JUIN 2011 • N°2bis Numéro Spécial
NUMÉRO SPÉCIAL
Sécheresse :
conseils pour faire face
Conduite des élevages, gestion des stocks, cultures dérobées...
GESTION DES STOCKS : calculez votre bilan fourrager
Pages 3 et 4
ÉLEVAGE
CULTURES DÉROBÉES
Productions bovines, ovines et caprines.
Choix d’espèces et itinéraire cultural.
Pages 5, 6 et 7
Page 8
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SOMMAIRE P.2 P. 3 P. 5 P. 7 P. 8
Edito et précisions administratives Le bilan fourrager : outil d’évaluation des stocks La conduite des bovins La conduite des ovins et caprins Les cultures dérobées
LES PRÉCISIONS DE LA DIRECTION DÉPARTEMENTALE DES TERRITOIRES Les mélanges regroupant céréales et espèces fourragères (exemple moha + vesce) peuvent être déclarés en Prairie temporaire (PT) et donc préserver l’engagement de PHAE2 dans la limite du respect des conditions de labour ou de déplacement. Les cultures de céréales seules destinées à être récoltées en fourrage (exemple sorgho, moha, avoine) ne doivent pas être déclarées en prairie mais en fourrage annuel et ainsi être comptabilisés dans la surface fourragère PHAE2 pour le calcul du taux de chargement. Ces surfaces doivent en conséquence faire l’objet d’un déplacement d’engagement. L’implantation de maïs ensilage ne peut être déclarée en fourrage annuel, ce qui a pour conséquence d’impacter le chargement PHAE2. Par contre, celui-ci peut être intégré aux surfaces de céréales autoconsommées prises en compte au titre de l’ICHN. Les modifications doivent être signalées dès leur survenance par écrit à la DDT sur papier libre ou au moyen du formulaire «Modification de l’assolement déclaré» qui a été transmis avec le dossier PAC 2011 ou qui est téléchargeable sur le site www.telepac.agriculture.gouv.fr dans la rubrique «formulaires et notices».
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Conséquence au titre de la conditionnalité (BCAE) : en cas d’implantation d’une culture fourragère en dérobé, les surfaces engagées en pâturages permanents ou en prairies temporaires ne sont pas remises en cause. Il conviendra toutefois de reconstituer en 2012 la surface de prairie retournée en 2011, quelles soient temporaires ou permanentes.
DES ORGANISATIONS À VOTRE SERVICE FDSEA 19 et JA 19 : Opération collective d’achat de pailles à destination de tous les agriculteurs. Contact : Votre responsable local FDSEA. Tél. 05 55 21 55 80, commandes jusqu’au 24 juin. DDT 19 : Aspects réglementaires et administratifs (assolement). Contacts DDT : Jean-François AURIAC, 05 55 21 82 74 et Franck MAUREL, 05 55 21 82 39. CHAMBRE AGRICULTURE 19 : Conseils techniques, rations, bilans fourragers, appui aux situations difficiles. Bureaux de Tulle, Brive et Ussel. N° spécial : 05 55 21 54 93.
