Union mystique

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UNION MYSTIQUE JOHN CROWDER

Les Publications Le buisson ardent Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec


Χριστῷ συνεσταύρωμαι ζῶ δὲ οὐκέτι ἐγώ ζῇ δὲ ἐν ἐμοὶ Χριστός ὃ δὲ νῦν ζῶ ἐν σαρκί ἐν πίστει ζῶ τῇ τοῦ υἱοῦ τοῦ θεοῦ τοῦ ἀγαπήσαντός με καὶ παραδόντος ἑαυτὸν ὑπὲρ ἐμοῦ J’ai été cocrucifié avec Christ et je ne vis plus, mais Christ vit en moi. La vie que je vis dans le corps, je la vis par la foi dans le Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est donné pour moi. Galates 2.20

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Note de l’auteur Quand vous pensez à la croix, est-ce que vous pensez au plaisir ? Si la réponse est « non », alors on ne vous a pas bien enseigné la croix. Il y a un délicieux festin préparé pour le croyant. Rien n’est plus rassasiant que la révélation de ce que Christ a accompli de façon définitive pour vous. Ce livre menace de virer votre christianisme à l’envers. Plus besoin de s’efforcer pour plaire à Dieu : la vérité vous plonge dans une célébration de ce qu’il a fait pour vous. Il est grand temps que l’Église soit délivrée de l’idée de plaire à Dieu. Comme l’apôtre Paul a dit : Convaincus qu’aucun être humain ne peut plaire à Dieu par des progrès personnels, nous avons cru en Jésus comme le Messie pour que nous puissions être justifiés devant Dieu en faisant confiance au Messie, et non en essayant d’être bon (Ga 2.16, MSG).

Est-ce qu’un christianisme heureux et sans effort vous semble scandaleux ? Est-ce qu’une marche quotidienne dans une existence joyeuse et sans péché vous semble impossible ? Si la réponse est « oui », alors laissez-moi vous faire découvrir l’évangile, à tout le moins l’évangile comme vous ne l’avez jamais entendu avant. La version originale est tellement facile et agréable qu’elle en est offensante. Il y a une raison pour laquelle on a d’abord appelé l’évangile « bonne nouvelle ». C’est un message glorieux et joyeux d’une union sans effort avec Dieu. C’est un choc profond et une indignation pour la volonté humaine dépressive, qui est chose courante dans la religion. Je veux vous mettre en garde dès le départ que la plus grande partie de votre théologie actuelle va passer par les 11


Note de l’auteur

toilettes à mesure que vous lirez. Les domaines où vous pensiez être un expert des « principes fondamentaux » de la foi pourraient bien s’avérer être à la limite de l’apostasie dans votre bagage théologique. Je voudrais vous en-courage-r à prendre courage. Il faut une personne courageuse pour laisser son monde être chaviré. Nous allons faire griller quelques vaches sacrées théologiques sur le barbecue. Parfois, ça pourrait être un véritable abattoir. Vous découvrirez peut-être que vous avez cru certaines choses de manière erronée — ou même bâti une machine de ministère sur une mauvaise fondation — depuis les vingt dernières années. La meilleure approche est de ne pas se fâcher. Considérez le beau côté de la chose… c’est mieux que vingt-et-une. Acceptez que tout ce que vous avez connu à propos de la croix de Christ soit révolutionné à mesure que vous lirez. Laissez votre intelligence être transformée. Puissiez-vous comprendre les rythmes non forcés de la grâce.

