No 96 – septembre/octobre 2013
l’amateur de cigare
L’Amateur de Cigare • N° 96 • SEPTEMBRE/OCTOBRE 2013
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de cigare
7,50 € /Bel/Lux : 8 €/Italie/Port.Cont : 8,40 €/Suisse : 12,70 CHF/Dom : 8,40 €/Can. 11,99 CAD/Andorre : 7,50 €/Polynésie : 1080 CFP
NICARAGUA LA NOUVELLE PUISSANCE
LAS VEGAS LE GRAND BUSINESS DU CIGARE ABBÉ DE LA MORANDAIS « LE CIGARE C’EST L’HONNEUR DU PLAISIR » PRATIQUE LES MEILLEURES BOUGIES ANTI-ODEURS
DÉGUSTATION
CUBA LES NOUVELLES ÉDITIONS LIMITÉES 2013 DIX NICARAGUA INÉDITS
L 17881 - 96 - F: 7,50
- RD
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CIGARE
20 l’amateur de cigare
NICARAGUA
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C
DAVIDOFF
une nouvelle aventure Hendrik Kelner, créateur de la ligne Davidoff dominicaine, vient de concevoir un assemblage 100% Nicaragua. En juin dernier, il était à Paris pour présenter à notre comité de dégustation cette nouvelle gamme. La célèbre bague blanche est passée au noir absolu pour la circonstance. Une réussite. PROPOS RECUEILLIS PAR CAMILLE SIFER
PHOTOS
© LUC MONNET P. 20 ET GUILLAUME TESSON P. 21-22
L’Amateur de Cigare : Henke, elle est de vous, cette idée d’entraîner Davidoff au Nicaragua ? Hendrik Kelner : Ah ! non, pas du
Maestro, please…
sommet à cette époque. Mais il faut évidemment veiller à ce que nos demandes soient respectées. C’est une autre histoire…
tout ! Ça, c’est une idée du marke- Hendrik Kelner nous présente les nouveaux Davidoff Nicaragua L’ADC : Que recherchez-vous quand vous créez un nouveau cigare ? ting, bien sûr. Faire un cigare (voir Dégustation, Grand Format, p. II et III). H. K. : Je recherche une stimulation complète 100 % Nicaragua ! Ils y ont pensé il y a un peu plus d’un an, puis ils m’ont interrogé : peutde toutes les zones du goût. C’est une équation qui permet on faire un bon cigare avec ce tabac ? J’ai dit oui parce que d’élaborer des cigares équilibrés, en puissance et en saveurs. je connais bien le Nicaragua. Pendant très longtemps, j’y suis allé au moins trois fois par an. J’ai travaillé avec Néstor L’ADC : Et le terroir ? H. K. : C’est secondaire par rapport au blend. Vous avez Plasencia, le plus grand éleveur de tabac du pays. J’avais même acheté un important stock de feuilles de cape de la des zones tabacoles avec des qualités différentes, l’essentiel récolte 2003 lors d’une vente de tabac à Bâle en 2004. est de savoir les harmoniser. Regardez la République dominicaine : on dit trop souvent que son terroir manque de L’ADC : Quelle est la plus grande différence avec les Davidoff personnalité, mais ce n’est pas le cas. Il y a dans ce pays dominicains ? une variété inouïe de zones tabacoles bien distinctes avec H. K. : Leur impact sur le palais. Le tabac du Nicaragua est des propriétés très différentes. C’est pourquoi l’ensemble puissant et stimule fortement la zone palatale. C’est pourapparaît confus ou disparate, il est impossible de lui donner quoi nous avons dû équilibrer le blend de ces cigares en une seule et même identité ! utilisant quatre types de tabac nicaraguayen : Estelí pour son impact sur le palais, Ometepe, qui apporte douceur L’ADC : Dans ce long processus qu’est l’élevage de la feuille de tabac, quel est selon vous le moment le plus important ? et acidité sur la langue, Condega pour les sensations épicées H. K. : Celui de la récolte. Là, il faut écouter ce que disent au centre de la langue et Jalapa pour sa légèreté. Nous sommes même allés plus loin : je préfère la récolte d’hiver les feuilles. Car elles parlent ! Quand elles se cassent avec pour le tabac d’Ometepe car ses caractéristiques sont au un petit bruit sec, c’est le moment de les couper. C’est ce 21 l’amateur de cigare
