Lofoten

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Trip aux ÎLES LOFOTEN Ft. Züb’n’Boris

Été 2010. Après avoir vu un reportage bien sympa sur les îles Lofoten l’hiver précédent, et après en avoir discuté avec les potes, la chose est décidée : nous irons ! Nous voilà donc, Sébastien (Züb), Boris et moi en partance pour le grand Nord de la Norvège.

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30 juillet Je rejoins Boris à Paris, on prend le train pour l’aéroport de Beauvais, d’où partent les liaisons Ryanair (Bryanair comme dit Bulk ^_^). C’est moins cher que les compagnies régulières, mais attention quand même : à chaque clic sur le site internet, la facture s’allonge étrangement, il faut payer pour payer (!) et puis, rallier Beauvais, c’est long et, mine de rien, ça coûte aussi. D’autant plus qu’une fois arrivé à la gare de Beauvais, l’aéroport est encore loin, il faut reprendre un taxi ou une navette. Faites bien le calcul, donc ! Dans l’avion, on passe en revue le voyage, qui n’est pas encore totalement figé, loin de là. On potasse le Routard et le Lonely Planet (Züb prétend que je l’ai renommé Lonely Branlette… Bon, c’est bien possible, mais j’affectionne aussi beaucoup Lonely Echec ^_^). Le voyage se fait sans histoire. Nous arrivons à Skavsta, l’aéroport low-cost de Stockholm, qui est en fait très *très* loin de Stockholm. Mais on s’en fout royalement, c’était voulu. En effet, c’est là qu’Antho (Bulk) habite, à cinq minutes à peine de Skavsta. Ce voyage en Scandinavie était donc l’occasion de faire d’une pierre deux couilles : voir du pays, et voir le Bulk aussi ! À la sortie de l’aéroport, nous attendons donc Bulk, qui n’apparaît pas tout de suite. Il ne m’en faut pas beaucoup plus pour inventer une nouvelle expression : « Es haar ne Bulk ». Ça ne veut évidemment rien dire, bien sûr, mais c’est censé vouloir dire « Bulk n’est pas là ». D’après mes deux compagnons, c’est très compréhensible ^_^’ ! Enfin bref, Bulk finit par se pointer, on charge les sacs dans la voiture, on pose le matos dans son gigantesque appartement de fonction puis, moins d’une heure après avoir touché le sol suédois, nous voilà déjà tous dans le sauna du coin (on ne se refait pas !), dans cette bonne vieille ville de Nyköping (prononcez : « Nichonping » ^_^), à cinq minutes de Skavsta, donc. Ça fait plaisir de revoir le Bulk et la Suède, où j’avais passé huit mois, trois ans auparavant. On fait quelques courses, j’en profite pour me prendre un pack de cidre de fruits rouges, boisson suédoise que tout le monde trouve extrêmement gay, chimique et sucrée, mais moi je kiffe. Et puis d’abord, je vous emmerde, hein. Enfin bref, grandes effusions viriles, des bières, de la PlayStation 3, tout ça. Bonne soirée entre vieux potes, quoi. Le soir, énorme resto indien, puis dodo.

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31 juillet Le matin, grosse glande à Nyköping. On zone pendant une heure à chercher un café où se poser pour prendre le petit déj, mais ce n’est pas une pratique très suédoise, et ça ne donne pas grand-chose. On finit quand même par se poser dans un coin, où ce gros pédé de Boris prend un thé très gay dans une tasse ornée d’un papillon définitivement homosexuel ^_^. Le midi, barbecue sur la terrasse de Bulk, avec un joli soleil, quelques saucisses et des kötbullar, les fameuses boulettes de viande suédoises, que Bulk ne peut plus supporter, mais que, perso, je retrouve avec un grand plaisir nostalgique ! L’aprem, direction Stockholm avec la voiture du Bulk. La route est très sympa, et Stockholm est toujours aussi belle, avec son port, ses bateaux et toutes ses jolies couleurs. Il fait un temps magnifique.

Stockholm-la-Magnifique.

On se pose dans un bar, où Bulk demande une paille à la serveuse : « Do you have a tube, a pipe ? » (« Avez-vous un tube, un tuyau » ?). Inutile de préciser que je suis mort de rire, même si, sur le coup, je dois bien avouer que je ne savais pas plus que lui que ça se disait « Straw ». Enfin bref. Bulk nous pose à la gare, d’où nous montons dans notre train de nuit, pour filer vers le grand Nord dans un gigantesque train avec des très bonnes couchettes, des briques de flotte et tout le nécessaire pour dormir (fuck la SNCF, en résumé). Nuit pépère.

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1er août Long trajet en train, nous finissons par atteindre Boden, après neuf cents kilotoumètres. Il doit être neuf heures du matin. Nous avons un peu de temps avant le changement de train.

La gare de Boden. C’est quand même plus sympa que les gares SNCF…

Dans la boutique de la gare, je découvre que ces timbrés de Suédois ont fait un film qui s’appelle « Det regnar Köttbullar » (littéralement : « Il pleut des boulettes de viande »). Nan mais sérieux, quoi… Le trajet en train jusque Narvik en Norvège, est très classe, même si le temps fraîchit et qu’il y a quand même pas mal de brouillard. Cinq cents kilomètres après Boden, donc, nous arrivons à Narvik. Il fait froid. On se pause dans une pizzeria, plutôt bonne mais les prix sont quand même pas donnés, et donnent le ton des deux semaines à suivre… On se lance dans une petite rando qui monte assez sévère (inutile de préciser que la rando a été ourdie par Boris, aussi appelé Terminator, qui aime courir en montagne). La montée n’en finit pas, et puis de toute façon il y a du brouillard, donc on ne voit rien. On décide donc de monter les tentes, pour notre première nuit de camping sauvage. Téméraires (ou idiots, c’est selon), on se pose sur un terrain spongieux, et en pente. Monumentale erreur. La nuit, sous une pluie battante et dans des duvets qui glissent sur le fond de la tente en pente, sera nulle à chier. Sauf pour Boris qui, bien sûr, aura su se caler je ne sais trop comment (probablement entre deux pierres, ou un truc du genre). Narvik est une mocheté industrielle, froide, mouillée et brumeuse. Je décide donc tout naturellement de la renommer « Märdik » (ce qui se prononce « Merdique » en Suédois).

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Sur les hauteurs de Märdik.

