SOUS LA LOUPE Trottinettes, scooters,... sur la voie publique
INTERNATIONAL
LU POUR VOUS
Regards croisés sur les politiques de mobilité burxelloise et parisienne
Toujours plus de cyclistes à Bruxelles
MONITEUR DE LA MOBILITÉ ET DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Focus : Transport du courrier en vélo-cargo à la Ville de Bruxelles TRIMESTRIEL N° 53
Moniteur de la Mobilité et de la Sécurité Routière
TRIMESTRIEL N° 53
DIRECTION : Philippe Barette, Corinne François COORDINATION : Jean-Michel Reniers, Pierre-Jean Bertrand RÉDACTION : Erik Caelen, Sophie van den Berghe, Marie-Noëlle Collart, Virginie Randaxhe. TRADUCTION : Liesbeth Vankelecom, Hugues Moiny. PHOTO DE COUVERTURE: Vélo-cargo de la Ville de Bruxelles. Source: Ville de Bruxelles Cette publication est le fruit d’une collaboration entre la Région de BruxellesCapitale et l’Association de la Ville et des Communes de la Région de BruxellesCapitale, ASBL
SOMMAIRE FOCUS
TRANSPORT DU COURRIER EN VÉLO-CARGO À LA VILLE DE BRUXELLES............................................................ 4-6 SOUS LA LOUPE
L’UTILISATION DE TROTTINETTES, SCOOTERS ÉLECTRIQUES, MONOROUES... SUR LA VOIE PUBLIQUE.....................................7-8 ÉCHO DE LA RÉGION
GAREZ-VOUS AVEC RESPECT! UNE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION ET DE RÉPRESSION EN FAVEUR D’UN RESPECT ACCRU DES PLACES DE PARKING DÉDIÉES AUX PERSONNES HANDICAPÉES................................. 9-10 INTERNATIONAL
REGARDS CROISÉS SUR LES POLITIQUES DE MOBILITÉ BRUXELLOISE ET PARISIENNE............................... 11-13 LU POUR VOUS
TOUJOURS PLUS DE CYCLISTES À BRUXELLES. RÉSULTATS DE L’OBSERVATOIRE DU VÉLO 2018...........................................14-15
BRULOCALIS, ASSOCIATION VILLE ET COMMUNES DE BRUXELLES Rue d’Arlon 53/4 - 1040 Bruxelles Tél 02 238 51 40 - Fax 02 280 60 90 jean-michel.reniers@brulocalis.brussels www.brulocalis.brussels
BRUXELLES MOBILITÉ Rue du Progrès 80 - 1035 Bruxelles Tél 0800 94 001 bruxellesmobilite@mrbc.irisnet.be www.bruxellesmobilite.be
02
EDITO
EDITO Régions, Fédéral, Europe… des partenaires incontournables pour réinventer la mobilité. Dans quelques mois, les élections régionales, fédérales et européennes feront la une. Après le scrutin communal du mois d’octobre, cela complètera l’éventail politique pour les 5 prochaines années. Toutes les cartes seront jouées pour esquisser le visage de la mobilité de demain. Étant donné que les Régions disposent, depuis la 6ème réforme de l’Etat, d’une compétence renforcée en matière de mobilité et de sécurité routière, le résultat des élections revêtira une importance particulière. Et les dossiers qui commencent déjà à s’accumuler sur la table du prochain gouvernement régional ne sont pas minces : finalisation et mise en œuvre du Plan de mobilité Good Move, projet d’extension du métro, discussion avec la Région flamande sur l’agrandissement du Ring et la création de parkings de dissuasion, réflexion sur un système de contribution des automobilistes, réaménagement des entrées de la Région en boulevards urbains, etc. Le Fédéral n’est pas en reste et demeure dans bien des dossiers cruciaux pour Bruxelles un partenaire incontournable. Citons, par exemple, le projet sans fin de RER, le financement de certaines infrastructures bruxelloises via le fonds fédéral Beliris, la question du survol de Bruxelles, etc. Et l’Europe? On oublie (trop) souvent que les politiques fédérales, régionales et communales trouvent leur origine dans des directives européennes. Prenons en exemple la question du réseau bruxellois de bornes de rechargement électrique – dont on vient d’installer les 4 premières à Evere en février dernier - qui est une réponse à des règles européennes (directive 2014/94/UE) en vue du déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs dans les Etats membres de l’UE, notamment de points de recharge pour véhicules électriques. Si l’Europe apparait parfois comme une régulatrice exigeante, voire contraignante, elle est aussi une source presque illimitée de bonnes pratiques inspirantes. C’est d’ailleurs dans cet esprit que le Réseau bruxellois des Conseillers en Mobilité – coordonné par Bruxelles Mobilité et Brulocalis - a organisé une rencontre de haut niveau entre Pascal Smet, Ministre régional bruxellois chargé de la Mobilité et des Travaux publics, et Christophe Najdovski, Maire-adjoint de la Ville de Paris chargé des Transports, de la Voirie, des Déplacements et de l’Espace public. Cet événement, relaté dans le Moniteur de la Mobilité, visait un échange de visions et de pratiques quant aux défis qui attendent les villes en matière de mobilité et d’aménagement de l’espace public. Cette rencontre se voulait aussi un être un événement de mobilisation et de visibilisation du Réseau. Le Réseau bruxellois des Conseillers en Mobilité vous est également présenté dans ce nouveau numéro du Moniteur de la Mobilité. Né en 2001 à l’initiative de Bruxelles Mobilité, il regroupe aujourd’hui plus de 400 personnes (fonctionnaires communaux ou régionaux, agents de la STIB ou d’associations cyclistes ou piétonnes, fonctionnaires de police, etc.) ayant suivi avec succès une formation de conseillers en mobilité proposée par Bruxelles Mobilité. À l’image de ce qui se fait également en Région wallonne (réseau des CEM), le réseau bruxellois veut renforcer les liens entre professionnels de la mobilité et encourager par-là la mise en commun et le partage des savoirs et des compétences au profit d’une politique de mobilité cohérente et durable. Le Moniteur de la Mobilité et de la Sécurité Routière que vous avez sous les yeux n’est autre d’ailleurs qu’un outil d’information au service notamment du réseau! La rédaction
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
03
FOCUS >>Sophie VAN DEN BERGHE - Conseillère en mobilité - Brulocalis
UN PROJET PROMETTEUR DE LA VILLE DE BRUXELLES : TRANSPORT DU COURRIER SCOLAIRE EN VÉLO-CARGO En réponse à l’envie de la direction de l’école primaire Robert Catteau d’effectuer des petits achats et déplacements pour l’école en vélo électrique, la Ville de Bruxelles a mis sur pied un projet de distribution de courrier en vélo-cargo entre écoles et l’administration. Beau projet qui a permis d’initier une réflexion sur la mutualisation de la distribution du courrier avec à la clef une amélioration de la qualité de l’air, un gain de temps pour le personnel et un bel exemple qui commence déjà à faire effet boule de neige! Nous sommes allés à la rencontre d’Olivier Das Dores Da Silva, conseiller adjoint au département Instruction publique de la Ville de Bruxelles, qui nous a raconté l’histoire de ce projet prometteur et passionnant. et les premières « tournées » ont commencé en décembre 2018.
