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Le plus grand plaisir dans la vie est de réaliser ce que les autres vous pensent incapables de réaliser.” - Walter Bagehot Imprimé sur papier recyclable - Ne jetez pas ce magazine sur la voie publique, offrez-le. Merci !
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COOLTURE N°75
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“ Le plus grand plaisir dans la vie est de réaliser ce que les autres vous pensent incapables de réaliser.”
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- Walter BaGehot Imprimé sur papier recyclable - Ne jetez pas ce magazine sur la voie publique, offrez-le. Merci !
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COOLTURE® “Y” 9/11 rue Ernest Renan 92130 Issy-les-Moulineaux www.coolture.fr Directeur de la publication : Hervé Giraud Communication et publicité : 06 88 18 32 52 coolture@orange.fr Webmaster : Thierry, webmaster@coolture.fr Rédaction : coolture@orange.fr Merci à : Thierry Pigot, Isa Harsin, Fakir, les éditions de l’Atelier, Thinkerview, Delcourt, Daniel Maghen et Tink pour leur contribution et /ou autorisation. Mention spéciale pour Mounie et son œil avisé ! Coolture® est un magazine gratuit indépendant édité par HE! Media SARL au capital de 41 013€ Siège social : 9/11 rue Ernest Renan 92130 Issy-les-Moulineaux Dépôt légal à parution ISSN : 1964-888X Où trouver COOLTURE “Y” ? Par abonnement, dans les grandes écoles, les universités, certains lieux de vies étudiants. La version numérique est disponible sur coolture.fr, lekiosk.fr et issuu.com et dans toutes les bonnes médiathèques numériques.
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IDÉES
AVRIL-MAI 2019 #2
”
> SOMMAIRE
[RÉ] AGIR ! 04
à la une : J'veux du soleil ! • CINE : un roadmovie au cœur des visages et des voix de la France d'aujourd'hui • BD : Manif • Thinkerview : le grand entretien avec François Boulo
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ACTUALité • Les métiers invisibles • Voyage : Emmanuel Lepage • Street Art : Add Fuel • Pédagogie : les "soft skills"
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Plus une socié
“ s'éloigne
de la vérité, plus elle hait
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n e s i d a l i u q x u ce ell -
- Georges Orw
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agir
ciné à la une :
j'veux du soleil !
© Jour2Fête
> 04
Comme pour une hasardeuse chasse aux papillons, Gilles Perret, réalisateur et François Ruffin, député de la Somme et reporter pour Fakir, sont partis en décembre dernier pour un road-movie, avec une caméra en guise de filet, afin de saisir sur le vif les visages et les voix de la France d’aujourd’hui.
> Dans les salles un film de François Ruffin et Gilles Perret. >>> Tous les droits d’auteur seront reversés au Secours populaire !
Fruit de cette traversée des ronds-points et "des endroits les plus pourris de France", leur documentaire J'veux du soleil est un éclair jaune, fluorescent même, qui ne durera peut-être qu’un instant dans les salles obscures, mais se gravera dans vos mémoires. Il fait en effet résonner les mots trop rarement entendus, de ces femmes si souvent invisibles et pourtant si courageuses dans leur quotidien. Elles s'appellent Corinne, Carine, Natacha, Cindy, Marie. Elles sont retraitées, travailleuses pauvres, mères célibataires, précaires, chômeuses ou encore handicapées. Toutes sont prises à la gorge par les frigos vides et un travail qui manque ou ne rapporte jamais assez. Elles livrent des témoignages très émouvants passant du rire aux larmes, de la tendresse à la colère. Le mouvement des Gilets jaunes ne changera peut-être pas le cours de l'Histoire mais il leur aura permis d'y croire à nouveau. Un espoir qui fait rêver Cindy : «Je sais qu'il y a une chance, il y a une petite porte ouverte, une petite lumière, elle n'est pas grande mais j'y vais, je fonce... je veux l'ouvrir la porte. C'est du soleil que je vois derrière». - Hervé Giraud -
COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
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bougez-vous
changer
le monde !
> 05 Cindy - capture d'écran © Jour2Fête
pour
voir
l'entretien
de
fakir
avec
les auteurs © Fakir
Fakir : Comment a démarré votre projet ? François Ruffin : “Je savais que le pays vivait un instant magique, incertain, et donc j’avais bloqué une semaine, mi-décembre, pour naviguer sur les routes, pour respirer pleinement ce moment. Pour nourrir un bouquin. (Ce pays que tu ne connais pas - éditions Les Arènes, ndlr).” Gilles Perret : “Ces « Gilets jaunes » me titillaient moi aussi, j’éprouvais de la sympathie plutôt. Sans doute parce qu’on est de province tous les deux, l’un de Savoie, l’autre du Nord, on n’a pas le jugement parisien, un peu hautain. J’étais passé sur des ronds-points, le 17 novembre, et j’avais découvert des visages que, d’habitude, dans les manifs, on ne voit jamais. Je me souviens d’un couple, au péage d’Annecy, avec la banane, une joie que tu ne vois pas souvent dans les manifs. Ils n’étaient jamais sortis, et là ils existaient ! Et donc, je propose à François de le suivre avec une caméra : il me répond « non », ce con !” FR : “Bah oui, d’abord j’en ai marre d’avoir toujours des caméras et des micros au cul, je me sens surveillé, je me surveille. Je préférais le côté « lonesome cow-boy »...” GP : “Mais j’ai pas lâché l’affaire...”
FR : “Surtout, je ne voulais pas d’un film sur moi. Le sujet, c’est vraiment les gens. Ils se réveillent enfin, qu’est-ce qui leur prend ? Je veux bien être le fil conducteur, au sens propre, ici, d’ailleurs, parce que je conduis mon Berlingo de la Picardie jusqu’au grand Sud, je veux bien qu’on regarde à travers mes yeux, par-dessus mon épaule, mais les héros, c’est eux ! C’est Cindy, c’est Marie, c’est Loïc, avec des histoires à chaque fois inattendues... C’est un film d’amour, je crois. Je veux dire à ces gens : « Je vous aime », ces gens si longtemps résignés, méprisés, qui se mettent debout maintenant. Je les aimais déjà avant, mais là, on montrerait leur beauté, leur fierté”
" La force explosive de la parole "
les “ D’habitude, pauvres se cachent pour souffrir. Et voilà que cette France invisible se rendait visible, hyper visible.
”
GP : “C’est bizarre parce que, sur le papier, c’est très moche : une France des ronds-points, des autoroutes, des entrées de ville, sous la pluie, dans la gadoue, avec des bâches plastiques, des abris d’infortune... Et ça finit par être beau, parce que c’est habité par la vie. Je pense que nous apportons ça : on va vers l’intime, avec une grande proximité, parce que le courant entre François et les gens passe bien, y a du rire, de l’émotion. Et parce que, techniquement aussi, je suis tout seul, sans preneur de son, je peux m’approcher de ces personnes, de leurs traits, de leurs voix, au plus près...” >>>
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AGIR
ciné à la une :
j'veux du soleil
© Jour2Fête
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l'entretien
de
fakir
avec
Fakir : Et où partez-vous ?
de l’enfer “ C’est des pauvres qu’est fait le paradis des riches.
”
FR : “Vers le Sud. Quand t’habites en Picardie et que tu pars, de toute façon, c’est vers le Sud. On n’avait pas vraiment de but, juste des étapes sur le chemin : les Alpes pour Gilles, Pierre en Ardèche, Guillaume vers Montpellier... Et ça nous plaisait, je crois, cette errance. Dans l’existence, finalement, dans nos vies bien chargées, rares sont les moments d’errance. Au cinéma, y a deux genres de films que j’adore, les huis clos et les road movies. Bon, le huis clos, à l’Assemblée, j’en ai ma dose, donc là, on ouvre sur le grand large...” GP : “On s’ouvre aux gens, surtout, et ils nous déballent leurs vies. Dès la première séquence, à Albert, on tient un truc : une dame, Carine, au RSA, avec un enfant handicapé, et qui nous explique comment elle survit grâce aux lotos-quines...”
Fakir : au loto-quine ??? GP : “Vous ne connaissez pas ? Ce sont les bingos, dans les salles municipales. Et donc, elle gagne des cartes Auchan, et c’est comme ça qu’elle nourrit sa famille. Je veux dire par là, il y a un extraordinaire de l’ordinaire, on n’imagine jamais comment les hommes vivent. À chaque rond-point, on avait l’impression d’ouvrir un paquet-surprise...” FR : “Tu sais, quelque part, ces gens, cette France, ça fait vingt ans que j’en fais le portrait, dans Fakir, mais leurs mots, il fallait les arracher, ils chuchotaient, dans le huis clos de leur appartement, parce qu’ils étaient habités par la honte.La honte de galérer, la honte de ne pas payer des
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vacances à leurs enfants, la honte de sauter des repas pour cause de frigo vide, au malheur s’ajoutait la honte. Il fallait que je garantisse l’anonymat, pour que dans leur quartier, dans leur village, on ne les reconnaisse pas... Les pauvres se cachent pour souffrir. Et voilà que cette France invisible se rendait visible, hyper visible, même dans la nuit, avec des gilets fluorescents ! Voilà qu’elle occupait l’espace public, les ronds-points, et même les plateaux télé ! Voilà, surtout, qu’elle parlait, qu’elle criait, qu’elle gueulait... Un grand déballage. C’est un temps de libération, libération de la parole d’abord, comme un barrage qui saute, et pour un reporter, évidemment, c’est le rêve, y a qu’à tendre le micro... Ça me fait penser à ces phrases de Philippe Gavi, un fondateur de Libération, dans les années 1970 : lui voulait un « quotidien démocratique qui donnera la voix au peuple, aux ouvriers, aux grévistes, aux paysans », qui « ne parlera plus de “révolution” avec des stéréotypes, des idées toutes faites, des affirmations triomphalistes, mais avec toute la force explosive que la parole représente quand l’imaginaire et le réel se fondent avec les mots ». C’est ça qu’on a trouvé, « toute la force explosive de la parole » !” >>>
Vous aussi, bougez-vous
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le monde ! J'veux du Soleil - capture d'écran © Jour2Fête
pour
ET
GILLES PERRET
GP : “J’ajouterais quelque chose : ces hommes et ces femmes... on a énormément de femmes... Ils ne font pas que raconter leur misère, c’est sous-tendu par une lutte, en eux, entre désespoir et espoir : est-ce que ça va changer ? Ils doutent, ils y croient, les deux à la fois. Pas pour eux seulement, pour leurs enfants, pour la société, et ils te parlent d’harmonie, de liens, de fraternité. Ces mots-là, dans leur bouche, deviennent puissants, parce qu’ils ne sont plus abstraits, plus des concepts, ils s’incarnent dans leur histoire de vaincus. Je pense à David, un autoentrepreneur, un artisan, dans la mouise jusqu’au cou, Secours populaire et compagnie : le soir, en rentrant chez lui, après le brasero, il lit la Constitution ! Avec le dictionnaire à côté de lui !”
Elle avait juste accumulé de la colère, de la souffrance, en silence. Quand une personne aussi normale, aussi calme, entre en sédition, c’est qu’un truc se passe.”
Fakir : C’est l’indice d’un moment révolutionnaire, ça, non ?
Fakir : D’après vous, que va devenir le
FR : “Oh, la Révolution, bon, moi, on l’annonce tellement souvent... Mais enfin, dans l’air du pays flotte un parfum très particulier. Une scène, pour moi, illustre ça. On se retrouve au péage de La Barque, près de Marseille, de nuit, pour réoccuper l’autoroute. On ne connaît pas grandmonde, et on ne veut pas se mettre avec les « leaders »... On grimpe donc dans une voiture au pif : c’est une petite dame, la cinquantaine, bien coiffée bien maquillée, à deux heures du matin, dans un joli manteau, une jolie auto, bref, ça pourrait être ma mère. Elle avait tenu une boulangerie, elle exerce maintenant comme auxiliaire de vie sociale, elle n’a jamais manifesté... Et voilà qu’elle se retrouve sous la lune à piquer des plots ! À bloquer des camions ! « Qu’estce qui vous a fait entrer dans la délinquance ? », on lui demande. Elle sourit : « Non, c’est une reprise du pouvoir. »
FR : “J’en sais rien. Ça existe, ça a existé, et c’est déjà un miracle. D’ailleurs, pour moi, notre film ne porte pas sur «le mouvement des Gilets jaunes», comment il est né ?, qui sont ses porte-parole ? comment il s’organise ?, quelles sont ses revendications ? On laisse ça de côté.”
GP : “Une autre rencontre m’a fait cet effet-là. À Mâcon, un papy à casquette, mais pareil, tranquille. Il imaginait, mais très sérieusement, fabriquer d’immenses plaques de métal, on mettrait ça devant des bulldozers, qui monteraient à Paris, les CRS seraient obligés de reculer et comme ça on atteindrait l’Elysée. Il avait réfléchi à ce plan, qu’il énonçait fort posément... Nous, dans nos habitudes de « gauche », on s’est mis des barrières, on adopte les codes des manifestants, et puis on a l’habitude de perdre, mais pour eux tout est possible !”
mouvement ?
GP : “C’est un film humain. On vient poser notre regard, notre sensibilité, sur des femmes, sur des hommes, qui ont revêtu un gilet jaune... [...] sur les ronds-points, de quoi parlent les gens ? Du lien entre eux, de la solitude qu’ils éprouvaient, de combien ils se réchauffent les mains, mais le cœur surtout, au brasero. Ils ne font pas qu’en parler, ils le vivent, ils construisent des cabanes ensemble, ils mangent ensemble, ils partagent leurs bonheurs, leurs malheurs...” © Fakir
Déjà dans les librairies
© DR
FRANÇOIS RUFFIN
de François Ruffin Éditions Les Arènes - 15€
Ruffin met à nu Macron Emmanuel Macron et François Ruffin ont grandi derrière les mêmes grilles, celles du lycée La Providence à Amiens. Très vite, leurs chemins se séparent. L’un devient reporter en Picardie, porte-voix des «gens contre l’argent», réalisateur de Merci patron ! et député de la Somme. L’autre choisit Paris et l’Ena, la commission Attali, la banque Rothschild, le palais de l’Élysée... Une vie entière dans le cocon des institutions, dans l’entre-soi du pouvoir.
COOLTURE
BD
lire
manif
© Editions Adespote
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2ème round
Une Manif ordinaire racontée à hauteur d’homme
j’emploie “ «unQuand mot, dit Humpty Dumpty d’un ton un peu dédaigneux, il signifie exactement ce qu’il me plaît qu’il signifie, ni plus ni moins. » « La question, dit Alice, est de savoir si vous avez le pouvoir de faire
Raconter une manifestation n'est pas chose simple. C'est un moment à part qu'il faut vivre de l'intérieur pour le comprendre. Chaque fois différent et tellement pareil. C’est une expérience et c’est une tradition. Une "manif" est un continent, invisible, de gens ordinaires qui donnent temps, énergie et argent, pour des idées, pour des luttes. Pas pour le Grand Soir tout de suite, pas pour faire carrière. Manif, le roman graphique de Mathieu Colloghan, c’est toutes les manifs racontées à travers une "manif " ordinaire – "Bastille-Nation" –, c’est l’engagement politique comme on ne vous l’a jamais raconté. On y fait des rencontres et on y a des discussions ordinaires entre manifestants ordinaires. manif de Mathieu Colloghan - Éditions Adespote -208 p - 22€
le mot de Mathieu Colloghan Télés, radios, livres, films ou journaux nous racontent tous les jours que le monde va bien ; que le monde va vite ; que le monde va jeune ; qu’il va riche, blanc et mâle. Le monde est dynamique. Tel un jeune cadre. Il « travaille pour l’Europe, voire pour le monde » 1. Il n’a guère de pitié. 1. L’Europe, Noir Désir.
que les mots signifient autre chose que ce qu’ils veulent dire. » « La question, dit Humpty Dumpty, c’est de savoir qui sera le maître. Un point c’est tout. »
”
De l’autre côté du miroir, Lewis Carroll
Parfois, le monde est une femme, mais c’est plus rare. Il fait attention à sa ligne mais s’ennuie un peu. Le monde est narcissique. Le monde marche sur la gueule de ses collègues. Le monde a un plan de carrière, admire les plus riches que lui, méprise les plus pauvres. Le monde fait des abdos fessiers et prend des compléments alimentaires pour ses cheveux. Le monde n’est jamais très grand ou petit, trop maigre ou trop gros, vieux, pauvre, basané. Le monde ne traîne jamais des pieds, il n’est jamais en colère et surtout : il ne fait pas de politique. À y regarder de plus près, le monde qu’on nous sert sent mauvais et sonne creux quand on lui secoue la tête. De plus près encore, il est manifeste qu’il ne nous ressemble pas.
CE MONDE N’EST PAS NOTRE MONDE Le monde, tel qu’il est raconté, c’est le monde des gagnants, des dirigeants, des leaders. Le monde des autres (vous, moi, nous), de tous les autres, n’existe pas. Ce n’est pas par simple narcissisme que les plus riches imposent à toute la planète leur vision du monde – car c’est une vision imposée – c’est un enjeu politique : ce qui est ignoré ne peut s’imposer.
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AVRIL/MAI 2019 - #2
[...] On pourrait penser que les riches auraient intérêt à cacher leurs résidences de luxe, leurs couloirs réservés, leur vie de jet-setter, leur espérance de vie supérieure, leurs passe-droits et leurs condamnations judiciaires plus douces. Car cela pourrait donner des idées aux pauvres. Des idées de redistribution et de violence.
RIEN COMME MODÈLE Pourtant, on nous gave quotidiennement des moindres faits et gestes de millionnaires fictifs (Batman ou XIII) ou réels (Bill Gates, la princesse Machin, le capitaine d’industrie Bidule). Car c’est un enjeu politique. Antonio Gramsci a causé de cette question de l’hégémonie : les bourgeois ont créé un mode de vie identifiable, un style vestimentaire, des valeurs, une conception du monde, etc. Et c’est parce que cet espace publique était constitué, visible et lisible, que les bourgeois ont pu, au lendemain de 1789 et durant tout le XIXe siècle, constituer des groupes en capacité de remplacer l’aristocratie que la plèbe mettait à bas. Le prolétariat aussi, fin XIXe – début XXe, avait ses journaux pour prolétaires. Ses romans où il arrivait des trucs à des prolétaires. Ses chansons de prolétaires. Ses équipes de foot d’enfants de prolétaires. Sa morale étiquetée « prolétaire » – pas toujours pour le meilleur. Alors, quand ils rêvaient, ils rêvaient d’une meilleure vie de prolétaire, mais pas d’une vie de bourgeois.
