Libertés en Petite santé

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Ségur de la santé et suites

Le Ségur a distribué quelques pilules – souvent amères –, beaucoup de placebos, et laissé nombre de professionnels sans remèdes. Pas dupes de cette « reconnaissance » toute symbolique, celles et ceux qui restent se mobilisent.

C

Nicolas Marquès/KR IMAGES PRESSE

Non, non, rien n’a changé

lap de fin du Ségur, après le « clap clap » aux soignants ? Désormais, c’est un deuxième volet de mesures (dit Ségur II), consacré aux « transformations structurelles » du système de santé, qui est à l’ordre du jour. Mais les personnels hospitaliers et ceux des filières médico-sociales font toujours autant de bruit, partout, toutes professions confondues. Pour affirmer que le compte n’y est pas, qu’ils n’estiment toujours pas leurs qualifications et leur investissement professionnel reconnus à leur juste valeur par le volet « rémunérations et carrières » du Ségur, d’autant que leur quotidien reste insupportable. Le ministre de la Santé avait pourtant assuré qu’un « choc d’attractivité » était indispensable pour répondre aux besoins du système, sans quoi la création de postes ne pourrait suffire. Pour preuve, en 2020, les établissements hospitaliers (public et privé confondus) ont encore fermé 5 700 lits d’après la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). C’est certes le signe d’une volonté de poursuivre les réductions de coûts en recourant toujours plus à l’ambulatoire. Mais c’est aussi la seule solution pour pallier le manque

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de candidats qualifiés acceptant de travailler aux salaires actuels. Les récentes suspensions de personnels non vaccinés (16 000 reconnus, auxquels il faut ajouter des centaines qui ont pris des congés, sont en arrêt maladie ou ont démissionné) viennent ajouter à la tension, d’autant que l’assurance maladie a donné des consignes pour repérer les arrêts maladie supposés injustifiés des professionnels soumis à l’obligation vaccinale (lire page 21). Pour rappel, ceux touchés par le Covid au début de la pandémie n’ont pas tous réussi à faire valoir leurs droits à la reconnaissance d’une « maladie professionnelle »…

Le « choc d’attractivité » n’aura pas eu lieu La Cgt-Santé, premier syndicat du secteur, n’a pas souhaité s’associer au Ségur, déplorant qu’il ne s’agisse pas d’un réel espace de négociation, ce qui n’a d’ailleurs pas empêché que s’y décide – hors des instances officielles du dialogue social – une remodélisation des grilles salariales, avec quelques avancées en termes de revalorisations indiciaires. Au rang des « acquis », la prime de 183 euros de complément de traitement indiciaire

(Cti), non négligeable pour certains bas salaires, n’a cependant pas été distribuée dans tous les secteurs et à toutes les professions, générant incompréhensions et frustrations. Le Cti se trouve, de plus, conditionné à l’exercice de certaines fonctions et ne peut donc être considéré comme définitivement acquis. Dans le même esprit, le ministère ayant imposé une gestion des métiers et des postes au cas par cas pour limiter les concessions, chaque profession a été contrainte de se battre bec et ongles pour apporter la preuve de ses qualifications et savoir-faire. Dans cette période où ils sont sursollicités, tous engagés en première ligne, épuisés, les personnels ne pouvaient pas percevoir cela autrement que comme une insulte. « Le gouvernement fait comme si la crise sanitaire n’avait pas légitimé nos revendications, souligne Jacques Duperret, animateur à l’Ufmict-Cgt du collectif techniciens hospitaliers, une des professions qui se sait indispensable mais a le lourd sentiment de travailler dans l’ombre sans la moindre valorisation, alors qu’elle revendique un niveau bac + 3 et le passage en catégorie A. Ils seront, pour la cinquième fois de l’année, en journée OPTIONS N° 670 / OCTOBRE 2021


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