Edito La sécheresse généralisée de ces derniers mois a compromis les récoltes de fourrages et risque d’handicaper d’autres productions. Dans cette situation, la Chambre d’Agriculture a pris des initiatives avec l’Etat et les autres organisations Nos services ont reçu mission de diffuser, des conseils sur l’implantation de cultures dérobées, et sur la récolte des fourrages sur pied Ce numéro spécial d’Agri-Cultures acheminé dans toutes les fermes donne des éléments d’information pour vous aider à établir votre bilan fourrager prévisionnel, des rations à base de paille, et à choisir des fourrages annuels à mettre en place en consultant le tableau joint... Le numéro d’Agri-Cultures du mois de juillet complétera ces informations. Par ailleurs, nous avons sollicité ou appuyé des demandes auprès des pouvoirs publics pour tenter de limiter les conséquences désastreuses de cette calamité. C’est ainsi que, dès le 12 mai, nous avons souhaité : • La mise en place de mesures de sauvegarde du marché de la viande, déséquilibré par la décapitalisation des cheptels • Un assouplissement des règles de gestion des surfaces pour pouvoir semer des dérobées sans conséquences sur les aides PAC. • Une préservation des autorisations d’irrigation. • Une évaluation des dégâts, pour mobiliser sans délai le fonds national des calamités • Le subventionnement des achats de fourrages • Des mesures pour limiter la spéculation sur le prix de la paille (interdiction du broyage, réduction des coûts de transport, etc…). • Un assouplissement du paiement de la PMTVA
Agri Cultures est édité par la Chambre d’Agriculture de la Corrèze : Immeuble Consulaire le Puy Pinçon - BP 30 - 19001 TULLE Cedex Tél. 05.55.21.55.60 - Fax 05.55.21.54.91 - www.limousin.synagri.com. Directeur de la publication : Pierre CHEVALIER. Rédacteur en Chef : Bernard DELPY. Comité de rédaction : Anne CHAMBARET, Jérôme BOURDEIX, Bruno BUNISSET, Sébastien CHAUZAS, Francis COSTE, Gilbert DELMOND, André ALANORE, Bernard BOUSSANGE, Hervé COVES, Bernard DELPY, Anne-Marie DUMAS-VIVIER, Eric LIONNET, Benoît LAC, Hélène SOUBRANE, Didier VIALLE. Conception graphique, secrétariat de rédaction : Plume Pudding - Brive Tél. 06.17.56.56.03. Crédits photos et illustrations : Chambre d’Agriculture Corrèze, Photothèque des Chambres d’Agriculture, Christian DELMAS, Juliette JAURÉGUY, Fotolia. Impression : Maugein Imprimeurs Tulle. Dépôt légal et N°ISSN : 2115-8738 Agri Cultures est imprimé sur papier certifié PEFC (Norme qui garantit la préservation des forêts). Par la certification Imprim’Vert, Maugein Imprimeurs s’engage dans une politique de développement durable : ‘‘toutes les matières premières et consommables font l’objet d’un recyclage, d’un retraitement ou d’une élimination dans le respect des règles environnementales’’.
Répondant à la demande des Jeunes Agriculteurs, un conseiller est mis à disposition, pour aider à organiser les chantiers de récolte de paille. Enfin nous ouvrons un numéro de téléphone spécial, le 05.55.21.54.93 pour répondre aux demandes de renseignements. Soyez assuré de la mobilisation générale des élus et des agents de la Chambre pour atténuer le plus possible les conséquences de cette situation difficile.
Toute reproduction, intégrale ou partielle, des textes et illustrations de la revue est strictement interdite, sans accord préalable.
Le Magazine de la Chambre d'Agriculture de la Corrèze
Pierre CHEVALIER, Président.
NUMÉRO SPÉCIAL SÉCHERESSE GESTION DES FOURRAGES
Le bilan fourrager : un outil d’évaluation des stocks Un bilan fourrager précis est indispensable pour pouvoir confronter besoins des animaux et stocks disponibles. Ce premier bilan vous permettra d’évaluer le déficit fourrager par rapport à la récolte 1ère coupe d’une année normale. Le but est bien sur de se positionner dès maintenant pour l’achat de fourrages grossiers en fonction de ce déficit 1ère coupe. Un tel bilan sera à actualiser à l’automne en fonction des achats et des récoltes futures (2ème coupes, dérobés…) qui dépendent bien sur de la météo estivale.
CE PREMIER BILAN VOUS PERMETTRA D’ÉVALUER LE DÉFICIT FOURRAGER
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ESTIMATION DE LA QUANTITÉ DE FOURRAGES DISPONIBLES FOIN ET PAILLE. L’idéal est de peser quelques bottes pour avoir une idée précise du poids brut moyen car il dépend fortement du serrage. Les tableaux ci-contre permettent cependant d’avoir des repères relativement précis quant au poids des bottes. Pour ce qui est du taux de matière sèche, en l’absence d’analyse, retenir pour le foin 85% de MS et 88% pour la paille. ENRUBANNAGE. Le poids des balles rondes enrubannées dépend fortement du taux de matière sèche. *Pour les presses à chambre fixe, diminuez les valeurs de 15%.
