SPI Format Magazine 2018-08

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2018

Zeitschrift für Polizeiausbildung und Polizeiforschung Revue de formation et de recherche policières

magazine

Die Polizei in der pluralen Gesellschaft La police dans une société plurielle


Verlag SPI − Éditions ISP − Edizioni ISP Polizeipsychologie 2019, A4-Ordner, Preis CHF 69.–, ISBN: 978-2-940551-33-0 POLIZEIPSYCHOLOGIE Grundlagendokument für die eidgenössische Berufsprüfung Polizist/Polizistin

Psychologische Grundkenntnisse sind ein wesentlicher Erfolgsfaktor in der Polizeiarbeit. Das Lehrmittel greift wahrnehmungs- und sozialpsychologische Aspekte auf, vermittelt Basiswissen über die psychischen Strukturen des Menschen und deren Auswirkungen auf den Einzelnen und auf die Gruppe und veranschaulicht all dies an zahlreichen praxisorientierten Beispielen. Wie man gut kommuniziert, wie man mit Stress oder Aggressionen umgeht, welche Techniken der Selbstkontrolle es gibt oder wie man psychisch auffälliges Verhalten erkennt – dies sind einige der Fragen, denen in diesem Lehrmittel nachgegangen wird.

Psychologie policière 2019, classeur A4, prix : CHF 69.–, ISBN : 978-2-940551-34-7 PSYCHOLOGIE POLICIÈRE Manuel de référence pour l’examen professionnel fédéral de Policier / Policière

Les connaissances de base en psychologie représentent un facteur de succès essentiel du travail policier. Le moyen didactique appréhende les aspects de la perception et de la psychologie sociale, transmet le savoir de base au sujet des structures psychiques de l’être humain et leurs répercussions, tant sur les individus que sur le groupe, et illustre tout cela au moyen de nombreux exemples pratiques. Comment communiquer, comment gérer le stress ou une agression, comment apprendre à gérer ses émotions en situation, comment identifier des troubles psychiques, telles sont les questions abordées dans ce manuel très complet.

Psicologia di polizia 2019, Classificatore A4, prezzo CHF 69.–, ISBN: 978-2-940551-35-4 PSICOLOGIA DI POLIZIA Manuale di riferimento per l’esame professionale federale di Agente di polizia

Le conoscenze di base in psicologia costituiscono un fattore di successo essenziale per il lavoro di polizia. Il manuale affronta gli aspetti della percezione e della psicologia sociale, trasmette il sapere di base in materia di strutture mentali dell’essere umano e le loro ripercussioni sia sul singolo individuo sia sul gruppo, illustrando il tutto attraverso esempi pratici. Come comunicare, come evitare lo stress o un’aggressione, come imparare a gestire le proprie emozioni a seconda della situazione, come riconoscere disturbi mentali – sono alcuni degli argomenti trattati in questo manuale didattico molto completo.

Bestellungen – Commandes – Ordini: www.edupolice.ch


Inhalt / Sommaire Editorial

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Polizei und Gesellschaft im Wandel

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Gerhard Lips

Interkulturelle Kompetenz in der Polizeiarbeit

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Roland Hemmi

Sociologie et police : un héritage en commun à préserver

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Mathilde Bourrier

ASPECT® – Verhaltenserkennung

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Franz Bättig

Enhancing Diversity in the Police Workforce

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Kossiwa Jacqueline Tossoukpe

« Profilage racial » : prise de conscience, enjeux et défis pour la police

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Lionel Imhof

Débat – La police dans une société plurielle Debatte – Die Polizei in der pluralen Gesellschaft

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Rebecca Ruiz, Stefan Blättler, Pascal Mahon

Dolmetschen in Ermittlungs- und Gerichtsverfahren

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Lena Emch-Fassnacht

Dolmetschen bei der Polizei, vor Gericht und beim Migrationsamt

58

Christof Maag

Les groupes d’intervention, des bastions masculins encore pour longtemps ?

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Nicole Windler

Compte-rendu du Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul

71

Sarah Tschan, Cyril Amberg

Abus financiers envers les seniors : pour une meilleure sensibilisation

79

Olivier Beaudet-Labrecque

La formation d’adultes et le numérique peuvent faire bon ménage

83

Jean-Pierre Boesch

Digitales Lehren und Lernen in Polizeischulen

90

Kurt Hügi

Lectures / Literatur / Letture / Reviews Glossar / Lexique

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EDITORIAL

Editorial

Cyril Amberg Rédacteur en chef format magazine Chefredaktor format magazine

Une police plurielle dans une société plurielle ? En parcourant les revues professionnelles publiées par les corps de police suisses, on y découvre fréquemment les listes des jeunes policiers∙ières nouvellement assermenté∙e∙s. Patrick, Stéphane ou Simon y côtoient désormais Leïla, Dragan ou João, symboles d’une mixité croissante des effectifs policiers qui semble refléter progressivement celle de la société dans son ensemble. Parallèlement, la police interagit au quotidien avec une population très diversifiée. Pays d’émigration jusqu’à la fin du XIXe, voire au début du XXe siècle, la Suisse est devenue une terre d’accueil pour une population variée qui contribue largement à sa prospérité. Dans certaines villes de taille importante comme Genève, Bâle ou Zurich, la part de personnes issues de l’immigration est particulièrement élevée. Ces évolutions sociétales ne se passent pas partout sans accrocs et les questions migratoires suscitent presque toujours débats et controverses, auxquels les réseaux sociaux offrent une nouvelle caisse de résonance. La surreprésentation de personnes étrangères parmi les auteur∙e∙s de certains délits commis dans l’espace public tels que le trafic de stupéfiants, associée à une criminalité transfrontalière assez développée, tend à renforcer certaines idées reçues. Le commandant remplaçant de la Police municipale de Coire, Roland Hemmi, indique à cet égard dans son article abordant les compétences interculturelles au sein de la police que les policiers∙ières n’échappent pas à l’influence des préjugés et des stéréotypes. Toutefois, leur fonction exigeante en tant que garant∙e∙s de l’ordre public les oblige à faire preuve d’une neutralité exemplaire au contact des citoyen∙ne∙s. Comme le confirme année après année l’étude « Sicherheit » publiée par l’EPFZ, la police est, en Suisse, l’institution publique qui bénéficie de la plus

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Eine plurale Polizei in der pluralen Gesellschaft? Stöbert man in den Fachzeitschriften der Schweizer Polizeikorps, stösst man häufig auf Listen neu vereidigter Polizisten/-innen. Zu Patrick, Stefan und Simon gesellen sich heute auch Leila, Dragan und João – ein Zeichen der zunehmenden Diversifizierung der Polizeibestände, welche immer mehr ein Abbild der gesamten Gesellschaft zu sein scheinen. Zugleich interagiert die Polizei täglich mit einer sehr vielfältigen Bevölkerung. Die Schweiz, die bis Ende des 19. oder gar Anfang des 20. Jahrhunderts ein Auswanderungsland war, ist zur neuen Heimat für eine heterogene Bevölkerung geworden, welche wesentlich zum Schweizer Wohlstand beiträgt. In einigen Grossstädten wie Genf, Basel oder Zürich ist der Anteil der Menschen mit Migrationshintergrund besonders hoch. Diese gesellschaftliche Entwicklung verläuft nicht überall reibungslos; Migrationsfragen lösen fast immer kontroverse Diskussionen aus, denen soziale Netzwerke einen neuen Resonanzboden bieten. Die Überrepräsentation von Ausländern/-innen bei gewissen Straftaten im öffentlichen Raum wie z. B. Drogenhandel erhärten zusammen mit einer relativ weit entwickelten grenzüberschreitenden Kriminalität schnell gewisse weitverbreitete Annahmen. Der stellvertretende Kommandant der Stadtpolizei Chur, Roland Hemmi, weist diesbezüglich in seinem Artikel über interkulturelle Kompetenz in der Polizeiarbeit darauf hin, dass auch Polizisten/-innen nicht immun gegen den Einfluss von Vorurteilen und Stereotypen sind. Ihre anspruchsvolle Funktion als Garanten der öffentlichen Ordnung erfordert jedoch eine vorbildliche Neutralität im Umgang mit allen Bürgern/-innen. Die von der ETH Zürich veröffentlichte Studie «Sicherheit» bestätigt Jahr für Jahr, dass in der Schweiz die Polizei – weit vor dem Bundesrat, der

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EDITORIAL

grande confiance auprès de la population, bien loin devant le Conseil fédéral, l’armée ou le Parlement fédéral. Elle est une institution transparente et fiable aux yeux de l’écrasante majorité des citoyen∙ne∙s, ce qui ne va pas de soi lorsqu’on observe la situation dans d’autres États pas très lointains. L’ouverture de la police aux travaux menés dans les domaines des sciences sociales, comme relevé par la Professeure de sociologie de l’Université de Genève, Mathilde Bourrier, montre que la police est loin d’être une institution à caractère monolithique. Au contraire, elle sait se remettre en question lorsque cela s’avère nécessaire. Tout porte à croire dès lors que les effectifs policiers évoluent, presque mécaniquement, vers une représentation adéquate des femmes et des personnes issues des minorités à tous les échelons et que la pluralisation de la police, tout comme celle de la société, est un épiphénomène, voire un « nonproblème ». Or, ce numéro de format magazine donne la parole à plusieurs représentant∙e∙s des polices qui soulèvent d’épineux constats : le délit de faciès mérite d’être thématisé au sein des polices, les femmes n’intègrent pas (encore ?) les unités spéciales et elles sont très rares aux échelons hiérarchiques supérieurs, les barrières linguistiques soulèvent des difficultés particulières pour le travail policier et les formations destinées à renforcer les compétences interculturelles ou les connaissances sociétales des policiers∙ières peinent à trouver leur public. Toutes ces réflexions ô combien nécessaires dans le débat public méritent que notre revue y consacre un numéro thématique détaillé, complété cette année par deux articles portant sur une autre question d’actualité : la formation numérique et ses applications dans le monde policier.

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Armee oder dem eidgenössischen Parlament – von der Bevölkerung als die vertrauenswürdigste öffentliche Institution empfunden wird. In den Augen einer deutlichen Mehrheit der Bürger/-innen ist sie eine transparente und zuverlässige Institution – etwas, das nicht selbstverständlich ist, wenn man die Situation in anderen, nicht weit entfernten Ländern betrachtet. Laut Mathilde Bourrier, Professorin für Soziologie an der Universität Genf, zeigt die Öffnung der Polizei für sozialwissenschaftliche Arbeiten, dass sie bei weitem keine monolithische Institution ist. Im Gegenteil: Bei Bedarf weiss sie sich durchaus selbst kritisch zu hinterfragen. Alles deutet darauf hin, dass sich der Polizeibestand fast automatisch so entwickelt, dass Frauen und Angehörige von Minderheiten auf allen Stufen angemessen repräsentiert werden und dass die Pluralisierung der Polizei ebenso wie diejenige der Gesellschaft beinahe eine unproblematische Randerscheinung ist. Das format magazine gibt das Wort jedoch mehreren Polizeivertretern, die auch heikle Themen aufwerfen: Es ist wichtig, dass sich auch die Polizei mit Racial Profiling befasst, Frauen sind (noch?) nicht in Sondereinheiten tätig und wenig vertreten in höheren Kaderstufen, Sprachbarrieren bringen besondere Schwierigkeiten für die Polizeiarbeit mit sich und Ausbildungen zur Erweiterung der interkulturellen Kompetenzen oder des gesellschaftlichen Wissens von Polizisten/-innen finden nur wenig Zulauf. All diese im öffentlichen Diskurs so notwendigen Überlegungen verdienen es, dass unsere Zeitschrift ihnen eine ausführliche thematische Ausgabe widmet. Ergänzt wird die diesjährige Ausgabe durch zwei Artikel zu einem weiteren aktuellen Thema: die digitale Ausbildung und ihre Anwendungen in der Polizeiwelt.

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POLIZEI UND GESELLSCHAFT IM WANDEL

Polizei und Gesellschaft im Wandel

Gerhard Lips Kursdirektor SPI-Kurs Polizei und Gesellschaft im Wandel, ehemaliger Kommandant Kantonspolizei Basel-Stadt

Die Gesellschaft in der Schweiz unterliegt einem stetigen Veränderungsprozess, sei dies in der Politik, in der Familie, im Fortschritt der Technik oder in weiteren Themenfeldern. Polizisten/ -innen sind in ihrer täglichen Arbeit regelmässig mit diesen Veränderungen konfrontiert. Sie müssen im Rahmen ihrer Auftragserfüllung adäquat auf solche Veränderungen reagieren können, um Einsätze erfolgreich zu bewältigen. Die Angehörigen der unteren und mittleren Kaderstufen sind dabei einem besonderen Spannungsfeld innerhalb ihrer Dienstleistungsorganisation ausgesetzt. Polizisten/-innen müssen daher die notwendigen Kenntnisse in den Bereichen der gesellschaftlichen Veränderungen und der Rolle der Polizei in der Gesellschaft haben. Sie sollen sich entsprechendes Wissen aneignen, welches sie befähigt, in konkreten Situationen adäquate Entscheide zu fällen und ihre Verantwortung wahrzunehmen. Der SPI-Kurs Polizei und Gesellschaft im Wandel bietet dafür den richtigen Rahmen an.

Seit 2014 führt das Schweizerische Polizei-Institut einen deutschsprachigen Kurs unter dem Namen Polizei und Gesellschaft im Wandel 1 durch. Für die Französisch sprechenden Polizeiangehörigen gibt es ein ähnliches Kursangebot (Police et société en mutation) schon etwas länger.2 Nun kann man sich fragen, warum ein solcher Kurs erst seit wenigen Jahren durchgeführt wird: Ist denn die Gesellschaft und/oder die Polizei nicht schon viel länger im Wandel? Tatsächlich hat der Autor dieses Artikels im Jahr 2014 in seiner damaligen Funktion als Präsident der Kommission Soziale Kompetenzen des Nationalen Koordinationsorgans von der Konferenz der Kantonalen Polizeikommandanten den Auftrag erhalten, zusammen mit dafür geeigneten und erfahre-

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nen Fachpersonen ein Kursangebot auszuarbeiten, das den Anforderungen an die stetig steigenden Bedürfnisse der Mitarbeitenden der Polizeiorganisationen in der (deutschen) Schweiz gerecht wird. Was war denn nun aber genau das Bedürfnis der definierten und anzusprechenden Mitarbeitenden? Und welche Hierarchiestufe sollte in erster Linie vom neu zu schaffenden Kursangebot profitieren? Die damalige Analyse zeigte, dass in der Grundausbildung der Polizeiaspiranten/-innen dem Thema «Wandel» relativ viel Zeit gewidmet wird. Das SPI-Lehrmittel Menschenrechte und Berufsethik3 enthält in seinem Kapitel 9 unter dem Titel «Cop Culture»4 Ausführungen zu den Veränderungen der Gesellschaft und ihren Auswirkungen auf die Strukturen der Polizeiorganisationen und die Arbeit der Polizei. Eine weitere Erkenntnis war, dass Polizisten/-innen mit einigen Jahren Diensterfahrung und teilweise auch mit Führungsaufgaben wenig oder kein Wissen darüber hatten, welche Inhalte ihren jüngeren Kollegen/ -innen bzw. Mitarbeitenden vermittelt werden. Die Begriffe «Cop Culture» und «Polizeikultur» waren bei gestandenen Polizisten/-innen kaum bekannt, die Ausprägungen dieser Kulturen innerhalb der eigenen Organisation konnten deshalb auch nicht eingeordnet oder verstanden werden. Auf der anderen Seite wussten die Absolventen/-innen der Polizeischule zwar theoretisch Bescheid über die vorhandenen Kulturen – gestützt auf die Vermittlung des Grund1 Der Kursstab besteht neben dem Autor aus Erica-Maria Umbricht, Tobias Burkhard und Stefan Monstein. 2 Kurse Polizei und Gesellschaft im Wandel (Kursnummer 3.01.11.d) und Police et société en mutation (3.01.11.f); Anmeldung über die Nationale Bildungsplattform Polizei (www.edupolice.ch). 3 Schweizerisches Polizei-Institut (2012): Menschenrechte und Berufsethik, 3. Aufl., Neuchâtel: Verlag SPI. 4 «Cop Culture» ist ein Begriff, der von Rafael Behr, einst selbst Polizist in Deutschland, erstmals verwendet wurde; s. Behr, Rafael (2008), Cop Culture, Der Alltag des Gewaltmonopols, Wiesbaden: VS Verlag für Sozialwissenschaften.

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POLIZEI UND GESELLSCHAFT IM WANDEL

wissens –, konnten aber erst im Verlaufe ihrer Erfahrungen das gelernte theoretische Wissen an praktischen Erlebnissen messen und so richtig verstehen. Genau an diesem Punkt setzt deshalb der Inhalt des Kurses Polizei und Gesellschaft im Wandel an: Es geht darum, Polizeiangehörigen mit einigen Jahren Erfahrung und Führungsaufgaben auf der unteren bis mittleren Stufe Themen und Grundlagen zu vermitteln, die ihnen zwar vom Alltag her bekannt sind, die sie aber nicht konkret einordnen können. Ziele und Inhalte des SPI-Kurses Die Ziele des SPI-Kurses Polizei und Gesellschaft im Wandel sind folgende: Herausforderungen erkennen, welche sich durch veränderte Wertevorstellungen und gesellschaftlichen Wandel ergeben, lernen, damit umzugehen bzw. diesen Herausforderungen professionell zu begegnen, die Schwierigkeiten innerhalb dieses Themenbereichs erkennen und Lösungen erarbeiten. Um diese Ziele zu erreichen, werden im Kurs folgende Inhalte bearbeitet: Rollenbild Polizist/-in in der Gesellschaft, der gesellschaftliche Wandel, der Wertewandel, der Wandel im Service Public, die Polizei im Wandel (Polizeikultur/Cop Culture und Bürgerpolizei/Staatspolizei) und die Grundlagen der interkulturellen Kompetenz im Zusammenhang mit dem Wandel in der Gesellschaft. In der ersten Lektion widmet sich der Kurs dem Rollenverständnis des/der Polizisten/-in als Privatperson und in der beruflichen Funktion und zeigt auf, wie sich das unterschiedliche Verständnis darstellt und wie sich Veränderungen der Gesellschaft darauf auswirken. In einer nächsten Lektion werden die verschiedenen Kulturen in einer Polizeiorganisation dargestellt (Polizeikultur vs. Cop Culture), deren Entstehen erklärt und die unterschiedlichen Ausrichtungen erläutert. Während die Polizeikultur sich primär an den Folgen einer Handlung orientiert, richtet sich die Cop Culture (Polizistenkultur) nach den Prinzipien, denen man sich als Polizeiangehöriger verpflichtet. Diese Verpflichtung basiert auf entsprechenden Gesetzen oder konkreten Bestimmungen in einer Vereidigungsformel. Das zielorientierte Denken (Polizeikultur) verarbeitet die Komplexität der Umwelt und ist daher eher rational/übergeordnet, während das pflichtbewusste Denken (Cop Culture) eher pragmatisch und lösungsorientiert funktioniert und

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daher die Komplexität zu reduzieren versucht. Dies führt tendenziell zu «Schwarz-Weiss-Denken» und emotionalem Handeln in der eigenen Wertordnung. Eine dritte Lektion widmet sich den Folgen des gesellschaftlichen Wandels und deren Auswirkungen auf die Polizeiarbeit. Dabei wird aufgezeigt, dass nicht primär der Wandel an sich zu Schwierigkeiten führen kann, sondern die Geschwindigkeit und die Komplexität von Veränderungen, verbunden mit den allgegenwärtigen (sozialen) Medien, Einflüssen der Politik und dem stärker spürbaren Hinterfragen staatlicher Eingriffe aus der Sicht der Bevölkerung. In diesem Teil wird auch die Veränderung der Polizeiorganisationen von einer den Staat schützenden Polizei zur Bürgerpolizei als Dienstleistungsorganisation aufgezeigt. Gerade Während die Polizeikultur dieser Wandel bereitet vielen älteren Polizeiangehöri- sich primär an den Folgen gen Mühe, da sie selbst den einer Handlung orientiert, Wandel je nach Funktion richtet sich die Cop Culture unmittelbar spüren. Dieser (Polizistenkultur) nach den Wandel ist allerdings auch Prinzipien, denen man sich als nicht absolut; je nach SiPolizeiangehöriger verpflichtet. tuation und Auftrag kann die eine oder die andere Ausprägung notwendig sein und der Wechsel erfolgt manchmal fliessend, beispielsweise wenn bei der Begleitung einer bewilligten Demonstration (Bürgerpolizei, Dienstleistung) plötzlich Sachbeschädigungen erfolgen (Wahrung der Ordnung, Rechtsdurchsetzung, Strafverfolgung). In der Lektion «Service Public» wird der Wandel der öffentlichen Verwaltung – zu der natürlich auch die Polizei gehört – aufgezeigt. Die Polizei als alleinige Trägerin des Gewaltmonopols wird zwar nicht grundsätzlich hinterfragt, gewisse Aufgaben werden aber zunehmend an private Sicherheitsunternehmen ausgelagert oder innerhalb der Polizeiorganisationen neu strukturiert (z. B. der Einsatz von Sicherheitsassistenten/-innen anstelle von voll ausgebildeten Polizisten/-innen). Dem Trend anderer öffentlicher Dienste zu IT-basierten Dienstleistungen folgt auch die Polizei in bisher kleinem, aber sinnvollen Umfang, beispielsweise mit «Suisse ePolice»5, der elektronischen Anzeigemöglichkeit, die heute bereits 16 Polizeikorps in 13 Kantonen für gewisse Delikte und Dienstleistungen anbieten.

5 Verein HPI Suisse ePolice, Suisse e-Police. Verfügbar unter: https:// www.suisse-epolice.ch/epolice/ (Zugriff am 26.11.2018).

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POLIZEI UND GESELLSCHAFT IM WANDEL

Eine weitere Lektion, wenn auch nur mit einem kurzen Überblick, widmet sich den unterschiedlichen Kulturen der Gesellschaft und der interkulturellen Kompetenz.6 Dabei wird der Frage nachgegangen, ob eine Schweizer Kultur existiert und was die schweizerischen Werte sind. Diese sind tatsächlich klar und einfach in der Präambel und in Artikel 2 der Bundesverfassung festgehalten, nämlich u. a. Solidarität, Offenheit gegenüber der Welt, Rücksichtnahme, Achtung der Vielfalt, Chancengleichheit.7 Für die polizeiliche Arbeit spürbar und entscheidend sind vor allem die Unterschiede zwischen der Individual- und der Kollektivgesellschaft bzw. der Schuldversus der Schamkultur. In einer psychologisch ausgerichteten Lektion wird der Frage nachgegangen, wie der Mensch sich Urteile bildet und warum Vorurteile entstehen. Insgesamt geht es in diesem zweitägigen Kurs neben der Vermitt[Es] wird der Frage nachgeganlung von Grundlagengen, ob eine Schweizer Kultur wissen darum, Theexistiert und was die schweizeri- men, denen sich die schen Werte sind. Diese sind tat- Teilnehmenden wenig sächlich klar und einfach in [...] bewusst sind, zu diskuder Bundesverfassung festgehalten, tieren und Erfahrungen nämlich u. a. Solidarität, Offen- auszutauschen. Auch heit gegenüber der Welt, Rück- ist festzustellen, dass die Problemstellungen sichtnahme, Achtung der Vielfalt, in den verschiedenen Chancengleichheit. Kantonen und Polizeiorganisationen trotz unterschiedlichen Strukturen und Aufgaben gar nicht so verschieden sind. Soziale Kompetenzen haben es schwer in der Polizeiausbildung Auf der einen Seite sind die Feedbacks der bisherigen Teilnehmer/-innen durchwegs überdurchschnittlich positiv. Es wird regelmässig bedauert, dass der Kurs nur zwei Tage dauert, da die Themenvielfalt und Komplexität eine längere Dauer durchaus wünschenswert erscheinen lässt. Vielfach wird gewünscht, dem Thema «interkulturelle Kompetenz» mehr Platz einzuräumen, was im beschränkten zeitlichen Rahmen aber nicht möglich ist. Auf der anderen Seite stellt man aber fest, dass die Anzahl der Teilnehmenden eigentlich viel grösser sein müsste. Beim Aufbau des Kurses im Jahr 2014 ging man von einem Bedürfnis und Potential von rund 100 Teilnehmenden pro Jahr aus. Aktuell

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wird jedoch nur gerade ein Kurs pro Jahr mit 20–25 Teilnehmenden durchgeführt, obwohl die angesprochene «Kundengruppe» doch deutlich grösser ist. Was sind die Gründe dafür? Da dazu keine offiziellen Erhebungen vorliegen, kann nur aus Erfahrungen, Diskussionen usw. abgeleitet werden. Trotz offensichtlichem Bedarf hat es ein Kurs mit Inhalten, die zu den sozialen Kompetenzen zählen (sogenannt weiche Faktoren), in der Polizeilandschaft schwer, sich neben unzähligen anderen Kursen einen Stammplatz im Kurskalender und in der budgetierten Jahresplanung der Polizeikorps zu erarbeiten. Interessant ist dabei auch, dass sich die Erkenntnisse und Erfahrungen in den vergangenen Jahren – obwohl nie eine breit abgestützte Erhebung gemacht wurde und sich die Beurteilung «nur» auf der doch langjährigen Erfahrung bei der Arbeit in der schweizerischen Polizeilandschaft abstützt – mit den Erkenntnissen des Soziologen David Pichonnaz decken, der seine Forschungen aus der Westschweiz im format magazine 2015 unter dem Titel «Le destin tourmenté des compétences relationnelles dans la formation policière» vorstellt.8 Tatsächlich ist auch der Autor der Meinung, dass den sozialen Kompetenzen in der polizeilichen Ausund Weiterbildung mehr Stellenwert eingeräumt werden könnte und sollte. Die Frage dabei ist, wie dieses Ziel umgesetzt werden kann. Geht es darum, die herkömmlichen – und weitgehend unumstrittenen – Themen wie körperliche Kraft, Selbstverteidigung, Disziplin, Schiessen usw. zugunsten von sozialen Kompetenzen, Psychologie usw. abzubauen oder soll der schon stark befrachtete Stundenplan mit weiteren Themen ergänzt werden? Die Diskussion über den richtigen Weg und das korrekte Mass der Gewichtung dürfte schwierig und allseits akzeptable Lösungen kaum zu finden sein, sind doch die persönlichen Ansichten darüber, aber eben auch die Anforderungen in den verschiedenen Polizeiorganisationen zu verschieden. Unter diesen Umständen einen allseits befriedigenden Konsens zu finden, ist deshalb kaum möglich.

6 Das SPI bietet zu diesem Thema einen speziellen Kurs, Interkulturelle Kompetenz an (Kursnummer 3.05.10.d); Anmeldung über die Nationale Bildungsplattform Polizei. 7 Schweizerische Bundesverfassung vom 18. April 1999 (SR 101). 8 Pichonnaz, David (2015), «Le destin tourmenté des compétences relationnelles dans la formation policière», format magazine – Zeitschrift für Polizeiausbildung und Polizeiforschung, Nr. 5, Neuchâtel: SPI.

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POLIZEI UND GESELLSCHAFT IM WANDEL

Es wäre aber falsch, sich einfach auf die Frage «mehr oder weniger Stunden in welchem Fach» zu beschränken; vielmehr geht es auch um die Frage einer qualitativen Steigerung des Ausbildungsinhalts. Das kann insbesondere auch durch eine sinnvolle Kombination verschiedener Ausbildungsthemen – Stichwort: vernetzte Ausbildung – geschehen. Dabei werden verschiedene Einzelthemen nur noch so weit wie nötig einzeln und theoretisch vermittelt und dann so bald als möglich mit anderen Themen zusammen und vor allem für die Anwendung in der Praxis geschult. Stellenwert der sozialen Kompetenzen in der Polizeiarbeit Soziale Kompetenzen sind für Polizisten/-innen grundsätzlich wichtig. Allerdings gibt es gestützt auf die Aufgabenteilung innerhalb der Polizeikorps oder der Kantone auch Unterschiede: So sind Polizeiangehörige mit täglichen und regelmässigen Kundenkontakten stärker gefordert, auf ständig wechselnde Situationen sowie unterschiedliche Bedürfnisse und Kulturen ihrer «Anspruchsgruppen» einzugehen, als Angehörige von Interventionseinheiten, die seltener direkte «Community-Policing»-Kontakte haben. Die heutige Grundausbildung in den regionalen Ausbildungszentren umfasst deshalb richtigerweise eine Basis, die den Anforderungen aller Polizeiorganisationen und den Rahmenbedingungen der Berufsprüfung gerecht werden muss. Ein «Mehr» in einem Themenbereich hat bei gleichbleibenden Stundenzahlen zwangsläufig einen Abbau in einem anderen Bereich zur Folge. Die Erfahrungen der Praxis zeigen aber auch, dass bei der Ausbildung eine Art Graben besteht zwischen der heutigen Schulung von angehenden Polizisten/-innen in den regionalen Ausbildungszentren mit den aktuellen Lehrmitteln und ihren älteren Kollegen/-innen, denen sie im Praktikum und nach Abschluss der Grundausbildung zugeteilt bzw. unterstellt werden. Letztere wurden während ihrer (damaligen) Ausbildungszeit mit teilweise anderen – heute allenfalls veralteten – Methoden und Lehrmitteln ausgebildet. Während die jüngeren Polizisten/ -innen – auf theoretischer Basis anhand der aktuellen Lehrmittel – breiter als früher in Themen der sozialen Kompetenzen und gesellschaftlichen Veränderungen geschult werden9, ist ihren älteren Kollegen/-innen zur Zeit ihrer Ausbildung keine Theorie zu diesen

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Themen vermittelt worden. Dafür haben Letztere in der Regel vielfältige praktische Erfahrung dazu, können diese aber allenfalls nicht einordnen, da ihnen das theoretische Grundwissen fehlt. Fazit Der Wandel in Gesellschaft und Polizei findet statt und ist nicht aufzuhalten. Wir alle müssen uns damit auseinandersetzen und unseren Beitrag dazu leisten. Auf der Stufe der Polizeiangehörige mit täglichen und Grundausbildung ist regelmässigen Kundenkontakten [sind] man in der polizeilichen Schulung auf stärker gefordert, auf ständig wechdem richtigen Weg. selnde Situationen sowie unterschiedDer Umgang mit liche Bedürfnisse und Kulturen ihrer theoretisch vermit- «Anspruchsgruppen» einzugehen, als telten sozialen Kom- Angehörige von Interventionseinheipetenzen kann aber ten, die seltener direkte «Communitynur in der Praxis Policing»-Kontakte haben. richtig angewendet und dann gestützt darauf auch geprüft werden. Dazu könnte nicht zuletzt auch die Umsetzung des Bildungspolitischen Gesamtkonzepts 2020 etwas beitragen; wenn nach dem ersten Ausbildungsjahr (nur) theoretisch Gelerntes abgefragt wird und erst nach dem Praxisjahr dessen Umsetzung anhand praktischer Beispiele geprüft wird, wird das erfolgreiche Bestehen der Berufsprüfung für die angehenden Polizisten/-innen einfacher zu erreichen sein. Im Bereich der Weiterbildung und Kaderausbildung für Polizisten/-innen mit einigen Jahren Berufserfahrung ist mit dem SPI-Kurs Polizei und Gesellschaft im Wandel ein erster Schritt getan. Literatur Behr, Rafael (2008), Cop Culture. Der Alltag des Gewaltmonopols, Wiesbaden: VS Verlag für Sozialwissenschaften. Pichonnaz, David (2015), «Le destin tourmenté des compétences relationnelles dans la formation policière», format magazine – Zeitschrift für Polizeiausbildung und Polizeiforschung, Nr. 5, Neuchâtel: SPI. Schweizerische Bundesverfassung vom 18. April 1999 (SR 101). Schweizerisches Polizei-Institut (2012), Menschenrechte und Berufsethik, 3. Auflage, Neuchâtel: Verlag SPI. Verein HPI Suisse ePolice, Suisse e-Police. Verfügbar unter: https://www.suisse-epolice.ch/epolice/ (Zugriff am 26.11.2018).

9 Z. B. Kapitel «Cop Culture» im SPI-Lehrmittel; Schweizerisches Polizei-Institut (2012), Menschenrechte und Berufsethik, 3. Auflage, Neuchâtel: Verlag SPI.

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POLIZEI UND GESELLSCHAFT IM WANDEL

Résumé Police et société en mutation En Suisse, la société connaît un processus de changements continus, tant au niveau politique que familial, mais aussi dans le domaine de l’évolution technologique et dans d’autres secteurs. Au quotidien, les policiers·ières sont régulièrement confronté·e·s à ces changements. Afin de pouvoir répondre à leurs missions et gérer leurs engagements, ils ou elles doivent pouvoir réagir de manière adéquate à de tels changements. Les cadres inférieur·e·s ou moyen·ne·s sont les plus directement exposé·e·s à ces problématiques

dans des organisations de police qui sont au service des citoyen·ne·s. Les policiers·ières doivent donc disposer de connaissances particulières en matière de changements sociétaux et du rôle de la police dans la société. À cet effet, ils ou elles doivent pouvoir s’appuyer sur des connaissances utiles leur permettant de prendre des décisions adéquates face à des situations concrètes afin de pouvoir assumer leurs responsabilités. Le cours ISP Police et société en mutation a pour vocation d’assumer ce rôle.

Riassunto Polizia e società in cambiamento La società svizzera è in un processo di cambiamento costante – che si tratti di politica, famiglia, progresso tecnologico o altri ambiti tematici. Nel loro lavoro quotidiano, gli agenti di polizia si ritrovano regolarmente confrontati con questi cambiamenti. Nel quadro dell’espletamento delle loro mansioni, devono poter reagire in modo adeguato alle nuove situazioni per garantire l’efficacia dei loro interventi. I membri dei quadri dirigenti di livello superiore e intermedio sono quindi esposti a un’area conflittuale

particolare all’interno della loro organizzazione. Gli agenti di polizia devono disporre delle conoscenze necessarie in merito ai cambiamenti nella società e al ruolo della polizia al suo interno. Devono di conseguenza acquisire le conoscenze che permettono loro di prendere decisioni adeguate in situazioni concrete ed essere consapevoli delle loro responsabilità. Il corso ISP Polizei und Gesellschaft im Wandel/Police et société en mutation fornisce le basi necessarie.

SPI-Kurs – Cours ISP – Corso ISP Polizei und Gesellschaft im Wandel (3.01.11.d), 6. bis 7. November 2019 Die Gesellschaft in der Schweiz unterliegt einem stetigen Veränderungsprozess, sei dies in der Politik, in der Familie, im Fortschritt der Technik oder in weiteren Themenfeldern. Polizisten/-innen sind in ihrer täglichen Arbeit regelmässig mit solchen Veränderungen konfrontiert und müssen im Rahmen ihrer Auftragserfüllung adäquat auf diese reagieren können, um Einsätze erfolgreich zu bewältigen. Die Angehörigen der unteren und mittleren Kaderstufen sind dabei einem besonderen Spannungsfeld innerhalb ihrer Dienstleistungsorganisation ausgesetzt. Polizisten/-innen müssen daher die notwendigen Kenntnisse in den Bereichen der gesellschaftlichen Veränderungen und der Rolle der Polizei in der Gesellschaft haben. Sie sollen sich entsprechendes Wissen aneignen, welches sie befähigt, in konkreten Situationen adäquate Entscheide zu fällen und ihre Verantwortung wahrzunehmen. Ziele: • Herausforderungen erkennen, welche sich durch veränderte Wertevorstellungen und gesellschaftlichen Wandel ergeben und lernen, damit umzugehen bzw. diesen Herausforderungen professionell zu begegnen. • Die Schwierigkeiten innerhalb dieses Themenbereichs erkennen und Lösungen erarbeiten. Zielgruppe: Polizisten/-innen der mittleren Kaderstufe. Anmeldung: www.edupolice.ch

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INTERKULTURELLE KOMPETENZ IN DER POLIZEIARBEIT

Interkulturelle Kompetenz in der Polizeiarbeit Erkenntnisse und Ausbildung im Ostschweizer Polizeikonkordat Roland Hemmi Stadtpolizei Chur, Kommandant Stellvertreter

Interkulturelle Kompetenz ist die Fähigkeit, mit Einzelpersonen und Gruppen anderer Kulturkreise angemessen und erfolgreich zu interagieren und einen beidseitig zufriedenstellenden Umgang miteinander zu finden. Durch die fortschreitende Globalisierung nehmen die Interaktionen zwischen Menschen aus unterschiedlichen Kulturen immer mehr zu. Dies ist insbesondere auch bei der Polizei der Fall: Schweizer Polizisten/ -innen haben in ihrem Berufsalltag immer häufiger mit Personen aus fremden Kulturen zu tun. Um diese Herausforderungen im Berufsalltag erfolgreich meistern zu können, sind interkulturelle Kompetenzen für Polizisten/-innen deshalb besonders wichtig. Aufbauend auf einer Studie an der Zürcher Hochschule für angewandte Wissenschaften (ZHAW) mit 500 Polizisten/ -innen legt der Artikel dar, was unter interkultureller Kompetenz zu verstehen ist, geht auf deren Bedeutung für die Polizeiarbeit ein und zeigt auf, was bei der Schulung im Allgemeinen zu beachten ist und wie diese konkret an der Polizeischule Ostschweiz umgesetzt wird.

Begriffsbestimmung Unter interkultureller Kompetenz wird die Fähigkeit verstanden, mit Einzelpersonen und Gruppen anderer Kulturkreise angemessen und erfolgreich zu interagieren und einen beidseitig zufriedenstellenden Umgang miteinander zu finden (Hirt, 2012). Diese Fähigkeit kann schon in jungen Jahren vorhanden sein, aber auch entwickelt und gefördert werden, was als interkulturelles Lernen bezeichnet wird. Die Basis für erfolgreiche interkulturelle Kommunikation ist emotionale Kompetenz und interkulturelle Sensibilität. Interkulturell kompetent ist eine Person, die bei der Zusammenarbeit mit Menschen aus ihr fremden Kulturen deren spezifische Konzepte der Wahrneh-

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mung sowie des Denkens, Fühlens und Handelns erfasst und begreift. Frühere Erfahrungen werden frei von Vorurteilen miteinbezogen und erweitert. Auch ist die Bereitschaft zum Dazulernen sehr ausgeprägt. Dabei geht es nicht allein um den Umgang mit der fremden, sondern auch um den Umgang mit der eigenen Kultur. Ein differenziertes Verständnis von Kulturen bezieht sich auch auf das Bewusstsein, dass die eigene eben nur eine unter vielen ist und die eigenen Normen und Werte nicht der einzig richtige Weg sind, sich mit seiner Umwelt auseinanderzusetzen. Interkulturelle Kompetenz ist demnach nicht eine Fähigkeit, sondern ein ganzes Bündel an Kompetenzen (s. Tabelle 1), die es einem ermöglichen, adäquat und flexibel auf Situationen zu reagieren, in denen die eigene mit einer anderen Kultur konfrontiert wird. Bedeutung der interkulturellen Kompetenz für die Polizeiarbeit Im Rahmen einer Forschungsarbeit an der Zürcher Hochschule für angewandte Wissenschaften (ZHAW) wurde eine Online-Umfrage zu diesem Thema durchgeführt, welche von über 500 Polizisten/-innen aus der ganzen deutschsprachigen Schweiz vollständig ausgefüllt wurde (Hirt, 2012). Mehr als die Hälfte antwortete, dass 50–70 % aller Personen, mit welchen sie beruflich regelmässig zu tun haben, aus einem anderen Kulturkreis kommen als sie selbst. 64 % der Befragten denken, dass interkulturelle Kompetenzen für ihre Arbeit als Polizist/ -in wichtig oder sogar sehr bedeutend sind. Interkulturelle Kompetenzen sind demnach unverzichtbar und finden ihre Anwendung in allerlei unterschiedlichen Situationen. Sie werden als Teil der Professionalität von Polizisten/-innen erwartet. Wissen über andere Kulturen hilft diesen, ihre Arbeit zu erledigen, schneller an benötigte Infor-

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INTERKULTURELLE KOMPETENZ IN DER POLIZEIARBEIT

Persönliche Kompetenzen

Soziale Kompetenzen

Kulturallgemeine Kompetenzen

Kulturspezifische Kompetenzen

Belastbarkeit

Differenzierte und realistische Selbstwahrnehmung und -einschätzung

Bewusstsein, dass das menschliche Denken und Handeln generell von Kultur abhängig ist

Sprachkompetenz

Unsicherheitstoleranz

Fähigkeit, verschiedene Aspekte der eigenen Persönlichkeit flexibel einzusetzen

Fähigkeit zur interkulturellen Kommunikation

Interkulturelle Vorerfahrungen

Gedankliche Flexibilität

Fähigkeit, andere Perspektiven einzunehmen

Vertrautheit mit Akkulturationsvorgängen

Spezielles Wissen zur Interpretation von Verhaltensweisen

Offenheit für Erfahrungen Tabelle 1: Kompetenzen mit interkultureller Relevanz (nach HfPolBW 2016)

mationen zu kommen und kann zu ihrer Sicherheit beitragen. Die grosse Herausforderung hierbei besteht darin, dass sie dennoch ihrer Rolle und Aufgabe als Ordnungsbehörde gerecht werden. Bei Interaktionen mit Menschen aus anderen Kulturen ist es nicht nur hilfreich, sondern mitunter auch unverzichtbar, zu verstehen, weshalb sie sich in bestimmten SituatioPolizisten/-innen tendieren nen anders verhalten als genauso zur Bildung von Vorur- Angehörige unseres Kulteilen und Stereotypen wie andere turkreises. Menschliche Menschen auch. Aufgrund ihrer Wahrnehmungs- und Tätigkeit sind sie jedoch mehr zu Verhaltensmuster sind Neutralität verpflichtet. kulturell verankert, extrem vielfältig und je nach Kultur anders. Aus der eigenen Sicht verhält sich das Gegenüber aus einer anderen Kultur oft nicht rational, nicht «normal». Umso wichtiger ist es, dass Polizisten/ -innen über ein Repertoire an interkulturellen Deutungs- und Verhaltensmustern verfügen, auf das sie in entsprechenden Interaktionen zurückgreifen können. Es geht bei der interkulturellen Kompetenz nicht darum, jede kulturelle Eigenheit eines Landes zu kennen, doch sind Kenntnisse zu den wesentlichsten Kommunikations- und Interaktionsformen eine gute Orientierungshilfe bei der täglichen Arbeit. Insbesondere, wenn im eigenen Einsatzgebiet bestimmte Nationalitäten oder ethnische Gruppen überproportional vertreten sind, ist es unabdingbar, sich mit deren Kultur auseinanderzusetzen (s. z.B. Leenen et al., 2005).1 Polizisten/-innen tendieren genauso zur Bildung von Vorurteilen und Stereotypen wie andere Menschen auch. Aufgrund ihrer Tätigkeit sind sie jedoch mehr zu Neutralität verpflichtet. Sie müssen folglich einen Weg finden, eventuell vorhandene Vorurteile

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oder Stereotype nicht handlungswirksam werden zu lassen. Dazu gibt es einige Strategien, die Polizisten/ -innen in kritischen Situationen helfen können. Grundsätzlich sind zwei Stufen polizeilichen Einschreitens zu unterscheiden: der normale Alltagskontakt und die Konfliktsituation. Beim Alltagskontakt, also in Situationen, in denen der Betroffene keine persönlichen Konsequenzen zu befürchten hat, bezieht sich die interkulturelle Kompetenz auf den normalen zwischenmenschlichen Umgang und hat zum Ziel, Missverständnisse zu vermeiden. In der Konfliktsituation hingegen müssen gegebenenfalls Massnahmen getroffen werden, die dem Willen des Betroffenen widersprechen, woraus sich verschiedene Probleme ergeben können. Eine solche Situation bedeutet Stress für alle Beteiligten und mit zunehmendem Stresslevel fallen rationale Überlegungen schwerer. So können Reaktionen, die aufgrund unterschiedlicher kultureller Hintergründe vielleicht anders als gewohnt ausfallen, von beiden Seiten schwerer eingeschätzt werden. Da die emotionale Beteiligung oft hoch ist, dominieren zudem (auf beiden Seiten) häufig Ängste und Bedrohungsgefühle. Interkulturelle Kompetenz schulen – aber wie? Stellen Sie sich vor, Sie wären ein begabter Musiker und planen, am Abend in der Altstadt mit einem Strassenkonzert ein paar Franken zu verdienen. Wie bringen Sie möglichst viele Personen dazu, Geld in Ihren Hut zu werfen? So ähnlich gestaltet sich die Ausgangslage, wenn Sie eine Schulung zur Stär-

1 Prof. Dr. Wolf Rainer Leenen war unter anderem Leiter des Forschungsschwerpunktes und der Kompetenzplattform «Migration, Interkulturelle Bildung und Organisationsentwicklung» an der FH-Köln. Heute ist er 1. Vorsitzender des Kölner Instituts für interkulturelle Kompetenz (KIIK).

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INTERKULTURELLE KOMPETENZ IN DER POLIZEIARBEIT

kung der interkulturellen Kompetenz von Polizisten/ -innen planen. Wie können Sie erwirken, dass sich am Schluss der Ausbildung möglichst viele Mitarbeitende bei interkulturellen Begegnungen möglichst kompetent verhalten? Wirkungsfaktor «Information» Eine weit verbreitete Annahme lautet, dass zusätzliches Wissen bei Menschen zu einer Verhaltensänderung führt. Wir gehen davon aus, dass Polizisten/-innen durch Informationen zu anderen Kulturen sensibilisiert werden, sich in einem entscheidenden Moment an diese Informationen erinnern und sich dadurch kulturell kompetent verhalten (beispielsweise, indem sie den Stressfaktor «Fasten» erkennen und in ihre operative Tätigkeit miteinbeziehen). Die Wirkungsforschung zeigt aber, dass reine Informationsvermittlung für eine Verhaltensänderung lediglich eine untergeordnete Rolle spielt (Leenen et al., 2005). Oft kann man im entscheidenden Moment nicht anwenden, was man in der Theorie eigentlich weiss. Wirkungsfaktor «Einstellung» Eine weitere Annahme lautet, dass Menschen ihr Verhalten ändern, wenn es gelingt, ihre Einstellung zu ändern. Im konkreten Fall würde dies bedeuten, dass interkulturell kompetente Handlungen wahrscheinlicher sind, je offener die Haltung einer Person gegenüber anderen Kulturen ist. In diesem Sinn wäre beispielsweise der Austausch zwischen der Polizei und Kulturvereinen oder Sachverständigen anderer Religionen zu fördern. Durch direkte Begegnungen wird neben Wissen auch Verständnis und Empathie gefördert. Dadurch erhöht sich die Wahrscheinlichkeit, dass während eines Polizeieinsatzes die kulturell heiklen Faktoren als solche erkannt und berücksichtigt werden. Die Resultate der Wirkungsforschung deuten aber darauf hin, dass dieser Zusammenhang eher in umgekehrter Richtung verläuft. Mit solchen Massnahmen werden am ehesten Personen erreicht, die schon sensibilisiert sind und aus früheren Erfahrungen bereits eine offene Grundhaltung gegenüber anderen Kulturen mitbringen (Leenen et al., 2005). Für die Planung und Gestaltung von Schulungen zu interkultureller Kompetenz bei Polizisten/-innen bedeutet dies, dass der grösste Erfolg zu erwarten ist, wenn die Wirkungsfaktoren praxisbezogen kombiniert werden. Konkret werden dazu kulturell sensible Situationen aus dem Polizeialltag identifiziert und

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den Lernenden in der Ausbildung ein kompetentes Verhalten demonstriert. Nach Möglichkeit lässt man sie dies anhand von Simulationen oder praktischen Beispielen auch selbst erleben. Der Einsatz von Demonstrationsvideos kann deshalb ein wirksames Schulungsmedium sein. Es erübrigt sich auch der Anspruch, dass sämtliche Mitarbeitende eine entsprechende Weiterbildung durchlaufen müssen, da der sogenannte role model effect (Vorbildfunk- Der [role model effect] sorgt tion) durchaus greifen dafür, dass die Schulung von kann. Der Effekt sorgt Schlüsselpersonen aus relevanten dafür, dass die Schulung Einheiten [...] zu einer Verbreivon Schlüsselpersonen tung kompetenter Handlungen aus relevanten Einheiten beiträgt. als role models automatisch zu einer Verbreitung kompetenter Handlungen beiträgt. Einen Kernpunkt in der Ausbildung bilden sicherlich die Vorgesetzten aller Stufen (Leenen et al., 2005). Was können Sie also tun, wenn Sie heute Abend in den Strassen musizieren? Den grössten Erfolg haben Sie vermutlich, wenn Sie einen Kollegen anstellen, der ab und zu ein paar Geldstücke in Ihren Hut wirft. Es ist umso wahrscheinlicher, dass ein fremder Gast Geld aus seiner eigenen Tasche nimmt, je öfter jemand anders vor ihm demonstriert hat, dass dies ein erwünschtes Vorgehen ist (Stamm, 2017). Interkulturelle Kompetenz an der Polizeischule Ostschweiz Wenn nun also interkulturelle Kompetenzen für die Polizeiarbeit so bedeutend sind, wie steht es aktuell um diese Kompetenzen bei Schweizer Polizisten/ -innen? Die Umfrage an der ZHAW hat ergeben, dass die subjektive Wahrnehmung der Polizisten/ -innen bezüglich ihrer interkulturellen Kompetenz sich folgendermassen präsentiert: 7.9  % der Befragten halten ihre interkulturellen Kompetenzen für «schlecht» oder «sehr schlecht». 44.2 % haben geantwortet, dass sie ihre eigenen interkulturellen Kompetenzen als «neutral» einschätzen würden und weitere 47.9 % halten ihre Kompetenzen in diesem Bereich sogar für «gut» bis «sehr gut» (Hirt, 2012). Im Herbst 2006 startete die Eidgenössische Kommission gegen Rassismus (EKR) eine Initiative, um Polizeikorps und Ausbildungsstätten der Polizei dafür zu gewinnen, die Thematik «interkulturelle Konflikte und Rassismus» in ihre Grundausbildungen und Wei-

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terbildungen aufzunehmen (EKR, 2007). Die EKR verwies dabei auf die positiven Erfahrungen, welche das Schweizerische Ausbildungszentrum für Strafvollzug in einer entsprechenden Weiterbildung im Jahr 2006 in Zusammenarbeit mit dem Kompetenzzentrum für interkulturelle Konflikte (TikK) gemacht hatte. Im August 2008 wurden zu diesem Thema an der Polizeischule Ostschweiz mit den Schülern/-innen des Lehrgangs 2007/2008 Workshops durchgeführt, in deren Rahmen klar wurde, dass ein von anderen Unterrichtseinheiten isoliertes Modul «Interkulturelle Kompetenz in der Polizeiarbeit» nicht sinnvoll war. Zudem wurde die Thematik im beUm eine klare thematische stehenden Lehrplan in den Ausrichtung und Botschaft Fächern «Menschenrecht/ vermitteln und unnötige Dop- Ethik», «Community Polipelspurigkeiten vermeiden zu cing», «Häusliche Gewalt» können, war [...] eine fächer- und «Psychologie» bereits übergreifende Implementierung ansatzweise behandelt. des Themas notwendig. Um eine klare thematische Ausrichtung und Botschaft vermitteln und unnötige Doppelspurigkeiten vermeiden zu können, war jedoch eine fächerübergreifende Implementierung des Themas notwendig. Als thematische Orientierung diente dem Projektteam das Modell «Interkulturelle Kompetenz in der Polizeiarbeit» des TikK (s. Grafik 1). Diese Fachorganisation wurde als externe Begleiterin im Projektteam aufgenommen. Während des gesamten Prozesses der thematischen Aufarbeitung und Entwicklung des Unterrichtsstoffs wurde ausserdem ein

enger Kontakt zur Fachstelle für Rassismusbekämpfung des Bundes gepflegt und periodisch in einem Reporting die geplante Zielausrichtung abgeglichen. Auf der Grundlage der zuvor genannten Wirkungsfaktoren und des Modells der interkulturellen Kompetenz des TikK wurden die Lektionen an der Polizeischule Ostschweiz aufgebaut. Aktuell umfasst das Fach «Interkulturelle Kompetenz» insgesamt 18 Lektionen, welche fixer Bestandteil der Unterrichtsplanung sind. Der Unterricht wird durch zwei Polizeioffiziere des Ostschweizer Polizeikonkordats vermittelt. Beide haben bei der Konzeptentwicklung mitgearbeitet und unterrichten das Fach seit 2008. Das TikK, welches ebenfalls bei der Konzeptentwicklung mitgewirkt hat und in früheren Jahren auch selbst an der Polizeischule unterrichtete, stellt seine Organisation in einer Unterrichtseinheit persönlich vor. Im Rahmen des Unterrichts findet auch ein Besuch einer Moscheegemeinde statt. Das Fach hat im Rahmen der Berufsprüfung zu den Fächern «Community Policing», «Menschenrecht/Ethik» oder «Häusliche Gewalt» wichtige Schnittstellen. 2016 liessen sich die politischen Vorgesetzten, die Sicherheitsdirektoren/-innen der Ostschweiz sowie die Kommandanten des Ostschweizer Polizeikonkordats anlässlich des Unterrichtsbesuchs der Schulklassen bei einer Moscheegemeinde durch den Fächerchef 1:1 über die Ausbildung informieren. Mit ihrem Besuch, aber auch mit den getätigten Aussagen haben sie die Wichtigkeit dieser Ausbildungsthematik klar untermauert.

Orientierung zu: • Migration • Schweiz und Zuwanderung • Herkunftsländern • Kultur, Interkultur, Religionen, Rassismus • Gesetzlichen Grundlagen

Sozialkompetenzen: • Ich reflektiere… • Ich suche den Faden zum Gegenüber. • Ich nehme die Intimgrenze des Gegenübers wahr und überschreite sie nicht.

? Handlungskompetenzen: • Wie gehe ich mit unerwartetem Verhalten der Klientel um? • Wie kann ich meinen Auftrag wahrnehmen, wenn die Kommunikation mit der Klientel wegen sprachlicher Schwierigkeiten erschwert oder unmöglich ist?

Handlungskompetenzen: • Wie reagiere ich, wenn der Vorwurf an mich oder meine Arbeitskollegen/-innen gemacht wird, wir seien Rassisten? • Was mache ich, wenn ich in meiner Organisation Rassismus feststelle?

Grafik 1: Interkulturelle Kompetenz in der Polizeiarbeit, Modell des TikK

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Ab dem Lehrgang 2018/2019 steht dem Instruktorenteam erstmals ein neues Script/Lehrmittel zur Verfügung, welches durch die Fachlehrer und das TikK in Zusammenarbeit mit der Polizeischule Ostschweiz entwickelt wurde. Das neue Lehrmittel wurde vorgängig der Konferenz der Ostschweizer Polizeikommandanten vorgestellt. Diese haben ihre Überzeugung der Wichtigkeit dieser Ausbildung an der Polizeischule Ostschweiz mit der Auftragserteilung für die Erstellung dieses Lehrmittels klar zum Ausdruck gebracht.

Dies ist ein Meilenstein in der Ausbildung der interkulturellen Kompetenz im regionalen Ausbildungszentrum des Ostschweizer Polizeikonkordats in Amriswil. Anzumerken gilt noch, dass die Bundesfachstelle für Rassismusbekämpfung (FRB) jährlich mittels eines Berichts der Polizeischule Ostschweiz über die in der Ausbildung behandelten Themen informiert wird. Auch dies soll zur Qualitätssicherung in dieser Thematik beitragen.