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CIGARE TEST
EMPORTE-PIÈCES
Bien qu’ils aient du mal à convaincre
peut mieux faire
les amateurs, les emporte-pièces ont leurs aficionados. Nous avons fait, pour ces derniers, un tour
5,42/10
6,33/10
6,42/10
6,42/10
6,50/10
ZINO
LUBINSKI
XICAR
XICAR
VECTOR
LAME AFFÛTABLE
LAME AFFÛTABLE
d’horizon du marché. Bilan : des performances certes inégales mais peu de prouesses. Un peu plus d’ingéniosité serait bienvenue ! PAR JACQUES CHEVALIER ET RÉGIS COLINET
LAME AFFÛTABLE PRIX PRIX
105€
30,00 €
60 €
55 €
65 €
MANIABILITÉ
5
6,5
5,5
5,5
7,0
TRANCHANT
6,5
5,0
6,5
7,0
6,0
PROFONDEUR DU PERÇAGE
5,0
7,5
8,0
6,0
8,0
ÉVICTION DU TABAC COUPÉ
6,0
5,5
7,0
6,5
5,5
ESTHÉTIQUE
5,5
6,0
5,5
7,0
6,0
RAPPORT QUALITÉ/PRIX
4,5
7,5
6,0
6,5
6,5
Tranchant médiocre mais petit prix.
Trois profondeurs de perçage mais un peu lourd et glissant en main. Pour gros diamètres.
OBSERVATIONS
Large tranchant adapté aux gros diamètres. Manipulation compliquée et sortie de la lame peu fiable.
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Sortie de lame peu fiable.
Adapté aux petits diamètres. Bonne profondeur de perçage mais un peu glissant en main.
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CIGARE
LE TEST Ce test regroupe des emporte-pièces de dépannage à petit prix et des accessoires durables à lame affûtable – voir avec
votre civette. Exercez-vous avec les premiers si vous ne faites pas encore partie des convaincus. Attention à ne pas utiliser une lame trop large pour le diamètre de la vitole. Un peu
6,50/10
EUROTAB
TEST
délicats à manier, les emporte-pièces ont l’avantage de respecter la tête du cigare.
Le gagnant 6,75/10
6,67/10
6,67/10
S.T. DUPONT
DUNHILL
XICAR
LAME AFFÛTABLE
LAME AFFÛTABLE
LAME AFFÛTABLE
PRIX
10 €
80 €
125 €
50 €
MANIABILITÉ
6,5
5,5
6,5
7,5
TRANCHANT
5,0
7,5
7,5
7,5
PROFONDEUR DU PERÇAGE
7,5
6,5
7,5
6,5
ÉVICTION DU TABAC COUPÉ
6,5
7,0
7,0
7,0
ESTHÉTIQUE
5,0
7,0
7,5
5,5
RAPPORT QUALITÉ/PRIX
8,5
6,5
4,0
6,5
Très bon tranchant, bonne protection de la lame rétractable mais maniement peu commode.
Très bel objet en résine. Excellent tranchant mais le blocage de la lame laisse à désirer.
Un grand classique adapté aux petits diamètres et à la maniabilité impeccable.
OBSERVATIONS
Produit de dépannage, efficace et très léger. Excellent rapport qualité/prix.
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Rien de révolutionnaire mais une ergonomie classique au service d’une efficacité sans reproche. Petit, léger, il existe en plusieurs couleurs.
Le barème Les critères et le résultat final sont notés sur 10. Les emporte-pièces nous ont été aimablement prêtés par : Le Lotus 8, rue de l’Arcade 75008 Paris Tél. : 01 42 65 35 36 La Civette 157, rue Saint-Honoré 75001 Paris Tél. : 01 42 96 04 99 Tabac du Dôme 108, bd Montparnasse 75014 Paris Tél. : 01 43 35 23 41
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SAVEURS VINS ET ALCOOLS
GRANDS CRUS DE BORDEAUX
LE VIN DE LUXE : ON S’EN PASSE !