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INTRODUCTION

Un mystique réformé L’évangile est un message mystique. D’emblée, vous voulez peut-être avoir une explication de ce mot, mystique. Et, pour être honnête, si vous avez été un « réchauffeur » de banc d’église professionnel, peu importe pendant combien de temps, vous avez peut-être quelques scrupules à l’égard de ce titre. Peut-être vous demandezvous simplement : qu’est-ce que le mysticisme ? À l’époque actuelle, à moins d’être un érudit, un séminariste ou un historien de l’Église, il y a des chances que vous pensiez que le mot mystique s’applique à l’occultisme, au nouvel âge ou à quelque autre pratique spirituelle déviante. Le terme mysticisme est utilisé à tort pour décrire n’importe quoi sous le soleil pouvant être considéré comme spirituel ou instructif. L’écrivain Jerald C. Brauer note avec raison que l’usage du mot est vague. Il dit : Le terme a été appliqué à tout, depuis les folles extases antinomiennes jusqu’au quiétisme extrême. Il a été utilisé pour décrire tout désir de l’âme envers Dieu, toute expérience religieuse originale, diverses spéculations théosophiques, occultes ou magiques, ou tout vague système ésotérique mystérieux. Souvent, il a été mis sur le même pied que le panthéisme, le romantisme, l’idéalisme ou tout système d’immanence1.

N’importe son mauvais usage. Mysticisme est un mot qui a pris naissance dans l’Église. Pendant des siècles, quand quelqu’un parlait des mystiques, il faisait référence seulement à des croyants qui avaient connu une vie interactive avec Christ, pleine d’intimité et de puissance surnaturelle. Mais divers mouvements religieux non chrétiens se sont emparés du mot. C’est pourquoi il est nécessaire de clarifier que nous parlons de mysticisme chrétien et non de quelque forme aberrante de paganisme. 13


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L’union mystique ne devrait pas être un concept étranger au croyant parce que nous parlons de notre union avec Christ. Nous sommes en lui et il est en nous. Le mysticisme est une expérience de cette union avec Dieu. Et l’union est obtenue par le sacrifice d’expiation de Christ. C’est ainsi que je définis le mysticisme : une expérience d’union avec Dieu, une conscience de la réalité de Dieu, la croyance que la réalité de Dieu peut être insufflée à travers une expérience subjective. Les chrétiens connaissent Dieu directement à travers leur foi en Jésus-Christ, leur permettant de saisir les vérités spirituelles qui sont inaccessibles par des moyens intellectuels. L’apôtre Paul a été le premier théologien mystique de l’Église. Il a employé le mot grec mysterion vingt-et-une fois sur les vingt-sept emplois dans le Nouveau Testament2. Paul a presque toujours utilisé le mot dans le sens où le mystère a déjà été révélé. Êtes-vous avides de voir les mystères de Dieu révélés ? Laissez-moi vous dire ce qui vient gâcher le plaisir. Ici même, dans l’introduction du livre, je vais révéler l’intrigue de laquelle dépend toute la Bible. Je vais vous révéler le secret mystique de Dieu. Attachez votre ceinture et accrochez-vous à votre siège… le voici… Paul dit que nous devrions « apprendre progressivement à connaitre de façon plus intime, et vraiment saisir avec précision et en profondeur, ce secret mystique de Dieu, [c’està-dire] Christ (celui qui est Oint) » (Col 2.2, AMP). Voilà ! Christ est le secret mystique de Dieu. Si vous vous attendiez à autre chose, c’est bien dommage. Si vous cherchez une révélation plus « profonde » que Christ, vous avez choisi le mauvais livre. Tout de Dieu a été révélé manifestement en Christ. « … même le mystère qui a été caché, de toutes générations et de tous âges, mais qui est maintenant révélé à ses saints […] qui est Christ en vous, l’espérance de gloire (Col 1.26-27, KJV). » 14


