john devlin : nova cantabrigiesis
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photo : ©Teresa Isasi.
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photo : © Teresa Isasi.
john devlin nova cantabrigiensis
Christian Berst : avant-propos Sandra Adam-Couralet : analogie ou le paradis perdu texts in English œuvres / works bio-bibliographie
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christian berst art brut kl ei n & berst
photo : © Alex Lobo
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christian berst
avant-propos
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Lorsque John Devlin - né en 1954 à Halifax, en Nouvelle Écosse (Canada) - part étudier la théologie à Cambridge, il se destine à la prêtrise. Les épisodes psychotiques qu’il connaît alors le détourneront à jamais de sa vocation et, en le renvoyant chez lui, l’éloigneront également de son paradis perdu. Dix années durant, il travaillera sans relâche à sa Nova Cantabrigiensis, soit une Cambridge idéalisée, utopique, à la fois projection symbolique et protocole curatif. Ce grand œuvre - composé de quelques 300 dessins - établit les bases de ce projet de construction sur un mode itératif et extrêmement codifié. Une fusion entre les architectures symboliques d’un Rizzoli, pour leur incarnation, les conceptions d’un Boullée, pour la philosophie qu’elles exhalent, et les visions d’un Fourier, pour leur quête d’harmonie. Néanmoins, la séquence, qui échappe totalement au spectaculaire caractérisant ces édifices, privilégie un mode plus intime, introspectif même. Son auteur n’y déploie aucune ambition stylistique démesurée, aucun faste écrasant, mais s’attache plutôt à former un ensemble propitiatoire dont chaque élément paraît receler un secret inviolable.
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L’insularité du site faisant écho à celle, existentielle, de Devlin. Cette Nova Cantabrigiensis devient alors le havre d’un monachisme très personnel qui agit sur l’auteur tel un mantra graphique, un ascenseur spirituel. Comme l’écrit Sandra Adam-Couralet, « Devlin nous livre une fiction qui se reconnaît elle-même comme telle, devenue le pouvoir de représentation de son propre récit. »
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Christian Berst et Melvin Way, New Yo
ork, 2015
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sandra adam-couralet
analogie ou le paradis perdu
critique d’art et commissaire d’exposition indépendant.
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Des quelques mois passés à l’Université de Cambridge, John Devlin gardera un souvenir extraordinaire, inégalable. Revenu dans sa ville natale, il n’aura de cesse d’en entretenir la mémoire, sous la forme de centaines de dessins, études et autres plans d’une ville imaginaire et utopique, baptisée Nova Cantabrigiensis, souvenir fantasmé d’une architecture qu’il a véritablement connue lors de son séjour en Angleterre. Nova Cantabrigiensis se situe pourtant ailleurs, sur une île inventée de toutes pièces, au cœur du bassin des Mines en Nouvelle Ecosse. Nova Cantabrigiensis. L’île enchantée, l’île heureuse, le lieu des plaisirs retrouvés. Parce qu’il a dû quitter ce qu’il considérait un jardin d’Eden, Devlin se donne pour mission, par nostalgie, de le réinventer. Peut-être pour supporter l’existence de la souffrance quotidienne, il la transcende en un rôle quasi monastique de transmission de savoirs, la transcription des codes d’une architecture idéale. Ange déchu, c’est comme si John Devlin s’évertuait à retrouver les conditions de son aptitude au bonheur, en en reproduisant les structures matérielles.