Le terroir bordelais ne se limite pas à quelque cinquante crus aussi célèbres
PAR MICHEL BETTANE
qu’inabordables. De très nombreuses propriétés proposent des vins de qualité comparable, voire supérieure. Suivons le guide.
L
e vin de luxe voit ses prix augmenter de jour en jour, sous le simple effet de l’accumulation de richesses de ses nouveaux clients, ce qui fait enrager et disparaître les anciens. Devenu un symbole de réussite et de statut social, il en a oublié son origine agricole. Vendue à 50 euros, une bouteille de Château Lafite ferait certainement encore gagner convenablement leur vie à ses propriétaires : on imagine ce qu’il en est à 500 euros ! Dans la France d’aujourd’hui, les vins de Bordeaux souffrent du succès planétaire des cinquante marques les plus célèbres et peut-être d’une distribution plus adaptée à l’exportation qu’au marché intérieur. C’est bien dommage pour les meilleurs produits de la catégorie immédiatement inférieure en notoriété (mais certainement pas en qualité). Rappelons que le Bordelais dispose de larges surfaces de terroirs de haute qualité, contrairement à la Bourgogne : c’est par millions de bouteilles qu’on peut y produire des vins du plus haut niveau, d’autant que la façon de travailler des plus grands crus s’est largement étendue à des centaines d’autres. Contrôle strict des rendements, optimisation des dates de vendange, tri de plus en plus sévère et efficace de la récolte, sélection rigoureuse des terroirs et de l’âge des vignes : de très nombreux viticulteurs ont adopté les mêmes méthodes et leurs vins se rapprochent considérablement en qualité de ceux des propriétés les plus en vue, voire parfois les dépassent ! Dans des périodes peu spéculatives comme celle que nous connaissons depuis trois ans, on trouvera facilement son bonheur avec un peu de curiosité, sauf évidemment les pleureurs institutionnels, sans doute fâchés de ne plus pouvoir spéculer eux-mêmes. Les millésimes 2011 et 2012 proposés en « primeur », c’est-à-dire mis en vente avant leur mise en bouteilles, sont de qualité élevée, malgré des conditions climatiques difficiles, et supérieure à celle des grandes années d’il y a vingt ou trente ans.
Je propose ici une sélection forcément personnelle et un peu
PHOTO
© QUENTIN PRÉAU
arbitraire de douze grands vins rouges de Bordeaux, issus de terroirs de premier ordre, figurant dans les classements officiels et élaborés avec la même discipline que les crus les plus en vue d’aujourd’hui. On aura la démonstration qu’on peut parfaitement se passer de ces derniers !
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SAVEURS
VINS ET ALCOOLS
Château Dauzac
Château La Tour Carnet
Château Dauzac
Château Haut-Batailley
Margaux, cru classé en 1855 33460 Labarde Tél. : 05 57 88 32 10
Haut-médoc, cru classé en 1855 33112 Saint-Laurent-Médoc Tél. : 05 56 73 30 90
Margaux, cru classé en 1855 33460 Margaux Tél. : 05 57 88 31 02
Pauillac, cru classé en 1855 33250 Pauillac Tél. : 05 56 59 06 66
chateaudauzac@chateaudauzac.com
latour@latour-carnet.com
info@durfort-vivens.com
dfxb@domainesfxborie.com
L’appellation margaux ne s’est pas construite en un jour, ni sans péripéties judiciaires, spécialement dans sa limite sud, sur les communes de Labarde et Arsac. En deçà d’une ligne presque imaginaire, vous êtes margaux et fameux, au-delà haut-médoc et plus roturier. Mais dans ce secteur, on trouve d’excellentes terres à vigne, justifiant l’appellation, comme celles de Château Dauzac qui a su constituer à partir de la fin du XVIIIe siècle une entité viticole de qualité et un vin réputé. Le château avait perdu après la crise de 1929 une bonne partie de sa qualité et de son prestige et il a fallu attendre 1989 et son rachat par la Mutuelle des instituteurs de France, parfaitement conseillée par André Lurton et sa fille Christine, pour qu’il produise à nouveau des vins dignes de lui, splendides exemples de margaux par leur qualité de fruit et de tannin. Celle-ci a encore fait des bonds en avant depuis 2008 et se compare aisément à celle de crus vendus deux ou trois fois plus cher. Prix actuel du 2012 en primeur : environ 26 euros HT.
