriculture 5%

Notre nouvel annuaire a été publié à la fin de l’année 2015, révélant les grandes tendances de la chambre en quelques chiffres-clés. Des membres en progression constante Plus de 1 603 entreprises ont adhéré à la chambre en 2015 soit une belle progression de plus de 200 entreprises membres par rapport à 2012 tous répartis dans les trois antennes de la CCIFC : Shanghai et la Chine du centre (802 membres), Beijing et Chine du nord (479 membres) et Canton et la Chine du Sud (322 membres). Industrie et services en tête La répartition des membres par services révèle que les secteurs de l’industrie et des services représentent près des deux tiers des membres de la CCIFC à part quasi égale (respectivement 29% et 26%). Une chambre très active ! En 2015, près de 320 événements ont été organisés dans les différentes antennes de la CCIFC, regroupant plus de 14000 participants ! Près de 2 000 personnes ont également participé aux 95 réunions de groupes de travail et de clubs de la chambre.

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Actualités Business Services

Lancement de la plateforme aéronautique sino-française La plateforme aéronautique sino-française s’efforcera d’atteindre trois objectifs majeurs : le développement du commerce bilatéral, l’implantation d’entreprises françaises du secteur et la promotion des investissements chinois sur la filière. La Chambre de commerce et d’industrie france Chine a le plaisir d’annoncer la création de la première plateforme aéronautique sinofrançaise (le Sino-French Aeronautic Network), plateforme dont le but est de promouvoir la coopération économique entre les entreprises chinoises et françaises dans l’industrie aéronautique et favoriser le développement de cette filière en forte croissance en Chine. A l’origine de cette coopération se trouve le partenariat entre la CCIFC et la société Chinoise Naga (North Asia General Aviation Investment & Management) qui a été officialisé au sein de la Maison France-Chine, le 10 décembre 2015, lors d‘une cérémonie de lancement suivie d’une première conférence thématique. Plus de 90 personnes ont assisté à cet événement parmi lesquelles des officiels français et chinois ainsi que les principaux acteurs du secteur aéronautique. Ce secteur est identifié par les deux gouvernements comme « un domaine primordial de coopération entre nos pays ». Une collaboration qui s’illustre selon Philippe Bouyoux, chef du service économique régional

de l’ambassade de France en Chine, par le succès en Chine des fleurons de l’industrie, tels qu’Airbus, dont les avions représentent la moitié de la flotte chinoise ; mais aussi par le développement de synergies franco-chinoises sur toute la filière, de la formation avec l’institut sino-français de l’aviation, à la participation de la société Aéroports de Paris dans la conception du futur aéroport de Chengdu. La plateforme aéronautique sino-française s’efforcera d’atteindre trois objectifs majeurs : le développement du commerce bilatéral, l’implantation d’entreprises françaises du secteur et la promotion des investissements chinois sur la filière. Pour ce faire différentes opérations seront organisées en 2016 dont une délégation d’entreprises qui se rendra en France dès le mois d’avril pour y rencontrer les principaux acteurs de la filière. Si vous souhaitez rejoindre la plateforme et intégrer la dynamique, n’hésitez pas à pouvez contacter Guillaume Bonadei, Directeur du service d’appui aux entreprises de la CCIFC (bonadei.guillaume@ccifc.org).

Un pavillon français sur le salon World of Food powered by Anuga à Pékin Le salon agroalimentaire du Nord de la Chine a été organisé, à Pékin du 18 au 20 novembre 2015. Sous la direction d’Anuga-Koelnmesse, il a rassemblé plus de 600 exposants en provenance de 34 pays et a accueilli 23 269 visiteurs. Pour la première fois, la France a pu y être représentée sous un même pavillon grâce au travail de coordination de la CCIFC. Sept entreprises françaises ont pris part à l’événement, chacune mettant en avant ses points forts et développant son positionnement sur son secteur d’activité. Alors que Rougié faisait déguster ses foies gras, Cooperl a pu promouvoir son savoir-faire dans la production porcine et la charcuterie. Coté fruits,

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T&B vergers a quant à lui présenté ses jus 100 % pomme ou poire et Andros sa gamme de produits et desserts fruités. Côté desserts, Pâtisserie Gourmande a proposé ses biscuits et spécialités bretonnes à la dégustation. Les nouvelles technologies alimentaires était également représentée, avec les produits biologiques d’Olmix-Amadeite. L’opération sera renouvelée cette année, du 16 au 18 novembre, avec un nouveau nom « Anufood China 2016 ». La France y sera à nouveau à l’honneur dans le pavillon animé par la CCIFC. Pour y participer merci de contacter Guillaume Bonadei, Directeur du service d’appui aux entreprises de la CCIFC (bonadei.guillaume@ccifc.org).


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Actualités des Antennes

Grands événements passés Conférence avec les autorités de la ville de Shanghai le 29 octobre

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上 海

SHANGHAI

Les autorités de la ville de Shanghai ont présenté les évolutions de la législation concernant les visas pour les étrangers aux membres de la CCIFC. Plus de 100 personnes ont pu échanger avec les représentants de la police de Shanghai lors d’une séance de questionsréponses.

Le Cocktail de Noël à Shanghai

Plus de 220 membres ont participé au Cocktail de Noël de la CCIFC à Shanghai. En ouverture de ce cocktail, nous avons eu le plaisir d’accueillir le Président de la CCIFC M. Javier Gimeno ainsi que le

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le 9 décembre

Consul général de France à Shanghai M. Axel Cruau. Les membres de la CCIFC ont ainsi pu célébrer les fêtes de fin d’années dans une ambiance chaleureuse et conviviale.


Bo Cao, Chinese Business Manager Titulaire d’un Master en Management des projets internationaux de l’Université de Strasbourg, Bo a étudié successivement en France et a travaillé dans le domaine de marketing digital. Bo a rejoint l’equipe de Shanghai en novembre dernier. cao.bo@ccifc.org

Clôture du Global Manager Program

Premier forum Chine-Afrique le 20 janvier

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le 8 décembre

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Arrivée de...

Le premier forum sur le thème des investissements sino-africains s'est tenu à Shanghai le 20 janvier dernier. Ce forum a été organisé en coopération avec les institutions locales FIC (Federation International of Commerce) et COIC (Chamber Of International Commerce). Les intervenants ont présenté les opportunités d'investissements en Afrique pour les entreprises chinoises en présence du Consul du Nigeria, de diplomates africains, de la présidente d’honneur de la CCIFC et d'une cinquantaine d'investisseurs sino-africains.

La CCIFC Shanghai a été ravie de remettre leur certificat aux participants du Global Manager Program, formation hautement qualifiante délivrée en collaboration avec des professeurs de l’ESCP Europe. La cinquième édition du GMP se tiendra au second semestre 2016. Pour plus d’information, contactez: lopez.anthony@ccifc.org

Groupe de Travail Communication & Marketing

Club Prestige

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Le 15 décembre 2015, la CCIFC recevait deux célèbres influenceurs chinois du domaine de la mode et du luxe. Invités par l’agence VELVET dans le cadre du Groupe de Travail Communication & Marketing, les deux bloggeuses se sont prêtées au jeu des questions-réponses avec une trentaine de participants, avides de comprendre comment les marques peuvent utilement intégrer les leaders d’opinion en ligne dans leur stratégie de communication. Deux heures d’échanges intenses suivis de networking avec l’audience ont permis d’apprendre beaucoup sur cette nouvelle forme de communication.

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le 25 janvier

le 15 décembre

Le 25 Janvier 2016, Patrice Nordey, PDG et fondateur de VELVET, a partagé avec les membres du Club Prestige de la CCIFC Shanghai son expertise de l'impact de la révolution numérique sur l'expérience du consommateur dans l’industrie du luxe. Le but de cette présentation était de répondre aux préoccupations des marques de luxe en présentant l'écosystème numérique et les meilleures pratiques pour l'intégration d’une stratégie en Chine. Cet événement s’est tenu dans le cadre luxueux de l’Hôtel Fairmont Peace à Shanghai.

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Actualités des Antennes

Gala de Pékin

séquence de flamenco interprétée par Wang Ziding. Une vente aux enchères au profit de One+One, association chinoise soutenue par Handicap International, a permis, grâce aux généreux donateurs et aux entreprises ayant fourni de magnifiques lots, de récolter la somme de 50 000 RMB. Nous renouvelons tous nos sincères remerciements aux nombreux sponsors pour leur précieux soutien, tant financier qu'en nature, lors de cette édition 2015.