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« Ange déchu, c’est comme si John Devlin s’évertuait à retrouver les conditions de son aptitude au bonheur, en en reproduisant les structures matérielles. »
Il s’opère comme un jeu de miroir dans ces transpositions. L’élaboration semble fonctionner par analogie. L’analogie – du grec analogia « proportion mathématique » – est une ressemblance perçue comme non fortuite entre deux éléments. Devlin semble en effet procéder à de savantes compositions s’inspirant des proportions physiques propres aux bâtiments auxquels il fait référence. Tous ses dessins sont d’ailleurs souvent accompagnés de chiffres ou de lettres semblant appartenir à une codification précise (le verso étant
toujours accompagné de nombres dont la signification reste obscure). « Ma théorie, dit-il, c’est que pour un design idéal, il y a un ratio idéal. J’ai recherché une telle constante. J’étais dans une quête faustienne pour découvrir les arcanes de l’ambiance magique de Cambridge. » L’intention révèle bien une entreprise quasi scientifique. Par analogie. L’inatteignable devient la genèse d’une recherche calculée et théorisée, d’une actualité « correspondante ». En ce sens, John Devlin ne poursuit pas l’impossible, au contraire, il élabore la matrice d’un système par lequel il serait possible, théoriquement, d’atteindre les conditions de vie recherchées. L’on songe au Roman d’aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques où un groupe de scientifiques décide de partir à la recherche du « Mont Analogue » (titre principal de l’ouvrage écrit par René Daumal en 1952), une montagne dont la position reste incertaine car rendue invisible par la courbure de l’espace. Son ascension permettrait d’accéder aux plus hauts secrets spirituels. Bien que le roman inachevé abandonne les héros en route vers l’ineffable, son auteur, adepte de théosophie et de pataphysique, ayant lui-même expérimenté certains exercices ésotériques, notamment comme disciple de Gurdjeff, nous livre néanmoins, au cœur de sa fiction, les clés d’une quête qui semble tout aussi authentique que celle
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Car s’il nous livre les plans d’une nouvelle ville, cette dernière garde la trace de son fantôme. On reconnaît aisément la chapelle de King’s College par exemple, modèle remarquable de l’architecture gothique britannique du 15e siècle sur le campus de Cambridge. John Devlin la reproduit maintes fois, tout comme d’autres bâtiments que l’on pourrait s’amuser à identifier facilement puisqu’il en livre souvent des photos ou des reproductions dans ses dessins. En vérité, il s’agit plutôt de planches (toutes de format A4) sur lesquelles il colle des morceaux d’esquisses produites de sa main mais aussi des découpages de photocopies de livres sur les bâtiments de Cambridge. La source de ses investigations est donc souvent visible. Il s’agit bien d’un travail de re-création, la quête d’une origine perdue mais jamais oubliée.
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de Devlin : « Le territoire cherché doit pouvoir exister en une région quelconque de la surface de la planète ; il faut donc étudier sous quelles conditions il se trouve être inaccessible, non seulement aux navires, avions ou autres véhicules, mais même au regard. Je veux dire qu’il pourrait très bien, théoriquement, exister au milieu de cette table, sans que nous en ayons la moindre notion. » La démonstration pointe l’importance d’une représentation symbolique, seul chemin possible vers le mystère. Il est à noter que les études entreprises à Cambridge par Devlin étaient orientées vers la théologie au Collège St-Edmond. Peut-être est-ce à l’origine de certains signes inclus dans ses collages. Des hiéroglyphes et des phrases en latin s’ajoutent parfois, ainsi que des inserts de phrases déclaratives telles : « Long life to the gracious god, Ramses II ! » On peut également trouver un morceau de carte du ciel qui viendrait corroborer les aspirations spirituelles de Devlin, faisant de Nova Cantabrigiensis une sorte de Jérusalem céleste, le retour à la perfection originelle. Certains dessins se résument parfois même à de pures formes géométriques, ou des vignettes accumulées de systèmes quasi abstraits, substantifique moelle du ratio idéal appliqué à l’architecture de Cambridge ? 18
Autre énigme : une des productions de Devlin associe un bâtiment et une sorte de plan de ce dernier dans lequel on remarque la désignation de certains éléments rapportés à des parties du corps tels abdomen, thorax, head. L’analogie entre le corps du bâtiment et celui d’un homme nous ramène ici à des processus symboliques que l’on retrouve chez d’autres incubateurs d’ « architecture symbolique », comme Achilles G. Rizzoli qui métamorphose les membres défunts de sa famille – particulièrement sa mère – en cathédrales et palais, qui abriteraient leur âme dans l’au-delà. Lui aussi joint à ces dessins symboliques des plans architecturaux, il a également élaboré des poèmes accompagnés de citations de la Bible et signés par des collaborateurs imaginaires, composés de mots énigmatiques, de néologismes, de phrases inachevées. De manière générale, la capacité de transformation d’un monde en un univers encodé et indéchiffrable, fascine en ce qu’elle suggère un contenu profond et mystique, inspirateur de nouvelles cosmologies. C’est la force du secret, comme chez Judith Scott, qui transforme un objet en une forme potentiellement active, au sens anthropologique du terme, c’est à dire chargée d’une magie qui n’a d’existence que parce que l’on veut bien y croire.
