Classica Numéro Spécial Mozart Décembre-Janvier

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Amours, argent, famille, religion...

MOZART DIT TOUT CE QUE RÉVÈLE SA CORRESPONDANCE

« Je n’ai jamais voulu être chanteuse »

N°198 Déc. 2017-Janv. 2018

ET AUSSI : Quand la musique inspire les plus grands peintres • Écoute comparée : Un requiem allemand de Brahms • Les plus beaux coffrets CD pour Noël • Toute l’actualité CD & DVD passée au crible...

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NATALIE DESSAY M 03813 - 198 - F: 7,90 E - RD

France métropolitaine 7,90

- Belgique 8,10

- Luxembourg 8,10

- DOM 8,10

- Espagne 8,10

- Italie 8,10

- Portugal 8,10

- Grèce 8,10

- Allemagne 8,40

- TOM/S 1 050 CFP - Canada 11,99 $C - Suisse 13,40 FS - Maroc 85 MAD

NUMÉRO SPÉCIAL


&TEVX³ �ȉ�� YRI ERR³I HI CHOC ! PIERRE GENISSON 69&78*8 ���

HOW I MET MOZART 1I GPEVMRIXXMWXI 5MIVVI ,IRMWWSR V³YRMX HERW GI HMWUYI PIW UYMRXIXXIW HI 2S^EVX IX HI ;IFIV EGGSQTEKR³ TEV PI 6YEVXIX ��� +ERXEMWMI FVMPPERGI HSYGIYV PI NIY HI ,IRMWWSR IWX YR V³KEP (LSG HI (PEWWMGE HI PƶERR³I �ȉ��

LES TALENS LYRIQUES CHRISTOPHE ROUSSET

OPHÉLIE GAILLARD ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO

RAMEAU : PYGMALION

EXILES

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LE CONCERT DE LA LOGE JULIEN CHAUVIN – JUSTIN TAYLOR

ALEXIS KOSSENKO LES AMBASSADEURS

HAYDN : LA POULE

SOAVE E VIRTUOSO

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Disponibles en magasin, sur toutes les plateformes de streaming et sur apartemusic.com


ÉDITO

CLASSICA

N° 198 ⇥ DÉCEMBRE 2017-JANVIER 2018

SOCIÉTÉ ÉDITRICE : EMC2 SAS au capital de 600 000 5 18, rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris Tél. : 01 43 55 61 99 RCS 832 332 399 Paris

PRÉSIDENT : Jean-Jacques Augier DIRECTEUR GÉNÉRAL : Stéphane Chabenat DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-Jacques Augier DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Bertrand Dermoncourt Courriel: bdermoncourt@classica.fr RÉDACTEUR EN CHEF Jérémie Rousseau Courriel: jrousseau@classica.fr CHEF DE RUBRIQUE DISQUES ET HI-FI Philippe Venturini Courriel: pventurini@classica.fr SECRÉTAIRES DE RÉDACTION Valérie Barrès-Jacobs, avec Stéphane Lay Courriel: classicasr@classica.fr ÉDITORIALISTE Alain Duault GRAND REPORTER Olivier Bellamy DIRECTRICE ARTISTIQUE Isabelle Gelbwachs Courriel: igelbwachs@classica.fr SERVICE PHOTO Cyrille Derouineau Courriel: cderouineau@lexpress.fr Ont collaboré à ce numéro : Jérémie Bigorie, Jacques Bonnaure, Vincent Borel, Guillaume Bunel, Jean-Luc Caron, Damien Colas, Jean-Noël Coucoureux, Bernard Désormières, Francis Drésel, Benoît Duteurtre, Nicolas d’Estienne d’Orves, Dominique Fernandez, Michel Fleury, Pierre Flinois, Elsa Fottorino, Stéphane Friédérich, Xavier de Gaulle, Romaric Gergorin, Pascal Gresset, Paul Hilarion, Jean-Pierre Jackson, Maxim Lawrence, Michel Le Naour, Sarah Léon, David Loison, Pierre Massé, Antoine Mignon, Aurélie Moreau, Luc Nevers, Antoine Pecqueur, Timothée Picard, Cristiana Prerio, Michaël Sebaoun, Clément Serrano, Lola Schidler, Sévag Tachdjian, André Tubeuf, Marc Vignal. PUBLICITÉ TEAM MEDIAS Pôle musique 10, Boulevard de Grenelle, CS 10817, 75738 PARIS Cedex 15 Tél. : 01 87 39 75 18 PRÉSIDENTE Corinne Mrejen

