Connexions 78

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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie France Chine | 中国法国工商会季刊 w w w.ccifc.org

La Chine

N.78

ÉTÉ | 夏

à l’assaut du monde


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Mazars in China is part of the Mazars international partnership, an integrated and independent organization that specializes in audit, accounting, and tax advisory of more than 17,000 professionals in 77 countries.

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Le magazine de la CCI France Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 78, été 2016 Rédacteur en chef Pierre TIESSEN Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro Françoise BLÉVOT, Renaud de SPENS, Zhao Jing Comité de relecture : Commission communication de la CCIFC Pantone : 7462

Couverture © Imagine China Publicités CHINE DU SUD : Alexandre BEAUDOUX beaudoux.alexandre@ccifc.org Pékin : Yin Yan GAO gao.yinyan@ccifc.org Difei REN ren.difei@ccifc.org SHANGHAI & CORPORATE : Morgan LEFEVRE lefevre.morgan@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O CCI France International 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司

« Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et docuTOTAL TOTAL_brand_block_CHN_RGB 05/03/2014 24, rue Salomon de Rothschild - 92288 Suresnes - FRANCE Tél. : +33 (0)1 57 32 87 00 / Fax : +33 (0)1 57 32 87 87 Web : www.carrenoir.com

ments parus dans ce numéro est soumise à l’autorisa-

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tion préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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La Chine

« Une ceinture et une route » (一带一路)… Voici résumé en quelques caractères - désormais célèbres LE dessein géopolitique de Xi Jinping axé sur le développement commercial et la construction d’infrastructures sur le tracé des anciennes routes de la soie maritime et terrestre. Un chantier gigantesque à la mesure de ce que pèse désormais la Chine sur le grand échiquier mondial. Pékin cherche dans le même temps à renforcer ses partenariats en pays tiers, en vantant le concept de croissance partagée. Quelles stratégies dans ce contexte adoptent les entreprises tricolores ? Quel est leur positionnement dans la stratégie de développement de la Chine en Afrique ? Autant de points cruciaux dans un contexte d’internationalisation du yuan et de mondialisation des entreprises chinoises.

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XiZi UHC

DOSSIER

L'ActualitÉ business EN CHINE

« Afrique-Chine-France : pour un trio gagnant » 32

L’actualité Business EN Chine 8

ANALYSE : Lara Boursier et Jean-Charles Simon Ces investissements chinois en Afrique 34

Grande Interview : WANG Shuifu « Le climat des affaires en France est excellent » 12 Focus : Les vins de Bordeaux en Chine « Un marché à 300 millions d'euros » 15

Focus Entreprise : SUEZ « Des nouvelles opportunités communes en Afrique »

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44 Enquête Ifop Quand le « Made in China » prend sa revanche

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ABÉCéDAIRE 48

ActualitÉS DE LA CHAMBRE CCI France Chine 50 Antennes 52 Membres 58

DOSSIER

Interview : LI Hua Investissements chinois à l’étranger « Il y a un taux d’échec encore important » 38

Numéro spécial : La Chine à l’assaut du monde

ANALYSE : Alexandre Chieng La Chine Partenaire hier, actionnaire demain !

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Focus Entreprise : TOTAL Une stratégie "globale" de partenariats

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联结

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在“ 新丝路” 战略发展中, 谋求 中法非三方共赢 66 会员企业简讯 68

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Interview : Adil Zellou « En dix ans, les IDE chinois en Afrique ont été multipliés par 20 ! » 30 Focus : Sybille Dubois - Fontaine Turner

Focus : Kevin Ransbotyn Nouvelles Routes de la Soie « Un vaste projet de maillage maritime et terrestre »

DÉCRYPTAGE Une des médias Clichés Livres Ils arrivent

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L’actualité business en Chine IDE

La Chine (toujours) en tête

L

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a deuxième économie du globe reste en tête du classement mondial des pays destinataires de flux d'investissements directs étrangers (IDE), avec plus de 126 milliards de dollars en 2015. Et affiche des perspectives de croissance à deux chiffres sur des secteurs jugés stratégiques comme l’énergie renouvelable ou l’économie digitale. « Hors industrie et secteur bancaire, la Chine conserve en effet pour des investisseurs étrangers de vrais potentiels » confirme un observateur. « En 2015, les flux d’IDE ont continué leur hausse et ont augmenté de 6,4 % par rapport à 2014. Selon les prévisions, les flux d'IDE de la Chine à l'étranger devraient bientôt dépasser les flux d'IDE entrant dans le pays », analyse par ailleurs un rapport de la BNP Paribas. Et de nuancer toutefois : « Certains facteurs peuvent faire obstacle aux investissements (en Chine), tels que le manque de la transparence, l'incertitude juridique, etc. »

En CHIF F R E

Nombre d’appellations de vin de Bordeaux récemment reconnues par les autorités chinoises. Cette décision devrait permettre, selon les professionnels du secteur, de mieux combattre les contrefaçons endémiques sur un marché chinois crucial. « La technique des faussaires chinois est simplissime », reconnait le site FranceTV. Il suffit de prendre une bouteille vide d’un grand cru bordelais, étiquette toujours collée. L’astuce est de la remplir d’un vin bien moins coté, et de vendre ce grand cru. Un palais peu expérimenté ne fera sans doute pas la différence, ou trouvera ce vin bien cher pour une piètre qualité. « L’autre tromperie fréquente est d’inventer un château quelconque. Le faussaire reproduit une étiquette de façon plus ou moins fantaisiste. Selon Eric Przyswa, chercheur à Mines Paris Tech, interrogé par Les Echos TV entre 30 et 50 % des vins en Chine seraient des contrefaçons. » La Chine est le premier marché pour les vins de Bordeaux, la région y réalisant un quart de ses

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exportations, soit environ 500 000 hectolitres par an pour un chiffre d'affaires avoisinant 300 millions d'euros, selon le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux – CIVB (voir interview du président sortant du CIVB page 15).

I L S ONT DIT.. .

« Sanofi donne la priorité à la Chine pour monter en puissance dans les pays à forte croissance et répondre aux besoins de santé d'une classe moyenne émergente de plus en plus urbanisée » Peter Guenter, à la tête des marchés émergents au sein du laboratoire français, en mai dernier. Et d’ajouter que Sanofi, « joueur historique dans les pays émergents », est déjà en Chine numéro un en termes de chiffre d'affaires, devant Novartis, avec une organisation autour de trois régions, l'Amérique latine, l'Asie et l'Afrique/Moyen-Orient. (Source : Reuters) DR

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INTERNET

En C HI F F R E

+ 62,4 %

« La Chine ; l’autre terre d’internet », titrait récemment un article paru dans Les Echos. Et son auteur d’estimer : « La fulgurance de l'addiction digitale made in China stupéfie » en rappelant le succès phénoménal des géants locaux que sont les « BAT » pour Baidu, Alibaba et Tencent. Autant que concurrents « made in China », brassants eux-aussi des milliards, des Google et autres Facebook. Ainsi dans son dernier rapport, le cabinet Kleiner Perkins Caufield Byers, propose un long focus sur la Chine et sur sa consommation d’Internet, comme le rappelle le site marocain d’actualité telquel.ma. Aujourd’hui, avec 668 millions d’utilisateurs, le pays est devenu la première superpuissance internet. « L’industrie des service y a progressé de 50 % en 2015 et représente 87 % de la croissance du PNB chinois. À noter que les entreprises WeChat et QQ

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En pole position

Tencent, des réseaux sociaux, représentent à eux seuls 45 % du temps passé sur mobile. » Avec 42 % des dépenses publicitaires en ligne, la Chine devance les États-Unis (39 %). Les géants de l’e-commerce devancent ainsi leurs rivaux américains, comme en témoigne le graphique ci-dessous.

Augmentation sur un an (d’avril à avril) des prix de l’immobilier à Shenzhen, selon le Bureau national chinois de la statistique. Sur l’ensemble du pays, ces ont augmenté de 6,2 % sur cette même période ce qui traduit, relève l’agence reuters, un redressement plus large du marché du logement. Shenhzen et Shanghai continuent d'être les villes où les prix de l'immobilier se sont appréciés le plus en Chine : +62,4 % à Shenzhen et +28 % à Shanghai, par rapport à 2015.

ÉNERGIE

HARO SUR LE CHARBON

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L’or noir chinois – le charbon (et non le pétrole) – n’a décidément plus la cote. Même s’il pèse encore près de 65 % dans le mix énergétique du pays, le minerai – particulièrement polluant – est dans l’œil du viseur de Zhongnanhai. « L’objectif des autorités chinoises est de supprimer 500 millions de tonnes de capacité de production de charbon dans les trois à cinq ans, soit 9 % des capacités totales chinoises », relève ainsi un article du correspondant à Pékin de Libération. Conséquence : l’Empire ne compte plus « que » 10 000 mines, contre 25 000 auparavant. Un relatif déclin qui profite aux énergies dites propres : éolien, hydraulique, mais aussi… nucléaire (considérée comme « green » en Chine). Avec 22 réacteurs en construction (22 GW, l'équivalent de 35 % du parc nucléaire français actuel), la Chine est en effet – et de loin – le principal pays où le nucléaire est en plein essor. Le 13e Plan quinquennal (2016-2020) prévoit d’investir 500 milliards de yuans (70 milliards d’euros) et d’augmenter le rythme de construction des tranches de 4 à 5 par an aujourd’hui à 6 à 8.

« La Chine est en train d'intégrer les technologies de l'information dans sa production pour accroître la qualité et la quantité des biens fabriqués et pour donner un nouvel élan à la nouvelle économie »

DR

Li Keqiang, lors d’un sommet sur le secteur des méga-données organisé dans le Guizhou en mai dernier. Le Premier ministre chinois a estimé que « pour y parvenir, nous avons besoin de spécialistes qui connaissent la nouvelle économie et l'économie traditionnelle. Si nous parvenons à intégrer des nouvelles technologies telles que le big data dans l'esprit d'artisan, notre production répondra mieux aux attentes des consommateurs ».

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Services

Qui arrêtera Didi Chuxing ? Et les Echos mi-juin de rappeler : « Quelques semaines après la chèque d’un milliard d’Apple, le leader chinois du transport avec chauffeur (VTC) {vient d’annoncer} un investissement en capital de 300 millions de dollars doublé d'un prêt à long terme du même montant de la part China Life Insurance. » Selon Bloomberg, l’entreprise qui édite un service de réservation de taxis en Chine pourrait viser une introduction en Bourse dès l'année prochaine sur la place de New York. este que Didi Chuxing est sérieusement concurrencée par Uber, rappelle Frenchweb. « Pour l'instant, la start-up chinoise bénéficie toujours d'une longueur d'avance avec plus de 11 millions de courses opérées chaque jour, selon ses chiffres, dans les plus de 400 villes où son service est disponible ». Et de rappeler que selon Bloomberg, la valorisation de Didi Chuxing avoisinerait « les 26 milliards de dollars, ce qui en fait l'une des sociétés Tech chinoises non cotées en Bourse les plus capitalisées, aux cotées d'autres pépites comme Xiaomi ».

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La folle ascension de Didi

Sport Le groupe de distribution chinois Suning Commerce Group - en partie contrôlé par le géant de l'ecommerce Alibaba - va débourser 270 millions d'euros pour acquérir près de 70 % de l'Inter Milan, qui devient ainsi le premier grand club de football européen à passer sous pavillon chinois.

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Investissement La croissance des investissements en actifs fixes a ralenti au cours des cinq premiers mois de l'année, à 9,6 % par rapport à la même période en 2015, a annoncé le Bureau national des statistiques, alors que les économistes s'attendaient à ce qu'elle conserve son rythme de 10,5 % observé de janvier à avril. (Reuters)

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T ÉLE X

Conjoncture Les bénéfices des entreprises publiques ont reculé de 8,4 % sur les quatre premiers mois de l'année par rapport à la même période de 2015, a annoncé mercredi le ministère des Finances. Au total, ces bénéfices ont représenté 652,26 milliards de yuans (89,3 milliards d'euros) sur janvier-avril.

Automobile Alors qu’elle était en moyenne de 12 % sur la période 2010-2015, la croissance des ventes d'automobiles en Chine va clairement ralentir pour n'atteindre que 5,5 % par an d'ici à 2020, selon une étude du cabinet McKinsey. « Pourtant des opportunités sont pourtant toujours à saisir pour les constructeurs étrangers sur le premier marché chinois. » (source : BFM Business)


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Abonnez-vous au bulletin économique mensuel à cette adresse : http://www.ambafrance-cn.org/Abonnez-vous-au-Bulletin-Economique-Chine

25 %

L’ASEAN est récipiendaire de plus d’un quart des exportations chinoises d’acier et d’aluminium.

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nombre d’accords bilatéraux de libre-échange conclus par la Chine ou en cours de négociation.

10 milliards USD capital social du Silk road fund. A terme, il devrait être abondé à hauteur de 40 Mds USD.

100 milliards USD

43 milliards USD

montant de l’offre de rachat de Syngenta par Chemchina, la plus importante acquisition d’une entreprise étrangère par une entreprise chinoise.

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capital autorisé de la Banque asiatique d’Investissement pour les Infrastructures ; 20 milliards USD ont été appelés auprès des Etats membres.

jours durée nécessaire pour relier Wuhan et Lyon en train selon un tracé de 11 300 km (contre 50 à 60 jours en bateau).

nombre de pays membres fondateurs de l’AIIB. La France est le 2ème contributeur non régional et 7ème contributeur de l’institution.

Objectifs économiques de la Chine en Afrique annoncés par les dirigeants chinois :

400 milliards USD

montant des échanges commerciaux Chine-Afrique d’ici 2020 (contre 164 Mds USD en 2015 selon les chiffres officiels chinois).

100 milliards USD

montant du stock d’IDE chinois en Afrique d’ici 2020 (contre 32 Mds USD fin 2014 selon les chiffres officiels chinois).

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Grande interview

« Le climat des affaires en France est excellent » Le président de XiZi UHC décrypte pour Connexions la stratégie de son groupe – listé parmi les 500 plus grandes entreprises du pays –, lequel développe des activités en France notamment. Interview exclusive.

Connexions : Votre groupe est présent sur plusieurs métiers, dont ceux liés à l'aéronautique. Quelle est votre politique de développement dans ces métiers ? WANG Shuifu : Le pilier de notre poli-

XiZi UHC

WANG SHUIFU Pdg du groupe XiZi UHC

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tique de développement repose sur l’innovation des technologies « vertes » d'économie d'énergie. Nous concentrons nos efforts pour explorer d'autres matériaux et développer une variété de produits innovants à énergie « verte », sur l’ensemble de nos activités. Ainsi, nous avons mis en production pour notre activité ascenseur des moteurs sans engrenage, synchronisés et magnétoélectriques. Une technologie qui a reçu la certification chinoise des produits à économie d’énergie. Sur 4 millions d’ascenseurs en Chine, quelque 600 000 sont aujourd’hui équipés avec ce moteur. Il en est de même pour nos activités « cheminée » dont notre filiale à Hangzhou se consacre au développement, à la conception et à la fabrication d'équipements de centrales de génération de chaleur résiduelle destinées


à la métallurgie, à l’industrie chimique, à la pétrochimie, etc. Cette filiale a d’ores et déjà produit plus de 1 300 ensembles de chaudières de récupération de chaleur. Nous avons également obtenu toutes les qualifications requises pour fabriquer des parties clés d’aérostructure d’avion : formage de tôle, traitement thermique et assemblage de composants, etc. Nous fournissons les plus grands noms du secteur: Airbus, Stelia, Bombardier, Comac, etc.

Quelles ambitions nourrissez-vous en Europe, en France en particulier ?

En Europe, particulièrement en France, notre groupe compte de nombreux clients tel que Stelia. Fournisseurs de premier rang pour Airbus, nous avons signé une commande (« Sous-ensemble») pour la nervure de l'aile de l’A320 avec Airbus Royaume-Uni, et également des éléments de Case de train-avant de l’A320 pour Stelia Aerospace. Nous espérons également des coopérations plus fortes avec des clients potentiels comme Latécoère à Toulouse. Lors de ma dernière visite en France, nous avons également tissés des liens avec de potentiels partenaires comme Europe Technologies et Mecaprotec. Plus globalement, nous souhaitons renforcer notre empreinte en Europe. Nous anticipons également la construction pour les années à venir d’une usine d’assemblage, voire de fabrication de pièce en France.

« Les entreprises françaises ont un savoir-faire technologique et des qualités managériales reconnus. C’est fondamental pour les groupes chinois qui ont – sur ce dernier point en particulier – beaucoup à apprendre encore. La coopération dans les équipes entre les Français et les Chinois est excellente. Allier un savoir-faire technologique et le management à la française avec une entreprise dynamique chinoise permet de pouvoir se positionner en leader sur le secteur concerné. »

France est excellent. Notre filiale cheminée/chaudière à Hangzhou a ainsi coopéré avec le groupe Alstom pour leur production. Nous sommes très heureux de cette coopération, par laquelle nous nous ouvrons à la société française. Par ailleurs, quand nous avons abordé le secteur de l’aéronautique, Stelia nous a accompagnés et aidés pour développer notre croissance, ce qui est très positif. Récemment, nous avons par ailleurs pu visiter une entreprise européenne dont la technologie nous intéresse. Il a été très facile de rencontrer le personnel de cette entreprise. Le climat d’affaires en Europe est ainsi très ouvert. En outre, les entreprises françaises ont un savoir-faire technologique et des qualités managériales reconnus. C’est fondamental pour les groupes chinois qui ont – sur ce dernier point en particulier – beaucoup à apprendre encore. La coopération dans les équipes entre les Français et les Chinois est excellente. Allier un savoir-faire technologique et le management à la française avec une entreprise dynamique chinoise permet de pouvoir se positionner en leader sur le secteur concerné.

Le projet一带一路 "Yi Dai Yi Lu" peut-il aider votre groupe à porter ces ambitions ?

Ce projet ambitieux, porté par le gouvernement chinois, va promouvoir une coopération de tous les pays de la zone concernée (Asie-Europe-Afrique) et permettre d’explorer le potentiel de tous ces marchés. C’est un projet politique qui va aider à instaurer plus de confiance et de partage entre les peuples, ce qui va incontestablement renforcer les liens commerciaux. A l’évidence, cette stratégie va offrir à notre groupe plus d’opportunités et de facilités dans la coopération et la communication avec les pays et les partenaires d'Europe.

Réellement, le climat des affaires en

XiZi UHC

Comment jugez-vous le climat d'affaires en France (ou plus largement en Europe) pour un investisseur étranger ? Siège du groupe à Hangzhou.

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L'économie chinoise a montré récemment quelques signes de fragilité. Comment l'analysez-vous ? Est-ce durable selon vous ?

La Chine connaît désormais un développement économique « normal » et non plus à la hausse comme ce fut le cas dans les années 2000. Nous entrons dans une période durable durant laquelle les coûts de travail vont continuer à augmenter ainsi que d’autres facteurs, ce qui va contracter les bénéfices et la croissance des entreprises chinoises. Ce qui signe la fin de la période « low cost » et le début d’une montée en gamme du « made in China ». Néanmoins, quel que soit le produit, s’il y a une montée en gamme, nous sommes persuadés que le marché – la demande – répondra favorablement. Afin de réussir cette transition « par le haut », nous devons passer d’une « fabrication normale » à une « fabrication standard », voire à haute valeur

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« La Chine connaît désormais un développement économique « normal » et non plus à la hausse comme ce fut le cas dans les années 2000. Nous entrons dans une période durable durant laquelle les coûts de travail vont continuer à augmenter ainsi que d’autres facteurs, ce qui va contracter les bénéfices et la croissance des entreprises chinoises. Ce qui signe la fin de la période « low cost » et le début d’une montée en gamme du « made in China ».

ajoutée. C’est une nécessité si l’on veut innover et s’adapter à des marchés exigeants et concurrentiels. Le gouvernement chinois insiste pour que soient « nettoyées » les entreprises stagnantes, que soient éliminées leurs surcapacités et qu’elles se fixent des objectifs clairs en termes d’innovation et de croissance. Pour le développement de notre groupe, cette période est synonyme de belles opportunités mais aussi de possibles dangers. Nous devons saisir cette occasion pour nous transformer alors que nous sommes engagés dans l'industrie depuis plus de 30 ans. Voilà pourquoi nous faisons de l’innovation et de la qualité nos piliers de croissance. Je suis fermement convaincu que l’arme la plus efficace pour gagner « pacifiquement » le marché c’est la qualité ; la qualité c’est le marché ! Propos recueillis par Pierre Tiessen

10/12/2015 13:38:55


Focus

Les vins de Bordeaux en Chine

« Un marché à 300

millions d'euros »

Le président sortant du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) analyse l'impact attendu après la reconnaissance récente par la Chine des 45 appellations de Bordeaux.

Je an bern ard Nadeau

Imagine China

« La Chine est devenue le premier marché export – ce qui représente aujourd’hui plus de 10 % de notre chiffre d'affaires à l'étranger. C’est de loin le premier marché en volume mais aussi en valeur ».