du roman, est reconnu comme tel par des personnages qui auraient lu la première partie du livre. Jouant des similitudes, la fiction idéalisée de l’épopée de Cambridge se referme sur sa nature de signe. Il y a chez Devlin quelque chose de l’ordre de la modernité dont parle Michel Foucault à propos de l’ouvrage de Cervantès, « puisque le langage y rompt sa vieille parenté avec les choses, pour entrer dans cette souveraineté solitaire d’où il ne réapparaîtra, en son être abrupt, que devenu littérature » (Les Mots et les choses, 1966) La répétition de Cambridge par Devlin n’est pas seulement élucubration étrange d’un monde qu’il tente de ranimer, c’est aussi un voyage exploratoire, qui éprouve les potentialités de sa matière, inventant un langage aux sonorités énigmatiques mais aux pouvoirs d’ « enchantement ». Ainsi la fable rejoint le récit universel, l’inéluctable destin de l’homme condamné à se raconter.
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Devlin revient souvent sur ses dessins, les enrichissant continuellement. Chaque planche est une sorte de montage de différents éléments qu’il superpose. Toutes les strates constitutives d’un même ensemble sont cependant minutieusement rehaussées de signes dessinés aux quatre coins de la page, formant comme un encadrement, parfois même d’un titre ou d’une date. La mise en page ferait presque penser à un travail d’enluminure. Les mêmes symboles, comme la spirale, se répètent d’un dessin à l’autre. Il y a une unité dans sa production qui semble toute entière dévolue à un même et grand récit. Parfois on voit marcher sans doute Devlin lui-même représenté dans ses images avec des amis imaginaires et un chien. L’architecture se replie sur elle-même, et devient objet de sa propre histoire. Nova Cantabrigiensis prend sa réalité dans le langage inventé par Devlin, s’enfonce dans sa propre épaisseur. En citant ses sources, par le biais de l’enchevêtrement de ses collages qui mêlent des images réelles de Cambridge et des silhouettes imaginaires d’une nouvelle ville, il nous livre une fiction qui se reconnaît elle-même comme telle, devenue le pouvoir de représentation de son propre récit. Comme dans Don Quichotte, lorsque le héros du livre, dans la deuxième partie
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When John Devlin, born in 1954 in Halifax, Nova Scotia, left to study theology at Cambridge University, he intended to train for the priesthood, but the psychotic episodes he suffered then put an end to his vocation. His forced return home also meant he was never again to see his paradise lost. For decades, he worked ceaselessly on his Nova Cantabrigiensis, an idealised, utopian Cambridge, both a symbolic projection and a therapeutic procedure. This major work, comprising some 300 drawings, established the bases for the construction project in an iterative, highly codified mode. Devlin’s Cambridge, surrounded by water, seems to create a fusion between the symbolic architecture of Rizzoli, for what it embodied, the conceptions of Boullée, for the philosophy they give forth, and the visions of Fourier, for their quest for harmony. Nevertheless the sequence completely avoids the spectacular aspect characteristic of these edifices, giving greater importance to a more intimate, introspective mode. The artist displays no disproportionate stylistic ambition; there is no overpowering splendour. He seeks, rather, to create a propitiatory ensemble whose every element seems to conceal an inviolable secret.