DIRECTRICE GÉNÉRALE Cécile Colomb DIRECTRICE COMMERCIALE Emmanuelle Astruc eastruc@teamedia.fr

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MAÎTRE ET SERVITEUR

L

e moule est cassé. C’est par sa main qu’on sent dans cette Maison ces mots qu’à la disparition des morts, dans cette torsion des corps de Giorgio Strehler, il y a tout et des âmes, dans cet art d’anticiper juste vingt ans, Patrice Ché- constamment ce que la musique s’apprête reau salua la mémoire du à dire. On ne sait si Carsen, Sellars, Py, metteur en scène italien qu’il considérait Tcherniakov, quatre figures marquantes comme son seul maître. Ce qu’il reste de la scène actuelle, en sont ou non les de Strehler aujourd’hui? Des souvenirs, héritiers, mais pareil spectacle remet décides témoignages, un héritage avant tout, dément les pendules à l’heure, au moment éternel et volatile, qui magnifie une cer- où certains metteurs en scène autotaine conception du théâtre, tout entière proclamés sulfureux veulent « mettre traversée par une éthique et une exigence à poil » les opéras qu’ils abordent. absolues. Ce qu’il reste de Chéreau aujour- « Quand on touche des chefs-d’œuvre absod’hui? Une part complexe de cet héritage, lus, écrivait Strehler dans Un théâtre pour entretenue par quelques disciples capables de res« ON DOIT TRANSMETTRE pecter l’esprit et la lettre de leur mentor, comme LES CHEFS-D’ŒUVRE en témoigne la prodigieuse DANS LEUR INTÉGRITÉ » Maison des morts de Janácek ressuscitée à l’Opéra-Bastille. la vie en 1974, on doit – c’est un devoir – Quoi de plus fascinant dans ces repré- leur donner une réalité avec la plus sentations que la force, la beauté, l’émo- grande objectivité possible, on doit les tion, l’universalité et l’atemporalité du transmettre au public dans leur intégrité. théâtre de Patrice Chéreau ? Que l’art Cela ne veut pas dire que l’interprétation dont il use pour déjouer tous les codes critique sera exacte, mais cette recherche lyriques afin de mieux les réinvestir, de la vérité est une attitude morale. » insuffler cet inextricable bouillonnement La parole porte toujours, Chéreau vient de vie et de vérité aux personnages, en de nous le rappeler. Jérémie Rousseau s’appuyant sur une scénographie, des L’Opéra de Paris consacre une exposition éclairages et des costumes tout entiers ® à Patrice Chéreau, «⇢ Mettre en scène l’opéra⇢ », au service du drame? Car si Patrice Ché- jusqu’au 4 mars 2018, à la bibliothèque-musée reau nous a quittés en 2013, c’est toujours du palais Garnier.

VENTES AU NUMÉRO Tél. : 04 88 15 12 40 DiffusionD : Presstalis PRÉPRESSE Maury Imprimeur Imprimerie : Roularta Printing, 8800 Roeselare Imprimé en Belgique/Printed in Belgium

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Dépôt légal à parution N° de commission paritaire : 1120 K 78228 N° ISSN : 1966-7892 Classica est édité par EMC2 SAS. © EMC2

Photos de couverture: B. Kraft / Wikimedia Commons. Photos chroniqueurs: David Ignaszewski / Koboy. Ce numéro comporte un encart Distrart déposé sur la couverture pour les abonnés France.

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À NE PAS MANQUER

Musique sacrée

HAUT LES CHŒURS!

PHOTOS SDP

Entre chants de louanges, fresques de la Nativité et annonce du Sauveur, les rendez-vous musicaux de décembre enlumineront ce Noël.

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mmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée se lancent dans les élans jubilatoires du Magnificat BWV 243 de Jean-Sébastien Bach, qu’ils associent au Dixit Dominus du jeune Haendel, en compagnie d’un quintette de chanteurs rompus à l’esthétique baroque (Grand Théâtre de Provence, Aix, 12/12). Dans le cadre des « Concerts du Dimanche Matin », le flamboyant JeanClaude Malgoire se produit

les voûtes de l’église SaintRoch, défendus par les instrumentistes fusionnels du Café Zimmermann et la luminosité des voix de l’Ensemble Aedes (photo) de Mathieu Romano, le tout conduit par Dominique Visse (Paris, 16/12). Le Messie de Haendel et son célèbre « Alléluia » bénéficient toujours de la même aura : Jordi Savall l’interprète avec sa Capella Reial de Catalunya, le Concert des Nations et une distribution de haut vol (église Saint-Louis, Besançon, 16/12,

