9,50 € /Bel/Lux : 10 €/Italie : 10,50 €/Suisse : 15 CHF/Port.Cont : 10,50 €/Dom. Surf : 10,4 €/Can. 13,99 CAD/Andorre : 6,50 €/Polynésie : 1300 CFP/USA : 11,50 USD
L’Amateur de Cigare • N° 94 • MAI/JUIN 2013
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No 94 – mai/juin 2013
l’amateur de cigare
palmarès 2013 les 130 meilleurs cigares du monde cuba, le triomphe du behike saint-domingue, la suprématie davidoff nicaragua, le roi don pepín
bière et cigare, laissez-vous surprendre patrick raynal, les havanes du vatican vegafina et balmoral, c’est reparti !
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CIGARE CUBA
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FESTIVAL DEL HABANO
le puro en son château Du 26 février au 2 mars, la capitale cubaine s’est mise à l’heure du fleuron national, vivant et pensant cigare du matin au soir. L’Amateur vous raconte.
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PAR GUILLAUME TESSON
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CIGARE
Sang neuf pour Montecristo, Vegueros et Partagas C’est la raison d’être du festival. Foin de suspense, voici les nouveautés annoncées par Habanos S.A...
Vedette de la soirée de bienvenue du festival, Montecristo accueille deux nouvelles vitoles : un épais Double Edmundo (19,84mm× ø 155mm) et un Petit N° 2 (20,64 mm × ø 120 mm), réplique miniature du célèbre obus. La fleur de lys et le liseré de la bague sont désormais dorés. Une arme de plus pour lutter contre le marché du faux. Les autres marques cubaines vont peu à peu rendre leurs bagues plus difficiles à copier, a averti Habanos S.A. Plus qu’un lifting, une résurrection! Habanos S.A. offre au label Vegueros une nouvelle exposition, portée par trois nouveaux modules baptisés d’après le jargon des tabaculteurs : Tapados (18,26 mm × ø 120 mm), Entretiempos (20,64 mm × ø 110 mm) et un petit obus nommé Mananitas (18,26 mm × ø 100 mm), proposés en étuis blanc, vert et noir de cinq et boîtes métalliques de seize modules. La liga a été entièrement remise à plat, passant de fuerte à medio a fuerte. On les trouvera en France en septembre-octobre. Point d’orgue de la soirée de clôture aux couleurs de Partagas, le majestueux Lusitanias Gran Reserva Cosecha 2007 a fait sensation dans son plumier laqué de noir. Seules cinq mille boîtes de quinze unités seront mises en vente. L’assemblage de tabacs vieillis entre cinq et six ans a été conçu par le maestro ligador Arnaldo Bichot. À plus de quatrevingts ans, il est notamment l’« auteur » du récent Serie D N° 5. Trois Éditions limitées ont été annoncées pour 2013 (en civettes cet automne si tout va bien !) : un Romeo y Julieta De Luxe (20,64 mm × ø 162 mm), un Hoyo de Monterrey Grand Epicure (21,83 mm × ø 130 mm) et un Punch Serie d’Oro N° 2 (20,64 mm × ø 140 mm). Du côté des nombreuses Éditions régionales attendues, signalons une première pour Cuba avec un El Rey del Mundo Robusto qu’on ne trouvera que sur l’île.
CUBA
Habanosommelier : la France consolée L
e meilleur habanosommelier 2013 a beau ressembler au chef français Thierry Marx, il est 100 % cubano et officie à la célèbre Bodeguita del Medio, la Mecque du mojito, chère à Hemingway. Sa culture du cigare cubain (saga des marques, dimensions des modules…) et le mariage proposé en finale entre un Romeo y Julieta Wide Churchills et un rhum Legendario 15 ans d’âge ont conquis le jury. Pedro Tejeda a ravi le titre au Vénézuélien José Gregorio Pereira et à l’Anglais Peter Dobrontei. Ni le vainqueur ni ses challengers n’ont pourtant démontré un charisme renversant et tous trois ont commis des fautes techniques. On est d’autant plus déçu pour le candidat français, Fabrice Sommier, chef sommelier de Georges Blanc (voir son portrait dans le n° 93 de L’Amateur), qui s’est vu barrer l’accès à la finale mais a été récompensé du prix de la Meilleure Alliance pour son association Cohiba BHK 56 et Château d’Yquem 1998. Il fallait le voir, tout en bonhomie, citer Frédéric Dard face aux jurés : « Dard disait qu’Yquem, c’est de la lumière à boire. Quel beau projecteur pour un si beau cigare, vous ne trouvez pas ? » Un moment croustillant.
