6,50 € /Bel/Lux : 7,10 €/Italie : 6,70 €/Suisse : 12,70 CHF/Port.Cont : 7 €/Dom. Surf : 7,40 €/Can. 12,40 CAD/Andorre : 6,50 €/Polynésie : 1050 CFP/USA : 11,50 USD
No 93 – mars/avril 2013
l’amateur de cigare
L’Amateur de Cigare • N° 93 • MARS/AVRIL 2013
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de cigare HONDURAS FLOR DE SELVA, SANG POUR SANG DON TOMÁS, UN HÉROS TRÈS DISCRET TEST TOUTES LES GUILLOTINES POUR LES TRÈS GROS MODULES WHISKY, COGNAC CIGARES SOUS BONNE ESCORTE
DÉGUSTATION LES HAVANES CULTES SAINT-DOMINGUE : TROIS NOUVEAUX ROBUSTOS
renaud capuçon concerto pour violon et cigare
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PORTRAIT DENIS SAFRAN
12 l’amateur de cigare
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PORTRAIT
DENIS SAFRAN
un anesthésiste bien réveillé Le médecin-chef du service anesthésie-réanimation de l’hôpital européen Georges-Pompidou passe sous le scanner de L’Amateur. Diagnostic : PAR DOMINIQUE COUVREUR PHOTOS LUC MONNET
addiction au cigare !
I
nconnu des biographies de Wikipédia, absent des notules d’autocélébration du Who’s Who, Denis Safran, qui cumule les fonctions (professeur, chef du service anesthésie-réanimation de l’hôpital Georges-Pompidou, conseiller de défense et de sécurité auprès du ministère de l’Intérieur – nommé par Guéant et conforté par Valls –, expert et président de la Compagnie des experts médecins près la cour d’appel de Paris, ex-colonel de sapeurspompiers), ne figure que sur un seul site du Web, rubrique « Copains d’avant » : lui qui a obstinément veillé à redoubler toutes ses classes à Henri-IV voulait peut-être se faire le double d’amis électroniques… Trois passions accompagnent depuis longtemps le quotidien du grand patron : l’eau, le bel canto et le cigare. Il les raconte pour nous, installé dans son bureau.
Cible de tir et badges de polices Un bureau qui ressemble à tout, sauf à un bureau de grand ponte de la médecine : une superbe lingère (armoire) fin XVIIIe siècle, venue de Laennec, un mécanisme d’horloge de clocher, deux statuettes africaines, un baobab en bonsaï, une cible de tir (balles groupées dans la tête de la silhouette noire), des dizaines de badges de polices françaises et étrangères (NYPD, Stups, BAC, GAT, Brigade fluviale, RAID, S.S. bulgare…) dont les hommes ont été soignés par Denis Safran, une flopée de médailles des unités de police avec lesquelles il a eu l’occasion de travailler. Denis Safran raconte d’abord son atavisme aquatique : il vit sur l’eau depuis seize ans, dans une péniche amarrée à deux encablures de l’hôpital, possède une maison au bord de l’eau sur une île, une autre sur l’île de Ré, passe ses courtes vacances sur les canaux de Picardie, de Thiérache et de Belgique, avec pour matelot sa femme, préposée à lancer les cordes (et non les bouts : « Dans la marine fluviale, on n’a pas les superstitions de la voile ») aux mariniers au passage des écluses.
Deuxième passion, l’opéra, découvert auprès d’un de ses anciens maîtres et pour lequel il fait montre d’une pointe de sectarisme : uniquement le bel canto (à l’exception du Vaisseau fantôme) et quasi exclusivement Maria Callas, dont il a collectionné tous les enregistrements pirates.
Un amour brutal Une grande armoire vitrée, bourrée de cabinets et de boîtes, témoigne enfin de son amour du cigare. « Je suis tabaco-dépendant. J’ai commencé à cloper à sept ans. On allait récupérer des litrons en verre étoilé pour les rapporter au Familistère, toucher la consigne et acheter des P4. Puis, jusqu’à trente ans, la pipe – les 4 étoiles de Lacroix, marque réputée de Saint-Claude – et sa vessie en peau de porc. » Et le cigare. « J’avais un étudiant vietnamien dont la famille vivait dans un pays de l’Est. C’était l’époque où Cuba inondait ces pays de cigares, en troc. On les y trouvait à bas coût. Il m’a rapporté des Partagas. Ce fut un amour brutal. Ensuite, nous avons fait nous aussi du troc : je lui payais le voyage vers sa famille, il rapportait un sac de voyage bourré de vingt ou trente boîtes que je lui achetais au prix de là-bas. »
J’ai bien dû fumer des centaines de boîtes de Punch Punch et de Churchills de Romeo y Julieta.
