Les "smart cities": les NTIC au secours du développement durable en ville ?

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M É M O I R E C YC LE

M AS TE R

MAI

2018

Les «smart cities»: les NTIC au secours du développement durable en ville? E C O L E N AT I O N A L E S U P É R I E U R E D’ARCHITECTURE DE GRENOBLE M A S T E R - A A & C N Sous la direction de: CÉLINE BONICCO-DONATO & MAGALI PARIS

C A N N I E R • C O R N É L I A



M É M O I R E C YC L E

M AS TE R

MAI

2018

Les «smart cities»: les NTIC au secours du développement durable en ville? E C O L E N AT I O N A L E S U P É R I E U R E D’ARCHITECTURE DE GRENOBLE M A S T E R - A A & C N Sous la direction de: CÉLINE BONICCO-DONATO & MAGALI PARIS

C A N N I E R • C O R N É L I A



Je souhaiterai particulièrement remercier, Céline Bonicco-

Donato pour son écoute ainsi que ses conseils avisés et Magali Paris pour son investissement personnel formidable.


p.7

Introduction

p.10-20 Partie I_L’environnement comme point de départ d’une transformation_ p.10 p.16

Éveil de la conscience écologique: remise en cause d’un modèle basé sur l’expansion urbaine_ Ouverture du champ des possibles: des technologies en évolution constante_

p.21-30 Partie II_De la ville générique aux villes contextuelles_ p.21 p.27

Changement d’échelle: de l’habitation à l’écoquartier, laboratoire d’expérimentation de la «smart city»_ Les « smart cities »: une adaptation aux enjeux d’un territoire_

p.31-40 Partie III_Les limites des « smart cities » durables_ p.31 p.37

Les «smart cities», une durabilité criticable_ L’habitant: acteur et otage de cette durabilité_

p.41

Conclusion

p.43

Tableau des figures_

p.46

Bibliographie_


Introduction La ville dite « intelligente » fleurit depuis une dizaine d’années à travers le monde. Cette évolution de la ville traditionnelle se base sur l’optimisation de ses structures institutionnelles, économiques, de la mobilité urbaine et bien sûr de ses ressources, grâce à l’émergence de nouveaux outils numériques tels que les capteurs. Le crédo de ces « smart cities » est désormais synonyme, avant tout, d’écologie et bien-être des habitants, grâce à ces nouvelles technologies numériques permettant une meilleure gestion des énergies et des flux, dans la ville. Dans le contexte actuel de la pleine crise écologique, ces villes se sont fixées pour objectif de réduire la pollution ou bien réguler la consommation des énergies telles que les éclairages urbains. Il semble que dans cet engouement passionnel et collectif sur la ville « intelligente » quelques sceptiques, tel Antoine Picon - chercheur à l’Ecole nationale des ponts et chaussées -, tentent de démonter l’utopie d’une ville tout numérique. Picon nous rappelle que la « ville intelligente » et le développement durable ont également des limites et que nous détournons le problème au lieu de le régler en profondeur. La gestion intelligente notamment, apportée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication permet 1 de réduire un problème de pollution matérielle comme les gaz d’échappement des voitures et des usines, le type de combustible utilisé pour les cheminées. Cependant comme

Fig.1_Graphique de présentation de la Smart City selon les critères européens.

1 «Le numérique est-il aussi «vert» que le prétendent ses partisans inconditionnels?», cictation d’Antoine Picon dans Théories et critiques d’un idéal auto-réalisateur, p114,p115.

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nous le rappelle A.Picon, l’immatériel comme les capteurs, les données, ou encore Internet est aussi synonyme de pollution. À l’heure actuelle les technologies du numérique utilisées notamment par les « Smart Cities » polluent deux fois plus que l’intégralité du trafic aérien mondial.2

Fig.2_Tweet du Journal « Le Point » sur les DATAS: « Internet, Giga-pollueur.

2 ibid 3 Définition des différents courants composant l’écologie, Dictionnaire de la pensée écologique, par Dominique Bourg et Alain Papaux. 4 Définition de la «deep ecology» par Arne Naess, dans le prologue du livre Ecologie, communauté et style de vie. 5 Entretien d’Antoine Picon, pour le site Regard Sur Le Numérique, le 4 avril 2014.

En 2050, 75% des habitants de cette planète vivront en ville, villes consommant 75% de l’énergie mondiale. Dans le « Dictionnaire de la pensée écologique » Dominique Bourg et Alain Papaux expliquent que la notion de développement durable est en réalité la plus faible « ethiquement » parlant, du 3 courant de pensée qu’est l’écologie: l’environnement devient une valeur économique au seul bénéfice des Hommes. À l’inverse, le concept de « deep ecology 4 » développée par le philosophe suédois Arne Naess prêche une symbiose des humains, non-humains et de la nature. Il apparaît donc nécessaire de penser ville durable, bien-être des habitants et écologie, de concert. Certaines villes réussissent à amorcer des solutions en terme de durabilité et de responsabilité des habitants, car finalement tel qu’Antoine Picon le disait: «une ville intelligente ce sont avant tout des habitants intelligents».5 Pour exemple, Singapour responsabilise ses habitants en inscrivant la consommation d’énergie de leurs voisins sur leur facture. À l’heure de la gestion des énergies et de la circulation des données par le numérique, les habitants deviennent plus avertis et conscients de leur consommation. N’est-ce pas là une forme de contrôle qu’offre justement la « ville intelligente » bardée de capteurs, où même les personnes deviennent des capteurs grâce à leur « smartphone »?

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L’argument redondant de la « smart city » est le développement durable: économiser l’énergie pour les générations futures, dans un but de bien-être de l’être humain , mais également économique. Nous voulons faire toujours plus en terme de ville «verte », gérer au mieux les énergies, réduire la pollution, informer sur la consommation en temps réel. Ces nouvelles technologiques trouvent en chaque habitant un allié concerné: nous sommes acteurs intelligents de notre ville intelligente, conscients de l’être ou non. Ces citoyens intelligents le sont , en accord avec leur territoire, de telle façon qu’il n’existe pas un citoyen intelligent mais des citoyens intelligents. De même, la « smart city » n’existe pas, mais il existe, des « smart cities ». Ces « smart cities » mettent en place des dispositifs qui varient en fonction du lieu où ils prennent place et visent à répondre à un problème donné pour un territoire particulier. Ainsi Mexico est en voie de conversion aux NTIC dans le but de réduire sa pollution et son insécurité. Singapour, quant à elle, augmente le prix des péages routiers et instaure une gratuité des transports en commun lors des heures de pointe en vue de réduire, ou tout du moins, de fluidifier, son trafic intense. Il n’y a donc pas de recette miracle pour la « smart city ». La complexité de ces cas concrets et variés permet-elle d’apporter une réponse globale ou de s’en rapprocher? Existe t-il des similitudes qui permettent d’établir une ébauche de cahier des charges de la « smart city » ?

équilibre entre anthropocentrisme et biocentrisme et réussir à accorder les nouveaux enjeux de bien-être de l’habitant et d’écologie avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Nous tenterons de répondre à cette problématique à travers une série de cas concrets. Dans une première partie nous aborderons les aspects qui ont mené à l’émergence de cette nouvelle ville. Nous verrons par la suite que la « smart city » n’existe pas mais qu’il existe des « smart cities ». En effet, la « smart city » n’est rien de plus qu’un patron, un modèle basique, un ensemble de principes globaux et que ceux-ci sont contextuels. Enfin, la dernière partie se livrera à une analyse critique de la ville intelligente, grâce à l’étude des «smart cities» asiatiques. Elle démontrera ses limites en terme de réponse aux problématiques du développement durable ainsi que dans l’instrumentalisation de ses citoyens dans la perspective de ces objectifs.

Ce mémoire se pose donc dans une vision prospective de la « smart city » sous l’angle le plus évoqué: le développement durable. La « Smart City » peut-elle « in fine » trouver un

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Partie I_Paradigme environnemental Éveil de la conscience écologique: remise en cause d’un modèle basé sur l’expansion urbaine_ La médiatisation des catastrophes environnementales liées à l’Homme a été le tournant de la transition écologique dans les années 1970. Le 20ème siècle est le théàtre de catastrophes écologiques en augmentation d’année en année. De grands changement économiques notamment le capitalisme, ont mené à une agriculture intensive très polluantes, une surexploitation des surfaces de pêche, et même la création de nouveaux besoins dans les villes. Cependant l’éveil de la conscience écologique au 20ème siècle ne s’est pas faite du jour au lendemain. Nous verrons dans cette partie combien cette prise de conscience de notre environnement à remis en cause jusqu’à la manière de planifier les villes et à pu influer sur la façon de produire l’architecture.

Fig.3_Photographie de l’agriculture intensive.

Fig.4_Photographie de la pêche intensive chinoise.

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En amont, et ce depuis le 19ème siècle, l’Homme a conscience de son environnement. L’environnement n’est, au début, qu’un phénomène culturel: les artistes peignent la nature, l’essor des loisirs permet aux urbains de faire des promenades à la campagne et d’admirer ses paysages. Cependant très tôt dans le 19ème siècle, des pays tels que les États-Unis, la France ou encore le Royaume-Uni vont peu à peu constater les conséquences de la révolution industrielle. Les villes sont étouffantes, et les eaux polluées. Il faut donc prendre des mesures. Ces pays ont été les pionniers en matière de lutte contre les nuisances sonores, pollutions de l’eau, de l’air ainsi que de protection de la nature. Les 6 termes de « préservationisme » et de « conservationisme » marquent les prémices des débats entre biocentrisme et anthropocentrisme qui marqueront le 20ème siècle. Le 20ème siècle est une époque charnière en matière d’environnement. Dans son article « L’invention politique de l’environnement » paru dans Revue d’Histoire, Vincent Lemire - maître de conférence en Histoire contemporaine à l’Université Paris-Est - explique qu’au 20ème siècle, les sociétés occidentales sont « écophage 7 », c’est à dire, que celles-ci prospèrent en détruisant leur environnement, notamment de part l’utilisation de combustibles fossiles, d’une constante expansion urbaine, ainsi que d’une accélération et intensification de la production agricole. Les sociétés occidentales sont caractérisées par une « banalisation de modes de vie dévoreurs d’espaces et d’énergies ». Les catastrophes liées à l’environnement se multiplient: en