Poids des bottes de foin de 1ère coupe. Presse à chambre fixe Dimension Serrage moyen Serrage fort 220 kg (185 kg MS) 240 kg (200 kg MS) 120 x 120 310 kg (260 kg MS) 370 kg (310 kg MS) 120 x 150 120 x 180 Poids des bottes de paille 120 x 120 Dimension 165 kg(145 kg MS) Poids
Taux de MS en %
Presse à chambre variable 210 kg (180 kg MS) 330 kg (280 kg MS) 470 kg (400 kg MS)
120 x 150 260 kg (230 kg MS)
120 x 180 360 kg (320 kg MS)
40
50
60
470 kg (235 kg MS)
440 kg (265 kg MS)
680 kg (340 kg MS)
640 kg 385 kg MS)
Dimension
120 x 120
(presse à chambre variable*)
520 kg (210 kg MS)
150 x 150
750 kg (300 kg MS)
ENSILAGES. Densité des ensilages en kg de MS/m3 La méthode la plus simple est de cuber votre Ensilage d’herbe Ensilage de maïs silo, c’est-à-dire d’en estimer le volume : Hauteur Taux de MS en % Taux de MS en % Silo couloir : Longueur x largeur x haudu silo en cm teur (ne pas oublier de tenir compte du 20% 25% 30% 35% 25% 30% 35% volume éventuellement perdu en début 100 160 190 215 225 195 210 215 et fin de silo en raison de la pente). 150 165 200 225 240 205 220 225 Silo taupinière : Longueur à mi hauteur 200 175 210 235 250 215 230 240 x largeur à mi hauteur x hauteur. Attention, lorsque le cubage du silo est réalisé moins de 3 semaines après la fermeture du silo, il faut soustraire du volume calculé 5% à 10 jours et 3% à 20 jours pour un ensilage à plus de 26% de MS et environ le double pour un ensilage à moins de 22% de MS. Une fois le volume déterminé, il faut le multiplier par la densité du fourrage, on obtient alors le nombre de kg de MS d’ensilage disponible.
Suite en page 4 ••• Le Magazine de la Chambre d'Agriculture de la Corrèze
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Afin de pouvoir les comparer aux besoins du troupeau, les stocks doivent être exprimés en kg de Matière Sèche (MS).
NUMÉRO SPÉCIAL SÉCHERESSE ESTIMATION DES BESOINS DU TROUPEAU
COMPARER LES STOCKS ET LES BESOINS
Les besoins du troupeau sont évalués à partir du nombre d’animaux par catégorie, de leurs besoins journaliers et de la durée d’hivernage. La consommation varie suivant l’âge, le niveau de production, la consommation en concentré et la qualité du fourrage. Pour les calculs, les chiffres ci-dessous nous donnent des indications de consommations : Vaches Laitières : 15 kg de MS/jour Vaches Allaitantes suitées : 13 kg de MS/jour VA / VL taries - Génisses laitières prêtes à vêler : 12 kg de MS/jour Génisses allaitantes prêtes à vêler : 11 kg de MS/jour Génisses 12–24 mois : 6 à 10 kg de MS/ jour Veaux 2–6 mois : 3 kg de MS/jour. •
COMPARER LES STOCKS ET LES BESOINS
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CONTACT Clément GALZIN et Romain FARON, Service Élevage Chambre Agriculture de la Corrèze Tél. 05 55 21 55 45
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NUMÉRO SPÉCIAL SÉCHERESSE PRODUCTIONS BOVINES
S’adapter en fonction des déficits fourragers Plusieurs stratégies peuvent être appliquées en fonction du type de production (laitier ou allaitant) et de l’importance du déficit. En PRODUCTION ALLAITANTE, plusieurs solutions peuvent être envisagées conjointement : • Achat de fourrages grossier. Suivant les disponibilités et les tarifs : foin, paille, ensilage de maïs… Veiller à réserver les meilleurs fourrages pour les catégories qui en ont le plus besoin et aux périodes où cela est le plus nécessaire : les 2 derniers mois de gestation et les 3 premiers mois suivant le vêlage. Les jeunes d’un an destinés à l’élevage ne recevront de la paille qu’en dernier recours. • Apports de céréales, concentrés ou déshydratés (voir rations ci-contre). • La vente anticipée d’animaux improductifs (vaches vides ou qui se décalent) peut être envisagée. Il faut se débarrasser des « bouches inutiles » sur l’exploitation.