Trop déçu par les Cohiba Et aujourd’hui ? « Depuis deux ans, je fume presque exclusivement des D4. Avant, j’ai bien dû fumer des centaines de boîtes de Punch Punch et de Churchills de Romeo. » Il est désormais calé sur le robusto, « un cigare qui tire bien, généreux surtout, avec un gros apport de fumée : il faut qu’il en vienne beaucoup. Mais la puissance ne doit pas masquer les arômes : je suis particulièrement sensible à la progression ». Sensible aussi à la construction (« Au tirage, il doit y avoir une petite résistance, mais je trouve les H. Upmann Connoisseur N° 1 souvent trop serrés »), peu aux effets de bague 13 l’amateur de cigare
ba de
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LE GRAND ENTRETIEN
RENAUD CAPUÇON
Le violoniste est un amateur averti, initié il y a vingt ans par Claudio Abbado. Chez lui musique et cigare se suivent, se ressemblent et s’assemblent. PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE LANÇON PHOTOS PIERRE PERRIN
16 l’amateur de cigare
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«fumer crée le silence»
17 l’amateur de cigare
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CIGARE INTERVIEW
HAVANES
quoi de neuf pour 2013 ? 2013 sera-t-elle une bonne année pour les Français amateurs de havanes ? Président de la société Coprova, importateur des havanes en France, Enrique Babot Espinosa a la haute main sur nos vitoles. Nous lui avons demandé s’il PROPOS RECUEILLIS PAR CAMILLE SIFER
y a des raisons d’espérer. Réponses.
L’Amateur de Cigare : Ce mois-ci, en février, La Havane annonce quelles seront les nouvelles vitoles et Éditions limitées pour l’année 2013. À quelle période ces nouveautés seront-elles disponibles en France ? Enrique Babot Espinosa* : Selon le calendrier de notre four-
produites. Il y a quand même chaque année entre dix et quinze havanes nouveaux – Éditions limitées, Éditions régionales, Réserve, Grand Réserve, coffrets spéciaux, etc. –, et la plupart d’entre eux arrivent à temps sur le marché.
nisseur, Habanos S.A., ce sera entre juillet et septembre, ce qui veut dire qu’on les trouvera dans les points de vente entre octobre et novembre.
L’ADC : On a aussi longtemps attendu les nouveautés 2011, telles que le Half Corona de H. Upmann ou le Partagas Serie E. Et il y a eu très vite rupture de stock. Pourquoi ? E. B. E. : Il faut savoir que pour lancer un nouveau produit
L’ADC : Pourquoi autant de délai entre leur annonce officielle et leur disponibilité sur l’un des principaux marchés du havane ? E. B. E. : Le problème ne vient pas du tout des
sur le marché français, la société Coprova a besoin de 15 000 à 20 000 pièces pour servir à peu près tous les débitants. Si nous en recevons moins, nous les conservons en stock jusqu’à en avoir suffisamment pour bien approvisionner les points de vente. En tant que distributeur, nous passons des commandes à Habanos S.A. en fonction de nos estimations de vente. Et il peut arriver que nous nous trompions, même si c’est assez rare Nous pouvons nous éloigner de la demande réelle en surestimant ou en sous-estimant le potentiel de ventes.
Moins de ruptures de stock et une augmentation des prix limitée à 3 % environ.
feuilles de tabac, que les manufactures ont en quantité suffisante, ni de la fabrication, qui se déroule sans interruption particulière, mais de tout ce qui n’est pas le cigare à proprement parler (insumos en espagnol) : à savoir, les boîtes, les feuilles de cèdre, le papier de soie, les bagues, les tubes… Tout ces produits sont importés et dépendent d’impératifs que ni nous ni Habanos S.A. ne maîtrisons (aléas du transport maritime notamment). Mais ces problèmes sont en train de se résoudre car l’industrie agro-industrielle a pris des dispositions concernant les stocks d’insumos.