Literatur Eidgenössische Kommission gegen Rassismus [EKR] (2007), Jahresbericht 2006 Eidgenössische Kommission gegen Rassismus, Bern: EKR.

ausländischen Mitbürgern und Asylbewerbern», Lerndokumentation Psychologie, Villingen-Schwenningen: HfPolBW.

Hirt, Thomas (2012), Culture Training in Law Enforcement, Bachelorarbeit, Zürich: ZHAW.

Leenen, Wolf Rainer, Harald Grosch, Andreas Gross (Hrsg.) (2005), Bausteine zur interkulturellen Qualifizierung der Polizei, Münster: Waxmann.

Hochschule für Polizei Baden-Württemberg [HfPolBW] (2016). Institut für Ausbildung und Training Biberach, «Umgang mit

Stamm Sybille (2017), Newsletter Perspektiven Migration. Verfügbar: www.markmoser.ch/newsletter/ (Zugriff am 10.01.2019).

Résumé Les compétences interculturelles dans le travail de la police Les compétences interculturelles représentent l’aptitude à interagir avec des individus et des groupes de personnes issus d’autres cultures de manière à parvenir à une entente qui soit satisfaisante pour les deux parties. La mondialisation croissante entraîne une intensification des interactions entre personnes de cultures différentes. Cela se répercute notamment sur le travail de la police. En effet, les policiers·ières suisses ont toujours plus à faire à des personnes de tous horizons culturels.

D’où l’importance pour les policiers·ières de savoir déployer des compétences interculturelles au cours de leurs missions quotidiennes. Reprenant une étude sur 500 policiers·ières menée auprès de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), l’article offre une définition des compétences interculturelles. Il se penche, par ailleurs, sur son importance pour le travail de la police, sur les aspects à observer en matière de formation et sur l’enseignement concrètement dispensé à l’École de police de Suisse orientale.

Riassunto Le competenze interculturali nel lavoro di polizia La competenza interculturale è la capacità di interagire in modo adeguato con singole persone e singoli gruppi provenienti da altre culture e di instaurare un rapporto soddisfacente tra le parti. La crescente globalizzazione favorisce l’incremento delle interazioni tra persone provenienti da diverse sfere culturali. Questo riguarda in particolare anche la polizia: nel loro lavoro quotidiano, gli agenti di polizia svizzeri interagiscono sempre di più con persone provenienti da culture straniere. Per poter superare que-

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ste sfide quotidiane, è fondamentale che gli agenti di polizia dispongano di competenze interculturali. Basandosi su uno studio svolto dalla Zürcher Hochschule für angewandte Wissenschaften (ZHAW) che ha coinvolto 500 agenti di polizia, l’articolo si propone di mostrare cosa si intende con competenza interculturale, approfondisce il significato di questo concetto per il lavoro svolto dalla polizia e illustra gli aspetti da considerare nella formazione in generale e come metterli in pratica presso la scuola di polizia della Svizzera orientale.

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SOCIOLOGIE ET POLICE : UN HÉRITAGE EN COMMUN À PRÉSERVER

Sociologie et police : un héritage en commun à préserver Mathilde Bourrier Professeure de sociologie, Université de Genève

Les réflexions issues de ce texte s’appuient sur une enquête sociologique menée à la Police cantonale de Genève, qui avait pour objectif de mieux comprendre les modalités d’application de la réforme de la police du 1er mai 2016, développée dans le cadre de la nouvelle Loi sur la police (LPol) du 9 septembre 2014 et touchant tout spécialement trois services  : la centrale d’engagement police secours, la police de proximité et la police routière. L’objet n’est pas ici de revenir sur les résultats de cette enquête, mais plutôt de réfléchir aux paramètres qui l’ont rendue possible en insistant sur le contexte dans lequel des opérations de recherche de ce type peuvent être envisagées avec les forces de police. En particulier, l’accent de cette étude porte sur deux points : premièrement, l’héritage commun partagé par les sciences sociales et la police et, deuxièmement, le cadre dans lequel cette enquête a été menée. Une conclusion sur l’éclairage qu’un tel partenariat peut produire, sans omettre de souligner les limites d’un tel point de vue, complète cet article. Il vise à rappeler combien l’héritage commun des sciences sociales et de la police est précieux et pourquoi il convient d’en prendre soin.

Introduction Les réflexions issues de ce texte s’appuient sur une enquête1 menée à la Police cantonale de Genève, qui avait pour objectif de mieux comprendre les modalités d’application de la réforme de la police du 1er mai 2016, développée dans le cadre de la nouvelle Loi sur la police (LPol) du 9 septembre 2014 et touchant tout spécialement trois services : la centrale d’engagement police secours, la police de proximité

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et la police routière. L’objet n’est pas ici de revenir sur les résultats de cette enquête, mais plutôt de réfléchir aux paramètres qui l’ont rendue possible en insistant sur le contexte dans lequel des opérations de recherche de ce type peuvent être envisagées avec les forces de police. Comme souvent en sociologie des organisations, l’enquête est le fruit d’un intérêt partagé entre sociologues et mandants. Les organisations et les institutions ouvrent leurs portes à la recherche d’un éclairage externe, susceptible de poser ou de travailler différemment un certain nombre de questions. Les réformes organisationnelles font partie des objets de prédilection de cette branche de la sociologie. L’étude s’inscrivait dans une perspective de management du changement. L’angle sociologique choisi visait à identifier les ressorts de la collaboration opérationnelle entre les trois services issus de la gendarmerie, mais également les freins et les obstacles à cette même collaboration suite à une réorganisation d’importance. Cette dernière a, en chemin, favorisé l’émergence d’identités de services distinctes. Au moment où est lancée cette enquête, en septembre 2016, la réforme est récente et les acteurs ont encore peu de recul sur les évolutions organisationnelles impliquées par les choix structurels qui sont faits. L’enquête n’a été orientée que sur les premiers mois de mise en application et sa portée s’en trouve dès lors limitée. Dans ce texte, deux points seront notamment mis en lumière : premièrement, l’héritage commun partagé par les sciences sociales et la police et, deuxièmement, le cadre dans lequel cette enquête a

1 Bourrier, M. et Kimber, L., en coll. avec Andenmatten, C., Dufour, L., Fontaine, M., Friedli, A., & Humerose, C. (2018). La police en quête de transversalité. Chroniques de la réforme de la police genevoise de 2016, Sociograph n°36.

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été menée. Une conclusion sur l’éclairage que ce genre de partenariat peut produire, sans omettre de souligner les limites d’un tel point de vue, complète cet article. 1. Sociologie et police : étapes d’une rencontre La rencontre entre sociologie et police n’est pas nouvelle. Elle est riche d’un héritage fécond qui s’est illustré par des travaux importants. Pourtant, il faut attendre la seconde moitié du 20e siècle pour que la sociologie s’intéresse à la police. Cet intérêt tardif pour une institution aussi ancienne peut s’expliquer par des raisons différentes. Tout d’abord, la police est restée peu étudiée, historiquement, car elle est apparue longtemps comme plutôt rattachée à des activités marginales, s’occupant principalement des classes reléguées de la société, pauvres et délinquantes. Un fait qui est d’ailleurs paradoxal, puisque les sociologues vont progressivement développer un intérêt nourri vis-àvis de ces mêmes classes sociales reléguées, pauvres et marginalisées. Ensuite, la considération pour la violence d’État produite par la police a cherché à revenir sur la consubstantialité entre policier·ière et politique (Loubet del Bayle, 2016). Ainsi, les premiers travaux ont eu pour but de comprendre les pratiques policières de l’usage de la violence. Une forme de dénonciation s’est, de fait, longtemps immiscée dans les publications scientifiques des sciences sociales (Jobard & Maillard, 2015). Enfin, la police restait de surcroît une institution très fermée et peu désireuse d’ouvrir ses portes aux chercheurs·euses en sciences sociales. Au milieu du siècle dernier, un tournant durable s’est pourtant amorcé. Les premiers travaux sociologiques consacrés à la police ont été réalisés dans des contextes de crise dans lesquels cette institution était impliquée. Aux États-Unis, c’est dans les années 1950−60, avec la montée de la délinquance et de l’insécurité, que les premières études sont publiées (Jobard & Maillard, 2015). En Europe, il faudra attendre une décennie de plus pour que le même type de raisonnement émerge, avec la période de Mai 68 comme point de départ (Loubet del Bayle, 2016). Après ces premiers travaux critiques, la police est apparue comme un objet légitime de recherches. Les sociologues optent alors pour une vision davantage macrosociologique de l’institution. Néanmoins, un caractère idéologique persiste puisqu’il est question de comprendre

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le rôle que joue la police dans « l’oppression des populations pauvres » et la « perpétuation de l’ordre social » (Jobard & Maillard, 2015, p. 13). Ce n’est que dans un troisième temps que la sociologie va s’intéresser à la police pour la comprendre de l’intérieur, allant même jusqu’à produire des connaissances à son intention. Ce mouvement inverse apparaît surtout aux États-Unis, où chercheurs·euses et réformateurs·trices policiers·ières sont parfois les mêmes Les premiers travaux ont eu pour personnes (Jobard & Maillard, 2015). En par- but de comprendre les pratiques ticulier, la mise au point policières de l’usage de la violence. des concepts de police Une forme de dénonciation s’est, communautaire et de po- de fait, longtemps immiscée dans lice de proximité a consti- les publications scientifiques des tué un objet privilégié sciences sociales. de recherches pour des générations de chercheurs·euses nord-américain·e·s ou européen·ne·s. Brodeur, Skogan, Sparrow ou Monjardet (et bien d’autres…) ont été des figures de proue de ces lignes de recherches prolifiques. À leurs côtés, la sociologie est passée « d’une réflexion militante vers une réflexion scientifique » (Loubet del Bayle, 2016, p. 44). De surcroît, si les recherches ont émergé lorsque la police et la population s’éloignaient l’une de l’autre, les rapports qu’entretiennent ces deux groupes demeurent aujourd’hui au cœur des questionnements sociologiques liés à la police (Roché, 2016). Malgré le secret qui entoure les activités liées à ce corps de métier, les sociologues font l’expérience, rare et réitérée, d’être autorisé·e·s à mener leurs recherches au sein même des organisations de police. Ce point est à souligner, à une époque où d’autres institutions ne sont toujours pas prêtes à ouvrir leurs portes. La police, tout comme l’hôpital, l’école ou certains services de l’État, est régulièrement l’objet d’enquêtes sociologiques, en Suisse comme ailleurs (Bourrier, 2013), ce qui mérite d’être salué. 2. Un cadre pédagogique à construire, une rencontre à organiser Dans le cas qui nous intéresse, un mandat a permis de formaliser un cadre de travail nécessaire aux modalités concrètes du déploiement de l’enquête. Pour la réaliser, deux techniques de recueil de données ont été utilisées : premièrement, le suivi d’activités quotidiennes dans certains postes de police, états-

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majors et patrouilles, en voiture comme à pied ; et, deuxièmement, l’entretien semi-directif auprès d’un échantillon de policiers·ières. En tout, 40 observations ont pu être menées à bien, de longueur et d’intensité variables, et 100 entretiens ont été réalisés entre les mois de novembre 2016 et mars 2017. Conduite dans le cadre pédagogique de l’Atelier de recherche de la maîtrise de sociologie de l’Université de Genève, l’enquête a impliqué cinq étudiant·e·s et deux encadrantes. La nouvelle Loi sur la police (LPol) du 9 septembre 2014 – adoptée par le Grand Conseil genevois, acceptée en votation populaire en 2015, puis entrée en application le 1er mai 2016 – offre de nouvelles perspectives pour le développement des services de police du canton de Genève. Les interlocuteurs·trices expliquent, en juin 2016, qu’un remaniement conséquent de la structure même des services et des identités professionnelles est à l’œuvre. Certains deuils sont en train d’être faits par les effectifs : un corps unifié de gendarmerie n’existe plus, par exemple, même si l’appellation de « gendarme » subsiste ; un Le regroupement de toutes les badge unique « police » forces de la Police cantonale sous est en passe d’être créé. la même bannière et la volonté Cependant, le regrouped’ insuffler un même esprit, une ment de toutes les forces même culture institutionnelle de la Police cantonale et un même objectif général de sous la même bannière et service à la population prennent la volonté d’insuffler un même esprit, une même du temps à se diffuser dans culture institutionnelle et les postes et les brigades. un même objectif général de service à la population prennent du temps à se diffuser dans les postes et les brigades. Si les étatsmajors des trois services créés issus de la gendarmerie (police secours, police de proximité et police routière) sont convaincus de l’utilité d’une telle complémentarité, sur le terrain, les métiers et les appartenances d’origine restent marqués. Il se trouve que les réformes des services de police ont déjà fait l’objet de travaux conséquents en sciences sociales. Le management du changement dans une institution aussi centrale au fonctionnement des démocraties modernes (Roché, 2016) ne peut laisser les analystes indifférent·e·s. La réforme de la Police cantonale genevoise n’est donc pas un cas isolé. En Suisse, en Europe ou, plus largement, au niveau mondial, de nombreuses réformes de la

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police ont fait couler beaucoup d’encre. Des cas d’école ont ainsi pu constituer des modèles et des contre-modèles pour les cadres et décideurs·euses policiers·ières du monde entier. C’est le cas des polices montréalaise, française ou new-yorkaise (en particulier, l’introduction de la police communautaire et de proximité et la déclinaison de ses prérequis) qui ont été auscultées par nombre d’expert·e·s (Brodeur, 2003  ; Monjardet, 1996  ; Froidevaux, 2011). C’est ainsi que de nombreux travaux ont retracé les douloureuses gestations de la « police de proximité  » partout dans le monde. D’autres travaux ont aussi porté sur les efforts de spécialisation des polices du monde entier et sur les tensions que ces mêmes efforts produisaient. On a pu constater que les exigences de la mise en réseau des affaires de sécurité et les capacités relationnelles étaient devenues également communes à toutes les polices. Si les réticences existent, la tendance à la police de proximité est confirmée dans les pays d’Amérique du Nord ainsi qu’en Europe occidentale. Enfin, pour beaucoup d’expert·e·s, la police n’est pas seule responsable (au sens de « propriétaire » de la résolution publique de problématiques complexes) des actes délictueux. L’idée est bien de passer à un partage des responsabilités par la mise au travail d’un réseau d’acteurs diversifié et dense, coordonné et animé par la police. La réforme de la Police cantonale genevoise de 2016 s’inscrit donc totalement dans ce mouvement plus vaste, brièvement retracé ci-dessus. Cette nouvelle organisation de la police, dont la gestation a duré plusieurs années, fut le fruit de nombreux efforts réflexifs et prospectifs qui ont mobilisé les cadres de la police, des expert·e·s internes et externes, des représentant·e·s syndicaux·ales et des élu·e·s locaux·ales. De telles réformes ont déjà servi de toiles de fond à la rencontre entre sciences sociales et police et c’est dans ce contexte scientifique que cette recherche se construit. Mais il est très important, pour lutter contre un certain sociocentrisme, que les étudiant·e·s (en particulier en sciences sociales) aient la possibilité de découvrir le fonctionnement d’organisations et d’institutions majeures. Il s’agit d’institutions qui sont au cœur de la démocratie dans un État de droit, comme la police et la justice, ou au cœur de prestations sociales cruciales, telles que le soin, la protection

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des personnes vulnérables, la prison, ou l’école. Si le learning by doing a un sens à l’université dans les études de sciences sociales, cela passe forcément par une immersion dans des milieux, organisations et communautés différents et inconnus que l’on n’étudie pas comme des tribus lointaines, mais avec lesquelles on construit un dialogue. En d’autres termes, les affaires de police regardent éminemment les « apprenti·e·s » en sciences sociales, qui méritent leur accès, à la condition qu’ils ou elles posent sur ces domaines un regard candide (et non pas naïf). Car, au fond, les efforts d’interconnaissance doivent s’envisager dans les deux sens. Dans cette enquête, les policiers·ières les ont accueillis sur leurs lieux de travail, mais il a aussi fallu que les apprenti·e·s sociologues prennent la mesure de la réalité des situations de travail et des contraintes qui pesaient sur ces professionnel·le·s. Chacun·e croit savoir ce que fait la police. À la différence de nombreux milieux de travail, dont nous ignorons tout et dont nous avons une expérience éventuellement purement livresque ou cinématographique, il se trouve que chacun d’entre nous a eu, au moins une fois dans sa vie, affaire aux policiers·ières : le franchissement d’une ligne blanche, un excès de vitesse, des phares de voiture défectueux, un cambriolage, une bagarre qui dégénère, etc. De surcroît, nous sommes tous friands de ces séries télévisées, de ces films et de ces romans policiers, qui font le délice des jours de pluie. Les policiers font à la fois partie de notre imaginaire collectif (tout comme les soignant·e·s, par exemple) et sont inscrit·e·s dans notre quotidien. Dès lors, sociologues et étudiant·e·s de l’équipe avaient toutes et tous une expérience préalable de la police et des policiers·ières. Les sociologues, comme les ethnologues et les anthropologues, mais l’ensemble des chercheurs·euses en sciences sociales en général, doivent se méfier des a priori et des constructions préalables. Même si les clichés, les raccourcis, le sens commun servent tout un chacun à se repérer rapidement dans des situations sociales, le ou la sociologue doit, par définition, faire exactement l’inverse et questionner l’intégralité de ce qu’il ou elle voit. L’apprentissage de ce b.a.-ba doit être enseigné hors de la salle de classe. C’est une immense chance de pouvoir aller à la rencontre des policiers·ières dans leur quotidien professionnel. C’est aussi capital pour s’assurer que

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les représentations des mondes des un·e·s, celui des policiers·ières, et des autres, celui des universitaires en l’occurrence, ne soient pas abstraites et fantasmées, mais le plus possible fondées sur une expérience commune. Tenter de construire des passerelles pour que des représentations sociales soient, sinon partagées, du moins comprises dans leurs contextes, est ce que peuvent offrir ces enquêtes de terrain. Et ce, d’autant plus pour le cas qui nous occupe, aller à la rencontre des policiers·ières, c’est aussi aller à la rencontre de « spécialistes » de la société. Les policiers·ières sont aussi des spécialistes de l’urbain, de la famille, de la délinquance, de l’addiction, de la violence, de la migration, du terro- Tenter de construire des passerelles risme ou encore de la di- pour que des représentations sociales plomatie internationale. soient, sinon partagées, du moins Cependant, ils ou elles comprises dans leurs contextes, est ne se revendiquent pas, à ce que peuvent offrir ces enquêtes l’instar des sociologues, de terrain. comme des analystes de la société. Ils ou elles protègent leur monde privé (Pruvost, 2007 ; Monjardet, 2005). On oserait parler d’une forme de déniaisement sociologique salutaire en ce qui concerne cette enquête. Peneff (2009), ardent défenseur du recours à l’observation dans la connaissance des mondes sociaux, constate que « la conscience de l’étroitesse de notre connaissance produit un sens pratique, début d’une prise de distance élémentaire. Quand elle s’affaiblit, les effets négatifs apparaissent sous la forme de la perte du réalisme des professionnels (ignorance de la finalité de leurs actes), que ce soit dans le travail social, dans la justice, dans la médecine, dans le journalisme ou dans les métiers de plus en plus isolés et bureaucratisés. La segmentation des savoirs, la fragmentation du monde du travail en cellules autonomes freinent l’observation des cellules voisines. Le sociologue cherche à traverser ces murs, mais il se heurte aux mêmes barrières que le quidam, que ce soit le repli des questionnés face aux enquêteurs, le rétrécissement général des expériences sociales ou bien le manque d’occasions de rencontres physiques ou intellectuelles entre classes sociales » (p. 162−163). Les auteur·e·s de cette étude pourraient sans doute reprendre à leur compte ces remarques et se sentent en phase avec ce projet d’interconnaissance des mondes sociaux.

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Conclusion : un éclairage à partager In fine, l’équipe a porté un regard outillé par la sociologie des organisations, en s’intéressant tout naturellement aux occasions de collaboration, aux outils de coordination mis en place et à la coopération naturelle, formelle comme informelle, entre services, brigades et dans les postes de police. Dans la mesure où le thème choisi portait sur la transversalité entre les services de police, c’est naturellement que ces thèmes ont fait l’objet de toute son attention. Les difficultés structurelles ne sont pas inhérentes aux services de police. Elles sont liées à la spécialisation des métiers Les difficultés structurelles ne sont d’intervention. Au dépas inhérentes aux services de police. cours de cette réforme Elles sont liées à la spécialisation des sont mis en lumière métiers d’ intervention. les enjeux actuels du métier de policier·ière. Ainsi, on a pu conclure que la transversalité ne se décrète pas. Elle doit entrer en résonnance avec les besoins du métier, et les besoins de sécurité et de protection des citoyen·ne·s genevois·es. La création de trois services a amené un gros travail de réflexion sur les missions d’une police moderne.

Bibliographie Bourrier, M. et Kimber, L., en coll. avec Andenmatten, C., Dufour, L., Fontaine, M., Friedli, A., & Humerose, C. (2018). La police en quête de transversalité. Chroniques de la réforme de la police genevoise de 2016, Sociograph n° 36.

Loubet del Bayle, J.-L. (2016), Sociologie de la police, Paris : L’Harmattan.

Bourrier, M. (2017). « Conditions d’accès et production de connaissances organisationnelles ». Revue d’anthropologie des connaissances, 11(4), pp. 521–547.

Monjardet, D. (2005). « Gibier de recherche, la police et le projet de connaître ». Criminologie, pp. 13–37.

Bourrier, M. (2013). « Embarquements ». Revue de Socioanthropologie, n° 27, pp. 12–24. Brodeur, J.-P. (2003), Les visages de la police. Montréal : Presses universitaires de Montréal. Froidevaux, D. (2011), « La police de proximité à la croisée des chemins ». Format magazine – Revue de formation et de recherche policières, n° 2, pp. 11–14. Jobard, F. & Maillard, J. (2015), Sociologie de la police. Politiques, organisations et réformes, Paris : Armand Colin.

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Les promesses de rationalisation du service rendu, d’un fonctionnement plus efficace et d’un développement des compétences de chacun·e habitent la réforme. Mais, ce faisant, le diagnostic posé a mis en lumière que la réforme avait touché à trois points cruciaux : l’identité du policier ou de la policière, l’équité entre les policiers·ières et la doxa professionnelle. Cet éclairage aurait pu conduire à davantage de co-construction du diagnostic, néanmoins, il a constitué un premier pas prometteur. En particulier, il a conforté les auteur·e·s dans l’idée que ces collaborations entre police et sciences sociales étaient de nature à faire tomber des barrières entre professions, milieux et organisations de travail, de manière à favoriser l’émergence de solutions sociétales davantage partagées, car mieux contextualisées. Un constat qui, bien sûr, dépasse les organisations policières et s’applique à toutes les organisations qui peuplent notre quotidien (Bourrier, 2017). Cette « société d’organisations », décrite par Perrow (1991) mérite d’être analysée avec des regards croisés, sans cesse renouvelés.

Monjardet, D. (1996), Ce que fait la police. Sociologie de la force publique, Paris : La Découverte.

Peneff, J. (2009). Le goût de l’observation. Comprendre et pratiquer l’observation participante en sciences sociales. Paris, La Découverte. Perrow, C. (1991). « A society of organizations. » Theory and society, 20(6), pp. 725–762. Pruvost, G. (2007). Enquêter sur les policiers. Entre devoir de réserve, héroïsation et accès au monde privé (n° 48, pp. 131–148). Ministère de la culture/Maison des sciences de l’homme. Roché, S. (2016), De la police en démocratie, Paris, Grasset.

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SOCIOLOGIE ET POLICE : UN HÉRITAGE EN COMMUN À PRÉSERVER

Zusammenfassung Soziologie und Polizei: ein gemeinsames Erbe, das es zu erhalten gilt Die Überlegungen in diesem Text stützen sich auf eine soziologische Studie bei der Kantonspolizei Genf, welche zum Ziel hatte, die Umsetzungsmodalitäten der Polizeireform vom 1. Mai 2016 zu prüfen. Diese war aus dem neuen Genfer Polizeigesetz vom 9. September 2014 hervorgegangen und wirkte sich in erster Linie auf folgende drei Dienstzweige aus: Einsatzpolizei, Community Policing und Verkehrspolizei. Im vorliegenden Artikel liegt der Fokus nicht auf den Ergebnissen, sondern auf den Voraussetzungen der Studie; insbesondere geht es um den Kon-

text, der für die Durchführung derartiger Forschungsprojekte in einem Polizeikorps notwendig ist. Zwei Aspekte stehen dabei im Vordergrund: einerseits das gemeinsame Erbe der Sozialwissenschaften und der Polizei und andererseits der Forschungsrahmen, der die Studie möglich gemacht hat. Im Fazit schliesslich werden die Erkenntnisse aufgezeigt, die aus einer solchen Forschungspartnerschaft entstehen können, ohne dabei deren Grenzen zu vernachlässigen. Ziel des Artikels ist es nicht zuletzt, die Wichtigkeit des gemeinsamen Erbes der Sozialwissenschaften und der Polizei hervorzuheben und darzulegen, wieso dieses erhalten werden muss.

Riassunto Sociologia e polizia: un’eredità condivisa da preservare Le riflessioni scaturite da questo testo poggiano su uno studio sociologico svolto presso la Polizia cantonale di Ginevra con l’obiettivo di approfondire la comprensione delle modalità di applicazione della riforma della polizia del 1° maggio 2016, sviluppata nel quadro della nuova legge sulla polizia – la LPol entrata in vigore il 9 settembre 2014 – con particolare riferimento a tre servizi: la polizia di pronto intervento, la polizia di prossimità e la polizia stradale. In questa sede non si intende ripercorrere i risultati di questa ricerca, quanto piuttosto riflettere

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sui parametri che l’hanno resa possibile, insistendo sul contesto in cui si possono considerare progetti di ricerca di questo tipo in collaborazione con le forze di polizia. In particolare, vorremmo sottolineare due aspetti: innanzitutto, l’eredità che le scienze sociali e la polizia condividono; in secondo luogo, il quadro nel quale questo studio è stato svolto e infine la prospettiva che un partenariato di questo tipo può aprire, senza dimenticare di sottolineare i limiti di un simile punto di vista. L’argomento vuole ricordare che l’eredità condivisa da scienze sociali e polizia è preziosa e vale la pena preservarla.

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ASPECT® – VERHALTENSERKENNUNG

ASPECT® – Verhaltenserkennung Analysing Suspicious Persons and Cognitive Training

Franz Bättig Chef Regionalpolizei, Kantonspolizei Zürich

ASPECT® hilft der Polizei an der Front, Straftäter/ -innen und verdächtige Situationen einfacher zu erkennen. Die Teilnehmenden der SPI-Seminare werden mit Inputreferaten und Übungen sensibilisiert, damit sie verdächtiges Verhalten und verdächtige Situationen wahrnehmen können und in der Lage sind, aus ihren Beobachtungen die richtigen Schlüsse für ihr Handeln zu ziehen. Die Anwendung der Methodik ASPECT® führt dazu, dass weniger unbescholtene Personen kontrolliert werden und gleichzeitig der prozentuale Anteil an Treffern steigt. Neben der Effizienzsteigerung bei der polizeilichen Kontrolltätigkeit dürften damit auch die Beschwerden und Vorwürfe von Racial Profiling abnehmen. Beim SPISeminar werden die Themen «Wahrnehmung/ Aufmerksamkeit», «Erkennen der Baseline», «kriminalistisches Denken», «Körpersprache» sowie «Erkennen und Merken von Gesichtern» vermittelt. Inputreferate wechseln mit diversen Selbsttests ab, bei denen die Teilnehmenden ihr neu erworbenes, theoretisches Wissen gleich in die Praxis umsetzen können. Die Selbsttests lassen zudem eine persönliche Standortbestimmung zu. In einer halbtägigen Übung in der Innenstadt von Zürich wird an drei videoüberwachten Übungsplätzen das erworbene Wissen in die Praxis umgesetzt. Neben der Erkennung von Zielpersonen und verdächtigen Situationen geht es dabei für die Absolventen auch um die eigene (auffällige) Körpersprache, die kritisch hinterfragt und den Teilnehmenden mit Filmaufnahmen vor Augen geführt wird.

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Auf Flughäfen in Amerika und Israel und zunehmend auch in Europa werden seit rund 20 Jahren verschiedene Techniken der Verhaltenserkennung eingesetzt, die eine Früherkennung von Terroristen in der Vortatphase ermöglichen sollen. Die Kantonspolizei Zürich hat im Jahr 2009 – nach einem Besuch des Flughafens Ben Gurion in Tel Aviv – zusammen mit erfahrenen Spezialisten/-innen aus Fahndung und Observation und in Zusammenarbeit mit Psychologen/-innen der Universität Zürich das Projekt ASPECT® gestartet. Die Forschung zeigte, dass nicht nur Terroristen, sondern auch andere Kriminelle, unabhängig von der Art und Schwere der Straftat, während den verschiedenen Phasen der Tat durch ihr Verhalten auffallen (Frey 2014, Bättig et al. 2011, Givens 2008, Navarro & Sciann 2014, Navarro 2018). Diese Erkenntnisse konnten mit Videoaufnahmen, auf denen Täter/-innen lange Zeit vor der Tat, während der Tat und in der Nachtatphase gefilmt wurden, belegt werden. Die Analyse der Aufnahmen zeigte, dass Täter/-innen während der ganzen Zeit durch ein von der Masse abweichendes Verhalten auffallen. Diese Auffälligkeiten sind beim Einbrecher auszumachen, der durch ein Wohnquartier streift und nach einem geeigneten Objekt Ausschau hält, bei der Taschendiebin, die sich aus einer Menschenmenge heraus ein Opfer aussucht, und selbst beim Drogenhändler, der vor der Übergabe die Umgebung des Drogenhandelsplatzes nach observierenden Polizeiangehörigen oder unliebsamen Zeugen absucht. All diese Straftäter/-innen haben eines gemeinsam: Sie senden mehr oder weniger klare körpersprachliche Signale aus, welche aufmerksame Polizisten/-innen erkennen und dank kriminalistischem Denken richtig interpretieren können. Besonders gut sichtbar sind die Zeichen, welche die Täter/-innen aussenden, namentlich bei bandenmässig ausgeführten

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ASPECT® – VERHALTENSERKENNUNG

Straftaten wie Trick- oder Taschendiebstahl. In der Meinung, dies sei weniger auffällig, agieren die Bandenmitglieder untereinander nicht selten nonverbal. Zeichengabe mit Kopf und Händen fallen einem aufmerksamen Beobachter aber auch in grossen Menschenmengen leicht auf. Im dreitägigen SPI-Seminar (s. Abbildung 4) werden die Themen «Wahrnehmung/Aufmerksamkeit», «Erkennen der Baseline», «kriminalistisches Denken», «Körpersprache» sowie «Erkennen und Merken von Gesichtern» vermittelt. Inputreferate wechseln mit diversen Selbsttests ab, bei denen die Teilnehmenden ihr neu erworbenes, theoretisches Wissen gleich in die Praxis umsetzen können. Die Selbsttests lassen zudem eine persönliche Standortbestimmung zu. In einer halbtägigen Übung in der Innenstadt von Zürich wird an videoüberwachten Orten das erworbene Wissen in die Praxis umgesetzt. Neben der Erkennung von Zielpersonen und verdächtigen Situationen geht es dabei für die Teilnehmenden auch um die eigene (auffällige) Körpersprache, die ihnen mit Filmaufnahmen vor Augen geführt und kritisch hinterfragt wird. Nachfolgend werden die wichtigsten Themen der Ausbildung kurz beschreiben. Baseline Kernstück bei der Ausbildung ist das Erkennen der sogenannten Baseline. Darunter ist das Verhalten der Mehrheit von Menschen an einem bestimmten Ort zu einer bestimmten Zeit zu verstehen. Je nach Zeitpunkt und Örtlichkeit divergiert das Verhalten von Menschen erheblich. In einem Grossbahnhof morgens um 7 Uhr zur Rushhour-Zeit beispielsweise kommen Menschen in den Bahnhof, gehen zum Perron und steigen in den Zug ein. Oder der Zug kommt an, die Menschen steigen aus und gehen zum Perron, wo der Anschlusszug steht. Andere verlassen den Zug, gehen aus dem Bahnhof und steigen in ein Tram oder einen Bus. Die Menschen morgens um 7 Uhr haben einiges gemeinsam: Fast alle sind in Eile und kennen sich in der Regel im und um den Bahnhof gut aus. Sie wissen, auf welchem Perron ihr Zug steht und kennen die kürzesten Wege, weil es der tägliche Gang zur Arbeit ist. Die grosse Masse bewegt sich deshalb sehr dynamisch, was das Schritttempo und die Gehrichtung betrifft. Die Aufmerksamkeit ist aber auf jene Menschen zu richten, die sich nicht im Sog der Masse

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bewegen (s. Abbildung 1). Natürlich gibt es abgesehen von kriminellen Absichten auch viele andere Gründe, weshalb Menschen ein von der Baseline abweichendes Verhalten zeigen. In erwähnten Beispiel des Bahnhofs In der Regel genügt eine kurze kann es sein, dass eine Person auf jemanden Überwachungszeit, um zu ergrünwartet oder viel Zeit den, ob eine Person kriminelle hat, weil sie den Zug Absichten hat oder ob das von der verpasst hat oder die- Baseline abweichende Verhalten ser verspätet ist. In der redlicher Natur ist. Regel genügt eine kurze Überwachungszeit, um zu ergründen, ob eine Person kriminelle Absichten hat oder ob das von der Baseline abweichende Verhalten redlicher Natur ist. Eine gute Wahrnehmung gepaart mit der kriminalistischen Wertung des Wahrgenommenen hilft, die Baseline an jeder Örtlichkeit, ob Einkaufsstrasse, Parkanlage oder Disco, zu erkennen. Visuelle Wahrnehmung Damit die Baseline und davon abweichendes, verdächtiges Verhalten erkannt werden kann, braucht es eine umfassende Wahrnehmung. Doch Wahrnehmung ist bekanntlich von Person zu Person recht unterschiedlich (Goldstein 2014, Stevens 2002, Styles 2006). Zudem hat der technische Fortschritt dazu geführt, dass in den letzten Jahren die Frontarbeit der Polizei vor allem bei Abfragen in Fahndungssystemen massiv erleichtert und Open-Source-Abklärungen überhaupt ermöglicht wurden. Zwar möchte niemand auf die zuverlässigen Antworten in Sekundenschnelle verzichten, doch für die Wahrnehmung und Aufmerksamkeit kann die Technik zweifellos auch hinderlich sein, weil sie ablenkt. Es ist verlockend, auf Patrouillentätigkeit rasch eine E-Mail zu beantworten oder die Aktualitäten zu lesen. In dieser Zeit entgeht den Patrouillierenden jedoch, was um sie herum geschieht. Es kommt also nicht nur darauf an, was tatsächlich um einen herum geschieht, sondern welchen Geschehnissen Aufmerksamkeit geschenkt wird und was man in der Lage ist, richtig zu interpretieren. Das kriminalistische Denken, Verdacht zu schöpfen und den Verdacht zu erhärten oder auszuräumen, spielt nicht nur im Ermittlungsverfahren, sondern vor allem auch bei den polizeilichen Beobachtungen an der Front eine wichtige Rolle.

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ASPECT® – VERHALTENSERKENNUNG

Verräterische Bewegungen im Raum Verdächtige Situationen erkennen geübte Fahnder/-innen und Observanten/-innen aufgrund der Fortbewegung. Auch in grossen Menschenansammlungen lassen sich aus einer gewissen Ferne Diebe/-innen aufgrund ihres von der Masse abweichenden Verhaltens erkennen. Zu den verräterischen Bewegungen gehören:

• Sich nicht mit dem Strom bewegen • Richtungsänderungen, vor allem wenn sie unmotiviert erscheinen • Tempoänderungen: - rasches Gehen - plötzliches, scheinbar unmotiviertes Anhalten - plötzliche Tempoverschärfung oder -verlangsamung • Scheinbar unmotivierte Standortänderung • Lange stationäre «Überwachungsphasen»

Abbildung 1: Verräterische Bewegungen im Raum

Trotz abnehmender Gesamtkriminalität und Kaum ein Gewaltdelikt wird ohne Vorwarnung aus dem Stand obwohl die präventiven Anstrengungen der Poheraus begangen. Die Anzeichen lizei in diesem Bereich dafür sind Aggressionen in Form erheblich sind, verharvon Drohgebärden oder verbalen ren Gewaltdelikte seit Auseinandersetzungen. Jahren auf hohem Niveau. Wie bei anderen Straftaten wären Tätlichkeiten und Körperverletzungen im öffentlichen Raum in der Regel bereits vor der Tat erkennbar. Kaum ein Gewaltdelikt wird ohne Vorwarnung aus dem Stand heraus begangen. Die Anzeichen dafür sind Aggressionen in Form von Drohgebärden oder verbalen Auseinandersetzungen. Leider fehlen aber der Polizei häufig die personellen Ressourcen, um an Brennpunkten von Gewalt die notwendige Polizeidichte zu erreichen, damit Gewaltdelikte in der Entstehung erkannt und so verhindert werden können. Körpersprache Die Körpersprache ist von Mensch zu Mensch unterschiedlich stark ausgeprägt und kann durch unterschiedliche Faktoren wie beispielsweise Herkunft, soziale Stellung oder Bildung beeinflusst sein. Bei manchen Personen sind körpersprachli-

che Signale also ausgeprägter und damit einfacher zu erkennen als bei anderen. Dies gilt ebenso für Straftäter. Generell ist festzuhalten, dass professionelle Straftäter/-innen weniger verräterische Signale aussenden als Ersttäter/-innen, die allein durch ihre Nervosität auffallen, oder ungeübte Täter/ -innen, die ihr Handwerk noch nicht verstehen und sich bei der Tat eher linkisch verhalten. Einzeltäter/ -innen fallen in der Regel weniger auf als Mitglieder einer Bande, die vor allem bei den Absprachen, egal ob diese verbal oder nonverbal sind, auffallen (s. Abbildung 2). Als Beispiel kann eine Bande von Taschendieben herangezogen werden, die in einem Einkaufszentrum ihr Glück versucht. Zuerst trennen sich die Bandenmitglieder und suchen nach geeigneten Opfern, wobei sie ständig Sichtkontakt halten. Sobald ein Opfer gefunden ist, sprechen sie sich verbal oder nonverbal ab und heften sich vereint an dessen Fersen. Danach wird eine günstige Gelegenheit zur Tatbegehung abgewartet. Eher ungeübte Täter/ -innen kommen vor der Tat nochmals zusammen und vereinbaren die Rollenverteilung, während geübten Tätern/-innen eine kurze Zeichengabe reicht, bevor zur Tat geschritten wird. Die Rollenverteilung – wer scannt die Umgebung nach Sicherheitspersonal, wer spricht das Opfer an oder lenkt es ab, wer zieht das Portemonnaie aus der Gesässtasche und wer bringt

Verhaltensweisen bei bandemässigem Diebstahl

Vortatphase

• Täter/-innen suchen einzeln Umgebung nach Sicherheitskräften und geeigneten Opfern ab • Ist ein Opfer gefunden, kommen Bandenmitglieder zu Absprachen zusammen • Geübte Banden kommunizieren untereinander auch nonverbal • Überwachung des Opfers bis zu einer günstigen Tatgelegenheit • Suche nach Fluchtmöglichkeiten im Anschluss an den Diebstahl • Kurz vor der Tat kurzer Kontrollblick nach Sicherheitspersonal und Zeugen/-innen

Tat

• Täter/-innen fallen durch Konzentration auf – Augen sind auf Opfer und Deliktsgut gerichtet (Röhrenblick) • Einer begeht den Diebstahl, die anderen decken ab, in der Regel mit Kleidern • Diebstahlvorgang in Sekundenschnelle und oft nicht wahrnehmbar

Nachtatphase

• Die Bandenmitglieder trennen sich und verlassen den Tatort fluchtartig in verschiedene Richtungen • Auffälliger Blick zurück nach Verfolgern/-innen, Opfern und Sicherheitskräften • Treffen sich später für Beurteilung oder weitere Absprache

Abbildung 2: Verhaltensweisen bei bandenmässigem Diebstahl

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ASPECT® – VERHALTENSERKENNUNG

Verräterische Kleidung Bevor Straftäter/-innen aufgrund ihres von der Masse abweichenden Verhaltens auffallen, verraten sie sich nicht selten durch ihr Äusseres. Bei der Erkennung von Straftätern/-innen spielt deren Kleidung eine entscheidende Rolle. Zu den verräterischen Kleidungsstücken gehören:

• Kleidung passt nicht zur Person • Kleidung passt nicht zur Umgebung • Mix von verschiedenen Kleidungsstilen: Hose passt nicht zum Veston; unpassenden Krawatte • Grösse unpassend • Elegante, aber schmutzige Kleidung • Elegante, saubere Kleidung kombiniert mit verschmutzten und veralteten Schuhen

Besondere Aufmerksamkeit gilt Personen mit sogenannten Tarnkleidern:

• Sonnenbrille in Räumen oder wenn die Sonne nicht scheint • Kopfbedeckung (in die Stirn gezogen) • Hochgezogener Schal • Aufgestellter Mantelkragen • Mäntel und Jacken (Versteck von Diebesgut)

Abbildung 3: Verräterische Kleidung

das Deliktsgut aus der Gefahrenzone – ist bei professionellen Banden längst abgesprochen. Nicht selten verraten sich Straftäter/-innen auch durch ihr Äusseres, im Speziellen durch eine für den Anlass oder die Umgebung unpassende Kleidung (s. Abbildung 3). Gesichtserkennung und Fähigkeit, sich Gesichter zu merken Die Bereiche «Gesichtserkennung» und «Fähigkeit, sich Gesichter zu merken» sind recht gut erforscht (Bruce et al. 1984, Bruce & Young 1986, Bruce & Young 1998, Bruce & Young 2012). Die kognitiven Fähigkeiten in diesen Bereichen sind von Mensch zu Mensch sehr unterschiedlich. Der durchschnittliche Mensch erkennt in der Regel auch nach vielen Jahren seine ehemaligen Klassenkameraden wieder. Gemäss Studien gibt es jedoch auch Menschen mit der Fähigkeit, sich an das Gesicht von wildfremden Personen zu erinnern, die sie vor Jahren zufällig gesehen haben (Bruce & Young 1998, Valentine & Davis 2015). Bei der englischen Polizei wurde vor wenigen Jahren mit den in Sachen Gesichtserkennung talentiertesten Mitarbeitenden eine Spezialeinheit gegründet. Sie werden Super-Recognizer genannt und sind seither vor allem für die Identifizierung von Tätern auf Videoaufnahmen zuständig (Valentine & Davis 2015, Petersen & Leue 2018). Obwohl kognitive Fähigkeiten nur begrenzt verbessert werden können, kann die Fähigkeit, sich Gesichter zu merken, durch das Anwenden der richtigen Technik zumindest gesteigert werden. Besonders Mühe bereitet bekanntlich das Erkennen oder Unterscheiden von Gesichtern fremder Ethnien. So können sich Europäer/-innen einfacher Gesichter von anderen Europäern/-innen merken als beispielsweise Gesichter von Menschen aus Afrika oder Asien. In den Kur-

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sen ASPECT® wird den Teilnehmenden gezeigt, auf welche Merkmale sie in den Gesichtern verschiedener Ethnien achten müssen. Gleiches gilt, wenn ein altes Passfoto mit dem Aussehen der kontrollierten Person verglichen werden muss. Auch hier hilft der Vergleich von besonderen Merkmalen im Gesicht. Wem dient ASPECT®? Der Autor hat lange Zeit als Fahnder gearbeitet und später auch Fahndungsteams geführt. Dabei hat er festgestellt, dass es oft dieselben Mitarbeitenden waren, denen besonders gute Festnahmen gelangen. Auch beim Zoll oder beim Grenzwachtkorps (GWK) sind es immer wieder die gleichen Bei der englischen Polizei Mitarbeiter/-innen, die qualitativ und quantitativ besondere wurde vor wenigen Erfolge ausweisen können. Der Jahren mit den in Sachen Autor hat sich deshalb gefragt, Gesichtserkennung ob der Erfolg zufällig ist oder ob talentiertesten Mitarbeitenden das Bauchgefühl oder besondere eine Spezialeinheit gegründet. Fähigkeiten die Schlüssel zum Sie werden Super-Recognizer Erfolg sind. Er ist zum Schluss genannt. gekommen, dass der Zufall eine Rolle spielt, was Zeit und Örtlichkeit der Patrouillenoder Kontrolltätigkeit betrifft. Es ist entscheidend, zur richtigen Zeit am richtigen Ort zu sein. Auch die Intuition, die sich mit der Erfahrung in der Regel verbessert, gehört zu den Erfolgsfaktoren bei der Verhaltenserkennung. Letztlich sind es aber auch besondere Fähigkeiten, die sich weitgehend antrainieren lassen, welche über Erfolg oder Misserfolg entscheiden. ASPECT® soll der Polizei ermöglichen, Straftäter/ -innen und verdächtige Situationen leichter zu erkennen und effizienter zu arbeiten. Ziel der polizeilichen Patrouillen- und Kontrolltätigkeit ist nicht die Quantität, sondern die Qualität der Kontrollen, um

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ASPECT® – VERHALTENSERKENNUNG

damit den prozentualen Anteil an Treffern zu steigern. Erfahrene Polizisten/-innen benötigen nur wenige Kontrollen, um einen Treffer zu landen. Verhaltenserkennung hilft dabei, unnötige Kontrollen von unbescholtenen Bürgern/ Verhaltenserkennung hilft dabei, -innen zu minimieren. Daunnötige Kontrollen von unbe- mit begegnet die Polizei scholtenen Bürgern/-innen zu auch dem Vorwurf von Raminimieren. cial Profiling, indem selbstverständlich auch die Zahl der Kontrollen von ausländischen Staatsangehörigen – nicht aber die Trefferzahl – abnimmt. Eine Ausbildung in Verhaltenserkennung nützt nicht nur den Spezialisten/-innen in der Fahndung, in der Observation oder im Personenschutz, welche bei ihrer täglichen Arbeit neben einem ausgeprägten Personengedächtnis auch kognitive Fähigkeiten in der Wahrnehmung und der Erkennung von verdächtigem Verhalten oder verdächtigen Situationen benötigen, sondern allen an der Front tätigen Polizisten/-innen sowie Mitarbeitenden des GWK und des Zolls. Inzwischen setzen sich sogar private Sicherheitsdienstleistende und Unternehmen in sicherheitssensiblen Bereichen, in denen es um den Schutz von Personen und/oder wertvollen Gütern geht, mit dem Thema «Verhaltenserkennung» auseinander.

SPI-Seminare ASPECT® ab 2019 Aufgrund der Nachfrage werden auch 2019 zwei dreitägige Seminare angeboten. Diese eignen sich besonders für zivil arbeitende Mitarbeitende der Polizei, des GWK und des Zolls, da diese Seminare u. a. auch das Thema eigene, unauffällige Körpersprache beinhalten und das sogenannte nichtpolizeiliche Verhalten (NPV) trainiert wird. In zivil arbeitende Polizisten/-innen werden von Kriminellen, die gezielt nach Sicherheitspersonal Ausschau halten, oft erkannt. Besonders für Mitarbeitende der Fahndung und Observation, die sich aufgrund ihrer Tätigkeit über längere Zeit an denselben Orten wie die Zielpersonen aufhalten, ist es eine grosse Herausforderung, nicht als Polizeiangehörige aufzufallen. Im Training wird in einem Inputreferat die eigene Körpersprache und unauffälliges, dem Umfeld angepasstes Verhalten und Aussehen thematisiert. Danach absolvieren die Teilnehmenden während eines halben Tages einen Übungsparcours in der Innenstadt von Zürich, wo sie ihr theoretisches Wissen direkt in die Praxis umsetzen können. Gleichzeitig startet 2019 auch ein zweitägiges Seminar. Dieses eignet sich vor allem für Mitarbeitende, die in Uniform arbeiten. In diesem Seminar gibt es keine Instruktion zum Thema «NPV» und auch die praktischen Übungen fallen weg. Die anderen Kursinhalte bleiben gleich. Die Anmeldungen laufen über die Nationale Bildungsplattform Polizei (NBPP), www.edupolice.ch. Abbildung 4: SPI-Seminare ASPECT® ab 2019

Literatur Bättig, Franz, Corinna Frey und Franziska Hofer (2011), «ASPECT® – Analysing Suspicious Persons and Cognitive Training», Kriminalistik, 10/2011, Heidelberg: Kriminalistik Verlag. Bruce, Vicki, Patrick R. Green, Mark A. Georgeson (1984), Visual Perception: Physiology, Psychology & Ecology, Hove: Psychology Press. Bruce, Vicki, Andrew Young (1986), «Understanding face recognition», British Journal of Psychology, 77(1986), Oxford: Oxford University Press, S. 305−327. Bruce, Vicki, Andrew Young (1998), In the Eye oft he Beholder: Science of Face Perseption, Oxford: Oxford University Press. Bruce, Vicki, Andrew Young (2012), Face Perception, Hove: Psychology Press.

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Goldstein, Bruce E. (2014), Wahrnehmenspsychologie. Der Grundkurs, 9. Aufl., Berlin: Springer. Navarro, Joe (2008), What every body is saying. An Ex-FBI agent’s guide to speed-reading people, New York: HarperCollins. Navarro, Joe (2018), The Dictionary of Body Language, New York: HarperCollins. Navarro, Joe und Toni Sciarra Poynter (2014), Dangerous Personalities: An FBI Profiler Shows You How to Identify and Protect Yourself from Harmful People, New York: Rodale. Petersen, Lara, Anja Leue (2018), «Out of sight, but never out of mind – detecting extraordinary face recognition skills». Proceedings of the annual meeting of the European Association of Psychology and Law, June 26−29, Turku, Finland.

Frey, Corinne Ines (2014), «Who’s the criminal?». Early detection of hidden criminal intentions − influence of nonverbal behavioral cues, theoretical knowledge, and professional experience, Dissertation Universität Zürich, Zürich: UNIZH.

Stevens, John O., Die Kunst der Wahrnehmung. Übungen der Gestalttherapie, 16. Aufl., Gütersloh: Kaiser.

Givens, David (2008), Crime Signals. How to Spot a Criminal before You Become a Victim, New York: St. Martin’s Press.

Valentine, Tim, Josh P. Davis. (2015), Forensic Facial Identification, Malden MA: Wiley-Blackwell.

Styles, Elizabeth A. (2006), The psychology of attention, Hove: Psychology Press.

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ASPECT® – VERHALTENSERKENNUNG

Résumé ASPECT® : Analysing Suspicious Persons and Cognitive Training ASPECT® aide les policiers·ières de terrain à identifier plus aisément les auteur∙e∙s d’infractions et les situations suspectes. Les séminaires ISP dédiés à cette méthode de travail allient exposés et exercices pratiques. Ils permettent de sensibiliser les participant∙e∙s à l’identification des situations et comportements suspects et de les outiller adéquatement, afin qu’ils ou elles puissent tirer de leurs observations des conclusions utiles pour leur travail. L’utilisation de la méthode ASPECT® réduit le nombre de contrôles sur les personnes n’ayant rien à se reprocher, tout en accroissant le pourcentage de contrôles concluants. Au-delà du gain d’efficacité qui en découle pour la police, ce mode de travail devrait également permettre de diminuer le nombre de recours ou de reproches liés à un supposé « profilage racial ».

Le séminaire ISP est actuellement dispensé en langue allemande. Il met l’accent sur les thématiques suivantes : « travailler sa perception et son attention », « identifier la baseline », « développer un esprit de criminaliste », « étudier le langage corporel  », «  identifier des personnes  » et «  devenir physionomiste ». Les différents exposés sont entrecoupés par des autoévaluations qui permettent aux participant∙e∙s de mettre en pratique les nouvelles connaissances théoriques acquises. Ces autoévaluations leur permettent en outre de faire un bilan de compétences. Un exercice d’une demi-journée dans trois lieux d’entraînement du centre-ville de Zurich équipés d’une vidéosurveillance assure cette mise en pratique. Au-delà de l’identification des personnes ciblées et des situations suspectes, les participant∙e∙s doivent aussi étudier de manière critique leur propre langage corporel (inhabituel), notamment en analysant des images filmées.

Riassunto ASPECT®: Analysing Suspicious Persons and Cognitive Training ASPECT® aiuta gli agenti di polizia attivi sul terreno a identificare più facilmente autori d’infrazioni e situazioni sospette. I seminari ISP consacrati a questo metodo di lavoro combinano relazioni ed esercizi pratici. Essi si prefiggono l’obiettivo di sensibilizzare i partecipanti all’identificazione di situazioni e comportamenti sospetti e forniscono loro gli strumenti necessari per essere in grado di trarre dalle osservazioni le giuste conclusioni per il loro operato. L’applicazione della metodica ASPECT® permette di ridurre il numero di controlli sulle persone che non hanno nulla da segnalare, accrescendo invece la percentuale dei controlli giustificati. Oltre all’incremento dell’efficienza che ne deriva per le attività di polizia, questo strumento di lavoro dovrebbe anche permettere di diminuire il numero di ricorsi o di contestazioni legati a una presunta «profilazione razziale».

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Il seminario ISP è attualmente proposto in lingua tedesca. Pone l’accento sulle seguenti tematiche: «allenare la percezione e l’attenzione», «individuare la baseline», «sviluppare uno spirito criminalista», «studiare il linguaggio corporeo», «identificare persone» e «diventare fisionomista». Le diverse relazioni si alternano ad autovalutazioni grazie alle quali i partecipanti possono mettere in pratica le nuove conoscenze teoriche acquisite. Queste autovalutazioni consentono inoltre di fare un bilancio delle competenze. Un esercizio di mezza giornata in tre luoghi di allenamento nella città di Zurigo, equipaggiati di un sistema di videosorveglianza, assicura l’attuazione pratica. Oltre a individuare persone target e situazioni sospette, i partecipanti devono analizzare in maniera critica il loro linguaggio corporeo (inusuale), in particolare scrutando le immagini filmate.

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ENHANCING DIVERSITY IN THE POLICE WORKFORCE

Enhancing Diversity in the Police Workforce Challenges and Opportunities Kossiwa Jacqueline Tossoukpe Project Assistant, Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF)

This article focuses on workforce diversity within European police organizations. Historically, the police force has been known to be white, male, politically conservative and heterosexual, a perception which made it difficult for women, ethnic and racial minorities to consider a career in policing. With the implementation of equal opportunity legislation and changes towards multiculturalism, some police organizations aim at recruiting a more diverse force to improve their relations with the community. Studies on police diversity have shown that when the police are representative of the communities they serve, this increases public trust, legitimacy and operational effectiveness. The barriers to enhancing diversity are recruitment, selection and retention. For effective diversity management, this article recommends that police organizations modify recruitment strategies to encourage women and people with a migration background to apply and publish diversity data to facilitate monitoring. More, offer language classes to promising candidates who show minor weaknesses in the working language but bring other language skills. Further, provide police equipment, like handguns, that are adapted to female police officers hand sizes, offer tailored skill-building training to women and flexible working hours. Finally yet importantly, a zero-tolerance policy towards sexual harassment and other forms of discrimination must be implemented and an inclusive police culture that respects diversity must be established.

Introduction In order to identify the challenges and opportunities diversity management brings, we analyze different case studies from Europe and the United States and try to explain how barriers to workforce diversity in terms of gender, ethnicity and race are overcome.