2 août On se lève sous une pluie battante et dans un brouillard de merde. Il caille sa race. Trempés, on lève le camp et on redescend vers la gare de Narvik. Durant la descente, je me dis que, si les Lofoten c’est toujours comme ça, bin ça risque de vite me saouler, en fait ! Heureusement, la région a beau être très pluvieuse, nous serons protégés par Odin et aurons globalement droit à une météo assez clémente. Mais à ce moment là, on n’en savait encore rien. Et c’est donc trempés, et le moral dans les chaussettes de mon côté, que nous errons dans cette ville pourrie, sous la pluie, à la recherche de la gare routière. Après moult détours, qui nous aurons emmenés dans des carrières, au milieu des travaux et des bulldozers, nous trouvons enfin cette putain de gare. Nous patientons dans un hall, en essayant de faire sécher nos affaires, en grignotant du beurre de cacahuètes. En attendant le bus pour Svolvaer, Züb me raconte sa loose nocturne : trompé par Odin et par le soleil plus-ou-moins-de-minuit-en-tous-cas-qui-ne-se-couche-jamaisvraiment, Züb s’est levé vers deux heures du matin, est parti faire ses ablutions dans le ruisseau glacial d’à-côté histoire de se laver la rondelle, puis est revenu se faire engueuler par Boris parce qu’il n’était que deux heures du matin, bref, pas encore le moment de lever le camp. C’est beau, l’amitié et la chaleur humaine. Dans le bus, nous découvrons les fjords du coin, et leurs très nombreuses cascades, que nous décidons d’appeler des « tralalas » (ne me demandez pas pourquoi). Arrivés à Svolvaer, petite ville portuaire assez quelconque, nous nous rendons à l’office de tourisme, où nous achetons des cartes de rando, profitons des sanitaires (acte ô combien stratégique dans ce genre de voyage à base de trekking !) et où nous rencontrons Lucie et Anne-Sophie, deux étudiantes françaises qui ont aussi décidé de défier les dieux Vikings. Nous sympathisons autour d’un déjeuner à base 5


de beurre de cacahuètes, en nous caillant les miches au milieu des mouettes sur le port très venteux. Nous partons ensuite pour une petite rando en forêt, vers la ville de Kabelvåg. Ça monte parfois assez raide, mais les filles ont des sacs beaucoup plus gros et beaucoup plus lourds que nous et ne s’arrêtent pas pour autant. Du coup, on ferme notre gueule, bien que ça monte parfois plutôt sévère.

Quelque part, là bas… Notez la brume, à couper au couteau.

On croise une espèce de porte gigantesque, blindée, encastrée dans la montagne. Je me fais la réflexion que ça ressemble à la planque de Goldorak, mais je ne pousse pas plus loin mes investigations. On commence à fatiguer, alors on se décide à chercher un coin pour poser les tentes. Je vais ici plus ou moins citer Züb, qui a très bien su retranscrire la scène : Moi : Et là ? C’est pas mal, là, non ? C’est plat et *flotch*, ah, merde, c’est marécageux ! Züb : Bah sinon là c’est pas mal, c’est plat et… et merde c’est que de la caillasse ici, on pourra jamais planter les sardines. Boris : Ou alors *floutch*, ah, putain, non, là aussi c’est trempé. [Car, oui, disons-le tout net : les Lofoten, en gros, c’est une énorme éponge toute mouillée.] Et alors que nous dissertons sur une question épineuse (dormir en pente, ou dormir mouillé), sur la base d’une suggestion des filles, on trouve finalement un coin en hauteur, ni pentu, ni trempé, ni caillassé. Et moelleux, en plus. Comme quoi, la supériorité féminine, hein ! 6


Pendant que chacun galère à monter sa tente à sardines dans le vent, moi je monte ma tente Quechua « 2 secondes » en… allez, 3 secondes. Laissant les autres pester en montant leurs abris compliqués, je vais chercher du bois pour faire du feu et, à ma grande surprise, j’en trouve qui ne soit ni vert ni trempé. Dîner à base de nouilles et de ratatouille. On se couche tôt, fatigués et fumés comme des harengs, mais très contents.

3 août La nuit aura été bonne. Pas mal de vent, sans doute un peu de pluie aussi, mais rien de bien grave. On remballe le matos. C’est très vite fait pour moi, plus difficile pour les autres. Petit-déjeuner à base tartines et de thé, et puis c’est reparti. Je ne tiens pas plus de cinq minutes les pieds au sec : très vite, mes pompes sont de nouveau gorgées d’eau. Ah, le nord ! On arrive à Kabelvåg, petit village côtier bien sympa.

Kabelvåg

Nous reprenons notre souffle à côté d’un rorbu. Derrière ce nom un peu rugueux se cache un petit abri traditionnel de pêcheur, qui est devenu, le tourisme aidant, une espèce de guest-house pseudo-authentique. Mais ce rorbu là est pas mal, voire luxueux. Dit autrement : les prix tabassent. Mais c’est vrai que l’endroit, sur la mer, avec son petit ponton, enclavé dans les rochers, est assez fabuleux. Je fais le tour puis, transi de froid à cause du vent glacial, je me réfugie dans le rorbu. Immédiatement enveloppé par l’air doux et chaud, humant le fumet de la cuisine bien grasse, l’espace d’un instant, je me demande ce qu’on fout tous, là, dehors, trempés, glacés 7


et sans provisions. Comprenant qu’Odin est en train de me tester, je retourne dehors, pour me cailler, en t-shirt et en plein vent.

Le petit port de Kabelvåg.

Nous apercevons deux loutres, sympas et joueuses, qui courent sur le ponton. Le temps de les rejoindre, et les voilà à l’eau. Tant pis ! Je continue mes explorations, et je finis par découvrir un magnifique sauna à bois, avec vue sur la mer. Hystérique, j’appelle Züb, qui s’emballe lui aussi à la vue de ce magnifique joujou. Nous nous imaginons déjà à l’intérieur, emmitouflés dans la chaleur divine, triomphant de ce froid polaire. Mais les prix nous ramènent vite sur terre : 250€ la séance, soit 50€ par tête. Les filles n’ont pas un rond, et même nous qui avons des sous, nous ne sommes pas encore assez fous pour lâcher une telle somme pour un malheureux sauna. Déchirement du cœur, tout de même, au moment de repartir sur la route.

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Pique-nique au bord de la mer, à Kabelvåg.

Les filles décident de prendre le bus pour Eggum. Boris prend le numéro d’AnneSophie, l’idée étant d’essayer de se retrouver trois jours plus tard, à Nusfjord. Nous déjeunons de sandwichs au salami et au beurre de cacahuètes (pour changer), puis nous prenons le bus pour Lekles. Petite pause café avec Züb pendant que Boris part acheter des chaussettes pour pallier aux semelles qu’il a perdues quelque part vers Kabelvåg. Et c’est reparti pour une longue ballade, d’abord sur la route, puis sur des chemins, et puis un peu au milieu de nulle part, à travers champs, longeant la côte et les fjords, cherchant des chemins indiqués sur la carte mais qui semblent s’être évaporés de la réalité. Mais bon, en même temps, on sait quand même globalement où l’on va, alors on coupe à travers champs, en prenant soin de ne pas (trop) marcher dans l’eau.

Quelque part, après Lekles

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Nous finissons par arriver à la plage tant attendue. L’endroit est beau, paisible, coupé du monde, à l’ombre de la montagne. Mais, contrairement aux indications de la carte, il n’y a pas de rivière, donc pas d’eau douce, ce qui est quand même un peu emmerdant.

Ce gros gay de Züb.

