luboš plný body language

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extrait du catalogue


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Avant-propos Christian Berst

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L’éphéméride anatomique Philippe Comar

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De l’autoportrait à l’autopsie Claire Margat

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Un zèbre qui dans un rituel incessant interroge le temps et tout ce qui se cache derrière Lucie Žabokrtská

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Œuvres papier Paper works

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Photographies Photographs

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Objets érotiques Erotic objects

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Texts in english

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Portraits



Luboš Plný body language Christian Berst

Luboš Plný, né en 1961, est l’une des figures majeures de l’art brut contemporain, dont la reconnaissance internationale fut confirmée par sa sélection, en 2017, dans la 57e Biennale de Venise. C’est pourquoi nous sommes très heureux de pouvoir présenter dans nos deux espaces, et pour la toute première fois en galerie, chaque facette de son œuvre. Premier artiste brut acquis par le Centre Pompidou en 2013, il a bénéficié ces dernières années de nombreuses expositions institutionnelles, que ce soit dans les musées d’art contemporain de Kobe et d’Hiroshima, aux Rencontres de la Photographie d’Arles, à la Kunsthalle de Dresde, et dans sa ville, à Prague, où le Dox Art Center lui a consacré, en 2017, une grande exposition monographique tandis qu’en 2022 le Rudolfinum faisait dialoguer son travail avec celui d’artistes tels que Louise Bourgeois, Barthélémy Toguo ou William Kentridge. Luboš Plný a toujours été fasciné par le corps. Au point de s’adonner à des expériences sur lui-même, oscillant entre la pratique ascétique et l’actionnisme. Ce dont témoigne la série d’autoportraits photographiques présentée pour la première fois en galerie.

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Cette approche empirique, ajoutée à l’étude des traités médicaux, l’a rendu expert des arcanes de l’anatomie. Ainsi, représenter l’un de ses organes finit par s’apparenter à une forme de méditation sur les limites de son existence physique. De sorte que son rapport presque liturgique au temps s’illustre parfaitement au travers du protocole immuable qu’il observe : l’inscription des chiffres qui indiquent (en nombre de jours) l’âge qui était le sien au début et à l’achèvement du processus, mais aussi de chaque étape intermédiaire de l’œuvre. A contrario, ses objets assemblages hétéroclites symbolisant les attributs sexuels - exaltent plutôt la pulsion séminale. D’ailleurs, l’artiste, pour rendre l’interdépendance des sexes plus explicite encore, agrège parfois ses totems baroques pour former une installation rhizomatique proliférante. En somme, l’éros plutôt que le thanatos. Dans son langage du corps, Luboš Plný s’exerce à scander le temps, à conjurer la mort et, partant, à sublimer la vie. Comme une ultime acceptation de sa propre finitude, il jalonne son chemin de memento mori dont la mélancolie le dispute à l’élévation.


Nicolas-Henri Jacob, Traité complet de l’anatomie de l’homme par MM. Bourgery et Jacob, 1832-1854, t. 5, pl. 42

Organes – ogres de l’âme dans les gorges du corps

Michel Leiris


L’éphéméride anatomique Philippe Comar

Tout commence en Europe, sur cette terre morcelée par des guerres intestines. Quelques barbiers et bouchers, réquisitionnés sur les champs de bataille pour amputer des membres et recoudre des plaies, traînent un cadavre jusque dans leur officine, l’allongent sur l’étal et, armés de lancettes, décident de l’ouvrir. Ils ne sont pas médecins, ils ne parlent pas le latin, ne lisent pas le grec. Ils sont chirurgiens (cheir-urgoí, « ceux qui travaillent avec leurs mains »). N’étant pas liés par le serment d’Hippocrate, qui interdit de faire couler le sang, ils ont les mains libres. Ils veulent savoir ce qu’un homme a dans le ventre et aussi dans la tête. Devant le corps nu posé sur la table, une appréhension les retient. La créature humaine n’a-t-elle pas été façonnée par Dieu, à son image ? Le corps n’est-il pas, comme le soutiennent les savants, un microcosme qui reflète le macrocosme, où chaque organe est en relation avec une planète ou avec un signe du zodiaque, le poumon avec les Gémeaux, les reins avec la Balance, le cœur avec le Lion ? N’est-ce pas toute la mécanique céleste qui est mise en abyme dans un humble corps humain ? Vertige saisissant. Mais c’est plus fort qu’eux, ils veulent voir, ils veulent savoir. Ils incisent, coupent la paroi abdominale, scient la calotte crânienne, écartent, ouvrent. Spectacle terrifiant et fascinant ! Des lobes de chair lisse ou striée, des poches humides que relient d’inextricables entrelacs de fibres, des canaux gorgés d’humeur vermeille ou nacrée – tout un monde de formes et de couleurs encore jamais vu s’offre à leurs yeux. Ils observent, fouillent, soulèvent, essaient de suivre la trajectoire d’un vaisseau, de sonder la profondeur d’une cavité. Leur regard erre sur des formes dont ils ignorent la fonction. Bientôt le cadavre se décompose. Une horrible puanteur s’en dégage. Il faut inhumer les restes au plus vite. Comment garder en mémoire ce qu’ils ont vu ? Ils se promettent de recommencer, mais de procéder avec méthode, couche par couche, et surtout de faire appel à un dessinateur pour conserver la trace de ce

