côme côme debraydebray _ rapport d’étude _ PORTFOLIO
43° 36′ 16″ N 1° 26′ 38″ E Toulouse, le Mirail
43° 17′ 47″ N 5° 22′ 12″ E Marseille, Luminy
48° 52′ 26″ N 2° 23′ 07″ E Paris, Belleville
INDEX
AVANT PROPOS
1. L’expérimentation pluridisciplinaire 1.1 les arts appliqués 1.2 le premier art 1.3 avoir un violon d'Ingres 2. L'envie et la culture de projet 2.1 le flâneur baudelairien 2.2 habiter l’espace 2.3 le rapport à la règle 3. L'implication dans la société 3.1 intramuros, le rapport à la ville 3.2 extramuros, la ville soutenable 3.3 touch this earth lightly
OUVERTURE
AVANT PROPOS
Dans le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde émet l’hypothèse que le but de l’existence humaine serait d’arriver à toujours mieux s’organiser. Le présent texte est un regard porté sur un cycle d’étude, me permettant d’organiser mes projets ainsi que de clarifier ma pensée. Certains enseignants de l’ENSA Belleville ont tenté de définir leur idée de l’architecture en développant uniquement trois mots. Cette démarche intéressante m’a mené à articuler cette réflexion autour de trois lieux associés à trois thèmes. Cette volonté prend place dans un projet d’étude précis dont la mobilité serait le fil conducteur. Je pense en effet qu’il est important de remettre régulièrement en question sa position géographique. Mes études d’arts appliqués se sont déroulées à Toulouse, puis j’ai découvert l’architecture à l’ENSA Marseille. J’ai intégré en troisième année l’ENSA Belleville, dans l’optique d’y terminer ma licence et d’y effectuer mon master. Je serais de plus dès février 2013 en mobilité étudiante pendant une année au Chili durant mon cycle de master.
43° 36′ 16″ N 1° 26′ 38″ E Toulouse, le Mirail
«On ne peut juger de la valeur d’une idée qu’après l’avoir réalisée» Jean Prouvé
L’expérimentation pluridisciplinaire les arts appliqués
Toulouse est la ville où j’ai grandi, elle fut le théâtre de mon enfance et des prémices architecturales y prennent racine. J’intègre dès 2006 pour mon cycle de lycée, une filière arts appliqués, une formation théorique et pratique vient compléter le programme du baccalauréat. Durant trois années, les projets et analyses se succèdent, alimentant ma curiosité et stimulant ma créativité. Premier contact avec le projet, je prends un réel plaisir à imaginer les réponses possibles à diverses demandes. En recherche appliquée, je découvre le processus de projet, ainsi que l’importance des mots pour le communiquer. Couvrant l’intégralité des domaines que représentent les arts appliqués, ces exercices me mènent parfois à frôler l’architecture. Par exemple nous sommes invités à penser la scénographie d’une exposition rétrospective d’un architecte majeur : Mies van der Rohe, Jean Prouvé, ou Pierre Charreau. Mon intérêt pour l’architecture est profondément ancré. Au cœur d’absolument toutes les étapes clés de l’histoire de l’art que l’on me présente, je retrouve l’architecture.
Dr. Strangelove Stanley Kubrick 1964
L’expérimentation pluridisciplinaire le premier art
Hegel, dans son Esthétique, classe les arts selon une double échelle de matérialité décroissante et d’expressivité croissante. Il distingue ainsi cinq arts, dans cet ordre : architecture, sculpture, peinture, musique et poésie. Aux yeux d’Hegel, l’architecture est l’art ayant le moins de valeur, il lui accorde cependant le mérite d’être pérenne. Selon moi le rôle de l’architecture ne réside pas uniquement dans une sensation éphémère, mais aussi dans sa capacité à laisser la trace d’une époque. Je pense que ces trois années d’études ont exacerbé chez moi l’envie de concevoir. J’étais un jour typographe, ou plasticien tandis que dès le lendemain je devenais designer. Or la pluridisciplinarité ainsi que le dialogue me semblent être des notions inhérentes à la création. L’idée serait donc de parfaire les rapports entre urbaniste, architecte, paysagiste, designer, ingénieur ou encore plasticien, pour penser la ville conjointement. L’architecture doit être pluridisciplinaire. C’est la convergence de ces disciplines plurielles qui permet de fabriquer des territoires durables.