CCIFC

Le Gala annuel de Pékin clôturait cette année la première édition du Forum d’Affaires franco-chinois organisé par la CCIFC. Il a réuni plus de 700 invités au Sofitel Wanda, autour d’un dîner fin élaboré par l’Executive Chef du restaurant Heritage. Les nombreux convives ont apprécié l’ambiance espagnole de l’opéra de Carmen, avec « Toreador » interprété en duo par le quatuor Hutong Quartet et la chanteuse mezzo-soprano Jin Juijie, suivi par une

CCIFC

le 26 novembre

CCIFC

北 京

PEKIN

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Cocktail de Noël

Séminaire Bienvenue à Pékin

le 17 décembre

le 22 octobre

CCIFC

XIE Bin

Comme chaque année le séminaire Bienvenue à Pékin s’est tenu le 22 octobre dernier dans la nouvelle Maison France Chine. Etudiants, conjoints d’expatriés, personnes en recherche d’emploi et jeunes professionnels ont participé à ce séminaire pour obtenir des informations pratiques sur leur expatriation en Chine.

Organisez vos événements à la CCIFC

CCIFC

XIE Bin

XIE Bin

La CCIFC, nouvellement localisée au sein de la Maison France Chine, a vu grand pour ses membres et partenaires et loue des salles de réunion et un bel espace de cocktail pour leur permettre de profiter de ce lieu d’exception au cœur de Sanlitun. N’hésitez pas à vous renseigner auprès d’Audrey Rehby : rehby.audrey@ccifc.org.

Le traditionnel Cocktail de Noël a été organisé dans nos locaux de la Maison France Chine le 17 décembre dernier autour d’un vin chaud maison bien apprécié de tous. Nos 120 convives ont profité du mini marché de Noël, des nombreux canapés sucrés et salés ainsi que des déliceux fromages tartinés. La soirée s’est clôturée par un tirage au sort animé par les élus du Bureau de Pékin.

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Actualités des Antennes DR

Nouvelle collaboratrice...

中 国 南 部

Marion Xiang Nous avons le plaisir d’accueillir Marion Xiang depuis le 4 janvier 2015 comme Assistante de Bureau à Shenzhen. Marion est en charge du suivi avec les membres Chine du Sud et accompagne le service commercial dans ses missions quotidiennes. xiang.marion@ccifc.org

Chine du Sud (Canton & Shenzhen)

Nouveau club french tech en Chine du sud ! Depuis le mois de décembre dernier, la CCI France Chine à Shenzhen accueille un nouveau venu parmi ses Groupes de Travail et Clubs : la French Tech. Ce Club French Tech, qui a pour vocation de rassembler les startups et autres entreprises françaises spécialisées dans la technologie et le numérique, a déjà réuni plus de 20 participants en deux sessions seulement. Un dossier de labellisation a également été déposé afin d’obtenir, auprès du Ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, le label « French Tech Hub » qui permettra de favoriser les liens « de pair à pair » entre entrepreneurs et de fédérer sous cette bannière commune les divers dispositifs publics français de soutien aux entreprises, nationaux et régionaux. L’objectif est de renforcer la visibilité et la lisibilité de ces dispositifs aussi bien pour les entreprises françaises que pour les acteurs du territoire où est implanté le French Tech Hub.

Nouveau pavillon France @IFE Canton ! du 29 juin au 1er juillet

2016 est synonyme de nouveauté pour la CCI France Chine ! Cette année, l’équipe en Chine du Sud propose à ses membres de promouvoir leurs produits et image sur un des plus gros salons professionnels purement dédié à l’agroalimentaire : l’IFE (International Food Exhibition) tenu du 29 juin au 1er juillet 2016. Le Pavillon France sera présent pendant les 4 jours de foire, qui accueille chaque année 50 000 visiteurs professionnels et 1000 exposants venus de plus de 50 pays différents, répartis sur 40 000 m2 de surface.

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Nouvelle collaboratrice... Sisi Xiao La CCI France Chine accueille au sein de son équipe Chine du Sud Sisi Xiao au poste de Directrice des services RH. Sisi a déjà 12 ans d’expérience comme consultante RH et chasseuse de tête pour le compte de plusieurs grandes entreprises de recrutement et cabinet de chasseurs de tête. Sisi a obtenu sa Licence d’Affaires en anglais à l’université de Technologie du Guangdong. xiao.sisi@ccifc.org

3e édition de la foire aux vins Français à Canton du 16 au 17 janvier

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Toujours à l’initiative des membres du Groupe de Travail Vins & Spiritueux, cette 3e édition de la Foire aux Vins Français, se positionne aujourd’hui comme un salon professionnel digne de ce nom en Chine du Sud. Avec plus de 10 stands par session, plus de 200 000 RMB de chiffre d’affaires consolidé, la Foire aux vins Français prend de l’ampleur chaque année. Durant ces deux jours de foire, du 16 au 17 janvier de cette nouvelle année, nous avons accueilli plus de 300 visiteurs et amateurs.

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Actualités des Membres

Cérémonie de signature de partenariat Moins d’un an après la création d’ Acropolis Entrepreneur Center & Acropolis Capital, un premier accord a été signé qui permet à nos entreprises de s’implanter, tout en bénéficiant de synergies avec des investisseurs, industriels et organismes d’état Chinois. Le 10 Décembre 2015, la cérémonie de signature de l’Accord-cadre de partenariat stratégique entre la municipalité de Wuxi, le cluster System@tic et la plate-forme Partager la Ville a eu lieu à Wuxi. 2 accords ont été signés, l’Accord-cadre global, ainsi que l’Accord pour la pépinière franco-chinoise. Etaient présents, les dirigeants de la municipalité, dont le Maire de Wuxi, le Vice Maire, le secrétaire général, le secrétaire du Parti communiste et le Directeur du Bureau des Télécommunications qui pilote cette coopération. La délégation française était composée de Mme Annick de KermadecBentzmann, Présidente d’Honneur de la CCIFC, Madame Sandrine Berranger du Service Économique du Consulat Général de France à Shanghai, Mme Fadwa Sube, VP du cluster System@tic et Présidente de Partager la Ville, Mme Suzy MA-MILONAS, Fondatrice d’Acropolis Entrepreneur Center, M. Nicolas MILONAS, Président d’Acropolis. La partie française introduira les entreprises de haute technologie françaises dans les domaines de la ville intelligente. L’accord comprend aussi une importante composante liée à la formation des médecins au management hospitalier, à l’utilisation des nouvelles technologies e-Santé.

BIPE: data science au service de la stratégie Dans un monde toujours plus incertain et complexe, l’approche quantitative et la modélisation mathématique offrent des solutions innovantes dans l’orientation des stratégies d’entreprise. Avec une expérience de 60 ans dans le conseil en stratégie fondée sur la maitrise des data sciences, le BIPE propose d’orienter le développement de firmes internationales dans différents secteurs d’activité (distribution & consommation, automobile, aéronautique, transport & logistique, chimie, construction & immobilier, agroalimentaire…). Présentes dans plus de 15 pays dans le monde, les équipes multiculturelles du BIPE issues des meilleures écoles, mettent au service des entreprises, une large gamme de service de Conseil, notamment : prospective de filière, marketing stratégique, prévisions de marché, due diligence en fusion & acquisition, optimisation des réseaux de distribution, etc. Les équipes BIPE de Shanghai et Beijing accompagnent les entreprises européennes dans leur développement sur le marché chinois. Parallèlement, en coordination avec le bureau parisien, elles conseillent des acteurs chinois sur les opportunités de partenariats avec des groupes européens. En 2015, les équipes du BIPE à Shanghai et Pékin ont travaillé avec des entreprises leaders de leur secteur, telles que : Volkswagen Group China, Geely, Anji Logistics, Total, Bosch, BNP Paribas, Michelin. Pour plus de détails, vous pouvez joindre Yuhui Xiong - yuhui.xiong@bipe.fr 0086 185 163 27683

Club Med ouvre son quatrième village en Chine : L’art du tout compris arrive à Sanya ! Suite à la récente ouverture de son quatrième village en Chine, le journal Guangzhou Daily vient de discerner le prix du Meilleur Resort de l’Année 2015 au Club Med Grande Chine. C’est en 2010 que le Club Med ouvre son premier Village d’hiver à Yabuli, dans la province nord de Harbin. En quelques années, Club Med réussit à développer le marché du sport d’hiver ainsi que d’étendre un concept de vacances populaires en Europe à la Chine. En 2013, Club Med ouvre son deuxième village à Guilin, au cœur d’un magnifique paysage de karst bordant la Rivière Li. 2015 voit l’ouverture d’un troisième village sur l’ile de Dong’ao à Zhuhai, transformant cette petite ile en destination touristique internationale. Aujourd’hui, Club Med fête l’ouverture de son nouveau village à Sanya, sur l’ile tropicale de Hainan, qui devrait à son tour attirer son nombre de Gentil Membres en quête de l’Art de Vivre français et du fameux concept du tout compris pour lequel Club Med s’est fondé. Avec ses projets futurs de village de ski et de soleil dans les provinces de Jilin et Zhejiang, Club Med en est loin d’avoir fini de divertir la Chine.

