Foz 8

Août 2017

FOZ VIII

i fanm v a l é g n a nm ka ch

fa Sé konba

Edito

Soyons toutes Rebelles et Marronnes !

« Si l’Histoire chante la berceuse d’une évolution facile, les générations futures s’endorment » (Isabelle Germain)…

Pour ce 147e anniversaire de l’Insurrection du Sud, nous avons choisi d’honorer, en même temps que Lumina, plusieurs Rebelles et Marronnes de la Caraïbe et des Amériques.

Car, même si l’Histoire officielle les a ignorées jusqu’ici, « les femmes n’ont pas été seulement des victimes. Elles ont été des actrices de l’histoire, de leur histoire. » de notre histoire...

Toujours, dans notre Caraïbe et nos Amériques, elles ont refusé les dénis de droits que constituaient « la Conquête », l’esclavage, le racisme et l’injustice… Elles se sont battues, parfois les armes à la main.

Elles ont dû aussi combattre l’idée qu’on se faisait de la femme soumise, docile, au service de l’homme. Elles ont dû s’imposer à leurs propres compagnons de luttes et affronter leurs préjugés, leur méfiance.

Supporter le scandale, les moqueries…

Par leurs combats, Lumina et ses sœurs Rebelles et Marronnes ont fait Prix 10 € changer le monde dans lequel elles vivaient, nous le laissant un peu moins injuste, moins inégalitaire.Elles ont contribué à faire naître notre Caraïbe et nos Amériques.

Ne nous endormons pas : continuons le combat !

- Samedi 16 et dimanche 17 septembre :

Agenda

Célébration de Lumina Sophie et de l’insurrection du Sud

Culture Égalité

QUIZZ

Le marronnage c’ est :

- La grève - La fuite d’un.e esclave de la propriété de son maître Flore Gaillard vivait à : - Sainte-Lucie - La Dominique - La Barbade Anacaona a combattu : - Les Français - Les conquérants espagnols

- Lundi 18 septembre :

journée pour la dépénalisation de l’avortement.

- Mercredi 20 septembre, à Un Oeuf :

Marie-Jeanne a participé à la bataille de : - La Crête à Pierrot - Vertières - Port-au-Prince Nanny est originaire : - Du Ghana - Du Bénin - De la Jamaïque

17-22 heures « Créons autour de LuminaSophie : vos mots, vos pinceaux, vos voix »

- Samedi 25 novembre, de 8h à 12h: Rue Piétonne à Fort-de-France : « Non aux violences faites aux femmes »

- Samedi 25 novembre, de 15h à 18h

Le sport dit NON aux violences faites aux femmes.

- Mercredi 28 novembre de 11 à 14h : Rejoins-nous sur le campus de Schœlcher

-Vendredi 1er décembre :

journée mondiale de lutte contre le VIH-sida.

- Dimanche 10 décembre :

journée internationale des Droits Humains.

Lumina Insurgée et bagnarde !

L’année 1871 est celle des procès des insurgé.es.

Les femmes ne sont pas restées inertes devant les évènements de l’insurrection du sud, en 1870. Un accusé témoigne : « C’était une espèce de liberté, de République. Il y avait beaucoup de femmes… on parlait, on disait des bêtises, on chantait.... ».

La logique de guerre sociale favorise l’irruption massive des femmes sur la scène publique. Le rapport entre les sexes qui, en période d’accalmie sociale, contribue à marginaliser les femmes, ne s’exerce plus de la même manière lorsqu’il s’agit de mobiliser toutes les forces contre l’adversaire…Elles marchent dans les traces des champs de cannes! Elles s’arment ! Elles combattent !

Elles prennent la parole et des initiatives ! Toutes attitudes, aptitudes et actes qu’on leur refuse en période de normalité. Des femmes révoltées, toutes jeunes comme Surprise, qui est au premier rang des femmes au combat. Elles ont hérité, de la période de l’esclavage, la haine de l’injustice, de la ségrégation raciale, le sens de la solidarité et les traditions des luttes.

Lumina est arrêtée le lundi 26 septembre au petit matin à Régale, sur l’habitation d’Eugène Lacaille. Elle est enceinte de deux mois.

Au tribunal, on ne la désigne que sous le nom de Lumina Sophie dite Surprise et on ne mentionne même pas son identité de Marie Philomène Roptus. C’est elle qui accumule le plus grand nombre de griefs. On la surnomme « la flamme de la révolte », la « reine de la compagnie ».