« LE MESSIE » DE HAENDEL ET SON CÉLÈBRE « ALLÉLUIA » BÉNÉFICIENT TOUJOURS DE LA MÊME AURA avec la Grande Écurie et la Chambre du Roy dans ce même Magnificat de Bach (TCE, Paris, 17/12). Moins fréquentés, La Messe de minuit et l’Oratorio de Noël de Marc-Antoine Charpentier feront vibrer

et Philharmonie de Paris, 17/12). À Lyon, abondance de biens dans cette même partition où le Britannique Robert King et son King’s Consort parlent dans leur arbre généalogique (chapelle de La Trinité,

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21/12), tandis que Sébastien d’Hérin, à la tête des Nouveaux Caractères, de l’Ensemble Accentus et de solistes de rêve donne vie aux airs et ensembles de ce chef-d’œuvre choral (Auditorium, 22/12).

Bach en cantates Les six cantates de l’Oratorio de Noël de Bach constituent le passage obligé : Trevor Pinnock, avec un quatuor vocal d’exception dont la mezzosoprano Ann Hallenberg, retrouve l’Orchestre national et les Chœurs de Radio France pour les trois premières cantates (Maison de la Radio, Paris, 14/12). Marc Minkowski en choisit, quant à lui, quatre épisodes avec ses Musiciens du Louvre (MC2, Grenoble, 15/12, et Cité de la Musique, Paris, 18/12). Moins attendu dans ce répertoire, le chef Vladimir Jurowski en propose une vision moins directement informée avec l’Orchestre

philharmonique de Londres et ses chœurs (TCE, Paris, 17/12). Évangéliste des Passions du Cantor de Leipzig, Christoph Prégardien délaisse ici le chant pour la direction de quatre de ces cantates, à la tête de la phalange Le Concert Lorrain, avec le Chœur du Conservatoire de Metz Métropole, le Chœur d’enfants et le remarquable Dresdner Kammerchor (Arsenal de Metz, 22/12). Raphaël Pichon et l’Ensemble Pygmalion poursuivent leur exploration de « Bach en sept paroles », regroupant les trois Cantates BWV 70, 140 et 151 qui vont de l’obscurité à la lumière (Cité de la Musique, Paris, 11/12). À Notre Dame de Paris, pour le Concert de Noël, la Maîtrise et les Chœurs d’enfants de la Cathédrale avec Olivier Latry – titulaire du grand orgue – célèbrent la naissance du divin enfant, entre chants populaires, chants grégoriens et musique de Britten (22/12). ⇥ Michel Le Naour


UN DUO POP ET CHOC

MAINS DE MAÎTRES En 2018, Paris devient un lieu capital en déroulant le tapis rouge aux noms les plus illustres du clavier. n ne peut rêver casting plus prestigieux. Les grands pianistes de la planète se succéderont sur la scène parisienne à la rentrée et avant Noël. 2018 commencera en beauté avec le récital du Hongrois András Schiff (photo). Il se produira à la Philharmonie avec un programme germanique – son répertoire de prédilection. La Sonate « À Thérèse » sera confrontée à la Fantaisie op. 28 de Mendelssohn et à la Suite anglaise n°6 de Bach, nous faisant naviguer entre confidences et déclamations grandioses (12/01).

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Debussy honoré Double anniversaire du côté de Daniel Barenboim qui vient de souffler ses soixante-quinze bougies. Il met à l’honneur Debussy dont on célèbre le centenaire de la disparition ; au programme, Préludes, Estampes et Arabesques (19/01). Place à un prince du clavier polonais: Piotr Anderszewski offrira à la Philharmonie le Concerto n°1 de Beethoven, en compagnie

de l’Orchestre de Paris et du chef britannique Jonathan Nott (24 et 25/01). Rappelons que ce fin mozartien vient par ailleurs de signer un enregistrement des Concertos n°25 et n°27 avec l’Orchestre de chambre d’Europe (Warner). Avant Noël, deux événements seront très attendus, à commencer par la venue de Krystian Zimerman. On pourra l’entendre avec le LSO et sir Simon Rattle qui se frotteront à la Symphonie n°2 « The Age of Anxiety » de Bernstein. Une œuvre flamboyante et singulière que le pianiste avait déjà interprétée aux côtés du compositeur(18/12) ! Le pianiste russe Daniil Trifonov donnera, quant à lui, un récital très romantique : Rachmaninov, Brahms, Chopin... Rendezvous à Aix-en-Provence (1/12) et à la Philharmonie (15/01). Quant à la légende russe du piano Grigory Sokolov, il jouera à Bordeaux (2/12) et au TCE (4/12) Haydn et Beethoven dont il poursuit l’exploration des sonates, pour notre plus grand bonheur. ⇥ Elsa Fottorino

