GEORGE VERWER Le faux disciple
Vingt-et-un portraits
PRÉFACE
La prédication que contient ce livret a été prêchée lors d’une conférence de jeunes qui participaient aux campagnes d’évangélisation d’Opération Mobilisation, en Europe.
Ce perspicace message de George Verwer mérite d’être largement diffusé. Il mettra sûrement beaucoup d’entre nous mal à l’aise, car tôt ou tard, nous nous reconnaîtrons dans certains des portraits qui y sont présentés !
Certains sceptiques se demanderont toutefois s’il est possible qu’il puisse exister de faux ou de pseudo-disciples. Malheureusement, c’est bien souvent le cas !
Et si nous trouvons effectivement dans ce livre une image peu flatteuse de nous-même, ne cherchons pas à la dissimuler : affrontons plutôt cette mise en examen honnêtement, remettant chaque domaine de notre vie à Celui qui seul peut nous laver de nos hypocrisies cachées et faire de nous d’authentiques disciples.
En fait, la plupart des lecteurs admettront que la liste des faux disciples contenue dans ce livre n’est
pas tout à fait complète. Malheureusement, il y en a beaucoup d’autres, parmi lesquels M. Demi-vérité.
M. Demi-vérité se reconnaît à l’étrange façon avec laquelle il tend à décrire une situation, de telle manière que sa propre conclusion se trouve renforcée. De la même façon, lorsqu’il parle des autres, en particulier de ceux qu’il ne porte pas spécialement dans son cœur, il ne se fera l’écho que de ces bribes d’informations qui confirment ses propres suspicions déplaisantes.
M. Demi-vérité, qui est bien évidemment le cousin germain de M. Menteur, n’aime pas la vérité dans sa globalité parce qu’il est généralement extrémiste, caractérisé par un fort parti pris négatif sur de nombreuses personnes et idées.
Son sinistre proche parent, M. Insinuation, est plus intelligent et manifeste davantage de subtilité. Ses mots choisis, jusqu’au ton même de sa voix, suggèrent beaucoup de choses… qui sont rarement positives ! Il ne croit pas à l’efficacité de l’attaque frontale – Oh, non ! Il se sert d’une vieille technique déjà usitée dans le jardin d’Éden, lorsque Satan remit en question les propos de Dieu en demandant à Ève : « Dieu a-t-il vraiment dit… ? »
Quoi qu’il soit donc difficile de se souvenir des propos mêmes de M. Insinuation, quand il tourne les talons, l’esprit de l’auditeur n’en est que davantage plongé dans le doute et la méfiance envers les autres,
de sorte que de vilains soupçons surgissent, pouvant diviser même les amis les plus proches !
L’ami intime de M. Sous-entendu, M. Commérage, est celui qui répète allègrement et délibérément les histoires croustillantes entendues sur d’autres croyants. Il le fait parce que ces nouvelles juteuses lui garantissent généralement une brève attention… mais à quel prix !
Ses commérages nuisent souvent à la réputation d’autrui et gâchent de nombreuses amitiés (Proverbes 11.12 et 17.9).
De lecture facile et avec une pointe d’humour, ce livre n’en est pas moins une épée de vérité qui touchera bien des cœurs. Puisse-t-il nous amener à examiner notre propre vie et à nous confier en Dieu pour qu’il nous purifie de ce qui ne lui plaît pas. Ainsi, nous pourrons suivre Celui qui nous a appelés à marcher selon la voie du vrai disciple*.
L’éditeur britannique
* NDLT : dans le même ordre d’idée, nous vous suggérons la lecture des autres livres de George Verwer : Cap sur le but (Farel, 1991), Sortir de la zone de confort – xxie siècle et la mission continue (Farel, 2001), Naviguer par la grâce (éditions CLC France, 2011), La révolution de l’amour – Façonner nos vies pour refléter Dieu (éditions CLC France, 2016) et Naviguer malgré la confusion – Ou comment Dieu œuvre en dépit de notre faiblesse (éditions CLC France, 2019) et le traité Pourquoi tant de divisions ? (éditions CLC France, 2021).
Ce message s’inscrit dans le contexte de l’engagement de jeunes personnes dans les missions organisées par Opérations Mobilisation, œuvre fondée par l’auteur dont une grande partie de l’activité consiste à évangéliser dans le monde entier par divers moyens, tels que le colportage, la distribution de livres, de traités, etc.
PSEUDO-DISCIPULAT
Nous avons beaucoup entendu parler de ce qu’est un disciple, mais dans ce message, je veux parler de ce qu’un disciple n’est pas !
De nos jours, nombreux sont ceux qui se prétendent disciples. Immanquablement, dans nos rangs se trouvent soit des hypocrites prétendant être des disciples, soit des égarés s’imaginant sincèrement l’être. Se pourrait-il que, dans les rangs même d’un groupe où les ouvriers ne reçoivent aucun salaire et prêchent Jésus-Christ apparemment parce qu’ils l’aiment, il puisse y avoir de faux disciples ?