Des témoignages la font apparaître comme celle qui veut dominer les hommes, ce qui aggrave son cas devant les juges. Elle est d’abord relaxée, le 18 avril 1871.Elle accouche d’un garçon, le 28 avril à 7h du matin, à la prison centrale de Fort-de-France.

Ni sa jeunesse (elle a 23 ans mais en paraît moins), ni son bébé de 40 jours ne lui épargneront le bagne, au jugement du 8 juin 1871.

Elle est jugée parmi les « incendiaires », les « pillardes », les « sanguinaires » à cause de l’assassinat de Codé (ce béké qui était le plus acharné pour le rétablissement de l’esclavage) mais aussi comme « blasphématrice » et « meneuse ».

Elle est condamnée aux travaux forcés à perpétuité pour incendie.

Un témoignage l’enfonce, celui qui lui attribue cette phrase que les juges estiment être un terrible blasphème : « Je brûlerai ma mère et Dieu-même, s’il le fallait ».

Le tribunal ne pense pas un seul instant qu’une femme puisse avoir les capacités de chef militaire ou d’organisatrice de complot.

On ne cherche pas à en faire une dirigeante de l’insurrection.

Le conseil de guerre blâme cette jeune femme d’avoir pris une part active à l’insurrection alors qu’elle était enceinte de 2 mois, ce qui prouve qu’au lieu d’être femme et mère, elle est d’abord un monstre. Les juges la punissent de manifester sa haine et sa révolte contre l’aristocratie des planteurs qu’elle désigne comme l’ennemi. On la punit surtout de menacer des hommes et de les dominer.

On la punit surtout de ne pas se conformer à l’image de douceur, de soumission à l’homme, de réserve et de mise en retrait que doit avoir toute femme. Elle est l’anti-femme, l’anti-homme, l’anti-mère qui doit payer chèrement sa révolte.

Elle meurt au bagne de Cayenne à l’âge de 31 ans.

Huit années d’inhumanité et de martyr.

Inspiré du livre de Gilbert Pago : Lumina Sophie dite « Surprise » 1848-1879, Insurgée et bagnarde.

Ibis rouge éditions, 2008

Quelques rebelles et Marronnes de notre histoire Anacaona Reine amérindienne, elle mena la résistance contre les conquérants espagnols (Ayiti, 1493).

Nanny Déportée du Ghana en Jamaïque, elle prend la tête d’une communauté d’esclaves en fuite et mérite le titre de Reine des Marron.ne.s (1720) Flore Gaillard Esclave, elle devient, à la tête de l’Armée française des bois, porte-drapeau de la lutte contre les esclavagistes anglais (Sainte-Lucie, 1793) La Mulâtresse Solitude Enceinte, elle lutte, aux côtés de Delgrès, contre le rétablissement de l’esclavage. (Guadeloupe, 1802) Marie-Jeanne Combattante de la guerre d’indépendance haïtienne, fit reculer les Français à la Crète-à Pierrot (1802) Des femmes, esclaves ou libres de couleur, se sont dressées contre la servitude en Martinique Harriet Tubman Née Araminta Ross. Son action contre l’esclavage et pendant la guerre de Sécession lui vaut le titre de Générale Tubman ( Etats-Unis, 1860) Lumina Sophie Dite Surprise, de son vrai nom Marie Philomène Roptus, obtint le beau surnom de Flamme de l’Insurrection de 1870 en Martinique Retrouvez-les avec plus de détails dans notre carnet de note: Rebelles et Marronnes au prix de 8€

Réponse au Quizz Le marronnage était le nom donné en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes, à l’époque coloniale, à la fuite d’un-e esclave hors de la propriété de son maître.Le fuyard ou la fuyarde était appelé.e marron.ne ou nègre.sse marron.ne, nègmawon, voire cimarron (d’après le terme espagnol d’origine).

Fanm Ouvè Zié'w N°6

Direction de la publication : Huguette Bellemare

Mise en page : Emmanuella Celestin Maquette: Jean -Baptiste Jeany Coordination du n°8 : George Arnauld Rédactrices : Militantes de C.E Courriel : asso.culture.egalite@gmail.com Téléphone : 0696 53 7116 Facebook : Culture Egalité Site-web : www.cultureegalite.fr