Au-delà des limites

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Au -delà des

limites

25 expériences vécues avec Dieu

Sous la direction d’Evan Davies



Au-delà des limites 25 expériences vécues avec Dieu

Textes rassemblés par Evan Davies Témoignages recueillis à l’occasion du centenaire de la mission WEC International


25 témoignages tirés du livre Beyond the Edge: 100 Stories of Trusting God Published by CLC Publications, U.S.A. P.O. Box 1449, Fort Washington, PA 19034 © 2012 by WEC International - All rights reserved. Pour la France : © Éditions CLC 2013 BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex Tél. : + 33 (0)4 75 90 20 50 – Fax : + 33 (0)4 75 90 40 04 editions@clcfrance.com – www.clcfrance.com ISBN : 978-2-7222-0169 9 En partenariat avec : AEM-WEC 27 rue de Mulhouse – F-68110 ILLZACH Téléphone : + 33 (0) 3 89 50 45 80 aemwec@laposte.net – aem.wecinternational.org Traduction d’Antoine Doriath (sauf les récits de Mady Vaillant et de Martin Walser) Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés. Couverture et mise en page : Jörg Ehlerding, David Montgomery et Pierre Glassmann Adaptation pour l'édition française : Pierre Glassmann Impression : IMEAF, F-26160 La Bégude de Mazenc Dépôt légal 3ème trimestre 2013 – N° d’impression :




Table des matières Préface de l’édition anglaise.................................................. 9 Préface de l’édition française............................................... 13 Planter le décor................................................................... 15 Au Congo, où la WEC débuta…......................................... 17 Frères

Judy Raymo, Congo.................................................................................19

25 témoignages de la fidélité de Dieu.................................. 25 1. Rencontre avec Jésus

Eva, Moyen Orient..........................................................................27

2. Rencontres dans des lieux déserts

Ingeborg, Moyen Orient...................................................................31

3. Quelle dose de foi me faut-il ?

Caroline Pinke, Côte d’Ivoire............................................................35

4. Crânes et miracles

Laurenz Gossweiler, Tchad...............................................................39

5. Seigneur, nul n'est comme toi !

Louis et Susan Sutton, Tchad............................................................43

6. La double surprise de Dieu !

Junior Damaceno, France.................................................................49

7. Le fils perdu

Veronika Elbers avec Titus Dima, Indonésie.......................................53

8. Plus que père ou mère

Byung Kook Yoo, Corée du Sud.........................................................57


9. Naissance de l’église kaan

Mady Vaillant, Burkina Faso............................................................64

10. Il éprouve notre degré d'engagement

Bruce et Annette Rattray, Kalimantan...............................................71

11. Né infirme

Joann Young, Moyen-Orient et Grande-Bretagne...............................75

12. La foi et le courage de Paulo

Lily Gaynor, Guinée-Bissau..............................................................81

13. L'appel de minuit

Eliki Drodrolagi, Tchad...................................................................85

14. Fils de Samouraï

Anonyme, Japon...............................................................................89

15. Délivrée des démons

Isa Arthur, Guinée Bissau.................................................................93

16. Dieu seul

Detmar Scheunemann, Indonésie......................................................97

17. Bishu – disciple de Jésus et infatigable homme de foi

Evan Davies, Australie...................................................................101

18. À partir de rien

Keith Bergmeier, Inde.....................................................................105

19. Amour sans parole

Eva, Moyen-Orient........................................................................109

20. Aime ton ennemi

Anonyme, Pakistan........................................................................113

21. Sorcellerie

Betty Nowland, Côte d’Ivoire..........................................................117

22. Rencontre mémorable

Eva, Norvège.................................................................................121

23. Le puits de Dieu

Neil Rowe, Guinée-Bissau..............................................................127


24. Du bouddhisme à Christ

Nina Drew, Inde...........................................................................131

25. La puissance de la grâce rédemptrice

Elaine Crane, Inde.........................................................................137

Du Congo jusqu’en France… mobiliser pour envoyer !..... 143 Racontez parmi les nations ses merveilles (Ps 96.3b)