MATS-BACKER EDOUARD BRESSY

Piano

saveur et leur modernité, sans cesser de nous surprendre par un sens aigu de l’improvisation. Renversant (11/12). ⇥ M. L. N.

LA CURIOSITÉ DU MOIS

Un concert dans vos cordes (vocales)

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ouglas Boyd (photo) donnera, le 16 décembre, Les Saisons de Haydn. à la Philharmonie de Paris, L’occasion d’écouter Mari Eriksmoen (soprano), Toby Spence (ténor), Daniel Schmutzhard (baryton) et le chœur Accentus, mais surtout… d’y donner de la voix ! Cet événement donnera en effet quelques bis où il sera possible de chanter. Des ateliers préparatoires seront organisés les 2, 9 et 16 décembre, histoire de s’échauffer dans de vraies conditions. Des vidéos d’entraînement seront également consultables sur le site Web jechante aveclorchestre.com, plate-forme dédiée aux concerts participatifs. Pour en savoir plus, rendez-vous sur orchestre dechambredeparis.com J. KEENAN

SDP

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encontre inédite salle Gaveau entre deux tempéraments qui mettent leur talent au diapason de la musique ancienne. Interprète des compositeurs des XVIIe et XVIIIe siècles, la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter (photo) leur a toujours manifesté une passion qui ne se dément pas. Ce Cherubin d’anthologie, adepte du répertoire contemporain, mais aussi de Kurt Weill ou de Barbara, s’associe, pour ce concert intitulé « Barock is pop ! », au claveciniste Jean Rondeau (photo), toujours avide de sortir des sentiers battus et jazzman à l’occasion. En compagnie de Thomas Dunford à l’archiluth, ils rendront aux airs et songs de Lambert, Purcell, Couperin, Dowland, Marais et Rameau toute leur

Clément Serrano

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À RETROUVER SUR LE CLASSICA

CD

LA CORRESPONDANCE DE WOLFGANG AMADEUS, FOISONNANTE, COMMENCE À L’AUBE DE SES TREIZE ANS ET S’ACHÈVE LA VEILLE DE SA MORT. IL ÉCRIT À SON PÈRE, LÉOPOLD, SA MÈRE, SA SŒUR, SA TENDRE COUSINE, PUIS À SON ÉPOUSE CONSTANCE WEBER. MUSIQUE, AMOUR, VOYAGES, FAMILLE… AU FIL DE SES LETTRES IL CONTE SA VIE, ENTRE QUOTIDIEN ET EXCEPTIONNEL, SES JOIES ET SES PEINES. CES COURRIERS PERMETTENT AUSSI DE BROSSER LE PORTRAIT D’UN HOMME HAUT EN COULEUR, COMPLEXE ET PLEINEMENT ENGAGÉ DANS SON ART.

Mozart LUI-MÊME PAR

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Argent Mozart ne regarde jamais à la dépense et emprunte à ses proches. On constaste que ses préoccupations n’étaient pas seulement artistiques.

« Quant au beau frac rouge qui me travaille cruellement le cœur, je vous demanderai de me faire dire exactement où on se le procure et à quel prix ; car ceci, je l’ai complètement oublié, n’ayant pris en considération que la beauté de l’habit, et non le prix… Car un pareil frac, il faut que je l’aie! Avec lui, ce sera la peine d’y placer ces boutons grâce auxquels, depuis longtemps, j’aurais eu l’air plus à la mode. » (à la comtesse de Waldstätten, 28 septembre 1782) Plus tard, criblé de dettes, attaqué en justice par le prince Lichnowsky, un de ses élèves et créanciers, il s’adresse à un frère maçon.

« Je suis contraint, faute de trouver de véritables amis, d’emprunter de l’argent à des usuriers. Mais il faut du temps pour chercher et trouver, dans cette classe peu chrétienne de gens, ceux qui sont les plus chrétiens, et je suis tellement dépourvu en ce moment qu’il me faut vous prier, très cher ami, pour tout le monde, de me venir en aide de ce qui vous privera le moins. » (à Michael Puchberg, 17 mai 1790)

Caractère Le musicien se présente souvent comme un homme enjoué, paisible et casanier.