La plage suivante, de l’autre côté de la montagne, ne semble pas inaccessible, et pourrait être truffée de cours d’eau douce, donc nous décidons de poursuivre notre marche. Et hop ! Le chemin disparaît rapidement, au profit d’énormes rochers branlants, nous obligeant à progresser en sautant. Avec les gros sacs, et ce vent glacé, cela devient vite fatigant. Nous décidons donc de couper par la forêt. Mauvaise idée : dense et hostile, la forêt nous ralentit terriblement. Et puis, je passe mon temps à emmêler la canne à pêche trouvée un peu plus tôt. La mort dans l’âme, je dois l’abandonner, me disant que nous ne pourrons pas pêcher. Tant pis. Nous retournons sur les rochers, c’est épuisant, mais ça va tout de même beaucoup plus vite. Nous nous posons quelques minutes, le temps de manger une pomme, mais le vent est tellement froid qu’il nous pousse à reprendre vite la marche. En effet, en sueur et dans le vent glacé, la sanction est immédiate… Nous arrivons enfin à la seconde plage. Il n’y a pas vraiment de ruisseaux, mais tout de même quelques petites mares. C’est un peu la loose, mais c’est toujours ça de pris sur le trajet du lendemain. Nous dressons le camp sur un terrain bien moelleux, puis nous faisons nos ablutions dans une eau glaciale. Pour nous réchauffer, nous allumons un feu que nous alimentons en démantelant quelques palettes de bois rejetées par la mer. L’endroit est vraiment beau. Nous dînons tranquillement au coin du feu. Dans ma tente, bien au chaud dans mon duvet, pendant que ma serviette et mes chaussures 10


crament silencieusement au coin du feu, je termine le premier tome d’Hypérion. Mon sommeil, agité, se peuple d’arbres Tesla et d’êtres crucifiés, carbonisés, revenant à la vie. Bref, je découvre la splendeur des écrits de Dan Simmons.

Le campement.

4 août On se lève tôt, comme d’hab. En mâchonnant sans grande conviction une tartine de beurre de cacahuètes, je découvre que ma serviette et mes pompes ont cramé au coin du feu. Bon, ce n’est pas la cata, mais quand même, elles ont morflé, et ça fait chier. Nous plions bagage, puis c’est reparti pour de la marche. Très vite, nous atteignons un petit sommet, d’où le paysage est magnifique – comme d’hab. Des trucs bizarroïdes semblent croiser au large. En y regardant de plus près, nous découvrons que ce sont de petits dauphins – ou des micro baleines, c’est selon. C’est plutôt cool, même si ce n’est pas encore Moby Dick. La route pour rallier la prochaine île (nous quittons Vestvågøy pour Flakstadøya) implique de se taper 2 km de marche dans un tunnel bétonné. Ça ne m’enchante guère, mais j’étais prêt à la tenter, lorsque mes 2 camarades décident de faire du stop. Pourquoi pas, après tout ? Et voilà que, à peine 2 minutes plus tard, un Norvégien nous embarque. Elle est pas belle, la vie ?

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Entre Vestvågøy et Flakstadøya.

Nous reprenons notre marche, qui nous emmène dans un petit port tout sympa, où les mouettes semblent largement plus nombreuses que les humains. De petits chalutiers trempent paisiblement. C’est assez magique. Le chemin de rando vers Nusfjord se mue en un micro sentier boueux et glissant, à flanc de colline. Boris glisse et se vautre gentiment – inaugurant ainsi une nouvelle ère, l’ère des « borissades » (comprendre : glissades façon Boris). Le soleil se met à taper un peu, c’est une première depuis notre arrivée dans ce pays glacé, et ce n’est pas pour nous déplaire même si, très vite, nous ahanons un peu (sauf Boris) sous le poids des sacs et du soleil de plomb.

Un petit port tout sympa, sur la route de Nusfjord.

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Au niveau de la dernière habitation – qui, d’ailleurs, n’est même pas habitée –, nous nous rendons compte que nos provisions vont être un peu justes. N’ayant pas croisé depuis un bon moment un endroit où acheter des victuailles, nous sommes sur la réserve. C’est un peu l’échec, car il nous semble désormais évident que nous ne pourrons rallier Nusfjord par cet itinéraire là : il nous faudra rebrousser chemin. Nous décidons de continuer un peu quand même, histoire de trouver un endroit sympa pour le restant de la journée et pour y passer la nuit.

En plein cagnard…

Nous arrivons dans une petite clairière, avec la montagne d’un côté et la mer de l’autre. Le terrain est plat, moelleux à souhait et – chose rare ! – relativement sec. Nous ne tergiversons pas longtemps et le camp est rapidement monté. Après avoir glandé un peu, et avoir couru derrière quelques moutons pour avoir la paix – ça fait un de ces boucans, ces bestioles ! –, nous hésitons : descendre vers la mer pour se cailler les couilles, ou pousser un peu plus haut, vers cette cascade qui miroite au loin ? La décision est prise : nous ferons les deux. 13


Nous commençons par la cascade. Le terrain est trompeur, une fois de plus : c’est moelleux, spongieux, et en faux plat. Du coup, ça fatigue un peu, mais la vue est magnifique, et la cascade est d’une pureté absolue. De l’eau glacée après une petite marche sous un soleil de plomb et avec un panorama somptueux, c’est ça, le bonheur.

La vue depuis le campement. Ouais, ça poutre.

Après avoir étanché notre soif, nous redescendons au camp, puis nous poussons jusqu’au rivage. Là, nous nous mettons en tenue d’Adam, avant de nous plonger dans les eaux glacées. Nous hurlons. Pour deux raisons : parce que l’eau est glacée – du genre vraiment glaciale – et parce que les rochers niquent vraiment les pieds. Le bain est de courte durée, mais il est vivifiant. Nous nous ébrouons comme des chiens mouillés – et il n’est pas impossible que quelques pénis aient été agités pour figurer des hélicoptères. Après tant d’émotions, nous nous allongeons au soleil, histoire de parfaire notre bronzage intégral – ainsi que nos blessures de guerre (les rochers sont un poil abrasifs…). Bon, c’est pas tout ça, mais il commence à faire faim, et nous n’avons presque rien à bouffer. Nous retournons donc à l’eau, histoire de pêcher quelques bigorneaux. Après une pêche pas vraiment miraculeuse, nous nous rinçons dans les nombreuses vasques d’eau douce éparpillées dans la vallée.

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Après avoir allumé un feu grâce aux quelques herbes sèches du coin (nous appelons ça des frouch-frouch… parce que ça fait frouch-frouch lorsqu’on marche dessus), nous attendons patiemment que les bigorneaux cuisent. C’est long, et frustrant, parce que bouffer des bigorneaux avec des brindilles taillées en cure-dents, c’est pas évident, et parce qu’il n’y a vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent. Pas vraiment repus, nous repartons pour une petite marche, qui nous emmène en haut d’un énorme rocher, d’où la vue est magnifique et où les frouch-frouch regorgent de myrtilles (j’ai d’ailleurs le cul violacé, à force de m’y asseoir). Les myrtilles sont délicieuses et abondantes. Ce n’est pas un vrai repas, mais bon, nous n’allons pas nous plaindre. La quiétude est totale.

Là-haut, sur la montagne…

Nous redescendons au campement. La chaleur du feu est un vrai bonheur, car ici, dès que le soleil se couche, la température chute sévèrement, et le moindre petit vent peut faire de vous un surgelé Picard. Alors, certes, nous sommes en août, très au Nord, et le soleil ne se couche donc jamais vraiment. Oui, mais ça, c’est sans 15


compter les montagnes derrière lesquelles le soleil se faufile sournoisement. En gros, même s’il ne fait jamais vraiment nuit, quand on est à l’ombre d’une montagne, hé bien, ça caille. Confortablement emmitouflés dans nos duvets, bien calés sur les frouch-frouch moelleux – mais un peu énervés par les moutons qui font gling-glong –, nous nous en remettons à Odin et sombrons dans un sommeil bien réparateur.