• Ne pas tarder à vendre des broutards ayant déjà atteint un poids correct de vente. • Restriction alimentaire pour certaines vaches (vache accordéon). Cette restriction ne doit pas concerner les vaches dans les 2 derniers mois de gestation et dans les 3 mois suivant le vêlage afin de ne pas pénaliser la reproduction. Dans la mesure du possible, la gestion par lot est indispensable afin de coller au mieux aux besoins de chaque catégorie et d’éviter les gaspillages. Exemples de rations journalières pour 1 VACHE ALLAITANTE DE 650 KG AU 2ÈME MOIS DE LACTATION.
Dans tous les exemples, les poids sont exprimés en kilogramme de matière brute de produits (Référence table INRA).
FACE AU DÉFICIT FOURRAGER, LE PROCHAIN N° D’AGRI CULTURES, CHEZ VOUS AU 10 JUILLET, VOUS PROPOSERA DE NOMBREUSES RATIONS INTÉGRANT LES PAILLES ET DIFFÉRENTS COPRODUITS DE L’INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE.
• Foin 1 à volonté (0,73 UFL, 71g PDIN, 83g PDIE) : 15 kg • Foin 2 à volonté (0,63 UFL, 58g PDIN, 72g PDIE) : 11,5 kg Suite à votre bilan fourrager, s’il manque du foin1 avec cette qualité alimentaire, il y a toujours la possibilité de remplacer tout ou partie de ce foin par de la paille de céréales et de complémenter en énergie et azote avec des céréales, tourteaux (soja, colza, tournesol…), protéagineux (luzerne, pois, féveroles, lupin…), ensilages, aliments complémentaires… Ce qui donne les rations suivantes : • 7 kg de foin 1 + paille à volonté (environ 5 kg) + 2,5 kg de triticale + 0,4 kg de tourteau de soja 48 • 40 kg d’enrubannage de sorgho (à 20% de Matière Sèche) + paille à volonté (environ 2,5 kg) + 1,7 kg de triticale + 0,6 kg de tourteau de soja 48 • 30kg d’enrubannage de sorgho + foin 2 à volonté (environ 6,5kg) + 1,3kg de triticale Le Magazine de la Chambre d'Agriculture de la Corrèze
• paille à volonté (environ 9 kg) + 4,7 kg de triticale + 1 kg de tourteau de soja 48 • paille à volonté (environ 9 kg) + 4,3 kg de triticale + 1,6 kg de tourteau de colza • paille à volonté (environ 9 kg) + 7 kg d’aliment complémentaire à 18% de protéines • 10 kg maïs ensilage + 20 kg d’ensilage d’herbe + paille à volonté (environ 2 kg) • 18 kg maïs ensilage + paille à volonté (environ 5 kg) + 1,5 kg de tourteau de soja 48 • 5 kg de foin de luzerne 2ème coupe + paille à volonté (environ 6 kg) + 4 kg de triticale • foin 2 (0,63 UFL, 58g PDIN, 72g PDIE) à volonté (environ 14 kg) + 1,8 kg de triticale.
Suite en page 6 •••
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• Sevrer les veaux plus précocement, les besoins de la vache sont alors diminués de 20 à 30%. On peut donc la passer sur un régime de vache tarie beaucoup moins coûteux. Les veaux sont alors mis à un régime de paille et de concentrés pour les amener aux alentours des 300 - 330 kg de poids vif puis vendu plus tôt.
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NUMÉRO SPÉCIAL SÉCHERESSE ATTENTION ! Dans le cas d’une alimentation à base de paille et de céréales ou d’aliment complémentaire, • il faut impérativement faire la distribution des céréales en 2 voir 3 apports journaliers et surtout après s’être assuré que les animaux aient bien ingéré un minimum de fourrage grossier : limiter les risques d’acidose • travailler avec des lots d’animaux dans le même état physiologique et corporel • bloquer les animaux (cornadis, attaches) 2 fois par jour afin que chaque animal dispose de chaque élément de la ration : Attention aux animaux dominants Il faut également établir une ration hivernale par lot d’animaux la plus constante possible sur toute la durée afin d’éviter les transitions alimentaires qui représentent 3 semaines de mauvaise valorisation de la ration que vous distribuerez (temps d’adaptation de la flore ruminale).