BD
Puis, à coup de guerres, de trahisons politiques et de défaites idéologiques, cette identité prolétarienne est devenue invisible. Les prolétaires, aujourd’hui, rêvent trop souvent d’avoir la vie des chirurgiens, de mettre les hideux costards des riches, de conduire des grosses bagnoles. Les prolos rêvent qu’ils ont eux aussi à gérer un portefeuille d’actions. Ils en viennent à redouter des révolutions qui seraient pourtant assurément à leur profit ! [...] Oskar Negt a ajouté aux écrits de Gramsci un objectif transitoire dont la finalité, qui semble plus modeste 4, colle mieux à nos temps de vaches maigres : il faut développer un espace publique oppositionnel pour, avant même de parler d’hégémonie sur la société, développer une culture de l’Opposition. 5
RACONTER UN AUTRE MONDE Il faut raconter que tous les individus ne naissent pas blancs et chorégraphes, fils de banquier ou responsables communication. Il faut raconter aux enfants qu’ils sont peut-être noirs. Il faut expliquer que tout adulte ne rêve pas de piétiner ses voisins, de finir premier à toutes les courses et d’engranger tellement d’argent qu’il n’aura aucune chance d’en dépenser la moitié d’ici sa mort. Affirmer que tous ne doivent pas rêver de devenir millionnaires, ni même patrons. Que c’est même, peut-être, une chose tout à fait répugnante que de commander à autrui. Il faut faire rentrer
dans les crânes qu’il n’y a pas que des cow-boys, mais aussi des Indiens. Il faut coloniser les esprits avec l’idée que l’injustice n’est pas un état naturel ; l’inégalité, un fait indépassable. Il faut rendre visible ce que l’on s’emploie à rendre invisible. Les gens peuvent être noirs, vieux, obèses, femmes célibataires, ouvriers. Et plus encore, il faut qu’ils puissent se dire qu’en tant qu’enfant noir, qu’ouvrier, que chômeuse, ils ont le droit, ils ont la légitimité d’occuper l’espace public pour y foutre le bordel, y secouer le cocotier en attendant d’y faire la révolution. Je pense qu’un auteur ou un artiste est utile quand il participe à rendre visible ce monde-là. Mieux encore : quand ce sont les caissières grévistes qui racontent les grèves des caissières, des occupants de Notre-Dame-des-Landes qui racontent NDDL et des colleurs d’affiche qui racontent les collages. Mieux vaut que nous écrivions mal « nous » que de brillants auteurs bourgeois, même plein de bonne volonté. Eux meurent moins souvent sur les barricades ou déportés en Nouvelle-Calédonie qu’ils ne font rimer « Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte » 6.
© DR
COUP DE CœUR
Les Écœurés de Gérard Delteil
(éditions Seuil - 240 pages - 18€)
Mort d'un Gilet Jaune Premier polar en gilet jaune, ce roman raconte comment un policier en formation, Alain Devers, est envoyé par ses supérieurs surveiller les manifestants qui occupent le rond-point du Mouchoir rouge, en Bretagne. Il doit se faire passer pour l’un d’eux. Le jeune homme ne goûte guère cet exercice d’infiltration, d’autant qu’un chauffard renverse soudain une manifestante et la tue, plaçant l’apprenti flic dans une
- Mathieu Colloghan - automne 2017 -
situation de plus en plus périlleuse. >>> Une immersion très informée.
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le grand entretien de
thinkerview
Capture d'écran © Thinkerview
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lien Youtube : https://youtu.be/tRl9_q2ytI8
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Gilets Jaunes Avant la révolution ? Dans un monde aux informations formatées, Thinkerview est depuis 2013 un OVNI “indépendant et très différent de la plupart des think-tanks”, comme l'avait présenté le journaliste Marc Ullmann. "Sky", son interviewer mystérieux, réalise des entretiens au long cour (minimum 1 heure) réputés sans concessions. Les invités - des personnalités d’horizons différents et ayant des points de vue peu médiatisés - y mettent à l'épreuve leurs idées et doivent aussi répondre aux questions de la communauté Thinkerview, qui vérifie également leurs assertions. Bref des entretiens permettant d’appréhender toute la complexité des enjeux actuels et d’élargir nos prismes de lecture pour ne pas penser en rond. Les vidéos, diffusées en direct sur YouTube et Facebook, sont également disponibles en replay. Coolture a décidé de donner un petit coup de pouce à la chaîne "pour réfléchir" en mettant en avant une émission par numéro. Voici leur entretien du 25 février avec François BOULO, 32 ans, avocat et "Porte parole” des Gilets Jaunes à Rouen. - BALENCY -
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AVRIL/MAI 2019 - #2
>> retrouvez plus d'interviews et de vidéos sur www.thinkerview.com
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> 11 Capture d'écran © Thinkerview
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L'interview [...] comment vous êtes vous retrouvé
avec les gilets jaunes ? FB : “Cela faisait plusieurs années que je m'intéressais à la politique et j’avais dit pour ma part à mon entourage que « Macron élu, 6 mois plus tard la France serait dans la rue ». Je me suis trompé d’un an mais quand j’ai vu le mouvement prendre de l’ampleur avant même le 17 novembre, j’ai eu l’intuition, peut-être même l’espoir, que la mobilisation allait être massive et que cela allait très largement dépasser le cap de l’augmentation de la taxe sur le carburant. Et donc je me suis investi dès le 17 novembre en allant sur les points de blocage pour aller discuter avec les gens et j’ai compris qu’ils allaient rester là, qu’ils avaient pris conscience de leur force collective, alors que depuis des années ils se sentaient isolés, impuissants et résignés. Et qu’ils allaient désormais être déterminés à relever la tête pour essayer de reprendre en main leur destin.”
Rappelez-nous l’historique du mouvement des gilets jaunes FB : “Initialement la contestation est partie de la décision du gouvernement d’augmenter la taxe sur les carburants et, évidemment, ça a suscité une très grande colère des personnes qui sont obligées de prendre leur voiture pour aller tout simplement travailler et qui étaient déjà dans des situations financières extrêmement délicates. Augmenter comme ça un coût de la vie quotidienne extrêmement important pour eux a suscité cette colère. Il y a eu initialement cette vidéo de Jacqueline
de
François boulo
Moureau qui a fait un peu le buzz sur les réseaux sociaux et puis les médias se sont emparés de cette question. Ils lui ont donné la parole. J’avoue pour ma part que j’étais un peu surpris que les médias relayent autant le mouvement. Mais je crois qu’ils n’avaient pas très bien compris qu'il allait très largement les dépasser et que cela allait constituer une contestation sociale et profondément populaire de très grande ampleur. Voilà l’origine du mouvement et je crois que le « monstre » a un peu échappé aux médias qui ne s’attendaient pas à ce qu’il y ait autant de monde et surtout, je pense qu’ils n’avaient pas prévu que cela ne s’arrêterait pas au samedi 17 novembre 2018 et que ça allait continuer. Quand je suis retourné dès le lendemain 18 novembre sur l’un des ronds-points, on parlait déjà de révolution. C’est-à-dire que les gens, en 24 heures, avaient déjà fait la passerelle entre la contestation de la taxe sur les carburants et "on va révolutionner la politique dans notre pays". Et il faut enfin que nos gouvernants servent le peuple et non plus les intérêts de quelques privilégiés.”
Pouvez-vous me dire la différence entre une révolte et une révolution ? FB : “Je dirais que la révolte est une mobilisation de masse pour contester une politique en place. La révolution, c’est quand elle aboutit à un changement profond de la politique et des institutions, du fonctionnement des institutions dans un pays.”
>> POUR (re)voir la video : https://youtu.be/tRl9_q2ytI8
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Comment qualifieriez-vous le mouvement des gilets jaunes ? FB : “Aujourd’hui, c’est une révolte. C’est l’Histoire qui dira la suite. Mais si le mouvement vient à gagner et effectivement à impulser un profond changement dans la politique du pays, alors, je pense qu’on pourra parler de révolution. Si demain, notamment le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) est effectivement mis en œuvre, alors on aura révolutionné en grande partie nos institutions et redonné un pouvoir d’intervention direct du peuple dans la démocratie. Et, évidemment, le fonctionnement sera alors bien différent de ce qu’on peut connaître depuis des années et des années.”
Qui vous a érigé porte-parole des gilets jaunes de Rouen ? FB : “Initialement à Rouen, il y a trois gros rondspoints. J’allais tous les jours sur le rond-point de « la Motte » et au bout d’une dizaine de jour, il y a eu une réunion publique organisée sur un parking d’une zone commerciale qui réunissait différents ronds-points de Rouen et ses alentours. J’ai eu l’occasion de prendre la parole et d’exprimer quelles étaient à mon avis les revendications qui fédéraient l’ensemble du mouvement, d’exprimer quel était son objectif et par quelle stratégie on pouvait essayer d’y arriver. J’ai essayé d’avoir un discours structurant et c’est à la suite de www.coolture.fr
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le grand entretien de
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L'interview de françois boulo par thinkerview (suite) de cette réunion que les personnes du rond-point de la Motte m’ont demandé d’être leur porte-parole auprès des médias. Ensuite, le rond-point des Vaches et celui du Zénith m’ont fait la même demande. Nous étions à une époque où le gouvernement expliquait qu’il n’avait qu’une volonté - celle de dialoguer et de négocier - mais que malheureusement il n’y avait pas de représentants dans le mouvement et donc qu'il ne pouvait pas dialoguer. On avait bien compris que c’était un enfumage et qu'il ne voulait absolument pas dialoguer et négocier. Mais j’avais indiqué aux gens qu’il faudrait quand même des messagers qui auraient uniquement pour mission de porter la parole dans les médias parce qu’un rapport de force se jouait évidemment au niveau de la communication. On le voit aujourd’hui avec les tentatives pour discréditer le mouvement par tous les moyens possibles : la violence, le racisme, l’antisémitisme. On m’a demandé de mettre par écrit un mandat qui fait deux lignes : « 1 » - je suis désigné porte parole et « 2 » - ma mission ne consiste pas dans le fait de dialoguer ou de négocier avec le pouvoir exécutif mais en revanche de défendre dans les médias le mouvement et ses revendications. Les gens ont signé ce mandat sur les trois ronds-points et c’est comme ça que je suis devenu le porte-parole à Rouen.”
Etre porte-parole a-t-il changé quelque chose pour vous ? FB : “Je n’ai pas perdu d’amis mais je les vois beaucoup moins, c’est une certitude, parce que je suis pris 24h/24 et 7 jours / 7 par le mouvement. Tout le monde me soutient et connaît la sincérité de mon engagement. Je ne me force pas, je défends mes convictions qui se confondent avec les aspirations du mouvement. J’ai profité de la tribune qui m’était donnée pour essayer de médiatiser un peu la réforme de la Justice et de la contester car elle s’inscrit dans les aspirations du mouvement : la défense des services publics essentiels dont la justice fait partie.”
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AVRIL/MAI 2019 - #2
[...] Quelles sont les personnes qui se
retrouvent sur ces ronds-points ? FB : “En grande majorité vous trouvez des retraités qui sont plutôt en difficulté financière et des gens au chômage. Mais vous trouvez également des salariés qui vivent la précarité ne serait ce qu’avec la réforme du code du travail intervenue au mois d’octobre 2017 et qui a laminé le CDI (contrat à durée indéterminée) puisque désormais un barème d’indemnisation est prévu. On assiste depuis à des licenciements sans motifs simplement parce que l’employeur sait qu’au pire il sera condamné à une somme modique, au titre des dommages et intérêts. De plus, derrière cette peur de la perte de l’emploi, il y a celle de la perte du logement ou de se faire poursuivre par la banque par rapport à un crédit immobilier.
Vous avez également quelques agriculteurs, pas beaucoup, ou des agriculteurs reconvertis parce qu’ils n’arrivaient plus à vivre de leur travail. Et vous avez enfin quelques chefs de PME. Mais c’est vrai que la plupart des gens qui sont concrètement et physiquement mobilisés, ce sont plutôt des gens qui vivent vraiment une grande précarité sur le plan financier.”
En quoi consistent les revendications de ces personnes ? FB : “Un premier type de revendications tient à la volonté que la politique servent aussi les 99% de la population et non plus les seuls 1% les plus riches. Ensuite, quand vous avez ce fil conducteur à l’esprit, vous comprenez l’ensemble des revendications catégorielles qui se sont exprimées au travers des
différents cahiers de doléances qui ont fleuri sur l’ensemble du territoire. C’est l’augmentation du SMIC et plus généralement les augmentations de salaires. C’est la revalorisation du minimum vieillesse et de l’allocation adulte handicapé. C’est la réindexation des retraites et des allocations familiales sur l’inflation. C’est le dégel du point d’indice des fonctionnaires. C’est la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité compensée par une augmentation de 1% sur les produits de luxe. Ces revendications touchent concrètement la vie des gens et des différentes catégories de la population. Pour les financer, la première des choses est de remettre en cause les dispositifs fiscaux injustes qui ont été adoptés au début du quinquennat d’Emmanuel Macron et sont au bénéfice des 1% ou des 0,1% les plus riches : la réforme de l’ISF, la flat taxe et le CICE. Ces dispositifs fiscaux représentent 30 milliards d’euro par an. La première chose c’est déjà de remettre en cause ces dispositifs pour redonner ce qu’on appelle du pouvoir d’achat. En fait, c’est une dignité que les gens demandent : pouvoir vivre dignement de leur travail. Et puis vous avez le deuxième type de revendication qui est d’ordre institutionnel. C’est la volonté pour le peuple de pouvoir intervenir directement dans la démocratie. C’est ce qu’on appelle le Référendum d’Initiative Citoyenne (R.I.C.). C’est l’idée que depuis 40 ou 45 ans, nos gouvernants n’ont pas fait leur travail. En tout cas, ils ont cherché tout sauf la poursuite de l’intérêt général. Et dans la mesure où ils n’ont pas su faire le travail, et bien maintenant on va le faire à leur place et a priori on ne pourra pas faire pire.”
combien y a-t-il de personnes au smic en France ? FB : “De personnes au smic, je ne saurais pas vous répondre. Mais le salaire médian est à 1.700 euro net par mois. Cela donne une idée puisque le smic est à 1.500 euros brut et environ 1.200 euros net. (ndlr , au 1er janvier 2017 10,6% des salariés français étaient payés au smic soit 1,65 million de Smicards) .
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Et vous avez de toute façon 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté et 5 millions de chômeurs. Donc globalement on peut dire qu’il y a 4 millions de personnes qui vivent avec moins de 1.000 euro par mois.”
Certains hommes politiques disent que le CICE a permis a quelques entreprises de rester à flots ? Est-ce que vous entendez cet argument ? FB : “Non parce qu’il est contredit par le rapport de France Stratégie qui a indiqué que le dispositif du CICE, sur les premières années de son application, a permis de créer ou de sauvegarder 100.000 emplois. Et c’est plutôt une estimation. Or à supposer, meilleure hypothèse, qu’on ait créé 100.000 emplois avec 20 milliards, cela veut dire qu’un emploi a coûté 200.000 euros sur un an… Il y a peut-être une possibilité d’utiliser l’argent d’une manière un peu plus efficace et arriver à financer avec 200.000€ un peu plus qu’un seul emploi ! C’est en partie dû au fait que cette aide est captée par les plus grandes entreprises de ce pays, qu’in fine elle sert à la distribution de dividendes aux actionnaires et que ces derniers ne réinvestissent pas leur argent dans l’économie réelle. Le problème aujourd’hui, c’est que ces gens captent tellement d’argent qu’une fois qu’ils ont acheté, schématiquement, un yacht, cinq villas et dix voitures de luxe, il n’y a plus d’autres richesses matérielles à consommer dans notre société actuelle ! Ils vont donc placer cet argent dans la sphère financière. Et il va servir à la spéculation mais ne permet pas de servir l’économie réelle.”
Est-ce que le pouvoir se chiffre ? FB : “Le pouvoir ne me paraît pas être un objectif vertueux. Je pense que la question de l’accumulation des richesses devient immorale. C’est-à-dire que vous ne pouvez pas vivre dans un pays et accumuler à titre personnel une richesse dix, cent, mille fois supérieure à vos besoins premiers alors que dans ce même pays vous avez 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté et 140.000 SDF. à un moment donné ce n'est plus possible.”
Pour vous, c’est pathologique ?
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c’est un manque d’empathie ? une déconnexion ? FB : “Peut-être qu’il y a effectivement un aspect pathologique. Peut-être que ces gens se persuadent qu’ils sont effectivement les élites de la nation et que c’est eux qui permettent de faire fonctionner l’économie, qu’ils ont créé des richesses et de la valeur. On sait quand même que parmi les 40, je crois, milliardaires français, la moitié sont des rentiers qui ne sont pas partis de rien, ce sont des héritiers de leur père ou de leur grand-père qui ont construit des grandes fortunes. […] Je crois que de toute façon, nous avons affaire à une classe qui est totalement dans le déni, raisonne comme des machines. Elle n'a effectivement aucune empathie, et de toute façon ne voit pas la misère et ne veut pas la voir. Cette classe vit dans des endroits où ceux qui la composent ne sont jamais confrontés à cette misère, aux classes populaires, à ceux qui aujourd’hui, dans notre pays, sont obligés de faire les poubelles pour manger.
C’est quelque chose qu’on ne peut pas tolérer. J’imagine que s’ils assistaient à une scène pareille, ils seraient quand même bouleversés et auraient honte. Honte de consommer comme ils le font et d’accumuler autant de richesse. Mais ils n’en ont pas l’occasion parce qu’ils vivent entre eux, voyagent dans les mêmes endroits...”
Avez-vous déjà rencontré cette upper classe ? FB : “Personnellement, je n’en connais aucun. Je n’ai jamais rencontré ce que l’on peut appeler un oligarque, un milliardaire. Ce que je sais d’eux c’est notamment le travail qu’ont réalisé les PinçonCharlot et qui ont décrit par le menu quels étaient les modes de vie de ces personnes. Et comme je le disais, ils vivent entre eux, se reproduisent entre eux.