1967, la marée noire au large des Cornouailles atteint les côtes françaises, en 1969, aux États-Unis, le lac Erié est considéré comme écologiquement mort, la même année le Rhin est déclaré chimiquement pollué. En 1971, le ministère chargé de la Protection de la Nature et de l’Environnement est crée en France, l’année suivante le Programme des Nations Unies pour l’Environnement se tient à Stockholm et chaque pays rend compte de ses avancées en matière de préservation de l’environnement. Du 19ème au 20ème siècle les préoccupations environnementales ont débouché sur un discours visant à améliorer le cadre de vie des habitants des villes et campagnes, on parlera bien des années plus tard, de l’intégration de ces préoccupations, aux bâtiments notamment résidentiels. Ces améliorations ont été rendu possibles par un grand nombre de réglementations mises en place et visant à réduire les nuisances sonores, olfactives, la pollution de l’air et de l’eau. Ainsi en 1972, l’Allemagne épurait l’Emscher et la France dépolluait rivières et lacs alpins. Le nouveau ministère de l’Environnement français est sur tous les fronts - des bâtiments aux parcs nationaux - et crée en 1975, le conservatoire du littoral pour veiller sur les côtes françaises. Et alors, que les premières émissions télévisuelles s’empressent de banaliser les enjeux environnementaux, la marée noire de l’Amoco Cadiz en 1978 déferle sur les plages bretonnes, qu’elle souillera pour une quinzaine d’années. Cependant, c’est la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986 qui va sonner le glas de la timidité des citoyens, tous concernés, par des enjeux environnementaux qui se démocratisent. Campagnes de sensibilisation au recyclage et

6 Notions de préservationisme et de conservationisme étudiées par Donato Bergandi et Patrick Blandin dans la revue d’histoire des sciences, tome 65: « De la protection de la nature au développement durable: genèse d’un oxymore éthique et politique», p.103. 7 «Sociétés occidentales écophages», Vincent Lemire et Stéphane Frioux dans le résumé de «Pour une histoire politique de l’environnement au 20e siècle» de la revue Vingtième siècle:revue d’histoire, numéro 113.

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tri des déchets, mieux manger, photographes et explorateurs tels que Yann Arthus Bertrand ou Mike Horn font découvrir leur travaux et participent ainsi à la popularisation de la nature et de son caractère non éternel. Il est de bon ton de ne plus nier la présence de l’environnement et son caractère altérable. Ainsi, en parallèle de toutes ces catastrophes, dès les années 1960, architectes et urbanistes remettent peu à peu en question le modernisme promu par la charte d’Athènes et font évoluer la façon de voir et penser l’espace urbain. Nos villes ont éprouvé bien des changements avant de parvenir au statut de ville durable. En effet, avant cette remise en question, urbanistes et architectes concevaient en accord avec le mouvement moderne. Il s’inspire directement de l’urbanisme progressiste, comme l’écrit Françoise Choay, dans son livre sur les théories pré-urbanistiques, Urbanisme utopies et réalités. Les progressistes - par opposition aux culturalistes notalgiques dénoncent l’archaïsme de la ville classique devenue désuète: il faut faire table rase du passé, planifier et délimiter les fonctions dans la ville à l’aide de la géométrie. C’est sur cette base du pré-urbanisme progressiste que la charte d’Athènes créée en 1933-notamment par Le Corbusier-cadre un projet de ville universelle européenne en 4 grandes idées: habiter , circuler, travailler et se cultiver ( espaces verts pour les loisirs en pieds d’immeubles, patrimoine culturel à conserver car 8 « c’est un mal nécéssaire »). Le Corbusier voit son rêve de ville moderne se cristalliser en 1952 avec l’inauguration d’une unité modèle de sa ville

Fig.5_Vue aérienne de la centrale nucléaire de Tchernobyl, quelques jours après l’explosion survenue le 26 avril 1986.

Fig.6_Photographie de l’unité d’habitation de Le Corbusier à Marseille.

8 Explications des théories de l’urbanisme par Françoise Choay dans le résumé d’ Urbanisme utopies et réalités.

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idéale, la cité-jardin verticale: l’unité d’habitation de Marseille. Les années 60 vont sonner le glas de cette charte d’Athènes. Les résultats concrets de près de 30 années de modèle progressiste sont vivement critiqués. Le temps du réveil des consciences écologique commence dès les années 60-70 avec, notamment, les grandes catastrophes pétrolières. Ces problèmes écologiques se multipliant jusqu’aux années 90, vont petit à petit faire prendre conscience que la Terre est une ressource à protéger et que la ville ne peut continuer à s’étendre indéfiniment. En 1994 est adoptée la charte d’Aalborg qui sera le véritable commencement d’une politique de l’urbanisation, pensée pour les impacts sur l’environnement à court et long terme, ainsi que sur un véritable projet social pour ses habitants. Les grands principes de la charte d’Athènes disparaissent: fin du principe de zonage, fin de la table rase, arrêt de l’extension des limites de la ville, arrêt de la décontextualisation. L’accent est mis sur la mixité et la construction participative de la ville. L’éveil de la conscience écologique et la médiatisation des problèmes écologiques ont joué un rôle très important dans la modification du modèle de planification urbaine. L’Homme prend conscience des problématiques liées à l’environnement. Tout ne peut pas être ordonné, d’un côté la ville et de l’autre la nature: ville et environnement doivent être pensés de concert. Après un tournant majeur dans la façon de concevoir les villes, le domaine de la construction doit s’adapter. La France met en place les premières réglementations thermiques ( RT) en

Fig.7_Photographie de jeunes volontaires nettoyant les plages de Perros-Guirec le 17 avril 1967.

Fig.8_Photographie de l’épave de l’Amoco Cadiz échoué au large de Portsall, dans le Finistère en 1978

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1974, dans le but de réduire la consommation énergétique dans les bâtiments non résidentiels. Il faut attendre la RT 1988 pour que les bâtiments résidentiels puissent être construit dans un optimum économique tout en respectant un cahier des charges strict en matière de déperditions de chaleur et d’isolation. C’est avec la RT 2000 que le milieu de la construction voit s’appliquer une réduction de 20% de la consommation énergétique dans le secteur résidentiel. Ces enjeux environnementaux et réglementations se concrétiseront, notamment avec l’avènement des écoquartiers comme BedZED près de Londres au début des années 2000. Finalement, cette prise de conscience a permis une ouverture du champ des possibles notamment dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme où la problématique de l’environnement a été prise à bras le corps. Des dizaines d’années auparavant l’architecture organique - révélée par la Fallingwater de Wright -, à l’échelle de l’habitat présentait déjà en soit un forme d’hybridation édifice-nature. De nos jours, Nathalie Blanc - directrice de recherche au CNRS de Paris 7 - explique dans son ouvrage Les nouvelles esthétiques 9 urbaines, que les politiques publiques et initiatives citoyennes, largement nourri de cette popularisation du caractère altérable de la nature, vont petit à petit changer le visage de la ville telle que nous la connaissons.

Fig.9_Photographie de la « Fallingwater » de Frank Lloyd Wright.

9 D’après l’introduction de Nathalie dans son livre «Les nouvelles esthétiques urbaines», 2012.

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La révolution numérique des années 2000 marque un nouveau tournant dans l’intégration de la nature à l’architecture. L’émergence d’outils numériques permettant notamment de simuler le vivant font leur apparition. On peut désormais simuler, reproduire, expérimenter le vivant numériquement, pour en tirer le meilleur parti et l’appliquer au champ de la recherche architecturale. L’agence B + U propose en 2012, un immeuble - Animated Apertures - dont la forme, la bordure et le rôle des ouvertures n’est pas sans rappeler les plantes carnivores. Les frontières deviennent minces entre les domaines de compétences et l’architecture devient pluridisciplinaire; mêlant, architectes, ingénieurs, chercheurs du vivant, chercheurs en informatique pour poser les bases d’outils qui feront l’architecture, l’urbanisme, la ville de demain dans la recherche d’une symbiose nature-édifice.

Fig.10_Vue du projet « Animated Apertures » par l’agence d’architecture Baumgartner + Uriu.

Fig.11_Perspective du projet « Animated Apertures » par l’agence d’architecture Baumgartner + Uriu.

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Ouverture du champ des possibles: des technologies en évolution constante_ La fin des années 1960, voit l’avènement d’une nouvelle ère basée sur une montée en puissance des nouvelles technologies et du numérique. Alors qu’elles n’étaient réservées qu’à la communauté scientifique auparavant, ces technologies numériques et informatiques s’ouvrent au reste du monde et se démocratisent parmi de nombreuses professions dès 1975 et qui se vulgarise en 1980 notamment avec le premier « personal computer » d’IBM. En 1990, l’ordinateur, devenu désormais bon marché, il se vend alors par jour, dans le monde, plus de PC que de téléviseurs. En 1980, l’arrivée des ordinateurs individuels tels que PC et Macintosh modifie les processus de production, de travail et dématérialise de nombreux domaines tels que la banque, l’argent, les documents. La création et la diffusion de nombreux logiciels, qui viennent se greffer à ces ordinateurs transforment la vie quotidienne. La création du Web en 1990 permet à tout un chacun de numériser des images, écouter de la musique, partager des photos, récupérer des données. Le passage au XXIème siècle est synonyme de vente en ligne et d’un point de non-retour franchi: les structures économiques, politiques et sociales s’en trouvent profondément modifiées.

10 D’après un essai de Marc Prensky publié dans la presse universitaire en 2001, «Digital Natives, Digital Immigrants»

En 2001, Marc Prensky - conférencier et chercheur américain - tente d’interprêter un phénomène qu’il observe depuis de nombreuses années: les jeunes seraient en majorité plus aptes à comprendre et utiliser les outils numériques de manière innée contrairement aux personnes de plus de 40 ans . Il met un mot sur la principale conséquence de ces évolutions 10 technologiques et informatiques: les « Native digitals » . Comprenez par cette expression, chaque adolescent ou jeune adulte né depuis les années 1980. Ces natifs du digital, sont en quelque sorte, des autochtones du numérique, baignés et biberonnés aux baladeurs, téléphones, consoles et PC. Ils ont des capacités innées à comprendre et interagir avec ces technologies par opposition aux bien nommées générations « Digital Immigrants » ou migrants du digital; les générations nées avant 1980 et qui ont dû s’adapter et acquérir ces mêmes compétences. Les années 1980 coïncident également avec l’invention des premiers logiciels de CAO ( conception assistée par ordinateur) pour le domaine de l’architecture : AutoCad en 1982, ArchiCad en 1984. Le domaine de l’aéronautique est lui, plus en avance, dès les balbutiements de l’informatique, en 1970, Dassault développe son logiciel CATIA qui sera utilisé et dérivé par l’architecte Frank Gehry dès 1995. Outre le développement d’un tout nouveau genre de logiciel informatique dit de CAO, cette révolution des technologies du numérique et de l’informatique s’est traduite de deux façons: une amélioration du bien-être de l’habitat et de nouveaux moyens de produire de l’architecture. En effet, dans les années 1980, la domotique et l’immotique ensemble des techniques de gestion automatisée appliquées

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au bâtiment - font leur apparition dans le but de coordonner, simplifier voire automatiser les installations électriques. Bien des années plus tôt, Pierre Sarda achève sa maison en 1974, à Bruxelles. Celle-ci, bardée de gadgets, comme des stations météo, machines à café pilotables depuis le lit, bain coulant tout seul, est au maximum de l’optimisation du confort de son habitant et est régit par un ordinateur central. La domotique n’aura pas droit à un accueil chaleureux, les gens étant bien trop méfiants vis à vis d’une telle technologie: contrôler un ordinateur oui, un ordinateur qui contrôle la maison, non. La domotique devra attendre la fin des années 1990 pour faire son entrée triomphale dans la maison de tout un chacun. En parallèle de la domotique et de l’immotique et pour reprendre les termes de Prensky, des « Digital Immigrants » ont été précurseurs dans la façon de produire l’Art et l’Architecture. À l’exemple de Vera Molnár, artiste inspirée de Mondrian qui dès 1968, est la première artiste au monde à utiliser l’ordinateur, qu’elle voit comme la libération des carcans passéistes d’un Art qu’elle considère devenu poussiéreux. En architecture, l’utilisation des logiciels 3D s’intensifie dans les agences de toutes tailles du monde entier depuis seulement une dizaine d’années. Un début de réponse peut certainement se trouver dans ces générations de natifs du digital, présentes sur le marché du travail depuis une petite dizaine d’années seulement. Cependant à l’inverse de ce que Mark Prensky à théorisé, il n’y a pas eu de fracture nette entre natifs et migrants

Fig.12_Ordinateur central de la maison de Pierre Sarda à Bruxelles, 1974.