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qu’ils ont vu. Ils vont ôter la peau d’un corps, mais ils vont lui en donner une nouvelle. Ils vont le représenter sur du vélin, c’est-à-dire sur une peau tannée, faisant de ce qui enveloppe la chair le support de son intériorité. C’est autour du XIII e siècle que l’anatomie moderne est née. La tradition a retenu quelques noms, ceux de Roland de Parme, Gui de Chauliac, ou encore de ce chirurgien anglais, John Arderne, dont un élève a dessiné les dissections. Si les premières représentations sont encore grossières, les progrès du dessin illusionniste à la Renaissance – la perspective et les ombres – permettent d’élaborer des images de plus en plus fidèles. en quelques siècles, la représentation du corps anatomisé atteint des sommets, comme le montrent les célèbres planches dessinées vers 1830 par Nicolas-Henri Jacob pour le médecin Jean-Marc Bourgery – d’un réalisme aussi effrayant qu’époustouflant. Mais la complexité de ces planches, où prolifèrent des détails d’une finesse capillaire, les rend peu didactiques et surtout difficiles à mémoriser. Tout voir ne rime pas avec tout savoir. Aussi, à partir des années 1850, les dessins anatomiques vont-ils se simplifier. Les poses deviennent stéréotypées. Les couleurs, conventionnelles. Les plans de référence, normalisés. Cette anatomie propre, impersonnelle, plus proche d’une carte d’état-major que d’une représentation naturaliste, mais où il est facile de se repérer, est celle qui prévaut encore dans les manuels d’anatomie, même si, depuis quelques décennies, l’imagerie médicale (échographie, scanner, IRM) tend à mettre en avant une approche plus individualisée. On me pardonnera ce long détour pour aborder les dessins de Luboš Plný, car leur singularité n’apparaît que si l’on replace son œuvre dans une histoire de la représentation de l’intériorité humaine. Ce ne sont pas seulement des planches d’anatomie, ni même leur parodie, qu’il nous donne à voir, mais un savant jeu de miroirs et de renvois iconographiques.



Un zèbre qui dans un rituel incessant interroge le temps et tout ce qui se cache derrière Lucie Žabokrtská Lucie Žabokrtská est née en 1972 en Bohême du Nord. Entre 1995 et 2001 elle s’installe à Paris rejoindre l’équipe fondatrice du Centre tchèque pour lequel elle assure des missions diplomatiques. De retour à Prague, elle reprend ses études d’anthropologie sociale et culturelle avant de créer une entreprise familiale qu’elle quitte deux ans plus tard. La même année, elle rencontre Luboš Plny et assure depuis pour lui le rôle d’agent, travaillant parallèlement dans le secteur financier.