Source: Ville de Bruxelles
La distribution de courrier génère-t-elle une si grande quantité de déplacements?
>> Vélo-cargo utilisé par la Ville de Bruxelles pour distribuer le courrier
Comment ce projet a-t-il vu le jour ? Depuis déjà 3-4 ans, la direction de l’école primaire Robert Catteau, rue des Minimes, demandait un vélo électrique pour effectuer divers déplacements dans le cadre de ses activités : courses, livraisons, distribution, etc. L’idée a mûri et a évolué d’un simple vélo électrique disponible pour une seule école à un vélo-cargo qui serait utile à plusieurs écoles. Pourquoi ne pas mutualiser la distribution du courrier avec les écoles avoisinantes? C’est fin 2017 que nous avons trouvé le budget nécessaire (5000 euros par vélo) à l’achat de deux vélos-cargos via le Plan Climat de la Ville de Bruxelles. Entre temps, une deuxième école s’est portée volontaire, l’école primaire Léon Lepage. Le projet a donc été lancé
04
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
Oui. Tout courrier qui sort ou entre dans une école passe par le centre administratif, boulevard Anspach. C’est en effet là que le courrier est affranchi. Le département de l’Instruction publique gère une centaine d’écoles et bibliothèques avec de nombreux allers-retours chaque semaine, on peut imaginer l’énorme quantité de mouvements que génère cette activité à elle seule! Ces trajets se font parfois à pied, en transport en commun, à vélo mais aussi en voiture ou en camionnette. La plupart du temps c’est aux concierges ou au personnel de service qu’incombe cette tâche. En plus de la grande quantité de déplacements générés, c’est aussi beaucoup de temps et de ressources qui pourraient être alloués à d’autres fins utiles. Par ailleurs, très peu de mutualisation est organisée et des établissements distants parfois de moins de 150m envoient chacun quelqu’un pour aller chercher et déposer leur courrier.
En quoi consiste le projet concrètement? Nous avions donc deux écoles volontaires (écoles porteuses) et deux vélos-cargos. Nous avons regardé quelles écoles ou établissements pourraient faire partie de la tournée sans que cela ne génère un excès de travail à la personne qui livre le courrier. 8 établissements ont été identifiés autour ou sur le chemin de l’école primaire Robert Catteau et 6 autour de l’école primaire Léon Lepage. Les directions des établissements de chaque tournée se sont réunies afin de déterminer les modalités pratiques : quels sont les besoins en terme de fréquence, d’horaires, de quantité, etc.
FOCUS
Afin de ne pas alourdir le travail de l’école porteuse, sans quoi le projet ne serait pas viable, il a été convenu que quelqu’un réceptionne le courrier lorsque celui-ci arrive devant l’école, ou le dépose à l’entrée. Cela évite que la personne effectuant la tournée doive trouver un endroit pour se garer et attacher son vélo. Le vélo, financé par la Ville, reste en possession de l’école porteuse, qui peut en disposer pour effectuer d’autres déplacements, à la condition d’assurer la continuation de la tournée de distribution de courrier. L’école doit aussi disposer d’un local sécurisé où ranger le vélo et d’un concierge pour le bâtiment.
Et les sacs pour y mettre le courrier, un bel exemple d’économie circulaire! En effet, c’est une évolution du projet dont nous sommes très fiers. Pour faciliter le transport du courrier, il a fallu prévoir des sacs dans lesquels mettre celui-ci. Ils devaient être pratiques, solides et indiquer le destinataire du courrier. C’est alors que nous avons eu l’idée de fabriquer des sacs à partir des bâches publicitaires qui avaient été utilisées pour le piétonnier. Des bâches robustes, aux couleurs de la Ville et hautement symboliques! Et pour les lanières, pourquoi ne pas réutiliser des sangles de chantier qui, pour des raisons de sécurité, ne peuvent plus servir? C’est L’ouvroir, une entreprise bruxelloise de travail adapté, qui s’est chargé de la confection de ces sacs. Petit plus simple et pratique : nous avons pensé à un système de fenêtre amovible permettant de glisser une fiche reprenant le lieu de destination du courrier et identifiant s’il s’agit de courrier entrant ou sortant,
évitant ainsi toute confusion. Nous voilà donc avec un sac Made in Brussels à partir de matériel de récupération bruxellois, qui sera utilisé et testé dès le début du mois de mars.
Les retombées positives de ce projet sont évidentes mais une série d’effets indirects positifs en découlent également. Quels sont-ils? En effet, même si une première évaluation du projet n’aura lieu qu’au mois de juin, il semble évident que mutualiser la distribution de courrier est plus efficace et que le faire en vélo-cargo a un impact positif sur les émissions atmosphériques et sur la qualité de l’air aux abords des écoles. Par ailleurs, si on calcule l’ensemble des gains en termes de temps alloué aux livraisons de courrier dans les écoles qui bénéficient de la tournée, on arrive à une journée par semaine! Mais les effets positifs de cette mesure vont au-delà de ces effets directs. Le fait d’avoir mis les directions d’écoles autour d’une même table a permis à celles-ci de prendre contact, d’apprendre à mieux travailler ensemble, de collaborer et d’en découvrir tous les bénéfices. De ce regroupement peuvent sortir d’autres synergies, d’autres idées toutes aussi prometteuses. De même, jusqu’à ce jour, très peu de réflexion n’avait été menée sur la possibilité de mutualiser le transport de courrier. Les mouvements générés par cette activité n’ont jamais été étudiés et il y a une méconnaissance des coûts en matière de personnel, de temps et de pollution que cela génère. Ce projet permet d’amorcer une réflexion sur le sujet. Même si le courrier n’est pas distribué
>> Sacs de transport du courrier fabriqués localement à partir des bâches publicitaires du piétonnier et de sangles de chantier
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
05
FOCUS
en vélo-cargo, il pourrait déjà être regroupé entre plusieurs établissements. Un gain en efficacité pourrait être rapidement trouvé et l’impact environnemental en serait déjà diminué. Enfin, les vélos-cargos qui sillonnent les rues sont aux couleurs de la Ville, ce qui est une façon de montrer l’exemplarité des pouvoirs publics. Les voir passer donnera peut-être des idées à d’autres. D’ailleurs, une troisième école (l’école fondamentale Tivoli) ayant entendu parler du projet s’est portée candidate et commencera avec enthousiasme ses tournées dans le courant du mois de mars.
