FIDJI Avril – Mai 2013
Trois abrutis à Natadola Beach, Viti Levu (Nous, bien sûr !)
27 avril Ça y est, c’est le grand jour. Enfin. On va aux Fidji ! Je quitte mon appartement à 14h45, dans le froid et sous la pluie, mais tout ça n’a plus grande importance. Je retrouve Antho et Vince à l’aéroport de Roissy. Eux arrivent tout juste de Suède, et ça fait longtemps qu’ils n’ont pas vu l’ombre de la queue d’un saucisson français, et comme on ne risque pas d’en croiser beaucoup dans le Pacifique Sud, eh bien, on se fait un apéro pain-saucisson-rillettescornichons-pinard à l’aéroport, par terre, comme des clodos. Enregistrement sans histoire. On attend notre embarquement à la porte K41, ce que je trouve assez amusant, car je suis justement en train de lire un article sur la théorie « K41 » (description de la turbulence par Kolmogorov en 1941… bref.) On embarque dans un Boeing 747 de Korean Air. Vince, au dernier rang, est quasiment installé dans les chiottes ^_^… Antho et moi enfilons nos chausses Korean Air, absolument ridicules, mais qui nous permettent de lâcher nos pompes, ce qui est plutôt sympa
vue la chaleur étouffante qui règne dans la cabine (le pinard et la charcuterie n’aident pas, je vous le concède). Pour le dîner, nous avons droit à un bibimbap immonde, au goût de champignons brûlés, accompagné d’une soupe d’algues guère plus ragoûtante. J’avais entendu beaucoup de bien de Korean Air, mais ce premier repas vient pour l’instant démentir cette réputation. Le service de nuit, minimaliste, avec des stewards limite en train de se planquer pour ne pas nous servir, n’arrange pas vraiment les choses. Vient ensuite le coup de grâce, avec un petit-déj immonde à base de porridge salé aux oignons et aux algues. Au secours… Pourtant, j’aime la bouffe asiatique, et les petit-déjs salés ne m’ont jamais fait peur. Mais là… Bref. 28 avril Arrivés à Séoul, un « comité d’accueil » Korean Air nous attend avec des pancartes à nos noms. Allons bon, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Eh bien, ils voulaient « simplement » qu’on leur présente nos cartes bancaires et qu’on leur signe un papier. Une histoire d’assurance, je suppose. Nous marchons des kilomètres dans l’aéroport de Séoul-Incheon. Le ciel est couvert. Il fait plutôt chaud. Nous avons plusieurs heures d’attente avant notre correspondance pour Nadi. On zone dans les magasins. Antho et moi, nous nous émerveillons devant les chiottes automatiques à la japonaise, avec jets d’eau et « sèche-rondelle ». J’observe pendant des heures la ronde des gigantesques A380 de Korean Air. Très impressionnant. N’ayant absolument pas dormi au vol précédent, je suis absolument épuisé, mais je n’arrive pas à dormir pour autant. Nous embarquons enfin, cette fois-ci dans un Airbus 330. La bouffe est correcte ce coup-ci. Mais je n’arrive toujours pas à dormir. Un sale gosse pleure pendant tout le vol. Et douze heures, c’est *long*. En plus, il fait super froid dans la cabine tout à coup. Je suis au bord de la crise de nerfs. Je me sens mal. Je m’isole dans les toilettes, je vomis. Super… 29 avril. Nous arrivons à l’heure, sous un ciel gris. Il a plu. L’air est chaud. Il flotte une délicieuse odeur de terre humide. J’ai du mal à réaliser, mais… nous sommes aux Fidji ! À l’immigration, on se fait arrêter pour ne pas avoir rempli notre adresse d’arrivée. J’explique que quelqu’un nous attend, un CouchSurfer, mais je n’ai ni son numéro, ni son adresse, juste son surnom : Mitch. C’est vrai que j’ai été con, mais je ne pensais pas qu’ils en viendraient carrément à nous bloquer. On chope une adresse vite fait dans le guide, on écrit ça, puis on attend bien sagement de passer en « commission » pour qu’ils
« vérifient nos informations ». Je trouve qu’ils y vont un peu fort, quand même, mais bon. C’est au tour de Vince de ne pas se sentir bien. Décidément, on commence fort ! Bref. Je finis par passer en premier, je fonce récupérer les sacs avec le Reflex d’Antho (quelle idée aussi de ne pas l’avoir pris en cabine !). J’achète le rhum Bounty en Duty Free que Mitch voulait. La mort dans l’âme, je dois me débarrasser de mes rillettes et de mon saucisson pour sortir de l’aéroport. Et là, grande question : Mitch sera-t-il là ? Non. Mais un type est là, avec une pancarte à mon nom, et avec une fille, Victoria la « sœur » (la cousine, en fait) de Mitch, qui n’a pas pu venir (il est bloqué à Suva, la capitale, à quelques heures de route de là). Nous prenons ensemble un taxi pour aller chez Victoria-Mitch (il nous en coûte 14F$ pour une course d’environ un quart d’heure). Victoria nous installe dans la chambre de Mitch, et nous rachète le rhum Bounty (un truc qui « klaxonne » sévère, à 60°, 59F$ les deux grandes bouteilles en duty free). La maison est grande, il y a plein de clébards sympas. Diana, la proprio, est une Anglaise rasta peroxydée, mariée à un Fidjien engagé dans je ne sais plus quelle armée et présentement au Moyen-Orient (une histoire à dormir debout). Vince est malade, ça ne s’arrange pas. Il reste donc se reposer (et se vider…), pendant que Victoria nous emmène Antho et moi au centre ville de Nadi (prononcez « Nandi », les « a » se prononcent souvent « an », en appuyant sur le « n »). La ville est à environ quarante minutes en bus. Le trajet est folklo. Le bus est un vieux truc déglingué qui tremble de partout, on est assis sur des bancs en bois et on croise quelques tracteurs. La campagne est très verte, assez belle, mais le ciel est encore bouché. Une fois dans le centre, nous nous rendons à la banque ANZ pour changer nos euros. Le taux de change est bon, conforme à l’attendu, pas d’arnaque à signaler. Un vieux brisquard néo-zélandais nous donne quelques conseils. Le beau temps est revenu. Il fait 30°C, ça commence à taper ! Victoria nous emmène voir le grand temple indien du coin. Car, oui, aux Fidji, il y a des Indiens partout. Ils représentent environ 40% de la population, et leur histoire est assez singulière : ils ont été amenés aux Fidji plus ou moins de force par les Anglais pour travailler dans les champs (les Anglais ne voulaient pas trop s’aliéner la bonne volonté fidjienne en faisant trop travailler les locaux), avec la promesse d’un retour en Inde, qui ne s’est concrétisée que pour très peu d’entre eux. L’essentiel des Indiens a donc dû rester aux Fidji, et la greffe n’a jamais vraiment pris. Fidjiens et Indo-Fidjiens se mélangent peu, les Indo-Fidjiens n’ont toujours pas le droit d’accéder à la propriété, et n’ont pas le droit de briguer la présidence – qui est souvent la cible de coups d’état. Bref, les droits des Indo-Fidjiens, bien qu’en nette progression, sont encore loin
d’être ce qu’ils devraient être. Et, donc, il y a des Indiens partout aux Fidji, surtout sur Viti Levu, l’île principale. Dans les petites îles comme les Mamanucas ou les Yasawas, c’est beaucoup moins vrai. Bref, ça sent souvent le curry et le marché est blindé de produits étiquetés « The Real Taste of India ». En plein milieu du Pacifique Sud, c’est pour le moins amusant ! Le temple en question est assez kitsch mais, pour être allé en Inde, je peux attester que c’est finalement assez fidèle ! Dans les rues, on se rend vite compte que le monde ici est petit, Victoria connaît absolument tout le monde. Les « Bula ! » fusent de partout (« Bula », à prononcer « M’bula » sans trop insister sur le « M », signifie « bonjour », « bienvenue »). C’est sympa, et Victoria est très marrante. Elle nous emmène déjeuner au Farmer’s Club, un petit resto très sympa au bord de la rivière. Nous mangeons un super bon poisson, à l’ombre des arbres. Un chanteur fidjien vraiment classe égaye encore un peu plus les choses. Nous sommes servis par Sarah, une autre sœur de Mitch (ou une cousine, ce n’est jamais clair, le concept de famille ici est assez élargi). Victoria nous explique que Sarah est modèle (elle est assez jolie en effet). Bref. On se marre bien. Les prix sont tout à fait raisonnables (17F$ par tête). Nous invitons Victoria. Après déjeuner, nous visitons le marché, puis nous rentrons en bus. Vince va mieux. Nous sommes absolument éclatés, alors nous allons nous coucher. Énorme dodo de 15h à 21h. Sarah vient nous réveiller pour le dîner, un très bon curry d’agneau. On discute un peu du planning du lendemain, puis, morts, nous retournons nous coucher. 30 avril La nuit fut bonne, et longue, malgré des rêves totalement absurdes. Je me lève tôt, et je pars faire des courses au supermarché du coin, mais il est fermé. Ça m’étonne un peu, car souvent sous ces latitudes (je pense notamment à mes précédents séjours en Guyane, aux Antilles et en Polynésie), les magasins ouvrent très tôt. Bon, ok, là, je m’étais vraiment levé ultra tôt. Bref. On y retourne tous les trois à la bonne heure, et nous petit-déjeunons d’une brique de cheddar local. Je suis personnellement assez fan. Il y a une nouvelle à la maison, une Anglaise, qui fait aussi du CouchSurfing chez Diana. Nous partons tous ensemble en taxi pour les bains de boue de Sabeto (prononcez « Sambéto »). Il ne fait pas très beau, mais c’est pas grave. Nous voilà donc en train de nous tartiner de vase brûlante dans une mare d’eau sulfurée. C’est assez amusant, ça sent gentiment l’œuf pourri et ça tourne vite à la baston.
Bataille de boue à Sabeto
Vince ne peut pas s’empêcher de tartiner la pauvre Victoria, alors qu’elle était habillée… Après avoir fait sécher la boue sur notre corps désormais joliment craquelé, nous nous immergeons avec délice dans une eau plus claire pour nous laver.
Moi, couvert de boue
L’eau est délicieusement brûlante, insupportable par endroit, mais c’est globalement assez divin. Surtout lorsqu’une grosse pluie glacée nous tombe dessus : on se laisse glisser dans l’eau fumante, et on savoure… De retour à la maison, nous allons déjeuner dans un fast-food indien vraiment pas cher mais extrêmement douteux, pour ne pas dire passablement immonde. L’après-midi, nous devisons avec Victoria et Diana de notre planning aux Fidji, car il est vrai que nous n’avions pas planifié grand-chose, juste les grandes lignes, passablement vagues au demeurant : plages, rando, rafting, surf et plongée. Victoria travaille dans une agence de voyage, du coup elle connaît bien et nous aide pas mal. On se rend compte que trois semaines pour faire Viti Levu, Taveuni, les Mamanucas et les Yasawas, c’est un peu juste. En plus, il y a apparemment quelques problèmes avec le bateau pour Taveuni (mais rien n’est jamais très clair aux Fidji). Après plusieurs fausses routes et retournements de situation de dernière minute, nous nous résignons finalement à abandonner Taveuni pour nous concentrer sur les îles paradisiaques : les Mamanucas et les Yasawas. Victoria réserve les piaules et les bateaux, ainsi que les stages Open Water PADI pour Vince et Antho qui n’ont pas encore leur certification de plongée. De mon côté, j’ai déjà passé mon Open Water en Thaïlande en 2011. Je suis maintenant Advanced Open Water et j’avais dans la tête de passer la spécialité Deep pour aller jusqu’à quarante mètres (avec l’Advanced je suis limité à trente mètres), mais après avoir discuté au téléphone avec le divemaster de l’île de Mana (notre première destination dans les Mamanucas), il s’avère que ce ne sera pas possible (pour des raisons là encore passablement obscures). Pas grave, je me contenterai de plonger pour le « fun », ce sera déjà bien suffisant ! Au passage, la discussion avec le divemaster fut assez cosmique : le dénommé Alex est Canadien, il parle français avec un accent absolument démentiel, et il fut excessivement difficile de ne pas exploser de rire en l’entendant répéter en boucle : « Tu vas juste vider ton taaaaank »… Et encore, ce n’était là que le premier contact auditif avec Alex. La réalité visuelle sera plus folle encore… Le soir, Victoria nous fait la cérémonie du kava pour marquer le coup avant notre départ demain matin.
La cérémonie du kava
Victoria a donc gentiment passé l’après-midi à broyer les racines, et nous voilà tous assis autour d’une belle vasque en bois ouvragé, où Victoria mélange la poudre de kava avec de l’eau. Je ne m’étais pas renseigné car je voulais me garder la surprise. Je croyais que le kava était un alcool, mais pas du tout, c’est « juste » une racine aux propriétés légèrement anesthésiantes, relaxantes et euphorisantes. L’effet du kava est réel mais léger1, j’imagine que c’est surtout le folklore et les traditions mystiques qui ont élevé le kava au si haut rang qui est devenu le sien pour le peuple fidjien. Si on adopte le point de vue de l’Européen blasé et sceptique, la cérémonie du kava revient principalement à boire des litres et des litres de flotte pendant des heures, condamnant l’infortuné à pisser toute la nuit. Si on se prête au jeu, la cérémonie revient à passer un bon moment en effectuant les gestes et en prononçant les phrases rituelles, en écoutant l’histoire des Fidji, et en se laissant doucement gagner par la torpeur. Les lèvres s’anesthésient un peu, on mâchonne alors de la mangue verte épicée (des pickles indiens, en fait, ils sont partout ces Indiens ! ^_^) pour se réveiller un peu ; on ne fait plus attention et on est immédiatement sanctionné par un « tsunami », c’est-à-dire par le devoir impérieux de boire d’un coup un énorme bol de kava. On se tortille, on va pisser pour la vingtième fois. L’orage éclate, nous obligeant à quitter la terrasse pour nous installer sur le tapis de la cuisine. Les tsunamis s’enchaînent, la discussion dérive sur le mariage homosexuel chez les Et même toxique pour le foie d’après certaines études. Lesdites études sont cependant controversées, et après avoir été interdit à l’export, il semblerait que le kava soit de nouveau autorisé (Lonely Planet). 1
Indo-Fidjiens (what the fuck ? o_O), je me lève pour pisser pour la trentième fois. Fatigués, remplis, nous allons nous coucher.