Luboš est un zèbre, cet animal que l´on ne peut apprivoiser et dont les rayures permettent de disparaître dans le paysage mais aussi d´être identifié, s’ il le veut bien. « Etre zèbre », un terme introduit par Jeanne SiaudFacchin pour désigner les personnes surdouées, atypiques, Haut Potentiel, parfois confondues à tort avec les personnalités autistes. Avec un intellect bien au-dessus de la moyenne et une grande intelligence émotionnelle Luboš fait aussi partie de cette «espèce en voie de disparition». Un QI de 146 (il fut l´un des premiers membres de Mensa lors de sa création en 1989 en ce qui était encore à l´époque la Tchécoslovaquie), hypersensible, capable de constructions mentales brisant les limites du conventionnel, doté de la faculté de deviner ce que l´on ne voit pas, une imagination débridée et son cortège intimement lié de créativité. Mais aussi, la capacité de se concentrer exclusivement et sans concessions sur les choses et les objectifs importants à ses yeux générant, parfois, l´incompréhension et les jugements catégorisants de l´entourage social. L´ensemble est sous-tendu par une forte capacité de résistance et de persévérance puisant sa force dans une résilience à la fois innée et développée avec les années. Les rituels, le temps et tout ce qui se cache derrière chaque «zèbre» est forcé de se constituer un plan d´action, une échappatoire pour vivre ou survivre. Comme l´a décrit Van Gennep dans sa classification en trois temps des rites de passage, nous vivons tous dans un espace ritualisé, mais certains comme Luboš créent des rituels plus personnalisés, plus sophistiqués adaptant les phases de Gennep à leurs propres besoins. De ces constructions quand elles sont opérantes naissent une «performance» (action artistique) et parfois l´œuvre de toute une vie.

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Tenir le rôle de modèle académique et en obtenir le titre a été l´œuvre par excellence de Luboš, une performance dont l´aboutissement était incertain. Ce projet dont la deuxième phase du rite de passage s´est étendue sur six douloureuses années qui ne pouvaient que renforcer le caractère du sujet, aurait été une réussite même si il n´avait pas atteint son objectif initial, un changement de statut social. Les coutures que Luboš a effectuées sur sa personne en 2003, une performance moins connue réalisée avec l´assistance d´un ami et un photographe dans l´espace du musée de Eská Lípa ont aussi un caractère rituel et initiatique. L´artiste: «La première série de photographies est arrivée un peu par hasard, je ressentais le besoin de tester mes propres limites, voir jusqu’où j´étais capable d´étirer les limites du supportable, découvrir où se situait le point maximal de douleur. C´était pour moi un rituel initiatique personnel plus qu’un projet artistique.» Le connaisseur attentif des dessins de Luboš sait pertinement que les œuvres décrites ci-dessus ne sont pas les seules à être imprégnées de comportements rituels. Chacun de ses dessins est un journal intime daté avec précision et gorgé d’éléments rituels - à commencer par la peur sacrée devant la feuille vierge, suivie du premier trait qui lui permet de conquérir l´espace et d´entrer dans la phase liminaire où il soumet autrui ou lui-même à un examen minutieux presque scientifique. Collage ou dessin, chaque membre est décomposé dans les moindres détails pour fixer et symboliser non seulement la perfection du corps humain mais aussi sa finitude, par extension la sienne et la nôtre, une façon à lui d´arrêter ne fût-ce qu’un instant ce temps si primordial dans son œuvre mais pas seulement pour lui, pour chacun de nous qui demeurons dans la phase liminaire de notre vie et nous rapprochons inévitablement de notre fin.



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Détails



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Luboš Plný Photographies / Photographs

La première série photographique des coutures est née un peu par hasard. J’avais ressenti le besoin de voir jusqu’où j’étais capable de pousser les limites de mon endurance, de situer mon degré de douleur maximal. Ce n’était pas un projet artistique mais plutôt une sorte de rituel initiatique personnel. Ces photos analogiques furent élaborées en 2003 avec l’assistance de mes deux amis dans l’espace du musée de Ceská Lípa. Elles reflètent l’importance que j’ai toujours attribuée à l’exploration de mes propres capacités physiques et mentales. The first series of stitching photos came to be almost by accident. I needed to test my limits and find out how far I was able to push my boundaries of endurance, and how well I could withstand pain. At the time it was more of a personal initiation ritual rather than an art project. On the grounds of the Česká Lipa museum in 2003, with the help of two of my friends, multiple analog photos were created documenting this personally important excursion to the limits of my physical and mental abilities.