Le projet n’est pas encore évalué, mais il y a peut-être déjà des pistes de réflexion en matière d’évolution? Oui, quelques questions se posent et nécessiteront une réflexion plus approfondie. Par exemple, faut-il prévoir une assurance tous risques? Comment gérer l’entretien des vélos? La Ville ne dispose pas que de ces 3 vélos-cargos mais a aussi des véloscargos pour les espaces verts, la propreté publique et certains services techniques. Il est envisagé de prévoir un marché de service pour l’entretien de tous ceux-ci. De même, les projets reposent sur les personnes qui font les tournées. Il faut donc prévoir un remplacement en cas d’absence, de maladie ou de congé de celles-ci. Tous ces aspects seront analysés lors de l’évaluation.
Quels sont, selon vous, les clefs de la réussite d’une tel projet et quels conseils donneriez-vous aux autres communes qui désirent se lancer dans l’aventure? La clé de la réussite est l’envie et l’enthousiasme du personnel. Sans cela, rien n’aurait été possible. Il y a un momentum pour lancer les choses et pour nous, c’était le bon moment. Il y avait quelqu’un de motivé, une opportunité, et également un soutien total du Collège. En effet, en mai 2018, le Collège publie une motion sur la qualité de l’air dans les écoles dans laquelle on retrouve, entre autres, ceci : « La Ville utilisera tous les leviers à sa disposition pour réduire le nombre de véhicules en circulation sur son territoire,-… -notamment en encourageant la mutualisation des livraisons, idéalement en
06
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
vélo-cargo ». Cette motion a toute son importance car elle donne une vision et une impulsion aux différents départements. Cela a permis de faire passer ce projet de vélo-cargo avec beaucoup d’enthousiasme. Il est important, même si cela semble évident, que le projet ait un sens. Il doit répondre à un objectif clair. Il doit être bien pensé en fonction de la localisation des écoles, bien organisé (heures/jours de dépôts/ retraits de courrier) tout en gardant une certaine flexibilité. S’il y a une urgence, le courrier doit pouvoir être déposé en dehors des tournées fixées, etc. Il faut que tout le monde y gagne et que ce ne soit pas un poids pour l’école porteuse. Enfin, c’est un projet qui est de par sa nature transversal. Il a été porté par l’Instruction publique mais il est lié à la mobilité et à la qualité de l’air. Il était important de communiquer entre services et de dépasser certaines barrières qui peuvent exister entre ceux-ci. Ce projet de distribution de courrier entre les écoles en vélo-cargo montre comment, en partant de quelques personnes motivées et enthousiastes, on arrive non seulement à développer un projet intéressant qui permet de diminuer l’empreinte écologique mais aussi à ce que ce projet initialement simple entraine une série d’effets collatéraux bénéfiques. Un pas de plus pour améliorer la mobilité bruxelloise!
>>INFO Si votre commune souhaite développer l’utilisation de vélos-cargos à des fins de transport/livraisons, la possibilité de bénéficier de subsides régionaux est offerte. Plus d’infos sur le site de Brulocalis : https://brulocalis.brussels/fr/subsides. html?sub_id=1004
SOUS LA LOUPE >>Erik CAELEN - Conseiller en mobilité - Brulocalis
L’UTILISATION DE TROTTINETTES, SCOOTERS ÉLECTRIQUES, MONOROUES… SUR LA VOIE PUBLIQUE Les utilisateurs de moyens de transport alternatifs tels que trottinettes, monoroues, segways et trottinettes électriques sont de plus en plus nombreux, et ce, surtout pour les déplacements domicile-lieu de travail. Ces engins sont définis dans le code de la route comme des engins de déplacement. Nous abordons brièvement la manière dont ces usagers doivent se comporter dans la circulation, quels sont leurs droits et leurs devoirs. SÉCURITÉ ROUTIÈRE Étant donné qu’ils deviennent de plus en plus populaires, l’Institut belge pour la sécurité routière (IBSR, maintenant appelé Vias Institute) a fait réaliser, en collaboration avec AG Insurance, une étude relative aux avantages et aux risques de ces nouveaux moyens de transport (voir https://www. vias.be/fr/newsroom/les-nouveaux-engins-dedeplacement-en-vogue-mais-pas-sans-risques/ ). Cette étude révèle que les utilisateurs d’engins de déplacement parcourent entre 50 et 90 km par semaine avec leur engin, et ce, principalement dans le cadre des déplacements domicile-lieu de travail. Surtout en ville, il s’agit de moyens de transport modernes et pratiques. La monoroue, par exemple, n’est pas plus lourde qu’un vélo pliant et vous pouvez l’emporter dans le train et le bus. Aucune donnée officielle n’est disponible à propos du nombre et de la nature des accidents impliquant des utilisateurs d’engins de déplacement. Selon une enquête de Vias Institute, le nombre d’accidents ayant occasionné des blessures est toutefois négligeable. La grande majorité des participants à l’enquête effectuée dans le cadre de l’étude ont répondu qu’ils n’avaient jamais eu besoin d’une aide médicale. Les monoroues électriques et les hoverboards se révèlent les moins stables de ces engins : il apparaît qu’à peine 24 % et 21 % des participants ne sont jamais tombés ou n’ont jamais eu d’accident, ce qui est beaucoup moins que pour les segways (80 %) et les trottinettes électriques (56 %). Plus d’un tiers des utilisateurs de monoroue et d’hoverboard disent avoir déjà subi des blessures superficielles (éraflures…) avec leur engin, ce qui est plus que le nombre de personnes qui s’en sont sorties indemnes (28 % pour les monoroues, 29 % pour les hoverboards). Il est intéressant de savoir que parmi les personnes qui sont déjà tombées ou ont déjà eu un accident avec un segway, il n’y a jamais eu de blessures ni de dégâts matériels. En outre, seuls
25 % des utilisateurs d’une trottinette électrique ont déjà perdu le contrôle de leur engin, avec dans le plus grave des cas des blessures superficielles ; les 75 % restants s’en sont sortis entièrement indemnes. Une aide médicale n’a été nécessaire que dans 7 % des cas, mais personne n’a dû être hospitalisé.
