William Clayton
MARTIN LUTHER Son cheminement, sa conversion et ses convictions
Les cinq grands principes de la RĂŠforme
© 2017, Éditions CLC France BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex Tél. : +33 (0) 4 75 90 20 54 editions@clcfrance.com – www.clcfrance.com ISBN : 978-2-7222-0249-8 ISBN Epub : 978-2-7222-0257-3 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Sauf mention contraire, les versets bibliques sont tirés de la version Colombe. Impression : IMEAF, F-26160 La Bégude de Mazenc Janvier 2017 – N° d’impression :
William Clayton
MARTIN LUTHER
Son cheminement, sa conversion et ses convictions Les cinq grands principes de la RĂŠforme
In memoriam Irmgard Adele Every-Clayton – Jaekel 1914-1982
Table des matières Introduction............................................................................... 9 1. Retour à l’autorité suprême : Sola Scriptura........................ 11 2. La seule possibilité de salut : Sola gratia.............................. 29 3. Sauvé par le Christ seul : Solo Christo.................................. 41 4. La justification par la foi seule : Sola fide (i)........................ 53 5. La foi qui justifie : Sola fide (ii)........................................... 67 6. Tout pour la gloire de Dieu : Soli Deo gloria....................... 81
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Introduction Je dois énormément à ma mère. Elle fut élevée dans l’Église luthérienne. Venue s’établir en Angleterre, elle cessa d’aller au culte. Mes parents se sont mariés sans cérémonie religieuse. J’ai grandi dans une famille non pratiquante. Quand j’avais onze ans, ma mère, convaincue par l’Esprit de Dieu, nous emmena à l’église, mon frère et moi, un dimanche matin. Nous entrâmes par une longue allée menant plus loin à un édifice religieux, mais soudain, voyant se profiler dans le fond des religieuses, ma mère nous saisit par la main, fit demi-tour, et nous conduisit dans une autre église un peu plus loin. C’est ainsi que, grâce à l’éducation luthérienne qu’elle avait reçue, notre famille, y compris mon père, intégra l’Église protestante, où nous avons tous trouvé le salut par grâce, par la foi en Christ. En cette période où est célébré le 500e anniversaire de la Réforme, je me réjouis de contribuer modestement à cet événement par ce résumé du cheminement intérieur de celui qui, à mon avis, mérite le titre d’ « homme du millénium ». Je crois en effet que nous pouvons beaucoup apprendre des débats intérieurs et extérieurs de ce moine extraordinaire qui, il y a un demi-millénaire, vécut non loin d’où venaient mes grands-parents maternels.
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Chapitre 1
Retour à l’autorité suprême : Sola Scriptura Un moine pas comme les autres « Sainte Anne, sauve-moi ! Je deviendrai moine ! » L’étudiant qui invoqua ainsi Sainte Anne, la mère de la Vierge Marie, avait la frousse. S’approchant du village saxon de Stotterheim, il fut pris dans une tempête orageuse. Effrayé par le tonnerre et frappé par la foudre, il craignit que sa dernière heure fût venue. Dans sa pensée, il n’était pas prêt à mourir et à affronter le jugement de Dieu, car d’après l’enseignement chrétien dans lequel il avait grandi, il serait condamné aux tourments éternels. Sous-jacente à son vœu de devenir moine, prononcé dans ces conditions, se profilait aussi la théologie de Thomas d’Aquin suivant laquelle la prise d’habit monastique rétablit le pécheur dans l’état d’innocence comme lors de son baptême. Le jeune Martin Luther voulait s’assurer du salut de son âme. Propulsé par cette intervention de la providence divine, Martin Luther quitta ses études de droit, au grand dam de ses parents, pour entrer au monastère augustinien. C’était en 1505 ; le novice 11
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avait vingt et un ans. En s’adaptant à son nouveau style de vie, le Frère Martin prit très au sérieux son engagement de moine. Deux ans plus tard il fut solennellement consacré prêtre dans la cathédrale d’Erfurt, en Allemagne. Lors de sa première célébration de la messe en tant que prêtre, il fut saisi d’effroi à la pensée de la grandeur et de la majesté du Dieu à qui il s’adressait, « car, pensa-t-il, je ne suis que poussière et plein de péché, mais je parle au vrai Dieu, vivant et éternel. » À 26 ans il dut faire un voyage à Rome. Voyant le laxisme qui prévalait au Vatican, il fut quelque peu secoué. Il grimpa à genoux la Scala Sancta, l’escalier que Jésus était supposé avoir emprunté pour comparaître devant Pilate, répétant un Pater Noster à chaque marche. Mais arrivé en haut, il dit : « Qui sait s’il en est vraiment ainsi ? » Après son retour il fut muté au monastère de Wittenberg où, devenu docteur en théologie le 19 octobre 1512, il reçut la charge de professeur à