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Ils organisent des rallyes pour que leurs enfants se rencontrent et surtout restent entre eux et se marient entre eux.” […] Comment expliquez-vous que les 4
millions de pauvres ne soient pas dans les rues pour « les faire trembler » comme dirait Juan Blanco ? C’est de la résignation ? FB : “Je crois quand même qu'un travail idéologique fait depuis 40/45 ans à empoisonné les esprits par ce qu’on appelle l’idéologie dominante, l’idéologie néo-libérale. Et finalement cette idéologie constitue l’horizon indépassable. Le cadre que l’on connaît aujourd’hui, notamment le cadre économique, s’impose à nous et on ne peut pas aller dans une autre direction. Il y a effectivement de la résignation qui en ressort. Depuis des années, le débat économique est totalement verrouillé. On vous explique que de toute façon on ne peut pas faire autrement. Vous avez un gâteau dont on ne peut pas en changer la clé de répartition. Si vous essayez de la changer, en imposant par exemple les très riches, on vous explique qu'ils vont partir du pays et que l’économie va s’effondrer. Donc la seule manière d’aider les pauvres c’est d’augmenter le gâteau. Mais pour y arriver, on vous explique que les bonnes solutions sont de donner encore plus à ceux qui ont déjà beaucoup trop. Ce qui fait que l’on a deux impasses. La première est politique, Car en faisant ça on accroît encore et de manière exponentielle les inégalités. Et évidemment, plus vous les accroissez, plus vous créez des tensions sociales et plus vous risquez d’aller vers des crises politiques et, in fine, vers une potentielle guerre civile. La deuxième impasse, absolue et incontestable, est évidemment l’impasse écologique. Aujourd’hui, on sait très bien que notre modèle fondé depuis des années sur la croissance ne peut plus prospérer puisque nos ressources sont limitées. Donc nous ne pouvons plus viser la croissance, nous ne pouvons plus viser l’augmentation du gâteau. Et à partir du moment où vous avez ce constat à l’esprit, la seule solution va être de changer la clé de répartition.”
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Et on fait quoi avec ça ? FB : “L’idée c’est d’essayer de les réveiller. C’est de leur expliquer qu’en réalité, il y a des solutions très simples, demain, pour améliorer leur quotidien. C’est donner les clés sur les fameux dispositifs fiscaux, les 30 milliards et c’est après d’élargir encore le niveau de conscience. On pourrait aller chercher l’argent sur les intérêts de la dette publique qui coûte 40 milliards par an. On peut ensuite aller chercher l’évasion fiscale dont tout le monde voit bien que nos gouvernants ne font absolument rien pour traiter cette question majeure qui si elle était traitée demain nous permettrait de ne plus être en déficit puisqu’elle est estimée à près de 75 milliards par an.”
Quand vous appelez à la destitution du Président de la République, cela peut être considéré comme une attaque frontale envers les institutions ? FB : “Je n’ai jamais appelé à la destitution du Président de la République. J’ai toujours dit la chose suivante : la balle est dans la camp du pouvoir exécutif et par conséquent de deux choses l’une, soit il change radicalement de politique, ce qui implique un virage à 180°, soit nous retournons aux urnes. Et là, il a encore le choix : soit il dissout l’Assemblée nationale, soit il démissionne purement et simplement, soit il fait un référendum en engageant sont mandat à l’image de ce que faisait le Général de Gaulle quand il était Président. Voilà, la balle est dans le camp de l’exécutif.” COOLTURE “Y” - N°75
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Revenons sur les violences policières. Selon vous, cela a-t-il été fait à dessein pour décourager les gens ? FB : “Bien sûr. Ça c’est une absolue certitude. En fait au début, le mouvement était sur les ronds-points, il y avait des barrages, parfois des blocages mais c’était plutôt du filtrage. Il y a eu une petite tolérance pendant quelques jours de la part du gouvernement. Très vite, il a compris que le mouvement était en train de s’enraciner, que les gens faisaient des cabanes et s’organisaient, et donc que s’il laissait faire cela n’était pas près de s’arrêter. Donc les ordres ont été donnés aux forces de l’ordre d'aller déloger systématiquement les ronds-points. Certains l’ont été vingt ou trente fois. Chez nous, le rond-point des Vaches a été délogé quatre fois dans la même journée ! à chaque fois, les cabanes étaient détruites et les provisions étaient jetées à la poubelle. Cela avait pour but de briser psychologiquement les gens et les faire rentrer chez eux tout simplement. Par la suite, les gens ne pouvant plus se mobiliser sur les ronds-points, le mouvement a muté dans son action et les manifestations du samedi sont apparues. Là, on a tout de suite vu qu’il y avait des stratégies de maintien de l’ordre tout à fait inédites. J’ai le souvenir, dès l’acte II à Paris, que les manifestants, à peine arrivés, étaient déjà nassés ou en train de se faire gazer par les forces de l’ordre. Donc quand dès 8h30 ou 9h, vous vous faites gazer, il est évident que cela ne va pas bien se passer parce que les gens vont bien sûr essayer de sortir pour se libérer des gaz qui leur sont envoyés. Et je crois même que les forces de l’ordre, pour ceux qui sont dans les cordons de blocage, n’imaginaient pas que tout était bloqué. Il n’y a que ceux qui supervisaient les opérations sur le terrain qui savaient qu’ils avaient tout bloqué. Il y a eu ensuite le comportement dans les paroles qui ont été prononcées ou celles qui ne l’ont pas été. Depuis le début, le Président de la République et le gouvernement n’ont pas eu un mot pour tous les manifestants qui ont été blessés. Ils n’ont pas eu un mot pour condamner les dérives individuelles, quand même nombreuses, de la part des policiers.
Ils ont laissé en réalité une impunité totale aux forces de l’ordre - que je soutiens dans leur très grande majorité - mais il faut condamner les comportements individuels qui sont totalement déviants et illégaux. Pire, ils ont qualifié les Gilets Jaunes de foule haineuse, d’agitateurs, de séditieux. On a vraiment le sentiment que tout a été fait pour jeter de l’huile sur le feu et pour monter au maximum le climat de tension dans le pays, favoriser au maximum les violences et, in fine, effrayer les gens pour que le mouvement soit étouffé puisque les gens n’iraient plus manifester par peur d’être blessés, mutilés ou éborgnés.” Capture d'écran © Thinkerview
“Vous avez aussi une résignation qui tient au comportement de nos gouvernants qui de toute façon n’entendent rien, sont sourds. On l'a vu entre le 17 novembre et aujourd’hui. Il y a moins de monde mobilisé en partie parce qu’il y a eu les violences dans quelques manifestations et on a tout fait pour effrayer les gens et qu’ils rentrent chez eux. C’est une première explication. Mais les gens voient aussi que nos gouvernants ne les entendent pas et il se disent « à quoi bon ».”
Est-Ce pour vous des techniques de contre insurrection ? FB : “Oui, bien sûr. On le voit très clairement. Ces gens-là sont sûrs d’eux-mêmes, sûrs de leurs faits. Ils sont persuadés d’avoir raison. Ils n’écoutent personne. Ils appliquent leur programme pensant que de toute façon, cela fait 30 ans que l’on aurait dû mettre en place ces solutions. Toutes les réformes sont dans les cartons de Bercy depuis des années et des années. Les précédents n’ont jamais eu le courage de les faire. Eux se disent “nous on va y aller en mode bulldozer”. C’est ce qu’ils font, n’écoutant personne. Ils voient les Gilets Jaunes comme une foule haineuse d'abrutis, de gueux qui ne comprennent rien. Et ils pensent “Nous on sait mieux qu’eux et on va faire ce qui est bon pour le pays.”
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Revenons sur l’épisode du discrédit jeté sur le Gilets Jaunes en prenant des actes pendant les manifestations de type « antisémite », « raciste », « violent » et j’en passe. Est-ce que cela vous a surpris ? Est-ce que c’est le reflet du mouvement des Gilets Jaunes ? Est-ce que c’est la haine qui cherche des coupables ?
étouffé parce que la colère évidemment ne serait pas apaisée. Et si vous reposez le couvercle de force, vous vous exposez à ce que demain la colère explose à nouveau mais de manière encore plus puissance, encore plus violente.”
individuelle. Je crois qu’il n’y a qu’a minima au niveau des Etats que l’on peut arriver à impulser une autre politique.”
Comment comprenez-vous que toutes les revendications des Gilets Jaunes n’aient pas trouvé d’expression dans les élections ?
FB : “J’aime bien la fin de votre question. Je crois qu’effectivement il y a un réflexe derrière le gouvernement ou le traitement fait par les médias traditionnels de se jeter sur les quelques faits divers tout à fait condamnables pour jeter le discrédit sur l’ensemble du mouvement. On y a assisté, bien sûr ces derniers jours, avec une propagande extrêmement puissante pour qualifier le mouvement d’antisémite, mais on avait déjà eu ça au tout début du mouvement. Je me souviens très bien qu’il y avait déjà eu un fait divers homophobe, un autre sur une histoire de caravane de migrants, et aussi sur un fait antisémite. Dès de début, on a eu ça. On assiste à un réflexe de classe avec des gens qui ont très peur des classes populaires qu’ils ne connaissent pas et qu’ils méprisent. Ils vont donc se jeter sur le moindre fait divers condamnable pour essayer de discréditer le mouvement.
FB : “Je crois qu’en réalité un certain nombre de partis de l’opposition expriment une partie des revendications. Notamment quand je parle de la critique des traités européens. La difficulté que nos avons aujourd’hui à la fois sur le plan politique et électoral, c’est que tous les partis souverainistes qui critiquent les traités européens - FN, FI, Dupont Aignan, Asselineau - sont éclatés avec des étiquettes « extrême droite » et « extrême gauche » ou carrément « complotiste » dues au traitement médiatique. Et Macron vampirise le centre. C’est ce qu’il a fait pour gagner les élections. Et c’est comme ça qu’il espère regagner les prochaines en comptant sur la division de ces partis qui partagent des idées communes mais sont divisés donc affaiblis. C’est comme ça que sa stratégie prospère. Voilà pourquoi aujourd’hui nous avons ce problème au niveau des élections.
FB : “Ah le souverainisme... Evidemment c’est un mot qui est aujourd’hui diabolisé. C’est-à-dire que si vous êtes souverainiste, vous êtes populiste et donc vous êtes fasciste. On essaye de faire confondre le souverainisme avec le nationalisme. Ce sont des mots qui sont utilisés de manière péjorative pour disqualifier les gens.
Moi, ce que je trouve assez singulier, ce qui témoigne de la malhonnêteté intellectuelle de ces gens-là, c’est qu’à titre personnel j’ai donc reçu 200 signatures pour être porte-parole. J’ai aujourd’hui un peu plus de 60.000 personnes qui me soutiennent sur la page Facebook. Et on me dit très souvent que je ne suis pas légitime et que je n’ai pas été mandaté par l’ensemble du mouvement. C’est tout à fait vrai, je n’ai pas été mandaté par l’ensemble du mouvement. Mais expliquez-moi pourquoi quand vous avez trois gugusses qui vont prononcer des insultes antisémites contre telle ou telle personne, alors là, cela rend l’ensemble du mouvement antisémite ?! Il y a évidemment un amalgame qui est fait dans un cas et pas dans l’autre. Et cela révèle une malhonnêteté intellectuelle, un mépris de classe. Et la volonté pardessus tout d’étouffer le mouvement. Mais ce que ne comprennent pas ces gens-là, c’est que ce serait la pire des choses que demain le mouvement soit
Nous n’arrivons pas à ce que les idées qui sont portées prennent le pouvoir au niveau institutionnel. C’est peut-être l’opportunité du mouvement des Gilets Jaunes que d’insister sur les points de convergence, d’arriver à fédérer tout le monde audelà des étiquettes, au-delà des appartenances partisanes droite/gauche. Il faut arrêter avec ce clivage droite/gauche, le sujet aujourd’hui c’est «mondialistes» contre «souverainistes». C’est-à-dire anti-démocrates contre démocrates. Et il faut effectivement que ce soient les démocrates qui gagnent à la fin.”
Si vous aviez beaucoup d’argent que feriez-vous différemment ? FB : “Je n’ai pas beaucoup d’argent, donc je ne me suis jamais posé la question. Je crois que les problèmes posés dépassent largement ce que l’on peut faire à une échelle
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Que vous évoque le souverainisme ?
C'est quand même très curieux parce qu’en réalité, le Général de Gaulle notamment disait que le souverainisme se confond intégralement avec la démocratie. Ceci pour une raison très simple : en démocratie, c’est le peuple souverain qui a le pouvoir et le délègue à l’Etat. Ce dernier est donc sensé incarner la puissance souveraine du peuple. Ce qui veut dire qu’il faut que l’Etat soit souverain et qu’il ait l’ensemble des prérogatives à sa disposition. Or aujourd’hui il est évident que l’on a consenti de telles délégations de pouvoir à l’Union Européenne, dans le cadre des traités européens, que nous ne sommes plus maîtres de notre politique économique. Il y a trois raisons principales à cela : 1 - nous ne sommes plus maîtres de notre politique budgétaire, 2 - nous ne sommes plus maîtres de notre politique monétaire et 3 - nous ne sommes plus maîtres de notre politique commerciale. Sur l’aspect budgétaire : c’est le fameux pacte de stabilité budgétaire européen et la règle des 3% de déficit ne devant pas dépasser 3% du PIB. On nous expose cette règle comme une saine gestion budgétaire alors qu'elle veut dire qu’on a le droit de « faire » du déficit. Je rappelle que le déficit doit se distinguer de la dette car souvent vous avez des gens sur les plateaux de télévision qui confondent les deux. Le déficit est la balance entre les recettes et les dépenses sur une année. Donc si vous avez le droit de faire du déficit d’année en année, quand bien même vous baisseriez le déficit, vous seriez toujours en déficit.
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C’est de la subornation de vote ? On fait de la dette, on fait plein de promesses… FB : “Je dirais que c’est pire que de la subornation de vote puisqu’on constate que malgré les déficits, les gens sont dans la misère. Donc cela ne sert même pas. Ce que je veux surtout critiquer, c’est la logique de cette règle de gestion. 3% ? Pourquoi 3% ? Cela n’a strictement aucun sens. Quand vous avez une entreprise et que vous êtes en déficit, vous avez trois possibilités : soit vous baissez vos charges, soit vous augmentez votre chiffre d’affaires, soit vous déposez le bilan. Ce qui n’est plus arrivé à un Etat dans l’histoire récente. Sur la question de la dette, et pour répondre notamment à l’argument que "nous aurions vécu au dessus de nos moyens", il faut bien dire que tous les pays développés sont endettés. Les Etats Unis, la Chine, le Japon, sont tous très endettés même l’Allemagne a une dette d’environ 75% de son PIB ! Quel pays n’a pas vécu au dessus de ses moyens ? Donc pour en revenir au déficit, baisser les charges, pour un Etat, cela veut dire supprimer des gens ou diminuer la dépense publique, ce que nous faisons depuis trente ou quarante ans. Sauf qu’aujourd’hui, nos services publics essentiels et régaliens - Police, Justice, Santé, Education - sont à l’os. Des personnes se suicident... On va peut-être enfin arrêter le massacre et trouver une autre solution… L’autre solution, c’est augmenter le chiffre d’affaires et dans un Etat, ce n’est pas très compliqué sur le plan théorique, cela passe par une baisse du chômage et un retour au plein emploi. Si demain, COOLTURE “Y” - N°75
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vous remettez au travail les gens qui sont aujourd’hui inactifs, avec la valeur créée par leur travail, ils vont avoir un revenu qui leur permettra de consommer, de payer des impôts et de cotiser. Donc vous créez des recettes supplémentaires.”
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>>> Cela veut donc dire que vous augmentez votre dette d’année en année… Et cela fait depuis 1974 ou 75 que, chaque année, nous avons augmenté la dette puisque nous adoptons systématiquement des budgets en déficit...”
D’accord pour créer du travail mais on va leur faire faire quoi ? Casser des cailloux ?... FB : “Il y a plein de besoins dans les services publics, les services à la personne, dans les hôpitaux,… Dans la Justice, les magistrats croulent sous les dossiers. Je vous parle de ce que je connais. Les 3% de déficit, on s’en moque. La question c’est de relancer l’emploi en passant si nécessaire par 6 ou 7% de déficit pendant 3 ou 4 ans et un plan à 10 ans pour recréer ce plein emploi.”
Et si cela ne marche pas ? si les taux de l’emprunt français sur les marchés financiers augmentent comme pour la Grèce... FB : “C’est pour ça que j’en viens au deuxième point et à la politique monétaire. On est aujourd’hui dans une situation très cocasse et singulière. Les Etats, en tout cas ceux qui sont membres de l’Union Européenne, ne peuvent pas emprunter auprès de la Banque centrale européenne (BCE) ou auprès de leur banque centrale nationale. Ils sont obligés d’emprunter sur les marchés financiers ! Il en résulte 2 conséquences. La première, nous payons 40 milliards d’intérêts par an que nous pourrions ne pas payer. La deuxième conséquence est beaucoup plus vicieuse, si nous ne menons pas une politique conforme aux intérêts des marchés financiers, ces derniers nous menacent d’augmenter nos taux d’intérêts ! Et c’est effectivement ce qui s’est passé avec la Grèce qui voulait sortir du cadre et s’est fait attaquer de toute part pour les soumettre à la politique de la Troïka : Banque Centrale, Commission et FMI. Donc il faut évidemment revenir sur ces règles de fonctionnement de la monnaie qui ont les
conséquences évoquées. Cela nous permettrait d’une part de faire des économies et surtout de refaire la politique que l’on souhaite. Arrêter de faire la politique des banques et des actionnaires mais enfin essayer de faire l’Europe sociale qu’on nous a vendue. Troisième élément sur l’Union Européenne, c’est la politique commerciale et le fameux libre échange, cette folie de nous être mis en concurrence dans le cadre d’un marché commun avec les pays de l’Est. On assiste à cette absurdité où les entreprises des pays développés délocalisent dans les pays de l’Est parce qu’elles y trouvent des salaires 5 à 10 fois inférieurs leur permettant de réduire leurs coûts de production et donc d’augmenter leur marge. Et dans l’autre sens, vous avez les salariés des pays de l’Est qui viennent dans les pays développés via la directive sur les travailleurs détachés pour gagner mieux leur vie. C’est le déménagement permanent du monde sans aucune régulation. Et au final à qui profite le crime ? Toujours aux mêmes, c’est à dire aux multinationales, leurs actionnaires et les banques. Tant qu’on n’aura pas réglé ça, tant que nous aurons aussi ce libre échange au niveau de la circulation des capitaux et qu’on ne contrôlera pas ces flux financiers extrêmement importants, vous aurez toujours énormément de difficulté à contrôler l’évasion fiscale qui se fait quand même en grande partie aujourd’hui au sein même de l’Union Européenne et dont on a peine à comprendre pourquoi on n’instaure pas des mécanismes de contrôle et de lutte... Quand vous avez tout ça mis bout à bout, vous avez les dispositifs fiscaux 30 milliards par an, les intérêts de la dette 40 milliards par an, et l’évasion fiscale
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>>> qu’on va estimer à 100 milliards par an. Au final, nous sommes à 170 milliards captés chaque année par les plus privilégiés du pays sur un budget total de 240 milliards. Donc nous avons quasiment les 3/4 du budget de l’Etat qui sont captés par les 1% ou 0,1% des plus riches… Voilà pourquoi nous sommes dans ce paradoxe où chaque année notre PIB augmente, les impôts de la classe moyenne au sens large ne baissent jamais et ont même plutôt tendance à augmenter d’année en année - et on nous explique que nous sommes toujours en déficit. Où va l’argent ? Il va dans la poche des plus riches...”