« C’est toujours à la maison que je me sens le mieux… ou chez un véritable, honnête et loyal Allemand qui, s’il est célibataire, vit tout seul, en bon chrétien, ou s’il est marié, aime sa femme et élève bien ses enfants. » (à son père, 3 juillet 1778) Mais il se laisse parfois aller à des accès de mélancolie.

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« Je me porte, Dieu soit loué, passablement bien; toutefois, je ne vois rime, ni raison à rien, je n’ai ni chaud, ni froid, je n’ai plaisir à rien. » (à son père, 29 mai 1778) « Je ne puis t’expliquer mon impression, c’est une espèce de vide qui me fait très mal… une certaine aspiration qui n’est jamais satisfaite et ne cesse donc jamais… qui dure toujours et croît même de jour en jour. » (à sa femme, 7 juillet 1791)

1756 27 janvier : naît au numéro 9 de la Getreidegasse, à Salzbourg, en Autriche.

1761 Apprend sa première pièce au clavecin, un scherzo de Wagenseil. Compose sa première œuvre, le Menuet pour clavecin en sol majeur K. 1.

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1763 9 juin : premier voyage en Allemagne. 18 novembre : premier séjour à Paris, qui se prolonge jusqu’au 10 avril 1764.


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Chant et opéras Auteur d’opéras dès son enfance, contemporain de la «⇠ réforme⇠ » de Gluck, Mozart a réfléchi aux lois du genre.

« Dans un opéra, il faut absolument que la poésie soit la fille obéissante de la musique. Le mieux, c’est quand un bon compositeur, qui comprend le théâtre et qui est lui-même en état de faire des suggestions, se rencontre avec un poète judicieux, un vrai phénix ! » (à son père, 13 octobre 1781) Il se passionne pour l’expression la plus juste.

« Ma tête et mes mains sont tellement prises par le troisième acte qu’il n’y aurait rien de merveilleux si j’étais moi-même transformé en troisième acte. À lui seul, il me donne plus de peine que tout un opéra. Il ne se trouve presque aucune scène qui ne soit extrêmement intéressante. » (à son père, à propos d’Idoménée, 3 janvier 1781) L’une de ses grandes préoccupations est la création d’un répertoire lyrique allemand qui ne doive rien à l’italianisme.

« Je sais avec certitude que l’Empereur a dans l’idée de créer à Vienne un opéra allemand et qu’il

1767 Avril-juillet : écrit ses quatre premiers Concertos pour piano K. 37 et K. 39 à K. 41.

cherche très sérieusement un jeune maître de chapelle qui comprenne la langue allemande, qui ait du génie et qui soit en mesure de mettre sur pied quelque chose de neuf…Je crois que ce serait une bonne affaire pour moi ; mais si c’est bien payé, cela s’entend. » (à son père, 10 janvier 1778)

Commandes et inspiration Mozart est un créateur exigeant à l’égard de son public.

« Donnez-moi le meilleur piano d’Europe, mais pour écouter des gens qui n’y comprennent rien ou qui ne veulent rien y comprendre, et qui ne sentent pas avec moi ce que je joue, j’y perds tout plaisir. » (à son père, 1er mai 1778) En outre, il se montre fier de son art face à ses employeurs.

Ci-dessus : Les décors d’Idoménée ont été réalisés par le scénographe Lorenzo Quaglio. Page de gauche : Mozart à Salzbourg, eau-forte coloriée de Paul Barfus. Pages précédentes : Dans ce Portrait de famille apparaissent de gauche à droite Maria Anna, Wolfgang Amadeus, Anna Maria et Léopold. Huile sur toile de Johann Nepomuk della Croce, 1780–1781.

« Tout-Vienne sait que j’ai quitté l’archevêque – et pourquoi. Tout le monde sait que c’est parce que mon honneur a été bafoué – et ceci par trois fois – et je devrais me faire considérer comme un ⇥⇥⇥

1769

1770

Novembre : est nommé Konzermeister à la cour de Salzbourg, en Autriche.

26 décembre : à quatorze ans, crée à Milan l’opéra Mithridate, roi du Pont. Dirige les trois premières représentations.

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À gauche : Mozart compose l’acte 1 de l’opéra Don Giovanni. Lithographie de Theodor Montrop, 1860.