QU’EST-CE QU’UN ENGIN DE DÉPLACEMENT? Selon le code de la route, il y a 2 types d’engins de déplacement : • Les « engins de déplacement non motorisés » Il s’agit de véhicules qui ne correspondent pas à la définition d’un cycle, qui sont propulsés uniquement par la force musculaire et qui ne sont pas pourvus d’un moteur. • Les « engins de déplacement motorisés » Il s’agit de véhicules à moteur à une roue ou plus qui, par leur construction, peuvent atteindre une vitesse maximale de 18 km par heure. Les engins de déplacement motorisés ne sont pas assimilés à des véhicules automobiles.
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
07
SOUS LA LOUPE
PLACE DE L’UTILISATEUR D’UN ENGIN DE DÉPLACEMENT SUR LA VOIE PUBLIQUE ET APPLICATION DU CODE DE LA ROUTE C’est la vitesse à laquelle les utilisateurs d’engins de déplacement se déplacent qui déterminera la partie de la voie publique qu’ils doivent emprunter. Lorsque les utilisateurs d’engins de déplacement ne dépassent pas l’allure du pas, ils doivent respecter les règles du code de la route applicables aux piétons. En d’autres termes, ils doivent emprunter le trottoir. S’il n’y a pas de trottoir, ils peuvent utiliser d’autres parties de la voie publique, mais s’ils empruntent une piste cyclable, ils doivent céder la priorité aux cyclistes et aux conducteurs de cyclomoteurs à deux roues. L’utilisateur d’un engin de déplacement qui ne dépasse pas l’allure du pas n’est pas assimilé à un conducteur. Si les utilisateurs d’engins de déplacement circulent plus rapidement que l’allure du pas, ils doivent suivre les règles applicables aux cyclistes. Ils doivent donc emprunter les pistes cyclables et, s’il n’y a pas de piste cyclable, ils doivent emprunter la chaussée. Le terme « allure du pas » n’est pas défini dans le code de la route, mais on admet généralement que l’allure du pas correspond à une vitesse maximale de 6 km/heure. En effet, c’est la vitesse atteinte par quelqu’un qui marche d’un bon pas sur le trottoir. Les règles que doivent respecter les autres usagers de la route vis-à-vis, respectivement, des piétons et des cyclistes, valent également vis-à-vis des utilisateurs d’engins de déplacement.
OÙ LES ENGINS DE DÉPLACEMENT DOIVENT-ILS ÊTRE GARÉS? L’engin de déplacement non monté n’est pas considéré comme un véhicule et est donc en fait un objet. Il n’est dès lors pas possible de réserver des places de parking aux engins de déplacement. Les gestionnaires (la Région et les communes) ne peuvent pas non plus imposer aux utilisateurs d’engins de déplacement les endroits où ils doivent les laisser. Mais l’article 7.3 du code de la route stipule qu’il est interdit de gêner la circulation (y compris la circulation des piétons) ou de la rendre dangereuse en plaçant ou en laissant sur la voie publique des objets tels qu’un engin de déplacement. Les services de police peuvent donc verbaliser les contrevenants sur la base de cet article et faire enlever les engins de déplacement qui sont garés de manière dangereuse ou gênante sur la voie publique.
ASSURANCE OBLIGATOIRE Peu d’usagers le savent, mais les engins de déplacement électriques font partie, aux yeux de la loi, de la catégorie des véhicules motorisés. Ils doivent donc être correctement assurés. Cela signifie que l’utilisateur d’un engin de déplacement motorisé doit disposer d’une assurance RC couvrant la responsabilité en cas de dommages causés à des tiers.
10 CONSEILS DE VIAS INSTITUTE POUR LES UTILISATEURS D’UN ENGIN DE DÉPLACEMENT : • Choisissez un produit qui porte la norme CE avec une garantie de deux ans (obligatoire en Europe). • Pour votre sécurité, respectez la limitation de vitesse de 18 km/h.
de poids pour l’utilisateur. • La nuit, portez une veste fluo ainsi qu’une lampe blanche à l’avant et rouge à l’arrière
• Mettez des protections, au moins au début.
que vous pouvez placer sur vous, surtout si
• Commencez à vous entraîner à la maîtrise de l’engin dans un endroit sans trafic et, si possible, accompagné.
l’éclairage d’origine de l’engin est insuffisant.
• N’hésitez pas à suivre une formation pour apprendre les bases, en particulier pour une monoroue. • Ne laissez pas des enfants de moins de 10 ans non accompagnés utiliser des engins de déplacement, sauf s’ils sont spécialement conçus pour eux.
08
• Respectez les limites minimales et maximales
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
• Ne roulez pas sur les trottoirs si vous allez plus vite que l’allure du pas. Si vous utilisez les trottoirs, soyez courtois envers les piétons. • Les imperfections de la chaussée sont dangereuses. Pour éviter les mauvaises surprises, redoublez de prudence, surtout en terrain inconnu.
ÉCHO DE LA RÉGION >>Marie-Noëlle COLLART - Direction Sécurité Routière - Bruxelles Mobilité >>Gregory MOORS - Direction Stratégie - Bruxelles Mobilité
GAREZ-VOUS AVEC RESPECT! UNE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION ET DE RÉPRESSION EN FAVEUR D’UN RESPECT ACCRU DES PLACES DE PARKING DÉDIÉES AUX PERSONNES HANDICAPÉES Le 24 janvier dernier, Bianca Debaets, Secrétaire d’État bruxelloise en charge de la Sécurité routière et de l’Égalité des Chances, Bruxelles Mobilité et l’asbl « Passe le message à ton voisin » ont lancé la campagne RESPECT. L’objectif de la campagne est d’augmenter le respect effectif des places pour personnes handicapées à Bruxelles. Il existe 940. 000 places de parking à Bruxelles dont 265 .000 en voirie parmi lesquelles seulement 4.244 sont destinées aux personnes handicapées. Chaque année, des milliers de procès-verbaux sont dressés quotidiennement aux personnes stationnées illégalement sur ces places réservées. En 2018, la police a constaté à Bruxelles 6.957 infractions sur les emplacements réservés aux personnes handicapées. Un chiffre alarmant quand on connait l’importance de ces places de stationnement dans le quotidien des personnes handicapées. Se déplacer avec un handicap est difficile, en particulier en ville. Les emplacements réservés aux personnes handicapées sont là pour faciliter les déplacements et l’autonomie. En occupant un emplacement qui leur est réservé, on accentue les difficultés qu’elles rencontrent dans leur vie quotidienne. « L’autonomie est au cœur de la notion de mobilité. Pouvoir se déplacer seul, c’est être libre. Les emplacements réservés aux personnes porteuses de handicap sont la clé de voûte de notre capacité à nous déplacer en autonomie. Il faut être conscient qu’un emplacement indûment occupé, même pour 5 petites minutes, nous condamne à de grandes difficultés. Cette campagne est absolument nécessaire ». Nino Peeters, représentant de l’association « Passe le message à ton voisin ».
