9,50 € /Bel/Lux : 10 €/Italie/Port.Cont : 10,50 €/Suisse : 15 CHF/Dom : 10,50 €/Can. 13,99 CAD/Andorre : 6,50 €/Polynésie : 1300 CFP
de cigare
L’Amateur de Cigare • N° 100 • MAI/JUIN 2014
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No 100 – MAI/JUIN 2014
numéro
meilleurs cigares du monde 2014
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L‘AMATEUR DE CIGARE
D
ouble événement que ce numéro 100 puisqu’il marque aussi les vingt ans de L’Amateur de Cigare. La meilleure façon de le fêter nous a semblé de vous offrir notre palmarès des 100 meilleurs cigares du monde. Fidèles à notre philosophie de la dégustation, nous les avons classés dans leur terroir (Cuba, Honduras, Nicaragua, République dominicaine) par ordre de préférence. Nous avons éliminé ceux qui sont difficiles à trouver aujourd’hui, notamment les Éditions limitées antérieures à 2013. Pour ce numéro 100, nous vous sommes aussi redevables, chers lecteurs, d’une déjà longue histoire. Aussi avons-nous demandé à tous ceux que vous lisez régulièrement dans L’Amateur de raconter leurs débuts dans notre revue. Ils le font tout au long du numéro, sous la bague ils font L’Amateur . Une façon de dire qu’ici, dans ces pages, vous êtes chez vous.
Les tests ont été réalisés par le comité de dégustation de L’Amateur de Cigare : Jacques Chevalier Alban Cordier Philippe Dupont Jean-Alphonse Richard Gabriel Valentin
ANNIE LORENZO
3 vingt ans plus tard par Jean-Paul Kauffmann
8 petit journal
cigare 20 De Santiago à La Havane Le cigar show 21 Au pays des géants par Laurent Mimouni
10 shopping
34 palmarès 2014 36 CUBA 49 HONDURAS
par Jean-Paul Kauffmann
25 Vive le havane !
par Bertrand de Lajugie
par Thierry Dussard
53 NICARAGUA
par Philippe Hupp
styles 82 Moto Triumph Thunderbird LT Dévoreuse de motorways
LUC MONET
par Thierry Dussard
16 le grand entretien Pierre-Antoine Lorenzi Barbu, pas barbouze
78 Traditionnel ou agricole Culture rhum
60 RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
14 portrait Franck Provost Les ciseaux, c’est pour la photo!
par Thierry Dussard
saveurs 74 Champagne et cigare « Je crois que nous tenons l’accord ! »
par Philippe Doucet
84 Montres Bon anniversaire !
30 France Le cigare, patrimoine français ou ennemi public ?
par Hervé Gallet
par Laurent Mimouni
culture 88 Cinéma Andy Garcia Un Cubain libre
32 Balmoral Willem, le chasseur de tabacs par Jean-Pierre de Lucovich LUC MONET
PATRICK ARTINIAN
par Jean-Pascal Grosso
Fumer nuit gravement à la santé, loi n° 9132. 7 l’amateur de cigare
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CIGARE FRANCE
LE CIGARE
patrimoine français ou ennemi public ? PAR LAURENT MIMOUNI
Pendant que le ministère de la Santé réprime la consommation de tabac, Bercy récompense les cigares Navarre. Analyse d’un paradoxe.
ils font L’Amateur
l
PHOTOS
© OLIVIER ROBINET
GABRIEL VALENTIN Ma rencontre avec L’Amateur remonte à treize ans déjà. Passionné par l’univers du cigare depuis l’âge de dix-sept ans, c’est en me rendant en 2001 à Cannes au « Mondial » organisé par la revue que j’ai pu entrer en contact avec Annie Lorenzo. Et c’est lors d’un atelier autour du thème « accords cigarechampagne » que j’ai pu me faire un peu remarquer, la dégustation portant sur un Dom Pérignon de mon année de naissance. De fil en aiguille ont suivi quelques contacts, des petits reportages, et une première invitation au comité de dégustation. Coup de chance, j’ai pu alors reconnaître à l’aveugle le cigare qui me fut proposé, un Arturo Fuente Opus X Robusto, car je connaissais très bien cette vitole. Ce petit avantage m’a valu de me faire réinviter pour de futures dégustations. Ensuite s’installa une belle collaboration de dix ans déjà au sein du comité. J’ai entraîné mon ami Alban Cordier dans l’aventure, autour d’une idée commune de rubrique, la « Verticale », puis ce furent « Le cigare du trimestre » et, désormais, les vidéos sur L’IADC, la version numérique en anglais.