Ats Ingénierie ATS Ingénierie est une société d’Ingénierie Industrielle, spécialisée dans les domaines de la mécanique, automatisme, tuyauterie et installation générale d’usine. Nous fournissons des prestations sur mesure d’études et réalisations de moyens de productions de haute qualité dans une grande diversité de secteurs industriels tels que les Biens d’Équipement, l’Énergie, le Transport, le Nucléaire, L’Oil & Gas ou la Chimie. Notre implantation en Chine (Canton), vise à accompagner nos clients en Asie en leur proposant une offre d’ingénierie complète et fiable localement, et à répondre à des projets industriels à forte valeur ajoutée technique, nécessitant avant tout des ingénieurs qualifiés et une solide compétence en gestion de projet. Fort de plus de 25 années d’expérience dans l’industrie et d’une équipe de 170 personnes dont 50 % d’ingénieurs et cadres, nous travaillons main dans la main pour les plus grands groupes industriels français et internationaux, menant des projets de grande envergure en France comme à l’étranger. Notre filiale Chinoise se concentre notamment sur son expertise en automatisation industrielle. En effet, la constante augmentation des salaires, combinée à une difficulté croissante de retenir les talents ont déclenchés d’importants besoins d’automatiser les procédés de production. Nous proposons donc des solutions clés en main de machines spéciales et lignes de production automatisées intégrant diverses fonctions d’assemblage, soudage, de contrôles et tests... Nous sommes aussi très actifs sur le secteur du nucléaire, afin de de supporter la Chine dans sa transition énergétique. Ayant collaborés avec les grands noms de cette industrie depuis des années en France (Areva, CEA, EDF…) sur de multiples projets, ATS est aujourd’hui une PME reconnue dans ce domaine en France.

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Lecario Branding Consultant (Beijing) travaille en relation avec l'Association d'Arts Visuels Contemporains à Paris. Lecario est spécialisée dans la communication interculturelle entre la Chine et l'étranger. Le design, le brand consultants et l'exposition, l'élaboration des projets marketings et leur diffusion. Lecario occupe une place de choix dans le contexte actuel d'intensification des échanges culturels internationaux, ainsi que dans les domaines de la communication visuelle. Ses compétences sur les plans nationaux et internationaux font d'elle une société phare dans sa spécialité. Lecario est composée d'un personnel hautement qualifié et possède un équipement de pointe. Outre une aide personnalisée aux entreprises, Lecario offre son expérience et sa connaissance du marché occidental afin d'élaborer des stratégies commerciales adaptées au marché chinois. Dans un contexte de modernisation intense du marché, Lecario propose une réponse adaptée aux exigences de la communication culturelle.

Le voyage en France: un atout commercial pour les entreprises françaises sur le marché chinois Maison France Voyage s’associe aux entreprises françaises qui souhaitent faire découvrir leurs produits et leurs univers de marque en France à leurs clients chinois. Les itinéraires, conçus sur mesure, permettent aux clients d’accéder à un univers d’émotions et de sensations lors d’un voyage sur le lieu d’origine de la marque. Ces propositions de voyages participent d’une stratégie de différenciation. C’est ce qu’a bien compris Abafim Prestige, agence immobilière spécialisée dans la transaction avec la clientèle étrangère, installée à Pékin qui propose d’ores et déjà à ses clients, investisseurs, entreprises ou particuliers, de visiter les régions touristiques de France dans lesquelles Abafim Prestige dispose de propriétés à vendre. Le Voyage en France : Un outil RH pour les entreprises françaises en Chine. Maison France Voyage conçoit des voyages en direction des employés chinois des entreprises françaises en Chine. Non seulement, au travers des comités d’entreprises qui proposent à leurs employés des voyages de qualité, mais aussi en partenariat avec les directions afin de mettre en oeuvre des voyages d’études ou de formation sur leur(s) site(s) de production en France. Réceptif France de la Maison de la Chine, Maison France Voyage a été fondé en 2013 et propose des voyages sur mesure, des expériences thématiques et des rencontres en France à la nouvelle clientèle chinoise souhaitant découvrir ou redécouvrir la France.

Omate : de la technologie au service de la mode Omate est une entreprise spécialisée dans la conception hardware et software d’accessoires connectés. Ces accessoires suivent les tendances de la mode et la collection comporte différents modèles de montres et bagues déclinées dans des styles variés. Omate est verticalement intégré et a ses bureaux à Mountain View en Californie et à Shenzhen en Chine. Financé par l’incubateur 500startups, Omate propose une plate-forme clé en main, permettant ainsi aux horlogers et joailliers de créer les accessoires connectés « Powered by Omate » du 21e siècle.

Inauguration d’un deuxième showroom THG Paris à Shanghai THG Paris, marque française de robinetterie de luxe a ouvert sa seconde boutique à Shanghai. Situé dans le quartier du Cimen Market, ce showroom expose la robinetterie comme des bijoux pour offrir, à ses clients, une promenade dans l’univers du luxe à la française. L’inauguration a rassemblé de nombreux designers, medias et amis, ainsi que les représentants de la CCIFC, témoins de cette nouvelle étape dans la croissance de THG Paris. Cette boutique met en avant des pièces issues de partenariats avec des Maisons prestigieuses telles que Baccarat, Lalique, Daum, Christofle ou encore Bernardaud. Les invités ont également pu admirer les nouvelles séries “Monte Carlo” et “Wedding”, fruits de la collaboration avec Manufacture de Monaco. Le savoir-faire unique de ces deux maisons a permis de réaliser des pièces en porcelaine de Monaco serties de cristaux Swarovski, apportant une ambiance princière à la salle de bains. THG Paris a, d’ailleurs, obtenu le prestigieux label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant), récompensant son savoir-faire, l’utilisation de matériaux précieux et la maîtrise de toutes les étapes de fabrication. Cette entreprise familiale qui fête ses 60 ans cette année, se positionne ainsi comme une marque phare du luxe français, équipant des projets résidentiels et hôteliers dans le monde entier.

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Décryptage | Une des médias

REN AU D DE SP E NS

Imagine China

Malgré une croissance en baisse à 6,9 % en 2015, les autorités chinoises misent sur la hausse du pouvoir d'achat des classes moyennes et la révolution de la consommation en ligne pour maintenir le contrat social de la Chine post-maoïste. S'enrichir aura été glorieux, pour paraphraser la fameuse phrase apocryphe de Deng Xiaoping, désormais c'est consommer qui devient l'acte patriotique par excellence.

Les (jeunes) mères chinoises conquièrent le monde

C'

est d'autant plus crucial, qu'aujourd'hui la part des services dans le PIB chinois dépasse les 50 % alors que la production industrielle connaît de plus en plus de difficultés. La consommation compterait ainsi déjà pour près de 60 % du PIB. La presse chinoise, soucieuse de rassurer la population sur les inquiétudes liées au ralentissement économique, publie de nombreux articles dithyrambiques pour encourager les ménages chinois à consommer, et à financer la « révolution de la consommation mobile ».

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Il s'agit d'abord de détourner les masses de la tentation des investissements juteux mais risqués. Un article un peu confus du Nanfang Zhoumo de la première semaine de janvier 2016 intitulé « 2015, la richesse de l'effet de levier », explique que les turbulences boursières qui ont touché la Chine depuis juillet 2015 sont un corollaire des forts niveaux de l'accroissement de l'effet de levier financier, qui avait caractérisé 2014 et le premier trimestre 2015. Pendant cette période, la finance pouvait générer des retours sur investissement supérieurs à 10 fois la mise de départ ; le danger étant que si cela tournait mal, le levier marchait en sens inverse et faisait

perdre dans les même proportions. De nouveaux modes de financement étaient apparus, comme les applications mobiles de crédit entre particuliers (« P2P »), qui avaient augmenté les risques. Le gouvernement, donc, a désormais mis la pression pour faire baisser l'effet de levier, notamment en faisant réduire les crédits bancaires. Cependant, affirme l'hebdomadaire, « l'argent est aveugle », et continue d'essayer d'aller là où il y a le plus de rapport quelques soient les risques, et c'est pour cela que la bulle immobilière, loin d'éclater en 2015, s'est encore agrandie, avec une hausse des investissements immobiliers dans les grandes villes en décembre.


Une plaisanterie qui a beaucoup circulé sur Weixin en 2015 montre l'étendue du phénomène de la consommation en ligne ici (déjà 15 % de la consommation totale, dont 51 % par réseaux mobiles, bien supérieur à la moyenne mondiale de 35 %) : « Quand une femme occidentale déprime, son mari doit lui proposer de partir faire un voyage en amoureux ; pour une femme chinoise, il suffit de lui dire que son livreur est passé ».