l’université. Sa vie de moine lui permit de lire et d’étudier la Bible, et sa nouvelle responsabilité exigeait qu’il approfondît encore le texte biblique pour l’enseigner. Ce fut ainsi que pendant cinq ans, jusqu’à l’éclosion de la Réforme le 31 octobre 1517, le jeune docteur en théologie emplissait ses journées de l’étude et de l’enseignement des Écritures. Il donnait des cours notamment sur les Psaumes, et fit l’exégèse des lettres de Paul aux Romains et aux Galates. Ses études nourrissaient sa soif profonde de salut. Au travers des recherches parfois accablantes lors desquelles il devint très conscient de son péché et de son besoin absolu de pardon, il cheminait lentement vers une foi nouvelle, pour découvrir une vie spirituelle comparable à une renaissance. Sa découverte du message central de la Bible fut le détonateur de la Réforme. En effet, l’impact des Écritures sur la masse des chrétiens était très faible à l’époque : elles n’existaient qu’en latin et étaient conservées dans les monastères. Depuis plus d’un siècle, la hiérarchie de l’Église semblait se préoccuper surtout de préserver son pouvoir et de maintenir ses traditions. Elle ne tenait pas rigoureusement compte des prescriptions 12
Retour à l’autorité suprême : Sola Scriptura
bibliques en ce qui concernait les qualités requises pour les responsables d’église. Voici, par exemple, quelques exigences imposées par les apôtres dans le Nouveau Testament notamment pour ceux qui seraient nommés évêques – règles dont les papes du siècle d’avant la Réforme n’avaient tenu aucun compte : • « Les diacres pareillement doivent être respectables, éloignés [...] des gains honteux ; » (1 Timothée 3.8) ; • « Ne tyrannisez pas ceux qui vous sont confiés, mais devenez les modèles du troupeau ; » (1 Pierre 5.3) ; • « Que l’homme soit irréprochable, mari d’une seule femme » (Tite 1.6a). Ces instructions apostoliques furent bafouées : certains papes du xve siècle avaient acheté leur position, vivaient dans l’immoralité et exerçaient un pouvoir autoritaire sur leurs ouailles, bref, ils étaient tout sauf irréprochables. Des historiens catholiques modernes, comme certains catholiques spirituels de l’époque aussi, ont reconnu à quel point les papes étaient coupables de péché dans les trois grands domaines de tentation : l’argent, le sexe et le pouvoir. Il y eut des Papes pères d’enfants illégitimes et des cardinaux capables de comploter la mort du pontife. Le Vatican était mûr pour une réforme ou pour le jugement. Mais comment l’Église pouvait-elle se réformer ? Le pape et les cardinaux se complaisaient dans leurs privilèges et étaient les derniers à vouloir une réforme. Personne n’avait suffisamment de poids pour s’y engager avec un espoir réel de pouvoir apporter une amélioration. La direction autoritaire de l’Église ressemblait à celle d’un régime totalitaire : quiconque élevait la voix contre le chef risquait l’excommunication, ce qui voulait dire la perte de son âme et même peut-être de sa vie. Un prêtre qui fut recteur de l’université de Prague au début du xve siècle, Jan Hus, réformateur avant la Réforme, en fit l’expérience. Reconnaissant l’autorité suprême des Écritures, il remit en question certaines traditions, notamment l’autorité papale. Il fut convoqué à comparaître devant le Concile de Constance en 1415 et sommé d’abjurer ses convictions 13
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bibliques. Il se dit prêt à abjurer seulement si l’on pouvait démontrer que ses opinions étaient contraires aux Écritures. Il fut déclaré hérétique et livré au pouvoir séculier pour être brûlé. Sans avoir jamais entendu parler de Hus, Luther en est venu à la même position par ses études de l’Écriture*. Tous deux insistaient sur le fait qu’une doctrine chrétienne est orthodoxe seulement quand elle découle de l’Écriture. Le principe de l’autorité de la Bible s’est imposé à Luther par son travail d’exégèse biblique en tant que professeur de théologie. Il fit l’expérience de cette autorité de l’Écriture dans sa propre vie et il s’y soumit entièrement luimême. Dès lors, il insista sur l’autorité de l’Écriture sainte comme étant suprême, au-dessus de toute autre source d’enseignement chrétien. Ainsi naquit le principe protestant numéro un : Sola Scriptura – l’Écriture seule possède l’autorité absolue de Dieu ; elle seule faisait autorité pour tout enseignement et pratique relevant du christianisme. Elle seule devait donc opérer la réforme dont l’Église avait besoin. Par son autorité seule pouvait-on mener à bonne fin une réforme selon la pensée de Jésus, le vrai Chef de l’Église. Le réformateur Luther put interpeler avec vigueur l’Église de son époque, seulement parce qu’il était lui-même pénétré d’une puissance spirituelle, venant de sa soumission totale à l’autorité divine des Écritures.