comme-un-bel-hasard.tumblr.com
D’après Le Violon d’Ingres Man Ray 1924
L’expérimentation pluridisciplinaire avoir un violon d’Ingres
En quittant Toulouse, je prenais de la distance avec un ami dont la seule présence était créatrice. Nous avons imaginé ensemble un énième projet : afin de garder cette proximité, nous nous appuyons sur l’outil internet, créant tous deux une page internet. Cet espace virtuel nous permet, depuis des années de se montrer et d’archiver ce que l’on fait ainsi que ce que l’on aime. Internet est une immense source d’informations et devient dans ce cas un véritable moteur de production produisant une sorte de palimpseste numérique. Ces expérimentations, généralement autour de l’image passent systématiquement par le dessin. Par le dessin la main prolonge ce qui est imaginé, ce qui est projeté, fixe lignes et proportions. Par ce biais l’architecte émet une réponse, or tous dessinent différemment, menant à une grande variété de possibles. Dessiner est l’acte de la main pensante, dessiner est l’acte de la recherche. En architecture le rapport du concepteur à l’image peut parfois être complexe, voire ambiguë...
Design for a Building Chester A. Sanborn 1930
Par exemple, selon moi, dans le travail de Frédéric Borel, la forme urbaine et l’aspect sculptural prennent le dessus sur l’habitat. Dans son projet du 113 rue Oberkampf, nous sommes loin de la cellule corbuséenne : la bulle de savon est maltraitée. Je postule que l’habitat devient alors un occupant précaire et aléatoire d’une plastique grotesque. Il faut faire de l’architecture dans un esprit pro bono : toute approche égotique de l’architecture est à banir. L’image doit rester au service de l’architecture, et non l’inverse.
43° 17′ 47″ N 5° 22′ 12″ E Marseille, Luminy
«Mon projet préféré? c’est le prochain.» Franck Lloyd Wright
L’envie et la culture de projet le flâneur baudelairien
En 2009, je quitte un territoire connu, mon arrivée à Marseille est dépaysante, je découvre une ville et ses habitants. Je vis seul dans mon premier habitat. J’ai eu la chance de découvrir le projet architectural dans l’atelier d’Éric Dussol, dont la volonté était de couvrir toutes les échelles. La pluralité des demandes ainsi que des sites, toujours réels, rend cette première année dense et enrichissante. projets de première année XS L XXL S S M
le théâtre de verdure la salle de chant la tour de bureaux le cabanon la halle de marché la maison de la directrice Le scénario de notre premier projet est simple : on découvre un lot de pierres (sauvages) de tailles en contrebas de l’école représentant une matière première riche. Nous sommes invités à penser l’inscription d’un modeste théâtre de verdure dans la pente du site. Questionnant la topographie et la matérialité, ce projet était d’ores et déjà contextualisé, nous n’avions que quelques minutes de marche pour nous rendre sur le terrain.
Dymaxion House Buckminster Fuller 1929
Ma découverte du projet architectural, a donc toujours été confrontée à l’importance du contexte. Nos enseignants nous poussaient à arpenter un site afin de le comprendre avant d’y projeter quoi que se soit. Je considère que c’est là un point fondamental de l’architecture, comment pourrait-on se passer de site? Je reste ainsi très interrogatif face à l’attitude décontextualisée adoptée par certains studios de Belleville. Sans site, un projet n’est plus projet, il est réduit à un exercice d’architecture, aussi enrichissant qu’il puisse être. Le projet architectural doit être contextualisé.
croquis préparatoire
43° 17′ 47″ N 5° 22′ 12″ E Marseille, Luminy
Verb List Richard Serra 1967-1968
L’envie et la culture de projet le rapport à la règle
J’ai dans un premier temps pensé présenter dans la partie «arts appliqués» des sujets tels que la prise de position radicale, l’élaboration d’un cahier des charges, ou encore la pluralité des pistes de recherche. Mais en réalité, c’est au sein de l’atelier de la plasticienne Anne-Valérie Gasc que se sont précisées ces attitudes de projets. A ses côtés, je me suis rendu compte que la contrainte peut être génératrice d’idées, figurant une règle du jeu productrice. Le sculpteur Richard Serra l’a bien compris et explore ce principe par le biais d’une liste de verbes, dans laquelle il puise des actes plastiques. La richesse d’un projet semble liée à ses contraintes, plus elles sont précises, plus la réponse apportée peut être pertinente. Au sein de son atelier d’arts plastiques, les étudiants travaillent et construisent leur projet selon leurs propres contraintes. Ainsi le simple mot «traversée» m’a mené à questionner en binôme la relation entre le virtuel et le réel. Ce sont là les prémices d’un long projet, jouant un rôle fondamental dans mes études. Contactés par des galeristes présents lors de la présentation finale, nous prenons part, indépendamment du cours au projet des galeries nomades.
