Cornélia Cannier
L’Ambiance Lovag L5H2 / Penser l’architecture, approche théorique Ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble
Introduction
1- P.ROCHE, Antti Lovag:Habitologue, Nice:France Europe Editions, 2010 p. 7. 2- Ibid. p. 64.
3- Ibid. p. 259. 4- Ibid. p. 50.
5- Ibid. p. 73.
En vue de la rédaction de cet article, je me propose d’étudier la notion d’ambiance présente dans les maisons construites entre 1970 et 1990 par Antti Lovag, qui a su faire valoir l’intégration de sa pensée «habitologue» dans une époque régie par une architecture qu’il dénonce comme trop conformiste. Il définit son «habitologie» comme une science qui intégrerait l’étude des relations humaines avec son milieu, c’est à dire le vécu de son habitation par l’Homme d’aujourd’hui et leur évolution dans le temps. Il rencontre Jacques Couëlle, son mentor, en 1964, alors renommé pour ce qu’il appelle «architecture sculpture», qui lui ouvre l’esprit à ses «quadrilatères curvilignes couëlliens» et à l’importance de la lumière dans l’habitat. Fort de cette expérience, Antti Lovag s’installe à son compte à Port-La-Galère où il rencontre l’industriel Pierre Bernard qui lui commande son premier chantier, une maison sur les hauteurs de Théoulesur-mer. En participant lui-même à la construction de ses projets dans les moindres détails, il a su y générer des émotions à travers un certain nombre d’ambiances. Cette notion d’ambiance sera au centre de notre problématique. 1
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La notion d’ambiance se définit tout d’abord comme un environnement donné auquel viennent s’ajouter des caractéristiques sensibles et sociales et des caractéristiques formelles. Antti Lovag avait l’habitude de dire: “ Ce sont les détails qui font la maison”. Nous analyserons donc la notion d’ambiance chez Antti Lovag à partir de la mise en relation et de la comparaison de trois réalisations: “la maison Antoine Gaudet” commencée en 1969 et terminée en 1989,“ la maison Pierre Bernard” commençée en 1971 et terminée en 1975 et son extension “le Palais Bulle Pierre 1 5
Cardin” commencé en 1975 et terminé en 1988. L’étude de ces trois réalisations sera portée sur le contexte initial du projet: la végétation, la pente et l’environnement, la notion de matérialité très présente à travers la lumière, la courbe et les matériaux employés et enfin sur le souci du détail utilisé notamment pour les ouvertures, les transitions et les meubles-mobiles, au service de l’ambiance selon Lovag. Ces notions structureront notre analyse des ambiances à travers des coupes et des documents photographiques de la «maison Pierre Bernard» dans un premier temps, du «Palais Bulle» de Pierre Bernard dans un second temps et enfin de la «maison Antoine Gaudet», qui va nous permettre de tenter de répondre à la problématique initiale. Par quelles mises en oeuvre, Antti Lovag génère t-il des ambiances au sein de ses habitats? De quelle manière ces ambiances induisent-elles des émotions et des sensations plus particulièrement au sein de la «maison Pierre Bernard», du «Palais Bulle» de Pierre Bernard et de la «maison Antoine Gaudet»?
La «maison Pierre Bernard»: Le jeu de la lumière avec les ouvertures et la végétation Pierre Bernard, un industriel lyonnais, commande une maison à Antti Lovag en 1971. Pierre Bernard souhaite une maison «régionale dehors, moderne dedans». Lovag, totalement contre son idée et cette appellation «régionale» , lui propose une «grappe de bulles». Le chantier démarre en 1971. La construction de la maison Bernard se termine en 1975, située dans une zone boisée sur les hauteurs de Port-La-Galère. Comme nous pouvons le voir sur la photographie ci-contre, cette première oeuvre de Lovag présente la caractéristique d’être totalement intégrée à son paysage. En effet, la végétation alentour, arbres, bosquets etc, qu’elle ait été présente bien avant la construction ou bien ajoutée par la suite comme agrément, agit comme une seconde peau sur l’ensemble du bâtiment comme pour en atténuer la forte couleur rouge-ocre. Nous pouvons voir dans une vidéo en vue aérienne que cet apport de verdure vient, à certains endroits du jardin, créer de véritables «cloîtres» de végétaux propices au bien-être, et à l’intimité. 6
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6- P.ROCHE, Antti Lovag:Habitologue, Nice:France Europe Editions, 2010 p. 114. 7- Ibid. p. 114. 8- Ibid. p. 115.
