Norman Grubb
Charles Studd, Champion de Dieu
Chine Inde Congo
Norman Grubb
Charles Studd, Champion de Dieu
© Première édition française, 1974 Éditions CLC BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex Tél. : +33 (0) 4 75 90 20 50 editions@clcfrance.com – www.clcfrance.com ISBN : 978-2-7222-0008-1 Titre original : C.T. Studd, Cricketer and Pioneer (1933) Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Relecture et correction : A. Lalire Photocomposition et mise en page : P. Glassmann Impression : IMEAF, F-26160 La Bégude de Mazenc Septembre 2014 – N° d’impression :
Charles Studd deux ans avant sa mort en terre de mission, au cœur de l’Afrique.
Table des matières Préface de l’auteur .............................................................................7 Note du traducteur............................................................................9 Préface.............................................................................................11 Des soirées de théâtre aux conséquences inattendues .......................13 Trois jeunes étudiants encaissent un choc sérieux .............................19 C. T. ................................................................................................23 Les païens pour héritage ..................................................................25 Un réveil parmi les étudiants ...........................................................35 L’art de devenir Chinois ..................................................................47 Comment on liquide une fortune ....................................................59 Le songe d’une jeune irlandaise .......................................................65 Les toqués de Shanghaï....................................................................71 Unis pour le combat ........................................................................79 Épreuves et périls au cœur de la Chine ............................................87 Premier retour au pays natal ............................................................97 C. T. transmet la variole à ses auditeurs d’Angleterre et d’Amérique.....101 N’entre pas ici si tu ne veux pas te convertir ..................................115 Un homme du Dieu de l’impossible ..............................................123 Naissance des Virgule-Zéro du Christ ............................................135 L’ânesse de Balaam et la colombe de Noé .......................................143
Charles Studd en Afrique ..............................................................157 Au cœur même de l’Afrique ..........................................................159 Clouez les couleurs au mât ............................................................169 Bwana, ex-C. T., parmi les ex-cannibales .......................................175 Le dos au mur ...............................................................................193 Plus loin, toujours plus loin, jamais en arrière ! ..............................199 Un cyclone de bénédictions ...........................................................207 Plénitude du Saint-Esprit ..............................................................219 Avec Bwana, chez lui… .................................................................233 Quand Dieu m’a donné un travail, je ne l’ai pas refusé ..................241 Dieu aidant, à nous maintenant le flambeau ! ................................257 Conclusion ....................................................................................273 Postface .........................................................................................275 « Les cinq pierres polies » ..............................................................279 Le Psaume 91 ................................................................................281
Préface de l’auteur Rien ne saurait remplacer une honnête autobiographie. Malheureusement, « C. T. » n’a laissé aucun récit de sa vie. Sa mère et sa femme ont fait, en revanche, ce qui était réellement le plus sage : elles ont conservé toute sa correspondance. J’ai tenté, en me servant de ces lettres, de rédiger ce qui se rapprocherait le plus d’une autobiographie. Et si je me suis senti autorisé à le faire, c’est parce que je partage d’une manière totale les convictions qui dominaient sa vie, de sorte que j’ai écrit ce livre en écoutant mon cœur autant que ma pensée. Studd a vécu dans l’unique but de glorifier son Sauveur. Que ce livre, donc, le glorifie aussi, en le montrant à l’œuvre dans et à travers cette vie qui lui fut entièrement livrée. N. P. Grubb. 17, Highland Road Norwood Londres – S.E. 19.
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Note du traducteur Tout ce que j’ai voulu faire c’est… traduire, c’est-à-dire rendre fidèlement l’impression de vie, et surtout, de vie débordante que m’avait laissée l’édition anglaise. Ce ne fut pas une mince affaire que de respecter le magnifique, le pittoresque, l’énergique parler de Studd. J’y ai été aidé par mon ami F. Lovsky. C’est à lui aussi que sont dues toutes les notes de bas de page. E. Dallière.
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Préface Ceux qui négligeront cette préface pour se plonger dans le récit de la vie de Studd n’auront pas tort. La vie de cet homme parle d’elle-même. Que pourrait-on ajouter qui ne soit pâle commentaire d’une existence entièrement livrée au Christ, et langage hésitant dès qu’on le comparera au style flamboyant, frémissant, bourré d’astuce et musclé, à l’image même du corps sanctifié de Studd ? Sa vie est un cantique à la sainte et inextinguible ambition chrétienne, et ce n’est point par hasard que ce violent chérit par-dessus tout le onzième chapitre de l’épître aux Hébreux. Aussi n’indiquerons-nous, pour ceux qui liront cette introduction, que l’intérêt historique de ce livre. La vie de Studd et la fondation de sa Croisade Missionnaire prennent leur place dans le mouvement missionnaire en quelque sorte eschatologique qui s’affirme de nos jours ; l’obéissance au commandement d’annoncer l’Évangile à toutes les nations n’est plus seulement fondée sur le texte lui-même, ni sur l’amour des âmes païennes qui se perdent (c’était encore la vision de Hudson Taylor), ni sur le désir légitime d’élargir l’aire de la chrétienté : sans rien renier de ces motifs, Studd illustre inoubliablement l’obéissance pour laquelle la Mission est un service devant hâter la consommation de l’Histoire et la parousie du Christ. Il a la certitude de répondre, par son activité, à l’attente et aux souffrances de la création. Il sait que la Mission fait accélérer le plan de Dieu.