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À droite : Le jeune Mozart, lors de son voyage à Vienne en septembre 1762, au cours duquel il joue de l’orgue pour la première fois dans l’église franciscaine d’Ybbs. Peinture d’Heinrich Lossow, vers 1864.

couard, et l’archevêque comme un bon prince ? Pour vous plaire, mon excellent père, je sacrifierais mon bonheur, ma santé et ma vie, mais pas mon honneur. Il m’appartient – et il doit être pour vous au-dessus de tout. » (à son père, peu après sa brutale éviction par l’intendant de l’archevêque de Salzbourg, 19 mai 1781)

Dieu Mozart n’est pas un mystique, mais un bon chrétien animé par une solide « foi du charbonnier », sans fanatisme ni excessive rigueur.

« En ce qui concerne le salut de mon âme ; soyez sans inquiétude, mon excellent père. Je suis un jeune homme faillible, comme tous les autres, mais je peux souhaiter, pour me consoler, que tous le soient aussi peu que moi… Ma principale faute est de n’agir pas toujours en apparence, comme je le devrais. Il est faux que je me sois vanté de

1772-1773 Écrit l’opéra Lucio Silla et la Symphonie n°25.

manger de la viande les jours maigres ; j’ai dit que je ne m’en préoccupais en rien, que je ne le tenais pas pour une faute, parce que, selon moi, le jeûne, c’est se priver, c’est manger moins qu’auparavant. J’entends ma messe tous les dimanches et jours de fête et, si c’est possible, les jours ouvrés, vous le savez bien, mon père. J’ai vraiment de la religion, je vous l’assure ! » (à son père, 13 juin 1781)

Emploi du temps Comme le « Komponist » d’Ariane à Naxos, il eut souvent à se plaindre des conditions réelles de la production et de la réception musicale, notamment lors de son séjour à Paris.

« J’ai dû écrire une symphonie pour l’ouverture du Concert Spirituel [il s’agit de la Symphonie concertante pour instruments à vent K. 297b, ndlr]. Elle a exceptionnellement plu. J’ai eu très peur à la répétition, car je n’ai de ma vie rien entendu de

1774 Passe la majeure partie de son temps à Salzbourg, au service du prince archevêque Colloredo. Reçoit la commande de La Finta giardiniera.

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1777 Janvier : Concerto pour piano n°9 «" Jeunehomme » K. 271, premier chef-d’œuvre du genre. Août : est congédié de son poste de Konzertmeister.


plus mauvais ; vous ne pouvez imaginer comment ils ont bousillé et gratté la symphonie, deux fois de suite. » (à son père, 3 juillet 1778) « Vous aurez sûrement remarqué depuis longtemps que je ne me plais pas à Paris, j’ai maintes raisons pour cela, mais qui ne servent à rien puisque j’y suis maintenant. Cela ne dépend pas et ne dépendra jamais de moi, je ferai mon possible, de toutes mes forces. » (de Paris, à son père, 3 juillet 1778) Mais il connut aussi de beaux moments.

« Grâce à mes trois académies en souscription, je me suis fait grand honneur. Mon académie au théâtre a été également très bien accueillie. J’ai composé deux grands concertos [K. 450 et K. 451, ndlr], puis un quintette qui a reçu un accueil remarquable; pour ma part, je le tiens pour la meilleure œuvre que j’aie composée de ma vie [K. 452, ndlr]. J’aimerais que vous ayez pu l’entendre. Et comme il a été bien interprété… J’étais fatigué à force de jouer. Et ce n’est pas le moindre honneur pour moi que mes auditeurs ne l’aient jamais été. » (à son père, 10 avril 1784)

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« J’arrive à l’instant de l’Opéra. Salle comble comme jamais. Le duetto “Mann und Weib”, la scène du Glockenspiel bissés comme d’habitude… Mais ce qui me fait le plus de plaisir, c’est l’approbation par le silence ! » (à son épouse, après une représentation de La Flûte enchantée, 7 octobre 1791)

Femmes On ne sait pas grand-chose de précis sur la vie amoureuse de Mozart avant et même après son mariage avec Constance Weber. En dépit de sa personnalité controversée, elle fut incontestablement la «#femme de sa vie#». Voici deux extraits écrits au cours de son voyage à Berlin en 1789.