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Témoignage Véronique et Frédéric Gascou, éleveurs sur la commune de St-Ybard Ils conduisent un cheptel mixte bovin ovin avec vente de reproducteurs. Les 134 ha de SAU sont constitués de 4 ha de céréales à paille, de 4 ha de maïs, de 60 ha de prairies temporaires et le reste en pâturages permanents. Pourquoi avez-vous mis en place des cultures dérobées ? En année normale, notre système nous permet d’être autonomes en fourrages et en céréales. L’arrivée d’années sèches nous ont incités à mettre en place des cultures dérobées pour pallier le manque de fourrages. Depuis quand mettez-vous en place des cultures dérobées ? Il y a quelques années, nous implantions déjà des raves en dérobé après les céréales pour faire pâturer les ovins. En 2005, j’ai implanté du moha pur après de l’orge. J’ai également mis en place du sorgo en 2010 après du blé et une vieille prairie. Quelle utilisation en avez-vous fait ? Le moha et le sorgo ont étés enru-
INFO +
Conseils plus complets et autres exemples de rations sur le site internet de la Chambre d’Agriculture : www.limousin.synagri.com Vos conseillers : Romain FARON et Clément GALZIN, Service Elevage, Chambre Agriculture de la Corrèze Tél. 05 55 21 55 58
En PRODUCTION LAITIÈRE, il est important de ne pas négliger l’équilibre de la ration des animaux en lactation. Aussi, si l’achat de maïs ensilage ou encore de paille permet de couvrir les besoins des animaux en terme d’ingestion de matière sèche, il est indispensable d’équilibrer les rations en terme d’azote et d’énergie afin de maintenir la production laitière. Pour palier le déficit fourrager, on s’orientera plus vers l’achat de luzerne ou de ration sèche type ration espagnole. Si la paille peut entrer dans la composition de la ration des vaches laitières, elle aura surtout pour rôle d’assurer un bon fonctionnement du rumen et ne devra pas dépasser 2 ou 3 kg de matière sèche. Dans le cas contraire la production laitière sera pénalisée. Le Magazine de la Chambre d'Agriculture de la Corrèze
bannés pour être redistribués aux animaux dehors à l’automne et pendant la période hivernale. Cette récolte supplémentaire associé a l’ensilage du maïs initialement destiné a être récolté en grain nous a permis d’avoir assez de fourrage pour assurer l’alimentation du cheptel.
En êtes- vous satisfait ? Dans un premier temps, c’est une façon de faire du stock de fourrage rapidement sans remettre en cause l’équilibre de l’assolement puisque on utilise des surfaces non exploitées a cette période de l’année. Les résultats sont bons après céréales d’autant plus si le semis et effectué le plus rapidement possible après la récolte. En se qui nous concerne, le moha nous semble plus intéressant car il a un rendement en MS plus élevé. De plus il nous offre plus de souplesse dans l’exploitation avec la possibilité de pâture. C’est une technique qui nous permet de sécuriser notre système à moindre coût au même titre que la gestion du pâturage tournant.
L’incorporation de paille pourra se faire en plus grande quantité dans la ration des vaches taries et des animaux d’élevages de plus de 15 mois. Afin d’établir un bilan fourrager et calculer des rations à partir des fourrages disponibles, n’hésitez pas à prendre contact avec votre technicien du contrôle laitier. Dans tous les cas, il est indispensable de suivre l’évolution des stocks au cours de la période d’affouragement afin de s’assurer qu’ils couvriront bien les besoins. De même, toute mauvaise évolution de la note d’état des animaux ou du niveau de production laitière doit amener à revoir les rations. • Alexandre FOUILLADE Service Elevage Chambre Agriculture de la Corrèze - Tél. 05 55 21 54 43
NUMÉRO SPÉCIAL SÉCHERESSE PRODUCTIONS BOVINES
Gérer les effectifs et les stocks en productions ovine et caprine En production ovine : trier les brebis Faire partir les brebis improductives : celles qui n’ont pas fait d’agneaux doivent être vendues. Une brebis improductive représente un manque à gagner qui peut atteindre 75/80 € par an (Source CIIRPO/IE 2011). Cela concerne les brebis à problèmes, à mammites, ou vieilles. Gardez suffisamment d’agnelles (ne passez pas en dessous de 18 % de renouvellement en ovins viande). Il faut conserver une pyramide des âges équilibrée, ne pas hypothéquer l’avenir du troupeau.
