Le Notre Père

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Jean-Michel Bourgois

LE NOTRE PÈRE

ou la rencontre dans le lieu secret


© 2018, Éditions CLC France BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex Tél. : +33 (0) 4 75 90 20 54 editions@clcfrance.com – www.clcfrance.com ISBN : 978-2-7222-0292-4 ISBN Epub : 978-2-7222-0312-9 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. L’image de couverture représente le célèbre tableau Le Retour du fils prodigue de Rembrandt. Impression : IMEAF, F-26160 La Bégude de Mazenc Septembre 2018 – N° d’impression :


Jean-Michel Bourgois

LE NOTRE PÈRE ou

la rencontre dans le lieu secret



Le retour du fils prodigue, par Rembrandt J’ai choisi cette œuvre aujourd’hui conservée au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et reproduite en tête de l’ouvrage pour donner le « la » de mon ouvrage. Il s’agit d’une huile sur toile de grande dimension (205 cm x 262 cm) dont le thème est la représentation que se fait Rembrandt de l’Amour du Père tel qu’il l’a vécu en tant que lui-même, fils prodigue. Elle tient dans ce musée la même place que la Joconde au musée du Louvre à Paris. Il a réalisé cette toile à l’âge d’environ soixante ans, en 1668. La légèreté et la facilité qui avaient caractérisé la première partie de sa vie ont été suivies de deuils et d’échecs qui l’ont conduit vers une forme de déchéance. De là, il a fait un retour vers Dieu. Ainsi cette toile va au-delà de la scène biblique qu’elle tente de dépeindre ; c’est un moment du parcours spirituel de l’auteur. Il a compris et expliqué par sa peinture que Jésus nous invite tous, comme le fils prodigue de la parabole, à aller à la rencontre du Père céleste. Ainsi nous pouvons tous, après avoir tourné chacun d’une façon ou d’une autre notre cœur vers les fausses valeurs, les plaisirs, l’argent facile ou les choses vaines, aller avec Jésus à la rencontre de ce Père céleste à l’amour inconditionnel et retrouver les vraies richesses de la maison du Père qui ne périront jamais. La représentation qu’il fait de la scène va nous révéler ce que Rembrandt a vécu et ce qu’il veut nous transmettre. 5


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Le fils prodigue est peint de façon grossière pour exprimer l’homme usé qu’il est devenu : il a perdu tout fard et tout masque et il est rasé, tel un prisonnier qui vient de sortir de la prison des chimères de son ancienne vie. Ses vêtements ne sont plus que des haillons, sa tunique est déchirée, un pied est nu et l’autre l’est à moitié. Le Père est représenté avec un visage ridé et des yeux usés à force de guetter le retour de son fils parti au loin pour des aventures à l’issue improbable. Sa stature en forme d’ogive se présente comme l’abri d’un porche royal sûr et apaisant. Le manteau royal qu’il porte est prêt à se déployer sur les épaules du fils. On relèvera la différence entre les deux mains du père : l’une masculine, l’autre féminine. Rembrandt renforcera encore le côté maternel du Père en le montrant en train de presser la tête du fils contre son ventre, comme si celui-ci était une matrice maternelle. Il le fait ainsi qu’une jeune accouchée qui prendrait son enfant sur son ventre après l’avoir mis au monde. En vérité, il est l’enfant qui vient de naître… de nouveau. Les autres personnages présents sur le tableau sont de simples spectateurs dont la présence est rejetée dans l’ombre. Cependant il en est un qui retient davantage le regard, c’est celui qui se tient figé, droit et immobile. Sa posture est à l’opposé de celle du Père qui se penche dans une attitude d’accueil. Il est probablement l’autre fils, qui reste guindé dans la loi, les principes et le jugement. À l’évidence il ignore tout de la compassion paternelle ! Sa présence dans le tableau est là aussi pour nous interpeller : ne serait-il pas le représentant de tous ceux qui se considèrent comme des « bien-pensants » ? Et nous, à qui nous identifions-nous ?