Nous sommes à la période de la guerre de Cent Ans. On n’a jamais entendu parler de Mouton, Lafite, Latour, encore moins de Petrus ou de Cheval Blanc mais le commerce des vins de Saint-Laurent est déjà florissant. La famille de Foix possède les terres et la forteresse, dont ne subsiste aujourd’hui que « la tour », et sert loyalement les rois… d’Angleterre ! Le propre beau-frère de Montaigne figure parmi ses successeurs et on veut bien croire que le jeune Michel a eu ici de longues discussions philosophiques avec son ami Étienne de La Boétie, dont l’épouse avait elle aussi des vignes en Médoc (château du Castera). Le terroir de ce cru est classique à l’est et fort original pour la moitié ouest, formée d’une butte de calcaire à astéries absolument unique dans le secteur et propice au merlot. Les vins avaient assez de personnalité et de succès en 1855 pour être classés mais comme souvent, la crise de 1929 a entraîné un lent déclin. Bernard Magrez, l’actuel propriétaire, a redonné vie à la propriété, en restaurant les bâtiments et en affinant à chaque nouveau millésime un vin qui sait allier sensualité et rigueur, comme l’aurait certainement apprécié Montaigne ! Le 2012, fruit d’une sélection sévère, est un médoc complet, au potentiel de vieillissement certain : on le trouve aux environs de 21 euros HT en primeur. Dans notre monde fou, vous pouvez donc en avoir quinze bouteilles pour une de Lafite ! Qui a dit que le luxe était cher à Bordeaux ? Château Durfort-Vivens
C’est le second cru important du Médoc à se convertir à la viticulture biodynamique. Avec détermination et sans la moindre ostentation, Gonzague Lurton et ses équipes ont fait un choix courageux et l’évolution des raisins et du vin depuis trois ans leur donne raison. Ce cru a longtemps peiné à trouver un style digne de son prestigieux passé. Rappelons qu’au moment du classement de 1855, le vicomte de Vivens avait porté l’ancienne propriété des Durfort de Duras au niveau de célébrité de Château Margaux ou presque ! Mais le nom même du cru faisait sourire à Margaux, le tannin des millésimes des années 1980 et 1990 n’étant pas spécialement tendre. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et les textures des 2010, 2011 et 2012 se sont considérablement affinées, sans que le vin perde l’énergie et l’intensité propres au cabernet-sauvignon qui domine largement l’encépagement.
Les Bordelais abusent de l’adjectif « haut » : un mètre de plus et le tour est joué. Pour Batailley, je ne suis même pas sûr du mètre, mais ici « haut » a dû compenser « petit », car en 1942 la famille de négociants corréziens Borie s’est partagé le domaine, la plus grosse part allant à Marcel, la plus petite (22 ha) à Francis. Quant au nom Batailley, il viendrait des batailles livrées en 1453 pour reprendre des terres anglaises à Pauillac, dont Saint-Lambert, c’est-à-dire Latour. FrançoisXavier Borie a hérité HautBatailley de sa mère, consacrant cependant pendant quelques années tous ses efforts à son autre cru, bien plus connu, Grand-Puy-Lacoste. Mais le terroir graveleux magnifique des quartiers de Bages méritait qu’on aille jusqu’au bout de son potentiel et dans les derniers millésimes le vin a pris du corps et de l’énergie sans perdre en finesse, devenant un très beau pauillac classique, au nez de graphite et de cèdre.
Ces progrès sont trop récents pour que le public international ait fait flamber les prix : le 2012 se négocie à 22-23 euros HT, ce qui en fait le meilleur rapport qualité/prix, et de loin, en second cru classé.
Très sagement, François-Xavier Borie n’a pas été trop gourmand en matière de prix et son 2012 est disponible aux alentours de 23 euros HT, soit au tiers du prix des cinquièmes crus les plus huppés de Pauillac !
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