Moi, qui me prends un « tsunami » dans la gueule ^_^ !!!
1er mai Nuit très moyenne. J’ai dormi 4-5h à tout casser. On se lève tôt pour ranger nos affaires. Le taxi qui doit nous emmener au taxi-boat sur la plage est à l’heure. Victoria vient avec nous. On passe à l’aéroport avant pour changer le reste de notre argent (attention : les banques ne sont ouvertes qu’à des horaires assez limités). Le taxi nous dépose à l’heure à Wailoaloa Beach. La plage est sympa, mais l’eau est marron, boueuse. Exactement comme en Guyane, en fait. Comme le disent les guides (Lonely Planet et autres) : les eaux transparentes et turquoises sont à aller chercher dans les îles, pas sur le « continent » (Viti Levu). En fait, ce n’est qu’à moitié vrai : comme nous le verrons à la fin de notre séjour, il est possible de trouver sur Viti Levu des plages magnifiques aux eaux couleur lagon, du côté de Natadola. Mais pour le moment, nous voilà à Wailoaloa, à attendre notre taxi-boat. Nous ne sommes pas seuls, loin de là. Beaucoup de touristes attendent ici. Ces petits bateaux « locaux » depuis Wailoaloa sont une alternative aux gros bateaux qui partent de Port Denarau, et sont un peu moins chers (mais pas forcément de beaucoup). Les touristes sont principalement des Allemands, et des Suédois, généralement en tour du monde et/ou en excursion depuis l’Australie. Nous donnons notre voucher aux gérants : c’est un petit papier tout pourri, aisément falsifiable, qui atteste d’un pré-règlement partiel ou total, qui peut donner quelques
sueurs froides au moment de régulariser le reste-à-payer, car on peut légitimement se demander s’il sera reconnu le moment venu. La réponse est oui, il n’y a pas de soucis : nous avons beaucoup utilisé les vouchers pendant notre séjour, et nous n’avons jamais eu aucun souci. Ne pas les perdre, par contre… Le bateau est en retard. Les gérants nous disent que c’est pour bientôt. Dès qu’une coque de noix passe à l’horizon on nous dit que c’est bon, mais généralement non. C’est donc ici, sur Wailoaloa Beach, que nous avons notre premier contact avec le concept, absolument fondamental, du Fiji Time. Comprendre : la notion très relative du temps et le respect tout aussi relatif des horaires, « à la fijdienne ». Mais attention, car si le Fiji Time est généralement synonyme de retard, ce n’est pas une règle immuable. Dites-vous bien que même si le retard est la norme, un départ pile à l’heure (voire avec quelques sournoises minutes d’avance) ne saurait être exclu. Libre à vous de vous la jouer « cool », mais à vos risques et vos périls, car si vous aurez raison, disons, 90% du temps, vous pourriez bien vous faire avoir les 10% restants. Bref, se la jouer « cool » quand ce n’est pas très important, oui, mais quand il s’agit d’un bateau important, ne faites pas les malins. Bref, vous êtes prévenus ! Notre bateau arrive enfin : une simple petite coque en fibre de verre.
Départ pour Mana depuis Wailoaloa Beach
Nous prenons place lentement, au rythme du Fiji Time. On nous annonce finalement qu’il faut redescendre, car ils ont oublié l’essence. Premier faux départ, donc. Après quelques temps, nous remontons enfin à bord. Second faux départ : trop chargés, nous devons redescendre pour pousser. Nous voilà enfin à flots. Un des pilote nous dit de lui passer toutes nos affaires pour qu’il les mette sous la bâche car, dit-il, « You’re
gonna be wet. » Certains gardent leurs affaires, se disant que ça ne peut pas être si méchant que ça. Monumentale erreur…
Le bateau pour Mana, bien chargé !
Nous partons en trombe et, effectivement, nous en prenons « plein la gueule pour pas un rond » pour citer Fred de l’UCPA. Je suis du côté le plus exposé, et je me fais complètement latter la tronche. Je renonce à tenter de garder les yeux ouverts, et je galère même pour respirer tant je prends des kilos d’eau dans la gueule. Une (très) jolie petite Allemande se retrouve vite trempée de la tête aux pieds. Pour se protéger, elle tourne le dos aux vagues, exposant ainsi ses magnifiques et énormes attributs mouillés et moulés aux pilotes qui se gavent littéralement les yeux, la banane jusqu’aux oreilles… À mi-chemin, dans une mer déchaînée, notre embarcation en retrouve une autre. On leur refourgue tout un tas de bagages, car nous sommes vraiment trop chargés, ce qui explique en partie cette furieuse baston avec Dakuwaqa (le dieu-requin fidjien, gardien de l’entrée dans les îles, tout ça). Sacs, œufs, bières, guitares se trimballent ainsi gaiement, manquant souvent de tomber à l’eau. Plus légers, nous repartons. Les choses se calment un peu. Il fait beau, l’eau est d’un bleu profond, nous croisons des minuscules petits îlots, parfois couverts d’une poignée de cocotiers. C’est fabuleux. C’est ce que nous sommes venus chercher. Nous arrivons enfin sur l’île de Mana, après 1h15 de traversée. L’arrivée se fait en slalomant entre les récifs, en suivant scrupuleusement les balises. L’île est magnifique, la plage est enchanteresse. C’est le choc. Nous sommes logés au Mana Lagoon Backpackers, un petit « campement » très sympa.
Un enfant sur la plage, à Mana
Ici, il n’y a quasiment que des jeunes, un grand dortoir, quelques bungalows en dur (nous en avons un pour nous trois), une grande paillotte-bar-restaurant, des hamacs, des parasols, quelques matelas gonflables, le tout les pieds dans l’eau et collé à un petit village. C’est vraiment super sympa. Nous déjeunons d’un sandwich à la saucisse de mouton et au ketchup. Ça n’est pas fabuleux, mais c’est ainsi : la bouffe dans les îles est assez cher, rationnée (il y aura quelques moments « difficiles » lors du séjour ^_^) et servie à heures fixes (ne pas trop compter sur le Fiji Time pour ce qui est de la bouffe : mieux vaut être à l’heure, sinon vous risquez de n’avoir plus rien à manger !). Après le déjeuner, nous déposons nos sacs dans la piaule : simple, trois lits, une douche, avec une ampoule et un ventilo mais à heures strictes, l’électricité étant produite par un groupe électrogène pendant quelques heures le soir et le matin.
Notre bungalow à Mana
Une fois en possession des lieux, nous nous mettons à l’eau pour notre première session snorkeling. Il est 14h45 lors de la mise à l’eau : cela fait quatre jours pile que j’ai quitté mon appart en banlieue. C’est con, mais pour moi, ça compte ! Mais bon, ce premier bain dans le Pacifique Sud n’est pas fabuleux : l’eau est trouble. Nous sortons à peine de l’hiver, il y a encore un peu de vent et quelques précipitations, l’eau n’est donc pas encore tout à fait limpide. Et puis, c’est marée basse, donc c’est un peu la galère pour atteindre le lagon sans se démonter la gueule sur les coraux. Mais nous savons que ce n’est que partie remise. On sèche tranquillement au soleil, puis on part marcher sur la plage. Un gentil petit chien se joint à nous – il ne nous lâchera guère pendant tout notre séjour sur Mana ! Je laisse mes deux acolytes brûler au soleil pour aller flâner dans le village. C’est petit, on en a vite fait le tour. C’est clairement le tiers-monde, mais il n’y a pas vraiment de misère, ni de problèmes d’hygiène. Les poubelles sont brûlées dans un trou, au pied de la colline. Je retourne sur la plage, puis j’entreprends l’ascension d’un petit pic. Ce n’est pas très haut, mais les herbes sont ultra hautes, il fait über chaud et je suis en tongs. Je prie pour ne pas tomber sur des herbes coupantes ou atrocement urticantes, comme ces contrées savent aussi brillamment en inventer. J’arrive au sommet en nage. C’est magnifique. Le village est hors de vue, le continent aussi. Je vois juste la plage, les cocotiers, et une île au loin. Absolument divin.
Sur les hauteurs de Mana
Je redescends au campement, et je demande Tuks, le moniteur de plongée de Vince et Antho. Il n’arrivera que demain, mais je rencontre enfin Alex, le divemaster canadien. Et là, c’est le choc. Son accent est
toujours aussi fort, et j’ai en plus en face de moi un type tout mince, au style rasta, avec des grandes dents jaunes et des dreadlocks extrêmement longues (et manifestement peroxydées il y a quelques siècles…). Alex est vêtu d’un simple pagne (transparent) aux couleurs bariolées. Déconcertant, le mec. (Je suis profondément mortifié de ne pas avoir de photos de lui.) Mais très sympathique, au demeurant. Il met Vince et Antho devant les cours vidéos ainsi que devant leurs bouquins, pour qu’ils puissent commencer leur formation. C’est un peu l’arrache, mais bon, c’est ainsi. Nous prenons une bière pour l’apéro. Le choix est restreint : Fiji Gold ou Fiji Bitter. La Bitter porte bien son nom : amère, elle ne m’emballe guère, mais il faut tout de même l’avoir goûtée. Il en coûte 8F$ pour une bouteille de 50 cl. C’est environ deux fois moins cher qu’à Paris… Le dîner, servi sous la paillote, se compose d’un ragoût de bœuf qui, sans être fabuleux, est tout de même tout à fait correct. Je commence Drood 2, de Dan Simmons, un bon gros pavé de lecture. C’est vraiment pas mal. Vince a réussi à boucher les chiottes avec un étron titanesque dont seul lui a le secret. La grande classe internationale. Les « techniciens » du village galèrent pour remettre en marche les canalisations… On se couche ultra tôt – c’est souvent le cas lors de ce type de voyage, où l’on vit littéralement avec le soleil. 02 mai La nuit fut excellente. On aura pioncé de 21h à 05h30. Je trouve ça « amusant » de constater que, une fois de plus, mes problèmes d’insomnie sévère que je rencontre en France se résolvent souvent facilement lors d’un voyage à l’étranger. Bref. Avec Vince, on enfile nos maillots et on part faire l’ascension de la colline pour profiter du lever de soleil sur le Pacifique. L’ascension est facile, la colline n’est pas super haute. Les clébards du village nous accompagnent, c’est assez sympa, et le lever de soleil poutre bien sa mère comme il faut. Sur la crête, dans le vent et au milieu des herbes hautes, on a vraiment l’impression d’avoir trouvé le Monde Perdu. On redescend tranquillement vers le village, où l’on rejoint Antho, pour une petite session snorkeling. Pour une raison qui restera à jamais inélucidée, les clébards ne veulent pas lâcher Antho d’une semelle, ils le poursuivent jusque loin dans l’eau, c’est assez démentiel. Il en sera quitte pour quelques griffures… Après le bain, nous nous installons sur une belle table face à la mer pour le petit-déj. C’est vraiment sympa : crêpes-ananas-café-thé-gâteauxL’étrange histoire, romancée, du meilleur « ami » de Charles Dickens, un délire impressionnant dans le Londres victorien, perdu dans les fumées d’opium et les nuages de laudanum. Un roman-trip délirant, passionnant et absolument dément. 2
caramel, mais ça manque de jus de fruits (même d’un truc à base de sirop industriel, je ne suis pas vraiment difficile). Il est 9h. Nous avons encore deux heures à tuer avant l’arrivée de Tuks. Et encore, ça, c’est sans compter le Fiji Time… Le campement est peuplé de Suédois, d’Allemands, de Danois, de Croates et d’Anglais. Nous sommes les seuls Français. Un écran télé diffuse Bayern-Barça dans la paillotte. Quelques Anglaises bronzent avec leur iPad. C’est assez conceptuel… Tuks arrive enfin. Presque à l’heure ! Il réceptionne les deux affreux (Vince et Antho), tandis que je pars plonger avec Alex à Turtle Head. On charge le matos, puis on saute dans une coque alu, direction le spot. C’est vraiment pas loin, on y est en quelques minutes. Il fait un beau temps insolent, la mer est belle et calme. On descend à trente mètres, dans une eau à la température délicieuse, mais malheureusement encore un peu trouble. La plongée, d’une durée de 41 minutes, est tout de même très belle, on croisera notamment deux superbes tortues pas du tout farouches. On rentre à la plage, pile pour l’heure du déjeuner. Je glande un peu, pendant que les deux autres commencent leur Open Water. J’avance tranquillement dans Drood, à l’ombre des cocotiers, en me balançant dans mon hamac. Je tente une « figure » et je finis totalement à la renverse. Anna, une jeune Croate qui fait aussi de la plongée, n’en a pas raté une miette, et se fout copieusement – mais gentiment – de ma gueule.
La vie est excessivement dure, à Mana
L’après-midi, deuxième plongée avec Alex, cette fois-ci sur le site de Tua Nuka, de l’autre côté de l’île, juste devant la somptueuse Sunset Beach. Tuks et les deux affreux sont là aussi, mais eux vont faire des exercices
en eau peu profonde, pendant qu’Alex et moi on cherchera des requins un peu plus profond. Malheureusement, l’eau est encore plus trouble que ce matin, et il y a pas mal de méduses qui niquent bien la gueule. Heureusement, on voit quand même quelques requins, et il y a de jolis coraux en forme de « parachute ». Mais la plongée (45 minutes, profondeur maximale 20 mètres) n’est pas spécialement mémorable. Je me dis que je vais attendre quelques jours avant mes prochaines plongées, histoire que l’eau soit un peu plus claire. Retour au campement, lecture, bière. Bref, tout va bien. On discute avec quelques Français du camp d’à côté, qui eux aussi doutent de l’intérêt de plonger avant encore quelques jours. Dîner. Je me couche de très bonne heure : 19h30…
Antho, en mode artiste, sur Mana
03 mai Très bonne nuit pour ma part : dix heures de sommeil ! Je rattrape de ma fatigue française et de la fatigue du voyage ! Avec Vince, on se lève à 06h40, et on décide de marcher jusqu’à la plage de l’autre côté (pas Sunset Beach, une autre, et elle s’avère infiniment moins belle). Je poursuis Drood pour tuer le temps avant le petit-déj. (J’insiste : emmenez de la lecture aux Fidji. Ou des conneries sur votre iPad. Ou des jeux de carte. Ou autre, mais prévoyez quelque chose, car dans les îles, on a vite fait de s’ennuyer. C’est peut-être le paradis mais, justement, au paradis, on a vite fait de tourner en rond !)
