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7,50 € /Bel/Lux : 8 €/Italie/Port.Cont : 8,40 €/Suisse : 12,70 CHF/Dom : 8,40 €/Can. 11,99 CAD/Andorre : 7,50 €/Polynésie : 1080 CFP

l’amateur de cigare

L’Amateur de Cigare • N° 95 • JUILLET/AOÛT 2013

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No 95 – juillet/août 2013

de cigare SPÉCIAL CUBA EXCLUSIF LES NOUVEAUX HAVANES AU BANC D’ESSAI LE HAVANE, UN PRODUIT DE LUXE ? LES CAPES SECRÈTES DE PARTIDO

PORTRAITS FRANCIS KURKDJIAN LE NEZ DU CIGARE L’INFRÉQUENTABLE CHARLIE SHEEN MARC FIORENTINO LE CIGARE DU TRADER L 17881 - 95 - F: 7,50 € - RD

luis fernandez UN AMATEUR DÉCOMPLEXÉ


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CIGARE  CUBA

20  l’amateur de cigare


95 Cuba 2013_Amateur 06/06/13 11:50 Page21

C

CIGARE  CUBA

ÉTAT DES LIEUX 2013

des havanes en classe affaires Le havane est-il devenu un produit de luxe ? Son prix moyen a augmenté de plus de deux points en huit ans, du fait de la mise sur le marché de cigares d’exception onéreux. Mais les puros plus modestes ne sont pas pour PAR CAMILLE SIFER

autant passés aux oubliettes. Analyse.

L

e bon sens ou la suspicion conduisent généralement à penser que quand une entreprise ne communique pas ses chiffres, c’est qu’ils sont mauvais. Ou qu’ils risquent d’être mal interprétés. Habanos S.A. n’échappe pas à la règle quand, depuis cinq ans, elle n’annonce plus le volume annuel de ses exportations. La dernière fois qu’elle l’a fait, c’était en 2007 : 140 millions de havanes avaient alors été fabriqués et exportés. Selon des sources proches de la direction, ce chiffre serait passé en 2012 à 86 millions. Soit une baisse de 35 %, explicable en majeure partie par la baisse de la consommation due aux lois anti-tabac qui presque partout dans le monde réduisent considérablement les possibilités de déguster un cigare.

L’adieu aux Gispert Mais parallèlement à cette baisse importante en volume, le chiffre d’affaires, lui, est en augmentation quasi constante. Il a atteint 416 millions de dollars en 2012, soit 6 % de plus que l’année précédente. Première explication : la baisse des résultats sur les marchés A Holguín, où sont fabriqués les José L. Piedra.

PHOTOS

© THIERRY DUSSARD

européens (en Espagne notamment, qui demeure le premier marché pour les havanes, mais pour combien de temps encore ?) est compensée par de très bonnes ventes sur le continent asiatique (en Chine surtout, qui est aujourd’hui le troisième marché pour les havanes, après l’Espagne et la France). Deuxième explication : le prix moyen des havanes a beaucoup augmenté. En France, par exemple, il est passé de 7,32 euros en 2005 à 9,82 euros cette année. Soit deux points et demi de hausse. Or, dans la même période, on s’aperçoit que le prix de la plupart des vitoles classiques a certes augmenté, mais dans une moindre mesure. Ainsi, toujours en France, le Robustos de Cohiba est passé de 15 euros en 2005 à 16,30 euros en 2013, le Montecristo N° 4 de 7 à 7,90 euros, le Partagas D4 de 11 à 12,30 euros. En fait, l’augmentation de ce prix moyen est due en bonne part à la montée en gamme générale du catalogue des havanes. D’abord par élimination de nombreuses vitoles bon marché, souvent en tripe courte : adieu les Troya, les La Corona, l’admirable Gispert, que chérissaient les

Des résultats en hausse.