Oui, c’est possible, sans aucun doute, et je suis convaincu que le désir de Dieu est de purger chacune de ses œuvres véritables des faux disciples.
Lisons Actes 5.1-11 :
« Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété, et retint une partie du prix, sa femme le sachant ; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres. Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu
mentes au Saint-Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ ? S’il n’avait pas été vendu, ne te restait-il pas ? Et, après qu’il a été vendu, le prix n’était-il pas à ta disposition ? Comment as-tu pu mettre en ton cœur un pareil dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu. Ananias, entendant ces paroles, tomba, et expira. Une grande crainte saisit tous les auditeurs. Les jeunes gens, s’étant levés, l’enveloppèrent, l’emportèrent, et l’ensevelirent.
Environ trois heures plus tard, sa femme entra, sans savoir ce qui était arrivé. Pierre lui adressa la parole : Dis-moi, est-ce à un tel prix que vous avez vendu le champ ? Oui, répondit-elle, c’est à ce prix-là. Alors Pierre lui dit : Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l’Esprit du Seigneur ? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t’emporteront. Au même instant, elle tomba aux pieds de l’apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte ; ils l’emportèrent, et l’ensevelirent auprès de son mari. Une grande crainte s’empara de toute l’assemblée et de tous ceux qui apprirent ces choses. »
Remarquons qu’Ananias et Saphira n’étaient pas obligés de faire don de leurs terres. Il n’y avait aucune règle forçant à tout donner, ni aucune pression sur les croyants pour les inciter à tout vendre. Leur péché n’était donc aucunement de n’avoir pas tout donné
mais plutôt d’avoir fait semblant d’être ce qu’ils savaient pertinemment qu’ils n’étaient pas, fraudant dans le but de recevoir les louanges et la reconnaissance des hommes. Dieu les a pris comme exemple pour son Église à toutes les époques, y compris au xxie siècle. Si Dieu agissait de la sorte aujourd’hui, nos églises et les bureaux de nos organisations seraient pleins de cadavres !
Ce qui m’impressionne, au verset onze, c’est la grande crainte qui s’empara des membres de l’assemblée en conséquence de l’action de Dieu. J’ai remarqué à quel point la crainte de Dieu est rare de nos jours. Dans cette génération perverse, la majorité des chrétiens osent présumer qu’en cet âge de grâce, Dieu ne les punira jamais pour leurs péchés. Lors de campagnes d’évangélisation estivale d’Opération Mobilisation, nous avons eu des jeunes gens qui vivaient de façon clairement double. Certains d’entre eux, qui étaient avec nous pendant toute une année, se sont révélés n’être rien d’autre que des imposteurs.
Ils avaient menti à leurs dirigeants, ils m’avaient dupé, avaient trompé leurs parents et mystifié leur église. Dieu merci, de tels cas étaient très rares, mais toutefois suffisants pour me convaincre qu’assister à des conférences, écouter des messages d’hommes de Dieu, participer à des programmes d’évangélisation, etc., ne garantissaient en aucun cas une protection contre les pernicieux pièges du pseudo-discipulat.
Que l’on puisse assister à l’une de ces conférences, telles que certains d’entre nous en ont vécu, et ne pas saisir le chemin de la repentance et du brisement semble invraisemblable. C’est pourtant possible : « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : qui peut le connaître ? » (Jérémie 17.9).
Je demande donc à chacun de laisser le projecteur de Dieu se braquer sur lui/elle individuellement. Oubliez, si vous le voulez bien, les autres qui vous entourent. Ce n’est pas à vous de braquer le projecteur sur votre épouse ou votre mari, votre ami ou votre responsable. Que chacun de nous laisse le projecteur éblouir sa propre vie et, de tout mon cœur, je veux le laisser briller de toute sa force sur moi.
Le faux disciple se prétend apprenant mais il ne l’est pas. Il en a tous les signes extérieurs et beaucoup s’y laissent prendre. Mais il n’est qu’une falsification, une contrefaçon. Il participe à toutes les réunions, chante, prie, évangélise, vend des livres et lit sa Bible. Mais au fond, sa vie n’est pas compatible avec les principes de la vie de disciple que Jésus-Christ a édictés.
J’ai listé vingt-et-une sortes de faux disciples. Nous ne pourrons en effet pas aborder tous les cas mais considérons-en quelques-uns, en commençant par M. Menteur. Revenons à l’exemple scripturaire précédent : Ananias et Saphira étaient des menteurs. Nous voyons à partir de leur exemple qu’il est
M. Menteur
possible de vivre extérieurement comme un chrétien, d’avoir l’air de suivre Jésus-Christ, de prendre une part active à la communauté chrétienne, et pourtant d’être un menteur. Il y en a eu quelques-uns parmi nous à Opération Mobilisation qui, après un certain temps, ont avoué avoir menti dans leur questionnaire d’admission, peut-être sur leur âge, ou sur quelque chose de leur passé qu’ils craignaient de voir s’ébruiter. « Comment peut-on voir de tels comportements chez les chrétiens ? » demanderez-vous peut-être. Le fait est pourtant que plus vous vivez parmi les chrétiens, plus vous vous rendez compte que c’est bel et bien possible ! Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant !