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À mon épouse, Brigitte, À mes enfants : Laétitia, Emmanuelle, Rébecca, Claire, Priscilla et Jean-Baptiste.



Table des matières Remerciements................................................................................. 11 Avis au lecteur.................................................................................. 13 Introduction..................................................................................... 15 1. Le Notre Père, un chemin structuré vers le Père....................... 23 2. De YHWH à Père..................................................................... 29 3. Annoncer l’amour du Père a un prix......................................... 37 4. Par le Notre Père, aller au-delà du voile déchiré........................ 43 5. Comment entrer dans le lieu secret........................................... 59 6. Venez et voyez le palais où il siège en majesté !......................... 71 7. Le Notre Père, un évangile dans l’évangile................................ 79 8. Première invitation : « Père de nous des cieux ! »...................... 85 9. Deuxième invitation : « Sanctifié soit ton nom ! ».................... 99 10. Troisième invitation : « Que ton royaume vienne ! »..............111 11. Quatrième invitation : « Que ta volonté soit faite… »...........121 12. Cinquième invitation : « Aujourd’hui donne-nous notre pain de ce jour »...............................................................................155 13. Sixième invitation : « Libère-nous de nos dettes »...................167 14. Septième invitation : « Ne nous laisse pas entrer en tentation »187 15. Une dernière recommandation pour nous mettre en garde....197 16. Pourquoi le Notre Père a-t-il été tant malmené ?....................201 Conclusion.....................................................................................205



Remerciements Le seul qui m’ait vraiment permis de m’engager dans l’écriture de cet ouvrage et qui en a été l’inspirateur, c’est celui qui m’a appelé des ténèbres à la lumière et qui m’a connu avant que le monde fût (Éphésiens 1.4-5) : « En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté. »

Si quelques grâces, quelques profits spirituels peuvent toucher certains de mes lecteurs, qu’ils les attribuent au Seul qui en tout et pour tout doive être remercié en premier et en dernier ressort, le Père des Lumières (Jacques 1.17) : « Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. »

À lui, à son Fils Jésus-Christ notre Seigneur, et au Saint-Esprit soient la gloire, l’honneur et la puissance aux siècles des siècles ! C’est par lui et pour lui que j’ai entamé ce travail d’écriture. Je me sais également redevable auprès de plusieurs auteurs chrétiens et de prédicateurs qui ont été de vrais instruments du Saint-Esprit, contribuant intensément au renouvellement de mon intelligence. Parmi ceux-là, je voudrais nommer le pasteur Georges 11


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DAVOULT aujourd’hui à la maison du Père et le pasteur Laurent SCHLUMBERGER. Ils m’ont aidé à comprendre le sens profond des Écritures. Je dois également beaucoup aux ouvrages de Richard FOSTER, (La prière, à la découverte de la vraie demeure du cœur, aux éditions Vida) et de Leanne PAYNE (Vivre en la présence de Dieu et La prière d’écoute aux éditions Raphaël). C’est avec eux que j’ai mûri dans mes convictions au sujet de la prière. Je ne peux non plus oublier les bases de l’éducation chrétienne que j’ai reçue de mes parents ni leur exemple de fidélité à l’Évangile. Il me faudrait encore mentionner le scoutisme dont les principes de son fondateur, Baden POWELL ont été des préparations dans la route qui m’a conduit vers Jésus. Quant à l’écriture de cet ouvrage, je ne peux mentionner tous ceux et celles qui m’ont, par leurs prières, leurs encouragements et leurs propos, permis de parvenir à son achèvement. Ceux que je mentionnerai symboliseront donc ceux et celles qui de façon anonyme ont permis que je mène cette tâche jusqu’au bout. Parmi ceux qui m’ont encouragé dans cette réalisation, je nommerai particulièrement les pasteurs Gordon NEAL et Frank PECASTAING. Je suis enfin particulièrement redevable envers Dominique LEBRUN, Nicolas DUVAL et Sylvaine LAINEL pour leur travail de relecture détaillé de mon premier manuscrit. Leurs remarques pertinentes et leurs suggestions avisées m’ont été une précieuse aide. Je ne voudrais pas oublier Johan SODE et Suzanne BALVERDE qui m’ont fraternellement adressé plusieurs remarques judicieuses et suggéré quelques corrections. J’adresse enfin des remerciements tout particuliers à Marianne GAYE, qui a fait un remarquable travail de correction touchant tant à la forme qu’à l’orthographe. Enfin, last but not least, je veux particulièrement remercier Brigitte, mon épouse, pour ses précieux conseils quant à l’organisation et l’élaboration de cet ouvrage.