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The island site evokes Devlin’s existential insularity. His Nova Cantabrigiensis becomes the harbour of a very personal monasticism that works on its author like a graphic mantra or spiritual elevator. As Sandra Adam-Couralet writes, “Devlin gives us a fiction that recognizes itself for what it is, becoming the power of representation of its own narrative.”
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sandra adam-couralet
analogy or paradise lost
art critic and independent curator
John Devlin was to treasure marvellous, peerless memories of the few months he spent at the University of Cambridge. After returning to his home town, he constantly relived his memories through hundreds of drawings, studies, and blueprints for an imaginary Utopian city that he christened Nova Cantabrigiensis – a fantasy memory of the architecture he had come to love during his stay in England. Yet Nova Cantabrigiensis was not in Britain at all, but on a completely imaginary island in the heart of the Minas Basin in Nova Scotia. Nova Cantabrigiensis: the enchanted isle, Milton’s happy Ile, the home of pleasures rediscovered. Having been forced out of what he thought of as a Garden of Eden, the nostalgic Devlin made it his mission to reinvent it. Perhaps hoping thereby to tolerate the existence of daily suffering, he transcended it through a quasi-monastic role of knowledge transmission,transcribing the codes of an ideal architecture. It is as if Devlin, like a fallen angel, sought to rediscover the conditions of his own aptitude for happiness by recreating its material structures: he gives us a blueprint for a new 25
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« It is as if Devlin, like a fallen angel, sought to rediscover the conditions of his own aptitude for happiness by recreating its material structures. »
There is a mirror effect at play in the transpositions, as the works seem to be put together through analogy. Analogy, from the Greek analogia, meaning “mathematical proportion”, refers to what appear to be non-fortuitous resemblances between two given elements. Devlin seems to create skilful compositions whose inspiration lies in the physical proportions of the buildings in question. Likewise, his drawings frequently incorporate numbers and letters that seem to belong to some precise code: the reverse of the work always features numbers whose meaning remains unclear.
“My theory”, he says, “is that for ideal design, there is an Ideal Ratio. I have been hunting for such a constant. I was on a Faustian quest, for arcane knowledge that would explain the magical ambience of Cambridge. I thought that if I could capture that ambience as a mathematical formula, then, I wouldn’t have to go to England. I thought I could think my way out of mental illness back into the happy times in Cambridge… before things began to fall apart on me”. His statement hints at an undertaking that is quasi-scientific in nature. By analogy. The unachievable becomes the point of origin for a calculated, theorised search, for a “corresponding” actuality. In this sense, Devlin is not seeking after the impossible, but rather the opposite; he is building the matrix for a system that would theoretically make it possible to achieve the sought-after conditions of life. This is reminiscent of Mount Analogue: A Novel of Symbolically Authentic Non-Euclidean Adventures in Mountain Climbing, René Daumal’s 1952 novel about a group of scientists who set out in search of the eponymous mountain, whose position remains unclear because the curvature of space makes it invisible. Climbing it will provide access to the loftiest spiritual secrets. Although the novel was never completed, leaving the hero
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city, but one that bears the traces of its own ghosts. Immediately recognisable, for instance, is King’s College chapel, the crown jewel of fifteenth-century British Gothic architecture. Devlin recreated it time and time again, just like the other buildings that can easily be identified from the photographs and reproductions he includes in his own drawings. These take the form of A4 sheets on which he glues fragments of his own sketches and cut-outs from photocopies taken from books about Cambridge’s architecture. The source of his investigations is often there, plain to see. It is a work of re-creation – the quest for origins lost but never forgotten.