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Tout en faisant la part des usages et de la piété britanniques, le lecteur verra aussi dans cet ouvrage un précieux document sur la récente histoire protestante. Au confluent de l’Armée du Salut, de nuance méthodiste, du revivalisme très calvinisant de Finney, du message de Moody et Torrey, somme toute indifférent aux problèmes ecclésiastiques et essentiellement revivaliste, préoccupé de la plénitude du Saint-Esprit et de la sanctification dans le service du Christ, Studd, avec une nuance personnelle pré-œcuménique (car les rivalités des Églises semblent particulièrement vaines en terre de Mission), récapitule en lui toutes ces tendances, et tous les besoins qui se sont épanouis dans le Réveil gallois de 19041905. On peut le considérer, à juste titre, comme un précurseur des mouvements du Saint-Esprit actuels et comme un revivaliste anglican. Il montre la relativité des barrières ecclésiastiques, et nous aide, les uns et les autres, à comprendre les points de départ de ceux que nous avons aujourd’hui quelque peine à suivre dans leur évolution. Une dernière précision. On a souvent constaté que s’il n’y a pas eu de rupture entre le prolétariat anglais et la foi chrétienne, c’est à Wesley qu’on le doit. Encore faut-il souligner que, depuis deux siècles, l’Angleterre a vu surgir de nombreux successeurs au plus moderne des Réformateurs. Studd est de cette lignée, pleinement profane et pleinement chrétienne. S’il garde le contact avec les hommes de son époque, c’est qu’il demeure champion de cricket avec les sportifs, « fédératif »* avec les étudiants, viril et direct toujours avec les hommes. C’est surtout, nous semble-t-il, qu’il a su que plus on se livre au Saint-Esprit, plus on vit la Croix de Jésus-Christ, et plus on se rapproche en toute réalité humaine des hommes que Dieu donne aux chrétiens pour frères. F. Lovsky
* Terme habituel dont on désigne les étudiants de la Fédération Universelle des Étudiants Chrétiens, à la fondation de laquelle le nom des Studd est attaché. 12
Chapitre i
Des soirées de théâtre aux conséquences inattendues C’était en 1877. Les courses irlandaises de Punchestown, à cette époque fameuses en Grande-Bretagne, venaient de prendre fin ; des foules compactes se pressaient pour reprendre le train et le bateau, et regagner l’Angleterre. Un riche planteur retiré des affaires arriva trop tard à l’embarcadère, manqua le dernier bateau et dut se résoudre à passer la nuit à Dublin. Ne sachant trop comment occuper la soirée, il flânait dans les rues de la ville quand il remarqua, à la porte d’un théâtre, les noms de Moody et Sankey. Il pensa que c’était une troupe de vaudeville et se décida à entrer, mais ce fut pour y éprouver le plus grand saisissement de toute son existence ! Le théâtre en effet faisait salle comble, tandis que sur la scène, au milieu d’un certain nombre de gens en tenue de ville, un personnage, debout, chantait d’une voix splendide des paroles auxquelles notre homme ne s’attendait pas : cloué sur place, il entendit revenir, après chaque strophe, ce refrain : 13
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Quatre-vingt-dix-neuf dans la paix cheminent Vers le bercail aux sûrs trésors, Mais il en reste une au flanc des collines Errant si loin des portes d’or… C’était un cantique… Quand le chant fut terminé, Moody prêcha et, aussi étrange que ce soit à dire, le retardataire, le lendemain, ne reprit pas le bateau. Au lieu de rentrer chez lui, il resta à Dublin, pour assister à toutes les réunions de la mission de Moody et Sankey. Et puis un soir, finalement, il suivit les nombreux auditeurs qui, la réunion terminée, se rendaient dans une salle attenante où l’on s’entretenait et priait avec les orateurs. Moody vint, s’agenouilla près de l’ancien colonial et lui demanda simplement : — Que Jésus-Christ soit mort pour vous, – pour vous personnellement, – est-ce bien là ce que vous croyez en vérité ? — C’est en effet ce que je crois, répondit-il. — S’il en est ainsi, exprimez-lui vous-même votre reconnaissance. Ce fut tout. Mais la vie de l’homme fut transformée. Quand il quitta la salle, c’était un homme nouveau. Un de ses meilleurs amis, planteur également retiré des affaires, s’appelait Edouard Studd. Revenu au pays natal avec l’intention