9- Ibid. p. 159.
Une omniprésence de la végétation Capture d’écran en vue aérienne de la vidéo: «Palais Bulle par l’architecte et habitologue hongrois Antti Lovag ( 1925)», vidéo en allemand du programme «Häuser auf den Kopf», 1981. Erreur dans le titre: les deux maison sont difficiles à différencier cependant il ne s’agit pas ici du Palais Bulle, mais bien de la maison Bernard.
Source:
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Un «pelotoir» la tête dans les nuages Principe du pelotoir appliqué dans chacun des projet de Lovag, ici une capture d’écran de la vidéo: «Palais Bulle par l’architecte et habitologue hongrois Antti Lovag ( 1925)», vidéo en allemand du programme «Häuser auf den Kopf», 1981. Erreur dans le titre de la vidéo: les deux maison sont difficiles à différencier cependant il ne s’agit pas ici du Palais Bulle, mais bien de la maison Bernard
Espace mi-mezzanine mi-hamac Dessin de principe appliqué dans toutes les constructions Lovag, feutre et crayon graphite sur calque, Espace Cardin, Théoule-sur-Mer, Initialement un projet d’habitat expérimental à Tourrettes-sur-Loup, Frac Centre.
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10- P.ROCHE, Antti Lovag:Habitologue, Nice:France Europe Editions, 2010 p. 68.
11- Ibid. p. 57.
12- Ibid. p. 57.
13- Ibid. p.102. 14- Ibid. p. 100.
15- Ibid. p. 93.
16- Ibid. p. 94. 17- C.ROUX, «Nouveau projet d’Antti Lovag», L’Habitat, n°22, mars 2002, p. 19. 18- P.ROCHE, Antti Lovag:Habitologue, Nice:France Europe Editions, 2010 p. 112.
Enfin, de la volonté originelle d’Antti Lovag, l’ensemble de la construction est peu à peu recouverte de végétation, comme abandonnée, retournant à la nature. Pierre Roche explique dans sa biographie: «Habitologue» que la vision de cette symbiose Homme-Nature vient du fait que Lovag ré-interprétait ce qui pour lui était présent originellement dans la nature. Antti Lovag crée ainsi pour ses habitants, un retour à l’essentiel, à la liberté. 10
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La végétation présente dehors filtre la lumière avant son entrée dans les bulles. Elle diffuse une lumière assez douce dans les chambres qui ne reçoivent pas de lumière zénithale. Celles-ci bénéficient donc d’une lumière tamisée qui permet de marquer une progression dans l’intimité. A l’intérieur de la maison, la lumière pénêtre toujours indirectement les ouvertures. Elle n’est pas nécéssairement filtrée à l’extérieur mais déviée grâce à la forme bombée des ouvertures, puis se réfléchit sur les murs courbes et blancs: la diffusion va ainsi plus en profondeur. On observe une grande variété de lumières dans la maison, selon les ouvertures, l’orientation ainsi que l’occupation qui est faite de l’espace. Antti Lovag nomme «pelotoir» ( voir photographies ci-contre) les espaces situés en partie supérieure de bulle, mi-hamac de béton, mi-mezzanine ouverte sur le reste de la bulle. Un espace où le sol est concave permettant ainsi de s’y «pelotonner» pour lire en bénéficiant d’une lumière claire et directe un mètre seulement au dessus de sa tête grâce à un skydôme. De manière générale cet espace permet d’expérimenter un nombre incroyable d’ambiances grâce aux différentes lumières qu’il propose: lumière du soleil pour une ambiance chaleureuse ou encore lumière de la lune plus intimiste. 12
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Antti Lovag avait pour habitude de dire que «ce sont les détails qui font la maison». Grâce à ses skydômes on peut rêver, méditer: être ébahi devant la nature. Antti Lovag va également mettre en place des «oculus» sortes de clins d’oeil de la nature à l’Homme. Dans «Habitologue» Lovag explique que ces oculus sont des vues choisies sur le paysage environnant, des cadrages sur des détails marquants. Ces oculus sont plaçés dans des endroits qui déclenchent une émotion, quelque chose d’inattendu; il suffit par exemple de tourner la tête lorsque l’on travaille à son 16
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bureau pour voir le ciel et la mer se toucher et se sentir apaisé, ou encore poser la tête sur l’oreiller et croiser du regard la végétation extérieure filtrer la lumière vers l’intérieur. Antti Lovag fait également entrer le grand paysage tout entier grâce à ses baies arrondies ( voir photographie ci-contre). Naturellement orientée fâce à la méditerranée, la maison Bernard bénéficie d’un paysage incroyable. Dans les pièces telles que le séjour on peut trouver des baies arrondies légèrement surélevées agrémentées de banquettes disposées de manière à contempler le grand paysage. 19
19- P.ROCHE, Antti Lovag:Habitologue, Nice:France Europe Editions, 2010 p. 94.
