Eurocadres : la nouvelle présidente est Ugict-Cgt dr
Nayla Glaise préside depuis le 21 octobre, et pour les quatre années à venir, aux destinées d’Eurocadres. Cette organisation affilie plus de 50 structures syndicales à travers l’Europe pour défendre les droits et conditions de travail des cadres partout dans l’Union.
ENTRETIEN Avec Nayla glaise ingénieure informatique, déléguée syndicale chez Accenture et membre du bureau de l’Ugict.
« Les entreprises ont tout fait pour réduire au maximum la portée de la directive sur le devoir de vigilance autour des droits fondamentaux. À l’inverse, les organisations syndicales autant qu’associatives n’ont eu de cesse de réclamer un cadre contraignant. »
12
– Options : Cette présidence est l’aboutissement d’un engagement de l’Ugict au sein d’Eurocadres. Pouvez-vous nous en dire plus ? – Nayla Glaise : Dès la création d’Eurocadres en 1993, l’Ugict s’est impliquée pleinement dans cette organisation. Nous avons participé à toutes ses campagnes. Que ce soit autour de la directive européenne sur le temps de travail et de sa révision, de l’accord de 2002 sur le télétravail ou de bien d’autres sujets encore. Ma nomination au poste de trésorière et membre du bureau d’Eurocadres en 2018 nous a permis d’aller encore plus loin, de nous investir sur de nombreux dossiers. Je pense tout particulièrement aux risques psychosociaux et aux moyens de nous en prémunir, ou à celui sur la protection des lanceurs d’alerte. Sur ces deux thèmes, nous avons organisé des séminaires à Paris qui nous ont permis d’élargir notre audience et de mieux nous faire entendre au niveau européen. Si une directive sur la prévention des risques psychosociaux reste à gagner, celle sur la protection des lanceurs d’alerte est à mettre aussi à notre actif. – Quel intérêt y a-t-il pour l’Ugict à s’engager plus encore dans une organisation à l’échelle européenne ? – La lutte syndicale ne peut plus se concevoir au seul niveau national. Ce qui se passe chez les autres nous concerne tous. L’exemple le plus flagrant est celui des salaires. Bien sûr, certaines organisations syndicales nationales pensent que leur système, fondé sur les conventions collectives, suffit à protéger leurs mandants. La crise du Covid démontre que même les systèmes les plus protecteurs peuvent
être menacés. L’Europe n’est pas et ne peut pas être qu’un marché. Elle doit aussi assurer une protection à ses habitants. Et pour cela, il n’est qu’une solution : harmoniser les droits. Les harmoniser par le haut et trouver moyen de garantir les droits acquis dans certains pays. Et peutêtre parfois, à certains moments, sur une position médiane, pour nous protéger de la concurrence de tous contre tous. – Comment cette conception de l’action syndicale européenne se décline-t-elle sur le terrain des cadres et de l’encadrement ? – Appuyons-nous sur l’actualité. Le 27 octobre, la Commission européenne doit proposer une directive sur le devoir de vigilance autour des droits environnementaux et humains dans les chaînes de valeur. Les entreprises ont tout fait pour réduire au maximum sa portée. À l’inverse, les organisations syndicales autant qu’associatives n’ont eu de cesse de réclamer un cadre contraignant. En cette mi-octobre, je ne peux dire ce que seront les termes de cette directive. Mais, à Eurocadres, nous espérons qu’ils permettront d’imposer aux entreprises qu’elles ne se contentent pas de discours et prennent leurs responsabilités. Sans quoi la capacité des cadres à bien faire leur travail en sera affectée et, avec elle, le respect des droits des salariés quel que soit leur lieu de travail, qu’ils appartiennent aux entreprises donneuses d’ordres ou sous-traitantes. Autre exemple de la pertinence du cadre européen pour la défense des droits de l’encadrement : ce que permettrait l’adoption d’une directive européenne sur les risques psychosociaux. En protégeant les conditions de travail, un OPTIONS N° 670 / Octobre 2021