Vue depuis la paillotte du Mana Lagoon Backpackers
Énorme petit-déjeuner. Petite session snorkeling de bon matin, puis on se hisse sur le grand ponton qui coupe la plage en deux, pour faire de grands sauts dans la mer. Mais apparemment, c’est interdit : un type intervient et nous dégage. J’en profite pour préciser que, sur l’île de Mana, il y a trois installations hôtelières : la nôtre, Mana Lagoon Backpackers, Ratu Kini’s Backpackers dans le même style et, enfin, le Mana Island Resort, qui est un truc beaucoup plus « classe » mais aussi beaucoup plus cher et finalement beaucoup moins sympathique. Alors, oui, le Mana Island Resort est étalé sur un terrain gigantesque et paradisiaque, il est très « beau », il propose des appartements de luxe, il a un terrain de golfe avec voiturettes électriques, il a sa propre piste d’aviation et il est le plus proche de la sublime Sunset Beach, mais bon, globalement, ce sont des gros cons qui s’enferment derrière un grillage et qui engueulent les pouilleux que nous sommes dès qu’on s’approche un peu trop de leur ponton. Bref. Méditation sur la plage. Je progresse dans Drood, qui me fait faire des rêves étranges. Anna me rejoint. Elle est en train de passer le Rescue Diver avec Tuks. Elle m’explique qu’elle n’est pas totalement convaincue par le personnage. Je la regarde faire ses exercices, elle galère sa mère à devoir traîner Tuks sur la plage, lui qui est énorme et elle toute frêle… Toujours est-il qu’Anna me fait remarquer que j’ai la gueule toute rouge et pleine de boutons. C’est pas faux. J’ai dû me faire piquer par je ne sais quoi. Enfin, ce n’est pas douloureux, c’est l’essentiel.
Pas de plongée pour moi aujourd’hui, l’eau est trop trouble. Je préfère glander un peu. Arrive l’heure du déjeuner, qui s’avère excessivement light aujourd’hui. Antho est au bord de la crise de nerf. Il achète des Croustilles pour compenser… Pendant que lui et Vince reprennent leurs cours d’Open Water, je décide de faire le tour de l’île jusqu’à Sunset Beach. Je parviens à me faufiler sur le terrain du Mana Island Resort sans me faire expulser. Je n’ai pas trouvé les fameuses statues d’une émission de téléréalité de type Survivor qui sont censées être dans le coin et accessibles, mais la balade était assez fabuleuse. Très belle côte, parfois rocheuses, parfois sablonneuse, avec des petits bungalows avec jardin du Resort qui sont, il faut bien l’avouer, vraiment beaux. Le soleil tape, l’eau est d’un bleu absolument magnifique. Je me baigne dans chaque anse. Je communie avec la plage. Je me roule sur le sable brûlant, je me jette dans les vagues transparentes. J’arrive enfin à Sunset Beach, et là, c’est une nouvelle fois le choc (les photos ne rendent pas justice à la beauté de l’endroit).
Sunset Beach
La plage est longue (un bon kilomètre je dirais), joliment courbée. Le sable est démentiellement fin et délicieusement brûlant, d’un blanc parfait. L’eau est tellement bleue et transparente qu’on n’ose y croire. Il y a quelques vagues qui permettent de faire du body. C’est merveilleux. Une jolie végétation bien verte borde la plage et masque la piste d’aviation (qui n’est absolument pas une gêne, pas un seul avion ne s’y est posé pendant tout notre séjour). Il n’y a quasiment personne. Le silence est total, à part la légère brise dans les arbres et un rouleau de temps en temps. C’est vraiment somptueux. Je me régale dans les vagues, puis je marche jusqu’au bout de la page, où j’exhume un grand sapin de Noël en plastique, que je redresse sur le sable. Drôle d’ambiance. Je retourne à l’ « entrée de la plage ». Entre temps, ceux que j’appelle les « Illuminés » sont arrivés. Cette appellation quelque peu étrange nécessite évidemment une explication. La voici : à notre campement, il y a un couple (des Italiens je crois) qui passe absolument tout son temps à scier et à poncer des noix de coco. Ils ont chacun leur scie et, du matin au soir sans discontinuer, ils coupent des cocos pour faire des cœurs, des étoiles ou des petits animaux. C’est mignon tout plein, mais, outre le bruit de scie qui devient un *tantinet* fatigant à la longue, je m’interroge : pourquoi venir ici, sur l’une des plus belles îles du Pacifique Sud, pour passer absolument tout son temps à poncer des cocos ? Je veux dire, ce sont des touristes, ils viennent d’Europe, ils ont traversé la moitié de la planète pour venir ici, et ces cocos ne sont de toute évidence pas leur gagne pain, alors : pourquoi ? Je ne sais pas. J’aurais pu leur poser la question, bien sûr. Mais je me suis dit que je ne comprendrais probablement pas leur réponse, tant cela défie l’entendement. Et puis, surtout, comme l’a si bien analysé Antho : « Ça casserait le mythe. » Bref. Au rythme des coups de scie et des vagues, je glande et je reprends ma lecture de Drood, en savourant l’infinie beauté de Sunset Beach, qui n’a pas usurpé son nom : le soleil descend sur la mer, c’est assez transcendant. Et là, arrivent des jeunes demoiselles très joliment habillées, avec des Fidjiens en costumes traditionnels. Je comprends vite qu’il s’agit d’un mariage. Il faut avouer que ça a de la gueule, ici. Les mariés sont sous une magnifique tonnelle de fleurs, le coucher de soleil n’est pas loin de poutrer tout ce qui a jamais pu se faire en la matière. Les chants fidjiens sont très beaux eux aussi. Je fais un peu de photo bombing, torse nu et avec mon maillot orange fluo dans une assemblée de costards et de petites robes blanches à froufrou. Après la cérémonie, je décide de me rentrer. J’ai la flemme de refaire le tour de l’île, surtout de nuit. Je coupe donc par la piste de l’aéroport, qui n’est qu’une très longue étendue gravillonnée dans la jungle. C’est moins
joli, mais de nuit on s’en fout, et puis c’est surtout beaucoup plus rapide que de refaire le tour. D’étranges et énormes oiseaux noirs volent audessus de la piste. Leur technique de vol m’interpelle. Je me rends compte qu’il s’agit en réalité de chauves-souris absolument titanesques. C’est assez impressionnant. De retour à la piaule, je tente de prendre une douche, mais elle celle-ci est cassée. Je remplis donc une bouteille dans l’évier, et je me douche au goulot. Ça me rappelle un peu mon séjour en Inde… Grande bière bien glacée pour l’apéro. Je glande tranquillement en regardant Vince et Antho disputer un match de volley.
Le terrain de volley du Mana Lagoon Backpackers
C’est l’heure du dîner et, une fois de plus, ce sera frugal. Un connard d’Australien parvient à chourer une assiette de rab. Sur le moment, je lui voue une haine sans bornes. Comme quoi, la bouffe, ça peut vraiment rendre complètement dingue parfois… Antho me raconte sa mésaventure du jour : pendant l’exercice de la R.U.C. (Remontée d’Urgence Contrôlée), il a eu un problème de décompression dans l’oreille, et a donc perdu le sens de l’équilibre (ce sont des choses qui arrivent). Arrivé en surface, sa vision déconnait complètement, il voyait le bateau partir à la verticale. Et Tuks, l’instructeur, plutôt que de l’aider, de la rassurer et de lui expliquer ce qui lui arrivait, eh bien… il se foutait de sa gueule car il trouvait ça très drôle. En résumé, Tuks, il est bien sympa mais, vraiment, il ne me semble pas être un instructeur de grand niveau. Anna me disait la même chose, apparemment il y a plein de trucs avec lui qui l’ont saoulée. (Du haut de
mon humble Advanced Open Water, je ne déconseille pas spécifiquement de plonger avec lui qui a quinze ans de métier, ni de se former avec lui, mais disons qu’il y a probablement de meilleures options.) Je rentre à la chambre. Après m’être lavé les mains, je referme le robinet, qui explose littéralement et balance de la flotte plein la piaule. J’essaie d’arrêter le truc, mais pas moyen. Du coup, je cours jusqu’à la paillotte chercher un membre du staff. Un des types me dit qu’il viendra « plus tard ». Je lui dis que non, vu le débit, c’est pas « plus tard » qu’il faut venir, mais maintenant. Devant son manque d’intérêt manifeste, j’insiste. Il accepte de venir, mais assez franchement à reculons. Arrivé dans la chambre, il regarde le truc, bloque un instant, puis laisse échapper un « Oh, man… » qui restera à longtemps gravé dans ma mémoire ^_^. Avec un collègue, il se presse pour réparer le truc. Ça leur prend bien quinze minutes. Heureusement, la partie de la chambre où se trouve l’évier est légèrement en pente, ce qui fait que l’eau n’a pas envahi nos affaires. Bref, c’était amusant… Retour à la paillotte : ce soir, Bosko (le gérant) nous raconte l’histoire des Fijdi en général et de Mana en particulier. C’est sympa, marrant, intéressant. Les « Fuck, Yeah ! » de Bosko ont beaucoup de succès ^_^. Les filles de l’équipe se lancent ensuite dans un spectacle de danse, puis les mecs jonglent et crachent le feu.
Les danseurs et cracheurs de feu du Mana Lagoon Backpackers
C’est un petit spectacle local, sans beaucoup de moyens, mais c’est vraiment très sympa, on sent qu’ils y mettent tous beaucoup de cœur. Pour le final, Bosko reprend la main et nous apprend la Bula Dance. C’est une espèce de gesticulation un peu ridicule, vaguement calquée sur la Macarena, mais c’est assez amusant. Les « Fuck, Yeah ! » de Bosko résonnent dans la nuit… (Note : cette Bula Dance, que je pensais être une pure invention de l’esprit malade de Bosko et limitée à Mana est en fait pratiquée dans tous les campements des îles du coin.) Nous décidons d’aller nous coucher. Une fois dans la piaule, les filles d’à côté (des Suédoises) se mettent à hurler. N’écoutant que son « courage », Vince se porte à leur secours. La raison de tels hurlements ? Un énorme rat se baladant tranquillement dans leur chambre… Oui, il y a des rats dans les campements aux Fidji. Mais bon. 04 mai Après une nuit courte mais bonne, je pars me balader dans le village. Au lever du soleil, on entend quelques très beaux chants fidjiens. Je prends quelques longues minutes pour observer les chiens du village qui pêchent sur la plage à marée basse. C’est très amusant, ces braves toutous sont exceptionnellement efficaces à ce petit jeu ! Je me rends à l’église car, même si je ne suis pas du tout croyant, j’aime beaucoup les chants polynésiens et j’ai cru comprendre que l’on chantait beaucoup par ici dans les églises, un peu comme le gospel aux ÉtatsUnis. Mais c’est raté : le service est terminé. Dommage.
Petit-déjeuner. Bosko fait la tournée des gens, il nous explique qu’il organise une fête pour l’anniversaire d’une des deux Suédoises. Pour 15F$ par tête, il y aura du punch à volonté et un gâteau. L’attention est sympathique, le prix est tout à fait raisonnable, bref, nous sommes preneurs ! Le vent a fini par tomber. Alex m’explique que l’eau est de nouveau bien transparente. Fuck Yeah comme dirait Bosko ! Nous irons donc plonger au « Supermarket ». Le spot de plongée s’appelle ainsi car, paraît-il, on y trouve absolument de tout, et on peut donc presque aller y faire ses courses, comme au supermarché ^_^. Je croise Anna qui est de plus en plus remontée contre Tuks (mais je ne rentrerai pas dans les détails). C’est l’heure de la plongée. Mais aucune trace d’Alex. Avec Anna, on va le traquer jusque dans son antre : une piaule pourrie paumée quelque part dans les méandres du fond du village. On bourrine à sa porte. Pas de réponse. Anna décide carrément de rentrer. On découvre Alex, en train de ronquer peinard. Anna le secoue gentiment. Pas de réaction. Elle le secoue donc violemment, et là, notre rasta préféré se réveille avec un « What the fuck, man ? » ^_^. Bref. On peut y aller ! Notre petit groupe monte sur le bateau, et c’est parti. Anna est de la sortie, même si elle se contentera de faire du snorkeling. Le trajet en bateau est assez court, mais c’est toujours aussi beau. La profondeur du bleu de l’eau est enchanteresse… Le soleil est au zénith. C’est fabuleux. Nous nous glissons dans l’eau avec délice. La visibilité est exceptionnelle, et les tombants du Supermarket sont vraiment classes.
Plongée au Supermarket, Mana (La photo n’est pas de moi, mais la mise à l’eau au Supermarket c’est bien ça !)