« Bons » et « mauvais » riches Du coup, le magazine Nanfang Chuang publie un dossier sur la « responsabilité politique des super-riches ». Illustré par le fameux cliché pris par Ma Yun, le patron d'Alibaba, avec le président français François Hollande entouré d'une brochette de magnats chinois, un article dresse le portrait des « bons » et des « mauvais » super-riches. Les « mauvais » sont les moins riches, les super-riches locaux, aussi appelés les « nouveaux riches au cul terreux » (tuháo), qui, selon le magazine, sont presque obligés d'être impliqués dans des affaires de corruption, à l'exemple de Xu Ming, l'ex-patron de Shide, qui payait toutes les dépenses à l'étranger de la famille de Bo Xilai. Il faut donc qu'ils deviennent des « super-riches nationaux », en faisant le choix, comme Wang Jianlin de s'implanter dans toute la Chine et donc de moins dépendre de la bienveillance des autorités locales, voire encore mieux, des super-riches transnationaux, comme Li Ka-shing. Plus on monte, et notamment dans les « BAT » (Baidu, Alibaba, Tencent), plus les patrons auraient un « grand sens de la politique », « parce qu'ils

viennent de l’ingénierie technique ». Et la société idéale qu'ils installent, « l'internet + » défini par le premier ministre Li Keqiang début 2015, a déjà transformé les menaçants cybercitoyens d'hier en cyberconsommateurs qui, pouvant désormais « acheter le monde depuis leur fauteuil », selon une formule du Nanfang Zhoumo, vont annihiler les contreparties négatives de la baisse de la croissance chinoise. En effet, selon un rapport du Boston Consulting Group publié à la fin de 2015 et largement extrapolé par les media chinois, la consommation chinoise devrait gagner 53 % en 4 ans, grâce à la hausse du pouvoir d'achat des moins de 35 ans qui va encore augmenter la consommation en ligne. Le Nanfang Zhoumo identifie le phénotype exact de ce consommateur qui aurait le pouvoir de garantir un « atterrissage en douceur » de l'économie chinoise en lui faisant abandonner le modèle économique de la production à bas coût pour celui de la consommation à tout prix : il s'agit des jeunes mères chinoises. « Comment, vous achetez même vos choux sur internet ? » s'esbaudissent ses voisins alors qu'elle ouvre au livreur. Et

la consommatrice modèle d'expliquer que cela la sécurise sur la qualité des produits comme elle est jeune mère elle fait très attention à ce qu'elle fait ingurgiter à son trésor, et qu'elle commande même à l'étranger ; plus besoin de prévoir un budget voyage. Une plaisanterie qui a beaucoup circulé sur Weixin en 2015 montre l'étendue du phénomène de la consommation en ligne ici (déjà 15 % de la consommation totale, dont 51 % par réseaux mobiles, bien supérieur à la moyenne mondiale de 35 %) : « Quand une femme occidentale déprime, son mari doit lui proposer de partir faire un voyage en amoureux ; pour une femme chinoise, il suffit de lui dire que son livreur est passé ». Outre les achats de produits, ce sont surtout les offres de services qui paraissent les plus prometteuses, si l'on en croit les investisseurs chinois : ainsi, sur 5 yuan qu'ils investissent dans les applications mobiles en Chine, plus de 2 iraient au développement et à la commercialisation d'applications mobiles d'autopartage, informe l'hebdomadaire. « Energie positive » L'industrie de l'ancien modèle de « l'atelier du monde » n'est pas pour autant totalement abandonnée, et les analystes expliquent que la monnaie devrait encore baisser et franchir la barre des 7 yuan pour un dollar en 2016 pour soutenir les exportations. Mais ce n'est pas une raison pour les familles qui envoient leurs enfants étudier à l'étranger de se ruer à faire des réserves en dollar, affirme péremptoire le Xin Jing Bao. En effet, non seulement cela irait au rebours de l'intérêt national, mais en plus, la Chine étant actuellement le pays du monde « politiquement le plus stable », et cela fait que les investissements dans le pays resteront « les plus intéressants ». Cette désormais parfaite réponse de la presse chinoise à l'exigence « d'énergie positive » exprimée par Xi Jinping en personne à l'automne 2014 est efficace : le moral des ménages en Chine reste haut, plus haut en tout cas qu'en France, s'il faut en croire une étude récente, et cela joue certainement un rôle pour alléger les tensions économiques. Le danger est que cela se transforme en aveuglement. Lors des résultats des élections taiwanaises de janvier 2016, la première dépêche de Chine Nouvelle ne mentionnait que le vaincu, omettant le vainqueur, Tsai Ing-wen. Comme le relevaient les esprits forts des réseaux sociaux, l'agence officielle faisait ainsi sienne la philosophie de la plus fameuse création de Lu Xun, Ah Q, personnage arrogant qui ne voyait que le côté des choses qui l'arrangeait. R E N AUD D E S P E N S

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Décryptage | Clichés

C U LT U R E

Festival

La soliste Sabine Devieilhe

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Clôture de l’amour

près 10 ans de succès, qui en ont fait le rendez-vous culturel franco-chinois le plus attendu en Chine, le festival Croisements entre dans une nouvelle décennie de programmation innovante. Alors que la Chine est désormais en mesure d’offrir une diversité culturelle extrêmement riche, le festival Croisements se renouvelle en profondeur. Dans une formule plus concise et plus dense, il proposera ce que la création française a de meilleur, du patrimoine à l’avant-garde. Désormais partie intégrante de la vie culturelle chinoise, il mettra en exergue la fécondité des échanges entre nos deux pays, redonnant pleinement son sens au mot « Croisements ». Une trentaine d’événements sélectionnés pour leur excellence et leur pertinence sera présentée en mai et juin 2016 dans les principales villes de Chine. De grands noms de la scène lyrique française seront présents, autour d’un programme dédié aux airs de Mozart, avec l’ensemble Pygmalion et la brillante soliste Sabine Devieilhe, victoire de la musique 2015, et l’un de nos plus grands barytons, Stéphane Degout.

Le festival Croisements est le fruit d’un travail d’équipe entre l’ambassade et les consulats généraux, permettant de saisir les attentes du public dans les différentes régions de Chine.

© Mussacchio Laniello

© Jensupaph

2016

© Marc Domage

Croisements


© Olivier Roller

L'empereur Lucius Verus

© Piergab

Festival Croisements 2016

Ensemble Pygmalion

Spectacle "The show must go on"

Les deux grands rendez-vous que sont le Panorama du cinéma français et la Fête de la musique, avec notamment Nach (Anna Chedid), Success, Smokey Joe and the Kid et la rappeuse Sianna, permettront des rencontres artistiques ouvertes au plus grand nombre. Quand une exposition d’art vidéo dévoile les plus grands artistes de son temps, elle en devient presque un « classique » : Dominique Gonzalez Foerster, Henrique Ramirez, Daniel Netunde, Christian Marclay, Steve Mc Queen, Yang Fudong, Fabien Giraud, etc., seront présentés dans la superbe collection Isabelle et Jean Conrad Lemaître, déjà montrée à la Maison Rouge à Paris. Le photographe Olivier Roller s’immergera dans le monde de l’image du pouvoir en Chine, en confrontant des images des guerriers de l’armée des soldats de l’empereur Qin Shihuang, datant d'il y a 2 200 ans, à celles des empereurs romains ainsi que des figures contemporaines du pouvoir. Une belle exposition itinérante qui mettra en relief les nobles visages et corps de nos deux civilisations. Le spectacle de danse contemporaine The show must go on de Jérôme Bel reflètera un goût du public désormais affiché pour les productions jubilatoires d’avant-garde. Cette chorégraphie, créée pour des danseurs professionnels et amateurs de tous âges et milieux sociaux, qui danseront au rythme de tubes musicaux légendaires, sera présentée avec une distribution entièrement chinoise, venant des régions de Pékin et de Wuhan. Pascal Rambert, l’un de nos plus grands metteurs en scène, présentera deux versions de Clôture de l’amour, création du festival d’Avignon 2011, l’une en français avec Audrey Bonnet et Stanislas Nordey, l’autre en chinois avec une distribution hors pair. Le festival Croisements est le fruit d’un travail d’équipe entre l’ambassade et les consulats généraux, permettant de saisir les attentes du public dans les différentes régions de Chine. Il s’appuie sur une solide coopération avec des opérateurs culturels prestigieux et exigeants qui garantissent la qualité des présentations et la communication liées aux événements, mais surtout, il bénéficie du soutien de partenaires financiers, essentiellement français et chinois, avec lesquels sont mises en place des stratégies de travail propres aux exigences de chaque exposant. Cette 11e édition permettra sans conteste de satisfaire la continuelle curiosité du public pour la culture française, d’enrichir une plate-forme d’échanges essentiels pour notre diplomatie culturelle, et de garantir à nos partenaires une belle visibilité. ROBERT LACOMBE, conseiller de coopération et d'action culturelle, directeur de l'Institut français de Chine