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stranded en route to the ineffable, the author – a keen follower of theosophy and pataphysics who himself took part in various esoteric experiments, particularly as a disciple of Gurdjieff – offers the reader, in the heart of the novel, the keys to a quest that seems equally as authentic as Devlin’s own: “The area we seek must be able to exist in any region whatsoever of the earth’s surface. Therefore we must examine under what conditions it remains inaccessible not only to ships, airplanes, and other vehicles, but even to eyesight. I mean that it could perfectly well exist, theoretically, in the middle of this table, without our having the least suspicion it was there”. This underlines the importance of symbolic representation, the sole possible path towards mystery.
return to the perfection of the point of origin. Certain drawings are little more than pure geometric shapes or collections of vignettes of quasi-abstract systems – perhaps the very substance of the Ideal Ratio, reapplied to Cambridge architecture.
Another mystery is that one of Devlin’s productions combines a building with a sort of blueprint in which certain elements are labelled as parts of the body: head, thorax, abdomen. The analogy between the body of the building and the body of the man evokes the symbolic processes found in other creators of “symbolic architecture”, such as Achilles G. Rizzoli, who transformed deceased family members, especially his mother, into cathedrals and palaces to house their souls in the hereafter. He, too, added architectural designs to It is interesting to note that Devlin first his symbolic drawings; he, too, composed moved to Cambridge to read Theology poems that consisted of enigmatic words, at St Edmund’s College. This may be the new coinages, and fragmentary sentences, point of origin for particular symbols accompanied by Bible quotations, signed included in his collages, which also occa- by imaginary collaborators. In general, the sionally feature hieroglyphics and Latin capacity of a world to be transformed into phrases and declamations such as “Long an encoded, undecipherable universe is life to the gracious god, Ramses II!”. Also fascinating insofar as it suggests some featured is a fragment from a sky map, profound, mystic content that inspires which can be seen to corroborate Devlin’s new cosmologies. This is the power of spiritual aspirations, making Nova Canta- the secret, as in the works of Judith Scott, brigiensis a kind of celestial Jerusalem – a who transformed objects into potentially
presentation of its own narrative. Just like in the second part of Don Quixote, when the eponymous hero is recognised as such by those characters who had read the first part. The idealised fictional version of the Cambridge epic plays on analogies, closing in on its own nature as a symbol. Devlin’s work has something of the order of the modernity Foucault describes with reference to Cervantes, “because in it language breaks off its old kinship with things and enters into that lonely sovereignty from which it will reappear, in its separated state, only as literature” (The order of things, 1966, tr. Alan Sheridan). Devlin’s repetition of Cambridge is not merely the strange offspring of a world that he strives to bring back to life, but also an exploratory journey testing the potentiality of his material, inventing a language resonant with enigmatic sounds and rich with the power of enchantment. The fable thus connects with the universal narrative – the inevitable fate of man condemned to recount his own being.
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active forms, in the anthropological sense of the term, imbuing them with a form of magic that exists only because viewers agree to believe in it. Devlin often returned to his drawings, continually enriching them. Each sheet is a sort of montage of various superimposed elements. The strata that together comprise a single work are minutely illustrated with symbols drawn on all four corners of the page, forming a kind of frame; sometimes he even adds a title, and almost always a date. The layout is almost reminiscent of an illuminated manuscript. The same symbols, such as a spiral, are repeated from one drawing to the next. His output is characterised by a form of unity that seems wholly given over to one single grand narrative. Some of the works feature a figure who is doubtless Devlin himself, walking with imaginary friends and a dog. The architecture folds in on itself, becoming the object of its own narrative. Nova Cantabrigiensis takes its reality from the language invented by its author, sinking into its own three-dimensional depth. In quoting his sources, by entwining collages that combine real images of Cambridge with the imaginary skylines of a new city, Devlin offers the viewer a fictional tale that acknowledges itself as such, becoming the power of re-
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© Darrell Oake
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« My theory is that for ideal design, there is an ideal ratio. I have been hunting for such a constant. I was on a Faustian quest, for arcane knowledge that would explain the magical ambience of Cambridge. » john devlin 48
« Ma théorie, c’est que pour un design idéal, il y a un ratio idéal. J’ai recherché une telle constante. J’étais dans une quête faustienne pour découvrir les arcanes de l’ambiance magique de Cambridge. » john devlin
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ces codes sibyllins se retrouvent au dos de la plupart de ses dessins these sibyllin codes are found on the back of most of his drawings