Très vite, nous croisons des requins assez balèzes, ainsi que de grandes murènes. Une des filles de notre groupe galère pas mal avec son équilibrage, Alex est obligé de la recadrer toutes les deux minutes. Mais je m’en fiche, ce n’est pas trop pénible, tant il y a à voir ici. On remonte tranquillement après 46 minutes sous l’eau et une profondeur maximale de 22 mètres. Retour un peu tardif au campement. Apparemment, on est en plein Fiji Time : le déjeuner n’a pas encore été servi. Antho, affamé, est au bord de l’évanouissement. En plus, avec Vince, ils galèrent pas mal sur leurs tests écrits pour l’Open Water. La vie est dure, aux Fidji… Le déjeuner finit heureusement par arriver, mais aujourd’hui, il n’y a pas de jus (en fait, c’est du sirop, mais ça fait quand même bien plaisir quand il y en a). Anna a fait venir des fruits par bateau depuis le « continent » et revend tout ça sur la plage. Ça fait un peu « marché noir » ^_^… Je retourne à Sunset Beach pour y passer l’après-midi à lire et à glander. La vie est excessivement difficile, ici. Encore un mariage sur la plage. Décidément… Je reviens en fin de journée. Sur la piste de l’aéroport, l’air est doux et sent très bon. Je suis pris d’une délicieuse torpeur. Je reste là de longues minutes, à observer les énormes chauves-souris. Sur le chemin, en passant devant le Ratu Kini, je tombe sur une portée de petits chiots *absolument* trop choux. Je reste jouer avec eux une bonne heure. Un vrai bonheur ! Retour à la piaule. Pas d’eau pour la douche. Bon, tant pis. Dîner sympathique, avec des chants fidjiens qui font bien plaisir. Antho et Vince passent leurs tests finaux, et… ils échouent. Ils devaient vraiment être claqués, parce que ce n’est pourtant vraiment pas difficile. À leur décharge, les tests sont interminables, à chaque fois qu’on pense que c’est fini, en fait, il y en a encore, et Tuks ne leur a pas expliqué précisément comment cela se passait. En gros, ils ont tout donné sur les premiers tests, puis ça les a saoulés, et ils ont bâclé le test final (le seul qui compte, bien évidemment). Bref, ils sont bons pour repasser une série de tests demain ! C’est la soirée anniversaire. On boit du punch, pendant que les Fuck Yeah de Bosko fusent au gré de son histoire des Fidji. Puis il demande à quelques campeurs de venir présenter leur pays. (En fond sonore, ça scie et ça ponce des cocos.) On avait prévu de sortir la bouteille de pif pour l’Open Water des affreux, mais comme ils ont loupé leur test, ça attendra demain. On chante le traditionnel Happy Birthday pour la Suédoise. Puis c’est l’heure du gâteau. Bosko, avec sa maladresse légendaire, en renverse la moitié sur le sol sableux de la paillotte…
Je bois encore quelques punch sous le magnifique ciel étoilé, puis je vais me coucher. Vince, lui, fera la fête jusque tard dans la nuit ! 05 mai Bonne nuit pour ma part. Vince, lui, est *un peu* fatigué : il a fait la fête toute la nuit. Au petit-déj, je croise une Anna éteinte et fatiguée, avec des lunettes de soleil un brin suspectes. Elle me dit qu’elle a picolé comme une sauvage, et elle ne veut pas que Tuks la voit dans cet état car elle doit plonger ce matin. On négocie avec Bosko pour rester deux nuits supplémentaires pour qu’Antho et Vince puissent terminer leurs Open Water – et aussi parce que Mana, c’est vraiment sympa. Rester sur Mana ne pose pas de soucis, en revanche, il faut annuler notre réservation sur South Sea Island (un minuscule caillou perdu dans le Pacifique) et décaler nos autres réservations. Bosko s’en occupe au téléphone, tout se passe bien, nous ne perdons pas d’argent dans l’opération. Notez qu’à Mana Lagoon, il existe le « Pay 4, Stay 5 » qui permet de rester 5 jours pour le prix de 4, mais nous ne pouvons pas en profiter : il faut le prévoir dès le début. Ce n’est pas bien grave. Pendant que les autres reprennent les cours de plongée, je fais un peu de snorkeling, puis je retente ma chance : je redemande où est l’église, car, comme je l’ai déjà dit, même si je ne suis pas religieux pour un sou, j’aime bien le folklore insulaire religieux, et les chants polynésiens sont souvent magnifiques comme j’ai pu le voir en Polynésie (voir également la bande-originale de La Ligne Rouge, de Terrence Malick). Un fidjien du village me montre le chemin, en me disant que je dois « rencontrer le Seigneur ». L’église des 7th Day s’avère fermée. Qu’à cela ne tienne, direction la seconde église, qui, elle, est ouverte. Sur une pancarte, il est écrit « Jisu Karisito ». J’aime beaucoup cette orthographe du Seigneur ^_^ ! L’église n’est finalement qu’une petite salle avec un toit en tôle qui fait peut-être de l’ombre, mais qui se comporte surtout comme un four. Nous sommes tous assis sur le sol. Il y a principalement des locaux, mais je ne suis pas le seul touriste. Le prêtre est habillé d’une épaisse veste noire, d’une cravate rouge brillante et d’une chemise verte. Il a l’air d’avoir horriblement chaud dans son accoutrement… L’assistance chante faux. Il y a aussi beaucoup d’enfants, qui pleurent sans discontinuer. Bref, moi qui espérais être porté par la ferveur fidjienne, je suis assez déçu. Tout ça m’emmène tranquillement jusqu’à l’heure du déjeuner. Nous retrouvons Diana, venue passer la journée sur l’île. Elle est venue avec Mitch, que nous rencontrons donc enfin. Mitch est accompagné d’une
Australienne quinqua complètement refaite, au demeurant très sympathique. Vince et Antho valident enfin leur Open Water, sans soucis. Nous apprenons qu’Anna et Christine (une « volontaire » allemande intégrée au campement) sont ensembles. Vince et Antho sont presque outrés (surtout déçus, en fait ^_^), moi ça ne me touche pas plus que ça. L’après-midi, je refais un tour de l’île jusqu’à Sunset Beach. Le soir, nous décidons d’aller au restaurant du Ratu Kini. Je bois des coups avec Mitch, qui nous fait découvrir le Bounty Rhum. C’est assez costaud… Je demande à Mitch comment on dit « gros gay » en Fidjien, ce qui me sera très utile pour nos futures insultes entre potes ^_^. Apparemment, ça se dit « Vakasa Lao Lao » (transcription phonétique approximative par mes soins). De retour à notre campement, je discute un peu avec la « copine » de Mitch, très intéressante – et surtout, manifestement, très intéressée… Elle me paie des coups et me fait des avances. Je laisse les choses glisser ; Mitch n’en a manifestement rien à carrer. Drôle d’ambiance. Je recroise la petite Française, qui semble totalement paumée et vit en recluse dans sa piaule. Bien bourré, je me laisse entraîner dans une interminable kava party dans les cuisines du Mana Lagoon. Bref, drôle de night. 06 mai Courte nuit, gros mal de crâne. J’ai perdu mon pantalon. Je ne sais pas *du tout* comment. Mes deux compères sont évidemment persuadés que j’ai été avec la copine de Mitch et que, dans le feu de l’action, j’y ai laissé mon pantalon. Cette histoire alimente les rumeurs les plus folles. Mais je suis catégorique : ce n’est pas le cas. En revanche, j’avoue ne pas avoir d’explication rationnelle à la disparition de mon pantalon… Et puis, je suis vraiment vaseux. Au petit-déj, ni jus ni eau fraîche, et ils n’ont plus de Coca-Cola non plus. Je suis donc condamné à cuver à l’eau chaude, et je peux vous dire que c’est *vraiment* pas marrant. J’ai aussi paumé mon sac, avec ma thune, mon téléphone, tout. Putain, j’ai picolé à ce point ? Je retourne au Ratu Kini : ils n’ont rien trouvé. Je vais voir le staff du Mana : ils ont effectivement retrouvé mon sac au petit matin sur la plage. Tout y est. Bref, tout va bien. Je glande pour me remettre de ma nuit. Je chope un matelas gonflable, je m’enduis d’huile solaire, et je vais cuire au soleil, à la dérive sur l’océan. Hier, nous avons dû payer le resto et le bar en liquide, car la carte ne passait pas – alors qu’on s’était justement permis cet extra car on pouvait en théorie payer par carte. Du coup, notre réserve de cash s’amenuise dangereusement. Faites très attention : dans les îles, il n’y a pas d’ATM,
et peu d’endroits acceptent les cartes, et même quand c’est le cas, souvent, les cartes ne passent pas. Donc, vigilance, sinon vous risquez d’être bloqués et de ne plus pouvoir rien faire. Astuce : sur le gros bateau qui fait la navette, les cartes fonctionnent. Ne payez donc vos tickets qu’en carte, gardez votre cash pour le reste. Sur le bateau, vous pouvez également réserver des campements ou des activités, et vous pouvez parfois le faire par carte. Donc, optimisez. Antho et Vince ont cramé au soleil. Antho est rouge comme un homard, et Vince n’est guère mieux…
Vince, en train de méditer (et, surtout, en train de cramer)
La journée se termine comme elle a commencé : en glandant. On ouvre le pinard pour fêter l’Open Water des affreux. Le soir, Bosko raconte des histoires à dormir debout, notamment celle d’un requin gigantesque (15 mètres) se battant avec une raie ou une pieuvre (je ne sais plus trop). Mouais mouais mouais… 07 mai Levé 06h30, car nous quittons Mana aujourd’hui. Le petit-déjeuner est servi à l’arrach’ en avance, juste pour nous. Les crêpes sont ultra bonnes. On embarque dans un petit bateau de pêcheur, même modèle qu’à l’aller : une simple coque en fibre de verre. Rémy, un autre Français, se greffe à nous. Il est en tour du monde depuis plusieurs mois. Il a travaillé en Nouvelle-Zélande pendant quelques semaines, attendant que la saison des typhons s’arrête pour venir aux Fidji. La mer est un peu agitée, et nous allons vite. Assis au fond du bateau, nous subissons en silence les assauts de la coque qui nous défonce la rondelle à chaque vague (Rémy laisse échapper des cris tout à fait caractéristiques de rupture anale ^_^). Des bidons vides sautent dans tous les sens et finissent souvent leur course dans nos gueules. Nous arrivons enfin à South Sea Island, qui n’est effectivement qu’un minuscule îlot perdu : quelques cocotiers, une plage, un bar et une paillote. Le Lonely Planet dit qu’on peut en faire le tour en deux minutes, et cela semble bien être le cas. Mais pas moyen de le vérifier : nous ne
débarquons pas. En revanche, nous changeons trois fois de bateau avant de reprendre notre périple jusqu’à Kuata, notre prochaine étape.
South Sea Island
L’un des bateaux est à coque transparente, ce qui permet d’observer sous l’eau, mais là où il est stationné, il n’y a pas grand-chose à voir. Et puis, ça fout quand même bien la gerbe…
Le bateau à coque transparente devant South Sea Island
Vince se bat avec sa GoPro qui ne marche absolument pas – elle nous aura fait chier jusqu’au bout : nous ne ramènerons que quelques films, et pas forcément les plus importants. Le grand bateau qui fait la navette est un gros catamaran climatisé, très touristique, qui nous change des bateaux de pêcheurs. Nous arrivons sur Kuata à la mi-journée. C’est marée basse. Rémy descend là aussi. Le transfert se fait avec un petit bateau de pêcheur, et nous sommes accueillis sous un soleil de plomb par un comité très typique de chants et de fleurs, terminé par un grand bula !
Arrivée à Kuata
Kuata est une très belle petite île, séparée de sa grande « sœur » Wayasewa (aussi appelée Wayalailai : « Petite Waya ») par un petit isthme. Nous logeons au Kuata Natural Resort, seul campement de l’île, qui propose comme partout un dortoir ou des bungalows (bure). Nous sommes dans un grand bure pour trois, c’est très bien. C’est l’heure du déjeuner, nous rencontrons un couple de quadras Français qui nous explique que, Kuata, c’est très sympa… mais qu’on s’y fait quand même globalement un peu chier ^_^. C’est vrai qu’il n’y a pas grand-chose à faire, ici. Par exemple, il n’y a pas de club de plongée. Pour ça, il faut aller à l’hôtel Octopus, sur Wayasewa. Qu’importe : le site est parfait pour le snorkeling, on y voit des choses assez fabuleuses, même s’il faut attendre la marée haute (à marée basse, franchir les coraux sans se blesser peut se révéler assez compliqué). Les pêcheurs proposent une petite excursion en bateau pour aller voir des requins. Ce n’est pas hors de prix du tout mais nous préférons garder un peu d’argent pour pouvoir plonger sur les autres îles.
Des enfants mignons tout plein, à Kuata
Il y a une grande et belle plage de sable blanc juste devant les bure et, à cinq minutes à pied, il y a une autre plage, mais ce sont des galets, ce n’est pas très propre, et la mer y est agitée. Rien de très intéressant de l’autre côté, donc. Il y a aussi un terrain de volley. Et c’est à peu près tout !
Le terrain de volley de Kuata, très couleur locale !
Ici, deux sessions snorkeling, une petite rando de dix minutes et un match de volley constituent déjà une énorme journée. Je suis content d’avoir mon pavé de roman. Hmmm, douce glande sur un joyau du Pacifique Sud… Kuata, c’est un peu comme Mana, mais en plus tranquille : moins de monde, moins jeune, plus petit, moins d’activités. C’est très bien quand même, mais je ne recommande pas d’y rester trop longtemps. Petite variation par rapport à Mana : vers 15h, un thé est servi. Boire un thé brûlant en plein cagnard n’est pas forcément la chose la plus intéressante
qu’on puisse imaginer, mais bon, comme on l’a dit, il n’y a pas grandchose à faire, ici : on vit au rythme des repas et des « activités », alors, un « repas » en plus, c’est toujours ça de pris !
Fin de journée à Kuata
Magnifique coucher de soleil. Petit kava de bienvenue, légèrement anesthésiant. Le dîner est excellent, et est suivi d’un petit spectacle bien sympa où, comme toujours dans ces îles, tout le staff du campement y met du sien. Le « chef d’orchestre » est un petit gros parfaitement ridicule, mais c’est folklorique. Il y a aussi un petit vieux avec une ceinture rose délicieusement kitsch, et la cuisinière transformée en danseuse est un must-see.
08 mai Nous nous levons à 7h pour ne pas rater le petit-déj, car comme je l’ai dit, les repas structurent tout ici, et le couple de Français nous a mis en garde : à 7h15 il n’y a déjà plus rien. Le petit-déj, c’est une espèce de Blitzkrieg dans le Pacifique, en somme (et je ne fais pas cette métaphore militaire simplement parce que nous sommes le 08 mai, jour de l’armistice). En gros, à Kuata, on se lève en trombe à 7h, puis à 7h15 c’est plié, et on attend patiemment le déjeuner. Puis on attend patiemment le thé (vous commencez à comprendre à quel point le thé peut devenir stratégique). Puis le dîner. Et comme on a encore faim, on attend le petit-déj. La boucle est bouclée. Bon, j’exagère un peu, bien sûr, mais c’est quand même un peu l’idée. Entre temps, on nage, on fait du snorkeling, on tente un volley, on tente un tour de l’île, etc.