« Chère petite épouse, j’ai une foule de prières à t’adresser. 1mo je te prie de ne pas être triste. 2do de faire attention à ta santé et de ne pas te fier à l’air du printemps. 3tio de ne pas sortir à pied toute seule – et, encore mieux, de ne pas sortir du tout. 4to d’être totalement assurée de mon amour; je ne t’ai pas encore écrit la moindre lettre sans avoir

1779 Juillet : lors d’un nouveau voyage à Paris, décès de sa mère Anna Maria.

posé devant moi ton cher portrait. 5to je te demande de faire attention non seulement à ton et à mon honneur dans ta conduite, mais également aux apparences. Ne sois pas fâchée de cette demande. Tu dois justement m’aimer encore plus du fait de mon attachement à l’honneur. […] Oh Stru ! Stri ! Je t’embrasse et t’étreins 1095060 437082 fois (tu peux t’exercer à prononcer). » (à sa femme, 16 avril 1789) « La première chose que je ferai sera de te crêper le chignon: comment donc peux-tu croire, oui, seulement supposer que je t’aie oubliée ? Comment cela me serait-il possible? Pour cette seule pensée, tu recevras dès la première nuit une solide fessée sur ton charmant petit cul fait pour recevoir des baisers, ⇥⇥⇥ compte là-dessus. » (à sa femme, 19 mai 1789)

1781

Constance Mozart, née Weber, l’épouse de Wolfgang Amadeus. Peinture de Hans Hansen, 1802.

1782

Crée Idoménée, roi de Crête. Après être revenu au service de Colloredo, décide de démissionner. Tombe amoureux de Constance Weber.

4 août : mariage de Wolfgang Amadeus Mozart et Constanze Weber à Vienne. 8 octobre : L’Enlèvement au sérail au Burgtheater de Vienne.

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Le jeune Mozart est présenté à l’impératrice Marie-Thérèse par Joseph II au château de Schönbrunn, le 13 octobre 1762. Huile sur toile d’Eduard Ender, 1869.

Parents Mozart écrivit à sa cousine germaine quelques lettres où il semble retrouver l’esprit de la fatrasie médiévale. La scatologie était apparemment courante dans la vie familière des Autrichiens de cette époque.

« Ma très chère cousine ! Avant de vous écrire, il faut que j’aille aux cabinets. Voilà, c’est fait ! Ah ! Je me sens de nouveau le cœur léger ! Je suis bien soulagé, je peux maintenant à nouveau festoyer ! Eh bien, eh bien, lorsqu’on s’est bien vidé, la vie semble nettement plus agréable. » (À Maria Thekla Mozart, 3 décembre 1777)

1783 17 juin : naissance du premier enfant des Mozart, Raimund Leopold, qui décède deux mois plus tard. Crée la Grande Messe en ut.

1784 Janvier : commence à tenir un catalogue thématique de ses œuvres. 14 décembre : est initié à la franc-maçonnerie.

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Si la correspondance avec son père est de loin la plus nourrie et aborde tous les sujets quels qu’ils soient, ses nombreux voyages lui ont donné l’occasion de s’adresser à tous les membres de sa famille.

« Je suis en bonne santé, Dieu soit loué, et baise la main de maman, tout comme le visage de ma sœur, et le nez, la bouche, le cou, ma mauvaise plume et le cul s’il est propre. » (de Rome, à Mme Mozart, mai 1770)

« Papa chéri ! Je ne peux écrire poétiquement, je ne suis pas poète. Je ne saurais manier les formules assez artistement pour qu’elles fassent jouer les ombres et les lumières, je ne suis pas peintre. Je ne

1785 14 janvier : parachève ses six Quatuors « Haydn✓ » dédiés en ces termes : «✓ C’est ainsi, homme célèbre et ami très cher, que je te présente mes six fils.✓ »


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peux non plus exprimer mes sentiments et mes pensées par des gestes et par la pantomime, je ne suis pas danseur. Mais je le peux grâce aux sons, je suis Musikus. Je jouerai demain au piano, chez Cannabich, tout un compliment de fête et d’anniversaire en votre honneur. Pour aujourd’hui, je ne peux que vous souhaiter de tout cœur, mon très cher père, tout ce que je vous souhaite tous les jours, matin et soir : santé, longue vie et bonne humeur. [...] Portez-vous bien ; je vous prie respectueusement de continuer à m’aimer un peu et vous satisfaire de ce misérable compliment en attendant que s’ouvrent dans la petite armoire de mon entendement de nouveaux tiroirs où je mettrai la sagesse que j’ai encore l’intention d’acquérir. Je baise mille fois les mains de papa et demeure jusqu’à la mort son fils très obéissant. » (De Mannheim, à son père, 8 octobre 1777)

Piano S’il utilisa le clavecin dans sa jeunesse, Mozart le délaissa ensuite au profit du pianoforte. Ici, il fait l’éloge des instruments de Stein, célèbre facteur allemand d’Augsbourg.