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VIVA LUBOS PLNY, DOX / Prague, 14 décembre 2017 – 12 mars 2018 © crédit Jan Slavík


Luboš Plný Objets érotiques / Erotic objects

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2012 - 2015


67 cm x 9 cm x 5.5 cm

106 cm x 11 cm x 5 cm

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58.5 cm x 14.5 cm x 6.5 cm

51.5 cm x 9 cm x 6.5 cm


105 cm x 75 cm x 75 cm

92 cm x 43 cm x 36 cm

65,5 cm x 70 cm x 30 cm

83 cm x 47 cm x 28 cm

63 cm x 34 cm x 47 cm

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62 cm x 41 cm x 16 cm

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51 cm x 12 cm x 13 cm

38 cm x 134 cm x 82 cm

50 cm x 28 cm x 11 cm


Luboš Plný body language

explicit, the artist sometimes combines his baroque totems to form a proliferating rhizomatic installation. In short, Eros rather than Thanatos. In his body language, Luboš Plný practises the chant of time, warding off death and, by extension, sublimating life. As a final acceptance of his own finitude, he intersperses his path with memento mori that are melancholy and uplifting in equal measure.

Foreword Christian Berst Luboš Plný, born in 1961, is one of the leading figures in contemporary outsider art, whose international recognition was consolidated by his selection for the 57th Venice Biennale in 2017. Which is why we are delighted to be able to present the very first gallery exhibition of every facet of his work in our two spaces. As the first outsider artist to be acquired by the Centre Pompidou in 2013, he has enjoyed a number of institutional exhibitions in recent years, including at the museums of contemporary art in Kobe and Hiroshima, Japan, at the Rencontres de la Photographie in Arles, Kunsthalle in Dresden, and in his home city of Prague, where the Dox Art Center devoted a major solo exhibition to him in 2017. In 2022, the Rudolfinum presented a dialogue between his work and that of artists such as Louise Bourgeois, Barthélémy Toguo and William Kentridge. Luboš Plný has always been fascinated by bodies. To the extent that he has carried out experiments on himself, oscillating between asceticism and actionism. This is reflected in the series of photographic self-portraits which are being presented in a gallery setting for the first time. This empirical approach, combined with his study of medical treatises, has made him an expert in the mysteries of anatomy. Representing one of his organs therefore comes to resemble a form of meditation on the limits of his physical existence. His almost liturgical relationship with time is perfectly illustrated by his immutable protocol: the inscription of figures indicating the age he was at the beginning and end of the process (number of days), as well as at each intermediate stage of the work. In contrast, his objects – heterogeneous assemblages symbolising sexual attributes – tend to exalt the seminal impulse. To make the interdependence of the sexes even more

The anatomic ephemeris Philippe Comar Organs-ogres of the soul in the throats of the body. Michel Leiris It all begins in Europe, a land torn apart by internal wars. Amid chaos, a few barbers and butchers requisitioned on the battlefields to amputate limbs and stitch wounds, drag a corpse into their workshop and lay it on the table. Armed with lancets, they make the decision to open it up and dissect it. They are not doctors, don’t speak Latin, don’t read Greek. They are surgeons (cheir-urgoí, “those who work with their hands”). Not bound by the Hippocratic Oath, which forbids the shedding of blood, their hands are free to explore. Their objective is to discover what lies within a man’s belly and within his head. Facing the naked body on the table, a sense of apprehension holds them back. Hasn’t the human creature been shaped by God in His image? Isn’t the body, as scholars argue, a microcosm that reflects the larger cosmos, where each organ is connected to a planet or a zodiac sign? The lungs to Gemini, the kidneys to Libra, the heart to Leo? Isn’t the entire celestial machinery mirrored in the mortal human body? A staggering thought. Yet, they can’t resist; they want to see, they need to know. They incise, cut through the abdominal wall, saw through the cranial vault, separate, and open. A terrifying yet fascinating spectacle! Lobes of smooth or striated flesh, moist pouches connected by intricate interweaving fibers, channels filled with vermilion or pearly fluid—an unseen world of shapes and colors unfolding before their eyes. They observe, probe, and lift, attempting to follow the trajectory of a vessel, to fathom the depth

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of a cavity. Their gaze wanders over forms whose function remain unknown. Soon, the corpse begins to decompose, emanating an unbearable smell. The remains must be buried as soon as possible. But how will they remember what they have seen? They promise to do it again, this time with a methodical approach, layer by layer, and above all, enlisting a draughtsman to preserve the record of what they have seen. They will remove the skin from a body, only to replace it with another. They will represent it on vellum, that is, on tanned skin, making what envelops the flesh the support for its interiority.

At first glance, what immediately strikes most viewers in Luboš Plný’s work is their flatness. The drawings unfold without perspective, shadows, or depth, all with the intention of spreading across the white plane the tremendous abundance of information it contains. This submission to the image plane responds to a demand for clarity. The artist’s approach here is akin to that of a modern scientist, eager to leave nothing in the dark. “Depth,” as Edmund Husserl said, “is a symptom of the chaos that true science must order into a cosmos, into a simple, completely clear and unfolded order. True science knows no depth.”