Be rna rd Fa rg es

Président sortant du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) Les autorités chinoises ont reconnu en juin dernier les 45 appellations des vins de Bordeaux. En quoi est-ce si important ? Pour les appellations bordelaises, la Chine est devenue le premier marché export – ce qui représente aujourd’hui plus de 10 % de nos volumes vendus à l'étranger. C’est de loin le premier marché en volume mais aussi en valeur. C’est un marché – hors Hong-Kong qui arrive juste derrière – qui totalise en valeur chaque année plus de 300 millions d’euros. Comme tout marché export, nous avons besoin que nos appellations y soient reconnues. C’est encore compliqué aux Etats-Unis ; c’est d’ailleurs ce que nous voyons à l’occasion des actuelles discussions sur l’accord Nord-Atlantique de libre échange. Le sujet reste difficile à traiter avec les Américains. A chaque fois donc qu’un pays reconnaît nos appellations géographiques, c’est évidemment très important eu égard à ce que représente pour nous la

Chine. Mais c’est aussi très important par rapport au contexte général de la reconnaissance dans le monde des appellations géographiques, lesquelles sont – pour la production viticole européenne – un point fondamental. La Chine reconnaît ça : des produits attachés à un terroir. En quoi la reconnaissance de ces appellations peut-elle avoir un effet sur le problème des contrefaçons en Chine des vins de Bordeaux ? Cette reconnaissance est de toute façon une étape qu’il fallait franchir pour pouvoir être efficace sur ce problème de la contrefaçon, en collaboration avec les autorités chinoises. On ne pourra rien faire sans une volonté politique forte sur place. Cette reconnaissance est donc une étape indispensable pour la suite sur ce sujet de la contrefaçon. Je rappelle que nous menons depuis longtemps un travail avec les autorités et avons dans ce cadre formé des policiers spécialement à la lutte contre la contrefaçon des vins et spiritueux. Quelle est la stratégie de développement des vins de Bordeaux en Chine ? Nous sommes passés de 2005 à 2012 de rien à plus de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec un petit creux en 2013 lié au changement politique en Chine et à un besoin de maturité du marché. Nous avons donc vécu une décennie marquée par une très forte croissance de la demande chinoise. Personne n’avait vraiment

prévu ce développement ni même anticipé le creux de 2013. Il faut donc être très prudent sur un marché comme celui de la Chine, qui est lié souvent au contexte politique entre l’Union européenne et Pékin. Un autre élément important est la discussion bilatérale sur les droits de douane entre l’UE et la Chine. Discussion qui n’est hélas pas à l’ordre du jour ce qui n’est pas le cas pour les vins du Chili et pour les vins australiens, lesquels ont vu leurs droits de douane vers la Chine tomber à zéro à la faveur de traités sur la zone Pacifique. Ce qui représente pour ces vins un gain de compétitivité de l’ordre de 20 % par rapport à nos vins. Le marché chinois est-il selon vous, un marché mature du côté des consommateurs ? Pas encore puisque le nombre de ces consommateurs, au regard de la population totale – reste faible. Le consommateur lambda apprécie le vin rouge en priorité du Chili, d’Australie, de Bordeaux et du pays d’Oc. Sans oublier les vins rouges chinois qui restent en Chine les plus consommés. 80 % de nos vins consommés en chine sont des Bordeaux et Bordeaux supérieur – ce sont le cœur de cible pour la Chine. Les 20 % restants sont les vins de grandes appellations comme Pauillac, Margaux, Saint-Julien, Saint-Emilion, Pomerol. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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« Une ceinture et une route » (一带一路)… Voici résumé en quelques caractères - désormais célèbres LE dessein géopolitique de Xi Jinping axé sur le développement commercial et la construction d’infrastructures sur le tracé des anciennes routes de la soie maritime et terrestre. Un chantier gigantesque à la mesure de ce que pèse désormais la Chine sur le grand échiquier mondial. Pékin cherche dans le même temps à renforcer ses partenariats en pays tiers, en vantant le concept de croissance partagée. Quelles stratégies dans ce contexte adoptent les entreprises tricolores ? Quel est leur positionnement dans la stratégie de développement de la Chine en Afrique ? Autant de points cruciaux dans un contexte d’internationalisation du yuan et de mondialisation des entreprises chinoises. DOSSIER


La Chine

à l’assaut du monde


Imagine China Page précédente : Imagine China

L

a Chine, centre du monde. Voici, résumée, la (nouvelle) vision de la diplomatie économique chinoise. Et avec elle, un projet concret et global baptisé « Une ceinture et une route » (一带 一路). Une myriade de Nouvelles Routes de la Soie, à la fois terrestres et maritimes, qui irriguent la mappemonde jusqu’à l’Afrique et l’Europe depuis une Chine, (re)devenue bel et bien… l’Empire du Milieu. « Dans l'inconscient collectif, ces routes évoquent les mythiques caravanes de marchands d'épices, de jades, de porcelaines, de soies ou de laques qui, jadis, passaient par Samarcande », relève un récent article du quotidien Les Echos. « Ces axes commerciaux ont été doublés de voies

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maritimes largement empruntées au XIIIème siècle par Marco Polo. En même temps qu'ils développaient les échanges de marchandises, ces itinéraires ont aussi considérablement contribué au rayonnement de la Chine. Il s'agit aujourd'hui de les répliquer avec les technologies du XXIe siècle. Par exemple avec le train ». Et de relever que « le long du quai du terminal de Duisbourg, en Allemagne, on voit désormais d'énormes locomotives arriver, comme épuisées par un trajet de plus de 10000 kilomètres. » A leur bord, des produits “made in China” qui ont traversé l’Asie centrale pour inonder le Vieux Continent. Et plusieurs de ces wagons prennent à présent, via l’Allemagne, le chemin de la France… jusqu’à Lyon qui a réceptionné au printemps, un premier

convoi en provenance de Wuhan ou encore jusqu’à Madrid (la ligne Yiwu – Madrid a récemment été inaugurée). Autant de projets qui « gomment » la distance entre la Chine et ses partenaires que sont l’Europe, l’Afrique et toute l’Asie du sud-est. Une politique particulièrement audacieuse d’ouverture et d’expansion dotée de 40 milliards de dollars d’investissement. Une première tranche de 10 milliards, exclusivement financée par Pékin, a été débloquée l’an dernier alors que la Chine annonçait peu avant la création d’une nouvelle banque (dotée de 100 milliards de dollars, dont la moitié financée par la Chine) : l’AIIB pour Asian Infrastruture Investment Bank laquelle accompagne également ce projet 一带一路 « Yi Dai Yi Lu ».


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Cette pluie d’investissements s’est poursuivie en 2015 pour atteindre en Europe 23 milliards de dollars, un record (+ 27 % par rapport à 2014). Les principaux pays européens (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Benelux) représentent quelque 78 % des investissements chinois en Europe qui se sont concentrés essentiellement en 2015 dans l'automobile (7,8 milliards de dollars), l'immobilier et hôtellerie (6,4 milliards de dollars) ainsi que les technologies de l'information et de la communication (2,4 milliards de dollars).

Investissements chinois en Europe

2016 : un cru exceptionnel Chine/Europe : les deux extrémités de l’espace Europe-Asie, reliées demain par cette nouvelle bande de 10.000 km qu’est « la Nouvelle Route de la Soie ». Le rêve de Yong Le – célèbre empereur de la dynastie Ming (15e s.) qui rêvait de conquérir le monde – en passe de s’accomplir… Une renaissance de la puissance chinoise qui se traduit par l’explosion des investissements directs chinois (IDC) à l’étranger. Matières premières, agroalimentaire, tourisme, nouvelles technologies, logistique ou encore industrie de pointe… Désormais, plus rien n’échappe aux investisseurs de l’Empire, qu’ils soient publics ou simples entrepreneurs privés. Pour la seule année 2014, ils ont dans leur ensemble procédé à quelque 120 milliards de dollars d’emplettes en fusions-acquisitions en dehors de leur pays. Soit 10 fois plus qu’en 2005 (et en augmentation de 10 % en glissement annuel). Vertigineux! L’usine du monde s’est ainsi muée, en un temps record, en une puissance prédatrice, prête à mettre des milliards sur la table pour s’emparer de fleurons étrangers. Fini le temps où les entrepreneurs occidentaux accouraient en Chine les valises pleines de billets (en 2014, les investissements directs en Chine n’ont augmenté que de 1,7 %). Voici venu celui – amorcé il y a une dizaine d’années et renforcé depuis la crise – où ce sont les Chinois qui prospectent hors de leurs frontières pour acheter, pour investir, s’emparer de sociétés à forts potentiels ou positionnées sur des secteurs jugés stratégiques… Aussi en 2014, le géant China Minmetals – accompagné du groupe Guoxin et du fonds d’investissement CITIC – rachetait-il au suisse Glencore Xstrata la mine de cuivre de Las Bambas (Pérou). Montant de la transaction : 7milliardsdedollars.IdempourlepékinoisLenovo– détenteur déjà d’une partie de l’américain IBM – qui s’emparait quelques mois plus tôt des smartphones de Motorola, alors propriété de Google, contre

un chèque de 3 milliards de dollars. En 2014 toujours, le chinois Jin Jiang mettait quant à lui la main presque naturellement sur le groupe Louvre Hotels, numéro deux derrière Accor de l’hôtellerie économique en France (contre 1,5 milliard de dollars)… Sans compter l’OPA du conglomérat shanghaien Fosun sur Club Med. De la mode au football L’an dernier cette pluie d’investissements s’est poursuivie pour atteindre en Europe 23 milliards de dollars, un record (+ 27 % par rapport à 2014). Les principaux pays européens (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Benelux) représentent quelque 78 % des investissements chinois en Europe qui se sont concentrés essentiellement en 2015 dans l'automobile (7,8 milliards de dollars), l'immobilier et hôtellerie (6,4 milliards de dollars) ainsi que les technologies de l'information et de la communication (2,4 milliards de dollars). A retenir en particulier l’absorption des Pneus Pirelli par INVESTISSMENTS CHINOIS EN ENROPE EN 2015

Total : 23 milliards de dollars 1,27

Suisse

1,3

Allemagne

2,5

Pays-Bas

3,3

Royaume-Uni Source : Challenges

3,23

Autres

7,8

Italie

3,6

France

ChemChina. Cette année, c’est le groupe de mode parisien SMCP (marques Sandro, Maje et Claudie Pierlot) qui est tombé dans l’escarcelle à hauteur de 80 % de Shandong Ruyi, l’un des principaux groupes de textile chinois. Ou encore le club InterMilan qui est passé sous pavillon chinois en juin dernier, racheté à 70 % par le groupe Suning. « Depuis plusieurs mois, nous constatons une poussée des opérations d’acquisitions chinoises à l’étranger, elles s’établissaient à plus de 110 milliards de dollars fin avril (soit l’équivalent du volume de toute l’année 2015 ! », note Emmanuel Gros, cofondateur de la banque d’affaires Benoit & Associés à Shanghai (voir ci-après). Crise de 2008 Comment alors expliquer cette soudaine razzia chinoise laquelle suscite régulièrement des inquiétudes notamment de la part des économies européennes ? Inquiétudes récurrentes, en témoignent les récents politiques sur une possible montée chinoise au capital de la Compagnie des Alpes… « Cette poussée des IDE chinois en Europée s’explique de différentes façons mais Il y a eu un effet de la crise post-2008 très fort », relève un analyste financier en poste à Shanghai. « Après 2008, de nombreuses entreprises florissantes de Pékin et d’ailleurs se sont retrouvées en capacité d’investir rapidement dans des structures en difficulté. » Sur le Vieux Continent notamment. En France bien sûr, mais aussi en Allemagne, pays prisé des investisseurs chinois pour son réseau de PME spécialisées sur « des marchés de niche et leaders dans leur domaine ». « Ces investisseurs chinois ont généralement profité de prix très attractifs », confirme l’économiste Ding Yifan, directeur adjoint de l’institut d’études sur le développement mondial à Pékin. Une stratégie de rachats qui leur permet d’hériter, sur place et sur des secteurs qu’ils ne maitrisent pas toujours, « d’une très bonne notoriété et souvent d’excellents réseaux de distribution ». P. Ti

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« Le concept de “route de la soie” n’est pas encore complètement élaboré, mais il va au-delà de la seule question des transports. Il sousentend de mettre en place un corridor d’investissements partant de la Chine, de mettre un pied dans les pays concernés. »

Corridor d’investissements Un projet sur le long terme… « On ne connaît pas le calendrier précis. Avec « Yi dai Yi Lu », la Chine vise 2049, pour le centenaire de la République Populaire de Chine », commente un observateur basé à Pékin. « Les Chinois ont une vision tout aussi globale que les Américains, mais eux regardent cinquante ans en avant, explique dans un récent article du journal Le Monde, signé Benoit Vitkine1, le géographe et diplomate français Michel Foucher, « l’un des premiers à s’être penché sur les projets chinois en matière d’infrastructures. Le concept de “route de la soie” n’est pas encore complètement élaboré, mais il va au-delà de la seule question des transports. Il sous-entend de mettre en place un corridor d’investissements partant de la Chine, de mettre un pied dans les pays concernés. » Des pays où ces investissements peuvent parfois créer des tensions, au moins des incompréhensions comme le souligne pour Connexions Apurva Sanghi, économiste en chef à la Banque Mondiale (pour le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et l’Erythrée). « La Chine a récemment eu sa part de mauvaise presse au Kenya. (…) Les importations chinoises sont également perçues de mauvaise qualité ; selon l'Association des fabricants du Kenya, chaque année, les produits contrafaits – made in China ou India - coûtent au pays entre 84 et 490 millions de dollars en taxes perdues. » Mais de relever également que « d'autres au Kenya considèrent la Chine comme une source clé de mise à niveau des infrastructures importantes – à l’instar du Thika Superhighway et du Standard Gauge Railway projets réalisés par des entreprises chinoises ».

1. Au cœur de « la nouvelle route de la soie », parue dans le journal Le Monde le 14 août 2015.

Pierre Tiessen

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Imagine China

A retenir

L’inclusion du yuan au panier DTS

Imagine China

Un projet… géopolitique Les ambitions tous azimuts (en Afrique et ailleurs) des entreprises chinoises montrent également la volonté pour les autorités à Pékin de peser sur le grand échiquier géopolitique mondial. De fait, pour la Chine, le projet 一带一路 « Yi Dai Yi Lu ». relève aussi d’un plan stratégique « qui vise à réorienter sa géopolitique vers l’intérieur du continent, notamment vers l’Asie centrale et l’Europe, plutôt que vers l’Est et sa côte Pacifique », comme l’expliquait récemment Simon Shen, directeur du Global Studies Program, cité par le site internet Slate. « C’est aussi un projet pour contrecarrer les influences russe et américaine dans la région. C’est en quelque sorte une nouvelle diplomatie chinoise, qu’on peut qualifier de “réalisme institutionnel”, et qui consiste à bâtir de nouvelles infrastructures à l’étranger pour influencer les politiques mondiales ». Affaire à suivre donc… de très près.

Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé fin 2015 l’inclusion du RMB §ou yuan) dans les droits de tirage spéciaux le panier de devises qui sert d’actif de réserve international à l’institution. A partir du 1er octobre 2016, date à laquelle cette mesure est censée devenir réalité, les 188 Etats membres du Fonds pourront échanger des DTS contre les cinq monnaies dites « librement utilisables » – dollar, euro, livre sterling, yen et désormais le RMB – s’ils en ont besoin pour équilibrer leur balance des paiements. Source : Le Monde


Un projet mondial Projets terrestres et maritimes de la « Nouvelle Route de la Soie » (Une Ceinture - Une Route)

Le nouvelles "Routes de la soie"

DR

Il a di t. ..

« Le volume commercial annuel entre la Chine et les pays concernés par la Nouvelle Route de la Soie doit dépasser 2 500 milliards de dollars d’ici à dix ans ». Xi Jinping, au forum économique de Bo’ao en 2015. « L'accélération de la construction de cette route permet de promouvoir la prospérité économique des pays riverains ainsi que la coopération économique régionale », a alors insisté le Président chinois, « et d'intensifier les échanges et l'inspiration mutuelle entre les différentes civilisations, et de favoriser le développement pacifique mondial. » DR

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P o i n t d e vu e

P ier re Ba rn iè s

Ancien sénateur et journaliste

« Cette aire {l’Ouest de la Chine} est en train de retrouver sa vocation de pont et de lieudepassagenaturels,aucœurdel’Asie». (…) La Chine a aujourd’hui « deux raisons majeures et durables de s’intéresser à l’Asie centrale et d’y retourner après une longue éclipse : une raison économique avec des besoins en hydrocarbures en croissance exponentielle, et une raison politique, la nécessité de poursuivre de façon irreversible l’intégration du Xinjiang dans son ensemble national » Extrait de « La Route de la Soie – une histoire géopolitique » (Ellipses Editions)

Repères

« Selon le Rapport sur les investissements mondiaux 2015 publié par la CNUCED, la Chine est passée en tête du classement mondial des pays destinataires de flux d'IDE dans le monde, devant les Etats-Unis. Le pays figure également en tête du classement des économies les plus attractives pour les compagnies transnationales pour 2015-2017. L'absorption des flux d'IDE fait partie de la politique d'ouverture de la Chine à l'extérieur. En 2015, les flux d’IDE ont continué leur hausse et ont augmenté de 6,4 % par rapport à 2014. Selon les prévisions, les flux d'IDE de la Chine à l'étranger devraient bientôt dépasser les flux d'IDE entrant dans le pays ».

« De nouveaux débouchés de croissance » DR

Extrait d’une analyse BNP Paribas sur les IDE en Chine ; www.tradesolutions.bnpparibas.com/fr/ implanter/chine/investir

L e p o i n t av e c

E la i n e Ya ng

Galactica Lasertag

Senior associate director à APCO Worldwide (bureau de Shanghai)

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Quels pourraient être, selon vous, les impacts économiques du projet “Yi Dai Yi Lu” sur les 20 prochaines années ? Alors que la croissance économique de la Chine, sur les deux dernières décennies, a étonné les observateurs du monde entier, le pays – qui tente désormais de rééquilibrer son modèle de croissance - a maintenant du mal à trouver ses marques. Le gouvernement chinois cherche de nouveaux débouchés pour l'investissement et la surcapacité industrielle. Avec ce projet « Yi Dai Yi Lu » et l’intégration économique avec les pays concernés, les entreprises chinoises espèrent exploiter de nouveaux marchés et accroître leur présence mondiale. Un grand nombre de projets d’infrastructures devraient par ailleurs bénéficier à des provinces de l’ouest chinois, moins développées. {…} À l'échelle globale, « Yi Dai Yi Lu » pourrait stimuler la croissance économique asiatique et mondiale


d'une manière plus durable. De nombreux pays, sur les itinéraires proposés, manquent d’infrastructures et affichent souvent un taux d'investissement insuffisant et de faibles revenus par habitant. {…} Un fonds spécial « Route de la Soie » de 40 milliards de dollars a alors été créé en 2014, et de nombreux projets financés par l’Asian Investment Bank (AIIB) dotée de 50 milliards de dollars, concernent précisément le projet « Yi Dai Yi Lu ».

Imagine China

« L’entreprise publique « China Railway Construction Company » est en train de construire un chemin de fer entre la province du Yunnan et le Laos. China Unicom et China Mobile ont fait leurs propres propositions pour développer les réseaux cellulaires TDLTE, et la State Grid Corporation of China facilitera la construction du réseau dans les régions concernées par le projet de la Nouvelle Route de la Soie. »

Dans quels secteurs les entreprises chinoises, impliquées dans ce projet, investissent-elles en particulier ? Les entreprises publiques chinoises (SOE’s) seront le driver » principal en Chine de cette initiative. Pékin a publié une série de politiques préférentielles pour soutenir les entreprises publiques à « sortir » hors de Chine. Lors d’une visite d'Etat en Ouzbékistan en juin dernier, le Président Xi a d’ailleurs insisté sur le fait ces entreprises publiques chinoises ont déjà investi quelque 15 milliards de dollars dans des projets d'infrastructure l’an dernier dans la zone concernée par « la Nouvelle Route de la Soie ». Ce sont les secteurs du ferroviaire, des TIC ou encore de l’énergie qui sont prioritaires. Ainsi, l’entreprise publique « China Railway Construction Company » est en train de construire un chemin de fer entre la province du Yunnan et le Laos. China Unicom et China Mobile ont fait leurs propres propositions pour développer les réseaux cellulaires TDLTE, et la State Grid Corporation of China facilitera la construction du réseau dans les régions concernées par le projet. Les plus grands gagnants, cependant, seront les sociétés pétrolières et gazières de la Chine ; à l’instar de la CNPC ou Sinopec. La Chine et la Russie ont déjà signé un accord de plusieurs milliards de dollars pour un gazoduc de gaz naturel gazoduc ; la Chine est également intéressé par le gaz naturel turkmène. Comment réagissent les pays concernés par ces investissements ? Pour être mis en œuvre avec succès, le projet nécessitera le « buy-in » de pays à travers l'Asie, le Moyen-Orient et l’Europe. Bien que certains pays d'Asie du Sud accueillent ldes fonds chinois d’aide au développement, ils sont aussi préoccupéssurtout à un moment où Pékin mène une politique étrangère plus musclée. L'Asie centrale – de plus en plus tributaire du commerce avec l’Empire du milieu – est également plus vulnérable aux fluctuations de l'économie chinoise ; les pays concernés ont donc intérêt à diversifier leurs partenaires commerciaux et d'investissement. Cela ne veut pas dire que les pays concernés ne sont pas enthousiastes. Lors d'un symposium tenu à Katmandou

en avril, le secrétaire du Parti communiste du Népal Pradeep Gyawali a en effet déclaré que « le Népal a besoin de se transformer en un pays connecté (« land-linked country »), et que ce projet « Yi Dai Yi Lu » peut être très utile pour atteindre cet objectif. » Le ministre du Commerce pakistanais Khurram Dastagir Khan a par ailleurs affirmé cette année lors de la 4ème édition de l’Exposition Chine-Asie du Sud que le projet « va permettre de lutter contre la pauvreté, le chômage, l'analphabétisme, la malnutrition et la maladie en Asie du Sud et va offrir aux gens un meilleur niveau de la vie et des opportunités économiques ». Prochain arrêt : l’Europe ? L'Europe est le terminus de ces routes économiques, mais les « arrêts aux stands » concernent dans les pays où les dossiers économiques pauvres. Une étude menée par l'Economist Intelligence Unit a constaté que les projets pourraient ainsi se poursuivre pendant 35 ans avant même qu’il atteigne l’Europe. Heureusement, les grandes puissances européennes comme la France et l'Allemagne sont membres du AIIB. Pourtant, les observateurs devraient par ailleurs se rappeler que le véritable bénéficiaire du projet n’est autre que la Chine elle-même. Propos recueillis par P. Ti

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Imagine China

Focus

A Yiwu, ville secondaire du Zhejiang (au sud de Shanghai), les affaires vont vite. C’est en effet ici que s’écoule, depuis plus de 100 000 stands de gros et demi-gros répartis sur des kilomètres de galeries, tout ce que la Chine produit à bas prix : des centaines de millions de paires de chaussettes, des montagnes de couettes, de luminaires, de vaisselle ; des allées sans fin de couronnes de Noël et de boules décoratives… Un énorme bric-à-brac qui attire chaque jour jusqu’à 5 000 marchands et intermédiaires du monde entier (Moyen-Orient et Afrique en tête). « C’est le plus gros marché pour professionnels du pays », explique Ying Hong qui tient une minuscule boutique d’exposition, remplie de Pères Noël miniatures en plâtre. « Nous négocions de très gros volumes [rarement moins de 10 000 pièces] ». Les prix sont imbattables. Calculettes à la main, les vendeurs se disputent des centimes de centimes. L‘un propose une guirlande argentée à 1,5 yuan tandis qu’un autre, à quelques pas, vend la même à 1,4 yuan – des articles proposés à plus de 1 euros sur les marchés européen et américain. Au cœur de projet « Yi Dai Yi Lu » « Yiwu est devenue une ville pivot pour la politique de la « La Nouvelle Route de la Soie » (Yi Dai Yi Lu). La ville s’internationalise de plus en plus », analyse Tiva Hong, actuellement salarié à l’Alliance française de Hangzhou, auparavant employée au bureau des affaires étrangères de Yiwu. Et de citer plusieurs forums internationaux qui se sont tenus dans cette ville, située au carrefour du monde. « En 2014 ont été organisés coup sur coup un forum intitulé « China West Asian & African Dialogue », puis un autre sur la coopération « Chine/Asie Centrale ». L’an dernier s’est également tenue à Yiwu la première édition – rééditée cette année – du Silk Road Economic Belt Forum ». La ville est également concernée par deux nouvelles routes ferroviaires qui la relient à l’Europe jusqu’à Madrid et depuis février dernier à l’Asie centrale jusqu’à Téhéran, via le Turkménistan. P. Ti