Le «Palais Bulle»: la combinaison forme/usages Les maisons d’Antti Lovag ont pour point commun de ne pas être construites sur terrain plat. C’est le cas du «Palais Bulle», cette demeure originellement construite pour Pierre Bernard à l’Esquillon sur les hauteurs de Théoule-sur-mer. Cela va lui permettre notamment de créer différents niveaux et d’aller en profondeur dans le terrain sans pour autant donner l’impression à l’habitant d’être enfermé. Comme nous pouvons le voir sur la coupe ci-contre, les différentes ouvertures de chacune des bulles permettent une continuité lumineuse malgré la forte pente. Le «Palais Bulle» s’étend sur près de 1200m² de surface habitée. Grâce à son organisation en bulles ouvertes les unes sur les autres, le «Palais Bulle» permet à ses habitants d’avoir une continuité visuelle sur l’ensemble des espaces d’un même niveau. Chacun de ces niveaux présente une caractéristique qui lui est propre, tel que le type d’ouverture et les vues qu’il offre. La maison est fractionnée selon des «quartiers» différents pour chaque habitant , à la manière d’un petit village. Chacun de ces espaces bénéficie d’une grande intimité. Antti Lovag joue sur le détournement des couloirs et des escaliers pour donner l’impression à l’habitant de se trouver dans un labyrinthe. 20
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Tout dans le «Palais Bulle» témoigne de l’oppostion d’Antti Lovag à l’angle droit. Pour Lovag, l’utilisation des courbes permet un retour à la nature, telle une matrice. La rondeur des intérieurs d’Antti Lovag donne des sensations de convivialité. Sur la photographie ci-contre l’escalier donne la sensation d’une bulle protectrice et non un enfermement pour l’habitant. Pour la revue «Habitat» Lovag parle d’espace «bullique» comme d’un espace corporel, une troisième peau qui 23
20- C-ROUX, P-ROCHE, «Agir pour le changement, l’Esquillon: un nouvel habitat», L’Habitat, n°2, mars 1985, p. 15.
21- C.ROUX, «Nouveau projet d’Antti Lovag», L’Habitat, n°22, mars 2002, p. 19.
22- C-ROUX, P-ROCHE, «Agir pour le changement, l’Esquillon: un nouvel habitat», L’Habitat, n°2, mars 1985, p. 5.
23-C-ROUX, J-UNAL, J.M-DUCANCELLE, «Les voiles de la Galère et de l’Esquillon», L’Habitat, n°4, mars 1986, p. 14. .
Vue panoramique depuis son salon Photographie de l’intérieur du salon, Maison Bernard , www.fonds-maisonbernard.com
Une très forte inscription dans la pente Dessin en coupe à l’encre sur calque, Espace Cardin, Théoule-sur-Mer, Frac Centre.
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Escalier organique vers les étages supérieurs Reportage photographique pour ELLE Maison, Le Palais Bulle, une folie avant-gardiste, Sophie Lloyd, janvier 2012. www.maison-deco.com
La maison ouvre ses bras aux visiteurs Principe de la porte d’entrée du Palais Bulle Photographie de la porte d’entrée, Maison Bernard , www.fonds-maisonbernard.com
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24- P.ROCHE, Antti Lovag:Habitologue, Nice:France Europe Editions, 2010 p. 164.