It is around the 13th century that modern anatomy was born. Tradition has preserved a few notable names, such as Roland of Parma, Gui de Chauliac, or that English surgeon, John Arderne, whose dissections were drawn by a student. While the early representations were still crude, the progress of illusionistic drawing during the Renaissance—employing the use of perspective and shading—enabled the development of increasingly faithful images. In just a few centuries, the representation of the dissected body reached new heights, as demonstrated by the famous plates drawn around 1830 by Nicolas-Henri Jacob for the physician Jean-Marc Bourgery—astonishingly and terrifyingly realistic. However, the complexity of these plates filled with intricate details made them less didactic and difficult to memorize. Seeing everything doesn’t necessarily mean knowing everything. As a result, from the 1850s onwards, anatomical drawings started to undergo a process of simplification. Certain poses became customary, some colors became conventional, and reference planes became standardized. This clean, impersonal approach to anatomy, closer to a military map than to a naturalistic representation, still prevails in anatomy textbooks, although in recent decades, medical imaging (ultrasound, CT scan, MRI) has tended to promote a more individualized approach.

However, Luboš Plný’s drawings reconnect with a much more archaic form of anatomy, one that is not descriptive but rather similar to when physicians depicted, in the form of diagrams, the supposed relationships between organs and constellations of the zodiac—a whole system of invisible influences and correspondences that drawing aimed to reveal. Luboš Plný seeks less to show the observable reality of a dissected body than to represent its functioning, real or imaginary, and above all, to translate what he feels in his own body, for it is primarily his organs and humors that he depicts. His drawings have no universal vocation, except for their destiny as works of art. They account for his sufferings, pleasures, and obsessions. And to confirm this subjective approach, his drawings are meticulously dated: the day, the hour, the minute, the time he spent executing them, but also the number of days that separate their creation from his own birth. Each one is a map of his physical and mental state at a given moment in his life. Thus, his drawings are the antithesis of a medical anatomical plate, which seeks universality and timelessness, and which, therefore, is incapable of accounting for the connections that unite a particular body with its consciousness. Because that is precisely what it is: a personalized anatomy day by day, an ephemeris of the body that records its changes in condition, its internal conflicts, its torments, and its pleasures. Luboš Plný reminds us that the body and the present moment are the only two things given to us.

One must forgive me for this long detour to address Luboš Plný’s drawings, as the uniqueness of his work only becomes apparent when placed within a history of representing the depths of the human interior. He presents us not only with depiction of anatomy plates or their mere parody, but rather a clever interplay of mirrors and iconographic references. The artist has assimilated a wide range of images, as evidenced by those he incorporates into his own drawings through collages or quotations. These elements act as grafts, seamlessly blending onto the bodies of his anatomical figures.

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English

In a well-known drawing by Albrecht Dürer, he is depicted naked, with his finger pointing to his left flank. The drawing is accompanied by an inscription: “Where the yellow spot indicated by my finger is located, that’s where I suffer.” Dürer is indicating the location of his spleen. According to the theory of humors prevalent during the Renaissance, this organ, associated with the planet Saturn, secretes black bile, the humor of melancholy.


Portrait de Luboš Plný, 2011

Luboš Plný dans son atelier, 2011

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Luboš Plný à l’Académie des Beaux-arts de Prague, 2011

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Luboš Plný dans son atelier, 2011


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Ce catalogue a été publié à l’occcasion de l’exposition Luboš Plný: body language à christian berst art brut, du 9 septembre au 22 octobre 2023. This catalog has been published to mark the exhibition luboš plný: body language at christian berst art brut from September 9th to October 22th, 2023. Remerciements à Manuel Anceau, Elisa Berst, Anaïs Boulon, Adriana Bustamante, Antoine Frérot, Cléophée Fusier, Daniela Garcet, Amanda Jamme, Carmen et Daniel Klein, Guillaume Oranger, Jonathan Schurdevin, Lucie Žabokrtská, Zoé Zachariasen Traduction Juliet Powys Crédits photo portraits performance Vladimír Št Pánský 2003 Crédits photo portraits © Mario del Curto © christian berst art brut, 2023 www.christianberst.com

christian berst art brut


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