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Avis au lecteur La Bible, rien que la Bible Il me faut encore préciser que la Bible a été ma principale source d’inspiration. J’ai toujours essayé de l’interpréter par elle-même, et sauf indications contraires, les citations données proviennent de la traduction Louis Segond 1910. Certes, cette traduction souffre de quelques archaïsmes et ne profite pas des dernières recherches en matière de sciences bibliques, cependant sa popularité reste telle que je l’ai gardée. J’ai néanmoins eu soin, le plus souvent, de consulter d’autres traductions. Pour les identifier dans le texte, j’utilise la notation en caractère gras de la liste suivante : • Nouvelle version Segond révisée © éditions Alliance Biblique universelle 1978, dite Bible La Colombe • Nouvelle version Segond révisée © éditions Alliance Biblique universelle 2002, dite NBS • La Bible © éditions EXCELSIS dite version du SEMEUR

Le désir d’aborder chaque question avec rigueur J’ai aussi consulté les textes originaux. Je l’ai fait en utilisant le site internet : www.saintebible.com ; bien que non spécialiste des langues bibliques, ce site propose une version interlinéaire avec les références « strong ». En effet la consultation des originaux grecs et hébreux a parfois été nécessaire ; il arrive en effet que les traductions peinent à traduire dans un français correct un mot ou un 13


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concept porté naturellement par l’original mais que le génie de la langue française ne parvient pas à traduire sans passer par une périphrase. Bien entendu, toutes ces précautions résultent d’un seul souci : respecter par-dessus tout « la foi qui a été transmise une fois pour toutes » (Jude 1.3) : « … Je désirais vivement vous écrire… afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. »

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Introduction Tout d’abord je voudrais dire qu’aucune approche du Notre Père ne peut être définitive. Toute méditation tirée de l’Écriture, et a fortiori celles qui partent d’un texte aussi riche que le Notre Père ne seront jamais l’apanage d’une personne. C’est en Église, corps du Christ, que les contributions des uns et des autres permettront à chacun de croître dans la connaissance des Écritures et donc de Dieu. De plus, nous savons que Jésus est la Parole faite chair, il y a donc entre la Parole écrite et la personne de Jésus un lien tout à fait particulier. C’est pourquoi Calvin parlait de la Parole comme le premier sacrement de l’Église, c’est-à-dire comme le premier signe visible de sa présence. C’est donc dans cette perspective globale de membre du corps de Christ que ce livre a été écrit, comme une contribution au progrès spirituel du peuple de Dieu (Colossiens 1.9-10) : « ...nous ne cessons de prier Dieu pour vous, et de demander que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur et lui être entièrement agréables, portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres et croissant par la connaissance de Dieu. »

« Soyez fervents d’esprit » (Romains 12.11) Par ce verset je voudrais introduire la genèse de cet ouvrage. En effet par ces quelques mots, l’apôtre Paul exhorte vigoureusement ses lecteurs à s’engager dans une vie spirituelle intense. Or en écho 15