25- C.ROUX, «Nouveau projet d’Antti Lovag», L’Habitat, n°22, mars 2002, p. 19. 26- P.ROCHE, Antti Lovag:Habitologue, Nice:France Europe Editions, 2010 p. 117.
27- Ibid. p. 118.
28- Ibid. p. 96.
permet «l’harmonisation et la coordination des sens». La courbe permet également de ressentir une certaine légèreté, comme si la maison prenait vie et respirait. «Le «Palais Bulle» prend vie et devient un poumon grâce à ses nombreuses ouvertures qui créées des appels d’air et donne une impression de dilatation de la maison». Enfin la continuité intérieure de la maison permet de créer des perspectives surprenantes. En effet la courbe ne donne ni dimensions ni repères ce qui permet une très grande variété de points de vue. Ce renouvellement des points de vue permet à l’habitant de s’accoutumer moins vite à son intérieur. 24
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Pour conserver un sentiment d’unité dans les usages et leurs espaces spécifiques, Antti Lovag utilise un astucieux jeu de transitions. Aucun de ces espaces intérieurs n’est cloisonné donc il les délimite au moyen de subtils jeux de marches, de niveaux et de couloirs. Ces différents espaces sont délimités la plupart du temps par deux à quatre marches servant à élever un espace plus intime à l’image du bureau dans le salon. Les couloirs et la circulation en général donnent un aspect labyrinthique et permettent les échanges mais surtout l’indépendance de chaque espace de la maison. Cet aspect d’espaces groupés mais cependant autonomes les uns par rapport aux autres donne un sentiment d’aération de la maison. Grâce aux nombreuses ouvertures murales et zénithales Lovag évite ainsi l’effet grotte et l’enfermement. Il met également en place des transitions entre intérieur et extérieur. La porte d’entrée principale ( photographie cicontre) est ainsi pensée ronde, bienveillante et bombée vers l’intérieur comme pour accueillir le visiteur en son sein. Enfin Antti Lovag dessine des transitions entre intérieur et jardin, pensées tels des cloîtres envahis par la végétation: on se sent protégé dans un espace qui n’est ni vraiment dehors, ni vraiment dedans. 26
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La nature dompte la maison Photographie du salon de la maison Antoine Gaudet: Maison RourĂŠou, Pierre Roche, www.tourrettessurloup.com.
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La «maison Antoine Gaudet»: l’alliance nature/ matérialité/fonctionnalité
29- C-ROUX, P-ROCHE, «Pour une mise à jour de l’architecture: Antti Lovag et habitologie», L’Habitat, n°19, mars 1998, p. 21.
30- Ibid. p. 19.
31- Ibid. p. 21.
On a pu voir au fil de cet article, que la préoccupation majeure de Lovag est d’amener des ambiances dans un lieu et de les améliorer grâce à son contexte. Antti Lovag éprouve une sorte de vénération pour la nature, au point que celleci participe grandement à l’élaboration de ces ambiances «naturelles». En effet, la maison Gaudet en construction de 1969 à 1989 à Tourrettes-sur-Loup en est un bel exemple. Comme nous pouvons le voir sur la photographie ci-contre, la maison «Antoine Gaudet» présente la particularité d’abriter un rocher au sein de son séjour. Ce rocher témoigne de la volonté évidente d’Antti Lovag de ne pas enfermer l’habitant dans un lieu sans aucun lien avec l’extérieur. Ainsi l’habitant contemple ce rocher comme s’il s’agissait d’un entre deux entre intérieur et extérieur. La maison «Gaudet» présente également la particularité d’héberger un jardin intérieur ainsi qu’un ruisseau traversant ce jardin de l’intérieur vers l’extérieur et se terminant par une petite cascade. Toute cette mise en scène de «l’habitologue» donne ainsi l’impression pour l’habitant, de vivre dans une oasis. Pour leur plus grand plaisir les occupants de la maison peuvent lorsque le temps ne permet pas de sortir dehors, profiter de cet écrin de verdure au coeur de la maison. 29
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Il y a dans les maisons Lovag, deux choses que nous n’avons pas encore abordées: les matériaux choisis et le meuble mobile. Comme Pierre Roche le fait remarquer dans la revue «Habitat», Lovag porte également un intérêt tout particulier au choix de ses matériaux. En effet ces matériaux choisis subliment les ambiances de la maison grâce aux artisans qui les travaillent et qui partagent l’opinion de Lovag sur l’ambiance. On peut le voir dans les couloirs en courbes où la lumière est douce et se propage grâce, non seulement à la courbe elle-même mais également au grain poli de l’enduit sur les murs. 31
32- Ibid. p. 21.