Martin Walser, France...........................................................................147



Préface

édition anglaise

L

es histoires parlent de vie. Les histoires émouvantes décrivent la vie. Les histoires de vulnérabilité révèlent la vie. Les histoires stimulantes raniment la vie. Nous avons besoin d'histoires. Nous avons tout particulièrement besoin d'histoires qui enflamment notre passion et nous poussent audelà des limites présentes de notre compréhension et de notre motivation. C'est peut-être pour cela que Jésus était un narrateur hors pair. C'est peut-être pour cela qu'un livre d'histoires comme celui-ci peut nous émouvoir profondément. C'est peut-être pour cela que ces histoires ont besoin d'être racontées. Une histoire vieille de cent ans, qui continue de se raconter. C'est l'histoire de l'œuvre étonnante de Dieu au travers de faibles créatures humaines, celle de l'amour et de la fidélité de Dieu envers les gens qu'il a appelés à le servir à travers la WEC depuis sa fondation il y a cent ans. Ce livre célèbre le centième anniversaire de la mission WEC International, mais en eux-mêmes, ces récits célèbrent surtout Jésus-Christ, le Créateur de l’Histoire par excellence. Et leur pouvoir de changer la vie se poursuivra longtemps après la fin des célébrations d'anniversaire. La lecture de récits émouvants, fragiles et stimulants comme ceux-ci rallume la passion. Elle ranime notre prise de conscience de l'amour incroyable de Christ pour nous et de son pouvoir quotidien à agir en nous et dans nos circons9


tances. C'est pourquoi nous racontons et nous lisons des histoires à son sujet. Il est tantôt visible, tantôt invisible, mais il est toujours le Maître qui se tient dans les coulisses. Il délivre parfois de manière miraculeuse. Parfois le miracle se trouve dans le courage et la grâce incroyables qu'il donne au milieu de la souffrance. Certaines histoires déclenchent des sourires devant une intervention de Dieu qui tombe à point nommé. D'autres nous font secouer la tête en signe d'émerveillement, tellement l'issue semble trop belle pour être vraie. Ce sont pourtant des récits authentiques et vrais à propos d'un Dieu qui a été fidèle tout au long de ces 100 années écoulées. Dans un sens, ces récits parlent aussi des narrateurs. Appelés à servir Dieu au sein de la WEC, ils ont consacré leur vie à raconter l'Histoire divine de la rédemption opérée par Christ à des populations qui n'en avaient jamais entendu parler et n'avaient aucun moyen d'en entendre parler, les peuples encore non évangélisés du monde. Le désir brûlant des missionnaires, c’est que ces personnes soient transformées par cette Histoire, qu’elles entrent en relation avec le Rédempteur lui-même, Jésus-Christ, et aient à cœur la multiplication des communautés de croyants. Ces histoires nous rappellent que la diffusion sur une grande échelle de l'Histoire est aussi le désir ardent de Dieu ; elles soulignent combien participer à cette entreprise est un privilège. Ne soyez pas surpris si ces histoires remuent quelque chose en vous. Certaines vous feront rire, d'autres vous arracheront peut-être des larmes. Certaines vous encourageront, d'autres vous distrairont. Nous espérons que la lecture de ces récits renouvellera votre ardent désir d'atteindre ceux qui n'ont pas encore entendu l'Histoire et vous encourageront à compter sur Dieu pour tous les défis que vous devrez relever dans la vie. Il y a probablement au moins une histoire que vous deviez entendre le jour où vous la lirez ; elle vous vivifiera ce 10


jour-là, ranimera votre amour pour ce Dieu qui agit encore aujourd'hui de façon surprenante par l'intermédiaire de gens ordinaires, et stimulera votre confiance en lui.