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Based on the findings, a set of recommendations for police organizations seeking to enhance the diversity of their workforce is provided. Diversity in this article is defined as the inclusion of people of different gender as well as different ethnic and racial backgrounds in police organizations. 1. Why is workforce diversity important for the police? Workforce diversity can be a sensitive topic for many police organizations and yet cannot be ignored. As society changes and becomes more diverse and multicultural, the police that serve it need to evolve and adapt as well. Diversity helps the police to understand the security needs of all members of a diverse society and to respond to these needs effectively. Research confirms that when the public perceives the police as representative of the community in terms of gender, ethnic and racial diversity, the police are considered trustworthy and legitimate. Furthermore, a diverse police force is more responsive of internal and external challenges, more aware of discrimination and more open to change. All these aspects contribute to greater accountability and operational effectiveness. 2. Data and information on police workforce diversity in European countries There is no clear threshold for “diversity”. At the very least, senior police leaders need to know the demography of the communities they serve and understand how representative their organization is of the local population. In the Swiss context, for example, data provided in 2017 shows that 50.4 %1 of

1 The Swiss Federal Statistical Office. “Population.”

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ENHANCING DIVERSITY IN THE POLICE WORKFORCE

Percentage of uniformed and armed female police officers in selected European countries Country

Year

Percentage of female police officers

England and Wales

2017

29%3

Netherlands

2012

28.9%4

Sweden

2012

28.6%4

Switzerland

2008

22.5%4

France

2012

18%4

Austria

2012

14.5%4

Finland

2012

14.3%4

Italy

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14.2%4

Spain (National Police)

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12.4%4

Table 1: Percentage of uniformed and armed female police officers in selected European countries

the Swiss population are women and 37.2 %2 have a migration background, of which around one third are Swiss citizens (13.5 % in total). Although some police organizations in countries such as the UK and the Netherlands have implemented diversity policies, the level of diversity within police organizations across Europe as a whole is still low.5 According to a 2012 study, women continue to represent a small percentage of uniformed and armed police officers in Europe (Table 1): In 2006, the British Association for Women in Policing (BAWP) suggested that a target for female police officers of 35 % is both feasible and necessary in order to achieve gender diversity in police organizations.6 British Association for Women in Policing (BAWP)7 The BAWP is a national organization founded in 1987 and its work is committed to achieving gender equality in policing. They aim at raising awareness about female police officers’ concerns and providing their perspective for possible solutions. BAWP offers a network of professional contacts, mentoring programs and contributes to the development of members through professional development days. In 2001, the BAWP played an active role in developing “The Gender Agenda” which is today used by the British Government. The BAWP also collaborates with other police associations, such as the National Black Police Association, the Gay Police Association, the National Disabled Police Association, the National Transgender Police Association and the National Association of Muslim Police in order to identify and address concerns that affect women and other underrepresented police officers. Box 1: British Association for Women in Policing (BAWP)

portunity legislation and increased societal interest in gender equality fueled these advancements.8 In the context of policing, gender equality means that women and men have equal opportunities in the provision, management and oversight of the institution and that the different security needs of women, men, girls, and boys are addressed. In Switzerland, the Federal Act on Gender Equality (1995)9 fosters the integration of gender equality in organizations. Gender equality in the police workforce is imperative because women bring different talents and skills. Research on women in policing has underlined some primary valuable qualities that female police officers bring to the workforce and these are: • Female police officers bring additional knowledge in understanding and responding to the different security needs of diverse members in a community.

2 The Swiss Federal Statistical Office. “Population by Migration Status.” 3 Home Office. “Police Workforce, England and Wales, 31 March 2017.” Statistical Bulletin 10/17, 2017, p. 6. 4 Institut de Seguretat Pública de Catalunya [ISPC] (2013). “Women in Police Service in the EU. Facts and Figures 2012.” pp. 11–82. 5 Ewijk, Anne R. Van, “Diversity within Police Forces in Europe: A Case for the Comprehensive View.” Policing 6, no. 1 (2011): doi:10.1093/police/par048, p. 78. 6 Prenzler, Tim and Georgina Sinclair, “The Status of Women Police Officers: An International Review.” International Journal of Law, Crime and Justice 41, no. 2 (2013): doi: 10.1016/j.ijlcj.2012.12.001, p. 116. 7 https://www.bawp.org/.

In most European countries, women were not allowed to join the uniformed and armed police force until the 1970’s. In the 1980’s many police organizations in Europe changed their recruitment approaches to reach more women. Equal employment op-

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8 Brown, Jennifer, “Integrating women into policing: A comparative European perspective.” Policing in Central and Eastern Europe: Comparing Firsthand Knowledge with Experience from the West ed. Milan Pagon. Ljubljana, Slovenia College of Police and Security Studies (1996), pp. 629–30. 9 The Federal Council. The Portal of the Swiss Government. “Federal Act on Gender Equality.”

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• Female police officers report violent crimes against women and domestic violence cases more frequently. More, in sexual and gender-based violence (SGBV) cases, a victim might feel more comfortable speaking to a woman and having not enough female police officers available will affect police investigation. • Female police officers are less likely to use excessive force, appear less authoritarian in their approach to policing and make larger use of their interpersonal skills to defuse violent situations. These qualities improve organizational culture and increase public trust. Regarding the ethnic and racial background of police officers in Europe, there is not much information available and Studies on ethnic and racial di- countries apply their versity within police organizations own data collection in many European countries have policies. France, for shown that, as European societies instance, maintains a become more multicultural, the po- public policy model lice continue to lag behind in terms that does not collect of the representation of police officers statistics on race,10ethnicity or religion. On with a migration background. the other hand, data from the Niedersachsen Police (Germany) showed that 3.2 %11 of police officers in 2014 were members of ethnic minorities. The police of England and Wales composed of 6 % Black and Minority Ethnic (BME) police officers in 2017.12 In the Netherlands, 25 % of new police cadets in 2017 had a migration background.13 This high percentage is credited to the work of the Dutch National Expertise Centre on Diversity (LECD), an independent evaluation center founded in 2001 with the mandate to assess, monitor and support the implementation of diversity management within the Dutch police.14 Studies on ethnic and racial diversity within police organizations in many European countries have shown that, as European societies become more multicultural, the police continue to lag behind in terms of the representation of police officers with a migration background. As demands for security and public expectations placed on the police rise throughout Europe, ethnic and racial diversity within police organizations enhances their ability to tackle crime, strengthens their community relations and reduces racial bias. Research on police diversity suggests that the inclusion of police officers from

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different ethnic and racial backgrounds has some advantages, such as: • Police officers with a migration background often speak different languages and are more aware of cultural differences, which improve communication skills, intelligence-gathering capabilities and strengthen relations with the community. • The presence of an ethnically and racially diverse police force increases public trust and legitimacy, and the society perceives the police as progressive and modern. • Police officers who work alongside colleagues of a different ethnicity or race learn about different cultures, improving their intercultural competence. Recruitment policies and diversity: the case of the Niedersachsen Police In Niedersachsen, about 17.8 % of the population has a migration background. The Niedersachsen Police aims at recruiting more diverse applicants through the advertisement campaign headline: “We are looking for policemen and policewomen with a migration background”.15 Due to these changes in recruitment approaches, the Niedersachsen Police was able to increase the share of applicants with a migration background from 9 % to 17 % between 2008 and 2013.16 The Niedersachsen Police subsequently accepted 11.3 % out of the 17% ethnic minority applicants. Even though the overall percentage of police officers with a migration background is still low (3.2 %), the modified diversity management strategy has shown some success. Box 2: Recruitment policies and diversity: the case of the Niedersachsen Police

3. Challenges in advancing gender, racial and ethnic diversity in the police According to a 2016 study conducted by the U.S. Department of Justice’s Equal Employment Opportunity Commission17 and a 2018 study by the British

10 Ewijk, Anne R. Van, “Diversity within Police Forces in Europe: A Case for the Comprehensive View.” Policing 6, no. 1 (2011): doi:10.1093/police/par048, p. 78. 11 Mediendienst Integration. “Anteil der Beamten mit Migrationshintergrund in Polizei und Verfassungsschutz.” September 2014, p. 8. 12 Home Office. “Police Workforce, England and Wales, 31 March 2017”. Statistical Bulletin 10/17, 2017, p. 6. 13 European Commission. “Netherlands: Dutch Police Has Already Reached Its 2018 Diversity Goal.” European Web Site on Integration. 14 Regioplan Beleidsonderzoek. “Dutch National Expertise Centre on Diversity.” Amsterdam, 2014. 15 Polizei Niedersachsen (s.d.). Fact Sheet „Haben Sie Interesse?“. http://www.polizei-studium.de/downloads/FB_Migration.pdf. 16 Mediendienst Integration. “Anteil der Beamten mit Migrationshintergrund in Polizei und Verfassungsschutz.” September 2014, p. 8. 17 U.S. Department of Justice Equal Employment Opportunity Commission. “Advancing Diversity in Law Enforcement.” 2016, p. 17.

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National Centre for Social Research (NatCen)18, the main challenges to workforce diversity within police organizations include recruitment, selection and retention. Studies reported that European police forces have historically been majority white, male, politically conservative and heterosexual. This public perception makes it difficult to attract women as well as ethnic and racial minorities to a career as a police officer. In addition, the historical legacy of excluding women and minority applicants means that today many police organizations are struggling to increase diversity. Moreover, it was observed that police organizations tend to select male police officers over women more frequently because of biased perceptions that men can do a better job.19 Regarding ethnic and racial diversity recruitment, a study in the Norwegian Police Service (NPS) highlighted that some young citizens with a migration background who were interested in a policing career ended up not applying because they feared they were not welcomed due to their ethnic background.20 Moreover, research underlined that language proficiency requirements play a critical factor in the selection process. The Hamburg Police Academy found a way to overcome this barrier through a point system, which gives credit for speaking other languages to candidates who lack German language proficiency. This increased the changes of candidates with a migration background of being selected and has led to an increase in the numbers of Turkish Germans in the force. The academy then provides German classes to these police cadets in order to enable them to succeed in their work.21 A further study conducted in the United States pointed out that during the police application screening process, black applicants were more likely to be disqualified for making minor mistakes in their application and written examination in comparison to similar qualified, non-black applicants.22 Although this study was conducted in the United States, European police organizations need to be aware that implicit biases against black applicants may affect their selection practices. Implicit biases can also apply to gender. For example, police organizations that issue single, large-size models of handguns to all officers23 put female candidates at an unfair disadvantage, as it is harder for them to pull the trigger due to their smaller hand-size, thus undermining their chances of passing the selection test.

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Furthermore, police organizations must consider intersectional factors and understand how sexism, racism and homophobia are interlinked and these interconnected forms of discrimination lead to unequal power relations beA study in the Norwegian Police tween different members of the police workforce. Service (NPS) highlighted that For example, a study on some young citizens with a female ethnic minori- migration background who were ty police officers in the interested in a policing career Dutch Police showed ended up not applying because that female ethnic mithey feared they were not welnority police officers comed due to their ethnic backare subject to additional ground. forms of discrimination, contributing to their underrepresentation at senior levels.24 The presence of intersectional forms of discrimination was also confirmed in a study on gender and sexuality within the Berlin Police Force, where unequal treatment and discrimination towards women, ethnic minorities, lesbian or gay police officers created additional challenges for them in the workplace, thus leading to higher turnover rates.25 In addition, some studies suggest that female police officers experience higher levels of stress due to sexual harassment and gender bias26 and these

18 National Centre for Social Research (NatCen). “Enhancing Diversity in Policing.” 16.05.2018, pp. 13–23. 19 Dudek, Sonja M., “Diversity in Uniform? − Gender and Sexuality within the Berlin Police Force,” Sociological Research Online 12, no. 1 (2007): doi:10.5153/sro.1534, pp. 2–3. 20 Bjorkelo, Brita et al., “Barriers to Achieving Ethnic Diversity in the Norwegian Police Service.” Policing 9, no. 1 (2014): pp. 36–45. doi:10.1093/police/pau056, p. 38. 21 Thériault, Barbara, “The Carriers of Diversity within the Police Forces: A ‘Weberian’ Approach to Diversity in Germany,” German Politics and Society 22, no. 3 (2004): doi:10.3167/104503004782353131, p. 88. 22 Kringen, Anne and Johnathan Allen Kringen, “Identifying Barriers to Black Applicants in Police Employment Screening” Policing 9, no. 1 (2014): doi:10.1093/police/pau034, pp. 7–8. 23 Boyle, Mike, “Issue Handguns: One Size Doesn’t Fit All.” Police One. March 12, 2010.Accessed October 13, 2018. https:// www.policeone.com/police-products/firearms/handguns/articles/2018462-Issue-handguns-One-size-doesnt-fit-all/. 24 Boogaard, Brendy and Conny Roggeband, “Paradoxes of Intersectionality: Theorizing Inequality in the Dutch Police Force through Structure and Agency.” Organization 17, no. 1 (2009): doi:10.1177/1350508409350042, pp. 60–62. 25 Dudek, Sonja M., “Diversity in Uniform? − Gender and Sexuality within the Berlin Police Force,” Sociological Research Online 12, no. 1 (2007): doi:10.5153/sro.1534, p. 1. 26 Dowler, Kenneth and Bruce Arai, “Stress, Gender and Policing: The Impact of Perceived Gender Discrimination on Symptoms of Stress.” International Journal of Police Science & Management 10, no. 2 (2008): doi:10.1350/ijps.2008.10.2.81, p. 2.

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stressors impede job satisfaction and foster low retention rates for women. Other reasons why underrepresented police officers leave are dissatisfaction with organizational policies, inadequate options for childcare and lack of support from leadership.27 Lastly, police organizations that do succeed in hiring diverse police officers struggle to retain them because they tend to leave the force earlier in their careers. The main reasons are that women and police officers with a migration background often face discrimination and an unwelcoming organizational culture. To enhance workforce diversity, police organizations should eliminate discrimination when aiming at improving recruitEnforcing an inclusive police culture ment, selection and through mutual respect and equal retention. More, it is participation at all levels is more vital that diversity polmeaningful and a better contribu- icies go beyond symtor to diversity, which in the long bolic efforts. Hiring run will attract diverse applicants. quotas, for example, can be counterproductive. One reason is that “quota” police officers can experience increased performance pressure and feelings of exposure or isolation. Enforcing an inclusive police culture through mutual respect and equal participation at all levels is more meaningful and a better contributor to diversity, which in the long run will attract diverse applicants. Championing diversity in the Scottish Police28 In order to recruit a more diverse police workforce and to raise awareness about employment opportunities for ethnic minorities and other underrepresented groups, the Police of Scotland launched the “Positive Action Team” that offers support and mentoring to people from underrepresented groups who consider a career as police officers. On their website, they state that diversity is valued within their workforce and promoted under the Equality Act 2010. The Police of Scotland further included hijab as a uniform option to attract Muslim women.29 More, in 2017 they were recognized as Stonewall Diversity Champion and as one of the top 20 employers for LGBT people in the UK.30 Box 3: Championing diversity in the Scottish Police

4. Swiss Police and diversity management The Swiss Confederation calls for all organizations to meet legal requirements for non-discriminatory hiring practices.31 Some Swiss police organizations, e.g. the Zurich City Police Department, have implemented diversity management in their strategic planning.32 However, there is a lack of publicly available data, broken down by canton, on the percentage of female police officers or police of-

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ficers with a migration background in Switzerland. Accepting applicants who have a C permit or are in the process of naturalization might be a possibility for Swiss police organizations aiming to strengthen diversity. This is what police corps in the cantons of Basel Stadt, Schwyz, Geneva and Neuchâtel have done.33 The need to increase the number of female police officers has also gained importance. On average, about 22 %34 of police officers are female in Switzerland, but they continue to remain largely underrepresented in higher ranks. Policing in Switzerland is regulated by each canton independently, which explains why operational differences and contrasting attitudes towards diversity management exist. Swiss police organizations seeking to enhance workforce diversity can implement their own policies and gather and publish data on the makeup of their forces, disaggregated by gender, race and ethnic origin. This will allow for the drafting and monitoring of diversity policies and for improving recruitment strategies. 5. How can police organizations further improve diversity management? Police organizations aiming to manage diversity better and want to attract women and candidates with a migration background should develop targeted recruitment strategies. For instance, job advertisements that outline that applications from women and people with a migration background are welcomed and encouraged will attract more diverse applicants. Further, police organizations can offer language classes to promising candidates who show minor weaknesses in the working language but bring other language skills, as has been done in the Hamburg Police Academy. Concerning gender equality, it is crucial to offer tailored 27 Cooper, Christine and Samantha Ingram, “Retention of police officers: a study of resignations and transfers in ten forces.” The Research Development and Statistics Directorate. RDS Occasional Paper No 86, May 2004, pp. v–viii. 28 www.scotland.police.uk/recruitment/diversity/. 29 www.scotland.police.uk/whats-happening/news/2016/august/hijab-ratified-as-option-for-police-scotland-uniform. 30 http://www.scotland.police.uk/whats-happening/news/2017/january/police-scotland-top-twenty-of-stonewall-equality-index. 31 Eidgenössisches Personalamt. “Diversity Management.” 32 Stadt Zürich Polizeidepartement. “Diversity Management.” Strategischer Plan des Polizeidepartements 2015−2019, p. 24. 33 Thoele, Alexander, “Police Recruitment of Foreigners Divides Opinion,” SWI Swissinfo.ch, January 16, 2014. 34 Institut de Seguretat Pública de Catalunya (ISPC). “Women in Police Service in the EU. Facts and Figures 2012.”, p. 82.

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skill-building programs to women interested in leadership positions in order to enhance their career opportunities. Moreover, equipment such as handguns should be adapted for use by female police officers who have smaller hands on average. In addition, offering part-time and flexible working hours to police officers with family responsibilities increases the possibility that more women will stay in the force or that potential female candidates with children will consider a career in policing. At the same time, a zero-tolerance policy towards sexual harassment and racial discrimination, or other forms of discrimination needs to be implemented as well as robust complaint mechanisms. Another critical point is the inclusion of training modules on gender, ethnic and racial diversity, as well as intercultural competence in the police academy and police leadership programs. It can be beneficial to have internal diversity training

provided by external organizations or consultants, because they bring independent perspectives and expert knowledge. In conclusion, policing in today’s society has become more complicated for police officers and skills requirements have increased. The police are faced with the challenge of providing a better security to diverse communities and of responding to new forms of criminality in an era of increasing globalization and rapid technological progress. Therefore, new and innovative approaches to policing are necessary. If police organizations are willing to adapt to changing societies by recruiting diverse officers, they will experience significant benefits in the areas of organizational development, community relations, external representation and operational effectiveness.

Bibliography Bjorkelo, Brita, Marit Egge, Hege H. Bye and Jaishankar Ganapathy (2014). “Barriers to Achieving Ethnic Diversity in the Norwegian Police Service.” Policing 9, no. 1 (2014): pp. 36–45. doi:10.1093/police/pau056. Boogaard, Brendy and Conny Roggeband (2009). “Paradoxes of Intersectionality: Theorizing Inequality in the Dutch Police Force through Structure and Agency.” Organization 17, no. 1 (2009): pp. 53–75. doi:10.1177/1350508409350042. Boyle, Mike (2010). “Issue Handguns: One Size Doesn’t Fit All.” Police One. March 12, 2010. https://www.policeone.com/policeproducts/firearms/handguns/articles/2018462-Issue-handguns-Onesize-doesnt-fit-all/ (Accessed 13 October 2018). Brown, Jennifer (1996). “Integrating women into policing: A comparative European perspective.” Policing in Central and Eastern Europe: Comparing Firsthand Knowledge with Experience from the West, edited by Milan Pagon. Ljubljana, Slovenia College of Police and Security Studies (1996): pp. 627–33. Cooper, Christine and Samantha Ingram (2004). “Retention of police officers: a study of resignations and transfers in ten forces.” The Research Development and Statistics Directorate. RDS Occasional Paper No 86, May 2004. http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/ download?doi=10.1.1.182.1034&rep=rep1&type=pdf (Accessed 10 December 2018). Dowler, Kenneth and Bruce Arai (2008). “Stress, Gender and Policing: The Impact of Perceived Gender Discrimination on Symptoms of Stress.” International Journal of Police Science & Management 10, no. 2 (2008): pp. 123–35. doi:10.1350/ijps.2008.10.2.81. Dudek, Sonja M. (2007). “Diversity in Uniform? – Gender and Sexuality within the Berlin Police Force.” Sociological Research Online 12, no. 1 (2007): 1−11. doi:10.5153/sro.1534. Eidgenössisches Personalamt (2018). “Diversity Management.” https://www.epa.admin.ch/epa/de/home/themen/personalpolitik/ diversity-management---chancengleichheit.html (Accessed 10 December 2018). European Commission (2017). “Netherlands: Dutch Police Has Already Reached Its 2018 Diversity Goal.” https://ec.europa.eu/ migrant-integration/news/netherlands-dutch-police-has-alreadyreached-its-2018-diversity-goal (Accessed 10 December 2018). Ewijk, Anne R. Van (2011). “Diversity within Police Forces in Europe: A Case for the Comprehensive View.” Policing 6, no. 1 (2011): pp. 76–92. doi:10.1093/police/par048. Home Office [United Kingdom] (2017), “Police Workforce, England and Wales, 31 March 2017.” Statistical Bulletin 10/17, 2017.

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Zusammenfassung Chancen und Herausforderungen der Diversifizierung des Polizeipersonals Der vorliegende Artikel beschäftigt sich mit der Diversifizierung der Angestellten von Polizeiorganisationen in Europa. Historisch betrachtet waren weisse, konservative und heterosexuelle Männer in Polizeikorps stark überrepräsentiert, was dazu führte, dass Frauen oder Personen mit einem Migrationshintergrund eine Polizeikarriere selten in Betracht zogen. Seit der Umsetzung neuer gesetzlicher Bestimmungen zur Verbesserung der Chancengleichheit sowie einer grösseren interkulturellen Öffnung versuchen einige Polizeiorganisationen, mehr Frauen und ethnische Minderheiten zu rekrutieren, um den Kontakt zur Bevölkerung zu stärken. Studien zur Diversität in der Polizei kommen zu folgendem Schluss: Bildet die Polizei das demographische Profil der Gesellschaft angemessen ab, hat einerseits die Bevölkerung mehr Vertrauen in die Polizei und andererseits stärkt es deren Legitimität und erhöht ihre operative Wirksamkeit. Allerdings erschweren in den Bereichen «Rekrutierung», «Personalauswahl» und

«Personalbindung» weiterhin gewisse Barrieren die Diversifizierung. Für ein effektiveres Diversity Management empfiehlt der Artikel eine Anpassung der Rekrutierungsstrategien der Polizeikorps, mit dem Ziel, Bewerbungen von Frauen und Personen mit Migrationshintergrund zu fördern sowie Daten zur Diversität zu veröffentlichen, die ein entsprechendes Monitoring ermöglichen. Ausserdem wird vorgeschlagen, vielversprechenden Bewerbern/-innen, welche in der Hauptarbeitssprache gewisse Mängel aufweisen, aber über zusätzliche Fremdsprachenkenntnisse verfügen, während der Polizeischule gezielt Sprachunterricht anzubieten. Wichtig ist zudem, dass Einsatzmaterial wie Dienstwaffen auch für weibliches Polizeipersonal angepasst ist und dass spezifische Weiterbildungen für Polizistinnen sowie möglichst flexible Arbeitszeiten angeboten werden. Von grösster Wichtigkeit ist schlussendlich, dass Polizeikorps eine Null-Toleranz-Politik gegenüber sexueller Belästigung implementieren und eine integrierende Polizeikultur fördern, welche Diversität respektiert.

Résumé Défis et opportunités liés à la diversification des effectifs policiers L’article se concentre sur la diversité des effectifs au sein des organisations policières, au niveau européen. Historiquement, les forces de police étaient principalement constituées d’hommes blancs, conservateurs et hétérosexuels, rendant plus difficile pour les femmes ou les représentant·e·s de minorités ethniques d’envisager une carrière dans la police. Suite à la mise en place de législations destinées à offrir des opportunités égales à toutes et tous et grâce à une plus grande ouverture au pluralisme culturel, certaines organisations policières cherchent désormais à recruter un personnel plus diversifié dans l’optique de renforcer ses liens avec la société. Différentes études consacrées à la diversité dans ce milieu professionnel ont montré que lorsque la police représentait adéquatement la communauté qu’elle servait, cela contribuait à renforcer la confiance des citoyen·ne·s, mais aussi la légitimité de l’action policière et son efficacité opérationnelle. Certaines barrières à cette diversification subsistent toutefois :

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elles se situent au niveau du recrutement, de la sélection et de la fidélisation du personnel policier. Dans l’optique de promouvoir une meilleure gestion de la diversité, cet article recommande que les organisations policières modifient leurs stratégies de recrutement afin d’encourager les postulations de femmes et de personnes issues de la migration et qu’elles publient des données liées à la diversité, de manière à en favoriser le suivi. De plus, il est recommandé de proposer des cours aux candidat·e·s prometteurs·euses présentant certaines lacunes dans la langue de travail principale, mais pouvant apporter en échange d’autres compétences linguistiques. Il s’agit également de s’assurer que l’équipement policier, tel que les armes à feu, soit adapté aux policières et de proposer des formations qualifiantes dédiées aux femmes ainsi que des horaires de travail flexibles. Finalement, il est essentiel de mettre en œuvre une politique ne tolérant aucune forme de harcèlement sexuel ou de discrimination et de veiller à asseoir une culture policière inclusive et garante de la diversité.

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Riassunto Promuovere la diversità nel lavoro di polizia: sfide e opportunità L’articolo presentato tratta della diversità degli effettivi all’interno delle organizzazioni di polizia a livello europeo. Storicamente, la polizia è sempre stata considerata come costituita da uomini bianchi, di orientamento politico conservatore ed eterosessuali – una percezione che di fatto ha frenato donne e appartenenti a minoranze etniche dall’idea di una carriera nelle forze dell’ordine. Sulla scia dell’attuazione di legislazioni volte alla promozione delle pari opportunità e di aperture verso il multiculturalismo, alcune organizzazioni di polizia hanno iniziato a reclutare un personale più diversificato al fine di migliorare le relazioni con la comunità. Studi sulla diversità nella polizia hanno infatti dimostrato che quando gli agenti sono rappresentativi delle comunità in cui prestano servizio, la fiducia dei cittadini aumenta, così come la legittimazione dell’operato di polizia e la sua efficacia. La diver-

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sità incontra tuttavia delle barriere, in particolare a livello di reclutamento, selezione e fidelizzazione del personale di polizia. Per una gestione della diversità efficace, questo articolo consiglia alle organizzazioni di polizia di modificare le strategie di reclutamento al fine di incoraggiare le candidature di donne e persone con un background migratorio e di pubblicare dati sulla diversità al fine di facilitare il monitoraggio. Inoltre, è opportuno offrire corsi di lingua a candidati promettenti che mostrano lacune minori nella lingua di lavoro ma che, in compenso, apportano altre competenze linguistiche. Occorre inoltre assicurarsi che l’attrezzatura di lavoro, come le armi da fuoco, siano di dimensioni adatte al personale femminile, proporre formazioni su misura per le donne e orari di lavoro flessibili. Infine, è fondamentale attuare una politica della tolleranza zero nei confronti di molestie sessuali e di altre forme di discriminazione, oltre a instaurare una cultura di polizia inclusiva e garante della diversità.

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« PROFILAGE RACIAL » : PRISE DE CONSCIENCE, ENJEUX ET DÉFIS POUR LA POLICE

« Profilage racial » : prise de conscience, enjeux et défis pour la police Lionel Imhof Spécialiste multiculturalité, Police de Lausanne

De nombreuses commissions et organisations ont émis des rapports et recommandations sur la pratique discriminatoire du « profilage racial » dans le cadre des interventions et des contrôles de police. La question n’est plus de savoir si ce phénomène existe ou non, mais plutôt quelles direction et stratégies devraient prendre les institutions publiques touchées par les recommandations de ces commissions et organisations. De par sa fonction dans la société, la police est exposée de manière particulière. L’environnement urbain représente un défi important, dans la mesure où il regroupe une très forte densité d’habitant·e·s de provenances et origines diverses. Contrairement aux nombreux rapports publiés par les organisations engagées dans la lutte contre le racisme, il n’existe quasiment pas, en Europe, de documents issus de la police répondant concrètement à cette problématique. La mobilisation médiatique importante et le discours récurrent sur les allégations de pratiques policières discriminatoires ne devraient-ils pas inciter la police à rappeler le cadre de son travail, les bases légales qui l’encadrent et les réflexions et actions menées pour résoudre les problèmes soulevés ? La police ne devrait-elle pas démontrer à la société et aux organisations de lutte contre le racisme quelles politiques institutionnelles elle développe, quelle stratégie de travail elle mène, quelles réponses elle donne à la question du « profilage racial » ? Le présent article, basé sur un travail académique réalisé par l’auteur et sur plusieurs années de formations qu’il a dispensées, souhaite y apporter des pistes de réponses.

1 Cette question est discutée de manière détaillée dans Légal & Delouvée, 2008, p. 11.

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Voilà déjà huit ans que le « profilage racial » a fait l’objet d’un mémoire de certificat rédigé dans le cadre d’une formation continue à l’Université de Lausanne (Imhof, 2010). La thématique principale de ladite formation était la migration et son influence dans la société. Cherchant à être le plus spécifique possible dans le cadre d’une mise en perspective pour la police, le sujet du « profilage racial » s’était imposé, alors que les médias se faisaient les relais de certaines affaires impliquant la police. Les choses ont-elles changé aujourd’hui ? Un bref coup d’œil aux différentes manchettes de journaux démontre que les sujets de la discrimination, du racisme et des droits humains retiennent toujours l’attention des médias. Le « profilage racial », de quoi parle-t-on ? Les pratiques qualifiées de ‘délit de faciès’ ou de ‘profilage racial’ consistent en la recherche et/ou l’interpellation de personnes sous le seul prétexte de leur sexe, de leur race, de leur langue, de la couleur de leur peau, de leurs vêtements, de leur religion, de leur âge ou de tout autre critère. Ces pratiques relèvent de l’arbitraire et sont, par conséquent, clairement prohibées par la déontologie du corps de police. (Comité d’éthique du Corps de police de Lausanne, 2010, p. 7)

Le champ de recherche sur le sujet, très fécond, s’accorde sur le fait que la base du « profilage racial » touche à trois aspects : les stéréotypes, les préjugés et la discrimination. Il est entendu par là : « un ensemble de caractéristiques attribuées à un groupe social » (Ashmore & Del Boca, 1981 ; Zanna & Olson, 1994), « l’ensemble des croyances d’un individu relatives aux caractéristiques ou aux attributs d’un groupe » (Judd & Park, 1993) ou encore des « croyances à propos des caractéristiques ou aux attributs et comportements des membres de certains groupes » (Hilton & von Hippel, 1996)1.

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Les stéréotypes Le concept de stéréotype a réellement fait son entrée dans le champ des sciences sociales avec le journaliste américain Walter Lippmann (1922). Celui-ci considère les stéréotypes comme des « images dans nos têtes » – simplificatrices, relativement rigides et pas toujours de bonne qualité… – qui fonctionneraient comme des filtres entre la réalité objective et l’idée que l’on s’en fait. Lippmann définit plusieurs caractéristiques des stéréotypes, à savoir : • Les stéréotypes sont des idées consensuelles, c’est-à-dire socialement partagées. • Les stéréotypes sont rigides, c’est-à-dire qu’ils résistent à la preuve du contraire. • Les stéréotypes sont des généralisations excessives. Bien qu’il soit de bon ton de condamner les stéréotypes, on peut à bon droit montrer leur importance dans notre interprétation du monde, et son rôle dans les relations sociales. Stéréotyper revient à catégoriser, et la catégorisation est indispensable à la pensée. Le stéréotype est tout aussi indispensable à l’interaction que le cliché l’est à la littérature. Ainsi les stéréotypes sur un groupe nous fournissent une information que nous utilisons dans l’interaction sociale avec l’un de ses membres. […] Il arrive donc que les stéréotypes conduisent à davantage d’indulgence envers un interlocuteur. Mais ils peuvent aussi conduire au contraire à des jugements extrêmes et racistes. (Leyens et al., 1999)

Les préjugés À la différence des stéréotypes, qui ont une valeur de connaissance, les préjugés sont caractérisés par leur charge affective. En tant qu’attitudes, ils constituent un jugement de valeur simple à l’encontre d’un groupe social ou d’une personne appartenant à ce groupe. Le préjugé est ainsi fortement teinté du point de vue affectif et émotionnel. Les préjugés comportent trois dimensions : 1. une dimension motivationnelle, qui correspond à la tendance à agir d’une certaine manière à l’égard d’un groupe ; 2. une dimension affective, qui renvoie à l’attirance ou la répulsion ; 3. une dimension cognitive, qui se réfère aux croyances et aux stéréotypes à l’égard d’un groupe. Notons enfin que les préjugés présupposent obligatoirement l’existence de stéréotypes. Cependant, on peut avoir des stéréotypes qui ne se traduisent pas en préjugés (Légal & Delouvée, 2008, p. 14).

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La discrimination Quant à la discrimination, elle se définit comme un comportement négatif – et non justifiable – dirigé contre les individus membres d’un exogroupe envers lequel sont entretenus des préjugés (Dovidio et Gaertner, 1986). La discrimination correspond donc en quelque sorte à la « mise en actes » des préjugés et des stéréotypes. La discrimination se manifeste à différents degrés et sous différentes formes, allant du comportement non verbal (regard biaisé, maintien à distance, évitement), à la mise à l’écart ou à l’exclusion, en passant par les insultes, voire les atteintes physiques à la personne. Il pourra s’agir, par exemple, de refuser à un individu l’entrée dans un établissement de nuit sur la base de son origine ethnique […], de ne pas attribuer un logement sur la base de la couleur de peau, etc. (Légal & Delouvée, 2008, p. 60–61). Le terme « profilage » fait référence à une pratique dont certains services de police se servent et selon laquelle une série de Le profilage criminel et le profilage caractéristiques définies sont utilisées en de comportement sont largement vue d’appréhender acceptés et constituent des outils un individu qui aurait légaux de maintien de l’ordre [...]. commis une infraction Il en va autrement du profilage (profilage criminel) ou racial. afin d’identifier des personnes susceptibles de s’adonner à une activité criminelle (profilage du comportement). Le profilage criminel et le profilage de comportement sont largement acceptés et constituent des outils légaux de maintien de l’ordre : ils sont conçus pour permettre de répartir les ressources des forces de police de la façon la plus efficace possible. Tant que les profils utilisés par la police sont fondés sur des informations spécifiques au sujet d’un individu ou sur des facteurs qui sont objectifs et statistiquement éprouvés comme étant des indicateurs significatifs d’activité criminelle, le profilage demeure légal (Open Society Initiative, 2009a, p. 4) Il en va autrement du « profilage racial » qui ne fait pas référence à des faits objectifs incitant la police à agir. Il s’exerce envers un individu et ses caractéristiques propres, et non sur son comportement. Le « profilage racial » se distingue du profilage criminel, lequel ne prend pas pour base des stéréotypes, mais se fonde sur un comportement réel ou sur des renseignements relatifs à une présumée

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activité de la part d’une personne qui répond à un certain signalement. En d’autres termes, le profilage criminel diffère du « profilage racial », puisque le premier découle de preuves objectives d’un comportement délictueux, tandis que le second se fonde sur des présomptions stéréotypées (Commission ontarienne des droits de la personne, 2003, p. 7). La plupart des problèmes évoqués par les médias concernant le « profilage racial » sont directement liés au contrôle d’identité, ledit contrôle étant très souvent la première interaction entre la police et les citoyen·ne·s. Sachant que des milliers de contrôles d’identité sont faits annuellement en Suisse, et bien qu’une infime partie de ces contrôles débouchent sur la présomption Un seul contrôle d’ identité spon- de « profilage racial », tané où les raisons et motivations une attention particusont ambigües [...] peut s’avérer lière ne devrait-elle pas ? Un préjudiciable en termes d’ image y être accordée  seul contrôle d’identité pour la police. spontané où les raisons et motivations sont ambigües, ou du moins s’il ne répond pas à des critères objectifs minimaux, peut s’avérer préjudiciable en termes d’image pour la police. La plupart des études sur le « profilage racial » concluent leur analyse par des recommandations, notamment : • encourager la collecte de statistiques sur l’ethnicité en relation avec la pratique du contrôle d’identité ; • imposer l’obligation de critères objectifs et non subjectifs dans le cadre de contrôle d’identité ; • former la police à travailler dans le contexte d’une société plurielle, notamment sur les questions d’interculturalité ; • recruter, à compétences égales, des membres de groupes minoritaires ethniques ; • mettre en place des plateformes d’échanges et de discussions entre la police et les acteurs de la société civile ainsi que les organisations de défense des droits humains et de lutte contre le racisme. Un exemple : le projet STEPSS Sur une période de 18 mois, à partir de janvier 2007, l’Initiative pour la justice de l’Open Society Institute a engagé un travail avec les forces de police et les organisations issues de la société civile en Bulgarie, en Hongrie et en Espagne pour observer et surveiller le recours aux contrôles policiers, dans le

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cadre d’un projet soutenu par le programme AGIS de la Commission européenne, et intitulé Strategies for Effective Police Stop and Search (Stratégies pour des contrôles de police efficaces), ou STEPSS. S’appuyant sur des recherches et sur les leçons que l’on peut tirer du Royaume-Uni, le projet STEPSS a développé des outils et des processus pour évaluer et suivre les contrôles de police. Un formulaire d’attestation de contrôle, incluant des données relatives à l’appartenance ethnique de la personne contrôlée, a été mis au point et les conclusions de la recherche ont été débattues avec des comités constitués de représentant·e·s des communautés minoritaires locales. À travers ce processus, STEPSS espérait mettre en évidence le fait que des contrôles ciblant de façon disproportionnée les minorités (en d’autres termes, le profilage ethnique) peuvent très bien être réduits sans aucune conséquence négative sur le maintien de l’ordre, tout en favorisant de meilleures relations entre la police et la communauté. Le projet STEPSS visait à améliorer les relations entre la police et les communautés minoritaires en : 1. améliorant la formation de la police, l’assistance opérationnelle et juridique dont elle dispose et la supervision des contrôles d’identité, des contrôles impromptus et des fouilles ; 2. identifiant et réduisant la disproportion dans les contrôles d’identité et les fouilles ; 3. augmentant l’efficacité des contrôles de police par le biais d’une amélioration de l’encadrement et de la supervision ; 4. créant un espace de discussion et en accroissant la capacité des communautés minoritaires à prendre part à un dialogue avec la police et à définir les priorités locales pour le maintien de l’ordre ; 5. mettant au point des modèles de bonnes pratiques qui puissent être échangés avec d’autres forces de police. Le projet STEPSS a mis en œuvre, à la base, le même ensemble d’activités dans chacun des pays, non sans de nombreuses adaptations aux réalités locales  ; ces activités étaient dirigées sur place par des équipes de coordination, composées de représentant·e·s de la police, des communautés et de la société civile. Les données récoltées par le projet STEPSS démontrent clairement que, dans chacun des trois pays (Bulgarie, Hongrie et Espagne), les forces de police pratiquaient un profilage ethnique des minorités et

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des migrant·e·s. Les membres des minorités ainsi que les immigré·e·s avaient davantage de chances d’être contrôlé·e·s et, souvent, soumis·es à des fouilles. Par contre, presque sans exception, ils ou elles n’étaient pas davantage susceptibles d’être pris·es en train de commettre un délit que le groupe majoritaire. Dans certains cas, ils ou elles étaient même nettement moins susceptibles d’être surpris·es en infraction que les résident·e·s majoritaires. À travers toute la Hongrie, les membres Rom de la communauté ont trois fois plus de chances d’être contrôlé·e·s par la police que les « non-Roms » et, pourtant, le taux de flagrants délits dans chaque groupe est pratiquement identique. Les disparités dans les taux de contrôle sont d’autant plus perturbantes que la police hongroise recourt aux contrôles à une échelle massive : en moyenne (sur chacun des trois sites pilotes), la police effectuait 161 contrôles pour 1000 résident·e·s, contre une moyenne de 29 pour 1000 habitant·e·s dans les deux sites du projet STEPSS en Espagne. À Fuenlabrada, en Espagne, le nombre total de résultats positifs, ou de « succès », a été légèrement plus bas durant la période couverte par le projet, si on la compare aux six mois précédents, ce qui reflète la baisse importante du nombre de contrôles effectués par les policiers·ières. Cependant, le pourcentage de contrôles conduisant à un résultat positif (en d’autres termes, le « taux de succès ») a significativement augmenté grâce au projet. L’amélioration du taux de succès suggère que la formation et la meilleure supervision qui ont été mises en œuvre au cours du projet STEPSS ont permis de faire prendre conscience aux policiers·ières, de façon accrue, des critères sur lesquels ils ou elles s’appuyaient pour recourir aux contrôles, et de rendre plus pertinente leur sélection des personnes à contrôler. Les policiers·ières ont ainsi eu recours aux contrôles d’une façon plus efficace et en ont obtenu de meilleurs résultats, tout en réduisant dans ce processus le nombre de personnes subissant un dérangement (Open Society Justice Initiative, 2009b). Et en Suisse, quelle initiative ? La Police municipale de Lausanne, notamment au travers de son comité d’éthique, interroge ces pratiques depuis plusieurs années et se saisit de thématiques sur lesquelles elle pose un regard critique.

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C’est dans ce cadre que le 9 juin 2010, le premier avis de ce comité a été rendu public, sous le titre « Du ‘délit de faciès’ à la ‘recherche ciblée’ de personnes » (Comité d’éthique du Corps de police de Lausanne, 2010). Aujourd’hui, une nouvelle analyse est en cours et devrait compléter le document qui a valeur de référence. Comme évoqué plus haut, la formation des policiers·ières fait partie des recommandations de la plupart des études émanant des organisations de lutte contre le racisme ou de défense des droits humains. Depuis 2014, l’Institut Suisse de Police (ISP) a développé, pour la région de la Suisse romande, de Berne et du Tessin (RBT), la formation Police et société en mutation 2 durant laquelle les participant·e·s ont l’occasion d’aborder les thématiques de l’interculturalité, les incidents critiques de terrain, les L’ISP a développé […] la formaquestions juridiques tion Police et société en mutation liées à certains statuts durant laquelle les participant·e·s migratoires et au « pro- ont l’occasion d’aborder les théfilage racial ». Cette for- matiques de l’ interculturalité, mation de deux jours a les incidents critiques de terrain, été mise en place grâce les questions juridiques liées à au concours de plusieurs partenaires, dont certains statuts migratoires et au les universités de Neu- « profilage racial ». châtel et de Berne, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), la Police neuchâteloise et la Police municipale de Lausanne. Il est aujourd’hui évident que les polices suisses s’accordent à reconnaître l’importance d’être suffisamment formées et outillées pour prendre en compte la dynamique de la diversité dans les interventions de police, comme en témoignent les différentes initiatives développées en leur sein. Dans le cadre de la formation ISP, notamment à l’Académie de police de Savatan, l’OSAR, en tant que partenaire clé en matière de formation, s’emploie à favoriser et conduire les échanges dans la perspective de déconstruire les stéréotypes et les préjugés. Inclure ces thématiques dans la formation policière est essentiel. Le temps consacré est loin d’être suffisant, les questions étant parfois complexes et évolutives.

2 Cours Police et société en mutation (3.01.11.f) et Polizei und Gesellschaft im Wandel (Kursnummer 3.01.11.d). Inscriptions sur la Plateforme nationale de formation policière (www.edupolice.ch).

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Conclusion Sans pouvoir être complètement exhaustif, le tour d’horizon proposé dans cet article sur la problématique du « profilage racial » évoque la sensibilité du sujet, indépendamment du regard et de l’angle portés sur cette thématique. Les stéréotypes et les préjugés sont bien réels et il est important de déterminer leur rôle et leur influence potentielle sur des contrôles de police. Le « profilage racial » est le fruit de ces stéréotypes et préjugés, de manière consciente ou non. Ils agissent comme des filtres qui communiquent des informations partielles, nées et nourries d’une méconnaissance de l’autre ou de présupposés présents en chaque être humain. À juste titre, la formation est au cœur des mesures permettant de travailler en amont des problématiques de profilage, notamment au travers de la prévention. Celle-ci devrait comporter : 1. Une réflexion et des informations sur des sujets cibles : les droits humains, la migration, la discrimination raciale, les relations interculturelles. 2. Le développement d’une stratégie d’actions policières axée sur la proximité : une sensibilisation particulière sur les phénomènes d’une société

en mutation qui met en évidence les multiples visages de la diversité. 3. La mise en place d’actions préventives et proactives concrètes envers les citoyen·ne·s, toutes nationalités confondues : en tenant compte des sensibilités liées à l’identité, à la culture ou aux différentes ethnies. Dans la perspective d’élargir la compréhension d’un sujet sensible comme le « profilage racial », il y a lieu d’y intégrer notamment les questions de cultures propres. Jacques Chirac, ancien président français, résume bien dans la citation qui suit la richesse des interactions humaines, dans le respect desdites cultures : La première chose qui doit être condamnée, c’est ce qui consisterait à vouloir enlever à quelqu’un sa culture. Car parlà même, on ferait quelque chose d’inhumain, au sens propre du terme, et d’absurde, dans la mesure où on se priverait d’une richesse existante, de ce que cette culture peut apporter à l’ensemble national. […] Il est désespérant de voir que nous avons tous les ans, 200 à 300 langues qui disparaissent dans le monde. […] Nous voulons que chacun puisse cultiver sa propre différence, non pas pour agresser les autres, mais pour enrichir l’ensemble. (Chirac, 2003)

Bibliographie Ashmore, Ricard D. et Francis K. Del Boca (1981), « Conceptual approaches to stereotypes and stereotyping » in Hamilton, David L. (dir.), Cognitive Processes in Stereotyping and Intergroup Behavior, Hilsdale: Lawrence Erlbaum. Chirac, Jacques (2003), Rencontre – discussion de M. Jacques CHIRAC Président de la République avec des élèves du lycée PierreMendes-France (Tunis), Tunis, 5 décembre 2003. Disponible sous : http://www.jacqueschirac-asso.fr/archives-elysee. fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/dialogues_et_debats/2003/ fi001590.html (dernière consultation le 10.12.2018). Comité d’éthique du Corps de police de Lausanne (2010), Avis no. 1. Du « délit de faciès » à la « recherche ciblée » de personnes, avril 2010. Commission ontarienne des droits de la personne [OHRC] (2003), Un prix trop élevé : les coûts humains du profilage racial – rapport d’enquête, décembre 2003, Toronto : OHRC. Dovidio, John F. et Samuel L. Gaertner (1986), Prejudice, discrimination, and racism, Orlando : Academic Press. Hilton, James L. et William von Hippel (1996), „Stereotypes“, Annual Review of Psychology, Vol. 47, pp. 237–271.

Judd, Charles M. et Bernadette Park (1993), “Definition and assessment of accuracy in social stereotypes”, Psychological Review, Vol. 100, pp. 109–128. Légal, Jean-Baptiste et Sylvain Delouvée (2008), Stéréotypes, préjugés et discrimination, Malakoff : Dunod. Leyens, Jean-Philippe, Paola Maria Paladino et Stéphanie Demoulin (1999), « Peut-on vivre sans stéréotypes sur autrui? », Sciences Humaines no. 94, mai 1999. Lippmann, Walter (1922), Public Opinion, NY: Harcourt Brace Jovanovich. Open Society Justice Initiative (2009a), Le profilage ethnique dans l’Union européenne : omniprésent, inefficace et discriminatoire. Résumé et recommandations, NY : Open Society Institute. Open Society Justice Initiative (2009b), Faire face au profilage ethnique par la police. Rapport condensé sur le projet STEPSS, NY : Open Society Institute. Zanna, Mark P. et James M. Olson (eds.) (1994), The Psychology of Prejudice: The Ontario Symposium, Volume 7, Hillsdale : Erlbaum.

Imhof, Lionel (2010), Profilage racial : en avoir conscience ou non, enjeux et défis pour la police, Mémoire de certificat « Migrations et sociétés plurielles », Université de Lausanne.

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Zusammenfassung Racial Profiling: Bewusstsein, Problemstellung und Herausforderungen in der Polizei Zahlreiche Kommissionen und Organisationen haben Berichte und Empfehlungen zur diskriminierenden Praxis des Racial Profiling bei Polizeieinsätzen und Polizeikontrollen verfasst. Es stellt sich nicht mehr die Frage, ob das Phänomen existiert, sondern welche Richtung und Strategie öffentliche Institutionen verfolgen sollen, die mit den Empfehlungen dieser Organisationen und Kommissionen konfrontiert sind. Aufgrund ihres gesellschaftlichen Auftrags ist die Polizei dabei besonders exponiert. Die Arbeit im urbanen Umfeld, wo viele Menschen verschiedener Herkunft auf engem Raum zusammenkommen, stellt eine wichtige Herausforderung dar. Im Gegensatz zu den zahlreichen Berichten von AntirassismusOrganisationen ist die von Polizeiorganisationen verfasste Literatur zu dieser Problematik, zumindest

in Europa, äusserst spärlich. Sollten die häufige Mediatisierung sowie die wiederholten Anschuldigungen wegen diskriminierender Polizeipraktiken die Polizei nicht dazu veranlassen, den gesetzlichen Rahmen ihrer Arbeit im öffentlichen Diskurs zu thematisieren, aber auch, Überlegungen und Aktionen initiieren, um die hervorgehobenen Probleme zu lösen? Sollte die Polizei der Gesellschaft und den Antirassismus-Organisationen nicht zeigen, welche institutionellen Konzepte sie verfolgt, welche Strategien sie bei ihrer Tätigkeit verfolgt und welche Antworten sie findet, um der Problematik des Racial Profiling zu begegnen? Der vorliegende Artikel stützt sich auf eine wissenschaftliche Arbeit des Autors sowie auf seine mehrjährige Tätigkeit als Ausbilder in diesem Bereich und zielt darauf ab, einige dieser Fragen zu beantworten.

Riassunto «Profilazione razziale»: consapevolezza, posta in gioco e sfide per la polizia Molte commissioni e organizzazioni hanno emesso rapporti e raccomandazioni sulla pratica discriminatoria della «profilazione razziale» nel quadro degli interventi e dei controlli di polizia. La questione non è più sapere se questo fenomeno esiste o meno, ma riguarda piuttosto la direzione e le strategie che dovrebbero prendere le istituzioni pubbliche interessate dalle raccomandazioni di queste commissioni e organizzazioni. Data la sua funzione nella società, la polizia risulta particolarmente esposta. L’ambiente urbano rappresenta una sfida importante nella misura in cui raggruppa una fortissima densità di abitanti di provenienze e origini diverse. Contrariamente ai numerosi rapporti pubblicati dalle organizzazioni impegnate nella lotta contro il razzismo, in Europa

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non esiste quasi alcun documento emesso dalla polizia che risponde concretamente a questa problematica. L’importante mobilitazione mediatica e il discorso ricorrente sulle dichiarazioni di pratiche di polizia discriminatorie non dovrebbero incoraggiare la polizia a ricordarle il quadro del suo lavoro, le basi legali che la inquadrano e le riflessioni e le azioni condotte per risolvere i problemi sollevati? La polizia non dovrebbe dimostrare alla società e alle organizzazioni di lotta contro il razzismo quali politiche istituzionali sviluppa, quale strategia di lavoro conduce, quali risposte fornisce alla questione della «profilazione razziale»? Il presente articolo, basato su un lavoro accademico realizzato dall’autore e sulle formazioni dispensate nell’arco di parecchi anni, intende fornire possibili risposte.

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DÉBAT – LA POLICE DANS UNE SOCIÉTÉ PLURIELLE

Débat La police dans une société plurielle * Conseillère nationale (Parti socialiste suisse) et criminologue ** Commandant, Police cantonale bernoise *** Professeur de droit constitutionnel, Université de Neuchâtel

Rebecca Ruiz *

Stefan Blättler **

Pascal Mahon ***

Dans une société caractérisée par une pluralisation croissante, le rôle de la police est complexe. Directement confrontée à cette pluralisation, elle fait régulièrement les frais de critiques parfois virulentes (p. ex., « délit de faciès ») et doit fréquemment justifier ses actions. La formation de base et continue vise à renforcer les compétences interculturelles des policiers∙ères et à les préparer ainsi au travail dans la société plurielle. Trois personnalités issues des mondes politique, policier et académique partagent dans  magazine leurs regards sur ces thématiques pouvant s'avérer polémiques. Si leurs visions sont contrastées, elles s’accordent néanmoins sur l’enrichissement apporté par les mutations constantes de la société et sur le rôle essentiel qu’y joue la police.

magazine : La société suisse du 21e siècle connaît des mutations qui se manifestent notamment par une pluralisation culturelle croissante. Quels sont les défis et opportunités qui en découlent pour la police ? Pascal Mahon : Il faut souligner d’emblée que cette diversification et cette pluralisation culturelles croissantes touchent l’ensemble de la société et concernent aussi d’autres domaines des politiques publiques, comme les secteurs des soins (hôpitaux) ou de l’éducation (écoles, université), par exemple.

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ne brève présentation des personnes interviewées U figure à la fin du débat.

Pour la police, comme pour ces autres milieux, le défi est donc de se donner les moyens de mieux comprendre les diverses sensibilités culturelles de la population et de savoir ainsi mieux communiquer avec elle. Au-delà des mots et du langage parlé, il s’agit de connaître le bagage culturel – l’ADN culturel, pourrait-on dire – de telle ou telle personne ou de tel ou tel groupe, pour favoriser une communication plus efficace. En termes d’opportunités, ce défi doit aussi permettre à la police de s’ouvrir elle-même à la diversité culturelle, de manière à refléter plus fidèlement la diversité présente au sein de la société. Stefan Blättler : La diversité que l’on rencontre en Suisse nous offre un avantage à cet égard : nous sommes habitués à interagir avec des personnes issues de cultures différentes. Les mutations progressives qui se dessinent ne datent pas d’hier. Audelà des barrières linguistiques, les défis se situent surtout au niveau des différents systèmes de valeurs qui s’appuient d’ailleurs souvent sur des expériences personnelles. Les valeurs sont ainsi tant la source de notre comportement que le fondement de notre législation. À titre personnel, je considère cette pluralisation, qui dépasse bien évidemment le cadre culturel, comme un enrichissement. Rebecca Ruiz : Dans une société démocratique comme la nôtre, la police se doit d’être un service public, tourné vers la population, apte à s’adapter

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DÉBAT – LA POLICE DANS UNE SOCIÉTÉ PLURIELLE

aux changements sociétaux. Ce n’est qu’ainsi qu’elle peut être garante de l’impartialité qu’on attend d’elle. La police a en effet des missions de prévention, de protection et de répression. Des missions qui lui confèrent par conséquent un pouvoir important sur la population qu’elle doit traiter sans discrimination. La pluralisation culturelle de notre société, de même que les évolutions rapides en matière d’intégration d’autres minorités sont donc des données qui doivent faire partie intégrante de la formation policière (initiale comme continue), si on souhaite disposer d’une police moderne qui sache répondre à des situations complexes.

magazine :  Selon les statistiques 2017 de la justice pénale publiées par l’OFS, 59 % des adultes condamné·e·s en Suisse sont de nationalité étrangère (résident·e·s étrangers·ères : 25 %, non-résident·e·s : 34 %). Les personnes étrangères sont également surreprésentées parmi les victimes LAVI. Parallèlement, 83 % des adultes condamné·e·s, toutes nationalités confondues, sont des hommes. Que vous inspirent ces données ? Rebecca Ruiz : Les personnes qui ne possèdent pas la nationalité helvétique et qui résident de manière durable dans notre pays ne commettent pas plus de délits que les Suisse·sse·s, ce qui signifie que nos politiques d’intégration fonctionnent bien et qu’on doit continuer à les développer. La criminalité transfrontalière ou celle d’individus qui viennent ici pour commettre des délits doit être analysée régulièrement pour permettre à la police de la combattre, que ce soit en adaptant notre législation ou les outils à disposition de la police. Quant à la surreprésentation des hommes dans ces statistiques, elle est une constante universelle et invariable depuis qu’on mesure la criminalité… La littérature criminologique s’est largement penchée sur ce constat dont les causes sont nombreuses ! Stefan Blättler : Il s’agit avant tout de chiffres bruts qui ne donnent aucune indication sur d’autres facteurs tels que le statut socioéconomique ou le niveau de formation, que je considère comme plus décisifs encore. De surcroît, il faut garder à l’esprit qu’il est impossible de résoudre toutes les affaires et que le chiffre noir de la délinquance reste donc

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élevé. Il est néanmoins établi que certains groupes de population sont surreprésentés pour certains types de délits. C’est là qu’interviennent les polices : nous déployons de nombreux efforts en matière de prévention comme de répression. La société dans son ensemble a cependant elle aussi une responsabilité à cet égard. Pascal Mahon : La distinction entre étrangers·ères résident·e·s et non-résident·e·s ne m’est pas tout à fait claire : faut-il comprendre comme résident·e·s les seul·e·s titulaires d’un S’ il y a une surreprésentation permis d’établissement, et comme non-résident·e·s des personnes de nationalité tous·tes les autres, ou étrangère parmi les adultes considère-t-on comme condamné·e·s, c’est aussi parce résident·e·s toutes les per- qu’ il y a dans cette population sonnes étrangères qui ont une proportion beaucoup plus en Suisse un domicile ou forte d’ hommes âgés de 18 à un séjour légal, avec un 40 ou 50 ans que dans le reste permis de n’importe quelle de la population. sorte ? Je dirais surtout, audelà de cette question, qu’il faut faire attention avec les statistiques et qu’il convient de les manier avec prudence. Par exemple, s’il y a une surreprésentation des personnes de nationalité étrangère parmi les adultes condamné·e·s, c’est aussi parce qu’il y a dans cette population une proportion beaucoup plus forte d’hommes âgés de 18 à 40 ou 50 ans que dans le reste de la population ; or, comme les hommes sont sensiblement plus condamnés que les femmes (83 % selon les chiffres indiqués dans la question), l’explication se trouve plus liée au sexe ou au genre qu’au passeport. Comme l’a montré mon collègue, le Professeur André Kuhn, pénaliste et criminologue, chacun « sait probablement que les adultes de plus de 175 centimètres commettent davantage d’infractions pénales que ceux de moins de 175 centimètres… Il s’agit là d’une évidence criminologique et la raison est très simple : la population adulte de plus de 175 centimètres est principalement formée d’hommes, alors que les femmes sont largement surreprésentées parmi les adultes de moins de 175 centimètres. »1.