Fig.13_L’un des premiers dessin à l’aide l’outil informatique réalisé par l’artiste Vera Molnar en 1968.

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du digital. Aussi il semble plutôt que l’on ne soit pas passé d’un état A à un état B du simple fait de l’âge des protagonistes. On distingue une transition plus douce avec des architectes que Prensky a pu catégoriser de migrants, de natifs, mais aussi un entre-deux - que l’on pourrait appeler nomade composé d’architectes et chercheurs qui ont débuté leur vie professionnelle ou étudiante lors de ce moment charnière et qui ont vu de près cette transition vers le numérique. (et ont développé leur recherche de manière concordante). Zaha Hadid, à l’instar de Frank Gehry, a effectué une transition vers le numérique très tôt dès les premiers logiciels de CAO dans les années 1980, pressentant son importance future. À l’opposé de Gehry et Hadid, l’agence MAD formée en 2004 ne cache pas son attachement aux outils numériques, bien au contraire, MAD souhaite accorder nature, bien-être et numérique en réinterprétant par une architecture audacieuse, futuriste ou organique, les affinités qu’entretiennent de longue 11 date, Asie et nature. La Clover House de MAD à Okazaki, au Japon en 2016 est un bel exemple de maison familiale enveloppée de manière fluide et organique, de manière à créer les espaces nécessaires au jardin d’enfant: salles de jeux, salles de lectures, ouvertures cadrant la nature. Le champ architectural se réinvente sans cesse, ainsi depuis la fin des années 90, et l’aube du 21ème siècle, l’exposition annuelle Archilab du FRAC Centre, permet à des architectes novateurs - entre migrants et natifs du digital -comme Greg Lynn, Marcos Novak ou encore Philippe Rahm, de mettre en avant leur travail sur le logement individuel ou collectif et 11 D’après la présentation sur le site internet de l’agence MAD architecte.

Fig.14_Photo de maquette et vues du logiciel de, « The Fish » à Barcelone de Frank Gehry, le premier projet à être conçu et construit grâce au logiciel CATIA.

Fig.15_Photo de maquette de la « Clover House » de l’agence MAD Architectes à Okazaki en 2016.

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également de questionner l’émergence de nouveaux enjeux tels que les façades intelligentes, le low tech, la sensorialité, ou encore la continuité. Ces révolutions technologiques couplées aux évolutions en matière d’écologie permettent à de nouveaux moyens de production architecturales de faire surface grâce notamment aux technologies additives et soustractives. Ainsi d’après l’essayiste américain, Jeremy Rifkin, nous sommes entrés 12 dans la troisième révolution industrielle, synonyme de couplage des technologies de l’Internet et des énergies nouvelles. Cette troisième révolution industrielle, l’architecte Vincent Callebaut, 13 la décrit comme la nouvelle architecture bionique. Tel que son concours pour Paris Smart City 2050, celle qui alliera les énergies renouvelables et les NTIC pour créer des bâtiments qui soit capables de produire leur propre énergie pour 14 fonctionner: des bâtiments autonomes. Des bâtiments qui 15 dessineront selon lui, les villes de demain. Villes crées grâce à des équipes pluridisciplinaires, composées d’architectes, d’ingénieurs, de paysagistes, de biologistes etc. Des villes proches de la symbiose bâti-nature.

12 D’après l’article de Jeremy Rifkin dans le Huffpost, publié 28 septembre 2015. 13 D’après la présentation de Vincent Callebaut sur le site de son agence. 14 ibid 15 ibid

Fig.16_Travail de Greg Lynn sur sa « Maison embryonnaire » en 1998.

Fig.17_Projet « Paris Smart City 2050 » par Vincent Callebaut, vue de la rue de Rivoli.

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Nous avons vu dans cette première partie que nos sociétés ont connu un grand nombre d’évolutions. Il en ressort une importante corrélation entre le nombre de catastrophes écologiques en augmentation - et la prise en considération du caractère altérable de la planète - et le changement de modèle de planification urbaine ainsi que ses répercutions dans le domaine de la construction. On observe également un grand nombre de bouleversements technologiques qui vont conduire à de nouvelles façons de concevoir l’architecture. Des outils permettant d’ouvrir le champ des possibles. Des outils permettant notamment de représenter en 3D le bâtiment durant sa conception, de créer des formes complexes de manière plus simple, etc. Nous verrons dans la seconde partie que ces évolutions, qu’elles soient technologiques, de l’ordre des mutations urbaines, en matière d’écologie sont bien souvent influencées par un contexte, une culture. Ainsi nous verrons que la « smart city » pose en réalité les bases de « smart cities » contextualisées grâce à des problématiques, héritées d’un pays, d’une culture, d’un site. Nous verrons également qu’avant d’expérimenter à l’échelle de la ville, les stratégies de la « smart city » - durabilité, lien avec la nature, amélioration du cadre de vie et bien-être de l’usager- ont pris forme à une échelle moindre: l’écoquartier.

Fig.18_Conception du musée Guggenheim de Bilbao par Frank Gehry sur le logiciel CATIA.

Fig.19_Musée Guggenheim de Bilbao par Frank Gehry, 1997.

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Partie II_La ville générique et les villes contextuelles Depuis le début du XXème siècle nous avons connu un très grand nombre d’évolutions, tant dans la manière de bâtir la ville, que de bâtir à une échelle moindre, tel que le bâtiment ou encore la maison. Depuis les années 70, architectes, inventeurs, commencent à s’intéresser à des problématiques de bien-être de l’usager, d’amélioration du cadre de vie ou encore d’écologie dans le domaine du bâtiment et dans le champ de la recherche architecturale. Dans la première souspartie nous ferons un retour sur des exemples d’habitats de qualité, tant intelligents de par leur conception, que par les technologies utilisées. Des habitats, prenant en compte le bien être de l’usager, l’amélioration du cadre de vie et l’intégration à l’environnement. Nous changerons ensuite d’échelle, pour explorer un exemple d’écoquartier vertueux. Ce changement d’échelle permettra de mettre en lumière l’écoquartier comme laboratoire d’expérimentation de la «smart city» . Cette première sous-partie discutera les réussites de l’écoquartier, notamment sur la notion de contexte. La seconde sous-partie confirmera une notion directement héritée de l’écoquartier: le caractère contextuel des villes intelligentes.

Changement d’échelle: de l’habitation à l’écoquartier, laboratoire d’expérimentation de la «smart city»_ Nous avons connu depuis le début du XXème siècle, une évolution du modèle de planification urbaine, influencé notamment par un développement de nouvelles technologies et une prise de conscience des problématiques environnementales. L’écoquartier émerge dans les années 90 et se positionne en tant que vivier de stratégies ( cf. charte d’Aalborg) pour entre autres, lier, réduction de l’impact du bâti sur l’environnement et amélioration du cadre de vie pour les les habitants. Bien avant cela, existaient déjà, des bâtiments conçus de manière intelligente, véhiculant ces problématiques, de bienêtre, de symbiose homme-nature, ou encore d’évolution technologique. Dans les architectures d’Antti Lovag, on retrouve cette intelligence dans l’amélioration du cadre de vie, matérialisée au travers d’une continuité dedans-dehors/ habitat-environnement, la symbiose homme-nature et sa métaphore de l’être humain et du cocon maternel. Pour Lovag, l’angle n’existe pas dans la nature, et il n’existe rien de plus beau et sensuel que l’arrondi qui rappelle l’embryon, le premier habitat de l’Homme. Il se décrit lui-même comme un habitologue: quelqu’un qui crée des habitats intégrant relations humaines et milieu naturel. Ainsi la maison de l’industriel Pierre Bernard, achevée en 1975 est un très bel exemple de construction intégrée à son environnement. Les bulles suivent

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la pente et s’installent entre les rochers, les arbres et les bosquets, la couleur ocre n’est pas sans rappeler celle de la terre du midi. Enfin, il lui tenait à coeur de penser un habitat évolutif, auquel on peut rajouter des bulles lorsque la famille s’agrandit et qui - selon son souhait initial - avait pour vocation d’être peu à peu recouvert - jusqu’à l’être intégralement - par la végétation. La travail de Lovag sur le logement individuel - notamment exposé au FRAC Centre - témoigne de son attachement profond à la nature et à l’optimisation du cadre de vie sans pour autant y intégrer de grandes avancées 16 technologiques. En témoignent, ses «pelotoirs», sortes de hamacs de béton qui permettent à l’Homme de s’allonger, lire, faire la sieste face à la mer, paisiblement, ou encore ces escalier en colimaçon baignés de lumière douce, qui rappellent l’intérieur d’un coquillage ou d’un palais sous-marin. Antti Lovag jouera énormément sur les qualités d’ambiances lumineuses et les formes organiques dans sa quête d’un habitat au cadre de vie optimal. En revanche, dès les années 1980, des évolutions technologiques permettent une amélioration significative du confort dans la maison ou le bâtiment: c’est la naissance de la domotique ( domus en latin signifiant maison) et de l’immotique ( se rapportant à l’immeuble). La domotique moderne permet alors de mettre en réseau, coordonner, automatiser et simplifier le fonctionnement des équipements électriques d’un habitat. Avant d’être accessibles au grand public, ces technologies étaient expérimentées depuis les années 1970. À Bruxelles en 1974, Pierre Sarda -un

16 Le terme «pelotoirs» apparait dans la biographie Habitologue d’Antti Lovag faite par Pierre Roche, p.102.

Fig.20_Photographie d’un « pelotoir » de la bulle maquette d’Antti Lovag.