UN PETIT RAPPEL DE LA RÈGLE Un dépliant destiné au grand public rappelle la règle : il est interdit de stationner sur une place pour personne handicapée. Le non-respect de la signalisation d’un emplacement réservé aux personnes handicapées constitue une infraction du second degré, passible
Éditeur responsable : SPRB – Bruxelles Mobilité – Camille Thiry – Rue du Progrès 80 - 1035 Bruxelles
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
09
ÉCHO DE LA RÉGION
d’une amende de 116 € (et plus en cas de récidive). Sans compter les frais éventuels de dépannage et de fourrière (jusqu’à 50 € par jour)! De même, l’utilisation frauduleuse d’une carte de stationnement pour personne handicapée est punie d’une amende pouvant aller jusqu’à 1.500 € (3.000 € en cas de récidive). Le faux et l’usage de faux sont eux punis d’une amende pouvant aller jusqu’à 75.000 € et d’une peine d’emprisonnement jusqu’à 5 ans. En effet, une personne handicapée peut appeler le 101 et demander l’enlèvement du véhicule.
Source : Bruxelles Mobilité
UNE CAMPAGNE, PLUSIEURS PARTENAIRES Cette campagne est le résultat d’un processus de co-construction entre les communes, Brulocalis, les services de Bruxelles Mobilité et les zones de police. La demande initiale, quant à elle, est directement venue du terrain via l’asbl « Passe le message à ton voisin». Ce travail conjoint a permis un relais plus fort auprès des citoyens puisque les services communaux et les services de police ont reçu plus de 10.000 exemplaires d’une brochure de sensibilisation destinée au grand public.
Source : Bruxelles Mobilité
Les médias ont également réagi de façon importante : des articles furent notamment publiés dans la DH, Het Laatste Nieuws, Het Nieuwsblad ainsi que des reportages sur RTL et VTM. Les nouvelles publiées sur le fil facebook de Bruxelles Mobilité ont aussi engendré un grand nombre d’interactions. Notons deux faits par rapport aux réseaux sociaux : le plus grand nombre d’interactions (780) a été enregistré en lien avec la publication de la vidéo de l’action de terrain de la police. Ensuite, les commentaires sont ciblés sur le contenu de la campagne et non sur l’institution ou sur la mobilité en général, ce qui indique un intérêt important pour le sujet abordé.
>> Action « Street action » : Cette action de sensibilisation a plongé de nombreux automobilistes devant une situation interpellante : une zone de parking habituellement fort prisée était entièrement dédiée aux personnes handicapées.
10
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
Une seule conclusion s’impose : plus de collaboration entre les différents services concernés par un sujet, ici la mobilité et la sécurité routière des personnes handicapées, amène de facto un meilleur retour en termes de sensibilisation.
INTERNATIONAL >> Sophie VAN DEN BERGHE - Conseillère en mobilité - Brulocalis
REGARDS CROISÉS SUR LES POLITIQUES DE MOBILITÉ BRUXELLOISE ET PARISIENNE Les responsables politiques des grandes villes doivent souvent faire face aux mêmes enjeux (congestion, pollution, bruit, sécurité routière, auto-solisme, etc.) et partagent un même objectif, à savoir transformer la ville en un espace apaisé qui (re)donne de la place aux habitants tout en préservant les fonctions économiques, sociales et culturelles. Dans le cadre du réseau des Conseillers en Mobilité bruxellois, Brulocalis et Bruxelles Mobilité ont organisé une rencontre inédite entre Pascal SMET, Ministre régional bruxellois chargé de la Mobilité et des Travaux publics et Christophe NAJDOVSKI, Maire-adjoint de la Ville de Paris chargé des Transports, de la Voirie, des Déplacements et de l’Espace public. C’était l’occasion pour les deux intervenants d’échanger leurs points de vue sur les politiques de mobilité présentes et à venir dans ces deux grandes capitales européennes. Pour commencer, le Maire-adjoint de la Ville de Paris a exposé les trois axes fondamentaux du cadre général de la politique de mobilité à Paris : • La nécessité d’assurer une offre de « mass transit » en poursuivant les investissements dans les transports en commun ; • Le développement de la mobilité active (la marche et le vélo) qui doit être à la base de la politique de mobilité pour les courtes distances. Outre la résolution de problématiques de mobilité, le développement de ces deux modes de déplacements constitue un enjeu de santé publique en luttant contre la sédentarité ; • Enfin, la mobilité partagée. La mobilité doit être utilisée aujourd’hui comme un service (MAAS). Il faut passer du paradigme de la possession de la voiture vers l’usage de celle-ci. La multi-modalité doit être encouragée ainsi que les systèmes de freefloating. Cette approche se retrouve d’ailleurs largement dans le projet de Plan régional de Mobilité ‘Good Move’. Ce nouveau Plan, qui sera établi pour une période de dix ans, portera autant sur des mesures d’apaisement des quartiers, de développement des réseaux de transport, de mise à disposition de services de mobilité et de changement d’habitudes en matière de déplacements. Des pistes de solutions ont été discutées entre les intervenants et alimentées par des questions et opinons du public pour tenter de répondre à ces objectifs. Elles ont été regroupées selon 4 des 6 axes présents dans le Plan régional de Mobilité Good Move.
RÉÉQUILIBRAGE DE L’ESPACE PUBLIC - GOOD NEIGHBOURHOOD Les déplacements urbains des Parisiens effectués en voiture ne représentent que 13% de l’ensemble de leurs déplacements intra-muros1 et pourtant, les véhicules individuels occupent plus de 50% de l’espace public. En Région bruxelloise, il y a aujourd’hui plus de places de stationnement en voirie qu’il n’y en a à Paris. La logique des années 70 où la ville était organisée en fonction de la voiture doit être renversée. L’espace public doit être ré-appréhendé en partant du point de vue du piéton, des trottoirs, des façades. La population l’a également compris. A Paris, parmi les demandes issues des initiatives de démocratie participative ou des budgets participatifs2, la moitié concerne des projets liés à la mobilité et à l’aménagement de l’espace public. C’est pour répondre à cette demande croissante que la Ville de Paris a développé sa nouvelle stratégie “Paris piéton”. Le premier grand projet emblématique allant dans ce sens était la piétonisation des voies sur berge de la rive droite de la Seine. L’espace, rendu plus agréable, a permis de développer la mobilité active mais aussi une série d’autres activités conviviales et sportives, permettant la rencontre entre les citoyens. En effet, celle-ci est prise d’assaut par les cyclistes, les piétons mais aussi par les joggeurs et les enfants. Une ludothèque y est même installée les mercredis après-midi et pendant les vacances. Les effets obtenus ont donc été bien au-delà de l’objectif stricto senso de mobilité. C’est aussi ce que l’on peut observer dans le piétonnier de Bruxelles, qui en plus d’avoir un impact sur la réduction de la circulation automobile, favorise la rencontre de l’autre, toutes cultures et
1. paris.fr 2. https://budgetparticipatif.paris.fr/bp/ 3. https://www.paris.fr/actualites/ une-rue-parisienne-dediee-aujeu-et-aux-enfants-5828
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
11
INTERNATIONAL
milieux sociaux confondus. A Paris, comme à Bruxelles, on pense que les centres-villes ne devraient pas être des lieux de transit mais bien des endroits où vivre la ville. L’idée de créer un piétonnier au centre de Paris est d’ailleurs en train de faire son chemin. Enfin, une approche de la Ville de Paris qui semble intéressante est celle de remettre les enfants au centre de la ville, leur redonner une place, leur offrir la possibilité de se déplacer en sécurité et de se réapproprier les rues et l’espace public par le jeu. C’est ce qu’essaye de faire Paris depuis 2014 avec ses rues réservées aux enfants3.