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Décryptage | Livres

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Par Françoise BLÉVOT FEMME D’EXCEPTION

L’auteure a pu consulter des archives qui furent longtemps inaccessibles, ainsi que des mémoires d’Occidentaux ayant pu approcher cette impératrice à la destinée si particulière, à laquelle la Chine doit le premier grand bond en avant de son histoire. La petite concubine qui avait donné un fils à l’empereur s’est révélée être une femme d’état hors du commun, qualifiée parfois de « seul homme de la Chine ». Réformatrice, elle a toujours essayé de gagner ses opposants à ses vues plutôt que de les écraser. Certes, le « Vieux Bouddha » n’était pas commode, mais elle fut beaucoup moins cruelle qu’on ne l’a dit, et a bien souvent essayé d’éviter que le sang ne coule. Curieuse de tout, elle s’est inquiétée du sort des femmes chinoises et a tenté de l’adoucir. Soucieuse du rang que la Chine aurait dû avoir au niveau mondial, elle a donné le coup d’envoi de sa modernisation, a fait scandale en se liant d’amitié avec des Occidentaux, et s’est efforcée de s’opposer aux tentatives du Japon de rattacher la Chine à son empire… L’histoire de cette dame de fer ne laisse pas d’étonner le lecteur…

L’impératrice Cixi La concubine qui fit entrer la Chine dans la modernité Jung Chang

Traduit de l’anglais par Marie Boudewyn Editions JC Lattès 478 pages – 23,90 €

PETITS EMPEREURS

Le sujet des enfants uniques est revenu dans l’actualité récemment avec l’abolition de la loi de 1979 concernant le strict contrôle des naissances en Chine. Xinran, dont l’œuvre est tout entière tournée vers l’analyse de la société chinoise contemporaine, a rencontré et aidé de nombreux enfants uniques devenus de jeunes adultes, et n’a pu que constater les difficultés que beaucoup d’entre eux avaient à s’adapter à une vie (d’) adulte. Trop couvés, croulants sous les attentes de leurs parents et grands-parents, sans cousins, ils ont grandi dans une atmosphère raréfiée. De plus, le poids des espérances parentales, dans certains cas,

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ne sont pas tout à fait désintéressées puisqu’elles contiennent l’espoir d’être matériellement assistés dans leurs vieux jours. Ils sont par ailleurs victimes d’inadaptation affectives, de gavage scolaire, de « triage » selon les critères de classe, de pouvoir et d’argent… Comme à son habitude, Xinran se livre à une étude à la fois poussée et pleine de compassion.

L’enfant unique Xinran

Traduit de l’anglais par Françoise Nagel Editions Philippe Picquier 380 pages – 23 €

DANS LE GRAND BAIN

Un mari trompé aux sombres projets, jeunes sans repères et désoeuvrés aux relations boiteuses, vies décousues aux trajectoires chaotiques, voilà ce qui a inspiré à Cao Kou les trois nouvelles de ce recueil. Bien qu’appartenant au domaine de la fiction, elles donnent cependant l’impression de décrire des existences plausibles dans la Chine d’aujourd’hui…

(avant d’être détrôné par le Rami), analyse la passion du jeu en général, et, sociologiquement, l’engouement des Chinois en particulier…

Mah-Jong Collectif

Editions Philippe Picquier Coffret – 28 €

INDISPENSABLE

Déjà réédité plusieurs fois, voici l’ouvrage de référence, qu’il ne suffit pas d’avoir, mais qu’il est important de potasser (tout comme « Chine Mythes et Dieux » et « Histoire de la littérature », du même auteur.) Ici se trouvent rassemblés l’ethnologie de la Chine, les bases de sa culture, tout ce qui fonde ses particularités, société, rites, arts, ce que l’on appelle de nos jours « loisirs », organisation étatique et géographique, coutumes… Accessible et passionnant.

Chine – Culture et traditions Jacques Pimpaneau

Continue à creuser, au bout c’est l’Amérique

Editions Picquier poche 336 pages – 11 €

Cao Kou

Traduit du Chinois par Brigitte Duzan et Zhang Xiaoqiu Editions Gallimard – Collection « Bleu de Chine » 156 pages – 19 €

LES JEUX SONT FAITS !

La pratique du Mah-Jong n’est pas très ancienne, mais il a pris une place considérable dans la vie des Chinois. Ni jeu de hasard ni jeu d’argent, il comporte un grand nombre de combinaisons où le hasard et la tactique tiennent une grande place. Le coffret contient un jeu de « cartes » illustrées par Catherine Louis, déjà auteure d’un superbe livre sur les caractères chinois, chez le même éditeur. Le livre qui l’accompagne raconte l’histoire de ce jeu et comment il a connu son heure de gloire en Occident

CREDO

Souffrance et Joie, comme ubac et adret, foi, émotions, passions, nature sublimée, ce recueil de poèmes contient deux parties, « Par ici nous passons » et « Lumières de nuit »… Pages lumineuses et pages sombres se succèdent, avec la beauté comme dénominateur commun.

La vraie gloire est ici Françoise Cheng

Editions Gallimard 166 pages – 16 €


PERSPECTIVES PARTICULIÈRES

Quatre politologues spécialistes de l’Asie se sont penchés sur ce qu’est, ce que pourrait être, ce que deviendra la démocratie dans cette partie du monde. L’avenir le dira, mais d’ores et déjà, au vu du passé de ces trois pays, Japon, Inde et Chine, ils fournissent des indications et des prédictions pertinentes sur les particularités dont la démocratie pourrait se vêtir et qui, d’après eux, se démarquerait du modèle occidental.

BEAUX LIVRES

Objectif : lumière

P

La démocratie en Asie Jean-Marie Bouissou – Guibourg Delamotte – Chloé Froissart – Gilles Verniers Editions Picquier poche 160 pages – 8,50 €

Voyage en quête de lumière

GÉNÉROSITÉ

Ces récits sont plus à écouter qu’à lire, afin d’en augmenter encore la saveur. En chinois d’ailleurs, on les appelle « huaben », c’est-à-dire « contes parlés ». L’érudition de Jacques Pimpaneau en matière de mythes et de traditions lui permet, tout en respectant l’universalité du conte, d’y mettre sa « patte », pour transformer la morale de l’histoire en pirouette humoristique, de s’appuyer aussi sur l’intemporalité du genre pour lui ajouter, mine de rien, une touche « moderne ». Le narrateur est dépositaire d’un savoir ; en le transmettant ainsi, il s’offre une bien jolie « re-création ».

Contes chinois racontés à Helen Jacques Pimpaneau Editions Picquier poche 314 pages – 9 €

Roland et Sabrina Michaud Editions La Martinière 408 pages – 59 €

ortraits combien majestueux, « visages de cuir mâché », humbles maternités, regards de braise des sadhus indiens ou mystérieusement translucides des Pachtounes, noms remplis de (nos) rêves tels que Pamir, Samarcande, Kashgar, monastère des Vastes Pins, village de la Grue Bleue… Bozkachis violents et poussiéreux comme sortis des « Cavaliers » de Kessel… Terre humaine, espaces infinis… Ce livre magnifique n’est pas une compilation de tous ceux qu’ont fait paraître Roland et Sabrina Mi-

chaud, c’est beaucoup plus que cela, c’est le récit de deux vies qui n’en font qu’une. Il pourrait s’intituler « Le Livre des Merveilles », si le titre n’avait pas déjà été pris par un illustre prédécesseur appelé Marco Polo… Entre le moment où le Vénitien a traversée l’Asie et celui où Roland et Sabrina Michaud l’ont sillonnée à leur tour, peu de choses du domaine intime, quotidien, rural de ce continent avaient changé… Alors qu’entre celui où les premières de leurs photos ont été prises et aujourd’hui, la vie traditionnelle en accord avec les rythmes cosmiques s’est trouvée bousculée, malmenée, parfois jusque dans les coins les plus reculés… En soixante ans de pérégrinations ils ont parcouru trois mondes ; celui de l’Islam, celui de l’Inde, celui de l’Extrême-Orient. Et en dehors de la curiosité, du goût de l’aventure, du désir qu’ont tous les artistes d’exercer leurs talents et de vivre de leur art, une évidence « saute aux yeux » : Photos, textes prouvent que R et S Michaud ont aussi accompli une quête spirituelle, cherchant à comprendre -puis à transmettre- la beauté visible, paysages, visages, monuments, écho d’une dimension commune et indicible.