installation Alter Ego, mai 2011
Il s’agit d’installer des containers détournés en galeries d’art mobiles dans des quartiers excentrés et délaissés de Marseille. On nous offre la possibilité d’investir le container lab, dédié à des travaux expérimentaux. Nous n’avons pas souhaité exposer de façon scolaire le travail du troisième semestre mais plutôt proposer une réelle installation spatiale. Nous avons réinterprété les principes mis en place en atelier et les avons appliqué à ce «réel» que l’on nous proposait. Ainsi décidions de créer l’alter ego altéré de ce container. Jeux de lumières, de projections, de sonorités plongent le visiteur dans un espace singulier et inarpentable. Un double virtuel du container est projeté à l’intérieur, semblant dédoubler l’espace. Le rôle de l’architecte serait-il de positiver les contraintes et de contourner les règles? A Marseille, j’ai évidement rapidement découvert l’architecte dissident Fernand Pouillon (19121986). Ce personnage sans précédent, se situe en marge de ses contemporains en revendiquant une nouvelle façon de penser l’architecture différant du Modernisme. Ses réalisations se caractérisent par une juste insertion dans le site, des proportions rigoureusement dessinées, des matériaux nobles et la sollicitation d’artistes sculpteurs, céramistes, paysagistes...
Je garderai en tête la reconstruction des abords du vieux-port, où l’architecte traite la ville meurtrie. Grâce à ses innovations constructives ainsi qu’à une organisation de chantier radicalisée, Fernand Pouillon offre un équilibre économique au projet. Au long de sa vie il sera incarcéré, en cavale, radié à vie par l’ordre des architectes, puis exilé pour pouvoir continuer d’exercer. Contournant une fois de plus la norme, Fernand Pouillon publie en 1964 un manifeste architectural aux allures de roman. Dans «les pierres sauvages», il édifie chapitre après chapitre, en parallèle de l’abbaye cistercien du Thoronet, sa vision de l’architecture. Selon l’architecte Patrick Bouchain, les règles sont faites pour être remises en question, pour faire avancer l’architecture, il faut de l’audace.
Dans la film de Georges Lucas, l’homme immatriculé THX1138, évoluant au coeur d’une société régie par l’informatique, s’échappe du système, en quête de liberté.
43° 17′ 47″ N 5° 22′ 12″ E Marseille, Luminy
The concise townscape Gordon Cullen 1961
L’envie et la culture de projet habiter l’espace
Lors du premier semestre de deuxième année, c’est aux cotés de mon enseignant José Morales que j’ai abordé la question de l’habitat de nouveau intrinsèquement associée à son contexte. Il s’agissait alors d’allier une recherche en termes de qualité spatiale et de qualité visuelle, concevoir une architecture destinée à être arpentée. Nous approchons aussi la question d’une architecture qui dure : le thème du durable aurait-il toujours été inhérent à l’architecture. Il y a toujours eu, pour l’architecte Jean Guervilly, une «bonne architecture» préoccupée par le développement durable, qu’il assimile plus exactement à du «bon sens». projets de deuxième année L M XL
maison dans les calanques maison dans une dent creuse bibliothèque de quartier Le premier projet consistait à concevoir un habitat dans le site très particulier des calanques marseillaises de Sugiton, un espace naturel, protégé, vaste et libre. Pour ce lieu, nous imaginons un habitant potentiel, ce scenario instaure un certain nombre de contraintes et détermine le programme du projet.