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Le sol n’est également pas en reste car en effet, les espaces aux usages plus intimes sont eux recouverts d’un revêtement doux tel que la moquette ou des tapis où il fait bon marcher nus pieds. Les espaces plus publics de la maison sont eux recouverts de marbre, démontrant ainsi au visiteur les endroits qu’il peut ou ne peut pas découvrir par lui-même. Au sol le matériau revêt donc des propriétés de guide pour le visiteur.
33-C-ROUX, J-UNAL, J.M-DUCANCELLE, «Les voiles de la Galère et de l’Esquillon», L’Habitat, n°4, mars 1986, p. 19. .
Pour terminer il fallait évoquer un dernier mais non moins important facteur d’ambiance et de fonctionnalité de la maison Lovag: le meuble-mobile. Pour Lovag, il est évident que les déplacements dans la maison sont complexes, il faut donc les simplifier. C’est en ce sens qu’il pense la cuisine, simplifiant au maximum les gestes et déplacements. Cette cuisine se constitue de meubles tournants, modulables et contenant un très grand nombre de tiroirs. Ainsi, les déplacements sont réduits et le gain de place est considérable. Pour ce qui est de la table de repas de la cuisine, celle-ci est plaçée dans sa propre bulle, pourvue d’un grand oculus et permettant ainsi d’admirer le paysage en mangeant. Durant les beaux jours la bulle et la table pivotent sur l’extérieur. Tous les meubles de la maison sont ronds et sur mesure, fluidifiant ainsi les déplacements. C’est ce que nous pouvons voir dans la chambre où les lits sont ronds, ne rigidifiant pas l’espace. En étant rond ce lit permet de rêgler le problème de l’orientation, la personne qui y dort peut plaçer son lit où elle l’entend et dormir dans le sens qu’elle souhaite. Le meuble-mobile d’Antti Lovag permet ainsi à l’habitant de moduler sa maison comme il le souhaite, selon ses désirs et à volonté.
34-C-ROUX, P-ROCHE, «Les meubles d’Antti Lovag», L’Habitat, n°16, mars 1995, p. 12. .35- Ibid. p. 13. 36- C-ROUX, P-ROCHE, «Pour une mise à jour de l’architecture: Antti Lovag et habitologie», L’Habitat, n°19, mars 1998, p. 20.
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37- Ibid. p. 20.
38-C-ROUX, P-ROCHE, «Les meubles d’Antti Lovag», L’Habitat, n°16, mars 1995, p. 15. .