Louis Sutton, directeur international de la WEC

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Préface

édition française

C

e livre est publié à l’occasion du centenaire de la mission WEC International. Que ces témoignages nous amènent à adorer le Maître de la moisson pour sa fidélité, mais aussi pour sa capacité extraordinaire d’utiliser des personnes ordinaires pour faire connaître Sa gloire parmi les nations. « La mission n’est pas le but ultime de l’église. C’est l’adoration. La mission existe parce que l’adoration est absente. C’est l’adoration qui est le but ultime, pas la mission, parce que Dieu est ultime, pas l’homme. Quand ce temps sera passé, et que d’innombrables millions de rachetés tomberont sur leur face devant le Trône de Dieu, il n’y aura plus de mission. C’est une nécessité temporaire. Mais l’adoration demeure toujours. » John Piper dans « Let the Nations Be Glad » Je désire remercier Antoine Doriath, notre traducteur, ainsi que les amis et collègues de la base d’envoi pour les efforts fournis afin que cet ouvrage puisse voir le jour. La version originale en anglais compte cent récits, mais nous n'en avons fait traduire que vingt-cinq. Pour des raisons de sécurité, les noms de certaines personnes ou de lieux ont été changés. Que cet ouvrage stimule notre adoration et notre engagement ! André Wenk, Directeur de l’AEM-WEC (branche française de WEC International) 13



Planter le décor

E

n 1877, un évangéliste américain itinérant fut l'instrument de Dieu pour apporter le salut à une riche famille anglaise : les Studd. Le père, puis les trois fils donnèrent leur vie au Seigneur Jésus-Christ. Peu de temps après, Charles T., le jeune fils passionné de sport, fut obsédé par les besoins spirituels de la Chine. Encore étudiant à l'université de Cambridge, il se porta volontaire pour rejoindre l'équipe croissante de Hudson Taylor, et finalement s’embarqua pour la Chine. À la mort de son père, il redistribua sa part d’héritage et réaffirma son engagement à servir en Chine pour la cause de Christ. Dix ans plus tard, il retourna en Angleterre avec sa femme et quatre filles pour des raisons de santé. En Angleterre, Charles T. Studd s’engagea dans un ministère international auprès des étudiants et auprès de tous ceux qui voulaient entendre ses conférences enthousiastes sur la consécration à Christ et les besoins du monde. Mais bientôt, il fut saisi par les besoins de l'Inde, et toute la famille passa six années fructueuses dans ce pays. À nouveau de retour en Angleterre, une affiche provocante dans un hall à Liverpool l’interpella : « Cannibales cherchent missionnaires ! » Découvrant les besoins de l'Afrique, malgré une santé déficiente et ses attaches familiales, il embarqua pour le Congo Belge avec un compagnon pour démarrer une nouvelle œuvre. L'année 1913 marqua la naissance de la mission WEC International. Au cours des dix-huit années restantes de la vie de C. T. Studd, des milliers de personnes se tournèrent vers Christ, et un nombre croissant de personnes enthousiastes partagèrent sa vision pour un monde encore non évangélisé. Aujourd'hui, plus de 1800 missionnaires de nombreuses nationalités différentes sont à l'œuvre dans environ 80 pays. Evan Davies, ancien directeur international de la WEC 15



Au Congo, où la WEC débuta…



Frères Judy Raymo, Congo

Note : C. T. Studd, le fondateur de la WEC, se rendit pour la première fois au Congo en 1913. Il commença un travail au nord-est du pays. En 2010, cette région comprenait un réseau d'églises dirigées par des pasteurs nationaux avec un auditoire total estimé à 250 000 personnes, un service médical avec des centaines de cliniques rurales et quatre hôpitaux gérés par du personnel congolais et international, un système éducatif avec six écoles bibliques, trois lycées et de nombreuses écoles primaires. Il y a aussi de nombreux projets de développement communautaire. Mais beaucoup reste encore à faire. ************

L

orsque le gouvernement belge reconnut l'indépendance du Congo en 1960, les rivalités qui suivirent pour le contrôle du pays aboutirent à une guerre civile sanglante. En 1964, les « Simbas », partisans du chef rebelle assassiné Patrice Lumumba, conquirent par la force le territoire situé au nord-est