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« Une incroyable dynamique DR

YIWU Au carrefour du monde

Imagine China

L a parole à

E m m an u e l Gro s Cofondateur de la banque d’affaires Benoit & Associés à Shanghai

« Depuis plusieurs mois, nous constatons une poussée des opérations d’acquisitions chinoises à l’étranger, elles s’établissaient à plus de 110 milliards de dollars fin avril (soit l’équivalent du volume de toute l’année 2015 !). Il y a une incroyable dynamique d’acquisitions. Nous travaillons actuellement sur des dossiers d’acquisition en France par des entreprises chinoises ayant trait au tourisme et à hôtellerie. Avec évidemment un angle international. C’est en effet ce que recherche prioritairement un investisseur chinois. Sur le dossier sur lequel nous travaillons, il y a notamment une volonté de se développer sur le marché africain en acquérant un grand acteur français du tourisme. Ce que nous constatons sur le comportement des investisseurs chinois, c’est qu’ils ne touchent pas – à la suite d’une acquisition – au management à la différence de repreneurs américains par exemple. D’abord parce que ces acquisi-


tions sont loin de la Chine et donc loin de leur zone de confort. Par ailleurs, les investisseurs chinois ont encore peu recours dans ce genre de deal à des banques d’affaires qui pourraient les conseiller à la fois dans les phases de négociations et d’intégrations. Tout ceci explique souvent pourquoi ils souhaitent préserver le management de l’entreprise qu’ils rachètent. Une des conditions sine qua non pour ce type d’investisseur est d’ailleurs d’exiger que le dirigeant en place reste 2 ou 3 ans afin d’assurer une transition. De façon générale, les groupes chinois avancent encore, sur les marchés tiers, avec une grande prudence. L’autre tendance que nous constatons est la dynamique d’acquisitions de sociétés chinoises par les groupes français. Avec une tendance forte qui est de réaliser des acquisitions et d’intégrer les technologies chinoises – notamment celles, particulièrement en pointe, sur le digital, sur les énergies, le « smart-city » et sur les connectivités au sens large - dans leurs structures mondiales. La Chine est sur toutes ces questions un grand laboratoire : la position de groupes français est ainsi - en rachetant des entreprises chinoises - d’intégrer ces savoir-faire chinois et de les exporter. On crée une sorte « d’animal hydride » entre ce savoir-faire chinois et le savoir-faire français en termes de management, de R&D et d’expériences. Il y a de vraies synergies à la fois technologiques et commerciales qui permettent de gagner des marchés sur des marchés tiers, en particulier en Afrique et en Asie du sud-est. »

L a par o l e à

Yan n Che n

Co-fondateur du fonds de Hyroute Capital Private Equity

« Des conflits culturels liés au management » « Nous constatons comme beaucoup une ruée à l’étranger des investisseurs chinois. Il s’agit le plus souvent d’entrepreneurs privés qui cherchent des opportunités de développement et de placement sécurisés hors de Chine. Ils anticipent en effet une dépréciation du RMB dans les années à venir et estiment qu’en Europe ou en Amérique du Nord leur argent pourrait être mieux placé. Hyroute Capital accompagne ces investisseurs et industriels – dont le chiffre d’affaires oscille généralement en 30 et 100 millions d’euros – dans leur stratégie d’industrialisation. Nous jouons un rôle de « pont de communication » ; un pont particulièrement utile alors que ces entreprises ont peu d’expérience encore à l’international. La Chine manque clairement de talents capables de gérer de telles transactions « cross board » de façon satisfaisante. Sur ce point, le pays risque de répéter les mêmes erreurs que le Japon dans les années 80, avec un taux très élevé d’échecs – de l’ordre de 80 % – sur des investissements à l’étranger. Et ce par manque de préparation et de connaissance des marchés sur lesquels les entreprises chinoises investissent. Nous redoutons d’ailleurs une augmentation, dans les années à venir, des conflits culturels – notamment en Afrique – liés au management entre la direction (chinoise) et les équipes locales. Notre travail consiste justement à accompagner et à gérer au mieux ces investissements. »

Imagine China

d’acquisitions »

DR

« Ce que nous constatons sur le comportement des investisseurs chinois, c’est qu’ils ne touchent pas – à la suite d’une acquisition – au management à la différence de repreneurs américains par exemple. »

Propos recueillis par P. Ti

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DR

L a parole à

J ean-M a rc G u yot CEO Engie Chine

Le Centre des nouvelles industries et technologies (CNIT) est le premier bâtiment construit à La Défense, dans l'ouest parisien.

Les entreprises chinoises en Ile-de-France DR

« Désormais, toutes les entreprises chinoises, quelle que soit leur envergure, sont encouragées à aller chercher des projets à l’international. C’est devenu une base dans tous les partenariats qu’elles nouent avec des entreprises étrangères en Chine. Pour Engie, qui a notamment signé des accords avec China Huaneng et Beijing Enterprise Group, cela s’est traduit par l’étudedes projets communs au Brésil, en Colombie ou en Europe. Projets qui n’ont pas abouti mais qui montrent une très nette montée en puissance des groupes chinois sur des marchés tiers. Par ailleurs, avoir un partenaire chinois sur un projet à l’international est devenu un facteur clé de succès pour Engie. Ces partenaires ont en effet les capacités financières et souvent techniques, auxquelles nous associons notre expérience et notre maîtrise de technologies de pointe. Ces partenariats – récemment concrétisés dans un projet de barrage avec DEC (Dongfang Electric Corporation) - vont encore monter en puissance, en particulier en Afrique, où la demande est forte. »

Imagine China

« Une très nette montée en puissance »

L e p o i n t av e c

You X i n g Responsable du bureau Chine de Paris Région Entreprises

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N

otre bureau de représentation - installé à Shanghai depuis 10 ans et compétent pour toute la Chine, – a pour mission de développer l’attractivité de la région Ile-de-France en Chine et de faire la promotion de la technologie et de l’économie franciliennes. Nous avons ajouté depuis avril 2015 une nouvelle mission sur la connexion technologique. Dans ce cadre, nous nouons de nombreux contacts avec des entreprises chinoises. Même si la plupart de ces entreprises n'ont pas le projet de s’installer tout de suite en IDF, elles ont en effet des besoins d’information sur l’innovation en France. Beaucoup de ces entreprises chinoises ont par ailleurs grandi en développant fortement leur chiffre d’affaires à l’export. Elles ont besoin de monter en gamme, et parfois leurs capacités en R&D ne suffisent plus. Elles cherchent des technologies partout dans le monde ; dans ce contexte nous jouons un rôle de lien avec les PME françaises innovantes. L’entreprise Haier a par exemple créé une plateforme « open innovation » ; elle cherche des solutions en domotique notamment. Ses dirigeants ont effectué en 2012 une mission à Paris qu’ils ont répété


Imagine China

Focus

« Un nouveau laboratoire France-Chine au Mali »

les années suivantes. L’idée est de connecter les laboratoires français, les centres de recherche et les centre R&D. En 10 ans, plus 150 entreprises chinoises se sont ainsi implantées en Ile-de-France, région qui abrite la plus forte concentration mondiale – après Pékin et Tokyo – d’entreprises classées dans le TOP 500. C’est un vrai point fort pour les investisseurs chinois. Par ailleurs, l’Ile-de-France est très bien placée en terme de logistique aérienne, ferroviaire, fluviale et routière. En 1h45 par avion ou en 3/4 d'heure en train, on peut ainsi rejoindre les principales capitales européennes. C'est un atout qui, souvent, peut faire la différence.

Dans le domaine de la santé, les virus ne connaissent évidemment aucune frontière. Il est alors important – autant du côté Chinois que du côté Français – de favoriser des coopération scientifiques et industrielles. Avoir accès très tôt, pour une entreprise comme la nôtre spécialisée dans le diagnostic, à des sérums et bactéries de virus nous permet d’être Président Chine de bioMérieux prêt en cas d’épidémie. C’est un enjeu stratégique d’être présent sur les différents continents et de l’être avec les Chinois. Dans le domaine de la santé, l’internationalisation est en tout cas chose courante. Nous avons alors, avec notre partenaire chinois – la CAMS (China Academy of Medical Science) – décidé d’être présents au Mali et d’y monter un laboratoire de surveillance de maladies infectieuses et de préparation à d’éventuelles épidémies. Suite à celle récente d’Ebola, nous avons en effet été actifs en Guinée tandis que des équipes chinoises sont intervenues en Sierra-Leone. Ce qui a engendré une collaboration que nous avons souhaité poursuivre à travers la création de ce laboratoire malien. Il s’agit d’une structure pilote qui pourrait si c’est un succès être (sera vraisemblablement) dupliquée dans le futur dans d’autres pays africains. Nous avons déjà une longue histoire en commun avec la CAMS puisque nous avons créé ensemble en 2005 – 2 ans après l’épidémie du SRAS en Chine – un laboratoire, sous forme de JV, sur les maladies infectieuses à Pékin. Ce laboratoire mixte porte le nom de Christophe Mérieux. Il n’a pas d’équivalent en Chine et forme déjà des spécialistes venant de pays tiers, comme le Laos et la Vietnam. Cette nouvelle collaboration au Mali – pays proche de zones où l’Ebola et d’autres maladies infectieuses sont apparues – s’inscrit finalement dans la continuité. DR

« Beaucoup d’entreprises chinoises ont par ailleurs grandi en développant fortement leur chiffre d’affaires à l’export. Elles ont besoin de monter en gamme, et parfois leurs capacités en R&D ne suffisent plus. Elles cherchent des technologies partout dans le monde ; dans ce contexte nous jouons un rôle de lien avec les PME françaises innovantes.. »

Pascal V i n ce lot

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DR

Focus Entreprise

« Ce « pont » entre la France et l’Afrique nous est apparu naturel tant les liens – économiques, diplomatiques et culturels - entre les pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest (Algérie, Maroc, Sénégal) sont historiquement forts. Ce sont des pays francophones et le fait d’être implanté en France a forcément renforcé la marque Sanei sur ces marchés. »

SANEI ELEVATOR

Une stratégie Chine-France-Afrique Interview exclusive de Wu Jianhua (voir photo aux côtés de J. P Raffarin), Pdg du groupe shanghaien Sanei Elevator, spécialisé dans la production d’ascenseurs, lequel compte une implantation en France, dans l’Yonne.

Quel est le périmètre des activités de Sanei en Chine et en France ? L’entreprise – créée en 1987 – a très tôt fait le pari de l’internationalisation au début des années 2000. Ce qui fait de Sanei la première entreprise privée d’ascenseurs à avoir été créée en Chine et à s’internationaliser. Aujourd’hui, le groupe – dont les ascenseurs sont disponibles dans une cinquantaine de pays – compte quelque 400 collaborateurs, dont une cinquantaine en France pour le moment. Nous collaborons évidemment avec de nombreux sous-traitants et enregistrons un chiffre d’affaires annuel de 100 millions d’euros environ (dont 10 millions pour notre filiale française, laquelle coiffe également nos activités en Afrique). Nous avons dans ce cadre un bureau de représentation au Maroc

et en Algérie et travaillons sur un projet d’usine de production algérienne qui couvrira toute l’Afrique et qui sera opérationnelle en 2017. Stratégiquement, pourquoi la France représente-t-elle pour Sanei une "porte ouverte" pour le marché africain ? Ce « pont » entre la France et l’Afrique nous est apparu naturel tant les liens – économiques, diplomatiques et culturels - entre les pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest (Algérie, Maroc, Sénégal) sont historiquement forts. Ce sont des pays francophones et le fait d’être implanté en France a forcément renforcé la marque Sanei sur ces marchés. Cela nous oblige par ailleurs à répondre à des normes de production françaises qui sont, sur le secteur des ascenseurs, parmi les plus strictes au monde. Ce qui fait de Sanei la première marque chinoise d’ascenseurs à pénétrer ainsi le marché français ce qui nous permet de monter en gamme – au point de d’avoir dû modifier notre chaine de production – et de nous positionner beaucoup plus facilement sur ces marchés tiers africains. Quelle est la stratégie de coopération de Sanei avec d'autres entreprises françaises en Afrique ? Nous sommes évidemment en contact et en liens directs avec l’écosystème français dans les pays africains dans lesquels nous travaillons.

D’abord avec les grands groupes de BTP comme Vinci et Bouygues Par ailleurs, nous collaborons avec un certain nombre de sous-traitants et grands groupes français pour l’acquisition de pièces détachées spécifiques, qui répondent aux normes européennes et que nous ne produisons pas en Chine. Ces pièces nous les utilisons également en Afrique. Par ailleurs, nous travaillons dans le cadre d’appels d’offres avec de nombreux bureaux d’études – français, italiens, espagnols, etc. - sur tous nos projets en Afrique. Quelles difficultés (administratives, culturelles, économiques) avez-vous pu rencontrer dans votre politique d'internationalisation ? Nous sommes un groupe expérimenté à l’international, notre souci constant est donc d’anticiper – en relation avec les autorités chinoises – ce type de difficultés et de risques. Nous avons évidemment connu des difficultés à nous implanter en France, tant les autorisations sont compliquées à obtenir - mais il n’y a pas eu de difficultés majeures ; Nous sommes également aux risques de « chocs culturels » au sein des équipes, ce que nous avons connu en France au début. Les équipes chinoises et françaises ont mis du temps à travailler ensemble, mais les choses se sont largement améliorées. Propos recueillis par P. Ti

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« En dix ans, les IDE chinois en Afrique ont été multipliés par 20 ! »

Interview

Adil Zel lo u Dirige le bureau Chine de la banque marocaine BMCE Bank of Africa. Il décrypte pour Connexions les appétits des investisseurs chinois en Afrique alors que les Investissements Direct étranger (IDE) chinois sont passé en 10 ans de 1,6 à 32,4 milliards de dollars.

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Quelle politique et quels dispositifs la BMCE met-elle à la disposition des investisseurs chinois au Maroc et en Afrique en général ? Je me permets d’abord un rapide rappel de l’historique de notre structure. BMCE BANK OF AFRICA, qui a été créée en 1959 sur Decret Royal, puis privatisée en 1995, est dirigée par Othman Benjelloun en tant que Président, et occupe au Maroc la 2e position en tant qu'institution financière privée. La Banque dispose d'un actionnariat stable composé de prestigieux partenaires, dont on peut citer principalement FinanceCom, Groupe Marocain privé, au rayonnement panafricain et présent dans plusieurs secteurs d'activité, la Royale Marocaine d'Assurance RMA, compagnie d'assurance leader au Maroc, BFCM Holdg de CIC groupe qui est une banque de référence en France puisqu'elle en est la 4e en importance et la 2e banque de détail, la Caisse de Dépôts et Gestion CDG qui constitue un acteur majeur dans le financement public des investissements et développement du marché financier. Notre banque dispose d'environ 28 milliards de dollars en total actifs, elle a une vocation historique pour la promotion du commerce international et activités financières, elle a été la 1ère banque marocaine à s'installer en zone offshore à Tanger en 1965, la 1ère à ouvrir une branche à Paris en 1973, la 1ère à créer une banque d'investissement à la City de Londres en 2007, la 1ère à dispo-

« Notre souhait est de drainer ces investissements chinois au Maroc, pour non seulement répondre au marché marocain qui reste limité à une population totale de 34 millions de personnes, mais d’accompagner notre expansion en Afrique, à travers la présence de Bank Of Africa pour un ensemble de consommateurs africains avoisinant le milliard. »


ser d'un bureau de représentation à Pékin en 2000 et bientôt d'une succursale à Shanghai, et en 2007, l'acquisition de BANK OF AFRICA dans laquelle notre Groupe contrôle 75 % actuellement et qui est présente dans 20 pays en Afrique... En tant que Banque universelle, BMCE BANK OF AFRICA met à la disposition des investisseurs étrangers de manière générale toute une panoplie de produits et services pouvant répondre à l'ensemble de leurs besoins, ces produits et services intègrent les produits classiques, à savoir tous les types de crédits d’investissement et de fonctionnement, tous les paiements et transferts dans le cadre d’opérations d’import-export, les différents types de garanties de soumissions aux marchés, ainsi que les diverses formules de financement (préfi-export, refinancement import , stand-by LC…) et à travers diverses filiales spécialisées, nos produits vont du leasing, factoring, forfaiting, monétique, assurance, bourse… aux produits couvrant également les besoins des particuliers et professionnels, aussi bien en monnaie locale qu’en devises étrangères au sein de notre filiale offshore à Tanger. Quelles sont, selon vous, les lignes de force du Maroc pour attirer ces investissements chinois ? Les atouts du Maroc sont assurément sa position géographique, sa stabilité politique et économique, sa proximité avec l'Europe, la diversité de son économie liée à la mise en place de stratégies sectorielles porteuses ( automobile, aéronautique, off shoring, Maroc numeric, Industrie agro-alimentaire, industrie chimique, plan azur, Maroc vert....), des coûts compétitifs faisant du Maroc une plateforme de choix pour l'export, une main d'œuvre jeune qualifiée et de plus en plus disponible grâce aux diverses formations professionnelles répondant à des besoins spécifiques en industries automobile, aéronautique, textiles et autres, sa disposition d'infrastructures de qualité en ports, aéroports, autoroutes, structures logistiques, les divers Accords de Libre Echange signés avec 55 pays couvrant ainsi plus d'un milliard de consommateurs, la présence de grands groupes marocains investisseurs en Afrique. Ils sont autant d'atouts pour attirer des investissements étrangers au Maroc et en faire une porte d'entrée et plateforme vers diverses régions voisines, l'Afrique en particulier. Quels sont les grands projets et investissements chinois récemment réalisés au Maroc ? Ces investissements touchent essentiellement l'industrie de la pêche hauturière, le montage de véhicules de transport camions

« La Chine sécurise ses besoins en minerais et matières premières pour ses industries, développe le secteur agricole africain pour en partie sécuriser l'approvisionnement de sa population, délocalise des industries en Afrique pour justement permettre à sa propre industrie de se développer et d'ouvrir de nouveaux marchés, en évitant ainsi une intra-concurrence entre les multiples entreprises chinoises privées à activités similaires. Le concept d’une Chineafrique est déjà assumé à mon sens aussi bien en Chine que dans les pays concernés. »

et bus, diverses unités de textiles et ses composantes , les infrastructures autoroutières et routières, le terrassement pour la ligne TGV... et tout récemment le développement énergétique thermique, avec des prêts de financement d'EXIMBANK à conditions préférentielles pour la construction et la maintenance , en énergie solaire pour le complexe Noor à Ouarzazate, la création en cours par un consortium maroco-chinois d'une usine de cellules PV, etc. BMCE BANK a également signé un accord en 2011 avec China Development Bank pour un prêt de 50 millions d’euros qui a été destiné au financement de plusieurs projets de PME marocaines. Les contrats et MOU signés lors de la dernière visite Royale en Chine portent sur divers domaines aussi: parc industriel et résidentiel au nord au profit de sociétés à vocation exportatrice, acheminement de l'eau du nord vers le sud , installations en cours des équipementiers autos dans le cadre du projet PSA-Citroën dans la région de Kénitra ou plus de 630 entreprises seront installées en écosystème, incluant 40 a 50 entreprises chinoises déjà opérationnelles avec PSA Citroën dans le sud de la Chine.

Quelles sont les particularités de ces investissements chinois ? Toucher le secteur des énergies en priorité, les renouvelables en particulier – où la Chine a fait d’énormes progrès – pour accompagner le Maroc dans sa stratégie gagnante de doter le pays de structures énergétiques propres et protectrices de l'environnement qui permettront à notre pays de couvrir 42 % de ses besoins globaux en ENR à l'horizon 2020 et à 52 % en 2030, et s'inscrire dans les stratégies sectorielles du Maroc en industries diverses, annoncées précédemment, développement des infrastructures, l'ouverture du marché marocain pour le tourisme chinois.... Notre souhait est de drainer ces investissements chinois au Maroc, pour non seulement répondre au marché marocain qui reste limité à une population totale de 34 millions de personnes, mais d’accompagner notre expansion en Afrique, à travers la présence de Bank Of Africa pour un ensemble de consommateurs africains avoisinant le milliard. La Chine investit énormément en Afrique. Est-ce le début d'une "Chinafrique" assumée autant à Pékin que dans les pays concernés ? Les investissements directs chinois en Afrique sont passés de 1,6 milliards de dollars US en 2005 à un cumul de 32.4 milliards de dollars US en 2014, c'est dire donc l'importance stratégique que revêt l'Afrique pour la Chine... Avec la politique de ONE BELT ONE ROAD, L'Afrique se trouve en pole position, comme en témoigne la décision récente du gouvernement chinois de doubler le volume d'investissement du portefeuille de CADFUND de 5 à 10 milliards de dollars pour financer des projets d’infrastructure et de multiples secteurs. A ce titre CADFUND a déjà financé plus de 80 projets dans 35 pays africains pour environ USD 3.2 milliards de dollars, sans évoquer que ces investissements tendent à accroitre par un effet d’entrainement plus de 16 milliards de dollars d’investissements de sociétés chinoises en Afrique. La Chine sécurise ses besoins en minerais et matières premières pour ses industries, développe le secteur agricole africain pour en partie sécuriser l'approvisionnement de sa population, délocalise des industries en Afrique pour justement permettre à sa propre industrie de se développer et d'ouvrir de nouveaux marchés, en évitant ainsi une intra-concurrence entre les multiples entreprises chinoises privées à activités similaires. Le concept d’une Chineafrique est déjà assumé à mon sens aussi bien en Chine que dans les pays concernés. Propos recueillis par Pierre Tiessen

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Focus

Sybi l l e D u b o is Fonta in e T u rne r Directrice générale du Comité France-Chine

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« Afrique-Chine-France :

pour un trio gagnant » La dynamique d'internationalisation des entreprises chinoises marque-t-elle une forme "d'âge d'or" des mariages à deux (accord entre entreprises chinoises et françaises) sur des marchés tiers ? Nous notons aujourd’hui pour les entreprises françaises différents niveaux d’engagement sur des organisations tripartites. Certaines sont déjà dans cette réalité en Afrique ; ce qui leur donne envie de poursuivre ces coopérations ailleurs sur le continent ou sur d’autres marchés tiers. D’autres entreprises sont en train de redéfinir leur stratégie africaine pour y intégrer des partenaires chinois. D’autres enfin n’ont toujours pas compris qu’en Afrique il va falloir compter sur de tels partenariats avec des acteurs chinois, de plus en plus présents. La moitié environ des forces en présence dans les entreprises françaises voient et comprennent les opportunités avec ces nouveaux acteurs, lesquels sont demandeurs de coopérations.