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à cette exhortation, ceux qui la reçoivent se lancent aussitôt dans un questionnement du type : comment faire pour traduire en pratique cette parole ? C’était un peu mon cas. En effet, passer régulièrement, si ce n’est quotidiennement du temps avec le Seigneur m’a semblé parfois difficile à respecter. Souvent à compter du jour béni où l’on a rencontré son Sauveur, on cherche à aller plus loin dans notre communion avec Dieu. Au départ nous constatons de rapides progrès dans la communion avec lui, puis vient une période où on se demande pourquoi on ne progresse plus, pour même quelquefois régresser. Ce fut pour ma part le constat que je fis et j’ai donc essayé par moimême de trouver un remède à ce dysfonctionnement. Je me suis mis à chercher parmi les auteurs connus d’hier et d’aujourd’hui ceux qui pourraient m’apporter des solutions, des méthodes ou des conseils avisés. Leur nombre, dans ce domaine, est tel qu’une vie d’homme ne parviendrait même pas à achever la simple lecture de leurs ouvrages. J’ai néanmoins entrepris une démarche en ce sens en me limitant aux plus connus. Tous m’ont d’ailleurs, d’une manière ou d’une autre, transmis des grâces de la part de Dieu. Cependant, toutes ces démarches ne me satisfirent qu’à moitié et je ne pouvais donc faire autrement que de continuer à explorer d’autres chemins car une voix intérieure ne cessait de crier (Psaumes 42.3) : « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant : Quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? »

C’est finalement par la redécouverte du Notre Père, tel un enseignement et un canevas qui structurent la relation avec le Père céleste que j’ai trouvé la méthode que je pourrais qualifier de « parfaite » pour moi, dans la mesure où c’est le Seigneur lui-même qui l’a donnée. Cette découverte d’une nouvelle façon d’appréhender le Notre Père m’a emmené dans une aventure, car c’en est vraiment une, et je vais en partager avec vous les grandes lignes.

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Introduction

Une conviction : partager ce que j’avais reçu Tout est parti d’un temps d’hospitalisation qui m’a fait perdre mes repères habituels et m’a poussé à chercher avec plus d’intensité que d’ordinaire le réconfort de la Parole de Dieu. C’est dans ce contexte particulier, en méditant le passage du Notre Père, tel que le rapporte le chapitre 6 de l’évangile de Matthieu, que j’ai vu une autre façon d’appréhender le message de Jésus. La première chose que j’ai ressentie en complétant Matthieu 6 par Luc 11, c’est que la réponse du Maître a été faite pour répondre à la demande d’un disciple : « enseigne-nous à prier ». La réponse de Jésus a donc été en réponse à la question un enseignement, et non la délivrance d’une prière toute faite à réciter. Par ailleurs, les paroles doivent être entendues dans le contexte de la mission de Jésus : ramener dans la maison du père, l’humanité perdue, égarée et séparée de lui. Le Notre Père a donc été donné à ceux qui reviennent pour construire alors une relation intime et personnelle avec leur Père. C’est là le tout premier point que révèle le Notre Père : Dieu n’est plus présenté comme le créateur tout-puissant, ce qu’il ne peut cesser d’être, mais comme le protecteur parfait dont la bienveillance de son amour transmue la relation de créature à créateur en relation d’enfant à Père. Soudain le Saint-Esprit m’a interpellé sur ce qui m’est apparu comme une étrangeté du texte. Jésus, après avoir employé six fois des adjectifs possessifs ou des pronoms à la deuxième personne du singulier : « tu, ta, ton, te », passe subitement à l’utilisation d’un pronom à première personne du pluriel « notre » : « Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié. »

(Matthieu 6.6-9)

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Quel sens donner à ce brusque changement de sujet ? On passe trop souvent sur ce passage sans réfléchir à ce point précis. Or par ces paroles, Jésus révèle à ses disciples un point essentiel fondamental : Jésus s’offre comme le seul et unique intermédiaire pour aller vers le Père. Jésus nous invite à nous adresser au Père par lui, avec lui et en lui. En d’autres mots, dire « Notre Père », c’est tout simplement s’adresser au Père céleste avec Jésus à nos côtés. C’est en effet un point constant dans l’Écriture : sans Jésus, il est impossible d’aller vers le Père. Il est le seul qui puisse nous conduire à lui. Jésus le dit explicitement lui-même (Jean 14.6) : « Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. »

Paul reprend la même pensée (1 Timothée 2.5) : « Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. »