21  l’amateur de cigare


95 Test_Amateur 06/06/13 12:06 Page34

CIGARE  TEST

Avec l’été et les

CHALUMEAUX

dégustations en plein

qui trop embrase…

air, les chalumeaux reprennent du service. Attention, tous ne sont pas équivalents, surtout en ce qui concerne la

2,5/10

5,25/10

5,67/10

5,83/10

sécurité d’utilisation. PAR JACQUES CHEVALIER ET RÉGIS COLINET

ZIPPO BLU GOLD 1 flamme

SIGLO GEOMETRY 1 flamme

VECTOR URBANO * 3 flammes

SAROME JB 98 1 flamme

125 €

100 €

58 €

46 €

MANIABILITÉ

4,0

5,0

6,5

5,0

RÉGLAGE DE LA FLAMME

2,5

5,0

4,5

5,0

PRÉCISION DE L’ALLUMAGE

2,5

7,5

5,5

5,5

SÉCURITÉ DE L’UTILISATION

2,5

6,5

7,0

6,5

ESTHÉTIQUE

2,5

4,5

5,0

6,5

RAPPORT QUALITÉ/PRIX

1,0

3,0

5,5

6,5

PRIX

 OBSERVATIONS

Mécanisme aléatoire et finition approximative. Utilisation très peu sécurisée, voire dangereuse.

34  l’amateur de cigare

Petit en main et peu maniable. L’articulation du couvercle manque de fermeté.

Muni d’un emporte-pièce et d’un abattant astucieux. Les trois flammes, difficilement réglables, peuvent être trop puissantes.

Couvercle et allumage en deux temps. Flamme à incandescence sécurisante mais un peu faible.


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CIGARE

TEST

LE TEST La qualité d’un chalumeau ne se mesure pas seulement à la vigueur de sa flamme. Nous avons vérifié la qualité du réglage, sa régularité et sa

précision. Nous avons indiqué par un astérique les chalumeaux qui bénéficient d’un service après-vente. Ce n’est pas négligeable!.

6,25/10

Les gagnants 7,42/10

7,42/10

7,42/10

Une fois n’est pas coutume, trois gagnants sortent ex aequo de ce test. Précision de l’allumage et sécurité d’utilisation les ont nettement démarqués de leurs concurrents.

XICAR EXECUTIVE * 1 flamme

PRINCE POCKET TORCH * 1 flamme

ZINO JETFLAME * 1 flamme

COLIBRI BELMONT * 1 flamme

50 €

35 €

96 €

40 €

MANIABILITÉ

6,5

7,5

8,5

7,0

RÉGLAGE DE LA FLAMME

6,0

7,0

5,5

5,0

PRÉCISION DE L’ALLUMAGE

7,5

7,5

7,5

7,5

SÉCURITÉ DE L’UTILISATION

6,0

8,0

8,0

8,0

ESTHÉTIQUE

5,0

5,0

8,0

8,5

RAPPORT QUALITÉ/PRIX

6,5

9,5

7,0

8,5

Bonne prise en main et rapport qualité/prix convenable. Style néo-rétro.

Un grand classique devenu incontournable. Le meilleur des rapports qualité/prix.

Bonne puissance de flamme. Excellente prise en main avec un bouton poussoir efficace.

Très joli design. Compact et léger dans la poche. Le réservoir de gaz est un peu petit.

PRIX

 OBSERVATIONS

35  l’amateur de cigare

Le barème Les critères et le résultat final sont notés sur 10. Les chalumeaux nous ont été aimablement prêtés par : Le Lotus 8, rue de l’Arcade 75008 Paris Tél. : 01 42 65 35 36 La Civette 157, rue Saint-Honoré 75001 Paris Tél. : 01 42 96 04 99


95 Bettane_Amateur 06/06/13 12:20 Page46

SAVEURS  VINS ET ALCOOLS

ROSÉS

TOUR DE FRANCE

Dur pour eux ! Prisonniers d’une image de vins de bord de piscine avant la sieste, ni blancs ni rouges, incapables d’exprimer un terroir, les rosés sont trop souvent méprisés. À table pourtant, certains peuvent faire merveille.