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« Beaucoup d’entrepreneurs chinois, qui ont déjà une longue expérience en Afrique, reconnaissent qu’ils ont besoin de coopérer et de trouver des complémentarités avec d’autres acteurs français, notamment. »


Quelles sont les actions menées par le Comité France-Chine sur ces coopérations tripartites (Chine-Afrique-France) ? Nous regardons de très près la problématique de la coopération franco-chinoise en marché tiers. En tant que Comité FranceChine, nous sommes au cœur d’un réseau de partenaires très connectés aux mondes à la fois français, africain et chinois. Nous travaillons directement avec les autorités chinoises – notamment la NDRC (National Development & Reform Commission), le think-tank officiel Development and Research Center of the State Council ou encore la Fédération des industriels chinois. Tous ces partenaires ont cela en tête et il s’agit indiscutablement pour l’année 2016, et même si ce n’est pas un fait complètement nouveau, d’un thème majeur. Il s’agit d’ailleurs d’une application et une mise en œuvre des orientations politiques du président chinois depuis 2013.

Sont-elles (ces entreprises françaises) "culturellement" parées pour de telles collaborations ? Plusieurs exemples montrent que les entreprises tricolores, qui en mettent les moyens, sont prêtes pour de telles coopérations. Le secret de bonne coopération est dans tous les cas de savoir trouver les objectifs communs, de comprendre ce que chacun peut apporter à l’autre et de développer une confiance pérenne. Cela est possible grâce à des rencontres et à des forums de discussions. C’est d’ailleurs le travail du Comité France-Chine que de promouvoir et d’initier ce type d’échanges entre leader Chinois, Français et Africains. J’ai d’ailleurs pu constater lors de ces échanges que tout le monde – tant du côté chinois que du côté Français – sait l’importance du marché africain mais qu’ils ne se connaissent pas toujours très bien, voire parfois s’ignorent. L’apport français pour les Chinois est une compréhension du contexte et de l’environnement des affaires africain. Cette expertise française (culturelle, économique, politique) du contexte africain est fortement reconnue et appréciée par les entreprises chinoises. Quelle est l’ampleur de ces coopérations France-Chine en Afrique ? On parle aujourd’hui de 3 000 entreprises chinoises présentes en Afrique. Les entreprises françaises qui coopèrent sont le plus souvent très bien implantées en Chine. Connaître de près son partenaire chinois est en effet devenu - dans le cadre de type de collaborations sur des marchés tiers - indispensable. Les collaborations en Chine sont souvent un point de départ à des collaborations ailleurs, en Afrique en particulier. Ces Français en Chine apportent plus de 40 ans de collaboration, avec des réussites et des déboires. Ils savent comment travailler avec les Chinois. Ce qui est un apport particulièrement recherché des décideurs économiques et politiques africains.

Le point de vue de

JX Paul i n

JX Paulin est un entrepreneur d’origine franco-togolaise installé à Shanghai depuis 1994. Il est le co-fondateur de DBX International, entreprise spécialisée dans le design et la construction.

« La Chinafrique est une réalité » « En 2010, j’ai commencé à travailler en Afrique (au Liberia, en Ouganda, au Gabon) sur des projets liés à l’architecture, l’immobilier et les IT. J’ai eu la chance de voir l’émergence de la Chine et aujourd’hui, j’assiste à cette même émergence de l’Afrique, continent qui va connaître la même progression que la Chine. Voilà pourquoi, avec DBX International, nous proposons de l’assistance aux développeurs locaux et facilitons la mise en contacts avec les développeurs chinois. L’intérêt chinois pour l’Afrique s’est accéléré cette année. La Chinafrique est une réalité qui s’est accélérée avec le refroidissement de l’économie chinoise. Or, ces investisseurs chinois sont de plus en plus attirés par l’Afrique anglophone, ils sont en effet refroidis par l’Afrique francophone : qui est plus lente, plus administrative, mais avec un grand potentiel. Une chose est sure : il ne faut pas sous-estimer la célérité et la puissance de feu des Chinois en Afrique. Zone du monde où la France a encore un regard paternaliste et ne veut voir les réalités du terrain. L’Afrique change aussi vite que la Chine dans les années 90. Si çela ne change pas, les grands groupes tricolores sur place vont se faire remplacer par les entreprises chinoises. On aurait tord de penser que celles-ci ne savent pas faire. »

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Ces Français comprennent que si ces coopérations ne se font pas, les entreprises chinoises feront affaire de toute façon avec d’autres : les Italiens, les Allemands, les Britanniques, etc. Nous sommes persuadés au sein du Comité France-Chine de ce type de coopérations au cas par cas et des opportunités qu’elles représentent dès aujourd’hui. On peut très bien pour cela avoir identifier ses concurrents sur certains projets et travailler avec ces mêmes concurrents sur d’autres projets. C’est en tout cas notre conviction.

Derrière cette conscience du « travailler ensemble », n’y-a-t-il pas aussi des rivalités entre entreprises françaises et chinoises en Afrique ? Il y a tous les cas de figures et ca ne veut surtout pas dire qu’il n’y a pas d’opportunités à travailler en commun sur des projets en Afrique. Beaucoup d’entrepreneurs chinois, qui ont déjà une longue expérience en Afrique, reconnaissent qu’ils ont besoin de coopérer et de trouver des complémentarités avec d’autres acteurs français, notamment.

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« L’apport français pour les Chinois est une compréhension du contexte et de l’environnement des affaires africain. Cette expertise française (culturelle, économique, politique) du contexte africain est fortement reconnue et appréciée par les entreprises chinoises. »

Propos recueillis par P. Ti

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Analyse

Lara Bou rs ie r et Jea n-Cha rl e s Sim o n Cabinet d’avocat Simon Associés

Ces investissements chinois Depuis le début de cette décennie, la Chine est devenue le premier investisseur en Afrique avec un volume de 30 milliards de dollars d’investissement directs cumulés1 et un volume d’échanges commerciaux de plus de 220 milliards de dollars sur 2015, représentant 20% de la totalité des échanges.

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es projets d'infrastructures d’envergure ont impliqué des entreprises chinoises: construction du plus grand barrage d'Afrique en Ethiopie, de pipelines au Soudan et au Tchad, d'un port à 480 millions de dollars au Kenya, d'une ligne de train à quatre milliards de dollars en Afrique orientale, de routes et d’autoroutes et nombreux ouvrages en Algérie... Ces sociétés soumissionnent à travers le continent, mais réalisent également dans le cadre de coopération en échange de l’accès à des ressources clés. La Chine vient en effet chercher en Afrique l’énergie, les terres cultivables, les minerais, le carburant nécessaire à sa croissance car elle n’est autosuffisante et a besoin de sécuriser ses approvisionnements. La Chine importe 22 % de son pétrole du continent africain. Pourtant, cet engouement de la Chine pour l’Afrique suscite parfois certaines interrogations. Dans plusieurs pays, des manifestations de protestation contre la présence chinoise ont même eu lieu. Des tensions existent entre travailleurs locaux et ceux venus de Chine -

La Chine vient en effet chercher en Afrique l’énergie, les terres cultivables, les minerais, le carburant nécessaire à sa croissance car elle n’est pas autosuffisante et a besoin de sécuriser ses approvisionnements.


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en Afrique près d'un million de personnes occupant le plus souvent les postes clefs. Néanmoins, la Chine a manifestement contribué à redonner à l’Afrique une dimension sur l’échiquier mondial et à y attirer de nombreux investisseurs. La Chine contribue à accélérer le rattrapage économique de l’Afrique en pourvoyant au financement et à la construction d’infrastructures. Quelle peut être la place de la France dans ce contexte ? En juin 2015, Li Keqiang et Manuel Valls ont signé une déclaration conjointe sur « les investissements en marché tiers » visant la création d’un partenariat franco-chinois sur les marchés étrangers et notamment en Afrique subsaharienne et au Maghreb, là où les investissements chinois sont moins importants qu’en Afrique de l’Est et du Sud. En effet, beaucoup considèrent qu’en tant que puissance historique de référence, la France dispose, dans l’Afrique francophone, d’une position privilégiée. Et certains d’entre eux ne sont pas loin de voir, dans la Chine, une puissance qui cher-

La France dispose d’atouts indéniables pour accompagner les investissements chinois. Elle dispose, en Afrique, d’une notoriété, de réseaux, d’un savoir-faire, de la connaissance de la pédagogie adaptée, du lien de la langue, d’accords de coopération, y compris militaires, et de troupes prépositionnées, qui peuvent être utiles au maintien de la paix.

cherait à l’écarter de sa zone d’influence traditionnelle. Sa doctrine de non-ingérence (« Chacun est maître chez soi »), qui gouverne sa diplomatie, est l’opposé du colonialisme. Sa légitimité est donc bien réelle, et cette posture permet à la Chine de rassurer ses partenaires tout en montrant sa différence avec ses concurrents occidentaux. Il faut croire ceux qui affirment que si la France ne modifie pas son comportement, ne saisit pas l’occasion de réadapter sa politique africaine, le leadership français en Afrique ne sera plus qu’un leurre. Il y a pourtant un intérêt manifeste pour des entreprises françaises de travailler avec des entreprises chinoises, par exemple comme sous-traitant, les entreprises chinoises ayant obtenu des marchés majeurs que les Français n’auraient pas obtenu seuls. Par ailleurs, la France dispose d’atouts indéniables pour accompagner les investissements chinois. Elle dispose, en Afrique, d’une notoriété, de réseaux, d’un savoir-faire, de la connaissance de la pédagogie adaptée, du lien de la langue, d’accords de coopération, y compris militaires, et de troupes pré-positionnées, qui peuvent être utiles au maintien de la paix. La France a l’expérience de l’intervention militaire dans le continent ; la Chine ne l’a pas. Comme bailleur, investisseur et exportateur, la France reste le premier partenaire économique des pays francophones d’Afrique sur lesquelles peuvent s’appuyer les Chinois. Il reste maintenant à construire et développer des modèles de coopération franco-sino africains afin que chaque acteur soit gagnant. L’Afrique avant tout qui possède les atouts de son avenir, la démographie, l’environnement, les ressources, un tissu entrepreneurial en croissance, une coordination des pays sur le plan économique et juridique. Aussi parce que la démocratie y progresse, parce qu’elle s’ouvre au Monde et que l’économie évolue. La France parce que la création d’une Eurafrique chère au Président Senghor pourrait étonner le Monde. Chacun sait que l’Afrique est l’avenir de la France quand on rappelle que 750 millions des 2 milliards d’humains qu’elle comptera à la fin du siècle seront francophones. La Chine enfin parce qu’elle va devoir s’adapter, évoluer, composer, comprendre, respecter, si elle veut atteindre ses objectifs à l’échelle mondiale. Regardons ainsi devant nous, tirons en sagesse les enseignements du passé, construisons autour de valeurs communes, ouverture aux autres, souci du Bien de chacun, respect de tous. Ce n’est pas autrement que l’avenir sera. 1. Source : publication de la conférence sino-africaine, Afrique du Sud 4-5/12/2015

Lara Boursier & Jean-Charles Simon

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Focus Entreprise

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Suez

« Des nouvelles opportunités communes en Afrique » DR

Steve Clark revient sur les activités de Suez en Afrique et les premières coopérations avec des partenaires chinois sur place.

St eve Cla rk CEO Suez Asie

Quelles sont les activités de Suez en Afrique ? Le Groupe est présent en Afrique depuis la construction de l’usine de traitement d’eau à Brazzaville construite en 1952. Nous avons depuis installé plus de 500 usines de traitement d’eau potable d’eaux usées sur tout le continent. Nous avons une longue présence dans les principales villes marocaines où nous accompagnons le Royaume et son Excellence Mohammed VI dans sa politique de changements environnementaux. Consultés sur des questions telles que le développement urbain, l'eau et la

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« En raison de l'expérience de Suez au Congo et de notre technologie adaptée pour ce pays, le chinois CMEC a choisi notre entreprise afin de bénéficier de notre expertise locale. Nous avons été le sous-traitant désigné pour la conception, l'approvisionnement et la mise en service de l'usine "La Djiri" de Brazzaville. Le projet s’est achevé avec succès. » gestion de l'assainissement, l'ingénierie, la collecte et le traitement des déchets municipaux et industriels, nous sommes désormais en mesure de fournir le Royaume toute notre expertise. L'Afrique représente 6 % du chiffre d'affaires du Groupe (863 millions €, dont 85 % est liée à l'eau). Nous visons un taux de crois-

sance de 10 % de nes activités internationales ; l’Afrique est certainement partie de cette dynamique. Le Groupe entend continuer à offrir son expertise dans la gestion de l'eau pour les autorités et les industries, tout en développant son activité dans la gestion des déchets, ce qui est un problème de plus en plus important en Afrique. Suez a récemment renforcé sa présence en Afrique sub-saharienne en remportant plusieurs contrats EPC (ingénierie, approvisionnement et construction) dans six pays pour un chiffre d'affaires total de 56 millions €. SUEZ contribuera aux grands projets de gestion de l'eau au Burkina Faso, Kenya, Mali, Côted'Ivoire, le Nigeria et le Bénin qui fourniront un total d'environ 5 millions d'habitants. Suez Environnement travaille sur le projet hydraulique en coopération avec les Chinois CMEC et Sinomach. Quels sont les contours de cette coopération ? Suez a construit toutes les usines de traitement d'eau potable antérieures au Congo. Pour ce nouveau contrat, CMEC était en charge de l'ensemble du projet d'approvisionnement en eau à Brazzaville (y compris les réseaux d'eau de distribution, prise d'eau brute, traitement de l'eau, alimentation électrique ...) et a apporté un financement chinois. En raison de l'expérience de Suez au Congo et de notre technologie adaptée pour ce pays, CMEC a choisi notre entreprise afin de bénéficier de notre expertise locale. Nous avons été le sous-traitant désigné pour la conception, l'approvisionnement et la mise en service de l'usine "La Djiri" de Brazzaville. Le projet s’est achevé avec succès. Le Groupe a-t-il à l’étude d’autres coopérations avec des compagnies chinoises en Afrique ou ailleurs dans le monde ? Le succès de la première coopération au Congo a encouragé CMEC et Suez à rechercher de nouvelles opportunités communes en Afrique. Nous travaillons actuellement pour un projet similaire pour alimenter en eau la ville de Yaoundé, au Cameroun, depuis la rivière Sanaga. Nous espérons commencer la construction avant la fin de 2016. Qu’est-ce que le projet « Yi Dai Yi Lu » peut changer pour Suez ? Difficile d'être très précis sur cette question, mais nous prévoyons plus d'investissements des infrastructures chinoises en dehors de Chine. Nous sommes confiants car nous sommes très bien placés en Chine et nous pouvons utiliser les liens commerciaux pour aider nos collègues de Suez à sécuriser les contrats dans d'autres parties du monde. Bien sûr, l'ingénierie et la conception de ces futurs projets seront réalisées par nos équipes chinoises à Pékin. Propos recueillis par P. Ti


Jeudi 14 Juillet 2016 Beijing

Platine

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Bronze Pantone : 7462

En nature

TOTAL TOTAL_brand_block_CHN_RGB 05/03/2014 24, rue Salomon de Rothschild - 92288 Suresnes - FRANCE Tél. : +33 (0)1 57 32 87 00 / Fax : +33 (0)1 57 32 87 87 Web : www.carrenoir.com

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Investissements chinois à l’étranger

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« Il y a un taux d’échec encore important »

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Partner au cabinet Squire Patton Boggs

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Quelles sont les activités en Chine de Squire Patton Boggs ? Il s’agit d’un cabinet américain qui connaît une croissance très forte avec 1 600 avocats répartis dans le monde entier et 45 bureaux, présents dans 21 pays. Squire Patton Boogs est positionné sur l’aide à l’implantation des entreprises, sur le plan juridique notamment mais est aussi réputé pour son travail de lobbying puisque Squire Patton Boggs a combiné le plus important cabinet de lobbying à Washington. En Chine, nous assistons les sociétés étrangères qui souhaitent s’installer ou créer leur modèle logistique en Chine. De la même façon, nous soutenons les structures chinoises qui souhaitent investir hors de leurs frontières. Cette activité est devenue le pilier de notre développement en Chine : aujourd’hui environ un tiers de nos clients sont des entreprises chinoises qui veulent se développer à l’étranger.

« En Chine, nous assistons les sociétés étrangères qui souhaitent s’installer ou créer leur modèle logistique en Chine. De la même façon, nous soutenons les structures chinoises qui souhaitent investir hors de leurs frontières. »


« Les Chinois font rarement d’études de faisabilité sur tel ou tel marché tiers. Ils mènent ces projets souvent comme des sortes de paris. Si ça passe, tant mieux, si ça casse tant pis. »

Imagine China

Confirmez-vous donc le phénomène d'internationalisation des entreprises chinoises sur des marchés "émergents" (en Afrique ou Asie Sud d’Est en particulier) ? Nous travaillons majoritairement pour des SOE’s (grandes entreprises publiques) chinoises positionnées dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et des ressources naturelles. La plupart lorgnent encore les marchés africains et asiatiques, certaines – pour les plus robustes commencent à vouloir s’implanter en Australie, en Europe et aux Etats-Unis. Quelles sont les particularités de ces investissements ? Ces investissements permettent à ces sociétés chinoises d’écouler d’abord sur des marchés tiers leurs surcapacités. Par ailleurs, ces entreprises – pour répondre à la demande chinoise – sont censées investir sur des secteurs stratégiques liés aux ressources naturelles (mines, forêts, etc.). Comme elles sont fortement subventionnées par les banques chinoises, ces entreprises d’Etat sont poussées pour aller « glo-

bal » ; sur l’ensembles des marchés tiers. Elles sont en cela poussées par le projet Nouvelles Routes de la Soie. Quelles sont les difficultés que rencontrent ces entreprises chinoises dans leurs investissements à l’étranger ? La première, c’est la méconnaissance du marché international sur les plans juridique, social et culturel. Beaucoup d’opérations échouent pour ces raisons. Il y a encore trop d’investissements chinois à l’aveugle. Les Chinois font de fait rarement d’études de faisabilité sur tel ou tel marché tiers. Ils mènent ces projets souvent comme des sortes de paris. Si ça passe, tant mieux, si ça casse tant pis. Sans statistique précis, on estime au moins plus de 50 % le taux d’échec sur ces investissements chinois à l’étranger. Ce phénomène d’internationalisation est de toute façon un processus lent. Il faut prendre en compte les besoins des uns et des autres. Un besoin unilatéral ne permet pas de faire avancer de tels projets d’investissement. Propos recueillis par P. Ti

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Analyse

Al exa nd re Ch ie n g

Senior Vice President (Chine) Groupe Edmond de Rothschild

La Chine Partenaire hier, actionnaire demain ! Les opérations d’acquisition "cross border" des entreprises chinoises explosent (110 milliards de dollars de janvier à avril); Comment expliquez-vous ce phénomène ? Je vois trois raisons à ce phénomène : La première raison est économique. Depuis l’ouverture de la Chine sur le monde, les consommateurs, poussés par « le rêve chinois » promis par Xi Jinping, sont devenus très exigeants dans la qualité des produits et des services. Les entreprises chinoises ont déjà commencé à upgrader leur appareil de production et toute leur supply chain dans le cadre de la stratégie « Made in China 2025 », mais c’est un processus qui demande du temps, et les consommateurs n’attendent pas. De ce fait, l’acquisition de marques, de technologies et de savoir faire étrangers est devenue une option privilégiée pour satisfaire aux besoins immédiats des consommateurs chinois. La deuxième raison est financière. Le ralen-

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tissement de la croissance chinoise a mis une pression accrue sur les sociétés listées, qui ont habitué leurs actionnaires à des croissances annuelles à deux chiffres. Depuis 2010, les sociétés chinoises ont agressivement compensé leur faible croissance organique par une vague d’acquisitions locales, poussant la valorisation des bonnes sociétés chinoises vers des sommets astronomiques. En 2015, avec une croissance organique chinoise toujours faible et des sociétés locales devenues trop chères, les acquisitions cross-border sont devenues une véritable option pour les sociétés cotées chinoises avec une différence de valorisation pouvant atteindre un ratio de 1 à 10 sur des multiples de profit dans des mêmes secteurs. Ces arbitrages entre la Chine et l’Europe sont un facteur clef dans la multiplication des acquisitions cross-border. La troisième raison est de toute autre nature. Elle vient d’une meilleure acceptation

d’avoir des actionnaires chinois dans le capital des sociétés européennes. Autrefois redoutés pour leur ingérence, ces actionnaires sont aujourd’hui davantage perçus comme un allié stratégique qui permettra aux entreprises européennes de mieux conquérir des parts de marché en Chine, ou de faire jouer des synergies à l’international. Certes, les résistances persistent, et l’exemple d’une potentielle montée de Jin Jiang dans le capital du groupe ACCOR de 2 % à 4 % rappelle qu’il existe toujours une inquiétude au regard de la Chine. Mais le débat est désormais ouvert et des succès de plus en plus nombreux comme celui de la prise de participation de Dongfeng dans le capital du groupe PSA rassurent les sociétés françaises. Cette dynamique profite-t-elle du grand projet "Yi Dai Yi Lu" poussé au plus haut niveau à Zhonganhai ? A l’initiative du président Xi Jinping, le pro-


« La création d’un fonds de développement de 40 milliards de dollars en 2014 a pour vocation non pas de financer, mais d’investir dans des sociétés localisées sur l’axe Chine-Europe. Le premier projet approuvé en avril 2015 fut celui de la centrale hydroélectrique de Karot au Pakistan ».

Imagine China

jet « Une ceinture et une route » a pour vocation de créer une ceinture économique et une route maritime destinées à dynamiser les économies émergentes euro-afro-asiatiques. Comme en témoigne son dernier voyage en Serbie, Pologne et Ouzbékistan au mois de juin, le président chinois Xi s’implique personnellement dans l’établissement de ce projet, qui se démarque des autres par la mise en place de plusieurs infrastructures financières. Tout d’abord la création d’une banque d’infrastructure asiatique (AIIB) au capital de USD 100Mds et contrôlée à 30.34 % par la Chine. Cette banque qui sera « Clean, Lean and Green » totalise 57 membres fondateurs (la France étant actionnaire à 3.44 %) et a pour mission de contribuer au financement des infrastructures. En parallèle, la création d’un fonds de développement de USD 40Mds en 2014 a pour vocation non pas de financer, mais d’investir dans des sociétés localisées sur l’axe Chine-Europe. Le premier projet approuvé en avril 2015 fut celui de la centrale hydroélectrique de Karot au Pakistan. Cette vision venant directement du président chinois, et mixant politique, finance et géostratégie sera assurément un catalyseur majeur d’acquisitions cross-border ces 3 prochaines années. En même temps, la France aura au travers de son influence sur le continent africain un rôle clef à jouer en tant qu’intermédiaire et pourra susciter des partenariats franco-chinois sur le continent africain.