RENDRE LES ALTERNATIVES DÉSIRABLES - GOOD SERVICE Rendre l’espace aux citoyens, améliorer la qualité de l’air et faciliter la mobilité, passe par une diminution du nombre de voitures en ville. Parmi les solutions : réduire l’auto-solisme et rendre les alternatives à la voiture désirables. A Paris, une des causes majeures de la congestion est due au faible taux d’occupation de la voiture. Une étude a montré que si le taux d’occupation passait de 1.2% (en 2019) à 1.7%, il n’y aurait plus d’embouteillages. Le covoiturage doit donc être encouragé. A Bruxelles, une piste serait de le faire à travers une politique volontariste en créant, par exemple, aux entrées de Bruxelles des bandes spéciales pour covoiturage ou en mettant en place des incitants financiers. Les personnes qui entrent seules dans la capitale pourraient, elles, être taxées (un peu comme une business class), et l’argent pourrait être utilisé à améliorer l’offre d’alternatives à la voiture.
12
Si on veut que les gens utilisent moins, voire plus du tout, leur voiture, il faut trouver des alternatives désirables, offrant la même qualité de service. La multi-modalité doit être facilitée, par exemple en utilisant un même support de payement. Des indemnités vélo devraient pouvoir être cumulables avec les abonnements de transports en commun. Dans certaines villes, les transports en commun sont gratuits avant 7h30, dans le but de les désengorger en heure de pointe. Rouler à vélo ou marcher doit être facile, confortable, agréable et sécurisant. Il faut travailler sur l’aspect séduction de ces alternatives. Mais avant tout, elles doivent être accessibles à tous. A Paris, les bus sont 100% accessibles, mais le métro ne l’est pas encore. Aujourd’hui, tout nouveau projet d’aménagement sur le territoire parisien tient compte de manière systématique des handicaps moteurs, sensoriels et cognitifs. Jusqu’il y a 5 ans, ce n’était pas le cas. A Bruxelles, tout aménagement devrait répondre au principe d’accessibilité universelle, mais il reste encore du travail à faire.
COMMUNIQUER, SENSIBILISER, CONVAINCRE - GOOD CHOICE Les pratiques de mobilité au quotidien sont, depuis plusieurs années, questionnées. On constate un changement dans les habitudes et les réflexes d’usage des moyens de déplacements. La mobilité telle qu’elle est aujourd’hui pose un problème de santé publique et de pollution. Nul ne peut contester aujourd’hui qu’il est désormais important de trouver un nouvel équilibre entre la liberté de se déplacer et celle de pouvoir
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
respirer un air sain. La principale source de pollution en ville provient du trafic routier, elle est la cause, chaque année, de décès prématurés et d’asthme chez les enfants. L’Etat français est d’ailleurs menacé par l’Europe d’une sanction financière pour le non-respect du niveau de ses émissions atmosphériques. Heureusement, on constate aujourd’hui une augmentation de la conscience environnementale, en particulier chez les jeunes. Si les mesures en matière de mobilité, qui peuvent parfois être perçues comme contraignantes, sont correctement expliquées aux citoyens et comprises, elles seront d’autant mieux acceptées. L’éducation à la mobilité reste essentielle, elle doit être inscrite dans notre culture, apprise dans nos écoles. Les responsables politiques, femmes et hommes, tous partis confondus, ont un rôle exemplatif à jouer en la matière. Tant à Paris qu’à Bruxelles, on constate que la présence des sociétés de coursiers à vélos telles que Deliveroo ou Take away a indirectement contribué fortement à donner une image positive du vélo à toute une série de jeunes, ce qui a banalisé l’usage du vélo. Malgré tout, il faut parfois faire preuve d’audace politique. A Bruxelles, par exemple, la nouvelle ligne de tram 9 a suscité beaucoup d’opposition lors des premières phases du projet, mais aujourd’hui tout le monde est content. Pour éviter une opposition aux projets, il est important d’impliquer les citoyens dès le début, de donner les informations correctes et pertinentes. Il n’y a que de cette manière que les projets se déroulent mieux. Il est aussi important d’écouter la masse silencieuse!
INTERNATIONAL
CONNAÎTRE, ÉVALUER GOOD KNOWLEDGE Que ce soit pour communiquer ou pour prendre les bonnes décisions, il est important de disposer de données adéquates. Celles-ci sont utiles pour comprendre le comportement des citoyens en matière de mobilité. Aujourd’hui, beaucoup de data sont dans les mains d’acteurs privés (Google, Uber,...). Ceux-ci sont en train de créer des plateformes multimodales et le danger est que cela se fasse sans le concours des pouvoirs publics. Or le rôle du décideur public est d’orienter ces mobilités pour garantir l’intérêt général, c’està-dire encourager l’usager vers les transports en commun et la mobilité active. Il ne faudrait pas que la trottinette électrique remplace, pour des courtes distances, la marche à pied ou le vélo, ni que la voiture partagée soit utilisée à la place des transports en commun. Pour cela, les données doivent être partagées, accessibles à tous. Aujourd’hui, que ce soit à Paris ou à Bruxelles, la législation concernant l’utilisation des données ne suit pas le rythme de la révolution numérique. Il reste encore beaucoup de travail à faire. Il est aussi fondamental de disposer de données afin de pouvoir évaluer les politiques. Paris réalise une enquête mobilité tous les dix ans à l’échelle régional. Lors de la dernière enquête, les informations concernant les déplacements nocturnes ont donné lieu à une réflexion sur le type de transport à offrir la nuit et sur la pertinence de faire fonctionner le métro 24h/24h. Avoir une connaissance précise, par exemple, des heures de pointe dans les transports permet d’engager une discussion avec les entreprises sur les mesures à prendre en matière d’aménagements du temps de travail. A Bruxelles, les dernières enquêtes relatives aux pratiques de mobilité sont obsolètes et les outils d’évaluation font défaut. Des investissements dans ce domaine sont nécessaires.
