hans-jörg georgi noah's planes

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© holger priedemüth

extrait du catalogue


christian berst art brut présente presents hans-jörg georgi noah’s planes

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christian berst avant-propos françois salmeron après nous, le déluge ? texts in english œuvres works


christian berst avant-propos


Le ciel est à la fois le non-lieu de toutes nos aspirations, et celui de notre exil hors de la Terre. Il est partout où nous ne sommes pas. Au point que, depuis des temps immémoriaux, on y a logé les divinités, qu’elles soient bienveillantes ou menaçantes, tandis que nos pensées s’y abîment en conjectures et en rêveries. Assez pour que Hans-Jörg Georgi veuille nous y emmener tous, afin de nous sauver de l’extinction qui menace. Georgi est né en 1949 à Francfort et, comme tant d’enfants « différents », il peine à trouver sa place. D’autant qu’une poliomyélite le prive de l’usage de ses jambes. Alors, à défaut de marcher, pourquoi ne pas imaginer des aéronefs capables de nous soustraire à la pesanteur ? C’est ainsi qu’il y a une vingtaine d’années, dans un acte de sollicitude messianique, il déclare : « Je veux faire quelque chose de bien pour le monde. Je vous emmène tous avec moi en voyage ». À cet effet, il se met à construire toute une flottille fantastique, dotée de tous les équipements nécessaires à une expédition longue et éprouvante, et dont le matériau – comble de l’ironie – est constitué de boîte à chaussures. S’accomplit alors ce merveilleux paradoxe auquel l’art brut nous accoutume, lorsque les

plus déshérités, les moins enviables d’entre nous deviennent ceux-là même qui se mettent à produire du Beau, seul capable de rendre le monde habitable. Et, si le monde ne l’est pas tout à fait, de nous offrir le moyen d’en réchapper, dans un geste mu par une empathie inconditionnelle. Comme le souligne François Salmeron dans sa préface à notre catalogue : « cette ascension du sensible vers l’intelligible s’effectue graduellement, suivant un double mouvement d’élévation spirituelle et d’universalisation de notre amour ». Georgi est ainsi le digne héritier d’Uta-Napishtim, le Noé sumérien dont nous parlent les tablettes mésopotamiennes vieilles de cinq mille ans. L’un et l’autre pareillement miséricordieux, mettant, avec la même énergie, leur ingéniosité au service du salut de l’humanité. Ce que Georgi résume sobrement en affirmant : « Il n’y a que l’amour. Rien d’autre ». Depuis la salle que lui avait consacrée La Maison rouge, à Paris, en 2014, c’est la toute première fois qu’une telle flottille est exposée dans une galerie. 11


françois salmeron après nous, le déluge ?

Critique d’art membre de l’AICA-France (Association Internationale des Critiques d’Art). Chargé de cours aux Universités Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Paris 8 Saint-Denis. Doctorant à l’Ecole APESA de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Co-directeur de la Biennale de l’Image Tangible, Paris.

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Il y a le désastre latent, imminent. Insidieux, diluvien. Et il y a les sentiments que cette inéluctable apocalypse éveille en nous. La peur paralysante qui nous jette dans le désespoir. La fascination morbide et le nihilisme qu’elle trahit. Le moralisme qui se repaît de notre culpabilité et nous accable. Ou l’indifférence toute cynique qui exulte : « Après nous, le déluge ! »1.

Soit l'interdit que le philosophe allemand Hans Jonas, comptant parmi les pionniers des éthiques écologiques dès les années 1960, adresse à l’humanité. En parallèle, Jonas formule un nouvel impératif catégorique d’inspiration kantienne : « Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre »2. Or

cette éthique universaliste, reposant sur un profond respect de l’humanité et de notre écosystème, résonne avec l’œuvre d’HansJörg Georgi (né en 1949 à Francfort-leMain) : construire une flotte d’avions en carton recyclé, qui serviront peut-être de maquettes pour des embarcations réelles, afin de nous transporter dans l’espace, le jour où la planète ne sera plus habitable…

1. Hans Jonas, Le Principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique, Editions Le Cerf, Paris, 1990. 2. Hans Jonas, Ibid.

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foreword christian berst

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The heavens are the space we hold for our hopes, and also the space in which we yearn to spend the afterlife. They are everywhere we are not.

So much so that since time immemorial, they have sheltered our gods, both bene-volent and threatening, as well as our thoughts, consuming themselves in conjecture and dreams. For Hans-Jörg Georgi, skies are the only possible escape from our extinction. Ever since he was born in Frankfurt in 1949, he struggled to find his place – as any child who feels “different”. And since poliomyelitis paralysed his legs and pre-vented him from walking, he took to imagining gravity-defying aircrafts. Twenty years ago, he stated with messianic fervor: “I want to do good for the world and I am taking you all on a trip”. To live up to his promise, he started building a fantastic fleet – made of shoe boxes, as if to add to the irony – equipped with everything one needs to endure a long and arduous journey. This is the central paradox of art brut: Beauty – the only aspect of our world that makes it worth living in – is often created

by the most deprived and underprivile-ged among us. And even if the world is still not perfectly bearable, Beauty offers us an escape into unconditional empathy. As François Salmon puts it in the pre-face of our show’s catalog, “this gradual ascension from the sensible to the intel-ligible brings us to both a spiritual elevation and the universalization of our love.” Georgi is thus a spiritual son of Ut-napishtim, the sumerian Noah whose story is exposed on 5,000-year-old Mesopotamian tablets. Both put their infinite mercy and compassion at the service of saving the world. Georgi soberly sums it up in a phrase: “There is nothing but love.” This is the first time Georgi’s fleet is displayed in an art gallery since 2014, when it was shown during a group exhibition at La maison rouge in Paris. 21


12 carlos augusto giraldo codex



hans-jörg georgi noah’s planes 32

sans titre untitled, 2019 carton, colle et matière plastique cardboard, glue and plastic, 80 x 180 x 160 cm


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[...] I want to do good for the world and I am taking you all on a trip. [...] hans-jörg georgi


[...] Je veux faire quelque chose de bien pour le monde. Je vous emmène tous avec moi en voyage. [...] hans-jörg georgi

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hans-jörg georgi dans son atelier in his atelier © holger priedemüth

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sans titre untitled, 2017 carton, colle et matière plastique cardboard, glue and plastic, 50 x 140 x 125 cm

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hans-jörg georgi noah’s planes 24

sans titre untitled, c. 2015 carton, colle et matière plastique cardboard, glue and plastic, 25 x 90 x 95 cm


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hans-jörg georgi noah’s planes


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hans-jörg georgi noah’s planes 28

sans titre untitled, c. 2020 graphite, aquarelle, marqueur et crayon de couleur sur papier, 49.8 x 70 cm graphite, watercolour, marker, coloured pencil on paper


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hans-jörg georgi noah’s planes

sans titre untitled, c. 2015 graphite sur papier graphite sur papier, 41.8 x 57.5 cm

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sans titre untitled, c. 2015 graphite sur papier graphite sur papier, 41.8 x 57.5- cm

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hans-jörg georgi noah’s planes

verso

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sans titre, recto verso untitled, both sides, c. 2015 graphite sur papier graphite sur papier, 41.8 x 57.5 cm


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