Sur quels secteurs en particulier se positionnent ces entreprises qui investissent hors de Chine ? Les entreprises chinoises privilégient les acquisitions de sociétés qui ont un véritable savoir-faire et une valeur ajoutée pour les consommateurs chinois. En Europe, quatre secteurs particuliers sont concernés : - Les services et biens de consommations. La Chine a besoin d’acquérir de meilleurs produits, marques et services afin de répondre aux besoins des 500millions de consommateurs venant de la classe moyenne, comme l’illustre l’acquisition de Pizza Express par Hony Capital pour 900Mds de livre sterling - La santé. Avec une population chinoise vieillissante (plus de 200millions de personnes de plus de 60 ans), et des problèmes de santé grandissants dus au stress et à la pollution, la santé est au cœur des préoccupations chinoises. L’investissement du groupe Wanda pour un montant de USD 2.3Mds dans 3 hôpitaux chinois gérés par le groupe hospitalier anglais IHG démontre ce très fort besoin en savoir faire dans le secteur de la santé. - L’environnement. Combattre la pollution est devenue une priorité gouvernementale qui multiplie les acquisitions en Europe, à l’instar de la société allemande de transformation de déchets en énergie EEW par le fonds Beijing Capital pour 1.4Mds d’Euros. - Les nouvelles technologies. Avec une inflation galopante, et des salaires ayant triplés

ces cinq dernières années, la Chine investit massivement dans les technologies afin de maintenir sa productivité et compétitivité sur le monde. L’offre d’acquisition de Syngenta (société suisse spécialisée dans la chimie et l'agroalimentaire) par le géant chinois Chemchina pour une valeur de 42Mds de dollars reflète ce besoin d’acquérir du savoir faire technologique pour répondre à un simple besoin : celui de nourrir 1.3Mds de Chinois ! La réaction politique à la fuite des capitaux chinois (fuite constatée en particulier en 2015) peut-elle être un frein à cette dynamique ? Le problème n’est pas tant la fuite de capitaux qu’une série de mauvaises acquisitions payées par le gouvernement et poussées par des intermédiaires financiers. En effet, les SOE et les fonds étatiques ont été les premiers à faire des acquisitions cross-border avant de se rendre compte qu’elles ont acheté des sociétés bien au delà de leur valeur de marché (avec des offres parfois deux fois supérieures à celles des compétiteurs européens), et offrant peu de synergies, de savoir faire, et de compatibilité culturelle avec la Chine. Depuis, les SOE ont largement été remplacées par des fonds à capitaux privés (par contraste aux fonds étatiques) et par des sociétés listées dans la vague d’acquisition cross border. La régulation est devenue plus stricte mais en même temps plus saine pour ce type d’acquisitions. De mon point de vue, loin d’être un frein à cette dynamique, le retrait partiel de l’état dans les acquisitions cross border non stratégiques aura bien au contraire un effet libérateur dans le marché des acquisitions cross border. Cette dynamique d'internationalisation des entreprises chinoises marque, selon vous, le déclin des opérations d'investissements étrangers en Chine. Pourquoi ? Il ne faut pas confondre IDE (investissement directs à l’étranger) et M&A. Je vois trois types de tendances concernant les investissements étrangers en Chine. Les IDE d’abord se stabiliseront avec les JV et les WFOE. Je ne crois pas en un déclin, car la Chine est un marché incontournable, et les sociétés européennes continueront d’investir, avec prudence, dans leurs équipes et leurs CAPEX. Les acquisitions mid-cap (moins de 100MUSD) de sociétés chinoises par des PME/ETI étrangères connaitront ensuite un déclin certain. Elles sont non seulement devenues trop chères aux normes occidentales, et leur croissance sur le marché local nécessite par ailleurs d’importantes ressources humaines et financières que la plupart des sociétés européennes n’ont pas. Enfin, les acquisitions de marques chinoises

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par des grands groupes européens vont se poursuivre, car la conquête du marché chinois passera par celle des marques chinoises. Ces acquisitions seront onéreuses avec de gros défis culturels mais sont nécessaires. Des groupes comme Kering (acquisition de Queelin), L’Oréal (acquisition de Mini nurse, Yue-Sai et MG) ont été précurseurs, sans mentionner l’énorme succès de l’acquisition de la marque chinoise Supor par le groupe SEB. A-t-on une idée du potentiel d'investissement des entreprises chinoises ? Peuventelles en d'autres termes tout acheter ? Quelles sont leurs limites ? “钱不是问题 !” (L’argent n’est pas un problème) est sans aucun doute la phrase préférée des investisseurs chinois. Le potentiel d’acquisition des sociétés et fonds chinois est sans limite, même si les sociétés valorisées autour de 300ME sont les plus recherchées. Si l’argent n’est pas un problème, les défis ne sont pas pour autant moins nombreux. Et ils sont différents selon qu’il s’agisse d’une acquisition

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« Les entreprises chinoises privilégient les acquisitions de sociétés qui ont un véritable savoir-faire et une valeur ajoutée pour les consommateurs chinois. En Europe, quatre secteurs particuliers sont concernés : les services et biens de consommation, la santé, l’environnement, les nouvelles technologies. ». portée par une société ou par un fonds… Pour une société chinoise listée, l’intégration des équipes est un problème majeur. Idéalement, la société chinoise pourrait transférer le savoir faire des services ou des produits en Chine tout en bénéficiant des parts de marché

en Europe. Mais cela suppose de maintenir une équipe stable et motivée en Europe, ce qui est loin d’être évident. Les chinois sont de plus en plus sensibles aux défis culturels, qui deviennent de véritables « deals breaker » à l’amont d’une négociation. Si l’équipe ne plait pas, le deal ne se fera pas! En ce qui concerne les fonds chinois, les limitations concernent les voies de sortie des investissements. En effet, avec la décélération des IPO en Chine, et les taux d’intérêts relativement élevés (ce qui freine les LBO), les options de sortie diminuent et se concentrent vers les trade sales (revente à une société listée, ou à un autre fonds) plus difficiles à maitriser car ce type de transaction doit combiner des intérêts financiers mais aussi stratégiques. Autrement dit, le succès d’une acquisition cross border par un fonds chinois ne repose pas uniquement sur ses conditions d’entrée, mais aussi sur ses voies de sortie, ce qui suppose d’identifier à l’amont ses acheteurs futurs, qui sont de plus en plus exigeants. Propos recueillis par Pierre Tiessen


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* Notes : CNOOC - China National Offshore Oil Corporation SINOPEC - China Petrochemical Corporation CNPC - China National Petroleum Corporation

Focus Entreprise

Total

Une stratégie "globale" de partenariats Focus sur les partenariats, en pays tiers, de Total avec les grands pétroliers chinois.

Total établit des partenariats mutuellement avantageux avec les plus grandes compagnies d’énergie à travers le monde. Cela améliore la capacité du groupe français à répondre à la demande croissante d'énergie en diversifiant son portefeuille énergétique avec de nouveaux marchés et des ressources inexploitées. « Construire des partenariats stratégiques avec les quatre grandes sociétés pétrolières nationales (les NOC) chinoises est un moyen important de renforcer notre présence mondiale et notre relation avec la Chine », explique-t-on en interne. Tour d’horizon des principaux partenariats

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Projet de Libra au Brésil avec CNPC et CNOOC En 2013, Total (20 %), dans le cadre d'un consortium composé de Petrobras (opérateur, 40 %), Shell (20 %), CNPC (10 %) et

CNOOC (10 %), a obtenu un Contrat de Partage de la Production de 35 ans pour développer le gisement pétrolier supergéant de Libra avec un potentiel de 8 à 12 milliards de barils de ressources pétrolières récupérables, et une production de pointe qui pourrait atteindre plus d'un million de barils par jour.

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Les champs en eau profonde d’Akpo et Egina, au Nigeria avec CNOOC Depuis 2006, Total (24 %) développe et exploite un champ géant en eau profonde d'Akpo au Nigeria avec CNOOC (45 %). Avec une production démarrée au début de 2009, ce champ géant de gaz et de condensat produit l’équivalent de 200 000 de barils de pétrole par jour. En Juin 2013, avec CNOOC et ses autres partenaires, Total a lancé le deuxième développement du champ d’Egina dans le même bloc.

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Projets pétroliers en Ouganda avec CNOOC En 2011, Total est devenu un partenaire avec CNOOC et Tullow sur trois licences dans la région du lac Albert en Ouganda. Chaque partenaire détient une participation d’un tiers. La production devrait dépasser 200 000 barils par jour. Un pipe reliant le lac Albert au port de Tanga en Tanzanie sera également construit pour transporter le brut.

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Champ pétrolier d’Halfaya en Irak avec CNPC En 2010, Total (22,5 %) a participé à un consortium dirigé par CNPC (operateur, 45 %), qui développe le champ pétrolier d’Halfaya en Irak. En Juin 2012, le consortium a commencé à augmenter la production du champ d'Halfaya et celle-ci avec la mise en œuvre de la 2eme phase en Aout 2014, atteint 200 000 barils/jour.

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Blocs d’exploration de gaz au Yémen Texte : Total (40 %) est partenaire de Sinopec (opérateur 45,5 %) sur deux blocs d'exploration à terre, 69 et 71, au Yémen depuis 2007. Les opérations sont interrompues en raison des troubles dans le pays.

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Le gisement de Kashagan au Kazakhstan avec CNPC En 1993, Total (16,81 %) s’est joint à un consortium pour explorer le gisement pétrolier offshore de Kashagan qui se situe dans la Mer Caspienne au Kazakhstan. En 2012, CNPC (8,4 %) est devenue la dernière entreprise qui s’est jointe au consortium. En 2013, malgré les conditions d’exploitation extrêmement difficiles, le gisement est entré en production avec une production moyenne de 300 000 barils de pétrole par jour dans la première phrase. La production a été suspendue en septembre 2013 en raison de problèmes techniques et elle est prévue de recommencer en 2017.

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Projet de Yamal LNG dans l’Arctique avec CNPC En 2013, CNPC (20 %) est devenu un partenaire de Total (20 %) et de Novatek (60 %) dans le projet de Yamal LNG. Le projet comprend environ 14 trillions m3 de gaz et il produira 15 Mt de LNG. Début 2016, Novatek a cédé 9,9 % du projet au Silk Road Fund. A l'été 2016, le financement du projet a été finalisé, avec une participation des banques chinoises à hauteur de 12 milliards d'euros.

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Focus

Kevi n R a n s b oty n

Imagine China

Responsable Chine pour le Port de Nantes Saint-Nazaire et le Port de Bordeaux Le port de Qingdao

Nouvelles Routes de la Soie

« Un vaste projet de maillage maritime et terrestre » Nantes Saint-Nazaire Port, après avoir signé un accord de coopération avec le port de Qingdao en 2013 a intégré le bureau régional des Pays de la Loire pour y assurer une représentation permanente. Le port de Bordeaux s'est joint à cet accord en 2014 puis a signé un accord de coopération avec le Port de Canton en octobre 2015. En quoi consiste cette coopération ? Notre coopération consiste à encourager les flux entre les ports de Nantes Saint-Nazaire et de Bordeaux et les ports chinois de Qingdao et Canton. Notre travail ne se limite bien entendu pas à ces deux villes, mais elles sont de forts points d'ancrage pour assurer le succès de notre action. Nous souhaitons, via ces accords, encourager le développement des flux dans différentes filières importantes pour nos ports et nos Régions comme la logistique, l'agroalimentaire,

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A travers le projet de « Nouvelle Route de la Soie », la Chine exporte son modèle de développement qui repose sur un soutien et des investissements conséquents de l'Etat pour la création d'infrastructures portuaires, ferroviaires, routières, aéroportuaires, électrique etc.

le bois transformés, les vins et spiritueux, les hautes technologies, l'énergie, etc. Un port est une porte d'entrée et de sortie sur un territoire donné, par conséquent il est un maillon important au service de l'économie régionale ou nationale. En s'adaptant au savoir-faire régional, le port peut servir au mieux les entreprises de son hinterland, c'est pour cela que nous avons choisi d'avoir une approche par filière très prononcée sur le marché chinois. Nous exerçons d’abord une action de promotion auprès des gouvernements, des armateurs, des transitaires, des prestataires logistiques, des grands donneurs d’ordre importateurs/exportateurs et investisseurs basés dans les régions du Shandong, du Guangzhou et des régions périphériques. A titre d'exemple, nous organisons une à deux fois par an des événements très ciblés.


Nous avons également un rôle de facilitateur de business en aidant les entreprises chinoises à mieux comprendre les atouts par filière de nos régions, de nos ports, l'inverse peut être vrai aussi. Enfin, nos accords de coopération portuaires, comprennent un accord d'entraide à la recherche d'investisseurs intéressés par l'idée de s'installer dans l'un ou l'autres des ports précités. Cette coopération a permis d'influer depuis 2013 sur le business import-export entre la France et la Chine. Concrètement, comment ces échanges entre Bordeaux/ Nantes Saint-Nazaire et Qingdao se traduisent-ils ? Les fruits de notre action se manifestent de diverses façons et pas seulement à Qingdao. La plus commune de ces manifestations est la signature par certaines entreprises logistiques des Régions Pays de la Loire et Aquitaine d'accords de coopération avec des sociétés logistiques chinoises. Ces accords se sont traduits par la création, la consolidation ou l'intensification de flux entre nos ports et les ports chinois. Un second modèle est le suivant, avec le soutien des institutions françaises dédiées à cet effet (Agence Régionale PDL, CCI et CCIFC, Région…), nous avons mis en relation des entreprises chinoises et des entreprises régionales afin de créer ou d'intensifier certains flux. A titre d'exemple, nous travaillons pour accompagner l'export sur des flux de produits carnés depuis près de 3 ans, sur des flux de poudre de lait et de lait liquide, de vins, de bois etc. et à l'import sur des biens de consommations courantes, l'électroménager, l'ameublement, de pièces automobiles etc. Pour le port de Nantes Saint-Nazaire, cela s'est traduit par une augmentation conséquente des volumes reefer de viande. Entre 2013 et 2015, les volumes ont bondi de + 700 Teus (unités équivalent 20 pieds). Il s'agit de la plus forte progression en termes de produits conteneurisés sur le port de Nantes Saint-Nazaire. Cette tendance se confirmera dans les années à venir. Pour le port de Bordeaux, cela s'est traduit par la visite de potentiel investisseurs sur le site du Verdon, par l'obtention de flux très importants en panneaux solaires destinés à alimenter des fermes solaires de la Région et par une croissance de 50 % des volumes réalisés à l'import et à l'export avec la très importants pour le développement. Nantes Saint-Nazaire Port a renforcé ses liens avec le logisticien du Shandong Abundant Dragon Group. Quelles sont les ambitions de ce groupe dans les échanges France/Chine ? Ce groupe est très important dans la Région du Shandong qui mêle donc plusieurs activi-

D'un point de vue maritime, la Chine souhaite investir dans des installations portuaires. La route maritime de la soie version XXIème siècle comporte effectivement une série de ports et la création ou l'utilisation d'infrastructures qui devraient permettre d'accroître les flux et les investissements chinois dans les pays d'arrivée, identifiés sur les cartes officielles chinoises.

tés comme la logistique, le tourisme, le commerce, la transformation alimentaire et le tourisme. Nous avons pu établir un contact dès notre arrivé à Qingdao et depuis, ces liens se sont renforcés, à l'image de la venue, en mars dernier, de son PDG en Pays de la Loire. Abundant Dragon Group a pour ambitions de devenir l'un des importateurs incontournables du Shandong en matière de produits carnés français. 2016 a marqué les premiers imports et sur les 5 premiers de l'année le nombre d'équivalent vingt pied (EVP) se porte déjà à 150. D'ici 2 ans, le groupe a pour objectif de passer à 1500 EVP de viande par an. Qu'est-ce qui, de votre point de vue, intéresse en France les entreprises chinoises, lesquelles lorgnent de nouveaux marchés à l'international ? Le changement de contexte économique en Chine oblige les entreprises chinoises et Pékin a trouvé des relais de croissance extérieure en Europe et en France notamment. Une autre raison est que les investissements à l'étranger dans ces certains secteurs peuvent permettre aux sociétés chinoises de bénéficier d'allégements fiscaux. Il faut distinguer les investissements par effet d'opportunités comme, par exemple, pour le groupe Accor, les vignobles, les terres agricoles ou les forêts françaises notamment et de l'autre des

entreprises qui suivent la politique de Pékin encourageant l'investissement à l'étranger que ce soit via Yi Dai Yi Lu ou via la recherche d'entreprises innovantes destinées à leur apporter un savoir-faire "made in France" et à leur permettre de peser à l'avenir au niveau mondial dans les secteurs des nouvelles technologies et des technologies de pointe. Le projet "Yi Dai Yi Lu" ou "Nouvelle route de la soie" peut-il favoriser les échanges maritimes entre la Chine et la France ? « Yi Dai Yi Lu » est un vaste projet de maillage maritime et terrestre dont le but est de permettre à la Chine d'exporter ses excédents et de sécuriser ses approvisionnements en ressources. Beaucoup voit dans l'avènement de « Yi Dai Yi Lu » celui du ferroviaire. Néanmoins, cet avènement ne peut avoir de sens que dans le cadre d'une complémentarité fer-mer. D'un point de vue européen, la Chine s'appuie sur la politique de relance des investissements européens pour intégrer « Yi Dai Yi Lu » à notre vision actuelle. Les pays de l'UE qui devraient profiter le plus de cette politique dans un premier temps sont les pays de l'Europe de l'Est car la Chine les considère comme le lien de ce grand projet eurasiatique. Il est intéressant pour l'UE et pour la France d'être attentifs à ce projet qui pourrait être important pour les relations commerciales et culturelles sino-européenne. D'un point de vue maritime, la Chine souhaite investir dans des installations portuaires. La route maritime de la soie version XXIème siècle comporte effectivement une série de ports et la création ou l'utilisation d'infrastructures qui devraient permettre d'accroître les flux et les investissements chinois dans les pays d'arrivée, identifiés sur les cartes officielles chinoises. La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures et le Fonds de la Route de la Soie sont destinés en partie à financer ces projets. En quelque sorte, la Chine exporte son modèle de développement qui repose sur un soutien et des investissements conséquents de l'Etat pour la création d'infrastructures portuaires, ferroviaires, routières, aéroportuaires, électrique etc. Le premier défi pour la France est de figurer sur la carte de "la nouvelle maritime de la soie" car force est de constater qu'aujourd'hui la France ne l'est pas. Les grands ports maritimes et les grandes villes françaises n'y figurent généralement pas. Néanmoins, les choses devraient changer, les Ports de l'Atlantique se sont engagés très tôt dans cette action de lobbying en Chine et ont d'ailleurs organisé un premier forum en janvier dernier à Qingdao sur cette thématique. Propos recueillis par P. Ti

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Enquête Ifop

Th i My N g u y e n

Imagine China

Market Research Manager – Ifop Asia

Quand le « Made in China » Les produits chinois ont longtemps été associés à low cost et qualité médiocre. Le scandale des « fauteuils toxiques » de Conforama qui ont donné de l’eczéma à quelques 400 clients et celui de la petite fille défigurée par un t-shirt allergisant ont enfoncé le clou. Lassée de son image, la deuxième puissance économique mondiale a décidé de prendre sa revanche.

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ans les pas d’autres pays comme le Japon qui était synonyme de bas de gamme dans les années 50, la Chine travaille à changer sa réputation. Les fabricants cherchent à « monter en gamme » en offrant des produits de meilleure qualité et innovants tout en restant compétitifs sur les prix. L’initiative est soutenue par le Gouvernement qui renforce les contrôles qualité ayant pour but de rassurer les pays importateurs et met en place des normes à destination de son marché intérieur. Par exemple, deux entités ont été créées en 2012 pour le contrôle de la filière textile, l’AQSIQ et la CNAS. Les autorités investissent également sur le futur en allouant davantage de budget à ses universités pour retenir ses talents et attirer les étudiants étrangers. La R&D est au cœur de la nouvelle stratégie chinoise. D’imitateur à innovateur, la Chine à la conquête du monde La Chine est désormais fière de sa filière technologique. Longtemps producteur de l’ombre, l’Empire du milieu a développé ses propres marques. La Chine ne se contente plus

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Longtemps producteur de l’ombre, l’Empire du milieu a développé ses propres marques. La Chine ne se contente plus de plagier à bas prix ou de produire pour les autres, elle veut gagner en valeur et séduire les consommateurs étrangers.


Quand Samsung et Apple restent discrets sur l’origine de leurs produits, le chinois Huawei l’écrit fièrement à l’arrière de ses packs. En 2015, la marque a présenté un bénéfice en hausse de 33 % à 5,4 milliards d’euros.

prend sa revanche de plagier à bas prix ou de produire pour les autres, elle veut gagner en valeur et séduire les consommateurs étrangers. Lenovo est le parfait exemple de cette réussite. En 2013, la marque a battu son concurrent américain, Hewlett-Packard, en devenant le « premier fabricant d'ordinateurs personnels au monde » opérant dans 160 pays. Lenovo veut se positionner haut-de-gamme en offrant des produits de qualité et créatifs, fabriqués dans un esprit « artisan ». Huawei est un autre exemple de réussite. Quand Samsung et Apple restent discrets sur l’origine de leurs produits, Huawei l’écrit fièrement à l’arrière de ses packs. En 2015, la marque a présenté un bénéfice en hausse de 33 % à 5,4 milliards d’euros. Encore loin derrière, Huawei rattrape néanmoins Samsung et Apple à grands pas. Preuve de la montée en gamme de la marque, son partenariat avec Leica, marque allemande d’optique devrait lui permettre de booster davantage ses ventes. L’ascension dans des domaines où l’on ne l’attend pas Ne se contentant pas de leur succès en

Chine, certaines marques rêvent de s’immiscer parmi les leaders mondiaux. La marque chinoise de cosmétiques Herborist a commencé sa stratégie de séduction. Accompagnée par l’agence de création centdegrés, la marque a repensé son identité. Elle revendique ses origines chinoises tout en adoptant des codes de design internationaux. En 2015, Herborist a ouvert sa première boutique française avenue de l’Opéra à Paris. La boutique accueille un spa et offre une cérémonie du thé, des cours de Thai Chi et des ateliers. Le chic Chinois s’exporte à Paris. La préférence nationale des Chinois Il fut une époque où l’on devait consommer français pour être chic, américain pour être cool et allemand pour être fort. Cette époque est révolue pour les Chinois. Acheter une marque locale est vu comme un acte patriotique. L’étude « Future of China » conduite par Ifop pour OMD a montré que 40 % des Chinois préfèrent les marques locales et 25 % les achètent toujours pour leur qualité. Seuls 9 % déclarent acheter uniquement des marques étrangères car leur qualité est su-

périeure. Cela est d’autant plus vrai dans les villes de second rang (Tier 3, 4 et 5) où les marques étrangères sont peu disponibles. Les marques locales ont cet avantage de mieux connaitre les besoins de la population et de disposer d’un circuit de distribution plus dense leur permettant de répondre à la demande plus rapidement que leurs concurrents étrangers. L’émergence des marques chinoises à valeur émotionnelle Les drivers émotionnels prennent de l’importance dans les décisions d’achat des consommateurs chinois. La croissance des 3 dernières décennies, l’accès à de nouveaux produits et une internationalisation croissante font que les Chinois changent. Ils deviennent de plus en plus sophistiqués et les qualités tangibles (qualité, prix etc.) d’un produit de suffisent plus à susciter l’achat. Longtemps exclusive des marques internationales, les marques chinoises savent maintenant créer de la connivence avec les consommateurs. Les marques « lifestyles » telles qu’Icicle, Zuczug et JNBY ont su convaincre en étant à l’écoute du consommateur chinois et en bénéficiant d’une proximité que les marques internationales n’ont pas. Icicle est une marque de vêtements inspirée des valeurs traditionnelles chinoises basées sur l’harmonie entre l’homme et la nature. Zuczug est portée par les plus grandes stars chinoises et JNBY inspirée de l’art contemporain chinois a ouvert plusieurs concept stores dont un à Paris. Un cas anecdotique : la marque chinoise de chaussures Feiyue a été copiée par… des Français ! Les Feiyue fabriquées en Chine par Shanghai Shenglong Shoes sont vendues 39 yuan (5€) dans le pays. La copie Française est vendue 80€ par Feiyue Shoes Holding et a été aperçue aux pieds de célébrités telles que Orlando Bloom ou Poppy Delevingne. Le « Made in China » s’impose ainsi peu à peu comme un label de qualité. Les fabricants chinois ont réalisé que la production rapide et à bas coûts n’était désormais plus créatrice de croissance. Les marques chinoises innovent et proposent des smartphones, tablettes et ordinateurs innovants à prix compétitifs. Les leaders de la filière technologique ont du souci à se faire ! L’image du « Made in China » s’améliore doucement mais cette ascension doit s’accompagner d’actions visant à réduire la fraude et la contrefaçon qui nuisent au développement des entreprises chinoises à l’étranger. Thi My Nguyen, Market Research Manager

– Ifop Asia

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Abécédaire

AEG I AIIB Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB). Banque d’investissement créée à l’initiative de Pékin dans le prolongement du projet « Yi Dai Yi Lu » et qui a fait grincer les dents de Washington. Cette banque est en effet destinée, selon l’agence de presse Xinhua, « à défier les institutions mondiales établies, comme la Banque Mondiale, le Fonds monétaire internationale ou la Banque asiatique de développement ». Mi-2015, la banque comptait 57 pays-membres dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse ou encore la France.