Le conflit des indulgences Quel acte provoqua l’explosion de la Réforme le 31 octobre 1517 ? Ce jour-là, le professeur Luther afficha sur ce qui faisait office de valve universitaire, la porte de l’Église du Château de Wittenberg, 95 thèses en latin concernant les indulgences. À l’époque il ne savait pas où cela allait le mener : il voulait simplement ouvrir un débat sur une pratique qu’il estimait douteuse et non-biblique. De nos jours nous entendons peu parler de la doctrine des indulgences, associée à celle du purgatoire. Pourtant les indulgences * Par coïncidence, à la même époque, Ulrich Zwingli à Zürich, indépendamment de Luther, est arrivé à la même conclusion. 14
Retour à l’autorité suprême : Sola Scriptura
font toujours partie intégrante de l’enseignement catholique officiel, toutes deux étant réaffirmées dans le Catéchisme de l’Église catholique publié en 1993 : « L’Église recommande les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts* » (§1032). Mais qu’est-ce qu’une indulgence au juste ? Les paragraphes 1471 à 1473 du Catéchisme, s’appuyant sur un enseignement officiel du Pape Paul vi, expliquent qu’il s’agit d’une rémission des « peines temporelles » dues pour le péché. Le pardon remet les « peines éternelles », mais selon l’Église catholique, le péché comporte un « attachement malsain aux créatures qui a besoin de purification » et cette purification a lieu « soit ici-bas, soit après la mort, dans l’état qu’on appelle Purgatoire ». L’indulgence est un moyen d’obtenir la rémission de ces peines temporelles, car l’Église a la faculté de les remettre au moyen du « trésor des satisfactions du Christ et des saints ». Les indulgences furent accordées pour la première fois au xie siècle par le Pape Urbain ii ; elles promettaient notamment la rémission de toute pénitence à ceux qui partaient pour la première Croisade afin de libérer la Terre sainte. Une indulgence plénière fut aussi accordée à ceux qui soutenaient financièrement la Croisade. Plus tard, à l’époque de Luther, le Pape Léon x avait besoin d’argent pour achever la construction de la Basilique St Pierre à Rome ; et en même temps, en Allemagne, un certain Albert de Brandebourg voulait devenir Archevêque de Mainz et primat d’Allemagne. C’était interdit par le droit canon car il était trop jeune, (23 ans) et il était déjà Évêque de Halberstadt et Évêque de Magdeburg. Pour persuader le Pape de donner son accord, Albert lui promit une somme importante. Pour payer cette somme, il devait beaucoup emprunter à une famille de banquiers. Le nouveau primat d’Allemagne se trouvait ainsi dans un besoin urgent * Catéchisme de l’Église catholique (http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_ P2I.HTM), Chapitre iii : La purification finale ou Purgatoire, n°1032. 15
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de moyens pour rembourser sa dette, et Léon x avait encore besoin d’argent pour sa Basilique. Il fut donc convenu entre eux que le Pape accorderait une indulgence qui serait vendue en Allemagne et dont le revenu serait partagé entre eux. C’est ainsi qu’un certain moine dominicain nommé Tetzel vint dans la région de Wittenberg prêchant le message des indulgences à vendre. Il appelait ses auditeurs à « libérer » l’âme de leurs défunts par l’achat d’une indulgence, jouant sur les sentiments et encaissant des sommes importantes. Par ses études notamment du texte grec du Nouveau Testament édité en 1516 par Érasme, Luther découvrit que le sacrement de pénitence était fondé sur une fausse traduction de Marc 1.15b. Dans la Vulgate, la version latine officielle utilisée par l’Église, Jésus dit « faites pénitence ». Érasme mit en évidence le grec originel ; la bonne traduction en est « repentez-vous ». Cette compréhension permit à Luther de discerner que le sacrement de pénitence était sans vrai fondement biblique, et en conséquence tout le système de rémission des peines était basé sur une lecture erronée du Nouveau Testament. Pour Luther, les indulgences étaient donc une aberration, une représentation fausse et même blasphématoire de la sainteté et de la miséricorde de Dieu. Se souciant du bien-être éternel de ses paroissiens, il se croyait tenu de les avertir de l’injustice que représentait l’offre illusoire de Tetzel. Dans la fougue de sa colère, il rédigea les 95 thèses, dont il envoya une copie à Albert, Archevêque de Mainz, accompagnée d’une lettre dans laquelle, très humblement, il écrivait que le Christ n’avait pas ordonné la prédication des indulgences mais de l’Évangile. Ses thèses comprenaient des idées telles que : • « Quand notre Seigneur et Maître Jésus-Christ disait ‘Repentez-vous’, il voulait que la vie entière des croyants soit une vie de repentance. » • « Chaque chrétien véritablement contrit possède à juste titre la rémission plénière de sa culpabilité et de sa pénitence, sans avoir de lettre de pardon. » 16