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« Cette Nova Cantabrigiensis devient alors le havre d’un monachisme très personnel qui agit sur l’auteur tel un mantra graphique, un ascenseur spirituel. » christian berst
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sans titre (n° 246) | untitled, 1988
œuvres / works
john devlin : nova cantabrigiesis
sans titre (n° 247) | untitled, 1988
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sans titre (n° 248) | untitled, 1988
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john devlin : nova cantabrigiesis
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sans titre (n° 250) | untitled, 1988
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john devlin : nova cantabrigiesis
sans titre (n° 251) | untitled, 1988
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sans titre (n° 257) | untitled, 1989
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sans titre (n° 258) | untitled, 1989
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sans titre (n° 261) | untitled, 1988
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sans titre (n° 262) | untitled, 1988
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sans titre (n° 266) | untitled, 1988
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sans titre (n° 267) | untitled, 1988
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sans titre (n° 268) | untitled, 1988
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sans titre (n° 269) | untitled, 1988
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sans titre (n° 271) | untitled, 1988
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sans titre (n° 272) | untitled, 1988
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sans titre (n° 273) | untitled, 1988
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sans titre (n° 275) | untitled, 1988
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sans titre (n° 277) | untitled, 1988
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« Likewise, his drawings frequently incorporate numbers and letters that seem to belong to some precise code. » sandra adam-couralet
« Tous ses dessins sont d’ailleurs souvent accompagnés de chiffres ou de lettres semblant appartenir à une codification précise. » sandra adam-couralet
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sans titre (n° 278) | untitled, 1988
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sans titre (n° 282) | untitled, 1989
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sans titre (n° 286) | untitled, 1988
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sans titre (n° 291) | untitled, 1988
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sans titre (n° 292) | untitled, 1993
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sans titre (n° 299) | untitled, 1993
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sans titre (n° 298) | untitled, 1995
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sans titre (n° 293) | untitled, 1992
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sans titre (n° 302) | untitled, 1988
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sans titre (n° 304) | untitled, 1988
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sans titre (n° 308) | untitled, 1989
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sans titre (n° 309) | untitled, 1992
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john devlin : nova cantabrigiesis
sans titre (n° 311) | untitled, 1995
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sans titre (n° 314) | untitled, 1996
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sans titre (n° 357) | untitled, 2004
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sans titre (n° 365) | untitled, 2011
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224 œuvres / works
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bio-bibliographie
john devlin : nova cantabrigiesis œuvres / works 226
John Devlin was born in 1954 in Halifax, Nova Scotia. At the age of 25, he left to read theology at St Edmund’s College, Cambridge. There he suffered a severe breakdown, the first of a series of psychotic episodes that forced him to return to his hometown to be hospitalized. Over the course of a long convalescence, he was obsessed by the idea of reproducing the very essence of Cambridge, which he considered an ideal town. He spent decades after that making hundreds of drawings, studies and maps of an imaginary, utopian town that he named Nova Cantabrigiensis, New Cambridge, located on an island in Nova Scotia’s Minas Basin. His sketches recreate the buildings and ornamental gardens of the medieval town where he had planned to become a priest. All of them are coded with symbols and formulae that only he understands. “My theory,” he says, “is that for ideal design, there is an Ideal Ratio. I have been hunting for such a constant. I was on a Faustian quest, for arcane knowledge that would explain the magical ambience of Cambridge. I thought that if I could capture that ambience as a mathematical formula, then I wouldn’t have to go to England. I
thought I could think my way out of mental illness back into the happy times in Cambridge … before things began to fall apart on me.” One of Devlin’s main obsessions is the ratio of 3 to 7, the relationship between the number of vowels and consonants in “Jesu Christ”; he has even marked his toenails with it. He was convinced that all objects that are not constituted according to this perfect ratio are flawed, and by correcting them, he will be able to prevent illness and death. After a lengthy, reclusive stay at his family home, in 1989 Devlin moved into a group home in Dartmouth, Nova Scotia, where he continues to live.
