Le lin oléagineux

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Le lin oléagineux

Le lin oléagineux Gérard Lavoie, agr. Louis Robert, agr. Pierre Turcotte, agr.


Le Canada est le plus grand producteur et exportateur de graines de lin oléagineux au monde. Il exploite une superficie d’environ 730 000 ha, exporte autour de 75 % de sa production annuelle évaluée à 750 000 tonnes métriques et réalise près de 80 % des ventes mondiales. Les principales provinces productrices sont la Saskatchewan, le Manitoba et l’Alberta. Au Québec, la production du lin est encore marginale, mais elle présente un potentiel fort intéressant. Le lin est une plante de climat tempéré et humide, il convient donc parfaitement à nos conditions climatiques. De plus, il s’insère bien dans les systèmes de rotation. Il permet ainsi de diversifier les revenus et d’améliorer la rentabilité globale de l’entreprise agricole. Les marchés du lin sont nombreux, car il se prête à de multiples usages. La graine de lin est utilisée en alimentation animale et humaine pour ses propriétés nutritionnelles bénéfiques pour la santé (oméga-3, fibres, lignanes, etc.). Elle a également de nombreuses applications industrielles. Son huile est employée dans les peintures et les teintures, les encres d’imprimerie, le savon, le linoléum et dans les produits pour le traitement du bois. Après l’extraction de l’huile, il reste un sous-produit appelé tourteau que les éleveurs utilisent comme supplément protéique dans les rations animales. Depuis quelques années, le lin oléagineux apparaît de plus en plus dans le paysage agricole québécois. Ayant constaté, dans les années 1990, que des meuneries d’ici utilisaient de la graine de lin produite dans l’ouest du Canada pour la fabrication de moulées à poules pondeuses dont les œufs étaient destinés au nouveau marché des œufs dits enrichis en acides gras oméga-3, des producteurs agricoles de différentes régions du Québec ont décidé d’évaluer cette culture sur des superficies restreintes afin de vérifier la faisabilité technique et économique de la production de lin oléagineux sur leurs fermes. Les résultats positifs obtenus expliquent l’accroissement observé, d’année en année, de la superficie totale de cette culture.

Photos : Gérard Lavoie, MAPAQ

Introduction

Figure 1. Fleurs de lin

Figure 2. Graines de lin

Biologie Le lin oléagineux (Linum usitatissimum L.) est une espèce de la famille des linacées. C’est une plante annuelle qui atteint une hauteur de 50 à 60 cm et qui est pourvue d’une racine pivotante à partir de laquelle croissent des racines fasciculées pouvant atteindre 120 cm. Ses feuilles sont simples et sessiles. L’inflorescence est une cyme. La fleur de couleur bleue a cinq pétales (Figure 1). Elle ne vit que quelques heures; elle s’ouvre peu après le lever du soleil et tombe avant midi. La floraison débute environ 60 jours après le semis et dure autour de trois semaines. Le fruit est une capsule composée de cinq loges. Chaque capsule contient de 8 à 10 graines. De forme ovale, la graine mesure de 4 à 6 mm et sa couleur varie de brun moyen à pâle (Figure 2). La graine de lin contient en moyenne 22 % de protéines brutes sur une base sèche et 45 % d’huile dont 55 à 60 % sont des acides gras linoléniques ou oméga-3 (Tableau 1). C’est la graine de lin, qui est de toutes les graines, la plus riche en oméga-3.

Tableau 1. Caractéristiques de l’huile de quelques oléagineux (base matière sèche) Oléagineux

Teneur en huile (%)

Teneur en acide gras linolénique (oméga-3) de l’huile (%)

Canola

40-46

8

Lin

45-50

55-60

Soya

20-22

2-7

Tournesol

40-48

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Le lin oléagineux

Le lin comme culture de rotation Les cultivars En général, le lin s’intègre bien dans la rotation des cultures établies au Québec. Il s’est avéré un excellent précédent cultural des céréales et des légumineuses autant dans les travaux de recherche que chez les producteurs. Étant la seule plante agricole de la famille botanique des linacées, elle a peu de maladies communes avec les autres espèces. Ainsi, sa culture procure l’avantage de couper le cycle de plusieurs maladies courantes des graminées (ex. : fusariose des céréales et du maïs) et des légumineuses (pourriture sclérotique du soya). Cependant, il n’est pas recommandé de cultiver du lin après la culture d’une légumineuse ayant été affectée par le champignon Rhizoctonia sp., puisqu’il est sensible à cette maladie. Des recherches menées en Saskatchewan ont démontré que la productivité du lin peut être affectée s’il est cultivé après une culture de canola ou de moutarde. Cela est causé par les composés toxiques que produisent les plants matures de canola, de moutarde et leurs repousses. Il est préférable de ne cultiver le même champ en lin qu’une fois tous les 4 ans. Tableau 2.