de jouir de la fortune qu’il avait faite aux Indes, Edouard Studd se consacrait aux sports avec ferveur. Joueur passionné de cricket, à une époque où ce jeu était très en vogue, il fut l’un de ceux qui installèrent les meilleurs terrains dans leur propriété même, et l’on disputa chez lui des matches mémorables. Grand chasseur, il pratiquait la chasse au renard, la chasse à courre, et fut lieutenant de louveterie ; il avait entraîné ses fils à le suivre et quand, dans une des régions possédant les haies les plus hautes d’Angleterre, on les voyait, dès l’âge de six ans, sanglés dans leur uniforme rouge, collés à la selle, on les aurait dit nés cavaliers. Car la grande passion d’Edouard Studd, c’était le cheval. Il ne pensait guère à autre chose. Découvrir de belles montures, les 14
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acheter, les entraîner, les faire courir, telle était sa joie. Il organisa des courses dans sa propre ville, eut bientôt une écurie de vingt chevaux et remporta la victoire dans plusieurs épreuves. Il finit même par remporter le Grand National, ce qui mit, certes, le comble à son ambition et acheva d’établir sa notoriété. À cette époque, Moody et Sankey, la mission de Dublin terminée, vinrent à Londres. Personne n’accordait alors beaucoup de crédit à un prédicateur qui n’aurait pas eu droit au titre de Révérend, ni porté un rabat blanc au cou. Et comme Moody n’avait ni l’un ni l’autre, les journaux publièrent contre lui article sur article. Il leur fallait bien admettre quand même qu’il attirait à ses réunions plus de monde que ne l’auraient fait une demidouzaine d’archevêques, et qu’il se convertissait plus de gens par son ministère que par celui de vingt pasteurs ordinaires ; c’est pourquoi ils essayèrent de tromper l’opinion en insinuant que Sankey (le chanteur à la voix si prenante) était venu pour vendre des orgues, et Moody des recueils de cantiques. C’est de cette manière indirecte que l’attention d’Edouard Studd fut d’abord attirée sur eux ; ces polémiques aiguisaient fortement sa curiosité, au point qu’un soir, rejetant son journal, il déclara : « Il faudra que j’aille entendre cet homme-là, quand il parlera à Londres ! S’il n’y avait rien de bon en lui, ils n’en diraient pas tant de mal ! » À quelque temps de là, Edouard Studd, ayant acheté et engagé un cheval dans une des principales courses de l’année, écrivit à son ami pour lui conseiller de miser tout ce qu’il pouvait sur son favori. C’était – disait-il – la meilleure bête qu’il eût jamais eue, et il était sûr de la victoire. Quand ils se rencontrèrent, Studd ne parla pas d’autre chose, si bien qu’il fut assez contrarié de voir que son ami ne s’y intéressait plus, et qu’il n’avait pas même risqué un sou sur son cheval. — Tu es le plus grand imbécile que j’aie jamais vu, lui dit-il, mais, beau joueur, il ajouta : Viens quand même dîner en ville avec moi, je suis seul ; après, nous irons où tu voudras… Malgré ta balourdise, je te laisserai choisir le spectacle. 15
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Le dîner terminé, il demanda : — Eh bien ! où allons-nous ce soir ? — Je te propose le théâtre de Drury Lane. — Quoi ! là où parlent ces deux types, Moody et Sankey ? Ah ! non alors ! Ce n’est pas dimanche aujourd’hui ! Allons plutôt au spectacle ou au concert. — Pardon ! Tu n’as qu’une parole, n’est-ce pas ? Tu m’as dit que tu irais où je voudrai. M. Studd se mit donc en route, mais de fort mauvaise grâce. Quand ils atteignirent le théâtre en question, il ne restait plus une place, sauf quelques sièges réservés. Mais M. Vincent (ainsi s’appelait l’ami d’E. Studd) était bien décidé à ne pas lâcher sa proie. Il griffonna quelques mots sur une carte de visite qu’il fit passer à quelqu’un de sa connaissance : « Arrangez-vous, lui disaitil, pour nous faire entrer ; j’ai amené avec moi un riche sportif, je ne pourrai plus le persuader de revenir si vous ne réussissez pas à nous caser. » On les fit passer par l’entrée des artistes, traverser la scène, et on les planta aux pieds mêmes de Moody. Edouard Studd ne le quitta pas des yeux ; il demeura suspendu à ses lèvres jusqu’à ses derniers mots. « Je reviendrai entendre cet homme-là », déclara-t-il en partant. « Il m’a dit exactement tout ce que j’ai fait dans ma vie. » Il tint