Fabrice Sommier : « J’espère qu’il n’y a pas une malédiction française ! » L’Amateur de Cigare : Sans être chauvin, on est assez surpris de ne pas vous voir sur le podium… Fabrice Sommier : J’ai obtenu 25 sur 30 à l’écrit… Puis le prix de la Meilleure Alliance… Je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas parmi les trois premiers, d’autant que la finale n’était pas d’un grand niveau. J’espère qu’il n’y a pas une malédiction française avec ce concours ! Où avez-vous péché ? Soyons honnête, j’ai commis pas mal de fautes techniques (dont un fatal « cepo de 42 » au lieu d’un « cepo de 52 » pour le Siglo VI, ndlr). J’ai commencé à me préparer en décembre… C’est un peu court. J’ai bien défendu l’accord BHK 56 avec l’Yquem 1998 – pour sa belle acidité – mais ma connaissance du cigare était un peu juste. On ne peut pas débarquer ici en touriste. Amer ? Pas tant que ça. Dans ma tête, j’ai envie de revenir l’an prochain. C’est un peu comme si j’étais venu essuyer les plâtres. Tu paies pour voir. Puis tu retentes ta chance.
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CIGARE
CUBA
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FESTIVAL DEL HABANO
En cuisine, le cigare ne fait pas un tabac
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Jeudi 28 février en fin de matinée, les chefs croates Grgur
Bluffantes dégustations à l’aveugle Ils étaient quinze lors de
Baksic, Zoran Simunic et Pantelija Pekic investissent l’estrade du Palais des Conventions. La démarche est martiale et les blouses blanches amidonnées. Leur cours de cuisine en direct façon « Masterchef » va débuter. Une vidéo présente d’abord nos trois compères en amoureux du cigare, fumant et se servant des verres de Havana Club au-dessus des fourneaux. Pain pétri avec une eau parfumée à l’infusion de tabac, beurre fumé à la volute cubaine, miettes de feuilles de tabac pour remplacer le poivre… Pour eux, le havane, c’est à toutes les sauces. Ils ont même inventé le « sel de la Vuelta Abajo » : des fragments de feuilles de tabac mélangés à du sel récolté
la phase des éliminatoires. Une majorité de torcedoras et torcedores des manufactures El Laguito, La Corona, H. Upmann et Partagas, ainsi que trois sommelières et sommeliers de restaurants cubains. Les yeux bandés, les doigts fébriles, ils avaient dix minutes pour donner les dimensions exactes de trois cigares et leurs noms de galère. À chacun ses « trucs », la largeur de la
en Croatie. Il fallait oser… Sur scène, le trio passe enfin à l’action en présentant une recette (retransmise sur grand écran) de poisson emmaillotté dans une feuille de tabac et une feuille de bananier. Dans la salle, plus de trois cents personnes un peu perplexes se contenteront d’un morceau de pain à tremper dans deux petits fonds de sauce aromatisée au tabac. À mesure que les minutes avancent, les membres du jury se demandent si leur place est si enviable… « Vous voulez que je sois franc ? grimace le journaliste américain James Suckling face à des confrères d’une chaîne de télévision croate. Je n’ai réussi à en manger qu’une seule bouchée. Et j’ai l’impression d’avoir bu deux expressos cul sec… » Dans l’assistance, un Cubain résume, mi-hilare, miphilosophe : « On en a connu, des périodes difficiles, ici… On a fait frire des épluchures d’oranges, on a tenté de cuisiner à peu près tout ce qu’on trouvait… Mais jamais on n’a eu l’idée de cuisiner le tabac ! Le tabac, ça se fume ! »
main comme la longueur des phalanges servant de précieux repères. « D’année en année, le niveau augmente, je suis surpris de voir à quel point les candidats veulent en découdre », nous soufflait en pleine demi-finale Juan José López Freire, le chef des dégustateurs des manufactures cubaines. Une fois le bandeau ôté, les candidats peuvent affiner leur diagnostic et donner le nom commercial de chaque cigare (vitola de salida) et sa marque. Lors de la finale, qui opposait les six meilleurs d’entre eux, Osiris Oramas, le sommelier de la Barca, a réalisé un sans-faute, reconnaissant à l’aveugle un Partagas Short, un Vegas Robaina Famosos et un Hoyo de Monterrey Epicure Especial. Avec force mimiques et postures théâtrales.