Les producteurs peuvent obtenir de la semence certifiée auprès de la plupart des fournisseurs de semence commerciale. Il est préférable d’utiliser de la semence traitée avec un fongicide (voir section Les maladies et les insectes). Pour la culture biologique, il est toutefois possible de se procurer de la semence non traitée. Actuellement, la semence de lin provient principalement de la Saskatchewan et du Manitoba, là où se concentre la production canadienne. Les cultivars enregistrés au Canada ont été développés dans les provinces de l’Ouest. Tous ces cultivars répondent généralement bien aux conditions de culture québécoises. Des essais de cultivars ont été réalisés par le Réseau des plantes oléoprotéagineuses du Réseau des grandes cultures du Québec (RGCQ) sur trois sites de 2003 à 2005. Comme le montre le tableau 2, deux cultivars se sont démarqués, soit CDC Bethune et MacBeth. L’évaluation d’autres cultivars prometteurs tels que CDC Sorrels, Lightning et Prairie Blue reste à compléter.

Résultats d’essais de cultivars de lin menés de 2003 à 2005 à Normandin, Princeville et Saint-Bruno (9 années-sites) Rendement (kg/ha)

Poids de 1000 graines (g)

Taille (cm)

Verse(1) (1-9)

Date de maturité (jours)

Protéines (%)

Huile (%)

Acides gras(2) C18 : 1 C18 : 2 C18 : 3

AC Emerson

1625

6,1

53

1,8

105

20,3

44,9

14,7

AC McDuff

1569

5,9

55

1,1

108

20,7

46,7

15,4

17,1 57,9

AC Watson

1619

5,9

51

1,3

105

21,2

44,5

16,6

15,3 59,5

CDC Arras

1578

6,0

53

1,4

108

19,6

45,9

15,2

15,1 58,8

CDC Bethune

1733

5,4

54

1,0

106

20,6

45,9

17,7

15,6 57,7

CDC Normandy

1690

5,4

54

1,7

106

20,9

44,4

19,1

13,1 59,5

Flanders

1618

5,2

53

1,3

106

19,7

46,3

16,0

14,9 60,1

MacBeth

1796

6,1

54

1,0

107

20,3

48,1

16,8

17,0 58,2

Norlin

1715

5,9

53

1,2

107

21,3

43,9

19,7

12,9 59,1

Vimy

1637

6,3

56

1,8

107

19,9

45,8

16,5

15,1

Moyenne générale

1658

5,8

54

1,4

107

20,4

45,6

17,0

15,1 59,2

Moyenne témoins(3)

1659

5,6

53

1,4

106

20,2

45,7

16,2

15,2 59,9

Cultivar

14,9 61,9

59,1

1) Basé sur une échelle de 1 à 9 : 1 = aucune verse; 9 = versé complètement. 2) C18 : 1 : acide oléique; C18 : 2 : acide linoléique; C18 : 3 : acide linolénique. 3) Les cultivars témoins sont : AC Emerson, CDC Bethune et Flanders. Collaboration : Agriculture et Agroalimentaire Canada (site Normandin), Semican inc. (Princeville) et CÉROM (Saint-Bruno-de-Montarville).

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Soulignons que la Ferme de recherches d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Normandin a aussi réalisé des essais de cultivars de lin de 2000 à 2002 (publication disponible sur Agri-Réseau).

compétition aux mauvaises herbes. Il est recommandé de passer un rouleau après le semis à moins qu’il n’y ait un risque de battance (formation d’une « croûte » après une pluie qui peut nuire à la levée).