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• « Les saints n’ont pas de ‘crédit supplémentaire’ car tout saint est dans l’obligation d’aimer Dieu entièrement. La surérogation n’existe pas. » • « Le Pape n’a pas de juridiction sur le purgatoire. Si le Pape détient le pouvoir de relâcher quelqu’un du purgatoire, pourquoi au nom de l’amour n’abolit-il pas le purgatoire entièrement en laissant sortir tout le monde ? … Le Christ a-t-il dit ‘Que celui qui a un manteau le vende et achète une indulgence’ ? »
Le fond du problème Une double réaction se manifesta. D’un côté, le Pape cherchait à faire taire ce moine qui dérangeait ; avec la lenteur habituelle de l’époque, les forces de l’Église traduisirent Luther devant divers tribunaux pour être interrogé sur son enseignement et finalement il fut jugé et condamné. D’un autre côté, ses étudiants et d’autres se réjouirent de voir le professeur arguer si bien contre les maîtres de l’Église, perçus comme dominants et injustes. Sans que Luther l’eût demandé, des copies de ses thèses se multiplièrent et se répandirent au loin, ce qui suscita un intérêt grandissant en Allemagne et même au-delà des frontières. Quant à Luther lui-même, il fut obligé d’aller jusqu’au bout de sa logique. Devant les réactions, il dut justifier sa position. Chaque étape dans son procès ne servait qu’à faire ressortir davantage le fondement implicite de sa protestation : l’Écriture est la seule référence digne de confiance. Il déplora le fait que ses accusateurs ne citaient pas les Écritures dans l’effort de le convaincre mais faisaient appel aux Papes et aux Conciles. Luther, toujours moine catholique, vint à la conclusion que si l’enseignement des Papes était contraire à celui des Écritures, les Papes étaient dans l’erreur. Dès que cette position fut mise en lumière, l’accusation contre lui ne porta plus tant sur la doctrine des indulgences laquelle, il est bien clair, n’est pas enseignée dans la Bible. Le réel problème était le refus de Luther d’accepter la position de l’Église, imposée par le Pape ; Luther se révélait coupable d’insoumission à l’autorité du Pape. 17
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Tout le pouvoir de l’Église se rangeait donc contre Luther. Il eut le courage de tenir seul contre tous, grâce à sa foi inébranlable dans la vérité de l’Écriture sainte. Contre chaque argument il se réfugia dans la Parole de Dieu et renforça sa conviction que seules les doctrines conformes aux Écritures étaient des vérités authentiquement chrétiennes. En contestation avec le Cardinal Cajetan, Luther affirma : « Je ne suis pas conscient d’aller à l’encontre ni de l’Écriture, ni des Pères, ni des décrets, ni de la raison saine. » Le Cardinal rappela à Luther que l’Écriture doit être interprétée ; or, l’interprète, c’est le Pape, qui est au-dessus des conciles, au-dessus de tout dans l’Église. Luther répliqua : « Sa Sainteté abuse de l’Écriture ; je nie qu’il soit au-dessus des Écritures. […] Si l’on met le Pape au-dessus de l’Écriture et que l’on affirme qu’il ne peut pas errer, l’Écriture se perd et rien n’est laissé dans l’Église sinon une parole humaine*. » Dans les débats, il rejeta aussi la notion selon laquelle le pontife romain avait le pouvoir d’ériger de nouveaux articles de foi : « Aucun chrétien ne doit être contraint au-delà de ce qui est écrit dans les Écritures saintes. La loi divine nous interdit de croire ce qui n’est pas établi par l’Écrit divin, ou par sa révélation manifeste**. » Lors d’un débat à Leipzig qui dura dix-huit jours, le professeur Johannes Eck accusa Luther : « Es-tu, toi, le seul qui en connaît quelque chose ? À part toi, toute l’Église est-elle dans l’erreur ? » Luther reconnut cet argument, « le seul et le plus fort des papistes ». Plus tard, à la Diète de Worms, l’Empereur luimême estimait « qu’un moine unique qui va à l’encontre de toute la chrétienté depuis mille ans doit être dans l’erreur. » Alandier, le nonce apostolique en Allemagne, lui aussi, interrogea Luther en ces termes : « L’Église catholique est-elle morte depuis mille ans, pour être réveillée par Martin ? Le monde entier est-il dans * Roland H. Bainton, Here I Stand - A Life of Martin Luther (The New American Library, A Mentor Book, 1950), p. 73 et 75, traduction de l’auteur. ** Ibid., p. 89. 18