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Comme Paul, vous êtes maintenant appelé à être un « intendant chargé de communiquer les mystères de Dieu » en partageant la bonne nouvelle glorieuse de l’évangile (1Co 4.1). L’évangile est un message entièrement surnaturel. Il est détaché du monde. Ce n’est pas un message humain. Maintenant, permettez-moi de vous présenter de brèves excuses… Certains d’entre vous connaissent déjà très bien le mysticisme chrétien. Si vous vous attendez à ce que ce livre vous guide à travers les cavernes de l’âme, comme Thérèse d’Avila, ou vous fasse gravir la montagne de sept étages avec Thomas Merton, vous allez être cruellement déçu. Ruysbroeck, Jean de la Croix et les suspects habituels ne reflètent pas le genre de mysticisme que nous préconisons. Nous ne montons pas sur une échelle invisible. Nous sommes déjà arrivés. J’ai besoin des délicieuses extases et expériences ainsi que de la pratique de la présence de Dieu que je trouve chez les mystiques catholiques historiques. Mais j’ai aussi besoin de la foi simple des réformateurs. En lisant la plupart des mystiques traditionnels, on pourrait penser que l’union avec Dieu vient après un long processus de cinquante ans de jeûne et de prière. Je suis un mystique réformé. Je crois que mon union avec Dieu a eu lieu il y a deux-mille ans sur la croix de Christ et qu’elle est complètement indépendante de mes propres efforts, et même opposée à mes efforts pour l’obtenir. Vous connaissez peut-être mon premier livre, The New Mystics (Les nouveaux mystiques). J’ai longtemps plaidé en faveur de la renaissance d’une nouvelle sorte de mysticisme. Ce nouveau mysticisme savoure l’intimité et l’expérience surnaturelle des saints. J’accueille même les miracles les plus extravagants des mystiques, comme flotter dans les airs ou 15


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passer à travers les murs. Mais mon union avec Dieu est entièrement fondée sur l’œuvre complète de la croix de Christ. Le monde n’a jamais vu un mysticisme totalement surnaturel, et pourtant tout à fait sans effort et fondé sur la grâce. On a souvent enseigné aux conducteurs de la réforme à être en désaccord avec les mystiques de l’Église. Les réformateurs recherchaient une foi simple. Les mystiques recherchaient l’expérience. Je maintiens que la réforme et le mysticisme ne sont pas incompatibles. Au contraire, la démarche de foi des réformateurs devrait être la véritable porte ouverte sur les hauteurs surnaturelles de l’expérience mystique. Une grande partie du mysticisme traditionnel a été marquée par une justification par les « œuvres » à peine voilée. De là vient la différence entre le mysticisme ancien et le nouveau mysticisme. Traditionnellement, il était sous-entendu, bien que non formulé ouvertement, que l’on parvenait à l’union avec Dieu non seulement par la grâce, mais par nos propres pirouettes spirituelles. C’est une suggestion à peine voilée — personne ne s’afficherait ouvertement ni ne le dirait de cette manière. Au contraire, ils parlent de céder, d’abandonner ou de vaincre le moi. Ce type de justification était souvent axé sur la pratique ascétique, la prière et la suppression du moi à travers la méditation ou d’autres moyens afin d’être accueilli en Dieu. Un tel effort pour supprimer le moi consiste en ce que l’érudit de la réforme Wilhelm Kolfhaus a appelé « une communion sans médiation avec Dieu3 ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que votre relation avec Dieu n’est pas fondée sur un médiateur, mais plutôt que vous vous appuyez sur vos propres disciplines spirituelles. Ici, la grâce de Christ est contournée. Ne déterrons aucun vestige de ce genre de mysticisme. En fait, le but de ce livre est de vous aider à renoncer à tous vos propres efforts pour obtenir la faveur de votre Père. Bien sûr, les mystiques de l’Église aimaient vraiment Jésus. Je crois que le Seigneur les a bénis avec des miracles 16


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et des expériences fantastiques parce qu’il est bienveillant, et non parce qu’ils l’ont impressionné avec leur prière ou leur jeûne. Il a agi dans la vie de plusieurs non pas en raison de leur théologie, mais en dépit de celle-ci. Je peux tirer parti de leurs expériences, mais je peux résolument mettre à la poubelle les formules qu’ils offrent pour obtenir ce qu’ils ont eu. Nous avons maintenant cinq-cents ans de théologie de grâce à notre actif pour savoir que nous n’atteignons pas l’union mystique avec Dieu par nos propres efforts. Celle-ci a eu lieu d’un seul coup sur la croix de Christ. Les expériences elles-mêmes ne nous amènent pas à l’union, pas plus que les disciplines ascétiques ne le font. Plusieurs mystiques ont enseigné que l’union elle-même était une expérience. Mais moi j’enseigne que nous pouvons expérimenter l’union que nous avons déjà. Ce ne sont pas les rencontres extatiques et les visions qui nous rendent un avec Christ, mais plutôt la foi dans l’œuvre de la croix. Le fait d’avoir confiance en l’œuvre de Christ peut et devrait produire toutes sortes de manifestations surnaturelles. L’union elle-même n’est pas une expérience subjective qui est atteinte par nos efforts intérieurs. Est-ce que l’union produit des expériences subjectives ou « ressenties » ? Oui ! Mais l’union n’est pas dépendante de ces expériences, pas plus qu’elle n’est obtenue par l’effort humain. Je ne veux pas insinuer que tous les mystiques historiques ont rejeté la foi comme leur lien ultime avec Dieu. La confiance en l’œuvre complète de Christ était primordiale pour eux tous. Dans l’ensemble, on peut affirmer qu’il y avait un manque de révélation de l’évangile de la grâce. Je tiens à être juste dans ma critique. Du côté des réformateurs existait une grande compréhension de la foi. Cependant, ils avaient tendance à s’appuyer davantage sur la connaissance que sur l’expérience. Il est facile de tomber dans une approche de Dieu gréco-rationaliste, fondée sur la 17