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Au-delà des limites

du Congo, là même où C. T. Studd avait débuté son œuvre au « cœur de l'Afrique ». Malgré les troubles, la vie s'est poursuivie à peu près normalement pendant plusieurs mois. Le 22 août, lorsque le consulat américain recommanda par radio l'évacuation des étrangers, les routes étaient déjà coupées par des check-points et des postes rebelles. Cela faisait déjà des semaines que certains équipiers de la WEC se trouvaient en territoire occupé. Sans loi ni retenue, les Simbas s'adonnèrent à la magie, au cannibalisme et à des actes d'une cruauté inimaginable envers les ressortissants des pays coloniaux ou occidentaux. Au cours des quatre mois suivants, les « Blancs » détestés, y compris les enfants, les prêtres et les religieuses catholiques, subirent des menaces, des moqueries, des coups, des marches forcées pieds nus sur des routes recouvertes de gravier, des simulacres de procès, des exécutions interrompues et la mort sous la torture. Jim Rodger et Bill McChesney, de la WEC, furent parmi les victimes. Jim et Bill n'auraient pas pu être plus différents l'un de l'autre. Bill, vingt-huit ans, bel homme, plein d'humour, était un gars manuel originaire de Phoenix, une ville chaude et ensoleillée de l'Arizona, aux États-Unis. Il avait bien réussi ses études à l'école biblique, suivi les cours d'orientation de la WEC et était arrivé au Congo en 1960. Son travail consistait notamment à entretenir et réparer tous les véhicules de service à Ibambi, le centre missionnaire pour cette région. Les Africains et ses collègues appréciaient son esprit d'humilité et son détachement à l’égard des biens et des succès terrestres. Jim, quarante-cinq ans, venait de Dundee, ville écossaise froide et grise. C'était un enseignant certifié avec mention. C'est un miracle que Jim ait pu se rendre sur un champ de mission. Le comité de la WEC refusa par trois fois sa candidature. En effet, que faire d’un homme capable de monter dans un bus et d’oublier où il est en train d’aller ? Jim déclara : « Je sais que Dieu m'appelle au Congo, et j'irai. » Les missionnaires en poste au Congo insistèrent pour 20


Frères

l'inclure dans leur équipe et Jim arriva. Dès le premier jour de son arrivée, il aima les Africains qui le lui rendirent bien. En octobre 1964, les mercenaires européens avaient commencé à renverser la situation en infligeant des défaites aux Simbas. Pour se venger et faire pression sur le gouvernement afin qu'il rappelle les mercenaires, les rebelles dirigèrent leur colère contre les étrangers, notamment les Belges et les Américains. À plusieurs reprises, Bill et d’autres personnes furent arrêtés puis de nouveau renvoyés à Ibambi. À cause des nombreux coups subis, Bill s'affaiblit et fut souvent sérieusement malade. Le 14 novembre, Jim et Bill furent tous deux arrêtés de nouveau et gardés à Wamba. Pendant dix jours, les deux hommes eurent la permission de passer une grande partie de leur temps à marcher lentement ensemble. Pendant ces promenades, ils se parlaient du Seigneur et tissèrent un solide lien de fraternité. Quand Bill tomba malade, Jim le veilla jour et nuit. Le dernier jour, alors que les troupes parachutées commençaient à chasser les Simbas et à secourir les otages dans la capitale, les Simbas se déchaînèrent sur Bill et le frappèrent si violemment qu'il ne pouvait plus se tenir debout. Jim le porta. Les vêtements de Bill avaient été réduits à l'état de haillons, si bien que quelques prêtres catholiques lui donnèrent leurs habits pour le réchauffer pendant la nuit. Le 25 novembre, Jim, Bill et d'autres hommes blancs de Wamba furent rassemblés dans une cour et reçurent l'ordre de décliner leurs nationalités. Bill indiqua qu'il était Américain et Jim répondit qu'il était Britannique. « Tous les Américains et les Belges seront mis à mort. Les autres seront épargnés. » Telle fut la sentence prononcée. Les Simbas ordonnèrent à Bill d'avancer, mais il était faible et incapable de le faire. Un prêtre qui a survécu entendit Jim dire à Bill : « Si tu dois mourir, je mourrai avec toi. » Jim aida Bill à se rendre là où les Américains et les Belges furent alignés. 21