La plage de Kuata
Le petit-déj du jour : des pseudo-pancakes, qui ressemblent plus à des beignets. Pas mauvais, mais ils ont un arrière-goût de poisson et on sent que l’huile de friture est fatiguée (et donc que c’est probablement la même que celle utilisée pour le poisson d’hier soir, ceci expliquant cela). Je finis mes pancakes au poisson en avisant trois énormes cochons plus ou moins sauvages, qui jouent à défoncer le terrain de volley. C’est plutôt amusant, et ça me rappelle un peu l’énorme cochon noir qui nous avait traumatisés, Antho et moi, en Autriche, il y a deux ans de ça. J’ai mal dormi. La faute à un petit vieux qui a passé son temps à matraquer un bidule métallique qui a résonné dans le campement toute la nuit. Après le petit-déj, je mène l’enquête : le petit vieux en question
procédait au broyage du kava. Avec un pilon métallique dans un réceptacle métallique. Putain, le kava, j’vous jure… Bon. Je pose mon livre et je décide de partir pour un tour de l’île, en solo. Au début, ça se passe bien, mais les choses se corsent. Il fait chaud, le passage devient difficile. Je me retrouve obligé de faire de la grimpe. Il serait plus sage de faire demi-tour, mais ça me saoule de refaire le trajet en sens inverse ; en plus, je sens que je dois être proche du but. Alors, comme un con, je continue. La roche est friable, et je suis en tongs. Super. À un moment, la roche qui me servait de prise s’effrite et lâche. Je tombe à la renverse dans l’océan, deux ou trois mètres plus bas. Je brasse l’air en me disant que ça craint sévèrement du cul. Par chance, je tombe au moment ou une vague passe, sinon je pense que j’étais bon pour me rétamer sur les rochers et/ou les coraux. Je garde mon sang froid, je trouve une prise, je lutte contre l’eau qui essaie de me claquer la gueule contre la roche. Je gère et je parviens à remonter sur un pan de rochers pour me mettre en sécurité. Je fais le point : 1. J’ai été très con. 2. J’ai perdu mes lunettes de soleil. 3. Je suis en vie, c’est l’essentiel. Je continue, trempé. J’étais effectivement tout proche du but : j’arrive rapidement à la petite plage de l’autre côté de l’île. Bon, au final, je n’aurai fait le tour que de la partie Nord de l’île. Ce qui est ridicule par rapport à la partie Sud, dix fois plus grande, mais c’est bon, j’ai ma dose. Je repense à mes lunettes de soleil perdues, et je me dis que c’était écrit : je perds (ou explose) une nouvelle paire à peu près à chaque voyage. Je fais quelques pas sur la plage. Je surprends les trois énormes cochons de ce matin, en train de ronfler du sommeil du juste en plein soleil. Ils se réveillent en panique et s’enfuient dans la jungle. C’est assez cocasse. Pour me remettre des mes émotions, je prends la ferme décision de ne pas en branler une de la journée et de rester à glander sur la plage, à lire à l’ombre des palmiers, où nous déjeunons d’un fabuleux poisson grillé, bercés par le chanteur qui se lance dans une belle interprétation de Knocking on Heaven’s Door. Je continue ma lecture de Drood pendant qu’Antho, suivant mes conseils, commence sa lecture d’Hypérion, chef-d’œuvre absolu de SF contemporaine, du même auteur. Vince a trouvé une « piscine » naturelle au Nord. On y glandouille tranquillement. C’est l’heure du thé. Brûlant et corsé, siroté lentement devant un océan d’un peu profond et scintillant. Drôle d’ambiance, mais très agréable. C’est l’heure du bateau. Peu de gens s’arrêtent ici à Kuata, mais il y a un nouvel arrivage aujourd’hui : les Suédoises de Mana… La « grosse » n’arrête pas de hurler, m’obligeant à m’éloigner pour pouvoir lire tranquillement.
Nous avions l’intention de finir la journée par le « summit walk », une randonnée jusqu’en haut de Wayasewa, l’île d’en face, mais nous loupons le départ en bateau… parti cinq minutes avant l’heure prévue. Un bel exemple de Reverse Fiji Time ! Rémy n’a pas loupé le bateau, et revient ravi. Nous décidons donc d’y aller demain, et de ne pas nous laisser baiser la gueule ce coup-ci ^_^. Sur la plage, j’observe un personnage très curieux, qui me semble être un albinos. Et je peux vous dire qu’un Fidjien albinos, c’est franchement spécial ! Bref.
Glande de fin de journée sur Kuata
Grosses binouzes pour l’apéro, puis dîner traditionnel, avec la cuisson sous terre et des grandes feuilles de bananier en guise d’assiettes. J’avais peur que ce repas ne soit que faussement traditionnel, mais finalement ça ne sonne pas faux du tout, et c’est vraiment super bon. Après le repas, on se cale devant un spectacle fidjien, avec des danseurs aux gros biscotos couverts d’huile, ça fait très chippendale… Les danseurs réalisent quelques gestes impressionnants avec des torches enflammées. Pour finir, le staff nous enjoint à réaliser une bula dance très spéciale et pour le moins humiliante ^_^. Re-bières, puis dodo. 09 mai Levés à 7h comme des soldats. Ce matin, le petit-déj est moins glorieux : du porridge. Mais meilleur que celui de Korean Air, donc ça va.
Je me cale dans un hamac avec mon bouquin, en me (re)disant que Kuata c’est une petite île magnifique, où il n’y a rien d’autre à faire que de glander en attendant le prochain repas. Nous n’y tenons plus et décidons de partir à l’ « aventure ». Avec une Hollandaise arrivée la veille, nous nous lançons dans une rando vers le Sud, dont nous nous doutons bien qu’elle avortera bien vite, mais tant pis. Et, effectivement, très vite, nous sommes bloqués. En passant dans une « grotte » (avec des méchants rochers fendeurs de crâne qui semblent tout disposés à tomber), des centaines de crabes grimpeurs paniquent et se jettent à l’eau depuis la roche. C’est assez marrant. Nous faisons quelques plongeons depuis les rochers, c’est sympa, mais il y a quelques méduses qui niquent bien la gueule en sneaky. Comme on ne peut plus trop continuer en longeant la « plage », nous décidons de prendre de la hauteur. Faire de la varappe en tongs et en maillot n’est certes pas idéal, mais bon. Nous montons vite, et la vue est magnifique : un océan d’un bleu qui troue tout et qui miroite délicieusement au soleil. Mes lunettes me manquent, mes yeux commencent à méchamment fatiguer.
Vue depuis les « hauteurs » de Kuata
Retour au campement, après une demi-journée intense comme rarement. Au déjeuner, je vois arriver le chanteur… avec mes lunettes de soleil. À la fin du repas, je vais le voir et lui explique la situation. Il me dit qu’il a trouvé les lunettes ce matin à marée basse sur la petite plage de l’autre côté (celle où je m’étais effectivement vautré). Très gentil et
compréhensif, il me rend mes lunettes. Les verres sont bien niqués, mais c’est toujours ça de pris. Mes yeux n’en pouvaient plus. Après le déjeuner, grosse glande, puis thé, puis grosse glande en attendant la randonnée sur Wayasewa. Nous sommes à l’heure pour prendre le bateau, la traversée ne prend que quelques minutes. Le guide mène la marche, à toute vitesse. Le dénivelé est assez méchant, surtout avec cette humidité et cette chaleur (bien que ce soit la fin de journée). À mi-chemin (à mi-hauteur quoi), la pente se calme un peu, et nous traversons un petit plateau envahi par les hautes herbes. Je ne peux m’empêcher de penser à la scène des vélociraptors dans Le Monde Perdu. Bref. L’ascension reprend de plus belle. Le guide veut bien se calmer un peu et nous laisse souffler cinq minutes. Cinq minutes qui me suffisent pour réaliser l’ampleur de la « menace » : la forêt grouille d’araignées absolument colossales. J’essaie de ne pas y penser, tant je suis effrayé par ces bêtes-là. Je me concentre sur le discours du guide, qui nous raconte l’histoire de l’île, et notamment sa période cannibale qui n’a pas dû être super sympa… La marche reprend. C’est épuisant. Ça monte fort, comme aux Lofoten, la fournaise en plus. Nous arrivons en nage au sommet du Vatuvula, 349 mètres au-dessus de la mer. La minable bouteille d’eau que nous avions amenée ne tient que quelques secondes. Mais le jeu en valait franchement la « rondelle » : la vue est absolument époustouflante. Rien n’est sécurisé : il ne faut surtout pas glisser, sinon c’est la mort assurée. Mais, putain, ça envoie du lourd. Le village des pêcheurs apparaît minuscule, de même que notre campement sur Kuata, l’île d’en face. Vraiment, j’ai beau avoir le vertige, je ne regrette pas.
Au sommet du Vatuvula avec, derrière, Kuata !
Le guide nous fait redescendre à toute allure pour profiter des dernières lueurs du jour. Personne n’a de lampe, ou en tous cas aucune digne de ce nom. Très vite, nous ne voyons plus rien. La terre est glissante, la pente est méga raide, et on y voit comme à travers une pelle. On se vautre tous les deux mètres. Antho essaie de filmer la moindre de mes chutes, tel l’immonde crevard qu’il est ^_^. Le guide fonce, n’attend personne. Un tantinet gonflant sur les bords on va dire. Vince est à la traîne, on doit l’attendre, ce qui énerve passablement le « guide ». Bref. C’était super, mais nous n’avons malheureusement pas vu le coucher de soleil depuis là-haut. Retour au campement, où le dîner nous attend. Nous sommes morts de faim. On nous annonce une soirée sur l’île d’en face. Vince et Antho sont chauds bouillants, mais perso je suis claqué et une soirée backpacker sur la plage ne me dit vraiment rien. Je préfère aller me coucher. Vince et Antho reviennent finalement à peine trois heures plus tard. La prétendue soirée « all night » n’était finalement qu’une classique petite soirée kava avec collecte de fonds pour l’école… J’avoue que ça me fait bien sourire ^_^. Antho est dépité de s’être *encore* fait tendre une embuscade pour une soirée kava (je ne me souviens plus trop quand lui et Vince s’étaient déjà fait récemment avoir). Je décide de renommer ça une… embuskava ^_^. 10 mai J’ai passé une nuit correcte, malgré des rêves agités. Je me lève à 06h30 et, en allant prendre mon bain de mer matinal, je constate que Vince a dormi dehors, sur la plage. Il est vrai qu’il a fait super chaud cette nuit. Au petit-déj, il y a des beignets frits, à l’inimitable arrière-goût de poisson. Antho, de son côté, dort toute la mâtinée, ratant du coup le stratégique repas du petit-déjeuner. Du coup, une fois levé, il se plaint d’avoir faim… Nous rassemblons nos affaires, puis nous sommes transférés sur le ferry, avec 30 minutes d’avance sur l’horaire (une fois de plus, méfiez vous bien du Reverse Fiji Time !). Ce changement d’horaire m’a pris de court, résultat : j’oublie mon roman sur la plage. Je suis donc en panne de lecture pour les jours à venir, le sevrage sera rude. Fuck. Nous sommes donc en transit pour Long Beach, sur l’île de Matacawalevu, pas la plus au Nord de l’archipel des Yasawas, mais presque.
Vince, en mode réfugié kosovar, lors du transfert vers Long Beach
Le trajet prend deux heures, pendant lesquelles nous essayons de retirer du cash sur le bateau, mais pas moyen, le staff refuse catégoriquement. C’est vraiment pénible et frustrant, faites très attention. Cela étant, nous pouvons effectuer des règlements par carte, du coup nous réservons une nuit pour voir les raies manta sur notre trajet retour. Il ne reste que deux places et nous sommes trois, mais le type nous dit qu’on se démerdera. Hell Yeah ! Nous voulons aussi booker des plongées, mais il n’y a pas de club à Long Beach. Nous passerons donc par le club de l’hôtel Coral View, situé sur l’île de Tavewa. Après de longues tractations, nous obtenons un deal : un bateau de Long Beach nous emmènera à Coral View. Coral View voulait bien venir nous chercher, mais Long Beach refusait. Une sombre histoire entre les deux hôtels… Bref. En attendant, nous arrivons donc à Long Beach. C’est marée basse, il faut marcher et prendre deux petits canots coup sur coup pour atteindre la plage, mais cela vaut le coup d’œil. Long Beach est une plage gigantesque au bout du monde, d’un bleu qui donne le tournis depuis le ferry. Notre bungalow est fastueux : une grande chambre, une grande salle de bain avec douche et baignoire (cela étant, nous ne prendrons pas de bain, la douche est bien suffisante), une petite terrasse, un hamac pas loin, etc. C’est l’heure du déjeuner, tout le groupe est mort de faim. La salle à manger est grande et belle. L’entrée est délicieuse est raffinée. Tim, un Allemand très sympa d’une cinquantaine d’années, attend comme moi le repas principal en frétillant. Mais rien ne vient. Transi d’angoisse, je pose donc la question que personne n’ose poser : « C’est bien juste l’entrée ? Il y a un plat principal, aussi ? ». La serveuse me regarde d’un air effaré.
Cette ridicule petite salade n’était donc pas qu’une entrée, mais bel et bien le plat de résistance. Ouch. Plus on va vers le Nord, plus on s’éloigne du « continent », et plus la bouffe se fait rare… Il est cependant possible d’acheter des minuscules paquets de chips (quand il y en a). La mort dans l’âme, nous partons pour une longue marche sur la plage. C’est magnifique, mais mon livre me manque déjà. L’hôtel est presque fantôme. Sur cette immense plage, il y a nous trois, Tim, un couple de jeunes Français, un couple d’Anglais et parfois, au loin, un membre du staff de l’hôtel. Et c’est tout. Ambiance de fin du monde. Sur la plage, deux gentils chiens partent en vadrouille avec nous.