Thierry Frontère.
es pouvoirs publics n’en sont pas à une contradiction près : alors que le tabac est mis à l’index par les autorités sanitaires, le ministère de l’Économie déroule le tapis rouge pour les cigares Navarre. La fabrique, située près de Pau, la seule sur le continent européen à fabriquer des cigares premium roulés à la main, est en effet depuis un an labellisée « Entreprise du patrimoine vivant » (EPV), une distinction très rare décernée sous l’autorité de Bercy. Aujourd’hui, sur les trois millions d’entreprises de toutes tailles que compte la France, moins de 1 200 ont été distinguées par ce label hypersélectif. Il n’est en effet accordé qu’après un examen minutieux de leur dossier à des entreprises françaises qui détiennent des savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. Trois critères principaux sont requis : posséder un patrimoine spécifique, détenir un savoir-faire rare et bénéficier d’une implantation géographique ancienne ou d’une notoriété dans son domaine.
Sans trop y croire…
Séchage des feuilles.
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La fabrique de cigares Navarre remplissait bien tousces critères, mais dans un climat politique et médiatique franchement défavorable à tout ce qui ressemble de près ou de loin à du tabac, le patron, Thierry Frontère, partait un peu battu d’avance : « On a soumis le dossier sans trop y croire, se souvient-il. On pensait que ça ne correspondait pas à l’ambiance poli-
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CIG
CIGARE FRANCE
Soin des feuilles au pied des Pyrénées.
Effeuillage et tri.
L’entreprise Navarre participe à la renommée internationale de la «marque France».
tiquement correcte actuelle. Mais quand ils ont vu notre travail, je crois qu’ils se sont dit : “Ce qu’ils font est tellement exceptionnel, tellement fou, qu’on va leur donner un coup de main.” » Et Thierry Frontère de raconter la suite de la procédure de labellisation : « Concrètement, des inspecteurs sont venus plusieurs fois visiter la fabrique. Nous leur avons montré notre travail, les trois cents opérations qui permettent d’aboutir au produit fini. Tout le processus de fabrication doit être explicité, détaillé noir sur blanc, de la fermentation au roulage. Vous devez avoir écrit toute la partition. Et puis, tout dans ce processus doit être français, ce qui est notre cas puisque les graines de tabac sont françaises (aussi bien pour la cape que pour la sous-cape et la tripe), la plante pousse en France et toute la fabrication a lieu ici. Nous fabriquons des puros français ! »
Non, pas de contradiction Le parcours est en effet très codifié, car la distinction est très recherchée. Mais une fois le Graal décroché, le label EPV ouvre des horizons intéressants pour les heureux élus, notamment à l’exportation : accès à des crédits d’impôt et à différentes aides pour se développer en France, mais aussi financements pour participer à des salons à l’étranger, rencontrer des importateurs, bref, conquérir de nouveaux marchés. « Navarre fait désormais partie d’un club très sélectif, explique Thierry Frontère. Nous y côtoyons des entreprises très connues à l’international [voir encadré], et nous bénéficions de leur notoriété par ricochet. Nous avons particulièrement besoin de ce genre de reconnaissance car en tant que cigares 100 % français, nous ne sommes pas immédiatement légitimes. Souvent, la première question qu’on me pose, c’est : “D’où vient votre tabac ?” »
Alors, n’y a-t-il pas une contradiction entre Bercy et l’avenue de Ségur, entre la valorisation du patrimoine économique français et la répression antitabac ? Sollicités par L’Amateur de Cigare, ni le ministère de la Santé ni la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) n’ont souhaité réagir. « Non, il n’y a pas de contradiction avec la politique de santé publique, tranche Alexis Govciyan, directeur de l’Institut supérieur des métiers, l’organisme qui instruit les candidatures pour le compte du ministère de l’Économie. La question ne s’est jamais posée dans ces termes-là lors de l’étude du dossier des cigares Navarre. Cette entreprise détient un savoir-faire exceptionnel, elle appartient au patrimoine français, et à ce titre, elle participe à la renommée internationale de la “marque France”. » Mais le « made in France » est à la mode dans l’Hexagone, à tel point que Thierry Frontère se prend parfois à rêver du jour où il verra « Arnaud Montebourg poser en couverture des magazines non plus seulement avec une marinière mais avec un cigare made in France aux lèvres ». Le rêve est une composante essentielle du monde du cigare…
Trois autres entreprises françaises directement liées au monde du cigare bénéficient du label « Entreprise du patrimoine vivant » : Falloncuir : la maroquinerie, fondée en 1984, est spécialisée notamment dans la fabrication d’étuis à cigares de poche ; Ateliers Drevelle : installée à Cognac depuis trois générations, la famille Drevelle fabrique des meubles et des objets en bois précieux, particulièrement des caves à cigares ; Élie Bleu : le savoir-faire de cette entreprise dans la fabrication de caves à cigares de grand luxe n’est plus à démontrer. D’autres grands noms français du luxe (S.T. Dupont), de la gastronomie (Bollinger, Cointreau, Ladurée, Petrossian, Rémy Martin…) ou des arts de la table (Christofle, Baccarat…) font partie de ce cercle très restreint.