Fig.21_Photographie de l’escalier « coquillage » de la maison Gaudet par Antti Lovag.

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ingénieur en aérospatial- achève sa maison, un laboratoire technologique dans lequel il vit et travaille. Dans sa maison, Sarda à poussé à l’extrême la centralisation des équipements électroniques. Il n’a cependant pas pensé qu’au côté technologique de sa maison, mais également à la réduction de l’impact de sa consommation sur l’environnement. Une station météo présente sur le toit permet de mesurer température, force du vent, pluie et taux de luminosité en temps réel et de réguler -dans un souci de durabilité- chauffage, éclairage et stores mécaniques. Vingt ans avant la charte d’Aalborg, la domotique et l’immotique permettaient déjà de se positionner sur une conception durable, de bien-être et d’amélioration du cadre de vie de l’habitat. Alors que plane l’ombre du travail sur le «Tout technologique» et ses effets néfastes, du collectif d’architectes Archigram, personne n’ose s’en remettre aux soins d’ordinateurs pour contrôler toute la maison. La méfiance est là, les innovations de la domotique arrivent trop tôt pour un public qui n’est pas prêt. Cependant, c’est à partir des années 2000 qu’elle fait son grand retour, à une autre échelle de projet, par l’émergence des « écoquartiers », sous la forme de volets roulants, VMC, variateur d’intensité lumineuse, chauffage central ou encore éclairage à détecteur automatisé. Un écoquartier c’est un projet d’aménagement urbain qui concilie les principes du développement durable dans le but de réduire l’empreinte du bâti sur son environnement tout en s’adaptant aux caractéristiques d’un territoire donné. L’écoquartier comprend la composante écologique mais également économique

Fig.22_Panneau de contrôle au dessus du lit dans la maison de Pierre Sarda à Bruxelles, 1974.

Fig.23_Système de volets roulants de la maison de Pierre Sarda à Bruxelles, 1974.

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et sociale. Nous allons voir, en étudiant l’exemple de la ville de Sutton en Angleterre, combien l’écoquartier à été le laboratoire de la ville intelligente. Nous étudierons donc un exemple d’écoquartier vertueux: le BedZED ( 1.7Ha) à Sutton construit en 2002. À l’initiative de l’architecte brittanique Bill Dunster, de l’association Bioregional Dévelopment Group, de la Fondation Peabody, et de la WWF International, la ville de Sutton est choisie parmi toutes les banlieues londoniennes pour accueillir le projet BedZED. La ville de Sutton témoigne d’un engagement assez ancien en matière d’écologie. En effet, en 1986, la ville publie sa déclaration environnementale et son Agenda 21 local en 1996. Sutton remplissait tout les critères en vue de l’implantation de l’un des cinq premiers écoquartiers au monde: grands espaces verts, ouverture d’esprit en matière d’écologie, réseau de transports existant. Il n’aura fallu que deux ans d’étude et une année supplémentaire pour que la première tranche travaux soit achevée en 2002. BedZED signifie Beddington Zero Energy ( fossil) Development, puisqu’en effet il s’agit de l’objectif principal de cet écoquartier: ne pas utiliser d’énergies fossiles. Les autres objectifs sont tout autant ambitieux: réduire l’empreinte écologique du bâti, construire grâce aux ressources locales, réemployer et recycler les énergies générées par le bâti, réduire la consommation d’eau de 30% ( consommation d’un foyer moyen ), réduire de 60% la consommation d’énergies, réduire de 50% les énergies liées au transport, réduire de 90% la consommation de chauffage, promouvoir le recyclage, réduire les déchets, utiliser des énergies renouvelables et enfin encourager la biodiversité grâce à des espaces naturels.

Fig.24_Photographie de l’écoquartier BedZED © Marcus-Lyon.

Fig.25_Coupe perspective programmatique d’une partie de l’écoquartier BedZED.

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L’écoquartier BedZED à été pensé de manière optimale en terme de qualité environnementale et présente de nombreuses innovations. Il s’agit de bâtiments basse consommation donc très bien isolés et aux murs épais de manière à avoir une très bonne inertie thermique. En hiver la chaleur est gardée et l’intérieur facile à chauffer si besoin. En été la fraîcheur facilement conservée. Les fenêtres sont toutes orientées sud de manière à réduire la consommation de chauffage en hiver. Enfin sur les toits on trouve de drôles de girouettes colorées. Celles-ci sont des systèmes d’aérations ingénieux fonctionnant sur le principe du double-flux. Chaque logement dispose d’une serre exposée sud - qui prodigue de la chaleur en hiver - et d’un jardin personnel en plus du potager commun. Le toit végétalisé attire la biodiversité et filtre les eaux de pluie réutilisées. Le fait que le projet se situe en terrain conquis de l’écologie, à grandement participé à son succès. Les habitants ont reçu un accompagnement d’associations et notamment de l’agence Bioregional. On observe un grand nombre de comportements écologiques. C’est ainsi que des dispositifs plus spécifiques ne tombent pas en désuétude comme la centrale de déchets qui alimente le bâtiment en énergies vertes ou encore les bornes de recharges pour voitures électriques. La présence de ces voitures électriques témoigne du respect de l’engagement principal du projet: zéro énergies fossiles. En effet le réseau de transport étant déjà très dense, tout est fait pour favoriser le bus, le covoiturage. BedZED à réussi à pallier l’une des principales caractéristiques du modernisme: la séparation des fonctions travailler et habiter. Des emplacements de bureaux sont prévus au nord derrière

Fig.26_Coupe technique d’un bâtiment de l’écoquartier.

Fig.27_Photographie des toitures végétalisée aux cheminées colorées de BedZED.

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les logements de manière à encourager les habitants à venir y travailler et ainsi réduire l’utilisation des voitures. D’une certaine manière BedZED ramène le travail dans la banlieue vers les logements pour y bannir les énergies fossiles ( pétrole ) . Après 17 ans d’existence le quartier de BedZED peut se féliciter pour ses excellents résultats obtenus: une diminution de 50% de la consommation d’eau, de 50% de son empreinte écologique et 80% de réduction des dépenses de chauffage. Malgré toutes les normes en vigueur dans le milieu de la construction, jamais cela n’aurait pu être possible sans le changement du mode de vie de ses habitants. L’écoquartier est écologique de part sa construction et ses innovations mais surtout de ses habitants. Comme nous avons pu le voir dans cette sous-partie, symbiose homme-nature, développement durable, bien-être des habitants et amélioration du cadre de vie ont existé depuis les années 1970 sous différentes formes d’habitats jusqu’à se concrétiser à l’échelle de la ville par l’émergence des premiers écoquartiers à la fin des années 1990. Ces écoquartiers ont permis d’expérimenter un grand nombre d’innovations tels que panneaux solaires, énergies renouvelables etc, pour des surfaces bien plus étendues qu’une simple habitation. Il existe une corrélation très forte entre ces innovations et le contexte d’implantation de ces écoquartiers. En effet, comme nous l’avons vu avec BedZED, la ville s’inscrivait dans une démarche écologique depuis les années 1980, et les habitants ont été convenablement accompagné. Cela à permis d’incroyables résultats. Nous confirmerons dans la sous-partie suivante

combien le contexte importe énormément et que, à l’instar des écoquartiers, il existe des smart cities et des enjeux bien spécifiques à chacune.

Fig.28_Photographie de la terrasse de l’un des logements de l’écoquartier BedZED.

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La « smart cities »: une adaptation aux enjeux d’un territoire_ De la même façon qu’il existe une forte corrélation entre le contexte d’implantation des premiers écoquartiers en Europe à la fin des années 1990, il existe également une corrélation de même nature au développement des villes intelligentes. Cette sous-partie à pour but de démontrer le caractère héréditaire des enjeux des villes intelligentes ainsi que leur caractère contextuel, très liés. Pourquoi ces villes intelligentes sont-elles adaptées à leur contexte ? À travers différents exemples nous verrons, que la ville intelligente s’efforce aujourd’hui d’atténuer ou faire disparaître un dysfonctionnement observé, grâce à l’aide des NTIC. C’est ce qui lui permet de revêtir ce caractère contextuel.

17 D’après un article de Sabine Blanc le 8 avril 2016 pour la Gazettedescommunes. 18 Op.cit p.8

Ainsi Singapour, depuis longtemps confrontée à un problème de congestion de tous ses axes routiers à mis en place des véhicules partagés et des frais/taxes élevées pour dissuader les habitants de posséder une voiture. Le prix des péages est également variable en fonction de l’heure de pointe et le métro est gratuit. Un seul mot d’ «ordre», laissez votre voiture et prenez les transports en commun. Les objectifs de bon nombre de «smart cities» européennes est aujourd’hui, de mettre les NTIC au services de l’amélioration du cadre de vie urbain de ses habitants et du développement durable à l’heure où, d’ici 2 ans, 60% des personnes vivront en ville. Conjointement aux NTIC, les habitants sont invités à participer activement à ces expérimentations qui rendent l’espace urbain plus agréable à vivre, ils sont invités à partager leurs expériences pour faire mûrir ces expérimentations. La sociologue et économiste Saskia Sassen parle ainsi 17 d’urbanisme «open-source», un urbanisme où les instances publiques, les chercheurs, les techniciens, urbanistes, architectes bénéficieront des retours d’expériences des citoyens pour améliorer davantage les dispositifs mis en place. Et tel que le rappelle Antoine Picon, une ville intelligente ce 18 sont avant tout des habitants intelligents. Les initiatives prises à leur actuelle par les municipalités sont bien souvent motivées par un engagement ancien envers ces problématiques. À l’image de Sutton et de BedZED, Copenhague voit à la fin des années 1980, un grand nombre de ses habitants se mettre à sensibiliser le reste des citadins sur la nécéssité de produire de l’énergie renouvelable pour, à terme, ne plus dépendre des énergies fossiles. S’en suit une transformation profonde de

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tout le système de chauffage et de climatisation de la ville. À ce jour, Copenhague a réduit de 58% sa dépendance aux combustibles fossils et vise un objectif de 100% de son électricité en éolien pour 2025. Une ville intelligente c’est un caractère contextuel, un savant mélange de nouvelles technologies impliquant ses habitants et leurs modes de vie. À l’image d’Amsterdam, la ville intelligente découle naturellement d’un contexte. Amsterdam est championne à ce titre. Amsterdam c’est la ville qui bâti son futur et soigne son passé. La ville qui est à mon sens, à su le mieux répondre à cette problématique de «smartcity». Amsterdam se veut en effet, une ville moins dépensière en énergie, plus soucieuse de son environnement et qui inclus les habitants directement. C’est sur ces même enjeux qu’Amsterdam inaugure le tout premier écoquartier zéro voitures d’Europe en 1998: GWL Terrein. Vingt années plus tard, la ville ne rompt pas ses engagement car cette «smartcity» est reconnue de part le monde pour ses innovations en la matière, et même victime de son succès. En effet, la ville devrait accueillir 600000 habitants de plus d’ici 2030. Ce succès amène un autre problème auquel la ville a su répondre: où loger tant de personnes quand la ville est déjà saturée? En construisant sur l’eau et en reconvertissant les ports industriels désaffectés. Ce succès d’Amsterdam est dû à un grand nombre de dispositifs mis en place dans le but d’améliorer le cadre de vie des habitants, usagers de la ville, mais également de réduire l’engorgement de la ville par les véhicules, ou encore de

Fig.29_Photographie de l’écoquartier néerlandais: GWL Terrein par Alain Rouiller.