parole, revint, et fut profondément et totalement converti. Voici ce qu’écrivit plus tard un de ses fils : « Alors que l’après-midi de ce jour-là, mon père était encore tout absorbé par une des passions qui peuvent le mieux lier le cœur et la tête d’un homme – les courses et le jeu – le soir c’était un homme transformé. Il lui fut impossible de continuer à mener la même existence ; les bals, les soirées de bridge n’étaient plus son affaire. Du moins, c’était ce que sa conscience lui suggérait. Il décida de s’en ouvrir à Moody, alla le voir et lui dit : — Maintenant que je suis chrétien, est-ce que je dois renoncer aux courses, au tir, à la chasse, aux spectacles, à la danse ? 16
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— Vous êtes franc avec moi, M. Studd, lui répondit Moody, je ne le serai pas moins avec vous. Si on va aux courses, on y parie, c’est-à-dire qu’on y joue de l’argent ; et je ne vois pas comment on peut être à la fois joueur et chrétien. Quant aux autres choses dont vous me parlez, faites-les aussi longtemps que le cœur vous en dira. « Mon père insista encore, en ce qui concerne le théâtre et les cartes. Moody ajouta : — Vous avez des enfants, des amis et vous les aimez. Or, maintenant que vous êtes un homme sauvé, vous allez désirer les sauver à leur tour. Dieu vous donnera des âmes ; et dès que vous en aurez gagné une, rien d’autre ne comptera plus pour vous. « Et c’est bien en effet ce qui arriva. Au grand étonnement de ses enfants et de beaucoup de gens, il n’éprouva plus désormais aucun intérêt pour toutes ces choses du siècle ; il n’y en avait plus qu’une qui comptât désormais pour lui – c’était de sauver des âmes. « Il se retira du monde des courses, et après avoir donné un pur sang à chacun de ses deux aînés, il vendit son écurie. Il meubla de chaises et de bancs le grand hall de sa maison et fit venir de Londres des gens exceptionnels, commerçants et hommes d’affaires, qui annonçaient l’Évangile à la population. lui-même parcourait la région à cheval, invitant les habitants et les pressant de venir ; et ils y vinrent en effet, par centaines. » Son cocher eut un jour le mot de la situation. Un invité lui ayant fait la remarque que son maître, d’après ce qu’on racontait « donnait maintenant dans la religion », il répliqua : « Nous ne sommes pas très au courant de tout cela, nous autres, mais ce que je puis vous dire en tout cas, c’est que s’il a toujours la même peau, c’est quand même un nouvel homme qu’il y a dedans ! » Edouard Studd ne vécut plus que deux ans après ces événements. Les circonstances de sa mort furent très particulières. Allant un jour à une réunion de Moody, il s’aperçut qu’on avait oublié un des valets d’écurie ; il fit brusquement arrêter l’attelage, sauta de voiture, et revint lui-même en arrière pour le chercher, tandis que
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les autres continuaient la route. Il se mit ainsi en retard, courut tout le long du chemin pour revenir, tant et si bien qu’il se fit éclater une veine de la jambe. Il ne put jamais se remettre de cet accident. Mais, comme le déclara le pasteur qui parla sur sa tombe, « il avait fait plus, en deux années, que la plupart des chrétiens ne font en vingt. » Il avait en effet rendu son témoignage auprès de ses amis, leur écrivant quand il ne pouvait les voir… ce qui lui valut parfois d’assez sévères réponses. Il avait parlé sans crainte à tous et à chacun jusqu’à des incrédules notoires, comme tel commerçant londonien à qui Edouard Studd fut le seul homme qui eût jamais osé parler de son âme. Le fils de ce commerçant raconta plus tard : « Je ne me souviens pas que, de sa vie, mon père ait jamais été aussi vexé de s’être fait dire ses quatre vérités si sincèrement ! »
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Charles Studd, Champion de Dieu
Fils d’un riche planteur de thé et champion de cricket, Charles Thomas Studd (1860-1931) donna toute sa fortune et devint champion de Dieu en Chine, aux Indes, en Afrique. Un style plein d’humour, de drôlerie, un esprit de joie et de conquête. Sa devise fut : « Si Jésus-Christ est Dieu, et qu’il est mort pour moi, alors il n’y a aucun sacrifice trop grand que je ne puisse faire pour lui. »
Biographie
13,90 € TTC
ISBN : 978-2-7222-0008 1
Réf. : CLCC030 www.clcfrance.com