Les usages du projet du Parc de La Villette OMA/Rem Koolhaas1982
Monsieur Marci est un provençal pure souche, tenant fermement à préserver le patrimoine naturel de son pays. Il prend donc part à un projet de valorisation des calanques et des sentiers qui les jalonnent. Une série de de «folies» viennent ponctuer et requalifier le site, tandis que monsieur Marci, chargé d’orienter et d’informer les randonneurs, est logé sur les ruines d’une ancienne bergerie. Le second projet de ce semestre se place en continuité avec le premier, le territoire de projet change mais l’habitant reste le même. Notre scénario évolue, il nous faut maintenant loger monsieur Marci en centre-ville, au cœur d’un quartier typique de Marseille, dépourvu d’espaces publics. Quelques années est un succès mais monsieur Marci est âgé et il est relayé pour son poste dans les calanques. On lui propose alors de bâtir sa maison dans une étroite dent creuse, donnant sur un cœur d’îlot densément occupé par des garages privatifs. Il y voit cependant une opportunité, la faille créée par sa parcelle va permettre de désengorger le cœur d’îlot. L’édifice se fait encore plus étroit pour laisser place à un passage montant vers un parcours de verdure au-dessus des garages. Cet exercice avait pour but de souligner le rapport maitre d’ouvrage / maitre d’œuvre pour la première fois, le cahier des charges découlait d’un caractère, de ses envies et ses besoins.
Le toit habitĂŠ de la citĂŠ radieuse Le Corbusier 1950
C’est le rôle de l’architecte que de penser et structurer les usages accompagnant son bâtiment, il faut penser des programmations complémentaires, pour rendre un projet durable. Dans ce cas, le programme de simple villa évolue vers un projet global, valorisant et respectant un site extrêmement riche. Pour l’agence Lacaton & Vassal en quête de plus de plaisir d’habiter, «le développement durable n’a de sens qu’avec l’amélioration des conditions de vie». En permettant par exemple aux gens l’appropriation des espaces, on met en place un mode de vie plus social, où le citoyen est responsabilisé. Le projet doit être ouvert à la discussion et aux négociations. Le second semestre est caractérisé par un projet unique : composer avec le contexte urbain existant afin d’intégrer au quartier un équipement public d’ordre culturel. Il est question de requalifier la place du 4 septembre en tant qu’espace public et d’y implanter une médiathèque. Des recherches sur l’acte de lire sont inhérentes à la conception d’une médiathèque.
48° 52′ 26″ N 2° 23′ 07″ E Paris, Belleville
«Dans la vie, la plupart d’entre nous feront des choses ordinaires. L’essentiel est de les faire extraordinairement bien.» Arthur Murcutt, père de Glenn Murcutt
L’implication dans la société intramuros
Totalement satisfait de mes années d’études à Marseille, je ne peux m’empêcher d’envisager, d’autres enseignements, d’autres villes. En cours de licence je décide d’intégrer l’Ensa Paris-Belleville afin de découvrir une autre école ainsi que de nouvelles problématiques urbaines. projets de troisième année XL M L
home-less is more urban lighthouse l’ilôt des fissures En Septembre, le studio a commencé avec un workshop réunissant des étudiants américains et les étudiants de Belleville, autour d’un projet urbain commun. Ce premier projet, de bains au départ, était situé dans Paris intramuros, entre les stations de métro Jaurès et Stalingrad en relation avec le métro aérien de la ligne 2. Il s’agit d’un site complexe dont le diagnostic, dressé par petits groupes d’étudiants, était nécessaire. Au sein du groupe, composé de deux étudiants français et deux étudiants américains, la communication s’effectuait à l’aide de l’anglais et du dessin.
croquis prĂŠparatoires : creuser
croquis prĂŠparatoires : suspendre
Malgré de nombreuses tentatives d’amélioration, le quartier reste négligé, les piétons rencontrent des difficultés à parcourir le lieu. De plus j’y remarque une forte présence de sans-abris, venus trouver refuge sous cette ligne métro. Dans un premier temps, nous avons réalisé un masterplan commun proposant entre autre une requalification de la voirie. En canalisant les fluxs automobiles nous avons mis en place de nouveaux espaces publics qui ont permis d’implanter quatre programmes singuliers appartenant à un ensemble cohérent. Le premier, qui se situe près de la station Stalingrad, constitue les bains, et propose le nettoyage du corps. Le second prend la forme d’un bar à oxygène qui vise au nettoyage de l’organisme, c’est un projet à mi-chemin entre l’installation artistique et le mobilier urbain. Le troisième programme tend au nettoyage de l’esprit et prend la forme d’un cocon de méditation dans lequel le flâneur s’isole pour penser. Quant au quatrième programme, il se consacre à un nettoyage encore plus abstrait, une amélioration à l’échelle urbaine, en réaction à la préoccupante situation des sans-abris. Mon travail concerne cette dernière partie, appelée home-less is more.