Fig.30_Les maisons flottantes du quartier d’Ijburg à Amsterdam.

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répondre à un grand nombre de préoccupations écologiques. En matière d’écologie cette ville tend, à la fois, à optimiser certains de ses réseaux ou bien à réparer ses erreurs. En effet, Amsterdam à mis en place une profusion de panneaux sur les routes, à des endroits stratégiques et informant en temps réel les automobilistes pour leur permettre d’avoir une conduite plus souple. Ce dispositif à déjà permi de réduire de 15% les émissions de CO2. Les éclairages publics sont variables en fonction de l’intensité lumineuse, des types de lieux, du nombre de passants etc. Cela correspond à une économie par année de l’équivalent de l’électricité utilisée par 3000 foyers. Deux initiatives majeures ont été mises en place à Amsterdam: la mise aux normes des bâtiments des quartiers historiques et la dépollution des sites autrefois utilisés lors de l’ère industrielle. De Groene Grachten, comprenez Les canaux verts, vise à démontrer au reste de la population qu’il est possible de remettre aux normes d’écoconception, d’optimisation des réseaux et de l’efficacité énergétique, les bâtiments biscornus, étroits, bas de plafond et penchés du vieil Amsterdam. Ainsi, il est possible de tout mettre au norme à travers les Pays-Bas. Enfin, en terme de dépollution, le quartier De Ceuvel, fait désormais office de précurseur. Ces zones marquées par 100 ans d’industrie seraient considérées comme définitivement polluées ailleurs sur le globe. La municipalité tenait pourtant à essayer de récupérer ces terrains et fait s’installer depuis 10 ans des pépinères d’entreprises et habitants sur des bâteaux autrefois désaffectés. Depuis 10 ans, ils dépolluent le site en faisant pousser des algues et autres plantes dépolluantes.

Fig.31_Photographie

des

façades

penchées

du

vieil

Amsterdam.

Fig.32_Photographie du quartier De Ceuvel à Amsterdam.

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Amsterdam est une ville intelligente qui à su tirer profit des NTIC dans une optique de développement durable et d’amélioration du bien être de ses habitants par l’amélioration de son cadre de vie. Si un habitant sur trois s’y déplace à vélo, la voiture est encore très majoritaire et la municipalité fait ce qu’il faut pour aider les automobilistes sans pour autant les contraindre à utiliser un vélo. En effet, à Amsterdam, les feux sont modulés en fonction de la circulation, si elle est dense, les feux resteront au vert pour permettre de la fluidifier plus rapidement. Les parkings envoient des notifications à distance pour prévenir des places restantes et ainsi éviter des recherches incessantes et inutiles. La modulation de l’éclairage n’a, lui, pas que des vertues écologiques, car en effet, des chercheurs ont mis à jour que plus l’intensité lumineuse était grande la nuit, plus les fétards et supporters de l’AJAX sortant du stade parlaient moins bruyemment, au plus grand plaisir des riverains. Enfin, les espaces de coworking et de télétravail se multiplie dans les lieux résidentiels, comme l’avait expimenté BedZED 15 ans plus tôt. En réduisant la distance entre travail et lieu résidentiel, les trajets en voiture et transports en communs sont réduits et les économies en matière d’émissions de CO2 sont significatives. De la dépollution de sites industriels, à la construction neuve sur l’eau en passant par la mise aux normes des bâtiments historiques, Amsterdam est une ville qui, ne pouvant accueillir plus de monde, rattrape les erreurs de son passé pour bâtir son futur. Une ville très liée à son contexte de ville enclavée et parcourue par les canaux, de bâtiments historiques fragiles et très consciente de son attrait à l’international.

Nous avons vu dans les parties précédentes combien la « smart-city » « découle » presque naturellement de l’évolution d’une société, de mentalités, d’un contexte physique ou d’un problème particulier rencontré. Ces villes intelligentes sont contextuelles et ont toutes un passé écologique qui permet une transition douce vers un mode de vie de ses habitants incluant la problématique de développement durable. Ces villes intelligentes peuvent sembler idyllique à vivre en apparence et prôner un avenir meilleur où, à défaut d’éradiquer la pollution, celle-ci serait très réduite. Cette dernière souspartie ne concerne que des villes intelligentes vertueuses. Certaines « smart-city » prônent un respect et une protection profonde de l’environnement mais influencent leurs citoyens dans leur consommation des ressources, à l’exemple des villes intelligentes asiatiques qui sont plus radicales dans leur manière de procéder. Celles-ci, à l’image de Singapour, ne laissent bien souvent pas le choix à leurs habitants et usent de méthodes discutables. Certaines questionnent même la notion de ville, comme SongDo, créée ex-nihilo, sans contexte apparent, où les habitants se déplacent dans des rues aseptisées qui respirent le contrôle, surveillés 24h/24 par des caméras. Une «ville» où l’aléatoire et l’erreur n’a aucune place, une «ville» qui n’est pas intelligente, mais gadget. Nous verrons ainsi dans la dernière partie comme la belle promesse que nous fait la « smart city » , perd de son éclat, en évoquant ses limites. Nous questionnerons ses bienfaits ainsi que sa dangerosité.

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Partie III_Les limites des « smart cities » durables

Les «smart cities»: une durabilité criticable_

Devant l’engouement collectif fort - et justifié au regard des excellents résultats d’Amsterdam ou Copenhague - vis à vis des villes intelligentes, il convient de ne pas faire une généralité de quelques cas, et d’avoir un regard critique. Nous savons désormais combien l’appellation «smart city» est complexe. Il n’existe pas de modèle de ville intelligente en temps que tel. Il existe des contextes particuliers à chaque ville. Ce sont des villes qui, majoritairement, se sont engagées dans la voie du développement durable il y a longtemps. Elles incluent le citoyen dans un processus, par exemple, de tri des déchets, d’économies d’énergie ou encore de mise aux normes. Ce sont des villes qui ont observé sur leur territoire, un certain nombre de dysfonctionnement à résoudre ou tout du moins, améliorer. Elles ont recours aux NTIC - nouvelles technologies de l’information et de la communication- dans le but de soigner des maux urbains tels que la pollution - dans une optique d’amélioration du cadre de vie - , l’engorgement ou encore l’étalement urbain. Nous avons donc démontré dans la partie précédente, le caractère profondément contextuel des villes intelligentes. Nous nous efforçerons de démontrer, par le contre-exemple de «smart cities» asiatiques, combien le caractère de ces villes intelligentes peut sembler illusoire tant sur le plan du développement durable, que sur le plan humain. Nous questionnerons la notion de durabilité des villes intelligentes asiatiques en opposition avec leurs homologues européennes ainsi que leurs effets pervers, sous couvert d’une volonté environnementale ou d’innovation technologique.

Nous avons vu que le contexte est un élément qui caractérise les villes intelligentes: celui-ci doit être correctement employé dans la démarche de projet. Les exemples vertueux que sont Amsterdam et Copenhague réutilisent ce contexte et/ ou résolvent une problématique liée à celui-ci en vue d’une amélioration du cadre de vie urbain. Nous allons voir dans cette sous-partie, en étudiant le cas de la ville nouvelle de SongDo en Corée du Sud,que parfois, ce contexte est nié ou mal pris en compte dans le développement de stratégies urbaines. Enfin, nous nous interrogerons sur l’essence même de ces villes intelligentes: les nouvelles technologies de l’information et de la communication ou NTIC. En effet, les villes intelligentes utilisent des «smart grids» au travers desquels circulent des «datas». Antoine Picon nous rappelle que l’optimisation des ressources d’une ville par l’utilisation de «smart grids» pose 19 déjà problème en terme de pollutions immatérielles.

19 Op. Cit p.7

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La ville de SongDo en Corée du Sud, n’échappe pas à la règle de toutes les villes étudiées dans ce mémoire jusqu’à maintenant. Elle possède son propre contexte. SongDo est idéalement située, à 65km au Sud-Ouest de Séoul et reliée directement par un pont de 12.5km à l’aéroport international d’Incheon. Le chantier débute en 2003. Il est né d’une volonté première d’agrandir la ville d’Incheon arrivée en bord de mer. Faute de place, le «quartier» de SongDo - qui possède sa propre municipalité - est crée sur la mer Jaune. La construction du pont d’Incheon pour relier SongDo à l’aéroport est décidée. Très vite SongDo apparait comme un carrefour fiscalement intéressant puisqu’elle est financée par un consortium de grandes entreprises privées et banques. À l’inverse de villes comme Amsterdam il ne s’agit donc pas de résoudre prioritairement des problèmes liés au développement durable comme une quelconque pollution. Il s’agit ici d’attirer de futurs investisseurs, campus d’enseignements et acquérir une renommée internationale en matière de NTIC. Si SongDo répond à la demande pressante de logements d’une Incheon saturée, les logements assez coûteux - du fait de la très forte présence des NTIC -, ne sont pas destinés aux revenus modestes. L’initiative de construire sur la mer aurait pu être tout à fait louable si elle n’avait pas tant nié son site. Amsterdam avec ses quartiers flottants ne porte pas atteinte aux fonds du port. Ici SongDo est construite comme un polder. C’est à dire que le territoire est artificiellement étendu sur les vasières en bordure de la mer Jaune. Une telle opération nécéssite le positionnement de digues pour clôturer la zone de

Fig.33_Vue aérienne Google Earth des villes d’Incheon et SongDo.

Fig.34_Photographie de la construction des digues nécéssaires à la réalisation du polder pour la nouvelle ville de SongDo.