L’autre sens du mot « Notre », est qu’en Jésus, nous trouvons notre dimension sacerdotale. Au travers de sa personne, lui le chemin unique, nous sommes appelés « en lui avec lui et par lui » à être des intercesseurs pour nos frères chrétiens et pour ses enfants qui ne le connaissent pas encore. Bien entendu nous reviendrons abondamment sur ces deux sens, le premier qui nous invite à entrer dans une étroite intimité avec le Père et le second à entrer dans la dimension collective de l’intercesseur au nom de ceux qui nous entourent. L’expression « Notre Père » met donc en lumière ces deux approches. C’est après avoir compris le dessein de Jésus que j’eus la conviction que cette vision essentielle de la relation avec le Père devait être partagée, que cette lumière ne devait pas rester sous le boisseau. Cependant, ne croyez pas que par la lecture de cet ouvrage vous entrerez dans des révélations nouvelles. Je n’ai pas cette intention. Vous serez simplement conduit vers des sources oubliées de l’Écriture. En effet, la grande majorité du peuple chrétien a oublié le Notre Père comme le chemin par excellence pour aller à la rencontre du Père céleste. Ma démarche serait plutôt du 18


Introduction

même ordre que celle d’Isaac quand il débouchait les puits creusés par son père et comblés par les Philistins (Genèse 26.18) : « Isaac creusa de nouveau les puits d’eau qu’on avait creusés du temps d’Abraham, son père, et qu’avaient comblés les Philistins après la mort d’Abraham ; et il leur donna les mêmes noms que son père leur avait donnés. »

Les premières pierres ôtées, les premières vérités enfouies se laissèrent entrevoir, puis au fur et à mesure que j’ôtais les pierres, d’autre vérités apparaissaient à la lumière, pierre après pierre…

Suis-je bien appelé à partager ce message ? Bien entendu, vous imaginez bien qu’on ne peut s’en sortir aussi facilement en se mettant en campagne pour la rédaction d’un tel message. Les attaques de l’adversaire relatives à ma prétendue conviction ne m’ont pas été épargnées. Ainsi, après avoir découvert ce que je vous ai partagé, j’ai eu bien souvent la tentation de déposer la plume, ou dit de façon plus prosaïque, de délaisser le clavier de mon ordinateur. Tournait alors en boucle dans mon esprit la question : ne serait-ce pas présomptueux de ma part de remettre en cause des choses établies depuis si longtemps ? En effet, même si des vérités essentielles avaient été enfouies par des siècles de traditions, était-ce bien à moi de les remettre en évidence ? A priori je n’avais reçu aucune investiture pour le faire. Ne fallait-il pas alors laisser ce genre de tâche à un clerc investi ? Poser ces questions, c’était, au plan humain, y répondre : je ne répondais pas aux critères habituels. Mais confronté à la Parole de Dieu, j’ai dû constater que mes raisonnements ne tenaient pas (2 Corinthiens 2.16b) : « Et qui est suffisant pour ces choses ? »

À l’évidence, aucun chrétien ne peut se dire « suffisant pour ces choses » ; par contre le Saint-Esprit a été donné à tous les chrétiens pour qu’ils annoncent les trésors de l’Évangile. Cette réponse de l’Écriture m’ayant persuadé que tout le secours divin nécessaire me serait donné pour exposer ce que j’avais reçu du Seigneur, je 19


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me suis humblement engagé dans ce travail d’écriture. J’ajouterai enfin, qu’en même temps, je recevais les encouragements de plusieurs frères et sœurs dans la foi, ce qui a achevé de me convaincre.