PAR MICHEL BETTANE

L

es vignerons ont produit des rosés bien avant les vrais rouges car on ne sut pas vinifier des vins colorés et de garde avant la fin du XVIIIe siècle. Issus de cuvaisons courtes (parfois longues, comme dans le Jura), les vins vermeils, ancêtres des clairets bordelais, ont progressivement fait place à des vins plus pâles, presque gris, qui allient la finesse des vins blancs au fruit des raisins rouges. Mais il y a une palette infinie de couleurs, y compris dans une même appellation, qui vont du pelure d’oignon aux rose saumon, rose fuchsia, rose bleuté, rose argent, rose grenadine, selon les raisins et les choix du vinificateur. Quelques appellations autorisent l’assemblage à la vinification de raisins blancs et de raisins rouges, ce qui apporte une vraie distinction au produit, mais toutes, sauf les effervescents de Champagne ou de Bourgogne, interdisent le coupage, à savoir l’assemblage de vins faits. Cette triste pudibonderie profite aux grands champagnes qui depuis longtemps connaissent les avantages d’utiliser un pourcentage de vin rouge de pinot noir pour sublimer une base de vin tranquille blanc. Quant à la couleur, elle est donnée par trois techniques, utilisées seules ou en assemblage : le pressurage direct du raisin pour les rosés pâles, une courte macération (quelques heures) sur les peaux du raisin avant fermentation ou une courte fermentation (un à trois jours) qu’on saigne immédiatement en séparant le jus un peu coloré et le marc avant de terminer la fermentation du jus à part. Pour éviter les départs d’oxydation de la couleur et les nuances orangées qui déplaisent à certains, certains rosés sont acidifiés à l’acide tartrique, ce qui préserve mieux le bleuté initial de la teinte rose. Heureusement, les meilleurs stylistes se refusent à durcir le vin pour la seule vertu de la couleur ! Les rosés se boivent presque tous le premier été suivant la vendange. C’est fort dommage pour Chinon les meilleurs qui gagnent considérablement à attendre le second. J’ai sélectionné dans un petit parcours à travers la France douze propriétés dont le vin rosé brillera non seulement en apéritif mais aussi à table où se trouve sa vraie place. Pour presque tous, le millésime 2012 sera le seul en vente et il ne faudra pas trop tarder à l’acheter car le cycle de commercialisation de ces Crestet Aix Génissac vins est fort court !

Rivesaltes

PHOTO

© QUENTIN PRÉAU

Tavel

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Nice

Bandol La Londesles-Maures

Lumio


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SAVEURS

VINS ET ALCOOLS

Alpes-Maritimes Château de Bellet

Corse Clos Culombu Ribbe Rosse

Gironde Château Penin

Gard Château d’Aquéria

AOP Bellet 482, chemin du Saquier, 06200 Nice Tél. : 04 93 37 81 57

AOP Corse-Calvi Chemin San Pedru, 20260 Lumio Tél. : 04 95 60 70 68 contact@closculombu.fr

AOP Tavel Famille de Bez, route de Roquemaure, 30116 Tavel Tél. : 04 66 50 04 56

chateaudebellet@aol.com

Ribbe Rosse 2011 : 16 € env.

AOP Bordeaux rosé et Bordeaux clairet Vignobles Carteyron 33420 Génissac Tél. : 05 57 24 46 98

contact@aqueria.com

vignoblescarteyron@orange.fr

Tavel : 10,50 € env.

Baron G. 2012 : 19,50 € env. Voici sans doute le plus rare et le plus élégant rosé de France : les 50 ha actuels de l’appellation sont les restes d’un très important vignoble de plus de 1 000 ha qui couvrait toutes les hauteurs de la ville de Nice. Ce qui a échappé aux promoteurs, des dizaines de petites restanques gorgées de soleil mais ne souffrant jamais de sécheresse grâce à des précipitations non négligeables et à des vents permanents, permet à des raisins très originaux, rolle pour le blanc, braquet et folle noire pour les rouges et rosés, d’atteindre une finesse de maturité inégalable. Ghislain de Charnacé, descendant des barons de Bellet, vient de vendre ses 13 ha de vignes à La Française REM, riche gérante de biens immobiliers qui est la mieux placée pour aider la mairie de Nice à protéger le site. Mais il garde la propriété du château et du parc et continue à vinifier un vin qu’il a porté aux sommets de la Provence. Son rosé de braquet possède le plus raffiné des arômes floraux imaginables et une délicatesse de fruit merveilleuse. Son extrême rareté (souvent moins de 3 000 bouteilles) fait de chaque flacon un événement.