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construction du polder. Ce périmètre est ensuite vidé de ces eaux à l’aide de pompes. Enfin le marais restant est asséché pour permettre la construction. l’autre partie sur des marais asséchés à l’occasion du chantier et qui à occasionné la destruction d’une réserve ornithologique. En 2003, l’association coréenne Birds Korea qui lutte pour la conservation des oiseaux et leurs habitats naturels en Corée du Sud interpelle les décisionnaires du projet sur la zone de construction. L’assèchement et la destruction du milieu naturel s’est fait sur plusieurs années, l’association Birds Korea retrace en photos les étapes clefs: l’envers du décors de «SongDo la ville écologique du futur». Aujourd’hui totalement disparue sous le béton, la vasière asséchée, était une grande réserve ornithologique et notamment de reproduction pour les oiseaux migrateurs. Pour Olivier Mongin, sociologue, «Dès lors, qu’est ce qu’une ville intelligente qui ne s’inscrit pas dans un site? Une cité 20 virtuelle inhabitable». C’est en tout cas l’impression que nous laisse SongDo. La ville aurait pu construire son projet autour de cette réserve ou du moins la réaménager à proximité. Au lieu de la petite rivière coulant autrefois dans le marais, on peut aujourd’hui se promener au bord d’une rivière artificielle de béton. Nous sommes bien loin des écosystèmes intégralement recrées dans le «Gardens by the Bay» de Singapour. Faisant face aux mêmes problèmes d’une cité saturée et engorgée, Singapour à fait le pari risqué de ne pas créer plus de logements mais d’améliorer la qualité de vie de ses habitants grâce à un parc de 100 hectares, modèle de

Fig.35_Photographie de la Cloud Forrest des Gardens By The Bay de Singapour.

20 Entretien avec le sociologue Olivier Mongin pour le site LaTribune. Propos recueillis par Dominique Pialot le 10 novembre 2014.

Fig.36_Photographie d’une colonie d’oiseaux reproducteurs prise en juin 2006 sur le site de SongDo par Nial Moores pour l’association « Birds Korea ».

Fig.37_Photographie de la construction de digue avant pompage de l’eau à SongDo le 21 février 2012 par Nial Moores de l’association « BirdsKorea ».

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biodiversité. Outre la destruction de son environnement proche, la ville fait davantage office de «ville gadget» que de ville intelligente. En effet, si la municipalité promeut beaucoup les panneaux solaires sur les toits des immeubles, ils ne sont en revanche pas suffisants pour alimenter la majeure partie de la ville: véritable gouffre à énergie puisque chaque bâtiment est informatisé. Malheureusement celle-ci se chauffe en partie grâce à l’électricité produite par des centrales au charbon, véritable désastre écologique hérité de l’insdustrie du siècle dernier. On note pourtant de bonnes initiatives, les eaux de pluies sont filtrées pour servir à l’arrosage des espaces verts et le métro est garantit zéro rejet de CO2. L’énergie produite grâce au recyclage et à la combustion des déchets permet de chauffer l’eau des logements. Ainsi le passant ne verra jamais de camions poubelles, ni de poubelles dans les rues. Tous les parkings de la ville sont souterrains sans doute pour éviter les pollutions visuelles et celles occasionnées par des recherches incessantes de places. La ville ne compte d’ailleurs que 26km de pistes cyclables et tant d’emplacements à vélos désespérement vides. Cela ressemble davantage à une tentative de poudre aux yeux. On contente l’opinion publique en se voulant ville cyclable tout en cachant les voitures qui sont largement utilisées. La ville de SongDo n’encourage pas à prendre un vélo lorsque l’argument principal de sa construction est la proximité de l’aéroport, relié par un pont de 12,5km construit spécialement pour elle. Le constat est là, les

Fig.38_Photographie du Central Park coréen à SongDo.

Fig.39_Photographie de pistes cyclables passant dans le parc de SongDo.

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pistes cyclables sont désertes. Comme nous avons pu le voir avec l’exemple de la ville de SongDo, une forte informatisation entraîne une forte consommation d’énergie. Une grande utilisation de ces technologies entraîne également une source de pollution non-négligeable. Antoine Picon nous prévient que les villes intelligentes pourraient générer des problèmes d’une autre 21 nature au lieu de régler ceux, préalablement établis. En d’autres mots, qu’une mauvaise gestion de ces villes pourraient nous mener à déplacer le problème au lieu de le régler. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication cherchent à gérer la rareté physique des ressources, cependant même si le numérique est immatériel, son empreinte écologique n’en est pas moins importante. À l’heure actuelle, l’immatériel, internet, consomme 10 à 15% de l’énergie mondiale, l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires. En 2030 sa consommation égalera celle de la planète entière tout secteurs confondus sur la base de l’année 2008. Les NTIC - dont la stratégie repose sur la circulation des datas par internet - pourraient faire qu’internet deviennent très prochainement la première source de pollution mondiale. Internet n’est pas seulement immatériel. Internet se sont des milliers de kilomètres de câbles sous les océans, un nombre incroyable de data centers, sortes de disques durs géants. Rien qu’en Île de France on en compte 35. Ces data centers sont gourmants en énergies et doivent être refroidis en continu. Des solutions tendent à réduire le risque de pollution immatérielle. De plus en plus de data centers sont situés dans les pays nordiques et alimentés en énergies renouvelables.

Fig.40_Photographie d’un panneau de contrôle de l’un des bâtiments de SongDo.

21 Entretien avec Antoine Picon pour le site Regard Sur Le Numérique: «La ville intelligente, ce n’est pas un catalogue à la Prévert», le 4 avril 2016.

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Lorsque ce n’est pas possible la mixité programmatique permet de réduire la consommation d’énergie. En Île de France par exemple, le centre aquatique de Val d’Europe est chauffé grâce aux circuits d’eau et flux d’airs recyclés du data center. Il produit même assez de chaleur pour alimenter en chauffage et eau chaude la pépinière d’entreprises proche. Autant d’énergie qui n’est pas à dépenser dans ces bâtiments.

avoir une volonté écologique forte, les habitants doivent être formé aux gestes simples du tri et de l’économie d’énergie. Nous terminerons ce mémoire - toujours avec l’exemple de Singapour et SongDo - en démontrant le caractère autoritaire des villes intelligentes asiatiques. Nous verrons que, loin d’éduquer leurs habitants aux bonnes pratiques, ces villes recourent à des méthodes plus autoritaires.

Au regard de cette sous-partie il appartient de faire deux constats. Le premier constat s’attarde plus particulièrement à la nature même de ces technologies mises en place dans les «smart cities». Les NTIC sont sources de pollutions immatérielles. On ne les voit pas, on ne les sent pas, et c’est là qu’est le principal danger. Il convient d’en prendre immédiatement conscience et de multiplier les initiatives comme le data center de Val d’Europe. Un partage des ressources permet de limiter les effets pervers sur l’environnement que représente la multiplication de l’usage des NTIC. Ensuite, la prise en compte du contexte dans le développement de stratégies menant au statut de «smart city». L’analyse de la ville de SongDo met en lumière un certain nombre de dysfonctionnements: une gadgétisation à outrance de la ville. Combien SongDo dépense t-elle d’énergie par toutes ses structures informatisées, et combien économise t-elle en contrepartie ? Le fait même d’avoir construit cette ville ex nihilo, est un acte fort de conséquences, notamment avec la destruction de la réserve ornithologique. Comme nous l’avons vu dans la seconde partie, le contexte n’est pas suffisant au développement d’une ville intelligente. La ville doit

Fig.41_Diagramme représentant le Data Center de Natixis, le centre aquatique de Val d’Europe et entre les deux un échangeur de Dalkia ( filiale d’EDF) permettant de piloter et gérer les calories entre les deux bâtiments.

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Le citoyen: acteur et otage de cette durabilité_ Comme la si bien dit, l’écrivain d’anticipation Ray Bradbury: «La science-fiction est une description de la réalité. Le 22 fantastique est une description de l’irréel.» Il est facile d’imaginer les dérives potentielles ou celles qui sont latentes, d’une ville comme SongDo. Une ville autoritaire où l’habitant ne possède pas le savoir à la compréhension de telles technologies, où il la subit , où il est obligé de faire des choses qu’il ne comprend pas parce que la technologie l’y contraint, une ville de surveillance , etc. Nous ne sommes pas dans le film Minority Report de Steven Spielberg, où les habitants sont arretés sur simple prémonition avant d’avoir commis un crime et surveillés en permanence. Nous ne sommes pas non plus dans le roman 1984 de George Orwell et son Big Brother, figure de la surveillance de masse et de réduction des libertés. Nous somme dans une époque charnière possédant déjà le potentiel de telles distortions de la réalité. Cette dernière sous-partie, explore les potentielles dérives de la ville de demain. Ces dérives peuvent exister sous couvert de soigner les maux de la ville actuelle: réduire la pollution atmosphérique, améliorer la santé des habitants, augmenter les espaces verts, mettre aux normes les bâtiments, gérer les ressources.

22 Citation de l’auteur Ray Bradbury.

Fig.42_Visuel alternatif de l’affiche du film Minority Report de Steven Spielberg ( 2002) par Kevin Wilson.

Fig.43_Couverture du livre 1984 de George Orwell, éditions FOLIO datant de 1983.

Fig.44_Couverture du livre 1984 de George Orwell, éditions LIVRE DE POCHE datant de 1969.

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Pour Antoine Picon, les villes intelligentes le sont parce que ses habitants sont intelligents. Hors dans des villes telles que Singapour ou SongDo, les habitants ne le sont pas. Ils ne sont pas éduqués à des gestes: trier ses déchets, ne pas reprendre de sac plastique à chaque fois que l’on fait ses courses etc. Dans les villes asiatiques, l’importance de l’environnement parait moindre qu’ailleurs ou alors, est très anthropocentriste. L’habitant ne semble pas réellement faire de «geste» en ayant conscience de le faire pour l’environnement, mais davantage parce qu’il y est contraint. Les résultats sont là, la méthode est efficace, mais très discutable. Amsterdam et Copenhague n’ont pas eu besoin d’employer une méthode autoritaire comme Singapour et SongDo, la mentalité autour développement durable y être présente. Nous avons pu l’évoquer dans les parties précédentes, le principal souci de Singapour est qu’elle est saturée, son trafic est engorgé. Ainsi la ville à mis en place une circulation à la carte: en fonction des lieux, de l’heure, des jours, le prix varie et fait même payer une licence par voiture tout les 10 ans.Ce système vise à pénaliser et décourager les habitants à prendre leur voiture pour aller travailler. Les habitants sont encouragés à utiliser les vélos ou le métro, gratuit, aux heures de pointes. Découlant directement du problème de pollution, Singapour à décidé de faire des économies d’énergie. La ville à lancé début 2018 sa plateforme de ville 3D en ligne: Virtual Singapore. Cette plateforme est mise à disposition de la municipalité, des entreprises et même des citoyens. Virtual Singapore permet aux habitants de voir les consommations, tendances

Fig.45_Vue de la consommation énergétique dans « Virtual Singapore », la plateforme 3D développée en collaboration avec Dassault Systèmes.