Se recentrer sur le Père J’ai donc découvert et compris que le Notre Père était l’enseignement de Jésus par excellence pour entrer dans une vie personnelle et intime avec le Père. J’ai ensuite compris que c’est par la méditation de l’enseignement de Jésus et non par la récitation d’une prière qu’on y parvient. Bien évidemment, suite à cela, il ne faudrait surtout pas en déduire qu’il faille s’abstenir d’enseigner le Notre Père comme un texte à mémoriser. Il serait tout à fait inapproprié d’en tirer une telle conclusion. Je crois au contraire qu’il est important de donner au Notre Père une place importante au cœur de nos communautés. Le réciter en commun ou le chanter est utile à plusieurs égards. Avec le chant de psaumes, d’hymnes et de cantiques, il a toute sa place pour souder les membres d’une communauté autour du Père par le ministère du Fils. De plus, la récitation ou le chant en commun de ce texte extraordinaire permet aussi de rappeler à chacun sa responsabilité quant à une vie personnelle intime avec Dieu. Enfin, la récitation du Notre Père peut, comme beaucoup d’autres textes, constituer un socle permettant de souder entre elles les différentes communautés chrétiennes. Beaucoup de personnes récitent ce texte de tout leur cœur et trouvent dans ces paroles une vraie consolation. Mais je leur propose d’en retirer bien davantage en allant vers le Père par la méditation des enseignements de Jésus.

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Première partie : Introduction au Notre Père



Chapitre 1 Le Notre Père, un chemin structuré vers le Père Lorsqu’on aborde le Notre Père apparaît au premier abord l’extrême concision du propos, sa structure et son thème : la communication intime et personnelle avec le Roi du ciel et de la terre. Ce sont ces éléments qui ont contribué à faire de ce texte l’un des plus vénérables et des plus vénérés de la chrétienté.

Jésus unit l’Église autour du Père Appréhender toute la richesse du Notre Père ne relève pas de la théologie mais du vécu. L’enseignement de Jésus est ouvert à ceux qui ont un cœur d’enfant mais il est caché aux sages et aux savants : « …Jésus prit la parole, et dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. » (Matthieu 11.25)

L’enseignement du Notre Père n’a d’ailleurs rien de théorique, il est au contraire très pratique et plonge ses racines dans la relation qui unit Jésus à son Père. Il constitue à ce titre un moyen privilégié par lequel Jésus crée l’unité au sein du peuple de Dieu. Par le Notre Père, les chrétiens entrent dans l’unité avec le Père et donc avec tous les disciples du Christ (Jean 17.21-23) : « … Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient 23


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parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »

Ces mots : « Que tous soient un », sont souvent cités lorsque les chrétiens, conscients de leurs divisions, cherchent à se rapprocher en invoquant ce qu’ils pensent être un vœu de Jésus. C’est de mon point de vue une mauvaise compréhension de sa parole. Sa parole est créatrice au même titre et avec la même puissance que celle de Dieu quand il a créé le monde : « Que la lumière soit… et la lumière fut. » L’unité des chrétiens est donc à regarder d’une toute autre manière. Elle n’est pas à construire par nos efforts car en Jésus elle est déjà accomplie. Ainsi, dans leur communion avec le Père et avec le Fils, les chrétiens sont eux-mêmes en communion les uns avec les autres. Jésus le dit expressément dans le passage ci-dessus : « qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient parfaitement un. » C’est la relation avec le Père céleste par Jésus, avec lui et en lui qui crée ipso facto la communion entre les chrétiens. C’est dans cette union que toutes les divisions dans lesquelles l’ennemi a cherché à enfermer les chrétiens sont vaincues et dépassées.

Jésus notre modèle pour nous unir au Père Un autre enseignement du Notre Père tient dans le fait qu’il reflète la relation qui existe entre Jésus et son Père. Comprenons bien que si Jésus a toujours été le même, s’il n’a ni changé, ni varié, sa relation avec le Père n’a pas pu changer non plus : elle fut, elle est et elle sera toujours la même (Hébreux 13.8) : « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement. »

En conséquence, par le Notre Père, Jésus nous ouvre la possibilité d’entrer dans la même relation d’amour qu’il vit lui-même avec son Père. Ce caractère divin du Notre Père lui donne une aura exceptionnelle et constitue une invitation unique à franchir les portes du ciel. Suivons donc Jésus en l’imitant et ceci tout particulièrement pour ce qui concerne le Notre Père. Cependant avant d’aller vers le Père, Jésus précise que le chemin pour y parvenir passe 24


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par lui. Les toutes premières paroles de Jésus à ses disciples sont : « Suivez-moi ». Tout commence en le suivant (Matthieu 4.18-20) : « Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer ; car ils étaient pêcheurs. Il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt, ils laissèrent les filets, et le suivirent. »