5 août Du vent, de la pluie, pas mal de gling-glong, mais une bonne nuit quand même. Le camp est vite levé, et nous rebroussons chemin, la queue entre les jambes, et l’estomac dans les talons. De retour sur la route, quelques minutes d’attente suffisent pour être pris en stop, nous et nos gros sacs – ce qui n’est pas une mince affaire. Nous comptons rallier Nusfjord, mais la gentille dame qui nous a pris en pitié n’y va pas vraiment. Qu’à cela ne tienne, elle nous rapproche déjà beaucoup, et nous laisse à un embranchement, d’où un couple d’Allemands dans un énorme camping-car façon panzer nous emmène jusque Nusfjord. Bref, jusque là, le stop marche quand même foutrement bien !

En train de faire du stop… Avec toujours cette brume au loin !

Arrivés à Nusfjord, nous découvrons un petit village tout mimi encastré dans la roche et arrimé tant bien que mal à de gros pilotis qui plongent dans les eaux glacées. C’est très beau, mais ce n’est pas un vrai village, en fait, c’est plus un musée, qui me fait un peu l’effet d’un décor de cinéma. Et l’entrée est payante ! Ça 16


ne nous intéresse pas plus que ça, mais nous devons ravitailler, et la supérette est à l’intérieur de la zone musée. Mais heureusement, le type à l’entrée est cool, il voit bien qu’on lutte avec nos sacs, et il nous fait confiance. Il nous laisse entrer gratos pour que nous puissions faire nos emplettes. La supérette n’est pas très fournie, mais nous avisons deux kilos de salade de pomme de terre à la mayonnaise. Ce n’est pas ce que l’on fait de plus diététique, mais justement : il nous faut du gras, du lourd, du calorique, et ça fait sacrément du bien. Par contre, il fait vraiment froid, le vent caille sévère, et le soleil est manifestement en RTT. Comme les gros gays que nous sommes, nous nous autorisons une petite viennoiserie à la cannelle. Et puis, c’est l’heure de reprendre la marche. C’est fatigant, mais au moins ça tient chaud, et ça, c’est pas du luxe, parce que ça grelotte vraiment. Nous partons donc en direction de Nesland. Très vite, nous tombons sur AnneSophie et Lucie, qui viennent de se faire la rando dans les deux sens. Züb dit que c’est cool, parce que ça doit vouloir dire que ce n’est pas trop long. Les filles confirment. Mais connaissant les tendances warrior des demoiselles, j’évite de m’emballer, et l’avenir ne tardera pas à me donner raison. Nous convenons de les retrouver à Ramberg, quelques kilomètres après Nesland, où nous ne comptons pas dormir outre mesure.

De Nusfjord à Nesland.

Nous sommes donc partis pour trois heures de rando, sur un terrain qui monte, qui descend, puis remonte, et ainsi de suite. Le chemin sillonne à travers les rochers, et il faut déployer des trésors d’ingéniosité pour ne pas s’enfoncer dans les ornières de boue créées par les passages répétés des randonneurs. Le terrain est fourbe, très propice aux borissades. Le soleil est toujours aux abonnés absents, et dès que nous nous arrêtons pour souffler un peu, le froid se fait mordant. Je grignote une carotte, 17


allongé dans la caillasse, en essayant de me mettre à l’abri du vent, mais la pierre aussi est glacée.

Moi en mode Neil Armstrong, en train de remonter dans le module lunaire…

Nous atteignons enfin Nesland, qui n’est pas un village, mais plutôt un tout petit bourg sur la plage. C’est mignon, mais en rien différent de toutes les autres maisons rouges vues jusqu’ici. Et puis, c’est totalement désert. Nous reprenons donc la marche, sur la route. Nous essayons de faire du stop, mais Nesland étant une voie sans issue, nous croisons très peu de véhicules, et ce n’est pas glorieux. Nous marchons une bonne heure, dans le froid et le silence, avant d’être finalement secourus par des gens fort chaleureux. Nous nous tassons à je ne sais plus combien dans leur petite voiture, fort heureusement équipée d’un coffre de toit, sans quoi les sacs ne seraient jamais rentrés. Nous nous faisons déposer à Ramberg, où nous retrouvons les filles à la supérette, où il règne une douce chaleur propice à la torpeur. La bibliothèque du village, bien fournie et généreusement chauffée, propose un petit accès à internet, d’où nous envoyons quelques petits mails du genre : Perdus quelque part dans une contrée glaciale. Très sympa. À bientôt. La bibliothécaire nous indique un petit resto qui pourrait bien être une espèce de kebab. Ça donne envie ! Mais pas de bol, nous tombons en fait dans un resto assez classique, où la bouffe 18


est onéreuse sans être généreuse ni même fameuse. Züb n’est pas extrêmement emballé par le fait de lâcher une boule pour un dîner moyen, plutôt que de se payer un camping avec une bonne douche bien chaude. Je ne peux pas lui donner tort. Pas totalement repus, nous reprenons la route sur un petit kilomètre, jusque Tandberg, à la recherche d’un endroit où jeter l’ancre. Nous nous posons dans un petit champ bien sympa, au bord de la plage, et la nature nous gratifie d’un coucher de soleil assez grandiose. Mais, pas de bol, l’endroit est en fait une parcelle privée – c’est en tous cas ce que nous avons déduit après nous être fait copieusement engueulés par une petite vieille. Et, en Scandinavie, on peut dormir où l’on veut, pourvu que le propriétaire du terrain soit d’accord, ce qui ne semble pas tout à fait être le cas ici. Il faut donc démonter les tentes, repartir, et remonter tout le bordel. C’est là que ma tente « 2 secondes » Quechua révèle son écrasante supériorité face aux engins beaucoup plus compliqués de Züb et de Boris – sans parler de l’antique capsule Apollo des filles. Mais en fait, le montage de leur tente était tellement long qu’il était à peine commencé, donc au final les filles s’en sortent plutôt bien !

Coucher de soleil sur la plage de Ramberg.

Nous trouvons un endroit moyennement sympa, qui tient plus de la zone d’excavation que du terrain de camping, mais tant pis. Rideau. 6 août La nuit fut moyenne, la faute au sol légèrement rocailleux. Les caillasses, ça ne vaut pas un bon matelas de frouch-frouch, ça non ! Züb fait la gueule, comme toujours quand il a mal au dos, comme le gros gay qu’il est. 19


Les filles décident de partir vers une grande plage, au nord, tandis que nous décidons de partir vers l’est. Le camp est vite levé, et nous revoilà à marcher. Les paysages sont toujours aussi beau, mais bon, marcher sur du bitume, c’est un peu nul, mais c’est ça ou escalader les montagnes, et il ne faut quand même pas déconner. Boris en est sûrement capable, mais moi et Züb ça ne nous tente pas trop. Après deux bonnes heures de marche, et quelques ponts au-dessus de divers bras de mers, Züb nous explique que, si ça continue comme ça, à un moment, il va « se mettre en sécurité ». Comprendre : il est comme un fusible, et un fusible, ça crame, pour sécuriser une zone. Diantre. Il menace de se reposer ! Quel affront ! Cela étant, j’avoue être bien cramé moi aussi. Seul Boris pourrait continuer à ce rythme – et probablement même en accélérant. Mais bon, de toute façon, où se reposer ? Il n’y a rien aux alentours, à part des bras de mer et des mouettes. Nous poussons jusqu’à Fredvang, un petit village tout ce qu’il y a de plus classique. Le départ de la randonnée (ourdie par Boris, une fois de plus) est encore à environ une heure de marche, et ce ne sera que le début. La journée est bien commencée, et les sacs sont lourds.