Pour ou contre l’Union Européenne ? FB : “Celle qui fonctionne actuellement ? Résolument contre ! C’est une évidence. Il va absolument falloir sortir des traités européens. On ne peut pas rester comme ça.”
Donc Frexit ? FB : “Je pense que le Frexit doit être envisagé comme ultime recourt. Mais il doit clairement être envisagé. à la fin du fin, si on n’a pas réussi à changer les choses, c’est ce qui doit se passer. Il y avait eu un slogan « l’Europe, on la change ou on la quitte » et je crois que c’est ce qu’il faut faire. Ne serait-ce qu’en termes de stratégie politique cela me paraît délicat après 40 ans, 50 ans de construction européenne de dire, en un claquement de doigts, « salut les gars, c’était bien mais maintenant on repart de notre côté ». ça me paraît un peu cavalier… Surtout, on prend le risque de se faire attaquer très rapidement par les marchés financiers. Nous aurons aussi des mesures de rétorsion de l’Allemagne. Donc je pense qu’il faut avoir une véritable stratégie pour réussir à sortir des traités européens. Nous avons affaire à une construction qui s’est faite petits pas par petits pas et tout a été fait pour que ce soit quasiment impossible d’en sortir. Donc il va falloir être stratégique en actionnant des leviers de rapport de force. Il y en a toute une série. Vous pouvez commencer par désobéir au traité et arrêter de financer le budget de l’Union Européenne.”
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Vous devrez payer des amendes…
nous aurons besoin d’un tel appui.
FB : “Ah oui ? Et qui va nous contraindre à les payer ? Quand il s’agit d’un particulier, c’est l’huissier qui au final saisit vos comptes ou l’Etat qui a des prérogatives exorbitantes de droit commun. Mais là, qui va nous obliger à payer des amendes ? Personne… Sauf à nous envoyer les chars mais a priori dans l’Union Européenne, je ne vois personne qui pourrait attaquer notre pays sur le plan militaire compte tenu, au surplus, que nous sommes la seule puissance à disposer de l’arme nucléaire…
Ce que je veux dire par là, c’est que sortir des traités européens est une question compliquée en terme de rapport de force. « Frexit / article 50 », oui cela fonctionne juridiquement mais la sortie dépasse très largement le cadre juridique et ce sont des rapports de force économiques et financiers qui vont se jouer..”
Vous le voyez, à un moment donné, il y a un rapport de force qui se joue. C’est d’ailleurs Jacques Chirac qui avait dit à propos d’un désaccord sur l’Europe, «ils ne vont quand même pas nous envoyer les chars» Donc les amendes ; on ne les paiera pas non plus. Et la désobéissance peut être un premier niveau d’action. Arrêter de contribuer. Ça peut être aussi l’impression de billets et l’émission de monnaie ce qui ne plaira pas beaucoup à l’Allemagne. Cela peut être également la politique de la chaise vide. Et dire que l’on ne va plus au Conseil Européen tant qu’on ne change pas les traités en revenant sur le pacte de stabilité budgétaire, les règles de fonctionnement de l’Euro et le libre-échange généralisé. Vous tentez ça. à partir du moment où vous avez commencé à mettre les pieds dans le plat, les plaques tectoniques vont commencer à se mettre en mouvement. Et il faut déjà être préparé aux attaques des marchés financiers. Il faudra peut-être avoir noué des alliances. Là-dessus, il y a une théorie assez intéressante d’Emmanuel Todd, expliquant que nous aurons peut-être besoin à ce moment là de l’appui de Washington et des Etats-Unis. Cela ne me plait pas beaucoup sur le plan géopolitique car je préfèrerais retrouver la 3ème voie de de Gaulle et enfin cette indépendance qui nous permettrait de ne pas nous associer aux guerres dans lesquelles nous n’avons absolument aucun intérêt. Je crois que la France rayonne beaucoup plus quand elle est dans ce rôle de médiateur et qu’elle essaye à tout prix d’éviter les conflits armés. Mais peut-être que, par opportunisme, pour faire de la real politique,
>> POUR (re)voir la video : https://youtu.be/tRl9_q2ytI8
avez-vous des préconisations pour la réforme des médias ? FB : “C’est assez compliqué. à mon sens, mais je ne suis pas un spécialiste de la question, il y a deux problèmes majeurs à traiter. Le premier c’est que 9 milliardaires détiennent 90% des medias traditionnels. Mais comment fait-on pour déconnecter les puissances de l’argent avec la détention de ces médias ? Ce n’est pas la seule explication car chacun peut le vérifier, le traitement de l’information, n’est pas foncièrement meilleur et parfois pire sur le service publique (rire). Le deuxième problème est d’ordre sociologique. Vous avez là des gens qui sont de la classe moyenne supérieure, éduqués, sensés être cultivés - je pense qu’il y en a mais pas tous – et qui ont un réflexe de classe. François Rigaudeau l'explique très bien. Ils ne veulent pas de changement, sont verrouillés par la peur et font tout pour conserver l’ordre social tel qu’il est établi aujourd’hui. Ils se drappent sous le sceau de l’objectivité, expliquant qu’ils sont impartiaux et objectifs, alors que leur objectivité intrinsèquement ne peut pas exister. La seule chose vers laquelle on puisse tendre c’est l’honnêteté intellectuelle en essayant absolument de réintroduire de la contradiction dans le débat publique. Sauf qu’aujourd’hui, on voit très bien que vous avez des sujets qui sont totalement verrouillés par les médias traditionnels... Regardez l’Euro. Essayez demain de parler de l’Euro et ce sont tout de suite des accusations : « mais vous êtes fous ! », « tout le monde (les éditorialistes) dit que...». Même les prix Nobel d’économie sont totalement invisibilisés sur le sujet. Ils n’existent pas. On préfère écouter des éditorialistes qui sont a priori beaucoup plus compétents sur ces questions (sourire).”
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le grand entretien de
AGIR
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L'interview de françois boulo par thinkerview (fin) Quel régime politique vous semble le plus adapté ? FB : “Je crois que la République et la Démocratie sont effectivement les moins mauvais des régimes politiques. Maintenant quand on voit le résultat, il est évident qu’il va falloir une révision des institutions. La réforme primordiale et impérieuse, c’est de réinstaurer du contrôle citoyen vis-à-vis de nos gouvernants. En fait la constitution qui a été faite sur-mesure par et pour le Général de Gaulle ne prévoyait pas de garde-fous. Ce n’était pas grave puisque le Général de Gaulle s’appliquait lui-même cette discipline et ce sens de la démocratie en remettant en cause son mandat lorsque c’était nécessaire. Il n’a jamais considéré qu’il avait un blanc seing pour mener la politique que bon lui semblait. Le problème c’est qu’une fois qu’il est parti, sa pratique n’a jamais été reprise par les suivants. Donc nous avons un vide au niveau institutionnel puisqu’on n’a pas institutionnalisé ce comportement démocratique, à savoir que lorsque vous n’avez plus d’adhésion majoritaire à la politique que vous voulez mener, vous devez partir. Tout simplement. C’est la raison pour laquelle dans le cadre du référendum d’initiative citoyenne, il y a cette question du référendum révocatoire pour pouvoir contrôler les élus. Et quand ils nous trahissent ou font vraiment n’importe quoi, on pourra révoquer leur mandat. Mais le simple fait de pouvoir introduire ce contrôle, moralisera à mon avis très vite leurs comportements et, au moins, ils ne feront pas l’inverse de leurs promesses faites pendant la campagne.”
Si je synthétise trivialement, vous demandez plus de flexibilité ? FB : “Non. Plus de sincérité et d’honnêteté. Je crois qu’aujourd’hui la difficulté est que ces gens-là ne poursuivent plus l’intérêt général mais simplement les intérêts particuliers de quelques privilégiés. Privilégiés qui d’ailleurs financent leurs campagnes électorales. Ainsi vous avez des gouvernants qui se COOLTURE “Y” - N°75
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retrouvent dans la main de ceux qui les ont financés et donc vous avez un « retour d’ascenseur » qui intervient. De toute façon, il n’y a pas de régime parfait, il n’y a pas de formule magique, mais en revanche, on voit bien qu’aujourd’hui il y a un certains nombre de points sur lesquels il faudrait agir et peut-être dire un mot de la proposition de l’économiste française Julia Caget sur la méthode de financement des campagnes électorales (ndlr, voir son livre « Le prix de la Démocratie » chez Fayard). Schématiquement, et j’espère que je ne déforme pas trop sa pensée, vous auriez des « bons » qui seraient accordés à chaque citoyen et chacun pourrait alors décider de l’accorder à tel ou tel parti.”
Comment recréer le lien entre classe populaire et classe moyenne ? FB : “Je pense que ce lien existe. Par contre, je pense qu’il est brisé entre les classes populaire et moyenne et la classe moyenne supérieure. Je crois que la fracture est là aujourd’hui. Entre les gens qui ont fait des études supérieures, se pensent « bourgeois » et plus proche de l’oligarchie que des gens qui sont « en-dessous » d’eux et qui vivent avec le rêve de pouvoir accéder peut-être à la haute bourgeoisie. Comment récréer le lien ? Comme je le disais tout à l’heure, ces gens-là sont dans le déni et ne veulent pas voir la misère qui est autour d’eux. Ils vivent dans leur petit confort individuel, travaillent, consomment et tout va bien pour eux. Et ils n’ont pas à se poser ce genre de question. Un premier levier insuffisant est d’essayer par l’argumentation de leur expliquer qu’une autre politique est possible sans qu’elle vienne les appauvrir. Car le premier réflexe et donc point de blocage est de se dire « mais si ça change, est-ce que je ne vais pas y perdre ? ». Il faut bien qu’ils comprennent qu’aujourd’hui, un changement de politique, ce n’est pas aller taxer plus les gens qui gagnent 5, 10 ou 15 mille euro par mois. Ce ne sont pas ces gens là qui sont visés. Le problème ce sont ceux qui gagnent cent mille euro ou 1 million d’euro par mois. Le deuxième levier est d’agir sur l’émotion. Il faut arriver à recréer de l’empathie et leur montrer
concrètement, peut-être par la Culture et l’Art, la misère profonde qui est vécue aujourd’hui par les classes populaires.”
Avez-vous 3 livres à nous conseiller ? FB : “Dans les temps présents, « 1984 » de George Orwell. C’est un classique mais c’est une évidence. Ensuite, même si c’est à la mode, un livre sur le développement personnel m’a beaucoup apporté. Il s’agit des « 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent » de Stephen Covey. Derrière son titre un peu « managérial et business », c’est en réalité un livre qui permet de vraiment se remettre en question et de déterminer véritablement ce que l’on veut faire dans la vie donc d’être très en phase avec ce que l’on est, ce que l’on veut être et d’être serein quand on doit prendre une décision et que l’on est face à des choix difficiles. Enfin, sur le plan économique, j’ai lu «the Economix» qui est une BD très bien faite et très intéressante.”
Quel serait votre conseil pour les jeunes générations ? FB : “Je me sens assez mal placé puisque je n’ai que 32 ans et je ne suis donc pas tout à fait dans la position du sage qui a l’expérience et le vécu. Disons que je pense qu’il faut toujours essayer de se remettre en question et de s’indigner, pour faire allusion au livre de Stéphane Hessel. Je crois qu’il ne faut jamais accepter les choses telles qu’elles sont et toujours essayer de regarder les choses en face. Et aujourd’hui, par le biais de la société de consommation, nous n’avons plus de sens. On le voit avec beaucoup d’éduqués supérieurs qui étaient destinés à des carrières dans la finance et finalement abandonnent pour devenir boulanger, pâtissier ou menuisier. Il faut essayer de redonner du sens. Et, selon moi, les vraies valeurs intemporelles sont l’Amour, le Partage et la Fraternité. C’est dans le cadre du rapport aux autres et des liens que l’on peut tisser que l’on peut véritablement essayer d’être heureux.”
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ces métiers invisibles
témoignage
agir
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Ne plus être invisible CULTIVER LES JARDINS PUBLICS, à l’origine, je suis un homme issu de la terre. Mes parents étaient maraîchers, mes grands-parents agriculteurs. J’ai travaillé jusqu’à l’âge de 27 ans sur l’exploitation de mes parents. J’y ai pris mon pied. Puis j’ai été jardinier municipal à Guérande. Maintenant, je suis en retraite depuis quatre mois. Malheureusement ou heureusement, je n’ai pas repris la suite de mes parents. Géographiquement, nous étions trop près du centre-ville : l’exploitation était menacée d’expropriation. D’un côté, ne pas continuer le maraîchage a été une chance pour moi puisque la conjoncture s’est dégradée d’année en année. Aujourd’hui, il n’y a que les très gros maraîchers qui s’en sortent et ce ne sont plus des maraîchers, ce sont des industriels. Donc, ce n’était pas fait pour moi. […] L’intérêt pour les espaces verts s’est développé depuis mes débuts. C’est très récent pour des villes comme Guérande. Même à Nantes, auparavant, les jardiniers s’occupaient des espaces nobles comme le jardin des plantes, mais n’avaient pas beaucoup d’intérêt pour le reste. Maintenant, il y a une autre approche qui consiste à apporter de la verdure et des fleurs là où on ne les attend pas, à soigner des espaces délaissés, en pleine campagne : un peu de tonte, un peu de taille, quelques fleurs vous embellissent un carrefour. Ce ne sont plus des réalisations de prestige avec des plantes plus ou moins exotiques. On se rapproche des gens pour leur offrir un peu de lumière au milieu du bitume. […] à l’époque, on mettait du désherbant. Mais ça fait dix ans que c’est terminé. La transition entre le désherbage chimique et le désherbage écologique s’est faite lorsque nous avons eu un nouveau chef qui était vraiment écolo.
(extrait)
Il a été décidé, en accord avec les élus, qu’il n’y aurait plus de produits phytosanitaires utilisés dans la ville de Guérande. ça s’est fait en moins de deux ans. Maintenant, il y a davantage d’herbes dans les abords de la ville et les jardiniers emploient l’huile de bras, ils manient le paroir. Et ce n’est pas rien. C’est plus facile de passer le désherbant et ça coûte moins cher. […] Ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir de beaux ronds-points. Il y a des ronds-points qui sont bien fleuris et auxquels j’ai participé. Celui que je trouve le plus beau, c’est celui qui est près du centre culturel, où il y a une petite cascade. Ou alors des rues comme le chemin qui passe derrière la mairie et qui monte jusqu’à la chapelle SaintMichel, et aussi le chemin de Mauperthuis. Ce sont des petites rues où il y a de beaux pieds de murs fleuris et qui demandent beaucoup de travail. Des petits chemins comme ça, ce sont de belles réalisations. Même si j’ai travaillé dans les rues par tous les temps, avec la pluie, le vent, la chaleur, ces années passées comme jardinier municipal ont été de bonnes années. Mais mon coeur est resté sur l’exploitation de mes parents maraîchers. Pourtant, je ne me plains pas du temps que j’ai passé comme employé municipal parce que, tout en étant en ville, j’étais proche de la nature. Vous ne m’auriez pas mis dans un bureau ou dans un atelier.
© L’ Atelier
Ils sont marin, enseignante, ramasseuse de pommes, pilote d’avion, ingénieur, journaliste, femme de ménage, imprimeur... Ils travaillent pour nous, mais que savonsnous de ce qu’ils font ? Ils ont accepté de raconter leur travail comme vous ne l’avez jamais lu. Et quand vous les croiserez, ils ne seront plus “invisibles”...
vous faites quoi dans la vie ?
de Patrice Bride et Pierre Madiot Éditions de l’Atelier - 16€
Le travail comme vous ne l’avez jamais lu. Une infirmière, le soir des attentats parisiens, accompagne les dernières heures d’une patiente, puis assiste en urgence une femme en train d’accoucher dans sa voiture. Un conducteur de TGV joue des dénivelés pour rattraper deux minutes de retard, tout en veillant à limiter la consommation d’électricité de son train. Une avocate, soucieuse de porter la même attention au truand et à la victime, hésite à défendre un homme qui vient d’assassiner son enfant....
Maintenant, je suis en retraite et je vais avoir de quoi m’occuper avec mon jardin d’agrément à 800 mètres de ma maison, et deux autres potagers. Je n’ai pas perdu le contact. Il me faut ça. (découvrez la totalité du témoignage de Michel Berthe dans “Vous faites quoi dans la vie ?” éditions de l’Atelier) .