Après Pierre et André, il appelle Matthieu-Lévi puis Philippe : « En passant, il vit Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des péages. Il lui dit : Suis-moi. Lévi se leva, et le suivit. » (Marc 2.14) « Le lendemain, Jésus voulut se rendre en Galilée, et il rencontra Philippe. Il lui dit : Suis-moi. » (Jean 1.43)

Ces paroles constituent le premier enseignement de Jésus. En effet la vie chrétienne commence par cet acte d’obéissance qui consiste à le suivre. C’est donc en suivant Jésus que le Saint-Esprit nous conduit à l’imiter avec le Notre Père comme pierre angulaire.

Un texte structuré et didactique Le Notre Père est un enseignement construit sur sept recommandations qui s’enchaînent selon une logique céleste, que nous découvrirons, et qui n’a rien à voir avec celle des hommes. On serait tenté de dire qu’elle est même contraire. Tout commence par l’invocation « Notre Père du ciel ! » Celleci nous place d’emblée dans la rencontre avec le Tout-Puissant qui se laisse interpeller grâce à l’entremise de Jésus. Toutes les autres recommandations qui suivront seront à comprendre et à vivre dans le cadre de cette réalité : mon Dieu, mon créateur, le Tout-Puissant est mon Père ! Alléluia ! Quelle grâce ! Quel privilège ! Ensuite, comprenons que la méthode par laquelle Jésus nous enseigne à prier est comme celle que dispenserait un professeur de musique. Celui-ci commencerait par enseigner les rudiments que sont le solfège et les gammes. Son but ne serait pas d’enseigner 25


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des techniques, elles ne sont que des moyens. Jésus procède de la même manière pour la prière. Il ne nous demande pas une récitation de ce qu’il a enseigné, il nous demande qu’on le fasse vivre par la puissance du Saint-Esprit et non en suivant une lettre, aussi belle fut-elle, en aimant Dieu « de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre pensée et de toute notre force » (Marc 12.30) : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. »

Réciter au lieu de vivre le texte de tout notre être, c’est-à-dire en le méditant, cela revient un peu à faire des gammes au lieu de jouer d’un instrument.

La structure du Notre Père L’exposé de Jésus est construit en trois parties : • La première partie concerne les six recommandations préparatoires à la rencontre. • La deuxième partie concerne l’enseignement proprement dit en sept chapitres. • La troisième partie consiste en une mise en garde finale. C’est donc la deuxième partie qui constitue en soi l’enseignement. Celle-ci est elle-même ordonnée et classée en sept points que Jésus d’ailleurs ne développe pas. La question que l’on peut se poser est bien sûr : pourquoi ne le fait-il pas ? Disons que Jésus nous a préparé le jardin et il nous revient de le cultiver. Dit autrement, Jésus nous donne les outils et c’est à nous d’inventer et de construire. La communication avec le Père céleste partage les règles de toute communication, les stéréotypes n’ont aucun sens, par contre le cœur, la créativité, l’inventivité, la sincérité, la spontanéité sont les ingrédients de toute bonne communication. C’est ce que Jésus attend que nous fassions à partir des éléments qu’il nous donne. La méditation de chacune des sept propositions de Jésus en lieu et place de leur récitation nous amènera à quitter le monde de la religiosité pour entrer dans celui de la vie de l’Esprit. Nous louerons, adorerons et prierons chacun le Père céleste selon notre cœur, notre âme, notre 26


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intelligence et notre force. La beauté de notre prière ne consistera pas en des mots ou des phrases choisies mais consistera en l’amour que nous mettrons dans notre rencontre avec le Père céleste. Dans cette vision, le Notre Père, hormis sa structure septénaire invariable, deviendra un renouvellement permanent. Par ailleurs, le Notre Père cessera d’être un soliloque pour devenir un vrai dialogue et un échange avec le Père. Dans cet échange, nos mots revêtiront autant d’importance que notre silence. Jésus nous invite à demander à notre Père céleste mais nous le verrons, il nous invite tout autant à nous taire afin que nous puissions entendre ce qu’il a à nous dire. Nos plus grands exaucements résulteront de notre capacité à demander selon sa volonté et donc à l’écouter pour la connaître.