Fredvang. Magnifique.

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Épuisés, en passant devant un rorbu, nous cédons. Boris nous facilite la tâche, en proposant la chose, voyant bien que nous sommes fatigués. Mais cette grande bonté n’est cependant probablement pas tout à fait désintéressée. Probable qu’il se soit dit que, s’il cassait ses jouets, il ne pourrait plus jouer avec. Bref, nous demandons les prix à la vieille dame, et, ma foi, c’est franchement honnête. Cinq cents couronnes environ pour une bonne piaule avec trois plumards mous à souhait, ça ne se refuse pas !

Devant notre rorbu.

Vu qu’Odin semble être avec nous, je tente l’impossible. N’y croyant pas une seule seconde, mais espérant très fort, je demande à la vieille si, au cas où, il n’y aurait pas un sauna dans les environs. Réponse : Tout à fait ! Bin où ça ? demandé-je, en frétillant. Réponse : Juste en face ! Médusés, nous nous regardons, les yeux embués. Nous posons les sacs, traversons la route et allons sonner chez ceux qui, peut-être, pourront nous louer un sauna pour la soirée. Mon cœur s’emballe, j’ai des sueurs froides, peut-être le sauna est-il en arrêt technique, ou que sais-je ? Odin nous mettra t-il à l’épreuve, une fois de plus ? Le verdict tombe, et je l’entends encore résonner comme une louche en cuivre sur les pierres : oui, le sauna est libre et, oui, nous pourrons l’allumer ce soir. Quel immense soulagement ! Je me fais la réflexion que, vingt minutes plus tôt, nous étions en train de marcher sur du bitume avec nos gros sacs et comme seule perspective l’ascension d’un col, harcelés par le vent glacé et des méchantes mouettes (c’est toujours méchant, les mouettes, c’est un invariant 21


comme la constante de Planck). Et maintenant nous voilà, libres comme l’air, légers comme des brindilles, avec des lits bien moelleux et un sauna booké pour le soir même. Quel fantastique retournement de situation, digne des plus grands épisodes de LOST ! C’est donc le cœur léger que nous reprenons la marche, délivrés d’une quinzaine de kilos chacun, rendus invincibles par la perspective d’un énorme sauna et d’une énorme nuit. Sans les sacs, nous faisons des enjambées titanesques, tel Neil Armstrong sur la Lune, un peu comme si nous étions en zéro gravité. Bon, le sentier finit par monter sévère, et les lois de la physique nous rattrapent. Une fois au sommet, nous bénéficions d’un panorama sublime – une fois de plus. En face de nous, la plage, immense, d’un blanc aveuglant. Ce gros pédé de Züb décide de ne pas descendre, sous le prétexte fallacieux qu’après il faudra remonter. Nous laissons donc ce vil félon là où il est – non sans l’avoir insulté copieusement.

La plage du bout du monde.

Une fois sur la plage, je commence à réviser un peu mon plan de baignade. En effet, il fait beau, mais le vent est glacé, et la mer est vraiment très loin. Je suppose que mon karma en prend un coup, j’avoue me surprendre moi-même. Je ne crois pas avoir jamais renoncé à une baignade – même en février à Oslo, sous la neige et sans serviette, à deux bonnes heures de marche de tout abri. Mais bon. Shit happens, comme on dit. Züb finit par nous rejoindre, probablement pour obtenir une petite remise de peine sur les terribles railleries auxquelles il s’était lui-même condamné. Nous lui re-créditons donc tacitement quelques points de virilité sur son PEL. Mais il devra payer des agios. 22


La remontée est difficile, mais sans plus. Je m’attendais à bien pire, même si je traîne derrière le Züb, tandis que Boris est déjà en haut. Nous le retrouverons beaucoup plus tard… en train de dormir au sommet. Ça fait bizarre de se dire qu’on était en train de souffler comme des vieilles locomotives, pendant que lui dormait tranquillement du sommeil du juste. Boris est une machine, ou alors c’est nous qui sommes des vieilles looses. Ou les deux.

Boris Viewpoint, en train de dormir du sommeil du juste.

Nous traçons la route pour aller récupérer les clés du sauna qui est, semble t-il, déjà chaud, et n’attend plus que nous. Nous nous déshabillons à la va-vite, puis nous nous pressons dans Le Précieux. Qui s’avère être encore tout froid, en fait. Nous nous sentons un peu couillons, et sortons pour nous rhabiller, avant d’allumer le feu. Pendant que le sauna chauffe, nous nous inquiétons de la petitesse du stock de bois. Nous avons l’habitude de mon Bania, en Normandie, qui consomme énormément, du genre vingt litres aux cents. Züb et Boris vont donc quémander quelques brouettes de bois en plus, mais le type ne nous concède que trois ou quatre misérables bûches. Nous sommes perplexes, mais la technologie norvégienne est peut-être, après tout, très en avance sur la technologie basnormande. On se rassure comme on peut, tandis que la température atteint un modeste 70°C, qui nous permet de plonger dans le petit lac glacé. Un vrai bonheur. Trois heures de chauffe et quelques sandwiches au salami-beurre de cacahuète plus tard, la température atteint 107°C – et nous n’avons pas encore touché au premier stock de bûches. Nous mourrons de chaleur, terrassés par la supériorité de la technologie norvégienne.

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Nous célébrons les 107°C avec deux séries de cinq louches dédiées à Odin, puis nous arrêtons la chauffe et allons rendre les clés, totalement lessivés. Mais, maintenant, nous avons faim. Nous nous posons donc au petit bistrot du coin, où nous commandons trois pintes bien fraîches, ainsi que des burgers accompagnés de frites. À la fin du repas, très bon mais un poil juste en frites, Züb nous regarde avec son air couillon et nous propose de reprendre la même chose. Nous avons encore un peu faim, et les efforts de Züb pour rattraper sa couardise de la journée sont totalement transparents. Ainsi soit-il, nous reprenons une tournée de bière-burgersfrites. La cuisinière, interloquée, se présente devant nous en se tapant le doigt sur la tempe, histoire de bien nous signifier que nous sommes fous. Peut-être un peu vexée, elle nous sert une brouette de frites que nous finissons après des efforts pour le moins héroïques. Repus jusqu’à l’éclatement, épuisés – et aussi un peu bourrés – nous nous effondrons dans nos plumards, pour une des nuits les plus réparatrices qu’on puisse imaginer.

7 août La nuit fut tellement bonne que nous l’avons prolongée beaucoup plus que d’habitude, pour étirer l’instant et pour nous taper une vraie grasse mat’. Mais la marche nous attend, encore et toujours. Après avoir pas mal marché sur la route, nous sommes finalement pris en stop par une Hongroise gentille mais peut-être un peu cintrée. Serrés comme des hamsters avec nos gros sacs sur les genoux, nous atteignons tranquillement la ville de Reine, avec son tout petit port tout mignon, cerné par les montagnes. Inutile de préciser que, une fois de plus, les paysages trouent tout !

À Reine.