Long Beach (La photo n’est pas de nous)
Demain, le transfert vers Coral View se fera de très bonne heure. Je tente donc de négocier un bout de pain pour le petit-déjeuner, histoire d’avoir quand même quelque chose dans le ventre. Très sympathique, la chef décide d’avancer l’heure du petit-déjeuner rien que pour nous. Cela fera lever tout le camp deux heures plus tôt, ce qui en fait aussitôt râler certains, mais je n’évente pas l’info que tout ça est de notre faute… ^_^. L’Anglais vient nous taxer du gel douche. Nous nous promenons sur la plage, il y a un vent à décalotter un tyrannosaure. Et c’est à peu près tout. Nous attendons patiemment le dîner. C’est très bon, et la dose de riz est convenable. J’arrive même à avoir du rab, c’est Byzance ! Il est 20h15, et nous nous couchons. La vie est dure dans les îles…
11 mai J’ai passé une nuit délicieuse, hyper réparatrice. Je me lève, tout frais, à 06h20. Je prépare mon sac pour les plongées du jour, en attendant que le petit-déj soit servi. Ce matin, c’est bien fourni, je me gave de corn-flakes. C’est parti pour Coral View, sur un petit bateau de pêcheur. Tim est aussi du voyage, lui a opté pour l’excursion au Blue Lagoon, où a été tourné le film du même nom, véritable fierté locale (1980, avec Brooke Shields, puis une suite en 1991 avec cette gourde de Milla Jovovich). En même pas une petite minute, nous larguons Tim sur un bout de plage absolument déserte, avec une météo franchement moyenne. Je me demande ce que Tim va bien faire de sa journée, il a juste un pauvre masque et une petite bouteille d’eau… ça s’annonce dantesque ! Il faisait d’ailleurs un peu la gueule quand nous sommes partis – je crois qu’il n’a pas eu le temps de comprendre le méta-traquenard dans lequel il s’était fourré ^_^. Nous arrivons donc au Coral View sur Tavewa. L’endroit est sympa, (beaucoup) plus peuplé qu’à Long Beach. Plus moderne mais pas forcément plus sympathique, l’ambiance y apparaît assez forcée, façon « village vacances ». Bref, on s’en fiche, nous sommes là pour la plongée, et une surprise de « taille » nous attend : nous sommes samedi, et le samedi, la plongée du matin de Coral View, c’est invariablement une plongée… requins ! Et attention, on ne parle pas là de petits requins, on parle de requins citrons et, surtout, de requins taureaux, les fameux bull sharks. Ce sont des bestiaux de 3 à 5 mètres, extrêmement larges, avec une gueule comme dans le film de Spielberg. Et ils sont connus pour être particulièrement dangereux (tout est relatif bien sûr, les requins en général n’étant pas réellement dangereux, mais parmi les requins, les bull sharks sont bien « notés »). Nous n’étions pas au courant que nous nous embarquions pour un truc pareil. Chose amusante : le gérant non plus ! Quand nous avons booké par téléphone, il n’avait pas fait gaffe au planning. Côté budget on s’en sort super bien : nous avions booké des plongées classiques, alors que la plongée requin est plus de deux fois plus coûteuse, mais le gérant prend sur lui : c’est de sa faute, nous paierons donc le prix d’une plongée classique. Il nous fera cependant plonger « en slip » (sans combi). Cette plongée requin a ceci de particulier que c’est un de très rares endroits du monde où l’on plonge avec des bestiaux aussi colossaux que les bull sharks, et sans cages pour nous protéger ni sédatifs pour calmer les requins. C’est un vrai truc de dingue. Je connaissais l’existence de ces plongées, notamment à Beqa Lagoon (prononcez Banga Lagoon) sur Viti Levu, mais je n’étais pas vraiment convaincu. Mes deux compères, à peine diplômés de leur Open Water, ne s’attendaient pas non plus à ça. En
réalisant la situation, et en regardant les photos des « Dents de la Mer » (ça ressemble vraiment aux requins tueurs que l’on peut voir dans les films), ils blêmissent quelque peu… J’avoue que j’ai aussi un peu la pression, mais allez, c’est parti ! Nous attendons qu’un couple de Japonais finisse par arriver. Ils sont encore un peu bourrés de la veille, mais ils s’équipent quand même ! Grosse ambiance… Transfert en bateau jusqu’au spot de plongée : Cathedral Cove. Les divemasters se mettent à l’eau avec des énormes poubelles en plastique pleines de carcasses de poissons. C’est un feeding, pas une plongée naturelle, c’est d’ailleurs plus un show sous-marin qu’une plongée, mais bon, c’est ainsi. La pression monte, dernières instructions, puis c’est la mise à l’eau, avec la descente jusqu’à 18 m. Nous sommes une quinzaine de plongeurs, plus les divemasters. Globalement, on se pose au fond derrière une corde qui sert de limite à ne pas dépasser, mais qui n’est en rien une protection physique. Les divemasters agitent les carcasses, qui n’attirent au début que des poissons, très nombreux, qui tourbillonnent en tous sens. On ne voit pas grand-chose. Quelques requins arrivent assez rapidement, mais rien de bien impressionnant. Arrive alors un requin citron. C’est tout de suite autre chose. Mais ça n’est pas monstrueusement impressionnant pour autant : le requin citron reste une créature assez « plate ». Et puis, dans le fond, derrière la tornade de poissons, j’aperçois ce que je pense être un aileron. Mais je me dis que j’ai dû rêver : c’était bien trop gros. Puis je vois passer une énorme gueule pleine de dents. Non, je ne rêvais pas, c’était bien ça. La tornade de poissons se dissipe à mesure que les bull sharks prennent possession des lieux, et… nom de dieu ! C’est incroyable. Ils sont titanesques, hyper grands et tellement larges en même temps.
Un bull shark dans un maelström de poissons
Face à un bull shark (Les photos ne sont pas de nous, mais c’est *vraiment* ça !)
Avec Antho, on se regarde, estomaqués. Un divemaster agite une énorme carcasse devant nous. Un bull shark se jette dessus, passe à environ un mètre de nous, engloutissant la carcasse. HOLY SHIT. Je me concentre sur un autre bestiau, qui s’écarte de la zone, puis revient tranquillement… par derrière. Je me dis qu’il va tous nous bouffer, mais il passe juste au-dessus de nous. C’est absolument hallucinant. Au fond de l’eau, sans combi, à côté de ces monstres, on se sent vraiment tout petit. Antho et Vince arrivent sur leur réserve d’air, notre encadrant les fait remonter, tandis que je reste au fond à profiter du spectacle le plus dingue auquel j’ai jamais assisté. Après 42 minutes d’intenses émotions, j’arrive aux 50 bars, il est temps de remonter. Un drôle de poisson m’accompagne, un truc chelou qui ressemble à une anguille et veut absolument se coller à moi, limite parasitaire. Je le repousse plusieurs fois avant qu’il me laisse enfin tranquille. Arrivé en surface, je me désengage et retrouve mes deux compères. On partage nos ressentis et on tombe rapidement d’accord : HOLY MOTHER OF FUCK, c’était un truc de ouf ! Les Japonais en ont aussi la chique coupée. Nous avions emmené la GoPro de Vince mais, bien évidemment, cette énorme salope a refusé de fonctionner, alors que c’était sans doute le truc le plus dingue qu’elle pourrait jamais filmer. Nous avons grave les boules. Le divemaster du second club du coin, Vertical Blue, était cependant équipé d’une GoPro fonctionnelle, et de très nombreuses vidéos de bull sharks sont disponibles sur leur site.
Retour au club, où nous patientons avant notre deuxième plongée, en dégustant de belles tranches d’ananas offertes par notre encadrant, qui s’avère n’être que Open Water (juste le niveau 1 quoi !), mais avec plus de… 2000 plongées à son actif. C’est parti pour la deuxième plongée du jour, avec le même encadrant et également le couple de Japonais. Nous voilà donc à Rocky Bay, pour une plongée avec pas mal de petites grottes bien sympathiques. Au début de la descente, à environ 5 m, je regarde le leader qui semble avoir une fuite derrière la tête et… BOUM ! Le type disparaît dans un torrent de bulles avec un bruit sourd. Je me dis que ça craint, lorsque je le vois sortir du nuage de bulles et palmer à toute vitesse vers la surface. Je remonte lentement en surface, où le type finit de refermer sa bouteille. Il m’explique que ça a sauté et qu’il a perdu presque 100 bars dans l’affaire. Le pilote du bateau lui file une pièce de rechange, et c’est reparti. L’incident aura duré à peine deux minutes et Vince et Antho n’ont quasiment rien vu. 100 bars de moins, ça me ferait bien chier, mais le type consomme tellement peu qu’à la fin de la plongée il lui restera plus d’air que nous… Je constate aussi qu’il palme à deux centimètres du fond sableux sans soulever la moindre particule. Respect ! Nous remontons, très heureux. De retour au club, c’est marée basse. Long Beach ne pourra donc pas revenir nous prendre avant 15h. Nous décidons donc de déjeuner au Coral View. C’est super bon, et… à volonté. Inutile de dire qu’on s’est gavé ! Le temps devient long. Fiji Time. Antho et Vince en profitent pour checker leurs mails au cyber café. On sirote un café, tranquilles. Dans le petit magasin, la vendeuse demande à Vince s’il est Israélien (what the fuck ?). Perso, je lui trouve plus un air de réfugié kosovar ^_^. En parlant de Vince : cela fait maintenant bientôt *trois semaines* qu’il parle avec un accent renoi / créole (sans doute inspiré par le mode de vie insulaire). Apparemment, il ne s’en fatigue jamais. Certains locaux nous regardent parfois bizarrement en entendant Vince ^_^. Le bateau de Long Beach arrive finalement vers 16h30. Nous rentrons lentement, en nous arrêtant dans chaque anse, à chaque petit village, pour livrer des trucs et des machins. Ça n’est d’ailleurs pas désagréable, comme petite promenade. Nous arrivons Long Beach peu avant la nuit, pile à l’heure pour se faire un petit apéro. Nous nous autorisons même une folie, en commandant un vin australien. Un peu cher, mais pas mauvais, ça fait du bien. Et Tim paye sa bouteille ! Le dîner est maigre, mais très bon. La discussion avec Tim, les Français et les Anglais est très sympa. Notre récit de la plongée requins a fini de convaincre les Anglais de passer l’Open Water.
12 mai Après une journée de dingue, nous nous sommes endormis rapidement du sommeil du juste. Je dors d’une traite. Au petit matin, nous sommes réveillés par le tambour qui sonne le petit-déjeuner. Pas de corn-flakes ce matin. Nous sommes dimanche, et il n’y a rien à faire, à part aller à l’église. Et ça me convient très bien : peut-être vais-je enfin entendre de beaux chants fidjiens ? Le village est censé être tout près, et on nous dit que pieds nus ça le fait. En réalité, il y a une bonne demi-heure de marche dans la jungle, alors si j’avais su, bin, j’y serais pas allé pieds nus ! Pendant toute la marche, je psychote en voyant des énormes araignées absolument immondes. Nous traversons quelques plantations et nous croisons quelques élevages de poules et d’énormes cochons. C’est assez sympa. Nous arrivons enfin au village. C’est mignon et plutôt propre. Un peu bidonville sur les bords, mais pas trop. Il y a quelques jolies maisons. Et l’église, sur sa colline, est vraiment sympa. Nous attendons une petite heure : la messe commencera finalement à 10h et non pas à 9h. C’est dingue : même les prêtes se mettent au Fiji Time ! ^_^ La messe commence. Tout le monde (sauf nous…) est sur son trente-etun. Les enfants sont super mignons, quelques-uns sont habillés d’un joli costume d’un blanc immaculé. Les chants sont magnifiques. Les hommes et les femmes chantent parfois en décalé, créant de très beaux canons. Certains chants se propagent par vagues d’un bout à l’autre de l’église, c’est très beau et très vivant à la fois. Si seulement nos messes françaises pouvaient être comme ça… Pendant les discours du prêtre, certains enfants vont et viennent avec des pancartes, portant des inscriptions en fidjien. Je n’y comprends évidemment rien, mais j’ai l’impression que cela fait office de « sous-titres », c’est assez curieux. Tim a tout filmé avec son iPad Mini, mais je n’ai pas encore réussi à récupérer ses vidéos (j’y travaille). Bref, je suis comblé, c’est exactement ce que je voulais voir et entendre ! Le chemin du retour s’effectue à la quatrième vitesse, Antho étant terrassé par une envie manifestement extrêmement pressante… Le déjeuner est excellent, mais vraiment pas copieux. Tim montre les vidéos de la messe à tout le campement. Les lève-tard n’auront donc pas tout raté ! En fin d’après-midi, sous l’impulsion d’un Vince qui n’en peut plus de ne rien glander, nous tentons une rando sur l’île d’en face. Mais c’est la loose, impossible de progresser. Nous rentrons rapidement, brecouilles.
En désespoir de cause, avec Tim, nous nous lançons dans un volley-ball à 4, surréaliste, avec un ballon dégonflé, un filet tout pourri et beaucoup trop de vent. La balle finissant dans la mer plus que de raison, nous n’insistons pas. Mon roman me manque vraiment. J’ai demandé à la gérante du Long Beach d’appeler Kuata pour voir s’ils n’avaient pas trouvé mon livre pour qu’ils le mettent dans le ferry, mais non, rien. C’est étonnant : je vois mal comment mon livre aurait pu passer inaperçu sur les tables de la terrasse de Kuata, et je vois mal qui aurait pu vouloir voler un si gros pavé en français. Mais bon, c’est ainsi. C’est l’heure du dîner. De belles salades arrivent sur la table. La quantité, devenue cruciale, fait plaisir. Je me jette sur mon plat et découvre que la salade est blindée de coriandre. Cela ne me gêne pas, au contraire, j’adore ça. En revanche, je sais qu’Antho trouve ça insupportable. Je ne dis rien et me délecte de sa réaction dès sa première bouchée, faite de dégoût et de désespoir… 13 mai Nous nous levons à 7h. Après un petit-déjeuner servi en « morse » (en plusieurs fois…), nous embarquons à une bonne dizaine dans un petit canot à moteur, pour aller visiter les grottes inondées de Sawa-i-Lau. Le trajet en bateau prend 1h30. Il fait très beau, les îles vues depuis la mer son magnifiques dans la lumière du matin, qui leur confère un côté vert fluo assez génial. Sans les grosses Anglaises insupportables qui passent leur temps à hurler et à s’enduire d’huile solaire, le trajet serait parfait. La visite des grottes est vraiment top. Ça ne dure malheureusement que quarante petites minutes, mais ça vaut vraiment le coup. On y va par groupes de 8-10, encadrés par un guide. Un escalier sombre nous amène jusqu’à un grand bassin d’eau saumâtre, très fraîche et bien transparente, dans laquelle nous retombons en enfance avec plaisir. C’est assez profond. Grâce au masque, nous profitons bien du coin. Vient ensuite la partie vraiment sympa : il faut plonger sous la roche et nager dans un court boyau avant de refaire surface de l’autre côté, dans une obscurité quasi-totale (mais heureusement les guides ont des lampes). On nage dans le noir, on plonge sous les eaux, on longe les parois, c’est vraiment sympa et rafraîchissant. Le premier passage fout un peu la pression, mais il n’y a vraiment aucun danger. Une fois qu’on a bien repéré les lieux, on emprunte le boyau plusieurs fois sans se lasser.