1 Kuhn André, « Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité ? » Vivre Ensemble 139, septembre 2012. Disponible sous : https://asile.ch/2012/10/06/andre-kuhncomment-sexplique-la-surrepresentation-des-etrangers-dans-lacriminalite (consulté le 22.11.2018).

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magazine :  Certains événements largement médiatisés aux États-Unis (« Black Lives Matter ») ou en France (« Affaire Théo ») peuvent ternir l’image de la police. Quels efforts sont déployés en Suisse pour contrer les pratiques discriminatoires telles que le « délit de faciès » ? Stefan Blättler : À mon sens, il est d’abord important de noter que la situation diffère très fondamentalement de celle qui prévaut par exemple aux États-Unis : notre histoire Nous sommes parfois confrontés n’est pas marquée par les à des exigences de transformation conflits intercommunauprofonde et à des récriminations taires. Malgré cela, nous qui ne s’appuient pas sur des faits sommes parfois confronvérifiables. Il est néanmoins impor- tés à des exigences de tant que nous nous penchions nous transformation profonde et à des récriminations aussi sur ces questions. qui ne s’appuient pas sur des faits vérifiables. Il est néanmoins important que nous nous penchions nous aussi sur ces questions. L’aspect central, pour moi, est la compréhension mutuelle : la compréhension de notre système légal et la compréhension des différences culturelles existantes. Les migrant·e·s doivent eux ou elles aussi être sensibilisé·e·s à ces questions. Pascal Mahon : On a commencé, dans les milieux administratifs et de la police, mais aussi dans le monde académique, il y a quelque temps à thématiser cette problématique, en Suisse également, avec peut-être un peu de retard par rapport à d’autres pays. Mais les efforts ont été accrus au cours des dernières années. J’en veux pour preuve une attention plus soutenue de la littérature juridique, mais aussi les travaux du Centre suisse de compétences pour les droits humains (CSDH), notamment du domaine thématique « Police et justice », qui portent sur ce sujet, ainsi que le fait que cette problématique du « délit de faciès » est abordée dans les formations continues, en particulier celle intitulée Police et société en mutation, que l’Institut Suisse de Police (ISP) propose, notamment en collaboration avec le CSDH. D’autres initiatives peuvent être signalées sur ce thème du profilage racial, comme celles de l’Ombudsman du canton de Zurich, le projet Dialog de la Police cantonale bernoise, les actions de la Commission fédérale contre le racisme (notamment le bulletin TANGRAM no 33) ou encore du Service

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de lutte contre le racisme du Département fédéral de l’intérieur, pour n’en citer que quelques-unes2. Ces efforts doivent sans doute être poursuivis et intensifiés. Rebecca Ruiz : Plusieurs corps de police ont en effet développé des démarches internes ou externes, en fonction des réalités de terrain rencontrées, pour éviter des dérapages. Ces initiatives me paraissent indispensables pour asseoir la crédibilité et le professionnalisme des corps de police qui se doivent d’être aussi exemplaires que possible. N’oublions pas que la police est détentrice de la force et que ce pouvoir, pour s’exercer, doit s’accompagner de son corollaire qui est, à mon sens, la proportionnalité. Il faut prendre acte de l’exigence plus grande de transparence et de justification formulée par la société, sans pour autant accepter que toute action policière puisse être discréditée par une simple accusation.

magazine : La notion de diversity management (« gestion de la diversité ») se retrouve plus souvent employée en lien avec les entreprises multinationales qu’avec les organisations policières. Comment ce concept se décline-t-il dans les corps de police suisses et quelles mesures précises préconisez-vous ? Pascal Mahon : Si elle vient des ressources humaines, la gestion de la diversité culturelle n’est pas étrangère à la police. La « discipline » a même une certaine tradition au Canada notamment. Je pense qu’il convient de développer, justement, les offres et pratiques de formations continues en matière de communication interculturelle afin de permettre à la police de se doter des outils de « gestion de la diversité » et aux policiers·ières, de tous rangs, d’être mieux à même de communiquer avec les diverses cultures présentes au sein de la population. L’offre de formation continue devrait du reste elle-même reposer sur un échange entre formateurs·trices spécialistes de la « diversité culturelle », d’un côté, et police, de l’autre : en d’autres termes, si les policiers·ières doivent pouvoir être « formé·e·s » au contact de ces 2 Département fédéral de l’intérieur, Service de lutte contre le racisme, Domaine d’activité « Police », 2018. Disponible sous : https://www. edi.admin.ch/edi/fr/home/fachstellen/slr/domaines-d_activites/ police-et-armee/police.html (consulté le 22.11.2018).

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spécialistes, ceux-ci ou celles-ci devraient aussi, de leur côté, pouvoir être « formé·e·s », par exemple à travers des stages d’immersion dans le quotidien policier, aux besoins concrets du « terrain », de manière à adapter leur formation à ces besoins. Cela permettrait sans doute aussi, à travers de tels « échanges », de valoriser le travail de la police. Je pense néanmoins que la « gestion de la diversité » passe aussi par une ouverture, institutionnelle en quelque sorte, de la police elle-même à la « diversité culturelle » : les forces de police doivent intégrer toujours plus des représentant·e·s de cette diversité culturelle, des femmes d’abord, puisqu’elles sont largement sous-représentées dans les effectifs de police, bien qu’elles forment la majorité de la population, mais aussi des représentant·e·s des minorités culturelles. Une telle ouverture doit permettre à la police de disposer d’interprètes culturel·le·s, aptes à faciliter la communication interculturelle, à traduire les messages entre la police et ses « usagers·ères », dans les deux sens : traduction des sensibilités culturelles, mais également traduction du message de la police. Il y a dans cette « ouverture » à la diversité deux aspects qui doivent être reconnus et distingués. D’un côté, la simple présence de représentant·e·s de la diversité culturelle au sein de la police peut être un moyen de donner à la population le sentiment que la police reflète la société dans toute sa multiplicité et sa diversité, et donc de renforcer son acceptation. C’est l’aspect de l’image. Mais cet aspect – le fait d’avoir quelques représentant·e·s de plus des minorités culturelles dans la police – ne suffit pas. Pour pouvoir jouer et assumer pleinement ce rôle d’interprètes culturel·le·s – qui peut être délicat pour elles – les personnes en question doivent être dûment formées dans cette perspective. Stefan Blättler : La police est au service de la population. À ce titre, il paraît logique que l’organisation et ses collaborateurs·trices reflètent la société. Il est donc important d’évaluer, et de vérifier régulièrement, si les personnes recrutées répondent aux besoins ou si les procédures de recrutement requièrent des ajustements. Rebecca Ruiz : La représentativité d’un corps de police est une nécessité. Mais elle doit, selon moi, être le fruit de son ouverture réelle sur la société par son positionnement, son discours, ses processus de

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recrutement. Au contraire, elle ne doit pas être le fruit d’une politique rivée sur des indicateurs quantitatifs, qui prend le risque d’afficher une diversité sans avoir réellement changé de culture interne.

magazine : Les femmes et les personnes issues de la migration sont de plus en plus nombreuses parmi les effectifs de police. Comment évaluez-vous cette diversification, et quel est votre avis sur le recrutement de personnes étrangères (permis d’établissement C) en tant que policiers·ières ? Rebecca Ruiz : C’est précisément le sens de ma réponse à la question précédente : lorsqu’elle est en phase avec son environnement et accessible sur tous les plans pour les citoyen·ne·s, la police reflète aussi, du point de vue des ressources humaines, la société dans laquelle elle s’inscrit. Quant au recrutement de titulaires de permis Pour différents motifs historiques C dans la police, j’y suis favorable. Pour différents [...], il y a en Suisse une propormotifs historiques (tenant tion importante de personnes tant à notre droit qu’à résidentes installées ici depuis de celui de pays d’émigra- décennies, ou nées ici [...], mais tion qui n’acceptent pas qui n’ont pas le passeport. la double nationalité), il y a en Suisse une proportion importante de personnes résidentes installées depuis de décennies, ou nées ici (et parfois de parents eux-mêmes nés ici), mais qui n’ont pas le passeport. Ils font partie de la société et s’ils souhaitent la servir en devenant policier·ière, cela doit être possible. Pascal Mahon : Cette évolution est, à mon sens, favorable ; je dirais même qu’elle doit être promue et intensifiée. L’engagement de personnes de nationalité étrangère avec permis d’établissement (permis C) ne peut qu’aider à cette meilleure « gestion de la diversité ». Mais, je le répète, il convient de soigner la formation de ces personnes si l’on veut qu’elles soient à même de jouer un rôle d’interprète culturel·le. Stefan Blättler : Je considère bien évidemment qu’il est souhaitable qu’un corps de police soit à l’image de la société dans laquelle il agit. L’essentiel, ce sont, d’une part, les valeurs qui nous unissent et, d’autre part, le respect de la législation. Il est tou-

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tefois évident qu’une personne aura davantage de facilité à interagir avec la population si sa culture lui est familière. Le dernier mot revient toutefois à notre mandant, c’est-à-dire au peuple, par l’intermédiaire de ses représentant·e·s politiques.

magazine : En 2017, 23 % des personnes inscrites à l’Examen professionnel de Policier/Policière étaient des femmes (167 sur 723). En 2015, la Police neuchâteloise a même formé plus d’aspirantes que d’aspirants. À titre de comparaison, au cours des dix dernières années, seules 6.7 % des personnes ayant suivi la formation pour officiers·ières étaient des femmes (39 sur 583). Que devraient entreprendre les polices pour briser ce « plafond de verre » ? Stefan Blättler : Notre objectif est de pouvoir engager et soutenir les meilleures collaboratrices et les meilleurs collaborateurs. Je pars du principe que la part croissante de femmes dans les corps de police conduira, à terme, à une augmentation du nombre de femmes cadres. Audelà de cette évolution projetée, il est important pour nous que nos collaborateurs – qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes – puissent trouver le meilleur équilibre possible entre vie professionnelle et vie familiale.

Il est important pour nous que nos collaborateurs – qu’ il s’agisse d’ hommes ou de femmes – puissent trouver le meilleur équilibre possible entre vie professionnelle et vie familiale.

Rebecca Ruiz : Les corps de police se féminisent, et il faut s’en réjouir. Mais, comme toujours, avoir une proportion plus élevée de femmes dans le total n’est qu’une partie du travail ; il faut ensuite veiller à atteindre le même but dans les postes à responsabilités. Il reste à travailler sur la facilitation de la conciliation avec la maternité notamment, qui pose des questions bien spécifiques dans cette profession. Ensuite, les corps de police gagneront à penser leurs processus de sélection pour les postes de l’encadrement moyen et supérieur de sorte à en éliminer les biais favorisant inconsciemment des choix masculins. Pascal Mahon : C’est là une problématique qui n’est pas propre à la police mais que l’on retrouve dans

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d’autres secteurs, par exemple à l’université : il y a plus d’étudiantes que d’étudiants, autant de doctorantes que de doctorants, mais dès que l’on gravit les échelons, chez les enseignant·e·s, par exemple, la proportion des femmes diminue fortement. Il y a sans doute là un phénomène de cohortes démographiques, de sorte qu’un rattrapage devrait s’opérer avec le temps, mais il n’en demeure pas moins qu’une politique publique qui promeuve activement une meilleure conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale – pour les hommes comme pour les femmes –, contribuerait sans doute à améliorer les choses et à accélérer le rattrapage. Les pays qui ont mis en place de telles politiques actives – et même incitatives, par des systèmes de quotas, notamment – présentent des résultats différents de la Suisse, qui est en retard sur ce plan.

magazine : À quel point les formations de base et continue peuvent-elles encourager les compétences interculturelles des policiers·ières ou favoriser le respect des diversités dans les organisations policières ? Quelles formations spécifiques mériteraient d’être intégrées au parcours de formation ? Stefan Blättler : À cet égard, il convient de souligner l’importance de la formation de base dans les centres de formation, mais aussi celle des formations continues proposées par l’ISP et par certains corps de police. Je sais que d’importants efforts sont déployés dans ce domaine. Il me paraît central que la question des compétences interculturelles soit toujours prise en compte dans les différents exercices et cours organisés. Elle deviendra ainsi une partie intégrante du travail de police quotidien, plutôt que de constituer une thématique à part. Il faut toutefois garder à l’esprit que le temps consacré à la formation continue des policiers·ières augmente sans cesse. Pascal Mahon : Tant la formation de base que la formation continue sont très importantes en la matière. La formation de base devrait, à mon avis, impérativement intégrer la dimension de la « diversité culturelle », dimension que la formation continue pourrait ou devrait approfondir, notamment par des formations qui permettent aussi aux membres des corps de police, par exemple, de rencontrer non

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seulement des formateurs·trices spécialisé·e·s dans la communication interculturelle, mais également et très concrètement des migrant·e·s, pour dialoguer et échanger avec eux ou elles, dans un contexte qui n’est pas celui du terrain d’action habituel de la police – et de la relation d’autorité qui s’y noue –, mais plutôt celui d’un dialogue informel et décontextualisé, à « égalité » en quelque sorte. C’est du reste ce que proposent certains des cours offerts par l’ISP, dont celui évoqué plus haut, et c’est même l’élément qui, dans ce cours, rencontre un écho très positif auprès des participant·e·s policiers·ières. Il conviendrait toutefois de veiller à ce que l’accès à de telles expériences et formations soit ouvert largement à

toutes et tous, voire que celles-ci fassent partie du parcours obligatoire de formation. Rebecca Ruiz : Je crois qu’il faut considérer que la formation, la culture qui a cours dans un corps et le discours tenu par l’autorité politique forment un tout. Il ne sert à rien de doter les policiers·ières de compétences de dialogue et d’appréhension fine des dynamiques sociales s’il leur est ensuite uniquement demandé de faire des démonstrations de force… et inversement. Nous avons donc besoin, plus largement, d’un débat de société et d’un nouveau consensus sur ce que nous attendons de ce service public indispensable qu’est pour moi la police.

Portraits Au sein de la Police cantonale bernoise depuis 1989, Stefan Blättler a d’abord occupé les fonctions d’officier de police judiciaire, de chef de la Police régionale Seeland-Jura bernois et de chef planification et engagement avant de devenir commandant en 2006. Il a participé à divers projets, notamment « Police Bern » (police unique dans le canton de Berne). En outre, Stefan Blättler est membre de plusieurs commissions et préside la Conférence des commandants des polices cantonales (CCPCS) ainsi que la Disaster Victim Identification Team Switzerland. Il enseigne le droit pénal accessoire et la criminalistique à l’Université de Berne. Pascal Mahon est professeur de droit constitutionnel suisse et comparé à l’Université de Neuchâtel et membre du directoire du Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH), dont il codirige le domaine thématique « migrations ». Parallèlement, il préside l’association Académie suisse de la magistrature, ainsi que le comité de direction du Centre de droit des migrations (CDM). Il a notamment publié

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Droit constitutionnel, Abrégés de cours de la Faculté de droit, Volume I : Institutions, juridiction constitutionnelle et procédure (3e éd., 2014) et Volume II : Droits fondamentaux (3e éd., 2015). Rebecca Ruiz a suivi une formation en sciences sociales couronnée par un master en criminologie. Elle s’intéresse tôt à la chose politique et est élue au Conseil communal de Lausanne en 2006, puis au Grand conseil vaudois en 2012. En 2014, elle est élue au Conseil national et siège au sein de la Commission des affaires juridiques (CAJ) jusqu’en mars 2017, date à laquelle elle change de commission pour intégrer celle de la sécurité sociale et de la santé (CSSS). Outre son mandat politique, Rebecca Ruiz est également présidente de la Section romande de la Fédération suisse des patients, présidente de l’Association romande et tessinoise des institutions d’action sociale (ARTIAS) et membre de différents conseils et comités d’institutions actives dans les domaines du social, de la santé et de la culture.

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Debatte Die Polizei in der pluralen Gesellschaft * Nationalrätin (Sozialdemokratische Partei der Schweiz) und Kriminologin ** Kommandant, Kantonspolizei Bern *** Professor für Verfassungsrecht, Université de Neuchâtel

Rebecca Ruiz *

Stefan Blättler **

Pascal Mahon ***

In einer Gesellschaft, die zunehmend durch Pluralisierung gekennzeichnet ist, kommt der Polizei eine komplexe Rolle zu. Im Rahmen ihrer Tätigkeit ist sie direkt mit dieser Pluralisierung konfrontiert, sieht sich dabei regelmässig teils heftiger Kritik ausgesetzt (z.B. Racial Profiling) und muss ihr Handeln rechtfertigen. Die polizeiliche Aus- und Weiterbildung zielt darauf ab, die interkulturellen Kompetenzen der Polizisten/-innen zu stärken und sie auf die Arbeit in der pluralen Gesellschaft vorzubereiten. Das  magazine bat drei Fachpersonen aus Politik, Polizei und Wissenschaft, sich zu diesen teilweise kontroversen Themen zu äussern. Obschon sie unterschiedliche Standpunkte vertreten, sind sie sich einig über die Bereicherung, die mit dem ständigen Wandel der Gesellschaft einhergeht, und die zentrale Rolle, die dabei der Polizei zukommt.

magazine :  Im beginnenden 21. Jahrhundert durchläuft die schweizerische Gesellschaft Veränderungen, die sich unter anderem in einer zunehmenden kulturellen Pluralisierung äussern. Welche Herausforderungen und welche Chancen bringt diese Entwicklung für die Polizei mit sich? Pascal Mahon: Vorab möchte ich betonen, dass die wachsende kulturelle Diversifizierung und Plu-

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Ein kurzes Porträt der Interviewteilnehmer/-in liegt am Ende der Debatte vor.

ralisierung die ganze Gesellschaft tangiert und auch andere Bereiche der öffentlichen Ordnung betrifft, wie beispielsweise den Pflege- (Spitäler) oder den Bildungssektor (Schulen, Universitäten). Die Herausforderung besteht für die Polizei ebenso wie für andere Kreise darin, die verschiedenen kulturellen Empfindlichkeiten der Bevölkerung besser verstehen zu lernen und so besser mit ihr kommunizieren zu können. Es geht nicht nur darum, die Sprache einer Person oder Gruppe zu lernen, sondern auch deren kulturellen Hintergrund – sozusagen die kulturelle DNS – zu verstehen, um eine effizientere Kommunikation mit dieser Person oder Gruppe zu ermöglichen. Eine Chance für die Polizei besteht darin, dass sie sich angesichts dieser Herausforderung selbst offen zeigt für kulturelle Vielfalt und so die gesellschaftliche Vielfalt besser widerspiegelt. Stefan Blättler: Wir haben dank unserer schweizerischen Vielfältigkeit einen grossen Vorteil; wir sind den Umgang mit unterschiedlichen Kulturen gewohnt. Dabei findet bereits seit längerer Zeit ein steter Wandel statt. Herausforderungen bergen – neben sprachlichen Barrieren – vor allem unterschiedliche Wertesysteme, welche nicht zuletzt auch auf persönlichen Erfahrungen beruhen. Auf den Werten basiert unser Verhalten und letztlich auch unsere Gesetzgebung. Persönlich finde ich aber die Pluralisierung, welche ja nicht nur im kulturellen Bereich stattfindet, eine Bereicherung.

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Rebecca Ruiz: In einer demokratischen Gesellschaft wie der unseren muss sich die Polizei als öffentlicher Dienst an der Bevölkerung ausrichten und fähig sein, sich gesellschaftlichen Veränderungen anzupassen. Nur so kann sie die Unparteilichkeit gewährleisten, die von ihr erwartet wird. Die Aufgaben der Polizei sind Prävention, Schutz und Bestrafung. Damit erhält sie erhebliche Macht über die Bevölkerung, welche sie ohne Diskriminierung behandeln muss. Wenn man eine moderne Polizei will, die auf komplexe Situationen reagieren kann, müssen daher die kulturelle Pluralisierung unserer Gesellschaft sowie die rasant fortschreitende Integration von Minderheiten integraler Bestandteil der polizeilichen Ausbildung (Grundausbildung wie Weiterbildung) sein.

magazine :  Gemäss Strafjustizstatistik des BFS waren 59 % der 2017 verurteilten Erwachsenen ausländische Staatsangehörige (ausländische Wohnbevölkerung: 25 %, andere Ausländer/-innen: 34 %). Ausländische Personen sind jedoch auch in der Opferstatistik nach OHG überrepräsentiert. Gleichzeitig sind 83 % der verurteilten Erwachsenen, ob Schweizer oder Ausländer, Männer. Wie analysieren Sie diese Daten? Rebecca Ruiz: Menschen, die zwar kein Schweizer Bürgerrecht, aber ihren ständigen Wohnsitz in unserem Land haben, begehen nicht mehr Verbrechen als die Schweizer. Das bedeutet, dass unsere Integrationspolitik gut funktioniert und wir sie weiterentwickeln müssen. Die grenzüberschreitende Kriminalität oder die Kriminalität von Personen, die hierherkommen, um Verbrechen zu begehen, muss regelmässig analysiert werden, damit die Polizei sie bekämpfen kann, indem entweder unsere Gesetzgebung oder die der Polizei zur Verfügung stehenden Mittel angepasst werden. Die Überrepräsentation von Männern in der Kriminalstatistik ist eine universelle Konstante und seit Beginn der Verbrechensmessung unveränderlich... Die kriminologische Literatur hat sich reichlich mit dieser Erkenntnis befasst, die zahlreiche Ursachen hat! Stefan Blättler: Es handelt sich in erster Linie um Zahlen – und diese geben keine Auskunft zu vielen anderen Faktoren wie beispielsweise über das Wohlstands- oder Bildungsniveau, welche mir persönlich noch fast wichtiger erscheinen. Zudem muss auch berücksichtigt werden, dass längst nicht alle Fälle

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geklärt werden können und deshalb eine hohe Dunkelziffer besteht. Es ist allerdings bekannt, dass bestimmte Delikte eher gewissen Bevölkerungsgruppen zuzuordnen sind. Hier sind wir als Polizei gefragt; wir unternehmen sowohl im präventiven als auch im repressiven Bereich vieles. Aber auch die Gesellschaft als Ganzes muss ihre Verantwortung wahrnehmen. Pascal Mahon: Mir ist die Unterscheidung zwischen ausländischer Wohnbevölkerung und anderen Ausländern nicht ganz klar: Versteht man unter Wohnbevölkerung nur Personen, die eine Niederlassungsbewilligung haben, und unter anderen Ausländern alle anderen? Oder betrachtet man als Wohnbevölkerung alle Ausländer, die einen Wohnsitz in der Schweiz haben oder sich legal hier aufhalten, egal mit welcher Bewilligung? Ganz abgesehen von dieser Frage bin ich der Meinung, dass Statistiken mit Vorsicht zu geniessen sind und sorgsam mit ihnen umgegangen werden muss. So ist beispielsweise die Überrepräsentation von ausländischen Staatsangehörigen bei den verurteilten Erwachsenen auch darin begründet, dass bei dieser Bevölkerungsgruppe Die Überrepräsentation von ausder Anteil an Männern zwi- ländischen Staatsangehörigen bei schen 18 und 40 bis 50 Jah- den verurteilten Erwachsenen ist ren sehr viel höher ist als auch darin begründet, dass bei bei der restlichen Bevölke- dieser Bevölkerungsgruppe der rung; da aber Männer weAnteil an Männern zwischen 18 sentlich häufiger verurteilt und 40 bis 50 Jahren sehr viel werden als Frauen (83  % höher ist als bei der restlichen laut den in der Frage genannten den Zahlen), ist die Bevölkerung. Erklärung eher im Geschlecht als im Pass zu suchen. Wie mein Kollege, Professor André Kuhn, Strafrechtler und Kriminologe, gezeigt hat, «weiss vermutlich jeder, dass Erwachsene, die grösser als 1,75 Meter sind, mehr Straftaten begehen als Erwachsene, die kleiner als 1,75 Meter sind... Es handelt sich hier um eine kriminologische Selbstverständlichkeit, und der Grund dafür ist ganz einfach: Die Erwachsenenbevölkerung, die grösser ist als 1,75 Meter, besteht hauptsächlich aus Männern, während die meisten Frauen kleiner sind als 1,75 Meter.»1 1

Kuhn André [Übersetzung SPI], «  Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité  ?  » Vivre Ensemble 139, September 2012. Verfügbar unter: https:// a si le.ch /2012/10/06/a nd re-ku hn-comment-sexplique-lasurrepresentation-des-etrangers-dans-la-criminalite (Zugriff am 22.11.2018).

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magazine :  Gewisse Ereignisse, die wie in den USA («Black Lives Matter») oder in Frankreich («Affaire Théo») von den Medien intensiv thematisiert werden, können das Image der Polizei beeinträchtigen. Welche Anstrengungen unternimmt die Schweiz, um diskriminierenden Praktiken wie Racial und Ethnic Profiling entgegenzuwirken? Stefan Blättler: Zunächst ist es mir wichtig klarzustellen, dass in der Schweiz eine andere Situation herrscht als beispielsweise in den USA. Wir haben keine von Rassenkon[Es] werden teilweise tiefgreifende flikten geprägte GeForderungen und auch Vorwürfe schichte. Dennoch laut, welche notabene nicht belegt werden teilweise tiefwerden können. Aber ja, auch hier greifende Forderungen ist es wichtig, dass wir uns mit die- und auch Vorwürfe sen Themen auseinandersetzen. laut, welche notabene nicht belegt werden können. Aber ja, auch hier ist es wichtig, dass wir uns mit diesen Themen auseinandersetzen. Für mich steht dabei vor allem das gegenseitige Verständnis im Vordergrund; dies einerseits für unser Rechtssystem, andererseits aber auch für die kulturellen Unterschiede. Darauf gilt es auch Migrantinnen und Migranten zu sensibilisieren. Pascal Mahon: In der Verwaltung und bei der Polizei, aber auch in akademischen Kreisen, hat man bereits vor einiger Zeit damit begonnen, diese Problematik zu thematisieren – so auch in der Schweiz, wenn auch vielleicht etwas später als in anderen Ländern. Im Laufe der letzten Jahre wurden die Bemühungen jedoch noch verstärkt. Dies zeigt sich darin, dass die Thematik in der Rechtsliteratur mehr Beachtung findet, in den Arbeiten des Schweizerischen Kompetenzzentrums für Menschenrechte (SKMR) zu diesem Thema, insbesondere im Bereich «Polizei und Justiz», sowie darin, dass die Problematik des Racial und Ethnic Profiling in Weiterbildungen behandelt wird, insbesondere im Kurs Polizei und Gesellschaft im Wandel, den das Schweizerische Polizei-Institut in Zusammenarbeit mit dem SKMR anbietet. Andere Bemühungen gegen Racial Profiling sind der Ombudsmann des Kantons Zürich, das Projekt «Dialog» der Kantonspolizei Bern, die Tätigkeiten der Eidgenössischen Kommission gegen Rassismus (vor allem das Bulletin TANGRAM Nr. 33) oder auch die Fachstelle für Rassismusbekämpfung

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des Eidgenössischen Departements des Inneren, um nur einige zu nennen.2 Diese Bemühungen müssen zweifellos weitergeführt und intensiviert werden. Rebecca Ruiz: Tatsächlich haben etliche Polizeikorps je nach Gegebenheiten an der Front interne oder externe Ansätze entwickelt, um Entgleisungen zu vermeiden. Ich halte diese Initiativen für unerlässlich, um die Glaubwürdigkeit und Professionalität der Polizeikorps zu gewährleisten, die so vorbildlich wie möglich sein müssen. Wir dürfen nicht vergessen, dass die Polizei das Gewaltmonopol hat. Mit dieser Macht muss meiner Ansicht nach zwingendermassen Verhältnismässigkeit einhergehen. Es muss auf den höheren Transparenz- und Rechtfertigungsanspruch der Gesellschaft eingegangen werden, ohne deswegen zu akzeptieren, dass polizeiliche Vorgehen durch geringste Vorwürfe diskreditiert werden können.

magazine :  Den Begriff Diversity Management kennt man häufiger aus global ausgerichteten Unternehmen als aus Polizeiorganisationen. Wie hält dieses Konzept in schweizerischen Polizeikorps Einzug und welche konkreten Massnahmen empfehlen Sie in dieser Hinsicht? Pascal Mahon: Den Personaldiensten der Polizei ist der Umgang mit kultureller Vielfalt nicht fremd. Insbesondere in Kanada hat diese «Disziplin» sogar eine gewisse Tradition. Ich denke, man muss das Angebot und die Gepflogenheiten von Weiterbildungen in interkultureller Kommunikation fördern, um der Polizei mehr Werkzeuge zum «Umgang mit Vielfalt» an die Hand zu geben, damit die Polizisten/ -innen aller Stufen besser mit den verschiedenen Kulturen in der Bevölkerung kommunizieren können. Das Weiterbildungsangebot selbst müsste im Übrigen auf einem Austausch zwischen den auf «kulturelle Vielfalt» spezialisierten Ausbilderinnen und Ausbildern einerseits und der Polizei andererseits beruhen: In anderen Worten, wenn diese Spezialisten Polizisten/-innen «schulen» können sollen, müssten sie ihrerseits für die konkreten Bedürfnisse 2 Eidgenössisches Departement des Inneren, Fachstelle für Rassismusbekämpfung, Tätigkeitsfeld «Polizei», 2018. Verfügbar unter: https://www.edi.admin.ch/edi/fr/home/fachstellen/slr/domainesd_activites/police-et-armee/police.html (Zugriff am 22.11.2018).

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im Einsatz «geschult» werden, beispielsweise durch Praktika im Polizeialltag, um so ihre Ausbildung auf diese Bedürfnisse ausrichten zu können. Durch einen solchen «Austausch» könnte zweifelsohne auch die Arbeit der Polizei aufgewertet werden. Dessen ungeachtet denke ich, dass der «Umgang mit Vielfalt» auch über eine gewissermassen institutionelle Öffnung der Polizei selbst für «kulturelle Vielfalt» geschieht: Die Polizei muss immer mehr Vertreter dieser kulturellen Vielfalt einbinden, in erster Linie Frauen, da diese bei der Polizei stark untervertreten sind, obwohl sie die Mehrheit der Bevölkerung ausmachen, aber auch Vertreter von kulturellen Minderheiten. Mit einer solchen Öffnung hätte die Polizei kulturelle Dolmetscher, welche die interkulturelle Kommunikation vereinfachen und Mitteilungen zwischen der Polizei und ihren «Benutzern/-innen» in beide Richtungen übersetzen könnten: kulturelle Empfindlichkeiten, aber auch Mitteilungen der Polizei. Bei dieser «Öffnung» für Vielfalt gibt es zwei Aspekte, welche anerkannt und unterschieden werden müssen. Zum einen kann allein schon die Präsenz von Vertretern der kulturellen Vielfalt bei der Polizei ein Mittel sein, der Bevölkerung das Gefühl zu geben, dass die Polizei die Gesellschaft in all ihrer Vielfalt und Unterschiedlichkeit widerspiegelt und somit die Akzeptanz der Polizei fördern. Das ist der Aspekt «Image». Aber dieser Aspekt – einige zusätzliche Vertretern von kulturellen Minderheiten bei der Polizei zu haben – genügt nicht. Damit die kulturellen Dolmetscher ihre Rolle – die für sie heikel sein kann – voll wahrnehmen und ihr gerecht werden können, müssen sie in dieser Hinsicht gebührend geschult werden. Stefan Blättler: Die Polizei steht im Dienste der Bevölkerung im Einsatz. Somit ist es nur folgerichtig, wenn die Organisation und ihre Mitarbeitenden die Gesellschaft auch widerspiegeln. Sicherlich muss immer wieder genau überprüft und reflektiert werden, ob die richtigen Personen rekrutiert werden oder ob Anpassungen im Verfahren notwendig sind. Rebecca Ruiz: Die Repräsentanz eines Polizeikorps ist eine Notwendigkeit. Meiner Meinung nach muss sich dies aus einer echten Öffnung gegenüber der Gesellschaft ergeben, durch die Positionierung, die Einstellung und die Rekrutierungsprozesse. Sie sollte keinesfalls das Ergebnis einer Politik sein, die auf

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quantitativen Faktoren basiert und damit das Risiko eingeht, Vielfalt zu propagieren, ohne die interne Kultur tatsächlich verändert zu haben.

magazine :  Polizisten sind immer häufiger Polizistinnen und haben nicht selten selbst einen Migrationshintergrund. Wie beurteilen Sie diesen Diversifizierungsprozess und wie stehen Sie zur Anstellung von ausländischen Personen (mit Aufenthaltsbewilligung C) als Polizisten/-innen un? Rebecca Ruiz: Genau dies meine ich mit meiner Antwort auf die vorherige Frage: Wenn die Polizei im Einklang mit ihrem Umfeld steht und in jeder Hinsicht für die Bürger zugänglich ist, spiegelt sie auch in personeller Hinsicht die In der Schweiz gibt es aus Gesellschaft, in der sie tätig ist, verschiedenen historischen wider. Was die Anstellung von Personen mit Aufenthaltsbe- Gründen [...] eine erhebliwilligung C betrifft, so bin ich che Anzahl Personen, die dafür. In der Schweiz gibt es seit Jahrzehnten hier leben aus verschiedenen historischen oder hier geboren wurGründen (die mit unserer ei- den [...], die aber keinen genen Rechtslage zusammenSchweizer Pass haben. hängen, aber auch mit derjenigen der Auswanderungsländer, die keine doppelte Staatsbürgerschaft akzeptieren) eine erhebliche Anzahl Personen, die seit Jahrzehnten hier leben oder hier geboren wurden (und manchmal sogar Eltern haben, die bereits hier geboren wurden), die aber keinen Schweizer Pass haben. Sie sind Teil dieser Gesellschaft und wenn sie sich als Polizist/-in in ihren Dienst stellen wollen, muss dies möglich sein. Pascal Mahon: Diese Entwicklung ist meiner Ansicht nach positiv; ich würde sogar sagen, dass sie gefördert und intensiviert werden muss. Die Anstellung von ausländischen Personen mit Niederlassungsbewilligung (C-Ausweis) kann nur zu einem besseren «Umgang mit Vielfalt» beitragen. Aber ich wiederhole, dass diese Personen sorgfältig geschult werden müssen, wenn man möchte, dass sie die Rolle eines kulturellen Dolmetschers übernehmen. Stefan Blättler: Es ist natürlich wünschenswert, dass ein Korps auch die Bevölkerung abbildet. Wichtig sind die Werte, die uns verbinden, und die Bindung an die Gesetzgebung. Freilich kann sich der Kontakt

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mit der Bevölkerung einfacher gestalten, wenn man auch ihre Kultur kennt. Letztendlich entscheidet hier aber unser Auftraggeber, das Volk, durch seine politische Vertretung.

magazine :  2017 waren 23 % der Teilnehmenden der eidgenössischen Fachprüfung Polizist/ Polizistin weiblichen Geschlechts (167 von 723), 2015 bildete die Neuenburger Polizei sogar mehr Aspirantinnen als Aspiranten aus. Demgegenüber waren lediglich 6.7 % der Personen, die in den letzten zehn Jahren die Offiziersausbildung (CAS FIP/ FLG III) absolviert haben, weiblich (39 von 583). Wie sollen die Polizeikorps vorgehen, um diese «gläserne Decke» zu durchbrechen? Stefan Blättler: Unser Ziel ist es, die besten Mitarbeiterinnen und Mitarbeiter engagieren und fördern zu können. Ich gehe daEs ist uns [...] ein Anliegen, dass von aus, dass mit einem unsere Mitarbeitenden Berufs- steigenden Frauenanteil und Familienleben bestmöglich in den Korps auch der miteinander vereinbaren können – Anteil weiblicher Kaderunabhängig davon, ob es sich um angehöriger steigen wird. Männer oder Frauen handelt. Es ist uns überdies auch ein Anliegen, dass unsere Mitarbeitenden Berufs- und Familienleben bestmöglich miteinander vereinbaren können – unabhängig davon, ob es sich um Männer oder Frauen handelt. Rebecca Ruiz: Es ist erfreulich, dass es immer mehr Frauen in den Polizeikorps gibt. Ein gesamthaft höherer Frauenanteil ist aber immer nur ein Teil der Aufgabe; sodann muss dasselbe Ziel auch in den verantwortlichen Positionen erreicht werden. Insbesondere an der Vereinbarkeit mit Mutterschaft muss noch gearbeitet werden, was gerade bei diesem Beruf sehr spezifische Fragen aufwirft. Schlussendlich profitieren die Polizeikorps davon, wenn sie ihre Auswahlverfahren für Positionen des mittleren und oberen Kaders so gestalten, dass es nicht mehr unbewusste Verzerrungen zugunsten des männlichen Geschlechts gibt. Pascal Mahon: Diese Problematik betrifft nicht nur spezifisch die Polizei, sondern findet sich auch in anderen Bereichen wieder, z.B. an der Universität: Es gibt mehr Studentinnen als Studenten und gleich

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viele Doktorantinnen wie Doktoranten, steigt man aber die Karriereleiter nach oben, beispielsweise zu den Dozentinnen und Dozenten, dann nimmt der Anteil Frauen stark ab. Zweifellos ist dies das Phänomen einer demographischen Kohorte, welches sich mit der Zeit ausgleichen sollte. Gleichwohl gilt, dass eine aktive politische Förderung der Vereinbarkeit von Berufs- und Familienleben – für Männer wie für Frauen – zweifelsohne dazu beitragen würde, einiges zu verbessern und das Aufholen zu beschleunigen. Diejenigen Länder, welche eine entsprechende aktive Politik – selbst eine proaktive, vor allem über Quotenregelungen – verfolgt haben, weisen in dieser Hinsicht andere Resultate auf als die Schweiz, welche auf dieser Ebene im Rückstand ist.

magazine :  Inwiefern können die Grundausbildung und Weiterbildungen die interkulturelle Kompetenz der Polizisten/-innen fördern und zum Respekt von Diversität in Polizeiorganisationen beitragen? Welche zusätzlichen spezifischen Ausbildungen sollten in das Ausbildungsangebot aufgenommen werden? Stefan Blättler: Die Grundausbildung in der Polizeischule und die Weiterbildungsangebote sowohl am SPI als auch in den einzelnen Korps sind äusserst wertvoll. Ich weiss auch, dass hier teilweise grosse Anstrengungen unternommen werden. Mir erscheint wichtig, dass die Thematik der interkulturellen Kompetenz immer in einzelne Übungen und Kurse einfliesst. So stellt sie einen Aspekt der täglichen Polizeiarbeit dar, der nicht losgelöst betrachtet werden kann. Tatsache ist aber auch, dass die Anforderungen an Polizisten/-innen und der Weiterbildungsaufwand immer grösser werden. Pascal Mahon: Sowohl die Grundausbildung als auch die Weiterbildung sind auf diesem Gebiet sehr wichtig. Die Dimension «kulturelle Vielfalt» müsste meiner Meinung nach zwingend in die Grundausbildung eingebunden werden. Die Weiterbildung könnte oder sollte diese Dimension dann vertiefen, insbesondere durch Ausbildungen, bei welchen die Angehörigen der Polizeikorps nicht nur Ausbilderinnen und Ausbildern begegnen, die beispielsweise auf interkulturelle Kommunikation spezialisiert sind, sondern auch und sehr konkret Migrantinnen und

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DEBATTE – DIE POLIZEI IN DER PLURALEN GESELLSCHAFT

Migranten kennenlernen. So können sie mit diesen in Dialog treten und sich austauschen, in einem Kontext, der nicht dem gewohnten polizeilichen Tätigkeitsfeld – und dem damit verbundenen Autoritätsverhältnis – entspricht, sondern eher einem informellen und gewissermassen gleichberechtigten Dialog. Übrigens bieten genau dies gewisse SPIKurse wie der oben erwähnte an, ja, es ist sogar der Teil dieses Kurses, der bei den teilnehmenden Polizisten/-innen auf sehr positive Resonanz stösst. Es sollte allerdings darauf geachtet werden, dass solche Erfahrungen und Ausbildungen allen offenstehen oder diese sogar obligatorisch zur Ausbildung dazugehören.

Rebecca Ruiz: Ich glaube, die Ausbildung, die Kultur eines Polizeikorps und die Einstellung der politischen Autorität muss als ein Ganzes betrachtet werden. Es hat keinen Sinn, Polizisten mit Dialogkompetenzen und einem feinen Gespür für soziale Entwicklungen auszurüsten, wenn sie dann nur Stärke zeigen müssen... und umgekehrt. Deshalb brauchen wir eine umfassendere öffentliche Debatte und einen neuen Konsens darüber, was wir von diesem unverzichtbaren Service Public, der die Polizei für mich ist, erwarten.

Porträts Stefan Blättler ist seit 1989 bei der Kantonspolizei Bern. Nach einem Einstieg als Offizier bei der Kriminalpolizei war er als Chef Regionalpolizei SeelandBerner Jura und danach als Chef Planung und Einsatz tätig, bevor er 2006 das Amt des Kommandanten übernahm. Er war aktiv an mehreren Grossprojekten beteiligt, darunter «Police Bern», die Einheitspolizei im Kanton Bern. Stefan Blättler nimmt des Weiteren in verschiedenen nationalen und internationalen Gremien Einsitz und ist Präsident der Konferenz der kantonalen Polizeikommandanten der Schweiz (KKPKS) sowie strategischer Leiter des Disaster Victim Identification Team Switzerland. Neben diesen Aufgaben nimmt Herr Blättler einen Lehrauftrag für Nebenstrafrecht und Kriminalistik an der Universität Bern wahr. Pascal Mahon ist Professor für schweizerisches und vergleichendes Staatsrecht an der Universität Neuenburg und Mitglied des Vorstands des Schweizerischen Kompetenzzentrums für Menschenrechte (SKMR), wo er für den Themenbereich «Migration» mitverantwortlich ist. Gleichzeitig ist er Präsident des Vereins Schweizerische Richterakademie und Vorsitzen-

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der der Direktion des Zentrums für Migrationsrecht (ZFM). Eine seiner wichtigsten Veröffentlichungen ist: Droit constitutionnel, Abrégés de cours de la Faculté de droit. Volume I: Institutions, juridiction constitutionnelle et procédure (3. Aufl., 2014) und Volume II: Droits fondamentaux (3. Aufl., 2015). Rebecca Ruiz hat ihre sozialwissenschaftliche Ausbildung mit einem Master in Kriminologie abgeschlossen. Schon früh interessierte sie sich für Politik; 2006 wurde sie in den Gemeinderat der Stadt Lausanne und 2012 in den Grossen Rat des Kantons Waadt gewählt. Seit 2014 ist sie Nationalrätin, wo sie bis März 2017 in der Kommission für Rechtsfragen (RK) amtete. Seither ist sie Mitglied der Kommission für soziale Sicherheit und Gesundheit (SGK). Neben ihrer politischen Tätigkeit ist Frau Ruiz Präsidentin der Patientenstelle Westschweiz und der Association romande et tessinoise des institutions d’action sociale (ARTIAS) sowie Mitglied verschiedener Vorstände und Ausschüsse von Institutionen in den Bereichen «Soziales», «Gesundheit» und «Kultur».

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DOLMETSCHEN IN ERMITTLUNGS- UND GERICHTSVERFAHREN

Dolmetschen in Ermittlungs- und Gerichtsverfahren Mehr Sichtbarkeit für eine «unsichtbare» Tätigkeit Lena Emch-Fassnacht Verantwortliche Kommunikation und Projekte, INTERPRET

Der umfassenden und erfolgreichen Verständigung kommt im gesamten Ermittlungs- und Gerichtsverfahren mit fremdsprachigen Parteien eine Schlüsselrolle zu – in Bezug auf die Einvernahme, die Rechtsstaatlichkeit und letztlich auch die Qualität der gefällten Entscheide. Unterschiedliche Komponenten tragen dazu bei, dass Einvernahmen und Gerichtsverfahren mit fremdsprachigen Parteien erfolgreich verlaufen. In einer gedolmetschten Einvernahme ist dies zuallererst die entsprechende Qualifizierung der dolmetschenden Person. Qualifizierte Dolmetschende verfügen über ausgezeichnete Sprachkenntnisse und beherrschen die notwendigen Dolmetschund Notiztechniken. Wie können jedoch Verfahrensleitung sowie zuständige Polizisten/-innen beurteilen, ob die dolmetschende Person genügend qualifiziert ist? Da die Berufsbezeichnung «Dolmetscher» nicht geschützt ist, bedarf es eines breit abgestützten und anerkannten Qualifizierungs- und Ausbildungssystems. INTERPRET bietet ein etabliertes Ausbildungssystem an, welches in das Schweizerische System der höheren Berufsbildung eingebettet ist. Ebenso bedeutsam ist jedoch eine ausreichende und kompetente Unterstützung der Dolmetschenden durch die Ermittlungsbehörden sowie Konzepte der Qualitätssicherung und dafür zuständige Ansprechstellen auf Seiten der Behörden. Das Wissen um die Bedeutung von unterschiedlichen soziolinguistischen und kulturellen Konzepten bei der interkulturellen Kommunikation ist entscheidend und beeinflusst das Verhalten der Behörden im Umgang mit fremdsprachigen Parteien massgeblich.

Nimmt die Dolmetschenden niemand wahr, haben sie ihren Job gut gemacht. Diese Bemerkung hört und liest man immer wieder. Das mag für die Tätigkeit des Dolmetschens zumindest teilweise stimmen, jedoch nicht für die Bedeutung des Dolmetschens in Ermittlungs- und Gerichtsverfahren mit fremdsprachigen Parteien. Eine ungenügende Auseinandersetzung der Behörden mit Dolmetsch- und Übersetzungsbelangen kann für den Verlauf eines Verfahrens sehr schnell verheerende Folgen haben, denn eine mangelhafte Kommunikation gefährdet sowohl die Wahrheitsfindung als auch die Rechtsstaatlichkeit des Verfahrens.1 Welche Auswirkungen die Nichtberücksichtigung von Dolmetschbelangen haben kann, zeigt beispielhaft ein Gerichtsverfahren vom Januar 2018 am Amtsgericht Bucheggberg-Wasseramt.2 Die eigentlichen Straftaten traten – trotz klarer Beweislage – in den Hintergrund, stattdessen wurde die Qualität der Arbeit der Ermittlungsbehörde und der Staatsanwaltschaft zum Hauptthema. Während der Verhandlung musste das Gericht die Beweise als nicht verwertbar erklären: Der Angeklagte ist Analphabet und spricht kaum Deutsch; im Ermittlungsverfahren war er von der Polizei während mehreren Wochen ohne Dolmetscher befragt worden; die Einvernahmeprotokolle hatte er jeweils mit «Gelesen und verstanden» unterschrieben; die Sätze im Protokoll waren so perfekt formuliert, dass der Angeklagte diese gar nicht so gesagt haben konnte.

1 Der Anspruch auf rechtliches Gehör und der Grundsatz der Fairness des Verfahrens sind in der EMRK (Art. 6 Abs. 3) und der BV (Art. 29 Abs. 1 und 2) festgehalten. 2 Schläfli, Hanspeter (2018), «Wieder ein Fauxpas der Staatsanwaltschaft?: Die Beweise waren für das Gericht nicht verwertbar», Solothurner Zeitung, 26.1.2018. Verfügbar unter: https://www.solothurnerzeitung.ch/solothurn/kanton-solothurn/wieder-ein-fauxpas-der-staatsanwaltschaft-die-beweise-waren-fuer-das-gerichtnicht-verwertbar-132130552 (Zugriff am 10.01.2019).

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Wo ist anzusetzen, damit solche Fauxpas nicht mehr passieren? Unterschiedliche Komponenten tragen dazu bei, dass Einvernahmen und Gerichtsverfahren mit fremdsprachigen Parteien erfolgreich verlaufen. In einer gedolmetschten Einvernahme ist dies zuallererst die entsprechende Qualifizierung der dolmetschenden Person (1). Wie können jedoch die Verfahrensleitung sowie die zuständigen Polizisten/ -innen beurteilen, ob die dolmetschende Person genügend qualifiziert ist? Da die Berufsbezeichnung «Dolmetscher» nicht geschützt ist, bedarf es eines breit abgestützten und anerkannten Qualifizierungsund Ausbildungssystems (2). Ebenso bedeutsam ist jedoch eine ausreichende und kompetente Unterstützung der Dolmetschenden durch die Ermittlungsbehörden (3) sowie Konzepte der Qualitätssicherung und dafür zuständige Ansprechstellen (4) auf Seiten der Behörden. 1. Qualifizierte Dolmetschende Qualifizierte Dolmetschende verfügen über ausgezeichnete Kenntnisse in mindestens einer Amtsund mindestens einer Dolmetschsprache. Sie dolmetschen beidseitig, vollständig, sinngenau und möglichst wortgetreu und beherrschen dafür die notwendigen Dolmetsch- und Notiztechniken. Qualifizierte Behörden- und Gerichtsdolmetschende sind zudem vertraut mit der spezifischen Terminologie und kennen die Rahmenbedingungen eines Einsatzes bei Behörden und Gerichten. Ihrer Arbeit liegt ein Berufskodex zugrunde, welcher zentrale Rollenmerkmale wie die Schweigepflicht, die Neutralität oder die Transparenz beinhaltet.3 Das Dolmetschen in Ermittlungs- und Gerichtsverfahren ist aus mehreren Gründen als besonders komplex und anspruchsvoll einzuschätzen. Die Dolmetschsituationen sind nicht nur vom inhaltlichen Standpunkt her anspruchsvoll, sondern sie sind oft auch emotional und unberechenbar. Die Dolmetschenden befinden sich als Sprachmittler in einer äusserst schwierigen, spannungsvollen Situation und sind von Seiten der Behörden und der angeklagten Partei mit unterschiedlichen Erwartungen konfrontiert.4 Die schnelle und präzise Verdolmetschung in formellen Verfahren stellt die Dolmetschenden vor eine weitere Herausforderung. Eine wortwörtliche Verdolmetschung ist selten möglich und garantiert keinesfalls eine sinngenaue Übertragung. Im Gegenteil: Je

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weiter die Sprachen in linguistischer und kultureller Hinsicht auseinanderliegen, desto sinnfremder kann eine wortgetreue Verdolmetschung ausfallen. Umschreibungen und Erklärungen werden dann unverzichtbar. 2. Ausbildungs- und Qualifizierungssystem INTERPRET Das Ausbildungs- und Qualifizierungssystem von INTERPRET5 für interkulturelles Dolmetschen und Vermitteln ist eingebetDie Dolmetschenden befinden sich tet in das Schweizerische System der höhe- als Sprachmittler in einer äusserst ren Berufsbildung und schwierigen, spannungsvollen ist in den Bereichen Situation und sind von Seiten «Gesundheit», «Sozia- der Behörden und der angeklagles» und «Bildung» be- ten Partei mit unterschiedlichen reits gut verankert und Erwartungen konfrontiert. anerkannt. Es kombiniert Ausbildung und praktische Erfahrung und führt zu zwei Abschlussniveaus: • Schweizerisches Zertifikat INTERPRET für interkulturell Dolmetschende • Fachmann/Fachfrau für interkulturelles Dolmetschen und Vermitteln mit eidgenössischem Fachausweis Das Zertifikat INTERPRET ist eine Basisqualifikation und vermittelt grundlegende Kompetenzen, die ein erfolgreiches Dolmetschen in interkulturellen Settings ermöglichen. Einzigartig ist dabei die Überprüfung der Dolmetschsprache: INTERPRET verfügt über Sprachexperten/-innen, welche in rund 80 Zertifikatssprachen die Sprachkompetenzen der Herkunftssprachen mündlich auf dem Niveau C1 überprüfen. Beim Dolmetschen bei Behörden und Gerichten handelt es sich um besonders anspruchsvolle Situationen, die einen hohen professionellen Standard verlangen. Um diesen spezifischen Herausforderungen gerecht zu werden, können Dolmetschende das

3 Beschrieben werden die zentralen Rollenmerkmale zum Beispiel in: INTERPRET (2015), Berufskodex für interkulturell Dolmetschende und Vermittelnde, Bern: INTERPRET. Verfügbar unter: https://www.inter-pret.ch/admin/data/files/marginal_asset/file/300/ berufskodex_2015_d.pdf?lm=1509454586 (Zugriff am 10.01.2019). 4 Huber, Tanja (2014), «Verdolmetschte Verhandlungen leicht gemacht», SeismOGraph, Nr. 31, S. 9–11. 5 INTERPRET ist die nationale Interessengemeinschaft für interkulturelles Dolmetschen und Vermitteln und nimmt in dieser Funktion vom Bund (SEM und BAG) mandatierte Aufgaben der Qualitätssicherung und Öffentlichkeitsarbeit war. www.inter-pret.ch (s. Abb. 1).

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auf der zweiten Stufe angesiedelte Weiterbildungsmodul «Dolmetschen bei Behörden und Gerichten» absolvieren. Christof Maag geht in seinem Artikel sehr konkret auf die Inhalte des Moduls ein.6 Dieses Modul ist Teil der umfassenden Weiterbildungslandschaft für interkulturell Dolmetschende von INTERPRET, welche zur Zulassung zur eidgenössischen Berufsprüfung bzw. zum vom SBFI verliehenen Titel «Fachmann/Fachfrau für interkulturelles Dolmetschen und Vermitteln» führt.