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L’objectif est une immense plage au nord, que nous avons vue en photo, et qui nous a semblé rien moins que magnifique. Il faut prendre un petit bateau pour y aller, et nous ne connaissons pas trop les horaires, alors nous nous hâtons et hélons le capitaine : - Quand partez-vous ? - Je ne sais pas ! - Comment ça, vous ne savez pas ? Mais… c’est pourtant vous le capitaine ! - Certes. - ??? Et le voilà qui repart vaquer à ses occupation, nous laissant comme des couillons sur le quai. Mais bon, il a l’air gentil, et ça n’était probablement qu’une bonne blague norvégienne. Bon, la supérette n’est qu’à une cinquantaine de mètres, nous devrions avoir le temps de faire quelques courses sans rater le bateau. Et c’est chose faite. La traversée en bateau prend une trentaine de minutes. Le rafiot est tout à fait charmant. Ce n’est ni un zodiac, ni un ferry, mais un truc vraiment sympa, de taille moyenne. Le vent est fort et terriblement froid, mais la beauté du paysage est sidérante. À l’intérieur du bateau, règne une douce chaleur. C’est incroyable comment un peu d’air chaud peut faire du bien, des fois…

Traversée pour Vinstad. Rien que pour ça, les Lofoten valent le coup…

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Une fois le bras de mer franchi, nous prenons le sentier, qui monte doucement et traverse le village totalement perdu de Vinstad. On doit s’y faire chier en y vivant toute l’année, mais c’est parfait pour une retraite spirituelle. La vue y est à tomber.

Vinstad.

Le sentier redescend enfin, et nous arrivons à la plage promise : immense étendue de sable blanc, balayée par un vent pas moins froid que d’habitude, et cernée par des montagnes tout à fait flippantes. Ambiance incroyable. Nous sommes une dizaines de randonneurs, à nous battre contre les vents tournoyants pour monter nos tentes. Je crois que c’est la seule et unique fois que je plante mes sardines, car ça souffle vraiment fort. Je pousse jusqu’à la mer, et je décide de ne pas repousser plus loin mes obligations, en me baignant manu militari. C’est… vivifiant. Je cours pour me réchauffer, puis vient le moment d’allumer un grand feu. Tout le monde s’y essaie, Français, Allemands et Hollandais, mais c’est la loose. Heureusement, nous trouvons un sac de charbon de bois préservé de l’humidité, et le feu démarre enfin. Il fume plus qu’il ne brûle, mais bon, on fait ce qu’on peut. Nous dînons d’un paquet de noodles pour trois, d’une tranche de pain et d’une carotte. On commence à avoir l’habitude, mais on a vu plus copieux. Les Allemandes marchent jusqu’au bout de la plage pour se laver les cheveux dans un court d’eau douce et glacée, puis vident une bouteille de gaz pour faire chauffer de l’eau afin de la rendre potable – pourquoi pas. Deux Hollandais totalement givrés se trimballent pieds nus, en t-shirt et en short, alors qu’il doit faire dix degrés à tout péter et que le vent ne faiblit pas vraiment. Ils nous montrent leur manuel de survie et nous expliquent qu’ils sont là pour faire une espèce de Man Vs Wild. Leur 26


jusqu’au-boutisme nous amuse beaucoup. Ils courent des heures sur la plage immense pour ramener quelques bouts de bois, essayent de choper des rongeurs parmi les rochers, posent des collets et regardent passer un mouton avec regard suspect. Les voilà qui repartent vers la mer en courant. Quelques minutes plus tard, ils ramènent une étoile de mer pêchée on ne sait trop où. La pauvre bête est trop grande pour leur gamelle, alors ils la découpent vivante, puis tentent de la faire bouillir. Ça prend des plombes. Fatigué, je décide d’aller me coucher.

8 août Nous nous levons relativement tôt. Le vent a soufflé fort, mais les tentes ont tenu bon. C’est toujours un bonheur d’être bien au chaud dans sa tente lorsque l’on sait que, dehors, ça caille sa race, mais il y a quand même toujours l’appréhension qu’il n’arrive une couille. Bref. Nous rangeons notre matériel prestement, pendant que les prétendus warriors Hollandais ronflent tranquillement. Nous traçons jusqu’au port, parce que, à ce que nous avons compris des horaires, si nous loupons le bateau du matin, nous sommes marrons pour attendre le milieu de l’après-midi.

La « gare maritime » de Vinstad.

Il se trouve que le bateau est en avance, pour une raison imbitable, mais ce n’est pas grave, nous parvenons à le prendre. Nous sommes seuls à bord. Nous déjeunons de burgers bien gras accompagnés de brouettes de frites. Ça change de l’habituel paquet de noodle ! 27


Nous prenons ensuite le bus jusque Sørvågen, d’où nous comptons partir pour une énième randonnée – on se ne refait pas ! Ça commence doucement, par un petit sentier qui passe entre quelques petits lacs. L’objectif est de camper là haut. Nous nous armons de courage, parce que ça monte fort, que les sacs sont toujours aussi lourds et que, une fois n’est pas coutume, le soleil tape dur. En sueur (sauf Boris), nous atteignons un petit plateau avec un grand lac d’un bleu profond. Je me prends à rêver d’une baignade ultimement rafraîchissante, mais, horreur : le lac est une réserve d’eau potable, et il est donc interdit de s’y baigner. Pour moi, la désillusion est terrible. La mort dans l’âme, je reprends la marche derrière mes camarades. Ça monte de plus en plus dur. Il faut parfois s’accrocher aux chaînes plantées dans la montagne, qui se fait de plus en plus glissante. Le soleil tape de plus en plus fort. Nous atteignons un second plateau, d’où le panorama est à se damner. Nous reprenons notre souffle, en contemplant la beauté du lieu. Nous reprenons la marche. Le sentier monte soudain presque à la verticale, sur la droite, en direction de Minkebu. Il y a là haut un refuge. C’est tentant, mais nous n’avons pas réservé et, à part Boris, nous commençons vraiment à morfler. Là où nous sommes, le terrain n’est jamais plat, ou alors il est marécageux. Damned. Il nous faudra donc redescendre. Je me fais la réflexion que nous aurions pu installer les tentes en bas, y laisser les sacs, et faire une rando avec beaucoup moins de charge sur le dos. Mais c’est ainsi. On a tenté, on s’est loupé ! Nous redescendons. C’est ultra raide, méchamment glissant – vive les borissades ! – et ça pète les genoux.

C’est *HAUT* !

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De retour en bas, plus ou moins au niveau zéro, nous montons nos tentes au bord d’un petit lac. Le soleil descend à vive allure, et ne devrait plus tarder à atteindre le « Point Foufoune », c’est-à-dire à disparaître derrière la montagne. Dès lors, sans feu, il fera un froid polaire. Et le feu est interdit ici. Nous nous dépêchons donc de nous rincer la rondelle dans le lac, avec un peu de savon – et en mankini en ce qui me concerne. Certains Norvégiens ont trouvé ça très drôle, d’autres on manifestement moins apprécié… En plus du « Point Foufoune » (ne me demandez pas de vous expliquer l’origine de cette expression), nous inventons également l’ « effet pédothermique », qui est un gigantesque dégagement de chaleur, sous la forme d’une onde bleutée, et qui correspond en fait à la conversion de la virilité en énergie. Cela arrive spontanément, lorsqu’un mec, transi de froid, renonce à se baigner, y laissant ainsi sa virilité. Oui, je sais, c’est parfaitement stupide, mais ça aura au moins eu le mérite de bien nous faire marrer. Dodo. 9 août Aujourd’hui, petite journée tranquille. Nous partons à pied vers Å, qui se trouve être le village le plus au Sud de l’archipel principal. Nous laissons les tentes à Sørvågen, car l’endroit est sympa (et aussi, soyons honnêtes, parce que nous en avons un peu plein l’cul de trimballer en permanence tout notre matos). La ville est petite, et pue la morue, car c’est un port de pêche. Mais quand je dis que ça pue, c’est que ça pue vraiment. Pas partout, heureusement, mais nous sommes passés à côté d’une grange qui distillait une odeur insoutenable, tant elle était pleine de morues en train de sécher. Eurk.