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Décryptage | Livres

Trois questions à…

Ro la nd et Sa b rin a Mi chau d

Auteurs de « La Chine dans un miroir »

« La Chine moderne n’est pas la Chine, elle est la modernité » Qu’avez-vous trouvé en Chine que vous n’aviez pas rencontré au cours de vos multiples voyages au Moyen-Orient, en Asie Centrale et en Inde ? Nous avons trouvé en Chine dynamisme et optimisme, une joie de vivre et un esprit de stimulation plus intenses que nulle part ailleurs. Le peuple chinois, doté d’une vitalité et d’une énergie débordantes, est resté longtemps figé comme dans un carcan de glace et s’est réveillé soudain avec le désir fou d’exister et de se faire connaître.

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Quel serait le point commun de l’Asie concernant ce qu’il est convenu d’appeler la beauté ? Concernant les multiples points de vue touchant à la beauté, nous pensons que le moment est venu de mettre l’accent sur les ressemblances plutôt que sur les différences. Trois choses rendent à nos yeux la Chine fascinante ; l’écriture, la peinture et la poésie. La beauté est une et universelle. Elle transcende les différentes cultures.

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Votre livre - « La Chine dans un miroir » - est dites-vous un essai sur « l’impermanence ». Pensez-vous que la Chine moderne est encore à même d’exprimer et de transmettre cette notion aux générations futures ? La Chine moderne n’est pas la Chine : elle est la modernité. Cette modernité est actualité passagère, une mode en somme. La Chine est suffisamment intelligente et consciente de sa spécificité pour ne pas abandonner les valeurs traditionnelles qui font qu’elle est la Chine. Nous sommes persuadés qu’elle aura la sagesse, en puisant dans son riche passé, de faire perdurer le meilleur de ses antiques traditions. Tout change constamment mais quelque chose de très puissant demeure : c’est ce que nous avons voulu montrer dans « La Chine dans un miroir » ; le face à face du passé et du présent, de l’art et de la vie, une Chine intemporelle dont le continuel renouvellement nous interpelle. Propos recueillis par Françoise BLÉVOT



联结 N.76|2015-2016 冬

如 何 解 决 在 华 人 才 招 聘 难 题

他们又建立了哪些具体的人力资源政策?

中法合作 近十年来,中法两国在工作,就业政策, 健康与工作安全政策,以及社会保障系统方面 建立了局部合作关系,双方专家更是多次组织 交流活动,双方建立了相互尊重,信任的亲密 关系。而2016年,中国作为G20集团的轮值 主席国为双方进一步合作,加深伙伴关系创 造了便利条件。在商务部中国法国工商会的不 懈努力下,双方在多方面得到交流并达成共 识,2015年,在国际劳工局会议上,中法继 续签订了双方合作伙伴关系,并将重点开展以 下方面的合作:全球化的社会影响,通过创造 就业机会减少贫困,非正规经济输出和保障工 作中的基本权利,其中包括抵制雇佣童工;企 业的社会责任;研究;社会保护等。2016年 中法将从以下方面深入合作:进一步开展多边 交流,其中预防与调节工作纠纷,保障妇女 工作权益,促进法国在华企业发展,例如, 法国电信的“江淮汽车”计划以及法国非政府 组织在深圳发起的“人力资源无国界”等公益 性活动的开展;人力资本的发展以及劳动力市 场的良好有效发展,是中国保持世界第二大经 济体地位的重要内在因素,中国政府出台了积 极发展职业培训的政策,而这一点也成为中法 合作的重要方面;最后,社会权益的普及性, 针对法国企业在华员工工作权益以及社会保障

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RessouRces humaines

La nouveLLe donne chinoise

Imagine China

中国,充满就业机会的国家。尽管官方数据显示其失业率为5%, 中国劳动力市场仍然被认为是充满活力与机遇的。作为一个比较 特殊的国家,中国的人力资源管理,更侧重于吸引和挽留人才。 如果忽略这一特殊性,在中国的企业投资者则有可能需要承担失 败的风险。 中国人口众多,大多勤劳能干,对自身的个人与职业发展都有迫 切愿望,然而,高质量的熟练劳动力的短缺(尤其是在市场营 销,销售,人力资源等特殊岗位的高质量人才);在企业竞争日 益加剧的大背景下,对控制生产成本的需求;以及雇佣关系“合 法化”对于雇主的威胁,这些成为了在中国解决人才招聘难题的 主要障碍。 那么如今在中国的企业,尤其是欧洲企业,如何进行人才招聘,

La Chine, pays de plein emploi. Une affirmation à nuancer alors le pays affiche un taux de chômage officiel de 5 %. Il n’empêche, le marché de l’emploi chinois – réputé particulièrement dynamique - implique une gestion des ressources humaines particulière, davantage focalisée sur l’attractivité et la fidélisation des talents. Et ne pas mesurer ces spécificités, « c’est prendre, pour l’employeur, le risque d’échouer sur le marché chinois », assure FEng Lijun, sociologue pékinois. Plusieurs facteurs confèrent ainsi à la gestion des ressources humaines une importance accrue. Point que soulevait au début de cette décennie une étude de l’Ambassade de France en Chine. Et de détailler ces facteurs : en premier lieu, « la pénurie de main d’œuvre qualifiée […], ensuite (et en opposition au facteur précédent), la nécessité de maîtriser les coûts de production, dans le contexte d’une concurrence renforcée ; enfin, la « judiciarisation » de la relation de travail et l’augmentation des risques qu’elle implique pour l’employeur ». Quid aujourd’hui du contexte RH au sein des entreprises - françaises en particulier – présentes en Chine ? Celles-ci ont-elles mis en place des politiques de ressources humaines spécifiques ? Dossier

等问题,中法两国也将致力于完善社保制度, 保障员工权益。 外国企业在华遇到的人力资源管理难题 劳动力众多,但高质量人才匮乏的问题, 和市场准入条件,本土竞争力,不稳定的金融 环境,以及产权保护等成为大部分外资企业领 导者的主要担心的问题。公司领导者的担心主 要在于:在中国的教育背景下,缺乏高素质且 满足西方公司要求的人才;企业之间的残酷竞 争增强了人员的更替率;知名企业对于中国人 才的吸引远远大于中小企业,导致中小企业在 人才招聘方面屡屡受挫: • 人事费用增长,但员工能力发展滞后。中 国“十二五”计划以来,员工工资增长速 度日趋加快,外企员工薪酬水平与绩效水 平相差很大。 • 员工应聘度高,然而缺乏忠诚度。员工 “跳槽”现象越来越普遍,公司很难挽留 人才。使得企业管理者为了挽留人才,必 须在加薪之外,采取诸如优化人才职业规 划,提高生活质量等措施。 如何更好的长期吸引人才,进行有效的人才管 理? 自我牺牲与奉献在中国社会普遍存在,这

一点在近年来被重新解读。对于外国在华企业 来说,人才管理要懂得中国职员与其他国家职 员的区别,重视中国文化,并着力于企业内部 文化的建立,以及企业对职工的培养。重视职 员的专业培训以及能力发展,并且给员工提供 美好的职业发展蓝图。中国员工普遍渴望其付 出与能力得到公司的认可,因此法国企业应该 向英美企业学习,充分肯定员工,以促进员工 发展以及优化工作表现。 如上海唐沪人才咨询有限公司的创始人 所说,人力资源经理对于公司招聘起着至关重 要的作用。首先要针对受众人群发布准确而有 效的招聘信息,进而采取合适高效的方法从众 多应聘者当中选取适合本公司的人。而为了帮 助新进职员尽快融入公司,选择有经验的导师 向新人解释企业运营状况,传播企业文化,使 其对公司产生归属感。企业在采取有效的薪酬 制度的同时,也要注意企业自身对员工的培训 (领导力,创造力,经验,团队协作能力等)。 企业还应该促进中国职员和法国职员建立相互 尊重和信任的关系,处理好中国职员与其直系 领导的关系,关心员工,参加集体活动等,这 些都可以提高中国员工对公司的归属感,减少 员工流失风险。而积分奖励制度,也能有效的 激发员工的工作积极性。最后要重视外籍员工 在建立企业文化,管理人才方面所起到的作