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Cocktails et rioja sans fausses notes M
oins de jus de crâne, plus de pratique : les ateliers croisant les alliances entre havanes et alcools ont cette année desserré la ceinture. Décomplexée, la session cocktails a fait le plein. Les festivaliers y ont appris les secrets du mojito, du daiquiri au miel et du cuba libre. L’atelier havanes et rioja a lui aussi mis l’accent sur la pratique, associant H. Upmann N° 2 et Beronia 2008 et Montecristo N° 2 et Dominio de Campo Viejo 2007.
Nuits cubaines : ¡ Partagas, y nada más ! D
es trois soirées qui ponctuent traditionnellement le festival, celle dite de bienvenue, aux couleurs de Montecristo, a particulièrement tenu ses promesses. Les vieilles pierres de la forteresse du Morro, sentinelle veillant sur
La Havane et son port, privatisée pour l’occasion, ont vibré au rythme de la timba de Pupy y Los Que Son Son pour près de mille privilégiés savourant en avant-première Petit N° 2 et Double Edmundo. Les salons protocolaires El Laguito ont abrité à mi-parcours des festivités une soirée en l’honneur des vegueros, ces anonymes qui couvent jour et nuit les précieux plants de tabac. Une belle opération pour les artisans du textile cubain, puisque le dress code imposé aux convives était la traditionnelle guayabera, la chemise cubaine à quatre poches. Côté people, il aura fallu attendre la soirée de clôture, aux couleurs de Partagas, pour croiser l’ex-tennisman Boris Becker, le joueur de basket Gary Payton et l’acteur américain Danny Glover, invités par Habanos S.A., et pour écouter la diva cubaine Omara Portuondo, la voix toujours limpide et poignante à quatre-vingt-deux printemps. Menée tambour battant par le Britannique Simon Chase, la vente aux enchères d’humidors luxueux et extravagants a permis de récolter un peu plus d’un million d’euros pour le système de santé cubain.
Insolite : quand les FARC s’invitent au festival Des délégués des Forces armées révolutionnaires de
Colombie se sont glissés parmi les festivaliers entre deux séances de négociations avec le gouvernement colombien. Les deux parties finalisent en effet à Cuba, dans des salles annexes du Palais des Conventions de La Havane, un accord de paix pour mettre fin à cinquante ans de conflit armé. Lors d’une pause, le havane bien en vue, Iván Márquez, le chef de la délégation de la guérilla marxiste, a déclaré à nos confrères de l’AFP : « Je fume le cigare depuis très longtemps, mais je n’ai pas de marque favorite. » (avec AFP)
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© LUC MONET
DÉGUSTATION PALMARÈS
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les 130 meilleurs cigares du monde le classement de l’amateur
Terroir par terroir, nous avons sélectionné et classé les cigares les plus marquants de l’année 2013. Tous les cigares disponibles en France ont été testés par le comité de dégustation de L’Amateur qui n’a retenu que les seules vitoles notées à au moins quatres bagues avant de les classer en fonction de leur richesse aromatique et de leur équilibre. Pour Cuba, le classement a été effectué à partir des dégustations issues du Havanoscope. C’est ce travail exclusif que nous vous proposons de découvrir dans les pages qui suivent.