Des morues à Å.

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Nous glandouillons un peu sur le port, puis nous partons pour une énième randonnée, mais nous n’irons pas au bout. Nous sommes en effet un peu fatigués (« nous » exclue Boris, bien sûr), et puis même si c’est très beau, c’est quand même un peu toujours la même chose. Alors, plutôt que de se péter les genoux, on se pose sur un rocher sympa avec une belle vue, on grignote des chips et nous nous baignons (ici, « nous » exclue bien évidemment ce gros pédé de Züb, qui a décidé que l’eau était trop froide). Nous larvons au soleil, dans une tranquillité absolue… jusqu’à ce que des Italiens en rando se pointent et se mettent à brailler sur des kilomètres. Retour au campement, puis petite marche jusqu’au port de Moskenes, histoire de voir à quoi ça ressemble, mais surtout histoire de voir combien de temps ça nous prend à pied, car demain nous prenons un ferry pour la petite île de Væroy, et nous ne voulons pas le manquer.

Moskenes. Typique des Lofoten.

En chemin, nous mangeons une glace, chimique certes, mais qui fait quand même du bien. À Moskenes, nous découvrons un sauna magnifique, en forme de fût de bière horizontal, mais qui ne fonctionne pas présentement. Quel affront ! Après quelques courses de première nécessité à la supérette du coin, nous nous couchons tôt, peu après le « Point Foufoune ».

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10 août Nous nous levons über tôt pour plier bagage et rallier le ferry à Moskenes. Bien rôdés, nous arrivons avant l’heure, et patientons comme des couillons, avant d’embarquer dans un ferry énorme, qui avale des camions au petit-déjeuner. La traversée jusque Væroy ne prend qu’une petite heure et demie. Nous débarquons sur une île quasiment déserte. À pieds, nous mettons trois bonnes heures pour rallier le petit aéroport désaffecté du coin, que nous avions vu dans un reportage sur les Lofoten, et qui nous avait donné envie de venir, avec son air un peu fantôme. Et fantôme, il l’est ! La piste, vide, fait vraiment bizarre. La tour de contrôle a été recyclée en maison par une petite famille qui y tient une petite chocolaterie. Après avoir demandé la permission, nous installons nos tentes dans un coin bien à l’abri du vent, mais une autre menace rôde : les chèvres et autres biquettes, qui essaient de manger nos tentes, se prennent les pattes dans les cordes, et volent la tartine de Boris.

Les méchantes chèvres.

Les autres bestiaux sont plus sympas, bien qu’ils fassent un peu peur par leur gigantisme : les chats à poils longs sont gros comme des Rottweilers, et les lapins leur tiennent la dragée haute. Difficile d’y voir un quelconque nanisme insulaire… L’endroit est sympa de par son ambiance, mais le vent est quand même super froid, et il n’y a pas de cours d’eau pour boire, faire la vaisselle ou nous rincer la rondelle. Sur la route, nous n’avons croisé que quelques rares voitures (qui ne nous ont pas pris en stop), ainsi que des petits vieux dans des espèces de scooters électriques totalement couverts, qui n’allaient pas franchement plus vite que nous. 31


Nous faisons une petite balade en rasant la montagne, mais les pierres branlantes ne nous aident pas beaucoup. L’endroit est extrêmement tranquille, et après avoir veillé le feu, nous nous couchons, dans l’axe de la piste, avec la drôle d’impression d’être parvenus au bout du monde.

11 août Au lever, il fait super froid. Mais peu importe, nous avons une arme secrète contre le froid, le vent et la pluie. Et cette arme de destruction massive, absolument imparable, c’est… la rando. Rien ne vaut une bonne marche bien crevante pour se réchauffer, et ça tombe bien, nous avions justement prévu de marcher. C’est ainsi que nous nous lançons dans une rando en bord de mer d’un peu plus de deux heures, pour aller au bout du bout, avec comme objectif le village abandonné de Måstad. Une fois de plus, malgré le froid (et la faim…), la rando est fabuleuse. Le village est sympa, mais pas si abandonné que ça. Accessible seulement en bateau ou à pied, personne n’habite vraiment ici, mais nous croisons un type qui retape une vieille baraque. L’esprit ville fantôme est donc un peu brisé, mais la petite école du village est, elle, vraiment abandonnée depuis les années 50. Le bois qui craque, la poussière, la petite salle de cours, les mini bancs pour écoliers… l’ambiance y est vraiment. Nous grimpons à l’étage, en marchant lentement sur le sol vermoulu. Nous déjeunons dans l’école, en imaginant une maîtresse d’un autre temps, serrée dans sa robe, en train de crier sur les sales go… euh, les p’tits bouts de chou. Il se dégage une vraie sensation de voyage dans le temps.

Vue depuis l’école abandonnée.

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Sur le retour, nous faisons de nombreuses pauses pour profiter des délicieuses myrtilles, grosses comme des profiteroles. De retour au campement, nous décidons que de ne pas avoir de cours d’eau est vraiment trop handicapant, alors nous plions bagages pour retourner au village, avec la douce promesse de dormir dans une auberge de jeunesse. Coup de bol, un type en BMW nous prend en stop, et nous fait ainsi économiser trois heures de marche – ce qui n’est pas rien, avec ces putains de sacs ! Une fois au village, c’est la débandade : l’auberge de jeunesse n’existe pas, les rares hôtels sont hors de prix, et la supérette est déjà fermée. L’échec. Nous poussons un peu plus loin, jusqu’à un hôtel bizarre, où nous sommes accueillis par un Indien étrange et une drôle de lumière tamisée. Pas emballés, nous renonçons. En dînant de quelques rares tranches de salami, Boris propose un mouvement stratégique d’une importance capitale – de genre de ceux qui renversent le cours d’une guerre. Ainsi, plutôt que de looser sur une île vide et glaciale avec rien à bouffer et pas vraiment d’endroit où dormir, pourquoi ne pas reprendre le ferry dès ce soir pour Moskenes, où nous attend un camping à cent mètres à peine du quai ? L’idée est lumineuse, et nous voilà donc de nouveau sur la route, pour attraper le ferry. Il fait un froid polaire, et le vent ne s’arrête jamais. Heureusement qu’un abri a été prévu à cet effet. Et, miracle parmi les miracles, l’abri est chauffé ! À l’intérieur, somnolents, quelques randonneurs épuisés attendent comme nous le ferry, qui arrivera avec pas mal de retard, mais nous ramènera quand même vers la civilisation. Nous arrivons au camping de Moskenes vers une heure du matin. Le soleil nous éclaire encore suffisamment pour que l’on puisse monter les tentes, ce qui est chose faite en quelques instants. Peu de temps après, bien au chaud dans mon duvet, je m’endors avec bonheur. 12 août Grosse journée de glande pour moi. Il fait beau et chaud. Nous découvrons que les deux Hollandais timbrés croisés à la plage de Vinstad ont manifestement abandonné leur idée de combat face à la nature. Le froid, la faim et la loose auront eu raison d’eux. Les voilà, tranquilles, au camping, en train de se dorer la pilule et de manger des tartines de Nutella. C’est sûr que ça change des nuits glaciales et des araignées de mer pas cuites ! Je profite d’être posé au camping pour aérer un peu mes affaires. L’entreprise me vaut son content d’insultes homophobes. Le pic de mépris est atteint lorsque je 33