用:他们往往精通本国文化,具备专业的知识 与技能,如果他们能够和中国员工进行良好沟 通,对企业的发展与管理将起到事半功倍的效 果。

人力资本的发展和劳动力市场 的有效运作,这是中国维持其 全球主要经济大国,并保持其 内部凝聚力必不可少的杠杆。

中法人才培训:高校合作培养高精尖人才 文化交流在中法关系中处于中心地位, 随着中国文化招聘急剧增长,这就要求招聘更 加系统化与专业化提供的爆炸,而人力培训则 需要学会运用法国自身的知识与经验处理公共 关系与国际发展等方面的问题。而法国也希望 促成法国高等学院与中国高等学府的长久合 作关系,诸如中国人民大学与法国三大机构 (Kedge商学院,巴黎索邦大学以及蒙彼利埃 保罗瓦莱利大学)。中法双方应该优先考虑如 何拓宽团队视野,激励其思维模式,激发团队 创造力。提供高水平的科技技术培训,活跃的 开放式跨文化,以及以创新、创造力以及项目 管理为基础的教学,更能够通过实习使学生能 够更轻松的融入公司环境以及建立自己的职业 网络。 【企业聚焦】 Adecco德科集团 在中国已有20年的德科公司于2011年与 FESCO合资,总部设立在上海,为社会提供 人力资源服务。Fabrice Faure先生在法国人 力招募界工作了14年,如今第一次来到中国 市场,面对这里的机会,特殊性,多样性与困 难。“中国每年有700多万应届毕业生找不到 工作”Fabrice Faure表示。“但是在一些需要 高精尖人才的岗位上,却存在岗位的供应大于 应聘者的现象“造成这种现象的主要原因是中 国社会的老龄化而降低了劳动年龄人口,以及 第一产业和第三部门之间的快速反转。对于企 业来说,找到合适的员工非常困难。在这种情 况下,外包是一个解决方法。自1995德科在中 国设立分公司一来,已经形成一套针对中国市 场的成熟的招聘体系,现在德科的目标是与企 业客户简历长期合作关系。 法中之家 法中之家是一家新兴机构,为中国企业 和政府部门在法国提供与人力资源相结合的培 训,职业招聘会和旅游活动。法中之家所提供 的活动并不仅仅是“旅游”,而是同时注重 结合法国文化,为企业和政府部门设计有主 题的,量身定做的,与培训相结合的活动。自 2014年起,法中之家已经为多家航空公司和 旅行社组织与旅游活动相结合的培训研讨会,

新闻发布会和博览会。并且法中之家计划开发 一些不在中国客户主流线路上,却对中法商务 合作很重要的目的地,比如布列塔尼地区等。 尚飞帘闸门窗设备(上海)有限公司:人力资 源——从全球化到本土化 尚飞集团创立于1969年,遍布于全球 60个国家,其总营业额的75%是在国外产生 的。尚飞于1997年在中国建立分公司,主要 负责中国市场的营销与销售。不同于之前客 户以企业为主,尚飞中国主要针对最终消费 者。而员工是企业的核心竞争力,因为他们 大部分为老职员,对公司流程,销售渠道和 产品等都颇为熟悉。为了加快职工对公司新 政策的熟悉程度,公司采取了网上学习平台 和培训课程等方式。 INS consulting:数字化改变招聘模式 自 2 0 0 6 年 在 上 海 设 立 总 部 以 来 , INS consulting为其客户提供本土运作团队,相当 于客户在中国的“子公司”,为客户承办官方 文件(护照,纳税申报,计费等),以及为其 发展客户,联系分销商等提供便利。同时通过 其职业网络以及他们在中国劳动力市场的专业 知识,INS consulting可以根据客户要求为其 招募相关人才,诸如亚洲区销售经理,市场经 理,进出口经理等。中国招聘市场,对于高级 职位人员流动率高,而高精尖专业人才流动则 相对较低。近年来,海外归国人员已经开始逐 渐取代外籍职员。另外,薪资问题,工作稳定 性,满意度以及公司家庭的距离等成为双方的 协商的主要问题。数字化的发展促进了在中国 招聘人才方式的转变,然而其最有效的方式则 是先通过特殊代理公司收集简历,然后公司

的招聘者直接和应聘者联系,例如通过领英 (LinkedIn),最后会形成网上的招聘信息。 在中国必须找到熟悉中国文化,了解公司运作 背景的人来操作,并且对于薪资条件与对员工 要求要定义清晰,最后在招聘过程中要注意树 立企业品牌。员工继续教育,对人才管理也是 很重要的一方面,可以不断提高其能力,而企 业除了对员工进行专业培训外,更应该增强其 企业归属感,减少人员流动。 法国电力集团 法国电力集团在中国创立并持有很多公司 的股份,且有一个研发中心,因此需要大量专 业的工程师人才。法国电力集团五分之三的中 国职工在35岁以下,他们对其职业前景期望很 高,因此,作为一家外国公司,法国电力集团 以其业务多样性与国际性,以及相互尊重平等 对话的企业文化吸引中国员工。而且法国电力 集团与大学有合作关系,可以不断吸收高级人 才,且优秀员工可以获得到法国总部接受培训 的机会,为了保持企业对人才的吸引力,法国 电力集团还经常根据当地市场调整薪酬水平。 AIRBUS空客 中国空客市场在全球航空市场上占有非 常重要的份额,调查显示百分比还在继续上 升。这种成功源于实现了合资公司的培训和建 于天津的A320组装厂。空客集团在中国人力 资源管理方面需要找到能够整合地方文化的 “空客之路”以平衡异域文化,并且只在必要 时部署战略标准。空客公司管理层注重与员工 分享空客精神,尊重每个内部员工的价值观。 为了更好的吸引优秀人才,空客公司提供诱人 的薪资和升职机会。 AREVA AREVA和中国国有企业(国家电网,南 方电网,铁路,石油和天然气等)有合作, 涉及诸多领域。其中输配电部门的决策权一 部分在企业手中,另一部分尤其是涉及核能 领域的主要集中在国家发改委或者更高领导 层的手中。因此,AREVA制定了与之相符的 人员招聘政策。一方面有统一的招聘培训策 略,诸如吸收优秀人才,内部培训,促进内 部岗位流通等,另一方面,在核能相关活动 中,AREVA会从欧洲派遣专家对当地工程师进 行培训。AREVA在北京成立了专门的管理团 队,在派遣外籍高层的同时也招聘本土管理人 员,并促使双方友好合作,互补发展,这也成 为AREVA成功的关键之一。

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会员企业简讯

合作伙伴签约仪式 Acropolis企业家中心和Acropolis投资在创 建不到一年的时间内,我们已签署一项重要合作 协议,帮助我们的企业入驻中国,与投资商,实 业家,中国政府机构实现共同获益。 2015年12月10日,无锡市人民政府与System@tic(法国智慧城市技 术及投资联盟)在无锡举办战略合作框架协议签约仪式。并签署了全面 战略合作框架协议和中法智慧城市技术及投资联盟(中国基地)项目合作 协议共两项协议。 无锡市政府领导人,市长,副市长,秘书长,市中共书记,电信局 局长共同出席并主导合作。 中国法国工商会荣誉主席AnnickdeKermadec-Bentzmann(甘安懿) 女士,法国驻上海领事馆经济处经济参赞专员Sandrine BERRANGER 女士,System@tic (法国智慧城市技术及投资联盟) 副总裁Fadwa Sube (苏贝)女士,Acropolis企业家中心创始人马毓之女士,和Acropolis 集团总裁Nicolas MILONAS(倪国朗)先生作为代表团成员共同参与签 约仪式。 法方将引进智慧城市领域的高新科技企业。此外,协议中包含的一 个重要内容,就是运用新型电子健康管理技术,培训从事医疗管理领域 的医生。

ATS工程公司

ATS工程公司是一家提供工业工程服务的公 司,专注于提供机械、自动、管道以及工厂设备安 装方面的工业服务。 我们为多方面的工业生产,诸如装备制造、能 源、交通、原油气以及核能等,提供生产水平评估以及质量检测等服务。 我们在广州的办事处致力于服务我们在亚洲的客户以及提供完整以及 可行的本地工业工程策划;为高附加值的生产工业计划提供必须的高级工 程师以及切实有效的计划管理。 在我们25年工业方面的公司经验以及170位员工,其中50%以上是工 程师及主管的联合下,我们一直服务于法国以及国际最大的工业集团,并 为法国以及其它国家提供大范围的工业工程计划。 我们的中国子公司特别专注于工业自动化工程。现今的工业生产随 着员工薪酬的稳步增长以及人才日益快速的流失,工业生产流程的自动化 的需求显得越发重要。我们已能提供特殊仪器的应用方法以及包含多种机 能的自动化生产线,诸如包装、焊接、检测以及质控等等,的工程策划服 务。 除此之外,ATS工业在核能领域也非常活跃,并正在帮助推动中国能 源转换事业。在多年与著名的法国能源公司(阿海珐集团,法国原子能委 员会,法国电力集团)的多种项目合作基础下,ATS工业系统如今已经是核 能领域非常有名的中小企业了。

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ABIPE : 以数据科学为策略服务

在一个日益复杂而不确定的全球环境下, 量化方法以及模型建立能够提供新颖并且应变 能力强的策略引导工具。成立至今60年,BIPE拥有丰富的数据分析以 及战略咨询经验,并向不同行业的公司提供未来的视野以及发展方向 (包括消费,汽车,航空,交通和物流,化学,建筑和房地产,农业和 食品等等)。BIPE拥有多文化及多领域的团队来支持在全球15个以上 国家的业务,该团队成员均来自全球顶尖的大学,使用数学模型以及 计量经济学工具来为企业以及政府部门服务。BIPE提供一系列咨询服 务,包括销售产品策划,市场战略分析,预测研究,收购并购尽责调 查,销售网络布局优化等等。BIPE的团队协助欧洲企业进行中国市场 的发展,并在巴黎办公室的协助下,帮助中国企业与欧洲企业进行合 作。 2015年,上海和北京的BIPE团队给世界领先的企业提供了咨询服 务,包括大众中国,吉利汽车,安吉物流,道达尔,博世,法国巴黎银 行,米其林等等。 如需进一步信息,请与熊玉徽联系 - yuhui.xiong@bipe.fr - 0086 185 163 27683