Seien sich die beiden zufällig begegnet oder hätten sie irgendwo abgemacht? Deshalb stellte er die Frage: «Hatten Sie mit ihm abgemacht?» Die Antwort der Befragten lautete: «Nein.» Befrager: «Wie kam es dann dazu, dass Sie zusammen spazieren gegangen sind?» Es gab ein Hin und Her, bei dem der Befrager die Frage, ob die beiden abgemacht hätten, immer wieder umformulierte. Die Frau verneinte jedes Mal. Erst während dieser Diskussion realisierte ich [Ghazal Bohlouli, Anm. LE], dass ich an ihrer Stelle die gleiche Antwort gegeben hätte. Obwohl der Mann angerufen, eine Uhrzeit für das Treffen vorgegeben, die Frau diese akzeptiert und zugesagt hat-

3. Unterstützung durch die Behörden Das Dolmetschen ist ein komplexer Vorgang, welcher nicht nur die Kenntnis zweier Sprachen voraussetzt. Das Wissen Das Dolmetschen ist ein um die Bedeutung von komplexer Vorgang, welcher nicht unterschiedlichen sozionur die Kenntnis zweier Spra- linguistischen und kultuchen voraussetzt. Das Wissen um rellen Konzepten bei der die Bedeutung von unterschied- interkulturellen Komlichen soziolinguistischen und munikation ist auch bei kulturellen Konzepten bei der einer Einvernahme entscheidend und beeininterkulturellen Kommunikation flusst das Verhalten der ist auch bei einer Einvernahme Behörden im Umgang entscheidend. mit fremdsprachigen Parteien massgeblich.7 Was dies konkret bedeutet, haben Christof Kipfer, ehemaliger Stabschef Generalstaatsanwaltschaft des Kantons Bern, und Ghazal Bohlouli, Übersetzerin und Dolmetscherin, in einem Artikel mit eindrücklichen Beispielen veranschaulicht.8 Das folgende Beispiel zur unterschiedlichen Auffassung des Begriffs «Abmachung» im persischen und deutschen Sprachgebrauch zeigt die Herausforderungen der interkulturellen Kommunikation besonders praxisnah auf. Während einer Einvernahme kam es zwischen dem mutmasslichen Opfer und dem Befrager zu einer Diskussion darüber, ob das Opfer mit dem Täter abgemacht hatte oder nicht. Die Dolmetscherin Ghazal Bohlouli beschreibt die Situation folgendermassen:

te, wird diese Vorgehensweise im Iran und in Afghanistan nicht als Abmachung bezeichnet, weil das Element der Freiwilligkeit fehlt. Sobald man jemanden mittels einer Drohung etc. zu etwas zwingt und diese Person zusagt, dass sie dies machen werde, spricht man nicht mehr von einer Abmachung. Die aus Schweizer Sicht erwartete Antwort auf die Frage, ob die Frau mit ihrem ExFreund abgemacht hatte, wäre gewesen: «Nein, wir haben nicht abgemacht, er hat mich mittels Drohung dazu gezwungen, um 17 Uhr da zu sein, und ich hatte keine andere Wahl, als dies zu akzeptieren.» Da die aussagende Frau aber nicht über das notwendige kulturelle/sprachliche Wissen verfügte, hat sie aus ihrer Sicht wahrheitsgemäss geantwortet.9

Wie können solche Missverständnisse verhindert werden? Und wie können Einschätzungen und Erklärungen von Dolmetschenden situations- und rollenkonform in die Beurteilung einfliessen? Eine vertrauensvolle, bewusste und sorgfältige Zusammenarbeit mit Dolmetschenden ist in diesem Zusammenhang überaus wichtig. Ermittlungsbehörden sind verantwortlich für die Auswahl der geeigneten dolmetschenden Person und für die Gesprächsführung während der verdolmetschten Einvernahme. Folgende Punkte gilt es insbesondere zu beachten: • Bereits das Definieren der richtigen Sprachkombination ist weniger banal, als es scheint: Die Dialekte variieren zum Teil stark, eine Abklärung und bestmögliche Übereinstimmung der Sprache, des Dialektes und der örtlichen Herkunft ist daher sehr hilfreich.

Der Ex-Freund des mutmasslichen Opfers hatte dieses mehrmals telefonisch kontaktiert, um es wiederzusehen. […] Sie erwiderte, dass sie ihn aber nicht sehen wolle. Daraufhin drohte der Ex-Freund […]. Die Frau fügte sich unter diesem Druck und war um 17 Uhr im Bahnhof. Der Ex-Freund ging mit ihr in einen Wald, wo er sie zum Geschlechtsverkehr zwang. Der Befrager wollte wissen, wie es dazu gekommen sei, dass die beiden zusammen in einem Wald spazieren gegangen seien.

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6 Siehe Maag, Christoph (2018), «Dolmetschen bei der Polizei, vor Gericht und beim Migrationsamt», format magazine – Zeitschrift für Polizeiausbildung und Polizeiforschung, Nr. 8, S. 58–63. 7 Stanek, Malgorzata (2011), Dolmetschen bei der Polizei. Zur Problematik des Einsatzes unqualifizierter Dolmetscher, Berlin: Frank & Timme. S. 69ff. 8 Kipfer, Christof, Ghazal Bohlouli (2016), «Projekt Professionalisierung des Dolmetscherwesens – Update», N‘ius, Heft 19, S. 31–36. 9 Kipfer, Christof, Ghazal Bohlouli (2016), «Projekt Professionalisierung des Dolmetscherwesens – Update», N‘ ius, Heft 19, S. 34.

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• Für gewisse Themen kann auch das Geschlecht der dolmetschenden Person massgeblich sein. • Erhalten die Dolmetschenden bereits im Vorfeld Informationen und allenfalls sogar Unterlagen über die anstehende Einvernahme, können sie sich inhaltlich und emotional gut vorbereiten. • In einem allfälligen Briefing oder Debriefing können zudem zentrale Aspekte kurz angesprochen sowie Unklarheiten geklärt werden. • Auch das Setting, zum Beispiel die Sitzordnung, die Platzverhältnisse oder ein ruhiger und störungsfreier Gesprächsort, ist eine wichtige Komponente. • In der Einvernahme sollten die Polizisten/-innen während der Verdolmetschung auf Mimik und Gestik sowie weitere nonverbale Zeichen der einzuvernehmenden Partei achten. Diese können Aufschluss über Missverständnisse oder Unklarheiten geben, welchen die Behörden insbesondere bei verdolmetschten Einvernahmen unbedingt nachgehen sollten. Wie das ausgeführte Beispiel zeigt, ist nicht jede widersprüchliche Aussage ein Indiz für eine Lüge. 4. Behördliche Zulassungsvoraussetzungen und Qualitätssicherungssysteme Im Interesse der Qualitätssteigerung und Professionalisierung formulieren immer mehr Kantone Zulassungsbedingungen für die behördlichen Dolmetscherverzeichnisse. Dabei lassen sich zwei unterschiedliche Herangehensweisen feststellen. Erstere orientiert sich an den Erfahrungen des Obergerichts des Kantons Zürich, welches mit der Dolmetscherverordnung aus dem Jahr 200410 und der Fachgruppe/Zentralstelle Dolmetscherwesen lange eine Vorreiterrolle innehatte. Die Fachgruppe/ Zentralstelle bewirtschaftet das kantonalzüricherische Dolmetscherverzeichnis und ist zuständig für die Qualitätssicherung. Diese beinhaltet unter anderem die Durchführung von Zulassungskursen für Behörden- und Gerichtsdolmetschende sowie die Abnahme einer Zulassungsprüfung. Die zweite Herangehensweise stützt auf dem Qualifizierungssystem von INTERPRET ab. Akkreditierte Ausbildungsinstitutionen führen seit knapp vier Jahren erfolgreich das Modul «Dolmetschen bei Behörden und Gerichten»11 durch. Bei dieser Herangehensweise wird die Ausbildung der Dolmetschenden erfahrenen Ausbildungsinstitutionen überlassen,

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welche praxisorientiert und in Zusammenarbeit mit Behördenvertretern unterrichten.12 Die Rekrutierung und Zulassung der Dolmetschenden obliegt jedoch auch in diesem Fall den zuständigen Behörden bzw. einer Ansprechstelle, welche auch für die Pflege des Dolmetscherverzeichnisses und die administrative Begleitung der Dolmetscheinsätze besorgt ist. Eine solche Stelle ist ein wichtiger Partner für Polizisten/ -innen, Staatsanwälte/-innen oder Richter/-innen, indem sie bei der Auswahl der passenden dolmetschenden Person unterstützt und Rückmeldungen entgegennimmt. Zudem stellt sie Richtlinien oder Merkblätter zum Dolmetschen zur Verfügung und arbeitet darauf hin, dass diese den Behörden auch bekannt sind.13 Eine Ansprechstelle Dolmetscherwesen schafft Vertrauen und garantiert eine qualitativ hochstehende Leistung. Sie [Die] Ansprechstelle, welche [...] trägt wesentlich dazu bei, dass das Dolmet- für die Pflege des Dolmetscherverschen die notwendige zeichnisses und die administrative Bedeutung und Sicht- Begleitung der Dolmetscheinsätze barkeit erhält. Der um- besorgt ist [...], ist ein wichtiger fassenden und erfolg- Partner für Polizisten/-innen, reichen Verständigung Staatsanwälte/-innen oder Richter/ kommt im gesamten -innen. Ermittlungs- und Gerichtsverfahren mit fremdsprachigen Parteien eine Schlüsselrolle zu – in Bezug auf die Einvernahme, die Rechtsstaatlichkeit und letztlich auch auf die Qualität der gefällten Entscheide.

10 Grundlage für das Dolmetsch- und Übersetzungswesen im Kanton Zürich bilden die Dolmetscherverordnung vom 26./27. November 2003 (LS 211.17) sowie das Reglement der Fachgruppe Dolmetscherwesen vom 18. Februar 2004. www.gerichte-zh.ch/organisation/obergericht/dolmetscherwesen/gesetzliche-grundlagen.html (Zugriff am 10.01.2019). 11 Das Modul «Dolmetschen bei Behörden und Gerichten» wird als Modul 4 bei INTERPRET beschrieben: www.inter-pret.ch/de/ ausbildung-und-qualifizierung_0/ausbildung-und-qualifizierung/ aus-und-weiterbildungsmodule-162.html (Zugriff am 10.01.2019). 12 Siehe dazu auch Maag, Christoph (2018), «Dolmetschen bei der Polizei, vor Gericht und beim Migrationsamt», format magazine – Zeitschrift für Polizeiausbildung und Polizeiforschung, Nr. 8, S. 58–63. 13 Andreas Wymann weist in seiner Diplomarbeit für die eidgenössische höhere Fachprüfung (HFP) «Polizist/Polizistin» auf die Bedeutung von Merkblättern für die Behörden hin (S. 35). Wymann, Andreas (2011), Dolmetschen bei der Luzerner Polizei. Richtlinien und Qualitätsstandards, Diplomarbeit HFP Polizist/Polizistin, Neuchâtel: SPI. Über Merkblätter und Informationsschreiben verfügen zum Beispiel die Kantone Zürich (www.gerichte-zh.ch/ organisation/obergericht/dolmetscherwesen/dolmetschen.html) oder Luzern (https://polizei.lu.ch/dienstleistungen/downloads/ downloads_dolmetscherwesen) (Zugriff am 10.01.2019).

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Interessengemeinschaft INTERPRET INTERPRET ist die schweizerische Interessengemeinschaft für interkulturelles Dolmetschen und Vermitteln und nimmt im Auftrag des Bundes zentrale Aufgaben der Qualifizierung und Qualitätssicherung sowie der Konzept- und Öffentlichkeitsarbeit wahr. INTERPRET steht deshalb regelmässig in Kontakt mit den regionalen Vermittlungsstellen, den Ausbildungsinstitutionen sowie den zustän digen Stellen des Bundes und der Kantone. Ziel von INTERPRET ist dabei die fortlaufende Professio-

nalisierung und Standardisierung einer qualitativ hochstehenden Dienstleistung des Dolmetschens und Vermittelns. INTERPRET: www.inter-pret.ch Die Lernplattform für das interkulturelle Dolmetschen bietet filmische und schriftliche Materialien, Beispiele und didaktische Unterlagen an, um die für die erfolgreiche Zusammenarbeit erforderlichen Kompetenzen gezielt zu erarbeiten oder zu erweitern: www.trialog.inter-pret.ch

Abbildung 1: Interessengemeinschaft INTERPRET

Literatur Bundesverfassung der Schweizerischen Eidgenossenschaft vom 18. April 1999. SR 101. Huber, Tanja (2014), «Verdolmetschte Verhandlungen leicht gemacht», SeismOGraph, Nr. 31, S. 9–11. INTERPRET (2015), Berufskodex für interkulturell Dolmetschende und Vermittelnde, Bern: INTERPRET. Kanton Zürich. Dolmetscherverordnung vom 26./27. November 2003 (LS 211.17). Kanton Zürich. Reglement der Fachgruppe Dolmetscherwesen vom 18. Februar 2004. Kipfer, Christof, Ghazal Bohlouli (2016), «Projekt Professionalisierung des Dolmetscherwesens – Update», N‘ ius, Heft 19, S. 31–36.

Maag, Christoph (2018), «Dolmetschen bei der Polizei, vor Gericht und beim Migrationsamt», format magazine – Zeitschrift für Polizeiausbildung und Polizeiforschung, Nr. 8, S. 58–63. Schläfli, Hanspeter (2018), «Wieder ein Fauxpas der Staatsanwaltschaft?: Die Beweise waren für das Gericht nicht verwertbar», Solothurner Zeitung, 26.1.2018. Stanek, Malgorzata (2011), Dolmetschen bei der Polizei. Zur Problematik des Einsatzes unqualifizierter Dolmetscher, Berlin: Frank & Timme. Wymann, Andreas (2011), Dolmetschen bei der Luzerner Polizei. Richtlinien und Qualitätsstandards, Diplomarbeit HFP Polizist/ Polizistin, Neuchâtel: SPI.

Konvention zum Schutze der Menschenrechte und Grundfreiheiten vom 4. November 1950 [EMRK].

Résumé L’interprétation lors de procédures et d’enquêtes judiciaires Dans le cadre de procédures et d’enquêtes judiciaires – qui impliquent des parties s’exprimant dans une langue étrangère –, une communication détaillée et réussie est déterminante. Différents facteurs contribuent au bon déroulement des auditions et des procédures judiciaires avec des parties qui s’expriment dans une autre langue. Le bon déroulement d’une audition qui nécessite les services d’un·e interprète dépend notamment des qualifications de celui-ci ou de celle-ci. Les interprètes qualifié·e·s disposent d’excellentes connaissances linguistiques et maîtrisent les techniques d’interprétation et de prise de notes. Mais comment les magistrat·e·s ainsi que les policiers·ières chargé·e·s de l’affaire peuvent-ils ou elles vérifier si l’interprète est suffisamment qualifié·e ?

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Étant donné que le titre d’« interprète » n’est pas protégé, cette profession mériterait un système de formation et de qualification reconnu et largement soutenu. INTERPRET propose un système de formation éprouvé, qui s’inscrit dans le système suisse de formation supérieure. Il n’empêche que les autorités chargées de mener les enquêtes ont aussi un rôle important à jouer ; celui d’apporter un soutien tant qualitatif que quantitatif aux interprètes. Ceux-ci ou celles-ci doivent aussi pouvoir compter sur des programmes d’assurance-qualité et, pour cela, sur des interlocuteurs·trices compétent·e·s. Être conscient·e de l’importance des différents concepts sociolinguistiques et culturels dans le cadre de la communication interculturelle est décisif et a un impact non négligeable sur le comportement des autorités vis-à-vis des parties qui s’expriment dans une langue étrangère.

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DOLMETSCHEN IN ERMITTLUNGS- UND GERICHTSVERFAHREN

Riassunto Interpretare nel quadro di procedure e inchieste giudiziarie Nel quadro di procedure e inchieste giudiziarie che implicano parti che si esprimono in una lingua straniera, comunicare in modo chiaro e preciso è un fattore decisivo ai fini dell’audizione, dello stato di diritto e in ultima analisi della qualità delle decisioni stabilite. Sono diversi gli elementi che contribuiscono al corretto svolgimento delle audizioni e delle procedure giudiziarie con parti che si esprimono in una lingua straniera. Nel caso di un’audizione che necessita dei servizi di un interprete, molto dipende dalle qualificazioni di quest’ultimo. Gli interpreti qualificati dispongono di eccellenti conoscenze linguistiche e hanno una totale padronanza delle tecniche di interpretariato e di presa di appunti. In che modo però la direzione della procedura, così come gli agenti polizia coinvolti, possono valutare

se l’interprete è sufficientemente qualificato? Poiché il mestiere di «interprete» non è protetto, questa categoria professionale meriterebbe un sistema di qualificazione e di formazione riconosciuto e ampiamente sostenuto. INTERPRET offre un comprovato sistema di formazione, integrato nel sistema svizzero di formazione professionale superiore. Sono tuttavia altrettanto importanti il ruolo delle autorità incaricate di condurre le inchieste e chiamate a fornire un sostegno qualitativo agli interpreti, che devono poter contare su concetti di assicurazione qualità e quindi su interlocutori competenti. Essere consapevoli dell’importanza dei diversi concetti sociolinguistici e culturali nel quadro della comunicazione interculturale è decisivo e incide in modo rilevante sul comportamento delle autorità nel rapporto con interlocutori di lingua straniera.

SPI-Kurs – Cours ISP – Corso ISP Interkulturelle Kompetenz (3.05.10.d), 25. bis 27. November 2019 Der Kurs orientiert über folgende Themenbereiche: Migration, Integration, Kultur, Kommunikation und Rassismus. Die Teilnehmenden erwerben neues Handlungswissen und lernen, irritierende und unklare Situationen aus dem Berufsalltag besser zuzuordnen. Zudem wird ihnen vermittelt, wie sie problematisches Verhalten von Mitarbeitenden gegenüber Ausländern und anderen Mitarbeitern erkennen und wie sie dies ansprechen können. Ziele: • Darlegen, Zuordnen und Bewerten von Problemen im Umgang mit Menschen, welche aufgrund ihres Aufenthalts in der Schweiz und ihren äusseren Merkmalen als «Fremde» wahrgenommen werden. • Konkrete Handlungsanweisungen im Umgang mit Problemen, welche sich einerseits für die Führungsperson und andererseits im direkten Umgang mit diesen Menschen ergeben – dies unter der Berücksichtigung der Rechtsstaatlichkeit, des Selbstverständnisses des jeweiligen Korps und den polizeitaktischen Erfordernissen. Zielgruppe: Sachbearbeiter/-innen welche oft mit Ausländern zu tun haben, und Mitarbeitende des unteren Polizeikaders, die im Berufsalltag mit interkulturellen Konflikten konfrontiert sind Anmeldung: www.edupolice.ch

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DOLMETSCHEN BEI DER POLIZEI, VOR GERICHT UND BEIM MIGRATIONSAMT

Dolmetschen bei der Polizei, vor Gericht und beim Migrationsamt Einblicke in das Lerndesign mit integrierten Praxistagen Christof Maag Leiter Fachstelle Integration, Caritas Schweiz

Dolmetschen bei Behörden und Gerichten ist eine herausfordernde Tätigkeit, welche hohe Fachkompetenzen von Seiten der Dolmetschenden erfordert. Aber auch für Polizisten/-innen oder Richter/-innen stellt die Zusammenarbeit mit Dolmetschern/-innen eine herausfordernde Situation dar. Caritas Schweiz bietet in Zusammenarbeit mit kantonalen Polizeikorps seit mehreren Jahren ein Ausbildungsmodul für Behördendolmetschende an. Dabei steht der praxisnahe Erwerb von beruflichen Handlungskompetenzen im Vordergrund, damit die Dolmetschenden ihre anspruchsvolle Tätigkeit bei den Behörden bestmöglich erfüllen können. Das Ausbildungsmodul kennt verschiedene Lehr-LernModalitäten sowie Präsenz- und E-Learning-Phasen, wodurch der Lernprozess entscheidend vertieft und die aufgewendeten Ressourcen optimal eingesetzt werden können. Der Praxistag mit und bei der Kantonspolizei St. Gallen fördert den Transfer des Gelernten in den beruflichen Alltag. Solche Lernsituationen, die auf dem Fachwissen aus dem Unterricht aufbauen und von der Praxis inspiriert sind, weisen einen hohen Nutzen auf. Im Sinne einer längerfristigen Sicherung der Qualität beim Dolmetschen sind die Kantonspolizei St. Gallen und Caritas Schweiz dabei, ein Qualitätssicherungssystem zu erarbeiten, welches Handlungs- und Sprachkompetenzen definiert.

Das Ausbildungsmodul 41 von Caritas Schweiz, welches vom Dachverband INTERPRET anerkannt ist, wurde bisher zwölf Mal durchgeführt und von rund 200 Dolmetschern/-innen abgeschlossen. Es wird an verschiedenen Standorten in der Deutschschweiz angeboten, so in Luzern, Zürich und St. Gallen. Im 2019 sind zudem je ein Modul im Kanton Glarus und im Kanton Tessin geplant. In

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Luzern und St. Gallen findet die Durchführung in enger Zusammenarbeit mit der Luzerner Polizei bzw. der Kantonspolizei St. Gallen statt. In beiden Kantonen sind diese Behörden zuständig für die Vermittlung der Dolmetschenden in den Bereichen «Polizei», «Justiz» und «Migration». Neu können sich seit Frühling 2018 erfolgreiche Absolventen/-innen des Moduls prüfungsfrei um eine Aufnahme im Verzeichnis für Behördeneinsätze im Kanton Bern, für welches die Kantonspolizei Bern verantwortlich ist, bewerben. Die Dolmetschsprachen der Teilnehmenden spiegeln die Heterogenität der Gesellschaft wider und reichen von Portugiesisch über Arabisch, Somali, Tigrinja bis hin zu Kurmanci. Das Modul beinhaltet sieben Kurstage (45,5 Std.) sowie einen Prüfungstag und mindestens 51,5 Std. Selbstlernzeit. In den nachfolgenden Ausführungen wird die Didaktik aufgezeigt, die dem Lerndesign des Moduls zugrunde liegt (1), und darauf aufbauend der Ausbildungstag mit der St. Galler Kantonspolizei vorgestellt (2). Schliesslich wird auf das geplante Qualitätssicherungssystem für Behördendolmetschende im Kanton St. Gallen hingewiesen (3). 1. Didaktische Eckpunkte des Lerndesigns Modul 42: Folgende vier Eckpunkte untermauern das Lerndesign: Transfer der Theorie in die Praxis, Individualisierung des Lernens, Unterricht durch Fachpersonen (Polizei, Justiz, Migration, Dolmetschen) sowie Verlängerung des Lernprozesses durch den Einsatz von digitalen Medien.

1 INTERPRET (2018), Aus- und Weiterbildungsmodule. Verfügbar unter: https://www.inter-pret.ch/de/ausbildung-und-qualifizierung_0/ausbildung-und-qualifizierung/aus-und-weiterbildungsmodule-162.html (Zugriff am 26.11.2018). 2 Der detaillierte Ausbildungsverlauf kann Abbildung 1 (S. 59) entnommen werden.

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DOLMETSCHEN BEI DER POLIZEI, VOR GERICHT UND BEIM MIGRATIONSAMT

Erfolgreich dolmetschen bei Behörden und Gerichten – Infografik

Bildungsbedarf Modulinformationen Standortbestimmung Ziele formulieren Lerntagebuch

Praxis Dolmetschen bei der Polizei, auf dem Migrationsamt, im Asylverfahren

Migration/Asyl Einführung in die Themen Migration und Asyl

Strafgesetzbuch (StGB) Strafprozessordnung (StPO) Einführung in die Gesetzestexte

Untersuchungsbehörden Einführung in die Arbeit der Polizei und der Staatsanwaltschaft

Praxis Dolmetschen im Strafrecht Fallarbeit Strafgesetz

Praxis Zivilgesetzbuch (ZGB) Dolmetschen Zivilprozessordnung (ZPO) in einer fiktiven GerichtsverEinführung handlung (Zivilrecht) in die Gesetzestexte

Transfer des Gelernten in das Arbeitsfeld Praxistransfer Rahmenbedingungen eines Einsatzes Emotionale Abgrenzung Selbstlernaktivitäten (individuell und im Tandem)

Marktplatz Präsentationen der Kompetenznachweise und Austausch unter den Lerntandems

Modulabschluss Kompetenznachweis mit Abschlussprüfung Besuch einer Gerichtsverhandlung 5 Praxiseinsätze 90 % Anwesenheit Unterricht

Abb. 1: Ausbildungsverlauf Modul 4

1.1. Transfer der Theorie in die Praxis Zwei Wochen nach der Vermittlung von Theorieinhalten, z. B. zum StGB3 und zur StPO4, folgt die praktische Anwendung des Gelernten. Als Vorbereitung übertragen die Teilnehmenden jeweils die im Theorieunterricht besprochene Fachterminologie in die eigene Dolmetschsprache. Anschliessend folgen Dolmetschübungen, die eine ausgebildete Behördendolmetscherin für das behandelte Thema vorbereitet, oder Praxisübungen, welche die Polizei selbst durchgeführt. Bei den praktischen Übungen zum ZGB/ZP05 schliesslich simuliert eine Richterin zusammen mit der Behördendolmetscherin eine zivilgerichtliche Einvernahme im Familienrecht, in der alle Teilnehmenden dolmetschen müssen. Des Weiteren bilden die Kursteilnehmenden Lerntandems, welche von der Kursleitung den Auftrag erhalten, zwischen den Kurstagen verschiedene Dolmetschsprach- und Gedächtnisübungen auszuführen. Begleitend zur Ausbildung müssen zudem fünf Dolmetscheinsätze erfolgen. Diese Übungen und die praktischen Einsätze unterstützen die Verarbeitung des Lernstoffs und den Transfer des Gelernten in den beruflichen Alltag.

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1.2. Individualisierung des Lernens Das Motto des lebenslangen Lernens und der Individualisierung des Lernens ist heute breit anerkannt.6 Für die Didaktik des Moduls bedeutet dies, dass in den sieben Tagen zwar viele Inhalte gesetzt und diskutiert sowie Fragen besprochen werden, vor allem aber, dass die Teilnehmenden selbstgesteuert lernen und ihr persönliches Wissensmanagement betreiben. Die sehr unterschiedlichen Berufsbiographien der Teilnehmenden werden durch diesen Fokus ebenfalls begünstigt. In ihrem Berufsalltag sind die Dolmetschenden oft mit neuen Fragen und Herausforderungen konfrontiert, auf die sie selbstständig Antworten finden müssen.

3 Schweizerisches Strafgesetzbuch vom 21. Dezember 1937 [StGB], SR 311.0. 4 Schweizerische Strafprozessordnung vom 5. Oktober 2007 [StPO], SR 312.0. 5 Schweizerisches Zivilgesetzbuch vom 10. Dezember 1907 [ZGB], SR 210 und Schweizerische Zivilprozessordnung vom 19. Dezember 2008 [ZPO], SR 272. 6 Siehe u. a. Seufert, Sabine (2013), Bildungsmanagement: Einführung für Studium und Praxis, Stuttgart: Schaeffer-Poeschel, S. 21 oder Schweizerischer Verband für Weiterbildung [SVEB] (2018), «Berufsbildung 2030 – Vision und Wirklichkeit», Education Permanente – Zeitschrift für Weiterbildung, Nr. 3 (2018), Zürich: SVEB.

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In diesem Kontext bietet das Modul folgende Lernfelder an: Standortbestimmung, Ziele, Lerntagebuch, Kompetenznachweis und Glossar. Alle Teilnehmenden müssen vor Kursbeginn Rechenschaft über ihre Motivation sowie ihre Kompetenzen und Erfahrungen auf diesem Gebiet ablegen. Sodann stellen sie ihre persönlichen Ziele für das Modul auf, welche die allgemeinen Ziele des Veranstalters ergänzen und jene Nuancierung und Gewichtung ermöglichen, die für das individuelle Lernen entscheidend sind. Mit dem Lerntagebuch reflektieren und verarbeiten die Teilnehmenden nach jedem Ausbildungstag den Unterricht und mit dem Kompetenznachweis stellen sie wichtige Informationen zu einem Teilbereich des BehörDer Wissensaufbau bei den den- und Justizwesens Teilnehmenden erfolgt zu einem zusammen. Das Dossier grossen Teil jeweils schon in der soll übersichtlich, geordVorbereitungsphase. So wird in net und aktuell sein und der wertvollen Präsenzphase der für sie zu einem ständig Teil des reinen Wissensaufbaus wachsenden Arbeitsinstzugunsten von praktischen An- rument werden, in dem sie schnell die für einen wendungsübungen verringert. Einsatz wichtigen Informationen finden. Es soll so aufgebaut sein, dass sie jederzeit veraltete Informationen herausnehmen und neue hinzufügen können. Das Dossier wird mit einem Glossar für den ausgewählten Themenbereich ergänzt. Damit erarbeiten die Teilnehmenden einen Fachwortschatz und verknüpfen diesen mit den betreffenden Begriffen in ihrer Dolmetschsprache. Das Glossar muss ausbaubar sein, sodass neue Begriffe leicht eingebaut werden können. Beide Elemente bilden einen Teil der Abschlussprüfung. Dieses exemplarische Lernen an einem Thema bietet den Teilnehmenden eine Lernerfahrung, die sie später für die selbstständige Erarbeitung von weiteren Fachthemen und -glossaren nutzen können. 1.3. Unterricht durch Fachpersonen aus den Bereichen «Polizei», «Justiz», «Migration» und «Dolmetschen» An den theoretischen Tagen bieten ausgewiesene Fachpersonen des jeweiligen Gebietes fundierte Inputs an. Für die dolmetschende Person als Einzelkämpferin ist es ein nicht zu unterschätzender Gewinn, Staatsanwälten/-innen, Richtern/-innen oder Polizisten/-innen in einem schulischen Umfeld zu begegnen und ihnen – ohne den Druck des Berufsalltags

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– Fragen stellen und sich mit ihnen austauschen zu können. Durch die Praxiserfahrenheit der Dozierenden wird so das Lernfeld mit dem beruflichen Einsatzgebiet zusammengeführt. Lernsituationen mit z. B. Polizisten/-innen fördern den Dialog der Akteure weiter und schaffen eine Art «professionelles Vertrauen» in die Leistung der Beteiligten. «Die beschuldigte Person muss das Vertrauen in den Dolmetscher spüren und feststellen, dass man nicht über, sondern mit ihr spricht. Auch der Polizist muss merken, dass auf den Dolmetscher Verlass ist und dass seine Übersetzungen kompetent und präzise sind.»7 Der Autor, aus dessen Diplomarbeit dieses Zitat stammt, weist hier darauf hin, dass der Faktor «Vertrauen» bei diesen Einvernahmen von grundlegender Bedeutung ist. Lernsituationen im Unterricht stützen dies. 1.4. Verlängerung des Lernprozesses durch den Einsatz von digitalen Medien Die didaktische Reduktion8 ist Teil jedes Lerndesigns, weil aufgrund der Vielschichtigkeit des Berufsalltags im Unterricht immer nur eine Auswahl an Themen behandelt werden kann. Das Blended-Learning-Modell dieses Moduls9 orientiert sich am Phasenmodell von SCIL10 und enthält Vorbereitungs-, Präsenz- und Transferphasen. Die Kombination von verschiedenen Lehr-Lern-Modalitäten sowie von Präsenz- und E-Learning-Phasen intensiviert den Lernprozess signifikant. Alle Teilnehmenden erhalten zwei Wochen vor Modulbeginn ein umfassendes digitales Arbeitsbuch, welches alle Informationen und Handlungsanweisungen zum erfolgreichen Besuch des Moduls enthält. Das Arbeitsbuch ist interaktiv und wird z. B. auch für das Lerntagebuch genutzt. Auf der elektronischen Plattform Educanet2 werden den Teilnehmenden vor und nach den jeweiligen Kurstagen umfangreiche Materialien zur Verfügung gestellt. Der Wissensaufbau bei den Teilnehmenden erfolgt zu einem grossen Teil jeweils schon in der Vorberei7 Wymann, Andreas (2011), Dolmetschen bei der Luzerner Polizei: Richtlinien und Qualitätsstandards, Diplomarbeit für die eidg. Höhere Fachprüfung Polizist/Polizistin, Neuchâtel : SPI, S. 23. 8 Arbowis (ohne Datum), Didaktische Analyse nach Klafki. Verfügbar unter: https://www.arbowis.ch/index.php/erwachsenenbildung/ unterrichtsplanung/76-2014/erwachsenenbildung/unterrichtsplanung/inhaltsanalyse-und-didaktische-reduktion/41-didaktischeanalyse-nach-klafki (Zugriff am 26.11.2018). 9 Seufert, Sabine (2013), Bildungsmanagement: Einführung für Studium und Praxis, Stuttgart: Schaeffer-Poeschel. S. 239ff. 10 Universität St. Gallen (2018). Swiss Competence Centre for Innovations in Learning (SCIL), scil-blog: Beiträge. Verfügbar unter: www.scil-aktuell.ch (Zugriff am 26.11.2018).

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tungsphase. So wird in der wertvollen Präsenzphase der Teil des reinen Wissensaufbaus zugunsten von praktischen Anwendungsübungen verringert. Wie sich dies konkret gestaltet, wird im folgenden Kapitel anhand des Beispiels in St. Gallen illustriert. 2. Ausbildungstag mit der Kantonspolizei St. Gallen Der speziell konzipierte Ausbildungstag in St. Gallen beginnt am Vormittag mit einer zweistündigen Einführung durch einen Staatsanwalt, der die Arbeit der Sicherheitsbehörden schildert sowie mögliche Einsätze der Dolmetscher/-innen aufzeigt. Im Anschluss an diese kurze Einführung in die örtlichen Gegebenheiten organisiert ein interdisziplinäres Team der Kantonspolizei St. Gallen einen Parcours mit vier praxisnahen Stationen zur spontanen Verdolmetschung: Besuchsüberwachung, Einvernahme eines Verhafteten, Telefonüberwachung, Opfereinvernahme mit Dolmetschen im Nebenraum über Video. Die Teilnehmenden werden in Gruppen aufgeteilt, rotieren von einer Station zur anderen und müssen abwechslungsweise dolmetschen. Die einzelnen Situationen werden alltagsnah nachgespielt. Ergänzt werden die Stationen mit dem Besuch einer Gefängniszelle. Rückmeldungen von Seiten der Dolmetschenden zeigen, wie sehr sie die direkten Einblicke in die Polizeiinfrastruktur und den Austausch mit den Polizisten/-innen vor Ort schätzen11: «Sehr interessante, praxisnahe Übungen. Ich hatte schon Erfahrungen, aber es gab trotzdem viel Neues.», «Super Einblicke in die Arbeit der Polizei, konnte meinen Horizont erweitern.», «In erster Linie ist es schön, dass die Polizei Interesse an unserer Arbeit als Dolmetscher zeigt und die Zusammenarbeit und die Qualität verbessern will.». Die Kantonspolizei erwähnte in ihrem Rückblick, dass die Arbeit bei der Polizei für viele Personen eine aussergewöhnliche und herausfordernde Situation bedeute. Dennoch hätten die meisten Teilnehmenden mit ihrem Können und ihrer Motivation voll überzeugt und würden in Zukunft für die Polizei, die Staatsanwaltschaft und die Gerichte wertvolle Aufgaben übernehmen können. Der Kurstag fördert im Sinne eines deduktiven Lernprozesses den Transfer vom Lern- in das Berufsfeld. Diese Lernprozesse bauen auf dem Fachwissen aus dem Unterricht auf und werden in realitätsnahen Lernsituationen erprobt.12 Der Praxistag in St. Gallen fördert somit das professionelle Verhalten und

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das gegenseitige Vertrauen der Beteiligten durch die «spielerische» Verarbeitung von Dolmetschsituationen. 3. Qualitätssicherung Welche Prozesse sind für die Qualitätssicherung beim Dolmetschen notwendig? Welche formalen Anforderungen an die Dolmetschenden gelten dabei und mit welchen Mitteln möchte der Kanton St. Gallen die Umsetzung sicherstellen? Die dolmetschenden Personen werden von den kantonalen Behörden in der Regel nicht fest angestellt, sondern für einzelne Aufträge mandatiert.13 Für die Aufnahme in die Dolmetscher-Datenbank im Kanton St. Gallen14 waren bisher vor allem formale Zulassungsbedingungen wie z. B. sicherheitsrelevante Überlegungen entscheidend. Kontrollen der Sprachkenntnisse Damit nun aber in Zukunft oder etwa der berufsspezifischen Kompe- sichergestellt werden kann, dass tenzen erfolgten durch Verdolmetschungen kompetent einen Zulassungskurs und auf einem qualitativ hohen und ein persönliches Niveau ausgeführt werden, sind Vorstellungsgespräch. verschiedene Zulassungs- und Ob eine dolmetschenQualifizierungsschritte notwendig. de Person die vom Auftraggeber gewünschten Kompetenzen mitbrachte, hing sehr stark von deren persönlicher Berufsbiographie ab, weniger hingegen von den Anforderungen und Ansprüchen des Auftrag gebenden Kantons.15 Damit nun aber in Zukunft sichergestellt werden kann, dass Verdolmetschungen kompetent und auf einem qualitativ hohen Niveau ausgeführt werden, sind verschiedene Zulassungs- und Qualifizierungsschritte notwendig. Die Kantonspolizei St. Gallen hat im Austausch mit der Fachstelle Integration von Caritas Schweiz im Wesentlichen folgende fünf Prozessschritte definiert: Zulassungsverfahren, Überprüfung Dolmetschsprache und 11 Universität St. Gallen (2018), op. cit. 12 Seufert, Sabine (2013), Bildungsmanagement: Einführung für Studium und Praxis, Stuttgart: Schaeffer-Poeschel, S. 236. 13 Kanton St. Gallen (2018), Dolmetscherwesen. Merkblätter und Formulare. Verfügbar https://www.sg.ch/home/sicherheit/dolmetscherwesen/merkblaetter_und_formulare.html (Zugriff am 02.11.2018). 14 ibid. 15 Eine Situation, die in vielen Kantonen in der Schweiz anzutreffen ist und eine gängige Praxis darstellt. Die meisten Kantone kennen kürzere Zulassungskurse und/oder Infoveranstaltungen für neue Dolmetschende.

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Verfahrenssprache, Ausbildung mit Abschlussprüfungen, Vermittlung. Die beiden Partner haben 2017 und 2018 je ein Kursmodul gemeinsam durchgeführt und planen nun die Umsetzung des neuen Zulassungs- und Qualifizierungssystems ab Frühling 2019. Bewerbungen mit allen persönlichen Unterlagen für die Aufnahme im Dolmetscherpool werden wie bis anhin an die kantonale Behörde gerichtet, die im sogenannten Zulassungsverfahren die Unterlagen prüft und verschiedeBewerber/-innen müssen im Zulas- ne sicherheitsrelevansungsverfahren eine formale Sprach- te Checks vornimmt. qualifikation [...] auf dem Niveau Falls keine Einwände C1 des europäischen Sprachenport- gegen die sich bePerson folios vorweisen. werbende vorliegen, wird diese vorläufig aufgenommen. Bewerber/-innen müssen im Zulassungsverfahren eine formale Sprachqualifikation (z. B. Goethe Sprachzertifikat16 in Deutsch) auf dem Niveau C1 des europäischen Sprachenportfolios17 vorweisen. Alle Dolmetschenden im Kanton müssen das Modul 4 besuchen, welches regelmässig in Zürich und St. Gallen angeboten

wird. Damit sie dieses obligatorische Modul besuchen können, müssen sie ausserdem vor Kursbeginn eine vom Dachverband INTERPRET durchgeführte Dolmetschsprachprüfung18 erfolgreich bestehen. Der Kompetenznachweis sowie eine Prüfung zu juristischen Fragen sind weitere Prüfungselemente. Die vorgesehenen Praxiseinsätze absolvieren die Teilnehmenden des Moduls als «Lernende». Damit wird sichergestellt, dass sie angepasste (leichtere) Verdolmetschungen zugewiesen erhalten, sie aber dennoch Praxiserfahrungen machen können. Erst wer alle Aufnahmeschritte erfolgreich bestanden hat, wird künftig definitiv im Dolmetscherpool des Kantons aufgenommen. 16 Goethe-Institut (ohne Datum), Goethe Zertifikat C1. Verfügbar unter: https://www.goethe.de/de/spr/kup/prf/prf/gc1.html (Zugriff am 26.11.2018). 17 Kanton St. Gallen (ohne Datum), Europäisches Sprachenportfolio – Raster zur Selbstbeurteilung [nach Europarat]. Verfügbar unter: https://www.integration-sg.ch/files/GER.pdf (Zugriff am 26.11.2018). 18 Überprüfung der Dolmetschsprache durch eine standardisierte Prüfung durch den Dachverband INTERPRET. Unseres Wissens wird die Dolmetschsprache, zumindest in der deutschen Schweiz, in keinem anderen Kanton überprüft.

Literatur Arbowis (ohne Datum), Didaktische Analyse nach Klafki. Verfügbar unter: https://www.arbowis.ch/index.php/erwachsenenbildung/ unterrichtsplanung/76-2014/erwachsenenbildung/ unterrichtsplanung/inhaltsanalyse-und-didaktische-reduktion/41didaktische-analyse-nach-klafki (Zugriff am 26.11.2018).

Schweizerische Zivilprozessordnung vom 19. Dezember 2008 [ZPO], SR 272.

Goethe-Institut (ohne Datum), Goethe Zertifikat C1. Verfügbar unter: https://www.goethe.de/de/spr/kup/prf/prf/gc1.html (Zugriff am 26.11.2018).

Schweizerisches Strafgesetzbuch vom 21. Dezember 1937 [StGB], SR 311.0.

INTERPRET, Aus- und Weiterbildungsmodule. Verfügbar unter: https://www.inter-pret.ch/de/ausbildung-und-qualifizierung_0/ ausbildung-und-qualifizierung/aus-und-weiterbildungsmodule-162. html (Zugriff am 26.11.2018). Kanton St. Gallen (2018), Dolmetscherwesen. Merkblätter und Formulare. Verfügbar unter: https://www.sg.ch/home/sicherheit/ dolmetscherwesen/merkblaetter_und_formulare.html (Zugriff am 02.11.2018). Kanton St. Gallen (ohne Datum), Europäisches Sprachenportfolio – Raster zur Selbstbeurteilung [nach Europarat]. Verfügbar unter: https:// www.integration-sg.ch/files/GER.pdf (Zugriff am 26.11.2018).

Schweizerischer Verband für Weiterbildung [SVEB] (2018), «Berufsbildung 2030 – Vision und Wirklichkeit», Education Permanente – Zeitschrift für Weiterbildung, Nr. 3, Zürich: SVEB.

Schweizerisches Zivilgesetzbuch vom 10. Dezember 1907 [ZGB], SR 210. Seufert, Sabine (2013), Bildungsmanagement: Einführung für Studium und Praxis, Stuttgart: Schaeffer-Poeschel. Universität St. Gallen (2018). Swiss Competence Centre for Innovations in Learning (SCIL), scil-blog: Beiträge. Verfügbar unter: www.scil-aktuell.ch (Zugriff am 26.11.2018). Wymann, Andreas (2011), Dolmetschen bei der Luzerner Polizei: Richtlinien und Qualitätsstandards, Diplomarbeit für die eidg. Höhere Fachprüfung Polizist/Polizistin, Neuchâtel: SPI.

Schweizerische Strafprozessordnung vom 5. Oktober 2007 [StPO], SR 312.0.

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Résumé L’interprétation auprès de la police, du tribunal et du service des migrations L’interprétation auprès des autorités et des tribunaux est une activité exigeante qui requiert d’importantes compétences métier de la part des interprètes. Pour les policiers·ières ou les juges, la collaboration avec les interprètes est également liée à des défis majeurs. Depuis plusieurs années, Caritas Suisse propose, en collaboration avec différentes polices cantonales, un module de formation destiné aux interprètes travaillant auprès des autorités. L’acquisition de compétences métier est placée au centre de la démarche, car elle doit assurer que les interprètes puissent effectuer cette activité exigeante auprès des autorités dans les meilleures conditions possibles. Le module de formation proposé se caractérise par différentes modalités dans la relation enseignant·e·s-apprenant·e·s et par l’alternance

de phases de présentiel et de e-learning. Ces méthodes mixtes doivent permettre d’approfondir le processus d’apprentissage et de gérer les ressources de manière optimale. La journée de formation pratique, réalisée en collaboration avec la Police cantonale de St-Gall et dans ses locaux, favorise le transfert de l’apprentissage dans le quotidien professionnel. L’importante plus-value de cette journée pratique est assurée par des situations d’entraînement concrètes qui s’appuient tant sur les connaissances issues de la formation que sur les cas inspirés de la pratique. Afin d’assurer la qualité de l’interprétation à long terme, la Police cantonale de St-Gall et Caritas Suisse développent un système d’assurance-qualité qui définit les compétences des interprètes tant sur le plan métier que sur le plan linguistique.

Riassunto Interpretare presso la polizia, il tribunale e l’ufficio della migrazione Interpretare presso autorità e tribunali è un’attività esigente che richiede elevate competenze tecniche da parte degli interpreti. Anche per gli agenti di polizia o i giudici, la collaborazione con gli interpreti implica sfide considerevoli. Da molti anni, Caritas Svizzera propone, in collaborazione con i corpi di polizia cantonali, un modulo formativo destinato agli interpreti che lavorano al servizio delle autorità. Il corso pone l’accento sull’acquisizione a livello pratico di competenze operative professionali, affinché gli interpreti possano svolgere questa importante attività presso le autorità nelle migliori condizioni possibili. Il modulo formativo proposto si caratterizza da diverse modalità nella relazione insegnante-studente

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e dall’alternanza tra fasi di formazione presenziale e e-learning; questo mix di modalità permette di approfondire il processo di apprendimento e di impiegare le risorse disponibili in maniera ottimale. La giornata di formazione pratica, svolta in collaborazione con la Polizia cantonale SG presso la sua sede, promuove il transfer di conoscenze nella vita quotidiana professionale e ha il merito di attuare situazioni di apprendimento concrete che poggiano sulle conoscenze tecniche tratte dalla formazione e sui casi ispirati alla pratica. Al fine di assicurare la qualità dell’interpretazione nel lungo termine, la Polizia cantonale SG e Caritas Svizzera elaborano un sistema di assicurazione qualità che definisce le competenze operative e linguistiche degli interpreti.

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LES GROUPES D’INTERVENTION, DES BASTIONS MASCULINS ENCORE POUR LONGTEMPS ?

Les groupes d’intervention, des bastions masculins encore pour longtemps ? Nicole Windler Cheffe de groupe à la police routière, Police cantonale Genève

Le présent article s’appuie sur les recherches effectuées par l’auteure lors de son travail de diplôme EPS intitulé « Les critères de recrutement pour intégrer les groupes d’intervention (GI) doivent-ils être genrés ? » et pour lequel le Prix à l’innovation lui a été décerné en 2016 par la FSFP. L’auteure considère que, dans ce domaine, rien n’a changé depuis lors étant donné qu’il n’y a toujours aucune femme dans les formations GI, tireurs d’élite ou spécialistes en matière d’explosifs. Pour viser une intégration substantielle des femmes dans des brigades d’intervention, son postulat est qu’une volonté politique claire doit être exprimée en hauts lieux, notamment par la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police et que celle-ci soit soutenue par les magistrat·e·s en charge des dicastères liés à la sécurité. Que la femme ait sa place dans la police est un fait indiscutable, mais l’évolution est lente. La police, qui reflète la société, manque de modèles féminins pour affirmer les valeurs et la position des femmes, pourtant susceptibles d’apporter un soutien à la nouvelle génération. L’impulsion donnée, déjà dans certaines écoles primaires, en matière de sociologie du genre, de respect de la réalité de vie des genres et de mise en avant de l’égalité des chances, réelles et non seulement formelles, porte petit à petit ses fruits. Cela dit, l’intégration du genre ne veut pas dire abandonner les rôles jusqu’ici assumés, mais bien laisser une liberté de choix quant au style de vie, sans critiques ni préjugés. Chaque individu doit pouvoir correspondre au rôle de son choix et évoluer en conséquence.

S'intéressant aux critères de recrutement, le travail de diplôme rédigé par l’auteure il y a deux ans (Windler, 2016) décrivait la place de la femme au sein des unités spéciales des polices suisses. Il mettait en avant les difficultés rencontrées par les hiérarchies et celles des femmes intéressées par ces unités. Trois variantes étaient proposées visant une évolution au niveau de l’intégration de la gent féminine dans les unités spéciales et aussi des solutions pour adapter le barème aux capacités physiques de la femme. Ce travail inclut une comparaison avec d’autres métiers spécifiquement masculins ainsi que des entretiens portant principalement sur les différents tests de recrutement, le poids des équipements et l’intégration des femmes dans les corps de police cantonaux, l’armée et le service d’incendie et de secours. L’Office fédéral du sport (OFSPO) et un masseur dans le domaine sportif de compétition ont été sollicités pour étudier les différences physiques fondamentales. L’évolution sociétale liée à la socialisation de la femme a aussi été abordée, du fait que lorsque l’on traite de la question des rapports hommes/femmes, on ne peut échapper à la question des stéréotypes, des préjugés sociaux ainsi qu’à la question liée à l’égalité des sexes. Pour déterminer les variantes liées aux possibilités d’intégrer, plus largement, les femmes dans les unités spéciales, trois critères ont été pris en compte : 1. la capacité physique ; 2. l’adaptation des locaux pour accueillir des femmes et les coûts engendrés ; 3. les aspects sociaux (préjugés, cohésion du groupe, image de la femme, différences autres que morphologiques). Discussion et conclusion La réflexion a mis en évidence que si la capacité physique entre hommes et femmes est différente, et

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ce pour des raisons indéniables, elle ne semble en revanche pas être le critère principal qui empêcherait une intégration réussie des femmes dans les GI. La question de l’adaptation du test d’entrée pour intégrer les unités spéciales de la police apparaît donc secondaire. L’adaptation des locaux et les coûts liés à l’engagement de femmes ne semblent pas non plus être les raisons prépondérantes qui s’opposeraient à l’accueil de personnel féminin. C’est plutôt l’aspect social qui semble être le frein principal à leur intégration. En effet, la condition de la femme dans la société n’a eu de cesse d’évoluer et, au vu des témoignages recueillis et de l’évolution perçue, il est probable que, dans quelques années, les mentalités auront encore changé et que les femmes intégreront naturellement les GI, sans susciter ni débats idéologiques ni controverses, comme c’est le cas aujourd’hui. Ce contexte ayant été posé, les avantages et les inconvénients de trois variantes ont été mis en exergue : 1. Les femmes ne peuvent pas postuler aux GI. 2. Les femmes peuvent postuler aux GI, avec un barème identique homme/femme. 3. Les femmes peuvent postuler aux GI, avec un barème adapté. Et ce dans le but de susciter la réflexion, y compris celle des hiérarchies, des pouvoirs politiques et des policiers·ières concerné·e·s et ainsi permettre de prendre position face à la question : « Les critères de recrutement pour intégrer les groupes d’intervention doivent-ils être genrés ? » L’auteure plébisciterait et défendrait la 3e variante si celle-ci pouvait être envisagée à court ou moyen terme. C’est-à-dire dans une réalité différente, un monde parfait en quelque sorte, dans lequel les polices cantonales jouiraient d’effectifs idéaux et où les heures supplémentaires ne seraient plus un problème. Les femmes peuvent, dans cette variante, bénéficier de barèmes adaptés notamment pour les épreuves physiques. Épreuves au travers desquelles force est de constater que leurs capacités sont plus faibles que les hommes. Aussi, la force des bras chez les femmes représente, par exemple, en moyenne 55 % de celle des hommes, tandis que la force des abdominaux est estimée à 90 % de celle des hommes. Ce qui signifie que, dans ces épreuves, le barème devrait être abaissé de 10 % par rapport à celui des hommes.

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Il est ici assumé que les femmes sont certes plus faibles physiquement que les hommes, mais qu’elles ont néanmoins leur place au sein des GI et permettraient à ces unités de se doter d’un éventail de compétences élargi. En termes de risques à assumer par les hiérarchies des corps de police, il s’agirait d’évaluer le nombre de situations où la force physique pure a été utilisée lors d’intervention GI et lors desquelles une femme n’aurait probablement pas pu remplir sa mission, faute de force suffisante. Si ce taux s’avérait être élevé, il s’agirait d’augmenter les Si la capacité physique entre effectifs des GI afin de hommes et femmes est différente pouvoir 1) bénéficier [...] elle ne semble [...] pas être le d’une représentation critère principal qui empêcherait féminine et 2) assurer une intégration réussie des femmes les missions dévolues dans les GI. au groupe. Néanmoins, et de façon empirique, il semblerait que ce taux ne soit pas si élevé que cela et que le besoin de recourir à la force physique pure pour mener à bien une mission soit uniquement utilisé comme argument par certains pour tenir éloignée la gent féminine de ce bastion masculin. Une étude sur l’intégration des femmes dans les GI à l’étranger pourrait aussi être conduite, mais il est intéressant de noter qu’elles font partie intégrante des US Marines depuis 1948, date à laquelle le Congrès a fait passer la Loi d’intégration du personnel féminin au sein des forces armées. Mais ce n’est qu’en 2016 que les femmes ont été autorisées à servir dans les unités d’infanterie et dans les forces spéciales. Cette tendance suit la voie ouverte par l’Australie où, en 2011, le ministre de la Défense, Stephen Smith, avait jugé tout à fait réaliste que les femmes puissent servir en première ligne. Il déclarait : « ces postes doivent être attribués en fonction des capacités mentales et physiques et non en fonction du sexe, afin de changer une culture militaire dominée par les hommes ». On apprend également dans un article de Laurent Lagneau (2015) que le test pour intégrer les US Marines pour une femme est genré, car adapté aux capacités physiques féminines décrites ci-dessus. Par exemple, les hommes doivent effectuer vingt tractions, alors que les femmes doivent en effectuer seulement trois. Dans cette situation, il pourrait être envisagé que dans un groupe GI, il y ait des éléments légers, voire

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LES GROUPES D’INTERVENTION, DES BASTIONS MASCULINS ENCORE POUR LONGTEMPS ?