PHOTOS
© LUC MONNET
L’ADC : Mais ces très longs délais pour les nouveaux havanes ne sont-ils pas récents ? Il y a encore trois ans, nous les recevions beaucoup plus vite (en juin ou septembre), non ? E. B. E. : Non, je pense que les délais sont plus ou moins les
mêmes. Et ils ne sont pas si énormes : trois ou quatre mois de retard seulement, au maximum, sur les prévisions ! Il est vrai que le Julieta de Romeo y Julieta est arrivé avec un an de retard et en très petites quantités. Mais là encore, les causes étaient exogènes au cigare, c’est la boîte métallique qui a tout retardé. Pour le reste, je le répète, les retards ne me paraissent pas énormes au vu du nombre de nouveautés 26 l’amateur de cigare
L’ADC : Des exemples ? E. B. E. : Oui, le Partagas Salomones en 2009-2010. Tout le
monde en parlait, en réclamait, la fureur totale ! Nous avons donc passé une commande importante à Habanos S.A. Les premières ventes ont été fortes puis l’effet initial est passé et les amateurs n’ont pas suivi le rythme. Alors, aujourd’hui, nous avons pas mal de stock, même si les ventes du Salomones sont bonnes. Au contraire, nous avons sous-estimé les ventes potentielles du Ramon Allones Allones Extra (Édition limitée 2011) à cause de la faible notoriété de la marque, même si le format était intéressant. La demande s’est avérée plus forte que nous le pensions. L’ADC : Vous passez vos commandes à Habanos S.A. pour l’année sans possibilité de réajustement au fil des mois ?
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C
CIGARE
E. B. E. : Les distributeurs adressent leurs prévisions annuelles d’achat en juillet de l’année précédente. C’est logique étant donné la complexité de la fabrication des habanos. Jusqu’à présent, nous ne pouvions faire ensuite que quelques petits réajustements, mais c’était marginal. Dorénavant, nous avons la possibilité de rectifier le tir en janvier (ce que nous avons fait cette année) et d’actualiser ainsi notre prévision annuelle. Évidemment, cette actualisation ne peut pas être une modification radicale de notre première commande mais cela va quand même fluidifier l’offre et nous devrions avoir moins de ruptures de stock cette année. Je pense que Coprova s’est « blindée » en habanos pour 2013 même si quelques ruptures ponctuelles et temporaires peuvent toujours arriver.
Les manufactures
H. UpmannMontecristo et Partagas sont à l’honneur du Festival del Habano en février 2013.
INTERVIEW
Julieta Sport Largos par exemple. En parallèle, la demande pour les modules comme les doubles coronas ou même les churchills s’est stabilisée. Le Lusitanias ou l’Esplendidos demeurent mythiques mais sont moins présents. L’ADC : On a annoncé pour 2013 deux havanes en tripe courte, le Rafael Gonzalez Perlas et le Quintero Favoritos. Vous en avez commandé beaucoup pour la France ? E. B. E. : Oui, car je crois que cela va marcher. Ce sont deux
marques qui ont fait leurs preuves en France et ces cigares, parce qu’ils sont moins coûteux à produire que leurs équivalents en tripe longue, seront vendus à un prix raisonnable : 4,20 euros pour le Perlas – un petit corona – et 3,10 euros pour le Favoritos – un robusto.
L’ADC : Y aura-t-il une Édition régionale France cette année ? E. B. E. : Oui, vous la découvrirez entre juillet et septembre
L’ADC : Y aura-t-il des augmentations de prix dans l’année 2013 ? E. B. E. : Oui, une seule, raisonnable, dans le courant de
2013. Ce sera une marque appréciée des amateurs français, de notoriété moindre que Montecristo ou Cohiba cependant, avec un module inédit et un prix de vente serré.
l’année. Elle ne devrait pas dépasser les 3 %. En revanche, les prix pourraient augmenter à nouveau en janvier 2014 s’il se confirme que cesseront à cette date les préférences tarifaires accordées par la Communauté européenne aux droits de douane des cigares cubains (le schéma SGP). Apparemment, si cela se confirme, ces droits de douane pourraient passer de 9,1 à 26 %, ce qui aurait forcément un impact sur les prix de vente au détail. Mais attendons, rien n’est confirmé pour l’instant.
L’ADC : Depuis quatre ans que vous êtes à la tête de Coprova, quels changements avez-vous notés dans le comportement des amateurs français ? E. B. E. : Je connais le marché français depuis pas mal
d’années et je peux vous dire que c’est l’un des meilleurs du monde, parce qu’il est composé d’amateurs très connaisseurs. Depuis que je dirige Coprova, j’ai constaté que les Français sont de plus en plus friands d’Éditions limitées ou d’Éditions spéciales comme les Reserva. Autre évolution notable, ils fument beaucoup plus de petits havanes bon marché, comme le Mille Fleurs de Partagas ou le Romeo y
L’ADC : Une bonne nouvelle à annoncer aux amateurs français ? E. B. E. : J’en ai deux ! Moins de ruptures de stock pour
2013 et 2014 et plus d’une dizaine d’excellentes nouveautés en 2013. Elle n’est pas belle, la vie ? 27 l’amateur de cigare
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CIGARE TEST
Pour guillotiner les très
GUILLOTINES
gros modules (plus gros
les grosses têtes
que le format robusto), nous n’avons pas l’embarras du choix.