Il faut absolument réviser les vieux clichés sur les rosés corses : fini, l’époque où ils nous fracassaient le crâne. Une génération passionnée de viticulteurs leur redonne des lettres de noblesse, particulièrement sur les sols de type granitique ou schisteux qui donnent aux raisins le maximum de pureté et de finesse. Le jeune Étienne Suzzoni, un double mètre vigneron, excelle aussi bien en technique pure de vinification qu’en respect du terroir. De ses trois rosés, Culombu, Clos Culombu et Clos Culombu Ribbe Rosse, c’est le troisième qu’il faut rechercher pour sa vinosité et sa finesse. Si on lui donne une année de bouteille, il révèle des arômes surprenants où les essences aromatiques locales le disputent à une touche de cédrat venant peut-être de la petite proportion de vermentinu blanc très adroitement incorporée. Sur un chapon de Méditerranée et encore plus sur une langouste, je ne connais rien de plus adapté.

Château Penin Clairet 2012 : 6,80 € env. De façon fort originale, Bordeaux a développé deux types de vins rosés : un vin de caractère traditionnel, obtenu après une saignée de quelques heures, et un vin plus original, cuvé un peu plus longtemps, un peu plus foncé mais moins foncé qu’un rouge, ce qui explique son nom de « clairet ». Patrick Carteyron réussit avec une grande régularité les deux types et accentue même leur différence de caractère par des choix d’encépagement différents : le rosé normal est à large dominante de cabernetsauvignon, ce qui lui donne un peu plus de nerf et d’élan, mais le clairet provient exclusivement de merlot. Il gagne en chair, en rondeur et en puissance ce qu’il perd en délicatesse aromatique. Les Bordelais et de nombreux étrangers raffolent du fruit de ces deux vins qu’on respectera en les servant légèrement frais (entre 12 et 14 °C). Ce sont des vins de barbecue parfaits à condition de ne pas trop épicer les viandes ou les saucisses.

S’il ne fallait retenir qu’un rosé dans ce grand tour de France, ce serait celui-là, puisque Tavel fut en 1936 la première appellation reconnue en rosé, et si réputée que les vignerons en firent leur couleur exclusive, ce qu’ils regrettent peut-être aujourd’hui. Depuis des décennies, Aquéria définit le type même du grand tavel, où la générosité en alcool du vin est largement équilibrée par sa vinosité et sa complexité harmonieuse de fruit. L’ensemble des cépages rhodaniens concourt à cette harmonie, avec plus de 15 % de raisins blancs (clairette, picpoul, bourboulenc) qui allègent la base de grenache (50 % ou plus de l’ensemble). Les « épices » sont données par de petites proportions de syrah et de mourvèdre, liés par le délicat cinsault. On trouve ici dès la seconde année de bouteille tout ce qu’on aime dans le fruité des beaux rouges de la rive opposée (Châteauneuf-du-Pape) mais sans lourdeur de tannin ou de notes giboyeuses. Le vin peut vieillir encore cinq ans de plus en renforçant la partie épicée de son caractère mais il ne faut pas alors le servir trop frais (14-15 °C mais pas davantage). Il est bien dommage que de nombreux autres tavels jouent la carte de la banalité, comme effrayés par la puissance native de ce terroir. C’est le devoir d’une nouvelle génération de producteurs locaux de se ressourcer en prenant leur inspiration dans la magnifique continuité de cette propriété d’exception.

47  l’amateur de cigare


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