Avantages de la variante • Équité • Image de l’institution valorisée • Motivation des femmes • Compétences féminines valorisées • Expériences réussies dans d’autres corps • Répartition des tâches en fonction des compétences de chacun·e

Inconvénients de la variante • Risques liés à la force à identifier • Risques éventuels à assumer par la direction • Besoin RH éventuellement supérieur • Polémique certaine • Gestion des difficultés d’intégration • Complexification de la gestion RH • Légère augmentation des coûts de la formation • Répartition des tâches en fonction des compétences de chacun·e

Tableau 1 : Avantages et inconvénients de la variante « Les femmes peuvent postuler au GI, avec un barème adapté » (Windler, 2016)

spécialisés pour une tâche plutôt que pour une autre. Pour intervenir avec cet éventail de compétences en tout temps, une gestion et une organisation du personnel rigoureuses seraient demandées aux cadres. Point de vue personnel À en croire l’expérience professionnelle de l’auteure, qui a travaillé durant dix-sept ans au sein de la Police genevoise dont six à la Brigade de la navigation – en tant que pionnière, puisqu’elle fut la première femme à avoir intégré cette uniL’ intégration réussie des femmes té spéciale –, les polices au sein du SIS [...], qui sont aussi cantonales devraient appelées à porter du matériel aujourd’hui idéalement d’ intervention lourd et peuvent bénéficier de GI compoaussi être amenées à évacuer sur sés en partie de personleur dos une personne blessée, nel féminin. Les femmes tend à démontrer que cela est de pourraient accéder à ces fonctions avec des bal’ordre du possible. rèmes différenciés pour les tests physiques. L’équité de traitement serait alors respectée. Nous parlons volontairement d’équité et non d’égalité.1 En effet, l’intégration réussie des femmes au sein du SIS (Service d’incendie et de secours de la ville de Genève), qui sont aussi appelées à porter du matériel d’intervention lourd et peuvent aussi être amenées à évacuer sur leur dos une personne blessée, tend à démontrer que cela est de l’ordre du possible. Dès lors, avant et durant la rédaction de son travail de diplôme, l’auteure s’est demandé quelle variante défendre au vu des arguments recueillis et portant sur la possibilité d’intégrer réellement des femmes au sein des GI. Au moment de finaliser son travail, elle a conclu que les GI devaient, pour l’heure, rester des bastions masculins. Ses convictions, valables encore aujourd’hui, se sont forgées principalement sur l’étude objective de la pénibilité physique des missions, de la socialisa-

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tion des genres hommes/femmes dans la société et dans les polices, le témoignage d’une collègue ayant réussi les examens des TE (tireurs d’élite) et en se référant à ses propres expériences. Pour ce qui est des aspects sociaux et relationnels entre les femmes et les hommes, ils prennent également une place importante dans le débat lié à la question de l’intégration de la femme dans des bastions masculins. À noter que, non seulement les policiers de terrain ont évoqué les liaisons intimes comme un frein à l’intégration des femmes dans les GI, mais que les différentes hiérarchies contactées ont également affirmé craindre d’être confrontées à cette « problématique ». Car il ne faut pas seulement être conscient des différences physiques, mais aussi les accepter et afficher une réelle volonté de les prendre en compte dans le travail. Or, les entretiens conduits, tant avec des policiers de terrain qu’avec leur hiérarchie, tendent à démontrer que l’acceptation d’une femme dans une brigade spécialisée relève plus de l’exception que d’une généralité. En effet, pour l’heure, la sensibilité qui semble prédominer sur la question de l’intégration des femmes dans les GI, ou plus généralement dans des brigades spécialisées, relève davantage de la réticence, voire du dénigrement. Mais au vu de l’évolution sociétale actuelle, l’auteure conclut cependant positivement en mentionnant que chaque brigade ou chaque groupe est toujours à la recherche de la bonne personne et qu’un jour, même aux GI, cette personne sera une femme. La femme dans la société d’aujourd’hui Il ne se passe pas un jour sans que l’on n’entende parler de l’égalité hommes/femmes, en ce qui concerne les salaires, les primes d’assurance, les quotas de femmes dans les entreprises ou en politique.

1 Une explication de la distinction des notions d’égalité et d’équité figure, par exemple, sur le site hierophanie.net (Lise, 2016).

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De plus, les stéréotypes liés aux genres et à la discrimination professionnelle de la femme viennent s’y ajouter. Au moment de la rédaction de cet article, l’actualité au sujet de l’égalité hommes/femmes est en ébullition. Pour exemple, le 22 septembre 2018, weekend de votations en Suisse, une manifestation réunissant près de 20 000 personnes s’est déroulée à Berne ; elle portait précisément sur l’égalité salariale. Certes le contexte est différent, car dans les polices, l’égalité salariale est respectée au niveau des grades. On constate néanmoins qu’en haut de la pyramide hiérarchique, le nombre de femmes cadres est proportionnellement faible. Pour exemple, à Genève, en octobre 2018, seules 2 femmes avaient le grade de capitaine, alors qu’ils étaient 45 hommes (soit 4 % de femmes et 96 % d’hommes). Au niveau des lieutenants, la proportion est légèrement plus faible : 2 femmes pour 58 hommes (soit 3 % de femmes et 97 % d’hommes). Et ce, quand bien même la proportion totale de femmes policières est de quelque 15 % à Genève (231 femmes pour 1279 hommes) ; en 2011, elle était inférieure à 8 %.2 Pour comparaison, la Police cantonale de Zurich compte dans ses rangs 19,5 % de femmes (458 femmes pour 2347 hommes).3 Il est à relever que jusqu’à ces dernières années, les femmes (et les hommes) travaillant à temps partiel n’avaient pas le même potentiel d’évolution, c’està-dire qu’elles sortaient du rang et, de ce fait, stagnaient dans leur position alors que leur promotion masculine poursuivait son avancement hiérarchique. Cet état de fait empêchait ces collaboratrices d’évoluer dans leur cursus et de prétendre à des postes d’encadrement. Les femmes semblent avoir gardé un sens « sacrificiel » pour la famille, sens qui tend à s’équilibrer avec les nouvelles générations. Le fait suivant met en exergue les tensions liées à l’intégration des femmes dans certains milieux : en septembre 2018, un scientifique italien, invité pour une présentation au CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), a accusé les femmes de vouloir prendre plus de postes grâce au débat sur la parité. Il est à relever que le CERN est dirigé par une femme et que, début octobre 2018, pour la première fois en 55 ans, c’est une femme qui a reçu le prix Nobel de physique. Le pourcentage de femmes au CERN s’élève à 20 % et l’organisation est pleinement engagée dans la promotion de la diversité et l’égalité (Rédaction NewsExpress, 2018).

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En général, on constate donc une lente amélioration quant à l’intégration des femmes, que ce soit dans la police et dans d’autres secteurs comme dans celui du monde écoJusqu’ à ces dernières années, les nomique, des conseils d’administration, de la femmes (et les hommes) travaillant politique et des mé- à temps partiel n’avaient pas le tiers dits « masculins » même potentiel d’ évolution, c’est-àtels que mécanicien, dire qu’elles sortaient du rang. pompier, conducteur de machine de chantier, etc. L’évolution reste cependant faible, voire anecdotique. La société manque de modèles féminins pour la jeune génération. Des modèles qui renforcent la confiance en soi, quant à l’évolution sur un chemin professionnel choisi. Des exemples permettant d’affirmer ses valeurs et positions, des femmes susceptibles d’apporter un soutien à la nouvelle génération. Évolution de la femme au sein de la police Comme vu précédemment, il est ici principalement question d’égalité des tâches et non d’égalité salariale, la logique reste cependant la même. Selon les constatations de l’auteure, les préjugés et stéréotypes tendent à disparaître avec la nouvelle génération et le comportement ainsi que la solidarité entre bon nombre de jeunes policiers·ières, tous genres confondus, est plaisante. L’impulsion donnée, déjà dans certaines écoles primaires, quant à la sociologie du genre, du fait de respecter la réalité de vie des genres et de mettre en avant l’égalité des chances réelles, et non purement formelles, porte petit à petit ses fruits. Quand bien même, les stéréotypes ont la vie dure et les études conduites sur le sujet apportent des pistes de lecture intéressantes. Une de celles-ci révèle par exemple que les enfants, à partir de deux ans, préfèrent naturellement jouer avec des pairs qui leur sont semblables. Aussi, les filles jouent plus volontiers entre elles et les garçons entre eux. Cette étude démontre, en outre, que les comportements des enfants deviennent similaires à ceux des ami·e·s avec qui ils passent le plus de temps et que leurs inté2 Chiffres fournis par la Direction des ressources humaines de la Police cantonale de Genève (DRHP Genève). 3 Chiffres de la Direction des ressources humaines de la Police cantonale de Zurich fournis par l’Adj. D. Möckli (police routière – unités spéciales).

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rêts et styles d’interaction ont tendance à converger. Ce mimétisme entre pairs tend à se renforcer avec le temps passé entre eux… On comprend alors comment se tissent certains liens sociaux clivants entre le genre féminin et masculin, déjà durant l’enfance. Les garçons, qui ont donc principalement joué entre eux, deviennent globalement plus actifs, plus dominants, plus agressifs, à l’inverse des filles, qui elles aussi sont restées principalement entre elles, devenant globalement plus douces, collaborant plus facilement, apprenant à influencer. Au fil du temps, ces préférences liées aux pairs de même genre deviennent plus fortes, ce qui renforce la ségrégation sexuelle et favorise les comportements et intérêts liés au genre. Ce cycle de

Une femme souhaitant être affectée à un groupe ou une brigade est à la recherche d’une satisfaction professionnelle avant tout, soit d’un épanouissement. [...] le personnel des brigades spécialisées est avant tout constitué de personnes passionnées.

ségrégation sexuelle fait en sorte que les garçons et les filles sont moins susceptibles d’interagir et d’apprendre les uns des autres et favorise les croyances, attitudes et préjugés stéréotypés envers l’autre genre. (Hanish & Fabes, 2014)

Soit précisément le phénomène que l’on retrouve au sein de la police et qui est exacerbé lorsque l’on parle d’intégration des femmes dans les GI, qui, jusqu’à ce jour, restent des bastions presque exclusivement masculins. Cela dit, l’intégration du genre ne veut pas dire abandonner les rôles jusqu’ici assumés, mais laisser une liberté de choix quant au style de vie, sans critiques ni préjugés. Chaque individu doit pouvoir correspondre au rôle de son choix et évoluer comme bon lui semble. Une femme souhaitant être affectée à un groupe ou une brigade est à la recherche d’une satisfaction professionnelle avant tout, soit d’un épanouissement. L’auteure est d’avis que, indépendamment du fait d’être un homme ou une femme, le personnel des brigades spécialisées est avant tout constitué de personnes passionnées. Pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas réaliser leur ambition professionnelle au sein des forces de police ? En effet, alors que l’on observe une augmentation constante de la présence féminine dans les centres de formation de police et, de fait, dans les différents services des polices cantonales, ce n’est toujours pas le cas – à l’heure de la rédaction de cet article – dans les brigades de déminage et d’intervention.

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Il faut également prendre en compte un élément important et qui apporte une complexité supplémentaire à l’intégration des femmes dans les GI, lesquels exigent une disponibilité extrême : il s’agit du temps partiel, qui est significatif chez les femmes policières. À Genève, sur les 231 femmes policières, 47 travaillent à temps partiel, soit 20 %. Et, fait surprenant, alors qu’il n’y avait aucun homme travaillant à temps partiel en 2015, aujourd’hui, sur les 1279 policiers, 19 occupent un temps partiel, soit 1,5 %4. Si ce pourcentage peut sembler anecdotique, il est peut-être le signe d’une évolution permettant aux hommes d’endosser un rôle différent au sein de la société que celui qu’ils jouaient il y a encore quelques années ? Quelles solutions ? Vu le profond ancrage du clivage homme/femme, qui nous imprègne dès la petite enfance, lorsqu’il s’agit de collaboration et de partage d’intérêts, notamment professionnels, des mesures uniquement incitatives pour favoriser l’équité homme/femme dans des bastions historiquement tenus par des hommes ne suffiront donc certainement pas à modifier cet état de fait dans les polices. Des mesures actives, soutenues à tous niveaux, devraient être mises en place. Par exemple, une enquête de fond au niveau national, voire étendue aux pays limitrophes, serait nécessaire, non seulement pour connaître l’intérêt réel des femmes à intégrer ces brigades, mais surtout pour identifier les intégrations réussies. En effet, vu que garçons et filles grandissent dans des mondes sociaux différents, ils ont rarement l’occasion d’apprendre à se connaître et les opportunités de développer des compétences pour interagir efficacement entre les deux sexes de façon constructive ont été limitées. Dès lors, la mise en évidence de collaborations réussies serait une mesure pour réduire des préjugés négatifs. Aussi, pour prétendre à une réelle intégration des femmes dans les brigades d’intervention et non plus de façon marginale, voire insignifiante, il faudrait, à l’instar des arguments qui sous-tendent le projet fédéral visant une égalité salariale, qu’il y ait une volonté politique clairement exprimée, et ce également aux plus hauts niveaux, notamment par la Conférence des directrices et directeurs des dépar4 Chiffres fournis par la DRHP Genève.

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tements cantonaux de justice et police (CCDJP), et soutenue par les magistrat·e·s en charge des dicastères liés à la sécurité. Ma revendication en tant que femme c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin. (Simone Veil)

La police et son rôle sociétal Les policiers·ières sont responsables du maintien de l’ordre, veillent au respect de l’État de droit et ont notamment pour mission d’honorer leur fonction en faisant preuve de sensibilité et de considération visà-vis de la population. D’après les sociologues, une institution comme la police est l’un des piliers culturels qui assure une cohésion sociale et permet le bien-vivre ensemble. La police est un microcosme de notre société qui doit donc se poser les mêmes questions que la société. Pour être opérationnellement efficace, la police se doit d’être représentative des genres, multiculturelle et avoir, en son sein, des collaborateurs·trices issu·e·s de groupes sous-représentés. Les communautés que la police côtoie sont en effet très diversifiées, tout comme les problématiques rencontrées, à l’instar de celles liées à la migration, aux violences envers les femmes ou aux manifestations. En outre, notamment à Genève, la présence d’organisations internationales favorise le mélange de différents us, coutumes et croyances, autant d’éléments culturels que les policiers·ières doivent

pouvoir appréhender avec tact et professionnalisme. Pour ce faire, le personnel policier se doit d’être de plus en plus éclectique, ce qui permet une réelle proximité avec la population, elle-même d’origines diverses et variées. Et afin de garantir, voire de favoriser, cette diversité d’approches au sein des polices, il faut veiller à ce qu’il y ait en leur sein, en plus des hommes, une représentation significative de : • femmes ; • membres de la communauté lesbienne et gay ; • collaborateurs·trices de différentes religions ; • collaborateurs·trices d’ethnies diverses. Si la Police genevoise semble remplir tous ces critères, elle a certainement la possibilité de s’engager davantage pour valoriser ces différences afin de développer un usage optimal de la diversité. La police, face à une société de plus en plus individualiste, où les inégalités sociales s’accentuent, se doit de prendre une part active pour assurer la cohésion sociale à laLa diversité [...] devrait être favoriquelle elle est appelée à participer. Dès lors, sée encore plus largement et l’ intéla diversité en son sein gration de la femme, dans toutes les devrait être favorisée brigades et groupes, devrait pouvoir encore plus largement être garantie. et l’intégration de la femme, dans toutes les brigades et groupes, devrait pouvoir être garantie  ; ceci malgré le processus de socialisation qui influence le clivage hommes/ femmes dès le plus jeune âge.

Bibliographie Denham, Tara (2008), « Place du genre dans la réforme de la police » (Dossier 2) in Bastick, Megan et Kristin Valasek (éd.), Boîte à outils Place du genre dans la réforme du secteur de la sécurité, Genève : DCAF, OSCE/ODIHR, UN-INSTRAW. Disponible sous : https://www.osce.org/fr/odihr/30663?download (dernière consultation le 05.12.2018). Hanish, Laura D., Richard A. Fabes (2014), « La socialisation de genre par les pairs chez le jeune enfant » in : Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants, Montréal : CEDJE. Disponible sous : http://www.enfant-encyclopedie.com/sites/default/files/textes-experts/ fr/2486/la-socialisation-de-genre-par-les-pairs-chez-le-jeune-enfant. pdf (dernière consultation le 07.12.2018). Kubera, Thomas (2011), Gender Mainstreaming und Diversity Management in Polizeiorganisationen, Frankfurt: Verlag für Polizeiwissenschaft. Lagneau, Laurent (2014), « Le personnel féminin du corps des Marines exempté de certaines épreuves d’aptitude », zone militaire opex360.com, 3 janvier. Disponible sous : http://www.opex360. com/2014/01/03/le-personnel-feminin-du-corps-des-marinesexempte-de-certaines-epreuves-daptitude/ (dernière consultation le 07.12.2018).

Martin, Carol L. (2014), « Genre : socialisation précoce » in Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants, Montréal : CEDJE. Disponible sous : http://www.enfant-encyclopedie.com/sites/default/ files/dossiers-complets/fr/genre-socialisation-precoce.pdf (dernière consultation le 07.12.2018). Mühlemann, Christine (2010), Gleichstellung-kritische Auseinandersetzung mit der Thematik im unteren und mittleren Kader der Kantonspolizei Bern, Seminararbeit FLG III, Neuchâtel: SPI. Rédaction NewsExpress (2018), « La physique est l’affaire des hommes : tollé au CERN », 20 minutes, 1er octobre. Disponible sous : www.20min.ch/ro/news/geneve/story/27539101 (dernière consultation le 07.12.2018). Ruet, Nadine (2014), Des femmes à des fonctions d’encadrement dans une police cantonale, état des lieux en 2013 et perspectives, Travail de fin d’études CAS CEP, Neuchâtel : ISP/HE Arc. Windler, Nicole (2016), Les critères de recrutement pour intégrer les groupes d’ intervention doivent-ils être genrés ?, Travail de diplôme EPS Policière/Policier, Neuchâtel : ISP.

Lise, Rosa (2016), « Égalité, équité et justice », Hiérophanie – L’apparition du sacré. Disponible sous : www.hierophanie.net/egaliteequite-et-justice (dernière consultation le 07.12.2018).

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Zusammenfassung Bleiben Sondereinheiten langfristig eine Männerdomäne? Der vorliegende Artikel stützt sich auf die Forschung der Autorin im Rahmen ihrer Diplomarbeit HFP, welche sich mit geschlechtsspezifischen Zulassungsbedingungen für polizeiliche Sondereinheiten auseinandersetzte und 2016 mit dem VSPB-Innovationspreis 2016 prämiert wurde. Die Autorin ist der Meinung, dass seither keine grundlegenden Veränderungen stattgefunden haben, da weiterhin keine Frau in einer Sonderformation als Interventionistin, Präzisionsschützin oder Sprengmittelspezialistin tätig ist. Damit Interessentinnen der Zugang zu Sondereinheiten ermöglicht wird, bedarf es ihrer Meinung nach eines klaren politischen Willens seitens politischer Entscheidungsträger/-innen – insbesondere der Konferenz der kantonalen Justiz- und Polizeidirektorinnen und -direktoren –, welcher durch die jeweiligen Sicherheitsdepartemente getragen wird. Obschon es unbestritten ist, dass Frauen ihren

Platz in der Polizei haben, schreiten entsprechende Entwicklungen langsam voran. Um ein wirkliches Abbild der Bevölkerung zu sein, benötigt die Polizei mehr weibliche Vorbilder, welche Stellung und Werte der Frauen vertreten und die nächste Generation von Polizistinnen unterstützen können. In gewissen Primarschulen kommen geschlechtersoziologische Ansätze zum Einsatz. Sie haben zum Ziel, die differenzierten Lebensrealitäten der Geschlechter zu berücksichtigen und so schrittweise eine echte und nicht nur formelle Chancengleichheit zu fördern. Der Einbezug einer Genderperspektive bedeutet nicht, dass bestehende Rollen aufgegebenen werden sollen, sondern dass allen Personen – ohne Kritik oder Vorurteile – die grösstmögliche Freiheit hinsichtlich ihres Lebensstils gewährt werden soll. Jede Person soll die Möglichkeit haben, der ihrer Wunschrolle zu entsprechen und sich dahingehend zu entwickeln.

Riassunto Le squadre d’intervento, baluardi maschili ancora per molto tempo? Il presente articolo poggia sulle ricerche effettuate dall’autrice nel quadro del suo lavoro di diploma per l’Esame professionale superiore intitolato «Les critères de recrutement pour intégrer les groupes d’intervention (GI) doivent-ils être genrés ?» (I criteri di selezione per integrare i gruppi d’intervento (GI) devono essere basati sul genere?) e che le è valso il Premio Innovazione nel 2016. L’autrice afferma che in questo ambito la situazione è ferma dal 2016, come dimostra il fatto che non vi sia ancora nessuna donna nelle formazioni dei GI, dei tiratori d’élite o degli specialisti in materia di esplosivi. Per puntare a un’integrazione sostanziale delle donne nelle squadre d’intervento, l’autrice sostiene che una volontà politica chiara dev’essere espressa dalle istanze più elevate, in particolare dalla Conferenza delle direttrici e dei direttori dei dipartimenti cantonali di

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giustizia e polizia (CDDGP), e che deve beneficiare dell’appoggio dei magistrati incaricati degli enti legati alla sicurezza. La donna ha il suo posto nella polizia, su questo non si discute, ma l’evoluzione è lenta. La polizia, riflesso della società, è carente di modelli femminili per affermare i valori e la posizione delle donne, nonostante possano essere di sostegno alle nuove generazioni. L’impulso fornito già in alcune scuole elementari in materia di sociologia di genere, di rispetto della realtà di vita dei generi e di messa in luce delle pari opportunità reali e non solo formali sta dando poco a poco i suoi frutti. Detto questo, l’integrazione del concetto di genere non significa abbandonare i ruoli fin qui rappresentati, quanto piuttosto lasciare una libertà di scelta quanto allo stile di vita, senza critiche né pregiudizi. Ciascun individuo deve poter corrispondere al ruolo da lui scelto ed evolvere di conseguenza.

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COMPTE-RENDU DU COLLOQUE SUR LA LOVD ET LA CONVENTION D’ISTANBUL

Compte-rendu du Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul De nouveaux moyens d’action contre la violence domestique

Sarah Tschan Collaboratrice scientifique, ISP Cyril Amberg Responsable CentreDoc et Traductions, ISP

Le Colloque sur la Loi d’organisation de la prévention et de la lutte contre la violence domestique (LOVD) et la Convention d’Istanbul avait pour double objectif de présenter les contours de la LOVD quelques semaines après son entrée en vigueur, tout en les inscrivant dans le contexte plus large de la Convention d’Istanbul, qui s’applique en Suisse depuis le 1er avril 2018. Après une contextualisation du phénomène de la violence domestique, le présent article se penche notamment sur les innovations de la nouvelle loi vaudoise qui offre, à travers une approche pluridisciplinaire, de nouveaux mécanismes destinés à protéger les victimes de violence et à réduire la récidive. Il évoque également les résultats d’une étude menée dans le canton de Zurich et consacrée notamment au traitement policier des cas de violence domestique et aux suites des mesures policières, en termes de récidive et de nouvelle victimisation. Le colloque a rappelé l’ampleur du phénomène de la violence domestique qui permet, en Suisse, de révéler la mixité particulière de la société ; de très nombreuses nationalités sont ainsi représentées tant parmi les victimes que parmi les auteur∙e∙s, le statut de victime étrangère étant par ailleurs lié à des défis supplémentaires. Les interventions pour violence domestique resteront vraisemblablement parmi les plus fréquentes pour les polices, mais la LOVD leur offre désormais, en collaboration avec les nombreux autres acteurs engagés, de nouveaux moyens d’action prometteurs.

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« La violence dans le couple n’est pas une affaire privée, mais bien une affaire publique. » Tel est, en substance, le changement de paradigme offert par l’arsenal juridique vaudois en matière de prévention des violences domestiques qui vient d’être mis à jour. Le 23 novembre 2018, la nouvelle « Loi d’organisation de la prévention et de la lutte contre la violence domestique (LOVD) », entrée en vigueur au 1er novembre 2018, a été présentée lors d’un colloque aux différents acteurs des milieux judiciaires, académiques, policiers, ainsi qu’aux représentant·e·s des institutions de prévention et d’accueil des victimes. Plusieurs intervenant·e·s ont, d’une part, mis en lumière les principales avancées de la LOVD en termes de protection des victimes et d’encadrement des auteur·e·s de violences domestiques et, d’autre part, présenté la Convention d’Istanbul, un traité international plus large traitant de la prévention et de la lutte contre toutes formes de violence à l’égard des femmes (cf. encadré en p. 75). La violence domestique : phénomène omniprésent, mais longtemps occulté Confinée jusqu'il y a peu en dehors du champ d’action de la police et de la justice pénale, la violence domestique est aujourd’hui reconnue comme étant responsable de la majorité des infractions de violence et des interventions policières y relatives, passant en moins de trois décennies du statut de « nonsujet » – la violence domestique n’étant considérée dans le débat public que depuis les années 80 en Suisse (BEFH, 2017, p. 2) – à celui de problématique

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centrale de la criminalité de violence, tant en Suisse qu’au niveau international1. Un simple coup d’œil aux statistiques fédérales (BEFG-DFI, 2018) permet d’en prendre la mesure : en Suisse, 17 000 infractions étaient liées à la violence domestique en 2017, soit près de 46 par jour ! Parmi ces cas enregistrés, 53 étaient des tentatives d’homicide et 21 personnes sont décédées des suites des coups portés par leur conjoint·e ou exconjoint·e. Année après année, ces chiffres évoluent peu et, malgré leur importance, sont encore trop souvent relativisés. Toujours en 2017, pour le seul canton de Vaud, on relevait 1371 dénonciations, soit près de 4 cas par jour. Ces actes représenEn Suisse, 17 000 infractions taient 45 % de toutes les étaient liées à la violence domes- infractions de violence tique en 2017, soit près de commises en général 46 par jour ! sur le canton. Les trois quarts des victimes étaient des femmes, le plus souvent âgées de 30 à 39 ans (BEFH & StatVD, 2018). La violence domestique est particulière en ce sens qu’elle tue régulièrement ou laisse dans son sillage des séquelles physiques et psychologiques durables. L’Office fédéral de la statistique (OFS, 2018) indique que les femmes sont nettement surreprésentées parmi les victimes d’homicides perpétrés au sein du couple. Sur la période 2009–2016, la proportion de femmes décédées sur le territoire helvétique à la suite de violences conjugales était sept fois plus élevée que celle des hommes. Ces chiffres illustrent la gravité d’un phénomène dont la trame reste complexe. Par ailleurs, ils n’englobent pas les interventions policières qui n’auraient pas débouché sur une action pénale ou une plainte. En effet, le comportement de dénonciation des victimes doit aussi être pris en compte. « Les violences et menaces sont de manière générale les crimes les moins dénoncés par la population, et parmi ces crimes, ceux qui concernent des personnes se connaissant ont tendance à être moins dénoncés que ceux impliquant des inconnus, ceci de la part des victimes, mais aussi des personnes tierces. » (Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes, 2018, p. 9). En clair, de nombreux cas ne sont pas comptabilisés dans les statistiques.

des tensions (phase I). Le passage à l’acte (phase II) lui succède, suivi d’une période durant laquelle l’auteur·e se déresponsabilise et tente de justifier ses actes (phase III). Finalement, l’accalmie ou « lune de miel » (phase IV) laisse entrevoir à la victime un espoir, aussi ténu soit-il, maquillé de regrets et de promesses de l’auteur·e pour se voir accorder une nouvelle chance. Bien entendu, cette phase dite de « lune de miel » se révèle souvent éphémère et, une fois que la limite de la violence a été franchie une première fois, le franchissement du palier suivant s’en trouve facilité. Les coups peuvent alors reprendre et le cycle infernal maintes fois se répéter.

Un cycle infernal difficile à enrayer La violence domestique peut être décrite comme un cercle vicieux qui s’enclenche suite à une montée

1 L’ONU estime ainsi que chaque année, la violence dans le couple ou au sein de la famille est responsable de 58 % des homicides touchant les femmes ou les filles dans le monde, pour un total de plus de 50 000 cas en 2017 (UNODC, 2018, p. 13).

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x A ccalmie, affection / peur

wD éresponsabilisation et

justification de l’auteur / culpabilisation de la victime

u Montée

de la tension

v Passage à l’acte / coups

Illustration 1 : Le cycle de la violence domestique (Source : Institut Suisse de Police, manuel Psychologie policière, à paraître en 2019)

Confronté·e·s à ce mécanisme pervers et difficile à enrayer, les professionnel·le·s des milieux policiers, juridiques, médicaux ou encore associatifs ont parfois l’impression d’être mal armé·e·s pour y faire face. Dans les faits, la violence domestique se traduit par des abus répétés au sein du couple et une attitude générale de contrôle et de domination de la part de l’auteur·e. La personne qui subit les actes de maltraitance se sent contrainte et vit en état d’alerte permanent. Elle peine en conséquence à se libérer d’elle-même de la relation malsaine. Relation de pouvoir et d’emprise, peur de la victime d’être mal comprise dans ses souffrances, mais aussi imbroglio affectif et enfants communs sont autant d’aspects qui tissent la toile de la violence domestique qui est le plus souvent cachée, source de honte et de déni. S’exprimer librement sur les violences subies dans une salle d’audience en présence de son agresseur·euse peut s’avérer inconcevable pour la victime qui craint des représailles. « Si nombre d’acteurs de tous horizons se sentent impuissants face à ce problème de santé publique usant, il s’agit de ne pas baisser la garde ni d’être tenté de détourner le regard », a rappelé, lors du

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colloque, la Directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre les femmes et les hommes, Sylvie Durrer (2018). « Une vie sans violence n’est pas un privilège c’est un droit ! » Contextualisation de la LOVD En Suisse, ce droit a pourtant mis du temps à être reconnu. Ce n’est que dans les années 90 que les premiers projets cantonaux de lutte contre la violence domestique ont pris forme. Il s’agissait alors « de mettre en réseau les acteurs institutionnels régionaux appelés à intervenir contre la violence domestique (police, justice, aide aux victimes, foyers pour femmes, médecins, etc.) » (BEFH, 2017, p. 3). Peu à peu, un changement de paradigme s’est opéré et des législations cantonales ont été adoptées pour protéger les victimes. Dans ce contexte, la nouvelle LOVD, fruit d’un long et laborieux parcours de réflexion, vise à réduire au maximum le risque de récidive, notamment grâce au renforcement du mécanisme d’expulsion automatique des auteur·e·s d’actes de violence sur leur conjoint·e ou ex-conjoint·e. Cette loi vise à compléter l’arsenal juridique existant, où la procédure judiciaire actuelle est composée d’un volet pénal et d’un volet civil, ce dernier ayant déjà largement évolué dans le canton de Vaud sous l’impulsion des travaux liés à la LOVD, comme l’a souligné la juge Marie-Pierre Bernel (2018). La nouveauté de cette loi réside dans le fait qu’elle pose non seulement un cadre juridique, mais propose désormais une chaîne d’actions intégrale composée de cinq maillons essentiels, détaillés par Maribel Rodriguez (2018) comme suit : 1. Réduire la récidive : sans que la victime n’en fasse la demande, sur simple plainte de tiers, par exemple, la police doit désormais informer l’auteur·e qu’il/elle devra suivre un entretien socioéducatif obligatoire avec des professionnel·le·s de la prévention (art. 12 LOVD) qui l’orienteront vers une prise en charge adéquate. La police est aussi désormais en mesure d’expulser de façon immédiate l’auteur·e du logement commun pour une durée de 30 jours prolongeable (CDPJ, art. 48, 2010) afin de l’inciter à réfléchir à ses actes. Cette mesure opérationnelle appelée «  Qui frappe part » vise à permettre à la victime de rester chez elle, même si elle n’est pas officiellement propriétaire/signataire du bail du lieu d’ha-

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bitation. Suite à son expulsion, l’auteur∙e pourra également, à l’avenir, être soumis∙e au port d’un dispositif de surveillance électronique pour lequel une base légale spécifique doit encore être adoptée. Le tribunal rend systématiquement une ordonnance et fixe La nouvelle LOVD, fruit d’un long une audience d’office dans les qua- et laborieux parcours de réflexion, torze jours suivant vise à réduire au maximum le les faits durant la- risque de récidive, notamment quelle il sera vérifié grâce au renforcement du mécaqu’un premier en- nisme d’expulsion automatique des tretien d’accompaauteur·e·s. gnement de l’auteur·e aura bien eu lieu ou qu’un premier contact aura bien été pris. 2. Protéger les victimes : plusieurs prestations sont proposées par les institutions spécialisées pour accompagner les victimes2. Quant aux situations à haut risque, elles sont prises en charge de manière coordonnée grâce aux appels directs de la police et au partage d’informations avec les institutions de terrain, avec pour objectif une vision à 360° (art. 10 LOVD). Pour faciliter les échanges, une plateforme de prise en charge coordonnée3 verra bientôt le jour. 3. Prévenir par l’information et la collecte de données (art. 13 LOVD) : le travail en amont est tout aussi important (campagnes d’information et de prévention, récolte de données permettant de constituer un registre des événements, statistiques, etc.) pour suivre les situations, mieux les comprendre, pouvoir identifier les goulots d’étranglement et développer des solutions innovantes. 4. Spécialiser les professionnel·le·s (art. 14 LOVD) : la formation et le perfectionnement du personnel en contact direct avec les victimes permet de les préparer au mieux à reconnaître les indices de situation de violences domestiques. 5. Coordonner les acteurs  : plusieurs niveaux doivent apprendre à collaborer, comme les systèmes publics, parapublics, les ONG, les direc-

2 Notamment, les projets « Guidance » et « Itinérance » du Centre MalleyPrairie, accompagnement du Centre LAVI, etc. 3 Elle regroupe notamment la Police cantonale vaudoise, le Centre LAVI, le Service de protection de la jeunesse du canton de Vaud, l’Unité de médecine des violences, le Centre MalleyPrairie ou encore le Bureau vaudois de l’égalité entre les femmes et les hommes.

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tions interservices, les groupes de travail issus de la commission cantonale, le Bureau de l’égalité et bien d’autres. Un regard zurichois sur une problématique commune Afin d’offrir un éclairage complémentaire sur la violence domestique et sa prise en charge, le Professeur Christian Schwarzenegger (2018) a présenté les travaux de l’Institut de criminologie de l’Université de Zurich effectués en collaboration avec la Police cantonale zurichoise et le Ministère public zurichois. Ces recherches visent à étudier la violence domestique dans le canton et son traitement policier comme judiciaire, noÀ Zurich, comme ailleurs, le tamment sous l’angle de constat reste implacable : envi- l’efficacité des mesures, ron 93 % des auteur∙e∙s sont des en s’appuyant sur des hommes, alors que près de 90 % enquêtes de victimisades victimes sont des femmes. tion et sur l’analyse d’un échantillon représentatif de cas de violence domestique ayant débouché sur des mesures de protection policières (voir également Ott & Schwarzenegger, 2017). Se plaçant en amont de la procédure pénale (qui sera généralement déclenchée en parallèle), la Loi zurichoise sur la protection contre la violence (Gewaltschutzgesetz, GSG), pendant de la LOVD, sert notamment de base légale aux mesures immédiates que peut appliquer la police lorsqu’elle intervient en raison d’une situation de violence domestique. Elle prévoit ainsi trois mesures clé : l’éloignement, l’interdiction de périmètre et l’interdiction de contact. La police peut les déclencher de manière autonome et elles s’étendront sur une durée de quatorze jours dès leur notification (GSG, §3). Dans les cas graves, la police peut par ailleurs placer les auteur∙e∙s présumé∙e∙s en détention policière pour une durée de 24 heures maximum. Ces mesures précèdent la procédure judiciaire qui doit être déclenchée à l’impulsion de l’auteur∙e dans les cinq jours (GSG, §5), sous peine de voir les mesures se poursuivre ; la victime pouvant elle-même demander une prolongation des mesures (GSG, §6). Une autre particularité zurichoise est le choix d’une terminologie spécifique qui s’applique à la violence domestique, mais aussi à la gestion des menaces. Il s’agit ainsi de protéger les personnes exposées à la violence (gefährdete Personen) de

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celles qui les y exposent (gefährdende Personen). Ces termes allant volontairement au-delà des notions de « victime » ou d’« auteur∙e d’infraction » permettent d’élargir le champ d’application du GSG, en couvrant des réalités qui ne relèvent pas encore, ou plus, du champ d’action du droit pénal et de la procédure pénale. L’obligation de suivre un entretien socio-éducatif, introduite par la LOVD, ne figure pas encore dans le GSG zurichois, mais tant les victimes que les auteur∙e∙s bénéficient dans la majorité des cas des services de conseils offerts par différents organismes dans le canton (cf. aussi Valach, 2017). Les statistiques zurichoises montrent que la police intervient en moyenne treize fois par jour pour des violences domestiques et qu’elle applique des mesures de protection dans un quart ou un cinquième des cas environ, 92 % des interventions débouchant sur une procédure pénale. Il s’agit toutefois de noter que 64 % de ces procédures pénales sont classées sans suite (!) dans le canton de Zurich (Schwarzenegger, 2018). Une violence répétée, ciblant avant tout les femmes À Zurich, comme ailleurs, le constat reste implacable  : environ 93  % des auteur∙e∙s sont des hommes, alors que près de 90 % des victimes sont des femmes, la classe d’âge des 30–39 ans étant surreprésentée dans les deux cas (Schwarzenegger, 2018). Les chiffres sont donc encore plus marqués dans le canton de Zurich que sur le plan national ou dans le canton de Vaud (cf. ci-dessus) et ils mettent en évidence les liens directs entre la violence domestique et les rapports (problématiques) entre les hommes et les femmes que relève explicitement la Convention d’Istanbul (cf. encadré en page 75). Une des particularités de la violence domestique, confirmée par l’étude zurichoise, est le relativement fort taux de récidive, plus 25 % des auteur∙e∙s étant à l’origine d’une nouvelle intervention policière pour violence domestique dans les douze mois suivant la mesure de protection initiale. La plupart des cas de récidive interviennent dans les trois premiers mois suivant la mesure et le taux de récidive étant deux fois plus élevé chez les auteurs de sexe masculin (Ott & Schwarzenegger, 2017, pp. 99–103). L’enquête révèle par ailleurs qu’il s’agit dans près de neuf cas sur dix des mêmes victimes que lors de la première intervention (ibid, p. 102). Ces cas de victi-

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misation répétée confirment le caractère cyclique de la violence décrit plus haut et la difficulté pour les victimes d’en sortir. La Convention d’Istanbul, nouvel instrument multilatéral pour contrer la violence faite aux femmes Ratifiée par 33 des 47 États du Conseil de l’Europe, la Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, communément appelée « Convention d’Istanbul », est entrée en vigueur en Suisse le 01.04.2018 (RS 0.311.35). Cet ambitieux traité multilatéral régional repose sur une approche intégrée dite des « quatre P » couvrant les trois champs thématiques que sont la prévention de la violence, la protection contre la violence et la poursuite pénale, auxquels se rajoute un aspect lié au pilotage, à savoir les politiques coordonnées en matière de lutte contre les violences faites aux femmes. La Convention d’Istanbul, dont le champ d’application est plus large que celui de la LOVD ou d’autres lois similaires, fait plusieurs parallèles explicites entre les inégalités hommes-femmes et la violence faite aux femmes. Au-delà de la violence au sein du couple, la Convention s’applique également aux mutilations génitales féminines, aux mariages forcés ou au harcèlement sexuel, des infractions non couvertes par les principales législations en matière de violence domestique. Au-delà des dispositions formelles qui relèvent essentiellement du droit fédéral, les principaux aspects matériels de la Convention, à savoir la prévention et la répression de la violence à l’égard des femmes, relèvent en Suisse de la compétence des cantons. C’est pourquoi plusieurs d’entre eux sont appelés à mettre en conformité leurs législations en matière de violences faites aux femmes. Encadré 1 : La Convention d’Istanbul

Une satisfaction à l’égard des mesures de protection et du travail de la police Analysant l’efficacité des mesures policières prises, l’étude a révélé, à travers les entretiens avec les victimes, que ces dernières étaient très majoritairement satisfaites du traitement policier de leur cas, des informations fournies et des mesures ordonnées par la police ; le taux de satisfaction oscillant entre 82 % et 91 % selon la question posée (Ott & Schwarzenegger, 2018, p. 107–109). Elle souligne ainsi que les victimes d’infraction considèrent elles aussi, à l’image de la population dans son ensemble, la police comme une institution digne de confiance, ce qui est indispensable lorsque celle-ci doit intervenir de manière répétée dans des situations de vulnérabilité. La plupart des victimes portent par ailleurs un regard positif sur les mesures prévues par le GSG, leur mise en œuvre ainsi que sur le déroulement de la procédure et estiment globalement que la mesure prise a permis d’améliorer leur situation, tout comme leur sentiment de sécurité.

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Ces constats réjouissants soulignent l’importance de législations spécifiques en matière de lutte contre la violence dans le domaine privé et laissent augurer une amélioration concrète de la situation des victimes grâce aux nouvelles mesures de la LOVD, dont les dispositifs vont parfois au-delà de ceux du GSG zurichois. Quand la victime est de nationalité étrangère Reflet de la forte mixité de la population zurichoise, l’échantillon révèle que les auteur∙e∙s de violence sont des ressortissant∙e∙s de 79 États et les victimes de 62 États différents. Les personnes n’ayant pas la nationalité suisse sont d’ailleurs surreprésentées dans les deux catégories. Cela s’explique par un cumul de facteurs de risque tels que le recours moins fréquent aux services d’aide aux victimes des personnes étrangères, ainsi que par une plus grande acceptation de la violence ou à des représentations patriarcales de la masLes victimes d’ infraction consiculinité prévalant dans certaines communau- dèrent [...] la police comme une tés (Ott & Schwarze- institution digne de confiance, ce negger, 2017). Les qui est indispensable lorsque celle-ci différentes études doit intervenir de manière répétée. zurichoises identifient toutefois d’autres facteurs importants favorisant la violence, à savoir les attitudes individuelles, le cercle d’ami·e·s, le lieu de vie ou l’exposition régulière à des représentations de violence (Schwarzenegger, 2018). Si les violences au sein du couple sont difficiles à dénoncer, cela est d’autant plus criant pour les victimes de nationalité étrangère menacées par un renvoi. « Pour les femmes non ressortissantes de l’Union européenne mariées à un Suisse ou à un étranger au bénéfice d’un droit de séjour en Suisse, il existe un obstacle supplémentaire qui les décourage d’entreprendre toute démarche de séparation et de dénonciation. » (ODAE, 2016, p. 7) Selon les statistiques fédérales (OFS, 2018), 91 % des victimes d’homicides dans le couple sont des résident·e·s permanent·e·s en Suisse (nationalités suisses et étrangères confondues), majoritairement des femmes. Parmi elles, les résidentes étrangères encourent un risque deux fois supérieur à celui des Suissesses d’être tuées par leur partenaire. « Les hommes étrangers sont également deux fois plus représentés que les Suisses parmi les auteur·e·s. » (BEFG-DFI, 2018, p. 5)

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Le cas des victimes de nationalité étrangère, dont le permis de séjour en Suisse et celui de leurs enfants dépendent des personnes qui les violentent, est également réglé par la LOVD. La loi stipule en effet que l’expulsion du/de la partenaire violent·e n’est qu’un moyen à court terme permettant d’écarter un danger. Ainsi, la victime ne perd pas immédiatement son permis de séjour si la police expulse son/sa conjoint·e violent·e. Sur le long terme, la séparation ou le divorce peut toutefois compromettre le renouvellement du titre de séjour accordé en vertu du regroupement familial (séparée de son/ sa partenaire, la victime peut ne plus être indépendante financièrement). « Prouver les violences, leur intensité et leur caractère systématique, prouver que la réintégration serait Lors du Brevet fédéral, l’un des compromise en cas de thèmes évalués lors de l’examen renvoi ou encore faire pratique « Intervention policière » reconnaître les conséest celui de la violence quences à long terme domestique. des violences, notamment sur les possibilités de réinsertion professionnelle » (ODAE, 2016, p. 11) sont autant d’obstacles qui retiennent une éventuelle dénonciation. On comprend que, pour toutes ces raisons, auxquelles s’ajoute la longueur des procédures administratives et judiciaires, les victimes hésitent à dénoncer leur partenaire violent·e, parfois au péril de leur vie. Cette situation d’extrême vulnérabilité complique aussi le travail des professionnel·le·s chargé·e·s de les accompagner. Formation des policiers·ières en Suisse Toutes les formes de violences (harcèlement, violences physiques, psychiques, etc.) sont connectées, se succèdent et se renforcent mutuellement. Du côté de la police, la capacité de détecter pareilles situations est primordiale pour intervenir précocement et éviter ainsi des issues dramatiques. Dans leur cursus de formation, les policiers·ières sont formé·e·s à ces interventions particulières. Le moyen didactique ISP Psychologie policière (édition révisée à paraître début 2019), destiné à la formation policière de base, contient à ce propos un sous-chapitre sur la prise en charge des cas de violence domestique. Les aspirant·e·s sont notamment sensibilisé·e·s à la dynamique complexe du phénomène, au vécu de la victime, de l’auteur·e, mais aussi des enfants du couple, aux répercussions

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physiques, psychiques et économiques. Quelques consignes pour adopter un comportement professionnel adéquat sont également spécifiées. Lors du Brevet fédéral, l’un des thèmes évalués lors de l’examen pratique « Intervention policière » est celui de la violence domestique, ce qui a été salué par les intervenant·e·s du colloque. Les aspirant·e·s sont notamment évalué·e·s sur leur habilité à intervenir en binôme sur des cas de violences domestiques lors de jeux de rôle ; l’objectif étant d’empêcher que la situation jouée ne dégénère. L’adéquation du comportement des futur·e·s policiers·ières est évaluée dans cette mise en situation critique. L’Institut Suisse de Police propose par ailleurs depuis 2014 aux collaborateurs·trices et cadres de la police intéressé·e·s la formation continue intitulée Police et société en mutation (cf. Imhof, 2018, et Lips, 2018). Cette formation vise notamment à appréhender les problématiques sociétales récentes engendrées par les différents flux migratoires en Suisse et permettre aux professionnel·le·s de cerner les enjeux sous-jacents en termes de changements de valeurs et de comportements, en lien avec leur métier. La LOVD, nouveau moyen d’action contre la violence au sein du couple Si elle semble aller de soi et a finalement été acceptée à l’unanimité par le Parlement vaudois, rappelons que la LOVD a tout d’abord essuyé deux refus avant d’être entérinée. L’une des raisons tenant au contexte particulier de la sphère privée (le foyer) qui confine les victimes et dans lequel l’État s’interdisait de s’immiscer. Ce nouveau dispositif législatif vise un effet de levier permettant de briser le cercle vicieux de la violence domestique. Il ne s’agit ni d’une garantie, ni d’une protection absolue des victimes, mais le message se veut clair : la violence au sein du couple n’est ni tolérée ni justifiable par quel motif que ce soit (alcool, stress, provocation, etc.) et indépendamment du statut de la relation de couple. En effet, que l’auteur·e et la victime soient reconnu·e·s comme époux, partenaire·s enregistré·e·s ou encore concubins ne joue aucun rôle. Toutefois, la LOVD légifère exclusivement sur la situation des deux partenaires d’un couple et non sur celle d’autres personnes pouvant partager le domicile (enfants mineurs ou majeurs, colocataires, parents, etc.), bien qu’elles

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puissent aussi être témoins et/ou victimes collatérales des violences. Dans ces cas, c’est le reste du dispositif légal qui s’applique (p. ex., l’article 28b Code civil). Il n’en reste pas moins que tant la LOVD que la Convention d’Istanbul constituent sans nul

doute d’importants outils complémentaires à l’arsenal législatif existant pour lutter efficacement, et de manière interdisciplinaire, contre le fléau de la violence domestique.

Bibliographie Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du Canton de Vaud [BEFH] (2017), Violence dans le couple. Détection, soutien, orientation des personnes victimes. Protocole d’ intervention à l’usage des professionnel∙le∙s, 3e éd., Lausanne : BEFH. Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes [BEFG-DFI] (2018), La violence domestique en chiffres au niveau national. Feuille d’information 9, Domaine violence domestique. Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes [BEFGDFI] (2017), Violence domestique envers les femmes et les hommes. Informations et offres de soutien. Feuille d’information 15, Domaine violence domestique. Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du canton de Vaud [BEFH] (2012), Retardez-vous le moment de rentrer ? Dépliant publié par le BEFH, Lausanne : BEFH. Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du Canton de Vaud [BEFH] (2015), Violence conjugale, que faire ? : De l’aide et des conseils pratiques pour sortir de la violence, 7e éd., Lausanne : BEFH. Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du Canton de Vaud [BEFH] et Statistique Vaud [StatVD] (2018), 50/50 ? : les chiffres de l’ égalité, Lausanne : BEFH & StatVD. Code de droit privé judiciaire vaudois (CDPJ) du 12 janvier 2010, RSV 211.02. Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique [Convention d’Istanbul] du 11 mai 2011, RS 0.311.35. Gewaltschutzgesetz (GSG) [des Kantons Zürich] vom 19. Juni 2006, LS 351. Imhof, Lionel (2018), « ‘Profilage racial’ : prise de conscience, enjeux et défis pour la police », format magazine, no. 8 (2018), Neuchâtel, ISP, pp. 34–39. Institut Suisse de Police [ISP], Psychologie policière, (à paraître en 2019), 4e éditions, Neuchâtel : ISP. Lips, Gerhard (2018), « Polizei und Gesellschaft im Wandel », format magazine, no. 8 (2018), Neuchâtel, ISP, pp. 4–8. Loi d’organisation de la prévention et de la lutte contre la violence domestique (LOVD) [du canton de Vaud] du 26 septembre 2017, RSV 211.24.

Office fédéral de la statistique [OFS] (2018), Homicides enregistrés par la police 2009–2016. Dans la sphère domestique et hors de la sphère domestique., Domaine « Criminalité et droit pénal », Neuchâtel : OFS. Ott, Rahel & Christian Schwarzenegger (2017), „Erste Ergebnisse der Studie ‚Polizeiliche und strafrechtliche Massnahmen gegen häusliche Gewalt – Praxis und Wirkungsevaluation‘ in Schwarzenegger, Christian & Reinhard Brunner (Hrsg.), Bedrohungsmanagement – Gewaltprävention, Zürich: Schulthess, pp. 87–114. United Nations Office on Drugs and Crime [UNODC] (2018), Global study on homicide. Gender-related killing of women and girls 2018, Vienna: UNODC. Valach, Rastislav (2017), «Fachtagung Bedrohungsmanagement – Häusliche Gewalt: Tagungsbericht», format magazine, no. 7 (2017), Neuchâtel: ISP, pp. 66–70. Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul : présentations Bernel, Marie-Pierre, « Prise en charge des dossiers de violence domestique par les tribunaux et apports attendus de la LOVD », Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul, Lausanne, 2018. De Quattro, Jacqueline et Eric Kaltenrieder, « Mot de bienvenue et ouverture du colloque », Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul, Lausanne, 2018. Durrer, Sylvie, « Mise en œuvre de la Convention d’Istanbul en Suisse », Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul, Lausanne, 2018. Rodriguez, Maribel, « Présentation de la loi d’organisation de la prévention et de la lutte contre la violence domestique (LOVD) », Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul, Lausanne, 2018. Schmid, Evelyne, « Convention d’Istanbul: enjeux pour le canton de Vaud », Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul, Lausanne, 2018. Schwarzenegger, Christian, « Mesures policières contre la violence domestique – évaluation de la pratique dans le canton de Zurich », Colloque sur la LOVD et la Convention d’Istanbul, Lausanne, 2018.

Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers [ODAE] (2016), Brochure Femmes étrangères victimes de violences conjugales. Obstacles au renouvellement du titre de séjour en cas de séparation., 3e édition, Genève : ODAE.

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Zusammenfassung Bericht über die Konferenz zum LOVD und zur Istanbul-Konvention Die Konferenz zum Loi d‘organisation de la prévention et de la lutte contre la violence domestique (LOVD, Gesetz zur Organisation der Prävention und der Bekämpfung häuslicher Gewalt) hatte zwei Ziele: Die wesentlichen Züge des LOVD einige Wochen nach dessen Inkrafttreten im Kanton Waadt vorzustellen und sie in den breiteren Kontext der in der Schweiz seit 1. April 2018 gültigen Istanbul-Konvention zu stellen. Nach einer Kontextualisierung des Phänomens der häuslichen Gewalt konzentriert sich der Artikel insbesondere auf die Neuerungen des Waadtländer Gesetzes, welches durch einen interdisziplinären Ansatz mit neuen Mechanismen zum Schutz der Opfer von Gewalt und zur Verringerung von Rückfällen aufwartet. Des Weiteren

verweist er auf die Ergebnisse einer im Kanton Zürich durchgeführten Studie, die den polizeilichen Umgang mit Fällen von häuslicher Gewalt sowie die Rückfallquote und erneute Viktimisierung im Anschluss an polizeiliche Massnahmen untersuchte. Die Konferenz rief das Ausmass des Phänomens der häuslichen Gewalt in Erinnerung, das in der Schweiz auch die Pluralität der Gesellschaft enthüllt; so sind sowohl unter den Opfern als auch unter den Tätern zahlreiche Nationalitäten vertreten, wobei sich für ausländische Opfer zusätzliche Herausforderungen ergeben. Einsätze wegen häuslicher Gewalt werden für Polizisten/-innen vermutlich weiterhin zu den häufigsten gehören, aber das LOVD bietet ihnen nun in Zusammenarbeit mit einem Netzwerk von spezialisierten Partnern vielversprechende neue Handlungsoptionen.

Riassunto Resoconto del convegno sulla LOVD e la Convenzione di Istanbul Il convegno sulla Loi d’organisation de la prévention et de la lutte contre la violence domestique (LOVD) si prefiggeva due obiettivi: presentare gli orientamenti della LOVD poche settimane dopo la sua entrata in vigore nel cantone di Vaud, e al contempo iscriverli nella prospettiva più ampia della Convenzione di Istanbul, applicata in Svizzera dal 1° aprile 2018. Dopo aver contestualizzato il fenomeno della violenza domestica, questo articolo si concentra in particolare sulle innovazioni della nuova legge vodese che offre, attraverso un approccio multidisciplinare, nuovi meccanismi volti a proteggere le vittime di violenze e ridurre i casi di recidiva. Ha inoltre

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fatto riferimento ai risultati di uno studio condotto nel cantone di Zurigo sulla gestione da parte della polizia dei casi di violenza domestica e sulle conseguenze delle misure di polizia in termini di recidiva e di nuova vittimizzazione. Il convegno ha ricordato la portata del fenomeno della violenza domestica che permette di rivelare la particolare diversità della società svizzera; molte nazionalità risultano così rappresentate sia tra le vittime sia tra gli autori – lo status di vittima straniera è legato tra l’altro a sfide supplementari. Gli interventi per violenza domestica resteranno probabilmente tra i più frequenti per gli agenti di polizia, ma la LOVD offre loro, in collaborazione con una rete di partner specializzati, nuovi e promettenti strumenti d’azione.

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ABUS FINANCIERS ENVERS LES SENIORS : POUR UNE MEILLEURE SENSIBILISATION

Abus financiers envers les seniors : pour une meilleure sensibilisation Olivier Beaudet-Labrecque Adjoint scientifique, Institut de lutte contre la criminalité économique (ILCE)

En Suisse, une personne de 55 ans et plus sur quatre sera victime d’un abus financier dans les cinq prochaines années. Entre les fraudes, les vols, la cybercriminalité, les pratiques commerciales douteuses et la maltraitance financière, les personnes les plus âgées sont régulièrement la cible d’individus malintentionnés. Le présent article, rédigé sur la base des résultats de la première étude nationale consacrée à cette problématique, dresse un portrait des principales formes d’abus financiers et propose quelques pistes de solution pour y faire face.