Il n’y a que des disciples L’expérience de la rencontre régulière, pour ne pas dire quotidienne, n’est pas réservée à une élite spirituelle. Selon la Bible, il n’y a dans l’Église qu’une catégorie de chrétiens : les disciples. C’est vers le iiie siècle qu’a émergé une distinction arbitraire entre les chrétiens. Les uns constituant le clergé et les autres les laïcs. Il n’y a aucune trace de cette distinction dans les Écritures. Comprenons le sens de ces mots au travers de leur étymologie : le mot clergé vient de cléros, qui en grec signifie « le lot de Dieu », c’est-à-dire son élite. Le mot laïc vient du grec laos, qui signifie « le peuple ». On chercherait en vain dans la Bible une telle distinction. L’Écriture ne connaît qu’une seule sorte de chrétien : les disciples. Tous, aux yeux de Dieu, nous sommes son élite, et tous nous n’avons qu’un seul but assigné : « porter beaucoup de fruits » (Jean 15.7-8) : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. Si vous portez beaucoup de fruit, c’est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples. »

Le Notre Père est donc un message qui ne fait pas de distinction et qui s’adresse à tous les chrétiens, c’est-à-dire ceux qui sont disciples de Jésus. 27


LE NOTRE PÈRE Chapitre 2

Le présent ouvrage propose une méditation approDe YHWH à Père fondie du Notre Père sous un angle radicalement neuf. Bien que ce texte soit certainement le plus aimé de toute la chrétienté, la vision donnée On ne peut comprendre le Notre Père, c’est-à-dire le faitpar d’être amené à vivre le une Père-enfant, sansjour se pencher sur l’Hisl’auteur faitrelation apparaître sous un nouveau. toireSi dece la révélation. Après la désobéissance, interrompit toute texte emblématique se trouvequi dépoussiéré, ce relation entre l’homme et Dieu, ce dernier s’attacha à tout reconsn’est pas tant par ses analyses théologiques – il y a truire, et la Bible est le livre qui révèle comment Dieu procéda. en a bien sûr quelques-unes, que de parpatience sa fraîcheur Notamment en montrant l’immense travail accompli spirituelle. C’est enl’homme, effet à tel partir d’une révélation par Dieu pour apprivoiser le renard de Saint-Exupéry dansdu sonSeigneur livre Le petit prince. Il vaa été progressivement se montrer que l’ouvrage écrit. moins sous le visage du Tout-Puissant que sous celui de Père.

Dieu est insaisissable et inconnaissable Dès la première phrase de la Bible, le créateur porte le nom d’Elohim (Genèse 1.1) : « Au commencement, Dieu (Elohim) créa les cieux et la terre. »

L’auteur a travaillé durant vingt ans dans

Puis après avoir achevé la création des mondes végétal et aniune société multinationale. Il a repris enmal, Dieu, à l’occasion de la création de l’homme, révèle une parsuite une structure d’enseignement par tie de son mystère (Genèse 2.4, NBS) :

correspondance, qu’il a transformée en un

« Voilà la généalogie du ciel et de la terre, quand ils furent établissement d’enseignement à distance créés. Au jour où le Seigneur Dieu (YHWH Elohim) fit la réputé. Il s’est converti à l’âge de 28 ans. terre et le ciel... »

Le Notre Père est son premier livre.

15 € TTC www.clcfrance.com

Réf. : CLCN120

Le Seigneur complète son nom de Elohim et y ajoute YHWH pour devenir « YHWH Elohim ». Personne ne sait aujourd’hui comment ce nom désignant Dieu était prononcé. Il est écrit sans voyelles, de là quelques spécialistes audacieux ont imaginé Commentaire/Étude d’en positionner. Ce qui se prononcerait YaHWeH pour les uns, ISBN : 978-2-7222-0292-4 JeHoWaH pour les autres. Le mystère de la prononciation n’étant


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