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EMPIRE Le projet « Yi Dai Yi Lu » est-il une revanche de la Chine – elle qui fut jusqu’au XIXe une formidable puissance régionale ? Incontestablement, le pouvoir chinois d’aujourd’hui entend redonner au pays l’apparence d’un nouvel empire, s’étendant sur tous les continents, « immense maillage de routes, de ports, d’aéroports, de voies énergétiques – autrefois aqueducs, aujourd’hui des pipelines transportant gaz et pétrole », comme le relève sur son blog, Caroline Galactéros, docteur en Science Politique (galacteros.over-blog.com).

GRAND JEU L’empreinte économique chinoise à l’étranger crée de nouvelles luttes d’influence, en particulier en Asie centrale, région encore largement russophone. Là, dans ces vastes territoires se joue une sorte de « nouveau Grand Jeu » (expression qui rappelle la rivalité géopolitique dans la région entre la Russie et l’Empire britannique au XIXe) entre Pékin et Moscou. Aussi, au Kazakhstan, un rapprochement avec Pékin participe aussi au jeu d'équilibriste pour ne pas se retrouver écrasé entre ses deux géants voisins que sont la Russie et la Chine.

IDE Les investissements directs étrangers (IDE) chinois ont bondi de 15 % l'an dernier, à près de 120 milliards de dollars, selon des chiffres officiels, alors que le pays entend conquérir de nouveaux marchés, acquérir des technologies et diversifier ses approvisionnements énergétiques. Hors secteur financier, ces investissements hors de Chine ont représenté 118 milliards de dollars en 2015, un niveau record. Ces IDE chinois avaient déjà progressé de 14 % l’année précédente et devrait être largement dépassé en 2016 (avec AFP).


MMO R MARCO POLO Marchand italien, né à Venise en 1254, célèbre pour son « Livre des Merveilles » qui a fait connaître l’Asie aux Européens et a eu un succès considérable. Marco Polo part pendant 26 ans, en empruntant la Route de la soie, avec son père Niccolò et son oncle Maffeo pour l’Asie où il servit avec eux, comme conseiller, l’empereur Mongol, Kubilai Khan. Marié, ce père de trois filles n’est pas le premier Européen à atteindre la Chine mais son incroyable récit a influencé de nombreux voyageurs, dont Christophe Collomb (Wikipedia).

MARITIME Le projet « Yi Dai Yi Lu » est accompagné, en plus d’un volet terrestre, d’un volet maritime. De l’Asie à l’Europe, le tracé partirait ainsi, relève un article de Slate.fr, « des grands ports de la mer de Chine (en particulier Canton), suivrait la Thaïlande et le Viêt-Nam, la Malaisie, croiserait Singapour et longerait l’Indonésie, avant de rejoindre, via l’océan Indien, le Sri Lanka, puis la mer Rouge, le Golfe, et, enfin, le Canal de Suez et la Méditerranée. Un autre tracé pourrait faire un détour par l’Afrique, notamment le Kenya ».

OLÉODUC Le projet « Nouvelle route de la Soie » constitue un élément essentiel de la politique d’influence et (aussi) de sécurité énergétique de la deuxième puissance mondiale. Energivore, la Chine a de fait besoin de multiplier ses sources d’approvisionnement en gaz ou pétrole, en dépendant moins du Moyen-Orient. En témoigne la mise en service, depuis 2006, de l’oléoduc de plus de 1000 kilomètres reliant Atasu, au Kazakhstan à la province du Xinjiang. Il est géré par China National Petroleum Corporation et KazMunayGas.

RÉSEAU La route de la soie était un réseau de pistes par lesquelles transitaient de nombreuses marchandises, et qui monopolisa les échanges Est-Ouest pendant des siècles. Les plus anciennes traces connues de la route de la soie, comme voie de communication avec les populations de l'Ouest, remontent à 2000 avant notre ère au moins. Elle se développe surtout sous la dynastie Han (221 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.). Puis sous la dynastie Tang (618-907). À partir du XVe siècle, la route de la soie est progressivement abandonnée (Wikipedia).

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Actualités de la Chambre Accord de coopération entre la CCI France Chine et CFLD

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le 27 avril

centre d’incubation, et promenade près du lac bordant le quartier résidentiel de villas d’architecture occidentale. Au retour de la visite de la ville nouvelle, notre président M. Javier Gimeno et M. Zhao Wei, président de CFLD, se sont retrouvés pour la cérémonie de signature scellant ce nouveau partenariat en présence des représentants des entreprises Aden, Dirickx, EDF, Engie, Faurecia, Legrand, Saint Gobain, Schneider Electric, Thales et Veolia. La coopération se poursuit à l’automne par un road-show dans nos 3 antennes de Beijing, Shanghai et Canton pour présenter les opportunités de développement dans ces régions, ainsi que par un support mutuel sur nos évènements annuels majeurs que sont, entre autres, le forum industriel organisé par Huaxia et le Forum d’affaires franco-chinois organisé par la CCI France Chine.

Dans le cadre de son action de rapprochement avec le monde chinois, la CCI France Chine développe des partenariats structurants pour apporter toujours plus de solutions à ses membres et aux entreprises françaises. Après plusieurs mois d’échanges avec la société China Fortune Land Development (CFLD), nous avons lancé le 27 avril dernier un partenariat CCI France Chine - CFLD qui se matérialise par une plateforme d’échanges franco-chinoise portant sur différentes industries : les éco-cities, la santé et l’industrie du futur. Ainsi, le 27 avril au matin, une délégation d’entreprises françaises recrutées par la Chambre de Commerce dans ces secteurs a pu découvrir et visiter le projet pilote de ville nouvelle conçu par CFLD à Gu’an dans le Hefei : présentation de la maquette de la ville et de l’ensemble du projet, visite guidée du centre aérospatial et du

Réseaux Chine

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le 20 mai

Le 20 Mai 2016 s’est tenue la huitième édition du « Déjeuner Réseaux Chine » à Shanghai. Organisé quatre fois par an, ce déjeuner est une plateforme de rencontre et d’échange entre dirigeants d’entreprises françaises et chinoises. Ce déjeuner a eu lieu en présence de Monsieur Axel CRUAU, Consul général de France à Shanghai, de Monsieur Javier GIMENO,

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Président de la CCI France Chine, de Monsieur JIN Liang, Président de la SFIC (Shanghai Federation of Industry and Commerce), et de Monsieur YU Chen Vice-Président de la COIC (Chamber Of International Commerce). Plus de 100 représentants d’entreprises françaises et chinoises ont pu échanger lors de cette rencontre et la CCI France Chine est fière d’avoir pu leur donner l’opportunité de développer de futurs partenariats.



Actualités des Antennes

Principaux évènements passés Conférence David Baverez : Nouvelle Chine, nouvelles opportunités le 28 avril

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上 海

SHANGHAI

Le mois d’Avril à la CCI France Chine Shanghai s’est clôturé par une conférence portant sur un sujet d’actualité : l’émergence d’une nouvelle Chine. En

2015, de nombreux sujets délicats ont ressurgi, tels que la dévaluation du RMB, les coûts environnementaux qui ne cessent de s’accroître, le manque de restructuration des entreprises gouvernementales… En d’autres termes, la Chine se retrouve aujourd’hui face à des challenges sans précédents qui auront des répercussions sur son avenir économique. Monsieur David Baverez, auteur de « Génération tonique - l'Occident est complètement à l'Ouest » (2015), nous a présenté sa vision de ce nouvel état de fait et comment les entreprises occidentales devaient se positionner afin de tirer profit de cette situation.

Conférence EMLyon : Présentation des projets étudiants de master le 13 juin

Les membres de la CCI France Chine Shanghai ont été conviés à un cocktail organisé en partenariat avec les élèves de master de l’école de commerce EMLyon pour échanger sur des projets en entreprise. Depuis 2008, les étudiants de l’EMLyon ont mené plus 600 projets dans plus de 340 entreprises telles qu’ADEN Services, Accor, Adidas, Adecco, Agatha, Andros, Arkema, Auchan, Bureau Veritas, Carrefour, Cartier, Bayer,

Decathlon, Kering, Lenovo, L’Oréal, Louis Vuitton, Michelin, Miumiu, Ralph Lauren, Saint-Gobain, Salomon, Sodexo, Solvay, PayPal, Roger Dubuis, Philips, Puma, Salomon, Société Générale, TOTAL, Veolia… Les derniers projets portaient sur les stratégies d’entrée sur un nouveau marché, le plan de positionnement d’un produit, la communication de marque, l’analyse de recherche d’un marché…

« Club Investisseurs » Pitch Day Le « Club Investisseurs » est une plateforme de mise en relation entre porteurs de projets et investisseurs potentiels. Ce Club est ouvert à tous les porteurs de projets et investisseurs souhaitant y participer. Trois porteurs de projets, préalablement sélectionnés par le comité de sélection du Club Investisseurs, ont pu présenter leurs projets à un panel d’investisseurs lors du Pitch Day qui s’est tenu le 17 juin dernier. La CCI France Chine tient à remercier toutes les personnes qui se sont impliqués pour assurer la réussite de ce Club et notamment Laurent Ginioux, fondateur de l’entreprise Creastyle. La prochaine édition du Pitch Day aura lieu en Novembre prochain.

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le 17 juin


Evènements à venir DR

7eme édition du GMP Groupe de travail E-Commerce Innovation le 21 juin

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Le groupe de travail E-Commerce Innovation du mois de juin fut l’occasion pour les représentants de l’entreprise Lily & Beauty de présenter leur expertise en tant que T-Mall Partner (TP). Les TP proposent des solutions clefs en main incluant le marketing, la gestion de la relation clientèle, la logistique et les services informatiques qui permettent aux marques d’être présentes sur la première plateforme d’E-commerce au monde. Lily & Beauty est spécialisée dans le domaine des cosmétiques et assure la distribution de plus de 40 marques sur T-Mall.

Conférence de Presse Pierre & Vacances Center Parcs le 5 juillet

La conférence de presse de PVCP China Real Estate Brokerage (PUWEI) a eu lieu le 30 juin à la Chambre de Commerce et d’Industrie France Chine à Shanghai. PVCP China Real Estate Brokerage est la filiale chinoise du Groupe Pierre & Vacances – Center Parcs (PVCP) – le leader européen du développement et de la gestion de l’immobilier touristique. Durant cet évènement, Monsieur Thierry HELLIN, le PDG du PVCP China, a présenté le groupe PVCP et son business model unique. Ensuite, Monsieur Jean-Dominique HILDEBRAND, Directeur des ventes internationales, a fait une analyse sur le marché chinois d’investissement de l’immobilier touristique à l’étranger et a présenté les avantages des investissements avec le groupe PVCP. Le projet Villages Nature Paris, l’un des projets phares du groupe, a été introduit par Monsieur Guillaume HUBERT DE FRAISSE, PDG de PVCP China Real Estate Brokerage. Enfin, l’allumage de leur logo signifiait l’entrée officielle de PVCP China Real Estate Brokerage en Chine.

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Actualités des Antennes

Journées CCIFC à Qingdao

CCIFC

le 22 avril

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北 京

PEKIN

venus de Pékin, l’après-midi de travail s’est poursuivie avec différentes présentations : la CCIFC et ses services, Mazars sur la campagne anti-corruption, Dezan Shira sur les dernières règlementations en matière RH, et enfin LLR sur la protection industrielle. En fin d’après-midi, les Français de Qingdao, les membres de Club France et du Cercle Francophone nous ont rejoints pour un échange privilégié avec le Consul Général Jean-Raphaël Peytregnet venu tout spécialement de Pékin pour l’occasion.

Notre journée annuelle CCIFC à Qingdao, orchestrée par Olivier Baleix, notre fidèle et dynamique représentant depuis 2012, a réuni une cinquantaine de participants, représentants de la communauté d’affaires franco-chinoise de Qingdao - des grands groupes aux entrepreneurs individuels. La matinée a débuté par la visite pilotée par Ranco JIA de l’usine de Saint Gobain Sekurit Huangdao. Après le déjeuner-buffet du Shangri La, moment privilégié d’échanges entre participants et intervenants

Journées CCIFC à Dalian

La journée CCIFC à Dalian a été marquée par la présence de l’Ambassadeur de France en Chine, du consul de Shenyang M. Marc Lamy et du président des CCE M. Jean-Michel Piveteau. Tous les 3 ont fait chacun une intervention très appréciée de l’ensemble des représentants des entreprises de Dalian et du Dongbei réunis pour l’occasion. La séquence interactive a permis à plusieurs entrepreneurs d’exposer leur parcours en Chine et d’évoquer avec franchise les difficultés parfois

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le 29 avril

rencontrées. Le volet RH a ensuite été abordé par Dragonfly et la communication digitale par l’agence Mazarine. Un grand merci à Frédéric Choux, notre représentant sur place depuis 2010, pour l’organisation parfaite une fois encore. A l’issue de la journée, il a passé le relais au binôme composé de Stéphane Gonnetand et Gildas Olivier (ODC Marine) qui sont désormais vos relais CCIFC à Dalian.


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Nouvelle collaboratrice... Zhang Qi La CCIFC Pékin a le plaisir d’accueillir une nouvelle collaboratrice : Zhang Qi. Qi est diplômée d’un Master 2 en Langues étrangères, mention Négociation de projets internationaux. Après 3 ans passés dans le marketing et le développement commercial en France et en Chine, elle succède à Penny Pan en tant que Responsable Adhésion et Domiciliation. zhang.qi@ccifc.org

CEO Breakfast

Conférence Gide

le 13 juin

le 18 mai

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CCIFC

La CCIFC a organisé le 18 mai dernier en partenariat avec le cabinet Gide une conférence intitulée «la Chine sous la ‘Nouvelle Norme’» durant laquelle intervenaient 3 avocats du cabinet, Antoine de la Gatinais, Guo Min ainsi que Ronan Diot. L’impact de la politique impulsée par le gouvernement chinois sur l’activité des entreprises en Chine est toujours un sujet de vif intérêt, et rendez-vous est pris pour le même exercice l’année prochaine !

BBQ Interchambres

Nous avons eu l’honneur de recevoir à la CCIFC M. Arnaud Vaissié, qui est d’une part le co-fondateur, président et CEO d’International SOS, et d’autre part le président de CCI France International, le réseau des Chambres de commerce françaises dans le monde. M. Vaissié a partagé devant les dirigeants réunis l’histoire de son entreprise, ainsi que la stratégie et le positionnement des Chambres de Commerce dans le dispositif d’appui aux entreprises à l’étranger.

Stratégie Digitale en Chine

le 15 juin

le 24 juin

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CCIFC

Chaque année au début d’été, plusieurs Chambres de Commerce étrangères de Pékin s’unissent pour proposer à l’ensemble de leurs membres un networking convivial sur une terrasse ombragée autour d’un buffet de grillades : excellente occasion d’échanger sur son expérience et partager les bonnes pratiques, d’étoffer son réseau…et de fêter l’été autour d’un verre de bière ou de vin !

Une délégation de 16 directeurs commerciaux et marketing du Crédit Agricole ont été accueillis le 24 juin dernier dans le cadre de leur voyage en Chine axé sur le numérique et le service clientèle. Après avoir passé 1/2 journée à la CCIFC Shanghai plus tôt dans la semaine, ils ont assisté à Pékin à la présentation de la stratégie digitale en Chine d'Allianz Worldwide Partners .

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Actualités des Antennes

Groupe de travail Production le 15 avril

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中 国 南 部

Chine du Sud (Canton & Shenzhen)

Le groupe de travail Production s’est déroulé le vendredi 15 avril au White Swan Hôtel à Canton. Vincent

Gelly, directeur des opérations pour Forsee Power, accompagné de Jean-Christophe Roinné, directeur général pour Global East Plastics Custom Molding ont animés ce repas sur le thème de l'ERP. Qu'est-ce qu'un ERP ? Comment réussir à le mettre en place, quel budget prévoir ? Quand un ERP est-il contre-productif, quels pièges éviter ? Décisions et écueils à éviter pour la mise en place d'un ERP dans l'atelier de production, sont autant de points abordés au cours de ce diner de travail qui a réuni une quinzaine de participants.

Club R&D

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le 25 mai

Le club R&D s’est à nouveau réuni le mercredi 25 mai à Shenzhen chez Parrot. L’entreprise française leader sur le marché des drones s’est spécialisée dans ceux dédiés aux loisirs. Organisé en coopération avec le service scientifique du Consulat général de France à Canton, ce Club R&D, a réuni une vingtaine de participants. Guidés par Christophe Bonté (attaché de coopération scientifique et universitaire) et Elise Tchen (PDG de la région Asie-Pacifique de Parrot), le groupe a pu découvrir les produits et la stratégie de développement de l’entreprise. Après une visite de l’atelier, une séance d’initiation au pilotage des drones en plein air a été organisée.

Club Entrepreneur

Le Club Entrepreneur a eu lieu le jeudi 23 juin au restaurant Louboutin à Canton. La CCI France Chine et le Président du Club Laurent Derache (co-fondateur et directeur de Silex Lab) ont conviés la jeune Chambre de commerce de Ronggui (Shunde) pour

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le 23 juin

ce diner exceptionnel réunissant 20 personnes. Les participants ont pu partager leur expérience et rencontrer les acteurs majeurs de cette jeune Chambre chinoise afin de tisser des liens amicaux et privilégiés avec eux.


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Nouvelle Arrivée... Bingxin Wang La CCIFC Chine du Sud a le plaisir d’accueillir une nouvelle collaboratrice : Bingxin Wang Bingxin est diplômée d’un Master en Ingénierie Commerciale et Management de Projets de l’ INSEEC Business School à Paris. Après une première expérience au Centre Culturel de Chine à Paris, elle est maintenant en charge de l’événementiel à Shenzhen. wang.bingxin@ccifc.org

Canton Plage et la Fête Nationale Française à Shenzhen le 14 juillet et 15 juillet

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Actualités des Membres

Nomination de Sabrina Woo chez Kedge Business School La direction de KEDGE Business School est ravie d’annoncer la nomination de Madame Sabrina Woo en tant que Directrice Générale Adjointe pour nos activités en Chine. Sabrina reportera à Monsieur Guy Marcillat, Directeur Général pour la Chine. Française d’origine chinoise, Sabrina commence son aventure chinoise en 2004. Après une expérience dans la banque d’investissement (Londres, Tokyo et Paris), Sabrina co-fonde en 2006 une société de conseil spécialisée dans le transfert de technologie et une société de courtage en matières premières, où elle est en charge du développement commercial pour la Chine, avant de participer à la restructuration d’une société dans l’agribusiness basée sur l’île de Hainan. Plus récemment, Sabrina a été la Directrice du campus Asie de EMLYON business school.

La Cité Ecologique Sino-Française de Shenyang attend votre visite La Cité Sino-Française tient pleinement compte de son développement en se concentrant sur l’avancement de ses principaux projets et la création de nouveaux : construire un parc écologique en intégrant les nouvelles technologies existantes, et d'autre part, créer une interaction avec la ville de Shenyang et réciproquement avec les industries de la zone (comme les fabricants sino-allemands d’instruments haut de gamme). Le maintien de ces différentes industries et de leurs caractéristiques propres permettra une meilleure intégration à la ville. Le modèle PPP qui permet au gouvernement d’interagir sur les investissements avec les entreprises attirera de nouveaux arrivants et animera les entreprises locales afin d’être tenu informé des avantages existants pour un développement commun. Points clés de la Cité Ecologique Sino-Française de Shenyang : Economie : mettre l’accent sur le développement économique, construire un centre de la création sino-français, pour former un siège rassemblant des services haut de gamme Bien-être : un complexe urbain, une zone commerciale de style européen Loisirs : création d’une zone touristique écologique Education : partenariat avec l’université de technologie de Shenyang et de l’université de chimie, ce parc est essentiellement axé sur l'innovation technologique qui vise à créer un groupe d’industries écologiques Innovation : création d’un schéma « Noyau-Ceinture-Triple groupe » comme la cité industrielle de BMW où l’harmonie industrielle sinoallemande est basée sur l’innovation.

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Cypheme au Microsoft Ventures Accelerator de Paris Créé par une équipe Franco-Chinoise basée à Shenzhen, la société Cypheme a développé une intelligence artificielle capable de détecter un produit contrefait en analysant la microstructure de la surface de son emballage. Le tout avec une caméra de smartphone. Les règles de la contrefaçon ont changé, le phénomène s'amplifie de 25 % par an depuis 2015, et à présent tous les secteurs sont touchés. Le luxe bien sûr, mais aussi les produits pharmaceutiques, le vin et les produits électroniques haut de gamme. Cette technologie est le premier système anti-contrefaçon permettant aux consommateurs de détecter l'authenticité des produits qu'ils achètent, avec une certitude scientifique, en quelques secondes, à l’aide d’un simple smartphone. C'est l'efficacité et la simplicité d'utilisation de Cypheme qui a séduit Microsoft, intégrant la jeune pousse dans son tout dernier programme Microsoft Ventures Accelerator. Situé au cœur du Sentier à Paris, ce programme d’accompagnement de start-ups le plus prestigieux de France, accueille chaque année gratuitement 50 sociétés prometteuses et les accompagne dans leur développement.