« Il me faut maintenant vous parler des pianos de Stein. Avant d’avoir vu les instruments construits par ce dernier, les claviers de Späth avaient ma préférence, mais maintenant, je dois donner l’avantage

1786 1er mai : création des Noces de Figaro sur un livret de Da Ponte au Burgtheater de Vienne. C’est un succès.

à ceux de Stein, car ils étoffent beaucoup mieux le son que ceux de Ratisbonne. Si je frappe la note fortement, je peux laisser le doigt sur la touche ou le retirer, le son s’éteint au moment même où je veux l’entendre. Je peux toucher les notes comme je veux, le son sera toujours égal… Ses instruments diffèrent de tous les autres en ce sens qu’ils ont un échappement. Et il n’y a pas un facteur d’instruments sur cent qui s’occupe de ce problème… Mais, sans échappement, tous les pianofortes ont un son distordu et vibrant. » (à son père, 17 octobre 1777)

Ci-contre : Portrait du jeune comte Firmian à l’épinette, autrefois identifié comme celui de Mozart. Peinture de Thaddeus Helbling, vers 1768.

⇥⇥⇥

1787

1788

4 avril : décès de Léopold à Salzbourg. 29 octobre : création triomphale de Don Giovanni à Prague. La version viennoise est créée l’année suivante.

Compose le Concerto pour piano n°26 « du Couronnement » et les Symphonies nos 40 et 41.

www.classica.fr CLASSICA / décembre 2017-janvier 2018 39


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Mozart compose son Requiem, avant sa mort à Vienne, le 5 décembre 1791. Huile sur bois de William James Grant, avant 1854.

Santé, vie et mort On sera peut-être surpris du rapport de Mozart à la mort, à la fois sensible, désinvolte et sage, conformément à une sagesse préromantique et chrétienne.

« J’espère maintenant que vous êtes prêt à apprendre le pire et qu’après avoir laissé libre cours à cette douleur bien naturelle et compréhensible ainsi qu’aux larmes, vous vous en remettrez finalement à la volonté de Dieu et adorerez sa Providence inexplorable, insondable et si sage. Vous imaginerez facilement à quel courage et à quelle fermeté j’ai dû avoir recours pour tout supporter avec calme, alors que petit à petit son état empirait et s’aggravait, et pourtant Dieu, dans sa bonté, m’a fait cette grâce, j’ai suffisamment souffert, suffisamment pleuré, mais à quoi cela servait-il ? Il m’a fallu me consoler ; faites-en autant, mon cher papa et ma chère sœur! Pleurez, pleurez à chaudes larmes,

1789 Mars : période de détresse morale et de problèmes financiers. 16 novembre : naissance de sa deuxième fille qui meurt peu après.

1790 26 janvier : la première de Cosí fan tutte au Burgtheater de Vienne est un succès.

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mais consolez-vous en fin de compte, pensez que le Dieu tout-puissant l’a voulu ainsi, et que pouvonsnous faire contre Sa volonté ? » (de Paris, à son père et sa sœur, après la mort de Mme Mozart, 9 juillet 1778)

« Comme la mort (à prendre exactement la chose) est la raison finale de la vie, je me suis, depuis quelques années, tellement familiarisé avec cette véritable et parfaite amie de l’homme, que son image pour moi n’a plus rien d’effrayant, mais est vraiment très apaisante et consolante. Et je remercie Dieu de m’avoir accordé le bonheur de me procurer l’occasion (vous me comprenez) d’apprendre à la connaître comme la clef de notre vraie félicité. Je ne vais jamais au lit sans réfléchir que peut-être – si jeune que je sois –, le lendemain, je ne serai plus là ! Et pourtant personne, parmi ceux qui me connaissent et me fréquentent, ne peut dire que je sois chagrin ou triste. » (à son père qui devait mourir six semaines plus tard, 4 avril 1787) Sélection et commentaires de Jacques Bonnaure

1791 30 septembre : création de La Flûte enchantée à Vienne. 5 décembre : meurt à l’âge de trente-cinq ans. Inhumation dans une fosse commune.


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