La grotte de Sawa-i-Lau (La photo n’est pas de nous)
C’est l’heure de rentrer au campement. Encore 1h30 de bateau. Nous arrivons à l’heure du déjeuner, une nouvelle fois outrageusement léger. C’est notre dernier jour. En attendant le bateau, je constate que mon sac a inexplicablement disparu, alors que les sacs des autres sont toujours là, sur le quai. Un peu emmerdé, j’embarque, et découvre que mon sac est déjà à bord… Hmmm. C’est pour le moins étrange, mais bon, tant mieux ! Signalons que le bateau est en avance, aujourd’hui, donc une nouvelle fois : attention au Fiji Time à l’envers ! La météo n’est pas top aujourd’hui, c’est dommage, le trajet est donc moins sympa que l’autre jour. Nous arrivons à l’heure à White Sandy Beach, sur l’île de Naviti, puis nous découvrons que… nous nous sommes trompés de campement. Et qu’on
s’est même tout simplement trompé d’île. La loose : nous étions persuadés suite à nos discussions avec d’autres voyageurs que c’était d’ici que l’on voyait les raies manta. On peut effectivement les voir depuis White Sandy Beach, mais nous avions en réalité réservé au campement le plus proche du spot des raies : Manta Ray (ça ne s’invente pas). Bref. Notre réservation au Manta Ray n’est pas remboursable, et nous ne sommes pas inscrits à White Sandy Beach. Les choses s’arrangent, cependant : il reste des places dans le dortoir de White, et au moment de régler, Vince obtiendra de la gérante un prix pour absorber un peu la loose de Manta Ray. Bref. L’endroit est sympa. La plage est immense et effectivement toute blanche, mais c’est marée basse et il pleut, du coup ça casse un peu le trip. Nous profitons de l’après-midi pour planifier un peu notre retour sur Viti Levu, le « continent ». Nous envoyons un SMS à Victoria pour voir quand nous pouvons passer reprendre le sac que Vince a laissé chez elle, et pour voir si elle peut nous héberger à nouveau. Il n’y a malheureusement plus de place chez elle. Nous cherchons donc une guest-house dans le guide, et nous décidons que nous louerons une voiture pour faire le parc de Koroyanitu et pour aller visiter un peu la côte Sud (la Coral Coast et notamment Natadola Beach). Le coucher de soleil est stupéfiant : un rouge sang très vif, absolument incroyable, envahit le ciel tout entier. C’est notre dernier soir dans les îles, et ça fait plaisir de finir avec un spectacle pareil, qui nous fait penser à une colossale explosion nucléaire qui aurait anéanti la planète entière. Le dîner, à base de poisson, est super bon et copieux. On revit ! Nous goûtons le rhum-coca industriel (Bounty Rhum + Cola), et c’est vraiment moyen…
Coucher de soleil « atomique » sur Naviti (Les couleurs sont vraiment fidèles, c’était un truc de dingue !)
14 mai J’ai mal dormi. Certains ont fait la fête et donc du bruit toute la nuit, et puis les vagues juste sous les fenêtres, mine de rien, ça fait du bruit aussi ! Je me suis levé une première fois à 3h mais c’était vraiment abusé, du coup, je me suis recouché, pour finalement me relever vers 5h. Aujourd’hui, nous allons voir les raies manta géantes. Je suis excité comme un gosse : on va nager avec des « batman » des mers de 4-5 mètres d’envergure ! Il faut une petite demi-heure de bateau pour rejoindre le spot, pile devant le fameux hôtel Manta Ray. Le spot est constitué par un canal entre deux îles, où les raies passent tous les jours, tôt le matin, à cette période de l’année (ne vous trompez pas de période, les raies ne sont pas là toute l’année, et ce serait vraiment dommage de rater cette expérience fabuleuse). Nous commençons par une session de snorkeling, qui en ellemême est déjà absolument géniale : il y a plein de poissons colorés de partout, certains sont énormes, et les coraux sont très beaux. Par contre, pas de bol, aujourd’hui, il y a aussi pas mal de méduses dans l’eau, qui niquent sévèrement la gueule. Mais bon, il faut souffrir un peu dans la vie ! Je sors la tête de l’eau, et je vois Vince, au loin, sur la plage, en train de se battre avec sa salope de GoPro. Bien lui a pris : elle a fini par fonctionner, et nous avons pu ramener quelques vidéos de notre « Rencontre du Troisième Type » qui valent leur pesant de méduses. Ziggy, un des membres du staff du White, me fait signe de le suivre. Il prend sa respiration, plonge vers six mètres, puis disparaît dans un trou. Je reste comme un con en surface. Au bout d’une bonne quinzaine de secondes, il réapparaît à l’entrée du trou et me fait signe de venir. Bon. Qu’à cela ne tienne. Je prie pour avoir assez d’air pour suivre ses ambitions diaboliques… Me voilà donc quelques six mètres sous la surface, ce n’est pas énorme, mais je dois rentrer dans un boyau tout sombre et blindé de coraux, dont j’ignore la longueur. Allez, c’est parti. Je nage précautionneusement, essaie de profiter un peu quand même. C’est long, mais je finis par en voir le bout, je sors de l’autre côté et je fonce vers la surface. Grosse pression ! Mais une fois qu’on a bien pris ses marques, c’est tranquille. Je refais le tunnel plusieurs fois, c’est vraiment sympa. À ma dernière passe, je tombe nez à nez avec un poisson gigantesque, gros comme un meuble IKEA. Je ne sais pas ce que c’était, mais il a eu aussi peur que moi ^_^. Il y a aussi des bancs immenses de poissons trompettes. C’est génial ! On remonte sur le bateau, ce coup-ci on va voir les raies. Nous sommes plusieurs bateaux, à tourner en rond. Chacun attend un cri de ralliement. Antho fait un signe, il a vu quelque chose. Je me penche, et je vois passer une immense ombre blanche, fantomatique. Grosse ambiance, mais nous
n’en verrons pas plus pendant de longues minutes. Antho et moi nous tenons prêts à sauter à l’eau, masque sur le visage. Ziggy pousse un cri et pointe du doigt quelque chose. Ni une, ni deux, je me jette à l’eau alors que nous ne sommes pas à l’arrêt. Antho se jette à ma poursuite, GoPro allumée. Et là… oh my fucking god. Nous tombons nez à nez avec une raie gigantesque, qui doit bien faire quatre mètres. La GoPro en a vu une bonne partie. C’est hyper impressionnant. Je m’arrête juste avant de la toucher (il ne faut pas, on risque de blesser l’animal et/ou de choper des saloperies, et puis ça n’apporte rien à l’expérience).
Ma « Rencontre du Troisième Type »
Avec Antho, nous suivons la bête pendant un long moment. C’est hyper sportif : les raies n’ont pas besoin de forcer pour aller vite, c’est la force tranquille. Et puis, imperceptiblement, elle prend de la profondeur. En manque d’air, je me retourne vers la surface. Je pensais être à deux mètres, et au final je suis plutôt à six. Ouch. Je palme comme un fou pour rejoindre la surface et choper de l’air. Avec Antho, on se regarde, un
sourire béat sur la figure : c’était colossal. Pendant une bonne demiheure, nous continuons à ce rythme. Peu importe les méduses, nous nageons comme des fous pour accompagner les raies. C’est fabuleux. À un moment, une raie vient vers moi. Je reste tétanisé. Ce n’est qu’au dernier moment qu’elle prend un peu de hauteur pour m’éviter. Putain quelle ambiance ! Dans l’eau, c’est la guerre. Il y a du courant. Les gens hurlent à cause des méduses, donnent des coups de palmes furieux pour voir les raies, et beuglent quand ils en voient une. Certaines filles crient parce qu’elles n’en peuvent plus et veulent rentrer. C’est l’anarchie la plus totale. Mais, putain, qu’est-ce que c’est bon. Il est temps de retrouver le bateau. Pas évident, dans tout ce foutoir, mais nous finissons par nous hisser à bord. Quelle aventure ! Nous rentrons, pile pour l’heure du petit-déjeuner. Nous sommes morts de faim, et aujourd’hui c’est Byzance : des pancakes, des beignets, des fruits, des céréales, du jus, du lait… je vous raconte pas l’orgie ^_^. La mâtinée se déroule, tranquillement. Il fait ultra beau, le soleil tape, le ciel est bleu. La plage est d’un blanc virginal. Mon dieu que c’est beau, mon dieu qu’on est bien ici.
White Sandy Beach
Avec Antho, nous partons refaire une session snorkeling avant le déjeuner. C’est pas mal du tout, même si ça ne vaut pas le spot de ce matin. C’est l’heure du déjeuner. Pâtes, crème, fromage. Byzance encore !
La fournée de touristes du jour arrive. Accueil en musique. Je m’octroie une noix de coco de bienvenue que je n’avais pas eue la veille. Délicieux, avec une paille. Nous glandons un peu, et puis, c’est l’heure du départ. Nous quittons aujourd’hui les petites îles paradisiaques pour retourner sur Viti Levu avant de retourner dans nos froides contrées. C’est donc ici, à White Sandy Beach, les pieds dans l’eau à marée basse, que commence notre « Grande Retraite des Fidji ». Nous embarquons sur le ferry. J’ai « falsifié » nos billets car nous ne sommes pas censés monter ici, mais à Manta Ray. Ça passe tranquille. Le ferry démarre. Nous allons à belle allure. Sur le pont avant, je regarde l’océan, et je vois soudain sauter un énorme dauphin. Vince et Antho n’ont rien vu. Je me retourne vers eux en criant : « Putain y a un dauphin ! ». J’obtiens pour toute réponse un « Ta gueule » blasé (Bonjour la confiance). J’insiste. Et là, voilà un dauphin qui saute, puis un autre. « AH PUTAIN !!! » hurlent Vince et Antho de concert, avec à peu près tout le monde sur le ferry. C’est génial. Pendant un bon quart d’heure, un groupe de 5-6 dauphins nous accompagnent, en sautant dans tous les sens. C’est majestueux. Quelle journée ! Raies géantes le matin, dauphins l’après-midi. Fiji I love you ! Sur le bateau, nous recroisons Tim, qui retourne lui aussi sur Viti Levu (nous recroisons aussi les Suédoises, mais bon). Nous arrivons à Viti Levu, au Port Denarau, après avoir convenu avec Tim de nous retrouver pour le dîner. Mais avant ça, nous voulons louer une voiture. Ce n’est pas évident. Un type louchos nous propose de nous sous-louer sa caisse. Ça sent le traquenard à plein nez. Une fille du ferry nous indique finalement la dernière agence de location encore ouverte. Et là, laissez-moi vous dire que ce fut un grand moment. Antho et moi entrons donc dans ladite agence (Vince étant parti en taxi pour récupérer son sac chez Victoria). Nous tombons sur deux IndoFidjiens totalement efféminés et manifestement ultra gays. Ils sont très sympathiques mais l’ambiance est tout de même ultra bizarre (Antho ne se rendra compte que notre interlocuteur est un homme qu’au bout de longues minutes – il pensait que c’était une femme). Le type, très gentil, fera des pieds et des mains pour nous trouver une voiture en cette heure tardive et alors que presque toutes les caisses du coin ont été louées par des équipes de Hollywood et de Bollywood (car, oui, les Fidji sont un endroit prisé des cinéastes, quoique pas autant que Hawaii dans le même genre). Nous regardons le type passer de très nombreux appels, en papotant avec ses potes au téléphone d’une manière une fois de plus ultra gay avec moult « bye darling » (essayez de vous représenter ce « bye darling » avec un accent gay Indo-Fidjien pour bien comprendre ^_^).
Nous finissons par apprendre que pour aller au Koroyanitu, il faut absolument avoir un 4x4, or, il n’y en a plus. Il finit par nous trouver un pot de yaourt absolument ridicule. Bon, tant pis, c’est ainsi. Mais nous n’aurons la voiture que le lendemain matin, livrée à notre guest-house, parce que là c’est trop tard. Je signe les papiers, pendant que le loueur continue de nous raconter des histoires avec sa voix langoureuse. Antho n’arrive plus à se retenir de rire. Le type nous achève avec un magnifique et définitivement gay « So, boooys, you like your caaaar ? ». Bref. Nous remercions chaleureusement le gars, puis nous attendons Vince avant de prendre un taxi pour la guest-house, qui s’avère très bien, avec une grande piaule juste pour nous et une belle piscine. Une fois installé, nous nous rendons compte que pour retrouver Tim ce n’est quand même pas évident car nous n’aurons notre pot de yaourt que demain matin. Nous voilà donc obligés de reprendre le taxi jusqu’à l’Octopus, la guest-house de Tim, qui n’est autre que l’hôtel de Wailoaloa Beach où nous avions attendu notre premier bateau pour Mana. La boucle est bouclée ! Hop, taxi pour le centre-ville, pour aller dévorer une pizza au Mama’s Pizza recommandé par le Lonely Planet. Le resto est effectivement sympathique. Les pizzas sont titanesques et ultra copieuses. Vince a pris une Meat Lover, et ne parviendra pas à finir sa pizza qui se révèlera être une énorme plaque couverte de kilos de barbaque ^_^. Je descends un gigantesque coca glacé pendant que les autres sont à la bière. Putain que ça fait du bien ! Après le dîner, petite marche digestive sur les quais de la marina, en discutant avec Tim, qui quitte les Fidji demain, direction Bangkok. Tim nous invite à boire quelques coups, nous descendons donc avec plaisir quelques Coronas bien glacées. Retour en taxi vers nos guest-houses respectives. Épuisés, nous nous couchons, en découvrant que notre guest-house est pile dans l’axe de la piste de l’aéroport international. Les Boeing 747 feront trembler les chiottes toute la nuit… à moins que ce ne soit la climatisation, qui fait à peu près autant de bruit que les avions ! 15 mai Nous nous levons à 7h45 car un type de l’agence de location doit nous amener la voiture à la guest-house à 8h. Par la fenêtre de la chambre, je vois un Indo-Fidjien se pointer avec une voiture tellement ridicule que j’en ai un honte : un pot de yaourt avec écrit en énorme (et en rose) GO PINK. Oh my god la honte ^_^. Bref. On présente notre voucher au type, qui semble dubitatif devant le bout de papier, mais finit par prendre l’empreinte de ma carte avec son sabot, avant de nous filer les clés.