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“Les Voyages de Jules” par Emmanuel LEPAGE © Editions Daniel MAGHEN
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s de Jules, Anna, Ulysse www.coolture.fr
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emmanuel lepage
voyages de jules
Trois superbes hommages aux livres de voyage les voyages de
jules
Onze ans après Les Voyages d’Anna (2005), Emmanuel Lepage, René Follet et Sophie Michel ont redonné vie à Jules Toulet, le peintre imaginaire et voyageur de la fin du XIXe siècle, dans Les Voyages d’Ulysse (2016). On y retrouvait Jules voyageant à bord de l’Odysseus en compagnie de Salomé, la mystérieuse et fascinante capitaine du navire. Aujourd’hui, Lepage et Follet reprennent leurs personnages dans un album dont le thème principal est la mer, rendant ainsi hommage aux livres de voyage qui les ont inspirés. Le résultat - à mi-chemin entre BD, illustration et carnet de voyage - est une magnifique invitation à prendre un bateau et partir. - BALENCY -
entretien avec emmanuel lepage
"Ma fascination pour la mer ? [...] un horizon en appelle un autre et je me suis toujours senti en recherche. Devant moi, audelà des flots, il y a toujours un meilleur possible, une promesse, une rencontre, une aventure..." ( Editions Daniel Maghen - 144 pages - 35€ )
Anna, Ulysse, Jules, chacun a son livre aujourd'hui. Aviez-vous tout prévu depuis le départ ?
Beauté rousse que l'on découvrira plus tard en couverture du premier numéro de Casemate (magazine BD, ndlr) ...
Emmanuel Lepage : “Je n'avais rien prévu ! Tout a commencé il y a presque vingt ans, à mon retour d'un voyage d'un an autour du monde. Le galeriste Daniel Maghen, pas encore éditeur, me propose de réaliser une dizaine d'illustrations pour un portfolio. Il en a déjà publié, de Jean-Pierre Gibrat et quelques autres. Je lui présente des souvenirs de mon voyage dont un dessin de l'Ouganda montrant, vestiges de guerre, des chars dans des fossés. Daniel ne trouve pas cela assez exotique.
E.L. : “Oui, sur un dromadaire. L'aventure aurait pu s'arrêter là. Mais Daniel me demande d'ajouter à la série quelques croquis préparatoires. Et pendant que j'y étais, un petit texte, expliquant ma manière de travailler sur ces dix dessins. L'idée ne m'emballe pas. Je propose alors à Sophie, ma compagne d'alors, d'écrire plutôt un texte, une histoire autour de cette rousse qui s'appellera Anna, comme notre enfant qui va naître.”
Et les années passent Puis un jour, nous visitons ensemble le Musée national de la Marine, à Paris, un de mes lieux favoris. Et montrons le même enthousiasme devant les peintures de mer. Un sujet que j'ai peu traité à l'époque. Je pars donc sur une série de dix illustrations de bâteaux mixtes, voile et vapeur, de la fin du XIXe siècle, très intéressants à dessiner. Chacune représente un navire différent dans un pays différent. Je m'amuse à y glisser un personnage récurrent, une rousse, me disant qu'on va la repérer tout de suite.” COOLTURE “Y” - N°75
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E.L. : “Jusqu'au jour où Daniel, devenu éditeur, me propose de rééditer ce portfolio, mais en l'augmentant. Vincent Odin, concepteur graphique, lance alors l'idée d'une sorte de carnet de voyage d'un peintre du XIXe, Jules. Et trouve son nom, Toulet, en souvenir du peintre Louis-Edouard Toulet. Quant aux croquis de voyage, pas de problème, j'en possède de pleins carnets, tous pris sur le vif. Simplement, je change certains intitulés. Ainsi, nous plaçons au Mexique une cascade dessinée au Cameroun. Et une peinture de Venise datant de 1988 est créditée en 1876. En 2005 paraissent Les Voyages d'Anna racontant les périples d'Anna à travers le monde, en compagnie de Jules, peintre voyageur, évidemment amoureux de la jeune femme.” >>>>
BD
COUP DE CœUR entretien avec emmanuel lepage (suite) Mais Sophie et vous avez un autre enfant, un garçon, Ulysse... E.L. : “J'ai raconté (dans Casemate n°92) qu'il nous semblait logique que lui aussi ait son livre. Ulysse, c'est l'Odyssée, les voyages. Désirant travailler avec mon ami, le grand René Follet, je lui commande quelques illustrations que nous intégrerons à ce nouveau carnet de voyage. Daniel Maghen nous demande d'y glisser quelques planches. Je propose à Sophie d'imaginer une histoire en une trentaine de pages. Finalement, Les Voyages d'Ulysse sortent en septembre 2016 sous la forme d'une BD de 220 planches, plus 40 d'illustrations.” [...]
Dans Les Voyages de Jules, celui-ci dit : "Prendre un bâteau ou ouvrir un livre, c'est la même chose." Du Lepage ? E.L. : “Jules n'est pas moi mais, par exemple, L'île au Trésor m'a également fasciné dès ma première lecture à 6 ans. Le texte de Stevenson est extraordinaire et les dessins de Wyeth - l'une des grandes sources d'inspiration de Christophe Blain, notamment dans Isaac le Pirate mythiques. Ce dessinateur de génie de la première moitié du XXe siècle a illustré énormément de livres jeunesse, L'île au Trésor, mais aussi le Dernier des Mohicans et bien d'autres romans de Stevenson, Cooper... Ses illustrations nourrissent mon imaginaire. [...] Je lis beaucoup, des BD bien sûr, des romans et des livres de voyage.”
Depuis tout jeune ? E.L. : “Oui. Enfant, j'ai ainsi découvert Les Aventures d'Arthur Gordon Pynn d'Edgar Poe. Elles se déroulent en Antarctique, dans les terres australes découvertes en 1840. On dit que Baudelaire a appris l'anglais pour pouvoir le traduire ! Ma mère en possédait un exemplaire dans une collection en cuir rouge avec un motif en arabesque. Les récits de voyage ont baigné mon enfance. Ensuite sont venus des récits plus contemporains. Aujourd'hui, je me reconnais mieux, par exemple, dans les livres de l'écrivain voyageur suisse Nicolas Bouvier. Ils correspondent davantage à ma façon de voyager quand j'avais 20 ans.”
parfois des mois, sans en donner. Sauf, éventuellement, quelques cartes postales. Lors de mon tour du monde, j'ai apprécié et utilisé cette chose formidable, la poste restante. René Follet m'a alors énormément écrit et je trouvais ses lettres en arrivant à tel ou tel endroit. Sophie, dans les Voyages de Jules, s'est inspirée de cette correspondance. L'arrivée d'Internet, pouvoir être joignable partout, a profondément modifié les voyages. Avec votre portable, vous partagez vos émotions avec vos parents, vos amis. Or, ce qui m'intéressait, dans les voyages d'antan, c'était d'être ce que j'avais envie d'être à un moment donné. N'avoir pas d'histoire. Ne plus parler ma langue était l'une des raisons qui me faisait voyager seul. Du coup, on s'ouvre à de rencontres, à des endroits qu'on n'imagine pas. On peut vivre des moments extrêmement intenses avec des gens rencontrés quelques heures. Dire des choses qu'on n'a jamais osé dire à personne, parce qu'on sait que notre interlocuteur va vite disparaître de notre vie.” [...]
Parfois, la solitude n'était-elle pas difficile à supporter ? E.L. : “Bien sûr, au début, c'est dur, écrasant. Quand j'ai entamé mon premier tour du monde, il y a vingt ans, j'avais une vie, une compagne, une maison, et déjà réalisé un certain nombre d'albums. Et je laissais tout cela pour me mettre entre parenthèses dans un pays où je n'avais jamais mis les pieds.
E.L. : “Je partais en disant à mes parents : " Pas de nouvelles, bonnes nouvelles." Et je restais des semaines,
anna
Entre 1885 et 1910, Anna parcourt le monde en compagnie de Jules Toulet, le célèbre peintre voyageur. Aujourd'hui, elle lui écrit la lettre qu'il a attendue toute sa vie. ( Editions Daniel Maghen - 200 pages - 23€ )
les voyages d'
ulysse
Lequel ? E.L. : “Le Brésil, dont je ne parlais pas la langue. Au début, on se demande ce que l'on fout là. Et puis, peu à peu, le mouvement devient votre quotidien. Je finis par trouver des repères dans ce mouvement permanent. D'autant que le dessin est une clé formidable pour vous ouvrir le cœur des gens. Un langage universel qui ne fait jamais peur. Un appareil photo ou une caméra peuvent sembler aggressifs. Un dessin, jamais. On s'arrête devant un artiste qui croque. On commente. On rigole. Oui, c'est vraiment cet état-là que j'essaie de retrouver aujourd'hui en dessinant. Oui, j'aurais beaucoup de mal à me remettre à la BD d'antan, beaucoup plus construite, beaucoup plus laborieuse.” © Éditions Daniel Maghen / Casemate, 2019 - Les auteurs
C'est-à dire ?
les voyages d'
Jules Toulet, artiste de la fin du XIXe siècle, a perdu Anna, sa muse. Errant dans Istanbul, il tente de retrouver la flamme créatrice de sa jeunesse. Il embarque sur l'Odysseus, mystérieux navire mené par le capitaine Salomé. ( Editions Daniel Maghen - 266 pages - 29€ )
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exposition
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exposition street art : présente
La «2ème désintégration» de ADD FUEL
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Fasciné par la décontextualisation de motifs traditionnels, en particulier celui des azulejos en céramique émaillée d’étain portugais, Add Fuel retrouve la Galerie Itinerrance avec une nouvelle exploration de la thématique « Désintégration », développée pour la première fois en 2013 à l’occasion de son premier projet à la Tour Paris 13. « Tradition détournée et détournement de l’héritage culturel » sont les mots clés pour ADD FUEL qui explique « Nous, en tant que groupe collectif, devons nous souvenir d’où nous venons, nous pouvons regarder dans le passé, remonter jusqu’aux pères de notre père, apprendre, remodeler, puis se projeter vers le futur, et évoluer. » Explorant un large éventail de techniques d’illusion visuelle, ses compositions créent un dialogue détonant entre des éléments décoratifs traditionnels et des référents visuels contemporains, entre patrimoine et modernité.
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Une exposition à découvrir jusqu’au 8 juin à la galerie Itinerrance. Et pour ne pas rater les prochaines expositions, restez connectés : Facebook : @galerieitinerrance / Twitter : @g_itinerrance
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DÉSINTÉGRATION
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ÈME
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Né en 1980, Add Fuel, de son vrai nom Diogo Machado, vit et travaille à Cascais au Portugal. Diplômé en design graphique de l’IADE (Institute of Visual Arts, Design and Marketing) de Lisbonne, il a travaillé quelques années dans des studios de design au Portugal, puis a passé huit mois à Munich en Allemagne. Depuis 2007, il se consacre exclusivement à son travail artistique.
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Peut-on acquérir le sens de l’humour, de l’empathie, le sens de l’innovation... ? Autant de qualités humaines qui feront largement la différence une fois dans l’entreprise.
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© Xerfi Canal
Les écoles de commerce doiventelles enseigner les «soft skills» ? Par Olivier Rollot, - Directeur délégué du pôle communication HEADway - © Xerfi Canal
“ connaissances ne Parce que les
suffisent pas, les écoles de management s’emploient de plus en plus à former leurs
Les “soft skills” ou les “Compétences douces” ou encore les “savoirs comportementaux”. Quelle que soit leur traduction en français les soft skills sont en quelques années entrés au Panthéon des termes les plus utilisés par les RH. Parce que les entreprises attendent des jeunes diplômés qu’ils soient compétents et... directement opérationnels. Et comme les connaissances ne suffisent pas, les écoles de management s’emploient donc de plus en plus à former leurs étudiants aux “soft skills”. Mais comment acquiert-on des manières policées ? Comment apprend-on à bien se comporter en toutes situations, dans tous les pays ? Peut-on acquérir le sens de l’humour, de l’empathie, le sens de l’innovation... ? Autant de qualités humaines qui feront largement la différence une fois dans l’entreprise.
étudiants aux «soft skills».
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Olivier Rollot, Directeur délégué du pôle communication HEADway
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http : //www.xerficanal.com /emission /StephanBourcieu_Les-ecoles-de-commerce-bousculeespar-les-MOOC_1348.html http://www.xerficanal.com/emission/Stephan-Bourcieu_Lesecoles-de-commerce-bousculees-par-les-MOOC_1348.html
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Pour y parvenir, chaque étudiant en école de management est de plus en plus amené à travailler avec des coachs que les services "carrière" des écoles mettent à leur disposition. Pour les aider à progresser dans tous les domaines. Comportement, éloquence, empathie, sens de la communication, confiance, intelligence émotionnelle, gestion du stress, créativité... les compétences mesurables sont nombreuses. La première étant de savoir travailler en groupes. Et justement c’est pour les amener à apprendre ce travail en groupes que les nouveaux étudiants se voient proposer des « Talent Days », des « Starting Days » etc. dès leur première rentrée dans l’école. Ils ont un, deux jours pour travailler ensemble - alors qu’ils ne se connaissent absolument pas -, sur des sujets proposés par des entreprises. Qui viennent d’ailleurs les écouter présenter leurs idées à la fin de leur travail. Ainsi ils se rendent compte qu’ils peuvent être tout de suite opérationnels sur des sujets qui ne requièrent pas de compétences techniques pointues. Ils comprennent surtout qu’ils peuvent s’approprier d’autres formes d’apprentissage que celles auxquelles ils étaient habitués jusqu’ici.
Au-delà du comportement, de l’altérité, c’est souvent le sens de l’innovation que les écoles de management entendent développer. Ce que les entreprises attendent de leurs diplômés c’est qu’ils aient des idées novatrices, tant en termes d’innovation que de management, pour les aider à entrer dans un monde de plus en plus technologique. Là encore des challenges sont aux étudiants auxquels ils doivent répondre en groupe, coachés par des experts et enseignants. L’organisation d’événements étudiants est une autre occasion d’apprendre, non seulement à travailler en groupe, mais aussi avec des entreprises qui en sont les sponsors. Mais ce qui fait surtout la différence des diplômés des écoles de commerce pour les entreprises c’est leur maîtrise progressive de l’international. Quand on fréquente 60 nationalités différentes d’étudiants, quand vos professeurs sont à 80% internationaux, quand on entend parler 20 langues sur son campus on s’internationalise vite. Et on transforme l’essai en partant sur des campus dans le monde entier. De toutes les soft skills, la maîtrise de l’interculturalité est sans doute celle aujourd’hui que prisent le plus les entreprises.
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lire
livres
tous les goûts
© DR
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La France du street art Découvrez les meilleurs spots d’art urbain en France avec ce guide conçu autour de 10 villes. De Lille à Marseille en passant par Strasbourg, Rouen, Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Sète et Lyon, partez explorer la France et ses quartiers hauts en couleur, vivant au rythme du street art ! le guide du street art en france 2018/19
de Simon Hoareau - Stéphanie Lombard (éditions Alternatives - 160 pages - 13,50€)
Comment j'ai des
Dans la peau des
arrêté de manger animaux
“J’adore la viande. Encore plus le poisson. J’aime l’odeur des saucisses grillées au barbecue, un soir d’été, dans le jardin. Je raffole du poisson que mon père chasse au fusil harpon, du poisson cru sous toutes ses formes, en sushi, en tartare, en ceviche. J’en mangeais tous les jours. Mais, depuis deux ans, je ne mange plus un seul morceau de viande. de Hugo Clément Depuis un an, plus un seul de poisson...” - Hugo Clément ( Ed Seuil - 14,90€ )
polar express
les suppliciées du rhône de Coline Gatel
Naissance de la criminologie Lyon, 1897. "Le passé m’a trompé Le présent me tourmente L’avenir m’épouvante"
(Ed Préludes - 16,90€) COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
trois secondes de Roslund & Hellström
à vous couper le souffle Il mène une double vie. Celle avec sa femme et leurs deux petits garçons, pour qui il ferait tout. Et celle d’agent secret ayant infiltré la mafia polonaise...
(Ed Mazarine - 22,90€)
bêtes
Nous croyons les connaître...
de Aline Richard Zivohlava ( Ed Plon - 17,90€ )
Surf City
de Kem Nunn Jusqu'à l'épuisement Il ne sait rien des hommes. Il le découvrira en achetant une planche de surf pour se jeter dans les flots bleus du Pacifique et plonger dans les eaux noires des magouilles humaines...
(Folio Policier n°310 - 5,90€)
Chiens, chats, vaches, poules, gorilles, corbeaux... Tous ces animaux nous sont familiers : nous pensons les connaître parce que nous les côtoyons ou parce que nous avons appris de leurs vies dans nos livres et à la télévision. Mais, forcement, nous sommes loin du compte...
La Dernière Chasse
malamorte
Aucun souvenir ou presque...
Ellroy sur l'île de Beauté
En Forêt noire, la dernière chasse a commencé… Et quand l’hallali sonnera, la bête immonde ne sera pas celle qu’on croit.
Le portrait d’une île loin des clichés et des visions de carte postale où se croisent élus, voyous, braqueurs et assassins, travailleurs immigrés, continentaux
de Jean-Christophe Grangé
( Ed Albin Michel - 22,90€)
de Antoine Albertini
(Ed JC Lattès - 19,90€)
roman, polar, beau livre,
lire
chacun ses livres
© Éditions Petit à Petit
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Les châteaux de la Loire en Docu-BD © Petit à Petit
à
COOLTURE
guide des Châteaux de la Loire (éditions Petit à Petit - 19,90€)
Imaginé par les éditions Petit à Petit, voici un guide d'un genre nouveau, “déclencheur de curiosité”. Porté par des anecdotes historiques surprenantes, il vous raconte en bandes dessinées les petites histoires et les grandes frasques des mythiques châteaux de la Loire. Car il n’est pas indispensable d’entrer dans les musées pour apprendre l’Histoire. Promenez-vous. Vous verrez, c’est ludique ! Ce guide présente 25 châteaux de la Loire : Amboise, Angers, Azay-le-Rideau, Blois, Brézé, Chambord, Chaumont-sur-Loire, Chenonceau, Cheverny, Chinon, Clos Lucé, L’Islette, Langeais, Loches, Plessis-Bourré, Saumur, Ussé, Valençay, Villandry, etc... Découvrir les châteaux, c'est parcourir leur histoire, remonter le temps, croiser les chemins de ceux qui les ont bâtis et habités, observer leurs transformations. C'est découvrir leur lien avec des personnages historiques, mais aussi avec le peuple.