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l’erreur et Martin le seul à le voir ? » L’argument est fort, en effet. Mais aussi inimaginable que cela puisse paraître, c’était cependant cela justement qui s’était passé. Pendant les mille ans précédents, l’Église s’était tellement éloignée de sa pureté originelle en doctrines et en mœurs que lorsqu’un théologien proposait à nouveau la vérité évangélique, les dirigeants de l’Église ne le reconnaissaient plus ! L’Église avait sombré dans l’amour de l’argent, le luxe, la lutte pour le pouvoir mondain et l’immoralité parmi le clergé ; en outre, la Bible avait été cachée aux fidèles. Ces mille ans étaient l’âge des ténèbres. Pour cela, les protestants à Genève ont ultérieurement pris comme devise, « Post tenebras lux » - après les ténèbres, la lumière ! Face à ces questionnements, Luther se débattit intérieurement jusqu’à ce que, dit-il, « le Christ m’ait affermi et confirmé par sa seule Parole certaine. » Fort de cette assurance, il a donc pu répondre : « Je suis un théologien chrétien ; je suis obligé non seulement d’affirmer, mais de défendre la vérité avec mon sang, jusqu’à la mort. Je veux croire librement et n’être esclave de l’autorité de personne, que ce soit concile, université ou pape. Je professerai avec confiance ce qui me paraît vrai, que cela ait été professé par un catholique ou un hérétique [allusion à Jan Hus], que cela ait été approuvé ou réprouvé par un Concile. » En disant cela, Luther arguait pour la liberté de recherche, la liberté de religion, la liberté de conscience, au sein du christianisme. Il ne rejetait pas toutes les doctrines du christianisme telles qu’elles avaient été formulées par les Conciles primitifs. Il voulait juste marquer le fait « qu’un concile a parfois erré et peut parfois errer ». Il insista sur le fait que l’Écriture sert à discerner les erreurs qui auraient pu s’infiltrer au sein du christianisme au fil des siècles – fussent-elles même énoncées comme doctrines officielles par un Concile ou par un Pape. En juin 1520, le Pape Léon x écrivit sa bulle « Exsurge Domine », condamnant les erreurs de Luther, lui donnant soixante jours pour se rétracter et avertissant que quiconque refuserait cette excommunication et anathème encourrait la colère de Dieu. Quand Luther 19
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la reçut, loin de rétracter ses convictions bibliques, il déclara : « La bulle condamne des articles manifestement chrétiens… Je proteste devant Dieu, devant le Seigneur Jésus, ses saints anges et devant le monde entier que de tout mon cœur je m’insurge contre la condamnation contenue dans cette bulle que je… déteste comme un sacrilège et blasphème du Christ. […] À Léon x, aux cardinaux et vous tous à Rome, je vous le dis en face, ‘Si cette bulle vient en votre nom… je vous appelle à renoncer à votre blasphème diabolique et à votre impiété audacieuse, et si vous ne le faites pas, je tiendrai comme possédé et opprimé de Satan votre Siège, le siège de l’Antéchrist, au nom de Jésus-Christ que vous persécutez’. » Après beaucoup de délibérations, Luther fut convoqué par l’Empereur Charles Quint à comparaître à la Diète de Worms en avril 1521. L’Empereur savait que le fait de condamner Luther sans lui avoir donné l’occasion de se défendre causerait de sérieux troubles parmi la population. Il lui demanda de reconnaître ses ouvrages et de rétracter ses erreurs. Luther se plaignait que personne n’essayait de le corriger à partir des prophètes ou des évangiles : « Si on me montre mon erreur [par l’Écriture], je serai le premier à jeter mes livres au feu », protesta-t-il. Il savait très bien que le maintien de ses convictions signifierait son excommunication définitive de l’Église, alors que celle-ci prétendait qu’en dehors d’elle il n’y avait pas de salut. Il n’avait pourtant pas peur car il avait l’assurance que selon la Bible son salut était acquis par la foi au Christ. Fort de cette foi, il répondit : À moins d’être convaincu par l’Écriture et par la raison – je n’accepte pas l’autorité des Conciles, ni des Papes, car ils se sont contredits – ma conscience est captive de la Parole de Dieu. Je ne peux et je ne veux rétracter quoi que ce soit, car aller à l’encontre de sa conscience n’est ni juste, ni sûr. J’en reste là ; je ne puis autrement. Que Dieu me vienne en aide. Amen*. * Ibid., p. 144. 20
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« Ces mots inaugurèrent un des changements les plus monumentaux dans l’Histoire de l’Europe et l’Histoire de l’Église », commente l’historien Mark Noll*. En effet, Martin Luther, ce moine augustinien consciencieux, fut l’instrument utilisé par Dieu pour lancer ainsi la Réforme de l’Église. Il n’avait aucune intention de diviser l’Église ; il voulait si possible la réformer afin qu’elle fût fidèle à l’Écriture dans une soumission à la vérité et à la volonté de Dieu. En sa personne se combinaient une force de caractère, une érudition profonde, une bonne intelligence du message central de l’Écriture, une parole ayant une force de frappe extraordinaire liée à un don certain de la controverse, une foi solide dans la vérité de la Parole de Dieu et une expérience dynamique de la grâce divine. Bénéficiant d’une protection providentielle et d’une longue vie (63 ans) il fut l’instrument de choix pour défier la domination que des papes indignes avaient exercée sur l’ensemble de l’Église depuis trop longtemps. Sa prise de position ramenait la foi chrétienne à nouveau à sa source biblique et légitimait désormais pour d’autres croyants une vie authentiquement chrétienne indépendante de l’autorité désormais désavouée du Pape.