Dans la manufacture de Navarrenx..
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STYLES MOTOS TRIUMPH THUNDERBIRD LT
DÉVOREUSE DE MOTORWAYS
C’est le plus gros bicylindre parallèle jamais construit dans l’histoire de la
PAR PHILIPPE DOUCET
moto. Et un pavé jeté dans la mare de Harley-Davidson.
I
l faut toujours se méfier de sa famille… Prenez la tribu anglo-saxonne, celle qui vit de part et d’autre de l’Atlantique. On la croyait harmonieuse et soudée. Erreur ! Les Brits, comme on dit à New York ou à Boston, ne peuvent pas s’empêcher de se distinguer. Leur dernier exploit en dit long : ils ont osé lancer une moto s’en prenant directement à l’un des grands mythes américains de la route. Oui, la Triumph Thunderbird LT attaque en frontal la Harley-Davidson Road King, l’une des reines de la mythique Route 66 ! Grand pare-brise, sacoches, large selle… : les deux machines se ressemblent étonnamment. Mais quand la yankee aligne ses deux cylindres en V, l’anglaise place les siens côte à côte. Dans les deux cas, nous avons affaire à du gros calibre mais dans cette course au gigantisme, la Triumph l’emporte d’un très court volume avec exactement 1 699 cm3 contre 1 690 cm3 pour la Harley. Et elle rafle au passage le titre du plus gros bicylindre parallèle jamais construit dans l’histoire de la moto.
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© DR
La Triumph Thunderbird LT.
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Une fois en selle sur la LT, on se retrouve dans un univers clairement américain. Le gros compteur sur le réservoir, en forme de pendule (oubliez le compte-tours, peu utile sur un tel engin), évoque à s’y méprendre celui de… qui vous savez. L’anglaise impressionne. Avec ses 380 kilos, elle fait partie du club assez fermé des presque quatre quintaux qui compte, outre les grosses Harley, les Honda Goldwing, Victory Vision et Indian Chief Vintage – Honda, autre belle et ancienne marque qui refait parler d’elle aujourd’hui.
Un capitaine au long cours Ces grandes dévoreuses de motorways ne sont pas précisément des moineaux de l’asphalte. En leur compagnie, certes, on va loin, et dans un confort quasiment digne d’un quatre-roues, mais il faut savoir les manier. La LT affiche cependant une hauteur de selle raisonnable qui contre son allure d’enclume à roulettes. Sa partie cycle, sans être aussi perfectionnée que
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STYLES
Histoire de motos celle d’une bête de circuit, a fait l’objet d’études sérieuses. Les freins, on ne sait jamais, sont bien entendu surdimensionnés et l’ABS (antiblocage), de série, veille au grain. Piloter une Thunderbird LT n’exige aucune subtilité. La moto va vous aider avec ce dont elle dispose à foison : du couple, la reprise, pour faire simple, ce qui dans son cas est bien plus important que la puissance. Un filet de gaz et la voilà déjà sur la route. La sensation de lourdeur éprouvée avant de démarrer s’estompe. Le moteur est le chef de la fête. Malgré ses deux énormes poumons, il ne vibre guère, car ses carters abritent des arbres d’équilibrage. Il n’a rien d’une turbine, s’exprimant à sa manière – avec beaucoup de bonne volonté dans les faibles rotations, et un peu moins dans les hauts régimes –, et remplit parfaitement son contrat : vous tirer vigoureusement sur les bras dès la mise de gaz. Ce gros bicylindre a une âme, celle d’un capitaine au long cours parfois un peu bougon mais toujours volontaire.