Pratiques commerciales douteuses, fraudes, cybercriminalité, vols et actes de maltraitance financière : les bourses des plus âgé∙e∙s sont régulièrement la cible de différentes formes d’abus financiers. Au cours des cinq dernières années en Suisse, une personne de 55 ans et plus sur quatre a été victime d’un abus financier. Cela a occasionné des pertes financières de plus de deux milliards de francs ainsi que de nombreuses autres conséquences négatives. C’est ce qu’a démontré la toute première étude nationale sur la thématique, menée par l’Institut de lutte contre la criminalité économique (ILCE) de la Haute école de gestion Arc de Neuchâtel, en collaboration avec Pro Senectute Suisse (Beaudet-Labrecque, Brunoni & Augsburger-Bucheli, 2018)1. Les résultats, qui exposent l’omniprésence de la problématique dans la société, révèlent également l’importance de la sensibilisation des citoyen·ne·s à des fins préventives. Méthodologie Discuter de méthodologie n’est jamais attrayant en soi, mais dans le cas présent, cela permet de donner

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un sens aux résultats et de mieux les comprendre. Pour réaliser l’étude, l’équipe de l’ILCE a développé une méthodologie divisée en deux phases : la première qualitative, pour développer un questionnaire, et la seconde quantitative, pour administrer le questionnaire aux répondant∙e∙s. Dans la première phase, l’objectif était de concevoir un questionnaire qui comportait des questions dichotomiques (qui se répondent par oui ou non) décrivant des situations d’abus financiers précis. Pourquoi ? D’une part, parce que si l’on demande simplement aux gens s’ils ont été victimes d’abus financiers, sans donner plus de détails ni de définition, la plupart d’entre eux répondront par la négative. D’autre part, en décrivant des situations précises, on arrive à stimuler la mémoire des répondant∙e∙s, ce qui peut s’avérer fort utile compte tenu de la population ciblée. Encore faut-il identifier les différentes situations d’abus financiers pertinentes pour l’étude. À cet effet, l’équipe de recherche a mené une trentaine d’entretiens dans les trois principales régions linguistiques avec des professionnel∙le∙s confronté∙e∙s à la problématique et issu∙e∙s de différents milieux (social, santé, sécurité, banques, etc.)2. Cela a permis d’identifier 31 formes d’abus financiers récurrents en Suisse, qui ont ensuite été transformées en questions dichotomiques. Voici l’exemple d’une question décrivant le ransomware : « Au cours des cinq dernières années, votre ordinateur a-t-il été infecté par un virus qui bloquait l’accès à vos fichiers et documents en l’échange d’une rançon ? » 1 Le présent article se base sur les résultats de l’étude dont le rapport (Beaudet-Labrecque, Brunoni & Augsburger-Bucheli, 2018) est disponible à l’adresse suivante : https://www.prosenectute.ch/ fr/prestations/publications/etudes/abus-financiers.html (dernière consultation le 11.12.2018). 2 L’équipe de l’ILCE profite de la présente pour remercier tous les corps de police qui ont contribué à l’élaboration du questionnaire.

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ABUS FINANCIERS ENVERS LES SENIORS : POUR UNE MEILLEURE SENSIBILISATION

En plus des 31 questions décrivant les différentes formes d’abus financiers, 19 autres questions d’ordre sociodémographique ont été ajoutées afin d’élargir les perspectives d’analyse. Une fois le questionnaire élaboré, testé et traduit dans les trois langues nationales, l’équipe de recherche a fait appel à un institut spécialisé en enquêtes quantitatives pour la seconde phase du projet. Ce dernier s’est chargé d’administrer le questionnaire à 1257 personnes de 55 ans et plus réparties sur l’ensemble du territoire suisse. Les réponses ainsi collectées ont ensuite été pondérées selon le sexe, l’âge et la région linguistique des répondant∙e∙s afin d’obtenir des résultats représentatifs de la population. Les résultats Comme avancé en introduction, l’étude a démontré qu’une personne de 55 ans et plus sur quatre a été victime d’un abus financier au cours des cinq dernières années en Les entreprises actives dans ce Suisse. On peut donc domaine ciblent souvent les plus postuler que la proâgé·e·s dans le but d’exploiter blématique touche un leurs vulnérabilités, telles que la très grand nombre de mauvaise audition, la solitude ou familles. Pour faciliter l’anaencore l’extrême politesse dont ils lyse des résultats de ou elles font souvent preuve envers l’étude, les formes autrui. d’abus financiers relevées ont été regroupées en cinq catégories distinctes : les pratiques commerciales douteuses, les arnaques, la cybercriminalité, les vols et la maltraitance financière. Les pratiques commerciales douteuses Réception de marchandises non commandées, vente de biens à prix surfaits ou de services tout simplement inutiles : les pratiques commerciales douteuses sont relativement fréquentes en Suisse. Les entreprises actives dans ce domaine ciblent souvent les plus âgé·e·s dans le but d’exploiter leurs vulnérabilités, telles que la mauvaise audition, la solitude ou encore l’extrême politesse dont ils ou elles font souvent preuve envers autrui, quelles que soient ses intentions. Ce ne sont pas moins de 58,7 % des personnes de 55 ans et plus qui ont été ciblées par ce genre d’abus au cours des cinq dernières années. Dans

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la plupart des cas, cela n’a entraîné aucune conséquence négative, mais c’est tout de même 6,8 % de la population étudiée qui en a été victime. Pour réduire ce chiffre, il est nécessaire d’informer les personnes concernées de leurs droits en la matière, notamment en ce qui concerne la réception de marchandises non commandées (art. 6a CO3), où le ou la destinataire n’a généralement ni à acquitter la facture ni à renvoyer la marchandise, ou encore en matière de démarchage à domicile ou téléphonique (art. 40a à 40h CO), où il est souvent possible de résilier le contrat dans les 14 jours suivant la signature du contrat. Les arnaques Les arnaques au « faux neveu » et au « faux policier » sont sans doute les arnaques envers les seniors les plus connues, en raison des cas qui sont régulièrement relayés dans les médias. Cela dit, au vu des résultats obtenus dans l’étude, on remarque que cette grande présence médiatique a un effet bénéfique sur la prévention. Ces deux formes d’arnaques présentent en effet de très faibles taux « tentatives/ victimes », preuve d’une sensibilité accrue de la population à ces modus operandi. Cependant, d’autres formes d’arnaques font davantage de victimes. C’est notamment le cas des échanges frauduleux de devises, des bulletins de versement factices ou des faux commandements de payer, ou encore des inconnu∙e∙s prétendument en détresse qui profitent de la gentillesse spontanée des gens pour leur soutirer d’importantes sommes d’argent. Au total, ce sont 6,6 % des personnes de 55 ans et plus qui ont été victimes d’une arnaque au cours des cinq dernières années. La sensibilisation aux différentes formes d’arnaques est assurément l’une des meilleures pistes à envisager pour réduire le nombre de victimes. La cybercriminalité A priori, on pourrait croire que la cybercriminalité ne concerne pas les plus âgé∙e∙s, en raison de leur très faible utilisation des nouvelles technologies. C’était probablement vrai dix ans auparavant, mais force est de constater qu’aujourd’hui, les plus jeunes ne sont pas les seul∙e∙s à surfer sur la vague

3 Code des obligations, Loi fédérale complétant le Code civil suisse du 30 mars 1991, RS 220 (état au 1er avril 2017).

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ABUS FINANCIERS ENVERS LES SENIORS : POUR UNE MEILLEURE SENSIBILISATION

technologique. Les fausses annonces sur les sites de petites annonces, les ransomwares et les tentatives de phishing n’épargnent pas les 55 ans et plus. En effet, 4,2 % d’entre eux ont été victimes d’une forme de cybercriminalité dans les cinq dernières années. Les romance scams brisent également les cœurs et les portefeuilles des seniors. À ce propos, deux profils spécifiques de victimes ont pu être dégagés des résultats de l’étude : les hommes mariés entre 55 et 64 ans, ainsi que les femmes entre 55 et 84 ans célibataires, divorcées ou veuves. Une meilleure prévention de la cybercriminalité chez les 55 ans et plus passe essentiellement par l’éducation de la population aux bonnes pratiques en matière informatique, ainsi que par une sensibilisation aux diverses cybermenaces existantes. Les vols Les vols forment la catégorie d’abus financiers qui fait le plus de victimes chez les 55 ans et plus, à savoir 8,9 % d’entre eux. Le taux de victimisation augmente avec l’âge, et c’est plus de 11,7 % des 85 ans et plus qui en ont été victimes au cours des cinq dernières années. Parmi les différentes formes de vols relevées, on retrouve l’utilisation d’un prétexte par un∙e voleur∙se pour s’introduire dans un domicile afin d’y dérober des objets de valeur, les vols dans les lieux publics et, plus spécifiquement, les vols au bancomat. Concernant cette dernière forme, et au vu de l’importance du phénomène, des réflexions doivent absolument être menées par les institutions bancaires et les corps de police afin d’endiguer ce fléau qui concerne près d’une personne de 85 ans et plus sur dix. La maltraitance financière Beaucoup plus sensible à aborder, la maltraitance financière est une forme d’abus qui se déroule dans le cadre d’une relation de confiance. L’abuseur∙euse peut être un·e membre de la famille, un·e conjoint·e ou un·e autre proche, ce qui fait que la victime est généralement réticente à en parler ou même à reconnaître la situation comme problématique. Il peut s’agir, à titre d’exemple, d’enfants qui contrôlent les dépenses de leur père ou de leur mère en vue de préserver l’héritage, d’un fils qui retourne vivre à la charge de ses parents sans contribuer à l’effort financier, d’un proche qui utilise une procuration à mauvais escient, etc. Environ 4,6 % des personnes de 55 ans et plus ont été victimes de maltraitance

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financière dans les cinq dernières années, et les plus âgé∙e∙s sont ici aussi les plus touché∙e∙s, alors que le taux de victimes atteint 9,6 % chez les 85 ans et plus. La prise en charge des cas de maltraitance financière est délicate et la victime peut être très réticente à déposer plainte. Des services spécialisés, tels qu’Alter ego4 en Suisse romande et la Unabhängige Beschwerdestelle für das Alter (UBA)5 en Suisse alémanique, disposent de lignes téléphoniques pour écouter et conseiller les personnes qui font face à cette problématique. Les médias comme outil de sensibilisation Hormis les questions relatives aux différentes formes d’abus financiers, il a été demandé aux répondant∙e∙s d’indiquer s’ils ou elles étaient informé∙e∙s sur le sujet. L’analyse des résultats a permis de démontrer que les régions les mieux sensibilisées en la matière présentent des taux de victimisation plus faibles. En Suisse alémanique par exemple, 59,8  % des Sujet encore quelque peu tabou, répondant∙e∙s ont affirmé les abus financiers constituent un être informé∙e∙s, pour un véritable problème dans la société. taux de victimisation [...] le phénomène touchera une de 22,8  %, alors qu’en personne de 55 ans et plus sur Suisse romande, 47,1  % quatre dans les cinq prochaines des répondant∙e∙s ont années, et l’utilisation grandisaffirmé être informé∙e∙s, sante des technologies de l’ inforpour un taux de victimisation de 36,5  %. mation chez les plus âgé·e·s n’améPour se renseigner, les liorera en rien cette statistique. répondant∙e∙s préfèrent largement les médias traditionnels, à savoir la presse, la télévision et la radio. Dans ce cadre, l’utilisation de cas concrets anonymisés est une excellente façon d’attirer l’attention du public et de le sensibiliser. Conclusions Sujet encore quelque peu tabou, les abus financiers constituent un véritable problème dans la société. Selon les résultats de l’étude, on peut valablement penser que le phénomène touchera une personne de 55 ans et plus sur quatre dans les cinq prochaines

4 L’association et ses prestations sont présentées sur son site internet : https://alter-ego.ch (dernière consultation le 10.12.2018) (Alter ego, 2018). 5 L’association et ses prestations sont présentées sur son site internet : http://www.uba.ch (dernière consultation le 10.12.2018) (UBA, 2018).

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années, et l’utilisation grandissante des technologies de l’information chez les plus âgé·e·s n’améliorera en rien cette statistique. Des efforts peuvent toutefois être faits pour mieux informer et sensibiliser la population à la problématique. Concernée par ce fléau, l’équipe de l’ILCE œuvre actuellement à développer des pistes de solutions

adaptées aux besoins en matière de prévention et de prise en charge des abus financiers en Suisse. Ce travail, mené avec l’appui et la collaboration de partenaires publics et privés, devrait déboucher sur l’implémentation de mesures concrètes dans différents secteurs d’activités.

Bibliographie Association pour la prévention de la maltraitance envers les personnes âgées [Alter ego] (2018), « Sur nous » et « Prestations ». Disponible sous : https://alter-ego.ch/ (dernière consultation le 10.12.2018). Beaudet-Labrecque, Olivier, Luca Brunoni et Isabelle Augsburger-Bucheli (2018), Abus financiers. Les abus financiers commis à l’encontre des personnes de 55 ans et plus, Zurich : Pro Senectute / Institut de lutte contre la criminalité économique.

Code des obligations, Loi fédérale complétant le Code civil suisse du 30 mars 1991 [CO], RS 220 (état au 1er avril 2017). Unabhängige Beschwerdestelle für das Alter [UBA] (2018), « Anlaufstelle », «Unterstützung» und « Über die UBA ». Disponible sous : http://www.uba.ch (dernière consultation le 10.12.2018).

Zusammenfassung Finanzmissbrauch an Senioren: Sensibilisierungsbedarf erkannt In den kommenden fünf Jahren wird eine von vier Personen über 55 in der Schweiz Opfer von finanziellem Missbrauch werden. Betrug, Diebstahl, Cybercrime, unseriöse Geschäftspraktiken und Finanzmissbrauch im privaten Kontext sind Deliktstypen,

denen ältere Menschen regelmässig zum Opfer fallen. Der vorliegende Beitrag, der sich auf die erste schweizweite Studie zu dieser Problematik stützt, bietet einen Überblick über die häufigsten Formen von Finanzmissbrauch und präsentiert einige Lösungsvorschläge.

Riassunto Abusi finanziari verso i senior: per una migliore sensibilizzazione In Svizzera, una persona di 55 anni e più su quattro sarà vittima di un abuso finanziario entro i prossimi cinque anni. Tra frodi, furti, cibercriminalità, pratiche commerciali dubbie e abusi finanziari, i

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più anziani sono regolarmente vittime di malintenzionati. Il presente articolo, redatto sulla base dei risultati del primo studio nazionale svolto su questa problematica, traccia un ritratto delle principali forme di abuso finanziario e propone alcuni spunti risolutivi.

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LA FORMATION D'ADULTES ET LE NUMÉRIQUE PEUVENT FAIRE BON MÉNAGE

La formation d’adultes et le numérique peuvent faire bon ménage Enseignements et pistes de réflexion sur la base de deux projets réalisés sur le plan national Jean-Pierre Boesch Vice-directeur de l’Institut Suisse de Police

Le présent article se veut une réflexion sur l’environnement périphérique de la formation numérique, les fournisseurs de logiciels, ainsi que les dimensions didactiques et méthodologiques dans la création de « e-formations ». Il s’appuie sur deux projets e-learning d’envergure nationale, intitulés e-CC et e-CPI, que l’Institut Suisse de Police a réalisés, entre 2017 et 2018, en collaboration avec des spécialistes issu·e·s des polices suisses et des partenaires technologiques. Ces formations en ligne sont désormais accessibles à près de 19 000 policiers∙ères. L’article propose neuf lignes directrices tirées de ces expériences empiriques, qui pourront appuyer le développement et le déploiement de formations similaires à l’avenir. Il esquisse par ailleurs un modèle systémique, le « cycle dynamique de la formation », qui peut s’appliquer à l’apprentissage traditionnel comme numérique, ou encore, et c’est là que l’auteur perçoit d’intéressantes perspectives d’avenir, aux formes hybrides telles que le blended learning ou la classe inversée.

La numérisation de la formation est à la mode. Tout le monde parle de « e », mais rares sont celles et ceux qui en distinguent les divers composants, d’autant plus que la plupart des abréviations ou acronymes utilisés pour les caractériser sont souvent en anglais1. D’autre part, les notions de supports numériques – relevant des médias – et de contenus – relevant de la didactique – sont généralement confondues, les uns n’allant cependant pas sans les autres. Aux institutions et au personnel formateur de les combiner au mieux. Parallèlement, les plateformes d’apprentissage se multiplient, comme si elles étaient la panacée, « la » solution à l’acquisition de savoir et de compétences.

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De fait, si chacun∙e peut aujourd’hui apprendre seul∙e devant son terminal mobile, il convient quand même, encore et toujours, de faire l’effort d’apprendre, l’outil ne remplaçant pas le travail du cerveau. Cet article s’inscrit dans la continuité de celui publié dans format (Boesch, 2018) avec notamment, en toile de fond, les deux formations mises récemment en ligne sur l’extranet de la Plateforme nationale de formation policière (PNFP)2 par l’Institut Suisse de Police (ISP) : le e-learning Cybercrime (e-CC) et le e-learning Coopération policière internationale (e‑CPI). Se basant sur les enseignements de ces deux expériences concrètes, il se veut une réflexion sur l’environnement périphérique de la formation numérique, les fournisseurs de logiciels, ainsi que les dimensions didactiques et méthodologiques dans la création de « e-formations ». De la décision au choix des partenaires externes Après avoir reçu le mandat de réaliser un e-learning pour harmoniser les connaissances et compétences des policiers·ières en matière de cybercriminalité (au sens large), un des choix stratégiques, laissé à l’appréciation de l’institution (ici l’ISP), fut la recherche d’un partenaire à même d’endosser la responsabilité technique de la réalisation du produit en soi. Actuellement, ni l’Institut ni les polices ne comptent dans leurs rangs ces professionnel∙le∙s de la pédagogie virtuelle, que sont les « technopédagogues »3. Ces personnes clés dans « l’utilisation ciblée des nouveaux supports technologiques de l’information et de la communication participent à l’ouverture du monde

1 Un lexique explicatif se trouve en page 104. 2 La PNFP est disponible sous www.edupolice.ch ; elle comporte un extranet réservé au personnel policier suisse. 3 Le terme « technopédagogue » est un néologisme qui apparaît dans les revues ou sites consacrés à l’éducation ou la formation (Theler & Losada, 2015 ; Theler, 2016).

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LA FORMATION D'ADULTES ET LE NUMÉRIQUE PEUVENT FAIRE BON MÉNAGE

de l’enseignement vers l’utilisation des médias, des moyens de communication et des réseaux afin de faire entrer ces outils dans la formation au quotidien et d’élaborer de nouvelles articulations entre ceux-ci et les méthodes présentielles » (Theler & Losada, 2015). Vu l’ampleur de la tâche, une sélection a d’abord été opérée au travers de cinq fournisseurs potentiels dont les spécificités ont été évaluées en fonction d’une grille critériée préétablie. Il s’agissait de comparer, entre autres, les logiciels utilisés pour la création et la mise à disposition des contenus, le type d’accompagnement (technique, méthodologique, didactique) proposé dans la création du produit, la possibilité de former l’équipe qui gérerait ce dernier en back office, le soutien et la veille technique proposés une fois le e-learning ouvert aux apprenant∙e∙s, la La formation en ligne, à distance question du prix (liet sans assistance, ne doit pas se cences versus prix glorésumer [...] à offrir un bel envi- bal et autres formules ronnement d’apprentissage avec des de calcul des coûts), la clichés ou d’autres stimuli importés question de l’hébergedu marketing et de la publicité. ment, la norme utilisée, la compatibilité du produit avec tous les terminaux mobiles, etc. Pour réaliser le e-CC, le choix s’est finalement porté sur une firme de St-Gall. Cette entreprise avait déjà fait ses preuves en 2010 dans le cadre du e-learning consacré au Code de procédure pénale unifié (e-CPP 11, développé en partenariat avec l’ISP). Afin d’avoir une résonnance différente, c’est une firme bernoise qui a été mandatée pour réaliser le e-CPI. Également spécialisée dans la formation numérique, cette dernière proposait une approche différente de l’apprentissage distanciel. Face à un avenir didactique qui sera numérique sous bien des coutures, il était essentiel de tester des procédures différentes, surtout parce que le marché est vaste et très concurrentiel, donc difficile à appréhender. Le marché des formations numériques Bien des entreprises ont compris que le marché de la formation numérique et à distance est porteur. La plupart promettent des formules all inclusive. Leur LMS/LCMS4 offre à la fois de gérer le côté administratif de la formation en ligne et, parallèlement, annonce mettre à disposition des plateformes du savoir ou de l’apprentissage. Or, le mélange des genres, ou des deux prestations en l’occurrence, est difficilement possible, chacun constituant une chaine de

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« fabrication » aux outputs de nature différente – le e-learning n’étant à ce titre qu’un produit parmi de nombreux autres. En effet, les applications et logiciels sophistiqués permettant de développer des bases de données personnelles avec curricula des inscrit∙e∙s, de gérer des évaluations, des notes ou des examens, de régler des questions d’ordre logistique comme l’occupation de locaux, la mise en œuvre d’horaires ou encore la publication de courrier en publipostage, sont à classer dans les outils informatiques facilitant la résolution de problématiques organisationnelles. Cette cyberadministration est le fait de spécialistes IT dont le travail consiste à codifier pour le simplifier le monde de l’entreprise ou de la coordination de la formation. La force du numérique dans ce cas est d’avoir pu réduire drastiquement le papier – pour ne pas dire la paperasse – et de ne plus être tributaire du chainon postal classique. La plus-value organisationnelle d’une gestion informatique maitrisée n’est plus à démontrer. À titre d’exemple, on citera le rôle endossé par l’ISP avec son application web performante, lui permettant de coordonner, de mettre sur pied et de diffuser, par l’intermédiaire de la PNFP, plus de 250 formations par année, pour près de sept mille participant∙e∙s et en trois langues. En ce qui concerne le management du savoir ou de l’apprentissage, c’est un autre métier pour lequel il faut se doter d’une autre paire de manches. La formation en ligne, à distance et sans assistance, ne doit pas se résumer à publier des présentations de diapositives dans le nuage ou à offrir un bel environnement d’apprentissage avec des clichés ou d’autres stimuli importés du marketing et de la publicité, telles de courtes séquences filmées misant sur les gros plans de personnes qui attirent le regard ou des effets « flash » censés retenir l’attention. Le défi est ailleurs. Il ne s’agit pas tant de mettre à disposition des outils que de façonner ces derniers en les « carrossant » selon des normes didactiques et pédagogiques encore en gestation. En d’autres termes, il faut penser la formation numérique, car elle répond à d’autres règles que celles qui régissent le présentiel. Il faut s’attacher au contenu et non au contenant, tout en le réinventant. 4 LMS : Learning Management System : système de gestion des formations en ligne ; LCMS : Learning Content Management System : système de création et de gestion des contenus destinés à des formations en ligne (Autorensystem).

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Un virtuel anthropomorphe ? Il ne suffit pas que le produit ait un design pour qu’il ait un effet. Or toute formation numérique repose d’abord sur le visuel, la convivialité offerte à l’utilisateur∙trice et une série d’exhortations à se plonger dans l’écran pour nager dans le mobile learning5 et donc d’apprendre, seul∙e, en cliquant et en surfant, où on veut et comme on veut. Il s’agit là d’un important changement de paradigme par rapport à l’enseignement dit « traditionnel ». Il convient également de relever le fait que les décideurs∙euses en matière de formation numériques ne sont, dans leur très grande majorité, pas des expert∙e∙s de la formation ; c’est pourquoi la volonté de mettre en place des outils ou formations numériques précède souvent les réflexions indispensables sur la valeur ou la plus-value effective de ces outils par rapport à d’autres supports ou formes d’apprentissage. Ce risque de hiatus doit impérativement être pris en compte lors de la mise en place d’une stratégie globale mettant en priorité l’accent sur le numérique. Les supports comme les contextes d’apprentissage sont donc différents. Mais les moteurs et les catalyseurs permettant à l’apprenant∙e d’acquérir du savoir et, partant, des compétences, fonctionnent toujours aux mêmes « énergies » : ils ont comme ingrédients la relation (moi et les autres), l’émotion (stimulation, motivation, incitation), l’émulation (« je veux faire aussi bien que toi ») et la situation (moment, lieu, atmosphère). Et c’est là toute la difficulté des meilleures formations numériques composées, par essence, de manière binaire (0 et 1) et dénuées de toute « dimension humaine ». Est-ce à dire, alors, qu’il faut maintenir à tout prix les seules formations en présentiel ? Certes non, car il est aussi possible d’intégrer cette touche « anthropomorphe » dans les vidéos et textes audio. Personnifier l’accompagnement par un avatar ou en mettant en scène des personnes aura un impact sur l’apprenant∙e. Cette identification à des éléments réels, qui vont au-delà des mots écrits, le ou la rapprochera du connu et facilitera l’apprentissage. Dans le e-learning consacré à la cybercriminalité, par exemple, le groupe de travail a choisi de faire accompagner les utilisateurs∙trices du e-CC par un policier-avatar, le bien-nommé « Max Sieber ». Ce sympathique officier de police les guide, de manière très linéaire, au travers des classes virtuelles qu’ils ou elles visitent et leur propose d’appli-

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quer concrètement ce qu’ils ou elles ont découvert grâce à une série de missions à accomplir. Dans le eCPI en revanche, l’apprenant∙e est parfaitement libre de choisir son chemin d’apprentissage, de déterminer l’ordre des séquences, de prendre ou de « zapper ». L’évaluation des deux approches didactiques volontairement différentes permettra, avec du recul, de déterminer, les préférences du monde policier dans un apprentissage « e ». Au final cependant, c’est le blended learning6 qui doit rester dans le viseur principal de ceux et celles qui dessinent les contours de la formation de demain. Grâce, ou à cause des supports numériques, la formation « physique » devra alors, elle aussi, se renouveler. L’élaboration de supports didactiques numériques Sans entrer trop avant ni en détail dans les théories consacrées à l’apprentissage, il faut d’abord en rappeler quelques enseignements essentiels et universels. Et tout d’abord que les apprenant∙e∙s ne La volonté de mettre en place des réagissent ni ne mémo- outils ou formations numériques risent tous et toutes de précède souvent les réflexions la même manière (voir indispensables sur la valeur ou la aussi Hügi, 2018). Les plus-value effective de ces outils publics cibles – peu par rapport à d’autres supports ou importe l’âge ou le cheformes d’apprentissage. min de vie – resteront toujours, pour les uns plutôt auditifs, pour les autres plutôt visuels, et pour les derniers (moins nombreux) « kinesthésiques » (Teasdale, 2004). Il y a lieu de s’en souvenir dans la construction des supports numériques. Apprendre à l’aide de schémas et d’images favorise l’attention, mais ne suffit pas à celui ou celle qui doit « entendre pour se faire une idée ». Travailler avec son doigt sur un écran ou bouger sa souris pour déplacer ou créer des objets convaincra ceux et celles pour qui le mouvement et le faire riment avec intégrer une matière. L’enseignement classique ou traditionnel, frontal, en classe, dont la pertinence est parfois remise en question, peut, quant à lui, devenir meilleur en ligne, 5 « Le mobile learning […] implique la combinaison des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE) et de la technologie mobile des smartphones. En clair, il s’agit d’apprendre ou de se former sur son smartphone ou sur sa tablette, n’importe où et n’importe quand. » (Foucrier, 2015). 6 Apprentissage hybride où sont combinées les formations en ligne et les formations en présentiel.

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à l’instar des MOOCs7. Ce support numérique n’est pas à négliger, car il amène un confort que n’offre pas le présentiel : le cours peut être vu et revu, appréhendé en profondeur et donne un écho qui, en auditoire par exemple, serait étouffé. Les tutoriels participent d’une même tendance, mais sont plutôt destinés à des exercices d’application pratique, immédiate, qui ne leur Dans une certaine mesure, les confèrent pas une vraie e-learnings peuvent remplacer, pour dimension pédagoun temps, le présentiel, lorsqu’un gique. Ils n’en restent certain nombre d’ éléments cadres pas moins intéressants sont respectés. puisqu’ils permettent de suivre, à l’envi, un modèle. Répéter un mouvement ou une forme d’action pour la maîtriser représente une méthodologie qui a fait ses preuves, pour autant cependant qu’une tierce personne puisse intervenir pour corriger les erreurs ou rectifier les imprécisions. Évaluation du e-CC À l’heure de la rédaction de cet article, seul le e-CC a été évalué, le e-CPI n’ayant que récemment été mis en ligne. Les quelque 20 % d’utilisateurs∙trices, soit près de 3500 sur les 18  700 officiellement répertorié∙e∙s par la CCPCS (2018)8 indiquent que cette formation à distance a été bien conçue didactiquement, qu’elle est globalement une réussite au niveau national et qu’elle amène une plus-value dans les compétences des policiers·ières. Les e-learnings – à l’exemple du e-CC ou du e-CPI – constituent peut-être les options les plus abouties des supports numériques pour une formation à distance, celles ou l’apprenant∙e pourra progresser seul∙e (auto-apprentissage) et véritablement acquérir des compétences. Les évaluations du e-CC Questions

(voir encadré 1) tendent à démontrer sa pertinence, quand bien même on ne peut faire d’un exemple une généralité. Dans une certaine mesure, les e‑learnings peuvent remplacer, pour un temps, le présentiel, lorsqu’un certain nombre d’éléments cadres sont respectés ; en voici un catalogue empirique et non exhaustif : 1. Durant la phase de conceptualisation, le processus compétences – objectifs d’apprentissage – contenus – performances attendues doit être décliné, systématiquement, en fonction du public cible. 2. Les séquences de l’apprentissage – qu’il soit linéaire ou non – ne contiennent en principe pas plus de dix pages web9 avec, à chaque fois, des exercices de répétition pour consolider l’appris ; cette manière de procéder devrait restreindre la durée de formation (une heure au plus pour un e-learning) à une vingtaine de minutes par séquence, l’attention d’un∙e apprenant∙e étant, selon certaines théories pédagogiques de quinze minutes au maximum. 3. Un des défis, dans la construction du support numérique, sera de faire en sorte que l’apprenant∙e reste actif∙ive, soit sollicité∙e encore et toujours, que sa curiosité pour aller de l’avant soit éveillée continuellement, la passivité étant synonyme d’endormissement. 4. La diversité des médias audio et vidéo, l’alternance des blocs de textes avec des schémas, des 7 Un Massive Open Online Course (MOOC) est une formation en ligne ouverte, permettant d’accueillir un grand nombre de participant∙e∙s. 8 Sur décision de la CCPCS du 21 mars 2017, les chiffres officiels des destinataires (Pol I−IV) sont ceux répertoriés sous : https:// www.kkpks.ch/fr/actuel/facts-figures (dernière consultation le 21.12.2018). 9 Les prestataires e-learning partenaires de l’ISP indiquent ainsi que l’apprenant∙e passe, en moyenne, une minute et demie à deux minutes et demie par page.

Indicateur de satisfaction, 1er module

Indicateur de satisfaction, 2e module

1. Exigences adaptées au public cible

92 % (++ / +)

92 % (++ / +)

2. Clarté des objectifs

92 % (++ / +)

93 % (++ / +)

3. Clarté des contenus

95 % (++ / +)

94 % (++ / +)

4. Qualité des moyens auxiliaires (audio-vidéo)

97 % (++ / +)

97 % (++ / +)

5. Navigation intuitive

94 % (++ / +)

95 % (++ / +)

6. Mode d’apprentissage indépendant/autonome

92 % (++ / +)

91 % (++ / +)

7. Mise en perspective de ce qui a été appris

71 % (++ / +)

81 % (++ / +)

8. Pertinence des contenus

88 % (++ / +)

88 % (++ / +)

9. Élargissement des compétences personnelles

84 % (++ / +)

89 % (++ / +)

Encadré 1 : Synthèse chiffrée de l’évaluation du logiciel e-CC au 31.12.2018 (ISP, 2018)

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images et des questions à choix multiples contenant aussi des exercices de réflexions et impliquant des pauses dans le défilement des pages impriment un rythme varié pour ne pas tomber dans la monotonie du « rabâchage ». 5. S’ils n’occupent pas tout l’espace d’apprentissage, les éléments théoriques et descriptifs d’une matière apparaitront sous forme de pop-up ou de documents PDF et complèteront les séquences plus dynamiques du e-learning. 6. Des problèmes, questions, événements, situations à résoudre viennent conclure les séquences d’apprentissage ou le e-learning, comme un point sur un « i » ; ce centrage final sur la formation par application correspond d’ailleurs à l’antépénultième étage de la pyramide de Bloom (voir illustration 1), une taxonomie à laquelle le monde pédagogique continue à se référer (cf. Anderson & Krathwohl, 2001). 7. Tout apprentissage mérite d’être confirmé par un test formatif ou sommatif donnant droit à une certification autorisée qui lui confère de la valeur ou une plus-value. 8. Les instruments de l’évaluation finale sont variés. On retiendra à cet égard que les e-tests facilitent la validation des acquis parce qu’ils sont simples à gérer, aussi bien dans la correction qu’administrativement, pour peu qu’ils aient été bien construits ; ils sous-entendent cependant la création de larges catalogues de questions (multiple choice – single choice) ou de consignes plutôt fermées à établir. 9. Les bilans d’apprentissage sous la forme très personnelle de portfolios ou déclinés en rapports de transfert sont actuellement les instruments aux réponses ouvertes les mieux adaptés à la formation d’adultes. Leur mise en perspective numérique n’est en revanche que d’ordre informatique, la machine ne remplaçant pas encore l’intelligence humaine dans l’évaluation qui restera néanmoins toujours subjective. Les exigences d’une formation en ligne sont multiples, en raison des différentes dimensions pédagogiques auxquelles il faut répondre, de la diversité des instruments à mettre en œuvre et de la combinaison du tout avec la technologie informatique. En d’autres termes, les formations traditionnelles, en présentiel, avec du matériel physique ou analogique nécessitent moins de moyens. Elles sont donc plus simples et moins coûteuses à réaliser quand elles s’adressent

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à un petit nombre. En revanche, dès qu’il est question de centaines, voire de milliers d’apprenant∙e∙s (comme pour le e-CC ou le e-CPI), le numérique est souvent la seule alternative possible. (UHS`ZL

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*VUUHPZZHUJL Illustration 1 : La taxonomie des objectifs éducationnels selon Bloom (Source : Wikimedia Commons/Nesbit)

Les nouveaux paradigmes de l’apprentissage – territoires et géographies différentes C’est un truisme que de le rappeler, mais le numérique ne remplacera pas le présentiel, il le complétera. Il induit également de nouveaux paradigmes, souvent sous-estimés ou peu pris en considération jusqu’à aujourd’hui. À commencer par l’analyse détaillée Dès qu’ il est question de des nouveaux publics centaines, voire de milliers cibles. Dans la formation d’apprenant∙e∙s [...] le numérique d’adultes, en particulier, est souvent la seule alternative répondre à cette question possible. est essentiel, sachant que les générations n’apprennent pas toutes de la même manière (ont des attentes et des « habitus » différents en matière de pratiques d’apprentissage). L’on peut postuler que l’immersion des plus jeunes dans les nouvelles technologies a amoindri les résistances que leurs aîné∙e∙s éprouvent parfois face à la numérisation des contenus d’apprentissage. Parce qu’internet fait partie de leur vie, parce que le savoir et les bibliothèques sont en ligne, faciles d’accès, qu’à toute question il faut des réponses rapides, pratiques, simples, accessibles. Ajouter à cela, l’esprit des réseaux sociaux, des forums, des tchats, qui impliquent un partage continu de l’information, des interactions collaboratives et l’abolition des barrières linguistiques. Toutes ces modalités modifient profondément « l’apprendre ». D’ailleurs ne vaudrait-il pas mieux parler désormais de « se former », un verbe réfléchi dont la composante personnelle, en creux, donne du relief aux

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LA FORMATION D'ADULTES ET LE NUMÉRIQUE PEUVENT FAIRE BON MÉNAGE

territoires du savoir et des compétences qu’il convient d’explorer ? Il faut regarder la formation comme un cycle dynamique constitué d’une série d’interactions. 1. D’abord entre les formes : le présentiel et l’analogique versus ou combiné au numérique ou au distanciel. 2. Ensuite entre les destinataires∙trices, avec le croisement des générations et un recentrage sur l’individu qui auto-construit et pilote son chemin d’apprentissage tout en partageant avec ses pairs. L’échange collaboratif redimensionne la clé de répartition des rôles. Les apprenant∙e∙s se corrigent mutuellement, se challengent par le biais des réseaux sociaux, à distance. 3. À ce titre, et troisièmement, il s’agit d’observer et de redéfinir la position des formateurs∙trices, par rapport aux apprenant∙e∙s, car ils et elles restent les éléments pivots de toute formation  ; leurs tâches comme leur fonction, en revanche, se déclinent autrement : ils et elles ne sont plus seul∙e∙s détenteurs∙trices du savoir, mais mentor∙e∙s, accompagnant∙e∙s, coaches, personnes de référence, qui plus est, s’ils ou elles exercent en ligne. 4. Enfin, il faut encore prendre en compte un dernier élément qui peut influer sur les trois autres : l’évaluation. Presque uniquement sommative, normative, individuelle et ponctuelle par le passé, l’évaluation dans une formation d’adultes se veut aujourd’hui plutôt formative, faite en groupes et inscrite dans la durée. Elle a, en partie, perdu son côté sélectif, ce dernier étant laissé aux services responsables des ressources humaines. Cette approche systémique s’oppose à une vision linéaire – réductrice – de la formation. Elle ne mise pas tout sur les supports numériques, mais les intègre dans le processus d’apprentissage afin de le

redimensionner et de renforcer sa congruence avec le monde technologique ambiant. Conclusion Le réchauffement technologique de la pédagogie ne peut être nié ou ignoré. Il faut faire avec, adapter la culture de l’apprentissage aux nouveaux paramètres du virtuel. Affirmer que « c’était mieux avant », que les « élèves » étaient plus appliqué∙e∙s quand tout se passait en classe, etc., relève de l’ineptie et d’un conservatisme affligeant. Tout n’est certes pas maîtrisé actuellement dans la révolution « e », mais l’univers de la formation et ses acteurs apprennent ensemble, tout en faisant. Il ne faut cependant pas sous-estimer les risques inhérents à ces nouvelles formes didactiques, tels le « zapping » et une certaine passivité conjugués à une propension à la rapidité et une soif inextinguible de nouveautés qui ne favorisent pas la concentration. L’absence d’un univers physique et tangible, le côté hic et nunc sans lendemain posent la question récurrente de la durabilité de l’apprentissage « e ». Si, en revanche, la réflexion a lieu en termes de coûts financiers et écologiques, la numérisation de la formation a sans aucun doute un avenir. Les classes inversées10 et le blended learning, la démocratisation du savoir et l’accès aux nouvelles compétences, la possibilité d’une innovation restreinte dans le présentiel mais accrue grâce aux outils numériques laissent entrevoir des champs de possibles dont on peut se réjouir. 10 La « classe inversée » (ou flipped classroom) est une approche pédagogique qui se caractérise comme suit : « les contenus de cours sont livrés au moyen de ressources consultables en ligne – […] – et le temps de classe est exclusivement consacré à des projets d’équipe, à des échanges avec l’enseignant et entre pairs, à des exercices pratiques et autres activités de collaboration » (Université de Sherbrooke, 2011). L’enseignant∙e y joue donc le rôle de guide d’apprentissage.

Bibliographie Anderson, L. W., & Krathwohl, D. R. (2001). A taxonomy for learning, teaching, and assessing: A revision of Bloom’s taxonomy of educational objectives. New York, Addison-Wesley Longman.

Theler, Julien (2016), « Les formateurs face à l’ingénierie pédagogique », EP Éducation permanente, no. 3/2016, Zurich : Fédération suisse pour la formation continue (FSEA).

Boesch, Jean-Pierre (2018), « e-CC + e-CPI = e-succès », format 2018, Institut Suisse de Police, pp. 6–7.

Theler, Julien & José Losada (2015), « Le métier de technopédagogue expliqué aux étudiants en science de l’éducation : e-teach présent au forum FPSE le 21 avril 2015 », e-teach blog, 14 avril 2015. Disponible sous : http://www.e-teach.ch/blog/lemetier-de-technopedagogue-explique-aux-etudiants-en-science-deleducation-e-teach-present-au-forum-fpse-le-21-avril-2015/ (consulté le 21.12.2018).

Foucrier, Jean-Charles (2015), « Le mobile learning à l’horizon des nouvelles formes d’apprentissage », Huffington Post – Les blogs, 24 avril 2015. Disponible sous : https://www.huffingtonpost.fr/jeancharlesfoucrier/mobile-learning-education-telephone_b_7127078.html (consulté le 21.12.2018). Hügi, Kurt (2018), « Digitales Lehren und Lernen in Polizeischulen: Eine Auslegeordnung », format magazine – Revue de formation et de recherche policières, no. 8 (2018), pp. 86–90. Teasdale, Chantal (2004), « Êtes-vous visuel, auditif ou kinesthésique ? », La Presse, 23 octobre 2004.

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Université de Sherbrooke. (2011), Faire la classe mais à l’envers : la « flipped classroom ». Perspectives SSF, Novembre 2011. Disponible sous : https://www.usherbrooke.ca/ssf/veille/perspectives-ssf/numerosprecedents/novembre-2011/le-ssf-veille/faire-la-classe-mais-a-lenversla-flipped-classroom/ (consulté le 21.12.2018).

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LA FORMATION D'ADULTES ET LE NUMÉRIQUE PEUVENT FAIRE BON MÉNAGE

e-CC présenté au 5e Congrès Francopol à Dakar Le 5e congrès international de FRANCOPOL s’est tenu du 17 au 19 octobre 2018 à Dakar au Sénégal sur le thème de la gestion des risques et des nouvelles menaces. Représentant également l’ISP, Sébastien Jaquier, responsable adjoint de l’Institut de lutte contre la criminalité économique (ILCE) de la HEG Arc / HES-SO, y a présenté le concept de formation de la police en matière de cybercriminalité. Il a mis l’accent sur le e-CC qui constitue la base d’une stratégie visant à développer une hiérarchie de compétences au sein de la police, fournissant les meilleurs outils en la matière à chacun∙e en fonction de son rôle : policier∙ière, enquêteur∙trice, enquêteur∙trice spécialisé∙e IT ou spécialiste en investigation numérique. Le but étant d’atteindre un triple objectif :

• une meilleure préservation des traces numériques dès les premiers stades de l’enquête ; • une décharge des spécialistes en investigation numérique qui constituent trop souvent un goulot d’étranglement dans le traitement des cas ; • une accélération dans le traitement des affaires. Les avancées réalisées en Suisse en la matière ont suscité un vif intérêt chez les représentant∙e∙s de plusieurs polices nationales. Le défi à relever, à savoir augmenter les compétences « cyber » du personnel afin qu’il puisse faire face aux dérives éventuelles de cette évolution technologique, concerne l’ensemble des corps de police. Si toutes et tous s’accordent sur ce point, il semble que peu de mesures concrètes aient été prises jusqu’ici. Gageons que l’initiative suisse fera des émules au sein de la communauté francophone.

Encadré 2 : e-CC présenté au Congrès Francopol à Dakar

Zusammenfassung Erwachsenenbildung und digitales Lernen gehen Hand in Hand Der vorliegende Artikel stellt eine Reflexion über das Umfeld der digitalen Ausbildung, Softwareanbieter sowie die methodisch-didaktische Dimension bei der Erstellung von E-Learnings dar. Er stützt sich auf zwei nationale E-Learning-Projekte (e-CC und e-CPI), welche das Schweizerische Polizei-Institut zwischen 2017 und 2018 in Zusammenarbeit mit Spezialisten/-innen der Schweizer Polizei und auf E-Learning spezialisierten Partnern erarbeitet hat. Diese Online-Ausbildungen sind nun knapp 19 000

Polizisten/-innen verfügbar. Der Artikel schlägt neun Leitlinien vor, die sich aus dieser konkreten Erfahrung ableiten lassen und die Entwicklung und den Einsatz zukünftiger ähnlicher Ausbildungen unterstützen können. Er entwirft ausserdem ein Modell, den «dynamischen Ausbildungszyklus», das sowohl auf das traditionelle als auch auf das digitale Lernen angewendet werden kann, oder auch – und hier sieht der Autor interessante Perspektiven für die Zukunft – auf Mischformen wie Blended Learning oder Flipped Classroom.

Riassunto La formazione degli adulti e l’e-learning vanno di pari passo Il presente articolo vuole essere una riflessione sull’ambiente periferico della formazione digitale – i fornitori di software – oltre che sulle dimensioni didattiche e metodologiche nella creazione di «e-formazioni». Esso prende spunto da due progetti di e-learning di portata nazionale, intitolati e-CC e e-CIP, realizzati dall’ISP tra il 2017 e il 2018 in collaborazione con specialisti provenienti dalle polizie svizzere e partner tecnologici. Queste formazioni

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online sono ora accessibili a circa 19 000 agenti di polizia. L’articolo propone nove linee direttrici tratte da queste esperienze pratiche che potranno sostenere lo sviluppo e la realizzazione di formazioni simili in futuro. Abbozza inoltre un modello sistemico, il «ciclo dinamico della formazione», che può essere applicato all’insegnamento tradizionale così come a quello digitale, o ancora – e qui l’autore scruta prospettive interessanti – alle forme ibride quali il blended learning o la classe invertita.

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DIGITALES LEHREN UND LERNEN IN POLIZEISCHULEN

Digitales Lehren und Lernen in Polizeischulen Eine Auslegeordnung Kurt Hügi Direktor, Zürcher Polizeischule (ZHPS)

Der Artikel beschreibt aus der Sicht einer Polizeischule den Einfluss der Digitalisierung auf die Lernenden, die Ausbilder/-innen sowie die Schulen und wirft einen Blick auf die Literatur und empirische Untersuchungen. Digitales Lernen wird oft mit E-Learning oder dem Einsatz von digitalen Lernplattformen gleichgesetzt. Beides greift zu kurz, denn nicht das Lehren oder das Lernen werden digital, sondern die Hilfsmittel. Weil uns digitale Hilfsmittel in allen Lebensbereichen begleiten, sollen sie es grundsätzlich auch beim Lernen tun. Die dazu nötige Medienkompetenz ist der Schlüsselfaktor, um Kompetenzorientierung, Individualisierung und Reflexionsfähigkeit in der Ausbildung zu fördern. Ausbilder/ -innen verlieren zwar ihre Bedeutung als Alleinwissende, sie werden deshalb aber nicht überflüssig. Das Schwergewicht der Lehrtätigkeit soll nicht beim vermittelnden Unterricht liegen, sondern bei der Planung und Vorbereitung von selbstorganisiertem Lernen, klugem Üben, Anwenden und Reflektieren. Dazu braucht es hoch motivierte und kompetente Ausbilder/-innen.

Die Digitalisierung verändert viele unserer Lebensbereiche mit hoher Geschwindigkeit. Heute sind nahezu alle Personen mit einem digitalen Endgerät ausgerüstet, diese Geräte werden immer leistungsfähiger und sie werden immer intensiver genutzt. Dienstleistungen, wie beispielsweise das Einkaufen, verändern sich radikal. Beim Warten an der Bushaltestelle surft man durch ein globales Angebot, vergleicht Preise und Qualitäten und bestellt das Passende online. Ganze Berufe, wie derjenige des Taxifahrers, werden verschwinden, weil sich die Transportbedürfnisse der Kunden mit den Fahrstrecken von Autofahrern digital kombinieren lassen. Moderne Fahrassistenzsysteme machen das Autofahren immer sicherer und in autonom fahrenden Fahrzeugen wird ein Fahrer schon bald überflüssig sein.

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Nicht immer aber finden die dank der Digitalisierung möglichen Veränderungen so rasch statt, wie es technisch möglich wäre. Trotz der Möglichkeiten von E-Voting treffen sich beispielsweise die Stimmberechtigten des Kantons Glarus im traditionellen Ring der Landsgemeinde. Als 2006 die Regierung beantragte, die 25 Gemeinden zu 10 zusammenzuschliessen, wurde ein Antrag aus dem Ring angenommen, der gleich eine Reduzierung auf 3 vorschlug (Leuzinger 2018). Innovativste, basisdemokratische Entscheide lassen sich also ganz ohne digitale Hilfsmittel fällen. Zudem hat die Digitalisierung, wie jede Technologie, auch negative Seiten: z. B. Missbrauch von Daten, Hasskommentare auf Internetforen, Internetsucht, Darknet oder Cyberkriminalität. Digitales Lernen wird oft mit E-Learning oder dem Einsatz von digitalen Lernplattformen gleichgesetzt. Beides greift zu kurz. Beim digitalen Lernen wird der Gebrauch von digitalen Endgeräten zu einer Selbstverständlichkeit wie am entsprechenden Arbeitsplatz in der Praxis oder in anderen Lebensbereichen. Die Kreidezeit an den Schulen ist schon lange zu Ende (Döbeli Honegger 2017). Der Cluster (Abbildung 1) zeigt, wie digitales Lernen die Lernenden, die Ausbilder/-innen sowie die Schulen beeinflusst. Im Folgenden sollen die einzelnen Elemente des Clusters aus der Sicht einer Polizeischule und mit Blick auf die Literatur und empirische Untersuchungen diskutiert werden. Einflüsse auf die Lernenden Muss das Lernen aufgrund der Digitalisierung heute neu erfunden werden? Eine rhetorische Frage, denn Lernen findet in unseren Köpfen statt und diese funktionieren nicht digital. Es wird also nicht das Lernen digitalisiert, sondern es verändern sich lediglich die Hilfsmittel, die dem Lernen dienen.

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DIGITALES LEHREN UND LERNEN IN POLIZEISCHULEN

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Abbildung 1: EinflĂźsse des digitalen Lernens (ZHPS)

Abbildung 2: Vom Vermitteln zum Handeln (ZHPS)

Diese Hilfsmittel bergen aber auch Risiken wie Ablenkung, Oberflächlichkeit, Ziellosigkeit oder spielerische Nutzung. Es ist oft zu beobachten, dass Lernende, welche dem Präsenzunterricht nur mit MĂźhe folgen kĂśnnen, auch beim individuellen Arbeiten auf einer Lernplattform Ăźberfordert sind. DemgegenĂźber haben generell gut Lernende auch keine Probleme damit, individuell mit physischen Lernmitteln oder Lernplattformen zu arbeiten. Neue Technologien dienen also meistens nur denjenigen, die auch mit den alten Technologien zurechtgekommen sind. Eine Nationalfondsstudie untersucht, wie weit Computerspielerfahrung bei Digital Natives berufliche Kompetenzen fĂśrdern kann. Positive Effekte sind bei Piloten oder bei am Bildschirm operierenden Chirurgen erkennbar (Horizonte 2018), also in Berufen, in denen mit digitalen Hilfsmitteln zentrale Steuerungsfunktionen ausgeĂźbt werden. Weil uns digitale Hilfsmittel in allen Lebensbereichen begleiten, sollen sie es grundsätzlich auch beim Lernen tun. Die dazu nĂśtige Medienkompetenz ist heute eine SchlĂźsselqualifikation. Dazu gehĂśren die Reduktion von Wissen und Information auf das Wesentliche, die Fähigkeit zur Abstraktion, Reduktion und Modellbildung sowie die Konzentrationsfähigkeit, um die Ablenkung in der digitalen Umwelt zu minimieren (Hartmann Hundertpfund 2015). Ein nachhaltiger Lernprozess folgt der Logik ÂŤAneignen – Anwenden – ReflektierenÂť (Abbildung 2). Beim Aneignen gelangt Neues Ăźber verschiedene Filter vom Ultrakurzzeitgedächtnis via Kurzzeitgedächtnis ins Langzeitgedächtnis und vernetzt sich dort mit Vorwissen und Erfahrungen. Dieser Prozess verläuft sehr individuell und in unterschiedlichen Geschwindigkeiten, weil die Voraussetzungen fĂźr

diese Vernetzungen von Person zu Person verschieden sind. Das Anwenden wird zuerst im geschĂźtzten Rahmen der Schule geĂźbt, wobei sich die Ăœbungsanlagen immer mehr der Praxis nähern, beispielsweise mit Handlungstrainings oder Lernfeldkonzepten. Mit Hilfe des Reflek- Die Hilfsmittel [...] bergen auch tierens wird das Ganze Risiken wie Ablenkung, Oberflächverinnerlicht und die lichkeit, Ziellosigkeit oder spieleriBasis fĂźr den erfolgreische Nutzung. chen Transfer geschaffen. Kompetent ist, wer sein Verhalten reflektieren kann – darauf baut eine duale Ausbildung auf, die an zwei Lernorten (Schule und Korps) stattfindet. Wissen alleine genĂźgt nicht, Handeln alleine aber auch nicht.

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Einfluss auf die Ausbilder/-innen Muss das Lehren aufgrund der Digitalisierung neu erfunden werden? In der digitalen Zeit verlieren die Lehrpersonen ihren Status als Allein- oder Alleswissende, denn auf YouTube findet sich vielleicht ein dreiminßtiger Lehrfilm, der etwas besser erklärt als die Lehrperson. Zur Organisation und Begleitung des Lernprozesses sind Ausbilder/-innen heute jedoch wichtiger denn je. Guter Unterricht (Meyer 2004) lässt sich nicht an digitale Hilfsmittel delegieren. Natßrlich erleichtern flexible, digitalisierte Lernmaterialien das individuelle Lernen. Aber auch das Buch ist vom Konzept her individualisiert und erlaubt verschiedene Zugänge. Die Grundsätze des individuellen und selbstorganisierten Lernens sind bereits lange bekannt (Herold 2011). Es braucht kreative Ausbilder/ -innen, die das umsetzen. Hilfsmittel und Methoden alleine machen noch keinen wirkungsvollen Unterricht.

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DIGITALES LEHREN UND LERNEN IN POLIZEISCHULEN

Der Unterricht an Polizeischulen umfasst immer noch viele vermittelnde Anteile (Abbildung 2), die im Klassenunterricht mittels Lehrgespräch stattfinden. Im Lehrgespräch kann der Lernende nicht zeigen, was er kann, höchstens, was er weiss. Das Lehrgespräch fokussiert sich auf die Fachkompetenz, nicht auf die Handlungskompetenz, und berücksichtigt unterschiedliche Lerntempi nicht. Es wird also vermittelnd gelehrt, aber scheinbar nur handelnd gelernt. Lässt sich dieser Widerspruch mit digitalen Hilfsmitteln lösen? Lehren muss bei den Lernenden einen Aufbau von neuem Wissen und Veränderung von bestehendem Wissen auslösen (AbbilDer Unterricht an Polizeischu- dung 3). Dieses Wissen len umfasst immer noch viele ist die Voraussetzung für vermittelnde Anteile [...], die im Denken, Handeln und Klassenunterricht mittels Lehrge- Entscheiden (Felten und spräch stattfinden. Stern 2014). Deshalb folgen diese drei Abläufe bei einer bestimmten Person auch den gleichen Mustern. Wissen ist einerseits prozedural und lässt sich durch Üben und Wiederholen automatisieren. Andererseits ist es konzeptuell und verknüpft sich mit bestehendem Wissen. Motorisches (dunkel graune Ovale) und kognitives Wissen (rote Ovale) müssen gut vernetzt sein, damit es nicht vergessen geht. Wird der Lernzu-

wachs (helle Ovale) nicht mit dem Bestehenden vernetzt, geht er rasch wieder verloren. Diese Vernetzung ist bei jedem Lernenden sehr individuell. Motorisches Wissen bleibt längere Zeit erhalten, auch wenn es nicht benutzt wird (z. B. Schwimmen, Velofahren, Schiessen). Anders ist es bei kognitivem Wissen: Dieses wird überschrieben (hell graune Ovale), wenn es nicht gebraucht oder nicht repetiert wird (z. B. Fremdsprachen). John Hattie hat über 15 Jahre Meta-Analysen mit gegen 80 000 empirischen Untersuchungen durchgeführt und Effektstärken berechnet (Hattie 2015). Damit lässt sich die Frage beantworten, was sich auf den Unterricht stark und was weniger stark auswirkt. Zu den stärksten Wirkungen gehören die Selbsteinschätzung des eigenen Lernniveaus (Reflexion), die Klarheit der Lehrperson, die Lehrer-Schüler-Beziehung und das bewusste Üben. Zu den schwach wirkenden Effekten zählen Computerunterstützung, Lernprogramme, webbasiertes Lernen, Fernunterricht und offene Klassenzimmer, um nur einige zu nennen. Hatties Kernbotschaft ist, dass die Kooperation zwischen Schule, Lehrperson und Lernenden entscheidend sei und es auf die Haltung der Lehrpersonen ankomme. Dabei stehe hier nicht die Rolle des Fachexperten im Vordergrund, sondern, dass die Lehrperson in der Lage sei, mit den Lernenden in Dialog zu treten und eine Beziehung aufzubauen.