Alimenter des animaux productifs
Garder des animaux en bonne santé • Pour limiter le parasitisme : - Faites des coproscopies (par séries de 2 à 10 / 15 jours d’intervalle pour plus d’efficacité), des autopsies pour suivre les niveaux d’infestation chez les adultes mais aussi chez les jeunes. - Les animaux vont pâturer plus ras que d’habitude, les risques d’infestation seront plus forts. L’ingestion de terre peut entraîner de graves problèmes digestifs chez les ruminants.
- Traiter en fonction des résultats d’analyses pour limiter les strongles, petites douves, oestres... Et si vous utilisez des zones humides, n’oubliez pas la grande douve. • Par journée chaude, une brebis consomme jusqu’à 10 litres d’eau ! Veillez à la qualité de l’abreuvement.
• En situation sèche, le pâturage nécessite un renforcement des minéraux, sel et oligo-éléments. Si vous utilisez des parcours, c’est d’autant plus vrai (blocs enrichis que l’on répartit en plusieurs points dans le parc). •
ZOOM SUR LA PRODUCTION CAPRINE Gérer son stock fourrager, c’est avant tout gérer son effectif d’animaux. Pour se faire, il est indispensable de faire : • Une prévision laitière sur l’ensemble de la campagne pour adapter au mieux l’effectif des animaux laitiers aux besoins de production (contacter votre technicien, un logiciel existe pour vous aider à réaliser ce prévisionnel). • Un bilan fourrager, dès que possible, pour adapter l’effectif d’animaux au stock disponible. Pour ne pas prendre de risques sanitaires (acidose…), multiplier le nombre de repas pour ne pas dépasser la quantité de concentrés déshydratés de 450 g par chèvre et par repas. Faire ingérer un minimum de foin avant le repas de concentrés pour obtenir le fameux tapis fibreux dans le rumen.
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Gérer son effectif, c’est aussi limiter au maximum les animaux improductifs. Cela passe par : • Réformer au plus tôt les animaux improductifs ou faibles producteurs. Les charges opérationnelles par chèvre sont très variables selon les systèmes d’élevages. (20 animaux dont la réforme est retardée peuvent consommer 1.5 tonnes de MS de fourrage par mois). • Limiter le nombre de chevrettes au strict besoin de renouvellement. Un troupeau doit avoir 25% de primipares. 10 chevrettes surnuméraires peuvent consommer 4 tonnes de MS de fourrages. • Sylvie DENIS, Service Elevage, Chambre Agriculture de la Corrèze Tél. 05 55 21 55 68
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• Travailler par lot d’animaux ayant les mêmes besoins, ce qui suppose de faire des lots de lutte bien identifiés, des luttes courtes, ne dépassant pas 2 cycles (4 à 6 semaines). Pensez à disposer de suffisamment de béliers pour optimiser la fertilité de vos brebis. • Faites des échographies pour trier vos brebis en fonction de leur stade (entretien, fin de gestation…) et ajuster au mieux la gestion des pâtures, des fourrages et de la complémentation. Les échographies peuvent se faire à partir de 45 jours après la fin de la lutte, leur prix peut varier de 0.7 à 1,3 € par brebis (en moyenne).
FAIRE PARTIR LES BREBIS IMPRODUCTIVES
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NUMÉRO SPÉCIAL SÉCHERESSE ALTERNATIVE : LES CULTURES DÉROBÉES
Pourquoi, comment et à quel coût conforter les stocks fourragers ?