Soyons réalistes. Je me demande si l’un mes lecteurs sera dans ce cas. Vivre dans le mensonge ! Qu’il soit commode ou pieux, un mensonge reste un mensonge quelle que soit la situation. La Bible déclare : « …tous les menteurs, leur part sera… » où donc ? « …dans l’étang ardent de feu ! » (Apocalypse 21.8). Je vous le dis : le mensonge est une affaire dangereuse, d’autant qu’un jour où l’autre… la vérité vous débusquera !
Le frère aîné, plus futé, de M. Menteur est M. Trompeur. Il est expert en la matière ! Il ne se risque pas à ces mensonges fabriqués de toutes pièces : il préfère l’amplification à outrance, se rendant souvent coupable de donner de fausses impressions.
M. Trompeur
Peut-être que, ayant été avide d’amour et d’attention toute sa vie, il a remarqué que les gens l’écoutaient lorsqu’il exagérait. Personne ne semble intéressé par la simple et bonne vieille vérité (« J’ai distribué cent tracts »). Mais, oh, comme les gens affluent autour de lui lorsqu’il brode un peu (« J’ai distribué mille tracts, et waouh ! en seulement une heure ») !
Bien sûr, ayant une nature pécheresse, nous sommes tous coupables de ce genre d’excès de temps à autre. Mais il y a une différence entre ceux qui, pratiquant sciemment le péché, se rendent manifestement coupables devant Dieu et ceux qui, dans un moment d’inattention, chutent de temps à autre. Je ne classerais certes pas M. Trompeur dans cette dernière catégorie mais, qu’elle soit récurrente et assumée ou ponctuelle et spontanée, l’exagération reste un péché dont il nous faut nous repentir. Il est si facile à ces subtiles feintes de s’inviter dans notre quotidien. Vous êtes dans votre chambre, en train de prier à genoux, et vous vous endormez dans cette position. Quelqu’un entre dans la pièce et vous vous réveillez en sursaut en disant « Amen ! » comme si vous étiez profondément plongé dans une intense prière. Cela vous rappelle quelque chose ? Ou bien vous êtes assis à votre bureau, grignotant une bonne petite barre de chocolat. Survient quelqu’un frappant à la porte : hop, le chocolat se retrouve dans le tiroir ! D’aucuns peuvent penser que ce ne sont là que de petites feintes, vives
et astucieuses. Dieu affirme pourtant que ce sont des péchés. Il nous enseigne que nous devons marcher honnêtement devant les hommes. Dans le psaume 51, nous lisons que Dieu désire « que la vérité soit au fond du cœur ». Oh, que Dieu fasse de nos cœurs la demeure de ses instructions !
Un autre faux disciple, qui n’est jamais très loin, est M. Pointe-la-Faute. Dès qu’il fait son apparition, vous pouvez être sûr qu’il vous donnera une bonne migraine : il verra tout ce qui ne va pas… enfin, tout à l’exception de ses propres travers !
Il se prend pour un véritable disciple de JésusChrist, convaincu qu’il est d’accomplir un authentique travail d’excellence pour le Seigneur. Mais lorsqu’il observe son entourage (et il observe toujours son entourage), il ne voit qu’immaturité, manque d’expérience, manque de compétence de la direction, problèmes émotionnels… et ainsi de suite. Alors qu’il est persuadé de mettre ses pas dans ceux de Jésus, il ne réalise pas que c’est cette attitude même qui le disqualifie de la marche auprès du Seigneur.
Ce M. Pointe-la-Faute est parfois appelé par son autre nom, M. Juge-l’Autre. Tirant des conclusions hâtives à partir de bribes de divers détails qu’il note d’une personne, il en arrive à s’en représenter un portrait qui ne correspond absolument pas à la réalité de l’individu en question. Il y a un tel danger dans
M. Juge-l’Autre
l’œuvre chrétienne de juger les autres – qu’il s’agisse d’individus ou de groupes. Alors que Dieu déteste ça ! Ce faux disciple a beau être convaincu de suivre la voie de Jésus, il s’égare pourtant sur un chemin de traverse qui se perdra tôt ou tard dans un profond fossé.
Les portes des œuvres chrétiennes s’ouvrent parfois sur un faux disciple plein d’enthousiasme : M.
Fugitif. Il entre en trombes et s’écrie, animé d’un grand zèle : « J’ai été appelé pour aller en Chine ! » et chacun en tombe de sa chaise.
C’est alors que nous découvrons qu’il n’a pas du tout été appelé à partir pour la Chine, ni pour un autre pays d’ailleurs. Il s’est juste senti un « appel » à partir quelque part pour fuir une situation déplaisante, comme un problème à la maison, un échec professionnel, une rupture amoureuse ou autre chose qu’il n’a pas envie d’affronter. La mission chrétienne devient alors une merveilleuse échappatoire. C’est une opportunité en or, une porte ouverte l’invitant à s’échapper de ses frustrations, ses peurs et ses circonstances difficiles.[...]