Losberger change de nom Le 17 Juin 2016 à Shanghai, l’entreprise Losberger Tent Manufacturing Co., a changé son nom et s’appelle aujourd’hui : Losberger Architercture Technology Co. Fondée en 1919, Losberger est l'un des plus grands fabricants mondiaux de tentes en aluminium et des bâtiments mobiles. Losberger propose des solutions d'entreposage pour le stockage temporaire et le transit de marchandises, les expositions et foires, les festivals et évènement de grande envergure, en location ou à l’achat. Au cours de ses 10 ans de développement en Chine, grâce à sa capacité d’adaptation aux nouvelles technologies, Losberger a su améliorer la qualité de ses designs en s’appuyant sur des équipes d’ingénieurs experts dans leur domaine. Losberger veut continuer de se développer sur le marché Chinois en élargissant sa gamme de service en proposant des solutions d’architecture mobile innovante et des services de consulting pour la logistique d’entrepôt industriel. Grace à son savoir-faire unique et une qualité de service premium, Losberger a participé avec succès à de nombreux événements de grande envergure en Chine, tels que les Jeux Olympiques de 2008 à Beijing, l’exposition universelle de Shanghai, et le Grand Prix de F1 de Shanghai. Losberger fournit également des solutions de construction mobiles pour des grands groupes tels que BMW, Land Rover, Porsche, Bayer, BASF, Siemens et Alstom.

Architecte de solutions innovantes pour l’aménagement en montagne Depuis la création du Groupe, les sociétés qui composent MND innovent pour apporter la meilleure des solutions à leurs clients et partenaires. Avance technologique, capacité d’innovation, qualité des produits et des services, proximité, compétitivité, le Groupe MND est un acteur référent sur l’ensemble de ses segments de marché avec un portefeuille de marques complet. Notre gamme de produits "Eté/Hiver" fédère des marques leaders, chacune dans leur secteur. LST est un acteur reconnu pour la qualité et la fiabilité de ses produits de transport à câbles. Une alternative performante et flexible pour les projets de transport à câbles aussi bien téléphériques que télécabines pour les villes ou le tourisme ou bien télésièges pour les stations de ski. SUFAG propose la gamme de canons à neige et de perches la plus complète et performante du marché. TECHFUN est un pionnier dans les solutions clés en main pour l’aménagement des zones de loisirs à sensation. Son offre couvre à la fois les installations d’Alpine coaster, les via ferrata, les zip lines et les parcours aventure... TAS est reconnu mondialement pour ses systèmes de déclenchement préventif d’avalanches à distance et de protection parepierres et paravalanches permettant de sécuriser les espaces et les voies d’accès. MBS est l’acteur mondial dans la sécurisation et l’aménagement des domaines skiables, des sites sportifs et des centres de loisirs. www.mnd-group.com

Simon Associes Le cabinet Simon Associes a accompagné le groupe chinois MINYOUN dans le cadre d’une opération immobilière d’envergure (acquisition d’une participation et transformation de bureaux en 4 * hôtel de 256 chambres). Ce nouveau succès confirme le positionnement fort en Chine du cabinet SIMON qui accompagne les entreprises chinoises ou françaises dans leurs relations ou opérations, que ce soit en France ou en Chine, en s’appuyant sur l’équipe internationale du cabinet dont certains sont présents en Chine (www. simoninternational.fr). Le cabinet Simon continue son expansion internationale par la signature de nouveaux accords avec des cabinets de premier rang. Aujourd’hui, Simon est présent sur tous les continents et dans 19 pays (Algérie, Belgique, Brésil, Cameroun, Chine, Chypre, Corée Du Sud, Rd Congo, Cote D’ivoire, Egypte, Emirats Arabe Unis, Etats-Unis, Ile Maurice, Indonésie, Iran, Luxembourg, Maroc, Sénégal, Tunisie)

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Décryptage | Une des médias

Les post « 00 » Une génération subversive arrive Les mutations sociales de la Chine ont été tellement rapides depuis les années 70 que les analystes identifient à chaque décennie une nouvelle génération au comportement très marqué. Il y avait eu les post 70, nés entre 1971 et 1980, entre la fin du maoïsme et le début de l’ouverture, et qui étaient caractérisés par une très forte curiosité intellectuelle, les post 80, première génération d’enfants uniques, les “petits empereurs” comme on les appelaient à l’époque, puis les post 90, à l’enfance en parallèle avec l’essor d’internet et des technologies mobiles - il semble que c’était hier que l’on annonçait leur arrivée dans l’âge adulte, mais déjà le magazine Nanfeng Chuang publie un dossier d’une dizaine de pages sur la nouvelle génération qui monte, les post « 00 », mis au monde après l’an 2000. Et prévient : ce sont des rebelles et ils vont tout casser.

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R EN AUD D E S P EN S

es journalistes de ce bimensuel qui se penchent sur la question sont tous des post 70, et les post « 00 » ont donc l’âge de leurs enfants. Si au cours des dernières décennies les études sur les générations chinoises n’ont pas manqué, surtout lors de l’irruption des enfants uniques post 80, elles se lançaient sans complexe dans la description de nouveaux comportements ou d’état d’esprit que tous les lecteurs semblaient pouvoir comprendre à défaut de toujours approuver. Avec les post 90, la vision était déjà partiellement obscurcie : ces jeunes à moitié geek s’amusaient souvent à parler “martien” (火星文) comme on disait alors. Avec les post 00, le seuil de l’incompréhension est définitivement franchi : les journalistes, professeurs et parents avouent dans l’ensemble être complètement largués par ces adolescents qui utilisent un sabir de chinois, coréen et japonais, ne connaissent plus les vieilles idoles populaires mais s’enthousiasment pour le groupe de jeunes TFBoys, se passionnent pour des applications hermétiques aux autres générations comme Station B, qui permet de partager des commentaires sur des vidéos, et enfin qui déclarent vivre dans une “deuxième dimension” (二次元).

Imagine China

Attente du diplôme Le magazine interroge de nombreux professeurs de collège, jusque dans une petite ville du Guangxi, pour avoir une comparaison des post 00 avec les générations antérieures. La plupart sont catastrophés par leurs nouveaux élèves. “Par rapport aux post 90, ils sont tous allés en primaire voire en maternelle, et ils savent mieux chanter, danser et dessiner. Pour le reste, c’est une catastrophe : ils ne font qu’attendre le diplôme ; la moitié dort en classe, grignote, fait

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le mur, fume ou conte fleurette”, se plaint un enseignant vétéran. “A l’entrée du collège, cela va encore, poursuit-il, mais deux ans plus tard, sur une classe de 60, 20 ont abandonné l’école. Et les ordiphones font un ravage, à 16 ans, 50 % des élèves y jouent pendant les cours”. Alors que les générations précédentes de jeunes Chinois voulaient en majorité être scientifiques, fonctionnaires, professeurs ou médecins, les post 00 compteraient surtout devenir joueurs en ligne professionnels, administrateurs de jeux mobiles, hôtesses de l’air ou encore hommes d’affaires, et cela sans imaginer qu’ils auront besoin d’acquérir des compétences ou autres à cet effet... Le goût de l’effort leur est inconnu, affirme le professeur : “dans les compétitions de sport, ils s’inscrivent tous pour le 50 mètres, certains encore pour le 100 mètres, mais pour les 1 000 mètres, 3 000 mètres et 5 000 mètres, on ne trouve plus personne. Et quand on leur demande de courir, ils marchent ! Avant au moins les mauvais élèves étaient bons en sport, maintenant l’herbe pousse sur les terrains.” Génération angoissée Interrogés par les journalistes, des post 00 se défendent : “Nous jouons à notre propre jeu, pas au vôtre, et nous vous demandons de ne pas nous y obliger”. Alors qu’ils bénéficient en général d’une aisance matérielle bien plus importante que celle de leurs aînés au même âge, il leur semble encore plus important de jouir de l’instant présent : “On ne va vivre qu’une centaine d’années, alors l’important est de faire ce qu’il nous plaît”, explique une jeune fille de 16 ans. “On est tous comme les feuilles d’un même arbre, nous voulons partir et trouver un arbre qui nous plaise. Certains vont choisir un arbre en or, moi, je veux un arbre qui m’intéresse et correspond à mes goûts et passions, même s’il se trouve dans le désert”. Mais si ces adolescents sont désormais en général à l’abri de la peur de manquer de choses matérielles, ils continuent à nourrir l’angoisse propre à leur âge : “On est comme cela, parce que le monde est plus difficile qu’avant, il y a tellement plus de choix, et c’est tellement angoissant de choisir” affirme l’élève à la reporter du Nanfeng Chuang, qui s’étonne en se souvenant de sa propre adolescence où la tension était générée par le manque de choix, et où seule l’étude permettait aux classes moyennes et populaires de s’en sortir. Férus de fantastique Au-delà du naturel esprit de rébellion qui caractérise les 12-16 ans, mais qui faisait jusque là souvent encore défaut en Chine, il y a, analyse le magazine, des comportements et des états d’esprit directement générés par les aînés. Par exemple, les économistes et les politiques répètent continuellement qu’il faut améliorer la créativité des entreprises chinoises, et les post « 00 » sont donc la génération la plus encoura-

Avec les post « 00 » , le seuil de l’incompréhension est définitivement franchi : les journalistes, professeurs et parents avouent dans l’ensemble être complètement largués par ces adolescents qui utilisent un sabir de chinois, coréen et japonais, ne connaissent plus les vieilles idoles populaires mais s’enthousiasment pour le groupe de jeunes TFBoys, se passionnent pour des applications hermétiques aux autres générations comme Station B, qui permet de partager des commentaires sur des vidéos, et enfin qui déclarent vivre dans une “deuxième dimension” (二次元).

gée à s’exprimer et développer les individualités. Non seulement la nouvelle loi sur l’éducation a interdit les châtiments corporels à l’école, mais les enseignants les plus progressistes n’hésitent plus à outrepasser les programmes pour stimuler la réflexion de leurs élèves. “Un de nos profs a créé un groupe de discussion sur Weixin. Avec lui, on fait en partie le programme, mais en partie aussi la vraie compréhension des choses par nous-mêmes (自己真实的见解), on a par exemple discuté d’une affaire de viol d’handicapée. Résultat, notre classe a 10 points de moins aux examens que le reste de l’établissement, mais c’est la plus cool de toutes !”, s’enthousiasme une collégienne. En effet, si les passions et les plaisirs sont désormais plus importants que l’étude, c’est sans doute aussi parce que la société croit que c’est là que ce joue la compétition de la créativité. Les post « 00 » sont la première génération chinoise pleinement “ACGN”, Anime, Comics, Games, Novels, férue de fantastique, pour qui le jeu est non seulement un moyen d’apprendre, mais aussi un art de vie. Avant, se

souvient une journaliste, entre l’école et la maison, il n’y avait rien. Désormais, les jeunes font du cosplay, participent à des groupes d’intérêts sur des dessins animés, discutent, etc. Ils ont appris que les règles sont faites pour êtres brisées, et que c’est cela qui est créatif. S’ils paniquent à l’idée de manquer de personnalité, ils n’ont pas peur de monter sur scène et de s’exprimer, ont presque tous des “amours précoces”, et ils n’ont même presque plus peur des professeurs ! Matérialistes Néanmoins, une partie aussi de leur rébellion vient des défauts de leurs parents, qui ont le plus souvent abandonné leur éducation aux grands parents, et qui se révèlent incapables d’exprimer leur amour autrement que par des choses matérielles, ce qui génère une intense frustration de la part des enfants, qui ont tendance à toujours demander plus d’argent, sans jamais être satisfaits, au grand désespoir également des parents, qui de leur côté trouvent cela ingrat et injuste. Si les collégiens ne s’adonnent plus avec autant d’ardeur à l’étude, c’est aussi parce que leurs parents ne font plus confiance dans le système méritocratique pour changer la vie, et préfèrent se concentrer pour travailler et acheter des appartements. Les enseignants en deviennent amers : “depuis 2012 à peu près, on sent bien que les parents se foutent désormais de l’école, se plaint l’un d’eux. Avant, on croulait sous les cadeaux, maintenant, c’est à peine si on reçoit quelques gâteaux de lune à la fête de la mi automne. J’ai même eu un élève aux cheveux longs, et qui donc était en infraction avec le règlement intérieur et menacé d’expulsion. Je lui ai dit que les études valaient mieux que des cheveux longs, il a répondu qu’il préférait garder ses cheveux et arrêter ses études. En apprenant ça, ses parents ont préféré le retirer de l’école pour qu’il travaille tout de suite. Cela aurait été impensable il y a 10 ans !” Incompris La Chine a du mal à comprendre ses enfants, concluent ces enquêtes. Rejetant et méprisant comme jamais le monde des adultes, les adolescents chinois, avec leur langage particulier et leurs symboles bizarres, se dissimulent derrière un “rideau d’ignorance” conçu pour les protéger. Ce phénomène est tellement soudain que certains lycéens nés en 1999 ne comprennent déjà rien non plus aux post « 00 ». Parfois tellement fragiles, ayant besoin d’être réconfortés trois fois quand ils se font critiquer une fois, comme le décrit un professeur désabusé, ils n’ont aucun complexe à penser, s’exprimer, et agir plus que leurs aînés. Ils sont ainsi, analyse le Nanfeng Chuang, la génération la plus subversive que la Chine ait connu depuis bien longtemps. Ils osent tout. R EN AUD D E S P EN S

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Décryptage | Clichés

C U LT U R E

3 édition e

du mois franco-chinois

Réchauffement climatique, création artistique

© HD Media-TaraExpeditions

de l’environnement

Depuis 2003, la goélette de la fondation Tara Expéditions agit en faveur de l’environnement et de la recherche.

© Isabelle Chapuis et Duy Anh Nan Duc

F 62

Dandelion, une exposition onirique autour du pissenlit, fruit de la rencontre entre la photographe Isabelle Chapuis et l’artiste plasticien Duy Anh Nhan Duc.

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estival transdisciplinaire, la troisième édition du mois franco-chinois de l’environnement se déroulera du 26 septembre au 26 octobre 2016 et présentera près de trente programmes dans dix villes de Chine continentale. Créé en 2014, ce festival a pour mission d’expliquer les enjeux actuels liés aux questions environnementales, d’alerter et d’échanger avec un public de spécialistes et de néophytes. Après deux premières éditions consacrées à l’eau et au changement climatique, la troisième abordera les questions de biodiversité. La Chine, de par son étendue et sa topographie, est un pays de mégadiversité aux multiples contrastes. Elle couvre sept zones climatiques et abrite un huitième des espèces de la

Le documentaire Demain, réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, propose des exemples concrets de solutions aux défis environnementaux et sociaux dans dix pays de par le monde.


© François Tomasi Collection Grand Palais © Pascal Victor ArtcomArt

Dynamo-Fukushima, œuvre-lumière de Yann Toma présentée au Grand Palais en 2011.

La pièce de théâtre Les Glaciers grondants, une exploration climatique et humaine, texte et mise en scène de David Lescot, compagnie du Kaïros.

terre. Elle dispose d’une biodiversité particulièrement riche mais fortement menacée. Gestion raisonnée des ressources, biodiversité urbaine et rurale, protection de l’environnement et innovation technologique seront donc les thèmes centraux de cette troisième édition parrainée par deux personnalités chinoises engagées et influentes : l’actrice TAO Hong et l’environnementaliste MA Jun, lauréat du Prix Goldman pour l’environnement en 2012. Une rétrospective sera organisée autour du réalisateur Yann Arthus-Bertrand, qui viendra présenter Human, son dernier film. Demain, de Mélanie Laurent et Cyril Dion, César 2016 du meilleur documentaire, sera également projeté en exclusivité. Dans le cadre de la Beijing Design Week, une installation de l’artiste Yann Toma, sera présentée dans le quartier de Baitasi à Pékin, ainsi qu’Ice Mo-

nument, une installation éphémère de l’artiste LIU Zhenchen. Un spectacle sur le réchauffement climatique, Les Glaciers grondants de David Lescot, sera joué au festival de théâtre de Wuzhen. L’exposition Dandelion, par la photographe Isabelle Chapuis et le plasticien végétal Duy Anh Nhan Dhuc, offrira quant à elle des créations oniriques autour du pissenlit. Un concert multimédia, The House We Live In, mêlera rock et musique orchestrale, poésie et science. Des rencontres avec l’équipage de Tara, la goélette de la fondation Agnès b., seront organisées, tout comme de nombreuses conférences autour de la géopolitique de l’eau en Asie, la faune et la flore en ville, l’écologie comme nouveau champ de la philosophie, les études environnementales en France et leurs débouchés professionnels ainsi que le forum Urbanitis sur les initiatives citoyennes à la ville durable. Une formation de traducteurs de livres touchant à l’écologie et à l’environnement sera proposée. Enfin, des marchés franco-chinois permettront à un large public d’assister à des présentations d’experts agronomes sur les sols agricoles et leur fonctionnement, et de participer à une balade gourmande où les meilleurs produits issus d’une agriculture raisonnée seront mis à l’honneur. La tenue de la COP 21 à Paris, en décembre dernier, a permis l’adoption par consensus d’un accord historique et a donné à la France un statut d’acteur incontournable sur les questions relatives aux enjeux environnementaux. Forte de son engagement, elle a signé le 15 juin dernier le décret de promulgation permettant la ratification de cet accord. M. XIE Zhenhua, vice-président de la commission nationale chinoise pour le développement et la réforme et négociateur en chef sur le climat, a récemment indiqué que la Chine ratifierait l’accord de Paris à la fin du mois d’août. Le mois franco-chinois de l’environnement sera donc l’occasion de renforcer le travail commun de la France et de la Chine sur ces questions, en permettant à une grande diversité d’acteurs engagés dans la cause environnementale d’échanger et de réfléchir à des solutions innovantes permettant un développement durable, tout en sensibilisant le grand public à ces questions essentielles pour l’avenir de la planète et des populations. Robert LACOMBE, conseiller de coopération et d’action culturelle, directeur de l’Institut français de Chine, ambassade de France en Chine

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Décryptage | Livres

DR

Par Françoise BLÉVOT SILENCE, ON TOURNE !

…Comme au cinéma ! Tout y est : L’époque (les années 30), le lieu (Shanghai), belles espionnes et intrigantes, faune interlope, hommes « d’affaires », événements politiques et (indissociables !) politiciens qui vont avec, diplomates, et incontournables produits des bas-fonds. Rebondissements au cours desquels la fiction et les faits réels s’entrecroisent astucieusement. Encore faut-il bien connaître les lieux, le contexte historique, savoir planter le décor sans se planter. Objectif atteint par Xiao Bai, très à l’aise dans le rôle du metteur en scène, car pur produit du Shanghai d’aujourd’hui, passionné par l’histoire mouvementée de sa ville natale.

dernières décennies ? Et quel est le rôle de la face dans tout cela ? Toutes ces questions -et d’autres encore- ont été posées par Danielle Elisseeff à des personnes aux fonctions et talents variés. Leurs points de vue formant ainsi autant de facettes autour d’un même thème. Architecture, décoration intérieure, santé, cuisine, la vie dans l’au-delà, et, bien sûr, la mode et ses satellites. « Il n’y a donc que peu voire pas de nostalgie du raffinement passé » écrit Jacqueline Tsai. Elle ajoute : « La nouvelle élite économique de la Chine, clientèle des marques de luxe, est formée de jeunes, coupés de leur histoire et de leur culture par l’épopée maoïste. Dans un tel contexte, les marques de luxe agissent comme un intermédiaire agençant une culture à

portée mondiale. » Tout cela est d’une actualité pertinente.

Esthétiques du quotidien en Chine Sous la direction de Danielle Elisseeff Editions IFM/Regard 210 pages – 11,90 €

AFFAIRE DE CŒUR, D'ARGENT OU DE CONVENANCE ?

Cet ouvrage témoigne des relations amoureuses d'une Chine mondialisée, entre poids de la tradition et désir de liberté. L'auteur recueille les dires, confidences, plaintes sur l'amour, le

La Concession française Xiao Bai

Traduit du chinois par Emmanuelle Péchenart Editions Philippe Picquier 540 pages – 23 €

DES GOÛTS ET DES COULEURS…

Le « beau » n’est-il pas indéfinissable puisque, c’est bien connu, chacun a son idée sur la question ! Danielle Elisseeff, dans sa préface, écrit : « Il est douteux que la beauté -d’une œuvre, d’un objet- ait jamais été, en Chine, sa qualité la plus appréciée. Ce qui fait la valeur de toute chose, c’est précisément qu’elle existe, qu’elle s’inscrive dans le mouvement du monde… et qu’elle dure ». Mais, de nos jours en Chine, qu’en est-il ? A l’heure du consumérisme planétaire, comment l’esthétique y a-t-elle évolué ? Que restet-il de la contribution très personnelle chinoise (qui jouait magnifiquement sa partition aussi bien dans le majestueux que dans l’objet quotidien traditionnel)? Par quel biais les Chinois restent-ils malgré tout attachés à l’harmonie qui leur est si propre ? Et comment les Chinois d’aujourd’hui ont-ils transformé, « assimilé » ( ! ) ce luxe occidental contemporain qui les fascine tant ?... Et pourquoi ? Quid de ce qui reste malgré tout pérenne ? Quelles sont les origines de ces particularités ? Que deviennentelles au milieu des bouleversements des

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BEAUX LIVRES

Sépia Ce passionnant petit « beau livre » fait écho à une récente exposition du Musée Guimet à Paris. Il nous dévoile des trésors photographiques datant de l’époque où les pionniers de cet art parcouraient l’Asie. Ils ont joué un rôle de tout premier ordre ; grâce à eux, les ouvrages de connaissance générale, les publications scientifiques, les rapports de missions étaient illustrés, et ils faisaient connaître au grand public les ouvrages d’art, les monuments du passé, ainsi que les grands travaux en cours. Sans parler de la grande variété d’ethnies qui peuplaient l’Asie, et dont la plupart étaient ignorées du grand public. Les cartes postales voient le jour. L’évolution technique de la photographie n’est pas oubliée ; elle est évoquée avec précision. Ce qui ressort de ce choix, c’est qu’à cette époque, « l’objectif »… ne l’est pas tant que ça… A propos de la Chine par exemple, Frances Terpak fait remarquer : « Bien que les photographies comportent des légendes, les monuments, isolés de leur contexte social, institutionnel et culturel, ne sont que des emblèmes exotiques. Les portraits n’identifient pas des individus mais des types, par exemple : Deux mandarins militaires. Tenue d’hiver. L’image d’un coolie semble suggérer l’intérêt qu’aurait l’empire Qing à adopter des moyens de transport occidentaux. ». Il ressort donc de beaucoup de ces clichés que notre regard a heureusement changé, et qu’à l’époque des premières photos, certaines d’entre elles, si elles satisfaisaient la curiosité des Européens pour l’exotisme, n’en jetaient pas moins un regard parfois hautain sur les événements et leurs acteurs, à l’autre bout du monde.