Au-delà des limites

L'un des prêtres belges, lui-même condamné à mort, appela un Simba qui semblait en position d’autorité et lui dit : « Cet homme est Britannique, ce n'est pas un Américain ! » Quelqu'un d'autre exhorta gentiment Jim à indiquer sa nationalité, pour avoir la vie sauve. Les Simbas redemandèrent à Jim et à Bill leur nationalité. Mais Jim ne répondit pas. Les bourreaux leur lièrent les mains aux chevilles derrière le dos, puis ils les projetèrent violemment sur le sol. Ce jour-là, les Simbas exécutèrent vingt-neuf hommes à Wamba. Les religieuses catholiques furent contraintes d'assister au massacre. La revue Time Magazine du 8 janvier 1965 rapporta la scène dans les termes suivants : « D'après les survivants, les Simbas couraient autour en vociférant : "Tuez-les, tuez-les, tuez-les tous ! " Les Belges furent fusillés, matraqués à mort, ou liés et jetés vivants dans le fleuve Wamba. Mais c’était des morts douces, comparées au sort réservé au missionnaire protestant américain William McChesney. Ils firent une danse guerrière macabre en piétinant son corps étendu par terre jusqu'à ce qu'une hémorragie interne provoquée par l'écrasement des organes mette fin à son agonie. Ensuite les Simbas lui arrachèrent les yeux et jetèrent son corps dans le fleuve. » Un prêtre qui a survécu raconta qu'après avoir projeté Bill sur le sol, un Simba sauta sur son cou et le brisa visiblement, si bien que la frénésie des rebelles s'exerça sur ce qui n'était plus qu'un cadavre humain, tandis que l'esprit était déjà auprès du Seigneur pour qui il avait vécu et donné sa vie. Les Simbas piétinèrent également Jim à mort. Len Moules, responsable de la base d'envoi de la WEC au Royaume-Uni lors de l'envoi de Bill et de Jim, écrivit après sa visite au Congo en 1971 :

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Frères

« Je suis enfin arrivé à Wamba. Quel accueil ! Les foules nous attendaient et ont couru à côté de notre Land Rover. Nous sommes passés sous une arche de guirlandes. Peu après, nous avons déballé notre matériel à l'extérieur d'une petite maison de repos. Elle semblait avoir connu des jours meilleurs, et le missionnaire qui nous accompagnait a dit : "C'est C. T. Studd qui l'a bâtie." Je n’avais pas de peine à le croire ! Mais ses paroles suivantes m’ont fait frémir : "Bill et Jim ont passé leur dernière nuit dans cette pièce." J'ai installé mon lit de camp dans cette pièce et m’y suis couché. "Bill et Jim ont passé leur dernière nuit ici." Si seulement les murs pouvaient parler… Un peu plus tard dans l'après-midi, j’étais sur le pont quand on m’a dit : "Les corps ont été jetés d'ici dans le fleuve." Je suis un homme, et nous avons parfois l'impression que les hommes ne doivent pas pleurer, mais ce jour-là, j'avais les larmes aux yeux. Je me suis allongé dans cette pièce. Je me suis tenu dans cette cour de prison. Je suis monté sur le pont. Et j'ai suivi les traces d'un homme qui déclara : "Et que dirai-je ? … Père, délivre-moi de cette heure ? Mais c'est pour cela que je suis venu jusqu'à cette heure." (Jean 12.27-28) »

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25 témoignages de la fidélité de Dieu



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Rencontre avec Jésus Eva, Moyen Orient

À

quatre heures du matin, une voix parle à l'interphone de la maison :

« Votre taxi pour l'aéroport est là, Madame. » Je sors du bloc des appartements et apprécie le calme qui règne dans les rues habituellement bruyantes de la capitale de ce pays islamique. Ce calme me convient tout à fait à cette heure du jour, car je ne suis pas ce qu'on appelle « une personne matinale ». Pendant les deux premières minutes du trajet, le chauffeur du taxi semble respecter mon désir de quiétude. Mais il ne peut pas réprimer sa curiosité plus longtemps. « Puis-je vous poser une question, Madame ? - Bien sûr ! Pourquoi pas ? 27