retourne mon duvet pour l’aérer, dévoilant un motif à fleurs hawaïennes. C’en est trop pour mes amis qui me renient devant tant de féminité. Nous déjeunons d’un hamburger bien gras. L’après-midi, mes deux camarades décident de faire l’ascension du Reinebringe. Bien conscient que je vais me faire traiter de tarlouze, mais n’étant plus à ça près après l’incident du matin, je décline l’invitation, et préfère glander dans le coin. Je profite des alentours qui regorgent de myrtilles titanesques et de petits coins sympas, où je peux poser un cul sur la mousse bien moelleuse, en méditant devant la mer. Je me baigne, l’eau est glacée mais tellement agréable, puis je me réchauffe sur les rochers noirs brûlants. C’est über reposant. Le soir, nouveau burger. Mes amis me racontent leur périple, non sans m’insulter copieusement.

Vue de « là-haut ». J’avoue, ça devait bien poutrer.

Nous passons notre dernière nuit aux Lofoten ici, au camping de Moskenes.

13 août Nous nous levons très tôt pour prendre le ferry. Boris traîne un peu, car il a égaré son couteau, mais il est temps de se bouger le derche.

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Nous prenons donc le ferry pour Bodø. Il fait une fois de plus très froid, et l’air marin n’aide pas, mais la vue sur les îles que nous abandonnons à regret est magnifique, une fois encore. Après environ deux heures de traversée, nous arrivons donc à Bodø, ville industrielle excessivement moche, qui nous rappelle Narvik, et que nous renommons donc immédiatement « Märdik 2 ». Il n’y a rien de bien folichon dans le coin, or il est tôt le matin et notre avion pour Oslo ne part que ce soir. Il va donc bien falloir trouver quelque chose ! Première étape : acheter de quoi bouffer. Ensuite, laisser nos sacs à la consigne de l’office de tourisme, parce que ça commence à bien faire de trimballer tout ça. Enfin, il nous faut trouver une activité. La perspective de glander dans un abribus ne nous emballe guère, et les rares musées non plus. En revanche, à l’office de tourisme, nous découvrons qu’il y a un centre aquatique pas très loin, et ledit centre semble très bien équipé côté sauna. Il n’en faut pas plus pour nous convaincre ! Quelques dizaines de minutes plus tard, nous voilà donc au centre aquatique. Nous nous acquittons d’un tarif un peu piquant, mais bon, quelque part, c’est pour la bonne cause. Une fois en maillot, nous zonons dans le centre, à la recherche des saunas convoités. Mais nous n’en trouvons aucun. Nous revenons sur nos pas, et découvrons un minuscule sauna tout pourri et tout tiède au niveau des douches. C’est la panique. Je me souviens avoir vu dans la brochure qu’il y avait deux centres aquatiques dans le coin. Peut-être sommes nous allés au mauvais ? Züb est au bord de l’évanouissement, et je n’en mène pas large non plus. Mais Boris, avec son œil de lynx (et probablement aussi son thermographe de Robocop), découvre un escalier, qui nous mène tout droit au septième ciel. Nous découvrons un petit spa tout mignon, avec lumière tamisée, jacuzzi en extérieur, douche chaudes et/ou glacées avec sons et lumières, diffuseur d’eucalyptus, bac à glaçons, orangeades gratuites et pas moins de sept saunas. Le pied absolu, en somme. Bon, sur les sept saunas, un seul est vraiment chaud, le sauna finlandais bien sûr. Les autres sont à moitié tièdes et limite new-age, avec cristaux, musique douce et brumisateur salin, mais je me fais un devoir de tous les tester. L’endroit est magnifiquement reposant. Nous profitons aussi des multiples bassins, plongeoirs, toboggans et autres jeux pour enfants – ce que nous sommes encore, quelque part. Nous déjeunons d’un burger – pour changer –, puis nous retournons au sauna. Après plusieurs heures, totalement sonnés par les chocs thermiques à répétition, nous décidons qu’il est temps d’y aller. Soudain, nous nous rendons compte que nous n’avons pas vérifié l’heure de fermeture de l’office de tourisme, où nous avons laissé sacs, passeports et billets d’avion ! Sentant monter en nous la surpuissance de la loose, nous nous mettons en route au pas de course en flippant notre mère. 35


Ouf ! Nous arrivons à temps, et récupérons nos sacs tranquillement. Le cardio redescend. En un coup de bus, nous sommes à l’aéroport, et nous voilà en partance pour Oslo avec Norwegian Airlines, où nous devons retrouver Alexis, un pote de Terminale que je n’ai pas vu depuis… sept ans ! Après un vol sans histoire et un coup de métro, nous voici en plein Oslo. Alexis est là, il est venu nous chercher avec Clément, un de ses potes français venu passer le week-end à Oslo. Nous lâchons les sacs à l’appartement, où Züb réquisitionne le canapé par la manière forte, sans laisser sa chance à la démocratie. Bon. Pas grave. Nous laissons cet immonde bâtard dormir tout son soûl, et accompagnons Alexis et Clément pour faire la tournée des bars, où nous enchaînons les bières, épuisés et puants, mais heureux. Pas trop tard, mais pas franchement tôt non plus, nous rentrons à l’appartement où, faute de lit et de canapé – suivez mon regard –, Boris et moi déroulons nos matelas de mousse pour camper en intérieur… 14 août Notre voyage touche à sa fin. Nous nous levons relativement tard, puis nous flânons dans la ville. Petite pause Burger King, puis grande bière en terrasse. Le temps est magnifique ! Züb veut absolument s’acheter un couteau norvégien, il nous traîne donc de boutique en boutique. Il finit par trouver un couteau sympa, mais pas norvégien, alors il n’en veut pas… De retour à l’appart, nous prenons l’apéro avec Alexis et quelques uns de ses potes. C’est sympa, mais à l’heure d’aller en ville, nous déclinons. Nous sommes vraiment claqués, et nous n’avons pas super envie d’aller en boîte. Nous restons donc à l’appart pour mater The Dark Knight, avec le super projecteur d’Alexis. Dernière nuit en Scandinavie, en mode camping sur le parquet.

15 août Dernier jour. Grosse glande. Nous déjeunons d’un Quick, cette fois-ci. Clément, Boris et moi partons pour l’aéroport, direction Paris, tandis que Züb reste en Norvège pour une semaine. Il ira voir les fjords, du côté de Bergen, en suivant un des itinéraires que j’avais pratiqué en 2007. Nous avons un peu de mal à enregistrer les bagages, mais finalement ça roule, et le vol, de courte durée, est sans histoire.

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De retour à Paris, Boris découvre que Norwegian Airlines a perdu son sac – et ses clés ! Erreur de débutant, ai-je envie de dire. De mon côté, je prends un car Air France pour rejoindre Paris puis, de là, je prends un RER pour retrouver ma banlieue pourrie. Bref, nous sommes allés aux Lofoten.

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