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Abbildung 3: Vernetztes Wissen als Voraussetzung für Denken, Handeln und Entscheiden (ZHPS)

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Einfluss auf die Schule Der Unterricht an einer Polizeischule findet rund zur Hälfte ausserhalb der Schulzimmer statt (Schiessplatz, Dojo, Trainingsgelände). Die meisten Schulen besitzen heute digitale Lösungen, um die individuellen Lernwege ihrer Lernenden zu unterstützen oder Tests durchzuführen. Solche Learning Management Systeme (LMS) werden dann oft mit der Strategie gekoppelt, dass Lehrmittel nicht mehr physisch, sondern digital zur Verfügung gestellt werden. Man verspricht sich davon eine Kosteneinsparung nach dem Motto «Digitales ist gratis oder zumindest billiger». Digitale Lehrmittel haben sicher den Vorteil, dass sie einfacher überarbeitet werden können, dass Links direkt zu weiterführenden Materialien führen, Suchfunktionen genutzt und Notizen der Lernenden integriert werden können. Die Entwicklung in Richtung Lernplattformen basiert nicht nur auf einer reinen Wirkungsanalyse. Oft steht die Not im Vordergrund, dass die zunehmende Anzahl an Lernenden gar nicht mehr mit einem quantitativ angepassten Lehrkörper in den zur Verfügung stehenden Räumen betreut werden kann. Das Statistische Jahrbuch der Schweiz (BFS 2017) weist aus, dass ein Professor im Jahr 1890 noch 10 Studenten betreute, heute sind es bis zu 30. Der Polizeiberuf als ausgesprochen praktischer und vielseitiger Beruf eignet sich sicher nicht zum Fernstudium. Eine Schule soll verschiedene Lernwege ermöglichen, ihren Lernenden aber nicht vorschreiben, wie sie zu lernen haben. Die Schulen brauchen ein digitales Ordnungsprinzip, das ihnen erlaubt, Lernmaterialien den Fächern, Klassen oder sogar den einzelnen Lektionen zuzuordnen. Die Ordnungsprinzipien der Schulen unterscheiden sich je nach didaktischem Konzept. Deshalb ist zu diskutieren, ob alle Polizeischulen die gleiche Software benutzen, dieses – bildlich gesprochen – leere Haus dann aber individuell möblieren können sollen. Die Fachhochschulen und andere Bildungsinstitutionen leben dieses Konzept mit der Bildungsplattform «Moodle» vor. Oft übertragen Schulen heute die Anschaffung der nötigen Hardware auf die Lernenden. An der Zürcher Polizeischule bestätigen Befragungen bei den Lernenden immer wieder, dass didaktisch aufbereitete Lehrmittel von den Lehrpersonen im Unterricht gar nicht eingesetzt werden, weil diese andere methodisch-didaktische Konzepte

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anwenden als die Autoren/-innen der Lehrmittel. Im Bereich der höheren Berufsbildung, wie im Polizeiberuf, dürfte deshalb eher das kompakte Fachbuch im Vordergrund stehen, das den Fachkonsens in einer föderalistischen Polizeilandschaft dokumentiert. Nationale Lehrmittel leisten einen wichtigen Beitrag zur Harmonisierung zwischen den Schulen. Es gilt aber auch hier das sogenannte «Pareto-Prinzip»: 80 % lassen sich mit vernünftigem Aufwand harmonisieren, für den Rest wird der Aufwand überproportional und der Nutzen minimal. Zudem soll den einzelnen Schulen zwar Vorgaben zum «Was», nicht aber zum «Wie» gemacht werden (Auftragstaktik). Ein besonderes Spannungsfeld liegt bei digitalen Tests, welche den Korrekturaufwand massiv reduzieren, da sie weitgehend automatisch korrigiert werden. Andererseits sind die Fragen oft Nationale Lehrmittel leisten einen mehrheitlich Wissens- wichtigen Beitrag zur Harmonisiefragen, welche dem rung zwischen den Schulen. Anspruch an Kompetenzorientierung nicht genügen. Multiple-ChoiceTests basieren auf dem Wiedererkennen einer richtigen Lösung bzw. dem Ausschlussprinzip von falschen Lösungen. Kompetentes Handeln setzt aber voraus, dass Lösungen aktiv erarbeitet werden, um die anstehenden Probleme zu bewältigen. Exemplarisch zeigen dies die praktischen Prüfungen an den heutigen Berufsprüfungen Polizistin/Polizist. An Polizeischulen wird vor allem in Handlungstrainings und Szenarien geübt und nicht simuliert auf Lernplattformen. Handlungstrainings sind aufwändig und teuer, aber auch sehr wirkungsvoll. Bildungsökonomisch ist deshalb sorgfältig abzuwägen, wieviel in digitale Plattformen zu investieren ist und ob diese Nice-to-haves oder Must-haves sind. Hohe Investitionen garantieren in der Ausbildung nicht automatisch einen hohen Nutzen. Daher ist es wichtig, dass sich Schulen im Rahmen ihrer Strategie und zusammen mit den Lehrpersonen überlegen, wie digitale Hilfsmittel zu integrieren sind. Schulentwicklung findet immer von unten nach oben statt.

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Literatur Bundesamt für Statistik (BFS) (2018), Statistisches Jahrbuch der Schweiz 2017. Verfügbar unter: www.bfs.admin.ch (Zugriff am 26.11.2018).

Herold, Cindy, Martin Herold (2011), Selbstorganisiertes Lernen in Schule und Beruf, Weinheim und Basel: Beltz.

Döbeli Honegger, Beat (2017), Mehr als 0 und 1. Schule in einer digitalisierten Welt, Bern: hep.

Vahlensieck, Yvonne (2018), «Computerspielerfahrung ergänzt den Lebenslauf», Horizonte – Das Schweizer Forschungsmagazin, Nr. 116, März 2018, Bern: Schweizerischer Nationalfonds, S. 13–23.

Felten, Michael, Elsbeth Stern (2014), Lernwirksam unterrichten, im Schulalltag von der Lernforschung profitieren, Berlin: Cornelsen.

Leuzinger, Lukas (2018), Ds Wort isch frii. Die Glarner Landsgemeinde: Geschichte, Gegenwart, Zukunft, Zürich: NZZ Libro.

Hartmann, Werner, Alois Hundertpfund (2015), Digitale Kompetenz, was die Schule dazu beitragen kann, Bern: hep.

Meyer, Hilbert (2004), Was ist guter Unterricht, Berlin: Cornelsen.

Hattie, John (2015), Lernen sichtbar machen [überarbeitet und übersetzt durch Wolfgang Beywel und Klaus Zierer], Hohengehren: Schneider.

Résumé Enseignement et apprentissage numériques dans les écoles de police : état des lieux Cet article décrit, du point de vue d’une école de police, l’influence de la numérisation sur les apprenants, les formateurs, ainsi que les écoles et porte un regard critique sur la littérature et les études empiriques. L’apprentissage numérique est souvent confondu avec le e-learning ou avec l’utilisation de plateformes d’apprentissage. En effet, ce ne sont ni l’enseignement ni l’apprentissage qui deviennent numériques, mais bien uniquement les outils. Comme les ressources numériques sont aujourd’hui présentes dans presque tous les domaines de la vie courante, il n’y a pas de raison pour qu’elles ne le

soient pas dans l’apprentissage. Les compétences médias requises constituent le principal facteur favorisant l’accent mis sur les compétences, l’individualisation et la capacité d’auto-analyse dans la formation. Si le statut de « seul·e·s détenteurs·trices des connaissances » des formateurs·trices en prend un coup, ils n’en deviennent pas inutiles pour autant. Le centre de gravité de l’enseignement ne doit pas porter sur la transmission du savoir, mais davantage sur la planification et la préparation d’un apprentissage autonome, d’exercices d’observation, de la mise en pratique et de la réflexion. Cela nécessite des formateurs·trices très motivé·e·s et compétent·e·s.

Riassunto Insegnamento e apprendimento digitali nelle scuole di polizia: un’analisi L’articolo descrive, assumendo il punto di vista di una scuola di polizia, l’impatto della digitalizzazione sugli studenti, sui formatori e sulle scuole, gettando inoltre uno sguardo alla letteratura di riferimento e alle ricerche empiriche. La didattica digitale viene spesso identificata con l’e-learning o con l’impiego di piattaforme didattiche digitali. Entrambi i concetti non centrano il punto, in quanto non sono l’insegnamento o l’apprendimento a divenire digitali, ma solo gli strumenti. Poiché gli strumenti digitali ci accompagnano in tutti gli aspetti della vita quotidiana, lo devono fare in linea di principio anche

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nel processo di apprendimento. La padronanza dei supporti didattici digitali è il fattore chiave per promuovere nella formazione l’orientamento alle competenze, l’individualizzazione e la capacità di riflessione. I formatori perdono sì il loro ruolo di custodi del sapere, ma non per questo diventano superflui. L’importanza dell’attività didattica non dev’essere posta sull’insegnamento da trasmettere, bensì sulla pianificazione e la preparazione di un apprendimento organizzato autonomamente, oltre che su esercitazioni, applicazioni e riflessioni intelligenti. A questo scopo, servono formatori altamente motivati e competenti.

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SPI-Kurs – Cours ISP – Corso ISP ASPECT® – Methodik zur Erkennung von verdächtigen Personen und verdächtigen Situationen / Nichtpolizeiliches Verhalten (4.11.05.d + 4.11.06.d), 18. bis 20. März 2019 + 23. bis 25. September 2019 Inhalte: • Erkennung von verdächtigen Personen und Situationen • Wahrnehmung • Gedächtnis • Gesichtserkennung / Merkfähigkeit von Gesichtern • Nichtpolizeiliches Verhalten Zielgruppe: Besonders geeignet für Personen aller Kaderstufen, die in der Fahndung, der Observation oder in einer Interventionseinheit arbeiten. Anmeldung: Bis 31. Januar 2019 + 4. August 2019 auf www.edupolice.ch

SPI-Kurs – Cours ISP – Corso ISP Police et société en mutation (3.01.11.f), 16 au 17 mai 2019 En Suisse, la société connaît un processus de changement continuel, tant au niveau politique que familial, mais aussi en termes d'évolution technologique et dans d'autres domaines. Dans le cadre de leur travail quotidien, les policiers·ières sont régulièrement confronté·e·s à ces changements. Afin de pouvoir répondre à leurs missions et gérer leurs engagements, ils et elles doivent pouvoir réagir de manière adéquate à ces évolutions. Les cadres inférieur·e·s ou moyen·ne·s sont les plus directement confronté·e·s à ces problématiques. Les policiers·ières doté·e·s de responsabilités en matière de conduite du personnel et de conduite des engagements doivent donc disposer de connaissances particulières dans les domaines de la migration, des changements sociétaux et du rôle de la police dans ce contexte. À cet effet, ils et elles doivent pouvoir s'appuyer sur des approches leur permettant d'assumer leurs responsabilités de conduite en prenant des décisions adéquates face à des situations concrètes. Objectifs : • Appréhender les problématiques sociétales récentes engendrées par les différents flux migratoires en Suisse ; • Cerner l'enjeu des problématiques sociétales en termes de changements de valeurs et de comportements, notamment sur la présence de la religion dans l'espace public. Public cible : Collaborateurs·trices et cadres policiers·ières (toutes divisions bienvenues) intéressé·e·s à la thématique de la migration et de son influence au quotidien dans la pratique policière. Délai d’inscription : 30 mars 2019 sur www.edupolice.ch

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LECTURES

Lectures – Literatur – Letture – Reviews Sarah Tschan

Collaboratrice scientifique

Cyril Amberg erantwortlicher CentreDoc und Übersetzungen V Arancha Pinedo Traductrice francophone

Cecilia Stebler

Traduttrice italofona

GENEVIÈVE PRUVOST, PROFESSION : POLICIER. SEXE : FÉMININ. ÉDITIONS DE LA MAISON DES SCIENCES DE L’HOMME, PARIS, 2007. En France, l’accès au métier de policier·ière n’a été ouvert aux femmes qu’en 1968 (Concours d’officier de police adjoint). Des quotas restrictifs ont été imposés jusqu’en 1992, mais restent tacites encore aujourd’hui pour garantir « le bon fonctionnement » de la profession. Cette mobilité de genre n’est pas si anodine que ça, puisqu’elle a vu la gent féminine être autorisée à porter un équipement armé, à suivre la même formation que les collègues masculins, ainsi qu’à faire usage de la force et de la contrainte. Cette recherche pionnière en sciences sociales sur la féminisation du bras armé de l’État français illustre avec brio les stéréotypes, contradictions et dilemmes rencontrés par ces figures hybrides que sont les « femmes policiers ». On y découvre aussi des trajectoires de vie suivies par vocation, plus que par intentions féministes, des stratégies d’intégration rigoureuses (« sociabilité virile ») pour être reconnue dans un milieu professionnel masculin et les sacrifices familiaux inhérents à la fonction. L’auteure constate finalement que, même lente, la féminisation de la police en tant que bastion masculin n’en est pas moins ascendante année après année. Désormais, « il n’est plus nécessaire d’être un homme pour être policier. »

FORMATION DE LA POLICE CONCERNANT LES RELATIONS AVEC LES MIGRANTS ET LES GROUPES ETHNIQUES. DIRECTIVES PRATIQUES. RELATIONS INTERCOMMUNAUTAIRES. LES ÉDITIONS DU CONSEIL DE L’EUROPE, STRASBOURG, 1994. Issue d’une série de publications du Conseil de l’Europe sur les relations intercommunautaires et interethniques, cette brochure, pas toute récente, relate les résultats intéressants d’une large enquête menée à l’échelle européenne, présentés lors d’une réunion d’expert·e·s en 1992. L’étude portait sur la formation des policiers·ières concernant les questions liées à l’immigration. Cet ouvrage en ressort quelques directives pratiques et pertinentes (enseignements tirés des expériences relevées dans différents pays européens) à l’attention des responsables de la formation policière. Les mouvements démographiques ont en effet pris un tournant inédit depuis les années 80, faisant de l’Europe un continent multiethnique et multiculturel. Immigré·e·s économiques, réfugié·e·s politiques, nationalistes d’extrême droite ou d’extrême gauche… ce brassage de populations a imposé aux États de nouveaux défis de protection et de prévention. Dans ce contexte, les programmes de formation jouent un rôle crucial, même s’ils ne peuvent à eux seuls assurer une application adéquate de toutes les recommandations une fois les policiers·ières engagé·e·s sur le terrain.

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LECTURES

MEGAN BASTICK, INTÉGRER LE GENRE DANS LE CONTRÔLE INTERNE DE LA POLICE, DCAF, OSCE, OSCE/BIDDH, GENÈVE, 2014. Les questions de genre ne concernent pas uniquement les femmes, comme le démontre ce petit livret édité conjointement par le Centre de Genève pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’OSCE. Il s’agit à la fois de comprendre comment certains rôles, comportements ou caractéristiques sont attribués tantôt aux femmes et tantôt aux hommes, mais aussi pourquoi ils sont affectés différemment par la criminalité et la violence. Cette note d’orientation à l’attention des polices prône une approche des activités professionnelles prenant en compte les questions de genre, notamment celles encouragées par les lois et politiques nationales et internationales. L’ouvrage propose notamment une auto-évaluation pour les services de police concernés et présente des objectifs de maintien de l’ordre plus équitables en ce qui concerne tous les aspects de la diversité au sein des communautés et les bonnes pratiques pour y parvenir.

CAHIERS DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE, « LE TEMPS DES MINORITÉS ? », N°45, INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE, PARIS, 2001. Minorités sociopolitiques, désenchantement de l’intégration, discrimination géographique positive, accès à la citoyenneté, cohésion sociale… autant de termes alambiqués qui mettent pourtant en mots une réalité sociale qui ne peut être niée. Ce numéro des Cahiers de la sécurité intérieure apporte aux lecteurs et lectrices un éclairage sur ces processus et sur les enjeux du recrutement dans les institutions policières françaises, allemandes ou encore anglaises. La police se doit, dans pareil contexte, de refléter le visage de la population en ouvrant ses rangs aux profils d’origine étrangère, mais aussi aux profils féminins. L’intégration de personnel issu des minorités relève d’une adaptation à la situation sociale dans laquelle la police est un acteur majeur. Cette réforme ou, pourrait-on dire, cette consolidation des institutions publiques, n’est pas seulement de l’ordre du théorique ; elle doit au contraire être déployée sur le terrain et être intégrée à la gestion des contingents policiers.

CAHIERS DE LA SÉCURITÉ, « IMMIGRATION ET SÉCURITÉ », N°17 – 18, INSTITUT NATIONALE DES HAUTES ÉTUDES DE LA SÉCURITÉ ET DE LA JUSTICE, PARIS, 2011. De tout temps, le phénomène des migrations a rythmé la dynamique de l’évolution humaine. Source d’appréhensions, de problèmes sociétaux, mais aussi moteur économique, les déplacements de populations sont décortiqués dans ce numéro des Cahiers de la sécurité intérieure. Si la réflexion sur cette transhumance des temps modernes est complexe, elle n’en reste pas moins indispensable. La migration renvoie aussi aux questions de sécurité intérieure et internationale, car en prenant tous les risques pour franchir les frontières traditionnelles, les populations migrantes font craindre aux « populations d’accueil » pour leurs propres protection et prérogatives. La revue aborde également le sentiment d’appartenance et l’assimilation à travers le modèle français, les dynamiques à l’œuvre dans la société italienne confrontée à la globalisation, la lutte contre la criminalité itinérante ou encore les concepts de territoires et d’échanges transfrontaliers.

Les ouvrages présentés sont disponibles au CentreDoc de l’Institut Suisse de Police (http://catalog.institut-police.ch).

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LITERATUR

DIETMAR HEUBROCK ET AL., RUSSEN VERSTEHEN – RUSSEN VERNEHMEN: EMPFEHLUNGEN ZUR INTERKULTURELLEN VERNEHMUNG RUSSISCHSTÄMMIGER PERSONEN, VERLAG FÜR POLIZEIWISSENSCHAFT, FRANKFURT, 2011. DIETMAR HEUBROCK ET AL., TÜRKEN UND ARABER VERSTEHEN UND VERNEHMEN: EMPFEHLUNGEN ZUR INTERKULTURELLEN VERNEHMUNG ARABISCH-TÜRKISCHER PERSONEN, VERLAG FÜR POLIZEIWISSENSCHAFT, FRANKFURT, 2013. Eine besondere Form der interkulturellen Kommunikation ist die polizeiliche Einvernahme. Der Verlag für Polizeiwissenschaft legte vor einigen Jahren zwei kurze Lehrmittel zur interkulturellen Vernehmung vor – einerseits von russischstämmigen Personen und andererseits von Personen aus den türkisch- und arabischsprachigen Kulturkreisen. Diese beiden durchgehend praxisorientierten Leitfäden stellen anhand verschiedener Situationen aus dem Polizeialltag dar, welche spezifischen Herausforderungen mit interkulturellen Einvernahmen verbunden sind. Nach allgemeinen Informationen zu den jeweiligen Kulturkreisen – Geschichte, Kultur, Integration, gängige Vorurteile gegenüber diesen Personengruppen in Deutschland – gehen die Autoren/-innen auf Untersuchungsergebnisse zu Vernehmungen von russisch- bzw. arabisch- oder türkischstämmigen Personen ein. Daraus ergeben sich im Schlussteil mehrere praxisorientierte Empfehlungen in Bereichen wie Zeitmanagement, Begrüssung, Gesprächsführung oder Vertrauensbildung. SONJA M. DUDEK, DIVERSITY IN UNIFORM? GESCHLECHT UND MIGRATIONSHINTERGRUND IN DER BERLINER SCHUTZPOLIZEI, VS VERLAG FÜR SOZIALWISSENSCHAFTEN, WIESBADEN, 2009. Im Rahmen ihrer Dissertation beschäftigte sich die Soziologin Sonja M. Dudek eingehend mit dem raschen Wandel in der Zusammensetzung des Personals der Berliner Schutzpolizei. Die empirische Analyse untersuchte das im Rahmen ihrer polizeilichen Handlungspraxis entstandene Wissen und Empfinden von Polizisten/-innen verschiedener Stufen zu Geschlecht und Migration in der Polizei. Dudek konstatiert, dass sich die Berliner Polizei tatsächlich diversifiziert hat, dass diese, durch offizielle Organisationsstrategien und Politiken gewünschte, Pluralisierung allerdings nicht ohne Widerstände innerhalb der Organisation vonstattenging. Dabei kommen zum Beispiel Diskrepanzen zwischen formellen Richtlinien zur Gleichbehandlung und informellen Anordnungen, die diesen Richtlinien zum Teil widersprechen, zu Tage. Die Organisationskultur innerhalb der Polizei verändert sich schrittweise, aber viel weniger rasch, als die fortschreitende Diversifizierung es vermuten lassen könnte. Insgesamt zeigt Dudeks Forschung mehrere Grenzen des in Berlin angewandten Top-Down-Approach auf. KATRIN HEE, POLIZEIVERNEHMUNGEN VON MIGRANTEN: EINE GESPRÄCHSANALYTISCHE STUDIE INTERKULTURELLER INTERAKTIONEN IN INSTITUTIONEN, UNIVERSITÄTSVERLAG WINTER, HEIDELBERG, 2012. Ergänzend zu den Beiträgen von Lena Emch und Christof Maag untersucht auch die Sprachwissenschaftlerin Katrin Hees die interkulturelle Kommunikation bei Polizeivernehmungen, allerdings ohne das Beisein von dolmetschenden Personen. Anhand von Videoaufnahmen echter Einvernahmen und deren Transkription studierte die Autorin das Gesprächsverhalten von Polizeimitarbeitenden und Personen nichtdeutscher Muttersprache, die als Beschuldigte oder Zeugen/-innen aussagen mussten. Die detaillierten Ausführungen der Autorin zu verschiedenen Gesprächssituationen bieten für Polizisten/-innen Ansätze, um ihr eigenes Handeln im Bereich interkultureller Einvernahmen zu reflektieren und dadurch zu optimieren. Dabei werden, neben sprachlichen Aspekten wie dem Umgang mit Verständnisproblemen oder möglichen Fehlinterpretationen, auch kulturell unterschiedliche Reaktionen und Kommunikationsmuster oder das Setting von Einvernahmen angesprochen.

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LITERATUR

DANIEL FINK, ANDRÉ KUHN, CHRISTIAN SCHWARZENEGGER (HRSG.), MIGRATION, KRIMINALITÄT UND STRAFRECHT – FAKTEN UND FIKTION, REIHE SAK – KRIMINOLOGIE, STÄMPFLI, BERN, 2013. In diesem vierteiligen Tagungsband befassen sich insgesamt 17 Beiträge mit zahlreichen Fragestellungen zur Kriminalität in der Einwanderungsgesellschaft, zumeist mit einem Fokus auf die Situation in der Schweiz. Dabei kommen in einem ersten Teil wichtige Fragen zur Lebensrealität und Mediendarstellung von Migranten/-innen zur Sprache. Der zweite Teil beinhaltet mehrere detaillierte Analysen zur Erhebung und Deutung der Kriminalstatistik in Hinblick auf die sogenannte «Ausländerkriminalität». Dieser Begriff ist aufgrund seiner Undifferenziertheit umstritten und fasst sehr heterogene Realitäten zusammen, für welche Jean-Luc Bacher in seinem Beitrag eine Typologie vorschlägt. Ebenfalls zur Sprache kommen allfällige Vorurteile oder rechtlich nicht legitime Einflussfaktoren, welche auf die Urteilsbildung von Staatsanwälten/-innen zuungunsten gewisser Bevölkerungsgruppen einwirken können. Der dritte Teil thematisiert die Zusammenhänge von Migrationshintergrund und Kriminalität bei spezifischen Kriminalitätsphänomen wie häuslicher Gewalt oder Betäubungsmitteldelikten und der abschliessende vierte Teil beschäftigt sich mit Migrationsfragen im Justizvollzug und der schweizerischen Ausschaffungspraxis. WOLF RAINER LEENEN, HARALD GROSCH, ANDREAS GROSS (HRSG.), BAUSTEINE ZUR INTERKULTURELLEN QUALIFIZIERUNG DER POLIZEI, WAXMANN, MÜNSTER, 2005. Der Sammelband Bausteine zur interkulturellen Qualifizierung der Polizei ergänzt den Artikel von Roland Hemmi. In mehreren, miteinander verknüpften Fachbeiträgen untersuchen Wolf Rainer Leenen und weitere Autoren/-innen die für die Förderung von interkulturellen Kompetenzen in der Polizeiarbeit notwendigen Grundlagen und befassen sich eingehend mit entsprechenden Ausbildungskonzepten. Dabei werden unterschiedliche Qualifizierungsansätze anhand von (teils wenig erfolgreichen) Erfahrungen aus Ländern wie den Vereinigten Staaten, Kanada oder Grossbritannien verglichen. Aus seinen Befunden leitet Leenen einen Ansatz zur Entwicklung einer modularen Weiterbildung zur Förderung der interkulturellen Kompetenz der Polizisten/-innen ab, den er anhand des «Kölner Modells» in der Praxis getestet und einer umfangreichen Evaluation unterzogen hat. Neben einem Basismodul besteht die Ausbildung nach Kölner Modell aus Modulen für Polizisten/-innen im Aussendienst und für polizeiliche Führungskräfte sowie aus Coachings für Polizeiausbilder/-innen. Es setzt dabei insbesondere auf zwei Vermittlungsformen: Simulationen und verfilmte «kritische Ereignisse». BÜRGERRECHTE & POLIZEI – CILIP, «RACIAL PROFILING» (SCHWERPUNKT), 104, 2013. Die Autoren/-innen in diesem Themenheft gehen in mehreren Artikeln kritisch auf das Phänomen Racial Profiling ein, das in den Beiträgen von Lionel Imhof und Franz Bättig zur Sprache kommt. Untersuchungen und Interviews befassen sich mit diskriminierenden Personenkontrollen von Angehörigen von Minderheiten oder Personen mit Migrationshintergrund in Frankreich, Deutschland und Grossbritannien. Im Leitartikel werden diese Kontrollen als Zeichen eines «institutionalisierten Rassismus» gedeutet. Die Autoren/-innen heben hervor, dass bei der Häufigkeit von Personenkontrollen vielerorts eine statistisch belegbare Diskrepanz zwischen den Angehörigen verschiedener Bevölkerungsgruppen festgestellt werden kann und diese zum Beispiel in Frankreich und Grossbritannien durch politische Behörden erkannt wurde. Allerdings sind Fabien Jobard und René Levy der Ansicht, dass diese Feststellungen, zumindest in französischen Kontext, bisher nur wenig konkrete Massnahmen zur Praxisänderung hervorgebracht haben.

Die vorgestellten Werke sind im CentreDoc des Schweizerischen Polizei-Instituts verfügbar (http://catalog.institut-police.ch).

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LETTURE

P. BONFIGLIO, M.C. BORTOLUZZI, F. CASTALDI, A. SERPA, INTENSIVE ENGLISH COURSE FOR THE ITALIAN POLICE FORCES, IV EDIZIONE, LAURUS ROBUFFO, ROMA, 2003. Intensive English Course è un manuale didattico pensato per permettere ai membri delle forze di polizia italofone, qualsiasi sia il loro livello di conoscenza della lingua inglese, di poter operare nelle diverse situazioni che si possono presentare nella pratica professionale quotidiana. Il corso pone un accento particolare sulla comunicazione orale, ed è integrato da due CD audio e da esercizi di ascolto e pronuncia. Le diverse sezioni si articolano in dialoghi tratti da situazioni realistiche, approfondimenti dedicati agli aspetti terminologici e grammaticali e prevedono anche esercizi scritti, orali e di ascolto. Il corso è completato da un pratico vocabolario italiano-inglese che racchiude il lessico fondamentale per l’attività quotidiana. L’opera si rivela un alleato utile per le forze di polizia, alla luce soprattutto delle crescenti interazioni con individui che parlano lingue straniere e con i quali il solo modo per comunicare è la lingua franca inglese. COMMISSIONE FEDERALE CONTRO IL RAZZISMO CFR, TANGRAM N° 26, 33 E 38. Pubblicazione semestrale della CFR consacrata alla sensibilizzazione e alla diffusione di una cultura contro il razzismo, Tangram si confronta con questo tema, numero dopo numero, da diverse prospettive. I tre numeri selezionati affrontano gli aspetti legati alla sicurezza, al razzismo contro i neri e alla discriminazione razziale nell’accesso alla giustizia. Gli articoli proposti trattano tra gli altri i temi della profilazione razziale, della diversità e della società multiculturale – oggetti di studio anche dell’attuale format mag. Completano la pubblicazione anche contributi a sfondo pratico come i casi trattati dal servizio di consulenza del CFR e la presentazione di opere, esposizioni e progetti dedicati al tema, oltre alle altre pubblicazioni della Commissione. Si tratta di una pubblicazione molto interessante per le forze di polizia svizzere in quanto gli articoli presentati hanno uno spiccato riferimento pratico, esulano da considerazioni puramente giuridiche e si riferiscono alla situazione particolare nel nostro Paese. MARZIA BARBERA, IL NUOVO DIRITTO ANTIDISCRIMINATORIO, GIUFFRÈ EDITORE, MILANO, 2007. Questo volume, frutto del contributo di docenti universitari, giudici e avvocati, analizza la legislazione antidiscriminatoria comunitaria e italiana a cavallo tra la fine del XX e l’inizio del XXI secolo. Le diverse sezioni del volume trattano, uno per uno, i fattori di discriminazione presi in considerazione dalla legislazione comunitaria e italiana: il genere, la razza, l’origine etnica, la religione e le convinzioni personali, la disabilità, l’età, l’orientamento sessuale. Viene trattato anche il tema del ruolo delle istituzioni di parità e della società civile. Trattandosi di un libro rivolto a tutti coloro che si occupano del tema delle discriminazioni, gli agenti di polizia svizzeri possono trovarvi interessanti spunti di riflessione ma anche l’analisi dettagliata di specifiche questioni tecniche inerenti al diritto e alle cosiddette “azioni positive”. Un capitolo è consacrato al ruolo delle istituzioni e della società civile nella lotta alle discriminazioni. FABIO BASILE, IMMIGRAZIONE E REATI CULTURALMENTE MOTIVATI, GIUFFRÈ EDITORE, MILANO, 2010. La società multiculturale attuale vede la presenza di individui e famiglie provenienti da diversi paesi e culture. Un immigrato che arriva in un paese europeo o occidentale vi trova regole di condotta e norme penali diverse da quelle presenti nel suo paese d’origine. E tale diversità, dettata almeno in parte dalla cultura, potrebbe portarlo a commettere un’azione che è considerata reato nel paese d’arrivo, ma che risulta invece conforme o per lo meno tollerata nella sua cultura d’origine. Come deve reagire il diritto penale di fronte a reati che possono definirsi culturalmente motivati? Si tratta di uno spunto di riflessione interessante per tutti coloro che si trovano confrontati con questo tipo di reati, oltre che un interrogativo centrale per il diritto penale delle società multiculturali occidentali, al quale questo libro tenta di fornire una risposta che possa conciliare il rispetto della diversità culturale con il rispetto del sistema penale. Le pubblicazioni presentate sono disponibili presso il CentreDoc dell’Istituto Svizzero di Polizia (http://catalog.institut-police.ch).

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REVIEWS

MEGAN BASTICK, GENDER SELF-ASSESSMENT GUIDE FOR THE POLICE, ARMED FORCES AND JUSTICE SECTOR, DCAF, GENEVA, 2011. Published through DCAF’s Gender and Security Program, this self-assessment guide is a tool for assessing the gender responsiveness of a security sector institution. This very hands-on manual is designed to be used by police services, armed forces and the justice sector. Besides offering examples from various security organisations, the author provides a guideline on how to implement a self-assessment. Megan Bastick furthermore describes sixteen dimensions of gender responsiveness an institutional self-assessment should review. In the appendices, the guide provides additional literature on the subject as well as sample templates than can be used to write up a gender self-assessment report or a gender action plan. PHIL CLEMENTS, POLICING A DIVERSE SOCIETY, SECOND EDITION, OXFORD UNIVERSITY PRESS, OXFORD, 2008. London police officer Phil Clemens’ book introduces the concepts of diversity, equal opportunities and, specifically, diversity in police training in Great Britain. The author offers a recap of diversity strands, such as race, gender, sexual orientation, disability or age. He touches also upon the issue of diversity and policing as it regards discrimination, prejudice, stereotyping and labelling. This second edition also provides an overview on how to respond effectively to diversity from business, ethical and legal points of view but also in terms of strategy, policy and leadership. The author explores the idea of community and how this relates to policing a diverse society. He also addresses the process of diversity training. One last chapter outlines the impact of terrorism on diversity issues, and in particular on Muslim communities in Great Britain. SUSAN L. MILLER, GENDER AND COMMUNITY POLICING: WALKING THE TALK, NORTHEASTERN UNIVERSITY PRESS, BOSTON, 1999. In this study of gender and community policing, Susan L. Miller conducts a survey on the Jackson City Police Department and the implementation of its new unit of “Neighborhood Police Officers” (NPO). The author starts by interviewing NPO’s about their work in the communities they serve and explains why such units attract more female officers and newcomers, mostly from minority communities. She then documents the existing theories and research on gender as it intersects with community policing, describing the historical background and evolution of women’s roles in law enforcement. In a later chapter, Miller tackles the transition from patrol officers, i.e. “crime fighters”, to neighbourhood officers, often pejoratively referred to as “social workers”. She goes on addressing the relationships between police and members of the communities they protect, and the idea that community policing can offer a better understanding and mutual respect, and ultimately a real cooperation. MULTICULTURAL LAW ENFORCEMENT, WITH ACTION SPANISH FOR BEGINNERS, SECOND CUSTOM EDITION PEARSON, BOSTON, 2011. This learning package is comprised of two textbooks and a conversational guide to Spanish for law enforcement. The first part addresses the challenges for police institutions linked to diversity, a changing workforce and its racism issues, the integration of women, gays and lesbians as well as the role of the management in the representation, selection, recruitment, retention and promotion of personnel from minority communities. A section deals with cross-cultural communication, language barriers, interviewing skills, and the specificities associated with the various groups of population in the USA. The issue of multicultural law enforcement as it intersects with terrorism, crime prevention and disaster preparedness is also raised in this volume, which addresses other matters such as the response to hate crimes, racial profiling and community policing, focusing on the concept of “peace officers” as they encounter special population groups, like the homeless or mentally ill. Reviewed publications are available at the CentreDoc Library of the Swiss Police Institute (http://catalog.institut-police.ch).

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GLOSSAR / LEXIQUE

Glossar

Lexique

Plurale Gesellschaft

Société plurielle

Chancengleichheit Allgemeiner Grundsatz, dessen wesentliche Aspekte das Verbot jeder Diskriminierung aus Gründen der Staatsangehörigkeit und die Gleichheit von Männern und Frauen sind und der in allen Bereichen des wirtschaftlichen, sozialen, kulturellen und familiären Lebens zum Tragen kommen soll.

Communication interculturelle Capacité à communiquer et à interagir de façon harmonieuse avec d’autres personnes, quelle que soit leur origine sociale et culturelle. (D’après CINFO,

(Nach Termdat)

Cop Culture Die Cop Culture oder gelebte Kultur der Polizisten/-innen konkurriert mit der offiziellen Polizeikultur. Sie verbindet sich mit maskuliner Männlichkeit und wird im Alltag der Polizei generiert, kommuniziert, praktiziert und perpetuiert. Sie trennt zwischen Erfahrung und Theorie und unterscheidet zwischen wir und die anderen, d.h. zwischen den Polizisten/-innen auf der Strasse und denen in der Verwaltung bzw. der Leitung. (Nach Rafael Behr, Cop Culture – Der Alltag des Gewaltmonopols, VS Verlag für Sozialwissenschaften, Wiesbaden, 2. Auflage, 2008, S. 25)

Diskriminierung Benachteiligung einer Person oder Gemeinschaft aufgrund bestimmter Merkmale, z. B. wegen ihrer Herkunft, ihrer Rasse, ihres Geschlechts, ihres Alters, ihrer Sprache, ihrer sozialen Stellung, ihrer Lebensform, ihrer religiösen, weltanschaulichen oder politischen Überzeugung oder wegen einer körperlichen, geistigen oder psychischen Behinderung. (Nach Termdat) Diversity Management Konzept der Unternehmensführung, das die Verschiedenheit der Beschäftigten bewusst zum Bestandteil der Personalstrategie und Organisationsentwicklung macht. (Nach Compasso, https://www.compasso.ch)

Fremdenfeindlichkeit Ablehnende Einstellung und Verhaltensweise gegen als «fremd» empfundene Menschen und Gruppen (z. B. durch Herkunft, Kultur, Sprache oder Religion). (Nach der Eidgenössischen Kommission gegen Rassismus EKR, https://www.ekr.admin.ch)

Gender (oder: soziales Geschlecht) Geschlechtsidentität des Menschen als soziale Kategorie (z. B. im Hinblick auf seine Selbstwahrnehmung, sein Selbstwertgefühl oder sein Rollenverhalten). (Nach Duden)

Gerechtigkeit Einer der Pfeiler der nachhaltigen Entwicklung, wonach die Beziehungen zwischen den Menschen auf einer gerechten und vernünftigen Behandlung beruhen sollen. (Nach Termdat)

Geschlechterstereotyp (gender Bias) Zuweisung bestimmter, oft auf einen Wesenskern reduzierter Eigenschaften und Verhaltensweisen aufgrund der erkennbaren Geschlechtszugehörigkeit, die sich im Alltag derart verfestigt, dass sie natürlich erscheint. (Nach IATE) Geschlechtsspezifisch Für ein Geschlecht spezifisch. (Nach Duden) Geschlechtsspezifische Gewalt (gender-based violence) Gewalt gegen eine Person aufgrund ihres soziologischen oder physiologischen Geschlechts. (Nach IATE) Interkulturalität (oder: kultureller Pluralismus) Mannigfaltige Weise, in der die Kulturen von Gruppen und Gesellschaften zum Ausdruck kommen. (Nach Termdat) Interkulturelle Kommunikation Die Fähigkeit, erfolgreich mit Menschen mit anderem sozialem und kulturellem Hintergrund zu kommunizieren und aufeinander einzugehen. (Nach CINFO, https://www.cinfo.ch)

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https://www.cinfo.ch)

Compétence interculturelle Ensemble de capacités indispensables pour réussir une interaction avec un∙e interlocuteur∙trice ou un groupe de personnes d’une autre culture. (D’après Hochschule Luzern, https://www.hslu.ch)

Culture flic (ou : cop culture) La culture flic ou culture vécue au quotidien par les policiers∙ières est en concurrence avec la culture policière officielle. Associée à une virilité exacerbée, elle est générée, communiquée, mise en pratique et entretenue en permanence. La culture flic distingue expérience et théorie, mais également entre nous et les autres, autrement dit entre les policiers∙ières sur le terrain et ceux et celles chargé∙e∙s de tâches administratives. (Traduction d’après Rafael Behr, Cop Culture – Der Alltag des Gewaltmonopols, VS Verlag für Sozialwissenschaften, Wiesbaden, 2e éd., 2008, p. 25)

Culture policière La culture policière correspond à l’idée générale que l’on se fait de la police. Elle est bien moins masculine que la culture flic et répond aux conditions cadres bureaucratiques du monopole de l’usage de la force. La culture policière décrit dans une large mesure la police comme une bureaucratie. (Traduction d’après Rafael

Behr, Cop Culture – Der Alltag des Gewaltmonopols, VS Verlag für Sozialwissenschaften, Wiesbaden, 2e éd., 2008, p. 25)

Délit de faciès (ou : profilage racial, profilage ethnique discriminatoire) Utilisation par la police, sans justification objective et raisonnable, de motifs tels que la race, la couleur, la langue, la religion, la nationalité ou l’origine nationale ou ethnique dans des activités de contrôle, de surveillance ou d’investigation. (D’après IATE)

Discrimination Traitement défavorable d’une personne ou d’une communauté notamment du fait de son origine, de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ou du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique. (D’après Termdat)

Égalité des chances Principe général dont les aspects principaux sont l’interdiction de la discrimination exercée en raison de la nationalité et l’égalité entre les hommes et les femmes et qui a vocation à s’appliquer à tous les domaines, notamment la vie économique, sociale, culturelle et familiale. (D’après Termdat) Équité Un des piliers du développement durable selon lequel les relations entre les personnes se fondent sur un traitement juste, égalitaire et raisonnable. (D’après Termdat)

Genre Catégorisation qui se réfère aux différences et aux relations sociales entre les hommes et les femmes et comprend la dynamique de l’appartenance ethnique et de la classe sociale. (D’après Termdat) Genré (ou : sexospécifique) Relatif à ce qui se rapporte au genre, soit à l’ensemble d’éléments présentant des caractères communs. (D’après L’internaute) Gestion de la diversité Concept de gestion d’entreprise qui fait de la diversité de ses employé∙e∙s une partie intégrante de sa stratégie en matière de ressources humaines et de développement. (D’après Compasso, https://www.compasso.ch)

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GLOSSAR / LEXIQUE

Interkulturelle Kompetenzen Die Fähigkeit, effektiv mit Menschen, die über andere kulturelle Hintergründe verfügen, umzugehen und zusammenzuarbeiten. (Nach IKUD, https://www.ikud.de)

Pluralisme culturel (ou : diversité culturelle) Multiplicité des formes par lesquelles les cultures des groupes et des sociétés trouvent leur expression. (D’après Termdat)

Plurale Gesellschaft Eine plurale Gesellschaft ist nicht homogen, sie kann aus ethnisch, sprachlich, politisch und auch weltanschaulich sehr verschiedenen Gruppen bestehen.

Préjugé Jugement sur quelqu’un, quelque chose, qui est formé à l’avance selon certains critères personnels et qui oriente en bien ou en mal les dispositions d’esprit à l’égard de cette personne, de cette chose. (D’après Larousse)

(Nach Sabine Pfisterer, Religionsunterricht in der pluralen Gesellschaft, Studienarbeit, 2000, S. 3)

Polizeikultur (Police Culture) Polizeikultur ist eine vorgestellte Gesamtidee der Organisation. Sie ist weitaus weniger maskulin als die Cop Culture und mit den bürokratischen Rahmendbedingungen des Gewaltmonopols kompatibel. Sie beschreibt weitgehend die Polizei als Bürokratie. (Nach Rafael Behr, Cop Culture – Der Alltag des Gewaltmonopols, VS Verlag für Sozialwissenschaften, Wiesbaden, 2. Auflage, 2008, S. 25)

Profiling Jede Art der automatisierten Verarbeitung personenbezogener Daten, die darin besteht, dass diese verwendet werden, um bestimmte persönliche Aspekte, die sich auf eine natürliche Person beziehen, zu bewerten, insbesondere um Aspekte bezüglich Arbeitsleistung, wirtschaftliche Lage, Gesundheit, persönliche Vorlieben, Interessen, Zuverlässigkeit, Verhalten, Aufenthaltsort oder Ortswechsel dieser natürlichen Person zu analysieren oder vorherzusagen. (Nach EUR-Lex, https://eur-lex.europa.eu)

Racial Profiling Das Herausgreifen bestimmter Personen bei Personenkontrollen aufgrund ihres Aussehens (z. B. ethnische Herkunft, Haarfarbe). (Nach IATE) Rassismus Dem Rassismus entsprechende Einstellung, Denk- und Handlungsweise gegenüber Menschen bzw. Bevölkerungsgruppen mit bestimmten biologischen Merkmalen. (Nach Duden) Stereotyp Die wertende Pauschalvorstellung, die sich eine Menschengruppe von den eigenen Eigenschaften oder denen einer Fremdgruppe macht. (Nach IATE) Vorurteil Ohne Prüfung der objektiven Tatsachen voreilig gefasste oder übernommene, meist von feindseligen Gefühlen gegen jemanden oder etwas geprägte Meinung. (Nach Duden)

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Profilage Toute forme de traitement automatisé de données à caractère personnel consistant à les utiliser pour évaluer certains aspects personnels relatifs à une personne physique, notamment pour analyser ou prédire des éléments concernant le rendement au travail, la situation économique, la santé, les préférences personnelles, les intérêts, la fiabilité, le comportement, la localisation ou les déplacements de cette personne. (D’après EUR-Lex, https://eur-lex.europa.eu) Racisme Attitude d’hostilité systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes. (D’après Larousse) Société plurielle Société caractérisée par des individus aux idées politiques différentes. (D’après le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, CNRTL)

Stéréotype Vision simplifiée et insensible à des évidences, des situations ou des catégories sociales. (D’après IATE) Stéréotype de genre (ou : gender bias) Différenciation implicite ou explicite parfois empreinte d’hostilité entre les hommes et les femmes conduisant à placer l’un des genres en position d’infériorité par rapport à l’autre. (D’après IATE) Violence sexiste Violence dirigée contre une personne sur la base du genre ou du sexe. (D’après IATE)

Xénophobie Attitude et un comportement hostiles à l’encontre de toute personne ressentie comme étrangère et extérieure au groupe, du fait par exemple de son origine, sa culture, sa langue ou sa religion. (D’après la Commission fédérale contre le racisme CFR, https://www.ekr.admin.ch)

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GLOSSAR / LEXIQUE

Glossar

Lexique

Digitale Ausbildung

Formation numérique

Blended learning Lernmethode, die eine didaktisch sinnvolle Verknüpfung von «traditionellem Klassenzimmerlernen» und virtuellem bzw. Online-Lernen anstrebt. (Nach Termdat)

Apprentissage en ligne (ou : e-learning, e-formation, apprentissage distanciel) Mode d’apprentissage basé sur l’utilisation des nouvelles technologies, qui permet l’accès à des formations en ligne, interactives et parfois personnalisées, diffusées sur l’Internet, afin de développer les compétences, tout en rendant le processus d’apprentissage indépendant de l’heure et de l’endroit. (D’après Termdat)

E-Learning Lernen unter Einbezug von elektronischen Kommunikationsmitteln und Medien, indem PCs, CD-ROMs oder das Internet eingesetzt werden. (Nach Termdat) Flipped Classroom (oder: umgedrehter Unterricht) Bei dieser Methode werden die Hausaufgaben und die Stoffvermittlung insofern vertauscht, als die Lerninhalte von den Schülern/-innen zu Hause erarbeitet werden und die Anwendung in der Schule geschieht. (Nach Kantonsschule Reussbühl, https://ksreussbuehl.lu.ch)

Apprentissage mixte (ou : blended learning) Méthode d’apprentissage qui combine les éléments de l’apprentissage en ligne et de l’apprentissage en classe traditionnel. (D’après Termdat) Classe inversée (ou : flipped classroom) Modèle pédagogique où l’ordre habituel de l’enseignement frontal en classe suivi par le travail à faire à la maison est inversé. Typiquement, les étudiant∙e∙s apprennent les notions de base du cours à la maison et ensuite viennent en classe pour clarifier et appliquer les connaissances acquises par le biais d’activités faites en groupe et sous la guidance de l’enseignant∙e. (D’après Université de

LCMS (Learning Content Management System) Software, die die Erstellung, Speicherung und Verwaltung von wieder verwendbaren Lernobjekten sowie die Organisation und Betreuung webunterstützten Lernens ermöglicht. (Nach Termdat)

Genève, Communauté d’intérêts pour l’enseignement en ligne, https://ciel.unige.ch)

LMS (Learning Management System) Auf einem Webserver installierte Software, die das Bereitstellen und die Nutzung von Lerninhalten unterstützt und Instrumente für das kooperative Arbeiten und eine Nutzerverwaltung bereitstellt. (Nach Termdat)

Compétence médiatique Ensemble des connaissances techniques, qui vont de l’aptitude à lire et à écrire correctement à l’esprit critique et au respect des règles de bienséance sur Internet, qui permettent de faire un usage à bon escient et responsable des médias.

Medienkompetenz Bewusster und verantwortungsbewusster Umgang mit Medien, der unter anderem technisches Wissen über digitale Medien, die Lese- und Schreibfähigkeit, die vorsichtige Behandlung persönlicher Daten im Internet, die kritische Prüfung von Informationen, das Beachten allgemeiner Umgangsregeln im Internet und das Abschirmen von digitalen Ablenkungen umfasst. (Nach Termdat)

Cours en ligne ouvert à tous (ou : MOOC [Massive Open Online Course]) Formation accessible à toutes et tous, dispensée sur internet par des établissements d’enseignement, des entreprises, des organismes ou des particuliers, qui offrent à chacun∙e la possibilité d’évaluer ses connaissances et peut déboucher sur une certification. (D’après Termdat)

MOOC (Massive Open Online Course) Offener Online-Hochschul-Unterricht mit einer unbegrenzten Zahl von Teilnehmern/-innen. (Nach Termdat) Tutorial Schriftliche oder filmische Übungseinheit, Anleitung zum Gebrauch eines Computerprogramms o. Ä. (Nach Duden)

(D’après Termdat)

LCMS (Learning Content Management System) (ou : système de gestion du contenu de l’apprentissage) Système permettant de créer, de sauvegarder et de gérer de la matière pédagogique, mais aussi d’organiser et d’accompagner l’apprentissage sur le web. (D’après Termdat)

LMS (Learning Management System) (ou : Système de gestion de l’apprentissage) Logiciel installé sur un serveur en ligne facilitant la mise à disposition de contenus de formation et proposant des outils destinés au travail collaboratif ainsi qu’une gestion des utilisateurs∙trices. (D’après Termdat) Tutoriel Logiciel permettant de se former de manière autonome à un autre logiciel. (D’après Larousse)

Umschlag / Couverture : Photo : ©Keystone/G. Bally

Redaktionskomitee / Comité de rédaction :

Im vorliegenden format magazine wurde versucht, durch die Schreibweise mit Schrägstrich durchgängig beiden Geschlechtern gerecht zu werden.

ALBERTINI Gianfranco, Chef Kriminalpolizei, Kantonspolizei Graubünden

Dans ce numéro de format magazine, nous nous sommes efforcé∙e∙s d’utiliser systématiquement l’écriture inclusive. Impressum : Verlag / Éditeur : Institut Suisse de Police (ISP), Avenue du Vignoble 3, CH-2000 Neuchâtel Tel. : +41 (0)32 723 81 00 www.institut-police.ch isp@ne.ch

AUGSBURGER-BUCHELI Isabelle, Professeure HES, Doyenne de l’ILCE – Directrice suppléante de la HEG – Arc FROIDEVAUX Didier, Direction de la Stratégie – Chef du Service des Études stratégiques, Police cantonale, Genève

MEYER Michaël, Docteur en sociologie, Université de Lausanne – Chargé de cours, EPFL ROMANELLI-NICOLI Manuela, Responsabile del Centro di formazione di Polizia del Cantone Ticino Chefredaktor / Rédacteur en chef : AMBERG Cyril, SPI/ISP cyril.amberg@ne.ch

Druck / Impression :

HÜGI Kurt, Direktor, Zürcher Polizeischule, ZHPS

Imprimerie de l’Ouest SA, Avenue Beauregard 34, CH-2036 Cormondrèche

KÜNZLI Jörg, Ordinarius für Staats- und Völkerrecht, Universität Bern

Mitarbeitende / Équipe : BOESCH Jean-Pierre DEYGAS Ariane PINEDO Maria-Aranzazu STEBLER Cecilia STIEGER Christiane TSCHAN Sarah VALACH Rastislav

Auflage / Tirage : 1600 · Preis / Prix : CHF 22.– ISSN 1664-6789

LEHMANN Fritz, Kommandant, Stadtpolizei Winterthur

www.institut-police.ch/de/medien/format-magazine www.institut-police.ch/fr/medias/format-magazine

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GOBBI Norman, Consigliere di Stato, Repubblica e Cantone Ticino

format magazine no 8


Directives pour les auteur∙e∙s  magazine sont, pour la Les articles publiés dans plupart, rédigés par des praticien∙ne∙s issu∙e∙s du milieu policier ainsi que par des chercheurs∙euses académiques se consacrant à des thématiques liées à la police (police en tant qu’organisation, police et société, formation de la police). Nous acceptons également volontiers les contributions d’acteurs politiques et autres spécialistes. 1) Les contributions soumises pour publication dans  magazine doivent être : – adressées au rédacteur en chef sous format électronique (fichiers Word) ; – des textes originaux ; – accompagnées d’un résumé en langue originale (1500 caractères espaces compris maximum). 2) La longueur des textes relatifs au dossier thématique du numéro doit être au maximum de 20 000 caractères espaces compris (hors résumé et bibliographie) ; pour les textes hors thème, compter 15 000 caractères espaces compris.

3) Le mode de références est conforme aux règles académiques usuelles. Les références apparaissent dans le corps du texte. Une bibliographie à la fin de l’article est indispensable si l’auteur∙e opte pour la forme : (Weisburd & Eck, 2004). 4) Les tableaux, graphiques ou illustrations doivent être envoyés sous support informatique avec le renvoi exact à leur place dans le texte. 5) Les noms, prénoms, rattachements organisationnels, ainsi que les adresses postale et électronique complètes des auteur∙e∙s doivent figurer sur une page annexée. Une photo portrait est également jointe par fichier séparé. 6) Les auteur∙e∙s cèdent leurs droits pour la publication dans  magazine (version imprimée et électronique). 7) Les auteur∙e∙s recevront cinq exemplaires du numéro de  magazine dans lequel leur contribution aura été publiée. 8) La rédaction et le Comité de rédaction se réservent le droit de ne pas publier un article soumis ou de demander des compléments aux auteur∙e∙s avant publication.

Richtlinien für die Autoren/-innen  magazine veröffentlichten Artikel werden Die im meistens von Praktikern/-innen aus dem Polizeiumfeld sowie akademischen Forschern/-innen verfasst, die sich mit polizeinahen Thematiken beschäftigen (Polizei als Organisation, Polizei und Gesellschaft, polizeiliche Ausbildung). Gerne nehmen wir aber auch Beiträge von politischen Akteuren oder anderen Spezialisten/-innen an.  magazine einge1) Texte, die zur Veröffentlichung im reicht werden, müssen: – dem Chefredaktor in elektronischer Form (Word-Datei) zugestellt werden; – Originaltexte sein; – eine Zusammenfassung in der Beitragssprache beinhalten (1500 Anschläge inklusive Leerschläge). 2) Artikel zum Themenschwerpunkt einer Ausgabe sollten maximal 20 000 Anschläge inklusive Leerschläge lang sein (ohne Zusammenfassung und Bibliographie); für Artikel, die nicht zum Themenschwerpunkt sind, gelten maximal 15 000 Anschläge inklusiv Leerschläge.

3) Die Zitierweise entspricht den üblichen akademischen Regeln. Quellenangaben erscheinen im Haupttext. Falls die Autoren/-innen die Zitierweise (Weisburd & Eck, 2004) wählen, ist eine Bibliographie am Ende des Artikels notwendig. 4) Tabellen, Grafiken oder Illustrationen müssen elektronisch und mit einem Hinweis auf ihre Platzierung im Text eingereicht werden. 5) Namen, Vornamen, Funktionen sowie Post- und E-MailAdressen der Autoren/-innen müssen auf einer separaten Seite stehen. Zudem ist ein Porträtfoto als separate Datei mit zu senden. 6) Die Autoren/-innen treten ihre Rechte für die Veröffentlichung  magazine (gedruckte und elektronische Form) ab. im 7) Die Autoren/-innen erhalten fünf Gratisexemplare der  magazine, in welcher ihr Beitrag verAusgabe des öffentlicht wurde. 8) Die Redaktion und das Redaktionskomitee behalten sich das Recht vor, eingereichte Artikel nicht zu veröffentlichen oder die Autoren/-innen vor der Veröffentlichung um Ergänzungen zu bitten.


Das Schweizerische Polizei-Institut gibt L’Institut Suisse de Police publie des moyens didactiques pour les policiers∙ières Lehrmittel für Polizisten/-innen heraus und fördert die angewandte Forschung. et s’engage dans la recherche appliquée.

ISSN 1664-6789

Institut Suisse de Police Avenue du Vignoble 3 CH-2000 Neuchâtel www.institut-police.ch


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