Au Québec, un programme d’amélioration génétique a débuté au CÉROM en 2003. Les objectifs poursuivis sont l’amélioration du rendement et de la qualité des graines (teneur plus élevée en acide linolénique).

Le lin résiste mal à la sécheresse, car son système racinaire est superficiel. Il ne pousse donc pas bien dans les sols sableux. Les sols qui lui conviennent le mieux sont les loams qui retiennent bien l’humidité. Les sols lourds susceptibles de former une croûte après une pluie sont à éviter, car cela peut nuire à l’émergence des jeunes pousses. Sur les sols légers ou trop préparés, il est avantageux de passer un rouleau avant le semis. Un lit de semence ferme améliore l’uniformité du semis, la germination et l’émergence.

Le semis Le semis se fait généralement au cours des deux premières semaines de mai ou dès que les conditions du terrain permettent l’entrée de la machinerie au champ. Tout comme pour les céréales à paille, un semis hâtif est préconisé afin : d’éviter aux plantes les périodes de chaleur intense au moment du remplissage des grains, lesquelles causent une diminution significative du rendement; de favoriser une maturation uniforme et hâtive des graines; d’améliorer les probabilités de récolter dans de bonnes conditions (portance du champ, absence de conditions climatiques défavorables, etc.). La semence est versée dans le compartiment à céréales du semoir équipé, idéalement, de roues de profondeur. Les semences sont placées à une profondeur de 1,0 à 2,5 cm à la dose de 50 kg/ha (viser le semis de 750 à 800 graines/m2 afin d’obtenir un établissement de 600 à 700 plants/m2). En agriculture conventionnelle, l’écartement a peu d’importance puisque les herbicides répriment très bien les mauvaises herbes. Par contre, en production biologique où la maîtrise des mauvaises herbes pose un grand défi, il est préférable d’utiliser un semoir avec un écartement minimum afin que le lin recouvre davantage le sol et puisse faire une meilleure

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Figure 3. Passage d’un rouleau après le semis en vue d’assurer un bon contact entre la semence et le sol

Le lin est une plante tolérante au gel. Il tolère une température allant jusqu’à -3 oC au stade levée de terre et jusqu’à -8 oC au stade plantule.

La fertilisation Le lin est une culture peu exigeante comme le montrent les recommandations de fertilisation des tableaux 3 et 4. Les besoins en azote varient de 0 à 50 kg/ha selon le sol et le précédent cultural. Les besoins sont faibles voire nuls sur un précédent de prairie et de légumineuse. Si l’on fertilise des champs dont l’historique comporte plusieurs années d’épandage d’engrais de ferme, il faut couper l’apport de moitié, à 25 kg N/ ha. Il faut éviter les excès d’azote, car cette espèce est sensible à la verse, ce qui nuirait considérablement au mûrissement de la culture et à la récolte (Figure 4). Tableau 3. Fertilisation azotée suggérée selon le précédent cultural Précédent cultural

Dose (kg N/ha)

Légumineuses

0

Prairie

0

Céréales

50

Maïs

50

Photo : Gérard Lavoie, MAPAQ

Les sols


Le CRAAQ aujourd’hui RĂŠunissant plus de 500 membres experts et bien positionnĂŠ dans le secteur agricole et agroalimentaire quĂŠbĂŠcois, le CRAAQ est devenu XQ FKHI GH ĆŹOH HQ PDWLĂƒUH GH rĂŠseautage, de production et de GLĆŞXVLRQ GH FRQWHQXV /H &5$$4 RĆŞUH Âť VD FOLHQWĂƒOH des ouvrages spĂŠcialisĂŠs, parmi lesquels des guides de production HW GoLGHQWLĆŹFDWLRQ GHV WURXVVHV GH GĂ„PDUUDJH HW GHV ĆŹFKHV WHFKQLTXHV 6RQ IRQGV GoĂ„GLWLRQ FRPSWH plus de 250 publications issues des travaux de ses quelque 35 comitĂŠs et commissions ou rĂŠalisĂŠes en partenariat avec les organisations GX PLOLHX De par ses publications, ses nombreux services en ligne ainsi que ses FROORTXHV HW DXWUHV Ă„YĂƒQHPHQWV rassembleurs, le CRAAQ est sans contredit la plaque tournante du savoir agricole et agroalimentaire!

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