Ce guide vous transportera au fil de la Loire, à la rencontre des majestueux châteaux qui la bordent. Tous les codes et repères habituels du guide de voyage y figurent : la localisation avec une carte, les moyens de locomotion, les infos utiles et les bonnes adresses. Chaque lieu est présenté par trois pages de documentaires et une anecdote passionnante racontée en trois planches de BD. Bref tournez la page et suivez le guide !
- Hervé Giraud -
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COOLTURE
auteur
notre
lire
COUP DE pouce
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© DR
D’un humour noir jubilatoire
Premier roman de Stéphane Michel, Un ange passe nous entraine à Toulouse, dans une époque pas si lointaine où le numérique était à ses balbutiements, sur les traces d'un pédophile présumé. Sombre, surprenant et d'un humour caustique savoureux, il se dévore d'une traite. Vivement le prochain !
Jesse le héros
de Lawrence Millman Une pépite de roman noir ! 1968. Élevé par son père, Jesse a toujours été un outsider au comportement inquiétant, rejeté par les autres enfants du village. Avec l’adolescence, les choses ne s’arrangent pas...
(10/18 - 7,50€)
Crow
touche de malice, d'intelligence et une véritable originalité. Elle avait hérité de cette teinte nordique d'une mère suédoise, ancienne miss Viking égarée sur les bords de la Garonne et fierté de Lucien Privas. Ah, ces yeux ! Outre leur couleur, ils se distinguaient aussi par la forme et la blancheur de leurs sclérotiques, la finesse des sourcils, la beauté des paupières... Enviés par le reste de la famille, - "chez quelqu'un d'aussi laid, c'est vraiment du gâchis", disait-elle sans vraiment penser à mal -, ils reléguaient ceux de Michèle Morgan ou de Laureen Baccal à de simples boules de loto ! Malheureusement, Hélène était fortement myope. Elle ne pouvait faire un pas sans chausser une paire de lunettes aux verres si épais que son achat aurait chez n'importe quelle autre famille nécessité un règlement en plusieurs mensualités - le remboursement de la Sécurité Sociale suffisait à peine à payer l'étui. Ainsi nul ne se doutait, excepté les initiés, que ce visage si laid possédait d'aussi beaux fleurons.[...]
de Roy Braverman Le système ne pardonne jamais Des déserts arides du Mojave jusqu’aux Brooks Mountains de l’Alaska, du pays des crotales au territoire des ours et des loups, une chasse à l’homme haletante et sans pitié.
(Hugo Roman - 19,95€)
la muse des cauchemars
de Laini Taylor Elle va encore hanter nos rêves C’est le rêve qui choisit le rêveur, et non l’inverse... mais pareil détail a-t-il jamais empêché un rêveur de rêver ?
(Lumen - 16€)
La Petite Gauloise
de Jérôme Leroy Très noir mais très drôle Dans cette municipalité tenue par le Bloc Patriotique, la sécurité prime. Un homme qui court avec un flingue à la main ne doit pas s’étonner d’y laisser sa peau...
(Folio Policier n°879 - 7,50€)
un ange passe
de Stéphane Michel Éditions du Petit Pavé - 19€
Sombre et surprenant Toulouse, juillet 1997. Sous une chaleur caniculaire, entre la traque d’un serial violeur et des émeutes estudiantines, la capitaine de police Ange Carminetti voit sa vie basculer. >>> Une époque, pas si lointaine, où recherches d’ADN, téléphones mobiles, photos numériques en étaient à leurs balbutiements...
Presidio
de Randy Kennedy Des vies entremêlées Troy Falconer s’est fait la promesse de ne jamais rien posséder et emprunte depuis la vie des autres : leurs valises, leurs portefeuilles, leurs costumes et leurs voitures...
livres EXPRESS
livres EXPRESS
“[...] La Renault s'immobilisa sur un chemin de terre. Ange interpella un vendangeur affairé à satisfaire un besoin tout naturel au pied d'un olivier centenaire. Ce dernier remisa ses affaires et indiqua à l'inspecteur une hauteur où, vraisemblablement, elle trouverait la fille du patron. Hélène Privas, dernière petite amie en date de Marcel Dugomieux. En quelques mots, il lui en fit la description. Hélène Privas était laide. Disgracieuse, disait sa famille. Franchement moche, assuraient ses amis. Comment les jeunes disent-ils, déjà ? Ah oui : “ Un thon ! ” Une tignasse rousse surplombait un visage angulaire au front fuyant. Des dents déchaussées - l'appareil dentaire qu'elle avait porté trois années durant, pendant son adolescence, n'y avait rien changé -, deux oreilles décollées et un nez protubérant résumaient les autres traits essentiels de son visage. En fait, seuls ses yeux émergeaient du naufrage. Des mirettes aux iris d'un azur limpide et clair. à l'exception du contour de la pupille où une couronne d'une nuance de bleu plus profond, "adjanienne", donnait au regard d'Hélène une
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L'extrait qui vous fera craquer ;-)
(Delcourt - 21,50€) www.coolture.fr
COOLTURE
économie
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les analyses de xerfi pour
comprendre
le monde !
Note de lecture
Sérotonine Houellebecq économiste
Par Thibault Lieurade - journaliste, Xerfi - © Xerfi Canal
© Xerfi Canal
“Les conversations sur l’économie sont un peu semblables aux conversations sur les cyclones ou les tremblements de terre ; on finit assez vite par ne plus comprendre de quoi on parle, on a l’impression d’évoquer une divinité obscure”. Michel Houellebecq s’est toujours défendu d’être un fin économiste, on le comprend une nouvelle fois à la lecture de cette phrase qu’il prête au personnage principal de son dernier livre, Sérotonine.
que la réalité “ Espérons ne dépasse pas cette fois-ci la fiction, comme cela est déjà arrivé malheureusement à plusieurs reprises avec Houellebecq.
”
>> Retrouvez la vidéo sur Xerfi Canal TV:
http : //www.xerficanal.com /emission /StephanBourcieu_Les-ecoles-de-commerce-bousculeespar-les-MOOC_1348.html http://www.xerficanal.com/emission/Stephan-Bourcieu_Lesecoles-de-commerce-bousculees-par-les-MOOC_1348.html
COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
L’écrivain français vivant le plus connu dans le monde est pourtant reconnu comme l’un des plus fins observateurs des grandes évolutions (pour ne pas dire décrépitude) de nos sociétés occidentales, donc des dégâts du système libéral. L’économiste Bernard Maris ne s’y était d’ailleurs pas trompé, lui qui avait publié quelques mois avant sa disparition tragique, l’essai «Houellebecq, économiste» qui analysait l’œuvre du romancier sous cet angle inattendu. Après la désindustrialisation dans « La Carte et le Territoire » ou la consommation à outrance dans « La Possibilité d'une île », c’est sans doute le sujet de l’agriculture française qui ressort de Sérotonine. Dans le roman, un ami (le seul) de l’antihéros est exploitant agricole en Normandie. Il s’efforce de maintenir un minimum de qualité dans son activité de production laitière mais il est contraint de vendre à des investisseurs étrangers chaque année des parcelles pour boucler son budget. Et la suppression des quotas laitiers en 2015, synonyme de baisse des prix, n’arrange rien. Quant à la mécanisation et à la numérisation de l’exploitation, elle facilite tout juste la comptabilité. Le personnage tente d’ailleurs une diversification dans le tourisme vouée à l’échec : comment en effet attirer des touristes d’octobre à avril dans ce territoire reculé et pluvieux ? Le personnage principal a quant à lui effectué une partie de sa carrière d’ingénieur agronome, à l’expertise reconnu, au ministère de l’Agriculture. Son rôle : réaliser des notes de synthèse à destination des représentants de la France dans les rounds de négociation internationaux. Des notes et des rapports restés lettres mortes « Je n’étais qu’un technicien, et au bout du compte on m’a toujours donné tort, les choses avaient toujours basculé
vers le triomphe du libre-échangisme et vers la course à la productivité », dit-il. Dans ses rapports, l’antihéros, dont l’incapacité à changer les choses cause d’ailleurs en partie le malaise personnel, déplorait de graves erreurs stratégiques, aux lourdes conséquences économiques, environnementales et sociales puisqu’elles aboutissent notamment à l’intensification de la vague de suicides chez les agriculteurs : « cette agriculture intensive, basée sur des exploitations gigantesques et sur la maximisation du rendement à l’hectare, cette agro-industrie entièrement basée sur l’export, (…), était à mes yeux l’exact contraire de ce qu’il fallait faire si l’on voulait aboutir à un développement acceptable, il fallait au contraire privilégier la qualité, consommer local et produire local, protéger les sols et les nappes phréatiques en revenant (…) à l’utilisation de fertilisant animaux », dit-il. Même si « Sérotonine » reste un roman, il ressort donc d’une lecture « économique » (entre autres) notre incapacité à défendre nos positions en Europe, ainsi que des dégâts d’un système vertical dans lequel l’agronome, simple expert, écrit des rapports qui finissent dans un tiroir. Deux problèmes qui serviront de cadre au malaise des personnages et conduiront à une fin tragique dans le roman... Espérons que la réalité ne dépasse pas cette fois-ci la fiction, puisque cela est déjà arrivé malheureusement à plusieurs reprises avec Houellebecq. Mais à lire Sérotonine, on n’est pas très optimiste sur l’avenir de nos campagnes... (retrouvez toutes les vidéos de Thibault Lieurade sur xerficanal.com).
>> aller plus loin avec Xerfi Canal TV : www.xerficanal.com
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Vous aussi, bougez pour
changer
lire
le monde !
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dans les transports ou ailleurs des à
livres écouter
Une En quelques décennies, tout a changé. La France, à l’heure des gilets jaunes, n’a plus rien à voir avec cette nation une et indivisible structurée par un référentiel culturel commun. C’est un archipel d’îles s’ignorant les unes les autres qui se dessine sous les yeux fascinés du lecteur.
uchronie culte
8 octobre 1908 : Que se serait-il passé si l’École des Beaux-Arts de Vienne avait accepté et non refusé Adolf Hitler, avait flatté puis épanoui ses ambitions d’artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d’une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde...
La Part de l'autre (Ed. Audiolib - 22,90€ )
À la lumière de ce bouleversement sans précédent, on comprend mieux la crise que traverse notre système politique : dans ce contexte de fragmentation, l’agrégation des intérêts particuliers au sein de coalitions larges est tout simplement devenue impossible. En témoignent, bien sûr, l’élection présidentielle de 2017 et les suites que l’on sait… Il ne s’agit pas ici de renverser le propos ni de prêter aux Français une culture qu’ils n’ont pas. Mais plutôt de rappeler qu’il est toujours dangereux d’accuser l’auditoire lorsqu’un discours ne convainc pas et que c’est d’abord aux économistes et aux politiques de s’interroger sur l’imperméabilité de leurs propos. >>> Prix du livre politique 2019
50% 50%
Inoubliable Le plus autobiographique des romans de Jack London, est le récit d’un homme né dans les bas-fonds, qui a basculé dans la bourgeoisie, et croit tenir sa revanche sur la vie....
humour sagesse
2016. Avocat d’affaires à Wall Street, amateur de fêtes et de drogues, Jonathan plaque tout du jour au lendemain pour partir à la recherche du bonheur.
Journal intime d'un touriste du bonheur (Ed. Audiolib - 18,90€ )
Martin Eden
(Ed. Audiolib - 22,90€ )
#balancetonmot Dénonçons les mots machos ! Les féministes dénoncent depuis fort longtemps le sexisme de notre langue et en particulier de la grammaire, mais c’est au vocabulaire qu’il convient d’abord de s’attaquer. Ce sont ces innombrables mots ouvertement ou traitreusement machistes qu’il est urgent de dénoncer.
idées société
C’est que le socle de la France d’autrefois, sa matrice catho-républicaine, s’est complètement disloqué. Jérôme Fourquet envisage d’abord les conséquences anthropologiques et culturelles de cette érosion, et il remarque notamment combien notre relation au corps a changé (le développement de pratiques comme le tatouage et l’incinération en témoigne) ainsi que notre rapport à l’animalité (le veganisme en donne la mesure). Mais, plus spectaculaire encore, l’effacement progressif de l’ancienne France sous la pression de la France nouvelle induit un effet d’« archipelisation » de la société tout entière : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, formation d’un réduit catholique, instauration d’une société multiculturelle de fait, dislocation des références culturelles communes (comme l’illustre, par exemple, la spectaculaire diversification des prénoms).
de Jean-Loup Chiflet et Marie Deveaux éditions Plon - 12€ www.coolture.fr
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1 WE, en attendant 1 semaine, ou plus… la
voyage passion
saison 8
© Helen Sloan/HBO
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Game of Thrones, le compte à rebours a commencé ! à lire avant de voir
la saison 8
Pour beaucoup, le 14 avril 2019 sera un jour comme les autres. Mais pour les fans de Game of Thrones, il est coché depuis longtemps dans tous les agendas car il s'agit de la date de diffusion du premier épisode de la saison 8 qui sera aussi la dernière de la série inspirée des romans de George R. R. Martin !
© DR
Histoire de nous faire patienter (et oui Coolture est fan) et de faire monter la pression, HBO a d’abord diffusé un teaser énigmatique. Et vient de livrer 14 nouvelles images des principaux personnages.
de Ava Cahen - éditions du Rocher - 18,90€
>>> Le livre indispensable pour se remettre à jour sur la série avant le grand final.
On y retrouve les portraits de Jon Snow et Daenerys Targaryen, Bran, Sansa et Arya Stark, Tyrion, Cersei et Jaime Lannister et Brienne de Torth – seuls manquent le Roi de la Nuit et ses Marcheurs Blancs. Vous pouvez toujours essayer de les décrypter, ils ne contiennent pas de spoilers si ce n'est que l'hiver semble bel et bien là. Il vous faudra prendre votre mal en patience jusqu'au 14 avril. - Textes Hervé Giraud et photos © Helen Sloan/HBO -
La saison 8 de game of thrones en images !
COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
COOLTURE
> 37 © Helen Sloan/HBO
game of thrones
à lire avant de voir
la saison 8
© DR
de
série tv
Game of Thrones de Cédric Delaunay Nouveau Monde éditions - 25,90€
De l’histoire à la série Véritable vade-mecum de l’univers Game of Thrones, voici une invitation à plonger dans les pages les plus tumultueuses de notre histoire.
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lire
BD
tHe
BRIDGE
© Martin St-Amant - Wikipedia - CC-BY-SA-3.0
> 38
Symbole de New York, (re)découvrez le Pont de Brooklyn ! un peu d'
histoire
Plus de 130 ans après sa réalisation, Peter J. Tomasi revient avec émotion sur l'histoire de ce projet pharaonique pour l’époque. Durant 14 ans, ses concepteurs durent surmonter de nombreux défis techniques pour bâtir ce pont suspendu de près de 2 kilomètres de long. Une histoire incroyable qui est aussi familiale. Si le pont fut conçu à l’origine par John Roebling, c’est son fils Washington et, surtout sa belle-fille Emily qui achevèrent la construction de la Lady Grey après son décès. Retour sur une une merveille architecturale devenue une légende. - Balency -
le mot de Peter J. tomasi
"Ma fascination pour la mer ? [...] un horizon en appelle un autre et je me suis toujours senti en recherche. Devant moi, audelà des flots, il y a toujours un meilleur possible, une promesse, une rencontre, une aventure..." ( de Peter J. Tomasi et Sarah Duvall Éditions Kamiti - 208 p - 22€ )
COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
“Mon nom est Peter J. Tomasi et je veux vous faire découvrir un pont. Le pont de Brooklyn, pour être exact. Je suis né et j’ai grandi à New York, sur Washington Heights, et je dois être honnête avec vous: c’est le pont George Washington, et non le pont de Brooklyn, qui a d’abord frappé mon imaginaire. La fenêtre de notre appartement donnait directement sur cette énorme masse d’acier gris qui enjambait la rivière Hudson. Le pont était là le matin, l’après-midi et le soir, visible d’à peu près tous les carrefours du quartier – ses feux de signalement étaient visibles depuis ma chambre et l’éclairaient légèrement chaque soir. Vivre à l’ombre du pont George Washington m’a sans doute poussé à m’intéresser à John et Washington Roebling, et, comme on le verra bientôt, à Emily Roebling, car cela m’a incité à parcourir, adolescent, tous les pont connecteurs de Manhattan et à apprendre quand, où, et comment ces ouvrages merveilleux étaient apparus. Et à vouloir découvrir quel genre de personnes pouvaient s’asseoir à une table de dessin et travailler avec acharnement pour donner vie à ces projets fantastiques. Comme l’indique le sujet de ce livre, c’est l’histoire des Roebling qui m’a le plus passionné, et à laquelle je n’ai cessé de penser au cours de ces années.
L’histoire des Roebling et de la construction du pont de Brooklyn fait partie de ces histoires méconnues mais essentielles du patrimoine américain. Le plupart des gens n’ont aucune idée des limites physiques et psychologiques qui ont dû être repoussées pour mener à bien ce projet, et du rôle crucial qu’a joué la femme de Washington Roebling dans son aboutissement. De mon point de vue, cette histoire épique demandait à être racontée, pour que chaque lecteur, américain comme étranger, puisse apprécier l’oeuvre de ces visionnaires, lesquels ont laissé derrière eux des valeurs réelles et solides, à la différence de toutes ces histoires de tueurs en séries, de barons de la drogue et de politiciens véreux qui ne promeuvent que l’égoïsme et l’absence de morale. Je me suis efforcé de rester fidèle à l’histoire des Roebling, essayant de trouver un juste équilibre entre mise en scène et réalisme. Un juste équilibre entre liberté par rapport aux faits, et nécessaire compression de l’histoire. Après d’innombrables heures passées à lire livres et vieux articles du Harper’s Weekly, du Brooklyn Eagle et du New York Times, et avoir passé le plus clair de mon temps au Rensselaer Polytechnic Institute de Troy, à New York, [...]