La Photographie ancienne en Asie

Sous la direction de Jérôme Ghesquière Nouvelles Editions Scala/Mnaag Collection « Sentiers d’art » 128 pages – 15,50 €


mariage, la sexualité, l'homosexualité, la vie conjugale. On découvre des histoires tragiques, cocasses, tristes, touchantes : la mère victime de la politique de l'enfant unique qui donne sa troisième fille, le marié qui doit enterrer sa vie de garçon maquillé comme une prostituée, le bonheur d'un couple atypique ne partageant pas la même sexualité, la location de faux fiancés le temps des fêtes du nouvel an, le "maquereau" faisant travailler des garçons, la location sur Internet d'une petite frappe pour se débarrasser de la maîtresse de son mari. On pénètre le monde des agences matrimoniales, des sites de rencontres, des clubs de mariage, des conseillers conjugaux, des agences de détectives pour femmes trompées, des sociétés de conseil pour écarter les maîtresses. Ces histoires révèlent un pays où garder la face est essentiel, parler de soi reste inconvenant. La recherche de l'amour reste un chemin plein d'embûches !

China love Comment s'aiment les Chinois Dorian Malovic Edition Tallandier 295 pages - 19,90 €

A L’ATTENTION DES CINÉPHILES

En tant que décor, Hong-Kong a inspiré beaucoup de films… Dans les années 50, on en était encore aux aventuriers romantiques, « à l’ancienne », poursuites de tueurs dans les ruelles pittoresques et romances avec de pulpeuses créatures en Qi Pao… Belmondo y fait escale pour « tribuler »… James Bond/Pierce Brosnan y arrive à la nage dans “Meurs un autre jour”. On ne peut s’empêcher de penser à Bruce Lee, figure iconique, cependant le « Petit Dragon » y a très peu vécu… En 1997, Hong-Kong quitte la couronne britannique, on attend le vingt-etunième siècle au (en) tournant… Les temps ont changé, les cinéastes aussi. Certains d’entre eux cultivent la nostalgie, d’autres se détournent du passé et jouent la carte du film d’action

« en prise » avec la modernité, voire un futur imaginaire. Vous saurez tout sur les réalisateurs, les acteurs, les lieux, avec des plans et des index. Pour notre plus grand plaisir, Adrien Gombeaud a pensé à tout !

ET AUSSI...

Hong-Kong et Macao Mis en scènes

Adrien Gombeaud Editions Espaces & Signes – Collection « Ciné voyage » 96 pages – 12 €

LÉGER COMME UN PINCEAU, FORT COMME UN ROC

Dans une première partie, un texte poétique nous fait entrer dans la vie de WEI, paysan chinois de 20 ans venu en France chercher une vie meilleure. Il se retrouve en arrière des lignes de front, comme des milliers de ses compatriotes. La sensibilité des dessins accompagne par l'image ce texte touchant. Une seconde partie documentaire apporte des éléments historiques sur ces 140 000 travailleurs chinois qui ont pris part à la première guerre. Plus de 20 000 mourront. Au cimetière de Nolette 843 stèles témoignent de leur histoire. Après la guerre, quelques milliers d'autres s'installeront en France et fonderont une famille. Le lecteur se souviendra de "cet homme arrivé un matin de printemps vêtu d'un habit bleu de nuit et les cheveux noirs de jais…"

Te souviens-tu de Wei ? L'histoire d'un travailleur chinois de la Grande Guerre Gwenaëlle Abolivier et Zaü Editions Hongfei. 47 Pages - 15,50 euros

Fractales La Maison chinoise

Antoine Gournay Editions Klincksieck 302 pages – 45 €

Entrer dans une maison chinoise et la visiter de fond en combles (rares, en l’occurrence !), n’en avons-nous jamais eu envie, lors de séjours en Chine, en passant devant l’une ou l’autre demeure traditionnelle encore debout ? Antoine Gournay est le guide idéal : Très documentée, cette étude est passionnante ; elle aborde les aspects techniques, les traditions, en une véritable anthropologie de l’habitat. La maison est un sujet important, car c’est l’ensemble de la civilisation et des modes de vie qui lui sont liés. Comme l’écrit le Professeur Léon Vandermeersch dans la préface « Comment cette architecture a-t-elle façonné la manière chinoise d’habiter le monde ? » Antoine Gournay s’emploie à y répondre. Le modèle traditionnel remonte aux Shang (plus de 1000 ans avant J.C.) et s’est perpétué jusqu’à nos jours, car il est lié à la notion de Zhongguo, rattachée à une certaine conception de la société et de l’organisation politique. L’ordre et l’harmonie sont agencés autour d’un centre… Seule l’échelle varie… Or, pendant longtemps, en Occident, l’architecture chinoise n’était connue que par les représentations fantaisistes figurant sur les objets de porcelaine, les tissus et les peintures, et par conséquent, elle avait la réputation d’être répétitive et monotone. On change d’avis en se penchant sur ce bel ouvrage.

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联结 N.78|2016 夏

在“新丝路”战 略发展中,谋求 中法非三方共赢

« Une ceinture et une route » (一带一路)… Voici résumé en quelques caractères - désormais célèbres LE dessein géopolitique de Xi Jinping axé sur le développement commercial et la construction d’infrastructures sur le tracé des anciennes routes de la soie maritime et terrestre. Un chantier gigantesque à la mesure de ce que pèse désormais la Chine sur le grand échiquier mondial. Pékin cherche dans le même temps à renforcer ses partenariats en pays tiers, en vantant le concept de croissance partagée. Quelles stratégies dans ce contexte adoptent les entreprises tricolores ? Quel est leur positionnement dans la stratégie de développement de la Chine en Afrique ? Autant de points cruciaux dans un contexte d’internationalisation du yuan et de mondialisation des entreprises chinoises. DOSSIER

La Chine

à l’assaut du monde

从东风入股标致雪铁龙集团,到复兴联合集团重新获得地中海俱 乐部,从投资建设图卢兹布拉尼亚克机场到锦江收购卢浮酒店集 团,中国企业的跨国收购已成为新的风潮。而中法两国企业除了 在两国深入合作与交流之外,更在第三世界国家市场,尤其是非 路”计划的推广与落实,也为中法企业在非洲大陆的合作带来了 新的机遇,如何携手在非洲市场占有领先地位成为两国企业新一 轮的课题。

Imagine China

洲市场建立了伙伴关系。随着习近平主席倡导发展的“一带一

上市公司的压力。 另外一个重要原因是大家对

路)》计划已成为构建整个亚欧大陆并延伸至

经济危机中,中国投资者抓住机遇,在

拥有中国股东的欧洲企业有更大的接受度。中

非洲的海陆经济带的国家顶级发展战略。在此

德国,法国等地用最优惠的价格收购了很多有

国股东更成为他们的一个战略盟友,帮助欧盟

计划中,处于核心地位的是一条不可或缺的,

着良好的品牌形象,拥有完善的营销网络的公

企业更好的占据国际市场份额。

于2009年开始建设并逐步完工的,“西欧 - 中

中国海外投资概览

司。

国西部地区交通走廊”。伴随着商业铁路线,

• 从合作者到股东的转变

• 中国投资者主要的投资领域

这条绵延近10000公里的“交通走廊”,横跨

近年来,中国企业在欧洲掀起的收购风

中国投资者进行收购倾向于拥有不可或缺

中国西部,经由哈萨克斯坦联结中亚,之后沿

潮,使得中国企业家由昔日的合作伙伴关系变

的专有技术以及自身增值的企业,在欧洲主要

着伏尔加河畔直至莫斯科,最终抵达欧洲。这

成了欧洲企业的持有人。其原因主要有三点:

分布在四个领域:服务和消费品(满足近5亿

一计划的目标是多样化的,而从长远来看,其

首先,随着中国开放程度加深,以及新一代领

中产阶级消费者的需求);健康(随着老龄化

首要目的则是加强中国与沿线国家与地区的经

导人习近平提出的“中国梦”的推动,中国消

中国人口增多,以及工作生活压力增大和环境

济联系。

费者对产品与服务的质量有了更高的要求,而

污染加重带来的健康问题,使其成为中国消费

中国企业自身的改革发展速度远远落户于消费

者最为关心的问题);环境(减轻环境污染是

者需求的增长速度,因此品牌收购,技术收购

中国政府最为关注的方面之一)和新技术(通

如今,中国企业在国际化方面活跃度和影

等成为了提高中国消费者满意度的首选。其

过加大技术方面的投资力度,来维持中国的国

响力日益提高,在这一背景下,在第三世界国

次,是金融方面的压力,由于中国逐步放缓经

际影响力与竞争力)。值得注意的是虽然对于

家市场的法国企业有三种不同的模式:一些在

济增长的速度,本土企业的收购价格也越发昂

中国投资者来说并不存在资金方面的问题,但

非洲的法国企业已经和当地的中国企业进行合

贵,在这个趋势下,跨国并购成为中国企业的

是他们更倾向于可以满足中国消费者需求的领

作,并且寻求在非洲其他国家甚至其他发展中

最优选择。而且其带来的利润更是本土收购的

域与企业。

国家的深入合作;另一些开始重新定义企业在

数倍,这也成为了中国-欧洲跨国并购案增加 的关键因素。放慢中国经济增长的速度,增加 了对已经使用他们的股东以每年两位数增长的

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法国企业在非洲的发展

第三世界国家的发展战略,考虑将中国合作者 中国新战略——一带一路 由中国政府推动的《新丝绸之路(一带一

列入在非洲等地拓展市场的一个重要因素;当 然还有一些企业并没有意识到与中国的合作关


系对于其在非洲等第三世界国家的发展上起到

“加快这条可以促进沿河国家

域的战略合作。双方在几内亚对抗埃博拉病毒

的越来越举足轻重的作用。

经济繁荣以及区域经济合作的

时的共同努力,也促使双方达成继续在非洲其

中国法国工商会在促进中国法国非洲三方 的合作方面做出重大贡献。 中法企业在非洲的合作 良好的合作关系的秘诀就是在任何情况

公路的建设,并加强不同文明 之间的交流和相互启发,促进 世界的和平发展。”——习近 平。

他国家进行合作的意向。这些也成为bioMérieux公司与中国医学科学院(CAMS)合作在 马里设立传染病监控与实验室的推动因素。 并且,在此之前,我们与CAMS已经有一 个共同合作的悠久历史,bioMérieux已于2005

下,都知道如何找到共同的目标,了解每一方

年(中国爆发SARS疫情2年后)和中国医学研

可以为对方带来的价值以及发展可持续的信

究院在北京创立传染病实验室,它是以合资企

任,中国法国工商会的存在为中法两国企业在

业的形式成立的。在马里设立的这个中法传染

非洲的合作提供了这种可能。中法双方都意识

病实验室也成为了双方合作的延续。

到非洲市场的发展潜力,但是对彼此的了解还 不够深入。在这一合作关系中,法国企业的贡

巴黎大区企业发展局:中国公司在巴黎

献是有着对非洲事务背景和环境的专业理解,

巴黎大区企业发展局上海代表处已经成立

这一方面也得到了中国企业的赞赏。而在非洲

了十个年头,旨在提升巴黎大区对中国企业的

与中国企业合作的法国企业中,很大一部分已

初次合作的成功促进了双方的进一步合作,之

吸引力,促进双方经济技术发展。2015年四月

经在中国设有分公司,并与中国企业有了良好

后更是共同承办了喀麦隆雅温得的水资源管理

以来,上海代表处接到了新的使命,即增强双

的伙伴关系,而正是这一合作关系奠定了双方

工程。相信在未来,苏伊士环境集团可以和中

方高新技术的连接。经过与中国企业的接触,

在第三世界国家市场尤其是非洲市场继续合作

国公司抓住在非洲发展的共同机遇,竭诚合

他们了解到尽管一些企业不会到巴黎投资,但

的基础。对于这类企业来说,对中国经济的了

作,共同发展。

是在技术革新方面有需要世界各地的技术支持

解以及和中国团队沟通的处理方式都是很大的 优势。

这一情况。因此,巴黎大区企业发展局为法国 Hyroute Capital Private Equity(高道资本):公

中小型技术企业与中国企业构建了一个“开放

司管理的文化冲突

式创新”的合作平台。十年来,巴黎地区成功

近年,中国投资家尤其是民营企业家,

吸引了150家中国企业入驻“法兰西岛”,而

在预期到未来几年人民币将贬值之后,更愿意

巴黎也成为北京和东京之后,第三大世界五百

自1952年在刚果布拉柴维尔建设水资源

在欧洲或者北美进行投资,已求资产的稳定增

强企业聚集的城市。此外,巴黎大区在航空物

处理厂以来,Suez(苏伊士环境集团)在整

长,这就掀起了一股“海外投资热潮”。Hy-

流,铁路,河流和公路运输方面也具有极大的

个非洲大陆已经建设有500多个自来水及污水

route Capital Private Equity(高道资本)旨

优势,增加了其对国际企业的吸引力。

处理厂。更是利用集团自身在水务领域的专业

在帮助这些投资者做出最有效的战略投资。高

优势,协助摩洛哥王国默罕默德六世提出的环

道资本在此,起到了“沟通桥梁”的作用,帮

保政策得以实施与推进。如今,在非洲获取的

助投资者增加国际经验,降低因为缺乏对海外

义乌,这个浙江省的二级城市,一直以

利润已达到集团总收入的6%,为了扩大集团

市场的准备与了解而带来的投资风险。未来几

来都以其小商品市场闻名。这里拥有超过十万

在非洲市场的影响力,苏伊士环境集团与政府

年,在海外特别是非洲,中国领导层与当地执

个批发或半批发摊位,以其种类繁多,物美价

合作,提供专业的水资源管理,废物处理等方

行团队在管理方面的文化冲突将加剧,这也是

廉的特点吸引着来自中国甚至世界各地的中介

面的服务。近期,更是通过获得包括布基纳法

高道资本存在与发展的机遇,因为其可以更好

机构和商家。义乌已成为中国最大的职业批发

索,肯尼亚,马里等国家在内的EPC合同,加

的调和双方矛盾,让大家取得“共赢”。

市场。而今年中国政府推出的“新丝路(一带

【企业聚焦】 Suez(苏伊士环境集团):在非洲的共同机遇

强了集团在撒哈拉以南非洲的影响力。 同中国机械设备工程股份有限公司

义乌:世界的十字路口

一路)”政策更是推动了义乌的国际化发展。 bioMérieux: 马里的新中法实验室

而《中国与西亚及非洲的对话》、《中国/中

(CMEC)在刚果建立饮用水处理厂的合作经

健康卫生,病毒传播是没有国界划分的,

亚合作论坛》在义乌的举办,以及去年《丝绸

历,更是为苏伊士环境集团同中国公司积极合

因此这些领域的科学研究与工业的国际合作,

之路经济带论坛》的设立使得义乌登上世界经

作拉开了序幕。CMEC很好的承担了整个供水

无论是对中国还是法国都是十分重要的。基于

济发展的舞台,再加上中国通向欧洲的两条

工程并带来充足的资金,再加上Suez在水资源

这一考虑,bioMérieux,专门从事血清和病毒

新修铁路顺利通车,义乌逐渐成为“世界的

处理方面的专业知识,使得该项目出色完成。

细菌诊断的公司,也寻求与中国公司在卫生领

十字路口”。

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会员企业简讯

法国马赛KEDGE商学院任命Sabrina Woo 女士为商学院中国 地区副执行董事 法国马赛KEDGE商学院管理层在此很高兴的宣布Sabrina Woo女士为 商学院中国地区副执行董事。Sabrina将向中国地区执行董事Guy Marcillat 先生汇报。 Sabrina是一名出生于法国的华裔,曾先后在伦敦、东京和巴黎等地从 事银行投资业务,并于2004年前往中国创业。Sabrina具备出色的企业家创 业精神,曾在2006年与以色列和瑞士的合作伙伴共同创建了一家技术转移 咨询公司,以及负责一家大宗商品代理企业的业务拓展。之后她前往海南 岛,将一家中国农业综合企业扭亏为盈。在加入法国马赛KEDGE商学院之 前,Sabrina担任法国里昂商学院亚洲地区的董事总经理。

中法沈阳生态园(城)建设方向 中法沈阳生态园(城)将在综合运用开发区现有的国家级生态开 发区的有效资源基础上,着重考虑关键节点的升级和引进新建项目。即 一方面要以整合现有所有优势资源为前提打造生态园区,另一方面做 好与中德高端装备制造园等周边产业互补互动,既做到相互衔接又要 独具特色,进而达到全面的产城融合。 招商方式围绕PPP模式,可兼容政府专业部门和开发运营企业共 同招商,及引进一批新企业,带动和壮大一批本地企业,各取其长, 互利共赢。 中法城(园)近期建设重点 重点建设五个小组团 财富港:以发展总部经济为主,建设中法创新中心、形成高端服务 业聚集区 幸福湾:城市综合体为主、建设欧式生态商住区 休闲谷:休闲旅游为主、打造生态旅游产业带 智慧园:依托沈阳工业大学、化工大学,以科技创新与应用为 主,创建生态产业聚集区 创业城:以宝马工业城为依托,沿中德大街产业带、创建中法创 业基地形成“一带、一心、三聚集区”格局。 中法沈阳生态城欢迎你!

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赛纷-巴黎微软创投加 速器

迎接科技创新战略,劳 斯伯格启用新公司名称

赛纷由中国和法国团 队在深圳共同创立,公司 致力发展人工智能技术, 通过微型分析包装袋表面 数据从而有能力探测出产 品是否为伪造品。 伪造技术不断更新, 从2015年以来,每年以 25%的增长速度推陈出 新,目前已经涉及到每个 领域。其中包括奢侈品, 同时有药品,酒和高科技 产品。 这项技术是第一个防 止伪造品的系统,通过简 单的智能手机,以及确切 的数据,简短的几秒钟就 使消费者能够知道他们所 购买产品的真假性。 由于赛纷技术的有效 以及简单操作的特性,吸 引着微软公司把这项科技 引用到最新的微软创投加 速器。项目位于巴黎中心 街区,在法国吸引着新兴 的公司,每一年会免费提 供给50间有发展前景的公 司使用与发展。

前不久,劳斯伯格篷 房制造(上海)有限公司正 式更名为劳斯伯格建筑科技 (上海)有限公司。公司的 更名是为了适应科技创新及 需求增加的市场趋势和公司 业务范围拓展的需要。 劳斯伯格在中国经历 了十多年发展后,专业设计 及工程团队,以及技术应用 能力不断提升,因此,公司 计划拓展在中国市场的业务 范围,为物流仓储行业提供 更加全面专业的装配式建筑 及其相关咨询服务。此外, 劳斯伯格未来还将进一步 提升装配式建筑的科技和智 能化水平。近年来,劳斯伯 格在原有基础上不断拓宽产 品系列,扩大经营范围,包 括大型车库、展览厅、体育 场馆等;另外,还提供建筑 相关的服务,如建筑工程服 务,一站式项目管理和解决 方案。 劳斯伯格在华发展逾 16年,一直关注于装配式 建筑的设计、建造与技术创 新,劳斯伯格装配式建筑由 独立的建筑单元结构组成, 经过专业设计师的缜密计算 与分析,可以灵活适应不同 场地及空间跨度,设计独特 新颖的外观和屋顶,还能实 现定制化装配式解决方案。 在装配式建筑方面, 劳斯伯格也荣获了多项建筑 相关专利,从而进一步巩固 了其在这一领域的领导者地 位。

创新的设计与开发-山 区解决方案 自创立以来,MND集 团公司不断创新,给客户 和合作伙伴带来了最好的解 决方案。采用高科技、创新 的设计理念,满足客户预期 的需求,提供高品质、高竞 争力的产品和服务。我们的 “夏季/冬季”产品,包括 各个市场领域的领先品牌。 LST索道公司是滑 雪缆车系统设计和制造 的专家。LST在索道运输 产品的质量和可靠性具 有很高知名度。25年的 经验,全世界超过600条 索道装运业绩。产品包 括拖牵索道、魔毯、2~8 人吊椅、吊箱索道、索 道 缆 车 、 地 面 缆 车 等 。 SUFAG是市场上最全面和 有效的造雪设备品牌。具有 专业创新的技术、高效能高 服务质量,丰富的经验确保 滑雪场在雪季的成功运营。 TECHFUN是户外休 闲、冒险设施装备交钥匙 总承包工程的领先品牌。产 品提供包括重力过山车、滑 索、飞拉达铁道式攀登,冒 险乐园等。 TAS是世界公认的远程 雪崩预防系统最好的供应 商,在落石障碍、雪网、安 全空间、安全通道市场有较 高的地位。 MBS是滑雪场安全保 护设施的领先品牌。MBS设 计制造全系列的标牌、标识 和安全产品。

西蒙律师事务所 西蒙律师事务所协助 明宇集团完成地产项目(注 资参与办公楼改造成256间 客房项目)。 这一项目的顺利进行 显示了西蒙律师事务所在中 国所取得的成就。律所依靠 国际团队(www.simoninternational.fr),尤其其常驻中 国的成员,在商业关系及交 易中为中法企业出谋划策。 西蒙律师事务所同时 继续其国际化发展进程,与 众多国家的当地顶尖律所签 署了合作协议。 如今,西蒙律师事务 所在遍及各个大陆的19个 国家都拥有合作伙伴(阿尔 及利亚,比利时,巴西, 喀麦隆,中国,塞浦路斯, 韩国,刚果(金),科特迪 瓦,埃及,阿拉伯联合酋 长国,美国,毛里求斯,印 度尼西亚,伊朗,卢森堡, 摩洛哥,塞内加尔,突尼 斯)。

www.mnd-group.com

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Ils arrivent Comité de patronage SHANGHAI Shenyang France-China Eco City - (Government/Non-profit Organization), Wujin Green Building Industry Cluster Demonstration Zone - (Government/Environment).

Chine du Sud Sonia Benbehe - (Trading), Boreau & Joro Wine Co., Ltd. - (Wine & Spirits), Dansweet F&B Management Ltd. - (Food&Beverage/Restaurants) Nkm Noell (Xiamen) Special Cranes Co., Ltd. (Aviation&Aerospace/Manufacturing).

PEKIN Alten China Ltd. - (Engineering/ Technol ogy), Aux Petits Plaisirs - (Restaurant s), Buffet Crampon - (Art / Cult ural & Creat ive), De Sangosse - (Agricult ure & Farming), Gameloft Software Beijing - (Leisure/ Sofaware & Websit e Development), Siaac - (Consult ing/ Market ing, Communication, PR), The Peninsula Beijing (Hot el s).

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