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- Puis-je vous demander quelle est votre religion ? Je vous demande pardon de poser une question aussi personnelle. - Je ne vous en veux pas du tout. Je suis disciple de Jésus. - C'est bien ce que je pensais ! Je m'en suis rendu compte dès que vous êtes montée dans le taxi ! - À quoi l'avez-vous remarqué ? » Je suis maintenant bien réveillée, et nourris quelque appréhension. Je me demande si les paroles du chauffeur sont sincères ou si elles masquent un piège… « Voyez-vous, récemment j'ai fait un rêve, et dans ce rêve, j'ai ressenti une paix, une joie et un amour incroyables. Je n'ai jamais rien connu de pareil de toute ma vie. Or, comme vous pouvez le constater, je ne suis plus tout jeune ! Et là, lorsque vous êtes entrée dans le taxi, j'ai de nouveau éprouvé ce même sentiment de paix, de joie et d'amour ! J'en ai donc déduit que vous deviez être disciple de Jésus. » Je me dis alors que si ce que cet homme dit est vrai, il a certainement dû remarquer la présence du Seigneur rayonnant de ma personne malgré ma torpeur au moment où je suis montée dans le véhicule. Quel encouragement pour moi ! Une confirmation de la foi que nous apportons dans ce pays, où nous n'avons pas le droit d'évangéliser ni de parler ouvertement de l'Évangile ; mais nous croyons que nous le proclamons en permanence même si nous ne pouvons pas utiliser des mots pour le faire. Je lui demande alors : « Qu'avez-vous donc rêvé ? - En fait, mon rêve était très simple, me répond-il. Il y avait juste une Personne qui me regardait. Mais sa façon de me dévisager était tellement pleine d'amour ! Un amour qui a transpercé mon corps 28


Rencontre avec Jésus

et mon âme. Il a enveloppé mon être tout entier. C'était un amour plus grand que le monde entier et pourtant tellement personnel ! Un amour exprès pour moi ! Il m'aimait, moi ! Il était revêtu de vêtements blancs, mais ce qui m’a surtout frappé, c'était ses yeux et sa façon de me regarder. J’ai immédiatement su que c'était Jésus. J'ignore comment j'ai pu le savoir ; sans dire un mot, il a fait en sorte que ce soit clair pour moi. J'ai aussi senti qu'il savait tout de moi, et tout ce que j'avais fait, mais qu'il m'aimait malgré tout de cet amour profond et accueillant. » Il arrête de parler ; ses yeux sont remplis de larmes. Il est tout à fait sincère. Je lui demande : « Savez-vous ce qui est merveilleux ? Tous les imams dont les gens parlent dans l'islam sont morts, mais Jésus, lui, est vivant ! - Bien sûr qu'il l'est ! Je l'ai vu ; il est donc bien vivant. Et le rêve était tellement clair que j'ai la conviction que c'était plus qu'un simple rêve. C'était comme une vision et elle a véritablement changé toute ma vie. Aucune personne morte n'aurait pu accomplir cela ! Moi aussi je suis maintenant un disciple de Jésus. Je désire apprendre à mieux le connaître. » Après ce commentaire, nous n’arrêtons plus de parler et de nous écouter mutuellement ! Nous sentons tous les deux que le SaintEsprit est à l'origine de cette rencontre providentielle, et nous saisissons l'occasion inattendue de dialoguer et de nous encourager au maximum. Nous arrivons bien trop vite à l'aéroport. Nous savons qu'après ces moments intenses où nous avons appris à nous connaître et à goûter la présence de Dieu, nous devons nous dire au revoir sachant que nous n'aurons vraisemblablement plus l'occasion de nous rencontrer. Nous poursuivons donc chacun notre route en cette journée naissante, avec la force que communique la joie du Seigneur.

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