BD
© Kamiti
COUP DE CœUR
>>> sans compter les balades et prises de vues de l’incroyable ouvrage lui-même, à toutes heures et en toutes saisons, il était temps de m’asseoir à une chaise et d’activer mes doigts sur le clavier. Mais rien ne venait. Puis je me suis réveillé un beau matin. C’était un jour ensoleillé. Le 11 septembre 2001. Une ville, un pays, un monde avaient basculé pour toujours. Le sang et la terreur. Des âmes perdues et des vies altérées. Des nuages tourbillonnants de corps pulvérisés, d’acier, de béton, de papier et de fumées s’engouffrant dans les rues de Manhattan. Mon Manhattan. Le Manhattan dans lequel j’étais né, dans lequel j’avais grandi, fait mes études et mes premières fêtes, dans lequel j’avais aimé et haï, où je m’étais marié et où je travaillais ce jour-là, possédait désormais son Ground Zero. Une semaine plus tard, après avoir finalement réussi à éteindre la télévision, je m’installai derrière mon clavier. Je devais boucler ce projet pour trouver la paix. Peu importe que quelqu’un le lise un jour. Il s’agissait seulement de le faire. L’histoire des Roebling et du pont de Brooklyn est une histoire de construction, pas de destruction. Une histoire de rêve et de persévérance. De sacrifi ce et parfois d’échec.
Le genre d’histoire dont le monde a besoin en ce moment. Les Américains ne doivent pas seulement se souvenir de ce qui fut accompli par le passé, mais doivent voir en quoi ce savoir peut nous aider à construire un avenir meilleur. Après avoir terminé mon script, j’ai décidé d’entamer mon aventure avec les Roebling et le grand pont en me rendant au cimetière de Cold Spring (je ne vis qu’à une quarantaine de minutes du cimetière). Je me suis rendu auprès des tombes, humbles mais reconnaissables, de Washington et d’Emily, et j’ai dit une prière silencieuse pour ces deux âmes incroyables. J’ai plus tard déposé un exemplaire de ce livre – superbement illustré par Sara DuVall, mis en couleurs pas Gabriel Eltaeb et John Kalisz et lettré par Rob Leigh – sur la tombe des Roebling, espérant avoir rendu justice à leur histoire et à leurs vies. J’aimerais terminer cette préface par une citation tirée de The Great Bridge, de David McCullough. On la doit à Montgomery Schuyler qui, en 1883, a parfaitement résumé ce que je voulais dire ici :
des Roebling “ L’histoire et du pont de Brooklyn est une histoire de construction, pas de destruction. Une histoire de rêve et de persévérance.
”
«Il apparaît donc que l’ouvrage certainement voué à être notre monument le plus durable, et par lequel la postérité la plus lointaine se souviendra de nous, est un ouvrage de pure utilité; non un temple, ni une forteresse, ni un palais, mais un pont.» ” - Peter J. Tomasi - New York , Juillet 2017 -
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coup de cœur bd
bug
Bug - Enki Bilal © Casterman
> 40
Mémoire, est-il déjà trop tard ? Le premier tome de Bug s'intéressait au bug informatique entraînant la disparition brutale du monde numérique et prenait le pouls de la planète sans mémoire au lendemain du cataclysme. Dans ce deuxième opus, il n'est plus tant question d'inventer le futur que de l'ausculter. Tirer les fils de notre présent pour en questionner les conséquences. - Balency La fin du monde serait-elle une chance ?
rencontre avec enki BILAL bug T2
de Enki Bilal Éditions Casterman - 18€
Privé du tout numérique :: L’Histoire :: 2041, en une fraction de seconde, toutes les sources numériques planétaires (des plus gros serveurs de la toile aux plus petites clés USB) disparaissent. Le seul survivant, un astronaute de retour d'une mission sur Mars, semble avoir « hérité » de toutes les données numériques disparues. Il devient un enjeu ultime que se disputeront les États, les entreprises, les mafias, les religions et même des particuliers...
“ Lec’estnumérique, la nouvelle addiction dont nous sommes tous frappés.
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AVRIL/MAI 2019 - #2
L'impossibilité de la Science-fiction
la fin du monde, et après ?
Bug n'est pas une œuvre de science-fiction. Pour Enki Bilal ce n'est tout simplement pas possible car selon lui “La science-fiction n'existe plus”. Il s'explique : “Le transhumanisme est en route, l'intelligence artificielle est en route... Et avec, tous ceux qui rêvent d'immortalité, tous ceux qui rêvent de manipulations génétiques... Ce sont des thématiques que la science-fiction a déjà explorées. Qu'on le vueille ou non, on est dedans. C'est notre présent, notre futur proche et notre futur lointain. Et c'est un futur plein d'inconnues.”
Si la science-fiction a été mise à mal par trop de science, il reste à Bilal la fiction. Cette dernière, il l'arpente avec précision et délectation. Ce n'est pas tant le scénario catastrophe qui l'intéresse que ce qui ce passe après. La fin du monde serait-elle une chance ? “Je le mets en balance mais effectivement, il y a cette ouverture : et si tout repartait à zéro ? La tabula rasa, c'est quelque chose qui traverse souvent l'esprit. ça s'impose dans la réflexion d'une thématique comme celle de Bug. Et on se dit forcément que l'énergie optimiste va revenir dans une partie de l'humanité. Ce sera peut-être encore du 50-50. Je ne sais pas encore comment je vais le développer.”
Prévenir le futur Avec Bug, il n'est plus tant question d'inventer le futur que de l'ausculter. Tirer les fils de notre présent pour en questionner ses conséquences. “On est entré dans une ère de mutationns profondes” commente Enki Bilal “Le numérique en est déjà une. On est dedans, on patauge dedans, nous sommes tous otages de cette technologie qui, il faut bien le dire, a tout révolutionné. La révolution industrielle, Gutenberg... rien n'arrive à la cheville de ce qui est en train de se passer. Avec l'aspect très négatif, et c'est le propos de Bug de la mémoire. On ne se rend pas encore compte des dégâts que cette révolution numérique fait à la mémoire et à la transmission. Il y a un déficit de transmission énorme qui n'est pas programmé mais qui est dû à ça.”
le temps des femmes La fraîcheur de l'album n'empêche pas Bilal de se livrer, comme toujours, à une fine analyse politique. Le bug mondial destabilise le système et réveille des idéologies longtemps muselées. Ainsi réapparaissent des intégrismes de tout bord, une internationale Néo-Marxiste progressiste ou encore, en Russie, une cheffe d'état se réclamant des Tsars. L'Histoire serait-elle un éternel recommencement ? Peut-être, mais cette fois-ci, de l'Orient à l'Occident, le combat est exclusivement mené par des femmes. Femmes démocrates ou tyranniques, Bilal les imagine enfin prendre le pouvoir. Il place en elles une opportunité de renouveler des idéaux corrompus mais feront-elles mieux que leurs prédécesseurs ?
BD
© Casterman
COUP DE CœUR
Aujourd’hui est un beau jour pour mourir de Colo Éditions du Long Bec - 24€
Le virus de la tristesse :: L’Histoire :: Un virus inconnu attaque le système nerveux et pousse à la dépression ... Pas d’autres symptômes, jusqu’à ce que la personne infectée se mette à pleurer des larmes de sang, quelques minutes avant de mourir...
La Tournée
de Andi Watson Éditions ça et Là - 22€
Un petit bijou d’humour noir :: L’Histoire :: G.H. Fretwell est un petit auteur de romans peu connus. Son nouveau roman, "Sans K", vient de sortir et Fretwell se lance dans une tournée de rencontres en librairie pour en faire la promotion. Les ennuis commencent quand il est interrogé par la police à propos d’une valise volée car son circuit est étrangement similaire à celui du «Tueur à la valise»...
BUG T2 de Enki BILAL - (éditions Casterman - 18€)
www.coolture.fr
COOLTURE
BD
BD
COUP DE CœUR
> 42 Talent !
6
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"L'hiver en été" Un artbook exceptionnel ! Nouvelle pépite aux éditions Daniel Maghen : un artbook consacré au travail de Jean-Pierre Gibrat de ces vingt dernières années. L'occasion de replonger dans ses séries Le Sursis, Le Vol du corbeau et Mattéo et de retrouver ses personnages Céline, Julien, Mattéo, Jeanne, François... Composé d'un long entretien entrecoupé d'une centaine de dessins et planches sélectionnés par l'auteur, le tout est éblouissant. l'hiver en été de Jean-Pierre Gibrat - Éditions Daniel MAGHEN - 180 pages - 39€
(extrait de l'entretien mené par Rebecca Manzoni)
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Juliette est le genre de fille que tu remarques attablée en terrasse d'un café du XIe arrondissement de Paris. Tu te retournes sur elle en te disant : "Wow, elle dégage, qu'estce qu'elle est jolie !" Mais le lendemain, tu n'y penseras plus. En revanche, si tu passes une semaine dans l'Aveyron avec Cécile, tu n'es pas près de l'oublier. Le dessin même de Cécile était porté par une histoire à laquelle je croyais. Là, j'avais l'occasion de rendre le lecteur amoureux de Cécile. Je ne m'en suis pas privé.”
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Est-ce que tu dessines un personnage féminin avec plus de fébrilité qu'un personnage masculin ? JPG : “Il est clair que je n'ai aucune fébrilité à dessiner les hommes. [...] Je me dis " Attends, mon salaud, si tu as l'intention de faire ton malin avec Cécile, je vais t'arranger le profil d'abord ! ” [...] Les femmes, je n'arrive pas à " y aller franchement" [...]. C'est mon problème depuis mes vingt ans. J'aimerais tellement dessiner l'effet qu'elles peuvent me faire en étant très différentes, en étant absolument bouleversantes, sans répondre aux canons de beauté féminins tels que les définit le magazine Elle. Dès que je dessine, je n'ai ni la puissance ni la subtilité de dessin pour arriver à rendre compte de ça sans passer par la joliesse. J'aimerais réussir à les dessiner moins mignonnes tout en suggérant le pouvoir de séduction qu'elles détiennent.”
Nouvelle collection !
rDV avec le 7ème art Sergio Leone
de Simsolo et Philan Il était une fois... La vie et la carrière du mythique Sergio Leone, inventeur du western spaghetti et probablement l’un des cinéastes les plus cultes de tous les temps.
(Glénat - 22,50€) COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
Lino Ventura
de Le Gouëfflec et Oiry Le colosse au cœur d’or Acteur né, homme d’instinct, Lino Ventura est probablement l’une des figures les plus populaires et les plus fascinantes du cinéma français.
(Glénat - 22,50€)
Petit Vampire T3
de Joann Sfar Le compte à rebours s’égrène Michel est pris au piège par le Gibbous qui lui fait un chantage : renoncer à sa famille ou trahir son ami Petit Vampire ? Après une hésitation, il ne peut pas se résigner à trahir...
(Rue de Sèvres - 13€)
Le Retour à la terre T6
de Ferry et Larcenet 10 ans plus tard Voilà 10 ans que Manu Larssinet, Mariette et tout le petit monde du «Retour à la terre» n’avaient pas donné signe de vie...
(Dargaud - 12€)
True Stories
de Derf Backderf Des illuminés en tout genre L'Amérique profonde dérangée, saturée de la bouffe, foutraque, en 200 histoires courtes comme autant de scènes du quotidien qui font mouche.
(ça et là - 20€)
BD EXPRESS
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On parlait de la façon dont tu dessines les femmes. JPG : “J'avais réalisé une série de dessins pour Elle. Juliette était branchouille, certes, mais je l'avais dessinée la plus séduisante possible. J'avais alors la même exigence que lorsque j'ai dessiné Cécile pour Le Sursis. [...] J'ai pourtant senti l'ampleur de la différence entre les deux personnages.
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GIBR l’hiver AT en ét é
l'hiver en été de Jean-Pierre Gibrat - Éditions Daniel MAGHEN - 180 pages - 39€
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> 44
Nouvelle série !
Nouvelle série !
torpedo 1972
La Honte et l’oubli T1
la venin T1
Métamorphoses 1858 T2
de Laurent Astier Éditions Rue de Sèvres - 15€
de Alexie Durand et Sylvain Ferret Éditions Delcourt - 15,50€
Le plus impitoyable mafieux de la BD est de retour
Quand un paradis prend des allures d’enfer
Déluge de feu
Un prodigieux voyage initiatique
:: L’Histoire :: Après trois décennies d’absence sans nouvelles histoires, Lucas Torelli, dit «Torpedo», est de retour !
:: L’histoire :: Née suite au conflit hispanoaméricain de 1898, l’insurrection philippine réprimée par l’armée américaine fit, en l’espace de 3 ans, plus d’un million de morts civils.
:: L’histoire :: Colorado, Juillet 1900. Emily débarque à Silver Creek, petite ville minière en pleine expansion. Mais la jeune femme est-elle vraiment venue se marier comme elle le prétend ? Rien n’est moins sûr, car dans l’Ouest encore sauvage où les passions se déchaînent et les vengeances sont légion, les apparences sont parfois trompeuses..
:: L’histoire :: Paris, milieu du dix-neuvième siècle. Stanislas et Joseph, désormais accompagnés d’une équipe prête à en découdre, s’envolent à bord d’un dirigeable. Direction Barcelone, sur la trace du mystérieux Architecte..
de Sanchez Abuli et Risso Éditions Vent d'Ouest - 12,50€
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Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le passage du temps a laissé quelques traces sur le visage de notre gangster... mais surtout pas mal sur son âme.
la curée
de Stalner et Simon d'après l'œuvre de Zola Éditions Les Arènes BD - 20€
d’une incroyable actualité :: À savoir :: La Curée, c’est l’argent tout-puissant qui nourrit le vice et la débauche. Une critique sociale corrosive d’une incroyable actualité.
4 séries que l’on suit
de Harriet et Nacho Éditions Glénat - 14,50€
Androïdes T6
de Bec et Campanella Les Déserteurs Des unités d’une super-armée d’androïdes commandée par les humains pour se défendre d’une invasion extraterrestre deviennent incontrôlables.
(Soleil - 14,95€) COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
poussiere T2
de Geoffroy Monde Poursuivez le voyage Découvrez d’où vient l’homme noir, cet énigmatique personnage qui semble lier les deux univers de cette série étonnante et fantastique.
(Delcourt - 15,95€)
Forces Spéciales T2 de Marc Védrines Le fleuron de l’armée française 1999. L’armée française, jusqu’ici peu impliquée, prépare une opération d’infiltration pour intercepter un grand criminel de guerre en Bosnie. Une opération menée par les forces spéciales.
(Glénat - 13,90€)
Elfes T24
de Corbeyran et Vukic Haarn’al, le premier semi-elfe Il est temps d’en savoir plus et de se plonger dans l’histoire de celui par qui le rapprochement et la dissension sont arrivés.
(Soleil - 15,50€)
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La révolution ukrainienne de 2014 Hiver 2014 : dix ans près la "révolution orange", l'Ukraine est à nouveau en proie au chaos. Sur le Maïdan, la grande place de Kiev où se joue l'avenir politique du pays, pro-Russes, pro-occidentaux et néonazis s'affrontent dans une ambiance de manipulation et de corruption généralisée... Après nous avoir conté les atrocités de la guerre en Tchétchénie avec Amère Russie, puis le drame de Tchernobyl avec Les Chiens de Pripyat, Aurélien Ducoudray nous fait vivre toute la complexité de la situation politique en Ukraine. - Balency -
questions à ducoudray À l’époque des émeutes de la place Maïdan, avez-vous tout de suite pensé au scénario de cet ouvrage ? Aurélien Ducoudray : “J’avais cette idée d’un personnage des forces de l’ordre cherchant son amoureuse en tête depuis un bon moment, mais je voulais l’inscrire dans une révolte moderne. Celle des printemps arabes ne convenait pas, j’étais moins familier du quotidien et des us et coutumes. Quand Maïdan a éclaté, j’avais trouvé le bon.”
Quelles thématiques souhaitiez-vous aborder dans cet ouvrage ? A.D. : “Il fallait que ce pauvre Bogdan soit coincé de tous les côtés ! Sa copine disparaît, il déserte, ses collègues le poursuivent et les manifestants veulent casser la gueule à un berkout ! C’est « Les 12 travaux d’Hercule » façon ukrainienne !”
Le rythme de Maïdan Love est très haletant, proche de celui d’une course poursuite. C’est assez original pour dépeindre des émeutes qui ont duré plusieurs jours !
AD : “J’avais After Hours, le film de Scorcese, en tête où il arrive des tonnes de péripéties en une seule nuit au personnage principal de l’histoire. Je tenais à ce rythme haletant, contrairement aux événements du Maïdan qui se sont déroulés sur plusieurs mois. D’une part pour résumer de façon simple une situation compliquée (le Maïdan, personne n’y a rien compris, surtout nous, les Européens. Le conflit a été montré d’une façon effroyablement simpliste par les médias) et, d’autre part, je voulais garder une structure de film d’action façon Die Hard avec un héros vulnérable, mais qui se bat pour ce qu’il veut !”
Maïdan Love T1 de Ducoudray et Alliel Éditions Grand Angle - 14,90€
L’Ukraine en ébullition :: L’Histoire :: Février 2014 – À Kiev, les actes de violence se multiplient sur la place du Maidan. La révolution de la Dignité comme l’ont baptisée les manifestants semble bien partie pour durer......
Pouvez-vous nous révéler quelques indices sur ce qui arrivera à Bogdan dans le tome 2 ? A.D. : “Oui, bien sûr. Sa route va croiser des orcs et des magiciens, des gardiens de parking et des chiottes en or, mais je crois que j’en ai déjà trop dit... Et Olena n’est peut-être pas si loin qu’on le pense !”
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Nouvelle série !
Nouvelle série !
Talent !
Crusaders T1
No War T2
Un rêve. Un destin à écrire
Face à une menace dévastatrice
Une étincelle et tout peut exploser !
:: L’histoire :: fin des années quarante. Bessie Bates est passionnée d’aviation. Tous les jours, depuis trois ans, elle se rend à l’aérodrome dans l’espoir de passer son brevet de pilote. Sauf que Bessie est une femme, et elle est noire. Et dans l’Amérique ségrégationniste...
:: L’histoire :: La colonie humaine installée sur Titan reçoit, via un étrange signal, les plans de constructions de fabuleux vaisseaux spatiaux et les coordonnées d’une galaxie lointaine et primitive. Après plusieurs mois de fabrication, le Crusader 1 prend la tête d’une armada prête à rejoindre les créateurs du signal...