GO PINK !!!
Nous prenons tranquillement notre petit-déjeuner. Je profite un peu de la piscine pendant que Vince et Antho se préparent, puis c’est parti pour une journée en voiture. Nous savons qu’un 4x4 est recommandé pour Koroyanitu, mais nous décidons de tenter notre chance (sur un malentendu, on ne sait jamais !). Sur la route, nous nous arrêtons dans une épicerie pour acheter de quoi faire un pique-nique. Je découvre que les briques de fromage sont rangées au rayon cosmétique, ce qui n’est pas banal. Les magasins, inondés de musique Bollywood à fond, semblent tous tenus par des Indo-Fidjiens. Arrivés dans les environs de Koroyanitu, nous nous perdons. Un rugbyman qui rentre de son entraînement décide de nous montrer le chemin en montant en voiture. Mais outre que ça n’a aucun sens (si on l’emmène, il faudra bien le ramener [mais quand ?], et ça semble très loin), la voiture ne passe vraiment pas, et nous ne voulons pas risquer de l’abîmer. Donc, nous renonçons, la mort dans l’âme, mais nous nous y attendions. Nous essayons de pousser jusqu’à Navala, mais nous passons notre temps à nous perdre, et sur les pistes, notre GO PINK ne passe vraiment pas. Bref, sans 4x4, on ne peut pas aller dans les terres, c’est clair et net. Nous faisons donc demi-tour vers la Coral Coast. Un type nous fait des appels de phare. On se dit qu’on a dû péter un bout de la caisse sur la piste. Mais non, la voiture semble bien. Fausse alerte. Nous pique-niquons en bord de route, sous un soleil de plomb et au bord d’une mer marron. Cela me rappelle la Guyane. À part la couleur de l’eau, c’est assez beau.
La campagne de Viti Levu
De retour à l’hôtel, Vince découvre qu’il a des énormes pustules immondes sur les jambes. C’est vraiment pas beau à voir (de retour en France, cela se révèlera être une belle petite saloperie tropicale, 15 jours d’arrêt de travail à la clé !).
Un bus abandonné, dans les environs de Navala
Nous reprenons tout de même la route jusque Natadola Beach. La piste est difficile, et nous galérons pour accéder à la mer. Finalement, nous y sommes. La plage est immense. C’est du sable blanc, avec beaucoup de résidus de coraux. Au loin, les vagues grondent. Mais ce n’est pas du tout propice à la baignade. Nous croisons quelques vaches, et aussi quelques cochons. Au loin, nous entendons les glong-glongs typiques du broyage du kava. Des enfants viennent nous voir, et sont ravis de prendre la pose pour quelques photos.
Antho avec des enfants, sur la plage de Natadola
Nous marchons un peu, découvrons quelques ossements bien blanchis de vaches et autres bestiaux. La nuit tombe. Nous observons un groupe de pêcheurs qui rabattent quelques poissons dans leurs filets, puis nous reprenons la route pour rentrer à la guest-house. Antho cherche des souvenirs, nous allons donc faire les boutiques à Port Denarau. Avant de trouver le port, nous nous perdons dans les complexes hôteliers 5 étoiles. C’est assez galère. Et quand nous finissons par trouver, il n’y a rien de bien intéressant : ce sont des grandes boutiques climatisées avec des conneries hors de prix aseptisées pour touristes américains, australiens ou néo-zélandais. Nous décidons de rester dîner sur la marina, dans un petit resto fidjien pas mal du tout.
Retour à la chambre, petite douche avec quasiment pas d’eau (manque de pression). Dodo vers 22h. 16 mai Nous nous levons vers 8h, pour savourer notre dernière journée complète aux Fidji. Je me tâte à rester glander dans la piscine, car ce que nous avons vu de Natadola hier ne m’a pas plus emballé que ça, et je n’ai pas envie de passer une bonne partie de la journée en voiture. Mais bon, rester à la piscine, ce serait quand même con. Du coup, après le petitdéjeuner, nous voilà donc partis pour Natadola. Le bout de plage d’hier n’était pas grandiose, nous décidons donc de tenter de nous arrêter sur la plage de l’hôtel Intercontinental, qui a logiquement dû se mettre sur un coin sympa. Première constatation : même sans être client, nous avons le droit d’accéder à la plage, et si on consomme ne serait-ce qu’une boisson, nous avons accès aux installations. C’est plutôt honnête. L’Intercontinental est gigantesque. C’est un vrai Béhémoth de l’hôtellerie. Il y a un hélicoptère, des énormes 4x4, un resto immense, etc. Mais il n’y a pas grand monde. Il fait un temps superbe, la plage est magnifique, l’hôtel est beau et presque vide : bref, j’appréhendais, mais au final, j’achète ! Nous avons eu raison de nous arrêter ici : la plage est infiniment plus accueillante ici que l’endroit vu la veille (même si la beauté sauvage de la plage d’hier méritait indéniablement le coup d’œil). Le sable est blanc, l’eau est turquoise et parfaitement transparente : il est donc faux de dire que la mer est systématiquement boueuse sur Viti Levu et qu’il faut absolument aller dans les îles pour voir une mer turquoise : c’est certes vrai en général, mais pas dans l’absolu. La mâtinée se répartit équitablement entre glande et snorkeling. Il y a aussi quelques vagues pour faire du body surf, c’est pas mal du tout. Il y a un petit bras de mer à traverser, avec un peu de courant, mais c’est sympa. Un Fidjien qui se fait appeler « King Solomon » (!) nous baratine et veut nous emmener pêcher en bateau. Non merci… Ayant perdu mon roman, je me rabats sur les pages « Histoire » du Lonely Planet. C’est toujours ça de pris. Nous déjeunons au resto de l’hôtel. Les burgers sont bons et à des prix raisonnables (les cocktails à 15€ piquent un peu, par contre). Nous passons l’après-midi à glandouiller dans les différentes piscines, notamment dans la magnifique piscine à débordement « infini » face à l’océan. C’est vraiment géant.
Moi, entre la piscine « infinie » et l’océan
Vince cuit dans la mer, puis continue de cramer, affalé dans un fauteuil géant qui lui réfléchit tout le soleil dans la gueule, façon four solaire ^_^.
Vince, dans son « four solaire »
Le soleil se couche, c’est magnifique. Nous profitons de ce dernier spectacle. Je m’allonge sur les pierres qui ont chauffé toute la journée et restitue une chaleur délicieuse dans cette douce fin d’après-midi. Putain que c’est bon… Les verrues de Vince ne s’arrangent pas, par contre. Nous rentrons de nuit, en voiture, avec la clim’ à fond. Nous constatons que de nombreuses bagnoles roulent sans phares, ce qui est évidemment passablement dangereux. De gigantesques chauvessouris passent au-dessus de la route. Drôle d’ambiance. À notre retour à l’hôtel, une des femmes de chambre remarque l’état calamiteux des jambes de Vince, et s’improvise docteur. Mais il n’y a pas grand-chose à faire. Vince verra ça à son retour en France. Pour notre dernière soirée, nous allons boire quelques mojitos pas mauvais du tout dans un bar de Port Denarau.
Morts de faim, nous nous laissons tenter par un McDo – Antho et moi adorons ça, et c’est toujours amusant de voir les McDos à l’étranger. Nous ne sommes pas déçus : le McDo est géré par des Indo-Fidjiens délicieusement typiques, qui ne comprennent strictement rien à nos demandes (il faut avouer que nous-mêmes ne comprenons pas grandchose aux offres locales). Nous prenons des repas « mega », mais au final seuls les sodas sont effectivement gigantesques (1 L). Les burgers, eux, sont minuscules. C’est d’ailleurs étonnant : nous serions nous fait niquer ? Mon cheese-burger dégoulinant de gras et encore brûlant n’est cependant pas loin de m’emmener au nirvana. Sur le chemin du retour, nous faisons le plein de notre pot de yaourt chez Total. Puis, douche et dodo. 17 mai Nous nous levons à 6h15. Aujourd’hui, c’est le grand départ pour la France. Petit-déjeuner, bouclage des sacs. Nous sommes tristes de quitter ce pays magnifique, mais nous sommes aussi pas mal fatigués. Le retour à une vie normale fera aussi du bien, quelque part. Le loueur est venu récupérer la GO PINK. Il a la gentillesse de nous déposer à l’aéroport. Vince a passé un pantalon pour ne pas afficher ses plaies tant il a peur d’être refoulé à l’embarquement pour raisons médicales (je n’y connais pas grand-chose, mais ça ne m’aurait en effet pas étonné outre mesure qu’il soit refusé). Au moment de passer les scanners, je me rends compte que j’ai oublié de mettre mon canif en soute. Je suis donc obligé de l’abandonner ici. Fuck. Dans la salle d’embarquement, je croise un des Australiens rencontrés à Kuata. Nous nous racontons la fin de nos séjours, c’est assez sympa. Nous voilà dans l’avion. J’ai pris bien soin d’être placé côté couloir : le hublot, c’est sympa cinq minutes, mais sur un vol de douze heures, c’est quand même très surfait. Je préfère pouvoir me dégourdir les jambes et aller aux chiottes à mon aise plutôt que de regarder les nuages. Je me fais deux films, je dors un peu. Nous voilà à Séoul. Nous avons dix-sept heures d’escale à tuer. Les formalités de sortie étant enfantines, nous décidons d’aller dans le centre de Séoul pour visiter un peu, dîner, profiter de l’ambiance. J’ai toujours été passionné par l’Asie, c’est donc pour moi un ravissement. Le RailRoad Express, très classe, nous emmène au centre de Séoul en quarante minutes. Chaque siège est muni d’un écran. Nous fonçons à travers la curieuse campagne, qui semble faite de caillasses sur des dizaines de kilomètres avec, au loin, des tours. C’est assez lunaire.
Le train express, après trois semaines dans les îles fidjiennes plutôt de type tiers-monde, est un choc. Vince laissera échapper, avec beaucoup de justesse : « Putain, mais on est en 2040 ou quoi ? » ^_^. Nous débarquons au cœur de Séoul, de ses tours et de ses écrans géants de publicité Samsung. Ça me rappelle Hong-Kong. Nous déambulons dans le centre-ville, et constatons que les SDF sont très nombreux. Dans certains couloirs du métro, ils se sont installés en masse, créant de véritables petits villages de carton. L’atmosphère est étrange, mais pas malsaine. Nous sommes très loin du métro parisien. Au hasard de nos pérégrinations dans de sombres petites ruelles, nous tombons sur un marché/restaurant de plein air. Je suis conquis. Nous décidons de dîner ici, mais pour cela il nous faut du cash. Nous galérons de longues minutes avec les automates au fonctionnement incompréhensible, puis nous parvenons enfin à retirer de l’argent. Des restaurateurs nous font manifestement signe de venir nous installer à leur table, mais le geste qu’ils font ressemble curieusement à un « dégage ». Étrange… Nous finissons par nous installer à une table, sur des petites chaises en plastique, et essayons de comprendre quelque chose à la carte des plats.
Séoul !
Nous communiquons essentiellement par signes. Nous n’avons pas la moindre idée (ou alors, au mieux, une très vague idée) de la nature des plats qui défilent. C’est parfois surprenant, parfois immonde, généralement très bon. Nos descendons de grandes bières moyennement fraîches. Tout ça est très agréable.
Heureux, à Séoul !
Nous marchons encore un peu dans la ville, nous nous arrêtons devant un film projeté en plein air sur un écran qui semble grand comme un terrain de football. Notre avion décolle tôt demain matin, et nous ne voulons pas rater les derniers trains. Nous montons donc dans un pseudo RER qui nous ramène à l’aéroport d’Incheon. Nous nous installons sur des bancs, comme des clodos, et tentons de dormir un peu. L’aéroport est globalement assez accueillant : pas trop de bruit, personne pour nous demander de dégager, pas de rôdeurs pour nous dépouiller. 18 mai Cette fois, ça y est, c’est la fin. Nous embarquons dans un Boeing 777 d’Air France, en code share avec Korean Air. Je ne suis pas chauvin du tout, mais j’avoue que retrouver un bout de France avec cet avion Air France me fait un bien fou : entendre parler français est reposant, lire français aussi. Manger français ne fait pas de mal non plus ! Nous arrivons à Charles-de-Gaulle après 11h de vol. Il fait gris, mais pas trop froid. Après tout, nous sommes en mai. Nous récupérons nos sacs, et nous rentrons dans nos chez-nous respectifs. Curieusement, les transports en commun me ramènent à Saint-Quentin-en-Yvelines sans trop de soucis – contrairement à mon retour d’Algérie. Bilan Les Fidji, c’est fabuleux. Plonger avec des bull sharks, nager avec des raies manta, randonner dans la jungle et glander sur des plages paradisiaques, c’est une très belle expérience, que je recommande vivement. Nous
sommes déçus de ne pas avoir visité Taveuni, mais bon, c’est ainsi. Côté budget, chacun jugera : le voyage m’est revenu à 2650€ tout compris (dont 1200€ pour le vol A/R), et environ 70€ par jour en mode backpacker sans trop nous priver, mais sans faire de folies non plus.
Antho, à l’Intercontinental de Natadola
corentin.macqueron@gmail.com