EN RÉSUMÉ A l’issue de la matinée et au fil des discussions, les deux intervenants s’accordaient à dire que la santé publique et la qualité de l’air doivent être une priorité. Les citoyens en sont bien conscients aujourd’hui et il faut profiter de leur soutien pour faire les bons choix. Les alternatives à la voiture doivent être rendues désirables, ce qui nécessite des investissements dans les transports en commun et dans la mobilité active mais aussi de l’éducation, de la sensibilisation et de la participation. Il faut donner envie. L’espace public doit être repensé autrement, comme un espace où il fait bon vivre, où les rencontres entre citoyens sont encouragées, où les enfants peuvent jouer, où un tissu social peut se créer. Cet espace doit être accessible à tous. Parfois, pour atteindre ces objectifs, il faut faire preuve d’audace politique, parfois, il faut aussi forcer le changement, rendre les gens heureux malgré eux. L’arrivée de nombreux acteurs privés dans le domaine de la mobilité
>> Christophe Najdovski, adjoint au maire de Paris, et Pascal Smet, Ministre bruxellois de la Mobilité et des travaux publics doit être encadrée et les pouvoirs publics doivent orienter la mobilité de façon à garantir l’intérêt général. Enfin, les données doivent être récoltées et analysées afin de déterminer les mesures à prendre ou d’évaluer les mesures prises.
LE RÉSEAU CEMA Le réseau bruxellois des conseillers en mobilité (CeMa) est né en 2001. A l’initiative de Bruxelles Mobilité, ce sont plus de 400 personnes qui ont été formées depuis 18 ans. Leurs profils sont assez variés, issus des administrations communales, régionales, fédérales, des zones de police, de la STIB, de bureaux d’études spécialisés en mobilité, des associations cyclistes, piétonnes ou autres. Qu’est-ce qu’un conseiller en mobilité? Les conseillers en mobilité sont des généralistes de la mobilité qui remplissent des fonctions essentielles au sein de leur institution : • ils sont le relais entre les multiples acteurs impliqués dans la problématique des déplacements ; • ils suivent les projets de mobilité depuis leur conceptualisation jusqu’à leur réalisation et l’évolution sur le terrain ; • ils identifient les dysfonctionnements en matière de déplacements et proposent des solutions ; • ils simplifient la communication vers le grand public. Un réseau des CeMa, pourquoi ? Bruxelles Mobilité, en collaboration avec Brulocalis, propose de structurer les conseillers en mobilité en réseau pour : • renforcer les liens entre professionnels de la mobilité,
• encourager la mise en commun et le partage des savoirs et des compétences, • assurer une formation continue, • proposer différents services autour des formations de base, comme p.ex. des formations et des groupes de travail relatifs aux règlements complémentaires, poids lourds, commerces et mobilité. Des outils au service des CeMa • le Moniteur de la Mobilité et de la sécurité routière, qui paraît 3 à 4 fois par an ; • le Cahier du Moniteur de la Mobilité apporte un éclairage supplémentaire sur certaines thématiques (gestion des chantiers, PDS, stationnement,...) ; • des formations s’inscrivent en complémentarité avec les cours de base ou s’inspirent de l’actualité et de demandes particulières émanant des CeMa ; • des groupes de travail abordent des sujets de façon plus pointue en groupes restreints ; • une rencontre annuelle vise à dresser le bilan des activités du réseau et à donner des impulsions pour le programme de l’année suivante. Virginie Randaxhe, conseillère mobilité à Brulocalis Source : https://mobilite-mobiliteit. brussels/fr/conseillers-en-mobilite
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
13
LU POUR VOUS >>Sophie VAN DEN BERGHE - Conseillère en mobilité - Brulocalis
TOUJOURS PLUS DE CYCLISTES À BRUXELLES RÉSULTATS DE L’OBSERVATOIRE DU VÉLO 2018 Vous l’aurez certainement remarqué, ils sont de plus en plus nombreux, parfois vêtus de couleurs fluorescentes, à se faufiler entre les voitures et à tenter de prendre leur place dans la circulation. Le nombre de cyclistes est en augmentation et l’Observatoire du vélo le confirme : 16% de cyclistes en plus en 2018 qu’en 2017 ! L’Observatoire du vélo, pris en charge par Pro Vélo depuis 1998 dans le cadre d’une convention avec la Région de Bruxelles-Capitale, consiste principalement en un ensemble de comptages donnant une indication sur le nombre de cyclistes, la façon dont ils sont éclairés, le type de vélo qu’ils utilisent et l’offre de stationnement sur le territoire de la Région. Dans la pratique, il s’agit de : • comptages en 26 lieux en matinée à 4 moments de l’année ; • comptages à 4 lieux en soirée afin d’évaluer l’éclairage des cyclistes ; • 8 lieux différents pour les comptages relatifs aux différents types de vélos (vélos de ville, vélos à assistance électrique, speed pedelecs, vélos pliants, vélos-cargo et triporteurs, Villo, ainsi que les vélos en free floating) (nouveauté de l’observatoire 2018) ;
• observations relatives au stationnement des vélos aux principaux arrêts des transports en commun. Les résultats montrent une tendance à l’augmentation du nombre de cyclistes depuis le début des années 2000. A partir de 2010, le taux de croissance annuel moyen est de 13%. Certains évènements ponctuels ont joué en faveur du déplacement à vélo tels que la fermetures des tunnels, les attentats dans le métro ou une météo favorable… mais au-delà de cela, la congestion du trafic en heure de pointe, la baisse de la vitesse commerciale des transports en commun (par ailleurs souvent saturés en heure de pointe) et les innovations dans le milieu du vélo (vélos à assistance électrique, pliants, cargo…) ont rendu ce mode de transport de plus en plus compétitif, et cela, pas uniquement pendant les beaux jours! Le mois de septembre a connu la plus importante augmentation (+ 28 %). Les mois de janvier (+ 18 %) et de novembre (+ 17 %) s’alignent sur l’augmentation moyenne annuelle de 2018. En 2018, on constate que les cyclistes restent majoritairement des hommes avec 63% contre 35% de femmes (et 2% d’enfants). La proportion de femmes est cependant en augmentation depuis le début de l’Observatoire avec une légère stagnation observée depuis 2017. Quant au port du casque, il est en augmentation depuis 2017 avec 55% des cyclistes qui portent un casque en 2018. Assez naturellement, les utilisateurs de vélos électriques ont plus tendance à porter un casque, et en particulier les femmes : 83% de femmes utilisant un vélo à assistance
14
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
LU POUR VOUS
électrique portent le casque alors que ce n’est le cas que de 64% des hommes. Les comptages de type qualitatif ont révélé que l’usage du vélo à assistance électrique est privilégié pour les déplacements domicile-travail plutôt que dans le cadre des loisirs : ils représentent 11% du total des vélos comptés dans le premier cas contre 8% dans le second. Les speed-pedelecs ainsi que les vélos en free-floating sont encore relativement peu représentés avec seulement 0,5% (speed-pedelecs) et 0,1% (free-floating) de l’ensemble des vélos comptés. Les vélos-cargos et les vélos pliants atteignent déjà des valeurs plus significatives, respectivement 2% et 8% du total. Les Villo ! quant à eux s’élèvent à 5% du total. En ce qui concerne le transport d’enfants, il a été constaté que 12% des vélos comptés étaient équipés de dispositifs destinés au transport d’enfants. Parmi ceux-ci 84% de sièges-enfants, 12% de vélos-cargos et 4% équipés d’un follow-me ou d’une troisième roue. Un quart des cyclistes sont encore mal éclairés. En effet, 14% des vélos observés n’avaient ni phare avant, ni phare arrière ! La sensibilisation des cyclistes dans ce domaine continue à avoir tout son sens. On peut cependant se réjouir que 73%
des vélos étaient correctement éclairés à l’avant et à l’arrière et que 31% des cyclistes portaient une chasuble fluorescente.