Club Med第4座精致一价全包法式 假期:三亚度假村全新揭幕 Club MedClub Med荣获2015年度 最佳度假村。自2010年C l u b  M e d 在中 国亚布力建立第一座冰雪度假村以来,通过多年的努力,成功地开发并 创建了中国的滑雪市场,将风靡欧美的度假新概念带到了中国。2013 年,Club Med又在桂林开发了其在华的第二家度假村。在2015年夏天全 面揭幕的东澳岛度假村也相信一定会将东澳岛这个珠海的离岛打造成一个 国际化的旅游目的地。目前,Club Med大中华区正在运作中的项目除了 正式开幕的三亚度假村以外,还有吉林省的滑雪项目以及浙江省的海滩度 假项目。相信在不久的将来,Club Med在中国的第五座第六座度假村也会 很快与世人见面。


品牌策划服务,相信凯 润

法中之家:助力法国公 司拓展中国市场

产品的同质化日趋严 重的今天,品牌已成为企 业间竞争的有力武器。未 来市场中,相同条件下谁 拥有品牌,谁将拥有了市 场。 曾经,凯润也与众 多品牌策划机构一样认 为:品牌就是要激情、要 创意、要标新立异……。 然而十余年的实战服务经 验,让凯润看多了成功, 亦看多了昙花一现……。 反思众多服务案例,重新 审视品牌服务,我们认 为:做品牌需要更多的是 理性,更需要冷静的理清 思路,而非简单的激情与 创意。为此凯润自2013年 起将原来象征激情的红色 标识,更换为象征理性、 思考的蓝色标识……

法中之家与法国企业 联手,为中国顾客赴法了 解其产品与品牌提供了解 决方案。 量身定制的行程,让 客户亲临品牌发源地,感 受神圣的氛围。品牌体验 旅行是企业形象战略的有 机组成部分。我们的合作 伙伴法国豪峰地产公司深 深认同这一点。其北京分 公司专注于为国外客户寻 找地产项目。豪峰地产公 司已与我们携手,带领投 资商、企业、个人客户在 地产项目所在的大区参观 旅行。 法中之家:在华法国 企业的人力资源工具。 法中之家帮助在华法 国企业,为他们的中国员 工定制旅行产品。我们不 仅仅与公司的劳资联合会 合作,为员工提供优质的 旅行,也直接与公司管理 层合作,为员工赴法游学 培训提供专业接待服务。 法国高端旅游品牌 Maison de la Chine于 2013年创立地接品牌“法 中之家”, 以量身定制的线 路、主题体验和深度人文 交流,陪伴中国客人探索 和了解法国。

Omate是软硬件公司专 注于设计时尚可穿戴科 技产品 Omate被500startups 孵化器投资,是一家垂直整 合可穿戴技术设计制造商, 位于美国加利福尼亚山景城 及中国深圳。 O m a t e 为时尚手表 及珠宝品牌提供完整的21 世纪可穿戴技术方案(由 Omate技术支持)。 科技于身,时尚随 行。

法国奢华卫浴THG喜盈 门展厅开幕 法国顶级卫浴品牌 THG迎来上海第二个旗舰 店的开幕。坐落于全新喜盈 门建材中心,新展厅秉承 THG一贯的奢华元素,踏 入店内,犹如漫步在奥斯 曼大街的珠宝店,空气中充 盈着巴黎的经典琥珀香。开 幕酒会邀请了众多业内设计 师、开发商朋友,来自法商 会的代表们也出席了本次活 动,共同见证THG开启的新 篇章。 此次THG新品继续保 持与兄弟品牌B a c c a r a t , Lalique, Daum, Christofle, B e r n a rd a u d 的合作,同 时全新加入摩纳哥皇室陶 瓷Manufacture de Monaco,共同推出Monte Carlo 与Wedding系列。创新与 独特的工匠雕刻技术,手工 镶嵌施华洛世奇水晶,散发 出浓郁的摩纳哥皇家气息。 THG品牌荣获由法国 经济、财政和工业部所颁 发的EPV(活遗产企业)称 号,凭借其超高手工艺与顶 级原材料已成为奢华卫浴的 标识。作为传统的家族企 业,THG严格控制所有工 序与生产,传承匠人精神, 每一位工匠都对自己的传统 纯手工作品极为自豪。至臻 完美的产品运用在全球一流 的豪宅与酒店中!

connexions HIVER 2015-2016

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Ils arrivent Comité de patronage XIZI UHC - (Aviation & Aerospatiale/Manufacture).

Canton Albert de Montaubert - (Vins & Spiritueux), APM Jewery Group (China) - (Luxe), Studio Pilote - (Services divers), JM Business - (Consulting/Télécommunications), G et L Watches & Accessories - (Biens de consommation), Cabinet M2A Assurances & Patrimoine - (Finance/Assurance).

PEKIN Allen & Overy LLP - (Law), Anthogyr (Beijing) Medical Device Co., Ltd. - (Healt h, Medical &

Pharmaceutical), Beijing Implant Aircraft Co., Ltd. - (Aviat ion & Aerospace), China Inroads (Engineering/Machinery), Criteo Advertising (Beijing) Co., Ltd. - (Technol ogy), SID Machinery (Beijing) Co., Ltd. - (Environment / Manufacturing), TailorMade Chinese Center - (Education), WWP Wines&Spirits Co., Ltd. - (Wines & Spirits/ Distribution).

SHANGHAI Advention - (Conseil), Gala Convention & Exhibition Co., Ltd. - (Commerce de détail), Digitalarti - (Art & Design), Fesco Adecco - (Recrutement), Grand Hyatt Shanghai - (Voyages et Hôtellerie), INCE&CO - (Avocats), Joker (Biens de Consommation), Kerry Hotel Pudong - (Voyages et Hôtellerie), Lady Bund - (Loisirs Restauration), Le Paris Restaurant Management Co., Ltd. - (Loisirs Restauration), Liberty (Shanghai) Trading Co., Ltd. - (Textile), NE-ON - (Architecture), Novelvy Retraite - (Conseil),

Pellegrino & Partners Design Workshop - (Architecture), LeCheval - (Sans but lucratif), Qualipac China Co., Ltd. - (Industrie Manufacturière), SupplyTech (Shanghai) Co., Ltd. - (Industrie), Tiffany Models - (Communication, Publicité, RP), Xiang Lu Frozen Food (Shanghai) Company limited - (Agroalimentaire). nouveau 2016 BONDI David - (Information Systems), JW&Associate - (Consumer Goods), Rongqu Trading GMBH - (Industry), SupplyTech (Shanghai) Co., Ltd. - (Industry), Technomark Asia Marking Equipment Trading (Shanghai) Co., Ltd. - (Machinery), Goetzpartners Business Consultants (Finance), AQASIA - Socotec Group - (Energy), THG - (Architecture), Puvis Anne - C&A China - (Retail), Mill Food Intelligence - (Agrofood), JM Business Limited - (Technology), Luxam (Other), SFA - (Construction), Nefab Packaging Engineering (Wuxi) Co., Ltd. - (Logistics, Shipping, Freight Forwarding & Import/Export).

800.988.6683

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connexions HIVER 2015-2016



Acropolis, New York, 1999 Acropolis China, 2005

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Acropolis Entrepreneur Center We are entrepreneurs, we support Entrepreneurs to enter Chinese market and set up operations in China.

Partners’ identification for Mergers & Acquisitions or for Business Development We help our clients to identify and select best matching business partners. Our international network has been built during more than 35 years in 5 continents. We connect only at the very top level of organizations worldwide.

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Government Affairs in China / Business to Government / BtoG We support our clients to handle efficiently their BtoG relation.

We can be retained on “Project base” to fix Government related issue, to handle corporate communication, to develop Business to Government at any level (Ministry, Province, Local). We support our clients to prevent or eliminate Bribery & Corruption and to build an Ethical Framework. With services in areas such as lobbying, government procurement, energy and infrastructure, international trade, transportation and immigration, we provide the perfect mix of services for international companies established in China or looking to enter and develop in China market. * All our actions in China follow ethics rules, China Anti-Corruption laws & regulation, in accordance to recommendations from National Bureau of Corruption Prevention of China (NBCP).

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+(86) 21 5238 1228 (Shanghai HQ) / contact.china@acropolis-associates.com

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