Le fondement biblique pour Sola Scriptura Ce fut donc au creuset de la persécution allant jusqu’à l’excommunication que Martin Luther s’agrippa au principe qui fonda et dirigea désormais la Réforme : honorer la Parole de Dieu, l’Écriture, comme l’autorité suprême en matière de foi et de mœurs chrétiennes. Progressivement, en suivant ce principe, les réformateurs découvraient de nombreuses doctrines et pratiques non bibliques qui avaient été acceptées dans l’Église par le biais de la tradition. Le christianisme réformé par la Bible, le protestantisme, sera connu désormais pour sa conviction profonde de la véracité et fiabilité des Écritures, seule référence absolue en matière de foi chrétienne. Le protestantisme devint rigoureux dans son respect de la Bible dans tous les domaines de la vie de l’Église. * Mark Noll, Turning Points, (Baker Books, IVP, 1997), p. 154. 21
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Cette conviction protestante n’est pas inventée par Luther. Elle repose en fait sur l’enseignement de la Bible elle-même : « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice » (2 Timothée 3.16). Ce verset et d’autres passages bibliques justifient l’approche protestante. Jésus lui-même est le modèle que les protestants veulent imiter : son respect des Écritures est absolu ; il les cite comme « Écriture ne pouvant être abolie » (Jean 10.35) ; il y renvoie ses interlocuteurs en disant, « Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ? » (Luc 10.26) ; il critique ceux qui sont « dans l’erreur » parce qu’ils ne comprennent pas les Écritures (Marc 12.24) ; il fait référence à l’Écriture comme étant « ce que Dieu a dit » (Matthieu 19.4-5, 22.31) ; et il donne à ses disciples un cours de compréhension biblique (Luc 24.27, 46). En outre, il est luimême soumis à la Parole de Dieu ; il se dit venu pour accomplir la Loi de Dieu (Matthieu 5.17) : il cite même – lui, le Fils de Dieu – un commandement biblique auquel il doit obéir (Matthieu 4.10) ; et il réalise consciemment les prédictions de la Bible (Marc 14.21, Luc 22.37, Jean 13.18). Pour Jésus, il est clair que l’Écriture doit primer absolument sur la tradition religieuse. Il a critiqué très sévèrement les Pharisiens pour le fait « d’annuler la parole de Dieu » en leur reprochant de la remplacer par leur tradition (Matthieu 15.6). Jésus les condamna en disant : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous tenez à la tradition des hommes » (Marc 7.8). Or, c’est exactement le même travers dans lequel le catholicisme était tombé. Dès lors, les protestants sont persuadés que le Seigneur aurait une attitude analogue à l’égard de l’Église romaine car son enseignement accorde en pratique une plus grande autorité aux interprétations humaines de sa tradition qu’à l’Écriture. La sévérité avec laquelle Jésus s’insurge contre cette façon de faire est frappante. Il cite la désapprobation de Dieu dans l’Ancien Testament : « C’est en vain qu’ils me rendent un culte, en enseignant des doctrines qui ne sont que préceptes humains. » (Matthieu 15.9). 22
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Et aujourd’hui ? On peut se demander si par le dialogue œcuménique, un rapprochement a été trouvé sur ce plan. Ces différences d’antan restent-elles encore des pommes de discorde ? Il est vrai que lors de sa « mise à jour » au Concile Vatican ii (1962-1965), l’Église catholique a encouragé ses fidèles comme jamais auparavant à lire et à étudier la Bible : « Il faut que l’accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux fidèles du Christ* » (Dei Verbum 22). Les protestants ont applaudi à cette évolution. Cependant, pour ce qui concerne la question d’autorité en matière de foi, la position traditionnelle fut à nouveau clairement énoncée : « Toujours elle [l’Église] eut et elle a pour règle suprême de sa foi les Écritures, conjointement avec la sainte Tradition** » (Dei Verbum 21). Quoique cette citation affirme que dans l’Église catholique, les Écritures sont une source d’autorité, l’ajout « conjointement avec la Tradition » signifie que les Écritures ne sont pas l’autorité suprême. Cela apparaît dans d’autres citations : « La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu. » Cela signifie que les deux sources sont une : une adjonction de l’Écriture et la Tradition. En outre, la « charge de l’interpréter [ce dépôt] de façon authentique » est du ressort du « seul Magistère de l’Église ». Donc pour avoir la compréhension exacte de cette synthèse de Tradition/Bible, il faut les services du « Magistère », c’est-à-dire, l’autorité enseignante de l’Église catholique romaine, seule habilitée en la matière. Ainsi Dei Verbum tire la conclusion : « Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église […] sont tellement reliés […]
* Dei Verbum, promulguée le 18 novembre 1965 (http://www.vatican.va/ archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19651118_ dei-verbum_fr.html), Chapitre vi : La Sainte Écriture dans la vie de l’Église, n°22 « Nécessité des différentes versions et traductions ». ** Ibid., n°21 « Importance de la Sainte Écriture pour l’Église ». 23