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PALMARÈS 2013
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
DAVIDOFF MILLENNIUM BLEND
Le prélude de ce robusto qui a du coffre est tout en suavité et en gourmandise
Robusto
avec des arômes de cacao, de café torréfié et de miel d’acacia. Au fil du fumage, soutenue par une puissance qui va crescendo, la vitole exhale des senteurs de tourbe et de sous-bois. Quelques pointes d’amande fraîche sont les bienvenues. C’est au troisième tiers que le dominicain donne toute sa voix mais la force – notable – n’écrase jamais une expression aromatique très empyreumatique et intense. Profondeur, souplesse et moelleux jusqu’au final. Du rythme et de la gourmandise : une superbe personnalité.
Cape : Équateur Sous-cape, tripe : Rép. dominicaine Robusto 133 mm × Ø 20 mm 14 €
2e ARTURO FUENTE OPUS X
Une superbe entrée en matière. La puissance, soutenue, porte une magnifique
Robusto
palette d’arômes luxueusement boisés et assortis de pointes poivrées. Plein et entreprenant, le cigare évolue ensuite vers des notes plus automnales (sous-bois, humus). La force prend encore de l’amplitude sans être agressive. Très musclé, le final se joue sur des notes empyreumatiques de café torréfié. Un robusto qui joue à fond la carte séduction.
Cape, sous-cape, tripe : Rép. dominicaine Robusto 130 mm x Ø 20 mm 26 €
3e ZINO PLATINUM CROWN SERIES
Emperor Édition limitée 2010 Il faut prendre son temps pour allumer une telle pièce, mais dès qu’il est lancé, Cape : Équateur Sous-cape, tripe : Rép. dom. Nicaragua Gros robusto 127 mm × Ø 25 mm 22,80 €
ce Zino déploie de belles senteurs herbacées et poivrées. Le volume de fumée est impressionnant mais la puissance très modérée. Au fil du fumage, les notes deviennent plus organiques, avec des pointes de noisette fraîche. L’intensité augmente et la puissance monte crescendo. Le dernier tiers est corpulent, un peu plus amer mais de belle tenue. Une vitole exigeante qui ne conviendra pas aux débutants mais qui vaut le détour.
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PLÉIADES XXE ANNIVERSAIRE Robusto Cape : Équateur Sous-cape, tripe : Rép. dominicaine Robusto 127 mm × Ø 20,64 mm 8,10 €
5e
Un bon départ sur des notes de bois précieux (cèdre), de terre et d’épices. La
fumée, importante, se révèle vite aérienne et élégante. Puis le robusto devient rond et gourmand en délivrant des notes de café torréfié et de brioche. Du fondu, du moelleux, un peu de noix fraîche au final : un excellent dominicain, doux et équilibré, un vrai cigare-plaisir.
LA FLOR DOMINICANA L300 Cape : Sumatra Sous-cape, tripe : Rép. dominicaine Grand robusto 146 mm × Ø 19,84 mm 7€
6e
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Le L300 demeure le fleuron de la marque fabriquée par Litto Gómez en
République dominicaine. À l’inverse de la plupart des dominicains, il commence par délivrer des arômes empyreumatiques de cacao et de café avant d’évoluer vers des senteurs boisées et épicées. D’une puissance modérée, il est savoureux et très bien construit.
THE GRIFFIN’S 300 Cape : Équateur Sous-cape, tripe : Rép. dominicaine Corona gorda 159 mm × Ø 17 mm 8,50 €
Après quelques pointes piquantes vite dissipées, la tonalité évoque le bois
précieux (cèdre). La fumée est ample, légère et élégante. Le dominicain est de plus en plus goûteux, extrêmement fin et raffiné. Quelques touches de fougères ainsi que de délicieuses notes miellées complètent une dégustation des plus agréables. Aucun soubresaut, aucune note discordante jusqu’au final. Une pièce tout à fait désirable.
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