Une seule ossature, dĂŠclinable en quatre types. Habitats simples et doubles, serres de cultures et serre publique.
En contournant le programme initial, j’imagine un projet hybride : mon intention était d’aménager des logements sociaux en questionnant ce en quoi habiter peut consister. L’intérêt du projet réside dans son scénario : le programme, dédié aux personnes dans le besoin, seules ou en famille et mis en place de façon frugale et diffuse dans le temps. Une serre publique installée sur la nouvelle place de la station Jean Jaurès entre en relation avec les nouveaux logements. Ce jardin botanique singulier accueille des ateliers et participe à la vie de quartier. On pourrait par exemple imaginer en son sein une sensibilisation des habitants du quartier, au développement soutenable. Associée à plusieurs petites serres disposées le long du canal, ces espaces seraient exploités par les anciens sans-abris qui y cultiveraient plantes et légumes afin d’atteindre une certaine autarcie. Ce travail accompagne leur logement, permettant de retrouver une place dans la société, en instaurant une relation avec leurs voisins, dans une idée de partage et de service. Une architecture simple, basée sur la déclinaison d’une même ossature métallique, permet de réduire les coûts et simplifie la mise en œuvre. Ce type de construction légère assure de plus la réversibilité et la flexibilité du projet.
croquis prĂŠparatoire : la serre publique
Ce projet fut là ma première collaboration sur un projet global, basée sur une rencontre fructueuse avec des personnes créatives. Cette expérience m’a conforté dans l’idée qu’un architecte ne peut travailler seul. J’ai eu le sentiment d’effleurer avec ce projet, une nouvelle dimension architecturale, en relation directe avec l’Homme. J’aimerais reprendre ce projet en pousser la représentation. L’architecture doit être support d’usage. En deuxième partie de semestre, David Elalouf impose un autre site et un autre programme. Il s’agit de concevoir une galerie d’art dans un square délaissé, à proximité de la station La Chapelle. Mon projet, quelque peu métaphorique, prend la forme d’un phare urbain, préservant l’espace planté et revalorisant les usages existants. Un signal dominant la fosse de la Gare du Nord, qui offre des vues sur la ville.
48° 52′ 26″ N 2° 23′ 07″ E Paris, Belleville
croquis préparatoire : la medina, sa sédimentation
L’implication dans la société extramuros
Dans le cadre du studio de Frédéric Bertrand, où architecture et échelle urbaine sont abordées conjointement, nous interrogeons le statut des périphéries parisiennes. Nous travaillons cette fois sur le Paris extramuros, questionnant par là les limites réelles et ressenties de la capitale. Par l’élaboration d'un diagnostic complet du quartier, couvrant plusieurs critères, nous découvrons dès les premières séances un site complexe. Le quartier Garcia-Landy trouve sont origine dans une période d'importante immigration espagnole, et en porte encore aujourd'hui les couleurs. En bordure de canal, ce territoire se trouve à la fois sur les communes de Saint-Denis et d'Aubervilliers qui ont amorcé une requalification concertée ces dernières années. Les intentions sont troubles, le financement de chantiers régulièrement remis en question. Face à cette situation nous devons prendre position et proposer une implantation de logement social réfléchie. Il s'agit à la fois de composer avec l'existant, et le projeté, pour orienter de façon plus subtile la reconversion du quartier. En tentant de couvrir toute les échelles, nous réflechissons, en binôme, un plan d'amenagement en accord avec les usages passés, présent et à venir. Ainsi, les lieux de vies et points de repères ancrés perdurerons, tandis que nous tenterons de qualifier les abords d'une ligne de tramway qui traversera dans les années à venir le tissu urbain.