John Devlin est né en 1954 à Halifax, capitale de la province canadienne de la Nouvelle-Écosse. À 25 ans, il part étudier la théologie au Collège St-Edmund, de l’Université de Cambridge. C’est là qu’il est atteint d’une grave dépression, première d’une série d’épisodes psychotiques, qui l’oblige à retourner dans sa ville natale pour y être hospitalisé. Pendant sa longue convalescence, il est obsédé par l’idée de retrouver l’essence même de Cambridge qu’il considère comme la ville idéale. Il consacre les 10 années suivantes à produire des centaines de dessins, études et autres plans d’une ville imaginaire et utopique, baptisée Nova Cantabrigiensis, qu’il situe sur une île au cœur du bassin des Mines en Nouvelle Ecosse. Ses esquisses réinventent les bâtiments et les jardins ornementaux de la ville médiévale qui devait le mener à la prêtrise. Toutes sont codées par des symboles, des formules que lui seul comprend. « Ma théorie, dit-il, c’est que pour un design idéal, il y a un ratio idéal. J’ai recherché une telle constante. J’étais dans une quête faustienne pour découvrir les arcanes de l’ambiance magique de Cambridge. Je pensais que si je pouvais capturer cette ambiance, je n’aurais pas à aller en Angle-
terre. Je pensais que je trouverais le moyen de sortir de la maladie mentale en revivant les moments heureux vécus à Cambridge… Avant que les choses s’effondrent en moi. » John Devlin est notamment obsédé par le ratio 3 : 7, rapport entre le nombre de voyelles et de consonnes dans « Jésu Christ ». Il est convaincu que tout objet qui n’est pas constitué selon ce ratio est voué à la destruction et qu’en corrigeant les défauts de la nature il peut empêcher la maladie et la mort Il ira jusqu’à se l’inscrire sur ses ongles des pieds. Après être resté chez ses parents, reclus, de nombreuses années, John a rejoint une maison communautaire en 1989 à Dartmouth où il vit toujours.
228 œuvres / works
john devlin : nova cantabrigiesis
230 œuvres / works
john devlin : nova cantabrigiesis
• Incandescent Alphabets. Psychosis and the Enigma of Language, Annie G. Rogers, ed. Karnac, 2016. • Surle fil. Par Jean-Hubert Martin, catalogue d’exposition, ed. christian berst art brut, Paris, 2016. • Soit 10 ans, états intérieurs, catalogue d’exposition (12/09-10/10/2015, christian berst art brut), Paris, christian berst art brut, 2015. • Sous la direction de Bruno Decharme et Barbara Safarova. Art brut, collection abcd/Bruno decharme, Paris, Flammarion, 2014. • catalogue d’exposition, «Art brut collection ABCD / Bruno Decharme», Paris, La maison rouge, 17 octobre 2014 - 18 janvier 2015 • catalogue d’exposition, «Le mur, oeuvres de la collection Antoine de Galbert», Paris, La maison rouge, 14 juin - 21 septembre 2014 • catalogue d’exposition, «Colecção, Treger-Saint Silvestre collection», Paris, Galerie Christian Berst art brut, 2014. • catalogue d’exposition, «John Devlin, nova cantabrigiensis», Paris, Galerie Christian Berst art brut, 25 avril au 25 mai 2013 • Farfetched, catalogue d'exposition du Gregg Museum of Art & Design, North Carolina State University, 2013. • "Heavenly city - John Devlin's utopian visions" by Tony Thorne in Raw Vision, hiver 2012/2013 • Painting on a Curved Surface, 80 stories by John Devlin, Gegenschein Books, 2013. • Nova Cantabrigiensis, John Devlin, Island Editions, 2011
remerciements / acknowledgments
hélène barré, elisa berst, henry boxer, bruno decharme, john devlin, carmen et daniel klein, darrell oake, lizzie alice robinson.
photo : ©Teresa Isasi.