Enfin, la façon dont les vélos étaient attachés faisait aussi partie de l’étude et il a été constaté que : • 86% étaient attachés avec un bon cadenas ; • 72% étaient attachés uniquement par le cadre ; • 19% étaient attachés uniquement par la roue avant ; • 19% étaient attachés par le cadre et la roue avant, 10% par le cadre et la roue arrière ;
Au niveau de l’offre de stationnement, elle a été évaluée à proximité des gares et des stations de métro. Deux stations de métro n’étaient pas équipées de stationnement vélos (Parc et Pannenhuis). Le taux d’occupation moyen de ces parkings vélos était de 43% en 2018. Cependant, dans 5 stations (Gribaumont, gare du Nord, Kraainem, Comte de Flandre et Gare Centrale) le taux d’occupation dépasse les 80%. Ce taux représente selon Bruxelles Environnement le seuil à partir duquel un parking vélo est considéré comme saturé et doit être agrandi. Lorsque le parking est saturé, les vélos sont attachés là où ils le peuvent, entravant parfois l’accès aux piétons et aux PMR. Pro Vélo recommande dès lors d’augmenter la capacité de ces parkings lorsqu’ils sont saturés ou proches de la saturation.
• 1% des vélos étaient gravés.
>>Plus d’info Source : Observatoire du vélo en Région de Bruxelles-Capitale https://www.provelo.org/fr/page/ observatoire-velo-bruxelles-2018
MONITEUR DE LA MOBILITÉ & DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE N° 53 // PRINTEMPS 2019
15
LE CARNET D’ADRESSES : LES 19 CONSEILLERS EN MOBILITÉ EN RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE
NOM
ADRESSE
COMMUNE
TÉL
Sailliez Laurence
Joseph Wybran, 45
1070 Anderlecht
02/526.21.52
lsailliez@anderlecht.irisnet.be
Stevenart Quentin
Rue E. Idiers 12-14
1160 Auderghem
02/676.48.76
qstevenart@auderghem.irisnet.be
Moreau Philippe
Av. du Roi Albert 33
1082 Berchem-Ste-Agathe
02/464.04.74
pmoreau@berchem.brussels
Schollaert Jan
Bld. Anspach 6
1000 Bruxelles
02/279.29.19
Jan.schollaert@brucity.be
De Vadder Vincent
Av. d’Auderghem 113-117
1040 Etterbeek
02/627.27.18
vdevadder@etterbeek.irisnet.be
Stenier Nathan
Square Hoedemaekers 10
1140 Evere
02/247.64.38
evere222@evere.irisnet.be
Grégoire Sarah
Chée de Bruxelles 112
1190 Forest
02/370.26.33
sgregoire@forest.brussels
Libert Philippe
Avenue Ch. Quint 140
1083 Ganshoren
02/464.05.47
plibert@ganshoren.irisnet.be
Verkindere Maud
Rue du Viaduc 133
1050 Ixelles
02/643.59.81
maud.verkindere@ixelles.brussels
Caudron Philippe
Chée de Wemmel 100
1090 Jette
02/422.31.08
phcaudron@jette.irisnet.be
Petit Gwenael
Place H. Vanhuffel 6
1081 Koekelberg
02/600.15.81
gpetit@koekelberg.brussels
Yacoubi Ali
Rue du Comte de Flandre 20
1080 Molenbeek-St-Jean
02/600.49.33
ayacoubi@molenbeek.irisnet.be
Pavlidis Konstadinos
Av. de l’Astronomie 13
1210 St-Josse-ten-Noode
02/220.26.38
kpavlidis@sjtn.brussels
Journieux Pauline
Place M. Van Meenen 39
1060 St-Gilles
02/536.03.91
pjournieux@stgilles.irisnet.be
Velghe Benoît
Place Colignon
1030 Schaerbeek
02/244.72.22
bvelghe@schaerbeek.irisnet.be
Gabriel France
Rue Auguste Danse 25
1180 Uccle
02/852.94.27
fgabriel@uccle.brussels
Brackelaire Myriam
Place A. Gilson 1
1170 Watermael-Boitsfort
02/674.74.34
mbrackelaire@wb.irisnet.be
Denys Frédéric
Av. P. Hymans 2
1200 Woluwe-Saint-Lambert
02/774.35.13
f.denys@woluwe1200.be
El Ahmadi El Bachir
Av. Ch. Thielemans 93
1150 Woluwe-Saint-Pierre
02/773.06.27
eelahmadi@woluwe1150.be
FAITES CIRCULER ! C’EST GRATUIT Vous n’avez pas reçu personnellement le Moniteur de la Mobilité et de la Sécurité routière par mail ? Un de vos collègues souhaiterait le recevoir, directement, lui aussi ? Pas de problème ! Il suffit de vous rendre sur le website de Brulocalis via ce lien http://www.brulocalis.be/fr/Publications/moniteur-de-la-mobilite.html et de remplir le formulaire en ligne. Vous ferez désormais partie de notre mailing list et recevrez le Moniteur dès sa publication.