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Intimité verticale Photographie de principe de la différenciation des usages du Palais Bulle Reportage photographique pour ELLE Maison, Le Palais Bulle, une folie avant-gardiste, Sophie Lloyd, janvier 2012. www.maison-deco.com
Un déjeuner panoramique Photographie de principe de la coque ouvrante dans la cuisine du Palais Bulle. Reportage photographique pour ELLE Maison, Le Palais Bulle, une folie avant-gardiste, Sophie Lloyd, janvier 2012. www.maison-deco.com
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Conclusion Après avoir explicité les mises en oeuvre des ambiances de trois des réalisations d’Antti Lovag, nous pouvons en tirer des conclusions quant aux émotions et sensations générées. Premièrement, notre analyse nous apprend l’importance capitale de l’environnement donné, de la nature et du contexte pour Lovag qui témoigne d’un profond respect pour la nature. En effet, ses maison s’inscrivent dans la pente, la végétation environnante les épouse et enfin la nature en fait partie intégrante. Les ambiances mises en place font ressentir à l’habitant qu’il s’agit de la nature qui dompte la maison de l’Homme. L’attention aux usages fait également partie des mises en oeuvre permettant à Lovag de rendre ses maisons vivantes, animées. Il joue sur différentes tailles d’ouvertures plus ou moins ciblées, sur un élément choisi ainsi que sur les différences de niveaux pour marquer les limites d’usages et les paliers d’intimité. Enfin, il fait usage du meuble-mobile pour moduler l’espace, ce qui apporte à l’habitant la satisfaction de pouvoir renouveler son environnement à volonté. Pour terminer, Antti Lovag utilise de manière prononcée la matérialité dans le but de l’allier au contexte et à son attention aux usages. En effet, la lumière permet de créer des ambiances propices à la rêverie grâce à la végétation ou aux différentes typologies d’ouvertures. La courbe et les matériaux associés aux ouvertures et à la végétation permettent de créer par exemple,des ambiances lumineuses. Fonctionnalité, contexte, et matérialité sont donc trois champs de mises en oeuvre de l’ambiance chez Lovag. L’étude de ces trois projets de Lovag nous apprend finalement qu’il est possible de faire transparaître les ambiances dans chaque projet à un degré différent mais que Lovag a
sensorielle et émotionnelle. L’ambiance est quelque chose de sur-mesure, de complexe, propre à une situation, à un contexte donné, propre à des personnes particulières. Il n’y a pas de définition propre ni de méthode miracle dans la conception de l’ambiance. La volonté d’Antti Lovag est de concevoir un habitat optimal pour la ou les personnes qui y habitent. Ce type d’habitat est le travail de toute une vie de recherche en conception et réalisation pour «l’habitologue» qu’est Lovag. Une maison pour habiter et recevoir, qui n’exclut rien, ni l’invité, ni son environnement. A l’heure actuelle, quelques architectes comme Peter Vetsch ou encore des particuliers tentent de faire revivre ces habitats optimisant les ambiances. Cependant en tenant compte de la suprématie actuelle de l’angle droit et de la volonté de rentabiliser le moindre mètre carré laissé libre, est-il possible de faire renaître ces habitats bulles? Et si la forme en elle-même pose problème, est-il pensable que l’architecture puisse à l’avenir être pensée non plus uniquement par le fonctionnel mais également grâce aux ambiances? Un habitat orthogonal qui serait finalement pensé pour les besoins émotionnels et sensoriels de l’Homme.
Bibliographie ROCHE Pierre, ANTTI LOVAG:Habitologue, Nice, France Europe Editions, 2010. CAZE Sophie, BRAYER Marie-Ange, WIESINGER Véronique, CINQUALBRE Olivier, GIARD Noëmi, VERNANT Aurélien, Architecture-Sculpture: Collections Frac centre et Centre Pompidou, Orléans, HYX, 2008. ARDENNE Paul, POLLA Barbara, Architecture émotionnelle: matière à penser, Lormont ,Editions Le Bord de l’eau, 2011. HESSE Jean-Pascal, Le Palais Bulles de Pierre Cardin, Paris, ASSOULINE, 2012 ROUX Christian, ROCHE Pierre, «Agir pour le changement, l’Esquillon: un nouvel habitat», L’Habitat, n°2, mars 1985, pp. 3-15 ROUX Christian, UNAL Joël, DUCANCELLE Jean-Michel, «Les voiles de la Galère et de l’Esquillon», L’Habitat, n°4, mars 1986, pp. 6-19 ROUX Christian, «ANTTI LOVAG: L’industrie doit produire des éléments courbes», L’Habitat, n°6, mars 1987, pp. 3-12 ROUX Christian, ROCHE Pierre, «Le jardin merveilleux de Pierre Cardin», L’Habitat, n°13, mars 1992, pp. 3-13 ROUX Christian, ROCHE Pierre, «Les meubles d’Antti Lovag», L’Habitat, n°16, mars 1995, pp. 3-18 ROUX Christian, ROCHE Pierre, «Pour une mise à jour de l’architecture: Antti Lovag et habitologie», L’Habitat, n°19, mars 1998, pp. 3-22 ROUX Christian, «Nouveau projet d’Antti Lovag», L’Habitat, n°22, mars 2002, pp. 3-22
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