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et comportements de bâtiments et quartiers entiers en terme de consommation énergétique. L’habitant peut également voir la moyenne de la consommation de son bâtiment sur sa facture d’électricité. Sur 6 mois, la consommation d’un foyer est comparée à celle du quartier. « L’idée c’est que les gens se disent, “ce n’est pas normal que je consomme plus que mes voisins” ou alors, “je suis en-dessous, il faut que je maintienne ce niveau» citation d’Anil Das directeur innovation 23 de l’agence gouvernementale singapourienne JTC. Ici la conduite énergétique des habitants n’est pas dictée mais elle est fortement influençée. Connaissent-ils les enjeux ? Sont-ils d’accord avec cette politique ? À Song Do, les habitants n’ont pas non plus choisi d’obéir à ce genre de comportements durables, ne comprennent pas tous pourquoi ces initiatives sont mises en place ni même en quoi elles sont écologiques. Comme dans 1984 d’Orwell, il n’y a pas vraiment de civisme à SongDo mais des caméras surveillant les moindres gestes des habitants. La personne qui jette un chewing gum par terre se voit rappelée à l’ordre en temps réel via un haut parleur. Et de la même façon que dans Minority Report de Spielberg, une caméra scanne chaque plaque d’immatriculation sortant d’un garage dans le but d’aider à la circulation et de fluidifier le trafic, en d’autres terme l’usager peut être traqué dans toute la ville si les autorités le désire. On assiste à une disparition progressive de l’intimité. Enfin, la ville organise des concours de consommation énergétiques sont organisés pour gagner des prix tels que des abonnements à la salle de sport ou bien des réductions dans

Fig.46_Forte de présence des caméras dans les rues de SongDo.

Fig.47_Tableau de contrôle central des caméras de la ville de SongDo.

23 Citation d’Anil Das Directeur innovation de l’agence gouvernementale singapourienne JTC. Propos recueillis par l’AtelierBNPParibas en août 2016.

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les supermarchés. Ici, il n’y a pas d’accompagnement pour changer les mentalités, éduquer les habitants au caractère non éternel de la nature, mais à l’inverse les habitants sont simplement appâtés. Ce n’est pas une solution durable qui instaure un respect à l’environnement, c’est un prolongement du consumérisme. Plus largement, sous couvert de soigner tout les maux urbains: insécurité, pollution, saleté, on peut imaginer un très grand nombre de dérives dans des villes bardées de capteurs à l’image de SongDo. Dans beaucoup de villes dans le monde et notamment en France, le mobilier urbain exclu de plus en plus les SDF. Un tel mobilier connecté et intéractif pourrait tout à fait reconnaître un SDF et se mouvoir/changer de forme pour l’empêcher d’y dormir, de s’y asseoir. L’autre gros souci d’une telle ville emplie de capteurs de données, c’est justement la collecte des données se faisant parfois à l’insu de l’utilisateur. Celui-ci devient lui-même un capteur. Des villes comme Amsterdam refusent que les données soient vendues à des entreprises privées et s’évertuent à garder la main-mise dessus. En plus de l’utilisation de ces données, leur stockage pose également problème: où stocker cette véritable mine d’or d’informations à l’écart d’éventuels voleurs?

proximité de la ville d’Incheon qu’une réelle ambition vis à vis du développement durable et de l’amélioration du cadre de vie de ses habitants. Les habitants des grandes villes asiatiques baignent depuis toujours dans la technologie qui y est présente au quotidien. Ils n’en ont plus peur, ils y sont accoutumés, certaines villes européennes telle Amsterdam sont encore réticentes à cette idée. Souvenons-nous de la domotique et de son échec dans les années 1980, de la peur et de la froideur vis à vis de quelque chose qui prend le contrôle de notre quotidien. Peut être serons-nous, nous aussi dans peu de temps aussi enjoués et aveugles vis à vis du potentiel de dangerosité de ces technologies.

Autant de scénarios catastrophes et pourtant pas si dystopiques peuvent être imaginés dans une telle ville. Une ville qui ne se repose que sur les NTIC en terme de développement durable au lieu de former ses habitants à des attitudes écologiques. Ici SongDo démontre bien plus son attirance au pouvoir, à l’investissement des entreprises et à la

CONCLUSION

Fig.48_Bancs anti-SDF testés dans le métro parisiens.

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Conclusion Depuis une dizaine d’années, fleurissent, à travers le monde, des villes augmentées, intelligentes. L’Histoire, nous a démontré que les grandes catastrophes environnementales du siècle dernier ont été un mal nécéssaire à la définition du caractère non éternel de notre planète. Instances publiques, entreprises comme citoyens ont pris conscience de l’urgence de changer nos façons de vivre notre environnement et de construire. C’est ainsi que la notion de développement durable naît. Celle-ci signifie que l’environnement et les ressources doivent être protégées pour les besoins de l’Homme. Si l’on prend conscience de la raréfaction des ressources, on prend également conscience de la nature en tant que telle. Ce mémoire s’est attaché à démontrer qu’il existe des pistes à suivre dans un équilibre idéal de l’anthropocentrisme et du biocentrisme, c’est à dire protéger les ressources pour l’Homme mais également pour la nature en elle-même et les générations à venir. Ce mémoire à été l’occasion de comprendre les mécanismes qui ont mené à la prise en compte du développement durable dans la manière de penser les villes de demain. En 2020, nous serons 60% à vivre en ville ou dans des conurbations. Sachant ce constat, comment allier développement durable et amélioration du cadre de vie avec les technologies émergentes, les NTIC? Les «smart cities», sont des villes qui tendent donc à améliorer le cadre de vie des habitants grâce au développement durable et aux nouvelles technologies de

l’information et de la communication. Nous avons vu dans la première partie de ce mémoire, que, conjointement à l’apparition du développement durable, de nouvelles formes de technologies ont émergé. Ces deux éléments ont, dès lors, ouvert le champ des possibles: dans la façon de penser la ville, dans le domaine de la recherche architecturale, ainsi que dans la manière de construire. Cette première partie fait donc un état des lieux, des outils qui permettront de poser les bases des futures «smart cities», ainsi que de la façon dont ils ont été obtenu. Au début des années 1970, nous avons donc toutes les clefs en main pour construire le futur. La seconde partie de ce mémoire a permis d’aborder, grâce à ces outils, quelles ont été, à mon sens, les premières formes d’intelligence en architecture. Cette partie effectue un changement d’échelle progressif, de l’habitat à la ville. L’étude des maisons bulles a donc permis de comprendre la pensée d’Antti Lovag sur le cadre de vie: habiter au milieu de la nature, dans des formes organiques. Ses projets témoignent d’un profond respect à son environnement, comme posés sur le site. La forme des bulles et leur fonction découle directement des arbres, rochers, pente du terrain, etc. L’étude de la maison du chercheur Pierre Sarda démontre une autre forme d’intelligence et d’amélioration du cadre de vie de ses habitants tout en prenant en compte son environnement. En effet, en plus de faciliter la vie quotidienne des habitants par une profusion de panneaux de contrôle, la maison possède une station météorologique sur le toit avec des capteurs permettant de moduler les dépenses énergétiques de la maison. Il s’agit là d’habitats intelligents; toutes les avancées énoncées

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plus tôt ne ce sont concrétisées que plus tardivement, dans la fin des années 1990, à l’échelle de la ville. C’est la naissance des premiers écoquartiers. L’écoquartier sert alors de laboratoire à de futures applications à l’échelle de la ville entière. L’écoquartier de GWL Terrein près d’Amsterdam témoigne alors de l’attachement profond des néerlandais à la protection de l’environnement. Enfin, cette seconde partie nous permet d’ajouter une donnée à l’équation: le contexte. Nous avons démontré tout au long de l’argumentaire combien les outils que sont les technologies ne sont rien sans application concrète à un contexte donné. Nous nommons «contexte»: le site et ses habitants. Les exemples des «smart cities» Amsterdam et Copenhague expriment parfaitement leur caractère contextuel. Amsterdam à su répondre à une problématique liée à son site dans le but d’améliorer le cadre de vie de ses habitants: réinvestir les zones qualifiées de polluées. Amsterdam à su encourager ses habitants à de bonnes pratiques, elle à responsabilisé ses citoyens. Cette ville à su trouver l’équilibre entre biocentrisme et anthropocentrisme en investissant le quartier De Ceuvel. Amsterdam avait certes besoin de loger ses habitants, mais il y a eu un réel investissement d’associations écologiques à dépolluer la zone. Ce caractère profondément contextuel des «smart cities» nous à permis, dans la dernière partie, de formuler un certain nombre de critiques. L’étude de Singapour et SongDo rappelle la condition sine qua non de la prise en compte du contexte dans son entièreté ( pour rappel, les habitants et le site), pour mettre en place une «smart city» durable dans le

temps. Singapour prend en compte son site mais pas ses habitants qui ne sont pas responsabilisé aux pratiques du développement durable. Le constat est pire encore pour SongDo qui nie son environnement. Nous pouvons alors nous interroger: les résultats de ces villes intelligentes ne vontils pas s’étioler avec le temps car les habitants ne sont pas impliqués de leur plein gré? L’Histoire nous à doté d’outils: les NTIC, et d’une conscience écologique. L’étude de différentes «smart cities» a confirmé la nécéssité d’une prise en compte du site mais plus encore d’un accompagnement des habitants. À l’image de SongDo et d’Amsterdam, ne devrions-nous pas essayer de re-densifier, d’améliorer ce qui existe grâce à une utilisation parcimonieuse des NTIC au lieu de créer à partir de rien? C’est dans cette continuité que ce mémoire questionne sur le besoin systématique de faire des analyses de cycle de vie des bâtiments. Ces analyses permettent de connaître le coût environnemental d’un bâtiment: en terme d’acheminement des matériaux, de construire, d’entretien, de destruction et de recyclage. Ces ACV permettraient alors de savoir s’il est plus avantageux, de réemployer et mettre aux normes certains sites ou bâtiments ou bien de bâtir ex nihilo.