I
II
III
croquis prĂŠparatoires : temporalitĂŠ urbaine
Mon projet de logement social prend part à cette planification en occupant une partie de l'ancien jardin des fissures, destiné à un projet d'aménagement vérolé. Cette zone jouxtant la cité Albinet représente un large espace de déambulation, est imprégnée de l'histoire des lieux, avec par exemple le tracé encore lisible d'une ancienne savonnerie. Le projet est diffus dans le temps : une première phase, proposant des logements d'urgence laissant imaginer une suite. Je propose d'y reloger ponctuellement des familles de la cité Albinet durant sa réhabilitation. Ainsi, le logement minimum, offrant les installations lourdes de fondations et de mise en place des réseaux aux habitants, représente une base, un terreau. Dans un second temps, les logements se complètent, gagnent en variété et en qualités par le biais de l'autoconstruction et d'extensions suggérées. Je recherche à travers ce projet une certaine simplicité architecturale puisant dans des processus anciens tel que la sédimentation de la médina et de ses maisons à patios. En effet il semblerait que l’on se soit détachés avec le temps d’habitudes et de réflexes architecturaux tels que la juste inscription dans la pente ou la juste orientation des maisons paysannes.
48° 52′ 26″ N 2° 23′ 07″ E Paris, Belleville
croquis préparatoire pour la maison Simpson-Lee Glenn Murcutt 1988
L’implication dans la société Glenn Murcutt
La recherche du territoire durable, du territoire auto-soutenable, passe par le questionnement des enjeux sociaux, économiques, et environnementaux. Il est avéré que la réussite d’un tel projet ne peut se passer d’un quatrième axe : l’enjeu culturel. Faire du logement durable aujourd’hui, c’est tenter à chaque étape de conception de trouver le juste équilibre entre ces enjeux afin de couvrir plusieurs durabilités. Dans le cadre du cours de Françoise Fromonot ce semestre, j'ai découvert le travail fascinant de l'architecte australien Glenn Murcutt. Ces projets sont pensés et présentés en quelques planches seulement. Sur la première, le bâtiment est inscrit avec justesse et précision sur son territoire : to site. Par le trait, l'architecte indexe les caractéristiques majeures du site, ses contraintes climatiques. L'architecture ne doit pas perturber l'équilibre naturel : "touch this earth lightly" Sur les planches suivantes, Glenn Murcutt dessine l'édifice jusqu'au moindre détail, en pense les usages, toujours en relation avec l’extérieur. Dans ses chantiers, il sollicite régulièrement les mêmes équipes, avec des savoirs constructifs précis, car pour lui, l'architecture construit et entretient une communauté.
33째 26' 16" S 70째 39' 02" W santiago du chili
Sheds Christoph Engel 2006
ouverture changement d’horizon
L’architecture est un champ de création extrêmement large mais je commence à comprendre quelle architecture m’intéresse et surtout qu’elle architecture j’aimerais étudier, puis exercer. Je pense donc que des clés architecturales et sociologiques pour la ville de demain peuvent être trouvées dans les architectures pauvres et vernaculaires. Ainsi j’ai imaginé suivre dès l’an prochain le séminaire architecture de l’habitat : «habiter aujourd’hui?» abordant les problématiques contemporaines du logement. La recherche de nouvelles typologies questionnant les notions d’ «habitat pour tous», de temporalité et d’évolutivité menée par David Elalouf me paraît essentielle. Je souhaite donc partir en mobilité étudiante à partir du semestre 7 pour poser dans la continuité la question «habiter aujourd’hui ailleurs?» Mon attachement au continent sud américain à toujours existé, ma famille a été forcée de quitter le Chili lors du coup d’état de septembre 1973 et je ne m’y suis jamais rendu. Étudier à Santiago, capitale en pleine mutation d’un pays à la population pluriethnique et aux forts contrastes géographiques, m’apporterait énormément sur les points de vue culturel et humain.
Sheds Christoph Engel 2006
Je pense aussi découvrir dans l’hémisphère sud une culture architecturale m’étant aujourd’hui étrangère, en particulier dans les quartier et villages démunis, en allant au contact des gens. De plus les options traitant du projet à l’échelle urbaine se positionnent dans la continuité de mon studio du semestre 6 mené par Frédéric Bertrand. Durant ce semestre à Belleville, j’ai suivi en candidat libre le cours d’architecture de l’urgence de Patrick Coulombel destiné aux étudiants de master. Au Chili, les conditions de vie peuvent être déplorables, et le rôle de l’architecte est d’en imaginer les alternatives, de proposer des interventions efficaces et modestes à la fois. La conception contrainte par le temps et par l’argent est inhérente à la réflexion architecturale, mais trop peu de nos cours l’évoquent. C’est pourquoi j’ai hâte d’effectuer mon stage en agence cet été pour ainsi conclure de façon cohérente un premier cycle d’étude passionnant.
«N’essaie pas, fais le» Yoda, maître jedi