Des trajectoires précises Les kilomètres s’égrènent sans fatigue au guidon. Les suspensions prévenantes et bien accordées, une selle confortable dotée d’un astucieux cale-reins, une position de conduite agréable, tout cela donne les moyens d’entreprendre n’importe quel voyage. Tout au plus regrettera-t-on l’absence d’un régulateur de vitesse : la concurrence en dispose. Une fois l’autoroute quittée, la LT surprend par sa relative agilité. Dans les virages serrés, les trajectoires sont nettes et précises, à condition de bien les négocier au départ. Le prix de cette moto est celui d’une belle voiture, mais il se révèle compétitif par rapport aux autres stars de son acabit. La Thunderbird n’est pas pour autant fabriquée à l’économie, bien au contraire. Construite en Grande-Bretagne, elle scintille de chromes et d’aluminium poli et un horloger suisse ne renierait pas la superbe platine qui supporte son guidon. De quoi la garder pendant longtemps dans votre garage. Fiche technique Moteur : bicylindre parallèle, 1 699 cm3, 94 ch Transmission : 6 rapports, par courroie Poids : 380 kg – Consommation : 5,8 l à 120 km/h Vitesse : environ 180 km/h – Couple : 151 Nm à 3 550 tr/mn Prix : 17 690 €
MOTOS
Roule Britannia ! M
algré ses succès cinématographiques et sa réputation, Triumph revient de loin. Laminée par la bande des quatre japonaises (Honda, Kawasaki, Suzuki et Yamaha) dans les années 1970, elle doit sa renaissance à un homme d’affaires bri John et Nick Bloor. tannique : John Bloor. En 1983, à trente-neuf ans, il décide de faire renaître le prestigieux label, alors au bord de la disparition. Ce fils de mineur, plâtrier à quinze ans puis entrepreneur de travaux publics, est alors la trente-troisième fortune de l’île. Pragmatique, il prend conseil auprès des Japonais pour concevoir ses machines, leur demandant même de fabriquer certains éléments. Les premières Triumph nouvelle génération sortent de son usine de Hinckley, près de Birmingham, en 1990. Le succès est au rendez-vous et ne se démentira pas. Roule Britannia !
Star des écrans L
a moto a toujours été une star de cinéma. Triumph est du reste dignement représentée sur les. Steve McQueen chevauche une TR 6C dans La Grande Évasion de John Sturges en 1963, et, dix ans auparavant, Marlon Brando tenait le guidon d’une Thunderbird 650 dans L’Équipée sauvage (László Benedek). Ann-Margret montait, elle, une Tiger T 100 de 500 cm3 dans The Swinger de Steve McQueen, La Grande Évasion. George Sidney en 1966. Clint Eastwood, Bob Dylan et Elvis Presley comptent également parmi les aficionados de la marque. Mention spéciale à la longiligne Diana Rigg dans Chapeau melon et bottes de cuir, même si elle ne pilotait pas toujours une Triumph. P. D.
Marlon Brando, L’Équipée sauvage.
ils font L’Amateur JEAN-PASCAL GROSSO JEAN-PASCAL GROSSO
Ce dont je me souviens surtout, c’est que j’imaginais avoir quelques cartes à mon avantage sous la manche : aveux d’amateurs amis appartenant au milieu du cinéma. Un rendez-vous fut pris avec Annie Lorenzo, sur mon insistance, dans les bureaux de Denfert-Rochereau, à deux pas d’un cinéma où, étudiant, j’avais découvert Le Genou de Claire d’Éric Rohmer. Le dialogue fut franc, enlevé, chaleureux, comme toujours avec les passionnés. L’aventure pour moi débutait. Jusqu’à maintenant, mon plus beau souvenir lié à L’Amateur ? Une interview d’Arnold Schwarzenegger me racontant, Montecristo N° 2 au poing, sa découverte des cigares avec la famille Kennedy ! 83 l’amateur de cigare