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Tableau des figures_ Fig.1_Graphique de présentation de la Smart City selon les critères européens d’après le site « Smart City, ville créative et durable: Laboratoire européen d’innovation urbaine » ( http://www.smartcity.fr/europe/presentation). Fig.2_Tweet du Journal « Le Point » sur les DATAS: « Internet, Giga-pollueur, quelques chiffres » (https://twitter.com/lepoint/status/724284370576642049). Fig.3_Photographie de l’agriculture intensive, illustration de l’article: « L’agriculture «intelligente face au climat» servira-t-elle l’intérêt public - ou la volonté d’accroître les profits pour les entreprises privées? » ( https://theecologist.org). Fig.4_Photographie de la pêche intensive chinoise, illustration de l’article: « Comment la pêche chinoise pille les océans » ( http://pescaires.com/ pechechinoise/). Fig.5_Vue aérienne de la centrale nucléaire de Tchernobyl, quelques jours après l’explosion survenue le 26 avril 1986, illustration de l’article du journal « La Croix » du 30 avril 1986: « 26 avril 1986, explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl » ( www.la-croix.com). Fig.6_Photographie de l’unité d’habitation de Le Corbusier pour Marseille: ( https://juanalbarchitecture.wordpress.com). Fig.7_Photographie de jeunes volontaires nettoyant les plages de Perros-Guirec le 17 avril 1967 © AFP, reportage de France 3 Bretagne « La première grande marée noire subie par la Bretagne : Il y a 50 ans, l’échouage du Torrey Canyon » ( https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/torrey-canyon). Fig.8_Photographie de l’épave de l’Amoco Cadiz échoué au large de Portsall, dans le Finistère en 1978, reportage du média « 20 MINUTES »: « Bretagne: 40 ans après le naufrage de l’Amoco Cadiz, est-on à l’abri des marées noires? » ( https://www.20minutes.fr/planete/ ).

Fig.9_Photographie de la « Fallingwater » de Frank Lloyd Wright pour un article de la revue « Dezeen »: « Frank Lloyd Wright a intégré l’architecture dans la nature à Fallingwater » ( https://www.dezeen.com/2017/06/07/fallingwater-frank-lloydwright-pennsylvania-house-usa-150th-birthday/). Fig.10_Vue du projet « Animated Apertures » par l’agence d’architecture Baumgartner + Uriu ( http://www.edgearchitectural.com.au/friday-fun-with-theanimated-aperture-tower/). Fig.11_Perspective du projet « Animated Apertures » par l’agence d’architecture Baumgartner + Uriu ( http://bustler.net/news/3011/b-u-s-animated-apertures-tobe-featured-at-the-archilab-2013-exhibition). Fig.12_Capture d’écran d’une vidéo de l’INA: « La maison de l’an 2000 », représentant l’ordinateur centrale de la maison de Pierre Sarda à Bruxelles ( http:// www.ina.fr/video/CAA7901376201). Fig.13_L’un des premiers dessin à l’aide l’outil informatique réalisé par l’artiste Vera Molnar en 1968, ( http://dam.org/artists/phase-one/vera-molnar/artworksbodies-of-work/works-from-the-1960s-70s). Fig.14_Photo de maquette et vues du logiciel de, « The Fish » à Barcelone de Frank Gehry, le premier projet à être conçu et construit grâce au logiciel CATIA ( https://www.pinterest.fr/pin/410179478556652655/). Fig.15_Photo de maquette de la « Clover House » de l’agence MAD Architectes à Okazaki en 2016 ( https://www.archdaily.com/793753/clover-house-mad-arc hitects/57b9f2bce58ecea57b00034d-clover-house-mad-architects-photo). Fig.16_Travail de Greg Lynn sur sa « Maison embryonnaire » en 1998 ( https:// www.sfmoma.org/artwork/2002.84). Fig.17_Projet « Paris Smart City 2050 » par Vincent Callebaut, vue de la rue de Rivoli ( http://vincent.callebaut.org/zoom/projects/150105_parissmartcity2050/ parissmartcity2050_pl007.jpg.

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Fig.18_Conception du musée Guggenheim de Bilbao par Frank Gehry sur le logiciel CATIA ( http://avant.org/project/bonus-levels/).

Fig.28_Photographie de la terrasse de l’un des logements de l’écoquartier BedZED, ( https://www.zedfactory.com/bedzed).

Fig.19_Musée Guggenheim de Bilbao par Frank Gehry, 1997 ( http://avant.org/ project/bonus-levels/).

Fig.29_Photographie de l’écoquartier néerlandais: GWL Terrein par Alain Rouiller, ( https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Amsterdam_GWL_48_(8336805125). jpg).

Fig.20_Photographie d’un « pelotoir » de la bulle maquette d’Antti Lovag ( http:// habitat-bulles.com/antti-lovag-expo-sur-planches-1981-82/). Fig.21_Photographie de l’escalier « coquillage » de la maison Gaudet par Antti Lovag, article « ANTTI LOVAG : Architecte Anti-conformiste ». ( http:// laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.fr/2011/10/antti-lovag-architecteanti-conformiste.html) . Fig.22_Capture d’écran d’une vidéo de l’INA: « La maison de l’an 2000 », représentant un panneau de contrôle au dessus du lit dans la maison de Pierre Sarda à Bruxelles ( http://www.ina.fr/video/CAA7901376201). Fig.23_Capture d’écran d’une vidéo de l’INA: « La maison de l’an 2000 », représentant le système de volets roulants de la maison de Pierre Sarda à Bruxelles ( http://www.ina.fr/video/CAA7901376201). Fig.24_Photographie de l’écoquartier BedZED © Marcus-Lyon, dossiers sur les écoquartiers « logements BedZED » ( https://www.batiactu.com/edito/eco-citesvilles-nouvelles-100-ecolos-diaporama-20739.php). Fig.25_Coupe perspective programmatique d’une partie de l’écoquartier BedZED, ( https://www.zedfactory.com/bedzed). Fig.26_Coupe technique d’un bâtiment, ( http://twinnsustainabilityinnovation. com/?attachment_id=646). Fig.27_Photographie des toitures végétalisée aux cheminées colorées de BedZED (http://twinnsustainabilityinnovation.com/?attachment_id=646).

Fig.30_Les maisons flottantes du quartier d’Ijburg à Amsterdam, article du site « Smart Urban Stories »: « Vivre sur l’eau, le pari fou d’Amsterdam ». ( https:// smart-urban-stories.com/ijburg-amsterdam-architecture/). Fig.31_Photographie des façades penchées du vieil Amsterdam, article du site de voyage « Lotus& Bouche Cousue »: « Carnet de voyage: Amsterdam ». ( http:// www.lotus-bouche-cousue.fr/echappees-belles/carnet-voyage-amsterdam/). Fig.32_Photographie du quartier De Ceuvel à Amsterdam, article du site « Inhabitat »: « Chantier réhabilité réutilise les vieux bateaux comme boutiques et bureaux à Amsterdam ». ( https://inhabitat.com/rehabilitated-shipyard-reusesold-boats-as-shops-and-offices-in-amsterdam/). Fig.33_Vue aérienne Google Earth des villes d’Incheon et SongDo. Fig.34_Photographie de la construction des digues nécéssaires à la réalisation du polder pour la nouvelle ville de SongDo, article du blog « Objectif Séoul »: « New Songdo City - la ville du XXI ème siècle ». ( http://objectif.seoul.over-blog. com/article-new-songdo-city-la-ville-du-xxi-eme-siecle-59326338.html). Fig.35_Photographie de la Cloud Forrest des Gardens By The Bay de Singapour, ( http://www.gardensbythebay.com.sg/en/attractions/cloud-forest/explorecloud-forest.html). Fig.36_Photographie d’une colonie d’oiseaux reproducteurs prise en juin 2006 sur le site de SongDo par Nial Moores pour l’association « Birds Korea », ( http:// www.birdskorea.org/Habitats/Wetlands/Songdo/BK-HA-Songdo.shtml).

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Fig.37_Photographie de la construction de digue avant pompage de l’eau à SongDo le 21 février 2012 par Nial Moores de l’association « BirdsKorea » ( http://www.birdskorea.org/Habitats/Wetlands/Songdo/BK-HA-Songdo.shtml). Fig.38_Photographie du Central Park coréen à SongDo, ( https://www.arup. com/projects/new-songdo-city-central-park-and-canal). Fig.39_Photographie de pistes cyclables passant dans le parc de SongDo, article de « Canal+ »: « La Corée du sud invente la ville écologique où tout peut se faire à pied ». ( https://detours.canal.fr/coree-sud-invente-ville-ecologique-sefaire-a-pied/). Fig.40_Photographie d’un panneau de contrôle de l’un des bâtiments de SongDo, article de « Corée magazine »: « Songdo : La ville du futur ou le pari écologique ». ( http://www.coreemagazine.com/reportages/songdo-ville-dufutur-pari-ecologique/). Fig.41_Diagramme représentant le Data Center de Natixis, le centre aquatique de Val d’Europe et entre les deux un échangeur de Dalkia ( filiale d’EDF) permettant de piloter et gérer les calories entre les deux bâtiments. Article du journal « Le Monde » : « Des pionniers veulent chauffer les villes avec nos ordinateurs ». ( http://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2016/01/07/ces-pionniers-quiveulent-chauffer-les-villes-avec-nos-ordinateurs_4843208_4811534.html).

Fig.45_Vue de la consommation énergétique dans « Virtual Singapore », la plateforme 3D développée en collaboration avec Dassault Systèmes. Article du site « Wired »: « Virtual Singapore looks just like Singapore IRL- but with more data ». ( https://www.wired.com/2017/02/virtual-singapore-looks-just-likesingapore-irl-data/). Fig.46_Forte de présence des caméras dans les rues de SongDo, article du site « 18H39 »: « À Songdo, en Corée, on expérimente la ville du futur ». ( https:// www.18h39.fr/articles/a-songdo-en-coree-on-experimente-la-ville-du-futur.html). Fig.47_Tableau de contrôle central des caméras de la ville de SongDo, « In South Korea’s «Smart City» of Songdo, Children are Tracked by Microchip and the Government Monitors CCTV Cameras Located Throughout the City », ( http:// magiclougie.blogspot.fr/2015/05/in-south-koreas-smart-city-of-songdo.html). Fig.48_Bancs anti-SDF testés dans le métro parisiens, article du journal « La Dépêche »: « Paris : des bancs anti-SDF testés dans le métro créent la polémique ». ( https://www.ladepeche.fr/article/2017/03/21/2540532-parisbancs-anti-sdf-testes-metro-creent-polemique.html).

Fig.42_Visuel alternatif de l’affiche du film Minority Report de Steven Spielberg ( 2002) par Kevin Wilson, ( https://alternativemovieposters.com/amp/minorityreport-kevin-wilson/). Fig.43_Couverture du livre 1984 de George Orwell, éditions FOLIO datant de 1983, ( https://www.antiqbook.com/search. php?action=search&author=Orwell&title=1984). Fig.44_Couverture du livre 1984 de George Orwell, éditions LIVRE DE POCHE datant de 1969, ( https://www.noosfere.org/livres/niourf. asp?numlivre=2146566432).

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