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qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres*. » Le catholique fidèle doit obligatoirement adhérer uniquement aux interprétations de cet amalgame Tradition plus Écriture, données par les chefs de son Église. Dans cette logique, l’Église catholique dit que l’Écriture et la Tradition « doivent être reçues et vénérées avec un égal sentiment d’amour et de respect** » (Dei Verbum 9), tandis que les réformateurs auraient donné un respect absolu à l’Écriture et un respect relatif seulement à la tradition. En clair, cela signifie que la Tradition est reçue conjointement avec les Écritures comme source de doctrine chrétienne. Plus, même : Vatican ii affirme que « l’Église ne tire pas de la seule Écriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation*** » (Dei Verbum 9). Sa « certitude » peut provenir donc simplement de sa Tradition ou de son Magistère. Ses doctrines ne doivent même pas venir alors de l’Écriture sainte. L’autorité enseignante de l’Église, qu’elle soit réunie en Concile ou qu’elle s’exprime par les encycliques papales, peut enseigner comme une vérité certaine, faisant obligation à la foi des fidèles, une doctrine qui n’est pas mentionnée dans les Écritures. Cela reste diamétralement opposé au principe protestant sola Scriptura. En réalité donc, ce sont les interprétations officielles, faites par le Magistère de la Tradition plus l’Écriture, qui détiennent l’autorité finale dans l’Église catholique. Ainsi les paroles d’hommes prennent la place de la Parole de Dieu. Exigeant foi en son autorité enseignante, la hiérarchie de l’Église catholique maintient une emprise spirituelle sur ses membres. Les doctrines et pratiques de sa Tradition, d’origine humaine, sont enseignées sans permettre leur remise en question par un examen biblique rigoureux indépendant. Ainsi les Écritures sont évincées de leur place de réfé* Ibid., Chapitre ii : La transmission de la Révélation divine, n°10 « Tradition, Écriture, Peuple de Dieu et Magistère ». ** Ibid., n° 9 « Le rapport réciproque entre la Tradition et l’Écriture ». *** Ibid. 24
Retour à l’autorité suprême : Sola Scriptura
rence suprême. Elles ne peuvent en aucune manière prendre le dessus pour ainsi dire, sur la Tradition, pour corriger un élément qui serait en contradiction avec elles. La Bible a été ainsi domptée par un organe qui seul peut définir son sens. L’Écriture ne pourra jamais être utilisée pour revoir ou corriger les interprétations éventuellement injustes de cet organe, le Magistère. « Le courant principal de la Réforme », écrit le théologien Alistair McGrath, spécialiste de la pensée luthérienne, « adoptait une approche distinctive de grande portée envers la relation entre l’individu et les interprétations communément reçues. Reconnaissant que l’Église pouvait, en théorie, se méprendre sur le sens de certains points de l’Écriture – et effectivement le constat en est une donnée de l’Histoire – les réformateurs furent attachés au principe que l’individu possédait le droit d’interpeller l’Église quant à son interprétation sur certains points. La tradition doctrinale et spirituelle reçue dans l’Église devait être constamment vérifiée par rapport à l’Écriture, pour s’assurer que la première fût fidèle à ce que cette dernière était censée affirmer*. » Revenons à cette doctrine et cette pratique des indulgences, dont la contestation par Luther déclencha la Réforme. Elle est importante parce que d’abord elle concerne le salut des personnes et deuxièmement parce que son enseignement vient uniquement de la Tradition catholique. Posons donc la question de savoir : doit-on croire au Purgatoire et à la capacité de l’Église, par sa pratique des indulgences, d’en diminuer les peines ? Et si oui, pourquoi ? Protestants et catholiques donnent deux réponses différentes à ces questions. Évidemment, les protestants refusent l’existence du purgatoire et l’efficacité des indulgences. Pourquoi ? Pour la simple raison qu’elles n’ont, ni l’une, ni l’autre, aucune base ni justification dans les Écritures ; elles y sont même contraires. Pour les protestants, l’autorité suprême des Écritures décide de la question comme de toute autre. * Alister McGrath, Roots that Refresh, (Hodder and Stoughton: 1991), p. 36, traduction de l’auteur. 25
Martin Luther
Si on se réfère aux Écritures comme mot final sur l’enseignement chrétien, personne n’aura jamais conçu de telles doctrines. L’Église catholique, en revanche, les soutient toutes deux. Encore de nos jours, elle offre des indulgences – par exemple lors de l’Année Jubilaire 2000. D’où vient tout cela ? Il faut remonter aux décisions du Magistère de l’Église : le Pape Innocent IV qui, en 1254, en a donné la première définition, et les Conciles tenus à Lyon (1274), Florence (1439) et Trente (1562) qui ont défini le dogme, qui est encore maintenu dans le Catéchisme officiel. Notons donc que ces pratiques proviennent du Moyen Âge ; pendant au moins un millénaire de christianisme, il n’en était pas du tout question.