6,58/10
Nous avons fait le tour
6,66/10
6,66/10
6,70/10
6,75/10
de ce qui existe dans nos civettes. Les guillotines les plus simples et les moins chères tirent bien leur épingle du jeu. PAR JACQUES CHEVALIER ET RÉGIS COLINET
PEARL TSUBOTA 3 lames mobiles
XIKAR Xi 1 2 lames mobiles
ZINO 37883 2 lames mobiles
XIKAR ZX Ultra Slim 1 lame mobile
LUBINSKI FT 60-1 2 lames mobiles
105 €
90 €
70 €
35 €
60 €
TRANCHANT
6,0
8,0
8,0
7,5
6,0
MANIABILITÉ
5,5
6,5
6,0
8,0
6,5
SYNCHRONISATION DES LAMES
9,5
5,0
5,0
NON
7,5
POIDS/ENCOMBREMENT
6,5
7,5
6,0
7,5
5,5
ESTHÉTIQUE
6,0
7,5
7,5
4,5
8,0
RAPPORT QUALITÉ/PRIX
6,0
5,5
7,5
6,0
7,0
Lames aiguisables. Compact mais préhension difficile (tendance à pivoter quand on le manie). Acier.
Lames aiguisables. Bel objet, un peu lourd dans la poche. Synchronisation moyenne. Métal laqué noir.
Léger et fonctionnel. Très large ouverture. Un peu cher pour sa catégorie. Plastique et acier.
Bonne synchronisation des lames mais tranchant à améliorer. Design sobre. Acier.
PRIX
OBSERVATIONS
Bonne précision due aux trois lames mais tranchant moyen. Maniabilité médiocre. Acier.
28 l’amateur de cigare
93 Test_Amateur 11/02/13 09:16 Page29
CIGARE
LE TEST Les guillotines à double (ou triple) lame évitent d’écraser la tête du cigare et d’arracher la cape. Leur tranchant est d’autant plus efficace que les deux (ou trois) lames sont
bien synchronisées et faites d’un métal de qualité. Deux de nos compétiteurs, dotés d’une seule lame mobile, n’ont pas reçu de note de synchronisation. C’est l’un des deux, pourtant, qui
6,83/10
l’emporte grâce à la netteté de sa coupe et à son prix raisonnable. Quatre guillotines sont équipées de lames aiguisables, nous l’avons indiqué dans les «observations».
6,83/10
7,50/10
TEST
Le gagnant 7,90/10
S.T. DUPONT MAXIJET 2 lames mobiles
CREDO XXL 2 lames mobiles
COLIBRI NOIR ET CUIVRE 2 lames mobiles
LUBINSKI FT 600 1 lame mobile
105 €
12 €
45 €
35 €
TRANCHANT
8,0
6,0
8,0
7,0
MANIABILITÉ
7,0
7,0
8,0
7,0
SYNCHRONISATION DES LAMES
6,0
6,0
9,0
NON
POIDS/ENCOMBREMENT
5,0
8,0
9,0
9,0
ESTHÉTIQUE
8,0
5,5
8,5
7,5
RAPPORT QUALITÉ/PRIX
7,0
8,5
8,5
9,0
Lames aiguisables. Belle matière et belles finitions mais synchronisation des lames à améliorer. Un peu lourd. Métal chromé.
Parfait pour les très gros modules. Très léger, très bon marché mais manque un peu de tranchant. Un accessoire pour usage quotidien. Plastique et acier.
Lames aiguisables. Design original et excellente synchronisation des lames. Bon rapport qualité/prix. Acier.
Très gros diamètre et bon tranchant. Design sobre. On peut se passer de la housse...
PRIX
OBSERVATIONS
29 l’amateur de cigare
La simplicité l’emporte cette fois-ci. Bien qu’elle ne comporte qu’une seule lame mobile, cette guillotine assure un tranchant net et elle est facilement maniable. Excellent rapport qualité/prix.
Le barème Les critères et le résultat final sont notés sur 10. Les guillotines nous ont été aimablement prêtées par : Maison Lemaire 59, av. Victor-Hugo 75016 Paris Tél. : 01 45 00 75 63 Le Lotus 8, rue de l’Arcade 75008 Paris Tél. : 01 42 65 35 36 La Civette 157, rue St-Honoré 75001 Paris Tél. : 01 42 96 04 99