I
Préface
l n’est aucun thème biblique plus que celui de l’antichrist qui ait provoqué autant de fantasmes, non seulement dans les milieux chrétiens, mais également au sein de la société occidentale tout entière. Ce mystérieux personnage, dont parlent Jésus et les apôtres, suscite évidemment beaucoup de questions légitimes. Mais à force d’avoir occidentalisé les concepts bibliques, de les avoir déracinés de leur terreau culturel et spirituel d’origine, on en est arrivé parfois à des conceptions caricaturales, ou en tout cas, très éloignées de ce que la Bible veut nous enseigner. Certes, le sujet est complexe car les textes sont très sobres en détails et le livre de l’Apocalypse (bien qu’il ne mentionne pas directement le personnage mais dans lequel on reconnaît le système qui sera le sien), est lui-même très hermétique, utilisant de nombreux symboles et codes, dont nous avons aujourd’hui, pour une grande part, perdu le sens. Il est vrai que bien des ouvrages ont déjà abordé ce thème de l’antichrist et ont tenté d’éclairer, avec plus ou moins de bonheur, notre compréhension du sujet. Mais, ainsi que le déclarait le professeur israélien Flusser, l’un des plus éminents spécialistes du Nouveau Testament de sa génération (professeur de Jean-Marc Thobois, à l’Université hébraïque de Jérusalem), l’imprécision entourant les propos eschatologiques de Jésus est intentionnelle. Le but étant de placer l’auditeur dans une situation où, faute d’indices explicites, il sera amené à « prier et veiller en tout temps ». Faut-il, pour autant, éluder la question de l’antichrist ?
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