En réforme permanente Ce sont les protestants qui ont inventé la maxime : « Ecclesia reformata, ecclesia semper reformanda » – l’Église réformée doit être une église qui se réforme toujours. C’est pour cela que Luther et Calvin n’ont pas dit leur dernier mot en matière de réforme. Bien que les Réformateurs aient élagué la foi catholique de plusieurs doctrines et pratiques non-bibliques, l’Église protestante en a découvert d’autres depuis lors. L’œuvre d’un seul homme, fût-il un Luther, était insuffisante pour corriger toutes les erreurs accumulées pendant des siècles. Les protestants ne veulent pas non plus prétendre que leur compréhension est parfaite. Nous sommes convaincus que l’Église, en tant qu’institution – catholique et protestante – n’est pas préservée de la possibilité d’erreur. En effet, même dans les siècles depuis la Réforme, des églises protestantes se sont parfois montrées infidèles à la foi biblique pure. Se contentant d’une pratique extérieure héritée de leurs ancêtres protestants, ils se sont parfois éloignés d’une expérience réelle de conversion personnelle au Christ. Certains théologiens protestants se permirent de mettre en doute l’entière véracité de la Bible, et la théologie libérale, qui en est le fruit, a innové des interprétations qui ne sont pas bibliquement justifiées. L’approche théologique des protestants évangéliques, en revanche, 26
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demeure attachée à la vérité biblique, non seulement par fidélité envers les réformateurs, mais surtout par souci d’honorer Dieu et sa Parole. Ni Luther, ni Calvin, ni aucun autre docteur de l’Église n’ont donc le don de l’infaillibilité. Les dirigeants de l’Église non seulement peuvent errer, mais ils ont parfois erré et ils peuvent encore errer à l’avenir. Le seul antidote contre l’erreur est de revenir sans cesse à l’Écriture en posant la question biblique : « Que dit l’Écriture ? » (Galates 4.30). Lors du Concile Vatican ii, l’Église catholique a aussi reconnu qu’elle a « continuellement besoin » d’une « réforme permanente* » (Unitatis Redintegratio 6). Cependant, en pratique elle est irréformable par la Bible, car son Magistère maîtrise cet unique instrument de réforme valable ; il la monopolise en réclamant le droit d’en donner son interprétation, la seule authentique, voire infaillible. La seule réforme que l’Église catholique pourrait effectuer est donc en fin de compte une réforme que le Magistère voudrait bien opérer. Or, il s’est déjà prononcé sur le fait que ses dogmes sont infaillibles et ses définitions « irréformables par eux-mêmes** » (Lumen Gentium 25). Pour les protestants, c’est précisément une sérieuse erreur pour un groupe ecclésiastique de s’affirmer incapable d’erreur et infaillible. En fait, une église infaillible est incorrigible : par définition, il lui est impossible d’admettre d’erreur. Mais ainsi elle perd son humilité. En revanche, une église réformée, à l’écoute de la Bible, peut se corriger encore. * « Décret sur l’Œcuménisme », Unitatis Redintegratio (http://www.vatican.va/ archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decree_19641121_ unitatis-redintegratio_fr.html), Chapitre ii : Excercice de l’œcuménisme, n°6 « Rénovation de l’Église ». ** Lumen Gentium (http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html), Chapitre iii : La constitution hiérarchique et l’épiscopat, n°25 « La fonction d’enseignement des évêques ». 27
Tous les chrétiens ne devraient-ils pas pratiquer un retour continuel à l’autorité suprême cautionnée par le Christ – résumée sous la maxime « sola Scriptura » ? L’Écriture seule renferme « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 1.3). Seulement en revenant à cette source pure* qu’est la Parole de Dieu, l’Église peut-elle honorer l’enseignement de Jésus, son Seigneur et Sauveur.
Résumé La Bible enseigne que l’autorité au-dessus de toute autre en matière de foi doit être l’Écriture ; elle seule est la « Parole de Dieu », elle seule est « inspirée de Dieu ». Les Écritures saintes sont l’unique critère au moyen duquel juger de la vérité ou de l’erreur d’un enseignement donné, que ce soit par un pasteur, un évêque, un pape ou un concile. Cf. : « Le Magistère ordinaire et universel du Pape et des évêques en communion avec lui enseigne aux fidèles la vérité à croire … Les fidèles … ont le devoir d’observer les constitutions et les décrets portés par l’autorité légitime de l’Église**. »
* Pour plus d’informations, voir Retour à la source pure : La foi chrétienne originelle, William Clayton, éditions Oasis, 2012. ** Catéchisme de l’Église catholique (http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_ P6Y.HTM), Chapitre i : Vie morale et magistère de l’Église, n°2034 et 2037.
Martin Luther (1483-1546) est un homme à connaître. Non seulement l’Église, mais le monde entier a une dette de reconnaissance envers Dieu pour l’avoir suscité en Allemagne il y a cinq cents ans. Cet opuscule est une invitation à faire meilleure connaissance avec ce géant de la Chrétienté. Son cheminement pénible vers la lumière biblique et sa découverte de l’Évangile de la grâce qui a bouleversé sa vie sont tout aussi pertinents pour les chrétiens d’aujourd’hui. L’auteur fait ressortir des principes évangéliques remis en valeur par Luther, des éléments essentiels pour une foi authentiquement chrétienne. Ces vérités fondamentales qui ont conduit Luther au salut restent toujours valables pour tous les chrétiens. L’Église actuelle en bénéficiera en y revenant et en appréciant davantage le témoignage du réformateur que l’auteur qualifie d’ « Homme du Millénium ». Le pasteur William Clayton et son épouse Dorothy, tous deux d’origine britannique, ont servi Dieu en Belgique francophone pendant quelques décennies. Autrefois chargé de cours à l’Institut Biblique Belge, directeur du Centre de Formation Évangélique de la Mission Évangélique Belge, William est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont L’Essentiel des Grands Thèmes de la Bible (BLF Europe) et Les Différences entre Catholiques et Protestants (Le Bon Dépôt).
ISBN : 978-2-7222-0249-8
9 782722 202498 6.90 € TTC
www.clcfrance.com
Réf. : CCLCM180
Histoire de l’Église