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En période sèche ou après des récoltes n’ayant pas permis la constitution de stocks suffisants, la mise en place de cultures dérobées peut s’avérer une bonne solution. Les surfaces laissées libres après la récolte des céréales permettent de réaliser des implantations de dérobées à croissance rapide. QUELS CHOIX DES ESPÈCES ?
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Plusieurs espèces sont utilisées en cultures dérobées derrière des céréales, ou après labour de prairies dégradées et parmi celles-ci : • Le moha présente les meilleurs rendements et la meilleure vigueur au départ, d’après les résultats de la campagne 2010. Le taux de MS permet un enrubannage dans de bonnes conditions. • Le mélange Moha-Trèfle d’Alexandrie semble très intéressant pour assurer un complément de stock important en cultures dérobées d’une bonne valeur en azote. De plus, son taux élevé de matière sèche rend sa récolte plus facile. • Les mélanges RGI-Légumineuses restent une valeur sûre si on recherche un fourrage plus riche en MAT. Ils présentent deux autres avantages : - La fauche en deuxième coupe au printemps suivant - La possibilité de pâturage (souplesse d’exploitation) • Le sorgho doit impérativement être semé avant fin juillet car très sensible au gel, éviter les semis en zone d’altitude. • Les colzas et raves restent une valeur sûre. • Le maïs : choisir des variétés très précoces et semer à haute densité.
QUEL CHOIX D’ITINÉRAIRE CULTURAL ?
• Derrière la céréale, la technique la plus pertinente est le semis direct sans travail du sol préalable. Toutefois la technique traditionnelle avec labour peut être également utilisée, mais nécessite des temps et des coûts d’implantation plus importants. • Le semis doit être le plus précoce possible (avant fin juillet) pour permettre une phase végétative de 70 jours minimum. • La fertilisation azotée (30 N à 50 N) ne peut pas être négligée car elle contribue à sécuriser le rendement.
Attention au déchaumage avec disques sans labour car il occasionne une levée importante de céréales qui concurrencent les dérobées.
MÉLANGE AVOINE-VESCE (2009)
QUELQUES EXEMPLES D’ESPECES Espèces Sorgho fourrager Moha Moha + trèfle d’Alexandrie Avoine brésilienne + vesce Ray Grass d’Italie alternatif + Trèfle Incarnat Ray Grass d’Italie alternatif Colza fourrager Rave du Limousin
À QUELS COÛTS ?
Les références sont issues du barème régional d’entraide et des coûts de revient des matériels en Cuma. Pour l’implantation et la récolte deux itinéraires sont étudiés : classique et simplifié. Itinéraire Classique : Traction + Labour + Vibroculteur + Semoir + Rouleau + Distributeur d’engrais + Fauche + Faneur + Andaineur + Presse + Enrubanneuse + Film + Remorque Itinéraire Simplifié : Traction + Semoir semis direct + Distributeur d’engrais + Fauche + Faneur + Andaineur + Presse + Enrubanneuse + Film + Remorque Rendement/ha (kg de MS)
Itinéraire Classique €/kg de MS
Itinéraire Simplifié €/kg de MS
4000
0.09
0.06
3000
0.12
0.08
2000
0.18
0.13
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Dose de semis 25 kg/Ha 25 kg/Ha 25 kg/Ha 25 kg/Ha 25 kg/Ha 25 à 30 kg/Ha 10 kg/Ha 1 à 2 kg/Ha
Destination Fauche Fauche Fauche Mixte Mixte Mixte Pâture Pâture
LES POINTS À RETENIR • Semer le plus tôt possible après la récolte ou labourer des prairies dégradées. • Choisir l’itinéraire technique le plus simple et le moins coûteux. • Bien choisir les espèces en fonction de ce que vous souhaitez et de ce qui est disponible commercialement. • Semer aux bonnes densités de graines à l’hectare. • Apporter les unités d’azote nécessaires. • Tenir compte que la pluviométrie conditionne le rendement. • Récolter au-delà d’une phase végétative de 70 jours. • Stéphane MARTIGNAC, Service Développement Chambre Agriculture - Tél. 05 55 21 55 49
Document réalisé dans le cadre du programme Régional Herbe et Fourrage
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