:: L’histoire :: Le Vukland s’enfonce dans une crise sans précédent. Les tensions intercommunautaires s’exacerbent autour du projet de barrage sur les terres sacrées du peuple KIVIK. L’élection contestée du nouveau président n’arrange rien. La population de la capitale occupe la rue, la jeunesse en première ligne...
de Djian, PRSD et Vincent Éditions Vents d'Ouest - 14,50€
Little Bird
de Van Poelgeest et Bertram Éditions Glénat - 22€
Un psychédélisme mœbiusien :: L’histoire :: Rien ne semble pouvoir arrêter l’expansion de l’Empire américain, sous le joug d’un gouvernement ultra-nationaliste et théocratique. En Amérique du Nord, la guerre fait rage depuis déjà 30 ans et ne laisse derrière elle que flammes et désolation.
Talent !
Liberty Bessie T1
de Bec et Carvalho Éditions Soleil - 15,95€
de Anthony Pastor Éditions Casterman - 15€
Pour Little Bird, le temps est venu de prendre la route. À douze ans seulement, la jeune Métisse parviendra-t-elle à raviver la Résistance canadienne et à découvrir sa véritable identité ?...
Nouvelle collection !
histoire des papes Léon le Grand
de Richemond et Carloni Le dernier rempart face à Attila Lorsque le peuple de Rome se retrouve désarmé devant l’avancée barbare, alors que l’Empereur est incompétent ou même a pris la fuite, Léon ira affronter Attila...
(Glénat - 14,95€) COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
Saint Pierre
de Perna et Jailloux Mourir pour ses convictions Rome, 64 après Jésus Christ. Néron lance une véritable chasse aux Chrétiens. Parmi les suppliciés, le plus célèbre des apôtres du Christ : Pierre.
(Glénat - 14,95€)
l'Histoire secrète T35 - Roswell
de Pécau et Kordey 1947, Nouveau Mexique Dans un désert, un météore traverse le ciel et s’écrase non loin d’un couple d’archéologues. Et si ce crash était lié aux Dieux ?
(Delcourt - 19,99€)
LE CIMETIERE DES INNOCENTS T3
de Charlot et Fourquemin Le grand mystère Parmi le petit peuple du cimetière des Innocents, les miraculés guéris par la Sainte Recluse semblent l’objet d’une malédiction.
(Grand Angle - 14,90€)
irena T4
de Morvan, Tréfouël et Evrard Le combat continue... Le destin hors-norme de l’une des plus grandes héroïnes de la Seconde Guerre mondiale qui sauva 2.500 enfants de l'enfer du ghetto de Varsovie.
(Glénat - 14,95€)
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des bd
pour
comprendre
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Une I.A. c'est quoi ?
Décryptage et enjeux de ces technologies Intelligences Artificielles. Miroirs de nos vies
de FibreTigre, Arnold Zéphir, et Héloïse Chochois - éditions Delcourt - 191 pages - 19,99€
Elles trient les photos de votre smartphone, optimisent les placements des vélibs, détectent des terroristes : ce sont les intelligences artificielles. Yurie est l'une d'entre elles et vous avez la possibilité de "discuter" avec elle sur Twitter @yurieamba ! À l’origine, Yurie a été créée par Arnold Zéphir pour générer des chroniques pour le Podcast de FibreTigre. Avec IA, miroirs de nos vies, les deux créateurs reviennent sur l’histoire et les balutiements de cette technologie, questionnent nos fantasmes et nos craintes, démêlent les
réalités et les illussions de ces copies étranges qui nous fascinent tant. Un récit passionnant qui vous invite à aller plus loin dans votre exploration des I.A. grâce à de nombreux bonus disponibles en réalité augmentée et la possibilité de «discuter» avec Yurie sur Twitter @ yurieamba !
Comprendre l' Anxiété de Steve Haines et Sophie Standing - éditions ça et Là - 32 pages - 12€
Après La douleur quelle chose étrange publiée en octobre 2018, Steve Haines consacre un nouveau petit précis à un thème de santé. Il se penche ici sur l’anxiété, parfois considérée comme le nouveau mal du siècle. En trente-deux pages, Haines brosse un tableau synthétique de ce que l’on sait sur cette émotion désagréable ressentie par tout le monde (sauf par les psychopathes), à des degrés plus ou moins importants. Steve Haines présente les nombreux facteurs considérés comme des causes pouvant accroître l’état d’anxiété, il détaille les différentes manifestations de ce trouble, et présente des pistes d’actions pour ceux qui en souffrent le plus ; les personnes pour lesquelles de nombreuses décisions du quotidien deviennent presque une question de vie ou de mort et provoquent des crises de panique. Véritable guide consacré à cette émotion fréquemment éprouvée et redoutée, cet album expose ce qui relève
de la biologie, de la psychologie et du vécu, en montrant surtout à quel point ces différents aspects sont étroitement liés. Il nous permet de mieux comprendre ce mécanisme de défense et d'en appréhender plus sereinement les symptômes. S'appuyant sur des références scientifiques comme sur des exemples simples et concrets, Steve Haines propose des pistes de réflexion autour de l'anxiété et des exercices pratiques pour mieux la maitriser. Le troisième et dernier volume de cette mini série sur la santé, Le Trauma quelle chose étrange, paraîtra en mai 2019.
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comics
COUPS DE CœUR Nouvelle série !
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Stray Bullets - T1
Ody-C Omnibus
Marshall law
Le souffle et la vie
Un polar culte
l’Odyssée, version psychédélique !
Traqueur de héros...
:: L’Histoire :: Dans un monde dévasté et désertique, toute forme de vie a quasiment disparu, anéantie par la chaleur suffocante du désert. Dans toute la galaxie, une ville résiste à l’extinction, car elle détient le «Souffle de la vie»...
:: L’Histoire :: C’est l’histoire de gens qui prennent les mauvaises décisions. Des paumés, des camés, des pauvres types qui perdent le contrôle de leurs vies.
:: L’Histoire :: Bienvenue dans le XXVIe siècle... À la suite d’une guerre intergalactique de cent ans, Odyssia la Sage Championne et ses compatriotes entament le plus long et le plus étrange voyage jamais réalisé : le retour au bercail. Une odyssée de science-fiction libérée et psychédélique commence maintenant !
:: L’Histoire :: San Francisco a été ravagée par un tremblement de terre. Et de ses cendres est née une nouvelle ville, San Futuro. En ce lieu de perdition et de violence, se déploie toute la bestialité d’une humanité génétiquement modifiée, tandis que des humanoïdes surpuissants deviennent des symboles d’héroïsme.
de Keiden Éditions H2T - 208 pages - 17,95€
de David Lapham Éditions Delcourt - 34,95€
>>> Une série de portraits comme autant de fables modernes et sinistres, drôles parfois, violentes toujours qui vous laisseront sans voix...
de Matt Fraction et Christian Ward Éditions Glénat Comics - 35€
de Kevin O’Neill et Pat Mills Éditions Urban Comics - 35€
à savoir
le 05 juin 2019 Nouvelle série !
Nom : Marshal Law. Mission : gérer les gangs de super-héros. But : rétablir l’ordre. >>> Après des années d’attente, voici enfin la (presque) intégrale d'un must incontournable
rumble T3
Créatures sacrées T1
de Klaus Janson de Pablo Raimondi Éditions Delcourt - 15,95€
Apocalyptique :: L’Histoire :: Lorsque les forces surnaturelles qui régulent le fragile équilibre qui maintient notre réalité en place commencent à bouger, Josh est soudain pris au coeur d’une conspiration à l’échelle mondiale qui menace les fondements même de l’humanité...
The magic order
de Millar et Coipel Magie et trahison Cinq familles de magiciens ont prêté serment : celui de protéger les humains des créatures qui rôdent dans la nuit....
(Panini - 19€) COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
MANHATTAN PROJECTS T2
de Hickman et Pitarra La vérité est incroyable ! les auteurs agrandissent leur casting et enrichissent leur lecture délirante de l’Histoire des Sciences contemporaines !
(Urban Comics - 35€)
Lobster Johnson T4 de Mignola, Arcudi et Zonjic L’histoire secrète du Lobster va enfin être révélée ! Au cours d’un match de catch, l’arbitre est roué de coups et tué. Lobster tente d’arrêter les tueurs, mais, à la suite d’un malentendu, devient l’ennemi public numéro 1...
(Delcourt - 15,95€)
Docteur Strange intégrale T4
On ne s'en lasse pas ! lRetrouvez les aventures du Dr Strange de 1969 à 1973, depuis la fin de la première série Doctor Strange jusqu’à son arrivée dans la série anthologie Marvel Premiere.
(Panini Comics - 35€)
comics EXPRESS
Éditions Glénat - 15,95€
comics
© Délirium
COUPS DE CœUR Nouvelle série !
snotgirl - T1
de Bryan Lee O’Malley et Leslie Hung Éditions Glénat Comics - 16,95€
Sortez les mouchoirs ! :: L’Histoire :: Lottie Person est une blogueuse mode hyper tendance de L. A. qui vit la vie parfaite – du moins, c’est ce qu’elle essaie de faire croire à tout son réseau... >>> Entrez dans un monde de sang, de larmes et de morve avec cette nouvelle série déjantée.
Nouvelle série !
vietnam JOURNAL 1967
Envoyé au Vietnam à l'automne 1966, comme la plupart des soldats de la première vague, Don Lomax prit des notes mentales et fit des croquis des gens, du matériel et du pays, se disant qu'un jour "ça pourrait faire une super BD"... Vietnam Journal est le résultat brillant de son expérience de vétéran. Les évènements décrits sont tous nourris des situations vécues livrées sans fioritures et imprégnées des sensations éprouvées sur le terrain. :: L’histoire :: Scott "Journal" Neithammer, reporter de guerre, débarque tout juste de Saigon pour couvrir le conflit sur le terrain. S’il s’attend tout d’abord à être le témoin de belles conquêtes militaires et à rentrer en contact direct avec les populations « libérées » et enthousiastes, il se rend rapidement compte du décalage de ces espoirs avec la réalité et que les vraies histoires se trouvent parmi les hommes du rang, vietnam journal - Éditions Délirium - 20€ lâchés dans un conflit qu’ils ne comprennent pas et qu’ils ne peuvent pas gagner. Comme le veut la tradition,
Mayday ! Mayday ! À toute personne à l’écoute, ici Zoulou-Neuf ! Nous venons d’encaisser un tir de roquette ! Merde… Je perds le contrôle… Nous tombons !
la cavalerie poursuivit les survivants et fuyards du 33e Nord-Vietnamien jusqu’à ce qu’ils se regroupent avec le 66e régiment dans la vallée de la Drang.
solo
chemins tracés - T1
Accrochezvous, ça va cogner dur !
Le combat fut intense, et souvent au corps à
430
hommes de la 1re de cavalerie (2e bataillon du 7e régiment de cavalerie aérienne, infanterie aéroportée) ont été déposés par hélicoptère dans la vallée.
corps !
de Oscar Martin Éditions Delcourt - 14,95€
Fortuna, nouvelle héroïne féline :: L’histoire :: Après un tragique accident, Fortuna, jeune chatte vivant dans le monde cannibale, doit retracer le long chemin qu’elle a parcouru avec sa famille. Durant ce voyage vers ses origines, la féline va revivre les terribles incidents qui ont forgé son destin, trouver l’amour et devenir adulte. Mais saura-t-elle trouver sa véritable mission ?...
Bon Dieu… Ils sont tous morts, sauf nous !
T’as raison, faut se tirer ! Il va falloir s’éloigner vite fait. Charlie va voir la colonne de fumée à des kilomètres.
Par ici, Kelly ! La base est par ici !
Aaaaaah !
Kelly !
Ils n’auraient proba-
blement pas survécu sans le bombardement de saturation des B-52. Rien que le 14 novembre, ils larguèrent 344 tonnes de bombes !
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Manga
NOS
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tokyo revengers T1 de Ken Wakui Éditions Glénat - 6,90€
Retour vers le futur nippon Takemichi est victime d’un accident qui le ramène inexplicablement 12 ans en arrière, lorsqu’il était au collège et se donnait des airs de mauvais garçon....
Au cœur des gangs japonais Fans de GTO, Bleach ou Erased, Tokyo Revengers saura combler vos attentes. Ken Wakui, maître incontesté des mangas de furyo au Japon, signe ici l’œuvre la plus ambitieuse de sa carrière. Tout en soignant sa description de l’univers des racailles japonaises dans laquelle il excelle déjà, il mène d’une main de maître un scénario complexe mêlant voyage dans le temps, thriller et baston. Bref une belle surprise Shônen !
entretien avec Ken Wakui TOKYO REVENGERS © Ken Wakui /Kodansha Ltd.
Tokyo Revengers est un manga d’action, de vie, mais aussi un thriller temporel. D’où vous est venue l’idée du scénario ? “Le point de départ, c’est une remarque de mon responsable éditorial, disant qu’il aimerait lire une histoire parlant de yankii, des «jeunes voyous». Ça m’intéressait, mais je ne savais pas du tout à quoi ils ressemblaient aujourd’hui. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de faire voyager le héros dans le temps, ce qui me permettait de décrire les yankii du début des années 2000, c’est-à-dire l’époque où j’en étais un moi-même.”
Les personnages sont plus charismatiques les uns que les autres. Quel est votre personnage préféré ? Pourquoi ? “Mon personnage préféré est Hinata. Jusqu’à présent, et ce dès Shinjuku Swan, tous les personnages féminins
COOLTURE “Y” - N°75
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AVRIL/MAI 2019 - #2
que je dessinais étaient de belles femmes qui dégageaient une certaine maturité. Dans Tokyo Revengers, j’ai essayé pour la première fois de dessiner une héroïne mignonne, dont le charme tient plutôt à une certaine fraîcheur.”
De quel personnage vous sentez-vous le plus proche ? Pourquoi ? “Le personnage dont je me sens le plus proche est Takemichi. Comme je l’ai conçu de manière à créer de l’empathie chez le lecteur, ce qui est à mon avis une qualité indispensable chez un héros, il est basé sur mes propres affinités.”
C’est la première fois qu’un de vos mangas est édité en France, avez-vous un message à transmettre aux lecteurs français ? “J’adore la pâtisserie et la cuisine françaises ! Je vous invite d’ailleurs à manger des gâteaux japonais, comme des taiyaki (sortes de pancakes en forme de poisson, fourrés aux haricots rouges sucrés) afin de vous mettre dans une ambiance japonaise lorsque vous lisez mon manga !”
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NOS
manga
COUPS DE CœUR Nouvelle série !
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Nouvelle série !
Les Liens du sang - T1
de Shuzo Oshimi - Éditions Ki-oon - 7,90€
Echoes - T1
de Kei Sanbe Éditions Ki-oon - 7,90€
La douleur du passé comme seul chemin vers la vengeance >>> Meurtres atroces, mystère et émotions fortes sont au rendezvous dans ce thriller empreint de fantastique. Comment résoudre une énigme du passé avec la rage pour seul guide ?
à noter
le 02 MAI
:: L’histoire :: Vue de l’extérieur, la famille du jeune Seiichi est des plus banales : un père salarié, une mère au foyer, une maison dans une ville de province... L’adolescent va à l’école, joue avec ses amis, est troublé quand il pose les yeux sur la jolie fille de la classe. Tout est normal... ou presque. Il ne s’en rend pas compte lui-même, mais sa mère le couve beaucoup trop....
© DR
© DR
Une relation mère-fils toxique
la Vie de Bouddha edition prestige 3 et 4 de Osamu Tezuka Éditions Delcourt - 29,99€
Une œuvre emblématique
3 séries que l’on suit Ajin T13
Bride Stories T11
Berserk T40
Alors qu’une bataille sans merci pour le contrôle du système de jeu oppose Perrier à Tomié, Iida s’évertue à protéger coûte que coûte la salle des commandes face à l’arrivée imminente des queens.
Avec pour toile de fond la route de la Soie, découvrez une fresque épique, humaine et tendre à la fois dont on ressort ému, mais le cœur gonflé d’énergie...
À Elf Helm, le groupe de Guts rencontre le “roi des pétales virevoltants” qui connaît un moyen de rendre la raison à Casca. Redeviendra-t-elle comme avant ?
de Gamon Sakurai
(Glénat Seinen - 7,60€)
de Kaoru Mori
(Ki-oon - 7,65€)
de Kentaro Miura
:: L’histoire :: Tatta, petit voyou, Chaprah, esclave qui deviendra guerrier, le général Boudhaï, le vénérable Asita et bien d’autres personnages vont être les témoins de la naissance du prince Siddharta au château de Kapilavastu...
(Glénat Seinen - 6,90€)
2 fins au choix !
MANGA EXPRESS
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50 NUANCES DE GRAS T1
de Synecdoche La rencontre succulente de la fantasy... et des frites ! Naoe reçoit une nouvelle patiente, une elfe coincée dans notre monde à cause de son surpoids ...
(Doki-Doki - 7,50€)
Nouvelle série !
Blue Eyes Sword T1 de Tashiro et Takahiro La suite de Red Eyes Sword Dans un pays en proie à la guerre, la jeune Hinowa part au combat avec l’espoir d’unifier le pays et de mettre fin aux troubles...
(Kurokawa - 7,65€)
Nouvelle série !
Psycho Bank T1
de Naoki Serizawa Votre vie comme créance Suite au suicide de son père, Mirai, lycéen intelligent et téméraire, reçoit en héritage une carte “Psycho Bank” de 300 millions de yens...
(Pika - 8,20€)
Nouvelle série !
FÉLIN POUR L’AUTRE ! T1 de Wataru Nadatani La passion des chats Kensuke Fuji est un amoureux inconditionnel des chats, déterminé à tout savoir sur eux pour mieux les comprendre.
(Doki-Doki - 6,95€)
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(Glénat - 14,95€)
Btooom! T26 de Junya Inoue Éditions Glénat- 7,60€
Choisissez votre fin ! >>> Pour conclure ce la série, Junya Inoue propose une initiative unique : deux fins alternatives, Intitulées “Light” et “Dark”, chaque volume proposant une histoire différente, en fonction du choix du héros... L’édition “Light” vous promet un beau dénouement mettant l’accent sur l’amitié entre les personnages, alors que la “Dark” fera éclater la vérité sur le jeu Btooom! au détriment de certains protagonistes... www.coolture.fr