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raison. La foi ne tient pas de l’intellect, elle tient du cœur. À l’honneur des mystiques, leur approche était une vie et un langage d’amour. Saviez-vous que, malgré leur critique envers les mystiques, les réformateurs protestants avaient effectivement un concept d’union mystique ? Même Jean Calvin a littéralement utilisé l’expression union mystique. Prenez en considération la déclaration de Calvin : Ainsi, nous accordons le plus haut degré d’importance à cette union de la tête et des membres, cette habitation de Christ dans nos cœurs — en bref, cette union mystique —, afin que Christ, ayant été fait nôtre, nous fasse partager avec lui les dons qu’il a reçus4.

De plus, Martin Luther avait une appréciation et une compréhension de notre union avec Dieu. Cependant, elle était fondée sur la foi et, avec raison, ne reposait pas sur des disciplines spirituelles. Eric Swensson écrit : La signification centrale du mysticisme est l’union avec Christ. La prière et la méditation sont les moyens habituels pour y arriver. Étant donné que Luther a enseigné que la foi est le moyen principal pour atteindre l’union avec Christ, il est possible de ne pas comprendre que sa théologie est mystique5.

J’ajouterais une autre critique constructive à l’œuvre des réformateurs : ils ne sont pas allés assez loin. Oui, leur théologie sur la foi était révolutionnaire, mais ils se sont trompés en ce qui a trait au péché qui habite un croyant. C’est là que les puritains ont déraillé et ont entrainé le bateau dans un tourbillon vers le fond. La réforme a été interrompue de plusieurs façons. Ou peut-être devrais-je dire que la réforme n’est pas encore finie. Ce sera le principal objectif de ce livre. Même les réformateurs n’étaient pas assez réformés. Vous verrez comment la croix nous a unis à Christ, non seulement 18


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par rapport à notre position, mais de manière effective. Elle ne fait pas que couvrir nos péchés, elle supprime de nous le péché lui-même. Tout comme un nouveau mysticisme s’élève, je crois qu’une nouvelle réforme s’élève aussi. La bonne nouvelle sera prêchée avec tant de clarté que même l’époque de Luther paraitra extrêmement primitive en ce qui a trait à ses concepts de grâce et de foi. En conclusion, ce que je veux dire, c’est que les mystiques et les réformateurs avaient besoin les uns des autres. Les mystiques avaient besoin de la foi des réformateurs. Les réformateurs ont rejeté l’expérience des mystiques. Nous devons aller plus loin que les mystiques dans l’expérience du divin et être plus réformés que les réformateurs. Ça ne pourra arriver que si nous embrassons radicalement le scandale de la croix. J’espère que ce livre vous mettra au défi. J’espère qu’il vous provoquera. Il n’est pas destiné à vous inciter à la frustration, mais plutôt à la joie et à la confiance enfantine en la croix de Christ. C’est un petit livre avec un mordant un peu acerbe à l’occasion, mais il y a beaucoup de sucre pour aider à faire passer la pilule. Que la croix de Christ soit comme une eau pure pour votre âme. Que vous puissiez être éveillé au bonheur du Crucifié qui a élu domicile de façon permanente dans votre cœur.

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